No 10 l'Ecole primaire, 10 Novembre 1910

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LE FOYER ET LES CHAMPS

sel, poivre et muscade, et faites sauter à feu très doux. Retournez les morceau x de rognon. Incorporez à froid une cuillerée de farine à la même quan tité de beurre, et ajoutez au rognon, en bien mélangeant. Versez un rlemi- vene de vin blanc et le quart d'un verre d 'eau-de-vie. Au moment de servir, mettez une petite poignée de persil, remuez et versez.

Prenez un plat allant au feu et placez dans le fond, une couche épaisse du hachis, recouvrez celui-ci avec la purée de pommes de terre. Saupoudrez de fromage râpé et de chapelure, arrosez d'un peu de saindoux fondu, et mettez gratiner au four pendant vingt minutes. Servez très chauù.

vtmatre

GeMgetle.

Bœut· à la paysanne

Cette façon d'accommoder le boeuf est excellente pour utiliser la viande qui a servi à faire le pot-au-feu. Pour dix personnes, préparez: lkil. 500 de boeuf, avec lequel vous avez fait la soupe, à 0,90 le dm. kil. 2.70 Chair à saucisses, 500 gr. 0.90 Saindoux, 40 gr. 0.10 Oignons, 150 gr. 0.10 Lait, 1 litre . . . . . . . 0 .15 Sel, poivre, ail, persil, chapelure 0.15 Pommes de terre pour purée, 2 kil. à 0.10 . . . . . . . 0.20 Fromage de Gruyère râpé, GO gr. 0 ,20 Ce qui fait une dépense totale de 4.50 Commencez par !Jréparer la. purée de pommes de terre pour ce, épluchezles, lavez-les, coupez ..],•:;; en quartiers, ct faites-les cuire ,·1 l'eau salée (environ dix grammes de sel pou r un litre d'eau). Faites bouillir et maintenez l'ébullition pendant une demi-heure environ ; ne laissez pas trop cuire, égouttez et passez à la passoire ou au pressepurée, pendant que les pommes de terre sont encore chaudes. Recevez la purée dans une casserole, poivrez, salez, s'il est nécessaire, ajoutez la moitié de saindoux, le lait, un peu de l'eau de la cuisson des pommes de terre, si la purée est trop é paisse. Faites un hachis avec le boeuf, l'ail, les oigno~1s, le persil, le saindoux, le sel et le poivre; ajoutez la chair à saucisses, et mélangez bien.

TRAVAUX FÉMININS

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Soeiè tè valai~at)Qe d ·édu<!ation Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecol:) primaire donne de 12 a 14 livraisons de 8-16 vages chacune, non compris la couverture et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplémeu: illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

Couverture en broderie anglaise

Cet été on Yena beaucoup de couvertures de toile sur les voitures des bébés. Elles sont à la fois pratiques cl élégantes. te modèle que nous donnons se compose de 4 carrés de toile de 30 cm de côté, reliés par un entre-deux au crochet ou au coussin et entourés d'une dentelle assortie. En employant une toile solide, du fil couleur natu relle par exemple, il faut pour la broderie choisir du gros coton à broder Les jours peuvent être brodés au point Richelieu si on le pr éfère. Cc même modèle fait aussi un beau milieu de table. ---~---....1..-- --L- ~

Sui8se fr. 2.50

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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui concerne lil publica.tion doit être "dressé directement à son gér"nt, M . P. PIGNAT, chef de Ser~ice (.ttJ Dépcut~ment de l'Instruction publique, à Sion.

L'esprit de l'enfant doit s'accoutumer aux efforts de l'étude comme ~

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Sommaire de la présente livraison Au personnel enseignant des écoles primaires du Valais. - La rentrée ~es. classes. - Le travail de l'écolier (smte et fin).- Que demande au maître_l'e~­ fant. - La géographie à l'école pnmaire. - A propos des leçons de choses. - Dangers de l'alcoolisme. - _Dictionnaire géographique de la Smsse. Partie pratique: Petite leçon de morale; Instruction civique; Sur la charité; Orthographe, rédaction, récitation. -0-

Ami de l'enfance Ce joli classique a vécu et ne sera pas réimprimé. L'édîtion en est en effet épuisée, ce dont le personnel enseignant est prié de prendre bonne note. On ne le trouve donc plus en vente au Dépôt des livres scolaires. Il est désormais remplacé, selon décision de la Commis; sion cantonale de l'enseignement primaire, par le livre de lecture du Je'· def!fé actuellement en usage dans les écoles fribourgeoises. Le nouveau manuel est fort bien fait et déjà avantageusement connu. Le prix en est de 50 cent.

3. Le nouveau livret scolaire; 4. Le catalogue du Musée et de la Bibliothèque industrielle et pédagogique (Siège au bâtiment du Musée industriel derrière le collège et l'école normale); 5. Annuaire suisse pour 1910. 6. Le nouveau plan d'étude. A propos de ce dernier (dont l'impression a dü être accélérée pour que le personnel enseignant le possède au début du cours swlaire) nous devons annoncer une liste d'errata provenant d'une correction hâtive. Elle sera jointe au prochain envoi du Rèf!.lement des écoles primaires que vient d'approuver le Conseil d'Etat qui parviendra à tout le personnel enseignant en core dans ce mois. -a-

Sommftlre do tmpplémPnt N° 10 La loi du dimanche. - Le prêtre. Pour Dieu. La dédicace. Dans une malle, La condition La saessentielle du bonheur. Conférences d'indltntenrs lade du marquis. - Pour avoir touSelon décision prise dans la derni_ère jours de l'eau fraîche. - Comme nous pardonnons. - L'éducation de la res- séance de MM. les Inspecteurs primaires ponsabilité. - La charité. - L'orange tenue sous la présidence de M. le Chef confite. - De Si erre à Lens. ·- Variété. du Département, les conférences de district auront lieu désormais autant que Supplément spécial à l'ECOLE PRI- possible, au début du cours scolaire. MAIRE : Aussi, sommes-nous déjà en mesure L'examen pédagogique des recr~es d'informer le personnel enseignant des en 1909. - Une nouvelle œuvre soCia- districts inférieurs de la date et du lieu le valaisanne. - Le Valais, cantoft suis- des prochaines réunions: se. - Le berceau de l'alphabet. - VaSi-Maurice-Monthey. - A Vérossaz, riétés. Je 22 nov., à 9 h. du matin. Autres annexes de cette livraison: Entremont. - A Bagnes. le 23 nov., à 10 h. du matin. LE FOYER ET LES CHAMPS. Marti{!.ny. - A la Bâtiaz, le 24 nov., - 0à 9 h. du matin. lnformattons scolaires Exceptionnellement MM. les InstituLe personnel enseignant des école~ teurs n'auront pas de travaux écrits à primaires publiques du canton a du fournir pour cette séance, celle CI derecevoir ces jours derniers, par l'entre- vant être remplie par une conférence mise du Dépmtement, différents impri- théorique et pratique sur l'enseignement més et brochures dont voici l'énuméra- du dessin. Elle sera donnée par M. Friedmann, prof. à l'école normale, qui ration: 1. Registre des absences ; a déjà obligeamment prêté son concours 2. Rapport d'inspection. dans le Haut-Valais pendant le dernier Ces deux formulaires remplacent cours scolaire pour donner plus d'iml'ancien registre matricule proprement pulsion à cette branche. -0dit dont une partie ·était détachable.

-0-

Secrétariat do Département Il se trouve renforcé, depuis le 1er sept. dernier, par la nomination d'un second secrétaire qui a été choisi en la personne de M. Oscar Perrollaz. Le nouveau titulaire est donc devenu le collabo·rateur du Chef du Département et de son ancien employé, ce dernier depuis 33 ans en activité de service. -0-

Conférence annuelle de Dép. de l'Instruction pobllqoe, à Sierre, 20 Septembre 1910. Les conférences annueUes ont un côté très pratique, elles permettent. entre Chefs de Département, de s'entretenir de questions pratiques et de mesures à prendre, cela en quelques heures, au lieu d'avoir recours à des tâtonnements et à des correspondances nombreuses . A la réunion du 20 septembre à Sierre étaient présents Messieurs l~s Conse!lle~s d'Etat Décoppet (Vaud), Rosier (Geneve), Python (Fribourg) Burgene: (Valais), Quartier-la Tente (Neuchatel), Lohner (Berne) et Garboni-Nerini (Tessin). En plus, M. Gauchat, rédacteur en chef du Glossaire, M. Guex, directeur J des Ecoles normales du canton de des

Chef~

Vaud, M. Gauthier, et les secrétaires de Neuchâtel, Genève et Valais. Ces Messieurs ont délibéré tout d'abord au sujet du Glossaire des patois de la Suisse romande et ont donné leur adhésion au budget suivant pour l'élaboration de ceGlossaire: RECETTES l. Subvention de la Confédération

2. Subventions des cantons: Berne fri bourg Vaud ValaiJS Neuchâtel Genève

fr. 13,500

fr. 614 859 1,104 859 982 982 5,400 Total 18,900

DEPENSES 1. frais de voyages et d'enquêtes fr. 3,000 2. Livres 200 3. Frais de bureau et ports 500 4. Local et a ssurance 500 5. Réunion de la Commission philologique 300 6. Copiste 1,800 7. Secrétaire-caissier 300 8. Indemnité à trois rédacteurs 6,900 9. Frais d'impression 450 10. Acquisition de manuscrits 50 11. Rétribuhon des correspondants 500 12. Enquête sur les noms de lieux 2,800 13. Atlas linguistique et bibliographie 1,000 14. Travaux d'archives 500 15. Imprévu lOO Total fr. 18,900

Puis l'assemblée s'est o,ccupé des différents objets à l'ordre du jour pour chacun desquels un rapporteur avait été désigné : introduction du brevet intercan~on~l. pour l'enseignement supérieur et mfeneur, annuaire de l'instruction publigue, dom_icile des élèves par rappo~t a la du~ee de la scolarité, grammaire française pour écoles primaires etc...... '

- oLe nouveau livret scolaire. Il est rappelé ce qui suit aux autori-


SION, 10 Novembre 1910

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Les triomphes de Napoléon étnient fêtés en Valais comme s'il s'agissait de victoires nationales. En réalité lorsque, en 1810 Napoléon fit main basse sur la vallé~ du Rhône, ce ne fut guère un changement profond, notre pay8 n'ayant été ou'un satellite gravitant autour du aran·d soleil français. b • Mais sur quels motifs plus ou mows légaux 't'empereur s'était-il basé pour absorber d'un coup le petit Etat protégé par les républiques française, helvétique et cisalpine? Il y a plusieurs de ces motifs invoqués par les représentants de la france, en nombre de lettres qui se trou•;ent dans nos archives cantonales. On se plaignait que ;e Valais. n'~ntretenait pas la route, qu on y tolerait des déserteurs ennemis de la france, que le -oHaut-Valais avait entretenu des corresLe Vahhl, dép a rtem,·nt da pondances secrètes avec 1~ T~rDl, qu'en un mot le Valais ne remphssa1t pas tous Simplon, par Oscar Perrollaz. ses engagements et que le meilleur mo(De l'Almanach du V alais 1911) yen - ·naturelle~ent - était de l'incorLe 14 novembre 1910, il y aura cent porer. Déjà, en 1806, des bruits scmblal;>les ans que le Valais a été incorporé à la france sous le nom de Département du avaient couru· en mai 1810 DervilleSimplo~1, par la toute puisante volonté Malléchard, ~hargé d'affaires de la france à Sion, s'en était ouvert à Tousde Napoléon ler. Le premier consul avait demand~ 1~­ card d'ülbec, secrétaire d'Etat et. le 3 bre passage de ses .tr?upes .s~r terr~tOl· ;;oût de la même année, l'ex-préfet de re valaisan · il l'avmt 1mpose a la Repu- Rivaz recevait. ainsi que l'évêque de blique helvêtique, âprès s'être \~eurté à Preux Taffiner, Maurice de Cou~e~, la volonté bien arrêtée des Valaisan~ de le bourgmestre de Riedmatten. de SePlne point céder la rive gauche du Rhone, bus et Pittier. de Sembrancher, un orpour y laisser la route militaire. , dre formel de se rendre à Paris. Le ton Pour mieux réussir, Napoléon. proce- était comminatoire et ne laissait aucun doute sur les décisions qui allaient se da par étapes, il détacha le v.alm-, de 1~ , Suisse, en 1802, pour en fatre u~~ re- prendre. Malgré la protestation de la deputapublique indépendante; il constnuslt la route du Simplon, but de tant d'efforts tion valaisanne M. de Rivaz ful chargé en novembre de faire connaître au Vadiplomatiques. . le sort que l'attendait. Et le Valais semblait reconnmssant laisC'était le 10 du mois; mais le général puisqu'en 1804, au milieu de fêtes sl?len- Berthier avait. été prévenu par un exdides, on ~cellait au St-Bernard la pterr~ près et avait pris ses disposition~. L~ commémorative célébrant l a magnam 12 il passait le St-Bernard, le 14 11 armité de Napoléon, restaurateur de la rivait à Sion avec 1200 hommes et des Républiqv.e du Valais.

tés communales, aux Commissions scolaires et au personnel enseignant: . 1. Le nouveau livret scolaire est obligatoire pour tous les él~v,es, ~arçon~ et filles dès l'âge de scolante pnmmre JUSqu'au cours de répétition inclusivement. 2. Les notes des a nciens livreis sont à transcrire dans les nouveaux. 3. Les anciens livrets sont supprimés et remplacés par les nouveaux dès maintenant. 4. Le prix du nouveau livret est de 20 centimes l'exemplaire. Les commandes doivent en être faites au Dépôt du ma· tériel scolaire à Sion. 5. Il est recommandé aux communes d'en faire don aux élèves, sans cependant qu'il en découle une obligation (Commttniqué.) pour elles.

29me année

L'ECOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCliTB VALAISA:IlŒ D'EDUCA.TIOlf Au personnel enseignant des écoles primaires d• V alais -,.,-.-·..-~. Sion, le 10 Novembre 1910. ! '3:~:·::?/~~-;,. -- \~ Circulaire du Département. - - ·- ---J.i_,

...

Mesdemoiselles les Institutrices Messieurs les Instituteurs ' Comme chaque année nous tenons à port~r à _la connaissanc~ de notre cher et dev?ue personnel enseignant, les observatr~ns et le~ conseils que comporte le demter exercice scolaire. I;a situation plus avantageuse procuree a~ corps enseignant par la nouvelle lOI sur les traitements doit le stimuler. à redoubler d'efforts dans l'accomphss~~ent.de ses fonctions, afin qu'à une amehorahon matérielle corresponde~t des pr?grès nouveaux dans le domame de l'mstruction publique. . Il faut, pour arriver à ce résultat si VIvement désiré des autorités à tous les de~rés, que l'instituteur ne s'immobilise pomt dans le chemin parcouru mais que, par une émulation louable' se te~ant au courant des progrès mddemes 11. se perfe~tionne avec les années et de: v!enne touJours plus apte à remplir sa tache. Ce qui nous engage à insister sur l'urge~te nécessité d'un nouvel et généreux. el~n Ji>OUr le plus grand bien de nos m~tituhons scolaires, c'est le résultat moms satisfaisant des derniers examen~. d~ recrues et d'émancipation. . L ecnture, la lecture ne sont pas strfflsamment .s?ignées; un certain nombre de compositions font preuve d'une ab-

sen~e. regrettable d'idées et de peu de coheswn dans l'enchaînement des phrases. On accorde trop peu d'attention aux travaux manuels chez les filles, alors que cette branche est des plus essentielles pour la future ménagère. Le chant et la gymnastique ne sont pas non plus assez cultivés. A1;1 .s~iet d~ chant, nous avons pris la deciSIOn .smvante qui sera, nous n'eu doutons pomt, favorablement accueillie par le personnel enseignant. ~ès cette, 31nnée scolaire, il est impose aux eleves l'étude d'un certain nombre ~e chants populaires et patrioti9.ues, ':lfm que le jeune homme ou la Jeune fille se trouve, à la fiu de ses classes, en .possession d'un répertoire choisi dont on connaîtrait tous les couplets n~n seulement le premier, comme ~'é­ tart trop souvent le cas jusqu"ici. Pour l'~nnée scolaire 1910-1911, les cha~ts SUivants seront mis à l'étude: (Vo1r notre recueil : Dieu et Patrie.) 0 monts indépendants. Salut, Rlaciers sublimes. C'est là-bas, près du village. M~. les inspecteurs devront s'assurer s~ les chants imposés sont vraiment appns. Comment se fait-il que, malgré les lacu~es. co~statées plus haut, la note I sort SI frequemment donnée aussi bien dans les examens d'émancipation que d ans les résultats attribués aux instituteurs? N'y aurait-il point là l'indice d'u!l~ !ro1~ grande indulgence et libé~al~t~ a 1 accorder? Aussi avons-nous I~VIte. MM. les inspecteurs scolaires à n attnbuer désormais la note 1 qu'aux

et


146 instituteurs qui se sont distingués dans toutes les branches, et qu'aux élèves., non seulement forts en orthographe, mais faisant encore preuve de raisonnement et d'esprit de suite dans leurs travaux écrits. Une autre entrave au progrès de l'école est le cumul des emplois. Certains instituteurs, chargés outre mesure de fonctions municipales et autres, en arrivent forcément à négliger leurs devoirs scolaires et à considérer l'école comme un accessoire et non comme le principal. Ils contreviennent ainsi à l'art. 90 de la loi scolaire. Aussi le Départem~nt devra-t-il se montrer de plus en plus rigide sur ce point et inviter MM. les inspecteurs à lui signaler les abus qui viendraient de ce chei à leur connaissance. Un autre point faible réside dans la manière souvent peu méthodique de préparer les devoirs et les leçons du lendemain. Parfois, on l'a constaté, cette préparation indispensable à la réu~ite fait totalement défaut ou tout au moms est souvent négligée. Nous devons donc insister sur la nécessité de tenir le journal de classe. MM. les inspecteurs ont été avisés d'avoir également à le vérifier et à se le faire adresser quand ils le jugent à propos pour s'assurer en tout temps s'il _est vraiment tenu à jour. En effet, bien rempli, le Journal de classe évite d~ pertes de temps. Si le personnel enseignant a soin de parcourir exactement son horaire, de distribuer le travail de ses élèves de façon rationnelle et intelligente, il obtiendra, avec le même temps de scolarité, un résultat bien plus satisfaisant. Il y a également une lacune à signaler concernant les cours complémentaires, lesquels ne consistent trop souvent qu'en de simples répétitions des matières enseignées précédemment, alors qu' ils devraient réellement, pour répondre à leur nom et atteindre le but proposé,

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développer certaines branches à peine effleurées à l"école primaire, telles que l'instruçtion civique, l'arpentage et quelques autres connaissances utiles. A toutes ces obligations, concernant la partie « instruction », l'instituteur doit ajouter encore celles relatives à « l'éducation ». Que sa conduite privée ne soit pas en contradiction avec les principes professés à l'école. Que, pénétré de l'importance de sa mission édu~ cative, il donne le bon exemple toujours et partout, non seulement pendant les mois de classe, mais aussi pendant la longue période des vaca nces. Nous apprécions hautement notre corps enseignant en général pour l'avoir vu à l'œuvre jusqu'à ce jour. Nous continuerons à compter sur son zèle, son abnégation et son dévouement. Aussi, sommes-nous persuadé que le recul constaté qua nt aux examens de 191 0 n'est qu'accidentel et qu'il sera pour le corps enseignant valaisan une occasion de se ressaisir, de relever avec fierté la tête et de s'efforcer de reprendre la place honorable que notre canton avait conquise les années précédentes. Instituteurs valaisans, Chers collaborateurs, Le Département de l' Instruction publique compte sur votre patriotique appui et, certain de l'obtenir, il vous en remercie d'avance. Le Chef du Département, ]. BUROE NER,

La rentrée des classes La rentrée des classes venant de s'effectuer pour la généralité de nos communes, l'Ecole primaire croit le moment opportun pour rappeler au personnel enseignant quelques-uns de ses devoirs envers les enfants qui lui sont confiés par les familles et par l'Etat. D'abord, que nos chers régents et ré-

gentes se persuadent qu'ils sont plus et religieux qui forme l'homme courageux, mieux que de simples employés sala- soumis, charitable, patient, résign_é en riés: ils sont les substituts des parents un mot le chrétien convaincu et le )bon les auxiliaires des autorités ecclésias~ citoyen .. Il faut donc que cet enseignetiques et civiles dans la formation de ment occupe la première place dans le l'homme, du chrétien et du citoyen· du programme de l'école et dans la pensée succès de leur travail dépend le hon- d~ l'instituteur. Si l'enseignement reliheur de leurs élèves pour le temps et gieux et les pratiques chrétiennes ne sont pour l'éternité. pas renforcés dans les familles et dans La ll!ission des instituteurs éta nt di- les é~oles, la société se précipitera névine, ils ont besoin de grâces de choix cessairement et fa talement vers sa ruine. pour la remplir convenablement et ces Que nos maîtres d'école s'efforcent grâces ne leur seront accordées qu'à la d onc de faire de leurs élèves de bons condition qu'ils les demandent. Priez chrétiens, des hommes ne cherchant qu'à donc, maîtres et maîtresses d'école priez remplir leurs devoirs ici-bas, et à mériavec ferveur, priez ·pour vous ~t vos ter au-delà de cette vie la récompense chers élèves ; priez d'une manière toute réservée à ceux qui aiment Dieu de tout particulière pour les enfa nts qui récla- leur cœur et qui le servent fidèlement. ment de votre part plus de soins et plus C'est ainsi que les instituteurs contride patience. P ar votre douceur et par buero_nt effi caceme!lt à établir le règne votre prière, vous pouvez souvent ob- de D1eu dans les ames, dans les familtenir plus de vos élèves que par tout au- les et dans toute la société. C'est ainsi tre moyen. encore qu'ils se rendront dignes de la Puisque l'enfant est es.sentiellement sainte vocation à laquelle le bon Dieu imitateur et que l'exemple entraîne il les a a ppelés. P. P. faut que l'instituteur s'efforce d'être' un vrai modèle de toutes les vertus chrétiennes, et qu'à l'exemple de saint Paul il Le travail de l'éc oHer pu~sse dire à ses écoliers : Soyez mes (Suite et tin.) lmliateurs, comme je le suis m oi-même de jésf!s-Christ. - Il est de la plus Une autre condition qui influe sur haute Importanœ pour lui de veiller constamment sur ses paroles, ses dé- l'étude, c'est !e sentiment. li est génémarches et toute sa conduîte de sorte ralemen~ ;econnu que la joie félvorise qu~ rien en lui n'étant un suj ; t de mau- le trava1l wtellectuel, tan&:. que la tris· vals exemple, il n'ait pas à redouter tesse le rt.!nJ txtrêmement pénible. Mais ces terribles menaces contenues d ans ce qui est le plus favorable c'est l'abl'Evangile: Malheur à l'homme par qui sence de tout sentiment. San~ doute au début, un sentiment joyeux favorise i •atle scandale arrive. !ention, ~~is une fois l'adaptation faite, ~ 1~. prière, et à l'exemple, l'éducateur Il est preferable que celui qui étudie se d~1t aJouter 1enseignement, mais un enseignement rais~nné, solide, pratique, trouve dans un état indifférent au point capable de four mr des membres utiles à de vue des sentiments. Les émotions l'Eglise et à l'Etat, et non de ces hom- sont fatales à l'attention. Chacun a fait mes qui, enflés par un peu de science, l'expérience qu'il est difficile de fixer ne pensent qu'à s'élever, à se réjouir à ses id~es quand on _est sous le coup de s'arroger tous les droits, sans vouloir' ni la colere, de la cramte, du chagrin ou tr~vailler ni reconnaître leurs devoirs. d 'une gra nde joie. L'usage de la crainC est surtout l'enseig nement moral et te, comme moyen disciplinaire. a donc une mauvaise influence sur l'étude.


148 Il n'en est pas de même de l'habituie. L'habitude rend tout facile. Elle est nême la condition indispensable pour Ju'un acte s'accomplisse exactement. ~ous n!écrivons, nous ne dessinons, 1ous ne calculons bien, pour ne parler }Ue d'actes scolaires, que lorsque nous m avons l'habitude. Mieux que cela, ditm, elle est une seconde nature ( Wel.ington disait: « dix fois plus forte que .a nature»); un acte habituel devient :lonc un acte nécessaire, indispensable, 1u'il faut accomplir sous peine d'une ;ouffrance. Ce serait une banalité de ré:>éter qu'elle facilite énormément l'étuk A certains moments, il n'est même 'as possible de s'en passer. Ainsi, dans .es laboratoires, on est obligé de faire :les expériences préparatoires pour haituer les sujets au nouveau matériel :l'expérimentation. Parmi les conditions intérieures qui jouent un rôle dans l'étude, il en est une !laquelle on songe peu et dont il est difficile de tenir compte dans les écoles publiques: c'est celle du type. Au point ie vue intuitif, comme pour la mémoire ~t la pensée, il y a en effet trois types principaux : le type visuel dont les idées ;ont essentiellement formées de per~eptions des yeux, le type auditif qui perçoit et retient surtout les sons, et le :ype moteur qui est surtout frappé par les mouvements. De trois personnes qui vont à l'opéra, l'une retiendra surtout la couleur des décors et des costumes, la forme et la grandeur de la salle ou 1e la scène; une autre aura surtout été frappée par la musique dont elle se rappellera bon nombre de passages, la troi;ième enfin aura avant tout pris garde au jeu des acteurs et à leurs ge~. ::::hacune de ces personnes représenterait un des types que nous avons caractérisés, il y a un instant. Mais les individus qui perçoivent les idées exclusivement de chacune des manières que je viens d'indiquer sont extrêmement rares, s'ils existent. La plupart des hom-

mes appartiennent au type mixte, avec prépondérance plus ou moins accentuée de la vision, de l'audition ou du mouvement. On conçoit sans peine, après ces distinctions, que le résultat d'une leçon ne soit pas le même chez tous les élèves. Une leçon exposée, par exemple, sera retenue plus facilement par les auditifs et par les moteurs que par les visuels. Ce sera le contraire s'il s'agit d'une leçon de choses, de géographie ou de lecture, où la vision joue un plus c-rand rôle. Il est donc important que les élèves apprennent aussitôt que possible à distinguer le type auquel ils appartiennent, afin de pouvoir utiliser les moyens d'étude les plus en rapport avec ce type.

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xxx

Parmi les influences que subissent no·s actes, nos travaux, notre dévelop_pement même, il en est peu qui aient une importance plus grande que le milieu. Notre étude serait forcément incomplète si nous n'examinions pas les circonstances extérieures qui peuvent agir favorablement sur le travail de l'écolier. Le milieu dans lequel l'écolier travaille est double ou plutôt l'écolier travaille dans deux milieux différents: l'école et la maison paternelle. Nous admettons cela en fait bien qu'il soit peut-être plus correct d'examiner s'il- ne serait pas préférable que l'écolier exerçât son activité dans un seul milieu: l'école. La ques-tion est très controversée: les travaux à domicile ont des partisans et des adversaires irréductibles. Cependant, dans la pratique, ce genre de travaux existe, et, si la question dans son principe n'a pas encore été expérimentée, du moins la valeur comparée des travaux exécutés, soit dans un milieu, soit dans l'autre, l'a-t-elle été d 'une manière suffisante pour qu'il soit possible d'en tirer quelques règles de conduite. Les professeurs Mayer et Schmidt, à Augsbourg, Roller, à Darmstadt, Kankeleit, à Kônigsberg et Meumann à Münster

ont fait nombre d'expériences dans des classes de divers genres afin d'apporter un peu de lumières dans cette question. Les résultats obtenus ne sont peut-être pas absolument concluants, soit à cause de la diversité des classes où les expériences ont eu lieu, soit surtout à cause de la difficulté de trouver des tâches équivalentes pour les deux sortes de vaux; ils sont cependant intéressants. Il ressort de ces expériences que le travail à l'école est en 2'énéral de beaucoup supérieur à celui qui est exécuté à la maison et cette supériorité se constate, soit sur la qualité, soit 5Ur la quantité du travail Les causes de cet état de choses ne sont pas très difficiles à démêler. Non pas qu'il faille les cher~ cher d'abord, comme le faisaient les hygiénistes, dans les conditions défavorables où se trouve l'enfant pour travailler à la maison. Le professeur Schmidt a constaté, à son grand étonnement, que les influences extérieures avaient fort peu d'effet sur l'enfant, qu'il s'adaptait avec une merveilleuse facilité aux circonstances souvent défectueuses de la maison, comme le bruit, l'éclairage insuffisant, l'air vicié, les distracfions, les interruptions. Ce qui agit le plus sur son activité générale, c'est l'isolement. On a en effet remarqué que le travail exécuté par l'élève isolé en classe était de beaucoup inférieur à celui qu'il faisait en commun avec ses camarades. Et cela se comprend. Le jeune :enfant n'a pas encore conscience de l'utilité de son travail pour son développement ou pour sa préparation à la vie; il ne peut pas encore obéir à des considérations supérieures ou à des motifs élevés. Tous ces excitants qui pous· sent l'a~ulte à !'action ne comptent I?as pc nr lut. Il 'tH faut des e"<citant~ llll· ~édiats et il les trouve dano; l'autorité du maî.tr~. dans l'esprit de la cl asse, dans l'Imitation de ses camarades. Et cela est si vrai que, d'après les expériences faites, ce sont les élèves faibles,

tra-

lents ou les jeunes qui font relativement les plus mauvais travaux à domicile, tandis qu'en classe, sous l'influence ambiante, ils arrivent, à certains moments, presque à égaler leurs camarades. A cet égard, Messmer fait remarquer que cette influence en quelque sorte niveleu~ se de la classe n'est pas sans danger pour les natures faibles qui doivent être, ainsi faisant, facilement surmenées; c'est pourquoi il propose, partout où cela est possible, d'instituer des classes de retardés ou de raccordement. dans le genre de celles qui existent à Mannheim. Un autre expérimentateur, Mayer, voit. au contraire. dans cette sorte d'émulàtion, une influence bienfaisante. D'autres remarques intéressantes ont encore été faites au cours de ces expériences. Schmidt a observé, par exemples, que certains écoliers faisaient de meilleures compositions à la maison qu'en classe. Meumann a trouvé que plus le travail revêtait un caractère individuel, plus il exigeait de réflexion ou d'imagination, mieux il était fait à domicile et qu'en général c'étaient les élèves les plus âgés qui fournissaient les meilleurs travaux, c'est pourquoi il a posé le principe suivant: « La valeur des travaux à domicile augmente avec l'âge et ils n'atteignent leur vraie signification de complément du travail de la dasse que dans les deux dernières anL. j. nées de la scolarité. » (Educateur.)

Qae demande an maitre l'enfant Au seuil de l'école, qu'il franchit pour la première fois, l'enfant vient de quitter la main de sa mère. Il a bien le cœur un peu gros. Mais on est un homme: il a sept ans! D'ailleurs sa maman le lui a dit tout à l'heure, en l'embrassant avant de le confier au maître: « Allons: mon chéri, te voilà écolier, montre que tu es un homme! » Donc il ne pleure


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pas. C'est pure vertu, car ses yeux ne refuseraient certes pas les larmes! Et c"est aussi fierté virile.

main qu'elle ne soupçonne même pas encore. Mais alors, qu'attend-elle de vous? Ce n'est pas, nous en sommes d'accord, que vous lui infusiez une expérience ni une science toute faite, puisqu'elle n'est pas réceptivité pure. Pour donner à l'enfant ce qu'il n'a pas, il va falloir que vous teniez compte d'abord de ce qu'il a, c'est-à-dire de ce qu'il est. Avant de vous comprendre, il exige que vous le compreniez. Tout bon maître sait cela. Mais est-il davantage plasticité maniable? Un peu, oui; mais bien moins qu'on le dit parfois. Faut-il, de prime abord, vous mettre à le façonner, à le modeler d'après un type idéal? Non, pas plus qu'à le bourrer de science. Le frêle poussin ne cherche ni un moule où s'engouffrer ni une gaveuse où s'emplir. Ce que cherche l'enfant, c'est une << collaboration » tout simplement. L'éducateur doit collaborer au double effort qui travaille cette âme: effort de Dieu qui la presse de se réaliser, effort de sa spontanéité propre, c'est-à-dire de sa liberté qui cherche à se conquérir. Collaboration d"une autorité, évidemment, puisqu'il faudra diriger cette inexpérience, discipliner ces instincts, instruire cette ignorance. Mais collaboration d'une affection surtout, qui sympathise avec lui, gagne sa confiance et le décide à se livrer. L'éducation ne serait-elle pas, plus encore qu'œuvre d'enseignement, et au sens plein du mot, œuvre de charité? Nous y reviendrons.

** Qu'attend-il du maître, cet enfant? Il ne le sait guère, mais son attitude l'exprime à son insu. Regardez-la bien, cette petite âme confuse, nébuleuse, dont !"évolution commençante tourbillonne si lentement, semble-t-il, et cependant si vite! Vous pourriez vous y méprendre. Un regard superficiel n'y verrait peut. être qu'une ignorance en quête de savoir. Elle vient à vous pour apprendre d'abord. Mais vraiment, cette âme n'est~lle rien d'autre qu'une intelligence vide? Attend-elle seulement que vous la remplissiez de votre science? L'œuvre serait facile alors. Elle resterait bien encore délicate puisqu'il faudrait, d'une tnain experte, ne lui verser cette science, Jrudemment, qu'au compte-goutte, comme Dieu verse la rosée aux fleurs. Mais ~nfin le devoir du maître se réduirait 1 une tâche d'enseignement. Il n'aurait qu'à munir l'enfant des connaissances qui lui manquent, comme, au départ, on remplit de provisions le sac du voyageur. Eh bien, non! cette petite âme est autre chose qu'une ignorance et qu'un vide béant. Elle est vie, esprit vivant, c'est-àdire germe dont l'écorce éclate déjà ;ous la poussée des virtualités impaientes qu'elle recèle et qui la travaillent ;ourdement. De toutes ces virtualités ~lie surabonde. Pour vous, maître chrétien, cette constatation prend un sens La géographte profond. Dieu, créateur de cette vie, à l'école primaire :tchève de la créer. Il continue d'agir en elle et la presse intérieurement de se 1. - Généralités. réaliser en tant qu'être et personne. Si l'Histoire doit faire aimer la Patrie Eveillée par cette excitation interne, voici donc que cette vie naissante se dresse, en racontant les faits et gestes de nos se cherche elle-même, tâche de se con- ancêtres, la Géographie concourt au mênaître, de se conquérir pour s'utiliser et me but en décrivant les richesses et les s'employer ensuite au grand œuvre hu- beautés de ce sol dont nous tirons tou*-

tes nos ressources. Bien enseignée, la Géographie est une étude des plus intéressantes et des plus attrayantes, parce qu'elle met en jeu toutes les facultés de l'enfant: imagination, observation, mémoire, adresse manuelle. Arrière donc, la géographie-nomenclature, sèche énumération de noms et de chiffres, que l'enfant apprend pour un jour, mais qu'il s'empresse d'oublier ensuite, parce que cela ne l'intéresse pas. La géographie est, avant tout, une description pittoresque des pays, mais elle est aussi une partie de la science de la nature et de l'histoire des peu-ples, et, par là, !!'étude de la géographie provoque une série de jugements _qui permettent de saisir le rapport des choses entre elles et de comprendre les lois oui les gouvernent. Ainsi les productions d'une région dépendent de la constitution de son sol, ses diverses industries découlent de ses productions, la population et le commerce de ses villes sont dus à la richesse et au développement de ses industries, tout un enchaînement de causes et d'effets, d'actions et de réactions, que les enfants s'intéressent à découvrir avec l'aide du maître. Puis les cartes, que l'enfant, tout petit, s'essaie à tracer sur son ardoise, qu'il dessine plus tard sur son cahier, en les illustrant parfois avec des crayons de couleurs~ exercent son adresse, voire même son sens artistique, autant d'attraits qui lui rendent plus agréable l'étude de la géographie. n faut donc donner toute sa valeur à cette étude, par un enseignement intelligent et méthodique. ·Pourquoi y a-t-il tant de classes où les élèves n'aiment pas la géographie? parce qu'il y a peu de maîtres qui l'enseignent bien. Pas d'abstraction; l'enseignement de la géographie doit être concret, s'adresser aux sens de l'enfant. Le fonds de l'enseignement géographique, c'est la carte. Il est donc de toute nécessité que le maître s'habitue à la tracer de

mémoire au tableau noir, et à la faire dessiner de même par les élèves; importance capitale, car on n'o'ublie plus la configuration d'un pays dont on peut reproduire le croquis. Certains maîtres, aidés de leurs élèves, ont fait dans la cour de l'école, avec de la terre glaise ou du sable, les principaux accidents géographiques: un lac, un isthme, un cap, un détroit, une île, une presqu'île, une chaîne de montagnes, un pic, un col, etc. Excellente leçon de géographie que les élèves n'oublieront jamais. A défaut de cette représentation en nature, nous avons les globes, les cartes, les tableaux, les images, même les humbles cartes postales, il faut nous en servir toujours, et cela, sans préjudice des figures et des croquis faits au tableau noir par le maître et les élèves. Dans certaines écoles, les cartes murales sont hors de la vue des élèves. a no·3te fixe; il est évident qu'on ne s'en ~~rt jamais. Pas de cartes appendues tout en haut des murs de la salle de classe. mais des cartes bien apparentes, bien lisibles, qu'on peut placer et dénlacer facilement, devant et à la portée de toute la classe. L'usage des cartes muettes est excellent. comme exercice de récapitulation. pour fixer dans la mémoire des enfants la place des villes, des cours d'eau, des montagnes. II. - Méthode d'enseignement. De même que pour l'histoire, il y a la leçon de Oéor;raphie, c'est-à-dire un enseignement oral, vivant et personnel; méthode la meilleure, la plus intelligente, la seule qui donne d'excellents résultats. Que le maître ne se croie pas obligé de tout dire dans sa leçon de géographie, mais qu'il fasse un choix judicieux et précis des connaissances les plus importantes, et laisse de côté les détails inutiles; c'est l'affaire de la préparation de la classe. Le moment de la leçon venu, la craie à la main, debout au tableau noir, le


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152 maître dessine, sans aucune prétention artistique, un croquis simple et sommaire, où sont marqués seulement les noms que les élèves doivent retenir et en même temps, il explique, décrit le fleuve, la côte, le système montagneux la physionomie agiicole et industriell~ de la rég-ion qu'il étudie. S'il n'est pas assez familiarisé avec le dessin pour tracer la carte à main levée, que le maître prenne le temps de la dessiner à l'avance pendant une récréation. quelques minutes suffisent. en attendant qu'il ait acquis assez d'habileté pour le faire. ce oui est préférable, à mesure qu'il parle. Oue si, _oour une raison ou une autre. il y a pour le maitre impossibilité de faire un croquis, qu'il soit à la carte. et v montre les pays qu'il décrit en même temps qu'il les nomme. Toute leçon de géographie doit être suivie d'un exercice pratique très simole de cartographie; l'enfant. en s'aidant de son livre. sur son ardoise ou son rf-lhier, reproduit la carte faite par le maître a u tableau noir. Les cartes calnuées ou copiées sur l'atlas prennent un temp.s orécieux et n'apprennent nas P"rand'chose; tout au plus peuvent-elles être__oermises comme exercice de goût et ri't~dresse. pour une leçon de récapitulation, et le moins souvent possible. Puisque la carte est l'âme de l'enseignement de la géographie, le maître doit apporter tout son zèle à exercer ses élèves dans le tracé des cartes au tableau noir ; aucune récitation de leçon ne doit se faire sans cela. S'il peut disposer de plusieurs tableaux et faire des.siner la carte par plusieurs élèves à la fois . le plus grand nombre possible, c'est du temps gagné, les progrès seront, j'en réponds, très rapides et très sûrs. Pour donner plus d'aspect et de d a rté à la carte au tableau noir, on peut se servir de trois sortes de craie : blanche pour les noms, bleue pour les fleuves et les contours des mers, bistre pour les montag!J.eS. Sur le cahier, on peut per-

A. propos des Jeçona de chose• Le maître, qui se propos.e de faire en classe une leçon de choses, ne doit jamais traiter un sujet sans l'avoir préparé d'avance en relisant ce qui s'y rapporte dans les ouvrages dont il peut disposer et aussi en se traçant d'avance un petit plan. La leçon devra être orale; si le maître croit devoir donner lecture de la leçon dans un livre bien choisi il devra en expliquer le texte phrase par phrase. Ce serait suivre une fort mauvaise méthode que de se borner à lire ou à faire lire à haute voix la leçon en classe. L'attention des élèves se détourne au premier mot mal compris et le travail reste sans profit. Ne pas oublier non plus que la leçon de choses doit, autant que pqssible, être appuyée par l'exament des obiets étudiés. Le maître s'il parle, par exemple, des matériaux de construction. se procurera facilement des échantillons de pierre à bâtir, de briques, etc., et les fera examiner par les élèves. S'il s'ag-it d'histoire naturelle. il mettra sous les yeux des enfants les plantes qu'il aura pu cueillir, des images représentant les animaux. Une promenade qui peut être présentée aux élèves comme une récompense de leur travail, permettra au maître d'intéresser davantage les enfants à ses leçons en les appuyant de nombreux exemples. Ne se servir autant que possible dans ces leçons que de termes simples, qui soient compris par tous les enfants. Si l'emoloi d'un mot technique s'imoose, l'écrire au tableau et obliger les élèves

II. - Revenir sur la sobriété et la tempérance. Expliquer la différence entre les besoins naturels de manger et les besoins factices que se crée le corps. - Danger de ces derniers; - leur tyrannie quand ils deviennent des habituDanger& de l'alcoollame des·: donner des exemples. - Ils en arrivent à supplanter les besoins naturels, Au début de cette leçon, il sera peut- à les supprimer même parfois, mais au être utile de mettre sous les yeux des plus grand détriment de l'organisme, enfants une de ces images, horribles à dont ils préparent la destruction. voir, il est vrai, mais moins horribles III. -- Terribles eftets de l' alcoolisencore que la réalité. qui représentent me. - 1o Il ruine la santé. L'alcool, les funestes effets de l'alcoolisme. L'ex- poison qui laisse dans tout l'organisme Plication de l'état normal de cet alcoo- des traces indélébiles (expériences des lique, aux veux hagards, au visage tan- laboratoires; observations cliniques). tôt congestionné et tantôt livide, aux L'usage de l'alcool, devenu une habitutraits altérés, att sourire hébété, amè- de et un besoin, amène les troubles les nera le maître ou la maîtresse à retra· plus graves dans le système nerveux, cer les dangers de l'alcoolisme et à en ainsi que dans les fonctions de circulaindiquer les remèdes préventifs. tion et de digestion. - Estomac, cœur, Nous nous contenterons de donner un poumons, foie, tout s'ébranle et dépérit plan qui pourra se diviser en plusieurs avec une effrayante rapidité dans le leçons au gré des maîtres et s'adapter corps des alcooliques. - Tuberculose. à la méthode dont il leur semblera pré- - « L'alcoolisme n'est qu'une vieillesse férable d'user. anticipée. » ' 1. - Que. représente cette image? 2° Aftaiblissement de l'intelligence, Qu'est-ce qu'un alcoolique? - Qu'est- conséquence naturelle de l'action de ce que l'alcool? Comment peut-on l'alcool sur les organes du corps et spés'alcooliser? - On peut s'alcooliser de cialement sur le cerveau: de là. les yeux deux manières: 1° en s'adonnant à l'i- hagards et la physionomie hébétée de vresse caractérisée et habituelle; 2° il l'alcoolique; le tremblement de ses memsuffit le plus souvent d'une intoxication bres, l'embarras de sa parole. - Délente, provoquée par des doses relati- sordres cérébraux; maux de tête, vertivement modérées, mais prises réguliè- ges, h9-llucinations, paresse d'esprit, rement chaque jour. perte de la mémoire, accès de délire, « Le régime quotidien de beaucoup épilepsie, folie, imbécilité, paralysie. " d'ouvriers et d'employés suffit à ame3° Affaiblissement de la volonté. " ner en quelques mois les désordres or- Elle devient incapable d'attention et " ganiques de l'alcoolisme. L'Académie d'effort. - Ses ressorts se détendent. " de médecine signale en particulier le L'alcoolique, esclave de sa passion, fai» danger des apéritifs. c'est-à-dire des ble de corps et d'intelligence, n'a plus » boissons à essence et à alcool prises aucune maîtrise de lui-même: son ima» avant le repas; le fait que ces boissons gination s'exalte, son irritabilité est ex» sont prises à jeun rendant leur abtrême; il se trouve livré sans défense à , sorption plus rapide et leur toxicité tous les mauvais penchants, car son état " plus active. » - Cet alcoolisme « à est l'in&ubordination de la matière conpetites doses» est, en somme, le plus ré- tre l'esprit, l'assujettissement de l'âpandu et n'est pas le moins dangereux. me au corps. En lui, plus de sentiments

à l'employer eux-mêmes pour que ta signification du mot et son orthographe ne puisse leur échapper.

mettre également à l'enfant trois sortes de crayons: noir, bleu et bistre. Inutile d'ajouter que toutes les fois qu'on pourra compléter la leçon par une lecture intéressante sur la faune et la flore d'un pays, les mœurs et les coutumesêi'un peuple, on fera travail profitable et excellent.

.,

T


154 tant soit peu élevés; l'alcoolique en arrive, en effet, à l'oubli des devoirs les plus impérieu'X q u~impose la famille: on voit des pères et des mères devenir les bourreaux de leurs enfants! De cette absence de tout sentiment, au suicide et aux crimes des fous furieux, il n'y a qu'un pas et nous en avons malheureusement la preuve tous les jours. ... Et pour ceux qui n'en viennent pas là, quel temps précieux de leur vie et quelles forces perdues dans cette sorte d'abrutissement progressif! Que de travail nécesaire à l'entretien de leur vie et à celle des leurs, nég-ligé et, finalement abandonné! Que d'argent gaspillé, alors qu'une femme et des enfants se meurent peut-être de misère et de maladie! Quels citoyens inutiles, sinon nuisibles, à la société et à la patrie! IV. - D'où vient le mal? - Causes multiples. Défaut de sobriété, de tempérance, de modération. Affaiblissement physique, auquel il faudrait remédier par une nourriture substantielle; l'illusion, la déraison, l'entêtement font que l'on cède au besoin factice, tandis que le besoin réel reste ~n souffrance. - Défaut d'énergie dans la volonté pour résister dès le début au pen:hant d'une mauvaise habitude. - Paresse, désœuvrement. - Entraînement ~t respect humain. Intérieur de la naison familiale où l'on ne se plaît pas, ;ouvent par caprice, souvent aussi par:e que la maison est mal tenue, la nour:iture insuffisante ou mal apprêtée, etc., !tc. V. - Quels sont les remèdes? - Les ·emèdes vraiment efficaces sont ceux qui tttaquent le mal dans sa racine: 1° Avant tout, la relif!ion qui, avec e respect de la loi de Dieu, donne en nême temps la force de l'observer; 2° L'éducation et, en particulier, l'étucation !1Wrale: sentiment de la res>onsabilité morale; respect de soi-mêne; faire contracter à l'enfant des ha~itudes de tempérance, de modération,

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d'empire sur soi-même, d'amour du devoir; amour de la famille; amour de la patrie. 3° L'instruction et, en particulier, l'enseignement de la morale, de l'histoire, de l'hygiène, de l'économie domestique pour tous et, pour les filles, l'enseirznement ménarzer, sur la nécessitl duquel on ne saurait trop insister: devoirs sacrés de la femme dans son intérieur, ordre, propreté, hygiène, nourriture saine, suffisante, appétissante, bien préparée. vêtements bien entretenus; maison où, dans la médiocrité et même dans la pauvreté, un certain goût joint à-l'amabilité de la ménagère, fait aimer cet intérieur tout modeste à ceux qui ne songent plus, dès lors, à aller demander des satisfactions factices au cabaret. Conclusion. - Pour combattre l'alcoolisme, il faut élever le niveau religieux et avec lui le niveau intellectuel et moral de la nation. C'est là la noble tâche des éducateurs.

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Dictionnaire ~éographlque de la Sul1111e Le Dictionnaire Géographique de la Suisse est terminé .... Cette nouveHe a certainement intéressé et réjoui les nombreux souscripteurs de cette publication qui, inaugurée en 1900, est devenue une œuvre nationale d'un caractère essentiellement encyclopédique. ; C'est que les rédacteurs des divers articles ont dû tenir compte de tous les documents, travaux, études, ou dévelopoements de toute nature parus ou survenus en Suisse depuis 50 ans. Le nombre en est considérable; c'est pendant cette période que non seulement la Suisse. mais le monde entier s'est transformé économiquement dans des proportions formidables. Et le but immédiat du Dictionnaire obligeait ses rédacteurs 1

à ne rien ignorer. La quantité de matériaux utilisables s'est révélée immense, supérieure à tout ce que les promoteurs de l'œuvre pouvaient imaginer. L'effort pour tenir compte de ces matériaux sans se laisser entraîner au delà de l'utile ou du nécessaire a été énorme. Un travail continu et intense de dix années en est résulté, travail qui a occupé sans relâche environ cent rédacteurs et plusieurs milliers de collaborateurs de toutes catégories. Aussi bien, l'œuvre commencée comme un simple travail de librairie n'a pu se poursuivre et se terminer qu'avec l'apoui moral et financier de la Confédération, des cantons, de nombreuses Sociétés fédérales, dont l'intervention seule a permis la continuation de l'entreprise, au milieu de péripéties parfois anl!oissantes, et enfin son achèvement. Mais le résultat de cet immense effort est un document de la plus h aute envergure, non seulement pour notre Suisse, mais aussi pour la littérature de tous les pays. Il n 'existe en effet dans aucun pays une œuvre semblable ou qui puisse lui être comparée. La première base du Dictionnaire Géof!ràphique de la Suïsse est une nomenclature très détaillée des lieux physiques, plaines. montagnes, vallées, glaciers. cols, etc., et des localités, villes, villages, hameaux. La Direction s'est attachée à n'omettre aucun nom l!éo!!raphique de quelque valeur. Pour les loca lités habitées, elle est partie de la base de 30 habitants au moins agglomérés. mais en citant même les maisons isolées lorsque leur imoortance géosrraphique le demandait. Cette nomenclature a été complétée par une série d'articles spéciaux se rapportant soit aux divisions géographiques naturelles. soit aux institutions sociales ou politiques. Les articles généraux sur les cantons, les districts ou les. territoires spéciaux sont complétés par l'exposé des institu-

tions politiques, économiques et sociales, avec un soin qui en fait une lec_ture attachante et instructive, et un souci du point de vue littéraire qui les destine aussi bien à l'étude particulière qu'aucercle de la famille ou à l'école. La plus haute expression des soins donnés à la rédaction dans toutes les parties essentielles, est atteinte dans l'article «Suisse ». La monographie de la Suisse était à faire. Elle existe maintenant dans le Dictionnaire Géorzraphique, et y représente l'étendue d'un gros volume in-quarto, richement illustré _de vues pittoresques, de plans et de diagrammes dans le texte ainsi que d'une trentaine de cartes en couleurs hors texte. Le plan de ce document est à lui seul d'un intérêt puissant, et la réalisation en a été obtenue avec une énergie et une précision qui donne la mesure exacte de la valeur du Dictionnaire tout entier. Cet ensemble de documents donne au Dictionnaire Géographique une destination aussi encyclopédique que sa rédaction elle-même. L'œuvre se rattache par tant de liens à la vie journalière qu'elle est vraiment l'encyclopédie indispensable à tout citoyen suisse en état de se la procurer. Elle est nécessaire à tout homme désireux de se renseigner sur le pays ou sur telle partie du pays. II n'est pas possible d'étudier une partie quelconque de la Suisse sans faire appel au Dictionnaire. C'est ainsi que les possesseurs de cette œuvre magistrale en viennent involontairement à en faire un usage journalier. Que dirons-nous encore? Que le Dictionnaire a été complété - chose indispensable pour un travail qui a duré dix ans - d'un Supplément contenant les corrections ou les compléments jugés utiles de renseignements statistiques form~nt tableaux. Enfin, qu'à côté de l'édition française, il a paru une édition allemande, nécessaire pour la diffusion


156 151 réelle de l'œuvre dans la plus grande celui qui manquerait de politesse, c'estpartie de la Suisse. à-dire de respect, à l'égard de Dieu. Enfin, le Dictionnaire mérite l'attenEn sortant de l'église, même tenue tion de toutes les personnes qui n'ont qu'en y entrant: - habitude de la génupas su se le procurer encore et qui peu- flexion; - démarche . posée. vent s'accorder une satisfaction dont ils On pourra terminer la leçon en monauront le plaisir de se féliciter journel- trant aux enfants une deuxième image lement. représentant le prêtre à l'autel, en leur Le • Dictionnaire Géographique de la Suis- disant que, lorsqu'ils auront sept ans, se • se compose de VI volumes petit quarto ils devront assister à la messe le dicomprenant 34.787 articles illustrés de 5181 manche et qu'il y a des petits enfants vignettes, plans ou diagrammes dans le texte très sages qui attendent ce moment comet de 150 planches en couleurs hors texte. Outre les rédacteurs en titres 16.245 collabo- me une récompense.... Un exemple de piété enfantine, extrait d'une vie de rateurs occasionnels y ont travaillé. saint.s ou même d'une biographie contemporaine, raconté simplement, pourrait faire l'objet d'une leçon q_ui laissePartie pratique rait, plus qu'on ne le croit, une impression durable aux petits élèves de la Petite leçon de morale classe enfantine. ResP.ect et bonne tenue à l'église. Une image représentant l'intérieur Instruction clvJqoe d'une église. - Faire remarquer aux enfants tous les objets qui s'y trouvent, en insistant sur le tabernacle et la lam- La Société~ - Nécessité de la Sociité. pe du sanctuaire. L'homme n'est pas un être isolé. Il a S'efforcer de pénétrer les enfants de des semblables, qui partagent sa vie et cette vérité, que l'église est la maison de avec lesquels il est en communion consDieu et le lieu de la prière, et, de là, tante; car Dieu a créé l'homme sociaconclure à la tenue respectueuse qu'il ble, c'est-à-dire ayant besoin de recherfaut y garder : - ne pas y entrer en cher la compagnie de ses semblables, courant ni en faisant du bruit; mais po- ainsi que leur aide et leur secours. sément, les petits garçons se découvrant Et cela : 1° par un instinct naturel et léla tête, comme ils le font en présence des g itime; 2° par sympathie; 3° par nécespersonnes qu'ils saluent; tous, petits sité. garçons et petites fiiies., prenant de l'eau 1° 1nstinct qui se manifeste avant toubénite et faisant le signe de la croix. te réflexion chez l'enfant : il recherche Puis Hs s'agenouillent pour adorer ses semblables. - Instinct qui fait de Dieu, lui dire qu'ils l'aiment et lui de- l'isolement l'une des plus dures soufmander de les bénir. frances de l'homme. - Exemples : les jamais à l'église il ne faut se per- prisonniers; - ·P ellisson; - joie de mettre de parler à haute voix, de cau- Robinson, quand il rencontre Vendredi ser, de rire, de tourner la tête de tous dans son île déserte. - Instinct qui se les côtés. Un enfant qui aurait une mau- trouve même chez les animaux. Exemvaise tenue à l'église serait un enfant ir- ples: les chamois; les chevreuils ; les oirespectueux envers le bon Dieu et, si seaux. «L'homme est donc de sa nature l'on dit d'un enfant qui se tient mal un animal sociable. » (Aristate.) dans un salon qu'il est « mal élevé », à « Le plus grand plaisir de l'homme plus forte raison pourrait-on le dire de c'est l'homme lui-même. » (Bossuet.)

...

2° Sympathie. - Inclination naturelle au cœur de l'homme. « Quand Dieu îit le cœur de l'homme, il y mit d'abord la bonté. » (Bossuet.) - Inclination qui nous porte à partager les joies et les peines d'autrui. - Elle se remarque déjà chez l'enfant, qui sourit quand il voit sourire, qui pleure quand il voit pleurer. - EIIe se remarque, en quelque manière aussi, chez les animaux; les chiens, par exemple, prennent leur part des deuils de leurs maîtres. - Nous sympathisons même avec nos semMables des temps passés, avec les héros de l'histoire, avec les personnages imaginain~s des théâtres et des romans. De la sympathie naissent l'affection, le dévouement, le désintéressement, le sacrifice qui sont, en vérité, l'honneur de l'homme et la joie de son cœur. La sympathie s'accorde bien, en effet, avec notre nature et apporte une preuve de elus à la nécessité de l'état social. 3° Nécessité où nous sommes d'avoir besoin les uns des autres de la société de nos semblables. - D'une manière générale, les exigences de la nature humaine sont les mêmes pour tous; mais comment y satisfaire? - Outre le temps et les forces du seul individu qui ne pourraient y suffire, différences d'aptitudes, de développement des facultés de l'âme; différences de santés, de fortunes, de caractères, etc. Nous avons tous besoin de nous unir pour nous compléter, d'entrer en communauté de vie avec nos semblables; car sans un échange continu, sans une fusion d'aptitudes et de travaux, nul ne pourrait pourvoir à toutes les nécessités de l'existence. - S'entendre sur ce point et l'appuyer d'exemples. - Pour n'en citer qu'un : - Nous avons besoin du boulanger, qui nous vend le pain de chaque jour. Et le boulanger, pour arriver à nous le livrer a eu besoin du laboureur, du semeur,' du faucheur, de l'ouvrier qui fait

les gerbes, du mécanicien qui bat le blé, du charretier qui le porte au moulin, du meunier qui le moud, des employés du chemin de fer qui le transpo1ient, du maçon qui a bâti son four, des ouvriers qui lui ont procuré le bois qui le chauffe, des ouvriers qui pétrissent la pâte, de ceux qui l'enfournent et retirent le pain du four, des porteurs de pain, etc., etc. Par cet unique exemple, pris entre mille, faire comprendre combien les hommes ont besoin les uns des autres et à quel nombre de nos semblables nous sommes redevables pour un seul morceau de pain! Conclure de cette première leçon: que nous devons rendre service à nos semblables dans la mesure où nous le pouvons; - aimer à rendre service c'est s'intére,sser aux autres; - pensons aveo. reconnaissance aux peines que tant de personnes, dont nous ne soupçonnons pas l'existence, prennent à tout instant pour nous.

Sur la charité Mes enfants, il y a un mot que vous entendez dire bien souvent, mais vous êtes peut-être trop jeunes pour le c_o~­ ~rendre tout à fait. Ce mot est celm-c1: charité. La charité! Vous croyez sans doute que c'e.>t seulement l'aumône, que c'est seulement le « sou » que l'on donne au malheureux et alors vous dites: « Moi, je n'ai pas de sous et je .>uis trop petit pour faire ia charité! » - Mais je vous réponds b i1~n vite : « Mes enfants, tout petits que VùilS êtes, vous pouvez, vous aussi, ., faire la charité »; car la charité ne donne pas &culement « des sous ». Elle donne de la bonté; 1::'1Je rend des services de toutes manières. Tous, vous avez un bon cœur. Eh bien! f1 faut apprendre à vous en servir pour faire la charité. - Ecoutez comment un enfant de votre âge, qui fréquentait une école


159 de campagne, pratiquait la charité. Louis - c'était son nom - aimait son maître et savait le lui prouver. C'est ainsi qu'il redoublait de sagesse et d'application, quand il s'apercevait qu'une fatigue, gu'un malaise rendait plus difficile la tâche de l'instituteur. A plus forte raison, agissait-il ainsi lorsqu'il savait qu'une tristesse, un deuil, par exemple, était venu affliger son maître. Louis était alors encore plus attentionné que d'habitude. Il se montrait prévenant, délicat, empressé à rendre à l'école autant de petits services qu'il le pouvait. - Cela, c'était pratiquer la charité! Louis avait un petit frère, qui allait à ]!école avec lui. Oh! comme il en avait soin tout le long de la route! Il le tenait ferme par la main et, quand les chemins étaient mauvais, en hiver, il arrivait souvent que le grand frère portait le petit sur son dos et cela, malgré la distance et toujours avec un visage riant. - Cela, c'était la charité! En classe, Louis était toujours disposé à prêter, à donner même quand ii le pouvait, et à l.'heure du goûter, après avoir servi son petit frère, il partageait souvent avec ses camarades les fruits que sa mère avait mis dans son panier. - Cela, c'était encore la charité. Au jeu, ce bon petit enfant aidait ceux de ses camarades qui étaient peu lestes ou peu adroits. Il s'empressait auprès de ceux qui faisaient quelques fauoc pas et rejetait bien loin d'eux les pelures des fruits qui les avaient fait tomber. - Cela, c'était de la charité. Louis ne gardait jamais rancune aux :amarades qui lui avaient fait de la pei1e ; jamais il ne rapportait contre eux ~t, toutes les fois que l'occasion s'en pré;entait, il leur rendait le bien pour le nal. - Aussi, il pratiquait la charité. Enfin, quand un malheureux venait irapper à la porte de l'école, Louis denandait comme une faveur de lui por:e r la pièce de monnaie ou le morceau

1. A sa vie physique; 2. à sa vie intellectuelle; 3. à sa vie morale.

de pain que lui donnait l'instituteur et il accompagnait cette aumône de s<m meilleur sourire et, quelquefois, d'une bonne parole. - Cela, c'était vraiment la charité. Conclusion. - Vous le voyez, mes enfants, de petits écoliers comme vous peuvent pratiquer la charité. La charité c'est un devoir qui est déjà de votre âge. Elle consiste à aimer le prochain et à le lui prouver par des actes qui viennent de la bonté du cœur. Soyez bons et vous serez charitables.

Orthographe, Bédaetlon Bécltatlon

Le paresseux Le paresseux n'est bon à rien. Les affaires l'ennuient, la lecture sérieuse le fatigue. Il faudrait lui faire passer sa vie sur un lit de repos. TravaiUe-t-il, les moments lui paraissent des heures. S'amuse-t-il, les heures ne lui paraissent plus que des moments. Tout son temps lui échappe, il ne sait ce qu'il en fait, il le lai~se couler, comme l'eau sous les ponts. Demandez-lui ce qu'il a fait de sa matinée, il n 'en sait rien. Car il a vécu sans songer qu'il vivait; il a dormi le pJus tard qu'il a pu, s'est habillé fort lentement, a parlé au premier venu, a fait plusieurs tours dans sa chambre. Le dîner est venu; l'après-dîner se passera comme le matin et toute la vie comme cette journée. Encore une fois un tet homme n'est bon à rien. Fénelon..

xxx Développer cette pensée: « Les oiseaux sont faits pour voler, mais aHendez qu'ils aient des plumes. » 1. - Ce qui est vrai des oiseaux l'est aussi de tous les êtres de la création; pour chacun d'eux, • il faut laisser faire le temps ,• à l'aide duquel ils se développent. - Quelques exemples. IL - Nous appliquerons surtout celte pensée à l'homme:

Ce n'est que par le développement

normal et progressif de chacune d'elles que l'enfant peut être capable de remplir la tâche qui doit être un jour la sienne.

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Devoirs des enfants envers leurs grands-parents Cette leçon pourrait être le commentaire, mis à la portée des enfants, des trois strophes suivantes:

.....

Vous lous, petits enfants, aimez bien vos grand'mères, Entourez-les, leur âge a des douleurs amères; Oh! formez devant l'âtre une riante cour, Quand votre aïeule vient au cercle de famille Chauffer ses membres froids au loyer qui péSon cœur à votre amour. [tille, Votre sourire franc, qu'elle aime et qu'elle implore, Est un rayon d'hiver qui la ranime encore; Son frais et vert printemps lui semble refleurir, [d'elle, Quand son petit enfant vien( gazouiller près Comme un oiseau joyeux qui monte et bal de Sur un arbre flétri. [l'aile Ses mains qu'i l faut presser avec mille tendresses Sont pleines de jouets et pleines de caresses, Baisez ses cheveux blancs, diadème béni; Qu'il souffle un peu de vent dans ses chemin arides! [des Un seul baiser d'enfant fait oublier vingt riA son front rajeuni. (Mme Anaïs Ségalas.)

Nous devons inspirer aux enfantSl trois sentiments envers leurs grandsparents: 1° Le respect; 2° La reconnaissance; 3° Une tendre affection,· 4° Nous devons leur faire comprendre ce qu'est pour eux le devoir de l'assistance, qui consiste dans ces mille petits services (et ici une énumération trouvera sa place sans difficulté), qu'un enfant peut rendre aux vieillards de la famille. Il faut faire comprendre surtout à nos petits élèves avec quel empressement et quelle bonne grâce ils doivent ainsi se rendre utiles à leurs grandsparents; 5° Il ne faudra pas craindre enfin de parler de ce que nous appellerions volontiers le « devoir du support». On est forcé de reconnaître que la vieillesse et l'infirmité rendent parfois certains vieillards exigeants, mécontents, maussades. Il ne servirait de rien de contredire les enfants quand ils font eux-mêmes ces constatations. Il vaut mieux les prémunir d'avance, avec tact et délicatesse, contre tout ce qui pourrait porter atteinte à leur respect et à leur affection, en excusant d'ores et déjà des faiblesses dont l'enfant comprend vite les causes, quand on sait faire appel à son cœur.

xxx

... La vieillesse est la nuit: enfants, soyez-en les étoiles. (Mme Anars Ségalas.)

Une leçon relative aux devoirs des enfants envers leurs grands-parents nous paraît surtout opportune en cette saison d'hiver, où les grands-pères et les grand'mères, qui souvent sont les arrière-grands-pères et les arrières-grand' mères des petits élèves, - blottis « devant l'âtre», sont plus particulièrement sensibles aux égards et aux attentions de leurs petits-enfants, comme d'autre part ils souffrent davantage quand ces égards leur manquent.

Je me sens solidaire de toutes les générations qui m'ont précédé dans la vie et qui ont travaillé pour moi. je ne puis rien pour leur témoigner rna reconnatssance et m'acquitter envers elles; mais je puis faire pour les hommes qui m'entourent et ceux qui viendront après moi ce qu'eUes ont fait pour moi: donner ma part de travail, ajouter mon petit grain,

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Travail et bonté


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faire, en un mot, le peu de bien dont je suis capable. Notre premier devoir, c'est le travail; notre second, c'est la bonté. II faut être bon : plus je vieillis, plus je sens la nécessité du précepte. Il en est de la bonté comme du travail . L'exercice en est peut-être pénible au commencement, il devient un exercice et un jeu dont on ne pourrait se passer. Je tâche de vivre le plus honnêtement que je puis, en résumant la loi morale dans cette double formule : travail et bonté.

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L'ordre et le goat dans le ménage Il dépendra de vous, fillettes et garçons des champs, de fadre de votre chaumière un logis plaisant à voir du dehors et plaisant à habiter. Ce n'est pas tout d'être propres et rangés, encore est-il mieux de disposer toutes choses autour de soi avec un peu d'habilett et d'élégance. Quelques belles fleurs du jardin ne sauraient nuire aux choux et aux carottes. Dans l'intérieur, de vieux meubles soigneusement e ntretenus et cirés, quelques bel•les vieilles assiettes sur les galeries du dressoir; aux murs, deux ou trois gravures de bon goût, encadrées de simples bois de chêne; dans un coin, sur une étagère, un vase où trempent quelques fleurs; sur la vaste cheminée, d'anciens chenets de fer d'une forme élégante; c'est assez pour que l'art s'établisse à votre foyer et devienne votre hôte habituel.

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il est exposé à subir la colère de la marchande ; ou il entre dans le col!lplot,_ c_e qui est beaucoup plus grave, et 1}. est lnttié au vol. La conduite de votre camarade est beaucoup plus grave et plus honteuse qu'il ne le pense, sans doute.

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Qu'est-ce que l'ordre? - Qu'est-ce que l'économie? - L'ordre et l'économie vont-ils ensemble? Si oui, pourquoi?

Indications. - L'ordre consiste à mettre une règle dans tout ce qu'on fait. Dans une maison ordonnée, chaque chose a une place propre et y est toujours remise, chaque chose est toujours faite en son temps. L'économie consiste à se procurer le plus de bien-être possible avec le moins d'argent possible; comme elle ne peut être pratiquée que par une bonne répar"tition du budget, un grand ménagement des choses et du tem~s, el·le est le résultat de l'ordre.

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L'ENfANT A SON REVEIL 0 Père qu'adore mon père Toi qu'on ne nomme qu'à genoux, Toi dont le nom terrible et doux fait courber le front de ma mère;

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Ton nom est chéri· dans les cieux! Je suis trop petit pour y lire; Ma mère en mes yeux le voit luire; Et moi je le lis dans ses yeux.

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Quand je suis bon, quand elle est tendre, Nous sentons ta présence en nous; Je joins mes mains sur ses genoux;; T'aimer, n'est-ce pas te comprendre?

. . . . . .

Un de vos camarades a trouvé une mauvaise pièce de 0 fr. 50. Il n'ose pas la f~ire passer lui-même. Il envoie un enfant plus Jeune que lui acheter avec la mauvaise pièce un crayon d'un sou. Racontez ce qui s'est passé et faites vos réflexions.

fais que mon cœur s'élève à toi Comme cet encens en fumée Que balance une urne embaumée, Dans la main d'enfants comme moi! Lamartine.

Indications. - Votre camarade, non ;eulement fait un acte malhonnête et ~ole la marchande, mais il a la lâ~he­ :é de prendre un jeune enfant pour ms:rument de sa mauvaise action. Ou l'entant ignore que sa pièce est fausse et

• Il y a livre et livre. . La petite Marguerite, qui est en pen~ton depuis peu, écrivait l'autre jour .à sa mar rame; • Dimanche, en venant me vo1r, apporte-mot deux livres, un de lectures récréatives, et l'au· tre de chocolat. •

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canons. A 4 h. de l'après-midi, la trou-, pe se rangeait devant le palais du gouvernement et Berthier annonça solennellement qu'il était chargé de prendre possession du Valais, au nom de S. M. l'Empe.reur des français. Un protocole de la séance, contresigné de toutes les notabilités des deux parties, fut rédigé et pourvu du sceau impérial. Cette pièce célèbre se trouve aussi dans les archives cantonales. Si le discours de Berthier [lU Conseil d'Eiat avait été empreint de courtoisïe, le décret de Napoléon, qui fut publié peu après, sentait le maître qui veut corriger un enfant. Le voici:

circonstances favorables, la terre soit de plus en plus abandonnée? C'est ce que le Dr Lebat examine dans une étude .sur ce sujet. Un peu partout, à l'heure qu'il e:st beaucoup de jeunes agriculteurs n'ont qu'un rêve: devenir fonctionnaires, facteurs, commis de poste, employés de chemin de fer, buralistes; l'âme du pay san est déracinée. A cela, il y a des causes générales: la facilité des communications, ks appels incessants de la ville à la population rurale, :,ous forme d'expositions, de concours agricoles, de fêtes, de centenaires; le service militaire, la fascina tion des salaires plus élevés, le mirage d'une vie qu'on s'imagine plus facile et • Napoléon, empereur des Français, roi d'I- plus aouce. • talie, protecteur de la Confédération du U y a aussi l'ébranlement et la dislo» Rhin , médiateur de la Confédération suisse. cation de la famille agricole, la déca» Considérant que la route du Simplo11, qui dence des sentiments qui assurent la » réun it no tre empire à notre royaume d'Italie, • est utile à plus de soixante millions d'hom- cohésion familiale; le respect des pa• mes; qu'elle a coûté, à nos trésors de France rents , l'union entre frères et sœurs, l'es· • et d'Italie, plus de dix-huit millions, dépense prit d'association et de solidarité, en • qui deviendrait inutile, si le commerce n'y vue d'un travail en commun. Les fils • trouva it commode et parfaite sûreté, • Que le Valais n'a tenu aucun des engage- quittent le père pour échapper à son au' menis qu'i l avait contractés lorsque nous torité ou à sa surveillance. Rares sont "avons fait commellcer les travaux pour ou- les fermes où travaillent ensemble des , vrir cette grande communication, frères mariés. • Voulant d'ailleurs mettre un terme à l'a· La ruine de l'esprit de famille est • narchie qui afflige ce pays et couper court l'une des principales causes de l'aban• aux prétentions abusives de souveraineté d'udon de la terre. . ne partie de la population sur l'aulre, • Nous avons décré~é et ordonné. décrétons Mais c'est l'école qui est le principal • et ordonnons ce qui suif: coupable. Le jeune écolier est humilié • Art 1. - Le Valais est réuni à l'Empire. d'être un enfant des champs; ce senti» Art. 2 - Ce territoire formera un déparment s'accuse surtout qu3.nd il est en • tement sous le nom de Département du Sim · présence d'un enfant de la ville: bien à "plon. • Art. 3. - Ce département fera partie de la tort, il se croit inférieur à lui. Il s'imarrine que le travail de la terre est moif'JS • VIle division militaire. • Art. 4 - Il en sera pris possession sa ns élevé en dümité que le travail de bureau • délai, en notre nom et un commissaire géné- ou de l'industrie; il n'est pas loin de • ral sera chargé de l'administration pendant penser que c'est le moins reluisant de • la présente année. • tous le3 métiers Il croit que l'école et la -0ferme sont deux mondes complètement distincts, très éloignés l'un de l'autre, L'école et l'abandon n 1ayant aucun point de contact. et le de If\ t.erre premier infiniment inférieur à l'autre. Comment se fait-il, qu'en dépit des Or, cette mentalité est essentiellement


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7 l'œuvre de l'école. L'enseignement scolaire trop intellectuel, trop étranger à l'enfant et à son milieu, la favorise et la développe. L"école considère le petit paysan comme un écolier abstrait; elle ne le voit et ne le place pas dans la réalité. Elle cherche à lui donner des clartés de tout; elle le tire du milieu où il est né et où il doit vivre; elle fait émigrer son jeune cerveau, elle le déracine. Plus l'enfant se montre bon écolier, plus il profite des leçons, plus il apprend, plus il .s'éloigne de la terre et de la charrue. Et s'il s'attarde à l'école après treize ans, sa vocation agricole est bien compromise. L'école développe - peut-être - l'intelligence, la raison, le jugement, le bon sens, la volonté ; ete rompt sûrement les liens qui attachent l'enfant et l'homme au sol natal, au métier héréditaire. Elle se désintéresse des forces puissantes qui dorment dans les régions profondes de l'âme. Si elle savait réveiller ces forces, les cultiver, les diriger ,les utiliser, elle retiendrait l'enfant . au village et préserverait les terres de l'abandon. Elle s'en désintéresse; son enseignement reste trop exclusivement intellectuel ; elle méconnaît la qualité intime de l'écolier, son origine, son milieu, son atavisme, son avenir; c'est un désastre pour la vie agricole. Pour que les champs soient labourés, il faut gue l'école commence par cultiver et élever des laboureurs. Non pas qu'elle doive enseigner l'agriculture, mais elle devrait donner w1e éducation, une culture morale en vue du métier agricole. L'école doit surtout éviter de glacer les bonnes dispositions. Que jamais le maître ne dise à l'écolier paresseux ou moins intelligent: «Toi, tu n'es bon qu'à faire un paysan ». Car les meilleurs ne voudraient plus après cela, cultiver la terre. Un rien peut compromettre la vocation. L'école ne doit jamais manquer d'exalter ce que la vie agricole a de sain, de beau, de noble. Qu'elle

ne craigne pas de remuer les atavismes, d'y faire appel, de les glorifier! Il faut qu'elle considère ses élèves comme des apprentis laboureurs, et qu' elle s'applique à diriger dans ce sens leur mentalité. Elle doit dire au petit agriculteur: « Tu n 'a rien à envier à l'écolier des villes! Tu le vaux! Il voit les musées, tu vois la beauté du printemps et des prairies en fleurs, la splendeur des moissons mûries. Il est moins fort, moins bien portant que toi. Tu n'as pas besoin de lui. Il a besoin de toi, puisque tu le nourris. C'est sur toi que compte la patrie, si, un jour, elle est menacée!» Que l'on ne craigne pas quelques exagérations: assez d'autres influences remettront les choses au point. L'école doit, chaque matin, faire vibrer l'âme de l'enfant avec ce chant; cette vibration se prolongera dans sa vie. Qu'elle lui donne l'or~ucil du métier; il ne l'a P.a s. Qu'elle lui montre le paysan créant avec l'aide de la nature, les plantes, les blés, les fruits; façonnant à son gré les animaux, les perfectionnant, les amélior ant. Qu'elle personnifie les forces de la natur~. Quelle relève le travail< de la terre aux yeux de l'enfant, en la parant de la noblesse de sa science. Qu'elle leur montre a ia ferme, les mervdies de cette science! Q11e jamais le jeune paysan se sente dépaysé à l'école. Qu'il ne s'y croie iamais dans un moude étranger à celui où il \oit ;:,.,.ec ses parents, bien supérieur, beaucot1p plus distingué! Qu' elle prenne dan~ un petit co~rs d'agriculture, dans les choix des lectures, des dictées, des pages d'écriture. le trait d'ui1ion entre elle et la ferme. Que l'âme du maitre soit remplie par la beauté et le charme de la vie rurale. Qu'il partage les émotions des agriculteurs, qu'il sache s'attri:.a~r de la pluie qui noie les labours, de b bise qui les dessèche, que son cœur se gonfle de ioie à la vue des épis qui baissent la tête sous le poids des grains et des grappes mûres qui

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soul~vent le~ feuilles po~r recevoir les demters batsers du soletl; l'enfant le comprendra, le saisira. Mais si le maî= tre n'a pour la vie agricole qu'indiffé- COMPTABILITE PROFESSIONNELLE E! renee ou dédain son influen~ sera néCALCULS Y RELATIFS, pour l'enseJfaste quelques précautions q~'il pren~nement ~ans les ~c<_:>les des arts et mé. . . . . hers, les ecoles spec1ales les cours pro, . d' Q ne. Ut . Ira ]-:maiS ~e que C~.rtams V~lfessionnels, etc. Méthocte publiée par la~es dotvent a de vteux manres restes l'• Union suisse dés Arts et Métiers.• pres de la terre, sans que pour cela la Huber & Cie, éditeurs à Frauenfeld. lecture, l'écriture, le calcul et le reste En général, nos artisans, maîtres d'état et aient été moins bien enseignés. L'âme petits industriels ne savent pas suffisamment paysanne de ces vieux maîtres a été compter. Leur comptabilité - quand ils en bienfaisante aux générations qu'ils ont ont une - est parfois trop rudimentaire et élevées; elle les a fixées au sol natal. Où souvent peu pratique. Bon nombre de pasont-ils maintenant parmi les jeunes trons sont incapables d'établir correctement maître">. les vrais amis de la terre? Et le prix de revient et le prix de vente de leurs produits. La formation des artisans est donc s' ils se rencontrent quelque part, sont- incomplète; la partie administrative de leur tâils encouragés? che est par trop négligée. C'est ce qui a enLe certificat d'études primaires exer- gagé l'Union suisse des Arls et Métiers à ce, lui aussi, à ce point de vue, une in- publier un • Manuel de comptabilité • dont fi uence nettement défavorable: muni de le système puis"e facilement être adapté aux ce diplôme, fe jeune homme trouve dom- entreprises l~s plus diverses. Le;; comptabilités choisies comme exemples sont celles d'armage de continuer le métier que sans tisans ou industriels d'importance moyenne, l'avoir, faisait son père. ' possédant une installation irréprochable. ElIl faut donner au petit agriculteur le~ s_ont ~tablies de façon telle que le patron une haute idée de la valeur de la char- so1t a meme de calculer facilement le prix de ~·ue et des .autres instruments aratoires; revient et le prix de vente de se3 produits, Jl faut lu. rendre surtout 1 oraueil de comme aussi d'être rapidement renseiané sur son village et de sa profession ~gricole. sa situalion financière et sur le re~demeut de son entreprise. L'abandon de la terre est un fait écoL'accueil favorable qui a été fait à son nomique et moral d'une portée immense: manuel et les précieux encburagements qui lui il vaut bien quelques efforts et quelques s?ut venus de toutes parts, ont imposé à l'Usacrificez. L'école n'est pas encore ou 111011 suis5e des Arts et Métiers le devoir de ce qu'elle devrait être; co~1pléter l'œuvre commencée, par la publin 'est plus elle dort, elie peut se perfectionner se c.ahon d'uue édition française de la • Gewerbmodifier. L'enseignement y est défec · hche Buchhaltung », travail dont elle a chargé tu eux; il répond mal à son but. L'école M. A~bert Baumgartner, instituteur à Bienne ne rend pas les services qu'elle pourrait et maitre de comptabilité à l'école professionnelle de cetfe ville. Cette édition bénéficie des et qu'elle devrait rendre; son effet utile expériences acquises depuis l'introduction n'est pas en relations a·vec les sacrifi- de la méthode nouvelle. Etant avant tout desces qu'elle exige et qui sont faits pour t!n,ée aux maîtres qui enseignent la comptabielle. La tâche est hérissée de difficultés· hte dans les écoles professimmelles et les elle. n'est pas .i mpossible; le temps et 1~ cours de perfectionnement, elle comblera une patience Pn VIendront à bout. L'impor- lacune et contribuera certainement à former tant est de s'y atteler pe11dant gu'il en des artisans sérieux et des • maîtres» d'état dignes de ce nom. Nous recommandons donc est temps encore. L'école doit devenir cette œuvre d'utilité publique à tous ceux qui l'instrument qui relèvera la vie agricole. ~'intéressent ~ l'enseignement professionnel et (Sillon romand). a la prospénté de l'industrie indigène.

Bibliographie

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Supplément spéciàl à l' &cole primaire

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L'Examen pédagogique des Recrues en 1909 ~ettre à la portée de toutes les bourses dnns dfls volnmes ;l,!!"n~a bl es 0 hre

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'"' ' ~: 2: p~?1~;~~ ~~~HN~~k~· ;o~.~~f;~chone. - 11la Marquise. "· ~- l. FAVRE . Jean des paniei'S · .: ~- Edouard ROD. Scènes de la vie s uis se. Pour para1tre p~ochainement: · 'i " Ali. Ceresole. le Journal de Jea n-lo uis . '· 6· T. COMBE. l e Mari de Jonquille. '· 7. Mille Montolieu. les Châteaux suisses. li

1 A

Octs. Lib.rairie PAVOT 2.C~ Lausanne

Le Bureau de statistique du département fédéral de l'Intérieur vient de publier son rapport sur l'examen pédagogique des recrues en automne 1909. Ce rapport constate, pour la Suisse prise dans son ensemble, une légère diminution de la note moyenne totale, de 7,35 à 7,36, différence si minime, dit-il, qu'il est inutile de s'y arrêter. D'une manière générale, les examens de l'automne 1909 ne sauraient être considérés comme un pas en arrière; il s'agit plutôt d'un état stationnaire, qui s'est déjà manifesté l'an dernier. Au fond, cet arrêt de deux années consécutives dans la marche ascendante n'a rien d'inquiétant, puisqu'il ne s'étend pas à l'ensemble des cantons comme phénomène général. Il doit plutôt être envisagé comme la résultante de progrès et de reculs dans les différents cantons. C'est ainsi qu'en comparant les chiffres proportionnels de 1909 à 1908, on constate que pour 12 cantons la proportion des très bons résultats totaux s'est accrue; pour 9, elle a diminué, et pour 4 elle est restée stationnaire. Le Valais figure parmi les premiers; tandis qu'en 1908 il accusait tm chiffre de 37 sur 100 recrues avec de très bons résultats totaux, en 1909 il arrive au chiffre de 39 sur 100. La proportion des très mauvais résultats totaux est moindre dans 7 cantons, plus forte dans 9 et la même également dans 9 cantons. Le Valais a malheureusement fourni sous ce rapport un résultat sensiblement plus mauvais (3 sur 100 en 1909, contre 1 sur 100 en 1908). Néanmoins notre canton a tout lieu d'être satisfait comme on va le voir :

Ra.ng en 1909 Cantons

Note Rang. moyenne en 1908

1. Obwald 6.81 1 6.82 2 2. Genève 6.94 9 3. Schaffhouse 4. Nidwald 6.95 5 5. Bâle-Ville 6.97 5 6. Valais 7.04 8 7. Neuchâtel 7.11 12 7.14 16 8. Soleure 7.18 4 9. Zurich 10. Vaud 7.20 7 11. Zoug 7.21 5 7.24 13 12. Argovie 7.26 11 13. Glaris 14. Thurgovie 7.27 10 15. fribourg 7.34 17 Moyenne de la Suisse 7.36 16.) Bâle-Campagne 7.39 18 7.39 15 16.) Berne 18. Lucerne 7.50 14 19. St-Gall 7.53 19 20. Grisons 7.66 20 21. Appenzell-Ext. 7.92 21 22. Schwyz 7.95 23 2"3. Tessin 8.50 22 9.13 24 24. Uri 25. Appenzell-Int. 9.34 25 Il est intéressant de rapprocher du tableau ci-dessus le rang dévolu aux cantons pa1: la moyenne des résultats des cinq dernières années 1905-1909. i. Genève 6,65 2. Bâle-Ville 6,80 3. Obwald 6,82 6,95 4. Zurich 7,14 5. Glaris 7,16 6. Neuchâtel 7. Vaud 7,17 8. Thurgovie 7,18 9. Schaffhouse 7122 7,28 10. Argovie 7,32 11. Zoug 12. fribourg 7,42 Moyenne de la Suisse 7.43 13.) Bâle-Campagne 7,44 13.) Soleure 7,44


m 15. Valais 7,45 16. Berne 7,52 17. Nidwald 7,54 7,72 18. Lucec·ne 7,73 19. St-Oall 20. Appenzell-Ext. 7,75 21. Grisons 8,17 8,28 22. Schwyz 8,37 23. TP.ssin 8,90 24. Uri 25. Appenzell-Iut. 9,15 Si l'on compare ces chiffres avec ceux résultant des examens de 1909, on voit que les cantons de Nidwald, du V alais et de Schaffhouse sont les trois accusant Je progrès le plus marqué, et les cantons de Glaris, de Thurgovie et de Soleure le recul le plus accentué. Des tableaux publiés par le Bureau de statistique nous tirons encore les renseignements suivants concernant no· tre canton. Les examens de 1909 ont donné de moins bons résultats pour la lecture et pour le calcul, de meilleurs résultats pour la composition, et des résultats à peu près identiques à ceux de 1908 pour les connaissances civiques. Pour la lecture: 89 recrues (91) sur 100 ont obtenu de bonnes notes, c'est-à-dire 1 ou 2, et 1 recrue (0) sur 100 de mauvaises notes, c'est-à-dire 4 ou 5. Pour Je calcul: 82 recrues (85) sur 100, de bonnes notes; 4 (3) sur 100, de mauvaises no· tes. Pour la composition: 76 recrues (74) sur 100, de bonnes notes; 3 recrues (2) sur 100, de mauvaises notes. Pour les connaissances civiques : 72 recrues (72) sur 100, de bonnes notes; 4 recrues (3), de mauvaises notes. Les chiffres entre parenthèses sont ceux de l'année 1908. Enfin notons que le Valais est, apr_ès Appenzell-Intérieur, le canton qui a le

moins de recrues ayant reçu une iQ.struction supérieure: 9 recrues sur 100. Par contre le Valais arrive bon premier dans l'échelle des très bons résultats obtenus par les recrues ayant reçu une instruction supérieure: 90 sur 100 recrues. Ces chiffres sont éloquents et méritent d'être retenus et examinés de près.

que d'entente avec la Direction de l'ln;titut et l'enseignement sera donné dans les' deux langues nationales. Les frais de pension des élèves de l'école-asile de Géronde seront supportés par les parents intéressés; à leur défaut par la commune de domicile de l'enf~t, ensuite d'engagements signés par eux. L'Etat subventionnera le personnel enseignant, qui suivra des cours pour maîtres de classes spéciales et le Département fera dresser, au commencement de chaque année scolaire, un état nominatif des enfants qui devront fréquenter les écoles communales spéciales ou l'école-asile de Géronde.

Une noavelle œuvre •oelale valal•anne Notre Conseil d'Etat vient, sur la proposition du Département de l'Ins· truction publique, de porter un. an:êté qui confère aux communes l'obligation d'établir pour les enfants d'un dévelop· pement intellectuel restreint, des écoles spéciales dont le programme sera ap-proprié aux besoins et aux aptitudes des élèves. Cette obligation est imposée aux communes qui comptent 10 enfants au moins ayant, pendant deux ans, fréquenté sans succès l'école primaire, et dont l'état intellectuel réclame des moyens spéciaux d'enseignement. Plusieurs communes peuvent se réunir pour créer une école. Le programme de ces écoles sera arrêté par le Département de l'Instruction publique. L'Etat, de son côté, ouvrira, le 1er octobre 1910, à l'Institut de Géronde, une école-asile pour les enfants des deux sexes d'une intelligence insuffisante pour suivre les cours ordinaires de l'école primaire. Une convention spéciale concernant les frais d'installation et d'aménagement de cette nouvelle école sera passée entre l'Etat et la Congrégation de l'Ordre de la Croix d'Ingenbohl. Les conditions d'admission seront déterminées par le Département de l'Instruction publique. Les enfants devront être âgés d'au moins 8 ans. Le programme d'instruction et d'éducation de l'école-asile sera établi par le Département de l'Instruction publi-

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On écrit à ce sujet à un journal valaisan: L'officiel et les journaux nous ont annoncé ces temps derniers que le Conseil d'Etat avait décidé d'ouvrir à Oéronde, dès le 1er octobre prochain, une écoleasile pour les enfants des deux sexes d'une intelligence insuffisante pour suivre les cours ordinaires de !.'école primaire. Cette décision est tout à l'honneur du Valais. Presque tous les cantons de la Suisse ont déjà des instituts spéciaux pour l'instruction et l'éducation des enfants anormaux. Quelques-uns en possèdent même plusieurs. D'après le comp. te-rendu de la VIle réunion de la Société suisse pour l'éducation des anormaux, il y avait en 1909 dans notre pays 30 instifufions publiques et privées avec 1366 enfants. Dans ce chiffre ne sont pas comptés les asiles pour aveugles, sourds-muets, épileptiques, etc., mais simplement les institutions pour enfants anormalement doués ou faibles d'esprit. Le rédacteur du compte-rendu de la réunion d'Altorf, où étaient représentés plusieurs pays étrangers, passe en revue tous les cantons de la Suisse et énumère ce que chacun a fait dans ce domaine; mais quand il arrive au Valais, voici ce qu'il dit : « .... jusqu'ici ce

canton est resté en dehors de ce mouve-ment humanitaire, espérons néanmoins qu'il mettra en œuvre ce que le pouvoir législatif a déjà introduit en principe dans la loi scolaire de 1907. :. Ce vœu du congrès d'Altdorf vient de recevoir un commencement d'exécution et tout le mérite en revient à notre haut Conseil d'Etat et en particulier au Département de l'Instruction publique. A eux donc nos sincères félicitations pour la sage et progressiste mesure humanitaire qu'ils viennent de prendre. Qui ne voit immédiatement les avantages qu'une pareille institution doit produire? Signalons-en simplement, pour aujourd'hui, les heureux résultats et pour les enfants et pour les classes primaires ordinaires. C'est une chose banale que de dire que les diverses manifestations de l'âme humaine ne peuvent se produire qu'à travers le corps. Celui-ci est donc l'instrtJ.ment nécessaire dont doit se servir l'esprit pour percevoir les choses extérieures et pour extérioriser les idées et les sentiments intérieurs. Du bon fonctionnement de l'instrument dépend en grande partie la nécessité du travail de l'ouvrier ou le succès de l'artiste. Or, les enfants anormalement doués sont généralement des enfants à tares physiques, des enfants qui ont à leur service un instrument défectueux. Il importe, par conséquent, pour faire l'instruction et l'éducation de ces sortes d'enfants, de soigner avant tout leur physique, de fortifier leur santé, d'améliorer leur instrument. De là la nécessité de traitements particuliers, de programmes spéciaux,· de méthodes plus individuelles, de procédés plus intuitifs. L'expérience a démontré qu'avec ces moyens rationnellement appliqués, du temps et une extraordinaire patience, l'intelligence de ces pauvres enfants s'ouvre peu à peu, se développe doucement et se fortifie au point qu'après 4 ou 5 ans de soins assidus1 ils sont à


IV

même de suivre avec succès le cours moyen d'une école pri~~ire ?r~inaire. Au contraire, qui ne vo1t tmmedtatement l~s fâcheuses conséquences pour ces desherités de la nature, s'ils sont mis sur le même pied que leurs camar~des normalement doués: Difficultés msur.monta· bles pour apprendre à lire, à_ ~crire et à calculer, difficultés pour s~s1r et. r~­ tenir les explications du mattre, difficultés pour apprendre une leçon, retard sur les autres élèves, mésestime des condisciples, d_écour~g~ent et presque toujours la demorahsahon. Pour les classes eltes-mêmes, _les avantages d'une organisation sp~ctale pour les faibles d'esprit sont au~s1 f,?rt appréciables et il n'est pas besom d msister longuement là-dessus pour pro~­ ver la chose. Tout professionnel satt quel embarras sont les élèves anormaux dans une division, une classe: _dt;S causes de pertes de temps constde~abl~ pour les autres enfants, d~s ~u)etS a exercice de patience extraordmatre pour le maître, des raisons d'insuccès ~~~ou­ rageants, non seulement pour 1~}eve, mais encore pour le mattre et 1 ecol~ tout entière. Il est donc de sage administration de créer, dans _la me~ur~ du possible et de la nécessite, des mstt!uts et des écoles spéciales pour cette categorie d'enfants et de les confier à un personnel particulier formé dans ce but. Nous sommes assuré qu'une œuvre humanitaire de cette importance ne mar;t· quera pas de rencontrer la. sympathie du peuple valaisan tout enher et plus spécialement les sym~~thies d~ corps enseignant, des autontes sc?lfure~,. du clergé et de toutes les autontes civtle~. Nous ne doutons pas non plus de la genérosité d'initiatives priv~s pour secourir financièrement cette œuvre nouvelle.

105 turent la liste des Etats suisses ont été reçus dans le giron de la Patrie commune. On se rappelle qu'une commission a été nommée pour préparer le§. f~­ tes qui seront données à cette occaswn, et nul doute qu'elle saura mener à bien la tâche proposée. Le souvenir des temps agités qui ont précédé l'entrée définitiye de ~otr~ S:anton dans la Confédération a msptre ~­ le vice-chancelier Oswald Allet, qut, dans une étude aussi élégante de style que minutieusement . étudiée d~ fond, publiée dans un recent numero du Drapeau suisse , ~ont il ~t. ~o~labo­ raieur, nous fait revivre les penpehes de ces temps héroïques. Nos lecte~rs n?us sauront gré de leur donner 1occaswn de la lire à cette place:

On sait qu'en août 1815 a été signé le protocole de l'admission du Valais dans la Confédération suisse. Ce que l'on connaît moins, c'est au prix de quelles doulou!euses épreuves Je peuple de ce petit pays obtmt so~ agrég~­ tion à la famille suisse et quels tragiques évenements ont précédé et préparé cette phase capitale de son histoire. . Pendant de nombreux siècles le Valais avait formé un Etat indépendant sous 1<: sc~p~re pa· terne! de ses princes-évêques, qu1, da JI leurs, avaient dès Je XVIe siècle, cédé la plus grande part d~ leur pouvoir effectif au profit des dixains. Ceux-ci étaient groupés en une sorte. de petite confédération et jouissaient, sous mamts rapports, d'une autono~ie bien. plus. large que les cantons suisses au]ourdhul, pUtsqu~ ~a­ cun d'eux possédait toute une orgamsatton administrative, judiciaire et ~ilitaire. et 9ue les décision~ de la Diète n'éta1ent obhgat01res que pour autant qu'ils les avaient adoptées. On comprend que des populations ~abituées à des institutions qui leur octroy~1ent une telle somme d'indépendance et de hberté Jocale, inconnue ailleurs, ép~ouvassent J?lus de répugnance que de sy~path1e pour l~s mnovations que leur apporta1ent les envah1sseurs de la Suisse en 1798. Le Bas-Valais, jusqu'alors sujet du 'Haut, ne voyait pas, il est vrai! mauvais œil le nouvel ordre de choses qUJ lUI conférait la liberté politique. Un mouvement d'émancipation, puissamment secon~é par le Nous approchons des centenaire~ hi~­ résident français, l'astucieux et ~1de Mangourit, avait abouti à la reconnaissance, par A

Le Valais Canton suisse

toriques où les trois cantons qut clo-

ct:

ces. Puis, bravement, devant toute sa famiUe, devant les valets immobiles, il dit de sa pe.. tite voix claire que l'émotion d'abord fit un peu chevrotante: - Vous vous souvenez tous de l'histoire légendaire de ce jeune émigré, ramassé à demi mort de faim sur le pavé du Strand, porté par un va1et à l'office de lord Rosebery, 1 et qui, ranimé par les gens de cuisine, ayant bu leur vin et avalé leur soupe, se mit tout III vai· llamment à la besogne avec eux, tournant Le jour de son anniversaire, le marquis réunit sa famille à sa table. Un beau repas de la broche, lardant la viande, dressant lès faisans et les poulardes pour la parade du fesprovince fut servi, sans profusion de fleurs tin. Ce soir-là, l'enfant fit aussi la salade. Lord ou de cristaux, mais dans l'argenterie massiRosebery y goûta par hasard, et, par hasard ve des ancêtres. On avait apporté à composer le menu plus de &oin que de coutume, et ce sans doute, la trouva délicieuse. Il désira qu' qui, immédiatement, attira Je regard et fixa la elle fût assaisonnée chaque soir par la même main légère. Bien plus, il en parla. Cela decuriosité, ce fut la mention, après le rôti, d'une vint une mode, et, réclamé partout, le petit salade • à la Charly •· On posa mHle quesVendéen fit fortune. On a conté l'aventure, on tions à ce propos, mais le marquis fit la sourl'a écrite maintes fois, maintes fois vous l'a· de oreille. vez lue. Ce qu'on n'a jamais su, c'est le véPiqué de ce mystère, on avala prestement, ritable nom de ce jeune émigré. Je veux vous hâtés d'en arriver à la fameuse salade. l'apprendre aujourd'hui: il se nommait CharLe rôti enfin servi, le marquis fit un signe et le maître d'hôtel plaça devant lui un énor- •les-Amédée-Philippe de Verbois de Candas, comte et marquis de Charly! me saladier portant, en relief, les armes sur· Le vieillard prononça ce nom - et ce nom montés de la couronne de perles et de rleuseul - avec une emphase qui accentua l'hurons. Un autre valet tenait l'huilier. Le petit milité de l'histoire. Puis ses lèvres tremblè· vieillard se leva. A la vive surprise des conrent et il dut reprendre haleine. vives, il ôta son habi~, Je plia soigneusement Il y eut autour de la table un insaisissable et le posa sur le dossier de sa chaise; puis frémissement, mais personne ne dit mot. Le il retroussa ses manchettes, épingla une serviette sur son jabot de dentelles, et, avec le marquis continua: - De ce que j'ai fait enfant, homme, je ne plus grand sérieux du monde, Ï'l commença à mélanger le poivre et le sel dans sa cueiller. rougis pas et je trouverais mauvais que l'un - La salade est~lle bien sèche? de vous en eût honte. J'ai jugé le • métier • - Oui, Monsieur le marquis. qui s'offrait plus honorable que tles sollicita- C'est bien. Passez-moi l'huile, le vinaitions et les courbettes vaines dans les antigre, la fourniture. chambres de Mitau et de Hartwell. Et c'est Il disait et faisait gravement avec une len- ainsi, en mélangeant chaque jour l'huile avec teur, une onction d'officiant et comme s'il le vinaigre, le sel avec le poivre, que j'ai pu, s'agissait d'une chose très solennelle. sans rien devoir à personne, racheter mes ferUn frisson ·de malaise courut autour de la mes, recrépir rna gentilhommière et dorer ce table. Cette pompe, pour un soin si vulgaire, blason dont vous êtes si fiers. C'est ainsi ce était trop contraire aux coutumes de la de- qui me permet, en ma vieille demeure ven· meu_re pour qu'on ne pressentît pas une in· déenne, de vous recevoir à ma table tous entenhon cachée. Et, dans le recueillement d'atsemble et de vous y traiter largement, sans tente qui suivit, le marquis tourna la salade compter. J'ai voulu, avant de mourir, que ce avec ~e dextérité ~ouple, élégante, délicate, passé fût pour vous mienx qu'une jolie légenmerve1lleuse. Il s'amrnait par degrés, perdant de; j'ai voulu qu'à vos fils et vos petits-fils peu à peu son expression guindée, retrouvant vous puissiez à votre tour parler de notre son naturel dans •le reflet de plaisir de cette nom en toute modestie.... et avec quelque or· besogne humble. gueil de ma fameuse saladef Lorsqu'il eut achevé, sans remettre son haEt il conclut gaiement, avec une malicieuse bit, il demeura debout, la tête haute le reréticence où l'on ne sut trop démêler s'il pargard bleu très loin et brumeux de so'uvenan- lait de sa salade ou de sa réprimande: teur le choquait comme une affiche criarde au fronton de sa demeure, comme une tache sur ses manchettes plissées. C'était toute sa vie d'attentions délicates reniée, bafouée par l'insolence de ses petits-fils. Cela 'le révotlta, et, sa patience à bout, bien qu'il lui en coûtât, il se résolut à leur donner la leçon trop long• temps différée.


107 106 - è•est h dernière que je fais. Oo(ltez-la ms méfiance. Tout vieux que je suis, j'e5!re ce soir encore n'avoir pas eu la main op lourde. Puissent vos fins palais n'être ts, par rna faute, mis à troe_ rude épreuve! t si les fronts rougissent et les yeux se 1ouillent, laissez-moi croire au moins que ce est pas parce que j'y ai mis trop de vinaire! Charles FOLEY.

our avoir toujours de l'eau fraîche Les travailleurs des champs ont besoin, trtout en été, de boire fréquemment, mal· !ureusement ils ne savent pas comment se :ocurer de l'eau fraîche, quoique, dans l'inrêt de la santé, il conviendrait de la boire ms les environs de 10 à 12° C. A la tempétture de 12", l'eau semble encore extraorditirement fraîche; l'eau de nos puits a génétlement de 10 à 12•, et l'eau de source à 7" 1t plutôt rare Le moyen •le plus simple pour rafraîchir !au de table - comme les autres boissons - c'est évidemment de maintenir pendant 1elque temps le récipient qui la renferme, au ~in de la nappe souterraine, ou encore d'y Jiser de l'eau en dernier moment et d'y .o nger la carafe à rafraîchir; malheureuseeut tout le monde n'a pas de puits à sa dis>sition. - Quand la cave est fraîche, il suft encore de descendre l'eau de table dans le >us-sol; mais combien de caves, dans notre rstème de construction moderne. à la vi!Jle 1 à la campagne, ont une température de 121 degrés? On a bien essayé de tourner la difficulté en ~ servant d'alcarazas, lesquels, en laissant ltrer l'eau à travers les pores de la terre, :oduisent une évaporation et, par suite, un Jaissement de température. Dans les pays où tir est sec et chaud, l'évaporation est active l'abaissement de la température assez sensi.e; mais sous notre climat, l'atmosphère est !néralement voisine de son degré de satura· ~n, et l'évaporation n'est pas assez énergi· Je pour rafraîchir la masse liquide. Peut-être n'est-il pas inutile d'indiquer, ms ce cas, un moyen de rafraîchir l'eau ou tute autre boisson? En quelques instants on !ut faire descendre la température d'une catie d'eau de plus de 10 degrés, et rafraîchir,

chantes qu'eHes ~J'étaient adressées hier au soir?... Cela, jamais! Pourtant!... - Eh bien, maman, tu ne me fais donc pas finir ma prière? - Laisse-moi tranquille! je n'ai pas le temps maintenant...

par suite, l'eau à 10, 8, 5 degrés C, minimum qu'il est parfaitement inutile d'atteindre. Prenez un seau en tôle de forme cylindri· que, plus haut que •large, d'un diamètre suffisant pour pouvoir y faire pénétrer une carafe ou mieux un cruchon en verre ou une lim· phore étroite. Emplissez d'eau le tiers du seau et introduisez-y la carafe renferment la boisson à refroidir. Puis versez dans l'eau du seau la valeur de 3 verres à boire (environ 300 grammes) de sel d'azotate d'anunoniaque, que l'on peut se procurer chez tous les marchands de produits chimiques ou pharmaciens. - Le sel se dissout et en se dissolvant détermine un abaissement de température d'autant plus énergique que l'on en a jeté une plus grande quantité dans l'eau. - L'eau du seau devient extrêmement fraîche en 3 minutes, et le froid se communique à •la carafe Le sel n'est pas perdu; après l'opération il suffit de verser l'eau du seau dans des cuvettes plates comme celles dont on se sert en photographie et d'exposer au soleil.• L'eau s'évapore et le sel se régénère. On peut s'en servir ainsi indéfiniment.

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Comme nous pardonnons ! Voyons, bébé, dépêchons-nous! Papa rentrera dîner et je n'aurai pas fini mon ouvrage. - Oui, maman. Et bébé continua sa prière: • .... notre pain quotidien... - Pardonnez-nous nos offenses.... - Comme nous pardonnons .... ~ - Dis, maman, alors le bon Dieu, ne nous pardonnera jamais? - Pourquoi cela, mon chéri! - Parce que, hier au soir, quand j'étais dans mon lit, tu t'es disputée avec papa, et j'ai entendu que tu disais: • Ah! je ne lui pardonnerai jamais, à ta mère: qu'elle vienne seulement, et je la mets à •la porte! • Papa pleurait, et tu es vite venue voir si je dormais. Alors, j'ai fermé les yeux pour ne pas te faire de la peine, petite maman. • Elle rougit très fort; une violente émotion la secoua. C'était vrai, pourtant, ce que disait cet enfant de cinq ans, devenu son accusateur. Tous les matins et tous les soirs, désonnais, en faisant sa prière, elle mentirait au bon Dieu ou se condanmerait eUe-même. Mais quoi? ... pardonner à sa belle-mère? après les phrases mé-

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Toute la journée la phrase de l'enfant revenait à la mémoire de la jeune Eenune: • Alors le bon Dieu ne nous pardonnera jamais? ~ De guerre lasse, elle conclut pour se donner du temps: « C'est bon, je prierai mon mari ci'aller •la trouver et lui dire que j'ai un peu dépassé la mesure, mais aussi... • Et le balai frottait! Et le plumeau furetait dans les coins! Et toujours elle pensait: • Par· donnez-nous comme nous pardonnons .... ~ Alors elle s'assit sur une chaise, et réfléchit. Après tout, la brouille n'était pas si grave aue cela! Une simple discussion sur une petite dépense de ménage : une bêtise, quoi.... Et puis, de phrase en phrase, la discussion avait dégénéré en querelle. Et voilà! Peu de chose, en somme; mais ce peu suffisait pour que ces deux cœurs qui s'aimaient jusqu'alors, fussent désormais fermés l'un à J'autre. • Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons .... ~ Si l'on pouvait effacer, oublier cette mauvaise querelle et vivre - si ce n'est comme autrefois - du moins avec des relations convenables!.... une démarche insignifiante sulfirait; on guetterait le moment où grand-mère serait sur sa porte, on passerait comme par hasard, juste à ce moment, et sans faire d'excuses, on dirait simplement qu'on regrette de s'ê-t re laissé emporter par la cO'lère. Mais, tout bas, au fond de sa conscience, la jeune femme entendait une voix qui lui disait: « Est-ce pardonner, cela? Te suffirait-il que le bon Dieu te pardonnât ainsi? • Et la voix continuait: • Ce n'est pas de• main. pas ce soir, ni même cet après-midi • qu'il faut pardonner, c'est tout de suite. L'E• vangile ne dit-il pas: • Si donc, lorsque vous • présentez votre don à l'autel, vous vous » souvenez que votre frère a quelque chose • contre vous, allez vous réconcitlier aupara• vant avec votre frère et puis vous revien• drez offrir votre don? • Un long instant suivit, pendant lequel son amour-propre Jutta. Puis, soudain, elle se leva, et sans même prendre son chapeau, elle ouvrit la porte de la rue et sortit. Grand'mère était dans sa cuisine. Juste-

ment, ce jour-là, le feu • ne voulait pas s'éclairer. • Depuis une heure, die luttait contre la fumée. On frappa à la porte. • Entrez! • cria-t-elle, sans se déranger. Sa belle-mie ouvrit. Elle avait les yeux pleins de larmes en disant: • Maman! pardonnez-moi! Aimons-nous comme autrefois! • Orand'mère eut un instant d'ét01mement et même de mauvaise humeur; mais quand elle vit que sa beJtle-fille restait toujours sur le seuil de sa porte sans oser entrer, son aigreur disparut; elle ouvrit les bras et dit simplement: • Mon enfant!.... •

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Midi sonne. Papa rentre de l'atelier. • Tiens, pour qui cette nappe? fait-il sur· pris. Tu as invité quelqu'un? - Oui, répondit la lemme; nous sommes quatre aujourd'hui. - Ah! qui donc? • A ce moment, grand'mère ouvre la porte. Elle sourit. Papa, très inquiet, jette à sa femme un regard suppliant: • Entrez, entrez, maman! on vous attend! • Et tandis que la grand'mère ôte son manteau et le pose soigneusement sur le iJ.it, la jeune fenune prend le bébé sur ses genoux, lui joint ses petites mains dans les siennes, J'embrasse sur le front et dit: • Maintenant, mon chéri, finissons notre prière. • Avant même que sa mère le lui ait soufflé, l'enfant radieux continue: « Pardonnez-nous nos offenses, conune nous pardonnons à ceux qui nous ont offen· sés .... " Jamais repas ne fut assaisonné de meilleur appétit.... La charité avait été victorieuse.

L'éducation de la responsabilité Il faut donner très tôt à l'enfant la croyance très nette de sa responsabilité, vis-à-vis de lui-même, de son juge intérieur, vis-à-vis de ses éducateurs et vis-à-vis de Dieu. J'ajoute que cela est particulièrement néces~ire et facile pour un chrétien. Rappelez-vou~ la très belle page du P. Gratry: • Le chrétien a le sens de l'action, mais s'il agit, ce n'est pas en hâte et fiévreu-


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108 ment, c'est toujours sous l'empire de la vi· lance et de la crainte, daus la pensée que :eil de Dieu est sur lui, que la main de Dieu ;t près de lui et la voix que celui qui le gui~ est également celui qui sait tout et qu' sera un jour son juge, il sait que celui qui .nspire, tout en le conduisant, inscrit au livre 1 jugement comment il aura répondu lui-mête à ses directions divines... • En même temps que cette croyance à la lierté et cette conviction de sa responsabilité, ous nous efforcerons de donner à l'enfant le lus d'occasions possible d'exercer sa libert6 t de prendre des responsabilités. Il faut l'entourer d'une atmosphère de lierté, il faut qu'il se sente libre: rien ne done la croyance au déterminisme de la vie, rien e paralyse l'initiative comme la vie compresive ou tout est réglé définitivement et dans !S menus détails, où tout est surveillé, où on la sensation d'être dirigé toujours doucertent, lentement et toujours poussé vers un déat que l'on n'a même pas choisi. On devient un rouage - rouage parfait, je e veux bien - d'un mécanisme merveilleux, nais on reste toujours un rouage incapable l'une action personnelle et indépendante, -et 'on ne peut reprendre quelque valeur que lans un autre mécanisme. C'est pour cette rai;on que notre vieille manière de comprendre l'internat n'est qu'une préface naturelle au ionctionnarisme. Mais prenons garde que li· :>erté ne veut pas dire disparition de l'autori;é du maître. Vous savez que Tolstoï, Ferrer et les anarchis~s français prétendent que la Ji. berté de l'enfant doit être absolue, qu'il faut ~ue nous, éducateurs, respections dans l'enfant la personnalité naissante, que nous n'attachions aucune importance à l'obéissance, que nous ne cherchions jamais à restreindre sa Ji. berté, et que nous accordions toute notre attention à développer sa nature originale, son caractère singulier. Aucune obéissance du côté de l'élève, aucune autorité du côté du maître, voilà l'idéal! J'appelle ces théoriciens-là des •saboteurs• de la liberté. Ma conviction est que l'enfant doit obéir - et tout de suite - dès qu'on lui donne un ordre; que l'autorité de ses éducateurs doit être très forte et indiscutée. Mais il faut que le père et la mère, que le maître, sans se départir, rien abandonner de leur autorité sur l'enfant, lui laissent le plus d'occasions possible d'exercer son initiative.

D'ailleurs, le vrai contrepoids à l'exercice de cette initiative se trouve tout naturellement dans la responsabilité de l'enfant. Il faut que toute infraction à la règle soit sanctionnée au moins par un reproche; il faut su~out que l'enfant ait la conscience assez éclatrée pour bien comprendre la portée de ses actes, el le jugement assez net, assez sftr, assez courageux, pour les bien juger. . Je ne me dissimule pas - et .11 ne faut pa.s se le dissimuler - que l'éducahon par la h· berté et la responsabilité est beauooup plus difficile que le régime-caserne ou le systemeprison; elle exige de l'éducateur une constante action sur chacun de ses élèves, et non plus une simple direction imprimée à l'ensemble. La tâche est plus rude, il est vrai; mais au lieu de former des automates, on arrive à for· mer des personnes ayant en elles-mêmes 1~ principe et l'initiative de leurs actes, et qut, non seulement acceptent, mais demandent des O. BERTHIER. responsabilités.

La charité = La religion a cela qui commande notre respect et notre imitation, c'est qu'elle demande de l'homme autre chose que des affirmations souvent vides de sens; elle réclame de lui une vie en tout conforme aux vérités qu'il professe publiquement de croire et dont il sait faire au besoin un si grand étalage. En établissant entre l'homme et oelui qu'Il n'avait appelé et considéré jusqu~là q~~ c~m­ me son créateur un rapport étr01t de hltahon, en nous apprenant à dire à Dieu • notre_ Pè· re • le Christ a fait de nous tous des freres auxquels il a eu d'autant plus le droit de dir~: • Aimez-vous les uns les autres • , que lutmême a donné de cet amour fraternel le plus bel exemple qui se puisse imaginer, c'est-àdire le don de sa propre vie pour le bonheur de ses semblables. C'est de ce sentiment-là que l'église prinùtive s'est inspir~ . en pous~nt l'amour maternel jusqu'au sacnhoe des btens temporels pour le soulagement des pauvres. Si l'enseignement d'une telle religion avait toujours été donné et suivi comme il aurait dft l'être jamais il ne serait venu à l'idée de personn~ de le bannir des programmes scolaires dans certains pays. Les services qu'il peut rendre sont inappréciables. Il a, en effet, pour objet et pour but de fo~­ mer des hommes qui aiment, veulent et pratt-

quent le bien à l'égard de leurs semblables. Ce n'est plus un catéchisme souvent vide de sens pour beaucoup de ceux qui l'apprennent, c'est une vie réellement vécue pour tout oe qui est grand, beau, noble et élevé. A ce point de vue, nous osons nous déclarer fermement partisans de cet enseignement religieux-là E:t nous voulons même espérer, il prévaudra et finira par être considéré comme la branche la plus importante des programmes scolaires, parce qu'elle est la seule qui soit véritablement capable de faire des hommes dignes de ce nom.

L'orange confite (Souvenirs d'enfance) Quand j'y songe, il me semble que c'était hier, tant ces vieux souvenirs sont envore vivaces. Et, quand je consulte la chronologie, je trouve qu'il y a de celà un peu plus de trente ans! Déjà! Mon frère jumeau, Jules, un ange terrestre que le Ciel avait envoyé à la meilleure des mères pour adoucir ses souffrances et soulager ses J:>eines, allait avoir treize ans, comme moi, son aîné de quelques heures. Une date, grande entre toutes, se préparait pour nous deux, qui jetait deux rayons d'or parallèles, dans la brume épaisse des afflictions familiales, saintes épreuves réservées par le Sauveur à ceux qu'Il aime. Cette date mémorable, qui luit comme un phare dans la vie, dans son lobe d'innocence et de pureté, c'était la première communion. Quelques semaines seulement nous séparaient de ce jour béni, que les affections du foyer rendaient plus radieux encore. Hélas! tant d'ineffable bonheur et d'intime allégresse ne devaient pas rester sans secousse, sur une terre convulsée par le péché et sauvegardée par la Foi. Un long crêJ:>e flottait dans l'air, tout imprégné du funèbre parfum des nécropoles. Un iottr que nous revenions, Jules et moi, d'une course à travers notre petite ville, dans une ruelle déserte un chien furieux se jeta sur nous. Me faisant un rempart de son corps, ce fut mon frère qui fut cruellement mordu, à l'omoplate. La fièvre se déclara bientôt et le médecin commanda le lit et des soins appropriés. La découverte de Pasteur était enoore en ce iemps-là, ensevelie dans les mystères de la science. L'angoisse étreignait tous nos cœurs,

l'épouvante règnait au sein de la famille, le spectre de l'hydrophobie hantait nos esprits terrorisés. La sœur aînée, la seconde mère, la marraine a!fectueuse et affectionnée du malade, arriva de Fleurville où elle habitait. Elle se jeta dans les bras de la malheureuse mère, et les deux femmes, en s'~treignant, n'eurent dans les yeux que .d es lannes et sur les lèvres que des sanglots. Nous, • les petits •, nous étions sans doute bien angoissés devant ces scènes de désolation, mais, à cet âge de l'inconscience des choses de la vie, nous retournions bien vite à notre heureuse insouciance. La • grande sœur • avait apporté à son filleul un joli vêtement tout battant neuf, pou_r sa première communion et une superbe b01· te de carton glacé, richement décorée de ro• ses pourpres où butinaient des papillons dorés, aux ailes mouchetées d'argent. - • C'est de l'orange confite • , - avait susuré la tendre marraine à son cher filleul; - « c'est léger, tu pourras t'en régaler dès que la fi~ vre sera tombée. • Jules, en la voyant, sount amèrement et dit à sa mère: • C'est pour nous deux ma chère maman, et pour mes petits frère~. • Un voile de ,tristesse estompait son œil bleu de chérubin; on sentait, dans ces paroles, un détachement de la terre, les premiers symptômes de cette indifférence à tout ce qui nous entoure, et qui marque généralement la fin. Ses yeux et son âme étaient tournés vers d'autres horizons. La boîte fut placée sur la table de nuit où s'empilaient les drogues et les tisanes du malade. Souventes fois au cours de la jour· née, j'allais voir ce frère jumeau que pieu et la nature me faisaient doublement atmer. Et câlinement, je faisais allusion à la belle oo'îte d'orange confite, au parfum délicieux qui s'en échappait. Mon frère, toujours avec ce sourire amer et décoloré qui me faisait tant de peine, me disait: • Prends-en un morceau que tu partageras avec tes frères • . Avec ravissement, je soulevais le couvercle embau?Jé de la bonbonnière, et en retirais un quarher doré, glacé e~ tout aromatisé. . . Puis, tandts que Jules me regardait fa1fe, l'œil fixe et à demi éteint, je sortais à pas de loup et regagnais la rue, où avec mes camarades, je dévorais l'orange confite, avec cette voluptè douce et enfantine qu'on ne connaît qu'à cet âge des illusions bénies de la prime jeunesse. Un jour, le médecin se montra plus grave que de coutume; il appela la mère au chevet du


llO • jumeau • et lui avoua que la fièvre avait augmenté, que le dernier espoir de guérison semblait s'évanouir. L'enfant avait le délire, son œ il se voilait, les ombre& de la mort Hottaient déjà sur son beau front d'albâtre, les tempes avaient des méplats où s'affaissaient, trempés de sueur, les mèches de ses cheveux de jais. La chambre s'emplit des &anglots de la pauvre mère, étreinte douloureusement dans les angoisses suprêmes du désespoir. La • grande sœur • était dans la chambre voisine: elle comprit aussitôt. que le malheur venait de s'abattre sur le toit aimé, battu de tant d'orages, mais au faîte duquel scintillait, comme une divine étoile, la foi vive et résignée des enfants de Dieu. Elle accourut, et mêlant ses larmes à celles de l'~nge tutélaire penché sur le corps brûlant du petit moribond, elle s'agenouilla et se mit à réciter les prières des agoni&ants. Le père, aux aguets, cachait sa cuisante douleur sous une apparence de stoïcisme que trahi&Sait1 à chaque mot, son cœur sensible et généreux. Il vint nous appeler et nous dit: • Votre frère va vous quitter pour aller au ciel, venez tous lui dire adieu avant son départ et prier pour lui. • Cet excellent père n'avait pas I?rononcé les dernières paroles qu'il s'enfuyait dans Je long vestibule d'entrée de la maison, où nous en_tendions tomber par saccades, Je roulement de ses sanglots étouffés. Nous le wivîmes, affolés, et bientôt nous étions tou s agenouillés devant la couche où le frère bien-aimé, franchissant Je seuil de l'éternité, n'entendait plus ni no& oraisons ni 1os pleurs. Puis Je prêtre arriva, donna l'extrême)nction et prodigua ses consolations à la fanille qui l'entourait, suppliante et éplorée. 'Sursum corda!• Ces mots résonnent encore t mon oreille. Pendant que tout le monde sor· ait pour accompagner le curé jusqu'au seuil le la maison, je restai seul avec mon frèreumeau, cherchant à surprendre une lueur de ·ie derrière ces paupières affaissées et noyées le bistre. Soudain, Je pauvre Jules, ouvrant démesu'ément les yeux, jeta un coup d'œil vers la •oîte d'orange confite et, dans un suprême ffort murmura: • Je te la donne, tu parta·e ras avec tous. • Puis il se retourna sur le ôté et parut s'endormir. Son œ il chargé de fièvre m'avait alarmé; ! compris, dans ce dernier vœu du mou- ~

rant, un ultime frémi&sement de ce cœur si bon que la mort allait briser pour toujours, en jetant la désolation au milieu de nous. Ma mère rentra la première dans la chambre, bientôt suivie du père, de la • grande sœur •, des • petits frères • et du médecin q•1i, jetant un regard rapide sur le lit de douleurs, s'arc-bouta un instant, l'oreille sur la poitrine du malade, rejeta fiévreusement le drap sur lui et, se tournant ver s nous, les traits pâles et rigides, dit simplement: • C'est fini. • Un même cri de détresse retentit dans la chambre mortuaire, tandis que nous nous précipitons vers le corps inanimé de l'enfant chéri dont nous baisons le front et les mains, inondés de nos pleurs, en nous écriant: • Oht chère maman, cher papa, ne pleurez donc pas comme ça, J utes est maintenant au ciel, c'est un ange! • . .... . . . C'était Je 13 mars. Les premiers rayons d'un soleil printanier caressaient les bourgeons précoces des lilas. Des nuées de passereaux piallaient sous les toits. A l'école, Je maître nous vantait le bon La Fontaine et je me souviens que je récitais avec le cœur grisé des premiers parfums de la nature, la parabole si naïve et si vraie du grillon et du papillon: • Uu pauvre petit grillon, caché dans l'herbe fleurie ..... • Mais, en songeant à mon frère qu.i )n'était plus là pour partager mon allégresse, je ne pus aller plus l01n, les mots s'étranglaient dans ma gorge et, m'accoudant sur mon pupitre, le visage caché dans les mains, je me mis à pleurer à chaudes larmes. La tombe s'est refermée sur la dépouille chérie de l'être innocent paré maintenant de la couronne des élus. Le cœur déchiré par la désolante séparation, nous sommes rentrés au logis. La couche oü il 's 'est endormi une dernière fois est vide, mais son ombre y plane encore sur l'oreiller qui reçut son dernier soupir. Tout autour de nous, respire la tristesse et la mort. Sur la table de nuit, la bombonnière est entr'ouverte. laissant voir les tranches dorées de l'orange confite. La • grande sœur •, dont la douleur est navrante, saisit la boîte à ramages et nous partage son contenu en nous disant: • Man-

111 gez-la en souvenir du cher bien-~l.imé, qui en a de plus belles, dans. le par.adiS. • L'insouciance d'un age qm seul .peut ab: soudee de l'extrême mobilité de senh~t:lls st divers nous permit de savourer déhcteusement i•orange confite à travers no& larmes, et nous oubliâmes momentanément le malheur qui venait de nous frar.per pour n<;rus réjouir du j-~ur de la premtere commuruon qui approchait. C'est moi qui revêtis le costume et le brassard blanc qui étaient de;;tinés .à l'a~ge.envolé. Je ne saurais bien tradutre au)_ourd hu.t, après tant d'amertumes souffertes, l •mpresswn que j'en éprouvai; c'était quel_qu~ chose co~e une douloureuse joie. Mats Je me souvtens que ma tendre mère me di&ait, e.n me voyant partir pour l'église, avec mes J~nes carr;arades: • Je t'embrasse et te ~ms pour . es deux jumeaux que je vois en tot; pe?se bten, en recevant le bon Dieu d~~ t~m ame, que du haut des cieux, Jules se reJOUli avec ':lous, au milieu des archanges et des chérubms. • Ma mère &anglotait, et, malgré ma pro· fonde allégresse d'aller recevoir le Seign~ur, des larmes brùlantes tombaient sur mon cter· ge bénit. . . Aujourd'hui, malgré les stx lustres qu~ me séparent de ces faits douloureux, la .matson, la chambre mortuaire, et les tête~ qut en furent les témoins, sont encore .vtv~nts ~ans ma mémoire comme au jour lomtam qut les vit passer. Et si dans mes heures de tristesse, poussé je ne ~is par quel étra~ge besoin de souffrance, je me mets à gngnotier une tranche d'orange confite, dont la. saveur a U,!1 effet si cruellement évocateur, Je sens mon ame se convulser et mes yeux se remplir de larmes, comme au jour néfaste où la • grat?.de-sœur •, qui est allée depuis rejoindre son f~lleul, ~ous partageait la bonbonnière de l'moubhable disparu. Sion, Août 1910. SOLANDIEU.

De Sierre à Lens Au moment olt la rosée du matin répand sa fraîchèur sur la nature, je ga~~ _le chemin de Lens. C'est d'abord un de,tle en!re deux haies touffues, d'où émer~ent_ des b~tes et des fleurs sauvages. Un pettt 01s~au s envole sur un noyer et perché là-haut tl semble

dire: • Passez seulement, vous n 'avez pas de fusil et vous ne me pouvez rien. • Les haies sont piquées de fleurs rouges et blanches de baies rouges, comme la che· velure abo~dante d'une jeune fille aux grands jours de fête. La baie rouge qui ~ frappe est l'épine-vinette, désignée en pat?!s S?us le nom de • pan d'âne •. Le pan dane Ja~­ nâtre au printemps, rouge en été, s'épano~tt vers l'automne et reste beau jusqu'en . plem hiver. Les Anglais raffolent de l'épine-~mette; ils en font d'énormes bouquets destmés à servir de trophées de touristes. . . . Sur Je passag~,. quelqu~. prame~ clatrsemées d'arbres fruthers, sutvtes de vtgnes, es· caladent la montagne. • . ]'arrive &ans peine aucune a _gravtr la première colline. La vallée de S1erre est surplombée par des monts gigantesques, surtout dans la direction sud. Les grands rochers boisés du côté du val d' Anniviers, au-dessus desquels se promènent de noirs et fantasques nuages, rappell~nt tout à fait des paysage& du canton des On sons. Le château Mercier ressort dans le tableau et paraît tel un aigle planant au-dessus de la vallée· c'est du côté de Lens que cette demeur; féodale se présente surtout avantageusement. Ses tourelles ont quelque ch?se d'antique· on dirait qu'elles veillent deputs le moyen âge sur les destinées du pays. Vous apercevez le Rhône. Cc;>mme un gran~ seigneur il traverse la vallée JUste ~ _:;on llll· lieu· .s on cours a une couleur gnsatre, sa voi~ retentit au lointain. On dirait un g~nt qui s'en va à regret e.t chante Ut:Je. plamt~ d'adieux aux Alpes valat&annes. Votct des vtgnes, une véritaJ:>le expositio~ de ceps au g rand air. Un vtgneron travatlle à quelque distance. Une brante à sulfater sur _le dos, à laquelle est adaptée un caou~chm;c, tl ~sperge la vigne. Ses gestes sont tres ~u:rs~ c est un acte important. En effet, la bomllie a base ~e sels de cuivre est destinée à combattre le mtldiou et toutes les maladies futures de la vigne. . Je me rapproche. Le vigneron a un cha· Pf<!.U entièrement ve:t et s 'a.percevan.t d~ mon admiration muette, tl me dtt: • Vous nez de mon chapeau, eh bien, je l'ai sulfa~é pour constater si la dose de sulfate étatt assez forte. • Nous nous quittons. De l_?in le _chapeau vert du vigneron ressemble a une mmtense courotme de laurier. • Un petit hameau ne tarde pas à parat.tre,


v

112 tout encerclé d'arbres fruitiers; c'est Corin. Quelques minutes après un ruisesau passe sous un pont, du côté nord une minuscule cascade chantonne dans le rocher entouré de verdure. C'est une grotte improvisée par les fées.

Mais voici la vallée qui apparaît dans toute sa splendeur: le Rhône roule ses flots puissants avec une régularité parfaite; le bruit de son chant majestueux gagne les clochers des villages et va se répercuter dans les cloches. Perché sur une colline, je vois à mes pieds un petit village protégé de l'aquilon par une rangée touffue d'arbres; il s'appelle Ollon. Les maisons sont grises; elles ont des toits couverts de lames de bois noircies par le temps. La simplicité rustique règne en ce lieu, c'est un foyer de la forte race valaisanne. De beaux noyers longent la route; voici la verte prairie entrecoupée par de petits torrents; pareils à des jeunes gens allant à l'aventure ils semblent gagner le Rhône avec joie. Sur la prairie voltigent de nombreux papillons, uniformémeùt blancs, roses, violets, même noirs. Ces papillons ont l'élasticité et la beauté bien éphémère des danseuses de fiallet. Derrière les buissons un torrent plus puissant que ses prédécesse.urs vous force à l'écouter; c'est féerique. }'ai en ce moment l'impression certaine que la musique de l'école naturaliste, d'un Weber ou d'un Wagner, par ex., n'arrive pas à rendre entièrement le bruit de l'eau agitée. Dieu n'a confié à aucun mortel le secret de ce bruit poétique. J'en déduis que l'art est l'écho des beautés de la nature, mais que Je plus grand artiste ne saurait donner une id~e impeccable de cette beauté infinie. La nature chassant hors de moi le démon de la philosophie, soudain un petit village se présente, au centre duquel une fontaine murmure à l'ombre d'uni! église mignonne. Je suis à Chermignon d'en bas. Peu doué de l'esprit d'orientation, je m'arrête. Une petite paysanne aux yeux malins s'empresse de m'indiquer Je chemin: « à gauche, toujours à gau• che, direction ·nord et vous ne manquerez • pas Lens, le village de mon grand-père. » Obéissant aveuglément, je prends à gauche. Les prairies continuent, des arbres fruitiers les ornent. Le poirier est ici superbe, comme on ne le voit pas en plaine. Sur tout le parcours, le chemin est encadré d'une haie de buissons ou d'arbres. Plusieurs fois, vous

êtes dans la forêt, le carrillon de Lens lance des notes gaies dans les airs. Le Rhône apparaît à l'horizon; il est moins grisâtre les petits torrents de Lens ont répandu leur 'teinte argentée dans les flots. Voici la route large et carrossable, c'est la route qui vient de Granges. Des champs de blés et de grands vergers défilent; l'air sauvage les frôle. Une allée de cerisiers . . . . . et l'église de Lens se présente grande et belle prenant tout le village sous sa haute protection. Ne connaissant pas le grand-père de la petite paysanne de Chermignon d'en bas, je me promène seul. C'étaient des heures délicieuses. J'envie le sort de ceux qui som ici en villégiature dans l'air embaumé, véritable parfum alpestre. MARC.

Variétés LE PORTRAIT Les pauvres diables ont parfois de l'esprit. L'un de ces quémandeurs presque faméliques pour qui les bureaux des ministères sont un lieu de pèlerinage presque quotidien, avait obtenu, Dieu sait comment! une introduction auprès de l'un de nos sous-secrétaires d'Etat, qu'il avait consciencieusement opportuné, mais sans en rien obtenir. Notre bohème ne se découragea pas, revint à la charge et, de guerre lasse, le personnage officiel, autant pour se débarrasser de l'importun que pour s'amuser un peu à ses dépens, lui dit un jour: • Allons! je ne veux pas que vous veniez ainsi me voir pour vous en retourner toujours les mains vides. Voici ma photographie. Je ne fais pas ce cadeau-là au premier venu. Gardez-la en souvenir de moi! • Le quémandeur, avec une gratitude fort bien jouée, mit le portrait sur son cœur, se confondit en remerciements et partit. Pendant deux longues semaines, il ne reparut pas et le soussecrétaire, la première fois qu'il le revît, ne put s'empêcher de lui en marquer sa surprise plutôt reconnaissante. - Ah! répondit l'autre, j'avais votre image et je lui parlais. C'était assez pour moi! · Et que vous accordait elle, mon image? De grandes faveurs? ... - Oh! rien, absolument rien, et, sous ce rapport, je peux dire que votre portrait res· semble diablement à l'original! Le mot était joli, l'Excellence se mit à rire, et ce jour-là l'éternel protestant obtint une petite place au soleil, nous voulons dire au doux foyer du ministère.

Je Haut-Valais, de l'indépendance du Bas. Le Valais se trouvait ainsi constituer une république où toutes les parties du pays jouissaient des mêmes droits. Bientôt les dixains se prononcèrent pour la réunion du Valais à la République helvétique. Toutefois la constitution unitaire imposée à la Suisse par le Directoire français froissait par trop les traditions séculaires des populations du Haut-Valais. D'autre part, les abus de pouvoir, les exactions, les rapines dont les agents français en Suisse 1 se rendaient coupables, même dans les cantons qui avaient accepté sans opposition la nouvelle constitution; l'hostilité dont les envahisseurs faisaient preuve à l'égard de la religion; enfin, l'exemple de l'héroïque résistance de la Suisse primitive furent autant d'étincelles qui allumèrent à deux reprises, en mai 1798 et mai 1799, le feu de l'insurrection dans les dixains orien,~.wr. Ce double soulèvement populaire, où les Haut-Valaisans combattirent en héros contre des forces d'une écrasante supériorit~, fut noyé dans le sang. Sion, bien que n'ayant pas pris part A l'insurrection, fut livré à toutes les hor. reurs d'une ville prise d'assaut; l'incendie, le pillage, le meurtre semèrent la désolation et la ruine jusqu'aux sources du Rhône, changeant en désert ou en décombres fumants des contrées jusqu'alors heureuses et prospères: tout cela au nom de la liberté et de la fraternité. Les Lorges, les Xaintrailles (que les Valaisans avaient surnommé • Sans entrailles • ), qui commandaient les troupes franco-helvétiques, étaient. d'ailleurs, admirablement secondés dans leur reuvre de destruction par le Directoire helvétique lui-même, qui. par un décret du 9 mai 1799, avait ordonné de • fusiller sans miséricorde tous les prisonniers valaisans •. Le Valais était donc soumis. II ne demandait plus qu'à vivre tranquille et à panser ses plaies. Mais l'heure de la paix et de la résurrection nationale n'avait pas encore sonné pour ce malheureux pays. La Suisse n'était, du reste, guère logée à meilleure enseigne; l'histoire de l'Helvétique, à côté de quelques louables efforts vers une reitauration sociale et politique, n'of1 Un joli quatrain attribué au doyen Bride!, et qui fit alors le tour des journaux, disait de l'un de· ces commissaires français, portant le nom prédestiné de Rapina!: • La pauvre Suisse que l'on ruine Voudrait bien que l'on dEcidât Si Rapinat vient de rapine, Ou rapine de Rapinat. •

fre guère que coups d'Etat, anarchie, humiliations devant l'étranger. Bonaparte, que ses victoires avaient rendu maître des destinées de la France, imposait ses volontés à la Suisse. Au mépris du traité de Lunéville qui garantissait l'intégrité du terrttoire helvétique, le premier consul nourrissait le projet d'en détacher le Valais ou au moins une partie, pour l'annexer à la France. Afin de réussir dans ses desseins, sans paraître déchirer par trop brutalement les traités, Je gouvernement français avait placé en Valais, à la tête des troupes · d'occupation, le général Turreau, avec mission d'obtenir par tous les moyens que les Valaisans demandassent eux-mêmes leur réunion à la France. Dédaignant les artifices de la douceur, Turreau chercha à parvenir à ses fins par l'intimidation et l'oppression. Le bourreau des Vendéens devint le tortionnaire des Valaisans 2 • Le barbare proconsul pille les caisses publiques, frappe les communes de lourdes impositions, met les frais d'occupation militaire à leur charge, fait arrêter de nombreux citoyens dont les caves et les greniers sont mis à sac, destitue les magistrats et fonctionnaires et en nomme d'autres. Le préfet national, de Rivaz, un homme pondéré et universellement estimé, qui avait rendu de grands services à son pays dans les graves événements de cette époque néfaste, fut lui-même déposé et remplacé par une créature de Turreau. les réclamations du gouvernement helvétique furent sans résultat: le Verrès du Valais avait l'assentiment de ses maîtres. Rien n'est plus touchant que l'admirable constance des Valaisans en ces tristes conjonctures. Tous les efforts de la plus odieuse tyrannie ne purent ébranler leur fidélité à la Suisse. Suisses ils sont, Suisses ils veulent rester. Les communes refusent de reconnaître les nouvelles autorités arbitrairement instituées; les ioncti01maires investis par Turreau n'acceptent pas leur nomination: • Cette contrée, dit Boccard, qu'on ne disait habitée que par des hommes incivilisés, ne semblait peuplée que de héros; le malheur opéra ce que trois siècles de vie commune n'avaient pu faire. Il réunit le Haut et le Bas-Valais dans une pensée unanime, celle de tout souffrir plutôt que de céder. • Les projets annexionnistes de Turreau apparaissaient évidents. Il importait de les déjouer coûte que coûte. En février 1802, une 2 Turreau, à la tête des • colonnes infernales •, s'était signalé par sa cruauté dans la répression de l'insurrection de la Vendé~.


VII

cinquantaine de députés de 74 communes du Haut et du Bas-Valais franchirent au péril de leur vie les neiges et les parois verticales de la Gemmi pour aller à Berne remettre au gouvernement helvétique une protestation formelle contre la réunion du Valais à la France. Cette démarche ne fut pas sans résultat. Le gouver· nement de Berne multiplia ses instances auprès de celui de Paris et, pour quelque temps, Bonaparte parut sinon abandonner, du moins ajourner l'exécution de ses desseins. Il se contenta de faire du Valais une république indé· pendante, sous la protection des républiques helv~tique, française et cisalpine. I.e 16 aoQt 1802, le commissaire helvétique Müller-Fried· berg vint l Sion notifier à la Diète cantonale te décret d'indépendance. Ce n'était pas ce que les Valaisans désiraient. Mais, du moins, ils étaient délivrés de .'affreux et odieux régime qui pesait sur eux iepuis quatre ans. I.e pays salua l'événement tvec joie. Une nouvelle Constitution fut él~· >OrEe. Elle établissait une Diète et un Consetl l'Etat. Le chef du gouvernement avait le titre le Grand Baillif. M . Augustini fut le premier nvesti de cette dignité. En réalité, cependant, 'indépendance était limitEe par le bon plaisir lu potentat corse. Néanmoins des lois sages urent promulguées. La route du Simplon fut .chevée, attestant le génie des ingénieurs de ~apoléon et reliant, par la plus belle chaussée xistant alors en montagne, l'Italie à l'empire :ançais. Cette route devint en quelque sorte le lien ar lequel le Valais vit son indépendance ~­ ore une fois enchaînée. Napoléon avait besmn e cette importante voie de communication et voulait que des Français seuls en eussent la a.rde.• I.e Valais dit le sénateur Rœderer au ~présentant valai~n A Paris, est un coin qui npêche le rapprochement de deux portions 'un arbre faites pour être unies » (la France : l'Italie). C'est pourquoi, un beau matin, par !1 simple décret paru ~u ,Monit~ur". NaP?on incorpora le Valats à l'emptre frança1s >us le nom de Département du Simplon, et, 14 novembre 1810, le général Berthier se ouvait à Sion, où il notifiait au Conseil Etat la décision de son maître. Le Grand iillif Stockalper y npondit sur u~ t~n SOU· is, • mais, dit Grenat dans son ,H1stmre m()o TUe du Valais" digne du chef d'un peuple 1quel on ravis~it despotiquement ~'indépen· .nee qu'on lui avait solennellement JUrée. • La domination française fut de courte durée. !pée du rrand empereur &'était brisée sur le

champ de bataille de Leipzig. Les armées des coalisés envahirent aussitôt le territoire français. Le 24 décembre 1813, le préfet du Sim· plon, comte de Rambuteau, ayant appris que les Autrichiens avaient pénétré en Suisse, transféra sa résidence de Sion à Saint-Mauri· ce et le lendemain déjà, jour même de Noël, ne s'y croyant plus en sQreté, il gagnait en hâte, dans une confusion indescriptible, le territoire français, par les montagnes de la Forclaz encombrées de neige, suivi des douaniers et de la garnison de St-Mauriœ, et emportant la caisse du Département, évaluée à plus de 100.000 fr. Du jour au lendemain les Français avaient tous quitté le pays. Tôt après cet exode, les Autrichiens paru· rent en Valais. Il n'y avait plus d'autorite! constituEe. Le colonel Simbschen, commandant des troupes autrichiennes, prit possession du pays au nom des puissances alliées. Il s'empressa d'organiser une administration provtsoire. Il s'agissait maintenant de fixer les destinées du Valais. Ce travail traîna en longueur. Simbschen fit part au gouvernement provisoire du désir des puissances que le Valais fût réuni à la Suisse. Le 12 septembre 1814, la Diète de Zurich avait décidé, de son côté, que le Valais • serait • reçu dans la Confédération suisse. Toutefois, il ne s'agissait encore que d'une promesse d'admission panni les Etats confédérés. Si l'admission . déii!)itive répondait bien aux vœux de la généralifé de la population valaisanne, il s'était cependant manifesté un courant en faveur de la constitution du Valais en Etat indépendant, simplement allié des can· tons, comme anciennement. D'un autre côté, dans le Bas-Valais on craignait que le retour à l'état de choses antérieur à 1798 n'aboutît au rétablissement de la domination du Haut· Valais et, pour parer à ce danger, on demandait la séparation complète du Haut et du Bas-Valais. Quoi qu'il en soit, après de nombreux et la· borieux pourparlers, négociations et démar· ches, le Congrès de Vienne trancha lui-mê~ le nœud gordien, en déclarant que le Valats, le territoire de Genève et la principauté de Neuchâtel seraient incorporés à la Suisse et formeraient trois nouveaux cantons. De son côté, le peuple valaisan avait fini par trouver la situation intolérable. La Diète de mai 1815, après élal>Oration de la constitu· tion nouvelle, se déclara unanime pour la réunion du Valais à la Confédération et chargea une députation composée de l'ancien grand

baillif Stockalper et de l'ex-conseiller d'Etat Dufour, « de manifester aux ministres des Hautes Puissances et à la diète le vœu pronon· cé de la généralité du peuple valaisan de faire, comme canton, partie intégrante de la Confédération suisse, son ancienne et chère alliée. » Les députés valaisans reçurent à Zurich l'accueil le plus cordial: • Arrivez donc, Messieurs les Valaisans, leur disait-on à leur entrée dans la salle des séances, vous vous faites bien attendre; il y a longtemps que ces fau· teuits vous tendent les bras. • Le 4 août 1815, la Diète prononçait la réu· nion du Valais à la Confédération et le 7 août les délégués valaisans signaient avec ceux des 'autres cantons le pacte fédéral qui les unissait à jamais • pour le maintien de leur liberté et de leur indépendance». Ainsi la constance du peuple valaisan dans les souffrances et les terribles épreuves qu'il venait de traverser recevait sa récompense. Osw. ALLET.

Le berceau de l'alphabet Un journal a publié l'autre jour l'extrait de naissance • calembourique • - si l'on peut ainsi dire - des lettres de l'alphabet. Voici, sur l'origine de l'alphabet, des rett· seignements moins amusants, assurément, mais aussi moins sujets à caution. L'Egypte avait une littérature dès la plus haute antiquité. Elle a été l'éducatrice des peuples. Les sages d'Athènes se sont formé~ dans ses écoles et le double flambeau qu•, plus tard, illumina la Grèce, fut allumé dans Thèbes et dans Memphis. Mais, pendant de longs siècles, les monu· ments de la vieille Egypte ont dérobé aux recherches des savants le sens des inscriptions dont ils sont couverts. On n'avait sur les textes hiéroglyphiques que des données imparfaites ou erronées, de vagues conjectures. Tout à coup un homme de génie survint qui déchira les voiles. La découverte de Champollion fut une révélation: les sphynx ont li· vré leurs secrets, l'Egypte s'est levée, secouant la poudre des tombeaux. Elle a ouvert au monde des horizons nouveaux, elle a répandu sur l'origine des sciences une lumière éblouis· sante. Le rôle qu'elle a rempli dans l'antiquité nous est apparu splendide. Mais, par dessus tout, ce qui constitue

pour elle un titre éternel à la reconnaissance du genre humain, c'est que nous lui devOJts l'invention de l'écriture. . L'alphabet latin, de même que les alpha· bets gothique et russe dérivent du grec a~­ cien, qui lui-même descend des lettres phént· ciennes empruntées par les Sidoniens aux caractères hiéroglyphiques. Cette question a passionné les savants, de savoir quel est le peuple qui le premier a lait usage de l'écriture pour représenter les idées, quel est l'alphabet qui a servi de point de départ aux autres. Le procès est maintenant jugé. C'est .~n~ la vallée sacrée du Nil que la source a )atlft, c'est de l'Orient que nous vint la lumière. Il est incontestable que la priorité appar· tient aux signes hiéroglyphiques - qui sont ceux que Poo retrouve sur les anciens mc;>numents égyptiens. Répandus chez les nahons voisines, ils ont successivement formé les au· tres alphabets. C'est un point acquis et hors de doute que la méthode qui consiste A représenter les objets par des figures a été la première dont les hommes se sont servis. On s'est born~, dans le principe, à tracer plus ou moins .exa.cteme~t l'imaiC des choses dont on voulatt hxer lt· dée. De même que la langue parlée s'est formée petit à petit par des sons qui avaient quelque analogie avec l'objet exprimé, de manière ft en rappeler le souvenir (en égyptien le nom des animaux n'est que l'imitation du cri propre à chacun d'eux), de même la langue écrite s'est formée par la peinture de ces mêmes objets. I.e principe a été l'imitation. On retrouve encore, dans nos langues actuelles, après les modifications sans nombre qu'elles ont su· bies, une certaine quantité de mots qui ne sont que des onomatopées. Nous avons en français le frou-frou de la soie, le glouglou de la bouteille, le tic-tac de la pendule. Les signes qui se rapprochent le plus de la nature doivent être regardés comme les premiers employés. Or la simple inspection des caractères hiéroplyphiques suffit pour convaincre de leur ancienneté primordiale. Ils d~notent si visiblement cette origine première, qu'on reconnaît à première vue l'objet corpo· rel qu'ils repnsentent, tandis que dans les autres alphabets les images sont tout à fait réduites et même défigurées. Connnent l'alphabet égyptien s'est-il répan· du dans le monde ancien?


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Voici donc établie la dérivation de notre

. t dans l'antiquité, Vous connatssez, 1ec eurs, T et de Si· alphabet. t vieux manuSaluons avec respec ce~ a 5 à 6.000 cdes excellence, on, ces . · t 1 mer Int~- ments égyptiens sur.lesquelsr~~~ pour la posslllonnaten a t les vaisseaux d on . bouches du Nil jusqu'aux co- ans la main des scnbes a g 't les éléments et le gram ' 1 . éterrieure ddepHuts lelse (détroit de Gibraltar) et mê- térité' dans t'le basait féconde Quelle g oue lonnes ercu · · •'I ~ d'une inven ton .· la vieille terre me allaient beaucoup plus loin p~nsqu t srlie; nelle et quelle pure glOtre pour plorèrent la mer des Indes ~t. plus~r%-!t:.ient des pharaons! l'E te et c'est de l'Atlantique. Les Phén~Clens 1 éloi· L'écriture .est un don ?~ ta fiPde J'intellid relations avec les na bons les pus la manifesta hall la plus ec a. n ;~es. Leur capitale était le centre du corn· la pensée humame. t d" .~_ _::._,.._....- - - -gence e____ erce et le marché du monde. . •t rn La nécessité d'une écriture qut leurdpermt de correspondre avec les marcha~ds es au: tres pays se fit promptement senhr à ce peu AIS NON CALLIGRAPHES d, à un imprimeur ECRIV AI~S, M d pie;~J:1=~~~ fréquentes relations av.ec leJ,é~~: '!~ cune~x 'a t~Tta~n~ collection d'auto.ets des pharaons, ils eurent occas!O~, qquuetl ;t:~: l'homme de lettres qui écrild. t dD connaître les caractères hterogly- panshten, t d'Egypte grap es, ter e phiques dont tous les monumen s . dit-il à désigner le vait le pl.us mal. j'aurats q~elqu~ peme, • . car ils sont étaient couverts. . é l'écnture gyp- litté~ateur q~t écn~r:t ~~~:n:e1 cette ~tme. Les Phénl. ciens adoptèrent t f · e. les caqut peuv 'ture étrangement ent.tenne , en n'empruntant t'tou e ms qu qm démon- plusteurs M. Mézières a une en e li e droiractères purement phoné tques, ce . tre que les init.iateurs a~aientll u~fre~~n::~~; chevêtrée; il ne tfY trouygez:.~~ y ~pidentl sance approtondte du. systeme. s dT ca- te: toutes Je~ le res zt cinémat~graphe mal comme les 1mages un aux signes un certam nombre ~e .mo 1 t u tians our les approprier à une ecnture .co - réglé~ . d M Anatole Leroy-Beaulieu · t · t L'ecrdure e rante y est très couchée, e! les lme~~s pee~;eon~ s~~ r;;:e à rendre es sons .1 •i dias en égyptien. Ils n'inventèrent pa_s? t s ar- formées que les memes . . . d'ffe'remment: • répubhcatn ~ ou mpulih' ~angèrent Je premier alphabet phon,ehque. m t .. grand po c •polthque » ou • é . et D'après la nature des le~res. gravees sur 1~! q ue • ' • grand • . er • et • gruger •' c g me • nelle •, JUg t et • garnement •, anciennes inscriptions connthtenn~s: ?~ a tut ·ne • gouvernan • . • guern ,t' t' te et • chameau anttque • presque certitude que l'~lpha~ltfpt ~~~~~~~ • charman e ar IS • , gt l. rté en Grèce peu apres qu t u . Nous hésitons parfois tr~s lon emps pop rtout où la métropole avait ~es calomels, choisir entre deux sens posstb~tues. t , a t de stmples re aM. Barrès a aussi une écn re res mêdes comptoirs, des poses, d ' \ fut Plus tar, 1 1 It chée et très cursive; il saute des lettres et t t 1'ons' l'alphabet se Hrépandit. Il' et apporte en atransformé par les e enes . l' dop- me des syllabes, il n'achève pas ses. m~~ d 1 grecs Les Romatns a Quand une des petites typograph~t~ qm. s ~~e ~r etesl~io ?i~:nt subir derechef quelques sous mes ordres mérite une pum 1gn, ~e 1 ered~l' t'ons pour J'adapter à leurs usages. donne à composer une page de ~· arres. mo 1 tca 1 • ·ne proEni' lorsque la Républtque ramat L'écriture de M. Jules Lemattre ~s: t'·~ ena~~1, ses aigles victorieuses de la ~re,ta~e tine et microscopique. Elle n'est ~m at ~l'extrémité o~ientat;H~e l'E.ur~f àet ~~cf';~:: mais il iaut chausser ses grosses béstcles de la Germame à 1 tspa_me l'usa e de l'ai- la lire. t conquis le monde ancten, g * " • e~abet latin devint général. • Une maîtresse de pension disait dernièr p D'un autre côté les slaves adoptèrent l'al· ment à ses élèves, après une leçon de pros et grec en y i~troduisant des lettres camdie·:_ Maintenant, mesdemoiselles,' n ' ou bl'e p hab ' • dredessoos~~ 1 plémentaires propres a renL gothique allee . l'a rt .de faire des • vers~ n exclut p t .tcur1ers à leurs langues. é de ces nouveaux carac- pas que mand est un compas . celui de les nncer. tères slaves et des lettres Jattnes.

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La Loi dn Dimanche Le troisième commandement nous impose deux obligations: la première, d'en.tendre la messe; la seconde, de nous abstenir des œuvres appelées serviles ou corporelles, ~omme travaill~r la terre le bois la pierre, le fer, m01ssonner, v~dange!, confectionner les vêtements, etc. Chacune de ces deux obligations est grave· c'est-à-dire que celui qui manque à' la .messe san~ mo~~ légitime, ou qui travallle sans necesstte pendant un temps notable (environ 2 1 12 heures, d'après les théologiens) se rend coup~­ ble d'un péché mortel. Cette d~uble obligation est grave, parce que D1eu a voulu qu'elle le fût. Dieu est, certes, bien libre d'attacher l'importance qu'il lui plaît à la sanctif_i~ation du jour. qu'il lui a plu de choisir pour en frure 1~ sien. Mais il a eu, pour cela, des raisons qu'il est urgent de comprendre .. Dieu, roi de l'éternité, a voulu affirmer son domaine sur le temps. Des 7 jours qu'il a faits et qui sont tous à lui, il a voulu s'en réserver un, nous défendant d'y toucher. Violer ce jour-là, c'est empiéter sur son domaine éternel; c'est un vol! Dieu, notre Seigneur et maître, a voulu qu'un jour sur sept fû~ consacr.é à son culte, et rien que cela: 11 en avrut le droit; il pouvait exiger davantage. Le lui refuser, c'est faire acte de révolte et en même temps d'impiété. Dieu, notre Créateur, a organisé notre corps de telle sorte qu'il a besoin d'un jour de repos après six jours de travail; ne pas donner ce repos à notre corps, c'est l'épuiser; travailler habituellement le dimanche, et faire travailler les autres, une sorte d'assassinat. La profanation du dimanche, très grave aux yeux de Dieu, est désastreuse dans ses conséquences, soit à cause des malédictions dont Dieu la poursuit

infailliblement, soit à cause des désordres qu'elle entraîne dans l'existence de l'h01111me. Le dimanche, profané d'une manière fréquente, c'est par contrecoup l'ignorance, l'impiété, l'endurcissement, la ruine des santés, le démembrement des familles, le scandale des paroisses, les orgies du lundi, l'ivrognerie, la pauvreté, la misère et l'abrutissement. Donc, respect au dimanche.

Le prêtre Songez donc qu'à moins d'un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, qu'elles qu'aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s'est couché tout de son loog aux pieds de l'évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l'on puisse imaginer; qu'il s'est élevé, à cette heure-là, au plus haut degré de dignité morale, et qu'il a été proprement un héros, ne fût-ce qu'un instant. Et qu'on ne dise pas: «Cela n'est rien, c'est très facile; ils font cela pour être mieux récompensés au ciel. » Car l'espoir d'un surcroît de félicité dans la béatitude absolue ne saurait provoquer un tel effort; ou bien si je ne m'étonne plus du sacrifice, ce qui m'étonnera, ce sera la profondeur et l'intensité du sentiment, amour ou foi, qui le rend facile; et cela reviendra au même. Des hommes qui ont été un jour capables, soit de cet effort, soit de cet élan, en restent pour toujours respectables et sacrés. Et pensez un peu à ce que c'est que la continence absolue, la nécessité de pr01111ener partout sa robe noire, le renoncement à toutes les curiosités de l'esprit, l'idée que d'y songer, cela fait froid. Non, non, ceux qui méprisent ou raillent les prêtres ne les comprennent pas. j'ai essayé d'indiquer quelle éducation il faudrait avoir reçue et par où il


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Et, en effet, nul pli professionn faudrait ensuite avoir passé pour être en état de les comprendre et de les pein- n'est aussi tranché, aussi profond, au dre. Ne dites pas que j'en cherche un si ineffaçable que celui du prêtre, no peu long. C'est un être si spécial qu'un pas même celui que l'habitude, la sp prêtre, et si différent des autres hommes! cialité des fonctions imprime au magl Dès l'enfance, on le prend, on l'isole du trat et au soldat. Car chez ceux-ci 1 grand troupeau humain, on plie son profession ne prend pas l'homme d corps et son âme aux pratiques religieu- l'enfance et elle ne tient pas jusqu'à 1 ses. Au Petit Séminaire, les pratiques mort. Les traits par où ils nous resse se multiplient: tous les jours, messe, blent sont beaucoup plus nombreux qu chapelet, méditation, lecture spirituelle; par lesquels ils se séparent de nou tous les dimanches, catéchisme et ser- j'ose dire que c'est le contraire chez 1 mons, confessions et communions fré- prêtre. Un chrétien qui, dans la prat' quentes; à quinze ou seize ans, la sou- que, pousse jusqu'à leurs dernières co tane. Au Grand Séminaire, la séques- séquences les obligations de sa foi tration se complète: les pratiques pieu- déjà une créature rare et singulière ses, toujours plus nombreuses et plus qui se distingue fortement du reste d lonQ'ues, pétrissent l'âme lentement et hommes: rappelez-vous les solitaires invinciblement. On a des heures de so- Port-Royal. Que dirons-nous donc d'u litude où l'on reste presque sans pen- prêtre qui, outre la constaute préocc· sée, hypnotisé par une idée fixe, celie du pation de son salut, a encore celle d sacerdoce où l'on tend. L'enseignement son miraculeux ministère, qui tous 1 de la théologie et de l'histoire ecclésias- jours fait descendre Dieu sur l'autel tique achève la formation de l'âme sa- condamne ou absout au nom de perts · cerdotale. Nulle communication avec le habituelles que cette fonction impliqu dehors; les livres du siècle ne vous par- doit non seulement réagir sur ses rn viennent qu'en petit, résumés et réfutés. nières, sa parole et toute sa tenue, mai Pendant ses vacances, le jeune lévite encore imprimer à tous ses sentiment reste isolé dans le monde, vivant le plus à ses passions, à ses vices comme à se possible avec son curé, évitant les com- vertus, une marque énergiquement ca pagnies frivoles, déjà respecté de ceux ractéristique. Ni un prêtre n'est bon qui l'approchent, et même de sa .mère. n'est méchant de la même façon q Il est prêtre enfin, c'est-à-dire (pesez nous, si l'on veut, il l'est encore d'un bien les mots et tâchez d'en concevoir autre façon. Le clergé forme assur: tout le sens: ils sont étranges et stupé- ment, dans notre société moderne, 1 fiants) ministre et représentant de Dieu classe la plus originale et la plus ne sur la terre, choisi et consacré par lui tement «différenciée». Et la différen pour distribuer ses grâces aux autres ne pourra que croître à mesure que 1 hommes par les sacrements, investi du société laïque se préoccupera moins d' pouvoir exorbitant de changer du pain ne autre vie, s'installera mieux dans c et du vin au corps et au sang de Dieu le-ci et prendra plus pleinement poss lui-même. Cela ne vous dit rien à vous, sion de la terre. Jules LEMAITRE, parce que vous êtes un profane, un inde l'Académie française. différent, un malheureux égaré; mais le prêtre qui, étant homme, est pourtant tout cela, et qui le croit, et qui en a conscience! Réfléchissez combien un tel état Pour Dieu d'esprit est extraordinaire et comme il doit modifier l'être tout entier. En 1856, un évêque et un général entre

·eni dans une des grandes villes de France

~:~ relations pleine.; d'affection et de confiance. · Le général ne fut donc nullement surpns quand Je prél~t lui . ayant deman~~ un ~nlre­ tien confidentiel lu1 raconta ce~'· , Un Jeune dragon de la garn_ison se ren~a1t a la cathédrale plusieurs io1s par ~emame .et..se promenait lentement, tantôt pres du bemher, t;ntôt près du tronc des pauvres, souvent à 1 entrée d'une chapelle. Parfois, il ~estait immobile une heure entière, les yeux. itxés sur l'a_utel ou !'Ur un tableau du chemm de la Cro1x. L'attitude de ce jeune soldat ~tait respectueuse, et jamais un mot .ne sort~1t de ~s lèvres. Toujours debout, tl ne s occupatt de personne et à. peine du commencement ou de la fin des offices. Le bedeau l'observa longtemps, eut des soupçons de crime o~ de délit. 11 prévint le suisse et toos deux !trent bonne garde. Ne découvrant rien, ils prévinrent un vicaire qui interrogea Je soldat avec b~:mté! et lui offrit de s'asseoir à la place qm lut plairait. Cette proposition .lut r~poussée ave: chaleur et le jeune cavalter dtt doucement. Je ne fais pas de mal à personne. . . Cependant la surve~llance conhnuatt, toujours sans résultat. Su1sses, ~eaux et c~an· tres commencèrent à constrmre sur ce debt~.t une foule d'histoires dramatiques dont les lnbunaux devaient avoir le dernier mot. L'air doux et honnête du jeune honune, les signes de piété qu'il donnait sans ostentati.on, rien ne pouvait rendre le repos à ceux qu1 le surveillaient. Enfin Monseigneur fut prévenu; il fut très contrarié et peiné, car ami des soldats, il craignait de déco~vrir ~ne ia~te grave contre laquelle il faudratt sévlf et c est pour cela qu'il voolut causer avec le général. Celui-ci ignorait absolument cette. présence assidue d'un soldat dans la cathedrale. A l'instant même il envoya un sergent de planton chercher le prétendu coupable. Celui-ci arriva en proie à une vive. émoti<?n. Agé de vingt-trots à vmgl-quatre ans, le regard doux et ferme, il supJ?Orta ave~ une grande dignité les regards qu1 cherchaient à scruter sa pensée. • . Après une minute d'examen, le genéral lut dit: - Nous n'avons rien à vous reprocher, mon ami mais nous voudrions savoir, Monseigneur 'et moi, potrrquoi vous passez ainsi dans la cathédrale trois ou quatre heures de suite, à vous promener, à vous asseoir, à observer....

- Pardon, mon général, je ne reste jamais que deux heures et je suis debout. - · Peu importe, mon garçon. ~épondez sans crainte, que faites-vous en ces heux, tous les jours? Alors le jeune soldat se tournant vers l'évêque lui dit avec une simplicité touchant~: - Monseigneur, je suis un .pau~re vtg~e· ron des bords de la Dordogne; Je sats à peme lire et écr ire. Au pays, nous avons un pauvre vieux curé, qui, le soir, après les .travaux. du jour, réunit dans un coin de l'éghse, les JeU· nes gens de seize à vingt ans. Les autres peuvent venir aussi mais les hommes seulement. Notre curé ~e nous fait pas un sermon, mais cause avec nous, il s'infonne de nos besoins, de nos peines, nous donne un bon conseil. Un soir, pendant les dernières vendanges, il nous dit: . • Mes enfants, ne passez jamais un J?Ur sans faire quelque chose pour le ~ _Dieu. Vigneron, donnez une grappe de ratsm au pauvre qui passe. Menuisie~, do~~z un moment de votre travail à l'éghse, ou tl y a souvent quelque chose à réparer, à la pauvre veuve, au malade qui ne peut venir à bout de sa tâche. Vous gagnez trop peu en général pour d~nner de l'argent; mais tous, vous po~vez. fatre la charité de votre travail et ce travatl, Dteu le bénira toojoors. • Voilà, Monseigneu:. ce q~e nous a dit notre vieux curé. Au vtlla~, 1e donnais ma grappe de raisin • pour Dieu • mais au régiment que pouvais-je donner? Et j'ai pensé un jour que je pouvais donner l Dieu quelque chose de mon métier de soldat: une faction. . Je suis donc factionnaire dans la mats~ de Dieu; pendant deux heures, debout c:t SIlencieux, je veille en song~nt à ma constgne. - Quelle consigne? dit le général avec bonté. . _ Mais celle que Dieu m'envote cha9ue jour, et qui arrive à mon â~e par la ,Pn~re ou même simplement par le stle~ce de 1égh~. Je suis là pour Dieu et notre vteux curé d01t être con lent. • . L'évêque se leva, et prenant les mams d~ jeune soldat, il l'attira sur son ~œur. çe.Iu!<t fut surpris et confus, tant son ame étatt stmple et droite. Que n'imitons-nous ce pauvre paysa!l qui faisait • faction pour Dieu •. Il le servatt par l'immobilité; combien de nous devraient le laire par l'action! Généra~ Ambert.


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La Dédicace Quand Joseph entra, après son service militaire, chez M. Dermuize, le célèbre écrivain, membre de l'Académie française, il espérait bien, outre ses gages, quelques autres petits profits. - Chez le colonel où, durant son congé, il avait servi comme ordonnance, dans une ville de Flandre, il avait entendu dire, en servant la table, que les hommes de lettres menaient une vie de Patachon. Cela n'était pas pour lui déplaire. Il entrevoyait de nombreux pourboires, des billets de théâtre en telle quantité qu'il pourrait non seulement en user pour son plaisir personnel, mais même les revendre; la po~sibilité de se vêtir toujours avec une élégance suprême, grâce aux vêtements dont son maître, soucieux d'être mis à la dernière mode se débarrasserait après les avoir portés quelques jours à peine. Enfin il escomptait les perpétuels repas fins, dont il profiterait à la cuisine; il viderait de no~ breux fonds de bouteille, il fumerait quelques bons cigares .... La réalité le déçut. M. Dermuize vivait comme un anachorète. Il le fallait réveiller, hiver comme été, à sept heures du matin. Une demi-heure plus tard, l'académicien, après s'être entièrement aspergé d'eau froide, au grand étonnement de Joseph, se mettait au travail jusque midi, lesté seulement d'une sobre tasse de thé, et enveloppé d'une simarre rouge. Le reste de sa garderobe se composait d'un habit noir qu'il ne renouvelait que tous les cinq ou six ans, et d'un complet-veston fort modeste. Il ne buvait que de l'eau, ne fumait pas, et ne recevait que de rares amis. Pour un peu, Joseph l'aurait méprisé.

xxx Une chose étonna cependant le domestique et lui causa une certaine impression de respeel: le nombre considérable de livres que recevait son maître; certa ins jours il en arrivait jusqu'à cinq et six, et jamais ce chiffre ne tombait au-dessous d'un ou deux. Il y en avait de brochés, il y en avait de reliés, de toutes les toiles et de toutes les couleurs, en français, en anglais, en allemand, en grec et en latin. Honnêtement, M. Dermuize en faisait couper les pages par Joseph, après avoir considéré la plupart du temps avec scepticisme, les dédicaces qui ornent leurs feuilles de garde: • Au maître, en témoignage d'admiration respectueuse.... Au maître et à l'illustre écrivain,

hommage de celtti qui voudrait pouvoir se dire son disciple... A l'auteur de l' • Onomastique •, cette contribution d'un élève... •· M. Dermuize les rarcourait, et parfois en gardait un sur son bureau; puis, après l'avoir lu plus attentivement, lui faisait les honneurs d'une place dans sa bibliothèque. Mais les autres pour la plupart, il les rejetait bientôt avec un soupir d'ennui. Non, il n'y avait rien làdedans qui l'intéressât: encore un inutile bavardage, encore un effort fait en vain par quelqu'un qui avait cru, hélas, avoir du talent, et qui n'en avait point.. .. Il griffonnait sur une carte un bref accusé de réception, très courtois, et disait avec une certaine tristesse: - Joseph, vous monterez ce tas là-haut, vous savez: au grenier. Quand le grenier était plein, l'écrivain faisait faire des caisses et envoyait ces livres à la campagne. Un jour, Joseph crut avoir une idée. Il suggéra: - Au lieu de dépenser de l'argent pour expédier ces livres par le chemin de fer, monsieur ferait bien mieux de les vendre. Ça rapporterait gros à monsieur. - Hélas, dit l'écrivain, j'y ai quelquefois songé. Mais je n'ai jamais eu le cœur de m'y décider à cause des dédicaces. II me semble que je trahirais la confiance et l'estime de ceux qui m'ont envoyé leurs œuvres. Joseph pensa en lui-même: •II est rudement bête le patron! • Puis un projet bientôt germa dans sa tête. Il ne le mit d'abord à exécution qu'avec une certaine timidité: ce que lui avait dit son maître du respect qu'il avait pour les dédicaces l'impressionnait. Mais il y en avait tout de même, dans le nombre, qui ne portaient aucune trace d'écriture, envoyés simplement par l'éditeur. Joseph en prit cinq ou six sous son bras un ma.tin, et les porta à un bouquiniste: celui-ci en offrit trois francs. Joseph les accepta. C'était toujours ça de gagné.... Peu à peu, il s'enhardit, ce premier bénéfice l'ayant mis en goût. Il osa risquer la vente des livres qui portaient une dédicace: à sa grande surprise, le bouquiniste lui en offrit un prix plus avantageux: quelquefois dix sous, quelquefois même un franc de plus par volume. Joseph étonné s'enquit des motifs de la différence. . -- C'est, r~pondit le marchand, que ces dédtcaces conshtueot des autographes. S'ils sont signés d'un nom connu, c'est pour la vente, et si l'on voit que l'ouvrage a fait partie de

101 la bibliothèque d'un illustre écrivain, cela attire encore davantage l'acheteur. Joseph alors s'intéressa ~articulièrement aux dédicaces. Quand elles étatent longues et particulièrement recherchées dans leurs termes son cœur se réjouissait. Si au contraire l'auteur s'était contenté d'une phrase banale: • Hommage respectueux •, par exemple, sans s'être seulement soucié d'inscrire en tête: • A M. Dermuize • , il disait dans son for intérieur: • En voilà un malappris! • Quant aux volumes qui arrivaient dépourvus de toute inscription, leur simple aspect lui fendait le cœur.

·XXX

A la fin il prit un grand parti. Saisissant l'absen~e de M. Dermuize, la meilleure plume de celui-ci, il écrivit bravement .e~ tête d'un livre malencontreusement sans dedtcace, l'épigraphe la plus sentie, 1~ plus flatteuse dont il eût gardé le souvemr: • Au grand Dermuize humble et tidèle témoignage d'une admiration sans bornes ... • Et il signa bravement du nom de l'auteur, tel qu'il le lut sur la couverture. Sa main tremblait un peu lorsqu'il présenta le livre à son acheteur coutumier. Mais celui-ci ne s'aperçut nullement de la superchecherie. II proposa un prix fort avantageux. Alors Joseph prit l'habitude de ces faux lucratifs. Après tout, ça ne faisait de mat A personne. Mais un jour il eut une grande surprise. Le bouquiniste ouvrit le volume qu'il lui offrait, puis il commença à rire, à rire.... - Ah! non, disait-il, ah non! ça vous savez ... - Mais voyons, demanda Joseph, un peu interdit, qu'est-ce qui vous prend? Le bouquiniste mit le doigt sur la dédicace. Et il riai t, il riait toujours à s'en faire mourir. L'ouvrage que lui apportait Joseph était une traduction noovelle de • Hamlet •· Et Joseph avait mis, au-dessus du titre, ces mots ingénus: • A M. Dermuize, au maître et à l'ami, respectueusement •. «Shakespeare! dit le bouquiniste. - Mais il est mort depuis quatre cents ans, Shakespeare! dit le bouquiniste. - Voos eo êtes sûr? interrogea Joseph. - Absolument sCtr, affirma ce négociant. Mais Joseph se demande encore si on n'a pas voulu le mettre dedans pour avoir le volume à meilleur prix. Pierre MILLE. en

Dans une malle L'étrange aventure dont le récit va suivre est arrivée à un de mes bons amis, il y a une dizaine d'années, lorsque, digne émule des Tintoret, des Titien et des Raphaël, il faisait en qualité d'élève peintre son tour d'Italie. Il était à Venise depuis trois jours et connaissait maintenant, pour y avoir promen~ son enthousiasme et sa paresse, les quais lumineux de l'antique et noble cité, depuis le Rialto jusqu'au grand canal, le long des lagunes où voguent les gondoles aux longs cols de cygne, sur l'eau profonde dans laquelle se rellète un ciel bleu pur, et que· bordent les altiers palais ducaux. Saint-Marc et le pont des Soupirs faisaient remonter à ses lèvres de vingt ans les refrains amoureux des vieilles romances. Cependant il s'était promis de travailler sérieusement, en prenant la nature elle-même pour modèle; aussi se dirigea-t-il, une belle après-midi, vers Murano, village distant de quatre ou cinq lieues de Venise, et dont le site est universellement vanté. Il était cinq heures du soir, et là-bas, au bout de la route poudreuse et blanche qui s'allongeait droi te, entre deux rangées de platanes, le clocher du village, doré par le couchant, se profilait sur l'éther limpide. Fatigué, Paul venait de s'asseoir, lorsque, d'un buisson voisin. sort it tout à coup un indigène chaussé de hautes guêtres, coiffé d'un chapeau de feutre mou, orné d'une plume, la face en partie masquée par une barbe épaisse et noire. Un vrai type de brigand calabrais!... Le jeune peintre ne put réprimer un frisson, et, aussitôt, se remit en marche hâtivement. Comme il approchait de Murano, il vit venir vers lui une ravissante fille du pays, aux lourds cheveux bruns, aux yeux langoureux, aux dents éclatantes de blancheur nacrée Il s'approcha d'elle et d'une voix aimable demanda: - Sans doute, mademoiselle, vous êtes de Murano? - Oui, monsieur, fit la brune fille avec un charmant sourire - Pourriez-vous m'indiquer une bonne auberge dans ce pays? -- Oh! je crois bien, c'est mon père luimême qui tient la meilleure! Puis, avec un regard et un geste des plus engageants, elle ajouta:


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- Venez, je vais vous conduire: Docilement, avec plaisir même, Paul suivit l'adorable enfant. Une heure plus tard, il était attablé dans !'~mique salle de l'auberge, devant un repas bten servi, arrosé de petit vin blanc du pays, et, tout en mangeant, il considérait curieusement ceux qui l'entouraient. Il y avait là quatre ou cinq individus semblables à celui qu'il avait rencontré sur la route. Comme tous les habitanls de celte contrée ils semblaient être demi-paysans, demi-bri~ gands. Voisinage peu rassurant. Quoi qu'il en soit, Je peintre monta vers dix heures à sa chambre qui était située au ~euxième et dernier étage de l'auberge, et, la tete un peu échauffée par l'absorption du petit clairet. il se prépara pour se mettre au lit. Tout d'abord, il .ouvrit sa fenêtre contempla un instant le ciel lumineux et étoilé, la campagne déserte et silencieuse, puis il passa l'examen sommaire de sa demeure provisoire. Tout était blanc, propre, luisant; dans un coin, au pied du lit, gisait une malle longue. En somme rien d'anormal. Donc Paul se déshabilla, mais quand il fut en bras de chemise, poussé par un invincible sentiment de curiosité, il revint vers la malle et, à sa grande stupéfaction, l'ouvrit sans clef. Alors il recula, livide, tremblant les cheveux dressés par l'épouvante. ' Il venait d'apercevoir, à la lumière vacillante de la chandelle, un cadavre dont les jambes étaient repliées ... En un instant, des souvenirs d'enfance revinrent à son esprit troublé. Mais comme il prenait le bougeoir, pour examiner de plus près l'infortuné voyageur qui, sans doute avait êté assassiné la veille, un coup de vent s'engouffra, éteignant la lumière. Paul tressaillit d'horreur; il resta une minute comme hébété, puis les lambeaux de phrase, entendus pendant le dîner, lui revinrent en mémoire, prenant à ses yeux un sens terrible et sinistre. Il ne douta pas qu'il ne fût tombé dans un coupe-gorge, et n'eut plus qu'une pensée fuir fuir au plus vite.... ' ' Il regarda par la fenêtre, mais reconnut l'impossibilité de descendre par ce chemin dangereux. . Il se dirigea ensuite vers la porte, constata avec une frayeur croissante qu'elle ne pos-

sédait aucune serrure, l'ouvrit doucement mit le pied sur la première marche de l'es lier. .Mais, à ce moment précis, une Iumiè bnlla en bas; en même temps une voix rude fit entendre: - Allons, il est l'heure!.. .. Ainsi, c'était bien significatif on l'assassiner. ' Affolé, il entra dans la pièce, en proie à un émotion indicible, mais résolu pourtant ~ vendre chèrement sa vie. Puis, tout à coup, une idée géniale lui vint II se précipita vers la malle, saisit, malg~ l'horreur qu'il ressentait, le cadavre qui était couché, et rapidement l'enfouit dans le draps du lit, laissant seulement passer la tê du malheureux. Les ma~ns glacées par le froi~ de la mort, 1~ yeux dtlatés par l'epouvante, tl entra alor resolument dans la malle, s'y coucha du mieu qu'il put, et laissa retomber le couvercle s lui. yn instant aprè.s, le cœur battant, la respi rahon suspendue, tl entendit en.trer doucemen dans sa chambre, puis une voix étouffée dit: - Je crois qu'il dort? .... Ensuite, plus rien!. ... Sans doute, ses assassins voulaient attendre encore. Il faillit s'évanouir. II reprenait à peine l'usage de ses sens, que de nouveau la porte s'ouvrit. Et, comme anéanti par l'effroi, il écoutai anxieux, il sentit qu'on soulevait la malle e qu'on la descendait avec précaution. Bientôt après. les cahotements cadencés qu' il ressentit lui indiquèrent qu'on le transpol" tait sur une route. Il pensa qu'ayant découvert son strata me, les brigands l'emportaient vers un cou d'eau. avec l'évidente intention de l'y précip' ter... Alors, incapable de penser davantage, 1éte perdue, il s'évanouit.... Quand il revint à lui, son effroi grandit e core. Il était couché sur une dalle d'amphithéâ Ire, et entièrement nu. Autour de lui, cinq six étudiants ou internes d'hôpital le rega daient curieusement. L'un d'eux, le plus â l'interrogea aussitôt, et, après quelques panses embarrassées, voulut bien lui donne en riant l'explication suivante, et toute simpl de cette tragique aventure. - J'étais dernièrement, dit-il, en villégia

ture à Murano, et j'habitais la chambre que vous avez occupée. Or, je travaillais quelquefois, et, à cet ef· ret, j'avais fait venir d'ici un squelette articulé, en cire, comme beaucoup d'entre nous en possèdent pour leurs études. Rappelé précipitamment à Venise, j'ai oublié ma malle et son précieux contenu; mais st vous ~e voulez bien me faire plaisir et honneur, nous irons ensemble déjeuner à Murano, nous boirons du petit clairet, et nou~ rapporterons le malencontreux cadavre? - Accepté, répliqua Paul, tout à fait rassuré. Depuis, mon ami n'a plus peur des brigands italiens. Henri GERMAIN.

La condition essentielle du bonheur Des profondeurs de mon être jaillit, invincible, cete réponse : c La condition essentiel•le du bonheur se trouve dans la Foi. • Pourqu01? Parce que la vie - non telle qu'on la rêve, mais telle qu'elle est - offre d'étranges conlradictions avec le bonheur, et c:ue de ce problème: • Etre heureux non par l'exemption d~!; épreuves, puisqu'elles sont inévitables, mai·> au milieu tl en dépit des épreuves • la foi seule peut nous en donner la solution. Ble nous la donne, en elfet, en nous faisant puiser à la vraie source ce qui répond aux aspirations primordiales de notre âme: la lumière po!lr notre intelligence, l'tmour pour notre cœur - · ~a force pour notre volonté. Le premier besoin de tout être conscient, c'est de connaître son origine, sa fin, sa raison d'être en ce monde. Faute de réponse l ces questions fondamentales, l'homme languit l'âme désemparée, et en vient à se demander, au mi•lieu même des plaisirs et des succès, • si la vie vaut la peine d'être vécue •. Cette question, tous les philosophes se sont essayés à la résoudre, mais la réponse n'appartenait qu'à Dieu. Que je sache et que je croie profondément - parce que la vérité trouve dans l'âme huw.aine de mystérieux échos - que née de •la pensée d'un Etre infiniment bon et puissant, j'aille à lui par une voie obscure et douloureuse peut-être, mais qui me conduit au bon· heur sans limites et sans fin - qu'en sui-

vant résolument cette voie aride mais bénie, je puisse y entraîner ceux qui cheminent avec moi et les aider ainsi à atteindre le même but, n'est-ce point assez pour éclairer ma routc du reflet sacré du ·devoir, de l'espérance et du bonheur? Mais si la vérité est l'aliment nécessaire de mon intelligence, l'amour est celui de mon cœur. Sans doute, je puis rencontrer ici-bas de nobles et fidèles affections; mais je puis connaître aussi les trahisons et les ingratitudes! D'ailleurs, même comblé des joies familiales et des douceurs de l'amitié, le cœur humain rêve davantage encore: il veut élever l'hommage de son adoration et de sa tendresse jusqu'à Celui qui ne trompe point et en qui se trouvent toutes les perfections et tous les biens. Alors, abreuvé à la source même de l'amour infini, ce cœur, enfin satisfait, se penche vers les créatures pour répandre sur elle.s les trésors dont il est rempli, pour aimer, avec une nouvelle ardeur tous ceux dont il est aimé, pour embrasser dans sa charité •les indifférents et les ingrats eux-mêmes, pour pardonner plus généreusement à ceux qui le méconnurent, afin de triompher de la haine par l'amour. Cependant, aimer, c'est se dévouer: à Dieu par l'accomplissement de sa volonté; à la famille et au prochain par l'abnégation; je me trouve donc en face du devoir et du sacrifice, fruits amers à l'amande savoureuse que parfois on hésite à cueillir, parce que le cœur se trouble et •la volonté défaille devant le renoncement nécessaire Oh! que le bonheur paraît loin alors, et difficile à reconquérir! Faut-il se dérober? Non, mais se vaincre. Or, qui nous aidera dans ce combat intime, sinon Celui que la foi nous a appris à connaître et à invoquer. A son appel, Il nous rappellera que nul effort n'est sans prise devant Lui, et répandra dans notre volonté ia force secrète dont elle a besoin pour triompher de tous les obstacles. Si, comme on l'affirme et comme nous pouvons nous en convaincre chaque jour, l'accomplissement du devoir et le sacrifice sont conditions nécessaires au bonheur, n'est-il pas vrai de dire que la foi qui les rend possibles à notre faiblesse et à nos répugnances en est b condition essentielle. Celle-ci d'ailleurs, bien loin de me faire méconnaître les joies d'ici-bas, me les fait goûter au contraire d'une façon plus élevée et plus complète; tel un enfant se promenant dans un jardin embaumé, jouit mieux, s'H tient la main d'un


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La salade du marquis 1 Vers 1860, de la Madeleine à la rue Drouot, on rencontrait encore le marquis de Charly. C'était un petit vieux, joli, coquet, pimpant, cambré . et rose en dépit de ses quatre-vingts ans. H prisait du tabac d'Espagne et portait le jabot; le temps s'était chargé de lui poudrer les cheveux. A sa mine éveillée, on devinait 1:~. belle humeur à toute épreuve qui, dans les pues désastres, l'avait tiré des mauvais pas. Il se piquait, outre sa simplicité, d'être affable et respectueux près des femmes quelles qu'elles fussent. - Je ne sais comment s'y prend M. te marquis, répétait la concierge de l'hôtel familill'l, mais dès son premier mot on se croit jeune et jolie! La pauvre femme était vieille et fort laide, mais elle disait vrai. La Révolution avait ruiné la douairière de Charly. Elle dut quitter ses terres de Vendk. F.migrée à Londres avec ce fils unique âgé de douze ans, e~le mourait, après la traversée, de dénuement et de chagrin. On ne sut pas grand'chose de l'existence du petit marquis en Angleterre. Sa radiation de la lisle des émigrés obtenue, il rentra en France après le 18 brumaire. Son équipage était modeste, mais il rapportait quelque ar. gent, car. de 1800 à 1805, il racheta presque tous les biens de sa famille. Il entrait dans •les fermes vendéennes de son allure guillerette, reconnaissant les gens, les appelant par leurs noms comme s'il fût venu la veille. Et, tout de suite gagnés, six métayers fidèles restituèrent. Ce qu'i•ls avaient payé en liasses de mauvais papier leur fut racheté en belles pièces sonnantes. Le numéraire étant encore rare, le marché leur parut bon et d'autres les imitèrent. Le marquis s'installa dans une gentilhommière modeste mais convenant à son train nouveau et loi~ de toute ambition politique, il goûta' •te ' bonheur en son petit royaume. Il avait épousé à Londres une Française noble et pauvre. Elle se trouva riche à la Restauratiôn, lors de la restitution des biens n?n vendus. La gentilhommière eut des perstenn~s neuves, on recrépit la façade, on rele-

va les tourel1es et on traça un parc à trav les prairies qu'arrosait la Sèvre. Sous Loui Philippe, bien administrée, la fortune marquis avait quadruplé: il devenait un s gneur terrien d'importance. De 1836 à 1840 établit ses trois fils et sa fiHe, richement ma' honnêtement. Il choisissait gendre et br ~ans entichement de parchemins. Quand 1 Jeunes gens se plaisaient, quand la santé et cœur étaient de la partie, il fermait volontie les yeux sur le seizième quartier.

II En ses dernières années, le marquis passai l'hiver à Paris. H avait racheté, rue Louis-) Grand, le grand hôtel de Charly, et il recevai avec cette joviale cordialité qui le servai mieux que l'intrigue. Dans les salons à boi ries grises, un peu ternes même au feu cent bougies, on circulait à l'aise avec la titude de ne pas coudoyer d'intr~s. Et ce n' tait p~s triste. Les petits enfants du marqu· dansatent avec beaucoup d'entrain. Parmi e on. cornp.tait déjà d~ux officiers mariés, quat samt-cynens et trots petites personnes de sei ze à dix-huit ans. L'aïeul donnant le ton, tou le monde se pliait aux traditions d'accue aimable et bienveillant auquel M. de Chari dev.ait son ?.onheur et qui restait la préoccu pahon dermere de sa vie. Cependant, avec ses petits-enfants, le viei l~rd eut plus de mal. Des jactances de sou heutenants imberbes, des vanités de jeun m?nd~ines _troublèrent sa quiétude. Il guet tatt 1occaston d'une semonce à voix bas afin de !le pas t~op blesser les amours-pr pres, mats ces petites dames et ces petits sieurs esquivaient les reproches, et, enhardi par ces mesures trop timides, s'engouai de leur blason, se montraient i.n,transigean gur les degrés et sur les mésalliances. II ne leur suffit bientôt plus d'arborer la cour ne de perles à quatre fleurons sur les cou le linge, les. cartes et les bijoux; on rêva bouret, habtt de cour, baisement du bas la robe à la présentation, place dans le ca rosse r~.yal et . soupers des petits appart ments. L tmpulston donnée ce fut un verti On ne discuta plus qu'écu~ cimiers hermi et vair. ' ' Apr~s un mutisme de surprise, le marqu· se. déptta, trouvant ces vanteries d'un ma va1s goût achevé. Ce qui le désola tout à fai~ ce fut la morgue croissante des jeunes femmes envers les fournisseurs, les valets et m!me ces bons paysans de Vendée. Cette bau•

105 ces. Puis, bravemënt, devant toute sa famîùe, devant les valets immobiles, il dit de sa petite voix C'laire que l'émotion d'abord fit un peu chevrotante: - Vous vous souvenez tous de l'histoire légendaire de ce jeune émigré, ramassé à demi mort de faim sur le pavé du Strand, porté par un va•let à l'office de lord Rosebery, et qui, ranimé par les gens de cuisine, ayant bu leur vin et avalé leur soupe, se mit tout III vaillamment à la besogne avec eux, tournant Le jour de son anniversaire, le marquis la broche, lardant la viande, dressant les fairéunit sa famille à sa table. Un beau repas de sans et les poulardes pour la parade du fesprovince fut servi, sans profusion de fleurs tin. Ce soir-là, l'enfant fit aussi la salade. Lord ou de cristaux, mais dans l'argenterie massiRosebery y goûta par hasard, et, par hasard ve des ancêtres. On avait apporté à composer sans doute, la trouva délicieuse. Il désira qu' Je menu plus de soin que de coutume, et ce elle fût assaisonnée chaque soir par la même qui, immédiatement, attira le regard et fixa la main légère. Bien plus, il en parla. Cela decuriosité, ce fut la mention, après le rôti, d'une vint une mode, et, réclamé partout, le petit salade « à la Charly • · On posa mi•lle quesVendéen fit fortune. On a conté l'aventure, on tions à ce propos, mais le marquis fit la sourl'a écrite maintes fois, maintes fois vous l'a· de oreille. vez lue. Ce qu'on n'a jamais su, c'est le véPiqué de ce mystère, on avala prestement, ritable nom de ce jeune émigré. Je veux vous hâtés d'en arriver à la fameuse salade. l'apprendre aujourd'hui: il se nommait CharLe rôti enfin servi, le marquis fit un signe •les-Amédée-Philippe de Verbois de Candas, et le maître d'hôtel plaça devant lui un énorcomte et marquis de Charly! me saladier portant, en relief, les armes surLe vieillard prononça ce nom - et ce nom montés de la couronne de perles et de rleuseul - avec une emphase qui accentua l'hurons. Un autre valet tenait l'huilier. Le petit milité de l'histoire. Puis ses lèvres tremblèvieillard se leva. A la vive surprise des conrent et il dut reprendre haleine. vives, il ôta son habit, le plia soigneusement Il y eut autour de la table un insaisissable et le posa sur le dossier de sa chaise; puis frémissement, mais personne ne dit mot. Le il retroussa ses manchettes, épingla une sermarquis continua: viette sur son jabot de dentelles, et, avec le - De ce que j'ai fait enfant, homme, je ne plus grand sérieux du monde, i•l commença à rougis pas et je trouverais mauvais que l'un mélanger le poivre et le sel dans sa cueiller. de vous en eüt honte. J'ai jugé le • métier • La salade est-elle bien sèche? qui s'offrait plus honorable que tes sollicita· - Oui, Monsieur le marquis. tions et les courbe~s vaines dans les anti- C'est bien. Passez-moi l'huile, le vinaichambres de Mitau et de Hartwell. Et c'est gre, la fourniture. Il disait et faisait gravement avec une len- ainsi, en mélangeant chaque jour l'huile avec teur, une onction d'officiant et comme s'il le vinaigre, le sel avec le poivre, que j'ai pu, sans rien devoir à personne, racheter mes fer. s'agissait d'une chose très solennelle. mes, recrépir ma gentilhommière et dorer ce Un frisson de malaise courut autour de la blason dont vous êtes si fiers. C'est ainsi ce table. Cette pompe, pour un soin si vulgaire, était trop contraire aux coutumes de la de- qui me permet, en ma vieille demeure ven• déenne, de vous recevoir à ma table tous enmeure pour qu'on ne pressentît pas une insemble et de vous y traiter largement, sans tention cachée. Et, dans le recueillement d'attente qui suivit, le marquis tourna la salade compter. J'ai voulu, avant de mourir, que ce avec une dextérité souple, élégante, délicate, passé fût pour vous mienx qu'une jolie légen· merveilleuse. Il s'animait par degrés, perdant de; j'ai voulu qu'à vos fils et vos petits-ms vous puissiez à votre tour parler de notre peu à peu son expression guindée, retrouvant son naturel dans •le reflet de plaisir de cette nom en toute modestie.... et avec quelque or• gueil de ma fameuse saladef besogne humble. Et il conclut gaiement, avec une malicieuse Lorsqu'il eut achevé, sans remettre son haréticence où l'on ne sut trop démêler s'il par• bit, il demeura debout, la tête haute, le regard bleu très loin et brumeux de souvenan•· lait de sa salade ou de sa réprillla1lde:

teur le choquait conune une affiche criarde au fronton de sa demeure, comme une tache sur ses manchettes plissées. C'était toute sa vie d'attentions délicates reniée, bafouée par l'insolence de ses petits-fils. Cela le révolta, et, sa patience à bout, bien qu'il lui en coQtât, il se résolut à leur donner la leçon trop long• temps différée.


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- C'est •la dernière que je fais. Godtez-la sans méfiance. Tout vieux que je suis, j'espère ce soir encore n'avoir pas eu la main trop lourde. Puissent vos fins palais n'être pas, par ma faute, mis à troE_ rude épreuve! Et si les fronts rougissent et les yeux se mouillent, laissez-moi croire au moins que ce n'est pas parce que j'y ai mis trop de vinai· gre! Charles FOLEY.

Pour avoir toujours de l'eau fraîche Les travailleurs des champs ont besoin, surtout en été, de boire fréquemment, malheureusement ils ne savent pas comment se procurer de l'eau fraîche, quoique, dans l'in· térêt de la santé, il conviendrait de la boire dans les environs de 10 à 12" C. A la température de 12", l'eau semble encore extraordinairement fraîche; l'eau de nos puits a généralement de 10 à 12", et l'eau de source à 7" est plutôt rare Le moyen •le plus simple pour rafraîchir l'eau de table - comme les autres boissons - c'est évidemment de maintenir pendant quelque temps le récipient qui la renfenne, au sein de la nappe souterraine, ou encore d'y puiser de l'eau en dernier moment et d'y plonger la carafe à rafraîchir; malheureusement tout le monde n'a pas de puits à sa disposition. - Quand la cave est fraîche, il suffit encore de descendre l'eau de table dans le sous-sol; mais combien de caves, dans notre système de construction moderne. à la vifle ou à la campagne, ont une température de 1213 degrés? On a bien essayé de tourner la difficulté en se servant d'alcarazas, lesquels, en laissant filtrer l'eau à travers les pores de la terre, produisent une évaporation et, par suite, un abaissement de température. Dans les pays où l'air est sec et chaud, l'évaporation est active et l'abaissement de la température assez sensible; mais sous notre climat, l'atmosphère est généralement voisine de son degré de satura· tion, et l'évaporation n'est pas assez énergique pour rafraîchir la masse liquide. Peut-être n'est-il pas inutile d'indiquer, dans ce cas, un moyen de rafraîchir l'eau ou toute autre boisson? En quelques instants on peut faire descendre la température d'une ca· rafe d'eau de plus de 10 degrés, et rafraîchir,

par suite, l'eau à 10, 8, 5 degrés C, minimu qu'il est parfaitement inutile d'atteindre. Prenez un seau en tôle de forme cylindri. que, plus haut que •large, d'un diamètre suffi. sant pour pouvoir y faire pénétrer une carafe ou mieux un cruchon en verre ou une am. phore étroite. Emplissez d'eau le tiers du seau et introduisez-y la carafe renferment la boisson à refroidir. Puis versez dans l'!!lu du seau la valeur de 3 verres à boire (environ 300 grammes) de sel d'azotate d'ammoniaque, que l'on peut se procurer chez tous les marchands de produits chimiques ou pharmaciens. - Le sel se dissout et en se dissolvant détermine un abaissement de température d'autant plus énergique que l'on en a jeté une plus grande quantité dans l'eau. - L'eau du seau devient extrêmement fraîche en 3 minu· tes, et le froid se communique à •l a carafe Le sel n'est pas perdu; après l'opération il suffit de verser l'eau du seau dans des cuvettes plates comme celles dont on se sert en photographie et d'exposer au soleil. L'eau s'évapore et le sel se régénère. On peut s'en servir ainsi indéiiniment.

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Comme nous pardonnons f Voyons, bébé, dépêchons-nous! Papa ren· irera dîner et je n'aurai pas fini mon ouvrage. - Oui, maman. Et bébé continua sa prière: • .... notre pain quotidien ... - Pardonnez-nous nos offenses .... - Comme nous pardonnons .... • - Dis, maman, alors le bon Dieu, ne nou9 pardonnera jamais? - Pourquoi cela, mon chéri! - Parce que, hier au soir, quand j'étais dans mon lit, tu t'es disputée avec papa, et j'ai entendu que tu disais: • Ah! je ne lui pardonnerai jamais, à ta mère: qu'elle vienne seulement, et je la mets à •la porte! • Papa pleurait, et tu es vite venue voir si je dormais. Alors, j'ai fermé les yeux pour ne pas te faire de la peine, petite maman. • Elle rougit très fort; une violente émotion la secoua. C'était vrai, pourtant, ce que disait cet en· fant de cinq ans, devenu son accusateur. Tous les matins et tous les soirs, désormais. en faisant sa prière, elle mentirait au bon Dieu ou se condamnerait elle--même. Mais quoi? ... pardonner à sa belle--mère? après les phrases mé-

chantes qu'dies s'étaient adressées hier au soir?... Cela, jamais! Pourtant!... _ Eh bien, maman, tu ne me fais donc pas finir ma prière? _ Laisse-moi tranquille! je n'ai pas le temps maintenant...

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Toute la journée la phrase de l'enfant revenait à la mémoire de la jeune femme: • Alors le bon Dieu ne nous pardonnera jamais? • De guerre lasse, elle conclut pour se donner du temps: • C'est bon, je prierai mon mari d'aller >la trouver et lui dire que j'ai un peu dépassé la mesure, mais aussi ... • Et le balai frottait! Et le plumeau furetait dans les coins! Et toujours elle pensait: • Par· donnez-nous comme nous pardonnons.... » Alors elle s'assit sur une chaise, et réfléchit. Après tout, la brouille n'était pas si grave aue cela! Une s imple discussion sur une petite dépense de ménage: une bêtise, quoi.... Et puis, de phrase en phrase, la discussion avait dégénéré en querelle. Et voilà! Peu de chose, en somme; mais ce peu suffisait pour que ces deux cœurs qui s'aimaient jusqu'alors, fussent désormais fermés l'un à l'autre. • Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons.... • Si l'on pouvait effacer, oublier cette mauvaise querelle et vivre - si ce n'est comme autrefois - du moins avec des relations convenables!.. .. une démarche insignifiante suffirait; on guetterait le moment où grand-mère serait sur sa porte, on passerait comme par hasard, juste à ce moment, et sans faire d 'excuses, on dirait simplement qu'on regrette de s'étre laissé emporter par la colère. Mais, tout bas, au fond de sa conscience, la jeune lemme entendait une voix qui lui disait: • Est-ce pardonner, cela? Te suffirait-il que le bon Dieu te pardonnât ainsi? • Et la voix continuait: • Ce n'est pas de· • main. pas ce soir, ni même cet après-midi • qu'il faut pardonner, c'est tout de suite. L'E• vangile ne dit-il pas: • Si donc, lorsque vous • présentez votre don à l'autel, vous vous • souvenez que votre frère a quelque chose • contre vous, allez vous réconcitlier aupara• vant avec votre frère et puis vous revien• drez offrir votre don? • Un long instant suivit, pendant lequel son amour-propre lutta. Puis, soudain, elle se leva, et sans même prendre son chapeau, elle ouvrit la porte de la rue et sortit. Grand'mère était dans sa cuisine. Jus te·

ment, ce jour-là, le feu • ne voulait pas s'éclairer. • Depuis une heure, etle luttait contre la fumée. On frappa à la porte. • Entrez! • cria-t~1le, sans se déranger. Sa belle-fnle ouvrit. Elle avait les yeux pleins de larmes en disant: • Maman! pardonnez-moi! Aimons-nous comme autrefois! • Grand'mère eut un instant d'ét01mement et même de mauvaise humeur; mais quand elle vit que sa beHe--fille restait toujours sur le seuil de sa porte sans oser entrer, son aigreur disparut; elle ouvrit les bras et dit sim· plemeut: • Mon enfant! .... •

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Mid i sonne. Papa rentre de l'atelier. • Tiens, pour qui cette nappe? fait-il surpris. Tu as invité quelqu'un? - Oui, répondit la femme ; nous sommes quatre aujourd'hui. - Ah! qui donc? • A ce moment, grand'mère ouvre la porte. Elle sourit. Papa, très inquiet, jette à sa femme un regard suppliant: • Entrez, entrez, maman! on vous attend! • Et tandis que la grand'mère ôte son manteau et le pose soigneusement sur le 4it, la jeune femme prend le bébé sur ses g:enoux, lui joint ses petites mains dans les s1ennes, l'embrasse sur le front et dit: • Maintenant, mon chéri, finissons notre prière. • Avant même que sa mère le lui ait soufflé, l'enfant radieux continue: • Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés .... • Jamais repas ne fut assaisonné de meilleur appétit.. .. La charité avait été victorieuse.

L'éducation de la responsabilité Il faut donner très tôt à l'enfant la croyance très nette de sa responsabilité, vis-à-vis de lui-même. de son juge intérieur, vis-à-vis de ses éducateurs et vis-à-vis de Dieu. J'ajoute que cela est particulièrement néceseaire et facile pour un chrétien. Rappelez-vous la très belle page du P. Gratry: • Le chrétien a le sens de l'action, mais s'il agit, ce n'est pas en hâte et fiévreu·


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sement, c'est toujours sous l'empire de la vi· gilance et de la crainte, daus la pensée que l'œil de Dieu est sur lui, que la main de Dieu est près de lui et la voix que celui qui le guide est également celui qui sait tout et qu' il sera un jour son juge, il sait que celui qui l'inspire, tout en le conduisant, inscrit a u livre du jugement comment il aura répondu lui-même à ses directions divines ...• En même t~ps que cette croyance à la liberté et cette conviction de sa responsabilité, nous nous efforcerons de donner à l'enlant le plus d'occasions possible d'exercer sa liberté et de prendre des responsabilités. Il faut l'entourer d'une atmosphère de liberté, il faut qu'il se sente libre: rien ne donne la croyance au déterminisme de la vie rien ne paralyse l'initiative comme la vie co~pres­ sive tout est réglé définitivement et dans les menus détails, où tout est surveillé où on a la sensation d'être dirigé toujours' doucement, lentement et toujours poussé vers un idéal que l'on n'a même pas choisi. On dev!ent un rouage - ~ouage pariait, je le veux b1en - d'un mécamsme merveilleux ~ais on :este toujours un rouage incapabl~ d une actwn personnelle et indépendante et l'on ne peut reprendre quelque valeur 'que dans un autre mécanisme. C'est pour cette raison que notre vieille manière de comprendre l'internat n'est qu'une préface naturelle au font!ionnarisme. Mais prenons garde que liberte ne veut pas dire disparition de l'autorité du maître. Vous savez que Tolstoï Ferrer eot les anarchistes français prétendent que la liberté de l'enfant doit être absolue, qu'il faut que nous, éducateurs, respections dans l'enfant la . personnalité naissante, que nous n'attachiOns aucune importance à l'obéissance, que nous ne cherchions jamais à restreindre sa liberté, et que nous accordions toute notre attentio~ à ~ével~pper sa nature originale, son caractere smgulier. A ucune obéissance du côté de l'élève, aucune autorité du côté du maître, voilà l'idéal! J'appelle ces théoriciens-là des •saboteurs• de la liberté. Ma convictio~ est 9..ue l'enfant doit obéir - et tout de sutte - des qu'on lui donne un ordre; que l'autorité de ses éducateurs doit être. très forte ~t ind iscutée. Mais il fa ut que le pere et la mere, que le maître sans se départir, rien abandonner de leur 'autorité sur l'enfant, lui laissent le plus d'occasions possible d'exercer son initiative.

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D'ailleurs, le vrai contrepoids à l'exer de cette initiative se trouve tout naturell dans la responsabilité de l'enfant. Il faut toute inlraction à la règle soit sanctionnée moins par un reproche; il faut surtout l'enfant ait la conscience assez éclairée bien comprendre la portée de ses actes, et jugement assez net, assez sûr, assez cou geux, pour les bien juger. Je ne me dissimule pas - et il ne faut se le dissimuler - que l'éducation par la berté et la responsabilité est beaucoup difficile que le régime-caserne ou le syst prison; elle exige de l'éducateur une con te action sur chacun de ses élèves, et non p une simple direction imprimée à l'ensemb La tâche est plus rude, il est vrai; mais lieu de former des automates, on arrive à mer des personnes ayant en elles-mêmes principe et l'initiative de leurs actes, et non seulement acceptent, mais demandent responsabilités. G. BERTHIEit

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La charité = La religion a cela qui commande notre pect et notre imitation, c'est qu'elle de de l'homme autre chose que des affirmati souvent vides de sens; elle réclame de lui vie en tout conforme a ux vérités qu'il pr se publiquement de croire et dont il sait re au besoin un si grand étalage. En établissant entre l'homme et celui q n'avait appelé et considéré jusque-là que me son créateur un rapport étroit de filiati en nous apprenant à dire à Dieu • notre re •, le Christ a fait de nous tous des f auxquels il a eu d'autant plus le droit de • Aimez-vous les uns les autres •, que même a donné de cet amour fraternel le bel exemple qui se puisse imaginer, c' dire le don de sa propre vie pour le bonh de ses semblables. C'est de ce sentiment-là l'église primitive s'est inspirée en pou l'amour maternel jusqu'au sacrifice des bi temporels pour le soulagement des pau Si l'enseignement d'une telle religion avait jours été donné et suivi comme il aurait l'être, jamais il ne serait venu à l'idée de sonne de le bannir des programmes sc dans certains pays. Les services qu'il rendre sont inappréciables. Il a, en effet, pour objet et pour but de mer des hommes qui aiment, veulent et

à nous-mêmes une surprise inquiète, tant leur mutuelle douceur se complétait idéalement! Aussi, dès le premier regard, sentîmes-nous pour elles, l'ardent élan de naufragés nocturnes qui voient poindre une voile dans la pâleur de l'aube. Et nous ne fûmes pas déçus dans le secours que nous attendions d 'elles. Delp!1ine avair pu so ustra ire a ux perquisitions du greffe un petit livre d'heures. Çhaque jour, avant le moment de l'appel du condamné, !es :leux sœurs allaient vers le si haut vitrail d'où nous tombait une lumière si triste. Nous les suivions, et là nou ~ nous groupions autour d'elles, les plus valides à geAu temp& dA la Révolnti•m française noux su.r les dalles, les plus faibles assis sur les paillasses. Enlacées, blondes et blanches Dans 1es prisons comme l'espérance et la foi, elles restaient seules debout au milieu de nous, et, tenant le précieux petit livre en ses doigts fins, Solange, de cette voix profonde qui étreignai t le cœur, commençait de nous lire les prières des On nous ava it enfermés dans l'ancienne chamorts. pelle des Carmes déchaussés. L'humidité suinDans l'affreux dénuement où nous étions tait des voûtes e t des murailles nues; une lumière douteuse nous tombait de haut, par un de consolations religieuses, rien ne se trouseul vitrail étroit, poussiéreux et grillé; nous vait plus propre à nous exalter l'âme que ces dormions sur des sacs à peine gonllés de saintes oraisons. Nous y puisâmes très vite le paille. Une fois par jour, l'unique et lourde courage d'affronter nos bourreaux sans porte à guichet de la chapelle s'ouvrait, et du plus de crainte que de colère et de marcher le front haut vers l'échafaud. ~euil, Je geôlier criait le nom de l'un de nous, Cependant, lorsque la por!e s'ouvrait à un de nous - qu'on ne revoyait plus. Cet appel ne durait ql!'une minute, et cependant coups de crosse, de oo1te ou de sabot, lorsnous vivions toutes les autres heures dans qu'une voix brutale clamait le nom d'un détel'horreur de celte minute-là. Telle é1ait notre nu sous la voûte sonore, notre douce Solanmisère d'agonie quand les deux nobles sœurs, ge se taisa it forcémen t, et un désarroi dont Solange et Delphine d'Halancourt, furent je- nous n'étions pas maitres traversait notre pieux recueillement. A l'instant d'un départ tées parmi nous. sans retour, des sanglots, des paroles étoufToutes deux tendrement enlacées, toutes fées, de furtifs gestes d'adieu atténuaient subideux blondes et blanches, se ressemblant au- tement tout l'effet salutaire de nos dévotions, fant que se ressemblent deux printemps, elles et, si excusable que fut notre sourde agitaentrèrent dans _l'ombre humide de notre pri- ti on en ces affres mortelles, nous la jugeâmes son comme une double aurore . indigne de nos lectures bénies. Nous mîmes près d'une semaine à les disNoùs réunîmes spontanément ce qui restinguer l'une de l'autre. Sur le visage sympa- tait d'or, et par là nous obtînmes de notre thique de Delphine per sistait un charme d'en- geôlier une faveur très ordinaire en tout autre jouement qui se fondait plus vite en grâce mé- temps, mai s sans prix en l'abîme de· désolalancolique sur les traits de Solange. Et de cel- tion où nous étions plongés. Cel homme conle-ci également la voix grave, émue et péné. sentit à faire appeler les prisonniers dans la trante, différait sensiblement de la parole lé- salle attenant à la chapelle et servant autrefois gère et vive de sa sœur. Mais, de même qu' de sacristie. Afi n que, plus qu'aucune autre, elles aimaient à marcher et s'asseoi r unies Solange d'Halancourf demeurât étrangère à ce étroitement, les bras de l'une sous la taille de qui se passait et pût, en lisant, se livrer à sa l'autre, de même nous les confondîmes en notre céleste inspiration, nous lui fîmes tourner le prédilection; et l'instinctif émoi que leur cau- dos à la porte près de laquelle, désigné · à l'asait la moindre séparation nous causa bientôt vance, chacun de nous devait se tenir 1 tour quent le bien à l'égard de leurs semblables. Ce n'est plus un catéchisme souvent vide de sens pour beaucoup de ceux qui rapprennent, ,•est une vie réellement vécue pour tout ce qui est grand, beau, noble et élevé. A ce point de vue, nous osons nous déclarer fermement partisans de cet enseignement religieux-là et nous voulons rnéme espérer, il prévaudra et fin ira p~r être •unsidér é comme la branche ta p'us importante des programmes scolaires, parer qu'elle est la seule qui soi! véritab!em~nt capable de faire des hommes dignes de ce nom.

-----··----La dernière prière


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de rôle. Le geôlier, à voix basse, nommait par court pour venir toucher du doigt l'un le guichet Je nouveau condamné Alors la per- nous, s'arrêta derrière les deux jeunes fil! sonne de faclion s'en venait sans bruit, le plus La pauvre femme déjà levai t sa main frémi doucement possible et touchait légèrement à sante et allait la poser sur l'épaule de Sola l'épaule celui qu'on attendait. Le martyr se le- ge, quand Delphine, dans un de ces presseo Vait et, pour uc pas distraire l'attention des timents soudains dont les tendresses ext auîrcs, sans plus de bruit, et ;mssi doucement mes ont le secret, tourna à demi son beau vi. que son messager de mort, il traversait notre sage, leva ses yeux charmants et vit le doigt groupe et puis disparaissait par la porte ter- levé sur sa sœur. Aussitôt son regard, d'une nble, gardant, jusqu'à son derni er pas dans éloquence superbe, fit oomprendre à Mme de l:t . ,chapell~, de l'extase plein les yeux, de la Faucigny qu'elle ne devait pas foucher I'épau. pncre plem les lèvres. Parfois une altération le de Solange, ni troubler la lecture_ Noua tous qui regardions, nous en perdions le dans la voix de Solange, une inclination plus humble de nos têtes, indiqu~ ient seules que souHie, mais les yeux de Delphine ne ces. l'un de nous allait mourir ... Parfois même, la saient d'implorer notre silence, et nous ~ lcd nre commencée nous tcmil s i exaltés l'ex- tâmes muets. Alors, avec mille précautions, pression sublime de notre lectrice nous ravis- dans une souplesse de mouvements veloutés Delphine, délicalemeut, se désenlaça de so! sait tellement, que nous n'entendions plus que nous ue voyions plus rieu des chose~ lange. Elle retira son bras de la taille de sa sœur et, sur un signe furtif, Mme de Faucide celle terre. gny y substitua son bras. Cela se fit si molle11 faut avoir vécu toutes ces épouvantes ment et si naturellement que Solange contipour comprendre notre grandeur romanes- nua de lire d'une voix li mpide. Alors Delphi!]He. n{)lre sérénité fière eu ces séparations ne tenta de soulever sa tête; mais, ne sentant ' d'héroïque silence. p lus le poids si doux sur son épaule la lee. . ~n jour, cependant - un jour entre tous tr iee fixa vivement son r egard a lar~né sur $Ullsfre -, la sensibi lité r eprit ses droits Delphine. Nous en tressaillîmes tous. Mais la cruels sur notre cœur. sublime fille, à l'instant suprême où elle se déCe jour-là -- je m'en souviens comme tachait de cette sœur tant aimée pour mard'hier -, Mme de Faucigny tremblante at- cher à sa p!.ace au supplice, trouva la force de lui sourire d'une façon s i infiniment douteJ1dait près du guichet de l'a~cienne sacri.stie· tandi s que nous entourions notre angéliqu~ e~, confiante et paisible, que Solange, rassuSolange. Debout, auréolée de la lumière tom- ree, reporta ses regards sur Je livre d'heures, Tout ce drame d'attitude, qui nous poignait bant du haut vitrail, elle nous lisait la p~s­ sion de Notre-Seigneur selon saint Jean de d'une telle angoisse que la prière en mourait cette voix Otl v~lait toute son âme_ Delpl~: 11 e, sur nos lèvres, se passa promptement et simplement, dans un silence lragique. Mme de vaguement sounante en leur attitude aimée Faucigny acheva de faire ce qu'on exigeait soutena it de son bras gracile la laille soupl~ de S.l sœu r, et sa fine tête penchée se repo. d'elle et, désenlacée, Delphine s'écarta d'asai t sur l'épaule de Solange. Leurs boncles bord insensiblement, puis, sans se retourner, blondes s'emmêlaient. Jamais dans la blan- elle alla au guiche! de son pas vif et léger. La cheur confondue de leurs jupes, dans leur porte s'entre-bâilla sur une profondeur somressemblance ingénue de colombes. dans leur bre, la robe blanche y flotta une seconde, puis chaste expres_sion d'espérance et de foi, elles la porte, se referma, l'engoufira dans son omne. nous ava1ent paru plus touchantes, plus bre. ~mes. et plus belles, plus détachées aussi des Ce fut tout. Solange lisait toujours. mfanues de la ferre dan s le divin ravissement Quand elle en arriva aux paroles du Christ: de leur_ mutue!le prière. Un bruit presque im• ~on Dieu!... Mon Dieu!... pourquoi m'apercep~ Ible, at!Jra mon attention et je vis, pour voir abandonné! • elle eut un accent si prorecevo1r l av1s fatal. Mme de Faucir.Tny se fond qu'elle s'effraya tout à coup de cc que pencher vers le guichet ouvert. Je ;e sais disait sa voix. Frissonnante, elle tourna de pourq uo i ce fa it si coutumier prédpita étran- nouveau son regard plein d'alarme vers le '!eme.nt le~ battements de mon cœur. Mon visage posé si près du sien. Et, où elle croyait emohoo _ s accrut affreusement lorsque Mme trouver encore Delphine, elle reconnut soud~ Fauc1g~y, toute pâle et sur la pomte des dain Mme de Faucigny. La malheureuse enfant pieds, au heu de passer devant Mlles d'Halan- comprit la chose atroce. D'un seul coup sa

111 gorge se déchira de sanglots étouffés, elle se renversa toute roide sur Je bras qui la soutenait, ses yeux se fermèrent, ses .doigts s'ouvrirent de douleur comme pour la1sser tomber le li vre d'heures. Alors, pour elle, à haute voix, nous récitâmes de toute notre âme les consolantes prières que iant de fois elle avait lues p our nous. Elle se redressa, ses doigts ressaisirent le livre qui s'échappait et, s ublime à son tour, elle voulut achever les paroles du Chri st: « Père, je remels mon âme entre vos mains.... • Mais, sur les derniers mots, ses forces la trahirent: les larmes marquèrent la page qu' elle n'acheva pas ce jour-là ....

Que ferons-nous de nos filles Par Pier re ROSEGGER ') Le conseiller à la cour avait un fils et trois filles. Durant ses années d'études son fi ls lui avait coûté beaucoup d'argent et causé encore plus de contrariétés. Mais enfin il était en train de devenir un fonctiollilaire bien établi. Ses filles lui avaient coûté moins d'argent, ne lui causaient presque pas d'ennuis, mais, par contre, de graves soucis. Qu'allait-il en faire? Chacune d'elles, après avoir achevé son école normale sans quitter la maison, (car il s'a·· gi ssait d'éviter le contact avec des enfants mal élevés), avait été placée dans un institut pour jeunes filles. Mais, ces années s'étaient écoulées rapidement et, lorsque les jeunes filles furent de retour à la maison paternelle, ce n'étaient encore que des enfants, initiées bien trop tôt aux sciences profondes et aux arts d'agrément, car il était de toute évidence que les poupées, les !utilités el les bonbons avaient pour elles un atlrait très supérieur à celui que pouvaient exercer sur leur pensée la philosophie, la littérature et l'histoire de l'art. Les voi là donc à la maison, assez peu expérimentées et leur mère ne savait trop conunent les occuper. Elles ne pouvaient ni ne voulaient se charger des travaux du ménage: premièrement parce que ce domaine leur était assez étranger et deuxièmement parce que ces demoiselles estimaient ce genre d'occupation très au-dessous de leur dignité. Les filles d'un conseiller à la 1) Ces quelques pages extraites d'un oudu poète écrit spécialement pour l'Autnche, seront certainement appréciées par un public moins restreint. v~age

cour laver, cuire et faire les chambres! ""Tfows donc! il ne faut pas déroger! Tout au plus se mettaient-elles parfois à tricoter et à crocheter , non des choses utiles cela va de soi, mais toute une collec1ion d'inutilités, à commencer par des petits rideaux pour terminer par une série de minuscules tapis pour guéridons, sofas, fauteuils, miroirs, lampes, etc. Quant à confectionner une chemise ou tricoter un bas? Ah! mais non, il y a assez de femmes du peuple pour cette besogne-là_ Elles continuèrent donc à étudier les Yan· g ues étrangères: le français surtout étai! en honneur, non qu'il y eût pour ces demoiselles la moindre probabilité d'aller vivre un jour en France, mais il faut sacrifier au bon ton et aux exigences de la société. - Puis, avec ou sans talent, on fit beaucoup de musique, l'une de ces demoiselles jouait aussi de la cilhare, l'autre se mit à pein· dre et la troisième fit même des vers et écrivit un roman. Les amis de la maison admirèrent tout cela et assurèrent que les jeunes fil• les avaient du talent. Mais, hélas! les corbeilles à papier des rédactions de revues recèlent pl us d'un manuscrit écrit par des femmes qui ont du • talent ». La maman était très fière de ses filles si génialement douées et si parfaitement instruites, Je papa, lui, avait de lourds soucis. Qu' allaient devenir ses enfants? La pension qu'i\ toucha it suffisait à peine aux seules exigences de sa femme. Pourquoi ces inquiétudes non fondées, pensait la mère: nos filles sont non seulement intelligentes et instruites, mais elles sont jolies ! chose plus imporianle. Si les jeunes gens qui fréquenta ient la maison eus· sent éfé à moitié aussi épris des jeunes filles que ne l'était leur mère, tout se serait arrangé pour le mieux. Naturellement, de l'avis de chacun, ces demoi selles étaient jolies et fort aimables, mais la plupart des hommes n'ont pas le courage d'épouser une lemme très instruite lorsqu'elle n'a pas d'argent. Beaucoup de prétentions et aucune aptitude pour les cho· ses du ménage: le bilan n'est pas précisément fa it pour amorcer les jeunes prélendanls_ Les fi lles du conseiller à la cour restèrent fi lles. Aujourd'hui, ce sont des vieilles filles aigries dont l'unique objectif est de cacher le mieux poss ible la pauvreté dans laquelle elles vivent. Elles pourraient donner des leçons de fran çais, de piano, de peinture, mais le nombre trop gra nd de leurs compagnes d'infortu. ne leur fa it tort, et elles n'ont que peu d'élèves_


112 Hélas! on pourrait en dire long sur ce tris- éducation, et cela d'une façon toute milita' te chapitre; je n'ai fait qu'indiquer ce qur se Si elles n'ont pas à faire leur année de vol passe généralement et me. suis contenté de tariat dans l'armée, il faut qu'elles se pr laisser entrevoir toute la mtsère dans laquelle rent par quelques années de sévérité, de vivent aujourd'hui les jeunes filles de soi-di- flexion, d'égalité, à l'accomp!issement ?e d sant bonnes familles. Non pas que le S~ll.:: voirs plus austères. A la maison, aupres dee féminin soit dans l'impossibilité de se tirer parents, ces conditions-là ne peuvent être que d'embarras par lui-même; chez les paysans, rarement réalisées. Dans les établissements d 'éducation tels les ouvriers, dans la petite bourgeoisie, les jeunes filles et les femmes arrivent, aussi bien que je les conçois, les jeunes filles apprennent que les hommes, à faire quelq~e .chose, e~es la tenue d'une maison bourgeoise, c'est-à-dire sont même très souvent le pnnc•pal soutien la cuisine, la couture, la manière de laver, et elles sont obligées de travailler manuellement d'existence de leur famille. En ce moment-ci, celles que j'incrimine, ce et physiquement, de faire l'office de servantes. sont les classes élevées de la société qui don- Elles apprennent aussi à s'occuper des ennent à leurs filles une éducation tout à fait fants, à soigner les malades, de nuit comme de jour, et, précisément en ce qui regarde le défectueuse. soin des malades, elles se montrent très consQue ferons-nous de nos filles? cette ques· tion. anxieuse, je l'ai souvent entendue: mais ciencieuses et pleines de prévenances, ce qld celle-ci jamais? « Comment devons-nous élever prouve le fond de savoir-faire et de bonté que possèdent nos jeunes filles. A la maison, la nos filles et les préparer à la vie? • C'est absolument comme si l'on n'avait au- plupart n'auraient pas l'occasion de rendre cun soupçon de ce qui manque dans l'éduca- de tels services, précisément parce que œ tion. A part les circonstances impérieuses qui n'est pas conforme aux usages reçus. Ell~ obligent les jeunes filles à se préparer de bon- considéreraient ces travaux tout simplement ne heure à devenir institutrices, employées comme indignes de leur rang et ne pourraient postales, télégraphistes, etc., c'est-à-dire à ou· se résigner à être mises sur le même pied que blier la mission naturelle de la femme. toute. de s imples domestiques et à se soumettre pl• l'éducation devrait être orientée vers leur vo- tiemment et joyeusement à la sévère a utorité cation future d'épouse et de mère. Une jeune ' des parents. Dans une institution et au milieu fille, fût-elle même de bonne famille, doit être de compagnes traitées de la même façon et apte à diriger un ménage, et savoir non seu- soumises aux mêmes obligations, la chose leur lement donner à faire, mais fàire elle-même, semble très facile. cas échéant, soigner personnellement ses enAutant il paraît de prime-abord inouï à la .fants et être vraiment femme, mère et même fille d'un professeur ou d'un directeur de fa· servante, s'il y a lieu. Au pis-aller, ceci serait brique de devoir manier le torchon, laver le préférable encore à une occupation qui, la p lancher, autant elle le fait avec plaisir au plupart du temps, serait incompatible avec l'a- bout d'une semaine. Après une année, les jeu· mour et la famille, ces aspirations naturelles nes filles qui étaient fluettes, anémiques, ner· du cœur de la femme. veuses, rentrent corporellement développées, Si l'on élève les jeunes fi lles pour la vie pleines de vie et de santé chez leurs parents, pratique, le mànque de partis ne se fera plus auxquels elles demandent de pouvoir retoursentir comme maintenant. Car, en général, les ner encore une année dans l'établissement méjeunes gens se marient volontiers; mais ils nager. Et la troisième année, le fiancé arrive craignent la gêne dans le ménage, lor~que la sûrement. Voilà les expériences faites dans les établissements ménagers tels qu'ils sont femme n'a été élevée que pour des jouissances raffinées et non pas aussi un peu pour des compris de plus en plus en Allemagne. La maxime en vertu de laquelle Je jeune homme travaux plus humbles. En Allemagne, où l'on est généralement de doit être élevé par son père et la jeune fille quelques années en avance sur nous autres par sa mère. est très belle mais n'a jamais été Autrichiens, ce qui, du reste, est nécessaire, très vraie. On se rend compte depuis long il se fonde des établissements pour la fomla- temps que ce n'est qu'à l'étranger que le jeu tion pratique de la ménagère. Là, le princip~ ne homme peut être définitivement élevé e !ondamenlal est le suivant: Non seulement les préparé à l'existence; on commence maint garçons, mais aussi les jeunes filles doivent nant à s'a percevoir qu'il en est de même de 1 sortir de la maison paternelle en vue de leur jeune fille. Dans beaucoup de cas certain

113 ment, c'est la mère qui élève sa fille de la manière la meilleure, la plus pratique et la plus conforme à sa vocation future; cela arrive naturellement lorsque la mère est elle-même ménagère intelligente, raisonnable, pratique, en même temps que femme de cœur. Malheureusement, beaucoup de mères modernes ne sont pas à la hauteur de cette mission. Elles sont par trop disposées à fai re de leurs filles des demoiselles et y arrivent si bien que celles-ci restent • demoiselles » le reste de leurs jours. Avec l'intensité de culture qui règne à tous tes degrés de l'échelle sociale, les temps deviennent de plus en plus sérieux et difficiles. Il ne s'agit plus de jouer aux maîtres et aux domestiques, chacun doit arriver à se suffire à lui-même. Nous avons besoin, non seulement d'hommes virils, mais aussi de femmes fortes qui soient à même de se tirer d'affaire dans n'importe quelle situation. Plus lentement nous suivons en boîtillant les t races des autres peuples dans. cette école de lutte pour la vie et de travail individuel, plus grand sera notre désavantage. Nous prétendons devenir des maîtres par une éducation raffinée, et nous arrivons tout juste à être des valets. • Apprends à travailler comme si tu éta is seul au monde!» Commence ta vie sociale en servant, et tu la fini ras en comman· dant. C'est de telles maximes que s'inspirent les refuges de jeunes filles établis en Allemagne; c'est pourquoi ils cherchent à donner aux jeunes filles des classes supérieures les connaissances et capacités requises dans la vie pratique pour assurer le bonheur et le bon ordre de leur futur foyer .

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Brigue et ses environs Située à l'attitude de 684 mètres, au ver· sant nord du Simplon, entourée de luxuriantes prairies et de grandes forê:s, à la bifurcation des routes de la Furka et du Simplon, la petite ville de Brigue était réellement destinée à devenir une localité d'avenir. L'ouverture du tunnel du Simplon en 1906 la tira subitement de son obscurité en lui assignant le rôle d'une station de transit d'une notable impôrtance. La ligne du Lœtschberg et celle de D issentis dont on exécute en ce moment le tracé achèveront de lui donner le développement économique auquel sa situation géographique l'avait prédesti née, en complétant son réseau ferroviaire. L'anc ien chef-

lieu du dixain a conservé dans les vieux quartiers sa physionomie féodale représentée surtout par Je superbe château Stockalper, un des plus beaux de ce genre. Il est flanqué aux angles de massives tours carrées, coiffées de dômes de fer blanc qui lui donnent l'aspect d'un minaret d'occident. La cour intérieure est garnie de vastes galeries à arcades et ses grandes salle·s renferment des tableaux d'une inestimable valeur. Ce château fut construit au commencement du XVIme siècle par le grand bailli Gaspard de Stockalper, baron de la Tour de Duyn, chevalier du Saint-Empire et de l'Ordre de Saint-Michel en France, mol't à Brigue Je 9 avril 1691, à l'âge de 82 ans, après avoir encouru la disgrâce des patriotes. Le tombeau de ce grand seigneur se trouve au cimetière de Olis. Le nouveau Brigue s'étend du côté de la gare, ouvrant de larges artères, jetant des ponts sur le Rhône pour se relier à Naters avec lequel il ne sera bientôt plus qu'une vaste agglomération urbaine. La suppression du cul-de-sac de Brigue, par la création du tunnel du Simplon, a transformé totalement les conditions économi· que:; du Haut-Valais en le mettant en relation directe avec l'Italie. Quelques familles d'ouvriers employés à la construction de la grande voie transalpine sont restées dans le pays, et Brigue, partagé entre nos trois races et nos trois langues nationales, est en passe de devenir un petit centre cosmopolite d'un cachet peu banal. Le percement du Simplon fut une œuvre de géant. Cette lutte homérique de l'homme contre les forces coalisées de la nature dura six ans. Elle commença le ter aoû t 1898. Terrains mouvants, lacs de boue, irruptions d'eaux chaudes, exhalations méphitiques, infiltrations, tout s'était ligué pour opposer aux travailleurs d'insurmontables difficultés. La montagne, dans sa colère d'être· éventrée, se vengea it cruellement de ses assaillants. Enfin , le génie de l'homme finit par vaincre, et, le 24 février 1905, à 7 heures 20 du matin, les pionniers du nord et du sud se rencontrèrent, et purent entonner l'hymne de la victoirè. Ils en avaient bien le droit; ils avaient extrait des flancs de la montagne plus d'un million de mèf!res cubes de matériaux. ils avaient percé 350,530 trous de mine à la machine et 3.600.000 à la main , usé 25.000,000 forets , brûlé 1.342.000 kilog rammes de dynamite et capté 104,500,000 mètres cubes d'eau! Et dans cette formidable épopée, les


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vainqueurs ne perdirent que 40 hommes et n'eurent Que 139 blessés. Honneur à tous ces braves! Îioru1eur à leurs illustres chels: Brand-Branda u! Leurs noms sont inscrits en lettres d'or dans les a nnales des grandes conrué!es de l'l'Iumanité! · Traversons ce beau pont en fer qui enjambe le fleuve en-dessous de la gare, et, d'un bonrl nous sommes à N:lfers, ancien chefJir •l du dixain de Br igue, jusqu'en 1517. Son nom lui viendrait d'une légmde su ivan t laquelle un serpent fabuleux ::ppelé • Natria • , raché dans les forêts, dévora it les passants. Les 11rmoiries de Naters pclïi ent enco·re un dragon ailé. Ce village est bien lait pour donner quelC]ues cr éances à ces naïves cré:~l i ons de l'imae inalion populaire. Adossé aux hauts rochers de Gelmen qui le dominent resserré entre le Rhône et la montagne, dressant au milieu d~> ses chalets accroupis k s ïronts balafrés de ses vieux castels crou:a nts, Nater s eut longtemps l'aspect sombre c: mystérieux des rrpaires moyennageux. Un gmnd événement, dont la portée devait déployer ses effets dans l'Europe entière, s'était chargé de secouer la torpeur séculaire de l'ancien nid féodal et de le transformer du tout au tout : cet événement fut le percement du Simplon. Du jour au lendemai n, les choses changèrent de hce. L'industrie hôtelit•re avait déjà semé aux portes du village quelques beaux hôtels pour commander l'enlrée du chemin de Bel-Alp dont nous parlerons lout à l'heure. C'éla it quelques roses épanouies au milieu des chardons. Mais l'entreprise du Simplon, en un tour de main, lit le resle. Attiré par la perspective de cinq ans de lravail assuré, l'enfant des Appennins accourut à Brigue, signa son engagement, pui s cherchant un gîte, jeta son dévolu sur ce coin de terre paisible, si humble ' et si al· fra yant. En quelques semaines le vieux village disparaissait derrière le nouveau, dont les jolies maisonnettes de bois passées à l'ocre et au bleu de Marseille sortaient du sol comme des champignons après la pluie. • O ste ria con alloggio • , • Vendita vini di Tascana • , « Golgolleria italiana •, toutes ces enseignes flambantes, bordant la chaussée de Conches, montrèrent aux placides habitants de Naters que le vieux temps était passé et qu'une ère nouvelle allait commencer pour l'antique seignemie valaisanne Le « village nègre •, bariolé comme les plus beaux spécimens de l'Italie des Pouilles, n'eut pourtant

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qu 'une vogue aussi éphémère que rapide, son aîné fièrement drapé dans ses droits primogénilure, ne perdit pas un iota de inviolable hégémonie. L'ouverlure du tunn a fermé, par antithèse, les portes du • viii nègre • ; les maisons et villas de bois pein sont tou jours là, mais leurs portes e.t vole sont clos; ils se rouvriront à l'attaque de la seconde galerie. . Avant de quitler le village mélis et pénéti:er dans le pays de Conches qu'un rideau de p1erre cache encore à nos yeux, grimpons le chemin à piélons qui s'enfonce dans le coteau domine un instant Naters et le fond de ~ vallée du Rhône, et, par Gelmen et PlaUen nous conduit en quatre heures d 'agréable ex~ curs.ion, à la stalion de Bel-Aip, située à 2,127 mèlres. Il vaut la peine, certes, de faire la course, pour jouir de l'impressionnant spedacle du plus grand glacier de l'Europe: Aletsch, et de la plus belle cime des Al· pes: le Cervin. En si peu de temps, nous avons passé de la plaine à la haute monlagne, du pays des pampres et des châtaig-niers à celui des glaces et des neiges éternelles. Ces contrastes produisent sur l'esprit du touriste de profondes sensations, en lui montrant d'un côté la beauté sereine des terres cultivées et fert iles, de l'autre l'horreur des régions stériles et inhospitalières. Celles-ci n'ont en réalité qu'un charme transitoire car ce qui fait en somme l'attrait de la m~ntée c:est la perspective de la descente, et les gla~ c1e·r s ne sont beaux que parce qu'ils sont enchassés dans la verdure, comme le camée dans la griffe d'or qui l'ékeint. On va de Bel-Alp à l'Eggishorn par le passage de Rieder-Furka, en suivant la frontière des pâturages et des glaciers, course magnifique où l'on jouit à la fois du spectacle des deux natures extrêmes. · Et l'on regagne la plaine à travers les délicieux sentiers sous bois, tout aromatisés des parfums de l'alpe, sous de mystérieux ombrages, qu'animent seules la voix mélancolique du coucou et la fraîche mélopée des bisses Solandicu.

(Elcl rait du • Valais pittoresque • Martinet, édit., Lausanne.) ' ------~~~~.-.---------

Isabelle de Savièze Isabelle de Savièze était une reine qui n'a jamais eu de royaume. Elle était belle de nais·

sance, malig~e de race. Lorsque vous êtes au bal, vous adjugez le nom de reine à la plus belle danseuse. Isabelle de Savièze était reine l ce titre et dans la commune, personne ne le Jui contestait. Les jeunes filles de Savièze ont Ja réputation de compter panni les plus belles d'entre les belles paysannes en Valais· ce n'est pas peu dire. Exubérantes de santé, ieur teint est d'un rose fleur des alpes, bruni par l'air sauvaze de la montagne. Sortant peu, la Savièzanne ne manque pas de l'esprit d'observation, aucun détail ne lui échappe; de là vient la malice de sa race. C'est encore à l'esprit d'observation que la Savièzalll1e doit son joli costume des grands jours. La note dominante de ce coslurne est la cravate en forme de trèfle. Un trèfle en étoffe, un trèfle humble, mais caractéristique. Vous le trouvez comme décorum du col, sous forme de nœud du ruban de la ceinture; il va même s'égarer, non sans esprit, sur les souliers plats. La coiffe est surmontée de soie noire, le costume est de même noir, mais les manches sont blanches. Un tablier à dessin et en couleur, toujours de bon goût, donne du relief au costume. Isabelle de Savièze, dont j'esaierai de vous décrire la beauté, avait une volonté de fer. Malgré ses vingt-deux ans, aucun jeune homme de la commune n'était arrivé à obtenir sa main, car Isabelle avait déclaré vouloir épou· se·r un jeune homme qui ne serait pas de Savièze. Les jeunes gens de Savièze, jaloux, s'étaient jurés de faire le possible et l'impossible pour empêcher la réalisation de cc projet. Décision fut prise d'administrer la bastonnade au prétenda nt du dehors.. Tous les dimanches vous pouviez voir Isa· belle à l'église de St-Germain. On la trouvait admirable à toutes les saisons, cette charmante Isabelle. Elancée, au profil grec, des mouvements d'une gracieuseté naïve, regardant tout le monde en face, même ceux avec lesquels elle avait refusé de convoler en justes noces, Isabelle était la reine de Savièze. Son regard inspirait la confiance et la douceur. Un beau dimanche, c'était celui de la Pentecôte, Isabelle vient à l'of!ice à St-Germain en compagnie d'un jeune paysan étranger à la commune. Au sortir de la messe nos deux jeunes gens s'empressent de se diriger du côté de Rouma, sans jeter un regard sur les passants. • C'est le fiancé! •, ces trois mols font boule de nei2'e.

Le dimanche après la Pentecôte, Isabelle vient seule à la messe. Les yeux baissés elle ne regarde personne. Pendant le prône elle r êve. Le regard fixé sur un vitrai l blanc, il lui semble étrange que les vitraux de l'église de St-Germain aient seulement un petit entrefilet jaune. Isabelle voudrait y voir des saints. Cette idée la hante, l'endort, et voici son rêve: Une sainte se présente, blonde, à la physionomie angélique. Isabelle lui voit un rameau d'olivier dans la main droite; la main gauche repose sur la poitrine. Un manteau rose couvre en par·t ie sa robe d'un vert d'émernude. La physionomie de la sainte est angélique, ~a chevelure blonde. Des paroles parv iennenf aux oreilles de la jeune fille: « Isabelle, je suis Ste Catherine d'Alexandrie, patronne des jeunes filles. Prie, sois fidèle, inébranlable dans tes résolutions et tu réussiras. • Amen! dit vigoureusement monsieur le curé terminant le sem1on et Isabelle smi de son rêve.

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Une semaine ne s'était pas écoulée que l'on vit arriver une jolie jeune fille chez Isabelle. C'étaient des promenades continuelles. Isabelle était rayonnanle. Tout le monde avait plaisir à voir ces deux amies, et les jeunes gens saluaient de leur mieux en piquant des soleils d'amoureux. L'amie venait très souvent. Ainsi se passèrent quelques mois.

xxx Une surprise était réservée aux par01sstens pour le premier dimanche de septembre. Ce jour-là, monsieur le curé annonça, du haut de la chaire, le prochain mariage d'Isabelle avec..... un jeune homme inconnu à Savièze. L'amie d'lsabeUe était présente à cette solennelle proclamation. Les commères s'empressèrent de chuchotter : quelle fi g-ure peut bien avoir l'élu? Les jeunes gens de penser. n'y aurait-il pas moyen d'empêcher ce mariage? La veille de la noce, la curiosité est à son paroxisme. On voit arriver une petite voiture tirée par un mulet blanc, surchargée d'une pyramide de paquets sur lesquels trône l'amie d'Isabelle, le sourire aux lèvres. Enfin voici le grand jour; les cloches sonnent à toutes volées. Les jeunes filles se sont parées de leurs plus beaux atours, l'église es.f décorée de sapins et de magnifiques guirlandes. Toute la conunune est à l'église. Les orgues retentissent majestueuesment. Les jeunes fiancés entrent et le public de constater que la grande amie d'l-


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s_abelle, arrivée la veille, est substituée par le f•.ancé. ~ sont les mêmes traits, la même physwnOJme. Ainsi se maria Isabelle de Savièze maligne de race. MARC. ·--·-·- --.-.. .............. -- ~

Variétés --------

LA JEUNE PAYSANNE ET LES AEROPLANES. C'était l'autre jour, par un temps superbe, entre Sion e! Savièze. Chemin faisant, je rencontre une Jeune, belle et grande paysanne. Quelques pas et la conversation s'engage. Les réponses de la jeune fille sont brèves et dénotent une intelligence dégourdie. Je lui vois non seulement la fraîcheur de la jeunesse, mais encore des traits fins, un front large et haut. Félicitée sur ses vingt printemps, elle réplique: Monsieur n'est pas sorcier, car je compte quelque-s printemps de plus. Peu importe, lui dis-je, je vous donne vingt printemps. Elle esqu isse un sourire de reconnaissance. Un grand nuage passe dans le ciel. Voyez donc. Mademoiselle, un aéroplane. Monsieur a beaucoup d'imagination, c'est un simple nuage. Permettez, Mademoiselle. je désirerais causer d'aéroplane. Vous avez certainement lu dans les journaux, les grands progrès réalisés ces derniers temps dans le domaine de l'aviation. On vole dans les airs avec des aéroplanes. Un siège. muni de deux :1iles. entièrement artificielles. dirigées par un équilibriste, voilà en deux mots le système. Je crois savoir, insinue la jeune fille, que les officiers français se sont distingués dernièrement en allant chicaner les Allemands dans les airs. Le succès de M. Armand Dufaux, à Genève, m'est connu; cet aviateur a plané au-dessus du lac Léman, dans toute sa longueur. C'est très bien. Dans notre petite Suisse, nous aurons sous peu une marine dans les airs. Ne trouvez-vous pas, Monsieur, que les Genevois onl fait d'énormes progrès? En 1896, mon frère aîné était à l'Exposition de Genève. Un ballon attaché à une corde y faisait fureur. Les Genevois craignaient de s'envoler. Le bel exemple des Français leur a donné des ailes. Je pense que les aéroplanes valaisans ne tarderont pas à faire leur apparition. Qu'en pensez-vous, Monsieur? ParfaitemenJ, Mademoiselle, d'ici une quinzaine

Juillet 19to

à l'ÉCOLE PRIMAIRE, SION d'années, chaque grand propriétaire aura aéroplane. Il s'agira d'être toujours à au travail, car soudain, un nuage mécanique l'aéroplane du propriétaire - descendra cieux et le maître contrôlera la présence vignerons. MARC. L'EGLISE BATIE PAR LES FEMMES Un chantier, la nuit, à Jersey-City, dans les feux blancs de l'électricité. Des murs qui s'élèvent, des moellons, des fermes d'acier, de. rivets, de la chaux, du mortier. Sur ce chantier, vêtues de noir, une équipe de dix-huit l vingt femmes. A leur élégance correcte, à la fines.se de leurs mains, on reconnaît qu'elles ne font pas leur métier de gâcher le mortier et de tailler la pierre. On ne les voit pas cracher dans leurs paumes, ni se laire monter un litre dans un panier. Elles manœuvrent avec sûreté, précision et au besoin avec énergie. Une femme petite, vive, à cheveux gris, les commande. Elle se nomme, miss Sarah Earle. Elle a fondé la « Womens apostolic new Church • et le monument que ces femmes élèvent en est le premier temple. Elles ont voulu honorer le Seigneur par les seules forces féminines. Une [emme architecte a dessiné les plans; des employées, des dactylographes viennent après leur travail prendre la truelle et l'équerre. C'est d'ailleurs un excellent exercice. Une ioule considérable et maintenue par la police considère ce pieux travail. NUL NE SAIT LE JOUR NI L'HEURE Il était d'usage autrefois d'inscrire une devise sur les cadrans solaires. La devise était généralement gaie. Pas toujours cependant. Il en fut de graves, qui invitaient le passant à méditer. Dans la charmante petite vallée de Thônes, en Savoie, on vient de restaurer, en face de l'église, un cadran solaire de 1690 sur lequel se lisent ces mots: Tu vois l'heure, T u ne sçais l'heure. Un a utre cadran solaire d'une \•ieille lenne àes environs de Paris récenunent détru ite portait cet avis plus tragique encore: • Il est p!us tard que tu ne crois • .

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• On plaisante: - - Savez-vous quelles sont les troi s lettres les plus légères de l'alphabet? - Ma foi non. - Eh bien, ce sont les lettres A. R. et O. - ???? - Evidemment, • A R. O. planent •·

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Foyer et les Champs 000000

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Histoire:, Nouvelles, Mœurs, Scie:nce:s, Inventions, Découvertes, Voyages, Éducation, Politesse, Économie domestique:, Hygiène:, Médecine, Cuisine, Recettes, Procédés, Travaux féminins, Variétés, etc.

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RÉDACTION: · M. J ..ff. DING, Estavayer-le-Lac

Publications 1 ecommandéos:

.,La Sillon Romand" - ., La Revue Populaire"'

bES e HEV~UX


LE FOYER E1' LES CHAMPS

La Cassette Merveilleuse

qu'elle contenait: un morceau de papier ayec les paroles: Si tu veux que chez toi tout aille selon tes vœnx ; Vois toute chose par tes propres yeux!

Une lllère de faLHille ép rouvait journell ement toutes sortes de pertes dan s ROn ménage, et son bien diminuait cha- -:x<:- quo année. E lle prit a lors le parti de C'Onsu lter un solitaire q ui demeurait La Tabatière d'Or !lans une forêt et de lui exposer le mauvais état de ses affaires en (lisant: Mon Un Colonel prussien montra à queltnénage ne va pas bien, ne pourriezmu s 1n'inclil[UPI' quelque moyen de re- ques officiers qui dînaient chez lui, une tabatière d'or qu'il venaient d'acheter. lllciclil'r nu llt êll? Quelques moments après, voulant prenLf' Sl•lilai re qu i était un vieillard J 'une humour joviale, la pria d'at- 1 dre une .Prise, il chercha dans ses potendre quelques instants; puis il ap- ches et fut fort étonné de ne plus la porta une petite cassette bien fermée. tro uver. - Messieurs, dit-il, veuillez 11 faut dit-il, que pend ant une ann ée <"Lvoir lB, complaisance de voir si quelqu'un de vous, par distraction, ne l'a vous portiez celte cassette à la cuisine, pas mise dans sa poche. ù la cave et dans les écuries; trois fois Tous sc levèrent a ussi tôt et retourla nui t. F aites la même chose dans les nèrent leurs poches sans que la tabar.oi ns et recoins de votre maison et je lièrc repartit. Un enseigne, dont l'emvous promets que vos affaires i ront iJa.L'l'US était visible, resta seul a ssis P.l tnieu x. Au bout J e l'année n'oubliez refusa de retourner ses pochespas de me Tapporter la cassette. • J 'affirme sur ma parole d'honn cut· La honnc femme qui comptai t. beau-- que je n'ai point la tabatière, dit-il, C'Oll p s ur l'efficacité de ce meuble mys- cela doit suffire.• - Les officiers se sétérieu x ne manqua pas de faire comme parèrent en branlant la tête et chacun le solitaire lui avait prescrit. Le len- le regarda C'Olll lll(' le vo ll~U r. d(•nw in , étant descendue à la cave, elle Le lendemai n matin, le Colond y surprit lE> valet au moment ou il dél'ayant fait appeler lui ùit. • La tabal'(lbait un e Cl'\lche de bière. I ..orsqu'à tière s'est retrouvée, elle était tombée 11 11e heure de la nuit déjù avancée elle dans la doublure de mon habit. Dite!! nlln visiter la cuisine, ellt~ y trou va les moi ma intenant pour quel motif vous ~e t·vantes qui faisait bonne chère. ' avez refusé, hier au soi r, de r etourner Dans les écuries ell e vit le bétai 1 vos poches, tandis que tous les auh·es w escrue entet ré dans son fumier, et n 'ont pas hésité do le faire? tnal nouni. C'est ainsi que journelle«Monsieur le Colonel, r épondil l'enllll'tlt elle eut ù. corriger de n ouveaux seigne, c'est une chose q!lC je n'avouerai 1 qu'à. vous seul. Mes parents étan t fon a.Uus. Quand l'année fut écoulée, ell e re- , pauvres, jo leur donne la moitié de matour na dH·~ le solitaire avec la cassettP so1de et jamais je ne mange quelque chose de chaud à dîner. Lorsque vous « J.aisscz-la moi enc:1re une année, lui di t-elle; car elle renferme un remède me fî tes hier l'honneur de m'inviter excellen t.» · 11 j'avais déjà mon dîner dans ma poche. L'ermite se prit à rire ct lui dit: Pour Jugez de ma confusion si, en la 1·etourla cassette, je ne puis Yous la laisser, nant, j'en avais fait tomber une sau· 111ais vous aurez le remede qui s'y trou- cisse et un morceau de pain bis •? «Vous êtes un excellent fils, dit le ve renfermé. Colonel, touchr de cet aveu. Il ouvrit la cassette et en sortit ce

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Afin que vous pmsswz plus facilement soutenir vos parents, votre couvert sera mis tous les jours chez moi. » Là-dessus, il le conduisit dans la salle à manger, et devant tous les officiers il lui présenta la tabatière comme une marque de son estime »

L'inconstance de la fortune Annu, sultan de Gaz-i.1a fut vaincu et fait prisonnier dans ~me bataille contre Ismaël Samain, sultan do Carisme. Le vainqueur le fit conduire dans un château ou on le gardait soigneusement. Annu n'avait rion mangé de toute la journée ct était épuisé de fat igue. Il pria la. sentinelle de lui donner quelque chose a manger. et on lui apporta un morcea u de vi.ande crue. Le pauvre captif all ait la cui re à un feu qu'on venait d'ali umer pour le r échauffer un peu; car la soirée était fr·aîche. A peine la viande était sur le feu qu'un chien qui s'en était approché furtivement l'enleva et s'enfuit. Le sultan, ne pensant pas à ses fers voulut poursuivre le voleur pour lui ~rracher sa proie. Mais hélas ! ses chaînes l'en empéchèrent, il se mit à rire de hon cœur. Ses gardiens eurent pitié de sou malheureux sort et lui procurèrent un aut re morceau de viande en lui témoignant leur étonnement de le voir rire de sa triste position.•. J e riais des grandeurs t€'rrestres, répliqua le prince. Ce matin en rangeant mon armée en bataille j'aperçus parmi les bagages trois cent~ chameaux que mon intendant des cuisines me dit pouvoir à peine suffire à transporter mes Yivrcs, et voilà qu'un p€>tit chien les emporte dans sa gueule .

Les mauvaises langues Le premier défau t des mauvaises langues est de parler trop. I. .es hommes

en accusent les femmes. Un vieux p roverbe prétend que pour confectionner un hon soulier, il faut en faire' l'empeigne avec un gosier d'ivrogne. parce qu'un gosier d'ivrogne ne prend pas l'eau; qu'il faut le coudre avec la rancune de juif, parce que la rancune cle juif ne cède pas : et qu'i 1 fant en faire la semell e av0c une langue de femme, parce qu'une lang ue dC' femme ne s'use pas. Tout cela est juste, <t condition d'ajo~ter .avec I..a Fontaine que, sur ce pmnt, 11 y a hon nombre d'hommes qui s~nt femmes. Ce qui est certain, · c'est que les sages, à quelqu e sexe qu'ils appartiennent, parlent peu . On ne pPut guère multiplier les paroles sans multiplier les péchés, ('1 c'est pourquoi c'est faire acte de prudence que de modérer sa langue. • Parler et offenser, pour de certaines gcnR c'est précisément la même ch ose • dit La Bruyère. ' Les mauvaises langues comméncenl p~r- la moquerie: c'pst la façon la plus a1see, la ~l u s vulgaire aussi, de faire d~ l 'e~prlt . . . Cette médisance pour nre ghsse facilement à la médisanc€' pour tout de hon. Les critiques qui ne portaient d'abord qu e sur les défauts physiques s'étendent à des traver s moraux· de caractère ou de conduite. E nfi n, de la médisance on tombe ù la calomnie, inconsciemment parfois. parce que, n'ayant plus rien à d ir·e on veut coûte quo coûte, trouver en ~ core qu elque chose pour maintenir sa réputation de personne hiPn informr<•. I.e fléau de tons les flues Et s urtout des enfants e n vacances: L es mauvais camarades, Les mauvaises compagnies

Parents sérien x Sachez toujoul'S trois choses fi e vos enfants: 011 ils sont Avec qui ils sont Ce qu'ils tont!


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CURIOSITÉS

CURIOSITÉ S

L'oiseau-tromp ·tte

avec une trompette. Il approche et sp laisse prendre à la main. Au bout de quelques jours, quand il est bien trait~. il ne songe plus ù recouvrer sa libert~. On parvient même à le dresser. Il s'a(·· quitlr Lrès bien, dit-on, de la surveillance d'une basse-cour. El lorsqu~ quelque animil l, ch at, chien, ou renard ma l intentionne' tente de voler unp poule. l'agami , très fo rt et très courageu x, Je repousse souYenl très victoJ·irn8c>rnen t it vil!ou reu x coups dP hec.

, car l'amateur risque fort, qu'il agisse de meubles ou de tableaux, Un des oiseaux dont le cri est tout à 'acquérir le plus souvent, une comfa it s ingulier, c'est l'agami. JJe son qu'il e de style ou une toile de maître proclui t semble venir de l' intérieur de briquées dans les ateliers modernes. son corps et percer au travers de sa faut a.jouter que meu bles et tableaux peau. C'est pourquoi un grand nombre t préalablement patin és et maquilùe voyageurs ont c'crit que 1'agami était avec une habileté qui tou che à l'art. vr n triloq ue. Hien n'échappe au truquage et parLa fausseté de cette affirmation a été et toujours il faut s'en méfier; la r6cemment clérnontrée. L'agami ne re tiare de Saïtapharnès dont fu• parle pas avec Je ven tre» Mais sa t victimes nos pl us autorisés experts voix sonore et métallique, comme cui:3SC est un exemple encore présent à la vrée, et qui s'entend à près d'un kilore. mètre, l'a fait surnommer l'oiseauUn poisson sur un arbre ll n'est pas jusqu'au x médailles ou trompette. aies que l'on vend aux touristes, Cet animal, du genre des gallinacés, Sur un arhre? Pourquoi pas dan r l'emplacement où on les découvrit tl eu x fois plus gros qu'une pou le, mé- mw cage, comme le lc'gen dair0 baren · ne soient elles-mêmes des faux! Il rite d'ailleurs à plusieurs titres de red'Alphonse Allais. Tl y a cu peu stP aux environs de Rome deux fertenir notre attention. des poissons dans des arbres, pend où se fait en grand la fabrication On peut di re qu'il est, de tous les oi- l0s dernières inon dations, mais ils ~vieill es médailles. sPaux, celui qu'on apprivoise le mieux. taien t dans l'eau cl non en ple in ai r. Singu lière production agricole, diraAussi il n'est pas rare d'assister, dans Cependan t certains poissons, tels que . tes gens qui se livrent à cette inl'Am<'rique méridion ale où abondent le périophtalme, ont la mauvaise habi- st.rie bizarre font avaler par des dinles a gamis, à ce curie ux spectacle: vous lude de grimper dans les arbres de ri- s clos monnaies ou de~ médailles rencontrez des personnes qui sont. vagc ou dt> s'avancer sur terre à la rP·•~r•o~'fl'"~~ frappées à l'effigie de Tibère pendant leur promenade, suivies d'un cherchP cl'ins<.>ctes dont ils sont frianrls: a ou autres Césars. agami- absolument comme vous vous Ces poü:sons singulirrR, a ussi aptes à r\près avoir conservé pen dant qu elfai!Ps suivre d'un chien favori. Cet oi- nager qu'ù ramper, viYent danR l'a rch le temps dans leur corps les petits isques de métal, les dindons les sra u est très leste à la course. I l vole p('l rlr la Malaisie (Océanie). rarement. Son plumage est d'un beau couverts d'une remarquable --·~-.-noir et, sm· la poitrine, ses plumes d'un e! Si cette patine n'était que le rérclat métallique, ont des reflets bleus. Dind.ons numismates tai du voyage gastro-intestinal, il severts et violets. ais6 rl'y suppléer en traitant par Il cleviPnt. aujourd'lnli très riRqué rlAIIIIvom les monnaies à vieillir par Lorsq u'il vit à J'état sauvage, on lP chloridrique dil ué. Mais l'accapture aisément, en imitant son cri vouloil' collectionner des objets d

tion des petites pierr es contenues dans le gésier des dindon s, en effaçant à demi el en estompant lPs traits trop durs de l'empreinte, vient à l'aide à l'action pur ement chimique du suc gastrique. Il est fort à craindre que certaines pièces de n os collections n'aient été obtr oues par cc cur ieu x procédé. ~

Une feuille qui a des pattes P armi les insectes les plus curieux, on cite la Phyllie de Madagascar, orthoptère de quelqu es centimètres de long, qui ressemble absolument à un e feuille sèche en promenade. Elle monte le long des troncs et des branches, cherchant d'autres insectes, cette espèce est si vorace que souvent et faute de mieux les phyllies se dévorent entre elles. La nature semble avoir voulu protéger cel'taim•s espèces en leur donnant la couleur du milieu où elles vivent: telle la grenouille, verte comme les rives cles mares, le hér isson couleur de terre, le lézard, gris de muraille, etc.

N'oublions p as q u e: Le travail du dimanche n'a jamais enrichi personne. On paie cher dans la vieillesse les fredaines de la jeunessP, Plus on fait le brave contre Dieu durant la \'ie, plus on tr·emble aux approches de la mort.


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Variétés Pas de chaussettes

Cuisine lih~lade

de Ct>rvdl es &!liiRitO('S

avec du lait jusqu'à moitié haute ur. Mettez beaucoup de sucre, laissez cu ire à petit feu et senez. Il faut tenir la sauce très courte. Ce plat est excellent.

En 1767, Louis XV avait rassemblé Pou r six personnes, peut se préparer à Compiègne un camp de 10,000 hom35 minutes. Ca&ssemuseaox mes pour y faire exécuter les grandes Enlevez la pellicule d'une cervelle de Dans une grande terrine, mettez gros manœuvres. M. de Ségur rapporte hien dégorgée; cuisez la dans un colil.me un oeuf de beurre bien frais, ou dans ses Mémoi res un mot échappé à rt bouillon composé de 6 décilitres ' encore cinq cuillerées de bonne crême; un grenadier pendant le dîn er du roi une pincP.e de sel, 2 cuillerées de ' ajoutez une demi-livre de fromage à uquel il assistait , mot dont il fut viq uPlques fines l'onclelles de blanc un peu ferme, six œufs, dont 2 vement frappé. La · table était servie et d'oignon et un petit bouquet entjers. Mettez quatre blancs de côté, so us une immense tente; elle était Préparez trois oeufs durs que pour les battre Pn n eige. à près de deux cents cou verts. Des gre- iles huissons, des fossés. Ses tiges s l'calerez et tiendrez au chaud Avec la main, pétrisRei et mélangez nadiers portaient les plats. L'odeur ' sées, presque simples, articu lées, s un peu d'eau chaude salée. Taillez ajoutez lentemen t une livre et demie de que répandaient ces soldats, dans un 1 cuses, porten t des feuilles ~,..,,.., ~,•._. Julienne 2 coems de laitues bien e, de m anière il avoir un e pâte léfarin lieu étroit ct échauffé, blessa la délica- 1 sessiles, ovales aiguës, marquée de ; égouttez la cervelle et découpez gère, mais, cependant, assez ferme pour tesse des organes du prince. • Ces bra- 1 nervures lon gitu din ales. Les fleurs en tra nches très minces; partagez les tenir sur une plaque. Ajoutez à la pâte Yes gens, elit-il un peu trop h aut, sen- posées en panicules terminales, fs chacun en 6 quartiers. P resque les bl a nc~> hu.ttus en n eige. tent diablement le ch a usson. - C'est, 1 g·randes, rosées, à corolle moment de s01·vir, mettez dans un P renez ensuite une douzaine de répondit brusquement un grenadier, cinq pétales longuement on gu adicr la Julienne de laitu e; su r celle feui lles de vigne, que vous lavez et parce que nous n 'en avons pas.• Un 1 fruit est une capsule à une seule rangez en couronne les tranch es de f'ssuyez: s ur chacune d'elles mettez profond silence suivit cette réponse. renferment plusie urs graines. velle qui doivent être encore tièdes; un e bonne cu illerûe de pâte et placez Toutes les parties de la sapon rez avec les quartiers d 'œufs. Enau four. on t une saveur légèrement 7. à part clans un bol, l'assaisonneSurveillez bien la cuisson et servez Curi ~ ux phéno nène en Espagne m ucilagineuse et comuniquent à l nt s uiva nt : 6 cuillerées de vinaigre; ces délicieux gâteaux pendan t qu'ils par le moyen de la ch aleur, l' forte cuillerée de cerfeuil et estrasont en core ch auds. Rusfiquelte. fTn q;rieux phénomène sismique ce mousseuse de l'eau de savon (de hftchf:l~; sC'I et poiv I'C; G gou ttes d 'As'est produit à. Cantillana, au lieu elit le non de saponaire) . J'()tits t•lat.-. et f••i;tudis.-s, pain tic ne Maggi. Louis Tro11get ('lJOll fi('Or. Mesa Redonda, dans la province de IJa. saponair e peut être emp Foie• cl.- "t-n u à la. wa.ilre d'hôtC>l Séville, en Espagne. Mercredi , dans un comme un agent exci tant tonique Epluchez, lavez les ch oux-fleurs, rayon de 500 mètres, des pierres ont voquant les sécrétions et stimulant Coupez le foie en tranch es comme des que vous faites cuire à l 'eau salée: été arrachées elu sol et projetées en organes. , mettez-le à la poêle, laisse7.-le puis, retirez et égou ttez. l'ait• en mrme temps que des br uits On l'emploie à la dose de 15 à 30 nir pendant cin q min utes clC' chaTrew pez la mü~ dC' pain dans elu lai! souterr-ains se faisaient entendre. On de tiges avec les feuilles en dc,co<~tll~ue côté. D1·essez les tranch es ll P foie l't mélangez aYec les choux-fle urs, ain croit être en présence d'un cratère en dans un litre d'eau. si quC' trois 0u q u<'ltre jaunes d'oeuf:-;. un pla.t; posez dessus des boulettes formation. Il existe cl'ailleu rs à cet en beurre frais m anié de persil, de ci- Ba ttez les bla n cs en neige ct ajou te;.-. E lle est prescrite contre la jaun droit t.l.es vestiges d 'un ancien volc.an. les vers, l'hy1>térie, l'épilepsie, etc. , elu sel et du poivre, ou eJi core des au !llélun ge, que vous versez dans urr Ses substituts sont: la sa ettes de beurre d'anchois. ArJ;osez lllOule beurré. - --:5!:. la pensée sau vage, le roseau à le jus d'un citron ou un fi let de Failes c ui re au hain -marie et Sf'rI. 1-':S SIIfl PLES yez avec une s au ce tomutc ou ayec urw ta racine de la saponaire est Lrurs Ve1·tu.~ sauce blanche. ployée en décoction comme su do CarotteH à la poulette et dépuratiYe, dans les maladies La saponaire --*-PJ"enez de petites catottes, que vous née et la goutte. et coupez en rondelles, si elles La sapon aire est un e plante de la faConfitures & Conserves --*-trop grosses. mille cles caryophyllacées, tribu des Dans un e casserole, mettez un bon Lychnées dont le type: la saponaire P~NSÉ~ {'onfUorc de cerises u de beurre, ajoutez les carottes, officinale on savonaire, savonière, her11 raul pEnser, parler, agi r en ch rétie n, es; saupou drez d'un peu de fa- ' Les cerises qui donnent les meillelr be ù fo11lon, C'st plante vivace qui croît seulement dans notre vie privée, mais salez, poivt·ez légèrement, mouil- res confitnres sont les griottes, mais il dans les champs, au bord des h aies, dans notre vie civile. avec de l'eau ou préférablement est nécessaire d'y ajouter . du jus. de

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à l'ÉCOLE PRIMAIRE, SION

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Août 1910

LE groseilles, sinon elles resteraient liquides, prendraient une couleur brune ct cristalliseraie.nt à la surface quand elles seraient mises en pots. On enlève d'abord les queues et les noyaux. On pèse ensuite les fruits, on les met dans une bassine et on y verse le i1me de leur poids de jus de gro seilles rouges, mélangé, si on le désire, l'un peu de jus de framboise. On met la bassine sur ](l fourneau et on fait bouillir' à feu vif en ayant soin de remuer et d'écumer. Après une demi h(lure de cuisson, on y ajoute du sucre blanc, dans la proportion de 700 gr. environ par kg. de jus q Lt'on a mis dans la bassine. On con t.inue ensuite l'ébullition pendant une demi heure, puis on retire la bassine de feu et on verse le contenu dans des pots. Compote •e cerises

che pour v verser du sune dans un peu d'eau, 100 gra~nwes Ructe environ pour un litre de ft On rebouche et on laisse enco1·e ser pendant cinq à six semaines. Liqueur

d:~

dame

Cueillez, après le lever du soleil fleurs de tilleul bien épanouies; . ' les sans les tasser, dans une grès que vous remplissez d'alcool. chez la cruche hermétiquement et sez-la au soleil. Au hout de huit j àécantez l'alcool en le versant sut passoire très fine, en exprimant n.>ment les fleu r~> et ajoutez partie moins égale d '(la.u dans laquelle aurez fait dissoudre 180 grammes sucre par litre d'ell.u employée.

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M. J.-H. DING, Estavayer-le·Lac

.,le Sillon Romand" · • La Revue Populaire "

Pour empêcht~r les boiHsons :le •'a.i .....c.l eu été

Une pincée de bicarbonate de so Pour 1 kg. de cerises, il faut environ · mélangé au lait e t à la bière, les 250 gr. de sucr(l. / pêche de tourner à l 'aigre ou los On fait fondre le sucre dans deux l ri ge, s'ils sont déjà aigres; de décilitres •l'eau. Dès que le sirop ainsi une pincée de bicarbonate de soude obtenu commence à bouillir on y met poudre empêche le bouillon et les 1 les cerises auxqu(llles on a coupé la mes de s'aigrir, pendant les fortes moitié de la queue; on les laisse bouil- leurs. Les sels de soude, acétalet.s et lie quelques instants puis on les retire tatcs, pl'oduits par cette addition , pour les ver ser dans un compotier . sont aucunement nuisibles à. la On fait rédui r e )(l sirop et lorsqu'il est refroidi, on le verse sur les fruits. On peut aromatiser avec un peu de jus La Ménagère d.e framboise ou d'écorce de citron. Cerises à l'eau de vie

Dans ln cuisine où monte une senteur de th La fl'mme du faucheur, allentive et p Geinte d'un tablier de toile bise. app rête Su1: le dressoir massif la soupe du malin.

On choisit de bell es cerises peu mCtres, on les essuie, on leur coupe la moi- Pour l'assaisonner mieux, ayant dans le ja Cueilli choux e t poireaux, raves et tié de la queue et ont les met dans un Elle taille le pain par tranches sur 1 bocal. On rêve, en la voyant, au tableau de Quand le bocal e~;t rempli, on ajoute ' Son hom me, q ui dès l'aube a fauché parla un petit nouet, en toile fine, dans le- Va venir, le front moite et la gorge al quel on enferme un peu de canelle, de Dans l'obscure fralch eur s'attabler au <'Oriande et d'anis étoilé. On verse l 'eau La patee et les yetix bleus de la ménagère de vie sur les fruits de manière qu'ils Accorte, lui rendront, jusqu'à la tin du our, baignent complètement et l'on bouche Le soleil moins luisant et la faux plus lr. bocal. Au bout d'un mois on le dfibouAndnJ Thew·iet.

A l'Abre uvage.


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Spectacle général de l'Univers Il E>st u n Dieu; les herbes de la vallée et les cèdres de la montagne le bénissent, l'insecte bourdonne si:'S loua ngC's, l'éléphant le salue au lever du jour, l'oiseau Jo chante dans le feuillage, la foudre fait éclater sa puissance ct l'Océan déclare son immensité. L'llomme seul a dit: cil n'y a point de DiPU.» l1 n'a donc jamais, celui-là, dans ses iufortu nes, levé les yeux vers le ciel, ou, dans son bonheu1·, abaissé ses regants vers la terre? La nature est-elle si loin de lui qu'il ne l'ait pu contempler, ou la croit-il le simple résultat du hasard? Mais quel hasard a pu contrai nd re une matière désordonnée et rebelle à. s'arranger dans un ordre si parfait? On pou rrait dire quo 1'h omme est la pensr5e manifestée ·ctc Dieu, et que l'univers est son imagination r endue sensi ble. Ceux qui ont admis la beauté de la nature comme preuve d'une intelligC'nce supérieure auraient ùû faire remarquer u ne chose qui agrandit prodigieusement la sphère des merveillrs: c'Pst le rnouvcmeut ct le repoS, les lénèbres et la lumière, les saisons, la 111archC' llc.s astres, qui varient les décorations du rnondr. Ils ne sont pourtant successifs qu'en apparence, · et sont permanents en réalité. La scène qui s'efface pour nous sc colore pour un autre peuple; ce n 'est pas le spectaclP, c'est le spectateur qui change. Ainsi Dieu a su réunir clans son ouvrage la durée absolue et la, durée progl'essivc: la première est placée dans le temps, la seconde dans l'étendue: par celle-lù les grâces de l'univers sont unes, infinies, toujours les mêmes; par celle-ci, elles sont multiples, finies et renouvelées: sans l'une, il n 'y eût poin t ùe grandeur dans la création; f'ans l'autre, il y eût monotonie. Conçoit-on bien ce que serait une scène de la nature,· si elle était aban-

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donnée a u seul mouvement de la h t 1 mauvais jours de notre histoire, mais tièrc? Les nuages obéissant aux lo· La sanctification du Jmanc e es \ non impunément. Le trav<:il du dima';tle 1<:- pesanteur, tomberaient perpendi nécessaire à la santé du corps che tue l'individu qui s'y h vre s~ns trecul:uremcnt s ur la terre, ou mont . . \ ve ni relâche. N'est-il pas v~a1 que le raient en pyramides dans les ai Posons d'abord en pn?C1 ~e que · U1écanicien qui vient de fabnquer _une l'instant après l'atmosphère serait tr 'bütnDle n'ayant p~s s~r lm-l;neme u;r~ · machine est seul com~étent pou: doterépaisse ou trop raréfiée pour les org 0 mainc absolu qm n al?parhen~ q~ a . miner la mesure d'action au d~la de lanes de la respiration. La lune trop lJ ieu seul, no saurait_av~u le droit d,a- quelle le mécanisme se brisera1t, et qu_e ?u !r?P loin de n_ous, tour à tour ser user d'une ~ie cl?nt 1~ na reçu qu~ 1 u- pel'sonne n'aura l'i~prudeJ~ce ~e de~ mv1s1ble, tour a tour SQ montrer 3ge. Travalller a ru~ner, sa sante par passer le poids max:1mun~ m~c:lt su_1 sanglante, couverte de taches éno de condamnables exces, c est do_nc aller cette machine; ai nsi le mecamc1~n cemes, ou remplissant seule de son or . n lre la loi naturelle. En consequence, leste qui s'appelle Dieu, en fabnqu_ant démesuré le dôme céleste. Saisie co il n'est permis à personne de poser. ~n l'homme de ses propres mains, a m sme d'une étrange folie elle marc ncte extérieur qui tend~ d'une mamere crit sur cette machine vivante qu'elle rait d'éclipses, ou, se roul ant ù' pins ou moins yr~cha~ne ou _pl~ls ou \ ne pourrait travailler habitucl~emc_nt flanc s ur l'autre, elle découvrirait e rnoins directe a dPtn.u re ou dJmmuer plus de six jours, san.s que le mecamsfin cette autre face que la torre n e co sa vie, à moins qu'on ne le fa~sc pour mc en fut vite brisé. • naît pas. Les étoiles sembleraient fra une intention pure, e~ que le bien proUs sont bien enn emis cl'eu;x-memes, pées elu même vertige; ce ne ser ·posé ne compense le mal q~e cet acte ceux qui. ne veulent pas tenu co~pte qu'une suite de conjonctions effray peut causer; or, l'homme qUl ne se r~- du repos dominical; bien ennc-r:rns cl~ tes : tout ù coup un signe d'été ser pose pas le ùimanche_ne pout pas avOl_r ]ours frères, ceux qui le font v10ler .a a tteint par un signe d 'hiver; le Bouvi rl'intcntion pure, pu~sque so_n travatl l'ouvrier. Jean-Jacques Rousseau meconduirait les Pléiades, et le Lion ru · fait sans raison suff1sante (J~ le sup- mo l'avais compris: «Otcr ~u pet~ple rait dans le Verseau ; là, les astres p pose), ne peut qu'outrager Dle~. Il ne ses fêtes comme autant de_d1strac~w~s ?eraient a':ec la_ rapid~té de l'éclair; i saurait non plus pa~·. de ~on~ re~ulta~~ qui Je ùétou:nent du travail est, d~smt­ Ils pendrawnt Immoblles; quelqucfo' compen ser le m al qu 1l opere, ca~, po il, une max1me fausse et barbare, car, 1 se pressant en groupes, ils former aie nP parler q~e des forces ~u~ames, ~ s'il faut an peupl_e cl~ temps pour gaune nou velle voie lactée; puis, ùispa trn.vRil du dimanche les. di?Jmue. ct e~ gner son pain, 1l lu~ _e n faut en~or_e raissant tous ensemble et déchirant !'uine. Consultons plutot a _cet _eg~rd · pour le manger avec JOie, sans qu01, Jl 3 riclrau des mondes, ils laisseraie 1. Les écrivains ; 2. Les med ecms, · ne gagnera pas longtemps.» apercevoir les abîmes de l'éternité. L'rxpr:'l'ience. . 2 La médecine vient ici fournir un Mais de pareils spectacles n 'épou 1. «On sait maint~nant par ex:tJe- t ·m~iauage compétent : «L'observation vantCI'ont· point les bommes avant 1 rience. dit Châlcau~)l']a.nd, q_ue le ~mer, Ju di~nanche doit être compté~,. non jour où Dieu, lâchant les rênes de l'U est un jour trop pres et le ÙJX ~m JOUI seulement parmi les devoirs rehgieux, nive rs, n'aura Lesoin pour le détrui trop loin pour le repos. J.,a , ~rreu~, ;Tlais aussi parmi les devoirs naturels. que de l'ahamlonncr. Ohâteaub1'ian qui pouvait toul en F~·ancc, n. a. JfiD~J.s 'si' la conservation de la. vie est. ~n de~'--pu forcer le paysan a remplir a e.. et si on csl coupable de smcide en 1 L'Amont• maternel cacle, p arce qu'il "Y a impuissanc~, dans ~~ ~étruisant prématurément. Je ne Eh l qui pourrail compler les hicnfails lrs forees humaines, comme on_ a re·le ici que comme médecin, et sans d'una mère marqué dans les forces ,des amm_aux. :.~ccuper en aucune manière de la A peine nous ouvrons les yeux à la lumière Te hœnf ne peut lahou1er n euf JOurs . l'on rcl 1·,,.1·,.,use (Docteur Farr, rapQue nous recevons. d'elle, en respirant le JO ' · ·• es mu- ques .1 o "' Les premières leçons de tendresse et de suite; au bout dn SJXlOIDC,, ~ heu- poTt au Parlement anglais.) , , gisRCIIIClÜS semblent ùemandOI es 3 Consultons maintenant 1 exped'anw Sonco~ur esl averti par nos premières larmes ;·es marqllées par le Cr éateur. Et l as~. · "'Elle nous apprend que l'homme Nos premières doulellls éveillenl ses alarm main l' (lélrônée un moment,, a repns nef~~- ~e repose pas le dimanche se reElle nous fait, par les plus tendres soins, son e't;•rnel empirE>._On ne prevaut pas quose trop souvent le lundi. Et quel_ J_·eDu bonheur d'exister, sentir les premiers p . ·and ])jeu! A la place des JOres charmes co ntre"' l'ordre de D1eu ..» . . 1 U(>las ! si Châ.tea.uhnand ~lVall a~pas: g sanctifiées par la prière, rnnoNotre raison, notre langage, .l . L 1 sema.me pratl- pu rE>s. , . l' . t la jounl 'lmi , l vcrra.l a . ' d .b l'1 ar les chants re lgieux: e Elle doit recevoir l'hommage, · • · un trop gran P< · d lt es De nos premiers travaux. de nos premiers 1 plendeur des cérémomes u cu e, ce quemenl detronee par su nombre de chrétiens, comme aux P us s

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LE FOYER ET LES CHAMPS LE FOYER ET LES CHAMPS

MŒURS

ET

COUTUMES

INVENTIONS Chùliments dn vieux temps Une réclame bien anglaise Voici deux modes dr ehàtiments h·ès l'lingnlirrs usités au bon vieux temps. Le prrmier, qu'on appelait l a •chentÜ;p d 'h :rogne•, était en 11sage à Nrwrnstle-uncler-Tyne au temps de la rrpnhli<rue. Notre graVUl'C est la meil1 leur(' explication que nous puisRions 1 .en donner. Un baril était défonr.<' d ' un ct>tc' et pPrcé dr trous où le délinquant passfli1 sa t.êl.e et ses drux mains; l'lon 1 COl'J)S, jusqu'au x genoux, étai ! empriLonclrPs est, par <:>xcellence, la cH~ 1 sonne\ ;] la p lace du vin qui lui anli t Les nouveaux prorecteurs la rE'clame, qui s'y manifeste sons fait commettre sa faulc; ct on le proformes les pluH originales, sans que : menait. ainsi accoutré, clans les rues policP y trouve ~t redire. Ai n si , le:;; p r 0.i<'cieurs 61 rclriquPs qt ti n'onl rle de la vi lle, plu s ou moins lon gtpmps, suivanl que son ivrogurrie av::t it éi r 1 flans les cmnpR. On y enfermait R\l r- l{•s d 'hommes Rand wi ches pullu- 1 riYan x dnn ,q a ucun e a u trP nnnée du ntmHi r. rlns ou moi n e; hl'uyante ou oirensivr. . tout ]ps juifs, les querf'llenrs, les vivan- 1 clnns les rtl CH londoniennPs ; mai:;; ])ru x mll iRons fr a n ça ist>R ont collaLe second insli'Ument de punition , cli01'es, et.c. Tout pasRant pouvait. fn i1·e ne son t pas Yêtus comm<:> à Paris , bort; ;\ la eon s lJ u cl ion dr ces pn>jPcbeau co up plnR cruel, ost citr par le ca- tou mer la cagp_ Les vertiges, les moux n situple uniforme bleu ou rouge; tcurs; c.'est l n Iwti." on B rPguet pour la LondrPs, les fabricants les affublent pilninr Chose, dans le second volume d'Pstomac, rt quelquefois la nJO r·t, parlir rilPctriqnc r f la ntaison Dion lrcments des plus grotPHqueR. rleH •<mliquités militaires• (mil itary r;lniPnt lPs conséquencPs <le ee SU}~plica photographie roprésen le des Boulon pou r Ill part ie automobile. antiquites). C'était une gnmcle cage de qui a qurlqnr rapport avec l'Ancien Lr projcehw t' en qu estion fonclio~nw 1111C'R revêtus de drapeaux anglais fer placée verticalement s ur deux pi- pilol'i . nt dr la l'éclame pou t' des hicy- auRsi hien it te n e qu e sur le camton , vo ls, cl. exposée dans les carrefours ct mê111 e en mareil" Son écl a l équi\'nul il Llcrnier modèle. 7 000 hees Ca r eel. Le moteu r donne :;;onl d ' ignobles plaisirs aYec les va- J pat'lies du corps une qmmtité extrnorpuissance clc 18 HP. Le vélucule j peur·:;; du vin pour encens, le blasphê- rlinair·e ll'ohjets de toute sorti". Les nouveaux projecteurs peu 1 at toi nd r·e :30 kil oll1èt t·es à l' h eure me rt les bouffonneries pour louanges, l 1 f! faudrait unP colonne d u Globe et :,!r avir des pentes j usq u 'à 12 et 1->%. et la désolation d'une fa ruill e pour Trottet· 'p(lu t' les én111nrrer tous. En 'armee . 1 11 faut féli cit.E'I l 'mventeur de cet end l Le mntériel de gu<'lT!' c s pecta cle. • Plnil'lc à Dieu qu'on n 'en p!ns dPs c::tilloux, des morceaux de 1 viPrtnc llHS aux coups et que lr suicide vene et de porcelainE>, des clous, dPs ncaiHe vü>nt dr s'enrichir rl'tm en- crin destiné fl. rend re les pl us grnnds cles p l us perfeclionnrs. Tl :;;'a git de ' ;.l'l'ices dAn s lrR man œ uvres de nuit. ou l 'assassinai· nr soient pn s le trop <hJingles ù chapeau, on a r etrou vé dans juslP cNUi men l. du m épris r.nlcnlr de la cPt am;areil digestif soumis à la torlure LE' pigeon YOyage ul 2Î mètre~ :'t la La vitesse des oiseaux loi du Seigneur ! une vrritable collection de pièce:;; de sN:on d e, soit J00 km ù l '!w u l't'. . rurmnaie, <'l 'accessoires do foire et de L'Fligle 31 rn ètn~s à la sPeOIHl r. smt rondeJlrs de houtons ch> g r·andcttt'l'l cli f- I.a Jocomotivr alleint souvent <'ll P~11 2 km. à l 'heure. fèrentcs. s u,. de courlrH dis lances, tme vtUn omnivore célèbre l .' hirondelle, (jï mPtreR ;'t la sP<·onde, L'individu, connu sous le pseudo<l 'environ 110 ;1 120 kilomf>lres 1, soit 241 k m . n l'h eure nyme signifientif dr •l'autruche hu- l'heu re. j ltJ. Ropf'lrt. NA"WSJJITII ou L'HOIU.ltiE Le ma rti net, 88 mètt cs ù ln Rrcon de, mai nP», s'appela it en rr'al ité RohE:.>rt L'automobi le sm· les mêmes cou r·tcs . AUTRUCHE :;;oit. 31G km . à 1heure Naysnrith ct npparlennit it. une honoces, dépasse couramment l 'a ll ure * -Le plus rélr\hrf' des omnivoTes v ient ra Ille fn rni Ile ècossaise. 150 kilomètres it l 'heur!.'. Dangers du caractère irritable dr mourir ù l'hôpila l d 'I slinp;ton ap1·ès A côté de ces chiffres raisonnahleR, --*-tmr lon /!Uf' ca.ni(•rr, sur !oulPH lPs foi Fra nçois cl 'Esta rn pes, marquiR de oiseaux commettent d 'extrarml innires rlu tll mH'IP. P.EN'SÉ::E ex<'ès de vitess e. Ai nsi : 1 Manny, entra un jo ut dnns 1: cabin:t A l'au topsie rl u cadav re on a découPour quiconque fait chose en son temps, La caille couvre l 7 mètres à la sc- du roi Loui s X III et rr>poncht en b evert dans l 'estomac et dans diverses une ournée en vaut troi~. gayant aux question s d u roi. soit 61 kw. à l'heure.

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LE FOYER ET LES CHAMPS

LE FOYER ET LES CHAMPS

De la hauteur des cieux, il ne regarCelui-ci, qui bégayait aussi, s'ima- fit ainsi égorger sept mille gina que Mauny le contrefaisait, ce qui sans distinction entre les coupables dait les hommes que comme des atomes ai'PC lesquels ils n'avait aucune resle mit dans une si grande fureur que, les innocents. semhlance, quels qu'ils fussent. Voilà à quel excès la colère saüüssant le marquis par le bras, il Tel était le caractère qu'il fallait voul ut le · faire mettre à mort sur-le- pousser l'homme même Je plus juste dolllpter et assouplir. le plus clément. champ. Fénélon, à qui cette tâche fut conHeureusement que cette scène se pas*-fi{•e, l'accomplit aux applaudissements sait en présence du cardinal de RicheMort de l'empereur Valentinien de la France entière. Son caractère lieu, premier ministre du roi , qui l'enI.es Guades, vaincus par l' t merveilleusement disposé à ce gagea à sc modérer et lui dit: Sire, Vooir; c'était un mélange exquis de tre Majesté ignore-t-elle donc que le Valentinien, lui envoyèrent des am rnarqu is est hègue? Pardonnez-lui, de sadeurs pour implorer sa clémence. tPnd resse et ~e force, .de complaisance et cte fermete, de patience et de souL'empereur les accueillit· mais grftce, une infirmité dont il n'est pas plesse, o~ la grâce temp~rait l'éne~gie. milieu de l'audien ce, il s'a'perçut rnPme responsable devant Dieu. ~es debuts de cette memorable eduLouis XIII, confus de son emporte- c'était des gens pauvres, grossiers, ca.tJ.on fure~t or~~eux .. Dans un de ses ment, embrassa Mauny, qui depuis cet vêtus. Aussitôt. croyant qu 'on lui a~C~'s. de coler;, l mtraitable enfant osa instant ne cessa d'êh·o son meilleur envoyé de tels ambassadeurs du·e a son precepteur: l'insulter il entra en fureur et ne ami. • Vous oubliez qui je suis et qui vous Si 1<' cardinal ne s'était trouvé là fort au cune borne à son emportement. ::1 propos, le malheureux marquis se' ?• Quelques heures après. il était ~'énélon ne répondit rien. Mais, le rait dPvenu la victime d 'une offense Dans le frén étique excès de cette lendemain matin, il entra plus tôt que i m<~ginaire et à 'une colère aveugle et il s'était 'rompu une veine et était hé, noyé dans son sang! do eoutume chez son élève, et d'un ton de• raisonnable. grave il lui dit: Suc'non, roi dn Danemark, était im« Je ne sais si vous vous rappelez ce placablr dans sn colère. Ayant appris Heureuse transformation qu e vous m'avez dit hier, mais il est un jour que quelques nobles avaient sed~' mon devoir de vous apprendre ce crètement médit de lui, il les fit tous I .e duc de Bourgogne, petit-fils quP vous ignorez. Vous vous imaginez tuer le lendemain. Henri II, roi d'Angleterre, s'aban- Louis XIV, avait reçu de la n atu dune être plu s que moi? On vous l'a di t : moi, je ne crains pas de vous dire. donnait à des accès de colère tels, qu'il un esprit libre et un cœur pu i:>que vous m'y forcez, que je suis ne craignait point alors do commettre mais les vivacités de son tem plus que vous. lPs actes les plus extravagants et les en avaient fait Je fléau de " Vous comprenez qu'il n'est pas ici plus cruels. A un homme qui lui avait sept ans, il passait pour · question de naissance, qui n'ajoute npporlé une lettre désagréable, H vou- Voici quel portrait fait de lui un riro au mérite. Vous ne savez que ce hlt, dans son emportemen t, arracher hre auteur contemporain: que je vous ai. appris, ce qui est fort Ce prince, héritier de la cou les yeux. peu de chose, comparé à ce qui me resA l'un ùe ses courtisans qui, dans la naquit terrible, et sa jeunesse fit conversation, sPmblait prendre le parti 1 bler ; dur et colèr e jusqu'aux dern !Prait à vous apprendre. Quant à l'auelu roi d'Ecosse, H lui abattit le chapeau emportements, et jusque contre tOJ·ité, vous n 'en avez aucune sur moi, cle la tête et lui déchira les habits, pro- choses inanimées, impétueux avec et je l'ai , au contraire, pleine et entière sur vous, le roi et votre père vous diguant à tous ceux qui l'entouraient reur, incapable de souffrir la moi lPs injures et les menaces, et allant mê- résistance, même des heures et des l'ont. dit assez souvent Je vais donc vous conduire chez le roi pour le supmonts, sans entrer clans des me jusq'à les frapper. plirr de vous nommer un autre précepDans la ville de Thessalonique, en à faire craindre que tout ne se teur, auquel je souhaite d'être plus Tllyrie, le peuple, s'étant soulevé, tua pit dans son corps; opiniâ tre à l' hetl l'eUX. > aimant avec fureur la bonne . Hotherie, le gouverneur impérial. A ces paroles, l'enfant répondit par A cette nouvcHe, l'empereur Théo- la chasse, le jeu et tous les pl nn t01·ent de lannes. Fénélon se laissa dose, enflammé de colère, ordonna à souvent farouche, naturellement ses troup<'s cl'cnlourer secrètement le à la cruauté et impitoyable dans désarmer par ses prières, et depuis ce jour, l'éducation elu duc de Bourgogne peuple réuni dans. l'hippodrome, et il railleries.

alla de mieux en mieux. Les leçons de li'énélon eurent un succès qui tint du prodige, et opérèrent une transformation morale qui frappa tous les yeux. Ie même auteur nous apprend ce que devint l'enfant, grâce aux soins ùe son sage précepteur: « De cet abîme sortit un prince affable, doux, humain, modéré, patient, modeste, et, autant, et quelquefois audelà de ce que son état pouvait comporter, humble et austère pour lui-môme. Tout appliqué à ses devoirs, et les comprenant immenses, il ne pensa plus qu'à allier les devoirs de fils et de sujet avec ceux auxquels il se voyait destiné. La brièveté des jours faisait toute sa douleur. • Peur tuer les animaux de basse-cour

Voici un moyen simple el JHOins cruel que tant d'autres pour tuer rapidement les animaux de basse-cour : poulets, lapins, etc. Avec un petit eutonnoir O ll une cuillère, faire avaler ù l'animal à jeun, un petit verre d'alcool à 50•; la mort csl instantan ée ct lü sang, refoulé au cœur, fait la chair plus blanche, l'cau-de-vie donne une saveur à la viande. ~1==;;

Où vas-tu? Oü vas-tu, légèm hirondelle '1 - Je vais oü rcnait le printemps; Je vais où la saison nouvelle Retrouve des échos chantants Avril sourit: ouvrant son aile, Je vais où vonl les cœurs constants; Je vais où le zéphir m'appelle : Je vais vers les cieux éclatants.. .. Je vais où Je soleil rayonne; Je vais où l'abeill~ bourdonne: Je vais au bet·ceau de mes jours; Je vais ot.i la tene est fleurie; Je vais où je vois la patrie. Je vais au nid de mes amours. ~

c. M .


Supplément gratuit

LE FOYER ET LES CHAMPS

ganlil ure de !"encolure et sor le côté l[U i cr oise devant; posez la même gar. n iture a u l.Jas de la m a n che. Montez celle-ci à 1'en tourn ure de 1 lllali née, presque à plat. Posez au -des :;ous de la garniture, sur le côté d roi du el evant , une' so us-patle en nansouk t[tte vou s doublez, et su r laq uell e vo fa ites cinq o u si x boutonnièr es. En face üe colles-ci , sur le côlé gauche, placez los boutons. Pour faire cette matinée, mètres !JO à 2 m. 76 de tiss u.

à l'ÉCOLE PRIMAIRE, SION

Septembre 1910

LE

Foyer et les Champs : ~~

000000

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Histoire, ~ouvelies, Mœurs, Sciences, Inventions, Découvertes, Voyages, Education, Politesse, Économie domestique, Hygiène, Médecine, Cuisine, Recettes, Procédés, Travaux féminins, Variétés, etc.

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ABONNEMENTS:

RÉDACTION :

ANNONCES:

Fr . 1. - p ar an, payable à l 'ava11ce

M. J.-H. DING, Estavayer-le-Lac

La ligoe t'le 6 points 20 centimes

Cuisine Gigot de mouton <'tIR bourgf.'oise

La couture La malinre dont no us offrons au jounl'hui le modèle est destinée à être pod60 1wndant l'été. 1·~ lie sc taille .dans d cs tissus légers, la '''onsselüw, le linon, la baptiste et le nansouk Garnie d'enlredeux, de pe lit~ pl1s, elle consti tuC' un deshaLillé fort t'lé-gan L CettP llli1Lmée ne se doub le pas. Le patron sP compose• du devant d u do~ Pl lle l<1 moitié de la m anche. Coupez !<1 manchC' cl le dos doub les, sun:c. cou tu rt' Rémlissez les dev ants el le dos par les eoutm·ps d'épaules ct de dessous de br ils. Ln forme de la manc.;hc exigP les entou murcs très larges. Su,. chaque devan~, fa ites deux plis crP u x tournés vers les dessous de bras; disposez ceux du dos en les tourn ant H' I'S le mi 1ieu. Faufilez lous les plis s ur tou te Jour hauft'ur C't doni\ilz un coup de for à l'pnn>rs. La matinée' ter mi née, ces plis ne seront t0nns qu 'it l'e ncolu re. Prrparez la manche, cou sez la cou· ture cle saignée; puis, essayer. le vêtement. afin tle régler l éch an c ré de l'on · colu re, la longeu r du Yêtement et celle dE> 1~ wanrhe. Co usez et posez la

Prenez un gigot de mo uton bien r as s is, désossez-le et piqu ez-le à l'i nt' r ieur, de gros la r don s; assaisonnez d sel, poivre, épices, et ficelez en lui don n ant une form e ronde. F aites un incision A la jointu re, a fin de pouvoi couch e l' le man che s ur le côté. P lacez ensu i te le gigot dans un Lraisièr e avec s ix: caroLles, douze oi· g nons m oyens, don t u n piqué de t roi clous de girofle ; un bouq uet g<trni pers il ; 500 grammes tle Ja rd maig coupé par tr an ches. :Mou illez él m oi tié h a uteur, avl'C d boui ll on ou de l'eau; salez. Motlez la braisière s u r Je feu, afi d'amener à ébullit ion ; pui s, re ti rez su le eôté d u fournea u et laissez IJouilli doucement pendant q ua t re heures, e ayan t soin de retourn er de temps e temps le gigot. Quand il est à point, r etirez-le de 1 casserole, dégraissez la sau cc el dr sez su l' un pl~t t. E nlevez le bouqu garni, l'oign on pi qu é ùe clous de gi roile c t. d r essez les lég u mes et le la autou r elu gigot. Faites récluire sauce et ve1·sez s u e Je gigot qui d être tl'u 11 0 belle couleur. Garuisscz le manche d 'une p apillo rt senez-le ayec des pommes de ter que 'ons avez mises cui r·r avec le · got pendant une heure.

b~ RUSSIE

J<>ITTORE.SQlJE.

Dans les steppes

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Chevaux poursuivis par des loups dans les steppes russes


LE FOYER ET LES CHAMPS

LE FOYER ET LES CHAMPS

l'honnête fermier lln fermier du comte R. ... était venu se plaindre auprf>s de son maître de ce que clans une de ses grandes chasses 1111 champ de blé avail été foulé aux pieds E't considérablement endommagé. C'est hon lui dit le comte, faites évalli<'J' le dommage, j'en payerai Je montant. Le fermier lui ayant n'pondu qu'il il\'ilit Mjà fait fair(> le calcul, ct que celui-ci se montait à fr·s 500 le comte r0mhoursa immérfiatement rt n'y pensait plus depuis lon,!!terups, lorsqu'un heau .iou r, an printemps, il vit revenil· lr fermier. LP hlé qu'on avait foule' nu x pieds s'Mait relevé cl. cette énaque Ru 11oint dr dPvenir le meilleur de tous les chRmps, et l'honnête fC'rmiP!' n1pnortrtit les 500 francs. <:\h! dit le comte eitonnc'. en annrellant la cause de la visite de ce brave rDmpan:nard, voilà un trait qui me nlaîl: il devrait toujours en être ainsi d;lns les rapporh> entre les homm0s.• l-'1tis 11 p r&s avoir l)ris qurlqttes rensc>; ~nPII!Pn ts sur la famille elu fermic>r. h' c·ornt(> l'aisit 11 ne lllmne. tire sur son t'<'('t'Venr ttn bnn de> 1000 fr .. rt le rellwttnnt <lll ft'r·miPl" • C1arcler. cettP somIIIP, lui elit-il, et lorl"qll<:' Yotre fils nun1 :lltPint sn JHH.ioritc'. pn'sentPz-la lui de nw nn d. rt rRcontPz-lui surtout ;1 qul'I IC' O(-ca;;;.ion il ln doit.. --~ ---

Trait de dévouement Sn•kuli. eolnnel Cl ulrich ien , fut eoncl n mné ;) .3tre Pn fPrrn<' dans la fol'tC'r!'c;se clP Séguedin. Lr domrstique d(> C!t infnrhmP !-<0 rendit fnmrrs de l'empereur pour on obtenir la pPrmission d'acrompag-ner son mrlître dans l'exil. •QHr vnul<>z-vous faire nuprès dP votrt' rnnitre? Vous savez qu'il est condamne' C"o mme niminel.» .Tr le sais, répondit le fidôle serviteur, mais je l'ai servi dam; sa prospérité cl je souhaite d'être

aupr.rs de lui dans son infortune. Il au ra b(>soi o de mes services durant ses vieux jmt rs et Bi je nP puis faire au .. tre chose pour adouci r son sort, je le consolerai du moins et je l'encouragetai à supporter son châtimen t avec patience.» L'empereur touché d'un attachement et d'une fidc?Jité si rare l ui permit d'a(; ~ompagncr son maître; il lui accord1 w ême une petite pension. - --~--

Dieu et l'Univers Le Doctrur Nie u wcntyt, dans son Tmifé de l'Ea;istence de Dieu, s'est attaché <1 dc'montrer la réalité des causes finales. Sans le suivre dans toutes ses observations. nous nous contenterons tl'~n rapporter quelques-unes : L'air

Bn parlant des quatre élémonls, qu'i l considère dan s leur harmonie avec l'homme et lél création en général, il fait voir, pa.1· rapport à l'air, comment no~ COl'ps sont miraculeusement ron. ~el'Vès :;;ous une colonne atmosphérique t'gale, dans sa lJression , A un poi ds tle vingt mille livres. Tl prouve qu'uni! seulP qualite' chang~e, soit en raréfartinu, soit· rn densité, dans l'éléme nt qo'on respire, suffirait pour détruirP lt>s E'tres vivants. C'est l'air qui rait rn on tC'r les fumées, e'est l'air qu i r et ient les liquidPs, daus lrs vaisseaux; par ses mouvemrnts il épure les cieux et prH't<' aux continents les nuages de lo Iller. L't> ~t ll

:\ it·u "<'nlyt dénronlre ensuite la néCPSHitti de 1'0au par une Ioule d'expériences. Qui n'admirerait le prodigl' de ret élément en ascension, con tre les loi s dP la pesanteur, dans un élément plus lc'ger que lui, afin de nous donner les pluies et les rosées? J.a disposition des montagnes pour faire circuler !es fleuves, la topogra-

ph1e de ces montagnes dans les îles, et sur les continents, les ouvertures des golfes, des baies, des méditerranées, les innombrables utilités des mers, rien n'échappe à la sagacité de ce bon et savant h omme. C'est de la même manière qu'il découvre l'excellence de la terre comme élément, et ses belles lois comme planète. Il décrit les avantages du feu et le secolus qu'en a s u tirer l'induslrie humaine.

d'une double paupière, afin de préserver ses yeux de tout accident. Mais, admirable fin de la nature ! cette paupière est transparente, et le chantre des chaumières peut abaisser ce voiiP diaphane sans être privé de la vuC'. 1.. a Providence n'a pas Youlu qu'il s'égarât rn portant une goutte d'eau ou le grain de mil ù son nid, et qu'il y eût sous Ir buisson une petile famille qm se plaignît J'elle.

Les aniDlllUI

Le., Pie«l!i de!j oiseaux

Quand il passe aux animaux, il observe que ceux que nous appelons domestiques naissent précisément avec te degré d 'instinct nécessaire pour s 'apprjvoiser, tandis que les animaux inuti les à l'homme retiennent toujours leur naturel sauvage. Est-ce donc le llasard qui inspire aux bêtes douces et utiles la résolution de vivre en société au m ilieu de nos champs, et aux bêtes malfaisantes celle d'errer soli taires clans les lieux infréquentés? Pourquoi ne voit-on pas des troupeaux de tigres conduits au son d'une musette par un pasteu1· ? Et pourquoi les lions ne jouent-ils pas dans nos parcs parmi le thym el la rosée, comwe ces légers animaux chantés prlr .Jean cie La l•'ontaine? Ces animaux féroces n'ont jamais pu E:crvir qu 'à lraîner· le char de quelqun triomphateur a ussi cruel qu'eux, ou à déYorer des chrétiens dans un amphithéâtre ; les tigrC's ne se civilisent pas ;1, l'école dPs hommes, mais les hommes se font quelquefois sauvages à l'école des tigres.

Et quels mgénieux ressorts font mouvoir les pieds de l'oiseau! Ce n'est point par un jeu de muscles que détermine sa vo lonlé, qu'il se lient fernw sur la hrauche; son pied est construit que, lorsqu'il vient A être pressé dans le cPntre uu le talon, les doigts se refertnlJ n l natttn•llemen l sut· le corps qui le presse. Il rc'sultc de ce mécanisme que les serres de l'ois0au sc collent plus ou moins à l'objet sur lequel il repose., en raison des mouvemenls plus ou moins rapid.es de cet objet; car dans Je Lalaucement du rameau, ou c'est le t·ameau qui repousse le pied, ou c'est le pied qui repousse le rameau; ce qui, dans les deux cas, oblige les doigts du volatile il se contracter plus fortement. Ainsi, quand nous voyons à l'0ntrée ÙP la nuit, pen<lant l'hiver, des corbeaux perchés sur la cime dépouillée de quPIque chêne, nous supposons que touJ<:ut·s 'etll<mts, attentifs, ils ne se mainticnnent qu'avec des fatigues inouïe~ au milieu des 1ou rhillons ct des nuages; ct cependant, insouciants du pt>ril ct appelant la tempête, tous les vents leur appOl'tPnt le sommei l ; l'aqu ilon IPR attache lui-même à la hranche d'où n ous croyons qu ' il va les pl'écipiter; et, comme de viNlx nochers de qui la rentche nrohile est suspendue aux mal!'~ agitPs d'un Yaissean, p lus ils sont horct's par les ornges, plus ils dorment profondément.

f.es oist-aox

Les oiseau x ne présentent pas à notre n atural iste un sujet d'observation moins intéressant Leurs ailes, convexes en dessus et creusées en dessous sont des rames parfaitement taillées pour l'élément qu 'elles doivent fendre. Le roitelet, qui se plait dans ces haies de ronces et d'arbousiers, qui sont pour lui de grandes solitudes, est pourvu

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LE FOYER ET LES CHAMPS eoNN~ISS~NeES

Les(cheminées des fées No us allons rocllercher l'explication de curieuses pyramides qtti atteignent. sou ven L trente mèlres do haut et qu'on appelle ùans CPI'tnines régions, chetnitic'es des fées. J<.:lles Re rencontrent dans quelques régions montagneuses. particulièrenwnl. ~L Saint-Gervais, clans la HautC'Savoie el dans le Tyrol. Imaginez des colonnes très hautes et très minces s'élevant vers le> ciel comme des cloche>rs d'églises ou comme ùcs cheminée>s. Elles sont faites cl 'une pierre tendre, peu résistante. Et, cc qui sm·prond le plus, c'est qu'on découvre toujours ù leur sommet un (morme bloc de rocher, d'une autre espèce do pierre. Pendant longtemps on ne put comprendre comment s'était produits de tels phénomènes. Les montagnards, volontiers superstitieux, nous disent qu'il faut voir là les cheminées de Rplendides palais que 1eR fées occllpaient au temps jadis. I . .<1 vérilable explication est beaueoup plus simple. Allrz clans votre jardin, après un fort orage. Examinez attentivement une nllée snhlée. Vous veJTez que l'eau de pluie, en nrisselant, a creuse' clans le sable de petites rigoles. Si, par ha-

ùTibES

sard, un caillou s'est trouvé dans le sable, ce sable a été protégé contre l'action de l'eau : il n 'a pas été entraîné. En sorte que ce caillou a l'air d'être posé sur une petite colonne. Eh bien! c'est p1·esque u ne chenün ée des fées. Le même phénomène se produit, en effet, dans les montagnes. Quand une roche tendre supporte un gros bloc de granit, celui-ci reste indifférent à l'action de l'eau. Mais la roche tendre s'eff rite peu à peu, sauf à l'endroit situé exactement sous le granit. Ainsi, cl 'annc'e en. année, de siècle en siècle, l'eau découpe de hautes colonnes ('Oifffles d'une pierre énorme, ce sonl les cheminées des fées.

La trempe des allumettes ll eE<t. bien éYiùen t que si les différentes opérations de la fabrication des allumettes rlf'vaient se faire à la main, celles-ci ~::c YPnd raien l extrêmemen t cher. Chacun sail donc que ces opérations S<.' font mécaniquement et à l'aide d'appareils assez simples, en somme. Depuis l'époque déjà lointaine (en 1832), où l'on mit en vente les premières allu metles, celles-ci ont pu être perfectionnées, mais les procédés de fabrication sont, ù peu de chose p1·ès, demeurés le.3 m0mes. Il est néanmoins intéressan t de passer en revue les différents moyens qui permettent de fabriquer

LE FOYER ET LES CHAMPS

allumette assez rapidement pour la ndre très bon marché. Tenons-nous en à l'allumette popuire, l'allumette de bois. Le bois dont elle est formée est déité à l'aide de machines. Ceci fait, ·ste à soufrer l'allumette et à l 'enuire de phosphore. Cette partie de la rication, la plus minutieuse, va surut retenÜ' notre attention. Si l'on devait prendre à la main chaue allumette, une à une, pour la tremer dans les deux bains successifs, on 'en finirait pas. On a donc imaginé un châssis, dont côtés sont munis d'une rainure. Des 'gles prises par leur extrémité dans hacune ùes rainures, glissent et peulent être serrées, de manière à tenir fortement les alllumettes que l'on y· lace. Cette manipulation des allumets se fait mécaniquement. Quand vous urez qu'un appareil spécial peut piar en deux minutes près de 5000 aiumettes dans un châssis, vous coniendrez que c'est fait très vite. Les alomettes ainsi fixées, sont placées de açon que leur extrémité so1te du plan u cadre. Un e fois le châssis rempli et fermé, n le prend à la main et on le pose audessus d'un bain de soufre fondu . uand le soufre est solidifié, on trempe ·.gèrement le châssis dans u ne solu·on de phosphore. Il ne reste plus qu'à faire sécher les ll umettes dans une étuve. On ouvre nsuite le châssis, et les allumettes sont ises en boîtes. Dans les pays où le commerce des llumettes est libre, les allumettes ' uivalant à nos Suédoises à 10 cent. a boîte, sont vendues en g1·os, à raison e 10 et 15 cent. la douz. de boltes.

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n1ain. Pour 6lémontaires qu 'i ls soien t. les procédés employés par les ouvriei'S n ·en sont pas moins intéressants à suivre en détail. La terre glaise, au préalable ma laxée, débarrassée de ses impuretés, es1 dirigée sur dos mou les et sur des pr<.'sses qui lui donnent la forme voulue. Trois hommes, employés à des presse;; de ce genre, arriv0nt à fabriquer environ 7000 briques par jour. Le chiffn\ qui paraît à premièrr vue considérable, n 'est rien en con1.. paraison de certaines machines moctemes, qui donnent jusqu'à 40,000 briques en moins de dix heures. Une revue américaine vient précisétncnt nous donner des détails sur un de ses plus récents appareils, mft à la vapeur. Nous en reproduisons ici le dessin exact. Tout en haut de la machine, vouH apet·cevez la trémie, large caisse ouverte à sa partie supérieure et qui reçoit l'argile. Au fur et à mesure des t .. ·soins, ce réservoir laisse écouler son contenu dans la machine qui lP Les briques malaxe, le pétrit, le moule, le presse -1 et, enfin, déverse inlassablement dans 11 y a encore des. contr~es où les bri- des wagonnets les briquês entièrement es et les tuiles se fabriquent à la moulées.

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LE FOYER ET LES CHAMPS

Attention au Dimanche Elles sont aussitôt dirigées sur des fours continus qui cuisent sans interC'est un fait d'expérience, l'homme ruption l'énorme quantité de t~rre ·qui profane le dimanche est presque transformée en briques que prodmt la toujours malheureux da~s ses enfa?-ts. machine. . E t l'on entend des pores et m~res Or c'est id qu'apparaît l'économie se plaindre et murmurer contre_ D1eu: de c~ procédé de fabrication_: deux • Que vous ai-je fait vour me traüer de hommes suffisent pour surveiller en sor te?» . même temps cette machine et le fo~r la -Ce que vous avez fait, mes anus! qui produisent ainsi leurs 40,000 bn- Vous avez mis de côté le commandeques quotidiennes. ment de Dieu qui ordonne de sanctifier ~~ le dimanche. c'est-à-dire de ne pas tra: vailler sans. nécessité absolue et d'as· Éducation si~IPr au culte. Et, par un justC' ehâtiment, Dieu a laissé aux enfants, v~s Que fai·re pom· ma~ élever un enfant. ouvriers et vos serviteurs mettre de co1. Comnwncez par lui don ner, tout té, à votre endroit, le commandement petit, quOl que ce soit qu'il vous de- qui ordonne d'honorer les parents et los supérieurs, de les respecter, do leur mande. .. 2. Parlez devant lui de ses qua1ltes obéir et de les assister dans leurs besoins. incomparables. . . 3. Dites devant lui qu'il est lmpos. . sible de le corriger. PE.NSÉE..S 4. Ne soyez pas d'accord, pe~e et meL'indigestion dn riche venge la fa1m du re, en sa présence et à son suJet. . 5. Laissez-lui croire que s_on pe:e pauvre. est un tyran, qui n 'est bon qu'a le chaLe ~;ouven11· a des instante; d'agonie b1en amère. tier. 6. Que le père méprise la mère en sa présence. . L'eau de mort 7. Ne faites pas attentwn aux amis L'aluoolisme bouleverse tout: qu'il fréquente. . 8. Laissez-lui dire tout ce qu'll vouL'alcool conduit à la folie : sur dra. , t 71.000 aliénés, il y a 9.990 alcooliques, \)_ Cherchez à gagner de 1 arg~n soit 13,60 pour cent,__dont 4,882 par p0ur lui, sans lui donner de bons pnn- l'absinthe et les apéntifs. L'alcool engendre le c1·ime: 70 pour CÎ1Jf'S ' et laissez-lui de l'argen t entre cen1 des détenus son t alcooliques. les mains. L'alcool p1·ovoque au sui_cide: sur 10. Laissez-le sans surveillance pen8.8R5 suicidés qu'on a étudiés, 1.120 dant les heures de récréation. 11. Châtiez-le pour une sottise et riez se sont tués à la suite de souffrances. et surtout de maladies cérébrales de ses vices. 12. Si ses maîtres à l'école ou au col- produites par l'alcoo l. L'alcool det1·uit la famille en a lège veulent le mettre a u pas, pren:z sorbant les salaires en ruinant, Il : ~_ parti de ses défauts contre ses mmsanté physique et morale d~ yeres tres. en lui donnant des enfants rach1t1que tuberculeux, épileptiques, portés a Le corfre le plus sombl'e peut renfermer vices.

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de l'or.

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le mal par omission Si l'on voyait le monde invisible, on verrait des mains tendues, on entendntit des cris, des supplications, les g-rmissements des pauvres de 1'intelligPnce, de ceux qui meurent de faim . Tout ce monde de suppliants crie vers Ir pain spirit uel, vers la parole. Il y a des pains pour ce peuple, je veux !{ire des livrP.s, des journaux. Mais ce peuple ne lPs connaît pas. L'imprimerie Pst faite pour les multiplier. Et r0ns, honnêtes gens, hommes de bien, vous êtes cbargPs de tous ces affamés ! l is sont confifls ~l vos soins. Vous croyez pe11t-Nre que la J1ropagation des livres cles jOln·n:mx qui disent la vérité, vous croyC'z peut-Ptre q uc cette propagation ('St un luxP. Vous vous trompez; elle l'St une nécessité ahsoh1e. Vous qui ernignez IP mal, craignez donc ce mal horrible, le mal pm· mnissio11.

LP- vol des oiseaux f:prfRins ois<'Rli:X. attC'hmC'nt des vitesqes qui Jnissrnt loin ll's records détenuii par les ehalllpirms d11 volant, aviaINI r~ c>U ati tmnohilisles. La r·aillC' nP parcourt guèr<' qu<> 80

kilmnètrrs à l'lwurf', soit la vitrsse d'un ~'l'and exprf'ss; 1<' pigC'on voya~eur abat fncilemrnt qps 100 kilomètres. On a vn rnêrne plusieurs sujets dépasser rrll(' vitrsse pf ln soutrnir pC'ndant de lrt'·s long-s trajets. L'aig-le rond des points au pigeon: sa vitesse atteint 120 ki lomètres <t l'heure en moyenne. T.e roi des oiseanx doit ù son tour h<~i -;ser pavillon elevant l'hirondelle. Ia illessagère du printemps peut parcou~·ir, en C'ffet, jusqu'à 250 kilomètres ;\ l'heure. L'hirondelle clle-mfimo est battue par Ir mar·tinet, q11i peut faire 88 mètres à la seconde, c'est-à-dire tout près de 317 kilomètres à l'heure.

Toutefois, le record de l'aviation semble appartenir au faucon, lequel 1J~~~Jt volEr pendant un temps très long. à une vitesse prodigieuse, avec une légèreté admirable et à des hauteurs extraordinaires.

--*-les doyens du genre humain

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L'homme le plus âgé du monde, en 1909 au moins, paraît être un Portugais qui a été présenté à l' AcadémiP royale des scienees de Lisbonne par le docteur Edouarda Abren. Francisco .Tosé est né en 1788; il est donc âgé de 122 ans. Il servit dans l'armée portugaise en 1810 contre les trm.1pC's de Na poléon J C'r. Il assista, Pn 1832, au siège d'Oporto et à la Révolution en 1846. Malgré son grand âge, Francisco .Tosé n'a cessé d'exercer plusieurs profpssions : taillenr. charpentier, cordonnier. peintre, jardinier. FF~it plns extraordinairP encore. il a continué d'êlrP un excellPnt tireu r. Tl <t fils. flrtih~­ filFl. !'lrrif>re-pptits-fils. r>t Cl'll"'':-ri ont PllX-mêm<' dPS pnfants. 11 n'a iam::tÎ~ hu ni café ni ::tlcool. C't n'a .inmais rtr' malade. Au cong-ri>s dP la tuberculosE:> q11i R'est tem1 à OT)Orto. on ::1 constaté crnP ee mPrvpillenx rPnten!'lire nP no~sPd::~if nas nn FlPl11 m·ri!'lnP q11i ne ftît en flRr fait rtat. Il y a. cependant. 11n mortr>l plns VÎPUX.

(;'pst lr hadii RHmlf. 11 vit ft f!nnf:tantinople dans le qnartier de Kh::~n­ BaktFlche et est âtré de rent trentP-df'ux ans. Malgré cet âge respectable. Raouf jm1it rle la plnR roh11ste santr Pt tr<~­ v::tille comme 011vrier sellier ~ l'ErnlP militaire tnrque de Bamkaldi. Rn rmf pst 1m homm<' naisihll' Pt CTlli ~ hnrrPur chi cl:langement. Tl hFlhite rlP· nnis sa n::tissanc<' la mf>mt> maison. Son pèrE:> était mort fi l 'â~e de cent qmt rante-deux ans.

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LE FOYER ET LES CHAMPS

pplément gratuit

CUISINE

Recettes diverses

Prenez: Lapin : 1 kg. 500 à 0,90 le demikilog. 2,70 Saindoux, 50 gr. 0,10 Lard de poitrine, 125 gr. 0,25 0,15 Oignons, 250 gr. . Farine, une cuillerée à bouche 0,25 Sel 0,25 Poivre 0,25 E:pices 0,25 Ai l 0,25 Bouquet garni 0,25 0,50 Vin rouge, un demi-litre Dépoumez, videz et découpez les lapins en morceaux réguliers; gardez le sang au frais après avoir ajouté un peu de vinaigre; coupez le lard en gros Ms, passez-le à l'eau chaude pendant flll••lqtiCS minutes et mettez-le à égoutter. Epluchez l'ail, hachez-le, et épluchez les oignons. Dans une casserole en terre ou en fonte, n1ettcz chauffer fortement le saindou x. ajoutez le lard, les oignons au '\.((Uf'ls vous laissez prendre belle coulPvr. l•~n l ew'z le tout sur un plat, replacez la cHssPJ·ole à feu vif f't, dans la mc'me g-raissP, mettez les morceaux de lapin. Quand ils ont pris couleur, sans toutefois lPs laissPr durcir, saupoudrez tll' farine, 1·emuez jusqu'à ce que celleci soit roussie, mouillez avec le vin et l'eau et remuez encore jusqu'à l'ébullition . Salez, poivre;r,, ajoutez les épices, l'ail el le bouquet garni. H<>mettez le lard, les oignons et laisSC'z cuire ù feu doux pendant une heure Pt demie. Dix minutes avant de servir, délayez le sang avec un peu de sauce et ajoutez au civet, en remuant afin de biPn mélanger. Avant de dresser les plats, enlevez Georgette. le bouquet garni.

La Rhubarbe

--:15:--

à l'ÉCOLE PRIMAIRE, SION

Octobre i910

LE

Foyer et les Champs

Ce purgatif est très léger, ne causl' pas de coliques et ne fatigue ni l'estomac ni les intestins. 2 à. 3 grammes 000000 de poudre de rhubarbe avec un peu de Histoire, r;Touvelles, Mœurs, Sciences, Inventions, Découvertes, miel. Voyages, Education, Politesse, Économie domestique, Hygiène, La rhubarbe excite l'appétit et fa~ Médecine, Cuisine, Recettes, Procédés, Travaux féminins, cilite la digestion: 25 grammes de pouVariétés, etc. dre de racine de rhubarbe clans la pre- ~ mière cuillerée de soupe aux deux Publications recommandées: 1 RÉDACTION: Numéros spécimen principaux repas. Sillon Romand" - .. La Revue Populaire" M. J .-H. DING, Estavayer-le-Lao gratis La Fougère

Avec les feuilles séchées, on fabrique d'excellents matelats pour les enfants faibles, noués, rachitiques, qui mouillent leur lit, etc. Les racines de fougère mâle, réduit('.s en poudre s'emploient en décoction d(' 15 à 20 grammes par demi-litre d'eau contre les vers ordinaires et le ver soHt.aire ou ténia.

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Boi .....onlil tles enfantf!l

CettC' hoisson, c'est le lait. la bonn~> cau, l'cau sucréE'. mais .iamais dr hoiRsons alcooliques: 11as rle vin. pas d~ hif>re, pas mêmE> de cidre. Deux mille médecins ont signt> lrt nfÏclaration Sllivante: •.Tnsqu'à. dix-hnit ans, les enfants devraient êtr-<' ton~ a hstincnts.• - Pour lPs enfants dont le pf..re boit. c'est 0ncorc plus nécPR· SFt j l"l'.•

Ria••ehisliiRtre

L'habitude de ne faire la lessivE' (f1r'1mP nu deu :"t; fois par an n'Pst pas à rrcommancler: le linge sale, entassé en atten,hll1t cru'on le nettoie. se défé1·i01'e et "l'T);~ ncl tles odenrs malsaines. Bouchons

Les bons bouchons sont lisses et fin·sans trous. C'est une économie mal Pn· tendue d'acheter dPs bonchons de mal'· vaise qualité, parce qu'ils coûtent nwins cher, l'air passe à travers le hou· ch<,n cl<! mauvaise qualité et donne rmmvais août au liquide contenu danl 1a bule:ille ainsi bouchée.

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COQ ANCONA


LE FOYER ET LES CHAMPS

LE FOYER ET LES CHAMPS

Les romans sont des excitants dangereux Que les roman s impies et irréligieux, qui distillent l'erreur ou le dou1e, empoisonnent l'intelligence, causent la perte de la foi et de la religion, fassent du mal, cela saute aux yeux des moins clairvoyants. Que les romans immoraux, contraires aux bonnes mœurs, qui pervertissent le cœur. empoisonnent la volonté, fassent du mal, qui peut en douter rai .. sonnablement? Que les romans où l'erreur est hal:ilell1ent millée à la vérité, où le vice se trouve de compagnie avec la vertu, fassent du mal, et beaucoup de mal c'est incontestable. Ce sont les plus dangereux. Ecoutons là-dessus un juge compétent, M. Alfred Nettement: • Un livre athée ou immoral, dit-il ne trou1•e que l'athéisme ou l'immoralité pour lecteurs, c'est à dire qu'il ne corrompt que la corruption même. Mais un livre où l'on rencontre la volupté à côté de la prière, les passions humaines soüs la Croix du Christ, cette fièvre de l'âme que l'on nomme l'amour à côté des méditations les plus ~elles sur la Bible et sur l'Evangile, ce livre a des inconvénients d'autant plus graves que la vérité s'y trouve mêlée à l'erreur, la terre au ciel, la purt>té des anges aux faiblesses humaines. Les i mrs de choix, en garde contre un piègt> grossièrement tendu à leur innocence. résistent moins facilement aux molles et tièdes vapeurs qui s'élèvent de la chaude atmosphère de Jocelyn avec les nuag-es de l'encens consacré et les parfums de la prière. · Oui, ces romans-là sont les plus dangereux. C'est l'ange des ténèbres transformé en ang-e de lu miPre. C'est le diable qui.s'est fait ermite. C'est le poison, J'asermc dan~ un verre de bière ou dans une tasse de lait. On en meurt. Mais pourquoi« même les romans les plus purs font-il s du mal?) Parce que

pour attaquer les lignes d'une place ces livT~s, par le ~ond et par leur fo onté•, écrit M.Béthléem .•.Te viens de assirgée. l1?e, cult.lven_t et_ developpent l'imagin les livres de Loti, dit J. Lemaître, Turenne répondit sans s'émouvoir: je me sens parfaitement ivre.• M. 110:1 a l exces; 1ls font ainsi des ano Puisqu'il est en colère et de maumaux, des mal équilibrés d'abord thléem c>crit encor e: c Tous les ro- vaise humeur, il faudra nous en pasns, ou presque tous, tendent ~~ souvpnt enfin des déséquilibrés, sser la foi, la conscience et la piété .. SPJ' et faire comme si nous les avions. fous et surtout des folles. --!*-tendent à fausser le jugement... Il-S Qu'est-ce qu'un roman? Le Dicti ussent l'âme toute entièr<', en exalnaire des dictionnai.r·es répond: • Tou Ce que nous ignorons hist_oire feinte, où l'auteur cherche t l'ünagination au détriment des exc1ter l'intérêt, soit par' le dévelop tres facultés.• Les femmes qui font la lessive on t meut des passions, soit par la peint Conclul!ion pratique: Jeunes gens, souvenl les mains ren dues rugueuses des mœurs, soit par la singularité d eu vous garde de prendre pour é- 1 par le chlore et le savon. La peau reaventures.•Fiction, excitation, peintu 11se uue liseuse de romans ou de devient dOLlCe si on a soin de se laver singularité, aventures, autant de pr illetons, pas moins qt1'une buveuse! les mains après la lessive dans du viduits de l'imagination. naigre très chaud. 9u'est-ce qu'un roman? Le diction ])e l882 à 1889, on a tué en France na1re de Larousse répond: • Oeuv Calme admirable de Philippe Il, l>1;)1 loups ; le nombre de ces bêtes fauroi d'Espagne d'imagination, récit d'aventures im ves est réduit aujourd'hui. ginaires, inventées et combinées pou On fabrique en Amérique des cigaintéresser le lecteur.• Philippe JI, roi d'Espagne, avait rettes qui s'allument par simple frotL'imagination est une précieuse f utume dr fa ire lui-même sa carres- tement sur la boîte. cuité de notre âme, mais d'un ordr e · mclance. A ce travail, il 11 assait une J...a plupart des foulards ou écharpes férieur; elle nous est commune avec 1 rtie de ses nuits, n'ayant pour J'ai- dont on s'entoure le cou ont surtout animaux. C'est une faculté aveugle r qu'un secrétaire dont l'uniqur pour effet de rendre la poitrine très qui nous aveugle, surexcitée, elle tro üssion était de cacheter les lettres délicate et sensible au froid. ble notre raison, peut nous conduire cl'y mettre les adresses. Une cuillerée à café de jus de citron la folie. Un soü·, Jp travail était p1·esque ter- par litre d'eau de cuisson rend le r iz C'est précisément parce que les r in<\ et le secrétaire avait devant hii beaueoup plus blanc et maintient les mans flattent l'imagination qu'ils pl · ul un monceau de missivrs. Le roi lui grains séparés. sent tant; mais c'est là aussi ce qui assa la dernière kttre t>ncore humide La toile cirt>e frottée avec de l'enconsti tue le premier danger, alors 'encre; le secrétaire la plaça sur les caustique dure beaucoup plus longme qu'ils ne contiendraient rien utres, et, pour la sécher, prit le satemps. mauvais. lier; mais, étant à moitir endormi, Les indigènes austraUens encore ~ .Ecoutez le témoignage de J. J. Rou 1 se trompa, prit l'encrier et le prome- demi-sauvages consomment avec délife~u., ~ui certes n'est pas suspect, ét a au dessus elu paquet de lettres qui ces des quantités de papillons. Ul-mcme un romancier. «On se pla' ontes furent perdues par le flot d'en- - *- que l~s r~mans troublent les têtes, · re qu'elles reçurent. crois ~1rn. ~n montrant sans ce Le roi à cette vue ne perdit pas son GRrtlNS DE SrtGESSE a ceux, qm }es hse~t ~es prétendus char aime: :Mon ami, ~e contenta-t-il de mes ~ u~ etat qm n est pas le leur, ire en montrant l'un et l'autre, voici - Quand on a faim, jl n'y a pas de l_~s tsedmsentA et leur font prendre le 'encrier, et voilà le sablier.• Et il re- nHtuvajs pain. e a en ~égo~t, ~t leur font faire un tontes RPR lettres. - Celui qUl fait Je même commerchange 1ma.gmaue contrE' celui qu' ce que vous est votre adversaire. ~-leur fait aimer. Voulant êtr e ce - Parlez pen et bien, si vous voulez l'on n'est pas, on parvient à se croi qu'on vous regarde comme un homme Patience de Turenne autre chose que ce qu'on est, et voil d'esprit. comment on devient fou.• -- Honneur et profit ne marchent Le maréchal La Ferté refusa brutaI.es romans produisent sur l'im · ~:>ment aux envoyés de Turenne les pas ens0n ble. nation le même effet que l'alcool. • . ut ils dont cP génPra 1 antit bel'lOin grisent 1'imagination et anémient

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LE FOYER ET LES CHAMPS

Le bon gardien Le elon singulier de la parole, dont la nature a gratifié le perroquet, a fait de cet oiseau un des compagnons préférés de l'homme, et on Je voit figurer dans l'iconographie égyptienne comme dans celle des Hindous. Ies fabulistes s'en sont servis souvent pour symboliser la parole dépourvue de réflexion, et les facultés mnémotechniques du perroquet lui permettant de retenir des phrases en tières ou des airs assez longs ont donné lieu à des incidents anecdotiques fort amusants, tels que celui du grand musicien Rameau, qui, entendant chanter dans une maison les couplets d'un de ses opéras, voulut absolument connaître le chanteur, grimpa par la fenêtre ouverte et... se trouva en face d'u n «jacot» bien stylé. L'illusion est du r este souvent parfaite, surtout lorsque le • répertoire• de l'oiseau est tel que ses paroles viennent tomber à propos. L'autre jour, un cambrioleur s'introduisait dans un appartement vide et s'oecupait à le dévaliser vite et complètement, quand tout à coup une voix forte et nasillarde se mit à crier:« Attends un peu! attends un peu!• Effrayé, le malfaiteur laissa là sa besogne inachevée et s'enfuit à toutes jambes, abandonnant pince-monsei gneur, outils et butin. Mais rencontré par des locataires dans l'escalier, ceuxci, devant son attitude suspecte, lui

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LE FOYER ET LES CHAMPS

Donne, donne toujours, donner ugée en pointe comme un museau de n'appauvrit pas re. n a une bouche énorme dont aque angle est pourvu d'un appenIl faut être bon, bien bon, pour aiice cor iace et crénelé à peu près come une crête de coq. On peut voir sur mer cette parole, la comprendre ct sr tête deux yeux .excessivement pe- laisser guider par elle. • Je me regarde comme la petite 'ts. Les pattes du pipa concourent à le pourvoyeuse du bon Dieu, ~ous ~lisa.it ndre plus étrange encore. Les deux une ouvrière vivant de sa JOurnee; .IP embres postérieurs sont palmés com- sors tous les jours, pour mon travail, e des pattes de canard. Les deux pat- et tous les jours sans Je chercher direcs de devant sont, au contraire, for- tement , je rencontre un pauvre, deu x barrèrent le chemin et prévinrent 1 ées de quatre doigts libres et chaque quelquefois et je donne un sou. Je s~ti s agents. oigt est terminé par quatre petites tellement persuadée que le bon D10u me les fait rencontrer que je me deOr, le personnage qui avait si oppor ointes. tunément donné l'alarme n'était aut Les pipas vivent sur terre et dans mande en sortant, qui donc le bon Dieu qu'un brave perroquet, qui, de sa ca 'eau . Malgré leur aspect. rep~ussant, va-t-Il m'envoyer? Et toi, mon ami, donne ta sympatb ie placée dans une pièce voisine, ava.i 'ls constituent, pour les md1genes de crié: «Attends un peu! • avec un à-pr 'Amérique méridionale, un plat fo:t à l'affligé qui pleure. Donne l'obole de ton abonda.nc.e el pos que pourraient lui envier bien d rrcherché. Ceci prouve que leur chan gens dont la pl'ofession est de parle n'est pas malfaisante et qu'il ne faut même de ta pauvreté. discuter des eouleurs et des Donne un peu de ton affection. Tl est, là-haut une main mystérieuse Le Crapaud de SYrinam qui. comble toujoms le vide que semhle Le mensonge faire la généros ité. Le Surinam est un fleuve de La petite pièce de monnaie. Guyane. Un des animaux les pl Le ri>gne du mensonge est très étenLa parole quj a consolé. étl'anges de cette lointaine contrée du. Le conseil qui a ramené au bien. un crapaud nommé pipa par les ind' L'enfant se pren d à mentir au sortir Tout ce qui a été donné au nom d.u gènes. du berceau l'adolescent use de men- Seigneur, est rendu au centuple: Vous avez probablement peu de sy songe à l'école, le jeune homme y reSur la tene, souvent; pathie pour les crapauds. Ne les d' rourt quand il est avec ses camarades Au ciel toujours. truisez pas: ce sont des bêtes tout l'homme fait s'en S(?rt dans les affaires --''="'~!t==<~=--fait u tiles dans nos champs et n le domestiq ue, l'ouvrier, Je négoeiant, jardins pour la destruction des a · les grands; les pelits y recourent larmaux parasites qu'elles dévorent. gement. Oh! ne quittez jamais, c'est moiqui ~o~s I.e di::;, est vrai qu'elles ont contre elle~ le Mais Dieu qui n'a qu'une balance ot Le devant de la porte où l'on JOUaJt_Jad.t~ laideur. Eh bien! vous les trouve qui ne cannait pas de poids trompeur L'église, où, tout enfant, ct d'une VOl:' legere, ~e tout à fait belles, en comparaison d condamne impitoyablement les men- Vous chantiez, avec amour, aupres votre mere; pipas. leurs. Et la petite école 01\ lralnant ch~que pas, Le squelette des pipas est assez ana Le mensonge est détesté de Diru, et Vous alliez le matin, oh! ne la qmttez pas! logue à celui des crapauds. Tous de de tous les hommes d'honneur et de Car une fois perdu parmi ces capitale~, immenses Paris aux tourmentes fataks, présentent une curieuse particulari ' conscience. II tend à la ruine de la sn- Ces Repos, t'ranche g~ieté, tout s'y vient englot~l~t> à savoir qu'ils ont une colonne ver c.iété humaine en ébranlant la con- Et vous les maudtssez sans pouv01r en sm tu . Croyez qu'il sera doux de voir un jo~r, braie et pas de côtes. fiance mutuelle. peut-eire, Le mensonge gâte le caractère et Le pipa n'a pas de langue et pas Vos fils étudier sous votrc~bon vieux maître; dents. Son corps est large, aplati, d'u traîne à sa suile de nombreuses pré- Dans l'église, avec vous, chante r a u même eouleur vert olive avec de petites rarications: la ruse, la dissimulation, hanc ches rousses. la violation de la parole donnée, les ser- Et jouer à la porte où l'on jouait enfant. Brtzeux. Rien d'aussi bizarre que sa tête ments criminels , les parjures.

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LE FOYER ET LES CHAMPS

Un Mithridate cafre Knox on l'avaleur de

8erpent~t

faut bien admettre, que c'est à cause d'une faculté toute spéciale ct véritablement extraordinaire.

LE POTER ET LES CHAMPS

HYGIÈNE

La population du globe

Alcôve

LP g lobe terrestre est habité par un millim·tl si x cent elix millions d'êtres. On n 'en a pas fait le recensement

A King William's Town, dans le Il faut évitf'r de dormir dans les al~ sud de l'Afrique, il existe actuellement côves, parce que l'air s'y renouvelle un nègre nommé Knox, et qui renouLes petits records ~al, et est vicié par la Fespiration et les velle tous les jours l'exploit de Mithexhalaisons de la peau. Les personnes ridate, roi de Pont, dont le corps était A Gordon, habite un M. Dupont, re- très hien portantes ne souffriront peutcomme on sait, habitué à tous les poi- cord du monde des casseurs de noix. être, pas beaucoup, tout d'abord, de sons. Ce Knox avale des serpents ve- 11 en brisa 28'1/1: en soixante minutes. coucher dans une alciJve, mais les perA I.ondres est M. Clooks, recol'd du sonnes don t la santé est mauvaise et n imeux, et gagne sa vie en exerçant cette singulière profession. Il porte monde des éplucheurs de pommes d~:~ ùélicnte, commettent assurément une toujours avec lui une provision de terre. Il en pela 14 kilos en sept mi- imprudence en installant leur lit dans i reptiles, qu'il chasse fort adroitement, l nutes. une alcôve, surtout si elles n'ont pa..s \ Ludwig Volfang, ci Berlin, fuma dix- soin de l'aérer abondamment durant et les absorbe publiquement, moyen1 nant une n'compense qui varie entre ; neuf cigares en deux heures, sans boire la journée. douze et vingt sous, suivant la taille ni cracher. --*-de l'animal. Loys Tiollaërt, à Bruxelles, établit Les pommes et le Médecin Knox ne sc préoccupe, en effet, Jo record du monde de lenteur en faipour établir-son tarif, que de la gran- sant durer un cigare deux heures. Lowney, américain, ouvrit 104 hui- Les pommes, cuites o:u réduites en deur et de la grosseur de ses serpents. Tl ne tient jamais compte de la ques- tres en quatre minutes. ruarmelade,saupoudrées de sucre, sont Mme Duble, Française, confectionna un aliment agréable et léger, très ution du venin. Et ü aurait tort de le faire, en effet, puisqu'il est mordu 2007 sandwkhs en dix-neuf heures. tile dans la convalescence d'un grand presque tous les jours par des reptiles :Vfiss Carrett acheta f'n quatre-vingt- nombre de maladies. Commes elles ont dangereu x, et qu'il ne s'en porte pas quatre minutes, un objet, avec facture· la propr!été de relâc~er le ve~tre, elpl us mal. à. l'appui, dans chaque magasin de IC's convwnnon~ aussi fort . b1en ~ux ta seule chose qui le tourmente, dans modes des deux rues les plus commer- personnes habituellement echauff_ecs. l'exercice de son pittoresque métier, çantes de Londres. La ti~ane de ~o~1mes que l'on. obhcnt c'<>st que certains serpents, bien que Christiania va être doté d'un corps rn fa1sant bomlhr deux ou tro1s J~om­ dllment avalés, s'obstinent à ne pas de femmes gardiennee de la paix, mes reinettes, coupE'es en quart1er~, YOtlloir mourir. Il alors contraint d'al- spPcialement chargées de ramener les dans un litre d'e~u, avec un p~u de rekr trouver le conservateur du musée, jeunes filles attardées. glisse, est une bmss?n bonne a d~n~er et d'en obtenir un peu de camphre, qui A Liverpool, une femme, Catherine dans les. infl~mmatwns de la pmtnne fait dans son estomac ce que l'acide Da ré, s'est enrôlée dans les scaphan- et dos nlt<>stms. Les cataplasrnrs. de g-astrique seul ne pouvait faire. driers. pommes, fort adou~issants, s·~mplo~e~t Si l'on veut hien réfléchir, l'exploit A Berlin, Mme Von Popp détient pour combattre les mfl~rnmatrons ~egede Knox est plus remarquable encore le record de chauffeuse. C'est la pre- res des yeux; on les prepare en f~1sant qm• celui de Mithridate, roi de Pont. mière femme qui ait obtenu le permis bouillir ave~ un peu_d'eau la charr des C<> dernier en effet, avait eu tout loi- de conduire des fiacres-autos. pommes, debarrassees de la. pl'au et sir de s'entraîner à l'absorption de ses Une doctoresse française, Mlle Pas- de la partie centrale. Enfin,. I; cidre, 11oisous: il avuit pu commencer par en ca l. a été nommée médecin de l'asile quand il est de bonne qua!üe, J?eut ;waler un milligramme, pour monter d'aliénérs de Clermont-de-l'Oise. remplacer le vin dans les preparations J)rogressivement à des quantités plus Pour terminer, un record_ assez médicinal~s. Ainsi, en fa.isa~t inf?ser considérables. rare maintenant dans notre doux pays: dE' la gentiane d_ans du bon ?1drc v1~ux En ce qui concerne notre nègre, l'en- une commune de ... Thuinge, celle de on ~btient ~n c1dre d~ gentJ~ne qm ne traîn ement n'a pas été possible; la Seeberjf'n, ne réclame pas de taxes l~ cede en r1en au meilleur vm de genpremirre morsure qu'il a subie Mait communales ni d'impôts à ses habi- bane. P. A. aussi dangereuse que les suivantes, et tants; bien au contraire, ellr leur dis--:x:-si Knox n'en a ressenti aucun mal, il tribue dPs rentes ..

exact par 1a voie administrative, cPla va sans dire; mais les travaux des géographes ont permis de s'arrêter h ce chiffre très approximatif. Dans ce total, les Indes-Européens ou Ariens comptent pour 800 mnlions, se décomposant ainsi: Gréco-Romains Germains et Anglo-Saxons Slaves Lithuaniens Celtes Albanais Iranians Ilindou&, Mah arnttes, etc.

164 millions. 212 » 132 " 3

9

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2 26

» »

160

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Il y a en outre 30 millions de Sémites, 20 millions de Berbères, 15 millions de Mongols en Europe (Finois et Hongrois) et 438 millions en Asie (Chinois, Annamites, Mandchous, Toungouses, Iakoutes, Tonkinois, Birmans, Siamois, etc.) 56 millions de .T aponais et Coréens, 7 millions de Thibétains ou habitants de l'Himalaya, 25 millions de Malais, 10 millions d'indigènes de l'Amérique (Peaux rouges, Atzèques, Toltèques, Mayas, Caraïbes, Incas, Tu}Jis, Pehuantchès, Patagons, Araucaniens; etc.); 90 milhons de nègres afl'icains dans Je nord et dans le centre du continent noir, 6 millions de Cafres, Zoulous, Herreros, Detchouanas, etc., dans le sud, 4 millions de Nigritif'ns, polynésiens, Mélanésiens, Australiens et Maoris dans la cinquième partie du monde. ~

Aux mamans Avez-vous remarqué avec quel plaisir vos bébés se débattent dès que vous lf's avez dc'barrassés de leurs langes? C'est donc qu'ils se ::;entent gênés dans leurs habits, veillez donc à ce que leurs Yêtements soient amples afin que tous leurs mouvements soient libres. Ils seront de meilleure humeur et vous donneront moins de peine.

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J.E FOYER ET LES CBAIIPS

Les plantes ,Remèdes de lavan(le

La Lavande est une plante à feuilles étroites opposées; son axe floral long et grêle porte vers son sommet des séries verticales de bractées dans l'aisselle desquelles se trouvent les fleurs Celles-ci de couleur bleue, ont un calice tubuleux dont la portion supérieure rst partagée en trois, la division postérieure représentant trois sépales plus ou moins distinets, et les deux autres nntérieurs étant deux sépales séparés. La corolle a deux lèvres, l'inférieure 111oins développée. Il y a diverses espèces de Lavandes, toutes aromatiques, douées d'une odeur fol'le due à une huile essentielle qui se l'encontre dans toutes les parties de la plante. L'espèce la plus employée en rnt'ùocine est la Lavande vl"aie, cultivée dans les jardins pour les usages donu~stiques. Elle a une odeur moins péIH;trante mais beaucoup plus suave qup cene des autl"es espèces. La Lavande fournit une poudre sternutatoire; on l'emploie en infusion contre les affections soporeuses, menace d'apoplexie, paralysie, asphyxie, lorsqu'il y a pâleur, défaut d'action, catharrhe, rhumatisme, hystérie, épilepsie. Ce sont les sommité~ fleuries qu'on met infuser, à la dose de 2 à 4 grammes par litre d'eau. La Lavande sert aussi à la préparation rle l'eau-de-vie et du vinaigre de Lavande pour l'usage de la toilette; quelques gouttes dans un demi verre d'eau ado ucissent la peau du visage

et ~n f?nt ~asser les rougeurs et lt petltes eruptwns. ~ En faisant bouillir dans l'eau to 1~ plante~ on pr~~are des bains arom t1ques tres fortifiants. On obtient une excellente vie de Lavande en faisant un de 1000 grammes d'alcool, 180 mes d'eau distillée, 24 grammes d le essentielle de Lavande, autant sence de bergamotte, 12 gouttes sence de roses, 12 gouttes SPnce de girofle, 2 décigrammes musc, GO grammes de miel et 5 mes d'acide benzoïque. On laisse ser pendant 24 heures puis on filtre.

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Gâteau des quatre !-laisons Mettez, dans une casserole, comme deux petits œufs de que vous faites fondre, ajoutez auta de farine que le beurre peut en abs ber et mélangez bien; ajoutez un verre de lait froid et trois à bouche de sucre en poudre. Placez casserole sur le feu et travaillez jours avee une cuillère en bois, évi de laisser attacher. R0tirez ensuite du feu, laissez froidir à moitié, ajoutez deux œufs liers, trois jaunes, un petit verre l'llUm ainsi qu'un quart de marro glacés coupés en petits dés. Beunez un moule cannelé que vo1 remplissez de cette pâte et faites Pl cher au bain-marie pendant une tite demi-heùre. Démoulez sur un plat, entourez c bouquets d~ fruits confits que vo1 avez fait chauffer avec un peu de vi&'~ de Madère et quelques marrons glacé Saucez le gâteau de marmelade d'abr cots et servez

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Moniteur du Musée industriel et pédagogique L 'Ecol9 primaire donne de 12 à 14 livraisons de 8-16 pages chacune, non compris la couverture et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplémeu: illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ce qui concerne la publication doit être adress~ :tlr,z:wment à son g~rctnt, M. P. PIQNAT, cheF de SerYice aa Déplll'tcment de l'lnstruetlon publique, à Sion.

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