No 13 l'Ecole primaire, 25 Décembre 1910

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bien d'autres avantages. En particulier les fêtes et les foires ùxées, ainsi que les jours marquants de l'année, tels que commencement et fin des cours, rentrée des tribunaux, anniversaires nationaux, etc., auraient toujours lieu le même jour de ,la semaine et à la même date; par exemple Noël serait un lundi, l'Assomption et la Toussaint un mercredi, le 14 juillet (multiple de 7) un dimanche, la Saint-Martin un samedi, et ainsi de suite. Au point de vue religieux, le dimanche serait conservé comme par le passé ; il y aurait, il est vrai, au commencement de l'année, une semaine de huit jours, mais le jour supplémentaire étant celui de l'an, jour presque universellement consacré à d'autres occupations qu'au travail, n'introduirait pas la semaine de sept jours sans repos. Pour la semaine bisextile, l'objection serait plus importante, mais il faut remarquer qu' elle ne se présentera que tous les quatre ans et que chacun sera libre d'utiliser le jour bisextile comme bon lui semblera. Telle est, dans ses grandes lignes, la réforme proposée par M. Orosclaude. Jusqu'à ce qu'elle se réalise dans le domaine de la pratique, il se passera encore sans doute quelques années.

cipale ambition était de découvrir le pôle Nord. Il continue : « J'ai passé dans les régions arctiques deux années pendant lesquelles les souHrances et les privations que j'ai endurées eussent amplement sufti à déséquilibrer n'impor te quel cerveau. » Il serail impossible pour n'importe qui de prouver indiscutablement qu'il est allé dans la région polaire. Lorsque je me suis rendu compte de la sensation énorme qu'avait pro· duite la nouvelle de ma découverte, je fus complètement alfolé. • Pendant les mois de ma disparition, je ne me suis jamais caché sous aucun déguisement. Pendant une partie de ce temps, j'ai vécu avec ma femme et mes deux enfants et presque toujours à Londres. Je n'ai jamais été reco!111u. Je désire maintenant retourner dans mon pays. Le souci d'être compris par mes compatriotes efface pour moi tout l'honneur d'avoir découvert le Pôle, ce qui, pour moi, ne signifie plus rien si j'ai perdu la confiance des Américains. Je veux qu'ils sachent tout ce que j'ai souffert pendant mon séjour dans les régions arctiques. "

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LES MERVEILLES DU MONDE. Des sept merveilles du monde. dont parlait l'antiquité, le colosse de Rhodes, le phare d' Alexandrie, les jardins suspendus de Babylone, le temple d'Ephèse, le tombeau de Mausolée à Halicarnasse et la statue de Jupiter à Olympe, ont disparu et il n'en reste que de vagues et informes débris. Seule la pyramide de Chéops a résisté partiellement à l'effort des siècles et au vandalisme des hommes. Aujourd'hui les merveilles du génie humain ne se comptent plus et il est bien difficile d'accorder la palme à l'une au détriii'ltnt des autres. Cependant le LE Dr COOK N'EST PAS ALLE AU POLE réputé ingénieur anglais F.-W. Emerson s'est Le Dr Cook, qui prétendit l'an passé être livré à une élude critique comparative des ouallé au pôle Nord, publie aujourd'hui dans vrages d'art les plus remarquables de l'époune revue américaine, une rétractation de ses que moderne, et il a ainsi dressé la nouvelle lisle suivante des sept merveilles du monde: précédentes assertions. Il dit entre autres: 1. Eglise Saint-Pierre à Rome. - 2. Arc de • Après mûre réflexion, j'avoue que je ne sais pas si j'ai atteint Je pôle Nord. La con- triomphe de l'Etoile, à Paris. - 3. Canal de fiance de mes compatriotes est la seule chose Suez. - 4. Tour Eiffel, à Paris. - 5. Pont du dont j'aie maintenant besoin. Des mois d'iso- Forth, en Ecosse. - 6. Tunnel du Saint-Gotlement et les souffrances de la faim m'avaient hard. - 7. Les deux transatlantiques Lusitaen partie déséquilibré, et je crus vraiment à nia et Mauretania. un moment que j'avais atteint le pôle. » • 0 ... .._.,._ _ _ __ Le docteur Cook dit ensuite que toute sa vie il ne rêva qu'explorations ,et que sa prin·

•• Variétés

Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecol!:l primaire donne de 12 à 14 livraisoml de 8-16 pages chacune, non compris la couverture et · autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). . Chaque mois il est en outre apporté un .supplémeur Illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

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.Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui conceru la; publica;tion doit être a;dressé directement (l son géra;nt, M . P. PIGNAT, Chef de Serll"ice a;a Dépa;rt~ment de l'Instruction publique, (l Sion.

Cette livraison este: ... _la dernière de l'année 191 o __ _ • •• ...

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Sommaire de la présente livraison Le dessin à l'école primaire. - De l'Education (suite). - De l'attention (suite). - La discipline (fin). -:- Edu~ cation physique, gymnastique, ,Je~x . Comment il faut apprendre 1 h1st01re. - Partie pratique: Instruction civique. Lecture ou rédaction. Un brin de morale. Orthographe et rédaction. - Bibliothèques scolaires. - Conseil>s sur la lecture. -- Restez au village. - A l'école. - Variétés. - Calcul oral (probl.èmes donnés aux examents de recrues de 1910) .

-oSommaire dn tmpplément de Noël

Noë6. - Auprès du divin Enfant. Un Réveillon de Noël. - Pour l'arbre de Noël. - L a Fête de Noël en Bretagne. - Amour filial (Conte de .. Noël, par Solandieu). - Conte de Noel.

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A ce numéro es.t également joint un supplément spécial concernant la Pétition au Orand Conseil de la Société valaisanne d'Education, ainsi qu'un numéro du FOY ER ET LES CAMPS.

-aPersonnel en8elgnRnt valaisan pour 1910-ll. Nos abonnés du Valais trouvent joint à notre édition de ce jour l'Annuaire du Département de l' 1nstruction publique pour 1910-11. A noter que, depuis l'impression .de ce tablea u, l'une ou l'a utre mutahon sont survenues en ce qui concerne le personnel des cours de répétition. C'est ain· si qu'à Saxon le nom de M. !e~n Oaspoz doit être remplacé par celu1 de M. L ouis Crettaz, d' Anniviers, et qu'à lsérables ce cours a été confié à un instituteur spécial, M. Alf. Roh, de Leytron. - 0· -

SION, 26 Décembre 1910 Société valaisanne d'éducation Nous extrayons du ra~port an!luel (191 0) des sociétés cath ol~ques sutsses d'Education le passage SUlvant co~cer­ nant celle du Valais (section frança1se). La Société Valaisanne d'Education a tenu ses assises générales à Sion le 21 avril 191 o_ De l'avis de tous, jamais, depuis sa fondation, notre association n'a vécu de journée aussi belle et enre~istré de réunion mieux réussie. A la 5eance du matin et devant un auditoire de plus de 400 personnes - inspecteu~s, institu teurs et invités. - M. le regent ].- J. Pitteloud donna lecture d'un très beau et très substantiel travail sur l' éduca. iion des élèves adultes. Nous ne pouvons malheureusement, faute de temps et place, résumer ce rapport, vraiment excellent pour le fonds comme pour la forme et que M. le Chef du Département ~'hésita pas à déclarer devoir être accepté comme le Vade mecum, pour les cours complémentaires, des maîtres et des élèves. Sur la proposition du Comité, l'assemblée adopta à l'unanimité et avec enthousiasme une motion demandant au Grand Conseil de voter une loi interdisant la fréquentation des débits de vin aux jeunes gens n'ayant pas complété leurs 18 ans. Le Comité de la Société fut confirmé dans ses fonctions. Durant l'exercice scolaire en cours, MM. les Instituteurs se sont efforcés, par un redoublement de zèle, de témoigner de leur reconnaisiSance envers l_e pays qui, en a utomne 1909, leur avalt donné la preuve de sa sympathie en augmentant notablement le traitement du personnel enseignant primaire. Ils ont trop conscience de l'inévitable aléa des volées d'élèves moins doués pour oser se flatter de garantir indéfiniment la possession du 6e rang auque1 l'année précédente le Valais s'est placé sur t'échelle pédagogique des cantons, mais, à voir leur élan·, nous pouvons affirmer

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIETE VALAISA.ltlfE D'EDUCATIO:H .....

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JOYEUX NOEL 1

Le de.. ln à l'école primaire Il est certain qu'à première vue, on serait tenté de trouver superflu l'enseignement du dessin à l'école primaire; la lecture, l'écriture, l'orthographe, le calcul semblent devoir y régner en maîtres absolus. Cependant, si l'on veut prendre la peine d"étudier de plus près les avantages des autres branches d'enseignement, on sent qu'il n'est plus possible de _contester leur utilité, et l'on doit applaudir à l'idée généreuse qui leur a' fait une place à côté des études que nous avons précédemment citées. Pour ne parler que du dessin, qui doit occuper aujourd'hui notre causerie, n<>us disons que cette innovation est de celles qui s'imposent par leur utilité pratique. En effet, le dessin exerce le coup d'œii, le rend sûr et délicat; il développe l'observation, donne la rectitude au jugement, rend la main habile en perfectionnant le toucher, il fait valoir le bon goût développe les idées gracieuses et consti~ tue aussi la plus charmante des distractions. Etant données ces nombreuses qualités, le but du législateur est bien facile à déterminer: Il a voulu développer les qualités artistiques de notre jeunesse : pré~arer une génération d'ouvriers plus habiles et d'employés intelligents. Il a voulu combattre par là la concurrence qui nous envahit tous les jours. Il a voulu donner à tous les moyens de titer le meilleur parti possible de la situation

qu'ils sont appelés à occuper. En effet, le cultivateur n'a-t-il pas des plans à tirer, des machines à étudier ? Il importe que l'agencement de sa maison soit bien compris, que les travaux qu'il fera faire soient bien exécutés, que le jardin, le potager, te. verger soient bien disposés. Tout cela devient facile avec le crayon à la main. S'agit-il d'un ouvrier, quel que soit 1 son métier, il doit varier, renouveler, rajeunir son travail s'il veut réussir. Qui pourrait contester ici l'utilité du dessin. Nous dirons que, dans le cas présent. il est indispensable. Considérons l'employé, soit dans l'industrie, soit dans le commerce: que de services il peut rendre s'il- sait dessiner. Chacun sait ce qu'il faut tenter chaque jour pour soutenir la concurrence et la défier. Les travaux féminins sont à peu près tous basés sur le dessin; il n~e~tt pas jusqu'à la ménagère qui ne puisse tirer parti de ses connaissances en dessin pou.r orner son intérieur avec plus de JZoût et pour pratiquer cette belle vertu de l'économie domestique. Donc, tous, ou presque tous ont besoin du dessin. Nou~ voulons le beau dans l'utile, jusque dans les objets de première nécessité; nous recherchons l'élégance de la forme, le fini du travail; on ne peut donc être un bon ouvrier qu'à la condition d'être quelque peu artiste. A côté de cette utilité pratique, il y a aussi le sens moral qu'il s'agit de perfectionner; en ouvrant aux hommes cette •source de l'art, on les rend meilleurs et plus heureux : l'art est donc un élément moralisateur. A ce point de


194 vue encore sachons app:écier les av~­ tages de l'étude du _d~ss_m; que. nos; el~ ves trouvent du plalSlr a prodmre, a tlrer quelque chose d'eux-mêmes, qu:il.s apprennent à, sentir ~'ordre, la p:ectsion, la beaute, et qu'tls se complatsent à les réaliser autant qu'il est en eux.

De l'Education (Stdte/

On nous objecte que donner à l'enfant une telle éducation, c'est port~r at: teinte à ses droits, c'est violer sa hberte en lui imposant des croyances et des pratiques qu'il n'a pas choisies. Les droits de l'enfant, chers lecteurs de l'Ecole, ce n'est pas t:ous qui pourrions les méconnaître: qm donc, en effet, sinon jésus-Christ, les a ré~~l~s a~. monde? Avant lui, dans la soctete patenne, on ne reconnaissait à l'en_fant auc~m droit, pas même celui de vtvre: 1~ t:ere pouvait à son gré disposer du peht etre issu de so~ sang, l'accuei~lir et l~i conserver l'extstence, ou le rejeter et 1 abandonner à la mort, et il en va enc?re ~e même chez les peuples où l'Evangtle na pas pénétré. C'est N?tre-Seigneur ]~sus­ Christ qui, le premter, a_ proclame le droit de l'enfant le jour ou, prenant entre ses bras l'un de ces petits qu'il app ~­ lait à lui, il a dit : « Gardez-vous de dedaigner le moindre d'entre eux, car leurs anges voient sans _cesse la f~ce de mon Père qui est aux cteux. ~ Om, respect au droit de l'enfant! Dteu charge , ses anges de le venger. . Mais quel est-il, ce drott, _fon~e, ~om­ rne tous les droits, sur la JUStice eternelle et sur la volonté du Créateur?. Le voici: c'est qu'ayant reçu de Dteu la vie par l'entremise d'autres créatures, l'enfant reçoive par le même moye~, tant qu'il ne peut se le procure; par ~ut­ même tout ce que réclament l entrehen et le progrès de sa vie, et. non s~ulement d 'une portion de cette vte, mats de sa

vie totale, intégrale, de la vie de son âme comme de celle de son corps, de la vie de la grâce aussi bien que de celle de la nature. Ne dites pas que lui procurer ceSI dons supérieurs sans l'avoir consulté, c'est attenter à sa liberté. Vous qui l'avez mis au monde, l'avezvous donc consulté pour lui imposer l'~· xistence, qui est un bien sans doute, mat~ aussi un fardeau? Hésitez-vous à la lm conserver par vos soins, sous prétexte que peut-être il préférerait s'en décharger? Il n'a pas choisi sa patrie, et cependant vous l'avez fait inscrire. à l'état civil, l'obligeant ainsi _à serv!r son pays et à en observer le_s lots. Il n a pas choisi sa condition soctale, et pourtant vous lui faites donner une instruction conforme au rang qui est le vôtre et que ..-ous estimez devoir être le sien, sans vous demander s'il n'aimerait pas mieux occuper une situation plus obscure et être dispensé des efforts qu'exige l'acquisitio.n de la science. Prétendre qu'on n'a le droit de don: ner à l'enfant que le genre et le deg~e de culture qu'il a pu choisir, ce serat_t soutenir qu'il faut le laisser grandtr a l'état sauvage et sans éducation d'aucune sorte car toute éducation est une dtrection i~primée à sa liberté; l'absurdité de la conséquence rend évidente la fausseté du principe. On insiste et on nous dit que tout ·au moins il ne faut enseigner· à l'enfant que ce qui peut être démontré; mais telle est notre doctrine religieuse. Sans doute, elle ne porte pas tout entière e~ ellemême une évidence rationnelle, mats elle repose sur des preuves qui rendent notre foi raisonnable. Avec les dogmes proposés à sa croyance par l'~glise, nous enseignons à l'enfant les fatts cer~ tains, les témoignages irrécusables qm démontrent la divine autorité de cette Eglise. Ainsi l'adhési~n qu'il. leur ~on­ ne ne blesse en rien nt sa rmson, m sa

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liberté, ni ses droits; elle ne fait qu'en assurer le salutaire usage. Il est donc bien vrai, nos très chers lecteurs, l'influence de la rdigion dans l'éducation est aussi légitime que nécessaire. Seule la religion peut donner à l'enfant la lumière qui doit le guideJi dans la vie; seule elle peut le former à la pratique du devoir; seule elle peut faire de lui un fidèle enfant de Dieu, un digne candidat du ciel. II Trois puissances ont mission de concourir à l'œuvre de l'éducation et doivent y travailler de concert en alliés, non se la disputer en rivales. Elles se nomment la famille, l'Etat, l'Eglise. Le premier rôle, le principal, appartient ici à la famille. En constituant la famille, Dieu s'est proposé surtout d'assurer J.a transmission de la vie dans l'humanité: cet ordre ne saurait changer. Ayant associé le père et la mère à son action de Créateur, Dieu veut les associer aussi à son œuvre de Providence; s'étant servi d'eux pour donner la vie, il entend qu'ils soient encore ses instruments pour la conserver et la développer. Lorsqu'il s'agit de la vie physique, l'instinct de la nature le proclame assez haut : la mère sent qu'elle doit son lait à son enfant, le père comprend qu'il lui doit du pain. Il ne saurait en être autrement de la vie intellectuelle, de la vie morale, de la vie surnaturelle elle-même. Le commandement est formel: « Enseignez à vos enfants les paroles de Dieu... Recommandez-leur d'accomplir ses justices, de se souvenir de lui· et de le bénir... Pères, élevez vos fils dans la discipline du Seigneur. l'> Mais à défaut même de ces prescriptions positives, la raison et le cœur suffiraient à dicter le devoir. C'est l'enfant tout entier, c'est son âme aussi bien que son corps, que Dieu confie aux mains du père et de la mère. Cette âme,

esprit immortel, elle est incomparablement plus précieuse et doit leur être mille fois plus chère que sa matérielle et périssable enveloppe: ils doivent donc ne rien négliger pour lui donner toute sa beauté, toute sa vigueur et toute sa richesse. De ce rigoureux devoir, rien ni personne ne saurait le dispenser. S'ils sont impuissants à le remplir entièrement par eux-mêmes, ils peuvent se faire aider ou suppléer, dans la mesure même de leur insuffisance. Ils délè· guent alors aux auxiliaires de leur choix une part de leur mission, mais sans pouvoir jamais l'abdiquer ni se décharger d'une responsabilité inséparable de la paternité d'où elle découle. A ce devoir correspond un droit, le droit à la liberté et aux moyèns de l'accomplir. Quelqu'un a dit: «Vis-à-vis de l'enfant, le père de famille n'a pas de droits, il n'a que des devoirs. l'> C'est un sophisme. Partageant la qualité d'auteur, le père et la mère ont part aussi à son autorité: ils ont droit au respect, à la soumission, à la confiance, à l'affection de leur enfant; il leur appartient de l'instruire, de l'élever, de le diriger. Tant qu'ils usent de cette autorité conformément aux lois de l'autorité divine, ils ont le droit de n'être entravés dans l'exercice de leur mission par aucune volonté humaine; bien plus, d'y être secondés par les pouvoirs sociaux. Parents chrétiens, n'oubliez jamais ces indiscutables principes, et afin de mieux accomplir vos devoirs, sachez toujours revendiquer vos droits. Ces enfants qui sont les vôtres, vous les aimez plus que vous-mêmes; ils font, jour et nuit, l'objet de votre sollicitude. Pour leur conserver la vie et la santé du corps, pour leur faire un sort heureux en ce monde, vous n'épargnez ni labeur~, ni peines, ni sacrifices d'aucune sorte. Auriez-vous moins de souci de leur âme et de leur éternelle destinée? Pour que cette âme vive et s'épanouisse


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dans la pureté, l'honneur, la vertu et la paix, pour qu'elle puisse compter, après la courte et souvent misérable existence présente, sur le bonheur parfait et sans fin de la vie future, il lui faut une éducation religieuse: à tout prix, donnez-la lui! Ah! sans doute, même chrétiennement élevés, vos enfants pourront s'égarer; entraînés par les séductions de l'erreur et du mal, plusieurs pourront oublier leurs saintes croyances et défaillir dans le devoir. Mais ils seront bien rares, ceux en qui la foi des premières années ne gardera pas quelques racines, toujours prêtes à revivre. Selon l'oracle de l'Esprit-Saint, « l'homme, quand il aura vieilli, suivra la voie qu'il aura prise dans sa jeunesse » : si c'est la route de l'ignorance religieuse et de l'éloignement de Dieu, il aboutira presque infailliblement à la perdition finale; si r'est, au contraire, la voie de la vérité et du bien, elle le conduira au salut. C'est à vous, ô mères, de guider dans cette voie les premiers pas de ces chers petits êtres que vous avez mis au monde. Dès le premier éveil de leur intelligence et de leur cœur, soyez promptes à les tourner vers Dieu. Enseignez-leur de bonne heure les formules essentielles de la prièr_e et les premiers éléments de la religion. Parlez-leur de ce Maître tout puissant qui les a créés, qui les voit sans cesse et qui les jugera, de ce Père infiniment bon qui les aime et auquel ils doivent tout. Parlez-leur de ce Dieu Jé::us, qui s'est fait homme et enfant comme eux, qui a grandi dans l'obéissance et le travail, pour être leur modèle, et qui est mort pour leur mériter le ciel. Apprenez leur à l'aimer et à lui plaire en lui ressemblant. Et afin que ces leçons de la mère soient plus efficaces, donnez-leur, ô pères, l'appui de vos paroles et de vos exemples. Heureuses les familles dont le chef s'agenouille chaque jour au milieu des siens pour la prière, les conduit cha-

Conditions d'apparition de cette atten- un cours ménager sur le savon, par ex., tion. - Un ensemble de conditions phy- restez simples, n'employez pas de mots que semaine dans le lieu saint, aècomsio~ogiques est nécessaire. Il existe cer- savants, tels que «saponification», forplit sous leurs yeux tous les actes de la tains mouvements réflexes, comme dans mules vides de sens pour vos jeunes auvie chrétienne! Heureux les enfants qui le cas d'une piqûre, par exemple, où la ditrices. grandissent sous ces influences bénies! pensée et la volonté n'interviennent pas. 2° Procédés modernes pour l'évalua~ la religieuse empreinte ainsi reç.ue au Mais, par la voie des sens, l'excitation tian de l'attention. - Il existe à l'heure :0yer demeurera en eux ineffaçable. physiologique peut être suffisante pour actueHe des laboratoires de psychologie Il ne faut jamais se décourager dans éveiller l'attention lorsque tous les or- où l'on opère des expériences très délil'éducation: ce qui ne vient pas tôt peut ganes n_écessaires sont réceptifs. cates sur ce sujet. La chose est curieuse venir tard, mais il se faut armer de beauPour maintenir l'attention, il faut in- à savoir, mais son étude en détail sorticoup de patience. Car ce n'est pas une troduire fréquemment des changements· rait de notre cadre. âme, ce n 'est pas un corps qu'on dresse, dans cette excitation. De même que l'o3° Pror;ramme de culture ou de réc'est un homme, et, comme dit Platon, reille ne perçoit plus le bruit de l'horlo- forme de l'attention. - Les moyens à il ne faut pas les dresser l'un san-s l'autre, mais les conduire également com- ....,._ ge qui sonne régulièrement auprès d'el- mettre en pratique pour cultiver ou réle, la voix d'un maître qui parle d'une former l'attention se dégagent du mécame un couple de chevaux attelés au mêfaçon trop continue berce l'esprit des nisme de l'attention étudié ci-dessus. me timon. élèves sans pénétrer dans leur intelliQuand vous avez choisi des maîtres, Chez le tout jeune enfant, passif engence. Que jamais la leçon ne prenne core, faire appel uniquement aux sens. si excellents soient-ils, et plus encore la forme d'une conférence, mais qu'elle Fixer son attention sur une lumière, une quand les circonstances vous les ont imsoit l'occasion d'excitations extérieures peinture, de la musique. A l'école maposés, gardez-vous de vous désintéresvives et rapides. -Les conditions psycho- ternelle, encore toute sensorielle, faire ser de la tâche qu'ils accomplissent en logiques n'ont pas une moindre impor- toucher les objets, montrer des dessins, votre nom: suivez de près leur action, tance. L'intérêt doit être éveillé par un raconter des histoires concrètes, gymnaspour la seconder et au besoin pour la enseignement plein de relief, des into- tique, méthode Frœbel. Il ne faut jamais redresser. Ne l'oubliez pas, en effet, nations énergiques, des images fortes oublier qu'à cette époque de la vie l'envous qui me lisez, c'est à vous, et qui empêchent l'imagination de s'égarer. fant est plus visuel qu'auditif et qu'il renon à d'autres, que Dieu a dit en metUne sorte de pré-attention est nécessai- tient plus ce que l'on fait que ce que l'on tant un enfant dans vos bras., comme re pour préparer l'enfant à profiter de dit. Que les leçons soient toujours courautrefois la fille de Pharaon à la mère l'enseignement qu'il doit recevoir. de Moïse: « Recevez cet enfant, et éleveztes, animées, avec gestes et repos fréIl est facile et nécessaire d'obtenir des quents. le pour moi. » De ce dépôt sacré, plus élèves une attitude correcte et discip-lirigoureusement encore que tous les auAu cours moyen et au cours supérieur née, un silence complet, car la tenue du des écoles primaires, de l'intérêt spontres biens qu'il vous a confiés, un jour corps influe souvent sur la direction de tané, du plaisir de voir les objets, l'enDieu vous demandera compte. Vous en la pensée. devez répondre, âme pour âme. Puisfant peut passer à l'intérêt artificiel. Les Le plaisir et l'intérêt sont nécessaires mathématiques présentent rarement un siez-vous avoir le droit de dire au souégalement pour obtenir une attention grand attrait, à cet âge. Intéresser alors verain Juge: « Seigneur, tous ceux que soutenue, un travail sérieux. Il se ren- les élèves en leur faisant comprendre vous m'avez donnés, je les ai fidèlement contre des maîtres toujours écoutés et l'utilité de cette science dans la vie ou · gardés et aucun d'eux n'a péri!» d'autres qui ne le sont jamais. C'est que même dans la préparation d'un modeste les premiers savent mettre et renouveler certificat d'émancipation. Nous--mêmes De l'attention l'intérêt dans leur classe. C'est que, par disons-nous bien que notre rôle n'est pas (Suite et fin.) de nombreux exemples, pris dans la vie de faire de petits savants, mais de P.réquotidienne, ils savent illustrer leur en: parer les enfants qui nous sont confiés, seignement. Les autres, au contraire, ne à la vie morale et à la vie sociale. « Faire passer l'attention spontanée du début à l'état d'attention volontaire, possèdent qu'un savoir livresque· trop La pédagogie ancienne disciplinait théoriciens, il leur manque le se~s des. l'enfance et la jeunesse, mais tuait l'inivoilà tout l'art de l'éducation», dit Riréalités de la vie. Si, dans un cours de tiative. L'enfant, passif, n'avait qu'à rebot. Cette conception de la question est fillettes de neuf ans, vous avez à faire cevoir l'enseignement. Si nos leçons sont trop sommaire. Examinons-la plus en détail.

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variées, vivantes, si elles intéressent no& élèves, si nous ne leur demandons pas un effort au-dessus de leurs forces. si nous savons au besoin détendre les esprits fatigués par quelque anecdote se rapportant au sujet traité, l'ordre et le travail règneront toujours dans notre classe sans qu'une discipline rigoureuse s'impose. Comme moyens secondaires de développer l'attention, signaler encore l'émulation, l'attrait des récompenses, la crainte des punitions. N'user cependant de ces moyens qu'avec discrétion. L'appel à l'amour-propre, à la prévoyance de l'avenir peuvent entrer aussi en ligne de compte. Quelques mots sur les anormaux. Certains enfants sont inaptes à l'attention et leur place est dans des écoles spéciales, mais ceux qui sont atteints d'une façon moins profonde, « les instables », peuvent être guéris ou améliorés. Ils sont nerveux, attentifs lorsqu'on les intéresse, mais leurs nerfs vibrent avec une telle vivacité qu'ils n'écoutent que quelques secondes ou quelques minutes au plus. Cette catégorie d'élèves ne se fixe qu'au moyen de l'attention visuelle. Il faut donc les faire beaucoup écrire, copier, le geste machinal de la main les intéressera et, par l'activité physique, on pénètrera jusqu'à leur intelligence. - Dosons patiemment l'effort que nous demandons d'eux, et prolongeons de quelques secondes d'abord, de quelques. minutes ensuite la durée de leur attention. - En faisant appel à leur cœur, à leur âme, à leur intérêt nous arriverons, avec le temps, à une culture lente mais progres~ive.

La •tsclpllne (Suite et (tn)

L'attrait de la récompense, tout en agissant avec force sur l'enfant, ne suf-

fit pas, cependant, pour le maintenir toujours dans l'observation des règles et pour l'empêcher de tomber dans la faute; il est parfois nécessaire de punir. La punition est l'arme dont dispose le maître, mais il ne doit la manier qu' avec le plus grand tact. Ne punissez pas à tout propos, fermez quelquefois les yeux sur une faute légère due à l'étourderie plutôt qu'à un mauvais penchant; mais, quand il y a lieu de réprimer, faites-le sans hésitation et avec fermeté. Proportionnez le châtiment à l'importance de la faute et gardez toujours la maîtrise de vous-mêmes, pour que le coupable comprenne que vous agissez non par ressentiment, mais seulement en vue de son amendement. Les bons maîtres ont rarement à punir. D'abord ils savent généralement occuper l'écolier en l'intéressant; ils assurent ainsi la discipline par le travail. Puis ils ont une manière à eux de marquer leur mécontentement et de provoquer les sages réflexions du coupable. Volontiers, ils reprendraient à leur usage cette « punition » imaginée par un vieux prêtre à l'égard de jeunes neveux indisciplinés: « Va t'asseoir un quart d'heure dans mon grand fauteuil». L'accent de reproche attristé, l'ob1igation de rentrer en soi-même et puis je ne sais quoi de mystérieux faisaient du «grand fauteuil». douillet une chaire de supplice pour les jeunes dé1inquants. Si l'on pouvait avoir un « grand fauteuil » dans toutes les écoles! Examinons maintenant les punitions dont nous disposons à l'école primaire. Ce sont : la réprimande, les mauvaises notes. la privation partielle de récréation , l'imposition d'un devoir supplémentaire, la retenue, l'exclusion. La réprimande est une punition qui demande beaucoup de discernement de la part du maître: il faut tenir compte de la gravité de la faute. de sa fréquence. du degré de sensibilité de l'élève. et bien se pénétrer de cette idée que, l'en-

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fant ne voyant pas toujours l'importan- que dire des lirtnes, lesquelles, dans bien ce de l'infraction commise, on doit dis- des classes, on distribue encore par cin~ tinguer s'il a mal agi sciemment ou s'il quantaines et centaines? EUes ont, ous'est simplement trompé. tre l'inconvénient de ne rien apprendre Les mauvaises notes (qui sont par- à l'écolier, celui de lui gâter l'écriture fois une punition moindre que la répri- car l'enfant n'ayant aucunement à exer~ mande) ont. en plus de leur action mo· cer son intelligence pour exécuter ce traraie. une action matérielle directe puis- v~il de copie ne songe qu'à aller vite et, qu'elles diminuent le total des bonnes. des le début, envisage déjà la fin du notes et par là peuvent empêcher l'at- pensum. La retenue doit toujours comporter tribution des petites récompenses effectives. De même qu'on ne doit pas prodi- la confection d'un devoir ou l'étude d'uguer les bons points, il ne faut pas non ne leçon supplémentaires; il ne faut pas plus distribuer force mauvaises notes, laisser l'enfant inactif, ce qui le porte__.,_ car on leur enlèverait ainsi toute impor- rait plutôt au mal qu'à l'amendement. Elle ne devra pas, en général, excéder tance aux veux des élèves. une durée modérée (une demi-heure enAu sujet de la privation de récréation. disons toute de suite que, l'enfant ayant viron). 11 est encore d'autres punitions dont un besoin absolu de mouvement. ·c'est aller à l'encontre des nécessités de son ne .parlent . pas nos règlements scolaires, déveloooement ohv~ioue oue de Je pri- mais QUI ont cependant leur efficacité: ver de ieu D'ailleurs. cette punition él telle la privation d'une promenade où Je rrrave Cl.éfaut de méll disnoser l'élève sont conviés les élèves studieux et applioour la classe oui suivra. ses facultés qués . Mais, en matière de répression. intellectuelles n'ayant pas eu le repos gardez-vous de trop d'ingéniosité et que leur aurait procuré la récréati.Qn. n'allongez pas outre mesure la série des Aussi, la plupart des rè1;!lements ont- punitions. On risquerait même d 'arriver ils soin de spécifier: privation partielle· parfois à un résultat tout opposé à celui mais il arrive que le maître, n'ayant pa~ que l'on cherche. toujours l'œil fixé sur la montre, laisse Enfin, n'oublions jamais que la dis« au piquet» l'élève puni durant la ré- cipline, comme les autres éléments de création entière. Autre inconvénient : l'éducation, doit avoir pour souci de fai!'hiver, bien que les enfants privés de re des hommes sachant comprendre, acJeu marchent au pas dans un coin de la cepter et respecter l'autorité et sachant cour, ils ne donnent pas assez d'activi- aussi se gouverner eux-mêmes. Que cette t~ a~x mouvement~ circulatoires pour pensée nous guide toujours dans le choix reag1r contre le froid. A notre avis. cet- et dans l'attribution des récompenses et te punition devrait être réservée poÙr le des punitions. TH . .SELIN. cas où des enfants se comportent mal• envers leurs camarades pendant la récréation elle-même, lorsqu'ils sont bruEducation physique ~aux par exemple. Gymnastique. - ]eux Le devoir supplémentaire (pensum) est une des punitions le plus fréquemMes enfants, nous avons vu quels ment données à l'école; il a l'avantage sont nos principaux devoirs envers notre de pouvoir servir à l'instruction de lié- corps: propreté, sobriété, tempérance lève (si c'est réellement un devoir ou fuite de l'alcoolisme. ' l'étude d'une leçon qu'on impose). Mai.s A côté de ces devoirs de conservation


200 es forces et de la santé physiques, il y n a d'autres qui nous font une obligaion de développer et de fortifier les ·or:anes de notre corps. Le corps est le erviteur de l'âme et l'instrument dont lle doit se servir pour accomplir les lesseins de Dieu ... Il faut fortifier les organes corporels t, à votre âge, les développer ~ussi, et .ela par l'exercice. La gymnasttque, les eux, voilà les moyens excellents dont m vous fait un devoir pour fortifier et lévelopper votre corps. La gymnastiJUe, un devoir! Les jeux, un devoir! )ui mes enfants! Il faut apporter aux :xercices gymnastiques le même soin, la nême application que vous apportez à ros autres devoirs d'élèves. Dites-vous Jien que chacun de ces mouvements, iont vous riez parfois et qui vous pa~aissent fastidieux; que ces marches :-ythmées; ces mises en rang; ces jeux ;péciaux; ces exercices cadencés de souplesse et de maintien, ne sont pas des amusements sans but, mais qu'ils vous rendent beaucoup plus de services que vous ne pourriez le supposer. Au point de vue du corps, savez-vous quels sont les avantages de la gymnastique? R. - La gymnastique nous fait grandir. - Oui, elle aide à votre croissance et ce mot « elle nous fait grandir » renferme bien des choses; car ce ne sont pas seulement vos membres qui s'allongent; ce sont vos épaules qui s'élargissent, votre poitrine qui se fortifie. Votre appareil respiratoire, dont dépend la circulation, qui vivifie tout le corps, se développe, c'est ainsi que vous grandissez, en effet. - Et puis, la gymnastique n'a-t-elle pas d'autres avantages pour le corps? R. - La gymnastique nous donne de l'appétit. - Avantage appréciable encore. N'y en a-t-il pas d'autres? R. - Mais si, quand on fait des exer-

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cices gymnastiques on saute facilement un fossé; si l'on tombe, on se relève plus vite et plus adroitement; on fait de longues courses sans se fatiguer. » - Tout cela veut dire que la gymnastique donne au corps de la souplesse, de l'agilité et aussi de l'endurance, toutes choses qu'il est bien précieux de posséder dans maintes circonstances. Mes enfants, vous avez entendu raconter certains traits de courage qui se sont passés au milieu d'un accident de chemin de fer, d'un incendie, etc. Vous savez qu'il y a des hommes vigoureux qui courent après un cheval indompté et l'arrêtent. Croyez-vous que le courage et le dévouement puissent suffire aux sauveteurs? Non, il leur faut aussi la force physique. Apprécions donc les exercices qui tendent à l'augmenter en nous. - Et au point de vue moral, mes enfants. ne pensez-vous pas que la gymnastique ait son utilité? R. - Oui, M...., il faut s'appliquer et

faire attention. S'appliquer et faire attention! Nous allons développer cette réponse. S'appliquer, c'est vouloir; c'est donc exercer sa volonté; c'est prendre de la peine. - Faire attention, c'est se contraindre, c'est faire effort, ici, pour ne pas se laisser distraire quand il s.' agit de reproduire, sans se tromper et sans faire tromper les autres. les mouvements indiqués. Et puis, ne faut-il pas redoubler d'atten·tion, c'est-à-dire de force de volonté, pour que certains exercices se fassent en mesure et bien ensemble avec ceux des camarades? En tout cela, je vois l'ordre, la discipline, la règle, la précision, auxquels ces exercices vous habituent. S'il y a une gymnastique pour le corps, il y en a aussi une pour l'intelligence et une pour la volonté. La première, sans que vous le compreniez bien, "ous prépare aux deux autres .... - Un ou um élève. - «M ... , quel~

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quefois aussi la gymnastique fatigue et l'on continue sans se plaindre ... » - Nouveau service qu'elle vous rend! Elle vous habitue à supporter des fatigues, dont vous saurez ainsi vous rendre maîtres dans le cours de votre vie. - Mes enfants, considérez désormais la gymnastique comme un devoir à remplir. - Et vos jeux! et vos récréations! ce sont aussi des devoirs bien agréables, n'est-ce pas? à la condition de ne pas en abuser... ce qui arriverait si vos jeux étaient dangereux ou excessifs, ou bien s'ils empiétaient sur d'autres devoirs essentiels. Vos parents et vos maîtres sont auprès de vous pour vous faire éviter les ·abus. Obéissez-leur donc, quand ils vous défendent tel jeu ou telle imprudence dans un jeu; ne jouez pas quand il faut travailler... Ceci bien convenu, prenez vos ébats et sachez que le jeu est aussi pour vous un devoir; car il vous repose après l'étude et vous donne plus. de courage pour travailler. Le jeu fortifie votre corps; il vous donne une humeur plus enjouée. Courir, sauter, crier, tout cela est nécessaire à votre âge. Jouez donc et à cœur joie! C'est votre droit et votre devoir. Résum~. fortifier le corps, développer ses organes, afin qu'il soit an meilleur serviteur de l'âme, c'est un devoir qu'il ne faut pas négliger. La gymnastique et les jeux sont, pour l'écolier, d'excellents moyens de le remplir. Maœime. - Le corps pour l'âme! L'âme et le corps pour Dieu!

Commeut Il faut appreudre l'hl8tolre A vous qui êtes si curieux d'histoires, mes chers petits, peut-on en conter une plus intéressante que celle de votre pays? Ne laissez-vous pas volontiers le jeu pour entendre votre père ou votre grand-père narrer les aventures et les exploits de leur jeunesse? Ne vous faites-vous pas rappeler mille fois, au ris'"

que d'en lasser l'auteur, :telle belle action qui vous inspire l'idée de l'imiter ou, au contraire, telle fredaine qui a: amené des conséquences fâcheuses et qu'il vous faudra vous-mêmes éviter? N'êtes-vous pas pénétrés de reconnaissance envers vos parents en apprenant que, par leur travail persévérant et leurs sacrifices, ils sont arrivés à vous faire l'existence plus douce qu'à eux-mêmes, à vous dispenser des peines qu'ils ont eues et à vous procurer, au contraire, le bien-être et les joies dont ils se sont privés? Eh bien, apprendre comme il faut l'histoire, c'est écouter les pères de nos pères et tous nos aïeux, nous raconter leur vie avec leur·s luttes, leurs souffrances. leurs espoirs, leurs insuccès et leurs triomphes; c'est. parmi tout cela, trier J.es beaux exemples, pour les admirer et les suivre; c'est aussi remarquer les erreurs et les fautes, pour nous contraindre à ne les pas commettre, puisque nous sommes avertis de leurs dangereux résultats. Apprendre comme il faut l'histoire, c'est aimer tous ceux qui nous ont erécédés et qui nous ont préparé par leurs guerres, leur labeur, leurs découvertes et leurs vertus, des frontières sûres, un sol fertile, des mœurs civilisées, en un mot une patrie où il fait bon habiter. Apprendre comme il faut l'histoire, c'est constater que tout s'améliore lentement, qu'aux connaissances acquises nar leurs ancêtres, les hommes d'à présent doivent en ajouter de nouvelles pour les transmettre à leurs successeurs et que. par suite, chacun de nous doit faire tous ses efforts pour apporter quelque chose au progrès universel.

Partie pratique Iu•traetlou elvlque Dans notre dernière leçon nous avons


203

202 parlé de la nécessité d~ la soci~té. ~u­ jourd'hui, nous en étudwns.les bt~n~mts, qui s'étendent: 1° à notre vte matenelle; 2° à notre vie intellectuelle; 3° à notre vie morale. 1° La vie matérielle d'aucun homme ne pourrait subsister sans la mise en commun des efforts et des travaux qui assurent à chacun des membres de la société la nourriture, le vêtement, l'habitation, les moyens de locomotion, etc.,

etc. Que de métiers mis en œuvre pour pourvoir à l'existence d'un seul individu! et comment, livré à lui-même, cet individu suffirait-il à tous ses besoins matériels, en les restreignant même au strict nécessaire! Comment y suffiraitil surtout dans son enfance, dans les c~s de maladie et d'infirmité, au temps de la vieillesse? (Les énumérations qui précèdent et des exemples concrets donnés à l'appui peuvent faire de ce premier point l'objet de toute une leçon.) 2° Tous les hommes n'ont ni les movens, ni le loisir de s'adonner à l'étude. Les livres que nous avons entre les mains, les manuels les plus abrégés .euxmêmes, sont, sans que nous y premons; garde, le fruit de beaucoup de recherches et de travaux. Les auteurs de ces. livres ont eu recours à d'autres ouvrages, dus à leur tour à de lot:Igues et ~a­ borieuses veilles. Nos connaissances mtellectuelles nous arrivent comme une nourriture toute prête que d'autres ont ~laborée pour nous et que la vie sociale met à notre disposition. Les découvertes des savants et les inventions qui en résultent; les œuvres des littérateurs et des artistes; les souvenirs de l'histoire; tout ce qui, en un mot, fait vibrer notre intelligence, tout cela serait refusé à l'humanité si l'insuffisance de l'individu pris isolément n'était suppléée, ici en:ore, par les apports accumulés dont il profite. Et il est bon de remarquer que,

si une partie de ses membres s'emploie à entretenir la vie matérielle de la société une autre partie, déchargée de ce soin' par la première, peut ainsi se livrer aux travaux de l'intelligence, ou bien exercer les profession libérales (explication de ces deux mots professions libérales, exemples), professions non moins nécessaires à la •société que les métiers manuels ; plusieurs d'entre elles, d'ailleurs, mettent au service de la vie physique de l'homme les connaissances dues aux travaux intellectuels. 3° La vie morale. - Les vertus qui honorent l'humanité, en l'élevant audessus d'elle-même, la charité, le dévouement, la générosité, l'abnégation au7 raient-elles le moyen de s'exercer Sl' l'homme ne vivait en société? Pour répondre à cette question. il suffit de remarquer combien l'égoïsme atteint facilement l'individu qui s'isol'e de ses semblables et ne s'intéresse que de loin à la vie sociale. Cette concentration su11 soi-même a bientôt -fait de paralyser les meilleurs dons de l'esprit et du cœur. -Sans la société, y aurait-il une civilisatiOn possible pour l'individu? Les mœurs farouches de certains peuples ne se sont-elles pas adoucies en entrant en communication avec des mœurs de peuples policés qui leur ont offert le spectacle d'organisations sociales, comprises autrement que celles de leurs hordes barbares? - Sans la société, connaîtrions-nous la politesse, que l'on a si bien définie la « fleur de la charité ~? connaîtrionsnous l'amitié, cette douce joie de la vie? - Sans la société, la conscience aurait-elle à compter sans cesse avec les responsabilités de l'exemple qui, en augmentant sa valeur morale, élèvent, en même temps, la dignité de l'homme? (Ce troisième point n'est pas moins susceptible que les précédents de fournir à lui seul le développement d'une leçon.) Concl usi on. - La r econnaissance s'impose

à l'endroit des bienfaits ?e la s~iété. La meil-

leure manière de la pratiquer des le temps d.e l'école, c'est de se préparer, par so!l travali et par sa conduite, à apporter un JOur une large part d'avantages à la soc1été.

••• Leetare ou Bédaetlon

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Les deux voisins. l . _ Deux hommes étaient votsms, et chacun d'eux avait une femme et pl~­ si.eurs petits enfants, et son seul travail pour les faire vivre. f:t l'~m de ces. hom~ mes s'inquiétait en lm-meme en dtsant. « Si je meurs ou que je tombe malade, que deviendront ma femme et me~ e~­ fants? » Et cette pensée ne le qmttait point, et elle rongeait .s~n cœur c?mme un ver ronge le fruit ou tl est cache. Or, bien que la même, pen.sée fû,t v_en~e é~a­ lement à l'autre pere, tl ne s y etait po~t arrêté. « Car, disait-il, Dieu qui connatt toutes ses créatures, et qui veille sur elles, veillera aussi sur moi et sur m.a ~e~­ me et sur mes enfants. » Et celm~c1 VIvait tranquille, tandis que le premter ne goûtait pas un instant. de rep~s .. 2. - Un jour qu'Il travatllatt. aux champs, triste et abattu à. cause de sa crainte, il vit quelques . otseaux . en~rer d ans un buisson en sorttr, et pms bten, ''t~n t ~pp_rotôt y revenir encore. Et, .se ché il vit deux nids poses cote a cote, et dans· chacun plusieurs petits nouvellement éclos, et encore sans plume~. Et quand il fut ret~urné ~ son travatl, de temps en temps tl levai~ les Y.eux, et regardait ces oiseaux qu~ alla_tent et venaient portant la nournture ~ l~urs petits. Or, voilà qu'au moment o_u 1 une des mères rentrait avec sa becquee, un va~­ tour la saisit, l'enlève, et la pauvre mere se débattant vivement dans sa serre, ietait des cris perçants. 3. - A cette vue, l'homme qui travaillait sentit son âme plus troublée qu' auparavant, « car, pensait-il, la mort de la mère, c'est la mort des enfants. Les

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miens n'ont que moi non plus : que deviendront-ils, si je leur manq~e? >> Et tout le jour il fut sombre et trtste et .la nuit il ne dormit point. Le lendemain, de retour aux champs, il se dit : «Je veux voir les petits de cette pa~~e mère: plusieurs sans doute ?nt pen. « Et il s'achemina vers les bmssons. Et regardant, il vit les petits. hie~ portants! pas un ne semblait avOir pat1. Et cec1 l'ayant étonné, il se cacha pour observer ce qui se passerait. 4. - Et après un peu de temps, il entendit un léger cri, et il aperçut la seconde mère, rapportant en hâte la nourrH:ure qu'elle avait recueillie, et elle la distribua à tous les petits indistinctement et il y en eut pour tous; les orphelins ~e turent point délaissés dans leur misère. Et le père qui s'était défié de la Pr·ovidence raconta le soir à l'autre père ce qu'il avait vu. Celui-ci lui dit: « Tamais Dieu n'abandonne les siens. Son amour a des secrets que nous ne connaissons point. Croyons, espérons, ~imons et poursuivons notre route en patx. Si ;e meurs avant vous, vous serez le père de mes enfants; si vous mo,_urez _ avant moi, je serai le père des voires. Et si l'un et l'autre, nous mourons avant qJits soient en âge de pourvoir eux-mêmes à leurs nécessités, ils auront pour père le. Père qui est dans les cieux. » LAMENNAIS.

lln brin de morale La Propreté Mes chers enfants, je considérais l'autre iour un petit garç~n de 4 ans, les yeux fixés sur un~ Image, ~t tellement attentif à en exammer les details, qu'il ne prêtait nulle atte~tion à ce qui se passait auto.ur de ~u.L 9ue représentait donc cette Image st mteressante? je voulus le savoir et je r:gard~i à mon tour. Eh bien ! elle representait


204 ut simplement un petit garçon, mais petit garçon aux cheveux ébouriffés; 1x ongles noirs et démesurément longs ; 1x mains sales; à la figure marquetée ~ taches; au nez ... , aux lèvres... , aux ·eilles... , au cou ... je n'achève pas!. ... our tout vous dire en un mot, mes enmts, au bas rle cette image on lisait en rosses lettres: Voilà le petit mal prore! je ne fus plus surprise alors de l'atntion avec laquelle le petit garçon msidérait cette image. Sans le savoir, prenait une leçon! - Prenons-en une ous-mêmes et disons-nous que cette nage, un peu exagérée peut-être, est ourtant la reproduction de certaines ;alités... La vue du «petit malpropre:., idée seule de sa figure, de sa tête, de $ mains nous cause de la répulsion. ·oyez-vous un enfant mal peigné, un enmt dont les mains et la figure n'ont as été lavés ... est-ce près de lui que ses amarades vont être heureux de s'as~oir? Nullement! Ils le fuiront? Est-ce li que l'on embrasse volontiers? Oh! on, chacun s'en dispense! Est-ce à lui ue l'on dira... de couper un morceau e pain... de porter une lettre à la pos~ ... de feuilleter un livre pour y cherber un passage... Oh ! non, on se défiea trop de la propreté de ses doigts !. .. Mais, mes enfants, ne croyez pas que a propreté soit un simple agrément; 'est avant tout un devoir, et le devoir ~·est la chose qui nous oblige, c'est la hose qu'il faut faire. Notre corps est a demeure de notre âme; c'est l'ouvrage lu bon Dieu. Traitons-le avec respect ~t. pour cela, quand même il nous en :oûterait, ne négligeons pas les soins Jue la nropreté réclame. Un enfant qui, ous les matins, a rempli ce devoir enrers son corps est ensuite plus dispos lour accomplir tous ses autres devoirs. Il arrive à l'école avec une meilleure huneur; il travaille mieux... Tous nos deroirs s'enchaînent et s'aident les uns. les mtres! Nous prendrons aujourd'hui la: 1

résolution d'être des enfants d'une propreté irréprochable. Que dès demain matin vos mamans s'aperçoivent du résultat de cette leçon! Résumé. - Nous avons des devoirs à remplir envers notre corps. Le premier de ces devoirs est la propreté Un enfant qui sait que son corps est l'ouvrage du bon Dieu et la demeure de son âme, ne doit jamais écouter ni la paresse, ni la mollesse qui lui feraient négliger ce devoir

Orthographe et Bédaetlon Le Bonhomme de neige Le ciel est gris, la terre est blanche, Le givre pend à chaque branche. Si loin que l'on porte les yeux On ne voit que neige et que glace, Le vent souffle et cingle la face Des petits écoliers joyeux. C'est un beau temps, c'est une fête. Chacun à la lutte s'apprête. Alerte, les vaillants gamins! Ripostez à qui vous assiège. A rouler des boules de neige On n'a pas longtemps froid aux mains. de GRAMMONT.

Questions. - Qu'est-ce qu'un bonhomme? - Qu'est-ce qu'un bonhomme de neige? - Qu'est-ce que le givre? Que veut dire cette expression: cingle~ la face? (Donner l'explication du mot pris au sens propre et celle de la comparaison). - Pourquoi les petits écoliers sont-ils joyeux et à quelle lutte s'apprêtent-ils? (Expliquer l'interjection1 alerte! debout! garde à vous! - le mot riposter. - le mot assiège.) - Quelles précautions faut-il prendre quand on lance une boule de neige? (Ne prendre la neige qu'à fleur de main, afin qu'elle ne soit pas mêlée de terre; - ne pas tasser la neige dans ses mains, afin de ne pasïancer la boule de trop loin. Eviter, en un mot, que le jeu des « petits écoliers joyeux » ne d~énère en «coups et blessures ».)

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205 L'araignée et le ver à soie L'araignée en ces mots raillait le ver à soie: • Bon Dieu! que de lenteur dans tout ce que tu Vois combien peu de temps j'emploie [faist A tapisser un mur d'innombrables filets. ~ • Soit, répondit Je ver, mais ta toile est fragile; Et puis, à quoi sert-elle? A rien. Pour moi, mon travail est utile; Si je fais peu, je le fais bien. » LE BAILLY.

Explications. - Le sens. - Quel travail fait l'araignée? Elle produit rapidement en abondance une toi'le déplaisante et inutile, que l'on se hâte d'enlever des murs et qui tombe aussitôt en poussière. - Quelle est, au contraire, le travail du ver à soie? Il fabrique un1 cocon résistant, se composant de fils de soie tellement solides, que l'on peut les dévider sans qu'ils se cassent et en former ensuite la trame des étoffes de soie. Le ver à soie accomplît sa tâche lentement, mais cette tâche a un résultat utile et précieux. - Nous pouvons comparer le travail de l'araignée à celui d'un écolier qui se hâterait de barbouiller d'encre, sans application aucune les feuilles de son cahier, c'est-à-dire q~i ne chercherait qu'à faire ses cfevoirs au plus vite, sans se donner la peine de comprendre même ce qu'il écrirait. Nous pouvons comparer, au contraire, au travail du ver à soie celui de l'élève laborieux, appliqué, soigneux, qui cherche à faire bien plutôt qu'à faire vite. Le premier perd son temps; il ne restera rien de son travail. Le second, au contraire, s'habitue à tirer profit de tout ce qu'on lui enseigne, son travail est utile et porte tous les jours ces fruits précieux que l'on appelle des progrès.

se à votre camarade; c'est faute de réflexions qu'elle méprise des travaux si utile~ et qu~il e:st même indispensable à une )Ctllle f1lle de connaître. I 1. - L'étude est utile aussi; elle e.s t bonne. Nous nous instrui'5ons afin de cultiver notre intelligenœ et d'être capables de savoir, sans le secours de personne, faire convenablement une lettre, tenir nos comptes, nous guider dans la vie et pouvoir parler d'autre chose que de la toilette ou des travers du prochain. La lecture nous occupe sérieusement et agréablement à nos moments de loisir. III. - Mais ce qui sera un jour notre principal devoir, tel que nous le voyons pratiquer à nos mères, c'est 1-'ai~uille, ce sont tous les travaux du ménage (une petite énumération) qui nous aideront à l'accomplir. IV. - Il faut donc attacher beaucoup d'importance aux leçons de travaux manuels et d'économie domestique que l'on nous donne à l'école. Nos maîtresses nous assurent qu'en nous initiant au ménage, elles nous rendent un grand service. Croyez-les; elles ont de l'expérience et elles nous aiment. V. - Conclusion : appliquons-nous aux travaux de couture et aidons nos mères à nos jours de congé. Dites à votre amie que, si elle se fait violence, son aversion se changera bientôt en plaisir, parce qu'elle comprendra qu'elle agit comme elle le doit. VI. - Quelle profession aimeriezvous exercer en quittant l'école si vous étiez libre de choisir ? Donnez les raisons de votre préférence.

-o-

xxx

Bibliothèques scolaires

1. Une de vos camarades vient de vous écrire. Elle vous avoue son aversion pour les travaux à l'aiguille et les notions d'économie domestique qui figurent au programme; elle leur préfère de beaucoup l'étude et la lecture. R~ pondez-lui.

Un inspecteur scolaire, dans un rapport de lin d'année sur les bibliothèques de son district, se déclare profondément navré des constatations qu"il a faites. Il invite les instituteurs à faire un grand effort, à susciter autour d'eux rie gé:1éreuses initiatives pour créer et assurer Je fonctionnement des bibliothèques. Il leur dit:

Plan. - l. -

Exprimez votre surpri-

...

, _ : ...

··· ~ ·


206 • Vous savez mieux que moi combien sont fugitives les connaissances que les élèves emporfett< de nos écoles, et qu'il iaudra bien peu de temps, si le jeune homme, si la jeune fille, en quittant l'école, disent adieu à leurs livres, pour que les notions élémentaire3 que nous avons confiées à leur intelligence disparaissent complètement. Sans doute, conférences et cours de perfectionnement pourraient réveiller en partie ces connaisances déjà à demi-oubliées, mais, outre qu'ils n'existent pas dans tous les villages, ils sont nécessairement temporaires et, tout considéré, inefficaces s'ils n'ont pas pour auxiliaire le livre, le bon livre qu'on emporte à la maison, aux champs, le bon compagnon qui remplit les heures vides et les fait passer comme par enchantement. Tout est perdu si, en quittant l'école., l'enfant renonce à toute vie intellectuelle; cette vie, la lecture seule peut désormais la lui donner. • -0-

Conseils sur la lecture Vous avez vu des écoliers apprendre une leçon. Que font-ils? Ils répètent machinalement chaque parole vingt fois de suite, jusqu'à ce qu'ils se la soient enfoncée dans la cerveile comme à coups de marteau. C'est un travail de lèvres, de voix, mais l'intelligence en est absente. faites exactement le contraire: en étudiant une phrase, remarquez-en la place, la valeur, la force, l'accent, le son, car le son fixe à la fois le mot dans l'oreille et dans l'esprit. Etes-vous frappé de la beauté d'un tour ou d'une expression? Que cette beauté analysée, savourée, attache comme avec un clou d'or cette impression ou ce tour dans votre souvenir. Servez-vous même des défauts d'un morceau pour le retenir. (D'après. Legouvé.)

-oRestez au village Vous qui aspirez à quitter votre village, rappelez-vous que les dépenses du menage sont bien plus élevées à la ville qu'à la campagne. Le loyer de la plus petite maison est fort onéreux; les alimen~s sont très chers et l'on est obligé d'acheter quantité de produits que l'on récoltait dans son petit jardin du village; il faut payer une foule de choses dont on avait la jouissance gratuite; l'on rencontre enfin de fréquentes occasions de dépenses auxquelles ils est quelquefois difficile de résister.

En somme, l'ouvrier des villes le mieux ordonné a presque toujours à la fin de l'année moins d'économies que l'ouvrier des campagnes. -0-

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A l'école Profitez des années que vous passez à l'école, vous en serez récompensés largement dans l'avenir, vous en serez aussi récompensés dans le présent. Connaiss.ez-vous un plus triste sort que celui de l'enfant paresseux? Toujours grondé, toujours puni, il subit chaque jour une humiliation nouvelle. Quand on lui demande de réciter une leçon, quand on l'appelle au tableau, quand on l'interroge, il reste court, ou il répond une sotti&e, au milieu des rires de ses camarades. Quelquefois même il suffit que son nom soit prononcé pour que toute la classe s'amu&e d'avance à &es dépens. Regardez-le, mes enfants, pour ne pas l'imiter et pour ne pas vous expos.er aux mêmes humilia lions que lui.

2.

3.

Boutades

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Calcul oral

{Examens de recrues 19101 1. 4. Jacques a vendu pour 750 frs de bétail et pour 140 frs de fruits. Combien reçoit-il? 3. 100 kilogrammes de poudre d'os content 14 frs. Que content 250 kilogrammes?

2. On compte que le bétail de bciucherie lnTe 5/ 8 de kg de viande sur 1 kg de son poids vif. Combien un bœuf gras qui pèse vivant 1064 kg fournira-t-il par conséquent de kg de viande? 1. Un pâturage où l'on peut estiver 20 pièces de bétail a été payé 15,000 frs. A quel taux ce capital est-il placé si l'on estime à 30 francs l'estivage de chaque pièce de bétail? 4. Un menuisier doit 175 francs pour du bois et 65 francs pour des ferrures. Combien cela lait-il en tout? 3. Un hôtelier reçoit 15 bois de lit à 28 francs la pièce. A combien se monte la facture du menuisier? 2. 120 m 2 de planches à 1.50 ir. ont été payés avec 2 % d 'escompte. Quelle somme a-t-on versée comptant? 1. Que coûtent 10 planches de sapin ayant chacune 5 rn de long, 40 cm de large et 5 cm d'épaisseur, à raison de 40 irs le ms?

••• • Le Client. - Docteur, toutes les fois que je penche le corps en avant et que j'étends les bras horizontalement tout en leur imprimant un mouvement circulaire, j"éprouve une vive douleur à l'épaule gauche. Le Docteur. - Mais quelle nécessité y a-t-il à ce que vous fassiez ces mouvements ridicules? Le Client. - Pardon, docteur, mais pouvezvous m'indiquer un autre moyen de mettre mon pardessus? • Cocasseries de la langue française. On dit un • embarras de voitures • quand il y a beaucoup trop de voiiures. Et: Des • embarras d'argent • quand il n'y a pas du tout d'argent.

207

..

4. Un négociant achète le quintal à 192 francs el veut gagner 33 francs par quintal. A quel prix doit-il le revendre? 3. Charles reçoit 60 kilogrammes de café à 1 fr. 55 cts. Combien doit-il? 2 J 'achète l'hectolitre à raison de 80 frs et j'ai 17 1 / 2 % de irais divers. A combien me revient le litre? 1. Deux colis d'une même marchandise pèsent 225 kg et 475 kg. Comment &e répartissent sur chacun d'eux 56 frs de frais calculés en proportion du poids?

4. 4. Que coûtent deux billets de chemin de fer à 2 francs 40 centimes chacun? 3. De combien 2 billets aller et retour à 3 frs 30 cts sont-ils meilleur marché que 4 billets simple course à 2 frs 75 cts? 2. A combien se monte le port de 50 q sur un parcours de 200 kilomètres si la taxe pour 1 q est de 1 2/ 5 fr. par 100 kilomètres de parcours? 1. Le port de certaines marchandises a été réd~it de 125 irs à 90 frs par wagon. Cornbren % de rabais cela fait-il?

5. 4. Antoine paye pour six mois 18 frs de coti-

salions de sociétés; combien cela fait-il pour une année entière? 3. Chrétien dépense 50 cts par &emaine pour se faire raser. Combien par année? 2. Georges dépose à la caisse d'épargne les 2 / 5 de son revenu annuel qui est de 1825 frs. Quelle somme aura-t-il économisée au bout de 5 ans (intérêts non compris)? 1. Quel est le capital qui, placé au 4 %, rapporte un i.1térêt annuel permettant de dépenser 80 centimes par jour?

6. 4. Nicolas récolte 60 quintaux de fruits. Il en vend d'abord 24 quintaux, puis 16 quintaux. Combien lui en reste-t-il? 3. 15 hectolitres d'avoine pèsent 690 kilogrammes. Combien pèse 1 hectolitre? 2. Un q de fourrage concentré contient 48 kg de matières nutritives. Quelle est par conséquent la quantité de matières nutritives contenues dans 625 kg de ce fourrage? 1. Le côté d'un champ de pommes de terre de forme carr~e mes ure 40 cm sur le plan (échelle de 1 : 200). Quelle récolte y fera-fou si 1002 produis.ent en ~oyenne 1,5 q?

7. 4. Un serrurier livre un fourneau de cursme pour 140 frs et un poêle pour 105 frs. Combien a-t-il à réclamer? 3. Que doit-on pour 62 heures de travail à 45 cts l'heure? 2. Le prix de revient d'un meuble est de 160 frs. A quel prix faut-il le revendre pour gagner 15 %? 1. Un morceau de tôle de 2 rn de long sur 1 nt de ~arge pèse 48 kg. Quel est le poids d'une ieurlle carrée de la même tôle dont le côté mesure 50 cm de long?

8. 4. Dans un commerce, on a encaissé hier une somme de 145 frs et l'on a dépensé 128 irs. Combien reste-t-il en caisse? 3. Que coûtent 45 kilogrammes d'une certaine denrée, le kilogramme à 1 ir. SO cts? 2. Sur un envoi de 4 1/ 2 q, il y a 11 25 irs de irais divers. Combi·en cela fait-il PoUr ]tl() kilogrammes? 1. U~e ~enrée pèse 1250 kg poids brut (y compns 1emballage) et 1200 kg poids net (sans emballage). Combien % du premier poids la tare (l'emballage) fait-elle?


208

3

4. Je gagne 120 francs par mois et je d~penee 75 francs. Combien me reste-t-il? 3. François paye 55 francs par mois pour sa chambre et .s a pension, combien cela fait-il pour l'année entière? 2. André emploie Je 4 % de 1750 trs pour des assurances. Combien cela fait-il? 1. Il est dû 1675 francs a A et 825 francs à 8, mais ils ne reçoivent ensemble que 1000 francs. Combien chacun reçoit-il proportionnellement à sa réclamation?

3. Que coQte le voiturage de 35 quintaux l 25 cts? 2. Robert achète un cheyal pour 42 pièoes de vingt francs; il paye immédiatement les 7/8 de cette somme et le reste au bout de 3 mois (sans intérêts). Quel est le montant de chaque paiement? 1. Une pierre de taille de 2 m de long sur 1 rn de large et 80 cm de haut doit être chargée sur un char. Quel est le poids de cette charge sachant que le dms de pierre pèse 2 1/2 kg?

10.

14.

4. J'ai payé 35 francs, puis 40 francs. Combien me reste-t-il des 100 francs que j'avais? 3. Un héritage de 9200 francs doit être réparti en parts égales entre 5 héritiers. Combien chacun reçoit-il? 2. Une surface de 15 m de long sur 1,4 m de large doit être vernie à l'huile. A combien se monteront les frais si 1 m 2 cotlte 1,60 franc? 1. En cédant une certaine quantité de mar· chandises pour 630 francs, on perd 10 % sur le prix de revient. Quel était ce prix?

4. Une marchandise pèse 92 kilogrammes avec la caisse, la marchandise seule pèse 75 ki· Jogrammes. Combien pèse la caisse? 3. Maurice paye un loyer annuel de 300 frs. Combien cela fait-il par mois? 2. A, 8 et C se partagent 750 kg de pommes de terre; A en prend les 8/15, 8 les 4/15 et C le reste. Combien de kg chacun a-t-il? 1. Une construction doit avoir 12,5 m de long, 12 m de large et 10 m de haut. L'ar· chitecte comptant Je m 3 à 24 frs, on demande à quelle somme se montera Je devis.

9.

11.

15.

4. Pierre a 54 ans, son fils Paul a 19. Quelle est la différence d'âge? 3. Rodolphe paie le quintal de marchandises 36 francs plus 3 francs 60 cts de frais di· vers. A combien reviennent 20 quinta•Jx? 2. Jacques a vendu 6 q de fromage à 180 francs et 4 q à 175 francs. Quel est Je prix moyen? 1. Un chef d'exploitation touche 2 1/ 2 % du bénéfice net, ce qui lui fait 245 francs pour celte année. Quel est Je bénéfice total?

4. Walter avait 185 francs; il a d'abord dé· pensé 25 francs, puis il a de nouveau reçu 30 francs. Combien a-t-il maintenant? 3. 30 hectolitres de vin reviennent à 1560 frs, y compris les frais divers. Que coQte 1 hec· tolitre? 2. Combien faut-il de tuiles de 1/4 m de large pour encadrer une plate-bande dont chacun des 4 côtés mesure 8 1/ 2 m? 1. G ustave a placé son capital de 24,000 frs à 3 3/4 '%, mais il doit payer un impôt de 3 3/ 4 •;.. sur la fortune mobilière. Que lui reste-t-il de ses intérêts annuels?

12. 4. Jean a récolté 38 quintaux de grandes pommes de terre et 15 quintaux de petites. Combien cela fait-i l de quintaux en tout? 3. Que valent 38 quintaux de pommes de terre à 5 frs 50 cts? 2. Combien faut-il de litres de lait à 15 cts pour payer l'intérêt annuel de frs 45Q au

4 %? 1. Quel est Je poids d'un tas de foin de 8 3/ 4 m de long sur 4 m de large et 2 2/5 m de haut, si 1 m3 pèse 3/ 4 de q en moyenne?

13. 4. Un voiturier doit 140 frs au charron et 260 frs au maréchal. Combien cela fait-il?

qu'un recul quelconque dans l'avenir ne saurait leur être imputable. D'autre part, nous croyons savoir ~ue; au point de vue de la conduite, Il n est pas un seul des 600 instituteurs. v_alaisans qui se soit mis dans l'obligation de recevoir un blâme formel de l'autorité supérieure .... Et nous estimons que c'est bien là un magnifique éloge. O . Delaloye. -0-

Liv res d'école. . ~ous devons faire connaître que l'é· dJtlon actuelle du recueil de chants L'Ecole et la Famille est épuisée. Une nouvelle va en être préparée pour devenir en usa ge dès la rentrée du cours scola ire 1?11-12 En attendan t le personnel enseif!nant voudra bien y s uppléer pour le mieux. . _Le pet~t ouvrage Arithmétique (cours elern~ntair~ . et préparatoire) a vu au~si ~er.Il!mer l ecoulement de sa première edihon. Comme il a obtenu un succès ~articulier d'estime et que d'ailleurs il fo:~e un tout avec le cours moyen et supener~r, sa réimpression a été mise sur ch a~h~r, de sorte qu'en janvier pro. cham Il _sera possible de se procurer des ~xemplmres de la nouvelle édition. Avis a ceux qui en auraient encor e besoin ~our_ compléter l'armement de leurs petits ecoliers.

-aAgenda du Valais 1911 .

16. 4. Combien me doit-on pour 12 jours de tra· vail à 4 francs ? 3. Gaspard gagne 5 frs 50 cts en 10 heures de travail. Combien gagne-t-il en 32 heures? 2. Martin a payé 2700 francs pour un terrain à bâtir de 25 m de long sur 16 rn de large. A combien revient Je m2? 1. Une lettre de change de 1600 francs a été négociée à la Banque 45 jours avant son échéance. Que vaut-elle comptant? (Es· compte 5 %.)

j

Nous avons le plaisir d'apprendre à notre personnel enseignant qu'il pourra se pro~urer avec une remise du 20 %, ~et uh le vade-mecum, à partir de ce JOur e~ pou~ a utant que la quantité encore d1spomble le permettra. Ainsi il lui sera cédé cartonné pour 1 fr. 60 au lieu de 2 fr. (prix de vente), moyennant le demander contre remb. à l'adresse cidesso us: M. l'éditeur de l'Ecole primaire, Sion. - 0-

Variétés LES G/ .iTI-S DU RECENSEMfNT . Un chroniqueur de la ,Natiooalzeitung", de Baie, apporte sa contribut ion au t résor de ces anecdotes. « Les recenseurs écrit-i l ne trouvai ent pas toujours le travaï'l faci le ~t bien des gens ne comprenaient pas le mot if de leur visite. Les 11 ns, qui les p renaient pour des voyageurs de commerce, leur répondaient : ~ Nous ne voulons plus de votre camelote· vous nous avez trompés assez souvent ! . D:autres leur r appelaient, d'emblée, que la mendicité et le colportage éta ient interdi ts dans toute la maison. Et les ménagères bavardes, sans leur laisser le lemps d'ouvrir la bouche, s'écriaient : • Vous vous trompez de porte M. Meyer a démé~agé depuis longtemps! • ' Meme lor sgue les bonnes gens savaient de quoi il s'agis~ait, les difficultés ne manquaient pas._Le bulletm encore blanc paraissait un Ji. vre a sept sceaux et les malheureux déclaraient n'y rien comprendre. Plusieurs se contentaient de co~it:r Je sc~ éma d~ r éponses joint au quesho,~naJre: ~n_e Jeu.ne ha.ncée ne se jugeant plus qua dcnu-cehbataJre, b1Ifa la moi tié seulement du mot • célibataire •. l es mauvais plaisants s'en mêlèrent. Un to~m1e11 r ?e. la v ill~. répondit à la question : • heu d 1ong1~e • (Burgerort) par : • Je ne suis pas bourgeo1s (bürgerlich), je s uis socialist:! • Un pens ionnaire écrivit, à la r ubr ique: s1tuah_o n dans le ménage: • aimé de la fille de la . ma1_son •:· _A la_ même indication, une dame mure m scn v1~ : D ivorcée, Dieu soit béai ! Enfm une demotselle - notre confrère ne nous d1t_ nen de sa mine - écr ivit, à la • date de na1ssanc_e • : Avec la meilleure volonté du monde, Je ne me rappelle plus! •

A>.:: • • Propreté exagérée. Guibollard interroge sa montre avec anxiété: - Je n~ puis comprendre, dit-il à oa fe mme, ce C'JI.II est a rr ivé à ma montr e. Je crois qu 'elle a besoin d'être nettoyée. .- _Non, papa, répond la peti1e Fanny, je s.uts sure q ~ elle est propre: Baby et moi, nous 1avons lavee dans le bassin ! ~::

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. • Est-_ce q~e i.e pèche quand un homme me d J( que JC SUIS JOlie? - Non, ma fi lle c'est l'homme qui commet le péché de menso~ge.


Une révolution dans la librairie romande

Supplément au JVo 13 de ,f &cole" (1910)

Pétition au Grand Conseil Mettre à la po rtée de toutes les bourses fl:wli: tlr!' y(IJuu·c~ :t::r•~:•l•lrs ù l •r t• pnrN• ? ~ C lt Er~-n ·œo\' r. E <Ir• phtS (f.I. E C r. l~ ECill\.ll 11

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matière d 'un gra nd roma n comp e . Domandez les N. part:s ; •

La Mar ouise . · N. l . Augu ste BACH ELIN . La Car roc 110ne. - N Edouard ROO. Scènes de l a vte sursse. 3 1\: . · Ali Cet·esole. Le Jour nal de Jean-Lnuts . /\. 2. P.t ilippe MONNIER. Nouv_elles. r-. 4. L. FAVRE. Jea\dei_ '!rc·o~BE. Le M~ri Joiu1uille. _ paral t re ; :·~:: · . N· 7· Mmr Mcn tolieu. Les [Châteaux surssr s. - .. '· a '... ~ ;·me·1t.

de

P our

Nous devons à l'obligeance de M. l'Inspecteur scolaire Dela loye comm~nication , d~ loir, dans le plus bref déla i possible, la requête guivante, qu'en sa quaht~ de ~resi­ statuer par une loi: 1o Que sous pein e d'amendes, fixées dent de la • Société valaisanne ~'Educahon .• il a adressée de la part de celle-ci au Conseil par la loi dont il s'agit, il est interd~t d'Etat pour être par ce dernier transmise au aux jeunes gens, domiciliés sur le ternGrand Conseil. Ce mémoire, dont la Haute toire communal et j usqu'au jour de leur Assemblée a entendu la lecture dans sa récente recrutement, de fréquenter les cafés et session, a sa place tout in~iquée dan~ l'~rgane autres débits de vin ; de notre Société pédagogique. Aussi! 1y publions-nous intégralement en _souha tt~nt ar2° Que sous peine d'amendes, ~gale­ demment que les Hauts Pouvoirs P~?I_Ics ad- ment fixées par la loi, il est interd1t aux hèrent aux conclusions de cette peftfton, ce cabaretiers de vendre aux jeunes. gens dans l'intérêt religieux, moral et matériel, non ci-dessus indiqués, du vin, de la bière et seulement de la jeunesse, mais du pays tout autres boissons a lcooliques. entier:

~éunis

en a~semblée plénière, tenue à Swn le 21 avnll910, et au nombre.?~ plus .de 400, ,les me~bres ~e la Socute valatsanne d Edr:catwn? s~1t MM. les Jnsp~cteurs ~-co!arres et ms}r!ufe~rs basvala_rsans, , a_msr que les delegues de ~a partie supeneu~e du Can_ton . et les amrs d_u . Corps ~n~ewnant ~nma•~e, ont vo; !e a l'unammrte la mohon smvante, qu Ils vous demandent hum~lement de tran_smettre au Grand Conseil lors de la ~esswn de Novembre 191 O.

II.

A l'unanimité et dans la même assemblée du 21 avril 1910. les membres susdits de la Société valaisanne d' Education ont voté la motion déposée par Mgr le Rme Prévôt du St-Bernard, motion tendant à ce que la loi actue'lle sur les débits de vin soit modifiée au plus tôt par le Grand Conseil, de manière à rendre plus difficile l'établissement de nouveaux débits et à empêcher, le dimanche surtout, la fermeture tardive des cafés.

l

·1.

60cts L·ibr:airie PAVOT tC~ Lausanne

Dans le but de sauvegarder l'éducati on des enfants et des adultes; considérant que, chaque jour davantage, les débits de vin deviennent pour l,a jeunesse une vérita ble occasion de démoralisafion et une école où se contractent et s'enracinent les habitudes de dépense ; ardemment désireux de voir se réaliser, sans autre retard, le vœu exprimé en 1908 dans le rapport de gestion du DéPartement de l' Instruction publique, le Corps enseignant primaire du Canton prie, avec une respectueuse instance, le Grand Conseil du Valais de bien vou-

Monsieur le Président et Messieurs les Députée;, JI n'est pas dans notre intention de donner, en ce qui concerne la première motion , un développement complet des considérants indiqués plus haut: pour ce faire, il fa udrait un volume. Contentons-nous d'affirmer à nouveau que, sous peine de voir les jeunes générations, qui seront le Valais de demain. se démoraliser au point de rendre inefficace tout remède ultérieur, la loi, dont nous sollicitons l'élaboration et le vote, s'impose dans le plus bref délai. Pour se

1


n convaincre combien légitime est notre rait ne plus savoir à 16, 17, 18 ans ce cri d'alarme, il suffira à MM. tes Dé- qu'est le respect dû aux parents, au viei~ putés de jeter un regard sur le désolant lard, au magistrat, au prochain ..: A-joutableau qu'il est malheureusement don- tons que le chiffre des jeunes cnmmels né à checun de contempler dans la plu- grandit chaque iour davantage et que, part des communes de la Plaine, surtout presque touiours, ces malheureux sont dans celles que l'industrie favorise et des habitués des cabarets. Et cependant développe. Il y a une trentaine d'art- que d 'efforts nos maîtresses et nos malnées, trouver un jeune homme de 17 a ns tres ne dépensent-ils pas pour la formaattablé dans un débit de vin était un tion de notre jeunesse! Hélas! l'œuvre événement dans nos villages, un phéno· d'éducation, édifiée au prix de tant de mène, presqu'un scandale: aujourd'hui, peines dans la salle de clag.se, est anéannos adultes se rendent au café par ban- tie par les conversations, les complots, des, en chantant, et très souvent durant les flots de vin de la pinte, ainsi que par la semaine aussi bien que le dimanche; les rendez-vous qui suivent fréquemment ils v sont absolument comme chez eux: la sortie de celle-ci. C'est là un fait inc'est, nous le verrons, leur véritable contestable et H faudrait être aveugle foyer domestïque. Au retour du travail, pour oser le nier. Cela étant comment s'étonner de ne on va au cabaret faire la partie de cartes et v dépenser l'argent péniblement plus rencontt=er autour de nous ce pui~ gagné sur le chantier. à l'usine. dans la sant esprit de famille qui fut l'honneur fabrique ou même à la campagne ... Et. et la sauvegarde de notre vieux V~­ pour parattre mûr avant le temps, on lais?.. . La maison paternelle, regardee boit et l'on fait plus de bruit que les et traitée. iadis, comme un vrai sanctuaire l'enfant de 17-18 ans ne la conhommes! naît presque plus; ell~ est pour lui u~ Chacun devinera facilement ce que doivent être les conséquences morales. ennui, un lieu obligatoire de pass:.t{c; tl familiales et économiques d'un tet état n'y vient plus guère que pour manger de choses ... Que de jeunes g-ens de 25 et pour v prendre, fort tard, le repos de à 30 ans ne seraient iamais devenue; les la nuit. Noua pourrions nommer pluméprisables individus. les tristes dévo- sieurs villages où il est impœsible, avant yés qu'ils ~ont, si. avant J'ép 0que du rP. · l'heure du coucher, de constater la précrutement, ils avaient toujours trouvé sence aux côtés de leurs pères et mères, closes les portes de l'auberge. D::~m nn des éièves des cours de répétition : une village, Je matin. nous avons rencnntré enquête nous permet d' affimter que, rencontrer ceux-ci, iJ, faut se rendr.c devant ·l a maison d'école âes élèves pour au café où ils passent toutes leurs sotâes cours complémentaires cnur-h P~ rées. Volontiers nous reconnais~ons que ivres-morts. et le maître nous affirma it ce fâcheux ce désolant état de choses que te fait s'était assez souvent renoupas général et qu'une bonne partie n'est velé .. Nous avons assisté ailleurs. dans chère montagne est encore de notre dec; cafés. à des bagarres dont les héros mais on admettra que, pour épargnée ... étaient oresque touiours des ado]e!;cents ! il ne faut pas le combattre et l'enrayer, D'autre part. pendant que toujours attendre que le fléau ait fait tache d'huiolus s'élève le deg-ré il'in!;tructinn . toule. iours plus bas descend celui de J'éducaEst-il besoin de remarquer que cette tion : o1us les cerveaux se meublent de mentalité et la manière de vivre de nos connaissances intellectuPtles. plus les adultes engendrent nécessairement des cœurs semblent se dépouiller de tout noble sentiment. Presque partout on pa- habitudes de dépense et présagent la

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misère?.. . Nos jeunes gens de 15 à 20 ans gagnent en moyenne au moins de 2 fr. 50 à 4 fr. par jour dans la plupart des villages de la plaine. Or, le Grand Conseil a dû constater et, non sans tristesse, faire savoir que l'épargne de la jeunesse valaisanne est presque nulle. C'est officiel! Sous le rapport économique, nous avons également enquêté et, avec stupeur et désolation, nous avons découvert que, très fréqueml)lent, disons plus de cinq fois sur dix, les adolescents employés sur les chantiers ou dans l~s fabriques, traitent leurs parents comme des hôteliers auxquels, poÛr prix de la nourriture et du logement, ils remettent la moitié, assez souvent le tiers de leur salaire, gardant le reste pour le dépenser au cabaret. . Que l'on ne nous taxe pas d'exagérahon: ce que nous signalons est une réalité. très facile à constater presque partout dans la plaine et qui, nous le répétons. s'affirmera demain à la montaJ:We si l'on ref~se de nous entendre. A ceux qui pourraient nous accuser de porter atteinte à la Hberté humaine, en privant la teunesse du droit de se récréer et de dépen ser comme bon lui semble, nous répondrons que la liberté cesse d'être un bien dès qu'elle devient nuisible à la Société et aux individus et qu'il est des circonstances où, pour' le mieux de tous, des limites et des restricti_ons_ doive_nt lui être assignées. Ce princtpe mdubttable n'est-il pas affirmé Rar les deux cinquièmes des lois existantes et le peuple suisse ne l'a-t-il pas proclamé très haut en proscrivant l'abs inthe? Peut-être, pour obvier au mal des Députés parleront-ils de confér~nces anti-alcooliques. Celles-ci ont été données un peu partout et l'expérience a démontré que les hommes de dévouement qui en ont assumé la charge, ont perdJ leur temps, du moins auprès des jeunes ~ens, et qu'ils ont accompli un véritable travail de Sisyphe.

Du reste, l'unanimité absolue du personnel enseignant primaire est un argument d'une puissante éloquence. En effet, qui mieux que nos maîtres d'école, toujours sur la brêche et toujours en contact avec la jeunesse, peut savoir ce qui est nécessaire à la préservation morale de celle-ci? D 'un autre côté, le~ compliments et les félicitations que notre Comité a reçus des divers milieux politiques et de toutes les parties du canton, établissent d'irréfutable façon combien est urgente la loi dont nous sollicitons l'élaboration et combien elle est sympathique au peuple valaü~an. Présentée seule, sans accompagnement d'autres lois plus discutables, elle sera acceptée avec enthousia~ me par le corps électoral. Tous - pères, frères, voisins - seront heureux, · fus•sent-ils eux-mêmes enclins à la boi~ son, de faire que les jeunes gens soient mis dans l'impOSISibilité de contracte11 des habitudes d'ivrognerie et de dépense. Les réflexions qui précèdent se rapportent plus spécialement à la première motion, pour laquelle nous demandons humblement une étude immédiate: il y a péril en la demeure! .... Elles appuient et mettent également en évidence la proposition de Mgr le Rme Prévôt du StBemard. Cette proposition, que le Corps enseignant a saluée avec enthousiasme, le Grand Conseil n'hésitera pas, nous en sommes persuadés, à en faire l'objet de ses débats, à la traduire par une loi, car elle vient à son heure, se légitime à tous égards et répond au désir manif~ té par toutes les autorités compétentes soucieuses du bien du pays. Nous saisissons avec empressement cette occasion, M . le Président, pour vous prier d'agréer l'humble assurance de notre considération la plus distinguée. Pour la Société V alaisanne d'Education, Le président: O . DELAI,oYE. Masson~ex, Novembre 1910.


IV

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était à cripteurs se faisaient inscrire. Avant même, en effet, d'avoir reçu un spécimen du nouveau journal, l'une ou l'autre école manifestait sa joie de cette initiative en réclamant plusieurs abonnements. Si toutes les classes en fournissent pro~ortionnellement le même n.ombre, l'existence du ]eune Caiholzque peut dores et déjà être considérée cornme assurée. Nos remerciements spéciatiX à cette occasion aux journatiX valaisans Le Nouvelliste, La Gazette du Valais, La Feuille d'Avis et l'Ami du Peuple qui ont salué en des termes on ne peut plus aimables la naissance du Benjamin de la presse cantonale, lui souhaitant en même temps longue vie et prospérité. Le personnel enseignant primaire doit êt.t:e en ce moment en posse55ion de plusieurs exemplaires de la nouvelle

Bibliographie NOS DEVOIRS ENVERS NOU~MEMES, instructions d'apologétique, par M. l'abbé Désers, Chanoine honoraire de Paris. Curé de Saint-Vincent-de-Paul. Un volume en-12 (VIII, 334 pages). (Ancienne Librairie Poussielgue, J. de Gigord, Editeur, rue Cassette, 15, Paris.) Avec ce volume s'achève la série d'instruc· lions d'apologétique que M. le Curé de SaintVincent-de-Paul a commencée il y a douze ans. Il nous a donné successivement: Dieu et l'homme - Jésus-Christ - L'Eglise Catholique - Les Sacrements - La Morale dans les principes - Nos devoirs envers le prochain - et aujourd'hui Nos devoirs envers nous-mêmes. Tout le cycle du dogme et de la morale a donc été parcouru dans ces huit volumes, dont l'en-

pour la propagande parmi ses élèves o SO ses connaissances, en se rappelant q CIETJ VA.LA.ISAliO D'.IDUCATIOW d'autres spécimens sont à dispositio -~- · ~~ _~ ~- ~ --~ J.l pour le cas où cetiX reçus ne serai ~~""" ~~ ~ ~ pas partout suffisants pour le but à a Somnutrc dn présent No Su , 1 teindre. Une simple carte suffit pour 1~. Noë/.. - Auprès du divin Enfant _ clartér b a. 1 ~0 nr~gne, regne la nuit. Une obtenir. . Vn R~.veillon de Noël. _ Pour l'a· sonne n e. ange P:J~e, sa voix réMM. les Instituteurs et Mesdames Ide Noe!. - La Fête de Noël en B r~re mes · 11 e monte et defie les hautes ci1 Institutrices voudront bien faire en sot1ne.- Amour filial (Conte de ~e .~- ')hf~Ie~ e /~ap~e et le~ gouffres et les que les bulletins de souscription joinfat Sola ndieu). _ Conte r.'e N o"1 oe' ~ bru' e ~es al:lts pre~ abrupts dans à l'envoi effectué soient retournés reri '"' e• lac· IT'Îe .c.•dorm_I3.. Ma:s au fro:1t du plis à leur adresse pour le 15 janvi J. tilLlhl.!.ll!J..J..J.).J.,J.,J..J. J ~eth~~r mt, une ~to~le. C'est l'astre de (le 20 au plus tard), car ils serviro ~~~'<!q0.,t~m""'m~~~~ L' eem, c est l'etoile du voyageur. de base à la liste des abonnés auxqu \T ••. . ange~ passe. Sur l'alpe solitaire les futures livraisons devront parve l.) Oe 1· ~resAde l'atre, les bergers disent le cre~ 0 Ce détail est d'ailleurs nécessaire ·. u dehors !out est silence. Le vent fixer le tirage définitif de la feuille, . re.hent son hale~e, et le torrent ne géseuls recevront désormais sûrement Ir un 10 :Cn~~e, s il Y a dans le mois mit plus .. Soudam, une voix fend l'essouscripteurs qui auront transmis 1 eillard qui desce uJ ~a ~errd passAe un p_a ce yetant aliX échos d'alentour de adhésion en temps utile. cr front brill n u . 0 ~ des ag.es. serap Iques accents,. et d 'un commun acLa Rédaction et l'Administration Il~ /es ténèbres ep~ne etoile.. Il ar_n~e co~1· td~vant la samte image, tous se e . t . r une nwt de troi- me en a genotiX. C'est l'annonce d' im~s aChavers .~ent.s, bourrasques et grande fête, c'est l a fête des bergers une '. ac~n s mel me sur son passaComme d. . semble fournira aux chrétiens des raisons A . C e_st le .vieux, c'est l'antique Noël .. un gar Ien sur .l a vallée, l'ange fermir leur foi et aux incroyants des mo pr~s lui dans le ciel, un flambea~ à pa.s~e' Il .la couvre de ses ailes Là-bas de s'éclairer. mam, ~ass~ un ange aux blanches VOICI le. village dans la neige et. l'ombre Ce dernier volume ne sera pas des rn es. dDe 1 Onent à l'Occident sa vou· lenseveh. On . croirait que tout sommeilintéressants. Il entre, avec toutes les ress re l'e'tendue. Elle a le son du e, tant le Silence es t pro f ond . Au deans ces de l'expérience, dans les profondeur . Il hors comme a ded toro,n.. en. ton. ne le canti·que d'alle'gres- h uchees • u·ll · ans, ni chants , ni· . notre • moi •, pour analyser 1es pU!ssa L les faiblesses et aussi pour signaler les orre a Dteu au plus haut d · M · · ~ Vei ee est-elle donc finie r ques de l'ennemi du dehors. On lira avec paix sur .la terre. Avec lui e~o=: 1 ai~ au VIeux clocher minuit sonne et fit les pages consacrées à la déionnatio e seule VOIX, des milliers de 'voix s'ées c oches carillonnent. O!oire à Dieu l'esprit par l'abus de l'esprit critique, les j ent. Les cœurs s'ouvrent à la . . :e~ ~~~t hlaeutNd~~l cdieux, paix sur la ternaux, le roman, le théâtre, de même qu. est la nuit de l'espér JOie. N .. d oe es croyants, c'est le instructions sur le luxe, les arts, le sent Si parfois dan 1 ~ce. oe1 es montagnards. du beau, la séréuité de l'âme. L'auteur n la foule d s es Cit~s le murmure Et 1 f 1 clame jamais, il raisonne, aussi exciter es sont ' anfs les palais, le bruit des a. ou e s'achemine vers l'antique 1 ses lecteurs à réfléchir par eux·mêmes. I ~ · P us orts que la voix de l'an- ~anctuau:e, où déjà avant nous les pères e nos peres sont venus se mettre à ge 1 portera également à mieux agir, car, dans tu deh~rs •. elle retentit claire et vites ces instructions, règne un esprit qui d e et reveille les échos. Elle port ~oux. Ils dorment sous la neige et de la vie à mener un sens vraiment éle ~once de la bonne nouvelle. · e ?tJ?bre ~e la croix, sur le sol de l' Helchrétien. rete. Dans les chaumières dr!en ne ve 1e, ma1s la même · 1 s'allument. C'est la fe~te' e:. a~- l'étoile brille . VOIX nous appelle, ··1 d ~usst pour nous. C'est le · · d e ceux qui ont le cœur pur.des pet1ts N oe Et e nos peres: pour tous, vzeux et jeunes, grands

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2 et petits, c'est la fête par excellence, où dans le frissonnement de la nuit, devant le bel enfant chacun vient se mettre à genoux. Sur l'autel l'étoile brille, dans nos cœurs habite la foi, et l'ange dit:

Tels furent les sentiments de Marie Immaculée. Joie et reconnaissance, confiance et amour! Voilà ce que, nous aus«N'ayez point de peur, je vous annonce si, nous devons éprouver auprès du diune {!rande joie, qu; sera pour tout le vin berceau. C'est aussi pour nous que le Christ est né, comme c'est pour nous peuple.» C'est la nuit de Bethléem, c'est la qu'il est mort sur le Calvaire. Approchons-nous donc de la Crèche de Bethnuit de la bonne nouvelle. MARro. léem avec un cœur bien pur et consacrons au bon Jésus le reste de notre vie, afin qu'au souvenir des vertus qu'il a pratiquées en naissant, nos jours s'écoulent dans la patience et la charité, dans l'humilité et le détachement des Auprès du divin Enfant biens terrestres. Comprendre les grandes leçons de la nuit de Noël, c'est bien céN'ayant trouvé aucune place dans les lébrer le premier avènement de Jésushôtelleries de Bethléem, Joseph et Ma- Christ et bien se préparer pour le jour rie ose réfugient dans une pauvre grotte. où il viendra dans toute sa gloire et C'est là que Jésus entre dans ce monde toute sa majesté. Si nous sommes les et que Marie peut contempler, pour la amis du divin Enfant, nous craindrons première fois, le fruit béni de ses chas- moins de nous présenter à Lui, quand tes entrailles. nous serons appelés à son tribunal s~ «Quelle mère, s'écrie le B. Père Ca- prême. nisius, a jamais salué avec une joie aussi grande la naissance de son enfan~? Laquelle a jamais, autant que Mane, Un Réveillon de Noër ressenti le besoin de l'aimer? Oh! elle connaissait si bien les perfections inLe 15 octobre 1893, un grand artiste chr écomparables de ce Fils, infiniment su- tien, Charles Gounod, s'endormait du sompérieur en dignité, non seulement à tous meil des justes et rendait paisiblement son les autres enfants, mais à toutes les au- âme sur le Cœur de Marie. Voici un trait de tres créatures qui peuvent être appelées sa vie qui nous révèle la bonté de son cœur à l'existence! Quelles vives ardeurs de- et sa délicate charité. La douce et belle fête de Noël nous invite à vaient par conséquent, enflammer son noble 'cœur! Avec quel ravissement de le reproduire. A Paris, en 1841 , par une froide et brubonheur n'aura-t-elle pas accueilli ce tré- meuse de décembre, le 24e jour du sor de la bonté suprême? 0 vierge ai- mois, unsoirée homme de haute taille, appuyé sur mable, couvrez de vos baisers ce.. divin un bâton, suivait péniblement la rue MazaEnfant; serrez-le contre votre pottrrne; rin. Ses vêtements étaient insuffisants pour le savourez à longs traits le plaisir de le garantir des morsures de la bise qui, ce soirregarder; goûtez le charme ~e son S?U- là, soufflait avec rage; un chapeau à larges rire et de ses caresses! Ce Ftls est reel- bords, rabattu sur son visage, ne laissait voir qu'une longue barbe et de grands cheveux lement le vôtre; il n'appartient qu'au blancs tombant sur ses épaules voûtées. n Père céleste et à vous. Ecriez-vous donc portait sous le bras un objet de forme oblonmaintenant avec le prQphète: Pour moi, gue enveloppé dans un mouchoir à carreaux.

;e me réjouirai dans le

Sei~neur

et je

3

tressaillerai d'allé~resse en. Dieu mon Sauveur!»

Il traversa le pont et la place du Carrou-

..

sel, s'arrêtant plusieurs fois, puis il s'éloigna, vacillant sur ses jambes et vint échouer rue des fontaines. Là, il releva la tête, et voyant de la lumière aux fenêtres. il recommença une mélopée. si triste, si discordante, que deux ou trois polissons se sauvèrent en se moquant de lui. L'homme. découragé. s'assit tristement sur la marche de l'allée, posa son instrument sur ses genoux, en murmurant: • Je ne peux plus jouer!... Mon Dieu! mon D ieu! ayez pitié de moi!» Et un sanglot plein de larmes s'échappa de son cœur. A ce moment, et par cette même allée longue et sombre, arrivaient trois jeunes gens fredonnant un air en vogue. Ils n'aperçurent pas tout d'abord le joueur de violon: l'un le heurta du pied, l'autre renversa son chapeau, et le troisième resta tout saisi en voyant se dresser et sortir de l'ombre ce grand vieillard, à mine fière et hum· ble à la fois. • Pardon, monsieur!..... Est-ce que nous vous avons fait du mal?» - Non, répondit le violoniste, en se baissant péniblement pour ramasser son chapeau. Mais un des jeunes gens le devança et le lui tendit, pend~· j que son camarade avisant l'instrum... ;fe questionna: - Vous êtes musicien, monsieur? - Je l'étais autrefois, soupira le pauvre homme, et deux grosses larmes roulèrent sur ses yeux. - Q u'avez-vous? Vous souffrez? Pouvonsnous vous venir en aide? Le vieillard regarda les trois jeunes gens; puis il leur tendit son chapeau en murmurant: faites-moi l'aumône; je ne peux plus gagner ma vie en jouant du violon; j'ai les doigts ankylosés; ma fille se meurt de la poitrine et aussi de misère. Il y avait tant de douleur dans l'accent de ce vieux mendiant, que les jeunes gens en furent remués jusqu'aux larmes. Bien vite ils nùrent la main à leurs goussets et en retirèrent tout ce qu'ils contenaient. Hélas! le premier 50 centimes; le second 30 centimes; et le troisième un morceau de colophane!. .. Total seize sous pour soulager tant d'infortune! C'était peu! ils se regardaient piteusement. • Anùs! s'écria tout ému celui qui avait questionné le malheureux, un coup de collier et trois coups de cœur! ... C'est un confrère! Toi, Adolphe, prends le violon et accompagne Gustave, pendant que je ferai la quête. »

Aussitôt dit, aussitôt compris. Les voilà relevant les coUets de leurs paletots, ébouriffant et ramenant leurs cheveux sur leurs visages, enfonçant leurs chapeaux sur leurs yeux. • Maintenant de l'entrain et de l'ensemble! • s'écria Charles. Puis interpellant Adolphe: • En avant ton morceau de concours, Adolphe. pour amasser du monde! • Sous les doigts exercés du jeune virtuose, le violon du pauvre résonna joyeusement, et le • Carnaval de Venise • s'égrena avec un brio extraordinaire. Toutes les fenêtres se rouvrirent, les passants s'attroupèrent, des applaudissements éclatèrent de toutes parts, et beaucoup de pièces blanches tombèrent dans le chapeau du vieil· lard, placé en évidence sous le réverbère. Après un temps d'arrêt, le violon préluda de nouveau. • A toi, Gustave •, commanda Charles. Le jeune homme dénommé chanta avec une voix de ténor, vibrante, chaude, superbe! Et l'auditoire, ravi, criait: • Bis! bis! bis! • Et la quête allait grossissant et la foule devenait de plus en plus compacte. Devant ce succès et cette recette, le promoteur de l'idée, Charles, ajouta: • Allons, pour finir, le trio de • Guillaume Tell! • Le trio commença. Alors le vieillard, qui jusque là était resté immobile, n'osant en croire ni ses yeux, ni ses oreilles, craignant d 'être le jouet d'un rêve, se redressa de toute sa hauteur, l'œil brillant, le visage transfiguré; et, saisissant son bâton, il se mit à battre la mesure avec une telle maëstria que, sous son impulsion, les jeunes exécutants électrisèrent, enthousiasmèrent la foule qui ne leur ménagea ni ses bravos, ni son argent. Le concert fini, l'attroupement se d issipa assez lentement. I.es jeunes gens s'approchèrent du vieillard suffoqué d'émotion. • Vos noms? murmura le pauvre homme, pour que ma fille puisse les placer dans ses prières. Le premier dit: Je m'appelle la foi. - Moi, l'Espérance, ajouta le second. - Alors, je suis la Charité, fit le troisième en déposant devant lui le chapeau débordant de monnaie. - Ah! messieurs! messieurs! Sachez au moins qui vous venez d'obliger si généreusement! Je me nomme Chappen, je suis Alsa·


4 cien. Pendant dix ans j'ai été chef d'orchestre à Strasbourg, j'ai eu l'honneur d'y monter Guillaume Tell!.... Hélas! depuis que j'ai quitté mon pays, le malheur, la maladie et la misère m'ont accablé. Vous venez de me sauver la vie. • Et le bon vieillard pleurait. • Grâce à cet argent, reprit-il, je pourrai retourner à Strasbourg où ie suis très connu, où l'on s'intéressera à ma fiile! L'air natal lui rendra la santé. Vos jeunes talents que vous avez mis si simplement, si noblement au service de ma misère, seront bénis, je vous le dis et prédis: vons serez grands parmi les grands! • • Ainsi soit-il, • répondinmt les trois amis. Mais si vous êtes curieux, lecteurs. de savoir comment s'est accomplie la prédiction du vieux Chapoen, je puis vous rêvéler les noms des trois élèves du Conservatoire. Le ténor s'appelait Gustave Rog-er! Le violoniste. Adolphe Hermann! Le quêteur. Charles Gounod! Beau réveillon de Noël. puissiez-vous provoquer dans l'âme. dans le cœur de tous nos lecteurs un {!'rand esnrit de charité pour les muvres et les malheureux! L:1. charité porte bonheur, le doux enfant de la Crêche de Bethléem la prêche et la bénit. Celui qui donne aux pauvres prête à Dieu, qui a promis qu'un verre d'eau donnée en son nom, sera rendu au centuple. ----------~-·~------------

Pour l'Arbre de Noël

5 Noël! C'est jour de gaîté franche, Enfants qu'il aimait réunir Autour de sa tunique blanche Et, de ses douces mains, bénir. Ce soir, par Jésus qui vous aime, Ces jolis cadeaux sont offerts, Que vous admirez ici même Pendus à ces feuill~ges verts. Sovez iovenx! il vous invite. Chers petits, à rire, à chanter. Hélas! l'âge viendra trop vite, Pour vous tous, des croix à porter. Car tout chrétien aura la sienne, Et son fardeau toujours est prêt. Alors, il faut qu'il se souvienne Du charpentier de Nazareth. Tous on du moins en très grand nombre. 0 fils du Paris suburbain, Vous vivrez plus d'une heure sombre Dans l'âpre lutte pour le pain. Ah! pariez vos croix sans colère, Puisque Jésus-Christ mort pour nous, Sous ce poids montant au Calvaire, Tomba trois fois sur les genoux; Et vous aurez pour récompense D'aller au ciel, - il l'a promis, Dans la paix et dans l'innocence, Pour toujours, chers petits amis. françois COPPEE, de l'Académie française.

Celui gue cette nuit vit naître, Chers petits enfants du faubourg, fut ouvrier, le divin Maître, Comme vous le serez un jour.

La fête de-Noël 'en Bretagne

Avant d'apporter le message Du ciel aux peuples ignorants, Il a fait son apprentissage, Humble et soumis, chez ses parents,

Une des fêtes de mon enfance les plus célèbres pour moi était la fête de Noël. Je la revois encore aujourd'hui. II me semble que je retrouve tout, même l'enfant que j'étais alors, avec un certain nombre de bons génies qui l'entouraient en souriant pour lui donner du bonheur et du courage, et qui se sont évanouis l'un après l'autre. Je ne vous cache pas que ces souvenirs remontent à beaucoup plus d'un demi-siècle. Il me semble que c'était hier, et mê· me parfois que c'est aujourd'hui. Nous étions dix-huit à la table de famille et voilà longtemps que ie suis seul. Vers 11 heures, le bruit des sabots dans

Dans son atelier, pauvre échoppe Au toit de chaume, aux murs de bois, Avec sa hache et sa varlope, Peut-être a-t-il taillé des croix; Et, fouillant la sciure fraîche, Qui de son établi tombait, L'Homme-Dieu, né dans une crèche, Prépara son futur gibet.

(Extraits des souvenirs de Jules Simon)

toutes les directions annonçait l'arrivée des gendarmes, sabre au clair, entourant l'autel, paysans. Ils venaient tout droit jusqu'à la mai- et le maire avec ses deux adjoints, debout du son où les femmes seules entraient. Les hom- côté de l'Evangile, ceints tous les trois d'une mes restaient, quelque temps qu'il fit, sur le écharpe de soie blanche, n'ajoutaient pas peu terre-plein qui ne tardait pas à être débordé. à l'éclat de la cérémonie. Le village n'était pas grand, mais la paroisse Je savais de science certaine que l'Enfant s'étendait fort loin et était très populeuse. A Jésus allait descendre au milieu de nous au moins d'être retenu dans son lit par une gros- moment de l'élévation; mais je savais aussi se matinée, on venait à la messe de minuit. Il qu'on ne le verrait pas, ce qui diminuait siny avait là bien près de trois mille personnes. gulièrement ma joie. Sa figure m'était familière, La foule couvrait les rues qui entouraient le cicar mes sœurs avaient eu soin de me donner metière et le cimetière lui-même. Le recteur se son portrait fait en cire par un artiste de Lotenait dans la cuisine, devant un grand feu où rient. Je n'en regrettais pas moins de ne pouétincelait la bûche de Noël, qui n'était autre voir lui baiser la main en signe de tendresse chose qu'un tronc d'arbre non débité ni dé- et d'admiration. Je me sentais le cœur plein grossi. de reconnaissance pour lui, surtout quand je Notre recteur était pour nous tous, grands songeais qu'il n'oublierait pas une paire. de et petits, un grand homme. Nous l'adorions. souliers que j'avais placée dans la chemmée Ce n'était pas à cause de sa charité: on n'est de ma chambre, de concert avec ma tante Gajamais étonné en Bretagne de voir un prêtre brielle avllnt de partir pour l'église. Au midonner tout ce qu'il a; m:1is on l'adorait parce liru d~ cette agitation un peu mondaine subqu'il était l'un des héros obscurs de la guerre sistait un profond étonnement. Cet enfant était des chouans. Il avait été l'aumônier, le pour- un Dieu. Comment étant un Dieu pouvait-il voyeur et le chirurg-ien de ce qu'on appelait être un enfant? II me semblait qu'il aurait pn dans le pays l'armée de Cadoudal. Tous les être recteur, s'il avait voulu. Et comment .pouhommes qui étaient là avaient été ses compa- vait-il être à la fois dans toutes les éghses? gnons de péril vingt ans auparav~nt, et les Etait-il en même temps dans le ciel? plus jeunes savaient qu'il avait été l'ami et le J'avais fait part de mes inquiétudes à. M. conwlateur de leur père. II était revenu en Meizan, notre recteur, dès l'année demtère. 1802, avec la religion. et depuis ce temps-là (nous marchions sur 1822). il n'avait pas quit- Mais il n'avait fait qu'en rire. • Regarde si cela me trouble moi qui suis plus sage et plus té le presbytère de Sa inti-Jean. Au coup de minuit les deux cloches com- savant que 'toi ... Ce sont de sottes pensées qu' mençaient leur joyeux carillon , le recteur se il faut chasser sous peine de désobéissance. Il découvrait et. debout sur le perron, il disait te suffit de savoir que l'Enfant Jésus est là, et les prières de l'Ang-elus (Ang-elus Do mini nun- qu'il est ton sauveur et ton bienfaiteur. » Je ne fus pas trop étonné, quatre heures ti~vit M~ri~e) Le peuple répondait. Sur la deraprès de me réveiller dans mon lit. Je savais nière syllabe, il commençait à monter suivi de toute la cong-rég-ation, le haut escalier de pier- que je n'.v avais pas été porté par l'Enfant-Tére oui conduisait au cimetière et qui était de- sus, ni par les anges, mais par ma tante Gavant nos fenêtre!:. Un quart d'heure après il brielle ou peut-être par ma mère e11e-même. Je savais aussi, et c'était ma première pensée, était au pied de l'autel. Comme je me souviens des moindres dé- que ce jour-là était celui où l'Enfant Jésus faitails extérieurs, je me souviens aussi de mes sait ses largesses. Mes premiers regards s'éimpressions. Elles étaient toutes dans la pre- taient portés sur la cheminée, et j'avais vu, mière partie de la cérémonie, à l'admiration juste à la place où je l'attendais, un gros paet la joie. La famille était placée à l'aise sous quet qui venait probablement du cieL Je n'avais fait que l'entrevoir, parce que la chaire; elle avait des chaises, les seules qu' il y eût dans l'église. On voyait de là toute j'avais immédiatement fermé les yeux, docile à l'assemblée: d'abord les hommes, tous debout, un commandement exprès qui interdisait de remptissant la nef depuis la balustrade du regarder dans la cheminée avant d'avoir reçu chœur jusqu'à la table de Saint-Jean sur la- le baiser maternel. quelle les fidèles déposaient leurs offrandes, J 'ose dire que je déployais un véritable une quenouille garnie, une pièce de toile, une courage moral en restant les yeux fermés, motte de beurre, une paire de poulets, des sa- malgré une tentation de cette force. Je récitais, bots, toutes les richesses de la création. Trois pour me fortifier, l'ocaison dominicale où se


6 trouvent ces mots dont je comprenais toute la force: • Et ne nous induisez pas en tentation •. La tentation me venait par instant de croire que c'étaient ma mère · et mes sœurs qui fai· saient l'office de l'Enfant Jésus, et je me promettais d'examiner attentivement les enveloppes pour voir si je n'y trouverais pas l'adresse du • Nain bleu • ou du • Chat botté. • Puis je me souvenais que l'abbé Moizan m'avait appris que l'Enfant Jésus avait recours à des intermédiaires pour répandre ses bienfaits. Lui-même, l'abbé Moizan, et M. Cof· fic, son vicaire, avaient reçu plusieurs commissions de ce 2"enre. Je n'en étais pas moins dans une grande agitation, partagé entre le désir de voir ce qu'il y avait dans le paquet, et le désir très ardent et très lancinant de savoir comment il était venu là. Ce désir était sans doute criminel. C'était peut-être le démon nocturne dont il est question dans l'Eucologe et qu'il faut chasser de sa pensée... Enfin, ma mère arrivait et avec elle la délivrance. Pendant que je coupais les ficelles et que je déchirais les enveloppes, l'hérétique disparaissait complètement pour faire place à l'enfant enivré des merveilles de l'industrie !orientaise. Je n'étais pas de ces dédaigneux et de ces volages qui jettent un jouet après s'en être servi une journée. Je suis de la race des persévérants. Je m'attache à tout ce qui m'a fait du bien, et ce que j'ai une fois aimé, je l'aime toujours. Jules SIMON.

Amour filial CONTE DE NOEL.

La neige tombait à gros flocons sur la route qui sépare le faubourg de Belmont de la petite ville de forège. Dans la demi-obscurité d'une après-midi de décembre, un petit être y circulait au demi-trot, tout emmitouflé dans une large pélerine. C'était le fils unique de la veuve Marot, un jeune garçon de treize ans, habitant, avec sa mère, une pauvre masure du faubourg de Belmont, dans le Jura. La veuve Marot avait perdu son époux depuis deux ans, tué dans un accident de mine, au service d'un carrier de forège, qui n'avait pu verser à la famille de la victime aucune indemnité, parce que le mauvais état de ses affaires ne !tli avait permis que de maigres secours.

La veuve restait seule, à quarante ans, avec un enfant de onze ans, passablement chétif, et dont elle ne pouvait encore attendre aucun soutien. La situation était terrible, dans un milieu entièrement ouvrier, où les femmes ne trouvaient aue des emplois infimes et mal rétribués. D'ailleurs. elle avait son enf~nt à soi~<ner. un exceltent cœur. sensible et affectueux. oui ne viv~ it aue nour sa mère maiR que !'école exigeait jusqu'à l'âge de quinze ans. Jusque là, il fallait coûte que coûte trouver un gagne-pain pour vivre les deux, si bien que mal; après quoi, avec les bons sentiments du petit François, son intelligence et son courag-e. l'existence deviendrait moins pénible. Ainsi pensait la pauvre veuve en considérant le malheur où la jetait la perte de son bon mari. Ce pauvre Joseph était bien le meilleur des hommes, il eût sans doute été un modèle, sans cette passion du vin qui l'étreignait à dates périodiques. Le jour de la paie, en effet, Joseph Marot, plus par faiblesse que par goût. passait sa soirée au café et rentrait chez lui éméché et le gousset allégé. Il est vrai qu'il n'avait pas le vin méchant et cherchait chaque fois à racheter sa faute par une attention bienveillante. Ainsi, un soir il apportait sous son bras un beau fuseau de pain blanc ou un quartier de bœuf pour le pot-au-feu. Et sa bonne Françoise. devant sa repentance. se contentait de le gronder, affectueusement. Puis le terrible accident était survenu un beau matin de iuin. au commencement de la journée. Un éclat de pierre avait ouvert le crâne de l'ouvrier mineur, et il s'était affaissé en murmurant le nom de Francaise. pour la dernière fois. • · Il y avait bientôt deux ans que le pauvre Joseph dormait au cimetière. L'l. veuve avait recu quelques secours de ses voisins et du maitre carrier, touchés de son dénûment. Puis elle avait vendu un lopin de terre. toute la fortune qu'elle ooscédait. et se trouvait. en ce jour de veille de Noël. à bout de re~sour­ ces. malade et abandonnée. Elle souffrait. par dessus fout. de voir con cher enfant privé du nécessaire. alors que tant d'autres re.~orgeaient de superflu. Elle ne se plai!111ait pll.s, cependant. et. en chrétienne rési!!'née. se disait ou'il 1' en avait encore de plu~ Tnalheurenx ou'elle aue l'amour de Dieu renn~it sa r:roix Plt1s lé· a-ère. qu'elle s'en reme1tait à Sa sainte volonté.

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Mais le froid et les privations avaient altéré sa santé, une sombre tristesse l'obsédait, malgré ses efforts pour résister, elle dut s'aliter et la fièvre la fit délirer. Epouvanté, François, sitôt rentré de l'école, quitta la maisonnette, pria une voisine de veiller un moment sur la mère et partit au galop pour Forège, situé à deux kilomètres de Belmont. La neige tombait, large et serrée. La petite ville était tout en 'fête ; les rues étaient éblouissantes de clarté, les magasins étalaient des vitrines richement garnies de jouets, de vêtements, d'oies grasses, de pâtisseries, à l'odorant fumet. François, devant tant de belles et bon· nes choses, avait le cœur tout gros. Ah! se disait-il, si je pouvais au moins porter quelque chose à maman! Le jeune homme arrivait au détour d'une rue large et silencieuse. Un grand parc s'étendait au loin, tout entouré de hautes grilles dorées. Au milieu des massifs de lauriers et de houx, une villa dressait ses pignons armoriés, bordés de gargouilles de fer forgé, aux gueules grimaçantes de chimères. C'était là que le pauvre enfant allait frapper, à cette lourde porte de chêne dont le heurtoi re de cuivre étincelant jetait dans la pénom· bre un joyeux reflet, quelque chose comme une lueur d'espérance. François s'arrêta devant la porte grillée et, résolument, pressa le bouton électrique. Les aboiements d'un chien se firent entendre dans le chenil, une porte s'ouvrit et un homme portant la livrée des portiers de • grande maison » parut sur la porte. Il se dirigea d'un pas mesuré vers la grille. toisa dédaigneusement le petit garçon qu'il prit pour un mendiant et lui dit, d'un ton rogue: «Ce n'est ni le jour ni l'heure de venir mendier ici, tu reviendras demain. • - • Je ne viens pas pour mendier, - répondit François d'une voix émue, - je désirerais parler à M. Rolland. » Le portier avait reçu de son maître la consigne d'introduire indistinctement toute personne désireuse de lui causer; en sa qualité de maire, il pouvait avoir à toute heure des communications urgentes à recevoir. D'ail· leurs, M. Rolland était avant tout un homme charitable, selon les préceptes de l'Evangile; il travaillait de toutes ses forces à la diffusion des maximes chrétiennes, estimant qu'elle ne devait pas être un vain mot, la parole de Celui qui a dit: • Vous êtes lous mes enfants, aimezvous les uns les autres! • Le portier conduisit le jeune quémandeur

à la villa et le fit entrer âans la salle d'attente réservée aux visiteurs. Le maître de céans arriva bientôt, et, devi· nant quelque infortune, tendit la main au petit garçon en lui disant avec bonté: • Que désirestu, mon ami? • François était tout tremblant, mais l'image de sa mère malade et dénuée se pr~senta, suppliante, à son esprit et lui clonna le courage qui, dans les situations extrêmes, fait naître les héros. - Je suis le fils de Joseph Marot, l'ouvrier mineur qui a été tué dans les carrières de Belmont, il y a deux ans. Ma mère est bien malade; quand je l'ai quittée, elle délirait et ne me connaissait plus; nous ne possédons rien pour appeler le médecin et la soigner, et je viens vous faire une demande que je vous prie, pour l'amour de Dieu, de ne pas me refuser!» - Ce disant, le pauvre enfant éclata en sanglots. - M. Rolland était sensible, cette sincérité et cette douleur le touchèrent profondément, il sentait, dans ce cœur d'adolescent, une maturité précoce, due à l'adversité. - • Ne pleure pas, mon brave, - il y a remède à tout, et je crois que nous pourrons arranger les affaires, quelle est la proposition que tu veux me faire? » « J'ai treize ans seulement, reprit l'orphelin, - il me reste encore deux ans d'~ cole à faire; après quoi, je m'engage à travailler un an à votre service, à l'emploi qu'il vous plaira de me confier; en échange, je viens vous demander de bien vouloir me prêter un peu d'argent pour soulager ma pauvre mère et l'arracher à la mort, car sans elle, que ferai• je au monde! » - Les pleurs inondaient le visage du bon fils; le maire, que l'émotion avait gagné, ne put répondre que ces mots: « J'accepte ta proposition. » Puis il sonna son valet de chambre, lui commanda de faire atteler sa voiture et dix minutes plus tard, le carosse de M. Rolland roulait au grand trot vers le faubourg de Belmont. La masure de la veuve Marot était plongée dans une morne obscurité; la malade, assistée d'une voisine, buvait avidement un thé de mille-fleurs qui paraissait la calmer et chasser la fièvre. - M. Rolland eut bien vite constaté l'exactitude des déclarations du brave petit François. II s'approcha discrètement du lit de la malade et lui prodigua les meilleures assu· rances; vous avez un bon fils, madame, je le prendrai à mon service dès qu'il aura terminé ses classes, et, à titre d'arrhes, je vous remets


8 un petit versement qui vous permettra de faire face à .vos premiers besoins. Sous peu, je reviendrai, prenez courage et patience, et Dieu fera tout pour le mieux. Puis l'excellent homme glissa un billet de cent francs dans la main de la veuve et disparut après avc;>ir serré affectueusement la main de françois en lui disant: • En ce beau soir de Noël, c'est le Seigneur qui t'a conduit chez moi, pour récompenser ton amour filial; continue à honorer ta mère et Dieu ne t'oubliera jamais! • Quelques minutes plus tard la voiture de M. le maire reprenait le chemin de forège, enveloppée dans la neige épaisse et les voiles du crépuscule qui s'étendaient sur la terre. Et dans l'humble masure de la veuve, un bon feu se mit à pétiller dans l'âtre, le médecin déclara que la maladie de la mère n'était qu' une extrême faiblesse, due au manque du né· cessaire; la soirée se passa en petits soins dé· voués et, quand minuit sonna à la chapelle du faubourg, la veuve Marot, assise sur sa couche, priait à haute voix avec son fils agenouillé devant son lit, et répétait avec lui les sublimes paroles du cantique: Gloire à

Dieu, au plus haut des Cieux! Solandieu.

Conte de Noël C'était un soir d'hiver, la veille de Noël, La veille de ce jour si grand, si solennel, Où les petits enfants en disant leur prière Demandent à Jésus dans le plus grand mystère Des joujoux, des bonbons et s'endormeht joyeux [sont heureux! Dans leurs chauds petits lits, ah! comme ils Cependant au dehors toujours tombe la neige, Et serrant son manteau qui du froid le protège, Le passar.t attardé regagne son logis Et se hâte en soufflant entre ses doigts rougis. Un pauvre enfant, tout seul, chemine avec tristesse. Il a hier. froid, il tremble, il grelotte sans cesse, Ses membres engourdi s ne peuvent le porter. Il est si fatigué qu'il ne ~u t plus chanter Son triste chant d·hiver et son cri monotone De petit ramoneur: •C'est celui qui ramone ... • Malheureux orphelin, sa profonde misère L'a livré sans défense au maître trop sévère Qui lui donne à regret de vieux croûtons de pain Et trop souvent le bat quand il ne gagne rien.

II arrive pourtant à sa pauvre mansarde Et d'un air attristé autour de lui regarde: • Je suis tout seul, dit-il, mes parents sont au ciel Qu'elle est triste pour moi la fête de Noël! Oh! bon Jésus, dit-il, regarde ma misère, Pourquoi m'as-tu sitôt séparé de ma mère, De mon père, aussi bien de tous ceux que j'aimais Et que je ne pourrai plus embrasser jamais. Oh! cher petit Jésus, pourtant j'ai confiance. Malgré tous mes malheurs et toute ma souifranJe t'aime, tu le sais, et t'aimerai toujours, [ce, Et je veux te servir jusqu'à mon dernier jour. • Perdu dans de beaux rêves et bien loin de la terre, [prière; Le pauvre enfant resta bien longtemps en Mais en se relevant il se mit à penser: • C'est ce soir, se dit-il, que Jésus va passer, Mais pour venir ici, comment pourra-t-il faire Dans ce pauvre logis, sans foyer, sans lumière, Sans che!llinée surtout ? Il ne pourra venir Et ne me laissera pas un petit souvenir . • Il cherche tout autour de ce qui l'environne Un chemin pour Jésus, mais soudain il rayonne. • J'ai trouvé, s'écrie-t-il, le moyen le plus sûr.• Et le pauvre enfant chante en son logis obscur. A la lucarne il court, par l'étroite ouverture Il g-~ impe sur le toit, et toute la nature [ciel Est blanche en ce moment, et dans le noir du ~s astres sont brillants d'un éclat sans pareil. L'enfa nt va se blottir près de la cheminée, L'âme pleine de fo i, la figure animée. • Là je suis bien placé, se dit-il, pour attendre Ce cher petit Jésus. car, avant de descendre ' Il sera bien forcé de me voir en passant Et laissera pour moi un tout petit prése·nt Dans mes pauvres souliers •, et fermant ses paupières Le petit malheureux oublia ses misères. Il n'at1end pas longtemps. Dans l'air silencieux Une vive lumière apparaît à ses yeux. C'est Jé~us! ~evoilà ! Dans son brillant cortège, Que fa1t m1eux ressortir la blancheur de la neige, C'est Jésus! Il s'arrête devant l'enfant glacé: •Que fais-tu, cher petit? pourquoi t'es-tu placé Sur ce toit, à cette heure oü la nature entière So~meille? Va, petit, j'entends ta prière Et Je veux l'exaucer. Pauvre enfant, viens à Et l'enfant répondit à cette douce voix. [moi!• Et Jésus, entraînant l'orphelin dans l'espace, L'emmène où le chagrin ne laisse nulle trace Où tout est paix, bonheur! Et là-haut dans 1~ L'enfant put célébrer la fête de Noël. [ciel Blanche BLANC-GALTI ER.


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