- --------- ter Mars 1911
soe année LE FOYER ET J:,ES CHAMPS ,
a laquelle
iJ faut constamment son étang, les grenouilles se répandenf dans les prairies humides, et mêm\' dans les champs très éloignés de toute pièce d'eau. Comme le crapaud, elle Sl' nourrit exclusivement d'insectes ; elle fait, dans les prairies, une 11:rande consommation rle sauterelles. Le lézard. essentiellement insectivore, rend aussi les plus utiles services; c'est pourquoi l'homme le tne chaque foi s qu'il le rencontre.
SeiENeES
Crapaud, grenouille, lézard Le crapaud est - malheureusement pour lui - un objet d'horreur et de dégoût. Le plus souvent, on l'écrase impitoyablement partout où on le rencontre. Ce qui empêche sa complète destruction, c'est qu'il ne sort généralement que la nuit; on ne le rencontre, avant l'obscurité complète, que quand il est tombé une pluie chaude. Pendant le jour, il se terre dans des trous ou sous des pierres soulevées d'un côté. On a prétendu qu'il était venimeux . C'est une erreur. La science l'a démontré. Serré rle près par un ennemi, le crapaud lui lance son urine à la tête, gonfle les verrues dont sa peau est recouverte. Ces verrues exsudent une liqueur qui n'est pas du tout appréciéo par les chiens qui font les plus affreuses grimaces quand ils ont la fantaisie de prendre un crapaud dans leur gueule. I.e crapaud se nourrit exclusivement d'insectes ; son mets de prédilection ~st la limace; il en fait une consommation énorme. Son utilité est pleinement appréciée par les Anglais, qui s'en procurent à prix d'argent partout où il peut s'ên trouver. Quelques crapauds mis dans une cave ou dans une champignonnière détruisent rapidement tous les insectes. notamment les cloportes et les limaces qui s'y trouvent ; ils rendent de grands services dans tous les jardins emmuraillés, potagers ou jardins d'agrément. La grenouille est moins répugnant9 quE> le crapaud; malheureusement -pour elle - elle possède des cuisses qui sont fort estimées des gourmets. Dans les pays où on ne la protège pas - comme en Belgique - on en fait un vrai carnage après la coupe des
vtmatre
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Bière de ménage Jt'aites mfm;er une demi-heure 300 grammes de houNon dans 15 à 20 litres d'eau bouillante; tamisez le liquide, clélayez-y 5 kilos de mélassE> et ·ve1'sez dans un fût. Jetez alors sur les cones du houblou restés dans le récipient où vous les avez déjà fait cuire, une trentaine de litres d'eau bouillante, que vous remettrez dans le tonneau avec le premier liquide; ajoutez-y alors 250 grammes de levure de bière et complPtez les 100 litres avec de l'eau. Après cinq ou six jours de fermentation, collez-la à la rolle de poisson, puis embouteillez, deux ou trois jours après, en ajoutant à chaque bouteille un peu de sucre, de miel ou de mélasse, si vous voulez qu'elle mousse et pétille. --..:=:'33€..,.;:
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Pilet entre au Grand-Café. Sa consommation payée, il remet la monnaie dans sa poche. Le garçon obséquieux: - Monsieur ne voudra bien ne pac; m'oublier. Pilet, souriant avec bonté : T
valai~at)t}e d ·édu~ation ·
Soeiétè
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Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecots primaire donne de 12 à 14 livraisons de 16 pages chacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant. l'année ordinaire (soit du te: Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplément illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.
Suisse fr. 2.50
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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui concerne ltt publlctttlon doit ~tre adressé directement à son gérant, M. P. PI~Nll.T, Chef de Ser1l'ice aa Département de l'Instruction publique, à Sion.
Le rembours pour l'abonnement de 1911 à -l'ECOLE PRIMAIRE ---&...-:- ......... •
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Sommaire du présent No Travail et prière. ~ De la formation personnelle du maître (fin). - Essai sur le caractère. - La di-scipline dans nos classes. - L'ant tend à la pratique. - Des bonnes habitudes à l'écot~ pfimaire. - A propos de lectures (sUIte) . - La méthode et les procédés. La décoration des salles d'école. - Les élèves des écoles rurales et leur avenir. - Conseils à un jeune instituteur (suite) . - Du manque de fermeté dans l'éducation. - Partie pratique: orthographe et rédaction. - Variétés.
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Sommalre du Supplément N° 4 L'espérance. - Le symbolisme du cierge. - La journée de Pie X. - Le grain de blé gros comme un œuf. -Un épisode du passage de Bonaparte. Pauvre Loulou. - Variétés.
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Le Jeu ne Cathollqae. Cette petite publication continue à prendre un réjouissant essor, non seulement en Valais, mais aussi dans les régions catholiques de Fribo~rg et du .Jura bernois. L'on s'en convamcra par la statist·ioue des abonnés que nous en publierons ici même dans une tou_te prochaine livraison, soit lorsque le chtffre des souscripteurs pour 1911 sera plus ou moins définitivement arrêté. La liste annoncée indiquera le chiffre des souscripteurs par communes et éventuellement par éco,Jes ou groupements. Plusieua-s classes en ont fourni un fort joli contingent qui compense heureusement, pour un certain nombre, l'éclipse totale dans laquelle jusq u'à ce moment elles se sont enveloppées. Espérons pour celles-là qu'elle<.s ne tarderont pas trop à sortir de la pénombre dans laquelle nous les voyons encore. -0--:
Le Sou de Géronde. Nous publierons dans notre prochain
SION, I•r llars 1911 N" le résultat des souscriptions organi. sées dans les écoles pour l'année 191 O. En attendant nous recommanderons vj. vement au personnel enseignant de vou. loir bien continuer sa vigoureuse et philantropique campagne pour que la re. cette de 1911, en faveur des enfants indigent·s. ne soit pas inférieure à celle de l'année écoulée. Les valeurs arrivent toujou·r s à bon port en étant adressées. comme suit: Sou de Oéronde, Sierre (compte de chèques II. 482). Pour l'envoi il n'y a qu'à réclamer un buleliin de versement est délivré gratuitement. Au besoin Direction de l'Institut de Géronde fournit tout imprimé et renseignements nécessaires.
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Dépôt de• livre• •colalrel. Le nouveau titulaire en est M. E. Brunner. à Sion, l'ancien . dépositai~e ayant réélu domicile à Cont~ev dep~ts le 1er février. Le dépôt contmue d'atlleurs. pour le moment, à se trouver à la mêmé adresse. en attendant son transfert prochain dans des locaux mieux ap· propriés, dont l'indication sera donnee en temps utile. -0-
L'épargne eu Sal8&e. Il y avait, en Suisse, à 1~ fi~ de 191 O. 130 caisses d'épargne Ralffetsen, dont 12 en Valais. Le capital imposa~l~ des 130 caisses est de plus de 45 mtlhons. Le bénéfice réalisé l'an dernier s'est élevé à 47,000 francs. Les 8155 membres des caisses ont en dépôt d'épargne sept millions et demi de francs.
-oUn moyen énergique. Le canton de Schwyz n'a jamais brillé au premier rang des examen~ pédagogiques de recrues. Pour y remedter en auel.que mesure, une ordonnance . de 1895 obligeait les futurs troupters
:JOm• ann~e
L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA
SOCIETI YALAISABD D'EDUCA.TIOlf ~
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Travail et prJère
de l'âme vers Dieu. L'enfant peut corncela. Monkez-lui seulement qu' SI. _Je maitre ne pouvait obtenir le tlprendre en a besoin .e t comment un tel secours t~~va1~ de_ son élève qu'après avoir réus- ~t efficace. Si vous l'avez rendu attens~ a lu~ fatre compr_en~r~ l'économie pro- hf, au moins quelquefois, à la voix gui v_Identiel~e de 1~ lo1 dlVlne du travail, il parle Aen sa conscience, il a déjà dû -rer,tsque~ait p~ut-etre de voir passer, dans co!lnai~:e. _grâce à vos explications, que l,angotsse dune p~rt et 1~ paresse de Dieu s mter.esse à _son travail, puisq 'i1 4 1 autre, _quelques hivers SUIVIS de quel- le commande, le shmule, le suirt, le juge. ques pn_ntemps et entrecoupés, maigre Il ne refusera donc pas, bien au contraiconsolation, de plusieurs périodes de re, de,.recourir à ce Maître divin dont i] vac~nces. . s.e nt I mflue'!;ce en son âme, pour lui deL enfant Parviendra plus vite à ac- mander lumtere et courage. quérir l'~abitude ~e sa tâche quotidien_Une bonne prière, précédant le preI~e. hach~e menu, Il_ prendra même plus ~er e!fort, en. doublera l'élan, si l'écot?t le ,g-out de certams devoirs, arithmé- lier s_att, en pnant, raviver sa confiance tique pour celui-ci, dessin pour celui-là en D:eu et, comme dit encore le catéchisq_u'il ne s'élèvera ~ la pleine compréhen~ me, « lui :xposer ses besoins et deman. swn de _son devOLr d'écolier. Ne dit-on d~r ses graces». Elle dissipera l'imprespas qu'tls _sont assez rares, parmi les swn Avague d'~nquiétude qu'il éprouve hommes f~tts, nos surhommes du jour: peut-être en p_resence d'une tâche qui lui les. « travailleurs conscients?» Chez les se~ble parfots supérieure à ses forces enfants d_e même, et plus en-core; c'est ou a so~ ~our~e. On lui dit que la prjè. re sandtfte le travail; il fera l'expérienassez lOR'lQue d'ailleurs. Pour travailler, l'enfant veut être ai- ce qu'~U~ le facilite par surcroît. dé ; il est faible et il est timide il se dé0a1s I·l n'est pas toujours aisé d'obfie de ses forces, il s'en défie m'ême trop, temr d;un e?fant ~e vraies prières. Les sauf à en trop présumer de temps à a u- formu~~s qu on lm en donne toutes faitre. Q_uelle aide surnaturelle, pour le tes lUI sont, co~e s~s I:ç?ns mêmes, soutemr au travail, lui offrira donc un P!us ~ouvent maher.e a recitation qu'à maître chrétien, outre les secours hu- reflexwn pe:sonnelle. Mais ici encore mains si précieux que sont récompenses u~ ~on maitre ne doit pas se lasser et_ blâmes venant de l'école ou de la fa- d 'u~SISter, de répéter, d'expliquer et de nuJle, émulation, encouré\R'ements, prix!redire_encore. ~n c~t.te. œuvre spir.ituelle, meme? e mattr~ est 1 auxlltatre du prêtre. Les Le J!rand secours surnaturel ue ré- exhortations du prêtre sont malheureuconise l'Eglise, nous le connaiison~ et sem~nt tr~p ra:es. Celles du maître, nous en savon~ la valeur; c'est la priè- qtuo~~ue ,?ecessatrement plus générales re, appel à Dieu c'est-à-dire 6 eton la e, Isere es, ont. le grand avantage belle définition d~ catéchisme' élévation d eAxercer une dacho~ Ide tous les jours. • pprenons one a 'enfant qu'il a beA
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50 soin de la prière, aidons-le à en COl~tra~ ter l'habitude et le goût. Son trava1l benéficiera de cet acte de foi constamment renouvelé en la collaboration de Dieu. 11 s'accompagnera d'une foi plus assurée en la valeur de l'effort personnel, H. M. soutenu par Dieu.
De la fermatloa personuelle do Daitre ( 8-uUe. et fin)
En premier lieu ils s'adressent à des enfants c'est-à-dire à des âmes neuves encore ' sur les questions reli~ieuses, d'autant plus faciles à influencer par conséquent dans un sens ou dans l'autre. Avant d'aborder ces discussions avec un homme nous devons nous de:Uander: ne vais~ie pas me heurter à des partis pris d'avance? Si ie .n'ai au~une chance de réussir, ne vaut-Il p~s mteux: me taire, et le laisser dans son Ignorance qui l'excuse touiours en quelque mesure? Ces hésitations ne nous ar:etent pas avec un enfant; son ~~e se pre~e~t.e ·toute prête pour accu.e1lhr la vent_e, d'autant plus digne d'intérêt qu' apres avoir reçu cette vérité, elle la conservera aussi longtemps qu'une secousse du dehors ne viendra pas la détruire. Combien il importe de la pénétrer au. plus tôt, cœur, intelligence, et volonte, .d.e l'influence catholique qui devra la dmger pendant toute la vie! Ensuite ce n'est pas en passant, dans une rencontre de hasard, que ces enfants se trouvent en présence ~e le~rs maîtres. Pendant de longs m01s, c1~q iours au moins par semai!le, du. matm au soir ,ils vivent, ils travmllent, ils pensent et ils veulent en commun. Sen~-on l'influence qui va s'établir sur eux a la suite d'un contact aussi prolongé? Le maître peut-il n'être pas responsable. de la forme que vont prendre ces petites âmes, des habitudes intellectueHes et morales qu'elles auront contractées dans A
une fréquentation continue pendant des M~~? . D'autant plus que l'instituteur se presente devant ·ses élèves avec le prestige que lui donne sa fonction. En toutes choses sur toutes les questions, il parle, et s.a décision fait loi. Qu'il s'agisse d'une vérité doctrinale, en grammaire française par exemple, en ~ist~ire, ~n calcul ; ou bien d'une condmte a temr, d'une règle pratique à observer, pour le silence, pour les rangs, po~: la place où se mettre; en toute mahere, quelle qu'elle soit, quand le maître a prononcé, l'enfant se soumet et obéit. Evidemment il en sera de même pour les questions reliŒieuses; d'instinct, naturellement sa~ effort, l'enfant, ici comme sur t~ut le reste acceptera l'autorité du maître· il croir~ ce qu'on lui enseigne, il pratiquera ce qu'on lui recommande. Donc plus que personne, à cause des ressources que leur donne leur situation, les instituteurs et les institutrices sont obligés par la charité fraternelle de ~:oc cuper des âmes qui leur sont con~1ees. ]'aioute en un mot que cela est aUJ?Urd'hui plus vrai qu'à aucune . a~tre epoque. Combien d'enfants q~t. echappe~ raient à toute influence chretienne, qm ignoreraient à iamais jésu.s-Christ ~t son Eglise! Combien vo_n~ v1vre au_ mtlieu de nous comme de ventables pareos, si en dehors du clergé quelqu'un ne réussit pas à les atteindre et à les instruire! C'est ce que fera le maître ?'école .. Et souvent, par l'enfant il parvte!l-dra y.tsqu'aux parent·s ; il préparera, tl facilitera l'entrée du prêtre, pour le salut de la famille tout entière. N'est-ce pas le cas d'appliquer ici, à la charité ST?irituelle ce qu'un penseur de notre epoque écrivait au sujet de la solidarité temporelle? « Des activités individuelles isolées croissent lentement; opposé~s elles ;'entredétruisent; juxtaposées, elle; s'additionnent; seul~, des activités associées croissent rapidement, durent et multiplient. ,
Telle est la conclusion qui s'impose à nous quant aux rapports du clergé avec les maîtres ou maîtresses d'école. Que leurs activités ne s'opposent jamais, en aucun ca_s, s?us aucun prétexte; et pour cela les mshtuteurs ne doivent pas oublier qu'ils sont en matière religieuse les auxiliaires du clergé, non ses égaux encore moins s~ directeurs ni ses juges: S'il y a con.fl.it, doute, hésitation, le prêtre doit décider, sous l'autorité et le contrôle de l'évêque en cas de besoin et le maître d'école n' a qu'à obéir. Mais habituellement, comme règle ordinaire les ins.tituteurs soumettront leurs acti: vités afin de les associer à celles du clergé; qu'ils ne se contentent pas de les exercer dans l'isolement, ni même de les juxtaposer seulement, elles ne produiraient pas ainsi tous les résultats dont elles sont capables pour le bien. Il faut rapprocher leurs efforts, les faire concourir vers le but, chacun s'entendant avec l'autre pour travailler dans sa sphère et selon ses moyens: ainsi mises en commun, leurs activités en effet croîtront rapidement. dureront et se multiplieront. N'est-ce pas le résultat què nous devons souhaiter et préparer de notre mieux? P. GmonoN.
ment arriver à posséder une véritable liberté? Dans l'enfant, la volonté libre n'existe en quelque sorte pas du tout, car il suit presque aveuglément ses impr~sions. Ce n 'est que plus tard. lorsque l'intelligence étant assez développée, il a pu comprendre qu'il n'était pas toujours bon et sage d'obéir aux impressions, qu'il a été à même d'arriver à une véritable liberté. Alors avant d'agir, il a cherché à se représenter par la pensée les actes eux-mêmes avec leurs conséquences, afin de les examiner. Puis, .s'il est arrivé à dominer ses sensations pour touiours suivre les iugements prononcés par l'intelligence, c'est à ce moment seul qu'il a pu se croire en possession d'une v;-a ie volonté ou de la liberté morale.
Essai 11or le Caractère
Rendre l'homme maître de lui-même est le but premier, essentiel de toute éducation, et ce but ne peut être atteint sans un travail long, constant, énergique, qui do-it porter sur notre être tout entier: Sur les organes physiques, car il est important que l'homme puisse commander à son corps et résister à des désirs souvent désordonnés. Sur l'intelligence, car nul travail intellectuel sérieux n'est possible à celui qui n'a pas à son service un esprit dompté et habitué à lui obéir. Sur le cœur, car il fau t savoir commander à nos sentiments, ne pas les laisser nous dominer et nous rendre passifs sous leur action. (M. l'abbé Rambaud. - Méthode d'en· seignement raisonnée.)
Fortifier la volonté Après avoir instruit l'enfant de ce qui est bon, vrai et iuste, il s'agit de l'amener par degrés à ne vouloir que ce qui est véritablement bon, à le vouloir surtout fortement et d' une manière efficace. Le premier caractère de la volonté, c'est la liberté. En effet, si l'homme n'était pas libre, à quoi lui servirait son intelligence? Aussi la volonté libre est-elle incontestablement un des attributs essentiels de toute créature intelligente. Mais corn-
L'on ne peut donc vraiment appeler homme, que celui qui est devenu maître de ses facultés; celui-là seul est libre, capable de grandes choses, et c'est si vrai que dans le langage ordinaire, lzomme de cœur et homme de volonté sont presque synonymes. Ici se présente une question importante: L'homme peut-il par ses seules forces, réformer sa volonté et résister aux entraînements de ses passions? Lui suffit-il de connaître le bien pour l'accomplir? L'enseignement de l'Eglise, confirmé par la tradition humaine, par l'expérience et par l'histoire, nous
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5! comme sur maints cas particuliers qui se présentent à tout moment dans la vie scolaire? Pourquoi n'émett11ions-nous pas les remarques p·articulières que nous suggérera la visite de la classe d'un collègue, et les impressions que nous en avons retiré? De plus, Je maître éprouve souvent des peines et des débokes; la faculté de les racortter à ses· collègues allégera souvent son fardeau. Le3 instituteurs sont avant tout des pères: le vice de l'égoïsme impl1iquant l'orgueil et excluant la charité est inconnu dans les chartes de l'enseignement. Loin d'enfouir les talents que Dieu nous a donnés, nous devons les faire fructifier dans la grande cause de l'instruction populaire, heureux siÎ, par un travail intelligent et soutenu. nous pouvons être utiles à nos semblables. A bon tntendeur salut! B. RED. - Nous souhaitons vivement que l'appel qui précède soi t entendu. Que MM. les Instituteurs et Mmes les Institutrices n'oublient donc pas que !',.Ecole primaire" est leur tribune et qu' ils en sont les collaborateurs nés. -----......~........._
D~l!l
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bnnnel!l habltndett
à l'école primaire Il faut Que l'institut-eur donne l'exemple d'une parfaite distinction à l'école; qu'il évite les paroles dures, ou blessantes, les gestes violents et désordonnés, les brusques rappels à l'ordre; qu'il traite ses élèves avec douceur, qu'il ne prenne pas un cahier, qu'i}. n'interroge pas un élève sans y mettre des formes polies; que dans ses visites aux parents, dans ses relations avec le public, il se distingue du rustique paysan par son tact et son savoir-vivre. On ne l'en estimera que plus et les élèves n'échapperont pas à la contagion, ils voudront imiter, car il y a d.ans la grâce des manières, dans l'aménité du langage un charme séducteur auquel l'enfant ne reste pas indifférent.
11 faut que le maître s'attache avec patience et persévérance à faire observer aux élèves, dans leurs relations avec l'instituteur et leups camarades, les prescriptions de la civiiJité. Il serait trop long d'entrer dans les détails; mais combien de fois, dans nos inspections n'avons-nous pas été attristés en voyant des élèves entrer en classe sans ôter leur chapea u. pousser la porte avec violence se rendre à leur place en frappant d~ pied, bousculer les voisins qui les gê. nent, rester assis quand on les interroge, répondre oui ou non tout court, mettre leurs mains devant leur bouche pour parler. se moucher avec bruit, cracher loin d'eux, ricaner pour des riens. etc.... Que le maître surveille les récréations et réprime quelquefois avec sévérité, souvent avec douceur les injures, les paroles grossières, les manières brutales, les moqueries, tout ce qui choque la dignité de la nature humaine. Un inspecteur scolaire. A. propoa de lectures (S1tite)
Q11e faut-il entendre par bons livres? Ici nous entendrons spécialement par bons livres. les ouvrages composés essentiellement en vue d'élever l'âme vers Dieu. vers le beau, le bien. Ces ouvrages, Dieu merci, sont légion, le tout est d'en mieux user, de les bien choisir, de les répandre à profws.ion. Outre les ou\Tages de longue haleine, il existe d'exœllents petits travaux d'apologétique, vrais chers-d'œuvre en leur genre, qui dorment empilés sous la poussière des librairies et des bibliothèques. Ces traités osuccincts, imprimés à grand tirage, sont d'un bon marché étonnant. Ils passent rapidement et clairement en revue les questions scientifiques et rehgieuses les plus actuelles et 1es plus controversées. Tels sont, par exemple, les opuscules édités par les imprimeries. Saint-
Paul, à Paris, saint Charles, en Belgique, les tracts de progagande de Mgr Gibier, etc., etc., pouvant être distribués en quantité à des élèves d'une classe ou aux familles . Partout, à l'heure actuelle, tout le monde veut lire. Les romans, et autres production~ plus ou moins m alsa!~_es, se débitent à vil prix et inonden~ del.~ nos campagnes, leur effet est mqllletant. Pourquoi ne céderaient-ils p~s la pl_?.ce il des ouvrages réellement uhles et bienfaisants? D'autre part, je ne crois pas me tromper en su pposa~t que ~M . les dess:rvants des paroisses, toujours en q~ete de quelque bien à faire, se mettra1ent volontiers à la disposition du personnel enseignant pour divers rens_eign~men~s, en particulier pour l'obtenhon a mei~ leUI· compte des hons petits Evres préCItés. B ff 1 Que l'on ne voie donc plus « u a. o Bill ., ou quelque autre chose de ce gout, côtoyer. sur la table commune: l'Imitation, la Bible ou la vie des Samts. II va sans dire que ces bonnes lectures, inc!Jspensables pour éclaker et fortifier notre foi si souvent attaquée, n'excluent pas la lecture d'ouvrages professionnels ou d'agrément, histoire, voya(Tes sciences etc. conçus naturellement da~s un esp~it fr~nchement chrétien, ni celle du bon ioumal qui vient, à jour fixe, apporter son contingent d'!dées r:obles et généreuses avec de sames distractions. L. P. inst.
La méthode et les p.-océdéa: (Des bords de la Olâne.) Il faut distinguer la méthode et les procédés. La méthode est la marche que suit l'esprit pour découvrir (méthode de recherche) ou pour exposer (méthode d'enseignement) la vérité. Les procédés sont les moyens pratiques qu'emploie la méthode pour atteindre son but.
Débuter en grammaire pour donner une règle, l'expliquer et la confirmer par des explications, c'est suivre une méthode. faire d'abord écrire plusieurs phrases, y remarquer certaines choses qui l.eur sont connues et formuler une règle, c' est suivre une autre méthode. Mais, dans un cas comme dans l'autre, c'est agir méthodiquement. Se servir, pour l'emploi des méthodes, de la leçon qui vient d'êtœ lue dans un livre, ou instituer des exercices que les élèves devront faire par écrit, c'est un procédé. Lire une phrase et faire écrire sur la planchette les mots sur lesquels porte la règle qu'on veut faire appliquer et retenir, puis faire retourner les planchettes et constater qu'on a bien ou mal écrit, c'est un autre procédé. Se servir d'un composteur pour enseigner à lire, de buchettes pour enseigner à compter, ce sont encore des procédés. Il ne faut pas donner trop d'importance aux procédés; ils ne valent que p.:ll l'intelligence avec laquelle on les applique. S'ils consistent dans une imitatien toute mécanique de ce qu'on a vu f.::.ire . ·.ts soM peu efficaces. Pour qu'ils agissent sur !'enfant, il faut que ce!ai qui les emploie en comprenne la raison, il faut aussi qu'il y croie et qu'il les pratique avec entrain; autrement les élèves répètent automatiquement, passivement pour ainsi dire: la leçon reste froide et n'intéresse pas. C'est ce qui explique pourquoi un procédé qui produit des merveilles, manié par un maître qui sait s'en servir, échoue entre les mains d'un autre qui n'en connaît et n'en applique que les formes extérieures, pour ainsi dire. C'est ce qui explique encore pourquoi les inventeurs attachent tant de prix aux moyens qu'jls ont imaginés. Ils obtiennent des résultats qum~ attribuent uniquement à leurs procédés, tandis que la vraie cause du progrès de leurs élèves est dans l'intelligence et le zèle avec lesquels ils donnent leur enseignement. Ainsi en est-il de la plupart des procé-
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dés, décorés à tort du nom de méthodes imag-inés pour apprendre la lecture l'é: criture et le dessin, les appareils in'ventés pour apprendre à compter et à mesurer, des cadres ou des formules dont on se sert pour faire retenir l'hi1stoire ou la géographie. Mais il ne faut pas s'exagérer l'importance des procédés, il ne faut non plus pars en faire fi. En vain aurait-on longuement réfléchi sur la nature de l'enfant, sur le développement progressif de ses facultés, sur les motifs de ses actions, etc.; en vain même aurait-on le zèle, l'amour de ses fonctions et la passion d'y réussir, on pourrait très bien échouer dans la tenue et la direction d'une école, si l'on ignorarit les procédés qu'emploient les hommes du mé.tier. Etablir l'ordre dans une classe et v faire rhmer la discipline, trouver le moyen d'o·ccuper d'une manière continue et utile un !!rand nombre d'enfants de tout ,qge et de toutes forces, obtenir en lecture, en écriture. en calcul. des résultats prompts qui encouragent l'élève et assurent ::m maître la sympathie comme le concours des parents. sont chose3 dont ceux-là ignorent la difficulté qui n'ont jamais eu à en poursuivre la réalisation. Sans doute, c'est le petit côté de la pédagogie, mais c'en est le côté pratique et tout d'abord efficace. 11 ne faut pas une bien grande intelligence ni des connaissances bien étendues pour arriver à comprendre et à pratiquer ces procédés, qui constituent ce qu'on pourrait appeler la « mécanique» de la classe; encore faut-il que les maîtres de no·s écoles primaires se les soient rendus fa miliers. Cultivez d'abord l'intelligence, dit-on quelquefois, et le reste viendra par surcroît; la moindre appl•ication suffira à un esprit qui a de la portée et de la force pour imaginer ce.s moyens et les mettre en pratique. Non , la chose n'est pas si facile. Et la preuve, c'est que ce ne sont pas les maîtres les plus instruits
qui obtlennent toujours les meilleurs résultats. Et puis, pourquoi vouloir découvrir nouveau ce que tant d'autres ont découvert avant vous? Un maître qui veut réussir doit donc s'enquérir des procédés qui ont été employés avec plus de succès par ceux qui l'ont précédé dans la carr·ière, et profiter des expériences de ses devanciers; il doit connaître tous ces procédés, les avoir comparés, et choisir ceux qui lui semblent les plus rat·ionnels, les plus pratiques, les plus accommodés à ses goûts et à ses propres aptitudes. Qu'il se l~s approprie d'abord et les fasse siens, qu'il y ajoute ensuite ce que la pratique du métier SU['J!érera à la longue, et il deviendra un bon maître, celui qui avec le moins d''efforts, obtient pourtant le plus de résultat·s. Au lieu de descendre de la théorie à la pratique, il fera bien de se faconner d'abord à la pratique, sauf à rechercher tout en allant le> ralsons de ce qu'il applique. à féconder par la théorie ce que l'art tout seul aurait d'insuffisant. C'est toujours la vieille op,pnsition de la théorie et de la pratique. de la science et de l'art. Sans. doute, c'est aux découvertes de la science que les a:ds doivent leurs progrès; mais les sciences pour qui veut vivre de la vie réelle n~ valent que par les arts qui les appliquent. L'industriel est ~ien inférieur sans doute au savant qm arrache à la nature ses secret·s ; mais il lui faut pourtant des aptitudes particulières, et c'est lui qui donne toute leur valeur efficace aux découvertes du savant. La pédagogie, elle aussi, a ses _théoric!~ns et ses praticiens: l'idéal serait que 1m~ tituteur fùt à la fois. l'un et l'autre; mats dans nos écoles primaires et pour le, m?deste obiet qu'on s'v propose, la !he?ne sans la pratique ne produit iamats nen, tandis que la pratique. aidée d'un peu de théo·rie, suffit souvent à donner des résultats très satisfaisants. ._,
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La décoration des salles d'école (Sttlte)
Nous déplorons, chaaue fois que nous entrons dans une école, d'y rencontrer toujours les mêmes cartes de géographie immuablement fixées à la même place, les mêmes images souvent recouvertes de poussière ou déchirées, placées sans symétrie et de biais contre les parois de l'école. Tout cela fait mal à voir; d'abord, parce que cela est laid, ensuite parce que l'enfant, habitué à ce fouillis de choses hétéroclites ne les "·oit plus et n'en fait plus aucun cas; il cherche en vain un coin où reposer ses yeux; cet inextricable chaos le fatigue et l'ennuie. La laideur. le désordre, la saleté comme les maladies contagieuses font tach.e d'huile. L'élève habitué à vivre dans ces tri.stes milieux, ne peut comprendre la beauté, l'ordre admirable de ·la nature; et cependant notre devoir n'est-il pas de donner de nobles, de saines habitudes aux enfants du peuple, aux travailleurs de demain? Nous n'avons pas, certes, le pouvoir de les· transformer en artistes, mais nous devons travailler à les mettre à même de jouir non seulement d'une manifestation intellectuelle quelconque, mais "même du sotrtptueux et consolant spectacle de la nature que tant de gens ne peuvent goûter parce qu'ils ne savent pas voir; n'oublions pas, comme l'a si noblement écrit Octave Mirbeau , que le peuple a droit, lui aussi, à la Beauté». Et c'est par la décoration mobile que nous atteindrons ce but. Quand nous· aurons de belles choses à faire voir à nos élèves, il s'agira de les leur faire comprendre, admirer, de leur en faire sentir tout l'art et toute la beauté. Et pour arriver à cela il faut que nos maîtres préparés à ce genre d'enseignement, soient en mesure de remplir cette tâche avec zèle et conviction; lors même qu'une image sert à l'instruction de l'élève. on ne doit pas faire abstraction de sa valeur esthétique, car le sens du beau
doit être développé chez l'enfant par un enseignement, une étude de tous les jours. Nous relevons encore un point qui nous paraît d'une grande importance. Les explications doivent toujours précéder l'exposition de chaque tableau ou oblet; la curiosité de l'esprit doit d'abord être satisfaite; puis la yue peut, sans trouble, goûter ce qu'elle perçoit. Ainsi donc, pour nous résumer sur cette partie spéciale, la décoration mohile, nous dirons. 1° La décoration mobile doit être appropriée il l'âge et au développement ioteHectuel des élèves. Dans les petites classes, on trouvera, avec les plantes, les fleurs, des tableaux oolvchromes, représentant des choses faciles à comprendre par les petits auxquels ils sont destinés-. Dans les clas~es plus élevées les ima!Ies pourront être plus petites. photograohiées ou à teintes grises. et les sujets en seront plus relevés et plus directement artistiques et instructifs. 2° Les cartes géographiques devraient être, non pas constamment exposées aux veux des élèves qui n'v font plus attention, mais enroulées et placées dans un ordre parfait, sur un rayon spécial. Disons, en passant, que ces cartes devraient être renouvelées plm; souvent et qu'on ne devrait plus rencontrer ces vieilleries qui déparent nos salles. d'école, et qui font honte à la géographie moderne. 3° Les tableaux, images, qui servent à la décoration mobile devront être renouvelés souvent et les explications préalables dont ils seront l'objet devront touiours précéder l'exposition. 4° En dehors des décorations fixes et des décorations mobiles, les parois des salles doivent être nues. Nous comptons, avons-nous dit, sur la bonne volonté de nos instituteurs pour entrer dans la voie que nous préconisons, et pour trouver, en attendant
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mieux, les tableaux et images accessibles à leurs élèves: Chroniques de la vie nationale, rustique, de l'existence enfantine; monuments, paysages, quelques portraits. A chaque leçon, l'instituteur autorise un certain nombre d'élèves à aller observer les images en silence, puis il les interroge. L'installation est simple. Une corde tendue à hauteur des yeux; les images y sont fixées par de petites pinces à lessives, (fichoirs), quatre élèves y vont à la fois; dès que l'un ·s 'en va, un autre le remplace: une autre fois c'est une tige à charnière fixée au mur; à cette tige pend un passe-partout avec verre ; deux gravures y sont intercalées, dos à dos; deux groupes d'enfants peuvent les contempler sur les deux faces si r.ela est nécessaire. Voilà des procédfs pratiques observés dans certaines classes où les maîtres intelligents et dévoués cherchent à donner à leurs élèves Je· g-oût du beau. (A. 8ttivre.)
Les élève!!! des écoles rurales et leur avenir
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Les élèves de nos écoles rurales doivent, à de rares exceptions près, passer leur vie à la campagne et y continuer le métier de leurs parents. Il faut donc leur faire aimer de bonne heure les champs et les occupations rustiques. Cette idée doit sans cesse guider les instituteurs et les institutrices dans leur œuvre d'éducation. Sans doute, l'instituteur est appelé à donner à ses élèves des connaissances d'ordre général, et l'enseignement professionnel n'est pas de son fait; il n'en est pas moins vrai que tout ce qu'il peut faire pour les incliner tout doucement vers le choix d' une profession et les prédisposer par l'éducation de l'œil et de la main. est louable et digne d'être encouragé.
Si les instituteurs et les institutrices des villes ne peuvent agir dans ce sens que d'une manière indirecte, ceux des campagnes doivent être plus explicites. La raison en est simple. Les enfants élevés dans les villes ne les quittent jamais pour aUér plus tard travailler à la campagne. Malheureusement, la réciproque n'existe pas. L'afflux des paysans vers les centres populeux est de plus en plus nettement accentué et le mot: dépopulation des campagnes, n'est pas un vain mot. Il y a là une question grave et qui pourrait être redoutable dans un av;enir assez pwche si cette migration ne venait pas à diminuer. La terre n'est pas ingrate, mais le paysan n'est-il pas souvent ingrat pour eHe? Ingrat par ignorance et non de propos délibéré, cela va sans dire. Le paysan aime la terre, mais il faut aimer avec discernemen.t. Sait-il toujours reconnaître ce que la terre désire. ce dont elle souffre. ce qui est nécessaire à son bien-être et à sa réfection? S'il était plus instruit, il serait plus apte à la travaiUer, à la faire produire sans l'épuiser; il ·s aurait beaucoup mieux dans quelle mesure il peut tirer p-a rti des machines et des engrais, profiter de l'association, créer des syndicats; plus au courant des propriétés de son sol, il saurait assortir les cultures et finirait par trouver, dans les ventes de ses denrées, une rémunération satisfaisante. D'autre part, sa femme ayant reçu à l'école primaire du village de bons principes d'économie domestique et d'hygiène, tiendrait la maison sur un pied de propreté intelligente et donnerait à l'alimentation le soin et la variété qui sont une des conditions de la santé. Sans doute. toutes les insti;tutrices indistinctement doivent donner aux jeunes filles de bons et solides principes d'économie domestique, mais c'est surtout à la campagne qu'il faut <:..'y appliquer. Les instituteurs peuvent, avec non moins d'efficacité, préparer les fils de nos cultivateurs à la vie qu'ils doivent
59 meoer étant hommes, déposer en eux nous proclamons bien haut, que n'ous. des germes qui fructifieront plus tard ... savons mieux la vérité que ceux qui S'ils le vtulent, ils peuvent préparer pourtant nous voient tous. Si l'on nous pour notre pays des générations de cul- accusait d'agir ainsi à l'égard de queltivateurs plus instruites, plus aptes à la qu'un de nos élèves, nous bondirions fonction qu'ils doivent remplir... Il y a sous l'injure; mai·s notre vanité est si un âge où la viUe peut exercer sur un forte que nous n'hésitons pas à attribuer esprit neuf, avide de curiosité, avide aux aubr.es ce dont nous ne permettons d'inconnu, un singulier attrait. C'est un pas qu'on nous ,soupçonne. Nos supémirage qui séduit avant de tromper. On rieurs nous mésestiment alors, et ils ont croit à un travail plus facile, à une plus raison. A partir de ce moment, nos rapgrande rémunératrion. à une vie plus ports avec eux cessent d'être bons, et douce ... D'ailleurs la terre est si ingra- c'est nous qui sommes justement victite, exige tant de peines et de sueurs, mes de la faute que nous avons commise. souvent en pure perte ... et l'on part. 'Et Beaucoup d'instituteurs compromettent l'on est à peine arrivé qu'on étouffe dans encore leur position d'une autre façon; un monde étroit, où tout est gêne, conti- Us veulent être habiles, être forts, comnuelle surveillance de soi-même et rude me on dit aujourd'hui. ils manquent de souci du pain quotidien . Des difficultés sincér.i té; ils cachent la vérité, oubliant qu'on ne prévoyait pas rendent la vie que la duplicité et la flatterie n'ont d'autant plUJs dure qu'on n'y était pas qu'un temps. Ils étudient leurs supépréparé. que tout est nouve·a u, que ce !1ieurs pour découvrir le côté faible par sont de larges habitudes à changer pour lequel ils sont le plus accessibles, afin des habitudes étroites. et que la saine et d'exploiter leur découverte au profit de fortifiante atmosphère des champs et leuT indépendance sacrée ont fait place leurs intérêts particuliers. Hs s'avilisà l'air vicié, aux chambres étroites, à sent bien inutilement. Leur habileté ne une sorte d'emprisonnement du corps, tarde pas à leur nuire, et ils s'aperçoivent trop tard qu'ils ont perdu pour jasouvent funeste à la santé. Pourquoi l'instituteur cacherait-il ces mais une confiance qu'ils avaient usur:nécomptes et ces désillusions? Pourquoi pée. Ne commettez p·a s une telle malane commenterait-il p·as à ce propos ces dresse, mon cher ami; ne soyez pa~ fort sages préceptes: Ne lâchons pas la proie de cette façonr-11à . Soyez assuré qu'il pour l'ombre. - « Un tiens vaut, ce n'existe qu'une véritable force, celle de l'honnêteté. dit-on, mieux que deux tu l'auras. » II Nous ne dépendons pas seulement de Conseils à on jeune instituteur la société et des autorités; eussent-elles (Suite.) pour nous la plus parfaite estime, que nous resterions presque impuissants La vanité nous rend encore capables pour le bien, si le public qui nous entoud'une autre faute: elle nous rend jaloux de nos collègues. Nous ne sommes pas re immédiatement n'avait pas de nous leurs juges, et pourtant nous les ju- la même bonne opinion. Nous n'avons pas le droit de dire: « Mes chefs sont ~;eons. S'ils obtiennent une faveur, nous ne voulons pas qu'ils l'aient méritée, et satisfaits; j'ai la conscience tranquille, nous accusons encore nos supérieur.> et je me moque de ce qu'on peut bien d'injustice et de partialité. Nous nous dire autour de moi. » Ce langage, que déclarons parfaits, meilleurs que des ces jeunes g-ens sont portés à tenir,_ ne gens que nous ne connaissons pas, et doit jamais être dans la bouche d'un ms-
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tituteur. C?mme tous ceux qui ont une vient qu'ils en soient convaincus il n'i ch.arge so~tale, il relève de l'opinion puP.orte. pas ~oins que vous ne le ieur f~ blique ~t tl ne lui suffit pas d'être esti- stez lamats sentir d'une manière ble . mable, tl faut de plus qu'il soit estimé sante. Si inférieur que l'on soit on n' ~ ~~mn:tent agirait-il fructueusement su~ me pa~ e•tre tratte · · et considéré • comme at~ e~pnt <;tes enfants, -si ceux-ci, toujours tel. Veillez sur vous à cet égard; ména. mf.Iuences par le sentiment général n'a- ~ez toutes. l~s susceptibilités; ne cherratent pas pour son caractère le re~pect enez pa~ a ~mposer votre opinion; ne .e plus profond? L'enfant ne croit pas prenez Jamats un ton tranchant : non a lB: parole de celui que son père suspec- seulement vous vou·s feriez ainsi le plus t~; 11 est P?rté ~mépriser celui qu'il n'es- grand tort, mais encore dans plus d'un }tme pas, a hatr c~lui qu'il n'aime pas. cas, vous commettriez une injustice en 1 ~ous faut donc a tout prix mon cher votre faveur. Vous savez il est vrai amt, conq~érir l'estime et l'ahection de b~aucou~ plus de choses 'que vos voi~ ce~x ~~ mtlleu desquels notre existence sms; I?ats eux aussi possèdent bien des dOit 15 e~ouler. Vous savez aussi biert connarssances que vous n'avez pas « II que mot, q~el!es sont les qualités qui n'~ a de ~éritable savant que celui qui donnen! ~r?tt a l'estime et à l'affectio,t. sart pa~fattement tous les secrets de sa yous n hesttez pas à refuser les vôtres ,~L'instituteur trop fier es.t-H a t?ut hol!lme qui n'est pas poli, com- Profes~JOn. ~ten s ur d etre prof~seur plus habile, plaisant. JUSt~, ~on , affectueux, préve- educateu~ plus parfait que son voisin nant. _Yous ~epnsez le. kune homme qui n'est, arlts~n. adroit, cultivateur expérine satt P.as etre bon ftls, ou celui dont ment~? Salt-tl s'il a mieux que lui la la condutte e~t irrégulière; vous ne lui co11scte~ce de ses devoirs. une probité pardonnez meme pas d'être seulement JJ_rofessJou~~Ue plus grande, une volontmpr~dent. Vous fuyez le chef de familte plus enhere et plus énerg.ique, un déle qut ne sait être ni bon époux ni bon P,t.us complet à la chose pUr père, et vous avez horreur de celui dont vo.uement ~hque? Qu tl se compare avec équité et 1~ probité générale ou professionnelle 11 ver~a qu'il n'est pas toujours le meHn est P~'s sans reproche. Plus que tout leu,r, cttoyen . Le _juste sentiment du rang autre.. tl .vous faut avoir ces qualités Qu 11 hc~1 t pa.rmt les bons lui vaudra la pou-ssees a ~ne grande perfection; car il re~onnatssance de ceux qui valent !le ~ous suffit pas de les posséder, il est mt~ux que lui, la considération de ceux mdt~pensalbe qu'on vous les reconnaisQm valent moin·s, l'estime et la confianse: tl est nécessaire qu'elles soient en ce de tous.» vous assez fo-rtes pour se faire remar(A 8UiVI'I3.) quer, à votre insu, parce que l'on ne vous pardonnerait pas d'en faire montre. Du manque de fermeté La conviction que tout le monde audans l'éducation rait que vous êtes pourvu de toutes ces qualités ne suffirait pas à établir ou à Bien rares sont de nos jours les hommaintenir de bons rapports entre vous me~ de caractère, bien rares sont ceux et la population, si vous n'y ajoutiez CJut saven~ se tracer un plan de conduicertaines précautions, certaines réserves ~t le. sutvre : on ne rencontre plus que de langage. La culture spéciale intel- legerete ~t laisser-aller sur toute la lilectuelle et morale, dont vous a~ez étê gne. D'ou provient cet état de choses: l:obi~_t, vous donne une supériorité pctrdu !flan~ue de fermeté dans l'éducation. ticuhere sur vos concitoyens. S'il con - Au1ourd l!ui les enfants sont choyés,
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dorlotés, gâtés à qui mieux mieux. On leur accorde tout ce qu'ils veulent et comme ils le veulent, de crainte de les rendre malades en ne sati·sfaisant pas tous les désirs. En un mot on veut en faire non des hommes utile; à la société, mais de petits dieux. Ainsi élevé le jeune homme n'a pas de nerf, pas' de fermeté dans ses principes et ses convictions, pas d'énergie dans son travail et dans l'accomplissement de ses devoirs; c'est un être vain et pusillanime que le moindre obstacle, le moindre danger effraye, au point de lui enlever la <:Onscience de ses paroles et de ses actions, et le met dan'S le cas d'exposer beaucoup trop facilement sa fortune sa fami.lle, son honneur. Il n'en est pa~ de même des jeunes gens élevés avec fermeté, accoutumés à l'obéissance dès leur enfance, fotmés en un mot aux vicissitudes imprévues de la vie; ils travaillent avec beaucoup d'ardeur, résistent avec courage à la mauvaise fortune, accomplissent des actes héroïques dans la vie civile comme dans la vie militaire. Pères de famille, maîtres, instituteurs la vie est devenue un trop rude combat, pour que nous ne regardions pas de près la conduite que nous avons à tenir dans l'éducation des jeunes intelligences confiées à notre garde; car c'est dans l'enfance que se contractent les bonnes ou les mauvaises habitudes qui se conserveront la vie durant; c'est alors que l'âme tendre reçoit de tout ce qui l'entoure des impressions profondes, que les sentiments et les idées se développent et •se fixent, et que la direction donnée détermine sollivent la destinée de la vie entière_ C'est alors aussi qu'il faut particulièrement surveiller les enfants, qu'il faut ennoblir leurs penchants, qu' on doit leur faire contracter des habitudes d'ordre. d'économie. de soumis ~i o n , de fermeté, qu'un jour, les vertus se développant, feront d'eux des. membres utiles à la famille, à la patrie à l'humanité. L • v•
Partie pratique Orthol{raphe et Rédaction Ad~no n es tez un peu un jeune frère dont la condu1te la1 sse à désirer.
Besançon, le 17/ 1 19 .. Cher frère, . C'est · ~vec beaucoup de chagrin que Je me vots dans l'obligation de t'écrire cette lettre, obligation dictée uniquement par le _profond amour que j'ai pour toi et par. les p~ières de nos parents que ta condutte pem.e beaucoup. Car, il paraît <4ue ta condmte est des plus mauvaises. Malgré la bonne éducation que tu as reçue et les bons soins dont t'ont entouré nos bons parents, tu n'as aucun respect pour eux. aux ordres qu'ils te donnent tu réponds par de mauvaises paroles et par une msoumission complète. Et pourtant, est-il quelque chose de plus sacré sur la terre que la personne de nos parents? Qui t'a donné la vie? Qui t'a nourri, élevé, instruit, choyé? Tes parents, n'est-ce pas? Et, à leur profond amour, tu réponds par des iniu~es, aux bontés qu'ils ont eues pour tot, par la plus noire ingratitude! Il paraît que tu n'es pas respectueux non plus à l'égard des autorités, de ces hommes qui se dévouent au service de la société, à l'égard des vieillards dont les cheveux, blanchis par les soucis et les ans ne t'inspirent p-as même le moindre respect. Cela, c'est très mal, c'est triste, et pourtant ce n'est pas tout, hélas! Les malheureux, ces déshérités de la vie, au heu de compatir à leurs souffrances, de les encourager, de les consoler, comme c'est ton devoir, tu les insultes, tu leur faâs subir de mauvais traitements. Ah! quitte, qu·itte bien vite ces mauvais camarades (je ne dis pas amis, parce que ceux qui vous poussent dans la voie du mal ne sont pas des amis) qui t'ont perdu. Reviens au bon chemin, que ta con-
duite future fasse oublier ton és:1;arement présent à tous ceux qui ont eu à se plaindre de toi. Puisse ce vœu être exaucé. je te quitte dans l'espérance de pouvoir bientôt sans roul];ir te serrer la main et en comptant sur l'affection qui nous un~t pour le pardon des cruels reproches que j'ai osé te faire.
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G u sTAVE.
Vous aviez promis à un de vos camar ades de lui écrire pendant les vacances; - vous avez oublié votre promesse. Il vous adresse des reproches. Comment allez-vous vous excuser? Sera-ce en inventant des raisons qui n'ont pas existé, ou bien ne vaudra-t-il pas mieux, en l'embrassant, lui avouer votre négligence et votre amitié? - Choisissez votre excuse et diies comment vous allez l'exprimer.
xxx Le Loup et l'Af!.neau. • La raison du plus fort est toujours la meilleure. • Faire comprendre que ce qualificatif c la meilleure • est loin de vouloir justifier « la raison du plus fort ·· - Dire qu'elle est la 111eilleure, c'est faire entendre qu'elle tr iomphe Je plus souvent, même quand elle est injuste. C'est constater aussi qu'elle excelle à se donner toutes les apparences du droit, n'en aura itelle nullement la réalité.
le plus souvent au détriment de leur bonheur. - Que n'ont-elles moins «brillé » ! 3. - Oppo:sFr à ces sortc.:s de « papJt. lons » les personnes dont Je mode d'existence peut, sous certains rapports, être comparé à la destinée obscure du grillon. - Leur vie peut-elle, quoique « cachée ». devenir unf: « vie heu: euse »? Si oui. par quels moyens cela se réalise~. ra-t-il? - Pouvons-nous penser toutefois que ce bonheur sera réel et complet, si « vivre caché » signifie vivre pour soi, vivre en dehiJrs et à l'écart de ses senJblables. sans mettre en valeur, à leur profit. la plupart des avantages que l'on possède? 4. - Comment concilier alors, pour « vivre heureux », les douceurs de la vie cachée telle que la comprend Florian avec les devoirs d'une vie sociale aimable. utile et dévouée? 5. - Tirer une conclusion de la solution de ce problème.
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Ce qu'on fabrique à Nuremberf!.. Nuremoer,g posséde de si nombreux ateliers, de si nombreuses et importantes manufactur.es qu'on peut dire que cette ville fabrique de tout un peu ou beaucoup. Ainsi on y trouve les jouets X'><'X d'étain et de plomb, les souvenirs de vola fable de Florian, intitulée • Le Grillon •, yage pour tous pays, les couleurs de se termine par ces mots: • Pour vivre heureux bronze pour remplacer l'or et l'argent, vivons caché. • J ustifiez cette conclusion et les papiers métalliques d'or et d'argent dites dans quel sens il convient de l'entendre. vrai ou laux. le papier d'étain pour Plan et 1ndications. - 1. - Rappe- l'emballage du chocolat, du nougat et ler en la résumant la fable du Orillon. du sucre d'orge, les câbles, les crayons, 2. - Se demander quels sont: les les fils de fer et de laiton, les pinceaux avantas:1;es, le caractère le plus ordinai- et les brosses, les parquets, caisses d'emre, les allures, les façons d'agir de cer- ballagè, bobines de bois, pipes de bnt · tains êtres humains que le fabuliste a . yère, meubles, vagons de chemins de voulu représenter sous les traits du pa- fer, instruments d'optique, articles de pillon. -- Dire dans quels travers et lunetterie, les objets de papier mâché et dans quels défauts ces personnes sont de carton, des machines électriques et exposées à tomber.. .. les jalousies qu'el- du papier de luxe, d'ivoire et d'écaille, les suscitent.. .. les dans:1;ers qu'elles cou- d'écume de mer et d'ambre, de la bière rent et les conséquences qui en résultent excellente et du pain d'épice, des dro-
~ues et produit>s chimiques, des ustensi-
les de ménage, des chaussures, des glaces. de la maroquinerie, des compas et des passementeries métalliques, des objets d'art en bronze, d'autres fai!s d.'un alliage d'étain, d'argent et d'anhmome, qui figurent dans les étalages ~ous I.e~ noms les plus fantaisistes. Arretons 1c1 la nomenclature innombrable. Questions diverses: Citez un ce·rtain nombre de choses que J'on fabrique à Nuremberg. - Où se trouve _celte ville? - Citez el épelez les noms de metaux se trouvant dans la dictée. - Qu'est-ce qu'un câble? - du laiton? - Qu'entend-on par d;.s instruments d'optique? - Qu'est-ce que l1· voire , l'écaille, l'étain, l'antimoine, etc. Quand dit-on que du papier est métallique? - · qu'une machine est électrique? - que des produits sont chimiques? - qu'un n?m est fanta isiste? - qu'une nomenclatu re est mnom· brable? Dites comment vous formeriez 1. le lémiuin , 2. le pluriel des adjectifs qui se trouvent ici au masculin singulier? - Analysez cllacun des verbes de la dictée en indiquant son ~ujet, etc.... Trouvez et épelez des mots en a.in c~m1~1e ~tain (prochain, grain, gain, refram, a1ram, Jpvain, pain, train, fusai•~· etc.) - des mots en ,, et » comme parquet (gilet, muguet, louet, !u1et, plumet, corset, jarret, .poulet? .etc..-:. en ice •, comme épice (exerctce,. anhee , ed ahce, justice, caprice, calice, nournce, etc.).
xxx Les peNis défauts. Un petit défaut est toujours. le commencement d'un grand; les vtc~s eu~ mêmes sont les enfants des petits defauts. Il n'est pas si rare de voir ~es fils plus méchants que. leur père. Rten ne grandit et ne grossit plus promptement. Laissez une prune pourrie dans ~n panier de prunes fraîche~; en ~1~e nm.t, elle pourrira tout le pame~. J a1mera1s mieux que les prunes sames pussent guérir les pourries. Malheureusement ~a vertu du bien ne s'étend pa~ 1usque-ld.
Le voisinage d'un petit défaut n'est donc jamais indifférent. . . Soyez indulgents aux pehts defaut_s de nos amis si vous ne pouvez les reformei·; mais u.ax vôtres, qui sont tO'l· jours dans votre main, croyez-moi, soyez implacables.
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Les animaux et le travail. Le travail, mai'S un travail qui ne dépasse pas leurs forces, n'effraye pas l.es animaux. Au contraire, il semble qu'1ls sont un peu comme les enfants qu'on ne voit jamais si fiers que lorsqu'ils sont employés à quelque utile besogne. Il Y a , dans la campagne romaine, des mu· lets et des petits chevaux fort nerveux qui traînent, tout empêtrés de panaches, des charrettes dont les brancards sont peints de roses et d'églantines, et dont la capote de toile bourrée de clochettes est comme un jupon retentissant. Ils travaillent bravement le jour dans la folie de toutes leurs sonnailles. Le soir on les dételle sur la grande place du village, on les laisse libres. Alo~s, les petits chevaux s'en vont à la f1le vers la fontaine aux eaux pures: ils boivent goulùment l'eau avec un plaisir furtif. Puis ils s'allongent doucement par terre, et là tout seuls, muets et ravis, ils jouent, ils se roulent, ils se retournent, ils font mille cabrioles, pendant que le silence s'établit partout et que le clair de lune enrichit le paysage. Principales ictêes : Sens des mots et des ph rases: - Dans quelle condition doit ~e présenter .le travail des animaux pour qu'al ne leur sail. pa~ ~n supplice? - Comment se comportent-Ils a 1éga rd d 'un travail peu pénib~e?_ -- Résumez ce que dit l'auteur de cette d.•ctee a propos du travail des animaux domestiques dans la campagne romaine? - Qu'entend-on p~r: une utile besogne? - la campagne roma me? -:des sonnailles? - des cabrioles? - un plaisir fu rtif? - Qu'est-ce qu'être empêtré? Îravailler bravement? - s'en aller à la file? -- boire goulûment?
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Suief à développer . A quoi peut nous servir l'étude des langues?
~e~e. 9ue nous devons apporter à cette étude. Üllhte que nous pouvons en tirer
Récitation LA CHARITE Au lit du vieillard solitai.re Elle penche un front gracieux El rien n'est plu s beau sur la' terre Et rien n'est plu s grand sous les deux, lorsque, Entre . ses Elle hent Les pieds
réchauffant leurs poitrines, genoux triomphants, dans ses mains divines nus des pefits enfants!
Ell.e va dans chaque masure, La1 ssant au pauvre réjoui le vin, le pain frais, l'huile pure Et le courage épanoui. V. HUGO.
xxx PENSEES MORALES Notre .vie est si courte! Il la faut employer; Instru•sez-vous, enfants, dès l'âge le plus tendre. [prendre; Vous serez malheureux si vous cessez d'apEt c'est un jour perdu qu 'un jour sans travail[1er. Fuyez l'indolente paresse; C'est la rouille attachée a ux plus brillants métaux. [vaux. L'honneur, le plaisir même est le !ils des IraLe mépri s et l'ennui sont nés de la mollesse.
Variétés UNE ECOLE IL Y A 50 ANS Il n'y avait pas de cheminée dans la classt:. Le régent prétendait qu'on n'y souHrait jamais du froid parce qu'elle était extrêmement petite et qu'on y étai t fort entassé: • je suis pourtant obligé quelquefois, ajoutait-il, de perlliettre une petite sautene d'un quart d'heure. • Comme il fa llait descendre deux marches pour entrer dans l'école, et qu'on n'y voyait aucune trace de plancher ni même de pavage, je tremblais que la petite sauterie ne devint passablement péri lleuse à la suite des grandes pluies. Quant au mobilier, il était des plus sommaires : six bancs en sapin, une table sur laquelle huit personnes pouvaient écrire à la
fois, et, pour 1~ maître, une chaise de paille Pas une ca1 te 111 w1 tableau noir sur les mu · D 'aille•Jr:;, qu'en aurait-on fait? C'est à pe~s. av~c ~et!e umyue et étroite fenêtre, si l'on po~ vat! hre dan~ le livre qu'on tenait à la main. 9uo! 1ue 1e fu sse habitué à ces intérieurs touJOu rs plongés dans une demi obscurité j~ ne m'étais pas attendu à un si complet dt!~ue ment. Une seule chose me réconciliait avec le speclacle que j'avais sous les yeux, c'était l'air de contentement du maître et la bonne humeur des él èl·e~· .
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L'EPARGNE ET L'ECOLE Le secrétaire de la direction des Ecoles de Lausaune, M . A. Jaccard, a imaginé une caisse d'é~rgne scolaire originale; elle se composerait d'une véritable caisse: coffre-fort en ter, scellé dans le mur et divisé en une quantité de petites cases. Chacune de ces cases fait tirelire et porte le nom de l'élève. L'écolier glisse, chaque semaine ses écoilomies dans la tireli.re qui serait o~verle solennellen~~nt un certain nombre de fois par année. L 1dée est ~éduisante. Il est évident que l'enf:lut sera u~t~re~sé pa.r cette caisse et qu'il aura. du plaJ str a y glisser lui-même ses économ ies. La tirelire de M . Jaccard deviendra ~ n précieux moyen de percevoir les cotisa!tons dues par les pelis mutualistes. Elle simplifiera considérablement les écritures rendra les v.ersements facultatifs plus fréq~ents et plu s Importants, protégera les maîtres contre les effractions~ trop faciles, de leurs pupitres: tout autant d'mcontestables avantages qui mi•. , t f • .J .en en aveur de son adoption. nou seulement da!1s les écoles, mais dans les famil!e;;, les pens •onnal3, les usines, les ateliers, etc.
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• Le jeune Mardochée se présente à un examen. - L'instituteur: Si votre frère emprunte 1000 fr. avec promesse de rembourser à raison de 250 Ir. par an. combien devra-t-il au bout de 3 ans? - 1000 fr. - Mais, mon enfan t, vous ne conna issez pas le premier mol de l'a~ithmétiqu;. - C'est possible .... mais je conna1s mon fre re. • Distraction. -:- re t'ai Mjà dit mon enfant, qu'il n'y ava1t nen de plus :tffreux que de mentir! - Oui maman. Coup de sonnette. La domestique apporte une carle ; madame, très s implement: - Dites que je n'y suis pas.
ayant obtenu un résultat par trop nép;atif à fréquenter pendant trois semaines, à Schwyz, ce qu'on appela l'école oénale des recrues. Les malheureux atteints par cette mesure se considéraient comme cloués au pilori et le département de l'instruction publique, qui avait le droit de dispense, ne fit plus organiser aucun cours après 1899. Mais les résultats de l'année dernière ayant été particulièrement défavorables, le Conseil d'Etat vient de décider de rétablir l'école pénale et de ne plus accorder aucune dispense. Le palliatif portera sans doute ses fruits, en attendant que l-'on trouve quelque chose de mieux.
Variétés LE VRAI c VILLAGE SUISSE • C'est Altdorf, chef-lieu du canton, qui présente cette curiosité sans doute unique d'abriter des citoyens de toutes les communes uranaises et en outre de tous les cantons suisses. A part 1002 ressortissants d'Altdorf, il y en a 301 de Bürglen, 123 d'Attinghausen, 116 de Shringen, 103 d'Erstfel, 94 d'Unterschaechen, 84 de Schatidorf, 83 de Silenen, 77 de Seelisberg, 73 de Gurtlenlen, 70 de fluelen, 69 d'l· senthal, 68 de Seedorf, 57 de Wassen, 49 d' Andermatt. 31 de Siiikon, 20 de Bauen, 17 de Hospentha l, 16 de Gœschenen et 2 de Real p. Le chef-lieu compte en outre 215 Lucernois, 1757 Schwyzois. 112 Nidwaldiens, 100 Zurichois, 95 Argoviens, 70 Bernois, 56 Tessinois, 47 Grisons. 41 Soleurois, 40 Zougois, 34 SIGalloi s, 32 Glaronnais, 31 Obwaldiens, 24 Thurgoviens. 9 Fribourgeois. 9 Bâlois de la campagne, 6 Schaflhousois, 5 Bâlois de la ville. 5 Apoenzellois des Rhodes-Intérieures, 5 Valaisans, 5 Genevois. 4 Appenzellois des Rhodes Extérieures, 2 Neuchâtelois et 1 Vaudois. LES FEMMES SOLDATS Fraulein Pauline Wërner est en Allemagne un des chels reconnus du mouvement féministe. Elle combat vaillamment pûur les droits de ses sœurs, mais avec une logique· et un esprit de justice qui sont d'un bon exemple, elle revendique pour elles l'honneur de partager nos devoirs et, en particulier, le devoir
militaire. Toutes les femmes soldats ; c'est le programme qu'elle expose dans la revue , J?ie deutsche Frau". Fraulein Wërner est convamcue que la vie sous les drapeaux a beaucoup contribué au développement intellectuel et plastique des mâles; c'est pourquoi elle espère que les femmes en recueilleront un bénéfice égal. Leur mobilisation. malgré les apparences, coûtera peu au budget, parce que l'Etat, ayant un intérêt énorme à ce que les citoyennes soient de bonnes ménagères, rentrera larj!ernent dau s ses frais de gamelle. En effet, Friiule.in Wërner ne revendique point pour ses timides sœurs la gloire du champ de bataille. ni même les joies violentes du terrain de manœuvre; elle n'entend leur faire prah· quer ni le maniement du sabre, ni le tir du canon, ni l'escrime à la baïonnette: elle ne réclame pour elles que les soins domestiques qui conv iennent à leur gracieuse faiblesse. Les femmes feront leurs deux années de service dans les cuisilles, les magasins d'habillement, les buanderies et les infirmeries. En somme, leurs occupations ressembleront beaucoup à celles de la vie civile; mais, du moins, en reprisant des chaussettes martiales et des culottes g uerrières, elles auront la satisfaction belliqueuse de penser qu'elles travaillent à leur manière pour la défense de la patrie. Fraulein Wërner ne doute point que l'enrôlement des femmes n'apporte une nouvelle force à l'institutiou caduque du mariage; quand les militaires-hommes a uront, pendant deux ans, apprécié lelJr service, il n'y aura plus assez de maires pow· unir tous ces compagnons d'armes . LA SAGESSE CHINOISE Nous sommes quelque peu fiers de notre civilisation et de notre supériorité intellectuelle, mais quand nous connaîtrons bien la Chine .et son histoire ancienne comme nous connat~ sons celle de l'Europe, peut-être changerons· nous un peu d'opinion. Généralement, la merveilleuse découverte de l'imprimerie est attribuée avec quel9ue raison à Gutenberg, mais s'il faut en crOire les annales du peuple chinois, l'art d'imprimer était connu en Extrême Orient bien avant notre XVIe siècle. E t non seulement les Chinois pra· tiquaient l'imprimerie, mais encore ils avaient le papier et le fabriquaient ~. peu près comme nous le fabriquons aujourd'hui, sauf qu'ils ignora ient le papier obtenu avec de la pâte de boi s. Dès l'an 105 de l'ère chrétienne, les Chinois utilisaient pour faire leur papier les dé-
Supplément au -'Vo .f. de ,l' &cole, (1!J11)
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chets de l'industrie, les vieux filets de pêche et les chiUons. Ainsi les Chinois, aujourd'hui comme engourdis et endormis, paraissent bien woir tout inventé avant les autres peuples. Pourquoi nous étonner alors qu'ils se reposent, ils n'er. pensent pas moins et leurs proverbes admirables prouvent une sagesse dont nous J?Ourrions tirer profit. Voici, en ei!e!, un proverbe chinois qui mériterait d'être inscrit en Jetu·es d'or su r les murs des parlements: • Quand Je sabre est rouillé, dit ce proverbe, la charrue reluisante, les prisons vides, les greniers pleins, les escaliers des tribunaux couverts d'herbe, quand enfin les médecins vont à pied , les boulangers à cheva l et les lettrés eu voiture, l'empire est bien gouverné. • Mais voilà, la Chine elle-même, pour sage ct parfaite qu'elle fQt jadis, a-t-elle jamais vu cela? LA CRASSE PROTECTRICE. Les nomades du Thibet, raconte le conlmandant I'Ollone dans la ,,Revue des DeuxMondes", sont entièrement nus, par cette température polaire, dans leur capote qu'ils relèvent j u~q u 'aux geaoux au moyen d'une ceinture, sa ns souci du froid montant de la terre gelée. Cependant, j'oublie un trait de leur vêture, Ira ' t essentiel, ca r c'est lui qui leur conserve la chaleur indispensable: ne se lavant jamais, ils sont recouverts d'une épaisse tunique de crasse accumulée depuis leur naissance. Leur peau qui devrait être blanche et rose - ainsi
qu 'elle sc montre quand ils ôtent leurs bottes à leurs pieds et à leurs jambes, lavés d~ temps à autre par les ruisseaux qu'ils traversent - apparaît d'un brun presque noii. Mais quelle atteinte à nos théories hygiéniques sur la propreté, que cette imperméabilité donnée à la peau, très logiquement, semble-t-il, puisque la pénétration de l'air glacé serait mortelle, et que toutes les races qui résistent au fro id, Thébétains et Lolos, comme Sibériens ou Esquimaux, y ont pareillement recours!
L'Espérance
NEW-YORK New-York est la troisième ville allemande du monde. Berlin compte deux millions d'habitants, Hambourg 730,000, Munich 520,000 et Dresde 500,000. Or sur ses 3 millions 500 mille habitants, New-York compte 737 mille 447 vrais Américains (enfants de parents nés en Amérique) et 639,000 Allemands; de plus avec 595,210 Irlandais, elle est la plus grande ville de celle nationalité, puisque BeUast n'a que 348,965 habitants; de même elle est la vraie métropole israélite avec 672,7ï6 juifs, alors que Varsovie même n'en a que 262,864. Pour les Austro-Hongrois, avec le nombre de 177,198, elle vient après Vienne, Pest et Prague. Enfin New-York est la cinquième ville suédoise, la sixième norvégienne, la septième italienne et la huitième russe.
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On ne s'abonne pas pour moins d'an an Le Jeune Catholique se publie en livraisons de 16 pages chacune et forme à la fin de l'année un joli volume d'environ 200 pageli. Un abonnement d'un an coûte . Fr. 1.50 2 à 4 ~ sous la- meme • t chacun , 1·25 bande 5 et pus , , 1.1 l'our s'abonner ou recevoir un numéro d'essai s'adresser simplement ainsi : ,Jeune Catholique", SIO~
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Dieu promet à t'homme, après l'exil et les traverses de cette courte vie, un repos et un bonheur qui n'auront d'autre terme que l'éternité. Mais il n'accorde la palme qu'à ceux qui ont combattu. et ne permet pas que cette immortelle félicité soit la récompense d'une vie sans épreuves et d'une vertu sans périls. S'il nous a soumis aux atteintes du malheur, c'est pour donner aux âmes grandes et fortes le mérite d'une pénible victoire. Cependant le sage qui, enveloppé de sa vertu, oppose aux coups de l'adversité une âme inébranlable et se rit de la fortune qui pense l'avoir abattu, perdrait bientôt cette fermeté qui le soutient, s'il n'entrevoyait dans Pavenir le terme et le prix de ses travaux. C'est l'espérance qui ranime ses forces défaiHantes. Il sait que la main de Dieu ne s'appesantit sur lui que pour un temps, et que s'il expie par un châtiment passager les erreurs dans lesquelles la faiblesse humaine a pu l'entraîner, il recevra tôt ou tard la récompense du bien qu'il a fait. L'espérance a été prescrite aux hommes par toutes les religions, comm~ une vertu consolatrice. C'est eHe qu1 soutenait le sage de l'antiquité, Socrate, condamné à la mort des scélérats; c'est elle qui faisait sourire au milieu des bourreaux l'intrépide confesseur de la foi; il contemplait, avec cette joie que la vertu seule peut connaître, l'instrument de douleur qui allait le iustifier de ses fautes, et dans sa pieuse allégresse, il bénissait la cruauté des bourreaux en songeant que bientôt il allait offrir aux regards de l'incorruptible juge une âme déchargée des iniquités de la terre, et pénétrer sans obstacle dans ce séjour des justes où rien de souillé n'entrera. Si ce$ nobles victimes de l'infortune n'ont pas désespéré d'un meiLleur destin, lorsqu'elles ne l'attendaient qu'à la
fin de leur existence; si toujours tranquilles et confiantes, elles ont, pour ainsi dire, remis à la mort même le soin de les récompenser d'une vie infortunée, pourquoi voyons-nous sans cesse des hommes se lamenter sur des maux qu'un jour leur apporte et que le lendemain fera disparaître, pourquoi abandonnent-ils leur vie à des chagrins qu'ils croient sans remède? Le temps qui enlève tout et dont chaque pas renouvelle la face de la terre, enlèvera aussi des douleurs qui passent comme tout le reste. Sachons donc enhardir notre âme contre les atteintes du sort et contre les vicissitudes humaines du destin, dont la divinité nous représente dans les saisons le riant emblème. Chaque année, nous voyons la terre couverte d'épais frimas, la campagne n'offre aux yeux qu'un spectacle de tristesse et de désolation, et la nature entière paraît morte, comme l'espérance au fond de notre cœur; mais tout à coup sur l'horizon resplendissant d'une clarté nouvelle s'a· vance cet astre brillant, présage heureux du beau jour qu'il amène, et des beaux jours qu'il promet; et bientôt entr'ouvrant sa prison de neige la ~eur des champs vient apprendre aux mor· tels rassurés que la nature vit encore.
Le symbolisme dn cierge Le cierge allumé dans nos églises est le symbole de la joie et du bonheur; il nous rappelle les ténèbres où l'homme était plong€ avant Jésus-Christ et la lumière dans laquelle 1homme vit par Jésus-Christ. Cette réflexion commande notre reconnaissance pour notre vocation à la vraie foi. Le cierge allumé éclaire ; il dissipe les ombres et répand la lumière. Il semble nous dire: soyez ce que je suis, une lumière pour les autres par vos vertus, vos bon exemples, vos bonnes œuvres. Le cierge allumé brOie. C'est Je symbole
34 du feu dont nous devons briiler. Or, ce feu c'est l'amour pour Dieu, le zèle pour sa maison, l'Eglise, la religion; l'amour pour nousmêmes, pour nos âmes, notre salut; l'amour du prochain ; l'ardeur dans la prière, la ferveur pour l'accomplissement des devoirs de notre élal. Le cierge allwné se consume. C'est l'image du chrétien qui se voue tout entier au service de Die~ et du prochain, qui sacrifie à ce double serv1ce ses talents, ses jours, ses forces. sa fortune, sa santé, sa vie. La flamme du cierge allumé ne descend pas, mais s'élève: par là, elle semble nous iud~quer oü doivent tendre nos pensées, nos désns, nos affections, quel doit être le but de toutes nos actions, de toute notre vie. La fl~mme s'~lève toujours, lors même qu'on incime le c1erge allumé: image saisissante de l'âme chrétienne qu i, lors même qu'elle est accablée de ~ine, ne se décourage pas, mais demeure tou1ours attachée à Dieu par sa foi sa confiance, son amour. ' ' Enfin, le cierge allumé diminue insensiblement et finit pas s'éteindre. - Ne voyez-vous pas là une image de votre vie? Vous luisez pendant quelque temps, vous jetez quelque éclat, vous faites un peu parler de vous vous excitez l'admiration par vos talents, v~ faits et ge~tes, vos qualités physiques ou morales, v?s nchesses, puis vous vous éteignez insensiblement; le souffle de la mort vient passer sur la lampe de votre vie, et vous retournez dans la poussière d'où vous aviez été tiré. Pensez-y lorsque vous voyez étinceler le feu des cierges à l'église.
La Journée de Pie X ==
La vie commence au Vatican à cinq heures et demie du matin. A ce moment précis, les cours se remplissent de gendarmes et de valets. Les gardes ouvrent les portes, pendant que tinte la cloche de la chapelle Pauline; en quelques instants, les Suisses ont renouvelé la garde de nuit, le poste de la porte de bronze et de l'antichambre, et le Vatican a pris sa physionomie habituelle. A 6 heures et demie le pape célèbre la sainte messe. A huit heure s, il entre dans son cabinet de travail. où l'attendent ses da.x secrétaires, Mgr Pescini et Mgr Bressant ; tous deux lo-gent près de la chambre du Pape.
De huit heures à neuf heures et demie Pie X assiste au dépouillement de sa corre;pon?ance et ,.se fait informer des événements du JOur, qu il commente avec des explications remplies d'humour. A neuf heures et demie le pape quitte ses secrétaires et seul descend par un escalier dérobé, au se~ond étage où le cardi nal Merry del Val l'attend dans 1~ bibliothèque. Jusqu'à onze heures le Souverain Pontife reste en conférence a~ec son ministre, et persotme n'est admis en tiers. S'il y ? q~elq ues notes à prendre, quelques lettres a la1re d'urgence, c'est le secrétaire d'Etat luimême qu i tient la plume. Le Pape décide et le cardinal obéit en serviteur dévoué el fidèle. Donc, crit iquer les actes du secrétaire d'Etat c'est critiquer ceux de Pie X lui-même puis~ que c'est lui seul qui commande si Je m'inistre agil. A onze heures, le cardinal se retire et Mgr Bisleli, le majordome, pénètre à son tour dans la bibliothèque; il vient prendre les ordres de Sa Sainteté pour les audiences et signaler les P:rson_nages qui demandent à être reçus. Mgr B•slelh a souvent le mot plaisant et Pie X prend plaisir à causer avec ce prélat qui cumule les fonctions de maître de chambre et de majordome. A onze heures et demie, Je Pape s'avance vers la salle du • trone!lo • , accompagné de deux camériers secrets en costume de cour, tandis que dans le grand salon d'attente se lient l'exempt des gardes nobles en g-rand unilorme. Alors. commencent les audiences de curie, prélats, secrétaires de congrégations, généraux d'ordre. Viennent ensuite les personnages reçus seuls, puis les audiences collectives. Tous se prosternent, Je Pape les relève, leur parle avec bonté, s'intéresse à tous, donne sa main à baiser. Pie X a une extrême facilité d'élocution, il répond à tous les dis~our~ point par point, avec apropos, et sans Jama•s se reprendre ou hésiter. A une heure, le Pontife congédie son service d'honneur, avec un mot gracieux pour le camérier de service, et remonte prendre son repas. La salle à manger privée est d'une simplicité monacale, il n'y a même pas de tapis. Le repas. composé de plats vénJiiens très ordinaires, est servi pour trois. L'étiquette veut que le Pape mange seul, mais Pie X s'insurgea dès le premier jour et déclara que cela lui était impossible. On tourna la difficulté: le Pape est servi à une table isolée, mais à droite et à gauche Mgr Bressant et Mgr Pescini mangent à de petites tables et le protocole est
sauvé. Aux jours de fêles, le Pape dîne avec ses sœurs et sa nièce qui habitent place SaintPierre, au palais Rusticucci. Après le repas, le Pape ne fait p as la sieste, il se repose en causant avec abandon avec Mgr Bressant, son secrétaire et son ami, qui ne l'a jamais quitté ; il descend ensuite au jardin pour lire son office en se ~romenan~. De trois à s ix heures, Je Pape reç01t en aud1ence secrète tous ceux qui ont des affaires graves à )ui soumettre el qu'il écoute avec une patience el une bonté admirables. Enfin, à six heures, c'est au tour de Mgr Morzollini d'être admis auprès du Pape. C'est là le moment Je plus fastid ieux de la journée de Sa Sainteté. Il lui faut, en effel, s'occuper longuement de comptes, de finances, avec son économe el ce n'est pas une petite affaire pour Pie X qui a toujours eu horreur de l'argent. Lorsque le Pape était roi, il avait un budget de quatre nùllions pour l'exercice. de son po~t \Oir spirituel qui s'étend à l'umvers ; depu1s la prise de Rome, le Saint-Père doit faire face aux dépe11 ses de chaque année avec ses pro-pres ressonrces et les aumônes de3 fidèles. A 7 heures, dans la chapelle Pauline. a lieu la bénédiction du Saint-Sacrement à laquelle le Pape assiste avec toute sa cour. A 8 heures, le Pontife revient à son cabinet de travail pour répondre lui-même à certaines lettres importantes. Son écriture est fine et ronde, sans aucune rature. Sa Sainteté use d'un papier très fin et sans entête, portant l'effigie de Léon dans le filigrane. A 9 heures et demie, Je Pape prend un très léger repas; deux œufs. et une tasse de_ café. Sa sobriété est extrême, 11 n'a qu'une hab1tude: il prise. Son médecin lui fit remarquer que Léon XIII avait dû s'abstenir de prendre du tabac vers la fin de sa vie. • Quand j'aurai quatre-vingt-quatorze ans, vous voudrez bien m'en reparler •, fit le Pape en riant.
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Le Grain de Blé gros comme un Œuf (Conte russe.) Des enfants du village trouvèrent un jour dans un ravin quelque chose qui était gros comme un œuf de poule et qui ressemblait à un grain de blé avec une rainure au milieu. Un voyageur, qui passait par le village, aperçut l'objet, l'acheta pour guelques copeck.s et l'emporta avec lui à la vtlle. Il le vendtl
chèrement au tsar comme une curiosité rare. Le tsar convoqua tous les sages de son royaume et leur enjoignit de chercher ce que pouvait être cet objet: un grain de blé ou un œuf. Les sage5 réfléchirent longuement, mais ne purent donner aucune réponse. Ce curieux objet était posé sur le rebord d'une fenêtre du palais du tsar. Un jour, une poule vint Je picoter, y fit un trou, et tout le monde put reconnaître que c'était un grain. Les sages vinrent aussitôt déclarer au tsar que c'était un g-ra in de seigle. Grand fut l'émerveillement du tsar. Il donna de nouveau l'ordre aux savants de rechercher ott et quand ce grain avait été produit. Les savants r é!léchirent mOrement, consultèrent les livres, mais ne trouvèrent pas de réponse - Dans nos livres. dirent-ils au Isar , il n'y a rien sur ce grain .... Faites venir les moujiks. Peut-êlre l'un d'eux a-t-il entendu dire aux vieux ot1 et quand on semait des grains semblables. Le tsar ordonna qu'on lui amenât un vieux paysan. Après des recherches, les serviteurs du souvera in revinrent accompagnés d'un vieux moujik tout décrépit, sans dents, marchan t pén iblement à l'aide de deux béquilles. Le tsar monlra la grain au vieux, mais celui-ci avait déjà la vue trouble; il put à peine distinguer le grain et le palpa en tâtonnant pour mieux se rendre compte. - Ne sais-lu pas, mon brave, l~i demanda le tsar où l'on récoltait des grams semblables? Toi-même. n'en as-tu pas semé de pareils? Ne l'est-il jamais arrivé d'en acheter? Le vieux était sourd. II entendit à peine et ne comprit qu'à moitié les questions qu'on lui posait. - Non répondit-il, de ma vie je n'ai semé du blé se~1blable. Je n'en ai non plus jamais récolté ni acheté. Quand nous avons acheté du blé les grains en étaient toujours aussi menu~ que ceux que nous possédons J?laintenant... Mais vous feriez bien de questionner mon père; peut-être a-t-il entendu parler de grains miraculeux de cette sorte. Le tsar expédia des messagers en quête du père du mouj ik. On le trouva bien vite et on l'amena au palais. Le vieux entra plus vaillamment que sou fils, ne s'aidant que d'une béquille pour marcher. Le tsar lui montra le grain. Le vieux avait encore bonne vue et le distingua netiement.
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Ne sais-tu pas, mon brave, où ont poussé de semblables grains? N'en as-tu pas semé dans tes propres champs? Ou, peut-être, en astu acheté chez les voisins? Le vieux, à vrai dire, avait l'oreille dure, mais il entendait pourtant mieux que son fils. - Non, répondit-il, je n'ai jamais ni semé, ni coupé dans mes champs du blé semblable. Je n'en ai jamais acheté, car, de mon temps, on ne connaissait pas l'argent. Tous mangeaient leur propre pain, et, en cas de détresse, on s'entr'aidait. Notre blé était, il est vrai , plus gros et rendait plus au battage que celui que nous avons aujourd'hui; mais. pourtant, il était bien loin d'égaler ce grain. J'ai entendu dire à mon père que, de son temps, le blé poussait mieux que le nôtre et qu'il était plus gros et rendait davantage. Tu ferais bien de l'interro· ger. Le tsar fit mande·r le grand-père. Le vieux entra sans béquille. d'une allure souple, le regard vif; i1 entendait bien et parlait distinctement. Le tsar lui montra le grain miraculeux. Le vieillard le prit, le retourna, l'examina et dit: - Il y a longtemps que je n 'ai pas vu de notre vieux blé. Il porta le grain à sa bouche, en mordit un morceau et macha le gruau. - C'est bien cela, c'est notre blé.... - Mais, dis-moi, grand-père, où récoltait· on ce blé? En as-tu semé dans tes champs? Ou l'as-tu acheté à d'autres? - De mon temps, répondit le vieillard, ce blé se récoltait partout. Moi-même, toute ma vie, je m'en suis nourri et j'en ai nourri les autres. - As-tu acheté quelque part de ce blé? insista encore le tsar. Le vieux eut un sourire de pitié. - De mon temps, nul n'aurait voulu com· mettre le péché de vendre du blé. L'argent! nous ne savions même pas à quoi cela ressem· ble. Chacun avait autant de blé qu'il lui en fallait, personne n'avait besoin de vendre, ni d'acheter... J'ai moi-même semé, coupé, battu et moulu de ce blé-là... - Mais où semais-tu ce blé et où était ton champ? - Mon champ, répondit solennellement le vieux, c'était la terre de Dieu ... Où je labourais, là était mon champ. La terre était libre, personne ne la réclamait pour sienne ; on n'appelait sien que le fruit de son travail. - J'ai encore deux questions à te poser,
térieures fermées à double tour, nous étions bien tranquilles. Deux heures de liberté! Deux heures, nos seuls maîtres! Quelle aubaine! Déjà, nous combinions à jouer à quelque chose quand j'aperçus entrebaillée, la porte de la' chambre prohibée. - Dis, Loulou, dis-je à mon frère, la lui montrant du doigt, l'entrée mystérieuse, si nous allions voir. - Non ... ou n'ose pas... tu sais... - Bon!... viens, je n'ai pas peur moi. Et, une fois de plus, Je fils d'Adam obéissait à la fille d'Eve. Et nous entrions, trembl·ants, sur la pointe des pieds, lui, derrière moi. Tout d'abord, rien d'extraordinaire ne parut mériter notre attention. Cependant, une annoire était restée entr'ouverte. Creusée dans le mur, elle tenait du plafond au plancher. Et là, a~croché à la f~ce intérieure de la porte, un objet étrange at!Jra mes regards. C'était un enchevêtrement de courroies étroites, de tiges d'acier recourbées, terminées par une couronne de pointes aiguës, et recouvertes de larges taches de ro~il le le tout si bien mêlé qu'it nous eût été unp~ssible d'en deviner l'usage. Et d'ailleurs, nous étions bien trop petits pour cela. N'osant pas y toucher, nous demeurions là, les veux braqués, bouche bée, magnétisés. · - Qu'est-ce ça, Loulou, sais-tu, toi? . dis-je à voix basse. - Non..., sais pas... peut-être ... peut-être ... - Regarde, ça pique 1... - - Dis!.. eh! mon Dieu! si ça allait nous « sauter contre • ! La peur nous prit, et, l'un poussant l'autre, nous étions dehors, le cœur battant; nous promettant bien ne jamais parler de notre décou· verte.
mon vieux, dit le tsar. Pourquoi, autrefois récoltait-on de si gros grains, tandis qu'on 'n•en trouve plus, maintenant? Et pourquoi ton pe.. tif-fils marche-t-il sur deux béquilles, ton fils sur une béquille et toi, tu as l'allure vive, tes yeux sont ela irs, tes dents solides et ta parole di s~ i ncte et affable? Dis, grand-père, pourquoi tous ces changements? Le vieux répondit aussitôt: - Tous ces changements proviennent de ce que les hommes ne vivent plus de leur travail et convoitent le fruit du travail des autres. De mon temps, on ne vivait pas ainsi; de mon temps, on vivait selon la loi de Dieu, on se contentait du sien, et l'on ne s'appropriait pas le bien d'autrui. Léon TOLSTOI. (Traduit du russe par Michel Delines.)
Un épisode dn passage de Bonaparte Nous étions bien petits, mon frère et moi. Nos parents, occupés tout Je jour et une partie de la nuit, aux travaux de leur profession, étaient contraints de nous confier à la surveillance de nos soeurs aînées. Pour éviter les malheurs si fréquents dûs à l'inexpérience des enfants, on nous avait inspiré une réelle terreur de tous les objets dangereux: les allumettes, Je pétrole, étaient ensorcelés; les tranchants, couteaux, rasoirs, doués d'intelligence, pouvaient d'eux-mêmes s'élancer dans les chairs des petits désobéissants. Surtout, il ne fallait toucher à « rien de ce qui est à papa ». Ah! cela, nous le savions, depuis le jour où notre grand frère avait manié un revolver oublié dans la poche d'un pardessus. Le coup était parti, creusant le mur, brisant une vitre. Un petit écart à droite, et un brave homme, accoudé à sa fenêtre de l'au· tre côté de la rue, eût été atteint. Conséquences: une veuve et six orphelins en bas âge. Personne ne le sut jamais que nous. La chambre des parents était un sanctuaire où nous ne pénétrions que le jour de l'an au matin, et en quelques autres bien rares circonstances. Or, un dimanche, parents et aînés s'eu allaient à la grand'messe. Un peu en retard, ils étaient partis à la hâte, et nous laissaient, les deux petits. seuls gardiens de la maison. (Nous venions d'avoir la rougeole). Les portes ex-
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Quelques années passèrent. Je ~e sais .si Loulou pensait encore à cette trouvaille; maiS, mol, je ne l'avais point ou.bliée. Oran~is, nous avions les entrées plus libres. Un JOUr que mon père était à fureter dans la fameuse armoire, je rhe glissai près de lui; et, d'un air détaché, avisant l'objet toujours suspendu à la même place, je lui demandai ce que ce pouvait bien être. Papa n'était pas causeur. Toujours occupé à des combinais~ns ab~orban tes, il coupait court aux questions mseu~es. D'un air distrait. il me dit: • Ah! ça? eh bien. c'est... un « souvenir historique • , ne va surtout pas y toucher •. Puis, il s'en alla à ses affaires, me laissant plus intriguée qu 'auparavant.
...... Plusieurs années passèrent encore. J 'avais suivi les écoles secondaires et obtenu en· tr'autres 1<" prix d 'histoire unive~selle. No~e père s'intéressai! à no.s é!udes ; J~ I.e . savais fier de nos sucees, et Je resolus d ut!hser c~t avantage pour exiger e_niin. une. complete explication, car le • souvemr h1stonque • , plus. que jamais, trottinait dans ~on cervea~. Profitant d'un moment où je le VIS un peu d1spo.sé à la causerie j'abordai crânement la question. Moitlé sérieux moitié amusé, il m'envoya le tirer de son ar:noire; puis, après l'avoir démêlé avec calme et patience, il l'étala devant mes veux et me dit: Cela, vois-tu, c'est tout simplement une paire d 'éperons. Ils ont leur place dans l'histoire du • Passage du SI-Bernard par Bonaparte "· Tu as dû apprendre, continua-t-il, que Na· poléon traversa notre Valais, avec son armée, en 1800; allant de france en Italie par. le SIBernard. A cette époque, le pays n éta~t pas, comme de nos jours, sillonné de chemms de fer. Les transports publics de voyageurs et de marchandises se faisaient sur les grandes routes par le moyen des diligences. C'étaient de gr~ndes voitures tirées p~r deux, quatre, ou même six chevaux, condulls lJ3! , u~ postillon à cheval. Dans chaque l~calJte tmpor· tante existait ce que l'on appelait. un re!ai de poste. Le convoi arrivé, le postillon echang-eait ses bêtes fatiguées co.ntre ,des cheva~ irais, et continuait sa route JUS9U ~u procham relai . où le même échange avatt ]!eu . . Or Napoléon réquisitionna ce service pu· blic P<>ur le transport de son ambulance. Le postillon à cheval, chargé de cette !mport~te mission, du relai de Vouvry. à. ce.lm de VIOnnaz, était un nommé B..., ongi.natre. des montagnes de V... Brave du reste, tl avatt ma~eu reusement Je tort de trop ai~er ~a bouteille. Et ce jour-là, certes, il !al!ait bien. arroser l'honneu r ! Arrivé à proXImilé du vtllage de Vionnaz à un endroit où un petit cours d'eau, en s'éla;gissant, formait une minuscule nappe d'eau ne fallut-il pas que le pauvre honune perd.{ut ses esprits, conduisît ses chevaux à fa dérive et renversât voiture et. cont~nu dans le ruisseau. Toute la pharmacie, dit-on,, tut perdue. Les préposés à l'ambula.nce, funeux, s 'emparèrent du rn<~:lheureux postillon pour le conduire aux autontés de la c~mun_une, et réclamer tme indemnité proportwnnee aux dégâts; je ne sais s'ils l'obtinrent. . Mais, pour leur donner une sor~e de .satisfaction et calmer leur fureur, on rrut à p1ed le fonctionnaire trop peu équilibré. N'étant plus
38 jeune, il céda volontiers ses éperons à son fils, qui lui succéda jusqu'en 1840. Et c'est de ce dernier que je tiens ces éperons. Il me les a cédés, à son tour, en échange d'une c quartetle de muscat. » Et voilà complétée l'histoire du c Passage du St-Bernard, par Bonaparte». SEVERUS.
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Pauvre Loulou ! C'était la nuit... la nuit d'hiver triste humide et froide. ' ' Le brave curé venait de s'endom1Îr dans son vieux lit, quand, tout à coup, le bruit de la sonnette rouillée et grésillée retentit dans le silence du jardin. Un gamin de la ferme ... ? pensa d'abord le prêtre en se dressant. Il y eut un silence de quelques instants, pendant lequel le presbytère entier sembla dresser toutes ses oreilles ... Alors une seconde fois, la sonnette retentit. longuement... lugubrement... Donc, c'était sérieux. En deux temps, trois mouvements M. le curé !>'habille... le iros foulard, la grbsse calotte, les sabots, le falot ...
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Qui est là ... ? ·- C'est moi!... -Qui vous... ? - Dubourgueux... Ovide Dubourgueux!. .. Je ne vous connais pas... Où habitezvous .... ? - Sur la berge... dans notre voiture. - Et vous venez pour du pain ... ? - Jamais de la vie! ... Je viens par rapport à ma lemme qui est très malade et qui vous réclame tout de suite. - Ah!. .. je comprends!. .. Au fond, il ne comprenait pas exactement, le brave curé. Ses trois cents paroissiens il les connaissait tous. Mais Dubourgueux Ovide... ? Ah bah!... Et il ouvrit la porte.
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Alors apparut, à ses yeux clignotants, une sorte de Polyphème, grand, noir, frisé, barbu, pantalonné de velours, ceinturé de rouge... Un de ces êtres énormes, étranges, qu'on
39 n'aime jamais à rencontrer et spécialement à minuit, devant la porte ouverte d'un presbytère isolé. Mais Ovide paraissait ignorer totaleiJient l'impression fâcheuse qu'il produisait. - Voilà, Monsieur le curé... il s'agirait de prendre vos Huiles et d'activer le mouvement. - Elle est très malade... ? ·- La pauvre chère lemme!... j'ai bien peur... - Vous m'accompaguere~... - Oh! ie crois bien...
xxx Cela bi dit avec une intonation!. .. Deux minutes après, Ovide et le curé dévalaiem la pente qui conddt à la Seine; mais comme le stationnement des rou1ottes était interd:~ !:Ur !a c~rnmune, il fallut prendre une sente herbeuse qui aboutissait à un lointain carrefour, où se profilait la silhouette d'une longue voiture. Ovide prit le curé par le bras : - Attention 1... Ici, il y a un trou ... là ... une corde... Maintenant, vous pouvez aller.... c'est de plain-pied. Mais. brusquement, le curé s'arrête ... ? - C'est un traquenard!... -Comment...? Un aboiement, puis dix, vingt, trente, cinquante retentissaient autour d'eux... Des yeux furieux, des gueules ouvertes, des crocs brillants, voraces de mollets, émergeaient de l'ombre. Une meute de chiens les entourait. Il en arrivait de toutes les formes, de toutes les tailles, de tous les poils .... Il y avait des poméraniens, des havanais, des Kink-Charles, des fox, des rats chinois, des bouledogues blancs, des danois, des colleys, des lévriers. Tout cela bondissait, hurlait, aboyait, gueulait, menaçai!!... Et le curé pensait : • Ce que j'étais mieux tout à l'heure dans mon vieux lit!... • Flegmatiquement, Ovide comprit enfin : - Ah! c'est eux! ... Alors, d'une voix tonnante: - Silence! ... Et ce fut magique... A l'instant, le silence fut tel, qu'on entendLt le clapotis du fleuve, dont l'eau noire venait lécher les bords... et là-bas, sur l'autre rive, un écho lointain de forêt répéta: • Silence! • Mais ce n'était pas assez pour Ovide. Il fallait quelque cho-se comme une répara1iou.
- .. .!erre!... tonna-t-il une seconde fois. D'un seul geste, comme les soldats de ~ré· déric, tous les chiens s'assirent sur leur bienséant. Alors le curé s'avança, un friselis d'émoi à la surface de la peau. - D'où viennent donc tous ses bêtes... ? Ovide parut gêné. ., . - Ce sont des chiens ... trouvés, et que 1a1 re.cueillis par humanité... !!!...
j'ai des chiens. Alors, je vous ai choisi le plus beau! Il ne mentait pas. Le chien valait deux cent francs comme un sou. - Oh! la jolie bêle!... ne put s'empêcher de s'écrier M. le curé. - N'est-ce pas ... ? Eh bien, elle est à vous!... Il s'appelle Djinn.
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Quelques instants après, le prêtre co!lfessait dans la voiture une pauvre lemme usee, et qui semblait n'attend~e que. :a venue pour tourner court à une vie de m1s_a;e.. . . Puis comme la mort se precipitait, JI vou,. . lut alle~ plus vite qu'elle. Au pas de course, il remonta vers ~ eghse. prit une hostie consacrée ~t redescendtt. li y eut les mêmes abo1ements. , . Les deux mêmes commandements energiques retentirent. . Même obéissance; maJs, en plus, des . bouts de tapis, des mor~au~ de te':lte, des onpeaux de cirque villageOis Jalonna~ent, su~ 1herbe gelée, le chemin où le bon D1eu deva1t pas~. Sur une petite table en dehors, on avait mis deux lampes à essence: l'ho~e. et les enfants de la voiture, tête nue,. sUIVaJent attentivement la cérémonie. Le c1el et l~ terre étaient l'église; la roulette le sanctua1re;. et la pauvre bohémienne, les yeux c~os, les mams croisées sur la poitrine, devena>Jt 1~ taber':lacle de Celui qui, un jour aussi, avait chemmé à l'aventure, dans le vague des grandes r outes. · · Et en remontant le long des ~sons ~~lenci~uses, où sommeillaient se.s vr~1s par~iS· $iens le vieux curé avait la meme Jmpressl_o n que Jadis son divin Maitre en face de c~rtam~ Samaritains: • Je n'ai pas trouvé pareille lot dans Israel!... »
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Le lendemain, quel ne iut pas l'étonnement du curé de revoir l'homme ~éant à sa porte. Cela devenait une obsessH_>n. Mais celte fois il porlatt, entre ses bras velus, ~ amour de loulou feu, ~e ~av~ur bleue dans les poils, et qui semblait ~~ ~~en chez lui dans une plus amour de pamer. - VoHà, Monsieur le curé! ... Vo~s .savez, ., . 1 at l' Œi"l'.... J'at' vu , hier ' que vous atmiez. les bêtes. Je ne sais pas. cCY!IIJ!1ent vo~s témOJgu~r ma recotylaissance; Je n'at pas d argent, maJs
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Il y eut aussitôt w1 siège en règle. Ovide avait mis Djinn sur les bras du. pr~ tre; et le petit chien, très doux, reconnaJssaJt peut-être la soutane du prêtre rencontré_ u~ jour dans le salon de ses maîtres, se fa1Sa1t plus gentil encore, plus cares.sant, se~tant implorer pour qu'on le garde ... pour quo~ ne le renvoie plus là-bas à la roalotte de famme.;. - Non, mon ami, dit résolument le cure, je ne puis pas accepter... - f.t pourquoi. .. ? - Vous devez bien comprendre! - Ce chien-là, vraiment, a été perdu ... - Pv~sible!... Mais je ne peul' pas... ·- Dernier mot? ... - Dernier mot!... Et Ovide s'en va, navré, sa tête ên;ortm;. se balançait contre ses épaules, le peht DIJ~n pteure dan:; les rudes ma.ins qui l'ont repns. Mais, tout à coup , Ov1de revtent, et brandissant le joli panier: . , . -Et le panier ...? Pour lm, pas derreur 1.... C'est moi qu: l'ai !ait... avec !es pattes que v0ici! ~lors sr,Jt, t•·on ami ! _ Àh! ... tout de même! ... fait Ovide en engouffrant de satisfaction, dans ses poumons tout l'air de la pièce. Vous le garderez en souvenir de Ovide Dubourgueux!
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Et c'est pourquoi. si vous allez, corrune moi demander pour votre vieille maman, des 1~ à la coque au vieux curé, vous serez ~~noé dans le cadra vétuste de son presb~ tère, d'u joli pa~ier d'osier au fond duquel JI les range. E (La Croix.) Pierre l'ERMIT ·
Variétés LES COMMANDEMENTS DU MARI MODELE. Nous les trouvons dans la ,Gazette degli-
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15 Mars i9ll
année
40 Sposi", un organe itaHen qui traite spécialement de questions matrimoniales, comme son nom l'indique. 1. Ne te querelle jamais avec ta fèmme, même quand elle t'y incite. Ecoute et décide en droit et en justice, sans faiblesse, mais aussi de façon aimable et sans blesser. 2. Supporte la légèreté et l'espièglerie de ta femme, mais ne les laisse pas · dégénérer en abus. 3. Donne suivant ta fortune et sans lésiner l'argent nécessaire aux dépenses ménagères, • mais ne permets pas qu'il soit dépensé davantage. 4. Fais en sorte que ta demeure et ta toilette soient en rapport avec ta situation sociale. 5. Ne tolère pas que ta femme ait des amies trop intimes qui viennent s'ancrer dans ta demeure. Par contre, n'amène pas trop souvent tes amis intimes à la maison. 6. Les femmes détestent généralement les journaux et les livres sérieux. Ne te laisse pas prendre le droit de lire les journaux au lit si tu peux ainsi économiser du temps. 7. Tu dois avoir une chambre à coucher commune avec ta femme. La vie en conunun fait que ta femme se sentira moins indépendante et plus étroitement attachée à toi. 8. Traite toujours ta femme avec amour et prévenance, entretiens-toi avec elle des affaires de famille, ne lui cache rien de ta vie et exige qu'elle fasse de même. · 9. Ta femme doit être la maîtresse de la maison, mais toujours sous ta surveillance. 10. Respecte tes beaux-parents comme ta femme doit respecter tes parents; écoute ami· calement leurs conseils, mais décide toi-même dans ta maison et seulement d'accord avec ta femme.
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ON IMPRIMERA SANS ENC~E Une revue savante anglaise, le ,Technical World Magazine", annonce une invention qui produira dans l'art de l'imprimerie la plus grande révolution que l'on ait vue depuis Je temps de Gutenberg. Il s'agit d'un procédé pour imprimer sans encre. Il y a un peu plus d'un an, un ingénieur a.nglais, qui travaillait dans son laboratoire, appuya, par hasard, une pièce de monnaie sur une feuille de papier humide, posée sur un morceau de métal. Il se trouva que cette plaque métallique portait elle-même sur un fil électrique non isolé. A son grand étonnement, le savant anglais remarqua, en enlevant la monnaie, que l'effigie se trouvait imprimée en noir sur le
papier. Il vit que le sort le mettait sur la voie d'une découverte fort intéressante: celle du moyen d'imprimer sans encre. Si nous en croyons la revue anglaise la réalisation pratique de ce nouveau procédé' est maintenant trouvée. La machine que vient de construire l'inventeur utilise un papier, non plus humide, mais imprégné de certaines substances chimiques qui sont mélangées à la pâte pendant la fabrication. Le cylindre qui porte sur les caractères l imprimer ne frotte plus, comme dans les machines rotatives actuelles, contre des rouleaux chargés d'encre; mais il est chargé d'électri· cité: Je papier est comprimé entre ce cylindre et une autre surface métallique reliée au même circuit électrique; le courant passe de l'un dans l'autre à travers le papier, et les caractères, qui jouent Je rôle de conducteurs, marquent leur empremte, par le passage du courant, ~ l'endroit où ils appuient sur le papier. . Sutvant les substances dont le papier est tmprégné, suivant les métaux qui jouent Je rôle de conducteurs, la couleur de cette empreinte peut varier. On peut obtenir paraît-il, tous les tons de l'arc-en-ciel et réussir des impressions polychromes. Les avantages de ce nouveau procédé sont évidents. D'autre part, les empreintes faites par l'él~ctricit~ sur le pa~i~r peuvent disparaître par 1 ell'!plot de l'électrtctté: cela pennettrait l'emplOI des déchets de papier d'imprimerie. * Charmante, la réflexion de ce vieil abbé parisien, fin gourmet, à qui l'on demandait un jour, à table: - Que pensez-vous de cette truite monsieur l'abbé? ' Et qui répondait : - Je ne sais pas, madame, ce qu'eUe a été pendant sa vie; mais sa fin rachète bien des fautes. • Visite superflue. f!n de nos amis possède un domestique, un vrat trésor. Chaque fois qu'il arrive un visiteur soupçonné de devoir causer trop longtemps, il nt' manque jamais de lui répondre : - M~nsieur ne peut vous recevoir; il se rase ... lut-même! • Toto, je vais te gronder. Je t'ai dit de ne plus jouer dans le jardin quand le soleil était couché. - C'est vrai, maman, le soleil est couché... mais il n'est pas encore endormi!
vtmatve @~{~~l~Jl DE LA
So~iétè valai~at)t}€
d ·édu<!ation Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecole primaire donne de 12 à 14 livraisons de 16 vages chacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplément illustré de 8 pages intitulé": Le Foyer et les Champs.
Suisse tr. 2.50
Par an Union postale fr. 3
Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout c:;e qui c:;oncerne la publication ciolt être adressé cl.lrectement à son gér11nt, M . P. PICi:NAT, Che~ cie Ser~ic:;e aa Département cie l'Instruction publique, èt Sion:
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itnporlant • - -- -
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ci-après relatif au règlement