No 07 l'Ecole primaire, 25 Février 1887

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SION

VI"'" ANNÉE

28 Février 1887.

l'ICilE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE I.A

SOCI~TE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît ohaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Prix d'abonnement pour la Subse, 2 f"r. 50.- Union pose ait>, 3 f"•·· Annonces, prix 20 cent. la ligne ou son espace. Tout ouvrage dont l'Ecole pri maire recevra deux exemplaires aura Ùt'Oit it une annonce ou à compte-rendu, s'il y a lieu.

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Nécessite de la surveillance sur les ecoles primaires (su ite et fi n). - Géographie à l' école primaire. - L ' éducation. - De l'enseignement a gricol e. - Une course en Valais. - La memoire de l'enfant. - Sujets prop oses aux: examens des aspirants telegraphistes. -- Le bilan géographique de l'annee 1886 (suite). -Myopie scolaire. -Echos des conferences. -Var iétés: Deux professeurs de langues. - Anecdotes scolaires.

Pharmacie MULLER, Sion. Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : Ill. P. PIGNAT, seorét. au Départ. de l'Instruction publique, à Sion.


N· 7.

Sion, l'' Mars.

1886-87.

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Nécessité de la surveillance sur les écoles primaires. (Suite et fin.)

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Il peut arriver également que le jeune instituteur ait de la peine à maint~nir la discipline surtout dans le cours de répétition, où il n'est pas rare de rencontrer des sujets récalcitrants, c. à. d. des jeunes gens qui, par leur conduite, dérangent la classe et empêchent leurs camarades de profiter des leçons. Veut-on, en pareil cas, que ce désordre continue toute la durée de J"école ? Faudra-t·il? à cause d' un élève dissipé ou méchant, qu'une réprimande sévere ou une correction exemplaire aurait mis au pas, que la bonne marche d'une classe soit entra rée et qu'un esprit indocile influence plus longtemps ses condisciples ? D'un antre côté, si des élèves rés.ïstent aux ordres du maître, ou. se refust>nt à fair~ les punitions qu 'il leur a infligées, qui m1eux que M. Je prés1dent de la commune, ou de la commission scolaire, ou M. le curé de la paroisse, pourra soutenir le jeune instituteur? Les fréquentes visites que les autorités font dans les classes pour ~outrôler le tr~vail des élèves et du personnel enseignant, prodmsent encore d autres résultats non moins importants : le maître tenu en haleine, prépare bien ses leçons, rend son enseignement clair, se perfectionne de plus en plus et finit, en conséquence de ce travail incessant, par devenir, sinon très habile du moins passablement expérimenté dans sa partie. Au contr~ire abandonné à lui-même sans surveillance, il se néglige et entr~ bien vite dans la voie de la rouLine et du laisser-aller. Aussi, s'il y a beaucoup de maîtres qui ne réussissent pas dans l'enseignement, ou qui deviennent incapables de remplir convenablement leurs fonctions, parce qu'ils n'étudient plus, perdent le temps et le font perdre à leurs élèves, en n'agissant plus d'une manière consciencieuse à leur égard, ne faut-il pas, en partie du moins en at~ribuer la faute au manque de surveillance de la part de~ autontés? Avec un contrôle plus sérieux et plus régulier, nous aurions sans doute, des maîtres plus capables et certainement des classes beaucoup mieux tenues 1 En outre, la commission scolaire qui suit activement un instituteur, apprend à connaître ses qua~


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lités et ses défauts, à apprécier son merite ; elle ~·.estim~ à s_a juste valeur, et le moment de le renommer venu, s 1l es_t mshtuteur capable et dévoué, elle ne lui marchande pas. son _tratt.e~ent, ~Ile le lui augmente même volontiers par une gratificatwn, a titre dencouragement. . . . Enfin, par ses fréquentes visites, la comrr_nsswn seo1a1re acquiet"t une influence salutaire sur le régent qm, sentant augmenter sa confiance dans les autorités, ne cr~int pas de ~es ~onsul~er dans les difficultés inhérentes à ses fon~twns 1 par smte Il se tn·.e d' embarras avec plus de facilité, se f~Jt ~s~~mer plu~ des superieurs, des parents et des élèves, et ams1 l, ~cole ~ttemt ~l~s .sûrement le but principal qu'elle se p:opose, l ed~catwn chrebe_nne. De la lecture de ce simple expose ressort, cla~re ?omme le JOUr, la nécessité de la surveillance sur les écoles przma~res.

de même force. Aussi le plan de cet enseignement sera-t-il différent de celui des écoles à un seul maître. Les leçons seront réparties en autant d'années qu'il y a de classes. Prenons par e~emple, une école à trois classes. Première année : Etud~ complete _de la c?mm~ne, du_ canton, des accidents géographiques, avec .~otwns t~es él~_n;l~Iltaire~ . s~r !e reste de la géographie. Deuxwme annee : Renswn prehmma1re de la commune, du canton, étu~e. de sa contrée et de l'Europe, etc. Troisième année : Etude speciale du pays et du reste du monde toujours avec révision préalable. ' . Mais, ~ans les. écoles à ~n ~eul maître, l'enseignement de la geographie est bwn plus d1fficlle. Si le maître veut former trois cours bien distincts, bien séparés : élémenta.ire moyen supérieur il ne pourra donner à_ cet en~eignement qu'u~ temps' trop limité dans chaque cours, et Il ne lu1 sera pas possible de fournir comme il le ~audrait, des exp!ications ~vant chaque leçon, ni de ~orriger parfattement les dev01rs qui s y rapportent. Ce n'est qu'en employan_t la mé_thode collective et simultanée qu'il pourra parvenir à en~e1gner dune façon convenable la géographie. Pendant qu'un momteur, un globe à la main ou devant la carte donne une leçon rudimentaire aux plus petits enfants les él'èves du cours moyen éludient une leçon et font un devoir sur des cartes ardoisées ; et ceux du cours supérieur travaillent également de leur côté. E_nsuite u~ élève du cours supérieur fait réciter la leçon du cours elérnentmre pendant que le maitre en fait autant pour le cours moyen eL le cours supérieur. Quant aux devoirs c'est le maître qui les corrige tous, aussi bien ceux d~ cours m~yen que du. cours s_upéri~u~. Il donne ensuite la leçon et les devoirs qui d?IvenL smyre, Ilmterroge .les élèves pour s'assurer qu'ils {IDt bien ?omprlS et retenu la leçon du jour. · . Mais, pour procéder ainsi, il faut que les leçons soient concentn_ques, et, par conséquent, il est nécessaire que l'instituteur se S?lt tracé, au commencement de l'année scolaire, un plan qui indiqu~, pour chaque cours, par mois et par semaine, les parties à étudier. Pour l'_enseignem.ent de la géographie, il est essentiel que l'école possede au moms les cartes du pays, de l'Europe et la mappemonde. Les élèves seront exercés au tracé des cartes sur le tableau . noir, et l'instituteur fera, avec eux, des promenades géographiques pendant lesquelles ils pourront observer dans la campagne, ,les, co_llines, le~ c?u~s.d'eau, etc. Ils apprend;ont en même tem~s a s onenter, smt a l a1de du soleil, soit à l'aide des étoiles ou d au tres points de repère. Les différents procédés pour l'enseignement de la géographie

La géographie a l'école primaire. Autrefois on commençait l'étude de la géograp~ie par 1~ sphère. Ce n'était pas naturel. Il faut partir, dans les sCie_nces d obser~a­ tion comme la géographie, de ce qu'on connaît ~1en, ~e ce qu on a sdus les yeux, pour coutin,uerl dïnduct!o~ en mductwn, p~r ce u'on ne connaît pas encore. L enfant, d ailleurs, est essenbell~­ ~ent curieux il faut donc s'empresser de profiter de cette precieuse dispo;ition, et la faire servir à l'enseignement. de. la géographie comme de toutes les autres sci~nces. Pot~r s~t~sfau·e cette curiosité native de l'enfant, il faut proceder par mtu!lwn, et mettre en œuvre tous les moyens possibles p_our frappe~· les sens : dessins au tableau noir, promenades scolaires, emploL de~ cartes et des globes plats et en relief, écrits et muet~. La ~érnmre s~r.a ainsi certainement mieux cultivée et son ac~J?n bten _plus. sme ue si L'on faisait des leçons purement e~posltiVe~ ~t didac~tques, ~ans avoir recours à aucun appar_eil. .L enf~~t .n atme pomt l~s abstractions. bien qu'il en fasse lm-meme dela, Il veut des explications, il en est avide : comment. pour~a-t-o~, 1~ plus ~ou~ent, en géographie, lui en d?nne_r de _YIVe V?IX qu~ so!ent sattsfaisantes '? Ce sera bien difficile, smon Imposs~ble. Ams1 donc, pour cet enseignement, il faut, toutes les fois qu on le peut, employer la méthode intuitive. . . Maintenant, voyons la répartition des étud~~ geogr~phiqu~s dans les trois cours : élémentaire, moyen, supeneur. lei se presentent deux cas : ou l'école est dirigee par un. seul .maitr~, ou elle est composée de plusieurs classes. Da_ns l~s ecoles a p~usteurs maîires on conçoit que l'enseignement. sm~ b1e~ plu~ ~aCll~~ ?haque maître ayant affaire à une catégone bien determmee d eleves


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seront toujours intuitifs. Dans les trois cours, les élèves seront exercés à la lecture sur les cartes muettes, placées, autant que possible, à côté des cartes écrites, qui auront toujours été étudiées auparavant. Les élèves du cours moyen et du cours supérieur feront des croquis de cartes sur le cahier et au tableau noir ; mais le maitre les empêchera de calquer ces cartes sur les atlas. L'imitation seule peut produire de bons résultats. Sans doute les croquis des enfants ne présenteront pas tout d'abord les mêmes caractères d'exactitude que le calque, mais peu à peu, ils seront plus fidèles , et finalement, les élèves deviendront assez habiles pour reproduire les cartes sans modèle et de mémoire. C'est évidemment le but auquel il faut parvenir. On peut encore employer les jeux de géographie, imaginés par !"abbé Gaultier, et enfin les voyages sur la carte et par écrit, qui plaisent beaucoup aux enfants, et impriment sans peine dans leur mémoire, la leçon qu'on veut leur donner. En agissant ainsi et en se conformant à la nature de l'enfant, je crois pouvoir assurer que les leçons de géogr·aphie seront fructueuses. Les élèves ne pourront peut -être pas récitPr, tout d'une haleine, les montagnes, les tleu\ es, les rivières, etc. de leur pays ou de l'Europe ; mais, ce qui vaudra bien mieux, ils les auront présents devant les yeux, et cela pour toujours. (Etudes scolaires). ALFREJJ CHARRON, Instituteur communal à Montbouy (Loiret).

L'EDUCATION Il ne suffit pas, pour former l'enfant et pour J'élever, de lui mettre dans la mémoire des préceptes religieux et moraux, comme on y met des règles de grammaire, des formules d'intérêt simple et composé. Il ne suffit pas de classer les vertus dans son esprit, comme on y classe des familles d 'insectes et de mammifères. Pour former l'enfant, cette culture superficielle n'atteignant pas au-delà de l'intelligence est totalement vaine ; il faut pénétrer plus avant dans cette terre, c'est dans le fond de son cœur qu'il faut planter la vertu ; c'est sa volonté qu'il faut dresser au devoir, mettre sous le joug de la justice et de Ja discipline. C'est l'œuvre de chaque jour, de chaque heure, de chaque instant, c'est l'œuvre maîtresse, c'est l'œuvre unique 1Dans le plan divin, elle est confiée au père, à la mère ; au père, parce que c'est une œuvre de force et d'énergie; à la mère, parce que c'est une œuvre de tendresse et d'amour. Quand les nécessités sociales ou les rigueurs du sort arrachent le père et la mère à cette œuvre si grande, un )lomme les remplace et les représente: c'est le maitre ;.... il faut

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fût

donc qu~il ~it ddan~ son ~œur c~ que Dieu avait mis dans les cœurs rteu ~rs u p~r~ ett e !~J ~ere: la force, l'énergie>, la tend resse e amour ; I 1au qu 1 art par de<;sus tout le saint t de cette petite âme où ses doigts vont sculpter les tra~s~c Juste!. .. Et comment l'aura-t-il, s'il ne respecte pas sa p:O u âme? Comment y plantera-t-il les germes de la vertu s'il ne ~re a pro~on.dém~?ts enraci~és ~~ns la sienne? Comment 'lui appre~~ dra-t-Il ~ ob~Ir au dev()~r, s 11 ne sait. pas obéir lui-même. De qu~l <I;01t _lm parlera-t-Il du Dieu vivant, notre Maître et notre Roi, st, lui-même, devant ce Dieu, ne courbe pas un front soumis et humble 1...

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(Extrait de l'Enfant des rues par V. Van Tricbt).

1DE l'ENSEIGNEMENT AGRICOLE- DANS NOS tCOLES PRIMAIRES '

L A tout~s nos écoles rurales devrait être annexé un jardin qu'on nom~eralt le champ ~e l'~cole, où les ~lèves les plus avancés recevrareot d~s leçons d agn_culture et d horticulture à leur portée. , Il [au~rait 9.ue fel e~se~g~eme~t. flit essentiellement pratique, c e~t-a-dtre qu Il s applJquat rmmediatement aux objets, aux opérations, au~ cou,~umes ,qu~ les enfants ont sous les yeux. . TI fau~~alt qu 1ll~s ecla1rât sur la routine, les préjugés, Jes pratique~ v~creuse~ qm so~t en usa~e dans le_urs contrées : qu'il y s~bstlluat des 1d~es s~r_oes et qu ri popularrsât les meilleurs procedés, ceux que 1 expertence a sanctionnés dans des contrées plus avancées. Le maître pourrait leur apprendre à distinguer les différentes n~tures de terres de la localité. qu ïls habitent, les qualités et les defauts de ,chacune, leur ensergner les moyens qui peuvent le pl?s efficacem~nt, et avec le moins de frais. augmenter les premières et _cornger secon~es. Il trouverait facilement l'occasion de leur fau·e connartre les divers amendements et leurs usages e.n les leur montraut employés par les cultivateurs les plus intel~ lrgents du pays. Il leur expliquerait aussi futilité des engrais, les soins qu'il faut prendre pour en conserver la qualité, la manière de les employer, ~tc. En leur ~appelant ce qu'ils sont à même d 'observer cb~que ~our, q_uand ~Js se rendent à l'école, en y cherchant des SUJets d entr_ehen qm p~uvent donner lieu à des comparaisons intéressantes, 11 leur ferart comprend~e les pertes considérables que ~ausent, sous ce rapport, aux cultivateurs leur incurie ou leur rgnorance. Des leçons ainsi données ne pourraient manquer de

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les frapper fortement et il en résulterait un enseignement qui se graverait dans lem· esprit d'une manière ineffaçable. ll leur enseignerait encore les soins qu'il faut donner aux bestiaux et l'importance de les bien traiter, l'avantage qu'il y aurait à n'employer jamais que de bons outils et des instruments perfectionnés, plutôt que d'autres moins commodes ou moins parfaits; enfin, la supériorité de certaines méthodes de culture, de certaines espèces de plantes: d'arbres ou de légumes, sur les méthodes usitées, sur les plantes, les arbres et les légumes cultivés dans le pays, au grand détriment de ceux qui s'obstinent ainsi dans leur mauvaise routine. Est-ce à dire pour cela qu'il lui faille des connaissances étendues en agriculture? Nullement. Avec les quelques notions sut· les sciences usuelles qu'il possède sans doute, et lrs livres qu'il trouvera dans la bibliothèque scolaire, avec un peu d'observation surtout et le désir de bien faire, il suffira facilement à sa tâche. Est-il nécessaire qu'il fasse à ses élèves un cours suivi d'agriculture ? Pas davantage. Qu'il clwisisse bien ses lectures, ses dictées, ses problèmes/ qu'il soit pénétré de sa mission; qu'il ait conscience des services qu'il peut rendre, et il fera servit· à cet objet tous les exercices de la classe, même ceux qui y paraissent le plus étrangers. Dans un pays où existent des besoins divers chez les enfants qui fréquentent l'école, il est impossible de tracer à cet égard des dir.~ction~ gé?érales. C'est à chaque maître à étudier la région qu·11 habite, ~ rec~ercher quelles en sont les ressources, quelles sont les améhoratwns dont le travail de ses habitants est susceptible en vue de l'augmentation de ses produits et de ses revenus. Qu'il y adapte son enseignement ; que ses leçons, indépendamment du caractère moral qu'elles doivent avoir et des règles de conduite qui doivent en résulter, aient toujours une .portée utile et pratique, et il sera étonné de l'intérêt qu'elles présenteront à ses jeunes élèves ; il sera vite estimé et apprécié lui-même et il ne se plaindra plus du peu de sympathie dont il est entouré ni de l'indifférence des parents, de leur défaut de concours ou mJme de leur résistance à ses efforts pour propager l'instruction. ll peu~ faire plus encore que sc borner à ces notions générales. PourquOI, en temps opportun, ne montrerait-il pas à ses élèves comment on greffe et l'on taille les arbres'? Il l'a lui-même appris à l'école normale ; pourquoi ne ferait-il pas bénéficier ses élèves de l'enseignement qui lui a été donné et que souvent il sait mettre en pratique pour son agrément ou son utilité personnelle? Bien des parties du canton sont admirablement propt·es à la culture des arbres et des bons fruits ; quel accroissement de richesse

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n'en résulterait-il pas pour le pays, si ce terrain, qu'ailleurs on nous envie, était partout utilisé; si l'on substituait partout à des fruits médiocres ou de mauvaise qualité, des fruits savoureux et recherchés à grands prix 1 On ne peut voir, sans regret, autour de nos maisons d'école, un mur bien exposé, que ne tapisse pas une palmette a1'tistement conduite, agréable à la vue Pt riche de promesses. A défaut de mur, poUl'quoi ne pas exploiter les palmettes en espaliPrs, qui se soutiennent d'elles-mêmes et, une fois formées, ne réclament que des soins très ordinaires? La taille et la conduite des arbres n'est pas une opération fatigante; elle constitue même une agréable récréation. Que nos instituteurs propagent dans Lous les villages le goü.t de l'arboriculture: les cabarets seront moins fréquentés, la moralité y gagnera, et leur bourse (A suivre.) ue s'en trouvera que mieux garnie. LA. ltJÉMOJRE CHEZ L'ENFA.NT

La mémoire n'est d'abord, chez l'enfant, que le simple souvenir des impre'3sions reçues par les sens, ou des sentiments éprouvés. lis se rappellent, sans que leur iu!elligence y ait beaucoup de part, ce qui a frappé plus particulièrement leurs yeux ou leurs oreilles, ce qui les a égayés ou attristés; ce n'est que' plus tard qu'ils joignent an souvenir de ces faits celui des idées qu'ils ont suscitées. Enfin ils finissent par évoquer à l'occasion le souvenir des idées seules. Ainsi la mémoire ne se forme, ne se développe et ne s'accroît que progressivement et avec l'âge. Elle n'atteint son entiet· épanouissement, pour décroître ensuite plus ou moins rapidement, qu'au sortir de l'adolescence et au seuil de l'âge viril. Sans entrer ici dans aucune discussion philosophique, on peut dire, au seul point de vue pédagogique, que la mémoire est, sans contredit, une de nos plus précieuses facultés intellectuelles. L'enfant, sans la mémoire, ne pourrait rien conser1•cr des connaissances acquises. l'élève ne pourrait rien retenir de ce qu'on enseigne à l'école. C'est pourquoi nou~> rencontrons trop souvent de ~·aun·es enfants qui, d' aiHeurs, semblent inteJligents, mais à qui nous ne pouvons inculquer qu'a1•ec la plus grande peine l{'S premiers éléments du programme en usage dans nos écoles, précisément parce que leur mémoire est peu développée. Ainsi, la mémoire, utile pour l'éducation m01·al{', est indispensable pour l'éducation purement intellectuelle. Parce que la mémoire est nécessaire, il ne faut pas cependant que l'instituteur la développe et J'exerce sans discernement. Elle ne doit pas être prPpondérante. Si, d'ailleurs, e1Ie n'est point ba-


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sée sur l'attention et la réflexion, elle ne peuL être que d'un secours restreint dans J'enseignement. Elle ne doit pas consister seulement dans le souvenir des mots, mais aussi et surtout dans celui des choses. C'est ici le lieu de dire avec Montaigne qu'il ne faut point cultiver uniquement la mémoire • laissant l'entendement et la conscience vides. • Il faut doue que le développement de cette faculté concorde avec celui du jugement et du raisonnement. De cette façon les souvenirs de l'enfant ne lui fourniront que des idées justes. Autrement la mémoire de nos élèves ne serait pas loin d'être semblable à celle du perroquet qui ne comprend point le sens de ses paroles. Pour développer la mémoire chez les jeunes enfants, il faut employer presque exclusivement la méthode intuitive. Ainsi, pour l'enseignement des premiers éléments de la lecture, on peut reproduire, au tableau noir, en grands caractèees, la leçon du livre. De cette manière, les élèves, même les moins intelligents, se la gravent mieux dans la mémoire. On emploierait encore, avec plus de succès: les caractères typographiques mobiles et les autres procédés intuitifs. L'épellation, en fixant dans le souvenir, par l'oreille, la configuration des mots, est la meilleure manière d'apprendre l'orthographe, surtout l'orthographe d'usage, aux jeunes enfants. Pour toutes les matières qui le comportent, surtout pour l'histoire et la géographie, on emploie les images, les tableaux, les cartes, afin que la vue vienne au secours de la mémoire. C'est cc qu'on a appelé l'enseignement par l'aspect, qui n 'est pas toujours possible, mais qui pla'it beaucoup aux enfants, dont il éveille l'attention bien mieux que la méthode purement expositive. En même temps, pour développer et former la mémoire, on peut donner, chaque semaine, à apprendre par cœur, des morceaux de poésie ou de prose, préalablement expliqués. L'enseignement moral se fixe dans Ja mémoire surtout par les récits ; il se donne continuellement, à l'occasion, pendant toutes les leçons, en récréation et en promenade. Ce sont toujours les exercices où les sons ont le vlus de part qui profitent le mieux à la mémoire. Mais quand l'enseignement par l'aspect, et la méthode socratique ne peu vent être employés, il faut toujours faire précéder la leçon d'explications suffisantes. Et comme l'eau qui tombe goutte à goutte finit par creuser la pierre, on fait faire aux enfants, de temps en temps, dès répétitions, des revues, des résumés, des classifications, des tableaux synoptiques, etc. Ce qu'il faut surtout chercher à é\ritel', c'est que les élèves ne fassent rien d'une façon machinale, sans comprendre ce qu'ils

font. C'est pourquoi toutes les leçons doivent être suivies d'interrogations qui ont pour but de s'assurer si lrs enfants se sont rendu compte de ce qu'ils ont confié à leur mémoire. C'est, je crois, la meilleure manière d'assurer leur éducation intellectuelle et morale. (Etudes scolaires) ALFRED CHARRON Instituteur communal à Montbouy (Loiret).

Red. - Grand merci à notre vaillant et dévoué collaborateur de France pour les excellents articles qu'il adresse fréquemment à l'Ecole primaire dll Valais, ancien département du Simplon.

Course à vol d'oiseau dana le Haut-Valais (D'après MARio ... ) Exercices de lecture et de composition. NB. Le maUre lira ce morceau littéraire, le dictera ensuite et fera rédiger, par imitation, un sujet analogue.

1 Le soleil venait de se lever et apparaissait sur les crêtes blanchies des Alpes valaisannes. Pas un nuage. Le ciel d'un ~out à l'autre bltm. Un air pur et âcre nous enveloppait. Nous avions devant nous une de ces journées splendides comme la montagne seule peut nous en offrir. Voilà, en quelques mots, le tableau qui se déroulait à nos regards lorsque, tournant le dos à Brigue et aux montagnes du Simplon, nous prenions, sur la rive droite du Rhône, la route de la Furka. Le chemin que nous suivons est solitaire. Par-ci par-là, de rares habitations. La vigne, les noyers et les chataigniers grimpent jusqu'à Moerell. Ici, nos yeux peuvent se rassasier de soleil et de verdure. Le village, heureusement groupé parmi les arbres, déploie, dans un encadrement de frais ombt•ages, ses hautes maisons de bois qu'égaient de nombreuses fenêtres. Le site est pittoresque, franchement alpestre, avec un cachet local bien accentué. Sans metre pied à terre, nous traversons le village. A son extrémité, l'enseigne d'une baraque plantée au bord du chemin nous arrache une exclamation. C'est à n'en pas croire ses yeux: CAFÉ DU THEATRE.

Mauvaise plaisanterie. Veut-on se moquer des passants. Quoi 1 un théâtre au milieu de cette nature agreste, à la face des chalets et des hauts alpages l Et l'on se regarde d'un air tout dr6le. Mais la première surprise passee, la memoire par bonheur nous vient en aide. C'est bien ici, en plein air et sur ces vertes prairies, que le dernier printemps la vaillante jeunesse de Mœrell a donné la première représentation d'un drame historique : Thomas in der Bienen, du curé Bortis. Un grand événement pour la vallée de Conches que celui-là, et dont on parlera longtemps encore l'hiver, au coin du feu.


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Passé Moerell, la vallée se resserre, les arbres fruitiers se font rares. Une zone nouvelle s'ouvre devant nous avec des perspectives à la fois plus sauvages et plus variées. Mais voici le pont de Grengiols, hardi et pittoresque. Une seule arche enjambe l'abîme. Tout au fond, le RhOne encaissé entre deux parois de roches noires, y roule ses eaux grisâtres. Au-delà du pont par d'audacieux détours, la route s'évertue à gravir une côte rapide: En face, les maisons de Grengiols, clocher en tête, surgissent les unes après les autres d'un pli de terrain. Le village est commodément assis sur une pente veloutée, au milieu des plus beaux pâturages. Des vaches paissent tout alentour. C'est frais et c'est charmant. Bientôt, la vallée élargit ses flancs. Elle prend de l'ampleur. La majesté sévère de ses sites se déride. Plus attrayant et plus grandiose, le pays, à mesure que l'on avance, déploie ses richesses naturelles. Notre route, impatiente d'aller prendre le RhOne à sa source, grimpe résolument par une pente raide au milieu des sapins. Nous sommes en pleine montagne. Nous humons gaiement l'air pur et embaumé des hauteurs alpestres. Un autre panorama se déroule soudain à nos regards étonnés. A la sortie de la forêt, devant nous, sur une place ouverte, une coupole argentée émerge brusquement d'un replat. Tout aussitôt apparaît le village, Laa;, étalé dans les prés. Les habitations y gardent tout le long de l'année les doubles fenêtres. De petites tablettes chargées de pots de géraniums et d'œillets s'alignent au-dessous. Peu ou point de volets, mais en revanche, derrière les vitres, des rideaux blancs et frais. Autour du village, du chanvre en quantité étendu sur l'herbe fraîchement coupée. Climat âpre, rudes hivers, longues veillées. Au premier coup d'œil, on pressent un peuple de foyer. Plus loin, Fiesch, beau et riche village, s'assied au pied des pentes boisées que couronne le glacier d'Aletsch. Un gros torrent le traverse. Beau d'aspect, terrible à ses heures, enfant du glacier, il bondit en bouillonnant entre les ruelles, il rase les murs des jardins, et, gonflé, écumeux, avec une sorte de joie sauvage, se précipite à travers champs et prairies pour aller un peu plus loin mêler ses eaux limpidf's à celles du Rhône. A notre droite et au revers, Ernen, l'ancien chef-lieu du dixain, regarde Fiesch. Il est encore dans l'ombre. La nuit semble s'y être oubliée. A quelque distance et sur le même versant, l'œil s'arrête sur quelques vieilles maisons entassées au bord d'un ravin. Tout auprès sur un renflement du sol, se dresse une chapelle blanche de forme antique, coi1fée d'un toit à pans droits. Ce hameau, c'est Muhlibach, le lieu de naissance du cardinal Schinner. De la maison où naquit ce grand prélat, on n'a conservé que le poêle, mais la chapelle construite par lui est un lieu de pèlerinage. Le souvenir du savant cardinal est, de nos jours encore, toujours bien vivant parmi les habitants de ce pauvre, mais historique coin de terre. A. P.

107 QUESTIONS DE GÉOGRAPmE ET D'ARITHliiÉTIQUE posées aux aspirants télégraphiques, lors des derniers examens qui ont eu lieu en février 18fJ7.

L'examen d'admission porte sur les matières suivantes: a) ecriture; b) langues; c) arithmétique (les qua tres règles, fractions ordinaires, fractions decimales et règle de trois); d) géographie. A. GEOGRAPHIE Ces épreuves sont écrites. Les reponses aux questions doivent être rédigées brièvement, à peu près dans la forme suivante : « Le Mississipi est le plus grand fleuve de l'Amérique du Nord. Il descend des Montagnes Rocheuses, coule d'abord vers l'Est, puis vers le Sud et se jette dans le golfe du Mexique. :. Voic1 maintenant les questions qui ont été posées: i" Que sont et ou sont situés Strasbourg, la Cor.ie, les Carpathes, l'Elbe, le Gibraltar, Hambourg, Copenhague, le mont-Blanc, Naples, la Scandinavie, le Volga, les Apennins '1 2• Quelles sont les principales rivières de la Suisse, où prennentelles leurs sources et dans quelles mers se jettent-elles ? 3" Dans quelles mers se trouvent les iles suivantes : Madagascar ' Candie, S'•-Hélène, le Japon? 4• Que signifient les mots: pôle, méridien et équateur Y 5" Quelles sont les plus grandes villes de l'Italie ? 6• Quel est le plus court chemin pour aller de Berne à Bombay 1 7• Par quelles vallées et par quels passages des Alpes se rend-on le · plus directement de Brigue à Samaden '1

i) 47093 x 200790 =

B. ARITHMETIQUE

2l470400 : 600 = 3 705978688 : 23456 = 4 [(7 '/, 3 '/.) - 18 2/ , : 4 '/.)] x 3 '/, = 5 (10,986: 3,09) - (0,098 x 0,861) = 6) A et B gagnent 2,000 fr. Les fonds versés par A ayant éte de 1500 fr. et ceux de B de 2500 fr., combien chacun recoit-il du gain~ • 7) Une garnison de 225 hommes possède des vivres pour 6 mois · si on l'augmente de 70 hommes, combien de temps dureront' les vivres ~ 8) Si un capital de 3000 fr. donne en 5 ans 775 fr. d'intérêt, combien en donnera un capital de 4500 fr. au même taux et pendant le même temps 1 9) Si 4 ouvriers travaillant 8 heures par jour creusent en 10 semaines un fossé de 480m de long et de 2m de large, en combien de temps 12 ouvriers travaillant 9 heures par jour creuseront-ils un fossé de 640m de long et de 4m de large ? Communique par A. P.

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Le bilan géographique de l'année 1886. (Suite). III. ASIE Pas plus que l'Afrique, le grand continent asiatique ne s'appartient entièrement à lui-même. Les seuls Etats importants qui restent en dehors de l'ingérence européenne sont la Chine et le Japon. L'immense EMPIRE CHINOIS est plus étendu et plus peuplé que l'Europe, puisque sur un territoire de ii,OOO,OOO de kmq, il compte 400,000,000 d'habitants, dont la civilisation tout originale et l'importance politique n'ont pas dit leur dernier mot. Le JAPON forme à l'autre côte du continent, une contre-partie de l'Archipel britannique, avec même étendue approximative et même population de 35,000,000 d'habitants, lesquels s'initient activement au génie civilisateur de l'Europe même. Ce sont là les seules parties vives de l'Asie indépendante, à moins qu'on ne veuille y ajouter les petites souverainetés de l'Arabie, perdues dans leurs déserts, la monarchie de Perse, ballottée entre les influences russe et anglaise, le royaume de Siam, qui deviendra anglais ou français, et le royaume de Corée, qui tend au contraire à se détacher de la Chine. L'autre moitié de l'Asie est soumise à 4 ou 5 puissances européennes, savoir: la Russie, l'Angleterre, la France, le Portugal et la Turquie dont la capitale, Constantinople, est en Europe. L'AsiE TURQUE ou Turquie d'A&ie compte !5,000,000 d'habitants sur plus d'un million de kmq. de territoire. C'est aujourd'hui la partie centrale, et ce sera demain peut-être, l'unique partie de l'empire ottoman, vieille machine dont les rouages sont usés et que la Russie voudrait remonter à son profit. L'ASIE PORTUGAISE avec Goa, Diu, dans l'Hindoustan, et Macao, sur la côte chinoise, n'est que le dernier souvenir de l'Empire d'Albuquerque, si florissant au xvi• siècle. AsiE ANGLAISE. Par contre l'Empire anglais des Indes est un splendide morceau, par sa nature le plus beau, le plus riche des empires du monde, et qui serait le plus enviable si sa stabilité était bien assurée. 250,000,000 d'habitants, sur un territoire de 4 millions de kmq., obéissant à une poignée d'Anglais, c'est un prodigieux résultat, digne de la jalousie russe qui convoite le joyau et s'en approche tant qu'elle peut. Outre l'Hindoustan propre, le Dékan, le Bengale, le ~assin ~e l'Indus, l'empire des Indes comprend le royaume de Btr~ame, conquis l'an dernier, et l'on peut considérer comme ses satel~1~es le Béloutchi&tan et l'Afghanistan lui-même, tiraillé par le VOISID du Nord. En dehors de cet empire, les Anglais possèdent Aden. et quelques ilots de la mer Rouge, les îles Ceylan, Andaman, Ntcobar et les importantes positions commerciales de Poulo-Pinang, Singr:pour et Hong-Kong, situées sur le chemin ou sur les côtes ~ela Chme. AsiE FRANÇAISE. La France qui n'avait conservé que cmq lambeaux :

109 Pondichéry, Chandernagor èt autres, de son empire indien du siècle dernier, s'en est refait un d'une grande importance dans l'Indochine. La Cochinchine et le Cambodge, l'Annam et le Tonkin lui donnent un territoire vaste comme la métropole, peuplé de i5,000,000 d'habitants, et dont la position est essentiellement bien choisie entre les empires anglais et chinois. Si les circonstances la favorisent une fois de plus, le royaume de Siam doublera peut-être un jour en superficie cette importante possession. Mais qui peut dire ce que l'avenir nous réserve î AsiE RUSSE. - C'est le plus grand, sinon le plus riche morceau de l'Asie, puisqu'il mesure plu!! de i6 millions de kmq. avec !5,000,000 d'habitants. La glacée Sibérie, conquise en premier lieu, a servi de première tranchée parallèle pour pousser en avant, à travers la Mandchourie, le Turkestan, la Caucasie. les travaux de siège dont l'objectif est la prise de l'empire des Indes, vulnérable par sa richesse même. A quand le choc qui mettra aux prises les colosses russe, anglais et peut-être chinois1 IV. OCEANIE L'Angleterre, la Hollande, l'Espagne, le Portugal, la France et l'Allemagne se partagent très inégalement le Monde Océanien. OcÉANIE ANGLAISE. - Les Anglais ont pris pour eux tout un continent: l'Australie, vaste de 2 millions de kmq. et dont ils peuplent même les déserts, - Victoria, la Nouvelle-Galles du sud, le Queen&land, l'Australie du Sud et l'Australie de l'Ouest, sont avec la Tasmanie et la Nouvelle Zélande, autant de républiques riches et prospères qui jouissent d'une complète autonomie sous la couronne britannique ; elles tentent même de se constituer en fédération pour leur défense commune. Leurs 3,000,000 d'habitants de race européenne forment la partie vive de tout ce monde océanien qu'ils finiront peut-être un jour par dominer entièrement, car c'est déjà avec répugnance qu'ils voient s'établir auprès d'eux des rivalités française et allemande. D'autres possessions anglaises, savoir : la partie nord de Borneo, le S.-E. de la Nouvelle Guinée, les îles Fidji, etc., gravitent autour de ce noyau d'un nouveau monde anglo-saxon. L'OcÉANIE HOLLANDAISE ou la Malaisie, comprenant Java, Sumatra, les Moluques, etc., a plus de richesses naturelles et beaucoup plus d'habitants que la partie anglaise. Mais ses 27,000,000 d'indigènes gouvernés par 22,000 Hollandais à peine, sont inférieurs en activité, en productivité industrielle et commerciale aux trois millions d'Australiens. OcF:ANIE ESPAGNOLE. -· Même observation pour les possessions de l'Espagne qui comprennent la plupart des îlE:-s Philippines, Luçon, Mindanao, Soulou, Carolines et Mariannes, dont la population dépasse 5,000,000 d'habitants, sur un territoire de 300 mille kmq. L'OcEANIE PORTUGAISE se réduit à une partie de l'ile Timor, autre reste de l'empire du XVI' siècle. L'OcEANIE FRANÇAISE est plus prospère. Elle comprend la Nou-


HO velle-Calédonie, les iles TaUi, Touametou, Marquises, et elle s'annexera probablement les Nouvelles-Hébrides , que lâchera l'Angleterre pour avoir la paix, bien qu'un contrat stipule la neutralité de ces iles. Enfin l'OcEANIE ALLEMANDE, dernière née, comprend déjà le territoire de Willemsland, ou partie N.-E. de la Nouvelle-Guinée, l'archipel Bismarck et les îles Marshall auxquels on vient d'ajouter les îles Bougainville, Choiseul et Isabelle, par suite d'un accord avec l'Angleterre. Cet ensemble peut avoir 300 mille kmq. avec ur1 nombre égal d'habitants peut-être ; mais tout y est à coloniser et à organiser pour acquérir quelque valeur dans l'avenir. (La fin au prochain numth·o). J.A DIIYO.IJI SOOJ.AXBB Il est, aujourd'hui, malheureusement constaté que sous l'influence du travail oculaire à toute distance, l'écolier devient myope. A peine l'enfant est-il à l'école que l'on voit sa vision se modifier et la myopie apparaître. Cohn a constaté qu'après dix-huit mois d'école 16 •;. des élèves sont devenus myopes. Derby a trouvé le 10,6% après trois ans et Erismann, 29 "!. après six ans. Le Dr de Neffe indique les règles suivantes pour combattre l'influence de l'école sur le développement de la myopie : « Le travail oculaire à courte distance, auquel l'enfant doit se livrer; doit continuellement être surveillé par les professeurs. Si cette distance est trop courte, si elle n'atteint pas environ 30 centimètres, l'enfant est exposé à devenir myope. Pour éviter que l'écolier ne se penche en avant et ne rapproche son visage de la table, il faut : a) Que l'éclairage de la salle soit suffisant; - b) Que l'impression des livres soit nette, que les caractères ne soient pas trop petits, que le papier ne soit pas transparent;- c) que les bancs de l'école soient appropriés à la taille des enfants, afin que ceux-ci n'aient pas de tendances à se courber dans des positions vicieuses, ce qui provoque la scoliose (déviation latérale de la colonne vertébrale) et la myopie chez les écoliers ; - d) Il faut que le corps soit soutenu par un dossier de façon que la fatigue n'oblige pas l'enfant à se pencher en avant, à s'appuyer sur les bras, à rapprocher ainsi son visage de la table. :. Puis il insiste vivement sur la nécessité de solliciter les professeurs de réagir constamment contre la tendance qu'ont les enfants à rapprocher les objets de leurs yeux, lors même que rien ne les y oblige. Enfin, pour éviter les congestions céphaliques, qui sont prédisposantes de la myopie, il recommande de veiller à ce que les classes ne soient ni surchauffées, ni encombrées, à ce que l'air y soit toujours aussi pur que possible. Mais tout le travail ne se fait pas à l'école, une grande partie se fait à la maison. Il faut donc que les parents comprennent toute la nécessité de la stricte observation, à la maisqn, comme à l'école, des règles que nous avons citées.

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Hi Echos des conférences. Entremont. -Les iustituteurs de notre district ont eu leur réunion à Bagnes (Villette), le 16 février, sous la présidence de M. l'inspecteur Troillet. L'appel nominal constata la présence de 29 régents, 5 étaient abFents ; 2 seulement n'ont pas légitimé leur absence. MM. Hopfner, directeur de l'Ecole normale, Gross, inspecteur du district de Martigny, quatre membres du vénérable clergé, ainsi que plusieurs membres de l'administration communale et de la commission scolaire de Bagnes, nous ont honorés de leur présence. La séance s'ouvrit à 9 h. par la prière d'usage. Après la lecture du protocole de la séance précédente, on procéda au renouvellement du comité. M. le chanoine Revaz, professeur à Bagnes et votre serviteur, ont été élus, le premier, vice-président, et le second, secrétaire. L'ordre du jour amena ensuite la lecture des compositions. La majorité des instituteurs avaient traité leur sujet ; mais quelques-uns ont préféré payer l'amende plutôt que de faire leur travail. La lecture des mémoires fut suivie d'une discussion à laquelle prirent part MM. Hopfner et Gross. L'assemblée a été unanime à reconnaître que la loi scolaire actuelle est bonne et sage ; mais qu'elle laisse beaucoup à désirer sous le rapport de l'exécution. Cependant plusieurs membres ont émis des désideratas dont voici les principaux. 1• Supprimer les cours de répétition et y suppléer par une émancipation plus tardive de l'école primaire. (A ce sujet, M. le Directeur proposa de faire tenir ces cours par des instituteurs retraités, ce qui, ajouta-t-il, est ·léjà pratiqué dans plusieurs localités). 2• N'accorder la sortie de l'école primaire qu'après s'être assuré, par un examen préalable, que les jeunes gens possèdent l'instruction voulue. En un mot, que ce soit la capacité qui détermine la sortie et non l'âge. 3" Que les communes fournissent elles-mêmes le matériel scolaire afin d'obtenir plus d'uniformité dans les . objets classiques, et aussi d'éviter les difficultés que le régent rencontre lorsqu'il a affaire à des parents de mauvais vouloir ou manquant de moyens. 4" Faire payer les absences non justifiées ; que le régent, sans se préoccuper de complaire aux parents, note régulièrement les absences illégitimes; car ajoute M. le Directeur, si la fréquentation de l'ér.ole est irrégulière. la faute en est bien souvent au personnel enseignant, qui, de peur de mécontenter quelques parents, passe sous silence les infractions à la loi. La première partie de !ajournée se termina par une prière, comme elle avait commencé, et la seconde se passa gaîment, comme l'année dernière, sous la forme d'un banquet, dans lequel toasts et chants se succédèrent pr~sque sans interruption. C'était la dernière partie de notre programme, et elle fut exécutée, dans son genre, avec autant de succès que la première. L.-A. Ch. M., inst,


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VARIÉTÉS Anecdotes scolaires. Deu professeurs de langues. Quoique l'instruction fasse chaque jour de grands progrès en Amérique il n'est pas moins vrai que de nombreuses écoles sont encore dirigées p..; des profeseurs incapables. Les diplômes n'étant pas exigés partout, chacun peut ouvrir une école ~ son gré. On se fait professeur en Amérique, quand on ne sait plu~ que faire, et on ouvre un pensionnat quand le malheur dea afFaires vous a forcé de fermer boutique. Il n'est pas d'étranger dans l'embarras qui n'ait cherché à donner des leçons de toutes les branches des sciences et des arts, depuis l'astronomie jusqu'à la gymnastique. n y avait entr'autres à New-York, raconte O. Comettant, un Auvergnat, ancien porteur d'eau qui, sachant à peine lire et ne sachant pas du tout écrire, s'était bravement annoncé comme maUre de français. Sa méthode, très simple et entièrement nouvelle, consistait à plj.rler auvergnat avec ses élèves et leur dire : Imitez-moi. Ce singulier professeur ayant été présenté à un Allemand qui donnait aussi dea leçons de français, les deux maîtres voulurent se parler, mais ils ne purent parvenir à se comprendre, malgré tous leurs efforts. - Fichtra 1 disait l'Auvergnat, chelui-là peut che vanter de parler drole· ment le fran chais 1Che n'est pas comme dans l'Auvergne. Chan doute chaque pays a chon franchais que les jautres ne comprennent pas. - Tartaifle 1 quel trôle t'homme, murmurait de son côté l'Allemand, en jetant sur l'Auvergnat un air d'envie. Bour bar)er vrançais, il harle, il harle bien même ! Mais che ne harle bas mal non plis, et je ne bois bas bourgoi il fait gomme a'U ne gomprenait pas. Ce être bar jalisie et parce que nous sommes toua les deux tes brovesseurs de lanque. • • • Où vas-tu, mon garçon? - A l'école, Monsieur. - Et qu'y fais-tu à l'école? - J'attends qu'on en sorte? Une mère avait élevé son fils à la Jean-Jacques (c'était l'expression du jour) et ·croyant en faire un chef-d'œuvre elle ne fit qu'un monstre. Elle écrivit ~ Rousseau et lui adressa des plaintes amères. Le philosophe lui dit en réponse : • Eh 1 Madame, qui vous obligeait de suivre ma méthode? En publiant mon livre, j'avais bien pu espérer qu'on le lirait, mais je ne m'étais pas imaginé qu'il dllt y avoir en France quelqu'un assez peu réfléchi pour le suivre. , L'auteur d'Emile avait été chargé de l'éducation du jeune d'Espinay; on fut obliA"é de l'enfermer à l'âge de 15 ans, parce que ce jeune homme avait Toulu empoisonner son père. Dana l'Emile, Rousseau ne veut pas qu'on pal'le de Dieu au jeune homme &Tant l'lge de 20 ans; on connatt l'arbre au fruit. Hélas 1 que de parents sentent encore l'amertume de pareils fruits sans vouloir reconnaître l'arbre qui les produit. Un père se vantait du savoir de son fils, qui commençait à fréquenter l'école. Une personne présente voulant éprouver cette jeune intelligence, lui posa cette question 1 - Combien font deux fois deux, mon garçon ? -Cinq, répond l'enfant. -Vous voyez, reprend le père, il est rusé, mon gamin; il ne s'est trompé que de deux.

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OUVRAGES ET MATÊRIEL SCOLAIRES AUTEUR TITRE PRIX * XXX. Grammaire française al'usage des écoles primaires du Valais i t 0 * XXX. Catéchisme du diocèse - 50 * XX. Ami de l'enfance, 1• livre de lecture, tO•• édition, revue - 60 * XXXX. Eléments de géographie a l'usage des écoles prim. du Valais - W * BOURQUARD. Bible illustrée a l'usage de la jeunesse i * S. M Méthode de lecture corresrondant avec les tableaux du même 40 · • J. ST. W. Abrégé d'histoire de la Suisse, suivi d'un précis d'im;t. civique - 60 * XXX. Manuel d'arithmétique, suivi de 2000 exercices et problèmes à l'usage des écoles primaires du Valais i * KœnL, prof. Recueil de chant8 pour l'école et la famille, précédé d'une méthode élémentaire et d'un petit solfège i * PERRIARD et GOLAZ. Aux r~crues suisses, opuscule spécialement destiné aux élèves des cours de répétition -50 * LAROUSSE. Dictionnaire complet de la langue française, illustré. 350 * , No~veau dicti·m naire de la langue française. Illustré 2 75 DESTEXIIE. L'éducation à l'école primaire au moyen de l'mtuiti~n et du styiP, cartonné 2 50 * LEUZINGER. Carte de la Suisse pour les écoles (papier japonais) -50 SOXHER. Sujets et modèles de leçons de choses i JBSART.U:R. Culture des arbres fruitiers à tout vent -- 60 HEINRICH. Nouvelle méthode de calcul oral t 30 * F.-O. WoLF. Recueil de cantiques à l'usage des écoles et des familles (ap· .. . prouvé par S. G. Mgr I'Evéque) i 20 Vo1c1 ce que d1t de ce recueil la Cœcilia, excellent petit journal de musique relirrieuse publié par M. J. Gürtler, éditeur, à Boncourt (Jura Bernois). " ' • Ce r~cueil est un des r.:eilleurs de ceux qui ont paru en Suisse, et il sera très utile dans l_es ecoles et dans les paroisses pour les offices extra-liturgiques. » Fazvre et Seu1·et. Cours de langue française. 7 vol. qui se vendent séparément man. de l'élève, f. •• cour;, 75 c. ; ~· cours l fr 20; 3• cour~ 1 fr. ~ · man. du maitre 2 fr. chacun; grammaire extraite du dit cours 6() c. ' Vœcilia, partie musicale des années 1879 et 80, l'année 1 Messe à ~ voix égales avec accompagnement d'orgue, par l'abbé Stemlin, parlition t 50 Messe à 3 voix égales, par Gurtler, partition 1 50 Ordinaire de la messe en prières et chants extraits du Graduel , . _romain, renrerma~ll les six messes des différents temps 1 L Ordma•re de la messe Cl·dessus avec les 3 premières années de Cœcilia, reliés en un vol. 2 50 Chants fa~iles ~ 1, ~ou trois voix égales destinés à compléter et - 50 a vaner de temps en temps les chants liturgiques Recueil de IlS cantiques connus, paroles seules - 10 Roses d~ mai, 21 cantiques de la Ste· Vierge, il l. 2, 3 ou 4 voix, paroles de M l'abbé Seuret, musique duR. P. l\lotschi 2 50 Siège de Belfot·t en 1870-7l ' -80 X. DE MAISTRil. Voyage a11tour de ma chambre -30 La jeune Sibérienne - 30 Le lépreux de la Cité d'Aoste - 30 MAIGNE. Dictionnaire des inventions et découvertts dans le:> lettres les sciences et les arts. Un fort vol. broc., sur~ col. 700 p. ' 5 TAIOLET. Introduction à l'étude de la grn.mmaire - 35 ,11ne.reiDII!Ie dn IO"fo 4'8t accordée sur le r•rlx des ouvragesiDarqués d un '~= au perl!louuel euseignant et, d'une manière géuérale aux autorités communales et détaillants. '

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femme de ménage. 3. De l'esprit de famille.. ~- De l'économie domestique. ll•• PARTIE. - Organisation morale d~ la maison et qualités d'une bonne ménagère. 1. La prévenance. ! . Les fêtes et réunions de famille. 3. D~voirs du voisinage. 6.. L& lecture et la bibliothèque de la maitre,;se de maison 5. Du rô!e de la femme dans l'éducation des enfants. IIIm• PARTIE. - 01·ganisation maté1·ielle et ad ministration économique de la maison. t. Apprentissage de l'économie domestique. :!. Des qualités de la bonne ménagère. 3. De l'économie. \ . ~mploi do la journée d'une maîtresse de n.aison. 5. lnstallalioo d'un ménage. 6. Distribution intérieure de la maison. 7. Cuisine. office, boulangerie, ustensiles et accessoires de ruisioe. 8 Des domestique<~. 9. Blanchis:>age et entretien du linge. 19. Entretien et con5t'rvation des aliments. il. Des travaux à l'aiguille. 1!. Des provisio~s: 13. M~oière d'o~~onnt>r un dîner. 1&. De I'app~ontissagc de .ta ~uisine. 15. Notions elementatres de cmsme. 16. La ferme t:t la ferm tère. 17. Le Jardm potager. lB. Chauffage et éelairage. 19. Recettes et connaissances utiles. - 20. De la comptabilité. 21. Conseils d' hygiène.

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UNE P!GE D'ECRITURE Episode de la guerre de 1810·1871 (Dédié à l'Ecole primaù·e) ----~·0,_

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Sur le versant du Jura, entre .Jougne et Vallorbes il y a dans une ornière de la montagne une sort~ de petit vallon secret, que les gens du pays appellent la Vuache. Un moulin délabré assis entre deux pentes arides, trois peuplier& inégaux un cours d'eau grisâtre coulant sans bruit dans sa prison de cristal· deux ri~es de roseaux desséchés et de maigres sau~ laies qm ,-ont se perdre dans un lointain brumeux· çà et là quelques arbres couverts de aivre · - et si . vouq ~ ' ' làau moment ~Hi_ com_men?e. ce réCit, imaginez dessus un v1lat~ Ciel d biver, bas, triste et funèbre, vous aurez Je site. C'était en 1871, dans les premières semaines de l'année. Janvier déclinait, Février allait se lever. Un homme et une femme, tous deux d'allure lente, et au parler plus l"nt encore, seuls avec leurs trois enfants, des garçot•S, habitent le moulin. Gabriel le mari, l'a hérité de son père qui en mourant le l~i a laissé avec que~gue peu de bien. Mais depuis bientôt qumze ans qu 11 en est propriétaire , le bâtiment comme les terres vor,t périclitaut. D'un caractère indolent el sans initiative, il n'a pas su, c.omme on dit dans le pays, • go_uverner ses affaires. • Chaque année ses champs ltn donnent de plus maigres récoltes, et la plupart des paysans ayant pris l'habitude de porter leur grain à la ~écanique, chaque année aussi le moulm perd des pratiques. On n'y voit plus arriver q ~ e quelques anc1ens ha~1tués, .les plus pauvres qui Viennent encore par roullne à la Vuache pOltP.r à moudre quelque peu d'orge ou de Bf'igll'. Le genre de vie que mènent les habitants du moulin est monotone. Ce n'esl pas l'aisance, ce n'est pas la pauvreté; - c'.est quel~ue cb~se entre deux, qui leur p ermet de Vivre au Joor le JOUr ~ans rien d~­ voir à a u trui. Bonnes gena au demeurant mais taci· turnes, ct n'aimant pas à se mêler avec 'te reste du monde, ils sont sédentaires et vivent pour eux. Deux


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des garçons vont à l'école ~ Ballai~ues, dis_tant du rr.oulin une demi-lieue envtron. C es~ le vlllage le plus rapproché. Le père et la mère s y rendent de temps à autre pour leurs affaires; - quelquefois aussi mais plus rarement, poUl' aller au prêche. Ils se se~tent gauches, dépaysés, et se donnent comme peur du prochain.

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* Sauf deux ou trois volumes poussiéreux. que l'on n'ouvrait jamais, et les livres de classe de_s en,fants, dans tout le logis on aurait cherché , en vam _d av.~re lecture que celle de l'almanach, que l on pouvalt vou, d'un bout de l'année à l'autre, suspendu à un clou audessous du miroir. Qu e si l'on en excepte les_fragments de VIeilles gazettes d0nt l'épicier envel_oppalt le~ m~r­ cLandises que l'on .ach etait ?.he~ lUl,. de memmre d'homme jamais un Journal n etait ent!é au mouhn. On n'y connaissait que le Message~· botteuœ, dont l~s histoires cent fois relues, et cent fots commentées fa~­ saient ouvrir de grands yeux aux ~arçons. Parfois encore dans les veillées d'hiver, la mère, le cath~­ chisme sur les genoux, lisait tout haut d'une vo1x tratuante, pour le f~ue apprendre. à. !les d~ux ~lnés, dont la mémoire rétive se refusait a en retemr les réponses. C'était tout. . De la politique, on n'y s_ongeait guère. S1 ~ ce .s~­ jet l'on etlt interrogé Gabnel, nul doute qu 1l n eut répondu que c'était l'affaire des grar_tds, - et non celle des paysans. L'écho des révolut10ns, et de tous ces grands événements qui ébranlent le~ Etats t!t les rois n'arrivent à Vuache qu'à de rares mtervalles, et si f~iblement encore qu'il ne tardait pas à ~tre étouffé par le tic-tac (de la roue, et le va et vient de la vie journalière. . Pourtant cette année-là, force fut b1en aux g~ns d';l moulin de se réveiller de leur torpem . Ils savaient, a n'en pas douter, que la g~erre. était de l'.autre cOté de la frontière, autant valalt dire su~ leurs ép~ules, et si près d'ailleurs qu'ils en entendaient le br~nt; aussi un soir le meunier, tout en bourrant sa p1pe a~ coin du feu, avait émis son ?Piniun là-dessu~, en dlsant d'un ton capable à L1sette que certamement, • ça ne se passet·ait pas comme ça pour . ?es Ft·ançats put·squ'ils avaient les .Prusstens derrw1·e euœ. • Et comme si cet effort de pensée ellL fatigué. son esprit, il s'en était tenu là; et ~>elon son _habitude n'avait plus ouvert la bouche ~e toute la veillée. , Mais c'étaient les garçons qUI à leur retour de lé-

s cole, se fai~aient les porte-voix des nouvelles de la guerre. Enfiévrés par les racontar s de leurs camarades, ils revenaient journellement la tête pleine des bruits l es plus contradictoires, et ne sachant dans leur inexp érience, s'il fallait en trembl~r ou s'en réjouir. Plus épeurés qu'ils ne vo ulaient en avoir l'air mais. co_ntentB d'être à deux, sur le chemin lorsqu•d se fa1sa1t tard, sans proférer une parole ils se rapprochai~nt . instinctivement l'un de l'auh~e, hâtant le pas, cramtJf, chacun portant en soi la vague terreur de voir surgir, de derrière les sapins, quelqu'u n de ces espions dont on parlait tant au village .... Mais, lorsque parvenus sur la crête du vallon et qu~ pas loin _devant eux, ils commençaient à ap~rce­ vou· uue petite lum1ère, le cœur leur revenait et l a vo_ix aussi. Al?r.s ils s~ mettaien.t à siffler, il; respiraient plus à 1 a1se. PUJs, uue f01s dans la cuisine où à cette heure la mère préparait le souper, leurs sac~ de classe encore sur le do~, et parlant tous les deux à la fois, ils n'avaient rien de plus pressé que de lui raconter ce qu'ils avaient entendu. A l'ouïe de ces réCits, pour la plupart incoh érents la Lisette, femme simt>le, restai! ébahie cherchant â. compre1_1dre, .au l~eu que le père avec une grimace expressive, repétalt entre ses dent~> son éteru el refrain: - Màtin ! ça ne se passera pas comme ça. Pendant que chez le meunier on discourait ainsi de guerre, et que le soir les enfants blottis sous leurs draps,. pensaient en~en~re la ~anonnade , la guerre b1en reellement se fa1salt. Les evéuements sUivaient leur conr, l'hiver le sien. Pour celui-ci comme on le sait, il était rude. Uu froid de loup, 'et de la neige plus qu'on n'en voulait. Dans le vallon il y en avait au-delà d'un métre. Pa1:eils à aut~nt de hallebardes, des glaçons par ccntames, pendaient tout le long du toit. Serrée entre de ux parois _d 'eau congelée, la roue ne tournait plus. Sous ce. tapi~ b~anc,_ dans c"tte immo.bilité complète, le mouhn faiSait tnste figure. Ses vleiliE's murailles n'en paraissaient que plus noires, ses fenO tres plus borgnes. On aurait dit u n navire démâté, pris entre deux banquises dans quelque mer du Nord. Il n 'y avait pas jusqu'aux trois peupliers qui n'eussent l'air raides et couvert;; de givre comt11e lls étaient de troi; colossales pétrifications. Pendant que dès 'le matin les pies, ces oiseaux de mauvais augure, s'établis~ saient sur les branches dégarnies de ces grands arbres tristes, dont elles semblaieut avoir fait un poste d'observation, ·~ les moineaux aux abois, s'abattaienl


par bandes devant la porte et sm· des buissons voisins. Même quelques-uns, les plus hardis, tant ils étaient affamés, s'aventuraient jusque dans la cuisine malgré le chat qui les gu ettait. Pour eux aussi, l'hi~ ver était dur.

* que"' pour aller ~ l'école Ainsi bloqués, et bien comme pom en revenir, les garçons dussent souvent brasser la neige jusqu'aux genoux, ou entrer dans les gonfles jusqu'à mi-corps, les gens de la Vuache prenaient le froid en patience. Pour eux, il n'y avait pas de jour qui ne ressemblât à l'autre. Entre les repas, tandis que la meunière, assise à coté de son rouet, filait ou rapetassait de vieux habits, ::on homme, selon l'expression du terroir bow·gatait (1) nonchalamment d'un coin à l'autre, de J'air ennuyé qui lui était habituel. Il n'était pas dans sa nature de se trémousser pour quoi que ce fllt. Soit qu'il fendit du bois, il le faisait mollement, soit qu'il réparât ses outils de labour ou les engins de son moulin, il y mettait son temps, et de même en toutes choses. Quand il en avait assez, car il n'était pas for: à l'ouvrage, le nez rouge, il s'en venait selon son idée, bailler à côté du poële, ou bien tralnant le p1ed, les mains dans les poches, il se glissait dans la grange, et accoudé sur la porte dont la partie inférieure lui servait d'appui, il restait là de longs moments, 11a pipe à la bouche, à suivre machinalement du regard la danse des flocons et les ébats des moineaux.

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* était noir et gros de menaEn attendant, l'horizon ces. Si la Smsse rassemblait de nou'\'tlau ses bataillons, et renforçait ses frontières, ce n'était pas pour rire. Comme le répétait presque journellement le meunier : ça ne pouvait se passer comme ça. L'orage était tout proche. Il éclata. Vint la déroute, la débâcle, voulais-je dire. C'en était une, Sur ce point là, du côté de Jougne, elle commença le 2 Février au matin, et contiuua sans interruption jusqu'à six heures du soit·. Ceux qui ont assisté à cette entrée, devraient-ils vivre mille ans, ne l'oublieront pas. Un spectacle à fendre le cœur 1 - Une avalanche humaine comme on n'en avait encore jamais vue, se dévalait en serpentant par les versants du Juchet, avec un bruit qui devenait toujours plus fort. De loin on aurait dit celui d'une grosse grêle. ( :1) allait et venait.

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Il fallait bien avoir la mort à ses trousses pour arriver de ce train-là. Mais quand la déveine s'y met, il n'y a pas à lutter. C'était la France qui rendait les armes, sa gloire et sa fortune qui s'écroulaient. En voyant cela, on croyait rêver. · A ce roulement continuel d'hommes et de chevaux, à tout le fracas que faisait cette masse de fuyards en se précipitant comme un fleuve sm· notre pays, se mêlaient dans le lointain, comme pour en mieux marquer la mesure, les coups de canon et la fusillade des Prussiens qui les poursuivaient. Au bruit de cette débâcle, les gens du moulin, frappés de cette rumeur insolite, prêtèrent l'oreille. La route passe non loin de chez eux, à une portée de fusil de la crête du ravin. - Que ça peut-y être ? fit Lisette à son mari comme elle rentrait dans la cuisine, un seau de lait à son bras. Voilà bien une heure qu'on entend courir des bataillons sur le grand chemin. - Je m'en vas voir ?'egarde1· là-haut, répondit le meunier en appuyant sur chaque syllabe. Sans se bâter pourtant, car avant de partir il poussa un vieux siège de bois devant l'âtre, s'assit, et prenaut une braise il l'alluma son brûlot qui s'é· tait éteint. Cela fait, et le visage toujours penché vers la flamme, il fuma quelques instants encore, tout en marmottant à part lui: - Ma foi, faut qu'il y ait du nouveau. Faut aller voir. Se redressant enfin, il boutonna son gilet de laine jusqu'au menton, et sortit. - Brrr.... fil-il en gravissant le sentier, il ne doit pas faire bon monter la garde par cetttl cramine (froidure). Il disait vrai. Ce matin là, il faisait un froid à fendre les pierres. . Sur la hauteur, il trouva ses garçons, le visage bleui, les lèvres blêmes qui revenaient. Faisant foin de l'école, ils étaient restés tout ce temps sur la route à contempler le défilé des fuyards. Mais à demi gelés, et n'y tenant plus, ils reprenaient le chemin du logis. - Père, lui cria l'ainé aussit6t qu'il l'aperçut, v1ens voü·, les Français qui arrivent! Et en se retournar.t, le gamin lui montra du doigt sur les méandres de la route, une longue masse noire qui s'allongeait derrière les sapins. --- Ils ont tous des pantalons rouges, ajouta le cadet, d'une voix enrouée, et en souillant dans ses doigts. Des larmes lui jaillissaient des yeux le pauvre enfant avait l'onglée.

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6 - Allez voua chauffer, répondit le père en poursuivant son chemin. Pour la première fois de sa vie peut-être, son flegme semb la l'ab andonner. Il prit par le p lus court, et en remuant la neige qui lui venait aux genoux, il arriva bientôt au bord de la route. Le tableau qui s'offrit à sa vue, l'y laissa cloué sur place, immobile, pétrifié, tout comme la femme de Loth. Combien de temps il resta a insi, lui-même au juste n'aurait bien Sll le dire. En dépit de son impassibilité apparente, il avait le cœur bon. D~vant cette déroute sans nom, et la file i~termi~1ble d~s ~alheure~x affamés plus morts que v1fs, qm se trama1ent clopm clapant sur la neige ; il se sentit remu é dans ses entrailles comme il ne l'avait jamais été. Dans cette iutelligence engourdie, il il se faisait non une éclaircie, mais des lueurs. Incapable de mesurer l'étendue des désastres qui poussait ainsi une armée tout entière à mellre bas les armes le même jour, en rentrant chez lui il ne sut traduir~ autrement ses impressions qu'en dtsant à sa femme : c qu'il avait cru assi~ter à la fin du monde. • Et tandis que grelottant et transi, il avalait avidement la soupe, une épaisse bouiUie de gruau d'avoine que Lisette avait gardée pour lui au coin du feu tout entier aux souvenirs de la journée, il laiasait de temps en temps retomber sa cuiller pour répéter comme se parlant à lut-même des phrases entrecoupées qu'il accentuait chaque fois d'un coup de poing sur la table : - Pauvres gaillards que cea Français, disait- il, je les v~nai toujours se dé1·upite1· (1) par la forêt. Ça fendait le cœur.... Presque tous ils avaient la mort sur la figu re, des figures d'esquerlette (2) 1... Jama1s LisetLe n'avait encore vu son mari aussi ému. Le malheur du prochain le métamorphosait.

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Le sch· était vunu. Après avoir fait avec sa lan· terne le tour de l'écurie, pour s'assurer que tout était en ordre, et que la vache non plus que son veau ne mai_Jquaient ~e rien, le meunier était rentré, en v erromlhnt dern ére lui la prme de la cuisine; et il était venu sB blottir au coiu du poële dans lequel flamba it unt~ grosse brassée de bois que sa femme venait d'y jeter. Il se sentait mal à son aise, et frissonnait de tous ses membres. (1) dégringoler.

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squelette.

_ A moi la peur, faisait-il en grommela~Jt, pour sûr aujourd'hui j'aurai attrapé un rhumatisme. Je suis pris de froid. . . Tout en parlant il passait et repassait ses grosses mains calleuses tout le long de ses bras, et sur ses l · f '

gt'nOUX.

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Mais la sensation réconfortante . que Ul a1sa1 éprouver la chaleur du poële, eut ~Ientôt le dessu?. Ses paupières s'appesa~ttrent s~ms 1 ~ccablant~ lomdeur de l'air surchauffe, et moms dune demt-heure après, il dormait profondément. . , . Cédant au sommeil, les garçons auss1 n ava1ent pas tardé à se coucher, les deux ainés côte ~ côte dans le sous-lit, l eur petit frère dans u.ne mamère de berçoire à côtè du lit des par~uts. Bten que la J?endule n'eût pas encore sonné hmt heures, au moulm, sauf la mère, chacun dormait. , . Penchée sur son rouet quelle ava1t .rapproché, du poële elle filait des étoupes à la clarté Jaunâtre dune Jamp~ fum~use placée sur la table noJ! lo~n d'elle. Le gl'incement monotone du rouet, la respuatl?n bruyante du père, lO:J ronron d'un gros chat gns qm, les pattes dans un manchon, les yeux béatement à demt-clo~, sommèillait sur le poële, tempéraient seuls le Bllence morne de la vieille chambrette. Las carreau_x étai~>nt couvens de givre, et au dehors on entendait la bise sifller dans les peupliers.

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Tout à coup sur la neige, des pas et des voix se firent entendre. Etonnée, Lisette t:ut un sursaut. Elle tendit l'oreille : Q:Ji pouvait venir à cel~e heure 7 ~n hiver, pendant la nuit, personne ne vena1t au mouhn .. Les pas se rapprochaient, on frappait à la porte. Elle ouvrit la fenê tre. - Qui est là? dit-elle. - Des militaires égarés, ma bonne dame, ouvreznous par charité; répondit une voi_x à l'accent étranger. Le bruit avait réveillé le meumer. Il se dressa to.ut d'une pièce en poussant un grogl!ement. Il trébuchait; ses jambes enraidies ne le portaient p~us: - Des Français devant la porte, lui ena sa femme. Vas y voir! Sans rP.muer, Gabriel écarquilla les yeux. -- Des Français des Français 1 criaient les garçons de leur lit, en se dtetlant l'~n et l'autre sur leur séant. - Va leur parler, répéta Ltsette. . Gabriel comprit enfin. Suivi de sa femme qm portait la lan1pe, il alla tirer le verrou.


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Cinq hommes, des mtlitairea, attdndaient devant la porte. - Braves gens, reprit celui qui s'était fait entendre un instant auparavant, nous avons perdu notre chemin. Accordez-nouo:~ l'hospitalité pour cette nuit 1 Pas possible d'aller p lus loin, je vous le jure.... Nous sommes à demi-morts .... Voyez plutôt. Du geste il montra un de ses camarades que les autres soutenaient; - un jeune homme à la figure émaciée, exténué, pâle comme la mort. li avait les deux mams enveloppées dans dt! vieux mouchoirs. les doigts de ses pieds, ensanglantés, lui sortaient de~ souliers. Gabriel eut un grognement: Faut entrer, articula-t-il avec effort, et d'une voix rauquA. Comme on dit au village, il se gênait. Du regard plutôt que du geste, il les introduisit dans la chambre. Les arrivants le suivaient d'un pas mal assuré, en se cognant aux meubles qui se trouvaient devant eux. A bout de forces, ils se laissèrent t:.~mber sur les sièges. A leur entrée, les garçons intimidés, quasi honteux s'étaient enfoncés sous leur couverture, ne laissant passer que leur regard curieux, clignotant, effaré, entre les plis du drap. - Nous mourons de faim et de froid .... Avant tout, pouvez-vous nous donner quelque chose dtchaud à manger? dit aussitôt celui des soldats qui portait la parole, t>t qu'à ses galons on pouvait reconna1tre pour un caporal. Ahuris, lP mari et la femme se regardèrent pendant quelques secondes. - On pourra faire du café, hasarda Lisette en hésitant. En manière d'assentiment, Gabriel grogna. Les mots décidément ne lui venawnt pas. La nouveauté de la situation lui coupait la parole. li suivit sa femme dans la cuisine, et entassa les bllches dans le feu. Plus alerte que lui, la meunière, à qui la charité donnait des ailes, emplit à pleins bords une grande casserole de lait, et prépara Je café. Alors seulement elle rentra, apportant des tasst!s ébréchées de faïence rouge, autant de cuillers d'étain qu'elle disposa sur la table, avec un quartier de fromage, et la moitié d'ull llros pain bis. A la vut! du café et du lait tout fumants, les cinq malheureux poussèrent tous ensemble un hurlement

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de joie. Sans attendre qu'on les y invitât, ils se jetèrent sur ce modeste repas comme des loups sur une proie. La faim leur sortait par les yeux. Gabriel toussait pour se donner une contenance. Lisette s'efforçait de rire, bien que par moments elle détournât la tête pour essuyer les yeux avec le coin de son tablier. Debout à cOté de la table, prête à remplir les tasses à mesure qu'elles se vidaient, elle poussait le pain et 111 fromage devant l'un ou l'autre de ces affamés, en leur disant gauchement : Servezvous. Ceux-ci engloutissaient sans parler, mais une fois le repas achevé, d'un commun accord, ils remercièrent avec effusion leurs hô tes. - Vous nous avez sauvé la vie, fit le capor11l 'qui parlait plus haut que les autres. Il ne nous reste plus qu'à vous demander la perm1ssion de passer la nuit autour du feu dP la cuisine ? Et si vous avez une botte de paille pour ce garçon-là, cela fera son affall't! ? A ces mots, le malade lova sur le meunier de grands yeux suppliants. Depuis quelquPs instants, la question du logement était ce qui préoccupait Gabriel. Cette pro po~ ilion venait juste à propos pour le tirer d'embarras. Il alla raviver le brasiPr, puis aidé de sa femme , il étendit de l:1. paille tout autour. Une heure après, dans la maison, tout était rede· venu silence. Je ne prétends pourtant point affirmer que 1~ meunier et la meunière aient beaucoup dormi. Ils étaient bien trop agités pour cela.

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Quand le lendemain, au point du jour, Gabriel traversa la cuisine pour aller soigner son bétail, les cinq hommes enfouis sous la paille ne remuèrent pas. A son retour, il les retrouva debout, sauf le pauvre écloppé de la veille, qui gisait detout son long sur la paille à cOté du foyèr, incapable de remuer. Sa respiration était haletante et saccadée, et il avait une grosse fiévre. On le voyait trembler sous la couverture de laine que la meunière venait de l ui jeter sur les épaules. li ne disait rien, et lorsque pour remon· ter son courage, ses compagnons lui chantaient des gaudrioles, un sourire t'ffiPura1t ses lèvres, mais si faible et si douloureux qu'il dot..nait froid, et qu'on se sentait venir la larme à l'œil. HiC:;r, nous étions des tralnards, dit le caporal au meunier sitôt qu'il l'aperçut. Des tralnards, mon brave


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homme, vous savez, il y en a toujours,. et nous nous sommes attardés parce que Jtlan-Claude ne pouvait pas suivre la troupe, et que nous ne voulions pas le laisser en arrière. Maintenant nous allons rattraper le temps perdu en rejoignant notre bataillon qui a été dirigé sur Orbe, une ville de notrtl pays, pas loin d'ici, nous a-t-on dit. Pour l'heure, nous vous laisserons Jean-Claude. Je ferai mon rapport pou r qu'on le fasse conduire dans une ambulance. Soignez-le bien en attendant. Il tira Gabriel à l'écart, el voulut lui faire accepter une pièce blanche. Mais celui-ci refusa. - Pas besoin, fit-il en toussant comme c'était son habitude lorsqu'il était ému. Je ne vous ai pas reçu pour vous faire payer. Ça me fait plaisu de faire quelque chose pour vous. Après avoir lestement avalé la soupe que Lisette venait de verser dans une grosse terrine, les quatre hommes firP.nt leurs adieux à leurs h6tes. Sur le seuil iustinclivement, ils se retournèrent pour jeter à Jean-Claude un regard, le dernier.... Quant à lui, il les regardait partir de ses grands yeux tristes, sans parler ; - ma1s quand la porte se fut refermi>e sur eux, il enfonça sa tête dans la paille, - et la meunièrtl, en passant, l'entendit pleurer. Vers Je soir on lui arrangea un lit inoccupé depuis longtemps dans une chambre qui ouvrait sur la cuisine, et que par tradition en souveuir du vieux temps, on appelait, • la chambre de l'ouvrier. • C'était une sorte de réduit percé de deux étroites fenê tres. La tristesse des vitres obscurcies par la poussière et les toiles d'ara1gnée, n'y laissait pénétrer qu'une clarté noire. On y entassait pèle-mêle avec les provisions du ménage, des outils de campagne et des ustensiles de cuisine, h:s habits de rechange et les vieux souliers. A cOté de la huche et d'un bahut vermoulu, des sacs de grain et de farine se tenaient debout tout contre le mur. Un vieux lit de sapin, avec une paillasse pour le moins aussi vieille, occupait l'un des angles. Lisette y avait mis des draps propres et étendu une couverture. C'est là que l'on coucha le pauvre malade. En allongeant ses membres endoloris, ses traits se crispèrent, un gémissement aussitôt réprimé, s'échappa de sa poitrine. Les draps étaient glacés, la paillasse aussi était bien dure; et puis l'humidité, l'odeur di! moisissure qu'exhalaient les parois, le saisissaient à la gorge. L'air tiède de la cuisine, l'air des vivants lui manquait.

Combien il aurait préféré qu'on l'eOt laissé sur sa auprès d u feu. Mais là, il le comprenait, il gênait ses h6tes dans ltmrs alléi!s et venues autour du foyer, et il ne voulait pas leur être à charge. Donc il se résigna. Suivie d u plus jeune de ses garçons qui s'accrochait d'1;1n air craintif _à sa robe, Lisette vint peu après lm apporter du lait bouillant, avec une épaisse tranche de pain, et lui souhaitant une bonne nuit elle le laissa dans l'obscurité. ' Il mit en soupirant le pain de côté, mail! il but 1. lait. Son estomac se refusait à toute autre nourriture pa~lle

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Pendant les deux ou trois premiers jours qui suivirent, il put encore le matin, avec l'aide du meunier se trainer dans la llhambre de famille, pour réchauf~ fer auprès du poële ses membres glacés. Il y passait dtls heures, secoué par la toux, brûlé par la fièvre d'un peu d'eau fraiche ou de qul'lques gouttes de' lai.t. Le soir il regagnait sa chambre et son grabat. Dans l'atmosphère sépulcrale et le silence de ce taudis ses nuits étalent aft'reuses. Il se débattait sous l'étr~inte d'horribles cauchemars. Le froid, l'ennui Jefj douleurs que lui causaient les plaies dont ses ~ains et ses pieds étalent couverts, achevaient l'œuvre du marasme. Moins timides depuis que tant d'uniformes avaient défilé devant eux, les deux écolitJrs à leur retour du village, l!l'enhardissaient jusqu'à Vt!nil· s'asseoir à cOté de lui. Ce soldat malade leur inspirait une compassion mêlée de beaucoup de curiosité. Peu à peu ils se hasardèrent à lui parler, même à lui faire 'des questions. A ses réponses, ils ouvraient de grands yenx étonnés. Pour eux, accoutumés à trainer les syllabes, son accent étrauger Jes mettait quelque peu mal à l'aise. Ni à l'école, ni à l'~glise, 1ls n'avaient jamais entendu parler le français de cette façon-là. Comme il parle leste, se disaient ·ils entrb eux Lm aussi les interrogeait sur ce qu'ils faisaient à l'école , et voulait voir leurs cahiers. Il tournait leurs pages entre ses doigts amaigns, et tout en les feuilletant il disait avec un gros soupir : - Que l'on est heureux de savoir lire et écrn·e 1 Alors ses mains et sa voix tremblaient et souvent il ajoutait d'un ton découragé: ' - Ah 1 • • • • • si j'étais capable d'une page d'écri-

ture.. ...


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• * * Un jour qu'il disait cela, le meunier qui était présent lui dE-manda C.ll'l'ément: - Pourquoz qu'on ne vous a jamais envoyé à l'école? - Parce que je n'ai jamais habité dans un village lorsque j'étais jeune garçon, répondit Claude. J'allais d'un côté et d'autre dans la campagne avec ma marraine pour vendre des paniers, E't nous ne nous arrêtions pas guère plus de quatre à cinq jours dans le même endroit. Gabriel poussa un hem sonore. - Et pendant ce temps où étaient vos parents? ontinua-t-il en tapant sur le couvercle de sa pipe. - Mes parents ?.... mon père et ma mère, vous voulE-z dire? fit l'interné en mêlant à un geste significatif un sourire amer. Je ne les ai jamais connus, parce que je suis un enfant trouvé. J'ai été déposé pendant la nuit devant la porte d'une petite chapelle, Notre-Dame de la Bonne nouvE-lle, qui se dresse sur un rocher pas loin du vlllage de St-Omer les Marais. C'est là que les femmes des marins et celles des pêcheurs vont prier. Ma marraine, - une brave fe>mme, allez, y monta la première de bon matin, avant de commencer sa tournée. Elle m'a raconté bien souV Pot que, quand elle me vit là, elle reçut un coup au cœur, comme si c'était le bon Dieu qui m'envoyait à elle en échange du dermer de ses enfants mort deux mois auparavant, et qui s'appelait Jean ·Claude. C'est pour cela que lorsqu'elle m'a présentée au baptême, elle a voulu qu'on me donnât le même nom . Comme je vous l'ai dit, une brave femme, de bon cœur, et de grand courage. Elle se nomme Anne-Marie Périlleux, mais dans le pays on ne l'appelle que la Jargonne, - je vous dirai bientôt pourquoi. Depuis le moment où elle m'a ramassé tout J?etit devant la chapelle, jusqu'à celui où l'on rn 'a verse dans l'armée, nous ne nous sommes pas quittés un seul jour . Elle ne pouvait rien taire sans moi, et moi je faisais tout ce qu'elle me commandait. Son mari, le vieux Sylvestre, était un homme rude, un peu buveur, mais qui avait aussi le cœur bon. Il était absent souvent des mois entiers, pendant lA temps de la pêche; mais quand il revenait, si la saison avait été bonne, il rapportait de J'argent. A Noël, la marraine faisait des crêpes, et lui, il allait acheter du vieux vin. On faisait ainsi la fête, et l'on était heureux. Nous habitions une cabane au pied d'une haute falaise. Derrière il y avait un petit enclos avec quel-

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ques sureaux, ou la marraine cultivait des fleurs et des lé~umes. C'était là qu'elle m'apprenait à tresser les os1ers, car elle était vannière de son état et c'est comme çà que j'ai appris Je métier. ' DanA ce vieux temps, tout allait bien. Mais voici qu'un automne, -j'avais peut-être huit ans· -nous attend~on? d? jour en jour. le retour de Syl.Jestre. Je guetta1s l arnvée des navU"es pour lui faire de loin comme de coutume, des signaux avec un mouchoir blanc. Les nav:ires, cette fois?, se firent longtemps désirer, et quand lls passèrent, J eus beau agiter Je mour.hoir ' personne ne répondit. à mes signaux. . . . . Sylvestre avait été emporté avec deux autres hommes de l'équipage, par un coup de mer. De la mort de son mari, Anne-Marie a cu un si grand cLag.rin, que so1_1 esprit s'en est qua.simeut un peu tourne. Elle a pns 1 habltude de parler toute seule comme si elle parlait avec les morts· - et comme elle va toujours jargonnant en priant' par les chP.mins, - les enfants et toull ceux qui la rencon trent ne l'appellent paf! autrement que la Jargonne. C'est de là que lui est venu ce surnom. Son m~r~ mort, plus d'argent au logis, plus rien que la m1sere. Il nous fallait vivre sur la vannerie · et vous pouvez m'en croire, - petit bénéfice. Nou~ allions parfois des journées entières sans vendre un seul panier. Souvent le soir nous avons PU faim. Mais c'est_ éga~, _quoique pet~t, (avais bon courage, et elle auss1. D ailleurs ellE> n avalt que de bonnes paroles à me dire; et quand elle pouvait mettre quE-lques sous en réserve, c'était toujours pour moi, pour m'acheter une pa1re de sabots ou une blouse neuve. Selon que les paysans le permettaient, nous dormions dans les granges ou bien derrière les fagots sous l'auvent des toits. Quelquefois aussi, quand c'étaient de bonnes gens, ils nous faisaient entrer pour manger avec eux. C'est comme ça que nous faisions tout Je département, et que mêmement nous allions au dehors. Ça a duré des années ainsi. En devenant grand, j'aurais pourtant préféré la pêche à ce métier-là, et m'en aller avec les autres comme faisait Sylvestre, mais je n'osais en parler à la marraine. Ç'aurait été tout comme la tuer, cette pauvre âme. -:- Avec cela qu 'elle ne pouvait plus vo1r la mer qru, outre son mari, lui avait pris ses deux frères, et encore son fils a1ué. Je n'aurais jamais pu lui faire CE crève-cœur. Tout de même à la fin, nous avons dl1 nous séparer. A la conscription, il y a quatre ans, j'ai amené


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.- André, il faut que tu me fasses une page d'écnture..... Et comme le gamin paraissait ne pas bien comprendre, il ajouta: -- Il faut que tu écrives une lettre pour moi. Les deux enfants baissèrent la tête d'un air piteux, et se regardèrent en d~ssous pendant quelqu6s instants. A l'école, le maitre ne leur avait-il pas dit cent fois qu'ils étaient des ânes ? - Jamais sous sa dictée ni l'~n ni l'autre n'3:vaient été capables d'écrire plus' de dix mots sans faire de grossières erre:ns. Il leur en coû.tait de l'avouer, mais ils étaient parmi les derniers de la classe. André se récusa gauchement. - Je ne sais pas moi; .... faut dire au père. li sortit pour aller le chercher. Interpellé à son tour, le meunier fit la grimace. . Une lettre, brrr..... - une lettre, .... répéta:tIl en mâchonnant le tuyau de sa pipe; c'est que je n'en ai jamais écrit qu'une seule..... Il y a long . temps de ça. C'était à Lausanne, quand j'étais à l'école militaire; et ma foi 1 à présent j'ai oublié 1 •••• A cette réponse Jean-Claude eut un gémissement. Il ferma les yeux, et deux grosses larmes coulèrent lentement sur ses joues amaigries. - Il me faudrait ça pour que je puisse mourir tranquille, murmura-t-il. Lise tte, qui venait d'entrer, insinua que certainemont si on l'en priait, • monsieur le régent • se chargerait d'écrire la lettre. . Le malade entr'ou vrit les paupières d'un air anXIeux: - Bien sûr, fit le mcumer à qui cette idée n'était pas venue. Il faut aller ch'lrcher M. le régent. Et le lendemain, qui était uu Dimanche, les garçons en se rendant à l'église, l'allèrent quérir. li vint dans l'aprèil-midi. Par précaution, il s'était muni de tout ce qui est nécessaire pour écrire, sachant par expérience que chez les p aysans, l'encre, si encre il y a, sent ordinairement la moisissure d'une lieue. C'était un homme dans la torce de l'âge, aux manières franches et cordiales. Sur le seuil il recula d'un pas. L'obscurité froide, la tristesstJ de cette chambre où le soleil n 'entrait pas, lui faisaient comme une im· pression de caveau. Saisi d'tu:.e profonde pitié pour l'infortuné qui gisait au fond de ce taudis, il s'avança vers lui, et lui prenant la main :

un mauvais numéro, et il m'a fallu partir. . . . Nous ne ·nous sommes jamais revus. . . . . . . Jean-Claude s'arrêta. . . . . deux larmes brillaient dans ses bons yeux candides. Puis\ faisant ~n _effort pour maltriser l'attendrissement qm le gagnait, Il re· • · prit: 1 - La pauvre femme ..... si vous 1 eussiez V?-e e jour que je suis parti. . . . . I! me semble touJours l'entendre crier. Elle était tombee sur le banc devant notre cabane, et elle cachait la tête dans so~ tablter.: .. C'est ainsi que je la revois la nuit, lorsq?-e Je. ne. pm~ pas dormir . . . . La dernière fois que Je hu ai fait écrire, c'était à Orléans, il .Y a trois mois, par l~ sergent. Maintenant . que dOl~-.elle penser de m?1? ... Peut-être me croit-elle dé]a mort, et pleme-t-elle comme le jour de mon départ? ... Ce récit avait épnisé l'interné. Il se tut, et penchant son visage sur sa poitrine, il murmura encore : Oh, ..•. si je savais éc~ire.. . . . . Il resta ainsi, las d'avoll' tant parlé, et la faib_lesse aidant, il ne tarda pas à s'assoupir le dos touJours appuyé contre le poële.

'* * *

Le surlendemain, il ne put se lever. Pendant la nuit son mal :mbitement s'était aggravé. La tête enfoncée dans un misérable oreiller de cotonnade bleue, raide et glacé, comme si le froid de la mort eùt ~éjà devancé son heure, le souffle rauque, les yeux étemts et fixes, il faisait peur à voir. Avec cela une torpeur dont il ne sortait que lorsque, suffoqué par la toux, il cherchait à soulever la tête, pour la laisser l'instant d'après retombrr lourdement sur l'oreiller. Des visions le hantaient; il voyait toutes choses comme dans un rêve et ses lèvres qui remuaient, laissaient échapper des' sons inarticulés ou des paroles mcohé· rentes. On l'entendit même deux ou trois fois, d'une voix plus forte, et avec un accent déchirant, appeler: Marraine 1 marraine 1 En vain, pour ranimer le reste ~e vie qui s'e.n allait Lisette avait enveloppé ses Jambes de linges cha'uds et les avait recouvertes d'une vieille peau de mouto~. C<Jtte chaleur, toute de surface, le laissait . . . . immobile et rigide. Vers le soir il revint à lui, - 11 paraissait sortir d'un songe. Les yeux agrandis par la maladie, prirent alors une expression étr~nge. li se tourna . vers les deux garçons qui se tenaient debout à côte de son lit, et dit à l'alné :

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16 - · Disposez de moi, mon brave, je suis à vos ordres. Et Jean-Claude lui dicta la leltre à sa marraine.

SION

VI- ANNÉE

*

Trois jours après il * était à *son grand repos. Le samedi de la même semaine, sous la neige qui, ce matin-là, chassée par la tourmente, tombait fine .~t serrée, on porta son cercueil au village, et on l'ensevelit dans le cimetière de la paroisse. Autour tout était de la même couleur, tout était blanc, les tombes, les champs, les arbres. Et la neige tombait toujours, plus épaisse et plus drue, mêlée aux mottes de terro durcie que la pelle du fossoyeur faisait rouler avec un bruit lugubre sur les planches du cercueil Sur la fosse, le maitre d'école plaça une petite croix de bois qu'il avait faite lui-mOrne, et où il avait gravé le nom de l'interné et la date de sa mort. Le priutemps venu, il fit un creux dans la terre, au pied de la croix, et y mit une plante de perven·ches de montagne, de ces belles pervenches bleues, qui laissent trainer leurs tresses emmêlées sur le gravier des tombes. Et dans les beaux Dimanches, quand les jeunes filles viennent en jasant se promener autour des tertres fleuris, plus d'une r;'arrête devant la tombe du pauvre Jean-Claude pour y cueillir quelques fleur ettes, qu'à son retour à la maison elle met dans un ven-e, en disant aux autres : - Voyez un peu ces belles pervenches. Je les ai cueillies sur la tombe du soldat français.

MARIO***

Dictionnaires illustrés

de P. LAROUSSE (1500 figures) Nouvrao Dictionnaire (1140 pages) , cart. fr. 2. 75. Dictionnaire complet (1224 pages) cal't. fr. 3. 50. • relié en toile fr. 3. 60. Une l'emise de 10 o;o est accordée sur les prix ci·dessus, en adrùssant les demandes à l'Editeu1· de l'Ecole primaire, à Sion.

IG Mars 188'7.

l ÎCill. PBIIAIIE 1

REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paraît chaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Prix d'aboDDement pour la Subse, 2 Cr. ~o. - (Jalon pos&alf', 3 Cr. .A.a•onee•, prix 20 cent. la ligne ou son espace. Tol ouvrage dont l'Ecole primnire recena deux exemplaires aura d1oit ). une annonce ou à compte-rendu, s'il y a lieu.

SO:MJH.AIRE Interêts de la Societe valaisanne d'education.- L'émulation à. l'école primaire. - Le journal moral.- De l'enseignement agricole (suit~).- Un mot de l'éducation physique. - Le chant dans l'école catholique. - Les musées scolaires.- Le bilan géographique de l'année 1886 (suite et fin).- Bibliographie.- Variétés: L'éloquence à deux sous. -Le revoir. - Aimons notl·e village.

Toat oe qal ooaoerae la paltUoaUoa doit 6tre adressé à l'édltear : P. PI&R.&T, seorét. aa D6part. de l'IDstraoUoa paltUqae, 1 Sloa.

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