L'Ecole primaire 1921, supplément no 4

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Supplêment du 3-/o ~ de ,f &cole, (19~1)

56 vient des ·passants, au .milieu cks voitures, des cris des camelots, et de toute la prose de la rue, lui·, l'hom.'tle po.sitif, le voyageur 1lmmain chargé <le lourdes responsabilités, il écoute dans sa conscience poussiéreu·se d'étranges échos se répondant dans le lointain, et, devant sa pensée, se protfile sans cesse le visage d'un vieiJlard tout illuminé de joie tranquiLe à la vue d'une petite Hostie blanche, qu'un prêtre élevait ·s ur un minuscule calice d'or.

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PIERRE L'ERl'vmTE.

L'art de devenir centenaire Il est venu ces derniers temps, à je ne sais quel •journal, l'étrange idée d'interroger un certai•n nombre de centenaires. A cha<lUil, il a posé cette questi-on • Qu'avez-vous fait pour atteindre votre âge? •Commeut vivez-vous? • Les réponses ont été diverses, mais on y retrouve en fin de compte deux conditions de régime: Une vie active et pas de soucis. A part cela, il y a de quoi démentir tou-s les ma· lluels pratiques .publiés .jusqu' ici à l'usage des aspirants centenai.res. • Observez l'hygiène la plus sévère, dis·entils. Et la veuve d'·un acrobate, qui achève sa 102me année de répondre: • L'hygiène! une blague. ]'ai toUJjours vécu dans rune ·roulotte, me ·débarbouillant de temps en temps et ayant plus de vermine que d'écus; et je suis très robuste encore et j'ai l'esprit fort lucide. • • Pour de·veni.r centenaire, j'ai travaillé beaucolliP en plein. air; je me ~uis couché tôt, je n'ai •jamais dormi plus de 7 'heures et je ne me suis j-rutuais fait de mauvais sang •:VouS~ savez désormais li. quoi· vous en ten1·r, ô bonnes gens qui rêvez de virvre votre siècle; prenez de l'air, du mouvement, saluez l'alll!ore chaque matin et ne pensez .qu'à des dh.oses gaies. V011's me direz que 1çà n'est pas tolljjoUJTs facile, évidemment, mais si le moyen était à la ·portée de tout le monde, il n'y aurait pas d 'originali.ié à devenir cente.uaire. Or, c'est encore une ve,rtu ra.re, et bien que la france détienne le record - ·peut-être à

cause des tra.ditioM 1joyeu!e:s de son peuplt - il -n'en est rpas moins vrai que Jes ctntenaires ne courent pas les rues. Il faut lire les ioumaux de province pour coonaître leur existence, car dans les villes ont meurt plus tôt. Mais dans la paix des champs, le régime ·néces.sai.re s'observe sans trop de peine. On respire, on travaille et généralement les muscles font plus d'efforts que la ·pensée. Uhomme le plus vieux de france doit être M. Barsac qui achève sa 108me année. La femme la plus âgée est sans dou~e cette Ma. dame Peigt1oux dont les journaux ont parlé alors qu'elle entrait cfuns sa 105me année. L'un e1 l'ruutre Joui·ssent de toutes leurs la. cuités. Il y a eu mieux jadis- Il e-,üstait aux envi. rans du Havre un médecin âgé de 104 ans doJJt le père était mort à 108 ans et 0111 a si. gnalé une demoiselle Durmaine morte près de . Bordeaux à l'âge de 107 ans. 1En SOmme, nOUS ne faiSOCJ'$ 1 en notre Siècle, ni plu.s mi moins quïautii'efois, et les anciens 11ous ont la·rgement donné l'exemple. L'his· toire ne nous rappelle-t-elle pas que Sophocle avait pLu:s de cent ans quand il composa i)e. dipe, que Démocrite versifiait encore à 109 ans -et qu Epiménide mourut à 154 ans.

----···~-~·-EN BIBLL'E CO.MPAGNJE. -

Que vo11· lez-vous, moi ~e $11lis anticlérical. - Moo ami, c'est ton droit. Mais sais-tu quels sont les anticléricaux? •Les Juifs sont antidéri· caux. Tous les francs-<IIJaçons sont anticléricaux, T.ous les sans-Dieu sont anticléricaux. Les voleurs sont anticléricaux. Les ivrognes sont antilcléricaux. Les vauriens sont anticlé•ri.ca·ux. Et le diable est certainement anticlérical. Te voilà en belle compagnie, mon ami. Je t'y lais.se. Bonsoir.

~~~ :j: La politesse, c'est l'art de fai!Ie ce qui vous ennuie comme si cela vous amusait. ~: La roue la plus mal graissée est celle qui fait le p:u•s de bruit, et celui qui a le moins d'onction et de patience esi celui qui fait sooner ses 'Plaintes le rplus haut. s. françois de Sales.

Le Dimanche moderne T,ous les sociologues vraiment chrétiens ont signalé :et préconisé l'influ:ence salutai:re et moralis,atriœ du dimanohe. Aussi rpeut..~on presque difie ~que l'observation ·complète de la loi dominicale forme à elle ~seule toute une ·fuce de la réforme sociale. Deux lf•aisons, el11 effet, même au s1eul point de vue nailwrel, la r·endent de première imporlallliCe: L'élévation qu'elle donne .aux pensées de l"h'omme et à toute sa -conduite; le sentiment d'ég~alité qu'elle met au cœur de ceux QUi jouiS/sent des mêmes biens et ;partidpent ~aux mêmes cérémonies. L'un et l'autre de ces .avantages est en gŒ:ande par:tie dispa:ru par suite des rprêten~ ·dues exig;enœs de la vie modeme. Plfemièrement le dimanche n'est ·plus ' ' un jour de sanctification. Les preo'CCupations spirituelles 10nt passé à l':arrière~pian. 'La tâche es,sentiell~ du dtll!lanche esi rpour beaucoup au]OU'rd'îhl:ll de s'amu6er de ·courir ici et là, de votr du monde, d'éprouver des sensatj-ons. P.l~s de calme ser·ein .de l'âme, plus de JOie Ylraiment et intensément religieuse, plus d'émotion douoe, devant les mystères de la foi. On assiste -rapidement - et enwre :quand on est catiholique pr:atiqwant, - le plus souvent à ~ne m~:s,e basse, .puis 'On se livre > aux distractions et aux plaisilf's. On laisse là le &U!l'llla:turel ·pour Sie jeter à COllPS perdu dans J..~ sein ·de la nk:tture: •Coooses .de monta· gne, ·worts, · ,promenades, 6!peclades, soirées, tout œ qui est 'humain, wut ce que le monde ofire de plus ou moins licite, 1e.st embmssé avec empressement. A t~avers cette .Joule de préocrop.ations d'ordre nat·U>rel et de ,pench'a nt naturaliste, que devient La• g~rande pensée de la dralrité et de runion: .à !Dieu et au prochain? On l'a dit rouvent, il n'y ·a 1

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l rpas de :philanthro•pie :sans ~amour de · Dieu. En négligeant Dieu et les intérêts de S'On âme, :au~quels le dimandhe est spécialement }1éservé, l'homme fausse sa vision des ·choses. et méconnaît la waie nature des relations sociales. Au lieu d'un amour lféciplfloque basé ~Ûr le saorifi<ce, il n'y voit plus qu'un ·commerœ de satisfactions sensibles. Le ~~oohain •èst ,ag,réable •ou désagréable, 1ou •bien il n'existe pas. Les .am~sements deviennent des besoins et les ·cérémonies religieuses un ennui, les intérêts matériels prennènt le dessus et il n'en faut pas davanta.g-'e pour f.aiœ d'un obrétien un esprit fermé 'aux exigences de notre culte d'.adolfaHon et de reconnaiSSiallce envers Dieu, l'auteur de tout bien. Cœlestium donorum distribùtor Deus. • ••••

Une parole de Jésus sur la Croix Jé&us, &Uif la croix, a di~ œ mot sublime et douŒ OIUlreux: SITIO. fai soif. Depuis lors, a,u long des jours et des siècles, 11w.rnanité tout entière a réqlété ce mot. Les lèv.res et les âtœ>s l'ont crié ou mUJrmuré, et tout être à son tour le prononce avec l'ac· cent du déseS(lloir ou de la foi. Mon jOUI! e&t venu, mon Dieu! L'arube en a~V~ait Lui ~·is longtemps déjà sous l'empire de .votre pll!role et soos l'influence de votre a~~nour; .sows l'ao\lion auSISi de la lente souffrance dont Vous vous servez pOU!! votre œuvre kie rénovation. L'éprelllve est venue, et maintenant de tou• te mon âme je la prononce, Seigt1e.œr, la parote doulomem;e: J'ai soit SITIO. J'ai soif de celre paix que setrl Vous donnez et qui tranSifomte la we, de ,cette stalbilité, de ce repos vivant qui existe seulememt en Vous. ']'ai ,goiŒ de lumière; soilf de cO!IlUaître, de voi,r, .de posséder, comme nous pogsèderons et venrons daOJs l'éternité. J'ai soif de syrnp;llthie pro(onde, de ten-


68 dresse, divinatrice d'âme, d'wtion intime et forte en VOUJS. Mon âme a soi~ ide se devouer, de se doo· ner, d'être COIIlJP!l'Îse et aimée, de tout comprendre <et de toot partager. J'ai soif d'in.finti, d 'immortalité, de épa· nouissem.ent de l'âme que nous connaîtrons seulement au delà de œ qui passe. j'ai soo de vie, de la seule Vie, pleine, éternelle, ~c toutes nos tendres:ses retrouvées dans le sein de r Amour infini. tMon Dieu! J'ai soif de Vous! Ce cri que ~e ;pousse à cette heure, bien des fois encore mon âme vous le redira avant d'aller à VOOiS, ô Jésus! Je le prononcerai avec voUJS: SITIOI Lorsqu'il a jailli de vos lèvres, Vous aviez fait votre tâche en ce mon!de. Voll!S a'Viez prié, a,gi, souffwt, et c Vous n'aviez perdu auQJO de ceux que Vwe Père Vous a,vait confiés. • - Qu'il en soit ainsi pour moi et si, dans la sohitude et aux hwll"es où je vais à vous comme à l'Ami bieni!aisant, je Vous jette en· core mon appel dowloweux, que du moins, avec votre appui, j'accot11llisse ma tâdhe, que je sois une vailLante, une chl!"éiienne, une apôtre, et que •jamais mes secrets élans vers œ qui est éternel ne me ~ssent oublier ceux qui sur la tel're peinenlt et soulffrent. Que j'ainne touüours et de p1us en plus ~s proches et mes frères humains. Ensuite seu. lement j'aurai. le drro·it de dli:re avec vo.UJs: • Seigneur, je n'ai perdu atocttn de ceux que vous m'aviez confié •. . . Je ne volllS ai •pas demandé de me retirell" dJU monde, mais de me permettre d'y faire votre volonté et l'œuvre que Vous m'arviez destinée. Maintenant vous poUIVez, après m'oaJVoir purifiée, m1atti· Tell" à VOUJS dans votre Lumière et votre amour où vtvent WSjà ceux que j'ai tant aimés et où d'autres me rejoindronlt un jOUIT. Ca.r , plus rque ,jamais, j'ai soi~ de les .retrouver. mes hien aimés, soif de vivre avec eux, soii de con· naître, de possélder, d'aimer, soif de Vous , mon Dieu!

ce•

~ Aux derniers instants de la Passion du Christ, lorSIC)ue, les pieds et les mains trans· percés, ayant !l'épandu sur le sol humain. pour le féconder, tout son sang béni. il vivait ses dernières heures et se pénétrait <h! la souf· france humaine à uc degré que nous ne pou· vons corrwrendire. l'EvanQ'Ï e nous dit que la terre était COUJrel"te de t~èbres.

59 Seignwr, il y a dans nolire vie et pow notre âme des heures aussi bien envelo(ppées de ténèbres, des herures douloureuses où le voile jeté sur notre cœur lui oache la v:ue même des choses apaisantes, où nous souf. k ·o ns &ailS que rien ici-bas puisse nous consoler. Heureux ceux qui, à de telles heures et dans les ténèbres extériewres peuveo! du moins Vom cootempler, Seul Vivant, ô Jésus. Christ! Heureux ceux qu~ .pel!Jve.nt étreindre de leurs bras lassés Jes pieds ide la -Croix, aiPIJ)1lyer leur front fatigué 5J\lJl' vos mains lranSjpercées et reposer leur cœur que la douleur a brisé sur ce CœUII' qui a tant souf. fert et qui sait cOtTIJPati•r et aimer! (Exlfrait de c Journal et pensées de cha:que joUil" •, de Elisabeth Leseur. - J. de Oigord. éditeur, 15 rue Cassette, Paris).

Tons an CieL. Ce ~our-là, là la porte du paradis, arriva un prêtre dlont toute la vie s'était pass~ dans une famille particulièr•. Il avait l'air stupéfié. La: mort l'avait pris d'un seul coup, et d'lu.n ·c oop de sang, en pleine force, à 4' ans... Il ne paraissait pas rassl!Jré.... El pourtant c'était un juste et un savant. S. Pierre l'examina longuement, froide· ment, soUiPfsant les dix talents et leur résulta·nte. - j'étais très fort en grammaire. . . et 41 en [aut bien des .grammairiens! Et ie m'occu· pais aussi de mon petit élève .... S. Pierre leva les yeux vers les cieux su· rpé.rieUJl's. . . Il y eut Wle seconde d'angoisse .... - Entre tout de même! iLe précepteur se précipita. - .Pas si loin!.. . là! ...

0 Il n'était pas .sitôt entré qu!un autre a~ arriva. Il s'était éteint tout doucement, malgr6 les soins, maqgré les mê1ecins, malgré toul. - Quels titres as-tu, demanda S. Piem, pour la gloire du paradis? . . .

]'ai fait moo devoir ... Pierre salua. - J'étais exact à dill'e la sainte messe et JI10ll bréviaire ... ex·ad pour la résideuœ ... exact aux heures indiquées pour recevoir mes. pa.roissiens... c Impendar • ... Je me dépen-

s.

saiS· ••

. - . c Et superimperuiar ~ ... ? ,ft tu te prodiguais ... ? « Impendar ~ seulement. . . Mais les dhoses dont j'étais vraiment Chargé, je les ai faites.·. hien fuites ... très bien faites. - Parce que tu as été fidèle en ce3 choses, ~u seras constitué sur de plus grandes ... Entre .. · Mets-toi Jà ... près du confrère qui vient d 'arriver ...

Puis arriva un prêtre à cheveux blan~ démarche lourde; bonne figure de bon vieu~ papa. - Comme tu as de la peine à cheminer! observe .Pier.re. - Cest que ie n'ai pas pris beaucoup de mouvement sur la terre ... je suis ankylosé. - Ce n'est pas comme moi sur 1e lac de Galilée, quaod je remontais mes file ts char· gés de poissons ...• - Mais, bon S. Pierre, moi aussi ~'ai re· monté les miens chargés de poissons ... -Des gros ... ?

Assez souvent!. . . Le confessionnal m'a attiré toute ma vie; j'avais la certitude d'y faire du hien, et je m'y suis donné. Des jours entiers, j'ai reviv.ifié des âmes . . . - Etais-tu sévère . . . ? Et ce fut un autre ... Ulll grand, fort ... . - Pas p1us qu'il !Ile fallait. . . j'ai par- Q11e faisais-tu, toi, sur la planète? donné 77 foi.s 7 fois, et je n' ai jamais mis le - Je prêchais! ... et je prêchais! ... et je pied sur la ~e qui fumait encore. prêchais! - Ne crains-tu pas que Dieu te repro· - L'Evangile ... ? ou des nuances tarabische d 'avoir été trop bon .... ? cotées poUJr lesquelles il faut des jumelles - Humblement je lui ,r~ondrai: c Sei· marines .... ? gneur. . . et vous ••. ? • - L'Evangile, S. Pierre, rien que l'Evan· - C'es.t vrai, soupire S. Pierre... fen 2ile. sais .quelque chose! - Alors, nous sommes frères. . . j''3Ji prêEt, passant sur ,ses yeux une main brusché, moi aussi ... C'est la granlde con:>igne que, il ouvrit la porte du paradis. de Dieu... Dur métier! . . . mais superb'e, q11and on a l'intelligence et le cœur pleins du Enfin apparut un prêtre maigre jaune Maître ... Il me semble qu·un autre de tes fatigué ... Il avait une barbe de quat; e jours: confrères arrive là-bas ... ? pas de raha1, et, même au seuil d u paradis En e«et, un jeune prêtre surgissait très il semlblait inquiet de quelque chose qui n'i tait ,pas le paradis. pâle, très émacié comme cewc. qui sont :OOrts de J'a poitrine. - Que faisais-tu en dessous s·ur la terre? · - Je m'occupais des homm~s. . . - Bon S. Pierre, je me suis consacré au - Que dis-tu ... ? Répète .•. ? ca!éohi.sm:. Je le faisais tolis les jours; je le SOignais, Je le perlais .• . Jamais je n'ai parié - Je m'occupais des hommes et de& jeu· nes ~ns. aux eclants sans préparation et sans prières. Ils aimaient lel!Œ' catéchisme; ils y avaiënt - Ton dossier, tout de suite! .•. des fêtes, des récompenses; les communions Un ange tend à f apôtre le livre dans Je· Y 61aient pieuses et fécondes. . . je m'y suis quel tout est écrit. lué •• • A mesure que S. Pierre lit, sa main ca- Parfait!. . • je vais vous mettre tous les resse sa loogue barbe, ses yeux s éclairent et, deux ensemble·. . . Je vous conduis mot-mê· avec amour, fixeni l'âme qui attend son sort, Ille ••• presque dtésinléressée de lui. . . . Ainsi, tout jeune vicaire, en plus de


60 ton ministère général, tu demandes à t'occuper des jeunes gens et des hommes... Lt soir, tu !I"espires dans les .salfes bruyantes, la poussière du .patronage. . . tu prépares des séances. ... tu fais des cer.cles d'études . . .. tu t'inquiètes • journellement~ de ce qu'on dit dans les ateliers et les usines ... tu y répoorls dans des conférences auxquelles tu invites des prêtres amis ·qui te resseml>l_ent, et que j'attends ici. . . Tu propages inlassablement re bon journal... !Voilà qui va faire .plaisir à mon ancien confrère Paut! . , . Tu coDilesses les hommes d~a.bord·-.. les hom mes surtout! ... Tu penses sans cesse à leur misère matérielle et morale . .. Ils "savent qu' ils peuvent compter sur toi. . . que tu cs leur Chose.. . • leur prêtre! ... • · Et saint Pierre s'exalte .. . - .. . Mais viens sur mon cœur! ... Embrasse le por.Uer du paradis! .. . en attendant que les vieux évêques d!'autretois . . . que le Ohris-t, premier ouvrier, te reçoivent dans les tabernacles étemels .... Et, ouvrnnt la porte du paradis à de•Jx battants, s. Pierre cria d 'une voix où roulaient tous ses souvenirs d··apostolat: - Septième ciel! ... Pierre l'Ermite.

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Croquis littéraires iLA VIEILLE MAISON u~haut, sur la colline, la ·vieille ma.ison se dresse, solitai.re. Comme lUDe antique aïeu•le aux vêtements très vieux, aux vêtements passés, 'SOn vieux -toit d'ardoises moussues coiffe d'épais murs, des muxs couleurs de -terre, des murs du IVÏeux tenws. Les poutres, les larges poutres du: plafond sont noircies par la fumée, les portes rongées par les mites, les vieux meubles sont tout usés, tout polis par la caresse des siècles, polis- et patinés par tant de mains qu~ de;puds l&nglemps ont disparu, mains potelées et roses, vieilles mains crevassées et .parCheminées- Tout cela est vieux, très :V"ienJOC et 5i digne, ·s i vénérable!

Combien, eo. effet, ont habité en cette ancestrale del!lleure, qruli. sont main~enant là-bas, ossements hlanchis dormant il l'ombre de la .vieille église, dans le cimetière aux cyprès toujours noirs. 1Depœis des siècles, elle a soutenu, pro.~ mille existences, elle est le foyer, le lien où une activité m!elligente pense aux besoins, pourvoit au bien·êfre ~ iows. Que d1humbles ména~s elle a abrités, que de bébés elle a v.u naître, que d'"amours elle' a vw éclore par des Jours de ;pr·intemps, que de V'ieillards aux blancs dheveux elle a 1\"UJ mou.rTr sous son toi.~ quand tombent les Œeuilles, à l'auto<rrlle. Elle · est si vieille, si vieille, que personne ne pour· rait dire quand elle tut bâtie, les plus vieux l'ont towjours vue, là.Jtaut sur la colline assise comme rune grand'mère au milieu d·e IICII fils, les challl;ps de blé dorés. par le soleil. f::t tandis que les !hommes sont emportés p.u la mort comme par une ,tempête 'éternelle, elle, l'antique demeure, est touüou.rs là, symbole de calme, de repos, d 'éternité. Que d'orages elle a vus, que de teJnipêtes elle a essuyées, mais malgré tout, se carrant sur ses vieux murs épais, soHde suT sa base, elle a tout supporlé, tout vaincu. Tout, &Ur touT d ·elle, se fane, meurt et passe, elle seule survit, elle seule demeure. 11 faut la,. voir le soir, lorsque le soleil couchant inœndie toot le ciel. . . . elle se dxesse splendide dans cette auréole de gloire, auréole de po1llfiPre el dl' or, et ses ~enêtres sont des braises ardentes et ses ardoises brillent, f1am. boioot, et ses mousses vertes èt dorées soin· (;i.llent dans les rayons du soleil. .. · Alors, la V·idlle maison csemble revivre et rajeunir. Probablement elle song-e aux temps lointain& de sa naissance, elle voit les maçons qu.i construisirent ses murs, elle revoit la poussière d"or qu ~ l'entoura d'une huée légi:re, lorsque les charpentiers taillèrent et scièrent sa dw'· pente, elle entend les chan.s ons des gais compagnons. . . . Elle revoit, elle enterui tout en rêve . .. et son ;vieux cœur meurtri, blessé par les morsures du temps, son v:ieux cœur ankJ· losé par les hivers, soru vieux cœwr d'aïeule se réd!auffe ... ef il me semble alors qu'elle

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se met à chanter, ivre de joie, sous la caresse du soleil. RENZO.

Souvenir de voyage . en Valais Nous lisons ~ans ,Le Mercure", organe des voyageurs de commerce, la relation suivwte des dernières inondations en Valais. Ce récit, très vivant, écrit d'une plume alerte, intéressera ~ertainement nos lecteurs à titre documentaire des jours de cruelle angoisse qu'a v&u~ à. ce moment le Valais. Celui qui n•·a pas vu le Rhône dans les jou•rnées des 24, 25 et 26 5ell>fembre 1920 à toujou·rs mémorabfes dans ce canton sui;se ne se figurera jamais le spectacle territiant que représente la masse d'eau qu'il déversait boueuse, écumante, bondissant à ras de se~ digues, à une vitesse de 3 mètres et avec un débit de 550 mètres cubes à la seconde, à la hauteur ~e Sierre. Que f1homme se sent petit et craintif devant ce spectacle de la nature 5auvage et aux prises avec cette puissance du fleuve, rompa,nt et renversant tout, dominant de sa volonté toutes .celles des êtres menacés et consternés qui le ,g.upplaent en quelque sorte àt> leur épargner son coUIIToux! Et pou.rtarut, ceux que les nécessités de la vie ont appelés dans ces parages conserveront de œs journées historiques des souve• nirs d'où parfois la note humoristique n'éta.it pas absente. Ainsi, dans œs heures ~mgiques où la vie paraissait à un moment presque tnterrompue, on la voyait par instant reprendre ses droits, marquée tantôt jpar des actes de courage méritoires et tan1ôt par des scènes i~t~Prévues presque comiques ou par des actes surprenants de présence d''esprit, de la part de ceux qui défendaient les biens que leur activité avait créés 1~, et qu'ils étaient bien résolus à reconstruire dès qu.e fe fleuve irrité te serait calmé.

Dans les ,plaines basses, en.vahies bruSquement par l'eau, les habitants des fennes n'ont pas eu le temps de fuir, èt ce ne fut que grâce à des actes de véritable bravoure et de génie défensif spontané que gens et bêtes ont échappé à 1a mort.

·von

a vu là des honunes qui, d'après leur propre dire, n'avaient jamais été mouillés qne par la pl!u•ie, se je1er sans hésitation à l'eau entraîruwt après eux mule ou mulet récalci. trant, arrivant à !bon port sans pouvoir se remke conwte de la manière en laquelle leur .sauvetage sëtait fait, si c'était à la nage ou à guâ Dans till autre endroit plus isolé, tout ce qui êtai·t vivant s"était réfugié pendant 48 'heures au premier étage de la ferme, les gens dans une chambre, le bétail ~ans une autre, attendant patiemment du secours. .P lus loin, après de longs et pénibles efforts, l'on croyait être parvenu ià sauver bêtes et gens, lorsque œe mère affolée constata que le bébé qll'·elle avut mis en lieu sar, était .resté dans la maison abandonnée. Aus· sitôt, un courageux de se lancer immédiatement dans la masse .]limoneuse, au secours du petit, et leie ra•mener quelques minutes plus tard, le berceau flottantJ avec son préciell)( contenu, un charmant bébé rose qui ne s'é-· tait pas même réveillé peoxlant son périlleux voyage!

•Bu dehors de ces moments angoissants, n y en eut d'autres et même de gais, tels par exemple, les scènes typiques des transbordements de voyageurs en camions automobiles de Sion à Gampet et vice-versa. C'étatt vraiment amusant tle voir œs dhargements humains, assis au. petit bonheur sur des bancs de fortune et des véhicules également improvisés où l'on pouvait Jire en grosses lettres le titre ordinaire: • Transport de matériata de construction • ou sur oo autre • Mmote' rie de PlainpaJais •. Que de moments délicieux passés pendant le txwjet cahotique de ces lourds véhicules à travers la vase et les débris de loute nature jonchant la route! !Légumes, outils, meubles, bois enwortés, gisent pêle·mêle donnant par-


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62 towt ·a u paysage que nous traversons un aspect de désolation. Aussi le voyageur, pour se distraire, reporte-t-il son attention sur l:e~­ semble de ses voisins d ÏŒifortune, et sourd-tl volontiers aux contrastes qu'il Y découvre et aux réflexions qu'il y enteni:J... Ici, c'est uo ibrave ouvrier noir et barbu des • Usines de ChÎjppis » qui fume calmement sa pipe, coude à cou4e avec une princesse orientale~ ~ou­ verte de bijoux plus ou moins iaux, qut went de quitter son coupé de 1re classe et ne _pa:raît même [pas se rendre compte de ce qu1 s~ passe, tant il est vrai que les insta~!s tragt: ques de la vie détruisent les barneres IQ:Ul séparent les hommes et les rapprochent les uns des a•u tres, gr.✠à l'instinct de la coose:vation! U, un farceur :raconte sans s?u.rcdler q ue les lièvres de J'a plaine, s.urpns par l'eau se oont réfugiés sur des courges flo~­ tante~, se laissant aller à la dérive, au_ pet!t bon'heur, menant une gynmastique endtablee pour se maintenir en équilibre sur leurs radeaux peu commodes. Plus loin, g··entends l'histoire lcl/'nn :paysan de Château-Neui, ayant fait grimper toute une famille de cochons sur un peuplier pou.r les ·sauver d'·une mor·t cer,iruJne. Ainsi, les uns et les autres font passer leurs al!(diteurs des smtiments de la terr~ur la [>lus réelle aux exclamations de la p lus franche 'gaîtée. A tWl moment donné, ibrusque ar:rêt. Tout le monde descend. 1Les seùles que nous venons de narrer :recommencent, puis ch~ s ·o~ cupe de Pheu:re de départ ~u p~oéham tram qui le ramènera soit chez lut,_ soli là 1 une des s tations où ses affaires l'appellent. . . . Ainsi se diistbque un groupe d'tndivldus q ue le 'hasa!lcli a réunis quelques minutes ; ainsi va la vie et le vieux voyageur de commerce, philoso'phe par métier~ enfin réi~stal­ lé c:la.ns un coin· de COIIijla'fttmen!, revit les moments intéressants dont il V•ient d'être _témoin puis !brusquement, .tire son horatre de s~ poc'h;, et prépare pour demain l'i~é­ Œ"aire d'·u n noutVeau voyage où d'autres ViCissitudes l'attendent peut-être. (•~;, .L s BORBL.

Le Mélilot blanc de Sibérie Le mélilot tire son nom du miel, plante à miel parce qu'il est frélquemment visà.té par les ~ill!les. Il dégage, lorsqu·'On le froisse ou qu'on le sèdte, ooe odeu:r ~r&ble, de coumarine que l'on 1retrou1Ve aus>sl chez d au't res plantes [plUtS pa.rticulièrement chez une tfen~!'se IP!l"~œ de nos prairies, la flowve odorante. Une autre espèce) le melilot b leu, sé· Clhé et réduit en poudre, entre ldans la composition du soha'bziger. Ce ne sont pas ces consli.dêra_tioliiS qui do~­ tVent attirer l'attention de l'agtrtcuilteUJr valatsan des dgtions inondées rsur œtte plante, mais bien pll1ltôt deux autres de ses précieuses propa--iétés: . 1. sa rustici~ et sa veo.ue facile Slllr terrains neufs et secs, et . 2. •sa .awalifé, corrune plante dégumineuse, d'aœumulê.r dans 'Ses tisstls l'azote de l'at. . . . d mosphère. Relativement au pren11e:r pomt, _il dtit .e rappeler q111e le mélii~ot, blanc_ ou Jaune, croit Sjpontanémen:t dJans les eruir01ts_ TCltOheux ~u pierreUDC, sUJr le ballast des !VOtes de ch_emm de ter même lo:rsq.u'il n'y a pas la mo1odre paŒ"Celle teru-eUtse· c'est donc avec l'e~a:rœtte la plante-colon 'des tea-.rains maigres neuls (n'OtVatlus), tout comme les il.acoonet~ et les tuiSisilages en gélérail son~ les ~ers oc.cupants des ter:rains hurrndes llJlJs à DIU par les gJi.sset11fflts, ~ortants ou non. Ces plantes c()1oorusalt.riœs booifient rpeu à peu 1~ sol parr leur action ~tatitVe et leull's débris e! permettent ainsi la venue d'autres plmles qm para.cll~t l'engazonnement. . Le melilot v·ient donc facilement sur le limon et le gravier sec; sa croissance est rapMe et il est assez semblable â la luz~roe ·comme allull'e générale, b ien que 1~ feunlles en diffèrent quelque peu et que sa tig~ beaucoup plus forte et riglide devienne fact'lement ligneuse. Comlm.e towtes les plantes 1égtlllt11Ïf!euses, l' esparcette, la luzerne, le tr~fle, lohler, ~ lupu.line, etc., le méBi1ot a la propnéié de. put~ ser dans 1'ai:r a.tm'Osl[AMI1ique Paza!e 9w lu~ es:! nécessaire, et cela grâce au:x 'bacténes qut ·peu.plent les nodosités ou renflements. c~ac­ tér:istitques pour chaque genre de légununeuse des m'Cines de ces plantes; ohez le trèfl~ ce~ eEroissances blan,cltMres ~lent

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de ,fortes têtes d~le; chez .l'esparcette, elles soot plus fortes et élargies en SlpatuJes. ,L 'azote de l'air qui par .pression pénètre dan>s le sol est alOI1S assimi·lé par les bacté-ries precitées pour entrer !cLans la constitution de la plante. Le mélilot n'est guère appréhendé avec plaisir par le bétail, du moins pas au début; pius tard, slllŒiou.l s'i'l .ue iorrne qu'une quantité réduite de la ratioo, le 'bétail s'y habitue. Le méLilot de Sibérie, à fleurs blanches est une fo111ne déjà amélioree, plu:s vi:g>oureuse et plws prod!u.ctive du mélilot saUJVage; le bétail le .consomme sans répugnance. C'est Ia graine lie ce méŒot •que l'ASSOCIATION AORICOIJE DU V ALAIS s'est procurée SUII' nos conseils, pou.r ~aoiJiter la bonification des terrains dléjposés jpar l'illlondation. La semence de ce mélilOit est, à notre avis, ce qu'jl y a de meillellll' à employer pollll' ~io:rer ces dépôts li111101leUX et graveleux maigres et secs. II sufiira donc d'en semer à r.~ison au moins de 25 à 30 kg, par hectare en cherchant à recouvrir la gra·i ne aussi bien que possible à la herse, au rouleau ou encore au .rateau de ~er, dans les endroits non régah5s ou nivelés, et les plantes ne tarderont pas à poosser et à coUJVrir le tenra.in. Au besoin, on pour.rait sooger à utiliser la plante comme fowrrage, q.uitte à rendre au sol le ~umier qui en proviendra~t. U: proCtilé, enJjployé S'UJl' terrain encore ,peu régulier, ~sente des difficultés et des dépenses très ~lTIIPortantes pour la récolte du ~ourrage, son transport à ta tfe.rme auquel s'aljoutent celles d:u transport et de l'é«Janclage du fumier. Il serait, à notre avis, plus économique de laisse!!' la :récolte swr place pour Ja faucher avaflJt de l'enfouir IJQI1' un lahoUir. On peut aussi, su.rtou1 si les plantes ne sont pas enrore trop LigllleLtJSes, les écras-er si~lement à l'ailde d'un puJuet de cbaînes fixé à l'avant de la dharrue I(JOUll' pe:rmeft!re l'en.tenrage parfait du mélilot dans la raie. En totit .cas, l'incorporation de la r:&olte de mBlilot dans œtte tel11'e nouwel'le maigre, luà doD!Ie1'a tle 1-lllumus, de l'azote e't du COtps, préparant ains•i le terrain pour 'les culfures oroinaitres atVec un complérnoot d'engtra~s phoslf.llhalhS~ et p<>tassi~ues. Suiv.ant les cas, et pOUil' peu que la terre amenée par l'eau ne soit pas 1rop mauwaise, une céreale, le se~gle ou 1lavoine ou encO<re la pomme de terre, ,powrrait même déjà sui~re en seconde année. Mais il sera souvent preféralble de re-

fait-e un second semis de méJ..ilot l'année suivante, alfin d'enridlir une fois de plus la terre neUIVe en huarrus et azote provenant de la décomposition des plantes entières de mélilot cOllldhées dans la raie de la dha:rrue. Cette pnutique des engtrais verts devrait au reste comme nous l'aJVOiis soutVent IPI'Opo•sé, se gêrera!Lser swr les terres cultiiVées ordinaires diu Vll!l·ais, tant pou:r c~er !es fonles qwantiltés d'azote di&traites du d~_me par la fumure des vignes que polllt' bomfter, en leur donnant p:us de conps, par incoll1POration d'hiuanus, les terres légère1s de cette région. Dans ce cas, des semi•s de lu[pu:line, de trèfle, dans le•s céreales pourraient suffire ~alll:s nuire à 1a production régulière. L'enfouissement se ferait à l'artrière-saison. O. MARTINET.

------·----· Variétés

LE « MISERERE» D'ALLEGRI A pr.Ojp05 de œ moroeaJU célèbre d'lalrt musical, que le •aollèg-e fribowr,e;eoi.s de \Saint-Mi,dhel a exécuté ·derniè:lïement, o1n raJp~eHe l1a OtJifieuse laJneadote .que voioi, ~out là fait actuelle: « C'éilait en 1767, le m'€!!1aredi de la Semaine Sainte. Moziattit, né en 1756, aV'ait ,al•ors 11 laŒlls. ,pOOJr lia JPPemière fois, il arri'Viait :à Rome oo mmnJagn:ie de oon JPère, mlart·r:e de chapelle à SlélilzbJOUIIlg. Le IS.Oirr même, 1es !deux voyageurs couraienlt à Slaint-Piertre entooldre le Miserere de OŒ1eg.otnio Allêwi, ·qui iouisSladt à cetœ époque :d'uœ r~­ tio.n sans pareille. On as&n1ait .que les PaJpes JaW.aienlt ldé!fen!Œu de le mettTe en partitian et ·d'en 1la·ire des CO!Pies. I.la cél:êbrité du lfil!Oirceau et les .chsltad os qu'il ftalllait vaiilJOI'e IPOUir se 1e fP!OOcure.r aiguislai:ent le désir .qni ·fio.UirmentaH le jeune Moz!alrlt Ide le poSiseder. Pour y ;arri'Ver, il 1a•ooomplit un vêrirahle toU!r Ide fortoe. Ayan:t tenldu ·tlout·es ses facuHés, il rêwssit, .pla!l' 1U1n aflfort ,qui tient du protd~g·e, à 'le fixer ·entièr·ement d'ans s1a mêmoi·re ajp!l'ès wne seUJle auidition, et il l'·écrivit, au couliaalt de 1a 1plume, en lfeJll'brïant à l'lauh~. 1


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64 ~UJr1enldemari:n,

oo·e ISeconlde awditibn, •qu'il s'tl!ivit SIUr sa IParti.tioo cachée daœ le fonfd .de 'SIOn ch:atpeau, lui fomndt l''OICJoasilon rde redœsser deux 01\ll trois errreurs et ·de oombler quel·ques ltaJcum~s. 11 ISe 'ilr·OUIVa .de ]la siOrte en IPOSSe51SÎDn de l'exemplaire uruq~le du mystérieux rLe

Miserere. Oel!tte aventwre fit gre-nid bruit à Rome. Le •Pa:pe lui-'IIlême, mis au courant, en eJ(lptt1it!Illa .to,ute so111 aJdlmiiflaHon. ~ :LOUIS XW ET LA P.BINE DE MORT Tour à tour les divers ju:rys et, ajoutonsJe, l'opinion publique elle-même se révèlent en f'ra·nœ favorables au maintien de la peine de mort. •Louis XLV a formulé à ce sujet, dans une lettre â son fils, une opinion qui nous paraît fort sage. ·Le grand .roi écrivait: Nous serions trop heureux, mon fils, si nous n'avions jamais qu'à obliger et à faire des grâces. Mais Dieu même, ldont la bonté n'a point de bornes, ne trouve pas toujOW"s à réoompell,ser ~ est quelquefois ,contraint de punir. Quefque douleur que nous ayons de faire le mal, nous devons en être consolés quand nous sentons en nous-mêmes que nous Je faisons comme lui, par la seule vue juste et légitime d'un bien mille fois plus considérable. Ce n'est pas répandre le sang de nos swjets, c'est plutôt Je ménager et le conserver, que d'exterminer les homicides et les malfaiteurs; c'est se laisser toudher de compassion ,pl.utôt pour u.n nombre infini d'innocents que pouT un petit nombre de coupables. L'indulgence pour ces malheureux particuliers serait une cruauté universelle et publique.

UN SOUVENIR DE PIE IX On a nppelé récemment un fait de la vie de Pie IX, qui se passa au Vatican en mai 1862. Un jour, y.int un visiteur qui demandait à voir le Pape, mais n'avait pas de lettre d'au· dienœ. On lui refusa l'entrée des antichambres. Il insista extrêmement, sous le prétexte quJil avait un secret à commun~quer au Saint-

Père. On le con,uis:it donc l travers la salle des Suisses, celle des gardes-nobles, et on l'introduisit dans l'antichambre des camérJers. Mgr IP.acca éta,it de service. U renouvela sa demande devant le prélat et supplia qu'il 1~ laissât pénétrer auprès de .Pie IX. rLe camérier se rendit alors chez le Pape, qu'il trouva agenouillé sur son prie-Dieu. A. près s'être arrêté quelques .inslants, et voyant que le iPape ne se levait pas, Mgr Pacca s'ap.. procha de lui et lu·i communiqua Je déstr , .l:. visiteur. Pie IX répondi.t ces mots de 1Evangile: - Laissez les morts ensevelir les morts. \Le prélat, ne sachant ce que celte réponse signifiait, croyant que le Pa.pe ne l'avait pas cofTIIPI'is, répéta ce qu~il avait dit. Alors Pie IX, plus explicite, repartit sa-ns se lever: - Je ne donne pas audience à un mor!. Le camérier, ne comprenant pas, se ·retira. Arrivé dans l'antichambre, il vit plusieurs personnes qui entouraient le vi•siteur expirant. n avait sur lui un poignard et un revolver chargé. Une apoplexie foudroya-nte l'avait f.ra~ppé au moment où IÎ1 allait assaS'siner le Pape.

0 CU'RIBUSE ·EN11R<EPIR1SE ·PB.MllNINE Une dOOl<liseHe .aogla•i·se, mLs.s Harrisoo Bell, s'est rco~lètemettt !VOuée à l'exploitation d'mte gl"an.de [enne, où elle ~ève des quantités de IVOla.i.IIes d.i.rvttses avec un plein 9U.C· cès. El!pei1Ie en matlière d'agricu.lture et d'~ levage, lla ~ermière tait prospérer son entreprise avec le COO.COUJl">S de 20 femmes ou jeunes f.illes, œr, à la ~erme de Welwyn, il n'y a pas un seul lhomme. ·.Miss Hanûson Betl a ~claré! que si· une femme v.e ut ll'éuissiT ~s les affaires, elle idQit: a.voilr des idœs, mettre la main ~ la !Pâte, ne pas porter de blouses de ~antaisie pour itTruvailLlea-, •ne pas commencer sa besogne ~Qll"d, •Se dilre qu'il es't stupide dOUblier de raocommoder ·seS~ bas quand les troUIS 1()111 encore !(leMs. Trruva:il et- économie, telle est la fonnule d'e sUIOCès de 1a fermière de Wei·

wyn.

Graisseur d'âmes c A Emile N ... , graisseur à Ivry. • Il y a des gens qui voUKkaient C01maîb ~· un saint. Moi, d'en connais un! ... Il n 'a ni la .peau anémiée, ni yeux blaucs, oi manteau violet; il ue brandit 1Pa9 U4le fleu·r de liB au bout d'un mandle à balai. Il n'est rmême pas chauve, comme on s 'obs· !ine - je n'ai jamais su pou:rquoi - à re· présenter S. 'Joseph. · NQl!lo. :. il n'a rien de tout cela ... rien du saint moderne classique. Powrfant, c'est un saillit tout de même.

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Il porte de larges culottes achetées à la Samaritaine.. . pauvae Sarmaritaine!... Ses reins sont ceints d'une lOillgue ceinture rouge. . . celle-là adtetée au Bazar de l'Hôtel-de· Ville. Ses chausS~M"es sont épaisses et nationales. Et ·ses cheveux, en brosse. Comme profession, il esl simplement graisseur dans urne usine de boîtes à conserves. Cbaque jou.r, il se lève à 6 h., entend. la messe à 6 h. '/, dans sa .paroisse, UJile pauvae égj.ise de butbomg, ancienne usine elle-même, et il y communie avec une foi d'enfant. Buis, ayant fait sa provision de bleu et d'amowr ... ceriain d'aimer et d'être infiniment aimé, ce qu.i, pow- lui, est !\unique chose, il. déjeune s.ur le pouce et s'En va à l'usine. t:J...à, il graisse .. ..

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Il gll'aisse d'abord sa -Majesté... je veux dire la machine principale, puis les machi· nes-outils, puis les outils. Quand il a fini, il rrecommence. Il n'y a que lui qu·i· n'engraisse pas, el rPOurtant, il est maigre comme un cent de clous. Il aime beaucoup soo métier. PM:fois, .il rencontTe le patron, et il lui dit: c Je suis bien pli.IJS heureux que vous! ... J'ai ici~bas beaucowp moins de tracas dans la

tête, et je ferai là~hau t plus facilement rn salut. .. » Il aurait pu monter en grade dans l'usio ga~er davantage. Il a toujowrs refusé; gratsse lui <SUffit. Il a une manière à lui de la battre, de faire blondir, de la rendre aérienne. QJXall!d une machine crie, et elle crie pa11 qu'elle souffre, il ro'lllii l'adoudr et la c, mer: - .Patience. ma bonne grosse( ... tu bientôt mieux. . . ie vais t'en mettre •une ne provision . . .. Et amoureu~ement, avec sa palette, il lubl fie les arbres d1acier et les tiges .... Patio où il y a uu frottement, il glisse une go d'huile et, a:vec rune plume, il étend sa pro, sion â·u squ'ruux tout petits ... petits engre ges. Une maChine graissée par mon saint une machine bénie qui semble devoir dut touaowrs ... toujours. Mais, il ne graisse pas seulement les I1i chines, il grrai·sse aussi, et surtout, les â D'abord, par son exemple: il est toufo content. - Tu gâtes le métier! lui crient certai oUMriers. - Mais toi, si tu étais pakon, n 'aimera tu pas que ces machines, qui coûtent si Ch et qui sont la condition de ton travail, fu sent bien grais•sêes? - Tu devrais, au moins, demander l'augmentation! - Demandes-en, toi . . . tu as femme et e fants·. . . . J'appuierai .ta demande si elle juste. :Moi, je suis seul, et ce que je gag me suffit. Il assiste tranquillement à des palab d'un bokhévisme intense; puis, d'un mot bon s611S, clair comme .un :rayon, il ren bien des choses en place: - Croyez-moi, mes amis, • il {aut touoou une tête». Vous connaissez f ancieMe, êtl vous si sûrs que l'autre sera meilleu.re? Chacun .de ses acles, chaCUllle de ses pu les est un ibaume et une détente .. . . . n est !''huile, [amais le vinaigre.


66 L'autre soir, le dltômage excitait toutes les têtes. n_ expliqua que œ chômage, exploité par des JOurnaux qui en vivent, avait des causes indépendantes de tou.t le moode et que faire du désordre dans la rue, ne !faciliterait ~une­ ment la reprise des alfaires. Ces derniers jours, il apprend qu'on prépare • un coup •. Quelqu.es fortes têtes doivent voler tous les lapins du contremaître, et même la cai:sse, si c'est possible. Plusieurs jeu.ne.s gens se sont lai!>sé entraîner. II les .prend en particulier. . . il les fait dîner avec lui et, au nom de leur éducatioo et de leurs familles, il les ramène et leur dOO!Ile l'horreur de ce qu'ils allaient commettre.

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Quand ses hwit heures sont finies, le graisseur monte voir les camarades malades leur Œ"end les services qu il ·peut humhl~ment, simplement, faisant les commÎssi011S comme une petite Oblate. Et si la 11110rt approche, il devient l"a·gent de liaison entre le prêtre et le moribond; il a des trouvailles de cœu.r pour faciliter les sacrements et remonter les courages abattus. Il n'aime pas seulement po1llr amener à recevoir les sacrements. Il aime, même si on ne les reçoit pas, et il prie particulièrement poux ceux-là. • Il aime » • . • tout collii't. Il est le hon pat1Ium de cette bonté immense qui s'appelle le Christ.

& Péi!I1fois, on le remercie .... Tout arrive! Alors, il répond: - Mais, je ne fais .rien d'extraordinaire! . . . Le bon Dieu a voulu que ïe sois graisreur, alors je graisse pour que tout aille bien autour de moi. - VolliS devez même souffrir devwt un mal auquel vous ne pouvez rien? . . . « - On peut toujours quelque chose! » . .. Et quand on l'en·vie: - Mais, n ne dépecd que de vous d'être heureux comme moi. Allez le prier, ·Lui!. .. n fut le premier oU!Vrier. . . . c Il est • doux

67 et humble de oœwr • . . . Il a dit des pa.roles cie si profond amour: • Venez à moi, vous !ous qui pleUŒ"ez . . . vous tous qui peinez, et Je vous consolerai • . . . . Et, 'VOUJS le consta-terez ·vous-mêmes: damais on ne sort d'une ég~ise sans ~!:re récooforté. Alors moi, jy va1s tous .les JOurrs. Aussi, oe vous le répète: Si les gtraisseurs d'~il!le n'ont pas de patron, ije crois que Dteu. leUll" prépare uo,!. . . dh! • en douce • natUireLement... comme on dit à l'atelier' rnai•s c'est la pro.fes·sion qui veut cela. . . . ' Pierre l'Ermite. ,..,....._ .

.... ______ Le cœur de Joseph de Maistre -- ---- --~

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(A .PROPOS D'UN RECENT CENTENAIRE) Il n'est pas trop tard pour ,parler encore de lui, et si quinze jours c font d'une mort récente une vieille nouvelle •, cent ans n ont .pa-s tfait de Joseph de Maistre un mort. :Pou!!' parler de lui comme il l'eût aimé, nous irons jusqu'au fond de son cœu.r. On sait quel père il fut, et combien c•ni lu sa correspotl'd·ance avec ses eniants, OLr il s 'efforce d'aider leur mère de loin à former leurs âmes. Mais ce .que l'on connaît moir.1s, c'est la place que tint Mme de Maistre dans sa vie. Ils se complétaient l'un et l'autre merveilleusement. Telle qu'il avait rêvé une épouse, Dieu la lui donna; et ce serait une injusiiœ que de ne pas honorer avec lui la mémoire de celle qu'il aima le plu.s au monde. Elle avait nom Françoise-Marguerite de Morand. La veille du mariage, il avait écrit à son ami Costa de Beal\l'I'egard: • Le mariage, pour lAilomme tant soit peu sage, se fait comme le salut, avec crainte et tremlhlement . . . Mon occupation de loUJS les instants sera d'imaginer tous les moyens possibles de me •rendre agréable et nécessatre à ma compagne, afin d'avoir tou.s les jowrs deIVan! mes yeux Wl être heureux par moi. Si quelque cltose l!esseniJJ.t!l à ce qu'on peut ima-

gïner du ciel, c'est cela! • Dès le iendemain, et pour toute sa vie, la crainte et le tremblement avait dis.paru. Mais il ne s'était pas tr01mpé. Quelque chose commençait, qui pour tous les deux devait ressembler gusqu'au bout à ce qu'ils pouvaient imaginer du ciel. Il avait découvert ce trésor que l'EspritSaint n'a pas craint de n'OIIImer la p1us rare et la rneilletl!l'e chose de la terre: • Qui trot.wera une femme forie? Elle est plus précieuse que ce qu'on apporte des extrémités du monde. Le cœwr de son ~oux se cocrliera en elle; elle ne manquera pas de richesses. Tous les jou.rs de sru vie, elle lui procure le hietl! et damais le mal.• Après vingt ans de mariage, Joseph de Maistre écrira de celle qu·il surnommait dans .'i,ttimité • Madame Prudence •: • Le contraste eutre nolhS deux est ce qu'on peut imaginer de if>lus origi:nal. Moi, je suis, comme vous avez pu vous en apercevoir, le séfiateur et surtout je me i'êne fort peu pour dire ma pensée. Elle, au contraire, n'affirmera jamais avant midi que le sDleil est levé, de peur de se com!P'l'omettre. Elle sait ce qu'il faut faire ou rue p~s lfaire le 10 octobre 1808 à 10 h. • du m., poull' éviter 'u n inconvénient' qui, autrement, arriverait dans la nuit du 15 au 16 mars 1810. - • ·Mais, mon cher ami, tu ne fais attentioru à ll'ien, tu crois que personne r1e pense à mal. •Moi, je sais, on m'a dit, j'ai deviné, je prévois, ie t'avertis. - Mais, ma chère eniant, laisse-moi donc tranquille, tu peros ta peine, 1je prévois que je ne prévoirai jamais, c'est ton affaire • . . . Elle est mou supplément, et il anive de là que, lorsque je suis garçon comme à préseut, je sou!fre ridiculement de me voir obligé de <penser à mes affaires: j'aimerai mieux couper du bois. A:u slll'!Plus, Madame, j'entends avec rtl:lll extrême plaisir les louanges qu'on lui donne, et qui me sont revenues de plusieurs côtés, sur la manière dont elle s'acquitte des devoirs de la maternité. Mes enfants doivent baiser ses pas, car pou• moi ~e n 'ai IP~S ce talent de l 'éducation. Elle en a un que je regarde comme le hwitième don du Saint-Esprit. C'est celui d'une certaine persécution amoureuse au mo-

yen de laquelle il lui est donné de toumtenter ses enfants du matin au soir, pour les ,faire s'abstenir et apprendre sans ·cesser d'être tend!rement aimés. Comment fait-elle? Je 1 ai touüours vu sans le comprendre, car poll!l' moi je n'y entends rien. • Œ..a citation est longue. Mais y a-t-il un meilleur moryen de ~aire connaître l'épouse que d'entendre le mari? Mme de Maistre sut atteindre 11héro!sme. Fugitive devant la Révo!Jwtion, elle tint tête à la misère avec le même calme intrépide et la même assurance qu'il opposai.t awc: faux dogmes de 1789. Elle a vait éCh~ppé à travers les plus ·g rands dangers, aux baLes et aux prisons jacobines, mais par quelles épreuves elle dut passer! • Mon père, ma mère, mon frère, ma sœur, élcrit Constance de Maistre, oot vécu quatre ans en état d 'émigration, d 'une pe· tite somme de 3000 lfr., sau.vée de la confiscation jacobine. Ma mère faisait la cuisine, ma sœur \balayait, mon frère portait un petit panier· de charbon pour le pot-au-feu joUŒ"nalier. Toute cette sl!ricte économie alin de ne pas faire d'emp.runt. Ma mère en était à son dernier loui·s, lorsque mon père fu~ appelé en Sardai~e. Lorsqu'il partit pour Sl-Pétersbourg, il savait qu'il pouvait se reposer su.r elle, et lui laisser en garde la traditioct de sa famille à maintenir et à perpétuer. Avec quel génie du cœur Mme de Maistre y réussit, lui-même en rendit le plus beau. témoignage: • Crois-tu, demanda-t-il un jour à Constance, que j'aurais beaucoup d'obligations à ia mère, si elle avait composé un roman, au lieu de âaire ton frère? Mais c bire ton frère •, ce n'est rpas le mettre au monde et le poser dans son berceau. Faire lon frère, c·est faire de lUiÏ un brave Jeune honune, qui croit en Dieu et n'a pas peu.r dru œnoo.. • Il devait écrÏire dans les • Soirées de Stt.Pé!ersbouog • : • L'homme moral est iJ>CUt-être fmmé à dix ans, et, s'il ne l'a pas été sUll' les genoux de sa mère, ce sera toujours un grand malheu•. Rien ne ,peut remplacer cette édu.cation. Si la mère surtout s'est fait Ull! devoir d 'imprimer


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68 profondément sm le front de son fils le caractère d!iJVin, on peut être à peu près sO.r que la main du ·vice ne I"eJ!fu.cera. ùamais. ~ Ces lignes ont un toUJr abstrait et UJlle portée d'ordre général, ma is qui ne sent le philosophe s'ëmoo.voir à les écrire? Il pense d'abord à sa mère, qui venait, la prière dtu soir terminée, l'endonnir à la musique incomparable des vers de 'Ra!cine. Puis limage de :Mme de !Maistre se lève, et pendant qu'il cherche du regard une maison inconnue à l'a·utre bout de l'Europe, peut-être le mot des Saintes Ecritures a-t-il dhanté dans son .cœur: Pa·rs bona· roulier bona! La bonne part est une bonne femme! Antoine LEST'RA.

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Le grand orgue Qui3Jnd le devnier fidèle ,fut pa.rti .... Quand j'eu,s, au loin, perçu le br·utt <'.e la dernière !pOrie, se fermant sur le clermer bedeau . ... Aiors, à tâtons, je suis allé dans ma grande, d!allJS ma blmche église, où la lumière semble ne namais tout à fait mourir ·l a clarté laiteuse de la lune y filtre par un vitrail, se brise à l'arête d'un dhapiteau, coule Je long d'ooe colonne, s'étale, glaciale, s ur la dalle .. .. L'église est comme fa111tomale. ll.à-haut, dans le mystère des voûtes, Lui, domine, tout-puissant. ~ Je le distingue, comme on distingue oo beau régiment dans l'ombre.... Ses ll a,tts tuyaux sont alignés, tels des t:ano,Js qLti viseraient le ciel. . . . Du fond de sa masse énorme, il semble observer ce que je viens fai,·e à cette heure insolite. .Et je lui dis: C'est ton jour demain, ô orgue!. . . Es-tu. prêt .. . ? Es-tu prêt sur ton clan ~r ., . ~an,-; les mille détours de tes tr-ansmissions ... ? dans les tul}'aux profonds où rouleront les tonnerres de tes accords .. . ? Ton moteur esl-il au !JOint ... ? 0

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Je tourne un bouton et la lun1ièœ ruis. selle. II semble prêt, l'orgue. Tous ses t.wyaux étwcellent. Tous ses bois sont blonds et ôrés. Les toudtes d'ivoire appellent !a carc·~sc ou la fonce impérieuse des doigts. Comme les soldats, dans le • Rêve ~ de Delaille, les violons, violOI!lCelles, harpes, contrebasses, ch~wiement enveloppés dans lell!"s couvertures, reposent, ou•v riers de la même œuvre, les uns co111tre les a-utres, tous :tppil· yés .coo.tre le grand frère, attendant l'heure du réveil en fanfare. Et, sous les voûtes, semblent flo tter les âmes mystérieuses de toutes les harmonies prêtes à se précipiter au premier signal, dllls l'atOil!ie des sons, d'y éveiller la vie, d'éclater dans les trompettes, de chanter Jans les fifres, les hautbois, les cors et de pleurer dans la voix humaine ... . • Omnis creatura ingemi•s dt .... ~ Oui, il est prêt, l'orgue! J'éteins l'électricité. Mais, comme une mère regarde son enfant, je le contemple encore, lui , voix, cris, et ton: • nerre de tant de choses, s'endo11mir0 solennet, dans le lfepos de la nu,it.

Enfin ... le pâle jour est venu, cadre brumeux de la plus cllaude des •h armonies. L'orgue s'est réveillé au bruit de ses serviteu.rs. Pendant des heures, il a vu les préparafifs du combat, l'église s'emplir, les lumières du sanctuaire s'allumer. . . . Puis deux grands coups de !hallebarde . .. c'est l'évêque qui entre. Alors, le maître est venu, et l 'orgue s'est offert: • Que veux-tu de moi ... ? ~ Ef il frémissait sous les doigts encore lointains, cernme piaffe un cheval de san•g .quand un fin cavat.ier rassemlble les •r ênes. • Ce que je veux de toi, ô orgue ... ? d'a· bord, q·ue tu écoutes. ~

Un ;prêtre, en effet, vient de monter eo

chaire pom préciser le ·sens de la cérémonie. En un langage mrugnifique, il montre que t'orgue est la symphooie grandiose de toutes )es voix du ciel et de la terre, de toutes les douleurs, de toutes les espérances, de toutes tes prières. Il dit que l'Eglise l'aime, cel orgue, et l'honore .... 1E1le voudrait que tous les organistes soient des âmes de tumière. . . quïls aien'l le re!>!pect de l'encens d'harmonie qui s'élève entre leurs doigts ... conscience 1de ce qu'ils doivoot éveiller ou endormir dans les cœurs. . . . Elle 'Voudifait que tous ceux qui chantent à la tribune comprennent la beauté de ce qu'iis disent, et le disent avec .fierté et distinction. . . se sentant l'expression de la foi séculah·e de toute leur race.

fj Il rappeUe que tout dans la nature chante ta gloi'fe de Dieu, le murmure de la forêt, le

mugissement de la tempête, le ibourdoonernen1 de l'insecte, les mélodieux c nocturnes ~ du rossignol. Et aussi l'âme humaine, moins éclatante, mais autrement pui&Sante et chaude et honorante, parce que libre . .. -l'âme humaine, violon vivant, qui vi:bre sous le COUIP d 'archet de la douleur et de l'amour. . . conque sonore où aboutissent le cri de toutes les ·révoltes et le sanglot de toutr.s les prières.. . imploration suprême, yeux levés, mains tendues de toute la pa.uvre humanité. ·Mais la voix de la nature et ia voix de lâme ne suffisent pas . .. elles ne sont pas louJours là. . . pas tou~ours prêtes ... . C'est alors que l'orgue est né ... l'orgue, synlhèse, amplification, magnificence de toul . . . l'orgue, voix des pierres, cris muJûples et opposés comme les tons des verrières ... 1orgue, voix de la terre, des enfers et du ciel... . • Magnificat anima mea! . .. Dies ira!, dies ii la!. . . Te Deum laudamus! ... ~

~ Mais là-haut, l'orgue s'impatiente, il ne peut plus attendre .... les doigts du maître se sont maintenant ;posés sur lui .... C'est

son tour, son 'heure. . . sa minute sacrée .... c Veni Creator! ~ .... 'Les voûtes s'erll!plissenl, les verrières frémissent entre leurs a-grafes de plomb, les cœurs toquent plus fort dans :es poitrines, les m:J.ins devieruo.ent febriles . . . certains yeux se voilent de larmes. Après être montée, très haut, l'harmonie s'étend et plane ... . L'Hostie vient d 'être érigée là-bas, sur l'autel . . . . .La voix de l'orgue alors redes·cend. Elle rampe comme le tapis du temple; elle se soulève comme un esclave; elle ·se dresse doucement comme oo. brin d 'herbe; elle s'incline avec grâce et fraîCheur comme IH!e jeune fleur endiamantée de rosée; elle se lève comme des mains implorantes; elle scande ses accords ... oo dirait un• peuple entier qui marque le pas devant la Divinité .... Désormais, r ien ne le retient plus! Sous les ailes g·r andes ouv~:tes sou~ile le vent de l'immense espace. L'assistance est debout .. . . • Gloria in excelsis Dea! » ••.

0 Ce soir-:à, à la même heure que la veille, je suis aHé le revoir, moo grand orgue . Je voulais le féliciter .... Il é!ait là, très calme dans le royaume du si lenœ. Le ciel entrait par la même verrière. Mais le rayon de l"astre des nuits illumi· nait tout le haut de la tri'bune, comme s'il avait 'Cherché le maître, et, ne le trouvant plus, ba isait au front son instru.meat magnifique, pour lui dire c merd~ de la part du Dieu qu'il avait si hien chanté . ... Pierre l'Ermite.

Les oiseaux et l'agriculture -

.-

!!'

Nous sommes à l'heme du renouveau: les pLantes entrent en pleine végétation, les arbres portent le!B's fleurs, promesses des fr:U.Îts; la récolte de l'année se prépare dans les


70 charmps, les prairries, les vergers, la vigne, les bois et la foret. En même tempsJ les insectes vont pulluler par myriades, ennemis, avec les rongeUJrs, de la récolte doot ils poœrsuivent la destr.u.ction ijusque dans les greniers. Mais c'est aussi la .saison des nids et les oiseaux voot enbrer en chasse poul' protéger les biens de la terre contre leurs déprédations. L'oi•seau n 'a pas été wüquement créé pour égayer de ses dhanils la natu!l'e, il a une mission bien autrement importrote à -rempliT. Il est l'auxiLiaire vigi~ant, inl!atigable de l'agricultuœe qwi toujoll!l's ne le paye pas de retoUT, taJnt est grande l'imprévoyance humaine. Sans l'oiseau, auCUJlle agriculture ne serait possible, en détruisant les insectes et les petits ll'ongeurs, il fait un travail que des m_illions de mains d'hommes ne feraient pas de moitié au.ssi hien et aussi eomplètement. Qui, pa·r exemple, hors le petit oiseau, pourrait gllletler et saisir le charançon, long de cinq millimètres quand, au milieu d'un champ de blé, il s'apprête â déposer ses œ!Lis dans les grains en formation? Aussi n'eske pas. sans raison ou'on a surnommé l'oiseau insectivore c l'ange- gardien de l'épi de blé » de ce bel épi de blé qui nous donne le pain quoîidien. Chaq11.1.e végétal nourrit au moi111s six espèces d'illlsectes, ce qui !fait, en adoptant le cal·Cul qui porte le nombre des espèces végétales â 120,000, qu 'il peut bien y a,voir sur la surlace d~ la terre de 7 à 800,000 espèces d 'i·nsedes. IPll!r contre, on évalue à 350 environ les espèces d 'oiseawc qui pondent dans notre pays. Mais toutes nq sont pas également utiles à l'agriculture; il y en a même, dans le nombre, qui lui Jont beaucoup de mar, non p~s d.iaectemetllt, en atlaqUJafllt les récoltes, mat.s indirectement en détruisant beaucoUIP d'OIseaux chasseurs d'insectes. Presque tous les oiseaux de proie diwnes sont, pour cette raisou des êtres malfaisants, tels &ont, entre auU:es, le lfauCOIIl, le hObereau•, l'émerillon, la crécerelle, l'épervier, le milan, l'autour, le buzard'. Seules méritoot qu'on ,fasse 1\lfle exception hoooratble en leur faveur la buse commune et la buse bondrée, dont chaque indi-

vidu d~vo:re attm.uellement près de 6000 souris. tParmi les oiseaux de proie nocturnes, le grand-duc est -véritablement seul à :redouter. Quant à la dt011.1.ette, alli hilbou, au scops, à l'eflfraie, etc., que l'ignorance poursuit sotte. rrœnt comme oiseaux de mauvais augure, le cultivateur devrait les héni!l', car, mille fois mieux que les chats, ils lpOwrsuivent les rats et les sowr~s dans les granges et les g•reniers, et, danSJ les champs, ils détruisent d'innom. hrahles quantités de campagnols, de mulots, de loirs et dé lérots. Notons encore que, ldans la saison des hannetons, toutes les espèœs en font le!kr principale nourriture, et qu'enfin seules, avec l'engoulevent, elles peuvent faire la Chasse ll!UX papillons noctllfiles et aux insectes crépusoulaires. 'La pie, le geai et la corneille noire sont généralement considérés, et souiVent avec Œ'aison, con'Ulle nuisibles et cependant il fau,t inscrire i l'actif de la pie qu'elle dlasse vigoureusement Les larves qu'elle va chttcher jus. que dans la laine des moutons et sur le dos des vaches, où elles forment des ttllllewrs sou. vent volumineuses. 1Le corbeau non plU!s ne mérite pas tout le mal qu'on eo dit, c'est lllll grand destructeuJ de lombrics, de la:rves, surtout de vers blancs. La corneille mantelée ou meunière, le freux ou corneille moissonneuse, le choucas ou petite corneille des cloc'hers son.t wssi des oi· searux éminemment utiles. Il en est de même de la corneille bleue, qui se plaît sur les 1as de gerbes au moment de la moisson et se no·urrit uniquement de gros insectes et de sauterelles. .Parmi les oiseaux des autres lamilles l'alouette le moineau, le brunat, la JIIé. sange: le friquet, le pin.son, la linotte, le bouvreuil le loriot, le tarin, le chaTdon.neret, le verdi:r le sansonnet etc. soot à double ali· ' camicorres' et 'insedtvores, lliUISI.. merutation hles sous' le premier Tapport, utiles sous le second. Mais tout compte fait, la scxmme des avantages l'emporte sur celle des inconv6nients. D'ailleurs ils fOOJt surtout ·une grande consoinmation de fruits sauvages et de grai· nes de plantes inutiles, pado1s même nuisibles à no9 cu.Jtures. Un de ces oiseaux sus-

pects, le moineau, notre vulgaire pierrot, le plus mal famé de tous et qu'on· regarde généralement comme un efuonté pillard, a été ,.&ahilité et on l'a ra.ppelé 1à où on l'avait pdis traqué et même mis sa tête à prix, comnJe en Hongrie, en Prusse, dans le pays de Bade et dans plusieurs parties de l'Angleterre. Les pigeons eu?C-mêmes, 311.1Ssi hien les sauvages que les domestiques, illlous rendent dïncontestrubles services, car, s'ils ne détruisent pas d'imlsectes et s'ils font <!JUelque dommage au temps des semailles, ils cousom· JOOD.l, pendant le reste de l'année, les graines de la nielle, du bluet, de la vesce sauvage, plantes très nuisibles aurx: récoltes, et surtout celles de !"écule, qui sont vénéneuses ec que les autres granivores ne petWent manger impunément. Ces oiseaux doot n<?us venons de dOOJUer [énumération, forcément incomplète, nous !ont payer w peu leurs services; au contraire, ceux qui sont exclusivement insectivores, nous les rendent gratuitement, tels sont les grimpereaux, les pics, les hirondelles, les faurettes, les rousserolles, les poUIPillots, les culP blancs, les grives, les traquets, les bergeron· nettes, les hochequeues, les rossignols, les roitelets, les coucous, qui notamment détruisent les chenilles velues que ies autres oiseaux n 'osent attaquer, les troglodytes, les engoulevent·s, les rouges-gorges, etc. Vhorrune, en reconnaissance du bien qu'il en reçoit aurait dû prendxe les oiseaux sous sa protection spéciaJe. Loin de là, c'est lui, c'est l'aglficultellll' :très souvent qui est leur ennemi le plus impitoyable. On ne saurait se laire une idée de la quantité de petits oiseaux - c·est par centaines de llllille - qui se détmit chaque année et, par suite des monceaux de blé, de fruits et ~ pièces de vins dont notre reco1ie est diminuée. Nos campag-nes se dépeuplent d 'oiseaux, 1e mal est grand, un JOur, qui n'est peut-être pas loin·, il sera sans remède. Robert DBLYS.

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1Une ·vie oisive est une mort anticijpée. Gratry.

Variétés =

PROFA!N ATEUR PUNI oLe Jait !apporté .par les qournaux italiens n 'a pas manqué de pro·voquer une émotion bien compréhensilb:e dans la contrée de Florence où il s'est prodiuit. Un vigoureux jeune homme de 24 ans, du nom de Oiacomelli, se prorrœnait accompagné de son chien., aux environs de Orespiruna avec un ami. En pas,s ant devant une :ima·g e de la Sainte Vierge encastrée dans une mUII'aille, celui-ci se décoUJVrit respectueusement. Oiacorrœlli, au contraire, voulant faire l'esprit fort, se raillait de son compll!gnon, pr.i t son chien et lui Irotta le museSJu contre la Sainte Vierge. Mais à peine ava.it-il accompli cet acte sacrilège qu'il resta fixé sur place sans pouvoir faire un mouvement. Tous les efforts de soo ami et d'autres personnes pollil' le tirer de cette situation fuJrerut ·vains. Il ne resta rien à Œaire qu !à trans,porter le malheureux ~ son domicile. Les médecins, entre -autres le docteur Boggi de Fwglia, purent enfin., après oplusiems heures de peines, ramener le mouvement dans les memJbres engourdis. Mais alors se produisit un aufre phénomène: Le profanateur commença à pousser des aboiements q.ui ne s'arrêt>aient ni jOlli, ni nuit. Un grand nombre de personnes se rentdirent devant la ma,isonl pou.r entendre ces cris étranges et être témoin de ce terrifiant spectade. Le libéral , Corriere della Sera" qui racon-te cet ~véoement ajoute Cl!Ue les personnes de foi y voient une punitio!l' d' En-Haut, tan· dis que d'autres ne veulent le considérer que comme un eas cU'rieuoc d'autosuggestion. De quelque nom que J'on désigne eet éiat pathologique, il est difficile de n'y pas recomaîlre le doigt de Dieu.

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~ Il y a longtemps q u'un des maîtres de la morale antique l'a dit: « ,r.;'esprit des enfants n 'est pas OO )Vase que nous ayons â remplir; c'est un Œoyer l'}u'il lfa:ut éChauffer. ~


~upplém~nf du

, Le Jeune Catholique"

3Vo 5 de ,f &cole,, (19~1)

Le Quinquet

Nid bouleversé

Que diriez-vous d'un lhomme qui, en plein midi, alors que l'astre du ~our ver·se à flots S'li lumière, se renfermernit dans sa demeure tirerait ses volets, clôrait ses fenêtres . .. puis' une fois la nuit faite, afl.umeraLt une bougi~ pour lire ou éarire? Vous diriez sûremen1 et avec raison :que cet homme est un fou. Voilà œpendamt ce que font tant d'hornmes de nos 1jours. Depuis qtte le Chri·st est des.cendu au milieu d~ nous, ·il a fai·t la lumière dans les ténèc bres d 'id-bas. Son ·Evangile !brille, au sein de l'humanité, et verse sur ~<>'.t1es choses des ~plendeurs sans pareilles. Pour voir clair désoJmais dans les mystères de la vie et da.ns cewc d 'outre-tomlbe, noUJs n'a.vons qu/à ouv.rir les. yeux. rMême au point de vue naturel, jamars liant de lumière ne s 'est vue en ce moude. [.a ~oi, JPOUII' quicon:qjlle le veut est un 1 so1eL'1 resp.endi· s sant, éclairant dr ses' feux les plus lointaines pénombres. Et ~voilà qu'au milieu de ces flots de spleudeurs, en pleine irradiation de lliJJllière, des ~ommes, de ·~arti pris, renoncent à ce foyer tncandes·œt:Jt, tterment leur âme à ces vi v;f;anles clartés, boument avec soin toutes les ouvertutres par où poUTrait leur venir qudque rayon du 5olllr et c'est au Véllcillant, au tremblotant quinquet de la pauvre raison humaine qu'iJ.s demandent le secours de sa lumière. Et on leSt voit, â. son maii.re et fumeux ray~nement, lnaJI'C!her à tâtons, à travers les ténèlbres, se cogner, à chll'que instant dans l'ombre, à tou•s les obsta,cles qui s'offrent. C'est en vain que leu.r œil cherche à percer la mllit. . . la nuit est trO!P pmfonde et le quinquet trop fuirb le. . . . E~ s 'ils transporltt~t leU!!' lumignon sur des rpoinlts encore obsCUrs, c'est la nuit alo.rs :q ui descend sur ceux qu'il éclaürait naguère. ; · · 0 hommes, pauv!I'es myopes, pourquoi préférez~vous le quinquet au sol~il? ...

Vou·s ne connaissez rpas son histoire? Eh lbien! je vais vou·s la >raconter! Il y await une ~ois, voilà trente ans une aimalble, distinguée, sérieuse petite f~mm~, mariée vers dix.fuujt ans à un Jeune menuisier. Ce garçon aimait son métier, son beau métier de .bois, son métie.r propre, sain, parfumé comme les arbres, soyeu;x comme se<>

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll/11111111111111

Journal illustré pour enfants paraissant le 1er de chaque mois Conditions d'abonnement: (Suisse) Par an: 1 ab., 2 fr. 50 - 6 ab. et plus (sous la même bande) 2 fr. chacun - Pour 10 ab. le 11me gratuit - (Union postale) 1 ab. 3 fr. 50. On ne s'abonne pas pour moins d'un an. ~Je Jeune Catholique se publie en livraisons de 16 pages cha. cune (non compris la couverture) et forme ainsi au bout de l'année, un joli volume d'environ 200 pages. Pour s'abonner ou recevoir N° spécimen, s'adresser à l' Administt·a. tion du journal, Imprimerie Oelacoste-Borgeaud, Lausanne, auprès de la. quelle les abonnements peuvent se régler sans frais à son compte de chèque postal (II. 792). Voici le programme du nouveau recueil, tel qu'exposé par son fon. dateur dans le 1er No (janvier 1911}. Sion, Décembre 1910.

Chère Jeunesse des Ecoles,

Voici un petit journal fondé spécialement à votre intention. Son programme peut se résumer en ces trois mots :

Edifier - Instruire - Récréer Edilier, ~\'est-à- dire vous porter au bien et à la vertu par de sages conseils et de bOil.! exemples puisés dans la religion et la morale. Instruire, c'est-à-dire conserver et augmenter le petit savoir que vous pouvez avoir déjà acquis au sein de la famille ou sur les bancs de l'école, grâce i vos chers parents et i vos maîtres et maîtresses capables et dévoués. Récréer, c'est-à-dire mèler l'agréable à l'utile pour vous faire trouver, après le !.ra· vail, un délassement honnête et permis, une récréation saine par une lecture appropriée à votre âge et à votre intelligence. Tous, jeunes garçons et gentilles fillettes, qui maintenant savez lire, vous regarderez œ petit journal comme un conseiller, un guide et un ami sûr. ll a voulu s'appeler Le Jeune Catholique parce qu'il vous est particulièrement destin6 et qu'il s'adaptera à votre foi et à vos croyances. A ses côtés vous serez et resterez, toujoun et partout, des enfants aimants, soumis et respectueux de notre Sainte Mère l'Eglise, daDJ laquelle vous ètes nés et où vous voulez mourir. Ainsi, chers enfants, ce petit journal sera pour vous un aimable compagnon qui vien· dra tous les mois frapper à votre porte. Ouvrez-la lui toute grande et ne vous contentez paa de le bien accueillir, mais Làt;hez, en atLifs zélateurs et vaillantes zélatrices que vous devez être, de le faire connaître eL de le répandre autour de vous. Par là, tout en contribuant à Ulll bonne action, ce sera affirmer que le Jeune Catholique est venu à son heure prendre sa pla.ct au milieu de vous tous. Puisse-t-il l'y occuper toujours, s'il nous est donné d'atteindre le bol proposé. Pour l'AminiBtra;tion et la .Rédaction : P. PIGNAT.

COpel!UIX.

Sa femme aimait soo intérieur. Elle en Œit un nid très doux, y· me ttant d'abord l'essentiel, puis ces petits .riens qui St011t comme le velou1é d 'un foyer, le rendent attachant .. . petits rrieus que l'homme remarque beauco.ll[l, et !dont il sait silencieusement gré à la COTIJŒ>agne qui les tmurva dans son cœur. •Et rpuis, et surtout, ·ils s 'aimaient bien tous le~ deux. . . tou 1 plein, et :puis: en.core .. . . Dans la populeuse rue 011doo.er où ils ba· bitaient, on les plaisanta aussftôt. Ils eu tendirent. . . et continuèrent.

~ •Mais la première année, !a jeune fenune eut deux •jumeaux. Dans leur maison de six étages, ce !ut un ululement, mlais ~einté de commisération. - Pauvre deurne ménage!,.. quelle catastrophe!·.. VoUà quri. VO\JJS fauche toute une

vie! Evidemment, elle ne savait pas, cette petite ... ça .sortait de chez les Sœun . . _ on :ne lui a·vait pas fuit son édlutation . . .. Alors on ·résolut de la mettre au pa.s. .Le mari fui sermonné, le rpremier, pa!r la b1mdhis·seuse d'en :bas et la tr1pière d u coin. Le menurisier 1'egarda la bla.tOOhisseuse fixa la tripière, et, qu·an.d. elles eurent débité' leur bon~ment, il leur dit d'une voix tranquille: - De ,quoi vous mêlez-vous . . . ? Les femmes alor·s se Tahattirent sur la

jeune maman: -

Mrais votre mari esi

W1

mal:heureux! .. .


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