No 06 l'Ecole primaire, 20 Février 1896

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vous étiez bonne, et comme vous étiez belle aussi, quand vous veniez nous jeter de l'eau bénile I On voua voyait arriver de loin, marc ant doucement sous les voûtes sombres, drapées dans vos voiles blancs qui faisaient de si beaux plis, et que notre ami Jacques admirait tant. Ah I bonne Sœur I vous étiez la Béatrice de cet enfer. Si douces étaient vos consolations, qu'on se plaignait toujours pour se faire consoler par vous. Si mon ami Jacques n'était pas mort un jour qu'il tombait de la neige, il vous aurait sculpté une bonne Vierge pour mettre dans votre cellule, bonne sœur Sainte-Geneviève. , H,JDri MuRGUER, • * * • • • Les écoles ont eu vacance un jour en l'honneur de Pestalozzi. Aussi voit-on beaucoup de bambins dans la rue. - Que signifie ce jour de congé T demande un étranger de passage à un indigène, qu'il rencontre. C'est, dit ce dernier, en l'honneur d'un nommé Pèche à l'eau-de-vie. A table d'hôte. - Un voyageur de commerce : Carzonne, bassez-moi cette chucrute 1 - (Le voisin du dineur, d'un air aimable.) Monsieur est Allemand 1 Yes 1 - Ah I monsieur est Anglais 'P - Ja 1 - Je crois que vous vous f. ..iche~ de moi 'P - Oui.

" Pensées • Le temps ne nous éloigne pas des morts que nous avons perdus; il nous rapproche, au contraire, de l'heure Mgr GERBET. de l'éternel repos. • Quelques personnes ne comprennent pas ce qui se passe .ni d'où viennent ees no~b~eux retours à. l'Eglise cathohqu~, malgré tant d'obJectlons et de difficultés. Cela est \rès simple. C'est que le catholicisme est la vérité, c'est la vraie religion du genre humain. Les objections prétendues philosophiques ne sont point philosophiques : au contraire, toute la vraie philosophie de tous les temps et de tous les lieux se trouve dans la doctrine catholique. Toute la vérité s'y concentre, l'on esi dans le faux à mesure que l'on s'en éloigne. Augustin THIERRY. • Passant, souviens-loi que ce mort te demande des prières et non des louanges. (Epitaphe sur le tombeau de Racine.)

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SION 20 Pévrier 1896

L'ECOLE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'&COLE PRIMAIRE paraît chaque quinzaine, de Novembre à Ami

inclusivement, en livraisons de 16 pages. Pris. d'abonneme~ 8o1He, 2 fr. 50. IJnlon po•tale 3 Cr. Annonee•, pria, 20 cent, la ligne o.. ,on e,pace. ~out ouvrage dont l'Ecole primafre recevra deux exemplaires aura ~ une annonce ou à un compte•rendu, s'il y a lieu.

SOMMAIRE: ~os élèves hors de classe. - Correction des d · écrits, - o·1sc1_ ·p1me . evoirs en Classe /sut'te). Placement du per_sonnel enseignant; - L 'enseignement du catéchisme {s,a.te}; --:- Moyens d..obtenir la discipline. - A MM. P . c. et a 1 ami de . ~~phael. - Partie Pratique. ( Calcul écrit et or'!l} - Vanetes. 11L a mort et le bucluron, - L es r emt;rs sous. - Anecdotes scolaz'res. - Pensées} plement. up

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yo~! ~e qui concerne la publication doit être adressé a l ed1teur : M. P. PIGNAT, 1.. secrétaire au Département de l'lnstruction publique, à Sion.

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SION, 20 Février

1895-86

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION Nos élèves hors de classe.

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N'allez pas avoir peur, chers collègues et vous, amis de ce journal, en croyant que je vais lasser votre patience en rnus faisant suivre pas à pas les écoliers au sortir de classA .. . . , non, les quelques réflexions qui suivent me sont suggérées par mon ardent désir de profiter de tout ce qui peut contribuer au développement moral et intellectuel de l'enfance. Or, ce n'est pas seulement pour les heures de classe proprement dite que nous sommes instituteurs? Ce n'est pas parce qne quatre coups frappés à l'horloge nous avertissent qu'il est temps de finir, que notre tâche à nous est finie ? La hâte avec laquelle les pauvres petits élèves, fatigués du travail journalier, mettent à ranger leurs effets, ne doit pas hâter notre propre repos? Ce n'est le plus souvent qu'en dehors des heures de classe que uous pouvons faire le travail difficile quelquefois de la connaissance approfondie dn caractère et des aptitudes de quelques-uns de nos élèves, étude indispensable pour mener à bien notre tâche épineuse. Suivons-les donc à la sortie de classe, autant du moins que nos occupations nous le permettront. Ayons l'air de 11ous promener, promenons-nous en effet, ce qui, certes, ne nuira pas à notre santé ; suivons le chemin que prennent la plupart des enfants pour rentrer chez eux et . ... observons . Mais, pour cela, il ne fant pas que le maître soit un épouvautail, un rabat-joie pour la gent écolière, et que, lorsqu'il parait au coin d' une rue, tous prennent la fuite ou se cachent à qui mieux mieux. ? ce qui ne serait certes


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pas à la louange du régent, et celui qui pourrait se vanter de mettre en fuite des écoliers qui s'amusent ne prouverait rien en faveur de la confiance qu'il a su leur inspirer et, son enseignement aussi savamment donné soit-il, se ressentira de la contrainte existant entre ses élèves et lui. Ne soyons pas du nombre de ces maîtres qui disent: ('( Après l'école, adieu l'enfant! , Mais, pardon, j'allais sortir du sujet, revenons à nos moutons .... L'instituteur, attentif aux faits et gestes de ses élèves, en verra qui s'en iront tranquillement à la maison, sans se soucier des .appels de leurs camarades. Ceux-là, il les aura vite jugés. Ils sont peut-être ses meilleurs écoliers, ceux qui montrent le plus d'ordre et d'exactitude, cenx qui, soucieux de profiter de ses leçons, vont s'assurer si leurs parents n'ont pas besoin d'eux, en attendant le souper, ou l'heure de faire ses tâches. Ceux-là, naturellement, s'amusent aussi et avec non moins d'ardeur que les autres, mais pour eux, le devoir passe avant le plaisir. Mais, ne voit-il pas attroupé, tantôt ici, tantôt là, son petit régiment de polissons, rebelle le plus souvent à l'étude? Ah! mais, ne les voit-il pas tout autres qu'en classe ? Le feu de leur regard et la prestesse de leur.s gestes ne lui prouvent-ils pas, que malgré une journée de classe quelque chose · encore a le. pouvoir de faire vibrer plus efficacement qu'aux leçons, les cordes de leur intelligence? Cher observateur, pour peu que vous suiviez les péripèt1es de leurs jeux, vous en conclurez que ces mêmes élèves, que vo_us qualifiez sans cesse d'ânes, savent compter, calculer les distances, mesurer le terrain, qu'ils sont. adroits, inventifs et doués d'une imagination qui, pour ne servir actuellement qu'à leur.s jeux., n'en est pas moins vive. Pourquoi ces mêmes élèves, aidés de leur maître, qui maintenant les connaît mieux, ne mettraient-ils pas à profit dans les heures de classe, les capacités qu'ils viennent inconsciemment de Jui montrer? Ils pourront devenir des élèves sinon modèles, du moins acceptables. Mais le maître observateur verra-t-il tous les enfants prendre

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feu et flamme pour le jeu ? Non, malheureusement; quelques-uns se tiendront à l'écart et regarderont tristement les autres jouer. Ceux-la il faut les plaindre et user avec eux d'indulgence, car, ou ils sont véritablement peu doués pour le jeu comme pour autre chose, et de ceci ils ne sont pas cause, ou ils sont maladifs; ces deux cas amènent naturellement un état stationnaire dans leur développement moral et intellectuel. Ne mettons donc pas toujours sur le compte de la hideuse paresse le peu de progrès qu'ils font. Ayons patience avec les uns et avec les autres; de l'étude de leurs caractères, en classe et hors de classe, découlera la marche à suivre pour faire fructifier notre enseignement et eertainement, nos efforts seront couronnés de succès. Aimons les enfants, aim Jns aussi leurs jeux, aimons ce qui les intéresse, cela nous sera un auxiliaire utile dans le combat que nous avons à soutenir contre leur nature quelquefois rebelle à la semence que nous voudrions y faire germer, et dans ce combat, où· uos efforts tendenl à être vainqueurs, les vaincus nous remercierout un jour de leur défaite; dans les moments critiques dont leur vie sera sou . vent traversée, ils auront une pensée reconnaissante pour eelui qui aura fait d'eux. des hommes aptes à supporter .sans défaillance, les maux que la vie entraîne. Que cette pensée, que ce souvenir reconnaissant. nous suffise, chers collègues, qu'il nous fasse poursuivre avec courage les devoirs multiples de la carrière dans laquelle Dieu nous a placés et si nous avons pu former ces cœurs d'enfants au culte de la reconnaissance, nous aurons conscience que nous avons travaillé et, qu'à ce seul sentiment, ne s'est pas arrêté leur développement moral et intellectuel ! (De notre collaboratrice du Jura M•ll• J. G.) 1

Correction des devoirs écrits (Suite.)

Sans do ute, il faut bien l'avouer, ce n'est guère agréable, aprè:; les fati gues de la classe, de se livrer à cette sorte d'occupation, à chercher sa distraction dans la cor-


- si rection d'une vinotaine de cahiers où les fautes les plus. absurdes se succèlent et se répètent à l'infiui, mais comm1mt autrement meltre les élèves en train pour qu'ils fassent des devoirs de style. si on ne les leur corrige ,pa$ soigneusement. On peut, à n'en pas douter, par une bonne préparation et des explications préalables, arriver à encou~age~ _les élèves à apporter quelque attention à leur~ devoirs e~nts. mais le contrôle n'est pas moins· nécessaire pour en signaler les inexactitudes, en relever les fautes, en corriger le~ expressions défectueuses. Chaque élève s€ra ame~é peu a. peu à faire ses -propres corrections, encore faut-il que le maître les souligne. En effet, cette méthode dispose l'enfant à l'attention, au trarail, à la réflexion; elle contribue également à bien fixer dans sa mémoire les règles et les toumures de la langue. qui lui devient peu à peu familière. Le maître fait aussi bien de se rappeler souvent qu'il vaut mieux prévenir les fautes que d'avoir la peine de les corrioer c'est pourquoi il est toujours avantageux de préparera l;s devoirs, tant sous le rapport des idées que sous ~elui des rèoles à suivre dans l'art d'exprimer sa pensée, ~ar il importe que l'enfant ne puisse jamais alléguer l'ignorance pour excuser sa négligence. Cependant le travail dévoué du maître ~eul, ne ~uffit pas pour que les élèves acquiêrent les conna~ssa~ces_ n~cessairt~s; il faut que arrivés, à 12 ou 13 ans, ils s ass1m1!ent ies explications données pendant la leçon, qu'ils s'approprient eux-mêmes par des répétitions nombreuses tontes les règles expliquées et comprises; sinon le travail de la classe se réduit à peu de chose. De là la grande nécessité de nombreux. exercices de composition. D'ailleurs n'est-ce pas par ces devoirs qu'on juge des i.::,onnaissances positives de la plupart des élèves 'l C'est encore par là que le maître peut voir s'il a été compris ou uon, s'il peut compter sur leur savoir. C'est aussi par les devoirs écrits que les matières enseignées se gravent dans

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leur mémoire, qu'ils s'en font un trésor propre à être utilisé dans le cours de la vie. Nous aurions pu ajouter à notre petit travail un aperçu sur l'ensemble et la succession des devoirs à donner dans nos classes primaires, mais le manuel de style souvent recommandé dans l'Ecole primaire en dit plus qne toutes les explications que nous pourrions donner à cet égard.

Discipline en Classe. (Suite) Dès qu'un ordre est donné, qu'il concerne un ou plusieurs élèves, il faut l'exécuter avec célérité, sans retard ni réplique. Le maître habitue les élèves à une soumission aveugle, il brise leur petite volonté propre, et leur rend un immense service pour le reste de leurs jours. L'élève respectueux. saura qu'il n'y pas à marchander, qu'il faut se plier à l'autorité et faire ce qu'elle ordonne. Un autre point très propre à favoriser la discipline, c'est le maintien des élèvea dans une application soutenue. Savoir éveiller leur attention, la soutenir par ses paroles intéressantes, par ses questions claires et courtes, porter cette attention d'une matière sur une autre, et chercher tous les moye0:, propres à occuper utilement les élèves. Il faut en outre contribuer aussi à l'établissement d'une bonne discipline, prévoir les devoirs à leur donner, les contrôler suffisamment ; car n'oublions pas que l'élève est remuant et léger, il a besoin d'occupation; si vous ne lui donnez pas de 1ravail, il s'occupera lui-même, il dérangera ses voisins par ses espiégleries et ne manquera pas de vous ennuyer; car peut-il rester gans rien faire? Tandis que l'élève occupé d'un devoir utile, fait des progrès et acquiert tous les jours quelques nouvelles connaissances. J'aimerais encore rendre mes collègues attentifs à un autre point qui a aussi son importance, je veux dire le passage d'un exercice à un autre. Il est nécessaire qu'il se fasse en .silence; si les élèves se dissipent chaque fois qu'on change d'occupation, il en résulte une perte de te!Jlps, quelques


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minutes suffisent à peine pour qu'ils se recueillent de nouveau et rentrent dans le calme. Evitons donc tout sujet de dissipation qui les détournerait de leur devoir. De même il est bon de prévenir ces grands éclats de rire à propo~ de chaque réponse plus ou moins exacte que donnent les élèves, ou au sujet des punitions infligées à l'un ou à l'autre élève qui s'est mis dans le cas de les mériter. Disons également un mot des importantes suites d'une heureuse discipline. Les peines et -les travaux du maitre zélé, adroit et respecté aboutissent à d'excellents résultat.s; il est reconnu qu'avec une bonne discipline, il ne manquera pas de succès, les élèves l'aiment, sont attentifs à tout ce qu'il leur dit, ils l'écoutent volontiers, ils sont désirenx d'apprendre, s'appliquent beaucoup: dès lors, pourquoi n'avanceraient-ils pas, pourquoi ne feraient-ils pas de progrès et ne prendraientils pas peu à peu l'habitude du travail et de l'application? Les choses se passent autrement dans une école indisciplinëe> il s'y perd beaucoup de temps, le maître a beau donner des explications et des conseils, rares sont les élèves qui l'écoutent et qui profitent de son enseignement. (A suivre)

Placement du personnel enseignant. En parcourant le tableau du personnel enseignant, j'ai été vraiment surpris de voir dans certaines communes changer chaque année des maîtres. Que signifie ce remue-ménage? Est-ce le moyen d'obtenir des progrès? On pourrait le croire. En tout cas, je serais assez curieux de pouvoir visiter une de ces classes afin de m'assurer de l'avancement de ces élèves. L'école est une petite famille; le régent y est considéré comme un second frère. S'il sait rendre son enseignement attrayant, s'il sait bien étudier le caractère de ses élèves, il ne tardera pas à être chéri de tout ce petit monde. Ces bambins s 'habitueront à sa manière d'enseigner et par conséquent le comprendront plus facilement. Au commencement de chaque cours, connaissant la force de ses élèves, l'instituteur sera plus à la hauteur pour dresser ses

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programmes pour l'emploi du temps, les répétitions, les matières à enseigner et aussi pour le classement des divisions. En un mot tout y trouve avantage. Maintenant à qui la faute? En premier lieu au personnel enseignant et ensuite aux communes. Prenons des jeunes maîtres. Au sortir de l'école normale, munis d'un brevet provisoire, la tête chargée de théories, les voilà en quête d'une place; ils se figurent qu'avec un tel bagage scientifique on ne doit rien craindre; ils croient que l'école est une machine où l'on n'aura qu'à toucher un ressort pour que 40 à 50 élèves exécutent vos ordres avec ponctualité et précision, et que dans quelques mois ils seront à la tête d'une école où le progrès brillera de son plus vif éclat. _ Mais hélas! chers amis, vos illusions se dissiperont bien vite pour faire place à une réalité parfois cruelle, que la tâche du maître d'école est ingrate et pénible. Que de peines et de fatigues, que de soucis et d'inquiétudes pour inculquer aux enfants les connaissances dont ils ont besoin! L'expérience vous l'apprendra, tout cela n'est pas étudier. L'espérance d'un avenir brillant de succès excite cette ardeur juvénile. Alors pour obtenir une place que l'on convoite on ne manquera pas de faire des concessions: on enseignera pour 270 au lieu de 300 frs.; on ne demandera pas de logement ou pas d'éclairage etc. Il se trouve alors des communes qui, assez peu soucieuses de l'instruction de leurs ressortissants, ne manqueront pas de mettre la place au concours et même au besoiR renverront le maître actuel, qui a dirigé pendant de longues années la classe et avec succès, pour faire place à un débutant. Je voudrais donc qu'un contrôle sérieux s'établisse à ce sujet et que l'article ci-après soit mis en pratique : « Les instituteurs et les institutrices sont nommés pour 4 ans et ne peuvent être renvoyés que pour des cas graves. ~ Les instituteurs ou plutôt le personnel enseignant devrait être comme lié par cet engagement et ne devrait pouvoir changer de poste que pour des raisons sérieuses. Un vieux .

L'enseignement du Catéchisme ,suite/ Mais avant d'aller plus loin répondons à quelques objections. -

Ce que les enfants se gravent aujourd'hui dans


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la mémoire sans le comprendre, dit-on souvent, se présentera plus tard tout naturellement à leur esprit et alors ils en saisiront le sens. Il y a donc un avantage évident à apprendre les réponses du catéchisme par cœur, alors même qu'elles sont inaccessibles à l'intelligence des commençants. A cette objection que nous avons souvent entendu formuler, nous répondrons qu'il est possible que des mémoires exceptionnellement douées retiennent une leçon assez longtemps pour la faire revivre plus tard, lorsque l'esprit sera à même de la comprendre. Mais ce fait est rare. L'expérience nous prouve qu'orcf inairement un texte appris mot à mot s'oublie bien vite, surtout lorsqu'il n'a pas été compris. Qu'avons-nous retenu nous-mêmes, catéchistes, des sciences apprises sur les bancs du collège? Est-ce les leçons bien comprises . ou ceHes que nous avons apprises par cœur ? Ce qui a pénétré autrefois dans notre mémoire sous une forme inintelligible, s'est-il présenté plus tard spontanément à notre entendement pour s'éclaircir et pour s'illuminer? Les ,•ersets si nombreux des psaumes que la ré(jitation quotidienne du bréviaire a gravés machinalement dans notre mémoire, se présentent-ils souvent à notre esprit dans nos instructions religieuses? Hélas! nous pouvons nous convaincre nous-mêmes que les textes entrés ,tans notre tête à l'état de lettre morte, restent inertes et sans vie. Des nombreuses pages, des milliers de vers français, latins et grecs appri:; au collège, que nous reste-t-il, si nous n'avons pas eu soin de les répéter périodiq nement ? Rien, absolument rien. Phénomène curieux et instructif, nou3 nous rappelons mieux à vingt ans de distance une image qui nous a frappés, un récit qui nous a émus, une explication qui nous a intéressés, qu'une leçon incomprise à vingt jours d'intervalle. Les mots s'en vont, les idées seules demeurent. Qu'il nous soit permis donc, à l'encontre de certaines autorités qui, en cela, nous en avons la conviction, croient se conformer à de respectables traditioas, parcequ'elles sont très répandues, - qu'il nous soit permis d'affirmer qu'il n'est pas raisonnable de faire apprendre aux enfants la

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lettre du catéchisme, surtout avant qu'ils puissent en comprendre le sens ou sans le leur faire comprendre. Ouvrons un manuel quelconque de psychologie et cherehons la définition de la mémoire pour voir si nous y trouvons rien qui puisse justifier Je système que nous combattons. Nous y lisons que la mémoire est la faculté de reproduire les idées et les modifications qui ont affecté notre âme. On distingue la mémoire des choses intellectuelles et la mémoire des choses sensibles. Si je grave dans mon esprit des choses intellectuelles, des mots compris, des idées, ma mémoire reproduira ce que je lui ai eonfié, c'est-à-dire des idées; si j'y imprime des mots dont la signification m'échappe, ou des ritournelles quelconques, la mélodie d'une chanson, tant que ma mémoire retiendra ces matériaux, elle ne reproduira que ce qu'elle a emmagasiné et jamais ces mots intelligibles, ces airs, ces ritournelles, ces textes qui n'ont pas de sens pour moi qui les ai appris, que ce soit du catéchisme ou du grec, ne se transformeront d'eux-mêmes en idées, en choses intellectuelles, à moins d'un nouveau travail, d'une nouvelle opération intellectuelle qui n'est jamais spontanée et qui consiste à attacher une signification à des signes oraux, graphiques ou mélodiques. Si donc j'apprends un chapitre de catéchisme sans le comprendre, les mots resteront dans ma mémoire, pendant un certain temps, comme l'air d'une chanson, comme les répons de la messe, sans qu'ils apportent la moindre lumière à mon esprit. Lorsqu'une explication du texte appris par cœur surviendra, alors il s'opérera, dans mon intelligence, à peu près le même phénomène que celui qui se passe lorsqu'on a appris par cœur une kyrielle de noms historiques, et que plus tard il nous est donné, par hasard, de parcourir une galerie de tableaux représentant les portraits de ces célébrités. Ce n'est que par un effort que vous raccordez le nom connu avec le tableau. Combien est plus simple, plus aisé, l'ordre indiqué par la nature, celui de faire voir le portrait d'abord, puis en donner le nom; celui d'exposer une doctrine, de la faire bien corn-


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prendre, puis de n'en faire apprendre qu'après coup la formule littérale! C'est la. méthode suivie par toutes le~ mères qui ne séparent jamais l'idée du mot, qui montrent à leurs petits enfants une chose tout en la nommant et qui jamais ne s'aviseront des procédés absurdes que la routine nous a imposés, consistant à faire réciter à leurs enfants une série de mots sous prétexte que plus tard ils en saisiront la signification. (A suivre).

Moyens d'obtenir la discipline (1) Je dis que la discipline scolaire consiste dans l'accomplissement exact, entier du devoir. - Pour arriver à une fin on se sert ordinairement des moyens qui y conduisent; or, les moyens d'atteindre le but que nous nous proposons sont de- natures diverses, je vais essayer d'en énumérér quelques'uns: t. L'amour du maitre. - Le maitre est pour les élèves la plus grande partie de la journée le représentant de l'étude et du devoir. S'ils lui sont attachés, cette affection rendra aimables toutes les obligations qu'ils doivent remplir. L'affection donne du charme à tout ce que l'on fait, elle aplanit les obstacles que nous rencontrons sur la route, elle rend attentifs les plus paresseux, les plus lègers. L'affection est un bien pour les intelligences comme pour les cœurs, on écoute volontiers celui qu'on aime et l'on se iarde bien de lui déplaire, « Mais, me dira-t-on, comment se faire aimer? • Eh bien! ce n'est pas malin du tout: on se fait aimer en étant aimable, en ne tyrannisant pas les enfants, en se montrant toujours juste et bienveillant, on leur témoignant de l'intérêt. 2. L'amour réciproque des èlèves. - Jetez vos yeux sur cette famille où tous les membres n'ont qu'un cœur, qu'une âme, qu'une pensée; faire le bien et s'entraider dans ce but, y trouvez-vous du désordre? non ou du moins rarement. (1) Voir notre précédent N•. C'est par erreur, à ce sujet, que confondant avec un autre article, nous avons attribué celui-ci à. M•ll• J. G. du Jura, ainsi q'uon le verra par la signature.

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3. Crainte. - De la crainte procède le respect, du respect, l'amour. Le respect de l'élève pour son maître doit cependant l'empêcher de montrer une timidité excessive. Notre excellent organe, l'Ecole primaire, donnait il y quelques années une jolie définition des termes - avoir peur et craindre - vous vous rappelez? • Un régent disait à un autre: Vos élèves vous craignent; les miens ont peur de moi. » Il ne faut absolument pa; que notre sévérité fasse trembler nos enfants, car le séjour de l'école leur deviendrait et non sans cause un lieu de supplice. 4. Les punitions. - Punir rarement et à propos est le plus sûr moyen d'être craint et obéi. Pour cela, il ne faut par voir toutes les fautes. Il faut punir la ma.lice, la paresse, l'espiéglerie, et pas trop souvent les fau tes d'enfantilllage. 5. Les récompenses. - Elles sont un excellent moyen de discipline, faites avec discernement et à propos. On ne doit pas récompenser seulement le talent, mais le travail, la bonne volonté. 6. Le maitre doit éviter de parler trop haut. - Ce n'est pas en criant à tue-tête que Je maître doit réprimander. Il en est des éclats de voix du maître comme des bruits de Paris, dit-on, pour les nouveaux. arrivés: les premières nuits, ils ne dorment pas; mais ils finissent par s'en laisser bercer et n'y faire plus attention. 7° Il n'y a pas de discipline possible pour un mauvais maître. - Si les enfants vous prennent en défaut lorsque

vous leur expliquez quelque chose; Si vous restez court pour quelque partie de l'enseignement; Si les enfants s'aperçoivent que vous parlez à tort ou à travers sans savoir trop ce que vous dites; S'ils vous reconnaissaient quelques travers; Si vous faites vous-mêmes ce que vous leur défendez; Si vous vous occupez à l'école de choses étrangères, comme lire votre journal et autres; Si vous coudoyez le réglement horaire; Si vous n'en avez · pas:


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Si vous donnez des ordres sans vous inquiéter s'ils seront exécutés ; Si comme les mauvais écoliers vous jetez les livres, arrivé chez vous; Si vou~ n'êtes pas d'une impartialité à toute épreuve; Si vous ne savez pas gagner la confiance, le respect, .l'amour des parents; . . . Si, si, si, encore bien d'autres s1; oh! alors, dites a mère Discipline un adieu bien pénible.

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Le régent de Vie chére.

Des bords du Rhône le 11 février 1896.

A MM. P. C. et à l'ami de Raphaël SALUT, CHERS COLLÈGUES,

Assis tranquillement au bord du fleuve pour atte~dre. que l'eau soit écoulée afin de traverser sans danger, Je vis au milieu de l'eau, une planche surnager. D'où venait-elle? . .. . Je ne sais. Par quel capricieux destin une planche toute neuve . . . avait-elle été mise à l'eau? Un remous la jeta à mes pieds. 0 surprise ! . .. En lett~es dorées, je vis ... j'étais éveillé et Je ne suis pas un hall~cm~ .. . - je vis en lettres dorées écrit sur la planche: < L Ini-

tiative> .

La planche, à n' en pas douter, venait de Sierre. C~ n'est pas tout. Attaché à la planche par des faveurs, un cahier-écolier était ouvert à la première page et je lus :

Projet de loi sur l' Instruction publique. Le cahier a été attaché à Sion, c'est sûr. L'eau avait-elle cessé de couler, je ne peux pas le dire, je ne regardais plus l'eau. D'une main fi.èvre~se, l'avouerai-je, j'ai été indiscret, je lus et relus tous les ~rt1cles. . Le minimum du traitement du régent, dit le proJet, est de 500 frs ·pour 6 mois, puis chaque mois en sus. !00 frs. par mois. Il y a des articles pour les cours de répét1t1on, pour les salles d'écoles, pour les commissions, pour les inspecteurs, pour les municipalités, pour tou~. . , J'étais émerveillé· les beaux Jours vont vemr, collegues, la soupe sera bonne, l~s choux gras et je veux vivre encore long-

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temps et pour ce je ne chante pas le Requiem de la Caisse de décès. Le traitement amélioré je veux qu'elle ressuscite. (1) Je regardai l'eau, la planche et le cahier. Passer je ne pouvais pas ; il pleuvait et le fleuve gonflait. Je méditai. Quels peuvent être les auteurs du crime ? tenter de noyer le projet de loi pour faire croire au suicide ! ! . . quelle barbarie ! ! .. . jeter à l'eau pêle-mêle L'initiative et la loi, quelle lâcheté! .. . Si l'héritage des Disparues enrichissait les successeurs, passe encore ; mais ne nous a-t-on pas fait croire à un certain moment qu'elles avaient donné Acte de défaut de biens. Heureusement qu'elles sont toutes deux sauvées et hors de danger . .. Je vais, chers collègues, vous rassurer sur leur sort. Il ne pleuvait plus ; le fleuve baissait, mais passer, nenni ! .. . Je regardais la planche, l'eau et le cahier. Puis un peu moins niais que mon illustre ancêtre, je me dis : plus haut, il y a moins d'eau, cherchons un gué. La planche et le cahier sur mon dos et regardant couler l'eau je remontai la rive gauche du Rhône, jusqu'au bois de Finges, où jetant la planche d'îlôt en îlot je pus passer l'eau sans danger sur la planche du salut, et remettre en garde, à tous ·nos collègues supérieurs, le précieux cahier. Pierre l' Imbécile.

PARTIE PRATIQUE CALCUL ECRIT U. 4. Un valet économise la première année 75 frs. 50 cts., la 1econde 28 frs. 30 cts. et la troisième 72 frs. 80 cts. Combien dans lei trois années t 3. Un mètre de drap coûte 7 frs. 75 cts. Que coûtent 36 m? 2. Un employé retfre un traitement annuel de 3 500 frs. Combien a-t-il par jour? 1. Quel capital placé à 3 0/o pendant 4 ans rapporte un intérêt de 135 frs.? 15. 4. La commune de Berthoud a dépensé en 1893 ponr ses écoles 63 023 frs., en 1892 elle n'a dépensé que 56 090 frs. Quelle est l'augmentation pour 1893 ? 3. Un billet de société de Genève à Lausanne, simple course, coûte 2 frs. 55 cts., nn billet de retour 3 frs. 85 cts. Combien 25 billets de retour coûtent-ils de plus qu'un même nombre de billets de simple comse?

(') Réd. Les statuts en seront publiés dans un prochain N° de Ecole primaire.


94 2. Le 31 mai 1895 le Conseil fédéral a. alloué. a.u Canton de Berne un subside de 1 462 frs. 50 cts. pour corrections de routes alpestres. A combien s'est monté le coût de ces corrections, sa.chant que le subside fédéral forme le 15 % du coût total? 1. Lors de la. votation du 12 mai 1872, concernant la. réyision de l& Constitution fédéra.le, il s'est trouvé dans toute la. Suisse 255 606 acceptants et 260 859 rejeta.nts. A la majorité de combien % la. révision a-t-elle été rejetée? 16, 4. Gumlingen, la station la plus élevée du chemi~ de fer ~u .centr&l, est à 564 m au-dessus du niveau de la mer. Ba.le est situe 282 m plus ba.s. A quelle altitude est Bâle? 3. Le 4 juin 1895, la direction de la com.p~gnie de chemin de fer c Le Central Suisse > a accordé un credit de 306 000 frs. pour l'acquisition de 18 wagons neufs pour voyageurs. Que coûte uu tel wagon?· 2. En 1891, sur 31480 recrues 50 % furent déclarées aptes au service, 20 % impropres e.u service et 30 % ont étJé renvoyé~s à plus t~rd. Combien d'hommes y a-t-il dans chacune de ces trois catégones? 1. Dans la session du Conseil National du 4 juin 1895, Mr .le D, Ba.chmann de· Thurgovie a été nommé président de ce Conseil })ar 100 voix sur 107 votants. Combien % des suffrages a-t-il obtenu?

CALCUL ORAL 7, 4. Un kilogramme de café coûte 3 frs. Combien coûteront 12 kilogrammes? 3. Quelqu'un gagne 15 frs. en 6 jours. Combien gagnera-t-il en 28 jours. 2. Quel intérêt rapporteront 840 frs. à. 5 % pendant 9 mois? 1. Fritz a une fortune imposable de 16,000 frs. En 1893 il a dû payer l'impôt au 31,12 0/00, et en ~894 ~e~ement au 23/, 0/ 00• Quelle est la. différence entre ces deux 1mpositions?

8. 4. Quelqu'un se paie comme collation une saucis~e de 20 cts., un morceau de pain de 10 cts. et un verre de bière de 15 cts. Après payement que lui reste-t-il encore d'une pièce de un franc? 3. Un quintal de houille coûte 4 frs. 70 cts. Combien coûteront 6 quintaux? 2. Pendant le dernier rude hiver, une famille a brûlé 3 stères de bois de plus qu'à. l'ordinaire. Combien le père de famille doit-il travailler de jours pour se récupérer, la journée rapporte.nt 2 frs. 80 cts. et le stère de bois coûtant 14 frs. 1. Un apiculteur possédait en automne 40 r uches. Pendant l'hiver 15 ont péri. Le combien °/0 a-t-il perdu? 9 4. Un ouvrier économise 65 frs. dans les premiers six mois et 58 frs. ' dans les autres six mois d'une année. Combien a-t-il économisé en tout? 3. Un apiculteur avait l'an passé. 25 ruches d'abeille~, lui don.na.nt e~ moyenne 15 kilogrammes de miel par ruche. Combien de miel a-t-11 récolté en tout?

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2. Une construction ne~ve cofite ~ô,400 frs. Le 25 % est dû pour les travaux de charpentier. Combien cela fait-il? 1. D~ns une feuille de tôle longue de 2,4 ; et large de 11; 2 m ou doit dé~ouper des plaques de 5 dm2. Combien cela donnera-t-il de ces petites plaques t 10, 4. L'année écoulée il y avait dans le canton d'Argovie 43 brasseries et dans le Canton de Thurgovie 17. Combien de brasseries y a-t-il en plus dans le Canton d'Argovie? 3. L9:. ville de Bâle a vend~ en 1893 un tenain de 30 mètres carrés coutant 50 frs. Que devait-on payer pour ce terrain? · 2. De~ recrues qui se sont présentées en 1891 dans le didtrict du Rhin Antérieur à la visite sanitaire, les •/ 7 ou 32 hommes ont été décl~r.és aptl:s ~u service. Combien d'hommes se sont présentée à la visite samta1re? 1. La Commune de St-Imier a des biens fonciers valant 15 millions de francs, dont elle retire un impôt de 21; 2 Ofo0• Qelle recette lui rapporte l'impôt foncier?

11, 4. En mai 1893 la douzaine d'œufs coûtait

à Lucerne 90 cts. et à Langenthal 72 cts. De combien les œufs étaient-ils meilleur ~arché à".Langenthal? 3. En:1893)e Ca.nton de Nidwalden a employé 1,900 quintaux de sel à 15 cts. le kilogramme. Quelle somme cela fait-il 1 ' 2. La: commnne de Berthoud possède 94 actions sur son usine à gaz , chaque action est de 500 fi's. L'année dernière elles ont rapporté le 6 Ofo. Qu'est-ce que cela rapporte à. Berthoud? 1. La même commune possède 120 actions, de 600 frs. chacune sur le ?hem~~de fer de l'Emmentbal? et qui lui ont rapporté en i893 un mtéret~de 1,200 frs. Le combien 0/ 0 rapportent ces actions ?

VA B IÎillPZlS LA MORT ET LE BUCHERON. Un pauvre bù.cheron, tout couvert de ramée, Sous. le faix du fagot aussi bien que des ans, Gémissant et courbé, marchait à pas pesants, Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée. Enfin n'en pouvant plus d'effort et de douleur , Il met bas son fagot, et songe à son malheur. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde? En est-il un plus pauvre en la machine ronde ? Point de pain quelquefois, et jamais de r epos : Sa feffime, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier et la corvée, Lui font d'un malheureux la peinture achevée. Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder Lui demande ce qu'il faut faire . ' • C'est, dit-il, afin de m'aider


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A recharger ce boie ; tu ne tarderas Ruère. • Le trépas vient tout guérir, Maie ne bougeons d'ou noua sommes ? Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes. LES PREMIERS SOUS Victor savait tout un verbe sans faute ; On lui donna deux petite soue. • Regardez, c'est à moi, , criait-il à voix haute. Le vieux curé lui dit : Bien I mais que ferez-vous Que ferez-vous, Victor, d'une aussi grosse somme ? Victor les donnP aux malheureux, Ah I reprit le curé, cher •mfaut généreux, Le Ciel vous bénira lorsque vous sPrez homme 1 Etre savant c'est bien ; charitable c'est mieux. J.-M.

VILLEFRANCBK

&needotes seolalres .• • Au catéchisme, un desservant de paroisse tait à de jeunes paysans le tableau de l'enfer. C'f'st une ardente fournaise, me11 enfante, qui toujours est allumée. - Mais pour mainteuir un feu parei l, il faut beaucoup de bois et de charbon f demande un gamin . CertainemE'nt. - Alors la diable ça doit être une bonne pratique f - Pourquoi demandes-tu cela? - C'est que mon père est marchand de bois, et comme vou11 semblez connaltre le diable je voudrais que voua lui disiez un mot pour mon père. Des bonnes pratiques on n'en a jamais trop. . .A l'examen de géographie. - Le régent : Pourquoi donne-t-on à une partie de l'Asie le nom d'Asie mineure? - M. le régent, je pense que c'est parce qu'ellt> n 'a ja mais pu atteindre à sa majorité .

Pen•ées • Plus les instituteurs ee verront entre eux, plus ils se communiqueront leurs idée,, plus ils seront progressifs dans leur art. et heureux dans leur sort. 0IESTERWEG. • Oui, c'est un malheur pour le pay11, quand les instituteurs ne soutiennent pas une feuille créée dans leur intérêt spécial. Si la feuille ne répond pas à leur désir, à leur vue, ne peuvent-ils lui venir en aide pour lui donner la direction voulue. Il ne devrait pas y avoir d'instituteurs incapables de composer des articles où ils communiqueraient les résultats de leura réflexions et de leurs exIDEM. périences. • La première chose à connattre et à comprendre en éducation, t 'est le caractèra du sujet à élever. G.-P. • Si la fermeté, la bonté et la justice priaes séparément valent un, réunies elles valent cent. G.· P .

Le personnel enseignant qui demande ces formulaires peut en nsmettre en même temps la valeur en timbres-poste pour la quan16 désirée. En retour l'envoi aura lieu frane-0. Ce mode de procéder eat plus économique que celui pratiqué par voie de rambours postal.

Chronique et avis scolaires. (Jonférences d 'Instituteurs . Sion. - Les instituteurs de l'arrondissement de Sion sont convoqués en conférence pour le jeudi 26 mars prochain â 9 h. du matin à Savièse. , Les P a dagoglscbe BliU&er sont l'organe de l'Association des Instituteurs et hommes catholiques de la Suisse allemande. M. Frey, professeur à Eosiedeln, signe comme rédacteur en chef. La publication parait deux fois par mois. eo brochure de 32 pages chez MM. Eberle & Rickenbach, imprimeurs-éditeurs, à Eosiedeln. Les Allemands sont nos maitres dans la connaisfiaoce dAs 'luestlons pédagogiques et dans l'art de rendre intéressantes leurs revues spéciales de l'enseignement. . A l'exposé savant et complet d'un sujet, ils entremêlent une poésie, un bon mot, et le lecteur passe du premier article au dernier sans éprouver te besoin de s'arrêter en route. Les instituteurs suffisamment familiarisé~ avec la langue allemande ·liront donc avec profit les Piidagogiche BliiUer, dont l'abonnement colite i fr. par an. &rgo-vle. - Le pasteur Naumann, qui a déjà rompu plusieurs lances en faveur de l'émancipation de la femme. vient. de publier dans un journal un article très remarqué dans lequel il demande que les mères de famille soient. admises à sitliger dans les commissions scolaires. Elles y feront aussi bonne contecaoce que les pères, préoccupés avant toutes choses de leurs affaires particulières et qui n'accordent le plus souvent aux choses d~ l'école qu'une importance très relative, dit-il en terminant. M. Naumann n'a pas tout à fait tort., même en ce qui concerne le Valais. Ele vage pratique des l a pins. - Sous ce titre, un de nos abonnés fr1bourgeois, M. P. Brulhart, instituteur à Léchelles et ancien élève de l'école p1·alique d'agriculture de St-Rémy, vient de faire paraitre une brochure que nous nous faisons un plaisir de recommander à l'attention de notre personnel evseigoaot. Bien que destiné plus spécialement aux enfants, les grandes personnes pourront le lire avec profit. Le style en est bien simple et concis. Eo suivant les bons conseils qu'y donne l'auteur, l'on trouvera dans l'élevage des lapins une ressource qui n'est pas à dédaigner, car ils fournissent une chair délicieuse et nourrissante et de plus ils nous char-


ment par leur gentillesse. Ils procurent une agréable distraction un passe-temps, une récréation innocente, surtout poqr les enfants qui s'attachent facilement à ces jolis animaux. Prix ~5 cent. l'Ax, franco. 6 ex. 2.40 et le 7m, en sus. 11 est recommandé à MM. les instituteurs de faire leura demandes pour leurs élèves.

Recueil de ebanta pour l'Eeole e& la 11',amllle_.

- Cet ouvrage, bien connu des abonnés et lecteurs d~ 1 Ecole primaire et, d'une manière générale, du personnel enee1goant valalsRn et fribourgeois, a réussi à pénétrer jusque dans le Japon. Un établissement de Tokio, en eifot, a fait, dernièrement et à deux reprises différentes, l'acquisition de plusieurs douzaines, de ~e J?Iaouel d'école, qui est également adopté dans plus d un institut de France et de Belgique.

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La f'o&ur-, 1néna5ère Lectures et leçons sur l'économie domestique , la science du ménage, l'hygiène et les connaissances nécessaires à une maitresse de maison, par M11• Ernestine W1RTH, 3m• édition, cartonné, 480 pages. - Prix l fr. 80. Pour les abonnés de l'Ecole primaire fr. 1. 50.

Division des parties et chapitres . I" PARTIE. - Notions p1·éliminaires. 1.. La famille et le foyel' domestique. 2. La femme dt> ménage. 3. De l'eepl'it de famille. 4. De l'économie domestique. . nm• PARTIE. - Organisation morale de la maison et qualités d'une bonne 'll_l,énagère. 1.._La prév~n.ance. 2. Les fêtes et réunions de famille. 3. Devoirs du v01smage. 4. La lecture Pt la bibliothèque de la maitresse de maison. (,. Du rôle de la femme dana l'.iducation des enfants. mm• PARTIE. - Or,qanisation matérielle et administrati~n économique de la maison. 1.. Apprllntissage de l'économie domestique. 2 Des qualités de la bonne ménagère. 3. ~e l'économie. 4. Emploi de la journée d'u ne maitresse de maison. 5. Installation d'un ménage. 6. Distribution intérieure de la maison. 7. Cuisine, office, boulangerie, ustensiles el accl'ssoires de cuisine. 8. Dell domestiques. 9. Blanchissage et entretien du linge. 19. Entretien et conservation des aliments. H. Des travaux à l'aiguille. 1.2. Des provisions. 1.3. Maniél'e d'ordonner un d1nel'. 1.4. De l'apprentissage de la cuisine. 1.5. Notions élémentail'es dt! cuieiue. 1.6. La ferme et la fermiérP. 1.7. Le jardin potager. 1.8. ChauffagA et éclairage. 1.9. R"!celtes et connaissances utiles. 20. DA la comptabilité. 21.. Conseils d'hygiène.

Supplément à l'ECOLE PRHIURB

La ventilation M. H. de Parville, dont les articles scientifiques sont bien connus, prétend que pour vivre en bonne santé et 1ongtemps, il est nécessaire d'aérer, les appartements. c Si vous voulez éviter d'aller chez le pharmacien, dit-il, aspirez de l'air, de l'air, toujours de l'air. , Cet air, qui ne coftte rien, qui est à la disposition de tous, pur et sain, surtout dans nos petites villes et plus encore dans nos campagnes, cet air qui sent bon, cet air qui vivifie, nous le laissons à la porte de nos maisons, trop souvent. Dès que cette porte est fermée, nous respirons un air vicié, chargé de poussière, d'acide carbonique et tout mêlé d'émanations de cuisine, de vêtements, de literie. Dans un trop grand nombre d'appartements, les feDètres restent closes du matin au soir ; à peine les entr'ouvre-t-on au moment du balayage. Quand on péDètre dans ces chambres fermées, une odeur âcre ou nauséabonde indéfinissable vor.s saisit., vous donne un sentiment de malaise ; l'atmosphère épaisse vous prend à la gorge, vous étouffe. Qu"oi d'étonnant que dans ces demeures les enfants restent pâles, éttiolés, anémiques, irritables, sujets à des maux de tète, à des rhumes qui ne finissent plus 1 De l'air, de l'air, toujours de l'air 1 Sans doute, dira-t-on peut-être, c'est très bien d'ouvrir les fenêtres en été, quand l'air est chaud ; mais en hiver, les appartements se refroidissent et cela coûte de les réchauffer, le bois est cher et le charbon aussi. Eh I bien, ce calcul est une erreur. Il est plus facile d'échauffer l'air pur qui vient du dehors que l'air saturé d'humidité des appartements que l'on n'ouvre pas, et, en tous cas, même avec une température moindre, le corps est plus dispos et moins sujet au frisson dans un air pur que dans un air vicié. On recommande même de dormir avec les fenêtres entr'ouvertes et les rideaux fermés, dans les climats secs et tempérés, en évitant toutefois avec soin de permettre à l'air du dehors de tomber directement sur les dormeurs. Cet usage présente des inconvénients dans les contrées humides ou sujettes à de brusques variations de tempéS u PPL , 95/96 6


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rature, comme c'est souvent le cas en Suisse et en général dans les payd montagneux. Mais ce qui est toujours avantageux et sain, c'est d'aérer longuement la chambre à concher pendant la journée. S'il est nécessaire d'aérer les appartements ordinaires, il est encore plus urgent de renouveler l'air des écoles, des pensionnats, des ateliers, en un mot des locaux ofJ. plusieurs personnes se trouvent réunies. Le moyen le plus simple est sans doute d'ouvrir les fenêtres de temps à autre. Mais ce moyen si simple présente l'inconvénient d'un refroidissement brusque qui peut être incommode ou désagréable, et parfois dangereux, surtout dans les ateliers où chacun reste sur sa chaise pendant cette invasion de fraicheur. Les ventilateurs n'ont pas ce mauvais côté, mais ils sont souvent insuffisants, et beaucoup produisent des courants d'air trop vifs dans la portion de l'appartemen, qui est â proximité de l'appareil. Voici la descripLion d'un ventilateur imaginé par un médecin, M. Castaing, et recommandé par M. de Parville. Il est très simple, très peu coùteux et très hygiénique. Il se compose de deux vitres ordinaires. La première, la vitre extérieure, est placée dans sa feuillure comme le sont toutes les vitres, mais elle est coupée dans sa partie infériAure de façon à laisser un vide de 4 centimètres. La vitre intérieure, à 4 centimètres dd distance, est coupée de la même façon dans sa partie supérieure. L'air extérieur pénètre par le bas de la vitre; il s'échauffo en passant dans le petit espace qui lui est laissé, et pénètre dans la pièce par l'ouverture supérieure, sana former un courant d'air désagréable. Ce petit appareil a été expérimenté avec succès, et il est appelé à rendre de grands services. -

('~li,

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Hiver et Solitude. Depuis longtemps déjà, hirondelles légères, De votre gai babil le village est privé ; Vous seuls, moineaux frileux, perchés sur nos chaumières, Répétez tristement: c L'hiver est arrivé 1 >

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Entendez-vous dans l'air ce triste et long murmure, C'est la nature en deuil qui pleure ses trésors. Tout à coup dans l'espace, une épaisse nuée D,énormes flocons blancs descend du haut des airs: Ils semblent se poursuivre, et leur grande volée Recouvrira bientôt les prés, les champs déserts. Pendant trois jours entiers, la neige éblouissante A tombé sans relâche; et, sous ce grand manteau La nature s'endort, repose confiante ' Jusqu'à ce qu'avril revienne avec le renouveau. Oh I regardez, là-bas, le clocher du village 1 Quel _pl~isir de. l_e voir, sous son capuchon blanc On dirait un v1e1llard qui, malgré son grand àge Serait encore debout parmi tous ses enfants. ' L'air est pur mais glacé. Sourire d'un malade Le soleil d'hiyer I_uit sans l?ouvoir protéger ' Ces chers pebts 01seaux. qui, sur la palissade De mon jardin blanchi, attendent à manger. ~ais déjà les enfanti,, troupe toujours joyeuse, S ébattent sur Ja glace ou poussent Jeurs traineaux. Amusez-vous, garçons! Courez, filles rieuses! Car dans vos cœurs, hélas I l'hiver viendra trop tôt. Pendant que vous jouez, seul , un malheureux. pleure · Pour l':1i, point de bonheur, tout est sombre et glacé; Les peines, ·l es soucis habitent sa demeure · Dans sa chambre sans feu, il songe au tem'ps passé. Allez à lui, e~~ants : peut-être que vos rires, Vos propos s1 Joyeux, vos fronts purs et sereins Calmeront sa douleur, feront naitre un sourire Et lui rend.ront r:noiM Jonrtl IA pniitq dA RAS chagrins.

. ...... . Depuis long~emp~ déjà, h.irondelles légères, De votre gai babil nos vieux toits sont privés: Revenez-nous bientôt, fidèles messagères Et ramenez l'espoir dans les cœurs épro~vés 1 Osterbeck (Hollande), 16 janvier 1896.

Dépouillés tout à fait de leur verte parure, Les arbres, en gémissant, plient sous le vent du nord.

Ernes t GAILLARD.


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Le soutirage des vins Le vin contient des germes qui peuvent aussi bien l'améliorer que le gâter suivant que les ciroonl!ta_nceaqui présiden& à sa transtormation, agissent sur lui. 11 est donc important de placer le vin dans des ci_rconatances qui favorisent le développement des quahtés et entravent les altérations qui peuvent se produire. Parmi les soins hygiéniques, si on peut s'exprimer ainsi, se trouve le soutirage ou traoevaeage des viDB, une des choses les plus importantes pour conserver le1 vins. . Les soutirages ont pour but de séparer les partie, claires des parties épaisses qui se déposent au fond dea tonneaux sous le nom de lie. Cstte lie n'est autre chose que la dépouille du vio contenant des ferments, souven, de mauvaise nature et capables d'altérer le vin lorsqu'ellea remontent, il faut donc préserver le vin de ce contact. Dans les lies se trouvent aussi des principes azotés de matières organiques qui sont putrescibles et constituent ainsi un danger pour la conservation du vin. De même qu'il s'y trouve encore des microbes et ferments qui, à un moment donné, se multiplient, se répandent et causent toutes les maladies si redoutées des viticulteurs. Les premières lies précipitées peu après l'entonnage sont les plus dangereuses, aussi dès que le vin est clair on doit procéder au transvasage. Il est difficile d'indiquer une époque pour ce soutirage car cela dépend de la capacité des tonneaux et de la température. Plus un tonneau est petit et plus la température est élevée, plus la clarification se fait vite. Ainsi dans le Midi, en Algérie, le tranevasage se fait de 1 à 2 mois après l'entonnage pour les grande fûts et plue tôt pour les petits. En Suisse, nous attendons la fin de l'hiver ou le premier printemps pour transvaser et encore le vin n'est-il pas tout à fait clair mais on ne peut le laisser plus longtemps sur sa lie de peur de voir celle-ci agir en mal sur le vin et remonter même dans le liquide par suite d'une fermentation secondaire qui se produit aux premières chaleurs. Avant l'entonnage il faut soufrer les vases avec des mèches de soufre, c'est un antiseptique énergique qui détruit les germes latents qui peuvent se trounr dans le bois. Généralement on transvase dans nos climats à

température basse, la première année à la fin de l'hiver,

annt les chaleurs et avant la vendange.

On soutire généralement au moyen de la canelle (botte) qui laisse couler Je vin dans un récipient quelconque, d'où on le porte dans son nouveau logement, le vin se trouve ainsi battu et exposé à l'air ce qui est sans inconvénient lorsque le vin est sain. Lorsqu'on a affaire à de grandes quantités de vin on se sert d'une petite pompe rotative aspirante et refoulaote. Le tuyau d'aspiration est placé dans le récipient où s'écoule le vin. D'autre!! fois, si on ne veut pas laisser sentir l'air au vin, on place le tuyau d'aspiration dans le foudre même et on pompe. Pour enlever tout le vin clair du tonneau, on peut se servir d'un siphon dont l'ouverture se place a1J-deesus de la lie, on aspire et lorsque la circulation du liquide est établie, on laisse couler. Le soutirage doit être arrêté aussitôt que le vin pr6sente un peu de trouble afin de ne pas mêler de lie au vin clair. Le vin légèrement trouble appelé aussi fauxclair est mis à part dans un tonneau et au bout d'un certain temps de repos, on peut encore en tirer du vin clair. Il faut autant que possible procéder par un temps clair et sec avec le vent du Nord, les lies ayant moins de tendance à se mêler au vin clair dans ces conditions. Oa recommande de transvaser les vins, provenant de vignes mildiousées ou ayant souffert pour d'autres causes, à l'automne, même quand on n'a pas l'habitude de le faire. Nous ne savons ce qu'il y a de vrai dans ce conseil, mais un tranevasage de plus coO.te peu et ne peut pas nuire, dans tous les cas. Comme noue le disions en commençant, le soutirage est une opération des plus importantes pour conserver les vins, il ne faut donc pas le négliger car ce principe vrai en médecine, qu'il vaut mieux prévenir que guérir est aussi vrai pour le vin. C. BOREL. -rc&~

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Un calcul ditflcile · Un homme fut trouvé un jour, dit-on, à Lyon, profondément absorbé dans une occupation singulière. Il prenait, avec un mètre qu'il avait sorti de sa poche,


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lea dimensions de la porte d'un cabaret et après chaque mensuration, se frappait le front, restait un moment comme plongé dans la méditation d'un problème difficile à résoudre, puis n'arrivant pas à un résultat satisfaisant dans ses calculs, en proie à une contrariété visible, rer.ommeDçait son travail pour bien s'assurer qu'il n' avait pas fait d'err1:,ur. Il prenait ainsi pour la dixième fois les mesures de la porte. La foule voyant ce maniaque s'était rassemblée nombreuse. Alors celui-ci, se frappant le front une dernière fois, continua à haute voix le raisonnement qui l'avait tant absorbé : c C'est pourtant vrai ; j'avais de l'argent, il est passé par là; j'avais un bon mobilier, il est passé par là : j'avais des maisons, elles sont passées par là; j'i>vais des vignes, des prés, ils sont passés par là, j'avais des champs, des bois, ils sont passée par là, et cependant cette porte n'a pas deux mètres de haut J... Tout ce que j'avais, bien-ètre, honneur, famille, tout est passé par là et a été détruit . .Moi seul je ne puis plus y passer pour achever de m'y détruire aussi.... je n'ai plus d'argent et on me met dehors 1 , Que voilà bien l'histoire de beaucoup de gens, ailleurs qu'à Lyon, soit autour de nous. ~

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Douleur de mère Le médecin vient de quitter le chevet du petit malade. La mère l'interroge d'un regard suppliant; elle voit nailre sur son front un imperceptible froncement qui la fait pâlir. D'une voix tremblante elle demande: c Est-ce bien grave ? , , - Oui, passablement. • Elle sanglotte : c - Quoi, c'est donc iiangereux 1 - Il n'y a plus d'espoir, , - Le médecin, en présence d'une douleur dont il veut retarder l'explosion, se ravise: c Il y a une forte fièvre, mais le cas, tout grave qu'il soit, n'est pourtant pas désespéré; la science a déj1 triomphé de cas semblables, ayez confiance dans tous mes soins, je reviendrai ce soir. , - Et la mère, souriante à travers ses larmes, se jette aux pieds du docteur, lui prend les mains et les presse dans les siennes: c Oh I cher docteur, sauvez-le, de gràee, je l'aime tant et je n'ai que celui-là 1 , Le médecin s'en alla. laissant la pauvre mère seule, avec ses horribles angoisses et son chimérique espoir. ·- Pauvre femme -

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pensait l'homme de l'art en rentrant chez lui, - le Ciel l'aidera, à moins qu'un miracle ne le sauve. - Elle, la mère, s'était assise près du lit où reposait son cher et unique enfant. LA petit malade était en proie à un violent délire, sa jolie tète blonde reposait, alourdie, sur un oreiller de dentelle blanc. Ses petites joues potelées étaient d'un rouge sanguinolant, ses yeux demiclos paraissaient vitreux, sous les longs cils que la fièvre faisait frissonner, un large cercle de bistre les enveloppaH, donnant aux orbites une grandeur démesurée. Sa bouche était entr'ouverte, laissant voir des quenottes d'ivoire noyées dans une légère écume laiteuse. C'était là surtout, sur ces lèvres pâles et figées, que l'attention de la mère se fixait avec le plus d'obstination, tant la mort semblait y avoir déjà posé son sceau glacé. A côté de ce corps dévoré par la maladie, la mère priait : 0 Dieu de bonté, laissez-le moi, j'en ferai un bon chrétien, je le consacrerai à notre sainte Eglise, il sera trappiste, missionnaire, il ira . au bout du monde prêcher l'Evangile, sauver les âmes des petits Chinoifl, et je le suivrai partout. Rien ne me paraîtra trop dur, ni l'exil. ni les privations, ni les dangers, pourvu qu'il vive 1 0 Dieu tout puissant, Dieu de bonté, laissez-le moi, je vous en conjure, je n'ai que celui-là 1 > Le crépuscule étendait ses voiles sur la terr e, un demi jour terne succéda aux derniers rayons d'un soleil mourant, les lameutations de la mère firent place à un morne silence, la chambre et ses hôtes parurent s'engouffrer dans de lugubres lénèbrPs. La pauvre femme, qui depuis plusieurs jours ne dormait plus, s'assoupit; la prière l'avait pour un instant rassérénée. Elle eut un songe. Son enfant avait grandi, il était missionnaire dans les Indes, elle était avec lui, partageant ses peines et ses joies, l'entourant de tous les soins délicats, de toutes les attentions sublimes que peut enfant~r un cœur de mère. - Ils étaient heureux. - La nuit était venue, trois coups frappés discrètement à la porte la tirèrent soudain de ses douces rêveries. Elle se leva, effarée, fit de la lumière, et, chancelante, courut vers la porte. Le médecin entra. A la pâle clarté de la lampe, drapé dans son habit noir, le regard sombre et interrogateur, le docteur fit sur la mère une douloureuse impression ; elle en avait presque peur, elle ne trouva pas un mot à lui dire, mais dans un geste désespéré, elle lui prit les mains et se mit à pleurer. - Tranquillisez-vous,


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madame , vous vous peinez inutilement, comment cela va-t-il T c Pardonnez-moi, M. le doctear, je m'étais assoupie et je rêvais ; en vous voyant paraitre, je ne vous ai pas tout de suite reconnue et j'ai cru que c'était. . . ... Ob t pardonnez-moi 1 , fü la pauvre femme se mit à sanglotter. Le médecin prit en main la lampe à la flamme tremblotante, et s'approcha de la couche de l'enfant, Il lui prit la main pour lui tâter le pouls ; cette main était glacée. Puis il se pencha sur le berceau, écarta les linges qui recouvraient la poitrine du malade et y posa doucement la tête ; le cœur ne battait plus, le ch~r petit être était mort avec le jour, le. cr~puscule lui avait fermé les yeux. La mère ass1sta1t, l'œil hagard, le sein haletant, la bouche béante, à cet examen dont elle attendait l'issue, demi-morte. Le docteur se tourna vers elle et lui dit : • Madame, soyez forte, Dieu vous a demandé un grand sacrifice, mais Il vous réserve une plus grande récompense encore, votre enfant est au Ciel 1 , Sion, Février 1896. SoLANDIEU.

Pour les oiseaux Il fail froid I les oiseaux sont tristes, Ile ont le jetl.ne dans la voix, Sachant les hommes égoïstes, Ile regardent blanchir les toits.

C'est que la neige, qui réjouit le cœur de l'agriculteur, alimente ses sources, protège ses champs contre le gel et garde bien au chaud toutes les petites graines qui doivent germer au printemps, est meurtrière aux pauvres oisillons. Ils ont beau chercher de droite et de gauche avec leurs yeux vifs, fouiller le blanc tapis de leur petit bec avide et gelé - rien 1 Certes, dans le nombre les moineaux ne sont pas les plus a. plaindre. Habitants des villes, hardis et piailleurs, ils parviennent presque toujours à se tirer d'aff-ü res. Mais les fauvettes timides, les pinsons et les rougesgorges aux discrètes allures, les verdiers effarouchés, et tous ces gentils hôtes des forêts, mésanges, rossignols, linottes, si nous ne leur venons en aide, mourront de de faim et de froid. Quelques miettes, les débris de nos repas, un peu de grain leur permettront de subsister.

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Villageois, habitants des fermes isolées autour desqu6lles se rassemble oe petit monde transi et affamé, fillettes au cœur compatissant, petits garçons qui ne savez à quoi employer les longues journées d'hiver, nourrissez les oiseaux l Ils seront reconnaissants. Au printemps ils détruiront les vers et les insectes qui menacent vos récoltes; ils égaieront vos campagnes en chantant pour vous, leurs sauveurs, leurs plus joyeux mercis 1 11~,t?~I

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De la germination des graines par J. BoLLIN, horticulteur-pépiniériste à Saxon Des diverses conditions dont dépend le succès des semis, la faculté de germination des graines est assurément une des plus importantes et celle dont il est nécessaire de se préoccuper en tout premier lieu. Cette faculté est, d'une façon générale, excessivement variable, comme on le sait, et cela tant p1r la nature de la graine elle-même que par les conditions dans lesquelles elle a mûri, celles dans lesquelles elle a été conservée, puis semée. Pour l'ordinaire, les graines les plus fraiches sont, on ne l'ignore point, celles qui germent le mieux et le plus rapidement; mais plusieurs ne sont plus aptes à germer qu'au bout d'un certain temps, ou du moins germent bien mieux lorsqu'elles ont été conservées pendant un an ou deux au sec ; la mâche ou doucette et le melon en sont des exemples. Le degré de chaleur nécessaire à la germination varie, cela va de soi, avec la nature des graines; celles da certaines plantes, le cresson notamment, germent à quelques degrés seulement au-dessus de zéro, tandis que d'autres exigent une température qui peut s'é lever jusqu'à 80 degrés, notamment pour beaucoup de plantes des tropiques. Le temps nécessaire à la germination est aussi excessivement variable; chPZ quelques-unes, les crucifères notamment, telles que le radis, le cresson, ou d'autres plantes telles que la chicorée, elle a lieu, selon la température et l'humidité, dès le quatrième ou le sixième joui·, tandis que, pour d'autres, telles que les gentianes, les violettes, les ifs, les aubépines, etc., elle se fait attendre jusqu'à deux et même trois ans.


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Pour ces graines à germination très longue, il a'est pas nécessaire de les placer immédiatement dans le sol où les-plantes doivent croitre, et cela afiu d'utiliser celuici à d'autres cultures pendant le temps que nécessite la germination. Il y a même avantage de les mettre en stratification, c'est-à-dire dans une faible quantité de terre, en tas et dans un lieu abrité, parce qu'elles sont ainsi hors des atteintes des animaux et des variations atmosphériques. L'obscurité n'est pas indispensable à la germination; elle la favorise simplement PD maintenant dans la terre une température et une humidité uniformfls. Si on met les semis dans l'obscurité, il est de toute nécesité de leur rendre la pleine lumière dès que les germes s& montrent à la Eurface, sans quoi ils s'étiolent et sont ensuite impropres à former des plantes vigoureuses. De ces différentes conditions à envisager quand on fait des semis , celle de la durée germinative des graines est la plus immédiate et celle à laquelle on songe en premier lieu. Cette ourée présflnte d'aussi grandes différences que les conditions précédentes; certaines graines ne sont aptes à germer que pendant quelques mois ou refusent même de se développer si elles n'ont pas été enterrées dès leur maturité, tandis que d'autres conservent cette faculté pendant cinq, dix, vingt ans et même plus. En général, les graines qui renferment une essence volatile, des matières grasses ou céracées, celles qui sont très aqueuses ou dont les cotylédons sont très dévelop• pés, se conservent peu, tandia que celles dont les cotylédons sont petits et pourvus d'un albumen corné ou farineux gardent leurs facultés germinatives le plus longtemps. Afin d'utiliser des vieilles graines et faciliter aussi l'achat des graines potagères à nos agriculteurs et à nos ménagères, nous donnons ci-après la durée germinative des plantes potagères les plus importantes. Nous n'indiquons ici que Je chiffre moyen, celui auquel la germination est eneore suffisamment forte pour être considérée comme bonne, mais expérimentalement certaines graines peuvent germer pendant le double et beaucoup plus longtemps même . Passé la date indiquée, oo fera bien, si on se trouve dans la nécessité d'employer les graines qu'on possède, d'augmenter la quantité de semence et si l'on peut, de faire un essai au préalable.

Germe. A11perge Aubergine Betterave Cardon Carotte Céleri Cerfeuil Chicorée frisée C sauvage Chou Chou-fleur Chou-rave Ciboule Concombre Courge Cresson Epinard Fève Haricot

5 ans. 6 6 7 C 5 ( (

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Laitue Lentille Mâche ou doacette Melon Navet Oignon Oseille Persil Piment Poireau Poirée ou bette Pois Radis Rhubarbe Salsifis Scorsonère Thym Tétragone Tomate

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Germ,. 5 ans.

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VARIETES Père capucin. confessez ma temme Le P . Marie-Antoine, prédicateur bien connu dans tout le midi de la France et particulièrement à Lourdes, remontait un jour vers son couvent, situé sur un coteau qui domine la ville. Un ivrogne de première marque, pochard jusqu'aux ch1:,veux, le suivait depuis dix minutes, parfois même le précédait, en le regardant sous le nez et hurlant de son ton le plus aviné; • Ohé I Marie-Antoine, ohé 1 Père Capucin I confessez ma femme 1 Père Capucin I confessPz-la bien 1

- Ohé, Marie-Antoine 1... Maris-Antoine, accoutumé à cela et à bien pis, l'écartait du geste et continuait sa route, pendant que l'ivrogn~, interpellé vivement par les passants que son attitude scandalisait, répondait en hoquetant : - Et puis! ... Quoi! Je chante, C'est mon droit... Je vais chez moi. C'est mon droit. Il s'arrête enfin, entre dans une maison d'ouvriers et monte chez lui, non sans peine. Il ouvre la porte; en


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se retournant, il voit le capucin qui l'avait suivi et qui eutrait avec lui. Notre pochard, inquiet, balbutia: - Je ne voulais pas vous offenser ... voyons... c'était pour rigoler ... Qa'est-ce que vous me voulez mon Père! - Confesser ta femme, tu me l'as demandé plus de cinquante fois tout à l'heure. Justement de la pièce du fond une voix maladive s'écrie : - Oh I que vous ètes bon, Père, d'être venu. J'avais si peur de mourir sans prêtre 1 La pauvre .femme agonisait eff,3ctivement, enfermée à clef par son seigneur et maitre qui allait se saolller à crédit. L'homme se fâ.che ; la colère le dégrise en partie : - Je suis chez moi... Pas de calotins! ... Tu vas sortir. - Pas avant d'avoir confessé ta femme, puisqu'elle le demande. Elle en a le droit, - Je vais appeler la police 1 - Appelle. Je ne t'empêche pas. - A la garde 1... à la garde!... On viole mon domicile 1... A la gaaarde 1 Tout le quartier monte. Arrivent les deux agents de ronde (comme à Paris). - Qu'est-ce que c'est! - Ce frocard-là est entré malgré moi pour confesser ma femme.

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- Parfaitement. Mais c'est lui qui m'en a prié, et c'est sa femme qui le désire. Ioterrogez·la et interrogez les assistants. Vingt voix témoignent aussitôt de ce qui s'était passé dans la rue. D'autre part, la pauvre femme affirme avec énergie sa ,olonté de se confesser ; elle réclame la protection de la police. Au nom de la , liberté de conscience •, un agent se campa de garde : la malade fut confessée et reçut les sacrements. Un peu dégrisé l'homme s'était adouci ; il s'excusait... - Ta femme te pardonne, dit le Père, et offre sa vie pour toi. Va la voir, elle se meurt. Il pleura; elle mourut en lui parlant. Avant de partir, le capucin prit congé du mari, maintenant dégrisé complètement. - Et puis, ... C'est tout,

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Non Père ... J'étais une canaille... Je veux payer

ça ... confessez-moi,

Cet homme est resté bon chrétien, et la preuve c'est qu'il n'a plus jamais bu.

* * * Les enfants gâtés. - Enfant gâ.té, homme manqué. F ONSSAGRIVES,

Savez-vous quel est le plus Eùr moyen de rendre votre enfant misérable 'P C'est de l'accoutumer à tout obtenir. J.-J, ROUSSEAU. Un enfant habitué à se servir comme d'un jouet de la volonté des autres, ne saura jamais se servir de la sienne. F. On traite souvent les enfants gâtés de petits despotes. Despotes envers les autres, soit, mais tout au contraire D• CARADEC. esclaves à l'égard d'eux-mêmes. Je connais des pères qui, pour trop aimer leurs enfants, en sont réellement leurs ennemiP, PLUTARQUE. La faillasse des parents est comme le lierre qui tue et rend stérile l'arbre qu'il embrasse, le singe qui tue ses petits à force de les embrasser, et ceux qui craignent d'empoigner par les cheveux celui qui se noie et le CHARRON. laissent périr. IL faut que les mères y songent, la gravité d'une maladie se double, si ce n'est plus, chez un enfant gâté. Il faut habituer les enfants à obéir et à se laisser soigner; c'est souvent une question de vie et de mort. Qu'on se le dise. FONSSAGRIVES. L'huUre et les plaideurs. - Deux citoyens d'Ev. qui rendraienL des points aux Normands les plus retors en fait de manie processive, ee sont disputé la propriété d'un sentier Eéparant leurs terres. Le procès leur a coûté, à rhacun, quelques milliers de francs. Il s'est terminé par un jugement donnant gain de cause à l'un, mais accordant à l'autre le droit de passage. Ce droit, le gagnant a voulu le racheter ; on a consulté le plan de la commune, ainsi que le registre cadastral. Déception pour les deux adversaires I Le sentier contesté n'appartient ni à l'un ni à l'autra; il appartient à la commune. ~


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Recettes et conseils utiles Protection du sabot du cheval sur, 1~ caillouti~. - P endant tout le temps effroyable de l hiver, les cailloutis emplissent les routes et les malheureux chev~~x marchent comme sur des épines, et le plus souvent s 1~s ne tombent pas boiteux ils ont la fourchette endolorie et le pied blessé pour t~ujours; le meilleur moren d'y remédier, c'est de placer entr_e le ~e~ et la mu,r.aill_e une bonne semelle de cinq à six m1lhmètres d epa1sse~r -0ouvrant entièrement le pied à l'intérieur; il faut avoir soin de glisser entre le cuir et le pied un. paquet d'étoupes bien imbibé de goudron ~e ~orwege; ~e c~tt~ façon la fourchette ne s'échauffe Jamais; une fois a!nsi botté, ce qui est bien facile puisque t~us les bo~rrehers ont ce cuir, le cheval n'a pas plus 1 appréhension ~es cailloux que s'il n'en existait pas. C est la conservation · des pieds des chevaux. L'ouillaize du vin. - Voulez-vou~ _avoir du _bo,n vin T Ouillez-le donc ouillez-le bien! Voici en quoi l opération consiste, iaquelle a pour but .d'éviter l'ac_tion de l'air, qui produit toujours ,une certame évaporation. 0~ a remarqué, en effet, qu un fût de 228 htr~s pouvait perdre de ce chef un litre de liquide par moi~; d'autre part, l'accè~ _de l'air_ d~ns un fût s.ert ~e vé_h1cule a~x microbes aenens qui developpent l acét1fication du vm. Le méchage préalable des fûts avec, m:~e mèche ~oufrée agit contre ces ferments nuisibles. :i.. ou1l}!lge ~e fait avec des cailloux ou 1.0ieux avec du vm qu on aJoute dans les tonneau~. Lorsqu'il s'agit de grands vi~s, on peut éviter l'ouillage en plaçan~ la bonde ~e côte, afin, de la faire tremper dans le liquide, ce _q~i empêche. l entr~e . de l'air· celui qui pénètre est tamise par le bois du fut et n'apporte aucune maladie. C'est aussi, dit la légende, avec des cailloux qu'il plaçait dans sa bouche, que le grand avocat D~mosthène arriva à débrouiller son éloquence ~m~arbouillé~ ~ans un grotesque bégayement. .Il avait ams1 pressenti 1o~till~ge et l'avait appliqué à la bouche des ayocats, ,déJà. fort remplie dans son temps des flots capiteux dune entrainante éloquence. Désincrustation des chaudières à va.peur, - D'après les expériences faitesdepuis nombre d'années dans 1

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tes chemins de fer prussiens, le pétrole serait un excelJent moyen d'enlever les incrustations dfls chaudières à vapeur. Après le nettoyage de la chaudière, on asperge de pétrole les parois intérieures, ou bien on l'ajoute à l'eau dont on remplit la chaudière: en laissant l'eau s'écouler lentement, le pélrole péuètre la masse poreuse du pétrole calcaire, la désagrège et la fait se détacher des parois. La croûte s'en va par écailles ou se détache de telle façon qu'elle peut être enlevée au balai ou à la brosse, ou même au moyen d'un fort jet d'eau, On n'a pas pu constater l'action nuisible du pétrole sur les parois des chaudières. D'après les données des techniciens, un kilo de pétrole suffirait pour les grandes locomotives et cela tous les quinze jours. Pour d'autres un demikilo suffira, et même moins, selon les dimensions de la chaudière. Propriété dea feuilles de cas11is. - Tout le monde connait LA cassis ou groseiller noir, dont les fruits servent à confectionner une liqueur estimée par sou bon goût et ses vertus stomachiques. Les feuilles, ce qu' on ignore peut-être, possèdent des vertus médicinales précieuses. La feuille, verte, hachée -et pilée est excellente pour cicatriser les blessures et en prévenir l'ulcération. Elle contient un suc astringent et antiseptique, qui est plus efficace que l'eau de saturne et que le phénol ; sèche, on la fait bouillir dans l'eau, puis on réduit la décoction et on l'applique aux mêmes usages. Enfin, et ceci intéresse spécialement les éleveurs, le bouillon de cassis serait un remède souverain contre le choléra des poules ; si ce breuvage leur est administré à temps, on peut les guérir des affl::lctionR qui ont leur siège dans les organes digestifs et dans les intestins. Ne baissez pas la mèche. - Il est admis généralement qu'il est économique de baisser la mèche d'une lampe à pétrole, lorsqu'on s'absente un moment ou que l'on n'a pas besoin d'une pleine lumière. La seule économie qu'on réalise par ce procédé, c'est celle de l'air respirable que l'on diminue dans uno notable proportion et que l'on altère considérablement. Des expé1·iences concluantes ont mis en évidence cette vérité. En baissant la flamme on n'obtient qu'une combustion incomplète, d0 même qu'en la montant outre mesure. Il se ·forme des gaz qui n~ sont pas brû.lés et qui s'échappent _par le tube répandant une odeur bien connue. La com-


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bustion normale a lieu lorsque la flamme répand son maximum de lumière. En baissant la flamme on ne fait qu'une économie imperceptible de pétrole, Il suffira pour a'en convaincre de faire brûler tout le contenu d'une lampe ou bien une quantité donnée de pétrole, une fois avec une flamme normale, une autre fois en baissant la mèche. On verra qu'il faudra le même temps dans les deux cas pour consumer cette même quantité de pétrole. La différence est si peu sensible qu'elle peut être considérée comme nulle. Ce n'est donc pas la peine dd vicier à plaisir l'air d'un appartement. ----G~3 -

Pensées • Ma mère avait bifl'é de son programme d'éducation cette plaie de , la visite • qui consiste à perdre sou temps, du lundi au samedi, pour aller simplement chez les autres leur faire perdre le leur, et à , tuer • ce temps qui fait mourir d'ennui quiconque ne l'emploie pas à , vivre •. Aussi nous avait-elle élevés avec des maximes courtes, mais qui en disaient long, et qu'elle nous jetait en passant, avec ce laconisme des gens qui n'ont pas le temps d'être bavards: , Qui ne fait pas de dép~nses inutiles trouve toujours moyen de faire les dépenses nécessaires. • - , Qui ne perd pas une minute a toujours le temps de faire tout ce qu'il doit. • (Extrait des Mémoires de Gounod). • L'Eglise est toujours reine, ou elle descend dans les catacombes. Elle ne peut consentir à être la servante de Gésar, à se laisser avilir par la démocratie, à servir d'expédient au libéralisme. Cardinal MER!l(ILLOD . • L'idée chrétienne ne peut être submergée, quelle que soit la tempête, parce qo'elle porte bien autre chose que César et sa fortune; elle porte une vérité définitive qui luira en lettres de feu au-dessus des événements et des siècles. Alexandre Dmns, tils. Etre fidèle à son devoir, quelle grande chose I mais y être fidèle quand il ne rapporte que des douleurs, quand il entrave l'avancement, quand on sait bien qu'il nuira à l'établissement des enfants, c'est chose si grande que nulle récompense humaine n'est à la hauteur de ce sacrifice. BouGAUD.

X V• • ANNEE 11° 7

SION 3 Bara 1896

l'ECOLE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQUE P UBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIIAIRE parait chaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusinment, en livraisons de 16 pages. Pris. d'abonnement pour la 8o1He, 2 h. 30. IJnlon po•tale 3 f'r. Annonce•, pri.,, 20 cent. la ligne 011 ,on espace. Tout ouvrage dont l'Ecole primaire recevra deux exemplaires aura droit à une annonce ou à un compte-rendu, s'il y a lieu.

SOMMAIRE : Pour le intuitif. cipline en Echos des

mois de Saint Joseph. - De l'enseignement L'enseignement du catéchisme 1suite). - DisClasse (suite). - Une nouvelle inattendue. conférences. - Partie Pratique. (Calcul oral. E xercices élémentaires de Style. Petits exercices de rédac-· tion. Développement.) - Variétés. (Prière du m atin. Prière du soir. Problème./ - Supplément.

Tout ce qui concerne la f.ublication doit être adressé

à l'éditeur : M. P. PIGNAT, .. secrétaire au Département · de l'instruction publique, à Sion. ~


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