Ce 751° con'lilBn'li .lU~ ..., ·uy~• - ~-- ,...,., .....,
Une facture peu ordinaire
.No
30e année
LE FOYER ET LES CBAIIPS
~
........... .,..,_ ter Février 1911
l On étend cette pâte de l'épaisseur d'un dos de couteau, puis on la découpe
Voici une note d'un menuisier, trou- avec de petites formes ; puis on glace vée dans les papiers d'une petite com- les petits gâteaux avec un jaune d'œuf et on les fait cuire au four. ... e. mune: ~ «Note pour la Comicion de l'école et le conceHle communal réuni ensemMarrons en chemises bles qui m'on dit de faire les travaux qui suit: Voici un dessert excellent et facile à Préparé les cachets pour les porue de préparer: Les marrons sont rôtis, puis terres de la cave sous le régent 1,40 pelés; on les trempe ensuite dans du ]<'ait à la même cave un lanet 1,10 blanc d'œuf battu en neige; on les rouponr voir clair I le a11rès cela dans du sucre en pouFait un pendar pour les fru its l ,70 . dr e, et on les place sur un tamis pour en sapin 1 faire sécher dans nn four pas trop Arangé les égré pour- monter en 2,30 cbaud. haut dessus Remi une planche en boi neuf à la bonnemaison 1,20 Pendes Fait une chaise pour le régent qui tourne , 5I~·hornme gris voit !rouble, l'homRéparé toutes les jalousies ·ù la régente 4,80 rue in·e voit 1·ouge, l'homme i'Te-mort. Reblanchi le tableau noiJ· -,70 \'Oit noir. Arrangé les boitons pour la Quand u.!.le IJente est glissante, le p.re femme au régent 3,20 t:J ier pas suffit à vous perclre. Mi des vitre en verre pour trois jl[éfiez-vous du petit verre: il ruinefenêtre qui était cassé 1,40 l'àme et le corps. Changé le couvert du bureau Quand nous sot'Uilles seuls, veillons du Conceille qui était pourri -,90 sur nos pensées; quand nous sommes J\fi des bâtons à la poulaiHrre dé en famille, vrillons sm· notre humeur ; la n'gente qui laissait sortir ](ls pou le -,30 1 quand nous sommes en socit:'té, veillons sur notre langue. en tou 24,,Je me recommande pou payé cette 1 Peu d'âmes se doutent de ce queDieu ferait tl'f•llcs Ri elles se laissaient note an't mes remercieman.• faire . tc crime ne me11 rt jamais sans poseùiSINE térité. Une réponse douce calme la fureur, mais une parole dure excite la colère. Gâteaux de Milan aux amandes L'Evangile a seul résolu ce pro1 Prenez 250 grammes de farine, 250 i blème. régénérer l'homme sans l'ci-· grammes de sucre tamisé, 250 gram- cr aser. mes d'amandes pelées et écrasées, 125 Lorsqu'un jeune homme dit: J'ai grammes de beurre frais, l'écorce hâ- perdu la foi•, traduisez: J'ai perdu <'hée rl 'un CJtwn et deux œufs. Le J'innocence.» bettn·E' est fondu et mélangé au tout. e
vtmatre (Ô)~{ ®11\1 ~J ~ DE LA
·saeiêt€ valaü~at)f}e d ·édu\!aticn Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecole primaire donne de 12 à 14 livraisons de 16 pages chacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8- 16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplément illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.
Suisse fr. 2.50
Par an Union postale fr. 3
Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout c~ qui" concerne la publication doit êtr~ directement èl son gérant, M. P. PIONAT, Chef! de cua Départ~ment de l'Instruction publlqu~. èl .Sion.
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Le rembours pour l'abonnement de 1911 à l'ECOLE PRIMAIRE
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Sommaire do présent N° L'heure des semailles. - La valeur morale de l'éducateBur. - La décoration des salles d'école (à suivre). La discipline dans la classe. . . :. ._ Le dessin libre et la mémoire. - Réflexions sur un article. - De l'enseignement de l'hygiène. - L'enseignement ménager pour les jeunes. filles de la campagne. - Pa~tipratique: Dictées; Composition françai-se. - La prière du soir (poésie). - Le bâton de la patience. - 0-
Sommaire do Supplément N° 2 (16 paKes.) Le Saint'Nom de jésus. Les femmes dans l'éducation des enfants. La mendicité est interdite. - Variétés. - Rude métier! - La meilleure saison de la charité. - La mort du médecin. t Tne ave~ ture de guerre en 1792. VMiétés. - 0~e
Foyer el les Clta1nps.
Nous avons le plaisir d'apprendre à 11os abonnés que la jolie petite publication Jllustrée Le Foyer et les Champs ne cessera pas d'être jointe en annexe sp~ciale à notre revue pédagogique. En ctret, c'esi. ensuite d'une information mexacte qu'il a été annoncé dans notre A vis important ( N° 1) la disparition du f . et des C. Il y a eu tout simplement transformation en ce sens que l'éditeur et la rédaction en ont été changé;;. Ainsi, nos nombreux lecteurs ne nourront qu'être satisfaits de continuer f1 recevoir ce supplément illustré.
L'Administration.
-oLe .Jeune Catholique. Nous croyons savoir que ce petit périodique, la cadette de nos publications valaisannes, possède à cette heure environ 1500 abonnés, fournis la plupart ( 1 100) par le Valais, ce qui est bien na-
turel. Fribourg arrive ensuite avec un contingent de 200 souscripteurs et le Jura avec une centaine. D'autres cantons apportent aussi leur petit renfort. Chaque jour, de nouveaux s.ouscripteurs s'ann onçant de différents cantons l'existence du Jeune Catholique doit' être considérée comme assurée. Ajoutons que le feune Catholique paraîtra désormais le 15 de chaque mois. C'est ainsi dans deux semaines que ses abonnés recevront la livraison de février. Celle-ci sera également adressée à toutes les personnes comprises dans le grand lancement effectué en Décembre dernier. Elle leur parvien dra à un ou plusieurs exemplaires, pour leur usage personnel ou pour distribution conformément aux bulletins de souscription transmis iusqu'à' ce jour. A cette occasion nous constaterons ayec .plaisir que le personnel enseignant l}rimaire valaisan a en général déployé beaucoup de 2èle dans la :::ampagne pacifique em:agre pour pro:un~r des adhé· sions au feune Catholique. Nous l'en remercions et le félicitons pour les succès obtenus qui ont été le plus souvent réjouissants. Il y a encore, sans doute, des ombres au tableau, mais nous espérons que le temps les dissipera. L'entrain, en effet, n'a· pas été absolument partout le même, les conditions et les milieux étant eux-mêmes différents. Ainsi, un certain nombre d'écoles n'ont pas encore donné signe de vie. Espé· ron.s qu'elles ne tarderont pas trop à fournir leur petit contingent d' adhésions afin que, si faire se peut, toutes nos classes san~ exception puissent compter l'un ou l'autre abonné à la nouvelle petite feuille. fribourg et le jura ont aussi, on l'a vu plus haut, amené des souscripteurs, grâce au zèle et à l'activité de plusieurs instituteurs et institutrices qui se sont activement employés à la propagande en faveur du Jeune Catholique. Chaque iour, comme du Valais d'ailleurs,
continuent à arriver des demandes d'abonnement. Cet empressement est d'un bor; augure pour l'avenir et la prospé· nte de cette modeste publication destiJ,l:e à la jeunesse de nos écoles.
m~nts po_ur l'honneur qu'ils nous ont fan d'assister ~ notre fête pédagogique. Ccpen_dant Il se fait tard et chacun ?e dev~lf rent~er chez soi, emportant ~vec ~UI ~e metlleur souvenir de cette JOurnee bien remplie. ]. f.
xxx
Echos des Confé1·ences
District de Conthey Lu~1di, le 16 ja~vier, le coquet villa-
District d'Rérens
Le 29 décembre, le pittoresque villa- o· r!e des Agettes recevait la visite des. ... e d Ardon voyart réunis les institut:nrs du district de Conthey. Cette conInstituteurs du district. ference an_nue~le a été présidée par M Mal!4ré les longu~s distances qui de Cocatnx, mspecteur scolaire d'Ennous separent et le froid rigoureux de la tremont, remplaçant pour la circonstansa1son, chacun répond avec empresse- ce. son collègue, M. Oaist, retenu chez '!,t,ent à l'invi,tation de M. l'Inspecteur. ·ur par la maladie. 1.... est dan~ 1 une des salles de classe Pll:ls~eurs membres des commissions 9u'on ~ll~it avoir l'avantage d'assister sco~aires du district ainsi qu'une déléa une mteressante conférence, sur l'en- gatron du Conseil municipal d'Ardon ~eur~ement du _dessin, donnée par M. le no us e~1couragèrent par leur sympathi~ Professeur Fnedmann que presence et contribuèrent pour une A 9 '1: h. M. l'Inspécteur souhaite à b?nne part à la réussite de notre réutous la bienvenue, et un heureux profit mon. d~ conseils qui allaient nous être donTous les instituteurs du district étaient nes p_resent~! ma~g~é le froid presque sibéLa parole est à M. friedmann qui nea qu Il faisait ce jour-là. clél!lS ~n langage autorisé, nous expos~ . Après la prière d'usage, M. le Présa methode._ celle enseignée ·à l'Ecole Sident déclare la séance ouverte. no~m?le, . methode absolument contraiIl est d'abord ~onné lecture du prote a 1 ancienne, dite « Méthode copiste .,. . tocole de la _dermere _conférence, lequel A 1 h. de l'après-midi, chacun quit- est approuve sans discussion . Puis il l<ut, la ~alle de conférence en disant: est procédé à la constitution du bureau « _L .e~sergnement du de~sin n'est pas si ~ont les deux titulaires MM. Marceldrffrcrle, pour arriver à un résultat r1 ~m Olassey, à Nendaz et ]os. Bruchez ne n_ous faudra a~u'un peu de bonne vo- a ~~amoson, sont réélus comme vice~ lonte. preSident et secrétaire au 1er tour de Au ?anquet, M. l'Inspecteur nous e!l- scrutin. gage a ne pas perdre n0tre temps e·t L~ parole est enfin donnée au confétous _mettent d'autant plus volontiers renCier, J\1. Friedmann. Le résumé de 1?n~tl'.;~e le CGJJseil donné, que le dîner etatt digne de tous éloges. Comme dans c~tt_e .con~éren_ce ~tant relativement peu a fatre, 1e reclame au bienveillant to1:1te so~iété !1 faut un chef, M. ]. Che- aise lecteur toute son indulgence Hter, d Evolene, est acclamé maior de II Y a quelque 30 ou 40 ~ns la lectable_. ~a parole est successivement accordee a M. Perollaz, délégué du Dé- ture, l' écriture et le calcul étaient les nartement, M. Leuzinger député et M seules matières ensei_g-nées dans nos éco . Hœh. d~recteur de l'Ecole ~ormaie. Nou~ le~ primaires: Aujourd'hui, vu les progres accomphs dans d'autres domaines leur presentons nos sincères remerciele dessin est devenu indispensable:
e;t
SION,
11rr F~vrier
1911
SOma annt1e
4 prouve que cette méthode directe e~t la ~ ·ur que nos ;eunes a pprentis puissent nl.us simple et la plus féconde en resull·Jtter avantageusement ave~ ceux. des ., . ::avs voisins, ils doivent savOir d~sst.ner. tats pratiques. Pa r là se termine la prem1ere part_1e Dans l'enseignement ~u. dessm tl y d~ notre séance. Aussi, là-dessus qmt<"l deux questions à constder_er: ? tons-nous la maison d'éc_?le pour. pren1 Que devons-nous dessmer. 2·. Comment faut-il dessiner? .. dre la direction de l' Hotel-penswn de la Lizerne. A 1 h . nous nous a~taquwns Le choix des obiets à . dessine,r .d?n à un plantureux banq';let q';l-1 fut être minutieux et raisonne. general , cela va sans dire, agremente de mor1oute figure peut être reprodmte p~r de ceaux de musique et de toasts. dE3sin, mais il est très ~ecommand~ e Mais l'heure avance; il faut se sépa choisir les modèles parmt les produdtcns rer . Ce n'est qu'à regret que l'on se qmtdes arts et métiers et celles q~e n ous offre la nature. Les effe~s scolatres, les te en remerciant chaleure~sement. la outils de travail, les fe~ulles de nos ar - commune d' Ardon de sa tres cordtale bres et le moulage, qut en sont des re· réception. Au revoir à Nenda z. ~reductions Iidèles tant sous le rapport de la forme que des couleurs, sont auLe Valais p ittoresque. tant d'obi ets se prêtant a~ dessu~ .. T~ut ' d' l doit posséder trOis quahtes u~ Le « Valais pittoresque '' de not~e ~0 e~ d r s~h dispensables: a ) \}ne _gr an eu . écrivain Solandieu obtient un tres <;a nte pour qu'il putsse etre analyse par réel succès. Non seulement la presse_rotoute la classe. b ) Des rapports ~tmples mande, mais encore celle _de 1~ ~msse da ns ses dimensions, car l.e modele trop occidentale en fa it un tr es vtf elo_ge, . ' C011duit au .decouragement. comP11que , t r ainsi le Band qui par la plume de _M. c) Une certaine beaute d a spec . pou Widmann, littérateur bien connu, lm a faire naître chez l'enfant les senhments dédié une longue étude des plus flatesthétiques. . L'enseignement du dessm :se pro?ose teuses. M. Louis Courthion vient égale~ent tauiours deux buts: le premter , q_m est de lui consacrer, dans une c~romque la formation de l'œil et de la mam, _es ntteint par la reproduction des o~ets valaisanne adressée à la Tnbune _de ~uvrés et des sui ets en na~ure ; le eut Genève, quelques lignes non ruoms loua ngeuses : ième qui poursuit le deve~oppemen " Les monographies destinées ~ laire _co~ ~ · ~~ût. a pour motif l~s ob1ets scul~? naître soit en gros smt en deta~l, +é~ ~t les suiets d'invent!ot;-. Les mo1e- écrit-il leneValais se compteront bientôt plu~. Mats Jes simoles seront dessmes avant . es ponrrd-t-on jamais se natter de connaltre s~li comp1exes, les P la ns avant les1 rehefs, iisamment ce dédale de vallées_ dont les mo tnà forme circula1re avant . e~ ova- d res embranchements vont b!lurquant et racleux t Tou)· ours le dessin dOit etre la yonnant à l'infini, comme les rameaux les pl~~ es, e c. . · . l' nfa11t éloignés d'un arbre touffu ? Depn:s ~ne dl d 'UI1' ob1et ' Cdr e h ~ rcpro d uct1011 d'ann ées notamment, les pubhcatw_n s !noréfère les lign~s liées à _q uelq ~e c. o..~ zaine téressant ce curieux pays se son~ mul!_tpltee_s i-1. celles ne representa nt nen. S 1~ -1ess\ de façon à tonner au besoin une hb~·at~Je spe· ;1e c'est pour r eprésenter t~n m? e e, e ciale. Le " Valais pittoresque » qut. v~ent d~ ~o~r neu que sa main o?~tss~ a s~ vo- paraître chèz .M. ~éon Martmet, e~tteur a lonté il ressentir a une lOte mexpnma- Lausanne, est assurement un des ouvr ages Je~ plus complets qu'on puisse co~sulter _l~rs~~ d · . . ble. Voüà en pratique le ess1~1 q~1. con- on tient à se tormer, de chez sm, un.e tde~• .,~ vient à l'école primaire, et 1 expenence nérale de celte merveilleuse contree. L ecn-
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L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA
SOCIETE V.ALAISAliliE D.EDUCATIOJI L'heare des •emailles Au matin, l'enfant revient en classe, l'âme comme restaurée par le repos de la nuit. Chez l'enfant les impressions sont successives et se compénètrent peu : le passé ne se rattache pas consciemment au présent. La veille est oubliée avec ses ;oies et ses larmes, avec les petites rancunes qui, peut-être, s'étaient éveillées en lui au choc des événements. L'âme ·est donc toute neuve, amollie comme une terre d'où s'élève la rosée féconde. C'est l'heure délicieuse et favorable pour jeter la semence de la bonne parole. L'élève vient de s'asseoir à sa place; la prière est terminée, sa r écitation ca· dencée a calmé déjà les premiers émois de la rentr ée. Les livres et les cahiers sont enëore en sommeil dans la gibecière, posée sur le pupitre. Le maître luimême se sent prêt pour la besogne du jour. Il parle, mais sa parole n'est pas celle d'un maître. Il n'a rien fait comme tel iusqu'à cet instant. Il n'a encore ni enseigné, ni averti, ni encouragé, ni réprimandé. B est homme, il est chrétien, il a devaat lui des enfants, des chrétiens, des âmes. Il est, s'il le veut, éducateur au plein sens du mot. Quelles minutes précieuses et douces, quand on sait manier ces délicatesses que sont des cœurs d'.e nfants! Avec quelle attention sont accueillis les mots paternels inspirés par un cœur d'homme qui se donne! Attention caractéristique, trè~ spéciale, savoureuse, si je puis dire, silence émouvant, inspirateur et sacré, où Dieu passe. Il aime tant le calme pour travailler. Les silences ont leur éloquence ruys-
térieuse. Il y a celui de la crainte dans lequel les esprits 5e retirent sans profit, il y a celui de la mutinerie, chargé d'é· lectricité et de menaces, il y a celui-ci : celui de l'abandon, de la confiance qui se livre sans arrière-pensée. Ne le voyez-vous pas dans les yeux brillants sans froideur, dans ces bras reposés sans contention, dans cette tenue parfaite et libre que prennent les enfants quand on leur conte une belle histoire? Si vous avez su vivre votre sujet, n'est· ce pas en effet une belle histoire qu vous leur contez, l'histoire de leur propre cœur avec ses inconséquences et ses grandeurs, avec tous ses mystères, l'his., toire du vôtre aussi qui se perfectionne, se travaille et se dévoue pour eux? Ils écoutent, ils acceptent, ils croient; ils vivront certainement tout le jour, je ne dis pas dans le souvenir des mots et des pensées qui traversent leur esprit comme un ravon de soleil, mais sous l'impression de chaleur et de vie que ce rayon aura fait naître dans leur cœur. Ne perdez pas ces minutes délicieuses que la Providence réserve chaque matin aux efforts de votre apostolat. Elles vous rendront meilleurs vous-mêmes, elles vous feront prendre en patience les misères inévitables de votre tâche, elles vous situeront, devant votre conscience, à votre vraie place sociale. Vous comprendrez par là que vous êtes avant tout des éducateurs, que vos enfants attendent cela de vous, et que tous vos travaux ne sont que les détails de ce noble métier de semeur. Semez donc avec coura_ge, et si d'autres moissonnent, qu'importe? C'est toujours Dieu qui récomHenry Chevré. pense.
19 Ce qui 2idera puissanul_len( à.' aî~ter son devoir ce sera de cron·e a 1 efftca't ' de ce q' u'on fait. L'œuvre -=:st granCl e b··.. 11 de: « Chrn:hez les .plus es ~produ~'· . . s d"s . tl . c disait l'un de no~. • smnts Qu'elle soit nécessaire, q~.ti do~c pour- t lOtl ~ <1 "• • rait le contester? Elle est necessatre P?~~ Do~teurs. pour moi, ie ne conn.?-JS neil que l'éducateur ait toute .~on aut~nt~' qui soit au oessus de l'art dt· fo~melt lfs elle est nécessaire pour qu, tl sache evetl- ieunesse. » En même temps, s~s resu a ler le sens moral de ses eleves. sont tangibles; et.l'on pe~t d~re que La valeur morale fera le presti~~ ?u réflexions s'apphquent a 1 œ~vre e maître. elle provoquera, chez 1 el~ve l'institueur primaire, plus qu a toute le resp~ct. Le sentim~t, du ;espect tm~ autre. , . , Là, en effet, il s'agit ~· ev~tller 1esplique touiours une tdee d exc~~lenœ. l'enfant n'aura ce respect que s tl s,ent prit du petit enfant, de fatre eclore ~et dans son maître, quelque chose d ex- te iolie fleur du bon Dieu. Le maitre est tout pour lui; il le retropve ch~que cellent. Comment le maître et la maître,~se ;- iour dans une semaine, maitre et eleve car c'est de l'un et de l'autre qu tl sa- sont'en contact d'âme, pendant un n?mgit _ pourront-ils développer, affer- bre d'heures considérable. qu'on atme mir leur valeur morale? Sans doute, son travaiL ou qu'on le tr~me co!fim~ les vertus chrétiennes s~ront la base de un boulet, il n'en est pas mom~ vrat qu toute leur action éducahve. E~core faut- il Y a une action impox:tan~e a exercer, il chercher comment cette achon se ~o~ que l'on peut faire un blen mcalculable, planant dans ces âmes d'enfants, ditionnera, pour ~ue la valeur mot a e d~s idées et' des sentiments. Ce sont des .. s'y épanouisse plemement. germes qui se développeront ,pDur ~tre Ne trouvez-vous pas que la pr~mlere le ferment d'une vie tout enhere. condition sera d'aimer son t~av~tl ?qu~ Aussi quand on entend un maître _ditidien, et de croire à son ~ff~cactté. L' de s~s élèves avec une satisfaction secret de bien faire, c'est d !'ltmer ce qu f~ute paternelle:, «Quels bon~ ~nfants !:> on fait. Les éducateurs •. qm le lon\ p_ar mésaventure, qui ~auratent vou u mr~ on peut être assuré que celm-1~ remp~~t autre chose, qui rev_ent a~ bonhel! yer t sa tâche avec conviction. En fat,sant 1 edu ou au bonheur a ventr, c~ux- ~ on loge de ses élèv~s, c'est,,.s.ans. sen doude l'éducation, comme on se hvre a un~ ter, son propre eloge qu 11 fatt. occupation quelconque. Le feud sacrée Il Y a plus, le maître n'aur~ !oute sa leur manque, ce sont d~s gens e rn - puissance que s'il aime ses eleve.s. Il .; r ce ne sont pas des educateurs. . représente la famille, il 1~ .supplbee. ~! l•e , , d 1'1 Quelque puissance que posse ~ - est chargé de faire ce qm mcoiD: .erat magination pour dégoûter du ?evOlr, la au père et à la mère, s'ils ~~ a":atent 1~ Il dol·t donc s msptrer dès· 1 1 e. d volonté est touiou.rs l,à. ST roies~::a~~ poss1'b'l't' remettre en chemm. 1 espr: qu~. 1 faut ~ entiments des parents, pour onner a dans les nuages gns de 1 enn':lt . 1 • ses élèves de son cœur. , opérer ce retour nécessaire. St, au _hÏ On me dira peut-être qu'il est deced'aimer sa profession, on se bdorne a. a vant de s'attacher aux enfants, q!le l,eur supporter, qu'on la s~pporte u do~~ ingratitude est probable, que, ?es 1 an~ avec vaillance, en atiil:ant son ev . née suivante, c'est un autre qm occupd arce qu'il est le devot~, et q~e, pour ra leur cœur. Nous savons la valeur : ~ous clirétiens, le devotr represente la ces obiections. Aussi ne disons-nous pas. place où Dieu nous veut.
La valeur morate de l'éducateur
f
« Aimez tes enfants pour jouir d'eux, pour vous amuser de leur gentillesse. » Il ne s'ag-it pas de cela; il s'agit de les aimer pour eux-mêmes, parce qu'on le leur doit; il s'ag-it de leur vouloir du bien, de se dévouer pour eux: c'est là le fond de toute affection vraie. Si cette affection est profonde, elle exclura tout décourag-ement. On n'a pas de déceotions, quand on aime les enfants pour eux-mêmes. Nos déceptions ne viennent que de nos illusions et de notre ég-oïsme, de cette recherche que nous faisons toujours de notre moi et de notre jo1.1Îssance. En éducation, celui-là seul aura, pour les enfants, un amour fécond en résultats sérieux qui planera au-dessus de ces sentiments intéressés. Avec ces qualités foncières, un éducateur aura une valeur morale indiscutahle. Pourtant, il y a encore « la manière». Et la manière sera d'éviter de la produire, cette valeur morale, sous drs dehors vul.gaires. La vulg·arité, c'est le laisser-aller du '·'n 9.·:1ge et du maintien. Si l'on se sert de termes d'arg-ot, d'expressions populacières. si l'on s'ég-are dans des récits qui touchent l'inconvenance, si l'on aposftophe les enfants, en leur donnant des surnoms blessants, on est au-des.sous de sa tâche, on cesse d'être un éducateur, pour descendre au rôle de camarade, un camarade plus âgé, qui abuse de son âge et se permet ce qu'il ne permettrait pas aux petits. De même, pour le maintien, une tenue sans g-êne, débraillée, parce q_u'il fait chaud, ou bien dénuée de la çorrection des g-ens bien élevés, tout cela discréditera le maître. Quelque valeur morale qu'il possède, elle sera si bien enfouie derrière un extérieur vulgaire, qu'elle ne transparaîtra jamais. Pour donner à la valeur morale ses Principaux contours, j'ajouterai une remarque de Mme Necker de Saussure: «Tout est réparable auprès des enfants, écrivait-elle, hormis le mensonge. Ce
qu'il importe à l'enfant <Je savoir, c'esf s'il peut vous croire; tout l'avenir dont il se fait l'idée est renfermé dans cette question.» L'observation est juste; il faut ne la jamais oublier, de peur de glisser, quelque jour, dans ces menues duplicités, cachotteries ou mensonges, qui provoqueraient l'étonnement de l'enfant: Quelle bouche dit vrai, si cette bouche ment?
Nous savons du reste quel mépris nous donnons aux menteurs. Chez l'enfant, qui est tout d'une pièce pour juger, si l'éducateur ment, la cause est entendue : jamais plus il ne l'estimera. II y a aussi à fuir la petitesse d'esprit, avec ses succédanés : le parti-pris, les rancunes mesquines, ces ven~reances où le puéril le dispute à l'odieux. Nous avons tous pu constater, chez des personnes arrivées à la maturité de l'âge, quelle amertume elles conservaient de ces mauvais procédés. Après 30 ou 40 ans, la blessure restait ouverte. Ou encore, l'éducateur est nerveux; il sabre à tort .et à travers; il est fantasque, de feu aujourd'hui, de glace demain, plein de tendresse pour ses favoris, cruellement injuste pour les autres. Quelle valeur morale ont-ils ces éducateurs qui ne savent pas tenir leurs nerfs, ni modérer leurs passions, ni se garder en éauilibre pour rester dans le devoir, dans l'honnêteté du devoir, dans la justice stricte du devoir accompli? C'est en se maintenant face au devoir, et par conséquent sous le regard de Dieu, qu'on demeurera dans son rôle d'éducateur, conscient de la hauteur de sa mission, et qui veut s'y adapter tout entier. Il est facile de comprendre combien le maître qui fait lire dans sa vie, dans sa conduite, les vertus chrétiennes dont il est animé, aura de puissance pénétrante pour les inspirer à ses élèves. Et quelle force de moraliser au nom de la religion chrétienne! On n'est plus le mo-
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20 raliste qui expose « ses » idées, on est cueillante et cordiale, connaissant la celui qui traduit aux enfants le message mobilité des impressions de la première enfance. de Dieu. C'est de ces premières impressions que La religion, quoi qu'il y paraisse, dépend souvent la conduite de l'enfant reste la plus grande puissa~1ce de ce monde. Et quand on a, comme nous, le à l'école .Si l'élève prend en haine l'éferme appui d'une religion divine, pour cole et le maitre, c'est presque toujours développer notre valeur morale. et pour que l'école et le maître se trompent lo~r· développer celle des enfant~. li n'v a dement· si l'école devient un supplice, plus qu'à le vouloir pour faire une gran- c'est pa;ce que l'éducateur ignore le prede œuvre d'éducation: il suffit d'aimer mier mot de son métier; si la classe prend l'aspect d'une prison, c'est parce que I.e Léon Désers. et de faire aimer. local où l'on emprisonne le pauvre peht écolier, lui paraît sombre et triste. . . Mettez le jeune enfant dans un milleu. La décorAtion agréable; où tout parle et .sourit à ses. des salles tl'école yeux; où le maître l'accueille a_vec afDans la dernière con[érence des inspecleur.s fection et bonté et voyez quels resultats scolaires de la Suisse romande, tenue à Fn- bienfaisants sont obtenus; l'enfant rebourg et à laquelle ont p-ns part, pour vient avec joie chaque jour à l'écot~; le Val~is, MM. Delaloye, Rouiller et _de 0>ur- son maître est un ami. tout dans sa VIe ten, M. Latour, de Neuchâtel, a. pres~nte un le porte à aimer. à faire. le ?o?heur de très intéressant rapport sur la de~~ratwn de.s ceux au milieu desquels 11 vit loumellesalles d'école. On en lira avec platstr et prolt! ment à l'école, dans la rue et dans sa chez nous les passages suivants: Nous sommes obligés d'avouer que famille. Sans entrer dans les détails de la les maisons d'écoles aux salles sombres construction d'une maison d'éco~e et basses sont encore trop nombreuses (puisque tel n'est pas. not;e s~jet), 1l dans nos cantons, et que les élèves q~i y séjournent pendant une bon.ne pa.rh~ nous sera bien permis d expnmer le de leur enfance ont, eux aussi, drott a vœu qu'on tienne de pl':ls e~ plus comp~ plus d'air, plus de lumière, plus de gaî- te des inépuisables et meshmables ressources que nous offre. la nature ~ans té et plus de joie. . , ,. Et il n'est pas impossible d ameliorer l'ornementation des bâtiments scolatres. ce qui nous paraît le plus détestable et C'est la flore de nos champs et de nos le moins confortable. Nous verrons plus jardins que nous devons placer sous les loin qu'avec un peu de savoir-faire et veux de nos enfants. Que la ~tante, q~e beaucoup de bonne volonté on parvient la fleur soient constamment a leur disà rendre agréable et gaie, la chambre la position, dans la salle d'école, dans un parterre près de l'école, dans la cour; plus triste et la plus sombre. qu'ils aient le loisir de cultiv~r, .de ~oi Et tout d'abord nous désirons que les gner, d'arroser les plan~es a~s.I .mtses hommes d'école puissent faire entendre leurs vœux lors de l'élaboration de plans à leur disposition. Au heu d av01r des clôtures froides et nues, qu'on les rede nouvelles maisons d'école. couvre de plantes grimpantes et de lierLes architectes peuvent être gens pratiques, mais ils ignorent souvent les be- re éternellement verts. Dans la salle d'école, ménageons un.e soins et les aspirations des enfants auxquels sont destinés les futurs locaux. place suffisante près de la fenêtre, mais Nous sommes de ceux qui croient que sans aêner l'aération, pour y placer des dès l'entrée, l'école doit se montrer ac- pots de fleurs, talles que des géraniums,
des marguerites, des giroflées, des chrysanthèmes, des bruyères, dont la grâce et la beauté animeront l'école la plus, grave et jetteront un sourire sur la sévé(A suivre). rité de l'étude.
La discipline dans la classe Nous avons vu récemment comment l'autorité émane du caractère même et de la vocation de l'instituteur. Examinons aujourd'hui les procédés qui peuvent lui servir à préciser cette autorité, à l'exercer régulièrement sans heurt, ni choc, par la bonne organisation des détails. Et d'abord, il faut admettre que les familles ont pleine confiance en l'institeur. qu'elles l'estiment et ne parlent de l11i ou'avec déférence C'est à cette conditiôn seulement que la tâche du maître est possible; et. pour qu'il n'y ait aucun ma!ente.ndu entre eux, nous conseillons l'usage du livret de correspondance sur lequel maîtres et parents consignent leurs observations. Il faut éviter de prendre l'enfant comme intermédiair:e, si l'on a quelque chose à se communiquer, car les choses sont rarement rapportées comme elles ont été dites et c'est l'origine de petits conflits qu'il faut éloigner à tout prix. En second lieu. il importe de doser avec soin les leçons et les devoirs du soir. « Les devoirs faits à la maison, dit M. Oréard, devront être mesutés, comme les autres, non seulement au temps très limité dont nos élèves disposent après la classe, mais aussi et surtout à l'intensité d'efforts utiles qu'un enfant peut fournir. je n'ignore pas qu'en donnant ces devoirs nos maîtres ne font quelquefois que répondre aux demandes des parents qui redoutent le désœuvrement de la soirée ou qui apprécient le travail à la quantité de papier remplie. Mais nous ne devons pas céder à des désirs mal éclairés ». Les devoirs à la maison doi-
vent être plutôt faciles, puisque l'enfant est le plus souvent livré à lui-même; ils doivent être attrayants, sans quoi ils ne seront pas faits, ce qui vaudrait mieux du reste que d'être faits sans goût. · Etudions maintenant l'organisation de la classe proprement dite. Que fautil pour qu'un enfant soit tranquille? Qu'il soit occupé. Oue faut-il pour qu'il soit attentif? - Qu'il soit intéressé. Ces deux conditions étant les bases de l'ordre, voyons à les réaliser. L'art de varier les exercices dans une succession rigoureuse et prévue, c'est l'emploi du temps et par conséquent la garantie de l'ordre et du silence. Cet emploi du temps doit être dressé conformément aux programmes et aux besoins de chaque cours. Il n'est pas intangible, car il f!lut tenir compte de la spontanéité, de l'imprévu et nous ne saurions imposer une rèq:le tvrannique. Les maîtres doivent l'établir eux-même-s pour s'astreindre les premiers à la régularité et à l'exactitude, mais ils doivent aussi pouvoir le modifier suivant expérience .. à condition bien entendu qu'ils puissent justifier des raisons qui les font agir. On comprend facilement que l'horaire doit se plier à toutes les exigences, répondre aux situations multiples, convenir à toutes les classes. fl ne peut donc être imposé d'une manière absolue et uniforme et il doit conserver une certaine élasticité. Mais il y a des conditions de principe dont il faut tenir compte dans tous les cas et que le simple bons sens vous suggère, à savoir: la durée des leçons est réglée sur l'âge et la puissance d'attention des enfants, à un exercice appliquant doit succéder un exercice reposant - les leçons les plus difficiles sont faites de préférence le matin - chaque séance de classe de 3 h. est coupée par une ou plusieurs rêcréations suivant l'âge des enfants; plus ils sont jeunes. plus o!l multiplie les mouvements et les chants. etc .... Partant de ce principe que l'enfant doit toujours être intéressé, vous faites en sorte qu'il
22 comprenne toujours et ce qu'il fait et ce que vous faites, c'est-à-dire que vous mettez votre enseignement à sa portée et descendez jusqu'à lui, pour l'entraîner insensiblemenf par l'attrait même que ·le nouveau et l'inconnu exercent sur son esprit. Si vous avez plusieurs cours dans une même classe, vous devez prévoir des leçons collectives pour pouvoir entrer chaque iour en communication avec tous vos élèves. Ceux-ci doivent être placés suivant leur de!!'ré d'intruction et leur dévelop. oement intellectuel, non d'après leur taille ou leur âge; c'est une recommandaHon oui serait superflue. tant elle tombe sous le sens. si nous n'avions vu faire le contraire et si elle n'était de tout premier ordre dans le bon fonctionnement des mét hodes. Que les enfants vous sentent sûr de vous-même; ne comptez pas sur l'insoiration du moment préparez soigneusement et régulièrement votre classe. Mieux vous avez préparé votre journée, plus vous avez l'esprit libre et plus, par conséquent, vous pouvez être attentif à tout régler, à tout voir autour de vous; l'enfant sent bientôt la fermeté éclairée qui le guide et s'incline naturellement devant l'autorité sûre d'elle même qui ne perd point de temps en tâtonnements et qui poursuit sans faibl~s se le strict accomplissement de son devoir. Sachez que toutes vos qualités sont des éléments de succès dans la discipline que vous ambitionnez d'établir, et par conséquent dans votre enseignement; régnez donc par la persuation et que votre prestige soit votre principale force. Sans exiger. comme le voulait Féne-lon, que le maître ait toujours un visage riant, nous désirons le voir aimable, accueillant, simple et réservé, soigné dans sa tenue. correct dans son langage, digne dans ses mouvements. de sorte que rien en lui ne prête au ridicule ni au pédantisme. Et, pour conclure. nous ne pouvons mieux faire que de citer ces ti-
23 gnes de Guizot, extraites de la discussion de la loi sur l'Enseignement primaire : « on ne saurait trop le répéter, tant vaut le maître, tant vaut l'école elle-même. Et quel heureux ensemble de qualités ne faut-il pas pour faire un bon maître l'école! Un bon maître d'école est un homme qui doit savoir beaucoup plus qu'il n'enseigne, oour l'enseigner avec intelligence et avec goût; il doit vivre dans une humble sohère et qui pourtant doit avoir l'âme élevée pour conserver cette dignité de sentiments et même de manières, sans laouelle il n'obtiendra jamais le resoect et la confiance des familles; qui doit posséder un rare mélange de douceur et de fermeté. car il est l'inférieur de hien du monde dans une commune et il ne doit être le serviteur dégradé de personne; n'isrnorant pas ses droits, mai~ pensant beaucouo plus à ses devoirs ; donnant à tous l'exemple, servant à tous de conseiller. content de sa situation, parce qu'il y fait du bien, décidé à vivre et à mourir dans le sein de l'école, au service de l'instruction primaire qui est pour lui le service de Dieu et des hommes ».
Le deaaln llbre et 1• mémoire Moyen pratique d'obtenir que tous les élèves d'une classe étudient leurs leçons. Voici un procédé d'enseignement qui m'a donné d'excellents résultats: j'oblige mes élèves à faire chaque jour un dessin libre, composé d'après le texte même d'une leçon à apprendre. J'ai appliqué, pour la première fois, ce procédé dans ma classe, à l'étude de la fable de Fénelon: Le Loup et le feune Mouton. j'ai constaté que tous mes élèves avaient lu la fable plusieurs fois, que tous l'avaient retenue suffisamment pour pouvoir la raconter, que presque tous la savaient par cœur.
En donnant à apprendre littéralement ta moitié du morceau, en recommandant d'exécuter un dessin se rapportant à cette première partie, j'avais montr~ à }'aide d'un exemple, la nécessité de lire, au moins une fois, le texte en entier, avant de commencer le travail. La majeure partie des compositions se ramenaient au typ.e suivant. Un rectan!!'le en perspective fi!!'urait le parc; au premier plan, bien en relief, on vovait Je louo et l'agneau, séparés l'un de l'autre par une barrière à claire-voie ; te premier avait la gueule largement ouverte, la langue pendante, le corps maillre et allon!!'é d'un vrai loup affamé; le second était bien petit de taille. - troo sur quelques dessins. - sa tête était nlacée très près de la gueule du loup, c'était bien un agneau inexpérimenté, ~ans défiance d'aucune sorte . .A~ seco11d olan. à gauche. le berger eta1t renrésenté assis à l'ombre d'un arbre, ioua nt de la flûte en compagnie de camarades assis devant lui . ou debout, masouant ~ ses yeux le louo et l'agneau. A ses côtés, les chiens étaient couchés, les uns sur le flanc. les autres la tête entre les pattes de devant. A droite, et presque au même plan, le troupeau, aux formes confuses et indécises, « paissant l'herbe tendre et fleurie» figurée par une teinte légère d'un vert pâle, à oeu près uniforme, et semée de points blancs, jaunes. rouges ou bleus, distribués au hasard de l'improvisation. On pouvait se rendre compte, d'après les explications données par chaque élève sur les détails de sa composition, qu' un bon pombr.e d'enfants avaient parfaitement compris et analysé le texte et qu'ils avaient été très intéressés par ce~ exercice. Développement de l'intelligence. du iugement et de l'imagination, culture de la volonté et de la mémoire, tels étaient les résultats obtenu. Un ré{!ent de la Olane.
Réfl.extona snr on artlele - -L'article publié l'autre jour dans l'E~ cole, à propos de la manière de rendre jésus familier, sympathique et tout proche aux enfants, sera peut-être avec fruit l'objet d'un court commentaire. Les lecteurs, j'.en suis sûr, ne se sont pas mépris sur le but poursuivi par la publication de cet article. Il ne s'agit en aucune manière d'imposer une méthode particulière, même par voie détournée d'exemple. En matière de catéchisme, moins que partout ailleurs, il n'y a de moyens d'enseignement automatiques, mécaniques, également bons à employer par toute sorte de gens, également apolicables à toute 5orte d'esprits. Pour Que l'enseignement religieux soit vivant, intéressant, pénétrant. il faut qu'il vieni ne de l'âme de celui qui enseigne, et ~~ qu'il soit donc en quelque mesure per-sonnet à celui qui enseigne par la façon de le concevoir et de le présenter. ' C'est justement pour cela qu'il est si utite au catéchiste. de voir et d'entendre enseigner la religion de différentes manières et par des personnes de génJe très divers. L'attention est ainsi appelée sur des façons de faire que l'on aurait eu oeut-êtrl! de la peine à inventer, mais que l'on est amené à reconnaître comme facites à imiter, bonnes à modifier, propres à réussir. En publiant la lettre d'un curé de campagne, on n'a pas voulu persuader à tout le monde de suivre la méthode de catéchisme qu'il emploie, mais oroposer un exemple qui éveillera peutêtre d'autres initiatives également bonnes et louables. Les lecteurs auront remarqué ce que dit l'auteur de la lettre, que sa pratique d'enseignement lui est rendue facile par l'analyse de la vie de .Jésus qu'il fait depuis donze ans «d'après la nomenclature de M. de Tourville». Quelques mots d'.explication à ce sujet. L'abbé de Tourville, décédé en 1903, a été un disciple très aimé de Le Play dont tout le
25 monde connaît, sinon les œuvres, du fournissent à jésus le thème de tant de moins la réputation de sociologue et discours et de comparaisons. On soupd'économiste. Après avoir longuement çonne ce que la connaissance de ces déétudié les monographies ouvrières dres- tails, groupés conformément à la nature sées par Le Play, l'abbé de Tourville a des choses, iette de lumière sur les pacomposé une nomenclature des faits qu' Res de l'Evangile, sur le sens des parail importe de parcourir pour l'étude boles. complète d'une société. Il groupe tes faits Dernière remarque. L'on aurait tort de même nature sous une dénomination de croire qu'il suffit d'une petite science commune: phénomènes de lieu, de tra- le~.tement acquise pour enseigner comme vail, de propriété (sous ses différentes il faut le catéchisme. Evidemment au formes), de famille, .etc.... , en passant début. l'on est bien obligé de faire le cad''un groupe de faits simples. facilement téchisme avec les éléments que l'on posob~ervables. à des ~rroupes de faits de sède; mais à mesure que l'on se cultive olus en plus compliqués. Cette nomen- davantal!e. sans faire le moins du monclature oeut servir aussi bien à l'étude de parade de science et de connaissande la société iuive au temps de jésus- ces. le catéchisme se ressent de toutes Christ. telle qu'on peut la rencontrer les supériorités que l'on a pu acquérir. dans les évanl!i!es et dans les talmuds, Que l'on excelle dans l'art pédagogique qu'à celle d'une société moderne op con- grâce à l'exercice de la profession d'instemooraine. L'on comorend aisément ce tituteur, ou dans la connaissance du qu'une étude sociale de ce ~renre. com- monde à force d'expérience et d'obsernlétée par un voyage en Palestine et en vation de la vie, ou dans la pratique des Orient. apporte de ressources à un ca- hommes, ou dans les études sociales, ou téchiste pour rendre sensibles aux en- dans l'étude de la doctrine religieuse, fants les faits de la vie de jésus, pour tout ce que l'on dit aux enfants s'en resrapprocher la personne de jésus de leur sent et en devient ou plus clair, ou plus personne. en rapprochant sa façon de vivant. ou plus profond et plus intéresvivre de la leur. Tout le monde ne peut sant. Je sais tout ce que les catéchismes pas entreprendre de voyager en Pales- de ce curé de campagne doivent de tine. ni même aborder de longues étuJes charme au don naturel de narration et sociales pour se préparer de loin à l'en- d'exposition du catéchiste. Mais aussi, seignement du catéchisme et de la reli- ce don n'a été porté à son point de pergion; mais il est bon de savoir ce que fection qu'à force de travail, et il trouve d'autres ont fait en ce genre. je me per- à s'exercer à merveille pour l'âme des mets de signaler à mes lecteurs un vo- enfants, grâce à la connaissance intime lume du R. P. Schwalm, des Frères- de la vie de jésus et à la familiarité Prêcheurs, qui a pour titre La vie pri- prolongée avec le milieu où jésus a vécu vée du peuple ;uif à l'époque de {éSus- et prêché l'Evangile. II appartient à Christ. Son travail est visiblement ins- chacun, dans une certaine mesure, de piré des études sociales de Le Play et trouver la méthode d'enseignement qui de l'abbé d.e Tourville. Il décrit les tra- convient à son modeste talent; mais on vaux familiers du paysan iuif et du pay- ne se fait une méthode à sa taille qu'à la san galiléen, les industries ménagères condition d'y travailler sans relâche et des oaysans, le régime des ateliers et du de toute son âme. H. Hemmer. commerce dans les villes. On y voit les intendants aggravant le mal et la crise de la propriété du te~ps de .T~sus, l'im~ J Une soupe et une plaisanterie ne so;1t japortance des produrhons agncoles qUI mais bonnes sans sel.
De l'eu•elguemeut de l'hygiène La pédagogie comprend tout ce qui concerne l'éducation de l'enfant; }.'hygiène doit donc y avoir une place, et même une place importante, à côté de J'instruction proprement dite. Assurément, la culture des qualités morales et des facultés intellectuelles mérite un rang privilégié : il faut avant tout former la conscience, élever et orner l'intelligence; mais il faut aussi soigner le corps, assurer l'exercice et l'harmonie de toutes ses fondions. afin de le rendre capable de remplir sa tâche et de fournir la plus grande somme de travail utile qu'il ouïsse donner. Suivant le vieil ada~re. mens sana in con;ore sana, il faut' que l'esprit soit sain dans un corps sain . Le corps a aussi sa dignité qu'il convient de respecter. Conserver la santé. l'améliorer quand elle est défectueuse. développer les qualités coroorelles. éviter la maladie, tel est l'objet de l'hygiène. Personne n'en conteste l'utilité, et cependant elle a été chez nous, dans l'éducation de la jeunesse, trop longtemps négli)Zée et sacrifiée, au grand dommage de la santé. Je me plais à reconnaître que, fort heureusement, cet état de choses est en voie satisfaisante de progrès: depuis quelques années, on consent à s'occuper de l'hygiène et même elle figure dans les programmes scolaires: très heureuse innovation. car il n'y a pas de meilleur moyen de la faire entrer dans les mœurs. Pour que l'hygiène produise les ~rrands bienfaits qu'on en peut attendre, il est nécessaire qu'elle entre dans les habitudes de chacun: or n'est· ce pas dès la ieunesse que les habitudes se nrenp.ent et s'établissent pour l'avenir? L'ens~ignement de l'hygiène est plus utile encore à la ieune fille qu'au jeune garçon, parce que la jèune fille est destiée à devenir la mère de famille et la maîtresse de maison . Quel avantage
précieux si elle est une bonne ménagère, veillant à ce que sa demeure, si modeste qu'etle puisse être, soit correcte et salubre, à ce que ceux qui l'entourent, ses enfants surtout, soient bien portants en même temps que bien élevés, à ce que les causes de maladie soient écartées! La mère de famille est la première éducatrice, celle dont l'influence se fait le mieux sentir et se prolonge dans tout le cours de l'existenc.e. Pour remplir dil!nement cette haute fonction. il est indispensable que la ieune fille soit de bonne heure éclairée sur les règles de conduite auxquelles elle devra satisfaire; et si, comme cela est trop fréquent. elle n'a pas trouvé dans sa propre famille une éducation hv2:iénioue convenable, c'est sur l'institutrice qu'il faut compter oour redresser les défauts et établir les bons principes. Que de routines à vaincre. oue de nréiul?'és à renverser. que d'habitudes fâcheuses à corriger! Pour ce bon combat, la meilleure armée sera celle des éducateurs de la jeunesse: les instituteurs et mieux encore, je le répète, les institutrices peuvent beaucoup par leur enseignement, par de sages conseils donnés à propos. et aussi par leur exemple. Cet enseig-nement. très simple d'aillëurs quand il est dégagé des théories ardues, a le grand avantage de faire accepter des préceptes dont la pratique s'impose quand l'esprit en a bien sais! les motifs; suivant la tendance naturelle des enfants à demander le pourquoi des cho~,es, on a chance de leur faire accueillir aisément des règles de conduite, quand on leur en a clairement indiqué les raisons. Mais l'enseignement théorique, si attrayant qu'on s'applique à le rcmdre (et celui de l'hygiène est très séduisant par lui-même) , risque de demeurer un peu vague ou de ne pas exercer sur chaque enfant l'influence décisive que peut avoir un conseil personnel donné à propos, au hasard des occasions qui se présentent :
26 c'est dans les circonstances ordinaires de la vie de chaque jour qu'on peut saisir. le moment opportun de placer un av1s, de redresser doucement une habitude défectueuse et d'en faire comprendre les inconvénients, de donner surtout un bon exemple, plus efficace que tous les raisonnements. Les institutrices sauront trouver dans leur délicatesse et leur dévoueme~t. les moyens de remplir cette mission si utile et de lui faire porter tous ses fruits: on· peut espérer que plus tard les enfants ainsi bien élevés, conserveront la prati: que et même le goût de l'hygiène qu'on leur aura inculqué de bonne heure, que les ieunes filles surtout, devenues mères de famille, sauront les répandre dans leur entourage et qu'elles contribueront par là même à favoriser. dans les mœurs .et dans les habitudes, des réformes indisoensables, dont l'intérêt est à la fois· individuel, familial et social.
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La prophylaxie, c'est-à-dire la préservation des maladies, fait aussi partie de l'hygiène; elle doit être, surtout dans les écoles, l'objet d'une constante préoccupation. Les enfants ont une susceptibilité particulière à contracter les maladies infectieuses et parasitaires: ces. maladie.s, étant contagieuses, trouvent dans les écoles et dans toutes les agglomérations infantiles des foyers ouverts à leur développement, elles y sont de véritables fléaux; mais on peut le plus souvent empêcher leur extension, les· étouffer dès leur apparition, quand on sait les dépister à leur origine, et les combattre par l'isolement des sujetSI suspects, par des vaccinations opportutles, par des pratiques de désinfection. Ainsi en est-il pour la diphtérie, pour la coqueluche, pour la fièvre typhoïde, oour les fièvr.e s éruptives, pour les oreillons, maladies en grande partie évitables. ou dont on peut du moins restreindre les ravages par une surveillance attentive. Les maladies chroniques elles-
mêmes peuvent souvent être évitées, grâce à une bonne hygiène : comme la plupart résultent d'infractions aux règles de l'hygiène, on peut dire que nous en sommes véritablement les auteurs et qu' il dépend de nous de nous y soustraire; si des tares originelles ou transmises, par hérédité ont vicié la constitution dès le jeune âge, on peut encore en corriger l'influence par un genre de vie apt)romié. Quelle honte d'avoir à parler id de l'alcoolisme! Et pourtant comment éviter de le faire? Cette plaie hideuse de notre époque, dont les ravages s'étendent. menace même l'enfance. Pour combattre ce fléau redoutable, pour soustraire la jeunesse à la déplorable contagion de l'exemple et de l'entraînement, il faudra en~a)!er une lutte à outrance et par tous les moyens, jusqu'à ce qu'on parvienne à inspirer à l'enfant le dégoût et l'horreur d'un ennemi qui nous fait plus de mal que la plus terrible épidémie ou l.a guerre la plus désastreuse. Dans le cadre restreint que cet article peut réserver à l'hygiène, nous ne pouvons prétendre donner un exposé même succinct de l'ensemble des connaissances qui conwosent son vaste domaine : les trai.tés et les manuels ne manquent pas, qui répondent à cette étude générale. Ce que nous voudrions, c'est dans de courtes causeries familières, attirer l'attention sur quelques questions qui nous paraîtraient avoir une importance pratique de premier ordre, ou qui auraient, suivant le moment, un intérêt immédiat d'actualité. Ainsi nous désirons consacrer quelques articles à des sujets qui ne peuvent. dans les ouvrages didactiques, recevoir des développements suffisants, tels que la propreté, la sobriété, la régularité, la discipline, qualités que j'appellerais volontiers des petites vertus hygiéniques. D'autres questions, relatives à l'hyg-iène scolaire, devront natureUement
27 occuper une grande place: l'aération « On s'efforce d'attacher le jeune des salles d'étude, l'éclairage, le chauf- homme au sol; on s'efforce d'en détacher fage, plus encore la répartition du tra- la jeune fille; ce que l'on élève d'une vail. les attitudes à observer, les récréa- main, on le détruit de l'autre. tions, les jeux sont autant de sujets dont « On veut des cultivateurs qui pensent il est toujours utile de s'entreienir. L'hy- et raisonnent; on ne sait pas leur créer giène de la nutrition, celle de la respi- des compagnes dignes d'eux et capables ration et de la circulation, celle de tou- de les seconder. Nous voudrions pour tes les autres fonctions offriront aussi nos filles des écoles spéciales. Quand les un grand nombre d'articles importants. aurons-nous? Nous voudrions des écoEnfin la prophylaxie en g-énéral et les ménagères comme pendants aux celle de chacune des maladies évitables écoles d'agriculture. Hors de là, pas de en particulier sont d'un intérêt maïeur: ororsrès rapides; mais la lutte au cœur nous devons indiquer les sig-nes qui son.t de la ferme. des tiraillements à n'en plus les premiers indices de ces ma-ladies. in- finir, tendance à avancer d'une part, dices qui engagent à recourir à l'inter- tendance à reculer de l'autre. vention du médecin, et insister sur les « Vous voulez que le cultivateur samesures qu'il convient de prendre tout che distinguer ses terrains, raisonner ses de suite pour éviter la contagion. labours. apnrécier la valeur de ses enVoilà certes un vaste champ d'études grais. le mérite de ses outils: vous vouque nous aurons à parcourir. Notre but lez qu'il .se rende compte de la manière serait atteint si, dans la limite de notre_ de vivre de ses végétaux; c'est fort beau. action, nous parvenions à inspirer le A cet effet vous lui faites enseigner tougoût de l'hygiène, si nous pouvions con- tes sortes de notions scientifiques ; c'est tribuer à en répandre les bienfaits et à touiours fort bien. Mais. pour Dieu! nréparer ainsi une génération saine et soyez donc conséquents et faites pour vaillante. les filles ce que vous faites pour les garCH. fERNET, çons. Elles ont dans l'exploitation leur de l'Académie de Médecine. large part de besogne et de responsabilité. )) Ces réflexions ont beaucoup de justesL'easelgnement ménager se et d'apropos, non seulement pour la pour lea France, mais pour nos cantons agricojeunes filles de la campagne les. En effet, de tout l'enseignement donné aux peti>tes filles, il ne restera pas grand chose si l'on abandonne l'élève à Un plan d'or({anisation. « Pour nos garçons, disait au Parle- la sortie de ]!école primaire; «elle aura ment français, en 1882, un député de bien vite oublié ce qu'elle a appris et, la Côte-d'Or, M. P. joigneaux, il y a rebutée par les rudes travaux de la ferdes écoles d' agriculture; pour toi, jeune me, elle tournera d'instinct ses regards fille de cultivateurs, il n'y a ni écoles, vers les séductions de la ville. Il fauni maîtres comme il en faudrait. On dit drait donc créer pour les filles libérées proverbialement que les femmes font et de l'école primaire, comme pour les gardéfont les maisons; mais on n'enseigne çons, un enseignement ménager agricole oas à nos filles ce qu'elles devraient sa- oost-scolaire gratuit et obligatoire (1 0 voir pour les faire toujours et ne les dé- heures par semaine, pendant 3 à 4 mols faire iamais. On ne leur apprend rien par an)'. Naturellement, on ne peut sonde ce qui est utile pour la vie des ger à nommer de nouvelles institutrices pour donner cet enseignement, elles sechamps.
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raient trop nombreuses; il faut donc néPartie pratique cessairement faire appel aux institutrices actuelles sans exiger un plus grand Dietée8 nombre d'heures de classe et sans leur imposer un travail supplémentaire exLe rè{!ne de Dieu cessif: il suffit d'enlever 10 heures aux C'est travailler au règne de Dieu que 30 heures de classe habituelles et de les de travailler à diminuer l'injustice, à acconsacrer à. l'enseignement post-scolai- croître dans chaque âme la source de re. bonté, de force, de vérité. Edifier une On reproche souvent à l'école primai- âme, développer une âme, augmenter sa re de vouloir donner un enseignement vertu chrétienne intérieure, c'est cela mêtrop encyclopédique, condamné par cela me faire régner .Jésus.Christ. Vous voumême à n'être qu'un enseignement de driez que ce règne fût proclamé non surface. On trouve aussi qu'obliger l'en- seulement dans les âmes, mais sur les fant à rester 6 heures par jour à l'école édifices des cités. sur les drapeaux des. (sans compter le temps passé à faire les nations. L'un nécessairement entraînera devoirs et apprendre les leçons à la mai- l'autre. Il ne servirait de rien au véritason) est certainement excessif, contraire ble règne de Dieu que la croix se monà son besoin d'activité physique et nui- trât partout si eNe ne régnait pas dans sible à sa santé. tous les cœurs; et le jour où elle rè~rnera Les avantages qui résulteraient de d:~ns tous les cœurs. on la verra sûrPment cette manière de faire seraient nom- briller d'elle-même au faîte des édifices breux: il n'v aurait plus de surmenage et dans les plis des drapeaux. La croix pour les enfants, les pro~rrammes pour- n'est pas un bois mort qu'un manœuvre raient être fortement allé~rés et l'ensei- vient planter à l'extérieur de la vie; elle gnement de certaines matières être re- ne vit, elle ne règne que si elle symbolise porté en grande partie à la période post- au dehors les croyances et les discipliscolaire où il serait reçu avec plus de nes intérieures. Quand les croyances défruit. clinent, quand les disciplines meurent, Il faudrait évidemment préparer les le piédestal des croix s'affaisse comme maîtresses à ce nouvel enseignement. de lui-même et les croix de bois ou de Pour cela on réclamerait un enseigne- pierre tombent. Cette chute extérieure qui menf ménager agricole complet à l'é- nous afflige et nous trouble n'est pourcole normale et une préparation complé- tant qu'une conséquence, un geste à la mentaire à .courte durée dans les écoles fois révélateur et inévitable. Ce qui deménagères spéciales, comme cela a lieu vrait nQus troubler, ce qui aurait dû deen Hongrie. Un certificat spécial ou puis longtemps nous affliger et nous inbrevet d'ensei{!nement ména{!er a{!ricole quiéter, c'est cet affaissement progressif donnerait droit à un supplément de trai- du piédestal intérieur sans lequel tes tement. piédestaux de marbre ou de bronze ne Comme on le voit, ce serait une véri- sont que des apparences vaines. xxx table réforme dans l'enseignement d@ toutes les écoles rurales de filles . Le ~an{!a{!e des animaux PENSEE • Malheur à celui qui scandalise un de ces petits enfants. (Jésus-Christ.)
Le mutisme des hôtes de l'écurie, de l'étable, de la basse-cour n'est qu'apparent; leurs hennissements, leurs beuglements, leurs gloussements ne sont pas de vains bruits, non seulement pour les
bêtes de leur espèce, mais pour les hommes que l'habitude a familiarisés avec eux. Une fermière reconnaît très bien aux cris spéciaux de la volaille qu'un étranger vient de s'introduire dans la cour; le cheval a un accent particulier pour rappeler que l'heure de son repas est sonnée et que le râtelier est vide; est-ce que l'aboiement par lequel le chien manifeste sa joie de partir pour la chasse ressemble à celui par lequel il vous avertit de vous tenir sur vos gardes? La poule n'a-t-elle pas un signal pour faire comprendre à ses poussins q4'un danger les menace et les ral.tier sous ses ailes? Du moment où chaque variation de ce cri répond à une situation nettement caractérisée et provoque la même action chez ceux auxquels il s'adresse, peut-on lui dénier le titre de langage? Langage circonscrit, correspondant à certains besoins prévus, limité par la faculté qu' ont les êtres qui sentent plus qu'ils ne pensent de se communiquer leurs sensations par l'action. et néanmoins assez riche en modulations pour que nous-mêmes nous finissions avec le temps par en reconnaître les nuances.
Compo8ltlon française Certains pères de famille prétendent qu'il est dommage de laisser à la campagne des jeunes gens instruits et s'efforcent de trouver pour leurs enfants les plus intelligents une situation en dehors de l'agriculture. Examinez cette opinion et indiquez-en Je:g conséquences pour les enfants, pour les familles, pour les campagnes.
Développement Beaucoup de parents jugent inutile et fâcheux de laisser « moisir » à la campagne les jeunes gens instruits et, si leurs enfants remportent quelque succès scolaire, ils s'empressent de leur chercher un emploi à la ville. La situation du moindre commis leur paraît supé-
rieure à la condition du paysan. Aux laborieuses et pénibles journées de la tâche rurale, ils opposent, dans leur esprit, des heures variées, agréables, un travail facile et lucratif, car tel est, pensent-ils, le lot du citadin. Et puis l'employé ou le fonctionnaire n'a pas les mains calleuses; il les a blanches, il est bien habillé. Paresseux, freluquet peutêtre, on ne le considère pas moins comme un « monsieur ,. . Comparaison purement imaginaire! L'homme des champs qui raisonne ainsi, mû par une bonne pensée, par le désir de créer à ses enfants une carrière moins rude que la sienne, commet une lourde erreur. Lui et sa famille sont victimes d'un préjugé que le bon sens doit s'efforcer de combattre et de vaincre. D'abord, à la ville, les conditions matérielles de l'exi-stence ne valent pas, à beaucoup près, celles de la vie champêtre : on v a moins d'espace qu'à la campa~rne, moins d'air, et, par suite, moins de -santé; on n'y gagne pas toujours un plus gros salaire et l'on v dépense davantage_; la misère, somme toute, y est plus fréquente et y revêt des formes plus lamentables. Souvent, on ne s'y amuse qu'au détriment de ses forces physiques et de §.~· facultés morales. D'ailleurs, pour s'y créer une situation honorable, il ne suffit pas d'être quelque peu instruit. Les jeunes gens qui savent lire, écrire et assez bien compter sont si nombreux aujourd!hui que très peu réussissent à se procurer, hors des travaux manuels, de sérieux emplois. Et c'est pourquoi l'on ne saurait trop blâmer l'aveugle tendresse, la puérile vanité qui pousse les familles rurales à ~e séparer des enfants dès qu'ils ont obtenu, parfois sans grand mérite, le certificat d'émancipation pour les livrer à tous les caprices du hasard. Au lieu de leur rendre service, elles ne parviennent, le plus souvent, qu'à leur assigner
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30 et fasse soupçonner l'orgueil qui se comprime ou se déguise. Mais, en deçà des limites où l'amour-propre devient orgueilleux, il y a une fierté nécessaire, qui émane d'une conscience intègre et qui n'admet ni les ridicules vanteries ni la méconnaissance, puérile ou feinte, du mérite qu'on a le droit de s'attribuer. La modestie qui peut dire : « J'ai fait ce que j'ai pu,» est celle qui convient à un Pasteur; elle est à la fois naturelle et fière. Elle laisse entendre clairement que celui qu'elle inspire a trayaillé toute sa vie, qu'il a mis en œuvre toutes ses facultés pour réaliser d'utiles découvertes, que, s'il y est parvenu, il aurait voulu pouvoir encore davantage, qu'ii ne se croit pas une divinité, mais qu'il s'est toujours efforcé de bien remplir sa tâche... Que de gens disent aussi: « Nous avons fait ce que nous avons pu! » La plupart, hélas! ne sont pas dans le cas de Pasteur. S'il leur manque cette faculté presque divine qui s'apelle le génie, nul ne saurait le leur reprocher; mais l'homme normal a une intelligence, des sentiments et une volonté : en xxx use-t-il toujours comme il le peut, comPasteur, acclamé dans une tête solennelle, me ille doit?« ]'ai fait ce que j'ai pu,» répondit aux témoignages d'admiration par est trop souvent l'aveu d'un manque cette simple et forte parole: «J'ai rait ce que d'initiative ou de persévérance; efr j'ai pu.» taxant d'injustice la destinée ou le Qu'entendait-il par là? Quelle instruction prochain, on essaie vainement d'expUpouvons-nous tirer de ces mots pour notre quer une abstention coupable, un insucc:mduite per~onne!le? cès qu'on mérite. Il faut plus de sincérité envers soi-même comme envers les Développement « J'ai fait ce que j'ai pu»: de la part autres. La leçon qui se dégage de la simple de Pasteur, qui personnifia non seulement le génie scientifique, mais aussi le et fort.e parole de Pasteur est facile dès dévouement à l'humanité, un tel langa- lors à saisir. Dans la mesure de nos tage ne semble exprimer d'abord qu'une lents ou de nos aptitudes, faisons tout grande et attendrissante modestie. Cet- ce que nous pouvons pour nous rendre te modestie paraîtrait même excessive utiles, pour satisfaire à la grande loi du à qui ne prendrait pas la peine de ré- devoir, et contentons-nous alors du téfléchir. Elle est pourtant ce qu'elle doit moignage, suffisamment flatteur, que être, ni plus ni moins. Ici, aucune affec- nous rend notre conscience; ne nous tation d'humilité, rien qui inspire des vantons pas d'avoir accompli ce qui était doutes sur la franchise de l'affirmation au delà de notre pouvoir.
un destin précaire, qui les déçoit et les irrite. Les parents eux-mêmes finissent par comprendre qu'ils ont mal placé leur amour-propre. Ils tlevraient lire, relire et méditer chaque jour, à ce sujet, le beau roman de René Bazin, qui a pour titre: «La Terre qui meurt». Naguère, en nos campagnes, l'union intime, la parfaite solidarité des membres de la famille, assuraient la prospérité de tous. Une constante pensée hantait le foyer domestique, transmise sans interruption de l'arrière-grand-père à l'arrière-petitfils, s'y réveillait dès l'aube et ne s'y éteignait que dans le sommeil sans rêves des corps exténués : en chaque cerveau s'incrustait la ferme résolution de conserver, d'étendre, d'embellir le vieux patrimoine. Et, à force de sagesse, de prévoyance, de tenacité, l'héréditaire labeur atteignait presque toujours son but. Aujourd'hui, les villages se dépeuplent, l'œuvre séculaire se désagrège. Taches lépreuses, les friches se multiplient sur la terre familiale, car les bras manquent pour l'exploiter tout entière.
Pourquoi j'aime la lune
~ion ;~
classe, et je me suis emporté JUSqu a te frapper, ce dont je suis très honteux. · . Le regard surpris et peiné que tu Développement m~as lancé m'a fait plus de peine que J'aime la lune. Je suis content quand n'Importe quel reproche. J'ai compris je la vois, je la trouve jolie, la lumière que je t'avais blessé, plus encore par qu'elle répand est douce et agréable. m_on manque d'amitié et de bon procéC'est un astre plus petit que la terre de, que par mes coups de poing et je mais qui paraît surtout bien P'lus petit suis rentré tout triste à la maison: qu'il n'est en réalité. Puis, j'ai pensé que je ne pourrais Quand elle est bien ronde, qu'elle est m'endormir, si je n'étais venu te dire: pleine, elle ressemble à un gros fromage, et je pense que je pourrais la pren- P_ardonne-moi ma brutalité, je t'aime bten, mon cher ami, et je tâcherai d'être dre dans mes bras si elle voulait bien moins violent à l'avenir. descendre jusqu'à moi. Mais ce n'est Oh! c'est bien ennuyeux d'être colère! qu'une idée, maman m'a dit qu'elle est Il v a des moments où je ne me possède bien trop grande. plus, oit je briserais tout, tant je suis Quand j'étais plus petit et que je la emporié! et plus je voudrais être calme voyais dans -un seau d'eau ou sous la plus je m'impatiente! ' petite rivière, je voulais l'attraper ce Mais, va, cette fois-ci, je me suis bien qui amusait mon grand frère. ' Maintenant, nous nous amusons à promis que je ne recommencerais plus. faire des ombres sur le mur de la màison J'ai eu honte et peine de t'avoir frappé. quand ~Ile brille le soir. Je fais très bien Te te sais si bon camarade que j'espère le petit lapin, ce qui fait toujours rire bien que tu ne m'en voudras plus et que tu ne penses peut-être plt.is à ce que je ma sœur. Je lui chante l'air gue tous les en- t'ai fait. mais, moi, j'y pense pour le regretter vivement et te le dire. fants connaissent: Encore mille fois pardon, cher AdolAu clair de la lune, je te renouvelle ici l'expression de phe, Mon ami Pierrot, ma sincère et fidèle affection. Prête-moi ta plume Armand. Ton ami sincère, Pour écrire un mot, et il me semble qu'elle rit en me regardant: c'est ma vieille amie. La Famille. Qu'est-ce que la ltme? Pourquoi aimez-vous à la voir?
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Lettre d'excuses . Armand écrit à un ami, qu'il a frappé, pour hu dem~nder pardon de sa brusquerie. Il regrette vtvement sa violence et tâchera de se maîtriser dorénavant.
Développement Mon cher Adolphe, . J'ai bien des torts envers toi, et je vtens t'en demander pardon. Je me suis sottement mis en colère au sortir de l'école, au sujet d'une plaisanterie bien innocente que tu faisais sur ma récita-
_Qu'es~-ce que la famille? Sentiments qu'on d01t avotr envers elle. Que lui doit-on?
Développement. La famille, c'est ce que nous avons de plus doux, de plus cher, de meilleur. La famille, c'est notre père, notre mère leurs parents; nos frères et sœurs. C'est ce qui compose le foyer où l'on est mieux que partout ailleurs. Qui pourra dire les mille liens qui nous attachent à notre famille? C'est à notre père, à notre mère, que nous devons, après Dieu, la vie que nous
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possédons. Ce sont eux qui nous ont élevés, qui nous ont prodigué les mille soins que notre enfance réclamait. Notre père a travaillé et travaille pour nous, tandis que notre mère nous entoure de ses soins et de son activité vigilante. Ils nous donnent ce dont nous avons besoin, et leur tendresse dont notre cœur a soif; ils veillent sur nous, nous donnent le bon exemple, et font de nous des hommes, des femmes, dignes de leur succéder un jour. Aussi, quels sentiments devons-nous avoir pour cette famille si chère? Sentiments d'amour et de reconnaissance. N'oublions pas la dette que nous avons contractée envers elle; pensons-v souvent afin d'être capables plus tard de lui rendre un peu de ce qu'elle nous. a donné avec une largesse admirable. Nous devons à nos parents non seulement la vie, mais jusqu'au nom qtJ.e nous portons; que nous devons porter, nous aussi, honorablement et dignement comme eux. Oh! comme ils sont forts, ces chers liens de la famille, et comme on sent bien leur puissance lorsqu'un danger quelconque menace un de ses membres! On ne fait plus alors qu'un seul cœur. Tout intérêt particulier est suspendu, hors celui de l'être cher qui inquiète. Et avec quelle joie, on jouit de ce qui arrive d'heureux aux siens. Nos frères, nos sœurs sont des membres si chers de notre famille que leurs joies sont nôtres comme aussi leurs chagrins. La famille est d'institution divine. C'est elle q·ui fait la force des sociétés. Un pays est bien près de sa ruine et de sa décadence quand il voit porter atteinte à la dignité, à l'inviolabilité du mariage, et par conséquent à l'union de la famille. LA PRIERE DU SOIR. • Eternel, mon Dieu, sois loué! J'ai travaillé, j'ai ri, joué;
Avant de fermer ma paupière, Merci, mon Dieu, merci mon Père. Merci pour toutes tes faveurs, Ton soleil, tes oiseaux, tes fleurs ; Merci pour la belle journée, 0 mon Dieu! que tu m'as donnée. Mais le jour s'éteint, plus de bruit: 0 mon Dieu! merci pour la nuit; Dans les ténèbres ton œil veille, Et sans crainte l'enfant sommeiiJe. Tu m'as donné mille douceurs, Une mère, un père et des sœw's; Tout bien, c'est ta main qui l'envoie; Celui qui t'aime a -toute joie. C'est toi qui sour is dans les yeux De mes bons parents radieux; Dans leurs bras, c'est toi qui me presses Et rends si tendres leurs caresses. Comme un remords qu'il me souvienne, Si quelque jour je t'oubliais, Qu'étant petit, je te priais, 0 Dieu! qui nous as tous fait naitre Pour t'aimer et pour te connaHre! Eternel, mon Dieu, sois loué! J 'ai travaillé, j'ai r i, joué; Avant de fermer ma paupière, Merci, mon Dieu, merci mon Père! » Louis RATISBONNE.
xxx I.E BATON DE LA PATIENCE. Il est une vertu qu'un maître d'école doit posséder ou s'efforcer d 'acquérir s'il ne veut échouer dans son œuvre, ou tout au moins s' il ne veut dépenser son zèle sans beaucoup de résultats en se rendant ridicule devant ses élèves et leurs parents. Cette vertu, c'est la patience. Sans m'embarrasser dans de longs raisonnements, je ne citerai que ce petit trait: Un maître causait avec les membres de la commission scolaire: • Nos enfants sont des • échappés •: tenez-les raide •, lui dit M. le~ Président. - Oh 1 oui, ajoute un membre, soyez ferme, soyez gendarme et tout ira bien. - Ne craignez rien, insinue plaisanunent un troisième ; la salle d'école n'est pas loin des vignes, M. le régent trouvera bien vite un échalas, un bâton en cas de besoin. Et le magister qui n'était pas sans expérience, de répondre sentencieusement: • Le meilleur bâton, c'est bien le bâton de la patience. •
vai n q ui a adopté le pseudonyme de So landieu uous prend d'une main au débarcadère de SiGingolph , le photographe lausannois Schnegg n?us tient pa_r l'autre et Je long de 160 pages dun grand m quario illustré de 330 photographies bien choisies ils vont nous prome. ' , ner JUsqu aux sources du Rhône sans perdre de vue une seule des innombrables ramifications orographiques que la plus lonaue vallée de la Su isse pousse soi t dans le cœt7r des AJp~s Pennines" soit ve~s les hautes arrêtes glacets des Alpes bernotses. Tout de suite on se trouve à 1 aise avec de tels guides. ~olandieu est aussi averti et informé que famther dans ses exposés. Quant à M. Schneg, JI braque gentiment son appareil s ur les a~: pecls les plus majestueux et les choses les plus intimes. C'est ainsi que par les villettes et les hameaux, ils nous font visiter tour à tour les coqu~ttes églises, les graves châteaux abandonnes que la torche des montagnards arracha pour jamais à l'orgueil de leurs anciens dom inateurs, les vieilles demeures bourgeoises fiss urées ou branlantes, les hard is « raccards » debo ut s ur les abîmes, les ponts téméra ires co111me ceux de Ki nn, dan s la va llée de la Viège et de Mauvois in dans celle de la Dranse, puis ceux s implement naïfs et pittoresques des régions de Conches ou de Lœtschen. On nous fait assister à travers l'adorable délabrement des hamea ux à mainte scène idylliq ue, en sorte qu'on ne peut s'empêcher, en refermant cet agréable volume d'être un peu jaloux de ces peti ts valaisans' qu'on y voit cheminer si bravement, la hotte au dos, contents d'eux-mêmes et de leur desti n si bonnement ca mpés au milieu du cadre tl_a'e la nature leur a lait. qu'ils paraissent dédaigner d'aspirer à un mieux être quelconque. Il fa ut surtout savoi r gré à l'auteur d'avoir voulu nous donner le tableau de ce Valais là touJOu~s réel, plutôt q ue d u Va lais des étrat;gers, tou}ours plus on moins truq ué, et q ue le citadm connaît biett a ssez déjà. • -0-
La nouvelle loi postale. .V?ici, résumées par M. Chapuis, adpostal à Aigle, les principales modifications apportées par la nouvelle loi postale, celles du moins qui ont quelque intérêt pour le public (abstraction faite de la franchise de port): mmistr~teur
1 le droit de faclage est de 30 cent. à partir de 20 kg et non plus 25. 2 le droit de factage est aussi perçu sur les envois exprès. 3 Tou t envoi adressé poste restante, y est conser vé au maximum 1 mois au lieu de 2. 4 Tout co lis qui séjourne plus de 24 heures dan s un burea u postal (dimanche non compris) paie un droit de magasinage de: jusqu'à 7 jo urs 15 cent, jusqu'à 20 kg, 30 c. au delà; au delà de 7 jours 30 c. jusqu'à 20 kg _ fifi c. au delà. 5 Reche rches dans les registres: 1 franc par heure a u lieu de 50 centimr.s. 6 Bagage de voya geur. Chaque voyageu r a d roit au tra:l!;port g ratui t de 10 kg sur les rouies de nw11 tagne et 15 sur celles de plaine. 11 o:ue pour l'excédent. 7 La d urée du billet de reto ur est portée de 3 1t 4 jours. 8 l.es cartes postales et bandes t imbrées avariées sont échani;ées san s frais. 9 Les impri més insuffisamment affranch is son t admis à l'expédition , sans taxation de l'affranchisemen t manquant. 10 Les écha ntillo ns insuffisamment affranchis et même non affranchi s ont cours comme les lettres. Il en est de même des cartes postales non affra nchies. 11 l es commandements de payer peuvent être recommandés. 12 Tout co lis non affranchi est soumi s à une s urtaxe de 10 cent. Celle-ci variait jusqu'ici de 15 à 50 c., sui vant le poids. 13 La taxe à la valeur a été fortement réduite. Elle est de 5 c. jusqu'à 300 fr. , 10 c. jusqu'à 1000 fr. Pour chaque 1000 fr. en plus: 5 c. Ainsi 3000 francs paient 20 cent. 14 Le maximum d 'tm remboursement est porté de 300 à 1000 fr. La provision est de 10 cent. jusqu'à 10 francs. 20 • 50 30 » » 100 • pour chaque 100 francs en plus, 10 c. (anciennement 10 c. par 100 fr.). 15 l es rembo ursements lettres peuvent maintenant être reconm1andés. 16 l 'expédileur qui consigne en même temps plus de 5 remboursements doit y joindre uu bordereau. 17 Les remboursements officiels n'existent plus; tous pa ient la taxe (à l'exception des remboursements entre ad ministrations postales et télégraphiques.) 18 Les mandats oHiciels ne sont admis que pour des mi litaires en service et aussi
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6 reconnues fondées par l'administration des pour retenir des places dans les voitures postes, le montant de l'alfranchissement sera postales. remboursé à l'expéditeur. l 9 les mandats télégraphiques sont admis Nous vous invitons à adresser à lous les jusqu'à 1000 francs. oilices postaux des instructi?ns conformes à 20 Le montant de-; recouvrements destiné à la présente. S1g.: L. Forrer. être reporté sur un compte de chèque est il- olimité. 21 Recouvrements à poursuites: l'expéditeur Le recensement en Valsis. doit y joindre e11 timbre poste pow· les Voici aujourd'hui les données du no_utrais de poursuites, soit: veau recensement relativement aux dt1f r. 0,80 jusqu'à 100 francs. iérentes confessions: » 1.50 au delà. 22 Recouvrements: it ailranchir comme lettre ... "'a.>:::1 1::1 recOlllfl!andée, soit par 10 ou 20 cent. En 04> "' :::1 col -~ cas de paiement, il est déduit la taxe du ... ;:;: G>:;:! .., 0 a.> ... .,= ., mandat, plus un droit fixe de 10 centimes. .d 0 ...oS
-...
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A la suite des nombreuses pla inies qui lui ·sont parvenues au sujet de la
n.~t ri.ction apportée à la franchise de Dort, le Département fédéral des postes a adressé la lettre suivante à la direction générale des postes : Ainsi qu'on pouvait le prévoir, il. arriv_e fréquemment que l'expéditeur d'un ph considère son envoi comme «officiel •, alors qu'il ne bénéiicie pas de la franchise ou que la question est douteuse, auquel cas Je destinataire est obligé de payer une surtaxe ou de re[user l'envoi. Chacun de ces cas contribue à jeter le discrédit de l'opinion publique sur l'administration des postes, notamment lorsque le refus de l'envoi entraine des retards dans les relations d'affaires entre expéditeur et destinataire. Il était sans doute nécessaire de restreindre par la nouvelle loi postale la franchis~ de port qui donnait lieu à des abus fantastiques, et notre population se lamiliarisera au bout de quelque temps avec le nouv~a~ ~ég_ime: . Néanmoins nous avons mteret a durunuer les inconvéni~nts de l'époque de transitio~. Aussi, chaque fois que ~a poste. contest~ le caractère oHiciel d'un env01, <1evra1t-on athrer sur ce fa it l'attention de l'expéditeur, pour autant qu'on peut Je découvrir lac~lement, et l~i conseiller d'affranchir son envOl. On devratt lui laire remarquer en même temps qu'il a le droit de présenter une réclamation par simple communication verbale au bureau d'expédition. Ces réclamations suivront ensuite immédiatement la voie du service, et lorsqu'elles seront
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Monthey St-Maurice Martigny Entremont Conthey Sion Hérens Si erre Loèche Ra rogne Viège Brigue Mœrel Conches
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12094 639 7153 228 13751 448 8784 43 9296 40 11394 399 7340 15 13711 523 8196 111 59 7891 9243 86 9000 491 2252 4107 11 124212 3093
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Les localités dans lesquelles se trouvent des habitants s'étant inscrits sous la rubrique « autre confession (que celles de catholique, protestante ou israélite) ou aucune )) , sont les suivantes: Bagnes 350 Martigny-Ville 142 Sembrancher 60 Monthey 45 Sierre 40 Brigue 32 Salvan 23 Charrat 21 Montana 20 Sion 16
Fully 13 Chippis 12 Trient 11 Saillon 10 Saxon 8 St-Maurice 7 Martigny-Bourg 6 Port-Valais 6 Bourg-Saint-Pierre 5 Bovernier 5 Naters 5 i\usserberg 4 finshauts 4 Liddes 4 Chamoson 3 Hérémence 3 St-Oingolph, Champéry, Vollèges, R1ddes, Vétroz, Vex, ferden-Oopp~n stein et St-Niwlas, chacune 2. Evionnaz, Ardon, Arbaz Chalais Jnden, Viège et Baltschieder, clJacune 1~
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Il résulte du dernjer recensement que la densité de la population est la s'ui-
vante dans les cantons. Nombre d'habitants par km. carré: Bâle-Ville Genève Zurich Appenzell Rh.-Extérieur Neuchâtel Bâle Campagne Argovie Thurgovie Schaffhouse St-Gall Soleure Zoug Lucerne Vaud Berne Fribourg Appenzell Rh.-Inlérieur Schwyz Tessin Nidwald
1850
1910
840 217 152 182 100
3810 615 303
112
142 104 119
88 88 71
93 72
67 64 62 51 43 44
Glaris
44 32
VALA IS
16 14
Obwald Uri
240
187 178 162 158 156 155 148 121 117 113
94 89 85 68
58 56 48 37
24 20
Grisons Suisse (moyenne)
11 60
17 93
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Les livres pour enfants. Mieux que personne, le délicat ecnvain qu'est M. René Bazin, auteur de ces livres charmants que tout le monde col!naît, avait qualité pour parler des « hvres pour enfants ». Il a fait cette communication au récent congrès d'éducation familiale. « Je suis très convaincu, par expérience, que les livres destinés aux enfants sont, aujourd'hui, très au-dessous de leur intelligence et qu'ils la char gent sans l'entbellir, ni la développer. Il y a une défiance de l'âme, dans cette simplification à l'extrême, qui supprime l'effort, écarte l'inconnu et le mvstérieux, et détruit du même coup la· valeur de la leçon. C'est peut-être une méthode d'amusement. Il faut, au contraire,. pour qu'il y ait progrès dans ces espnts nouveaux, qu'ils soient comme amen~s de~ant les paysages étendus d:ont 11~ d~vmeront les lointains. Les pe: h~es ~~st01re-s à co~rte morale, les leçons d hyg1ene, les preceptes de sociabilité ~1ue ne sanctionne et ne justifie aucune Idée supérieure à la bienséance ou à l'ut~lité, n'ont pas de force pour l'éducation ~t sont in4ignes de la place préponderante, qm leur est faite dans les livres de lecture. J'ajoute que les enfants précisément parce qu'ils sont destinés à devenir des hommes, ont, presque tous une facilité et un plaisir singuliers à 's'élever aux i~ées le~ plus nob~e~. c~ profond mystere qu est le sacnflce, Ils le saisissent dès_ le premier éclair de leur raison. Les nohons de Dieu, de création d'immortalité, de providence, de mérit~ et de démérite, loin de les troubler sont en harmonie évid~nte avec leurs jeunes puissan~es en ~veil , et les questions, les réflexwns souvent profondes qu'ils font le prouveraient à qui chercherait la pre~ve
Supplément au 3-/
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ge, comme une fonction civique. De tels ailleurs que dans leurs yeux, où elle est livres, où seraient exaltées les vertus les claire déjà. plus générales, les mieux faites pour j 'en dirai autant de tout l'héroïque établir l'harmonie entre les hommes de l'histoire et de la vie. La générosité corrigeraient ce qu'il y a toujours d'ut~ est une vertu de la jeunesse, et qui meurt P.e.u étroit dans l'histoire militaire et poavec elle si l'on ne l'a pas dévelopJ2.ée, litique d'une nation. Ils répandraient fortifiée par la raison, par l'exemple et plus que tous les discours, par mill~ par la foi. je crois qu'elle était cultivée exemples et par mille émotions l'idée de admirablement, dan~ les siècles où la pé- f!atemité. Ce ne seraient pas' les seuls dagogie ne comptait point panni les hvres de lecture, évidemment mais ce scien ces, et se bornait à être un art ou sera~ent les plus bienfaisants, 'puisqu'ils un instinct. La méditation de la vie du seratent tout remplis de l'intelligence du Christ, la lecture de la vie des Saints, monde et de l'amour des hommes. » ont valu au monde les dévouements les plus extraordinaires et presque toute la Conférence d'lnstltn$eurs force morale et toute la pureté dont il fut témoin. Or, cette méditation et ces = lectures étaient faites en famille, et l'enDistrict de Sierre fant apprenait, ju~que dans la plus pauLa conférence des instituteurs de ce vre maison, tout le sublime dont il est, district aura lieu le jeudi 9 février proaujourd'hui, si souvent démuni. chain, à la maison d'école de Sierre. j e n'hésiterais pas à conseiller cette Sujet: Confé rence de JV1. Friedmann g~an~e méthode de formation virile, qui sur le dessin. · n a nen perdu de sa force. Je la crois -----~------irremplaçable, puisque des modèles plus • Le but de l'éducation est de lormer l'homparfaits ne se peuvent trouver. Il y aurait toute une série de beaux livres à me à une voie pure sans tache sai nte selon vocation , en un ~101, de lui a'prendr~ la sa· composer, et les meilleurs écrivains de- sa gesH:. (frœbel.) vraient en accepter l'honneur et la char-
~,LE JEUNE CATHOLIQUE" JOlJBN.ti.L ILLlJSTRÉ Ptll!R NOS ENFANTS paraissant à Sion chaque mois On ne s'abonne pas pour moins d'on an L e Jeune Catholique se publie en livraisons de 16 pages chacune à la fin de l'année un joli volume d'environ 200 pages.
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, .leune Cat11olique ", SI.Ol't - - - - - -- -
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Le Saint Nom de Jésus .fés;:s·Christ! - Ce nom béni est du miel pour les lèvres, Aun cantique pour le cœuc. Soleil des ame-:. toujours levé à l'honzon, il illumine de ses mêmes rayons et les hautes cimes et les pauvres vallées. N'est-il pas la vérité pour tous? L'indigent l'appelle, le travailleur le réclame et la science, sans lui, se conda mne à ·s'agiter ~an; d'étroite~ frontières, n'apportant a 1 homme m une consolation dans ses do1;1leurs, l!i une force dans ses luttes, m une vision par delà la tombe. Il est la voie: les âmes s'égarent ou tombent loin d~ lui; les peuples chancellent quand Il ne dirige pas leurs œuvres; ,.leurs. édifices, quelque brillants qu Ils soient, tremblent sur leurs ba~e.s comme mal assises sur un sol ~glte, quand il n'est pas la pierre de 1.angle de tout~s les constructions socia~es. ':-vec _lUI, le travail est doux et pl~~~. d espOir, la richesse humble et misenco:~Ieu~e, la vie sereine, la souffrance resign~e et la mort souriante. ~1 est .la. vœ : toute conscience qui se sai.t souil!ee le reconnaît comme son duque R~empteur; les âmes jalouses .e la samtete et affamées de sacrif1Ices demandent .à .s'unt"r a· 1u1. comme ~ rame~u est um a la tige; elles vont p us . ~om ; dans les transformations myst~~Ieuses de l'ordre surnaturel elles a~blhonnent de reproduire les él~s de s?mt ~au!. «_Ce. n'est plus moi qui vis feeghJ~sfs qlll vtt en moi... Ma vie c'est ' ns ' et la mort m'est un gain'» Ce ~i!st pas s:ulement dans les asil~ héd~ clOitre que l'on rencontre ces mervellles de l'amour de j ésus mais ~~core. da~s les foyers les plus ~odes re~u~~es es ~utels de nos campagnes cette v~' ~~ .ames obscures perpétuent te lVlne ; partout le Sang du
de ,f&cole,, (tStt) Sa~v:ur anime des chrétiens inconnus qlll, a travers l'égoîsme et les misères d~ .l·humanité, reproduisent la vie du d1vm Crucifié. Le temps n'a pas tari cette sève féconde ;_ de saint Polycarpe chantant sur son b~cher,.sa jo.ie de souffrir pour Jésus, ]Usq~. a. samt justin, philosophe martyr,. s ecnant: «je suis trop petit pour dlr~ de ,.lui quelque chose de grand ; . 1~squ a. cette voix retentissante ~e 1 Eghse qm ·chante sa gloire, jusqu a ces tounnents des intelligeru:es et des peuples qui n'ont qu'une vie stérile ~t mouran~e sans lui, tout proclame qu' 11 est la v1e. Car person_ne ne peut poser un autre fon~ement, SI ce n'est celui qui a été pos~ par. la main de Dieu et qui est le ~hnst ,Jesus. Et il n'est point, sous le ctel, d autre _nom donné aux hommes dans le~uel mAles individus, ni les peuples pmss~nt etre sauvés, si ce n'est le n0m de Jesus. M~r
MermilJ.od.
· Les Femmes dans l'Education des Enfants • Les fermnes n'ont fait aucun chef-d'œuvre Elles ~'ont fait ni .I'Iliade, ni l'Enéide, ni Ph~ d.re, 01 Athalie, 01 le Misanthrope ni le p théon, _ni la Vénus de Médicis, ni l'Apollon~~ rlv~dere; elle~ n'ont inventé ni l'algèbre ni e telescope, nt le métier à bas. mais ~lies ~o~t ~uelque chose de plus grand 'que tout cea·,. c est sur leurs genoux que se forme œ ~u JI )' a de plus excellent dans le monde un jeonnetefilhomme et .une. honnête femme. s·' 1 une dune J e s'est laJsse bien élever elle élève fs enfants qui lui ressemblent 'et c'est le p us grand chef-d'œuvre du monde ~ Le mérite d'une femme est de . ré 1 ma1son ' de re ndre son man. heureu ger et d'sa .. ever ses enfants x. e1ho . ' c'est-à-d"Ire d'en fa1re des ~mes, a dJt l'illustre comte de Maistre n ambass~de~r de Perse demandait à Εépouse de Léomdas pourquoi les femmes
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10 étaient si honorées à Lacédémone: • C'est qu' elles seules, répondit-elle, savent fatre des hom· mes. • De là le proverbe: • Les lemmes font les hommes. • Il y a un mot de Napoléon ~er, remarquable dans sa brièveté: • L'avemr des enfants est l'ouvrage des mères. • Bullon avait exprimé la même idée: • C'est la mère qui transmet aux fils les qualités de l'esprit et du cœur. • L'expérience apprend qu'il y a peu d'h~m mes qui ne doivent ce qu'ils s.ont. à l'éducah.on maternelle. Que de mères l'htstmre nous ctte, dont le nom est inséparable de celui d'un fils placé parmi les grands hommes! C'est que, dans les fonctions que les époux se p~r tagent, le soin de l'intérieur et, par sutte, celui d'élever les enfants restent presque ex· clusivement réservés à la mère. Tandis que le père, plus en relations avec l'extér:~ur, s'<!c· cupe du travail des champs, ?e 1 mdustrie, du commerce, la place de la mere est au foyer domestique, où elle parta~e son. temps entre les soins de la maison et l éducation des enfants. C'est sur les genoux des mères que l'homme se forme· elles sont donc les premières in!>titutrice; de la famille. La jeune mère est, pour ~insi ~ire, une institutrice née et son premter som est de transmettre à ~on enfant les leçons qu'elle a reçues. Chaque jeune lemme devient donc, aussitôt qu'elle est mère, l'institutrice de s~ famille. la véritable providence de la mat· son. Elle guide les premiers pas des enfants dans la vie elle surveille leur départ pour l'école les ~ide à leur retour, dans l'étude de leu'r s leçons.' Aussi il n'y a guère d'exemple d'une mère sachant .lire ~t _éc~ire, dont les enfants ne sachent ni Il re lll ecnre. Il en est de même du progrès moral, qui ne peut s'obtenir que par. l'in,~er:e~tion de la femme. Destinée à une vte d mteneur. elle porte par instinct et par devoir son attention et sa vil!'ilance jusque dans les plus petits détails qui échappent souvent à l'œil du père. N'est-ce pas elle qui familiarise s~s e~· fants avec les habitudes morales, avec 1esprtt d'ordre et de travail, avec les manières polies et modestes dont elle leur donne l'exemple? C'est elle' aussi qui par sa sagacité et la droiture de son sens 'moral, sait profiter de toutes les circonstances pour donner à ses enfants des lecons pratiques de sagesse et de prévoyance, et entretenir parmi eux la con-
corde et l'émulation dans l'amour du bien et du travail. La vie et la mission de la mère sont entièrement confinées dans le sanctuatre de la famille, dont !"éducation fait tout son bonheur. , . d C'est donc à la jeune lille à acquenr, an~ le jeune âge, les connaissan~:es, .l'aptitude et tes qualités dont elle aura ~s~m plus tard pour remplir dignement la mtsston dont elle sera chaq~ée. ----------~·-~-----------
La Mendicité est Interdite Ils s'étaient égarés, dans la plaine imme~se, que l'hiver transl?rmait .e~ un dése_;f de ne•g~. Ils s'étaient égares, le Vieillard et 1 enfant, qut, toute l'année cheminaient ensemble, sans sou· ci du vent ~t de la pluie, sous les rayons a~ dents du soleil d'été ou sous les ondées lrm· des de l'automne bravant même la grêle et la rafale pour rect~eillir des mains charitables, ' ' . è re et l'aumône qui devait soulager leur mts assurer leur modeste existence. Le vieillard était aveugle; il marchait dans l'éternelle nuit, guidé par sa jeune comp~gn7 - une fillette de dix à douze ans - qut lut vouait une tendresse touchante. Pourtant, il ne se plaignait guère, car malgré son infirmité et sa santé que l'âge avait affaiblie,. il ne. manquait pas de courage, et supportait la. ngu.eur de son sort avec cette résignation smguhère qui semble faite d'indifférence et d'habitud~. Au surplus, l'enfant bien-aimée qui partageatt sa détresse, lui apparaissait comme un. ange de miracle dont la voix. pure enchantait son oreille et faisait luire, à ses yeux plongés dans les ténèbres, des images radieuses, des étoiles scintillantes. Chaque jour, dès l'aube, ils étaient debou!· Vêtus de haillons ils s'en allaient, presque gat· ment, mendier leur pain, de ci de là, tels de.s oiseaux qui cherchent leur pâture: Le sole1l était leur unigue foyer. Il réchauffatt les mem· bres engourdis du viei1lard av~ugle, et r~ jouissait le regard bleu de la hllette dont tl pailleltail d'or la belle chevelure blonde. . Pour abris. ils avaient les greniers des mat· sons hospitalières, les granges, les hangars abandonnés, suivant Je hasard capricieux des rencontres de leur vie nomade. - Il fait bon aujourd'hui, grand-père, di· sait l'enfant, quand son visage pâle se rosait à la fraîcheur des brises. - Oui, ça, il fait bon, Mariette, approuvait
l'homme, regaillardi par le grand air vivifiant des campagnes. Ils marchaient plus allègrement, alors, en échangeant des paroles naïves. La figure du vieillard ne manquait pas de caractère. La cécité est dirait-on, une infirmité noble; elle prêtait ~ux traits de ce visage encadré d'une barbe blanche, une expression plus vénérable que malheureuse. Comme beaucoup d'aveugles, le grand-père d~ Mariette ~tait i~telli gent, curieux de savmr, de connattre, atma~t à se renseigner sur toutes choses. Souvent, tl questionnait sa petite-fille: - Est-ce qu'il y a du foin dans les prairies? ... Le grain est-il bien venu? ... Les faucheurs ont-ils déjà commencé leur besogne? ... Mariette répondait, complaisamment, à tou· tes les questions de l'aveugle, heureuse de lui être agréable, et trouvant peut-être, à l'instruire une satisfaction de vanité enfantine. ' Parfois, ils s'arrêtaient, pour reprendre haleine. Le vieillard s'asseyait sur les berges herbeuses, la fillette cueillait des fleurs des champs qu'elle offrirait, tout à l'heure, aux • gens riches • en échange d'une obole. Puis, ils recommençaient leurs pérégrinalions, inlassables. Mariette adressait aux passants des sourires qui étaient des prières. Elle montrait son compagnon, pour exciter la pitié des âmes généreuses. Dans les villages, aux portes des maisons, devant les églises à l'entrée ou à la sortie des offices, le couple s'attardait en l'attente du secours espéré, rien ne le rebutant, ni les refus, ni les dédains, ni l'inattention calculée de l'égoïste indifférence. Le plus souvent, d'ailleurs, ils recevaient un accueil favorable. Si les aumônes étaient minimes, leur nombre grossissait l'avoir de la vieille bourse de laine, grâce à la mine avenante de Mariette et à la physionomie sympathique de son grand-père. Mais, hélas! les jours ensoleillés étaient les plus rares. Trop fréquemment, le loyer des pauvres nomades s'éteignait dans le ciel as· sombri, et il arrivait que les portes des cœurs et celles des maisons restaient implacablement lennées. Certains villages affichaient même, officiellement, leur inhumanité réfléchie par cet avis peu charitable qu'on lisait à l'entrée: • La mendicité est interdite. • Oh! Mariette les connaissait, ces villages barbares, où l'on traitait les pauvres comme des êtres dangereux, comme des coquins que l'on écarte. Elle les considérait comme des
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lieux maudits, et se gardait d'y revenir, effra· yée rien qu'au rappel des duretés, des menaces, des affronts dont le souvenir restait gravé, ineflaçablement dans sa mémoire. - Au besoin, elle eut fait un long détour pour éviter de traverser ces • communes • inhospitalières dont elle s'exagérait l'hostilité redoutée. C'était sa grande peur, la seule peut-être qu'elle éprouvait en sa vie aventureuse de nomade qui, pour le reste, l'affranchissait des craintes et des timidités de son âge. II lis s'étaient égarés dans les campagnes disparues sous la neige, ils restaient seuls dans ces blanches solitudes. Plus de chemins, plus de sentiers visibles: l'étendue unifonne, incolore, étrangement silencieuse. - Où sommes-nous, Mariette? ... interrogeait l'aveugle qui s'était arrêté, ayant la sensation de quelque chose d'insolite. - Dans la campagne, répondit l'enfant d'une voix hésitante. - Dans quelle campagc.e? continua le vieil· lard, cherchant une indication plus précise . - Je ne sais pas... - Comment, tu ne sais pas? ... N'avonsnous jamais passé par ici? ... - Je ne sais pas ... Il y a de la neige partout... Tout est blanc... On ne voit rien que du blanc .. . - Nous sommes perdus, alors?.... L'enfant frissonna à cette question qui déjà trahissait l'inquiétude. Mais elle s'empres· sa de répondre pour calmer l'aveugle: - Perdus? ... Non, non, n'aie pas peur.... Je me retrouverai bien, je suis habituée à me retrouver, grand-père... La neige cessait de tomber. Un silence profond planait sur le paysage d'une blancheur immaculée. Tout était immobile et vague dans l'espace infini. Tout s'agrandissait, s'illimitait, presque sans horizons, à perte de vue. - N'as-tu oas froid, Mariette? demanda le vieillard d'une voix enrouée. - Non, dit-elle, mentant avec aplomb pour ne pas lui laire de la peine. - Moi, j'ai froid... déclara-t-il, se plaignant contrairement à sa coutume. Elle lui serra plus fort le bras, de son bras maigrelet qui se glaçait sous sa 211enille légère. - Marchons, dit-elle, cela nous réchauffe.. ra. La neige recommença sa chute, tandis que le couple reprenait sa marche incertaine sous
12 les flocons qui s'épaississaient peu à peu. Mariette cherchait à s'orienter. Avec cette volonté tenace. cette confiance robuste que donne l'obligation de se suffire à soi-même, de vaincre les obstacles par sa propre force et sans l'aide d'autrui, elle explorait du regard les étendues les plus lointaines. espérant Y trouver un indice capable de diriger ses pas. Mais la neige qui tombait de plus en plus serrée contrariait sa vue, et le froid qui devenait plus intense lui enlevait sa coutumière énergie. Néanmoins, le couple marchait toujours. - Sommes-nous sur une route, dans un sentier? questionna l'aveugle. - Je pense que nous sommes _dans un chemin, répondit l'enfant, d'une VOIX raflermie. Chose étrange: elle n'éprouvait encore aucune inquiétude sérieuse. • Ce n'était pas la première fois qu'on errait dans la neige, qu' on se trompait dans le soir, et qu'il fallait s'en tirer, ce qu'elle ne manquait jamais de faire! » Sans les plaintes de son compagnon, elle se fut amusée presque d'être ainsi perdue dans cette plaine blanche. - N'aperçois-tu pas des arbres, une maison, un village, un clocher, une église? ... demanda le vieillard, de sa voix chevrotante. - Oui des arbres, des buissons, des fossés... Mai~ les arbres et les buissons sont tout blancs et les fossés remplis de neige ... Combien de temps dura cette course emtnte? Nul ne pourrait le dire. L'anxiété allonge les heures et rien ne les marquait dans cette morne solitude. Peu à peu, Marietie commença à s'alarmer, prise d'un étonnement causé par cette situation qui se prolongeait d'une façon imprévue. Pourtant, elle s'étonnait plus qu'elle ne s'alarmait, subissant l'influence de son habitude de triompher des difficultés et de finir par les vaincre. Comment auraient-ils pu se perdre? Jamais ils ne se perdaient .... Du moins, ils se retrouvaient toujours ... Pourquoi n'y parviendrait-elle pas encore? ... Ces réflexions ingénues maintenaient son assurance. Elles résultaient des luttes coutumières et de la confiance inébranlable qu'elles inspirent aux plus faibles, aux plus timides. Le vieillard, au contraire, ne pouvait se défendre d'une épouvante instinctive, possédant, malgré tout, l'expérience de son âge, conscient du danger, sentant sa faiblesse, son impuissance à sortir d'une impasse, trouvant dans son infirmité même la défiance de celui qui, envelop-
13 pé par la nuit, craint les embûches cachées dans les ténèbres.
III Ils marchaient... Le soir venait, une bise âpre s'était levée, chassant les blancs flocons en débandade, et cinglait le visage des pauvres égarés que gagnait la fatigue. P?urlan!, la clarté persistait ,la clarté de la netge qu1, en la nuit semble ironique et trompeuse, parce qu'elle 'n'indique rien, ne précise rien dans les paysages auxquels elle prête seulement une teinte plus blafarde, des aspects plus fantastiques. . L'aveug-le grelottait, sa compagne éta1t transie. Pour la première fois. l'homme résigné s'insurgeait contre la fatalité _de .sa destinée, et considérait celle de sa pehte-ftlle surtout - si jeune et si gentille! - co~me u~e monstrueuse injustice. Pour la premtere fots, il maudissait leur sort et enviait celui des heureux qui possédaient un foyer, un abri, pour se soustraire à la morsure ~ruelle de la bise, au danger effrayant de la ne1ge, au tour· ment de la crainte et de l'incertitude. Oh! qu'il devait faire bon, da.ns ~s ~um bles chaumières, devant l'âtre ou péhlla1t la flamme joyeuse qui réchauffait les membres! Qu'il devait faire bon. sur ces chaises vermoulues, sur ces grabats sordides où du moins l'on pouvait reposer .'On coros las, et s'endormir dans une quiétude relative l Encore s'ils avaient une grange, une étable, avec un peu de paille qui leur servirait de lifière!... S'ils avaient seulement un hangar, une hutte comme en fant d'autres nuits qu'ils regrettaient et dont le solivenir hantait leur ~s prit troublé comme la pl~s belle perspec~tve espérable! - Mais non, nen que de la netge, sur leurs têtes, sous leurs pieds, partout, en· Ire le ciel d'où elle tombait sans relâche et la terre où s'amoncelait au point de rendre la marche presque impossible. - Je n'en puis plus, Mariette, avoua l'aveugle, dont les jambes fléchissaient malgré une énergique résistance. Et il ajouta, d'un ton désespéré: - A ouoi bon marcher toujours? ... Puis· que tu ne- vois rien, que tu ne sais où nous allons, ni même où nous sommes ... - Mais si tu t'arrêtes, tu auras plus froid encore. Et il faut bien nous coucher tout l l'heure quelque part, grand-père, répondit la fillette qui conservait son calme déconcertant de petite vagabonde. - Nous passerons la nuit à la belle étoile,
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c'est sûr, murmura le vieillard, d'un ton rail· leur avec une ironie pleine d'amertume. ~ Y penses-tu, mon Dieu!... Tu aurais bien trop froid, grand-père! Et cela te ferait beaucoup de mal, surtout que tu n'es plus jeune. objecta l'enfant avec une naïveté que la situation tendue rendait navrante. - Autant mourir tout d'un coup... soupira l'aveugle, cédant à un accès de désespoir pro. voqué par l'énervement et l'angoisse. - Ne dis pas cela, mon Dieu!... Je ne veu11. pas moi, que tu meures... qu~ fer~is-je sans toi, toute seule? ... Que feraiS-Je, d1s, grandpère? ... Elle se mit à pleurer. Emu de sa tendresse. il regretta cetie parole malheureuse: - Pardonne-moi, Mariette, je ne sais plus ce que je dis, c'est l'âge... Je radote un peu ... II prit l'enfant dans ses bras, la pressa contre son cœur, tandis que des larmes montaient aussi à ses yeux morts et mouillaient ses paupières alourdies. Et dans ce décor impassible, dans l'abandon total de cette solitude implacable, les effusions de ces deux pauvres créatures avaient une grandeur souveraine, une tristesse d'une solennité poignante.
IV Maintenant, la nuit était complète. Mais à travers son voile noir transparaissait le blanc linceul qui recouvrait la terre. On eut dit un paysage en deuil, un tableau contemplé sous un crêpe funèbre, la situation tragique des deux personnages qui s'y mouvaient et y meltaient une apparence de vie, éveillant des pensées troublantes d'anéantissement et de mort. - Mariette, Mariette, je ne saurais plus marcher.... gémit le vieillard secoué par des fr issons de fièvre. - Allons encore un petit bout, grand-père, je vais peut-être voir quelque chose, réponditelle, d'une voix faible bien qu'insinuante. - Nous ne verrons rien, c'est sûr.... Je n'ai plus de jambes.... - Viens! dit-elle, en lui pressant le bras et Je tirant avec une douceur impérieuse. A ce moment, la neige, de nouveau, cessa de tomber et la nuit parut plus claire en sa frigididé croissante. Mariette écarquillait ses yeux, en soufflant dans ses petites mains que le gel avait glacées. - 0 surprise! des nervures se détachèrent, noirâtres, sur le blanc rideau où s'estompèrent des branches qui semblaient de cristal.
- Je vois des arbres!.... s'écria l'enfant, comme on annonce une victoire. - Les arbres alignés, comme sur les routes? .... demanda l'aveugle. - Oui, c'est une route, c'est sûr, grandpère, répondit-elle avec une joie étrange. Mariette redoublait d'attention. Tout à coup, elle vit briller une clarté, puis une autre, puis plusieur s, éparpillées dans la distance. - Je vois des lumières, bien loin.... Il doit y avoir des maisons là-bas, dit-elle. - Des maisons! répéta le vieillard, d'un ton incrédule. - Oui, pas de doute, il y a là des maisons, un village.... afiirma l'enfant, convain· cue. • Des maisons! Un village! c'est peut-être le salut, alors! • songea l'aveugle pour qui ses mots brillaient - tels des phares lumineux - dans la nuit de ses paupières. - Tu es sûre? ... demanda-t-il, comme s'il ne pouvait croire. - Oui, mais c'est loin, il faut marcher encore, répondit Mariette, tirant son compagnon par le bras et imprimant à la marche nonchalante une allure plus vive. Un moment, ils reprirent courage, tels des naufra~és à la vue d'une planche de salut. Mais bientôt l'aveugle retomba dans ses in· quiétudes. - Il doit être tard, on dormira, là-bas .... Où demander à loger? On ne peut réveiller les gens, murmura-t-il, comme en un soliloque. - Les gens ne sont pas couchés. puisqu'on voit rles lumières. objecta Mariette, que l'habitude rendait observatrice. - C'est vrai. ça. tu as raison. Mais voudra-t-on s'occuper de nous, dans ce village? Voudra-t-on nous donner un gîte? .... - Nous trouverons toujours bien un hangar, une grange, affirma la fillette, redevenue vaillante. C'était plus loin qu'on ne l'avait supposé. A bout de force, le vieillard ne s'avançait plus que péniblement, d'une marche traînante. Son corps se glaçait sous la bise nocturne; à chaque instant, il manquait de se laisser choir. L'enfant aussi était glacée, prise de sommeil parfois, énervée physiquement par l'excès de fatigue. Cependant, ils luttaient, courageux encore, déployant. leur dernière énergie, dans un espotr supreme. - Mariette,comrne tes petits doigts sont raides! observa l'aveugle avec une affectueuse compassion .
- Ce n'est rien. ça se remettra tout à l'heure, répondit-elle, absorbée. L'enfant tenait ses yeux, rougis et enfiévrés par le froid, fixés obstinément sur les clartés lointaines qui ressemblaient à des étoiles terrestres. C'était l'espoir qui luisait dans la nuit. Mais, tout d'un coup, l'une de ces clartés disparut, puis une autre, puis d'autres encore disparurent, à mesure que l'on se rapprochait du village chimérique peut-être comme un mirage trompeur. - Mon Dieu! mon Dieu! on éteint les lampes! s'écria l'enfant, avec une désolation indicible. - Je l'avais dit.... Vois-tu .... C'est qu 'on se couche .... balbutia l'aveugle, d'une voix sourde, se donnant ce plaisir de vieillard d'avoir raison quand-même. Il ne marchait plus. Il toussait constamment et l!émissait sans contrainte. Une idée fixe l'obsédait : • Je suis un obstacle. Il vaut mieux que je reste ici, et qu' elle se sauve, si c'est possible. • - Va toute seule..... Je ne saurais plus, ditil, avec mélancolie. Mariette se récria, éplorée: - Non ça, non ça, jamais! .... M'en aller seule, te laisser là, non ça, grand-père!.... Il tenta de lui faire entendre raison : - Si tu es seule, on te recevra aisément.... On aura pitié de toi .... Un enfant, ça n'inspire pas de défiance. Et puis, tu es jeune, tu as tout l'avertir.... Moi, je suis vieux, je mourrai bientôt, tout de même.... Enfin, je ne saurais plus marcher, Mariette... . - Alors, je reste avec toi .... affirma l'enfant dont la résolution était prise. - Mais si tu trouves quelque chose, tu reviendras ici pour me prendre.... Je t'attendrai. - Non ça, mon Dieu, mon Dieu!.. .. Je ne te quitterai pas, grand-père. Elle eut une explosion de larmes. Il la consola de son mieux, le cœur brisé, l'âme profondément remuée par les accents passionnés de cette tendresse enfantine. - Ma petite Mariette, ma petite Mariette, que tu es bonne!.. .. Mais c'était pour ton bien, je t'assure .... Puisque tu le veux, nous resterons ensemble. Cette promesse mit un terme aux sanglots de la fillette. - Nou s sommes près des maisons, il n'y a plus qu'un pas, dit-elle, un peu calmée. - Faisons ce pas, approuva-t-il, d'un ton décidé, dans un effort héroïque.
Le chemin montait insensiblement, et l'on distinguait, à gauche, les murs gris d'une maison sous son toit couvert de neige. • Je vais frapper à cette porte, appeler les gens, les p rier de nous venir en aide •, songea Mariette qui était exténuée et ne tenait plus qu'avec peine sur ses jambes. Un moment après, elle s'arrêta brusquement. - Qu'y a-t-il? .... demanda l'aveugle d'une voix rauque. - Un grand poteau, dit-elle, attentive. - Il indique le chemin, sans doute?.... - Je vais voir .... Reste tranquille .... Elle lâcha le bras du vieillard, s'approcha du poteau, se dressa debout sur ses pieds pour lire l'inscription tracée en gros caractères. L'ayant déchiffrée, elle étouffa un cri, et s'écarta vivement, prise d'une subite épouvante. Sur le poteau blanc étaient écrits ces mots en lettres noires : • La mendicité est interdite. • C'était la chose redoutée, l'horrible épouvantail qui. seul. pouvait faire reculer Mariette. C'était Je piège dont se souvient l'oiseau effarouché qui a pu s'y soustraire en meurtrissant ses ailes. C'était l'arrêt fatal, l'unique défense qu'elle ne saurait, pour rien au monde, enfreindre. Elle restait figée sur place, les paupières dilatées. les yeux terrorisés, immobile comme une statue. A cet âge, l'expérience seule, l'exphience personnelle, le fait brutal ont le pouvoir de convaincre. Aussi l'enfant considérait comme imaginaires les dangers de la neige, des chemins isolés, des routes désertes, des bois sombres, des passants de mauvaise mine, nulle aventure vraiment lâcheuse ne l'ayant avertie. Mais, instruite par l'épreuve, renseignée par la leçon vécue, transie par la peur irraisonnée, superstitieuse presque, d'hos!ilités que son ima~ination exagérait outre mesur~ , elle demeurait comme médusée devant ct>t autre d:mf!er qui lui semblait énorme. Tout couragt> l'abandonnait, sa volonté était annihilée par une sorte de pouvoir occulte. Une poussée l'obsédait, et son innocence la trouvait d'une logique i1:réfutable: «Si l'on ne peut nrrndier le jour, à plus forte raison la nuit... On nous prendra pour des voleurs, pour des assassins peut-être... li faut nous éloigner tout de suite... » Désemparée, elle ne songeait plus qu'à mettre à exécution ce projet insensé. - L'aveugle avait demandé, à plusieurs reprises,
15 sans obtenir de réponse : • Qu'as--tu vu sur le rait de l'enfant dont le pauvr e petit corps mapoteau? ... • Mariette s'était tue, distraite, lingre semblait rompu par le surmenage. Une préoccupée, et la terreur lui coupant la paro- peur indéterminée la clouait dans une immole. Maintenant, le vieillard n'interrogeait plus. bilité qu'elle ne pouvait vaincre et déjà une Pris d'une syncope, il venait de s'affaisser irrésistible S011111olence l'engourdissait dans sur Je tertre couvert de neige, et il restait là, une souffrance vague. inerte. .- Mon Dieu, mon Dieu, délivrez-nous de Un grand chien noir passa, comme une tout mal... répétait-elle d'une voix impercepombre, sur le chemin blanchi. Mariette pous- tible. sa un cri d'effroi. Le chien s'arrêta un insDes images terrifiantes traversaient son tant, et ses yeux de feu brillèrent dans la de- sommeil morbide. Le poteau penchait se renmi-obscurité, tandis qu'il faisait entendre un versait, allait les écraser. Les habit~nts des grognement de menace. maisons surgissaient, tels des démons en fuEperdue, l'enfant se rapprocha du vieil- rie, armés de bâtotts, de fourches en proféJard par un besoin instinctif de protection, de rant d'odieuses menaces. Des visages incondéfense. nus, troués d'yeux dans lesquels s"allumait la - Grand-père! Grand-père! appela-t-elle, co~èr~. f_ormaient . d'horribles théories qut · noLrc1ssa1ent la ne1ge blanche. Et ces visions la gorge serrée. affr~uses , ces hideux cauchemars qui torL'animal s'éloignait, dans la nuit, telle une bête de maraude. turaient la pauvre petite créature troublaient - Grand-père! Grand-père!... répéta l'en- son sommeil de mort, provoquant des réveils fant affolée, en se penchant vers le vieiUard en sursaut qui l'arrachaient un moment au supplice! po.ur la plonger dans une torpeur qui ne bougeait plus, et semblait privé de vie. non moms msupportable. Ses appels demeuraient sans réponse. L'aveugle dormait aussi brisé totalement Epouvantée par ce silence, elle saisit les mains subiss~nt la s~ns~tion d'u~ bandeau de gia~ de l'aveugle, secoua son corps couvrit son visage de baisers, en Je supplia~! de pronon- ce qur comprrmatt son front endolori d'un cer une parole. ~i.lice qui. meu_rtrissait ses chairs, et épr~uvait Il parut revenir à lui, il eut des mots in- 1 rmpressron epouvantable qu'il était enfermé cohérents de désespoir et de tendresse. Mais, dans une prison obscure, sorte de glacière souterraine où se gelait son corps. harassé, glacé littéralement il conserva une Et la lune qui. à présent. dans le ciel immobilité complète. ' éclairci, laissait paraître son disque argenté - Ça va mal... Il y a trop de neige ... Nous tout à l'heure invisible. Ia lune seule sem~ n'en, s_ortiro~s pas... A~! . que tu es gentille. .. blait contempler froidement cette scène de Je t a1me b1en.. Tu es Sl bonne, Mariette! ... misèr~ et de torture, et assister à l'agonie inIl sommeillait, et l'on eût dit qu'il parlait consciente des deux infortunés qui dramatien rêve. saient à leur insu, le calme apparent de cette L'enfant s'agenouilla devant lui puis se nuit tragique. blottit contre son corps, cherchant à le réchauffer, et à se réchauffer elle-même par ces v étreintes. .... , Les heures avaient passé, poursuivant .- Nous marcherons demain, petite... La avec une ponctualité machinale leur cour~ ner~e sera fondue ... Aujourd'hui, il fait trop frord ... I_l est tard, il faut dormir... Bonsoir, aue rien ne saurait interrompr~. L'aube se leva_ enfi~, l'au~ tardive de ces jours sans fifille... • Il faut dormir! » C'est ains i qu 'il parlait duree QUI sont 1une des tristesses du sombre moi s de décembre. A la clarté matinale. peu à l'enfant. quand l'excès de fatigue lui causait à peu les formes s'accusèrent tout en conserde l'insomnie. vant. leur teinte unicolore. Bientôt aussi. le - Mon Dieu!. .. Mon Dieu!... Délivrezsoler! se montra un soleil d'hiver. dépourvu nous de tout mal... soupira Mariette dont les lèvres gercées, saignantes, se remuaient avec ?e c.haleur. un ~stre de parade dont les rayons rnut~les semblaient prendre un plaisir frivole peine. à farre scintiller d'innombrables diamants sur Elle priait le ciel de mettre fin à sa détresle blllnc manteau de neiQ'e étincelante. se. Qu'importait. au reste? Les pauvres nomaHélas! une douloureuse lassitude s'empades n'avaient plus besoin de ce foyer pour
16 réchauffer leurs membres à présent insensibles; ils n'avaient plus besoin de jour, ni de lumière, pour conduire leur marche à jamais interrompue. Le sommeil qu'ils prolongeaient, contrairement à leur habitude, était celui dont aucun réveil ne tire les endormis pour toujours On trouva les deux corps inanimés, entassés étroitement par une suprême étreinte. Et sur le tertre contre lequel ils reposaient, gla· cés, rigides, sans vie. entourés d'un suaire de neige, se dressait le poteau portant l'inscripticn pour eux désormais superflue: • La mendicité rst interdite· · José DE COPPIN.
Variétés En une année. Si les progrès de l'aviation ont été achetés au prix de cruels sacrifices pendant l'année t9t0, du moins sont-ils considérables ainsi qu'on en peut juger par le tableau récapitulatif ci-dessous qui montre ce que sont devenus à un an d'intervalle les exploits les plus remarquables: Hauteur: ter janvier t9t0, Latham, 453 mètres; ter janvier t911, Hoxsey, 3474 m. Durée: ter janvier t9t0, H. Farman, 4 h. 17' 53"; ter janvier t911, Farman, 8 h. t2' t7". Distance : ter janvier t9t0, H. Farman, 234 ki Jorn.; ter janvier 1911, Tabuteau, 585 kilom. Distance (femmes). ter janvier 19t0, Mme de Laroche, 5 km.; ter janvier 1911, Mlle Dutrieu, t67 km. Raid avec passagers: ter janvier t910, néant; 1er janvier 1911, lieutenant Commermann, 237 km. Passagers enlevés: ter janv. 1910, Wright, un; ter janvier t911 , Bréguet, quatre. Plus long voyage: ter janvier 1910, Maurice Farman, 80 km.; ter janvier 1911, Leblanc, 1000 km. (Circuit de l'Est). Vitesse à l'heure: ter janvier 1910, Blt!riot, 76 km. 955; ter janvier t911 , Morane, t05 km. LE DIABLE ENTRE EUX! On inaugurait, J'autre jour, le tronçon de tramway de Bâle à Huningue. A la cérémonie avaient été invitées les autorités des deux villes, ainsi que les représentants des confessions protestante et catholique, figurts par un pasteur et un curé. Tout à coup, au banquet,
17 quelque chose est ch.uchoté d'.oreille ~ o~ille. On sourit, on se relient de rue. Mats finalement l'envie de se dilater la rate est la plus forte et toute la société, à part le pasteur, le curé et l'invité assis entre les deux, part d'un formidable éclat de rire. Il y avait bien de quoi, en eifet. Entre les deux honorables ecclésiastiques était assis M. Teufel (le diable, en allemand), rédacteur aux ,Basler Nachrichten". 11,000 KILOMETRES EN DOl,JZE JOURS On sait qu'à cette époque de l'année, un grand nombre d'Américains traversent l'Atlantique pour aller passer en famille les fêtes de Christmas. Les Compagnies de navigation lut1ent alors de vitesse pour pouvoir amener leurs passagers à destination dans le moins de temps possible. Or, cette année, on avait annoncé que le • Mauritania • se proposait de battre tous les records en deux voyages consécutifs d'Angleterre à New-York et retour. Un reporter du ,Daily Mail" s'inscrivit pour cette double traversée et il vient de rentrer à Londres, ayant ainsi couvert 7000 milles en douze jours. Parti des bureaux du ,Daily Mail", à Londres, le samedi tO décembre à midi, par train spécial, il y est revenu, par train spécial également, le vendredi 23 déc., à 3 h. 39 du matin. Durant ce temps, il visita New-York, Baltimore, Philadelphie et Washington, complétant un voyage de plus de 6500 milles; et il interviewa le président des Etats-Unis!
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• L'année 1911 s'est ouverte sous cette formule, employée pour la correspondance commerciale: 1/1/11. Cette particularité numérale sera plus caractéristique le 11 novembre prochain, jour qui se libellera ainsi : 11/ll / 11. Le 12 décembre de l'année prochaine nous aurons encore: 12/12/12. Et puis ce sera tout jusqu'à l'an 2000.... Mais d'ici là .... • Une bonne âme. - Et ta femme ne te dit rien quand tu ren· tres tard chez toi? - Non, elle me demande l'heure, je ré· ponds invariablement: • Il est la demie. • Alors elle se rendort tranquille en me disant: • Je croyais qu'il était plus tard. •
Rude Métier! = En Bretagne, la mer est un vrai cimetière. Chaque année le flot homicide ensevelit dans son sein bien des malheureux Bretons ... et c'est alors Je deuil et la désolation dans ces pauvres familles. Parcourez ces contrées, entrez dans ces humbles demeures et demandez la cause de leur aifliction. Ici, une jeune veuve, au visage amaigri, et inconsolable à la pensée du dénoument fatal qui a brisé ce lien sacré que Dieu avait uni; ailleurs, une pauvre femme au front ridé se lamente sur la perle de son unique fils que l'élément liquide recèle dans les insondables gouffres de l'Océan. Et malgré toutes ces victimes de la mer le pêcheur breton continue d'exercer sa même profession comme pour jeter un déii et braver la mort. De bonne heure le matin il quitte sa famiJJe pour aller di sputer a~x flots doux quelquefois, mais le plus souvent cour~ roucés, la petite quantité de poissons dont le revenu modique suffit à peine à faire vivre lui et les siens. Ces moments d'absence sont pour la pauvre épouse d'interminables heures. Le soir venu, elle court. vers le rivage, l'interroge de son regard anxteux. Soudain ..., un petit point noir apparaît au milieu des eaux· elle croît reconnaître la nacelle de son ma~i. 0 bon· heur! c'est bien lui ; quel soulagement pour la pauvre femme: et tous les jours se passent ainsi sur la côte de Bretagne. Les eaux de notre bleu lac qui a si souvent inspiré d'une façon heure~se nos poètes, ne sont cependant pas à comparer à celles de l'Océan en furie: à l'ordinaire calmes et douces, colorées d'un azur aux tons divers elles sont parfois écumantes et rageuses lo~squ'à leur surface un fougueux joran souffle implacabl~ . Ecoutez; entendez vibrer la lyre harmomeuse d'w1 de nos poètes : 0 lac, est-il au monde un miroir plus limpide Que ta nap~ d'azur, quand nul vent ne la ride? Ta na_Ppe, ou le Jura mire son frais décor: Ses vtgnes, ses forêts, ses prés verts ses blés d'or! ' 0 lac! est-il au monde une onde plus terrible Que le flot bleu qui dort dans ton bassin paisible, [tes eaux Lor~qu'un fougueux joran fond soudain sur Et Vtent jeter l'émoi jusqu'au sein des roseaux?
Cette nappe d'azur, ce léger clapotis, ces
vagues soupirantes, ces eaux écumantes fonf naitre dans le cœur du riverain du lac uri altrait irrésistible pour la plage, les grands horizons, la profession qui y est attachée. Bien que la vague de notre lac soit moins homicide et meurtrière que celle de la mer en Bretagne, elle recèle cependant dans la profondeur de ses eaux bien quelques malheureux naufragés, humbles victimes involontaires d'un sort capricieux et toujours dangereux. Plus d'un aïeul conserve gravé dans sa mémoire l'un ou l'autre souvenir dont le dénoue· ment tragique a jeté le deuil et la tristesse dans quelque humble demeure de pêcheur.
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C'était un soir d'équinoxe d'automne. Une brise légère, pareille à la douce main d'une fée qui vous caresse le visage courait sur la nappe d'azur de l'eau; les de!nicrs rayons de l'a ~tre du jour mourant à . l'horizon se perdate~t dans les flots. Ass1se sur le rivage, une Jeune femme en deuil contemple la scène grandiose qui s'offre à ses yeux. A ses côtés se trouve son fils, jeune enfant de douze ans. Il porte gracieusement la tête dont les boucles brunes retombent sur ses joues et encadrent son visage, auquel elles donnent une aimable expression de force et de beauté enfantine. Thiénnot, c'était son nom, s'étonne du silence et du chagrin qui se peint visiblement sur le front de sa bonne maman et lui en de'mande la cause. Elle ne répond pas à l'instant à la question poignante de son enfant tant la vue de cet océan mouvant la remplit de tristesse. Un peu remise de son émotion elle commence le récit du naufrage où son époux lui a été ravi: C'était un soir de septembre. Le lac déchaîné lançait ses vagues à l'assaut du rivage comme une armée marche à l'attaque d'une forteresse. Malheur au pêcheur attardé disaiton sur la rive! C'en sera bientôt fait' de lui disa.it ton père debout à ce même endroit. A c.et mstant, il crut distinguer un canot au mihe~ de la. tempête. Dieu qu'ils sont à plaindre! Samte V1erge, sauvez-les tous! Des gens de cœur! Une barque, qu'on me donne une bar9ue; .Preno~~ la mienne, elle résistera bien, Je 1at baJ?hsee: • En avant •, disait ton père. . En m01.n s d'une minute, la frêle embarcahou partatt, elle devait lutter contre te courro~x des flots déchaînés avec un courage hérotque. <?ran~ ~ieu! épargnez-moi la douleur d'un deUtl, dtsatt ta pauvre mère. la prière de la
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18 malheureuse venait à peine de l'achever qu'on vit sombrer, hélas! et le canot des sauveteurs et celui des naufragés! Et la mère continuait ainsi: Depuis ce jour fatal, cher enfant, tu m'as vu souvent en cet endroit, mais jamais la vague criminelle ne m'a rappor1é la moindre épave. Oh! mon cher Thièn~ot, tu 111e le promets, ne t'expose pas au triste sort dont ton père fut la victime. Mon plus noble désir est de te voir un jour, quand tu seras grand, embrasser la sublime vocation du prêtre que tu accompagnes à l'autel. L'enfant ne répondait pas, car il contemplait d'un air jaloux la nacelle de ses petits camarades flottant sur l'eau.
Ram~né .à l'époque .du .vent et· de; fri~1as' la mère e~ le fils ainsi que d'autres pêcheur~ contemplaient un soir Je lac en ful'ie où un canot monté par trois ou quatre hommes cou· rait Je danger de sombrer. Le sort de la frêle e!Tibarc~tio~ ~'était pas douteux. Bientôt, plu· s teurs mtrepi~es pêcheurs, poussés par un commun sentiment de pitié, préparèrent la chaloupe la plus résistante dans le bu.t d'aller secourir les naufragés. Le canot de sauvetage était sur L~ p~int de quitter le rivage, lorsque la vague Vtn~ Jeter sur la rive une planche sur laquelle Thtènnot put distinguer les mots: " En avant » Le pauvre enfant crut reconnaître un ordre de son père; il s'élançe et rejoint les. sauvet~urs. La pauvre mère pleine d'an· g01sse v01t par1ir son fils et s'écrie: • Mon enfant, comme son père, va périr. • Mais non après d'héroïques efforts le canot des naufra~ gés .e~t soustrai~ _a u cdurroux de la vague homtctde. Ils reJOignent tous le rivage confiants en la protection de Dieu. Thièn~ot court précipitamment à sa bonne maman, tmplore -son pardon et s'excuse en disan!: • C'est mon père qui l'a voulu.. H.
La Meilleure Saison de la Charité Nous sommes dans la meilleure saison de la c~~~ité. Le thermomètre baisse, tandis que la p1he monte dans toutes les âmes comme une sève généreuse. Les fleurs sont mortes les feuilles sont tombées mais le cœur hu:nain ' s'épanout't en wte floraison de bonnes actions. I.e monde spirituel donne ses feuilles ses
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fleurs et ses parfums quand la nature a cessé de donner les siens. Des utopistes rêvent d'un état social d'où la charité serait à jamais bannie! Laissons-leur leur triste chimère et pratiquons les œuvres de la miséricorde. A l'heure où nous écrivons, il y a des centaines et des centaines d'êtres humains qui ont faim qut ont froid, qui sont nus, qui souffrent et' qu'il faut_ rassasier, réchauffer, habiller, consoler. Cec1 est plus pressant que toute discussion r hétorique. Tantôt un homme sourrreteux vous abordera dans la rue, une fillette vous tendra la main, une mère portant un mioche dans les bras vous dira qu'elle a faim. C'est la question sociale en chair et en os à résoudre tout de suite et pratiquement. Faites la charité, c'est-à-dire, donnez un peu de vous, non seulement de votre bourse mais de votre cœur. Ne dites pas, c'est un' mendiant un ex· ploiteur. C'est peut-être cela mais c'~t peut· être autre chose. Donnez u~ sou deux sous ' pas avoir' d ·.~ sous, un franc, mais ne croyez ia1t tout votre devoir, vous étant débarrassé d'u~e importun!té par un don petit ou gros. Arretez-vous, st vous avez une minute interrogez ~vec bienveillance, écoutez ce' qu'on vous di_ra, quoi qu'on vous dira, quoi qu'on vous dise. Demandez toute la vérité sur la situation, que celui que vous interrogez lise d_ans vos. regards la bonté, la patience, le déSI~ de lu1 ê~re utile. Allez plus avant que l'aumoue. vulgaue. Proposez à la petite mendiante d~ lm achet:r un pain à la boulangerie voi· sme. Rassur~ par le ton aimable de vos pt· roles, la pehte vous contera son histoire et celle des. siens. Prenez l'adresse du logis pau· vre et. s1 vous avez le temps. allez généreuse· ment Jusque là. Les humanitaires à tous crins fulminent contre la mendicité: A leur sens l'êtr~ h~ain. qui tend la main en pleine ru~ est a peme d1gne d'un regard de compassion. ~o~s fames accostés un jour d'hiver, en soCiéte de quelques amis, par un gamin !amen· t~ble, le ty~- de ces errants, une figure ctas· s1q~e de m1sere, d'autres diraient de jeune explOiteur. Nous eames l'idée de l'interroger, de lui d~m~der son nom, de nous faire exposer la SI!uabon des siens. Nous allâmes jusqu'au bout ~e notre enquête. Devinez ce que nous t~ouv~m_e~: dans une chambre d'une désola· t~on mfmte, sans feu, sans pain, sans literie, cmq ~!heureux cachent leur nudité dans de la paille. Je garantis le fait. Depuis cette na·
vrante découverte, je me laisse volontiers exploiter par les petits malheureux. Que chacun de nous prenne à cœur d'accomplir la part de devoir social que les cir· constances, le hasard, la situation lui désigneront, tout de suite, cet hiver même, et la misère du pauvre homme en sera grandement soulagée. Chacun a son rôle charitable dans l'univers, depuis l'enfance qui marche à peine, mais qui peut partager déjà au petit pauvre sa brioche dorée, jusqu'au vieillard immobilisé dans son fauteuil. oui est tenù de penser à ses frères plus mi~érables. On ne secourt ua s tous les pau vres de la même manière • Procurez de l'ouvrage aux ouvriers. disait saint Clément dans une lettre familière: pour ceux qui n'auraient aucun méfier. cherchez-leur d'honnêtes occasions de l!'agner Je nécessaire. Faites des aumônes à ceux qui sont incapables de travailler». Les • Constitutions apostoliques • donnaient aux ficièles des premiers temps ce conseil: • Distribuez à propos: etonnez à chacun ce dont il a besoin. » Il existe aujourd'hui des œuvres de tout geme et leur multiplicité esl la variété des formes de la misère. Mais ne croyez pas que ces œuvres pourvoient à tout, et que vous avez le droit de vous décha1·ger sur elle') de votre devoir de charité. Il y a, et il y aura toujours, en nombre infini, des œuvres de miséricorde, hors de toute classification, qui vous ~eront réservées, des œuvres personnelles d'homme à homme, de cœur à cœur. Il faut faire la charité parce que la charité est bonne et belle, même humainement. L'exercice et la pratique des œnvres de mi· séricorde comportent avec eux de telles satisfactions intimes, que celles-ci seraient suffisantes déjà, en dehors d'autres raisons supérieures, à nous inciter au bien et à nous tenir lieu de récompense. Mais il faut la pra· tiquer surtout, quand on a l'honneur d'être chrétien, parce que c'est la vertu essentielle du christianisme: celle que Jésus-Christ in· cama au point de faire l'admiration des incroyants eux-mêmes; celle aue nos aînés dans la foi et la sainteté pratiquèrent à un degr~ héroïque. sur tous les points de ce monde: celle enfin qui rachète, à prix divin toutes ttos misères, toutes nos fautes. '
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La :Mol't dn Médecin Mes vacances s'écoulaient chaque ann~ dans un bourg de la Bretagne où mon père exerçait la médecine. Sa réputation de médecin expérimenté, répandue à travers la con· trée, lui avait octroyé une clientèle nombreuse et un surcroît de fatigues. Un soir de septembre, il s'était couché plus hara ssé que de coutume, en donnant ordre au domestique de circonvenir adroitement les gens pouvant réclamer ses soins, par l'assurance formelle de sa visite dès Je lendemain matin. Nous commencions à donnir, lorsqu'un rude carillon de sonnette rouvrit mes yeux. Aussitôt nous entendîmes le domestique parlementer longuement avec un paysan. - Va-t-il nous « ficher la paix • , ce c pet de loup » entêté? .... bougonna mon père. Déjà le domestique heurtait à la porte de notre chambre el appelait: - Docteur? ... - Un cas urgent. Un homme a le crâne fendu à la ferme de la Musse - Eh bien! ... J'irai demain matin!... - Docteur, le frère de la victime ne veut pas sortir sans l'asmrance de votre venue lmmédiate... Il vous supplie... - Il m'embête.... Dites-lui que je pare ~ l'instant... - Je t'accompagne, affirmais-je en sautant du lit. J'avais onze ans, et, malgré ma jeunesse, mon père avait pris l'habitude de m'emmener fréq uemment. Il faisait cependant exception pour les courses nocturnes, préjudiciables à ma santé. Cette fois, j'eus raison de son habi· tue! refus et vainquis la faible opposition qu' il me présenta. ~ous nous habillâmes rapidement; mon père prit sa trousse et un gros bâton de buis à usaR"e de canne. Je m'emparai d'une lanterne qui devait éclairer notre marche, et le domestique déchaîna Sultan, un chien de TerreNeuve, dont les aboiements sonores et les Jol'euses gambades escortèrent notre départ. Nous traversâmes le bourg silencieux et qua· siment obscur. Quelques étoiles dignotaien~ dans le ciel moutonneux où brillait un quar· tier de lune. La journée avait été orageuse et la nuit laissait tomber tme fraîcheur Iénifian· te. A notre approche, des chats s'enfuyaient en rasant les murailles et des chauves-souris
20 apeurées voletaient lourdement. Dans les haies des jardins, les crapauds en chasse poussaient leur cri monocorde. Un beuglement partait d'une étable et le silence reprenait der· rière nous. En paSSll.nt devant la demeure presbytérale, la dernière du bourg, le hululement sinistre de la chouette s'éleva, moqueur, satanique. Un frisson de frayeur m'inonda le corps. Les paysans superstitieux voyaient dans cet oiseaux maléfique un présage de mort. Je n'y croyais QOint, mais ce chuintement lugubre entendu dans la solitude exerçait une affolante impression. Je me rapprochai de mon père sans oser lui communiquer ma crainte et je retins Sultan par le collier. En franchissant un pont de pierre jeté sur une rivière, Sultan flaira l'air et aboya violemment. J'empJo.yais toutes mes forces à le maintenir. Nous nous arrêtâmes pour écouter et perçûmes uniquement le bruissement monotone de l'eau coorante. Mon père se pen· cha sur le parapet du pont et projeta la lumière de ma lanterne vers les rives. Nous aperçûmes alors un mendiant incliné sur l'onde et lavant son linge. Cette vision rapide accrut ma peur. Je me remémorais des récits de revenants et de laveuses étranges nettoyant des suaires, la nuit, sous les ponts. J'appréhendais l'apparition de fantômes surgissant d'entre les arbres, et mon imagination troublée vit dans les ramures des difformités bizarres, des apparences d'êtres, des monstres menaçants... Après avoir longé plusieurs bas-chemins semés de fondrières, nous arrivâmes à la ferme de la Musse, dépendante d 'un vieux châ~au du même nom. Le fils du fermier avait reçu un coup de fourche sur le crâne à la suite d'une beuverie dégénérée en querelle. Mon père examina re blessé à la lueur d'une chandelle, détergea la blessure et pratiqua la suture des plaies. Une bûche brûlait avec de courtes flammes dans l'âtre d'une vaste cheminée, qu'entouraient les parents de la victime. Dans un coin, sous la lueur fumeuse et les crépite· menis d'un oribus, Je pâtre et la servante causaient à voix basse. Chacun glissait des regards vers le lit où gémissait le malade, puis hochait tristement la tête. Le pansement achevé, mon père se reposa un instant avant de repartir. On nous apporta deux • bolées " de cidre et je mangeai une galette de sarrasin. Au moment de reprendre notre route, le fer-
mier nous accompagna au dehors, en s'informant de l'état de son fils. - Très grave, dit mon père; je reviendrai avant vingt-quatre heures. Un grondement lointain nous fit observer le ciel. Des montagnes de nuages livides fuyaient au-dessus de nos têtes, le vent commençait à siffler dans la forêt et la nuit s'épaississait. - Voilà un orage qui se prépare, annonça le fermier, si vous attendiez, docteur?... - Inutile, déclara mon père, nous aurons le temps de rentrer en prenant à travers la forêt. - Vous vous perdrez dans ce noir du diable!. .. - Ne craignez rien, conclut mon père, et bonsoir!... Je regrettais mon lit et me promettais bien de ne plus sortir nuitamment. Nous prîmes un sentier anfraclueux où nous avançâmes avec circonspection, à la lile ind ienne. Mon père ouvrait la marche et Sultan me suivait. Nos pas résonnaient sur la terre sèche; nous butions contre des cailloux et des racines ; nous glissions sur des tapis de mousse et de brindilles de pins; nous foulions des populations de plantes adventices. Les branches écartées nous cinglaient et des touffes épineuses piquaient nos jambes. Les cimes des arbres se balançaient en mugissant, les buissons et les haliers frémissaien t, des bruits indéfinis, innombrables et mystérieux, venaient des profondeurs de la forêt vibrante. Un épais dôme de verdure nous voilait le ciel, nous enveloppait, nous emprisonnait davantage sur la terre, nous jetait dans un gouffre, dont il me semblait que nous n'allions plus pouvoir sortir. Mon esprit nous transformait en parias, en esclaves, en Ahasvérus, chassés par la fatalité des lieux toujours incléments. La pluie crépita sur les feuillages comme nous débouchions dans une cépée. Mon père me signalait une hutte abandonnée par des charbonniers, quand la rafale faucha l'espace dominatrice, furieuse, cyclonale... A peine eûmes-nous le temps de nous arc-bouter contre un arbre. les arbrisseaux flexibles se courbèrent; un sapin cassé par la moitié s'abîma avec fracas; des débris èle toutes sortes furent raclés, enlevés et projetés à une grande distance. Un bruit énorme dans les futaies, pareil au hourvari des va· gues se ruant vers les falaises. C'étaient des
21 silllements aigus et prolongés, des roul~rnents de timbales, des trémolos, des son~ cuiVreux et persistants, des halète!llents de ftfres et de hau thois, des accords • mfemaux, d'toutes les tessiturs et toutes les resonnances un orgue fabuleux possédé par les fu.ries. Enfin la tourmente s'apatsa et nous constatâmes 'avec stupeur l'impossibilité de rallumer notre lumière éteinte. Mon courage s'effondrait ~t j'~vais en':ie de pleurer. Mon ~re voula1t pomt ~e laisser deviner son mqUJetude et a!fecta1t une joyeuseté factice. Nous gagnâmes à tâtons la hutte aperçue avant la bourrasque. C'était une cabane conique formée de troncs d'arbres recouverts d'un amalgame de terre, de feuillage, de broutilles et pouvant abriter trois personnes. Subitement, des cataractes d'eau s'abattirent et ruisselèrent en nappes torrentuem:es. Je me blottis près de mon père. - Comment! ... tu as peur, me dit-il, toi, un passionné d'histoires aventureuses, un admirateur des Robinson, des Corcoran, des don Quichotte et des Oil Bias; ne serais-:<! qu'un brave imaginaire? ... Cette apostrophe galvanisa ma vaillance. Je m'assis sur une p;erre et attendis. Des odeur:> mêlées flottaient <lans cette cahute, l'exhalaison carbonique des . feuilles mortes s\mi;:sait au soulile ammon1acal des terreaux, et par l'entrée arriva it !'âcre ~mana· lion de la trrr<! mouillée. La pluie diminua d'intensité et mon père voulut sortir pour s'orienter. Je ~e ~am pannais à lui désespérément ct l'adjurais de ne pas me laisser seul. - Sois donc raisonnable, ajouta-t-il; nous ne pouvons demeurer ici jusqu'~u jour. je connais un sentier très proche qu1 nous aTilènerait sur la route; je vais essayer de le trouver et reviendrai te prendre... Mon père m'embrassa et disparut lentement. J'entourais de mes bras le ~:ou de . SuH~n et fermais les yeux pour cacher à mon ame eperdue le voile funèbre de la nuit. J'écoutais sans rien entendre, et le temps passa en m'inoculant une angoisse progressive. Des gouttelettes d'eau filtraient à travers la rudimenta ire toiture de mon abri et me trempaient. Des stridtùations d'insectes éclataient, régulières et tristes, conune de pauvres cris de bêles souffrantes. Tout à couJ>~ Sultan, d'un bond formida-
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ble, s'échappa de mon ét:ei~te et ~'élanç~ dans les ténèbres. Une peur 1rrepress1ble m Immobilisa. Puis je criai<> avec énergie: - Père! père! . . . Je crus entendre des mt! hers de. VOIX furieuses me répondre de tous les coms de la forêt · des appels succédaient à mes appels; des ~alopades fougueuses, des plaintes et des râles insolites troublaient mon cerveau. La seule réponse fut un hurlement lugubre, prolongé, qui m'entra dans le corps, me gtaça le sang. paralysa mes membres .. La. terreur me rendait muet... Je reconna1ssa1s la voix de Sultan ... Ses hurlements se succédèrent. plaintifs et tragiques ... J'étais dése,mparé, inerte. j'émettais des sons rauques, sans portée et mes jambes fla~eolaient. Un chaos de se~sations tourbillonnaient dans mon être hypére<;thé~ié. les phénomènes volitifs étaient en moi ~mnihilés mes yeux n'avaient plus de lar· mes, je m'abîmais dans une prostration absolue. Bientôt mes genoux fléchirent et je m'affaissai brlsé de fatigue, anéanti ... Je me réveillaiS sous les caresse~ de Sult~n qui me léchait La f_ig~re..n poussa1t de pehts gémissements et s'elo1gnatl en rn~ re~ardant... La nature imperturbabl_e res~lend1ssat! dans la clarté diurne... Je revecus rnstantanement le drame de la nuit et pensais à mon pè~e. P?urquoi m'avait-il délaissé? ... Je n~e levu pémblement et su ivis Sultan. Le ch1en marcha en avant, traversa quelques taillis et s'arrêta près d'un Jaro-e et profond fossé, sorte de saut de loup, de~ier vestige d'une é~oq!-le féodale ... Je m'approchai et reçus une SI VIolente co~· motion du spectacle .offert à ma vue que Je perdis connaissance et tombai à la re_!lverse·. J'avais aperçu au fond de 1~ ~anchee mon père replié sur lui-même, la p01tr1';1e traversée par un pal acéré, les bras et les Jambes pendant. mort atrocement dans la tourmente assassine. .. Edouard OANCHE. ----------~~~----------
Une aventure de guerre en 1792 Le 20 septembre 1792, le général Dum~u riez mettait en déroute à Val111y les armees alliées qui, sous le comman~ement du .~uc de Brunswick, avaient !ranch1 la fronttere et
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24 de Briey, il y posa ses lèvres. A ce moment, les fugitifs sortaient du parc. Encore un quart d'heure, ils auraient gagné la frontière et seraient sauvés. les dragons dormaient toujours. Ernest DAUDET. ----------~·-~·~·-·----------
Variétés LA BOITE AUX LETTRES La boîte ami lettres nous est si nécessaire qu'il semble qu'elle soit aussi vieille que la poste. Erreur. Il y a un demi-siècle, elle était inconnue en beaucoup de pays, notamment dans divers pays de la vertueuse Allemagne. On n'en trouvait pas une seule dans tout le Hanovre en 1840. Un jour qu'un voyageur saxo~1, par une !etire adressée aux journaux, expnma sa surprise et son mécontentement il s'attira du , Hannoverschen Volksblatt", 1~ remontrance que voici: " Nous n'avons pas de boîtes aux lettres; il faut souhaiter que nous n'en ayons jamais; car c'est une invention immorale et proprement diabolique. Qui· conque a de mauvais desseins à l'égara ete ses semblables, quiconque veut g lisser une calom· nie dans une oreille, rompre des fiançailles brouiller des parents avec leurs enfants u~ mari ave~ sa femme, un maître avec ses s~rvi tems, qUiconque désire semer la discorde et la défiance, celui-là écrit une lettre anonyme et la jett~ dans la boîte. Ce n'est pas tout. Cet aveugle mstrument se tait le messager complaisant de toutes les correspondances coupa· ~l~s, le co~fi~ent et le complice de toutes les liatsons cnmmelles; par lui arrivent directement e~ · sûrement ces lettres d'amour qu'on ~ parlo_ts tant de peine à faire parvenir à une Jeu_ne hile ou à une femme mariée. Un Etat qu1 se re~pecte ne saurait se prêter à un méher pare1l. Instituer des boîtes aux lettres dans le Hanovre, ce serait en bannir la décence et la sécurité. » Il faut croire que les Etats modernes n'ont plus Je même souci de la morale publique, car ils ont tous des boîtes aux ~ttr~s: _Même ils· ont des postes restantes et 1actiVIté de ces derniers guichets montre assez que Je regard narquois, attristé ou égrilIa:d _du receveur n'a jamais découragé la chen tele. LE PLUS GRAND PONT SUSPENDU DE L'EUROPE L'entreprise qui s 'est chargée de la cons-
truclion de la Iitroe Bevers-Schuls, dans l'En· gadine, vient d'achever, au-dessus de Zernetz un pont suspendu qui est certainement le plu~ grand modèle connu du genre, en Europe tout au moins. Il s'agit d'un pont destiné au passage des matériaux et qui relie la rive gauche de l'Inn où se trouve la route cantonale, à la rive droi~ te sur laquelle passera la ligne en construction. la longueur de ce pont monstre est de 160 mètres et sa hauteur de 80 mètres. Il a été construit par un entrepreneur grison, M. Corey, qui s'est fait connaître, pendant les travaux du viaduc de Filisur (Grisons) et ceux du viaduc de la Sittertobbel, près StGall, par la hardiesse de ses échafaudages. L'établissement du pont sur l'Inn fut particulièrement difficile et dangereux. Tout d'abord on installa aux deux issues du futur viaduc les armatures nécessaires que l'on relia au moyen de quatre câbles solides. Puis il s'agit de placer tout au long de ces câbles les barres métalliques de suspension destinées à supporter Je tablier. Conune aucun ouvrier ne . se pré~e~tait pour accomplir ce travail plem de penis, M. Corey fit lui-même la besogne. Sans crainte de l'abîme au fond duquel grondait la rivière mugissante le vaillant homme plaça une à une les barres de suspension, qu'il iut ensuite relativement facile de r~lier entre elles par les madriers for~ant au jourd'hui Je tablie:r de ce pont audaCieux. LES MYSTERES DE LA SCIENCE . Que pensez-vous du • visoxysulfobromodimbrohydroxidianine »? C'est un mot prononcé entre bien d'autres au congrès universel de ~himie qui vient d~ se tenir à Copenhague. ' Les _malh;_ureu~ ~ténographes, en entendant le brut! qu tl faisa it en tombant des lèvres d'~n o~at~ur, ont senti s 'échapper de leurs d,'?Igts 1agile ~tylo; ils en sont restés • baba . , s Il est permts, en d'aussi graves matières ' d'employer ~n !""ot si pe~ scientifique. I~s. ont du faue appel a un nouvel appareil: le telegraphone. Chacun sait, en effet, que chaque découverte en appelle une autre sans laquelle la première est inutilisable. Allez donc sténographier • visoxystù.... • , etc., sans le télégraphone! Le. télégraphone permet donc d'enregistrer les_ d1sc~urs à l'aide d'un film cinématograp~11qu~; Il en faut environ un kilomètre pour diX mmutes d'éloquence.
- -- -L--.IOnté.
vtmatve (Q)~{~~i~J~ D E LA
Soeiêtè valai~a1)tJe
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d ·édu(!ation
Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecole primaire donne de 12 à 14 livraisons de 16 pages chacune, non compris la couverture·, et autant de suppléments de 8--16 pages pendant l'année ordinaire (soit_ du 1er Janvier au 31 Décembre). . Chaque rn~ il est en outre apporté · un supplément illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.
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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout c~ qui concerne 111 publiccttion doit être a_clress~ dlreetement à son gér\lnt, M. P . PIQNAT, Che~ de Serll'ice au Département de l'Instruetion publique, à Sion.
La discipline à l'école doit se proposer, non pas de briser la vom~i!i: fip 1~ rlirid"Pr