30 année
LE FOYER ET LES CHAMPS Les Etoiles
Gustave, un amusant blondin, Aux yeux vifs, à l a mine ouverte, Chez sa mère, au fond du jardin, Fit une étrange découverte: Un soir, par une de ces nuits Où le ciel scintille, sans voiles, En regardant au fond du puits, Gustave y compta trent e étoiles. Il eût bien voulu les pêcher, Mais d'aller dormir c'était l'heure, Donc, à regret, pour se coucher, L'evfant regagna sa demeure. Dans le petit lit de satin, Pour le gamin la nuit fut brève, Car, jusqu'au len demain matin, Il vit les étoiles en rêve.
cle chèvre surexcite les enfants. Le lait ùe chèvre donn:- aux enfants l'entrain et la gaieté, qui sont des signes de s~lllté et qu'en aucun cas, on ne doit .:;on{ondre avec l'énervement. Trois à quatre livres de foin, avec des épluchures de table et de cuisine. constituent la ration suffisante pour la n ourriture d'une chèvre. On peut y joindre un peu d'eau de vaisselle mêlée de son pour activer , la production du lait. CUISINe:. PoJDJDes au beurre.
Pelez les pommes entières el videz-les. Coupez des tranches de pain de la grandeur des pommes. Beurrez Au petit jour, il s'en revint le fond d'une tourtière, et placez-y les Au puits contempler la merveille. ronds de pain et les pommes par-desIl chercha partout, mais en vain, sus. Les trente étoiles de l a veille. Mettez du beurre, auquel vous au~ez An logis il revint s'asseoir, ajouté du sucre en poudre, dans Je viLes paupières de pleurs mouillées: de résultant de l'enlèvement du cœur «Petite mère, viens donc voir; de la pomme; saupoudrez le tout de «T.es étoiles se sont noyées!» sucre r~'tpé, mettez sur un feu doux et Jules JOUY. couvrez avec un couvercle garni de feu; au bout de trois qua.rts d'heure environ, les pommes sont cuites. On les l'élevage de la chèvre sert dans la tourtière ou on les enlève avec soin sur leur pain, qui se trouve pour les placer sur un autre rissolé, l_Tn courant de sympathie semble se manifester en faveur de la chèvre plat. On détache avec quelques gouttes et ce n 'est que justice. La facilité avec laquelle on entre- d'eau bouillante ce qui peut être resté tient la chèvre, même dans les villes, an. plat, et on le ·verse sur les pomla possibilité qu'elle offre de procurer mes. On met un peu de gelée de groen toute saison du lait de lactation au centre de chaque pomme et seilles récente. sa résistance à l'infection tuberculeuse, toutes ces conditions ren- ou sert. draient infiniment avantageuse l'installation, dans les villes, de nombreuses netites chèvreries. ~EN SÉES Les Algériens, les Maltais, les Grecs, les Napolitains ne font usage que du La plus grande marque de petitesse lait de chèvre. d'esprit, c'est de croire légèrement touUn préjugé absurde veut que le lait , tes choses.
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Moniteur du Musée industriel et pédagogique . . e dllnne de 1o a 12 L'Ecob pnmatr
livraison~ de 16 "' ris la couverture, et HUt.ant ··~ pa.~oes chacunde, n8o~~~~ppa;es penrlant l'année ordinaire snppléments e b ) 't d 1er Janvier au 31 Déce:n re . ( SOI u 1& • 1 1 est en outre apporté un supplémPnt . 1 Chaque illustré de 8o1spages intltu é : L e F oyer Pt 1eR Champ"!.
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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur let publi~cttion doit être ctdress0 Tout ce qui con~erne M p PIGNAT Che~ de Ser1L'ice directement à son glllrctnt, · · ', ctu D0pctrtcment de l'Instruction publique, ct Sion.
Nos meilleurs souhaits-àJ'occasion de la nouvelle année
SION, 20 D~cembre 1911
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Sommaire da pré&ent N° L'enseignement du dessin à l'éc?le primaire (fin). ·- Les. vertus essentielles de l'instituteur. - Educateur et éducation. - A propos de devoirs. - Les mauvais élèves. - L'enseignement du chanrt. -- Calcul pour les tout petits. Partie pratique: Composition, problèmes.
Sommaire au Supplément N°l0 _Grandeur de Marie. - Elle ... - Les tremblements de terre et l'~nnée 1912. - Le vieux poirier. - Le travail des écoliers. - Médecine maternelle. Médecins e!t médecines d'autrefois. A la gorge. - j'ai tant besoin d'une mère. - Le petit. ·- Le chauffage. Distractions d'Ampère et de Newton.
-oLe Jeune Catholique commencera la deuxième année avec sa livraison du 15 Janvie<r 1912. A œtte occasion, le personnel enseign•ant est instamment prié de faire connaître avant le 10 du mois prochain à la direction du journal le nombre des abonnements collectifs arrêté pour l' année future, cela afin de permettre de régler en conséquence le tirage du journal. La direction du feune Catholique constate avec satisfaction que plusieurs écoles ont déjà augmenté notablement la clientèle du petit journal et que d'autres sont venues tout récemment se jQindre à l'effectif aduel. Les rangs. des abonnés au Jeune Catholiqtœ se sont d'ailleurs renforcés non seulement dans le Valais, mais encore et surtout dans le canton de Fribourg et dans le Jura Bernois. Il continue à être mis, sur demande, des exemplaires gratuits à la disp•osition du personnel enseignant pour les faire circuler parmi la jeunesse écoliè· re. Pour conditions d'abonnement, nou.s renvoyons au supplément (feuillet ro6e)
joint à l'édition du 15 novembre du feu-
ne Catholiqtœ.
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L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA
Le Plan-horaire joint l'année dernière pour la première .fois au registre matricule et d'inspection était épuisé. Un certain nDmbre de demandes de l'obtenir de nouveau étan•t p<Nvenues, le Département l'a réimprimé et le met ainsi gratuitement à la disposition des écoles dans lesquelles il n'aura-it pu enco-re ê-tre affiché ou se serait détério.ré entre temps. Toutefois, par raison d'économie de frais d'impression, le personnel enseignant ne doit réclamer ce tableau qu·' autant qu'il est nécessaire ou utile, et il doit veiller à ce qu'il n'ait pas besoin d'êfire changé chaque année. -o.,.
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some année
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M. L. Allet, insp. scolaire. Mercredi, 20 courant, a eu lieu à Sion, au milieu d'un immense concours, l'ensevelissement de M. L. Allet, inspecteur scolaire. Ce regretté et aimé fonctionnaire venait d'être enlevé, après une courte maladie de cinq jours seulement, en pleine activité et exercice des divers emplois qui lui étaient co-nfiés. M. Allet remplissa•it. depuis de 11'0mbreuses années déià, les fondions d'inspecteur, a!)rès avoir c-ccupé pendant longtemps la charg-e de Secrétaire au Déparlement de l'Instruction publique, poste auquel il ava~t été appelé lors de la mise en vigueUT de la défunte loi scolaire de 1873. Il le conserva, sous MM. Bioley et Roten. jusqu'à ce que l'état de sa santé, ne se conciliant plus avec une vie kop sédentaire. l'obligea à démissionner. Il n'en continua pas moins à rendre des services à la cause de l'instnH:tion en remplissant les fondions d'inspecteur des écoles du district d•Hérens et plus tard de celui de Sion, après. la
SOCIETE VALAISAXNE D'EDUCATION
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L'enseignement do dessin à l'école primaire II. Comment faut-il dessiner ?
(La méthode de dessin)
Je limiterai de même ma réponse ~ : la question générale « comment fa_ut-tl : dessiner», en ne vous parlant au1our• d'hui que du modèle plan. A cet effet, ~ ie veux vous indiquer ~a marche ~orma ~ le d'une leçon de des sm du pr~mter de' gré, ayant pour objet le modele ylan. Nous distinguerons: 1. Le ~~otx du modèle et la préparatio_n ~atenelle de 1 la leçon; 2. la méthode a sutvr~ pour la figuration graphique du modele;, 3. ~e contrôle et la sanction des desstns. )
Les programmes de dess_in c;Iis_tin· guent, en général, de~x degres, dtshnction qui repose à la fots sur le genr~ _de modèles proposés, ~t sur~ la _mamer_e dont ces modèles dOivent etre mterpretés en dessin. 1. Choix du modèle et préparation Au premier degré, on propose ~ammatérielle de la leçon me modèles, des suiets qui ne presenLe choix du modèle d~vra ~e. faire tent pas de relie~ ( modè_les plans) ou des sui ets de fatble reltef_ (plan s~; suivant les indications qm ont. ete _donplan bas reliefs) ou des obtets dont 1 e- nées précédemment. L~ mode~e e,t~nt pais~eur est peu apprécia?le. D'autr:e arrêté le maître aura a en fatre 1etupart ces modèles sont tou1ours places de da'n.s le but de uoss~de~ compl~t~ de f~ont. de sorte que les élèves auront ment son suiet, à en preyOir les dtfhtouiours à les figurer sous leur forme cultés de reproduction, afm de l~s rendre abordables aux élèves. La metlleure vraie, c'est-à-dire en eéométral. . Les modèles du second degre s?nt préparation ainsi entend~e de la leço!1 les obiets à trois dimensions. les suJets à donner. est que le maitre f~sse lu~ en ronde bosse. posés d'une façon· quel- même le dessin d'après le modele cho~ conque devant les élèves. Dans ces con- si. Ce dessin serait exécuté da~.s des. dlditions , les modèles ne présenteront mensiOIJ.S suffisantes pour _qu 11 l?mss_e plus que des formes _apparentes, et les être vu de toute la classe_; li serait f~tt élèves auront à les figurer en perspec- simplement, à grands traits, sur papter . t L~.
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d , Comme dans la plupart e 1:0? ~co- -~~est bien entendu que l'enseignement les, on n'a encore guèr~ dessme JUS- du dessin, comme celui ct; l?ute autre bransera simultané, c'es!-a-dtre que tous l~s qu'ici, ce serait une fa~ie que d; vo~ che, élèves dessineront d'apres le meme. modè e. loir introduire dès mamtenant 1 ~nset En procédant de cette manière, on évt_lera des gnement du dessin à tous les degres du lawnes regrettables dans la f~rmahon_ des programme. On se limitera donc, po_ur élèves, le développement d~s aphtud~s vtsuelcommencer, aux exercices du premter les et manuelles sera gradue. et le madre P?urdegré, aux modèles plan~. qu'o1_1 abor- ra plus facilement et plus sûrement remp)tr sa dera d'ailleurs par ce qu lis pres~ntent tâche envers lous, en mettant plus de sutte et de plus élémentaire et de plus stmple. d'ordre dans son enseignement.
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d'emballage, au charbon ou à la craie; enfin. il serait accompagné de toutes les indications de construction, de proportions, etc.. pour servir de base à la leçon, M.ais ce doit être là l'unique rôle de ce dessin du maître. Aussi serait-il bon de le soustraire à la vue, durant le travé!il des élèves, Çtfin d'empêcher la copie pure et simple du dessin. La préparation matérielle de la leçon revient à mettre à la disposition des élè. ves tou_t ce dont ils ont besoin pour le travail graphique. Ce matériel comprend: a) Un sous-main en papier non glacé. afin d 'éviter la dureté de la table; ce sous-main pourra servir en même temp~ d'enveloppe à la feuille de dessin aprè~ la leçon. b) Une feuille de papier passablement résistant. blanc ou légèrement tein~ té et d'un format convenable. Les feuilles volantes sont préférables aux cahiers. Il v a à proscrire le papier quadrillé ou pointillé qui a pu rendre quelque service, à l'école enfantine, mais qui ne répond plus au but à atteindre, ainsi ~ue l'ardois_e et les crayons correspondants, comme étant un matériel trop dur, qui alourdit la main. c) Un crayon tendre; le crayon N° 2 convient le mieux. d) Une gomme relativement molle. e) Des crayons de couleur sous bois (couleurs mates) ou une boîte de pastels avec tortillons. exceptionnellement 1es couleurs à eau avec pinceaux.
1. Méthode à suivre pour la firuration rraphique du modèle Lorsque les élèves se trouvent devant n nouveau modèle, il importe de faire récéder la leçon proprement dite de essin, d'une description sommaire du tiet, et cela sous le rapport de la ma!re. de la forme et de la couleur qu'il ·ésente. On v distinguera également > éléments constitutifs et on fera res-
sortir le rôle que chaque partie joue dans l'ensemble. On dira à quoi le modèle sert, quelle place il occupe dans la nature ou dans l'industrie, comment sa forme s'adapte à sa destination. Enfin, on fera ressortir sa beauté propre et celle qui résulte du ieu de la lumière. Le moqèle choisi peut quelquefois faire l'objet d'une leçon de chose proprement dite. et dans ce cas, les élèves ne seront que mieux ~·réparés à la leçon de dessin. Après cette description. qui sera aussi courte que possible, on passera au tra vail graphique. Dans la représentation d'un sujet, il V a à distinguer deux phases : a) la représentation de la forme par te trait, c'est-à·dire la ·construction du dessin ou l'esquisse; b) la reproduction de l'aspect par l'application des teintes. c'est-à-dire l'en. semble de l'effet ou le fini.
La construction du dessin ou l'esqwisse:
a)
L'esoui5se comprend la mise en place du d.essin dans ses proportions principales et dans sa forme srénérale; puis la reproduction des parties essentielles et caractéristiques du modèle. Et d'abord une bonne esquisse sup pose une bonne mise en feuille. Pour cela il faut : 1. décider dans quel sens de la feuille, il convient de placer son dessin : la plus grande dimension du dessin devant correspondre à la plus grande dimension de la feuille couchée ou dressée; 2. iu,ger quelle dimension du dessin, la hauteur ou la largeur. doit être assurée en premier lieu, pour que la feuille soit remplie par le dessin dans les limites du convenable : on restera d'ordinaire à une largeur de doigt des bords correspondants de la feuille; 3. déterminer les proportions de l'ensemble du modèle, c'est-à-dire le rap-
189 t entre sa hauteur et sa large~r. afin
~?~ablir les dimensio.ns du d essm dans
le~ deux senG de la feuille .
. L'attention est à porter ensUlte sur 1~ forme d'ensemble ~u modè)e. celle qm l'enveloppe, ou qu1 le con ~ter:t tout entier. Cette forme est ~onshtuee l?ar . le? grandes lignes du su1et, et ~e r~d~lt a une ou plusieurs figures geometnques combinées entre elles. Pour reproduire la forme d'~nsem ble, il faut donc démêler et étabhr ~ou tes ces figures . dans leurs proporhons et leurs relations de position et de gran· deur. On passera enfin à l'appréciation. et à la reproduction des diverses pé'rhes constitutives du modèle. et cela, dans l'ordre de leur importance. en ~yant soin de rapporter toujours la ?a~he a~ tout. L'ensemble avant le detatl; tel
doit être le princif)e directeur de la constructiôn d'un dessin . H cmurquc. L'esquisse doit étre traité.e d'un seul jet, quoique lé~ère~1ent, avec 1~ l.tberté du _iug-ement et la .su~ete d.u ,coup d.œtl. Chaque observation dot! etre hxe~ ausst r~ pidement que possible sur le p~p.ter ~t vén!iée ensuite seulement. Cette ve,nhca~u:m . se fait d'abord sur le modèle, par 1apprectahon à distançe, avec le a·ayon tenu à bras tendu; puis sur Je dessin par le moyen du crayon oy d'une ficelle. Tout autre moy~n : co~r:as, re· gle même une bande de· papter, d01t etre n go~reusement prohibé: ~otons enc?!e q~e pour corriger le travatl, Il_ f~ut rechher dabord ce qui est faux, et el01gner seulement après les lignes défectueuses, autrem~nt, o~ risque de reproduire de nouveau le meme defaut.
tère particulier du modèle. C'est dans cette phase du dessin, qu'on s'efforce également de rendre le coloris du ~odè le. L'application des ·couleurs s~ falt en procédant par hachures paralleles, ~er rées et ·se pénétrant plus ou moms, mais toujours légères. Pour renforcer une teinte posée. on la recouvre d'un~ seconde couche de hachures, mais de dtrection différente, faisant avec la première un angle aigu. Par un léger frottis de doigt ou de tot_l.:llan. on peut donner à l'ensemble un aspect plus fondu et moins cru. Lorsque le modèle choisi est de faible relief (modèle en plâtre ou autre~, l'ensemble de l'effet est surtout produ~t par les lumières et les ombres. les demiteintes et les reflets. La forme ~es parties éclp.irées et celle des parh~s ombrées, ;;~insi que la valeur rel_a~lVe de~ teintes, constitue~a un nouy.el el;ment a l'observation. ma!s la mamere den ;endre l'effet reste la même flUe _oou~ .l ap· plicaüon des coule';lr?. Qu01 q~ 11. en soit, le travail du flm est s?umts a, la même rètrle que la const!uchon de 1 esquisse; si l'on v pours~1t la forme caractéristique et l'effet 1usque dans .1~ détail, il faut que le r~~ul~at parti~t reste toujours subordonne a l aspect genérat.
Reuwrque. - Le lini demande souvent bea~ coup de temps, de sorte qu'on s'~xpose faet· Jement à ne pouvoir aborder qu un nom?re trop resti'einl de sujets. Mai.s, conuue on vtent de Je voir, J'esquisse co~shtue. un tout corn· plet, en ~e qui regarde 1e~senhel de ~a forme du modèle; elle peut pariatteme~t su~tre .. Aussi au lieu de pousser les dessms mva~ta?le m~nt juqu'au fini, est-il préf~rable_ de hm:ter b) L'ensemble de l'effet cu le fini . quelqueiois Je travail à l'esqmsse;. tl est meme Le fini peut être considéré c?mm~ le avantagel!_X de faire plus d'esqmsses que de développement de l'esquisse. L,~sq~tss.e dessins finis. doit présenter un ensemble qu 11 s ag~~ Aiout~ns comme si~ple indication, que les seulement de perfectionner. Ce, travat, objets ouvrés et les suJets de la nature, !aune. consiste. en général, à compl~ter des ou !lore, se prêtent très ?ten aux esq':tsses, contours indiqués trop somma1reme?t· et que les sujets d'art pemts ou ~culptes, seà donner la souplesse et l'allure vrmes raient plutôt proposés pour des etudes comaux coutbes, enfin à exprimer le carac- plètes.
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III. Contrôle et sanction des dessins v a à signaler cet autre moyen d'émuBien qu'en génér~l les enfants ai- lation qui consiste à exposer en classe, ment dessiner, la leçon ne produirait les meilleurs dessins faits à chaque lequ'un maigre résultat, si le travail de çon. L'expérience prouve. en effet, que l'ex. l'élève n'était régulièrement contrôlé et position des bons dessins contribue sanctionné. pour: beaucoup au progrès général d'uLe contrôle devra se faire durant tout le temps de la leçon, au moment des ne classe, et les réflexions que ces destracés qui succèdent aux observations sins su$!gèrent aux élèves, portent soufaites simultanément par toute la clas- vent mieux que les meilleures explicase. Le maître passe alors auprès de tions du maître. chaque élève, pour rectifier la tenue, surveiller les procédés, et vérifier le travail . Il donne individuellement les in~ Le1 vertus essentielles .-e l'Instituteur dications, pour corriger ce qui est dén est des vertus qui tendent directefectueux, sans toucher touteJois au travail. La meilleure manière de faire res- ment à éclairer notre esprit, comme la sortir un défaut. est de le faire par le sage~se, la prudence, la raison; d'aumoyen du contraste. en rapprochant tres ont pour but la perfection de notre deux travaux présentant des défauts OP· cœur, tomme la charité, la justice, la posés. Des fautes communes à plusieurs force morale, la tempérance; d'autres élèves sont relevées et corrigées par le enfin mettent de la grâce et de la dignimaître au tableau noir. Dans tout ce té dans toutes nos actions, dans toutes travail. le maître agira toujours avec nos manières, dans tout notre extérieur. Parmi ces vertus, quelles sont celles discrétion et prudence. de peur de provoauer le découragement. Il critiquera que vous devez surtout rechercher, acdonc avec ménagement et fera aussi va- quérir p_our les inculquer à vos élèves? loir les bonnes qualités du travail. Il Que sommes-nous? Des hommes, c'est;e souviendra que la meilleure critique à-dire des êtres raisonnables; des memrt'est pas celle aui démolit. mais celle bres de. la société religieuse, c'est-à-dire chrétiens; des membres de la société cilUi utilise, amende et complète. Lorsqu'un dessin est achevé. il y a vile, c'est-à-dire citoyens. Les éducateurs de la jeunesse doivent donc posséder à ~ stimuler l'émulation. par la sanction iu'on donnera aux -travaux fournis. un très haut dégré les vertus essentielL'enseig-nement avant été simultané. les d_e l'homme, du chrétien et du citol'aooréciation. la comparaison. le clas- yen. La raison est la vertu essentielle de ;ement et l'annotdion des dessins seront chose relativement facile . Dans ce l'homme, et tout homme doit régner sur ul!emet1t. on oortera avant tout l'atten- lui-même par la raison éclairée par les ion sur la justesse de la construction, lumières de la foi. .a légèreté de la touche, et la fidélité Assujettissons donc à la raison tou:!es teintes. On préfèrera toujours un tes nos autres facultés, cette imagina:ravail consciencieux et simple, à celui tion lég-ère, étourdie, capricieuse; ce lUi se perd dans les détails sans lien cœur livré peut-être à la haine. à des wec l'E:nsemble, à un travail qui sent désirs pervers; ce corps sensuel et pamiquement la recherche dans la factu- resseux. Qu'en tout et partout l'on voie ·e, à un travail fignolé, léché, comme briller en nous la raison; q~'elle règle >n dit ordinairement. Outre les notes, il notre travail et notre ·conduite; qu'elle
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préside à nos conversations et à nos jeux; qu'elle commande en souveraine à nos !_)ensées les plus secrètes et à toutes nos actions. La première vertu du chrétien tst la charité. son premier devoir, c'est l'amour de Dieu et du prochain; la qualité distinctive de l'éducateur sera donc d'avoir un cœur aimant, un cœur dévoué, un cœur plein de zèle pour le bien. Enfin. un éducateur doit se distinguer surtout par un grand sentiment de respect et de bienveillance, par la douceur du langage et une g-rande dignité de manières. L'homme doit être prudent et raisonnable. le chrétien doit surtout être cha• ritable, et œlui qui est chargé de l'éducation des autres doit toujours être d'une correction parfaite. La vertu. cette aimable fille du ciel, est si belle et si touchante par elle-même, qu'elle n'a pas besoin d'un éclat emprunté et qu'il suffit de la montrer pour lui gagner tous les cœurs. La vertu que l'insensé dédaigne et repousse loin de lui. la vertu, que vous recher-chez vous-même avec ardeur, n'est pas le partage des âmes lâches et pusillanimes. flle ne peut pas s'acquérir san~ efforts et sans peines. Vertu signifie force, magnanimité, coura2e; son nom seul vous fait comprendre qu'elle ne s'obtient que par la violence et par le triomphe sur soi-même; que_pour la conserver au milieu des orag-es de la vie, il faut une attention soutenue et une fermeté inébranlable. Courage, encore une fois: s'il y a des obstacles, ce n'est pas un motif pou,r reculer. La vertu est un bien p-récieux, digne de tous vos désirs, qui seule vous rendra honorable aux yeux du monde et vous procurera une gloire immortelle.
Educateur et
~daeadon
La culture est un art, et l'éducation est la première des cultures. Le maître qui enseigne la science ressemble au laboureur. qui sème pour moissonner; au vigneron. aui ~aille la vigne pour améliorer ses produits; au fleuriste, qui cultive les fleurs et diversifie leurs nuances; au pasteur enfin, qui veille sur son troupeau. Le pr-emier auteur de l'éducation chrétienne s'est comparé lui-même à un semeur. à un pasteur: il a une vigne. des pâturages et un bercail: « Je suis. dit-il. le bon Pasteur.» Maîtres chrétiens! n'oublions pas que notre mission est en quelque sorte divine: c'est pour l'éternité que nous travaillons; nous devons préparer la moisson pour le ciel. Si nous ne cherchons pas en premier lieu le royaume de Dieu et sa justice, nous perdrons cela même gue nous cherchons et que Dieu nous· accorderait infailliblement par surcroît. Dans notre siècle de lumière et de progrès, où le monde est si plein de luimême. beaucoup de maîtres sont tentés, que di&-ie. oublient que pour être fructueuse l'éducation doit reposer sur une base immuable, la Vérité éternelle, le Verbe de Dieu. Nous au moins, pénétrons-n9J.1S bien, au début de cette nouvelle année scolaire, que pour que l'éducation puisse accomplir sa mission, il faut qu'elle s'appuie sur jésus-Christ, et qu'elle se propose pour but l'établis· sement du règne de jésus-Christ dans les âmes. On ne lui demande pas, du reste. de sacrifier aucun autre de ses légitimes objets. Qu'elle s'attache à développer les forces corporelles, à enrichir la mémoire, à élever l'imagination, à rendre la sensibilité plus délicate, à élargir l'in~ tellig-ence et à fortifier la volonté; qu'elle enseigne tous les arts et toutes les sciences dont l'acquisition ne doit pas
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trop charger l'esprit encore tendre de la jeunesse; mais qu'elle ramène tout à la science de Jésus-Christ, et qu'elle prenne ce divin Sauveur pour type de laperfection . qu'elle doit reproduire dans chacun de ceux qu'elle est chargée de former. L'art des arts, a dit un saint Père, est le gouvernement des âmes, dont l'éd~cation constitue une des principales parties. L'homme investi de cette importante fonction est un statuaire à qui Dieu confie des ébau<:hes vivantes pour qu'il en fasse des chefs-d'œuvre. Pour remplir cette sublime tâche. il lui faut avant tout un idéal de toutes les qualités et de toutes les vertus que l'éducation a pour but de développer: de la bonn·e grâ ce, de la charité, de la fermeté, de la science, de la piété; il est le modèle général de tous les hommes, et le modèle pa-rticulier de chaque condition, de chaque caractère. de chaque nature. Un maître vraiment chrétien n'a donc qu'une chose à faire; étudier sous tous ses aspects œ divin Modèle, et s'efforcer d'en reproduiJ:e les traits dans chacune des âmes qu'il façonne. je me trompe, il doit faire quelque chose de plus ; il faut qu'il fasse aimer ce divin ·Modèle par ceux qui doivent ~n être les vivantes copies. S'il n'obtient )as ce\p., il n'aura rien obtenu; car l'éiucation ne saurait être une œuvre ou·ement passive de la part de ceux sur lUi elle s'accomplit. On ne cultive pas es âmes comme on cultive les plantes. :t. du reste, les plantes elles-mêmes ne oopèrent-elles pas, à leur manière, à l culture qu'on leur donne? A quoi ervirait de sarcler la terre autour d'el!S et de les arroser chaque jour. si .urs racines n'aspiraient pas cette hntidité bienfaisante et les sucs nourriers qu'elle entraîne avec elle? Ce que font les plantes sous l'empire une aveugle nécessité, les plantes doi:nt le faire librement. Le succès de l'é-
ducation est à ce prix. C'est peu que d 'obtenir de ces jeunes âmes l'observation de l'ordre matériel _sous l'empire d 'une disdpline toute militaire. Si cet ordre n'est pas aimé, il préparera pour le moment où on pourra enfin secouer le joug tme réaction souverainement fu. neste. En attendant, les défauts seront peut-être refoulés. mais ils ne seront pas corrigés ; le caractère, loin de se redresser, aura acquis le pire de tous les travers: la dissimulation. Au lieu de for, mer un homme et un chrétien, nous au~ rans fac_onné une âme d'esclave.... II n'en sera pas ainsi si nous parvenons à faire connaître et aimer jésusChrist à ces jeunes âmes, si bien faites pour concevoir tous les nobles sentiments. Aimons nous-mêmes ce divin • Sauveur. et il ne nous sera pas difficile de faire apprécier à nos élèves la gloire insigne de l'avoir pour frère, pour Roi, pour Chef.
Les ennemis do jeune homme L'un des plus grands ennemis du jeune homme, ce sont les mauvaises compagnies. Elles ne sont pas rares et dans bien de~ circonstances il s'y trouve engagé malP"ré lui. C'est pourquoi nous devons mettre tous nos soins à choisir nos amis. Le jeune homme qui fréquente des compagnons suspects en prend les goîtts et les habitudes. Il ne se soumet volontiers ni_ à l'autorité de ses parents ni de ses· supérieurs, il en méprise froidement les avertissements et se livre peu à peu à la dissipation et aux plaisirs dangereux. Le goût de l'étude se perd, la mémoire s'émousse, le peu d'instruction qu'il a acquise s'évapore en fort peu de temps. Et voilà que les peines et les fatigues qu'il s'ét-ait imposées pendant la classe, deviennent inutiles, ainsi que le précieux temps consa cré à l'é-
tude et les sacrifices faits pour acquérir quelques connaissances!!! Il aura un jour un compte rigoureux à rendre des facultés qu'il poSlSède et dont il a si mal profité. Un autre ennemi du jeune homme, c'est la négligence qui empêche de se perfectionner. Souvent. en quittant la classe, les jeunes gens jettent de côté leurs effets classiques pouT respirer, comme ils disent, l'air libre. Ils ont été assez longtemps enfermés; il est temps de s'accorder quelques distractions! ... II passent alors leurs soirées au jeu sans toucher une plume (s'en vantant même au besoin). C'est pourquoi il ar. rive encore de trouver des hommes et même des jeunes gens sachant à peine se signer!! Voilà certes un mal qu'il faut combattre à tout prix en montrant au jeune homme toute l'utilité de l'instruction; lui fai$ant comprendre les avantages qu'il trouvera plus tard à savoir rédiger convenablement une lettre, régler lui-même ses comptes, etc. Un bon moven pour atteindre ce but, ce serait d'établir dans chaque commu. ne une ·bibliothèque d'ouvrages intéres. sants et utiles, à l'usage de la jeunesse de !"endroit. Les jeunes gens s'habitueraient ainsi à lire et ils en profiteraient assurément. En attendant que ce pa-s vers le progrès se réalise, il est à souhaiter que nous puissions nous rencontrer toujours, nous comme nos élèves, dans le sentier du devoir et de l'honneur, sans avoir à rougir ·devant nos amis d'avoir publié ce que nous avons appris au prix de S., inst., tant de peines.
A. propos des devoirs Vous avez donné des devoirs à faire, des leçons à apprendre, c'est bien : il s'agit maintenant de contrôler ce qui a
été fait t 1 ploi du ~e ce a sans empiéter sur l'elll. mps, sans porter pré'ud· auc~n des exerci~es ioumaliers~ lee à ' 1 - Vous avez a corr;iger les de . r eshme que cette correction dot1 Votrs. re après la classe. 11 est aus . se f~i de . ~~rriger les devoirs que ~~ 1ssen~H~l cho1s~r. Personne n'est indiffére~s 1en ~anchan. Que mérite son travail ! orte rmson devez-vous visite • a P Us les devoirs des tout pet' t r_, annoter raten . t travatller . 1 s QUI ne s encore pour l'h au. encore moins par devoir et . onneur, sensibles par conséquent qu~Ul ne. sont Penses et aux pnitions s· ux recom.. mal~eur de ne pas r~lev~rv~us ave~ le au tour dit. vous êtes sûr qe~ cahters rappellera à l'ordre la de ~on vous on. s~~tonnera de votre indi'J:_lème fols troisteme fois on ne dira rie eren~e. la ne fera rien non plus. n, mats on Vous serez donc exact , . . travaux de vos élèves et a VlSlter les c~ur de laisser des trace:ous aurez à Site. Employez de préférenc:~. cette vi. couleur pour annoter et .f'o . encre de . d e crayon, pas même le'- rnger ·, 1·amals leur, qui donne à l'e'cr't<:ravon de cou. • 1 ure un a Souvent- echevelé et qui spect mais la netteté et le relief~up~rmebt. ja. av~c la plume; que vos o n o t.tent sotent écrites très lisibl bservatiOns marge; que cette mar em~nt, d~s la Proportionnée au fo~!t s~;t rtufftsante, ment ~éservée aux corrections ~oureuse. ~~rvatto~s du maître qu[ n'oubr aux ob. Y consigner son appréciatio tera Pas 1e forme qui lui Plaira à n .s?us tel. les e~fants soient bien 'fam~~rd~ti?n que ll~s Signes adoptés et qu'ils a.ryses avec Ire rapidement, Ex.: T. P~sent les A. B. -- Pass. - Méd 8_:_ B. -. T., M. , ou bien des chiffr~s telsMat. -.... 0 a 10 pour les -cours Pr · _que de mentaire et moyen, de 0 ef~~totre, élé. co!-lrs au dessus. Enfin n'oub . Pour les {a1re additionner à la fin de }•ez Pas de es notes obtenues par l' f a semaine me qui Peut de la' sorte p-erne· a'!t hoi-mêvotr et s'ex.
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11iquer le ran~ que ·son travail lui aura sacrées à des récitations. mais que les tssigné. Il va sans dire que vous con- récitations sont incorporées dans les lerôlerez ses calculs; mais vous serez çons mêmes, qu'elles font partie de vo1ientôt aussi sûr de l'enfant que de tre enseignement, que l'enfant joue un rous-même, car il ne tardera pas à ac- rôle aussi actif que vous dans la classe IUérir une sûreté et une facilité suffi- proprement dite, et que chaque le~o? ;antes pour relever en moins de cinq étant précédée, accompagnée et smv1e ninutes toutes ses notes dont il pourra d'interrogations, ce sont ces interroganême arriver à prendre rapidement la tions seules qui doivent vous servir à noyenne, pour évaluer plus intég;rale- contrôler si les leçons précédentes ont nent son mérite. Une coutume louable été apprises et si la tâche donnée la veille a été faite. ~t pratique consiste à faire écrire cette Un procédé à recommander dans les novenne par les élèves sur le cahier mêne. à la fin de chaque semaine et à exi- cours préparatoire et élémentaire est celui qu'on appelle le procédé Tabareau ~er que les familles mettent leur visa 10ire même leur appréciation à la suite, qui consiste à faire prendre à tous les :e qui permet aux maîtres et aux famil- enfants leur ardoise: le maître pose tel.es d'être· régulièrement et sans peine en le question relative à un nombre, à un :elations directes, nonobstant bien en- calcul. à une nomenclature. à une date, :endu le livret scolaire. qui doit chaque à l'orthographe d'un mot, à un temps nois donner le relevé des compositions de verbe, etc .. question qui peut· se résoudre par un mot, par quelques chif!t des n.Ptes d'applicaüon, etc. Vous voilà donc un peu plus docu- fres ou Qar quelques lettres, et tous l:s 11Cntés sur la manière de corriger les enfants écrivent la réponse à la erme devoirs; · comment ferez-vous mainte- sur l'ardoise. Au signal donné, ils lèvent l'ardoise de telle sorte que le maître nant réciter les leçons? 2° La récitation des leçons est aussi puisse d'un coup d'œil rapide embrasindispensable que la correction des de- ser toutes les réponses écrites; à un· auvoirs; elle donne lieu à des abus aussi tre signe donné, ils effacent (avec une nombreux, elle est même plus difficile éponge) ce qu'ils ont écrit et se marà pratiquer avec intelli~ence . Ainsi, il quent - dans un coin de l'ardoise -y a des. écoles - il y en a n 'est pas 1 point si la réponse a été bonne, sous le assez dire, -car elles sont légion - où contrôle de leurs voisins pour assurer l'on commence la journée en faisant ré- l'intégrité des notes; l'exerdce se renol.!citer les leçons. Et voilà une heure ou velle 5 ou 10 fois en moins de dix mlune heure et demie de perdue! Et cette nutes; le maître a réveillé l'attention de heure vêrdue est la meilleure, puisque ses petits auditeurs, stimulé leurr émulac'est la première, celle où l'enfant est tion et sa propre activité; tout le monde frais et dispos; et vous le condamnez à a pris intérêt à cette récitation active, l'inaction, à l'ennui; vous le mettez par vivante et nul ne pourra dire qu' « il conséquent dans la nécessité de s'agi- savait bien sa leçon, qu'il ne l'a pas réter. de se dissiper, de désirer la récréa- citée! » Ce qui, vous le savez, est un tion, avant même d'avoir goûté au tra- crève-cœur pour les enfants qui comvail. Vous verrez dans les emplois du mencent à étudier dans un livre. Quant aux exercices que nous avons temps que nous avons l'intention d_e donner comme modèles comment 11 c.onseillés en dessin, cartographie, trafaut au contraire employer les premiè- vaux manuels, observations ou expérienres heures de classe. Vous verrez qu'il ces scientifiques, c'est au maître de troun'y a point d'heures exdusivement con- ver le temps et le moyen de les contrôler
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tout en dirigeant et surveillant les exercices similaires qui auraient lieu pendant la classe. Nous supposons que vous avez assez d'initiative pour trouver maintenant le moyen d'app.Jiquer aux détails les procédés généraux, les conseils et les principes que nous vous avons exposés dans cet article. Puissent les errements qui subsistent encore dans certaines classes se dissiper peu à peu à la lumière de cette science si utile de la pédagogie! Nous ne vous demandons pour cela. maîtres et maîtresses, qu'un esprit docile et une volpnté agissante; réfléchissez et essayez d'appliquer les principes que nous vous suggérons. Faites-nous part de vos idées; ne craignez pas de discuter les nôtres; nQus travaillons ensemble au progrès, au bien; notre seule ambition e::.t donc de réaliser ce bien et nous devons nous y aider mutuellement.
V n inspecteur fribour(!eois.
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mauval• élève• :t
~C'est un mauvais élève, on n'en peut rien faire » ; voilà les paroles que l'on entend prononcer trop fréquemment par les personnes chargées de l'éducation des enfants. « On n'en peut rien faire », c'est vite dit; mais est-il bien sûr que l'éducateur ait recherché, puis employé tous les moyens convenables pour arriver à une amélioration, si faible soit-elle? En prononçant ces mots, le maître ne cherche-t-il pas simplement une excuse à son insuffisance pédagogique ou peut-être même, disons-le franchement, à un peu d'indolence, ne se donnant peut-être pas toute la peine qu'exigerait le redressement d'une nature paresseuse, indisciplinée ou vicieuse? car les anormaux (dont on commence à s'occuper particulièrement) ne rentrent pas dans cette catégorie des mauvais élèves? Sont-ils bien certains, les éducateurs
qui portent ce jugement si absolu, que d'autres ne feraient rien de ces enfants? Sans rechercher, panni les hommes illustres, ceux qui, dans leur enfance, étaient de piètres écoliers, n'avons-nous pas tous sous les yeux l'exemple d'anciens condisciples sur qui l'on portait le même jugement défavorable et qui tiennent cependant une place fort honorable dans le monde? Seuls. les débutants dans la carrière si difficile de l'enseignement sont excusables de parler ainsi, l'expérience ne leur avant pas encore livré ses secrets, car les enfants foncièrement vicreux sont hettreusement la très rare exception. A ceux-là. il faudrait d'ailleurs un régime particulier que nous ne pouvons leur appliquer dans nos écoles. Mais la très grande majorité des mauvais élèves n'a Que quelques défauts , poussés parfois à l'extrême, et que notre devoir est de chercher à extirper; c'est même, pour qui sait la comprendre, la partie la plus belle, sinon la plus facile, de notre rôle d'éducqteur, celle qui en fait l'intérêt et aussi la ~randeur. Peu de chose a suffi parfois pour faire classer un écolier panni les mauvais élèves: une punition non acceptée ou non faite, une réponse impolie, de l'entêtement ou de l'inapplication continuelle. Sans excuser l'enfant, trop enclin hélas! à mal faire, encore faut-il reconnaître que c'est parfois le manque de tact ou de mesure de la part du maître qui a été la cause initiale de cette désobéissance, de cette impolitesse ou de cette inapplication. N'oublions pas que l'enfant ne se prête aux efforts de l'éducateur que lorsqu'il se sent aimé de celui-ci; d'ailleurs la vocation d'instituteur n'existe pas sans un amour profond de l'enfance telle qu'elle est, avec ses défauts de légèreté, d'insouciance, de mobilité, mais aussi avec ses qualités d'affection et de libre abandon dès qu'on a acquis sa confiance.
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Il faut, avec les élèves plus difficiles une patience inlassable et une habileté pratique qu'acquièrent vite les maîtres observateurs et véritablement épris de leur profession. Il fa.u t également se garder de vouloir former tous les caractères sur un mGldèle convenu, ce qui est impossible et ce qui ne serait pas l'idéal, chaque enfant ayant une personnalité qu'il est nécessaire de lui conserver et le but de l'éducation n'étant aucunement de chercher à faire des élèves complètement semblables. mais de cultiver leurs qualités de cœur et d'esprit et de détruire les ~rermes des défauts qui se dévelop. peraient sans elle. L'éducateur devra étudier d'une fa. çon particulière le caractère des enfants difficiles, il y découvrira quelque qualité, quelque bon sentiment. à l'état rudimentaire. peut-être. mais sur lequel il s'appuiera néanmoins oour obtenir Jn confiance de l'enfant. Dès lors, il aura partie gagnée et il lui sera possible d 'amender le mauvais élève. L'instituteur qui aura réussi dans cette tâche difficile éprouvera une bien douce satisfaction en reconz1aissant l'utilité de ses efforts persévérants qui auront une influence décisive sur la vie entière d'un enfant. Jeurnes ii:stituteurs, mes amis, ne vous rebutez donc pas en présenc-e d'enfants difficile:>. puisez dans la peasée de la haut~ :nission que Dieu vous a confiée la bonté et la patienœ · nécessaires et vous verrez qu'avec les bons maîtres il est bien peu de mauvais élèves.
L'enseignement do chant Il arrive très souvent que l'exécution d'un chant scolaire n'est pas faite avec toute la justesse désirable; les élèves ne se maintiennent pas dans le ton; ils baissent. On comprend que ce défaut ait de
!rè~ dés~gréa~les c~nséquences lorsque, a 1 occasiOn d une fete scolaire, les voix sont accompagnées: où l'on attendait un bel ensemble, on est déçu par une caco~honie. Mais le fait ne présente pas moms de ~rravité lors des leçons ordinaires de la classe, par:ce que c'est là que, bonnes ou mauvaises, les habitudes d'audition se contractent. Petit à petit, à l'insu des exécutants leS. voix s'é~ar~t. baiss~t toujours davantage, et 1 orezlle, en meme temps, perd sa justesse, ce qui rend la guérison de plus en plus difficile. Y a-t-il remède à cette fâcheuse ten.. dance? Bien certainement; mais les pré·cautions gagnent à être préventives. 1° Choisir tous les chants et exercices dans les limites des voix.
Il est facile de comprendre que si l'on dépasse, au grave ou à l'aigu, l'étendue de l'organe vocal, si fragile, on compromet la justesse des sons émis, et, ce qui est plus grave, on risque de briser la voi~ par un effort maladroitement imposé.
. 2°Ne iamais accompaf!.ner les élèves, l'aide d'un instrument ou de la voix, pendant les exécutions ordinaires.
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Lorsque les élèves se sentent accompagnés, ils se laissent aller; ils ne font plus l'effort nécessaire pour se maintenir dans le ton, sachant que l'instrument les remet, au besoin, dans le sillon, lorsqu'ils en sortent. Même accompagnés, ils prennent ainsi l'habitude de baisser; et quand l'instrument fait défaut, c'est la déroute. Pendant l'étude, l'instrument ne doit être qu'un contrôle des sons. Le maître ne doit paL non plus aider de la voix. Qu'il évite cette fatigue, au moins inutile. 3° Contrôler sans cesse au moyen du diapason.
Ce moyen, pratiqué avec persévérance, est infaillible. Le maître, ayant tou-
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jours à la bouche son diapason, œ qui ne l'empêche pas de diriger de la main·, contrôle au passage, à l'instant même où il est émis par les élèves, le son correspondant à celui du diapason. Les élèves se sentant surveillés, contrôlés, font un sérieux effort dont ils prennent bientôt l'habitude. Ils arrivent vite à chanter juste.
( fournal ries Instituteurs. ) Calcul ponr les tout petits
"
Vos enfants. dites-vous. comptent, sans faute et tout d'une haleine, jusqu'à 100, jusqu'à 200; ils répètent - ou, plutôt, ils chantent - sans hésitation toute la table de multiplication; ils écrivent des nombres, font des additions de nombres de deux et trois chiffres. Tout cela ~st peut-être bien, mais ne voyezvous pas qu'ils n'ont aucune idée des nombres dont ils chantent ou répètent les noms. ne voyez-vous pas qu'ils calculent machinalement, sans rien entendre à l'ingénieux mécanisme de la nu~ mération? Le jeune enfant ne devrait pas d'ailleurs se servir de nos procédés habituels de calcul, car il ne peut pas les comprendre, et s'il avait à résoudre quelques petites questions pratiques sur les nombres, il vaudrait mieux pour lui qu' il en trouvât la solution par les procédés o·rdinaires de la méthode intuitive. Donnez à l'enfant l'idée du nombre par une démonstration sensible, qui sautent aux yeux, pour aller de là, naturellement et sans effort, jusqu'à son intelli~ence. Ce que nous voudrions, surtout au début. ce serait que l'enfant ne confondît jamais le nombre avec le chiffre. Le nombre est une grandeur réelle qui tombe sous les sens de la vue et du toucher; il parle à l'intelligence par les diverses manières de le composer, de le décomposer. d'en combiner les éléments. Le chiffre, au contraire, est un
signe abstrait, froid, tout de convention, qui ne dit rien par lui-même. Les exercices préliminaires de tout enseignement rationnel du calcul doivent être selon nous des exercices sans chiffres; ils donneront la mesure exacte de ce que l'enfant comprend et de ce qu'il ne comprend pas. Ces exercices se font d'abord à l'aide d'objets matériels, bûchettes. billes, cailloux, etc.; ils se traduisent ensuite a.u tableau noir et sur l'ardoise au moyen de signes, d'étoiles, de croix. etc. De cette manière les erreurs disparaissent sans laisser de trace. et le travail de l'enfant peut toujours être propre. La variété des exercices préviendra l'ennui. charmera ·l'esprit en quête de nouveautés, habituera l'enfant à un travail personnel. puisque ses petits doigts y auront une part aussi grande que son intelligence. Ils comprendront le but et l'usage que l'on peut faire de ces opérations, mais ils n'opéreront que sur des grandeurs dont leur esprit puisse se rendre maître; à mesure que leur horizon s'élargira, ils manieront (c'est le terme qu'il faut employer ici) des nombres plus importants. Croy~z.-vous que des enfants ainsi préparés ne seraient pas aptes à trouver plt~s tard eux-mêmes des simplifications ingénieuses du calcul habituel? En effet, le mécanisr.:Je de la formation des nombres n'aurait plus de secret pour eux, ils le connaîtraient bien mieux que par des définitions, puisqu'ils l'auraient créé eux-mêmes, et nous aurions contribué, selon l'expression de Montaigne, former des « têtes bien faites, plutôt que des têtes bien pleines».
a
Partie pratique Tra,·all d'élève le travail que nous donnons ci-dessous a
148 été fait, il_y a quelques semaines par un élève d'une éc?le normale catholique;' le style comme les 1dées sont intégralement de l'auteur. Nous avons préféré respecter scrupuleusement son texte pour permettre à nos lecteurs d'en apprécier le fort et le faible, en connaissance de cause.
ver. de façon pratique; c'est ainsi que le maitre exercera son élève à la bonté à Ja charité, à la franchise. Voilà la ~éritable éducation morale. ' En o~tre, je ferai tout mon possible pour lm rendre cette étude agréable. Sujet. - Comment essaierez-vous Car, comment cet enfant se conformeraquand vous serez maître, de faire l'é~ t-il aux règles de la morale si l'étude ducation morale et religieuse de vos élè- lui en devient insupportabie? Aussi, ves? dan~ ce cours simple, facile et d'utilité Dév~loppement. - «On ne doit pas Prattque. je m'efforcerai d'éveiller l'atapprendre la morale à l'enfant pour ten~io~ de mes élèves. de piquer leur qu'il lq sache. mais pour qu'il la prati- cur~OSité. de frapper leur _jeune imagi· que» a dit Marion . Pensée très juste nation p_ar des exemples à leur portée qui résume avec précision le véritable et pris sur le vif. Ces leçons seront devoir de l'éducateur. Mais, combien C?':lrt~s : trop longues, elles fatiguent, rares sont les professeurs qui savent SI mtere~santes soient-elles. l'annliquer! On oublie, en effet, trop Te parlerai à leur cœur avec mon souvent. dans les écoles, que la morale ~œur ; je ferai passer dans leurs jeunes toute théorique et livresque est insuffi- a!lles. par œs leçons familières, tout le sante, on oublie qu'elle ne doit être oue bien que mes professeurs auront su l'auxiliaire de la véritable morale,-de m'inculquer. Il se créera entre eux et celle oui seule peut guider l'homme moi une communion d'idées et de sentiavec sûreté et le conserver honnête : la ments. et lorsque fe serai arrivé à m'en morale du cœur. faire aimer. la moitié de ma tâche sera Quand l'enfant accomplit une bonne alors accomplie. action, est-ce l'esprit qui la lui a dictée? . ,Mais ces leçons ~énérales sont insufNon, c'est sa conscience. C'est pour- fisantes. Les caractères des enfants ont quoi, lorsque je serai entré dans cette souvent des différences sensibles il est carrière si noble de l'enseignement, je donc évident qu'un même enseig~ement prendrai comme principe d'adresser mon serait imparfait. Les uns posséderont enseignement à l'âme des enfants plu- naturellement d'heureuses tendances tôt qu'à leur esprit. Qu'importe à l'en- qu'il suffira seulement de cultiver avec fant de .savoir que la morale veut qu'il soin et d'encourager; mais certains au soit bon, qu'il soit probe, qu'il soit contraire, auront l'âme faussée pa; de franc, si vous ne lui apprenez pas com- mauvaises inclinations, inhérentes à ment on acquiert la bonté, l'honnêteté, leur nature : c'est pour ceux-là que les la franchise? leçon: générales seront incomplètes. Quand on veut apprendre à marcher r:eu~-etre quelques conseils, quelques à un jeune enfant, lui explique-t-on sim- repnmandes, quelques encouragements plement comment on doit marcher? s_uffiraient pour redresser ces pauvres Non, on lui fait faire des exercices ré- tiges tordues par la nature, pour guérir pétés : marcher est un acte n~aturel à ces malades. mais combien de profesl'homme, qu'il suffit de faire appliquer seurs négligent de les leur donner! Le à l'enfant. Il en est de même pour la mal s'aggrave avec l'âge et bientôt il morale, la plupart des hommes ont na- est trop tard pour y porter remède turellement de bonnes inclinations, c'est J'étuqierai donc les caractères de mes au professeur que revient le devoir de élèves, ie prendrai à part les quelques les développer, c'est-à-dire de les culti- enfants dont les bons sentiments sont
étouffés par quelque tare, et, par des attentions spéciales. des conseils répétés, des punitions quand je le jugerai opportun ou des compliments. et des encouragements quand ils les auront mérités. je défricherai ces champs incultes. j'arracherai les mauvaises herbes et les broussailles qui cachaient la bonne terre: car. dans chaque enfant, si vicieux soit-il. il y a quelque bonne inclination, c'est par là qu'il faut le prendre. Le maître doit donc être un psycho. logue. Ce qJJi s'applique à l'enseignement de la morale n'est pas moins vrai au point de vue religieux. La morale et la religion soiJt d'ailleurs intimement liées . La morale ne se trouve-t-elle pas renfermée tout entière dans la religion? De même que l'enseignement purement théorique me semble faux et incomplet. une instruction religieuse qui ne s'adresse qu'à la mémoire de l'élève est loin d'être satisfaisante. L'enfant sera-t-il plus vertueux s'il connaît à la lettre tous les préceptes. de son catéchisme si excellents soient-ils? Sera-tplus pi~ux parce qu'il saura réciter par cœur des Evangiles dont il ne peut encore saisir .tout le sublime et toute la beauté? Et pourtant, tel est uniquement le cours de religion de nombre d'éducateurs chrétiens. Certes tout bon catholique doit connaître 1~ catéchisme çamme la Sainte Ecriture. mais cela suffit-il pour qu'il soit un èrétien fervent et sincère? Non, il faut aussi que l'enfant apprenne à aimer Dieu, qu'il apprenne à le prier : l,e prier a,vec son cœur et non avec sa memoire. , . Je ne veux pas que mes élèves n aient qu'une religion factice, il leur faut une foi ferme de solides convictions et un profond ~mour pour celui au~uel ils doivent tout. Je leur apprendrai ce que tout homme doit savoir de la religion chrétienne, mais en le leur expliqua~t par des exemples répétés; en leur fat-
sant aimer leur religion. je leur apprendrai qu'il faut aimer Dieu. mais je leur dirai pourquoi ils doivent l'aimer et comment ils doivent lui témoigner leur amour. Comme pour les leçons de morale. je leur parlerai d'âme à ~me e! leur insuflerai ma foi; je les habituerai à la méditation, à la prière intérieure et à la pratique des vertus pendant leur vie d'écolier, enfin je ferai véritablement leur « éducation » religieuse. Mais avant tout je m'efforcerai de mettre tous mes actes en concordance parfaite avec les préceptes que je ~eur enseignerai, afin qu'ils trouvent ~tou.. jours dans leur maître un homme de bien qu'ils soient tentés d'imiter et les exemples d'un vrai chrétien.
Compo11tlon fran\'al1e On a dit souvent: « Tout vient à point à qui sait attendre. • Qu'est-ce que savoir attendre? Faut-il entendre par là rester dans J'inaction et l' insouciance, ou bien ~~ contraire garder une patience calme au m_1he~ de l'elfort et du travail? Faites des apphcahons de cette ·pensée à la vie ordinaire.
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Dé velo ppemeni Savoir attendre » n'est pas synonyme d'indifférence et d'inertie ; mais plutôt de possession de soi-même, de courage, d'énergie, de persév!rance d~ns l'efîort. Viser un but, ce n est pas 1 atteindre du premier coup, sans longueur de temps, ni sans travail. Un jeune homme très bien doué, mais laborieux surtout, a réussi à t~~s se~ examens. II entre dans une carnere ou l'ont précédé des hommes qui. graduellement, arrivent. par rang d'âge et de mérite à des positions de plus en plus élevée~. Le nouveau venu va-t-il, par impatience et a'u bout d'une ou ?eux années de travail seulement. se decourager dans une voie où il_n'a~riv~ p..as assez vite à son gré, ou bien, mtnguer «
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afin de franchir, par la faveur, des étapes qui exigent plusieurs années d'exercice? De quelque façon qu'il agisse, il risquera par ses impatiences de compromettre son avenir et, dans tous les cas. de n'acquérir jamais les qualités nécessaires aux plus hauts emplois. Que n'a-t-il su attendre? La patience et la nersévérance l'eussent amené «à point» à une situation que son ardeur inconsi:iérée lui a fait perdre peut-être ... Une jeune mère de famille voit son ménage prospérer par les gains honnêtes de son mari. par son ordre et son ~conomie. On lui ~onseille alors d'augnenter ses dépenses et de remplacer par olus de luxe le modeste ·confort qui suffit aux siens. (( Non, dit.elle, n'allons '>as si vite; sachons attendre et n'arritons que peu à peu à améliorer notre !enre de vie. L'aisance relative dont 1ous jouissons deviendrait bientôt de a gêne si nous ne conservions quelques .·essources en vue de l'avenir. Une po;ition meilleure nous viendra « à point » ;i nous savons attendre d'avoir des éco10mies suffisantes pour nous mieux lo!er, pour vivre plus largement, sans :rainte du lendemain. » Ainsi raisonne :ette femme, qui, de la sorte, ne sera >as exposée aux déconvenues dont ceux JUi veulent s'élever trop vite sont les nalheureuses victimes ... Un élève plein de bonne volonté, a lffaire à une mémoire rebelle: son maîre lui assure qu'avec de la persévéran·e, il arrivera à vain~re cette difficulé; mais c'est au bout d'un mois d'eforts seulement, qu'il voudrait apprenlre ses leçons sans peine; il se dépite le ne pouvoir v parvenir. (( Sachez atendre! » lui dit le maître; (( persévérez t tout viendra à point si vous êtes paient avec vous-même. C'est un effort ontinu et de longue haleine qui vous st nécessaire, comme il l'est pour touf e Que l'on entreprend de sérieux dans a vie. » En effet, dans quelque ordre que ce
soif. aul physique, au moral, qu'il s'a~ gisse de travaux manuels ou intellectuels, comme de l'amendement du caractère, tout ne vient à point qu'à ceux qui savent attendre, se reprendre, re· commencer sans cesse. Le succès n'est jamais mieux assuré que par une laborieuse persévérance.
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Q uelqu'uq demandait un jour à une jeune personne placée à table à côté de lui si c'était elle qui avait !ait un certain gâteau qu'il trouvait délicieux. • Je ne me mêle pas de ces choses-là! • , répondit la demoiselle d'un ton piqué. Appréci-ez ce He .réponse ; traitez à ce pr opos le rôle de la femme dans la vie domestique et montrez que le travail intellectuel, loi n de la détourner de son rôle, doit l'aider au contraire à le bien remplir. .
Plan. - Début : Relater l'incident en ouelques lignes. Poser en principe que c'est par ignorance et par une fausse conception de son rôle qu'une jeune fille rougit de s'occuper de la cuisine. 1° Rôle de la femme dans la vie domestique: son travail matériel. A) Maîtresse de maison, c'est elle qui est chargée de l'intérieur, qui veille au bon ordre, à l'économie, qui prévoit tous les besoins, règle toutes les dépenses, commande et surveille le travail. Pour remplir utilement ce rôle, il lui faut, non seulement des connaissances théoriques, mais un savoir pratique acquis par l'expérience. Elle doit s'y livrer avec gotît, v mettre son orgueil et sa fierté, car: « La plus utile et honorable science et occupation pour une femme, c'est la science du ménage. » (Montagne.) IH Gardienne da foyer, elle doit procurer aux siens le plus de confort possible (proportionnellement à son budget); elle doit savoir embellir la maison, soigner les repas, confectionner elle-même les petites gâteries qui font si grand plaisir parœ qu'ell~s révèlent la tendre
affection d'un cœur attentif aux besoins et aux-goûts de chacun. 2 0 Le travail inteC!ectael aide la femme à remplir son rôle. Une femme doit avoir « des clartés de tout » ; les ~onnaissances intellectuelles développent l'esprit, le préparent à tout comprendre, de sorte que la femme ainsi éclairée peut être l'auxiliaire de son mari et l'éducatrice de ses enfants. De plus. le travail intellectuel, loin de lâ détournev de son rôle de maîtresse de maison , l'aide à le bien remplir puiscw'elle trouve chez elle appliquer les notions d'hygiène et de médecine qu'elle a étudiées; elle se sert des « simples » dont l'histoire naturelle lui a appris les propriétés: elle utilise ses notions de géométrie dans la coupe des vêtements et son adresse en dessin dans les travaux d'agrément. Enfin, la cuisine n'estelle pas de la Chimie appliquée, comme le nettoyage, le blanchissage, etc. Dans un ménage, toute femme peut être fière de ses connaissances intellectuelles si elle sait les mettre en pratique et en faire profiter les siens. Conclu~Sion. - Les foyers qu'on déserte sont des séjours maussades où l'on ne trouve rien de ce qui. plaît aux veux, où l'on ne sent, de la part de la femme, nul souci d'au_gmenter le bienêtre matériel, nulle intelligence des détails et nulle prévoyance. La femme accomplie est celle qui sait mettre la main à tout, qui ne dédaigne aucun soin et qui met son honneur à faire 1~ bonheur de tous ceux qui l'entourent.
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Courte lecture à !aire aux en!ants comme concht!':ion d'une leçon sur l'alcoolisme. A TA SANTE! Allons prendre un verr e? Viens-tu boire un coup? .... A ta santé, mon vieux! • Ces petites phrases si courtes, en apparence si inoffens_ives, ont causé dans le monde el y «
causent encore de longues et irréprables misères. On boit à propos de tout. On boit quand on se retrouve, pour fêter la rencontre. On boit quaad on se quitte, pour fête r le départ. On boit quand il fai t froid pour se réchauHer. On boit quand il !ait chaud, pour se rafraîchir. On boit avant de travailler, pour se donner des forces. On boit après Je travail, pour les réparer. On boit au marché, quand on achète. Ou boit encore quand on vend. On boit au baptême, parce qu'on est joyeux. · ~·~. oq O n boit à l'enterrement, parce qu'on est triste. On boit. on boit toujours, et à toute occa· · · ··· ·• .:;;.IF~~ sion. A ta santé! dit-on. II !audrait plutôt dire: à ta ruine. à la ruine en toi, des idées grandes et nobles; à la ruine de ta santé, de ton bonheu r et du bonheur des tiens; à la ruine de ton honneur.
Calcul éerlt 9. 4. U n père a laissé à ses enfants 9645 frs de fortune et 3964 frs de dettes. Quelle fortune nette les enfants héritent-ils? 3. Un dnpier achète 85 rn d'étoffe, à 7 frs 90 cts le mètre, et le revend à 9 frs 65 ds. Quel est son bénéfice? 2. Un fermier doit à son propr iétaire l'intérêt de 2475 frs au 4 '%; il le paie en pommes de terre, à 7,50 frs le q. Combien de q lui a-t-il fournis? . 1. Une fontaine débite 121 / 2 1 d'eau par mtnute. En quel temps aura-t-elle rempli jusqu 'à une hauteur de 45 cm un bassin rectangulaire de 3,4 rn de long sur 6 dm de large ?
10. 4. Le drap et les fournitua-es d'un vêtement reviennent à 49 frs 85 cts et la façon à 36 frs 5o cts. Quel est le prix de ce vêteinent? 3. Sur un· traitement annuel de 3850 frs un fonctionnaire a économisé 368 frs 80 cts.
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lb2 Quelle e~t sa dépense moyenne par mois? 2· Un c~rr~dor long de 9,75 rn, large de 1,95 rn, do1t etre recouvert de dalles carrées de 15 cm de côté. Combien de dalles faut-il? l. Un capital placé au 41 / 2 % rapporte 17J frs 25 cts en 3 mois; quel est ce capital?
11. 4. Un ~mployé a un salaire de 2800 frs. Il en depens.e 2198 frs. Combien lui reste-t-il? 3. U:" negoctant achète le ki lo d 'une marchandtse pour 1 fr. 25 cts et le revend à 1 fr. 10 cts. Quel est son bénéfice sur une vente de 397. kg? 2. Dans une faillite, un créancier perd le 36 %. d:une créance de 2960 frs. Combien reçoit-tl encore? 1. Un marchand d'étoffes achète 72 rn de drap à ~,35 frs le m. Il en vend les 2/ 3 avec ud gam de 30 %, le reste avec une perte de 121 / 2 %. Quel est son bénéfice?
12. 4.
Une famille a dépensé pendant un an frs 3960; l'année suivante, la dépense est de 4245 frs. Quelle est la différence? 3. On ~ie frs 534,75 pour 15 hl de vin. A comb1en revient l'hectolitre? 2. Ql!el est le prix d'un plancher de 9,8 rn de long sur 5 l / 2 rn de large, à frs 8,75 le mz? 1. Autr~fois la location d'une maison rapportait 1950 [rs, actuellement elle rapporte 2301 frs. De combien % le loyer a-t-il été augmenté?
13. 4. ]'ai payé [rs 25. 60 pour les journaux frs 42. 85 pour des livres. Combien les livres ont-ils coûté de plus que les journaux? 3. Paul ayant dépensé en moyenne par jour 3 frs 85 cts, on demande le montant de sa dépense annuelle. 2. Un employé a un traitement de 1800 frs dont les frais de ménage absorbent le o/,- et les dépenses provenant de l'exercice de ses fonctions le 12 1/ 2 %. Quelle somme lui reste-t-il pour ses autres débours? 1. Jean a un revenu de 2460 frs. Il consacre au ménaR'e frs 1450, paie pour les impôts frs 68. 40 et dépense en frais généraux frs 646. 40. Quel % de son revenu peut-il économiser?
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14. t. Un laitier vend un jour 127 litres de lait le lendemain 188 litres et le troisième jou~
189 litres. Combien de litres a-t-il vendus en tout? 3. Ce m~me laitier paye le litre 18 ds et le vend 21 cts. Quel bénéfice réalise-t-il sur la vente de 504 1, si les frais de transport et de .d ébit se montent à 3 frs 20 cts? 2. Le prnc d'achat du litre ayant été porté à 18 3/ 4 cts et le prix de vente à 23 ds quel bénéfice net retire le marchand de la' vente de 60. 84 hl, si les frais généraux sont de frs 87. 60? 1. Déduction faite des frais généraux et des dépenses ménagères , qui s'élèvent ensemble au 45 % du gain total. le laitier constate à la fin de l'année qu'il a réalisé W1 bénéfice net de frs 1980. Quel est son gain total?
15. 4. Jean a une fortune de 9360 frs; il lègue frs 2650 au fonds des pauvres. Combien reçoivent les héritiers? 3. Un marchand achète 62 quintaux d'une marc~andise, à 52 frs 60 cts le quintal. LC3 frais s'élèvent à 81 frs 20 cts. A combien revient cette marchandise? 2. Le devis pour une conduite d'eau prévoit une d~pense de frs 1865, mais un entrepreneur offre d'exécuter ce travail 8 '% audessous de ce prix. Combien recevra-t-il? 1. A la suite d'une inondation, les pertes de A lurent estimées à frs 920, celJes de B à frs 875 et celles de C à frs 1135. II leur fut alloué une somme de frs 1025. 20 prélevée sur la collede en faveur des inondés. Quel % des pertes ont-ils obtenu et quelle wmme chacun d'eux a-t-il reçue?
16. 4. J'achète une maison pour 11,500 frs et je verse un acompte de 2685 irs. Combien dois-je encore? 3. Rodolphe dépense par an: pour logement, entretien et vêtements, 2280 frs 80 cts; pour divers, frs 180. 40. Combien doit-il gagner par mois pour couvrir ses dépenses? 2. Sur une place à bâtir ~ 78,6 rn de long et 34,5 rn de large on construit une maison de 25,5 m de ~~ng s.ur 17 m de large. Queiie est la superhc1e dtsponible pour le jardin et la cour? 1. Un~ _dt.tte de frs 716. 80 payable le 3 juin a ete payée le 18 avril avec un escompte de 3 3/ 4 % l'an. Quel a été le montant du payement? (Année de 360 jours.)
II. La Séance. - A 8 h. 1 / 2 . Réunion mort du regretté M. Lamon d'inoublia· ble mémoire. M. AHet, qui allait avoir à la maison d'école, pavoisée pour la 68 ans, était })résentement encore offi- circonstance. cier civil et expert pédagogique poor le M. l'Inspecteur scolaire Delaloie, Haut-Valais. Dans tous les emplois préside ; il ouvre la séance en houhaitant dont il fut investi , le regretté défunt . la bienvenue aux heureux et dévoués avait sn se faire estimer, aimer et :res- instituteurs. En quelques traits fort bien pecter. Il laisse ainsi le meilleur souvt"· compris. il fait l'historique de Port Vanir à .tous ceux qui à des titres divers , lais Il parle tour à tom de la bataille furent en relations avec lui. L'immense (1 07 av. J-C.) où Divicon battit les affluence qui lui a rendu les derniers Romains d-e Cassius et les fit passer honneurs en a .été le suprême et éloquènt sous le ioug; du différend qui a 3urgi. témoignage, car le défunt fut, en même en 1251, entre Eberhard et Pierre de Satemps qu'un fonctionnaire apprécié, w1 voie. oü il est question de 10 poules qui parfait chrétien. un homme exemplaire étaient dues par les habitants à titre de dans sa vie publique et privée. C'est le redevance; de la paroisse qui apparteplus bel éloge que l'on en puisse faire. nait jusqu'au 19 novembre 1590 à l'Ab. bave de Cluses. C'est à cette date que R. I. P. du Valais en devint acquéreur, l'Etat ·' • 1' / ~ • • " / • au prix de 4000 écus -. de ses châ· -oteaux crénelés, etc. Une agréable leçon Béonloa des Instituteurs au d :histoire! Après règlement du protocole, ColBouveret. 1. L'arrivée. - Le 12 décembre 1911, lon{!es est choisi comme lieu de la proles instituteurs de l'arrondissement oc- chaine réunion. Les instituteurs désig-nés par le sort cidental se réunissaient au Bouveret, le Partis Vallesiae des Romains, ravissan- donnent lecture de leurs travaux sur le te localité aux sites enchanteurs dont le sui et imposé: « Les tâches scolaires à port très fréquenté pourrait suffir à sa domicile. devoirs, leçons. l~ur utilité ou gloire. n'étaient les. retraites pais1bles nécessité; règles à observer dans leur · et fraîches de ses environs immédiats. distribution. » Après la critique des travaux entenLe Bquveret est déià cité en 1179 (Bovere(. de bovem, bœuf) pâturage dus, on a adopté entre autres les congras et parfumé, baigné, dans sa partie clusions suivantes: Les devoirs à domiinférieure. dans les eaux du bleu Lé- cile sont d'une utilité et d'une nécessité man, s'allongeant dans la plaine ou absolue. - Ces tâches font participer les parents aux travau.x des enfants. montant sur le <:ôteau. Mais si le site est enchanteur. la ré- C'est un bienfait pour les familles qui ception cordiale de sa vaillante popub- peuvent. à leur gré, suivre les pas chantion et de ses dignes magistrats nous celants du ieune t.ge dans le domaine de l'instruction. - aider de leurs concaptive et nous impressionne. A l'arrivée du train de 7 h. 45 M. O. seils de l'expérience. - Ce mode de faiCurdy, le sympathique président, avec re met en activité réciproque le zèle et la grâce et l'amabilité dont il a le se- la confiance du maître. de l'élève et des cret. no.u s reçoit et nous invite à la Ta- parents qui se contrôlent les uns les verne d_u Château pour dé~uster le ver· autres. re de la bienvenue et pour partager le La parole est enfin à M. le Prof. pain de l'amitié! Matt. Avec la compétence qu'on 1ui
~upplément au 3'/ 10 de ,(&cole, (1911) = 0
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co~n~ît.. il nous parle du chant. Les pnnnpes ~e la musique; le solfège, etc., sont pa~ses_ en revue, et soulignés par des exphcahons claires et pratiques, faites ~-u tableau noir. c'est ce qui rend la conference tout à fait c~ptivante! , Les ap~l~udi?sements de l'auditoire n ont pas ete menagés à l'aimable profess~ur.
. III. Banquet. - Au sortir de la seance, l'excellente musique et chorale de~. ~vo~ettes nous accompagnait jusqu a 1 Ho~el_Terminus où la salle à manQ"er. pavOisee avec goût, attendait l'im· posante phalange des instituteurs. Faire honneur au menu, le copieusement frroser des meilleurs crûs des Evouet-es furent d'a_bord la préoccupation des ~eureux convives. Bientôt le feu roulant bes toasts, des chants. allumé par la aguette magique de MM. Schurmann et Bochatav. mettait la note maieure d ans la salle. ~~ sont fait a"'rtlauèir MM. Curdy, ~esldent. Cht:e Troillet. insp. scolaire. ce_ Gross. mst.. Défago, inst.. Rvd ~~~~de Port-Val~is, Maître, Schenckel, atav. Gaudm, noyen Courthion etc. • Comme tout ici bas a une fin à 3 h 1/~ nous devons quitter les c{utorités qm nous ont comblés d'honneurs et de · l ar~resses! Encore un salut. et la locomotive nous emporte au loin! · Louis CoqMz, inst.
-oPour Géronde. Le Comité du Sou de Oéronde (Chè· o~e po_st~l II, 482). vient de recevoir ~un genereux anonyme de Sion la johe_ som~e ~e. cent francs pour 'tes besoms tmmedwts des vetits sourdsmuets. - Nos bien sincères remerciements et puisse cette larg-esse en SU"Cη ter beaucoup d'autres. (Communiq.~. ) -0-
. L,Agenda da Valal1 1912 v1ent de sortir de presse. Cet utile car net ~e poche, touiours favorablement ?ccuell_li. se fait aussi un devoir d'obéir a la lol ~u prog-rès en se signalant chaque. annee pour l'une ou l'autre heureuse mn?y~t~on. Ainsi l'on remarquera dans 1edlhon nouvelle une série de pages neuves ?otées de formules et vignettes consacrees à la mensuration des f. g-ures géométriques les plus courante~ Il -~~nfer~e en_ outre un petit répertoir~ me _leal enumerant les principales maladies et les mesures pour les prévenir ou les soulag-er en attendant dans les cas graves,}~ visite du méd~in. L'ordre alphabetique est suivi dans cette n~meTlature pour faciliter les recherc es. oute la kyrielle des maladies les plu~ con!l~es qui affligent l'espèce hu~~ame def1le ainsi aux regards des pa œnts. L'A~enda du Valais contient d 'ail1eurs a part ces nouveautés. les notices et tablea_ux les plus importants que renfermaient les éditions antérieures. .L :s personnes habitant des localites or~vees de dépôts de 1'Af!enda d V , . se le procurer u affaLsil peuvent neanmoms ac ement en écrivant à cette sim le adresse postale 1404.:: 5· P A" t: Case ,. . u . W11 _Jou ons qua htre exceptionnel une remise du, 2~ % (sur le prix de 2 fr ) est fccordee a MM. les Instituteurs qui ~~.J· er?nil la demande à l'adresse sus l!w'lquee. - 0-
Diatlnctlon. M .. l' J\bbé Meyer. archiviste cantonal a SiOn, vient de passer brillammen~ ses examens de doctorat. à la faculte des lettres de l'Université de Fri· hour~~ avec !a note summa cum laude. Sa thes~ POrte comme titre: U ntersuchunqen_ 1:'-her die Snrache von Einfisch ( AnnlVlers) im 13ten 1ahrhundert h den Urkunden der Siitener Kanzl~;ac
Grandeur . de Marie
1sert. roanne nourrissante descendue de l'~zur, temple saint du Très-Haut), sou-
nre à léi bonté divine à mesure que passaient les figures dont un iour elle serait la vivante réalité. le l'ai vue sous la porte Dorée Je l'ai vue, au principe des siècles (quand Anne et joachim. mus par l'Eséternels (quand le Très-Haut, dans son prit de Dieu, conçurent l'enfant prédesiiJ1[11ensité, préparait la construction tinée). quitter les desseins éternels pour des cieux alors qu'il dessinait les monts venir à la vie, ravir de ioie les Anges, et creusait les vallées, qu'il essayait les oorter l'espérance aux humains. faire fondements de la terre et remplissait de trembler l'enfer et rugir les démons, flots l'abîme des océans), conçue dans. prendre en souriant une âme sans tala pensée de Dieu comme le· type de che et son corps sans souillure, paraîses œuvres, assise au commencement de tre comme un lis au milieu des épines. ses voies comme la Reine de l'univers. comme une colonne de vapeur qu1 s'éJe l'ai vue (quand les fontaines com- lève du désert en exhalant tous les parmença_ent à sourdre, quand du sein de la terre sortirent des germes pleins de fums. Je l'ai vue. mignonne et gracieuse, vie. alors que le soleil risquait ses pre- quand ses yeux bleus s'ouvr.rent à la lumiers fewc. que la lune essayait ses ra- mière, généreuse et soumise. humble et yons m-gentés et que le:; étoiles pre- modeste. quand l'ange la salua pleine naient leur place au firmament). sou- de grâce, pleurante et résignée au pied rire aux œuvres merveilleuses du Créa- du Golgotha. aS3oiffée d'amour et d'imteur plus resplendissantes que toutes. mortalité ouand vint pour elle l'heure Je l'ai vue (quand l'homme et sa de son trépas, touiour.s lever ses recompagne. sortis tout innocents des gards vers le ciel pour v lire avec un mans de la Divinité. rendirent au Tout- sourire la volonté divine Pu! sant leurs hommages pieux et le Je l'a: vue révélant la médaille aux tribut de lmr reconnaissance), saluer miracles. se dire la Vierge conçue sans dun sourire le chef d'œuvre de la puis- le péché puis plus tard venant à Massance divine. cooié sur l'idée que le Sei- sabielle donner son nom de Conception gneur s'était faite de sa Mère, taberna~ Immaculée, enseigner aux humains l'ancle de son amour pour nous. gélique vertu... je l'ai vue, tendre Mère, le l'ai vue ( ouand Adam le cou.pable refuge des pécheurs, à Pellevoisin. se et la oéchere:se Eve. fuyant devant la pench~r vers les pauvres égarés et leur ma1esté sainte. laissaient aller leur donnant toute la mesure de son cœur, cœur au repentir) se tourner vers la leur dire en souriant: fe suis toute miface adrr~ble de l'Eternel l'imolorer séricordieuse. (Voix de Marie.) du regard et s incliner dans un sourice d·amvur et c..e gratitude quand jéhovah dit au serpent: Maudit, la femme t'é· crasera la tête. Elle ... Je l'ai vue dans les âges (arche d'alliance gendant le déluge, colombe rap- Elle est l'Immaculée\ Elle est toute ede Dieu!• portant le rameau d'olivier, colonne de Elle est son clair miroir où resplendit sa iace, nuée le iour et de feÙ dans la nuit du dé Le Très-Haut a sanctifié son tabernacle. (Ps. XLV15.)
106 Elle Elle Elle Elle Elle
est son pur éclat que nulle ombre efface, la réaction de la masse intérieure. » Mais, est son diamant étincelant de feu. {même, ces temps-ci, les oscillations du sol en divers est toute • à Lui seul... » II la fit pour luipays ont été particulièrement sensibles. reç1,1t en don tous les dons Il la fois : Toutefois, il est des régions • privilégiées • a phls de pouvoir que n'en ont tous les quant aux oscillations terrestres,. Certaines rois. contrées se soulèvent lentement: les régions Elle voit tous les rois former son diadème. Elle est toute splendeur en son manteau royai, tircumpolai.res, les régions méditerranéennes, les côtes du Chili et du Pérou, les côtes sepEIJe a, vivant soleil sa robe de lumière. tentrionales du golfe du Mexique. Par exemElle déploie au jour sa candide bannière, Ple la presqu'île scandinave émerge de 1 m. Elle écrase Satan sous son pied virginal. Elle est pure et brillante, et sans ombre et 60 par siècle à l'embouchure de la Tornéa Au contraire, d'autres régions s'affaissent, sans tache, . notamment les côtes de la Manche et de la Elle n'a dans son .âme aucun venin caché; mer du Nord. On sait très bien que le monas· Elle n'a contracté ni dette ni péché; EII n'a,, hors de Dieu, pas de nœud qui l'at• fère du Mont-Saint-Michel, situé aujourd'hUI tache. {mains ; sur un îlot, rendez-vous des touristes, fut Elle est le grand miracle étonnant les hu- wnstruit en pleine forêt au VIlle siècle. Les digues hollandaises protègent une partie d& Elle a le premier rang sur toute créature, la Hollande contre l'envahtssement des f!ot9 Elle plaît sans égal au Dieu de la nature, de la m~r. Quant aux fjord" si visités actuel Elle est le lys royal qu 'il tient entre ses mains. lement de la côte norvégienne, creusés d'a· Elle est de l'innocence et patronne et modèle. Elle a, dè., son aurore. ébloui tous les Saints : bord par d'anciens glaciers qui ont rebrous Elle est la fleur où vont butiner leurs essaims ... -sé chemin à mesure que les montagnes s'abaissaient, ils sont d'anciennes vallées lente• Elle est bien plus qu'eux tous, à la grâce fidèle; ment submerR"ées à cause de l'affaissement Elle vient du salut dire le jour prochain; lent de la côte. Elle est dans l'arc-en-ciel la Colombe qui plane; Mais ces remaniements de la surface terElle est. le grand trésor de sa mère sainte Anne; Elle a pour père aimé l'heureux saint Joachim. restre sont lents, insensibles, ~ans danger. Tout autres sont les tremblements de terre Elle naîtra bientôt dans la paix et la grâce; proprement dits, véritables cataclysmes qui, Elle verra le Ciel lui rendre tout honneur. en quelques instants, sèment la mori, Je désas. Elle nous ouvrira le chemin du bonheur: tre, la ruine dans des contrées entières, dans Elle en fait de ses pas la lumineuse trace. de grandes cités. Quu'on se rappelle les réElle est la vision ceinte d'un ruban bleu, centes contractions du sol qui ont fait de SanElle est celle qu 'a vue autrefois Bernadette; Francisco. de Messine et Reggio, d'une parElle est la belle Dame assi se à la Salette; Elle est l'• lmmaculée• et 1a •Mère de Dieu• r tie de la Californie, de la Sicile et de la Calabre de vastes nécropoles sous des monceaux de ruines. Les régions situées au bord des comparti· m-~nt~ afi:, , fses de l'écorce terr<'stre sont par· ticulièrement exposées aux tremblements de terre: l'Amérique andine, les Antilles, les îles de l'Archipel, J'Asie Mineure, le sud de l'Italie, certaines îles du Pacifique, le Japon. Du· Nos sismographes ont fonctionné plus que d'habitude ces semaines dernières; dans plu- rant le mois de mars 1868 on enregistra 2,000 secousses aux îles de Sandwich. Au sieurs pays, le sol a tremblé d'une façon très Japon, il se produit annuellement environ 500 manifeste. Du reste le sol n'est jamais co~ secousses. piètement immobile. L'expérience a montré la Du reste la terre tremblerait, plus souvent justesse de l'affirmation de Humbold: • Si en hiver qu'en été, la nuit que le jour, le maJ'on pouy_ait aV•)ir des nouvelles de i'élat iour. nalier de la wrraœ terrestre. écnvail c~ sa- tin que le soir. vant. on serait pmba!>1etn!' :t bien!ôt cc nvaintu que cette sudace terre"tr\! est 1uuj•>Urs «gîEt, depuis des milliers d'années, il s'est tée par des secousses en quelques-uns de ses produit fréquemment des phénomènes de ce points et qu'elle est incessamment soumise à ~renre! Ne soyons donc pas trop étonnés si la
Les Tremblements de Terre et l'Année 1912 =
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107 re n'a pas plus, comme on l'enseigne ha-
tb~rt !Iement l'aspect d'un tétraèdre représen1 ue • · l"tè re à quatre t une pyramide assez regu t~~és dont les arêtes sont garnies de volca~s.
co A certaines places, ces tremblements e dus à l'eilondrement de cavernes t ée dans ter.re sont . les eaux souterrames on creus s ~~e entrailles de la terre. Ou bien, ils sont dus , la force élastique des gaz et des vapeurs du ~eu central. Alors, on a affaire à des tre~ blements de terre peu important~ ou prodmts dans un pays volcanique. Mats une autre intervient quand l'étendue de pays s~ cau~~ par un tremblement de terre est consi· â~~able: les effets du tremblel!lent ~e terre de L. b nne en 1755 se sont fat! senhr_sur une ts ~fi ci~ de plus ' de 3 millions d~ kiiomètre_s supe . d 1827 en Colombte, se mamcarrés, ceux e 1 ' d 1 500 kilomèfestèrent sudr ulnBSe 4 o~!u1~~al~usi~. embrassètres · ceux e , t tr t' 400 000 kilomètres ; ceux du récen em~~~ment 'de terre constituent l'un des phéno· mènes de la formation des montagnes. Mais ·l'année 1912? M l'abbé Moreux qui a étudié longuement Je soieil croit que 1~ cause des tremblement~ de terr~ est extérieure à la terre: le gran coupable serait le soleil. Il a constaté ~u\le_s séismes se produisent surtout. q~and ~c ~~~~ té du soleil ou augmente ou dtmmue. D ap . ce savant on pourrait comparer la ter~e à une bout~ille de Leyde : l'~tmosph~re JOUe· rait le rôle de la feuille d'élam exténeure. tan·s ue la croûte terrestre rempl~ce~a~t le dt eq de -la bouteille et l'armature mteneure f é de verr . serait le novau liqutde ou gazeu~ matières métalliques. Or, si l'on fat! va_ner la charge de la bouteille, son volume vane proportionnellement. él Cela étant chaque lois que la charge ectri ue venue' du soleil augmenter~ dans l'atmo~phère, la cro~te terres~e se dil~tera, ten: dra à se maintemr d'elle-meme au heu ~e re poser sur le noyau central. Conséquence . Pas de tremblement de terre! - Le phén?~ène inverse se produira dans le cas de dtm~nu tion de la charge électrique de l'~t~ospher~. Et de là tremblement de terre. Amst sexpltquerait, par exemple, l'absence presque ~o~ piète de tremblements de terre en ~té, le JOur, le soir. . d d - on D'autre part, l'activité solatre ~scen a s minimum tous les onze ans, mat_s elle a des soubresauts très marqués, parmt Iesque!s le plus accentué se place trois années aprfs. I: maximum d'activité solaire. En 1905, ce ut-et
orn:
était ~!teint. Le soubresaut principal nous a valu les .tremblements de. ~erre de 1908-1909: Nous commençons la penode du mmtmum, elle battra son plein en 1912..., ~~ les tremblements de terre se succéderont JOyeusement pendant cette année.
Le Vieux Poirier Dans un coin de mon enclos .se trouve un vieuX poirier qui n'est pas loin d'être. ce_ntenaire. Son tronc, couvert de grosse,s ecatll~s rugueuses< ne semble plus porter . ~u avec pet· ne ses branches desséchées muhlee~, ~ouver tes de cicatrices, que s'efforce de dtsstmul~, à chaque printemps, une étonnante frondatson. t . Je ne l'ai pas connu dans s~ ver~ Jeunesse . mais au dire d'un octogénatr.e q~t . se so~ vi~nt encôre de ses prémi~es, C: pomer état! d'une vigueur et d'une fecondtté r~marqua bles. Le propriétaire de l'enclos, qut est _devenu le mien, était un bon père de famtll~. Chaque dimanche, en été, après la vesprée, Il allait avec sa femme et ses enfants, se re~o ser à' l'ombre du beau poirier dont les frutts dorés panachés de pourpre, et d'une. saveur Iégèr~ment musquée, faisaient les déhces de la maisonnée. Rien n'était plus succulent et n'ôtait mieux la soif. . C'étaient de ces poires du vteux temps, dont la race disparaît ; elle est belle, elle e~t bonne. c'est une poire irréprochable; mai_s elle n'est pas cataloguée, ce n est pa_s une potre marchande, elle ne suppo~era t t pas les longs voyages, elle est trop déhcate, ~t, à cau: se de ceia. on t'abandonne à sa destmée, qut est de mourir sans descendance. Pauvre bon· •
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ne Aujourd'hui poire · · d u poi• l'ancien propn"étatre ·er sa femme' et ses enfants sont mor:ts; son ~~ier a passé en d 'autres ma·inS!, pms dans les mienn~s. . Voilà dix ans que je le possède, et bten que je n'eusse connu son histoire que pll!s tard, ie me pris dès le début de sy~patht~ pour ce vétéran, ratatiné dans, son com. mats touiours vert et toujours fecond, malgré la décrépitude et Je poids des année_s. , Te constmisii un banc rustique à l ?mbre de . ses vieux rameaux que les mer!es )Oyeu~ n'ont point déserté, ~t ce coin _de 1enclos ou i'aime. le soir, oubher les fa~tR"U~S du jour, est devenu mon coin de prédtlechon.
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108 ]'y fis souvent de salutaires méditations; je lui doi§ de douces pensées et de mûres réflexions! Au printemps, au lever de lune, à cet instant ineffable où le rossignol lance dans les ombres du crépuscule les premières strophes de sa divine cantilène, . j'ai senti, bien souvent, sous les rameaux fleuris de mon vieux poirier, des larmes d'attendrissement inonder mes yeux. Et je ne sais par quelle étrange suggestion le souvenir de ceux que ie pleure toujours remplissait à cette heure ma mémoire, et cet1e divine voix que je venais d'entendre, il me semblait que c'était la leur. Du corps vénérable de ce vieil arbre que j'aimais, il se dégageait un fluide qui m'envahissait; je ne le quiitais jamais, le soir, sans emporter de notre tête-à-tête quelque pensée réconfortante qui rendait mon sommeil plus plaisible. Puis, ces êtres végétatiis qui nous procurent de si réelles joies, ne nous font jamais de mal, tandis que nous, les êtres pensants, les hommes... n'en parlons pas, c'est trop humiliant. Quand ces êtres passifs, dont cinq générations actives ont sucé les moelles, ont le tort de vieillir épuisés, nous les abattons et les brOions, sans daigner nous souvenir seulement de tout le bien qu'ils nous ont fait. Toi. au moins, mon vieux poirier, tu n'auras pas le même sort. Ce n'est pas sans une sincère émotion que je vois. aujourd'hui, tes tronçons de branches chargés de fruits aux couleurs vives, frais et veloutés; je sens que tu épuises ta dernière sève pour me faire plaisir, pour me permettre d'apporter, triomphant, sur la table de famille. le gage de ta fécondité sénile, un dernier hommllJ:!·e de ta généro~té, tandis qu' autour de toi. vëtéran du quartie,-, de jeunes sujets. savamment taillés. fumés et sulfatés, bouffis de sève et exubérants, demeurent d'une déplorable stérilité. Quelle douloureuse allégorie de l'humanité! Oui. mon cher et vieux poirier, ton sort sera meilleur que celu i de tes pareils et ton heure 11'a point sonné. ]'aurai soin de toi jusqu'au bout, car pour toi, je n'ai pas seulement le culte de l'amitié ou celui de la vieillesse, mais encore le culte de la reconnais· sance. Et quand le moment fatal sera venu où tes racines, lasses de puiser dans le sein de la terre le sang qui te nourrit, auront fermé
leurs suçoirs, quand les derniers bourgeons auront séché sur tes branches et que toute ta vie sera éteinte en toi, tant que je vivrai, tu resteras là, et je ferai grimper, sur tes flancs décharnés, des guirlandes de lierre et de volubilis, des buissons de chèvre-feuille et de clématite, pour conserver encore l'illusion de ta vie, pt•ur couronner ton tombeau. SOLANDIEU.
Le Travail des Ecoliers Rentrés de l'école, nos enfants se mettent à leurs tâches avec courage, le bon courage des premiers jours. Où travailleront-ils? Trop sottvent dans la chambre commune, dans le b; uit que fout· les plus petits qui s'amusent ou qui piaillent, dans la conversation des adul<e:>, qui pensent qu'ils n'ont pas à se gêner p0ur ce garçon de douze à treize ans, sur la 1able encombrée des tasses du goQter ou des a~stetles du souper, des tabliers et des panto.Ions à raccommod·~r. Ils travaillem. parfois. là où l'écrivain le plus rompu à son métier ne saurait aligner dix mots oui se sui· vent en phrase sensée. Qui veut la fin veut les moyens, dit le proverbe. Qui veut que son fils fasse de bonnes éludes doit le placer dans des conditions où il pui sse travailler. • la santé de l'écolier, remarque un professeur, J'harmonieux développement de ses forces, de son intelligence, de ~ on caractère. exigent une vraie chambre, de dimensions raisonnables, gaie, aérée, ornée. Si les parents savaient l'importance du logis sur l'éducation, afin de faciliter leur tâche, 11fin de s'éviter les douloureu~es surprises de l'avenir (adolescence maladive. intelligence engourdie, cœur fermé aux joies de la famille ...), comme ils s'empresseraient de mieux loger leurs filles et leurs garçons! Avec luxe? Non, certes, mais largement, commodérœnt, coquettement». Nous demanderons sinon une vraie chambre, du moins un coin quelconque où l'écolier puisse écrire, étu<ltersans être dérangé, el qui soit bien à lui. Une table s'y trouvera, des casiers pour ses livres et ses cahiers. Tout autour seront ais· posées les choses familières et amicales, les ohotograP._hies, les cartes postales, les gravures aimées, le crucifix personnel et, quelque part, le tiroir dont il a seul la clef et qui est comme le cœur de son • chez lui •. Le jeu-
ront en hésitations désolantes !lvant _d:aborue garçon est très jaloux de sa - personnalité der avec vigueur la besogne enhn .~hot~te. . naissante. Il est indispensable de respecter sa On attend l'inspiration? Or, 1 msptrah?n susceptibililé dans l'or2'anisation de son vient quand on sait la cherc~er. Le premter intérieur. . quart d'heure est pénibl~. Mats le ~erveau s: Et nous J'y laisserons bien en pai~. Car Il toni!ie l'entrain apparatt. Les metlleurs d~t arrive que des parents irréiléchis, moms ~eux voirs ~e- sont pas ceux qui s?n~ le prod~t ui n'ont. pas fait d'études qu.e cel:ix, qut le~ d'une écriture hâtive sous la dtdee du boutl~nt mal faites, harcèlent l'éco_her _sttot, rentre lonnement souvent trouble et mêlé du cerveau, de classe. On a dès le matm reserve pou~ mais cettx qui sont le résultat de l'e~ort at1 . des multitudes de menues besognes qut tentif et de la réflexion. Le cer.;~au agt_t c~m :bsorberont toute sa soirée, le bon moment me les autres organes. Lorsqu tl a. pns l hades tâches et des leçons. Qui habite dans un bitude de fonctionner à une cex:tame ~eur~, magasin doit porter de~ pa~uets mar-, cette heure venue, il se trou v~ d~spos,. ~~ tr chandises aux client. Qut a 1 heur d etr~ ne vaille mieux et plus vite. L'trregular~t~ dl e_s dans un café doit rincer verres et bou~etlles. repas est tunest e -a l' esto mac , à l'appeht ut• _ Mais j'ai des devoirs! - Tu as bten le même. Pourquoi n'applique-t-on pa~ ce~e n~ temps de les faire ce soir après · souper. me rèl!'le à la préhension et à la dtgest.IOn n: Alors? Il aurait mieux valu que l'enfant n'al- la nourriture intellectuelle? Le capnce saurait jamais devenir', ni J?O~r .notre c~rps, lât pas en classe. Mais aussi que l'écolier s~che ~em~urer ni pour nol're âme, une dt_sctphne 'sa u atr,e assidu et studieux dans le co~n qui lut est et sensée. Rien n'est plus sam que .1 effort reulier repris le même jour. à la meme heure, réservé. Qtt'il s'y tienne bloth_, pendant_ .Ie.s heures d 'études, recueilli, repl~é sur lut-me- ~ui d~vient une bonne habitude, - une v_;;rtu .. me~, attentif à la seule leço~. qu 'tl faut appre~ dre au seul problème qu tl faut faue. Qu tl se garde, alor s qu'il a sa chambre, ~e trans• porter livres et cahiers dans telle ptece ?ruyante, la ~alle à mang-er, par exe.mple, ou le bruit, les conversations, le va-et-vt~nt !e troublent et l'étourdissent. Il en est qut pretendent Comment les Mamans doiv,ent . enlever les que ce tapage leur est indi~r:nsable. ~es coq~s étrangers dans 1 oretlle, du nez, , . 'sl Ou les paresseux! Ils desirent mamfesdes -veux, etc., chez les enfants. ~:~;e~t être distraits. Tout pr étexte .leur es~ . d t C'est une des interventions. qui deman en bon pour n'avoir à donner à le.ur tach~. qu" sang-hoid de la part le plus de calme et de le minimum d'attention, les ~n,bes qu tl e~ peut rester lorsqu'ils ont taqut_ne 1~ domest~ des mères. . '1 Avant tout, elles doivent se souvemr _qu: r ue ou le chat, joué avec le chten, ltr~ 1~ na.· e faut pas nuire aux enfants sous prelex e le de la petite sœur, fureté dans les ürŒrs et ~e vouloir les soulager et les débarrasser d'un volé quelques morceaux de sucre ou quelq~es hôte incommode. ,. t · truits à l'office. · Il va de soi que les n:tama?s n m ervtenQu'il Y reste donc, dans le co}n qu! ;st le . t qu'il y travaille avec regulartte ..Les dront que dans le cas - tres frequent malheus~~dic~teurs de retraite conseill~nt volonh~rs r eusement - ol! un médecin ne se trouve pas t t Ja leurs jeunes auditeurs d'établir un horat:e à proximité. Beaucoup . de ces diables d'en!an s on journalier de travail. Les professeurs tres très fâcheuse habitude de ~e fourrer de~ corps c laïcs • de l'Université de France, comme .les étrangers dan s les ouvertur~s ~aturel\es. « Obcrlehrer • allemands, p rêchent la meme Occupons-nous auiourd'hut, st vous .e voudoctrine. Tout écolier dOit se dr7sse: so~ . lez des fosses nasales. . du temps • un tableau qui determt• emp10 • • ·. d · Tout ce qui eritre là et so~t par l_à, smt e~ ne heure par heure, les occupahons u JOUr. avant soit en arrière, est tmmagt~abl:. _S• 'J't'anore comment sont suivis ces sage_:; , ' 'ns et ces aamines se bornatent a m· que ce1Ul· qUI· s~ met a ees gamt "' d ·gt plus ou avis. "'Toujours est-tl troduire dans Je nez leurs Ol s. e sa table sans savoir ce qu'il ~eut fatre commoins propres. passe encore! ma!s corn;: mencera un travail, puis le l~tssera, essaye~a dans un magasin ils y logent les catlloux, es d'un autre travail, et vingt mtnutes se pass -
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Méder.ine Maternelle
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110 boulettes de papier, des boutons de culotte ~ra enc?re. mi~ux que la seringue pour pramêmes des billes et des haricots. Il est mêm~ tiquer 1operahon. II faut tenir le bock d'aa~rivé que lesdits haricots. se trouvant à leur bord peu élevé. puis, insensiblement l'élever a1~e dans ce milieu humide et chaud, se metà 1 mètre, 1 rn 50 .et 2 mètres, pour 'augmentaient à germer! ter la v~t~sse et la force du courant d'eau tièVotre enfant vient de s'introduire un corp~ de, boullhe ou boriquée. ét~anger dans Je nez, qu'est-ce que vous allez Une recommandation c'est de bien boufaire? cher la narine, dans laquelle on place la caD'abord). pas de bêtise, n'est-ce pas? Et nule, qu'o.n se serve de bock ou de seringue. pourtant, c'est par là qu'on commence en Sans quo1 l'eau s'échapperait de ce côté ce général. ' qu'il faut éviter. ' Vous vous. précipitez sur une pince, un Je suppose qu'on n'a à sa disposition ni crochet à bothne et, d'une main tremblante, bock ni seringue. vous cherchez à le saisir ou à l'attirer à Eh bien; on aura toujours la ressource vous... Oui, mais vous ne l'avez pas plutôt d'essayer de faire éternuer l'enfant avec une touché q~'il se dérobe et s'enfonce davanta- petite prise de camphre ou de tabac. A défaut ge. on pourra recourir à un grain de poivre. Trè~ Vous n'êtes autorisée - entendez-moi bien souvent, le corps étranger file dans un • Dieu - à vous servir de ce moyen que si l'obfet vo4s bénisse 1• étant tout à fait à l'entrée du nez vou~ n'avez Dr CA~ADEC. qu'à Je cueillir. ~1 arrive de .ne pas apercevoir le corps du délit, encore b1en que ·vous soyez sûre qu'il est là. C'~st que vous ne regardez pas là où il convient. Le plus souvent, vous vous obstinez à fixer les yeux sur le haut du nez. Goutteux, mes frères, réjouissez-vous. S'il Or, habituellement, l'objet se loge dans le est vrai, comme .I'~ssurent les pensews, que bas, sous ce que nous nommons le cornet le spectacle de l'mrortune d'autrui est consoinférieur. lan~ pour celui qui souffre, nous prendrons en Enfin, trève de détails! Je suppose qu'il est pahence nous savourerons même les attraits allé se promener profondément ou que rien de notre mal sournois, rien qu'à l'évocation ne révèle sa présence. de ce que nous aurions enduré si le ciel nous Quelle conduite allez-vous tenir? avait fait naî~re deux ou trois siècles plus tôt. Deux mohfs, d'abord, de consolation: la Mon confrère le docteur Mercier, va vous la tracer en termes pittoresques qui la fixe- go~tte est un désagrément aristocratique, ce qu1 est assez flatteur; elle restaU sous le ront dans votre mémoire : grand roi l'apanage presque exclusif des noChargez d'eau tiède une seringue. Il s'a· git de faire l'injection avec soin et précau- bles et puissants seigneurs trop bien nourris· tions, sans trop de force pourtant dans la elle ne tourmentait que les gros personnages: narine... • libre •. Ne vous trom'pez pas : Elle est, en outre, l'une des plus anciennes de • dans la narine où n'est pas le corps étran- toutes les misères qui tracassent l'humanité ger •. Cela, on peut toujours s'en rendre et ceci encore n'est pas pour déplaire. C'est compte, parce que la. gêne respiratoire s'accu. une incommodité • de race ». Aussi nos momédecins la respectent-ils et ne se risse du côté • bouché •, alors que le côté libre dernes respire • double •, surtout si on ferme la bou. quent-ils pas à la combattre ouvertement à l'égal d'une vulgaire infection. Ils nous I~issent che d~ l'enfant. Donc injectez dans la narine étendus, de drogues le pied douillibre. le courant d'eau va aller butter contre Jettem~nt exempts emmitouflé, c'est ac~ptable. la paroi postérieure des fosses nasales· il Ma1s supposez-vous, pour un instant conva revenir par l'autre côté et chassera de~ant temporain de Henri IV ou louis XIV.' vous lui le corps, qui tombera dans le bassin disêtes à Paris, à Saint-Germain ou à Ver~ailles posé pour le recevoir, en même temps que le dans un appartement où on gèle l'hiver o~ liquide. Si vous avez un bock à injection, cela vau- l'on cuit durant l'été; des pièces d'eau, ~ou veHement creusées, s'élèvent, le soir, des
Médecins et médecines d'autrefois
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brouillard perniCieux; en outre, vous passez tranquillement huit heures à table, absorbez dix livres de viande et ne buvez que du vin de Bourgogne, tout autre étant dédaigné par les ~ns du bon ton. Voici la goutte; que · va-t-on faire? les médecins accourent. je dis • les • médecins, ca.r la mode exige qu'il en vienne le plus grand nombre possible, et tous à la fois: en 1609, la marquise d'O.... en a trente à son chevet. Ils parlent beaucoup, dissertent savamment - souvent en latin, - mais n'examinent jamais le client. Pour un docteur, toucher un malade, c'est déchoir; celui qui commettrait l'inconvenance de tâter une jambe ou d'appliquer contre un dos son oreille serait toujours plus discrédité. Et le patient est réduit à assister, du lond de son lit, à une sorte de séance académique dont il est l'objet plus ou moins lointain. Enfin, l'aéropage s'est mis d'accord: un point sur lequel l'unan~mité est coutumière, c'est la saignée. Que le malade soit un nonagénaire ou un enfant à la mamelle, on saigne à lorce. la maxime de Botal, médecin italien du XVIe siècle, est toujours en honneur: • Plus on tire d'eau croupie d'un puits, plus il en revient de b~>nne. le .semblable est du pur sang et de la saignée. • On saigne donc et l'on purge tout autant. On vide quarantesept lois. en une seule année, les veines de louis XJII, et le malheureux roi absorbe dans le même laps de temps, deux cents cinquanteneuf purgatifs. On peut assurer que ce monarque, réputé débile. était un colosse éclatant de santé. puisqu'il résista à semblable régime. Du reste. on le ménageait. Guy Patin ~e vantait d'avoir saigné soixante-quatre lois un certain M. Cousinet, atteint de rhumatisme. Si le malade n'a pas succombé à ces détersiolliS préparatoires, on commence à combattre le maL Et comment! On entoure la jambe enflée du cardinal Mazarin d'un énorme cataplasme de • fiente de cheval'"· lui, du moins, est dispensé d'avaler ce désagréable médicamen.t ; mais ~ichelieu, moins favorisé, doit absorber, délayé dans du vin blanc, • ce que les médecins approuvèrent fort .:o Ambroise Paré, le créateur de la chirurgie, s'était montré grand partisan • des remèdes pris des _bêles • . A l'influence de ce grand ancêtre le XVIIe siècle iut redevable de ces thérapeutiques bizarres qui, aujourd'hui, nous paraissent être de pures mystifications. Pour la jaunisse, on mêle, pendant neuf jours, de
la fiente d'oie à sa boisson; on préconise aussi des vers de terre lavés au vin blanc et mangés à. la cuiller; l'urine est très appréciée: on la recommande sous bien des formes; Mme de Sévigné la préfère en pilules. Pour l'asthme, les médecins ordonnent le poumon de renard macéré dans du vin; la hèvre quarte se guérit quand on porte au cou • une araignée enclose vive dans une coquille de noix •. la • râpure d'ongles • passe pour un • excellent vomitif • ce qui doit être vrai, car rien gu'à l'idée le cœur se soulève. la calvitie ne résiste pas à l'application de trois cents limaces bouillies et bien dé2"raissées dans une décoction de laurier, de miel, d'huile d'olive et de savon. Quant aux malheureux atteints de la rage on leur laisse le choix entre l'empoisonnement immédiat ou l'application sur le front d'une dent de jument dans une compresse imbibée de salive. Si ce traitement n opère pas, l'ordonnance de Guy Palin est précise : il ne reste plus qu'à étouiier le malade sous ses cou.vertures. En certains cas, on fait usage d'animaux vivants. Ainsi soi2"ne-t-on l'hydropisie au moyen d'une ceinture contenant des crapauds qui grattent le ventre et les reins; pour la léthargie, on attache au lit du dormeur une truie en pleine maturité: c'est souverain. La vipère est une panacée: Mme de Lafayette ne réussit à ranimer un peu ses forces qu'en buvant tous les matins un bouillon de ces vilaines bêtes, et Mme de Sévigné écrit à son fils: • M. de Boissy va me faire venir dix douzaines de vipères du Poitou. Prenez~n deux tous les matins, coupez-leur la tête, fai· te1rles écorcher et couper en morceaux, et farcissez~n le corps d'un poulet. C'est aux vipères que je dois la pleine santé dont je jou.is. • N'imaginez point que ces dégoûtantes ratatouilles rentrassent dans la série des médicaments populaires qu'on appelle • remèdes de bonne femme • ; non pas. C'était là ce qu' ordonnait la Faculté; ce qu'approuvaient des maîtres tels qu'Ambroise Paré, Guy Patin, limery, Jérôme de Montreux, Fagon, Van Helmont, Gœurot, qui fut le médecin de François 1er. Et Gœurot nous ramène la goutte; sa prescription contre ce mal tenace était simple: il suffisait, pour s'en débarrasser, d'un bon repas composé d'une oie grasse hachée avec des petits chats; le résidu de ce plat indigeste devait être employé à des frictions sur l'orteil endolori. Restait encore le recours au baume du R. P. Tranquille, religieux de Bre-
112 1l3 1agne, qu'.!m gouverneur de cette province avait choisi comme médecin et à l'antimoine, inven1é par un autre religieux qui, ayant tenté sur ses confrères l'essai de sa trouvaille, les avait tous empoisonnés. De cette déplorable aventure, s'il faut en croire un pamphlet daté de 1550, Je spécifique fameux tirait son nom! M. Humbert de Gallier a rassemblé ces traditions et bien d'autres en une amusante étude sur les mœurs d'autrefois. Pour ce qui con" cerne la façon dont nos pères se soignaient, il ne s'est pas contenté de feuilleter les anciens codex et les gazettes médicales; il a fouillé des archives de famille, compulsé les livres de ménage de quelques vieilles demeures provinciales et y a dél:ouvert bon nombre d'étonnantes recettes. M. de Gallier prévient modestement, dans sa préface, que son livre n'~pporte aucune révélation sensationnelle dans le domaine historique. Qu'il se détrompe. Ce qui fait défaut aux curieux du passé, ce ne sont pas les récits des grands évé nements, les considérations de toute sorte sur les variations politiques; ce qui manque, c'est précisément ce que M. de Gallier nous apporte: un tableau in lime de la vie domestique, une chronique de ces petits faits insignifiants que nul contemporain n'a pris soin de nous transmettre Beaucoup font profession de dédaigner ces minuties; mais le nombre des lecteurs auxquels elles plaisent s'accroît de jour en jour Elles satisfont notre goût du bibelot; et c'est. en quelque sorte, la collection mise à la portée de tous. ( « Les mœurs de la vie privée d'autrefois• , par Humbert de GaBier. un vol. in-16.) Quand la goutte. Je rhumati sme ou la gra-. velle av11ient résis!é à la sai!mée fréquente, aux purgations réitérées aux cataplasmes d_e crottin aux vipères. aux crapauds, aux araignées. aux rog-nures d'on,!!les aux pâtés d'oie et de pefit~ chats. il fallait bien expédier le mal~cte aux eaux, et là le véritable supplice commençait. D'a bord ca coûle 1rès cher ; le roi Louis XV lui-même. n'est pas assez riche pour envoyer ~e~ fille o. passer une saison à Plombières et il emprunte deux million.... afin de leur paver le vova~e. Et puis une fois rendu après quelles fatil!lles! - on Ille s'am~se guère à B~anères à Forges. à Barèqoes A1x et Spa sont à la mode; aux eaux de Bath, l'élégance est de rigueur; il est d'usage de n'e~1lrer da~1s la piscine qu'en tenant un bou_quet a. la mam. A Vichy, l'installation est rudnnentau:'e. Mme
de Sévigné décrit ainsi sa première douche, sorte de traitement alors presque inconnu: • On est toute nue dans un petit Heu sous terre, où. Fon trouve un tuyau de cette eau chaude qu'une femme fait aller ott vous voulez. On supporte tout, on souffre tout et l'on n'est point brûlée. • Il est des stations moins bien organisées encore. Mlle de la Roullière en fréquente une appelée les bains de Saint-Georges, perdue dans les montagnes du Vivarais, et où les lettres n'arrivent jamais. On y boit des eaux minérales • dans Ies,q uelles on se plonge ensuite à la ·plus vive ardeur du soleil •. Dans un t rou plein d'eau, mesurant deux toises quatre mètres environ - en longueur et en largeur, on empile pêl~mêle hommes et femmes, sains et galeux, rogneux, pauvres et riches. • J'y ai vu, écrit-elle, jusqu'à quarante personnes à la fois. M. Daumont (le médecin du lieu, peut-être) prétend que c'est de tous ces gaz rr.unis que naît le bien que chaque individu en reçoit pour sa santé et surtout pour les maladies de peau. Comme on comprend que 1·efusant de se soumettre à ces épouvantables vexations, Mme de Lauzun, en femme de bon sens, fermât sa porte aux médecins: « Je n'en ai que faire, disait-elle; quand je me trouve malade, je fais deux lieues à pied et je suis guérie. • C'est décidément un grand réconfort de son~ter lille &i l'on a le désagrément de souffrir ·aujourd'hui de la goutte, c'eût été un malheur d'en être affligé, ni plus ni moins, à 1époque du R'rand roi, quand les Esculapes moliéresques improvisaient à leurs clients des épreuves dont seules peuvent donner une idée les diaboliques imaginations des peiits démons couleur de feu qu'on voyait naguère dans les théâtres forains, turlupinant saint Antoine, Je t1rant par les cheveux, lui chatouillant la plante des pieds et le forçant à se nourrir de choses répugnantes que par surcroît. il1s .s'amusaient à lui faire avaler de travers. T. G.
• Enfants terribles : La Maman. - Mon Dieu! que t'est-il arrivé mon g-arçon. pour rentrer dans un pareil état? Tes vêtements neufs sont pleins de trous. Bob. - Oh! maman, nous avons joué à l'épicerie et c'est moi qui faisait le fromage de Gruyère.
A la gorge Il est 3 h. 1/2. Il fait noir, il fait froid, il pleut... Dans la sacristie, un prêtre va, vient, un livre de deuil sous le bras, et tourne di straitement les cordons de son étole noire. Il attend un convoi de dernière classe; et Il l'attend avec une cer!aine impatience, car, à 4 h. 5, un redoutable escadron de quatre-vingt laïques, exaspérés par deux heures de classe, doit faire irruption dans la chapelle des catéchismes, et si le dompteur n'est pas là ... gare!.. .. 3 h. 35... Personne. 3 h. 40... Le cahotement d'une lourde voiture sur des pavés... un bruit de pas ... une porte qui s'o uvre... un sacristain qui apparatt entre deux battants de velours limé : - Monsieur l'abbé, le convoi est là! - Alors , allons-y!... Et, lentement, le cortège se forme. Le sacristain, surplis déplissé, sou!ane cireu se, croix dénikelée... l'enfant de chœur, mal peigné, le rochet en blouse de laitier, balançant d'un g-este impatient !~ bénitier presque à sec ... le prêtre, grave, isolé en lui-même pensant à son instruction de tout à l'heure. Il va bien Je laire, ce convoi, car il est bon prêtre; mais la terrible fatalité de l'accoutumance!... . Quand mille fois les mêmes idées, expnmées pa1· les mêmes mols, ont passé par les mêmes lèvres elles sont comme usées, elles ont perdu leur énergie prenante ... c'est le brui! familier qu'on n'entend plus qu'à force de vo· lonté. Et ils s'eu vont,... Quelques pas dans un co·Jloir humide, et voici l'ég:lise, dont la sombreur se pique de six lueurs de cierg-es. Dans cette église, 1'assis lance ordinaire: une quarantaine d'hommes d'm1 côté .... une soixantaine de femmes de l'autre. Au milieu, les deux tréteaux qui attendent... Et, là-bas, dans le fond, la fom1e sinis tre et longue où est enfermé un homme... le lourd cercueil de sapin qui s'enveloppe de ce drap banal. de celte obscurité, de cette misère ... de ce noir partout... Pauvre cho.se que nous sommes! ... «Si iniquitates... • entonne le prêtre Le sacristain continue d'une voix quelconque. Mais quoi. .. ? Derrière la bière, l'abbé a, dans l'ombre distingué une forme étrange?
Quatre hommes se tiennent, debout et graves, autour d'un ... oui ... d'un. drapeau !ricolore ... un beau drapeau de so1e, dont la frange d'or vient de caresser le drap noir. Rapidement, les yeux du prêtre . s' ha~i tuent.... Il aperçoit maintenant une mscnption: •Société des vétéran:; des armées de terre. et de mer... • Il voit même davantage .... ! Su r la nudité du drap se pique une petite lache d'or ... on dirait le ruban jaune d'une médaille militaire... ? Alors une émotion ina ttendue le prend à la ~·or!{e. Qu'a-t-il Et, devant lui ... entre ces quatre . planches ... ? Un pa uvre ... ? Oh! sûrement!... Ma1s un brave.. ? un héros peut-êlrel .. comme il en reste encore tant dans ce pavs de France .... un de ces hll!nbles qui font leur devoir, qui s'y tuent ,•t qui se taisent... Oui ... 1~~ui est là devant lui, dans ce cercueil...? ... T'es-lu battu à la frontière, en 70, dans l'orgueil farouche des premières rencon~res, quand la victoire n'osait pas encore qmtte.r ces trois couleurs qu'elle avait tant annees ... i' ... Ou bien as-tu grelotté, petit mobile pe~ du dans un fossé d'avant-garde, un soir d'hlver comme aujourd'hui, à Champigny ou à Buzenval... ? .. Ou bien derrière Négrier as-1u, au bout du monde couru débloquer Langson ... ? ... Peut-être as-tu vu mourir Courbet sur son cuirassé, au murmure solennel des grandes eaux? ... Ou, plus près de nou3, as-tu tra.cé la route aux générations futures parm1 les brousses de Madagascar ou dans les sables du désert africain ... ? Ce que 1u as fait, ie 1ignore! ... Mais le drapeau est ton garant... Quand il s'incline, surtout devant la dépouille des pauvres, cela signifie toujours quelque chose, et le rub_an jaune es! un de ceux qui ne s'achètent Ja· . 1 maiS .... D'un pas rapide, l'abbé prend par le bascôté, pendant que les porteurs amènent le corps en haut de l'église. . . - Pierre dit-il en arrivant à la sacnshe, le drapeau ~st chez nous, il faut ~ien le recevoir... Manette une ... deux... tro·IS ... quatx:e·:· Le bedeau, un Breton qui revient du regt. meut, a compris. Pour cette besogne-là, pas la peme de répéter la consigne!. .. Ouvrir la boîte des corn-
114: mutateurs, faire jouer les manettes c'est J'affaire d'une seconde... ' Alors la nuit devient le jour. L'électricité ruisselle du haut des piliers. La patrie d'en haut semble jeter sa clarté sur le noir de cette bière et en chasser les pensées de mort. Et. dans cett~ lumière, tout.es les figures apparat.ssent.;. figures d'ouvners qui perdent une JOurnee pour honorer le camarade... fi. gures pâles et ardentes des femmes en deuil... ligures rudes des vétérans .... Ils sont d'un autre temps, ceux-là... On les sent vieux et pleins d'honneur... Avec leurs moustaches tombantes, leurs talons réunis, leur allure martiale, n'importe quel Français les reconnaîtrait. Ils se redressent encore sous ce soleil qu'ils n'espéraient pas. Ils regardent le drapeau, qui semble vivre et frissonner de cette gloire que lui vaut ce soldat tombé... vivre et frissonner aussi de se trouver si près de Dieu ... du Dieu des armées, 4ue tant de braves ont invoqué au matin des batailles. Ce n'est plus un deuil... c'est une fête, une apothéose!... La résurrection a comme jailli du cœur du prêtre ... Et quand ce fut fini ... quand tous eurent défilé pour la suprême bénédiction, alors Je fils du défunt, rm OllVrier aux mains dures, se di· rigea vers la sacristie. - Monsieur l'abbé... au nom de ma mère et des camarades ... je viens vous remercier .... - Vous avez compris pourquoi...? - Oui, nous avons tous compris... - Mon cher ami , quand j'ai vu Je dra· peau ... celte méda ille... ce cercueil de pauvre, i'ai dit: •\:a ne peut pas aller comme ça! ... • T'ai eu l'impression que la France était là, accompagnant son enfant. Alors, moi, j'ai vou· lu bien les recevoir toutes les deux! -Merci!... Les deux hommes se serrèrent la main, un rude coup.... et dant cette étreinte du prêtre et de l'ouvrier un peu de l'amour de Dieu passa à la suite de l'amour sacré de la patrie ... Pierre l'ERMITE.
J'ai tant besoin d'une mère!... Un jour, raconte un prêtre, je remarquai une brebis étrangère mêlée au troupeau de
mon catéchisme. Cette petite figure pâle et chétive, qui s'était glissée au bout du dernier banc, ne m'était pas totalement inconnue: ma mémoire me rappela bientôt que l'intrus était le fils du nouveau contremaître de l'usine, homme- d'opinions violentes et exaltées or a· leur de club. mangeur de prêtres etc. D~ reste, Je petit semblait dépaysé dans' le saint lieu. Il regardait de tous côtés et avait une attitude gênée à l'extrémité de son banc. Je ne pa· rus pas prendre garde à sa présence, mais après avoir fini d'interroger mes enfants, j'allai à lui et le fis lever. II tenait sa casquette à .la main et me regardait avec de grands yeux trrstes. Ses vêtements beaux et bien faits manquaient de fraîcheur. On devinait à les voir qu'une mère ne les avait point touchés. • Tu vas à J'école, lui dis-je, as-tu entendu parler du bon Dieu? • Silence, ges,te vague et indifférent. • De la sainte Vierge? • Le petit leva Je iront et soudain son visage s'anima. • Oui, me dit-il tout bas, mystérieusement. J'ai entendu dire que les enfants du catéchisme ont une Mère, la sainte Vierge. C'est pour cela que je suis venu ... » De grosses larmes roulèrent sur ses joues pendant qu'il ajoutait : • J'ai tant besoin d'une mère. • Ce cri me loucha. Dès que mes élèves fu· rent sortis. je revins au petit étranger. • Viens, lui dis-je, je vais te mener à la mère. - Il me jeta un regard profond. - A celle, cont inuai-je, qui remplacera ta mère... • Et je le conduisis à la blanche chapelle que les Enfants de Marie ornent avec un soin pieux. Lorsque l'enfant aperçut la sainte image cou· ronnée du diadème d'or, entourée de fleurs et éclairée du reflet des vitraux, il s'écria les mains jointes: • Ah! la voilà. Qu'elle est belJe! Croyez-vous qu'elle voudra me prendre pour son petit garçon? Voyez, elle en a un autre entre les bras. Peut-être qu'elle n'a pas besoin de moi, et moi, si vous saviez! J'ai grand besoin d'une mère..., surtout depuis que je suis malade ... - Tu es malade, pauvre petit? - Il toucha son côté gauche. - j'ai mal là, pas grand mal, seulement je ne peux pas jouer ou cou· rir avec les autres, alors Je médecin a défendu de m'envoyer à l'école. Je suis malheureux tout seul à la maison. Papa m'a ime bien, mais il est toujours sorti. On m'a dit que les enfants qui viennent ici trouvent une Mère tou· te bonne ~~ toute puissante, je me suis échappé et je suis venu. • Voici encore un de vos bienfaits, bonne
115 Mère, pensai-je. Merci de m'avoir amené cette chère petite âme qui eût péri dans l'ignorance et dont la voix se mêlera bientôt ~utêtre, aux concerts des anges. ' • Cro_yez-vou.s , répétait-il inquiet, qu'elle voudra de mot, la sainte Vierge ? - Sans doute, mon ami, mais il faudr a faire comme les enfants qui viennent ici et apprendre son catéchisme. Je lui en mis un entre les mains. - Mer· ci, Monsieur, ie Je lirai, bien sûr . • Il dut, non seulement le lire, mais l'étudier ardemment, car il parvint à rattraper les autres et ~me .à en dépasser quelques-uns. Je le voyais arnver à chaque séance, toujours plus pâle, plus chélif, la respiration plus hale~ante. Un matin, il ne vint pas. J'allai chez lut. Le petit était seul. Dès qu'il m'aperçut, il me montra son catéchisme placé près de sa lê le sur l'oreiller : il était au lit : • - Monsieur l'Abbé, ,ie sais ma leçon. Papa m'a aidé à l'apprendre. - Est-ce possible, mon cher en· fa~t. comment cela? C'est que, je suis si farble! Ma vue se trouble et je ne puis plus Ji. re... j'étais très inquiet de ma leçon. Alors vo~ant que cela me faisait mal, papa a prls le hvre et a répété lui-même sans se lasser jusqu'au moment où j'ai pu réciter sans f~ute... J~ c~ois_, . Monsieur l'Abbé, que je mourrai bJentot, amsi il faut que je me dépêche... . Penché vers lui, j'allais le rassurer l'empêcher de se. fatiguer. Le bruit d'un ;anglot contenu me ht relever la tête. Le père était au che.vet du lit. • Ne pleure pas, papa, reprit le petrt ma)ade. Je serai très heureux si tu veux bien m'aider comme hier pour m~n catéchis· rn~, car j~ po.llrrai f~ire ma Communion et j'i· ra1 au etel. La samte Vierge me conduira. Toi, aussi, papa, tu viendras plus tard, n'estce pas? :o La tête_ enfouie dans ses deux mains Je père pl~urait. Je me levai et sortis sans qu'il m'eût accordé la moindre attention. Cela ne m'empêcha pas, certes, de revenir le lendemain et presque tous les jours. Je trouvais mon malade seul avec une garde qui se retirait aussitôt. Parfois Je père entrait brusquemen! et reprena i.t sa yosition première, appuye contre le ht, votlant son visage et saluant à peine au départ. Mon petit élève s'affaiblissait. Ses crises, ~es suffocations étaient plus longues et plus fréquentes. Son âme semJ;>lait alors si près d'échapper à son corps fragtle, qu 'on aurait voulu étendre la main pour la retenir, comme un oiseau qu'on voit battre de l'aile au seuil de sa cage ouverte.
Dans un moment où nous étions seuls: • Savez-vous, Monsieur l' Abbé, ce que m'a dit papa? • Puisque tu aimes tant la sainte Vierge demande-lui ta guérison, fais un vœu ainsi que l'explique ton catéchisme. Je te conduirai à Lourdes •. - Votre père a raison, ~o~ pe~it ami, il faut fa ire ce qu'i l désire, • d rS·]e v1vement. Il secoua la tête. • On ne doit jamais rede· mander ce qu'on a donné. J'ai donné ma vie à Jésus pour qu'il me donne sa Mère au ciel et Qu'el.le y amène pauvre papa un jour... ce sera I_TJJeUlf comme cela. Quand pourrai-je ... , Monsieur l'Abbé, quand pourrai-je faire ma première communion? • Il la fi t un jour du mois de mai. On avait jeté sur la couchette un drap blanc et sur ce drap les premières roses du printemps. Ses petits camarades du catéchisme remplissaient la chambre. L'en· fant communia et mourut comme un saint. Vous devinez que la grâce n'avait pas attendu cette heure suprême pour toucher le malheureux père. Toutes les objections, toutes Je~ négations, toutes les flarrunes de ré· volte et de haine qu'attire le démon de l'orgueil s 'étaient évanouies au contact de l'humble et sublime petit livre que son fils mou· rani ou plutôt que Marie elle-même lui avait mis entre les mains ...
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Cette simple et touchante histoire, tirée presque textuellement de la revue mensuelle « l'Idéal , , nous montre d'une manière assez juste Je rôle que la Sainte Vierge joue dans la vie d'un chrétien: elle Je condui t à Dieu. Il était sans doute regrettable que l'enfant en question n'eût jamais entendu parler de Dieu . bien qu'il eût une vague idée de Marie; c'est d'ailleurs un cas extrêmement rare. Néanmoins cette connaissance très imparfaite de sa Sajnte Mère iut le moyen par lequel l'enfant parvint à la connaissance de Dieu. la fin. Je but, c'était la communion, c'est-àdire le Christ pos sédé réellement et personnellement, avant-goût du ciel; le chemin, ce fut Marie, naïvement aimée par la pauvre pe· tite créature. En principe, Dieu n'a besoin de personne pour se donner à nous: il peut fort bien communiquer avec ses enfants sans intermédiaire. Ma is il se sert souvent des créatures: les bons chrét iens, par leurs paroles. par leurs exemples, par leurs prières, conduisent à Dieu leurs semblables. Ce que font les bra· ves gens. ici-bas, les saints Je font du haut du
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116 son bonnet blanc remue ses deux coques de mousseline comme un grand papillon de neige qut battrait des ailes follement. - Répète, quand il arrive! C'est bien demain! Tu ne te trompes pas! Et elle insiste, inquiète de sa joie mais le père s'embrouille, ne retrouve plus 1~ phrase. - C'est si mal écrit! Père Rozier, une lettre de votre garPuis, crac! voilà une grosse larme qui rouçon! le sous ses lunettes et vient s'écraser sur la Et le facteur, joyeusement, entre dans la page! Oh! l'indiscrète! Pleurer, lui! Allons g-rande salle, sur le seuil de laquelle se tient le pè~e . Rozier, fumant sa pipe après le repas ' donc! Un ancien g-arde-champétre! de mtdt. Brave facteur! Il sait bien que les Pour se remettre, le père apporte des verquelgues lettres reçues à la maison Rozier res, ya chercher une chopine toute pleine du ~ont toujours des • lettres du garçon •. Puis « peht blanc du coteau •, un vin fameux altl n'a pas oublié, non plus, qu'on lui paye sa lez. qui pétille et mousse, doré comme un' racourse, chaque foi s, d'un verre du • bon petit yo!l d'av~il, qui vous fait rire rien qu'à le blanc du pays •: la route est longue depuis vo1r et rechauffe le cœur comme si on buvait la viJJe, et par ce diable de soleil qui flambe du soleil! J?uis le facteur prend sa canne et part. haut le ciel, il fait chaud à marcher· l'ombre des peupliers est si mince , si fuselé~. . De maison en maison, dans le bourg, il va dtre la nouvelle: Du i9nd de la pièce où elle tricotait, elle - Le fils aux Rozier, il arrive! Il vient n'a fait gu'un bond, la tr.ère Rozier. tout anidemain! mée à la vue du facteur, et elle saisit l'enveQuel événement! Ç'est que ce n'est pas un loppe bienheureuse, qui va lui parler de son enfantl Mais ... la mère Rozier est vieille. Dans .?arço.n oràinaire. Napoléon Rozier! C'est un mons1eur, un vrai monsieur qui travaille dans ~o n temps, les paysannes n'allaient auère à les bureaux... à écrire! « Il a toujours été si l'école. "' fort pour cela! • Il a eu son certificat à dix - Tiens, le père, lis vite! ~Ils, puis . il a été e~ pension à la ville, puis Il est instruit, lui, il a été garde-champêtre 1! est parh pour Pans! A Paris! Songez donc! et elle l'envie, à cette heure, de pouvoir corn~ Un enfant du pays que chacun connaissait tuprendre ce que le • petit • a mis là-dedans. toya it! Il ne venait Das souvent: on ne l';v~it Mais, au vieux, il lui iaut mettre ses lunelP~S vu .depui s la Pâque de l'an passé! Et tes, puis il n'est pas " savant comme M. Je chacun mterroge. heureux d'avoir une noumaître d'école •... puis, l'enfant a une drôle velle à commenter: d'écriture si fine, si fine, pour des yeux tfe -- Vous ne savez pas. le fils aux Rozier il soixante-huit ans... un peu humides! Lenlevient demain! De braves gens. ces Rozier; 'o n ment, épelant, se reprenant, il va tout douceest content pour eux! ment, pendant que le facteur écoute, attentif: Puis. enfin. ça fera du nouveau. de quoi Ça l'intéresse aussi ce que dit ce " miocauser pendant quelques jours; c'est beaucoup che •. il l'a connu pas plus haut que ça ! pour un pavs à trois lieues du chemin de fer Elle n'était pas long-ue, cette let tre : une pa~it Oll~lou~fois on est obliR"é d'inventer de pe~ ge griffonnée à la hâte: htes h1~101res pour ne pas laisser chômer les • Je vais bien. • lanp-ues! Puis, surtout, ah! surtout cette nouvelle: Là-bas. au bout de la larQ'e et unirllte rue • J'ai un congé de quelques jours, j'irai du villaP'e. dnno la maison Rozier. c'est une près de vous. J'arriverai dimanche par la P'rande émotion! Les deux vieux se reg-ardent voiture du tantôt... • Un pen ahuri le Père répète: La vieille, en entendant cela, a frémi toute: - Naooléon Nanoléon oui arrive! - Il vient, il vient, il arrive! . Tous l~s Rozier sont Napoléon de père en . Et sa large bouche rit, et ses petits yeux ftls, depu;s que le grand-père Rozier, qui était nent, et sa petite figure ratatinée rit toutes hussard a la Grande-Armée, a tenu le cheval ses petites rides de peau fanée se c~eusent de !'empereur pendant que celui-ci visitait un s'étirent, vous prennent des allures de fos~ avant-poste, et, pour conserver le souvenir settes et rient aussi. Et elle est s i agitée, que d 'une 1eHe gloire, le bonhomme avait exigé ciel, et notamment la Reine de tous les saints, la Vierge Immaculée.
·--·---Le petit
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Jannée d'allégresse. Les grandes portes s'ouque tous les Rozier, de génération en généravrent et du porche au fond d'ombre étoilé tion fussent baptisés Napoléon. Mais ce nom de ci~rg~s. sort la !oule pressée ~t endimaneHa;ouchait la vieille: elle lui trouvait quelchée. Des groupes se forment, neurs, bras que chose de pompeux qui l'intimidait. En: dessus bras dessous, tenant encore le livre n'avait rien osé dire, aller contre la vo·lonte d'un aïeul « hussard de la Grande-Armée •, de prières, un peu roses d'avoir tant cha~té mais elle 'appelait son enfant « mon petit ", dans le parfum d'encens, s'acheminent gatement vers la route, curi·euse de voir M. 11 lui semblait qu'il était mieux sa chose, son Rozier, qui les reconnaîtra peut-être, heureu· bien. L'enfant avait grandi, elle avait continué ses d'assister au passage de la diligence. 0 à l'appeler ainsi: pour les mères, les enfants l'heure charmante! l'attente! la vision brusque ne :;!'randissent pas. de cette voiture qui arrive, venant de la ville, Tout le jour, dans la maison, ce fut un pleine de mystère, apportant un peu de vie, grand remue-ménage. Préparer la venue de de civilisation, d'inconnu! Napoléon! Songez donc! Là-bas, les yeux lassés de la mère Rozier La viei11e s'affaire, sort les beaux draps ont distingué un point grossissant: deux chefleurant la lavande, va, vient, étourdie. Le pèvaux blancs, des roues jaunes, c'est cela! Une re l'aide bien un peu, mais si maladroitement, sonnerie de grelots qui se lait plus distincte.... et elle gronde, affolée: la blouse bleue de Firmin Je conducteur! Oh! - Oh! ces hommes, ça n'y entend rien! elle arrive, la diligence! Il y a beaucoup de Elle va cueillir toutes les reines-marguerimonde! Un claquement de fouet, une secouée tes, toutes les roses de Bengale du jardin, de clochettes joyeuses, deux chevaux lancés puis le long de la route, dans les champs, une au grand galop! Clic! clac! hola! gare! Quelgrosse gerbe de coquelicots, de bleuets, de pieds d'alouette. Elle sait bien qu'il les aime- le belle entrée triomphale! On voit bien que c'est du bonheur qui arrive! Mais la voiture ra, ces fleurs qu'il allait moissonner en sorne s'est pas arrêtée devant la porte et poursuit tant de l'école dans les blés déjà jaunissants, sa course jusqu'au milieu du bourg. jadis guand il était petit. Et, dans un mirage, - Avez-vous vu • le petit , , Firmin; n 'éelle revoit la silhouette du gamin vêtu de la tait-il pas à la gare? grande blouse noire, pieds nus, courant, 1~. figure halée du soleil et barbouillée de contduEt elle frémit. - Non, Madame Rozier, mais on m'a donres mais si « espiègle •, si joyeux comme une né une dépêche pour vous à la ville! alo~ette ëians l'aube blonde! Elle prend le papier bleu, regarde !'.adresse. Quelque chose d'humide tombe en goutte- C'est pas lui qui a écrit ça! Bten sûr! Jettes sur la corolle d'un coqueliquot. La rosée du soir, sans doute? Non. Mais la mère, Il lui est arrivé malheur! On ne reçoit guère de télégrammes à du revers de sa main, ne songe pas à frotter ses veux. Oh! ces vieilles femmes, les larmes l'exprès, depuis la ville, coûte cher! Le vte~x leur· sont si habituelles qu'elles les laissent s'émeut, lui aussi, ne sait comment ouvnr cette enveloppe bizarre; ses gros doigts tremcouler, comme ça, sans .seulement y penser! blent. Enfin, il lit: Le lendemain,' dès midi, tout est prêt, le « Pars pour Trouville avec camarades. Vocouvert pour le soir mis sur une nappe écrue, b ien raide. Sous son beau bonnet du dimanyage remis. • che elle est rajeunie, g-uillerette, la vieille! La mère est toute blanche. Elle ne comSat{s en avoir l'air, le père aussi a fait sa toiprend qu'une chose, c'est qu'il ne vient pas! lette, mis sa chaîne d'or avec toutes ses breSon visage, épanoui naguère, se détend; la loques. A 2 heures, la mère Rozier est sur flamme de ses yeux se noie dans deux gros· le seuil, g-uettant la route qui allonge sa traîses larmes et sous ce bonnet de fête. la paunée bise entre les haies bruissantes des grands ~re petite ·fif!:tre semble vieille. lassée. inf:n.ipeupliers souples. Comme il est lent, le_ ti~ ment! Lui, Je père, ne veut pas avotr 1 atr tac de la vieille horloge; comme elles s'egretroublé. Il v a là tout un groupe de perso~ nent paresseuses, ces minutes qui la séparent nes à l'arrêt de la voiture et qui veulent avotr de Ja joie folle du revoir! Silencieuse sous le des nouvelles. g-rand 3oleil, qui poudre la rue du bourg, - Où est-ce cela, Trouville? demande une déserte à cette heure des vêpres. Tout semble voix. dormir. Trois heures sonnent. Les cloches Et le fils Blanchard, du caié du • Progrès •, de l'église lancent dans l'air une folle caril-
?'···;
118 qui a fai t son service dans l'infanterie de mar ine, explique, heureux de montrer sa science, d'être écouté par ce public. - Alors! c'est au bord de la mer! Il a été au bord de la mer comme un vrai bourgeois! Il est fier de ça, le père Rozier, fier d'avoir reçu une dépêche, là, devant tout le monde, fier d'avoir un fits qui gagne assez d'argent pour faire le monsieur. Elle, la vieille, désespérée, regarde fuir la diligence qu i devait lui apporter tant de bonheur. - Allons, la mère! faut l'as te désoler! C'est un voyage remis qu'il te dit! Elle secoue la tête, inconsolable! Les voyages remis! Quand on a soixante ans, on ne croit plus aux espérances. Le soir, les vieux rentrent dans le logis silencieux, où la table de fête garde un couvert en trop. Leur regard , fixé sur la Hamme qui s'éteint, ne semble voir que des choses lointaines! Ils évoquent leur jeunesse d'amour, les longues espérances et les tourments, leurs deux vies penchées sur le berceau enfin habité, les orgueils et les inquiétudes partagées. Enfi11.. le départ, l'enfant au loin. Puis, après ce passé ensoleillé, leur avenir peutêtre court, très court, leur avenir de vieillard, cette lin de vie, ce crépuscule d'âme sans clarté, solitaire. Le feu vacille et s'effondre. Seule, la braise rouge donne une lueur brève, et la vieille, sentant que le père aussi pense à ce lendemain d'abandon, sentant que, comme elle, il souffre, veut au moins unir leur amour et leur tristesse. Alors, d'une voix fêlée et monotone comme un ronronnement de rouet, de sa voix douce et lasse de vieille femme: - Que veux-tu, mon homme, s i c'est le bien de • notre petit! • A cette heure, un train de plaisir emporte vers la plage mondaine de Normandie • le petit » et ses _joyeux amis. Marc DEBROL.
Le Chauffage = revenu le triste hiver,
Voici • tueur de vieillards et de pauvres gens •. Déjà la neige a fait son_apparition sur les montagnes; c·est la saison où l'on n'est vraiment bien qu'au coin du feu. Encore fa ut-il que le feu brOie bien et que la cheminée ne fume pas. Une cheminée qui fume, ce n'est pas seule-
ment ennuyeux, c'est dangereux, et l'on ne saurait em11loyer trop de précautions pour remédier aux inconvénients de toutes sortes qui résultent d'un tirage insuffisant. En effet, les corps combustibles, en brOIant, produisent non seulement de l'eau et de l'acide carbonique, mais aussi différents p_ro· duits volatils, parmi lesquels il faut signaler l'oxyde de carbone. Or, cet oxyde de carbone, qui est sans odeur, qui ne se décèle par aucune qualité apparente appréciable à nos sens, est un poison des plus dangereux. S'il existe dans l'atmosphère d'une pièce, d'une chambre à coucher par exemple, en quantité suffisante, c'est la mort: les habitants de cette pièce passent du sommeil à la mort sans s'éveiller. A côté de ces catastrophes heureusement rares, les médecins observent tous les jours des cas d'empoisonnement chroniques, caractérisés pa~ des maux de tête atroces, persistants, des nausées, de la faiblesse générale, des vertiges... Il est di!ficile, dans ce cas, d'établir un diagnostic et, tandis qu'on hésite entre la neurasthénie, l'anémie ou une affection de l'estomac, le poison continue son œuvre et produ it des désordres formidables. Au moindre doute, il faut employer un ap· pareil propre à révéler la présence de l'oxyde de carbone dans l'atmosphère de la chambre suspecte. l l existe un petit appareil, basé sur la réaction de l'oxyde de carbone sur l'acide iodique, qu i permet de décéler en deux heure la présence d'un millionième d'oxyde de carbone dans l'atmosphère d'une chambre. Les pharmaciens doivent posséder un appareil de ce genre et fai re les expertises qui leur sont demandées. C'est le défaut de tiraR"e des cheminées qui permet à l'oxyde de carbone de refluer dans les chambres, et il est nécessaire d'y remédier. Il faut par exemple renoncer à tout mode de chauffage oui n'est pas en rapport dir~ct avec la cheminée d'évacuation. Il faut aussi vérifier si les conduits de fumée ne présentent pas de fissures par lesquelles l'oxyde de carbone peut se répandre dans d'autres appariements. Cette vér ification est facile: il suffit de fermer l'ouverture de la cheminée sur le toit et d'allumer un peu de paille, de goudron ou de toute autre substance produisant une fumée épaisse et odorante. Si la fumée ou l'odeur pénétrent d'autres pièces d'étages différents on aura la certitude qu' il existe des fissures. Dans les vieilles maisons, où le tuyau de cheminée part du rez-de-chaussée pour aller
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épineux relatifs aux courants lui passen~ pa! l'esprit, et il serait charmé de les mettre a l'epreuve algébrique. Il tire donc de sa poche l'habituel contenu, un bâton de craie et se n~t à chiffrer ses x,· ses y, ses z. L'équation déjà prenait tournure et ~'inconnue allait se déga: ger quand , ô su~nse! _le tab~eau s~ met _a marcher disons n11eux, a counr, et a counr si vite que le calculateur est obligé de ~ lancer à toute jambes, pour tâcher de l'attemdrc et y joindre l'équation fugitive. . . Il s'arrête enfin manquant d'haleme, et tl s'aperçoit alors que le iableau. qui s'~n v_a est attelé de deux chevaux. Ce qu'il avatt pns pour la planche scolaire était l'arrière d'un cabriolet. Encore une. II se rend à l'Institut po~r une communication importante qu' il doit iatre. Il s'agit de ne pas manquer l'heure. ?a mont~e est donc dans le gousset. En chemm ~ cati· lou frappe sa vue. Il le ramasse, peut-etre e~ réminiscence des petits cailloux ~laue? . qu1 lui avaient autrefois enseigné l'anth~hque. Pendant qu 'il l'examine, la crainte lu t _vtent d'être en retard, il tire sa montre ~ur ~'mior assuré. t d' · l' mer de l'heure. Le temps pres:e, tl na . prus o~ on Dans les pièces où l'on entre e sort à chaque instant, le danger est mmndre, que quelques minutes. A la hale, le catllou, mais il revêt surtout un caractère menaçant reconnu sans valeur, est rejeté, et la montre remise dans le g-ousset. Après la s~nce,, un dans les chambres à coucher. Surveillez donc vos moyens de ' ~hauiiage. confrère lui demande l'heure: Af!l~re s e!l'* Au moindre doute faites analyser l atr de vos presse de consulter sa montre, mats tl ?e t~e chambres, et n'all~mez point de ,Yeu dans vos du gousset qu'un caillou. Et le confrere e enfant dechambres à coucher si ~ous n etes pas cent soun·re à l'air ébahi de ce grand · D l' varrt son silex. L'affaire s'ex~hqua. ans . es-fois sûrs de votre chemmée. prit. du savant distrait, le catllou ramasse en Docteur VIOENAUD. chemin et la montre s'étaient conton~u~. Celleci prise pour le caillou, avait été re]~lee; l'autr~, pris pour la montre, avait été mts dans le gousset. ·1 · · à Il est à croire que la légende se !liee 1~1 l'histoire, et que le tableau, des dtstracho~s est un peu charge. D~ns _ces puts: L~ physicien célèbre dont le nom est res~é d'Ampère santes intelligences, majestueux. ptcs tsolés qui attaché aux lois de l'électro-m~g~é~Ïi~~ avail, dof1)inent la plaine du vulgatre, nou:; nous dans les relations sociales, la hmtdtt~ d novice et la naïveté d'un enfant. Ses dtstra t?ns complaisons à retrouver l'humaine iatJ;>lesse; surtout lui ont valu une réputation ~pulatre. et volontiers nous en exagérons les _tratts déQuand le tableau noir de la classe ~tat_t co~vert fectueux, comme pour abaisser le m~eau audu grimoire de l'algèbre, il lui arnvatt, dtt-on, quel nous ne pouvons prétendre. Agl_ter conen un moment d'oubli, de l'essuyer_ avec son tinuellement en son esprit les queshons les plus ardues de la scie!lce rend s~ns dou!e ou• · de porter au front • rutsselant · t det fou 1ard , puts la sueur de J'enthousiasme, le moucfho rr o.~. blieux des petits détatls de la vte, de là ceroudreux de craie. Des écl~ts de , o 11e gat e taines défaillances dont nous ~ous emparons avec malignité pour les grosstr encore. T~ut ~ccompagnaient cette so~dame ~~amorpho· robuste penseur presque forcément en arnve se du protesseur en meume~ enfa_nne. Un jour, en pleine rue, 11 vo1t un tableau là. N Que n'a-t-on pas dit, par exemple, de ewnoir on ne peut mieux à pr opos. Des calculs
jusqu'au toit, recevant de tous les éta~es de_s tuyaux de raccordement, le danger d empm: sonnement est permanent, car les trappes qut sont censées fermer les cheminées où l'on ne fait pas de feu et qui doivent empêcher le refoulement des gaz provenant des foyers allumés, fonctionnent mal et ne donnent aucune . sécurité. Un autre danger vient des eleis qut per· mettent de diminuer le calibre ou de fermer complètement les tuyaux des poêles. Ces eleis peuvent tourner spontanément si el_les ~mt du jeu, ou être tournées par ~es mat~s tmprudent·es, et empêcher l'évacuahon ?e 1oxyde· _de carbone. Je sais bien que le dtsque de ,tole qu'elles mettent en mouvement est echanc:e ou réduit dans ses dimensions, de façon ~ ne pas permettre la fermeture complèl~; ~t s ce dispositif n'en est pas moins contratre a toute prudence. , En somme l'empoisonnement par 1 oxyd~ de carbone e~t un péril qui guet~e ceux qut séjournent longtemps dans des_ ptèces, chauffées par des ustensiles dont le h rage n est pas
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Distractions d'Ampère et de Newton
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120 to~, cet i~COI~parable génie qui nous a dévoilé !a mecamque des cieux? Mettons ici en catégorique, monsieur dépêchez-vous, le dé' parall~le av~c celles d'Ampère, quelques-~nes jeuner se refroidit. - J'y vais, répondit machinalement le cald~s d!strachons du savant anglais, en partie histonques, en parhe légendaires. Les unes va- culateur, absorbé dans la poursuite de son inconnue. lent _les autres et sont caractéristiques de deux ?ur _ce_s entl'efaites, les chats, élevés en enespnts pro!ondément absorbés dans la recherche du vrai. f~n.s gales par le maître, avaient fait l'inspecN~wton affecli?nnait les chats, qu'il aimait tiOn de }a tabl~ servie et, trouvant Je menu de à vo!r, surtout Jeunes, dans son cabinet de bon ~<;>ut, avaient empor1é la principale pièce tra.va~J, fo uelter d'une f>atte leste ]es papiers du dejeu!l~r'., une V<;>·laille rôtie. Grand émoi noirCI;'. de calculs. Sa prédilection se portait de 1~ cuisimere, qu1 pourchasse à coups de de pref~rence sur une chatte nourrissant alors servJCtte _le_s maraude.urs, sans pouvoir répason pe.ht. Il fut décidé de donner accès dans rer le de~at. Que faire en pareil embarras? le ~abmet à l'intéressante famiile sans être Q~e va du·e le maître? Un parti audacieux est obligé d'ouvrir et de fermer conÎinuellement pns, dont le succès est presque certain. La la porte,. ~utvant les caprices de la visiteuse. servan!e, tranquillement, se met à desservir la table! a toul remetire en ordre dans le buffet. Le menuisier est donc mandé. - Vous ferez là, au bas de la porte lui dit Surviei~t Newton, qui a débrouillé l'orbite de Newton, un gr~nd. t;ou rond pour le i)assage la planete et s'approche de la table pour obéir de la chatte, et a coté un trou moindre pour 1e enfm aux réclamations de l'estomac. Mais la servante, avec un superbe aplomb: passage du petit. . - Vous avez déjeuné, monsieur; votre ha- Mais, monsieur, répond l'ouvrier une bitude n'est pas de déjeuner deux fois. seule chatière suffit. ' - Comment, j'ai déjeuné? - Comment ça? dit le savant. - Mais oui, tout à l'heure et la preuve . - Je _ferai un passage assez large pour la ' mere. 0~ la chatte aura passé, le petit chat c'est qu'en ce moment je lève Îa table. ~a r~!son était convaincante. Persuadé qu'il pourra bten passer aussi. ava1t deJeuné, Newton reprend le chemin de - Au . fait, c'est vrai, répliqua Newton ~out, surpr!s de la simplicité du problème; j~ son cabinet où il s'enfouit de nouveau dans les u;, Il ne se doute de rien et le soir un surJe n y ava1s pas songé. c~·oît d'appétit lui vient, do'nt 'il igno/ait l'ori. Adorable naïveté du savant qui pèse le so- gme. leil, en mesure le volume, la masse, et ne sonEst-ce un conte, est-ce une histoire? Pourge J?as que la chatière de la mère est plus que 9u<;>i pas une hist?ire? Pareille intelligence suffisante pour le petit. · eta1t capable de faire taire l'estomac lui si Un jour, à la porte du sanctuaire où s'ana- impérieux pourtant. ' lysent les !nouvements célestes, un léger si_.. g~al retenht : toc, toç! C'est la cuisinière qui vtent prévenir Newton. -- Monsieur, fait-elle à voix basse pour ne • A Paris, un grand personnage ayant pas troubler les méditations du savant le dé- donné une soirée où avait brillé l'éto'ile d'un Jeuner est servi; si vous tardez trop iÎ se re- théâtre de genre, envoya à la divette, en guise froidira. ' ?e ca~h~t, ~n billet de nùlle francs sur lequel - C'est bien. ]'y vai s, répond Newton dont 1l avalf ecnt quelques mots de Temerciements. la plume continue à courir, amalgamant les Il reçut en réponse une lettre qui commen.x et le.s Y, pour en déduire peut-être l'orbite çait par ces mots : de Jupiter, ou de combien la lune tombe vers « Monsieur, cet échantillon de papier à letla terre en une seconde; j'y vais. !.res me plaît beaucoup et je vous serais obliUn_ quart d'heure se passe ; le même signal gée de m'en envoyer une ou même plusieurs rete.n!Jt: toc, toc_! Même réponse : " ]'y vais.• boîtes .... • ~ais ~es éq~aho~s indéf.inies se succèdent. • ~ Dites donc, père Loustot, c'est signe Cest SI dur a vemr, l'orb!le de Jupiter! Quel~ue temps après, pour la troisième fois : de quo1, ce gros nuage gris? - Ma .fi, Mossieu, des fois qu'c'est signe toc, toc. mauva1s temps, des fois qu'c'est signe - Monsieur, dit la servante entrebâillant d beau temps... ça dépend du temps qu'y fait cette fois-ci la porte pour rendre' son avis plus après.
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Numéro de Noël
NOEL Nuit de Noël, nuit de paix et de joie, C'est dans ton sein qu'un Sauveur nous est né. [voie, Le cœur soumis qui marche dans ta Humble et joyeux, n'est pas abandonné. 0 mon Sauveur, viens éclairer ma route! Viens me couvrir des ailes de la foi! Ouvre mon âme et dissipe mon doute; Viens, je t'attends, et je me livre à toi 1
Les Bergers à la Crèche Les Anges ne chantaient plus; la vision du soleil n'éclairait plus les fertiles pâturages, et dans les lointains où se meurt la lande de judée, se mouraient aussi les voix harmonieuses, s'évanouissaient les clartés de l'Inconnu. Seul, le ciel riche de ses astres sans n nmbre, reprenait .son fastueuoc mirage de nuit orientale; il se hâtait, l'aube allait blanchir. - Les bergers se dirent alors les uns aux autres: Passons jusqu'à Bethléem, et voyons œ qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.
Ils ne doutent pas. ils sont simples: 0 Seigneur Père, je vous rends grâ· ce de ce que vous avez révélé ces choses aux oetits et non aux sages de ce monde dirons-noûs avec le Maître. :. Les sages auraient perdu leur temps à r!i..-;courir et Jésus se fût éloigné avant qu'ils n'aient esquissé le premier pas à son berceau. Les benrers au contraire ne discutent oas. et vont à Lui Passons iusqu'à Rethléem : maison du pain. la cité de David. c'est là qu'il doit naître ce Mes. sie attendu Allons-v donc Quels sig-nes oour le reconnaître? Des lang; es, une crèche. Ils chercheront l'étable Ils montent ctu chamo de Booz au villag-e de Beit-Saour. laissant quelquesuns des leurs à la garde des troupeaux, puis à Bethléem contre ce flanc de colline qui domine leurs pauvres cabanes. L'étable, la voilà dans ce rocher troué de grottes et qui sert d'assise aux maisons de la cité. - Ils vinrent en hâte, heureux pasteurs, ils trouvèrent Marie-, Joseph et le petit enfant couché dans sa crèche, Un sage du monde eût jug;é tout cela de très haut, et plissant une lèvre drdai· gneuse eût passé son chemin. Eux, les «
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vrais sages, parce que leur simplicité rendait à son Christ et qui se perpétueleur a découvert immédiatement la voix ra d'âge en âge. du Seürneur en celle de l'Ange, pénéTous ceux qui les entendirent furent trèrent dans la grotte, tandis que l'au- dans l'étonnement de ce que leur dirore effeuille des roses au faîte des pa- saient les bergers. Ils admiraient et crolais de marbre; franchi le seuil, ils cher- yaient. les bienheureux auditeurs des pâchent dans une étable sombre un Dieu, tres ..Mais ne l'oublions pas, c'étaient un Roi. aussi des simples , gens du peuple berD'où rayonnait la lumière? il n'était gers: les autres ne daümaient pas s'enni iour ni nuit. mais une nuée claire quérir des mêmes incidents d'une exisemolissait la caverne abandonnée lais- tence de P'auvres A peine les habitants de la cité de sait indécises les courbes des choses vivantes, émoussait les arêtes du rocher David en ont-ils écouté le récit d'une oreille distraite: et pendant que les ber· froid. Ils entrèrent: une ieune fille un ou- !lers croient à la révélation du grand vrier tous les deux à e:enoux devant la mvstère. euJC n'ont pas le temps d'v récrèche qui contenait un nouveau-né. un fléchir. Jérusalem toute voisine. Jérusaêtre vas;rissant sur la provende habituel- lem la ville des glossateurs de la 1oi. le Ils entrèrent et constatant l'exactitu- des commentateurs des prophètes. n'en de cie l'anl!éliaue message ils s'a!!e· veut rien savoir. n'en sait rien. lorsC111e noui.llèrent à leur tour au Pied de ce · des Mae:es sor tis de l'Orient reculé berreau sin.P"ulièrement pauvre néan- frappent à sa porte et demandent où moins couche royale du vrai fils de Da- est né le Roi des juifs. vid. du Christ Seigneur, et ils l'adorèrent. Marie adorait également; le silence de l'extase fermait ses lèvres. Elle les ouvrit cependant pour montrer jésus aux bergers et les admettre à baiser le Sonnez, chères cloches de Noël. Que divin enfant. Qu'il était beau dans sa votre voix douce et grave éveille de suadétresse! il souriait aux pâtres émus. à ves émotions dans nos cœurs ! Elle fait sa Mère si tendre, à son père recueilli, revivre les jours bénis de l'en.fance, si à l'âne et au bœuf, qui s'étaient appro- rapidement envolés avec leurs joies naïchés de la crèche, et s'appliquaient à le ves et pmes. Elle nous rappelle le temps réchauffer de la buée diaphane de leur où, entourés de la chaude haleine de tiède haleine. l'affection maternelle, nous tendions L'Ange avait dit la vérité, les ber- nos petites mains vers l'Enfant divin gers crurent. On les avait suivis, au qui semblait nous sourire de la crèche. Cloches de Noël! Votre aérien concours de leurs recherches; à œux qui derrière leur troupe rustique étaient ve- cert porte nos cœurs au-dessus des vains brnits de la terre, des déprimannus à la grotte - après avoir vu ils racontèrent ce qui leur avait été ré- tes préoccupations matérielles, des menvélé au wiet du petit enfant. Une sainte sone:es et des petitesses d'un monde asexaltation s'emparait de leurs âmes, les soiffé de basses jouissances et où l'intéenflammait du feu sacré de l'apostolat. rêt, l'argent règne en maître. Cloches de Noël! Quel charme consoSimples ils avaient cru, simples ils avaient. sous la faiblesse apparente, sai- la teur émane de vos accents pénétrants! si la grandeur du témoi~age que Dieu Aux cœurs meurtris par la vie, par les
Les Cloches de Noël
désillusions, par les abandons. vous parlez d'espoir; vous leu\ rappel~z que ta divine famille à Bethleem etalt plus abandonnée, plus méprisée qu'eux par les grands et les riches de la terre, mais que plus heureuse que les heureux de ce monde. elle réunissait dans son pauvre réduit les humbles bergers au cœur simple et bon et qu'elle communiquait avec le Ciel dont les messagers faisaient entendre un cantique que l'humanité répétera iusqu'à la fin : «Gloire à Dieu et oaix sur la terre! » L'indie:ent. dans sa froide mansarde. le malade sur son lit de douleurs prê· tent l'oreille avec amour, cloches de Noël à vo·tre chanson berceuse qui en• dort leur souffranœ et leur montre l'étoile de Bethléem, dont la douce lumière leur fait entrevoir. après les éoreuves et les ane:oisses d'aujourd'hui. les ioies et les récompenses d'tm éternel lendemain. Cloches de Noël! Combien le monde troublé a besoin d'entendre et de comprendre votre· céleste langage! Partout la ha4ne. p·artout la discorde. partout le mal triomphant. Oh! si les hommes voulaient vours écouter et suivre les grandes leçons aue du haut des tours de nos églises vous lancez à tous les échos. Le monde reverrait les jour~ heureux de l'âe:e d'or. jamais on n'a autant parlé de fraternité que de nos ioulfs et iamais plu:s que maintenant les luttes fratricides n'ont désolé l'humanité. C'est que votre voix. chères cloches. n'arrive plus à l;oreille et au cœur des hommes habitués à écouter les stte:l!estions du plaisir. de l'orgueil et de l'égoïsme. Sonnez quand-même. clo·ches de Noël; ne vous découragez pas de faire retentir vos harmonies. L'homme, malgré ses défaillances et ses crimes. ne peut se passer de vos divins concerts: le mo~ ment viendra où. las d'errer dans les sentiers du mal. il reviendra, guidé par votre voix céleste, à la Crèche de Beth-
3 léem. pour y chercher et v trouver le. repos du -cœur, le bonheur de la ~~~tlle, la paix des nations et de la soctete. Sonnez. cloches aimées; sonnez, .cloches de Noël, l'éternel et doux cantique qui a retenti, il y a deux mille ans,_dans les plaines de judée: Gloire à Dteu et paix sur la
terre!
Souvenirs de No~l Pieux et traditionnel, mon père n'était point pour oublier les fêtes ch~ mées et carillonnées. Che!: nous. on celébrait Noël par un frugal réveillon. Oh! très frugal! D'autant plus que c'était la fin du mois. Mais il y avait toujours une volaille froide. une bouteille de vin blanc et des marrons grillés qu' on tenait au ·chaud dans leur sac à côté de la bouillotte pour le thé. Et l'on ne se couchait pas avant minuit! Et. pendant que la maman ôtait le couvert. 1~ père s'attardait devant le feu. dans son fauteuil, entouré de ses gracieuses filles. son petit srarcon entre les jambes. Et. quand il fallait aller se couch~r, décidément, 11: ne manquais pas de latsser mon soulier d ans les cendres, pour que l'Enfant jésus y déposât son cadeau. J'étais crédule alors, et, bon Dieu, je le suis encore pour bien des choses. Pourtant, ie dois l'avouer, je n'ai jamais eu peur de trouver là, le lendemain matin, une poignée de verges. Il n'était pas bien somptueux le présent du petit Noël. C'étaient, ordinairement, quelques pralines dans un papier et une pièce de dix sous toute neuve. Mais la surprise et le plaisir étaient toujours les mêmes . 0 sensations vierges et dé-. licieuses! Cumme ie donnerais aujourd'hui les quelques ioujoux de vanité dont ie me pare comme un vieil enfant que ie suis, pour mon cri de joie d'alors devant la belle pièce de dix sous! car: gr[tce à elle, je pouvais assouvi11
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ma oass10n favorite. En revenant de la Messe av~c des sœllirs, i'achetais avec mes dlx sous - oui, toute la somme! - dix feuille~ d'Epinal qui racontaient, sous des images aux couleurs violente~. des l>ataiiles et des -conte-; de fées. Et. màintenant. i'v songe. Mes goûts ont-ils changé? Suis-ie plus raisonnable? Et n'aHe pas conservé, par-dessus tout, l'amour de la gloire et des chimères? ... Noël!. .. 0 mes an-ciens Noëls, qu'est. ce donc qui me pousse il vous évoqurr auiourd'hui? Ah! c'est qlll'il m'est doux de penser que, le 25 décembre, se pa~se ront. autour de bien des foyers des scènes simples et pures comme celles dont le souvenir m'attendrit encore et que Je viens de retracer. C'est qu'il est consolant de croire que l'honneur et la probité sont là. dans ces familles où l'on ne vit que oar le travail et pour le devoir. Elles sont innombrables encore. Là se conserve le génie de notre race, et là chaque fils peut dire, comme le disaient ses aïeux: « :Mon père et ma mère étaient d'honnêtes gens. » François Coppée, de l'Académie française.
Les Sabots de la Cheminée - je te dis que c'est le père Noël. - .Je te dis que c'est le petit jésus. -Mais non. - Mais si. , Ce dialogue avait lieu entre PaUil et .Julien.. Le premier atteignait ses cinq ans, le second n'en avait pas tout à fait quatre. Deux chérubins aux cheveux blonds, aux yeux bleus et aux vêtements noirs; car Paul et julien, récemment orphelins, étaient vêtus de deuil. Mariette Tichon, leuŒ" mère, avait perdu son mari depuis six mois, et la misère était entrée, à la suite de la mort, dans sa chaumière; aus-si la pauvre veuve prêtait-elle une oreille assez inat"
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tentive à la discussion de ses deux enfants. Il fallut pourtant répondre quand Paul dit: -N'est-ce pas, mère, que c'est le père Noël qui mettra des étrennes dans mon sabot? - Certainement. - Et que c'est le petit jésus qui garnira le mien, dit Julien? - Certainement. Est-il possible que six mois mettent tant de différence entre une situation et une autre situation. Il y a six mois . tout reluisait de prospérité et de bien-être dans la chaumière des Tichon. Le mari, un sabotier, chaussait la moitié de la- paro-isse et après avoir vécu largement. lui et sa famille. commençait à réaliser que-lques épanmes. Mariette chantait du matin au soir en élevant ses deux beaux enfants. Et auiourd'hui tout était triste dans la chaumière et la mère se demandait où elle Qrendrait le pain du lendemain. Paul et julien se demandaient, eux, ce que le père Noël et le petit jésus mettraient dans les sabots qu'ils allaient déposer dans l'âtre tiède de la cheminée, pendant la nuit de la naissance du Sauveur. Il fallut insister pour qu'ils allassent se coucher. La mère veilla longtemiJS, penchée sur d'ingrats travaux de co-uture. Lorsqu'rUe se réveilla, les cloches de la vieille église appelaient t.es fidèles à la messe de l'aurore. Elle ·se leva. mif des noix et des noisettes dans les sabots des enfants, puis elle se rendit à l'église. Avec quelle ferveur la pauvre femme pria l'enfant jésus, la sainte Vierge et saint joseph! Lorsqu'elle fut .de retour à la chaumière, Paul et .Julien iouaient et bavardaient dans leur petit lit. A peine habillés, ils coururent aux sabots. - Oh! mère, crièrent-ils, les belles noix! les belles noisettes! Merci père Noël! Merci petit jésus!
Tout d'un coup, julien cria: - Oh! mère, regarde donc le beau sou d'or. - Moi aussi, dit Paul, j'ai un sou d'or. La veuve, occupée de la soupe du matin, prêtait as-sez peu d'attellition à ce babil enfantin. Grande fut sa sutprise q_u and Paul et julien lui montrèrent ce qu'ils appelaient des sous d'or. C'était deux lo-uis de vingt francs. Comment cet or était-il entré dans la chaumière? Comment l'avait-on placé dans les sabot-s de la cheminée? Voilà ce que se demandait la veuve. Evidemment, une âme char-itable avait pénétré dans le pauvre lo-gis, pendant la mes5e de l'auro-re et avait eu la délicate idée de donner à son aumône cette forme gracieuse. Mme Tichon n'a jamais su et ne saura iamais probablement à qui adresser sa gratitude. Le bienfaiteur est resté inconnu. Mais quelle aumône bien placée? Les 2ens r·iches ou simplement aisés ont de la peine à s'imaginer tout ce qu'une pauvre veuve peut se procurer avec quarante francs qui lui tombent du ciel. Bénie soit la religion qui inspire ces choses. Ce ne fut pas un jour, ce furent plusieurs semaines d'aisance que vit la chaumière. Avec ce secours, le courage entra dan·S le cœur de la mère. Elle se reprit à espérer et à travailler. Au" iourd'hui qu'elle a vieilli et qu'elle est entourée de ses enfants et de ses petitsenfants, c'est encore avec une larme attendrie qu'elle se ranoelle les sabots de la cheminé_e de Noël. lean Oran{!e.
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Les Anciens Noëls Autrefois, la sublime poésie de Noël se gravai·t profondémen~ dans le cœur des enfants. Auiourd'nui, sauront-ils encore les anciens chants naïfs, les pieu.
5 ses légendes -contées autour de la b?che énorme qui doit brûler toute la nUit, et dont les crépitements sont ·symbole d'allégresse quand le feu d'artifice des étincelles s'envole par la haute cheminée? Le caloorifère moderne a tué le foyer ... Dans le Midi de la France surtout, on fête la nuit de Noël d'une manière un peu superstitieuse peut-être, mais jolie et tout de même pieuse par la pensée d'amour et de charité qui préside à tous les actes. Comme toute fête implique l'idée de ioie, et toute joie l'idée de bien-être, _pn arrive au bon repas. Les Provenceaux dressent une table devant l'énorme tronc d'olivier conservé pour la nuit mémorable et allumée le 24 dès 7 heures du- soir. Sur la table, les bougies enguirlandées de bobêches en papier découpé remplacent la lampe économique. le nougat roux se dresse flanqué d'oran!!es. de vin cuit. de pommes de Savonne et de la morue cuite au vin rouge. Avant de s'asseoir devant le festin, la cérémonie commence par une invocation tant soit peu payenne au feu . Le plus ieune enfant de la famille s'agenouille devant la cheminée et, sous la dictée de son père, répète des supplications au feu pour qu'il réchauffe bien, pendant l'hiver, les orphelins, les vieillards, les infirmes, qu'il répande sa lumière et sa chaleur dans les chaumiè· res, et ne dévore jamais les maisons ni les navires qui voguent sur les mers immenses. Puis il bénit le feu et l'arrose d'un coup de vin cuit. Après le repas, voici l'heure des libéralités: les pauvres passent dans la rue en chantant des cantiques, alors ceux q-ui o-nt un asile bien chaud entr'ouvrent leur fenêtre, et jettent aux malheure-Ux un don en nature ou en argent enveloppé dans un cornet de papier auquel on met le feu par un- boUlt, afin d'indiquer où il tombera.
Sm ia table, on n'omet jamais de laisser la part des morts; elle reste sur la table toute la nuit, et au matin, si on la retrouve intacte. elle est offerte au premier passant. Plus souvent, le minet y goûte pendant la messe de minuit. lorsque la famille est à l'église. La journée du 25 se passe en promenade, les beaux atours se montrent. C'est une promesse de chance de porter, à Noël, un objet de toilette neuf. Enfin, vient l'heure de la «dinde ! » Chez les pauvres, comme ·chez les ri·ches., la dinde rôtie est l'obligatoire mets de Noël. On en mange les restes le 26 avec le pain de Saint-Etienne. Ce pain a la forme d'une gourde et s'offre surmonté de laurier. Il a toute sorte de ver. tus merveilleuses: il garde les chiens de la rage et les ânes de la colique. Le 26, on inaugur e les crèches; cet usage s'accomplit éJJUSsi de l'autre côté des Pyrénées Dans beaucoup. de maisons particulières. les habitants ont décoré une pièce, y ont irustallé le divin Enfant sur la paille, avec la Vierge, les animaux, les bergers, les étoiles. C'est à qui arrangera la plus s.ymbolique étable, et les passants sont invités à venir voir et à prier. Des chants, sortes de mélopées dialoguées, s'entendent. Les bergers, éveillés en sursaut, disent : « Pa sse ton chemin, beau fils de riche, on voit que tu as dormi sans travailler jusqu'à la douzième heure ... » mais l' ange riposte : « Un Dieu vient de naître berger levez-vous ... » Alors les pâtr~s se lèvent et marchent vers Bethléem, tan~ dis qu'un vieux mendiant, qui représente l'antithèse d'opposition nécessaire à toute action, reproche aux bergers de sac.rifier leur sommeil: «jouissez de .l'helllfe qui passe, explique-t-il, la jeunesse est une espérance, et la vieillesse un regret... » Le 6 janvier arrivent les Rois Mages, et leurs chants sont les plus beaux. Qui a inventé les Noëls populaires? ...
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7 Nul ne le sait. Us se perdent dans la nuit des temps, et reviennent presque semblables dans tous les pays tant l'idée de poésie et de croyance est la même sous toutes les latitudes. En Catalogne, «Nadah est la fête de la réconciliation. Ceux qui ont à se P·l aindre les uns des autres pendan~ l'année s'envoient des « torronnes » ou gâteaux d'amandes. Les portes des prisons et des hôpitaux s'ouvrent à la proce~sion des fidèles qui accompagnent le pretre portant la communion aux malades et aux prisonniers. Cette cérémonie est extrêmement touchante. Les enfants parcourent les rues en chantant : «Viva los tre Réis de l'Orient.. . » et on joue, dans les églises. des Autos Sacramentos. et au théâtre: « Los Pastorcillos in ~elem » où sont figurées par les acfeurs , les scènes naïves du Noël chrétien. A Paris on réveillonne sans savoir e111 l'honneur de quel sai~t ... A Rome c'est également un mélange de profane et de mystique, qui a tout de même son mérite, parce qu'il garde oo cu_lte et gagne le cœur par les yeux en fmsant naître l'émotion , porte ouverte à la croyance. f'-. l'é,;!I_ise d' Aracœli, au Capitole, le pretre presente le « Bambino » aux fidèles ?u haut du large escalier où s'agenomlle la foule. Il la bénit avec cette sainte image à laquelle les femmes tendent les bras, Ensuite on la porte processionnellement par les rues de la ville, pendant que, dans les « Presepil » (petits théâtres), on joue les mystère du Santissimo Bambin o. Tout ce qui est poésie élève l'âme, aussi ne faut-il jamais détruire dans le cœUJr de l'enfant une douce légende: qu' il mette ·son petit soulier le soir dans la cheminée, et ne le trouve jamais vide... même quand il sera grand.
Le No~l du Petit Ramoneur Ils étaient partis trente-·six de la Ma:urienne, laissant à la maison de pauvres mères, à peu près sans ressources. des frères et des sœurs moins âgés qu' eux. Ils avaienl tous pris la même directien; mais arrivés à Chambéry ils se séparèrent : les uns descendirent vers le Midi, d'autres prirent la route de Lyon; d'autres enfin, avec l'espoir d'arriver à Paris par petites étapes. se dirigèrenj sur Annecy. De ~es derniers étaient jacques., françois et André, trois frères qui obéisSÇJ.ient à un _homme, rouge, un hercule de la montao;ne: ·c 'était le maître. Depuis plus de vingt ans il exploitait, comrn.e ramoneur en chef, les enfants confiés à sa garde, en leur fai~ sant accomplir l'ouvrage pénible et se con~entant pour lui de la douce tâche du ·commandement. fallait-il monter sur les toits? jacqu-es et françois y arrivaient en un clin d'œil... fallait-il se hisser dans la cheminée étroite? André était délégué pour ce rude o.ffke ; le maître restait près du foyer. La besogne était parfois bien pénible et André était si petit! il avait tan~ de peine à suivre les aînés ! le froid devenait si intense! elles étaient si gonflées, ses pauvres petites mains! Mais il supportait tout avec courage, en songeant à la joie qu'il aurait à rapporter quelques piécettes blanches à sa mère, et cela faisait gros cœur de le voir sourire, malgré toute la rudesse de l'hiver, quand il pensait au printemps, au retour! On n'était encore qu'a u 24 décembre! Le matin même, ils avaient eu la bonne aubaine de ramoner les cheminées d'un château, et, au moment où ils allaient quitter le castel hospitalier, une mignonne fillette avait mis dans la main d'André une piécette blanche, en lui disant :
Renée d'Anjou.
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û~
Ce sera pour faire réveillon ce soir! . faire réveillon!. .. Que de pensées wyeuses hantèrent l'imagination des trois petits ramoneurs! Ils en parlèrent au chef et lui demandèrerut la permission d'acheter pour qu_avre sous de marrons, qu'ils feraient gnller au coin d'une haie: ce serait si bon de manger des marrons grillés. en att-endant que l'Enfant jésus mette quelque chose de meilleur encon~ dans les sabots qu'ils ne manqueraient pas de déposer à côté de la botte de paille sur laquelle ils dormiraient comme ils faisaient dans la chaumière 'de leur mère! - Bêtise!. .. répondit le maître bourru à leur proposition: allons. nous coucher! Jacques et françois insistèrent tellement néanmoins que le chef finit par leur dire : - fait es ce qui vous plaira: pour moi je vais dormir dans la grange : voui viend~ez quand vous voudrez. Ils se trouvaient dans un tout petit village adossé contre la montagne savoyarde: Rives se composait de quelques huttes, groupées au bo·r d du Léman, de quelques cabanes agglomérées qui offraient un aspect très pittoresque. Jacques et françois coururent acheter des marrons pendant qu'André préparait des brindilles pour la flambée. Les fruits entassés sous la cendre chaude furent cuits en quelques minutes: les enfan~s en firent deux parts. - Tiens, dit André à françois, tu mettras ceux-ci dans la crèche; ce sera notre présent au petit Jésus. Ils n'avadent pas' !terminé que les cloches de Thonon commencèrent à carillonner. C'est la messe de minuit, dit André; courez vite, j'irai vous rejoindre lorsque la cendre sera froide, crainte d'acci-
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dent; gardez-moi un petit coin près de la porte. Jacques et François partirent. André s'apprêtait à en faire autant, lorsque la lune déchira tout à coup les nuages et jeta un de ses rayons argentés sur le pied d'un arbre. Une pftite forme humaine semblait étendue sur le tapis neigeux et diamanté qui couvrait la terre. André s'avança, tout en soufflant dans ses mains. Il aperçut un enfant endormi. mais un enfant si beau qu'il n'osa s'en approcher tout à fait. Il était couvert d'une draperie en étoffe blanche. légère et transparente comme une toile d'araignée. André n'avait jamais rien vu dè tel. - Ah! qu'il est joli et pur, je voudrais l'embrasser! fit-il. Mais il lui vint à l'idée qu'il était ramoneur. et que ses joues noires et hâlées ne pouvaient effleurer la peau satinée de l'enfant endormi. Alors. cowrant au lac, il baigna sa figure dans les eaux azurées, et revint se prosterner auprès du bel enfant. Dans la crainte de l'éveiller, il posa doucement, tout doucement, ses lèvres sur les paupières, et, longuement, y imprima un baiser plein d 'amour; puis il appuya ses joues sur les lèvres roses de l'Enfant mystérieux, ôta son petit bonnet de -coton bleu noirci, lui en couvrit la tête de peur qu'il n'eût froid et courut à toutes iambes chercher jacques et François. - Venez, venez! leur dit-il. - Tiens ... pourquoi es-tu blanc? firent les deux frères tout surpris en l'apercevant. - C'était pour l'embrasser!. .. Venez, venez ... Il est là-bas! Sans comorendre, jacques et François le ~!li virent; mais c'est en vain qu' ils regardèrent, qu'ils cherchèrenrt de tous côtés; on ne voyait rien; la lune s'était ca-chée...
Le lendemain, en se réveillant dans la grange où ils avaient dormi quelques heures, les trois petits ram·oneurs trouvèrent chacun, posés sur leurs sabots, un pantalon, une veste et une bonne paire de bas, avec ces mots tracés en lettres d'or:
«En échan{!.e de vos marrons., Ils coururent au bord du lac: l'arbre n'avait pas changé de place, mais l'enfant n'y était plus ... Ils crurent distinguer seulement l'empreinte d'un. petit corps S•ur l'épais tapis blanc. Ils se signèrent tous les trois. -C'était sûrement le vrai Enfant Jésus, le .JésUJS des petits ramoneurs, le bon Jésus des malheureux. dit André ... Avant de se rendre à Concise, en Suisse, plus loin encore, il s'était arrêté à Rives pour nous voir! C'est lui qui a rempli nos sabots. Peut-être aussi était-ce quelque âme ·charitable, prise de pitié pour la détresse des trois petits malheureux! mais n'était-ce pas alors le divin enfant qu.î l'avait inspirée? 1ean Kervall.
L'Empreinte (Conte de Noël) Il était une fois un roi et une reine, et ceci se passait du temps où les rois ne se montraient jamais que le sceptre à la main et la couronne sur la tête, et où les reines filaient comme les paysannes. avec cette seule différence que leur rouet était en ivoire et curieusement sculpté. Il Y avait donc un roi et une reine qui éta~ent bons, bien plus que du bon pain, mais ·comme de l'excellente brioche et qui régnaient en paix sur un pe~ple heureux. Le roi était le plus juste des hommes. la reine était la plus charitable des femmes. Aussi leurs sujets n'éprouvaient po~r eux qu'amour et resped.
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Quand les souverains passaient à cheval ayant chacun un faucon sur le poin~. pour aller chasser le faisan, les bonnes gens les saluaient d'enthousiastes acclamations; et les hommes jetaient leur bonnet en l'air et les femmes pinçaient leur jupe des deux côtés, entre le pouce et l'index, pour faire une belle révérence. Enfin. comblant les vœux du couple roval, Dieu lui avait accordé un. fils; un admirable enfant plein de force et de santé, au corps ferme et criblé de fosse~tes.
Un bonheur si parfait ne dure jamais longtemps, même dans les contes. Afin d'obtenir un héritier, le roi avait juré de partir pour la Croisade, et làbas, dans un combat sing-ulier, il fut mis à mort par un chef sarrazin, dont . la lame de Damas, arme extraordinaire. pouvait indifféremment couper en deux un cèdre de mille ans ou un oreiller de duvet. Après avoir appris cette affreuse nouvelle et pleuré toutes les larmes de son corps, la reine, quoique encore très jeune et belle comme le jour, prit le voile noir des veuves pour ne plus jamais le quitter. Devenue rég-ente, elle s'entoura de sages con:seiUers pour administrer le royaume et se consacra presque exclusivement à l'éducation. de son fils. Sous la douce surveillance d'une telle mère, le petit garçon, qui s'appelait Baudouin. comme son père, et qui devait régner plus tard sous le nom de Baudouin IV, dit le Bel, à cause de sa haute taille et de sa bonne mine, promit, dès son plus jeune âge, de devenir un prince accompli. A dix ans, il savait déià nager, monter à cheval, manier les armes, et le vieux prêtre _qui commençait à lui enseigner le rudiment latin était étonné de sa probité. Très brave, ii n'avait aucune brutalité; très intelligent, aucun orgueil. Son âme était restée candide comme celle d'un
petit enfant, et, tous les soirs, quand il disait sa prière, dans la chapelle du ·château royal, agenouillé sur un coussin à côté de sa mère, celle-ci sentait des larmes d'a,ttendrissement monter à ses yeux en admiran•t l'expressioru de piété naïve que prenait alors le visag-e de son fils. Dans les premières années de sa vie, à 'l a fêt!! de Noël, quand le petit Bal,ldouin mettait ses souliers dans la cheminée et qu'il y trouvait, le lendemain matin. des jouets magnifiques, il ne doutait pas, ainsi que tous les enfants de son âge, que ces beaux présents lui eussent été apportés par l'Enfant Jésus en personne. Mais ~a mère, bien qu'à regret, avait cru devoir le détromper d'assez honne heure. afin de lui faire prendre le plus tôt possible des habitudes de largesse royale et de charité chrétienne. - Mon cher fils, lui avait-elle dit dès qu'il eut six ans, la veille de Noël, les princes et les rois, s'ils comprennent leur devoir, ne sont que les humbles serviteUJrs de Dieu sur la lerre. Certes, c'est bien le petit jésus qui distribuera cette nuit des jouets et des souvenir , aux enfants, mais H veut aussi que ce soit vous qui leur prépariez, !JOur demain, une plus ~rande joie et une plus douce surprise. Puis, après avoir entendq la messe de minuit et pris une légère collation avec son fils, la bonne reine lui avait mis sur le dos un vêtement fourré, dans la main un sac rempli de pièces d'or, et précédés d'un seul valet qui éclairaH leur marche avec une lanterne, ils étaient sortis tous deuoc du château et s'étaierut dirigés, dans le dédale des rues désertes et obscures, vers un quartier de la ville où habitaient beaucoup · de pauvres gens. Là, tout était morne et silencieux. Nul filet de lumière ne se glissait entre les volets fermés et d'aucune de ces ché-
lives masures ne s'échappait le refrain chanté en chœur par de joyeux <:anvives. à la fin d'un réveillon. Parvenue dans ces tristes parages, la reine ordonnait au valet dt frapper à certaines portes qu'elle connaissait bien . C'étaient celles des maisons où lo~eaient les plus misérables familles. On tardait à ouvrir. Il fallait cogner fort et plusieurs fois. Enfin, le maître :lu logis se montrait, coiffé d'un bonnet :le coton et, reconnaissant sa royale vi;iteuse. se confondait en politesses. La reine entrait alors dans la salle Jasse et indiquait d'un ~este à son fils, :lans le foyer sans feu, une ou plusieurs :Jaires de chaussures enfantines en nauvais état, où les pareiJits, si dépourvus de biens terrestres qu'ils fussenf, waient pourtan-t placé leur humble caleau de Noël, jouet informe ou cornet le méchants bonbons. Le cœur du jeune prince était excelent. Dès la première de ces vis~tes, il 1vait compris ce que sa mère attendait le lui. Tout de suite il avait pris, dans e sac qu'il portait, une poignée de piè:es d'or, et dans tous les petits souliers ~culés - c'étaient quelquefois de petits >abots - il avait ladssé tomber trois ou 1uatre beaux ducats. Depuis plusieurs années que le petit 3eaudouin faisait avec sa mère cette :xcursion nocturne, il savait donc à 1uoi s'en tenir sur l'origine des cadeaux le Noël; mais. dans la simplicité de .on âme, il ne croyai~ vraiment être, lans cette occasion, comme le lui avait lit la reine, que l'intermédiaire du petit [ésus auprès des pauvres enfants. Il était sur le point d'accomplir sa lixième année, quand revint encore une ois la fête de No'ël et quand, selon la ()Uchante habitude, après la messe de rlinuit et le souper, il sortit avec sa mèe pour distcibuer leurs aumônes. La nuit était extrêmement n()·ire, il n'y tvait pas une étoile au ciel, et dès qu'
10 ils furent dehors, la neige commençéJ à tomber lentement, mais en grande abondance, et bientôt les gros flocons formèren~ sur le sol un beau tapis blanc. Les pieds gelés, mais s'emmitoufflant dans leurs fourrures et guidés par la lanterne du valet qui mar:chait devant eux, la bonne reine et son excellent fils n'en accomplirent pas moins leU[' charitable pèlerinage. Ils visitèrent bien des familles indigentes, ils pénétrèrent dans bien des salles sombres et enfumées. où un lourd pain de seigle sur le vieux buffet et les bottes d'oignons, pendues à la poutre du plafond, semblaient être la seule provision p()ur le déjeuner du lendemain. Part()ut, cependant, parmi· les cendres froides de la cheminée, au-dessous de la marmite de fer pendue à la crémaillère. ils retrouvèrent les petits souliers contenant les présents chétifs des pauvres parents, et, partout, bien en~endu, le jeune prin-ce déposa ses pièces d'or. Ayant rempli leur pieux devoir, la reine et son fils revenaieillt vers le château, quand, éclairé par le jet lumineux de la lanterne, un spectacle p·itoyable les fit arrêter. soudain. Sous le por·che assez profond d'un antique logis à physionomie inhospitalière, un enfan,t à peu près de l'âge du jeune prince, un pauvre petit garçon vêtu de héllÏllons sordides et les pieds nus. était accroupi paT terre, la tête apf.uyée sur la porte garnie de clous formidables, et dormait d'un profond sommeil. C'étai.t évidemment un malheureux abandonné, un ocphelin· sans famille et sans gîte, un de ces petis vagabonds qui courent auprès des voyageurs. dans la poussière des routes, en tendant la main et en implorant un sou. Sans doute arrivé de nuit dans la ville, il n'y avait trouvé que cet abri, qui le p:rotégeadt de la neige, mais non pas du froid humide et pénétrant, et là,
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mourant de faim, accablé de fatigue. il avait îini par s'abandonner à ce dangereuoc sommeil dont, par cette température cruelle, il r-isquait fort de ne plus se réveiller. S'étant approchés, la reine et son fils considérèrent l'enfant endormi avec une doUJloureuse pitié. C'est _qu'il était -charmant, bien que si maigre et si pâle, le visage de ce pauvre enfant! Il v avait encore de la grâce dan·s sa pose d'affaissement et de las&irude. Autour de ses yeux fermés, la peau était rougie et attestait que. tout récemment, il avait beaucoup· pleuré. 1Mais ce qui surtout faisait mal à voir, c'étaient ses pauvres petits pieds nus et marbrés de taches bleuâtres par le froid! Tout à coup, le jeune prinœ aperçut et fit remarquer à sa mère. dans l'épaisse couche de frimas qui s'étendait devant le porche, à peu de distance de l'enfant, ..l'empreinte - une seule empreinte - de ce pied nu. Certainement, le vagabond s'était réfugié là avant la tombée de la neige, car s'il n'y fût venu qu'après, elle aurait gardé la trace de plusieurs pas. Or, chose étrange, le petit pi~d p.e s'était imprimé qu'une seule fois sur la surface blanche, et la pornte de ce pied était tournée du côté de ceux qui l'observaient. Qu'est-ce que œla voulait bien dire? Brusquement, le petit Beaudouitl, saisissant la main de sa mère et la serran.t entre les siennes, dit avec une ardente émotion: - Maman·. j'ai deviné ... Avant de s'endormir, ce pauvre petit s'est souvenu de la fête de Noël. Il ne pouvait pas, comme les plus pauvres enfants dont nous avons visité tout à l'heure les familles, mettre ses souliers dans la cheminée, puisqu'il n'a ni foyer ni chaussure. Mais, malgré son infortune, il a eu quand même confiance dans la bon·'" té divinP. et il a mis l'empreinte de son
pied dans la neige, espérant !rouver là, à son réveil, une bonne surpnse donnée par l'Enfad-]ésus. . Elle Iut admirable, la S•lrpnse. La reine. qui étai! une sainte. !)rit d-:ms ses bras, sous ~en manteau d1tumme, le pauvre abandonné et l'empor:a tout en· dormi . Il ne se réveilla que le lendemain, dans une 1 h,1mbre du ·château, tendue de •somptueuses tapiss.eries. où il était couché sur un grand lit à colonnes torses et encore enveloppé de la fourrure royale. Debout au chevet du lit, un bel enfant. vêtu de velours cramoisi et portant une chaîne d'or au cou, lui souriait avec bonté. - Etes-vous donc le petit Noël? s'écria le pauvre orphelin stupéfait devant tant de splendeurs. - Non, répondit Beaudouin en l'embrassant, mais cette nuit, l'Enfant- J~ sus a vu l'empreinte de votre pied dans la neige, et il m'a commandé d 'avoir soin de voos et de vous aimer. L'enfant recueilli par le jeune prince devint alors un· de ses pages, puis son écuyer favori, et plus tard, quand. Beaudouin régna et fit la guerre, il se couvrit de gloire à son côté. Le roi l'arma chevalier de sa propre main sur le champ de bataille. lui donna de grandes terres, et, par la suite, le maître et le serviteur furent si bons pour les p·auvres et si largement aumôniers, l'un dans son royaume et l'autre dans ses terres, que, ·t ant qu'ils vécurent, on n'y rèncon~ra plus uh.· seul va-nu~pieds.
François Coppée,
de l'Académie française.
La Crèche Les petits enfants savent tous que la crèche était en bois et garnie de paille, car les petits enfants saven1 beaucoup de ·choses que les archéologues à lunettes ne savent point.
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13 Un docteur très illustre, saint Jérôme, ne nous dit pas moins. au risque de contrister l'érudition des bambini, que la crèche était en argile. Il est très sûr que saint .Jérôme n'était pas, tout à fait, contemporain de la crèche et qu'il v avai-t, entre elle et lui, à peu près la distance qui sépare François 1er du ministère actuel. Mais la tradition que la crèche était en argile avait pu, après tout, se conserver jusqu'au siècle de s. Jérôme. Et puis, en Palestine et en Egypte, l'argile est plus commun que le bois, moins coûteuse que lui et de nos jours encore. le remplace fort souvent. Le témoignage de saint Jérôme semble confu-edit par certaines reliques con. servées à Rome, dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure. Ces reliques pa;ssent pour être celles de la crèche Elles sont en bois - en érable dur, semble-t-il - elles forment trois tablettes et deux liteaux; leur plus grande longueur est 85 centimètres. En les regardant de très près, le P. Lais, sous-directeurr de l'Observatoire du Vatkan, a remarqué, dans les tablettes, des traces de clous; sur les liteaux étaient des anneaux qui supportaient une chaînette. Des restes de fermoir en cuivre et plusieurs autres signes semblent démontrer que tablettes et li· teaux ont formé un pliant. On devine la suite. Sur ces fragments de bois, on pouvait jeter une toile ou quelque morceau d'étoffe. Le tout formait un meuble de voyage et. comme ce meuble rappelle à s'y méprendre les crèches orientales dont l'usage a persisté jusqu':l notre époque, on conclut vite que la crèche, où sommeilla jésus, avait bien la forme d'un pliant. Elle aurait ressemblé au pliant sur lequel les mamans françaises disposent journellement le petit Moïse de leurs bébés. Saint jérôme est-il donc convaincu d'erreur? Pas encore. L'inscription grecque et chrétienne, gravée en lettres
onciales. sur l'une des tablettes, se char . ge de répondre. Cette inscription, qui a une cinquantaine de mots, ne peut être antérieure au septième siècle de notre ère. Elle n'a donc pu figurer sur la crèche quand naquit J ésus. Et, si elle v a été gravée plus tard, c'est la preuve que la tablette ne passait pas, aux yeux des chrétiens. pour une relique. Sans quoi, une main chrétienne n'aurait pas eu l'audace de la profaner. A consulter les plus atnciennes représentations de la crèche, le problème se simplifie quelque peu et même un pett trop: il n'v aurait pas eu de crèche du tout. Un sarcoohage de 343 nous montre Jésus entour é de langes, mais placé, sans aucun berceau, sur le sol nu. Serait-ce ainsi qu'il faudrait entendre l'argile dont nous parle saint jérôme? Dans les Catacombes, une seule peinture nous fait voir comment les chrétiens se figuraient alors la crèche: Jé· su1s repose. emmailloté, sur un petit support, qui oeut être une banquette ou une dalle. Le bœuf et l'âne rapprochent, très amicalement et de forl près leur visage. Les Byzantins ont, à force de réfléxions, reconstitué toute la scène: ils l'ont placée dans une grotte. La Vierge n'est pas assise, mais bien couchée sur un matelas jonché de fleurs. Et, auprès d'elle, veillent deux sages-femmes.
O. Dupont-Ferrier.
La Noël Les vielles coutumes de Noël. - La buche et le gui. - - Christmas et Christkindel. Le mystère de la nativité et les Ler2'ers. - Les dictons de Noël.
Voici revenue la Noël, la fête des enfants et la joie des mères, la Noël avec son décor de sapins tout poudrés de neige ou tout ruisselan.t s de lumières, son avalanche de joujoux dont «l'Enfant Jésus» emplit les souliers, son réveillon qui groupe la famille devant la bûche
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traditionnelle, au feu de laquelle la perstition de nos voisins d'outre..ManVierge Marie vient se chauffer, s' il faut che. Au réveillon quand, à minuit précis le punch fiélmbant app<~~:l; (, il est d'uen croire la vieille légende poitevine. C'est une nuit charmante dans la plu- sage de l·! distribuer aux jcuJ1e3 fiLe::, part des pays civilisés, car on a conser- tout brûlant. dans des Vt!ITr~ fragiles . vé presque partout les traditions du Celle dont lt: verre se brise ne peut qu.• passé. Il en est qui sont pleines de poé- s'en réi.:>uir, car elle ser.1 mariée d,m3 sie ou d'originalité. C'est ainsi que, dans l'année. les campagnes, beau~oup de paysans En Alsace, et aussi dans toute l'Alont coutume de parer leur maison à lemagne du sud, avan.t la Noël qu'on l'occasion de la Noël. Quelques jours appelle Christkindel, il se tient dans aUioaravant, ils ont blanchi les murs à les villes. des foires importantes nomla chaux et nettoyé le sol. puis, le matin mées Christkindelmarkt, consacrées exvenu. ils accrochent du gui dans la sal- clusivement à la vente des jouets. le où se fera le réveillon. Dans ces pays, pour frapper davanEn Normandie surtout, cette tradi- ta~re l'imagination des enfants, on pet•~o tion du gui est des plus vivaces. On at- sonnifie Christkindel par une femme vêtribue d'ailleurs à ce branchage les ver- tue de blanc et portant une couronne tus les plus grandes. Il préserve notam- de papier doré sur une longue perruque ment de l'incendie éloigne les maladies. de chanvre qui simule une chevelure rend le cidre meilleur et fait marier les blonde. C'est elle qui s'en va. de maison en jeunes filles On voit qu'il a des influenm.<~ ison·. une clochette d'une main et une ces aussi diverses qu'étendues. Mais ce n'est rien en comparaison de corbeille de bonbons de l'autre et qui la vénéraiion qu'on a pour le gui en distribue les iouets aux enfants qui ont Angleterre. Pour en donner une idée, il été sages. Elle est toujours accompasuffira d 'indiquer qu'on exporte de gnées de Hans Trapp, le croquemitai· France près d'un million de kilos de ne de là-bas. C'est, bien entendu, un cette bréliilche symbolique. Rien qu'en homme du village qui joue ce rôle en cette dernière semaine, le port de Rouen se couvrant le visage d'une barbe énoren a expédié à destination de l'Angle- me et quelquefois en s'enveloppant d'uterre plus de 100,000 kilos pr<lVenant ne peau d'ours. Il a la fiaure noircie et de la Normandie et de la Bretagne, où tient des verges à la main. il a été coupé sur les pommiers. La nuit de Noël, la sonnette de Une belle branche de gui se vend à Christkindel retentit par les rues. Tour Londres de 12 à 15 fran-cs, mais il v en à tour chaque porte s'ouvre, et les ena égalemend: depuis six pences pour les fants vont au-devant d'elle... sauf toupetites bourses, car chacun tient à en tefois ceux dont la consdence n'est pas posséder potrr' écarter les maux et s'ai- sans reproche et qui redoutent d'avoir à rendre des comptes al! terrible Hans tirer toutes les félicités. Sans gui, pas de joyeux Christmas, Tra pp et de faire la connaissance de et Dieu sait si la fête est célébrée en verges vengeresses. Cependant, celui-ci invite cle sa voix Angleterre. Là-bas, la Noël est une véritable fête nationale qui dure plusieurs la plus dure. lës enfants trop méchants jours et sert de prétexte à des banquets, à s'approcher de lui. Est-il besoin de dides festins et des divertissements de re que personne ne boug~? Les coupables_; d'ailleurs, ont déjà fait leur acte toutes sortes. Notons, à ce propos, une petite su- de contrition et se sont fait pardonner
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en iurant de ne pas recommencer à l'avenir. Alors Croquemitaine se retire et Christkindel ouvrant la porte d'une pièce voisine montre aux petits un arbre de Noël tout illuminé et couvert de jouets qu'cm avait installé à l'avance. mais qu'elle est censée avoir apporté pour récom.,Jmser les enfémts sag_Ps. La nuit de Noël, dans certaines provinces, et JJOtamment en Pinrdie. les bergers ar.::;ortent à la mes:,·; de minuit un petit agneau enrubanné, qui est présenté sur un coussin au prêtrt oui Je bénit. Les bergers sont couverts de leurs manteaux et coil'·~" <te ~'hapfa.•n ornés de rubans. Qttel4·ies-uas joue~Jt de la flûte. du flageol.d. de la cornen1use ou du hautbois. d':~ mes tiennent en main leur houlette. Le lendemain. les berger~ •:ont de maison en maison. donnant une aubade ~t recevant une offrande. Habituellement. on attend le passage des bergers pour plaœr dan~ la cheminée la bûche je Noël: on l'allume en se servant des restes de la bûche de l'année précéden:e conservée soigneusement dans la pen;ée qu'elle préserve de l'orage. On sait que les superstitions sont à Jeu près semblables partout. Enfin, fans bien des villages encore, on repré;ente, dans certaines maisons, pendant .a nuit de Noël, le mystère de la natirité. Nous terminerons cette causerie en :itarnt quelques-uns des plus célèbres iictons populaires relatifs à Noël: Dans l'Ariège, on prétend que « Soeil à Noël promet neige à Pâques». :'est d'aillems une opinion courante, :ar, délŒliS 1' Aveyron, dans la Haute}aronne et dans le Gers, on dit: « Qui >rend le soleil à Noël, à Pâques se gèe », tandis qu'on assure, en Gironde, iaute-Loire, Loire-inférieure et Hautes >yrénées que: «Quand on prend soleil 1 Noël, à Pâques on se rôtit l'orteil. »
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14 Vendez votre jument et achetez d11 grain. Pleine lune le jollf de Noël, cherté. Robert DELYS.
Conte de Noël « Allons, Nanette! va coucher ton peüt frère; et s'il est bien sage, il assistera à la messe de minuit dans la chapelJe blanche. » Cependant Dédé. les yeux remplis de sable du fameux petit bonhomme. se décide mais lentement. à faire sa tournée habituelle; c'est que le pauvre petit aurait bien aimé veiller avec les grands; à six ans. on peut veiller. n'est il oas vra,i? Enfin o.n lui avait promis de le conduire à la messe de minuit dans la chaoelle blanche, c'était déjà bien beau, n'est..ce pas? Pend~nt oue sa Q'rande sœur le déshabille. Dédé ne dit rien, il est songeur: si on allait l'ouhJiPr! « Dis Nane1te. tu n'oublieras pas? - Non, mais dors vite et sois bien sage.» Les joyeuses cloches de la petite église sonnent à toute volée. Dédé et ses pa. rents se mettent en route pour la messe; la neü~e tombe et il fait froid, les arbres du chemin ressemblent à de grands fantômes blancs; on marche vite pour se réchauffer. On entre dans le pieux sanctuaire, Dédé ne l'a jamais vu aussi beau : la robe de la Sainte Vierge lui paraît plus bleue. le vieux curé ressemble à sDint Joseph; sûrement l'étoile des Rois Mages n'était pas aussi étincelante que les grands cierges de l'autel. et sûrement aussi la nwsique des anges dans le ciel n'est pas plus dvuce que celle du vieil 1 orgue. Mais Œ qui frappe le plus notre bambin. -c'est la belle crèche. là-bas, devant l'autel de Marie; le petit Jésus ne doit pas être très bien sur sa: couchette de paille: il doit avoir froid heu'
reusement que le bœuf et l'âne soufflent pour le réchauffer. «Oh! comme c'est beau. Nanette, la messe de minuit dans la chapelle blanche!» Cependant. l'office vient de commencer. Dédé a vu M. le curé bénir l'assistance. et il a fait à Jésus une bonne prière oour son papa. sa maman et sa sœur Nanette; maintenant, il chante avec tout le monde les beaux cantiques qu'on lui a aporis. La petite clochette de l'enfant de chœur avertit les fidèles aue Dieu descend sur l'autel oour s'immoler encore une fnis: toute la foule se prosterne mais Dédé ne b~isse Pas la tête: il 'oourra mieux voir ta crèche quand tout le mn-ncie se nenchera T011t ;:. cnuo ô orodüre! le oe•it Tésus s'est soulevé sur sa couche l'étoile rles M-11Yes ec;t [li)O~rue lui montrant le che· min. et. soutenu oar deux blonds séra· phins il s'avance lentement; mais soudain l'étoile s'est arrêtée tout juste audessus de la tête de Dédé; alors jésus se penche et embrasse le petit garçon. A ce doux baiser, Dédé se réveille. car ce n'était qu'un rêve: plus de crèche olus de cierges. plus personne gue sa chère maman qui, à son retour, était venue l'embrasser. !.-Maximilienne.
Le Réveillon = L'origine du RéV'eillon. pays. - Les « Noël's tiriques.
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Dans les divers et les revues sa-
Bien que le réveillon ne soit pas fêté avec autant de ferveur qu'en Angleterre et en Allemagne où Christmas et Christkindel sont de véritables réjouissances nationales. il n'en est pas moins extJ;:êmement populaire chez nou:s. On peut s'en convaincre chaque année et l'on peu,t dire que cette 'Coutume est
l'une des rares que nous avons respectée aussi complètement. alors que nous en abandonnions tant d'autres! Est-ce parce Qu'elle est basée sur la gourmandise? Peut·être, et je dirai même... sans doute! L'usage de se réunir pendant la nuit de Noël et de faire ripaille date de fort loin. D'abord on se bomait à faire une lél!ère collation avant de se rendre à la messe de minuit ou bien en revenant de celle ci; puis insensiblement les repas s'allonrrèrent on prit l'habitude d'y inviter des voisins et des amis et tout le monde finit par festoyer œtte nuit-là, sans se croire. tenu, cependant, d'assis~ ter à l'office. Po11r corri!!er ce Que le réveillon finissait oar avoir d'imoie. on y mêla. d;:m.s œrt~ins o~vs des pratiQues de rh::~·ri~é C'est ainsi Qu'au moven âl!.e, en France les portes des habitations demenr::~ien.t ouvertes ~ tous les 0-1uVTe'> Ô,11r~nt l.a n.llit ne Noiit Au~c;;i bien ~ t'en.trPe dec; o~lais et des châteaux a11·';'~~1 seuil de la ch~umière la olus rnr>~Pc;;te le n~ss::~nt le vov:1ueur et le malheureux étaient accueillis de la façon la olus cordiale et restaurés le mieux "'flSsible. Il en était de même en Angleterre où les pauvres étaient conviés aux festins de Christmas où ils pouvaient faire bombance à leur aise. Le menu des réveillons d'alors était assez différent de celui d'à présent. On y servait de préférence des plats bizarres. par exemple des paons rôtis. des grues. des cviYnes. des pâtés de couleuvres. - voire même des vipères! Et comme dessert. on mangeait des tourtes. des crêpes. des poupelins. des tartes de caille et des confitUJl'es sèches avec des oubites. De nos ;ours, le peuple se contente de boudin. d'andouille et autres charcuteries arrosés de piquette et, plus simplement que iadis, les bourgeois se
16 bornent à noyer dans les viewc vins les huîtres, les poulardes, les oies et les dindes aux marrons. les pieds truffés et les pâtés de foie g-ras. Dans le nord, on y ajoute des cuJ:mots . sorte de gâteau à quatre pointes auquel on attribuait iadis des vertus particulières; en Bretagne et dans le Limousin. ce sont les crêpes qui sont en faveur; dan~ le Midi c'est le mil lias. Voilà de quoi se compose le menu en France. mais chaque pavs a ses préférences . C'est ainsi que les Allemands mane-ent à ta· Noël de l'oie fumée ou sim.olement de la choucroute garnie de saucisses de Francfort. En An~leterre, ce sont les plantes rouges rôties et le olum-nuddinll qui font les délices de la fête. En Italie. les e-oûts varient suivant les provinces. A Venise et à Florence par exemole. on manP"e du cha~ pon bouilli; à Turin et à Milan de la dinde truffée; à Naples, où l'on dédaig-ne généralement la viande, on sert, au réveillon. de grosses anguilles pêchées dans les lagunes de Tomacchio. A R(}me enfin, on est plus frugal encore, puisque la plupart des habitants se contentent d'une friture de choux brocolis. Ce goût est si répandu que, chaque année. il arrive aux halles centrales de Rome. la veille de Noël, plus de deux cent mille de ces choux qui pèsent ensemble près d'un million de kilos. Mais si les plats changent suivant les contrées, la gaieté reste partout au~ si vive. On ma"l.ge à belles denfs, on boit sec et 0111 chante en chœur d•abord le Noël fameux: Minuit! chrétiens. C'est l'heure solennelle Où l'Home-Dieu descendit jusqu'à nous, Pour· effacer la tache originelle Et de son père apaiser le courroux...
Oh cette chanson! l'aura-f-on assez entendue aux nuits de réveillon, chantée pa!f quelques voix fausses, hurlantes ou avinées, - quand elles n'étaient pas tout cela à la fois - quand elle finis-
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sait ici. elle commençatt là, et c'était à la fin, la plus horripilante obsession, la plus insipide rengaine. Après ce chœur, chacun entonne la sienne et il faut bien dire que celles-là sont !lénéralement aussi sentimentales ou triviales que le cantique précédent était mystique et pieux. Chaque pays avait- et a encore également ses Noëls. ·c hansons naïves et charmantes dont certains airs sont véritablement populaires et qui remontent à des temos éloig-nés. Le plus souvent. ces mélodies n'ont iamais été notées et ont été transmises simplement de père en fils depuis des siècles. Enfin. il existait en France. au 18e siècle une coutume assez curieuse. Aux aporoches de Noël. les beaux esprits composaient des couplets satiriques, qui résumaient avec toute l'ironie oos'hle les événements recents et commentaient les bruits de la Cour et les potins de la société élégante. On les chantait au réveillon. bans un recueil de Maurepas, nou'S avons retrouvé un de ces Noëls daté de 1696 qui raillent certains courtisans en adaptant leur aventures à la lél:rende de la Nativité. Il n'y a pas mofils de 233 couplets ! C'était plus qu'il n'en fallait pour occuper les convives pendant la nuit du réveillon. A titre de curiosité et pour montrer le genre de ces strophes, nou·s citerons l'une d'elles: Par respect pour cet ordre La mère prend l'enfant Et s'apprête en désordre A partir pour l'instant Auprès du bon Joseph, d'Hérouville s'avance - Si vous ête~ dans l'embarras Te vous offre mes bateaux plats ·P our sortir de la France... •
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Ça doit être, probablement, l'origine des revues que iouent actuellemen~. vers la fin de l'année, les cafés-concerts et cer:tains théâtres. Oeor{!es Rocher.
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