Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, février 2015

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Résonances M E N S U E L D E L’ E C O L E V A L A I S A N N E

Le mal-être de certains élèves

N° 5 • Février 2015


DÉPLIANTS POSTERS CATALOGUES AUTOCOLLANTS CALENDRIER RELIURE CARTE DE VISITES ENTÊTES ENVELOPPES IMPRESSION ÉDITION BROCHURES NUMÉRIQUE CRÉATION JOURNAUX MAGAZINES LOGOS FLYERS AFFICHES LIVRES ÉTIQUETTES ÉDITION ANNONCES DÉPLIANTS CATALOGUES POSTERS CALENDRIER ENTÊTES ENVELOPPES AUTOCOLLANTS NUMÉRIQUE IMPRESSION LOGOS ÉDITION RELIURE CRÉATION JOURNAUX FLYERS MAGAZINES AFFICHES ÉTIQUETTES BROCHURES ANNONCES DÉPLIANTS POSTERS CATALOGUES CALENDRIER LIVRES CARTE DE VISITES ENTÊTES ENVELOPPES AUTOCOLLANTS DÉPLIANTS POSTERS CATALOGUES NUMÉRIQUE CALENDRIER CARTE DE VISITES ENTÊTES ENVELOPPES AUTOCOLLANTS NUMÉRIQUE ÉDITION RELIURE LOGOS JOURNAUX LIVRES POSTERS DÉPLIANTS ÉDITION CRÉATION

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ÉDITO

Bien-être et bonheur d’apprendre S’interroger sur le mal-être de certains élèves, c’est aussi se questionner sur le bien-être des enseignants et le vivre ensemble au sein de l’établissement, puisque tout est relié. C’est aussi revenir sur la notion de territoires respectifs des acteurs et des partenaires de l’école. Force est de constater que, malgré les bonnes volontés, certains élèves vivent leur scolarité dans la douleur et n’espèrent qu’une chose, la quitter. Pourquoi? Cette question lancinante en entraîne une autre. Comment limiter le blues, pas toujours visible derrière le masque de la décontraction, de certains jeunes et leur redonner l’envie d’avoir l’envie d’apprendre? Peut-être parce que certains élèves viennent à l’école avec leur mal de vivre et leur désespérance… Peut-être parce qu’ils se sentent quelquefois humiliés au sein de la classe… Du fait que les élèves passent la majeure partie de leur temps dans l’univers scolaire, ils ont besoin d’avoir des zones pour exprimer leur colère, leur tristesse, leur fierté, leur gaieté… Il est des enseignants qui œuvrent pour le développement d’un bon climat de classe, favorisant l’épanouissement de chacun, car ils estiment que c’est un prérequis pour des apprentissages réussis. Tous ne sont probablement pas à l’aise pour le faire. Reste qu’il y a un espace capital qui permet aux élèves d’exprimer des émotions, au moins de manière déguisée, c’est le domaine des arts. Mais la créativité est-elle suffisamment exploitée en contexte scolaire? Poser la question, c’est presque y répondre.

«Les enfants n’ont absolument pas perdu le goût de l’effort, mais plutôt celui de se fixer des objectifs. La crise actuelle n’est donc pas qu’une crise de moyens. Elle apparaît d’abord comme une crise du sens. Si on souhaite que le rapport aux savoirs soit plus vivace, aux pédagogues et éducateurs se pose alors cette question: quel est le sens, pour les jeunes, de tous les apprentissages imposés par l’école?» Sylvain Connac

Peut-être aussi que certains élèves n’ont plus le goût de l’école, parce qu’ils ne perçoivent pas la saveur des savoirs… Pourquoi ne pourrait-on pas s’attarder plus régulièrement sur le bonheur d’apprendre, en expliquant préalablement la notion d’effort? Il est des jeunes qui ne voient pas l’intérêt d’étudier une fois qu’ils savent vaguement lire, écrire et compter. C’est tout de même inquiétant, non? Peut-on vivre heureux sans le réconfort des arts et des sciences?

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Résonances •  Février 2015 Mensuel de l’Ecole valaisanne

Nadia

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Dans ce numéro, comme dans tous les dossiers de Résonances, vous ne trouverez ni recette magique, ni piste avec succès pédagogique garanti. Le rôle de votre revue pédagogique, c’est de proposer des articles susceptibles de vous inviter à la réflexion et au débat, en évitant les «y’a qu’à», «il faut que» ou «il suffit de», sachant qu’il n’y a pas de solution universelle à des problématiques multifactorielles et complexes. Tout au plus connaît-on quelques ingrédients qui pourraient composer le menu de base d’une école un chouïa plus bienveillante. Je vous invite à observer mon souci de modaliser mon discours, en avançant quelques hypothèses, préférant le doute questionnant aux certitudes sclérosantes. A mon sens, l’école devrait, via ses autorités, offrir sérénité et confiance, pour qu’élèves et enseignants puissent s’y épanouir, avec la soif d’apprendre et dans un esprit de tolérance. Tout autour des élèves, je distillerais le savoir sous toutes ses formes. Hélas, même avec des enseignants passionnés, ce programme, déjà présent dans nombre de classes, n’assure pas l’enthousiasme et la réussite systématiques. Donc il faut chercher encore et encore pour trouver parfois des solutions pour permettre aux jeunes de se sentir mieux dans leurs baskets et d’être avides de connaissances.

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Sommaire ÉDITO Bien-être et bonheur d’apprendre

DOSSIER

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1 N. Revaz

Le mal-être de certains élèves

RUBRIQUES Version courte MITIC Métiers de l’école Sciences Mémento pédagogique Ecole-culture Education musicale Fil rouge de l’orientation Mathématiques Mathématiques Rencontre Rayonnement scolaire Réseau de la formation Du côté de la HEP-VS Livres AC&M Doc. pédagogique Education physique Autour de la lecture Carte blanche Secondaire II Revue de presse Formation professionnelle CPVAL Echo de la rédactrice Rétroviseur de l’école

13 14 16 18 19 20 22 23 24 25 26 27  30 32 34 35 36 37 38  40  42 44 46 48 49 50

Au fil de l’actualité – Résonances Balade virtuelle dans le Centre cantonal ICT-VS – N. Revaz Chantal Dorsaz, enseignante en classe relais et ressource au CO – N. Revaz Histoire 5-6H (3-4P) – A. Solliard & S. Fierz A vos agendas – Résonances Des collégiens ont rencontré Pierre Assouline – N. Revaz La voix de l’ado – B. Oberholzer & J.-M. Delasoie Catherine Gonçalves Roque, apprentie coiffeuse – N. Revaz Espace mathématique: édition 2015 – Commission AVECO Espace mathématique: exemples d’activités – Commission AVECO Les ECEC expliqués par Rino Lévesque et Hervé Fournier – N. Revaz Ma balade des savoirs au pays de la SPVal – N. Revaz Zoe Moody, entre sciences de l’éducation et droits de l’enfant – N. Revaz Mémoire autour de la «normalité adoptive» – N. Jaquemet / N. Revaz La sélection du mois – Résonances De Lens à Savièse, d’une exposition à l’autre – L. Emery DVD-R documentaires: les suggestions du mois – MV Valais - St-Maurice / M.-F. Moulin Au service de l’EPS – C. Fauchère Le Roman des Romands à l’ECCG de Monthey – N. Revaz L’expérience de la Semaine de la Paix: un terreau fertile? – A.-L. Martinetti Duboule Le Forum annuel de la Planta et ses entours – N. Revaz D’un numéro à l’autre – Résonances Réflexion sur la dyslexie à l’Ecole professionnelle – N. Revaz Baisse du taux technique: une préoccupation de CPVAL – P. Vernier Rien n’est jamais acquis – N. Revaz Charles-Louis de Bons, fondateur de l’Ami des Régens – Résonances

INFOS Infos DFS Les dossiers

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L’actualité de la formation en bref – DFS-IVS Les dossiers de Résonances

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Le mal-être de certains élèves Impossible de faire le tour d’un sujet aussi vaste que le bien-être des élèves en quelques pages. Via la rubrique Ecole-Santé, qui reprendra ses droits au prochain numéro, nous poursuivrons donc les questionnements sur la phobie scolaire, sur le phénomène Hikikomori, sur le rôle de la médiation scolaire, etc. Bref, un dossier dans Résonances n’est qu’une porte d’entrée un peu plus visible…

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Le décrochage scolaire n’est pas une fatalité E. Flavier Le mal-être des élèves à l’école J.-L. Tournier Promouvoir la santé des élèves: le rôle du soutien social P.-A. Doudin

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Catherine Moulin Roh, coordinatrice du RVES N. Revaz

10 Ladu psychologisation mal-être scolaire des élèves S. Morel

12 Bibliographie

de la Documentation pédagogique E. Nicollerat

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Le décrochage scolaire n’est pas une fatalité E. Flavier

MOTS-CLÉS : SOLUTIONS • INTERROGATIONS • CAUSES • DÉCROCHAGE

difficultés d’apprentissage, les difficultés d’habiletés sociales comptent parmi ceux qui augmentent significativement le risque de décrochage.

Les facteurs sociaux et familiaux participent également Selon une première acception, retenue par les polide l’explication du processus de décrochage. Ainsi, le tiques, le décrochage scolaire se définit comme la part risque de décrochage s’accroit lorsque l’élève évolue des 18-24 ans ayant une qualification inférieure au dans un environnement socio-culturel éloigné de celui de l’école, lorsque les relations familiales sont conflicniveau II. Indicateur européen, le calcul de ce taux permet la comparaison. La situation n’est pas uniforme tuelles, lorsque la structure familiale est éclatée, lorsque et des disparités importantes sont à noter avec des taux les parents montrent peu d’intérêt pour l’école et le allant de 5 à plus de 20% selon les Etats. Si la satisfactravail scolaire de leur enfant, lorsque la famille est tion de voir la Suisse dans le peloton de tête s’impose, touchée par des difficultés économiques. cela ne doit pas pour autant masquer la situation des élèves à risque de décrochage. En effet, dépassant cette Au-delà de l’environnement proche de l’élève, le première conception du décrochage scolaire, ce phésystème scolaire apparait lui-même générateur de nomène se définit également comme facteurs de risque. Notons ainsi l’exisun processus, plus ou moins long, plus tence d’éléments liés à la scolarité de « La principale l’élève positivement corrélés avec un ou moins visible, de désengagement progressif du travail scolaire et dont risque de décrochage: les préjugés des difficulté inhérente les effets les plus significatifs ne sont enseignants à l’égard des élèves, le à la prise en compte que tardivement perceptibles. Dès lors, système de notation engendrant des du décrochage scolaire pratiques de redoublement et/ou caprévenir plus que lutter contre le décrochage scolaire devient l’un des enjeux ractérisant l’échec scolaire, le climat tient à son caractère prioritaires de tous les systèmes éducascolaire, les moments d’ennui au cours multidimensionnel. » de la journée. tifs des pays développés (Blaya, 2010).

Comprendre Pour les enseignants et les décideurs, la principale difficulté inhérente à la prise en compte du décrochage scolaire tient à son caractère multidimensionnel. Plus qu’une unique cause, fût-elle différente pour chacun, c’est la concomitance de plusieurs facteurs qui augmente le risque de décrochage scolaire chez un élève et rend difficile le nécessaire effort de repérage dès lors que l’on souhaite intervenir en amont de la rupture avec le système éducatif. De manière consensuelle, sur la base des nombreux travaux sur le sujet (Thibert, 2013), ces facteurs de risque peuvent être rangés en quatre catégories. Les facteurs dits internes se rapportent aux caractéristiques des élèves à proprement parler. Ainsi des déterminants tels que le genre masculin, la dépression, les

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Enfin, les difficultés actuelles d’accès à l’emploi, la précarisation des jeunes ou encore l’image négative accolée à certaines filières scolaires ou de professionnalisation constituent des facteurs structurels et sociétaux que l’on ne peut ignorer dans la compréhension du décrochage scolaire.

Riposter Récemment, Glasman s’interrogeait: «Le décrochage scolaire c’est le décrochage de qui? De l’élève par rapport à l’école ou bien de l’école qui n’a pas su retenir l’élève?» (2012, p. 9). Reprenant à notre compte une telle réflexion, nous défendons l’idée d’une prévention du décrochage scolaire qui passe avant tout par des pratiques éducatives, notamment à l’école, donnant la priorité à l’intérêt de l’élève. Loin d’être démuni, l’enseignant d’aujourd’hui a le devoir de réinventer

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DOSSIER sa professionnalité pour se construire les outils d’une prévention efficace du risque de décrochage (Flavier & Moussay, 2014). Ainsi, lorsque le jeu scolaire traditionnel n’est plus jouable pour l’élève, il appartient à l’enseignant, dans la classe ou en dehors, en collaboration avec ses pairs ou avec d’autres partenaires éducatifs, de riposter face à cette situation de décrochage loin d’être une fatalité (Flavier & Moussay, 2014).

de riposte qui s’exprime dans la recherche d’un développement professionnel par les enseignants eux-mêmes. S’interroger sur son métier, échanger avec les collègues pour s’inspirer de leurs manières de faire, accepter la présence d’un tiers dans la classe pour co-intervenir, passer le relais à un partenaire éducatif constituent autant de pistes permettant de favoriser l’accrochage professionnel des enseignants.

La première forme de riposte est celle que l’enseignant peut apporter dans l’intimité de la classe. Située au cœur de la relation pédagogique entre l’enseignant et l’élève, elle est aussi celle de l’immédiateté, de la spontanéité, de l’initiative individuelle. Lorsque dans les interactions en classe, les règles implicites des élèves (ne pas répondre trop vite aux questions de l’enseignant au risque de passer pour l’«intello») ou l’apparence donnée (ne pas prendre le risque de se tromper pour ne pas se sentir honteux) deviennent prioritaires, ou lorsque l’élève ne reconnait plus dans l’enseignant le professeur qu’il devrait être, ou réciproquement, le risque de décrochage survient. Faire vivre aux élèves des expériences émotionnelles fortes, impliquer les élèves dans des dispositifs pédagogiques en rupture avec une organisation habituelle de la classe (par exemple par le travail en groupe ou par l’introduction de séquences informatiques), valoriser leurs réussites sont autant de moyens permettant de les remobiliser sur le travail scolaire. Cette solution éphémère ne doit être comprise que comme une porte d’entrée à la recherche d’une co-construction entre l’enseignant et l’élève du sens du travail scolaire afin de (re)donner à l’élève des motifs pour s’investir en classe.

Espérer

Décloisonnant l’enseignement scolaire, les projets collectifs interdisciplinaires offrent une opportunité intéressante pour réconcilier les élèves avec le travail scolaire en leur permettant de découvrir l’utilité des savoirs scolaires à partir de leur mobilisation dans des activités alternatives et connexes à celles de l’école. C’est ce qui se produit lorsqu’une équipe pédagogique, parfois en partenariat avec des associations ou des entreprises, s’attache à faire découvrir aux élèves le monde professionnel et les différents métiers par le truchement de leur mise à l’épreuve (stages en entreprise, confection d’objets complexes dans le cadre de classe à projets, initiative «entreprise virtuelle», etc.). En confrontant l’élève aux difficultés du «monde réel» auquel il aspire, il s’agit de lui faire redécouvrir l’école comme le lieu d’acquisition des compétences nécessaires au dépassement de ces difficultés. Les réponses au processus du décrochage scolaire ne passent pas seulement par un travail sur l’élève. La considération d’une interdépendance entre l’activité de l’élève et celle de l’enseignant ouvre une troisième voie

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Complexe et multifactoriel, le décrochage scolaire ne peut être endigué que de l’intérieur, c’est-à-dire dans une démarche de responsabilisation de l’élève dans la construction de son avenir. La tendance actuelle à l’innovation, le «déverrouillage institutionnel», l’autonomisation des équipes pédagogiques, l’émergence des alliances éducatives sont un terreau fertile au positionnement, à raison, de l’enseignant comme l’un des acteurs de première ligne de la prévention du décrochage scolaire.

Références bibliographiques Blaya, C. (2010). Décrochages scolaires. L’école en difficulté. Louvain-la-Neuve, De Boeck, 200 p. Flavier, E., Moussay, S. (2014). Répondre au décrochage scolaire. Expériences de terrain. Louvain-la-Neuve, De Boeck, 240 p. Glasman, D. (2012). Le décrochage scolaire, le nouveau nom de l’échec scolaire. VEI diversité, HS n° 14, 7-14. Thibert, R. (2013). Le décrochage scolaire: diversité des approches, diversité des dispositifs. Dossier d’actualité Veille et Analyse IFE, 84. Lyon: ENS de Lyon.

Notice biographique Eric Flavier est maître de conférences à l’ESPE de l’académie de Strasbourg où il intervient dans les domaines de la formation professionnelle des enseignants et de l’encadrement socio-éducatif. Membre du LISEC (EA 2310), ses recherches, adossées à la clinique de l’activité, s’intéressent aux pratiques d’enseignement et d’éducation. Il étudie plus particulièrement les dispositifs collectifs, les collaborations dans les établissements scolaires et les alliances éducatives inter-institutions en relation avec la lutte contre le décrochage scolaire. En 2014, il a publié en collaboration avec Sylvie Moussay l’ouvrage «Répondre au décrochage scolaire. Expériences de terrain» (De Boeck).

L'AUTEUR Eric Flavier LISEC, Université de Strasbourg

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Le mal-être des élèves à l’école J.-L. Tournier

MOTS-CLÉS : HARCÈLEMENT ENTRE PAIRS • HYGIÈNE Une quarantaine d’enseignants, un atelier qui fait suite à une conférence plénière, une situation exposée qui porte sur l’expérience d’une enfant humiliée par ses pairs. L’enfant, jeune fille d’une douzaine d’années, est soumise à humiliation parce qu’elle présente de graves carences en matière d’hygiène. Cette négligence s’inscrit dans sa vêture autant que dans sa dynamique corporelle. Pour être direct, l’enfant sent mauvais. Le cheveu est hirsute, l’habit débraillé et porté à l’envi, la peau laissée sans soins quotidiens, la dentition délaissée et le visage sale. Si l’apparence visuelle peut condamner la fillette à la vindicte générale, la marque olfactive qui en est corollaire ne lui laisse nulle espérance de voir sa peine assouplie. Le rejet donne le ton de la sanction collective, les humiliations répétées au quotidien sous toutes les coutures, en forment le rappel incessant.

Malaise à l’école… Malaise dans la classe… mal-être chez l’élève… mal-être chez le pédagogue! On fait comment? En substance, c’était la question posée par cette enseignante, bien en peine de faire face à pareille infortune. Je me suis enquis des possibilités de mettre un terme au processus humiliant. Mais les faits sont têtus et quand les effluves et la saleté demeurent, il est prétentieux de trancher toutes ses têtes à l’hydre qui dénonce et détruit. Je me suis ouvert à une intervention en milieu familial pour me heurter à une violence intrafamiliale qui a rendu vaines mille tentatives.

Voici une élève qui souffre au quotidien d’une humiliation redoutable, réitérée, directe et volontaire. Souffredouleur de toute sa classe, elle s’enferme et s’épuise dans une désolante solitude qui ne souffre aucun espoir de réussite scolaire. Son enseignante est touchée par cet ostracisme qui se répand sous ses yeux et dont elle ne sait quoi faire. Intimer à chaque enfant l’ordre d’arrêter? Certes, le projet est noble, mais ne saurait en rien soustraire le groupe aux effluves nauséabonds qui émanent de la fillette ni effacer les marques éclatantes d’une hygiène déplorable. Traiter le problème à sa source et agir sur la structure familiale pour que cette dernière gère et corrige ce défaut grave en matière d’hygiène? Certes, le projet est raisonnable, mais ne tiendrait pas compte des efforts déployés depuis des années par moult travailleurs sociaux pour y parvenir… vainement. La structure familiale ne le permet simplement pas. Confier pareille mission à l’infirmière scolaire? Certes, le projet est plausible mais ne tient pas compte d’une personnalité professionnelle qui ne s’est pas inscrite dans cette perspective et, visiblement, ne s’y inscrira pas davantage.

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Le rejet donne le ton de la sanction collective.

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DOSSIER Je me suis enfin tourné vers le recours usuel qu’on trouve normalement auprès de l’infirmière scolaire, pour venir buter sur une réalité individuelle rendant caduque une telle initiative. Et l’enseignante demeurait dans son impuissance… Et l’élève demeurait dans sa détresse… qui la dérobait à toute progression cognitive. Et la question demeurait en suspens: On fait comment? «On ne fait pas!» s’exclamèrent les uns, mettant en avant que leur métier ne saurait relever d’une telle prise en charge. Métier qui est porté vers l’enseignement, la transmission du savoir, le déblocage de nœuds cognitifs, le partage de la connaissance.

En un mot, je crois que ça marcherait! Ma proposition est simple, réaliste et efficace. Habilement et respectueusement mise en œuvre, elle donnerait satisfaction à chaque élément de ce système. Personne n’y verrait malice sournoise, humiliation déguisée, manipulation perfide, irrespect maladroit. Les enfants dans leur globalité, la fillette devenue bouc émissaire et leur enseignante référente en sortiraient soulagés et heureux de s’être ensemble dégagés d’une sale ornière. Je ne crois pas que je rêve… ou bien alors, voici un rêve qui présenterait au plus vite les vertus de la réalité.

« Malaise à l’école… Malaise dans la classe… mal-être chez l’élève… mal-être chez le pédagogue! »

Pas faux, certes. Pas faux du tout! Mais l’enseignante demeurait dans son impuissance.. Et l’élève demeurait dans sa détresse… Et la classe demeurait dans son ostracisme humiliant… Et la question demeurait, chez l’enseignante concernée: On fait comment? M’adressant à elle, je lui ai fait part de ma position si j’avais à connaître pareil sort. Je n’hésiterais pas, je prendrais moi-même en charge ce problème. De manière très concrète, je demanderais que l’enfant prenne une douche à son arrivée chaque matin – une douche existe, accessible, dans les locaux proches de la direction –, peu m’importe par ailleurs si elle manque, ce faisant, quelques minutes du premier cours. Je lui demanderais de se coiffer correctement, matériel à l’appui, y compris en lui apprenant les gestes apparemment simples de la coiffure. Si ses vêtements sont chargés des effluves culinaires ou familiaux ou s’ils sont lourds de transpiration ou bien encore imprégnés de taches diverses, je lui dirais d’en changer au profit d’autres vêtements que j’aurais conservés à son intention. Pour ce faire, j’aurais pu recourir à une «bourse aux vêtements» auprès de ses camarades de classe. Enfin, si j’apprenais que le retour en famille pouvait être pénible, ou pis encore, dès lors que ses parents voyaient qu’elle porte une autre vêture que celle du matin, je lui ordonnerais de se changer au terme de l’école pour reprendre ses «habits de famille». Je procéderais, pour ce faire, d’une façon respectueuse, douce, mais directe et précise. Je crois clairement que la fillette connaîtrait ce sort normal d’être une élève normale auprès de camarades normaux.

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Je crois que la classe cesserait immédiatement tout comportement de nature rejetante et humiliante, simplement parce que la normalité aurait recouvré ses droits. Je crois enfin que l’enseignante pourrait simplement exercer à nouveau son métier noble, en toute noblesse.

Et pourtant, quel pédagogue va oser semblable aventure? Qui, devant ses collègues, proposera douche matinale et vêture de rechange? Qui conduira à son terme une telle démarche en s’appuyant sur les autres enfants, les faisant glisser de détracteurs à relayeurs du soutien proposé? Qui, pour tout dire, songera que cela fût possible? Renonçant par là même aux services extérieurs si aléatoires pour une résolution de nature personnelle. Vous dire si les débats ont été vifs, nourris voire chahutés… Vous dire combien j’ai manqué de trouver ridicule cette simple proposition... Vous dire enfin combien j’ai gardé au creux de mon espoir cet ultime propos tenu par une participante: «Si je réussissais à faire ce que vous nous dites là, ce serait la chose dont je serais la plus fière de toute ma carrière.» J’ai vu que la pédagogue concernée a acquiescé de toute son énergie, j’ai senti mon émotion gagner mes yeux. Les larmes ont glissé à l’intérieur.

L'AUTEUR Jean-Luc Tournier psychosociologue, psychothérapeute et consultant en institutions www.jltournier.com

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DOSSIER

Promouvoir la santé des élèves: le rôle du soutien social P.-A. Doudin, D. Curchod-Ruedi & N. Meylan MOTS-CLÉS : PRÉVENTION • LIEN SOCIAL L’école réunit quasi tous les jeunes en âge de scolarité obligatoire et une large proportion en scolarité post-obligatoire. Il s’agit d’une population «captive» qui amène les acteurs de la prévention à «sursolliciter» l’école et les enseignants pour des actions spécifiques de prévention (par exemple des violences, des conduites à risque, telle la consommation de substances). L’évaluation de ces actions n’est pas toujours concluante 1. De plus, ces actions peuvent générer des difficultés chez l’enseignant en multipliant les charges prescrites qui débordent de son champ de compétences avec des risques d’inefficacité et d’épuisement professionnel. Mais l’école peut être en soi préventive en promouvant la réussite scolaire. Au travers de la relation pédagogique, les enseignants jouent un rôle positif dans le développement des élèves. Un des facteurs de protection le plus efficace (réduction des risques de consommation de substances, de burnout de l’élève, de symptômes dépressifs) est le soutien social que les élèves perçoivent des enseignants durant les apprentissages en classe. On distingue le soutien émotionnel: «Mes enseignants se soucient de moi»; informatif: «Mes enseignants m’expliquent ce que je ne comprends pas»; évaluatif: «Mes enseignants me disent que j’ai fait du bon travail lorsque je fais bien quelque chose»; instrumental: «Mes enseignants passent du temps avec moi lorsque j’ai besoin d’aide». Le soutien social habituellement prodigué par les enseignants est méconnu dans sa dimension de prévention générale de la santé des élèves. Soutenir ses élèves peut être complexe et l’enseignant peut être confronté à ses limites. Lorsqu’il n’arrive plus à soutenir pleinement un élève, il doit être soutenu (supervision, analyse de pratique) afin de rester une ressource pour son élève.

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Note Curchod-Ruedi, D. et al. (2011). La santé psychosociale des élèves. Québec: PUQ.

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LES AUTEURS Pierre-André Doudin Dr. psych., professeur à l’Université de Lausanne et à la HEP Vaud, responsable de l’unité d’enseignement et de recherche «Développement de l’enfant à l’adulte». Denise Curchod professeure formatrice à la HEP Vaud et psychologue-psychothérapeute FSP. Nicolas Meylan assistant-doctorant, Université de Lausanne et HEP Vaud. Leurs travaux portent notamment sur la promotion de la santé des élèves et des enseignants.

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DOSSIER

Catherine Moulin Roh, coordinatrice du RVES créer des ponts avec les outils existants et les experts de tel ou tel domaine. Le Centre alimentation et mouvement, en partenariat avec la fondaCatherine Moulin Roh est coordition Senso5, a publié un document natrice du Réseau valaisan d’écoles intitulé «Voyage en terres adolesen santé (RVES). Elle est à ce titre centes en 3 escales» (mode de vie la courroie de transmission entre les actif à adopter, image de soi à renécoles du canton, via une collaboraforcer, alimentation à s’approprier) tion privilégiée avec le Département et a organisé l’automne dernier un de la formation, et le Réseau suisse colloque auquel plus de 200 profesd’écoles en santé. sionnels de la santé, de l’éducation h et de l’enseignement ont participé. Ro lin ou Catherine M Catherine Moulin Roh, que peut-on Pourquoi avoir ajouté l’image de dire sur l’état de santé des élèves vasoi aux thématiques de l’alimentation et au mouvement? laisans? Avec les nouvelles technologies, l’image de soi, liée à Si l’on se base sur l’étude de référence HBSC, les résull’estime de soi et à la diversité corporelle, constitue tats pour la Suisse, qui vraisemblablement reflètent la une problématique émergente, qui est de plus transsituation valaisanne, montrent que plus de 90% des adoversale, puisqu’elle touche aussi la santé émotionnelle. lescents déclarent être en bonne santé. Les principaux Nous avons donc trouvé important d’ajouter ce volet. A noter que les fiches thématiques ainsi que les dévedomaines d’inquiétude concernent la consommation de loppements sont accessibles en ligne. cannabis et la proportion d’adolescents ayant une activité physique intense à modérée. Ces résultats ne sont que des indicateurs et certaines problématiques, notamEnvisagez-vous de concevoir un outil similaire pour ment celles en lien avec les nouvelles technologies, sont l’enfance? Pas pour le moment, même si ce serait une belle idée émergentes, d’où l’importance d’observer l’évolution de ces tendances afin de privilégier l’intervention précoce. que de décliner ces escales à tous les âges de la vie. Pour l’enfance, quantité d’outils existent dont les références A priori, on pourrait supposer que l’école a pour mission se trouvent sur www.alimentationmouvementvs.ch. de dispenser des savoirs et non de se préoccuper de la santé des élèves… Qu’apporte l’appartenance au RVES? Auriez-vous une suggestion personnelle pour mieux J’ai de la peine à entendre dire que la santé des élèves comprendre l’image de soi à l’adolescence? n’est pas le job de l’enseignant: il me semble logique Je crois qu’il faut parfois tout simplement se reconnecqu’il se préoccupe de leur bien-être, car ne pas le faire ter avec l’enfant et l’adolescent que l’on a été pour perperturberait l’ambiance de la classe et donc les apprencevoir la portée de certaines remarques qui nous paraissent tissages. Les médiateurs ont une bonne vision de leur anodines en tant qu’adultes. Et n’oublions pas que nous établissement et si, par exemple, beaucoup de jeunes sommes tous influencés, voire manipulés, par les images. En ont un souci de motivation lié au stress, pourquoi ne avoir conscience est précieux pour discuter avec les jeunes. pas réfléchir ensemble, avec le groupe santé de l’école, à cette problématique au niveau des élèves, des enseiPropos recueillis par Nadia Revaz gnants, de la direction ou de l’établissement dans sa globalité? Le RVES est là pour apporter un regard externe, dans le but d’aider les enseignants à se questionner sur www.ecoles-sante.ch leur action, en lien avec leurs compétences, mais aussi de

MOTS-CLÉS : ALIMENTATION • MOUVEMENT • IMAGE • TOUS LES DEGRÉS SCOLAIRES

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La psychologisation du mal-être scolaire des élèves S. Morel MOTS-CLÉS : PSYCHOLOGIE • PÉDAGOGIE De manière plus ou moins directe, les enseignants recourent de manière croissante à des spécialistes exerçant dans le domaine médico-psychologique (pédopsychiatres, psychologues, etc.), qu’ils considèrent comme les plus compétents pour traiter les problèmes de «phobie scolaire», d’«estime de soi en berne», les troubles de la conduite, etc. Je voudrais ici soulever les questions que pose cette psychologisation en partant d’une analyse de cas. Un entretien réalisé avec une enseignante de CE1 (Sandra) permet de comprendre le modus operandi et les enjeux de la reformulation psychologique. Dans cet entretien, Sandra commente les difficultés de Rachid, un de ses élèves dont les parents sont issus de l’immigration tunisienne. Le père est ouvrier, la mère ne travaille pas. Ils habitent dans un deux-pièces avec leurs trois enfants respectivement âgés de 10, 5 et 3 ans. La mère ne parle pas du tout français et se trouve dans

une situation difficile: son mari étant souvent absent, elle dit être isolée et avoir du mal à garder de l’autorité sur Rachid, son fils aîné, qui la battrait occasionnellement. Rachid (CM1) et Fatima (grande section), les deux premiers enfants de la fratrie sont en grande difficulté à l’école. L’accumulation des stigmates sociaux fait que les enseignants perçoivent le poids de la causalité sociale qui pèse sur cette famille que plusieurs d’entre eux rattachent au «quart monde». Pourtant, c’est bien une analyse psychologique des difficultés de Rachid que propose son enseignante. Selon Sandra, les difficultés de Rachid se manifestent en classe par son absence d’autonomie et par un manque de respect des règles scolaires (il «copie», il est parfois perturbateur, voire violent avec ses camarades). Mais, il ne s’agit pas d’un problème d’intelligence. Rachid subit plutôt les conséquences psychologiques de ses difficultés scolaires: il manque de confiance en lui et, à l’inverse, montre son «A» à toute la classe les rares fois où il parvient à en avoir un. Comme tous les enfants, «il a envie de réussir».

Phénomènes

Explications sociologiques possibles (pas de prétention à l’exhaustivité)

Explications psychologiques de l’enseignante

Manque d’autonomie de l’élève

Incompréhension des exigences scolaires du fait de la distance entre les socialisations familiale et scolaire.

Manque de confiance en soi, enfant «insécurisé», besoin du soutien de l’enseignant.

Non respect des règles scolaires par l’élève

Importation dans le cadre scolaire de normes et de valeurs hétéronomes (défis, vannes, etc.). Influence du groupe de pairs. Contestation des classements scolaires.

Incapacité des parents à faire intérioriser la «Loi» à leurs enfants. Défaillance éducative dans la capacité à «poser le cadre» et à assumer le rôle d’adulte.

Désintérêt de l’élève pour le travail scolaire

Sédimentation et intériorisation de la situation d’échec.

Perturbations psychologiques: l’élève ne peut se concentrer parce qu’il a l’esprit «parasité par des choses».

Conséquences de l’échec scolaire

Tentative d’inversion du stigmate scolaire via des attitudes déviantes, notamment en termes de comportement et de refus de l’autorité de l’enseignant.

Conséquences psychologiques: manque d’estime de soi et de confiance.

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DOSSIER Selon l’enseignante, l’origine de l’échec de Rachid se situe dans son environnement familial. Rachid est «parasité» par cet environnement et a hérité des difficultés psychologiques de son père: sans que Sandra connaisse bien la situation du père, ce dernier est présenté comme ayant un problème par rapport à la «Loi» et comme «très paumé». Rachid est «insécurisé par son père» qui ne se comporte pas «en adulte» et ne réussit pas à lui faire intérioriser la «Loi». Sandra craint qu’il devienne délinquant. Les difficultés linguistiques de la mère sont dénoncées comme comportant une part de simulation associée par Sandra à un comportement de fuite: la mère jouerait de son déficit linguistique pour ne pas avoir à se confronter aux enseignants. Outre la possibilité d’une compréhension du cas de Rachid permettant de déplacer la responsabilité de son échec sur l’environnement familial, l’identification de causes psychologiques ouvre une possibilité de résolution des difficultés: la consultation au CMPP 1. L’espoir suscité par ce type de prises en charge est rapporté à des expériences précédentes concluantes. La consultation d’un «psy» est donc présentée comme une possible «sortie» du problème (Sandra a elle-même fait une «analyse» dont elle garde une image très positive). L’enseignante tente donc de convaincre les parents d’amener régulièrement leur fils au CMPP. Il lui arrive de leur téléphoner le soir chez eux pour savoir si Rachid a bien été à ses «séances».

La mise en évidence du recours possible à d’autres schèmes explicatifs a le mérite de rompre avec l’apparente évidence de l’utilisation des schèmes psychologiques et oblige à s’interroger sur les raisons du choix de ce registre particulier. Un constat s’impose: les connaissances sociologiques permettent une compréhension de la situation de Rachid et de sa famille, mais elles ne débouchent, en revanche, sur aucune solution individuelle et immédiate. A l’inverse, la réponse «psychologique» a l’avantage de permettre une forme La distance des parents à l’école se double alors d’une d’intervention relativement directe sur l’environnedistance au mode de résolution de l’échec scolaire: la ment dans lequel évolue l’enfant sans pour autant psychothérapie. En rechignant à accomsortir totalement des missions assipagner leur fils au CMPP, les parents gnées à l’Ecole en général et aux en« Pourquoi et comment seignants en particulier. Trouvant sa ne le «respectent» pas. La disqualification éducative des parents de Rachid est légitimité dans la souffrance psychique les enseignants donc attribuée à leur difficulté à «invesde l’enfant à l’école, l’intervention psypsychologisent-ils tir» leur fils et à se mobiliser pour «son chologique autorise les enseignants bien». C’est ce qui motivera le signaleà entreprendre de changer son envile mal-être scolaire ment de Rachid à l’assistante sociale de ronnement familial, en préconisant, des élèves? » la commune. par exemple, le recours aux psychologues pour un travail de guidance familiale. Contrairement au caractère diffus des proOn peut s’interroger sur les raisons qui poussent cette enseignante à mobiliser si fréquemment des interpréblèmes sociaux, l’entrée psychologique dans l’échec tations d’ordre psychologique. Comme on tente de le scolaire permet, par ailleurs, d’identifier des causes montrer dans le tableau ci-contre, d’autres registres ciblées, voire des «responsables» (manque d’autopourraient être utilisés pour expliquer l’échec scolaire rité du père dans le cas de Rachid), sur lesquels il et, en particulier, le registre sociologique. est possible d’agir. Psychologisation rime alors avec

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responsabilisation d’un ou des parents, ces derniers passant du statut d’«agents» subissant les déterminismes sociaux à celui d’«acteurs» de la réussite ou de l’échec de leur(s) enfant(s). Le recours au registre psychologique induit enfin la délégation des «problèmes» aux spécialistes (en l’occurrence les «psys») dont le métier est précisément d’apporter de l’aide aux enfants en difficulté et à leur famille. Si elle n’explique pas à elle seule l’utilisation de tel ou tel registre explicatif, la présence de praticiens à qui les enseignants peuvent déléguer les enfants en difficulté pèse néanmoins fortement sur le type de schèmes cognitifs qu’ils mobilisent. Ainsi, en l’état actuel des choses, l’usage de la psychologie permet aux enseignants d’agir sur des problèmes sur lesquels ils considèrent n’avoir que peu de prise. Il s’agit donc, chez certains enseignants au moins, d’une des modalités de production de la croyance en la possibilité d’action et de résolution (fût-elle partielle) des difficultés et du mal-être scolaire de certains de leurs élèves. Cette psychologisation en pleine expansion pose néanmoins question dans la mesure où elle peut, parfois, s’effectuer au détriment de solutions plus pédagogiques ou d’une appréhension de l’échec scolaire comme phénomène social ne se réduisant pas à la somme de défaillances individuelles.

Note Les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) sont, en France, des établissements du secteur médico-social qui accueillent des enfants et des adolescents âgés de 0 à 20 ans.

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Notice biographique Les recherches de Stanislas Morel se situent dans le domaine de la sociologie de l’éducation. Ses premiers travaux prennent pour objet l’action culturelle en milieu scolaire et les rapports entre classes populaires, culture savante et culture scolaire. Ses recherches ont ensuite porté sur la question de l’échec scolaire: sociogenèse et institutionnalisation du problème, transformation des catégories de pensée et de classement, «partenariats» et concurrences professionnelles autour de l’interprétation et du traitement des difficultés scolaires. Il vient de publier La médicalisation de l’échec scolaire (Paris, La Dispute, 2014).

L'AUTEUR Stanislas Morel Maître de conférences à l'Université de Saint-Etienne

La bibliographie de la Documentation pédagogique Le secteur documentation pédagogique de la Médiathèque Valais – Saint-Maurice livre quelques suggestions de lecture pour aller plus loin dans ce dossier. Tous les documents proposés sont bien sûr disponibles à la Médiathèque Valais – Saint-Maurice (cf. cotes indiquées) et pour certains à Sion également. AUBERT, J.L., Comprendre l’enfant, comprendre l’élève: de la psychologie

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à la pédagogie, Paris, Nathan, 2013 Cote: 37.015.3 AUBE BAK, F., «Maman, j'aime pas l'école»: les enfants d'aujourd'hui dans l'école de demain, Paris, L’Harmattan, 2012 Cote: 371.212.72 BAK MEIRIEU, P., Le plaisir d’apprendre, Paris, Autrement, 2014 Cote: 371.3 MEIR Mieux apprendre, mieux comprendre [Enregistrement vidéo]: école, on pourrait mieux apprendre? / réal. Marie Prud’homme, [Paris], M6 [prod.], 2004 Cote: 371.3(44) MIEU

Temps présent - TSR [prod.], 2010 Cote: 371.212.72(494) JAIM SOTTO, A., Donner l’envie d’apprendre, Bruxelles, Ixelles éd., 2010 Cote: 37.025 SOTT

Pour aller plus loin Pearltree Résonances en lien avec le dossier du mois http://goo.gl/1buOGH

J’aime pas l’école [Enregistrement vidéo] / un reportage de Jean-Daniel Bohnenblust et Marcel Schüpbach, [Genève],

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RUBRIQUES > VERSION COURTE

Au fil de l’actualité Le dessin de presse et la liberté d’expression

Perspectives des politiques de l’éducation 2015

La tuerie perpétrée au siège du satirique «Charlie Hebdo» interpelle. Avant un dossier plus complet, disponible pour la 12e Semaine des médias à l’école, le site www.e-media. ch propose déjà quatre fiches pédagogiques pour aborder le thème du dessin de presse. Vous pouvez aussi consulter le dossier sur la liberté d'expression de RTSdécouverte. RTSarchives rassemble de son côté plusieurs documents vidéo sur la caricature, le dessin de presse et la liberté de ton de ceux qui pratiquent cette discipline. www.e-media.ch

Les Perspectives des politiques de l’éducation ont pour objectif d’aider les décideurs dans leurs choix de réformes dans le domaine de l’éducation. Ce rapport examine le besoin d’amélioration du secteur éducatif selon une approche comparative, en tenant compte de l’importance du contexte national. A travers l’étude de l’expérience de mise en œuvre des réformes éducatives dans différents pays, l’ouvrage propose des orientations et des stratégies visant à faciliter le changement. Intéressant pour avoir une vision globale. OCDE (2015), Perspectives des po-

litiques de l’éducation 2015: Les réformes en marche (Version préliminaire), Editions OCDE, Paris. www.oecd.org/fr/edu

Compétence informatique et médiatique Selon l’étude internationale sur la compétence informatique et médiatique (ICILS 2013), les élèves suisses de 2e année du secondaire I sont dans la moyenne. En Suisse, le genre n’a aucune influence sur les résultats: filles et garçons ne se distinguent pas. Neuf hautes écoles ont travaillé ensemble dans un consortium de recherche suisse. http://goo.gl/SDJ8C0

Des envies d’opéra à l’école?

Des écoles créatives pour la journée mondiale de l’eau en mars 2015

La Belle et la Bête a été présenté le jeudi 11 décembre 2014 à la salle de Martelles en point d’orgue des interventions dans les écoles autour du thème de l’opéra soutenu par Etincelles de culture, le Centre scolaire de Crans-Montana, les Ecoles des villages et le Rotary-Club CransMontana. Sur le site de la Commission Régionale pour l’Animation et la Culture des écoles du Haut-Plateau et des villages environnants (CRAC), vous pouvez découvrir les photos et la vidéo. http://crac-culture.blogspot.fr

Fontaine, je boirais bien de ton eau… On ne les remarque presque plus et pourtant elles sont toujours présentes. Si elles ont perdu leur fonction première, les fontaines continuent d’embellir et de faire la fierté de nos villes. Avec «Happy Fountains», Helvetas remet à l’honneur les fontaines, longtemps principales sources d’accès à l’eau dans nos localités. Elles nous rappellent que dans les pays du Sud, on ne parle pas de potabilité mais de quantité, de proximité et de salubrité. L’action «Happy Fountains» vise à sensibiliser les élèves de Suisse romande à la question de l’eau dans le monde. Elle se déroule dans le cadre de la prochaine Journée mondiale de l’eau (22 mars 2015). Dès maintenant, elle invite les classes à créer un événement public autour d’une fontaine entre le lundi 16 mars et le dimanche 22 mars 2015 (délai d'inscription prolongé au 15 février 2015). De la décoration d’une fontaine à une exposition retraçant son histoire, de dessins à la création de textes, tous les moyens sont bons pour révéler son originalité et sa créativité! «Happy Fountains» s’adresse aux enseignant-e-s de l’école obligatoire, primaire et secondaire. Dans le cadre de la préparation du projet, Helvetas se déplace volontiers pour offrir une animation aux classes participantes. Renseignements et participation: www.helvetas.ch/happyfountains

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> MITIC

Balade virtuelle dans le Centre cantonal ICT-VS Nadia Revaz MOT-CLÉS : MITIC • ENSEIGNER • ÉQUIPER • INNOVER Le portail ICT-VS, dont la peinture est encore toute fraîche, se veut à la fois vitrine et porte d’entrée du Centre cantonal ICT-VS, organe de référence du Département de la formation pour l’intégration des MITIC 1 dans l’enseignement valaisan, c’està-dire à tous les degrés de la scolarité

(de l’école enfantine au secondaire II général et professionnel) et dans les deux parties linguistiques. Pour vous inciter à surfer sur www.ictvs.ch, site richement documenté et parfaitement ergonomique, et à l’ajouter à vos favoris, voici une petite visite guidée en trois étapes. Commençons par cliquer sur la rubrique «Enseigner avec le numérique» permettant de répondre à

quantité de questions sur l’intégration des MITIC, en lien avec le PER, l’organisation de la classe, la sécurité ou la prévention. Cette partie, axée sur les contenus, propose également des ressources (logiciels, outils web, Apps…) et des services pédagogiques (educanet2, hébergement web, prêt de matériel…). Tout ce qui concerne la formation continue MITIC, dispensée par la HEP-VS, est aussi à portée de clic.

www.ictvs.ch

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RUBRIQUES La deuxième étape de cette balade, intitulée «Equiper son établissement», intéressera prioritairement les directions et les responsables informatiques. Outre la mise à disposition des concepts et formulaires pour la scolarité obligatoire et les écoles « Le portail ICT-VS cantonales, cette zone rassemble est à la fois la un guide d’équivitrine et la porte pement matériel d’entrée du Centre et logiciel ainsi toutes les cantonal ICT-VS. » que offres Swisscom. Si vous êtes curieux, vous aurez assurément envie d’aller voir ce qui se cache derrière l’intitulé «Innover». Là, grâce à la veille technologique opérée par toute l’équipe du Centre, vous découvrirez l’actualité du numérique (nouvelles plateformes, publications récentes…), tout comme les conférences et autres événements à agender. De plus, le site renvoie vers les réseaux sociaux, puisque le Centre y assure une présence sur Facebook et Twitter sous l’appellation «CC-ICTVS». Evidemment, pour le cas où la virtualité ait été insuffisante pour répondre à vos questions, vous pouvez prolon-

ger la visite en prenant connaissance de la présentation des différents collaborateurs et partenaires. Vous trouverez aussi la schématisation des missions et stratégies du Centre, via une explication détaillée du fonctionnement de ses deux pôles (Ressources & usages didactiques – Infrastructure & services pédagogiques). Le site www.ictvs.ch mérite un détour régulier, sachant qu’il n’est pas du tout statique, mais évolutif, afin de répondre au mieux aux besoins du terrain. Enseignant ou directeur, vous trouverez un formulaire de contact sur chacune des pages du site, de façon à ce que la bonne personne puisse vous répondre si vous avez besoin d’un conseil, d’un accompagnement pédagogique, d’une expertise ou d’un renseignement complémentaire. N’hésitez pas à soumettre votre souhait d’informations complémentaires, à faire part de vos critiques et compliments, ce qui contribuera à motiver l’équipe qui a déjà effectué un beau travail…

Note Médias, images et technologies de l’information et de la communication.

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L1 – Cycle 3: renouvellement des lectures suivies à la Médiathèque Valais Dès janvier 2015, un nouveau choix de lectures suivies destinées aux élèves du cycle 3 (cycle d’orientation) est disponible pour le prêt à la Médiathèque Valais. Les titres ont été choisis à partir des genres narratifs conseillés dans le PER, des suggestions de lectures du Livre unique de français et de propositions d’enseignantes et enseignants du canton. 60 exemplaires de chaque titre sont disponibles à la Médiathèque Valais, la moitié à la MV St-Maurice, l’autre moitié à la MV Sion. Il est possible de réserver les séries par Internet et de les faire acheminer dans l’un des trois sites (St-Maurice, Martigny, Sion). Tous les titres acquis sont recensés dans le catalogue RERO ainsi que sur le site de l’animation de français (HEP-VS – animation – français – cycle 3 - lectures). Pour toute question spécifique, vous pouvez vous adresser à la documentation pédagogique, à la Médiathèque Valais St-Maurice. Animation pédagogique de français / Caroline Ducrey Documentation pédagogique, Médiathèque Valais / Evelyne Nicollerat

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EN RACCOURCI Revue Hémisphères

Numéro sur le jeu La revue suisse de la recherche et de ses applications consacre un dossier au Jeu roi. Les six domaines de la HES-SO (Design et Arts visuels, Economie et Services, Ingénierie et Architecture, Musique et Arts de la scène, Santé et Travail social) sont abordés dans les 80 pages du dernier numéro de la revue suisse de la recherche. Avec notamment un article qui traite de la thématique sous l’angle éducatif et qui pose la question des avantages et des risques de la ludification lorsque le jeu s’immisce à l’école. www.revuehemispheres.com Paroles

Revue romande de littérature jeunesse S’adressant aux prescripteurs passionnés du livre de jeunesse (bibliothécaires, libraires, enseignants, éducateurs, parents et étudiants), la publication Parole propose trois fois l’an des articles thématiques, invite à la découverte d’auteurs, illustrateurs ou éditeurs. Par ses comptes rendus critiques, elle offre aussi à ses lecteurs une analyse de l’actualité littéraire, leur permettant d’opérer des choix conscients dans un secteur particulièrement inventif et fécond. www.jm-arole.ch > Revue Parole

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> MÉTIERS DE L’ÉCOLE

Chantal Dorsaz, enseignante en classe relais et ressource au CO Le partenariat et le réseau sont au cœur de mon métier d’enseignante ressource. S’il fallait le définir en mots-clés, je parlerais de relation, de communication, de confiance et de bienveillance. Mon activité d’enseignante en classe relais est au carrefour entre école, famille, orientation et monde du travail.

MOTS-CLÉS : GESTION DES COMPORTEMENTS DIFFICILES • RÉSEAU Chantal Dorsaz est enseignante de la classe relais du Valais romand, sise à Sion dans les locaux de l’institut Don Bosco. Elle est aussi enseignante ressource pour les arrondissements I, II et III en matière de gestion des comportements difficiles à l’école. Le parcours de Chantal Dorsaz est riche et son envie d’enseigner remonte à son enfance. En classe primaire, elle avait déjà une vision des missions de l’école, estimant que certaines choses devaient être modifiées. Comme de plus elle voulait étudier, elle a donc commencé par faire l’Ecole Normale. Ensuite, passionnée par le domaine de l’art et avec le souhait de travailler avec des élèves plus âgés, elle s’est formée pour enseigner le dessin, tout en prenant des cours aux Beaux-Arts. Ce métier de prof de dessin, stimulant l’imaginaire des élèves et laissant une grande part de liberté, l’a enthousiasmée pendant des années. A un moment donné, elle a néanmoins éprouvé le besoin de se mettre à jour au niveau des techniques d’enseignement, dans le but de trouver de meilleures solutions pour aider les élèves en souffrance ou en colère contre l’école. Elle a alors suivi la formation de médiatrice puis celle dispensée en sciences de l’éducation au Centre d’enseignement à distance à Sierre (aujourd’hui http:// unidistance.ch), jusqu’à l’obtention d’une licence. Après avoir été médiatrice au CO, elle a aussi été titulaire de

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z

Chantal Dorsa

classe. Elle aimait la variété de son activité, mais en découvrant l’annonce pour devenir personne ressource au CO, en lien avec la gestion des comportements difficiles, elle a voulu se lancer un nouveau défi et apporter à ses collègues son expérience. Chantal Dorsaz explique qu’au début la personne ressource avait la tâche exclusive de préparer le placement en classe relais, décidé selon la procédure par l'inspecteur, en écoutant la direction, les enseignants, les parents et l’élève, ce qui l’a conduite à devenir enseignante dans le duo pédagogique de la classe relais, voyant une complémentarité entre ces deux activités. Aujourd’hui sa mission en tant qu’enseignante ressource s’est élargie au volet de la prévention, ce qui à ses yeux est primordial pour éviter l’épuisement des enseignants et augmenter les chances de réussite de cette étape relais pour les élèves. Chantal Dorsaz, quels mots pourraient définir votre double activité?

Mettre les élèves à comportements difficiles dans la classe relais est parfois mal perçu. Comment le vivez-vous? Les parents dont les enfants sont placés en classe relais sont souvent épuisés et donc pas mécontents de cette parenthèse. Beaucoup espèrent que cette solution différente et temporaire, visant à un recadrage pour insuffler le respect de l’autorité, à une aide pour prendre du recul, permette à leur enfant de réintégrer le CO d’origine, en développant de nouvelles attitudes comportementales. Quant à l’ado, il est en général heureux de cette coupure. A mi-parcours, après quatre semaines, nous faisons le point avec la direction, le titulaire, les enseignants, les parents et l’élève. Et là, souvent, il se réjouit à l’idée de réintégrer son école, ce qui est le but. Les cours sont-ils donnés comme au CO? Les cours ont lieu seulement le matin et ils ne sont pas morcelés, puisque les élèves ont la même enseignante par demi-journée. Cette organisation permet de mieux les aider à apprendre. A midi, ils partagent le repas avec les éducateurs et l’aprèsmidi ils sont en stage. Le petit effectif, six élèves au maximum, est

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RUBRIQUES comme une famille, aussi les jeunes s’observent et s’imitent, pour le pire mais aussi le meilleur, via l’apprentissage de l’entraide. Y a-t-il un profil type de l’élève qui passe par la classe relais? Non, ces jeunes ont des profils variés. Toutefois, ils proviennent plus souvent des CO des villes et le nombre de garçons est très nettement supérieur à celui des filles. La plupart du temps, ces ados sont intelligents et malins, mais ils ne savent pas utiliser leur potentiel. Nous sommes là pour leur faire découvrir leurs forces, leurs faiblesses, leurs lacunes, afin qu’ils puissent ensuite mesurer leurs progrès. Dans votre rôle de personne ressource, les enseignants osent-ils facilement vous parler? C’est variable, mais je constate que les jeunes enseignants travaillent plus volontiers en réseau et sont plus habitués à communiquer sur leur ressenti, sans se laisser envahir par les émotions. Et vous-même, avec la charge particulière liée à votre double activité, vous arrive-t-il d’avoir recours à du soutien externe? Oui, nous pouvons bénéficier d’une supervision assurée par le CDTEA (ndlr: Centre pour le développement et la thérapie de l’enfant et de l’adolescent), ce qui est très efficace. Christophe Boisset, psychologue, est là pour nous aider à prendre la distance indispensable dans certaines situations délicates. Et comme nous sommes au cœur d’un réseau, nous pouvons compter sur le regard bienveillant des conseillers pédagogiques de l’Office de l’enseignement spécialisé, des inspecteurs, des conseillers en orientation, etc. Comment percevez-vous la jeunesse actuelle? Il ne faut jamais perdre de vue que les jeunes, dans leur très grande majorité, effectuent leur scolarité sans avoir besoin de la médiation ou des

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autres aides à disposition. Seule une petite minorité nécessite un soutien, et le leur offrir est essentiel, parce que décisif pour la suite, puisqu’on parle de projet professionnel dès le début du CO. N’oublions pas que tous ont le désir de trouver leur place dans la société. Diriez-vous que l’école est parfois inadaptée aux élèves d’aujourd’hui? Une école adaptée à tous les élèves, cela me paraît utopique, peu importe le système choisi. C’est pour cela que les enseignants ressources, la classe relais… ont été mis en place. Evidemment ces solutions complémentaires peuvent évoluer. Quelle suggestion feriez-vous à vos collègues, enseignants au CO, face à un élève perturbateur? Pour moi, l’important, c’est de croire et d’avoir beaucoup d’espoir dans chaque élève. A mon sens, il faut toujours faire comme si tous pouvaient réussir, car cette force est communicative et donne confiance. Chaque jour, je pense que l’enseignant doit repartir à zéro, sans étiqueter l’élève, car on sait qu’il suffit parfois juste d’un déclic pour qu’un jeune puisse avoir envie d’apprendre et s’en donner les moyens. Et si un élève fait le «guignol», c’est peut-être parce qu’il n’a rien compris et qu’il ne veut pas l’avouer. Donc il faut se questionner, encore et toujours. Par contre, je suis d’avis que l’enseignant doit rester le plus neutre possible. Il y a quelques moments où l’on peut aborder des aspects plus personnels de la vie de l’élève, cependant il faut se garder d’aller trop loin, car l’école est avant tout un lieu de savoir. Les élèves doivent progressivement apprendre, comme les adultes le font dans leur milieu professionnel, à laisser leurs soucis personnels hors de la classe, pour profiter de ce lieu de bienveillance en exerçant leur métier d’élève. A l’école, l’enseignant ne doit pas oublier que le médiateur, l’infirmière scolaire ou la direction sont là pour parler de certaines problématiques avec les jeunes.

Il me semble important que chacun soit dans son rôle. Tous les adultes, acteurs et partenaires de l’école, ont une part de responsabilité à prendre pour que la charge de l’enseignant ne soit pas trop lourde. Avec une baguette magique, que changeriez-vous dans l’école? Peut-être que j’augmenterais la possibilité de faire des stages au CO, sachant que le lien avec la pratique peut aider certains élèves à comprendre le sens des apprentissages et à les motiver. Reste que la mission de l’école obligatoire est de préparer aux études et aux apprentissages, donc ce serait difficile à mettre en œuvre. Dans le même temps, il serait faux de vouloir introduire trop tôt des filières, car cela fermerait des portes. Bref, changer le système est quelque chose de complexe. Les changements peuvent se faire à l’échelle de l’enseignant, puisque celui-ci peut accompagner individuellement l’élève dans la recherche de son chemin. Propos recueillis par Nadia Revaz

EN RACCOURCI Lecture et vocabulaire

Les deux vont de pair Il n’est pas rare que les adultes incitent les jeunes peu portés vers les livres à lire davantage. C’est que les bienfaits de la lecture sont reconnus, notamment l’augmentation du vocabulaire. Les résultats d’une étude britannique de l'«Institute of Education» apportent toutefois une nuance importante. Les résultats rapportés dans cet article confirment que les individus qui lisent de manière régulière pour le plaisir à l’âge de 10 ans performent mieux à des tâches de vocabulaire au début de la quarantaine que ceux qui ne lisent pas. http://rire.ctreq.qc.ca/2014/12/ lecture_vocabulaire

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> SCIENCES

Histoire 5-6H (3-4P) MOT-CLÉS : MOYENS SHS Voilà une demi-année que les moyens SHS «histoire» ont été introduits. Sur la base des retours reçus, l’animation propose de dresser ici un petit bilan.

Joli… mais tout de même un peu trop! L’avis est unanime! Les documents sont d’une grande qualité, mais il y a visiblement trop de modules. Il faut absolument procéder à une sélection… et s’y tenir. Les fils rouges proposés par l’animation sont déjà une sélection drastique. Ils sont testés pour la première fois cette année et l’expérience semble montrer qu’il faut peut-être encore un peu trier. Mais ils ont l’avantage de bien montrer comment jongler avec les fascicules. Vos remarques seront très utiles à l’animation pour encore mieux «affiner» ces propositions de planification.

1 à 2 fascicules par semestre Les fascicules permettent de faire travailler les élèves sur des docu-

lié à

ments (traces du passé). Les fascicules 2 à 9 sont à utiliser comme des «enquêtes» dans les différentes périodes. Vu qu’il faut sélectionner, les élèves ne remplissent de loin pas toutes les pages; par contre, la synthèse en fin de fascicule permet de résumer les principales caractéristiques à retenir de la période. Attention au fascicule 2 (origine de l’homme) qui soulève généralement de grandes questions, mais sur lequel il ne faudrait pas trop s’attarder!

«LE» fascicule 1… Le fascicule 1 est celui de synthèse. Chaque «plongée» dans une période (travail dans fascicules 2 à 9) se termine par un retour dans le fascicule 1. On note dans les pages 18 à 25 les éléments essentiels à

Soirée bilan

Archéozoologue, Palynologue, et Cie Même si ces mots complexes sont présents dans le fascicule 1, on n’attend pas des élèves qu’ils les travaillent forcément. S’ils retiennent seulement le mot «archéologue», c’est déjà bien suffisant! Par contre, ils devraient avoir compris que pour obtenir des informations sur la vie des hommes de la préhistoire, beaucoup de spécialistes doivent collaborer. C’est donc à chacun de sélectionner les questions et activités qui lui paraissent pertinentes au sein d’un module et de leur donner du sens. De même, les textes sont souvent complexes et l’enseignant est parfois amené à les lire à ses élèves. Mais ils ont l’avantage d’être réunis en un seul ouvrage, en tant que «traces» récoltées sur la période.

Finalement…

Une soirée bilan est organisée prochainement. Le but est de procéder à un échange de mi-année pour répondre aux principales questions qui se posent et anticiper la deuxième partie de l’année. Les personnes qui avaient manifesté leur intérêt lors des présentations de septembre ont reçu l’info par courriel. Si vous souhaitez y participer, faites un message à samuel.fierz@hepvs.ch en indiquant la date qui vous intéresse.

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retenir de chaque période. Lorsque c’est utile, on montrera ce qui est encore de nos jours la période qui vient d’être travaillée (héritages, p. 28 à 41).

St-Maurice

HEP

26 février

17 h 30 - 19 h 00

Martigny

Ecole du Bourg

05 mars

17 h 30 - 19 h 00

Conthey

CO Derborence

12 mars

17 h 30 - 19 h 00

La richesse des documents permet d’éveiller l’intérêt des élèves pour le passé et leur permet de constater les principales caractéristiques de chaque période (fascicule 1). De plus, elle permet de thématiser toutes les questions historiennes du PER: Changement et permanence = Qu’est-ce qui change ou reste d’une période à l’autre?

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RUBRIQUES > MÉMENTO PÉDAGOGIQUE

Traces et mémoire = Sur quoi se base-t-on pour le dire? Mythe et réalité = Suis-je assez prudent en parlant du passé? Dois-je réviser les images que je m’en fais?

Transfert des fascicules à organiser Rappelons un aspect pratique à anticiper: l’élève conserve ses fascicules entre la 3e et la 4e primaire.

Evaluation Pour les connaissances, l’évaluation peut se faire assez aisément sur la base de ce qui aura été résumé à la fin du fascicule de la période travaillée ou dans le fascicule 1 (synthèse). On mettra l’accent sur les principales caractéristiques et sur les changements par rapport à la période précédente. Pour l’évaluation des capacités, outre les évaluations en ligne sur le site du PER, on pourra utiliser certains exercices non effectués dans le fascicule de la période concernée. Vous avez toujours la possibilité d’utiliser ou de vous inspirer des anciennes propositions d’évaluations rédigées dans le cadre des séquences transitoires valaisannes et encore disponibles sur le site de l’animation de la HEP-VS.

Info aux parents Vu les changements (relatifs…) amenés par le PER, il faudrait également communiquer aux parents que dans ce domaine, l’évaluation porte en partie sur les connaissances et en partie sur la capacité à mener des démarches d’analyse sur documents. Pour bien se faire comprendre, il est parfois utile de faire l’analogie avec les maths où les problèmes posés en évaluation ne sont pas les problèmes travaillés en classe… Alexandre Solliard Samuel Fierz

Résonances •  Février 2015 Mensuel de l’Ecole valaisanne

A vos agendas 06.03.2015 - 14.03.2015, Festival visages, regard sur les relations entre générations, Martigny et autres régions du Valais romand, Cinéma www.festivalvisages.ch 09.03.2015 - 13.03.2015, Semaine des médias 2015 «Info? Intox?», Suisse romande, Semaine thématique www.e-media.ch 13.03.2015 - 22.03.2015, Semaine de la langue française et de la francophonie, Suisse romande, Semaine thématique www.slff.ch Jusqu’au 08.03.2015, «ICE, horizons arctiques», photographies de Robert Bolognesi, Sierre, Exposition www.cavesdecourten.ch Jusqu’au 29.03.2015, Exposition Le verre dans tous ses états & dans tout son éclat, Martigny, Exposition www.sciencesdelaterre.ch/ expositions-temporaires

Documentaire sur le découvreur de la Peste Film documentaire sur le parcours d'Alexandre Yersin, médecin né à La Vaux, près d’Aubonne, en 1863, qui a découvert le bacille de la peste. La musique du film a été composée par Célina Ramsauer, artiste valaisanne bien connue. Diffusion au Cinéma du Bourg à Sierre le 26 février 2015. www.ecrantotal.ch

Pour en savoir plus sur ces événements et / ou découvrir le mémento pédagogique actualisé: www.resonances-vs.ch > Agenda pédagogique

EN RACCOURCI Prismes

L’école du futur et Freinet Pour marquer sa dixième année d’existence, PRISMES a choisi d’interroger l’école du futur, entre high-tech et chemins de traverse, mais aussi de revisiter, au travers d’un Catalogue irraisonné, l’événement phare qui s’est déroulé à la HEP, début 2014, autour d’une des grandes figures de la pédagogie: Célestin Freinet. www.hepl.ch/prismes

Déclinaisons de Résonances N’oubliez pas que Résonances, c’est une version papier, un site compagnon et une App. Si vous souhaitez profiter de l’App Résonances pour iPad / iPhone et Android, qui est réservée aux abonnés à la revue, envoyez un message à nadia.revaz@admin. vs.ch afin de recevoir un identifiant / mot de passe temporaire. www.resonances-vs.ch

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> ECOLE-CULTURE

Des collégiens ont rencontré Pierre Assouline MOTS-CLÉS : LITTÉRATURE • DÉBAT La Médiathèque Valais de St-Maurice, le Lycée-Collège de l’Abbaye à St-Maurice et le Lycée-Collège de la Planta (LCP) à Sion, avec le soutien d’Etincelles de culture (www.etincellesdeculture.ch), ont invité Pierre Assouline, journaliste, écrivain, chroniqueur de radio, juré à l’Académie Goncourt, professeur et blogueur (http://larepubliquedeslivres.com) à plusieurs rencontres avec les étudiants et le grand public. Cette initiative a été encouragée par le vif succès de la première manifestation de ce type organisée en 2014 avec l’auteur et réalisateur Philippe Claudel. Cette année, nous avons suivi l’un des échanges avec des étudiants à Sion, effectuant pour l’essentiel de l’auditoire leur 4e ou 5e année de collège. Du 12 au 14 janvier dernier, Pierre Assouline a participé à plusieurs événements en Valais, région qu’il

Les étudiants rencontrés et Romaine Crettenand.

connaît bien puisqu’il séjourne régulièrement à Crans-Montana pour écrire ses livres. Le 12 janvier, il était présent à une lecture de son livre intitulé Les Invités par Philippe Morand, comédien et metteur en scène, au Théâtre des Halles à Sierre, tout comme plus d’une centaine d’étudiants du LCP ayant fait le déplacement accompagnés de leur professeur de français. Cette lecture était suivie d’une rencontre menée par des étudiants, mêlant différents publics.

Audrey: «Ce moment d’échanges était captivant. La preuve, c’est que je ne me suis pas ennuyée une seule minute.» Lara 1: «J’ai trouvé Pierre Assouline très humain, pas du tout snob. Autre point positif, cette année on avait mieux préparé la rencontre en lisant deux livres, dont celui lu au Théâtre des Halles.» Anela (germanophone): «Pour moi, c’était plus facile de le comprendre oralement qu’en lisant ses livres dont je devais relire nombre de passages.» Lara 2: «Pierre Assouline assume ses idées, faisant preuve d’un esprit critique, et cela me plaît. C’est par ailleurs un auteur très accessible.» Tomas: «J’ai beaucoup apprécié Pierre Assouline, car il a un avis, mais il ne l’impose pas aux autres.» Ariane: «C’est à la fois un romancier, un biographe et un journaliste, donc on a aussi pu évoquer l’actualité, ce qui était très intéressant.»

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Le 13 janvier, après le Café littéraire (podcast sur www.mediatheque.ch) organisé à la Médiathèque Valais St-Maurice et animé par Geneviève Erard, également coordinatrice de la rencontre littéraire au Lycée-Collège de l’Abbaye, Pierre Assouline a dialogué avec les étudiants agaunois. A noter que ce sont des étudiantes en arts visuels au LCP qui ont, sous la houlette de François Maret, réalisé les affiches de la lecture publique et du café littéraire. Ce même soir, Pierre Assouline a donné une conférence à la Fondation Arnaud à Lens. Et le lendemain, deux rencontres avec des classes d’étudiants du LCP étaient prévues à l’Aula FXB. A Sion, les rencontres littéraires avec les étudiants étaient coordonnées par Romaine Crettenand, enseignante de français. Les jeunes avaient au moins lu et travaillé l’un des livres de Pierre Assouline et beaucoup avaient assisté à la lecture des Invités, aussi il n’y eut pas de présentation de l’auteur, l’enseignante-organisatrice laissant place immédiatement aux questions-réponses.

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RUBRIQUES Pierre Assouline a répondu, avec simplicité, authenticité et humour, à diverses interrogations liées à certaines interprétations dans ses livres (Les Invités, Lutetia, Double vie et La Cliente). Les étudiants l’ont aussi interrogé sur le processus d’écriture et l’écrivain a notamment souligné: «Dans un roman, ce qui compte c’est l’imprégnation, pas l’inspiration.» Ou encore, tout en expliquant que les sujets le suivent pendant des années avant de devenir livres: «Quand j’écris, le premier jet, c’est aussi le dernier. Ensuite je corrige juste de petites choses». Pierre Assouline a insisté sur l’importance de la lecture des auteurs classiques pour renouveler son stock de mots, tout en ne dénigrant pas les contemporains, les deux étant indispensables. Les jeunes l’ont aussi questionné sur la nature du mal, en lien avec ses livres, mais aussi en écho avec l’histoire et l’actualité, sachant que Pierre Assouline considère comme une grave erreur de déshumaniser l’adversaire, si on veut le combattre. Plus légèrement, ils ont aussi débattu de la place du livre numérique, les jeunes étant étonnés que ce passionné de lectures soit favorable à la complémentarité entre les supports. L’écrivain n’a donné qu’un seul conseil aux étudiants, en les enjoignant à ne plus écouter de musique lorsqu’ils écrivaient, pour pouvoir entendre la poésie musicale de leurs mots. Anela, Ariane, Audrey, les deux Lara et Tomas ont apprécié que leurs professeurs leur offrent l’opportunité de pouvoir dialoguer avec Pierre Assouline (cf. encadré p. 20). Ces six étudiants estiment avoir ainsi pu connaître une partie de l’envers des décors de ses livres, ce qui selon eux apporte une motivation supplémentaire au cours de français. Et Tomas d’avouer: «Les Invités sont l’une de mes lectures préférées jusqu’à présent.» Alors, il ne reste plus qu’à suivre la suggestion de Tomas… Propos recueillis par Nadia Revaz

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Trois questions à Pierre Assouline Vous vous définissez comme un autodidacte et ce qu’on perçoit de vous en premier c’est votre insatiable curiosité. Qu’est-ce qui vous motive? Je suis autodidacte, parce que j’ai commencé des études supérieures sans les terminer, ayant préféré partir en voyage et devenir journaliste, et je crois beaucoup à l’apprentissage sur le tas. Quant à la curiosité, c’est un tempérament. Que vous apportent ces discussions avec des jeunes? Rencontrer ses lecteurs, dans une librairie lors des dédicaces, comme cela se fait souvent, c’est superficiel, aussi je préfère pouvoir échanger. Ces rencontres sont toujours intéressantes et c’est parfois étrange de voir la résonance qu’un livre peut avoir sur le public, qui plus est sur de jeunes lecteurs. Je suis systématiquement surpris par les questions et celles des étudiants sont encore plus libres que celles d’autres publics. Estimez-vous important d’offrir aux étudiants des occasions de rencontres avec les auteurs? Etant étudiant, j’ai rencontré des auteurs qui m’ont impressionné et je sais donc que ça peut pousser à des vocations d’écrivains ou à l’envie de lire. Et même à mon âge, j’assiste régulièrement à des conférences d’écrivains ou d’intellectuels que j’admire et si je repars avec une seule phrase marquante, pour déclencher des lectures ou des prises de conscience, cela me suffit amplement. Comme je suis toujours friand de ces moments de partage, je me dis que les jeunes peuvent l’être aussi.

Trois questions à Romaine Crettenand Comment choisissez-vous l’auteur invité à l’occasion de ces rencontres avec les collégiens? Avec le petit comité que nous formons avec Geneviève Erard, enseignante au Lycée-Collège de St-Maurice, avec ma collègue Dominique Zurbriggen, avec Evelyne Nicollerat et Catherine Widmann Amoos de la Médiathèque Valais, nous sélectionnons des auteurs que nous apprécions, qui sont à l’aise avec les jeunes et qui ont une certaine envergure pour leur apporter un autre regard sur le monde. Les professeurs qui participent avec leurs classes reçoivent-ils un dossier de préparation? Non, nous leur indiquons seulement le plus tôt possible le nom de l’écrivain retenu. La seule condition posée est que les étudiants lisent et étudient en classe au moins une œuvre de l’auteur pour pouvoir participer à l’événement. C’est indispensable pour la qualité des questions posées. Et de notre côté nous essayons de regrouper les classes qui ont lu les mêmes livres lors des séances. Quels sont les bénéfices de telles rencontres en cours de français? Donner une petite place aux auteurs contemporains, c’est pour nous une manière de dynamiser les cours de français, en proposant aux collégiens des thématiques qui sont forcément plus proches d’eux. Via ce projet, on leur permet aussi de sortir de leur contexte scolaire, pour aller à la rencontre de la culture.

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> EDUCATION MUSICALE

La voix de l’ado MOTS-CLÉS : CORDES VOCALES • PLANÈTE MUSIQUE L’article récent1 de notre mensuel pédagogique fait une large part à la présentation de l’ouvrage destiné aux enseignants en musique et aux élèves des cycles d’orientation ou 9H, 10H, 11H pour les cantons francophones. Il y est écrit: «A la lumière de cette diversité, Planète musique encourage à placer la voix au cœur des projets musicaux de l’élève et de sa classe.» Belle occasion pour nous de nous intéresser de manière succincte au mystère des voix d’ados, susceptibles de chanter le répertoire proposé. A cet effet et en toute logique, nous relevons quelques éléments trouvés dans le PER (dans la partie commune et les indications pédagogiques VS): Utilisation des possibilités de la voix et pratique d’activités vocales dans les chants et dans la pose de voix (articulation, respiration, intonation, nuances, phrasé, sons parlés et chantés,…) Réaliser les activités de pose de voix au service de l’interprétation et de l’expression. Osons développer succinctement ces concepts en évoquant quelques démarches.

Découverte physiologie de la voix (ce qu’un ado doit savoir) De nombreux documents et de nombreuses recherches abordent ce sujet.2 Nous nous contenterons, pour notre démonstration, de quelques documents repérés sur des sites universitaires, qui ont le mérite de donner des explications simples qui conviennent à notre démarche.

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Il nous semble important, au début de chaque année scolaire, de parler du phénomène de la mue 3. Il conviendrait de faire comprendre aux élèves pourquoi leur voix paraît «bizarre» en décrivant l’agrandissement du larynx et, partant, des cordes vocales qui s’épaississent et donnent aussi un son plus grave. Indiquons aussi que les filles muent également mais de manière moindre (de 2 tons environ), chacun l’aura remarqué. Pendant cette période de croissance, la voix a des «sautes d’humeur». Il nous semble nécessaire d’encourager les élèves, garçons et filles, à expérimenter, chez eux, les possibilités de leur voix et d’en parler, s’ils le veulent, lors de cours de musique. L’idéal serait, bien sûr, d’écouter les adolescents un par un pour déterminer le registre vocal de chacun et donner ainsi une identité vocale: soprano, mezzo, alto, baryton et déterminer la nature du chœur: à voix égales ou à voix mixtes. Il faut respecter la fragilité de l’adolescent, et comprendre qu’il puisse avoir la crainte ou le refus de chanter mais il ne faut pas en rester là.

Exercices spécifiques L’enseignant va soutenir l’adolescent en l’accompagnant et en l’aidant à garder le contact avec sa nouvelle voix en proposant de nombreux exercices de transposition par exemple (voir références ci-contre).4 L’essentiel est de faire preuve de la souplesse nécessaire, surtout quand l’élève n’ose pas trop s’exprimer dans le cadre de la classe. Dans tous ces cas, la voix de l’enseignant paraît essentielle.

Pourquoi la voix mue-t-elle?

Chansons Planète musique est un bel outil pour mettre en pratique les conseils mentionnés. L’ambitus du répertoire est adapté à la tessiture des élèves. Des chansons ont été transposées. Dans certains chapitres, une 2e voix, voire des ostinati faciles sont proposés et peuvent soutenir la motivation des élèves à chanter en groupe. Bernard Oberholzer Jean-Maurice Delasoie

Notes Résonances n° 4, décembre 2014, Planète musique, pages 18-19.

1

Entre autres, www.arte.tv/guide/fr/ 043873-000/les-mysteres-de-la-voixhumaine, excellent documentaire. Et «Chercher sa voie pour trouver sa voix», Anne-Françoise AndenmattenSierro, disponible chez www.sympaphonie.com/boutique/ details.asp?ID=4813 2

Cela peut se faire en coordination avec les leçons de sciences, le cas échéant.

3

Céline Brault, La voix des adolescents, Synthèse d’un stage à Saint-Benoît (86) en décembre 2000. http://ww3.ac-poitiers.fr/ed_music/ Voix.htm 4

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RUBRIQUES > FIL ROUGE DE L’ORIENTATION

Catherine Gonçalves Roque, apprentie coiffeuse Souvent, on associe l’apprenti coiffeur au balai. Est-ce un cliché? Absolument, puisque c’est très varié dès le début de l’apprentissage. Je peux déjà faire des couleurs, les shampoings et m’entraîner à faire des brushings et des coupes.

MOTS-CLÉS : CFC • COIFFURE • CRÉATIVITÉ • TECHNIQUE • ÉNERGIE Catherine Gonçalves Roque est apprentie coiffeuse à Sion, en 1re année de formation. Déterminée dans son choix, elle n’a aucunement hésité à la fin de son CO. Catherine, lorsque vous étiez enfant, de quels métiers rêviez-vous? Déjà petite, même toute petite, je voulais devenir coiffeuse. J’ai souvent changé d’avis, mais à chaque fois je revenais à ma première idée. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier? Via la coiffure, on prend soin des gens, en les rendant plus jolis, tout en respectant leur personnalité. C’est un métier alliant la mode et le contact avec les autres. Du coup, j’imagine que les cours dispensés au CO pour vous aider à vous orienter ne vous ont guère été utiles… Je pense qu’il est important de découvrir différents domaines avant de se décider, aussi, même si je savais ce que je voulais faire, ce n’était pas inutile. J’ai surtout apprécié le Salon des métiers, étant donné que c’était une occasion de rencontres avec des professionnels de la coiffure. Avez-vous effectué des stages au CO? J’ai fait un stage de prothésiste ongulaire, un autre comme vendeuse textile et deux autres dans des salons de coiffure, dont «Rive Gauche» où je suis apprentie.

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Roque, e Gonçalves Pour Catherin rêve. de r t un métie la coiffure es

Vous êtes-vous sentie encouragée dans votre choix de formation? Oui, en particulier par ma maman qui trouvait important que je fasse le choix qui me corresponde et ce même si c’est un métier peu payé et parfois mal vu.

Etes-vous davantage motivée à obtenir de bons résultats depuis que vous êtes en apprentissage? Même si je ne détestais pas l’école obligatoire, très franchement oui, étant donné que les cours sont presque tous en lien avec le métier et m’intéressent donc davantage. En apprentissage, on doit assumer le travail et l’école, ce qui exige une profonde envie de réussir. Si vous n’aviez pas trouvé de place d’apprentissage dans la coiffure, y aurait-il eu d’autres métiers susceptibles de vous enthousiasmer? J’aurais pu suivre par exemple l’Ecole de couture ou faire un apprentissage pour devenir vendeuse dans un magasin de vêtements, parce que j’aime tout ce qui est lié à la mode.

Savez-vous quels ont été les critères pour vous engager comme apprentie? Pas précisément, mais je me rappelle qu’ils m’ont dit que j’étais faite pour ce métier. Sachant que Blaise De Vico est chef « C’est très varié expert, cette remarque dès le début de est d’autant plus motil’apprentissage. » vante. Quelles sont les compétences pour être coiffeur-se? C’est un métier à la fois technique et créatif, qui exige le sourire en toutes circonstances. Il faut aussi faire preuve d’énergie, car on doit rester debout toute la journée.

Comment vous projetez-vous dans l’avenir? Après mon apprentissage, j’envisage de compléter mon CFC par une formation de prothésiste ongulaire, dans l’idée de travailler dans un salon qui s’occupe des cheveux et des ongles. Propos recueillis par Nadia Revaz

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> MATHÉMATIQUES

Espace mathématique: édition 2015 MOTS-CLÉS : 9e HARMOS • RECHERCHE ET STRATÉGIES • FONCTIONS • ESPACE • NOMBRES

Développer les capacités de l’élève à travailler en équipe en lui faisant prendre en charge l’entière responsabilité d’une épreuve.

Nous vous proposons une série de problèmes, s’adressant aux élèves de 1 re année du CO, issus des domaines Fonctions, Espace, Nombres, Recherche et stratégies.

Offrir une activité de recherche mathématique variée.

La Commission de mathématique de l’AVECO vous invite donc à participer avec votre classe de mathématique à cette confrontation originale: le 17e ESPACE MATHEMATIQUE.

Présenter une alternative complémentaire au concours individuel FFJM.

Les principes La classe dispose d’un temps limité (45 minutes, 1 période), pour s’organiser, rechercher les solutions de 5 problèmes et en présenter un compte rendu. Les élèves doivent produire un seul compte rendu par problème de leurs travaux et solutions. C’est la classe entière qui est responsable des réponses apportées. Il n’y a pas que la réponse juste qui compte, les solutions sont jugées aussi sur la rigueur des démarches et la clarté des explications fournies. L’enseignant devient observateur, s’abstenant de toute intervention de quelque nature que ce soit.

Objectifs généraux Stimuler le travail de groupe en classe.

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Encourager les échanges entre les professeurs de mathématique.

Observer ses élèves, voir comment ils utilisent les concepts mathématiques étudiés antérieurement, savoir quelles connaissances ils sont capables de mobiliser correctement, quelles erreurs ils commettent.

Les dates importantes Délai d’inscription: 27 février 2015. Passation de l’épreuve: durant la semaine du 23 au 27 mars 2015. Corrections et résultats: le mercredi après-midi 15 avril 2015.

Prix Aux classes gagnantes de chaque catégorie (N1 et N2), ainsi qu’aux classes tirées au sort.

Renseignements complémentaires Vous pouvez obtenir tous les renseignements complémentaires nécessaires auprès de:

Alain Beetschen Tél. privé 076 338 98 34 Stéphane Fournier Tél. privé 076 439 72 95 Hervé Schild Tél. privé 027 398 42 53 José Teixeira Tél. privé 027 744 25 53

Inscriptions Le formulaire d’inscription est à remplir en ligne (www.aveco.ch) dès le 2 février 2015.

Exemples d’activités Pour tous les exercices, des explications claires et lisibles sont demandées. Si un exercice comporte plusieurs solutions, toutes les solutions doivent être mentionnées pour obtenir le maximum de points.

1. Oh les menteuses! Mélissa et Jessica travaillent sur leur ordinateur entourées de leurs amies Sandy et Nicole. Soudain dans la classe, on entend un bruit incroyable de bris de verre. Le prof se retourne pour voir ce qui s’est passé et découvre un moniteur au sol avec l’écran cassé. Il s’avance vers ses élèves qui s’écrient: Jessica: «Ce n’est pas moi!» Sandy: «C’est Nicole!» Melissa: «C’est Sandy!» Nicole: «Sandy a menti!»

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RUBRIQUES Sachant que des 4 filles une seule a dit la vérité, aide le professeur à retrouver celle qui dit la vérité et celle qui a cassé le moniteur. CORRIGÉ Sandy accuse Nicole qui affirme que Sandy ment et par là même prétend donc que ce n’est pas elle. Obligatoirement, une des deux filles ment et l’autre dit la vérité. Comme dans cette histoire il n’y a qu’une seule fille qui dit la vérité, les deux autres mentent nécessairement. Donc, Jessica est une menteuse et c’est elle qui a cassé le moniteur. Et puisque ce n’est pas Nicole qui a cassé le moniteur, la troisième menteuse est Sandy. Celle qui dit la vérité est bien Nicole. Solutions C’est Nicole qui dit la vérité et c’est Jessica qui a cassé le moniteur. Barème: 4 points Explications: Complètes et satisfaisantes Ebauchées ou partielles Pas d’explications ou incompréhension du problème Réponses: 2 réponses correctes 1 réponse correcte 0 réponse correcte

2 pt 1 pt 0 pt

2 pt 1 pt 0 pt

2. Les chemises de l’archiduchesse L’archiduchesse n’a que trois chemises, une bleue, une rouge et une jaune, qu’elle porte successivement, toujours dans le même ordre (qui n’est pas forcément l’ordre donné ci-dessus). Une des trois est faite d’un tissu plus fragile; l’archiduchesse ne la porte qu’un jour avant de la changer. Les deux autres sont plus résistantes; l’archiduchesse porte chacune d’entre elles deux jours de suite.

Résonances •  Février 2015 Mensuel de l’Ecole valaisanne

On sait que, en cette année 2014, l’archiduchesse portait:

Remarque: Si une seule réponse est justifiée, l'explication vaut au maximum 1 point.

la chemise bleue le 13 janvier la chemise rouge le 30 janvier la chemise jaune le 3 février.

3. Triangles a) Quelle était la couleur de la chemise portée le 1er janvier 2014?

Combien y a-t-il de triangles dans la figure suivante?

b) Quelle sera la couleur de la chemise portée le dernier jour du mois d’août 2014? CORRIGÉ 1. Les chemises se succèdent en séquences régulières tous les 5 jours (deux chemises à 2 jours et une chemise à 1 jour). Donc la chemise bleue portée le 13 janvier reviendra les 18, 23 et 28 janvier, puis le 2 février. 2. Entre le 30 janvier et le 3 février, on aura donc la séquence R -? -? B – J. La seule façon de respecter à la fois l’alternance des couleurs et les exigences relatives aux nombres de jours pour chaque chemise est de compléter la séquence de la façon suivante: R - R - B - B – J. 3. En déplaçant la séquence de 5 jours en 5 jours, on voit que … a. L’année a commencé par la séquence R - B - B - J – R b. Le mois d’août s’est terminé par la séquence J - R - R - B – B Solutions a) Chemise rouge le 1er janvier b) Chemise bleue le 31 août Barème: 4 points Explications: Complètes et satisfaisantes Ebauchées ou partielles Pas d’explications ou incompréhension du problème Réponses: 2 réponses correctes 1 réponse correcte 0 réponse correcte

2 pt 1 pt

CORRIGÉ Nombre de triangles composés d’une partie: 4 Nombre de triangles composés de 2 parties: 6 Nombre de triangles composés de 3 parties: 2 Nombre de triangles composés de 4 parties: 2 Nombre de triangles composés de 6 parties: 1 Solutions Il y a 15 triangles Barème: 4 points Explications: Complètes et satisfaisantes Ebauchées ou partielles Pas d’explications ou incompréhension du problème

2 pt 1 pt 0 pt

Réponses: Réponse correcte: 15 triangles 2 pt Réponse approximative: 14 ou 16 triangles 1 pt Autres réponses 0 pt

0 pt

2 pt 1 pt 0 pt

Autres exemples et solutions en ligne sur www.resonances-vs.ch

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> RENCONTRE

Les ECEC expliqués par Rino Lévesque et Hervé Fournier MOTS-CLÉS : COMMUNAUTÉ • APPROCHE INTÉGRÉE • ÉCOLE Rino Lévesque, créateur de l’Ecole communautaire entrepreneuriale consciente (ECEC) et ancien directeur de l’Ecole Des-Cœurs-Vaillants au Canada, était l’un des invités de la Conférence inaugurale organisée par la SPVal dans le cadre de la Balade des Savoirs (cf. pp. 27-29). Hervé Fournier préside quant à lui l’Organisation internationale des écoles entrepreneuriales conscientes au niveau suisse. L’Ecole Communautaire Entrepreneuriale Consciente (ECEC) se définit comme inclusive, responsable et humaniste. En quoi est-ce révolutionnaire? Rino Lévesque: Quand on dit que c’est une école pour révolutionner les écoles, c’est parce qu’on voit que la société a besoin d’autre chose que l’école actuelle. Au Canada, et probablement ici aussi, les employeurs veulent des jeunes qui ont du jugement, qui sont débrouillards, qui ont l’esprit d’initiative et qui sont créatifs, mais l’école développe-t-elle ces qualités entrepreneuriales? En partie, mais pas tant que ça. En Valais, beaucoup d’écoles mènent des projets de classe ou d’établissement pour développer les compétences des jeunes. Quel intérêt auraient-elles à être «labellisées» ECEC? RL: Dans les écoles, les enseignants dynamiques sont un peu toujours les mêmes. Nous, ce que nous proposons, c’est que l’ensemble de l’école et son environnement partagent une même philosophie. Nous œuvrons

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Rino Lévesque et Hervé Fournier

pour que le lien entre ces univers devienne plus fort. Plus on crée de ponts, plus l’élève découvrira ses talents et plus ces derniers seront utiles à la communauté. Grâce à l’ECEC, les jeunes contribueront à une diversification de l’économie, afin d’éviter la saignée du potentiel humain au profit exclusif des grandes villes. Comment une école devient-elle ECEC? RL: D’abord nous l’aidons à comprendre la philosophie générale de cette approche intégrée, ensuite une équipe de gouvernance est créée à l’intérieur de l’école pour sa mise en place. Notre rôle est d’accompagner ce noyau interne et de fusionner les forces vives autour de l’école. L’élève, grâce à cette démarche complète, va devenir initiateur, gestionnaire, réalisateur… Ces compétences lui seront utiles pour son profil de sortie.

RL: Les bons projets déjà menés ne sont pas écartés, mais nous visons à les cimenter et à les bonifier, un pas à la fois. Les volets Culture, Santé, et Economie évidemment, étant des axes forts de l’ECEC, les écoles valaisannes ne partiraient pas de zéro. Hervé Fournier: L’ECEC est une structure organisatrice, avec 21 composantes architecturales, dans laquelle ces divers partenaires viendraient s’insérer, avec leur activité. L’ECEC est une sorte d’agent de liaison. Quels sont les premiers échos des écoles valaisannes? HF: Le Département de la formation nous a donné le feu vert pour informer les établissements. Nous organisons actuellement des conférences dans quelques écoles. Et si certaines sont intéressées, c’est l’OIECEC suisse qui s’occupera de l’organisation. Propos recueillis par Nadia Revaz

En Valais, nous avons des réseaux Ecole-Santé (réseau valaisan des écoles en santé), Ecole-Culture (étincelles de culture à l’école) et EcoleEconomie bien développés…

www.oiecec.org/fr http://oiececsuisse.blogspot.ch

Résonances •  Février 2015 Mensuel de l’Ecole valaisanne


RUBRIQUES > RAYONNEMENT SCOLAIRE

Ma balade des savoirs au pays de la SPVal Nadia Revaz MOTS-CLÉS : MICRO-ÉVÉNEMENTS • CAFÉS PÉDAGOGIQUES «Il n’y a rien de plus mortel à l’école que le point d’interrogation. […] On vous pose des questions et vous devez y répondre. Et on vous apprend quand à vous poser la bonne question?» Daniel Picouly lors de la Conférence d’ouverture de la BdS du 16 janvier 2015

gions de la Suisse, voire du monde. Un grand bravo à l’équipe organisatrice, Didier Jacquier en tête, aux enseignants et aux élèves qui ont fait œuvre de magicien. Incapable de vous retracer la Balade des Savoirs dans toute sa diversité, je vous livre des fragments de ma BdS, car autrement il y aurait trop de matière pour un seul article. J’avais envie de laisser la trace, sous forme de touches désorganisées, de quelques-unes des propositions faites dans le cadre cafés pédagogiques, en rappelant à celles et ceux qui n’auraient pas pu faire le déplacement ou n’auraient pas suivi les trois cafés qu’ils peuvent les retrouver en ligne sur www.spval.ch.

Animation: Vincent Fragnière, rédacteur en chef du Nouvelliste En vrac quelques propositions concrètes pour améliorer l’école obligatoire, dans l’ordre des prises de parole: Florence Couchepin Raggenbass: maîtriser le nombre d’élèves par classe laisser la liberté pédagogique, non seulement aux établissements mais aussi aux enseignants apprendre aussi des savoir-faire et des compétences, via l’enseignement par projets

Que de sujets évoqués lors de la Balade des Savoirs (BdS pour les intimes). Les cafés pédagogiques étaient de bonne facture. J’avoue Philippe Nantermod: revoir le programme d’histoire une petite préférence pour celui avec donner les outils nécessaires pour les enfants, mais celui avec les professionnels de l’enseignement était utiliser internet et les nouvelles er tout aussi riche, tout comme celui technologies afin de distinguer le 1 café pédagogique crédible de l’arbitraire avec les politiques, ce qui n’était pas Quelle formation pour demain? introduire l’horaire continu et les gagné d’avance, car j’avais peur d’un Une école à... venir! débat superficiel, mais non! Les invicantines scolaires dans toutes les communes tés avaient vraiment bien été choiVues du monde politique avec: Florence Couchepin Raggenbass, sis, car tous avaient quelque chose d’intéressant à dire. Les micro-évéOskar Freysinger, Alexandre Moulin, Alexandre Moulin: implémenter internet dans les nements (enfin ceux que j’ai vus, car Philippe Nantermod, Mathias je n’ai pas réussi à tout découvrir) Reynard salles de classe, en allant vers un étaient de grande qualité enseignant-guide et montraient bien la diapprendre l’anglais de versité des projets menés manière plus pragmadans les classes valaisannes. tique A noter que les commermettre en place l’horaire çants qui ont accueilli les continu, en proposant micro-événements dans une école de vie l’aprèsleurs locaux étaient très midi (activités sportives, artistiques ou autres) sympas, ce qui a constitué un atout supplémentaire. Mathias Reynard: Je reste persuadée (et je l’étais déjà depuis plusieurs renforcer l’égalité des mois) que le concept de la chances, via des strucBdS se retrouvera un jour tures adaptées à l’école L’expo-mobile Olsommer, ici au Manoir de Martigny, mais pourquoi pas dans votre classe? et hors de l’école décliné dans d’autres ré-

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favoriser l’école du plurilinguisme, en misant sur la communication et en maintenant l’enseignement précoce des langues et les échanges linguistiques former de futurs citoyens (civisme, citoyenneté, actualité) Oskar Freysinger: maîtriser de manière poussée l’instrument de communication premier via la lecture revenir à l’apprentissage de petites formes poétiques (savoir au terme de la scolarité quelques poèmes par cœur pour enrichir l’esprit et l’âme) créer de plus grandes synergies avec la nature, en sortant de temps en temps l’école de ses murs Vincent Fragnière a posé la question de ce qui pouvait être enlevé de la grille horaire. Tous ont répondu qu’il ne fallait pas forcément supprimer des cours, mais plutôt enseigner autrement, en favorisant la transversalité et en supprimant certaines rigidités du découpage horaire. Oskar Freysinger, en charge du Département de la formation, pense qu’il serait possible de supprimer l’heure sur les cultures religieuses pour la remplacer par un cours sur les valeurs fondamentales qui ont créé notre civilisation et l’intégrer dans le cours d’histoire, afin que les élèves aient «un instrument de résistance à la manipulation du monde moderne». Florence Couchepin Raggenbass et Mathias Reynard estiment que le programme SHS est déjà des plus chargés, incluant l’histoire, la géographie et la citoyenneté. Bref, ce débat invite à d’autres débats.

2e café pédagogique Lire, écrire, compter et quoi d’autre? Former, l’affaire de tous! Vues des professionnels de l’enseignement avec: Marc-André Berclaz, Geneviève Constantin, Olivier Maradan, Philippe Theytaz, Pierre Vianin Animation: Fabrice Germanier, rédacteur en chef de RhôneFM

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Chacun a livré son rêve pour l’école de demain avec une phraseslogan: Geneviève Constantin: une école ouverte et généreuse Philippe Theytaz: une école de la formation et de l’orientation et non de la sélection Marc-André Berclaz: une école du savoir et du savoir être, c’est-à-dire une école qui donne des compétences et qui transmet des valeurs internationales Pierre Vianin: une école qui renonce au redoublement, comme au Moyen Age on a abandonné la saignée Olivier Maradan: une école qui amènerait chaque élève à un diplôme du secondaire II Dans ce débat mettant en avant les belles forces de l’Ecole valaisanne, de nombreuses thématiques ont été abordées (intégration, différenciation, coopération, développement global de l’élève pour qu’il soit bien dans ses baskets, rôle des parents, place de l’économie…). Les carcans de la grille horaire et de la forme scolaire ont été mentionnés à plusieurs reprises.

3e café pédagogique L’école idéale, parole aux enfants Avec: Ethan, Flavie, Jessica, Kalye et Mariana Animation: Frédéric Filippin, rédacteur en chef de Canal9 Quelques-uns des constats suite aux interactions avec les élèves: rendre l’enseignement de l’allemand plus attractif, les enfants soulignant leur préférence pour l’anglais alléger le programme, pour moins saucissonner les cours et terminer une activité avant de passer à une autre

avoir des enseignants parfois un peu plus sévères, avec un même règlement pour tous prévoir un meilleur accueil des élèves étrangers J’avais aussi envie de mentionner deux micro-événements, le premier pour l’anecdote et le deuxième pour une halte dans vos classes… Ma balade a commencé par une halte au centre commercial et là j’ai été alpaguée par un élève qui m’a vue un appareil photo à la main. J’ai donc fait une photo, mais je me suis trouvée dans les filets du stand pour l’apprentissage de l’allemand utilisant les propositions d’activités du moyen d’enseignement «Der Grüne Max». L’un des élèves me demande de regarder attentivement les panneaux pour pouvoir acheter un chocolat en allemand. Exceptionnellement je m’exécute docilement. Je pense avoir réussi le test. Que nenni! L’élève, dans la peau de l’enseignant, veut s’assurer que j’ai bien découpé mon message, donc je dois répéter. Ouf, j’ai réussi l’épreuve. L’élève me suit pour être sûr que j’achète mon chocolat en respectant les consignes. Un bel exemple de différenciation ;-) Je ne connaissais pas l’expo-mobile pour les écoles du Musée CharlesClos Olsommer à Veyras (www. musee-olsommer.ch) et là c’est Anne-Françoise von Roten, enseignante, qui m’a vanté, avec conviction, cette animation itinérante, l’ayant expérimentée avec sa classe: «C’est une proposition riche qui mériterait d’être connue au-delà du Valais central.» Voilà, j’ai épuisé le nombre de caractères à disposition, aussi je vous suggère de voir ou revoir certains temps forts de cette première édition de la BdS, dont la conférence inaugurale, animée par Jean-François Lovey, avec Rino Lévesque, Daniel Picouly et Stéphane Hoeben. Vivement l’édition suivante…

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RUBRIQUES

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> RÉSEAU DE LA FORMATION

Zoe Moody, entre sciences de l’éducation et droits de l’enfant en droits de l’enfant à l’Institut universitaire Kurt Bösch de Sion, en collaboration avec l’Université de Fribourg. Cette visée incluant des aspects psychologiques et juZoe Moody est professeure à ridiques correspondait parla Haute Ecole pédagogique faitement à son besoin de du Valais et collaboratrice comprendre certaines proscientifique au Centre interfacultaire des droits de l’enblématiques sociales, en tefant à l’IUKB de Sion. Elle est nant compte des différentes actuellement impliquée dans articulations. «J’ai l’impresune recherche sur «le chemin sion d’avoir toujours navide l’école», faisant suite dans gué avec mes questionneune certaine mesure à celle ments dans les zones de qui portait sur le harcèlement tension entre les systèmes entre pairs (cf. Résonances, ocnormatifs et les dimensions tobre 2012). La curiosité de Zoe liées à la créativité, à l’aula HEP-VS croisement de au , tonomie et à la liberté de Moody s’est toujours située à dy oo M Zoe et de l’IUKB. l’interface des sciences de l’édul’enfant», commente Zoe Moody. cation et des droits de l’enfant. Afin de creuser plus finement ces questionnements, elle a obtenu il y a Toujours, cela peut sembler un terme gnement était une façon d’éviter peu un doctorat en sciences de l’éduinapproprié, au vu de son jeune âge. l’enfermement disciplinaire, elle a cation délivré par la FPSE de l’UniPourtant, son curriculum vitae est d’abord obtenu en 2008 un bacheversité de Genève, intitulé «L’enfant déjà conséquent, ce qui démontre lor à la HEP-BEJUNE. Lors de la rédacsujet de droits: processus transnatiosa motivation et ses talents. tion de son mémoire, elle a constaté nal de genèse, d’institutionnalisation que la recherche pouvait être son et de diffusion des droits de l’enfant moteur pour apprendre encore et Appréciant l’ensemble des matières (1924 - 1989)». Pour l’avenir, elle esscolaires et ayant de grandes faciliencore. Comme l’offre de l’Université père pouvoir poursuivre l’approfontés pour les langues (son père est ande Genève susceptible de l’intéresser dissement de ces liens entre le champ glais), Zoe Moody a toutefois assez lui semblait trop centrée sur l’école vite imaginé son avenir professionet qu’elle avait besoin d’un horizon des sciences de l’éducation et celui des droits de l’enfant, sous l’angle nel dans le domaine des sciences huplus large, elle a découvert qu’en de l’interdisciplinarité. maines et sociales. Avec une maman Valais il y avait la possibilité d’efenseignante et sachant que l’enseifectuer un master interdisciplinaire Professionnellement, Zoe Moody a notamment été collaboratrice scienQuelques sites pour en savoir plus tifique, assistante de recherche dans le cadre d’un projet FNS (Fonds na Institut universitaire Kurt Bösch www.iukb.ch tional suisse) et coordinatrice de for Institut des droits de l’enfant www.childsrights.org mation. Et elle a aussi représenté, HEP-VS www.hepvs.ch avec engagemement et efficacité, Apprendre à connaître les droits de l’enfant – neuf modules d’enseignela HEP-VS au sein du Conseil de ment pour les classes du primaire publiées par le Conseil de l’Europe rédaction de Résonances pendant http://goo.gl/sxn3XX quelques années.

MOTS-CLÉS : DROITS DE L’ENFANT • SCIENCES DE L’ÉDUCATION

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RUBRIQUES Zoe Moody, votre questionnement sur les zones de tension met en évidence les liens entre droits et devoirs des enfants. N’avez-vous pas l’impression que la mise en avant des droits a parfois été excessive, allant jusqu’à occulter les devoirs? Je pense en effet qu’il y a souvent une incompréhension de la notion de droits de l’enfant, d’abord parce qu’en français le mot «droits» n’englobe pas toutes les subtilités présentes dans les versions anglaise ou allemande. Cette impression est aussi probablement due au fait que les défenseurs de la cause de l’enfance, par souci de rendre efficace leur message, ont parfois omis de rappeler certaines dimensions propres à la démarche éducative. Evidemment avoir des droits ne signifie pas avoir tous les droits, car ces derniers se définissent via leur dimension relationnelle et sont socio-historiquement situés dans un contexte donné. C’est pourquoi paradoxalement l’enfantroi est privé de certains droits. La liberté a besoin de contraintes, la créativité de connaissances, etc. C'est en partie pour rappeler ces tensions que le rapprochement entre droits de l’enfant et sciences de l’éducation me semble fondamental. Certaines écoles intègrent les droits de l’enfant, d’autres pas. Quelle place faut-il selon vous leur accorder? Je trouve très heureux que des écoles entreprennent ce type de projets, car la Suisse a ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant et ce faisant, via l’article 42, elle doit la leur faire connaître de manière appropriée. Il y a bien évidemment différentes manières de les aborder. Certains enseignants profitent du matériel pédagogique adapté pour les différents cycles pour apporter des connaissances sur la convention lors de la Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre. Cette approche m’apparaît comme essentielle mais nettement insuffisante pour prendre conscience de la notion de respect. Les projets de classes, et mieux d’établissements,

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autour de la tolérance ou de la coopération, me semblent plus appropriés pour développer une attitude respectueuse de soi et des autres. Ces démarches visant à développer des aptitudes présentent de plus un avantage pédagogique, étant donné qu’un bon climat de la classe, laissant une place à chaque individu tout en portant l’attention sur les interrelations, favorise les apprentissages et le bien-être des élèves, mais aussi des enseignants. Les droits de l’enfant sont une étape vers les droits de l’homme et du citoyen, avec les obligations qui en découlent. L’IUKB propose une formation intitulée «Violence, gestion de classe et droits de l’enfant: stratégies d’intervention» susceptible d’intéresser les enseignants souhaitant mieux s’outiller pour atteindre les objectifs de l’éducation à la citoyenneté. Le Valais a un positionnement unique en matière de droits de l’enfant, avec sur son territoire l’Institut des droits de l’enfant et l’IUKB. Avons-nous suffisamment conscience de ce réseau? Les personnes qui résident en Valais ne voient souvent que de petits instituts, ce qui est le cas en termes de taille, mais leur rayonnement, grâce à des personnalités comme Jean Zermatten et Philip Jaffé, est exceptionnel. Déjà en tant qu’étudiante, j’ai pu percevoir qu’en entrant dans ce cercle, j’avais accès aux professeurs, ce qui n’est pas toujours le cas dans les universités, et via les colloques qui sont organisés régulièrement, à des spécialistes de renom, avec des fonctions au Conseil de l’Europe, à l’ONU ou dans les milieux associatifs. Sion reflète le fonctionnement international du domaine, puisque les personnes du réseau transdisciplinaire des droits de l’enfant sont assez peu nombreuses, avec un ancrage dans le terrain, tout en étant au croisement de la science et de la militance. Etre au cœur d’un réseau international, est-ce que cela a brisé des certitudes?

Centre interfacultaire des droits de l’enfant A partir du 1er janvier 2015, l’Université de Genève a repris la responsabilité – sur le site de Sion – des activités d’enseignement, de recherche et d’expertise assumées par l’Unité d’enseignement et de recherche en Droits de l’enfant ainsi que les activités de la Cellule inter- et transdisciplinarité de l’IUKB.

Oui, on se rend mieux compte des priorités différentes des droits selon les régions du monde. Au-delà des valeurs que je croyais universelles, j’apprends progressivement les nuances, car les résonances sont variables selon les contextes, ce qui n’empêche pas qu’il faille lutter contre certaines pratiques hautement condamnables. Et dans le même temps, ces rencontres me permettent d’avoir la sensation d’une commune humanité qui nous unit tous, malgré nos différences. Dans votre activité à la HEP, pouvezvous profiter de ce réseau? Absolument et j’apprécie de pouvoir jouer ce rôle de pont entre deux instituts du tertiaire, via une thématique commune. Je dispense aussi des formations sur les droits de l’enfant qui sont organisées pour les étudiants de la HEP et de l’IUKB et certaines recherches se situent au croisement des deux instituts. Je représente la HEP-VS dans le cadre du projet recherche sur l’enfant en Valais de 1815 à 2015 porté par l’IDE, en collaboration avec l’IUKB, et retenu comme l’un des «projets étoiles», dont le premier temps fort sera un colloque organisé en mai 2015. Les ancêtres de Résonances, depuis L’Ami des Régens, sont du reste l’une des sources pour percevoir l’image de l’enfant à travers les revues pédagogiques. Propos recueillis par Nadia Revaz

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> DU CÔTÉ DE LA HEP-VS

Mémoire autour de la «normalité adoptive» MOTS-CLÉS : ENFANT ADOPTÉ • ATTACHEMENT Ce mois, nous vous présentons le mémoire de fin d’études de Virginie Meylan sur la thématique de l’image de l’enfant adopté dans le milieu enseignant. Dans son travail théorique rédigé pour la Haute Ecole pédagogique du Valais, elle articule son cadre conceptuel autour de diverses notions, dont la «normalité adoptive», qui se base «sur l’existence de constantes communes chez les enfants adoptés au niveau des caractéristiques développementales ou des enjeux affectifs par exemple.» En contrepoint, Virginie Meylan insiste sur les capacités de résistance et de résilience de nombre d’enfants adoptés, soucieuse d’éviter toute stigmatisation. Ayant interrogé des enseignants, elle a pu mesurer une certaine méconnaissance de leur part par rapport à certaines difficultés susceptibles d’être liées à l’adoption.

Virginie Meylan, actuellement remplaçante dans différentes écoles, tout comme Doris Buchard, enseignante en 1-2P à Saillon, animatrice en éducation nutritionnelle à la HEPVS et experte externe pour la défense de ce mémoire, ont accepté de répondre à nos questions.

Doris Buchard, experte externe

Connaissiez-vous les références présentées dans ce mémoire? Et laquelle retenez-vous? Ayant participé à de nombreuses conférences sur l’adoption, j’ai lu la plupart des références citées. Virginie Meylan évoque à plusieurs reprises Johanne Lemieux qui a écrit un ouvrage à propos de la «normalité adoptive», dont la lecture peut s’avérer précieuse tant pour les parents que pour les enseignants.

Qu’avez-vous pensé de la thématique choisie par Virginie Meylan? Recommanderiez-vous Cela a immédiatement la lecture de ce mémoire fait écho à ma vie à vos collègues enseiprofessionnelle, mais gnants? d Doris Buchar surtout personnelle, Absolument, car Virginie puisque mes enfants sont adoptés. Et Meylan nous sensibilise à une proen tant qu’enseignante, je pense qu’il blématique méconnue des enseiy a beaucoup de travail à mener pour gnants. Son travail de fin d’études, mieux comprendre certaines diffifacile à lire, permet d’avoir un autre cultés de ces élèves, tout en ne leur regard sur l’enfant adopté. mettant pas une étiquette en permanence qui les excuserait de tout. Plus largement, que vous apporte la lecture des mémoires de la HEP-VS? C’est une formidable occasion d’ouverture sur certains sujets. A chaque fois j’essaie de me mettre à la place de l’étudiant et globalement je suis Pour rappel, la carte blanche est une rubrique libre admirative de la richesse de leur qui vous est ouverte, à vous enseignants de tous les questionnement. Même si je ne suis degrés de la scolarité, pour que vous puissiez vous pas routinière, j’ai parfois besoin exprimer sur un sujet en lien avec l’actualité pédad’être bousculée dans ma pratique gogique, faire une annonce, ouvrir un débat, paret ces lectures m’offrent ce recul néler d’une activité enthousiasmante que vous avez cessaire pour remettre en question menée en classe ou laisser la parole, la plume ou le crayon à vos élèves. A certaines certitudes. vous de modeler la rubrique à votre guise, sous la forme d’un coup de cœur ou d’un coup de gueule, en lien avec l’école. Les seules contraintes sont liées Virginie Meylan, à la longueur des textes envoyés (3 200 caractères espaces compris maximum). auteure du mémoire Si vous souhaitez réserver cet espace pour un prochain numéro, contactez la rédaction (tél. 079 429 07 01, nadia.revaz@admin.vs.ch). Comment avez-vous eu l’idée de traiter de l’adoption pour votre mémoire?

Rubrique carte blanche

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RUBRIQUES

Meylan, V. (2014). Représentations de l’enfant adopté. Quelles influences sur les pratiques enseignantes? Mémoire de fin d’études, Haute Ecole pédagogique du Valais. Ce mémoire a pour objet d’étude les représentations que se font les enseignants à propos des enfants adoptés. Il s’attache également à examiner comment ces représentations influencent la prise en charge de l’élève adopté. Après avoir abordé le thème de l’adoption du point de vue de diverses disciplines, l’auteure développe les concepts en lien avec cette problématique, tels que l’abandon, l’attachement, ainsi que la notion de «normalité adoptive» qui désigne «les défis physiques, affectifs, cognitifs et sociaux qui découlent de conditions de vie particulière de l’enfant avant, pendant et après son adoption» (Lemieux, 2013, p. 40). La scolarité de l’enfant adopté a également été traitée. Suite à des entretiens semi-directifs menés avec cinq enseignants, les résultats obtenus montrent que les représentations de ces derniers varient selon leur conscience de la problématique et leurs expériences vécues. Ils considèrent que les enfants adoptés n’ont pas de besoins particuliers, mais ils relèvent que leur vécu préadoption peut jouer un rôle dans leur développement cognitif et affectif. Les difficultés observées chez des enfants adoptés ne sont en général pas assimilées à l’adoption: les enseignants font référence à d’autres causes. Enfin, il apparaît que les personnes interrogées sont sensibles à l’accompagnement des enfants en difficultés d’apprentissage, qu’ils soient adoptés ou non. Ces résultats mettent notamment en évidence le fait que la notion de «normalité adoptive» n’est pas connue. L’auteure propose ainsi à la fin de son travail quelques pistes qui pourraient être mises en pratique dans les écoles, afin d’améliorer le quotidien des enfants adoptés. Lemieux, J. (2013). La normalité adoptive. Les clés pour accompagner l’enfant adopté. Montréal: Québec Amérique. Lien vers le mémoire sur le site www.hepvs.ch > Recherche > S'initier à la recherche

J’ai tout d’abord un frère qui a été adopté. Ensuite, dans le cadre de mes stages, j’ai croisé des enfants adoptés qui me semblaient avoir des profils similaires à d’autres que je connaissais dans mon cercle familial. Enfin, dès l’entrée à la HEP-VS, j’ai été curieuse de toutes les théories sur le développement cognitif, social et affectif des enfants. Je me disais que la carence affective pouvait avoir une relative influence sur leurs résultats scolaires. Avez-vous hésité dans le choix de votre sujet? Avant de commencer, je me suis plongée dans une recherche bibliographique et j’ai découvert quantité de références récentes, ce qui a contribué à ma détermination. Après cela, j’ai contacté Monsieur Fierz, qui avait déjà suivi

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un mémoire en lien avec ce thème qui le concerne aussi à titre personnel, pour préciser la thématique. Quel auteur recommanderiez-vous à un enseignant qui aurait envie d’en savoir plus? Je conseillerais la lecture du livre de Marie-Josée Lambert, intitulé «L’enfant adopté en difficulté d’apprentissage», qui est ciblé sur les apprentissages scolaires et cognitifs.

lan

Virginie Mey

Estimez-vous important que l’on parle des mémoires d’étudiants aux enseignants? Oui, même s’il est évident qu’aujourd’hui mon approche serait toute différente, étant immergée dans la pratique professionnelle. Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir des

retours d’enseignants à propos de mon mémoire. En effet, j’ai eu l’opportunité de le présenter aux conseillers pédagogiques de l’Office de l’enseignement spécialisé et j’ai pu partager mon expérience avec des enseignants du centre scolaire où enseigne Doris Buchard. Et que restera-t-il de votre mémoire dans votre enseignement? Ce mémoire m’a surtout apporté un autre éclairage sur la théorie de l’attachement, qui ne s’applique pas uniquement à l’adoption. Je suis en éveil par rapport à leurs difficultés spécifiques, distinctes en certains points des enfants immigrés, mais j’essaie surtout d’instaurer un cadre de vie agréable pour l’ensemble des élèves, en organisant la classe afin que chacun se sente en sécurité, ait des repères, etc. Propos recueillis par Nadia Revaz

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> LIVRES

La sélection du mois La fin de l’école Le tournant global et la révolution numérique interrogent la raison d’être d’une école en crise de sens. Ces mutations questionnent autant la production des savoirs pour penser le monde que l’éducation au monde que l’Ecole dispense. La notion même de savoir est remise en cause par la culture numérique.

Et aussi • Tdah à l’école, Isabelle Roskam, Patrick de Mahieu, Laëtitia Yansenne et Sophie Platteuw (texte), Maëlle Granger (illustrations). Tdah à l’école: petite histoire d’une inclusion. Editions du Petit A.N.A.E, 2014. www.anae-revue.com • L’enseignement du français à l’heure du plurilinguisme Sous la direction de Marielle Rispail & Jean-François de Pietro. L’enseignement du français à l’heure du plurilinguisme. Vers une didactique contextualisée. Presses universitaires de Namur, collection Recherches en didactique du français, 2014.

Mieux apprendre La forme scolaire n’a pas toujours existé: elle est une configuration historique particulière. L’Ecole, si elle a un début, peut donc avoir une fin! A l’ère du savoirrelation, faudra-t-il des robots à la place des profs? Le lieu scolaire doit-il disparaître? Et si la fin de l’Ecole était une opportunité pour créer de nouveaux espaces, instaurer de nouvelles relations enseignants / enseignés, réconcilier les partenaires, enseigner autrement et recréer le bonheur d’apprendre, en bref, refonder vraiment notre rapport au savoir? François Durpaire et Béatrice Mabilon-Bonfils. La fin de l’école. L’ère du savoirrelation. Paris: puf, 2014.

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La suggestion du mois de Daphnée Constantin Raposo, enseignante

Ce livre, destiné aux parents, est également fort intéressant pour les enseignants qui sont motivés à utiliser divers outils afin de conduire chaque élève vers la réussite. L’auteur critique le mode d’enseignement frontal traditionnel et propose aux parents d’exploiter les ressources «différentes» de leur enfant souvent peu prises en compte à l’école. Ainsi, il développe la théorie des intelligences multiples, les techniques de concentration, de mémorisation ou de relaxation, l’utilisation de topogrammes, de la musique ou du dessin pour apprendre mieux, sans cris, ni larmes mais avec motivation. Si quelques apports théoriques, quelques moments de réflexion, et des idées développées par de grands pédagogues agrémentent chaque chapitre, cet ouvrage est avant tout un foisonnement d’exercices plaisants, efficaces et faciles à mettre en œuvre. De plus, il est tout à fait en résonances avec la philosophie du PER, donc à lire sans hésiter. Bruno Hourst. J’aide mon enfant à mieux apprendre. Eyrolles pratique, 2014.

Citation extraite de l’ouvrage «L’enseignant doit instaurer des temps de pause: écoute musicale, méditation, et même réhabilitation de temps d’ennui. Le silence est dans ce contexte un temps pédagogique essentiel. L’aptitude au recentrage, à l’écoute de sa propre respiration, permet de gagner en pouvoir d’action.»

Je me demande Le but de ce petit livre n’est pas d’apporter des réponses mais bien de faire réfléchir les plus jeunes et leurs parents sur les grandes questions de l’existence. Un livre qui parle aussi du courage de vivre sa vie et qui laisse de nombreuses interrogations en tête, longtemps après l’avoir refermé. Avec des illustrations poétiques et oniriques. Par l’auteur du célèbre roman philosophique «Le Monde de Sophie».

Jostein Gaarder (textes), Akin Duzakin (illustrations). Je me demande. Genève: La Joie de lire, 2014. Dès 7 ans. Citation extraite de l’ouvrage «Les étoiles et les planètes auraient-elles pu simplement être là sans que personne n’en sache rien?»

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RUBRIQUES > AC&M

De Lens à Savièse, d’une exposition à l’autre MOTS-CLÉS : EXPOSITION • PROJET D’ÉTABLISSEMENT • PER • EXPRESSION • CULTURE • MUSÉE Pour respecter la tradition d’une exposition organisée tous les deux ans par les enseignantes d’AC&M de Savièse, la dernière engagée, AnneLoïse Lattion Degen qui termine sa formation PIRACEF, a embarqué ses collègues et bon nombre de généralistes de l’enseignement du cycle 1 et 2 dans un magnifique projet d’école. De nombreuses classes saviésannes ont donc choisi Lens et son nouveau musée comme but de leur sortie d’automne. La Fondation Arnaud présentait son exposition «Surréalisme et arts primitifs, un air de famille». Bercé d’imagination, d’étrange et de rêve, le surréalisme, mouvement apparu vers 1920, s’est largement inspiré d’art primitif. Les pistes d’exploitation de cette visite furent nombreuses aussi bien en arts visuels qu’en AC&M, elles ont même donné lieu à des travaux interdisciplinaires. Cette fabuleuse source d’inspiration a grandement stimulé l’imagination des enseignants, quant aux choix des techniques proposées, et des enfants qui ont laissé libre cours à leur expression et débordé de créativité. Ainsi, en début décembre à Moréchon, il a fallu toutes les classes et les couloirs de deux bâtiments scolaires pour exposer les surprenantes réalisations des enfants mettant en évidence de manière spectaculaire les nouveaux objectifs visés par les activités créatrices à l’école.

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Bravo et merci aux élèves et enseignants saviésans pour cette belle démonstration. Les parents ont sans doute compris la démarche pédagogique et surtout apprécié les résultats. Reportage vidéo de l’exposition: https://www.youtube.com/ watch?v=_Qorem4vtDI Laurent Emery

Réalisations d’élèves.

AC&M: Axes thématiques «Expression & Culture» Les marchés artisanaux drainent les foules. En déambulant cet hiver dans les nombreux marchés de Noël, j’ai pu observer une évolution qualitative et des tendances similaires à celles que l’on développe aujourd’hui à l’école. L’expression et de la créativité se mettent de plus en plus au service des techniques traditionnelles. L’art et l’artisanat se conjuguent avec finesse. Les fonctions utilitaires des objets se nourrissent d’esthétisme, de design et de nouvelles technologies, elles se marient avec l’art et ses fonctions de signe, expression et message. A l’école, les AC&M s’ouvrent au monde et sortent également dans la cité. Elles vont à la rencontre des artisans locaux et des artistes. Elles parcourent les expositions, ouvrent les portes des musées, visitent le monde au travers de la toile et des nouveaux moyens numériques d’information... Toujours soutenues par la maîtrise des techniques, l’expression et la culture sont désormais les mamelles nourricières des activités créatrices et manuelles à l’école. Merci aux autorités scolaires qui ont compris cela et nous offrent les moyens nécessaires pour atteindre nos objectifs (frais de visite et de déplacement, moyens informatiques,...) Le Service de la culture a créé en 2008 le programme «Etincelles de culture» pour soutenir et promouvoir les projets culturels en lien avec l’école. Il vise quatre objectifs: faire découvrir la richesse de la culture et du patrimoine en Valais, éveiller la curiosité culturelle des élèves, faire vivre aux élèves des moments de partage culturel et favoriser des expériences au contact d’artistes et de spécialistes du patrimoine. www.etincellesdeculture.ch

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> DOC. PÉDAGOGIQUE

DVD-R documentaires: la sélection du mois Les DVD-R sont à disposition des enseignants et des étudiants et sont déposés dans le site de St-Maurice. Par le biais du catalogue online de la Médiathèque Valais (RERO-Valais), ceux-ci peuvent être réservés et retirés dans l’un des 3 autres sites de la Médiathèque Valais moyennant un délai d’au minimum 72 heures (jours ouvrables). Leur emprunt est strictement réservé à des fins pédagogiques, pour une durée de 14 jours, avec possibilité de 5 prolongations tant que le document n’est pas réservé par un autre lecteur.

«Dans la nature, à quoi correspondent un siècle, un an, un jour? Suivons trois témoins de l’histoire du Parc, chacun à son rythme: un vieil et magnifique arole séculaire, une biche et un éphémère. Des dizaines de caméras miniaturisées postées à des emplacements stratégiques ont notamment permis d’enregistrer des scènes totalement inédites. Bouquetins, chamois, gypaètes ou renards, on y voit les animaux sauvages dans leur vie la plus intime.» (RTS)

Les enseignants peuvent exprimer leurs souhaits d’enregistrement pour le jeudi midi précédant la semaine de diffusion de l’émission à l’adresse suivante: documentation. pedagogique@mediatheque.ch

Emission Le doc nature, Diffusé les 30.08, 06,13,20 et 27.09.2014 sur RTS 1, 5 DVD d’environ 50’ Cote 502.2(28) MOND

Les mondes inondés

1: Loango, le joyau de l’Afrique

Ça fourmille au Parc National Emission Passe-moi les jumelles, Diffusé le 19.09.2014 sur RTS 1, 60’ Cote 502.7 (494) CAFO «A Paju bien souvent, on aime attarder notre regard sur les petits miracles de la vie, comme celui de faire du vin à Moutier, ville du Jura bernois plutôt portée sur l’industrie. Le Parc National Suisse est aussi une sorte de miracle: il existe depuis 100 ans et constitue pour bien des scientifiques un laboratoire à ciel ouvert, où visiblement les fourmis sont en nombre.» (RTS)

100 ans du Parc National Emission Le doc nature, Diffusé le 25.09.2014 sur RTS 1, 87’ Cote 502.7(494) CENT

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«A Loango, zone humide protégée, le cycle de l’eau contrôle l’ensemble de la vie animale et végétale. Soumises à ses caprices, les espèces qui peuplent ce parc national doivent s’accoutumer à une vie d’errance. Au cœur de cette mosaïque de milieux naturels, les géants de la terre et de l’océan peuvent se côtoyer.» (RTS) 2: Kinabatangan, l’éden sauvage de Bornéo «Au nord-est de l’île de Bornéo, la réserve de Kinabatangan est un trait d’union entre la terre et la mer. Un écrin sauvage d’une valeur écologique inestimable pour la préservation d’espèces rarissimes. C’est ici que vivent les derniers rhinocéros de forêt, les orangs-outans ou

encore les surprenants éléphants pygmées.» (RTS) 3: Pacaya-Samiria, la jungle des miroirs, Pérou «Aux portes de l’Amazonie se cache un monde incroyable: Pacaya Samiria, la jungle des miroirs, là où l’eau et le ciel se confondent. Alimenté par des dizaines de cours d’eau et par de fortes précipitations, ce sanctuaire est un immense réservoir d’eau douce où cohabitent dauphins roses, loutres géantes, jaguars et singes atèles.» (RTS) 4: Kaziranga, les larmes de l’Himalaya «On les appelle les grandes zones humides de la planète. Ces sanctuaires foisonnent de vie mais représentent aussi pour les différentes espèces un défi permanent, le cycle de l’eau dictant sa loi. Cette série inédite nous entraîne au cœur de paysages grandioses. Cap sur les rives du puissant fleuve Brahmapoutre, au nord-est de l’Inde.» (RTS) 5: Baie de Fundy, les plus hautes marées du monde, Canada «Berceaux d’une incroyable biodiversité, marais, deltas et grandes plaines inondées jouent un rôle vital pour la planète. Dans la baie de Fundy, au Canada, suivre le cycle de l’eau de l’océan jusqu’à l’intérieur des terres est synonyme d’aventures. Faune et flore foisonnantes sont confrontées ici aux plus grandes marées du monde.» (RTS)

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RUBRIQUES > EDUCATION PHYSIQUE

Au service de l’EPS MOTS-CLÉS : AVMEP • DISCIPLINES SPORTIVES L’Association valaisanne des maîtres d’éducation physique (AVMEP) est née en 1975. Elle a comme objectif prioritaire de promouvoir une éducation physique de qualité. Depuis l’introduction du sport à l’école professionnelle, toutes les écoles publiques du canton sont concernées par son action. Elle regroupe des professeurs de sport du secondaire 1 et 2, des animateurs et des généralistes intéressés par l’éducation physique à l’école. Forte de ses 170 membres, l’AVMEP, dans sa quête de qualité, poursuit plusieurs missions.

nous avons pu inaugurer les nouvelles salles de sport des écoles professionnelles de Martigny et Sion, tester la nouvelle piscine couverte de Martigny ou encore visiter le centre de l’Union Cycliste Internationale à Aigle. En outre l’AVMEP met sur pied des conférences données par des personnalités de premier plan, telles qu’Olivier Reinberg, responsable des urgences pédiatriques au CHUV, Georges-André Carrel, charismatique entraîneur de volleyball, ou encore Jean-Pierre Egger, médaillé olympique comme coach de Werner Günthör et Valerie Adams.

Les tournois sportifs

Autre objet de son cahier des charges: l’organisation de tournois La formation continue pour les élèves. Ces rencontres de Elle organise chaque année plufootball, volleyball, basketball ou sieurs formations continues ouvertes unihockey fonctionnent particulièà tous les enseignants, le plus sourement bien au secondaire 2. Elles vent sous le patronage de la HEP. ont par contre de la peine à survivre Quantité de discidans les degrés inférieurs. Un beau chalplines sportives sont « L’Association lenge pour 2015! programmées. Classiques ou récentes, valaisanne des individuelles ou colLes vainqueurs de maîtres d’éducation chaque tournoi oblectives, intérieures ou extérieures, elles tiennent leurs tickets physique (AVMEP) sont présentées sous pour les championa 40 ans. » un angle didactique nats suisses. Chaque et pédagogique par année l’AVMEP encourage financièrement l’envoi les meilleurs spécialistes de Suisse. Pour preuve, la récente formation d’équipes pour défendre les couleurs de danse dirigée par la pétillante du Canton le plus souvent outre Cécile Kramer, qui a connu un vif Sarine. Ce qu’elles font particulièresuccès, particulièrement d’ailleurs ment bien en basketball et un peu moins en unihockey… auprès des enseignants primaires. Ces formations sont l’occasion de visiter les différentes structures sportives de la région. C’est ainsi que

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Les enseignants de tous bords ne sont pas en reste. En principe deux tournois leur sont dédiés à Martigny.

http://avmep.ch

Ils connaissent un franc succès avec une ambiance chaleureuse et festive.

La collaboration avec le DFS Absente de tout organigramme, l’AVMEP est néanmoins considérée comme un partenaire crédible du DFS, à juger par sa présence dans la Commission de branche «Corps et Mouvement» et par le nombre de groupes de travail dont elle a fait partie. A plusieurs reprises notre Association a été sollicitée et consultée par le Service de l’Enseignement. Nous sommes fiers et reconnaissants de cette confiance et espérons qu’elle dure encore une fois 40 ans! Cédric Fauchère, président de l’AVMEP

Calendrier des tournois, des formations continues et autres informations sur http://avmep.ch

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> AUTOUR DE LA LECTURE

Le Roman des Romands à l’ECCG de Monthey MOTS-CLÉS : LITTÉRATURE • CINÉMA • CONCOURS

le rôle du chef de projets, de façon à laisser les jeunes exprimer leur créativité artistique.

Le Roman des Romands (RdR) a fait son cinéma à l’Ecole de commerce et de culture générale de Monthey. Pour lancer leur exposition d’affiches et afin d’évoquer leur découverte d’un pan de la littérature contemporaine via ce concours, quelques élèves des deux classes de 2e année de l’Ecole de culture générale avaient organisé une conférence de presse, en présence du directeur, des enseignants impliqués dans le projet (Emmanuelle Es-Borrat pour le cours de français et Grégoire Vuissoz pour les arts visuels), d’auteures et d’une des membres du comité du RdR. Même si l’exposition est terminée, vous pouvez découvrir les affiches réalisées sous la houlette de Grégoire Vuissoz, sur http://bitly. com/RdR_ECCG_expo_affiches. Ce dernier dit avoir joué uniquement

Les étudiants de l’ECCG de Monthey ont créé 16 affiches, imprimées en grand format, comme si les livres avaient été adaptés au cinéma. Ce projet interdisciplinaire, mixant cours de français pour les plaquettes explicatives accompagnant les affiches et arts visuels, serait susceptible d’inspirer d’autres classes à se lancer dans une telle expérience, à la fois enrichissante et agréable à vivre, de l’avis tant des étudiants que des enseignants. Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance, comme le relève Mathilde, l’une des élèves: «Lorsque Madame Es-Borrat a présenté le projet dans notre classe, nous étions sceptiques. Cela nous paraissait compliqué. Ensuite, plus ça avançait plus on trouvait sympa de sortir du cadre habituel des cours. Et au final l’emballement était général.»

Fiona devant l’affiche à laquelle elle a participé.

Alessandro, Fiona et Mathilde, trois profils de lecteurs.

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Certains élèves retiennent les occasions d’échanges avec les auteurs et d’autres insistent sur l’esprit d’équipe après quatre mois de lectures en partage. Les deux classes ont vécu une aventure littéraire et humaine ou l’inverse selon les sensibilités individuelles.

Des auteurs en classe Au moment où vous lisez ces lignes, le prix du RdR aura été attribué à l’un des auteurs en lice pour l’édition 2014 - 2015 (cf. encadré). Mais l’essentiel de ce projet est ailleurs, comme l’ont souligné les différents intervenants lors de la conférence de presse. Premier élève à s’exprimer, Robin commence par décrire le fonctionnement du RdR. Particularité de cette 6e édition, des classes bilingues de Suisse alémanique et du Tessin se sont jointes au mouvement, ce qui donne à ce prix une stature désormais nationale. Lara évoque

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RUBRIQUES la rencontre de chacune des classes avec deux auteurs, insistant sur la dimension interactive. La convivialité et la gourmandise avaient aussi leur place. Des livres, des rencontres et des gâteaux pourrait-on presque résumer. Avec deux autres élèves délégués, Fiona et Alessandro relatent leur participation à la première journée d’ateliers et de débats à Fribourg (ndlr: une deuxième journée est prévue aux Archives littéraires de Berne pour déterminer le tiercé final). «On a vu que les auteurs sont des êtres humains et qu’ils ne sont pas toujours sérieux», relate Alessandro devant une assemblée hilare. Et il poursuit en racontant des anecdotes: «Philippe Rahmy a écrit un livre très métaphorique qui nécessite de s’accrocher et, pour nous aider à le comprendre, l’auteur en ajoutait d’autres, ce qui nous a montré qu’il était le même dans la vie réelle.» Quant à Amandine, elle mentionne la richesse des débats, tout en relevant la difficulté de faire un choix. «Les livres sont si différents qu’il est difficile de les comparer, dès lors il nous a fallu déterminer des critères pour nous aiguiller», commente-t-elle. Et d’ajouter: «Les débats étaient intéressants, en tout cas pour moi, car ils m’ont permis d’avoir un autre point de vue sur certains livres.» Les classes de Monthey ont prolongé l’aventure du RdR, avec la création d’affiches, en se mettant en scène, comme le souligne Mathilde. Elle précise qu’une fois le croquis réalisé avec un logiciel de retouche d’images, il s’agissait de rédiger le texte de la plaquette. Marianne Dyens est venue parler au nom du comité d’organisation du RdR. Elle explique qu’après avoir expérimenté ce formidable outil pédagogique, elle a eu envie de s’impliquer dans le projet en rejoignant le comité présidé par Fabienne Althaus Humerose. A Monthey, elle a été émerveillée par les affiches exposées, jugeant l’approche innovante pour une compréhension approfondie des livres. Les auteures

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Sélection RdR 2014 - 2015 Sonia Baechler. On dirait toi. Editions Bernard Campiche, 2013 David Bosc. La claire fontaine. Editions Verdier, 2013 Roland Buti. Le milieu de l’horizon. Editions Zoé, 2013* Silvia Härri. Loin de soi. Editions Bernard Campiche, 2013* Michel Layaz. Le tapis de course. Editions Zoé, 2013* Valérie Poirier. Ivre avec les escargots. Editions d’Autre Part, 2013 Philippe Rahmy. Béton armé. Editions La Table ronde, 2013 Anne-Sophie Subilia. Jours d’agrumes. Editions de l’Aire, 2013 Alexandre Voisard. Oiseau de hasard. Editions Bernard Campiche, 2013 * Le tiercé final retenu le 8 janvier dernier.

Sonia Baechler (VS), Silvia Härri (GE) et Anne-Sophie Subilia (VD) ont également apprécié ce prolongement de la lecture par l’image. La «Valaisanne de l’étape» a vécu le RdR comme un précieux cadeau, s’avouant impressionnée par l’imagination des élèves. Patrice Birbaum, directeur de l’ECCG Monthey, a pour sa part exprimé sa fierté de voir le résultat obtenu grâce à l’engagement des enseignants et des élèves dans ce projet ayant bénéficié du soutien des Etincelles de culture à l’école.

Différents profils de lecteurs Lire neuf livres pour participer à un concours, cela aurait pu démotiver certains élèves. Mathilde, Fiona et Alessandro n’ont pas la même passion pour les livres et pourtant… Alessandro, qui n’a pas honte d’avouer qu’il n’aime pas lire, a paradoxalement dévoré, avec plus ou moins de plaisir, toute la sélection. «Pour pouvoir fonctionner comme délégué, il fallait que je sois à la hauteur», confie-t-il. Il a tout particulièrement été touché par l’histoire racontée par Alexandre Voisard. Sa rencontre avec l’auteur fut intense, dixit Emmanuelle Es-Borrat. L’enseignante fait l’analyse suivante de ce qui a incité Alessandro à tout lire: «Dans son cas, c’est l’opération RdR dans son ensemble qui l’a boosté.» Concernant l’affiche à laquelle Alessandro a participé, ce dernier relève qu’une phrase mar-

quante ne se trouvant pas dans le livre, mais prononcée par l’auteur en classe, a été mise en évidence: «Nous n’avons pas de défauts, que des faiblesses.» Fiona, grande lectrice, précise qu’elle a toutefois découvert grâce à ce concours des livres qui n’auraient probablement pas retenu sa curiosité. Quant à Mathilde, lectrice moyenne, elle s’est «contentée» de lire six livres en entier, après les avoir toutefois tous commencés. Tous trois sont d’avis que le rôle de leur enseignante a été déterminant dans leur implication. Et avoir l’occasion de rencontrer des auteurs a constitué une motivation indéniable. Ont-ils modifié leur regard sur la littérature romande contemporaine? S’ils ont pu identifier certains lieux et se sentir proches de certaines tournures de phrase, ils en ont surtout perçu la diversité. Nadia Revaz

Le Roman des Romands Le Roman des Romands est un prix littéraire qui a vu le jour en 2009. Il a pour objectif de promouvoir la littérature contemporaine et de favoriser le lien entre les auteurs et leur public et plus particulièrement le lectorat du secondaire II (général et professionnel). www.romandesromands.ch

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> CARTE BLANCHE

L’expérience de la Semaine de la Paix: un terreau fertile? MOTS-CLÉS : CLIMAT SCOLAIRE • PROGRAMME PEACEMAKER+ L’école primaire de Charrat a vécu du 9 au 12 décembre au rythme de la Semaine de la Paix, quelques jours différents inscrits dans un projet de centre plus vaste démarré à la rentrée 2013, projet qui a pour but l’amélioration du climat scolaire. Construite autour d’activités et des moments de réflexion sur le thème de la paix dans la vie à l’école, cette semaine «hors du temps» a vu la formation de peacemakers, des enfants «promoteurs de paix», initiés à la résolution pacifique des conflits. Ces neuf élèves transmettront ensuite le flambeau à des camarades.

Charrat, école test en Romandie C’est l’association NCBI Romandie 1, active dans la lutte contre la violence

Le directeur, Pierre-André Ramuz, fait témoigner un enfant.

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et les discriminations, qui a posé le cadre de cette semaine. Des journées de formation destinées aux enseignants ont eu lieu à la rentrée et trois enseignantes approfondiront les bases acquises. Car le programme Peacemaker+ ne se concrétise pas sans l’adhésion totale du personnel et de la Direction. Quant aux parents, ils sont également partenaires: une soirée leur a été consacrée et certains, dont les compétences sont liées aux objectifs de la semaine, sont intervenus en classe. Ainsi une maman a animé des séances de relaxation et un papa a initié les enfants au self control. L’école de Charrat est la première en Romandie à intégrer le programme Peacemaker+ de façon complète, sur trois ans. Mais NCBI est aussi intervenue, par exemple en Valais, à l’institut Don Bosco à Sion. Le «+» signifie que l’établissement a choisi

d’approfondir un thème, à savoir la gestion des émotions qui influence réactions et langage dans une situation délicate. Charrat fonctionnera ainsi comme «cobaye», selon Benoît Bailleul, contact pour la section romande.

Interview Paul-Marie Rard, enseignant en 6 – 7 H à Charrat Globalement, quel bilan tirez-vous de l’expérience de la Semaine de la Paix? Un bilan positif à plusieurs égards. D’abord, parce qu’elle a traduit le dynamisme de notre établissement scolaire toujours favorable à de telles

rd, Paul-Marie Ra  7 H 6 – en nt enseigna à Charrat

Les enfants s’entraînent pour le chant d’ensemble de l’amitié dont ils ont composé le dernier couplet.

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RUBRIQUES

Clou de la semaine: un «ENSEMBLE» géant!

initiatives et ensuite parce qu’enfants et parents y ont répondu très favorablement. Il faut aussi saluer le courage des autorités qui ont permis la réalisation de cette semaine pas comme les autres, une sorte de «bulle» hors de la routine scolaire. Temps, lieux, organisation, classes,… La routine a donc été complètement chamboulée? C’est le moins que l’on puisse dire! Les enfants ont travaillé par groupes, grands et petits mélangés. Ils ont peint, bricolé, cuisiné, joué, réfléchi, dialogué, chanté… autour du «vivre harmonieusement ensemble» et les enseignants ont fait preuve d’une belle imagination pour articuler tout ça.

c’est le principe de l’éducation par les pairs qui a fait ses preuves. En mettant en avant des personnalités positives, ce premier groupe est aussi censé motiver un second et ainsi de suite. Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué au cours des diverses activités planifiées? En vrac, un esprit globalement positif chez tous les partenaires, les messages forts des enfants sur les panneaux multicolores, les liens tissés entre petits et grands (qui n’allaient pas de soi au départ), le symbole de l’arbre qui dit: «Tous enracinés dans ce monde mais différents à l’image des couleurs de ces feuilles», la fresque de la paix, le chant d’ensemble de l’amitié, le mot géant «Ensemble» formé dans la cour, le contact chaleureux avec les parents lors de la journée de clôture et enfin, les débriefings le soir avec les collègues qui nous ont liés d’une autre manière.

Quel rôle exact joue alors NCBI? Disons qu’elle donne l’impulsion de départ. Leur présentation était convaincante et une fois lancés, nous ne pouvions plus reculer. Cela a permis de renforcer un esprit ouvert des enseignants à ce type de démarche. « Une fin d’année Une telle expérience comporte aussi forcéLes médiateurs de NCBI différente à ont aussi su rassurer les ment des bémols. Quels parents quant au rôle l’école primaire sont-ils? Malheureusement des peacemakers: ils ne de Charrat. » sont pas des faiseurs de le manque de documiracles; s’ils ne parviennent pas à mentation pédagogique en français ramener le calme, l’adulte reste la et de suggestions tirées des expéréférence. riences précédentes. Nous aurions aussi souhaité plus de présence en A propos des peacemakers justeclasse et pas uniquement dans les ment, pourquoi choisir un groupe grands rassemblements. Je ne suis d’élus? pas convaincu non plus par les jeux C’est la philosophie de NCBI et elle de rôles dans la formation des enseicomprend deux raisons: premiègnants. De toute façon, une séance rement, il faut des enfants motifeedback sera nécessaire et, pour vés par la tâche et deuxièmement, l’heure, le contact est maintenu par

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la venue régulière d’un formateur pour la suite de la formation des peacemakers. Une telle semaine, même encadrée par une association, n’est donc pas une formule clé en main d’un succès assuré? Bien sûr que non, mais cette démarche insuffle un esprit de rapprochement. Ce sont là des prémisses pour trouver une cohésion face à un climat négatif. Durant ces quelques jours a régné un climat de sérénité et, sûrement, de sécurité pour les élèves. De toute manière, il faut faire germer un équilibre dans l’enfant. Le travail majeur se fera par et pour l’enfant. Enfin, j’espère que la démarche essaimera vers d’autres centres scolaires. Quant à nous, nous sommes également ouverts aux expériences faites ailleurs. Anne-Laure Martinetti Duboule

Note Fondée en 1995 sur le modèle américain d’origine, NCBI/Suisse dont le siège est à Thalwil intervient régulièrement dans des écoles de Suisse alémanique. Présente dans six pays, NCBI/ International est née à Washington et a été primée à plusieurs reprises, notamment par le Département de l’Education aux Etats-Unis et par le Nelson Mandela Award.

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Association NCBI / Romandie www.ncbi.ch

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> SECONDAIRE II

Le Forum annuel de la Planta et ses entours Nadia Revaz MOTS-CLÉS : CITOYENNETÉ • CONFÉRENCES • OPTION • TRAVAIL DE MATURITÉ Depuis 1992 1, le Lycée-Collège de la Planta (LCP) à Sion organise le Forum Annuel de la Planta (FAP), qui est une simulation d’une Assemblée générale de l’ONU et dont l’objectif est de confronter des lycéens à des situations politiques, économiques, sociales et éthiques du monde contemporain. Les étudiants bénéficient de documents pour se préparer aux débats et assistent à diverses conférences thématiques propres à chaque édition. Cette année, c’est Didier Burkhalter, alors président de la Confédération et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) tout en étant chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qui a prononcé la conférence inaugurale. Et le 8 décembre dernier, un groupe de collégiens a été invité par le président de la Suisse à se rendre à Berne, accompagné par la Direction et l’organisateur du FAP. Trois étudiants du LCP (Laurène, Leah et Mathias) et Denis Varrin, professeur de géographie et responsable du FAP, ont accepté de livrer leur témoignage sur les entours du Forum.

De l’avant à l’après FAP Ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre le président de la Confédération et que l’on s’entretient avec lui de thématiques natio-

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nales et internationales. Pourtant, en 2013 et en 2014, certains étudiants du LCP ont pu dialoguer avec Didier Burkalter à plusieurs reprises. Pour commencer, un groupe a été accueilli au Conseil fédéral en juin 2013, par l’entremise de l’ambassadeur Georges Martin, secrétaire d’Etat adjoint et président du jury du FAP. Au début du mois d’octobre 2014, Didier Burkhalter a accepté d’ouvrir le programme des conférences du FAP en s’adressant à tous les étudiants des dernières années du collège. Pour prolonger la conférence, il avait émis le souhait de pouvoir échanger avec les jeunes dans des cercles plus restreints. Cela s’est donc déroulé autour d’un café ou d’une brisolée. Certains étudiants l’ont côtoyé une nouvelle fois à Berne lors de la conférence annuelle de la Division Sécurité humaine du DFAE. Ainsi que le souligne Denis Varrin, «plusieurs étudiants préparant leurs travaux de maturité ont eu à cette occasion la chance de pouvoir s’entretenir avec des personnalités qui leur auraient été inaccessibles.» Au terme de son année de présidence, rythmée par les thèmes de la jeunesse, du travail et de l’ouverture, Didier Burkhalter a invité des représentants de la jeunesse, dont un groupe du LCP, à une réception de fin d’année organisée au Kursaal à Berne. Les jeunes ont de plus été reçus au Palais fédéral par des diplomates. Nos trois étudiants ont apprécié le privilège, estimant que trop souvent la jeunesse est à tort dénigrée. Denis Varrin a pour sa part été touché par la simplicité et la sincérité de l’accueil de Didier Burkhalter.

Laurène, Leah et Mathias, étudiants au LCP.

Didier Burkhalter et sa femme, en compagnie notamment de Leah et Mathias.

Le programme des conférences du FAP ne se limite évidemment pas à la parole gouvernementale. Plusieurs conférenciers (ambassadeur, économiste…) ont évoqué devant les étudiants l’une des deux thématiques de la XXIIIe édition du FAP (intégralité territoriale et droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ou inégalité mondiale des revenus). De janvier à mars 2015, plusieurs autres rencontres sont programmées, avant le Forum proprement dit qui aura lieu fin avril.

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RUBRIQUES Trois façons de vivre le FAP Pour chaque étudiant, le FAP apporte quelque chose de différent. Mathias y a participé l’an dernier en représentant la Bolivie avec un droit de parole en lien avec les matières premières. Il a décidé d’en faire son travail de maturité tout en croisant les regards nationaux et internationaux sur cette problématique qu’il a ciblée sur la Zambie et la République démocratique du Congo. Il a postulé pour faire partie du comité de l’Association des Etudiants du Forum annuel de la Planta (AEFAP) et en être le webmaster. Pour Mathias, le FAP, «permet de relier des connaissances globales, tout en mesurant la complexité du système dont on n’a pas conscience sans la dimension concrète.» Et il ajoute: «Nous offrir de pouvoir discuter avec des personnalités, dont le président de la Confédération, ne peut qu’enrichir nos points de vue d’étudiants».

gie de guerre dans une région à l’est de la République démocratique du Congo. «C’est formidable de pouvoir côtoyer des professionnels actifs dans la défense de causes réelles. Dans le cas de la thématique que j’avais choisie, il aurait été difficile que je puisse m’adresser à des personnes connaissant aussi bien le sujet, sans ce réseau du FAP», commente Laurène. Denis Varrin insiste sur le fait que les conférenciers ont des réseaux que les professeurs n’ont pas, ce qui facilite ces mises en relation. Et l’enseignant de donner un exemple illustrant ce riche réseau: «Tous les étudiants qui l’année passée avaient choisi de traiter une problématique liée au FAP ont pu bénéficier des conseils de Daniel Warner, l’un de nos conférenciers réguliers.»

Le FAP remplit différentes fonctions. Pour certains, il permet de préciser un choix d’orientation professionnelle, tout en faisant découvrir la multiplicité des chemins susLeah s’exprimait au nom de Cuba ceptibles de mener à la diplomatie. dans le cadre du dernier FAP et elle Pour tous, c’est une opportunité de fait aussi partie du comité de l’AEcasser certaines idées reçues. Si leur FAP. «Comme tous les étudiants de l’option complémentaire philo-FAP perception des diplomates a évolué, auront un droit de parole dans le en est-il de même pour les politicadre du prochain Forum, c’est vraiciens? Oups, nos étudiants, soudaiment une chance incroyable de pounement moins loquaces, bloquent voir rencontrer des “vrais” diplosur la question. Ils finissent par prémates capables de nous expliquer ciser qu’il faut distinguer politique et très concrètement leur rôle», obpolitique politicienne, insistant sur le serve l’étudiante. Elle précise que les fait qu’ils n’ont guère d’estime pour conférences et invitacette dernière. «Les tions lui permettent politiciens sont sur le « Le FAP propose surtout de satisfaire devant de la scène, sa curiosité dans le un riche programme mais ce sont les diplodomaine de la géomates qui font le trade conférences. » politique. vail», résume Leah. Laurène a surtout été surprise de découvrir les multiples Quant à Laurène, elle a également participé au FAP 2014 sous les coufacettes du métier de diplomates. leurs des Etats-Unis, cependant elle Denis Varrin rappelle alors que les ne fait pas partie du comité. Lors de diplomates leur ont dit faire quola conférence annuelle du DFAE, elle tidiennement de la politique, à la a eu l’opportunité de questionner frontière entre les problématiques l’avocate Nathalie Mbafumoy, ce nationales et internationales. Et qui a largement contribué à étofMathias d’avoir le mot de conclusion: fer son travail de maturité portant «Ces multiples rencontres nous ont sur le viol de masse comme stratépermis de découvrir les différents

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paliers de la politique, au niveau de la Suisse et du monde.» Assurément, le FAP est avant tout ouverture et éducation à la citoyenneté. Note Trois recteurs (Roger Sauthier, Marius Dumoulin et Francis Rossier) et deux enseignants-coordinateurs successifs (Maurice Farquet et Denis Varrin) ont porté cet ambitieux projet.

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Forum annuel de la Planta www.lcplanta.ch > Projets > FAP Association FAP http://aefap.lcplanta.ch/fap

EN RACCOURCI Recherches sur l’éducation

Des sciences comme les autres? Le Dossier de veille de l’IFÉ n°97 de décembre 2014 propose une revue de littérature de textes récents sur la production et la valorisation des savoirs scientifiques sur l’éducation: «Définir une recherche scientifique de qualité en éducation, soulève de nombreux débats un peu partout dans le monde occidental. Las du manque de crédibilité d’une science trop confuse, les décideurs souhaitent pouvoir s’appuyer sur des réponses fiables issues de la recherche en éducation. Pour cela, deux questions fondamentales sont soulevées: quels sont les principes d’une recherche en éducation de qualité? Comment le savoir et les connaissances issus de ces recherches se thésaurisentils? C'est sur cette question de cumulativité des résultats que les recherches en éducation peuvent paraître faibles.» http://eduveille.hypotheses.org

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> REVUE DE PRESSE

D’un numéro à l’autre Enseignement en Suisse

D’abord l’écriture à la main Si la Finlande mise sur le clavier pour apprendre à former des mots, la Suisse, elle, croit aux vertus de la bonne vieille méthode. Elle aide à mieux mémoriser l’orthographe et à mieux lire. Ecrire et pointer sur un clavier n’impliquent pas du tout les mêmes zones neuronales. Le geste de tracer une lettre est extrêmement complexe. L’heure n’est cependant plus à la belle calligraphie d’antan. 24Heures (4.12.2014)

Grec et latin

Les langues mortes ressuscitent Le grec et le latin sont de nouveau vivaces à l’école obligatoire. Dans le canton de Vaud, ils sont 646 cette année à avoir choisi le grec. Quant à l’étude du latin, elle suit une courbe ascendante depuis cinq ans. Si aucune étude comparative n’a été faite sur la durée dans le canton de Vaud, tous les professionnels soulignent la vivacité de ces disciplines. En Valais également, grec et latin se portent bien. Le Matin Dimanche (7.12.2014)

système éducatif: un accès inégal à l’éducation et le nombre élevé d’abandons en cours de scolarité. «L’éducation est un droit fondamental», a expliqué Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), dont l’organisation vient juste d’organiser, en partenariat avec d’autres, une conférence internationale destinée à trouver des solutions à ce problème. Près de trente mille élèves marocains quittent en effet chaque année les écoles primaires et secondaires. AllAfrica (12.12.2014)

Histoire suisse

Cette mal-aimée Une pétition intitulée: «Pour un enseignement de l’histoire suisse et genevoise» a été déposée à la Chancellerie genevoise. Elle est le reflet d’un malaise. Pour les 2300 signataires, l’enseignement de l’histoire suisse comporte des lacunes. Selon eux, pour être préparés à l’exercice de leurs droits et devoirs de citoyens, tous les élèves doivent «bénéficier au cours de leur formation obligatoire d’un enseignement chronologique et factuel de l’histoire suisse et genevoise». Le Temps (8.12.2014)

Inégalité en France

L’écart se creuse entre les enfants d’ouvriers et ceux de cadres Aujourd’hui en France, un enfant d’ouvrier non qualifié a deux fois moins de chances de décrocher le bac qu’un enfant de cadre. En revanche, il a nettement plus de chances d’atterrir dans la voie professionnelle, souvent dans une spécialité qu’il n’a pas choisie, mais où il reste de la place. L’enfant de cadre, lui, va a priori tout droit vers le bac général, de préférence la série scientifique considérée comme la voie royale. L’école française ne se contente pas de reproduire les inégalités sociales. Elle les amplifie et le phénomène a même tendance à s’aggraver. Libération Société (29.12.2014)

Connaissances Maroc

L’abandon scolaire inquiète Le Maroc est déterminé à régler les deux problèmes majeurs que connaît son

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Mesures clefs pour faire avancer l’école Avec une école française qui se montre de plus en plus inégalitaire, selon les dernières enquêtes PISA, AlterEcoPlus est allé à la rencontre de Philippe Watrelot, président du CRAP-Cahiers Pédagogiques dans le cadre d’une série d’articles intitulée «Des idées pour sortir de la crise». Pour l’éducation, Philippe Watrelot était donc chargé de proposer trois grandes

idées pour changer la donne. Première piste ouverte, en finir «avec le saupoudrage» et orienter «l’attribution [des moyens] en fonction des critères sociaux.» Au niveau pédagogique, Philippe Watrelot propose de mettre l’accent sur la formation, mais dans une perspective bien précise: «Il faut inscrire la lutte contre les inégalités comme point central et incontournable de la formation initiale et continue ainsi que dans le référentiel des enseignants et l’évaluation des équipes.» Enfin, pour mieux faire face à la réalité du terrain, il suggère de «donner une réelle autonomie aux établissements sur les moyens à mettre en œuvre tout en étant très ferme sur les objectifs à atteindre à l’inverse du système centralisé actuel où l’on est rigide et bureaucratique sur les procédures.» AlterEcoPlus (1.01.2015)

Cours en ligne

Profs superstars millionnaires et célèbres Cha Kil-yong est un prof de maths un peu particulier: il filme ses cours en ligne dans un studio d’enregistrement à Gangnam, le quartier chic de Séoul rendu célèbre par le tube Gangnam Style. Il a aussi chanté un duo sur les tests d’entrée à l’université avec Clara, une star de la pop sud-coréenne, et en une année,

Résonances •  Février 2015 Mensuel de l’Ecole valaisanne


RUBRIQUES il gagne environ 8 millions de dollars. Sur le site de la prépa de Cha Kil-yong, environ 300 000 élèves suivent ses cours de maths pour juste 32 euros les 20 heures. Le professeur star leur donne des petits trucs et astuces pour réussir le test, et il attire leur attention grâce à un style très animé: il lui arrive de se déguiser en Batman, en hippopotame ou encore de porter une veste en paillettes dorées. Slate.fr (2.01.2015)

Education nationale française

Campagne pour recruter des profs Le Gouvernement français lance une campagne télé et web pour inciter les étudiants à envisager le métier de professeur, alors que 60 000 créations de postes sont programmées sur le quinquennat. Il renvoie également vers un site internet «lecolechangeavecvous.fr» sur lequel les personnes intéressées par le métier d’enseignant peuvent se renseigner et se tenir informées des dates de concours. 20minutes (7.01.2015)

Outils pédagogiques

Liberté de conscience, liberté d’expression L’attentat meurtrier perpétré le mercredi 7 janvier au siège de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a porté atteinte aux valeurs qui fondent la République française et l’école. Pour répondre aux besoins qui pourraient s’exprimer au sein des écoles et des établissements, un ensemble de ressources est d’ores et déjà à disposition des équipes pédagogiques

Résonances •  Février 2015 Mensuel de l’Ecole valaisanne

et éducatives. Apprendre aux élèves à mesurer la portée de la liberté d’expression et d’opinion passe notamment par la prise de conscience de la portée de leurs paroles et la confrontation de leur jugement à celui d’autrui. Les usages d’Internet peuvent être un champ fertile de réflexion sur ce sujet. Eduscol (8.01.2015)

Apprentissage suisse

Cela intéresse la Maison-Blanche C’est son credo, son bébé, son sujet favori: le fameux système dual d’apprentissage, selon lui, la clé de voûte de la réussite économique suisse. Le ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann va aller prêcher la bonne parole à la Maison-Blanche. Le conseiller fédéral a été convié, avec les représentants de huit compagnies helvétiques (dont Kudelski et Nestlé), à une réunion avec Penny Pritzker, secrétaire d’Etat au Commerce, et Thomas Perez, secrétaire d’Etat au Travail. C’est la première fois qu’est organisée à la Maison-Blanche une rencontre de ce niveau. Ils parleront de la formation de main-d’œuvre qualifiée et de l’apprentissage. Outre la Californie, l’apprentissage helvétique s’est déjà exporté dans des Etats comme la Caroline du Nord. 24heures (10.01.2015)

Maturité à Zurich

Filière pour les forts en maths? Lorsque l’on consulte les rapports faisant état des secteurs les plus frappés par une pénurie de travailleurs suisses, celui des MINT (mathématiques, informatiques, sciences naturelles, ingénierie) pointe immuablement en haut de la liste, juste après le domaine hospitalier. Le Département zurichois de la formation a une idée: créer une maturité spécialisée dans les mathématiques et les sciences afin de préparer au mieux les élèves à des études supérieures de type MINT. Il s’agirait d’un cursus d’études secondaires dispensé dans l’un des gymnases du canton. Tribune de Genève (12.01.2015)

Ecole de demain? Pédagogie

Les 10 innovations pédagogiques qui feront (peut-être) 2015 L’Université britannique online The Open University a publié il y a quelques semaines son rapport annuel sur les pédagogies innovantes. 1. L’apprentissage social massif en ligne 2. Le design pédagogique fondé sur l’analyse de données 3. La classe inversée 4. «Amène tes appareils en cours» 5. Apprendre à apprendre 6. L’évaluation dynamique 7. L’apprentissage événementiel 8. Apprendre par la narration 9. Les concepts-clé 10. La construction (bricolage). L’Instit Humeurs (4.01.2015)

Education au Numérique

Grande cause française En France, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a appelé le Gouvernement à faire de l’éducation au numérique la grande cause nationale de 2016, dans un avis adopté à l’unanimité. Le texte préconise de renforcer l’éducation au numérique, en l’intégrant mieux dans les programmes scolaires puis en évaluant «les compétences numériques» des élèves dans le cadre du baccalauréat par exemple. Sur un plan plus large, le Conseil recommande la mise en œuvre d’une «véritable diplomatie du numérique», avec la création d’un cadre de protection des données au niveau international et le renforcement des pouvoirs de régulation comme la Cnil (Commission nationale pour l’informatique et les libertés). Le Figaro.fr (13.01.2015)

Prévention contre les violences à l’école

Attentats à Paris Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, apporte son éclairage sur les récents incidents dans les classes suite aux attentats à Paris. Selon lui, l’une des pistes, c’est la formation des enseignants. «Pour organiser des débats dans les classes, il ne suffit pas de mettre les enfants autour d’une table pour qu’ils s’écoutent les uns les autres ni même pour qu’ils acceptent le débat. Faire communiquer, cela s’apprend! Les Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espe) ont un rôle primordial à jouer. L’augmentation annoncée du budget de la formation continue est un excellent signe.» Libération.fr (15.01.2015)

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> FORMATION PROFESSIONNELLE

Réflexion sur la dyslexie à l’Ecole professionnelle des écueils et défis rencontrés par les jeunes dans la formation professionnelle en Suisse romande. Quelques paroles fortes restent en mémoire, dont le terrifiant «J’avais l’impression d’aller à l’échafaud tous les matins». Les touches d’espoir sont aussi présentes dans le film, notamment lorsqu’un jeune apprenti photographe dit avoir trouvé le métier qui ne demandait «aucune de ses mauvaises qualités».

MOTS-CLÉS : DOCUMENTAIRE • TÉMOIGNAGES • ADSR En organisant, à l’initiative de deux enseignants, une soirée autour de la dyslexie-dysorthographie, l’Ecole professionnelle de Sion ne s’attendait certainement pas à une participation aussi élevée, d’autant qu’il ne s’agissait que d’une invitation. Preuve que la problématique concerne tous les degrés de la scolarité. Le moment fort de cette soirée aura assurément été le témoignage de deux jeunes dyslexiques en apprentissage en Valais qui ont évoqué leur parcours semé d’embûches.

ier, présidente Martine Ross valaisanne de l’Antenne isse n Dyslexie su de l’associatio ). sr D (a romande

ont parlé de la thématique de maEn guise de préambule, René nière très concrète. Martine Rossier, Constantin, directeur de l’Ecole proqui travaille en appui pédagogique avec des élèves dyslexiques, a professionnelle commerciale et artisanale à Sion (EPCAs), a défendu une posé un petit exercice de simulaécole à la fois professionnalisante tion à l’assistance. Après lecture de ce texte difficilement déchiffrable, et humaniste, en allant au-delà des peu d’enseignants ont été capables beaux discours, avec cette soirée. «Le collège de direction veut ofde trouver la réponse à la quesfrir un encadrement mais aussi un tion posée. Par contre, ils ont rescadre de vie de qualité, senti stress et déstabien s’occupant de cer« Le moment fort lisation, en éprouvant tains déficits ou de cerune difficulté à assode cette soirée taines souffrances des cier lecture, compréaura assurément jeunes», a-t-il souligné, hension et mémorisarappelant par ailleurs été le témoignage tion de l’information, que l’année passée l’actellement concentrés de deux jeunes dans l’opération de cent avait été mis sur la dyslexiques. » prévention du suicide. déchiffrage. Martine Rossier, enseignante spécialisée à Sion et présidente de l’Antenne valaisanne de l’association Dyslexie suisse romande (aDsr), ainsi que Marie-France Marchoul, longtemps logopédiste au Service médical scolaire et psychopédagogique de Sion,

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Empreintes de dyslexie Dans un deuxième temps, la présentation de l’épisode 1 de «La vie en dyslexie», film documentaire co-produit par Teenenergy Productions et l’aDsr a permis de prendre conscience

Après le film, les témoignages de Lauryn et Valentin, ne faisant pas partie du casting, mais tous deux apprentis en Valais, ont suscité l’admiration de l’auditoire, en raison de leur aisance à s’exprimer en public, de leur distance critique et de leur humour. Ils ont expliqué en quoi la dyslexie avait d’abord contribué à détruire leur confiance en eux-mêmes. Ce qui est ressorti également, c’est leur détermination pour s’en sortir. Les enseignants ont profité de ces témoins à disposition pour leur poser des questions, de façon à mieux savoir comment ajuster leur pratique. Faut-il évoquer la dyslexie devant les autres élèves? Lauryn répond par l’affirmative, tout en précisant qu’il est essentiel de rappeler que les aménagements ne les avantagent pas par rapport aux autres, car l’étiquette de chouchou est si vite collée dès qu’un enseignant porte une attention particulière à un élève. Valentin raconte combien les aménagements, ne serait-ce que sous la forme d’un petit temps supplémentaire pour terminer un examen, lui ont été bénéfiques. Marie-France Marchoul a, tout comme Martine Rossier, démarré sa

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RUBRIQUES présentation avec une simulation pour se mettre dans la peau d’un dyslexique face à une consigne de mathématique, véritable obstacle pour résoudre le problème. Là encore, la lecture n’est pas fluide. Elle a ensuite évoqué le rôle des logopédistes, en lien avec les enseignants, puisque ce trouble médical, avec des conséquences sur la mémoire et l’attention, nécessite des solutions pédagogiques. La spécialiste a conclu en proposant quelques pistes d’action concrètes, qu’il s’agisse de supprimer un item dans une épreuve, de choisir une police de caractère adaptée, d’améliorer la lisibilité des documents et/ou de privilégier l’utilisation de l’ordinateur.

Interview Lauryn et Valentin, apprentis et dyslexiques Lauryn est en 2e année pour devenir assistante en soins et santé communautaire à Châteauneuf. Valentin, dépisté à seulement 17 ans, après un parcours scolaire chaotique, se forme aujourd’hui dans l'installation sanitaire, à l’Ecole professionnelle de Martigny. Tous deux rencontrent encore des difficultés, mais parviennent à en compenser certaines, par le biais de stratégies. Quel regard portez-vous sur l’école obligatoire et ses enseignants? Lauryn: Je ne peux pas dire que je leur en veux, mais je constate juste qu’ils ont souvent manqué d’intérêt pour m’aider à surmonter mes difficultés. Les enseignants tiennent compte de la dyslexie les premiers jours d’école et ensuite ils oublient. Pas tous, car il y a quand même des professeurs ouverts et conscients qu’on ne demande pas de privilèges. Valentin: Toutes ces années d’école n’ont pas toujours été une partie de plaisir et j’ai vécu parfois des moments très difficiles. Depuis qu’une aide adaptée, accordée par la Com-

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Valentin et Lauryn, deux apprentis venus témoigner de leur dyslexie.

mission des apprentis, a été mise en place, ma vie a changé, tant scolairement que familialement et personnellement. Si j’accepte de témoigner, c’est pour que d’autres n’aient pas le même parcours que celui que j’ai eu, de l’école enfantine jusqu’à la fin du cycle d’orientation. Dans le documentaire, on voit des jeunes qui ont dû parfois modifier leur orientation professionnelle pour trouver des formations accessibles. Vous-même diriez-vous que le métier choisi vous plaît vraiment ou que c’est plus un choix par défaut? Valentin: Je suis passionné de voitures américaines et je me serais bien vu mécanicien, mais c’était trop exigeant. J’ai donc fait des stages dans la cuisine et dans l’installation sanitaire et ce domaine m’a intéressé. J’ai l’énorme chance d’avoir un patron qui ne voulait pas d’apprenti AFP, mais qui m’a gardé après mon échec en 1re année de CFC. Une fois mon attestation en poche, je souhaite poursuivre ma formation pour obtenir un CFC.

Lauryn: A l’origine, mon choix professionnel était de devenir chirurgien. Tous mes enseignants me disaient que ce serait trop difficile pour moi. Du coup, j’ai opté pour une formation délivrant un CFC, mais j’espère pouvoir ensuite grimper, une étape après l’autre. D’un côté je suis motivée à faire des efforts et d’un autre j’ai peur d’être découragée par tous les obstacles à franchir, sachant que je dois étudier dix fois plus que les autres. Les cours vous intéressent-ils plus qu’à l’école obligatoire? Et vous sentez-vous soutenu? Lauryn: Oui, car ce que j’apprends est en lien avec mon domaine d’intérêt. Parfois, à l’école obligatoire, j’étais assise en cours et je me demandais à quoi ce qu’on apprenait allait me servir. En arrivant en école professionnelle, je ne pensais pas qu’on m’accorderait des aménagements, alors qu’au contraire les profs essaient vraiment de m’aider. Valentin: Le fait de retrouver au boulot des notions apprises en cours est motivant. Certains profs sont gentils, mais il y en un a qui peine encore à percevoir où se situent mes difficultés. Et parfois, je surprends la classe parce que je comprends quelque chose que les autres ne captent pas, du fait que la logique des dyslexiques est différente. Propos recueillis par Nadia Revaz

Empreintes de dyslexie En collaboration avec Teenergy Productions, l’aDsr souhaite réaliser une série de 7 reportages audiovisuels pour illustrer les difficultés des «dys» aux 7 périodes de la vie. Dans l’épisode 1, consacré à la formation professionnelle et à l’apprentissage, ils s’appellent Joël, Tiffany, Mélissa et Guillaume, et sont respectivement apprenti de commerce, esthéticienne, assistante socio-éducative et photographe. Leur point commun? Des difficultés dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture malgré une intelligence normale, connues sous le nom de dyslexie. www.adsr.ch

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> CPVAL

Baisse du taux technique: une préoccupation de CPVAL Patrice Vernier MOTS-CLÉS : ANTICIPATION • PRUDENCE La plus grande préoccupation aujourd’hui des responsables de CPVAL? Le bas niveau des taux d’intérêt et, juste derrière, les défis démographiques avec pour corollaire la prochaine baisse du taux technique et la redistribution entre les assurés actifs et les bénéficiaires de rente. Les organes dirigeants de CPVAL discutent depuis plus d’une année déjà de la baisse du taux technique pour l’exercice 2014.

A quoi sert le taux technique? Ce taux permet de calculer d’une part les réserves nécessaires dont CPVAL doit disposer pour le paiement des rentes et d’autre part le

taux de conversion applicable aux assurés actifs lorsqu’ils transforment leur capital accumulé en rentes au moment de la retraite. CPVAL utilise un taux technique de 3,5 % depuis le changement de primauté en 2012. Pour rappel, ce taux était encore de 4,5 % en 2009 et de 4 % depuis la fusion des deux Caisses étatiques en 2010. Aujourd’hui les débats au sujet d’une baisse de ce taux à 3 % sont animés entre les représentants de l’Employeur, qui souhaitent une baisse immédiate de ce taux et les représentants des assurés, critiquant le caractère d’urgence d’une telle décision, mais néanmoins également convaincus d’une baisse prochaine de ce taux. Il faut savoir que les directives des experts actuaires recommandent aux Caisses de pensions suisses de s’ap-

Echanges linguistiques avec le soutien de Pro Patria Deux enseignants des écoles primaires de Salvan (VS) et d’Eglisau (ZH) ont organisé une rencontre particulière: après un échange tout au long de l’année, les élèves se sont retrouvés dans une maison de vacances à Aarburg. Objectif principal: la communication. Pour atteindre cet objectif, la condition lors des journées était: toujours être mélangés! Il y a eu toutes sortes d’ateliers favorisant la communication: films à tourner, réalisation d’un roman-photo avec une histoire à imaginer, tournois sportifs, reportage-photos dans la forêt, «dessiner, c’est gagner», cuisine pour mettre en place un menu Gourmet, jeu de piste… Voilà comment apprendre en s’amusant grâce en partie à l’aide financière de la Fondation Pro Patria qui soutient les échanges linguistiques en Suisse. Le montant des bourses peut s’élever jusqu’à CHF 2’000 par projet. Peuvent bénéficier de cette aide les écoles primaires, secondaires I et II. Inscription sur www.ch-go.ch. Délai: 28 février 2015. Contact: Fondation ch pour la collaboration confédérale Charlotte-Sophie Joye, coordinatrice de projet c.joye@chstiftung.ch ou tél. 032 346 18 32

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procher le plus possible du taux de référence, aujourd’hui fixé à 3 % et d’ici deux ans à 2,75 %. Si la détermination de ce taux était dans le passé définie dans une perspective long terme, l’évolution soutenue de l’espérance de vie ainsi que celle plus inquiétante en termes de rendements des marchés financiers, ont contraint les organes de surveillance des Caisses de pensions à recommander par prudence aux organes dirigeants une gestion des taux techniques davantage orientée sur le moyen terme. En comparaison suisse, la plupart des Caisses de pensions alémaniques se situent entre 2,5 % et 3 %. En Suisse romande, elles se situent entre 2,75 % et 3,5 %. Selon les dernières statistiques de Swisscanto, la moyenne suisse est à 3,16 %.

Que signifie pour les assurés actifs une baisse du taux technique? Une baisse d’un demi-pourcent du taux technique n’est certes pas sans conséquence pour la Caisse et pour ses assurés; en effet, le capital de couverture des bénéficiaires de rentes augmente d’environ 5%, ce qui correspond à un montant d’environ CHF 100 mios et le taux de conversion va diminuer en valeur nominale d’environ 0,35 %, ce qui pour les assurés actifs signifie une baisse des prestations.

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RUBRIQUES Conscient de cette problématique, le Comité a anticipé ces effets en constituant déjà en 2013 une provision pour baisse du taux technique à hauteur de CHF 100 mios pour les pensionnés et une provision pour maintien du taux de conversion à hauteur de CHF 32 mios pour les assurés actifs, de sorte qu’un maintien des taux de conversion actuels permettrait un maintien transitoire des prestations. La durée de ces mesures transitoires dépendra des résultats financiers futurs de la Caisse. L’environnement actuel dans lequel le Comité doit prendre cette décision n’est pas simple. Il n’en demeure pas moins que les dispositions légales et actuarielles aujourd’hui en vigueur montrent clairement la tendance évolutive baissière de ce taux pour ces prochaines années. Le monde institutionnel suisse devra s’y soumettre et une grande majorité d’institutions de prévoyance l’a déjà décidé.

Ce faisant, CPVAL peut garantir à la génération d’entrée touchée par le changement de primauté le maintien des prestations pendant un certain temps, grâce à la provision pour baisse du taux de conversion. Il est évident que les conséquences d’une baisse du taux technique sont synonymes de baisses de prestations projetées pour les assurés actifs. Cette baisse peut être immédiatement répercutée ou être différée, le temps de la durée des mesures transitoires. Que la décision de baisse intervienne en 2014 ou plus tard ne changera pas le risque de diminution des prestations futures.

Une baisse du taux technique immédiate est également très propice à la politique de placement mise en place par la Caisse. Les analyses ont bien montré qu’avec un taux de 3%, des rendements entre 3,7% et 4% étaient suffisants pour maintenir le degré de couverture de la CPVAL a toujours agi Caisse, voire même pour « Le Comité avec bon sens et discilégèrement l’augmende CPVAL pline et la prudence de sa ter. Etre plus prudent en gestion s’est révélée très tranchera tout termes d’attentes de renefficace ces dernières andement permettra d’améprochainement liorer les conditions de nées. Avec un taux techprotection de la Caisse nique à 3 %, des tables avec l’aide actuarielles actualisées d’années boursières d’un arbitre. » lors sur base 2010, une rédifficiles. Si le taux techserve de fluctuations de nique devait être mainvaleurs de CHF 290 mios, une protenu à 3,5 %, le rendement espéré vision pour longévité en ligne avec devrait être d’au moins 4,5 %, ce qui les exigences requises, une provision augmenterait considérablement le pour baisse du taux technique des risque global du portefeuille. pensionnés déjà constituée et une provision pour maintien du taux de Conclusion conversion actuel pour la génération d’entrée constituée à 68 %, CPVAL seLe Comité de CPVAL tranchera tout prochainement avec l’aide d’un arrait idéalement préparée pour faire bitre. Vouloir procéder à fin 2014 à face sereinement à son avenir. une baisse du taux technique est une Ne pas vouloir procéder immédiatedécision d’anticipation de prudence ment à une baisse du taux pourrait compte tenu du risque quasi certain être motivé par des coûts supplémende devoir procéder à une baisse de ce taux dans un laps de temps imtaires pour la Caisse. Or, les mesures minent. Un taux technique plus bas déjà mises en place par CPVAL permettent aujourd’hui de réduire le diminuera les charges actuarielles taux technique de 0,5 % sans impact de la Caisse et renforcera la situafinancier défavorable pour la Caisse. tion financière de CPVAL.

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Echo de la rédactrice Rien n’est jamais acquis Les attentats terroristes de janvier en France nous rappellent combien le rôle de l’école et des enseignants est primordial dans notre société, en mal de repères. Et ce qui se passe chez nos voisins n’est pas sans résonances ici, même si l’école de «chez nous» est plus intégrative. Ces dernières années, d’aucuns ont parfois été naïfs de croire qu’il suffisait de décréter la mixité culturelle pour qu’elle se réalise. Par ailleurs, en période de crise économique, l’insertion se complique et le nier n’est pas sans danger. Tout dialogue avec l’autre, surtout si les différences d’avec soi sont importantes, se construit, au quotidien, sans relâche. Rien, mais absolument rien, n’est jamais acquis. Se comprendre les uns les autres nécessite du temps, du respect et de la curiosité. L’école est le lieu privilégié pour prendre conscience de la richesse de nos dissemblances et de nos ressemblances. C’est aussi là que l’on apprend les rudiments de l’histoire du monde et les bases du décodage des médias qui sont tellement essentiels au développement d’esprits libres et critiques. Le risque serait toutefois de faire ployer l’école sous le poids de trop de responsabilités. Plus que d’être épaulée, elle a besoin de renouer avec une meilleure image. N’oublions pas qu’elle est notre meilleure chance pour enrayer cette violence assassine, en luttant contre les intolérances et l’ignorance. Avec des initiatives comme la Balade des Savoirs qui met l’école au cœur de la cité, l’espoir est permis. Nadia Revaz

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RUBRIQUES > RÉTROVISEUR DE L’ÉCOLE

Première revue pédagogique valaisanne en 1854 qu’il chantera plus tard dans Les Hirondelles. Il y mène une vie de gentilhomme campagnard. Collaborateur à des revues agricoles, il fonde un journal pédagogique L’Ami des Régens, pour les écoles françaises du Valais. Sa Description du canton du Valais à l’usage des écoles primaires lui avait fait mériter le dicastère de l’Instruction publique.

MOTS-CLÉS : AMI DES RÉGENS • CHARLES-LOUIS DE BONS En 2015, Résonances célèbre à sa manière le bicentenaire de l’entrée du Valais dans la Confédération (www.valais.ch/2015), en revenant sur des personnages ou des événements liés à l’Ecole valaisanne. Impossible de commencer cette série, sans évoquer Charles-Louis de Bons, fondateur de L’Ami des Régens, ancêtre de votre mensuel de l’Ecole valaisanne. Nom: de Bons Prénom: Charles-Louis Naissance: 17.7.1809 à Saint-Maurice Décès: 1.9.1879 à Saint-Maurice Fils de: Charles-Joseph et de Catherine Cathany Formation: Collège de Saint-Maurice (1819-1827), école de droit à Sion (1827-1829), brevets d’avocat et de notaire. Fonction: Secrétaire d’Etat de 1838 à 1843. Député libéral à la Diète valaisanne, membre de la Constituante de 1839, député au Grand Conseil de 1847 à 1852. Secrétaire d’Etat (1847-1853). Juge au tribunal d’appel (1848-1849). Conseiller d’Etat, dirige le Département militaire (1853-1869), l’Instruction publique (1853-1861), puis l’Intérieur (1869-1871). Président du tribunal de district de Saint-Maurice (18721877), puis juge instructeur (18771879). Fondateur de L’Almanach du Valais (1842). Premier rédacteur du Courrier du Valais (1849-1850). Vie littéraire: Homme de Lettres, il est connu pour ses romans historiques et ses essais.

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Sources

Charles-Louis de Bons (1809 - 1879)

Société: Charles-Louis de Bons était également membre fondateur de la Société d’Histoire de la Suisse romande. Anecdote: Après une série de succès et de revers, les libéraux ou les partisans du Bas-Valais sont défaits à la bataille du Trient (21 mai 1844) où combat le capitaine Charles-Louis de Bons. Echappé aux balles, il se retire en sa propriété de Sous-Vent

Dictionnaire historique de la Suisse: www.hls-dhs-dss.ch/textes/ f/F4967.php WikiValais: www.wikivalais.ch PDF de L’Ami des Régens (1854 1856) de Résonances: www. resonances-vs.ch Annales valaisannes: MarieGabrielle Dufour consacra à la vie et à l’œuvre de Charles-Louis de Bons, son bisaïeul, le mémoire qu'elle présenta en 1932 en Sorbonne pour l’obtention de son diplôme d’Etudes supérieures. https://doc.rero.ch/record/6962/ files/I-N177-1946-001.pdf

C’était écrit dans l’Ami des Régens en 1854 «Nous ne désespérons pas de voir la position des régens s’améliorer, les communes se convaincre de plus en plus des avantages de l’instruction, et l’Etat lui-même ne pas y regarder de trop près, lorsqu’il s’agit du plus grand des intérêts qui lui sont confiés: le développement intellectuel du peuple, c’est-à-dire du souverain.» Le gérant: Charles-Louis de Bons in L’Ami des Régens, journal pédagogique pour les écoles françaises du Valais, 1er janvier 1854

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i NFOS DFS

L’actualité de la formation en bref Concept cantonal de pédagogie spécialisée

21e siècle en lien avec la formation, la recherche et l’innovation.

Le Conseil d’Etat a adopté le concept cantonal de pédagogie spécialisée. Cet important cadre cantonal définit les principes fondateurs de l’organisation valaisanne des mesures d’enseignement spécialisé, de logopédie, de psychomotricité, de conseil psychologique et d’éducation précoce spécialisée à l’intention des enfants et des jeunes de 0 à 20 ans rencontrant des besoins particuliers dans leur développement. Ce texte se base sur l’accord intercantonal sur la collaboration dans le domaine de la pédagogie spécialisée. Il constituera, pour le Département de la formation et de la sécurité, la «colonne vertébrale» de la mise en place des mesures d’aide particulières à l’intention des enfants et élèves valaisans. Les principes de réponse aux besoins des enfants, de coordination de l’ensemble des mesures, de collaboration avec l’école, de désignation de guichets uniques et d’intervention de proximité ressortent parmi les axes principaux. Bulletin du Conseil d’Etat du mercredi 10 décembre 2014 sur www.vs.ch Article dans une prochaine édition

Notre Canton entend relever ces nouveaux défis et s’appuie sur le SHE dont les missions sont les suivantes:

Le Service de la formation tertiaire est devenu le Service des hautes écoles Depuis le 1er janvier 2015, le Service de la formation tertiaire est devenu le Service des hautes écoles (SHE). Actif dans le domaine de la formation supérieure et de la recherche, les étudiant-e-s, les entreprises et les institutions socio-culturelles et sanitaires bénéficient de ses prestations. Complètement réorganisé, le SHE est prêt à relever les défis du

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soutien à la formation supérieure (y compris à distance) et à la recherche; négociation et suivi de mandats de prestations avec les instituts universitaires et les hautes écoles; subventionnement des étudiants hors canton. Plus particulièrement, le SHE se voit confier de nouvelles tâches: la création du Centre national de compétences en études à distance à Brigue; le développement de synergies entre les institutions de formation et de recherche par le biais de projets communs; l'accompagnement du projet EPFL Valais Wallis et la création d'une antenne des universités de Lausanne et de Genève à Sion; la mise en place de l'inspectorat pour les écoles privées de niveau tertiaire et la surveillance des hautes écoles, écoles supérieures et instituts universitaires; l'élaboration et le suivi des contrats de prestations avec la HES-SO Communiqués IVS sur www.vs.ch

Nouveau statut pour le personnel de la HES-SO Valais/Wallis Le nouveau statut juridique (passage d’un statut d’établissement cantonal à celui d’établissement autonome de droit public) de la Haute Ecole

spécialisée de Suisse occidentale Valais/Wallis (HES-SO Valais/Wallis) est entré en vigueur le 1er janvier 2015. Le Conseil d’Etat a donc fixé les dispositions relatives à son personnel, en collaboration avec les associations de personnel et les services cantonaux concernés. La Direction générale bénéficiera ainsi d’une plus grande autonomie pour réaliser les missions qui lui sont confiées. Communiqués IVS sur www.vs.ch

Prix suisse des écoles: appel à candidatures

Le Prix suisse des écoles 2015 récompense des écoles qui ont relevé des défis pédagogiques et scolaires en faisant preuve d’un engagement hors du commun, qui ont créé des dispositifs efficaces et ont obtenu d’excellents résultats. Les écoles ne sont pas jugées uniquement sur le niveau qu’elles ont atteint, mais leur développement global est aussi pris en considération, de même que le chemin parcouru et les conditions dans lesquelles il l’a été, la façon d’exploiter les opportunités et de gérer les risques, les processus d’apprentissage spécifiques ainsi que les plans de développement résultant d’un travail d’évaluation. Délai de remise des projets au 17 avril 2015. www.prixsuissedesecoles.ch

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«La liber té de pensée est absolue ou elle n'est r ien.» Luc Ferr y

EN RACCOURC I

LES DOSSIERS 2010 / 2011 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Infos 2010 - 2011 Quantité et / ou qualité Sciences, techniques, technologies Eveil / réveil de la curiosité Comprendre le monde environnant Dyslexie, dysorthographie... Les 10 ans de la HEP-VS Réussite scolaire et… norme L’image de l’enseignant

2011 / 2012 Ecoles suisses de l’étranger

Nouvelle loi La nouvelle loi accorde aux écoles suisses à l’étranger une plus grande flexibilité dans leur exploitation et renforce parallèlement la diffusion de la culture et de la formation suisses à l’étranger. De plus, elle crée les bases qui permettent de soutenir la formation professionnelle initiale et la fondation de nouvelles écoles suisses. www.news.admin.ch Portail WEBpalette

Offre de formation continue Le portail WEBpalette présente l’offre en formation continue de prestataires institutionnels de toute la Suisse à l’intention des enseignant-e-s de tous les degrés et de tous les domaines de l’éducation. Les offres de cours sont désormais disponibles via un site web mobile comme Web-App pour smartphone et tablette. www.webpalette.ch/fr Campus Junior

Magazine scientifique romand Campus, le magazine scientifique de l’Université de Genève, lance une version junior, développé en partenariat avec RTS découverte. Le premier numéro invite à une mission archéologique à bord du plus grand bateau solaire du monde, à une rencontre avec quelques toiles du peintre hollandais Vermeer… A télécharger ou à commander gratuitement. www.unige.ch/campusjunior

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N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Eclairage 2011 - 2012 Métier d’élève Les intelligences multiples en classe Le début du cycle 1 L’école entre tradition et modernité Les utopies pédagogiques La robotique en classe Capacités transversales Approche concrète de l’EDD

2012 / 2013 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Eclairage 2012 - 2013 Harcèlement entre pairs Lectures en partage Astuces, ruses, stratégies Outils pour gérer les projets Apprendre... à apprendre Cap de l’école à l’horizon 2020 Du Secondaire I au Secondaire II L’élève au singulier

2013 / 2014 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre N° 5 février N° 6 mars N° 7 avril N° 8 mai N° 9 juin

Triche et plagiat à l’école Le français connecté La mixité à l’école Histoire suisse et patrimoine culturel Prévenir et gérer le stress scolaire Le PER sur le terrain Ecole d'ici et d'ailleurs La fantaisie à l'école Apprendre dans et hors l'école

2014 / 2015 N° 1 septembre N° 2 octobre N° 3 novembre N° 4 décembre

Enseignant: magicien? Complexité vs simplexité Ecole, lieu de vie Du silence à l'attention en classe

Résonances •  Février 2015 Mensuel de l’Ecole valaisanne


IMPRESSUM

Résonances M E N S U E L D E L’ E C O L E V A L A I S A N N E

fait parler de vous ! Pour vos annonces :

Résonances La revue Résonances, qui fait suite à L’Ecole valaisanne parue de 1956 à 1988, à L’Ecole primaire publiée de 1881 à 1956 ainsi qu’à L’Ami des Régens dont le premier numéro date de 1854, est éditée par le Département de la formation et de la sécurité (DFS), via le Service de l’enseignement (SE). Edition, administration, rédaction DFS / SE – Résonances – Place de la Planta 1 Case postale 478 – 1951 Sion – Tél. 027 606 42 18 www.resonances-vs.ch Rédaction Nadia Revaz – nadia.revaz@admin.vs.ch – Tél. 079 429 07 01 Photographe Jacques Dussez

Technopôle – 3960 Sierre kim@schoechli.com Tél. 027 452 25 25

RESTER CONNECTÉ Site Résonances Sur www.resonances-vs.ch vous avez aussi la possibilité de consulter les archives de la revue ou de commander un numéro à l’unité via le magasin en ligne. Application Résonances

Conseil de rédaction Alexandra Zwahlen, AVECO – www.aveco.ch Daphnée Constantin Raposo, SPVAL – www.spval.ch David Moret, AVEP – http://avep-wvbu.ch Elodie Lovey, CDTEA – www.vs.ch/scj Jean-Maurice Delasoie, HEP-VS – www.hepvs.ch Nathalie Bollin, Ass. Parents – www.frapev.ch Stéphanie Mottier Fontannaz, AVPES – www.avpes.ch Parution Le 1er de chaque mois, sauf janvier, juillet et août. Délai de remise des textes Délai pour les textes: le 5 du mois précédant la parution. Abonnements Cf. encadré séparé ISSN 2235-0918

Phase test: pour avoir accès à l’application, demandez votre code personnel à nadia.revaz@admin.vs.ch.

S’ABONNER Abonnement annuel (9 numéros) Tarif contractuel: Fr. 30.– Tarif annuel: Fr. 40.– Prix au numéro: Fr. 6.– Vous pouvez vous abonner et effectuer vos changements d’adresse en passant directement par les formulaires en ligne sur www.resonances-vs.ch. Cela peut aussi se faire par courriel (resonances@admin.vs.ch) ou par courrier: DFS / SE, Réso­nances, Place de la Planta 1, case postale 478, 1951 Sion.

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Données techniques Surface de composition: 170 x 245 mm Format de la revue: 210 x 280 mm Impression en offset en noir et une teinte vive, photolithos fournies ou frais de reproduction facturés séparément pour les documents fournis prêts à la reproduction. Délai de remise des annonces Délai pour les annonces: 15 du mois précédant la parution. Régie des annonces Schoechli impression & communication SA – Technopôle 3960 Sierre – Tél. 027 452 25 25 – kim@schoechli.com Impression – Expédition Schoechli impression & communication SA – Technopôle 3960 Sierre – Tél. 027 452 25 25 – info@schoechli.com


La cohabitation entre l’être humain et la faune alpine dans la rigueur hivernale provoque quelques tensions et désagréments. Comment vivre ensemble ?

Das Nebeneinander von Mensch und Alpenfauna verursacht im strengen Winter etliche Spannungen.

der Weise ist frei m Wunsch nach rschaft und Besitz. Le désir d et de p e domination os que le s session n’épa rgne age

Les animaux Wie ist ein Zusammenleben in einer noch ungestörten Natur möglich ? s’habiLLent Eine Antwort darauf geben uns der Fotograf Georges Laurent und der Jäger Narcisse Seppey. Même en haute montagne, les chamois troquent leur tenue estivale jaunâtre contre un poil d’hiver dru et marron foncé.

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H omHme e ts an sauvag e s àe s l aà mê tab l e le omsme e ti maux an i maux sauvag l a me mê me tab

La longueur des poils de jarre lui confère une dimension trompeuse.

Sans dérangement, la vie est est la plus calme possible, les les déplacements Sans dérangement, la vie la plus calme possible, déplacements limités au minimum et sans efforts inutiles. limités au minimum et sans efforts inutiles.

ISBN 978-2-88341-207-3 ISBN 978-2-88341-207-3

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SurSur les les terrains connus, la marche est est aisée, terrains connus, la marche aisée, les les paspas rapprochés, signe de vie tranquille. rapprochés, signe de vie tranquille.

l a pré parat i o n à l’h i ve r | le s amo urs d' a u tom n e

ISBN 978

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Les boucs matures tentent de s’approprier un territoire habité par le harem le plus peuplé possible et interdit de fuite.

Les boucs les plus puissants, fort discrets en bonne saison, oublient toute prudence et s’exhibent, l’air de dissuader tout congénère de même sexe de rester dans les parages.

3 4 1 Adeptes 1 8 9de la0tranquillité en bonne saison, les grands boucs se sont distancés de la harde et ses dérangements, de la concurrence alimentaire et de l’agacement des cabris.

Le grand baL du chamois Début novembre, la hiérarchie est grossièrement établie bien que régulièrement contestée. Le bouc dominant tient à l’œil tout ce qui bouge sur son territoire.

Mais une fois l’an, avant l’hiver, le grand bouc est envahi par le besoin de puissance et par l’appel de la vie. Bien en chair après une bonne saison calme, vêtu de son habit d’hiver, il éprouve un besoin non contrôlable de prouver qu’il est le Roi des Noirs.

Quitte à en découdre à coups de cornes, parfois mortels, les flancs et les entrailles tenant lieu de cibles.

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Georges Laurent Narciss e Sepp ey

Georges Laurent Narcisse Seppey

Das Buch lebt von der Leidenschaft und der Liebe zur Natur, appelliert an unsere Vernunft und ist ein unschätzbares Geschenk für die kommenden Generationen, denen nachgelegt wird, sich auf die Grundwerte der Harmonie und der Toleranz im Umgang mit der Tierwelt zuLa besinnen. cohabit ation en provoq tre l’être ue quelq humain ues tens et la fa ions. une alp Commen ine dans t vivre la rigue ensemble message ur hiver dans un que le nale nous fo photog nt parta raphe Ge e nature enco re vierg ger. orges La e de urent et nuisanc Un livre le chas es , te l es de pass seur Na ion et d’ rcisse Se t le inestim able afi amour ppey n que les de la na toléran tu ce, cond généra tions fu re interpellant itions es tures s’é notre ra sentielles iso pa n et un nouisse à nos re cadeau nt dans lations avec le l’harmon monde ie et la animal.

Überleben

im Winter Georges Laurent

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s u r v iv

L a pré parat i o n à L’h i ve r | L e s an i maux s'h ab i L L e n t

Überleben im Winter

Un livre de passion et d’amour de la nature, interpellant notre raison, et un cadeau inestimable afin que les générations futures s’épanouissent dans l’harmonie et la tolérance que président nos relations avec le monde animal. Un livre de passion et d’amour de la nature.

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Narcisse Seppey

Für ein harmonisches Miteinander von Mensch und Tier.

survivr e

à l’hiv er George s Laure nt

Narcisse Seppey

26.06.12 09:46

Pour un e harmon cohabi ie l’homm use ent e et l’an im


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