No 11 l'Ecole primaire, 25 Novembre 1910

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I.E FOYER ET LES CBA.IIPS

les plantes Remèdes de la"antle

J.a Lavande est une plante à feuilles étroites opposées; son axe floral long et grêle porte vers son sommet des séries verticales de bractées dans l'aissellE> desquelles se trouvent les fleurs Celles-ci de couleur bleue, ont un calice tubuleux dont la portion supérieure Pst partagée en trois, la division postèrieure représentant trois sépales plus cm moins distincts, et les deux autres antérieurs étant deux sépales séparés. La corolle a deux lèvres, l'inférieure 111oins développée. Il y a diverses espèces de Lavandes, toutes aromatiques, douées d'une odeur fMle clue à une huile essentielle qui se I'Cncontre dans toutes les parties de la plante. L'espèce la. plus employée en IIH:•decine est la Lavande vraie, cultivée claus les jardins pour les usages doJllestiques. Elle a une odeur moins pén(•trante mais beaucoup plus s uave que celle des autres espèces. La Lavande fournit une poudre sternutatoire; on l'emploie en infusion contre les affections soporeuses, menace d'apoplexie, paralysie, asphyxie, lorsqu'il y a pâleur, défaut d'action, catharrbe, rhumatisme, hystérie, épilepsie. Ce sont les sommité! fleuries qu'on mel infuser, à la dose de 2 à 4 grammes par litre d'eau. La Lavande sert aussi à la p réparation rle l'eau-de-vie et du vinaigre de Lavande pour l'usage de la toilette; quelques gouttes dans un demi verre d'eau ado ucissent la peau du visage

et ~n f?nt ~asser les rougeurs et lt pet1tes eruptwns. · · En faisant bouillir dans J'eau toul 1~ plante,_ on pr~~are des bains arom ! tlques tres fortifiants. On obtient une excellente vie de Lavande en faisant un de 1000 grammes d'alcool, 180 mes d'eau distillée, 24 grammes d le essentielle de Lavande, autant sence de bergamotte, 12 gouttes serree de roses, 12 gouttes SP.nce de girofle, 2 décigrammes musc, GO grammes de miel et 5 mes d'acide benzoïque. On laisse ser pendant 24 heures puis on filtre.

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Mettez, dans une casserole, comme deux petits œufs de que vous faites fondre, ajoutez autllj de farine que le beurre peut en abs 1 ber et mélangez bien; ajoutez un verre de lait froid et trois à bouche de sucre en poudre. Placez cnsserole sur le feu et travaillez jours avec une cuillère en bois, évi de laisser attacher. Retirez ensuite du feu, laissez froidir A, moitié, a joutez deux œufs tiers, trois jaunes, un petit verre rh um ainsi qu'un quart de marro glacés coupés en petits dés. Beul'l'ez un moule cannelé que vo1 remplissez de cette pâte et faites Pl cher au bain-marie pendant une lit~ demi-heùre. Démoulez sur un plat, entourez c bouquets de fruHs confits que vo1 avez fait chauffer avec un peu de vi~ de Madère et quelques marrons glacâ Saucez le gâteau de marmelade d'abr

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Moniteur du Musée industriel et pédagogique

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L'Ecole primaire donne de 12 à 14 livraisons de 8-16 pages chacune, non compris la couverture et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplémen: illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

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Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout ee qui eoneerne lll publlee~tion doit être llclressé :i!rec:tement à son gérllnt, M. P. PIGNAT, ehe~ de Serl!'iee lla Déplll'tcment de l'Instruetlon publique, à Sion.

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Pour les femmes, la douceur est le m&ille moyen d'avoir raison. Faites Qtù parle sème, qui écoute récolte. ne une

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en sorte que l'enfant ne subisse pas l'instruction, mais qu'il y part active. Buisson.

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Une bonne nouvelle pour nos lecteurs et lectrices Nous avons le plaisir d'apprendre aux nombreux abonnés et lecteurs de l'Ecote primaire, qu'ils recevront à l'essai, dans

quelques jours, un nouveau petit journal spécialement destiné à la jeunesse, sous ce titre :

LE JEUNE CATHOLIQUE Recueil mensuel illustré pour nos enfants Ce modeste périodique, qui paraîtra à Sion , une fois par mois, sera publié en fascicules de 16 pages, qui formeront ai.nsi, au bout de l'an, un joli volume de 200 pages environ, enrichi de nombreuses planches et gravures. Afin qu'il ait accès, si possible, dans tous les foyers, Je prix en a été réduit à la dernière Iimi-

te en prévision et dan~ l'espoir que l'on arrivera ainsi à compter plusieurs milliers d'abonnés. Ce n'est, en effet, que grâce à un tirage élevé qu'il pourra subsister et être servi (à la même adresse et sous une seule bande) aux conditions suivantes exceptionnellement favorables:

1 abonnement fr. 1.50 - 2 à 4 ab., chacun fr. 1.25 - 5 ab. et plus, chacun fr. 1 Le personnel enseignant, qui doit tout recueil. C'est en comptant d'avance et particulièrement appeler de ses vœux fermement sur leur actif et sympathique la création et la prospérité d'une feuille concours, que le fondateur de ce petit de ce genre, voudra donc bien s'efforcer journal s'est décidé à le lancer dans de la faire connaître et de la répandre la conviction qu'il comblera par là une autour de lui. A cet effet, il en recevra, réelle lacune. Cette initiative a d'ailà son usage et à celui de ses élèves, plu- leurs la pleine approbation et les encousieurs exemplaires affectés à la proga- ragements de S. O. Mgr Abbet, évêque gande, pour laquelle, au surplus, d'au- de Sion, le vénéré Chef du diocèse ayant tres sont mis gratuitement à sa disposi-· été préalablement mis au courant de ce tion en quantité nécessaire à indiquer projet. Aussi, est-ce avec cette haute (un par fami-lle) . adhésion et sous ce patronage autorisé MM. les Instituteurs et Mesdames les que cette petite feuille voit le jour In stitutrices sont informés, en même et réclamera l'hospitalité bienveillante temps, qu'un formulaire spécial leur par- de toutes les famiUes soucieuses de la viendra, avec le Numéro spécimen, pour bonne éducation de leurs enfants, basée y consigner les noms et le domicile des sur une solide instruction religieuse et ieunes souscripteurs, selon instructions profane. supplémentaires qu'ils recevront à cet A noter que le nouveau recueil conégard. Hs auront ainsi à cœur de se- viendra également aux fillettes et aux conder le promoteur du .feune Catholi- g~rçons, une part aussi équitable que que, dans sa louable tentative de don- possible y étant prévue pour tenir compner à la population scolaire le goüt des te de leurs besoins et convenances. bonnes et saines lectures propres à l'éPour l'administration et la rédaction ditier, à l'instruire et à la récréer, car du .feune Catholique, s'adresser à tel est le programme que s'est tracé et 1 M. P. Pignat, à Sion. que s'ingéniera à remplir le nouveau

Conférences des Jnstltoteors Sion-!yent

ges, était envahie par la gent pédago·gique! Séance Les instituteurs de cet arrondisseA 9 h. 1/ 4 M. le Rvd Curé Troillet, ment auront leur conférence annuelle le mardi 6 décembre prochain, à 9 b. du Inspecteur scolaire, ouvre la séance par m. à l'école nomale. - Le présent avis des paroles de bienvenue. Après règlement du protocole, M. le tient lieu de convocation. prof. Friedmann donne une conférence -0·sur l'ensei~.;nement du dessin, écoutée avec une attention soutenue. Il préconiSommaire se, avec la compétence qu'il s'est acquise de la présente livraison dans ce domaine, la méthode moderne, Instruction religieuse: l'Avent. - La renversant de fond en comble celles suisalle de classe. - La tenue des cahiers. vies jusqu'ici! - La récitation des leçons. - Con- . Dans un savant et habile plaidoyer, seils pr?tiques sur la manière de faire Il nous montre la supériorité de sa médes leçop.s. - Enseignement simultané thode qui, d'ai"lleurs, est celle adoptée de la lecture et de l'orthographe. - Du auiourd'hui par tous les gouvernements. rôle de la gr;1mmaire d1:1s l'enseignePlus d'un instituteur trouve la tranmeut des lanpJeS vivante:>. -- Le diant sition brusque et hasarde ses observaà l'école. - Partie pratique. tions. -0Enfin, l'aimable conférencier prêchant par la théorie et des exemples Sommalre do supplément No 11 pratiques finit par convaincre tout le Parabole du festin nuptial. - Ré- monde. Bouveret est choisi comme lieu de ta flexions sur le sacerdoce. - La conversion d'un médecin incrédule. - Da_ns prochaine réunion. La séance n'est levée qu'à 1 h. 1/ 2. les cimetières. - Croquis valaisan: Le mulet. - La poignée de main. - Le Banquet nain Luc. - Serviteurs d'autrefois. Le banquet. honoré de la présence du conseil municipal in corpore et de M le Chanoine Métroz. réunissait à l'Hôtel Autre annexe du présent numéro: de Vérossaz tous les convives où les atT,e Foyer et les Champs ten~<tient un dîner copieux, flanqué des meilleurs crus. et galamment servi! -oM. R. Bochatay, acclamé major de Réanton de.- instltutenrM de table. jette la note gaie dans la séance Mt-lllaorlce-Uonthey à Véros- du matin, et. provoque une série d'inssaz. tants trop courts hélas! que nous avons Le 22 nov. courant, les instituteurs à passer_ là-haut! Nous ont charmé par de l'arrondissement occidental se trou- leur<> discours ou leurs productions, MM. Fe!lay, Mee Gross. ln Pralon{!. vaient réunis à Vérossaz. (_outaz, Gaudin, Rémv Vannay; celuiMal~rré les tempêtes de la saison hiCl. c!-;ns un langage humoristique, tout vernale qui hurlent cette année plus fort que de coutume leurs malédictions tous en deposant so_n bâton pédagogique, exles invités avaient répondu à l'àppel. horte ses collegues ieunes et vieux à . (\ 9 h. _du matin, la pittoresque loca- rester fermes dans leurs devoirs pour lite de Verossaz, bloquée dans les nei- ne pas se voir sttpprimer la prime et laisser l' âf(e!

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SION, 26 Novembre 1910

L'expérience a déjà démontré que le papier est plus solide que le bois et plus aisé à travailler que 1~ métal. Il est, en outre, aosolument imperméable, expo~é même pendant longtemps aux intempéries. À l'heure présente il existe déjà de nombreuses maison s en papier, des trains en papier, des meubles même en p1pier. •. Le proscénium de beaucoup d~ nos theatres ains i que les moulures de b1en des plafonds ne sont le plus souvent que du papier ! Le papier ordinaire n'est frag ile que parce qu'il est mince ; mais ce peu d'épaisseur ne l'empêche pas, néanmoins, de supporter un effort peu en rapport avec la substance, en apparence du moins. Le papier de Chine ou des ~nd~s est d'une ext raordinaire solidité· c'est ams1 par exemple, qu'un très lourd ~olume imprimé sur ce papier peut être facilement tenu suspendu par un seul de ses feuillets. O n se !ait. en général, une idée for t erronée Mais, lorsque l'on augmente l'épa.isseur du du papier quand on se figure que cette subs- papier, la force de celui-ci devient Simplement tance ne peut serv ir qu'à écrire, à imprimer ou prodigieuse. bien à envelopper des paquets. Une feuille de carton solide, dont deux des S'il en était ainsi, on peut di~e qu'on pour-~ côtés seulement reposent su~ deux api?u!s, le rait aisément se passer de pap1er. mi lieu se trouvant dans le v1de, peut aisement Il est vrai qu'il n'y aura it pas de journaux, supporter le poids de cinq hommes. de t~ifle de livres non plus et bien peu de lettres. Il moyenne; et, s'il plie légè~ement, il revrent nous faudrait en revenir aux anciennes tablet- bientôt à sa position prem1ere quand le cartes ou bien aux inscriptions gravées sur le ton est délivré de ce poids énorme. bois ou l'ivoire. Un a utre exemple donnera une idée aussi Nous serions certainement moins savants, de la force du papier. mais nous aurions aussi moins de soucis, et C'est une expér ience faite récemment dans notre existence s'en trouverait ainsi prolongée u11e fabrique de papier. • • d'autant. Une solive de bois fut attachee par le mlMais tel n'est pas Je cas: on a inventé la lieu à l'extrémité d'une bande de carton de fabrication du papier, celu i-ci sera de tout 010 m. de largeur et de trois quarts de centi· temps maintenant. . mèt re d'épaisseur. Douze ouvriers s_'accroQuand bien même tous les ammaux porteurs chèrent à la poutre, et la grappe humame dede laine viendraient à mourir, toutes les plan· meura ainsi suspendue en plein air, sans que tes de Jin ou de coton à disparaître, de façon la tig-e de carton se rompit. qu'il n'y el!! plus de chiH?ns puisqu'il n.'y auCes expériences, cependant, ne sont a~rès rait pas d'étoiles. le pap1er ne cesserait pll.s tout que de simples curiosités. On s::~it ~eux pour cela d'exister car on le !abn querait me:tre le papier à l'épreuve dans les d1vers alor> avec des herb~s ou de la pulpe de bois, usag-es auxquels on le soumet. ou d'autres matières encore. Les premières constructions en papier fuQui plus est, on peut préd ire, sans craint~ rent élevées en Angleterre: ce sont les salles de l'hôpital militaire de Netley, qui durent de se tromper, que Je papier Qst appelé a jouer dans l'avenir, un plus grand rô!e que être rapidement bâties pour recevoir les so!jamais dans l'économie de notre existence dats revenus blessés ou malades du Sud-Afn· cain. )ou mal ière. Ce ne devaient être que des bâtiments temDéjà maintenant, on l'emploie à des usages poraires ... mais ils durent toujours, et ne sont auxquels on ne songeait même pas il y a 1 faits, cependant, que de papier. La carcasse quelques années.

L'ECOLE PRIMAIRE

M. l'Inspecteur scolaire clot la série des discours si bien sentis par des paroles d 'encouragement et de confiance réciproque qui sont salués avec enthousiasme! Pendant les entractes, une collecte rapidement faite pour les incendiés de Vérossaz a produit 25 fr.; et la chorale de St-Maurice-Monthey, dirigée par M. Schurmann a rempli la salle de flots d'harmonie! A 3 h. l /2 nous quittons Vérossaz contents d'une journée si bien .remplie. L. C.

Tout ce qu'on peut faire avec du papier

29m• ann~e

ORGANE DE LA

SOCIETE YALAISAlfD D'EDUCATION Jnatructiuu Rellgleu11e

L'Avent Nous commencerons, dimanche, une nouvelle année ecclésiastique. L'Eglise se sert des 52 semaines qui composent une année pour développer à ses enfants, par degrés et avec un ordre magnifique, tout ce que Dieu a fait pour les racheter, tout ce qu'ils doivent faire pour participer au bienfait de la Rédemption. De même que la terre, notre lieu de passage et d'exil, a besoin, pour être vivifiée, de se mouvoir vers le soleil par un double mouvement: l'un qui produit cette succession de lumière et d'obscurité qui règle nos jouvs, l'autre qui produit cette succession de chaleur et de froid qui règle nos saisons et nos an~ nées; de même, l'Eglise, pour entretenir la vie de nos âmes, les fait mouvoir vers jésus-Christ par une ascension de chaque jour dans le Sacrifice eucharistique, et par une sorte de circuit annuel qui nous pennet d'adorer sous tous les aspects, de contempler ce qu'a été, ce qu'est, ce que sera pour nous le Dieu Sauveur. Le temps de l'Avent est la première saison de l'année ecclésiastique. Il rempUt les derniers beaux jours de l'automne et les premières tristesses de l'hiver. n figure par là ces temps heureux des Patriarches, à qui les apparitions du Seigneur apportaient comme un reflet des splendeurs trop tôt perdues de l'Eden, et ce déclin progres,sif du genre humain vers l'idolât·rie, vers une vie que n'éclairaient pas les sp.Jendeurs de la foi, que

n'échauffaient pas les splendeurs de la charité. Au lieu d'incliner nos têtes sous le poids du chagrin, relevons-nous, pleins de courage et de résignation. Regardons le Ciel, pensons à notre véritable Patrie. Puisque nous ne sommes point faits pour la terre, qu'importent les événements dont la terre est le théâtre? S'ils contrar.ient nos désil13, si nous croyons assister au triomphe de l'injustice, rap· pelons-nous que nous serons bientôt délivrés de ce ·spectacle désolant: Notre rédemption approche. L'Avent a toujours quatre dimanches et renfenne trois semaines entières et une quatrième au moins commencée; ces quatre semaines représentent les quatre mille ans qui ont précédé la venue du Messie. L'Avent est un temps de pénitence et de mortification. C'es.t pour cela qu'à la messe on ne dit pas le Gloria in excelsis, qui est une hymne de joie, et qu'on se sert d'ornements violets . Ce qui domine la l·iturgie du premier dimanche de l'Avent, c'est l'Evangil'e où jésus-Christ nous annonce Lui-même les redoutables prodiges qui signaler.ont son avènement.

La salle de classe Avez-vous pensé quelquefois à l'impression de tristesse et de froideur que cause l'aspect habituel de nos classes à l'enfant qui vient de quitter le logis familial et qui y pénètre pour la première fois? N'avez-vous pas rema rqué assez souvent des écoliers débutants, ayant à pei-


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ne franchi le seuil de la classe, pris d'un accès de mélancolie et de crainte qui les impressionne vivement (dans l'enfanc~ les impressions sont profondes) et qut en contractent une sorte de dégoût de l'école que certains même conservent par la suite? Et, en effet, comparez l'aspect de l'a classe à celui de l'habitation p aternelle. Dans cette dernière, l'enfant a l'habitude de voir les murs garnis de gravures, tableaux ou chromos; sur les meubles' des bibelots, des fleurs, toutes chosts gaies, parlant aux yeux, et qui en rendent le séjour agréable; tandis que, 1~ plus souvent, comment sont décorées et aménagées nos classes? Un mobilier scolaire de couleur sombre. sévère par lui-même; aux murs : un tableau noir, des cartes géographiques, et c'est à peu près tout. Avouez que cela convient peut-être à la cellule d'un cénobite, mais est trop triste pour des bambins de 7 à 15 ans. Aux Etats-Unis, on voit souvent dans les clas.ses, outre des reproductions en couleur de tableaux et de scènes enfantines, des fleurs et même des animaux vivants: oiseaux, poissons. Sans. aller jusque là, et sans encombrer le bureau du maître de porte-bouquets ou d'aquariums, nous devons veiller à faire de la classe un endroit où l'enfant s,e plaise, se trouve bien, où il aime revenir après la récréation. Pour cela, que les murs, peints d'une couleur claire, soient garnis de quelquesunes de ces reproductions d'œuvres d'art (religieuses et autres) que l'on fait maintenant à si bon compte, de tableaux coloriés d'histoire naturelle, de vues pittoresques des différentes régions de notre beau pays; on pourra aussi exposer quelques dessins d'élèves parmi les mieux exécutés; des consoles supportant les types des principales classes d'animaux (naturalisés) peuvent avantageusement occuper les angles. La dépense n'en sera pas très consi-

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dérable et ce petit matériel pourra servir utilement pour les leçons de choses, de géographie et d'histoire naturelle, car il ne sera pas inamovible, et il s'entend que les autres classes pourront l'emprunter au besoin. Outre l'avantage d'embellir et d'égayer la classe cette petite décoration éveillera chez hnfant l'habitude de l'observation des belles choses et contribuera à former son goût, œuvre éminement T. S. utile.

La tenue des cahiers Voici encore une question sur laquelle il n'est pas inume, pensons-nous, d'appeler l'attention des jeunes maîtres. Dans le bagage de l'écolier, les cahiers constituent la partie personnelle, la seule où se puisse voir la trace matérielle de son travail, celle sur laquelle, bien souvent, on jugera de l'élève et du professeur; il importe donc d'en tirer le meilleur parti possible. Avant tout, disons-le, nous sommes partisans du cahier unique (sauf pour le dessin et l'écriture) et en voici les raisons. Quel avantage trouve-t-on à avoir un cahier distinct pour chaque matière; un pour les devoirs de français, par exemple, un_ pour l'arithmétique, etc? La réunion des divers exercices et devoirs sur une même matière va-t-elle donc, à l'école primaire, constituer un cours que l'on pourra mettre en parallèle avec celui contenu dans le livre de l'élève? Evidemment non. Mais les inconvénients de cette manière de faire apparaissent aussitôt et nombreux. De cette multiplicité de cahiers il s'ensuivra pour l'écolier une perte de temps, car généralement, il ne trouvera pas de prime abord celui dont il a besoin. De plus, ces cahiers, sur lesquels ne

figureront qu'une seule catégorie de devoirs, dureront longtemps ; et }"enfant, chez qui la constance n'est pas la qualité maîtresse aura plus de difficulté à les tenir propres et soignés. D'ailleurs, qui n'a remarqué le plaisir particulier qu'éprouve l'enfant à posséder quelque chose de neuf, même un simple cahier de deux sous? Quelle joie de tracer son nom sur la couverture, puis d'écrire sur une belle feuille blanche bien lisse, sans cornes, ni taches, ni empreintes de doigts! Tout écolier éprouve, devant un nouveau cahier, le désir de le conserver en bon état, d'en faire un cahier plus beau que les précédents; mais hélas! souvent ces bonnes résolutions s'envolent dès l'apparition des premières taches, du premier devoir mal fait. Donnons donc à l'élève l'occasion d'avoir souvent des cahiers neufs, et pour cela, n'ayons qu'un seul cahier. Autre avantage du cahier unique : d'un coup d'œil on embrasse tout le travail écrit de la journée, ce qui permet aux maîtres et aux parents de se rendre compte de l'application et des progrès des élèves. Et, à ce propos, ne craignons pas le contrôle des parents, contrôle qui, nous le savons, n'est pas toujours exact, car pour la plupart il se réduit aux côtés extérieurs: écriture, ordre, propreté, mais qui a néanmoins son utilité. Au point de vue matériel, les cahiers actuels sont généralement protégés. pa1 une couverture terne et unie et n'ont plus ces images col()riées qui nous plaisaient tant dans notre jeune âge: faits héroïques de l'histoire, représentation de plantes ~u d'animaux exotiques, avec quelques hgnes explicatives. Tout en portant sur la couverture l'indication du nom de l'école, ne pourrait-on con· server ces iHustrations? Elles seraient sûrement goûtées des écoliers d'aujourd'hui comme elles l'étaient de ceux d'hier et, tout comme alors, leur fourniraient des notions instructives qui ne sont pas négligeables.

Parlons maintenant de la correction des devoirs. Certains maîtres et certaines maîtresses, par crainte d'abîmer les cahier:s de leurs élèves, marquent à peine les fautes et font de timides corrections. Il en est même qui, par horreur des ratures, les remplacent par des parenthèses, ce qui pourtant n'est pas du tout la même chose. Il importe cependant que les corrections soient bien apparentes, pour qu'elles frappent l'œil et par là-même l'esprit. Soignons la tenue des cahiers, rien de mieux, mais n'allons pas en cela jusqu'à la manie; ne perdons péliS de vue d'autres considérations plus importantes et n'oublions jamais que les cahiers ne sont pas un but, A. R. mais seulement un moyen .

La récitation de1 leçons Voici un sujet de pédagogie pratique, d'importance secondaire en apparence, et qui est cependant capital dans une classe. Doit-on faire réciter les leçons à la totalité des élèves? à quel moment et de quelle façon aura lieu cet exercice? Il est matériellement impossible, lorsque les enfants sont en certain nombre, de les interroger tous sur la leçon entière: le temps consacré à cela dépasserait alors sensiblement celui qui est dévolu, par l'horaire, à l'étude de la matière elle-même. L'instituteur est donc amené à employer des procédés lui permettant en quelques minutes, de s'assurer si l'é~ tude des leçons a été faite et de quelle manière elle a été faite. Avant tout, il est bien entendu qu'il n'y aura pas de moment spécial indiqué à l'emploi du temps, pour la ~écita­ tion de~ diverses leçons de la veille : celle-ci aura lieu à l'heure fixée pour l'étude de la même matière. Ainsi c'est au début ~e. la classe de français' que l'or1 fera rectter une leçon de grDmmaire, avant la classe de géographie, etc., quel


164 Nous avons rarement vu la chose se que soit le moment de la journée où se produire, d'autant que le maître dispose présente cette classe. Pour les leçons n'exigeant pas inté- d'un moyen de contrôle certain et ragralement la lettre, on questionnera pide. Les moniteurs ayant terminé, quelques élèves (sans suivre d'ordre dé- l'instituteur interroge lui-même, au haterminé) sur une partie seulement de ra Eard, deux ou trois élèves, et juge par leçon. ceci rapidement et en variant les là de l'exactitude des appréciations de termes employés, de telle sorte que l'au- ses auxiliaires; puis, s'il est des récladition même des interrogations et des mants qui croient avoir à se plaindre de réponses équivaudra pour les écoliers la note attribuée, il leur fait réciter la leçon ; si le moniteur a bien jugé, Je à une nouvelle étude du sujet. Mais, s'il s'agit du catéchisme, d'un plaignant voit sa note diminuée d'un morceau littéraire, d'un résumé à ap- ou de deux points; et celui-ci perd du prendre par cœur, il est impossible au coup son emploi (au moins pour un maître de le faire réciter en entier à cha- temps). Vous serez étonnés des résultats que que élève, ce qui, pourtant, serait l'idéal. Voici un moyen qui donne de très vous donnera ce procédé. dont le grand bons résultats et qui permet, tout en in- avantage est. répétons-le, que les enterrogeant la totalité des écoliers. de ne fants , sachant qu'ils réciteront tous et consacrer à cet exercice qu' un temps re-- inté~:rralement les leçons, auront plus de goûf et plus d'ardeur à leur étude. lativement court. Il imp.Jique l'emploi de moniteurs; Ainsi sera résolu, à l'entière satisfacnon pa$ des moniteurs que nous avons tion du maître et des familles et pour le connus autrefois à l'école mutuelle, vé- plus grand bien des élèves, la questio~ ritables sous-maîtres de fait, sans avoir de la récitation des leçons, question qm les aptitudes pédagogiques nécessaires, embarrasse souvent les instituteurs déet qui, dans l'immense salle de classe, butants. f. B. faisaient travailler chacun un groupe d'enfants. Nos moniteurs sont les élèves les plus Conse ils pra tiques s o r avancés et les plus intelligents de la l a manière de faire des le-;ons classe; ils n'ont pas à remplacer l'instituteur, ce qu'ils ne seraient d 'ailleurs La leçon ne doit pas être la récitation pas capables de faire, mais à l'aider routinière du livre, mais un enseignesimplement dans la circonstance qui ment vivant et personnel où le maître nous occupe. Après avoir récité leur le- a la plus grande part. çon au maître, chacun d'eux la fera réCertaines écoles ont conservé la vieilciter à son tour, à mi-voix, à quelques le habitude de faire réciter chaque maenfants et marquera lui-même la note tin, à la suite les unes des autres, touméritée pendant que l'instituteur, tout tes les leçons apprises la veille. en dirigeant l'exercice, interrogera luiSans condamner d'anciennes méthomême certains élèves. Vous craignez peut-être que ces en- des dont les bons maîtres savent toufants ne soient incapables de juger des jours tirer profit, il y a cependant avannotes à attribuer, et que, dans certains tage pour l'enfant à ce que chaque macas, ils cèdent à des considérations étran- tière d'enseignement ait sa place margères ou à de petites rancunes pour quée à l'emploi du temps, son enseigneaugmenter ou diminuer les notes de ment propre et sa méthode spéciale. Ainsi toutes les matières d'enseigneleurs condisciples.

165 ment donnent lieu à des le{ons, et chaque leçon comprend : 1o Une interro~ation sur le sujet précédemment exposé: morale, histoire, géographie, sciences, etc. Il n'est pas nécessaire d'interroger tous les élèves: il suffit que chacun d'eux soit interrogé une fois dans la journée de classe, et du reste le maître facile-ment se rend compte si la leçon a été apprise par tous. 2° Une courte leçon, dans laquelle le maître expose et explique le sujet qu'il veut enseigner, en se tenant le plus près possible du livre que les élèves ont entre les mains, et dont ils apprennent par cœur le résumé. Inutile d'entrer dans de longs détails, IIlO:l.is énoncer des idées précises, claires, simples, dans une suite rigoureuse. 3° Toutes les fois que cela est possi~ ble, par exemple, pour l'histoire, la géographie, la morale, les sciences naturelles, compléter la leçon par une lecture appropriée et bien choisie: biographie, récit de voyage, poésie, détail de la vie et des mœurs des animaux, etc. Si l'emploi du temps accorde une heure pour la leçon, on peut la pariager ainsi: 30 minutes pour l'interrogation, 20 minutes pour la leçon, 10 minutes pour la lecture. Quelle doit être l'attitude du maître lorsqu'il enseigne? Aristote enseignait en se promenant. Nos maîtres, modernes Aristotes, sont astreints à plus d'immobilité, car les conditions dans lesquelles ils sont. eux et leurs rlèves, ne sont plus les mêmes. Chaque matière d'enseignement a sa méthode et ses procédés propres. Les leçons de morale, d'histoire, de choses, de sciences, se font au bureau, où le maître, assis, domine tout son petit troupeau. Les leçons de grammaire, de calcul se font au tableau noir où Je maître, debout, écrit les exemples à mesure que la démonstration les demande.

La leçon de géographie se fait à la carte murale où le maître désigne à mesure ce qu'il décrit: contrée, ville, fleuve, côte, mer, etc. Toutes les fois qu'il le peut, il fait le croquis l-ui-même au tableau noir; le bon maître en arrive toujours là. Les cartes portatives sont préférables, car on les pose devant les élèves au moment de la leçon. Les leçons d'écriture, de travail manuel, de dessin, d'orthographe se font en circulant autour des élèves pour les reprendre individuellement une fois que les indications générales ont été données. Ne jamais permettre à l'élève de quitter sa place pour montrer son travail, ce qui provoque du désordre; c'est le maître qui doit se déranger. Les leçons de dessin et d'écriture sont précédées d'un exposé de principes au tableau noir. et d'un modèle reproduisant, pour le dessin, l'objet usuel, te plâtre, la fleur, la plante, l'ornement que l'on étudie, et. pour l'écriture, exactement la lettre, la phrase du cahiermodèle que les élèves ont entre les mains, s'ils en ont un. Dans certaines écoles, la leçon d'écriture ne comporte pas autre chose que des pages. et des pages de cahier-modèle écrites par les élèves sans aucune indication préalable, sans que leur attention ait été attirée sur le' proportions et la forme des lettres, en sorte que tous les élèves écrivent à des. pages différentes. On ne doit pas permettre cela; le modèle doit être le même pour toute la classe et tout le monde aller du même pas. L'enseignement est ainsi général et individuel. La leçon de travail manuel doit également être précédée d'une démonstration théorique au tableau noir pour les points, marques, proportions et toutes indications générales. Exiger que les élèves aient toutes le même ouvrage; condition d'un enseignement sérieux, car la maîtresse ne peut


166 pas à la fois montrer à broder une tapisserie, à confectionner une chemise, à monter un poignet, à ourler un mouchoir. La leçon de français proprement dite comprend une leçon de grammaire, une dictée d'orthographe et des exercices d'application. La dictée d'orthographe, si routinière dans nombre d'écoles où elle semble constituer à elle seule tout l'enseignement du français. doit toujours être l'application de la leçon de grammaire qui la précède. et en employer les règles. Quant à l'orthographe des mots d'usage. il faut prévenir les fautes au lieu de les laisser faire, et écrire les mots nouveaux et difficiles au tableau noir avant de les dicter. Pour les petits. on v écrira la dictée tout entière avant de la fai- · re reproduire sur Je cahier. Une dictée doit être précédée d'une explication sommaire et suivie d'un exercice de grammaire, de questions, d'analyses, etc. Les dictées de contrôle prises au hasard seront donc rigoureusement proscrites, car elles n'apporteront aucune suite dans un enseignement qui doit être méthodique par excellence.

Enseignement Blmnltané de la lecture et de l'orthographe anx petlt8.par le8 caractère8 mobile1. • L'enseignement de la lecture, comme il se pratique dans les classes, est si aride, que si l'on proposait dès le début le dégoat et l'horreur de l'école, on ne s'y prendrait pas autrement. • (Rendu). • L'alphabet mobile, système Thollols est la méthode la plus ingénieuse que nous connaissions pour faire travailler les enfants et le·s instruire en les amusant. » (Brétigniè~s, Inspecteur d'Académie).

Un jour, M. Thol1ois, maître d'école à La Chapelle-sur-Oreuse, admi~

nistre en passant quelques calottes à un galopin qui jouait en classe avec des haricots. Le soir, en repassant sa journée, comme faisait Titus, cet homme juste se fit cette réflexion : - Ce n'est pas l'enfant qui est coupable, c'est moi. Il n'est pas occupé, il joue; c'est naturel chez lui. C'est ~ moi à chercher le moyen de le faire apprendre en jouant. Si je pouvais rendre les haricots intelligents? C'est alors que lui vint l'idée de faire des lettres mobiles. Il colla les lettres de l'alphabet sur du carton et les découpa. Les enfants se réunissaient autour d'une table et cherchaient les A, les B. Bientôt M. ThoHois fut appelé à diriger une école indisciplinée qui avait fait re-culer plus d'un maître. Il arrive avec son système, voilà l'intérêt qui s'éveille dans ces jeunes cervelles, et dans cette classe de 60 enfants, dont une partie notable ne savait pas lire, les progrès furent rapides. Et le vieil instituteur continue à passer ses soirées et à dépenser de }.'argent à coller des lettres sur du carton. Mais le carton s'use, il choisit le zinc. Remarquez que les enfants savent lire, qu'ils apprennent alors, en assemblant les lettres comme des compositeurs typographes, à former des mots, de petites phrases, à conjuguer, à mettre l'orthographe. L'Inspecteur, remarquant cette classe modèle, félicite le maître. • J'ai vu bien des écoles, mais je ne connais pas de procédé capable de rivaliser avec le vôtre. Propagez votre méthode, et vous rendrez service à vos collègues. »

M. ThoHois répugnait à la réclame; cependant, pressé par plusieurs inspecteurs et nombre de jeunes collègues, il: se décida à envoyer à l'Exposition de 1889 son système de lecture, d'orthographe et de calcul, qui obtint une récompense. Depuis lors, cette méthode, qui s'est propagée rapidement dans tout~ la France, a obtenu dans diverses expositions: Une Médaille d'or, 2 Médaiiles

167 d'honneur, 5 Médailles d'argent et un prix spécial offert par M. le Ministre de l'Instruction publique. On a pu voir, à Paris, en 1889, expérimenter ce système avec de jeunes enfants dans l'école modèle de l'Esplanade des Invalides, « Exposition de M. Ch. Delagrave ». Les résultats ont été très appréciés, et le Conseil municipal de Paris, sur le rapport de M. La·vy, député de la Seine, a adopté les Casiers Thollois pour toutes les écoles maternelles et enfantines de la Ville. Remarquez qu'à la maison, aussi bien qu'à l'école, les enfants commencent à lire en combinant les lettres mobi,les des petits casiers. N'est-ce pas là le jouet le plus utile que les parents puissent leur offrir? Tous les amis de l'enfance sont engagés à vulgariser ce merveilleux procédé: ils rendront un lmmense service aux familles et à la patrie. E.

••• Dw rôle de la Grammaire DANS L'ENSEIGNEMENT DES LANGUES VIVANTES') La grammaire, nous a-t-on enseigné, est l'art de parler et d'écrire correctement une langue. Cette définition nous paraît erronée: il ne suffit pas de savoir la grammaire pour être orateur, et il n'est pas douteux que sans violer les règles de la grammaire on peut écrire une période remplie d'erreurs, de termes impropres, avec une orthographe vicieuse. Une des plus grandes méprises enfantées par la fa usse définition de la grammaire est celle que commettent certaines personnes qui, ne sachant que la grammaire d'une langue étrangère, prétendent enseigner cette langue. II a pu ') Cf. Ouvrage de M. Marcel, librairie Borrani, Paris.

v avoir, autrefois sans doute, des professeurs faisant de la grammaire la base des études linguistiques, commençant la première leçon par la première page de la grammaire, donnant comme exercice le thème ou la version n° 1, et continuant ainsi successivement, à chaque le· çon suffisant sa page. Que savent aujourd'hui des langues étrangères ceux qui ont dû suivre ces errements ? Que savaient-ils même quelques semaines après avoir terminé de longues études? La réponse nous permettrait de juger de la valeur de la méthode; mais cela ne saurait nous suffire et nous voulons faire ressortir l'impossibilité d'apprendre une langue par la grammaire uniquement. Pour pratiquer une langue, il faut être à même de recevoir et d'exprimer ses idées; pour les recevoir, il est nécessaire d'écouter, d'entendre, de lire et de comprendre; pour les communiquer, il faut parler ou écrire. La grammaire est manifestement inutile pour la perception des impressions de Ja vue ou de l'ouïe. Remarquons ce qui se passe pour le tout ieune enfant qui apprend sa langue maternelle. Les l!estes. l'expression du visaue. le ton de la voix qui accompagnent les premières paroles qu'on adresse à l'enfant lui en donnent le sens, et sous l'impulsion de la nature, il s'habitue à associer directement des idées aux sons articulés qui frappent son oreille; lorsque ses organes sont assez développés, il imite instinctivement ces sons pour exprimer ses désirs, ses besoins. Il doit les progrès non aux préceptes, mais à l'exemple; à la pratique, non à la théorie. Notre élève qui apprend une langue étrangère n'agit pas autrement; il perçoit des sons et des formes; il les repro· duit par l'imitation et peu à peu en produit de semblables par analortie. L'échange de la pensée est possible lorsque les mots sont dans l'esprit à l'état de signes directs des idées ; quand, alter-


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nativement cause et effets, ils se rappellent l'un l'autre spontanément; en d'autres termes, lorsqu'on pense dans cette langue. Qu'i'l s'agisse d'un enfant apprenant sa langue maternelle, ou d'un élève étudiant une langue étrangère, la méthode nous paraît identique et le rôle de la grammaire est nul au début. Quel secours pourrait nous prêter la grammaire. même à une partie plus avancée de l'étude? Elle n'explique ni le sens des mots, ni la va'leur des locutions idiomatiques; elle ajoute peu à notre vocabulaire et ne nous fait saisir aucune finesse d'expression . Admettons qu'on sache toutes les règles de la syntaxe; l'enchaînement des idées et des mots est trop rapide pour qu'on puisse faire en parlant l'application de ces règles. Les mots doivent se produire dans l'ordre voulu. non à l'aide de la réflexion, mais instantanément, par un sentimen~t intuitif d'analogie, comme conséquence immédiate de la pensée. De même on ne saurait, en écrivant, entrer pour chaque mot, dans des considérations de syntaxe au moment où !'·e sprit est préoccupé des idées. de leur liaison et de leur subordination. La grammaire ne saurait donc être la base des études linguistiques; ses règles sont des conséquences et on ne peut sans faire violence à la raison les lui présenter comme des principes; elles sont des résultats démontrés pour celui qui sait déjà les langues, mais elles ne peuvent en aucune manière être les moyens de les savoir pour celui qui les ignore. Est-ce à dire que la connaissance de la grammaire soit inutile? Sans. doute, non; la grammaire peut aider celui qui parle ou écrit mal à parler ou à écrire bien; les études grammaticales, bien que ne donnant pas nécessairement la puissance d'exécuter comme les grands modèles, ~ident à pénétrer les secrets de la composition et obligent à soumettre

ses propres productions au contrôle de la règle. Mais parce qu'il importe de savoir une langue grammaticalement, cela ne veut pas dire qu'il faiHe en apprendre tout d'abord les règles et dans la grammaire. « C'est tomber dans le défaut le plus grossier que de commencer par les règles», écrivait Condillac; et Voltaire affirmait aue « la lecture des bons écrivains étâit plus utile pour former un style correct que l'étude de nos grammaires». Il est certain que les auteurs célèbres, loin d'avoir rien appris. des grammairiens, leur ont au contraire dicté les règles Qu'ils ont consignées dans leurs livres. Une page bien écrite est une grammaire vivante, parlante, faisant ressortir la règle de l'exemple, donnant les mots avec leur orthographe et leur véritable acception, enseignant, outre la syntaxe, tout ce qui constitue le mérite du stvle. Presque toutes les règles importantes se trouvent dans une page; c'est au maître à exercer les élèves à les en faire sortir par un acte de leur jugement. En partant des faits qu'on vient d'analyser, on arrive aux pnncipes. Les règles qui s'appliquent à des faits inconnus sont de pures abstractions, tandis que l'esprit se complaît à découvrir la raison des faits connus. Les règles qui se déduisent ainsi des observations faites dans le cours de la pratique, par le retour fréquent des mêmes formes, causent une satisfaction semblabie à celles qui s'attachent généralement à l'idée d'une découverte et se gravent profondément dans la mémoire, précisément parce qu'on les a trouvées soi-même. On apprend ainsi la gram· maire par la langue et non la langue par la grammaire. On peut objecter avec raison qu'un ensemble de règles ainsi acquises au hasard des lectures et restant éparse"' dans l'esprit, sans coordination entre elles, ne sauraient constituer de sérieuses connaissances grammaticales.

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Aussi bien, sommes-nous d'avis, à une période avancée de l'étude des langues, de réserver une place plus importante à la grammaire, afin de codifier et de classer logiquement les préceptes appris au jour le jour. Ce travail de synthèse met en relief l?importance relative des diverses règles, leur subordination et leur fixité; il facilite la mémoire, aide dans la composition et permet de dégager le génie de la langue. Par les connaissances qu'elle suppose et exige pour être profitable, l'étude systématique de la grammaire ne saurait être abordée dès les premières leçons; il faut l'envisager non comme une entrée en matière et un moyen d'apprendre une langue étrangère, mais comme un complément indispensable et un dernier perfectionnement des études lin~ guistiques. Lou RTEAu,

pédagogues expérimentés, En particulier l'enseignement de la musique aux écoles normales et la délivrance de brevets de capacité pour l'enseignement du chant devraient être exclusivement aux mains de professionnels, et aucun maître ne devrait être admis à enseigner le chant sans un certificat d'aptitude pour cette branche. 3) Par l'introduction de cours de perfectionnement spéciaux avec programme unifié, l'es Conservatoires existants, d'accord avec les autorités scolaires. cantonales, pourraient faciliter aux élèves des écoles normales et des écoles de musique les études en vue d'obtenir le diplôme de maître de chant pour l'enseignement secondaire.

Partie pratique =

Dinx:terw de l' l!Jcole Pratique de Cornm.er·ce et d' Indu8trie, de Cette.

Devoir• envers la •oclété

J... e ehant à l'éeole

sodété est une sorte de famille aussi; mais ce mot société exprime quelque cho-

La patrie est une grande famille. La

se de plus restreint que celui de patrie. Dans un même pays, il y a beaucoup Le congrès pour la réforme de l'ende familles, composées chacune de perseignement du chant à l'école publique, sonnes unies par la parenté. Plusieurs réuni récemment à Bâle et qui comptait de ces familles, vivant en contact les plus de 200 participants, a chargé son unes avec les autres, ont sans cesse des comité de transmettre à titre de vœu aux Départements de l'Instruction pu- rapports. Elles doivent éviter de se nuiblique des cantons les thèses suivantes: re les unes aux autres, de se gêner les 1) L'enseignement du chant à l'école unes les autres. Bien plus! Il arrive que publique doit, en sa qualité de branche ces familles, par la force même des choobligatoire, avoir pour objet l'éducation ses, se rendent de mutuels services dans artistique de l'enfant. Il doit en premiè- les diverses nécessités de la vie. Des famill'es ainsi groupées et assore ligne viser à initier l'élève aux éléciées, en quelque sorte forment les soments de la musicalité, et ne peut en conséquence pas se borner à l'enseigne- ciétés et leur ensemble constitue la SO'ment mécanique d'un certain répertoire ciété en général. de chants populaires. Chacun des membres a des devoirs à 2) Un enseignement du chant destiné remplir envers la société. Nous les réà préparer l'élève à l'a rt, l'élaboration sumons en nous arrêtant à trois points des programmes et .Je choix des maté- de vue principaux : riaux à placer entre les mains des élèves 1. Le premier de ces devoirs consiste exigent la collaboration d'artistes et de à ne pas troubler la société, ce qui arri-


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verait si on y introduisait le désordre. part, des élèves indociles, paresseux, de La société a des lois, dictées par le bon «mauvaises têtes», en .un mot, qui chersens et consacrées par l'expérience. La chent à exciter leurs camarades, quitte société a des usages qui se modifient se·- à tourmenter de milles manières ceux oui lon les temps et les pays; mais qui s'a- se refusent à suivre leur exemple. Gardaptent toujours à l'ensemble de ses be- der sa liberté de bien faire, à l'encontre soins. Ces loi, ces usages assurent le des meneurs et, d'autre part, ne jamais bon ordre et empêchent les membres entraver la liberté des autres, voilà end'une société de se porter préjudice les core un bon moven pour l'élève de s'hauns aux autres; cela se produirait si bituer à la pratique des devoirs sociaux chacun voulait empiéter sur son voisin qui seront un jour les siens. et vivre selon ses caprices sans s'inquié3. Enfin, un troisième devoir que les ter de personne. Le premier devoir en- membres d'une société ont à remplir les vers la société. consiste donc dans l'ob- uns envers les autres, c'est celui des serservance des lois, établies dans l'inté- vices mutuels. rêt de tous les membres. (Il sera bon de faire ici une énuméraL'école, mes enfants, est une société tion saisissante et d'ordre pratique.) en petit. Là aussi il y a des lois, c'est-àEt, puisque nous prononçons ce mot dire des règles dont l'ensemble forme le mutuel, disons qu'il nous rappelle celui règlement de l'école. Observer ces lois, de mutualité, qui désigne l'un des serc'est se soumettre à ce que l'on appelle vices les plus utiles que les membres la discipline, si nécessaire pour assurer d'une société puissent se rendre. (Donle bon ordre de l'école et les progrès. ner ici quelques explications claires et des élèves. Or, de même que le premier simples.) devoir des membres d'une société est Combien il est doux et aisé, mes end'observer les lofs qui la font vivre, de fants, de se préparer à l'école à remplir même aussi le devoir des écoliers est de ce troisième devoir des services mutuels! se préparer à remplir un jour leurs de(Entrer dans le détail pour faire revoirs sociaux, en obéissant au règlement marquer aux enfants comment ils peude l'école. vent se rendre, les uns aux autres, tant (Chacun des points de cette leçon ga- de petits services journaliers, ce qui congnera à être ac_compagné d'exemples tribue à établir la concorde et l'union et à cimenter, souvent pour la vie, des concrets, au choix du maître.) 2. Le second devoir à remplir envers affections qui en font le charme.) la société est de n'entraver en rien la liberté de ses membres et, tout spécialeRésumé. - les principaux devoirs en ment, la liberté du travail. En temps de vers la société peuvent se résumer ainsi: grève, par exemple, grand nombre d'a- 1° observer l'ordre établi pour le bien bus de force se produi,sent, alors que commun; 2° respecter ,] a liberté de chapar des menaces et des violences les ou- cun des membres de la société et, partivriers en révolte imposent leur manière culièrement, la liberté du travail; 3° de faire à ceux qui voudraient continuer s'aider mutuellement et de toutes maleur travail. nières. A l'école, aussi, il se produit quelque- 1 Maxime. - Portez les fardeaux les fois des révoltes, contre un maître, con- ~ uns des autres; ainsi vous accomplirez (Saint Paul.) tre telle mesure que l'on a jugé bon de la loi de Jésus-Christ. prendre pour .le bien général. les auteurs de ces révoltes sont, pour la plu- ·1

Sor la pollte88e

l

xxx

Question. - Pourriez-vous me dire ce Que l'on entend par ces mots : un en~ fant poli? Réponse. - M., un enfant poli, c'est celui qui ne demande jamais rien à personne sans ajouter: S'il vous plaît! Je vous priel Q. - Bien, mais est-ce tout? . R. - L'enfant poli dit: « Merct! » quand on lui donne quelque chose. Q. - Il ne dit que merci? .... R. - Il dit: « Merci papa, merci ma. . man; - merci monsieur ..» Q. - Et si c'est un camarade qut lut rend un service ou qui lui donne quelque chose?.... . . . R. - M., au camarade aussi Il dira: «Merci Jean, merci louis»- et si c'est 5on frèrè ou sa sœur, il dira la même chose: « Merci Paul, merci Marie. » Q. -En un mot, c'est à tout le mon· de qu'il faut dire merci d'une manière polie. Ne voyez-vous pas encore d'autres signes qui distinguent l'enfant poli. R. - Oui , M., il y en a d 'autres. L'enfant poli dit tous les mati.ns à ses parents: « Bonjour papa, bonJour ma· man » - et le soir: « Bonsoir papa, bonsoir maman». Quand il arrive à l'école, il n'oublie Jamais de lever sa casquette devant son maître et de dire bonjour a ses camarades. Q. - Et, en se rendant à l'école, n'at-il pas quelquefois l'occasion de montrer qu'il est vraiment poli? R. - Oui, M., dans la rue, s'i'l rencontre quelqu'un qu'il connaît, l'enfant poli salue et même, s'il passe assez près de la personne qu'il connaît, il s'avance pour lui dire bonjour. Q. - · Et si quelqu'un qui ne le connaît pas l'arrête et lui demande son chemin, par exemple, que doit faire l'enfant poli? R. - Il doit lever sa casquette, répondre tout de suite et puis continuer sa route.

Q. - Très bien! Encore gu~lque~ mots sur la f)Olitesse: quelle doit etre a table la tenue d'un enfant poli? R. - Un enfant poli s'assied bien droit sur sa chaise et ne met pas les coudes sur la table. Q. - Que fait-il encore? R.. - M., un enfant poli attend d'être servi à son tour et, s'il a quelque chose à demander, il le fait sans élever la voix. Q. - C'est cela. Qui me dira encore quelque chose sur ce sujet?. . R. - M., il ne faut pas fatre de bruit à table. Il ne faut pas fra pper les assiettes avec sa fourchette. Il faut poser son verre doucement. Q. - Voilà de bien bonnes réponses. Nous aurions encore beaucoup de choses à dire sur la politesse; mais si vous mettez en pratique celles que vous savez déià vous méritez qu'on dise de vous: « Ce~ enfants sont bien élevés. » Devoirs envers soi-même Le corps. - Mes enfants, vous savez que Dieu nous a donné la yie ~ur qu,e nous l'employions à le servtr et a menter le ciel. Notre existence ne nous appartient pas; nous n'avons <:!one !?as le droit de la compromettre, meme SI c.e la nous plaît. Nous avons, au contraue, le devoir de la conserver, afin de pouvoir remplir notre tâche en ce monde aussi longtemps que Dieu le voudra. Nous sommes obligés d'avoir soin de notre corps qui est la demeure de notre âme et l'instrument dont elle doit se servir pour faire le bien ., Le re.spe~ de nous-même et le respect d autrui exigent que, sous aucun prétexte, nous ne négligions la propreté de notre ~orps. L'hygiène ne le réclame pas mOI!lS. La P!:Opreté nous avons eu l'occasiOn de vous le di;e, est un devoir rigoureux dont on ne doit iamais se dispenser. Les forces du corps ont besoin d'être entretenues par la nourriture, mais il y a en cela une très grande différence en-


172

173 tre l'homme et l'animal. L'homme est cela, vous sentez que votre faim est apaiun être raisonnable; il doit donc éviter sée. Mais ce plat est bien bon; il vous les excès, c'est-à-dire ce qui est de trop, plaît et, alors, vous en redemandez une ce qui dépasse sensiblement la mesure troisième fois sans aucune nécessité : de ses besoins. Manger plus qu'il ne cela s'appelle-t-il de la sobriété? Non, faut, boire avec exagération, manger à c'est de la gourmandise et c'est de la tort et à travers, et à toutes les heures, gourmandise aussi que de refuser un ce n'est pas se conduire comme une créa- mets, non parce qu'on en a mang~ sufture raisonable; c'est descendre même fisamment. mais parce qu'il n'est pas au-dessous des animaux, qui ne mangent assez agréable au goût. et ne boivent que jusqu'à satisfaction de La gourmandise qui consiste à trop la faim ou de la 'Soif; ce n'est pas forti- manger. c'est de l'excès, c'est aussi de fier son corps; c'est abuser de ses or- l'imprudence; car lorsqu'on surcharge ganes; c'est détruire sa santé; c'est avi- son estomac, on s'expose à des maladies lir et paralyser l'âme; car l'intelligence sérieuses, dont la cause n'est le plus des gourmands n'est plus occupée qu'à souvent qu'un défaut de sobriété. penser au maneer et au boire et leur La tempérance, en quoi consiste-t-elvolonté est entièrement asservie à leur le? Elle consiste, mes enfants, à modépassion. Triste et honteux état! auquel rer ses désirs. désir de manger d'un tel on peut arriver insensiblement lorsgue, mets plus recherché, de goûter une boisdans l'enfance et dans la jeunesse on son que l'on dit exquise, etc., désirs qui n'a pas pris des habitudes de sobriété font que, pour les satisfaire. on aimera et de tempérance. mieux retrancher sur le nécessaire et employer son argent à l'achat de priQue veulent dire ces deux mots, mes enfants: sobriété, tempérance? La so- meurs, de fruits rares, de vins fins, dont briété. c'est la mesure dans le manP"er le corps n'a aucun besoin, tandis qu'une et le boire. Une personne sobre est cène nourriture substantielle lw eùt été tnqui prend autant de nourriture et de dispensable. Il arrive quelquefois que des enfants, boisson qu'il lui en faut pour conserver les forces de son corps , mais qui s'ar- passant devant un étalage de gâteaux rête dès qu'elle comprend que son besoin ou de friat1dises, s'arrêtent émerveillés de manger et de boire est satisfait. C'est tt qu'alors s'excite en eux le désir d'aune personne qui ne mange pas pour le voir des ;jOUS pour se procurer touteï> plaisir de manger, qui ne boit pas pour ces bonnes choses. Tempérez ces désirs, le plaisir de boire, mais qui mange et mes enfants! car la gourmandise n'est boit parce qu'ille faut et, si elle y trouve pas une bonne conseillère et, d'ailleurs, du plaisir, ce ne sera pas pour elle une le plaisir que vous auriez en les satisraison de manger et de boire au-delà de faisant vous lasserait vite. Vous êtes déjà assez raisonnables pour comprenses besoins. Prenons un exemple : Vous avez dre que les friandises ne valent pas l'enfaim; on vous sert un plat que vous n'ai- vie qu'elles peuvent vous causer. Vous mez pas et alors, vous préférez ne pas désirez un gâteau, c'est bien; rien de manger ce qui vous est nécessaire plutôt plus naturel à votre âge; mais n'en abuque de vous faire violence. Est-ce de la sez pas et, après un, n'en désirez pas un sobriété? Non, et vous allez comprendre second et ainsi, à la sobriété vous ioin' pourquoi. je suppose, au contraire, qu' drez la tempérance. on vous serve d'un plat que vous aimiez :~ * * beaucoup. Vous en mangez avec plaiRésumé. - Nous avons des devoirs sir, vous y revenez peut-être et, apr~s à remplir envers nous-même, c'est-à-dire

-

envers notre corps et envers notre âme. La propreté est notre premier devoir envers le corps, auquel la sobriété et la tempérance ne sont pas moins nécessaires. Nous aurons soin de la propreté, par respect pour nous-mêmes et par resped pour autrui. Nous éviterons la gourmandise, qui nuit à la santé et rend l'âme esdave du corps.

Rédaction La .fournée du bon élève Décrire la journée d'un élève modèle. Lever, soins de propreté: - Prière. - Préparation des leçons. - Arrtvée en classe. - Travail, application. - Conduite pendant la c~as­ se; à la récréation. - Retour dans la fam1lle.

Aussitôt l'heure du réveil arrivé, le bon élève ne raisonne pas avec la paresse. Son oreiller aurait sans doute quelques attraits; ses yeux encore gonflés de sommeil cèderaient volontiers à la tentation et se fermeraient au jour naissant; mais le devoir l'appelle et, comme le devoir, c'est la volonté de Dieu, il écoute sa voix dès le matin. Sommairement habillé, il s'adonne aux soins de propreté; il lave sa figure et ses mains à grande eau; si sa chevelure est un peu longue, un bon coup de peigne ou de brosse la nettoie; il ne voudrait pas que sa tête ressemblât à un paquet de broussailles. Ces soins terminés, il se vêt entièrement; puis, se mettant à genoux, il récite sa prière du matin. Il se recuente un mome!lt avant de commencer, car, s'il parle à un père, il sait que ce père est Dieu, et que l'étourderie en sa présence est une faute. Les yeux modestement baissés. les mains joi!!tes, sous les regards de son crucifix, il élève son cœur et essaye d'unir son âme aux syllabes que ses lèvres balbutient. Il offre à Dieu son travail et toutes ses actions de la journée. Il prie pour lui, il demande aussi pour se3 parents et ses maî·

tres les grâces et les bé11édictions du ciel. Après avoir salué et adoré son Dieu, il va souhaiter le bonjour à ses parents; il les embrasse en leur demandant des nouvelles de leur santé et de leur sommeil. Il prend ensuite ses livres et ses cahiers; il termine ses devoirs s'il ne l'a pas fait la veille; mais surtout il étudie ses leçogs, cherchant non point tant à retenir de::; mots qu'à les comprendre et à voir le sens de ce qu'i·l étudie. Ce travail, fait sérieusement, occupe sa m~ti­ née et le moment d'aller en classe arriVe bien vite. Le bon élève n'arrive jamais en retard; il n'arrive pas non plus de trop bonne heure. Il est bien tenté de faire comme tant de ses camarades insouciants et paresseux, qui ne pensent qu' au jeu et à l'amusement; mais il comprend que les jeux et les amusements trop prolongés sont nuisibles à l'étude et il s'en abstient. Arri~é en classe, le bon élève se fait remarquer par sa bonne tenue. Il commence par réciter la courte prière d'usage; puis, silencieux, il range ses livres avec ordre et méthode, se montre attentif, soumis et respectueux. N'a-t-il pas bien saisi une leçon? il demande respectueusement des explications. Il ne taquine pas ses voisins. Il fait avec la plus grande application les devoirs qui lui sont donnés; loin d'être vexé des fautes qui lui sont signalées, il cherchera à profiter des corrections qu'il lui aura fallu faire. Aux heures des récréations, J.e bon élève s'amuse: il est là pour s'amuser. Toutefois, en mettant beaucoup d'entrain dans le jeu, il évite tout ce qui est désordonné; il se garde de bousculer cu de maltraiter ses camarades plus faibles; il a en horreur les disputes qui souvent se terminent par des coups et qui créent les inimitiés et des haines entre camarades.


174 Au retour dans sa famille, notre écolier modèle ne s 'amuse point le long des chemins: il rentre directement chez lui. A la maison, il s'occupe des travaux de son âge, s'il est besoin; mais surtout il fait avec le plus grand soin les de~ voirs qui lui ont été donnés. Quand l'heure de se coucher est venue de même que le matin, il a commet{cé par élever son cœur à Dieu pour. lui consacrer sa iournée, il termine cette journée par la prière du soir pour remercier Dieu des grâces qu'il a reçues.. Il lui demande pardon des fautes qui lui ont échappé, puis s'endort tranquille et heureux sous la protection de son bon ange qui veille et prie pour lui. D. LA GRANDE PETITE FILLE Maman! comme on grandit vite! Je suis grande, j'ai cinq ans! Eh bien! quand j'étais petite J'enviais toujours les grands! Toujours, toujours à mon frère, S'il venait me secourir, Même quand j'étais par ~erre, Je disais: • Je veux counr! • Ah! c'était si souhaitable De gravir les escaliers! A présent, je dîne à table, Je danse avec mes souliers! Et puis, maman, je suis forte.; Bon papa te le dira, Son grand fauteuil, à la porte, Sais-tu qui le roulera? Moi! C'est sur moi qu'il s'appuie Quand son pied le fait souffrir; C'est moi qui le désennuie . Quand il dit: « Viens me guénr! • Desbordes-Valmore. L'INNNOCENCE. Oh! bien loin de la voie Où marche le pécheur, Chemine où Dieu t'envoie! Enfant, garde ta joie, Lis, garde ta blancheur! Sois humble! que t'importe Le riche et le puissant! Un souifle les emporte.

175 La force la plus forte, C'est un cœur innocent! Victor Hugo.

1. R reçoit d'Autriche 100 q de marchandises à 19,20 couronnes le quintal (100 couron105 frs). Les fr ais se montent à 18 nes 3/4 o/o. A combien revient tout l'envoi en valeur suisse et à quel prix faut-il vendre Je q pour gagner 17 '% ? (Indiquez le dernier résultat en francs.)

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Caleul éerlt

(Examens des recrues 1910 1. 4. Un cultivateur a payé 13 frs 50 ds pour des impôts, 15 frs 90 cts pour des semences. et 24 frs 60 cts pour divers ustensiles. Combtea a-t-il dépensé? 3. 100 kilogrammes de fourrage concentré coûtent 17 irs, que coûtent 765 kilogrammes? 2. Un chemin de forêt revient à 465 frs. A en paye les 11/25, B les 8/25 et C le reste. Combien chacun doit-il? 1. Dans une gr2nge, le foin et le regain sont entassés séparément, de telle façon que chaque espèce oe fourrage occupe :m~ surface de 8,2 rn de long sur 6,5 m de large. Le tas de foin a une hauteur de 3,6 rn et celui du regain de 2,9 m. Quel est le poids de tout ce fourrage si le ma pèse 0,84 q en moyenne?

-

2. 4. J'évalue un travail comme suit: 1) 15 lrs 20 cts pour les matériaux, 2) 14 frs 50 cts pour les journées, 3) 4 frs pour les frais divers, 4) 6 frs 30 cts pour le gain. Combien cela fait-il en tout? 3. Une marchandise a coûté 1155 frs. Combien en retire-t-on si, en la revendant, on fait une perte de 1/7 du prix d'achat? 2. Que coûtent 10 fenêtres si chacune a 1,65 rn de hauteur et 0,9 rn de largeur et que le m2 revienne à 14 frs? 1. Le maçon Pierre doit construire 182 1/2 m 3 de maçonnerie et le mortier nécessaire forme le 24 % de ce vo.Jume. Comme il compte que pour 1 ma de mortier il lui faudra 1/ 3 ma de chaux grasse et 1 1/3 m 3 de sable, on demande combien il emploiera de chaux grasse et de sable?

3. 4. On a 985 kilogrammes et l'on en vend 380 et 275. Combien en reste-t-il? 3. Que gagne--t-on sur 42 quintaux si l'on a payé le quintal 39 frs 75 cts et qu'on le revende 50 frs? 2. Un tonneau rempli de pétrole pèse 212 kg; le tonneau vide pèse 36 kg. Combien ce tonneau contient-il de litres si 1 1 de pétrole pèse 0,8 kg?

4. 4. Je paye pour des abonnements 13 f.rs 50 cts, 5 frs 60 cts et 4 frs 20 cts. Combten en tout? 3. En une année un ménage a encaissé 1600 frs et il a dépensé en moyenne 3 frs 95 ds par jour. Que lui reste-t-il? , 1. A et B achètent en commun 135 kg de caf~. A en prend les 5/ 9 et B le reste. Les deboursés se montent à 299 1/ 2 frs. Etablir pour chacun la part du café et des déboursés. 1. Un capital de 2400 frs est placé au 3 1/2 o/o. A combien se montera-t-11 au bout de 4 ans a) à intérêt~ simple_s, b) à. intérêts composés, c'est-à-dt re st,. a , 1~ fm de ~haque année, on ajoute les mterets au capttal?

5. 4. Je reçois 725 irs 25 cts et je l?aye 468 frs 45 ct;; pour des intérêts. Combten me reste-til? 3. Quel est le poids de 135 mètres cubes de foin _si le mètre cube pèse 79 kg? 2. Une vache pesant 5,80 q a d01mé en une année 3335 kg de lait. Combien de fois. le poids du lait fait-il le poids du corps? 1. De quelle dette hypothécaire peut-on payer l'intérêt au 41 /4 % avec le produit de 3335 kg de lait à 13 frs les 100 kg?

6.

1

4. François demande 215 frs pour exécuter un

travail et Jean 192 frs 50 cts. Quelle est la différence? 3. Plusieurs planchers mesurent ensemble 68 mètres carrés. Que coûtent-ils à 6 frs 75 cts Je mètre carré? 2. Une construction était devisée à 865 frs, mais elle a coûté 16 '% de plus. A combien revient-elle donc en réalité ? 1. On a besoin pour une construction de 35 mètres courants de granit taillé dont la coupe transversale mesure 20/ 30 cm. Le fournisseur A demande 6,30 frs du mètre courant et B 105 frs du mètre cube. De combien l'une de ces offres est-elle meilleur marché tjue l'autre?

7. 4. Un négociant reçoit 240, 500 et 175 kilogrammes. Combien en tout? 3. Que coûtent en tout 240 kilogrammes de calé à 1 fr. 40 cts, 500 kilogrammes de riz à 33 cts et 175 kilogrammes de sucre ~ 45 cts? 2. j'ai !iv ré à un client 37 1/2 kg de café à 1,68 fr. , mais je perds les 7/ 10 du montant de ma vente. Combien est-ce que je perds et qu'est-ce que je reçois? 1. Au détail, 1 q coûte 168 frs, en gros, 138,60 frs. Combien % du premier prix le rabais fait-il?

8. 4. Antoine doit 232 frs et 175 frs. Il rembourse 125 frs et 130 frs. Combien doit-il encore? 3. 18 personnes ont 877 fr 50 ds à payer en commun. Combien chacune doit-elle? 2. La circonférence de tout cercle est 3,14 fois plus grande que le diamètre. Que mesure par conséquent a) la circonférence, si le diamètre est de 1,25 rn, b) le diamètre, si la circonférence est de 70,65 rn? 1. Un homme d'affaires a emprunté 1200 frs le 15 mars ; il les rembourse avec 4 1/2 % d'intérêts le 30 novembre de la même année. Quelle somme doit-il? (41/2 % pour 360 jours.)

9. 4. Pendant les deux dernières années, un cultivateur a livré 9040 et 869:5 kilogrammes de lait à la fromagerie. Quelle différence y a-t-ii? 3. Un veau a reçu 931 litres de lait en 19 semaines. Comhien par semaine? ;z. Les vaches laitières doivent consommer journellement (sur 1000 kg de leur potds vif) 2,5 kg d'albumine, 0,4 kg de matières grasses et 12,5 kg de carbone. Combien faut-il par conséquent de chacune de ces matières à un paysan pour nourrir pendant 210 jours son bétail pesant vivant 6000 kg? 1. On veut étendre sur un terrain de 280 m2 un monceau de terre mesurant 4,8 rn de long, 2,5 rn de large et 1,75 rn de haut. Quelle sera l'épaisseur de la couche de terre?

10. 4. Un quintal coûte 28 frs 60 cts, que coûtent 3 quintaux? 3. Que coûtent 26 mètres cour anls de poutre!-


5 1'76 les dr. fer si le rn pèse 6 kilogrammes et que le kilogramme coûte 18 centimes? 2. Thomas paye l'intérêt de 4876 frs au 41/2 % et de 5984 frs au 41/4 o/o. Quelle somme cela fait-il? 1. Les 4 parois d'une chambre mesurant 4,5 m de long sur 4,5 rn de large et 2,8 de haut doivent être tapissées. Combien faut-il de rouleaux de tapisserie de 8 rn de long sur 0,45 de large? (Point de déduction pour les morceaux qui tombent et pour les restes.)

11. 4. Un négociant calcule comme suit le prix de revient du quintal: 1) prix d'achat 48 frs 50 cts, 2) douane 6 frs, 3) frais divers 3 frs 75 cfs. Combien cela fait-il en tout? 3. L'année dernière. une mai son de commerce a fait pour 10.245 frs d'affaires. Com-

bien par mois? 2. B achète 20,25 q de marchandises à 76 frs et 6,75 q à 92 frs le quintal. Quel est le prix

moyen du kilogramme? 1. 1275 kg d'une certaine marchandise .:oûtent 357 frs y compris les fra is divers. Que ga-

gne-t-on '% si l'on revend le kg à raison de 35 dsP

12. 4. L'année dernière, j'ai gagné 1085 frs et cette année 1360 frs. Quelle est la diffé-

rence? 3. Un bûcheron vend 465 fagots à 24 frs le

cent. Que retire-t-il de cette vente? 2. On a employé pour recouvrir un plancher 592 planelles de 0,15 rn de long sur 0,15 rn

de large. Calculez la surface de ce plancher. 1. Une installation a coûté 2376 frs ; aujourd'hui elle n'est plus estimée que 1485 frs. A combien % se monte la moins-value par suite de l'usure?

13. 4. Un terrain mesure 7260 mètres carrés. On en vend 1485 mètres. Combien en r este-t-il? 3. Quel est le poids moyen de 5 vaches qui pèsent 574, 583, 602, 614 et 622 kilogram-

mes? 2. On a fait dans un champ une récolie de 2875 kg de pommes de terre, dont le 12 %

est de mauvaise qualité. Quel est le poids a) des pommes de terre de mauvaise quitlité, b) des bonnes? l. Calculez la récolte faite dans un champ de blé de 87,5 rn de long sur 46,8 m de large,

en admettant que, sur 100 rn2 , on récolte en moyenne 1/ 5 q de grain et 1/ 3 q de paille.

14. 4. Un négociant possède 9235 frs, mais il doit 5968 frs. De combien son avoir dépasse-t-il

ses dettes? 3. Le prix de revient d'un quintal est calculé comme suit : a) prix d'achat 36 frs 50 cts, b) frais divers 4 frs 75 cts. Que coûtent 25

quintaux? Une marchandise pèse 650 kg, y compris l'emballa~e , et la marchandise seule pèse 550 kg. Les frais de port et de douane se montent à 8,80 frs par quintal du poids brut. A combien s'élèvent les frais pour 1 q du poids net? 1. Une créance de 720 marcs (100 marcs= 125 frs) échue le 16 juillet est vendu le 1er mai avec 4 d % d'escompte. Quelle somme reçoit-on comptant en valeur suisse? (4 % pour 360 jours.) 2.

15. 4. Frédéric gagne 375 frs par trimestre. Corn·

bien par année? 3. 15 quintaux valent 1968 frs 75 cts. On demande le prix d'un quintal. 2. Un carré de jardin de 91 / 4 rn de long sur 5 1/ 2 rn de large doit être entouré de briques de ciment d'une longueur de 25 cm. Que coûtent ces briques à raison de 5,50 frs le cent? 1. A est intéressé dans une affaire avec une mise de fonds de 7500 frs, B avec 4500 frs et C avec 3000 frs. Des 3000 frs de bénéfice net réalisés, on consacre le 5 % à une œu· vre d'utilité publique et le reste est partagé proportionnellement aux mises de fonds. Combien chaque intéressé reçoit-il?

J.

16. 4. Je vends 200 frs un objet qui m'a coQté 176 frs 50 cts. Quel est mon gain? 3. Combien doit-on pour 365 heures de tra· vail à 48 cts? 2. Les frais divers renchérissent de 9,5 % le

prix d'achat d'une œrtaine quantité de rna· tériaux se montant à 980 frs. A combien reviennent ces matérieux? 1. Un charpentier a besoin de 12 poutres équarries ayant chacune 8,5 rn de long et dont la coupe transversale mesure 18/20 cm. Que coûtent-elles à r aison de 55 frs par ms?

_,.

même de la construction et les planchers sont en bois, il est vrai, mais les parois, les murs et la to iture son t de grands. panneaux de papier. Les principaux avantages qu'ofirent ces constructions, consistent en leur légèreté, leur prix peu élevé et la facilité avec laquelle _on peut les transporter d'un endroit à un autre, dan s un lemps très court. Les wagons luxueux sur la plupart des lignes anglaises, américaines et allemandes sont faits de panneaux de papier, fixés dans la charpente de fer. Les matières employées ne sont pas seulement meilleur marché que le bois, mais plus légères aussi, d'un trava il plus aisé et tout à lait imperméables. Les Compagnies de tramways, à l'étranger, ont aussi suivi l'exemple des voies ferrées, et beaucoup de • cars • sont aujourd'hui construits en papier . Certaines voitures de louage sont fabr iquées de même façon. Le gouvernement anglais étudie en ce moment la possibilité de remplacer les .crosses d: bois des fusils par d'autres en pap1er, ce qu1 rendrait les armes moins lourdes. On parle également dans les cercles militaires étrangers de balles en papier, tout aussi ef!ectives que celles de plomb et probablement plus dangereuses. 1'\ous avons di t que des meubles aussi étaient faits de papier. Jusqu'à présent on ne s'en est servi que pour les sièges de chaises bon marché; mais des cartons épais pouvant être cou pés et tournés comme du bois, il n'existe donc pas de difficultés à en iaire des tables, des chaises, et même des cadres de tableau x. Combien de fumeurs seraient surpns d'apprendre que la pipe qu'ils fument avec délice est faite de papier. n est certai nes p ipes, notamment, que leurs fabri cants assurent être faites d'une manière peu commune, qu i n'est, en réalité, que de la pulpe de papier solidifiée sous une énorme pression. Cette pipe est mcombustible, mais quelques heures d'immersion dans de l'eau bouillante la !ont revenir à son anCien état de pulpe. Les platea ux, les boîtes à pariums, à gants, à bonbons, etc., en papier mâché, existent depuis longtemps déjà; mais, aujourd'hui, la ménagère est à même aussi de pouvoir se procurer des plats et des assi~ttes , des récipients

de toute s.orte, des vases, des pots de Heurs et même des bougeoirs en papier. Les bidons à pétrole ou à essence fabriqués de même manière ont eux aussi l'avantage d'être très légers. On fait même des tuyaux avec cette substance, tuyaux qu'on emplo ie principalement pour des travaux de chimie. . Les casques des agents de la police américaine sont aussi en carton. On se figure, en général, que le papier est très inilammable. C'est là une grande erreur ; en eHel, lorsqu'il est à l'état comprimé, il de· vient presque impossible de Je brûler. P_our s'en faire une idée, il suffi t de mettre uu hvre entier sur le fe u : il faudra un temps in!ini avant qu' il n'arrive à être entièrement consumé. On a peine à croire, toutefois, que le papier comprimé puisse arriver à rein placer l'asbeste ou l'amiante, comme matière à l'épreuve ou non conductrice du feu dans l'enveloppe des fourneaux ou des chaudières. C'est cependant le cas dans bien des usines! H. R. W.

Bibliographie Signalons ici un joli ouvrage paru sous le titre • JEUX ET RONDES POPULAIRES POUR PETITS ET GRANDS •. recueillis par Madame Ballet, Inspectrice à Genève. L'auteur qui a, au cours de sa carri.ère, beaucoup observé les enfants dans leurs Jeux et récréa tions les a vus sans cesse se r attacher aux bon'nes viei lles chansons simples eJ fac iles, qu'on ne leur apprend jamais.• mais qu'ils savent toujours quoiqu'imparfaitement souvent. Leur instinct leur commande de chanIer joyeusement, de s'assembler pour danser, et dans ces jolis jeux innocents et sains, toute leu r grâce enfantine se donne libre cours; aussi. nous ne nous étonnerons pas du succès très grand de ce volume qui ravivera des wuveni rs lointains, parce que réunissant les chants les plus aimés, ceux que tous nous avons chantés et chanterons encore. On Y trouve avec la musique, la manière d'exécuter les ro~des simplement, _mais gentiment. Leur exécution apportera un peu de grâce aux jeux de nos fillettes et remettra en honneur nos vieilles rondes. Main tenant on pourra les savoir à iond, et ce sera tant mieux. - Editeur, Eug. froreisen, Genève. - Pri x frs 2 50.

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6 • LE SUISSE SOUS LES DRAPEAUX·· Nos Annales militaires racontées au peuple par le colonel E. Frey, ancien président de la Confédération. Splendidement illustré par Evert van Muyden. Traduit par le Capitaine Lardy, attaché de légation à Rome. Edition stéréotype. Prix Fr. 10. F. Zahn, éditeur, Neuchâtel. On entend souvent dire que l'histoire suisse est compl iquée et ennuyeuse. Cette réputation lui a été faite par ceux qui n'ont jamais pris la peine d'étudier notre passé et qui [a rment, malheureusement, la majorité de notre public cultivé. Et puis. dans nos écoles, on enseigne souvent notre histoire d'une façon rébarbative, trop scientifique, surchargée de dates et compliquée de questions économiques et diplomatiques. Ce qu'i l faut à notre jeunesse ce sont des tableaux. des épisodes qui fassent impression et restent l!favés profondément dans sa mémo ire. Le côté brillant. pittoresque et dramatique qui parle au cœur et à l'imagination est banni de nos • manuels • et de nos • précis • scolaires. C'est pourquoi nous saluons avec joie toutes les tentatives faites pour sorti r de l'ornière. Le superbe ouvrage du Colonel Frey, dont J'éditeur M. Zahn à Neuchâtel, publie une réédition, mérite d'attirer l'attention de tous ceux qui s'intéressent au développement moral de notre jeunesse. A l'heure angoissante oi:l le Ilot d'étrangers qui nous envahit menace notre vie nationale, attaque nos traditions et banalise notre nature, il est bon de regarder en arrière pour reprendre courage et marcher d'un pas plus assuré vers l'avenir. Parmi les admirables compositions originales du peintre Evert van Muyden il en est une oui résume l'ouvrage entier; elle est intitu lée -• Rangés en bataille • . Nous sommes à la fin du XVe siècle, à l'époque oi:l la victoire s'était élablie à demeure dans les lignes helvétiques. A la cadence des tambours . la longue pic: ue de 18 pieds sur l'épaule. coude à coude, bannières au vent, la lourde phalange des Con-fédérés s'avance ; on croit entendre le sol trembler sous les pas puissants des invincibles fantassins, la croix blanche s'étale glorieuse sur leur poitrine, sous la visière des casques on devine le regard d'acier de ces hommes qui allaient au combat comme à une fête. Cette page est un symbole d'un r~alisme sa isissant. En effet, l'antique alliance fédérale qui devait durer « aussi longtemps que les montagnes • n'eut à l'origine d'autre raison d'être que la guerre, la défense du sol sacré de

la Patrie. - C'était au moment du danger, quand les bannières réunies des cantons et des a!liés flottaient, fraternelles. au milieu des piques, que le corps helvétique avait une âme et un idéal. Alors tous les cœurs se h aussaient pour battre à l'unisson. la grande voix de la bataille dominait un instant tout ce qui est bas et mesquin. Généreusement, joyeusement, les Confédérés donnaient leur vie pour une idée: leur liberté. Les jours de bataille étaient des jours de joie et de concorde, sous l'égide de la croix blanche. Jamais le lien lédéral n'était si vivant qu'en présence de la mort. Il faut lire le • Suisse sous les Drapeaux • pour se rendre compte de tout ce que nous devons à nos ancêtres, et admirer les savoureuses illustrations du peintre van Muyden qui accompagnent si bien le texte limpide el énergique du Colonel Frey. L'illustration documentaire, de grande valeur, complète et anim'.! encore ces récits de notre épopée nationale. Plus que jamais notre pays a besoin de se rattacher aux saines traditions qui firent sa force. Ce livre est un effort qui mérite récompense.

Variétés LE TELEPHONE AU POLE. Tandis que les derniers explorateurs du pôle Nord n'étaient guère mieux outillés que leurs prédécesseurs, ceux du pôle Sud mettent à profit les plus récentes conquêtes de la science. Déjà le lieutenant Shackleton, sans renoncer au concours des chien s et des poneys, avait emporté des traîneaux automobiles. Le capitaine Scott, commandant de l'expédition partie en iuin •.krnier, s'est ass1ré 1111 scnice téléphonique capable de le tenir en communication, à des centaines de kilomètres, avec son na vire ou son quartier général. Le;; fro ids extrêmes du pôle ne permettant point d'employer les batteries ordinaires qui ne manqueraient pas de geler, il a fallu combiner un nouvea u système d'accumulateurs qui seront charg-és par un dynamo laissé à boreL Les appneils sont construits de manière à pouvoir supporter tm froid de 55 degrés centigrades. Les f\ ls de fer ou de cuivre auraJ;:I!t tlé trnp lourds; on les a remplacés par des fils d'aluminium Le capi taine Scott en emporte six bobines qui ne pèsent pas plus de 45 kilos et qui sont de volume assez restreint pour qu'on

puisse sans difficulté les mettre ~ur un traîneau. Etant donné la sécheresse de l'air et la fixité ,?es co~d_itious atmosphériques, il n'y a pas d mconvement à poser les fils à même la neige durcie, qui n'est point conductrice· l'expérience l'a prouvé. Cela économise Je transport et la plantation des poteaux. Par contre le sol ne pourrait être utilisé pour le reto~ ?u cour~nt; ~n en se~a quitte pour poser deux uls au heu d un. Enfm, grâce à l'extrême conductib!lité de l'aluminium et à la sonorité excephonnelle de l'air sec, on compte que le téléphone du pôle surpassera tous les autres pour l'a udition et la netteté.

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LE LANGAGE DES POISSONS Rayons de nos papiers et de notre mémoire l'expression «·muet comme un poisson ». Les poissons parlent: c'est la découverte du jour et nous la devons à un savant anglais. Da~~ une conférence faite à l'exposition de la Soc1eté royale de ph~to~raphie, à Londres, le d~cleur W~rd a explique que les poissons savatent expnmer leurs sentiments d 'une ma· nière extrêmement précise, et que les poissons d'une_ mi!m~ espèce traduisaient toujours par le meme. signe le même sentiment. A l'appui de ses dires, le docteur Ward exhiba de nombreuse~ photographies, qui constituent si l'on peut d1re les premiers éléments d'un 'dictionnaire Poisson-Humain. . C'est ainsi que le brochet exprime la curioSité. en dressant et en rendant pointut! sa nage~Ire dorsale. et Je désappointement lorsqu'Il a laissé échapper sa proie, en co'urbam son dos. • ~'autres_ poissons, lorsqu'ils sont effray~s, palissent h1téralement, les cellules pigmentaires _prennent une couleur p lus claire. Evidemment, ces premières notions ne per. mettent pas,_encore d 'aller demander aux poissons ce qu tls ~n~~nt de l'avenir de l'• esperanto • ou de 1 uhhsahon des aéroplanes en temps de guerre. ,. ~a is c'est un début, et l'on peut èroire que d !Ct peu de temps un respectable savant se fera descendre, enfermé dans une cloche de verre au fo~d de quelques grands fleuves. IJ observera a travers les ondes pures les dialogues de ~a commère la carpe avec Je brochet son compere, et nous en répétera l'essentiel.

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LE BON JUGE Un j u~e de pa ix parisien que l'on ne nomme pas vtent de rendre un jugement digne de Salomon. ~eux anciens amis, devenus ennemis comme 1_1 arrive parfois, se présentaient devant ce magtstrat. L' un avait signé à l'autre un billet Saint-Glinglin • . Le prêteur em« payable à pocha le billet. Il attendait patiemment l'échéance, quand il en parla à un tiers qu i émit quelque doute sur la validité d'un pareil engagemen_t. Pris ~'inquiétude, le pauvre diable se ren_seign~ et tl apprit que la Saint-Giinglin !om~att toujours dans la semaine des quatre Jeu~ts. Craignant alors, non san s quelque vratsemblance, que son ancien ami nt! se fût offert sa tête, il courut chez le juge, qu i a rendu la sentence que voici: · « Attendu, d'une part, que le débiteur abuse de la confiance de son créancier en fixant l'échéance de son billet à la Saint-Giinglin ; • attendu d'autre part que ce saint ne se trouve pas sur le calendrier : • dé~Iarons. le billet échu le jour de la Toussalllt, qui est, par définition la fête de ' tous les saints. •

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Dans cette parabole si grave et si instructive, le roi dont i•l s'agit, c'est Dieu le Père; son fils, c'est jésus-Christ, et l'épouse à laquelle il l'unit d'un mariage mystique, c'est la sainte Eglise. . Les premiers invités, ceux que le r~I sollicite, à plusieurs reprises, ~e part_lciper au festin, ce sont le~ J1:1lfs; m,~Is ceux-ci, non contents de dedaigner 1 mvitation, font lâchement périr les messagers, c'est-à-dire les proph~tes et le_s apôtres. Alors, pour les pun1r, le rOI, justement irrité, envoie des armées,_ so~t les légions romaines, et celles-ci detrutsent la ville et massacrent sans pitié les habitants. Les messagers du roi s'en vont ensuite porter la bonne nouvelle, l-'Evangile, à ceux qui, tout d'abord, semblaient n'être pas destinés à la recevoir et, ceux-ci, les païens, entrent en foule pour s'asseoir au royal banquet. L'Eglise est donc constituée, et quiconque a répondu à l'appel des ministres de Dieu a pu royaume divin. pénétrer dans le Toutefois, pour y demeurer, il fallait garder la «robe nuptiale », c'est - à - dire cette grâce dont Dieu nous fait l-'offrande magnifique et gratuite, de même que, jadis, en Orient, les rois donnaient à leurs invités le somptueux vêtement qui devait leur permettre de figurer à leur table avec honneur et dignité. Cependant le mauvais chrétien, après avoir comme déchiré cette robe nuptiale, est chassé sans pitié, malgré sa prétention à faire partie de l'Eglise sans être recouvert de ce céleste vêtement de la grâce, soit qu'il ait négligé de le demander humblement aux ministres sacrés par la confession, soit que, l'ayant reçu, il en ait jeté les lambeaux au vent dans un jour fatal d'orgueil ou de désespoir. Alors, pour sa punition, il est

précipité dans les «ténèbres extérieures:., ce qui veut dire dans un abîme sans lumière et sans joie où il ne cessera de pleurer, avec rage, les splendeurs un moment entrevues du royal banquet. Ainsi, de cette parabole s'échappe aujourd'hui pour tout chrétien, comme autrefois pour les juifs, la sévère leçon sur la nécessité de posséder ou de reconquérir par la pénitence l'état de grâce si l'on veut être admis à la table du céleste festin dans le royaume du paradis.

Réflexions sur le Sacerdoce « Un prêtre de plus, c'est une Messe de plus chaque jour, pendant vingt ans, trente ans, quarante ans. « Et songez que la Messe est le salut du monde. « Toutes nos bonnes œuvres et nos meilleures prières réunies, ne valent pas une Messe: dans la Messe, en effet, c'est Dieu en personne qui se met en prière pour nous. «Une Messe de plus chaque jour pendant vingt ans, trente ans, quarante ans, quel trésor! « Et quelle source inappréciable de bienfaits et de grâces on peut ainsi donner au monde, en lui procurant un prêtre de plus. »

• * *

« Otez le sacerdoce, le Christ n'est plus qu'un souvenir historique; avec lui, au contraire, et par lui, il vit, il parle, il agit toujours; il continue de relier le ciel à la terre et, prêtre éternel, il ne cesse de faire monter vers Dieu les hommages de l'homme et de faire descendre sur l'homme les grâces de Dieu. « Aussi, l'œuvre de la rédemption et, du salut du monde est-elle intimement liée, dans le plan divin, aux destinées du sacerdoce. Selon qu'il est plus ou


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moins nombreux, plus ou moins zélé, selon que son action est libre ou entravée, jésus-Christ croît ou diminue dans les âmes, la vie surnaturelle se ranime ou s'affaiblit dans la société. ''

*

*

Aucune vocation n'est plus belle que le sacerdoce, parce que c'est là que l'on peut faire le plus de bien à ses semblables .... Il faut convertir le monde par la charité, car j'ai l'intime conviction que nous devons de nouveau donner à la société, par la pratique de cette vertu, les preuves de la divinité de l'Eglise.

(Mgr Cosandey ).

La conversion d'un médecin incrédule (Du Docteur BOISSARIE.) Un médecin venait de Luchon et traversait Lourdes. Il entre dans notre Bureau. - Vous voyez, nous dit-il, des nerveux sous toutes les formes; vous avez des eHets de suggestion; tous ces résultats nous sont connus; vous ne sortirez pas de là .... Nous essayons vainement de le ramener à une notion plus exacte de ce que nous ob~er­ vons; son siège est fa it, il ne veut rien ent~n­ dre. Nous avions en ce moment un.e malade atteinte d'un lupus. la moitié de la figure rongée par une plaie affreuse. - Ah! si cette femme g uérissait, dit-il, ce serait une autre affaire; mais cela n'est pas de votre domaine. - Suivez-là, disons-nous; si elle guérit, vous aurez la preuve que vous cherchez! Le médecin s'attache aux pas de cette femme; sans conviction, nous devons le reconnaître; il la suit à la Grotte, à l'hôpital; c'est un défi qu'il veut relever; son amour-propre est engagé. Il la voit entrer aux Piscines, toujours avec sa figure rongée, sans l'apparence d'une amélioration. Quelques instants après, la femme au lupus sort de la P iscine. - Mais ce n'est pas elle, dit-il. Il ne la reconnaît pas; sa plai e s'est ci ca· frisée; en quelques ins!ants, tout a disparu. Il s'approche, regarde, touche, interroge:

- Mais.... , c'es.t bien vous? - Mais oui, monsieur. - Que vous a-t-on fait? - Rien. Je me suis baignée et mon mal a disparu. Une émotion profonde s'empare de lui; il pâlit, chancelle, et, lorsqu'il vient au Bureau, il a de la peine à nous traduire les sentiments qu'il éprouve. - Voilà cette femme , nous dit-il; regardez! Et nous constatons comme lui la guérison de ce lupus. Pendant que nous interrogeons celte femme, il disparaît; il a hâte sans doute de se ressaisir et d'aller au pied de la Grotte chercher le secret de cette guérison dont il vient d'être le témoin. Le lendemain matin, nous Je trouvions à la messe; il faisait la sainte Communion, qu'il n'avait pas faite depuis bien des années et qu'il ne s'attendait pas à faire en venant à Lourdes.

------· ,.._.______ Dans les cimetières

Nous sommes dans le mois des morts. Les cimetières étaient visités par une foule émue et recueillie s'en allant accomplir auprès des chers morts le pèlerinage du souvenir. La promenade est évidemment douloureuse, mais. cependant, il ne faudrait pas croire que tout est tristesse dans les nécropoles et Je visiteur indifférent a trouvé, plus d'une fois au seuil des tombes, un sujet digne de le réjouir. Voulez-vous qu'après lui nous suivions les allées et qu'après lui nous lisions, d u même œil amusé, certaines épitaphes dont la naïveté mérite d 'être signalée? La distraction est profane, sans doute; mais généralement le;; vivants seuls en feront les frais et elle n'effleur era point la piété de nos chers souvenirs. Au cimetière Montp:tmasse, à Paris, j'ai trouvé sur une tombe ceci: A ma chère épouse Louise Desprès A bientôt. 5 juin 1856. sur la pierre voisine: Ci-gît Henri Desprès décédé à l'âge de 74 ans le 14 mai 1898. Le cher épo ux, ~i pressé jadis, a pris la route des écoliers. Dans un cimetière parisien:

Ci-gît M. D . ancien avoué, ancien juge de paix, ancien juge au tribunal de commerce, ancien président du tr ibunal civil, appelé à d'autres fonctions dans le ciel! Au cimetière de Lausanne j'ai relévé cette épitaphe: A Adelaïde B. son inconsolable époux! Or, cet époux désesp<!ré se consola assez bien, paraît-il, car à côté de la tombe en question, deux autres pierres sépulcrale:; indiquent qu'il eut une seconde, puis une troisième femme dont la mort le plongea, sans doute, successivement dans ure même désolation. Et qui sait s'ii ne cherche pas l'oubli aux côtés d'une quatrième. Il arrive parfois que la réclame s'en mêle. En voici un exemple trouvé au cimetière du Père-Lachaise: Ci-gît Adelaïde Laribois, Décédée à l'âge de 44 ans, Epouse légitime en son vivant De Justin L;.ribois, serrurier de son état. La grille qui entoure ce monument Sort des atelier s de son mari. Au .Mans on trouve cette inscription: Ici repose Jean M . Décédé dans sa 74e année Regretté de tous ses parents et amis. Le meilleur fabricant de moutarde De la ville de Mans. J'ai copié ceci au cimetière de Genève: Ci-gît dans une position • horizontale •

M. X. En son vivant • horloger • L'honneur fut le • ressort • de sa vie et le travail le • r égulateur • de son temps. Ses • mouvements • étaient bons La crainte d~ Dieu et l'amour de son p;ochain furent touJours la • clef» de sa conduite. Ii vécut heureux jusquau moment Où le grand • horloger • de l'univers Jugea à propos de briser La • chaîne • de ses jours ce qui aniva à l'âge de 69. On croit rêver devant un tel étalage de sottise. Celle-ci se trouve au cimetière parisien de Passy:

Ci-gît X. Il fut bon époux, bon père, bon ami et bon garde national. A Gand, j'ai recueilli celle-ci: Ci-gît Margueri te Cuilier En son petit particulier. Evidemment l'auteur de cette épitaphe ne s'est pas trog fatigué les méninges pour pondre ce • trait d'espri t ». Mais croyez-vous que la suivante, trouvée dans un cimetière normand. soit plus fine? C'est fout au plus si elle troublerait M. le sénateur Piol: Ci-g-ît dame Marianne Maugras Elle avait à sa mort 365 enfants Provenant de son légitime m11riage Elle é tait mère de . . . 16 enfants Grand'mère de . 114 .. 228 Bisaïeule de 7 Trisaïeule de . Lignée égale à . . . 365 Ces épitaphes relevées au cours d'excursions de Toussaint à travers les allées des tombes sont bien ridicules. Or. il faudrait des volumes pour énumérer toutes celles. pour le moins aussi étranges, q ui sont dues à la niai· serie humaine. Qui donc croirait en les lisant. que jadis les beaux esprits faisaient as~aut d'orig-inalité nour composer des inscriptions funé raires? Mais ce n'était ou'un ieu. on ciselait du vivant du personnag-e queloue biiou d'ironie pui<;. la mort venue. on oublia it le méchant t rait et la tombP. ne recevait plu<> a n'une formule de reQ'ret. d'admiration . 011 bien une banalité. une n2.ïveté ou une sottise. J'en ai là. sous les yeux. que!n n ~s ext>rnples rle ce~ fines moquerie~ nu'on ,.,,..,..,met!D it aux vivant~ de Q"raver sur leur sénu'c,...,. et je me reprochPrais dt> n'en pas citer cmolaues unes. Sur Louis XV on av:~it écrit. aor~s t~ nt d'autres, ces deux amusantes épitaphes: Ci-gît Louis-le-quinzième

Du nom de Bien-Aimé Je deuxième Dieu nous préserve du troisième! Ci-gît un roi tout-puissant. D'abord, à son peuple en naissant Il donna papier pour argent, Pl~s d'une pierre en grandissant, PUis la famine en vieillissant Puis enfin la peste en mou;ant. Priez pour ce roi bienfaisant. Pour la duchesse d'Orléans, mère du rt'!• gent:


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116 Ci-gît l'oisiveté Mère de tous les vices. Et, pour finir, je reproduirai l'inscription, si touchante de mélancolie que Scarron, l'auteur du • Roman comique • et premier époux de Madame de Maintenon prépara pour son tombeau où elle ne fut pas gravée, du reste : Celui qui cy maintenant dort Fit plus de pitié que d'envie Et souffrit mille fois la mort Avant que de perdre la vie. Passant, ne fais ici de bruit Et garde bien qu'il ne s'éveille Car voici la première nuit Que le pauvre Scarron sommeille. Robert DELYS.

f.Je mnlet CROQUIS V ALAIS AN

Le Valais est un des rares cantons où l'ou se sert du mulet pour les travaux de la campagne, ainsi que pour les charrois et les transports dans la montagne. Le pied très slir, sobre et d'un entretien facile, le mulet convient à ce pays mouvementé et rocailleux. On ne fait pour ainsi dire pas l'élève du mulet en Valais. Les gens de la campagne qui n'ont pas de propriétés suffisantes pour l'emploi d'un mulet, s'associent avec un parent ou un voisin, pour en _acquérir un en commun. Acheté le plus souvent en Savoie, quelquefois en Italie, dans l'âge de 1 à 2 ans, le jeune mulet devient ainsi, dans beaucoup de cas, la propriété de plusieurs ménages qui l'utilisent à tour de rôle, tant de jours par semaine, suivant l'importance de l'apport, un quart, la moitié ou les deux liers. Le mulet acheté en Savoie est celui qui répond Je mieux a ux besoins de la région valaisanne. Trapu et fort sur jambes, il est généralement doué d'un bon caractère. Il faut se méfier du mulet soigné par une femme. Peutêtre celle-ci manque-t-elle de la fermeté voulue pour le discipliner. Toujours est-il que ce mulet est souvent • conna issant • comme disent les villageois, c'est-à-dire, qu'il ne connaît que son maître et qu'à tout autre il lance des ruades. Dans un village du centre on p résenta un jour à deux acquéreurs, un mulet presque sauvage. Sa propriétaire seure pouvait l'approcher et encore ne le faisait-elle qu'

avec une grande prudence. Le mulet du Piémont est plus grêle, mince de jambes, moins fort, mais plus élégant que le mulet savoyard. Il est un peu moins endurant, par contre, • connaissant • dans une proportion plus forte. Le prix d'un jeune mulet varie entre 3 et 400 francs. Certains sujets, lorsqu'ils ont dépassé l'âge de 4 ans, deviennent fort beaux et atieignent des prix assez élevés, 1000 à 1200 francs. Au propriétaire qui utilise le mulet, incombe la charge de son entretien. Passé ainsi de mains en mains, le mulet risque d'être entretenu à l'avenant, chacun s'en rapportant à son compère pour la nourriture et l'étrille. Pendant la saison d'hiver on voit parfois arriver à Sion, les jours de marché, des mulets qui n'ont pas vu la brosse depuis le dernier service militaire à SI-Maurice ou avec l'artillerie de montagne. Patient et sobre, il doit se contenter pour sa nourriture du marais coupé qu'il a porté jusqu'au raccard. Cet aliment grossier lui fait mettre un ventre énorme que les experts appellent « ventre de vache •· Quelquefois, rarement, on le met brouter d:tns un pré. Lorsqu'il marche pour les transports en montagne, il va d'un pas rapide, mais s'arrête constamment pour flairer et brouter tout ce qui se présente Je long du dlemin, brindilles, bouts de sapins, feuilles sèches, petits tas de foin perdus par un transport précédent, etc. On le nourrit aussi de sarments de vigne coupés mince. Ce n'est qu'a· près 2 ou 3 jours passés au service militaire, qu'il prend goût à l'avoine qu'il n'a guère pu apprécier chez son maître . Le mulet valaisan ne sert pas seulement aux travaux de campagne. A proximité des stations d'été, il est utilisé pour le tran:;port des marchandises et des voyageur s. La grande foule des étrangers, les dames surtout, éprouvent une certaine appréhension à affronter ce genre de locomotion. Dans la plaine il fait les charrois pour les entrepreneurs en bâtiments, pour les vendanges. Parfois voit-on un couple de mulets, pomponnés de rouge, la grelottière argentine à la bride, tirer a u trot un véhicule chargé de promeneurs. C'est alors, dans le gai soleil d'automne, comme une réminiscence de paysages espagnols. Pendant la saison morte, c'est-à-dire, lorsqu'il n'y a pas de transports à faire pour les travaux de campagne, ou de récoltes à rentrer, on inscrit son mulet • pour la batterie •, ce qui veut d ire que son propriétaire désire le voir prendre par la Régie fédérale des che-

vaux pour l'utiliser au service militaire. C'est une grosse affaire, surtout s'il peut partir poor l'école de recrues d'artiller ie de montagne, qui dure 75 jours pendant lesquels le mulet est bien soigné, étrillé, fait une cure d'avoine et rapporte à son propriétaire une location de fr. 3 à 3.50 par jour. Malheureusement le nombre des mulets pour l'école de recrues est limité au chi!fre d'environ 70 et on ne peut pas contenter chacun. C'est à la commission· d'estimation à choisir. Elle le fait avec beaucoup de discernement, écartant tout mulet rueur, afin d'éviter des accidents dont le propriétaire même peut-être rendu responsable, ou qui ne se laisse pas bâter, qui a le • dos de carpe • ou d'autres tares le rendant impropre au service. A un des services militaires de cette année un mulet qui avait d'abord été reconnu apte, a dû être renvoyé le troisième jour parce que, une fois bâté, il se renversait et roulait avec son chargement. Dans l'artillerie de montagne, bât d'un modèle fort pratique compris, un mulet porte à peu près 160 à 170 kilog. Dans les transports civils la charge est d'une moyenne plus forte. Et c'est par un miracle d'équilibre que le bât primitif. peu sanglé, qu'utilisent les villageois, arrive à destination sans encombre et sans blesser la. bête. Les cours de répétition annuels des troupes de montagne exil!'ent une grande fourniture de muleli:S~ que l'administration miilitaire a parfois beaucoup de peine à se procurer. C'est pourquoi. suivant la saison. le prix de loca· tion est-il augmenté et por1é exceptionnellement. jusqu'à fr. 5 50 par jour. C'est tout avantas:re pour le propriétaire et on ne se rend pas compte pourquoi dans certains villages on craint de mettre son mulet • à la batterie •. Jamais ces mulets ne sont mieux soignis, ni ne sont plus beaux qu'au retour du service militaire. A la rentrée d'un de ces services, un propriétaire, entr'autres, ne retrouvait pas sa bête: • Comme il est devenu beau, dit-il naïvement, je ne le reconnaissais pas! • Sion, Savièse, Conthey, Martigny, quelque peu l'Entremont et la vallée d'IIIiez fournissent principalement les mulets pour le service militaire. Les bêtes y sont mieux entretenues et d'une belle apparence. Le Haut-Valais n'en possède guère; la vallée de Conches, par exemple, n'en tient pour ainsi dire aucun. Outre son côté pratique, le mulet est pitioresque dans le cadre des montagnes valaisannes. Il anime les paysages agrestes et les égaie,

surtout quand il porte sur son échine une de ces gentilles villageoises comme on les a acclamées aux journées de districts, lors de l'exposition de 1909, à Sion. Les visiteurs de cette exposition se souviendront avec plaisir de ces groupes charmants de Saviésannes por• tées à dos de mulets conduits par de beaux garçons aux larges épaules, ainsi que le ravissant tableau formé par cette famille d'Evolénards, le père conduisant le mulet, la mère assise sur le bât et tenant dans ses bras un nourrisson, tandis que des sacs latéraux émergeait la frimousse intelligente de deux ou trois marmots, et que les deux garçons aînés marchaient derrière la bête en se tirant à la longue queue ondoyante, ainsi que Je pratiquent les paysans dans les rampes un peu fortes. Aux fêtes universitaires de Genève, en 1909, quatre mulets furent loués à Sion, pour figureT au cortège. Ils étaient richement caparaçonnés, et firent bonne figure. Le public s'intéressa beaucoup à cet attelage nouveau pour la contrée. Lors de l'inspection des troupes ayant participé aux dernières manœuvres dans le rayon de SI-Maurice, les batieries de montagne furent l'objet d'une grande curio· sité et les spectateurs revinrent enchantés d'avoir vu défiler cette belle troupe avec ses beaux mulets.

----------···----------La poignée de main La main , chez les anciens, était l'emblême de la fidélité, et, dans bien des cérémonies, celle du mariage par exemple, l'enlacement des mains était le symbole de l'union des cœurs. Aujourd'hui le serrement de main est devenu coutume banale; à tous, incomüdérément, on le prodigue sans y attacher d'importance. Aussi, ce qui jadis était un témoignage d'affection, est presque sans valeur de nos jours. Je crois que nous devons cela aux Anglais qui ont fait du • shakkehands » plus ou moins brutalement donné, le plus courant des saluts. Mais, à mon avis, il serait bon de ne pas se départir d'une certaine réserve de bon ton, surtout pour une femme, et de mettre un léger frein à tous ces témoignages si facilement prodigués. Avec leur tact sûr, nos lectrices l'ont compris, et je crois qu'elles attachent à la poignée de main l'importance qu'elle doit avoir. Aux yeux d'un observateur attentif, que de choses peut dire une poignée de main!


118 Tantôt elle sera indifférente, tantôt elle sera amicale et même affectueuse; elle peut être accueillante, bienveill~.nte, un peu proîectrice, ou au contraire glaciale et pleine de défiance. Enfin, une personne intelligente peut tout dire avec le serrement de main. Souvent même, la poignée de main en dit plus que n'aurait voulu celui qui la donne ; elle dévoile bien des traits du caractère. Voyez cette personne qui n'offre que les doigts et les retire promptement: c'est une personne timide et défiante, et dans ce caractère je crains de relever un peu de fausseté. Voici une i'utre personne qui tend la main à moitié avec condescendance, et en accompagnant ce geste d'un « bonjour • du bout des lèvres. Quei orgueil, quelle suffisance! An contraire, voyez cette main largemen1 ouverte qui n'hésite pas à presser doucement celle qui lui est tendue. Le caractère cordial et loyal de la personne y est peint to.ut entier. Le savoir-vivre, ce maître des ro1s comme des humbles, a édicté des lois pour l'eulacement des mains. En se basant sur le sens même de ce mouvement amical dans lequel il entre toujours un peu de condes~e-~dance~ on comprend tout de suite que l'nuüahve d01t en être prise par la personne supérieure 'Vis à vis de l'inférieure. La lemme est reine dans la vie mondaine; elle a toujours la prééminence sur l'homme; c'est donc elle oui tendra la main la première, qui accordera cette marque de IJienvei!lance ou de contiance. Et il en sera ainsi que la femme soit ou non mariée. Entre femmes, c'est la plus âgée qui doit commencer; à moins qu'une jeune femme 4l'occupe une situation sociale élevée, elle attendra donc toujours que son aînée veui~le bien .lui donner cette marque de bon accueil; une Jeune fille agira selon la même règle. • De même, un homme ne tend pas la ma1_n à son supérieur quel que soit son âge, ma1s le supérieur doit toujours l'offrir. • La poignée de main est tellement entree dans nos mœurs, qu'aujourd'hui les jeunes filles et les jeunes gens en abusen~ un ~u. La parfaite distinction veut qu'une J_eune fille ne donne la main qu'aux hommes fa1sant partie de sa famille ou de l'intimité de sa famille. La réserve est toujours un channe pour elle et personne ne pourra trouver à redire si e~le fuit les familiarités inutiles. Elle donnera amsi une preuve de son bon goût et de sa parfaite éducation. Je suis aussi d'avis qu'il ne faut jamais al-

1er trop vite en relations mondaines, et je trouve tout à fait choquantes les personnes qui, se voyant pour la première_ fois, éprouvent le besoin de se serrer la mam: Quelle facilité d'amabilité, et je le crains bien aussi, quelle banalité de politesse exagérée. Il est des cas. évidemment, oit dès une première entrevue, on se sent subjugué. La sympathie naissante vous semble partagée par la personne qui vous l'a inspirée; c'est un peu • le coup de foudre, de l'amitié. Alors vous pouvez avancer votre main, mais avec une nuance de réserve. de timidité. qui en sera l'excuse. Il faut que le mouvement spontané traduise à peu près ceci: « Un senüment irrésistible vient de naître en moi; je voudrais vous le témoigner. mais j'ai peur de me montrer familière et indiscrète" · Toutes les fois qu'il s'agit d'accueillir une personne inconnue -qui vous est recomma~­ dée par des amis et dont la timidité a besom d'être encouragée, la main tendue amicalement sera un mouvement bienveillant de marque de sympathique amabili!é. Mais, je le répète, en toutes autres occasions, le bon goût défend de tendre la main à une personne que l'on voit . pour la première fois. . , N'oublions pas que la p01gnee de mam est indiscrète et qu'elle trahit notre carac~ère et surtout notre éducation. Ne la prodiguons pas mais donnons-là franchement. Ne nous contentons pas d'effleurer les doigts mai~, par contre, ne retenons pas longtemps la ~am oui nous est offerte. Cette sode d'empnsonl{ement est, à moins de cas très exceptionnels, une preuve de suffisance et indique un manque d'éducation. Lorsque la poignée de main reste u_n si~e d'amitié et d'estime. lorsqu'elle est msp1rée par le mouvement du cœur, elle reste toujours parfaite et garde la mesure e.xacte. • Donnée ainsi par une personne b1en élevee, elle restera le plus gncieux des gestes ~'ac­ cneil et le complément de tout sa lut nm1cal. S. CARON.

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Le nain Luc Les amis des légendes valaisannes ont tous entendu parler des nains du Val d' Anniviers et du lac de Géronde. Mais savez-vous que l'existence des nains en Valais, est mise en doute par les historiens. On prétend que le document probatoire fait défaut. Et, cepen-

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dant, le chêne nain, à l'entrée du Val d'A~ni­ viers, n'est-il pas un document pro batorre? 11 était interdit à certains arbres de pousser trop haut. Les nains devaient avoir de petits arbres à leur portée. Les arbres nains à l'entrée du Val d' Anniviers, sont donc pour un auteur de contes, un argument écrasant contre les asset1ions des historiens. Nous allons parler d'un des nains les plus importants du XIe siècle, du nain Luc, de célèbre mémoire. Au XIe siècle les nains étaient populaires en Valais. On les comparaît un peu à des agneaux, et comme il n'y avait pas de loup dans la contrée, personne ne leur faisait de mal. Le nain Luc était 1m véritable agneau. Il avait la voix tendre, le regard tendre. Ces deux qualités lui avaient valu la charge de dé]éO'ué. Les nains eurent une fois maille à parti; avec Sa Grandeur l'Evêque pour n'être pas réguliers aux offices. Luc réus2it à arranger toute l'affaire. Depuis ce jour mémorable, Luc devient le maître; il se promène dans la contrée et sans avoir l'air de rien, trouve du travail pour ses compagnons. Notre nain avait en sa faveur l'inteltigence et le sens pratique. Se moquer tantôt discrètement des nains, tantôt même des bons villageois, c'était le seul et unique défaut de Luc. Voici comment il se moquait des nains, ses compagnons. Par un beau jour d'été, Luc, rentrait d'un voyage d'exploration dans les environs <i.e Grimentz. Un vieux dragon, la terreur des Anniviards, garde d'un trésor précieux, venait de mourir de vétusté dans une grotte profonde. Luc était allé étudier les moyens de s'emparer du trésor désormais abandonné à lui-même. Avant de descendre dans la vallée, Luc, passe à l'ermitage du Père François. L'ermite était justement en train de manipuler du plantes. Luc s'approche très poliment et pour se rendre intéressant parle de la mort du dragon: «Je suis allé dans la fameu~e grotte, mon révérend Père, elle est vide, entièrement vide. L'histoire du dragon est donc une légende, ce dont je m'étais toujours dout~ . • Le Père François, nullement surpris, car il n'avait jamais cru à l'existence du dragon de Grimentz, cause de la nécessité de s'arrêter aux réflexions sérieuses, et rend Luc atten~ tif à la méditation des vérités de la religion.

Homme d'expérience, l'ermite ne parle pas longtemps. Luc a écouté très attentivement. Le Père satisfait exhibe alors ses fleurs des alpes et explique, comment ces simples plantes, avec l'aide de l'homme produisent une liqueur bienfaisante. • Mon révérend Père, s'écrie le nain, la réputation de votre liqueur n'est plus à faire. On en parle même à St-Maurice. • Très touché de ces paroles, le bon Père offre un verre de liqueur à son hôte. Luc flaire la liqueur dont l'arome se répand dans son petit nez. Une dégustation délicieuse s'annonce. Le nain s'amuse ainsi encore un instant et ne se sentant plus de joie vide le verre d'un trait. Luc prend ensuite congé du très révérend Père et descend à travers la forêt. Jamais les arbres ne lui avaient paru si beaux, jamais le chant des oiseaux ne l'avait tant ravi. Arrivé au logis, Luc, raconte à ses compagnons: « j'ai vu le dragon trépassé, entouré d'une légion d'éperviers et d'aigles. •

xxx Voici un exemple destiné à vous prouver que le nain Luc avait le sens pratique. Le nain Niouc, le plus vieux de toute la grande famille, travaillait avec assiduité, mais l'âge n'était pas sans influence sur le résultat de son travail. Un jour, Luc, le prend à part et lui dit: « Niouc, vous êtes toujours travailleur, malgré le nombre de vos années. Pour le bien de nous tous, je vous destine à un travai !,assez délicat, qu'il vous sera aisé de faire avec succès. Vous y mettrez toute votre délicatesse et votre expérience de la vie. Je vous destine à aller quérir les cancans dans les villages. II n'y a jamais de feu sans poudre, c'est pourquoi nous tirerons profit des cancans importants. • Le nain Niouc accepta cette nouvelle charge pour le grand bien de la colonie. Quelques jours se passèrent. Un beau soir, Luc donne ordre . de préparer cent cinquante choux, destinés à être vendus à ·Granges. La vente se fera facilement, déclare Luc à ses subordonnés car Niouc vient de me renseigner au su· jet de ce village. Le lendemain tout au matin, Luc, accompagné d'une demi douzaine de nains se rend à Granges, sur une voiture mignonne, chargée des cent cinquante choux. L'entrée de la petite voiture à Granges, fait la meilleure impression, tout le château accourt, et les bonnes femmes des maisons avoisinantes accourent également escortées de leur


120 progéniture. La vente se !ait lentement, une heure de travail, de discours polis et dix choux sont vendus. Soudain Luc s'écrie, si vous ne m'achetez pas tous mes choux, braves gens, j'irai raconter à Sion, ce qui s'est passé samedi dernier au conseil paroissial. Il a été délibéré sur les moyens de refuser comme nouveau curé le candidat de l'Evêque. Vous voyez que je suis bien informé. Chacun de penser quelle mauvaise langue, que ce chef des nains, mais les choux restèrent tous à Granges. Les faits et gestes du nain Luc datent du XIe siècle, et cependant la malice et la bonté, n'ont pas changé leur rôle en notre temps de • modernisme». MARC. ......,_...__

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Serviteurs d'autrefois Dans la comédie classique, les valets sont presque tous des fripons, dont les types ache· vés sont Scapin et Figaro. Or, d'après une très amusante enquête que publie M. H. de Gallier, il faut reconnaître que Molière, Beaumarchais, Regnard et Marivaux nous ont donné une idée fausse des valets de l'ancien 'temps. La domesticité était regardée jadis comme une forme relativement supérieure du travail subordonné; le serviteur participait à la dignité de la personne à laquelle il était attaché; la livrée qu'il portait, loin de l'humilier, l'honorait. Il sait combien le maitre tient à faire respecter cet habit aux couleurs de son blason. C'est un peu de ce blason que le valet porte ainsi sur son dos; nul ne cons en lirait à ce que la noblesse reçût une injure ou subit une injustice même dans la personne d'un laquais. La livrée protège celui qui en est revHu; elle a droit à quelques-uns des égards dus au maitre. Cet appréciable privilège hiérarchisait la domesticité d'une bonne maison à l'imitation de la cour même et les serviteurs ne mangeaient pas tous à la même table. Les fonctions d'ailleurs se trouvaient judicieusement délimitées. Il ne fallait p1s demander à un valet de frotter un parquet, ni à un maître d'hôtel d'aider M. le duc à passer son habit. Partout, les rôles sont tracés d'avance, et nul ne pourrait les modifier; chacu!1 accomplit la besogne qui lui est dévolue. mais jugerait indig11e d'en faire une autre, lût-ce dans les plus pressantes circonstances. On comprend que dans ces conditions, tm personnel nom-

Supplément gratuit

breux est indispensable. A l'hôtel de Nevers vivent 146 domestiques; M. de Pontchartrain en a 113; le duc de Rohan, à Saverne, a 14 maîtres d'hôtel, 25 valets de chambre, 200 domestiques, et " il ne sait d'où vient qu'il ne peut-être servi! • Combiea payait-on ces armées de parasites? Un bon valet de chambre au XVIIe ciècle, reçoit à Paris 126 livres par an; 180, s'il sait coiffer. Les maîtres d'hôtel ont de 200 à 250 livres, - par an aussi. bien entendu. Une servante touche de 50 à 60 livres. Certains valets de pieds privilégiés sont payés 624 francs, mais c'est là un chiffre extravagant; la moyenne s'établit entre 100 et 120 francs pour w1 homme, 30 et 60 francs pour une lemme. Tels sont les prix de Paris. En province, ils sont moins élevés. Vers 1860, une cuisinière, dans le Dauphiné, reçoit 6 écus par an; les gages annuels de 30, 25 et même 15 livres sont fréquents. Une servante à Nîmes gagne 14 livres et reçoit en outre une paire de souliers. Ordinairement, les • gens • sont habillés aux frais du maître; et puis, en dehors des salaires réguliers, les domestiques de tous rangs ont droit à certains profits de diverses sortes; c'est ainsi que l' • écuyer de cuisine • peut vendre les graisses tombées de la lèche-frite; que le sommelier prélève le treizième du pain et garde pour lui la lie et les futailles vides. Le maître d'hôtel se fait des revenus avec les cendres du loyer. Qui ne connaît l'historiette de cet opulent fermier général, qui rentrant à son hôtel très tard dans la nuit, vit flamboyer les fenêtres de ses cuisines, comme si toutes les rôtisseries de Garnache y eussent Ionctionné? Curieux de connaître ce qui se passait dans ses offices, où il n'avait jamais pénétré, il poussa la porte et aperçut un petit marmiton à moitié endormi devant un immense brasier. - Que lais-tu là? demande-t-il. - Monseigneur, • je lais des cendres... • Telle était l'insouciance de ces temps reculés. C'est à vendre de la lie ou des cendres que s'enrichirent certains valets!

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à l'ÉCOLE PRIMAIRE, SION

Novembre i 9!0

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Foyer et les Champs 000000

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Histoire, Nouve11es, Mœurs, Sci_ences, Inventions, Découvertes, Voyages, Éducation, Politesse, Economie domestique, Hygiène Médecine, Cuisine, Recettes, Procédés, Travaux féminins: Variétés, etc.

Numéros spécimen gratis

RÉDACTION: M. J.-H. DING, Estavayer-le-Lac

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• Bout de dialogue entre Bébert et l'auteur de ses jours: - Dis, papa, quoi que c'est qu'un tuteur? - Mon fils, c'est une sorte de gaule destinée à redresser les jeunes arbres. - Et un subrogé-tuteur? Tête du papa.

b~ CROIX P o r t du. Salu.t

Pnblicatioos recommandées:

1 ,I.e Sillon Romand" - , La Revue Populair1''


LE FOYER ET LES CHAMPS LE FOYER ET LES CHAMPS

Le joueur corrigé

·Il alla à la mosquée de Damas, et là v'it un homme qui n 'avait point de jambes. Le pauvre Arabe loua Dieu et n e se plaignit plus de n 'avoir pas de souliers.

Monsieur Rollin, riche particulier, 'a-vant qu'un fils, voulut lui faire :>n'ner une bonne éducation. Mais hélS! les plus tendres soins des meil'urs parents restent quel~uefois sa~s 1ccès. C'était le cas du Jeune Loms. N'ayant aucun goût ni pou~ les ét~­ La fiole miraculeuse es, ni pour d'autres oc_cupah~.ns. ut~!S, il n 'avait rien appns et s etait hOn connaît ce remède indiqué par ré à de fort mauvaises habitudes. un homme de Dieu à une femme qui A l'âge de vingt ans il aimait le je~ ne cessait de se plaindre de ce que son vec une felle passion qu'il Y passait mari s'emportait à chaque instant et es nuits entières et souvent Y perdait l'envoyait à tous les diables. Ce pasteur d'âmes qui n'ignorait pa,s 'assez fortes sommes. Monsieur Rol.n s'en aperçut et médita sur le moyen combien la bonne femme, de son cote, e corriger son fils. avait la langue affilée, lui remit une Il apprit un jour que le joueur av~it fiole d'eau. 3.i.t une perte considérable. «Je prue_ Dès que votre mari s'emportera, ai tout, dit le père, parce que l'hon- lui dit-il, remplissez-vous bien vite la .eur m'est plus cher que l'argent. Ce- bouche avec cette eau, et vous en ICndant expliquons nous! Vous aimez éprouverez aussitôt la vertu, votre ma~ jeu, mon fils! moi, j'aime le~ pauvr:s ri s'apaisera immédiatement. L'occasion d'éprouver la vertu de la e leur ai moins donné depms que Je lense à vous créer une existence; je merveilleuse fiole ne se fit pas atten·enonce à ce dernier projet; un jeune dre. La pauvre femme touchait à peine tomme qui dépense tout son argent au seuil de la porte que les invectives 1our satisfaire ses passions, ne mé- accoutumées pleuvaient sur elle: ·ite pas qu'un père diminue s~s aum~_ Voyez un peu la paresseuse, la tes. Jouez, taqt _q_u'il YO~s plaua; mals bavarde! Tandis que Madame s'amue mets la _condltwn qu a chaque nou- se la maison reste seule, les enfants relle p:rte, les pauvr~s recevront d= pl~urent, tout est sens dessus des~ous. na mam une somme e~ale. C~mme~ Et l'étern9 l refrain : c Que le diable ;ons aujourd'hui!~ ~e dJsant, Il r~mit emporte les commères! ....• de trouver sa t un de ses d?meshque.s autant d ~rplace dans le discours. :ent que son fils en avait pe;d~ ~u. Jeu Cependant l'eau de la fiole faisait •t lui ordonna de !e porter ~ l hopJtaL son effet. La bonne femme qui s'était jette seule l:çon fit sur le JOueur ~n_e hâtée de s'en emplir la bouche, ne mpression s1 prof~nd~ qu':lle l~e guent souffla mot. Or, le mari qui n'était l'un ~e~chant _qm 1 aurait surement point accoutumé à cette f:a~on d'.écou:ondmt a sa r ume. ter ses reproches, en fut s1 etonne que~ ~ : '"' la première bordée lâchée, il se tut lm aussi. Pas de souliers Une seconde, une troisième expérience eurent le même résultat: - Comme c'est curieux s'écria avec Un pauvre Arabe n'avait point de admiration la bonne femme: c'est là ,;ouliers et manquait d'argent pour en une eau vraiment miraculeuse. acheter.

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Et elle court porter ses remerciements à son bienfaiteur. - Eh! lui dit le digne homme ne voyez-vous pas que ma fiole n 'est pour rien dans le miracle; c'est votre langue seule qui l'a opéré, et l'eau que je vous ai donnée n'a eu d'autre mérite que de la forcer au silence. En effet, le grand remède à la colère d'autrui, c'est notre patience, notre douceur. Tenir tête à une personne en colère, c'est jeter de l'huile sur le feu et par suite se rendre complice et soli- ., daire de ses violences. ~

La Sanctification ffu Dimanche est nécessaire au salut de l'âme Dieu étant la souveraine sagesse, tout ce qu'il fait est bien fait, tout ce qu'il commande a sa raison d'être, et la plus criminelle de toutes les folies est de préférer ses propres pensées, sa propre volonté, aux pensées et à la volonté de Dieu. Or, Dieu a déterminé dans ses secrets éternels, qu'il se résr.rverait un jour par semaine pour recevoir les adorations, les hommages et les prières de sa créature, et que ce jour serait le dimanche. Sans doute, le travail est la loi de l'homme sur la terre : «L'homme est né pour travailler, dit l'Esprit Saint, comme l'oiseau pour voler.~ Le travail existait même dans le paradis terrestre; il est vrai qu'il était pour nos premiers parents un délassement et non une peine, comme pour les tristes héritiers de leur prévarication. Depuis le péché d'Adam, l'homme a été condamné à manger son pain à la sueur de son front; mais ayant été appelé par la Divine miséricorde à partager sa gloire au ciel, après comme avant sa chute, la fin de l'homme n'a pas changé. I:homme est sur la terre pour connaître et airnP.r Dieu, et parvenir au bonheur éternel par cette connaissance et cet amour. Le travail est la condition

de son existence, mais il n'en est pas la fin comme le prétendent certains sophistes qui se vantent de n'adorer aucune idole et de n'attendre le bonheur que d'eux-mêmes. Ce sont des paroles insensées. Adam, avant sa faute, tout en travaillant, pensait à Dieu et ne perdait pas de vue sa présence; mais il n'en est pas ainsi de nous; voilà pourquoi Dieu a voclu nous donner un jour par semaine pour nous arracher à la terre et porter en haut les regards de notre esprit et les affections de notre cœur. Le vrai chrétien, le dimanche, fait sa prière avec plus de ferveur; c'est pour lui une douce obligation et un besoin d'assister au culte, d'entendre la parole de Dieu, de chanter ses louanges. Il examine ce jour-là plus attentivement sa conduite pendant la semaine qui s'est écoulée; il voit s'il n'est pas tombé dans quelque faute ou s'il a fait quelque progrès dans la correction de ses mauvaises habitudes, il demande à Dieu de nouvelles grâces pour la semaine qui va suivre; et, fortifié dans sa foi, ranimé dans son espérance, plus résigné dans ses peines; il recommence son travail avec une conscience plus calme et plus joyeuse, une énergie plus grande, une intention plus pure. Qu'arrive-t-il au contraire à l'homme qui ne sanctifie pas le dimanche? Toujours collé à la terre, toujours occupé des créatures, elles deviennent l'unique objet de ses pensées, l'unique attachement de son cœur, le Créateur est oublié, et comme tout être humain a besoin d'une religion, la ·religion du profanateur habituel du dima:qche devient celle du respect humain, de l'ambition, de la cupidité, de la luxure, de la haine, du blasphème, de l'intempérance, de la débauche et finalement de l'incrédulité, de la superstition, de la présomption, ou du désespoir.

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LE FOYEn ET LES CHAMPS

La machine-de Trevithick C'est de ce nom, en effet, que les Anais appelaient vers 1808, la locomove de leur compatriote. La locomotive est cependant une inmtion française. Un ingénieur mili,ire français, Cugnot, l'avait imaginée 1 1770. Mais, sans les rails, dont on avait pas encore eu l'idée, cette inmtion ne pouvait avoir que peu d'ulité. Vint donc Trevithick. Il mit une lo,motive de sa construction, d'abord tr des rails en bois, ensuite sur des Lils en fer . Sa machine avait un aspect tout à 1it primitü. Elle n'en suscita pas oins de grandes curiosités. Pour les Ltisfaire, c'est à Londres même que revithick voulut tenter ses premières cpérierices. Il choisit donc un vaste terrain va1e, près du New-Road, et le fit en•urer de palissades.C'était, en somme, 11 cirque dans lequel la voie ferrée ~crivait un cercle de deux cents mè1es.

La foule accourut, payant un droit entrée dans l'enceinte et, moyennant 11 supplément, les spectateurs les plus 3-rdis montèrent dans l'unique waln. Le 1·avissement du public fut condérable; sur ce chemin de fer circu-

Jaire, le train tournait à une vitesse moyenne de vingt kilomètres à l'heure. L'inventeur fut moins satisfait. Il estimait que sa locomotive pouvait servir à autre chose qu'à des exhibitions, mêmes lueratives. Or, il avait convoqué p lusieurs gros financiers qui devaient lui prêter de l'argent pour l'installation d'une voie ferrée qui aurait été réellement la première ligne de chemin de fer - et les gros financiers n'eurent pas confiance. Ils démontrèrent à l'inventeur que la locomotive ne pouvait t raîner qu'un léger wagon. Dans ces conditions, les bénéfices devenaient tout à fait aléatoires. Trevithick se laissa convaincre. Il repartit pour la Cornouailles, sur sa machine. Elle roulait sans rails, cette fois, sur les routes, parmi les pierres et les orrùères. Les braves paysans qu'il rencontrait à la tombée de la nuit se sauvaient à travers champs dès qu'ils apercevaient cette machine qui crachait du feu et de la fumée. Ils disaient que c'était une invention du diable. - Soit, répliqua Trevithick. Nous irons donc en enfer! Et il descendit sous terre, en effet, car il employa sa locomotive à la traction des wagonnets de charbon dans la mine de Penny-yDarran. Lorsque cette célèbre locomotive 1 commença à être usée par ce dur ser1 vice, Trevithick la démonta et l'installa sur un bateau où elle servit à actionner 1 une pompe. Quelques années plus tard, on comprit que, pour éviter aux roues des loi comotives de patiner sur les rails, i.l !1 suffisait d'augmenter leur poids. Le moment était venu où l'on allait voir : des locomotives traîner, sans effort, des 1 vingtaines de véhicules. ) - -*--

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LE FOYER ET LES CHAMPS

Un reptile à parachute

fait sa nourriture. Il va les chercher jusque sur les plus hautes cimes des arbres. Il a des doigts forts, des ongles robustes, qui se plantent dans l'écorce. Mais une branche peut facilement casser sous son poids et le chlamydosau re tombe alors à terre. Cette chute va-t-elle le tuer? Non. Car c'est ici qu'intervient la fameuse collerette en question qui 1ui tient lieu ni plus ni moins de parachute. Il descend donc jusqu'au sol à petite vitesse, touche à terre sans heurt et se remet aussitôt à grimper sur l'arbre d'où il était descendu si involontairement.

Un des plus étranges reptiles qu'il ait été donné aux naturalistes de classifier c'est, sans contredit, le cblamyclosaure de King. On le rencontre dans le nord et le nord-ouest de l'Australie, au Queensland et dans la NouveJJe-Zélande. Cet animal appartient à l'ordre des saur iens (ordre qui comprend les lézards) et à la famille des iguanides. Sa taille est de 85 à 90 centimètres de longueur. Le nom de chlamydosaure lui a été attribué à cause d'une particularité tout-à-fait curieuse de son anatomie. En lisant l'histoire grecque et romaine, vous avez vu (ou vous verrez), que les Grecs et les Romains de l'antiquité portaient sur leurs épaules un manteau nommé chlamyde. Or, examinons le reptile en question. Vous voyez que ses épaules sont couvertes d'une sorte de pèlerine ou liéJéda arbu.Jte collerette assez semblable à la ebla- 1 myde. · Cette collerette est faite de deux l La , fabrication" d'un arbuste membranes dentelées et plissées qui l s'attachent à son cou. Elles sont cou- . vertes d'écailles d'un très grand dia- 1 La savante industrie du jardinage mètre. Elles ne sont pas molles et flas- l1 peut, à. son gré, réaliser des merveilques, mais soutenues par une carcasse les. Elle sait façonner, maquiller, décartilagineuse. 1 figurer les ]llantes. Elle peut leur donSi vous voulez connaître à quoi sert 1 ner les aspects et les formes les plus cet appareil, apprenez que le chlamy .. divers, faire des peupliers, des saclosaure vit de petits insectes dont il pins, des cerisiers nains, transformer


LE FOYER ET LES CHAMPS

LE FOYER ET LES CHAMPS

,ne plante minuscule et fragile en m arbrisseau solide et résistant. Si vous avez quelque goût pour les égétaux, vous pouvez facilement réusir une expérien ce de ce genre, avec e réséda. Choisissons un pied de réséda assez •igoureux et mettons-le dans un pot. ~h aque fois qu'un bouton apparaîtra 1ous nous hâterons de le couper. En automne, nous enlèverons les !l'anches inférieures, de manière que a plante ait une tige et prenne la forne d'un arbre en miniature. Puis, 1ous le changerons de terre et de pot Jt nous le mettrons dans une p;èce )haude, en prenant so'n de l'arrosei .ous les jours. Au printemps suhant nous verrons que la tige est devenue ligneuse. ) n continuera à enlever les branches atérales à mesure qu'elles paraissent ~t l'on donn era une jolie forme à la [ête de l'arbre. Au commencement de la troisième :mnée, nous aurons obtenu de l'écorce. 3ur la tige et les plus grosses branches. Nou s cesserons de couper les boutons, et, en quelques jours, notre arbuste donnera des fleurs extrêmement odorantes qu'il pourra renouveler pendant de longues an nées.

- -*-l'histoire du chrysanthème Le mois de novembre marque chez nous l'apoth éose du chrysanthème, et c'est pendant ce mois que la belle et mélancolique fleur d'arrière-saison entre dans toute sa gloire. Cette grande vogue du chrysanthème ne date que de dix années à peine. 11 y a moins de cent ans, cette fleur tant prisée était totalement inconnue eo Europe. Ce fut un simple négociant marseillais qui, à cette époque, la rapporta de la Chine mystérieuse, alors protégée

par sa Grande Muraille contre l'indiscrétion des Européens. Cet exemplaire unique fut offert au Jardin des Plantes de Paris qui l'entoura de tous les soins que l'on put imaginer. La précieuse fleur s'y acclimata et s 'y multiplia si bien que, de là, elle s'est peu à peu répandue dans toute l'Europe.

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Prenez garda Vous lisez, chaque semaine, dans lœ journaux locaux ou d'ailleurs, des annonces comme ce11e-ci: • Dimanche matin, telle Société partira en excursion à tel ou tel endroit.• Insignifiante annonce, direz-vous? Pas si insignifiante que cela .... Vous ête.!'l-vous jamais demandé pourquoi cette excursion le dimanche, et le matin? au moment où se dit le culte dans nos E'glises? Lisez cette instruction communiquée par le grand Conseil de la Franc-Maçonnerie à toutes les Loges du monde, et vous serez édifié. • Pour éloigner peu à peu les Chrétiens de la fréquentation des églises, vous aurez soin d'inventer des fêtes, d" créer des occasions de plaisirs que -vous fix erez toujours au dimanche. •:Au dimanche également les ventes, concours, qui arracheront les peuples aux foyers de la superstition. • Nous ne pouvons supprimer le jour du repos, déplaçons-le.• Voilà bien actuellement le but de la Franc-Maçonnerie: • laïciser le dimanche,_ El1e sait qu'éloigner les hommes de l 'église, c'est les éloigner de Dieu, et que la ruine du dimanche entraîne fatalement la ruine de la religion. Il est facile aux ChrMiens de déjouer ces manœuvres. Qu'ils exigent que dans les organisations de fêtes, ela part de Dieu ) !!Oit toujours respectée.

Question capitale

Le caractère par les yeux

Aux parents sérieux Les yeux noirs ,ou bruns indiquent Qu'est-ce qui exerce le plus d'influ- un caractère aimant ou passionné. ence sur le bonheur des individus et Ceux de couleur bleu sombre beaudes sociétés? coup de pureté et de tendresse. Les yeux bleu clair, avec un regard Quelle. est la chose la plus impor·· tante pour le bien général de l'huma- droit et serein, indiquent un tempéranité? ment égal, bien équilibré et porté à - Est-ce le développement de l'in - la bonne humeur. dustrie? la prospérité du commerce? le La couleur marron, sans reflets jauprogr ès de l'agriculture? Est-ce la sa- nes, est le signe d'un caractère affectugesse d'une législation bien comprise, eux et doux. Plus la teinte en devient ou l'habileté d'une politique avisée? 1 sombre, plus tendre est la personne. Est-ce même l'abondante diffusion de I/œil bleu, avec des nuances verdâl'art et de la science? tres, est l'indice de prudence et de cou- Non. Ce qui intéresse au plus 1 rage. ha~t point l'avenir des peuples, ce qui Les y~ux gris ou gris vert, avec des pnme tout le reste, c'est la bonne é- reflets Jaunes ou bleus, sont les plus ducation des enfants. • intellectuels • entre tous. Ils indiquent un tempérament imPourquoi le jeune étudiant du collège ne ressemble-t-il pas au blême pulsif et impressionnable. voyou de la rue? Parce qu'il n'a pas Ces yeux se rencontrent chez les perreçu la même éducation. Qu'est-ce qui s?nnes à tendances artistiques ou poéfait la différence entre le nègre du tiques. ~o.ngo et le blanc d'Europe, entre le Les yeux marron très clair ou tiJUlf et le chrétien? C'est tout simple- rant sur le jaune dénotent l'inconsment la différence d'éducation. Au tance. fond, la diversité des races elle-même Les yeux verts signifient coquetterie. n'a guère d'autres causes que la diverI"es yeux qui ne peuvent être classés sité d'éducation. avec exactitude, de couleur indétermiVoilà pourquoi Leibnitz disait : née, possédant un regard lourd et sans <J'ai fmtjours pensé que si l'on ré- expression, sont généralement l'indice formait l 'éducation, on réformemit le d'un tempérament froid et égoïste.

genre humain.• -~-~·---

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le petit écolier.

Un homme qui savait compter Un roi demandait à un berger de ses domaines: - Mon ami, combien gagnes-tu en gardant ton troupeau? Celui-ci lui répondit naïvement: - Sire, je gagne autant que vous. -Comment peux-tu gagner autant que moi? -Oui, Sire. Je gagne le ciel ou l'enfer, et Votre Majesté ne peut gagner davantage.

Le jeune Jean-Louis; six ans et demi, va aller pour la première fois en classe. Son père lui fait quelques recommandations attendries. - Tu sais, si tu as de mau vaises notes, ça nous fera beaucoup de peine .. Et Jean-Louis de répondre: Mais, Papa, ça ne sera pas de ma faute. Ce n'est pas moi qui les donne les notes! ' ~


LE FOYER ET LES CHAMPS

Une recette Encore une recette pour 1~ chaussurE-s! allez-vous exclamer. Hé oui, il en a déjà paru des quantités dans ce jou rnal, mais il en est des recettes comme des remèdes, chacun croit détenir la bonne formule, et je n'échappe pas à la loi générale: j'ai très grande confiance dans la graisse que je préconise. Pour 1 kilo d'huile de pied de bœuf prendre 300 gr. de gutta-percha. Faites chauffer l'huile avec précaution sur un feu doux et faites dissoudre dedans la gutta-percha par petits morceaux et successivement en agitant constamment avec un petit bâton. Cette graisse se conserve très longtemps dans une boîte en fer blanc et s'étend sur la chaussure avec un pinceau, avant le départ matinal (car chasseurs et pêcheurs doivent voir lever l'aurore) . Si elle se durcit par le froid, on la ramollit en la faisant légèrement chauffer.

Savoir vivre Levez-vous de bonne heU?·e. Qui Yeut devenir vieux se lève tôt, c'est la santé; mais c'est aussi la ~atisfaction du devoir accompli, car, en se leVEmt de grand matin, on a le temps de faire tout son travail dans la journée, et on n'a nul besoin d'empiéter sur les heures de la nuit. De toute façon, c'est à la maîtresse de maison de se lever la première; si elle a des domestiques, c'est souvent elle qui doit les appeler et leur distribuer leurs tâches; si elle est seule, il faut qu'elle prépare le premier déjeuner pour les membres de la famille qui vont travailler au dehors. En un mot quelle que soit sa condition sociale, la ménagère qui veut faire son devoir ne peut -~n ,ç.,a.,.,. .:~ ... Q<> lAVAl" lA. nremièri le

matin. Elle en sera récompensée par une constante bon ne humeur et la satisfaction de voir que tout va bien. Mme M . Sage. ~

CUISINE Côtelettes de porc aux fines herbes Faites sauter dans le beurre, avec sel et épices, des côtelettes de porc; retournez-les. Quand elles sont cuHes, dressez les côtelettes sur un plat, ajoutez le jus de cuisson, beaucoup de fines herbes bâchées et un filet de vinaigre.

Lapin de garenne aux fines herbes Hâchez très fin quelques échalotes, des champignons et du persil; passez ce hâchis à la sauteuse, avec un bon morceau de beurre; ajoutez ensuite le lapin, que vous avez coupé en morceaux de même grosseur; assaisonnez de sel, poivre et bouquet garni. Mouillez d'un verre de vin blanc ou de vin rouge, et laissez cuire pendant une demi-heure environ.

CroOtes aux fruits frais Prenez de petits pains mollets auxquels vous enlevez la mie, et que vous fendez en deux ou en quatre, suivant leur grosseur. Disposez ces morceaux de pain sur un plat allant au feu, et, sur chacun d'eux, rangez les fruits que vous voulez employer, et dont vous avez enlevé les noyaux : prunes, abricots, pêches, etc. Ajoutez du sucre pilé, quelques petits morceaux de beurre frais et mettez au four très peu chaud. Saupoudrez de sucre avant de servir. -

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d' édu~ation Moniteur du Musée industriel et pédagogique L'Ecole primaire donne de 12 à 14 livraisons de 8-16 pages .chacune, non compris la couverture et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l'année ordinaire (soit du 1er Janvier au 31 Décembre). Chaque mois il est en outre apporté un supplémen: illustré de 8 pages intitulé : Le Foyer et les Champs.

Suisse fr. 2.50 '.. 'Par an '~' Union postale fr. 3 Annonces : 20 cent. la ligne sur toute la largeur Tout c;e qui c;onc;erne let publlc:cttion doit être ctdressé dlrec;tement à son gérant, M. P. PIGNAT, c;hef! de Ser~lc;e

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Celui-là est riche qui ne désire rien.

Apprendre n'est pas comprendre, comprendre sert à apprendre; apprendre sert à comprendre.


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