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annee
1901:
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Déjà la lune s 'épanouit au fond du ciel pâle où montent des brumes. Là-bas, dans les villes, les rues .se remp1issent de monde et les mag.asins deviennent vivants. Au bruit des can-ousels ert des orgues de Barbaxiei la foule essaie de s'étourdir. Pour tromper la tri,s tesse latente, elle s'amuse. Les grande!S villes ont toute la mélancolie des jours de fête. Chacun veut oublier. Et le son des ritournelles fait remonter a.u ·cœur le goftt des Noëls passél?, anéanüs avec leurs illusions, leurs affections chères1 les liens dénoués, les promesses qu'on n'a pas tenues. On respire à 1a fois l'atmosphère brumeuse d'aujourd'hui et l'amertume des anniversaires pareils. La tristesse présente et les tristesses anciennes se confondent. Toutes, les doule'Urs d'autrefois reviennent vous étreindre. Tandis que la grande paix de la montagne ,donne une impression durée, la montagne :rassure. Que lui importent les lllnnées qlll :s'en vont? N'a-t-elle pas devant elle une éternité de siècles? Et pendant que les pauvres hommes chantent, rient, s'étreignent et s'enivrent pom oublier, la montagneplacidesourit aux étincelants millltins d'hiver, aux fugitives lumières d'après-midi, chaudes, alanguies comme des baiseirs. BientOt dans cet enveloppement de douceur, dan~ le silence des champs de neige qui bleuissent ou se dorent, dans toute cette sérénité, o,n tient s'apaiser l'angoisse de finir, les révoltes contre les irrémissibles et bru1taJes et stupides séparations dont sans cesse ;la menace pèse. Le calme de la montagne ,envahit les cœurs et les engourdit. Ils se oua', tent de .tendresse. Ils peuvent de nouveau rsourire t. tœ minute présente. Ils s'égaient ,d'un rayon de soleil. L'homme se redresse •en contemplant les silhouettes pures et cou·pantes des arêtes. Il .s ent toute cette immense acceptation .p~étrer sœ plainte, amoindrir son angoisse. Le soir nous remontions vers le village une dernière fois. Seules la clarté de la neige et la vague clarté de 1-a lune brouillée s'épandaient. · Nos ombres s'allongeaient faiblement, et sur le sentier se dessinaH le réseau des branches. Les diamants de la neige étincelaient, s'évanouissaient, ti'allumaient à l'infini telles des myriades de mouches phosphorescen. tes, d'étranges mouches d'argent. L'église sonna l'Angelus. Ce fut comme une voix humaine quJ se lamentait au milieu .de cette nuit si calme, toute en nuances et en
de
douceurs, une voix qui im);)lorait, une prière désespérée. · Nous écoutions, muets. Les étendues dene:ige écoutadent aussi. La cloche se ralentit, .s'apaisa., mourut dana le ,s ilence, comme consolée par l'alanguis~ement de cette nuit voilée, sous la lueur diffuse de la lune. Noëlle ROGER.
Variétés
* LES NOMS DE FAMILLE. - Le gouvernement du Danemark a pris une décision originale. Il v,a présenter aux Chambres un projet de loi qui permet aux citoyens de choisir des noms nouveaux, vu le petit nombre de noms de famille usités au Danemark. En effet, sur dix persoll!Iles, il y a à Copenhague un individu qui porte le nom de Hansen. Les autres se nomment Petersen o-u Sœrensen. Sur 100 habitants, il en ,est 42 dont le nom se termine en « sen ». II est même des communes de 26,000 haibitants qui ne comprennent pas ,plus que vingt noms différents, ce qui fait que chaque nom est représenté par un groupe de 1300 personnes. * LONGEVITE DES PLANTES. - Voici, d'après une revue .scieŒ1tifique, la longév1t~ de certaines plantes: l'aune atteint 300 1a111s et le lierre 400, le marronnier 50~. l'olivier 700, le cèdre 900, le chêne 1500, l'if 2000, le baoba'b 6000 ans. On a noté dans les anUJailes botaniques des tilleuls de 2000 ans, des châtaigniers et des platanes de 1200 ans, des rosiers célèbres de 1000 ans.
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SOCIÉTÉ VALAISANNE D'EDUCATION
L'Ecole primab·e donne de 15 à 18 livraisons de 16 pages ~hacune, non compris la couverture, et aut ant de suppléments de 8 a 16 pages pendant l'année ordinaire de 12 mois.
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Pensées
[*] Oublier les morts est une des formes
les plus dures de cert égoïsme Inné qui ren· fe1·me l'homme en lui-même et le rend in· différent ù tout ce qui ne concerne pa,s directement .son haïssable moi. Le souvenir des morts est, au contraire, une ùes expressions les plus touchantes de cet instinct de frater· nité qui, à trmvers les séparations de l'espace et du temps, relie les une.s a.ux autres les générations humaines. CaJ.'dinal PERRA.UD. [*] En vain, la science et la force, unis• sant lems maini., rayent Je nom de JésusChrist dans les lois, l'effacent des livres, le gra,ttent sur le front des monuments. Peine perdue! Au coin des ·sentiers fleuris, a.u fond des mansardes, sur les tombes ,s ilencieuses, deux bittons mis en croix parlent toujom·-s de lui! Augustin COCHIN .
De leur jeune v~rtn tu nourriras la flamme, Et, se sentant ·meilleurs, ils diront : c'est ton âme Qui de son doux langage a nassé dans nos cœurs. T, AM ARTINFJ.