No 05 l'Ecole primaire, 1er Mars 1904

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annee

1901:

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Déjà la lune s 'épanouit au fond du ciel pâle où montent des brumes. Là-bas, dans les villes, les rues .se remp1issent de monde et les mag.asins deviennent vivants. Au bruit des can-ousels ert des orgues de Barbaxiei la foule essaie de s'étourdir. Pour tromper la tri,s tesse latente, elle s'amuse. Les grande!S villes ont toute la mélancolie des jours de fête. Chacun veut oublier. Et le son des ritournelles fait remonter a.u ·cœur le goftt des Noëls passél?, anéanüs avec leurs illusions, leurs affections chères1 les liens dénoués, les promesses qu'on n'a pas tenues. On respire à 1a fois l'atmosphère brumeuse d'aujourd'hui et l'amertume des anniversaires pareils. La tristesse présente et les tristesses anciennes se confondent. Toutes, les doule'Urs d'autrefois reviennent vous étreindre. Tandis que la grande paix de la montagne ,donne une impression durée, la montagne :rassure. Que lui importent les lllnnées qlll :s'en vont? N'a-t-elle pas devant elle une éternité de siècles? Et pendant que les pauvres hommes chantent, rient, s'étreignent et s'enivrent pom oublier, la montagneplacidesourit aux étincelants millltins d'hiver, aux fugitives lumières d'après-midi, chaudes, alanguies comme des baiseirs. BientOt dans cet enveloppement de douceur, dan~ le silence des champs de neige qui bleuissent ou se dorent, dans toute cette sérénité, o,n tient s'apaiser l'angoisse de finir, les révoltes contre les irrémissibles et bru1taJes et stupides séparations dont sans cesse ;la menace pèse. Le calme de la montagne ,envahit les cœurs et les engourdit. Ils se oua', tent de .tendresse. Ils peuvent de nouveau rsourire t. tœ minute présente. Ils s'égaient ,d'un rayon de soleil. L'homme se redresse •en contemplant les silhouettes pures et cou·pantes des arêtes. Il .s ent toute cette immense acceptation .p~étrer sœ plainte, amoindrir son angoisse. Le soir nous remontions vers le village une dernière fois. Seules la clarté de la neige et la vague clarté de 1-a lune brouillée s'épandaient. · Nos ombres s'allongeaient faiblement, et sur le sentier se dessinaH le réseau des branches. Les diamants de la neige étincelaient, s'évanouissaient, ti'allumaient à l'infini telles des myriades de mouches phosphorescen. tes, d'étranges mouches d'argent. L'église sonna l'Angelus. Ce fut comme une voix humaine quJ se lamentait au milieu .de cette nuit si calme, toute en nuances et en

de

douceurs, une voix qui im);)lorait, une prière désespérée. · Nous écoutions, muets. Les étendues dene:ige écoutadent aussi. La cloche se ralentit, .s'apaisa., mourut dana le ,s ilence, comme consolée par l'alanguis~ement de cette nuit voilée, sous la lueur diffuse de la lune. Noëlle ROGER.

Variétés

* LES NOMS DE FAMILLE. - Le gouvernement du Danemark a pris une décision originale. Il v,a présenter aux Chambres un projet de loi qui permet aux citoyens de choisir des noms nouveaux, vu le petit nombre de noms de famille usités au Danemark. En effet, sur dix persoll!Iles, il y a à Copenhague un individu qui porte le nom de Hansen. Les autres se nomment Petersen o-u Sœrensen. Sur 100 habitants, il en ,est 42 dont le nom se termine en « sen ». II est même des communes de 26,000 haibitants qui ne comprennent pas ,plus que vingt noms différents, ce qui fait que chaque nom est représenté par un groupe de 1300 personnes. * LONGEVITE DES PLANTES. - Voici, d'après une revue .scieŒ1tifique, la longév1t~ de certaines plantes: l'aune atteint 300 1a111s et le lierre 400, le marronnier 50~. l'olivier 700, le cèdre 900, le chêne 1500, l'if 2000, le baoba'b 6000 ans. On a noté dans les anUJailes botaniques des tilleuls de 2000 ans, des châtaigniers et des platanes de 1200 ans, des rosiers célèbres de 1000 ans.

ORGAN E DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D'EDUCATION

L'Ecole primab·e donne de 15 à 18 livraisons de 16 pages ~hacune, non compris la couverture, et aut ant de suppléments de 8 a 16 pages pendant l'année ordinaire de 12 mois.

Suisse

fi,,

Prix d'abonnement : 2.50 Union p o stale fr. 3

Tout cc qui ccnceme let public:ctticn doit être ctdres sé direct ement

èt M. P . PIGNAT, 1er sccrétctire èt l 'Instruction publique, èt Sien.

Pensées

[*] Oublier les morts est une des formes

les plus dures de cert égoïsme Inné qui ren· fe1·me l'homme en lui-même et le rend in· différent ù tout ce qui ne concerne pa,s directement .son haïssable moi. Le souvenir des morts est, au contraire, une ùes expressions les plus touchantes de cet instinct de frater· nité qui, à trmvers les séparations de l'espace et du temps, relie les une.s a.ux autres les générations humaines. CaJ.'dinal PERRA.UD. [*] En vain, la science et la force, unis• sant lems maini., rayent Je nom de JésusChrist dans les lois, l'effacent des livres, le gra,ttent sur le front des monuments. Peine perdue! Au coin des ·sentiers fleuris, a.u fond des mansardes, sur les tombes ,s ilencieuses, deux bittons mis en croix parlent toujom·-s de lui! Augustin COCHIN .

De leur jeune v~rtn tu nourriras la flamme, Et, se sentant ·meilleurs, ils diront : c'est ton âme Qui de son doux langage a nassé dans nos cœurs. T, AM ARTINFJ.


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S o mmaire de l\,Ecole ', N° 5 * DcYOÎl'*I de l'irn;tit nh'lll' (fin). - *Le t a ulPa u uoir. -

* Du pPdcdionucment

l' iust itute u r. - * l•'cr nwté dn rnaitt-c. - * 'Cau serü• de fa mill e. - * Sois impa rtial. - * L' in stituieur, l'école et Ùl'

la tom!llis,sion s<.:olaire. - * E nseigncllll·nt ùe l a gfog-ra phic. -*L'a rùoise et l'étrit nre (fin). - * Prépara t iou des confércnees. - Dn sysl('>me méh-ique ùn ns lPs classPH 'llc com111cn(,"aJ1ts. Dt• l'ins t rndion ciYiqne. - Ln langue fr:rnçaise à l'é<-ol<'. - fJ<'11os des confél'Cuccs (Conlhcy). - P ul'l ic JJl'atiq11e: ~ n jl•Ü, domH:'•s po111· les n)Un, d e 1·t~pétilion. - Récréatio118. --0-

S ommair e du supplément L'Pspril Ùl' pénit eme. - L'Em·yeliq11t• (111 J nuilé. - Î,p régiWC YégélnL·ieu. - La \'Îand<~ (Canseril' hygiéuiqne i'l prnpoi,; d n C:uC•nw ). - Lt->ttt·t' Oll Y<->tte ù .M. P. F., inst it nte ur au x H . - Ya1·iét és. -

0-

Echos des Conférences Distric t de SieJ•re La rnnférl'n<·P dl•s in stit 11ü•u1·s de cc ùisl ri<·t a ura lieu :'t ~i(•t·l'P k Hi Ill ars, ù ~, h. 1/ j du mat in, iL l a rnaiRou bonrg-eoi sialt', :t \'ec l'o rdn• d u jom· snirnnt: 1. Intr.rHs de la conffr<->n<·e. :!. Difil'USsion du snjPt mis ù l'<-tudc par lP Dép:u tl'ment (Voir .,Etoh• p ri 111 aire'' lfl03-HI04, n° 2). H. l 'J'OJ.)OfiÜÎOllfi i 11dîYid 1w Jl ei<. .\.. 1 11. Banq11<'t. ,.\. 3 h . \'isite i'l Oénmdl'. L<'l,"011 pra1ique d l· dérnm•mf> ut (•t <l<> va I ience :\

J'(Sgard dl's élèYeS. 11M . l(•s ini,;til 11tt'n n i Ro nt p1·ié:s de por te r aYcc e ux k ne lin·1• de eh:int. Les a u torités romlllu nalPs, lt>s <'Ornmi ssionR seolaires Pt toutes les per sonnPs s'i ntéressant à. l'enseignPment pt ù lïnst ruction sont cordialement in,itées.

SION, ) er Mars 1904

.71i6/iograpfiie La ,,R evue de F rlbo urg', Cet cxc<>llen t pC>riodique vil'nt d'entrer clans sa troisième année d'existence avec sa li vraisou fl e j:rn,ier q ui nous est arrivC-e il Y a q uroqucs jours c l que nous .a urionR voulu signaler plus tôt il r a.tt ùlltion cle nos ~ccte nrs. QuJttp il en r('1rnrler une a utl'P fo is, nous \'Oulon:; <lire a n moins, aujourd'hui, combien cc n uméro nous a intéressés, et quel heureux choix ll"n r ticles i l r Pnfcrme. A cet égard, c'est veuf-être le m ieux réussi ùc to u8 <'Plix q ui !:lC sont SUC'C'édé jmHJu'ici, et nous eu félicitons le Comité de RPClac:tion. Après I' « Avis :wx lecteurs», u n fi n l't p (•. néh·aul nrt icle d'H. B rémontl sm ln. « ,Jennc~~c d'nn h umanis te a ng-lais. Tho111as :\[ore •>, cles << LettrPs inétli tes dcv Lnmen nis ;·1 l'abh(I ('a.ro11 », publiées par l\I. le professeur Housse!. don t. ou C'onnaît la compétcnC'<', un sam ut :ut id e tri>s tloc-umi>nto de M. Gobet sur l"« l rrig-ntion dans l'.\.sic C'CllfTa lC' rus,;e», et. un 1-.1vissa ut rédt év:mgfliq ne, in tit ulé la « Co1n·Nsion de Gamal iel », de l\I. H. 1\fo11Iaur. La << Ch rnni que )>. dne :î :u. lt• profesf.C'n r :\I usy. r etrnc-c l' << Activité cle ln Société fribo urgeoise des scieuces ua tltrcllcs eu 19021!)03. - Sous la rubriq ue << A t rav<'rs les Re· vues », on nous donne, avec les ;;o mmaircs critiques des principales Ren1es fra nçaises, des vers de 11'rauçois Coppée, des fl'agmculs d'une 1n:l's tou clwntc « Veillf,e cle Noël. >) Parmi les « Li vres nouveaux», lle substnutidlos notices sur tliYers ounag<>s nkcnts lie :\Dl. Heué Rtizin, Paul Bourget, H. :\lich a.u t, ,Joseph Réfli cr , A. Ch uquet, F. Hrnnct ièrt•, l<'élix K lein. Yiclor Girn nd, etc., llïn téressan. tes « Note:, bilJliographiq ucs », où les publication::; de la Suisse rom:rncle ont l<>u r juste place. La ,,Iten1c" qui, com me ron_sait. est ma intcnau l mensucll<', aunonee a yec la suite et la fin ùPs études d'llcnri B réw oml <>l ùc l\I. Alfred Roussel un ar ticle de l\1. E m ile l•'aguet, de L\.caclémie fra n çais<>, sm· « Pascnl », u u article cl e :\l. Yictor Giraud « su r une lettre inétlite cle Georges Sanll ». uno « Chroui · que>) <le :\L Pien e Froment sur (< Un évêque soci al , Kett.rler ». - Pom· plu;;; tnnl, des art.ielcs fle 11. F. BrunC'tièrc, de l'Académie fra nçnise. cc rom le cinqua ntenaire de Sllvio Pellico ». Rlll' « la Renaissance en Italie». Nous souhniton s, n ous aussi, pour r e· prendre les pxpression cle r « A.vis anx lecteurs, » << longue Yie et heureuses destinées »

xx:n1me

année

L'ECOLE· PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIETE VALA.ISABD D'EDUCATION * Devoirs de l'instituten1• ( Suite)

En aucun cas l'instituteur ne doit s'emport er cont re les élèves, c'est un point important: un visage sérieux leur impose trop; un visage mobile ne leur impose pas assez; l'extérieur est peu de chose sans doute; mais il est pour Je maître ce qu'est le geste pour l'oi-at eur: il aj oute, il donne de la puissance à la parole. L'enfance est naturellement impressionnable et sympathique, mais elle est changeante et difficile à fixer; il faut se servir adroitement ùe ses qualités naturelles pour combatt re ses défauts qu'elle t ient aussi de sa nature. C'e:st ainsi q u' il est prudent de ne jamais attendr e que l'ennui gagne l'enfant dans ses leçons, dût-on les abréger ou partager lei:; classes par quelques rnO· ments de récréation. Les leçons coul'tes et fortes Yalent wieux que le-s le<;ons longues et prolixes; ce qui n'est pas bien compl'is d'abord re·ste pouetant comme un germe dans l'esprit pour St' développer plus tard. C' est ainsi qu'ou doit se garder de gronder un élève pa r ce qu'il n'a pas saisi le sens d'une leçon, ou parce qu' il la sait mal; ce serait s'exposei- à le p unir ùe notte propre t ort, soit que nous eussions mal présenté le sujet de la leçon, soit que nous eus,sions négligé de le présenter d'une façon propre à excitei- l'intérêt de la classe. Intéresser les enfants est un moyen de développer leur int elligence, et de

leur faire faire chaque jour un pas de plus, tout en ranimant leur zèle et leur ardeur. Il faut encore exncer leur j ugement et leur mémoire, l'un par l'autre, mais de préférence leur jugement. La mémoire est l'esprit des ·sots. •L 'instruction est, sans contredit, le but de l'instituteur, cependant il ue doit jamajs la répandre que sanctfon,. née par la morale. L'illlstruction fait des savants; l'éducation morale seule fait des citoyens. C'est un devoir d' inspirer aux enfants, de bonne heure, l'amour du travail, le goût de l'ordre, la tempérance, l'économie, le 1·espec;t fi. lial, la soumission aux lois; ce sont là <les ,·ertus sociales qui adoucissent les rapports des hommes entre eux. Il résulte d'ailleurs de cet en.seignemenit moral un avantage précieux qui dispense d'avoir à infliger des punitions corporelles, humiliantes. L'ins.tituteur ne doit jamais pe1·dre de vue que l'enfant sera homme un jour, et qu'i l fa ut craindre de l'accoutumer à rougir: l'agenouillement, la férule do,ivent disparaître de nos éeoles. Les récompenses accordées aux studieux et aux sages sont déjà des punitions pour tous ceux qni ne les ont pas méritées. 1 :ùlais la leçon la plus utile, c'est celle que l'instituteur donne l ui-même par l'exemple; H doit éviter les lieux fréquentés d'ord'inaire par les gens oisifs. Sa réputation est la seule garant ie des familles : ce n'est qu'en conservant leur esi ime, qu'en méritant le respect des gens vénérés, qu'il n'altèrera jamais l'autorité nécessaire à sa pa1·ole, et qu'


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il ne rendra pas difficile le respect dont il doit toujours être l'objet de la part de ses élèves. Les instituteurs ,sont des fonctionnaires, exerçant la plus importante magistrature, car ils viennent après le prêtre et souvent le remplacent. -~~

* Le

--·-·-----.......,-.......... tableau noir

Le bon maître veut produire sur l'en· fant une impression nette, vive et durable. Qu'il parle donc aux yeux. Nulle description ne remplace la vue de l'obj et ou de sa représentation; rien ne four· nit à l'esprit une image ou une idée si exacte, si claire; rien n 'éveille, ne soutient si bien l'intérêt. Tout s'éclaire, quand la vérité saute aux yeux. Heureux donc le maître qui a la main légère et adroite du dessinateur! S'il ne l'a pas, il peut toujours dessiner grossièrement les lignes cara ctéristiques de l'objet. L'enfant s'intéres,s e plus à ce qu'il voit qu'à ce qu'il entend, et le comprend mieux. Pour répondre à cet· te disposition naturelle des élèves, on tapisse souvent les clas·ses de cartes, de tableaux, de tout un mobilier dont l'instituteur peut tirer un grand profit. Mais rien n'égale en ce genre l'utilité du tableau noir, qui, à lui ,s eul, peut remplacer tout le reste. Les tableaux noirs sont en bois ou en ardoise; le bois est plus usité que l'ardoise, non s eulement par raison d'économie, mais aussi pour plus de commodité. on écrit mieux sur le bois, et l'ardoise rend le tableau lourd à supporter. Tantôt les tableaux noirs s ont fixés au mur, t antôt ils sont suuportés par un chevalet. Ceux-ci présentent le grand avantage de pouvoir être changé aisément de place, de manière à se trouver to.ujours à la portée des enfants. Il en existe aussi de rayés, même de quadrillés, qui peuvent être utilisés

dans les leçons d'écriture, de dessin et de musique. Il y a encore des écoles où l' on ne possède qu' un seul t a blea u noir. C'est insuffisant ; il faudrait qu'il y en eût un pour e;.bacun des trois cours. Il serait même à désirer que, dans le cours élémentaire, l'un des murs de la s,alle de cla sse fût ga rni d'un long t a bleau noir, mis à une hauteur convenable, où l' on puisse faire travailler à la fois un groupe de jemrns élèves. Le tablea u noir rend de très grands senices dans toutes les leçons collectives ; il est même indis.p ensa.ble dans l'emploi de l'enseignement par l'aspect, par les yeux. C'est le plus précieux auxiliaire de la parole du maître. Les explications du régent se gravent plus facil ement da ns l'esprit des enfants, quand elles sont traduites sous la forme écrite, qu'il s'agis se de la démonstration d'une règle, à l'aide d' exemples, on de la correction d'un devoir d'une . ' pour dictée. Le tablea u n on- sert encore le tracé <l'e s cartes, des modèle s de des,s in et d' écriture, pour la représentation d' objet s à étudier dans la leçon de choses. Enfin, certains instituteurs y transcrivent leur préparation de classe, l' énoncé des devoirs et le modèle d'écriture, qui restent ainsi toute la j,ournée sous les yeux des élèves. 1Si, maintenant, nous passons en revue les divers travaux scolaire,s qui peuvent avoir lieu au tableau noir dans cha cun des trois cours, nous trouvons qu' on doit: 1. Dans le cours élémentaire: écrire les exercices combinés de lecture et d'écriture, pour suppléer à l'insuffisance des tableaux de la méthode de lecture; exercer les élèves au calcul écrit, à la copie, à la dictée, à la condition toutefois d' avoir un tablea u assez grand pour que les enfants d' une division puissent y travailler eu même t t?mps ; faire la représentation des ob-

jet s de la leçon de choses et des modèles de dessin. 2. Dans le cours moyen : écrire les modèles d'écritnr;.; et 1~ texte des devoirs; faire la correction des problèmes; exécuter le t racé des car tes, des modèles de dessin; expliquer les règles grammaticales, les exercices d'invention et d'a nalyse. 3. Dans le cour,s supérieur: écrire les canevas des exercices de rédact ion, le sommaire des leçons d' histoire; faire la corr ection des devoirs de calcul, de,s dictées, le tracé des cart es, de la posit ion de deux ar mées, d'un camp, des exercices de géomét rie pratique et de dessin ; expliquer les règles d'arithmétique · et de grammaire. E n résumé, le recours au tableau noir doit être continuel. Sans aller jus-. qu'à s'écrier avec un auteur: « Le t ableau noir, c'est la vie de l'enseignement)), on peut dire aux régents: « Usez-en, usez-en bea ucoup>>. La poussière de craie sur les mains et ,sui· les habits du maître est comme la poudre sur la figure d u soldat, un signe qu'il a bien fait son deYoir et comnrend bien son mét ier. ~ Gicffe.

* Dn 1,eirfcietionnem.ent de l'institnhmr Tout jeune homme qui se mac ù l'éducat ion de la j eunesst>, 1·e\°oit ù l'ée;o,Jo normale une première préparation à l'e nseignement. Il y consolide sa vocation et son amour de l'enfance par les soins qu'il reçoit; il y forme son caractère en fort ifiant ses bonnes habitudes et en combattant ses mauYaises inclinations. Les branches du programme des écoles primaires y sont sérieusement étudiées. Ainsi préparé, et muni des qualités et des connaissances voulues, le fut m instit ut eur début e dans sa grande et n oble mission.

Mais le jeune maître possède un bagage intellect uel bien léger à s a sortie de l'éc·ole normale. et c'est à peine s'il :, p u établir 1a base s ur laquelle doit s' édifier son instruction. Or, en éducation, t out ce qui n'a vance pas recule. Par conséquent , si Je régent qui débute dans l'enseignemen t ne continue pas de s'inst ruire, il oubliera bien vite les connaissances a cquises, se reliche. ra de plus en plus dans l'exercice de ses fonctions et deviendra bientôt un éducat eur incapable. La nécessité lui impose doue l'obligation de continuer et d'approfondir ses ét udes à peine ébauchées. Ensuite, le maîh ·e pénétré de la grandeu r de sa mission fait en sorte de po,sséder beaucoup plus de connaissances que celles qu'il doit communiquer à ses élè, eS. Pour en arri ver Ht, il lui faut une application, un traYail .sout enu. Ses facultés doi vent êt re bien équilibrées. Ainsi il ne formera pas exclusivement ,sa mémoire par l'ét ude de l'histoire ou de la géographie; au contraire, imaginat ion, mémoir e, jugement, 1·aisonnement, tout en lui doit être harmoniquement ,développé. Regardons l'instituteur instr uit da ns sa classe : ses leçons sont claires, sû res et précises: ses élèves l'écoutent, Je suivent avec a rdeur ; la classe, animée par ,son propre esprit, le suit con stamment fürns t outes les questions et son presti ge capti,e l'attention des écoliers. Examinons, au contraire, une classe dirigée par un maître inca pable : quelle monot onie, quelle ince1·titude, quelle confusion même da ns l'explicat ion des dcrnirs et des leçons! quel manque de discipline dans le,s mouvements journa liers! aucun cours n'est at i rayant, aucun entrain, aucun goût pour l'étude ne se manifestent de la part de ses élèYes. Aussi quels résultats! L'éduca.teur se surveille ensuite pom acquérir un langage correct, élégant et s imple, cal' c' est la langne qui est l'auxiliaire indispensable à l'enseignement . 7


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Or, si le maitre ne s'exprime pas clairement et correctement, comment peutil corriger ses disciples lorsqu'ils parlent mal ? Mais la culture du langage, l'instruction solide, l'équilibre des facultés suf fisent-ils pour former un bon régent? Ne faut-il pas aussi pos,s éder de l'expérience et du savoir-faire pou1· bien enseigner? Tout débutant est inexpérimenté; il ne peut donner son enseignement d'une manière irréprochable. Il faut que par l'observation et des études :sérieuses et constantes, il obtienne l'expér ience de l'enseignement et le savoir-faire pédagogique. Sans doute, les motifs précédents engagent l'instituteur à se perfectionner; mais il en est un quatrième qui le force pour ainsi dire d'augmenter ses connaissances. Ce motif, c'est celui de rester au courant des progrès réalisés dans les sdences et surtout en pédagogie. En effet, sciences, arts, métiers, pédagogie, tout obéit au progrès et tend à se perfectionner. L'éducateur peut-il rester indifférent à cette marche en avant générale? La nécessité de se mettre au courant des progrès réalisés dans le·s sciences et surtout dans le domaine pédagogique, lui impose l'obligation d'étudier constamment. Nous voyons que pour être de vrais éducateurs, il faut non seulement con,server les connaissRnces Requises à l'école normale, mais les consolider et les développer, équilibrer nos facultés, cultiver notre langage, foctifier notre instruction et acquérir par l'étude et l'observation de l'expérience et du savoir-faire. Employons donc tous nos moments. de loisir pour développer notre intelligence, fortifier notre jugement et acquérir la science du raisonnement; alors seulement nous deviendrons les hommes forts et vertueux qu'il faut à la tête de nos écoles. M. U., inst. 1

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* Fermeté du maître Toute autorité doH po,rter l'empreinte de la f ermeté, si elle veut qu'on la respecte et qu' on lui obéisse: le puissant monarque sur son trône doit montrer une inébranlable fermeté et ne pa,s se laisser mener par ses cou rt1s-ans, sans quoi les affaires marchent à rebours et le pays tout entier risque de tomber en décadence ; le président d'une commune doit êt re ferme afin d'obtenir que le,s citoyens se soumettent aux lois et remplissent leurs devoirs; le père de famille a besoin de fermeté pour bien élever ses enfants. Puisque cette qualité est nécessaire à tous ceux qui ont reçu la mis,s ion de commander, elle est donc indispensable au maitre d'école, qui, comme père commun d'une jeunesse nombreuse etintéressante, a le devoir de l'instruire de son mieux. Une lourde res,ponsabilité pèse sur I ui; car, en envoyant les enfants. à l'école, les parent.s les confient uniquement à sa direction et le chargent de veiller sur leur conduite. C'est pourquoi il a le droit et l'obligation de les corriger, de les punir même, lorsque la nécessité l'exige. A cet égard surtout, il faut qu' il sache user de fermeté. Cette qualité lui est nécessaire pour maint enir une bonne discipline dans sa classe; car l'appui des parents et des supérieurs, la bonté du maître envers ses élèves, le respect qui lui est dù ne sont pas à eux seuls des moyens suffisants pour faire régner à l'école l'attention, la docilité et l'ordre. Si l'instituteur manque de fermeté et flotte à tout vent comme le frêle roseau, il ne peut gagner l'estime ni des enfants, ni des pa~ rents. Ceux-ci lui témoignent peu de confiance et l'abandonnent dans ,sa pénible tâche. Le pauvre régent se voit a lors réduit à ses seu les ressources; à la vue du peu de succès qu'il obtient il ,s e décourage et per,d le goût de l'étude .

Le régent doit être bon envers ses élèves, mais il ne faut pas que cette bonté dégénère en faiblesse. Qu'il ne pêche donc pa:s par une excessive comp laisance et qu'il remplisse toujours fidèlement ,s on devoir. Quand un élève mérite une punition, il ne doit pas craindre de la lui infliger. L'éducateur qui n'a pas le courage de punir les écoliers n'est pa.s digne de ce nom. Au lieu de combattre la désobéissance, l'inattention, l'indiscipline, il la favorise par l'impunité et en encourage le mal en le laissant s'enraciner dans la ciass . à son grand préjudice comme ù Geiu d s élè.-es. En présence des caractères têtus et revêches, il est surtout prudent de conserver une attitude ferme et grave. Il faut que ces tempéraments opiniâtres sentent qu'iLs sont sous la main d'un maitre qui ne se la.isse pas intimider. L'instituteur au caractère énergique n'éprouvera pas si ,s ouvent le besoin de recourir aux moyens de rigueur; le.s enfants le respectent et le craignent. Un regard, un geste, un mot de mécont entement de sa part produit sur eux un effet puissant et salutaire. Au contraire, le régent faible n'obtient un peu de discipline qu'à force de punir. Tous ses avertissements, toutes ses remontrances aboutissent à peu de chose. Et qui pis est, c'est que les élèves, connaissant la mobilité de ,s on caractère, vont jusqu'à se permettre de lui résister en face. Ils p rofitent sans pitié de toutes les circonstances opportrnnes pour le mettre dans l'embarras et lui causer des misèrns. La 'fer·meté ne doit pas cependant porter le cachet d'une sévérité. exces· sive, il faut que l'instituteur sache fléchir au besoin. S'il se mont rait par trop exigeant, il ne réussirait qu'à se faire haïr des élèves. Il pourrait lui arriYer parfois, dans un moment de colère, d'agir avec imprudence et de dépasser les limites de la raison. Qu'il ait alors a·ssez de courage pour se dédire

et même s'humilier. S'il refusait de re· connaitre ses torts, ce ne serait plus de la fermeté bien placée, mais de l'orgueil. Que le maitre n'inflige jamais une punition pendant qu'il est en colère, parce qu'alors il est sujet à punir trop ,sévèrement et il en aura à se rep entir plus tard. Qu'il laisse passer le premier mouvement et agisse ensuite avec fermeté et discernement. Une pu· nition donnée de sang-froid produit meilleur effet. 'Ue n' est pas senJ,: rnrni ··n r''.1~··;·. ~"e 1 ~ ·1 .,,. , • ._, · 3 il . ..ia. re . üJ s Sl üU

liv .i.1v.1. 1,

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nue dans les rapports soeiaux, à l'égard des parents ou des autorités scolaires. Jamais un instituteur, quels que soient son zèle et son dévouement, ne saur.ait satisfaire tout le monde. Partout où il fait claisse, il peut rencont rer des mécontent,s. Souvent il a affaire à des parents indignes qui trouvent toujours des défauts à lui reprocher, lorsqu'ils nevont pasjusqu'àcalomnier. Ma.is si le régent est ferme et énergique, il ne se laissera pas intimider pour ·des riens et se moquera des qu'en dirat-on, tant que sa réputation n'en ,s ouffre pas; toutefois, .si l'on blesse son honneur, il lui est permis de p rendre des mesures et de ne pas souffrir impunément toutes les avanies. Le maître courageux acomplit toujours son devoir avec exactitude et impartialité, quelles que soient les difficultés auxquelles jl peut être en butte. Il travaille avec constance pour le bien de ses élèves comme en vue de son salut et a bandonne le reste aux soins de la Providence. Rondeau.

* Causerie de famille C'est toujour.s avec un nouveau plaisir que j'accqeille c)J.Rque :numéro <le 1


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70 l' ,,Ecole p rimaire''. Cette bonne compagne nous apport e des conseils, des leçon,s, des enseignements si utiles et si variés. Ce qui me plaît tout particulièrement cette année, c'est de constater le :nombre toujours croissant des articles inédits - marqués d'un *. J e les aime, ceux-là, d'un amour plus intime. Le nom d'un col1ègue, apposé au bas d'un t ravail, suffit pour faire naitre dans mon cœur une douce sympathie. D'autres fois, sous des initiales plus ou moins énigmatiques ou ,sous quelque mystérieux pseudonyme, j e devine, je cherche ou je suppose un cœur vaillant que, dès lors, j'aime déjà, souvent sans le connaitre, comme on aiwt un soldat défendant la même cause et combattant sous le même drapeau . Ces articles de collaborateurs possèdent, celui-ci un cachet personnel, celui-là une saveur particulière; tous dégagent un parfum spécial, un air de fraîcheur et de jeunesse qui plaît et réconforte. Qu'il,s embrassent une ét ude générale ou qu'ils se confinent dans un cadr e plus restreint, chacun a ses mérite,s que t out bon éducateur apprécie hautement. La seule peccadille qu' on pourr ait parfois reprocher à l'un vu à l'autre, c'est une certaine tendanre à faire savamment les choses, à <c briller» plutôt qu'à parler familièremem: et sans recherches. A côté de ces articles, excell ents je le répète, j'o,s erai émettre le désir d'en voir l'un ou l'autre s'occuper exclusivement de pratiq ue, dans le sens ciaprès : Chacun de nous pourrait faire part de ses petites découvertes, de ses inventions personnelles, de ses essais divers comme stimulants, qui lui ont apporté le plus de succès, en un mot des procédés que l'expérience reconnaît comme les plus efficaces, des « trucs », dirai-je même, propres à nous fair e gagner du temps et à faciliter ou agrémenter l'enseignement. Tout serait exposé, en termes concis, cela va

sans dire, jusque dans les, plus petits détail s. A un premier article concernant l'étude de t elle branche, chacun pourrnit ensuite joindre le fruit de sou savoir et de son expérience, ou simplement se présenter avec le crible de la critique. MM. les Inspectem~s ne dédaigneraient pas de nous prêter aussi leur bienveillant concours; eux, qui nous ont tour à tour observés, étudiés ; qui ont vu à l'œuvre chacun de nous, depuis le plus bouillant j,u squ' auplusflegmatique, et depuis le débuta.nt à l'ardeur juvéuile jusqu'au g rave magister à la t ête couronnée d'argent, eux, disje, pourraient avantageusement aj outer le dernier mot pour mettre chaque chose au point. Verrions-nous certains de nos procédés discutés, combattus même? nous ne saurions ,s onger à en rougir, étant tous si loin d'être parfaits. Pour faire mieux compren dre ma pensée, et pour <c attacher le grelot J> , j'énumèrerai dans le prochain n° mes divers moyen,s d'app rend re l'orthograph e aux trois divisions. Camélia. - - - - - - 1 t - • • H I - - - -- - -

* Sois impartial Cher collègue, Donner à tous les élèves des soins égaux, voilà une des obligations les plus sacrées de l'instituteur, et mallwm·eusement une des plus négligées. (iuclqnefois le maître ne songe qu' aux intérêts de sa propre réputat ion ; il cherche à faire briller quelques élèves d'élite en qui il a reconnu plus d'aptitude ; il veut s'attribuer l'honneur de leurs progrès et il négligera tous le,s autres. Les élèves, et surtout lem's parents, ont le droit de reprocher à l'instituteur une préférence qui leur cause u n double préjudice, car, en frustrant un enfant des soins qui lui sont dus, on le prive non-seulement des avantages mo.

raux que la loi et la religion lui assurent, mais encore des avantages matériels que l' instruction lui aurait procurés et qui auraient amélioré son ,so,r t. Regardons comme infinimeut coupable l'instituteur qui, dans l'in,térêt de sa vauité, soigne exclusivement quelques élèves qu'il contraint parfois à un travail excessif, et qui se contente d'exiger des autres l'immobilité et le silence. Si quelques-uns de ces enfants si indignement négligés s'abandonnent à la dissipation, il s'irrite contre eux, non parce qu'ils perdent du temps et s'habituent au désordre, ma.is parce qu'ils le troublent dans les soins exclusifs qu'il donne à d'autres. P eut-on rien imaginer de plus inique? iA l'instituteur que la vanité domine je dirai. « Vous voulez briller par vos élèves? Eh bien! instrui,s ez ce pauvre enfant qui paraissait ,condamné par la nature à ne pouvoir jamais apprendre. Faites pénétrer le j oul' dans ces yeux que semblaient couvrir des ténèbres éternelles. Que cette statue s'anime entre vos mains! est-il un ouvrage plus capable de nous faire honneur?>> Cela est bien pénible, bien fatigant j'en conviens; mais vous étiez-vous figuré que la carrière de l'instituteur fût semée de roses? N'avez-vous pas dû comprendre que c'est une tâche infiniment laborieuse, pleine de fatigues et de sueur? Auriez-vous pensé que, pour t ailler le marbre, façonn er le bois, dompter un sol rebelle, il fallût plus de travail que pour défricher et cultiver des intelligences? Croyez-vous que le pays attende plus de dévouement et de sacrifice du soldat qu'il oppose à ses ennemis du dehors que de nous, soldats de la civilisation destinés à combattre tous les ennemis qu'elle recèle dans son sein: l'ignorance, la paresse, l'oisiveté, le vice? Faisons donc en sorte qu'aucun de ces enfants qui nous sont confiés n'ai.t plus tard à se plaindre d'avoir été vie1

time du système odieux que je flétris. Tant qu'ils sont écoliers, leur paresse s'applaudirait peut-être de notre indifférence; mais plus tard leur raison s'en indignerait. Nous serions pour eux un objet de mépris. Ils ne pourraient entendre prononcer notre nom sans s'écrier avec amertume: « Si je ne sais rien, si je ne suis rien, c'est à cet homme que je le dois ! >> Fçois Perraudin, inst.

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L'instituten1•, l'école et la commission scolaire

Le sujet que j e me suis proposé de traiter est un peu délicat; je risque donc fort de faire fausse route, d'autant plus que je ne suis que débutant. Ce n'est pas., croyez-moi, la manie de donner des avis qui me pousse à écrire, mais bien plutôt le désir d'en recevoir. Je compte donc sur la bienveillance des lecteurs de notre revue, si mon développement ne pouvait plaire à tout le monde. Dire d'nn homme qu' il est instituteur, c'est dire qu'il a été choisi d'Enhaut pour élever les enfants selon les désirs de Dieu. Elever des enfants! Cette pensée effraye même les plus robustes vétérans, non à cause des faibles émoluments que cette pénible tâ.che leur fait percev,oir, mais à ,cause de la terrible responsabilité qui leur incombe. Vécole est le moule de la société ou la ,société de demain. Les travers remarqués dans l'école ne se ressentem: malheureusement que trop dans la société future. Il importe donc que l'instituteur soit éducateur, c'est-à-dire capable, de diriger convenablement les enfants que le Ciel lui confie. Pour att eindre ce but, l'amour de la vocation lui est indispensable. Le maitre d'école qui ne la possède pas ne se fait guère une idée de la, respo·Ilsa))ilité qu'il en-


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72 court, ni des plaisirs que l'on peut goûter au milieu des enfants! Quel supplice pour des élèves que d'être dirigés par un maitre sans vocation, qui n ·est lui-même qu'une plaje dans le personnel enseignant! Ce sont ces sortes d'instituteurs qui trouvent l'éco1e monotone, les élèvei:, insupportables et qui lassent les commissions scolaires par Jeurs importunités. Lundi: « Monsieur, dira la servante, le régent vous appelle à l'école, un gamin a désobéi. >> Mardi: « Le petit E .. . a insulté le régent qui vous demande. n Mercredi: <( Monsieur, - à l'école! S. M. J. ont battu le régent - Que ce maladroit s'en aille donc, ,s'il n'est pas capable de remplir ses devoirs, dira avec raison Monsieur. A la fin de l'année, il n e viendra pas me prier d'accepter quelques pièces, parce que j'ai fait toute sa besogne >>. Malheureusement, ces cas peuvent fort bien se produire. N'oublion.s jamais ce vieil adage: « L'exès est nui,sible en tout n. La commission scolaire doit nous donner des avis, des 1·enseignements; mais nous ne devons pas frapper tous les jours à sa porte pour la prier de nous venir en aide, dans les cas d'indiscipline surtout, sinon l'instituteur ne serait plus un maîti-e, mais un moniteur, une machine mue par la commission. Le régent qui agirait de la sorte manquerait de tact. Pour qu'une éco, le marche bien, il faut, à mon avis, que la commission n'y soit demandée que rarement. Ce n'est pas que son appui soit à dédaigner, non, bien au contraire; mais ne recourons· à elle ou,ertement qu'après avoil· essayé les remèdes que nous connaissons. Je dis ouvertement, c'est-à-dire au vu et au su de toute la classe, car l'instituteur doit souvent rendre visite ,aux membres de la. commi,ssion scolaire, qui s'estimeront toujours heureux de l'aider de

leurs conseils expérimentés; même alors doit-il s'abstenir de faire des per. sonnalités. Ainsi, amis collègues, si vous voulez qu'on vous respecte et vous aime « lavez le linge sale en famille n. Sans doute, vous serez obligés quelquefois de prendre des mesure,s assez énergiques pour monter contre Yous des parents qu'anime un fol amour de leurs enfants; mais soyez certains que tôt ou tard vos bons soins ,seront reconnus et goûté;i par le plus grand nombre. Gibé, inst., à Coinbaneire.

* Enseignement de la geoga•aphie :\fou cher ami Z., Te rappelles-tu qu'un jour, à Sion, je te promis quelques directions sur l'enseignement de la géographie? Pensant que tu lis assidûment ]',,Ecole primaire" comme tous les bons instituteurs valaisans, je me sers de « notre organe>> pour te les communiquer. A Yant de t'en causer, j e pris. des informations aup1·ès de quelques-uns de nos collègues, vétérans et conscrits; et pour de plus amples détails j'as,sistai à un cours donné par l'un d' eux. Sa manière d'opérer ne me plut pas: aussi, en qualité d'ami, je le lui avouai. l'l se 1wrvait, ee me semble, de notre petit manuel de géographie comme du catéc:hisme. Ainsi, le faisant a.pprendl'e par cœur de J.a première à la dernière page à de jeunes élèves, il parlait de l' Amérique et de l'Australie, ayant qu'ils sussent même dans quel camton ils ha.. bitaient. Soyons plus méthodiques. un enseignement bien entendu de la géographie développe chez les enfant1s l'amour de la patrie, l'esprit d'observa• tion et vient en aide à l'imagination. Apprenons à nos élèves à regarder autour d'eux. En sortant de leurs maisons,

qu'ils admirent d'abord le clocher de notre village ou de notre ville. Il nous parle, ce modeste monument : il a invité nos ancêtres à la prière et nous y convie a ujourd'hui, il a pleuré nos pèœs et chanté notre naissance! Et cette vieille tour, autrefois redoutable manoir de puis,sants .seigneurs, aujourd'hui, misérable retraite de quelques frêles oi,seaux, pourrait-el.le rester inconnue de nos élèves'? Au pied, mugissent les florts écumeux d'un torrent qui a bu peut-être le sang de nos valf•ureux guerriers luttant contre un ennemi redoutable; ,autour, pous,s e la vigne, jaunit le blé, verdissent les prés, fleurissent les arbres. Ne doit-on pas allier à , la géographie l'histoire et les productions du sol? Allons plus loin, de,scendons la colline ou longeons la rivière. Ah! j'allais faire fausse route! Quel oubli! Tour· nons-nous; les voilà ce rocher esoarpé, cette carrière d'ardoise, de marbre, de cuivre, voire même d'argent, ce pic sourcilleux, cette orgueilleuse cime à la robe rose et à la coiffure blanche, bornant l'horizon. Les ,connais,sent-ils, nos nioches? Et ce superbe glacier, aux fondrières profondes qui cachent des secrets .aux touristes les plus curieux? Et ce petit lac bleu où se mirenrt en été tant de troupeaux paissant sur ses bords,? Et. . . Et. . . Et . .. Ainsi nos élèves comprennent facilement que la géographie est l'étude de la terre avec ses vallées, ses eaux, ses montagnes, se,s lieux importants, ses productions diverses. Après, nous pourrons avec eux étudier le Valais en ayant soin toujours d'animer notre leçon par des tableaux partiels dressés sur la plaUJche noire. Plus tard, en passant entre le château d' Agaune et les forts de St-Maurice, ou en suivant la route tortueuse de la Furka, nous risquant vers le Gothard, nous les conduirons aisément en voiture à travers la Suisse. Et, à mon hum-

ble avis, cher Z., après que nos élèves connaîtront nos ancêtres avec le pays qui les a vus naître, qui les a nourris, qu'ils ont admiré et aimé eux aussi, qu'ils ont défendu et racheté de leur sang, alors seulement nous pourrons parcourir avec eux l'Europe et nous hasarder enfin sur l'Océan. Voilà, cher Z.... , ma méthode générale, diis-moi ce que tu en penses. To·n ami, P . F., inst. Enseigne, février 1904.

* L'ardoise dans l'enseignement de récriture ( Suite et fin) Qui pourrait redire mes peines multiples pour dét ruire des principes faux, combattre de mauvaises habitudes et donner une direction nouvelle? On devine aisément ,ce qui devait arriver à mes élèves, sachant écrire, lorsque je leUII.' mettai,s pour la première foi,s un cahier et un port eplume devant eux; ils ne se doutajent même pas de La manière de s'y prendre pour exécuter une lettre: ils cambraient la main, serraient les doigts, t enaient leur porteplume comme dans un étau, et le bras traçait . .. l'hiéroglyplie. Habitués à la résistance de l'ardoise, Hs me déchiraient, perçaient, transperçaient le papier, heuœux quand, après de longues explications, a.près de pénibles leçons, je parvenais enfin à donner un peu de souplesse à la main, un peu moins de raideur aux doigts et une idée juste sur la forme de,3 lettres et la manière de les tracer. Mais, grand Dieu! que de tourments pour en arrive r l1à! Et généralement, chez ces enfants, l'écriture se ressentait toujours des mauvais principes qu'iLs avaient reçus. Donc, dans l'intérêt des enfants et dans celui des instituteurs, les ia!l'doises ne devraient êt re employées dans


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74 les écoles que pour initier les élèves au dessin. Amusons nos tout petits bambins à tracer d'une main légère des ronds., des carrés, des losanges, des triangles, à faire même des bonshommes; mais de grâce, pas de lettres, point d'écriture. Nous les empêcherons par là de prendre des habitudes mauvaises, des principes faux, qu'il est si difficile ensuite de faire passer. Je vous le demande, qui ne préfèrerait cultiver un terrain nu à un sol couvert de ronces et ,d'épines? Dans les classes, les ardoises ,rendent service, à la condition expresse que les maitres surveillent les exercices avec le même soin que ceux qui se font sur le cahier et qu'ils ne s'en servent que pour l'esquisse deil lettres, jamais pour les pleins. Ce cas excepté, l' emploi des ardoises, à mon avis, fait plus de mal que de bien. J. Vernay, inst. * Prépa1'.ation des conférences

Il en est de la conférence pédagogique comme de la classe. Une classe qui n'est pas soigneusement préparée à l'avance r1sque d'être une classe mal faite; une conférence qui n'est pas sérieusement préparée à l'avance risque d'être une conférence inutile. L'expérience, cependant, objectera-t-on, ne peutelle tenir lieu de prépar,ation? M"cüs qm dira jamais de quelle somme de routine est faite l'expérience du meilleur d'entre nous,! Or, il s'agit justement, à la conférence pédagogique, de bien dé· terminer la part de la rout ine dans nos procédés, dans nos méthodes, dans nos leçons; et, cela fait, de réduire son domaine, de combattre son action, de ruiner son influence. Nous n'échapperons à la routine qui nous guette et nous tient déjà que par un effort énergique. Cet effort nécessaire, les maitres qui se fient trop facilement à leur expé-

rience ne le font pas. S'en remettre à son expérience, c'est trop souvent se livrer sans défense à la routine. L'expérience véritable, ce sont les efforts répétés, c'est le ti·avail soutenu qui la donnent. Ceux-là sont le,s plus expérimentés qui cherchent toujours. Il est si rare de trouver juste et l'on est s1 peu sûr du succès! On l'a dit depuis longtemps: le doute et la recherche sont les deux conditions du progrès scientifique. N'ayons donc en nos méthodes personnelles qu'une confiance très limitée. Nous faisons bien: Nous pouvo111l,! faire mieux. Travaillons! Ainsi, nous avons tous l'obligation, jeunes et vieux, instituteur,s et inspecteurs, de nous préparer sérieusement à la conférence pédagogique. Qu'est-ce donc qu'une préparation sérieuse? C'est, ce ne peut être qu' une préparation écrite. Connaît-on un autre moyen de préciser sa pensée? « Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement »: on peut retourner la proposition et dire que ce qu' on n'écrit pas rnste vague, flottant, indécis. Si nous voulons avoir des idées nettes sur une qnestion de pédagogie, prenons la plume: pour écrire, il nous faudra mettre de l'ordre dans nos pensées; pour les ordonner, il nous faudra faire un certain effort, et c'est cet effort justement qui nous sera très utile; sans lui, nous n'obtiendrons aucun résultat; grâce à lui, nous verrons clair en notr·e esprit, nous déterminerons exactement ce que nous voulons; nous saurons d' où nous partons et où nous allons. Et pui,s, est-il si fâcheux que nous ayons, une fois par an, l'oca·sion d'é· crire quelques pages? Chacun sait que l'habile té d'écrire se perd facilement; on oublie vite l'art de la composition. Il n'est pas m'auvais que nous soyons obligés, de temps à autre, de remplir quelques feuilles de papier. Ce n'est

pas toujours agréable, mais c'est salutaire. Toutefois, le t ravail écrit n'est utile qu'à la condition d'être un travail personnel. Si les mémoires écrits ne devaient être que des compilations indig·estes, des coupures mal faites ou de fastidi'cuses copie,s, il vaudrait assurément mfoux s'en passer.

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Du système méti.·ique dans les classes de commencants

employés à peser les objets dans les balances, on devra les montrer aux enfants; si l'on avait de plus une balance on ferait opérer quelques pesées d'ob'. jets usuels tels qu'un paquet de crayons, ou même avec un peu de sable. On fera bien de demander aux enfants quelle est parmi ces unités de poids celle qui est d'un usage plus fréquent. Ils répondront sans doute que c'est le kilogramme avec ses subdivisions en 10 hectogrammes. Comme le nom de la livre est encore employé assez fréquemment il ,sera bon de dire que cette ancienn'e unité de poids est équivalente à un demi-kilo, en d'autres termes à 5 hectogrammes. ~fais on ne manquera pas d'ajouter qu' Il est défendu d'inscrire le poids d'un objet en livres sur un livre de· compte. La connaissance de ces unités de poid's ainsi que des unit és de longuéur exposées ci-dessus peut fournir matière à nn grand nombre de questions d'exercice de calcul oral.

(Suite) ' Après ces explications, les enfants sont famüi'arisés avec le sens des mots cléca, hecto, kilo. Quant à myria il a si peu d'importance qu'il convie~t de le laisser à l'écart pour le moment. Puis sans se préocuper de l' ordre ,suivi dans la nomenclatlll'e du système métrique on appliquera immédiatement ces ter'. mes aux mesures de poids. ?'abord il ~audra expliquer le poids pns pou1.' umté et appelé gramme et pour cela il suffira de montrer aux 'élèves une pièce en cuivre de 1 centime De l'inst1•uction civique en leur _disant que le poids ,si petit d~ cette pièce est précisément le poids L'éducation politique de notre nation appelé gramme. On attendra une autre n'est pas faite et ne sera jamais terépoque pour parler du centimètre cube minée. Tout peuple libre est en marche d'eau. vers un avenir meilleur et les responIl n'y a aucun élève qui ne connais- sabilités des citoyens se déplacent et se _les piè~cs de 5 et de 10 centimes (en se renouvellent, au fur et à mesure que cmvre). S1 on demande leur poids tous se modifient, par l'expérience de la lice_rtainement répondront que la pre- berté, les conditions de leur existence nnère de ces deux pièces pèse 5 gram- politique. Du moins cette éducation doitmes et la seconde pèse 10 grammes elle être entrepri.se, quand ce ne serait et représente donc le poids qui est qu·e pour donner à notre démocratie la nommé décagramme. discipline morale qui lui est nécessaire Un~ pile de dix de ces pièces pès,era pour mettre d'acco~d· ses mœurs avec 10 fois 10 grammes, c'est-à-dire 100 les principes du régime républicain et gr~mmes, et sera par conséquent le lui apprendre la ligne de démarcation poids nommé hectogramme. Enfin dix précise entre « les privilèges abusifs de ces piles réunies pe,sant 10 fois 100 et les inégalités néce,s saires les ambigrammes, c' est-à-dire 1000 grammes tions légitimes et les convoitises malforment le kilogramme. saines, la liberté et la licence le pouSi l'on a les poids fabriqués pour être voir et le droit. » '

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Avec le suffrage universel est née une force nouvelle qui n' est ni l'aristocratie de la naissan ce, ni celle de la richesse, mais le nombre. Or, il n'y a pa~ à se dissimuler, la force du nombre, s1 elle ne se discipline elle-même, est plus près des forces élémentaires de la nature, aveugles et brutales, que les sélections sur lesquelles reposent les gouvernements aristocratiques. L'enseignement civique nous apparait donc comme la pierre angulaire de l'éducation nationale à tous les degrés. Il y a des enseignements utiles à des titres divers correspondant aux fins multiples de' l'éducation: celui-là seul est indispensable, parce qu' une démocratie ne peut rester maîtresse de ses de.stinées que si elle est éclairée sur ses droits, les diriger utilem~mt que ·si elle est pénétrée de ses devoirs. C'est }à tout un programme d'enseignement civique: que les enfants connaissent l'étendue de leurs devoir,s, qu' ils sachent apprécier l'organisation actuelle de notre pays et que, sous chaque mot du programme, ils apprennent à connaitre les luttes souvent héroïques des ainés qui nous ont conquis nos libertés. D es considérations qui précèdent, il résulte que l'instruction civique compr end deux parties assez distinctes. Les p rogrammes la restreignent à l'étude élémentaire de l'organisation politique et administrative de notre pays; mais, à côté de ces données positives, l'enseignement civique comprend encore une partie purement éducativP, et, s uivant l'a,spect sous lequel on l'envisage, il se rattache soit à l'histoire, soit à la morale. C'est pa.r sa partie éducative, par l'enseignement des droits et des devoirs du citoyen, que l'instruction civique se rapproche de l'enseignement moral. « Qu'est-ce, dit M. Mabilleau, que l'enseignement civique, ,s in.on l'achève: ment de l'enseignement moral, la 101

sociale venant s'ajouter à la loi individuelle? Un citoyen est un honnête homme avec quelque. chose de plus.>> Le principal sentiment que l'instruction civique, considérée ·s ous son r apport éducatif, ait pour objet de développer, c'est l'attach ement . au . pays ~.n même temps qu'aux irustitut10ns qu 'Il s'est librement données. Outre le patriotisme, l'instruction civique enseigne l'obéissance a ux lois ; elle apprend qu'en même temps qu' un~ charge, le service militaü1e est aussi un h onneur ; que frauder l'Etat en matière d'impôt c'est se voler soi-même et voler les a~tres; qu'avant même d'être citoyen chaque écolier en ven ant en classe et' en se préparant par 1,.mst ruction à rendre plus tard à son pays des services plus étendus et plus éclairés, accomplit par là un devoir civique. L'enseignement civique trouve enfin dans l'H istoire un puissant auxiliaire. Et en effet, l'étendue même sommaire des institutions d'autrefois, n'est pas en quelque sorte autre chose que de l'instruction civique rétrospective et des rapprochements qu'on fait entre ce qui était jadis et ce qui est a ujourd'hui, tendent à nous attacher davantage à l'organisation politique et sociale dont nous jouissons, et qui, sans être parfaite, est en si grand progrès sur celle que nos pères avaient connue. iLa méthode à employer est la mé· thode intuitive qui fait directement appel aux expériences per:sonnelles _de l'enfant, qui ,s'applique à lui faire b1e? comprendre ce qu'il voit autour de lm, ce qu'il sait déjà, pour, de là, le conduire progressivement vers les connaissances nouvelles qu'il ,s'agit de lui enseigner. C'est pourquoi il faut partir de l'étude de la commune, non de la commune en général, c'est-à-dire d'une abstraction, mais de la commune sur le territoire de laquelle se trouve l'école. Les enfants connaissent le bourg,

77 les hameaux, le président, les conseillers municipaux, etc.... , ils s'intére-sseront à ce qu'on en dira. Cette étude faite, il sera facile de leur faire comprendre que toutes les communes du pays sont organisées de la même manière. On procédera de même pou_r le district, le canton, la Confédération, etc., en rattachant toujours les connaissance.s nouvelles aux connaissances précédemment acquises. Pour toutes les leçons, le maitre s'efforcera de concrétiser son enseigne~ ent. S'agit-il d'élection, par exemple, 11 présentera aux élèves successivement: la liste électorale, l'affiche ann_onçant la date des élections, un bulletin de vote ... Au sujet de l'état-civil il lira l'acte de naissance de l'un ,cl'e; élèves, un acte de mariage et un acte de décès de personne,s connues et de même pom· tout. Nombre de maîtres avisés et ingénieux ont pu se constituer une sorte de petit musée civique, dans lequel se trouvent réunis , en dos, . s1ers correspondant aux grandes divisions du programme, tous les documents, formules, gravures, s usceptibles de r endre les leçons claires et pratiques. Grâ.ce à ces procédés., les leçons deviennent de véritables leçons de cho,s es qui frappent vivement l'esprit. 1\fajs ce qu'il peut y avoir de meilleur dans une leçon d'instruction civique, c'est l'accent personnel, la sincérité, la chaleur d'âme communicative que to ut bon instituteur sait y mettre. Nous croyons que l'enseignement civique bien compris, échauffé et vivifïé d' un souffle généreux, a une valeur éducative supérieure, qu'il peut contribu er à donner à notre nation ces vertus cardin ales de la démocratie, la toléra nce, le respect mutuel, le courage civique, le vif sentim ent de la solidarité humaine, ce qu'un écrivain distingué appelle, en un magnifique langage, les vertus souveraines: « Vous voulez émanciper le peuple; relevez donc

sans relâ.che s on esprit à la hauteur du nouveau ciel moral. Si la souverainete du peuple n'e,s t pas le plus trompeur des mots, c'est une âme royale qu'il faut élever dans ce berceau, non pas seulement un artisan dans l'atelier, un laboureur dans le sillon. Je ne veux pas ,seulement que la démocr atie ait son pain quotidien: avec l'esprit de mon temps, je veux encore qu'ell e règne. Voilà pourquoi je demande d'elle des vertus souveraines. » C'est aux in stituteurs à s 'inspirer de ces admirables paroles dans l'enseignement de l'instruction civique.

La Jant{ue française à l'école La ,,Gymnastique scolaire belge" pense, quoi qu'on en dise, que l'orthographe est et rester..'l une partie très importante du cours de la ngue maternelle. Des dictées sont nécessaires. La première condition, à quelque degré que se fasse la dictée, est de ne donner qu' un texte qui soit compris des élèves; c'est ensuite, d'éviter les t ermes dont l'orthographe est ignorée de ce ux qui doivent les écrire, et qut seront forcément mal écrits. On a dit et répété que l'orthographe s'acquiert par la vue et par l'ouïe, que l'habitude d'écrire un mot de telle ou de telle manière en entraînP ordinairement cette même orthographe: tant mieux si elle est bonne, tant pis, si elle est défectueuse. Inutile d'ajouter que la dictée doit êtr e courte, composée de phrases dont les membres sont peu complexes et les mots ne présentant pas de difficulté. On applique aisément ces conditions en puisant les dictées dans les morceaux lus du livre de lecture, dans les résumés des leçons d'hygièn e, de géographie, etc. <c Les mots difficiles ayant été écrits et étudiés au tableau, l'attention des 1


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78 enfants ayant été fixée sur les m ots, sur les difficultés, sur les règles à appliquer, l'élève qui transcrit le text e a u tableau doit-il écrire au t ableau retourné ou sous les yeux de ses condisciples? Le motif invoqué: mettre un texte correct afin d'éviter que les enfants ne multiplient le,s fautes et ne prennent l'habitude de mal orthographier ne me parait pas ,suffisant. En orthographe comme dans les a utres branches, le profit est en raison de l'effort de mémoire (impressions de la vue et de l'ouïe) pour l'orthographe usuelle. ,de l'effort d'attention pour l'orthographe grammaticale et même pour l'orthographe usuelle (mots de la même famille, homonymes, etc.). Et dans ce mode de procéder, la grande majorité de la classe copie servilement>,. ------•>IIH••-1 , - -- -- - -

* Echos des confél.'ences Conthey. Le jeudi, 28 jJ1,nvier, les instituteurs de ce district étaient réunis en conférence a nnuelle, au Bourg-de-Conthey, sous la présidence de leiur dévoué inspecteur et président de la « Société valaisanne d'Elducapon )), M. F. Girond. Nous honoraient de leur sympathique présence: MM. les membres du V. Clergé des cinq paroisses du district, R. E véquoz, préfet et conseilleir national, Mura, directeur de l'Ecole normale, Rouiller, inspecteur scolaire, les délégations de toutes les commiss.ion.8 scolaires du district et les autorités communales de Conthey qui ont ainsi donné un témoignage de l'intérêt qu'ils portent au personnel enseignant et à la cause de l'instruction populaire. M. !'Inspecteur Giroud ouvre la séance par d'aimables paroles de bienvenue. En termes émus, il rappelle le souvenir de cet institu teur consciencieux et dévoué qui fut Lucien Papilloud et dont tous nous déplorons la per. t e prématurée. L'assemblée se lève en signe de deuil. Après la nomination du comité, membrea honoraires et instituteurs se scindent en deux groupes pom· la visite d'une classe mixte, comprenant tous les degrés, tenue pa1· l'instituteur E .•Tacquemet, et du com·s de répétition, dirigé par l'instituteur E. Evé-

quoz: heureuse innovation qui ne manquera pas de produire de bons résultats. M. Jacquemet donne les leçons suivantes: 1° I. Leçon de lecture; II. Leçon de lecture; III. Leçon de choses. 2' 1. Leçon cle calcul oral ; II. Leçon de fran çais; III. Leçon de lecture. Un chant, for t bien exécuté, termine ces leiçons. Au cours de répétition, nous assistons à une_ leçon de géographie, d'instruction civique et de lecture. Dans les deux class es, chacun pouvait contrôler la tenue des cahiers, la correiction et la suite des devoirs ainsi que la méthode d'écriture. Aussi, y trouvons-nous plus d'un épi à glaner. Le suj et à traiter ayant été publié par l' Ecole primaire" no,us ne le r épèterons pas. 'cinq instituteurs donnent connaissance de leurs tra.va ux, après quoi la discussion est ouverte'. Membres honoraires et instituteur" échan""ent tour à tour leur manière de voir. Voici,"à titre de conclusions, un petit résum é de ce débat: 1. L'exemple entraîne; que l'instituteur soit donc toujours un modèle de p ropreté, dans sa tenue comme dans son logement. 2. On est unanime à reconnaître que la propreté personnelle des élèves, de leurs effets classiques et de la salle de classe est le. point essentiel qui doit attirer notre attention. 3. Le bon a ir est un agent indispensable à la vie; ayons soin d'aérer souvent la chambre d'école et de ne pas la surchauffer. 4. La gymnastique est un puissant moyen de développer les facultés physiques de l'enfant. 5. Que les a dministration s communales aient soin de pourvoir nos écoles d'un mobilier scolaire conforme aux règles de l'hygiène. 6. Le bâtiment scolaire sera autant que possible situé dans un lieu s,e c et découvel·t, éloig-né des constructions dont les abords sont malsains, et avoir des cha mbres hautes eit bien éclairées. DISCUSSION La discussion animée qui s'engage au sujet des leçons données par les in stituteurs E:vé· quoz et Jacque.met , et les saines idées émises montrent que la cause de l'éducation et de l'instruction est de mieux en mieux comprise. En e[fet, chacun dit son petit mot: l'un met en discussion un procédé, un autre relève un

oubli ; celui-ci souligne un petit travers, celui-là a dresse des félicitations. Toujours estil que les deux instituteurs passés au creJuset soutiennent vaillamment la discussion. MM. les membre,s honoraires nous font également bénéficier de leurs sages ,conseils. M. le préfet Evéquoz, entre autres, se plait à reconnaître tous les avantages que nous de'Vons retirer de ces visites de classes. Cependant il estime qu'une grande initiative doit être laissée à l'intelligence, au savoir-faire de cha. que instituteur. L'idéal que n ous devons poursuivre, nous dit-il, c'est de faire beaucoup dans le peu de temps que durent nos écoles. Somme toute, les deux institutem·s r eço·ivent des éloges mérités. Après le compte-rendu de la dernière confé~·ence, travail approuvé sans discussion, .M. Girond dédare la séance close. Il est 1 h . Nous passons dans une autre salle où nous attendait un copieux dîner, arrosé des meilleurs crus offe.rts par la municipalité de Conthey. Cette seconde partie de la j ournée fut des plus gaies, grâce à l'habile direction de M. le juge R. Evéquoz. acclamé major de table, aidé dans ses fonctions par M. le député Gaist, comme (( adjudant)) et M. Naville, comme directeur des chants. Aussi toasts., chants et ,productiou,,, diverses se succèdent-ils avec le plus joyeux entrain. Mais en si bonne compagnie le temps s'écoule rapidement. L'heul'e du ' départ sonne, on se ,s épare, emporta.nt de bonn.es r_ésolu?ons de cette agréable et j.nstructive JOurnee et en se disant: Au revoir, à la conférence générale. Février 1904. Julien Roh, secrétaire.

Partie pratique Sujets pour les cours de répt'tition Industries de votre canton. - Quelles sontelles ? - Quelle en est l'utilité? Notre canton n'est pas très industrj el · l' agriculture constitue la principale occup~tion des Valaisans. Il y .a bien quelques fabriques à Monthey: verrerie, engr ais chimiques, tabac, etc. Il y a à Saxon une importante fa,brique de conserves alimentaires où s'achètent plusieurs produits du pa;s: viandes, fruits et légumes. Une minime p artie de la populat ion cependant y trouve de l'occupation. A part cela, l'industrie la plus florissante de notre pays, c'est l'industrie hôtelière. La bea uté de nos sites, les belles m ontagnes du

Valais, ses glaciers, .ses cascades, ses pittoresques vallées, les mœm•s patri:arcales de ses habitants y ont attiré depuis longtemps un grand nombre d'étrangers. Zermatt qui n'était, il y a environ un demi siècle, qu'un simple petit village est devenu une vraie ville cosmopolite. Les vallées de Conches et de Loèche, les diver s villages d'~nivier,s, d'Evolène ert de Bagnes, Salvan, Fmsha,uts, Champéry et Morgins sont actuellement des stations hôtelières toujours plus fréquentées. Les hôtels sont une grande ressource pom• notre pays. P lusieurs propriétaires, e mployés, guides y réalisent toutes les années d'importa.nts bénéfices et plusieurs de nos produits y ont un écoulement rapide.

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Le budget. - Qu'est-ce que le budget? - ExceJl.ent exemple à suivre. Le budget d' un gouve'l·nement est l'état de prévision annuel de ses recettes et de ses dé1:enses. Prép,llré par le Conseil d'Etat , le proJet de budget pour l'exercice .suivant est dêposé sm· le bureau du Grand Conseil. Une comm ission , nommée à cet effet, étudie avec s.oin les propositions du gouvernement et nomme un rapport€ur général. La discussion publique, au moment venu, s'engage sur l'e;.. semble d'abo1·d, pui,s sm· les dépenses de chaque département, et enfin sur les recettes qui permettent de faire face aux dépenses acceptées. Cette discussion dure ainsi plusieurs journ. En établissant son budget de dépenses et de recettes, l'Etat donne une preuve de sa prévoyance. Mais cet exemple, je crois, est suivi un peu partout. On fait le budget dans chaque commune, dans chaque grand magasin. Prévoir est toujours une bonne et excelle~te chose. Il faut donc que, p lus tard, j 'imite ces exemples. Basant mes dépenses sm· mes recettes, je dois faire en so,r te de ne pas laisser subsister d'écart. Généralement ceull. qui sont criblés de dettes doivent av~Îl' n égligé l'établissement de leur budget. Il ne faut point faire comme eux. Les jmpôts. - Qu'est-ce que les impôts? Combien de sortes ? Devons-nous p.ayer les impôts? L'Etat a besoin de ressources pour assurer la marche des ser vices publies; pour entretenir les voies de commUJ1lcatlon l'armêe et la police, pour instruire la, jeun'e sse, etc.


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8Ô une ,, Revne" qui, « par la qualité et la variété de ses travaux, par l'autorité et le nom cle ses collaborateurs ll fait le plus grand honneur ù la Suiss.e catholique tout entière. P.-S. - Au bout cle l'an, les lecteurs cle la .,nen1e r1c J1'ribourg" auront ffiltre les mains un fort volume in-octa.\"o cle 800 pages, cllaqne livraison compt:mt 80 11ages (elle pal'aît vendant rlix mois). Sur llemam1c a.tfrancllle !'011 peut recevoir un spécimen gratuit. Prix d'a!Jonuernent pour la Suisse 8 fr. par an. ii,

Cet argent c'est le peuple q ui le paye, parce que c'est lui qui en profite. Voilà ce' que l'on appelle impôt. Il y a deux sortes d'impôts: 1. L'impôt direct que l'on paye en raison de .sa fortune ou en vertu de sa, profession. De là, diverses catégories d'impôts directs: l'impôt foncier, celui qui frappe les bi<ensfond.s, l'impôt mobilier, les patentes indUiS· tri·elles et commerciales, etc. L 'impôt direct est basé sur la fortune de chaque citoyen, ce qui est juste, puisque la protection de l'Etat est d'autant plus nécessaire que l'on possède dllivantage. 2. Les impôts indirects, ceux qui frappent les droits d'entrée sur les merchandises é· trangères, les monopoles de l'Etat: sel, enregistrement, pondre, alcool, billets de banque, etc. Ce sont en outre les bénéfices réalisés chaque année par la Conf.édération sur les pos~es, télégraphes et chemins de fer. Chacun est tenu de payer l'impôt. Celui qui chercherait à s'y soustraire d'une manière ou d'une autre ser,a,it un mauvais citoyen.

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*d'un

En assistant au défilé régiment, vous avez vu le drap.eau flotter au vent; la vue des soldats et du drapeau a fait tressaillir votre âme et naître en vous le dé· sir de servir la, patrie jusqu'au prix de votre sang. Au détour de la route, un nuage de poussière se lève; un bruit de pas devient de plus en plus distinct. Les clairons sonnent, les tambours battent. Il n'y a plus de doute. Ce sont les ·soldats qui passent pour se rendre aux grandes manœuvres. En tête du régiment, le drapeau se balance avec ampleur. Ce symbole de la patrie noui; fait venir les larmes aux yeux; une patriotique émotion s'empare de nos ftmes; mes camarades et moi, sans nous être concertés, d'instinct nous nous éci:ïons: « Vive l'armée! Vive le dr,a peau! » Ce que sont ces soldats aujourd'hui, nous le serons demain. Lorsque ce drapeau nous ,sera confié, nous l'aimerons et nous la défendrons. Servir la patrie·, verser jusqu'à la dernière goutte de notre sa.ng pour la défendre, si elle est attaquée, telle sera notre ambition. Et les soldats continuèrent leur marche sous la direction de leurs chefs, nous ;a,yant ainsi donné sans le savoir, une profitable leçon de patriotisme.

Récréations Voici la solution du mot cané proposé dans le dernier Numéro: A B U S B I S E U S O R S E R E Le mot de la cllarade est: Mirabell6 (Mi, rat, belle). Charade proposée par Rondeau.

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Sur mon second, jamais mon premier ne s'arrête. Quel est mon tout sachant qu'il sed à soutenir les constructions?

Handarbe ite n fii r die Eleme nta1•sehule, par Œrtli, instituteur. -

Cet onvTage, - qui s·ocupc cle tlessin et lle travaux manuels rla11s les écoles primain•s inférieures, - se compose t1,e tl'ois l'ec ncil:,;, correspondaut aux trois pi·emièrc,s années d'f.cole. L e to u t est cour:u Slli' un pl:111 métl10diquo et r:üionn('l. Le choix tl('s mofü•!e:,; c1e 1le:,;sin est henren:s. et les di fficuli.éR ;,;011t fo,rt l1icn graduf.es. i\ n surplus, l'np11li catiou imnu}diate :1 ln Yie pratique cl'un deissin il fai re s'cx11lique par l' exécut.ion ,l'un p('t.it trnyail 111:rnuel. C'est ln théol'ie mal'ci1n 11t tîti front ayec la vratique, et c'est la meilleure mét Il ode d'euscigne111cnt. Yoycz plutôt: e'cst rl',n.lJorù l'é tuc1e !les formes nppliqnée au c1essin tl'objets 11sncls. P11is. nous reU1m·quu11s tme sfaie de ,1essius coloriés d' une faco n très heul'cuse. La pmtie ln plus im110rtante ,le l:1 méthode est ro11sa<:l'ée ;l la confec tfon <l'objets eu pa11ier, Pt celn. il eumU1P11cer par tlll (' Rimple enveloJJ.IJC pour se compléter var nu panier le plus cun11}li qué. 1,es inslituteut'R trou,·erout t1ans ee recueil 1111e rnine prét'ieusc, où ils pourront puiser qnnut"ité t'le 1·cnseig11ernrnts et tlc- t1ircctions [JOU I' ln l'eproclnc1.io.n grn1,hi<Jue 11'0-bjets s.i!u!Jlf's c't 11su1·l~ CO llllllt' nussi pour 1•.:, tutlt' e t l'l1nrmonie tlf's co nlcu n,. -o-

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* CURIEUX PROBLEME. - Si l'on multiplie la fraction décimale donnée ci-dessous sucessivement par les nombres 10, 5, 12, 6, 3, 11, 15,, 17, 1S, 9, 14, 7, 13, 16, 8, 4, 2, la succession des chiffres qui forment les produits est la même, avec cette seule différence que le premier chiffre de gauche est transporté à droite: 0,52631578947368421 X 10 5,26315789473684210 X 5 2,63157894736842105 X 12 6,31578947368421052 X 6 3,15789473684210526 X 3 1,57894736842105263 X 11 5,78947368421052631 15 1,89473684210526315 X 11 8,94736842105263157 X 18 9,47368421052631578 X 9 4,73684210526315789 X 14 7,36842105263157894 X 7 3,68421052631578947 X 13 6,84210526315789473 X rn 8,421052û3157894736 X s 4.21052631578947368 X 4 2,10320315789473684 X 2 1,00263157894736842 Lequel de nos lecteurs trouvera l'explication de cette singularité mathématique'/

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-otto-* A L'ECOLE. - Le r égent: }ies enfants, vous allez me faire une composition sur ce sujet: La maison de mes pare111ts. - Le petit Eugène, fiJs de parents 1·iches: Nous on en a 7. Comment je ferai ma composition r Mais, j 'y pense; je raconterai quelque chose de 1a maison d'autres camarades. Ainsi Pierre m'a dit que la maison de ses parents est couverte d'ardoises, Charles trouve quel la lem· ,es,t bien plus belle par-ce qu'elle est couverte d'hypothèques, etc.

chez Orell-Fussli, à Zurich.

D i ctionnaire :,réog1·aphique de la S u i sse

La dit·Pdion de Cl'i te remarq na l.)lp pub_li !'ation, é<litfr, 0 11 l <· sait. par -:\fî\I. A1_1 rng-Pl'. ù K euchfltc.J, fait e;onna ître qn étant donné l'état d'anmcement du Diction11ail'e, elle Yient de fixer au 30 jnin 1904 la date extrême pour la souscription aux conditions spéciales co nYenues en faveur du personnel ensei-

g-nant et <les fonctionnaiircs deR ca ntons. De juin à cléoembl'e 1904 les eonditiom; de librafrie resteront Jc>s w êmcs, mais dos Je Jer janvier 190ti lel:! p1·ix des Yolmncs parns on ù paraitrt' seron t augment és et (;l'Oitront annuellement en raison d n stock disponibk. - A ,is à -:'lf JL les ,souscripteurs artncls on ù rfl1x q ui désfrc•1·ai ent enco re rer-e,-~ir le lJictionnaiFe géogrnpltique de la S uisse. 1

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Oal'te de la Suisse pa,r il[. TV. Rosifr, p1·of. Le géograplw a vautage use1111· n t eoun u qn'est 31. \V. Rosier, vient de faire paraîhe une rade de la Suisse très bien établi e, qu'on 1wnt se procm·er à la lihrail'ie Payot. à La nsaune. CeHP (·,u·l·e nous paraît assez l>i en 1·étmÏt' les (Jnnlit(>.s q ni constituent une bonne éditio1:1 tlassi_q ne_à l'usage des éeoles µrin~an·l'S. fr t pornt <le s m·cbarg-l', impresRrnn dt•s noms en cal'ac tè1·t•s bien lisiblc·s et g-rn.dnéK sui va.nt l'impml anee de,s loralités, teintes do nl'es et bien bnrmouiSPl'S. - 0· -

0aJtieI'S sous-111ain. A la demande formulée pa1· ~L'1. les I~1spedeur,s scolairns, (Jue le Dépôt des It_nes d'6cole soit t'.>galement approvisrnnné en foumitures de bnrean el notamnwnt en· papier, le dit f)épôt a fait l'aequis_ition d' une ccrb1inc quantité de cahiers-sous-main, dont nn spécimen fn t adressé l'année dernière à tout le personnel ens<'ignant. La nouvelle p1·ovision q ni en vient d'être faite d e meilleure qualité et à des condi tions plus favorables encore que précédemment, permet au Dépôt de livrer ces cahiers avec une plus forte remise snr l:s a~_ciens prix. (Voir l'annonce spéciale f1g_urant à. la couverture pour plus de déta.llis.)

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Supplément au JV 5 de f ,,&cole" (1901t) 0

L'esprit de pénitence par le

L'Encyclique du jubilé

en vente pour le Valais au Dépôt du matériel scolaire, à Sion 90 centimes la douzaine Les paquets conditionnés renferment deux douzaines de cahiers. On les obtient pour (1•. 1.Stl port cor.npris. - Le cent coûte fr. 7 .50 ,

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et professeur de chant grégone11 au semma~re ~ ep1scopal de 81011. . . Troisième édition. - 1 vol. cart. 1 fr. ~O. Cet ouvrage, honoré de hautes approbations et recomman dat10ns, contient plus de 100 morceawx ainsi répa.i·tis : . . . .. 1 à 32, cantiques dédiés à la Sai nte Vi~rge ; 32 _ ~ 88, cant1quc_s decb~s au Saint Sacrement, au Saint Esprit; 89 à 97, ca11t1ques spcciaux pour Noel ; 98 a 103 , divers pour pr~cessions, mis~ions. . .. . .. . .. Les cantiques à la Samte Vierge ~t ceux de Noel .so_nt ec.nts en gr3:nde partie pour 1 ou 2 voix, dans un style populaire. ~l sont ~estm es à etre chantes yar les écoles lors cles bénédictions et saluts du mois de m_ai et pour l'arbre de ~ oel., Le plus grand nombr e des morceaux composes sont .~ou.r ~ ou ~ vo1_x: d hommes. Gr âce à leur facil ité ils peu vent convenu pour les sem~n~1!·es, etabhss_ements supérieurs et secondaires d'instruction, et bnrtout pour les <?ec1hen111es de villa~e~. L'ouvrage (texte et, musique) est en vente .pour le_Val3:1s, entr au.t~·c~ ai,i De pot des livres d'éco le, à Sion, oCi les établissements cl1mstruction, ecoles, societes, peuvent se Je procurer au prix rédui~ de Fr . 1. 25.. , Sur demande affranchie,. e~vo1 gratuit d un prospectus con tenant la liste des cantiques et deux morceaux spec1mens.

Nous voici à l'entrée du Carême. C'est la période la plus austère de l' année ecclésiast ique, c'est un temps de mortification et de pénitence. Sur ce sujet, on relira avec profit cette courte page d'un évêque s' adressant à ses diocésaiws: La pénitence est l'expiation de nos faiblesses et l'école des vertus. La paL 'Encyclique sur !'I mmaculée-ConJ'Ole du Maitre doit souvent être répé- ception vient de paraître. tée à notre époque de bien-être et d'afPie X commence par rappeler les fadis sement universel: « lfaite,s péni- lia ut es espérances -- et non téméraitence ou vous périrez. JJ Sans doute, 10s - que fit concevoir à Pie IX et à l'Eglise apporte des allègements no~- tout l'épiscopat catholique la définibreux et adoucit la sévérité de l'obser- tion dn dogme de l'Immaculée-Concepvance du Carême; mais, de droit divin Uon. Malgré des sujets d' angois,ses, comme <le droit ecclésiastique, une cho- d.e fait des trésors ·d e grâce suivirent se reste imprescriptible, c'est que la cette définition. loi de pén.itence pèse 'Sur tous les chréL'Encyciique signale le Concile du tiens. N'avez-vous pas tous à réparer Vatican si opportun; la définition de la négligence et l'oubli de Dieu, la ri- l'infaillibilité pontificale; les longs et valité envieuse envers le prochain, vos féconds pontificats de Pie IX et Léon recherches égoïsteH de l'orgueil et des XlII; l'apparition et les miracles de sens'? n'avez-vous pas besoin de rele- Lourdes, arguments contre Pincréduliver votre âme flétrie? Sachez don c re- té et par suite motif,s de confiance. courir à la pénitence intérieure et aux l\Iais le mot if prit1cipal de l'enthoupra t iq ucs de l'aust érité. siaste éla n que doit provoquer ce 50e Vous ne devez pas oublier que vous anniversall'e doit se 1.irer ode la néêtes les disciples d'un Sauvem· crnci- cessité (< de tout restaurer en Jésustié; q u'nne de molle et sans mortifica- Chl'ist », car, pour arriver à Jésus, il 1ion sera toujours opposée à la lec,:on n'e,st point de route plus süre et plus évangéliqu~ proclamée par notre divin facile que Marie. De fait, partout où, Modèle:« Si quelqu'un veut venir après dans les Saintes Ecritures, est prophémoi qu'il porle -sa croix et q,1'il me tisée la grâ.ce qui doit advenir, le Sausuive. >> C'est pendant ces saints jour~ ye ur des hommes appal'aît en compaque les chrétiens doivent pratiquer gnie de sa Mère. A la Vierge, il apparplus généreusement les œ uvresdemisé- tient de nous faire connaître J ésus, ricorde, la compassion envers les pau- personne a.u monde n'ayant comme elvres, la vi,site et le soulagement des le connu à fond le Sauveu r. Personne malades, l'entretien des a utels et la donc ne vaut Marie pour unir les h omcoopération au recrutement du sacer- mes à Jésus, « la vie éternelle consisdoce. Donc, nous vous réT)èterons avec 1ant ù connaître le vrai Dieu et celui salut Jean Chrysostome~ (< Ne laissez qu'il a envoyé, Jésus-Christ. >J

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Cahier .sous-main

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pas s'écouler lPs jours du saint Carême comme des joms vulgaires et insignifiants; ne soyez paJS de ceux pour qui la saint e Quarantaine passe inaperçue, et qu'à la fête de Pâques des progrès ,soient marqués dans votre vie spirituelle. »

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Puis, l'Encycliq ue expose les motifs affranchit sa future Mère et son Fils qui pressent Marie de nous donner lar- de la tache originelle. Donc. quiconque honore Marie doit corriger ,s es habitugement l'abondance de ses trésors. La Vierge n'a pas seulement conçu des vicieuses et dompter ses passions. Il faut aller plus loin et imiter les le Fils de Dieu afin que recevant d'elle la nature humaine, il devint homme vertus de Marie, de préférence les prinmais afin qu'il devint encore, moyen'. cipales qui sont comme les nerfs et nant cette nature reçue d'elle, le Sau- jointure,s de la vie chrétienne: la foi, veur des hommes. l'espérance, la charité envers Dieu et Marie est donc d'une manière ,s piri- le prochain. L'Encyclique montre dans la proclatuelle mais véritable, la Mère des membres de Jésus-Christ. Il est donc cer- mation du dogme de l'Immaculée-Contain qu'elle s'emploie auprès de ,son ception un secours pour conserver et Fils, chef du corps de l'Eglise pour pratiquer les vertus. Ce dogme implique de lui se répande la g râce su~· nous que en effet, la croyance à la chute primitive et à la déchéanc.e de l'homqui sommes. ses membres. De plus, Marie a gardé, préparé J é- me qui est contradictoire du rationasus victime pour nous, s'as.s ociant à lisme et du matérialisme. son sacrifice. Ainsi elle mérita de deDe plus, il implique l'obligation de venir la réparatrice de l'humanité dé- reconnaître à l'Eglise un pouvoir dechue et la dispensatrice des trésors ac- vant lequel plie non seulement la voquis par Jésus mourant. lonté mais l' intelligence et qui ruine L'Encyclique précise cette idée rap- l'anarchisme. Ravivant l'espérance et pelant que Jésus e,st par ,sa nature mé- la foi, le Pape ravive aussi la charité diateur entre Dieu et les hommes mais en insistant ici sur l'amour du pro'. . qu'à · raison de la communauté de' dou- chain. leurs et d'angoisses entre la Mère et le L'Encyclique exhorte les fidèles à Fils, il fut donné à la Vierge d'être au- participer aux sollicitudes incessanprès de son Fils unique la puissante tes de la Vierge pour le salut de leurs médiatrice et l'avocate du monde en- frères. tier. Sans attribuer aucunement à la Mère de Dieu une vertu productrice de la grâce, l'Encyclique dit que Marie est mini,stre suprême de la dispensaA côté de,s questions dites d'(( actuation de la grâ.ce. Le Pape conclut cet exposé en di- lité >> qui ont l'honneur d'attirer à elles sant que par toutes ces causes Marie pour un t emps toutes les préoccupaest un ·s ecours cert ain et efficace pour tions, il en est d'autres d'un intérêt à la arriver à la connaissance et à l'amour fois plus durable et moins palpitant, qu'aucune solution définitive ne viende Jésus,Christ. Par suite, les solennit és établies dra probablement jamais reléguer au · pour honorer son Imma,culée-Concep- rang des problèmes claissés. De temps à autre elles reviennent à tion doivent avoir le but d'accroître cette connaissance et cet amour. La piété la surface. On les ·d iscute peu ou prou, envers Marie qui n'éliminerait pas le et, doucement, l'oubli se fait de nouveau autour d'elles. péché serait mensongère. On peut citer dans ce nombre la C'est une vérité que confirme le dogme de l'Immaculée-Conception. C'est à question, toujom·s controversée de l'a' cause de l'horreur du péché que Dieu ,limentation.

Le régime végétarien

Est-il nécessaire de manger de la viande pour se bien porter? Le régime végétarien suffit-il à nourrir l'homme et à récupérer les fprces qu'il perd quotidiennement au rude coutact de la vie? Le sujet est considérable et ne peut pas ,se traiter en passant. Mai,s nous voulons résumer ce qu'il faut penser d'un mode d'alimentation qui rencontre aujourd'hui de nombreux partisans; c'est-à-dire du végétarisme. Le grand avantage du régime végétarien est de nous empêcher de manger trop. C'est un point à considérer. Mais ce n'eist pas tout. Devons-nous, pour ce seul argument, accepter le régime végétarien comme un régime applicable à la ma.jorité? M. Armand Gautier, de l' Académie de médecine en France, dan,s un ouvrage d'une haute valeur scientifique, « L'alimentation et les régimes chez l'homme sain et chez les malades» , vient de fournir des arguments pour et contre. Les partisans du régime carné semblent oublier que ,dans l'antiquité on faisait rarement un usage courant de la viande. Les Hindous, sectateurs de Brahma ou de Bouddha, .s'abstenaient complètement de la chair d'animaux. La religion des ancie111s Egyptiens défendait l'usage de la viande. C'e,st la doctrine que Pythagore importa en Grèce. La privation de la viande, comme on le pense aujourd'hui, compromettait-elle l'énergie physique? On a cité souvent l'expérience ·des ouvriers anglais employés à la construction du premier chemin de fer de Paris à Rouen, nourris avec de la viande, comparativement aux ouvriers français nourri,s avec des légumes. Les ouvriers anglais faisaient bien meilleure besogne. On oubliait ici l'influence de la race. La vérité est, à cet égard, que l'atavisme et les habitudes jouent un grand rôle.

Toujours est-il que, d'après J. Sinclair, les Hindous porteurs de dépêches, qui ne mangent que du riz, parcourent chaque jour d'uue viilc~ ù l a c1tre l'espace de 20 lieue,s au moins et wntinuent ainisi pendant des semain~s- Les cultivateurs russes qui vivent de légumes, de pain noir, de lait et d'ail, travaillent 16 à 18 heures, par jour, et leur force dépasserait souvent celle des matelots américains. Les paysans norvégiens connai,ssent à peine l'aliment ation animale; ils franchissent cependant, en accompagnant les vo,itures de.s touristes, de 3 à 4 lieues, courant san,s cesse. Les ouvriers et les bateliers égyptiens modernes qui, de temps immémorial, se nourrissent presque exclusivement de melons et de maïs, d'oignons, de fèves, de lentilles, de dattes, ont une force musculaire remarquable. Le,s mineurs de l'Amérique du Sud, qui ne mangent pas de viande, portent sur leurs épaules des charges de 100 kilos avec lesquelles ils montent deux fois par jour en moyenne des échelle1s verticales de 60 à 80 mètres. Le soldat turc est d'une sobriété étonnante; il ne boit que de l'eau ou des limonades, se nourrit de pilaf au riz et de figues et ne touche presque jamais à la viande. Sa vigueur es,t remarquable. Les portefaix de Salonique et de Constantinople sont d'une force proverbiale. On connait le di-cton: « Fort comme un Turc! » Le végétarisme règne surtout dans les pays chauds et cela se conçoit. Mais est-il possible sous notre climat? M. Gautier ne le conçoit pais. Le régime végétal n'est pas rationnel avec not re genre d'existence. ·! fais, ajoute l'éminent savant, il faut bien peu pour le rendre recommandable. Il suffit, en effet, d'ajouter à la ration quelques aliments qui proviennent des animaux, la grais,se, le beurre, le lait, les omfs ... C'est précisément là l'alimentation «maigre» des vendredi:s, catholiques,


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84 ·celle de beaucoup d'ordres monastiques. Et :JL Gauthier calcule que par l'addition du lait, des œufs, la ration néce,s saire à l'homme est ainsi facilement obtenue. Par exemple, ,sous un poids de 1,528 grammes par jour, parties égales de lait et de pain fournissent tout ce qu'il faut en principes albuminoïdes, amylacés et gras. On a encore 807 grammes de pain et 103 grammes de fromage apvo rtant à l'organisme les 10 grammes de matières protéiques reconnues nécessaires. Et ce régime, on en conviendra, n'est certes pas coûteux. On peut cert es encore vivre à bon marché. Dans ces conditions, le régime végétarien mixte sans viand<~ ne saurait surcharger l'estomac et il e,s t susceptible de variété. 'M ais, parce qu'on «peut)) vivre avec de;s légumes, du lait et des. œufs, les végétariens en concluent qu'on « cloit n vivre ainsi. .L'erreur d'une telle façon de raisonner n'est-elle pas évidente? De par notre dentition et la façon dont est fait notre tube digestif, nous somme,s des omnivores: l'homme peut et « doit )) donc manger de tout. Sachons-le toutefois, il y a quelque chose à retenir de la théorie végétarienne. Elle a s.on beau côté. C'est de nous avertir que. non seulement nous mangeons trop, mais surtout que nous mangeons trop de viande. La viande est sans doute un aliment de premier o,r dre, mais elle n'est pas sans inconvénient. Pendant sa digestion, pendant qu'elle cnit pour ainsi dire dans notre e;stomac et notre intestin, elle se transforme peu à peu en une série de substances dont quelquesunes ,s ont de véritables poisons. Ces substances nous empoisonneraient deux fois par jour, si elles n'étaient pas éliminées. Au fond, il n'y a pas d'alimentation unique qui convienne à tout le monde.

Chaque pevsonne doit choisir sa ration en prenant pour point de départ l'ali. mentation végétarienne mixte et en y ajoutant, s'il y a lieu, de petite,s quan. tités de viande, si elle le trouve utile, mais aussi prudemment que s'il s'agissait d'un médicament, car il ne faut pas oublier, le régime fort ement camé condnit à toutes nos maladies modernes: affections du foie, de l'e,stomac, congestions intimes, arthritisme, etc. La morale de l'histoire est qu'il ne faut abuser de rien: pas même de la viande. -------111e111------

La viande Causel'ie hygiénique à propos du Cai·ême Nous sommes entrés en Carême. .Aussi, depuis le mercredi des Cendres, que de personnes, même pieuses, sont allées frapper à la porte du presbytère pour chercher, en atténuant encon, des prescriytions déjà fort mitigées, à. mettre leur wnscience à l'aise entre les ...-ieilles lois ecclésiastiques et les exigences gastronomiques de leur mari on les m:1ternelle,s inquiétudes que leur causP leur progéniture: << Mon mal'i ne supporte pas le maigre; il a si fa. cilement des aigreur,s d'estomac! Quant à ma fille, elle est si délicate: le docteur nous a si souvent recommandé de la fortifier! )) Et, malgré tous les a:doucissements obtenu•s, l' on att endra encore avec anxiété les terribies << joms maigres)), parcimonieusement échelonnés dans ces quelques semaines, et qui ont pourtant le pouvoir incontesté d'aigrir l'humeur des cuisinières et des chefs de famille. Car, s'il est une doctrine fortement ancrée dans l'esprit de nos contemporains, c'est celle de la nécessité de la viande dans l'alimentation. Il y a quelques années, toute discussion sur ce

point eût été téméraire; l'on n'aurait supporter celui de tout le monde. Nous n'avons pas à louer ni à blâpas osé souleve r de timides objections à cet absolutisme, pour peu que l'on mer l'engouement dont jouit ce systèeût quelque souci de sa réput ation; à me; ,n ous nous contenterons de citer citer des cas de peuplades ou d'Ordres ce fait, qui indique un revirement proreligieux qui ne consomment jamais de fond dans les idées courantes. En atviande et n'en vivent pas moins long- tendant qu'il soit de bon t on de faire temps, on eût passé pour une sorte de son Carême à la monde antique ou rêveur attardé, ou de moraliste pusilla- même de se déclarer végétarien, on ose nime, incapable de comprendr e u ne désormais tout au moins se demander époque où les organes, plus surmenés si la viande n'a pas pris une place exapar le travail cérébral et la lutte pour gérée dans notre r égime alimenta.ire, la vie, ont besoin d'un régime a.ppro- si elle est bien le « fortifiant J) par exprié et ne sauraient s'accommoder des cellence, et un fortifiant à ce point complaisant qu'on ne saurait en abupra.tiques surannées de l'abstinence. Et pourtant ce dogme intangible est ser. Avant qu'on cherchât à en tirer des actuellement fortement battu en brèche dans le monde médical. Les auteurs conclusions pratiques, les encyclopéles plus estimés en ce moment consa- dies et les traités d'hygiène mentioncrent des pages à l' « abus du régime naient déjà le fait que certains peuples earné, à l'intoxication par le régime et certaines classes de t ravailleurs carné )>. Passant de la théorie à la pra- étaient capables de fournir des efforts tique, certains médecins renchérissent considérables avec une nourriture expeut-être sur les rigueurs les plus a us- clusivement végétale. Sans remonter tères des Ordres de pénitence, et ne se jusqu'à Pythagore ou aux athlètes a nfont pas faute d'aj,outer le jeûne, c'est- tiques, on savait que les ouvriers égypà-dire la réduct ion de la ration, à l'abs- tiens et les bateliers grecs n'absorbent tinence de la viande. Il est, par exem- que des fruits, du maïs et des oignons, ple, ,suffisamment notoire que, dans - que les cha rretiers de Norvège, les une ville ,suisse, les plus luxueux hô- vigoureux mineurs dn Chili, et ces portels sont lit t éralement bondés de ri- tefaix smyrniotes qui t ransportent sur ches étrangers et ,surtout de riches leur s robustes épaules des charges de étrangères, qui payent de fortes pen- 200 et même de 400 kilos, ne mangent sions pour ·s e soumettre à un régime jamais de viande, - que les coolies jadont un Chartreux ne voudrait assuré- ponais transportent à grande vitesse ment pas se cont enter: quelques cuil- des charges considérables en se conlerées de riz ou de macaroni sans as- tentant d'une nourriture empruntée saisonnement. - exactement et parci- uniquement aux végétaux, - que les monieusement comptées. Pourtant, à sqldats polonais, qui servirent sous ces épuisés, favorisés de la fortune n'a- Napoléon Ier, étaient d'infatigables vaient assurément jamais fait défaut marcheurs et ne vivaient que de pain jusqu'ici ni la viande ,s ons ses formes de gruau avec quelques légumes, les plus a,ssimilables, pour réparer ou que les ouvriers chinois, dont la conprévenir les usures, ni la préoccupation currence est si redoutée, ne se nourde ménager leur santé et de se « forti- ri-ssent que de riz, - que certain es trifier)). Il est fort probable, qu'avant ce bus hindoues, tout en ne consommant Carême a ussi rigoureux que forcé, bien également que du riz, arrivent à fa.ire peu, parmi ces jeunes femmes et , ces vingt lieues par jour pendant trois sejeunes filles, s'étaient cru en état de maines en conservant constamment la


1 87

86 même allure de course. La rigoureuse observance des Chartreux et leur longévité n'ont pas besoin d'être rappelées. •Ce que le public semble ignorer, c'est que l'interdict ion de la viande n'est pa,s spéciale à cet Ordre religieux, mais qu'elle est commune à beaucoup d'autres et des plus militants: les exemples ne sont pas trop rares, du reste, de jeunes filles d'apparence délicate, à qui l'on ne ménageait pas dans le monde les cc fortifiants » et qui ont pu, dès leur entrée au couvent, adopter la règle de l'abstinence perpétuelle sans que leur ·s anté eût à en souffrir; on regarde volontiers ce fait comme une grâce spéciale et nous n'y voulons point contredire, mais peutêtre la nature ne demande-t -elle qu'à venir en aide à la bonne volonté. Le Dr Debreyne, atteint de phtisie pulmonaire, se retire à la Trappe pour se préparer à la mort ; à ce régime aust ère, en apparence si illogique, il guérit et consacre des études à la réhabilit ation de l'alimentation végétarienne. Les partisans de ce ,s ystème citent parmi leurs précurseurs ou leurs adeptes, outre ce Patrice O'Neil, mort à 113 ans, le nom illustre de Newton, ceux de Fontenelle et du chlmiste Chevreul, morts tous deux centenaires, de Lamartine, de Michelet, de Sarcey, etc., et il ne semble pas que ces végétariens convaincus aient déployé moins de ressources intellectuelles que la plupart des mangeurs de beefsteaks qui, dans les restaurants, déclarent l'abstinence incompatible avec la vie cérébrale plus intense ôe notre époque. (A suivre, )

••• à

n.

Lettre ouverte P. F., instituteur aux H.

J'ai lu avec plaisir dans le ,,Valais agricole" votre excellent article dans lequel vous proposez qu'on enseigne

l'agriculture dans les écoles primaires. Je ne puis que vous féliciter de votre heureuse inspiration et je souhaite de tout mon cœur que cette r iche idée ne tarde pas à ,se réaliser dans votre cher canton. Tout en partageant votre manière de voir à ce s ujet, permettez-moi cependant d'émettre les considérations suivantes qui ne sont d'ailleurs qu'un développement de votre excellent e pro. position et un mode d'application rationnel. Pour qu'un cours d'agriculture à l'école p r imaire produise t ous les heureux fruits qu'on est en droit d'en attendre, il faut qu' il soit intelligemment dirigé. Il faut que le maitre parle au cœur non moins qu'à l'esprit des enfants. Pour l'intelligence, 1'a part consistera en une étude aussi approfondie que pos,sible des principes scientifiques relatifs à la germination des végétaux, à leur division botanique, à leur composition chimique. La grande question de la fertm. sation chimique du sol retiendra principalement l'attention. A des enfants de 14 à 15 ans, on peut faire comprendre les principes sur lesquels s' appuie la culture intensive. Dans l'étude des façons culturales et des soins d'entretien, on ,s'appliquera surtout à en faire ,r emarquer la raison d'être, afin que plus t ard nos agriculteurs soient plus aptes à comprendre et à accepter les progrès qui ne peuvent manquer de se produire, car, di· sons-le hardiment, l'agriculture de de· main ne ressemblera guère pas plus à celle d'aujourd'hui que celle-ci ne res· semble à celle d'hler. L'histoire de l',agriculture devrait aussi être enseignée dans les écoles pri· maires. Il y a une étude à faire sur les progrès réalisés darns les assolements, dans les procédés, dans l'outillage et dans les rendements. Il faut pa.r ler au:s: jeunes gens des vieux moines défri· cheurs de forêts, bàtis,seurs de villel

et civilisateurs des peuples barbares de notre vieille Europe. Plus connus aussi devraient être les grands agronomes. Que l'admiration de l'enfant n'aille pas _uniquement aux grands capitaines. qm on~ agrandi ou libéré la patrie, ma1s _aussi a~x agronomes qui l'ont nourne et enrichie. En un _mot, la part de l'esprit consistera moms à apprendre très bien et très vite quand il suivra son père aux champs, mais à se pénétrer des principes. rationnels peu connus de la générat10n actuelle: tels la fertilisation artificielle, Ja sidération les avantaO'es ' . ' ~ de l aissociation et tant d'autres cho,ses nouvelles qui sont les fruits de l'expérience et des découvertes modernes et qui _vont à l'encontre de nos vieilles routmes. Quant ?-u cœur, sa part sera plus belle et é_m memment plus facile, car sa formation pourra être réarnsée bien a vant que ~' enseignement de l'agriculture ne s01t rendu obligatoire dans les écoles primaires. iDans l'~ducation d: nos futurs agriculteurs 11 faudra vi,ser à leur faire estimer et aimer les choses de la natu1:e, les travaux des champs et tout ce qm ,regarde l'agriculture. On apprendra a l'enfant à apprécier le grand air la liberté, la vie de famille la solitud~ salutaire du travail ru·s ti~ue· on lui fera aimer ses animaux ses te~res se"' ·1 , ' .. ou t 1 s, en un mot tout ce qui concerne sa future profession. Mais il faut pour obtenir cet enviable résultat, Jue le maître ·sache répandre dans son enseigne.ment un peu de cette poésie qui va dro1~ a:1 cœur encore pur de l'enfant. Ici Je sens l'embarras de préciser quand et comment il faudra s'y prendre; c'est une ,a ffaire de goût de tact u~e affaire d'affection, que l'on veut faire passer de son cœur dans celui de l'enfant. Or, plus on est épris de cette affection, mieux on réus,sit à la faire par tager. Les occaisions s'offriront tou-

jours nombreuses et favorables à qui voudra en profiter. Chaque instituteur accompagne de temps à autre 1ses élèves dans des excur,sions champêtres; ah! de grâ.ce, arrêtez vos jeunes voyageurs sur le versant de ce joli côteau, faites-les asseoir en groupe sur la verte pelouse à l'ombre de ce grand chêne; placez-vdus au centre du cercle joyeux invitez ces têtes blondes à promener l~urs reO'ards sur les richesses que la terre fé;onde fait surgir dans le vallon; élevez-les encore sur l'aile de la pensée, faitesleur co,n templer l'azur du ciel et ditesleur que ces richesses sont pour eux q~e ce beau ciel est le pavillon dont Dien veut les couvrir. Faites admirer le ruisseau qui murmure, l'insecte qui bourdonne, l'abeille qui butme. Montrez les jours paisibles du pâtre qui làbas va guidant son troupeau. Faües admirer ce cheval qui t ire la herse ou la ch~rr ue et cet homme q ui le dirige, et, •SI quelque écolier volage s'écrie: <c Il peine, il fatigue! i> dites: cc Non il travaille, et travailler c'est vivre.» Un poète moderne a dit: 1

« . . . Ceux qui vivent , ce sont ceux qui lut[tent, ce sont Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et , [le front ; C est le proph_è te sain t prosterné devant l'arc• [che, est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche, Ceux dont le cœur est bon, ceux don t les [jours sont plelni:!: Ceux-là vivent, Seigneur; les autres je les [plains, Car de son vague ennui le néa.nt les enivre Et le plus lomd fardeau, c'est d'exister san~

[vivre!» . D?nnez aussi la parole à vos jeunes disciples, écoutez-les parler afin de les connaître; corrigez douce~ent les errerr.rs de jugement, les sentiments trop na1f,s, en un mot élevez ces enfants portez-les plus haut. ' Une autre fois, faites halte au bord d'un clair ruisseau, à la lisière du bois, ou au sommet d'un côteau. Laissez


XXIIJe année

1904:

88 jouer; que de joyeux ébats dilatent les cœurs et les poitrines. Donnez du soleil et du grand air à ces affamés d'oxigène. P uis, demandez l'attention et lisez, en }a leur commentant, une belle page judicieusement choisie dans votre bibliothèque, un jour une poésie, un a utre jour un-e histoire, mais dégagez toujours une morale en faveur de la vie des champs. Parlez aussi, de temps en temps, des tristesses de la vi~ d'atelier. La cause qui nous est chère ne peut que gagner au contrast e. Le soir vous les ramènerez meilleurs sous leurs toits rustiques, et si vous avez dû consacrer à cette utile excursion une de vos après-midi de repos, ne la regrettez pas; vous avez fait le bien, votre sommeil en sera plus doux; vous avez fait un·e œuvre sainte, car, Virgile l'a dit, et après lui le bon abbé Delille: « Qui fait aimer les champs, fait aimer la vertu. >> Agréez, Monsieur l'instituteur, l'assurance de mes sentiments dévoués. A.duc, agricola.

•••• Variétés • A PROPOS DE BIERE. - Tout récemment, M. le Dr Monin a publié dans un journal un article oi'l il faH ressortir les qualités de la bière. M. le Dr Forel, ancien professeur à Zurich, réfutant son collègue, s'exprime comme s uit: « C'est l'alcool que la bière contient qui pousse surtout à llll con.sommation. » En fabriquant la bière on enlève au peuple une 'bonne partie des céréales, qui sont ses meilleures substances -alimentaires, pour en faire une boisson enivrante. Voilà la vérité. . » La bière engraisse, oui, mais en 'a:lcoolisant. Elle infiltre les tissus du corps d'une mauvaise graisse pathologique qui les surcharge et les fait dégénérer. Est-ce pour rie!n que le profes,,eur Bollinger, de Munich, a prouvé les rava.ge,s effroyables du « Bierherz » (cœur de bière) et du « Bierniere » (rein de bière) dans le paradis de la bière, en Bavière? Des milliers de personnes oo meu-

rent, grâce à la dénénératio.n graisseuse qui hypertrophie et d11ate le cœur en le détériorant, et qui produit des néphrites non moin s dang.e reuses. Ces affections conduisent à l'hydropisie, Au congrès ùe Brême, le Dr Delbrück a clairement ·prouvé, chiffres en mains, que l'alcolisme par la bière était bien plus ùangereux pour l'Allemagne que celui de l'eau-de-vie et du vin. » Qua.nt aux vertus hygiéniques de la bière que prône M. Monin, je ne les ai j amais vues ailleurs que dan.s l'imagination de certains médeci.ns et ùes habitués de l:a, << Bierkneipe », sauf le fait que la bière engraisse de la façon indiquée ci-devMJ.t et qu' elle endort, paralyse et alourdit, comme tout alcool. J'en ai pourtant vu des milliers de ces buveurs de bière da.ns ma longue c·arrière médicale en pays germaniques, à. Munich et à Zurich; et là j'ai vu la bièr e non pas améliorer la digestion, mais la délabrer souvent entièrement, non pas guérir las phtisiques, mais les a chever, non pas donner du lait aux n oiu·rices, mai,s le leur enlever (comme cela: a été du reste prouvé à satiété), non pas accélérer les convalescences, mais les ralentir, non p a'S ressusciter, mais abrutir ou tuer. » En a lourdissant l'esprit, l es sentiments et la volonté, c'est-à-dire le cerveau, la bière est de toutes las boissons alcooliques celle qui colle le plus à la ta,ble, qui fait perdre le p lu s cle temps et qui pousse le plus à une absorption de quantités démesurées. » Faisant le bilan de l'action sociale, morale et physique de la bière, tant pour l'homme sain que pour l'homme malade, je me vois ùonc obligé, de par les faits passés .au crible de la critique scietntifique, de contredire M. Monin et de dénoncer la: bière comme une peste 1,ociale al coolique, pour laquelle nous n'avons cartes a ucun besoin de faire de la réclame, dans un pays de vin surtout.»

.

DE LA

SOCIÉTÉ VALAISANNE D 'EDUCATION

L'Ecole primaire donne de 15 à 18 livraisons de 16 pages ~hacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8 a 16 pages pendant l'année ordinaire de 12 mois.

Prix d'abonnement : Suisse fr. 2.50 Union postale fr. 3 Tout ce qu~ ccncer-ne la. publication doit être adressé directement 1er secr1ha.ire à l'instruction publique, à Sien.

à M. P . PIGNAT,

.

* L'instituteur vient d'expliquer que dans un quart il y a deux huitièmes. Voyant qu' un élève n'a pas écouté, il l'interpelle: Charles, qu'y a-t-il dans un quart? - De la mousse, rflpond le bambin, dont le père tient une brasserie.

*

* Un gamin revient de l'école, où

il a reçu sa première leçon cle musique chiffrée. Maman, je crois que la maîtresse est maboule. - Pourquoi, mon garçon? - Ce matin, figure-toi, elle nous a fait chanter l'm·itbmê· thique.

C'est lersqu'on est savant qu'on est le plus capable d'être t!Jimple. 1Vinet!


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