___,~upplémenf du ~o 5 de ,f &cole'' (1!)~1)
, Le Jeune Catholique''
Le Quinquet
Nid bouleversé
Que diriez-vous d"·Uil lhomme qui, eu plein n1idi, alors que l'astre du Jour verse à flots st lumière, se renfermerait dan-i sa demeure, tirerait ses volets, dOrait ses fenêtres ... puis, U{1e lois la nuit faite, allumerai:t une bougie pour lire ou écrire? Vous diriez sûrement et avec raison :que cet homme est un fou. Voilà. œpendant ce que 'font tant d''hom.u!A!S de nos jours. Depuis que le Christ est descendu au milieu de nous, il a fait la lumière dans les ténèbres d~ici-bas. Son Evangile !brille, au sein de l'humanité, et verse sur toutes chose$ des splendeurs ·&'!-ns pareilles. PoUT voir clair dé· so1'Itl3.is dans les mystères de la vie et dans ceux d 'outre-tombe, nous n'aJYons quà ouvrir les yeux. !Même au point de 'VUe naturel, ja. ma-is liant de lumière ne s'est vue en ce monde. La Œoi, !flOU!I' qukonqJue le veut, est un soleil resplendissant, éclairant dt> ses feux les plus lointaines pénombres. Et voilà qu'au. milieu de ces flots de s.plwdeurs, eu pleine irradiation de lumière, des hommes, de parti pris, renoncent à. ce foyer iucandes·cent, ~erment leur :lme à ces viv;fiantes clartés, bouchent avec soin toutes les ouvertures par où pourrait leur venir quel:que rayon du jour et c'est au vacillant, au tremblotant quinquet de la pau.vre uison humaine qu'Hs demandent le secours de sa lumière. E~ on les voit, â son maie".re et fumeux rayonnement, llla!I"Cher i tâtoos, à travers les ténèbres, se cog.ner, à chaque instant dans l'ombre, à tou-s les obstacles qui s'offrent. C'est en vain que leur œil cherche à percer la nuJiL.. la nu.it est trO(P profonde et le quinquet trop ~a~ble. . . . Et s'ils transporttnt leur lumignon sUI des :points encore obscurs, c'est la nuit alors :q!Ui ~d sur ceux qu'il éclaiTait naguère. · · · 0 hommes, ,pauvres myopes, pourquoi prélférez~vou-s le quinquet au solei:l? ...
Vous ne connaissez pas son histoire? Eh bien! je vais vous la raconler! Il Y a'Vait Uille .fois, voilâ. trente éltls, une aimable, distinguée, sérieuse petite femme, mariée vers dix.fuuit ans à un Jeune menuisier. Ce garçon aimût son métier son beau métier de bois, son métier !Propr~, sain, parfumé comme les arbres, soyeux comme se~
llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllm::lllllllllll:muu
Journal illustré pour enfants paraissant le 1er de chaque mois Conditions d'abonnement: . (Suisse) Par an: 1 ab., 2 fr. 50 - 6 ab. et plus (sous la même bande) 2 fr. chacun - Pour 10 ab. le tt me gratuit - (Union postale) 1 ab. 3 fr. 50. On ne s'abonne pas pour moins d'un an. ~e Jeune Catholique se publie en livraisons de 16 pages cha. cune (non compris la couverture) et forme ainsi au bout de l'année, un joli volume d'environ 200 pages. Pour s'abonner ou recevoir N° spécimen, s'adresser à l' Adminish·a. tion du journal, Imprimerie Delacoste-Borgeaud, Lausanne, auprès de la. quelle les abonnements peuvent se régler sans frais à son compte de chèque postal (II. 792). Voici le programme du nouveau recueil, tel qu'exposé par son fondateur dans le 1er No (janvier 1911). Sion, Décembre 1910. Chère Jeune11e des Ecoles, Voici un petit journal fondé spécialement à volre intention. Son programme peut sc résumer en ces trois mots :
Edifier - Instruire - Récréer Edifier, r.'est-à·dire vous porter au bien et à la vertu par de sages conseils et de b0111 exemples puisés dans la religion et la morale. Instruire, c'est-à-dire conserver et augmenter le petit savoir que vous pouvez avoir déjà acquis au sein de la famille ou sur les bancs de l'école, grâce à vos chers parents et à vos maitres et maîtresses capables et dévoués. Récréer, c'est-à-dire mêler l'agréable à l'utile pour vous faire trouver, après le tra· vail, un délassement honnête et permis, une récréation saine par une lecture appropriée 4 votre âge et à votre intelligence. Tous, jeunes garçons et gentilles fillettes, qui maintenant savez lire, vous regarderez ce petit journal comme un conseiller, un guide et un ami stir·. ll a voulu s'appeler Le Jeune Catholique parce qu'il vous est particulièrement destiné et qu'il s'adaptera à votre foi et à vos croyances. A ses cOtés vous serez et resterez, toujoun et partout, des enfants aimants, soumis et respectueux de notre Sainte Mère l'Eglise, dam laquelle vous êtes nés et où vous voulez mourir. Ainsi, chers enfants, ce petit journal sera pour vous un aimable compagnon qui vien· dra tous les mois frapper à votre porte. Ouvrez-la lui toute grande et ne vous contentez pas de le bien accueillir, mais !...'\chez, en actifs zélateurs et vaillantes zélatrices que vous dever être, de le faire connaître et de le répandre autour de vous. Par là, tout en contribuant à une bonne action, ce sera affirmer que le Jeune Catholique est venu à son heure prendre sa place au milieu de vous tous. Puisse-t-il l'y occuper toujours, s'il nous est donné d'atteindre le bul proposé. Pour l'JlministrtJtion et la Bédaction : P. PIGNAT.
copeau~.
Sa fe-mme aimait son intérieur. Elle en !fit un nid très doux, y mettant d'abord l'essentiel, puis ces petits riens qui soot comme le ve.Joulté dun foyer, le .rendent attacha11t . .. petits riens que l"homme remarque be.auco~, et ldont il sait silencieusement gré à la compagne qui les -trouva dans son cœur. lEt puis, et surtoLtt, ·ils s'aimaient bien tous le:; deux. . . to'UJf plein, et puis encore .. .. Dans la populeuse rue Onlener où ils babitaient, on les !Plaisanta. aussitôt. Ils ootendi.rent ... et continuèrent.
•
Mais la première année, 1a jeune femme eut deux oumeaux. . Dans leur maison de six étages, ce [ut un ululement, mais teinté de commisérafion. - Pau.vre âeoo.e ménage!,.. quelle cafAstmphe!. . . Voilà quu vous fauche toute une vie! Evidemment, elle ne savait pas, cet!e petite . . . ça sortait de chez les Sœ11ra .•. on •ne lui avait pas fuit son a!Utation ...• Alors on résolut de la mettre au pa..s. iLe mari tut sermonné, le .premier, par la b1andhis·seuse d'oo bas et la tripière du coin. Le menu:isier regarda la blanchisseuse, fixa la tripière, et, quand elles eure-at débité leur boniment, il leur dit d 'une voix tran-quille: - ne qooi vous mêlez-vous ... ? Les femmes alor·s se rabattirent sur la jeune maman: - Mais votre mari est 1\lD mallheu.reux! . ..
75 un row!. • • il va vous tuer! . . . Il faut vous mOntrer!. .. Car, ma pauvre petite, si on ne se doone pas du bon letqpS les ldix :premières années de son mariage, :quand s'en dOflnerat-o·n ? ... C est maintenant qu'il iaut ·vous $<aire ~ir la belle ICObe el. !e lbeau cllapea:u, et te théâtre, et les bains de mer. Les maris, c est comme les chiens, ça .se dresse. Rez.ardez autour de vous: la coufurière du premier? ... pas d'enfant! .. .t le dentiste du second?.. . pas d'enbnt!. .. La modiste du troisième s'en est offert LLII, mais au bout de huit ans de mariage .•.• Celle du quatrième en a ew UJil, •• il est mort. Elle !Ceste les mai'IIS libres! .•• Ce fut un assaut, une ~- ••. u aeune femme écoutait, run petit pli de dégoût awc lèvres, et, .comme réponse, elle eut, l'année d'après, ce qu ils désiraient tous les deux: une délicieuse petite lfiile qu/on appela Marie-Josèphe en souvenir du grandpère et de la grand-mère.
•
Alors, le scandale .s'étendit bourdonneusement .... Deux ans de mariage ... trois enfants! Puii quatre, puis cinq .... En :r6alité, œ fut bientôt une caravane. A vingt-newf ans, elle avait !hui>t enfants, trè$ viiVants, toUJjol!JIIs propres, bien habillés. Alors la critique ne connut plus de bornes. Cette fécondité devenait un intolérable 6Célnda!e ... un défi ieté aU! bon sens. Toutes les voisines sentirent monter en. elles une poussée de fiel protestataioe. 'Et œ fiel, eiies Je mirent en commun. S'il y avait ldlans l'escalier un plomb bouché ou un carreau cassé, c était, sans aucun doutè, un des gosses du c ménage d'en haut •. •.. Oh! ces sales gosses! . . . On tendit une ficelle devant leur porte. A l'école, les • uniques • des autres cherchèrent ~ en démolir quelques-uns. On dit une pétition au gé!Cant de l'immeuble pour les âete:r dehors .... Quand un des enfants avait une poussée de scarlaüne ou une rougeole, la revendeuse clamait élégamment dan's l'escalier: ...... Pal1b.eu .•. avec cette tripotée de . .. on aun un ~our Je dtoléra! ...
'Et lorsque, le dimanche, on les voyait bien tous ensemlble, partir à la grand' messe, ce qui était pour eux la poésie_, le coin de bleu. de la semaine, la grosse tripière· glapÎiSsait sur le pas tle sa porte: - Voill J'ex;pliieation!... c'est les CUif'és q·ui les nourrissent! ... Dan'! lJ. circonstance, les curé$ c'étaient Je. deux !bras ner.voux du travailleur et son brave patron de l'a'Venue de Clichy, Udl patriote, père_de famille lui aussi, et qwi avait dit au jeune papa: - T'inquiète pas... le meilleur tra:vail sera d 'abord !pOur toi! n y a de œla trente ans. Pendant vingt-cin:q ans, cette pelite femme fu~ donc la risée de toutes ses voisines. Je dis villg!t-dnq ans, et pas trente, car lu guerT6 est venue. Quand, à la voix dw canoo d 'alarme, la Patrie en. danger ap,pela ses enfants ... du petit logement du menuisier et kies deux chambresdortoirs du sixième qu?il avatt louées, descendirent six garçons pour s'engager.·. six beaux gars qui s'étageaient de 17 à ::!5 ans· . · · Ils allaient défendre, avec les autres, les foyers stériles :qui avaient haineusement traiti leUŒ" mère. Trois ne revinrent pas. !Jls donnen~ JâJba.s sous la terre de la ~oie sacrée, le\lll' sommeil de gloi!'e. !Mais quand, dOuloureuse et fière iœiniment, la mère en deuil passe, encadrée de ses surviNants dont la poitrine est iba.Née de décorations, la tripière, la blanclùs.seuse, et toute l'inféconde séquelle en robe courte qui fréquente ohez eux, les regardent en pensant «Tout de même, s'il n'y avait eu :que nous pour barrer la rou~e! . . . • Pierre l'Ermite. ~nt
Matin de Pâques Une femme heureuse... idéalement, infi· niment 'heureuse, c'est celle qu~ vien! d'jnspirer ces quelques lignes.
Elle avait (>resque désespéré de voir ce jOU!'. rEt elle l'a vu. . . elle l'a vécu; son ~ur été req>Li d'·une telle allégresse, qu'en Jermant les yeux, cette [emme pOWV'ait se croire en plein paradis, toute en une joie im• moose~ définiti'Ve, que ll'ien, ni personne, ne pouvait désormais lui enlever. en a
Ce jour ne .s'est pai levé sans une dure rançon. Elle l'a préparé d~ quelque VΫlgt ans .. · du UOU!C même de son mariage. Mélancolie des plus belles noces quand, prie-Dieu à prie-Dieu, on .remarque les ignorances, les ~auc!he:ries de celui qu'on rêv~t tant supérieur à soi, pour l'aimer sans Uille ombre, sans une réserve. Supérieur ... ? Alon. . . nou, son mari ne lui était pas supérieur. Il avait perdu la foi, si tant est qu'iL l'eût jamais possédée. Elle avait sombré dans ce passage redoUr table que doi'Vent tant préparer les manieurs d'âmes.. . . ~ ce moment où, dans l'iv.resse sourn.o1se des passions naissantes, le ieune nomme réagit • personnellement. sur les données l!'eçues c passivement » pendant les années du pau'Vre petit catéchisme.
fi
sa femme pariois à la rne&se, pour lui faîre plaisir. , Mais il s'y ennuyait ~iblement, surtout quand M. le Outré p.rêc!hait tr()J> longtemps. C'est IJ>OUII'quoi sa !emme ne lu·i· demandait presque jamais r-ieu:. , .Av~ cette nature entière, toute pression etait, d avance, une régression. Il ne pouvait Y avoir de sérieux qu~ooe plante qui pousserait dans de l'absolue libert6. Mais pousserait-elle œtte plante? Un beau matin de Pâques, sa femme la vera.ait-elle entin fleurilr ... ? Œ.a fieune fille remplit son âme du parfum de toutes le& verlus qu'elle aoqu:iert; c'est sa • :réserve • d'amOU!C powr embaumer la vie de celui qu'un gour Dieu lui donnera à aimer. De œtte jeune fille, la c réserve ,. était grande. Son amour l'a.nit augt01en!ée encore et comme pa~ de pitié. C'était tellement OOitliilaie de voir œt hom• me, parfait à tous les autres points de vue, aœepter cette iclériorilé, cette tare, de .ne point c~endre son impératif devoir religieux, le premier de tous! Alors sa femme prêChait par la voix douce de œtte prédication suprême, qu'est l'exemple silencieux. Maison !Parfaitement tenue ...• Bonne pOUiC tous, sévère pour elle-même mais d 'une sévérité que Dieu seul voyait, cet~ te épouse savait que si Dieu a fait les fleurs jolies, c 'e st - contre toute apparence _ pour q~ les femmes les offrent à leur maœ-i, ne serait-ce que powr voiler 1 emprise de leur apostolat. a la !Première Ueur, c 'était elle-même tout imprégnée d'oo bea·u et grand · christianisme intelligent et sCir. '
On ne conserve que œ qu'oo défend. Il n'aiVait r'Îen défendu. A quoi bon! J.a ·vie ne 'Venaît-e!le pas à lUii, la coupe pleine des plus magnifiques promesses? Premier partout, :reçu dans la plus intelligente société, il était de ceux qui n'ont qu'à jeter le moUJChoir. Et, par-dessus les po·upées de bal, .a l'avait jeté, ~ elle, sa femme d aUJjOU!I'd'hui. •Elle voyait nettement que c'était par la La jeune fille d 'alors avait même hésité à gaande nef claire qu'un homme, droit comme en accepter l'hommage, précisément parce que le sien., devait aller vers le tabernacle. .. la celui qui sollicitait sa main n'a;vait pas la foi. nef où l'on ohante l'unique Credo de l'wnique Eglise.
•
Oh! :hl n'était pas ennemi. Il ,se montrait même très ICeSjpelctueux, recevant son curé de campagne, accompagnant
fi l..a prédication se cootinua·it sau laa!!it"de, ma~s sani :résultat a.pparent. 1
76 Pas un jourr, la {emme ne se découragea. On ne sait pas tout le bien O.JU'on f.ait quand on fait du bien, et Dieu ne laisse pas toujOUirs moissonner celui qui a semé. D'avance, elle acceptait œtte tristesse de n'aller jramais commooier à côté de celui qui était la moitié d 'elle-même, l"t ave:: le · quel elle a'Vait :rêvé d être • Uiile » en Dieu. Et puis! . . . et puis! . . . Tout arrive, même le bonheu.r dt's bOOr heUJrs . ... Elle avait rema,rqué que, depuis la g uerre, son mari priait à la messe. Elle l'avait vu, un jour, entrer seul, E:,i de lui-même, à rs a paroissiale église; et pour respecter sa liberté, elle s 'était abstenue d'y en~ trer ce soir-là. Elle a'Vait t.rouvé plusieu.rs fois, à une place qui n'était !P3-S leur place, des livres Îlltéressants et reHgieUJ:. Deux dimanches, il fut prêt avant elle pou·r aller à J.a messe. •Elle eut même l'angélique habileté de se faùre dire: - Allons, dépêche-toi! .. . Tu vas nous lai.r e manquer la messe .... En son cœu.r, elle a·vait savouré ce: • Tu vas • nous » faire ... . • C'était la première Œois que ce • nous • les nouait ainsi tous les deux en .t me pensée nettement chrétienne. Et IPWÎ'S, hier, il lui a dit, oh! simplement: - A quelle heUJre l'abbé 1poutrait-il me recevoir . .. ? Je veux, cette aillnée, communier avec toi. Les granrles douleurs sont muettes, les grandes ùoies aJl.l.SrSÎr .. . . Elle lui oovrit les bras. Les anges de Dieu étaient au1ou.r d 'e ux. · ·· Et elle ne croyait pas qu~, sans se briser, un cœUJr de femme pou'Vait battre comme baltit le sien à cet instant-là . . •. Ce matin, rils ont communié ensemble. Le prê!Te, qui savait, tremblait en mettant l'hostie sw leurs lèvres. Il semblait à la femme que Je vrai mariage c 'était • maintenwt • . . . un mariage qui d~assait le premier de tou.fe la différence qui sépare le fini de l'infini. Et, de ~retour au foyer, elle l'embrassa, les
77 yeœc fer:més, en luri disant: mais! • ...
c
Ta femme à Jl·
Pierre l ' lilrmite.
•••
Ah I . . . Les Gendarmes - Enc01·e pincé, mon vieux! - Oui, monsieur. f'riquetot est oo braconnier, un incom21ble braconnier; tou1 dénonce en lui ses habitudes de guet et de maraude: son allll!re courbée, sa jpelite fig'UTe mé!iiante et ·sw-lout ses yeux, ses petits yeux mobiles de furet qui semblent .s ans cesse é[>ier ooe proie ou chercher quelque trou pow se cacher; au deme~t rant, le meillelllr iils du mottde, élevant vaillamment ses 'Cinq enfant~ à la seule force de ses bras de (ou.rnalier. !Mais il a pou.r la citasse au marais une passion que j'excuse, car je la partage; c'est en pataugeant de COJ11tPa· gnie dans le marécage que nous nou.s liâmes d'amité. Moi, j'ai run permis de chasse : Friquetoi n·en prend [amais et persJrste à braconner malgll'é coodamnatioos et amendes. Par~ois nous discutons à ce sujet. - IPuisque Je ma:rais n 'appartient à pee· sonne, dit-il. - Mais si! le marais arr:warlient à l'Etat! c 'L 'Etat, c'est moi! » .réplique-t-il, et, en nos temps de démocratie, œtte ré«Joose supei'be, renou<velée du plus grand de nos an· ciens rois, 111e lllJ.anque pas dune : ertaine jus· tesse. Ce jour-là, dès qu'il apparut au seuil de mon crubinel·, il me sembla plus inquiet que de coutume -:- Voilà, m'expli:qrue-t-i i, les gendarmes me tenaiant de près ; à l'ordinaire, vous savez, ijs se méfient de moi et me suivent avec précaution. !Mais cetle ioils...ci, il y en avait un nouveau, nommé depu·is la guerrre, qui avait le dialble dans les bottes; moi, je cours vers l'endroit qu'on nomme la Te11re-Brûlée, voua savez, là où le ruisseau se r amasse et coule si profond en.fre les roseaux. Le mau~vais piS
franchi, ie ralentis ma course. J'entends derrière moi les grros·ses bottes qui claquent dans les mares : • Au nom de la loi, je :vous ... • Pwirs, patatras! motli gendarme prenait son bain. Je .reprends ma COUJrse . .. Tout d!un coup, je l'entends qui cr~e: • A moi! A moi! . Vous savez, ~e n'aime pas les guidarmes. Je me dis tout de même: • Fam!.rait pas qu'il se noie, ce nigaucl,! » Je rretoume à petits pas et ae te le vois, tout mouillé, perché au-dessus de l'eau sur un tronc de vieux saule, piteux comme un éowreuil mouillé et tout à fait ilLoften.sif, vu qu'il y avait une :bonne largeur de 'fi'Vière entre nous. Alors, donnant, donnant; ,je tends vers lu-i, 'Wle gaule qui se trouvait là, sur le ibord. • Promettez-moi de ne pas me dresser procès-verbal et, foi d'honnête homme, je vous tire de là. • ·Lui, saisit le :bout de la gaule et il me ré-
pond : • Je ne connais que mon devoir.• Ah! bien.! Je retùre la perche vivement et voilà mon pandore qui retombe dans le bouillon et Tepart à la déri<ve. Ce qu·~~ clapotait! Ce qu'il hUJVait!. . . Il s'en est tiré tout de trliême; seulement, voilà Je ma1hewr; on m'a dénoncé; il m'a dressé procès-verbal pour chasse sans permis. VCYjez sur le papier .... _, Et le reste, l'histoire de la perclte, la · noyade? - Le procès-.ver:bal n'en dit Œ"ien .. . - 1En effet! Mais, saiS>-tu: que si, à l'3Ju-dience, le gendarme faj,t le méchant, H (J)eut fen coûter cher: cor-ruption, menace, violence contre un agent de la force publique . . . - Comment, ü'ai commis tout ça, moi? -Oui, mon vieux, c'est le code I(}Jllli le dit....
•
Il y a'vait ~oule à l'audien~ce ; ce lous1!ic de Frnquetot fait tOU(jou.rs s alle comble, et l'on s'intéresse à ses aven1ures. Il n'en menait pas large, ce doUJr-lâ, tapi au bout du banc des accusés, la tête rentrée dans s es épaules cou·rbées, •r ué comnte un lièvre au gîte; même, pour apitoyer ses jlllgeS, il avait mené sa famille: la Frique\ote, une
/petite femme maigre et sèche, avec U<Jle ribambelle de drôles, dont Je dernier 'Venu, encore tout marmot, geignait tians les bras de sa maman. A l'appel de l'allaire, Je gen®nne, u,n vieux à moustaches de phoque, s'avança à la
bure.
Il raconte qu'aylllnt renrcontré le déiÎIII.quant en a.clion de chasse, il s'est jeté à sa powsuite, et n'a pas :réussi à Je rejoindre; mais quelqu'un l'a reconnu, il a pu dresser procèsverbal. - C'est tout? demMlde le rprésident qu.i a eu vent de la bai~de . - Cest tout. - Voyons gendarme, Jïncu:tpé n'a-t-il pas eu une attitude provocante, menaçante même ; regardez-le :bien pour rappeler 'Vos souvenks. Le gendarme se retourne, fronce les sourci-ls; ses grosses moustaches frémissent: il va parler. Soudain Je dernier-né des Friquetot se met à geiruke, comme si on l'étrallliglait. - Huissier, dit Je président, faites sor!ir œtte femme, et vous, gendarme, qu'avez-vous à · dire? - Rien de plus, monsieur le président. Friqlllletot s'en ti.re avec 50 b-ancs d'amende.
•
- VoyeL-~Vous, .M. l'a:vocat, on fait son devoir, me disait le gendarme en sortant de l'audience, oui, tout soo devok; mais s'il fallait redresser tous les malpolis qu'on rencontre. . .. Et ' fPU!ÎIS, a'joute-t-il d 'un ton plus bas, j'ai CÎIIlq enfants et un tout pe!it comme œlui qui criait tout à l'heure .. . . ifriquetot, en passwt, sa1ue le gendarme, et ce salut me révèle ooe âme boule-versée, convertie, oui, convertie pa,r la générosité el la gra111dew morale de ce vieux serviteu~r de la loi qui, après avoir :rempli ses du.res foociions avec un si ·intraitable coura,ge, sut pratiquer un s i magnanime oubli des injures persoooelles. - Tout de même, il y a des braves gens partout, me dit le braconnier, même parmi les gendarmes; v·rai, g'aurais du remords si
78 œlui-ci s'~i! n()yé; tua foi, pour ne plus me remettre en !Pareil cas, ie vais pren.dre un permis de chasse. Aru:l.ré TOULBMON. . . . . 1.
Ce qu'il nons fant « Il nous fau~ des caractères. • Si rrotLs a'Vions un peu partout, un plus grand nombre d1Iommes saohant ce qu'ils veulent, aimant l'eîfor.t courageux, méthodique, persévérant, capables de discipline personnelle, nous ne serions pas menaœs de sombrer dans l'anarchie morale. Du haut en bas de l'échelle sociale la conscience professionnelle .de'V,ient une exception. On le con·state, on en gémit, mais on a peur de l'efifort. « On ne se .refait pas • - « C'est mon tempérament. • - • C'est plus fo.r;t que ma volonté », Cent fois nous ente11dons ces mots de lâcheté; sans doute oous savons déployer de l'énergie pour nos affaires: c'esf inoui: œ q:ui se dépense actuellement de tra'Vail, d'intelligence pour la conquête de l'argeot; mais cette violence dans les aspirations, cette audace dans J'entreprise, où vont-elles quand il s'agit de notre santé morale, de l'enrichissement de nos consciences? Nous avons pellŒ' de notre milieu, peur de l'opinion puJbJ,ique, :nou-s ne savoos pas être sell'ls de notre avis, exciter les colères. Nos âmes soot d"amadou et t1100 d'acier. ToU!t serait pos-sible, en ce moment,_ où l'écœurement monte au cœur de beaucoup qui n'ont ;pas le coUJrage d 'agir, à ceux qui voudraient devenU" des caractères, des chevaliers de l'action bonne, de la prqpreté morale. «Il noUJS faut .des gens de cœur. • Sortir de nous mêmes, ·comprendre que toiJ,!e la véri1é se .résume dans cette vieille rpa.role de n::vangile: «Nul ne vit ;pour lui-même. • Avoir la vision des hommes et se <lire: « Ils soot eru moi! et je suis en eux; je fais miennes leurs souffrat11ces, je me sens •responsable de leurs erreiJJI1S, de leurs fautes : leurs larmes, leurs colères, leurs dou!es, tout cela je tœ l'as-
simile au point :de vivre œnt vies, mille vies en même temps que la l!llienne. • Voilà le devoir. ;v'ous diies: Nous n'avons pllls le temps! - On trouve :tOUJjours, quarnd oo ~e veut, le temps d'aimer les autres et de les servir. VoU!s dites: Nous avons notre ,situation sociale â conserver, 'l'avenir de nos enfants à assu:rer. - Qu:i prétend le cootraixe? Mais pourquoi rétrécir vos horizoos et rapetisser vos cœurs? . Vous dites: Alors c'est UIIle vie de sacrj. lfiœs constants? ~ Oui, pa.rœ ·que vous ne serez heu~euoc que lorsque aucun sacrilfi.ee ne vous ~paraîira coûteux, tellement il y aura l'Il vous d'ardeur fraternelle, tellement vous Yous seotirez dan;s le vrai, d'acco,rd avec celui dont nous vouloos Je nom, nous qui nOUJs disons chrétiens, tant que nous n'aimons pas conune na aimé. c Il nous faut des optimistes. • Elire optimiste ce n'est [pills refuser de voir le mal, c"est au. contraire dénoncer sa !PUissance, le stigmatiser et se ibattre contre lui en proclamant à l'avan-ce sa défaite. •Les sceptiques à !'·heure actuelle sont des malfai1eun. J ai lu l'autre jOIUJI' lbistoire d'un pauvre malheureu!X qllli• s'imaginait san-s doute être un esprit ao,rt, et qui, passant devant Utll de ces cimetières du froot où dorment des héros de la guerre, disait en montrant du doigt les tombes et en haussant les érpa.ules: c La 'V.raie Société des Nations? La voi!l!. Que faisaitil dans res lieux sacrés, <:et asslliSsin d'idéal? Ce ne seront jamais les 'Sceptiques qu.i se fe· ront douer sur une croix, mais 1:a joie de ~oulever la pierre du sépulcre leur sera toujours inconnue. Il est un fatalisme ·qui porte atteinte à la d!igniié même de lfuomme. Les vrais athées, ce ne sont pas ceux qui s'imaginenrfi ne pas croi.re en Dieu. Ce sont ceux qui ont peuLt' de vivre et d'espérer. Il faut nous mettre courageusement à l'œuvre pendall't la minute .t rès brève que nous rpassons <ici-bas; il but croire que rien n'est perdu de noire joyeux labeur; on l'a dit, l'essentiel t11"est pas de réussir towjour-s, pourvu qu'on sache échouer avec entrain et recom-
79 111encer. Il faut être convaincu que c'est sagesse de faire crédit au: 1emps, aux hommes, 111 rtout à Dieu. • Donc il nous ~ll!u! des hommes de Foi•. • L'homme de Foi n·est pas œtui qui a l'air de d1.re: «Je suppose • que ce que je croi-s est vrai. Qu'est..ce que ce peu d'assurance a de tentant? L'homme de Foi est celui qui sait que la vie a un sens, qu.e le moode n'est pas livré t1uli-même, qu'il n'est rpas condamné à souffrir éternellement, et qu'à qu:ioo111que eotre personnellemen~ dans le plan divin et veut laire la volonté dw grand Rélparateur, une part d'énergie créatrice est dé'Volue. Nous avons la Foi quand nous sentons Dieu agissant dans I'h'l.ldTJa:nité et que nous aeceptons qa'il lbeso211e en nOUJs.
····Dans le mystère des bois
De la f~n, ma'fs au début d '.w ril, .. près le long silence bi-vernal, un chant bizaue d'oiseau éveille les êchos de nos bosquets et de nos •bois; le coucou, de retour de sa migralion aux pays du Midi, lance ses deux noks mélancoliques, au timbre d'horloge. A q:uelle date précise revient-il? Chante-t-il dès son arilivée, ou, peut-être fatigué cle se-n long voyage, reste-t-il quelques jo•Jrs bec clos et muet? i.e mAle a-t-il seul, comme nn le croit commll!llément, le caractéristique appel •COu-cou •, qui lui a !Valu son Qom, ou bien la femelle peut-elle répondre du lac au tac? Toutes questions qui mériteraient des réponses précises et définitives, rna.is qui Sl!nt comme eniVelo.ppées de la pénombre du mysire, car ltout d'a.borli il est fort malaisé de distinguer a~c jpleiœ certitude les deux sexes à distance. Et voici pourquoi. Les vieilles femelles ressemblent souvent aux vieo.1x mâles, bien qu'elles présentend: sur la gorge et sll'f les côtés du cou un éclat plus roux et que la striAtion si curieuse du dessous du corps, qui :rappelle la œ-obe de l'épervier, s'étende lrtquemment chez elles plus avant sur le cou
que ·chez les mâles. Ce qui complique plus encore la détermination du sexe, c'es.t que l'on !Touve noo seulement de _res femelles au pluanage généralement gris, mais aussi d'autres ~emelles dont !':habit est si d.i1!itérent qu'on les a souvent pr.ises ŒJOUr des individus appa.rlt!nant à 1lne s&ontje espèce du coucou. Ces demières ont le dessu~ du corps couleur rouille vi~ et traversé de bandes noires, avec la queue terminée de !blanc, le de5soas est blanc, parlois avec un Œ"etlet Œ"oux. Pour cam ble de diifficulté, on coonaît des passages entre ces deux lfo;mes, la grise et la rousse, sans qu'on sadhe s'il existe des •mâles de la variété grise! •D8cidélllei1t, le mystère ,plane sur la vie du coucou, qui déroute la sagacité des naturalistes, même les plus eJCpe:t1ts. Il semble :que, chez nous dUJ moins, les mâles arr.Went les premiers, précédant les femelles, cl qu'ils soient de beaucoup plu.s a.bon!dants que celles-ci, bien que ces faits r.e soient pas prouvés d'uni! façon irréfutable. La surabondance des mâles eniraînerait la po· lyandrie, ce qui est Œuste l'inverse de la polygamie, et expliquerait peu~-être les mœurs si extraordinai.res qui accompa2'nent la reproduction de cet oiseau. On sait que la femelle du coucou ne fait pas de nid et qu'elle ne couve même pas ses œufs. IEst-œ ;pa·resse invétérée ou fatalité? Selon l'opinion générale admise, Madame coucou ne !JX>nd rpu ses œufs jour après jour, comme le commun des oiseaux, mais par intervalles et probablement ~ons les deux 1ours. Et cependant un ornithologiste belge citait, l'an passé, mais malheureusement san'S donner de détails, le cas d'un coucou qui aNai\ pondu successivement ses œu.fs jour après jour, obser:vation à tout le moins bien suspecte, il f{lut l'a'Vouer. L'œuf pondiu·, à terre dit-on, la femeHe le preu.d dlans son bec, et ayant, au rpréalalble, avisé une couvée de passereaux, va l'y déposer pendant une courte absence des propl'iétai'res du nid. A ce propos, comme en ta.nt d'autres, une cootroverse s'est élevée entre na· tuTalistes pow savoir si ,Je coucou place son
80 œlliÏ dian!l W1 nid où la poote est complète O!l s'il a soin d'en ohoisir un où la !pOnte o 'est pas terminée, de manière à être bien assuré :que . cet œuf sera .cou,vé en même temps que les autres e;t que tows écloroot à peu près ett mêrne temps. Ne serait-ce pa-s accorder à l'oiseau un inst-inct par trop merveillelbx et surtout une extraordinaire science du calcul? Ou r este, on a signalé le cas d 'un œu:f de coucou qui avaiu été déposé dans un nid' la veille de la oaissance de ses compagnons, trorp tard par conséqtœnt. Un des Laits les plus étranges de la biologie du coucou réside dans l'exkême variabilité en coloration de ses œuds. Relati~ment petits, il en est de gris, de grisâb:es, de bruns, de blancs, de rou~dtres, de !bleuâtres, etc. Les uns sont ta-chetés, les allltres non maculés. Une même femelle ne pondrait, croit-on, que des œulfs d'as:pect touüours semblable, encore u.n point ·qui réclame une mi111utieuse véri>!ica.tion. Le coucou donne ses œulfs à couver, de :mai à •juillet, aux passereaux les rplus d1vers, de prêlérenœ aux in sectivores: rossignols de murailles, roUJges-gorges, faruve!tes, accen{eurs, !bergeronnettes, rpies-grièches, etc. Il w a tourtefois été trouvé aussi daos rdes 111ids de gnnivores tels que les !bruants. On a dit que cet énigmatique personnage prenait grand soin de ne placer son œud' :qu!à côté d'œufs qui lui ktssent le !plus semiblables possible. Je suJs persuadé que c'est une léi"ende. o·m·genœ, la femelle du coucou doit parer au plus pressé et porter soo précieux 1>ejeton dans le nid le .plu.s proche et le plus accessi'ble. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine, c'est que les passerea<U!X ne ~oot nulle 'd,i,.Miculté !POUI couver •comme lewr, l'œuf éiranger :qui subrepticement leur a été apporté. Enifin, voici le jeune cou.cou éclos. A 5es côtés, dlaos la petite co!"beille, ses compagnoos éclosenrt à lewr .towr ou vont éclore. Que va-t-il ISe passer? Dans un .précédent a~rtide, l'au.teur, cependant boo ornithologis·te, déclarait qUie croire qUie le! ]eune coucou précÎipite hors d~ nid ses cohajbitants lPOUT ~rester seul occupant est une
81 fable et que l'oisillon est b ien incapable de perpétrer un crime aussi abominable. ·Hélas! ceci n·eSt ipOinl une légende, ùst la vérité, •l'exacte et terr ible 'Vérirt:é, et elle ne peut plus être niée depuis qu'un de nos compatriotes et l'Wil de nos ·meillewrs. naturalistes, M. Ad. Burdet, établi en Hollaode, a réussi à i\'OÎ:r et à photographier la scène d.u meurtre. Peu IB.près sa naissaoce, le jeune coucou, petit mon ~>tre aux yei.W( encore fermés, a·u dos large et fort, s'aplatit au 1ond du nid, se remue, se glisse sous un œuJ ou soUJS nn oisillon, le hisse sur :Son dos, maro~te ensuite à. reculons en s'aidp.nt de ses rudimenJts d'ailes, parvient au hord du nid et, d'un mouvemenit br.us:que, jette son fardeau dans le vide. .Puis, sans relâche, il recommence la 111êrne manœuvre j-lllsqu'là œ qu'il sente autour de lui la solitude délfinifirve. .Dès lors, les parents adoptifs, par un mcomprêhensible aveuglement, s 'éver tuoot à rassasier l'ins atiable goinfre qui, le bec toujours ou·~t, sans cesse réclame pitance. Chaque coucou, en nai·ssant, coûte la vie de toute une oichée de petits passereaux. Fautil dooc pourclhasser et détruire cette race? Que non pas! Car ce meurtre est largement co~é jpa.1" les grands services que nous rend l'hôte mystérieux des bo~s, en détruisant d 'énormes quantités de chenilles velues des pl'llls nui·silbles et dont auoun autre oiseau ne .se .repaît. Contemplons la nature, parlo~s sans corn· .prendre les én~gmes qu'elle nous !Propose, et ne flOUs croyons pas teous à nvus ériger en Jrusticiers. Maurice BOUBIER.
••• :j: Il y a une chose quïi'l faut n'aimer ni à faire n1 à donner, c"est de la peine. Ne rire jama.is de ceuoc qui :soulffr ent, sowfJrir quelquefoiS' de ceœc qtÙ ..ïent. V. Hugo.
t L'esprit de alùlnille éloigne le .jeune homme .des passions Hétrissantes, et il adoucit les .passions violentes ; car, dans la !Paix dlw foyer domestique, l'imagination se purifie et le désordre des ·sentiments s'apaise de Lu,i-mêlll!·
Du fer 1••• Une voiture du métro, seco11dc classe, vers () heures du soir. Le train arxive en trombe à la sta tion Concorde, noire de 'Inonde. Le compartiment, lui aussi, est noir d'êtres humains, serrés, tassés, ballottés, comprimés!!! La manœuvre des !POrtes est à peu près impossible. . . Stoppage. . . BouscuŒade . . . Redressage . ... - Laissons desocem:lre! ... Mais enfiu, vou JcL-vous laisser descendre!... Voyons, .Mauame, décidez-vous! ! Puis l'assaut des gens du quai, sa hâtau,t, haletants .... - Pressons! . . . pressons ! ... Et on presse, on con~presse. . . . Quand il J' a de la pla<:e IPOU.r 83, il y en a pour 158Un coup de sirF!Iet. . . . La rame démarre vers les Tuileries ... .
•
Alors dans la voiLwre ou se regarde entre tes têtes et par-dess.us le rou lis des épaules. Il y a le gros mons·ieur apoplectique, le jeune homme détaché, le soldat, la pauvre vieille 1drume, qui sou!Pi·r e: • f a,ut-il, Seigneur, que j'y sois obligée! ·Il y a le mons-i eur q ui ne lit pas son Journa!. . . .
Il y a suJ·toUJt .un groupe de jeuues filles .... Elles sont ici chez elles, bavardent, rient, ;e mo~uent, foot de l'œil à droite, du courle à g_au1C'he, en eucomlbrant tout le compartilnetl! de leUJrs mO!liSSCUISes et b ruyantes petites pen;onnalités. n y a aussi un aibbé, un tout petit jeune abbé, pas gros, pas gras, pas r ouge. . . un a'bbé de misère, pâlot et tblon.din, vica ire à Paris dans une paroisse de ohillfon~iers, au bord de la Seine. Et si fluet qUJ'oiJI. soit, il se fait plus petit encore, pour occuper le moins de place possible, et en laisser davantage ai.W( a utres. Ma is, malgré le minime e51pace qu 'il s'efforce de ne pas trop ocouper, les yeux fuxe-
leurs de la ge11.! féminine l'oot Vile Jépéré ... Gest immédiatemcn t une explosion de fou.orires; et l'nne d'elles s'écrie, d 'une voix aiguë, q.u i semble ;vinaigrer toute la voilure: - Un curé ... ? Du fer!. .. du ·fer!. ..
0 .'\ussilô!, pour c011iju·rer le maUivais sort q·ue celte pauvre soutane, paraît-il, leu:r fait craindre, la demi-douzaine de petites sottes se ;préci!pitel!l!. sur les poignées de métal, sur les .mains courantes, S'IJ;r les vis .... Oh ! c'est un joli spectacle! - Tout cela, c'est nickelé!. .. crie l'une. - .Pas le moind re fer! ... -soupire l'autre. - Et pourtant il faut du fer!-.. insiste UJue troisième. . . du vrai fer! . . . Tout le monde regarde ....' •La pl'l.lpart des voyageurs soot gên~s: cc sont des employés, quelques femmes, des soldats, de braves ouvriers q ui regagnent leur foye r, et qui doivent avoir des enfants au catéchisme. Mais il y a aussi ooe lâcheté des foules. Si l'on dit un mot, on craint le voc<~Jbulairc à leur hauteur que ces jeu,nes demoiselles or.tt bien en main, si j'ose m'elllprimer ains.j. Et comme on ne veut pas leur répotl'dre sur Je même ion .... Alors, 011 se tait . . .. On regarde l'a<b bé du coin de l'œil. Le pawvrc est blanc comme un linge .... Il voudrait que cette ins·ulte ne l'atteig~~1e pas. . . il voudrait. ne pas soulffrir. . . . Mais, év·idemment, il .sOU!ilire juSICJiu'au fond: d LL cœu.r ; on le voit, on le devine. . . et si ses lèvres se lllisent, des gouttes de sueu'r perlent à soo ifr ont. . . . - Dites-donc, Monsieu•r le contrôleur, reprend ooe des plus grandes, passez-nous dooc uu instant votre Œ>Oinçon pour qu'il ne cous arri•ve pas malheur ... ? L'employé sourit et ne bouge pas. Et elle minaude: - .Yous me reiusez .... Oh-! ... çà, c'e;;t pas gentil! .. . Un silence pénible ... pénilble ....
•
83
82 Alors, l'aibbé se dresse. . • . Et bien qu'il soit petit, tout d'un coup il appanît tres grand. D~m geste sarts prétention, mais non sans amertume, i,l écarte son manteau et tend son bras. Mais quoi ... ? Soo. bras n'est pas un bras! . . . Stupéfacti on ! · C'est 1!111: crochet de 1er. . . . Il n'est pas en ritiokel, celui-Il!. . . . mais uniquement, tragiquement, uticritai:re.... C'est l'appareil que lui a payé son ruré IPOWI' Tenwlacer la main et le bras qu'w1 éclat d'obus a broyés sous les mwrs de Dou:aumont. Et dans le geS~te que fait le prêtre, UJill petit bout de ruban aaune, ourlé de ver:t, apparaît à la boutonnière de sa soutane. o!..a foule a compris .... 1Enfin les protestations éclatent, violentes ... Des :poings même se tendent .... Elles ont vu et compris aussi, les petites folles. Elles ont eu fort ... ? Bh bien! elles out eu tort! ... Elles se conrcertent maintenant vile, à voix !basse .... !Puis l'une d'elles retient le crochet q11e l'abbé Tetire déliià, l'embrasS~e et d'un même élan tourtes les compagnes en font autant. Ce n'est pas suffisant; elles ont maintenant (a,im et soif de réparer. - Nous V011S demandons [pardon, Monsieur l'abbé!. . . On est taquines. . . mais on reste quand même de !bonnes petites françaises... et même des Chrétiennes... oh! pas assez bonnes! ... mais on le deviendra .... - Moi ti'ai fait .ma première communion à V:wgÏi'aro1 ... . - Tenez ... ? ['egardez mes médailles!. . . - On n'est pas si méchantes qu'on en a l'a·ir! .... - Surtout, ne nous en voulez !Pas! · .. - Non, je ne vous en 'Veux pas, !l'épand l'abbé en .rougi'Ssant. .Mais pensez que par· fois, avec ce qui vous paraît deSI riens, vous pouvez faire beat.OCOup souim!l' · ...
[.e fou le appla'Ulciit, très $J.tt1jpalhique. - Bravo!
•
Et quaud l'abbé, plus ému qu'il n'av-ait jamais été s~1ll· le champ de ibataille, deS(.'Clldit à la s·taiaon, il avait, sans qu' il sftt au justt comment ils étaient venus, des petits bou. .quets de violettes piqués sur l'appareil qu 1 remplaçait sa paUIVre chair mutilée. Et ces Ueurs étaient là comme la contrition vivante de ces enfants qui avaient été d',ingrales françaises et de mauvaiS~es chrétiennes, et qui entendaient bien ne plus re· commencer na mais .... Pien·e l'Errntte.
··-
L'intérieur du globe Nou,s ne connaissons pas l'intérieUif de la Tene. Notre ignorance, sur ce point, est beaucou:p plws conuplète que ne le laisseraient en toodre les affirmations solennelles de plusieu.rs de nos contemporains. Notre globe mesure 12,742 kilomètres de diamètre. Il y en a 6371 de la sudaœ au centre de la Terre. Que con· naît-on? Qu'a-t-on rvu? Par les coUI()es de montagnes, par les tranchées des dlemins de fer, par les rtunnels, par les mines, on n'a observé que (les ég:ratignll['es légères, de sim· pies petits coups d'épingles dans l'épiderme du globe tenrestre. On a i peine pénétré à deu;x: kiJomètres au-dessous du niveau de la mer.. Qu'est-ce 'que 2 kilomètres sur 6371? Ce n'est pas la trois millième padje; c'est un millimètre, sur une boule de trois mètres de rayon, ·ou de six mètres de diamètre: c'est à peu près rien. D'alltre part, on va ·souvent un peu vite en conjectures. De ce que la iempératll:I'e augmen1e à mesure que l'on descend au-de~~m!s de la surface du sol, on en a conclu que la pro!Portion se continue jusqu'au, centre. Cette 31\lJg'tnenlatioo est, en moyenne, d'un degré par 30 à 35 m. de pro!!ondellf, mais avec de gran· d:es dtilfférenœs selon les contrées, car, en cer· tains jpOints, elle n~ tlemande que 12 ou 15 m.,
tandis qu'en d'autres, elle en i:iemande 50, 80
et rplus d 'UIII cent. On en a conclu, un peu légèr~neu f, que l'accroiSrSemeut de chaleur doit être de 30 •, jp0111' 1000 mètres, de 300 pour 10,000, de 3000 pour une profondeur de 100 kilomètres ... et de 200,000 pour le ctntre du globe. De là, ou 'a! enseigné que toutes les matières que nous connaissons étant fondues avant 3000 •, la Terre entière est liquide, que l'écol'ce solide du glolbe est proportionnelle.. ment pLUJs mince que la coquille d'un œuf, et que, littéralement, nous vivons au-dessus d'~u ne fournaise et dansons SU[' un volcan. Or, rien n'est moins démontré que la continuité de cette progression, observée seuleme.nt dans les couches superli~ielles. Il y a peu d'années, on pensait aussi que la .iempérature de l'atmosp!lère allait en diminv,ant régulièrement de1Juis la surl.tce du sol jusqu'aliX limites de cette ratmosphè.re, et les ascensions des lballOOJS-sondes .viennent montrer, au contraire, que la diminution s'arrête vers '12 ou 15,000 mètres d'altitude, suivant les lieux: et les saisons et qu'il y a là une épaisse couche d'équilibre thermique au-dessus .de laquelle l'abaissement se continue. Jusqu'où? On n'en sait ·rien. Selon taule probabilité, l'intérieur de notre globe n'est ,pas du tout compa!l'able à celui d'un œuf cru, recoLLvert d'une coquille, c'est-à-diTe liquide ou Uuide, mais plutôt à celui d'un œuiÏ dur. Si ce globe était liquide, en effet, l'attraction du soleil et de la lune rproduini! des mar-ées qui jpasseraient sou:s nos pieds dellX [ois par jour et onduleraient l'écorce du globe d'ailleU['s élastique. D'après l'enS~emble des considérations astronomiques et géodésiques, la masse du globe n'est pa.s liqu~de. La pesantell:I' au centre est nrulle; la pression, au contraire, y atteùtt son maximum et peut s'élever à trois millions de kilogrammes !Par centimètre carré: trois millions d 'atmos]1hères. La masse du globe doit être pateuS~e. Kelvin assure même que sa rigidité doit égaler celle de l'acier. J_es secousses de tremblements de terr-e i.raversent le globe en 14 minutes, <.e .qui n'arriv!!rait pas s'il était liquide.
11 est probable que cette ttnasse est en· core rtrès chaude. La Terre est une pl2.nète du système :solaiTe formée aux dépens de la nébuleuse primitive. Elle a d'abord été ;une sphère de 'Va;peu.r, comme Jupiter paraît l'être encore aujourd'hui; puis, elle s'est !eltteiT.en! ll.'efroidie, s'es± ,condensée en un globe liquide, lequel, par la continuation du re!routissement, s'est couvert d'une croûte solide comme nous l'observons, ;par exemple, à ~ suriface d'un creuset 'de rplom:b foadu. Cette éco«:e solidmiée repoS~e sur la masse pâtellSe. ·L a température de l'espace pa;aît être de 270 • au-dessous de zéro. Notre pla· nète continue de s'y refroidir et de se condenser. Ici gît la cause principale des tremblements de terre. IJls sont ie résultat de la contraction séculaire du glolbe terrest:e pro. venant de son refroidi-ssement graduel. Crt1e contraction n'est pas uni5orme. Il se proou.it Ides plissements, des affaissements, des ef!ondtrements, des déformations, des rides. Ce tra'Vail de cOillfraction s'opère sans cesse et guère de ~ou.rs ne se passent :;ans trembleSCIENTI A. ment de tê.rre.
Les « Râpés » Il paraît que c'est très chic d 'êlre .râpé. Ça l'était 1jadis pour le lialbac, comme le dit la chanson: c J'en ai .du1 bon et diu Tâpé. » Bien des préparations culinarires ne sont sa voureuS~es que s.i la a rempli son offiœ. Quant awc liqueurs spiritueuses, elles · ne plaisent .fant que parce qu'elles c râpent • le gosier. Mais, pamri les clloses râp&s, il en est une que l'on goûte généralement fort pew: ce sont les habits. Un !habit râpé peut être propre, et chaud, et décent. Il couvre tout aussi bien qu'lln habit neuf. Ses plis sont même mieux faits aux habitudes de son maître. Il relwit, et ne recherche-t-on pas ce qud! !brille? Voyez le satin, les diamants. On :ne oraint plus de l'endommager, et cela bit rune gêne de moins
If.
85 dans la v·ie. Une ~es plus dolies pages qu'ait écrites Diderot est consacrée à sa vieille robe 'de cha'lllbre, qu'il regrettait d'avoir abandonnée pour une nouvelle. L'run:cieame étaH devenue une amie. Et cependant, on répudie les habits râpés. Ils sentervt la misère, ce qu'on ne veut ;pas. To·u,t le monde veut gagner de l'af'gelllt. Or, poul!' en gagner, il faut donner aux gens 1 impressioo qu'on en a déjâ. Faites une démarclhe de sollici'teur avec UUJe jaquette qui montre trop distinctement la chaîne et la trame. Vos mérites resteront dans l'ombe. Un coup cl œil inquisiteur vous aura bien vite jugé, et la sentence se résumera probablement dans cette fmmuJe à douible sens: • Voilà un garçon qui n'a a>as d'étoffe. » Sedaine a chanté la transformation qu'opère dans une âme Uill changement d 'habit: • Ah! mon habit! que je vous remercie!» Hier, en effet, ,j'étais gauche, houleux, timide, j'aurais voulu me cacher dans un trou. ku.joo.r'.:ilnci, je !Pose fièrement; on m'écoute, on me considère. C'est qu'auâounl'hui, j'ai .rellOUJVelé ma garde-robe, tandis qu'hier fétais . . . qooi? Un moosieur :râpé. Ceux qui iiennent à la façade de la vie, qui veulent être cotés dans le monrle et comptent l'~ln·ion d'autrui parmi les grands facteurs de réussite, ,p rennent doo.c bien ga:rde, en temps ordinaire, à ne pas être râpés. Au besoin, on sacri~iera tout au costume: • Moi qui n'a1 pas dîné pour acheter des ·g ants!» s écrie, dans • L ~Honneur et l'Argent •, de Ponsa.rd, un jeUille homme • nouveau pauvre •, qu1 essaye de renouer des relations en allant dans •une soirée. Inutile sacrifice, d'ailleurs, car des gandins impHoyables, observant ce revenant, ont vite fait de consfuter ce quri. lui manque pour êf.re dans la note: • Diable! le rpantalon date de l'an passé, L'habit noir est trop colllrf et fut souvent bros~. »
Et voilà Uil verdict de condamnation. Le jeooe homme à l'habit trop brossé est d'un contact dangereux. Jadis, on lul ser.rait la main avec effusion. Mailltenan~ l'on se défie.
C'est parœ qtte les habits durent que les am1s ne durent pas. A qui s'est trop brossé, l'on ne passe plus la brosse. tLta mO'de, pour sa part, est impi·t-oyable. Sa mobilité est contraire à la bonne qualité des éto(fes. A quoi bon prendre • du solide. si, trois mois après, la dictature mondlllin~ déclare cela rococo? - Volre robe, Madame, est toudouxs boone et rmême excellente. Pas de trace d~usure. Elle est de celles qui, du temps de nos grand'mères,, • duraient cent ans~, et que les mères, dans leurs testaments, léguaient à leurs filles comme on lègue des n:rmeubles. l'li'imi!Jorte. Il lau! laire peau neu. ve. Il iaut vendre ou• donne·r tous ces .vête· ments, dont quelques-un~- n'ont pe:J,·êh e été entdossés qu'une lois. Cela ne se porte plus, ma chère. Et l'on s'incline devaot cet arrêt sans appel. » Ma <lhère, je n'ai rien à me met. Ire! • Ce cri de détresse, qui dooc l'a poussé? - Une élégante ·qui a peu!-ê:re vingt robes da•ns ses armoires. Mais il paraît que 1out cela n'est • plus mettable •. C'e:;I du râpé conventioonel. Dans .un moode select, on ne va pa~ d.:!t•x fois en soirée avec la même toilette: cette se· conde a!Pparition d'u111e robe fraîche serail l'équivalent du râpé. Des esthéciens se sont demandés pourqll.Ot les soulpleurs contemporains, sauf de bteu rares exceptions, ne représentent pas ies per· sonnes en costume moderne. La raison en est bioo simple, répondent des observateurs. On ne pourrai! pas cmn.pter sur la stabilité du modèle. La mode aurait changé aVtalllt que la statue soit finie. La mode est donc gas-pilleuse. ~on seu· lement elle rnterllit de porter du râpé, mais elle prescrit de considérer comme râpé 1oul ce qu~ a eu ou est censé avoir eu quelques mois d'u,sage. Si ce n 'est !Pas usé, ça devrait l'être. C'est contre cette rpuissance que la vie chè· .re - à quelque ohose malheur est bon s'est subitement élevé. En présence de la hau.sse déraisonnable des vêtements, bien des g-ens se sont dit:
, Toul de même. si j'essayaî·s de faire durer mes vieilles frusques. » Ou a essayé, et l'on a été surpris, en bien des cas, de découvrir la remarquable longévité dont ces U10nnêtes frusques étaient capables. A l'objeclion: • Mais la mO'de? » les vaillanls et les vaillantes ont ·répoodu: • Zui l » Vestons, man~ea•UJC, pardessus, corsages • ont tenu ~ comme les poilus dans la tranohée. Et le service de ces vétérans ne s'e&t 1pas trouvé inférieur. C'était le cas de prendre pour devi•se la œ'lèbre • coquille » d'un ,journal donnant le bulletin de sanié d'un personnage éminent: c Le vieux persiste·· Beaucoup de • vieux» ont donc persisté, el les mercantis, qui comptaient faire grimper le portcleuiHe de leu.r clientèle à de vertiginewses hautewrs, en. ont été pour leu.rs lrai.s de réclame. Aussi, au bout de deux: ou trois mois de grève, ont-ils baissé pavillon Après la victoire des jpoilus, celle des râpés. C'est le contraire, 15emble-t-il, et cela a été . pour!an! la même c'hose. Viotoire incomplète, toulefo1s. La drr agée reste haute, et les nouveaux prix, quoique mitigés, ne sont pas adaptés à, toutes les bourses. Le râpé COilltinue donc à se porter, et, pour emprunter une • scie • naguère à la ··,node, cela a.rrive à des goos très bien •· Les éprouvés de la g~uerre, bourgeois à revooru.s fixes, propniétaires spoliés de leurs loyers, intellectuels à énumération insu.ffisan· te, sont un peu comme les émig·rés de la frande RévolUJtioo, dont les terres avaient été converties en • biens nationaux •. Eux 1ussi, sur la terre d'exil, étaient râpés, ce quoi n empêchait pas beaucoup d'entre eux de garder leur gaieté, et même parfois leur légèreté. Que d'élégants • habits à la ~rançaise • laits pour briller durant une saàson se débrouillèrent alors pour prolonger leur existence depuis la Coostitwante ~usqu'au ConsurJat. Iles • merveilleux • du Di:rectoire pouvaient arborer des modes plus jeunes mais • moins ohic • ! Et les ma•rquises ·ruinées, en
ce {!·ui couceme Jla.rt de se vetîr, elllvÎaienfelles vraimwt Mme Sans-Gêne? Qu'Jmportent les trous d 'un manteau, :pensaient les ~iers hidalgos de la Castille, s! l'on a de beaux gestes pour s'y draper? Et si la robe râpée est ,plus Ioogue que la robe flamboyante neU've, n 'y a-t-il pas là, simuJ.tanément, avantage de quantité et de qualité? 1Dre râ)pé, pour le quart d he.ure, est donc un pri·vilège délicat et raUinê. Espérons que les •nottvea•ux riches ne s'en apercev·r ont pas, car ils lini.raienl par vouloir être râpés par snobisme, eux aussi, et l'aristocratie du b011 ion se trouverait noyée dans la masse. G. D'AZAMtBUJA.
Le sommeil des justes Quoique si·mple stagiai.Te, je viens d 'obtenir des juges de Belles-Eaux un acquiitement. Mon succès ne fut dû qu'à mon éloquence. J'en sujs le pretmer surpris; il m'échut, j'en conviens, par des voies singulières. le tribunal correctionnel tenait sa dernière audience ao/aut! vacatio!ltS. Je défendais un I!alien du nom de Sapri·stioi, accusé, noo sans quelque motif, d 'avoir violé un arrêté d'expuJsion. A Ja suite d 'un attentat, ou l'avait chassé de France ef tl y était rentré. Ce qui atténuait son cas, -c'était que l'administration militaire Je .réclamait pour lui offrir •un .fusil. Il appa.denait à cette sorte de gens que leur état civiJ un (peu vague el la variation de leurs domiciles autorisent deux pays à réclamer quand ils sont utiles et à rejeter qu~nd ils ne le .sont pa.s. Je n'allen!dais pas granrl.IC'hose de la justice, mais il y avait de quoi plaider. N'éta.it-ce pas le principal? Mon client comparaissait le dernier. Il eut a•insi le loisir d'a~ssister à quelques condamnation distribuées à la ihâte à divers vagaboods, voleurs ou recéleurs, qui, peu à peu., dégarnissaient le banc des prévenus. Ou étouffait dans la salle d'audience, et chacun avait Mte de s'en aller. Déj•à 1'1huissier pre-
86 nait du champ, quand .i l aperçut mou Italien oublié. - Eh là! que voulez-vous? Ah! vous n'avez pas encore été con'<lamné? - Point du tout, m'écriai-üe avec indigmtion. - Alors, attendez: c'esl votre tour. Et aussitôt, il appela: - SaprJsti. Oul crut qu'il 'irurait; mais, docile, mon client se leva. Et les mag'istra1s, déjà prêts à qu,itter leUJr siège, s'y réenfoncèrent avec un air bourru •OÙ ~e vis un mauvais présage. Je me relourDJai pour mes·UTer du rega.rd mon public: les "demiers spectateurs s'enfuyaient, vaincus par le poids du joUJr. Rien n'est plus désagréable qu'une ielle constatation, quand on a prépa'fé une ibelle plaidoirie, bien ordonnée, avec des arguments so1i.des et Wle péroraison convaincante. Il me faudrait parler devant une salle vide. Je comptais mes auditeurs: trois Juges, le suibstitut représenté par sa toque, qu'il avait posée en évJdence sur son purpilre, l'huissier, le prévenru et enfin les gendarmes, deux sup'e rbes pères de f\mille avec de wands sabres. Encore me .trouvais-je dans l'o'bligatioo stricte de déduire f'huissier qui dès l'interrogatoire, s'était endormi. Je me levai néanmoins avec une ,ardeur belliqueuse. D'U111 mouvement oratoire, je retroussai les larges manches de ma toge, découvrant ainsi le blanc de la chemise; car, pour avoir moins chaud, fa'Vais quitté moo veston. Devant moi, mes notes de !Plaidoirie et des ouvrages de droit et de jiN'iStprudence occupaient une large espace. Le président me les montra du doigt. - Maître, tous ces liwes sont à vous? - Mais oui, Monsieur le \Président. - Et .vous avez l'intention de vous en servir? - Sans dou1e. - Bien. Résigné, ,il se •renversa un peu en arrière, et i.e comtnença•i. A peine avais-<je abordé la dis<JUIS'sion, après ·un exposé raccourci, que je vis la tête du !Président s'in.cliner S~llr sa poitrine. li la redressa deux ou trois fois d'un
87 geste de plus ~ plus incertain, et, ne la pou. vant plus porter, il la ~osa s ur ses bras qu'il croisa sur son bureau. Que ne s'était-il fait peindre des yeux gn.nds ouverts et me. ru~çants sur ses lunettes, conune l'imagina un de ses ocollègues soucieux de donner au sommeil d'un magistrat •un paravent de dignilé? Je fixai l'assesseur de droite et le bombardai d'arguments jpOll'f le bien tenir en éveil. Il clignotai·t de J'œil gauche et du droit tour à tour, comme ~~il s'exerçait au tir. L'un ou l'autre était fermé et je ne pouvais recevoir la satisfaction de lew-s tl'egards conver. gents. ·Le galliChe éteignit le premier ses feux interuniitents; après avoir deté une dernière petite flamme, Je ,droit cessa de .se rouvrir. Par contre, la bouche montrait un grand !rou. Je m·arrêtai, le tribunal n'ét-ant plus cam· posé que d 'un membre. Mais le président, ces. sant d'être bercé par le :ronroonement dl! rna voix, détacha l'une de ses mains qUli. .-ama dans ma direction, m'invitant à continuer. Je cantinUJai pour le troisième duge. Le troisième juge était connu jpOUJr l'aménité de son caractère. Il ne ,contre<lisaüt jamais persotme, foujoLLrs ,ji se coclormait à l'avis de ia rna· jorité. Il arrivait même que le préside1t omettait de le consulter, de sorte qu'il appre. na•it en même temps que le publi.c les ~uge· menis qu'il rendait, mais il s'iatére!>Sa.it à leur rédaction et l'~ouvait en dodeiinant. Par respect de l'opinion d'autrui, il ve rou· vait que s'endori11Îir. Et il s'endormit. Je me toiJJ1nai vers mes derniers auditeurs. Les deux gendarmes Teposaient ~m:rgiquc· moot. Ils gardaient jusque daas le ~ommtil un air martial qui m'~gara une minute mais je dus me ll'endre à l'évidence. Dès que le; mots dans ma stupeur ven:umt à me "ltl'lq~r, la main du préstdt.n.t, balancée avec bonhomie, me ra.ppelait au devnir. Ain~i, j'a· vais fai·l du temple de ·ia justice !e châttau de la Belle au Bois-Dor.naut. Set1i de Tous, Sapristini !l'ésistait. Et même il m'er:coura· geait, lui aussi, à contirnuer. Je com;>ri.s b;en· lôt rpou11quoi. Il me montra ses rnenott~s que, [>:lr un tom de prestidigitation, il venait d'ôter. Tranquill~ment, il les mit dans sa poche;
examina avec alteuliou ses deux p!li5sauts voisin"S, lendit l'oreille ,pour reoueillir le bruit réguJier de letLr souri!e, puis, se tirant hors du banc des prévenus par une séPie de mouvements ~élins, il gagna la jp'Orte et s'enlfuit. Il ne m'appartenait pas de le dénoocer, et, d'ailleurs, ge n'avais pa:s cessé de plaider. •La porte, en grcillÇallt, éNeilla l'un des gcndannes. Il constata avec épouvante la disparition de l'accusé et inteiJpella son camarade. - Quoi ? 11'8clama cel!l!i-ci. El Je president, sans lever la tête, mur-
nwora: - Qu'est-ce que c'est? Des bottes de gendarmes [oot um bruit plus [·etentissat1t qu'une plaidoirie d'avocat. Ce fut bientôt WI gra111.d tumulte. Les hornrr.es d'armes bondirent au dehors. L'huissier etfa.ré, cou.rut che·oher du secours. Les deu~ juges se lamentèrent. Le substitut, appelé en hâte, se couvrit de sa toque. Seul, le présidffl l, lbien dispos, gardait un peu de caT·me. On 11tteodit !Pltiemment le résultat de la poursuite. Il fut défavorable. Les gendarmes rentrèrent, consternés: Salpristini, !lW' ses babouches discrètes, avait couru plus lestement qu'eux-mêmes dans leurs lou;rdes chauss'Uires éperonnées·. Ces pères de lfamHle étaient tout décooŒits. Ils portaient une res.ponsabil; té re· doulable, qu'ils parla·g eaient toutefois avec le Pal'quet et le TT.ibunal. Le jprésident tit, du !l'egard, le tour de ses complices, sounit de la tongu.eur de leur nez el, san5 même avertir ses assesseurs, il prononça, d'une voix indi!llférenie: - Le tribunal. .. attendu que la pré!vention n'est pas suftlfisamment établie ... acquit· le Je sieur Sapristini. . . ordonne la mise en liberté immédiate .... Ainsi moo client était acq111ilté, dans toules les formes j·Uidriciaires. Henry BORDEAUX.
---------------···,.____________
t
N'estime l'argent ni plus ni moins qu'il l'aui; c'est un bou serviletur et un mauvais maître. A. Duimas fBs.
One faire pendant un orage ? IL',Aslronomie'' donne, d'après une revue 'belge, quelque:; consei ls sur la conduite à tenir en cas d'orage; ces conseils élœmeront hiett des goos, car Yim surtoUJt va à l'enc('lntre de l'oiJ:>iuion gétlérale en cette matière. Ils sont basés sur l'hypothèse d'après la:quelle l'éclair choisi t sa Toute depuis les nuages jus·qu'a.u point où ,frap,pe la foudre. D'après cette hypothèse, les nwages recèlent dans leurs <flancs une puissante charge électri•que, qrui cherche à se réjpandre dans l'air, s,ur toule la surlace du 11111age électrisé. Cette charge agit par inlfluence sur une surface correspondante du .sol, d'où s'élèvent vers le nuage qui les attire des clfluves négatifs ou électrons. Lorsque la rencontre a lieu, l'air rendu COflducteur par ces effluves ·facilite la décharge de 1 électricité du nuage dont le phénomène est rendu visible par l'éclair, et sensible par le bruit du tonnene. La surface du sol influencée est considérable, et les électrocs ,parlent de tons les points; ceux qui s'élèvent du sommet d'uLL peuplier OUi 1cL'une cheminée d'usine ont toute chance d'arriver les premiers à rejoindre les effluves partis du nuage. Ceci explique pourquoi les points élevés sont plus souvent frappés que les autres. Donc, en temps d 'orage, ne jpas se mettre à labri sous un arbre, précepte connru et maintenu. ·Mais supposons deux hommes, inunobiles, en rase campagne; le premier a le corps sec, le second est en tran51piration. Les électrons s'élèvent Je long de leu.r corps, ail-dessus de leur tête ijusJqu'à. la :rencontre du nuage orageuA. Ceux qui s'élèvent du premie'f ont jplus oie diHiculté parce que son corps est sec et ils n 'auŒ'ont qu'une ;vitesse méüiocre; au contraire, le corps humide du second offre Œne moius grande résistance; la marche ascendante <les électrons esl rapide; la colonne d air conducteur qu'ils eugendrent atteindra la première le nttage, et la 'décharge sera fah le à l'homme en transpiration. Avoir le corps humide est 1\ID élat de fait
89
88 ronlrc lequel on llC peul rien. Mais st, au lieu de rester immobile, notre homme avait cour·u ou même simplement marché à vive allure, il amait empêché la formation, au dessus de sa fête, de la colonne d'air .condi.IJCteur par où s'écoulera la charge électrique du nuage. Les électrons existent tou.jours; mais l:t colonne ascoodante qu'ils forment est conslammeut brisée par le déplacement du sujet. Celui-ci n'a plus rien à craindre. Don,c, en ~e'IT''(PS d'orage, contrairement à ce qui était enseigné jusqu'ici, se déplacer Je if!lus rapidement possible en passant loin des ob~ets élevés. Un champ vaut mieux qu'une rou.1e <bordée d 'arbres, une large rue qu'WÏe ruelle étroite, où on est exposé à des coups latéraux si les maisns qui la bordent sont foudroyées. · A ~·appw de sa thèse, l'auteur rappelle que les trains en marche 'Ile sont ,pou r ainsi dire üamais ffrappés par la fo®re, bien qu'ils roulent S'li.I des rails excellents conducteurs, el qu'ils soient eux-mêmes composés de nombrcu ~es parties méfaiHques; il en est de même pour les cyclistes el les automobilistes. Oa11s les maisons, il vaut mieux se tenir a ~s is que debout, couché qlll'assis, au centrE: de la pièce, loin des parties métalliques, des canalisalions, de la cl1eminée, etc. Ici, l'efiet du mouvement est ît peu près nul. Il vaut donc mieux s'étendre sur Ullle chaise loogue, sans que les pieds reposent à terre. Enlin, Je dernier conseil qui est aussi le plus sage, c'est qu'il ne faut pas avoir peur des orages. Les statistiques accusoot, pou'l' la Francê entière, oo total de 85 à 150 morts p~r la foudre chaque année. ·Les acddents mortels causés par les ohemins de fer sont bien plus nonlbreux, et IPOUII"tant, personne ne montre la moindre appréhension à prendre le train. Et encore, 90 pour 100 des personnes tuées pa'l' le tonnerre le sont par leur imprudence, parce qu 'elles se sont mises à. J'abri sous de3 arbres. En un mot, la foudre est peu à craindre, su:rtout ,l orsqu'on observe les préca·uÜons que nous venons de sigt1aler.
u :s
POtTES VALAiS ANS
.le songe ••• La nuit argentée, la nuit peureuse, anxie 11• se dans la vallée s'étend , Jell!Cm~nt. je re. ga rde la nuit qui vient dans rombre épais. se, la nuit traîtresse, pareille :wx autres nuits, juSl(]u'à ce que vienne la pro~onde la grande nuit où nul astre ne lui t. M'on âme goCtte du !Plaisir à se souv\!n 1r et à passer les heu,res bréves en berç:t!tt ses rêves .... Et je souge, je songe . .. je songe aux che· ses qui iPlewrent, aux fleurs, aux êtres qut tPeureut, dans la nujt sans bruit, je vis da115 l'avenir et le passé, par la -pensée. Je songe aux roses envolées, aux r oses la. nées, à celles qui ne sont pas nées, à ceUes qui n 'écloront ;jamais, à celles qui vien<lront et qu:i s 'etfeuJiileront. Je songe aux mot·s que l'on dit , à c"'.x q,u~ l'on n 'ose pas dire. à ceux que l'on aurait voulu dire et que l'on n'a !Pas dits . Je songe aux larmes, à celles que l'on a pleurées, essuyées, à celles qu i n 'ont jamais pu sortir, je songe aux larmes rentrées, ja. mais !Pleurées, ·qui nous font faut souffrir. Je sooge aux yeux, aux yeux pleins d'au. rorc et de darté, pleins de vic et de bcaut~ aux yeux éteints et f,roids, pleins de honte et d'e!froi. Je s onge à ce ux qui aiment. à ceux qui Dili aimé, à ceuoc qui ont aimé et qui ne s'aime1l plus. Je songe à ramour méconnu et déçu Je songe à ceux qui out é!é, à ceux qu1 seron t. je songe à ceux qui vivent, à ceux qtH VOtt t . ...
Sion, 12 I 21.
t
-··
RENZO.
Bn vérité, l'influeflce journalière que les parents exercent sur les enJalllts pa·r la vie qu ils mènent sous leurs yeux esi s i granlk, que !e meilleur système d éducation paternel· le pourrait presque se ,résumer en ces deux mots : • Amé'l·iore-toi toi-même. ~ S. Smile.s. ~( Que d'heutreux on ferait du bonheur qui se perd. E. l\1lanuel.
Autour de Napoléon
Jer <1>
Réservé, taci!mne, absoribé dans ses ~lu des ou ses lectures, Bonaparte étonna bientôt ses maîtres de l'Ecole militaire; entre tous Un siècle s'est êcouil.é, depuis le jour méles auteurs, il prêférait César, Polybe et Plu.rmorahle où l'un des hommes les plus fameux On le voyait passer ses récréation,s tarque. que !'.histoire ait connus, a quitté la scène de à étudier les exp]_oits des grands hommes de ce monde rpour entrer dans l'éternité. Figure l'antiquité rquïl devait égaler et dépasser. Il unique dans les temps modernes, figure frésortit de l'Ecole militaire lieutenant en sequemment évoquée dans la terrible guerre cond dans le ~égiment d 'arti.Ilerie de la Fère. mondiale, par ll's uns comme faisant partie Il passa eu peu de temps par Grenoble, Vade le'lltr patrimoine 'll·ational, par les autres lenœ, Annonay et accueillit dès les premiers comme ~uide et modèle dans lelltr course à jours de la Révolution les idées nouvelles l'hégémonie. Nos lecteurs ne seront pas suravec fer,vem·. ·Envoyé au siège de Totlllon, pris de trouver dans !',Ecole primaire" une avec le grade de chef de 'bafailloo, le jeune cotlll·te biographie de Naax>léon, d 'autant plus commandant eut à lutter contre l'incapaci1é qu'il a joui un rôle assez considérable dans et la roufule de généraux hostiles. Enfin, le notre histoire, rôle né'faste quelquefois, mais général Dugommier écou!u le jeune officier, bieclaisant aussi, car grâce à lu.i la guerre exécuta son plan, et <I"EWOussa ' les Anglais clv,ile qui déchi·rait la Suisse fut arrètée moqui dwent évacuer Touloo. (1793.) • RécO'mmentanément, ume tranquillité relative s 'eu pensez œ jeune homme, await dit Dugommier, était suivie permel!ant aux hommes d'Eat car si l'on était ingnt envers lui, il s'avanhelvétiques de recoosütuer le vieil édifice sur cerait de lui-même. » de nou'Velles bases. La !l'évolution du 9 Thermidor arrêta un Napoléon Bonaparte, né en Corse le 15 moment la canière de BOilatParte, il fut même août 1769, était le rsecond fils de Charles Boemprû.sonné comme ami de Robespierre le naparte, mocat de profession. Son enfance Je·une. Remis en liberté, il .réclamait en vain n'eut Tien d'extraordinaire; à l'âge de dix dans les hlllfeaux de la gue~.;re, un poste quelms, son père, grâce à la protection du gouconque dans l'armée. Enfin la Convention l ui verneuii' de l'île, le fi~ admettre à l'école de doooa le commanrdement de l'armée de l'inté· Brienne, où les Ws de la noblesse recevaient rieur, mais pour peu de IC'!IlfPS, presque ausles principes d'une éducation militaire. Le sitôt il parlit m Halie et se mit à la tête des jeune Bonaparte se fit remarquer par son artroupes destinées à regeler les Autrichiens deur pour l'étude el surtout par son goût pour au~delà des Alpes. Par une admira ble camles mathémaüques. Au bout de cinq ans, il pagne (17%-1797), il dispersait successive· passa à I'Bcole militaire de Paris avec ce cerment cinq armées eooemies et malgré les retiticat: • M. de BonaiParte, né le 15 août 1769, vers su!bis en Allelll?..gne par les généraux de !bonne constitutiorn, exœllente santé, caJourdan et !Moreau, il força l'Autr1che à siracè.re soumis. Il a fait sa quatrième. Hongner la !Paix de Campo-fonnio. nête et reconnaissant, sa conduite est très réguJière. Il s'est toujours distingtlé par sou Afin de frapper l'Angleterre dans son comapplication aux mathématiques; il sait passa· merce, le gouvernemoot français avait adopté blernent l'histoire et la géographie, il est faile projet de Boooparte de conduire une exble en littérature. Oe sera tm excellent marin. pédiiii.oo en ~ypte: le Directoi'l'C n'étai! pao dâOhé d'éloigner œ généra:! déjà popuJaire, Mérite de ·passer à l'école de Paris. ,. mais dont Ja il'enommée g:ramflit encore par (1) Nou's devons cette intéressante étude ses victoires Ides rPynmides, d'Aboukir, du à un collalborateur occasionnel qui a !bien Mont-Thabo1' (1799). lL' Au'Wiob.e, profitant voulu l'écrire à l'occasion du centenaire de de l'absence du général qu'elle ,redoutait, s'alla mort de Napoléon. !er (S mai 1921 ). lia de nouveau awec l'Angleterre et la Russie
91
90 pour paralyser l'avance des armées françaises. Les Framçai5 [>erdirent leurs conquêtes en Allemargne et en Italie; malgré les SUJccès de Masséna en Suisse, la situation du gouveroe•ment français resta critique. Apprenant la situation de la France, Bonaparte quitta son armée d'Egy,pte, s'embaT· qua presque seul, traversa heureusement la .Mléditenanée, sillQillOée dans tous les sens par le fameux amirall Nelson, et débarqua .sllli' les côtes de la Provence. A l'enihou.sias· me a'Vec lequel il fut accueilli en route, le général OOIDIPrit que son heure était venue. Il étudia la situation, écouta les propositions de tous les partis sans se compromettre avec aucun, et se rendit compte de ce qu'il pourrait oser avec l'awui de ses anciens com· pagnons d'armes. Lucien, son frère, présidait le Conseil des Cinq-Cents et Siey~s, un des hommes polit~qu.es les plurs influents, con· sentait à s·entendTe avec lui. Le 18 Brumaire (9 novembre 1799) Bonaparte renversa le Di;ectoke et se rendit maitre du gouvememenl a.vec le titre de Premier Consul: la République n'existai·t plUlS que de nom et la Frauce avait un maître. ,La Révolution était finie, restait à réparer les ruines accumulées sur tout le territoire. Bonaparte se :met résolument à l'œuvre, il s'applique sans retard à la pacdication religieuse. Il abolit certaines loi~ haineuses, il adoucit l'exécution de celles auxquelles la ;prudence lui déifend de toucher. Il a bien vite fait de recoonaîi!e que la masse du peuple français est restée attachée à la foi cathoHque. Pour la rallier à lui, il sen fait connaître comme le défecseur de la religion; il laisse les prêtres rentrer, leur donne les égl!ises, il promet de faire davantage pour eux s'ils secondenJt l'œuvre pacifi.catriœ. Avec sa sûreté de coup d'œil et sa rapidité d'exécuiion, il accepte et réalise en peu de temps l'acte le pLus politique et en même temps le pLus brave de sa vie: le Concordat de 1801. Seules, la sincère loyruuté d'un pape Pie VII et la volonté de !fer d 'un NaiPoléoo pouvaient vai·ncre des diflfi.cuatés presque il:.· SIWIJtl()ntahles. Les BoUJrboOIS s'élevèrent con-
tre l'aJCcord, dans lequel ils croyaien~ 'Voir l'approbation pontificale de la situati011 JIO· litilque, telle que l'avait créé la Révolution, ma1s malgré tous les obstacles, Consalvi, se. crétaire d'Etat du prupe, diplomate habile, ré11s. sit à conclure le Concordat auquel le pape apposa sa ~ture le 15 aoftt 1801.
IM.al,.a:rê tant de préOCCUdJatioos et de tra. vaux que lui causèrent la conclusion du Con. cordat et la réorganisation administrative et dudiciaire ~Code Napoléon), Bonaparte ne perdit pas de v1ue la situation extérieure de ·l a France. IPollli' réparer les désastres militaires du Directoire et relever le pays au de· hors, il JPTOijeta de reconquérir l'Italie. Afin de surprenid!re Mêlas, général autrichien qui assiégeait Masséna dans Gênes, il passa le Grand-Saint-Bernard en quelques ·iOu!Ts, Bo. naparte avait deté aJUJ delà des Alpes ·quarante unil!e hommes·. Pour le transport du matériel de guerre, le Valais dut mettre su!l' pied p!Ur sieurs milliers d'hommes, ainsi qu'un grand nombre de chevaux et de mulets. Les œnons furent placés sur des troncs d 'Mbres creusés et traînés par les soldats ou des auxiliaires dUJ Va-lais. Napoléon emporta le fort d.e Bard, Ivrée, Vercil, Novare, Milan, Pavie, coupa la retraite aux ennemis et les battit complètement à !Marengo (14 1um 1800). iLa paix en· tre la Flliance et l'AutriChe iut signée à Luné. viJle, le 9 février 1801. La ..Suisse avait " hiit . des démarches pour être aarru.se aux negociatiOllS elle caressait l'espoir qu'en échnngt. des én~rmes sacrifices des années précéden· tes elle obtiendrait une rectification de fron· tiè~es tout a:u moins dow côté du sud el du nord.' Mais œ désir ne rut pas pris en con· sidération. La France faisait entrevoir à la Suisse l'acquisition du Frioktal, elle lui ga· rantissait en outre l'entière indépendao<! ainsi que le d,roit de s'organiser <:omme elit l'enten,dait. ile Fricktal passa à la République heivéüque peu de temps après, échangé con!tt un territoire beaucoup plus important: Ir Valais. Le Premier Consul l'avait détaché de la SUJisse afin de [>OUVOir poursu ivre à SOli gré la ·c~nstructioo de 1a route du Sim~IOIL En vain, les chefs du. goUNernement helvéhque
cherchèrent-ils à s'opposer là cet acte de violence, Bonaparte passa outre et raya Je Valais, malgré les protesta·tions de .ses habitants, de la liste des carnt0111s helvétiques. La vallée du Rhiône devint 1\lil Etat libre et indépendant sous la garantie des Républi ques irançaise, suisse et cisalpine. 1La France obtint Je libre passage du Simplon. Le 5 sep· tembre 1802, l'indépendance fut solennellement célébrée. A Sion la bannière aux douze étoi les se déploya sur 1\Hôtel·de-Vine a·ux sons d'UIIle musique militaire. iLes membres de la Diète assistèrent au • Te Deum~ chanté par ~'évêque. A la même époque, Bonaparle s'imposa comme médiat~ur entre les deux grands par· lis politiques de la Suisse, connus sous le nom de Fédéralistes et dUnitaires, et les força à déposer les armes, <:ar la guerre civile s'était rujowtée àltant de maux, qui av.tlent fransform.é le sol helvétique en un vaste chanw de !bataille. ILe Premier Consul appela 1 lui des députés de tous les cantons et de tous les partis, pour travailler à l'œuvre de la méldiation. Cette assemblée délibéra pendant près de deux mois; Bonaparte montra une étonnante compréhension des gens et des choses de la Suisse, mais il d:it bien voi•r qu'il avait un plan nettement arrêté et quïl n'admettait pas la contradiction. ILe 19 ifvrier 1803, le Premier Consul remit aux députés helvétiques c l'Acte de Médiation·· C'était un moyen t~e entre l'ancien régi:.'Jie et les nouvelles tendances politiques. iLes cantons reslaient souverains, mais les libertés les plus in1porlantes que la Rélvolution avait apportées étaient sauvega!ldées·. La SUIÎs.se put jouir pendant quelques années d'une certaine tranquillité et répa;er ses lforces épuisées par la gtlfrre et les luttes civiles. Mais elle paya cher la- m&iatioo étrangère et deYint de fait lill. Etat vassal. absolument d~dant de la France et du bon vouloir de Napoléon, prodamé empereur le 2 décembre 1804. :La Suis· se dut conclure une capitulation militaire et une alliance défensive aJVec 1a France; 16,000 hommes, plus tard 12,000, durent prendre Jlirt aux guerres 'continuelles de l'Empire.
Napoléon !l'econnut hautement la valeur de 111os troUJpes et les pla.ça volontier.s aux postes d'hoooeur, c'est-à-dire •aux points les plus [pér.illem:. iL'Angleterre ne powvait voir sans jalousie la puissance tou1jours croissante du nouveau monarque~ William Pitt, !Premier ministre, forma une coalition contre la F•ance; elle se composait de l' Angleter,re, de la Russie et de l'Autriche. -L'amiral Nelson anéantit la flotte Irarnçaise à Trafalgar, mais sur terre les Français furent partout victorieux. Napoléon oocupa Vienne et, le 2 décembre 1805, il ga· gna à Austerlitz la fameuse bataille des trois emperoors. Au traité de Presbourg, le SaintEmpire ,romain fut dissous, l'empereur François Jer pr.i.t le titre d 'empereur d'Autriche. Une nouvellle ligue, dont la .Prusse était Pâme, se renoua bientlôt contre la France. Aussitôt Napoléon se précipita sur l' Al:femagne, battit le !roi de Prus·se il .Iéna (1806) et les Russes à Eylau et à Friedland. ~ paix fut concluE; .à Tilsitt, en 1807; Napoléon gura à cette occasion la politique des Etalstampons, en créant le royauté de Wesp'halie, en faveur de son lfrère Jérô:m.e. Deux autres de ses frères, Joseph et LoUJis, occupaiMt, l'un ·le .trône Ide Naples et l'autre celui d,e Hollande: ainsi l'empereur, créant des ro· yaurnes autour de ses frontières et distribuant des couronnes aJUOC membres de sa famille, in· téressait les pays voisins au maintien de sa dynastie naissante. !Mais le despotisune de Napoléon grandit avec !Ses victoires. Dans sa toute-puissance, il d•isposait des peuples selon .sa volonté. Ett 1806, il se fit céder, par le roi de Prusse, la principauté de Neuêhâtel et la donna à l'onn de ses officiers, le général Berthier. fu 1810. d'un trait de fPlwne, le Valais était devenu wi dépa!rtement français, le Département du Simplon. déja quelques années auparavant, son ,représentant, la fameux ~u.rrea.u, avait iraité nolr·e canton en pays conqcis. Le préfet national, Oharles.\Emmanuel de ,Rivaz, fut des· titué et remplacé par un certain Pittier, avocat, tout dévoué à la politique !française. Le commerce et l'industrie de la Su.isse eurent
inau·
92 ~
beaucoup â souffr.ior du bloous continental, mesure prise par Napoléon contre l'Angleterlfe, en vertu de laquelle lous les ports du <:ontinent devaient être fermés aux 11avires an· glais. Bientôt les denrées coloniales, les ma· tières premières devinrent d'une èherté ex· cessive, des milliers d'ouvriers éfaient uns travail.
par les devoirs d'un corr!merce loyal, mais que, par des vexations froidement calculées, il mit le peuple suisse ~ns une situation pé. nilble, 'dont âl ne pouvait sortir qu'en se ralliant sans condition à la France. Tandis que la résistance des Es.pagnols se prolongeait, l'Autriche \faisait nes préparatifs pour .une nouJVeHe lutte. Mais, cette fois en· core, Napoléon sut prendre les devants, et [.'amibition de Napoléon ne connut plus de après des opérations menées avec une intelhomes; le Pape P.ie VU prétendit demeurer ligenoe supérieure, l'empereur entra à Vienneutre, l'empereur s'empara d'une pa·rtie dru territoilfe pontifical, Rome fut occupé par un ne le 13 mai 1809. .Par une clmse secrète du traité de tPaÎX, l'empereur François 1er avait corps d'armée français. le Plljpe opposa une résistance religieuse au dominateur de !"Eu- accortlé 'à Napoléon la main de sa fille; en 1810, l'empereur épousa l'archiduchesse d Au. rope en le !fra.ppamt d'une bulle d'excommunitriche Muie-.Louise; de ce mar.ia1g e nruquit <:ation. Napoléon, irrité, décréta la réuniOn l l'aoo'ée suivante, un fils, q~tti reçut le titre de l'Empire ttançais du reste des Etats de l"E• II'Oi de Rome •. Cet événement, qui assurait gùise, transporter et détenir IP.ie VU à Sala succession directe au trône impérial, sem. vooe et plus tard à Fontainebleau. Même ré· blait garantir la durée de la dynastie; il comsultat dans la Péninsule ibéirique: sommée iblaH les vœux de l'empereur, dont le pou· d'appl~quer le !blocus, le Portugal résista; les armées f·l'ançaises l'eawahirent, la famille ra· voir gra.n)di.ssait chaque jou·r. Mais si l'enr pire français était alo1·s à l'apogée de sa yale s'enJuit au Brésil (1809). Peu de temps puissance, il était aussi ibioo près de sa HÙ· après, Napoléon. décida Charles IV, roi d 'Esne: sa chute lfut aussi foudroyante qu'avait pagne, à abdiquer en faveur de son frère Jo· seph, ce dernier fut remplacé à Naples par été .ra.pide la 5ortune de son fondateur. Murat, époux de Caroline •BonG~parte. Mais En 1812, IN-ap~éon, voulant {orcer Alexandre 1}. 'à observer le blocus contillental, lan· bientôt une insurrection générale éclata en Espagne; aux cris de: • Mort aux Français! • ça SU[' aa Russie une brillante armée de plus les habitants re'foulèrertt les armées impérh· d'une demi-million d'hommes. n vainquit les les au deNt de l~Ebre; c'est ·alors ·que la ville Russes à Smolensk et à la Moskova et fit de Suagosse sollJtint deux sièges à jamais son mtrée triomphale â Moscou. Mais l pei· mémoralbles par 1héroïque défense de ses hane fut-i•l jnstallé dalls la vaste forteresse du bitanls. Des su.ocès éphémères, suivis de sanKremlin, que des incendies éclatèrent de tou· glantes défaites, marquèrent cette lutte stérile, tes parts, allumés par les RU!sses eux-mêmes. qui mleva 0. la France pluSi de .quatre ce.'ll •Prwé de vivres et de munitions, Napoléon mille hommes. Elle fut comme Je prélude des dut songer à la .retraite. Elle fut désastreLU:e, revers qu.i allaient cowp sur coup s'abattre des milliers de soldats périrent de faim, de sur l'·Empi•re. Les Suisses, aLt service de l'Esfroid et de lfatig~ue, msevelis sours la neigt, pagne, se déclarèrent pour le roi· légitime gelés SIU:T les affûts de leurs <:anons ou tomFerid.inand IV!ll, .ils s'associèrent à l'héroïque bant obscurément dans :Ja grande plaine gia· :insurrection nao~ionale, et .ce ·rut le général cée, frappés par les balles du cosaque. Huit Théodore Reding, frère d'Aloys Reding, qui, l neuf m'ille Suisses ser~ent dans la • Grlll· le 22 juillet 1808, força le corps français de de 1A:rmée », ils furent attribués avec la di· ·Dupont, fort de 17,000 hommes, à capituler vision Merle a u corps du Maréchal Audinol 'à Baylen. Cet événement mi{ !Napoléon hors et ;placés â 1'ai1e gauclle de l'armée d'in\'&· de lui; âussi constata-t-on nettement qu'à parsion; 'Ïils combattirent !héro'iquement à Oc fu- de ce moment-là il ne se tin! p1UJS pour lié lotzk, sur la Duna, contre les Russes que
coromantJait Wittgenstein. Il ne revinrent guèTel Œuf Je sort destiné 0. l'une des plus re iplou,s de 1000 dans leurs foyers. grandes ~igures de l'histoire: après avoir teArrivé en hâte à ·Paris, où l'a;yait appelé nu le premier rang sur la scène du mori'de la <:anspiration du général 'Ma.llet, Napoléon Napoléon alla silencieusement s'éteindre s~ leva: ·une nouvelle armée, qu'il dirigea sur W1 roc saUJVage, dans la solitude de l'Océan. l'A'1lemagne. Jamais le géflie ; militaire de Cet homme remarquable, qui a dépassé les l'empereur ne s'était montré d'w1e manière pLus grands guerriers, réunissait au génie 3ussi admirable que dans ses dernières camde la guerre, celui d'·UJ[I, administrateur habile pagnes, car il ne •commandait qu·à des consd'un législateur Œameux. Grand dans l'inlor~ crits âgés pour la plupart 'de 117 â 18 ans ses tune comme dans la prospérité, il désarma vieiUes troupes, les • grognards • comm~ on ses .eooemjs par ses malheurs, après les avoir les appelait, aJVaient disparu, fauchées par sl.IJQjug'l!Jés et éb'l:ouis par l'éclat de sa gloire. l'insatiable amibition de _leur chef, q ui les Ses .succès prodigieux et ses fravaux immen3Vait trainés et travers tous les pays de l'Eu· ses ont immortalisé son nom. Napoléon Ier rope. Napoléon fut d'abord victorieux, mais restera une des personnalités .les plus imposa défaite de •Leipzig le força à rentrer en samtes de l'histoire. Si trop souvent, pendant fr~ce, poLa" délfendre les ~routières contre son règne, la religion n'avait été qu'un im· les années des ~aUié's. Ceux-ci Je suivirent de trument politique entre ses mains, l'empereur près et malgré les brillantes victoires de l'emn'en était pas moins croyant sincère, maints pereur, les Autrichiens, les Russes et les passages de ses écrits le montrent. JI vouJut Pmssiens firent leur entrée à P arris. Le frère donner de sa foi un témoignage solennel dans de !louis XVI fut réta'bli sur le trône <le se3 son testament, qui commence ainsi: • Je pères; quant à Napoléon, qui avait abdiqué meurs dall>S ~a religion catholique, apostolià Fantainebleau, on le relégua à l'île d ' Elbe. que et romaine, dans 'le sein de ·laquelle je Tl n'y resta pas ·l"Ongtemps. Profitant des difsuis né. . . . . • I:. ficultés dUJ gOtWenement de Louis XVIII il d&barqua â Cannes, traversa la Fralilce 'en triomphateur et fit son entrée à Paris, pendant que le roi s'eniuyait à Gand. En moims de trois mois, l'empereur réunit une armée formidable, mais c'était t'l'op tard. .La fortuAu moment où ides taxes nouvelles, impone le trahit cléfinitivement' à Waterloo: mal· santes, vont, au bénéfice des Alliés, frapper gré l'héroque dévouement de la garde, comà leur sortie tootes les marchandises alleltlMlmandée par Cambronne, Napoléon fut vaiitcu des d'exportation, la France -~pays_ des bons (18 juin 1815). Ill abdiq•ua une secoo.de fois vins par exçelletnce ~ 'Va-l-elle tro:.tver quel· et alla demander asile â tl'AKigleterre. Mais que appoint dans l'impôt perçu sur les nns elle le déc:la•ra prisonnier de guerre et le fit d'Allemagne? Pourrait-elle aller jusqu'à ex· transporter à l'île Sainte-Hélène rocher stéploiler à son profit œrta:io·s .vignobles célèrile de l'Atlantique. U y mouru! ~près six ans bres? · d'exil, le 5 mai 1821. Son l::orps aut ramené en Les vins alfemands ne JSOIIlt peut-être pas 1840 â .Paris; 11 lfepose ·auijourd'hui dans un cooous à leurr valeur. somptueux tombeau, au Dôme des litvali· des. (1) me. «Ce serait, dans notre cœur une joie • sws pareille que d'avoir contribué à dimi· {1) Seul pa·rmi les souverains de l'Europe, » nuer les tortures de Napoléon. Il ne peut le pape Pie VII avait osé élever la voix en • plus être un danger pour quelqu'un; nous laveur de l'il1ustre pr.isonnier; il avait inter »désirerions .qu'il ne fût un remord•s pour cédé auprès de l'Angleterre pour obtenir u11 • pel'sonne. • •. . . Wie VII a.u régea:Jt d'Anadoucissemoot à la captivité du grand hom· gleter·re).
•••
Les vins allemands
---·
95 !Les dernières s~i.istiqrues viticoles d'avantguerre, apprennent •que l'Allemagne produisait près de 40,000 hectolitres de vins mousseux chaque année, dont elle exporta.it ·20,000 sur lesquels près de la moitié allaient en Ang1leterre et un quart aux Etafs,Unis. iLes uns étaient obtenus par des procédés champ~isation œrançaise a\vec des vins francais venus de Champagne. Afin d'éviter des -droits fort élevés qui les guettaient à la fronlière, plUJsieurs grosses maisons de Reims avaieu.t en effet transporté leur industrie dans l'enceinte même du Zollverein. Ainsi, à LU· xembourg, on insllalla en 1891 ruille IS.Uccursale d'une de nos p lu:s célèbres marques, qu.i expédiait en Allemagne annuellement pLUJs d''un million de bouteilles. A Welekind, à Mayence ~ Francfort sont eLtcore d'importantes us'ines allemand~s JPOUr la fabrication du vin de Ohampagne, a.vec capitaux et propriétaires allemands. Avant la guerre le persoonel était français. Une seconde catégorie très important~ de vins mousseux fut de tous temps obtenrue !Par des procé!dés de cha'ITtpagnisation kançais ~é rant sur des vins allemands pUITs ou coupés, notamment le • sparkling "• vin de la Mosel.le, jus{ement réputé. De nomlbreuses usines sont ainsi installées à Mayence, à Framcfort, Arei:z.bou,rg, Stuttgaxt, 'E1lorl'h, Rudesheim, Eislingen. Ces champagllles allemands se vendaient avarit 1914 de 3 à 4 marks la bouteille. Une troisième catégorie comprenait les vins allemands Œ"endrus mousseux par simple. addition d'acide carbonique, rproduits d 'écoulement !facile, étant :dOillOé leur bon marché, et assez agréable à ,b oire. Bien entendu, au~uill de ces vins mousseu:x: alleman:ds ne fut J.~ porté en f'rance, saurr pour quelques particuliers. Les seuls vins teutons pour lesquels les connai·sseull's l!rançais eurent quelque admira· tion :fu1·ent les vins du Rhi111, à bon droit ap· préciés. Depuis l'occupation des pays rhénans où 1'001 apprend à les connaître, leur importation a quadruplé. Les vins du Rhin sont poll:l" l'Allemagne uce véritable riches,se. La qualité remplace
'*
1· •
la quantité, car 1600 :hectares de vignobles seulement produisent 400,000 \hectolitres et, sur ,ces 1600 hectares, le fameux • ,johannisberg • n'en ocoupe que 16. Très sains et très diuréhques, ces vins n 'a ttaquent pas les nerls et n'entêtent pas. ~ Us rendent les pensées .simples et ouvrent les cœurs "• dit un ·dicton wes1!phalien. En vieillissant, ces vins gagnent considérablement en forœ et en moëlleux. Mais il leur manque œ qu9. [ait la force de nos vins de 'f.raoce : Je soleil.. Le doyen des vins .diu Rhin est le vin 'de Bacchanch, d'origine divine, assure-t-ou en Allemagne. !L'étymologie en est Bae<:hi-are, • autel de Bacchus~ . Le B<>harm1slberg est Je plus bmeux. Son vignoble tut !Planté en 1720, sur les ruines d '·une ablba.ye non loin de .Mayence. En 1807, Napoléon le concéda, comme do· tation, à Kellenmann, dUJC de Valmy, et le vin célèbre rut J1atUJralisé ~rançais. De 1804 à 1816, de nombreuses réunions diplomatiques se timent au château de Johanni:sberg, et l'on peut dire que la pa.i~ ou 1a guerre se rrouv:a au fond de ses bouteilles. ILe vignoble échut ensuite à Ja famille de Metternich. Mais pendant longtemps M. de RothF;Child aCheta tonte la récolte,_à raison de 15 k la bouteille. Une pièce de steiDJberg 1862, contenant 600 litres, atte~t le joli !Pl'ÏX de 11,000 fr. Un autre cm, l'œstrioh. 1861, chiHra jusqu'à 25,000 fr. Ces prix élevés ne sont !Tien à côté de ceux du 5amel.llX vin de la Rose, conse11Vé dans les ca.ves de l'Hôtel de Viile de Brême, depuis 1624 époque où six grandes ;pièces de Johan· nis~rg et six d'hochheimer y ~urent ;instal· lées: chacune reçut le nom idt'un apôtre et le vin de Judas ne iut pas le moins .estimé. Il e.it de tradilion qu'à mesure qu'une bou,. teille de vin des Apôtres est fuée, elle est immétliatement remplacée IPar lUne plus jeune, mais d 'excellente qualité, de ~elle sorte que depuis trois siècles, les douze tonneaux sont fOU!jOW'S pleins. Les statisticiens ont f·ait d'amusanfs cal·
cu!ls sur le vin de Brême, parlan! de ce point que ·Chaque pièce de 204 litres coûta en 1624 environ 1200 :francs. En comptant les irais d'ootrdien de la cave, les impositions et les intérêts composés de toutes ces sommea on arrive à ce résulta·t CUŒ"ieux, qu'une si:~ple golblie de ce Œameux :villl: coûta 1362 fr. de dépenses.
vins de france variait de 300,000 à 325 000 Hl1intaux. , ' Au taux actuel du mark, le vin français devient 'UU peu cher pour les Allemands. Une 'houleille de Champa.g ne à. Beu"lin vaut 400 mai!'ks. Aus&i l'évitent-ils ostensiblement et sous <:ouleur de :patrioti-sme, ou alors ils le boivent sous des ét iquettes macqwllées. Henri .OE FORGE.
On comprend qu'à ce prix on n'en abuse pas. iLa ville de Brême :pourtant etwoya de ce NillJ de la Rose à Gœthe le jour de sa fête. Pendant l'oooupation française, quelques géoér.wx en :burent à la gran,de colère des Brêmors, qui aMinnaient, non sans raison, que LE t.MlHMOI.:E OE LA SAINT:E-EPINE lewr ville avait payé ainsi à la France une A An'dl'ia, le miracle de Ja· Sainte-Epine, contribution de guerre plus forie que toutes qui se pro.du it ohaque .fois que le Veruirediles villes d'Allemagne reunies. Saint tombe le 25 mars, s 'est renouvelé cette En dehors des vins blancs du Rhi111, la année de'Vant 'Uùte ~oule énorme, devant la production viticole alilemande n 'était pas très Commission 'lOOcLicale et devant Mgr Virili, considérable avant le bouleversement de la de la Congrégation :d.es Rites. O n sait que la guer·re, bien qu'elle s'étendît encore au total Sainte Epine, conservée à Andria , est un dard sur 136,000 hectares, notamment en Alsace loog et acéré, q'ui aurait fait :partie, d'a~près (1,740,000 'hectolitres), en Bavière (1 ,400,000 la tradition, du !bourrelet d'épioes mis Stl'r le hectolitres), en Wurtemberg (700,000 hectolicheŒ augu ste du Sau,vel!T au moment de s a lres), en Saxe (710,000 hectolitres), en Prusse Pa ssion. Or!d!inai,rement desséC'hée, l'épine a (470,000 hectolitres), en Bade (600,000 hectoreverdi et s 'est couwerte de t·races de sang. A litres), etc.... ~oit un total de 6 millions la suite du miil'aele ts 'es't produite une impod'hectolitres. sante man.i[es tatiQU de lfoi. Toute la vm e, avec Quant au:x: vins rouges allemands, ils o'ou1 plU&ieurs é vêques et les tr·ois Chapitres, a pas la ,qualité des vins blancs, à part le vin s uiiVi· la Sainte .E pine portée en triomphe dans du duché de Nassau, qui ~appelle le Bourgoles rues, au chant dru • Noi vogliam Dio: gne, et les vins de Wurtemberg et de Bade qui sont très parfumés. Signalons au.ssi le vin Nous <VOLtions Diet~ • · On a lu ensuite un té· légramme de S. S. Boooît XV à l'Evêque : rose de Coblentz. « Le Saint-Père, fo rt heureux {le la nouvelle Evidemment la consommation familiale du du miTacle de la Sainte Epine, dont Noire· vin en Allemagne ne fut jamais très élevée, Seigneur a daigné Ja,voriser la pieuse p opuà part les • Weiustuben ~. • We.inhutten • , ou lation d'Andria, '!'emercie la bonté divine, et calés à JVin, où l'on ne ibuvait que du vin. donne à • Votre Gnll!ldeur, au clergé et aux C'était plutôt le bon vin i!'ouge de France, fidèles. la Béné{jictiOIL apos tolique. » le Bordeaux princiJPalemel!l.t, qUIÏ remplissait lou:jours le rôle ,que le vin ~ouge allemand n'était pas à même de tenir. 65 '% ides vins PEH11ES 'MANJrE.S étrangers non moru,sseux ibus eu Allemagne DE GRANDS HOM.M!ES avant 1914 étaient français. Ou a beaiKOUJP parlé d 'Edison.
--·------
-- --·----
Variétés
*
!L'importation du Champagne en pays alle. mand atteignait wne moyenne de 30 à 40,000 quintam:, aJ.ors :qllle l'i!IJiPOrlation totale_des
Tout d'abord, on avait annoncé que le cé· lèbr e iiJNenterur avait été victime, au cowrs d '.une de ses innombra;bles e~riences, d 'un
96 grave accident el qu1il étaii en danger de :mort. PrestCJJUe immédiatement après, on apprenali qu'•Erlisou, r evenu SIUibitement à la santé, travaillait, avec plus d'ardeur que jamais, à nou,s doter de nouveaux appareils de plus oo plus perfectionnés. Ce qu'il y a -de pltliS extraordinaire C·hez cet inJVenteur jprodigieux, 1qui révolutionna les conditions de la vie moderne, c'est qu'il a luimême l'ihoneur, la phobie de certaines inventions qui, dans les temps présen1s, durent exciteJr l'aŒmiration et l'enthousiasme de 11os
aînés. C'est a insi qu'Edison ne peut absolument souffrir ni leSi monrtres ni les pendules·. L'idée d'avoir ·chez lui un instrument quelconque mesurant et enregistrant la marche du temps, le met dans un état épouvantable. Un jour qu'on: 1ui présentait un en~ant, le grand Yankee, en proie à son idée tixe, s'écria à brûle pO,U!f[pOint: - Surtout, mon petit, ne porte ,jamais de mootre 1 .' i ! ' ~~ On raconte aussi qu:''Edison est si r~beile à J.a uotio.n. Ù\U temps qu'il avait complètement oublié le jour et J'heure de son mariage. Les invités attendaient à. l'église depuis une heure et le sawant Américain n.'appaTaissait trn~oU!fs pas. De guerre lasse, on se mit à sa rechê11che, et 011 le trouva dans son laboratoire, vaquant le plus .pais·iblement du monde à ses occupations habituelles. Tous les g.ranids hommes sont dü;traits , dira-t-on, et Edison ne fait pas exception· · ·. n·aœord mais il est tout de même amusant de co~stater que l'illustre chercheur qui ne veut ni voir une montre, n:i entendre son'ller une perrrdule pour n 'être pas dérangé dans son irava·il est précisément l'homme qui invenl'a le téÎélphone, ce fléau de tant d 'existences contemporaines. .Aiv:ant <fu lancer sa découverte, Edison aurait dft penser ii ees milliers de maLheureux que la soo.nerie du 'téléphone !la:it surs;a,u!er tant de fois par heU!fe et qui se précipitent à l'appareil pour coostater que c'est c col1ip~ • et qu'il nly a jplU·S personne au bout du hl. n est v.rai que le grand ,inventeU!f est at• 1
97 teint de .surdité. C'est ce qui explique qu.'il ait bravé poU!f soru compte, le :martyre qu'il allait inflrger à ses contemporains.
Comment je l'ai tué . (Dédié au>t mamans.)
=====
~ CADRANS SOLAmES Voici .q uelques inscriptions orelervées ·sur des cadrans solaires dans d.iversres localités du département des Hau1es-Aipes (france). C'est tou.jonrs Pl1oore de bien bire. Les Alberts (Cne Montgenèvre).
En .regardant l'heŒre qu'il est Pense â la mort et tiens-~o'i prêt.
•Le POET. Le terrvps passe, les a.clions restent. La VtACHERE. Vovs qui .passé sovvenê vovs an Passant qUJe to·vt passe comme je passe. VIJLLAR.D-ST-.PAINCR!AOE. Et le riche et le .pau'Vre et le !failble et le fort Vont tou•s égalemen'l des douleurs à la mort. VIiL.l.JEVU:LLE. ~1 est fPlUtS tard que jeunesse ne pwse·, Tôt ou tard il faut mourir. Avare pensez-y. PELVOUX.
A'frête ici, passant, :Pense à ta fin dernière. Arpprends qu'eu illl1 mometü Finira ta carrière. ST-CHAFFBREY (sU!f l'église). Nous fPOu:voos ajouter ceNe-ci, lue :m bas
d'm oa~diran solaire, sur une église de Savo-ie: . SOLI SOLI SOU! (Au .sew1 soleil de la Terre!)
G i· La ·socialisme prétend assuŒ'er et trws· for~ ~·avenir; le (lhristianisune transforme
le prêsent. n donne à l'humanité « le pafu de chruque aour », et cela dans tous les teT11fPS·
t A vooer que 1on a tort, c'est prau'V~ modestemènt que r'OO. es~ devenu plus rai· oonna:ble. Swift.
j'assiste en ce moment ·à cette chose navrante: la mort d'un village. Je l'ai connu tout vivant, 3JVCC son armature sumaturelle: Catéchi·smes, Mères chrétiennes, Enfants de Marie, séminaristes, conseillers de fabrique, chaque dimanche, fièrement au. lbanc d'teUJVre. Puis, ae l'ai vu s'anémier .peu à. peu ... vivre sur ses réserves... ses réserves s'q,uiser .. . . Et il va mourir ..•. PLus personne à la messe. . . pas même les mères ... pas rmême un jour <le Pâques! L'église devient verte comme un tombeau moisi où gît tout ~e travail du IPaS~, tout l'effort des ancêtres. Par contre, ~e connais iel autre village voisin qrui ressuscite . ... Tous les deux, aJout· la même cause, jouant en sens contraire. Dans le premier village, il n 'y a plus de curé rési'dant. Dans l'autre, il vient d'en ar.river un ... presque la mo.itié dm, tellement il est mutile de la guerre.
0 Un ·Cu:ré résikiant! ... Un vrai curé, qui voit ses paroissiens dru matin au soir, qui leur parle, se fuit aimer par les u ns, accepter pas les a-uires ... . qu.i catéchise ... catéohi•se! . .. qui s'installe cornme pour rester là toudoU!fs, !I'endant tous les services qu'il peut rendre, aimant ses ouailles et, la flamme au cœu:r, les défendant conIre les loups. Ce cu.ré-là, Iii est en train de devenir un mythe dans nombre de diocèses. [.e clocher, tiadis alirmation sereine de la prière, devient comme l'<appel déseSjpéré d'un petit peuple d'ârmes qui ne veut pas mou!'ir à 1'1déal, seuJe raison de vivre! Je ~onnais rdes cu.rés qui ont troi,s, quatre cinq paroisses l desservir.
Alors, c'est !la bicyclette, la messe hâtive et. . . la fui:te. Et les faulbourgs popWeuoc, surgissant autour des u.sines! ... et les .paroisses de 80,000, 90,000, 95,000 habitants! ... Vous figurez• vous cela? ... Et la tristesse inKinie de cette annonce lue hier dans un grand journal: «Eglise à vendre · · A vendre, non pas paorœ qu'u n ha~eux Consei,~ mUDicipa[ l'a tuée, ce qui est une mort de soldat, mais parce qu'elle est devenue ohose morte au milieu d'âmes mortes ...
~ Aus·si, la préocoupation de tous les manieurs d'âmes, c'est le prêtre .. . . Que le pa,gsionnant c demain • ne manque .pas de prêtres. . . d 'ardents et saints prêtres. 'Le prêtre, sel, ferment, lumière. . . le ,prêtre, sans lequel un village descend a,u-dessous des sauvages, qrui, eux, au moim, oot lellr gû•g.ri. Uepuis un siècle, le peuple a fourni Hmmense IlUJjorité des prêtres dont il avait besoin. Mais, chiffres en main, la bourgeOisie, l'aristocratie, ont incontestablemem failli ~ leux tâche de conducteurs de peuples. Pout"quoi? •.. L'invitation de Dieu lelJil a-t-elle manqué?.. . Certainement non! Mais l'histoire du jeune homme riche de l'Evangile est une histoire qui se répète, hélas! trop souvent. Oans, ma vie de prêtre, fen ai '<'U plusieu·rs cas fameux. Un, .s u!l'tout, m'a frappé. U m'a frappé, par.ce que le geune homme était exquis, et qu(. vraiment il mttcltait à l'etoile a.vec toute 'la ijuJvénile wrdeur de ses dtix-'h uit ans. La mission du prêtre l'avait attiré; u.n premier contact avec le bulbourg populaire ava it été pow lui toute •une rérvélaiion. Il y avait découvert dans les œuvres, e t surtout dans les patronages, des valeurs sociales •q ui acceptaient de vivre là, de s'y dévouer sans presrige et sans espoir humain, uniquement atin que c son règne aNirve •. Une immensité de bien luri tendait 1~ bras.
•Lui, qui pol.l!tlant n'était pas une tête, se sentait voulu par Dieu - qui aime ces oppositi:oos - à devenii· la tête de ces têtes. Oui. . . mais il était r-iche. . . très riche. Sa bmile se dressa, affolée, dès q,u 'elle pressentit le danger. J'ai assisfé à toutes les péripéties de la lutte. J'ai vu ce ieune homme, vainqueur tout en.sanglanté de sa victoire. Je l'ai vu se relever trois !:ois, el se traiuer vers son but. Et puis, un 1our, ce fut fini: il cessa, vaincu. eperdument trio1I11phante, sa mère le ramena au moode ûnconsolé de son départ. Et quand le monde l'eut repris, ce vamcu, ille traita comme tel, et en fit précisément ... ce que je raconte. Depuis keize ans, ce sutiet me tourmentait. Que de fois, ai-fie dit: • Je l'écrirai, ce livre! . . . ,. Oui, ma paroisse!. . . Oui, mais la guel"Te! ... Oui, mais ma vie surmenée!- . • En août demier, j'ai eu 1rois semaines de callm.e en une île de bea,uté, à Noi!moutier; et à raison d'un chapitre par jou:, le livn~ est né, en tempête, écrit avec une exaltation littéraire que ~e n'avais Jamais connue. Il fut .illustré, là-bas, d'après uatu'l'e, d'u.ue ttwlière un peu primitive, mais •qllti a une autre sruveur ·que l'illrustration de métier où fout semble coulé dans le même moule. ù cowverture seule est mondaine, parce que le livre est fruit pour pénétrer dans le monde. 1 ,Elle dit presque toul: la phrase de siilcê'rité que, dans son remords, me 1je!a la mère: c j'ai tué mon enfant! ... ~ Comme l'avait-elle tué? l.a réponse est ce quion voit, en demiteinte, der'!'iè•re la bmtalité des lettres.
fi Ce livre s'est donc ùnposé à moi. Je n'ai pas eu à en chercher le sll9et, ni le développement. Il est tellement de la photographie que, rpowr certains chapitres, J'ai de·
mandé la peTmission à ce qui reste de la tamille. Et maintenant, il va faire son oltemin, aimé par les uns, haï par les éllutres. Il Œera pressentir tout ce qu'il y a d'inconnu el de prenéllnt, de sowifrance et d'amour -, même liqueur - dans cette toute ;petite phlf.ase: c Etre prêtre! » Un soir, discutant avec H. Lavedan de sa rpièce du • Duel•, je lui disais: "Vou.s auIres, laïques, vous ne savez pas ... vous ne poUJvez ·pas savoir. Un prêtre seul pourrait traiter ce suaet, et il n'osera pas ...• Après 33 ans de ministère à Paris, où ;).'ai traversé toute la couche ·sociale, fai cru powvoi.r oser. J'ai essayé, en parlant leur langage, de dresser devant les gens du monde cette splendide et reidouiable chose qu'est la vocation sacerdotale. j'ai tenté de leur .faire comprendre, dans ce qu'ils appellent c une !ranche de vie VI· vante • le péril couru par une âme qui refuse de monter, el qui a peur de >Dieu qui appelle. Puisse-i-ii, ce liv•re, qui fur[ une sowfhance pouT moi, parce .qu i·l est cruel. . . puisse-t-il aller chercher ceux auxquels il est destiné. . . . Les faire !l'éfléchj.r et comparer: . . . Qu'est ma pauVIre vie humaine! ... Quelle envergure elle IPourmit prendre si, au souftle qui la sollicite, mon âme, toutes gran· des, ouvrait ses deux ailes!... Ce ·livre ;veut chanter l'acte de foi que doit faire un jeune homme quand la ;voix du Maitre invite sa faiblesse vers ·la splendide vocation. c La Grande Amie • a fait des fermiers. Le livre de douleur et d'amour fera peulêtre des prêtres .... Pierre ~·Ermite.
- -----··t-J•to----t >Dieu nous entend quand rien ne nous répond. Il est 1â quand nous nous croyons seul:s. Il nous airrne ·quandi tout nous abao· donne. s. Augustin.
Ne dites pas de mal
Ce soot les grandes démolisseuses de ré~utalions. Voyez agir la médisance. Elle va,
Je ne crois pas qu'il soit rien au momie evoquant LWe erreur d'un instant une faute sauf. la calomnie, de plus malfaisant que 1~ depuis longtemps réparée, un act: dont l'aumédisance, parce quïl n'est rien d'aussi réteur s'est repenti avec tristesse et sin<:~!rilé patlidiu et nen pour ouoi les hommes .mon• ou simplement -une étourderie, un lrait d~ trent plus , . d'indulgence· Vous me'·d·tsez t ous, car·a dère Mcheux, ulll.e parole imprudente. nous_ méchsoos tous, el plusieurs fois chaC'en est assez, même s'il ne s'est point mêlé q~e 1our. Rarement en sommes-nous bllinés. à ces discours d'intentions malignes et de Bten pltts, la force de l'habitude est devenue sous-ente·ndus inquiétants, poUl· indispoœ r . . telle que, nou.s en arrivons à ne plus Jamlats contre la personne mise en cause un esprit songer a mal -quand\ par nos propos nous non prévenu, pour ternir une réputa1ion. ~esservons autrui, et il n 'est pas jusq·d'à nos Mais que de circonstances cootrihueut souJnterlocufeurs eux-mêmes, ·qui, nous é cou tan,t vent à empirer le mal! Les méchants propos no.us approuvant, nous encourage3J!lt, ne ont été tenus en présence d·un nomme dont so•ent, en ~éral, tout à fait inconscients de l'iOJ!iluence peut favoriser ou desservir celui collaborer a Wle mauvaise action El qu'ils évoquent; ils se sont donné libre cours d tr L 'd' · ~peuan · a. me Isance, qui est l'aboutisse~oot devant u•n auditoire nombreux, où nul n'a de nos ~Ire.s .tendances, est à l'origine de désongé à en. atténuer l'ellfet; au contraire, ils s~stres mdmduels, voire de désordres soont trouvé, pour les colporter, la collaboracta·ux sans nombre et d immense conséquence. tion complaisante dune personne bavarde ou Le plu~ précieux des ·bioo.s terrestres est méchante. compris de travers, ils seront am~ réputatJon: Autant que de produits mat~ plifiés, déJfigurés, rendus plus malfaisants ennels, no~s vtvons de l'estime d'autrui; je dis core. Rappelez-vous ce que c'est que la monous c Vtvons • et j'emplois ce mot dans soo querie et les interprétations calomnieuses que se?s. le ~lus ter.re à terre. Cette estime, Je la sottise ou la malignité peuvent lui doncrédtt quelle implique, nous sont imdispen- ner; de semblables réflexions trouver.aient sa?les pour trouver à nous loger et à traici leur place, mais à la cooditioo d'être fort vatller autant qu'à commen""r et a, empruuaggravées. ~" ter. H y a. plus: HJOmme ne vit pas seuleAinsi arrive-t-il que la médisance prive ~en~ ~e pam; or, le don précieux de 1 amitié, l'apprenti ou l'ouvrier d'une place avantales JOies ~éce~sair:S ~u cœur et de l'esprit geuse, le commerçant d une commande lucra~oot refusees a qui na point •lllle répulatioo tive, le besogneux d'un secours opportun, un mtacte. . « Bonne renommée dit la .· , sagesse d~s na1wns, vaut mteux que ceinture dorée. • aeune homme d'amitiés fécondes, un soldat de la bienveiJlance de ses oheis, un prétenCest la vérité même et nul n"en doute vous tou~ les premiers, qui n'al'lez pas {usqu •à dant de la mam d'un être aimé tant d'homtr.es de sympalhies. Voler au pr~chain sa récra.mdre de perdre sans retour la considéputation, c'est lui porter le tort le pLus grave, r~hon d'autrui, mais qui vous 'mOntrez si déparce que c'e:;t souvent lui voler son argent, SJ~eux. de la garder et de l'accroître: car je et parce que c'est lui enlever en tou t cas s:us bten que chacun d'entre vous serait nad 'autres moyens, plus sûrs du reste et plus vré et furieux si ses camarades· le tenaient puissants, d'atteindre au booheur. po~r malacfu-oit ou sot; si moi-même je le jugeals menteur ou indélicat. Ce doit vous être N'est-ce pas lui prendre aussi parfois la une. raison · pour détester la calomnie et la paix de sa conscience? Car certains, que l'acmédt~anœ, plus fréquenje, plus damgereuse à tion individuelle d'une âme droîte eût pu corcertams égards, parce que fondée sur des riger, inciter à réparer une faute, tiennent à données exactes. leur atritnde, persistent da·ns leurs égare-
i oi
iOO inents pour flatter ou pour 'braver ~·opinion dès qu'ils la savent prévenue. Que de jeunes hommes disciplinés soot devenus de malheureux révoltés, au r égiment et plus taJ'Idi, parce qu'un bavard malfaisant leur avait ~ait une réputatioo de mauvaise tète! .. . La médisance ne ravage pas seulement les vies individuelles, elle ~ette dans les familles et dans les sociétés des germes destructeurs d'une hienlfaisante paix. Que de malentendus elle crée entre les hommes! Que de jalousies, de :rancœurs, de haines, elle a fait nattre! Que d'amitiés, que de bonheurs, elle a troublés! Votre jeunesse sans doute peut déjit en porter témoig~J~age. Vous avez constaté l'in·quiétude, la division, ~etées par des paroles imprudentes en certains ménages. Vous avez vu la discorde naître entre des patrons . et des ouvriers qui, depuis tou~ours, vivaioot d 'accord, la mésentente s 'insinuer et se répandre dans des groupements demeurés longtemps unis, peut-être même tel de vos dirigeants, dans ce patrooage, perdre la confiance et l'amitié de quelques-uns, parce que des paroles prononcées en une crise de mauvaise humeur et tout a1ussitôt regrettées, avaient été redites et mal interprétées. Surtout vous avez vu la société troublée jus-qu'en ses fondemoots parce que les médisances des orateurs de réunions publiques, des rédacteurs de feuilles :révoLutionnaires je ne parle même pas de leurs calomnies, reprises par des esprits féroces, ambitieux ou simples, ont excité l'envie et la haine des masses. Flétrir sans relâche, comme font certains, le luxe des :riches, l'égoïsme des bourgeois, le vke des parveoos, ce n'est· peutêtre point toujours mentir. Mais c'est faire de la vHaine besogne, parce que les dêbordemen ts et les tares de quelques-·uns ne sont pas le fait de tom:~. Or, il faut craindr~ que la foule ne comprenne pas les discriminatioos néces.saires et fasse maUJVais usage de certa·ines vérités. Ne médisez pas des individus, mais ne médisez pas non plus des collectivités, ca·r la mêdisan·ce, comme toute in-
justice, sépare les hommes, et vous devéz chercher, aimer, promouvoir ce ~qui les 'll.!Ùt. La médisance! Oui, c'est un terrible fléa·u. (,;Eoho.'') A. M.
......
~-----·
Nos grands hommes Il n'y a rien de petit chez les ·g rands, mais lors-que la grandeur atteint l'envergure de celle d'un Louis XlV, les singularités par lesquelles se signale le personnage touchent au phénomène. Tel l'appétit du plus illustre des Bourbons, appétit d'ailleurs traditioMel dans la bmille, qu'on: retrouve surtout chez louis XVI et chez son frère Louis XVIII el qui, chez Louis )GV, constituait un cas de boulimie bien caractérisé. Quand il était va. létudinaire le • Grand Roi » se contentait de croûtes mÙonnées, d'un potage aux pigeons et de trois poulets. En temps normal la princesse Palatine le vit souvent manger quatre assiettes de soupes diverses, un .faisan entier, une perdrix, une grande assiette de sa· lade, du mouton au jus et à l'ail, deux bonnes tranches de jambon, une assiette de pâtisserie, et puis encore du huit et des confitures. Ce qui n'empêchait pas le .fameux en· cas de nuit qu'il arriva à Molière de pariager. Louis XIII, lui, se satis.faisait plutôt par les yeux. • On voyait venir, dit Tallemant de Raux, l'écu~er Georges avec de b elles Jar· doires et des gra·ndes longes de veau ef, une ~ois, ie ne sais .plus qui vint d~re que Sa Maiesté l•ardoit! ,. Tous les goûts sont dans l'é· tonnante nature humaine. Lalande, le génial astronome français, mangeait des araignées et leur trouvait un goût exquis de noisettes !raiches. Sohitler alE!ectionnait le par'Ium des ~m· mes pourries et Gœthe l'odeur des bettera· ves lfri tes. Turgot, .p ar contre, n'était jamais mieux entraîné au travail que lorsqu'il avait large· ment dîné. Le philosophe .Malebranche, qui était la
,dhrîété ~me voyait sans cesse un gigot au bout de son nez. On n 'en tinirait pas sur le chapitre des singularités des personnages célèbres. Celui de leurs tics et de leurs manies n 'e st pas moins long, non plus .que celui de leurs antipathies nerveuses. !Ladis las, roi de Pologne, se troublait et prenait la Œ uite ~quand il voyait de l'eau: cette aversion était du reste partagée par son peuple. • Henri III ne pouiVait :rester seul dans une cha·rnbre où se trouvait ua chat. 'Le terrible duc d'Epernoo. s'évanouissait à. ·la vue d ~un levraut, qui pouvait etire, comme celui de La fon taine: Suis":ie donc un foudre de guerre? •Le maréchal de •Brézé tombait eu pamoison devant un lapin. Mais, sans remonter dans l'histoire, .aous trouvons dans la vie d 'illustres hommes de guerre, nos contemporains, des antipathies physiques d 'un caractèr e bien accentué. C est ainsi que le maréchal lord Roberts, le gétnéralissime. dans la guerre du Transvaal, qui jouit chez nos ·voisins d 'outre-Manche de la plus g·rande réputation milita·ire, ne peut surmonter, même dadls les circonstances les plus critiques, son aversioo pour les chats. Pendant une bataille sou·s Ca<boul, le général Roberts, entouré de son état-mrujor, restait comme d'·habitude impassible sous une grêle de balles et d'obus. Tout !à coup, il se mit à trembler. Cet homme, qui a vu coot batailles, 'liiOntra-it avec un geste désespéré le sommet d'un mur où était accroupi un chat. On ohassa la bête et lord Roberts reprit posse;;sion 'Cie lui-même. Un autre jour, à Mandalay, •oo de ses aides-de.-"Camp qlLi venait le chercher pour l'accompagner au mess, le trouva assis devant sa tente et contemplan t avec elllfarement un petit chat qui se frottait contre sa botte. Ruydard Kipling, le grand écriv~in, avait rapporté d'un de ses voyages aux .Indes un magnifique chat doot il était très Her. il..ord .R oberts dînait un . jour chez lui en nombreuse compagnie quand le chat
entra dans la salle à manger et sauta sur 1•êpaule de son maître. Aussitôt lord Rober ts visib.lement décontenancé, voulut se retire r,' expliquant qu'il avait oublié u n rendez-vous d'une e_xc~ptionneJie impor tance. Mais Rupdard K1plmg s'avisa de la vraie cause de cet embarras soudain· et, le chat disparu, le maréchal ne parla plu.s de quitter la table. Ce qui s'exp1ique mieux, sur to.ut chez les grands savants, qui en sont d 'ailleUis assez co~tumiers, ce sontt les distractions d'esprit. ~d1so~ est, pa•r exemple, l'homme le plus d1stra1t du moode. Le jour de ses noces il oublia sa {emme à la gare où elle l'avait ~ré cédé. Après une vaine attente, Mme Edison se décida à aller aux informations et elle trouva son mari dans son labor atoire1 s i occupé d'une recherche qu'il avait oublié l'ent· ploi de sa soirée. .Plus ré-cemment, le célèbre i111 venteur devait assister au banquet annuel que donne en soo honneur la Société qui exploite ses brevets. Son ohef d'atel'Ier l'en avait averti plus de dix fois dans la !journée: • Le bauquet est pour 5 heures, vous vous ferez raser, vous mettrez votre habit, je viendrai vous pr endre à 4 heures et demie. - Entendu, entendu ! • - Néanmoins quand l'automobile vint s'arrêter devant Menge•P.ark Edison, qui ne se souvenait de rien dessi: nait tranquillement, la barbe longu~, vêtLL dJun pantalon et d 'une blou se de tra vail. De la salle du banquet où l'on téléphona le retard et sa cause, les assistants insistèrent pour que le maître vînt présider da ns sa tenue d 'atelier, et ce fut 1 occasion d 'une ovation encore plus enthousiaste. Jusqu'à la Jin de sa vie, Pasteur eut de ces distractions d'e;,prit qui '!'·isolaient d.u monde extérieur; il e111 avait ~~ à Strasbourg, neune professeur à la Faculté des s<:ien· ces, tout récemment marié et très épris. A ce propos, son gendre, dans un petit livre d'une centaine de pages, écrit seulement pour quelques amis, nconte une anecdote bien jolie: • Un jour, tou t le morvd.e était en fête à Strasbourg. •Le prince .Louis Bonapar:te venait [aire une tournée de gala. Les habita,nts se précipitaient au-deV'ant de lui. Les troupes
H'J2 étaient en mouvement. ... Mme Pasteur avait demandé il son mari de faire avec elle, à travers les quais et les plaœs, ooe promenade d'une -heure ou 'deux. Ce fut chose convenue. Le temps d'ailer un instant au laboraloiu~, lui dit Pasteur avec s incérité, et je reviens. • Mme ,Pasteur ne faillit pas attendre, elle attendit toute la tioumée. Ce ne ·fut qu'au moment du: d~er que .Pasteur reparut et lui dit, en s'excusant: • Que veux-tu? je ne pou· vais interrompre mes expériences!» Mme ·Pasteur trouva cette raison péremptoire et sourit à son cher tdavant Robert DELYS.
..______
....._
·---~-
Un fils de ses œuvres Philippe Suchard descendait de Téifugiés français. Né â. Boudry en 1797, il qui'lta la maison à l'iî.ge de 13 ans. Durant huit a:nnées d'apprentissage, il travaille en moyem.ne 14 heures par ~our, souvent même plusiwn nuits de suite pendant les derniers mois de l'année. tUne fois, n'ayant pas fermé l'œil pendant 48 heures - son travail COJJsistait ~ casser des œufs pour la fabrication des fameux biscômes de Berne - til s'endort ... . Son !rère, qu.i était en même temps son patr?n, révei~~e brusquement et voit avec stupéfactwa qu JI avait dans son engourdissement jeté les coqu.iUes dans la marmite et les œufs par terre. Il l'envoie couoher, en lui disant: • Tu ne seras jamais bon à rien. » Mais dè: ce m~ rnent il ne le laisse plus veiller qu une . nuolt su:r deux. Agé de 27 ans, il part pour l'Amérique et· revient l'année suivante pour s'établir à Neuchâtel. En 1826, il [onde la !ahri·que de ohocJ~at à Serrières · mais esprit entreprenant et crea'leur il ne 'se co~tente pas dè cette seule aot:tivité. Il établit Wle fabrique de macaronis, étudie la culiure des vers à soie et crée une Société pour la navigation à vapeur sur le lac de NeuchâteL Il devient capitaine dLt premier ba.~eau quli circule sur ce lac. Il reste à
1:
lOB
ce poste pendant ,p!usièu.rs années. Cela lui donne l"occas.ion de s1occuper de l'as.sailllissement des wastes marais qui bordaient le lac au nord; ses projets, repris plus lard. ont été complétés, puis réalisés sous le nom de Correction des eaux du Jura. Pressé de nouveau par soo besoin d'aventures, il reparrt pour l'Amérique où il fonde une colonie. Sur le navire, il a été reconnu et honoré comme le premier capitaine de marine suisse. II rewient en Europe. En 1857, soo !ils Philippe entre dans la ~ahr.ique de chocolat. Déga<Té >des soucis de cette entreprise, Philippe"'Suchard père peut donner libre cou.rs à ses goûts de voyages. 1En 1859, le canon gronde à So~er~no . .Phi· lippe Snchard entre dans la Croix-Rouge nouvell'ement cr~e, et faisant preuve - d'un ~é vouement inlassable, il se trouve au premier rang pa·rrni les volootûres accourus sur le ohamp de bataille pour soLgner les blessés. tEn 1870 til veut de nouveau être là ott le sang couJe: Il remplit sa miss.i on h~ani· taire en apportant des viwes :i!UX VIChmes de la guerre à Stratlbourg. . Agé de 75 ans, il fait encore une fo1s Je tour du monde. .Le 14 janvier 1884, il s'endort paisible· men.t, entouré des sdens. Le trisie pronostic de son frère aîné ne s'était pas accompli! Il avait pris de bonne heure pour devise ces mots: • Ora et la· bora: (.Prie et tra~aille) que lui avait incul· qués sa pieuse mère, et il a prouvé que l'é· nergje, avec l'aide de Dieu, fait ume vie inté· ressaute et utile.
••
La conservation des œufs Pour 'le moment venu' tdes grandes pontes. 1\lt'.ai'S il ne suffit pas que coq gratte, il faut que poule ramasse, dit UJil proverbe. . Si en eMet il incomlbe au coq, c'est-à-dtre au cheif de l'~x:ploitatioo, de semer et de colter, de diriger eu un mot tous les grandi
*
travaux assUTant l'avenir du \:lomaine, il est
du devoir de la fermière de retirer de son
côté tous les petits profits poss~bles dont le cumul V•i.ent, eÎl fi11 de C()mpte, augmente.r sen;ihleme.nt les 'revenus de la Œerme. A ce poilllt de vue, la basse-coœr l iou1jours tenu un mng élevé. Si la chair des volailles
est le pr.üucipal produ.it qui en dérive, les œufs
li-tres d'eau. On agite vivement, puis on laisse reposer !e lait de chaux rpour décanter ensu.ile le liquide •qui, peut à peu,· laisse déposer sur la coquille une partie de la .chaux dont elle est satUTée, et en !bouche .Jes pores. Le 'l'écipient pourra être muni d'un ori~i ce >à sa pa-rlie inférieure pot.l!r permettre l'écoulement \d'une cetaine partie de liquide lorsqu 'on voudra ·preudre les œlllfs. Bien soUNent, même au bout de .quelques ifoll!rs, on les retire pour les laire égoutier d sécher, 11l.'l.is c'est Un i·ort, foute la sunface de la coquille n'étant pas ég1a!ement recouverte de ohaux. ·Emploi de l'a.cide salicylique. - Il su>ffit d'incor;porer lill!J !beurre de l'acide salicylique à la dose de 2 à 3 %, d 'introillcire les œufs da11s ce mélange et les reti1rer ensuite pour les placer par couches dan-s de la sciure de bois bien sèclhe.
ne cons:fituent pas moins tme re3sou-r::e impod'ante. Leur <vente est incontestablement ré· n1unératrice, surtout oo l'opérant aLL momen t où les prix sont :relativement élevés. Dans ce but, la fermière prévoyante a Sl)in de faire sa provision dans les mois de grande prodJuction et de pounok ensuite à sa conservation en attenklant patiemlllelrJ.i la hausse du prix. On reconnaît .q u'un. œlllf est frais lors.qu 'en Je secolllallt dans le .sens de la longueur on ne sent aucun choc, lorsque plongé dans une dissolwlion de 100 grammes de sel par litre Néanmoins, il est moins C()Ûteux de se d'eau, il tombe au fond du récipien,t, lorsserviJ· td':une simple dissoluJ.ion d' acide saliqu'enfin, placé entre l'œil et u.ne rvive iwmière, cylique dans la proportion d'une cuillerée à il est albsolument clair. bou,che pour cilllq litres d'eau. Cette solution L'œuf récemment pondLL est totalement îroide est ensuHe versée 'ii'UT les œufs préalapeu à peu les liquides qu'il renferme blerne nt ;placés dans un récipient en terre ou sévaporenl à travers les pores de la coquille en. bois, ijrunais en métaL On les maintient rt sont remplacés par de l'air. On dislingue complètema1t immergés au moyen de q uelalors au gros bout un vide dénonm1é • cham. ques planches flottantes swr la surface du liJre à air" qui s 'accroît au fur et à mesure qujde. Les œufs ainsi préparés sont à êl:re que l'œuf veillit. Au bout d'un œriain tenws, utilisés dès leur sortie du récipient. il se pr<>t:iluit ooe fermentation ~putr;ide avec 1Procédés divers. - Les procédés de condégagement d'acide .suldihydtrique .quli caractéservation que nous rvenons de d~cri.re sont rise les œuŒs pourris. ceux ~ uXJqu.els nous conseillons d'avok re.Les procédés de •COOSe.I'IV'ation ()nt pour cours, au premier en :particulier, pOUJr le cas but d'empêcher cette pénétration de .J'air en surtout où la .provision traitée est destiné>e à garantis.swt les œulfs de soo contact. la vente. Mais ce ne sont pas ks seuls praCes procéd~s sont nombreux et s'aP" tiqués. pliquent aussi bien aux approvisionnements J, ux Elats-Unis, on expose les œUI!s peubi.ts al!J domaine en 1\'lle de la :vente, qu'à daut quelques heures awc. fwnées d'un tneanetux destinés à la con-sommation familiale. [!.c, à parties égales, Ide chlorate de potasse, Toutefois nous nous limiterons aux plus si'tn·J~ sucre et d~ide salicylique. ples et auac plus pratiques. En Russie, on les enduit de corps gras, Emploù de l'eau de ohaux. - On délaie pri.ncip~ !ement de ·vaseline et on les dispose la chaux kaîOhemen.t éteinte da•11s une ~usuite , le gros bout en ihaut, 'dans des caisd'eau supérieure à celle nécessaire ses pleineiS de son.. recouvrir la totalité des œuf·s à conser· Lors~qu'il s'agit d 'une courle durée de con, à raison de un litre de chaux pour trois servation, beauJCOOp se ,contentent de mettre
•
105 les œUJfs dans une matière ,pulvéwlente: oet1>' dre, ·son, g.rains, poussière de cha.rlboo, sciure. Il faut éviter, et œLt est très important, l'emploi de œtte dernière substance qru•i nou seulement a l'i1t1.convén ient d "a>bsorber facilement l'humidité, mais encore possède l'odeur de !"essence d'arbre qui l'a produite et dont sï~p~eraient facilement les œufs. En terminant cette caUJSerie, signalons les reoherclies scientifiques faites par M. Zorherdoo!er sur la question de conservatibn des œufs. Cet elqpêrimentateur a bit coonaitre que la putrlfadion des œuJfs est l'œuvre de mim:>1bes qui pullUJlent à la s-urface de l'œuf et pénètrent ' l'in\éri~ur .par les pores 'de la coquille. L'humidité favorise beaucoup leu.r déve· Jappement. Par suite, il n'hésite .pas à donner, parmi tou·s les .procédés préconisés, la .préférence à ['ancienne pratique qu.i consiste à endu.ire les œufs de 'Vemis. Après deux mois, des œufs ainsi préparés, même inoou.lés avec quelques· wts de ces microbes, étaient encore parfaitement consel'vés, tandis que ceux servant de témoins s'étaient gâtés en peu de jours. Jean D'ARAULES.
-···Variétés
RBMf>USSEZ IIYEAJU VOTRE BOUCHE!
Vue •!emme vint un jour trou.ver S. Vincent ferrier et se plaignait vivement à lui des mau'Vais traitements qu'elle recevait de son mari: - Enseignez-moi, mon hou Père, ajoutat-elle, un moyen efficace pour avoir la paix dans ma maison, alin que cet 'homme ne me ma!traite pas continuellement en m'injuriant et me battant. .Le sain~ I.t laissa parler â son aise. Il comprit bientôt la cause du mal rloo.t elle se plaignait; c'était son caractère; elle provoquait la colère de .son mari par ses bavardages et son insolence. Alors le .s-aint lui d.it: - Si vous désirez mettre un terme à ces
d1spositions fâcheuses, allez trouver le Frère portier de notre couvent et faites-vous don. uer un vase d'eau du puits qui est au milieu du cloître. [.orsque votre mari entrera daos la maison, prenez aussii'ôt une gorgée de cette eau et gardez-là longtemps dans votre bouche. Si vous faites cela, ,je vous l'assure votre ma-ri ne 'Se fâchera plus et df'VIie~~dr~ doux comme un agneaU'. !Lorsque le mari rentra et commença à s'irri!er, eUe courut pretlldie une gorgée d'eau qulelle retint aussi longtemps qu'elle puf; ce qui fit que n'ayant pas de réponse, le mari se tut à son tour. Il fut toUJ{ étonné de ce qu·eue ne disait rien et ~1 rendit grâces l Dieu de ravoir changée. Quand le fa.ït se fut produit plusieurs fois, ttoujjours avec le même ·succès, la femme re· tourna trou.ver S. Vincent et le remercia de tout cœur de lui avoir donné cette eau mer· veilleuse. - Ile remëde, répondit le saint, ce n'est pas l'eau du puil!s, comme vous le croyez, mais le silence. En VOUS taisant, VOUS avez mis la paix entre vous et votre mari· · ·' De là le proverbe commun à Valence, en Espagne: lorsqu'une femme se plaint de soa mari, olll lui répond: - 'Remplissez d'eau 'Votre bouche, et il vous arrivera ce qu'a dit S. Vincenlt. Voilà certes encore un eicellenlt résultat de l'usa~e de l:eau; si dans ce cas, elle o;est pas le remède proprement dit, elle en est au moins !"instrument. ·Les buveurs d'eau feront hien de l'utiliser à l'occasion et ce sera un argu·.ment de plus en [aveur de l'absttinena et de l'utilité de l'eau.
t
0
fai1'e du Qu-ist, touüours vivant et P~ sent au milieu de nous, le modèle de notre vie et l'ami de chaque heuŒ"e, les heures dou!GureUJSes et les heULre5' bén.ies. Lui demander de se iMre aimer à travers nous, par d'lit tres âmes et être, suivant une comparaisoa heureuiSe • le vase grossier qui renferme une brillante lumière et à travers lequel cette lumière ~daire, et !I"écbaUiffe tout ce qui l'ee· toure •-
An soir de la vie A 'l'hewre où l'Orient commence à se voiler, où tous ·l es !bruits s 'éteignent, le vieil1ard s uiv•ait •lentement, le long
des blés jaunis•sants IC!êj'à, le sentier so-
/P'éllf la foi, votre heure est venue. La mienne au·ssi !Viendra, et d'autres, à l·ewr tour, la journée .de la'beuT finie, regagnant leur pauvre •cabane, prête11ont l'01reil1e là la voix ·qui .dit: « Sou'Venezvous des morts. "
litaire.
L'a~b'eiLle avait tregagné sa rucl!.e, l'oisealtl son gîte noot.urne; les feuilles j1]]!110ibJHes :donmaient !SUif le'lllf tige; U:n sileruce 'triste et dloux ·enveloppait la terre a'S50UHJie. Une seu~e •voix, la voix lointaine de la doche .du hameau ondulait dans l'air calme. 1E'lle di&ait : •S(}u'Venez-vous des morts. lEt >C(}DlJIJle fa s.cin'é l)la•r S~es :rêves, il semblait taU vieilLaJrid qrue la VIOiX des morts, lfaib[e et vague, :se mêlait !à cette
voix alérienne. - Revenez-vou.g visiter Ires lieux 'OÙ s'atcromplit vo~re :ra'Pide voyage, y dJeocher le SOU'Venk de douaeU'f'S et de joies qui l{)nt pa·s sé tSi vire? Oomme 1a tfumlée, •qui smt de 'VOS · de dhaume et se ,diss~pe tS(}Udain, ainsi vous VIOUS êtes tévanouis. 'Vos tornlbes verdissent là-has 'SOUJS le vieux cyiprès ldu cimetière. Quland les sou1lfles humides du ·C()IUchant murmurent entre les hautes hetrIres, on ·dirait .des e&prits qui gémissent. 0 mO'fits, maintenant vous êtes en ix : plus de souieis, :plUs de l'armes; · · , 1utsent IPO·Utr vous 'des, astres plus !beaux; •un solei'l p;lUis lr.adieux inonde, de ses Sfplendeurs, des mers ltlhlarèl~ tet •des hori:rons inlfinis ! fP!él.T}ez-moi des mystères :de ce ·q ue mes désirs pressentent, a u du:quel mon âme, fatiguée des 001·de Ua- terre, tatS!pire à se plonger. · :de Celui qui l'a faif et le ;de lui-même, et ·q ui ~eu·l peut l:e vi'de immense qu'il <1 •creusé mtoi. 'flrères, ~après :une ~attente œnS<>lée
L'Histoire d'une âme = V:oid, de :sOU·l1Ces diverses, •q:uelques a utres analogies ou similitudes, riches en app1ica·t ions morales et ·qui s'adressent plus spéci'alement aux personnes de la campagne. Un g.rand évêque, Mg:r •Land!fiot, dans une in6i:rudive promenade autour d'un ja1rdin, va. d'abor:d nous parier •d e la vie intérieure. •La vi•e :des plantes, l'hirstoire de leur cuHure, rc'est l'histoire de not.r e âme. 1&ainte Thtérèse elle-même tle dit : « Rmenons là notre ja.vdin et vo}'IOns oomment Je.s flettTs ·s e pnéparent :à 'répandre ~elllfs p~rl·ums, •oar D(}tre âme estt un 1ar:din et j'aime à me ren>11éSenter te born !Maître •qui s'y 1promène. • Il tfaut ld':abord, dans un j1avdin, une bonne tevre poutr recevoir des :semis. Cette terlfe, 1ce sont les •q.u alires de l'intelligen:ce et .d u cœur .que Dieu nous a données. Avec quel soin Les avons-nou.s entre·renues? Av.ons-nous 'travaillé à les :perfectionner? ,f ,ai'Sions !à ce sujet un jpelit examen. Les semis. - Il s'<11git maintenant d'•ensemenœr le j'a rdin. tLe 't.att'ldini:er ne prend 1pas tou~e espèce 'de goraines ; il écarte avec ~(}in celles qui ~amèneraient des pla.n:tes vénéneuses ou des ll'Onœs. •La semence, JPOU'r nous, est !Partout : dans les :hommes, dlans ri es •choses, dans les converS'aHons, dans les lectures . . . 1quel tdwge a~ons-nou5 !fait? ILa bonne semen·ce, •C'est une s:a.inte ins!pimtion 1qui :vient .du c iel, c'est une
•
106
salu11a~re jpensée ·qui nou's arrive, portée <SUT les ailes de l'Es.prit-Saint. Comment ~~avcm~ous aœueit.lie? 1La !bonne semence, !C'est une bonne lectuiie, c'est le .conseil ·d'·un tœurr dévoué, ce sem quell.lq-ue!fois le repr:o•ohe d'un cœur jaloux .... Semons dès le matin; semons tout le lowg .du jOUir et que le soir nous tt'O'Uive enooif\e I()IO~s 'à ce travail. Soins qu'eXige la semence. - Lorsque la terre de notre âme a été ensemenoéoe, elle ne ·doit pas être aJblanldonnée à elle-même; elle exige .des soins assidus. ' Aplfès ra'Vloir semé, il faut vecouvrir la te!lre. Qu!a nd no·tœ âme ,a <reçu une bonne semellJCe (coiJJSeil divin, bonne parole, etc.) il one faut pas 11ais·ser cette semenJoe à :1a 'SU!rlface, mais ·ouvrir au ~·éllfge notre cœur et l'y f·aire pénétrer. Ce tr.aw:ail se lfait 1Palr •l a tréflexion, la méditation. ILes âmes supedicieilles laissent le bon grain a'lll 'dooors; elles entendent rous 'les sermons et ceJpendant produi'Sent peu de .bQn.:s ifruits. C'est que ~rien n'atteint les pm:Eondeufs tde l'être. Au IOOnt1:1aire, une seule parole qui .pénètre illn cœl.l!f !bien prépané et qui lui ·donne une nourvelle vie :par la .méditation, !Produit .des 'iiruits a u centuple. Voilà les vraies racines du bien en cette âme privilégiée, œ •qui est cad1ê vivi!fie œ qui paraît aux yeux de tous. Laboura~e du sol. - !L'âme qui a reçu la semenœ de vie a besoin d'être S()ttVent labouree, retO'Umée, sillonr~ée dans tous les sens. 1Ma1s comment se laJbou,re la terre de l'âme? C'es~ :Pair l'examen de <eonsdence. L'examen fait l'office du f.er recou'fbé de la charrue; il pénètre les profondeurs ·de l'âme, retourne les pensées, tes désirs, les a~.fections, les met en contalet avec l'ai-r purifiant du ciel. 'Habitants des campagnes, arvez-vous soin de lalbourer. ainsi le sol de voitre
i07
âme? Aunez-VJOus là vo1r œ qui se pa::,. se dans les 1'eplis les rplus secrets du cœur? Examinez-voUIS de ·près ces aspi<rations intimes, ·ces oscillations laten. tes, ·et les plllri~iez-vous pour leur donner une nouve1le fécondité? Hélas! combien de chrétiens dans le monde 1:nt peur de cette opération, de cet examen minutieux! Les mauvaises herbes. - Elles sont ·enooy.e plus ,ooiJlilllunes dians no•tre esprit et notre 'cœur 'Qu'au milieu des iardins. Pensées 'de vani·té; attatehes -désordonnées; ressentiments d'ai~eur; éroQJtions ·de i a:lousie: voilà de b~n mau. vaises herbes. Cou:Pez, :retranchez, allez à la :racine. Et cette intempérance de langue? el ces détours d'un cœur tpeu sin-cère? Vé· gétations ·anormales qui s'étendent par. tout et menacent de tout étouffer. - Mais, dites-vous, la mau!Vais'e herbe n•1pousse toujour:s! C'est ·vrai, aussi imitez le j ar.diinier: i1 1revient à la char. ge, arrache et déracine de nouveau Gha'que matin, faites le tour de votre jardin, at1m chez tout ·ce qui aura crü de mau·v.ais ldepuü; la veiLle. Après :que~ques ~emaines, le nombre des P.]an· tes nuisibles sera bien rléduit.
Un curieux document Tous œux 'qui oont animés de la dévotion :au !Sacré-Cœur, liront ~avec in· térêt les lignes suivantes, extra ites d'u· ne lettre adressée au roi des -B~lges. Léopold ler, en 1863, Pélir le docteat barron de '.Stockmar, qui :avait été, pen· da'llt pLus d'un demi-siècle son méde· cin, SIOtrl' .ami et son confident )e plu3 intime: c J'avoue 'que qe n'étais pas préparé à UDt vieillesse aussi dénuée de consolations. Sou· vent, très souvent, je l'avoue, je me sens p1'Ù du ~spoir. Les mystères de œtte vie me
deviennent d'heure en heure plus accablants. Et cependant, il est clair que nous sommes ses enfants, et que le Père doit avoir pour nous un Cœur. C'est à œ cœur que je m'adresse tollljouxs, c'est le Cœur divin que je conjure de vouloir ibien, dans s.a. toute-puissance et s.a. miséricorde, adoucir les sou!frances du bon et bien-aimé Roi. Amen. »
ISi l'on ,reflechit que le .docteU:r de Stockmar, qui récrivait ces belles lignes, ét:ait, non tPa~ ,cath,()lique, mais bien pPObesllant, 1on s·e T·endrla 'oOiiiiJpte à qll!el degré, même inoonsciemment, est naturel et inné dhez tOUl$ les chrétiens le culte et l'invocation du •Sacré-Cœur de JéS!Us, même chez 'ceux ·qui ignorent :absoLument et cette dévoUon et les révélations divines où elle a pris sa source auguste.
Oh 1 mon chez nous 1... :::z;===z=_
La ferme éta:it enfoncée dans un véritable fouillis de verdure : on y accédait par Wle allée couverte d'onnes et de :bouleaux du plus heureux effet; puis, tout au bout, à un tour nant, une belle nole rouge, toute claire, toute gaie, quelque chose comme un champ de co· quelicots au milieu des blés mûrs, c'était le toit des d.iifférents bâtiments: à droite, les écuries; à gauche, les granges ; au milieu, l habitation: tout cela encadrant une belle cour pleine de vie et de mouvement, telle était la Ferlanclière. A la lferlandière, on commence à s'animer; chaque rminute voit apparaître un nouvel arri•vant dans la cuisine, un riche endroit, je vous assure, et •supérieurement apprécié par tous. Il a d 'ailleurs son ca·chet spécial, avec sa vaste cheminée, ses solives en5umées, son coucou dans sa gaine de bois aux couleurs br.il!antes, soo vaisselier plein d'assiettes à UeUtrs, ses vessies de porc, gonflées et pendues ~ la poutre, et surtout sa grande iable oit s'a.pptrient de solides gaillards au teint hâlé, à la musowlature .puissante, au coup de fourchette solide.
Claire, la seconde fille du fermier, en sail quelque chose, de ce coup de fourchette! Aussi, regardez-moi les miches de pain qu' elle apporte; il ne sera pas dit que, i la Ferlandière, on ne nourll'it pas Jes journaliers. Elle n'est pas un cor<!Pn-bleu, évidemment ; mais elle sait ce que JVaut JUil pot-aurfeu bien coodu.it, •un roux bien fait, une sauce bien liée; elle sait aussi quïl faut suppléer aux forces aMaiblies de la mère, et remplacer ta sœu•r aînée, partie .J.à-bas, à Paris, passer je ne sa,is quels examens, et dont l'avenir in· quiète beaucou,p ici. Pour le rmoment, il n 'y a g.uèt'e que les parents qui pensent à ·leur aînée: Ja ,journée se prépare superbe, et Dieu sait si l'on se propose d'en aibaHre de ta .besogne; aussi chacun charge la machine, les jattes de la·it disparaissent, les gourdes s'emplissent, et, quelques instants après, il ne reste plus à la ferme que deux femmes qui ont presque envie de pleurer ea1 se regardant.
~ - Alors, tt.i as caohé au père la lettre d'.hier? - Oui, 'il a ses foins dans la tête, à quoi bon Je tracasser encore? Et puis, d 'ailleurs, iJ n 'y a ll'·ien, rien à faire; œ n'est pa~ à présent qu'elle a ses brevets que nous pouvons espérer la voir revenir: ah ! •ma pau.vre petite Claire, dire que tu as failli nous quttter aussi! Quand 1je songe à cette institutrice de malheur qui lui a mis toutes ces idées-là dans la tête, te ma,udis le jour où elle arriva à la Ferlandière . ... Je la revois encore le lendemain d u certi~ica!: ctMadame, votre fille a été ll'eçue c la première », vous entendez bien, c la première • ! Dans ces cooditiooslà, elle ne peut pas traire les vaches ; vous avez certainement un 'bas de laine; si vo us n'êtes pu la plus égoïste des mères, vous devez absolument pousser votre enfant el . .. vous verrez plus tard! ... ,. .. . Eh bien! il est fameux le c plus tard »; tiens, lis ce. papier! Et la mère, en s'essuyant les yeux, tendii à .ta tieune fiNe une longue enveloppe étégante timbrée de Paris.
108 Ohers parents, Rien! toujo.ws rien! Ou pLutôt l"ennui, récœurement, le dégoût ide tout! Je viens par hasard de passer devant le pavilloo de la Ville de Paris; c'est l'époque des examens, il y a:vait là des centaines de Jeunes <filles; j'avais envie de leur crier: Malheureuses! qu'en: ferez-vous de vos hrevet.s? Nous somanes dêjlà 17,000 avant vous, et l'on compte celles de nous qui peuvent devenir femmes de chambre. Oht si c'étalÎt à recommencer! Vous me dites de !l"evenir, et tous trois vous m'ouvrirez les hra.s iout grands, j'en suis bien sûre; mais n'entendez-vous pas déjà les railleries des campagnards, impitoyables devant l'échec d,e celle qu~ a voulu sortir de leurs rangs? Non! ie l'avoue â ma honte, j'ai les mains trop !blanches, je ne saurais même pll1S éplucher vos carottes; fai quitté ma condition, je n'ai pu m''introduire dans une autre et je dois porter mon malheur jusqu'au bo11t. En battant le pavé de tParis, je jette quelquefois un re.,aoard de convoitise sur les fil. les du peuple devant lesquelles la vie s'ou· vre nette et précise. Oh! ma pauvre Claire! j'envie tes bras ·robustes, la simplicité de ton costuane et le peu dont tu sais te contenfer. Moi, je suis une ambitieuse, une compliquée, qui a perdu son holliheur dans le passé et dans Vavenir. On m'a propos~ Utile place de .caissière dans un lavoir à Passy; je crois que je vais accepter en atiendant mieux. Je .suis honieuse de toujowrs vous tend're la main et de payer mes gants avec l'argent de vos fatigues. Je v.ou.s embrasse tous·. A.tmélie. C'est grande [ê(e, ce soir, à la Ferlandière. 'La moisson se termine sous un soleil magnifique. Devant les bœufs, traînant Je lourd chariot, .marchent en chantant des robustes campagnards: tout en haut, juchée sur un trône d'herbes, comme ooe divinité champêtre, Claire rit en montrant toutes ses dents. 'Des champs voisins, on a aperçu· le .cor·
109
lège et, dans la lumière dorée du cou~hant les bras agitent les ~aux, les faucilles et le' serpettes, et tout est joie et lumière, si; plicité et allégresse. - Tiens, v'là Colas! Col'a.s, c'est le facteur qui dessert le et la Ferlandiière depuis vingt ans. On perçoit d'une dem~-lieue su'r la ·route, avec sa tblouse bleue, sa plaque de cuiv;e, ses jar. rets de coq étroitement guêtrés de cuir. Pour le moment, ii n'est qu~un point im. perceptible qui grandit à cha,que instant· mai.s, à mesure qu'il se !l'a pproche, Claire sen; sa gaîté l'abandonner, et quelque chose com. me une immense, 'une incompréhensible ap. préhension se lever dans son cœur. le !acteur n une lettre pour la ferme, elle le i·u rerait d'avance! Les êtres qui s'aimeni ont parfois de ces pressentiments-là. Cette {ois-ci, du moifls, tl fut l'expression de la réalité. A dix pas du oha·riot, le père Colas ramena son sac sur le ventre, et, maintenant le cou. vercle avec le menton, il soriil une lettre d!une écriture 1incon111Ue adressée à la mère de Claire .... Quelques instants après, pendant qu'une tipyeuse sarabande se déroulait dans la cour de la fenne, autour d\une barrique de cidre qu'oo venait de défoncer, deux femmes, l'air épouvanté, se penchaient sur une mauvaise feuille de papier quadrillé.
[JA!VOIR OU tBON 'COIN.
Paris. • Madame, Votre Wle nous donne bien du tracas. Ii y a huit iours, •je l'ai prise comme caissière à 60 ~ancs par mois. ,Presque tout de suite, elle est tombée malade. 1Le médecin a dit que c"étaii la ~ièvre typhoïde; je -l'ai fait porter ~ J'lhôpital, h'ier .soir; tje crois bien qu'elle est percdue. 'Faut vous dépêcher, parce que les carabins la charcuteraient en cas d''accident. Votre servante, A. R. P.-S. - •Vous me devez 12 francs de mé· dicaments ou alors je garderai ses effeis. Quand la lecture fut. finie, la mère leva le
poing dans la èhambre pleine d'ombre, vers quelque ahose de lointa'in qui devait être Paris. . . ·P aris, où l'on se déclasse, où l'on se ruine ... où l'on se tue! ... Et eHe retomba sur une chaise, écoutant, comme dans u,n cauchemar, les chansons joyeuses qui montaient de la campagne tran· quille.... ·P ierre VE.RMITE.
··-·· ----
L'heure de l'ouvrier Et [e v·is ·un ou.v rier qui revenait, ties jour-
naux plein ses poc.hes:.... <Il revenait de loin. . . de très loin .... Il a.vait l'a;ir btigLté, désabusé ... J'air moralement malheureux... l'ai-r de celu.i ·.:tul a marché à Lfond, et qui, pottr empioyer .s on expressiO()·, • a rencontré le bec de gaz! ... ,. Soo porte-monnaie pomtant ét.ait mieux garni que jadis·; il avait la jou11née de hUJit heures·; sa femme achetait .chez le boucher des morceaux .supérieur:s; et .le cinéma l'appelait à tous les coins de rue ....
~ -Et je d~s à cet ouvrier: -JilL me semble que tu 'l'eviens sur les pas.? - Je le crois aussi., ... - l[)''abord, pourquoi étais· tll parti? ·L 'ouvrier me iixa; et vi y eut dn.L reproche ntt fond de ses yeux: - Je suis parti, peU:t-être .parce que tLt ne m'as pas assez gar1dté, pa.rce que mo01 min.istère t'a moins intéressé .... Compte dans ta paroisse toutes les œuvres de iemmes •. · · Compte ensuite les œuvres d'hommes .... Et conclus que certains désas1res .sont logiques. ... 'Et pws, quand je ·venais à toi pour te parler de mes salaires insuftisants, des log~· ments trop petits, des enfants impossibles, des retraites inaccessibles, j'avais l'impression que tu ne me comprenais pas bien .. .. Tu ietais tout de suite le ciel dans la halance! ... Or, avant le ciel, il y a la terre;_ et tout le monde n'a .pas la vocatioo de s'en passer.... Considère ton Christ ... ? Presque
tous ses mirades sont d 'ordre matériel; il s~ préoccupe même du vin des gens de la noce! - C'est juste ... .je planais peut-être un peUl trop .... 'L'ouvrier continua: - Alors le sociali·sme s'est ktit: • Il y a une place à .prendre . . .. Je m'y ferai hisser . en rendant des services.» Il est venu à moi, ouvrier, et il m'a promis des réformes. - IMais, mo1 aus·si! ... - Oui, mais lui les a liait atboutir. - ]'y serais peut-être parvenu .. . ? - Dans combien de temps? ... En tous cas, i·l est arrivé a'Vant toi. - Oui, mais peut -~tre les a·s-tu payés cher ... ? - C'est précisément de cela que je souffre!. .. ]'aü p1tus d'a'fgent dans ma poche .. . nw.is 1j'ai perdu 1a fo~ et l'amour. - C'est-cà-dire toute la raison ... toute la dourceur de ·vivre .... - J'ai .perdlu la foi. . . . En ai-je entendu des obj~ons!. .. A combioo de meeHngs a i-je assisté! ... En ai-lje lu des jOilJI'naux!... Je suis saturé . . . su'!'saturé.. . . tL'acide des haines et des moqueries a corradé mon âme ... je ne cro is plus à rien. . .. Et .j'ai, hélas! au·s si perdu l'amour ... · Je n'aime ni mou patron, ni mon camarade, ni même mon métier. . . Je travaille à la série .... .JI n'y a plus, m'a-t-on dit, que les chiens et les ·imbéciles qui ai!ITreflt. Et je su is malheureux, parce que .je ne ·suis ni ce chien, ni cet imbécile .... - Mais tu as dêp:~.ssé maintenant ce socialisme qui te coûte si cher . .. , Tu es loin . . . ·beaucoup plus loin ....
•
L'ou·vrier se recueiUit: - Rim n 'est immobile ici-bas. Après un verre d 'eau, le fiévreux en réclame un autre. Le socialisme n'a fait qu'aviver en moï' la soi[ de l'impossible ; le commLLnisme m'appelait: 1j1'1ai marché vers lui. · -Et la même comédie recommença. Des hommes nouveaux accouraient de par-
111
110 iout et aussitôt voulaient iouer les premiers rôles. C"étaient presque toujours des ratés, des grandiloquents, des métèques en qw retenti:;sait le souvenir dt~ verbe de Jaurès. Ill encore, Saturne a mangé ses enfants Les socialistes qui hurlaient pourtant la lutte des classes n'étaient plus que de pâles bourgeois. . . . C'étaient les nouveaux, qui étaient les vrais chefs, les messies rouges... ceux qui devaient faire tout aboutir, et vite, et directement .... Ils allaient, parait-il, transformer les méthodes d'action, grouper les masses, et, au lieu· tde la craintive prudence socialiste d'hier, ils préconisaient le coup direct, l'épouvantement dru rbourgeois, le déraillement, le pillage et le massacre ... comme en Russie.
1L'ouvrier hocha la tête: - Or. . . nous avons observé la Russie. Nous avons constaté que le so~iet y est bien plus des pole que ·jadis .le tsar. . . qtte c'était la sous-produdion, l'ananchie, la famine. La classe ouvrière, raison de tout le mou<Vement, y devient un lamentable troupeau qui travaille, et qu:'on tue avec indi~·férence .... Et puis, ces moyens-là sont des moyens de bandits. . . l'hoonête ouvrier les vomit. Aussi·, malgré des votes de blutf ou de peur, la classe ouvrière ne marche pas. Oui, en dépit des tirades boursouflées et d'attentats partiels perpétrés par quelques brutes que déboussolent les rmeetings, jamais le peuple ne fut plus éloigné, dans son. ensemble, des grands mouvements décisifs el de l'action révolutionnaire. Nous ne sommes pas des Russes!.·. Nous avons dix-hlllit siècles de culture ou· vrière de~r.ière nous. C'est nous qui avons peuplé la ·france de monu·ments merveilleux et de .cathédrales de rêve. Nous ne voulons pa•s, nous, ouvriers ~ rieux être conduits à l'imbécilité du nihilisme parr 'une poignée d'éphèlbes aux loogs cheveux, qui 'huirlent l'incendie et le massacre
dans oes journaux essoLLflés de surenchères et auxquels nou:s ne croyons plus. . . . ' rEt a1ors, étant parvenus ~ gauche au bord ld'u gouffre, nous revenons .. · .
~ - Et 'Vers qui revenez-vous ... ? rL'ottvrier .se 1ut quelques instants, pour bien précise~ sa pensée. - Nous ne revenons vers aucun parti po. litique. Nou.s sommes le travail et la protes. sion .... r(L.ela nous s•uflit. Nous avons surtout faim et soif de sincérité, de clarté et dt paix! - Mais vous aviez cela à l'ombre de J'E. glise, fondatrice expérimentée des corpora. lions arociennes. ILéoo Xll[ n'a pa.s dit autn chose .... Et vous êtes partis en claquant les porteSI ... . - Connne part, exdté ,par de m<Luvais ~ mara'des, un ~eune homme fatigué de la 1111~ son qui l'a vur naître. Il part et il mar~ht vers s·on rève fougueux .... Ce rêve est à nos pieds, impossible tl brisé. Alors nous songeons là la maisou patenielle ... aux stricts principes des vieux qui étaient pLus â la page que 111ous .... On ftgarde nos garçons et nos dilles, et on peost que le catéch·isme avait du bon. On examior le ·travail, et on •rougit en le comparant au travail de jadis.
~ Et nous voilà! ... conclut l'ouvrier. Seulement, trouverons-t'lous a~sez de prf. tres pour nous comprendre?. . . pour s'accu· perde nous? ... pour nous aimer Wl peu? ... Une fois ~là, vous nouso avez laissés pu· tir .... Ah! cette Ifois, gardez-nous et, la mail dans la main, refaisons, dms la ,jusliœ el dans •la bouté, un !Monde meilleur. Pierre l'lilr mite.
·-
-
~---..,
.-.. ------
Jeune et vieux PArRABQLE Dans Je verger de mon voisin, wn pommier qui a vu passer les soli:lats de
r tL'C
.BaJ>man
d-n~:::.se
sa tt.etc venérable à côté
d·un •jewJe abrico1ier en pleine sève. ,[)ès Pâques fleuries, tous deux se couronnent de ~leurrs, le premier dun blanc de lys, le ,secou~, d'Œn rouge écar•lale. Le symbole des couleUII's nationales! Le IVieux en était tout r:~~jeuni; le jeune tout argueilleux. C'est le lot des deux âges. - C'est ta d.emière toisoo! hasarda ironiquement l'abricotier à son voisin; tu as voulu, pour la dernière [ois, prodiguer tout ton re· gain de sève à ~on ~ront. - .Peut-être; !répondit doucement le vétéran; pour 'le moment, mon sell!l souci est que l'aquilon daigne épa,rgner rma cou.ronme sénile et me Jais~r la ]oie très grande d'offrir, une lois encore, à celui qui me possède, le tribut de mon sau1g, en récompense des soiltls qu'il ma donnés. - C'est un ndotage de vieux, que lu me lais là! reprit l'abricotier; que l'importe, après !out, que tes rameaux ploient sous •le poids de tes 6Jnûts, si tu dois t'épuiser dans ce dernier elifort! Pour moi, je n 'ai cu.re d'une aussi vaine gloire; 111011 ,front d 'ailleurs, est assez lori pour mépriJSer J'autan, car j'ai pour moi J'rn<vincible vigueur de la prime jeunesse. - Je Je souhalle JVirvement, jeu.ue présomptueux, anais que ia pleine conŒiance oo toi ne te di s.pense pas, au moins, de respecter le rote de la viei•llesse qui es! de faire son devoir, j:usqu'au lbou.t! S~ je meurs rd!ans ce dernier efrforl, ce sera le couronnement de ma vie. - Eh bien! soit! moi, ie songe d'abord à nvre, purs, après, nous verrons! repartit l'abricotier. Le même soir, un vent noir souffla da:Is !a plaine et la nuit Je :itermomètre mar<tua -5. Au matiu, les He:.trs rouges étaient dt· l'eJiucs aioires, tandis G'Ie les bianches étaient à peine froissées par l'halc•ne .je l'aquiion. Qu'ad'Villt-il? Le vieux po<nrmer. aguerri r~r l'âge, résista •V ictorieu sement à I'.ttlaque; il ne perdit dans la tutie, qu'ulle minime parlie de s:t f·lore et de son fruit. Soo propriéfai.rc, content de la récolte, le cmnbla de soins, le fit émonder, chauler, engraisser, tant el si bien que le vétéran se mit à rajeunir, comme
si ·une sève Hou.velle hu avai t été insulfléc. Chaque printemps le cribJait de fJcars. Qu,ant au [eune abdcotier, Il oe produ1l cette année-là pas llfl seul {r·uit. L'an qui suivil. l'arbre se motntra végétatilf, il é!ail évi dent qu'il avait été profondément aiteint par Je gel et qu'il souifrail l:i'a.némie; ses source; vives semblaient taries. - Le propriétaire, en homme pratique, décida d'arracher ce suJet désormais chélii et de le remplacer par t.Oe essence .plus vigoureuse, ce qui fut fai1.
*
•
*
Il en est des hommes comme des plantes. La jeunesse se croit üwu:lnérable; elle pro· fessi, pour les • vieux:. une piliê presque méprisante; elle compte pour <rien leur expé·riooœ ct ·lettrs gWéreux efforts. Tant que le sort indulgent Jeurr sourit, les jeunes s'attr ibuent volontiers Ioules les qtiali tés qui semblent être le privilège de leur âge. Mais vien· ne un sérieux corntrc-temps, ·les voilà chalilcelants et désarçounés. L'adversité les abat d'un coup; ils n'ont pas le courage de souHrir, de subir la crise et de se ressaisoi·r, ils languisselll dan-s ·le ldlésesi}Joir ou. meuren-t lâchement. Alors que les vieillards cou~bés sous le poids des aus et des dttrs labeurs, attendent l'ennemi de pied :fer.me et l'attraqueut de fronl. ;JeWies geus, haut les .coeu.rs! et médifcL quelquefois cette simple parole. SoZandifm.
-------------~·~·--·~---LES POETES VM;AISANS
Complainte des Châteaux Quand la terre a la nausée, que les nuages gris endeurillent la vallée, avez-vous eutendu se plaindre les châteaux, dans 1a nuit, sous la pluie? Avez-vous entendu les châteaux pleurer dans ~'infini? Ce vent q-u.i plen:re et sou.pire, ce vent qui délire la nuit, ce sont les âmes des châieau.x qui là~haut parlent et se lamentent, dolen1es. Ce vent, je l'ai entendu si souvf{)t étae1t ,pe1it enfant que je puis bien vous driTe ce que soupire ce vent qui sowffle en délire .... Dans la rafale, c'est Valère à l'~llure st fière, Valère la vieille cathédjrale qui parle.
112 Elle se plaint la vieiJle cathédrale, sous la rafale: - Les cie-rges se sont éteints, hélas! depu is longtemps sur le maitre-autel éblouis· sant. Adieu les serviœs divins, les rite;; sacrés qui s'accomplissaient, les chanis "qui re tentissaient, se prolongeaient au long des voQtes où le silence écourte. La ~oule ne vient plus au par.vis de Valère vénérer comme autrefois la y,ierge tutélaire, en qui tout cœur a foi. lf·inis Jes chants altemés, cadencés -des chanoines aux capes rouges comme des pi· vai nes, le soir. . . et le balancemect rythmé des encensoirs. fini, lou,t e-st fini, l'oubll com111e m1 li11cewl sur moi descend lente' ment, sûrement.... ~ Quelle est celte autre voix aui se !ameute ct pleure, si bible que souveni il me semble qu·elle meure? 'Vient-elle des bois de la plaine, de moi-même? D 'où vient-~lle cette voix si grêle qui s'enfle maintenant comme une musiq'l.l.e lointaine qui s"appioche bruSquement? Pourquoi enfoods-je maintenant des trompettes g:uenr·i ères sonner dans la tempête et pourquoi œs joyeux c-r is de lfête dans les airs, pourquoi ces clameurs, ces ru'meurs? Pourquoi vois..1je partout ba1111ières, devises nobiliaires, pourquoi ces épées qui ~lamboimf, ces guerriers cuirassés de fer, llau,tains et Hers su·r leurs destrieis ... el ces armes qui tournoieut devant mes ye.u:x en flammes de feu? C'est que le vent bourm et violeœt 'Ille .!oueHe en plein visage, ce vent qui vient des châteaux lézardés, .ruillés, perchés sur les rochers, des vieux murs pantelants, crevassés, aux trous béants, des pierres noircies par la fumée et Je 1emps qui s'est écoulé. Du fond d·u passé, d.u 1ond de la légende, du fond de la nu.it séculaire, millénaire, il s'élève une plainte, une plainte qu·i tinte dans la nuit lugubrement. Avez-vous entendk.l se plaindre les ch.â· teaux dan.s la nuit, sous la pluie? Avez-vous entendu les châteaux pleurer dans l'infini? ]"ai ~1teudtu, oui, 'j'ai entendu souvent les château x pleurer, pleLtrer leurs beaux jours, quand les bannières Hoitaient au vent sLtC les tours. ]'a·i en1tendu raconter les hauts faits des guerriers, les assauts vidorieux et les refours glorieux au .son des fanfares guerrières ... et dans mon âme j'ai senti la douleur des vieux châteaux conda·rrmés à dépérir, puis
--Supplément du 3io 1 de ,f &cole" (1921) à mourir . . . . mais c'éfait hien trop beau
trop beau pour que ije puisse le redire, mê~ me en m'accompagnant sw- ma lyre. Avez-vous entendu se plaindre les· châteaux dans la ooit, sous la pluie. Avez-vous en tendu les châteaux pleurer dans l'infini? Sion, le 10. 7. 21. ·R·ENZO.
UNE •BONNE MESUR.E 1Le j1uge Kochendorlfer, de !Long Island Ci ly (Etats-UJlis) est fatigué d 'avoir à juger des maris qui maltraitent leur épouse·. Les cas de ce genre sonf devenus tellement nom. breux qu'?!. une· de ses dernières audiences, il a prévenu les 111aiis "â la main leste, quïl était décidé dorénavant à les envoyer en prison s'ils n'acceptaient pas, comme. péni· tence, d 'exécuter pend~nt 3 semaines le programme que voici: 1. Préparer Je d~jei1Der le matin. 2. Laver la vaisselle le soir. 3. COnduire les enbnts à l'église Je dimanche matin et l'après-midi à la promeLJade. 4. Apporter au moius Wie fois par semaine à sa .femme et â ses enfants des gâteaux et des fruits. 5. Autoriser sa femme à gére·r les finances de la lfamiUe. 6. Placer de l'argent ! la Caisse d'épargne. 7. S'abslenir d 'obliger sa femme à J'attendre, mais attendie patienunent après elle. 8. Répéter une •fois par jour à sa femme la promesse faite, en l'épousant, de l'aimer, de l'honorer et de la chérir. nes officiers de police '!levron! veiller à l'exécution de ce petit programme. • Ainsi, ajouta le ~uge, les maris se ren· diont compte combien la vie d 'une épouse est moootone et pénible et ils comprendront, j'espère, qu'ils sont injustes en la traitant bru ta le ment. •
:j: !L'existence fait songer à une chapelle dans laquelle ou1 éteint sucœssivemeut 1outes les lumières, excepté la lampe du sanctuaire. cette flamme qui heureusement dem~ure tou· ~OUIS,
L'histoire d'une âme (Bv.de.)
Un secret pour toujours être content. - Un laboureu.r, d'un caractère violent et empor·té, ne .pouvait passer une demH,oumêe sans ·se laisser aller à quelque mourvement d'impatience. Tantôt il se fâd1ait IJ>arœ .qure son attelag_e ne pouovait ;pas ravancer, tantôt ·parce que S<!i :recolte ne poussait .p as conune il J'aurait vroulu. Un ,j·owr il s'i11ritait paifce que 'le soleil, trop brûlant, le faisait 'souiffrrir; run .autrè ·j.our. ;parœ •que la pluie. l'empêoh•ait de travailler. 'I l avait pou:r voisin un homme qui paraissait towjours ocont-ent, qui ne _se .plaignait 'ja'mais et sourdait à tl()ut venant. c Bien sûr, se dit le la'bowreurr colérique, cet homme ra un secret pQur être si ·calme du matin au so1r. fil faut gue je le lui demande. :. L'albo11dant avec sa !brusquerie habituelle, il lui dit sans façon: « Comment donc faites....vons ,pour ne jamais vous mettre 'en 'colère? Depuis bien des ainrnées que je 'VOUs :observe, je vous vois rouljtOUifSI le même visarge. Est-ce qu'il n'y a vraiment rienJ .qui vous ·contmrie? Ou bien, si vrous a~ez un secret, dite.Yle .moi. - Oui, en effet, <répondit l'autre, j'ai un secret, mais je 'VOUS le IiVIrerai volontiers. rRien de plus rsimple d'ailleurs; c'est dans les rdbljets qui servent à mon travail i·ournalier que je trouve ce fameux secret. ~ Votre travail? !Mais c'est le même que le mi~t-. Que voulez-vous dire? - 1\foid, mon ami. Chaque :fois qu·e je ,pousse la chaflrue, j.e reg.aJrde œs décllÎir.wres qu'elle t·rarce dans la terre et qui en font sorlir les mauvaises herbes qui empêdhe.I"IaioeJnt le w11ain de germer. Et alors je me ·dis en moi-même: «Mon àme est raussi urn ·champ inculte, rempli
de mauvaises herbes •qui sont mes défauts. Je .dois donc lfecourïr sans cesse à ·cette charrue .pour les extirrper. Puis je .cultiverai cette âme .p·our que la semence puisse y lever et que la tfécolte s·oit rahondante. » Quand j'ai fait ces .Jléflexions, 'je me tiens ·s ur mes gardes, et s'il ISU11Vient un sujet de contrariété, une occasion die médire du p_r;o,f;b.ain, une 1pensrée ·de roupiditê ou touj autre mauvais rsentiment, .je me dis à moi~mê me: attention, vroilà la mauvaise herbe, voilà le vilain .détaut qui se montre, un bon 'COUJp de ohar.rue. » Et avec l'aiçie de rDieu .j'en viens, à bout assez vite. L'habitude !fend rcette opération· beaucoup .plus farelle. » Le labowreur, qui avrait écoure très attentivement, 'festa tout éba'hi; mais ,pour.tant il fut obligé d'avouer .que cette méthode était 'bonne et qu'elle devait réussirr toutes Ires fois qu'on la pra~t quait avec ,fidélire. HéJ.as! il lui manquait ce qui manque à tant de .chrétiens: la vraie bonne vo~onté, le courrage, la rpersévérance, aussi !l"esta-t-il bouDru, :violent et surrt'Out malheureux ·oomme auparavant. Le poirier tordu. - Un ~rtdinier avait :fait rcadeau là son fils .d'UJn jeune poirier; l'enfant le ~'<>igna avec :U<Ille sollicitude exellllPlaire. Cependant l'.arl>re ne venait pas droit. ·Ses branches s''Obstinaient à prendre de fausses .di!I"OCtions et il avait un a~pect biz.arre qui vexait notre jeun~ garçon. :Il imagina de souteni~;: les branches et .de tes incliner dans tel sens plutôt que dans tel autre rau moyen de q·uelq·ues tuteurs. Rien n'y fit. L'arbre rebelle semblait vouloir désespérer la patience de s·on jeune maître. ,Et, en dfet, c~est <:e ·qui arriva, Un matin, notre .petit bonhomme .dép.ifé, furieux, rsaisit les tuteurs et les jeta au Ioin. :Puis il alla -t1.1ourver sron rpèr·e en lui disant: « U est inutiLe ,que je m'oc-