No 04 l'Ecole primaire, 1er janvier 1899

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Numéro double de 32 pages -

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moyen de remédier rapidement à cette désagréable indisposition, c'est d'avoir une cuillerée d'eau dans laquelle on aura fait fondre à peu près un gramme de sel. Le remède est souverain. Contre les mauvaises odeurs. - Quand une mauvaise odeur se répand dans un appartement, on a l'habitude de brftler un peu de sucre. CAia n'est généralement pas suffisant pour désinfecter. Et dans les étables le procédé n'est guère possible, car il n'arriverait à aucun résultat. Mais pour désinfecter les étables il est un procédé qui consiste à acheter chez les pharmaciens de 90 à 100 grammes de péroxyde de manganèse, et 200 grawmes d'acide sulfurique. Le tout revient à bon marché, On prend alors un vase de terre dans lequel on place le péroxyde de manganèse qn'on a eu soin auparavant de mélanger avec 300 gr. de sel de cuisine ordinaire. Puis, quand on a fait sortir les bêtes de l'étable, on installe sur un appui un peu élevé, dans le milieu de la pièce autant que possible, le vase renfermant ce mélan~e. On verse alors l'acide sulfurique sur le tout, Des vapeurs de chlore se dégagent et s'en vont partout détruire les germes infectieux de l'air. En sortant, on bouche bien toutes les ouvertures. Une heure après on peut rentrer et ouvrir; l'air sera assaini. Des fumigations obtenues en brftlant certaines plantes odoriférantes comme le genièvre donnent aussi de bons résultats.

• l'ECOLE PRIMAIRE 1er lanvler 1899

REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE parait chaque quinzaine, de Novembre à Mai inclusivement, en livraisons de 16 pages. Prix d'abonnement pour la 8oi81!!1e, 2 f'r. 30. IJnion po•tale 3 f'r. ~ nnonees, pri:z, 20 cent, la ligne o• ,on espace. Tout ouvrage dont l'Ecole primaire recevra deux exemplaires aura droit à une annonce ou à un compte-rendu, s'il y a lieu.

SOMMAIRE:

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Lettre à un Instituteur. - La lecture et les examens pédagogiques. - L'enseignement du français par la lecture à l'école primaire. - De l'attention. - Educa,tion des enfants peu doués. (Suite.) Le calcul mental et l'arithmétique. - De l'éducation du cceur. (Suite/ - Une manœuvre déjouée. - De la politesse. - Les congés scolaires. - De l'économie domestique. / Causeries pour les institutrices.) (Suite./ - - L'hygiène des yeux à l'école. Partie pratique. / Compositions. Style. Calcul écrit, o::amens de recrues} - Variétés. - Un Supplément de 16 pages.

Pensées "' Les révolutions sont des incendies qui couvent longtemps, et l'on traite de fou celui qui crie au feu avant qu'il n'éclate. G.-M. VALTOUR. • Gouverner, c'est réaliser le plus possible de paix, de justice et d'équité entre les hommes. LAMARTINE. * Ne pas honorer la vieillesse, c'est démolir le matin la maison où l'on doit coucher le soir. Alphonse KARB, ;-

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Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, 1•• secrétaire au Département ~ de l'instruction publique, à Sion. ~ 11 J


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SION, 1·• Janvier

1898/99

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION Lettre à un Instituteur Nons empruntons au volume IV. de la Correspondance de Louis Veuillot la lettre suivante adressée à M. Rivalland, instituteur. Nos modestes et dévoués maîtres et maitresses d'école ne sauraient trop relire une aussi belle page. Mon cher Monsieur, Je vous remercie vivement du récit que ·vous m'avez envoyé. Je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt et de sympathie, en prenant une part très vive à vos traverses. Il ne semble pas que la Providence vous ait accordé beaucoup de ces jours qu'elle prodigue souvent en apparence à ses plus grands ennemis, et que le monde appelle des jonrs heureux. Mais il faut se souvenir que les jugements de Dieu ne sont point les nôtres, et que, nous traitant suivant sa volonté souverainement juste et miséricordieuse, il fait toujours ce qui convient le mieux dans nos vrais intérêts. Certainement, Monsieur, les enfants que vous soumettez le plus à la discipline et auxquels vous multipliez da vantage les leçons, ne sont pas ceux que vous aimez le moins. Lorsqu'ils ne demanderaient qu'à jouer et à se divertir, vous, le maître, plus sage qu'eux, sachant tout ce qm les attend dans la vie, vous les armez, fût-ce même de force, en vue des combats qu'ils devront livrer. Ainsi fait Dieu à votre égard et à l'égard de tous ceux qu'il aime. Toutes ces épreuves vous serviront plus tard : elles deviendront une cuirasse dans le péril, une lumière dans les ténèbres ; elles seront un jour des ailes sur lesqnelles notre âme, détachée des trompeuses promesses du monde, s'élèvera pour chercher les biens éternels. 1

La future ménagère tures et leçons sur l'économie . domestique ' la science du mfneacge l'hygièn0 et les connaissances nécessai~~s à une t maiJre_::~ ·' par Mu• Ernestine WmTH, 3m• éd1t1on, car onn , . d e maison, . pages. _ Prix 1 fr. 50 au heu de ~ fr. 80 ·

Division des parties et chapitres·

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~mi~~ut! t.

1 l" PARTIE. - Notions préliminafres. L·~t i!er,é~~: mastique. 2. ~a femme de ménage. 3. De espn e . nomie domestique. · alités d'une - Organisation morale de la matisoén e! qu d~ famille Il... PART!.E. 1 , L é e 2 Les fêtes e r umons bonne '!1-enagere .. ~- a rant~it~re. et la bibliothèque de la maitresse 3. Dev_o irs ~u Dv01s;~feg~e Îa femme dans l'~ducation des enfants. . de maison. •'· u . · · ' omique lll'"" PAP.TIE. - Organisation matérielle ~t adminis_trati2n uahtés 0 1 de la maison. ~- A)pren;is;-gT,é~~;~~~i eE~:ii:t~~UT~ iournè~ d'une de la bonne menag re. · e . d'u~ ~éoage 9 Distribution intémaltresse de m~son7 5é I_n ~tallai:~e boulangerie ~st~nsiles et accessoires rieure. ~e la 8maD1son.d~m::~1qn:;s. 9. :Énanchissage' et entretien du . liI~ge. de cuisme. · es . t 11 D 8 travaux à l'a1gmlle. . dl e 14 De l'apprentis10. Entretien et conservatio~. des ,ahmen s. 12. Des provisions. 1.3. Ma~1ere d ordonn~r un n~r: e . 1.6 La ferme et sage de la cuisine. _15.. Notions élémentaire;a d! :t:~fah'a ~. 1.9. RP.cettes la fermiè_re. 1.7. Let_J ardin P0 1!gf:- ::~PC!t~litè~21.. Com1eil~ d'hygiène. Pt conna1t1sance11 u 11eR. 20. 0

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Tom Tit, ou la Science amusante Cet ouvra e qui a obienu un succès exlraordinaire en Fran~e e! à l'étranger ~ii est tr11duit en 9 laogue_s) compren d 8 ;oi;~e~r~~:contenant r.hacun 100 nouvelles expériences et p1us e .,


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Et puis, après tout, il faut se soumettre. C'~st folie de vouloir éviter la croix. Rien de plus différent, en apparence, de votre vie que la mienne. Je suis sur la grand théa.tre de Paris, je m'occupe de grandes affaires, je gagne ma vie honorablement, j'ai des amis, j'ai même une espèce de petite réputation; enfin, je suis marié à une femme excellente, et j'ai de charmantes petites filles. Avec cela, point de ces peines d'esprit qui troublent souvent les hommes les plus heureux ; aucune ambition d'aucun genre ; point d'alarmes excessives, même en ces temps troublés; une grande facilité de cœur à faire le sacrifice de toute fortune, à sacrifier même ma liberté et ma vie. Eh bien I Monsieur, je voudrais être le dernier des paysans du Bocage, qui n'a pour vivre que son travail manuel, et pour distraction que d'entendre la grand'messe tous les dimanches. Sans doute, c'est plutôt par lâcheté que par humilité que je forme ce vœu ; mais enfin cela vous montre, je pense, le food des joies de la vie. Voilà ce que c'est. Les plus pures et les plus légitimes ne bannissent pas l'inquiétude du cœnr le plus disposé et le plus facile à se sevrer de tout ce que Dieu défend. Jugez par là quel mensonge est le bonheur des impies. Et ce bonheur les conduit à la réprobation éternelle. Puisque vous avez quelque confiance en moi, et que vous faites quelque cas de mes conseils, je vous engage à lutter avec un surcroit de vigueur contre tous les obstacles, et à vous livrer de plus en plus aux devoirs de votre modeste et si utile profession. Après la vocation du prêtre, il n'en est point de plus grande que celle d'un instituteur qui sait ce qu'il fait. Vous avez élevé déjà douze cents enfants. Que de prêtres n'en ont pas tant fait, malgré tous leurs désirs I Que de saints missionnaires ont traversé les ~ers et abandonné tout, dans l'espoir seulement de mettre sur la voie du ciel un troupeau bien moins considérable que celui-là I Il ne faut point considérer vos fatigues, dussiez-vous en mourir. Souvenez-vous de cette belle parole de Tertullien aux chrétiens persécutés: Il n'est point néce~saire que vous viviez, mais il est nécessaire que vous serviez Dieu.

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Adieu, cher Monsieur. Je vous laiss besom de me répéter à moi-mê e sur ce mot, 'que j'ai Votre tout dévoué, me. LOUIS VEUILLOT. ~

La lecture et les examens _ Pédagogiques Depuis que la statistiq t· d ·

pour f 897 a paru les ·ouue e era.le .des examens de recrues vaise place pour Ject~re r~ux ~os1stent sur notre mau. n e et, toutes les personnes qui s'intéressent à nos résultat. Pendaut une d. .co Ies, semblent affectées de ce d~ sages conseils, à de 1z~1~e d années consécutives, grâce à directions sûres nous a preCJeux encouragements et à des branche, et no,;s sommevsons pr.ogressé surtout dans cette arrives en f 896 . qu,.a 84 . recrues 0;0 avec la not; f (.; , a compter jusoccup~ pour la lecture le f 3• et '2, et nous avons confede1·és. rang sur l ensemble des Etats

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Mais, en f 897, des person . noire attention sur l' . nes competentes ayant aUiré nous avons, paraît·il e:e1qgne,ment du style et du calcul , ue que sorte perd d • lect . u e vue Ja . ure. Ce simple oubli d'un faire retomber à 74 o/i I e annee a suffi pour nous rang pour cette branchoe aev:t~e ato~~te f . ou 2 et au 23• que. nous avons conservé le f 5e r les cauto?s· JI est vrai matières. Mais combien cela d a~g ~our J ensemble des pas à regagner notre place urerar1~, SI nous ne cherchons quelque peu avancé il est po?r a ecture? Nous avons du 21e rang, nous ~ommes :~::~ét~ur Je e calc~l, puisque reusement, cette avance a ét. bt u f 6 • Mais, malheulecture; or diminuer e o enue au détriment de la f O, ce n' est' pas Ja rendre une somme de . 6 et· I'augmenter de R P1us petite J appeIons-nous donc q de toutes les autres conn u.e 1a 1ectur~ est la clef, la base lire I ·1 a1ssances Mieux un T , P us I aura de goût et d' u· . e eve saura voyons aussi qu'aujourd'h . a rait pour la lecture. Nous lecture médiocre qu' l f ~1 on ne se contente plus d'une t .. ou la 2"'· n~te . ~ar a.r ~ue les élèves obtiennent la ' I n y a plus que trois cantons, le


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U . dont les recrues aient obtenu une Valais, Appenzell et d r1 2 . tous les autres cantons restent moyenne au-dessous e iu art de nos recrues n'arriveront au-dessous;· tant que la p p pouvons affirmer, sans nous ou 2•• note ' •nous• désirer dans nos elasses · pas .a la •,. ·1. tromper, que la lecture laiss; ames collègues diront : N~us Sans doute quelques-uns . e s ne pouvons guere · t culmrnant nou . l . . avons attemt e P0 i0 , t ·i pas celui des pus1l1ammes aller plus loin. Ce lan~age n es -1 'f ons parvenus au i3" et des négligents 't Pmsq~e n~:s ide recrues de i" et O lus au même résultat 't rang et que nous comrtio~s i' note, pourquoi n'!mv~r1ons-nou~ PPour moi, j'ai la ferme Quelles causes a.llegueri~ns;~ou~ surtout le dévouement persuasion qu'avec la vo on one~ enseignant du Valais, avec bien connu de to_ut le p~so MM les Inspecteurs et des la vig_ila_nce habi~uelle e seule~ent nous regagnerons le Commissions scolaires, non encore quelque peu · nous avancerons . d terrain per u, mais l des avantages immenses dans l'é~belle fédérale, sans par rère jeunesse. Car, remarqui en résulleron~ pour no:? c sauront lire, mieux. aussi quons-le bien, m!eux. ~os . ev~: vive voix. ou par écrit_le Tandis qu'au contraire, ils parviendront a repiodmre t contenu d'un morceau de_ ec u;e~bsorbée par le mécanisme tant que toute leur attention es '1s lisent et sont incapables de la lecture, ils ne savent ce lqu i ue de ce qu'ils ont lu de reproduire un passage que co:Jssi convaincus, que bien avec peine et effort. Soyo~\ lecture correcte et i~tellisoigner la l~ct~re, et surtoué a:er le style. Ce sont d'ailleurs gente, c'est rnd1rectement. Pfi p ui font le plus défaut chez ces deux branches essentie es q les plus disloquées de nos élèves, ce sont les _deux. ~o~e!n un mot la connaissance notre char de l'instruction.. C es ue le plus da.os nos classes.. de la langue ma!ernelle qm manq d entre les résultats de Combien la différence e~t ~ran ede la géooraphie et de t x. de l'histoire, ~ la lecture e ~e~ our lesquelles nous occupons l'instruction civique, branches p trouvons a.u 23" pour la le 3• rang, tandis que no_us no~~raient-ils donc moins de lecture. Les jeunes Valaisans pour l'histoire et les autres dispositions pour la. lecture que

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branches , Je ne le crois nullement, mais, selon moi, on n'insiste pas assez sur les exercices de langage, sur une prononciation pure et correcte ; nous tolérons des prononciations impossibles dans nos classes, nous laissons prendre à nos jeunes élèves des habitudes dont nous ne parvenons pas à les corriger plus tard. Nous ne nous observons peutêtre pas assez nous-mêmes : notre lecture est-elle correcte, pure, irréprochable 'l On nous a suffisamment repris et corrigés à l'é~ole normale, cependant, à force d'entendre mal prononcer dans le milieu où nous vivons, ne sommesnous pas retombés dans nos anciens défauts de prononciation 'l Dans ce cas, il nous sera bien difficile de remarquer ces défauts chez nos élèves, si nous n'observons pas les nôtres, et surtout comment les corriger chez d'autres, si nous-mêmes, nous n'avons pas un langage pur, net et exempt de tout accent local? En second lieu, lie visons-nous pas trop vite à la lecture courante, c'est-à-dire ne laissons-nous pas nos élèves lire avant qu'ils connaissent bien les lettres et les syllabes 'l La plupart de nos classes comprennent trois divisions ; celle des initia.ires ou des commençants, où les élèves restent le plus souvent pendant deux ans, temps nécessaire à l'étude des lettres, des syllabes et à la décomposition des mots en syllabes. Aussi ne peut-il pas être question de lecture courante pendant ces deux premières années. Il est donc bien entendu que tant que les jeunes élèves se servent du syllaba.ire et des 20 ou 30 premières pages de l'Ami de l'enfance, ils devront continuer à syllaber; il ne sera donc pas question de lecture courante pendant les deux années qu'ils passent dans la division inférieure. D'ailleurs, une fois que les élèves sont sûrs de leurs syllabes et du partage des mots, la lecture courante devient facile. Cet exercice est réservé p(lur les divisions intermédiaire et supérieure. Mais si alors la lecture doit atteindre une certaine perfection, il faut que le maître la prépare chaque jour avant de se présenter en classe, qu'il s'assimile le contenu du chapitre à parcourir, afin de pouvoir questionner les élèves sur le sens des mots, des e.1pressions et


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des phrases, et au b~s?in do~ner le . compte rendu du morceau. Même si les eleves doivent arriver a une bonne expression, à une lecture posée et facile à c~mpreodre! il est nécessaire qu'ils entendent journellement hre le maitre, c'est alors qu'ils se régleront sur lui, et ta.cberont de l'imiter dans son intonation. Des élèves préparés de la sorte, répondant facilement aux questions touchant la lecture et donnant avec une certaine aisance le compte-rendu de ce qu'ils ont lu, èprouveront peu de peine à faire _du .style, c'est pourquoi une bonne lecture posera les premiers Jalons de la composition française. En écrivant les lignes ci-dessus, j'ai pensé me rendre utile à mes collègues et au pays, ca.r je suis persuadé que nous pouvons, dans le courant de cette année scolaire, réparer notre note obtenir un meilleur résult.at aux examens et contribuer dans la mesure de nos forces à l'honneur de notre cher canton. 1

L'enseignement du français par la lecture à l'école primaire ,, L'enseignement du français à l'école primaire a une importance considérable et doit se faire, non seulement pendant la leçon de grammaire, mais encore pendant les leçons de rédaction, de lecture et de récitation. L'instituteur a pour but d'apprendre aux enfants à parler et à écrir?, ~e leur aider à comprendre le langage parlé et le langage ecmt. Son enseignement doit tendre en même temps à l'éducation de l'esprit de l'élève, à former son raisonnement et son jugement. Aussi, pour être réellement profitable, non seulement à l'étude du français, mais encore à l'éducation de l'esprit, la préparation de la leçon de lecture réclame-t-elle des soins tout particuliers. Le maître doit bien choisir ses livres et ses lectures, lire lui-même auparavant, essayer d'amener les élèves à lire d'une facon intelligible et expressive. Il expliquera les mots difficiles à comprendre, donnera le sens général des passages lus, tirera profit des lectures au point

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de vue moral et scientifique, et enfin fera suivre ch lecture d' u_n exercice · qm· s,y rapporte et d'un compte-rendu aqne oral et éc~1~. De temps en temps, il fera, aux élèves du cours superieur, une leçon de lecture, en prenant pour texte une des fables de La Fontaine. Cette leçon ne doit Pf11 durer plu~ de trois quarts d'heure. L'instituteur lira d ab?rd lm:meme la fable posément sans trop appuyer sur l~ cesure, a peu près comme la prose. D'ailleurs il fera hie~ de s'exercer à l'avance, afin de ne point s'exposer à hésiter dev~nt_ ses. élèves. Après sa lecture, il expliquera les m~ts difficiles a compreudre, les archaïsmes, etc., et fera r_essor~ir 1~ m?ral~ de l'a~olog~e. Dans une sorte d'analyse httéra1re, 11 retabhra les mvers10ns, expliquera les métaphores, les ~gores, etc. II fera lire ensuite les élèves, et donnera _a~res une courte notice sur La Fontaine. Un devoir relatif a .la leçon, par exemple la mise en prose, viendra la completer et la rendre plus profitable encore. Les maitres peuvent se servir très utilement, pour la préparation de leçon_s s~mblables, des différents fabliers publiés par les grands libraires de Paris : Hachette, Armand Colin, etc. (Envoy_é à l'Ecole primaire, par ALFRED CHARRON.) Anc1eu professeur, à La Châlette par Montargis (Loiret, France). '

De l'attention L'at_tention consiste dans la concentration de l'esprit sur un ~bJet_ ou une _le?on quelconque pour en saisir les détails, e? etudier les d1fferentes parties sous le rapport de leur role et de leur fonctionnement, afiu de se faire une idée nett~ de chacune d'elles, et d'avoir une conception exacte de 1 ensemble. L'ordr~ et la di~c!pline sont la sauvegarde de l'attention, et celle-ci, la cond1t10n du progrès. Tout maître bien avisë doit s'attacher à rechercher les moyens p_ropr~s à soutenir l'attention des élèves qu'il a sous sa direction. Ces moyens sont nombreux , mais il en


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est un qui, à nos yeux, prime tous les autres, c'est celui de la curiosité instinctive des enfants. La Providence ne semble avoir doué l'enfant de cet instinct que pour faciliter l' œu vre de l'éducation et de l'instruction. Voyons maintenant comment la curiosité peut venir au secours de l'attention. Nous dirons d'abord que la curiosité, mise au service de l'atte11tion, devient intérêt. Or, avoir de l'intérêt pour les idées et pour les choses, siguifie s'en occuper activement, ressentir de la joie à s'en occuper, et cet intérêt, cette joie que l'enfant éprouve à écouter une leçon ou à travailler à un devoir, dépend toujours de l'attrait que le maître sait donner à son enseignement. Le véritable moyen d'obtenir l'attention consiste donc à éveiller chez l'enfant le besoin, le vif désir de pousser ses investigations plus loin, d'en savoir davantage. Une fois que l'esprit de l'enfant sera stimulé par l'intérêt, l'attention viendra. d'elle-même, car · un sentiment intérieur pous.sera l'élève à travailler avec plaisir et ardeur. Or, la pédagogie nous dit que cet intérêt est éveillé quand il y a aperception. Nos sens peuvent être considérés comme des intermédiaires servant à mettre notre âme en rapport avec le monde extérieur, ils nous fournissent ainsi les éléments de toutes nos connaissances. Ces conceptions, ces faits de notre conscience, tout ce qui, journellement, vient augmenter notre petit bagage intellectuel, ne reste pas enfoui dans les profondeurs de notre moi : ce qui entre dans l'âme se fond et se confond avec les idées préexistantes. C'est ainsi que les choses que nous avons vues, nous aident à nous représenter celles que nous ne pouvons voir dans la réalité. Cette union des idées nouvelles avec les anciennes exerce sur les dernières une grande influence : les premières complètent les secondes, les rectifient au besoin. Cela revient à dire que l'attention naît spontanément du contraste entre le nouveau et l'ancien, et aussi du rapport qui existe entre les notions acquises et celles que , l'enfant tend à s'approprier. L'aperception suppose ainsi, d'un côté, que la représenta-

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tion nouvelle trouve dans le "dé . ?'attache, de l'autre, qu'elle ~ I es anciennes, des points a notre esprit et fournit ai _pporte des éléments nouveaux jugement ancien. L'union d:si un~ sorte de confirmation du anciennes de même nature fs n~lt~?ns nouvelles aux notions 1 , ami teres à l'enfr nt ' . quelles l enseignement puisse s " , . a , sur eset par suite l'intérêt. e greuer, evtnlle la curiosité Le talent de l'éducateur consist d . un lien quelconque les connai e one a rattacher par l'enfant peut avoir précéde ssatnces n_ouvelles à celles que p , mmen acquises our resoudre ce problème il i . , tout~ leçon, une méthode rationn ~porte d ~bserver, dans gress1on normale qu'on pourrait é~ ~j- de smvre ~ne proa) Introduction. - L'introducti;n ir comme smt: en revue ce que l'élève sait d pour but de passer perceptions de manière à e. r.ec.~ er ~t d'ordonner ses pour la conquête d p pa1 e1 l mtelhgence de l'enfant . u nouveau. De même , qu_on ne peut bâ.tlr sans fondations l'enfant nouvelles et ne peut' profiter /e leut . acquérir des idées nement du maître sans l'analyse, sans l'inventaire e d ens~~f 8 1 bagage intellectuel. Tout ce ? es composant son 1 le lui demander tout ce q ,~i°e en~ant peut savoir,- il faut ,. b)_ But de la' leçon. sait pas le lui _exposer. l mdication du sujet afin ,. t, de ~a leçon consiste dam 11 dans l'esprit de l'enfant qu . n ait aucune confusion fera l'objet de la leçon. qm aime a être fixé sur ce qui c) Intuition ou exposé _ L'. t . . . . aux élèves des objets n~uveaut x~t10_n ~ons1ste a présenter choses sur une plante l'int' ·r · rnsi,_ ans une leçon de objet aux élèves à p;océde ut_ 10n consiste à faire voir cet chaque partie, p'uis à asse:bl~r un ex~men arpr?fondi de avoir de la plante une idée ci8 qu on avait separé pour d) Comparaison. - La :~: : e~ complète. rendre plus claires les idées des ~l ~a1son 1a pour but de par _la méthode interrogative et se eves ~ 1 dfaut y procéder expliquer l'inconnu. sernr u connu pour

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e) Application. - L'appr r à l'enfant à combiner pour ica •

se propose d'apprendre en aire un usage direct, les


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connaissances qu'il s'est assimilées; e~le doit stimuler l'.activité personnelle de l'enfant, afin qu'il se re~~e completement maitre de son savoir et qu'il sache_ l'ut1h~er dans la -yie pratique. C'est l'application et l'exercice qm transforment le savoir en un pouvoir. .

Le magister de Planfourm.

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Education des enfants peu doués (Suite)

2. De l'émulation et des punitions L'émulation, chacun le sait, est ce noble sentiment ~ui excite à vouloir égaler ou surpasser q~1elqu'un en mérite: Elle porte à l'imitation_ des bon~es actions ; elle P?usse a se rendre tel qu'on pmsse obtemr les ~vantages qu on r~marque et qu'on voit estimés e.n. autrm;. elle est un precieux aiguillon pour faire acquem_ la ~c10nce. et,. la vertu. Il est de toute nécessité de la faire i·egner a l ecole, c~r où elle manque, les enfants restent ~an~ l'i?d?lence.. Mais le point le plus difficile, avec la categone d é~eves qm _no~s occupe, c'est précisément de faire naitre et d. en.tr~temr lem ulation . Ces enfants sont fatalement exposes a e~re toujours les derniers, ce qui contribue singulièrement. a les dégoûter et à les porter à la négligence. Pour enter ce fâcheux résultat, pour ~nc_ourager l~s f~ib\es et ,l.es t_r~îna~ds tout en suivant les principes de 1ushce et d egahte, r10n n'empêche que le maitre ne choisisse _de temps. ~n temp_s des sujets de composition où il prévoit que _les eleves qu 11 veut stimuler n'auront pas une trop mauvaise place. Pour la calligraphie, le chant, la gymnastique, par exe~ple, on peut très bien mériter une bonn~ note. s_ans avoir nn esprit supérieur. Dans les composition~ ou il ~e. peut donner les premières places qu'à ceux qm les mer1tent, le bon maître tâche de répartir si bie~ les enc.ourageme~ts et _les éloges que chacun se sente pns du dem de mieux f~1re. N'accordons pas toutes nos louanges aux élèv~s les_ mieux doués sous le rapport de l'intelligence, ei qui obtiennent les plus brillants résultats, mais ne dédaignons pas ceux

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d_ont les efforls réels ~·ont .pas, été couronnés : nous pourr10ns pou~ser _les premiers a l orgueil, et en même temps n?us ~ttrister10ns et découragerions les moins heureux. N ou_bho~s pas que ce sont les plus faibles qui ont le plus besorn d encouragements et que c'est a eux que nous devons les accorder le plus libéralement, les autres jugeront toujours assez de _leurs progrès ~ar leurs notes et leurs places. C'est donc aux moms doués, mais laborieux, que nous témoignerons le plus affectueux intérêt, en relevant leur courage et en leur d?nnant l'es~oir de progrès nouveaux. Sans doute, les derm~~s ne deviendront pas les premiers : qu'importe, pourvu qu 1ls avance~t? Tout en marchant les derniers de la colonne, ils arrivent quand même à l'étape, s'ils y mettent un peu d'ardeur et d'énergie. Au_x ye~x. de l'enfant, toute peine mérite salaire, tout travail do~t etre payé par un sourire, par une bonne parole et meme par un encouragement effectif. Si donc nous voulons qu'il fasse des efforts, reconnaissons sa bonne volonté, mêm~. infructueuse, s~chons-lui en gré et récompensons_-la. V?ila un e~fant qm pendant un mois, une semaine, un Jour, s est fait violence pou r réussir: montrons-lui que ~ous ~ous en sommes aperçus. Tel devoir ne vaut peuteti~e ri?n, en. apparence, mai_s il témoigne qu'on ne s'y est pornt epargne : sachons mamfester notre contentement. Ne nous arrêtons pas à voir toujours les côtés défe(jtueux cela nous ~orte à la _critique; il fant louer aussi ce qu'il' y a de morn~ bo~ ; il fa~~- lo~er de même ce qui n'est pas bo~ , mais qm vaut de1a mieux que ce qui a précédé, et qm suppose un effort. Et dans les distributions solennelles à côté des prix qui ne témoignent que du succès il e~ fau~rait qui témoignass~nt de la bonne conduite, d~ la perséve~an~e dan~ le travail et de la lutte pour réussir. Estce arns1 que l on agit généralement ? A qui s'adressent les recompenses. Oui, pour l'ordinaire, le mérite, c'est le sncc~s. _le succès qui nous met en relief et qui nous honore arns1 que n_os élè~es. Q~e de ~érites vrais nous échappent ou. no~1s laISSent ime,nsibles ! L effort s'est produit, mais il a eté rnf rnctueux : c est tant pis pour lui; l'enfant devra


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se contenter de la satisfaction du devoir accompli. C~tte récompense est évidemment la meilleure, mais elle est bien maigre ponr l'enfant, elle ne le soutient pas et fait ~-bandonner une énergie qui amène le rlécou~agement et rner1ie. Je le sais, il en est ainsi dans la vie ; _le succ~s est tout, et l'effort infructueux passe inar,erçu. ~ais dan,s 1~cole. Que les malheureux, c'est-à-dire ceux qm ne reuss1sse~t pas soient entourés, consolés, relev~s, sous la ~eule condition qu'ils auront tâché de faire mieux ou moms mal. Cependant, malgré le zèle du maître, ses effort_s,. ses charitables industries, ses encouragements, la nécessite de punir s'impose quelquefois. Prévenir, dit-on, vaut mieux q~e réprimer: oui, mais il faut pourtant r~primer quelquefois. lei trois questions se posent: pourquoi, quand et comment faut-il punir? On a dit que, pour l'ordinaire, le~ enfants peu doués sous le rapport intellectuel, sont ~ens1bles au.x bons procédés, aux égards, à la c~nfian~e . qu on leu~ temoigne, à la louange ; cela est vrai, mais 11 y a. aussi des exceptions. Il n'est pas rare de rencontrer parmi eux ~es natures rebelles sur lesquelles la douceur et la p_ersuas1on ne peuvent rien. Voilà pourquoi il faut_ ~lors avoir recours à des moyens plus énergiques, aux punitions. Quand faut-il punir? Quand il y a eu. de la part de l'écolier mauvaise volonté évidente, paresse avérée, faute délibérée, malice intentionnelle ou violat.ion calculée d'un point dn règlement. Encore n'en faut-il venir à cette extré· mité, qu'après avoir échoué avec tous les autres moyens. Prenons garde de ne jamais punir un _élève p_ou~ une faute provenant de son incapacité; en agmant arnsi nous outragerions la sagesse dn Créateur et l'enfant, convaincu de l'injustice d'une telle punition, (car en peut-il davantage s'il n'est pas né intelligent ?) retirerait à son maî~re ses sentiments d'estime et de confiance pour ne plus lm vouer que le mépris et l'aversion, afin de lui appliquer a sa manière la peine du talion. Enfin, comment faut-il punir? - Si une petite r~compense, telle qu'une bonne parole, un regard b~enveillant fait plus d'impression sur les élèves peu doues que

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sur _l~urs camarades, on peut dire que pour l'ordinaire les pu_mt10ns ont un effet a~alogue. Un léger blâme, une' répr1man~e sans brusquerie et sans aigreur, surtout si la faute n es~ p~s grave\ sera préférable à une sévérité qui peut ~e d?gouter ent10~ement de l'étude et faire évanouir le peu d e~perances que l on aurait pu concevoir. Faut-li, _vour des f~~tes d'une gravité égale, traiter avec la ~ême rigueur les eleves peu doués comme les plus intelligents_? La culpabilité n'est-elle pas plus grande chez ~es d~rmers e~. ne, de_man~e-t-elle pas une répression plus energ1que ? Sil s agit ~ un devoir mal fait, d'une leçon on .~~e ou mal sue, o_m ~ous serions plus indulgents pour es e ves b~rnés; 1;0a1s s1 la faute est grave et si nous prévoyo,ns quelle a eté commise avec pleine connaissance, nou~ n a~mettrons pas cette différence dans la répression car il _am~e souvent que dans la perpétration d'une actio~ mauvaise, ~l y a c?ez l'élève peu doué autant et même plus de mechancete, de malice et d'astuce que chez son camarade au~ facultés_ i_nlellectuelles plus développées, et dès lors, pourquoi la pun_1ho~ _ne serait-elle pas la même ? Agir autrement ce ne serait m Justice, ui prudence mais faibl~sse et partialité et l'ascendant moral du m~itre pourrait en être gravement compromis.

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B. Dans la famille c:es~ au foyer domestique que les enfants, dont les fa~ultes, rn_tellec,tuelles s?~t peu développées, doivent surtout e~re 1 obJet, d une solhc1tude toute particulière, et cela aussi ~1en dans 1 or~re_ physique que sous le rapport moral et rntell~ctuel. A10~1 q~e la plante chétive, pour grandir et prosp~rer, a besom d un surcroît de lumière de chaleur et de sorns empressés, ainsi le pauvre déshérité demande un redoublement d'affection et de tendresse, en compensation des avantages qui lui manquent. ~e ~u'il faudr,ait . cet infortuné, a part le traitement ord10a1re que l ~ygiene et la conscience prescrivent c'est un entourage plern de bie~veillance ; ce sont des paroles affectueuses, des caresses discrètes et bien placées, toutes

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compassion peut inspirer. les joies innocen~e:1 q~_un;. en qu'un tel traitement lui Sous les impressions ien a1san ~\ntourent son âme se disferait éprouver, les té~~bres, qui lissant peu à peu sous la siperaient, et b. lumiere s dy mour l'intelligence se prê• douce influence des rayons e a ' tarait plus facilement à_ la dcu\tur;~s particulières en dehors Ces enfants ont bes.om e eç lasse et ces leçons leur des heures réglementaires de :ado~nées' dans la famille. En seront l~ plus avantageu~e:.en placé que les parents pour effet, qui se trouve au.ssi,. ien ation de l'enfant peu doué '? travailler efficace~ent, a 1 educ e toujours sous leurs yeux Le père et la mere l ont pr1squ·nstants de toutes les ciret peuvent profite~ de t.ous es l dévelo' er; ils n'ont pas constances pour l rnstrmre et tl~ d'e'le' vpeps à dirioer et bien e . comme le mai·tre ui,e quaran . arne ar l'âge les connaissouvent davan~age, tous • d1!~:~:tset pies bes~ins. Ce sont sances, les a~ti.tudes, le "~r â leur enfant les premières nodonc eux qm rnculqueron . 1· à développer et tions que l'instituteur sra e?:Ul~\t~~i;e~t pas l'âge de 7 à étendre. Et_ pou.~ ce a q\~ snt à l'œuvre dès qu'ils verou 8 ans, mais qu ils se_ .me e de l'intelligence, car il ront apparaître les p~emie~es lu;~r\enfant est capable de n'y a pas de temps a . per re: l'e~tourent et des personnes retenir le n.om_ des ob~e~~ qm l apte à étudier l~s lettres, qu'il connait, il sera ev1 Iemm:.~ e' Ce serait un grand pas les syllabes, les mots et e~ c _1 r \ ·éléments quand il est de fait si l' ~nfant c,onn~1ssa1t _ce il épargnerait à celui-ci remis aux marns de l 1~~htut~ur 'Puis le concours des pabeaucoup de temps et ennuis. t où leur enfant ira à rents ne s'arrêtera pas mo~e:ent à le suivre de près, l'école. Non, il faut qu' s con .10 nt de ses efforts et qu'ils l'encour~gent, q~'ils le {8co~pe:~e fassent les répétique chaque soir, le pere ou a mere teurs des leçons données en classe. t . dépourvus euxIl y a malheureuseme~t des p~ren s d'instruire leurs mêmes de ,toute instruct.ion, J~n~~:~:p~ég~~gence inqualifia. ue l'éduenfants; d autres sont en e e . . ble, on dirait que rien ne les mteresse morns q ,

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cation de leurs enfants, et ils s'en déchargent entièrement sur l'école qui, surtout dans le cas présent, ne peut arriver qu'à de bien maigres résultats sans le concours de la famille. D'autres parents enfin, heureusement fort rares de nos jours, surtout dans les localités où la loi est rigoureusement appliquée, considèrent l'enfant, non comme une intelligence à travailler et à perfectionner, mais comme un instrument qui ne rapporte qu'autant qu'il est mis en œu· vre. Alléguant, pour excuse, le pen de progrès dont l'enfant est capable, ils exploiteront cette pauvre créature et lui feront manquer l'école le plus souvent possible, afin d'en retirer un plus grand avantage pécuniaire immédiat. On fera bjen quelque chose pour son corps, car l'outil veut être entret.enu, mais sans aucun scrupule on laissera son intelligence fermée à tout jamais aux connaissances les plus indispensables dans la vie. Et dans les familles où, à côté de l'enfant gâté, il s'en trouve un qu'on appelle < le simple > parce qu'il est moins intelligent que ses frères et sœurs, ce dernier n'est-il pas le plus souvent négligé. Ne l'abandonne-t-on pas presque toujours à lui-même sons prétexte qu'il ne sera jamais qu'une non-valeur? Les parents se trouvent-ils dans l'absolue nécessité de retenir un jour un de leurs enfants auprès d'eux, n'est-ce pas, pour l'ordinaire, le malheureux déshérité qui en pâtit, tandis que le contraire devrait avoir lieu? L'élève intelligent se rattrapera bien vite d'une leçon manquée, mais le pauvre retardataire, qui éprouve déjà tant de peine à suivre de loin la marche de son régiment, n'arrivera certainement pas à l'étape si, au lieu de l'aider à franchir les obstacles qu'il rencontre, on lui suscite sans cesse de nouvelles entraves. Lorsque l'instituteur constate de pareils fails, il est de son devoir d'intervenir auprès des parents et de tâcher de leur faire comprendre la grande importance qu'il y a pour eux d'entourer leurs enfants moins bien doués, des mêmes soins empressés que les autres, et surtout de leur assurer une fréquentation régulière de la classe. m pour cela montrons-nous nous-mêmes in-


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téressés à ces pauvres enfants ; prouvons au~ P.arents que nous nous occupons sérieusement et en partieuher d.e .c~a: que élève. Faisons-les venir nous voir ou, avec la seremte et le tact que comporte une semblable démarche, all_ons à eux s'ils ne viennent à nous. Parlons leur avec politesse, disons leur que nous comptons su~ eux, et, que d.u bon accord qui règnera entre la maison et l école, resultera pour l'avenir une bonne parti~ ~u bonheur de leur enf~nt: Faisons valoir les bonnes quahtes morales de ce ~ermer , reconnaissons qu'il est apte à un peu de culture mtel.lectuelle, tout en déplorant que ses bonnes dispositions so10nt infructueuses par suite d'inexactitude et par manque de soins particuliers. N'oublions pas que le jour où l'appui des !~milles nous sera acquis, où les efforts du foyer et de 1 ecole ~eront constamment en harmonie, les résultats seront doubles et notre lourde tâche diminuée de moitié. (A suivre.)

Le calcul mental et l'arithmétique Le maître doit s'attacher, dans l'enseignement de l'arithmétique, bien plus à la pratique qu'à la théorie, s_urtout dans les premières années. Il s'efforcera de m~ttre v~te ses élèves en état de faire un compte usuel, plutot d~ tete qu~ par écrit. Le calcul mental, en effet, est au moms aussi souvent en usage, surtout dans le commerce, que les opérations écrites. . . Au, début cet enseignement doit être entièr~ment mtu~tif, ce qui n'exclut pas, du reste, on le conçoit! le. travail de l'esprit, bien q~e Je aens et surtout J~s yeux ~~ient impressionnés par les obJets présentés. Ce n est, d ailleurs, que par abstraction que nous calculons mentale~e~~· Donc nos premières leçons de ca~cul ser~nt données ~ 1 aide du bo~lier compteur, du bouher numeroteur, de buchettes, de cailloux, des doigts de la main. Sans doute, les e~fants conserveront quelque temps l'habitude de se serv~r de leurs doigts pour compter, mais ils abandonneront vite ce mode

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nat~rel et primi_tif. L,'ess~ntiel est qu'ils arrivent, Je plus rapidement possible, a faire abstraction plus ou moins complète des objets sensibles, et à faire, par le seul secours de la pensée, des opération8 mentales. Evidemment, avant d'entreprendre l'ensE1ignement du calcul mental à l'école primaire, il est nécessaire que les élèves connaissent la numération parlée qu'on leur app_rendra e~ même temps que les premières notions du systeme m~tnque. Les enfants entendent tous les jours parler des anciennes mesures qui, en dépit de la loi, sont encore en usage, au moins dans la conversation, il faut donc qu'ils sachent ce que c'est le sou, la lieue, ta livre, le boisseau, etc. Aussi l'instituteur leur fera connaitre les nouvelles mesures qui y correspondent. On ne peut rompre complètement avec des habitudes plusieurs fois séculaires que l'établissement du systême métrique décimal n'a pu détruire tout à fait. Naturellement l'étude du calcul oral commencera par les petits nombres, d'abord de 1 à 10, à 20, à 30, etc., et ~ar des problêmes très élémentaires sur les quatre opérations fondamentales. Autant que possible on se servira d'ouvrages ornés de gravures qui impriment mieux dans la mémoire ce qu'on veut inculquer à l'enfant. On le fera compter jusqu'à 100, jusqu'à tOOO, et on lui fera remarquer l'identité qui existe entre les mots dix, cent, mille et les expressions grecques, déca, hecto, kilo. D'ailleurs, toute méthode de calcul oral doit être essentiellement pratique et s'adresser surtout à la mémoire de l'élève sans nécrliaer pour cela l'intelligence. Sans proposer aux enfants des ~I~rcices 1,ur les nombres abstraits, il faut exiger d'eux. l'exac titude absolue des résultats et stimuler leurs efforts par des encouragements et des récompenses. Pendant la leçon. le maitre doit tenir en éveil les élèves, donner de l'animation, du mouvement et de la vie à ses explications, tout en allant pas à pas, lentement, du connu à l'inconnu. · ~ (A suivre.}

De l'éducation du cœur Si vous chérissez vos élèves, cet amour vous rendra in-


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géniaux à trouver les moyens de leur être utile. Vous vous ferez tou~ à tous, comme l'Apôtre, pour les gagner tous à Jésus-Christ; vous vous multiplierez pour donner vos soins à_ chaqu? enfa~t en J•articulier. Car remarquez-le bien, Messieurs, 1~tlucat1on du cœur des enfants ne se fait pas en masse ; s1 vou~ ne prenez chacun en particulier, vous perde~ vo?re pe~ne. EJ ici, Messieurs, point de préférence, pomt d exclusion; l enfant du pauvre mérite vos soins comme celui du riche: la Religion, l'Etat, les familles vous o~t _confié ces enfants, c'est une infidèlité coupable d'en neghger un seul. Les parents chrétiens n'excluent aucun enfant de leur amour, vous les remplacez auprès de vos élèves, vous devez avoir pour tous la même affection. Si vous devez chérir et soigner vos élèves écralemeu t cela ne veut pas dire qu'il fa ille les traiter t;us de ,; même manière. Quel ttst le médecin assez inhabile oour pr~scrire à tous ses malades les mêmes remèdes, le ~ême traitement? Les hommes diffèrent plus les uns des autres. par leur caractère que par leur figure, et chaque caractère demande des soins particuliers. Vouloir les traiter tous ècra' t s' exposer a. manquer leur éducation. ~ 1emen t , ces Examinez les enfants que vous avez tous les jours sous vos yeux : les uns sont vifs, leur::; passions ardentes; ils ne reculent devant aucun effort. Nés pour le bonheur ou l~ malheur de le~rs semblables, ils ne re::;teront pas indifferents entre l_e bien et le mal, et, quelle que soit la route d_a~s laquelle Ils sont _entrés, une force my::;térieu::;e et irrésistible les pousse toujours en avant. Vous en trouverez d~autres qui sont plus calme:;, sans qualités, sans défauts bien sensibles; ces enfants seront toujours incapables de grands desseins, d'énergiques résolutions, mais aussi, ils se passionnent difficilement pour le mal. Les premier:; demandent à être dirigés avec beaucoup de prudence · vous mettrez un frein à l'impétuosité de leurs désirs vo~s dirigerez du côté du bien l'énergie de leurs passions, et sur!out, gardez-vous d'aigrir ces caractères par des punitions 1~pru~entes : une petit~ récompense, un témoignage de b1enve11lance, de sat1sfact10n, leur fera ordinairement plus de

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bien que les châtiments, mais encore ne faut-il pas prodiguer à l'excès les marques d'estime; vous développeriez en eux la vanité, l'orgueil, défauts auxquels ces enfants sont naturellement trop enclins. Si les uns ont besoin d'ètre retenus par I frein, les autres ont besoin de l'aiguillon. La paresse est leur défaut capital. Moins sensibles, que les premiers à l'affection qu'on leur témoigne, ils se résoudront difficilement à faire un effort sérieux, s'ils ne sentent au-dessus de leur tête la menace du châtiment. Ils se déc.ouragent facilement et ont besoin d'être soutenus. Tenez-leur compte de tous les efforts qu'ils font, car chaque effort pour eux est une victoire. Les uns sont francs et ouverts, les autres sombres et mystérieux; les uns, volages et inconstants, les autres, tenaces dans leurs idées bonnes ou mauvaises; enfin, il y a tant de caractères différents qu'il me serait impossible de dire un mot sur chacun en particulier. Chacun a ses défauts, ses qualités propres; le devoir de l'instituleur consiste à déraciner les défauts, à développer les bonnes qualités. Votre zèle et votre expérience vous suggéreront les moyens de traiter chaque enfant selon la nature que le Créateur lui a donnée. Je me contenterai de vous faire une observation générale qui peut s'appliquer dans toutes les circonstances: s'il s'agit d'extirper les défauts quels qu'ils soient, il faut savoir unir la fermeté et la douceur, l'autorité du père et la tendresse de la mère. Si vous vous montrez toujours inflexibles sans jama.is répandre sur la plaie que nous êtes obligés de faire l' huile et le baume de la douceur, vous fermez le cœur à vos élèves et vous n'avez plus d'action sur eux. Si vous ne leur montrez jamais de la fermeté, si votre bonté dégénère en faiblesse-, vous ne vous ferez plus respecter et vos efforts seront frappés de stérilité. (La fin au prochain N·)

Une manœuvre déjouée Je vais vous raconter la mésaventure qui m'est arrivée la semaine dernière. Mettant ordre à mes papiers, un N°


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de la Gazette du Valais me tomba sous la main. C'était celui qui décrivait en plusieurs colonnes le. départ de la Wega. La première page du journal donnait une vue du ballon à son départ de Sion. Une idée qui me sembla lumineuse me traversa l'esprit. Si je me servais de cette description pour une leçon de choses ? Et me voilà le journal en poche et parti pour la classe. . A la leçon de choses, je sortis le journal et en donnai lecture. A peine avais-je commencé que.... toute la classe se lève .... : « Bonjour, M. l'inspecteur I Plier ou plutôt chiffonner mon journal et le faire disparaître, fut fait en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Mais, si rapide qu'avait été mon mouvement, il avait été aperçu de M. l'inspecteur. Il s'avance vers le pupitre, et d'un ton sévère me fait exhiber le corps du délit. Honteux et penaud je le lui remis. Sur mon visage il put lire cet humble aveu: « J'ai manqué 1» Reprenant alors la lecture que son arrivée avait si brusquement interrompue il la poursuivit jusqu'au bout, s'arrêtant par intervalle afin de commenter le texte. Stupéfait, je roulai de gros yeux étonnés; pourquoi donc cet air de reproche alors que lu~-même. cons.ommait le fameux délit'/ li donna les exphcat10ns necessa1res, puis me tendit le journal, et me tirant à. part me dit: « Les journaux contiennent parfois des arllcles que vous pouvez approprier à l'enseignement, comme celui-ci par exemple; mais là n'est pas le mal. Votre furtive et imprudente manœuvre a laissé croire à ,os élèves que vous étiez en défaut. Or, rappelez-vous que l'instituteur est le

premier gardien de son autorité.

»

B., ermite à l'Inzerbix.

De la politesse La politesse est la beauté de l'esprit, c'est presque une vertu qui ennoblit l'homme, qui contribue à le détacher de plus des choses matérielles el grossières pour l'approcher davantage de la perfection. C'est une espèce de prudence qui fait que nous ménageons toujours les susceptibilités

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d'autrui; c'est une douceur, une bonne grâce constante qui dispose puissamment le prochain en notre faveur; c'est comme un remerciement anticipé, un témoignage de reconnaissance que nous manifestons en quelque sorte avant même que d'avoir reçu le service; c'est une vigilance sur nous-mêmes qui nous fait éviter tout ce qu'il pourrait y avoir de choquant dans nos paroles, dans nos gestes et dans nos manières. La politesse est une fleur dans la bouche de celui qui parle, c'est une perle dans la conversation, c'est nn fil d'or qui lie les hommes les uns aux autres. Oh ! combien les rapports mutuels dans la société deviennent faciles, paisibles, harmonieux, quand cette belle qualité y préside { Que de charmes elle jette dans la vie 1 Que de misères elle épargne! *

* La politesse est nécessaire aux. enfants dans l'école et la vie privée, puisqu'ils ont des rapports journaliers entr'eux et avec leurs semblables. Le maître doit donc habituer ses élèves à. être polis et affectueux, en classe d'abord, les uns envers les autres, puis en dehors de l'école envers les autorités religieuses et civiles, envers leurs parents, les vieillards, les grandes personnes et tous leurs camarades. Je ne m'arrêterai pas à énumérer toutes les règles de l'éliquette, toutes les manières à observer, tous les gestes, tous les actes à effectuer pour se montrer toujours poli dans les différentes circonstances rle la vie; il faudrait pour cela un volume et une plume plus autorisée que la mienne. Je dirai seulement que le maître doit, dans la mesure du possible, instruire les enfants sur ce sujet et pour cela leur faire joindre la pratique à la théorie. Dans ce but, il ne lïtissera jamais passer une grossièreté parmi ses élèves quand il peut la réprimer; si elle provient de l'ignorance, il rendra l'enfant attentif à sa faute, lui montrera comment il faut faire, lui ,fera comprendre la beauté et les avantages de la politesse, les inconvénients, la vileté de la grossièreté; si, au contraire, elle provient de la malice, d'une mauvaise habitude, ou même d'une étourderie, l'enfant en défaut sera

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en outre puni plus ou moins gravement. Que la vigîlance du maitre à cet égard ne se démente pas un instant, afin qu'il puisse donner à la société des hommes parfaits, autant du moins que la faiblesse de la nature humaine le permet. L'instituteur ne doit pas seulement habituer les enfants à être polis envers leurs semblables, mais surtout envers Dieu et envers eux-mêmes. Je m'explique: ils seront pofü envers Dieu, quand ils auront en tout et partout le plus grand respect, la plus grande venération pour son saint Nom, et en général pour tout ce qui a trait à sa divine doctrine. Ils seront polis envers eux-mêmes, quand ils se conduiront toujours en bons chrétiens, quand ils agiront toujours comme étant les membres vivants de J.-C. et les temples du Saint-Esprit, quand ils ne SP. souilleront jamais par une conduite indigne, par une préférence coupable des jouissances matérielles à l'accomplissement de leurs devoirs. Voilà, à mon humble avis, la plus belle, la plus noble de \outes les politesses, celle qui doit fa.ire de la part du maitre l'objet de sa plus tendre sollicitude et de ses soins les plus constants. (La fin au prochain N°)

Les congés scolaires Tous les instituteurs savent par expérience que les moin• dres jours de classe sont ceux qui suivent immédiatement une vacance. Or, comme l'on a ordinairement congé les dimanches et les après-midi des jeudis, il en résulte que les vendredis et les lundis sont les moindres jours de la semaine. En effet, ces jours-là les devoirs sont généralement moins bien faits et les leçons à demi sues. Une fois le congé donné, les élèves entendent en profiter, non pour mieux étudier et préparer leurs devoirs, mais bien pour s'amuser, se récréer et mener joyeuse vie. Ces jours sont regardés comme des jours de plaisir, où ,1s peuvent s'affranchir de tout travail sérieux pour se vouer à la plus molle oisiveté. Les maitres, qui supposent avec raison qu'en ces jours les élèves ont eu plus de loisir pour préparer

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leurs tâches et apprendre leurs leçons, s'abandonnent d'autant plus facilement à la mauvaise humeur; et il n'en faut pas davantage pour que tout aille à l'envers à rebours comme l'on dit. Les punitions arrivant, il y a~ra mécontentement sur toute la ligne, et l'on ne fera rien qui va~lle. Afin de remédier à cet état de choses, les Américams, en ge_ns ~oujours pratiques, ont supprimé les demicongés des 1eud1s pour les transférer au samedi soir. Nous p~n~ons _qu'en cela ils ont raison, et qu'en les imitant nous d1mmuer1ons d'~uta~t nos mauvais jours. Nous proposerons enco~e d~. n,e J~m~1s donner plus de tâches les jours de conge qu a l o~dma~re, car il vaut mieux. faire peu de besogne At la faire _bien que beaucoup et mal. ~e mode d_e fa~re coûterait peut-être un peu plus aux. maitres, car Ils aiment autant les vacances que les élèves Cependant,,. eu égard _aux avantages, nous sommes per: su~dés _qu ils en _seraient amplement récompensés par la satJsfact10n de voir que leurs classes marchent mieux et ~ro,gressen_t ~avantage. C'est une idée que nous soumettons a l appréciat10n de ~os collègues, avec l'espoir que quelques-uns pourront faire l'essai proposé et nous dire ensuite le résultat de leurs essais ? R.

De l'économie domestique Causeries pour les institutrices II Ainsi que je l'ai dit, nous allons successivement étudier toutes _les questions qui forment l'ensemble de l'économie domestique. , Nous _n'avon~ pas à nous occuper beaucoup du choix de I hab1i,a~10n, pmsque cett~ habitation est généralement l'école. meme. ~~pendant, s1 quelques institutrices ne sont pas logees dans I ecole et reçoivent une indemnité en argent pou~ payer un l?yer ~u. dehors, à celles-là je recommanderai une atten~10n seneuse dans le choix. de leur logement. El~es doivent, avant tout, rechercher les conditions de salubrité. Une habitation saine doit avoir de l'air et du


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soleil : il faut donc éviter de choisir certains appartements situés où jamais le soleil ne pénètre et où l'air est mal renouvelé. N'oubliez jamais que les rhumatismes, les bronchites et autres maladies de climats variables sont le résultat des habitations humides . . Nous arrivons à une question très importante et très difficile à résoudre, je veux parler des nettoyages de la maison. Vous avez peu de temps en dehors des classes, vous les quittez souvent lasses et fatiguées, il est donc tout naturel que vous négligiez un peu cet entretien qui est pourtant si nécessaire. Nous allons voir comment il serait possible d'arriver au résultat souhaité. Et d'abord, retenez bien ceci: c'est que pour l'entrntien de la propreté il faut d'abord éviter de salir. Je vais vous expliquer ce que j'entends par là: je suppose d'abord une institutriùe qui n'a pas d'aide, pas même de femme de ménage ; en se levant, elle devra préparer son premjer déjeuner à l'aide d'un réchaud à gaz ou à pétrole - pas au charbon, c'est une perte de temps, et le charbon salit. Aussitôt le déjeuner pris, il faut laver et rincer rapidement les tasses qui ont servi. Comme elles sont encore chaudes et que les 1·ésidus n'ont pu s'attacher aux. parois, un simple lavage à l'eau froide suffira, tandis que, si vous les laissez sales, elles seront difficiles à laver. Cette petite opération est très vite faite; vous n'oublierez point, en la terminant, de passer un chiffon mouillé sur la pierre d'évier, et vous ferez couler un peu d'eau. Après le déjeuner, il faut faire les lits, qu'on a eu soin de découvrir en les quittant, afin de faire évaporer les émanations qui s'y sont accumulée5 pendant la nuit. Il est bien entendu que les fenêtres ont été ouvertes, pour laisser entrer à flots un air nouveau à la place de l'air vicié expiré pendant le sommeil. Je vous engage à passer par dessus vos manches blanches, et à prendre un tablier propre destiné uniquement au service des lits ; cette précaution, qui peut voua paraître une recherche inutile, est au contraire une précaution économique.

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Vos manches blanches, votre tablier propre préserveront les draps et les couvertures du frottement de vos vêtements, qui, forcément, ne sont pas absolument irais, et vous permettront de les donner moins souvent à blanchir; vous rangerez ces manches et ce tablier derrière le lit, afin de ne jamais perdre de temps à les chercher. (A suivre.)

L'hygiène des yeux à l'école Des idées dignes d'être rappelées, non pour leur nouveauté, mais parce qu'elles sont trop souvent méconnues, sont clairement exposèes dans cette causerie médicale, faite par le Dr P. Ducci. L'éclairage des écoles est une question de premier ordre; pour avoir la quantité de lumière convenable, il serait nécessaire que chaque classe fût oblongue avec les fenètres sur la paroi la plus longue et les bancs parallèles à la par0i courte, de façon que la lumière arrive aux élèves du côté gauche. Les fenètres seront nombreuses et descendront assez bas; elles auront des rideaux ou des stores pour atténuer l'intensité des rayons lumineux.. Les m nrs de la salle seront peints d'une couleur claire, mais pas blanche. Quel genre de source lumineuse est préférable le soir pour les écoles? La lumière électrique, d'après les travaux de Poncet de Cluny, Cbevallerau, Trélat, Vienzal, Javal, etc., est à choisir: elle est mtense, ne produit pas trop de chaleur et n'apporte aucune irritation aux yeux.. Le banc ne doit pas être trop haut, il sera pourvu de traverses telles que les élèves puissent appuyer leurs pieds, en tenant les jambe3 à angle droit. Le dos et la tête auront un point d'appui pour ne pas forcer les muscles fatigués de ces régions à des positions vicieuses, causes de graves pertubations organiques. La distance entre le siège et la table ne sera pas trop grande. L'eufant assis sur son iiiége devra toucher le bord de la table au niveau de l'appendice xiphoïde du slernum. Le défaut de ces règles hygiéniques est souvent la cause de déviation de la colonne vertébrale et de myopie. Les


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livres devraient être imprimés en gros caractères, de façon que la lecture ne demandât pas un effort de vision. Il est nécessaire de corriger avec des verres les anomalies de la réfraction et de bonne heure. L'enfant ira à l'école vers l'âge de sept ans; avant ce temps-là, il sera envoyé dans les salles d'asiles, ou bien. la mère, elle-même, commencera à lui donner les premiers éléments d'éducation. Il ne sera pas trop chargé de travail: 5 heures par jour à l'école et le minimum possible chez lui. L'auteur insiste sur la nécessité d'éviter la contagion des conjonctivités catarrhales et granuleuses a l'aide de médecins chargés d'exercer une vigilance continuelle sur les écoliers à l'égard de ces maladies et d'adapter aussi leur travail à l'état de leur vue. Il conseille enfin l'institution des écoles infirmeries pour séparer les enfants pauvres atteints de granulations des autres enfants.

PARTIE PRATIQUE COMPOSITIONS LA POULE MALHEUREUSE On a. fait couver à une poule des amfs de canetons. Qu'a.rrive-t-il à la. poule quand les œufs sont éclos ? DÉVELOPPEMENT. On avait fait couver par une poule douze œufs de cane. Lorsque les œufs furent éclos, il en sortit douze canetons. Dès que cet1I-ci commencèrent à courir, ils allèrent se baigner dans une mare voisine. La. pauvre poule, qui ne pouvait les suivre dàns l'eau, était désolée. Elle allait et venait sur le bord de la mare, appelant ses petits qui ne l'écoutaient guère, car ils ne se doutaient pas du tonrment qu'ils causaient à. leur bonne mère. UNE BONNE CEUVRE Un incendie a ruiné complètement un pauvre ouvrier; vous écrivez à. un de vos amis pour lui raconter ce que l'on fait pour venir en a.ide à ce malheureux; vous demandez à yotre ami de participer à cette bonne œuvre. D:i!:VELOPPEMENT. -

Mon cher ami, Un de nos voisins, menuisier de son état, père de trois enfants, poss éda.it pour tout bien une maisonnette et une petite provision de bois ; un incendie, dont la. cause est inconnue, a. réduit en cendres la. maison et ce qu'elle contenait. Le menuisier et sa. famille sont aujourd'hui dans la misère. On vient d'ouvrir, dans notre commune, une souscription pour venir

en a.ide à. ces petits infortunés. Chacun donne sa. petite offrande. Ne pourrais-tu t'associer à. cette bonne œuvre. Tu n'ignores pas que chacun doit, dans la mesure de ses moyens, venir en aide à ses semblables. Fais d~nc ce que tu pourras, et adresse-moi la. petite somme dont tu pourras disposer. Ton ami. LE SERVICE MILITAIRE L'honnête homme va sons les drapeaux avec résolution, avec patience, avec courage. Il y accomplit fidèlement son service. Il se soumet en temps de paix aux petites misères et aux ennuis de la. vie de caserne et de la. discipline. Il y acquiert un esprit de bonne humeur, de camaraderie de simplicité et de patriotisme, qu'il conservera. dans la vie civile. Il évitera la grossièreté, les mauvaises relations, ce qu'on appelait autrefois le ton de caserne. En temps de guene, son cœnr sera à la hauteur des cir• constances ; il fera. délibérément le sacrifice de sa vie, sachant d'ailleurs que le plus sûr moyen de la. préserve1· et de la rendre utile à. son pays sera encore d'obéil- aveuglément à ses chefs, de rester dans les rangs de dompter la. crainte et de fa.ire tout son devoir. '

STYLE Engagez votre frère à assister à

im

cours d'hot·ticulture.

Bien cher Lucien, Parmi les branches de la. cult:ure rurale, il en est une qui laisse beaucoup à désirer dans notre canton: c'est celle de l'horticulture, soit la. culture des jardins. Lorsqu'une famille possède, non loin de sa demeure, un bea.n jardin, cultivé avec intelligence et goût, elle en tire, pom· toute la saison, un produit rémunérateur qui n'est certainement pas à dédaigner. C'est pour ainsi dire un cornet d'abondance où l'on puise tous les jours sa.ns compter pour alimenter la. famille. Chez nous, rien n'est cependant plus mal compris que l'horticulture. C'est pour ce motif qne nos jardins sont si négligés et nous rapportent si peu, malgré les engrais qu'ils absorbent. Cultivés comme ils devraient l'être, ils nous ra.pportera.ien t trois on quatre fois plus. Il va.udra.it donc la. peine que l'on y vouât des soins plus entendus . .Mais, pour cela, comme tonte chose, il faut en connaître la partie, ce qui ne se peut sans étude. C'est pom· ce motif que je t'engage vivement à suivre à la première occasion un cours horticole. Sois persuadé que tu ne te repentiras jamais des sacrifices faits à cette fin, et que plus tard, si tu suis mon conseil, tu n'auras qu'à. t'en féliciter. R.-M. Ton tout dévoué frère.

Calcul écrit {examens des recrues de 1898) 6. 4. A la. somme de 1425 fr. que j'a.i, j'ajoute 1680 fr. et j'en dépense 1976 fr. Combien me reste-t-il? 3. J'expédie 195 kilogrammes de riz, à 35 et. le kilo et 62 kilogrammes de café, à 1 fr. 90 et. A combien se montera ma facture ? 2. 2a/, q. de pois me reviennent à 88 fr. A quel prix revendrai-je le kg., pour gagner 1/ 4 sur le p1·ix d'achat? 1. Pour me procurer 1 q. d'une marchandise je dépense: 92,50 fr., et 3,50 fr. pour frais divers. Quel est mon gain en %, si je fixe le prix de vente à 114 fr. ?


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'J. 4. Un propriétaire possède une fortune de 30 000 fr. Les bâtiments, prés et champs valent 25 550 fr. Que valent les biens mobiliers ? 3. Quelqu'un gagne 1800 fr. par an. Chaque jour il dépense en moyenne 3 fr. 75. Combien économise-t-il annuellement? 2. Combien coûtera un emplacement de jeux, long de 18 m., large de 14 m., entouré d'une banière. Pour la place le m2 se paie 4 fr. 75; la barrière est taxée à 5 fr. 75 le m. courant? 1. Quel intérêt rapporteront 1580 fr., placés au 3 1/ 2 %, du 13 mars au 7 août (l'année comptée à 360 jours, chaque mois à 30 jours)? 8. 4. Le soldat touche 2 paires de pantalons. Chaque paire coûte 13 fr. 85 et. ; à combien reviennent les deux paires ? 3. Un chef d'administration achète pour le compte de l'Etat 145 capotes milita.ires, à 28 fr. 05 et. la capote. Quelle somme cela fait-il? 2. Selon l'arrêté fédéral un canton a en 1·éserve des habits militaires neufs pour la somme de 32 334 fr. La Confédération rembourse l'intérêt de cette somme au 4 0;0 pendant 8 mois. A combien se monte cet intérêt ? 1. L'administration militaire paie 27 fr. pour une tunique ; cette somme se décompose en 161/ 2 fr. pour l'étoffe et les fournitures et 101/ 2 fr. pour la façon. Comment se répartissent les frais en % pour les deux parties ? 9. 4. Un employé retire 175 fr. par mois. Que retire-t-il en 3 mois? 3. Trois douzaines de livres coûtent 34 fr. 20 et. Combien coûte un livre ? 2. Dans un commerce un administrateur a un traitement annuel fixe de 2700 fr. plus le 2 % du gain net. A combien se monte son traitement par mois, sa.chant que le gain net de l'année a été de 9000 fr.? 1. Combien puis-je vendre un tas de foin, long de 6,5 m., large de 4,8 m., ha.ut de 3,25 m., sachant que le q. vaut 8,50 fr. et qu'un m3 pèse 75 kg.? 10. 4. A la foire passée, sur 1904 pièces de gros bétail présentes, 957 pièces ont été vendues. Combien n'ont pas été vendues? 3. Quelle va.leur représentent ces 957 pièces de bétail, le prix moyen étant de 425 fr. par pièce ? 2. Des 1904 pièces de gros bétail, 4/ 7 appartiennent à la race brune et 3/7 à la race tachetée. Combien y a-t-il de pièces de chaque race? 1. L'emplacement de la foire est un carré de 350 m. de contour. Quelle surface occupe chacune des 1904 têtes de bêta.il ? 11. 4. Deux familles incendiées reçoivent 3460 fr. de la caisse d'assurance, 814 fr. en dons et secours. Combien en tout? 3. Combien coûte la toile de coton nécessaire pour une douzaine de chemises, sachant qu'il faut 31;2 m. de toile par chemise et que le m. coûte 70 et. ? 2. Un négociant tire d'Allemagne une certaine marchandise dont le q. coûte 44 marks. A combien lui revient le kg. en argent suisse, si les frais de port et de droits d'entrée reviennent au 5 % de la valeur de la marchandise (1 mark = 1,25 fr.)? 1. Lors d'une construction de route, l'entrepreneur A. emploie 35 ouvriers pendant 19 jours et B. 29 ouvriers pendant 26 jours.

Comment doivent-ils partager la somme de 5321,25 fr. qu'ils reçoivent pour les travaux ? 12. 4. Proc~ainement, un journalier doit payer 120 fr. pour son loyer. Il a déJà 96 fr. 50 et. Combien lui manque-t-il? 3. ~n ouvrier paie au laitier 85 litres de lait à J 6 et. le litre et 15 kilogr. de fromage à. 76 et. le kilo. Combien au total ? 2. ~u salaire annuel du père se montant à 976 fr., l'aîné des garçons aJou~e encore 192 fr. Quelle recette cela fait-il pour chacun des 365 JOUrs? 1. Cette même famille fait un héritage;de 568,80 fr. et les intérêts de cette somme au 33/t % pendant 1 an 219 jours. Combien en tout? 13. 4. Un mètre de drap coûte 4 fr. 85 et. Combien coûtent 3 mètres? 3. Un hêtre (foyard) donne 9 stères de bois, le stère à 15 fr. 50 et. et 85 fa~~ts, à 30 et. le fagot. Quel en est le produit ? 2. Une prame a une longueur de 341/5 m. et une largeur de 25 m. Quelle est sa valeur, le m.2 compté à 3,45 fr.? 1. Une escouade de recrues est composée de 136 hommes · 17 hommes sont renvoyés, 51 so~t déclarés impropres et 68 apte~ au service. Quelle est la proportion en % ? U. 4. Un ?Denuisier demande 48 fr. 50 et. et 95 fr. pour 2 commodes. Il reçoit 150 fr.; combien doit-il rendre? 3. ~ fou"":t à un nouvel hôtel 26 tables, à 17,50 fr. pièce. Que rettrera-t-il? 2. Sur une créance de 876 fr., le même maître d'état fait une perte de 1091/ 2 fr. Combien de centimes perd-li par franc? 1. Il achète 50 planches longues de 31/2 m. et d'une largeur moyenne de 48 cm., à 2,40 fr. le m.2 • Il paie comptant avec un escompte de 11/4 Ofo. Quelle somme doit-il donner? lo. 4. Un. paysan a acheté deux vaches, pour le prix de 950 fr. Il est obligé de les revendre pour 895 fr. Quelle est sa perte ? 3. Un ?Darchand de fromage emploie journellement 3 kilogr. de sel, le kil?gr. à 15 et. En conséquence, quelle est sa dépense annuelle (365 Jours) ? 2. Un terrain rectangulaire a 24 m. de long et 20, 7 m. de large. Quel est son contour et quelle est sa surface? 1. Une certaine quantité de farine suffit pour nourrir une garnison de l~~ hommes .Pend~nt 60 jours. Combien de temps durera cette provision de fariue, s1 33 hommes sont retirés de la garnison ? 16. 4. Dans. le coura_nt l'~nnée dernière, un journal a paru 309 jours ; com?ien de fois n a-t-Il pas parn, durant les 365 jours de l'année ? 3. Le Jom·nal coûte annu~llement 14 fr. 50 et. et 35 personnes y sont abonnées dans la localitè. Quelle est la recette de la feuille dans cette localité ? 2. ~e.s annonces du journal se paient 15 et. la. ligne · s'il y a. répét1t~on suffisante, l'insertion est de 25 % meille~r marché. Que paier~-t-on, d'après cela, pour une insertion de 16 lignes répétée 52 fo is ? 1. Combien de m. 2 de papier représentent les 309 numéros de ce journal, si celui-ci mesure 54 cm. sur 75 (c. à d. qu'il est large de 54 cm. et long de 75 cm.)?

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VARIÉTÉ$ LA. PETITE MAITRESSE D'ECOLE La petite station de X... était en grand émoi; un affreux malheur venait de s'y produire ; un train de marchandises anit été tamponné par l'express qui entrait en gare à toute vapeur. Comment l'accident était-il arrivé? par quelle imprudence, par quelle négligence cette rencontre avait-elle été occasionnée, c'est ce que l'enquête commencée déjà se chargerait de démontrer et de préciser : nous ne pouvons, nous, que constater et nous apitoyer sur les victimes. Heureusement elles n'étaient pas nombreuses. Dans le train agresseur, nul mort, quelques contusions seulement et la machine passablement avariée; mais ce pauvre convoi de marchandises, qui allait partir et se mettait à peine à haleter, était dans un triste état; sa locomotive et ses cinq premières voitures étaient absolument défoncées, hachées, anéanties. Le personnel, par bonheur, n'était pas encore au complet, car le train ne devait prendre son élan qu'après l'arrivée de l'express, et seul, le mécanicien Jean Dubrenil était sur la machine. Les restes du pauvre diable furent retrouvés dans un tel état que l'on n'osa. même pas les fafre voÏl' à sa vieille mère et à sa petite fillette qui vivaient de lui, et que, bon gré, mal gré, il fallut pourtant bien avertir du malheur qui les prenait à la gorge ! Ce Jean Dubreuil, un brave garçon, était veuf depuis trois ans déjà., et vivait dignement entre sa mère, une vieille paysanne qui pouvait bien a.voir la soixantaine, et sa petite fille Angèle, qui venait d'atteindre sa dixième année. Jamais ménage plus uni ne s'était vu dans la maison qu'ils occupaient, jamais homme plus sobre et plus rangé que Jean Dubreuil, et jamais mignonne plus gentille que la petite Gèle, comme on l'appelait familièrement. Toujours la première de sa classe à l'école, elle passait pour une savante dans ce monde d'ouvriers que fréquentaient ses proches, et bien souvent voisins et voisines venaient s'adresser à elle pour la prier de rédiger leur correspondance ou de lire les lettres naïvement primitives qu'ils recevaient de loin en loin. Pour la vieille mère Dubreuil, on la citait comme un modèle de propreté et d'économie, et, pour le type de la mère idéale. Elle avait deux piétés; le bon Dieu et son fils Jean, ou plutôt son fils Jean et le bon Dieu, car elle n'hésitait pas à faire passer Jean beau premier! Le deuil terrible et foudroyant qui frappait cette brave famille était donc un écho douloureux dans le cœur de tous ceux qui fréquentaient Dubreuil, et le convoi dn pauv1·e mécanicien fut suivi par beaucoup de gens qui pleuraient pour de bon, et dont les : c Adieu, Dubrenil >, jetée a~ bord de la fosse, pour n'êtr e pas officiels, n'en étaient pas moine bien touchants. Le lendemain de la triste cérémonie, l'administrateur qui se trouvait encore à X., fit appeler la mère Dubreuil et la petite Angèle dans le bureau du chef de gare pour régler c l'affaire >, comme il disait. Et quand les deux pauvres créatures furent assises devant lui, endeuillées et pleurantes, sur le reps du canapé, M. l'administrateur, au nom de la Compagnie, offrit aux deux désolées une certaine somme une fois payée, ou la gérance de la petite bibliothèque de la gare, qui allait devenir vacante.

La vieille campagnarde 11 . petite fille avait pris feu dè: ~· opta~t pour la somme liquide, mais la aimait tant les livres _ et co1 premier ~ot .d~ l'offre de gérance - elle temps de la. réflexion les d u mme. M. l ad~llllstratenr leur donnait le avec un peu de bauU:e sur ~ex a~gé~s 0rt1rent de ce premier entretien cœUI, e ' evant les yeux, une perspective pour l'avenir. Une fois rentrées dans leur t 118 .· t 1 . jaillissaient des yeux à la vu e .og:is, malgré les larmes qui leur malgré tout, il fallait pourta:t t!no~etJé a~ant appartenu au mécanicien, teur ~e serait pas toujours à X et ile tt c1 dei:, car en~n, M. l'admiuistrademam .B?ir, il les avait préven~~s. a en ait une reponse pour le lenLa vieille maman Dubreuil l l s'en alla demander c 1 ' se on a coutume des gend de la campagne avis à l'autre, elle i·~::Uet a~ too~\esd se;. c_onnaissances, et, ballottée d'~ marches et d'oiseuses convers t· e 101s gr~ndes heures d'inutiles déAussi était-elle dE'icidée à rés~;~ns, i°n pe\~oms avancée qu'auparavant. G~le dès que celle-ci rentrerait q~es I?n toute s.eule avec la petite déJà, malgré son lourd cha. r' eco e ou elle a".a1t tenu à retourner graves et réfléchies, l'aïeul[!· 1,Etf en effet! le soir, après le souper, leur avenir, en face du ortrait en ant se IDirent à parler des choses de semblaient demander co~seil là ~audvre Jean Dubreuil, auquel elles noirci. - an ans son modeste cadre de bois La grand'mère, nous l'avons dit ·t , . en pièces de cent sous l . . , . ava1 son idee, et la somme à toucher d'une. bibliothèque de sta~1o!~ra1ssa1t beaucoup plus sûre que la gé1·ance Mais Via petite Angèle pensait tout autrement . < 01s-tu, bonne maman d" ·t Il · cela nous fera une occu atio ' isa1 :e e,. ce1a vaudra beaucoup mieux l'argent, il me semble q~e c'~~t elt pn_1s, ds1 on nous donnait comme ça d; pour que je l'oublie et ·e a VIe e mon _cher.papa qu'on me paye tiendras le petit m~gasi~ d;eli v.eux p~s !'oublier, Jamais... jamais? Tu à l'école. et, dès que je sortiraf\f! et el Journ~ux _penda_nt . que je serai - Mais, ma auvr f ma c asse, Je VIendra1 VIte t'aide1· !... thèque? Comme~t fer:i!~ea;~;omment veux-tu que je sois à la bibliodera un journal ou un livre? T ne _pab~e tromper quand on me demanDame ! de mon tem s on n'a .u s~1s ien que je ne sais pas lire!... les campagnes' ce !'éta·t pas ces choses-là aux enfants dans 1 paspp1ena1t vous autres! · comme aujourd'hui; voue êtes bien heureux

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- Oh ! ne crains rien bonn · . . et j 'ai déjà mon projet ~a J ' e ~aman~ Je sais bien comment nous ferons > Le monsieur a dit ' ue· Y ai p_en~e toute l'a.près-midi, à. l'école ! mois : eh bien d' " . 1• q cette b1bliothèque ce serait pour dans un - A moi? 'maI~1t: :so}s avons le temps: je t'apprendrai à lire! mon âge?... olle, ma pauvre enfant 7 Comment veux-tu qu'à - On peut tout ce qu'on t b nous l 'a dit. Je t 'a rendra· veu.' onne maman, c'est la maîtresse qui même tu seras étoffée d'aplpràe lidrre, t!} ".erras comme c'est facile, et toi... , . n e s1 VIte .nai~, ma petite Angèle... ' - Il n Y a pas de < mais ma. perte An ·1 T . pap_a _di~&it que j'avais ma etite têt;? g~ e. ~. u_ sa~s que ~on pauvre d b1en, J y a1. mis que Je t'apprendra1 a. lire pour tenir la bÏ6liothè Nous irons dire demain au m ql~e e a gar_e, et Je te l'apprendrai. gérance, et en rentrant J·e te do:se1reau1.rtde Pa":~ que nous acceptons la a prem1ere leçon !

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Il fnt impossible à la brave mère Dubre~il de triomph~\dee~if;: da.ns cette cervelle de dix ans; elle finit par, se ~en 1 , . allèrent comme la. bonne àetlintelfrenter:nl:ni la;:~~ f;~!~ez la petite a pe i e ga '' il d · aux et de Si jamais vous passez leurs P es e JOUrn Angèle et la mère Dubreuil assises derrière aignez pas vous pouvez vous Et livres de toutes les coul eurs. ne cr ., . ~lles vous serviront a.dresser à l'une ou à l'autre des deux tenan~ierns,, d'école a eu en la feuille ou le volume demandés, ca.r !a pet~t\ i_n~1~~e~oenneur, et qui est ea bonne grancl'mère une excellente éleve qm Ul ai . à écrire 1 en tr~in ~e complé_ter so_n éducatkfît:: r!p-riee~!t qui ~ désor~race a ~a gentille mignoJ?-Ile nfmel 'grande vérité de l'axiome s1 connu : .a . A ScmmEGANS. mais son pam assuré, a compris e c Il n'est jamais trop tard pour bien faire. > ug.

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DIEU Qui dit au soleil sur la terre _d'éclairer tout hofmte ,ell; t~~! ~:: bieu !... Qui donne à la nuit son mystere ? - 0 mes en an s · c es Le bluet et le ciel superbe, qui les a cieints d~ c~!!~ ie bon Dieu! ... Qui verdit l'émeraude et l'herbe? mes e an · .li Qui donne au b?squet son ombra~e? e6 llieu~~: Qui donne à l'oiseau son ramage ·. . Qui donne à vos mères le charme de rire à vnfotr~ fo~t\t:~n Dieu! ... Plenrant à votre moindre larme ? - 0 mes e an s · c es .

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::::J:~:=~~.~~tr:eb::

Quand, pour sa m.èrd~touEpo~r s~n pè ~~~a:!f~:~~ ~~:s!a\~ ubo!oii::i~~~: Qui l'écoute et 1m i : spere . ~ . · . Ce soir, après votre pri~_re, quant vous a:e\ dtt bon Dieu!. .. Qui fermera votre paupiere ? mes e an sM~· DE LA BoIDLLERIB,

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A V ANT LA CLASSE Les matins d'hiver par les raccourcis, On trottinait sec, pour se rend~e. en classe, Tout eu abritant les nez cramoisis, Sous les longs foulards d'où pendait la glace .. La neige aux sabots, les doigts tout transis, Vite autour du feu l'on p~enait s~ place, Et jalousant fort les prem1ers assi~, , Qui ponr prendre un rang se payaient d audace. Et l'on était gai, quel q~e fut le ~emps, Tout nous semblait beau, hiver et _prmtemps, Tout nous souriait, jusqu'au bon vieux ma1tr_e, Qui pendant ce temps, sur. un ta~leau non·, Ecrivait trois mots qu'il fallait savoll2 Pour être savant .. . ou pour le paraitre. DÉSIRÉ (Nuits sereines).

LUZET,

res. Les expériences de Tom-Tit, amusantes et instructives, sont devenues le passe-temps favori de toutes les familles. On peut se procurer chaque série (1 r•, 2m• et 3...e) séparément au prix de 3 fr. chacune.

Bibliographie L'Agence de publicité

&aasenstein & 17 ogler, 111ière d'une grande partie des jour-

ux: suisses et étrangers, vient de nous ser un exemplaire de la 33• édide son catalogue agenda pour 1899 lication annuelle absolument indisable à toute personne faisant de la licité, et distribuée à titre ~raciaux clients de · quelque importance de gence. ~e recueil de 1899, tant comme reque comme format et arrangement rieur, ne le cède en rien à celui années précédentes. li renferme la de toutes les succursales de cettt> portante maison (U actuellement) et le des agence'! dont le nombre s'ée à près de 500. Il renferme en ouun calendrier pour 1899 avec ageo, très pratique pour les notes de chajour, puis une liste complète de les journaux potitiques et spéciaux. rnaux illustrés, professionnels et techaes, revues, indicateurs, guides, alachs, etc., de l'univers entier, avec ication de leurs prix d'insertioo, bre et largeur des colonnes, périoté, etc. Gràce à une table alphabétique de tes les villes indiquées dans le calogue, le lecteur peut instantanément voir quel journal parait daus telle ou le localité du monde, et connattrt> itôt les principaux renseignements tifs à sa publicité. Si nous ajoutons pour tous les pays réunis, le nomdes localités n'est guère inférieur à , nous aurons faH entrevoir la dose 'dable de travail qu'a exigé la recbe de tous les renseignements fourpar ce catalogue. A la fin, se trouve

un nombre respectable d'annonces jonrnaux donnant encore de plus a pies informations sur les organes qu'el concernent. C'est un cadeau utile et pratique f précié chaque année davantage deis no breux clients de cette importai Agence,

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Agenda do Valais 1899. - On nous prie de rappeler que l' peut se procurer cet agenda non se IPment auprès de l'imprimerie KLE DIENST & ScHMID, à Sion, mais enc~ dans les magaisns de M. ZEN-KLUS de Mm• BoLL et de M. L. KALBERM TEN, dans la même ville. Oa peut au ~e le procurer à Martigny-V. chez LUGON-LUGON, à St-Maurice chez Pierre Lu1srna, à Monthey, chez Ill Vve CHARRIÈRE.

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* L'A,rrleolleor valal11an, I

blié sous la direction de M. N. Jula professeur d'agriculture à Ecône, vi€ de nous arriver en double livrais (22-23) qui est l'avant-dernière de ir• année de cette revue. Elle est par culièrement intéressante. En voici sommaire : Chardon (vache race d'~ rens, 6 ans, inscrite au syndicat d'él vage de Martigny-Ville, primée da olusieurs concours. Propriétaire: Pierro.: Maurice, à Martigny-Ville).

Le Pourridié ou blanc des racines. Soins à donner aux jeunes veaux. Les déserts de nitrate du <..hili. - j vignoble valaisan (rapport présenté 4m• coo~rès international d'agriculto tenu à Lausanne en septembre deroi Ce très intéressant travail est dù à


· 1~ire-frontière. Petite chronique. - Service-v - Elevage de l'

utorisée ae notre sMymfth;que de l'école normale, · op ner. ·end 10 pagAs et annonce UDP La loi fribourgeoüe sur la

le commerce des vins fabrtqués .

b . _ Bibliographie. ovine.. . archés des principa1"f :"rr par. an; Aboonemen

Supplément à l'ECOLE PRIMlffiE

B

.

Education des filles de la campagne (Suite et fin)

Variétés commune des Grisons avait que le verbe étonner eût été dêjl fort et que surprendre eftt lar111 bir. dans le bot fort loua~le sans # • • e ménager 888 finances, l~poser suffi. - Vous avez, ma 101, r~1s~n. rves la fonrniture du bois pour _ Je le sais bien ; mais il ne ffage de l'école. Naturellement est guère possible de vous aper ents protestèrent et l'un d'e~s de la débauche d'expres~ione superla t au Conseil d'Etat. Ce dernier e lui donner raison en ~éclarant à laquelle vous vous hvrez en 0 A. propos de t~ut ~ Constitution fédéra.le; é~1geanL lP circonstances. à propos de rien, les Françue di a de la gratuité del ense1gnement C'est inouï J C'est renversant l ~ aucune prestation' de quelquP ramidal J Ecrivez-vous à une ~u'elle soit, ne peut être exigée fiesee de maison pour refus~r un ves ou de leurs parents. vitation, vite, vous voue expr1mde:, tions corporelles. -Il Y a quelque • Madame, vous me voyez t,S . n instituteur de Zolhkofe~, était d'être obligé de refuser yotre s1 nê à une amende par le Juge dP cieuse bosp1talilé. Uae affaire de la ~e Berne pour avoir infligé UDP haute importance... > Quand vo;i\ n corporelle à l'un de s~s é'è'f,efl. mal aux dents, vous dites : • a , renant cette condamnation, qu ils odontalgie épouvan~ble.. • Ete rent abusive, l~s instituteurs ile la tndisposé : , oA m1gra1ne atro tdérale adressèrent un . recours à rend fou. Une effroyable oévralgi ~ de cassation. Celle-ci vient de fait souffrir le martyre •. Voulez cer que • dans l'état actuel d" faire un complimeot à un~ dame, lation les instituteurs ne poss~· lui dites : c Quelle délicieuse. t 88 le droit d'infliger dt1s cbâtl- vous avez •. Ua orateur a-t-1\. corporels à leurs élèves • et ellP succès à la Chambre, ses ad mir . ment et simplement confirmé le ,mpriment: , Ua tel a ét~ éblou 11nt rendu. de verve, son discours étai~ fulg ~uperlativomanie. - U O j?urnl;l- 1 f11u d'artifice... de ses ra1sonoe rglais, bomm~ de;sen~ et d esprit, a.e enthÔusiasmé 888 contradicteura Pait hier écrit Olaret1e: mêmes. > · t - 8aprlsti, dis-je à. mon in e Votre la~gage devient de plus en teur britannique ' mais ~ous d ntradnisible. . . ~h I bah I lui répondis-Je, vous mP voue paraitre atrocement r1diculea, iez J Et pourquoi cela t . _ Atrocement , non. Passab raroe que voua autres Fr~nça1s, êtes encline à une e:1agêrallon dP oui. _ Je profttArai de la leçon_, d·s 1 impossible, à rendre dans uo 8 prenant congé; mille remerciem 110 sobre... Ainsi, par es~mple, ~out Mals l'Anglais me rappelaol: ~ore vous venez de me dire : _ Je vous en rende 999. 8 m~ stupéfiez/ •... Il me semble 8

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Comment l'institutrice devra-t-elle disposer la jeune fiIIe à ce rôle de mère qui l'attend ? C'est en imprimant profondément dans son âme les principes de la plus saine morale, en lui inspirant l'amour du devoir, en l'attachant aux vertus de son sexe : la modestie, la docilité, le dévoûment, la douceur et l'amour du travail. Il faut aussi qu'elle ennoblisse l'esprit de cette fille par une solide instruction, qu'elle lui mette sous les yeux les grands exemples des femmes qui, soit dans l'antiquité, soit dans les siècles plus rapprochés, sont ·restées célèbres par leur haute sagesse et leurs rares vertus. II serait à désirer que la mère fût assez instruite pour se charger au besoin de toute l'éducation de ses enfants; du moins elle doit pouvoir diriger leur travail, encourager leurs efforts et applaudir à leurs progrès. C'est par l'ascendant d'une vertu solide et d'une véritable instruction que la mère conservera sur ses enfants cette salutaire influence qui a toujours tant de force pour les retenir sur la pente du mal aux jours de la jeunesse. II faut que la mère de famille surveille avec soin les compagnies et surtout les lectures de ses enfants ; qu'elle sache discerner leurs aptitudes lorsqu'il s'agit d'embrasser une carrière, et, lorsque ses fils sont appelés à payer à la patrie l'impôt du sang, il faut qu'elle les suive encore par ses leçons et ses conseils comme elle les suit par sa maternelle tendresse. Et c'est à l'institutrice qu'incombe la charge si difficile de préparer cette mère bonne et sage ; mais là ne se borne point sa mission. N'est-ce point encore à l'école que la jeune fille est formée aux travaux manuels si importants pour la mère? Elle y apprend l'art de confectionner et surtout de réparer les vêtements de la famille, afin d'en prolonger l'usage. Elle y contracte les bonnes habitudes d'ordre et de propreté qu'elle portera dans sa maison, où elle fera régner un certain bien-être

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lors même que la pauvreté sera son partage. Parce qu'elle aura puisé à l'école l'amour du beau, elle saura disposer avec grâce son mobilier, tout humble qu'il soit; elle y établira cette harmonie des choses qui plaît tant aux regards ; elle aura le secret d'en rendre le séjour plus agréable à son mari et à ses enfants. Elle saura leur procurer d 1honnêtes distractions ; elle leur ôtera l'envie de chercher ailleurs des plaisirs dangereux ; elle conservera cet esprit de famille, malheureusement disparu de beaucoup de foyers, et qu'il importe de ranimer dans l'intérêt même de la société tout entière. Résumé. - L'éducation est nécessaire à la fille du laboureur. Il convient d'assurer le développement de ses forces, d'orner son esprit et sa mémoire des diverses connaissances dans le programme actuel de nos écoles, et de la former aux bonnes mœurs. L'éducation doit tendre à lui faire aimer la vie des champs afin de l'y attacher. L'éducation enfin doit tendre à la préparer à remplir les sérieux devoirs d'épouse et de mère. Tel est le but que l'institutrice doit s'efforcer d'atteindre et pour lequel elle doit déployer toutes les ressources de son dévoûment, de sa raison, de son intelligence et de son patriotisme.

Bonaparte passe le Saint-Bernard Nous empruntons la page suivante à !'Histoire du, Consulat et de l' Empire, de M. Thiers, pensant qu'elle est ignorée encore de beaucoup de nos lecteurs et qu'ainsi elle les intéressera, puisqu'il s'agit d'un fait arrivé en Valais dans les premières années de ce siècle : Chaque jour il devait passer l'une des divisions de l'armée. L'opération devait donc durer plusieurs jours, surtout à cause du matériel qu'il fallait faire passer avec les divisions. On se mit à l'œuvre pendant que les troupes se succédaient. On fit d'abord voyager les vivres et les munitions. Pour cette partie du matériel qu'on pouvait diviser, placer sur le dos des mulets, dans de petites

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caisses, la difficulté_ ne fut pas aussi grande que pour le reste. Elle ne consista que dans l'insuffisance des moyens de . transport~ c~r, malgré l'argent prodigué à pleines mams, on n avait pas autant de mulets qu'il en aurait f~llu pou: l'énorm~ poids qu'on avait à transporter de 1aut!~ coté du Samt-Bernard. Cependant les vivres et les mumtions ayant passé à la suite des divisions de l'armée e_t a~ec le secours des soldats, on s'occupa enfin de l'ar~ bllene. Les affûts et les caissons avaient été démontés et placés sur des mulets. Restaient les pièces de canon el_le_s:mêmes, dont on ne pouvait réduire le poids par la dmsion du fardeau. Pour les pièces de douze surtout et pour les obusiers, la difficulté fut plus grande qu'o~ ne l'av.ait d'abord imaginé. Les traîneaux à roulettes construits da~s les arsenaux ne purent servir. On imagina un moyen qui fut essayé sur-le-champ et qui réussit: ce fut de partager par le milieu des troncs de sapin de les creuser, d'envelopper avec deux de ces demi-tron~s une pièce, d'.artiller~e et, de la traîne~· ainsi enveloppée le long des iavms. Grace a ces précaut10ns aucun choc ne pou' attelés à ce singu/ v_a1·t l' en dommager. pes ~ulets furent her fardeau, et serv~rent a élever quelques pièces jusqu'au sommet du col. Mais la descente était plus difficile : on ne pouvait l'opérer qu'à force de bras et on courait des d~ngers infinis parce qu'il fallait retenir la pièce et l'empecher, en la retenant, de rouler dans les précipices. Malheure~sement les mulets commel)çaient à manquer : les . muletie~·s surtout, dont il fallait un grand nombre, étaient épmsés. On songea dès lors à recourir à d'autres m?yens. On offrit .,aux paysans de~ environs jusqu'à mille francs par p1ece de canon qu'ds consentiraient à trainer de Bourg-St-Pierre à Saint-Rémy. Il fallait cent ho~mes pour en traîner une seule, un jour pour la monter, un Jour pour la descendre. Quelques centaines de paysans se présentèrent ~t transportèr~nt en effet quelques pièces de .ca~on, .cond~1ts par le_s artilleurs qui les dirigeaient. Mais l appat meme du gam ne put les décider à renouveler cet effort. Ils disparurent tous et malgré les officiers envoyés à_ leur recherche et prodiguant l'argent pour les ramener, li fallut y renoncer et demander aux soldats des divisions de traîner eux-mêmes leur artillerie. On


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pouvait tout obtenir de ces soldats dévoués. Pour les encourager, on leur promit l'argent que les paysans épuisés ne voulaient plus gagner, mais ils le refusèrent, disant que c'était un devoir d'honneur pour une troupe de sauver ses canons; et ils se saisirent des pièces abandonnées. Des troupes de cent hommes, sorties successivement des rangs, les traînaient chacun à son tour. La musique jouait des airs animés dans les passages difficiles, et les encourageait à surmonter ces obstacles d' une nature si nouvelle. Arrivé au faîte du mont, on trouvait les rafraichissements préparés par les religieux du SaintBernard ; on prenait quelque repos pour recommencet à la descente de plus grands et de plus périlleux efforts. Bonaparte était encore à Martigny, ne voulant pas traverser le Saint-Bernard qu'il n'eût assisté de ses propres yeux à l'expédition des dernières parties du matériel. Il se mit enfin en marche pour trouver le col le 20 avant le jour. L'aide de camp Duroc, et son secrétaire de Bourrienne, l'accompagnaient. Les Arts l'ont dépeint franchissant les neiges des Alpes sur un cheval fougueux; voici la simple vérité: il gravit le Saint-Bernard monté sur un mulet, revêtu de cette redingote grise qu'il a toujours portée, conduit par un guide du pays; montrant dans les passages difficiles la distraction d'un esprit occupé ailleurs, entretenant les officiers répandus sur la route, et puis, par intervalles, interrogeant le conducteur qui l'accompagnait, se faisant conter sa vie, ses plaisirs, ses peines, comme un voyageur oisif qui n'a pas mieux à faire. Le conducteur, qui était tout jeune, lui exposa les particularités de son obscure existence et surtout le chagrin qu'il éprouvait de ne pouvoir, faute d'un peu d'aisance, épouser l'une des filles de cette vallée. Le premier consul, tantôt l'écoutant, tantôt questionnant les passants dont la montagne était remplie, parvint à l'hospice où les bons religieux le reçurent avec empressement. A peine descendu de sa monture, il écrivit un billet qu'il confia à son guide, en lui recommandant de le remettre exactement à l'administrateur de l'armée, resté de l'autre côté du Saint-Bernard. Le soir, ce jeune homme, retourné à Bourg-Saint-Pierre, apprit avec surprise quel puissant voyageur il avait conduit le matin et sut que le

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général Bonaparte lui faisait donner un champ, une maison, les moyens de se nourrir enfin et de réaliser tous les rêves de sa modeste ambition. ....._ _ __,,.--0::~:0p k::=r"'"r"_ _ __

Economie domestique Oomment , on faH , une chambre à coucher Dans le langage courant, c faire > une pièce de l'ap~ partement, c'est la mettre en ordre, la balayer, la nettoyer. On « fait » une pièce superficiellement ou à fond. Les nettoyages journaliers des diverses pièces de la maison sont plutôt superficiels, tandis qu'on fait chaque pièce à fond au moins une fois par mois. La chambre à coucher est, ainsi que la cuisine, celle qu'il faut le plus soigner au point de vue de la propreté. L'hygiène y oblige et la santé y trouve son compte. La première chose à faire, quand on veut .la nettoyer et l'apprêter, c'est d'en ouvrir toutes grandes les fenêtres, pour y faire pénétrer la lumière et en renouveler l'air. Ensuite, on enlève les tapis, on les pose sur le rebord de la fenêtre, ou, mieux encore, si on a un jardin, une cour, on les accroche sur une corde -tendue. Alors on les bat fortement à l'aide d'un jonc, d'une canne, ou d'une sorte de raquette tressée que les vanniers fabriquent exprès pour cet usage. Il ne faut pas secouer les tapis en les prenant à deux mains par une extrémité, car, de la sorte, on les use vite à l'endroit où les mains s'accrochent, et au point opposé, où le tapis tend à se défaire à cause de son poids et de la secousse qu'on lui imprime. Cela fait, les eaux malpropres, ayant servi à la toilette seront versées dans un seau qui sert à les transporter en un endroit spécial. On rince et on essuie parfaitement les vases et les cuvettes en porcelaine et on s'applique à ne leur laisser aucune trace de savon ou autres substances qui, avec le temps, dégageraient une mauvaise odeur. On vend, dans certains magasins, des sels fortement odorants, très préciemr pour combattre


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les ~enteurs d_ésagréables qui pourraient s'élever des us~ensiles de toilette. Une pincée de ces sels déposée au fond des seaux ou cuvettes suffit à détruire les mauvaises odeurs. On range ensuite la table à toilette, les peignes, brosses, etc., et on remet en ordre tout ce qui a été déplacé. Ensuite, on s'occupe du lit. On le défait en enlevant les couvertures une à une et les draps un à un et non en un seul paquet, comme font les personnes peu soigneuses. To~t cela est déposé sur deux chaises rapprochées, ou, mieux encore, sur l'appui de la fenêtre si le temps le permet, ce qui aère plus parfaitement ces objets. On retire le traversin, on le bat, on le secoue afin que le duvet dont il est formé ne se mette pas en boules et on l'expose aussi à l'air. On en fait autant pour l'oreiller. On retourne et on bat les matelas avec la raquette à tapis, on époussette le sommier ou le brosse ou on le bat !ui aussi; s'il s'agit d'une paillasse, on' la remue aussi profondément que possible en plongeant les mains par les ouvertures qui y sont ménagées. On replace alors les matelas en ayant soin de les retourner et de les disposer dans le sens inverse qu'ils occupaient précédemment : le matelas qui était dessus sera dessous le côté qui se trouvait vers la tête se trouvera vers le~ pieds. Grâce à cette précaution, les matelas se fatiguent également partout et ne présentent pas des bosses et des creux comme ceux qui ne sont pas ainsi traités. De cette manière aussi la toile s'use beaucoup plus également et ne se déchire pas fatalement au milieu comme cela se produit, quand on ne prend pas ces précautions. On refait alors le lit, en prenant garde de ne pas intervertir. l'ordre des d~aps ;. drap de dessus, drap de dessous, coté du traversm, coté des peids. On replie les draps et les couvertures sous le matelas l'un après l'autre, au fur et à mesure qu'on les place et non tous à la f~is. Aussi ~e lit a-t-il bien meilleur 'aspect, et c'est au_ssi plus_ pratique parce que l'on peut si c'est nécessaire, retirer une couverture sans défaire tout le lit ce qu~ serait ennuyeux si la personne déjà couchée se t~ouvait trop couverte.

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On balaye ensuite derrière et sous le lit avant de le repousser contre le mur, d'où on l'a éloigné pour tourner tout autour quand on le faisait. Le parquet de la chambre à coucher demande des soins spéciaux et attentifs. S'il est ciré, son entretien est facile : encaustique, brosse, balai, chiffon de laine pour le faire briller et enlever les moindres poussières. S'il n'est pas ciré, on le lave, on le balaye à coups plutôt lents, en trainant le balai pour que la poussière ne voltige pas. Ensuite, on passe un chiffon humide dans les moindres coins pour mieux retirer toute poussière. On époussette enfin la chambre, sans laisser aucune partie où le plumeau n'aurait pas passé, on essuie dossiet· et bâtons des chaises, lit, cheminée, menus bibelots et, tout étant fini, on ne referme pas la fenêtre aussitôt. On la laisse largement ouverte pour que l'air et même le soleil y pénètrent quelques heures.

Le R. Père Joseph Le 17 novembre, l'Académie française a tenu sa séance publique ordinaire consacrée à la distribution des prix littéraires et de vertu. Dans son rapport sur ces derniers, M. Loti, directeur de l'Académie, a réservé les premiéres félicitations au vénéré Père Joseph, fondateur et supérieur des orphelinats de Douvaine, à cet infatigable apôtre si connu et si aimé dans notre Suisse française et en particulier en Valais. Voici ce remarquable éloge qui causera à nos lecteurs bien plus de plaisir que de surprise : Au premier rang de vos élus, messieurs, je trouve un prêtre, - un prêtre des environs de Belfort, la ville héroïque, - le Père Joseph, de l'ordre des Barnabites, auquel vous avez accordé la plus haute des récompenses sur les legs de M. de Montyon. C'est pour celui-là surtout que vous avez cru devoir agir avec mystère, con-

naissant sa modestie, et voici ce que nous apprennent à son sujet vos -rel)seignementa recueillis dans le plus


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grand secret, comme s'il se ftlt agi de dépister un mal-

faiteur. , En 18~0, <JUaod éclata la guerre, le Père Joseph, qui s ~tait déJà sig.oalé par sa charité dans une petite paroisse de Geneve, demanda du service comme aumônier dans nos armées et se fit envoyer aux avant-postes ~'Alsace. Enfermé bientôt dans Strasbourg, il passa ses Jours et ses nuits aux remparts, parmi nos soldats, et gagna, sous le feu de l'ennemi, la croix de la Légion d'honneur. Quand Strasbourg eut capitulé les Prussiens le trouvèrent ~ux al;IJbulan~es et l'arrêtèrent; leur général cependant lm_ ?ffrlt la l!~erté, qu'il . refusa pour s'en aller en captivité au m1heu des prisonniers les plus humbles.. Soupçonné d'espionnage par nos ennemis que surprenait un dévouement pareil, il fut d'abord cantonné à Rastadt,, surveillé de près et malmené, jusqu'au mom~nt où 1archevêque de Fribourg, en Brisgau, le reconnaissant pour un pur apôtre, le couvrit de sa protection, c Voulez-vous aller à la mort 't lui écrivit un jour ce même a_rehevêgue. La fièvre typholde sévit à Ulm ; déjà deux mille de vos compatriotes en sont atteints et pas un pr~tre f~ançais n'est avec eux. , Quelque; heures après, Il était à Ulm. Il y resta neuf mois, nnit et jour au _chevet des mourants, sans vouloir ni repos ni sommeil. Entre temps, il écrivait à ses amis de France leur demandant de l'argent, des vêtements chatJds, des se~ours de toute sorte, pour ceux qu'épargnait la contagion mais que tourmentaient le froid et la misère. A son ~ppel les dons arrivaient comme par miracle et il distribua' d~ra~t cet,.hiver sinistre, plus de 300,000 francs I L'ad~ miratlon s imposa alors à nos ennemis, qui le voyaient de _près à _l'œuvre, et ils lui offrirent la croix de l'Aigle Noire. Mais, de même qu'il avait naguère refusé la liberté,,. il déclin.a l'honneur, demandant comme seule grâce . que_ I impératr1ce Augusta voulüt bien lui accorder une audie~ce, et, une fois admis devant la souveraine il sut obtenir d'~ll~ c~ qui avait été refusé jusqu'à ce jo~r aux autres solhc1tahons françaises : le rapatriement immédiat d~ tous ~es prisonniers épargnés par le typhus. Plus de vingt trams ~hargés de jeunes soldats prirent la route de nos frontières dévastées, et des centainea d'enfants de France furent ainsi sauvés par ce prêtre. La guerre finie, le Père Joseph revint s'enfermer

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obscurément dans sa petite église de Genève et consacra son activité aux enfants orphelins ou errants, qu'il groupa autour de lui, qu'il recueillit dans son presbytère. Cela dura jusqu'au jour où l'intolérance religieuse le fit expulser du territoire suisse, en même temps que Mgr Mermillod, son évêque. Se séparer ainsi de tons seR fils d'adoption lui causa alors un tel désespoir qu'il suivit, sans plus réfféchtr, une idée héroïque et folle: avec son modeste patrimoin~, d'une trentaine de mille francs, il acheta sur le sol français, tout près de la frontière, une ferme où il réunit ses chers protégés. Mais pour nourrir tout ce petit monde, qui s'était rendu, si confiant, à son appel, il n'avait plus rien; alors, sans perdre son aisance sereine, il se multiplia, fit des prières, des prédications, des quêtes. Il y a 22 ans aujourd'hui qu'il a fondé, avec cette irréflexion admirable, un orphelinat de 150 enfants, et jamais ses élèves, sans cesse renouvelés, n'ont manqué du nécessaire. C'est par centaines qu'il a ramassé dans la boue des grandes villes des petits abandonnés, des petits vagabonds, pour en faire de paisibles laboureurs, ou bien des missionnaires, beaucoup de braves soldats aussi, ou même de distingués officiers de notre armée. Tout cela, n'est-ce pas, est bien admirable, et même un peu merveilleux, et il est certain que, parmi tous ceux dont j'ai mission de vous parler ici, le P. Joseph est celui qui a rempli la tâche la plus féconde; l'Académie a donc bien jugé en lui décernant sa plus haute récompense, - dont il va faire, d'ailleurs, l'usage désintéressé que l'on peut prévoir. Mais il a eu pour le soutenir, lui, la grandeur même de son idée et de son œuvre, le succès toujours croissant de sa parole d'apôtre ; c'est au grand jour qu'il a vécu et qu'il a lutté, -

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Gardons notre argent ! A réitérées fois déjà, avec d'autres confrères, nous avons mis nos lecteurs en garde contre l'exploitation et la mise en coupe réglée des petites bourses par les entrepreneurs de loteries exotiques. Au moyen de prospectus alléchants, avec des chiffres gros comme le poing, ees gens cherchent à soutirer l'ar•


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gent du pauvre et do petit, en faisant miroiter l'hypothétique probabilité du gain d'on gros lot et de la fortune à bref délai. La spéculation sur la crédulité des bons gogos a généralement et de tout temps été une source inépuisable de profits pour les gens peu scrupuleux qui s'y livrent quel~e q:ue soit du reste la qualité de la poudre de per~ hmp1np1n que vendent ces marchands d'orviétan. Or,· malgré tous les avertissements, il faut croire que les lanceurs de ces loteries étrangères, vastes attrapesous,, font ~e bonnes petites affaires dans notre pays, car 1Inondation des réclames mirobolantes continue de plus belle avec un luxe de frais inconnu jusqu'à ce jour. Autrefois, les circulaires arrivaient directement de Hambourg ou autres lieux dans une simple enveloppe ouverte. Le naïf qui s'y laissait prendre payait la finance· requise, puis i! recevait un avis d'avoir à nourrir son billet, et souvent le nourrisson durait tant et si bien que la somme totale mise à la caisse d'épargne aurait produit à la fin de jolis intérêts. Le nombre de ceux qui s'y sont laissés prendre est incalculable, et nous en avons connu qui s'imposaient de réels sacrifiees pour con&inuer à nourrir leurs billets... et les impudents personnages qui les plumaient sans vergogne. Jusqu'à présent, certaines villes de l'Allemagne du Nord, Hambourg, Lubeck, Brème, avaient la spécialité de cette exploitation. Mais le métier est bon et, immanquablement, il devait attirer des imitateurs. C'est ce qui est arrivé. ~aintenan1, c'est du fond de la Bulgarie que doit nous vemr le ~actole, et une loterie d'argAnt, calquée sur celles des villes allemandes que nous venons de citer se prop.o~e, depuis Sofia, de mettre en coupe réglée' les ambitieux amateurs de richesses acquises à bon marché. Comme .les ~utres et peut-ètre encore plus qu'elles, cette loterie n offre guère de garanties. Dans ces pays - que nous appellerons neufs parce qu'ils ne sont livré~ à eux-mêmes que depuis quelques années, après avoir été courbés depuis des siècles sous le croissant oppresseur et pillard - dans ces pays, disons-nous le r~spec~ du tien et du mien n'est pas en honneur et 'les tllbustiers de haut y ont la partie belle. .Apr~s avoir versé votre argent (!Uels moyens de con~

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trole aurez-vous et quelles réclamations pourriez-vous faire en cas de .filouterie f Rieo, absolument rieo. Agriculteurs, artisans, ouvriers, vous tous qui après un dur labeur et des privations nombreuses avez pu mettre quelques sous de côté, gardez votre argent et rappelez-vous que la meilleure loterie est la caisse d'épargne. Si les intérêts y sont petite, le placement y est stlr. Chi va piano va sano, dit l'italien et noue, nous répéterons : Celui qui veut tout avoir n'a rien. ----...11L,..,11A:::t:::,C · ~ . . , j f L . -_ _ _ _

~ygtèn.e de 1'h.i.ver C'est le moment de jeter un coup d'œil sur l'habitation, l'habillement, le chauffage. Sommes-noue prêts à braver les frimas "l Contre les pluies et les neiges nous avons les vêtements imperméables: le caoutchouc, la toile cirée, l'étoffe imprégnée de solutions salines, de paraffine. Ces vêtements sont fort utiles, sans doute, mais leur défaut est d'empêcher la respiration cutanée, l'évaporation de l'eau et de l'acide carbonique exhalés par la peau. Cette eau se réunit en gouttelettes, puis en nappos sous l'étoffe imperméable, et l'on ne tarde pas à étouffer dans des vêtements trempés de sueur. Les vêtements en laine suffisamment ~pais sont préférables. Le flotteur à capuchon est parfait, Lorsqu'on a à patauger dans de l'eau ou de la neige fondue, le sabot est excellent. Si l'on est forcé de porter des chaussures en cuir, il faut les prendre en marchandise épaisse, à fortes semelles, et vérifier si elles sont exemptes de fissures. Lorsqu'elles ont été fortement mouillées, il faut les essuyer, puis les remplir de son ou d'avoine qu'on y laissera jusqu'au lendemain. Puis, on enduit le cuir pour l'assouplir, d'une substance grasse, qu'on fait pénétrer par d'énergiques frictions avec la main. Le suif de chandelle est une graisse idéale pour rendre au cuir séché la souplesse que l'eau lui a enlevée. Au logis, l'on doit veiller à calfeutrer soigneusement les portes et les fenêtres, dont les jointures laissent passer des courants d'air dangereux, source de tant de névralgies et de douleurs diverses. (Ceci ne s'applique guère qu'aux vieilles maisons dont les fenêtres et les


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portes sont disloquées.) Les bourrelets suffisent généralement à intercepter ces courants d'air. Quand ils ne suffisent pas et que l'on peut, sans inconvénient, condamner une porte ou une fenêtre, on peut le faire au moyen d'une bande de papier épais appliqué (à l'aide ~e colle de pâte) sur la jointure malfaisante; cela conJure tout danger et donne une garantie absolue. Quant au chauffage, il devient nécessaire dans les habitations, ne fô.t-ce què pour combattre l'humidité. Chacun se. chauffe comme il l'entend sous le rapport des appareils et du combustible. La cheminée et le boie seront assurément ce qu'il y a de plus sain, sinon de plus économique. Les charbons de terre et le coke chauffent plus que le bois ~t à ~eilleur marché. Quant aux poêles, fixes ou mobiles, Il faut les réserver pour les pièces spacieuses, difficiles à chauffer, pourvues d'une cheminée ayant un bon tirage. On aura soin de renouveler l'air de temps à autre et de surveiller les maux de tète ou les ~alaises que l'on pourrait éprouver. Il faut alors ouvrir la fenêtre immédiatement. Ne jamais laisser du feu pendant la nuit dans une chambre à coucher pas même dans une cheminée. C'est peu de choses d~ rallumer le f~o, même le feu du coke dans une grille. Pour cela il suffit de bien secouer les cendres et de mettre sur le coke une pelletée de braise qu'on allume facilement à l'aide d'un charbon ardent ou d'un allumefeu quelconque; la braise s'enflamme en un clin-d'œil et rallume peu à peu le coke déjà bnîlé et le coke nouveau qu'on ajoute graduellement. C O O Ollfo O Q 0

VARIETES

Adieu aux petits oiseaux Fleu~~ yiv~ntes des airs, légers petits oiseaux, Que J a1ma1s vous guetter dans le sombre feuillage, Entendre les accents de votre doux langage Et vos concerts si beaux. Un sou~ire de Dieu vous fit naitre pour moi Et vos Joyeux ébats charmaient ma solitude Et de Dieu, pour vos nids, tant de sollicitude Affermissait ma foi.

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Oui, son amour éclate aux œuvres de sa main, Dans le nid des oiseaux comme un parfum des roses, Oui, Dieu fit ici-bas, pour l'homme mille choses Et les ferma demain. Pour des lieux printaniers, partez, petits oiseaux ; L'hiver, cruel ici, briserait volre vie, Mais revenez bientôt dans ma triste patrie Avec des jours nouveaux ... Volez jusqu'au ciel vers un enfant chéri, Si peu de temps, hélas I objet de ma tendresse ; Dites-lui que ma joie est dans son allégresse, Son souvenir aussi.

-o- L'autre jour, dans une station vo1sme de Rome, quelques prétendus esprits forts se trouvaieDt dans un compartiment de chemin de fer discutant entre eux. Tout à coup, un prêtre monte dans le wagon, - Oh I M. le curé, lui dit l'un d'entre eux, avee une grande apparence de bienveillance, vous savez sans doute la nouvelle! - Et plein d'orgueil il poussait ses voisins du genou. - Non, Monsieur, répondit le curé, je n'ai pas lu les journaux. - Comment, vous ne savez pas ! Mais on ne parle que de cela. - Mais, Monsieur, je ne sais absolument rien de ce que vous voulez me dire. - Eh bien je suis heureux de vous l'apprendre, c'est que .... le diable est °:lort 1 • ., . - Vraiment, reprit le prêtre. Eh bien, comme J a1 toujours eu pitié des orphelins, je vous prie d'accepter ces deux sous !... Tous ceux qui se trouvaient dans le wagon partirent d'un immense éclat de rire et ce malheureux esprit fort, tout pâ.le de colère, fut obligé de changer de com_ partiment au plus vite. **• Daux farceurs se présentant graveme~t ~ la sacristie d'une église--et demandent le curé. Celm-ei se trouve justement là et leur donne audience. - Nous désirons, dit le plus hardi, faire dire une messe pour le repos de l'à.me de notre grand-père Adam, premier mari de Mme Eve.


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- c•est une très bonne idée, fait le cur6 sans sourciller. - Et quand la diriez-vous 't demande un des jeunes gens un peu étonné. - Quand vous m'apporterez son acte de décès 16galisé par l'officier d'état civil ; à cette condition, au Memento des morts, je me souviendrai de votre grand-père Adam et de votre père Caïo. - La dessus le coré reconduisit courtoisement jusqu'à la porte les deux impertinents tout penauds. - - - - - - - - (1

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Recettes et conseils utiles Statistique airicole. - Le bureau fédéral de statistique, à I_a ~uite de travaux faits avec des agriculteurs et des spéc1ahstes, évalue la valeur totale des animaux élevés en Suisse (les &bailles exceptées) à 592,898,880 fr. La valeur des chevaux est de 8,633,020, celle des mulets et des àoes 1,835,020, celle des bêtes à cornes de 450,416,280 (la valeur des vaches s'élève à 301,499,510) celle des porcs de l3,16l,480), celle des moutons de 5,987,400 et celle des chèvres de 10,365,680 fr. Les cantons les plus riches en bétail sont les suivants: Berne, 125,7 millions; Vaud, 55,8 ; Zurich, 50,6 ; Saint-Gall, 45,08 ; Lucerne, 43,9 ; F~ibourg, ~3,5 ; Argovie 34. La valeur moyenne du bétail en ~u1sse est de 194 fr. par habitant Fribourg est au premier rang avec une moyenne de 230 fr. Le dernier canton est Genève, dont la valeur moyenne du bétail est de 66 fr. seulement par tète. La valeur des ruches en Suisse s'élève à 4112 millions de fr. Un bon conseil ne vient jamais trop tard. - Dans la mauvaise saison, chacun sent le besoin de s'habiller plus chaudement. Ces précautions n'ont pas seulement pour but le maintien du bien-être corporel - la personne prévoyante cherche aussi à se préser~er des maladies. Cependant, il ne suffit pas de s'habiller chaudement : la question de l'alimentation a une portée tout aussi grande et, à ce propos, l'on ne peut suffisamment recommander de se procurer de temps en temps des aliments et des boissons réchauffants , Combien cela n'est-il pas facile aujourd'hui I Que l'on

- us songe seulement au lait, qui n'est pas encore apprécié à sa juste valeur, aux potages Maggi et à tant d'autres aliments devenus populaires par leurs vertus et qui sont à la portée de toutes les bourses. Les dépenses minimes, faites en vue de la bonne santé personnelle ne sont pas perdues ; on les recouvre, au contraire, largement en évitant bien des inconvénienta et de dures expériences. Feu de cheminée. - Un feu de cheminée se déclaret-il chez vous 't n'écoutez pas trop les av:s de ceux qui vous disent : le meilleur moyen est de tirer deux coups de fusil dans la cheminée. Cela ne produit souvent pas beaucoup d'effet et en outre vous risquez d'abimer briques et mortier. N'écoutez pas non plus ceux qui vous disent: Bah I si la cheminée est solide, laissez faire, c'est un bon balay&ge. Le mieux est de prendre ses précautions et d'avoir chez soi un peu de soufre en fleur. Si un feu de cheminée se déclare, on brûle vite du soufre dans cette cheminée, puis on bouche le bas au moyen d'un drap tendu. L'acide sulfureux qui se forme monte dans la cheminée, et comme c'est un gaz ennemi de toute combustion, il étouffe net l'incendie. Conservation des pommes. - Pour conserver les pommes tout l'hiver et même une partie de l'été, il faut choisir d'abord toutes les pommes qui sont parfaitement saines, les porter dans une chambre et les déposer sur des claies d'osier s'il est possible, en ayant soin que les fruits ne se touchent pas. Aussitôt après, fermer parfaitement les portes et les fenêtres, et allumer du feu avec du bois de sarment, de manière à obtenir beaucoup de fumée et que cette fumée remp!isse la pièce pendant 4 ou 5 jours. Renouveler cet enfumage. Prendre ensuite les fruits un à un et les mettre dans une caisse avec de la menue paille de froment, toujours en ayant soin qu'ils ne se touchent pas. Faire une couche sur la première, et ainsi de suite jusqu'à ce que la caisse soit pleine et couverte d'un lit de même paille. Il ne reste plus qu'à fermer, et, lorsqu'on ouvrira la caisse, comme le disent les Normands, c pour dire q11'1l n'y aura pas de pommes, il y aura des pommes I l> Un peu d'hyîiène. - Faut-il manger immédiatement après un bain1 Beaucoup de personnes pensent se faire


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du bien et s'accorder en quelque sorte une récompense après une bonne action en mangeant quelque chose en sortant du bain. C'est là une opinion fausse. En effet, en ce moment le sang n'est pas réparti également dans tout le corps, ainsi que dans les organes digestifs, de sorte qu'une digestion normale ne peut guère se faire. Pour la même raison il n'est pas hygiénique de manger immédiatement après la promenade. Il faut attendre un petit quart d'heure au moins jusqu'à ce que le pouls batte moins fort et que la peau se 11oit un peu rafratchie. Le sang étant nécessaire à la digestion et se trouvant, après un exercice violent, rejeté vers les muscles extérieurs et la peau, il faudra donc attendre pour manger que les mouvements normaux du cœur et que la peau moins échauffée indiquent que le gang est réparti également dans l'organisme. Alors l'appétit ne manquera pas. Bouch&ie hermétique. - Les bouchons sont d'abord passés dans un bain d'eau bouillante, ce qui a pour effet de les laver et de les débarrasser des matières étrangères, poussière ou microbes, qui pourraient altérer les liquides emprisonnés dans les flacons. Les bouchons séchés au soleil ou à l'étuve sont inLrodoiLs dans un bain de parafine chauffé au bain-marie, où ils séjournent pendant quelque temps afin de pénét.rer dans les pores du liège. Si l'on passe un instant le bouchon dans l'eau tiède, il mord en quelque sorte dans le goulot et ferme parfaitement les récipients, de sorte que les liquides peuvent se conserver indéfiniment.

XVIII•• ANNEE

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Fr.

20 lanvier J 899

REVUE PÉDAGOGIQUE PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA .

SOCIETE VALAIS.\NNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRilllRE paratt chaque quinzaine, de Novembre à

inclusivement, en livraisons de i6 pages. Prix d'abonnement pour la 8o1He, 2 rr. 30. IJnlon po•tale 3 f'r. Annonce•, pria, 20 cent, la ligne Ob 10n e1pace. Tout ouvrage dont l'Ecole primaire recevra deux exemplaires aura droit à une annonce ou à un compte-rendu, s'il y a liea.

SOMMAIRE:

* La célébrité qui s'acquiert le plus vite est celle du crime. G.-M. VuToun. • Quand on court après l'esprit, on attrapt1 souvent la sottise. MoNTESQUIEU, • L'originalité en fait de pédagogie, c'est le bon sens.

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Devoirs de l'institùteur. - De l'économie domestique. /Causeries po1w les ùzstitutrices.) (Suite.) - - Encore la lecture. - Le calcul mental et l'arithmétique. - Education des enfants peu doués. (Suite.) - Partie pratique. /Compositt'ons. Su:fets de compositz'ons). - Variétés. (La leçon de lecture). - Anecdo.t es scolaires. - Un Supplém~nt.

Il

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, 1•• secrétaire au Département de l'lnstructlon publique, à Sion.

SARCEY,

ne crois pas qu'un homme soit méchant quand il se donne beaucoup de peine pour le paraître. Georges SAND. • Le moment aotuel n'est qu' une porte par Jaquelle l'avenir se précipite dans le passé. C. FLAIDURION.

SION

l'ECOLE PRIMAIRE

Pensées

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