No 08 l'Ecole primaire, 25 Avril 1910

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A ('actiotl générale, soit dans les cours, soit en dehors, l'édl!_cateur zélé ajoute encore l'action individuelle, plus fructueuse peut-être que la première. Il connaît ses jeunes gens: il encourage celui-ci dans son effort, relève celui-là d'une défaillance passagère, secoue la t(lrpeur de l'un, donne un conseil amical à l'autre; tou jours vigilant pour le bien de tous, il a des attentions spéciales r.our les plus exposés, parmi lesquels les jeunes recrues qu'il a soin de prévenir .. des . dangers que courent leur foi, leur vertu, leur honneur pendant la durée du service militaire. Educateurs, puisons dans notre intel- j ligence, puisons dans notre cœur, et, de

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29e année ·-

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ce grand. geste du semeur, pressé par la courte durée du jour, répandons à pleines mains la semence de la parole, mais prêchons plus encore par notre conduite et nos exemples. Sans souci des critigues, sans nous rebuter des insuccès, travaillons toujours à élever l'âme de nos teunes gens, à tremper leur caractère, à en faire des hommes capables de procurer la gloire de Dieu, de nos treize étoiles et de notre croix fédérale.

Clla:nlp& ; 12& Avril 1910

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L'ho1nme, aujourd'hui sème la cause, Demain Dieu fait murir l'effet. A~ettes,

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Mars 1910.

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Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecot~

primaire donne de 12 à 14 livraisons de 8-lG pages .chacune, non compris la couverture et autant 1if1 suppléments de 8-16 pages pendant l'année - oi~dina1; (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplémen: illustré· de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

Suisse fr. 2.50

Par nn

lJnion postale fr. 3

Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui concerne la; publication doit être ctdress~ directement à son géra;nt, M. P . PIG:NAT, rer secrétctire ctll Dépctrtcment de l'Instruction publique, à Sion.

Av~nt

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Sommaire du présent numéro

près sa réception, on le sait, que M. L'âme des choses à l'école primaire. l' Inspecteur peut envoyer ses rapports - Le travail de l'écolier. -- * Le mau- au Département. Il y a lieu de hâter d'autant plus cette transmission que le vais berger. - * Tous à l'œuvre. * Education physique. - Un brin de personnel enseignant y est aujourd'hui moralité : bonnes gens et bonnes pâtes. tout particulièrement intéressé. En efPartie pratique: Composition fran- fet, le Département entend avec raison pouvoir consulter ces rapports avant ça ise, Rédaction, etc. - Variétés. de régler la part de traitement qui inX ·XX combe à l'Etat par l'application de la Sommaire du supplément No 8 loi du 19 mai 1909 qui entre pour la première fois en vigueur. Il veut notamL'école des grands-pères (fin). ment s'assurer auparavant que les clasAu fond des eaux. - Le moulin qui ne tourne plus. - Le garçon de banque. ses ont bien eu la durée effective de 6, - Variétés. - Les apparitions de jé- 7, 8 et 9 mois selon les cas, avant de sus-Christ. - Pour une Première Com- régler par le plein les indemnités menmunion. - Chermignon (Croquis al- suelles. Le total de celles-ci ne sera inpestre valaisan) . Les Institutions tégralement payé que si le cycle scolaimilitaires en Suisse (par M. le colonel re minimal a été parcouru par les écoE. Borel). - Coppée et les cheminots. les intéressées. Qu'on se le dise. - St François prêchant les oiseaux. L'éclairage moderne. - Les distractions i}xamens d'émancipation d'Edison. 1910 x Le Département de l'Instruction puA ce numéro est joint en supplément blique fait connaître que les examens Le Foyer et lea Cltatnpa. d'émancipation se tiendront aux lieux et jours ci-après indiqués, chaque jour dès 8 heures du matin. · A vis important. District de Sierre. La prochaine livraison de l'Ecole A Sierre, le 6 mai, pour les commuprimaire paraîtra le 1er juin. Elle sera nes de Chalais, Granges, Grône; le 7 expédiée au lieu au domicile pour le mai, pour Chermignon. !cogne, Miège, personnel enseignant valaisan rentré Moliens, Randogne, Venthône et Veydans ses foyers après la clôture des classes. Pour nos aoonnés d'ailleurs, ras; le 9 mai, pour les communes de la l'organe continue à parvenir à l'adres- vallée d' Anniviers, le 23 mai, pour SiLéonard, Chippis, Lens, Montana et se actuelle aussi longtemps qu'il n'y Si erre. a pas avis de changement. District d'Hérens. A Vex, le 6 mai, pour les communes Registre matricule. du district d'Hérens, sauf Ayent. Le personnel enseignant est rendu District de Sion. attentif une fois de plus sur l'importanA Sion, le 17 mai, pour Savièse et cr de bien remplir ce formulaire et Ayent; le 18 mai, pour la banlieue de de faire. en sorte qu'il parvienne à Sio!l ~t les com~unes d' Arbaz, Bramois, M. l'Inspecteur, par l'entremise de la 9~·1mtsuat, Sahns et Veysonnaz; le 11 commission scolaire, dans la huitaine JU111, pour la yille de Sion, moins la après la clôture de l'école. Ce n'est qu'a- banlieul'.

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District de Conthey. A Plan-Conthey, le 7 mai, pour Conthey. A V étroz, le 9 mai, pour Nendaz et Vétroz. A Ardon, le 2 juin, pour Ardon et Chamoson. District de Martigny. A Leytron, le 11 mai, pour Isérables, Riddes et Leytron. A Saxon, le 12 mai, pour Saillon, fully et Saxon. A Martie:ny-Ville, le 13 mai, pour 1Y1artigny-Ville (ville et collège), Bevernier, Charrat, La Bâtiaz, Martigny-Bg tl Combe, Trient. District d'Entremont A Bagnes, le 9 mai, pour Bagnes ei V0Ueges. A Orsières, le 10 mai, pour Orsières, $embrancher, Liddes et Bg-St-Pierre. District de Si-Maurice. A Salvan, le 14 mai, pour Salvan et hnshauts. A Si-Maurice, le 16 mai, pour les autrrs communes du district. District de Monthey. !\ Monthey, le 30 mai, pour Champ0ry, Collombey, Monthey, Troistorrcn ts et Val-d'liiez. A Vouvry, le 31 mai, pour Vionnaz, Vouvry, St-Gingolph et Port-Valais.

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Sont soumis aux examens d'émancipation: 1. Les jeunes garçons ayant atteint ou d~ va nt a tteindre l'âge de 15 ans avant J'ouverture du cours scolaire 1910-1911 et, d'une maPière générale, ceux qui ont fréquenté l'école pendant 8 ans. 2. Ceux qui ont échoué à un examen anté · n eur. Sont seuls exceptés les écoliers qui fréQuentent régulièrement un des trois collèges C~l\tonaux pendant le cours 1909-191 O. Ceux qui, ayant atteint l'âge de 15 ans, ne poursuivraient pas leurs études dans l'un de ces établissements, pourront être appelés à lill examen ultérieur. Ne sont pas dispensés cependant de l'exa• men d'émancipation, les jeune:: gens qui au-

r:uent lréquenté ou se disposeraient à !ré· quenter une école moyenne ou secondaire. Tous les éièves appelés à passer l'examen d'émancipation doivent apporter avec eux •le Livret scolaire et le remettre à la Commission d'examen. Ceux qui n'en ~eraient pas muni s pour ce jour-là ne seront pas examinés et obligés ainsi, tout en continuant d'aller à l'école, à se représenter l'année suivante devant le jury. Les élèves des écoles libres sont soumis à •l'examen tout comme ceux des écoles publi· que s.

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La fête de la Société ,·alal· sanne d'Education à Sion. L'Assemblée générale de la Société valaisanne d'Education, qui a eu lieu à Sion jeudi 21 avril, a obtenu le plus éclatant succès. Pour tous ceux qui ont encore en mémoire la splendide réunion de Saxon en 1907, il semblait difficile que celle de cette année puisse lui damer le pion. Et cependant il en fut ainsi, la participation des instituteurs de la partie française du canton, que group.e cette société, s'étant trouvée d'une demicentaine supérieure encore à celle de l'assemblée précédente. C'est le plus gros chiffre atteint jusqu'ici : 329 couverts au banquet (281 à Saxon). Ce fut un spectacle imposant que celui de cette phalange d'éducateurs du peuple, traversant les rues de la capitale aux sons de l'liarmonie municipale, ct faisant escorte au Chef du diocése, S O. Mgr Abbet, qui avait tenu à témoigner publiquement de son attachement et de sa sympathie pour les braves et dévoués instituteurs valaisans. En tête du cortège marchaient également M. le Conseiller d'Etat Burgener, chef du Département de l'Instruction publique, M. le Conseiller d'Etat Bioley, délégué avec M. Burgener pour représenter· le gouvemement, puis les délégués des autorités municipale et bourgeoisiale de Sion , les députés du district de Sion ef un nombreux contingent de membres du


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clergé, dont à signaler la présence de Mgr Bourgeois, prévôt du St-Bemard, de M. le chanoine de Stockalper, curé de St-Maurice, remplaçant S. G. Mgr Abbet, évêque de Bethléem, actuellement à Rome, de M. le doyen Bagnoud pour le Chapitre de la Cathédrale de Sion, de M. l'abbé Delaloye, curé de Massongex, président de la Société d'Eduqation, de M. le doyen Eggs, curé de Loeche, représentant la Société des Instituteurs du Haut-Valais, de M. le chanoine Rey, curé de Sion, etc., etc. C'est par l'office oivin, célébré à l'église du collège, qu'a débuté cette belle journée qui laissera à tous ses partici· pants un inoubliable souvenir. ~

La séance, au théâtre, après l'Office divin, fut des plus intéressantes. Après lé, traditionnelle lecture du protocole de l'assemblée précédente - celle de Saxon en 1907 - et de la gestion financière pendant cette période triennale, M. l'abbé G. Delaloye, président de la Société, a présenté son rapport sur l'activité du comité. Il exprime en premier lieu sa vive et légitime satisfaction de n'avoir pas à proposer une seule exclusion; aucun des membres de la Société n'a donné lieu à une plainte quelconque, auprès de l'autorité pas plus qu' auprès du comité central. Il rappelle ensuite la mémoire des membres que, depuis la fête de Saxon, la mort a frôlés de son aile: S. G. Mgr Paccolat, Abbé de St-Maurice et évêque de Bethléem, M. l'inspecteur Abel Maye, de Chamoson, et quelques instituteurs tombés au champ d'honneur de l'enseignement. Puis il parle des caisses de retraite de plus en plus appréciées et qui fonctionnent à l'entière satisfaction des sociétaires. Le vote de l'augmentation des traitements du personnel enseignant trouve tout naturellement aussi sa place dans ce rapport. M. Delaloye remercie tous ceux qui ont contribué à

faire aboutir cette œuvre d'équité des. tinée à rendre plus sortable la sit~ation des éducateurs du peuple. Ce rapport présidentiel se termine par l'énumération de quelques-uns des progrès accomplis ces dernières années sur le terrain scolaire: dédoublement de nombreuses classes; institution de soupes scolaires; développement de l'enseignement dans les écoles normales, etc. Il constate enfin que les derniers résultats des examens pédagogiques des recrues valaisannes, qui attribuent à no. tre canton la 8me place sur 25 Etats sont des plus réjouissants et disent a~ sez le zèle, le dévouement et les capa. cités de notre corps enseignant. II émet le vœu de voir celui-ci continuer de servir avec toujours plus d'ardeur la be}. le cause de l'instruction et de l'éducation de la jeunesse valaisanne. Lorsque le silence se rétablit, après les applaudissements nourris que recueille ce long et intéressant rapport dont nous ne pouvons malheureusement donner qu'une bien pâle analyse -, M. Jean-Joseph Pitteloud, instituteur aux Agettes, prend a son tour la parole pour la lecture d'un travail de lonque haleine, intitulé «Nécessité et Moyens de continuer l'Education des jeunes gens aux Cours complémentaires. • Ce superbe rapport est élaboré de main de maître, et on ne sait s'il faut davantage en admirer le fond ou la forme. Si l'on songe que l'auteur de ce beau travail est un tout jeune homme dont l'expérience en la matière ne dépasse pas quatre ou cinq ans, peut-être moins, d'enseignement, on en doit nécessairement déduire que la formation pédagogique des instituteurs valaisans n'a rien à envier à celle de leurs collègues des autres cantons. 1 M. le Con· seiller d'Etat Burgener a du reste adressé au rapport de M. 11tteloud le meilleur éloge qui pouvait en être fait, en disant qu'il le considérait comme un véritable vade mecum à l'usage des ins-

SION, 25 A:nil 1910

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIBTB VA.LAISAI'lll D'BDUCATIO:I L'âme des cho•es à l'école primaire Réflexions d'un instituteur devant une anthologie des poètes contemporains Toute rose, au jardin, s'incline, lente et lasse ... 1 Je t'écris, et la lampe écoute ... 2 Les anciennes (maisons) ont l'air de veuves Qui se souviennent en pleurantJ. A ces souvenirs, l'armoire est fidèle. . On a tort de croire qu'elle ne sait que se taire, Car je cause avec elle ... +

Les jolis vers! L'exquise communion d'âme entre le poète et les choses! C'est vrai qu'elle a une âme, la vieille maison, l'antique armoire domestique, la rose des crépuscules, la lampe des soirs! .... L'arbre, ce stoïcien bon enfant, qui résiste acx coups de vent, aux coups de hache, aux coups de foudre, qui héberge et endort les oiseaux du ciel et joue avec les enfants des hommes; - la ruine, qui, devant l'écoulement des choses éphémères, semble immobilisée en un rêve éternel; - bien des objets gracieux ou graves de la Nature n'ont-ils pas, comme nous, leurs sourires, leurs larmes, leur vie intérieure, leur visage et leur cœur humains?.... Enfant, je n'ai rien compris à l'âme de ces choses. .... Hélas! que j'en ai fait mourir, des fleurs, inconscient de leurs petites âmes! Qu'elles me le pardonnent! Et pardonnez-moi aussi, vieux objets familiers de la maison paternelle: horloge de la cuisine, dont la grosse voix 1 A. Samain. ~ H. Barbusse. Prudhomme. - • f. Jammes.

o Sully

drôle s'amusait à me faire des frayeurs; poutre de la chambre, qui veillais sur mes nuits, et sembtais épier mon bonjour, au matin; et vous tous, vieux livres, vieilles hardes, vieux portraits, pardonnez-moi de n'avoir pas senti que vous viviez! Je n'ai pas entendu battre vos cœurs. je vous ai quittés sans larmes! .... Combien de nos petits élèves ne verront jamais clair, non plus, en l'âme des choses! Qui pourrait leur ouvrir les yeux? L'école ne s'en soucie guère, vouée, non sans raison, à une tâche plus vitale. La famille, le plus souvent, ri'en est pas capable, n'ayant pas été initiée aux mystères de la vie des choses. Arraché, dès 15 ans, à l'étude, par la nécessité de vivre, l'enfant de nos écoles ne peut espérer qu'un maître vienne un jour, lui ouvrir le monde des âmes: Et les poètes qui en possèdent les clés d'or, on ne l'a guère préparé à les entendre et à les suivre. Quel dommage! Certes, nous apprenons à nos élèves à sentir la beauté d'un objet, à goûter l'harmonie des lignes et des couleurs. Mais la poésie véritable réside dans l'âme plus que dans la forme des thoses. Elle n'est peut-être pas belle, la vieille cheminée de famille, aux yeux de l'artiste qui n'en regarde que le dehors: n'a-t-elle pas une grâce ravissante pour le ·poète qui sait contempler son âme secrète? Le sens du mystère et de l'au delà, le don du rêve mythique, n'est-ce vas la forme la plus pure de l'imagination poétique? Nous faisons bien notre possible, aussi, pour développer en nos élèves l'amour des hommes, des animaux : leur apprenons-nous assez à sym-


114 pathiser avec les choses? Il est extraordinaire d'aimer son père, son petit ami, la mendiante sans gîte. Il est plus rare, et non moins précieux peut-être, d'aimer «les vieilles tapisseries fanées», la « verveine » mourante au «vase brisé», les « àmes » qui « brûlent » dans les bleus éclairs des « tisons ». Cette tendresse pour les choses, n'est-elle pas la forme ia plus délicate du sentiment moral? Oh! l'exquise fleur d'amour et de poésie que néglige la culture actuelle des âmes!. ... « faites-nous donc plutôt un bon ouvrier, un bon patriote et un brave homme! » Je n'y manquerai pas. Mais, si je puis mettre dans les âmes d'enfants une grâce, une délicatesse, une caresse de plus, de quel droit m'en dispenserais-je? Education de femme? Peut-être! Mais la vôtre est virile à souhait: elle n'a rien à craindre de celle-ci. Education de luxe? Sans doute! Aussi, ne vient-elle que par-dessus le marché. Et puis, dans la vie de l'âme, le luxe n'estil pas une nécessité? « En \'Oilà une idée, de gratifier d'une âme un objet inanimé! Une pierre n'a jamais Hé et ne peut être autre chose qu'une pierre! » - Mon Dieu, oui, c'est du roman, l'âme des choses, mais tous les poètes y ont cru, depuis Virgile, diton. La poésie a raison contre la raison. « Mais vous exposez l'enfant à des idées fausses sur la nature des choses. S'il allait réaliser ces abstractions? » - Ne suis-je pas là pour le préserver de l'erreur? D'ailleurs, je suis bien tranquille! L'enfant n'est pas si naïf que cela. Il chérit ses petites illusions, - mais il ne croif pas en elles. Il dit « ma petite fille » à sa poupée; mais it sait bien que c'est une poupée « Eh bien soit!. .. ~ais je vous attends à l'œnvre. » - Est-ce vraiment si difficile? On fait bien étudier à l'enfant des fables, où la « modeste violette », la << rose orgueilleuse », le « chêne altier » pensent, sentent, agissent, vivent comme

les hommes. Ne suppose-t-on pas qu'il est capable d'interpréter la physionomie des choses, de reconnaître l'élément humain qu'elles comportent, qu'il a, déjà, le sens du symbole? Or, ce pouvoir de divination de l'âme des choses, que l'on semble accorder, dans une certaine mesure, à l'enfant, je désire simplement l'étendre à un plus grand nombre d'objets, et l'exercer, non plus seulement comme une vue de l'esprit, mais comme une communion du cœur. Quoi de plus facile, rn vérité! L'enfant n'est-il pas, par nature, un merveilfeux poète ? Il vit en pleine féerie. Il anime les choses et s'en éprend. Tl presse sur son cœur sa poupée de bois, sa brebis en caoutchouc. Il cause avec elles. Il refait, d'instinct, la mythologie. Cette religion, il la perd, en partie, à l'école. La raison en bannit les idoles puériles. Les retrouvera-t-il jamais? S'il revoit un jour la petite poupée, la petite brebis, qui sait? il en rira peut-être, il se moquera du petit enfant qu'il était. Et les sceptiques de triompher! « Vous voyez bien! l'enfant n'est pas capable de sentir la vie des choses! >> Oui, l'enfant de vos écoles, l'enfant que vous avez fait! Mais il la sentait, <tvant d'entrer chez vous. Il savait bien, alors, que «là aussi, il y a des dieux », selon le mot d'Héraclite. Pourquoi avez-vous tué ses dieux? Tout le sort de l'entreprise est donc lié à la qualité du maître. Si je dis à mes élèves: « Les soirs, après le repas, où vous réunissez-vous, en famille, pour travailler, pour causer, pour jouer? Près de la lampe. Eh bien! est-ce qu'elle n'a pas l'air de vous regarder, la lampe, de son œil clair et doux? Est-ce qu' elle ne regarde pas le père qui lit son journal, la mère qui met une pièce à votre blouse? Est-ce qu'elle ne regarde pas les chiffres et les lettres que vous écrivez sur votre cahier, tout près d'elle? Elle a presque 1'air de s'intéresser à votre petit travail, ne trouvez-vous pas? On elirait qu'elle fait partie de la

115 famille, qu'elle rêve, qu'elle sent, qu'elle pour nos élèves une révélation. Q~et­ vit comme vous. Et si on vous laisse ques sujets de composition françruse : se~l un moment, avec elle, ne vous tient- ( « Aimez-vous les arbres? » - « Qu'é~lle 'pas compagnie? Vous ne seriez pas prouvez-vous devant les vieilles cho~e~ bien tranquille, si on vous l'enlevait. Ne de la maison? », etc.) tendront ausst a semble-t-elle p::~s vous dire: «N'aie pas soulever un coin du voile. L'histoire, peur, je ~uis là! » Eh oui! c'est une pe- avec ses ruines, ses vieux monuments! tite amie, la lampe! Vous l'aimerez, ses vieilles armures, fera flotter autour n'est-ce pas? .... Si je sais trouver le dé- d'eux l'âme des choses. La morate· teur tail, le mot, l'accent évocateurs, ne par- apprendra que les choses de la nature viendrai-je pas à leur donner la sensa- ont drott à notre respect, que les choses tion de la vie des choses, et comme un de la maison ont droit à notre piété : sentiment de piété pour leurs petites le chapitre des « devoirs envers la famille » · accueillera volontiers ces nourtmes? Il se peut qu'ils ne comprennent gu'à veau~- venus. Et les leçons de choses, moitié. Qu'importe! N'est-ce pas une quelle merveilleuse ressource pour déarenture courante, dans l'éducation? velopper, avec le sens des réalités physiN'en prend-on pas généralement son ques et matérielles, l'intuition de la vie parti? Oui. à l'âge où nos élèves sont métaphysique et idéale des choses? Oh! oui, les occasions ne manqueront débordants de vie, tout élancés à l'action et il la joie, il est possible qu'ils ne pas aux IQilîtres, s'ils ont un peu de s'arrêtent pas à écouter longuement bonne volonté, d'introduire leurs jeunes l'âme mystérieuse des choses, et qu'ils élèves dans le royaume des âmes, où des scient d'abord étonnés de l'entendre: voix infiniment douces semblent leur rnais ils l'ont entendue, et ils ne l'ou- dire: « Laissez venir à nous les petits blieront plus. Un jour, plus ou moins enfants. » HENRI BRUN, tard un incident fortuit, une lecture, Prof. 11 •l'école normale de Carcassonne. un v~rs de poète, la rencontre d'un objet associé au souvenir d'un être cher, absent ou disparu, peut-être quelque grief Le travail de l'écolier contre les hommes méchants, .qui rapproche l'être ?le~sé des _choses inno~en­ tes un rien revetllera l'echo assoupi de Après l'attention, la condition la plus la ~oix étrange entendue autrefois à l'é- indis pensable pour s'assimiler des concole, et l'enfant devenu grand, sérieux naissances, c'est l'exercice. Il faudrait et triste, voudra l'écouter de plus près, un volume si on voulait traiter la queset il se penchera à loisir sur l'âme char- tion de l'exercice dans son ensemble et mante et consolante des .choses; il la si on voulait parler de tous les exercicomprendra mieux, alors, et il l'aimera ces, physiques, intellectuels et moraux davantage. Et c'est à son vieux maître nécessaires à l'éducation d'un homme. qu'il devra ce bonheur. Aussi devons-nous nous borner à exaComment faire entrer ces exercices miner la question de l'exercice appliqué dans l'enseignement de l'école? La lec- à l'étude, à la mémoire en particulier. ture récréafive, la lecture expliquée se La psyLhologie distingue deux sortes prêteront aisément à ce genre d'étude. d'exercices: l'exercice en général et l'eQuelques poésies contemporaines, aux xercice spécial. Ainsi on peut s'exercer symboles simples, comme il s'en trouve dans l'art d'observer d'une manière gédans l'œuvre de Sully-Prudhomme (les nérale; mais on peut aussi s'exercer à Vieilles maisons, par exemple) , seront observer seulement les couleurs. On


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1115 peut s'exercer à faire de la gymnasti- . moire dans divers domaines : nombres, que dafls tous les genres, mais on peut lettres, n'ots sans liens entre eux, voca. aussi se spécialiser en faisant seule- bles italiens, etc. Le résultat fut autre que celm de Jament de la gygmnastique au reck. En ce qui concerne la mémoire, il en est de mes car chez toutes les personnes exermême: on peut exercer sa mémoire dans cées' il constata une amélioration de la tous les domaines ou bien se limiter à puis'sance de rétention, a~éliorati?n vaun genre seulement: la mémorisation de riable suivant l'âge des suJets, mals pardates · ;)U bien de poésies, par exemple. tout positive. Ce sont les étudiants_ (20 La première question qui se pose à cet à 25 ans) qui avaient le pfus gagne. M. égard est de savoir si l'exercice d'une Meumann lui-même, âgé alors de 41 mémoire spéciale contribue au dévelop- ans constata chez lui une amélioration pement de la mémoire en général, ou très' sensible; elle fut moins importante bien si Je bénéfice d'un exercice n'a d'ef- chez un instituteur de 54 ans. En ce fet que sur la partie exercée. Il y en a qui concerne les objets d'ét~de, on_ consmaintenant une seconde non moins im- tata que c'étaient les maheres depourportante, c'est de savoir si l'influence de vues de sens, comme les syllabes étul'exercice est durable ou bien si elle se diées les nombres, les lettres, par exemperd facilement. Examinons d'abord la ple, qui avaient le plus gagné, tandis première question. « M. William Ja- que la mémoire des phrases en prose e! mes, le psychologue américain bien con- tles r·flésies n'avait presque p~s sub1 PU, est le premier qui ait eu l'idée de d'amélioration. Meumann explique ce soumettre cette question à l'expérience. résultat e:1 G~dmettant que, par l'exerIl compta combien de temps il mettait cice l'attention avait gagné en intensien moyenne pour mémoriser 158 vers té ~n concentration, en rapidité d'adapde V. Hugo. Il trouva que ce temps était ta'tion, que les sujets avaient appr~s à de 131 minutes. Il exerça alors sa mé- réprimer les mouvements, ~es _tens_wn_s moire pendant tout le mois qui suivit en musculaires inutiles et l'agttahon mteapprenant pendant 20 minutes par jour rieure, qu'ils av~ient acquis p~us. de condes fragments du Paradjs perdu de fiance en eux-memes et appns a reconMilton. Ensuite il revint à V. Hugo, et naître rapidement le rythme de la macompta de nouveau combien il lui fallait tière à apprendre ainsi qu~à utiliser les de temps pour en mémoriser 158 vers. moyens d'étude correspond~nt à l_eur ~y­ Ce temps se monta à 151 minutes. Ré- pe intellectuel. - Cw exJ?hque bten 1 asultats <malogues chez d'autres person- mélioration générale, mats comment se nes. James en conclut donc que le fait fait-il que les matières parentes de celd'apprendre par cœur dq Milton ne fa- les qui · avaient été exercées _avaient cracilitait en aucune façon la mémorisation gné plus que les autres ? let Meu~ann du V. Huj!o, et que, par conséquent, la · admet qu'il doit exister entre les diVermémoire n'était pas une faculté autono- ses espèces de mémoires et entre les cenme pouvant être développée en f!énéral tres nerveux correspondants des liens par des exercices particuliers. » Clapa- plus ou moins étroits, mais d'autant plus resserrés que les matières ont plus rède, Psycholof!ie de l'enfant.) Meumann a aussi fait une expérien- d'analoaie. Ainsi la mémoire des sylce analogue, mais plus complète, en labes dépourvues de sens serait liée prenant pour sujets un certain nombre plus étroitement avec celle des nombres de personnes : des étudiants, des pro- qu'avec celle des vers ou de la prose. Nous arrivons maintenant à notre fesseurs, des instituteurs. Il commença par mesurer la puissance de leur mé- deuxième question. Dans quelle mesure

l'influence de l'exercice demeure-t-elle . dans quelle mesure se. per~-elle? _Po,u r répondre à cette queshon, Je fera1 d abord :.~ppel à un souvenir qui date de mes études à l'école normale. Notre ex_ce!Jeot maître de chant, M. Ch.-C. Deneréaz nous fit un jour cette recomma~1dati~n qui m'avait beaucoup frappe: « N'exigez jamais qu'un chant ou une partie d'un ch~nt soit s.ue parfaitement après un premter exerCic~, vou? y mettriez trop de temps. Degrossissez au contraire votre morceau dans une leçon et continuez-le ou finissez-le dans les leçons suivantes. Dans l'intervalle, il se fait un travail latent, il se forme comme une assise des connaissances gui facilite beaucoup l'étude. » je dois avouer que, sous l_e c~up d'autres influences et en parhcuher ' pour mettre en pratique le fameux adage: « Ne passez jamais d'un sujet à l'autre que le prtmier ne so~t parfaitem~nt su~~ j'ai d'abord peu su1~1 le co~,s~tl. Ma1s j'y suis revenu d_epul? que } a1 su que l'expérience conftrmatt la JUStesse de J'observation de M. Dénéréaz. - Meumann a effectivement fait des expériences sur ce point comme sur le précédent, et il a trouvé qu1après un arrêt d'exer~ice de 156 jours, la mémoire de ses sujets n'avait presque pas diminué, chez quelques-uns même elle avait augment~. Ce fait se constate du reste chaque JOUr, soit dans les sports, soit dans l'apprentissage de divers tal_ents _mécaniques. Ceux qui apprennent a patmer ou a aller en bicyclette savent bien qu'on peut s'exercer quelquefois longtemps sans réussir et qu'il suffit d'un arrêt de quelques i~urs pour que ça aille aussitôt après ·qu'on a recommencé. Les dames ont probablement fait la même expérience en aporenant le maniement de la machine à coudre. On peut donc admettre que la perte de l'influence d'un exercice est presque nulle, d'où il résult~ que, dans la pratique, il vaut mieux, s1 un exercice s'allonge trop, l'interrom-

pre pour quelque temps, ~lutôt _que de provoquer la lassitude et 1ennu1. (Ed11cale11r.)

( LI. suivre.)

I.e mauvais berger On raconte au pays de X. l'histoire suivante: Un fermier voulant apprécier un jour la science de' son berger, lui confia la garde d'un troupeau composé de chèvres de moutons et de jeunes agneaux. A'u départ tout alla bien. Chèvres en tête, Je tr~upeau sortit en ordre du village et s'engagea dans le chemin grimpant qui mène au pâ~ur_ag~ de _la montagne; le berger venatt a 1 arnere et chantait joyeusement. . Sa tranauillité dura peu. Le femllage vert des vignes voisines réveilla bientôt l'appétit des chèvres, qui, comme vous le savez sont des animaux gourmands et parfo'is très hardis. Elles sorti~ent du chemin, escaladèrent les muratlles pour aller brouter le feuillage tentateur, sans se soucier des cris de notre berger. Celui-ci s'exaspéra; il les poursuivit, frappant à grands coups de houlettes celles qu'il pouvait atteindre. pour ~es ramener de force dans le dro1t chemm: certaines résistèrent et ~e cabrèrent, menaçantes. Le reste du troupeau, qui montait lentement, se trouvait alors en retard : à nouveau, le berger cria et frappa, obligeant les bêtes à se presser pour rejoindre les chèvres qui vagabondaient encore; les brebis coururent, les agneaux prirent peur : ainsi, par sa colère, le berger mit le désordre et la frayeur dans tout son troupeau. La journée se passa en luttes continuelles entre lui et ses bêtes. Il rentra le soir à la ferme, exténué de fatigue, ramenant un troupeau de chèvres récalcitrantes, de brebis résignées et d'agneaux effarouchés. Ce que voyant, le fermier jugea qu'il


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ne savait pas s'y prendre et lui enleva la garde du troupeau . Vous voyez la conclusion de cette simple histoire. Bergers nous sommes, et il peut se glisser parfois dans notre troupeau quelques chèvres rebelles: soyons fermes et patients avec elles, mais surtout, que jamais une discipline brutale ne nous fasse perdre la confiance de nos moutons et de nos agneaux. Peut-être serions-nous plus avisés et obtiendrions-nous de meilleurs résultats, avec moins de fatigue, en mettant en pratique le sage conseil du Bonhomme : " Plus fait douceur que violence. »

Tou• à. l'œuvre! Lettre d'un instituteur valaisan. Les actions, les moindres et les plus cachées ont, comme les plus retentissantes, des effets bons ou mauvais sur le corps social, dont nous sommes tous les membres. Entre les premières de ces actions et les dernières, il y a moins une différence d'espèce que de degré. Comme l'individu, la société a aussi des malades, des convalescents, des états d'âme; et c'est aux cœurs d'élite qu'est dévolue la tâche d'orienter les aspirations pOjJulaires, de régler les états d'âme des masses. Ce travail ne s'opère pas d'un jour et sans peines, car le courant coûte plus à remonter qu'à descendre. Quel courant? Les préjugés, les maximes populaires, certaines coutumes, certaines modes. Comment le remonter? En éclairant le peuple sur la fausseté de certains axiomes, en l'enthousiasmant pour le vrai, en l'amenant par des efforts, petits si vous voulez, mais personnels et continus, jusqu'au plein empire de la volonté et de la raison sur les penchants. Dans cette lutte, il est naturel qu'on

s'attaque d'abord aux habitudes populaires les plus dommageables, les mieux a ncrées et les plus répandues. Or, de toutes les maladies populaires, l'alcoolisme est celle qui renferme le plus de caractères chroniques. Il est très préjudiciable, il a des racines très profondes et très répandues, et comme conséquence, il est très difficile à guérir, car peu nombreux sont les ouvriers et ingrate est la tâche. Je perdrais mon temps en énumérant les préjudices causés aux corps, aux âmes, aux générations par le terrible fléau de l'alcoolisme. Je prétere signaler combien il est profondément répandu, afin de mieux faire connaître la tâche des sociétés d'abstinence qui s'engagent à remonter le cours du torrent de l'Alcoolisme. Ce fléau a pris une si grande extension qu'on arriverait difficilement, dans l'état actuel des choses, à circonscrire exactement son étendue. Il n'est pas un acte de la vie, pas la mofndre manifestation _populaire qui ne prélude ou ne finisse par l'alcool. Oyez plutôt: Un enfant vient de naître: c'est une petite fête de famille où il serait malaisé de ne pas voir l'alcool. On a enterré- un membre de la famille : on se console en buvant avec les amis. Imaginez-vous une cérémonie nuptiale sans alcool! Une promenade, une réjouissance populaire se conçoivent difficilement sans les accompagner du choc ~es verres. Parlerai-je des élections? L'alcool est non seulement ici comme corollaire, mais il devient presque toujours un complément sans lequel un candidat court le risque de res!er à la porte, eût-il les qualités requises pour devenir magistrat. J'ajouterai. puisque l'occasion s'en présente, que l'Etat est bien souvent complice dans les élections faites avec l'argent et le vin, puisqu'il ne sait pas même réagir alors qu'il a maintenant la loi à sa disposition. (A suivre.)

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Educatioa physique = Si nous voulons être une nation énergique, puissante, laborieuse, ayons des hummes forts . 11 est avéré, en effet, que la force physique de l'individu influe considérablement sur son énergie morale, sur son esprit de suite, d'initiative, de décision, de perspicacité. Il analyse sûrement les faits du domaine public, et ceux touchant à son activité propre et rien ne l'arrête dans la réalisation du programme qu'il se sera donné. Il sait vouloir. Les obstacles, les insuccès de la première heure, ne le découragent pas. Au contraire, ils sont pour lui un stimulant; leurs barrières seront franchies, leurs digues rompues sous la poussée de volonté de l'homme énergique, vigoureux, décidé. Les exemples de citoyens de cette qualité sont nombreux. Ils étaient intelligents, a-t-on dit d'eux, enfreprenants, travailleurs, perspicaces et ils sont arrivés grâce à ces qualités. Tandis qu'un grand nombre restés chétifs, souffreteux, anémiés, sont victimes de cet état physique. Leurs moindres efforts les dépriment. Craintifs par leur nature même, ils sont bientôt apeurés s'ils doivent se heurter à d'autres volontés que la leur et, bien que pénétrés de la sagesse de leur thèse, de l'opportunité de leurs projets, ils sacrifieront l'une et l'autre sous la pression morale d'une volonté dont le seul mérite est la force dominante. N'a -t-on pas vu cent fois l'énergie triompher de la puissance du nombre ; la parole ou plutôt la volonté d'un homme s'imposer aux masses, les assouplir et les conduire, inconscientes quasi, précisément là où elles auraient juré de ne jamais se rendre? Cent fois, la meilleure des pensées, le plus généreux des projets ont échoué parce que leur auteur n'a pas su les défendre avec la dé-

cision et l'opiniâtreté désirables. Combien d'armées aussi qui doivent leurs succès à l'intelligence et à la force physique de leurs soldats! Puis, la force physique est l'un. des éléments essentiels du bonheur meme. L'homme robuste est réfractaire aux atteintes des maladies. Sa constitution a vite raison des inévitables accidents délétères. Et comme sa santé est la bous· sole de son tempérament et de son caractère il rendra heureux ceux qui l'entourent', s'il est fort. En donnant prise au mal par suite de ~onstitution dé~ile! il attriste les siens et il contribue amsi à diminuer les éléments de la quiétude et du bien-être de la famille et de certains milieux de la sociéte. Il importe donc de veiller à l'éducation physique du citoyen _à l'âge, ?ù il s_e développe. L'école, la science, 1 emancipa tion et les évolutions du jugement sont certes des facteurs essentiels du développement d'un pays et de sa race, mais · la puissance physique est non moins indispensable. Il fut un temps où nos campagnards se distinguaient par leur développement physique. On a chanté nos soldats, nos bataillons de milices remarquables par leur stature. Or, aujourd'hui cette vigueur innée - nous devons le rec~n­ naître - a perdu beaucoup de son mtensité. La vie à la campagne, le travail aùx champs, qui conduisaient à cette force physique, ont en partie disparu. On leur préfère l'activité, en apparence plus faciie, d'un atefier quelconque. ~e froid , la neige, la bise mordante et l'atr pur qui les enveloppe, sont d'insupportables éléments dont on se gare. Le soleil le bon soleil brunissant et vivifiant . est 'depuis longtemps devenu un geneur pour certains. On oublie trop vite son influence heureuse sur la santé, sur la force corporelle de l'homme. Et c'est pourquoi l'anémie s'étend à la campagne comme à la ville; c'est


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120 pourquoi nous ~J.Vons aujourd'hui le spectacle de légions d'hommes à la taille d'enfants ou d'adolescents. Où est la vieille race des campagnes suisses? Un jour, sans doute, la société, s'étudiant sans parti-pris, songera à une r~­ forme de cet état de choses. Elle suppnmera l'alcool déprimant et remettant les choses au point, elle procurera à nos enfants les moyens· de faire leur éducation physique. L'école agrandie dans son œuvre, aura le devoir de soigner le développement corporel de l'enfant. L'adolescent lui sera remis dans ce même but aussi et grâce à des exercices physiques répétés, grâce à des courses pédestres combinées et a!lssi à une occupation manuelle au grand air, on demandera à cette éducation physique, plutôt qu'à l'atav~sme, le retour du type campagnard de haute stature, au sang généreux et à la vigueur soutenue. Faire l'éducation physique de la j_~u­ nesse par tous les moyens appropnes, voilà une tâche de demain. Elle devrait être celle d'aujourd'hui déjà.

Un brio de morale

Bonnes gens et bonnes pâtes Parlez-moi des bonnes gens! Il n'y en aura jamais assez. Faisons leur portrait et suspendons-le dans notre souvenir à la place la plus honorée. Les bonnes gens sont accueillants. Du plus loin qu'ils voient venir quelqu'un, ils lui font fête. Sa bienvenue est écrite sur leur figure. Ils ne font pas de vaines distinctions. Vous êtes vieux, souffrant, infirme : soyez le bienvenu! On vous reçoit, on essaie de vous être utile, on vous témoigne de la sympathie. Vous sentez que vous êtes avec de braves cœurs, capables de partager la peine des autres. Mais si vous êtes jeunes, heureux, en parfaite santé, cela ne change rien à

l'affaire. Les braves gens s'en félicitent avec vous et se mettent à l'unisson avec vous . Ils sont à l'aise partout et partout chez eux. Les grands ne les effraient pas. Pourquoi en auraient-ils peur? Ils n'ont rien à craindre, et d'être un brave homme vous met au niveau des plus élevés, quoique sans indiscrétion ni arrogance. Mais ils ne méprisent pas les humbles, lors même qu'ils seraient grands eux-mêmes, car il y a de_?~nn~ gens à tous les étages de la. soctete. Nt obséquieux, ni orgueilleux, 1~s vont de plein .,Jied vers chacun. Pohs _et affables point à cheval sur les dtstances, mai~ les respectant, ils tiennent toujours parfaitement leur place en tout rang et devant chacun. Les bonnes gens n'en veulent à personne, n'ont de parti pris c~ntre aucune opinion, aucune classe soctale, au~une patrie. Soyez ce que vous voulez, nche, pauvre, ouvrier, professeur, maître, serviteur, maçon, infirmier ou gendarme et notaire ils ne vous en veulent pas et ne vous 1~ comptent pas pour un mérite non plus. Pourvu que vous soyez de braves gens. Ceci leur importe avant tout: le reste est de l'accessoire. Les bonnes gens n'aiment pas les disputes. Et d'abord ils n'en font pas naître par susceptibilité, envie, jalousie. Ces méchants sentiments leur sont inconnus. Parlez-leur, ils ne songeront pas à tourner vos paroles en mal. Vous pouvez parler d'huîtres et de moules en leur présence. Ils n'auront pas le mauvais goût de supposer que vous parlez d'eux. Ils comprennent la plaisanterie. N•Jn seulement ils peuvent voir le bonheur des autres gens sans en souffrir, mais ils sont heureux de ce qui arrive d'agréable à chacun. jaloux, ils ne le sont pas pour un centime. Si leurs amis ne les aiment pas eux tout seuls exclusivement, pourquoi en prendraient-ils ombrage? Ne sont-ils pas contents de penser qu'il y a quantité de personnes

de par le monde, dignes d'être appréciées et aimées? Ils ne considèrent donc pas comme une offense qu'on trouve du talent et des qualités à d'autres qu'à eux-mêmes. On peut vivre avec les braves gens, en paix. Les affaires désagréables ne naissent pas sous leurs pieds. Et s'ils en voient une qui menace de se développer, ils font effort pour l'arrêter. Ils ne peuvent pas supporter qu'on se dispt!te et se chamaille en leur présence. Leur esprit les porte à apaiser les querelles plutôt qu'à les enveni· mer. Ils pensent et disent de chacun le meilleur qu'il soit possible d'en dire et d'en penser, et font naître de bons sentiments entre leurs camarades et connais· san ces _plutôt que d'en fomenter de mauvais. Les bonnes gens ne sont pas rancuniers. Vous leur faites du tort, ils le voient, le sentent, trouvent cela fort mauvais et, au besoin, vous empêcheront de recommencer: qui s'y frotte s'y pique! Mais n'ayant pas une âme furieu· se, ils ne s'acharneront pas sur vous indéfiniment. Au besoin, ils oublieront et pardonneront pour peu que vous montriez du regret. Quand on souffre, la vue des bonnes gens fait du bien. Ils savent parler aux malheureux, aux blessés de la vie, aux vaincus, à tous les maltraités de l'existence. Et même ils savent découvrir les peines cachées et les infortunes discrètes qui hésitent à se déclarer. On n'a jamais recours à eux vainement. Ils savent juger les situations, trouver une issue dans les embarras, rassurer les esprits tremblants et affolés. Ah les bonnes gens! comme ils sont dignes d 'être estimés et aimés. On admire le talent, on acclame le génie, on se sent ébloui par les merveilles de l'art, de l'intelligence, on éprouve du respect pour la vertu, la croyance sincère, mais les bonnes gens sont encore ce qu'il y a de mieux . Sans prétention ni apparat, ils passent par la vie en y mettant une dou-

ce et réconfortante chaleur. Ils sont la simple et tendre bonté en vêtements de tous les jours. Moi, tout court, j'adore les bonnes gens. Mais je ne les confonds pas avec les bonnes pâtes, disons les pâtes molles. Ce produit là est la contrefaçon de l'au· tre. Les bonnes gens sont fermes et ont du caractère. On ne met pas longtemps à s'en apercevoir. Il y a du nerf, de l'énergie, .de la persévérànce, du courage, sous leur simplicité souriante. Mais les pâtes, qu'est-ce? C'est, ~e la m~tière flexible, malléable et petnssable a volonté. Les pâtes sont fort pacifiques; mais c'est par inertie, paresse, indifférence. Une pâte certes ne se fâche pas vite. Vous pouvez aller: cela se latsse tout dire et tout faire. Mais si demain, en sa présence, du tort vous est fait, si l'on vous injurie, vifipende, calomnie, la pâte gardera sa placidité. Elle ne s'indignera pas. On pourra vous calomnier : elle ne fera aucun effort pour vous justifier. Si l'on vous attaque, elle ne se dérange pas pour vous défendr~. Les bonnes pâtes tiennent avant tout a leur repos. Et il n'est lâcheté qu'elles ne soient m:êtes à commettre pour s'éviter de la l)eine. Une telle pâte est en somme chose odieuse, et si l'on y regarde de près, parfaitement mauvaise. Père, elle laissera faire à ses enfants tout ce qu'ils voudront. Pas qe reproche, pas de défense, jamais de punition. Si la bonne pâte est professeur, la 'classe en prend à son aise. Absence d'ordre, de discipline, de travail sérieux. Et c'est par tout la même chose. Attendons ta fin . Que peut-il sortir d'une pareille éducation? Les pires malheurs. Personne ne fait son devoir. Le relâchement et le désordre se mettent partout. Dans l'armée, dans une industrie, une administration, dans n'importe quel milieu organisé où il s'agit de fournir un travail régulier et d'être prêt, confiez la direction à ,(e bonnes pâtes et vous m'en donnerez des nouvelles. Par l'inertie et la


122 négligence elles parviendront à tout dis. loquer. Sans caractère, sans prestige, sans sévérité, véritables rois soliveaux de la Fable, les bonnes pâtes compromettent tout. Elles préparent à ceux qui leur succèdent des besognes difficiles de redoutables corvées. Elles font le~ dépenses, comme un dîneur qui ne se soucie que de la bonne chère mais non de son porte-monnaie. Mais ceux qui recueillent leur succession trouvent la carte à payer, le gâchis à réparer, les écuries d'Augias à nettoyer. Aussi les bon· nes pâtes, ne m'en parlez pas,' c'est du pire monde. Il n'en faut pas. - Reconnaissez~les à la silhouette que nous venons de vous en tracer et ne les confondez pas avec les bonnes gens.

C.

Waf!.ner.

Partie pratique Compoaltlon françalae DEVANT MA BIBLIOTHEQUE Trois rayons, bien petits, composent toute ma bibliothèque. Les livres qui les garnissent ne sont ni rares, ni précieux pour l'indifférent, mais, moi, je les considère comme autant de trésors. Chaque fois que je regarde ce meuble, je pense et je regrette. Je pense à l'insouciance des jeunes années qui laisse comme un parfum sur chacune de ces pages, et ie regrette le bonheur enfin. Sur le premier rayon se trouvent mes livres d'école, un modeste alphabet, un petit manuel de lecture, une Bible, etc. Un usage fréquent a rongé les coins de ces volumes. Je connais tous leurs ti. tres, toutes leurs histoires à force de les lire et de les relire, et pourtant, ils me sont si chers que je les feuillette encore avec un plaisir nouveau. Il me semble qu'entre chaque page, j'ai laissé une parcelle de mon âme, une bribe de mon cœur. Alors, je ne savais pas haïr, alors je ne savais pas comprendre, alors je

~.e .savais yas

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pleurer. Et, à mesure 4Ue

J ai acquis l'une de ces trois connais-

sances, un peu de mon bonheur partait vers l'infini. Et plus je me suis instruit~, et moins j'ai comP.ris pourquoi il s enfuyait. Il y a dans ces feuillets, je ne saiS quoi d'amer qui plaît à mon âme. Mais ces chers volumes n'ont pas seulement le pouvoir d'éveiller la tristesse. Ils parlent aussi de chansons de gaîté. Chacun de leurs mots est ma~qué d'une joie, chacune de leurs lettres précédée d'un sourire. Ils renfe1ment en eux quelque chose de frais, de jeune d'innoœni, quelque chose de vagu~ comme un rêve, d'harmonieux comme une musique. Des visions surgissent : fi. gures passées, mais chères, le visage d'une maman qui soutient vos premiers pas dans l'art difficile de lire, le souvenir d'une maîtresse qui encourage vos efforts ei vous fait avancer dans la voie du progrès, les rires joyeux des jeunes compagnes qui ont partagé vos amusements. Parfois, une poupée un chat un chien viennent jeter une n'ote piqu~nte dans ces souvenirs. On pense aux courses folles, dans la verdure sous le soleil chaud. On revit les soi~ées joyeuses agrémentées de contes fantastiques. sent les brûlantes caresses d'un père d'une mère, des grands-parents. On grette l'atmosphère d'amour d'une famille et l'on pleure en songeant au vide qu 'a fait la mort!. ... L'homme est fait pour aimer. L'amour est une puissance qui engendre des prodiges. Il est plus fort qu'une année, plus doux que le nectar, plus amer que le fiel. Mais, passons au deuxième rayon. Celui-iG ne m'est pas moins cher. Les souvenirs qu'il renferme sont plus sérieux, ils ont quelque chose de moins enjoué, de moins d~sordonné. Ils parlent de batailles et de victoires, de luttes et de triomphes. Ce sont mes prix, au nombre de douze environ. Pimpants, comme la robe neuve d'une jeune fille, dorés sur tranche, ils ont un air

o.;

re:

de fraîcheur qui contraste avec les couvertures usées de leurs voisins. Ces livres marquent une nouvelle étape dans ma vie. La période de paix est close pour toujours et une lutte sans merci a commencé. Que de travail, que d'efforts ils m'out coûtés; pour chacun d'eux, il fallait, pendant neuf mois, pâlir sur les )ivres, rester enfermée les jours de printemps, obéir aux maîtresses. Mais, aussi, quelle joie, à la fin de l'année, de recevoir un prix, et plus le combat avait été rude, plus la récompense était appréciée. Cependant, tout cela, ce n'était que le prélude d'une lutte bien plus grave, la lutte pour l'existence qu'il a fallu commencer tôt après. Ces lauriers modestes sont toujours un soutien pour moi et leur présence me dit sans cesse: «Vouloir c'est pouvoir. » Oui, tout aussi bien que l'amour, la volonté est une puissance et, si elle ne vient qu'au de· cond degré, elle n'en est pas moins un levier formidable dans la main de celui qui sait l'employer. L'homme énergique est toujours quelque chose. Chers volumes, vous m'êtes un encouragement. Après les escarmouches, on affronte plus facilement le feu d'une bataille. Vous êtes des souvenirs de ces escarmouches dans lesquelles la volonté m'a rendue vainqueur. Je me rappellerai, plus tard, l'importance de cette faculté, e~ si iamais l'amour me manque pour donner un but à ma vie, j'aurai toujours l'énergie. Le troisième rayon ne parle que d'amitié: amitiés de fillettes, amitiés de vieilles gens·! C'est comme une reproduction de mon cœur. Les noms les plus chers sont inscrits sur ces livres. Tous ont voulu enrichir ce troisième rayon, comme s'ils avaient craint de voir ·leur souvenir se perdre. Oh! non, n'avez crainte, jt. n'oublie pas et je pense, peutêtre plus souvent qu'il ne le faudrait, à cet autrefois que j'aime, comme on aime un ciel pur. L'avenir, ce quelque chose de radieux, parce qu'il est inconnu, s'est

déjà dépouillé de ses voiles roses. Il m'a laissé entrevoir une mer agitée, sur laquelle plus d'une barque se perd. J'ai pu fixer mes regards sur les brisants de la côte et j'ai vu que si le départ est difficile, l'arrivée l'est bien plus encore! Il faut un pilot~ sûr, pour fuir les écueils, ce pilote, chrétiens, vous le con· naissez tous: c'est la Croix! Sion, avril 1910. ]. D. (16 ans) . (Elève de l'école secondaire)

-

otto-

PORTRAIT D'UN PETIT ENFANT. Vous avez un petit frère, ou une petite sœur, ou un cousin, ou un voisin en bas âge. fa iles son portrait.

Je n'ai ni frère, ni sœur, mais j'ai une petite cousine que j'aime beaucoup. Elle s'appelle Valentine et elle a dixhuit mois. Elle est grasse et blanche; ses bras sont aussi gros que les miens. Ses yeux sont bruns et ses cheveux frisés. Elle rit souvent et alors il se forme des fossettes dans ses joues roses, ce qui lui donne l'air coquin. J'aime à la faire parler: elle ne dit que la moitié des mots et elle se fâche quand je ne comprends pas. Elle ne marche pas très bien et tombe souvent. Son meilleur ami est le chien de la maison qui lui sert d'appui dans ses promenades au jardin. Quelquefois le chien marche trop vite et Valentine roule par terre, alors la bonne bête s'arrête et lui présente sa grosse tête pour qu'elle s'y cramponne et puisse se relever. Hélène P. (12 ans) .

x A QUI ]E VOUD RAIS RESSEMBLER. Dites à qu i vous voudr iez ressembler. Pourquoi?

Moi, je voudrais ressembler à la bonne petite Claire dont j'ai lu l'histoire. Elle se levait de bonne heure, ouvrait ses fenêtres, faisait sa chambre lestement et soigneusement. Elle arrosait ses


124 fleurs, faisait sa toilette, aidait sa mère. A l'école, elle écoutait les leçons, faisait ses devoirs proprement, elle était aimable, polie, docile et travailleuse. Elle avait toujours le sourire aux lèvres, tout le monde l'aimait et elle était heureuse. Notre maîtresse dit que si nous le voulions, nous pourrions toutes lui ressembler mais cela me paraît bien difficile. Marceline D . (11 ans.)

·X

vous l'avez trouvée vous-mêmes (plan. tes, insectes, procédés agricoles, écluse travail à la grue, bitumage du trottoir' etc.) ; par là vous vous êtes instruits: vous avez admiré l'éclat de belles fleurs' la ligne harmonieuse des collines, 1~ jeu de la lumière au travers des arbres un beau monument, etc.; par là vou~ avez développé en vous le sens artisti. que; enfin vous avez peut-être assisté à quelques scènes (gens grossiers qui s'injurient, charretier patient qui se tire ha. bilement d 'un mauvais pas, travailleurs courageux qui chantent en besognant, etc.) qui vous ont un peu appris à vivre. Tout cela, ajouté au plaisir et au bien physique que procure la prome. nade, constitue un profit appréciable.

Autre développement. Moi je n'ai pas d'ambition; je ne voudrais ressembler ni à une reine, ni à une grande dame. Je voudrais simplement être à la place de la petite Louise R. Cette enfant a cinq ans, elle a des xxx joues roses, des cheveux frisés et elle ne fait presque rien. Elle a des jouets et sa Vous avez vu un père de famille planter mère la gronde rarement. En classe, · un arbre fruitier dans son jardin, près de sa elle n'a pas de devoirs à faire, pas de maison. - Description. Réfle)(ions. problèmes, pas de compositions franUn rapprochement se fait tout de suiçaises, elle lit seulement et récite de pe- te en l' esprit entre le sujet indiqué citites fables. Elle habite près de l'école, dessus et celui que traite, avec tant de aussi elle n'a pas comme moi un long finesse et de délicate émotion, le bon La chemin à faire matin et soir. Après la Fontaine, dans la fable Le Vieillard et sortie, elle s'amuse sur la place avec les Trois jeunes hommes. Pourtant, il ses voisines. peut n'y avoir qu'une vague similitude Oui, je voudrais bien lui ressembler; entre les deux scènes. Le père de famille être encore petite, avoir une jolie che- dont il s'agit ici n'est pas forcément un velure et ne rien faire. Mais il faut que vieillard. Alors, la prévoyance, l'idée de je reste telle que je suis. travailler « pour le plaisir d'autrui » Morale: Il faut se contenter de son passent en second plan. Il est pennis âge, de sa figure et de son sort. néanmoins d'en parler un peu (le père de famille, en plantant· un arbre fruiElise P. (10 ans). tier, ne songe-t-il qu'à son intérêt perxx x sonnel ?) Mais les réflexions doivent surtout viser l'avenir de ce frêle arbuste Raconter une des dernières promenades que vcus avez faites, soit avec votre instituteur (ou qui, bien venu, entouré de soins, préserillstifutrice), so it avec vos parents. Chemin vé des intempéries qui pourraient lui parcouru. différents incidents, but de la proêtre funestes. produira , selon toutes proJ11enade. Profit que vous en avez recueill i. babilités, des fruits savoureux. La comAu cours de votre prol)lenade, qu'elle paraison avec la culture de l'enfant ait eu lieu en ville ou à la campag!le, s'impose. L'enfant, c'est l'arbrisseau vous avez observé des choses que vous fragile, dont il faut surveiller attentiveignoriez ou que vous connaissiez mal, ment la croissance. S'il devient un hom· on vous en a donné l'explication ou me, dans la meilleure acception de ce

125 mot â qui le devra-t-il? De quels labeu;s se compose l'éducation qu'il re.. çoit et quelle récompense méritent de tels efforts? On peut aussi indiquer, d'une manière générale, les résultats du travail et de la persévérance, mais il faut éviter, en ce cas, de rester dans le vague : on rattachera ces idées à la comparaison, plus précise, que nous venons d'esquisser. XXX· • Je ne l'ai pas fait exprès .... ; c'est plus fort que moi .... • Faites comprendre à ceu)( qUI parlent ai.nsi que l'une et l'autre de ces m~.u­ vaises ratsons n'ont aucune valeur et qu tls s'accusent <:ux-mêmes.

Il peut arriver que l'on cause à autrui quelque préjudice par suite de circonstances absolument indépendantes de l'attention et de la volonté. On doit alors, tout au moins, exprimer sans réticence le regret qu'on éprouve et le désir de réparer, autant qu'on le pourra, le mal dont on est l'involontaire auteur. Mais, le plus souvent, quand on dit: « Je ne l'ai pas fait exprès "• on essaie, très maladroitement, d'excuser le manque d'attention, . de réflexion, de prudence. En réalité, on ne réussit de _la sorte qu'à souligner l'aveu de sa faute, car: « Je ne l'ai pas fait exprès "• cela veut dire, généralement : « J'ai agi sans savoir ce que je faisais. " Même, assez fréquemment, cette banale formule inspire des doutes sur la sincérité de celui qui l'emploie: que de menteurs, gue d'hypocrites y ont recours 1 Il est bien plus maladroit encore de dire : << j'ai des défauts, je le sais; mais il me faut prendre tel que je suis; par exemple, j'ai vite fait de me mettre en colère, de donner un coup de pied ou un coup de poing .... : c'est plus fort que moi! '' Alors, bien loin de s'excuser on avoue tout simplement qu'on n'a pas d'empire sur soi-même; qu'on manque de volonté, point de force morale, point

de caractère; la vie n'a aucune direction fixe; on est le jouet des événements, l'esclave des autres et de soi-même. Conclusion: Avouons sans détour nos imperfections, nos fautes, et sachons vouloir afin de résister à nos mauvaises tendances et de nous conduire en hommes de bien. ·XXX

DANOER.S DES VILLES Où va Plançon, le bâton à la main et portant son petit bagage? Il tourne le dos au village natal". Il ne veut plus faire de grosses chaussures pour les paysans. La ville l'attire; il va y tenter fortune. Il chemine, faisant de beaux proiets 1 A la ville, Plançon, qui est intelligent, est vite devenu bon ouvrier. Son salaire augmente. «Vive la ville! dit-il, c'est là qu'il fait bon vivre. " Et il se marie. Tout va bien d'abord. Une petite fille naît, grandit, devient gentille ; Plançon est le premier ouvrier d'un grand atelier. Ce serait le moment de faire des économies. Mais Plançon est faible; il n 'ose résister aux mauvais camarades; il est vaniteux: il aime à montrer qu'il a de l'argent dans sa poche. Le voilà devant le comptoir du marchand de vin; il accepte un petit verre: tout à l'heure il en offrira un autre. Il s'habitue à être plus souvent devant le comptoir de zinc qu'à l'atelier; il dépense plus; il gagne moins; il perd l'amour du travail et l'estime de son patron. Un jour, le propriétaire présente une quittance du loyer. Plançon, humilié, baisse 1a tête, fouille ses poches qui sont vides. La misère est entrée dans le ménage. Et la femme et l'enfant, s'en vont tristement demander un secours au bureau de IJienfaisance, au milieu des autres misérables qui attendent leur tour. Pour s'étourdir, Plançon boit encore; il tombe malade. Il n'y a à la maison ni pain, ni argent. Il faut partir pour l'hô-


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pHal. Deux hommes l'emportent sur une civière; la femme suit en pleurant, traînant par la main la petite fille qui demande où l'on porte son papa. Ah! que les heures sont longues sur le lit de l'hôpital! Là, Plançon a réflé- . chi ; il s'est rappelé le pays où jadis il était heureux. - Guéri, il a dit à sa femme: << La ville ne vaut rien; retournous au village. » Et ils partent; de bons amis d'autrefois les accueillent. Plançon et sa femme trouveront de l'ouvrage; la petite grandira au bon air de la campagne. Au village, on est moins riche qu'à la ville; mais on dépense moins et l'on vit plus heureux .

x xx UTILITE DES OISEAUX Les oiseaux ne sont pas seulement pour nous des amis qui savent nous charm~r et nous égayer tout ensemble; ce sont de précieux auxiliaires et des serviteurs dévoués. Presque tous les petits oiseaux sont de vaillants échenilleurs sans lesquels les récoltes de nos champs et de nos jardins seraient grandement compromises. Nous aurions beau semer, planter, nous ne récolterions jamais qu'à âemi le blé, les légumes, les fruits, car les insectes en dévoreraient avant nous une bonne partie. Toutes ces petites bêtes qui rampent, courent, volent autour de nos semis, de nos cultures, de nos plantations, vivent à leurs dépens. Chacun prend sa part, et elles sont si nombreuses que, sans l'intervention des oiseaux, elles finiraient par tout achever. Heureusement, eux aussi, les oiseaux sont très nombreux, et ils ont une nombreuse fé1mille à nourrir. . X·XX Que ferez-vous quand vous aurez quitté définitivement t'école? Dites quelles raisons vous décident dans le choix de vos occupations, les avantages et les inconvénients de ces occupations.

}"r exemple (garçons). Vous serez cultivateur parce que tout jeune vous avez vécu de la vie des champs à la ferme de votre père. Vous y avez pris l'amour de la terre, le besoin physique de respirer à pleins poumons et de vivre au grand air. Sans doute, vos occupations seront rudes, l'orage menacera souvent vos moissons et vous n'aurez pas de distractions dans vos travaux solitaires ; mais vous serez libre, bien portant et calme, vous goûterez le bonheur tr.a nquille et fier de faire produire la terre par l'effort de vos bras. 2'''c exemple (filles). Vous serez couturière parce qu'au village l'ouvrière habile vit bien de son aiguille. Vous avez du goût, et déjà vous savez d'un morce:m d'étoffe faire une jolie robe à la petite sœur. Sans doute, il faut se courber toute la journée sur son ouvrage et user ses yeux sur une tâche souvent minutieuse; mais vous êtes tranquille de nature et aimez la vie calme de la maison, vous êtes endurante et ne craignez rien pour vos yeux de lynx. Vous aurez le bonheur de rester auprès de votre maman ; habile ouvrière, vous manierez de belles étoffes pour les robes des jours de ·fête, et cela vous ravit déjà.

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Définissez la reconnaissance et l'ingratitude, et montrez combien l'une ennoblit et l'autre dégrade l'être humain.

Indications. - La reconnaissance est la qualité d'esprit et de cœur de ceux qui savent reconnaître et apprécier comme il convient le bien qu'on leur a fait qui ne laissent échapper aucune occasi~n de rendre, dans la mesure du possible, service pour service et alors même qu'ils donnent plus qu'ils n'ont reçu, ne se croient jamais quittes envers les personnes qui les ont obligés. L' ingratitude est le défaut contraire à la reconnaissance, on peut même la qualifier vice, car, le plus souvent, elle ne se contente

pas d'oublier ou de méconnaître les bienfaits d'autrui, mais elle traduit à ce sujet de l'humiliation et de la colère. Evidemment, la reconnaissance enno· blit l'homme, car elle suppose une dignité qui s'élève au-dessus de toutes les mesquineries de l'amour-propre elle n'inspire que de généreuses intentions et ne tire aucune vanité - en ce cas elle perdrait toute valeur - des acte~ méritoires qu'elle suscite. Par contre, l'ingratitude nous abaisse nous dégrade, puisqu'elle se révolte con~ tre les injonctions de la conscience et ~~us fait. perdre, .avec la notion du plus elementatre dev01r, le sentiment de la dignité personnelle. Conclusion. La reconnaisance ve~tu ~ar~, di~-on, est pourtant facile qUl. sa1~, a qm sent que manquer à ses obligations envers les autres c'est aussi er plus encore, faire fi du r~spect qu'on se doit à soi-même. X·XX TERRE MATERNELLE. C'est une terre que j'ai aimée comme un fils aime sa mère. Elle me paraissait la plus belle du monde et même la seule belle. je revois encore comme une image légère et tendre, la' douce rivière aux boucles d'argent; les rangées de saules d~~s .la prairi~, le vie \lX pont de bois d ou Je penchms vers l'eau mon visage br~mi , ~'enfant, les collines rayées de hmes cngeant des falaises vertes en face des Vosges dont les flots bleuissaient au loin, le village aux toits rouges sertis d'~rbres verts, ma maison au long toit ~otr, a'!x volets de chêne. Je revois cela, Je resp1re cela. Je sais les bruits de la vaste forêt au plus noir de la nuit, quels sont ses murmures au premier baiser du soleil levant. Je me rappelle les hêtres colonnades d~ .bronze cl~ir, les boulea~x au corps dehcat, flextble et merveilleusement blétnc, dont les ramilles fines comme une

à

ch.evelure, les minces feuilles trlangulmres me plaisaient comme des joyaux et dont l'écorce enchantait mes doigts et mes lèvres. Pays dont j'ai savouré le charme tu es la petite patrie, tu es l'intimité ca~es­ sante et mystérieuse.

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LE DROIT DE PROPRIETE. C'est pousser bien loin l'amour du. paradoxe que de contester le droit de p~·opri~té. Ceux f!Iêmes qui, par plaisir d espnt ou par defi au bon sens s'amusent à .le contester sont les premiers à le soutemr d~ns la pratique et à en profiter. Le dr01t de propriété est fondé dans la nature des choses; il est la cÔndition d_e .t?ute société humaine. Ses origines legthmes s_ont la première occupation et .le trav~1l. Le premier ·homme qui a ~1s 1~ f!Ial!l ~ur un co!n de terre et qui 1 a defnche s est acqms des droits sur ce champ. Le premier qui a creusé une grotte, élevé une cabane pour s'y abriter, s'est acquis des droits sur cètte demeure. 1\~i?urd'hui, les lois établissent la propr~ete sur des bases régulières; el~es.en reglent la possession et la transmtsswn.

•••• Récitation BONJOUR. Enfant, levez-vous! L'aurore Depuis longtemps briBe aux cieux. Pouvez-vous dormir encore Petit paresseux? ' Ouvrez vos paupières closes ' Et venez, à votre tour Souhaiter à toutes dt~ses Un joyeux bonjour. Bonjour, paisibles vallées Où s'enfonce le reg-ard , Encore à demi voilées D'un léger brouillard. Bonjour chaumières, semées Au hasard, loin des hameaux Que signalent vos fumées ' Entre les rameaux.


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128 Bonjour laboureur qui creuses Tes sillons en gémissant. Qu'un grain dans tes mains heureuses En produise cent. Bonjour gentille fermière Qui pars de si gra nd matin, Pour arriver b première Au marché lo intain.

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Bonjour vous tous que ramène Aux champs ou dans l'atelier, Du labeur de la semaine L'appel journalier. TOURNIER.

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Pea•ée • Pour sauver les âmes, il ne suffit pas de parler, il fa ut de plus prier et prêcher par la bonté et par l'exemple. La parole, c'est •la semence ; la prière, c'est l'eau qui l'arrose ; la bonté et l'exemple, c'est le soleil qui la fait éclore et mûrir. (, f eui lles d'or".)

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Fort en calcul Vivent les vacances! Plus de pénitences! .... Le nommé Anatole Malmouché, interne au collège de ..... , regagne, tout glorieux de d!'uX prix, la ferme de Choucabus, dont son père est propriétaire. Ce dernier, Nicaise Malmouché, cultivaleur, ayant du foi n dans ses bottes, a voulu que son fils unique eüt une instruction soignée. Mais un garçon instruit n'en est pas moins quelquefois un parfait sot, et c'est le cas du jeune Anatole qui, loin de savoir apprécier les bienfaits reçus et d'en être reconna issant, nt songe qu'à démontrer à ses pa rents sa propre supériorité. Son grand plai sir consiste même à mystifier le père Malmouché, lorsque celui-ci veut porter la conver sation sur les connaissances acqui ses par son fils au collège. - Eh ben ! mon garçon, dit un jour le papa au moment OLI la famille se met à table, as-tu ben travaillé? .... Q uoi qu'tas appris de bon, par là-bas? .... Sais-tu ben ta grammaire, ton histoire, ta géographie, ton arithmétique ? .... - Oh! papa, répond Anatole, j'en connai s

plus long que ça. Ainsi, outre l'hi sto ire, je possède le déclinatoire, le directoire, l'exécu. loire, le fumigatoire, l'interlocutoire, Pobser. valoire, le péremptoire, le préparatoire, le purgatoire, le répertoire, le réquisitoire ... - Oh! là-là!.. .. - En plus de l'orthographe, j'ai étudié à. fond l'autographe, le bibliographe, le caJii. graphe, le chronographe, le cinématographe, le paragraphe, le télégraphe .... - O h! là-là!. .. y a de quoi être étourdi! ... - Avec la géographie, je connais la biographie, la chorégraphie, la cosmographie, la sténographie, •la topographie... - Ah! non... souffle un peu! - Avec l'arithmétique, j'ai pioché la ... - T'as pioché? ... O n vou s fait donc pio· cher aussi au collège, comme chez nous ? - Mais non, papa, ça serait malheureux!... Qua nd je dis que j'ai pioché, c'est une li· gu re.... - Co mment ? ..... t'as pioché une ligure?.... - Mais non! ... c'est une manière de parler qui s ignifie que j'ai travaillé ferme mon arith· mélique, mon pneumatique .... - Attends voir! .... Comme ça, t'es ben iort en arithmétique? - Ah! j'te crois, papa, fait Anatole en clignant de l'œil malignement.. .. Pige-moi ça!.... T iens, combien crois-tu qu 'il y a de plats sur cette table? - Ben .... c'est pas malin! y en a deux: un g igot de mouton et un chou-Heur au gratin .... C'est deu x fricots que t'a imes ben ; la mère les a laits à lon intention . - Eh bien, papa, lu te trompes; il y a !rois plats, et je le prouve.... - Par ma loi! j'serais ben curieux de voir ça! - Suis bien mon raisonnement. je compte ... un gigot, ça fait un plat.. .. un chou-fleur au gratin , ça lait deux .... un, plus deux, ça fait bien tro is ! Ici, Anatole Malmouché, tou! fier de son esprit transcendant, se mit à rire bêtement. - Parfait, mon garçon! s'exclama •le fermier, feignant la surprise et même l'admiration.... T'es rudement savant, tout de même! .... C'est étonnant ce qu'on apprend de choses extraordinaires, aujourd'hui, dans les écoles... Eh ben, tu ne sais pas, puisqu'on dit qu'il la ut toujours fai re la preuve de ses calculs, ta mère et moi, nous allous manger le gigot et le chou-fleur, et toi , tu t'offriras le !roi· s ième pla t.... J'suis bien sî1r que tu vas joli· men 1 t'réga 1er!

tituteurs appelés à enseigner dans des cours complémentaires. Disons pour cell>: <jUe cela pourrait intéresser que ce travail a eu les honneurs de l'impres~ion comme annexe à l'Ecole primaire. Le Comité a ensuite soumis aux délibér.:üions de l'assemblée une motion tendant à demander que le Conseil d'Etai veuille bien déposer au plus tôt, si possible pour la prochaine session déjà, un proiet de loi interdisant aux jeunes gens l'accès des débits de boissons avant qu'ils aient passé au recrutement, soit donc avant l'âge de 19 ans, et interdisant de même aux cabaretiers de leur vendre des boissons alcooliques. M. le Rév. Prévôt du St-Bernard, Mgr Bourgeois, a fait observer à ce propos que les abus d'alcool se faisaient principalement le dimanche et a proposé en conséquence de demander que les règlement~ de police prévoient une heure moins tardive pot•tr la femteture des cafés le dimanche. Ces deux motions ont été adoptées à l'unanimité, Toutefois la première, sur l'avis judicieux qu'en ont donné MM. Burgener, Conseiller d'Etat, et Evéquoz, Conseiller national, a reçu une forme moins précise relativement à l'âge exact jusqu'auquel la jeunesse ne pourra fréquenter les débits de boissons; le Grand Conseil sera invit~ à préciser lui-même cet âge, entre dix-huit et vingt ans. Un troisième vœu a enfin été émis et adopté, qui réclame une meilleure répression des abus de tabac commis par l;1 jeunesse. En résumé, intéressante et utile séanr.c qui promet de porter de bons fruits. Elle fut suivie d'un excellent banqurt·, préparé par M. Maye, restaurateur, et servi dans la halle de gymnasti,~ue du Collège. Rarement banquet aura fait couler pareils flots d'éloquence, en qualité autant qu'en quantité. L'infatigable major de table, choisi dans la personne de

M. le Conseiller bourgeoisial Edouard Wolff, a dirigé ces feux oratoires avec une maestria et une verve qui n'ont pas j)f'G. contribué à l'entraîn et à la gaîté de cette belle tablée de 329 couverts. Parmi les orateurs, citons MM. Ch.Alb. de Courten, prêsident, au nom de la Municipalité de Sion, R. Evéquoz, Conseiller national, qui a porté son toast à l'Eglise, David Pitteloud, instituteur, des Agettes, toast à la Patrie, Alexandre favre, instituteur, de Chippis, toast au Conseil d ' Etat, Burgener, Conseiller d'Etat, L Pralong, président de Salins, Chanoine de Stockalper, curé de St-Maurice, au nom du clergé, Doyen Eggs, curé de Loèche, au nom de la Société d'Education du Haut-Vala is, P. Thomas, instituteur, de Saxon, aux autorités et à la population de Sion, Bioley, Conseiller d'Etat, Bochatay, instituteur, etc. N'oublions pas, enfin, de signaler le précieux concours des excellentes chorales d'instituteurs des districts de Martigny et de Monthey, qui ont agrémenté cétte belle réunion de leurs meilleures productions. (Gazette du Valais.)

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Centenaire de UH5.

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Une circulaire du 16 avril, émanant du Département de l'Instruction publique du Canton du Valais, convoquait pour le 26 coura~t, un certain nombre de citoyens à une réunion en vue de la constitution du comité d'initiative des fêtes du Centenaire. Cette réunion a eu lieu à l'Hôtel du Gouvernement le 25 avril, sous la présidence de M. Burgener, Chef du Département de l'Instruction publique. La conférence a duré de 3 à 6 heures. Etaient présents: MM. Roten, chancelier d'Etat, Chanoine Bourban, Jules Gross, Imesch, professeur, Meyer, bibliothécaire. O. Zimmermann, professeur, Armin Sidler, Ch. Haenni, A. de


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Kalbermatten, Ch. In-Albon, O. Per- l'idée de placer le centenaire sous les auspices des trois sociétés historiques rollaz et A. Duruz. M. Burgener ouvre la séance par u11 du Valais: la Société d'Histoire du souhait de bienvenue aux membres de Haut-Valais, la Société des Traditions la conférence, qui ont bien voulu répon- historiques de Sion et la Société Heldre à l'appel qui leur était fait. L'hono- vétique de St-Maurice. M. Bourban se récrie; la Société Helrable magistrat rappelle la date de 1815, chèie entre toutes au cœur du vétique n'existe presque plus,. elle est si Valaisan, celle de l'incorporation du pauvre que nombre d'œuvres manuscriValais à la Confédération. C'est pour tes sommeillent depuis longtemps dans commémorer cet heureux événement et ses cartons, faute de ressources nécesfixer les grandes lignes du programme saires aux coüteuses éditions. Le sades fêtes jubilaires, que s'est réuni, au- vant archéologue est vivement soutenu jourd'hui, le comité provisoire, chargê par ses honorables confrères Imesch et de présenter ultérieurement ses propo- Meyer et M. l'architecte de Kalberm1tsitions aux représentants des différen- ten. tes sociétés du canton, convoqués en Un échange de vues général ne par. assemblée générale . Celle-ci constituera vient pas à fixer définitivement la quesun comité d 'organisation des fêtes du tion; on pense bien, au fond, que tout Centenaire. le monde, en pareil cas, doit apporter La discussion s'ouvre sur trois ques- sa pierre à l'édifice et son obole à l'estions principales à élucider avant to11t: 1 carcelle; mais ce diable d'argent im1" Choisira-t-on 1814, date de la res- prime à chacun une regrettable contauration du Valais ou 1815 r:elle de trainte, que M. Burgener, . avec. l'~n­ son incorporation? 2" Le centenaire thousiasme d'un grand patnote, dissipe doit-il être exclusivement officiel ou se- aisément, en ra$Surant ses mandataires, mi-officiel? 3" Faut-il publier un Fest- dont il rédame plutôt une participation de travail intellectuel et d'appui moral. spiel? M. le rév. Chanoine Bourban, de mê- D'ailleurs, les fêtes jubilaires devienme que M. Imesch, président de la So- dront, spontanément, l'œuvre de tout ciété d'histoire du Haut-Valais, opinent bon patriote, l'initiative privée y apporpour 1815, en faisant valoir que l'ac- tera, sans nul effort, sa puissante cooceptation du Valais comme 20 8 canton pération, les fêtes du Simplon et de eut bien lieu le 13 septembre 1814, mais l' Exposition en sont le plus bel exemple que la Charte constitutionnelle ne lui et le plus sür garant. Le Valaisan aime fut donnée que le 4 août 1815; M. son pays, et pour lui rendre un pieux l'Abbé Meyer ajoute que c'est, en effet, llommage 1 il saura s'imposer des sacrile Congrès de Vienne qui fait foi, et la fices sans marchander. On arrive au troisième objet de la date de 1815 est admise à l'unanimité. M. le président fait remarquer que discussion, au festspiel. L'idée a ses Genève et Neuchâtel auront aussi leur partisans et ses adversaires; parmi les Centenaire la même année et qu'une premiers, citons MM. Imesch, Zimmerentente avec les gouvernements de ces mann, Haenni, Sidler; parmi les dercantons, relativement aux jours à fixer niers, le chancelier d'Etat, Perrollaz, :-.era nécessaire, afin de ne pas faire Duruz. La grande difficulté est la quesd'anachronismes, ni fêter simultanément. tion des langues; il faudrait deux festLa charge financière de l'entreprise spiel, l'un français, l'autre allemand; suggére à ~M. le Chef du Département cr serait onéreux et d'un dualisme que

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les faits de l'histoire pourraient rendre quelque ye~ com~li~ué. D'autre part, l'interpretatiOn scemque d'un festspiel rst coftteuse, elle dépasserait nos modestes resources. - On parle d'un poème alpestre, d'une cantate, de chœurs, de chants de circonstance et d'un grand cortège ethnographique et historique, rappelant les divers régimes subis par le Valais dès les premiers âges à son entrée dans le giron fédéral. - Tout cela n'est en somme qu'une ébauche, une préconsultation, et c'est à un comi· té d'initiative, constitué séance tenante, qu'est confiée l'élaboration des grandes lignes du programme du Cen tenaire. Ce comité, composé de MM. Bourban, Jmesch, Gross, de Kalbermatten, Haenni, In-Albon et Duruz, se réunira pour iél première fois le 3 l'v1ai prochain. M. Burgener, président honoraire, et M. Roten, chancelier d'Etat, membre ho;;oraire. assisteront à toutes les réunions, dans lesquelles M. Perrollaz foncA. D, tionnera comme secrétaire.

xxx 25me CourM normal de travaux manuels à Bâle, du 10 juillet au 5 août 1910. Les membres du personnel enseignant désireux de participer à ce cours sont priés de se faire inscrire, jusqu'au 15 Mai prochain, au Secrétariat du DéPélrtement de l'Instruction publique. Ce· lui-ci a été autorisé par le Conseil d'Etat à allouer à cinq instituteurs un subside cantonal de fr. 100, en sus du subside fédéral d'égale valeur. Programmes et formulaires d'inscription sont à la disposition des intéressés.

xxx .Jubilé de la Muritbleni•e. Nous apprenons qu'à l'occasion de sa 50me réunion annuelle, qui aura lieu en juillet prochain au Grand-Saint-Bernard, notre Société des sciences naturelles célébrera ses noces d'or. C'est en

1860, en effet, qu'est née la Murithien-

ne, ainsi nommée en souvenir de son fondateur, le regretté chanoine Murith, chanoine du Saint-Bernard et fervent botaniste.

xxx Pour le bien des aveugles. Nous avons sous les yeux le huitième rapport de l'Association suisse pour le bien des aveugles, dont le siège est à Genève, sur l'activité de l'Association pendant l'année 1909. Nous y relevons que des asiles pour aveugles sont en voie de création dans presque tous les cantons romands. La diffusion de l'espéranto, chez les aveugles, au moyen de l'écriture ponctuée en relief, inventée par l'aveugle Braille, a été pour les aveugles de tous pays, un immense bienfait. La bibliothèque Braille représente un des côtés les plus intéressants de l'œuvre du Bien des aveugles. Cette bibliothèque compte plus de mille volumes. La vente des obiets confectionnés par les aveugles de î' Association en 1909 a produit le ioli chiffre de f 0,464 fr. Les ouvriers. des deux sexes, sont au nombre de 28. Ces objets sont principalement de la vannerie, de la brosserie et des lainages. Les secours aux membres infirmes et nécessiteux ont atteint en 1909, le chiffre de 1032 fr. 50. L'Association possède un fonds d'atelier de 35,361 fr. Ce fonds est destiné à la création, à Genève, comme à Zurich et à Bâle, d'ateliers de travaux et d'apprentissages pour aveugles. Disons enfin, pour terminer ce court aperçu, sur une des œuvres de bienfaisance les plus dignes d'intérêt, qu'un horloger du Locle a trouvé moyen de fabriquer des montres de poches pour aveugles, avec chiffres du système Braille en relief et que des philantropes nombreux font partie, à titre de membres honoraires, A. D. de cette belle association.

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Supplément au JVo 8 de ,f &cole,, (1910)

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A Lourdes

Variétés

En 1909, Lourdes a vu arriver 306 trains spéciaux conduisant environ 200 mille pèlerins. Dans le courant de 1~ même année ont été célébrées à la Basilique environ 53,000 Messes et recommandées 1,604,2Q4 intentions diverses, dont 28,800 actions de grâces. A l'hôpital de Notre-Dame on a soigné 8593 malades, qui ont eu à leur service 243 brancardiers titulaires, 21 7 auxiliaires et 2652 volontaires. Aux piscines ont eu lieu 97,722 immersions. Enfin, on a expédié 129,000 bouteilles d'eau de la Grotte, reçu 533 ex-veto en marbre ~t enregistré 106 procès-verbaux _de guerison au Bureau des Constatations, lequel a été visité par 445 médecins, dont 115 étrangers et 34 agrégés ou chefs?~ cliniques. On voit que piété et chante sont inséparables à Lourdes.

UNE LIGUE D'ENFANTS POUR LA POLIT ESSE. Depuis sept ans, il existe en Angleterre une •ligue d'écoliers qui s'étend sur toute la surface du pays et porte le nom de • National Ouild of Courtesy,; elle compte 1625 sections dans 1500 villes et villages et s'est augmentée l'an dernier de plus de 30,000 membres nouveaux. Elle a été fondée pour cultiver la pO'litesse chez les enfants, pour leur apprendre à entretenir entre eux des relations amicales, pour développer entre eux l'esprit de discipline personnelle et la pureté de l'âme. Tout enfant, garçon ou fi•lle, de 5 à 15 ans, peut en faire partie en versant une cotisation annuelle de 10 centimes et en signant les statuts. Mais l'expérience a montré que les principes de la ligue primitive convenaient mieux aux enfants de moins de 13 ans qu'à ceux plus âgés, el l'on a fondé dernièrement pour ces derniers une nouvelle • Ligue de la politesse et de l'honneur"· Il faut, pour y adhérer, signer 1la déclaration suivante: " Je promets d'être toujours affable envers tout le monde et de respecter les règlements de la ligue ». Ces règlements, rédigés très simplement mais avec beaucoup de précision, traitent de toutes les éventualités dans les relations des adolescents entre eux, à la maison, à l'école, dans la rue, sur le terrain de jeux, etc. Garçons et filles restent souvent, à leur sortie de l'école, en relations avec la ligue ; i'l s deviennent alors membres bienfaiteurs et ver· sent une cotisation annuelle de 60 centimes. Ces cotisations, ainsi que les dons faits par certains parents, permettent à la ligue d'envoyer chaque année dans les asi les de convalescence une trentaine d'enfan ts malades ou débiles.

xxx Les romans d'aventures

Deux apprentis boulangers de Berlin, Gustave Emmerich et Paul Ja~obs, exaltés par la lecture de romans a la Sherlock Holmes, avaient résolu de tuer leur patron et de s'enfuir après lui avoir volé l'argent qu'il encaissait au commencement de chaque trimestre pour les loyers, car il est, en même temps que boulanger, gérant d'une maison de rapport. Comme un autre ouvrier p~rta­ geait la chambre des deux vaunens, ceux-ci avaient décidé de le tuer égalexxx ment. A cet effet, ils lui avaient jeté une - • Trop court: corde autour du cou pour l'étrangler; Le chef au second violon: Monsieur Batoutefois leur tentative ne réussit pas , dadia, voici la troisième fois que je vous rends car le ieune homme parvint à se déga- attentif au fait que vous ne tenez pas assez ger. Emmerich prit la fuite tandis gue longtemps la blanche de cette mesure. Jacobs, retenu par son compagnon de - Je sais bien, monsieur, mais que vouchambre, était arrêté. Il fit des aveux lez vous que j'y fasse, mon archet est trop -court! complets. • A l'école: Dans leurs lits, on trouva tout un atLe professeur. - Voyons. expliquez-nous tirail d'armes et d'outils de cambriolage. ce que vous entendez par • diffamation,? L'élève. - C'est.... c'est quand quelqu'un n'a rien fait et qu'un autre va le raconter. 1

A l'entrée d'un large boulevard, chacun suivit une des contre-allées. · Au bout d'une centaine de mètres, M. Rous(Suite et fin.) seau aperçut une forme, trop courte et trop L'heure du train arrive, le hall s'emplit de menue pour être celle d'un homme, qui se voyageurs. Le pauvre homme s'est posté à glissait derrière un tron.c d'arbre. Avec un J'entrée, appuyé contre la porte, si tremblant battement de cœur plus violent, la vue aussi· qu'il croit défaillir à chaque minute. tôt troublée, le digne homme s'arrête. N'est-il Le hall se vide, on appelle une dernière pas le jouet d'une hallucination? Cependant, lois les retardataires, le sifllet de la machine un cri lui échappe, involontaire, instinctif: retentit. - Adrien! - A quelle heure part le train suivant, arIl s'arrête haletant, il croit que les syllaticule le malheureux M. Rousseau, qui ne se bes sont venues mourir sur sés lèvres, qu'on souvient même plus qu'il a l'horaire dans son n'a pas pu l'entendre. Il recommence: portefeuille. - Adrien! - A 10 heures du soir! Alors la forme menue sort de sa cachette, 10 heures du soir! Il songe à sa femme qui s'avance un peu, très peu. Vil les attendre, anxieuse, malade peut-être ... Le pauvre grand-père s'imagine qu'elle va Des palpitations l'avaient reprise le matin fuir; il essaye de marcher plus vite, mais, même. comme dans quelque mauvais rêve, il lui sem· Il calcule qu'un télégramrtte n'arrivera pas ble que ses jambes sont retenues par des· enavant la fermeture du bureau. Il ne peut pour- traves. Enfin, la forme se hâte, court, s'élance, et tant pas quitter la ville sans Adrien. Oll est-il? écrasé peut-être? entraîné par vient tomber dans les bras de M. Rousseau qui chancelle, plus encore de l'émotion heuquelque malfaiteur. Pourquoi s'est-il, lui, éloigné des chevaux reuse que de la secousse imprimée par Adrien. - Oh! grand-père, pardon, pardon! . de bois? L'enfant, sans doute, pris de remords L'agent qui, de l'autre côté du boulevard, d'avoir ainsi désobéi, sera descendu, et, ne le trouvant pas, l'aura cherché partout, pui s, af- avait aperçu cette scène, devina tout de suite folé, aura suivi le premier venu qui lui aura ce qui se passait. A sa vue, l'enfant se blottit contre son proposé de le guider'! En sortant de la gare, M. Rousseau se aïeul : - Mais je n'ai rien fait de mal! murmuratrouve en face des trois rues dont les réverbèt-il. res sont-allumés. Laquelle prendre? - Ah! si, tout de même, s'écria le sergent Peut-être Adrien suivra-t-il justement l'une des deux autres? Ne vaut-il pas mieux l'atten- de ville. Vous avez fait courir le pauvre vieux · dre? Mais que va-t-il se passer? Perplexe, il Monsieur! Le pauvre vieu~monsieur était si heureux reste immobile lorsqu'une idée jaillit tout à coup, et maintenant il s'étonne de ne l'avoir qu'il fut tenté de trouver l'agent bien sévère pas eue plustôt, et le voilà, courant de toute pour le pauvre petit. Il le remercia néanmoins la force de ses vieilles jambes vers l'hôtel-de- :wec effusion en le priant de porter à ses caville et pénètre en hâte dans le poste de po- marades toutes ses excuses pour la peine qu'il leur avait donnée. lice. Adrien et son grand-père prirent le chemin Au récit qu'il fit, tout d'abord le commissaire ne comprit pas grand'chose; mais l'an- de la gare, la main dans la main; parfois le goisse du pauvre homme, son âge, l'expres- s ilence était coupé par une question brève et sion honnête, la naïveté même qui dominait par une réponse qu'un sanglot suivait de près. - Songe à l'inquiétude dans laquelle notre son trouble l'émurent profondément. La tâche, certes, n'était pas facile. Néan- retard a dû jeter ta grand'mère, prononça M. moins, les agents, apitoyés, se proposèrent Rousseau en montant en wagon. Adrien baissa ia tête. d'eux-mêmes. - J'ai été trop entêté, je le sens bien! mur· Trois d'entre eux partirent dans des direciions diHérentes; Je quatrième accompagna M., mura-t-il, mais j'ai eu si peur que vous me Rousseau qui reprenait un peu de courage à pardonnerez tous les deux. Me voilà corrigé, je vous assure! ne plus se sentir seul. .

L'école des grands-pères


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Dix )ours plus tard, M. Rousseau ramenait ;\drien à la ferme. Une grande surprise att::ndait œlui-<.:i. Dans un berceau. installé près du lit de sa mt re, dormn i t t: u petit enfant. . - Tun :rrre Geüi ges, dit le grand-père en écarlar,( 1111 ril~t'Ju bleu et blanc. Adrien regardait alternativement son aïeul, f,on père, ~:.c uk>re et le tout petit endormi. Alors, tout à coup, il se rappela les paroles ironiques dont il avait raillé la tendresse de r.on camarade d 'un jour pour sa sœur, et ses yeux se fi xèrent sur Jlenfant avec un mélange cl·~ f!ection, de pitié et de remords. li joignit les mains, les posa sur Je rebord <lu berceau et pleura tout doucement. Ses parents l'observaient. Sa mère avait craint la jalousie, un peu de r~volte; elle entendit avec joie son fils, son lits aîné maintenant, qui murmurait: --- Pauvre petit! Va, je t'aimerai bien. M. Rousseau entoura d'un bras les épaules d' Adrien et, se tournant vers son gendre t:! s.1 lille : - Vous m'avez demandé, dit-il, d'être le parrain du petit Georges, et j'avais accepté nvec bonheur. A présent, je vous prie d'accueilli r ma requête, mes chers enfants: que ce ;~oit Adrien qui prenne ma place! Il comprendra mieux ainsi combien il doit être désormais rlisonnable et se corriger définitivement de f.es défauts. C'est beaucoup déjà pour lui d'être le grand frère du petit Georges; en promettant de le guider dans la bonne route, force lui sera d'y marcher lui-même. Il s'y engagera devant Dieu et devant ses parents. - Oh! grand-père, merci! s'écria Adrien suiîoquant de joie. Quelle bonne idée vous avez! Soyez sûr que cela me rendra meilleur que toutes les punitions, et puis, dites, si vous voulez .... nous enverrons une boîte de dragées à Alfred aiin qu'il ait quelque chose à oifrir à sa petite sœur. J'ai tant de regret des méchants propos que je lui ai tenus! I-.e grand-père se pencha vers le petit-fils et l'embrassa avec une tendresse profonde. Edmond COZ.

An fond des eaux = A moins qu'ils n'atteignent jusqu'à Mars ou jusqu'à la Lune, il est peu probable que nos aviateurs aient de sensationnelles révéla-

lions à nous faire sur les habitants et 1es eu. riosilés du domaine de l'air. Le domaine mystérieux de l'océan nous rf. serve d'autres surprises. On annonçait récemment la construction, en Angleterre, d'un sous. marin desiiné à rechercher les trésors et les épaves engloutis au fond des mers. Quand on pourra fouiller ce fond là avec plus de facilitE qu'aujourd'hui, il est probable qu'on y rencontrera plus d'une merveille. Les explorateurs de la mer que sont les sca. phandriers n'ont pas encore tout vu . C'est peu de chose que l'effort d 'un de ces hommes en comparaison des proiondeurs insondables de l'océan. Le . scaphandrier ne peut descendre sans danger pour sa vie au-delà de 50 mètres - et le fond des abîmes est à 12,000 et 14,000 mètres. Un élève de l'Ecole centrale, M. de Pluvy, grâce à un appareil de son invention, a pu descendre jusqu'à 100 mètres. Ses premières explorations remontent à quelque temps déjl. Nous n'avons pas connaissance que d'autres voyages sous-marins plus importants aient été accomplis. Aussi le récit de ses impressions garde-t-il tout son intérêt. « La première sensation, a-t-il dit, est corn· pnrable à la descente dans les mines. Mais on prend l'habitude. » Vers 3 mètres, ce sont d'abord des mE· duses en quantité considérable. Dans l'eau, tout est grossi; elles semblent énormes. Puis on n'a pas •le sentiment des glaces qui vous protègent, ct, la première fois, il semble tou• jours que ces masses flasques vont vous venir sur la figure. Un peu plus bas, on se trouve au milieu d'une multitude de poissons qui scintillent. » Vers 50 mètres, dans l'Atlantique, on lia· verse souvent des masses d'herbes, des chevelures de vingt mètres de longueur, qui vous enveloppent de toutes parts. Elles sont un danger, car elles peuvent paralyser le plongeur et lui constituer à la remonte une surcharge atteignant plusieurs centaines de kilos, assez forte pour rompre un câble dont la résistance serait calculée trop juste. Au dessous de 50 mètres, on trouve de petits squales de 1 ri• tre à peu près et beaucoup de dauphins. Des animaux très bêtes, ces dauphins : ils viennent s~ jeter avec violence contre le plongeur. » Et, comme on n'a pas le sentiment des glaces, c'est une impression de crainte qu'on éprouve devant ces attaques, d'autant plus que si, par hasard, le verre était brisé, malgré ses elix centimètres d'épaisseur, ce serait une mort

immédiate. D 'autres monstres, ce sont les poulpes : leu~s tentacules effrayants enserrent Je scaph~ndner. Ce sont des animaux r épu11nants; Jls sont peu obstinés ; au contact du (er, ils renoncent à leurs attaques. Les crabes sont aussi llideux, mais ils sont plus tenaces · j'cil ai vu qui avaient plus d'un mètre de dia~ mètre. Formidablement armés, ils sont redout~bles .

,, Au point de vue de la faune, c'est à peu p1i$ tout. Les déformations des poissons ne sont pas sensibles à ces faibles profondeurs. C'est à partir de 4000 mètres que leur nature change, bâtis qu'ils sont pour résister à d 'ini111a.ginabl~s ]Jl:essi?ns. Il est impossible jusqu'à prcse!tl u avotr vtvants ces produits sous-marins, car ils arrivent à la surface avec un voJmne quadruplé, par suite de l'affaiblissement des pressions. Tous ces animaux sont carui-~otes ~t servent de to'!lbeaux aux naufra~s. Ceux-ct descendent contmuellement car la den~itc de l'eau est à peu près const~nte · les formidables pressions qu'ils subissent' broient !Purs ?s et les aplatissent. Ces spectacles, à lOO metres, ne sont pas encore visibles. • Un fait ~mpressionnant, dans les descen tes sous-marmes, c'est la lumière. Elle est un mélange curieux de vert et de violet dans une atmosphère fantastique. Comme c~uleur c'est un peu celle des cavernes qui s'ouvrent dans les glaces. Jusqu'à 20 mètres, la coque du bateau fait ombre. Vers 30 mètres la lumi~re est déjà diffuse. A cette profoudeu; le soleil n'apparaît que comme un globe r~u­ geoyant ~r flou, m:1is. chose curieuse, quand ('il est abrité d':5 reflets, par des rochers, par exemple, on vo1t les étoiles en plein midi. • A c~:tte heure, dans la Manche, j'ai vu 1111 spe•.:!acle inoubliable, vers 40. mètres de lond : Je wleil était au zénith , le fond se composait de sable blanc, et la réflexion de la lum;rre donnait l'impression d'une plaine d'or fil f..;:;ion. , Ver s 70 mètres, c'est l'obscurité; à 100 1:1èire~. il faut s'éclairer. j'('mploie des lampes cleclnques de 10,000 bougies, qui illuminent d;,ns un r ayon de 80 mètres. • C'est pour reconnaître des épaves que M. de Pluvy est descendu sous les flots. Là, il a touché Je iond de l'horreur humaine. • Près d'Ostende, un navire avait récemment coulé : je suis descendu et c'est alors que j'ai été attaqué par une a~mée de crabes géants, dont je vous parlais; ils rongeaient les cadavres des naufragés. L'un d'eux s'est attaqué à moi: j'aurais eu la jambe coupée

~a_ns une de ses pinces, si ma jambe n'avait etc rec~uverte ~'acier. J'avais une espèce de .sahre a la mam, cela me permit d 'en tuer dl:ux, dont j'ai gardé les carapaces . • Sous les eaux, les objets du fond sent recouverts comme d'une poussière souveraine. On dirait l'intérieur d'un palais aux fenêtres murées et dans lequel nul ne pénétra depuis des siècles. C'est d'une infinie mélancolie. Sur le fond même, beaucoup d'ossements humains so uvent. J 'ai observé un fait curieux; la mer conserve les corps pendant un certain temps. · J'ai vu l'épave d'un navire qui avait sombré pendant la nuit. L'équipage dormait au moment du naufrage et il était passé sans transilion du sommeil dans la mort. Aucun poisson n:avail. ~ouché les naufragés, protégés par la di ~POSIIIOn des débris du navire, qui leur faisa_ll une sorte de cercueil; ils semblaient dornur encore, calmes et mystér ieux. Je me suis approché, j'ai touché un de ces corps : sa chair s'est eHondrée aussitôt en poussière, et je n'ai plus eu qu'un squelette sous les yeux. » Quant aux épaves, on ne saura jamais · tout ce qui reste enfoui sous les eaux! Vigo? Je n'y suis jamais allé, mais un de mes hommes y est autrefois desèendu avec l'ancien scaphandrier, avant que j'aie trouvé le mien. Il est mort le surlendemain, après avoir vu les fameux galions, enfouis sur le fond de la baie fantômes inclinés un peu sur Je côté. Les mat~ tenaient toujours, les ponts étaient encore là. Je crois qu 'il serait impossible de les remonter, car les ferrures sont rongées depuis 1707 et tout alors s~. disjoindrait. ' » Ce q1:1e j'ai vu, c'est le navire qui portait en Holl~nde, vers 1808, le trésor de Napoléon. Le nav1re sombra avec 100 millions d'or : on en a déjà extrait 56. D'ailleurs, je vous l'ai d 1l, la mer conserve. Le prince de Monaco r_~pporte qu'il y a, près de Chypre, une gakre au fond de l'eau, pleine encore d'obj~ d'art. • Mais voici venir le règne des sous-marius. Ne seront-ils pas un jour des bateaux de plais ~nce capables de nous conduire à travers le monde inconnu et les grottes insoupçonnées?

Le moulin·qui ne tourne plus Le moulin de maitre Humeau tournait si vite et si bfen, de jour, de nuit, par tous les temps, que le monde s'en émerverllait et que le meunier s 'enrichissait. Il était haut sur une


60 colline, solidement assis, bâti d'abord en maçonnerie, d'où s'élevait une charpente .... Oh! la belle charpente, mes enfants, et que celui qui l'avait faite, dans les temps dont on ne parle plus, devait être un bon ouvrier! Elle commençait par un pivot d'un seul morceau, d 'où partaient plus de trente poutres courbées portant la cage, les ailes, le toit, et le meunier qu'on ne voyait pas. On avait abattu· les arbres à plus de cent mètres autour, et comme le pays était de plaine, très étendu et très ouvert, le moulin, comme un phare, était visible de partout. La moindre brise, qui traversait, le rencontrait. II n'en fallait, pour faire virer •les ailes blanches, que ce qu'il en faut pour que les blés chatoient, pour qu'une tige de pissenlit perde ses graines. Un orage le n ·ndait fou. Pendant l'hiver, quand soufflait le vent du Nord, le meunier serrait toute la voile et ne laissait que le châssis en baguettes de châtaignier qui suffisait à tourner la meule, et joliment, je vous assure. Par 'la fenêtre, quand i•l ne dormait pas, ilJaître Humeau regardaJt les ânes monter au moulin, comptait les fermes où, le plus sourent, on lui devait quelque argent, et si les moissons mûrissaient, se réjouissait de ce oue le . bie11 des autres aJolait lui rapporter de profits assurés. • Un sac de blé, deux sacs cl!'. farine •, c'était sa devise et sa mesure. Il Y.· gagnait encore assez pour être devenu, en peu_ d'années, le plus gros personnage du pays. Toute •la semaine il était meunier. blanc des pieds à la tête; mais, le dimanche, on l'eût pris pour un vrai seigneur, tant il avait de beaux habits, la mine fraîche et l'air content de vivre. .- - Maître Humeau! disaient tous les gens. ,.. Eh! mon bonhomme! répondait-il. On ne lui en voulait pas. Il était honnête. A ,~_i_ ei_llir, m~lheureu sement. un peu d'avarice lui vint La richesse lui fit le cœur plus dur. i-1 se montr~ plu ~ exi.ç:e ~ nt envers les débiteurs qui payaient mal, moins accueillant envers les rx:uvres qui n'avaient ni chevaux, ni charrettes, ni ânes, ni mulets, et portaient au moulin fc·ut leur froment dans une poche. Un jour que sur la plaine, toute blonde de chaumes , une brise fraîche s'était levée, qui faisait tourner it t'a vi r les quatre ailes de toi•le, le meunier et s~ lille, les bras croisés sur l'appui de la fenêtre, causaient de l'avenir. et, comme il arriV (' 1oujours, l'imaginaient encore plus beau que Je présent. Cette fille était jolie, plus detllo isclle que meunière, el, ~~n s être méchante, nvait pris 'l'habitude, par !;~ faute de ses pa-

rents qui la gâtaient, de juger le monde du haut de son moulin, c'est à dire d'un peu trop haut. - Jeannette, disait le père, les affaires marchent bien. - Tant mieux pour vous! - Tant mieux aussi pour toi, Jeannette; car dans deux ans, ou je ne m'y connais pas, ta dot sera mise de côté, le moulin vendu, et je crois que les bourgeois de la ville, même les plus gros, se disputeront à qui deviendra le gendre d'un rentier comme moi. La fiolle souriait. - Oui j'ai eu raison, reprenait-il, de refuser ces Petites moulures qui donnent autant de mal que •les grandes, et qui ne rapportent rien. La clie11tèle des besogneux, je n'y tiens pas. Qu'ils aillent à d'autres! N'est-ce pas fillette? La jeune meunière étendit le bras vers un chemin creux, ancienne route à peu près abandonnée toute couverte de saules, qui s'ouvrait a~ bas de la butte du moulin, descendait jusqu'au plus prolond de la vallée, et, rencontrant un ruisseau, le suivait en se tord;~nt comme un gros si•IIon vert. jusqu'à l'extrên;e lointain ott les lignes s'effacent. Par là venaient encore, au temps des récoltes, les charrettes chargées de foin, de blé ou d'avoine, et toute l'année, mais peu nombreux, les habitants des rares métairies perdues dans la partie humide de la plaine. Jeannette montra donc un point de !?. vieille route, et dit: - Voilà justement la veuve Ouenfol qui monte! Elle a son fils avec elle. Que portentils donc sur le dos? Des sacs de grain, si je vois net! Une bonne cliente, la veuve du Ouenfol! · Elle se mit à rire si joliment, que les ailes du moulin, qui tournaient pour moins que cela se mirent à vibrer plus vite. Une glaneuse, une gueuse! répondit 'maître Humeau. Tu vas voir comme je la recevrai! II demeura les coudes appuyés sur le bord de la fenêtre, et avança un peu sa tête · enfarinée, tandis que la femme, péniblement, commença à gravir le raidiNon. Elle était toute courbée, la veuve du Oueniol, sous le poids d'une poche aux trois quarts pleine, qu'elle portait sur le dos et retenait des deux mains par-dessus l'épaule gauche. Trois fois elle s 'a~­ rêta avant d'atteindre le sommet de la colh· ne. Et, quand elle jeta enfin son sac p rès de

Gl la porte du moulin, elle soupira de fatigue et de plaisir. - Ah! disait-elle en regardant son fils, un petit de cinq ans tout frisé, nous sommes au bout de nos peines, jean du Ouenfol! · Elle •leva la tête. - Bonjour, maître Humeau et la compagnie. Voilà du joli blé que je vous apporte. II n'y en a pas beaucoup, mais je le crois de vonne sorte. - · Vous pouvez le remporter, fit le meunier; mon moulin ne tourne pas pour quatre boisseaux de froment Il lui faut de plus grosses bouchées. - Vous l'avez bien fait l'an passé? - Oui; seulement je ne le fais plus. Est-ce compris? C'était si hien compris, que la veuve pleurait déjà, en considérant sa poche de grain et la pochette du petit Jean, étalées côte à côte, appuyées l'une contre l'autre, comme une poule grise et son poussin. Les remporter, étaitce possible? Le meunier ne serait pas si crueL Il plaisanta.it. Et, faisant mine de s'en retourner : - Viens, dit-die, Jean du Ouenfol; maître Humeau va prendre ton sac et le mien, et il nous rendra de la farine blanche! Elle prit par la main son iils, qui regardait en l'air, vers la lucarne du moulin, et qui disait: - Il ne veut pas! Méchant meunier qui ne veut pas! Mai s à peine avait-elle descendu la moitié de la pente. · que l'homme. tout en co•lère, parut au seuil de la porte. et. puisant dans le sac à pleines mai i1s, lança des poignées de fi oment contre . ces pauvres. - Le voilà votre grain! Revenez le chercher. si vous ne voulez pas que tout y passe, mendi~nts que vous êtes. mauvais payeurs! Et les 2'rains d e la g-lane s'échappaient de ses lourdes mains! ils roulaient sur la pente; ils pleuvaient sur •la mère et le fils, et, si grande était la force du meunier, qu'il y eut tout une poignée qui vola jusqu'au sommet du moulin, et retomba comme une grêle sur le toit. . On entendit un craquement, et les ailes s'arrêtèrent net. Mais le meunier n'y prit point garde, car Ï'l remontait déjà l'échelle intérieure, tandis que la veuve. désolée, relevait un sac à llloitié vide. La belle Je:mnelte riait à •la fen~tre. · • Un cotill on gri s, u11e veste uoire, c'est vite

caché dans la campagne feuillue. En peu· de minutes, maître Humeau et sa fille eurent perdu de vue les de4x pauvres. Alors ils cessèrent de rire, et, s'aperçurent que le moulin ne tournait plus. Les ailes remuaient du bout, frémissaient, pliaient un peu, comme si elles étaient impatientes de repartir; mais •le pivot résistait au vent. Le moulin était arrêté. - Je vais lui donner de la voile, dit le meunier; c'est la brise qui aura faibli. Et, un tour de manivelle, il déploya, sous les traverses de bois, toute la toile qu'il déployait dans les jours où le vent se traîne, paresseusement, dans les cieux calmes. La charpente entière fut ébranlée, les murs du moulin tremblèrent, et l'une des ailes se rompit sous la violente poussée de l'air. - Maudits mendiants! s'écria maître Humeau voilà ce que c'est que de les écouter! ti y au~a eu quelque saute de vent, bien sûr, pendant que je les renvoyais! Les ouvriers, dès Je lendemain se mirent à réparer le moulin du meunier. Celui-ci les paya, tendit sa toile, comme d'habitude, et écouta de l'intérieur de son réduit, près de ses meules immobiles, attendant ce roulement d 'en haut, cette plainte du bois qui, tous les matins, annonçait que les ailes commençaient à virer. 1! dut bien vite rentrer sa toile, de peur d'un accident nouveau. Les poutres longues pliaient comme des cerceaux, et rien ne tournait. - Ces ouvriers de village sont des ignorants et des gâcheurs d'ouvrage! dit le meunier. J'en ferai venir de la ville, et nous verrons! II y eut, en e!fet, des ouvriers de la ville, qui démolirent le toit, remplacèrent les quatre ailes, l'engagèrent dans de grosses dépenses, et cependant ne réussirent pas mieux que n'avaient fait les autres. Quand on voulut essayer leur machine nouvelle, •le vent ne put la mettre en mouvement. Il siffla dans les traverses. tendit la toile, la creva même, et ce fut to ut Cependant la clientèle s'en allait. Maître ]-lumeau commençait à avoir des procès, à cause des foumitures qu 'i·l avait promises et qu 'il ne livrait point. La dot de Jeannette ne s'enflait pas, bien au contraire. Le meunier et sa fille commencèrent à pleurer. - J e ne comprenas rien à ce qui arrive, dit Jeannette; mais je crois que ces gens du Ouenfold y sont pour quelq ue chose. Nous les :1vo ns o ffensé s, et peut-ê(re qu 'il s découvrl-


fille Jeannette s'est mise en tête que mon mou. Jin, qui s'est arrêté en vous voyant k doa, pourrait bien repartir en vous voyant de lace. - Ma mère est morle de misère, répondit Jean du Oueufol. Depuis quinze jours il n'y a plus que moi pour ensemencer uotTe champ, car ma g rand'mère est trop vieille. Laissez. moi, maître Humeau. Je n'ai pas le temps de vous suivre. Il avait soulevé sa bêche et frappait la terre qui s'éboulait en mottes velues. Les pavots to~1baient, la menthe s'évanou issait en pous· s!ère, la lavande se brisait en iils bleus. - Tu ne fais qu 'enfouir de mauvaises graf. nes dans ton champ, reprit le meunier. Ecou. P<lr les chemins, si verts qu'i ls en étaien t te-moi: si tu m'accompagnes au motrlin, el si noirs, le long du ruisseau. il se rendit au tu découvres ce qu'il a, je te donnerai cinq Ouenlald. A mesure qu'il s'avançait vers le sacs de fa rine, de quoi manger tout ton hiver. fond de la plaine, l'air devenait plus humide: - Je n 'ai pas le temps. des grenoui lles sautaient sur la mousse de 1~ - Tu en choisiras dix au versoir de mes roule abandonnée, le parfum des plantes a lnrges feuilles, des foins jamais coupés, des meules. - Maître Humeau, je ne suis point ou· roseaux qui entamaient la chaussée ou dentevrier en moulins, je ne sais pas ce qu'ont vos laient le courant, dormait au ras du sol. Et le meunier, habitué aux sommets, respirait ailes. - Jean du Ouenfol, je le ferai bâtir une 111al et se sentait d 'autant mieux porté à la pitié. maison neuve au bas de mon coteau, pour ta Sous les branches, à quelques pas de la rivière et toute couverte de moisissure, il aper - grand'mère et pour toi, et je t'abandonnerai çu t la maison du Guenfol : herbes au pied, un de mes champs grand comme trois fois le herbes pendant du toit, elle avait comme une vôtre. Le petit laissa tomber la bêche et suivit chevelure que le vent mêlait o u démêlait. On n'entra it là qu 'en se courbant. Maître Hul'homme. mcau n'y entra pas. car il découvrit en même Quand ils lurent devant le moulin , les ai· lemps un champ tout étroit qui montait en les ne tournèrent pas toutes seules conmte l'a· pente douce, champ qui ressemblait à une vait cru Jeannette. Mais le petit· monta par plate-bande et où travaillait un enfant Jean l'échelle, puis derrière lui le meunier et sa du Ouenlal avait jeté sa veste sur le ta lus, et, lille qui, n 'ayant plus d 'autre espoir, le supclans \a mince bande de terre, il bêchait de pliaient, chacun à son tour : Iou le sa lorce, et l'on voyait autour de lui - Regarde-bien, Jean du Ouentold! Désen· tant de tiges défleuries, de pavots, de menthe sarcelle notre moulin! Regarde-bien, regarde ct de lavande surtout, que le nombre en était tout! plus gr and que celui des tu~aux d~ ch~ume. Le petit fureta dans les coins, parce qu' - Voilà donc la mauva•se b01sselee de il prenait plaisir à visiter •le moulin. Il voulut terre d'où ils ti rent leur vie! pensa le meu- gr imper jusqu'au pivot des ailes , et le meu· nier. Et c'est Je petit qui la remue! Holà. nier se courba, disant: Jean du Ouenlold! - Monte sur mes épaules, petit; sur 1111 L'enfant se retourna reconnut maître Hutête : tu n'es pas lourd! Vois-tu quelque chose nlca u et rougit, sans quitter le .sillon où s~ dti côté du pivot? béche venait de s'enfoncer. Ma1s, comme Il -- Je ne vois rien , dit Jean du Ouenlol; était habitué à parler honnêtement à tout le mais je sens l'odeur de notre blé! monde, i1 demanda: A ce mot-là, maître Humeau iut si troubh!, - Q ue voulez-vous, maître Humeau?. q u'il en failli t tomber à la renverse. Il s'ar - Mon moulin ne i.ourne plus depu1s Je jour où vous êtes venus, la mère et toi, mon puya aux murs de bois de son mou•l in, et d1t: - Jean du Ouenfol, je te promets .... petit ami. Déj~ l'enfant avait passé ~a main .d an? l'~· Je n'y peux rien. ver ture où l'arbre de pivot tournait SI b1eD - Peut-être que si, peut-être que non. Ma

ra ienl la raison pour laquelle le moulin ne toume plus. - S'i l ne la•lla it qu 'un beau cadeau pour leur faire lever le sort qui pèse sur no us, répond it le meunier, je n'y regarderais pas. - Allez donc, et soyez très doux, mon père; car notre fo rtune dépend peut-être de ces pauvres. Maitre Humeau obéissait toujours à sa li lle, même quand elle n 'avait pas raison. Mai~, en cette circonstance, il fit bien de l'é· couler.

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jadis . .Ët comme il avait la main fine, il tâta les bords de la fente, reconnut le grain de blé au toucher, le retira .... et aussitôt les quatre ailes, poussées par le vent d'automne virèrent en faisant chanter tout le bois d~ 1a charpente. Depuis lors, nuit et jo ur, •le moulin n'arrête plus. C'est pour cela qu'on voit maintenant sur la pente une maison nouvelle, avec un champ qui est grenant, comme pas un , et qui n'a d'ombre, aux mois d'été, q ue les quatre ailes du moulin. René BAZIN, de l'Académie fran ça ise.

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Le garçon de banque C'est •l'abbé X qui parle: Je rencontrais souvent sur mon chemin un garçon de banque, l'air affairé, le portefeuille sous le bras, et de gros sacs d'écus plein les mains. Cet attirail ne l'empêchait pas de me !>.1 1uer chaque fois d'un g rand coup de sou chapeau à claque. Cela finit par m'intriguer. J'étais bien sûr de n'avoir eu avec cet employé al! CU ne relation financière; peut-être avais-je i:1it faire la première communion à un de ses euiants, ou visité quelque malade, son parent, et le brave homme m'en gardait un bon souv~nir. Plus.leurs fois •la pensée me vint de lier conversation avec lui , mais le moyen? je ne savais même pas son nom. • Connaissez-vous, di s-je un jour ~ un négocian t de mes amis, un garçon de banque que je vois souvent entrer chez vous? - Il y a plusieurs garçons de banque; comment est fait le vôtre? - Cinquante ans et une haute taille. - Avec d'épais favoris? - Justement. - C'est le père Léonard, un brave homme .... - Et un homme très poli. - Mais comment? je le croyais, au contraire, rond et même b ru sque. - Ce qui est sûr, c'est qu' il use, à me saluer, son chapeau à claque. - Eh bien! vous avez de la chance. • Quelques jours après, je rencontrai mon homme à •l 'extrémité a·•un faubourg. • Bonjour, M. Léonard, lui dis-je en répondant à son salut. Vous en poftez toujours de ce vil métal? - Oui, Monsieur, et de ces vils chiffons de papier. - Vous devez avoir peu de relations avec nous: les prêtres sont pour la Banque une bien maigre clientèle! - C'est

vr ai, dit-il, et pourtant c'esf avec un: prêtre que j'ai fa it ma meilleure affai re. - Comment cela? - Oh! c'esf une histoire un peu lon· g ue! - Voyons! contez-moi cela, tout en marchant. - Soit! et je ne vous demande pas Je secret. • « Voyez-vous, Monsieur, continua-t-il, il ne !~ut pas de distractions dans notre partie : i'1 y a cinq ans, j'en eus une qui faillit me coûter cher. J'avais lait ma tournée habituelle. Revenu chez moi, je fais ma caisse, et savez .vous ce que je trouve, je veux dire ce que je ne trouve pas? Dix mille francs, ni plus ni moins, que j'avais o ubliés bêtement là ou là: vous sentez si ça me donna un coup! Je retourne dans toutes les maisons où j'étais allé. Rien!.. .. Pas de trace de mes billets. Je passe une nuit blanche. Le lendemain, je retourne chez 111es négociants: rien encore. Il fallait se confesser au D irecteu r de la Banque. M. Desmaisons iut très bon, me plaignit, et m'accorda un mois pour payer. Quel mois j'ai passé! Enfin, c'est de l'histoi re ancienne.... Heureusement j'a vais quelques actions sur la Banque, et tenais: il y avait là le remplacement de mon. fi ls, la dot de ma sœur, plus quelques douceurs pour mes vieux jours.... Voir filer ça ·tout d'un coup .... c'est dur. ... Trois semaines se passent: pas de nouvelles de mes b~llets. .... Je donne ordre de vendre mes actions. Je me creusais toujours la tête malgré moi pour me rappeler dans quelle maison j'avais pu laisser mes billets. J'ai fait bien des jugements ... Voyons! comment est-ce que ma lille appelle ça? - Des jugements téméraires . - C'est ça: des jugements téméraires! Je nt vous parle pas du chagrÎI\ de ma lemme et de mes enfants: vous sentez s'ils prirent la chose à cœur! L'e mariage de ma fille était presque conclu avec un jeune homme d u voisinage; quand il s ut que le père Léonard était ruiné, ce sans-cœur cessa brusquement dr venir à la mai son. Ma fille est pieuse el iière, mais un père voi t clair, et je vis bien que Louise avait du chagrin: ce n'était pas fa it pour me consoler. Ma lemme fut plus courageuse que moi. Ces pauvres femmes! ça paraît faible : eh bien! Monsieur, dans le malheur, ça a plus de ressort et de courage que l'homme. Tout de même, quoiqu'elle le cachât, la mienne avait un fameux chagrin. f: He alla consulter la somnambule; oui, Monsieur, cette pauvre femme me l'a avoué depuis, e t que son confesseur lui avait fait sur ce sujet une. morale qui se portait bien.

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Variétés

- Pardon, M. Léonard, lui dis-je, votre femme vous a-t-elle dit ce que la somnambule lui avait répondu?- Oh! .des bêtises! ~le plus LA O:RAND SECRET DES CHARTREUX. clair c'est dix francs qu'elle a demandes pour De nombreux chimistes ou spéculateurs ont sa p~ine. Oli en étais-je? Je vous disais donc tenté vainement de découvrir ou d'acquérir le que j'avais d~nné or~re de v:ndre mes pauarand secret de la fabrication de la Chartreuvres actions; l'en ava1s touche le montant, et ~e, secret qui !ait la fortune de l'Ordre. Ce.•seje me préparais à aller payer M. _le Di:ecteur, cret est conservé jalousement, de la mamere lorsqu'un soir à la brume, Je vois arnver un suivante: prêtre qui rn~ de~ande ~· Léonard. « C'est moi! • dis je en l'mtroduisant dans mon bu· Il n'est pas écrit; il n'est noté sur au cu~ papier en langage clair ou conventionnel: 1! est reau. conservé par la mémoire humame et trans· - N'avez-vous pas perdu de l'argent? me mis ora'lement. dit-il. - Oui .Monsieur, lui répondis-je tout tremDeux chartreux seulement en sont détenblant; le 's de ce mois, entre midi. _et quatre teurs: J'un est le prieur de l'ordre, l'autre le heures, j'ai perdu ou plutôt oubhe quelque directeur de la iabrication. Ces derniers ont part di x billets de mille francs. sous leurs ordres quatre coilaborateurs chartreux dont chacun est chargé d'une partie - Les voici! me répondit-il en me les préspéci;le de la fabrication et connaît ainsi oblisentant. gatoirement un quart du secret. Ce n'était peut-être pas convenable, m~is i~ Chacun des quatre collaborateurs s'engage s:wtai au cou de ce brave homme, et Je l~1 solennellement et absolument à ne révéler à di s que s'il ~vait be~oi~ du, pè~e Lé~nar~, sot! personne, pas même aux autres collaborateurs, de jour, s01t de nUit, 1! n avait qua fa 1re , un son quart de secret. . signe. Ce m?nsieur. ne m~ donn_a pa~ _d ex~ L'obligation au silence sur ce pomt ne sou~­ pli cation, et Je ne lu1 en deman~ai pa,s ·. Je te fre qu'une exception: en cas de mort du dinais mon argent, c'était l'e~senhel. ~ atl'!ettrs, recteur de la fabrication, le prieur général déje vis bien qu'il y avait de la confesston et de siane le successeur et ordonne à chacun des la restitution là-dessous. qt~alre collaborateurs de révéler sép~rément Lorsque je fus un peu remis. je 1~ priai ce qu'il sait du secret au nouveau dtrecteur d'accepter deux cents francs pour le;; pau~res. technique, qui arrive ainsi à ·connaître le se· , Je n'accepte rien du toul, me repondit _ce cre! entier. sa in! homme; seulement v?ulez-vous me f~tr~ LE SOSIE DE 1910. 1111 plaisir? Oh! Monsteur ..... - E~ ~~e~ . dil-i! en souriant, comme un samt qu Il eta1t, L'année 1910 offre cette particularité d'être donnez-moi votre pratique. • en tout concordante avec l'année 1429. L'une Je fus d'abord ét01mé, mais je con~pris et l'autre sont des années communes, c'est-àbien vite. Je la lui ai ~onn~e, ma prahque. dire non bissextiles, le mois de février n'a que Tous les ans, à Pâques, 1e va1s ~le trouver, e!, 28 jours. Et comme ces années-là finissent par ma foi, je me trouve bien. D~~u1s ce temps-la le même jour qu'elles ont commencé l'année 1429 comme 1910 a commencé "!t finira par j'ai pris les prêtre: en atmt~e, et ça me, révolutionne lorsque J'entends d1re du mal deux! un samedi. En 1910, la fête de Pâques tombe le 2_7 et du Pape, et des Evêques, par des gens qm mars, comme elle était en 1429. Par consene savent ce qu'ils disent, un tas de pa:Ieurs qui feraient mieux de_ penser à leu~· fm de quent toutes les fêtes mobiles qui sont sous la dépendance de celles de Pâques se trouvent mois et de payer carrement leurs traites. • Ce disant, le père Léonard fi,~ passe.r sous placées exactement à la même date da,~s les Je bras aauche le sac d'écus qu Il ten~I t dans deux années. L'Ascension était le ·s ma1 et la lu main "droite, et prit congé de mot en me Pentecôte le 15 en 1429, comme cette année-ci. De cette pa~fai te conformité des deu~ ansaluant d'un grand coup de son grand cha· nées il résulte une coïncidence exacte des JOurs peau à claque. J. ORANGE. dan~ chacune d'elles. L'année 1910 permet donc à l'aide d'un calendrier, de dater par ------.--...---~--leur Jour tous les faits de l'année 1429.

Les apparitions de Jésus-Christ La période qui s'est écoulée entre le Jllatin de Pâques et celui de l'Ascension a été marquée par les apparitions du Christ ressuscité. Les Actes des Apôtres nous le disent formellement: « Après sa passion, peQ_dant 40 jours, Jésus s'est montré vivant à ses disciples en de nombreùses manifestations, leur apparaissant et leur parlant du règne de Dieu. » Combien de fois s'est-il rendu visible? Les Livres sacrés ne nous le disent point, mais ils signalent au moins une douzaine d'apparitions dans des circonstances très variées et de manière à dissiper tous les doutes et à faire comme toucher du doigt la réalité de sa sortie glorieuse du tombeau et les privilèges de sa vie nouvelle. Aussi, ayant vu et bien vu, les Apôtres ont cru, puis ils ont prêché leur divin Maître et sacrifié leur vie en témoignage de leur foi et de leur amour. Mais pourquoi, avant de remonter vers Dieu, son Père, pourquoi le Christ n'est-il pas resté habituellement et d'une façon sensible au milieu des siens? Pourquoi ces courtes apparitions suivies de longues absences? Sans nulle prétention de pénétrer dans les mystères de Dieu, il est permis de supposer que Jésus-Christ a voulu, entre autres choses, nous avertir que nous sommes exposés à le perdre après l'avoir possédé. Chrétienne par le baptême, l'âme peut devenir infidèle. Don inestimable de Dieu, la foi est comme renfermée dans un vase fragile qu'un faux pas est capable de précipiter et de briser. Nul n'est certain de son lendemain ni sûr de persévérer jusqu'à la fin. Même les vertus et les mérites du passé ne garantissent point l'avenir: pour ceux qui sont ou croient être debout le Christ peut encore disparaître. Ah! cette leçon, si elle fut équivoque

pour les premiers disciples du Sauveur, pour nous elle n'est que trop claire après 19 siècles d'expérience. A travers les âges, que de chutes lamentables! Que d'hommes illustres semblaient être montés jusqu'au sommet de la sainteté et sont tombés comme Lucifer! Que de régions éclairées quelque temps par le soleil de l'Evangile sont enveloppées maintenant par les ténèbres de l'hérésie et la nuit du paganisme! Que de peuples instruits par les messagers de la vérité ont lâchement tourné contre Dieu et l'Eglise les faveurs qu'ils en avaient reçues! De là découlent bien des conclusions, mais surtout les deux suivantes: D'abord, que chacun soit prudent et craintif sur le chemin du temps vers l'éternité de peur de perdre Jésus-Christ. qui est la Voie, la Vérité et la Vie. Puis, que chacun, se méfiant de sa propre inconstance et redoutant les dangers extérieurs, jette souvent vers le Maître cette supplication que la liturgie sacrée met fréquemment sur les lè:vres du prêtre aux approches de l'Ascension: « Seigneur, demeurez avec nous. » Oui, Seigneur, restez avec nous, car déjà il se fait tard et le jour est sur son déclin; déjà fatigués et accablés sous le fardeau âes tristesses d'ici-bas, nous voyons arriver le soir de cette journée qui s'appelle la vie, et nous avons besoin de votre présence, de vos grâces et ~ de vos lumières pour passer saintement des obscurités de ce monde dans les régions brillantes de l'au-delà. Pour une Première Communion Voici donc, mon enfant, que le Maître du monde Va descendre en ton cœur, tabernacle vivant! L'immensité de Dieu que nul regard ne sonde, L'Infini , l'Eternel s'abaisse à ton néant! Le pain de mort, le pain qui retourne à la terre, Au jourd'hui se transforme en céleste Froment,


66 Comprends-tu, mon enfant, l'insondable mysfè[re? Pour toi l'enfant Jésus se fait un aliment! Pour recevoir ce pain, où Dieu même se cache, Fais de ton âme pure un divin ostensoir; Que, si l(gère soit-elle, pas une tache N'en ternisse un instant le limpide miroir, Alors, Jésus en toi, dans cette heure divine Où tu te sentiras de bonheur déborder, . Les mains pieusement jointes sur la poitrine, Pour obtenir, tu n'auras plus qu'à demander. Saisis, ô mon enfant, cette heure décisive, Et, de toute l'ardeur vibrante de ta foi, Fais de ton être à Dieu l'offre définitive, Jurant d'être à jamais l'esclave de sa loi. Demande simplement de rester toujours bon· ne, (droit; Ferme dans la vertu, vaillante et d'un cœur Entre les mains de Dieu celui qui s'abandonne Est assuré d'avoir le reste par surcroît. Et qu'alors, pour les tiens, ta prière s'élance, - Prière qui peut tout en ce jour de faveur Car ils ont tous besoin de divine assistance, Et prier pour autrui c'est devenir meilleur! ._ Gabriel COLLIN.

_____ _______ Chermignon Croquis alpestre valaisan

A mille mètres au-dessus du niveau de la mer, suspendu aux flancs ondu· leux d'une colline paisible et riante, dans un site pastoral que la vague mugissante du mercantilisme n'a pas encore submergé, Chennignon, heureu~e patrie des Tityre, berce mollement l'emeraude de ses prairies, la lourde carapace de ses chalets et de ses « raccards •, que surmonte, comme un léger panache, le grêle clocheton de l'antique chapelle de Saint-Georges. Nous sommes ici dans l'un des derniers refuges de la poésie alpestre. je ne connais pas, dans toute cett~ longue vallée du Rhône aux aspects s1 variés et toujours sf impressionnant~, de paysage plus sincèrement roma~bqu~, plus doucement enchanteur, plus 1mpre-

gné de soleil, d'ombre et de fraîcheur. Au·dessus, grimpant vers les som. mets qu'elles couvrent de leur masse nolre, d'immenses forêts estompent la mon. tagne, jusqu'au pied des cimes que cou. ronnent les neiges éternelles. Le murmure d'un torrent qui dévale, le chant mélancolique de l<1 hulotte ou les notes bucoliques d'un chalumeau sont presque les seules voix profanes qui troublent le silence religieux de cette petite Thébaïde. Plus haut encore, c'est Je ciel bleu, un ciel d' Italie, d'une incomparable pureté, dans lequel se profilent les silhouettes formidables des géants alpins, drapés d'herm:ne sur laquelle Phébus verse à profusion, de l'aube au crépuscule, la pourpre rutilante de ses rayons. A nos pieds. ce sont les vagues de la colline, roulant par saccades vers la plaine, en des moutonnements gracieux, dont chaque repli laisse émerger le cône bronzé d'un chalet ou la flèche argentée d'une chapelle. La grande vallée qui rampe tout au fond, sous la brume qui la cache à nos yeux, n'existe plus !JOUI nous; elle paraît anéantie entre les cieux lignes de montagnes qui la surplombent, et le monde et la vie semblent circonscrits sur les hauteurs -où · nous planons. A ce cadre grandiose, d'une beauté antique, il fallait des acteurs à l'avenant. Il ne fallait pas seulement des corps d'athlètes, robustes comme les rochers, exubérants, a•un sang vif et généreux ;_ il fallait surtout de belles âmes, identifiées à la nature sévère de ces Jieux p_rivilégiés, à leur douceur et à leur austérité. Les Chermignonards n'ont point failli au rôle d'élite qui leur était assigné: ils sont restés de braves montagnards et de fidèles croyants. Ce petit peuple de paysans partage toute sa paisible existence entre les deux villages qui lui. appartiennent: Chermignon, pour le travail des prés et des champs, et Ollon, situé aux dernières

67 limites de la colline, pour les travaux de la vigne. Cette migration a lieu quatre foi.s l'an, aux dates coïncidant avec les dlvers travaux de la terre et la nature des récoltes: elle revêt un caractère étrangement pittoresque et rappelle à plus d 'un égard quelque scène biblique. Les durs labeurs de ces populations migratrices trouvent un joyeux réconfort dans les veillées des Mayens, autour du chalet, sur la molle couche de foin parfumé, dans le gai carillon des clochettes à l'heure où tout se confond dans les ~mbres de la nuit, tandis que les vieittes légendes s'égrènent lentement sur des lèvres tremblantes, dans le sil~nce grave et mystérieux de l'Alpe. Une date est particulièrement chère aux cœurs des montagnards de Chermignon, c'est le 23 avril, jour de la fête patronale de Saint·Oeorges. On y vient de presque tous les villages et hameaux de ta colline de Lens, pour assister à l'émouvante, antique et solenn.t•lle cérémonie de la bénédiction du .. pain. Un cortège se forme au sortir de l'~· P'lise auquel prennent part le clerge, l~s chantres et le conseil, suivis de ta population. Il se re!ld. ~ 1~ mais?n _d'école. où a lieu la bened1chon, pu1s a la maison de commune, où l'attend une savoureuse « râclette » arrosée des meilleurs crus de la bourgeoisie. A 1 h. 1 / 2 , un roulement de tambour rassemble la population sur la place du village · la « compagnie de saint Oeorc-es, s~ forme, composee de jeunes soldats portant fanions . baïonnettes e.t bâtons bariolés, de la fanfare chermlgnonarde et d'un groupe de vieux troupiers en habits rouges, précédé du drapeau. La compagnie se met en marche pour la Croix des Oirettes, à un kilomètre du village, où a lieu la distribution du pain bénit au mittier d'habitants accourus pour la traditionnelle cérémonie.

Tout cela est simple et naïf, mais d'une si pittoresque saveur! Que de foi surtout dans ces touchantes manifestations publiques, et qu'il doit être heureux le peuple qui possède de telles vertus. Sion, avril 191 0. SoLANDIEU. ~

Les Institutions Militaires en Suisse par M. le colonel E. BOREL. Dans toute étude consacrée à la Suisse, nos institutions militaires ont une place marquée au premier rang. Ne répondent-elles pas, en eHet, à une des particularités les plus caracté· ristiques et les plus attachantes de notre pays? C'est par la force des armées que les Confédé· rés ont fondé défendu et consolidé à travers les siècles la 'belle patrie dont nous goûtons aujourd'hui les bienfaits. Et l'on ne sait en vérité, ce qu'il faut a~mirer .davant~ge :. l'acte héroïque par lequel 1ls avaient. afhr.me leu.r indépendance à 4a face du pouvou qui passait alors pour être le plus puissant en Europe, ou la valeur militaire par laquelle ils ont su vaiucre des ennemis dix tois plus nombreux, attacher la victoire à leur drapeau et faire de leur petit pays la première puissance militaire du moyen âge. Qu'était cette poignée d'hommes qui ont fait plier et fuir devant eux l.a fl:ur. de. la. chevalerie féodale jusqu'alors reputee mvmob.le? C'étaient <les pâtres, des laboureurs, des Sim·· ples artisans; mais à le_ur. bravoure per~on· nelle à leur ardent patnohsme chacun d eu:t unis~ait les vertus innées ou acquises qui font Ir bon soldat; •le goût et l'habitude des armes. le sentiment de la discipline, et cette volonté de vaincre qui sait triompher de tous les obs· tacles. Dans l'histoire militaire où elles ont écrit une si beolle page. les victoires des Suis· ses ne marquent pas seulement l'avènement de l'infanterie. désormai s maîtresse des champs de bataille, elles montrent la supériorité d'ins· titutions militaires adaptées au tempérament et aux besoins du pays qui les possède. Elles donnent à l'Europe pour la première fois ce type de la nation armée qui devait plus tard et à plus d'un égard, servir de modèle aux EtaJs d'aujourd'hui. Après les guerres de Bourgoguge et celles


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68 de Souabe, la Confédération était au faîte de la puissance. La victoire de Novare, remportée en 1513, marque l'apogée de la gloire militaire des Suisses et s'ils succombent denx ans plus tard a Marignan sous la double supériorité du nombre et de l'armement, leur défaite est encore trop honorable pour pouvoir por· ter atleinte à leur prestige. Et c'est à ce moment pourtant que nous voyons la Suisse renoncer aux guerres et aux conquêtes pour inaugurer cette politique de paix et de neutralité à laquelle notre pays est demeuré fidèles depuis lors. Certes, pendant longtemps, cetle neutralité est très incomplète encore. La Confédération, comme telle, ne fait plus la guerre et n'inter· vient plus dans les lutles entre ses voisins, mais les cantons, libres a•lors de traiter avec l'étranger, concluent avec d'autres Etats des conventions pour leur livrer des soldats et à la période héroïque de notre histoire nationale succède le régime du service militaire des Suisses à l'étranger. Il serait injuste de méconnaître les avanta· ges que nous a valus ce régime et dont nous profitons encore aujourd'hui: le maintien de l'esprit militaire et des qua•lités de courage et d'abnégation qu'il comporte et aussi la réputation militaire des Suisses qui a été conser· vée malgré l'état de paix dans lequel notre pays a vécu pendant plusieurs siècles. Et pour· tant, c'est grâce à ce régime qu 'avec l'or étranger s'est introduite chez nous l'influence étrangère qui est venue diviser les Confédérés, paralyser l'action de la Diète et qui a contribué dans une •large mesure à la décadence et à la perte de notre pays. Les efforts faits par la Diète pour créer en 1688 une organisation militaire capable de protéger notre pays contre le danger que lui faisait courir l'ambition de Louis XIV, sont demeurés sans lendemain. Pendant des siècles, la vie nalionale s'efface et disparaît. Les seuls faits de notre histoire sont, hélas, les mesures de répression écrasant les soulèvements populaires et les guerres civiles déchaînées entre •les Confédérés par les passions religieuses. Et à la fin du XVIIIe siècle I'allcienne Confédération divisée, affai· blie et qui n'était plus que l'ombre d'elle-même était devenue une proie faci le et toute désignée pour l'invasion étrangère. Et cependant la lutle suprême qui est venue jeter un dernier reflet de gloire sur sa lin a montré ce qu'aurait pu !aire et ce qu'aurait pu empêcher une Su isse forte et unie. Dans les

cantons oü die s'est produite, elle tient vérita. blement du prodige, cette victoire de Neueneck, gagnée par quelques bataillons bernois sur un adversaire double en nombre qui représentait les meilleures troupes que l'Europe connût alors. Et la journée du Grauholz, celle de Rothenthurm et celle de Drachenried ont montré, eNes aussi , que dans la lamentable décadence de notre patrie, la valeur militaire des Suisses était demeurée intacte et digne de leur passé. La simple devise: • Soyez unis •, gravée sur le marbre du Grauholz résume à jamais I'enseignt'ment que doit nous laisser cette période pendant laquelle notre pays, foulé au pied par les armées d'autres Etats, a connu toutes les horreurs de la guerre et de l'invasion. Après i3 République lie l v~tique f't le règne de Napoléon 1er qui avait attaché notre pays au char de sa fortune, dans cette période dt marasme, puis de crise qui va de 1815 à 1848, c'est le service militaire fédéral qui est l'un des foyers les plus actifs du patriotisme renaissant et à cette époque, demeure indissotu. blement attaché le nom vénéré du général Dufour qui, avant d'étre le g-lorieux vainqueur, t'! pacificateur du Sonderbund. avait été le chef dévoué pu camp de Thoune. l'auteur de l'admirable carte militaire dont nous nous enorg-ueillissons encore aujourd'hui, le patriote éclairé à l'inlluence et aux efforts duquel nous devons entre autre la décision. prise par la Diète de 1841. de donner aux troupes suisses le drapeau à la croix blanche sur fond rou.~e qui devait être désormais notre unique bannière. Il n'est pas fac ile de résumer brièvement les diverses étapes que nous avons franchies depuis 1848 jusqu'à nos jours. Tout en reconstituant l'unité nationale. la Constitution lb déraie de 1848 a tJaissé subsister le système des contin~ents. L'armée suisse n'était pas ho· mogène; élie était composée de contingents fournis par les cantons d'après une échelle déterminée par la loi, et en fait d'instruction, la Confédération n'avait que celle des armes spéciales et des carabiniers, tandis que les cantons conservaient celle de tous •les batail· lons de fusi liers. La guerre franco-allemande de 1870-1871 nous a fourni l'occasion de met· tre à l'épreuve ce système, et s'il est vrai que l'armée suisse a su remplir dignement sa tl• che, il n'est pas moins certain - et personne ne l'a dit avec plus de franchise que le chef qui la commandait alors, •le général Herzog-

que l'occupation de nos frontières a mis à jour bien des défauts et bien des lacunes. Ce qui nous manquait, avant tout, c'est l'unité que l'on ne peut obtenir que par une législa· !ion et une instruction uniformes. Aussi, après l'échec de la Revision de 1872, qui voulait établir une centralisation militaire complète, par· ti~ans et adversaires de cette centralisation se sont tendu •la . main pour conduire le corn· promis consacré par la Constitution de 1874 et sous le régime duquel nous vivons encore aujourd'hui. L'armée suisse n'est plus une armée de contingents; c'est une armée entièrement natio· nale et homogène embrassant tous les Suisses capables de servir et composée de corps d~ troupes fournis, les uns par les cantons (infanterie, dragons, batteries de campagne en majeure partie), les autres par la Confédération. La législation et l'instruction tout entières appartiennent désormais à la Confédération qui fournit aussi le matériel de guerre Les cantons peuvent disposer, en cas de be· soin, des corps de troupes fournis par eux, ils en nomment les officiers - tandis que la nomi· nation de tous les officiers supérieurs,ainsi que des états-majors des corps de troupes combinés, appartient au Conseil fédéra l - et surtout ils ont l'administration mililaire proprement dite, en exécutant les lois militaires fédérales et sous le contrôle de la Confédération. Sous l'empire de •l'organisation militaire de 1874, notre ari'JIIée a été en voie de progrès constants et toujours plus marqués. A vrai dire, le dualisme résultant de la coexistence dr l'administration fédérale et des administra ti ons cantonales n'est ras sans produire maintes complications et c'est pourquoi on a voulu mettre lin. en 1895, en proposant de transférer à la Confédération la plupart des compétences possédées par les cantons. La loi qui devait consacrer cette innovation n'a pas trouvé grâce devant le peuple, et, en somme, il n'y a pas ·lieu de le regretter. Ici comme ail· leurs, notre régime fédéra liste nous assure, avec quelques inconvénients, des avantages incontestables. Avec leurs autorités cantonales et communales tout organisées, les cantons apportent à la Confédération un concours ex· trtmement précieux; leurs autorités sont plus près du peuple, que ne pourrait l'être une bu · reaucratie fédérale, les rapports avec les cito} ens, le service de l'administration mi'litaire sont plu s faciles et certaines tâches conune celle, si importante de la mobilisation sont

mieux préparées et seront, au moment voulu, accomplies avec infiniment plus de rapidité et de succès qu'elles ne pourraient l'être sous le régime d'une administration entièrement cen· tralisée. C'est pourquoi, abandonnant l'idée d'une centralisation administrative, l'on a cherché le progrès dans une amélioration de l'armée elle-même et notamment de l'instruction à laquelle elle doit sa solidité. Depuis longtemps se manifestait l'insuffisance de nos écoles de recrues, dont la durée était trop brève el dans lesquelles, au prix d'un travail hâtif, et fiévreux, on n'arrivait pas quand même à former entièrement des soldats. L'organisation militaire de 1907 est venue augmenter sensiblement la dun~e de ce service, qui est à la base de notre instruction militaire; les éco· les de recrues sont de 65 jours pour l'infanterie, 75 pour l'artillerie et de 90 pour la cavalerie et peuvent maintenant remplir leur but d'une façon beaucoup plus complète. Une autre amélioration réside dans l'introduction de cours de répétition annuels. Jusqu'à présent, les cours de répétition n'avaient lieu que tous 1es deux ans et, d'un cours à J'autre, on avait le temps d'oublier ce qu'on avait appris précédemment, de telle sorte qu'à chaque nouveau service, tout ou à peu pr~s tout était à refaire. Aujourd'hui, les ~ours de répétition annuels maintiennent nos troupes en état d'entraînement. L'expérience a démontré qu'elles ne perdent pas en une année ce qu'elles ont appris et chaque année, maintenant, après la mobilisation, on se met au travail comme si le service n'avait pas été interrompu. Il ne faudrait pas croire que ces modifi· cations dont les excellents e!lets se sont fait immédiatement sentir, aient imposé un surcroît de charges en proportion des progrès qu'elles nous assurent. L'augmentation des charges imposées aux citoyens a été bien plu· tôt compensée par une judicieuse répartition. i\ ujourd'hui, elles pèsent davantage sur les premières années de service, sur la période où le jeune homnte est encore célibataire et ne s'étant le plus souvent pas créé une situation, peut plus facilement consacrer davantage de temps au pays. Puis l'on a déchargé en proportion les classes d'âge plus avancées, celles d:ms lesquelles le soldat. marié et père de lamille, ayant un poste ou une profession qui le fait vivre, a plus de peine à interrompre longtemps le trava il de la vie civile. Actuellement, le citoyen suisse fait partie de •l'élite de 20 à 32 ans et, après son école de recrues, il est appelé à sept cours de répétition (huit dans la


10 cavalerie) ainsi qu'à des exercices . de tir et des inspections annuelles de l'armement et de J'équipement. A 33 ans, il entre dans la landwehr, où il est astreint à un cours de répétition, tout en continuant les exercices et inspections dont je viens de parler. De 40 à 48, i1 fait partie du landsturm, dont je regrette de n'avoir pas le temps de parler et qui, en cas de g uerre, nous rendra de très grands services en déchargeant l'a rmée de campagne d'une quantité ùe travaux et la rendant ainsi plus mobile pour sa tâche. la meilleure preuve que les charges nouvelles ont été faci lement acceptées nous est fourni e par l'expérience faite à l'égard des cours· de répétition. Ces cours ne sont plus que de 11 jours (1 4 pour l'artiHerie) et l'expérience a in1médiatement prouvé qu'il était beaucoup plus faci le pour chacun d'abandonner ses affaires une fois par an pour moins de quinze jours que ae le faire tous les deux :~ ns pour une durée plus considérable. Ce•la est si vrai qu'à Genève, par exemple, dès l'entrée en vigueur de la nouvelle loi. ~ 'on a vu diminuer d'une manière sensible et constante le nombre des demandes d'exemption de scn,ice pour les cours de répétition. Un autre progrès réalisé par la nouvelle org-antsation militaire réside dans la meilleure instruction des cadres et dans la s ituation nouvelle faite 'à nos chels de troupes, lesquels sont appelés aujourd'hui à exercer, déjà en temps de pai x, toutes les compétences qu'ils auraient en temps de guerre et à se préparer ainsi infiniment mieux que par le passé, à la g rande tâche qu'ils auraient alors à remplir. (~a

fin a.n p1·ochain N')

Coppée et les cheminots Oui, j'admire tout cei humble monde de chefs de gare, de mécaniciens, de conducteurs, d'aigu illeurs, qui, afin de gagner leur pain et sans confitures, vous savez - déploient pour notre service à tous, chaque jour, pendant de longues heures, sans défaillance, quelques-unes des plus importantes facultés de l'esprit. Car, tous, ils font preuve d'une mémoire infaillible, d'une attention sans cesse en éveil, d'une exactitude absolue, et j'ajoute, pour le personnel roulant, d'un courage de la qualité 'la plus rare, de l'intrépidité la plus diilicile, celle qui consiste à rester toujours

calme, froid, impassible, au milieu du danger et en présence de la mort. Ne cherchez pas à diminuer leur mérite en me di sant que tout s'explique par l'habitude, et, la prochaine fois .que vous ~onterez. en wagon, considérez, s'1l vous pla1t, les VIsa· ges des gens de la gare. Vous serez frappés, comme je le fus si souvent, du caractère de gravité dont sont empreintes toutes les physionomies. Depuis le chef en casquette brodée qui fait les cent pas sur le quai, en jetant à chaque minute un bref regard sur la pendule, jusqu'au dernier ~raisse~r de roues qui rampe sous les mass1ves vo1tures, tous ici sont pénétrés du sentiment de la resp~n­ sabilité qui pèse sur eux, savent que, du momdre oubli, de la plus légère erreur dans qeur service, · dépendent des .exis.te!lces humaines. Tous ont la même pensee severe, et la fu~Me et la poussière accusent encore pl~s sur l~r iront la ride causée par une preoccupation constante. Observez ceci: on n'entend presque jamais rire parmi les employés des gares. Oui, j'en suis sûr, chacun ~e ces empl<_?yés du public se rappelle confu~ement ,.peut-e~, mai s sans cesse, que la foncti?n qu 1l remplit est très sérieuse et qu'elle ex1ge tout son effort et toute sa volonté. Je n'insiste pas, bien entendu, su~ le. ~lus considérable d'entre eux, sur le mecamaen. Dans cet homme sombre, aux vêtements souil· lés, on reconnaît, au premier abord, celui l qui une force obéit, le chef res~onsable. Toute la personne de ce simple ouvn_er - ses ~s­ tes décidés et précis, son athtude Jllllrhale, son regard d'autorité - revêt, ~ès q~'il .est monté sur sa machine, on ne sa1t quOI d'im· posant et de solennel; et la ~e!eine énergie, qui brille dans ses yeux, au nuheu ~e sa face engluée de sueur et de charbon, evoque le souvenir d'un héros fabuleux. domptant un monstre. Regardez ce pli profond, entre ses deux sourcils, et soyez certains que cet homme pense souvent au danger et ~- la m~r~ moins pour lui que pour ceux qu Il entram~ sur la route de fer. Sur le visage du rnécaru· cien, je retrouve l'expression soucit;_use du timonier à la barre, un jour de tempete, du ca• pitaiue en tête de sa compagnie, au moment de charger à la baïonnette. Son rôle est héroïque, à celui-là. Mais qu~ dites-vous du sort de l'aiguioJieur, là-bas parnu les rails enchevêtrés? Au seuil de sa cabane, fleurie de giroflées au printemps et en aoOt de tournesols, toujours l'œil aux disques· et

71 aux signaux, il n'a qu'à toucher de travers un des cinq ou six leviers qui sont devant lui, et, tout à l'heure deux trains lancés à toute vitesse vont se • télescoper •, selon l'affreuse expression technique; et on lui demandera compte de tous ces morts et de tous ces estropiés. Hein! croyez-vous que son métier soit commode, à •l'aiguilleur, et qu'il puisse se permettre de rêver à sa bonne amie? Nous n'y pensons pas assez. Mais, en vérité, ils sont admirables, tous ces gens des chemins de fer, que nous voyons courir, sous le vaste hall des gares, au milieu de la foule importune, arrêtés, questionnés à chaque pas, et complaisants, polis, tout à tous, sans oublier pour cela leurs besognes multiples et compliquées, et toujours nttentifs aux aiguill~s de l'horloge et aux grelottements des sonnettes électriques. Ils nous montrent tout ce qu'on peut demander à l'homme - et pas l un homme extraordinaire, non, au premier venu - et tout ce qu'il est capable de donner de trava il, de courage, de dévouement, moins pour un insignifiant salaire que par conscience et un instinct naturel. 1

Ah! plus que jamais, soyons doux et dimenis pour le peuple des travailleurs, qui font tout, sans qui s'écroulerait toute civilisation, et dont nous nous soucions si peu, et envers qui nous sommes si ingrats. C'est peu de chose que l'émotion d'un poète, mais jamais je ne manquerai l'occasion de >la leur offrir; et, aujourd'hu i. en pensant à eux, je sens profondément la beauté des vers de Sully-P rud' homme, dans son touchant sonnet des « Epreuves • : .... ]'ai compris que dans ce monde où nous sommes, [hommes, Nul ne peut se vanter de se passer des Et, depuis ce temps-là, je les ai tous aimés.

t François COPPEE, de l'Académie française.

St. François prêchant les oiseaux 11 éta it parti au petit jour, nu-tête et les pieds nus. Maintenant Je soleil était de plomb et la route poudreuse. l a campagne était déserte et silencieuse.

Contre &on habitude i1( n'avait pas ettcofe prêché aujourd'hui. Mais à qui prêcher, alors que le soleil avec ses rayons de feu dardait dans son plein midi? Seuls, les petits oiseaux chantaient avec les cigales des champs, dans les buiss~ns et sur les hauts peupliers de la route. François s'arrêta, et, battant des mains ap' pela tous ces peti1s chanteurs. Les petits oiseaux, interrompus soudain dans leurs joyeuses chansons, se dirent · les uns aux autres: • Oui donc, alors que tout le monde [ait •la s ieste, nous appelle? • La cornei lle, perchée su r la cime du peupl ier, répondi t : • C'é3t François, ce pauvre d'Assise. qui demande à l'aller écouter . • • Qui ça, le pa uvre François? ronchonne le corbeau, en train de fou iller un tas de dé· combres au bord de la route. quoi donc ! d'où le connaîtrais-je? • • Moi, dit le merle en retournant une feuilIr sèche de son jaune bec. moi. je le connais et puis vous en parler, il prêche trop de pénitence; aussi. je ne me laisse pas déranger pour aller l'écouter! • • Oui, oui, ajouta un vieux roublard de moineau, il vous en dira tant, que vous n'oserez plus becqueter une cerise gâtée! • • C'est vra i, hasarda la mésange, il nous crée des scrupules, mais il est si doux, si bon, si a ttrayant, le pauvre François, que nous ler ions bien, je crois, d 'aller l'écouter ! • Et tous les oiseaux, petits et grands, allèrent se placer aux pieds de François. On se bouscule d'abord; il y eut même, dit la chr onique d'une pie borgne, quelques coups de bec. Petit à petit tout s'arrangea et, les ailes repliées, sans tourner la tête, en si· Jence, ils écoutèrent François. le bon Saint leur di t : • Petits oiseaux, mes frères, Que le Seigneur vous donne sa paix! Servez bien Dieu, mes petits amis, aimez-le et chantez sa gloire, car les hommes l'oublient. Ne soyez pas ingrats comme eux, et répétezlui vos cantiques d'actions de grâces, car vous avez reçu de lui d'innombrables bien[aits. Ce duvet moelleux, qui vous habille el vous donne tant de grâces, est un don de sa Providence. Ces a iles légères et merveilleuses, qui vous élèvent si haut au-dessus de la terre, c'est Dieu qui vous les a données. C'est l ui encore qui a fait ces grands bois. où vous fixez vos demeures, où vous abritez vos petits. La source qui coule joyeuse vous offre la


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à l'ÉCOLE PRIMAIRE, SION

Avril19f0

LE goutte d'eau qui désaltère et le bain qui rafraîchit: c'est la main de Dieu qui l'a mise ici. Le flocon de laine que le buisson a pris à l'agneau, c'est Dieu qui vous l'offre pour garnir le nid de votre couvée. En mille endroits sa bonté a semé les matériaux de votre maisonnée. Vous ne semez pas, vous ne liiez pas, et rien ne vous manque, ni nourriture, ni vêtement : en tout, •le Seigneur prend soin de vous. Petits oiseaux, mes frères, glorifiez donc Je Seigneur, chantez-lui votre chant d'amour et de gratitude, car sa bonté est infinie. • Et les petits oiseaux baissaient la tête et battaient des ailes pour acclan'.er •le Saint. françois leva les mains. les ' bénit, et, dans une joyeuse envolée, ils s'élevèrent dans le ciel empyrée, Jouant et bénissant Je Seigneur: la Providence des petits oiseaux. Pierre de TA RENT AISE. ----·-·~~~~------

L'éclairage moderne Il semble que, dans les progrès de l'éclairai!e, on n'ait eu jusqu'ici en vue que le be· so in d'augmenter sans cesse l'intensité du foyer lumineux. L'arc électrique et l'acétylè~e ont atteint, à ce point de vue. un pouvoir aveuglant qui sera difiicilt>ment dépassé. Seulement, il faut prendre garde. Des savants ont démontré que les sources lumineuses sont d'autant plus nuisibles pour l'œil qu' elles sont plus riches en rayons de courte longueur d'onde. A vrai dire, chaque mode d'éclairage a ses avantages et ses inconvénients. Si J'on compare, par exemple, la chaoJeur dégagée par les différentes sources de lumière, on constate que 100 bougies donnent 8000 calories alors que l'acétylène en donne 3000, le bec Auer 1800, l'arc électrique 100 seulement. Un inconvénient plus grave que la chaleur, c'est l'empoisonnement par les combustibles gazeux qui pénètrent dans l'organisme. A ce point de vue le gaz d'éolairage semble tenir Je record de la toxicité à cause de la grande proportion d'oxyde de carbone qu'il renlerme. • Comme il consomme, dit M. Jean Escard, six fois environ son volume d'air, il est nécessaire d'aérer fréquemment les salles où brûlent plusieurs becs de gaz. On a calct:.lé, en effet, qu'un bec ordinaire consomme presque autant d'oxygène que dix personnes adultes pendant le même temps. •

L'acétylène est moins toxique que le gat, mais ri y a Je revers de la médaille. Les plus dangereux parmi les corps éclairants sont ceux dont la tension de volatilisation est élevfe, même à la température ordinaire, et l'acétylène est de ceux-là. Il y a bien le pétrole. Mais le pétrole a la fâcheuse propriété de suinter le long des récipients et d'avoir une odeur désagréable. L'éclairage électrique échappe, il est vrai, à ces inconvénients. Les rares explosions des lampes ne sont dues qu'à un défaut de fabrication. Il ne dégage pas d'odeur et peu de chaleur. Mais t)a vivacité de son éclat a le grave inconvénient de congestionner l'œil, par suite de fa tiguer et d,affaiblir la vue. On n'y peut remédier que par l'emploi de verres teintés de jaune, de gris ou de rouge qui, sans diminuer Je pouvoir 'éclairant des foyers tlumineux, en absorbent du moins les rayons nuisibles. Et c'est pourquoi l'éclairage d'antan, la vieille lampe Carcel et Je quinquet ont encore aujourd'hui leurs fidèles. Et ces fidèles seraient assurément plus nombreux si la bonne huile n'était devenue à peu près introuvable.

Foyer et les Champs 000000

Histoire, Nouvelles, ·M œurs, Sciences, Inventions, Découvertes, Voyages, Éducation, Politesse, Économie domestique, Hygiène, Médecine, Cuisine, Recettes, Procédés, Travaux féminins, Variétés, etc. ABONNEMENTS:

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La ligne de 6 points 20 centimes

bES fc>REMIERS ~GES DU CHRIST17-'tNISME

LES DISTRACTIONS d'EDISON. Edison est, comme on sait, l'homme ·le plus distrait de ce monde. On se rappelle que, venant de se marier, il oublia sa femme à la gare, où elle l'avait précédée, et que cette dernière fut obligée de revenir le chercher dans son laboratoire. Le grand savant vient de commettre une nouveile distraction. Il devait prendre part ces jours ci au banquet annuel de la Société qui exploite ses brevets. Le directeur de ses bureaux l'avertit au moins dix fois dans la journée: - Le banquet commence à cinq heures, vous vous ferez raser, endosserez l'habit. Je viendrai vous prendre à quatre heures et demie. Il était certain que cette fois l'inventeur ne pourrait oublier ses devoirs. Cependant, lorsque l'automobile s'arrêta à Menko-Park, Edison, qui ne se souvenait plus de rien. dessinait tranquillement dans son atelier. vêtu d'une blouse sa-Je. C'est dans ce costume que Je directeur, au désespoir, le ïit monter dans l'automobile et le conduisit au banquet, où son appar ition fit éclater de rire tous les invités.

LE MARTYRE de St-Pierre et de quelques disciples

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LE FOYER ET LES CHAMPS

L'insulte réparée. Charles XII, roi de Suède, avait, dans un moment d'ivresse, perdu le respect qu'il devait à la reine, son aïeule, qui, pénétrée d'une vive douleur, se retira dans ses appartements. Le lendemain, comme elle ne paraissait pas à table, le roi en demanda la cause; on la lui fit connaître. Il remplit aussitôt son verre et se rendit auprès de cette princesse: «Madame, lui dit-il, j'ai appris qu'hier, après un abus de vin, je me suis oublié à votre égard. Je viens aujourd'hui vous en demander pardon, et afin de ne plus tomber dans cette faute, je bois ce verre à votre santé: ce sera le dernier de ma vie.» Il tint parole, et depuis ce jour-là ne but jamais de vin.

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TURENNE Le maréchal Turenne ne se distinguait pas moins par sa droiture que par sa bonté. Le trait suivant prouve combien il était consciencieux en toute chose. Pendant que la France était en guerre avec l'Autriche, l'armée de Turenne traversa une contrée ennemie, laissant derrière elle des traces funestes, comme cela arrive en pareil cas. Une ville dont les h:~bitants craignaient les ravages des troupes françai-es, envoya des. députés au maréchal pour 1ui offrir 100,000 florins en le priant de la ménager. Il refusa cette somme en disant : < Je ne puis, en bonne conscience, accepter votre offre, n'ayant pas l'intention de me diriger de votre côté.» ~

Diversité de caractères. Un homme sans fortune avait deux fils. Après la mort de son père, l'aîné

se rendit à la Cour. Il sut plaire an roi ~t obtint une bonne charge à son service. Le cadet resta à la maison. il cultiva le champ que son père lui avait laissé et vécut du travail de ses mains. Un jour, le premie•· revint dans la mai~on paternelle et dit à son frère: «Pourquoi ne cherches tu pas. ainsi que moi, à plaire à la Cour? Tu n'aurais pas besoin de tant tt·availler pour vivre. » Celui-ci répliq11a: «Pourquoi n'apprends-tu pas à travailler, comme moi? Tu n'aurais pas besoin d'être esclave! »

L'innocence des enfants. C'est la vertu de pureté qui fait le charme de l'enfance, l'honneur de la jeunesse, la force de l'âge mûr, la prospérité et le bonheur des familles, la puisfance et la grandeur des Etats; tandis que le vice contraire est un ver rongeur qui mine et détruit toutes les énergies, toutes les espérances, tous les développements féconds de la vie individuelle, domestique et sociale. On se plaint beaucoup, à l'heure présentP, de l'indiscipline dea enfants, de la désunion et de la décadence dPs familles, des abus de la Société. On en recherche les causes. Ne serait-il pas permis d'affirmer que la source. principale des maux qui désolent le mohde réside dans la perte de l'innocence et dans l'oubli de la vertu ? Le Seigneur nous chdtie a cause de nos iniquités (Tobie, XIII, 5) On est parfois navré en voyant l'insouciance et l'incurie des parents à l'égard de leurs jeunes enfants. Ils ne s'inquiètent ni de la vertu éprouvée de ceux à qui ils les confient, ni des dangers que de petits camarades gâtés peuvent leur faire courir, ni des objets qui les entourent: tableaux, gravures ou scènes peu convenables. La plus grande rigidité est également indispensable au sujet des lectures et

LE FOYER ET LES CHAMPS

des conversations. Il suffit parfois d'un propos mal sonnant, d'une liberté dépla cée, pour faire dans l'âme naïve et impressionnable de l'enfant une blessure que rien ne guérira. Plus le jeune arbrisseau est frêle et délicat, plus il a besoin d'êtr·e protégé par un tuteur vigoureux et d'être mis à J'abri des insectes mauvais. Serait-il vrai qu'on ait plus de soin des animaux domestiques que des enfants? Malheusement cela est quelquefois vrai, car souvent si j'interroge quelqu'un au sujet de son cheval ou de ses bœufs, il saura parfaitement me renseigner et me dire où ils sont; mais si je lui demande la même chose !sUr ses enfants, il ne saura que dire et me répondra tranq•Jillement qu'il ignore où ils sont, q •1oiqt1e depuis longt ... mps l'école soit finie ou l'atelier fermé. Hélas! combien de pauvres enfants qui ont connu et fait le mal faute de cette surveillance préservatrice ! Et les parents sont tranquilles ! Comment flétrir assez un si funeste aveuglement? De bonne heure, à la sortie du berceau, ·peut-on dire, l'enfant doit être envisagé comme un être moral, capable, par conséquent, de recevoir et de saisir la notiOn du devoir, de se pénétrer peu à peu des obligations de la loi divine, de prendre sur ses épaules le joug du Christ, d'accomplir, au prix des sacrifices nécessaires, non ce qui lui plaît, ce qui le flatte, ce qui l'attire, mais ce que lui prescrit sa conscience, formée, dès l'âge le plus tendre, à l'amour du bien, de l'in-nocence et du renoncement. Or, avouons-le très franchemPnt, il s'est glissé dans nos systèmes d'éducation les plus gr·aves abus sur ce point fondamenta l. Combien de parents, victimes d'une véritable aberration, ne semblent plus s'occuper de leurs enfants que pour les amollir, les aduler et contenter tous leurs caprices. Quoi d'étonnant dès lors si

ces enfants, dont la conscience a été faussée et déformée, courent plus tard après le plaisir, s'affranchissent, dans leur conduite, de toute entrave gênante, deviennent le jouet de toutes les séductions qu'un monde pervers n~ manquera p1s de leur offrir? L'homme sera jusqu'a la mort ce qu'il aura ete dans te commencemmt et les vices de sa jeunessé dormiront avec lui dans la tombe. (Proverbes, XXll, 6). Ces enfants ont été élevés dans la mollesse ou l'abandon; ils ont grandi dans l'oisiveté ou le dé- . sœuvrement. Quels fruits attendre d'une si déplorable éducation? Que l'enfant soit donc habitué, de bonne heure, à réprimer ses petites passions nai~santes, à combattre ses inclinations mauvaises, à se plier, par devoir de conscience, à une vie de piété, de travail et. d'austérité_, ~i l'on désire qu'un jour 1l fasse la JOie de sa famille et ne jette poiot l'opprobre sur les cheveux blancs de ses vieux parents. PEN' SÉES

La parole, comme la flèche, ne revient plus. Regarde, avant de la lancer, si elle n 'est pas empoisonnée.

* * *

L'homme est de glace aux vérités, il.est de feu pour les mensonges. La Fontaine.

* * * C'est un grand malheur que de ne pas avoir éprouvé dl'l peines. Cicéron.

* * *

Qui rêve sa défaite est vaincu d 'avance.

* * *

La lâcheté, c'est de la peur consentie, le courage de la peur vaincue. Legouvé.

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Les plaies du corps se ferment, celles de l'âme restent ouvertes.


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Le canon du calibre de 340 millimètres de la marine américaine. Poids, 68 tonnes; longueur, 16.10 m.

Canons monstres Inutile de dire que cette initiative revient aux Etats· Unis, et tous ceux qui ont lu le «Voyage à la Lune» de Jules Verne, n'en seront pas autrement étonnés. Pour armer ses nouveaux cuirassés, l'Amérique fait établir des canons du calibre de 340 millimètres. La pièce, du poids de 65 tonnes a 16m,IO de longueur, elle lance un projectile de 635 kilos par la déflagration de 165,5 kilos de poudre sans fumée.' Ce sont les perfectionnements de la pyrotechnie qui ont amené à construire ces pièces d'une si grande longueur. En effet, on a obtenu des poudres lentes, chez lesquelles l'expanbES Vobe~Ns

Un Volcan en eruption

sion des gaz lors de la déflagration se fait avec une lenteur relative, ce qui permet de pro- r=-~------, longer leur action sur le projectile, à la condition que l'âme du canon soit suffisamment longue. Ces nouveaux canons sont encore en essais, car en ces matières les déductions des: ingé- ~~~~~~!!J nieurs n'ont de Le projectile du canon du valeur que si calibre de 410 mm. elles sont conPoids 1100 kg. firmées par la pratique. Quoiqu'on ne soit pas encore fixé, on ne s'est pas arrêté en si beau chemin, et on s'occupe Mjà d'établir un canon du calibre de 410 millimètres, qui aura une longueur proportionnée. Celui-ci, avec lequel on n'a encore tiré que quelques coups d'essais, doit lancer, en service, un projPctile d'acier du poids de 1100 kilos, avec une charge de poudre d'environ 225 kilos. Le prix d'un coup de ce canon sera de 5000 fr., mais on compte que la portée sera de 32 km. au moins. Disons, toutefois, que même aux Etats· Unis on ne fonde pas grand espoir sur

LE FOYER ET LES CHAMPS

cet engin monstre. La difficulté du maniement, le coût de son emploi paraissent à beaucoup des vices rédhibitoires. Nous donnons ici une vue du canon de 340 millimètres destiné à la marine. Quant à celui de 410 millimètres notre format n'y suffirait pa~. Nous donnons seulement une vue du boulet avec, à côté, un canonnier, pour que l'on puisse juger de ses proportions.

Façade

~"---

Jardins d'agrément Kiosques en cabinets de jardins et leur ornementation

Nous donnons ici les dessins d'un Kiosque de jardin qui a obtenu un prix au concours d'ornementation de Würzbourg. Derrière

. bES NIDS

Vue ginérale

Nichoirs pour petits oiseaux avec appa•·eil de protection contre les. chats

•••rop vrai hélas!

Coupe

Une seule page d'un mauvais livre ou d'un mauvais journal suffit pour transformer un homme ou une jeune fille sages en démons.


LE FOYER ET LES CHAMPS

LE FOYER ET LES CHAMPS

Siffle encore! En wagon. Un garçon se penche à la portière, malgré les remontrances de son père. Tout à coup le papa lui enlève vivement son chapeau et le cache derrière lui. - Là! tu vois, ton chapeau s'est envolé; que va dire maman? Le gamin fond en larmes. - Allons! console-toi.. . Je n'ai qu'à sift:ler et ton chapeau va revenir. En effet, il siffle et tend à son fils le chapeau soi-disant envolé. Amusé par cette séance de prestidigitation, l'enfant jette alors lui-même son chapeau par la portière, puis, se tournant vPrs son père: -Siffle encore dis, papa, s'écrie-t-il. Tête du papa! Bien joué, ma foi! Pourquoi donc les parents s'amusent-ils à tromper leurs enfants, à propos de tout et à propos de rien? Parfois même, à propos de choses sur lesquelles ils devraient les renseigner délicatement mais sincèrement, ou contre lesquelles ils devraient les prémunir prudemment mais fortement.

Le Vieux Major. On sait que devant ses derniers insuccès, le Vieux Major a donné sa démission de prophète, ou plutôt de pronostiqueur de beau ou de mauvais temps. Mais qu'est le Vieux Major? Voici: Le Vieux Major est un savant qui s'est éloigné du monde à la suite de chagrins intimes. Il s'est retiré à la campagne, loin de tout centre civilisé, et il a acheté un vieux château presque en ruines. C'est là q11'il vit, dans la solitude et le travail. Sur le donjon, à moitié détruit, il a installé ses lunettes, et c'est de là qu'il scrute le ciel, qu'il observe les étoiles, qu'il regarde d'où vient le vent. Les pay-

sans le prennent pour un homme étrange et puissant, et les enfants n'aiment point passer près du donjon une fois la nuit tombée. C'est tout juste si on ne l'accuse pas de faire choir la grêle et de rendre malades les bestiaux. Le Vieux M::~jor est tout bonnement un membre de l'Académie dPs sciences, astronome des plus officiels et des plus décorés. Le Vieux Major est un vieil arthritique. Au lieu de perdre son temps à étudier les constellations, les courants aériens, les p-ressions et les dépressiom, toutes choses loin de lui, il s'est borné à étudier avec soin ses rhumatismes, qni sont plus à sa portée. Il en a tiré des déductions sagaces et à longue échéance. Les rhumatisants ordinaires se bornent à prédire, grâce à leurs douleurs, le temps qu'il fera le soir même ou le lendemain. Le Vieux Major a su trouver', entre ses rhumatismes et les révolutions de l'atmosphère, des corrélations moins immédiates. Celles-ci influent sur ceux-là au moyen de vibt•ations et d'ondes qui laissent indifférents les baromètres les plus sensibles. Le Vieux Major reçoit et emmagal'ine les potentiels atmosphériques et il les rend sous forme d'oracles précis et concis. Mais on ne saurait dire qu'il les rend sans douleur.

CONNAISSANCES UTILES Contre les brOiures. Le remède suivant est bien simple, mais on l'a toujours emp'oyé avec un grand succès, et parfois dans des cas graves. On recueille, au moment de la floraison, les pétales de lis, et on les met macérer avec de la bonne huile d'olive dans un flacon à large goulot. On fait ainsi chaque année

sa petite préparation. Ces pétale~, appliqués sur la b•·ûlure, amènent un soulagement immédiat et facilitent la guérison d'une manière remarquable.

en faveur du cidre, d'abord à cause de son prix avantageux, et ensuite parce qu'ile ne pousse pas aux excès et à l'abus où tombe trop souvent le buveur du vin. A. CH. - - : r f --

HYGIÈNE

L'habitude de fumer chez les enfants.

Chacun sait combien cette funeste habitude tend à se propager de plus Quelles sont les qualités du cidre en plus parmi les enfants de nos comme boisson du faneur et du mois- écoles. Dès l'âge de neuf ou dix ans , et souvent même bien plus tôt, des sonneur? Frais et fruité , piquant et légèrement gamins qui n'ont pas encore pu apacidulé, coulant bien et n'empâtant prendre à lire, et à qui le tabac est pas la bouche, le cidre est la boisson ordinairement beaucoup plus cher désaltérante par excellence, cellë du que les livres et la classe en général, travailleur obligé de trimer et de suer manient la pipe à la mode de l'Obersous l'implacable soleil qui brûle et land ou le fort cigare de Grandson qui dessèche. A ce régime d'efforts aussi habilement que les vieux fuépuisants correspond un régime ali- meurs. Tout d'abord l'apprentissage mentaire spécial, lequel, notamment, s'en fait au chalet ou en cachette, non devra apporter l'eau en quantité suf- loin du foyer domestique, puis l'on ne fisante au remplacement des pertes se gêne plus et c'est même en préaqueuses que subit l'organisme par sence d'un trop bonasse papa ou la transpiration. Or, beaucoup d'eau d'une trop bénévole maman que le est indigeste, voir même dangereux; ball}bin 11. allumera :D, comme on le et trop de vin, au lieu de désaltérer, dit vulgairement chez nous. échauffe . . . et saoule. - L'alcool Hélas! pauvres enfants, malheun'est uti le qu'à doses extrêmement reux parents trop complaisants: ils mesurées ... -et l'ouvrier à nez rouge ne sa vent ou n'ont, ni les uns ni les ne saurait être un enduranttravailleur ! autres, réellement conscience de ce Le régime alimentaire Je meilleur qu'ils font. A tou~, je recommanderai pour l'homme des champs sera celui la lecture des nombreux ouvrages qui, ayant à sa base une nourriture écrits sur la tuberculose et ses causaine, fortifiante et bien digestive, ses. Chez les enfants la phtisie pulcomprendra aussi une boisson agré- monaire, qui se déclare si souvent, able, pouvant être consommée en n'a quelquefois pas d'autre origine quantités relativement grandes, sans que les effets pernicieux du tabac et inconviénents ni pour la digestion, ni surtout du poison qu'il renferme en pour l'équilibre nerveux. abondance, la nicotine. Mais ce n'est pas toujours dans l'enLe cidre réalise ce double pro- · blème. fance proprement dite que les funesLes médecins et les hygiénistes tes vapf'urs de la terrible solanée ont sont unanimes à reconnaître dans le leurs effets; c'est ' plus tard qu'ils se cidre, non seulement son inoffensivité, feront sentir, après avoir retardé mais encore certaines qualités physio- pour toujours la croissance des mallogiqu es et protectrices à l'égard de heureux qui en font usage, tout en leur desséchant tour à tour l'estomac, les plusieurs maladies. Nous ajouterons, nou s, que l'écono- glandes salivaires et en altérant la vimie bien entendue prêche, à son tour, talité de leur cerveau jusqu'à l'hébé-

Le cidre, boisson du paysan


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tement et au point de les rendre très faibles d'esprit. Aussi l'usage du tabac paraly8e la vitalité et même l'action des organes les plus indispe_nsables à la vie , chez nos enfants et, en général, chez tout jeune homme non encore parvenu à l'âge adulte. Il est donc du devoir de tous, pères, mères, instituteurs et autorités communales de réagir avec la plus grande vigueur contre nos jeunes fumeurs. Il y va de l'intérêt de toute la société; les parents en cueilleront les premiers lauriers, puis viendront ensuite MM. les instituteurs, à qui l'on n'enverrait plus, une fois le mal entièrement expiré, que des élè· ves au cerveau dispos et aux nerfa calmes, conditions essentielles d'un enseignement quelque peu fructueux.

une demi-heure avant de se coucher est un bon remède contre la constipation: le même traitement, continué quelques mois et associé à une diète appropriée, est très utile pour la cure de beaucoup de dyspepsies . 7° Un des meilleurs moyens de calmer ' les douleurs gastrites (maux d'estomac), et de précipiter la digestion, est l'absorption d'une certaine quantité d'eau aussi chaude que possible, et infusée de menthe, d'anis ou de camomille. Ce liquide lavera l'estomac, et en chassera le contenu dans l'intestin. (LA SANTÉ.)

L'Eau chaude

Les maisons neuves sont pas saines à habiter à cause surtout de la fraîcheur de leurs murs. Voici un procédé qui vous permettra cependant de vous loger sans pertes de temps. Brûlez deux ou trois fois, à de courts intervalles, 2 à 3 kilogrammes de charbon de bois dans chaque pièce bien close. Pendant la combustion, le carbone se combine avec l'oxigène de l'air et forme de l'acide carbonique, qui est absorbé par la chaux des murailles et favorise le desséchament. Après quoi, ouvrez pour établir un fort courant d'air, et peu après, vous pouvez habiter toutes les pièces sans aucun danger.

L'eau chaude est un excellent médicament dans de nombreux cas. Voici quelqu~'S exemples: 1° Le mal de téte cède presque toujours a l'application simultanée d'eau chaude sur la nuque et sur les pieds. 20 Une serviette pliée, trempée dans l'eau chaude, tordue rapidement et appliquée sur l'estomac, agit d'une manière presque magique contre les coliques. 3° Rien ne coupe plus rapidement court à une congestion pulmonaire, une angine, un rhumatisme que des applications bien faites d'eau chaude. 4° Une serviette pliée en plusieurs doubles et trempée dans de l'eau chaude et tendue, appliquée sur la partie douloureuse, apporte un soulagement aux maux de dents et aux nevralgies. 50 Un morceau de flanelle imbibé d'eau chaude, appliqué autour du corps d'un enfant atteint du croup) _produit un calme remarquable. Cela réussit toujours dans le faux croup. 6° L'eau chaude prise à lar~e dose

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CONSEILS PRATIQUES

à l'ÉCOLE PRIMAIHE, SION

Foyer et ~o~os Champs Histoit·e, r:rouvel~es, Mœurs, Sci_ences, Inventions, Découvertes Voyages, Education, Politesse, Economie domestique H . , ' Médecine C · · R , ygtene, ' utsme, ecettes, Procédés, Travaux féminins, Variétés, etc. Numéros spécimen gratis

RÉDACTION: M. J.-H. DlNG, Estavayor-Jo-Lac

.bES

~NGES

Comment rendre habitable une maison neuve

Colle pour caoutchouc sur cuir Mêlez lOO grammes de poudre de caséine à 600 grammes d'eau. Ajoutez 10 grammes de sel ammoniac et faites dissoudre à chaud, mais sans laisser bouillir. Commencez par enduire de cette colle la face du caoutchouc, et laissez sécher. Faites chauffer un peu le produit et appliquez-le sur le cuir. Vous pouvez aisément joindre alors le cuir et le caoutchouc.

Mai 1910

LE

GROUPE DE CHÉRUBINS

Publicalious recommandées :

1 ..La Sillon Romand" - .. La Revue Populaire "


LE FOYER ET LES CHAMPS LE FOYER ET LES CH.~MPS

Les calendriers de nos pères. Dans les premies âges du monde, c'était sur la floraison des plantes, sur a chute des feuilles, sur le départ et 'arrivée des oiseaux' q~e les laboureurs et les bergers régl:1.1~nt l~urs travaux. De là l'art de la divmatlon chez certains peuple~: on s~pposera qu~ des !animaux qm prédiSaient les _saisons et les tempêtes ne po~v~I~nt être que les interpr~tes de la DlVlmté. Les anciens naturalistes et les poètes (à qui nous sommes _redevables du peu de simplicité qm reste encore parmi nous) nous montrent C?mment était meneilleuse cette mamère de compter par les fastes de la !lature, et quel charme elle répandait dans la vie. Dieu est un pr_?fond secret; l'homme, créé à son Im~ge, es~ P~­ reillement incompréhensib!e: c éta_It donc une ineffable harmome de vou les périodes de ses jours ~égl ées par des horloges aussi mystérieuses que lui-même. Sous les tentes de Jacob o~ de Booz, l'arrivée d' un oiseau mettait ~ou.t en mouvement . le patriarche faisait le tour de son' champ, à la ~ête de .ses serviteurs armés de faucilles .. SI le bruit se répandait que les pe~Its de l'allouette avaient été vus voltigeant, à cette grande nouv~lle, tout un pe~­ ple, sur la foi de Dieu, com~enç:nt avec joie la moisson. Ces .aimables signes en dirigeant les soms de la saison' présente, avaient i' avantag.e de prédire l€s vicissit.udes de la sa~­ son prochaine. Les oies et les saicelles arrivaient-elles en ~bondance, on savait que l' hiver serait Jo~~- La corneille commen çait-elle à l·ahr son nid au mois de janvier, l es pasteur.s espéraient en avr~l les roses de mai. Le mariage d' une Jeune fille, au bord d'une fontaine, avait tel r apport avec l'épanouissance d'une pla~te ; et les vieillards qui meurent ordmairement en autom~e, tombaient a~ec le s gland.s et les fruits mûrs. Tandis q ue le pht-

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losophe, tronquan,t ?U allongeant l'année, promenait 1 hiver sur le ~azo~ du printemps, le laboureur !le ~raigna~t point que l'astronome qui 1~ venait du ciel se trompât. Il sava_It que l~ roE:signol ne prendrait le mois des fr~­ mas pour celui des tle~rs e~, n.e ferait point entendre au solsh~e d h1yer les chansons de l' été. Aussi les soms, les jeux, les plaisirs de !'homme champêtre étaie!lt dét~rm~nés non par I.e calendrier mcertam dun savant, mai~ par les calculs infaillibles. de celui q:ui a tracé la route du soleiL 9e souverain régulateur voulut lUI·même que les fêtes de. son culte fussent as: sujetties aux simples époques em pruntées de ses propres ouvrage s, et dans ces jours d'innocenc,e, s~lon les saisons et les travaux, c était la voix du zéphyr ou de la te~pête, de l'aigle ou de la colombe, qm appelait l'homme au temple du Dieu de la nature. Nos paysans se servent encore quelquefois de ces tables charmantes, où sont gravés les temps des travaux rustiques . Les peuples de l'Inde en font le même us~g~, et les nègres et les sau v:1ges améncams gardent cette manière de compt~r. Un Siminole de la Floride vous dit : ~ L~ fille s'est mariée à l' arrivée du cohbrJ. L'enfant est mort quand la non-pareille a mué. Ce1te mère a eu auta?-t de fils qu'il Y a d'œufs dans le md du pélican. .CHATEAUBRIAND.

Prospérité et boissons L'ouvrier adonné à la boisson ne

de~i endra jamais riche." (Eccli., _ Pourqu oi ~

à cause de l'arge;tt

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dépense, d u temps qu'il p~se a .~oue, des inca pacités de travail . qu_1l se cause et des dépenses de me~ecms et de pharmaciens qu'il doit fau.e pour se guérir des maux et maladJes que ilf'S excès p n>d u i sent. -~-.-

Mémoire prodigieuse de l'aveugle Alick 1

ÉDUCATION

Il exista it en ro t·e f'n 1833, ù Stirling 0n Angleterre, u n vieux mend iant aA tleux et ta•oilii ans. veugle, conmt dans tout le p ays sous le nom de Blinrl Alick, et dont on vanLorsqu'i 1 s 'agit d'enfants tout jeunes, tait partout la mémoire prod igiense. surtout s'ils ont un caractère doux et Orphelin dès l'enfance et obligé, cr·aintif, i l suffit général ement d'une pour vivre, de mendier dans la ville punition légère . Mais, à deux et trois de Stirling, le pauv1·e Alick avait lu et an ~ , les saillies de cara ctère s 'accenrelu, avant de perdre la vue, la bible tuent: les enfants deviennent queltout entière et quand il devint aveugle, quefois revêches, bougons, grincheux, il savait par coeur l'ancien et le nou- La correction doit être a lors plus reau testament depuis le premier ver- ene1·gique. set jusqu'au dernier. Vous pouviez arDans les tentatives de ?'évolte et rêter Alick dans les rues de Stirling et d'insubordination qui se multiplient lui citer tel ou tel passage du Saint vera cet âge, comme aussi pour les LiVl'e; il vous disait avec un aplomb taules g1·aves, où il entre de la malice imperturbable, da ns quel ch apitl·e se e t de la méchanceté, il faut employer trouvait ce passage, et si vous le dési- s ans hésitation les chdtiments cm·riez il vous répétait de suite les ver- porels. .. sets suivants. Un jour un gentleman, voulan t Nous vivons - disons-l e francheembanasser notre aveugle, lui lut un mentà une époque de sensiblerie verset de l'Evangile, en altér ant un quelque peu ... niaise, où l'on n 'ose peu le sens des mots, et lui demanda plus prononcer ni écrire, quand il dans quel chapitre se tr ouvait ce pass'agit d'éducation, le mot verge, et sage. Alick, après un moment d'h ésitaencore moins se servir de l'instrution, nomma le chapitre, le verset prément désigné par ce mot. C'est un cédent et le suivant, mais ajouta que tort. Sans doute, il faut savoir garder ce n 'était p oint là son verset à lui et la rnesuTe nécessaù·e e n employant là-dess us il corrigea la citation erronée du gentilhomme. Alors celui-ci Je un tel moyen : mais n'oublions pas que la verge est bien souven t le seul pria de lui dire le 90ième verset du remède efficace. 60ième Chapit rf' des Nombr es. N ou« Un seul repas au pai 11 sec et à velle hésitation: Alick n'y est plus ; l'eau, dit F e rnand Nicolay dans son mais il marmotte quelques par oles entre ses dents, et s'adressant a vec viva- ouvrage sur Les enfants 1nal élevés, cité au questionneur et. aux specta- vaut mieux que vingt pri vations de teurs: Vous vous moquez de moi, mes- friandises, et une bonne CO?'?·ection sieurs ; ce verset n'est pas dans les avec la verge, administree en temps Nombr es; le chapitre 60 n 'a que 89 opportun>vaut m ieux que vingt claques insuffisantes, que toutes les remonversets. Alick subit avec le même succès une ll·ances et menaces sans fin. » Il faut que l 'enfant sache de bonne foule d'interrogatoires de ce genre. Très souvent si on le questionnait sur heure qu'il est inutile à l ui de résisun sermon ou sur une instruction , fai- ter, que l'on e:xige de lui un e obéiste la veille dans le temple, il les rép é- sance complète, et que, pour l'obtetai t à très peu de chose près, tels nir, on ne recul e ra pas d e vant une C. L. qu 'il ~=; fi Yai f'nt été 1n·ononcés p<'lr le mi- sévère correction. nistJ·C'.

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LE FOYER ET LES CHAMPS

bES OISE~ÙX

L'HIRONDELLE ·(~e

qui f'ait le Bonbenr! Les sages y pensent - les insensés l'oublient Ce n'est pas la richesse c'est la vertu .

I l ne dépend pas toujours de .nous d'être r iche; mais il dépend touJOUrs de nous d'être vertueux. - - ·!- -

Protection des récoltes Toul le monde connail la. difficulté que l'on éprouYe, tant dans la gran de que la petite culture à préserver les récoltes de toutes sortes des déprédations qu'y exerCC'Jlt les oiseaux q ui s·y abattent par bandes, dévastant les semis ou dévorant les produits arrivés à matu rité. Les vulgaires et ridie ulf's épouvantails a uxquels on a eu recours jusqu'ici, mannequins plus ou moins sava.mmant combinés, sont d'un effet des plus insuff isants, sinon totA lement nul. ll n 'est pas ra r e même de vo ir des oiseau x qui se perchent des,cw:;;. J.p cultivateur réagit bien quelquefois Pn 1i n mt de droitp et rie gm1clw

quf'lqHC'R coups dP fusil ù poudl'e sm· ](':;; pi ll ards, mais, la plupa1·t du temps il a :ltilrP chosE'~~ fair0 Pt llC' peut pf'rd l'(' ,·, l'<' g<'tHe d 'occupation un temp:;; prt'cieu x. Il fallnil donc aviser à une sol ut ion p nt Liqne, simple, économique. Cett0 iluporlantc queslion dP la ptotrcti on Üt=>s cha mps, vergers, semis et cul tu l'l'Fi fieu ris les cont t·e les Tav ages d0s hmcles d0 co 1·bcaux, p ies, moiJwaux 0t an imaux sauvages, a .été récemment r ésolue par u n appa reil ctc• tir a utomatique breYeté, construit par la fJ nne Hoerler cl Cie, à Han ovre (Allemagne) . Cet appareil es l d'un fonctionn emc•nt teès simple en m ême temps que d'une efficacité merveilleusement sûre. Le malin, on charge le réservoir ~~ ca rto uches pour dix coups, ce qui donnera un coup par heure. S'il s'agit cle champs et jardins de très g1·ande c'tendue à préserver fortel1lent des animaux nuisibles, on peut oro·aniser lnur défense de façon . que du. b matin an soir Je champ entier so 1t sous le feu 0L que de toutes parts y re lon tisscmt lPs détonations. • Si va. e exemple on p lace sur clos cul 1·nrt>s: clc grancle surface tro is appareils clP lir donl chacun donne Hn r.ottp piH

LE FOYER ET LES CHAMPS

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eM~SSES

Transport d'un Léopard vivant 1,,.,_ indi;..tf>np,- t'OIHluiscnt au port d'em barqnemenl un Léo pard vivant pri>' dans une !r app•• Ce Léopard f'Sl des tiné à un jardin zoologique d ' li:uropc.

hPUl'<', pendant dix heures, cela fera ll'l'nte coups; mais les appareils peunnt être disposés de manière que pen(lanl ces dix h eures i l parte un coup toutes les sept ou huit minutes. L't,ffet de ces protecteurs sera encnt e reh a ussé en disp osant des épouvnntAils avec des simu lacres d'armes en bo ii! ('[lle fournit également la firme Hortll'r ct Cie.On changera cle place de ll'tnps en temps ces épouvantails, pour l'n in encore mieux i llusion aux anillliltl

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1. clpJ1n re il Rœder peut a ussi êtr0 <·lit ploye' la nuit contre les r ats, r ell ill'ds, 0L au tres animaux sauvages. JI esl li vré tout prêt à fonctionner, s u<;pendu à une branche d'arbre o u ,··li!bli sur un échafaudage en bois, des Jl"'·ches, elc. La maison fournit les 1111tn itions au meilleur marché. Les avantages de ce système sont <~Otlsiclc'rables: économie de personnel dt• gA l'de el conseevation des produits qui Sl' r<1i ent dévorés; ce sont des cen1ni nPs, des mille, des centaines de lllille francs que l'on peut ainsi éconoJti'Sl' l' . Il Il<' s·ilgil done pets ici d'tm simpl0 -----~-.Îoll~l. UIUi::; ù' un(• i111PnLio n rl'unf' h ::t11-

te portée de l'inteod uction de laq ucl lo clE'pend la fortune puhlique, et donl 1 illlpodanre se double en cas de disette. Cett0 solution si simple est la meill eure qu i ait été trouvée jusqu'à présen t ~ L elle est absolument indiquée dans la pratique. Chaque coup de l'apparPi 1 Ro0d cr vaut de l 'or. Le cultiva teur 01· lE' jardiniel' ne verron t plus s'envoiE•r le h uit de leurs longs et coute ux tr~­ Yilll x. Tous les pillards et ravageur:-> fuic• nt qua nd les champs, les vignes et les phmta hons sont sous la ganlt> du f u (1 u protecteur a utomatiq ut>. Au..:st cet appar eil, breveté dans tous les pays. jouil-Ü de la plus grandP roglll~ l:'t se répand de plus en plus. Le prolf'cteur Roeder est susceptihll• d' une très longue durée. On peu t d ire. d' antre part, que les frais d'entt'etien sonl presque nnls, .il n e com porte pas d.P 1épara t ions compliquées, la fulllPl' de la p oudre ne peu t p éné tr er à l'inl<'ri<•ur, le réservoir de cartouches étant absol ument séparé. D'ailleurs il e~;l Cil!ltplètenwnt ù l'abri des .intempérirs pH r sni1C' rlr l 'emploi des lllétaux i nallv' cli>IPs au .\ ill fl ueneefl rttn10fl]1h <'ritlt tt-'!-o.


LE FOYER ET LES CHAMPS

CONNAISSANCES UTILES ILLUSIONS L'attrait de ce qui brille produit la guigne .

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lui imprime r tou tes ~orle~ ~'a.meTtu_­ rnes. 'F:t voilà une VIe bnsee par . la guigne, peut être même deux, car Sl le père n 'est tm bon sujet, l'enf~nt pourra avoir de la pC'ine à se fournn une carri ère. Renée de Si011 .

Qu'est-ce que la gm gne · .· un caill ou, un coup de gnffe ( "esl • · r un crui vous el't envoyé, je crolS, pa . t:otmnis du diable, mais, pourq~Ol La limite d'âge pour les animaux pas? Dieu a ses anges po~r le servu~ pour accomplir ses volon~es, P?urq~Ol En cOlmnençant par l'homme, ~ous le démon, le fameux Lumfe~ :r; at~ raitsavons qu'il vit rareme~t au dela ,d e il pas ses employés, ses affides a s?n service? ~eux-ci son t moins pms- (•Pnt années. Voici, mamtena~t,. dr .. t c'"" L ,-I·a.i , maiR les hommes les près un article de la ,Revue Clen 1sctn s, · "'' flque", le maximu m d'âge auqu~l peu~ t•eoutrnl mieux. Pcndanl CJUe les premie~s so;nt tous vent atteindre les différents an!fD~~x · I~e boeuf n'atteindrait que ~fhClle­ ('tnplovc's ft faire le bien, a smvre les ment trente ans, encore faut-Il pour . · 1· · 1 ar1ges cornus inspnaL10n s c Ivmes, es ' lui, employer le condition?-el , car s?n s'acharnent à notre malhe_u;. . Voyez -par exemple : vo~a une JeU- ennemi, le boucher, ne lm permet Jane personne aimée des siens, on ,ne mais de mourir de sa moTt naturelle. Le cheval et l'âne ne p~uvent, pal'ève qu 'au bonheur pour elle que l o:n rait-il, espérer vi vre au dela de trenteeherche en lui proposant deux ou tro is _ . ,~ . bons partis rlans lesq ucls e1Je peut sc cinq ans. J . hat s' il a rn ve a l age de qm~ze choisi,· l't'lu de son coeur. Sat~n la "e: c ' d,. · 1ed guette el an lieu d'écouter la _volX de ans, peut se d ire q n'il a eJa un P , la r<lison, de la sagesse, elle ~~1Vra une dans la tombe. J"e cochon pent, eomme_le ch,~t, sesmauvaise ünpulsion en cholSissant sa futme moitié. l.es parents auront bea~ timer heuren x s'il attemt l age_ de lui fa.ire ouvi·ir les yeux, essayer ~e lm q uinze ans· et, d'ailleu rs, on lm en rend re palpables les mult~ples ralsons laisse rare~ent tenter l'expérience: le qui leur font préférer tel Jeune homme charcutier lui vent a utant de mal que . ;, tel autre, la pauvre innoc~nte a le boucher en veut au boeuf. La chèvre et le mouton s?nt bten plnR de confiance dans l'attract10~ du rornu que dans la prudence des siens. p1 ès de leur fin à l 'âge de qm_nz~ ans. Quant au lapin, il est alffie . des Et Yoila la guigne qui commence pour Dieux et meurt jeune: les plus vie~x pl ie. ponr ne finir que quand elle rengrands-pères, de mémoire d': ~ap~n d ra son dernier souffle. n'ont jamais atteint plus de bmt a dtx Srs illusions (et Dieu seul sait _co~­ l> ien elle en avait) commencent a s ~­ ans. . t l ~ur La poule et la dinde f'1mssen van ouir au bout d'un mois de man- carrière vers l'âge de douze ans, SI le age ; la pauv re enfant qui rêvait U?hounne rien que pour elle, se le vq;t cuisinier les épargne. L'oie pourrait aller jusq~'à 30 _ans; prendre au nez pou ,. commencer la scmais, passé cet âge, elle d~viendratt u~1 r ie cle ses guignPs. prodige. Mais iei enco~e ~l _y a le c~~­ Au bout de lluelqLlPS mois, at~ lieu ~e sinieT qui rend très d1fhmle de fane ~t' rpndre seule sou s son ancten t01t, des exp8riences en grand. 11 n <'nfnnt lui rrstE' comme seul_souvenir t1 1• r·pi i P 11nion nui lF! rrnPltalt nour

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les escaliers deviennent visibles bien des accidents sont évités.

et

La Carine

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· Lorsque la farine reste quelque temps exposée aux rayons du soleil, ceux-ci exercent une influence désagréable sur le gluten et la farine présente différents inconvénients. On n'en peut faire que des soupes grumeleuses ou de la pâte faible. Cette farine doit être mise pendant quelques semaines à l'ombre. L'eau

Une eau calcaire est favorable à la santé. D'après les observations faites par le Docteur Roese à Dresde, la mortalité ser ait plus grande dans les endroits ou on utilise une eau pauvre en contenance de chaux, tandis que là ou on boit cette eau qu'on appelle communément dure, il y a une propor tion plus grande d'bommes aptes a u service militaire. I.es_légumes Le goût des légutnes est gâté par le voisinage de légumes pounis. Il est donc nécessaire de visiter sou vent la fosse aux légumes afin d'enlever tout ce qui pounait nuire au goût des plantes saines.

Les poissons

O'eôl la t·ruite qui nage le plus rapidement. On a calculé qu'elle fait 30-32 kilomètres à l'beu re. Vient ensuite le brochet qui en parcourt 23-27, tandis que le barbeau n'en fait que 18-20 et la carpe et l'anguille 10-12. Petites préeautions Les escaliers peu éclairés ou presque sombres sont rendus plus praticables en recou nant le honl de chaque marche d'nne cout:he ù.e laqu e bla nc d'une largeur de 3 à/! cm. De cette manière

CUISINE A spic de pommes Pour dix à douze personnes, prenez un moule d'un litre environ. Préparez un kilogr. de pommes de reinettes, 375 grammes de sucre, 100 à 125 gr. de fru its confits; écorces d'orange, de citron, cédrat, angélique, et un zeste de citron. Mettez le sucre dans une casserole avec 250 grammes d'eau froide et posez à feu modéré. Au premier bouillon, le si rop sera à point. Partagez les pommes en quatre, épluchez_-les, enlevez les coeurs; puis, coupez les qua rtiers en lames d'un demi centimètre d'épaisseUT. J etez ces pommes dans le sirop :et laissez cuire à petit feu. Remuez souvent en ayant soin de ne pas écraser les frui ts. Une bonne demi heure, trois quarts d'heure de cuisson Ruffisent. Celle-ci est terminée quand les moi·ceaux de pomm0s sont devenHs translucides. Cinq minutes avant la fin de la cuisson, ajoutez les fruits confits coupés en petits morceau x ct la moitié du zestr. d' un cHr on. Hemu ez et retirez dn feu. Versez dans un moule en porcelaine ou C'n faïence ; car le m étal ferait n oi rcil· les pommes. Laissez refl'oidir pendant cinq ou six hcm·es dans l'eau froide et démoulez au moment de servir, en renversan t le moule sur un plat, et après avoil· passé la lame d'u n couteau entre l'aspic et le moule. Afin de faciliter le clénwulage, plongez le moule pendan t deux ou troiR minutes dans l'eau chaude. Arrosez aYcc d u sirop de crrises, de groseilles ou de framboises. On peut encore gamir l'aspic cle fruits confits; dans ce cal), avant de YPl'l'-01,' 1'aspic LlanR le liiOu le, on st•nw


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10 Juin 1910

29° année LE FOYER. ET LES CHAMPS

des fruits confits au fond et sur les pa rois du moule. Rustiq11ette .

La couture La blouse pour garçonnet d'une dizaine d'années, dont nous offrons le modèle aujourd'hui, se tame généralement dans de la flanelle, du tennis ou du coutil. Le patron se compose de quatre parties : le devant, le l'los, la manehe et le col. Le devant, le dos et la manche sont coupés droit fil. Cette blouse est garnie dans le dos Lle d.e ux plis ronds coupés en biais qui passent sur les épaules et tombent devant ; un troisième pli cache les boutons et les boutonnières.

Bordez le bas de la b louse à cheval. Cette bordure sera ca chée sous une ceinture de cuir. Sur le coté gauclie de la blouse, faites trois ou quatre boutonnièl'es; attachez les boutons sur Je coté droit et bien en faee des boutonnières. Rentrez le bord du col, cousez leR galons et montez-le à la blouse. Couper. des biais d'environ douze centimètres de large: rentrez les bords s ur lesquels vous faites une piqure et posez un de ces biais s ur le milieu d\t deYant; puis, un de chaque côté, devant et dos. Cett.e blouse ne se double généralement pas. Pour la confectionner, il faut, pour un enfant de huit à neuf ans, environ 1 m. 75 de tissu en un mètre de large.

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(Ô) lr<{ ®1 ~l ~Jlt DE LA

Soe1€tè valai~at)Qe

d ·édu<Zation

HYGIÈNE Lait caillé

Le col se taille en même tissu ou en tissu uni ; dans c:e dernier cas, on pla ce dessus trois ga lonR blanes assoetis au tissu. L'ampleur de la manche est diminuée, au 1,10ignet, par de petits plis piqués sur une hauteur de six à sept centimètres . Pour coupe·r Je dos, placez le milieu du dos le long d u })li de l'étoffe, de manière à couper double; coupez Je eol double au ssi , afln qu'il n 'y ait pas de couture. Assemblez ensuite les devants et le dos par les cotthues cl'épaules et de dessou s de bras; faites la cou tu re de la manche, les plis elu poignet, les fron ces ù u h a ut et lUOlltez-la à la blou se. ~~s­ sayez, afin de régler l'ampleur, la longueur de ]a blouse, la longueur de la ma nche, l'encolure : puis, cousez.

Il a.nive que le lait e xactement su n é :,;'épaissit. Il ne s'a git pas ici du lait deycn u aigre, mais bieu épai ~> ('( d'un goût plutôt doux . Ccci ne se remarque que lorsque Je lait est froid. JJH cause de cette transformation rés i<lP dans la p réseme üe bactéries a pva r Len ant <l un gem ·e dont on n e se llébarr asse que très difficilement. Telles le;; l>a ctéries du foin et des pommes de ter1'0 qu'on trouve sur loR herbes sèdw~ et sm · le sol. E lles s'a lta chen t de telle façon qu'on peut les ex poser à la va-peur pend a nt six heures consécuti ve~'> sans obtenir aucun résultat. On I C'~ trom·e Je pl ns souvent dans la poussière. O r si !e lait est versé da ns des usten siles mrtlpropres, il est possible qu ' il eun lta.d o celte d is posi tion ù épaissi r. tn malpt·op r<'lé du pis, ùe l'L·lablf', de la lai terie font cause r celte nwla ùie lln lait. rt faut donc 4u'mle g ranüe propreté r ègn e pa rtout si on n~ ut c:'viter cet inconvc:'nient.

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Moniteur du Musée industriel et pédagogique Z L'Ecol:) primaire donne de 12 à 14 livraisons de 8-16 pages chacune, non compris la couverture et autant de su~pléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (sOit du 1er Janvier au 31 Décer.:~bre). . Chaque mois il est en outre apporté un supplémeiJ: tllustré de 8 . pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

Snisse fa·. 2.50

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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur • Tout ce ~ui concerne la; publicettion doit être a;dressé dlt'ectement a son gérant' M · p · PIONAT , c h erD d e S er'>"ice CUl Dépetrt.:ment âe l'Instruction publique. Il Sion.

• 'tpeouutJOsuersf t · cuisine On ellee~~ !rop vitel: la bonne littérature est comme la bonne ' a1re aue entement.

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