Supplément No 10 1918

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vous travaiHez pour un connaisseur en mu. tique. - Tant mieux. - Combien de temps demandez-vous? - Quatre .semaines. - Eh bien! Je reviendrai dans quatre semaines. Que•1 prix mettez-vous à votre travail? - Cent ducats. •L'inconnu 'les compte sur la table et disparaît. Mozart reste plongé quelques moments dans de profondes réflexions, puis, tout à cr.up demande une plume, de :l'encre, du papier, et, malgré les remontrances de sa femme, i'l se met à écrire. Cette fougue de travail dura plusieurs jours; i•l composait' jour et nuit, et avec une ardeur qui semblait augmenter en avançant; mais son corps, déjà faible, ne put résister à cet enthousiasme: un matin, il tornba sans connaissance et fut obligé de suspeDr dre son travail. Deux ou trois jours après, sa (emme cherchant à le distraire des sombres pensées qui :l'occupaient, il lui répondit brusquement: - Cela est cerf~in, c'est pour moi que je fais ce Requiem; il servira à mon service mortuaire. Rien ne put le détourner de cette idée. A mesure qu'il travai.J.lait, i1 sentait ses torees diminuer de jour eR jour, et sa partition ava-nçait len1emenf. Les quatre semaines qu'il avait demandées s'étaient écoulées, il vit un jour entrer Chez lui lè même inconnu. - Il m 'a été impossible, dit Mozart, de tenir ma parole. Quatre &emaines; l'ouvrage m'a inspiré plus d'intérêt que je ne pensais, et je l'ai étendu beaucoup plus que je n'en avais le dessein - En ce cas il est juste d'augmenter les honorai1'es; voilà cinquante ducats de plus. - Monsieur, dit Mozart toujours plus étonné, qui êtes-vous donc? - Cela ne fait rien à ·1~ chose; 3e reviendrai dans quatre semaines. Mozart appela sur-le-champ un de ses domestiques pour faire suivre cet homme extraordinaire, et savoir qui il était; mais 'le domestique ma•ladroit vint rapporter qu'il n'a-

vait pas retrouvé sa trace. Le pauvre

uvuu.a.1rt•

se mit dans la tête que cet incooou n'était paa un être ordinaire, qu'il avait sûrement des re. lations avec .Je surnaturel et qu'il Iut envo}i pour lui annoncer sa fin prochaine. Il ne s'en appliqua qu'avec plus d'ardeur à son Réquiern, qu'iL regardait comme le monument le plus durable de son génie. Pendant ce travail, il tomba ;plusieurs lois dans des étourdissements alarmants. Emin, l'o•uvrage fut achevé avarut les quatre semaines. ·L 'inconnu revint au terme convenu; Mozart n'existait plus. (Stendha>l.)

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POUR RBOONNAITRE -L'AGE DES POULES Le professeur C . . . , examinateur aux examens des vétérinaires, aime à faire .preuve d'humour. Une de ses questions préférées est 'la suivante: c A quoi, ·M onsieur, reconnaît-on l'âge d'une pou•le? • Le candidat, d'ordinai-re, demeure inrterloqué. Le distingué professeur ne manque point alors de hausser les épaules: • Vous ne savez rien, .monsieur; on reconnaît 1''âge d'un gallinacé à la •l ongueur de l'ergot. » Un jour cependant, c ... , posant son habitue !ole question, resta frappé de stlllpeur. Un gros garçon, réjoui, répondit sans sourciller: « Monsieur, on reconnaît ll'âge des poules aux dents. > Et, comme le professeur allait bondir, iol :1joUJla: • Si la poule est jeu11e, on la mange fa· cilement; si eHe est vieille, H faut de solides molaires. •

* Comment, •M . Œe Régent, pas un seul p• rlll IPOillf mon fiJs? ... un enfant si inte1ligent . .. si stll'di~eux ... si extraordinaire! - Précisément, Monsielllf, c'es.t œla même qui a à ne rien dui donner. Un enfant comme lui ça nl'a pas de .prix!

Supplément du 3-/o 10 de ,f&cole" (1918) Memento des parents chrétiens Souvenons-nous qu'une éducatiou chrétien-

ne est seule capable de faire d'un erifant un vrai et solide chrétien, et à cette fin NOUS DEVONS : 1. L'aimer d'un amour surnaturel, c'est-à•

dire en Dieu et pour Dieu; être disposés, par conséquent, à faire toujours passer son âme avant notre affection, et à 1ui déplaire, à lui résister chaque fois que J'intérêt de son âme le demande; 2. 1L ui donner de fréquentes marques de bonté, mais en restant toujours graves et dignes avec lui, afin d'avoir son estime et son respect en même temps que son aflection; 3. Nous procurer, dans la mesure du possible, le concours, ou tout au moins la bienveillance de foutes les personnes qui l'entou-

rent; 4. Commencer son éducation à •l'âge le plus tendre, dès qu'il donne quelques signes d'inte'lligence et pour ainsi dire au berceau. -Ce IPOint est de 1a plus haute importance; 5. Le soustraire, à tout âge, avec prudence mais a·vec .soin, à l'influence et même au contact des personnes dont la vie n'est pas dirigée par les vrais principes chrétiens; 6. Ne pas nous contenter de lui· enseigner les vérités de la religion, mais profiter de tout pour vien faire pénétrer dans son cœur certaines idées de la foi plus fondarnentao.les que les autres, te11es que 1es suivantes: . Dieu, qui nous jugera, voit toutes nos acbons; Dieu :ne nous a mis sur la terre que pour mériter Je ciel; Nous ne devons craindre que le péché, R,ui nous fait perdre le ciel; Nous ne pouvons aller au ciel que par Jé5'\.ls-Christ et avec Lui, en pratiquant fidèlement son Evangile et en obéissant à son Eglise, etc.; 7. Lui faire accomplir exactement tous 'les devoirs religieux de son âge, tels que la prière du: matin et du soir, Ja sanctification du dimanche, 'l'abstinence, Ja confession et plus

tard Ja communion, le jeûne, et lui apprendre à s'en acquitter avec foi et piété; 8. Lui inspirer en toute occasiOn un grand amour et un grand res.pect pour ce qui appartient à Ja religion: •les prêtres, ~es religieux, les églises, les ,pratiques de dévotion, oies objets et les cérémonies du culte; 9. Le former dès sa première enfance A Ia pratique P,e l'humilité et de Ja mortification, qui sont la base 'et comme [e résumé de la vie chrétienne. ,p ar conséquent: Ne damais le vanter, du• moins en sa présence; s'i·L fait bien, l'approuver, le féliciter de œ q,u ~iL a mérité •l'amour du bon Dieu, mais nous contenter de cela et surtout ne pas lui dire qu'il vaut plus que ·les autres; Retrancher de son vêtement ce qui n'est que fantaisie de vanité et de mode et ne sert qu'à favoriser son amour-propre; retrancher de sa nourriture ces délicatesses et friandises qui a1imentent la gourmandise et ruinent ·les santés; Exiger de lui, -avec callllle mais avec fermeté, ·une obéissance simple et prompte; 'Le tenir habituellement à une occupation commandée, cette occupation fût-elle un a!l11V sement; Sï1 devient malade, quand il a A souffrir, 'lui apprendre pourquoi nous souffrons et lui su.g1gérer des actes de soumission à la volonteS de Dieu, etc.; 10. Le faire assister .régulièrement aux ~­ téchismes de la paroisse dès l'âge de 7 à 8 ans, et encore aa>rès Ja première communion aussi Jongtemps que possible; J'aider d'une manière spéciale à faire une bonne première communion; 11. Ne le mettre que dans des écoles vraiment catholiques, et préférer, s'il le faut, une instruction incomplète à un enseignement impie ou même indifférent; 12. .L'enrôler au plus tôt dans quelque association adaptée à ses goOts, à sa condition, qui lui rende plus faciles l'accomplissement de ses dewoirs et 'la fuite des mauvaises compagnies; 13. .Lui parler souvent des dangers que sa


207 206 foi ~~ sa vertu rencontreront plus tard dans le monde; rl'es ,Jui faire connaître et rlui apprendre à les éviter ou à r)es vaincre; 14. S'H est obl•igé de se mettre au service d'autrui, lui' procurer des maîtres qui pratiquent et fassent respecter Ja ;religion, fallût-il sacrj.fier quelque avantage temporel; 15. Ne pas l'abandonner s'il quitte le pays, mais rester en relation avec lui par correspondance ou autrement, et tâcher de lui procurer dans sa nouve11e résidence un protecteur yui lui continue nos bons sc:>ins; 16. Enfin, l'aider par nos rp rières, par nos conseils, par notre concours, à réfléchir de bonne heure à ,J'état de .vie qu'il embrassera; à ne se décider dans son choix que d'après des motifs surnaturels, et à embrasser celui auquel Dieu .J'appellera. Heureux 'l'enfant qui sera ainsi introduit dans ,la vie! Non moins heureux ses parents! Il sera leur 'joie sur ·la terre et leur couronne dans le ciel.

Les cent ·sons dn dimanche C'était un' dimanch~ d'automne, avec sou ciel .nuageux et sa pluie froide, fine, menue. Un brave homme venait se remiser sous une porte cochère de la rue de Rivoli, près du Louvre .... Q brave homme es! M. Frusque, !."hel d'::telier de menuiserie qui se laisse appeler amicalement le papa Frusque. - Diwtre! se dit-il, la .pluie menace de durer longtemps, et j(ai n~gligi de prendre mon riflard; quel triste dimanche! Un homme rpassait en criant: - Charul. d'para.pluies! Et il ajoutait faisant évoluer un des specimens de sa marchandise bien connue ; - 2 fr. le parapluie! Un 'bon parrupluie! 2 fr.! c'est pour en finir. Le papa Frusque se sourit à lui-mên.e. - Drôle de commerce! Depuis qu.e je s ui s

de ce monde, 'j'ai touJours entendu cner les parapluies à 2 fr. 25 ou 2 fr. Je n 'ai jamaia vu personne en acheter un. Mais sous ·la porte cochère, dans Je g:rolliPe qui attendait en silence le retour du beau temps, une jeWle mie suivait des yeux et d'un air triste le .. .. dhand de parapluies. Le hon vieux, causeur, comme ·tous les bons vieux, s'approche de cra jeune filJe. - Mademoiselle, vous paraissez désirer bien impatiemment la fin de ·la pluie? - Oh! oui, Monsieur, ~e suis attendue pour dîner chez ~rand'mère à 61h.; il est déjl 6 h. moins 10. Et la jeune fille avait tiré une rpetite montre d'argent pendue à un cordonnet de soie. - Je comprends votre impatience; c'est .peut-être loin encore, grand'mm? - Non, pas trop, rue de Seine, presque en face du pont des Arts. - ·Mais eile est bigremenrt plus longue que large Ja rue de Seine! - C'est au commencement, n' 15. J'y serai en dix minutes. - Oui, el vous ne voulez pas gâter votre toilette du dimanche. - Avec cela, dit gaiement -la jeune fille, •que j'ai W1 chapeau neuf que je mets aujour· d··hui pour Ja première fois. M. Frusque regarda 'le e!ha;peau new et lui adressa un salut cç>mplimenteur tempéré par un sourire paternel. - MademoiselJe, .oyolre chapeau commence mal; je vous· engage à vous defier de lui. - Oh! non; pour ceJa je suis tranquille: je l'ai étrenné à ·la n1esse de ce matin. Un éclair briUa dans 1le regard de M. Frusque, q ui fil ,un autre salut et un autre sourire. ·Le ..... dhand de parapluies passait. Un pssit l'attira sous la grand'porle. - Vous le garantissez solide et bon teint, votre alpaga? - Oui, oui, bo'Ùrgeois! garanti deux ans. Da me! pour 40 sous .... - Voyons cela. Il fer·1ne bien, iJ ouvre bien, j.~ ne prendi pas l'eau. . . . Marché fa·it. Dès que ·le chand fut éloigné M. Frusque

couvre ·la fille du parapluie et, Jui mettant le manche dans lia main: · - 6 h., Mademoiselle! Grand'mère va s'impatienter ou s'inquiéter, partez vite. Cela ira toujours bien rjusque rue de Seine. - Monsieur! .... je vous remercie de votre obligeance.... . La jeune fille tenait ·le parapluie. Cependant elle hésitait encore un peu. -Si du moins üe poùvais vous le rendre! - Eh! malheureuse petite, qu'est-ce que j'en ferais! Dites-moi plutôt ce que d'on nous dit en rretour de l'obole chrétienne: Dieu vous le rende. -Oh! oui, Dieu vous le ll'ende, Monsieur. Je vous suis bien obligée, et ~e vous souhaite tout le bonheur possible. ·La hllette exécuta un gracieux sa.Jut et pr.it sa course. La pluie tombait toujpurs un peu. Du brouinard, mais du brouiUard qui •vous trempe! 'le papa Frusque se consolait par le curieux spectacle qu'offre Paris à de pareils jours. Au bout d'une longue ,demi-'heure, Ja pluie enfin cessa, et l'abri de la :porte cochère se vida de tous ses prisonniers. · - Maintenant, se dit M. Frusque, où iraije? Ce 1)arapluie m'a mis de bonne humeur. Eh! mais, fy pense! ·La ,jeune hile m'a donné, sans Je vouJoir, son adresse. Orand'mère demeure rue de Seine, n' 15. Je· vois cela d 'ici: une de ces !VieiLles maisons où les locataires foisonnent côte à côte des rats. Grand'mère, assurément, n'est ;pas Ja veuJVe d 'un sénateur. .Puisque voilà le beau tenws revenu passons le pont des Arts, et allons voir comment se porte cette bonne vieille rue de Seine. Qui sait? Les cent sous de mon dimanche n'ont subi encore qu'une entamure. ~e trouverai peut-être à placer par tà le surplus. Le pa;pa Frusque se dirigea donc clopinclopant vers 'la rue de Sei,ne. IPar:venu en 'lace du numéro 15, il s'arrête et observe. Je ne m'étais pas trompé! Une maison plus vieille que moi, une ,petite cour humide, et la 'loge du concierge Jà-bas, au bout d'une

aLlée sombre. Si j'al lais questionner le concierge? ... II y va; Ja lo2'e exhale Wle forte odeur de cuir. Le concierge, cordonnier évidemment, avait .J'air d'un brave homme. Le 1papa Frusque 'lui fit les questions nécessaires. - Très hien! Vous dites Mme Oabrial? . Elle demeure au cinquième? - Non pas si haut. Notre maison n'a qu' un troisième. C'est au troisième, .Ja porte en face, et l'escalier à gauche, derrière vous. Ils dînent pour le moment vous Jes trouverez encore à table, la grand'mère et !Ja marmaiJ,le. - Merci, ie ne veux pas ·les .déranger. Et M. Frusque s'en alla songeur ou flâneur, comme i·l était venu. Un peu plus loin, une superbe boutique de ,pâtissier. qui occupe un des a.Dg1l.es du carrefour de Buci. lui inspira rune idée lumineuse. - Paclsembleu! se dit-il, voi là mon affaire. &tre le prix du riflard et mes cent sous du dimanche, il y a un écart de 3 ·fr.; un gâteau de pâtisserie ·liquidera la Chose. Et il entre dans Je bazar des friandises. Personne qu' une dame dans le comptoir et un petit marmiton à béret blanc. Le papa Frusque ambitionnait un gâteau su;perhe, et la plus belle pièce de l'étalage était un saint"honoré de 3 fr. 'l e vieux Parisien marchanda. L'Œieure ·lui était favoraible, car au-delà des dîners de famiHe, les gâteaux de 3 fr. ne se vendent plus guère. On Jui laissa le superbe saint-honoré pour 2 fr. 50, ce qui lui valait r]e boni d 'une pièce de dix sous . Faisant alors miroi1er sa pièce de dix sous è. i'intention du marmiton: - Maintenant, jeune homme, ceci va vous appartenir, à la condition de porter ·le gâteau où je vous dirai. C'est tout près, rue de Seine. Je vous accompagnerai. ·Le marmiton témoigna de son acquiescement par un sourire d'une joyeuse ampleur. On partit; on arr.iva en iace du numéro 15. M. Frusque fit la leçon obligatoire au gamin et !)'invita à ne pas trop rester, parce que lui Frusque, l'attendait devant la porte. 1

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208 Le principa'l de >la leçon consistait à présenter le gâteau c de la part du monsieur au parapluie, pour grand'mère et les enfants •, et à ne pas dil:e que ·le monsieur attendait dans la rue. U attendit< plus d'un quart d'heure, le monsieur! · Enfin, voici le marmiton. - Eh! malheureux petit, pourquoi donc es-tu resté si, longtemps? - Dame! c'est que .... on n'en finissait pas de me dire un tas de choses sur vous et sur votre .parapluie . . . . ]'avais beau expliquer que je ne vous connaissais pas, et que tout de même vous m'a'Vez donné dix sous, ça aNait toujours. - Bon, bon! De manière que notre gâteau a été le bienvenu. - Je crois fichtre bien! La demoiselle riait et elle était •joliment contente. Mais c'était les irois petits, surtout les deux plus jeunes! D'abord ils ont cru que je me trompais d 'étage. Tout de suite, j'ai dit: C'est un saint~honoré aux amandes et à la crême pour Mme GalbriaJ, la demoiselle et les enfants, de la part du monsieur au parapluie. Alors les deux gamins ont quitté Ja table. et ils sautaient, et ils dansaient! Ensuite, quand je l'ai eu [X>Sé, quoi! ils le mangeaient des yeux! comme sïls n'avaient jamais vu un saint-honoré à la crême et aux amandes. - Et grand'mère? .... - ~h! Mme Gabria·l? Elle pleurait quasiment, et elJe a dit: • Allons! -ii ne faut pas nous p laindre· de nos misères, il y a encore ici.J>as de bonnes gens du bon Dieu pour aider le petit monde qui se conduit honnêtement.• - Bien, mon petit! Je m'e~lique que tout cela ait pu durer vingt minutes. - Oh! mais! c'est que fai été obiîgé d 'attendre. Mme Gabrial a voulu absolument que je- reste pour a'Voir un morceau du sainthonoré. Ensuite Mme Gabria'l m 'a doooé deux sous! Je ne voulais pas les prendre, puisque J'étais déjà payé. Elle m'a dit: • Prends touàours! •

201 Je les ai pr·i s Cela va me faire douze cie plus à ma bourse! L'enfant paraissait très sensible à cette épargne de douze sous! M. Frusque se tai- ' sait, même il avait pris l'air soucieux. \'ous dema-ndez pourquoi? .... Parce qu'il eût voulu offrir une piécette blanche encore au marmot. Mais alors il fallSsai.t le principe de ses anciens cent sous du dimanche .... Contrairerr~nt à un certain libéralisme qUi fausse tou/jours les principes au moyen d'un biais, M. Frusque trouva un biais pour maintenir .s on principe intact. Vous eussiez ri de .Je voir fouiller dans ses poches anxieusement, comme s'il eût perdu' quelque chose. Le brave homme y cherchait la matière d'un petit cadeau quelconque qui pat être agréable à un enfant. -- Je ne puis pas, pensait-il, iul donner ma tabatière, ni mon ·étui à Junettes, ni IrKlll mouC'hoir de poche. Ah! .... Cette exclamation témoignait qu'il avait trouvé. En effet, il présenta au marmiton sa main ouverte: · - Tiens, mon petit, .je veux que ton plaisir du dimanche soit complet. Regarde œ joli couteau. Une lame fine, un manche de nacre avec monture de ruolz; il est tout neuf; je J'ai acheté avant-hier, 1 fr. 25! Prends-le, je t'en fais cadeau. Et 'lui donnant ooe tape d'amitié iUr la joue: - Es-t·u content? - Oh! oui, Monsieur! - Adieu donc; et veille toujouri nec soin sur les épargnes de ta !bourse. 'L'histoire des • Cent sous du dimanche • n'a pas d'autre dénouement. VENET.

Hache et clef le r,ieux Socrate tenait l •Ses disciples des propos d 'une simplicité 1eHe, que les esprits qui •jugent de la 'Valeur des pensées par le [UD

de l'enveloppe ll'i-squent de n'eu pas apercevoir toute 'la profondeur. Un •jour qu'iL leur parlait des maladresses commises par les gens qui ne sa·vent pas choiair les moyens appropriés au but poursui>Vi, il •leur dit en substance ceci: c Que .penseriezyous d'un homme qui, voulant fendre du bois, &e servirait d'une clef, et qui, pour ouvrir une porte prendrai1 la hache? • On ne saurait croire tout ce qu'il J a de aagesse en'lermée dans cette boutade 'iui n 'a l'air de rien. Si vous 1e voulez bien, cela va nous ~rvir de point de départ pour deviser sur une matière fort délicate: la façon de noua y prendre pour traiter nos ~mblablea. Mettons que la hache ~>ymbolise lea moyens :rudea, brusquea, violenta, et que la clef représente ~ moyena persuui·f•, auxquel1 convient-il le mieux de recourir? Le. esprit. concilian~ pencheront pour la del, les emporté• et .Jes intransigeants pour la haChe. Si l'on considère que certains se moquent de •la douceur et ne marchent que par la peur; •i l'on 11e rappe!1e du rvieux proverbe: coi~rnez vilain, i.l 'VOUS poindra; poignez vilain, il yous oindra~, la hache apparaît comme Je n ai engin, seul efficace. T<Jus les yiolenls, tous 1es adoraieun de la force, sont de cet avis. La pratique leur donne parfois raison. Cependant leur méthode repose sur ·une erreur de psychologie et Wle méconnaissance de la nature humaine en ce qu'elie a de plus noble. Je crois que le Maître nous a mieux jugés lorsqu'ri proclama !>Ur Ja Montagne: ~Heureux .Jei pacifique11, car .ils possèderont la terre.:. L'empire est aux violents, qui en 110mme 10111 des tyrans, aussi dongtemps soeulement que 'les 'hommes ont Wle âme d'esda'Ve. Les triomphee de la Tiolence sont éphémères et a'f061iera. La hache n'a pu lie~~ d 'ttre fière: aa gloire est laite de bassesse. M!me en l't!tat présent de Phumtnïté, si éloiifiée œpendant de ce qu'elle pourra deYenir, des aii'!le!l nombreux nous font comprendre que, rna·le-r• le. apparences, 1a clef est la plus forte. Mais ne nous Mgageons pu plus loin sans agrémen-

ter ces réflexions d'une histoire, et même de deux. Car tout enseignement n'est qu'une chambre aux murs dénudés. ·P our le rendre plaisant, suspendons aux mure des tableaux qui parlent aux yeux. A une ~poque où <j'avais l'intention de d6rnénager, quelqu'un me conseil•la de chercher des appartements dans ·!'î;e St-Louis. Mais, sur le point d'y a ller, je fus découragé par une dame qui me déclara l'île St-Louis odieuse et parfaitement inhabitable, et cela à cause de ses concierges tous malpo'lis et mal embouchés. - . • On fait toujours bien de vérifier les dire11 de ses .meilleurs amis. Pour me .rendre compte par moi-même de l'impolitesse des dit11 • p~rpe-lets ., •je fis un tour dans Ja 'Vieille île, et commençai par le quai orienté au nord. Il y faisait maussade et froid, mai!! j~ trouvai 1es loges parfaitement accueillantes. D'apr~s mon habitude, aaluant ·le premier et faisant bonne mine aux gens, ~e n'eus l me p~aindre de personne. Hommes et femmea, partout, s'empressèrf'..n.i de nw fournir le. renseiin• menis désirés, et si j'en exprimais l'intention, de me montrer -les apParierrtents. Passant ensuite au quai orienté Yera Je midi, je me dis: c Ii serait surprenant que Je côté du solei•l eût des habitants de moins bonne humeur!» :W aussi, rien ne me choqua dans l'attitude des gardiens des maisons. Qu' ils fumassent leur pipe au pas de la porte, ou fussent ocrupés à balayer la cour et à astiquer les esclliers, leur abord élait inYariablement correct. selon le tempérament ou l'âge, ils différaient de manières; il J en avait de plus ou moins séduisants, mais tous étaient d'une a-mabi'lité suffisante. Pour le coup, je voulus en avoir le cœur net et Jis auprès de la dame qui m'avait renaeigné, une ,peiite enquête discrète. Voici des bri.bea de COll'Yf'I'IO<ltion qui yous Mifieront sur .ra façon de procéder. Aux concierges du quai Bourbon, situé au nord, Ja dame avait dit: c Cest au nord, ici! Avez~vou!l souyent du soleil? - Non, Madame, lui uait r6pondu un concier~ borgne en clii'!lani de l'œil, pu jusqut présent. ~is notre nounau con-


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211 seiller municipal va inte!I"Venir pour une plua éuste répa.Ttition du soleil e.tllf·re ~ quai nord et Je quai sud. A partir de la semaine des cinq jeudis, le sdleiol fera sa ballade par •le côté nord, trois fois ;par semaine. » Tête de la darœ et commencement de prise de hec. nans ~a maison voisine, la dame avait dit: • C'est une petite Sibérie, chez 'Vous!» et dans une autre maison: • Ce qu'on doit en pincer ici de thurnes et de !!'hwnatismes! » Partout nouvelles têtes des concieq:·es et réponses aigrelettes. · Aussi, comment :peut-on ceprocher aux gens de n'avoir pas de soleil s'ils demeurent au nord. C'est [presque •les accuser de le faire exprès!1 Sur •le quai d'Orléans 1qui est au wd, la dame avait tenu des propos comme ceux-ci: • Ça manque d 'ombre, ici, vous devez griller en été; je cherche un appartement et non une rôtissoire. » Evidemment, des réponses à ces propos ,i rritants sorta'leu.t comme guêpes d'un iUêpier. Mais qui sen étonnerait? Coilclu!ion: ·La mauvaise réc'!ption dont se plaiIlnait le. dame était le résu'ltat de ies propres façons de parler. Pour ouvrir la porte d'une maison comme pour trouver le cœur de so11 gardien, il faut ~te servir de la bonne clef, et non de 'la hache qui attaque et irrite. Et voici la deuxième histoire. Il était lO_h. le dimanche matin; j'avais mis ma robe, et me disposai à monter en chaire dans ma viei'He salle du Boulevard Beaumarchais, lorsqu'une sonnerie de cornet à piston ~retentit dans la maison. c Allez parler au locataire qui •joue de cet insti'ument, dis-je à quelqu'un près de moi; et si possible obtenez qu'il ceslie.»

Quatre ft quatre mon ambassadeur monte les escaliers, entre chez le musicien en cou,p de 'Yent, et lui dit: ! Est-œ une heUTe pour iouer d'lot cornet à pi~tton? Vou. ne 1avez donc pa! qu'i'D y a un culte dans 1a maison? Le vacarme _q ue vous faites va empêcher 400 per~>onnes · d'écouter le sermon!» Réponse: • Je suis ici chez moi; je joue quand il me plaît et quand j'ai le temps. • vrara, trara ra tantaraoh .... • Furieux, mon

envoyé oredescendit chez moi et me dit: • ne pourrez ,pas prêcher, cet homme est y fera troOter. En résumé, traité :par Je système de .Ja hache, l'homrœ .ne donne que le traitable, il continue fl 10onner de son instrument .... • }'Otai ma soutane et plus Jrutuvais de lui-même; traité par celui de la cid, il donne Je mei'lleur. Essayez donc tai. AprèS< l'avoir poliment sa•lué, Je dis d 'en faire :l'expérience, ~ TOUl l'ferrez •i i• musicien amateur: • Vous j.ouez du tOUl ai trompé. piston; c'est un instrument de beauooup d fel. Moi· aussi, je suis un pe.Ui musici~n. ·de quel instrument jouez ,vous? _ mon in&lrume·nt, c'est la v~ix. - A,lors, ~tes chanteur? - Non pas, mais orateur, tenez, .je vais justement ,faire un· dans ~ salle du rez-de-chaussée; mais Communiqué de l'in~pection 'fédéra•le trompette est plus forte que 1a mienne, et des forêts et de la division de l'agriculvous continuez, on ne p1'entendra pas. ture, du 21 octobre 1918 : Ah! je comprentls, vous êtes le cure. Malgré le développement donné à la vous qui m',avez erwoyé le :Monsieur d~ 0ulture des céréales et, partant, l'augà l'heure. Pas bien embouché le Mo>nsieiH'i mentation de Ia 'Production de la ,paille, il m'a donné envie de faire ex;ctement le nous devons néanmoins ne rien néglitraire de ce qu'il me demandait. - Je ger 1pour nous iprocwrer de la litière. prie d'en:user s.i je monte à mon tour, et N'oubliions pas que notre pays accuse désolé de vous déranger dans vos ,.TPr,.;...... . u.n défidt de .prodiUiction de Hat (laîmusicaux. - Du tout, du tout; ces exercices ches, etc.), par le fait que de rvastes surpeuvent attendre. Puisque vous me par,Jez faces ne livrant que des plantes là litière courtoisement, je ne demande pas mieux que ont été assainies et :portent aUJjourd'hui de vous ~!re agr6able. • des cultures !Plus rémunératrices. en Je prêchai donc tranquihleme.nt, et plus ·ja· mail! à l'heure de l'office ce locataire ne ÜOWt. Il ne tenait qu'l moi de m'en faire ua ennemi et un trouble-fête pour tous les dimaJlro ches. Mon envoyé avait pris :Ja bache; 1]a elof me réussit beaucoup mieux. De ces exemples la vie est pleine. .Maigri •es tares, ses peurs ibasses que les sPectateur& de la fon:e exploitent, l'homme a en lui un centre très noble. Son cœur est une citadelle bâtie par Dieu lui-même et imprenable par la violence. Pour obtenir sa bonne volon!~ il faut user de Ja clef, non de Ja hache, des'cata,pultes et des canons. Plus vous attaquez avec violence, ,plus la citadelle se hérisse 1t se difend. 'M ais ~>i TOUl aavez conquérir la boime volonté de ·l'occupant, les portes s'ou· vrent toutes seules. Derrière ses herses ses ponts-levis, ses Temparts épais, vous tr~uve­ ~z des pièces habitables, ibos,pitalières; ol même, vous trouverez des jardins où des fruits mCrissent aux espaliers. L'habitant TOUl

par<:s, c'est-à-dire poartout où la valeur fertilisante des feuilles décomposées n'entre pour ainsi dire pas en considération et où d'ailleurs cette Qpération est nécessaire :pour des raisons d'hygiène et de propreté ou comme simple mesure préventive contre la propagation de maladies dont les spores conservent vitalité sur les feuilles mortes Ramassez les feuilles sèches· leur (champignon de la tarvelure entre autres). Pour détruire toutes les ~por~, il faut arriver à une décomposition complète de la fane qui n'est possible qu'en opérant le mélange indiqué ci-haut. Quant au ramassage de la fane dans les forêts, on ne ;pourra y procéder que dans ces iorêts-là, de recueillir la fane bonne venue, à sol profond, <:akaire, frais et compact, à <:ondition que l'o'Pération ne se répète que tous les trois ans au 1plus; qu'elle soit effectuée à l'aide de rateaux en bois et que seule la couche de feuilles non encore déco~po­ sée soit ratelée. Dans les !forêts ne réunissant pas ces conditions, on ne ramasoutre, nous importions, aVIant la guerre, sera la •fane que SIUr les chemins, dans en moyenne Sol ,000 tonnes de .paille, les ravins, les fossés, les creux, c'est-àflat (laîches, roseaux, etc.), .fanes et dire :partout où les feuilles s'amassent, autres litières à part de ·forts lots de. chassées par le vent. On évitera donc litière de tourbe, dont nous sommes dans ces forêts-là, de recueillir la fane presque totalement prirvés actuellement. sur le sol forestier propœment dit, noNotre attention doit donc être portée tamment en terrain pauwre, séchard sur le ramassage des feuilles sèches a- (terre sablonneuse ou graveleuse) et ,pen fin d'augmenter nos stocks de litière'. Il jprofond, ou: dans les 'forêts très en penest vrai de dire que le fumier de fanes te, surtout celles situées au sud ou à ne se décompose que di'ffkilement et l'ouest et, en général, dans lesquelles, que. pour devenir utilisable, il demande par un écoulement mpide des eaux, la quelques soins et doit être bien mélan- formation des ravines serait facilitée gé avec des déjections animales et si ;par l'absence de la lfane. Il ne faudra possible aussi avec de la terre. Le .pou- pas non ,plus dégarnir le sol des feuilvoir absorbant ide la fane est inférieur les qui le recouvrent dans les forêts à à celui de la ·patlle, diu flat et surtout uoissance rapide qui ont besoin pour de la litière de tourbe. :Sa teneur en .prospérer de tout l'humus produit ,par azote et en acide ~phosphorique est par la fane, telles que le~ taillis, les jeunes contre supérieur, tandis qu'elle con- forêts et notamment les forêts dans lesqueHes l,e rajeunissement naturel est tient moins de potasse que la p•aille. En tout .cas, devrait-on ramasser la pratiqué. fane dans les vergers, les allées et les D'une manière génémle, n'oublions


212 pas que la fane restitue au sol environ les 4<J. des principes nutritifs qui lui ont été enlevés; les feuilles mortes constituent donc le seul engrais que reçoit le sol forestier, qui en a besoin et ne peut s'en passer ,pour que les rajeunissements réussissent. La recolte de la fanc appauvrit jpar .conséquent, le sol forestier et entrave },a croissance des bois, directement, comme nous l'avons v.u•, et indirectement par l'influence hienfa~ sante qu'exerce la couche de feuilles sur le régime des eaux du sol, sur la température et la porosité de œlu.i-ci. La fane la !Plus reche11cllée est celle de l'érable, du noisetier, du tilleul, du chêne et du frêne; les feuilles de hêtre et de ,clhêne ont de la ,peine à se décom-· poser. On ramassera de !Préférence la 1ane ~provenant des a nnées antérieures, c'est-à-dire moins riches ·en éléments fertilisants que les feuilles de l'année sur lesquelles la 'Pluie et la neige n'ont pas encore exe11cé leur action dissolvante. On pourra ramasser 'l a fane au courant de l'hiver ou au printem.ps, en évitant les massifs de conifères, d'ont les aiguilles sont loin d'avoir la valeur des organes foliacés des essences feuillues; on risque d'ailleurs beaucoup ;ulus en récoltant les aig111iHes, d'entamer' la cou,ohe d'humus, qui <ioit to~jours re$ter intacte. On obsen ·era les mêmes rè gles en recueillant la mousse, qui s'ap!JI'O'prie aussi très bien camme litière. Nous recommandons aussi de récolter les ;fougères, tout en laissant de côte les ,bruyères et les airelles et myrtiUes qui conviennent moins bien. 'Bien que le ;pouvoir absorbant des brindilles de conifères soit faible, il y a lieu .cependant d e recueillir tous ces débris et de s'en servir, car leur ramassage non seulement ne cause aucun mal à la forêt, mais contribue au nettoyage ra,pide des coupes et parties exploitéès. On pourra même, si c'est nécessaire, ébrancher les plantes dont l'abatage est

décidé, afin d 'en utiliser les ramilles pour la litière. Dans les forêts domaniales; on ne devrait autoriser la récolte de la fane que ;pour le propre asagè oes intérEssés, à l'exclusion de tout commerce, et per. cevoir une finance modeste ne dépas. sant ,p as 50 centimes rpar 100 kg., dont le produit servirait à couvrir les frais en ,plus nécessités ;p ar la surveillance plus active à exerœr :par les agents f~ restiers.

Variétés

1

UNE BEJ..;LE VACHE Il vien t d'être vendu en Angleterre une vache, nommée • Eske Ketty ., dont iJ faut retenir 'les mérites. Peu d'animaux auront autant qu'e!He conkibllé au raov~~aiUement national. Van dernier, 'Eske Ketty donna l la patrie 2410 gallons de lait. 'Le gallon est une ~œsure anglaise qui fait 4 li1res et demi . . . Oui: 2410 gallons! ·Au r.10ment de •la vente, e1lle donnait encore 10 gaJI:ons de lait pax jour. On assure qu'il existe en Angleterre une la-itière qui produit plus •le 10,000 litres de lait par an et qu'elle n'a pas été réquisitionnée comme viande de boucherie. N'oublions pas de <tire enfin que cette mervei11leuse Ketty a attei~nt ,la somme coquette de 78,000 Irancs! Da.me! au prix où est lie beurre!

Pensée ~~

Tout le monde n~a pas la possibilit~ de laire de grandes 1choses pour le service de Dieu; mais da véritable valeUT de nos actions ne vient 'n i de leur éclat, ni même de la diffi· cu;lté qui se trouve à les faire. Elles sont plus grandes en proporliO'll de ce qu'elles sont ani· n1lées de plus d'amour de Dieu. et dlu.n désir plus g.ra11d d'être a2'réables 'à Dieu. Louis VEUIL'LO'i.

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La famille chrétienne La famille ~chrétienne! Société d'âmes qui se savent filles de Dieu et destinées à monter vers Dieu, d'âmes libres, mais subordonnées les unes aux autres dans une hiérarchie de devoirs sacrés que l'affection rédproque rend très doux. Devoir des ~poux à l'égard l'un de l'autre. Respect mutuel et ,pureté de la vie, selon les règles tracées 1par la nature et ,par Dieu, auteur de la nature et de la loi naturelle. Devoir de protection chez l'un et de libre soumission chez l'autre; devoir de >COQpération en toutes choses, d'intelligente, d 'aimante collaboration. Devoirs des iParents, assez pénétrés de la ,grandeur de leur mission !humaine et c'hrétienne, ,p our ne :pas craindr~ de voir les berceaux se multiplier à leur foyer. Quand on aime Jésus-Ohrist, pourrait-on ne !Pas se réjouir à la JPensée d'aocroître le nombre de ceux qui l'adorent, de ceux qui l'aiment et qui IPO&sèdent Dieu ·pour toute l'éternité? Il dépend des êpoux dhrétiens que Dieu soit éternellement jplus connu et plus aimé. Quel attrait 1pour les serviteurs de Dieu! Devoir d'élever les enfants. De les élever. c'est-à-dir-e de les faire monter d'une vie, d'abord en awarence si voisine de la vie animale à la vie morale, de !i)erœvoir dans leur âme les premières a;piParitions de la -conscience, les premières traces de la noble lutte qui remplira leur existence, œUe dw devoir et de la passion, de les guider et de les soutenir dès ces hillffibles d!éhuts, afin qu'ils voient clair· et qu'ils deviennent forts, aifin qu''ils .fassent en sécurité l'31Pprentissage de leur Iiherté. Devoir de les inst11uire et de les instruire de telle sorte que, non seulement ils !Plli&sent gagner leur vie et tenir leur plaœ

dans la société, mais enraciner dans leur intelligence les prindpes sûrs et solides qui seront la règle de leur conduite une fois qu'ils seront devenus des hommes. Devoir de leur apprendre à prier, c'est-à-dire à chercher en. Dieu et dans les moyens que Dieu a mlS par son Eglise ·à la ~di~osition des hommes, la iorce nécessaire ;pour triompher des instincts mauvais et résister aux assauts de la tentation. Devoirs des enfants avec lesquels i1 ne convient 1pas de jouer. 'De la tendresse sans doute mais ;pas de molle indulgence, pas dè désastreuse faiblesse; pas de ces Célipitul~tions d~plorabl~ qui tro.p souvent au~ourd1hut, iont st bon marché des !Premiers devoirs de l'enfance: ie veux dire l'obéissance et le re~pect.

Et, pour être écoutés e~ crus de ~eura enfants, pour leur insptrer conft~nce dans l'enseignement, dans les iJ>fOC~I?" tes dans les exigences de leurs ;parents, de ia part de ceux~ci: 1'-exemple, toujours l'exemple, l'exem'J)le du devoir •J?assa~ en toutes circonstances le premter, 1 exem,ple de ,Gonvictions qu'on n'abandonne pas aux risques d~une conversation sceptique, imprudente ou légère, l'exemple de la prière, de la fréquentatio~ de! sacrements de l'Obéissance aux lolS de l'Eglise. , . Alh! si nous avons releve en .ces JOurs douloureux de si merveilleux traits d'héroïsme de la :part de jeunes gens chrétiens; si nous les avons vus devancer l'él!plj)el, reclamer les postes les plu:; dangereux, soutenir les courages !a.t· blissants, quelle fierté et quelle ]~te !POUT nous, chrétiens, de IJ)fnser 9u'~ls ont lPlli dire à leurs rparents an~01.ss~, mais vaillants comme eux: « Je n at fatt que œ que vous m'aviez a;ppris à ifaire~ et si je vous quitte aTant l'heure; et, Sl je' risque plus que d'autres de vous quitter iJJOUr taujours, c'est que, dès ma pe-tite enfance, vous m'avez réu>été: c Le

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devoir avant tout, la 1patrie avant la famille et Dieu le mieux servi ! :. Bossuet, de qui les vues et les paroles atteignent souvent une profondeur que, seuls les cri•tiques Slljper:ficiels ont méconnue, Bossuet a écrit cette .phrase, dont un détail, à tout le moins étonne au premier abord: «La fidélité 'ta sainteté, et le bonheur des mariage~ sont un iatérêt public et une souœe de 'félicité pour les Etats. Cette loi est IPOlitiq:ue autant que morale et religieuse. " La fidélité et la sainteté, je comprends, mais le bon'heur, !pourquoi? D'abord, parœ que les deux ;premiè-res conditions, en fait, dépendent souvent de la troisième; mais aussi ;parce que, là où ne se trourve pas le 'bontJeur, manquent l'élan IPO.ur le bien et l'entrain dans l'accomplissement de la tâche quotidienne, deux choses fort utiles à l'intérêt général. • ·Donc, cherCiher le bonheur dans le mariage, ce n'est iPas seulement ·Un instinct légitime, ce n'est 1pas seulement un droit: c'est un devoir. Les mariages où l'on .n'atteint .pas le bonheur sont des mar·iages qui manquent une de leurs fins morales, au tfi.ple ·point de vue des individus, de la famille et de la société. Ce bonheur, ai-je besoin de vous l'ap-. prendre, survit à de trèS grands malheurs. .5t, d'autre .part, il ne suffit ;pas, pour l'assurer, même du respect des devoirs les ,plus essentiels de la vie conjugale. De quoi donc est-il fait? Avant tout de la fusion des âmes et cette fusion ne peut s'accomplir -chez des êtres libres et qui s'unissent à un âge où ils sont déià formés l'un et l'autre, qu''au prix de concessions récÎ!Proques. Pour se les faire, il faut de l'intelligence. du cœur et de l'abnégation; une intelligence étroite qui ne sait pénétrer ni l'espfit, ni le .caractère d'autrui, un cœur qui, dans

l'amour, ne cherche qùe sa :propre sa. tisfaction, run égoïsme incé!J)able des sa. cri'fices quotidiens qu'entraîne la Vie commune, s'obstineront 'à tout exiger de l'autre ;partie et ruineront jusqu'à 1a possibilité du bon'heur. Tout çela voua paraît clair au;jourd'hui, .chers éliiilis, tt les obstacles vous sem:bl·ent faciles à surmonter; l'eXJPérience de toute vie dé. montre qu'il n'en est rien et qu'il faut de la vertu, non seulement pour assurer la fidélité et la sainteté, mais tout aWiai bien le bonheur des mariages. Mg,. Baudrillart, de l'Académie française.

S.· Gérard Majella Ceux qui aiment à ~aire connaissance awc l'ârœ des saints ' auront une üoie spéciale à faire celle de Gérard, le doux Rédeiqptoriste. N est ms de ce!ie ardente et radieuse Ita:lie où ·les âmes, semble-t-il, et si.I.I'tout celles des saints, s'harmonisent naturellement avec fa& bianœ quà iles entoure et s'épalllouisseot comme les fleurs et ae soleil, avec une intensité qui parfois les dépasse. Elles sont ellesmêmes, d'ai~leurs, combien profondément! du SO'Ieil et des fleurs, des sources et des fruits. N'en est-il pas ainsi de •l'exquise Vierge de Sienne, de S. François d'Assise. de tant d 'autres encme? Ils sont cela pour nous et de façon 'vivante, durable et si réeHe qu'on peut défier quiconque d'user de ce <:ontact sans y sentir son âme baignée de pureté, vibrante d'un haut désir, nourrie de pain mystique, consciente de reconquérir sa :prime beauli mora•le. A condition toutefois que nous soyons sincères! car, cela va de soi, nos retations avec les saints, comme avec nos ami&, veulent pour être heureuses qu'on y apporte, sinon le don ide soi, au moins la loyauté: J'attitude exigée par l'honnête et le vrai. S. Gérard naquit à Muro, près de Naples. en 1726, de parents fervents chrétiens, élevant leurs cinq eniUJts du fruit de 'l eur travail.

Sa courte vie de 29 ans n'est qu'une suite de mervei·lrles. Mirades et vertus y fleurissent avec telle abondance, si suaves, avec tant de lumière, de force, de beauté, qu'auprès de ce jardin les Uoraisons terrestres sont singulièrement pâ'les. · Laquelle de ses vertus citer de :préférence? De celles qui sont chrétiennes, pas une ne lui manque; son obéissance va jusqu'à des .limites qu'en notrè ~d!tle sagesse :nous ue comprenons pas; son amour pour madame !]a sainte Pauvreté ravirait s. François; sa piété angé-lique est d'une sainte Thérèse. Aucun n'a tSll!l'passé son zèle pour ·les âmes. Il est humble au dernier degré; par amour .pour ~e Christ i·lse fait mettre en croix, soVlicite qu'on Jui in,. flige les supplices de •la Passion. Dévoué aux sioos, i'l .Pest profondément et, son père étant mort, Gérard r1'amé. encore tout 1eune, il les aide de son travail, jusqu'au moment où sa mère pouvant se pa.s ser de lui, il se soUJVient que mieux oya.u t obéir à Dieu qu·aux hommes, et quitte sa famiiHe, lui ilaissant ces .paroles: • Je pars me -!aire saint. • Sa patience est peut-être inouïe dans les annales humaines. . . . Les .pi.res calorrmies et des pires traitements, venus pa.rfois 'de ceux qu'iL await obligés, it1 les subit sans plainte pour ~'amour de Celui à qui profondément il a donné sa vie. Sa vie donnée au Christ, voilà ce qui !l'explique et seuL peut i'elCpliquer. Comprendre 1Je sens de ce mot c'est comprendre du coup 1le Sf'ns, la possibitlité et la nécessité des choses qui nous dépassent 'd ans ce domaine mystique, <>ù tout est silll'le et clair à Œa olwnière de Dieu, où tout derœure fenné à •l'ignorance de J'lhomme. Nous-mêmes, notre vie n 'est-eLle pas telle ou telle, ,be1Je féconde, pure, ou vaine, froide, pauvre, en raison directe de 'l'amour qui l'inspire? Et ce •levier intime suffisanunent élevé ne nous fait-il pas acco1111Piir des œu\'res audeS\Sus de notre mesure habituelle et rédie? Comment alors s'étonner que iles saints, qui ont au cœur •un levier tout-puissant, réa'lisent toute autre Chose que nous, Tivés à .n os petites affections, à -nos petits rêves terrestres?

Parmi ces délicieuses b.istoires vraies que wnt ·les vies des saints, nmle n'est plus merveilleuse ,p ar .J'héroïciié et 'la multiplicité des vertus qui en .font tJ'essence même, et par le surnaturel, qui en jaillit à flots comme de son terrain naturel. Pas une n'est plus humaine par ·les débordantes qualités .de cœur qui tiennent l'âme de Gérard penchée sur toutes les détresses, de quel nom 'q u'elles s 'appeblent. De fait, si les souffrances physiques l'émeuvent à ce point qu'il y porte Temède presque avant même d'en être sollicité, combien plus ·les misères morales! Pour 'les guérir, sa mansuétude le Œait tout à tous : suppliant, convaincant, dramatique au besoin, et même d'une fermeté qui étonnerait si l'on ne savait que pas de 1ailune chez Uui 'dans ·le fonctionnement de cet ensemble admi.r able que forment ses ver.tus. Tll'ès doux à ·s on prochain quoique austère poll!l' 'lui-même, Gérard est énerg·ique: c Mon cher don Jérôme, écrit-il à un certain SantoreHi, je quitte tout pou·r Yous dire ma pensée SUJI' 'l'indignité de votre conduite à l'égard de donna Caterina .... Comment avez-vous l'audace d 'aller à rl'encontre des desseins de Dieu? Sachez que le Seigneur rendra vaines vos tentatives ;inseDJSées; de mon côté, je 'les combattrai à outrance. Mon cher don Jérôme, vous savez queHe affection ie vous porte, et en retour vous me causez de pareils ennuis. . . . [)e grâce, rentrez en vousmême et demandez pardon à Dieu • La pointe doucerœnt ironique n'est pas absente:· • Prenez patience, écrit-il à l'un de ses prot~és, de mau,vaise humeur à cause d'une plac<. lucrative .qui se fait attendre.. . . Que serait-ce si vous étiez en enfer! • Et à un confesseur .scrupuleux: • Et si je me trompe dans les décisions que je donne, dites-vous. Consolez-vous, œ la arrive à tout le monde. • H ie est pour.tant ll'e xœption : le fond, c'est la bonté dont on ne perçoit pas la •limite. • ri.a volonté de Dieu • , et par et pour cette ~olonté l'amour de Dieu et du prochain, tel:e est sa règle directrice. et dè9 llors, travail, austérités, œuvres de zele et de piété, tout 1


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216 tst soumis à cette règle et rien ne lui échappe, pas même le ,plus petit de ces traits touchants et délicieux dont •le récit nous enchante autant que les • Fioretti ~. Car non moins rir.he que celles-ci est la vie de Gérard à ce titre spécial. Pour s'en convaincre, il suffit de nommer: les .petits pains du paradis, l'amandier ·lumineux, ·J'a gneau !ressuscité, la clef perdue, !e puits GerardieNo, 'l e chasseur irascible, le diable pris dans ses filets, 1les souris de Corato, le mystérieux cheval bl;mc, la peste à Landonia. reviens ,petit oiseau, etc-, etc. • Chaque étape de sa vie est une pluie de prodiges.,. Ce qui .touche le plus dans cette vie si ,p'!ei~, c'est 1a tendresse pour les humbles et .pour tous ceux qui souffrent. Sur ~e riche lfonds de ses multiples 'Ver(us, cette tendresse émerge en traits vibrants, réalisés en compassion efficace, vaste comme les misères du monde, et concrétisant dans la mesure posstble à -l'être créé la di vine parole : • Soyez comme votre .Père céleste" · Connaître S. Gérard, le, disciple qui aide l mieux serviT de Maître, est un gain, un trésor. - Et puisque 'l'heure ~ QO!Dbre et ·qu'il a 2ardé, ~ui, son cœur compatissant, si nous lui demandions de nous venir en aide?

Céleste aventure ===·-A près d'UIIl kilomètre d'Avignon a'élevait, en 1860, non loin d'a,t terrages rverdoyants. en amont du Rhône, une bicoque isolée, d'aspect sordide; ajourée, à un unique étage, d 'une seule fenêtre à contrevents ferrés, elle s'acc,uaait, ibien en vue d 'une protectrice caserne de eendarmerie, sise aux con'fin10 des faubourgs, sur~ route. ·

.Là, vi·vait depuis dongtenws un vieil israélite qu'on nommait Je père Mosé. Ce n'était pas un méchant Juif ma'lgré sa face ~tein­ te et son front d'orfraie dont un bonnet col•lant et usé enserrait ~ calvitie. Encore vert et nerveux. d'aidlewrs il efit hien été capable de talo.nn.er d'use~ près AhailVéllWI, en quelques

marches forcées. •M ais i~ ne sortait guère ne recevait qu'avec des précautions extrënJea., La nuit, tout un système de chasse-trappes de ,pièges à •l oups 1]e .protégeait derrière porte mal fermée. Serviable - sur,tout ses coreligionnaires, - aumônieux envers tous, Î'l ne poursuivait que les riches, auxquels seulement .il prêtait, préférant tiJ6, sauriser. De cet homme pratique et craignant Dieu, les sceptiques idées du siècle n 'altéraient .en rien la foi sa·wvage, et Mosé priait entn deux usures aussi bien qu'entre deux aui1J6. nes. N'étant .pas sans un œrtain cœur étrange, c il tenait à retribuér des moindres services"· Peut-être même eût-il été sensil1le au frais paysage qui s 'étendait devant sa fenêtre, alo.11s qu'il eJCplorait, de ses yeux gris clair, les alentours... .Mais une chose lointaine, établie sur une petite éminence et qui domi· nait les ,p rés riverains en a.vaJ, du fleuve, ,kJi gâtait Phorizon. Cette • chose •, il en détotJI'o nait l]a vue avec une sorte de gêne, d 'ai'lleura assez conceva,I)Je, - une insurmontable averawn. C'était un très ancien c calvaire~, toléré, à titre de curiosité archéologique. ,pa; !es édi· ,(es actuels. Il fallait gravir vingt et une m:lflo ches pour arciver à ~ grosse croix centrale, qui supportait Wli Christ gothique, presque effacé par les siècles, entre Ies deux plus t» ti les croix des larrons Diphas et Gesmas. · Une nuit, le père Mosé, Jes rpieds sur WJe escabelle, penchée, :bésicles au nez, le bonnet contre ·la Jampe, sur une peti>te table couverte de diamants, d'or, de perl.es et de papiers précieux, devant sa fenêtre ouverte à l'espace, venait d 'apurer des comptes 10ur un powtreux regilstre. Il s'était fort attardé! Toutes des ,farult& de son être s'étaient si bien ensevelies en son ·labeur, que ses oreHles, sourdes aux vaios bruits de la nature, étaient demeurées inattentives, durant des heures, à . .. certains cris lointains, nombreux, disséminés, effrayants, qui toute la soirée, avaient troué Ie .s~leuce et les ténèbres. A présent. une éno11me June claire descendait les bleues étendues, et l'on n'en tendait plus aucune .rumeur.

- Trois millions! . . . s'écria le père Mosé en posant un dernier dhiflre au bas des totaux. Mais la joie du vieiLlard, exultant au fond de son cœur qu'empli:>sait l'idéa~ réalisé, s'acheva dans un tri.sson. ·Car - à n'en pas douter une seconde! - une glacia'le sensation lui étreignit subitement les pieds: si bien que. repoussant -l'escabeau, il se releva très vite. Horreur! Une eau clapotante, dont lia eha.nilire 'tart envahie, baignait sei maigres jambes! La maison craquait. Ses yeux, urant au dehors par la fenêtre. liJperçurent, en se dilatant, lïmmense environnement du fleuve couvrant les basses plaines et les campagnes : c'était t'inondation! 'le débordement soudain grossissant et derrible du Rhône. - Dieu d' Abraham! ba•lbutia-t-il. Sans perdire Wl instant, ma1gré sa profonde terreur il jeta ses vêtements, sauf le pantalon rapiécé, se déchaussa. fourra ,pêle-mêle, en une _petite sacoche de cuir (qu'il se suspendit au cou), 'le plus précieux de la table, diamants et papier.s. songeant que,_ sous 1les ruines de sa masure, après l'événement, il saurait bien retrouver son or enfoui! Flac! flac! il a·rpentait lia ..pièce, afin de saisir, sur •un vieux coffre, une liasse de bil!lets de banque déljà collés et trempés. P uis i:l monta sur l'appui de la fenêtre, prononça trois fois le mot Mbreu • adosoh ~, qui signifie • saint~. et se précipita, se aachant bon naifUC, à •l a g1râce de son Dieu. ~~ bicoque s'écroula sana bruit, iD"II ·1~

eaux. Au Joia, nuHe barque! Où fuilr? li s'orientait vers Avignolll; mais :l'eau reculait maintenant la distance, et c'était loin, :pour •lui! Où se reposer? rprendre pied? I.e seul point lumi.neux, ~à~ba,s, sllŒ' ,la hauteUJC, c'était ce ca•livaire dont :les marches déjà disparaissaient sou; le bouiJJonnement des onde~> et le -remous des eaux furieuses. - Demander asile à cette image? Non! Jamais. 'Le vieux Juif était grave en ses croyance&, et, bien que tJe danger :pressât, bien que les idée$ modernes et lei compromis qu'eLles in~>-

pirent fussent .l oin d'êbre ignorés du morne chercheur d 'arche il lu i. répugnait de deNOi'l", ne fil.t-ce q.ue Je salut terrestre à. . . • ce qui était là"· Sa sHhouette. en cel instant, se projetant sur iles ea,ux où tremblaient des reflets d 'étailles, eût fait songer atL déluge. 1'1 nageait au hasa~rd. Souda.in, une réflexion sinistre et ingénieuse lui traversa r esprü: _ J'oubliais, se dit-il en soufflant (et ~'ea" découlait des deux .pointes de sa barbe). 1.'ollbliais qu'i•l y a Ià ce ,pauvre de c mawvais larron! ~ Ma foi, je ne vois auoun inconvénient à chercher reJuge auprès de cet excellent Gesmas, en af'!endant qu'on vienne me déli.vrer! Il se dirigea donc, tous sorUjpules apaisés, et. en d 'énergiques brassées, à tra!Vers les hou .leuses volutes des on'des et dans •le beau clair de 'lune, vers les Trois-Groix. Celles-ci, au bout d 'un quarl d 'heure, lui appa11urent, colossales. à une centaine de ·mètres de ses membres, à demi congelés et ankylosés. 5Hes se dressaient à présent, sans support vis·ible, sur les vastes eaux. Corrnne i'l .les considérait, ha:letant, cherchant à discerner, à gauéhe, •l e gibet de ses préférences, ;voici que 'les deux croix latérales, .plus frêles que celle du milieu, craquèrent, pressées :par ~ e cours du Rhône, et que le bois ver.moulu céda. et qu'en une sorte d 'épouvantée, de noire sa:hutation, toutes deux s'abatti;rent en arrière, dans. ·l 'écume, silencieusement. Mosé demeura sans s'avancer, et hagard devant cet spectacle: il fai·blit enfoncer et cracha deux gorgées. Maintenant, la grande croix seule, • spes un.ica », décoU;pait son signe ISUjprême sur le fond mystérieux du fi!Cmamental espace ; elle supportait son pMe Couronné d'épines, cloué, :Jes bras étendus, les yeux fermés. Le vieilllard, suffoqué, presque défaillant, n'ayant plus que le seul ini tinct des êtres qui se noient, se décida dése9pérément à nager quand même vers l'erriblême sublime, son or à sauver triplant ses dernières forces et ie justifiant à ses yeux ·q u'.une imminente agonie rendait troubles! M-rivé au :pied de la croix, oh! ce fut de mau,vaise grâce (hâtons-nou11 de


218 le dire à sa Iouan;ge), et en éloignant sa tête 'le plus ,possible, quli.J &e résigna, ol'écha;ppé des eaux, à saisir et entourer de ses bras 'l 'arbre de 11'abîme, celui qui, écr asant de &a base toute raison huma·ine, partage, en quatre inévitables Chemins, l'infini. I.e pawvre riche prit [pied; Peau montait, le :soulevant à. mi-corps, awtour de 'lui ·l a düuviale étendue muette . .. Oh! là•bas! une ·voi:Je! une embarcation! ll Cl'ia . L'on vira de bord : Oll ·l 'avait a:pcrÇ1l· À ~t instant même un ressaut du f·leUJve (quelque barrage se brisant dans i'ombre) hn·Jeva, d 'une grosse envaguée, j:Usqu'à la place de côté. Ce fut si terrible et si ·subit qu·H eut à peine le temps d 'étreindire, corps à corps et face à face, li'i·mage de J'eJCpiateur et de s'y supend•re •le 'front renversé en ar.r ière, Jes somcils contractant :leurs touffes sur ses Tegards perçants et obLiques, tandis que remuant en avant, toutes frémissantes, 'les deux pointes en fourche de sa ba:11be gtrise. :Le vieiJ Isnélite, entre·lacé à califourchon à celui qui pMdonne, et ne pouvant 'l âcher prise, regardait de trawers son • sauveur». ~ Tenez ferme! Nous ar:rivons! crièf'ent les .voix. - Enfin! . . . gll'OJTI!œla le père .Mi:>sé, que ses musdles horrifiés liJllaient trahir; mais .•. :voici un serv:iœ rendu par quelqu'un . . . dont je n'en attendais [pas! Ne voulant rien devoir à personne1 H est juste que ~e qe rétribue . . . comme 1je réltri:buerais un v~vant. Donnons-lui donc ce que je donnerais . . . à un homme. Et, pendant que 'la baTque s 'app<ochait, Mosé, dans son organique zèle de fai're ce qu':i'l powvait pour s'acqui.tter, fouüla sa poche, en retira une pièce d'or - qu'il enfonça gravement et de son mieux entre :les deux doigts repJ;iés sur rre clou <le la main droite. - Quittes! murmura-t-ill en se 11aissant torr.lber, pre!>que évanou•i, entre les hras des ma•riilliers 'ÙI. peur de perdre sa sacoche le ·m aintint ferme jusqu'à ·J.'atteNage d'Avignon. Le lit chauffé d 'une auberge il 'y Técoororta. Ce fut en cette vi1Ne qu'il s'ét9!blit un mois après,

21G ayant r ecouvré son or sous Jes décombres de .son ancien logis, et ce ~ut llà qu'i-l s'éteignit en sa centième année. Or, en décembre de ,J'année qui suiiVit cet incident insolite ~1 ar:ri,va qu'une jeune fil:le du pays, une ta"ès pau.vre o11pheline, dlwt ~U'­ maii/t :visage, Bu.phrasie .. . • fut en butte l )~hostilité de riches bourgeois de la Vaucluse. Elle fut :bientôt congédiée, par •letl:rs ·soins, de •l'ouvroir où eLle ga.gnait 1le fraru: quotidiev. de ea su.bilistanœ et de sa 'lx>one humeur, en échaa1ge de onze heures seulement de travail. ELle .se vit f.galement rel11Voyée, le jou:r même. du réduit où elle remerciait Œeu matin et soir; car, i 'll taut être juste, 'l'hôtelier, qui avait des enfants à établir, ne devait pa,s, ne • pouvait • pas, en sérieuse conscience, s'exposer à 1perdre àes six beaux francs mensuels du cellulaire galetas q:u'eHe occupait chez Jui. • Si honnête qu'elle fût, 11ui dit-ii., ce n'est pas avec du sentiment qu'on paye 'les contributions. » En sorte que, par un crépuscule d'hiver où le tiilltement clair des • Angélus-; passait dans le vent, 1la tremblante enfant infortunée marchait à travers les rues de neige et, ne sachant où aUer, .se üigea vers Ie ca'lvaire. ti, pou-ssée très proibablement pa.r les anges, dont 'les ailes soulevèrent ses pas sur Jes blancs deg,rés, etle s'affaissa au rpied de Œa croix profonde, heu,rtant de son corrps le bois éternel, en mur;mura•nt ces ingénues paroles: - :Mon Dieu, secourez'1ll10i d',une ,petite aumône, ou ue vais mollil'ir ici. .Et, chose à stupéfier 1'entendement, voici que, de 'la main droite du vieux Christ. vers qUJi les yeux de la suppiÎllillte s'éta~ent rrevés, une pièce d 'or tom/ba sur i)a ii'Obe de i'enfant, et que ce •choc, avec la sensation douce et jamais troublante d>.un mirade, ;Ja ·r anima. Sans doute aussi, quelque chose de Dieu tombant en même temps dans il'âme vkgina;le de cette enfant du cie). en raffermit le cou:rage. El'le pr.it 1'or sans même s'étonner, se ~eva, baisa, souriante, les pieds sacrés, et s'enfuit vers la vhlle. Ayant remis à l)'a,ulbergiste raisonnable les six francs en question, elle attendit de jollil', là..Jtaut, dans sa couchette g)acée, mangeant son ,p ain sec dans la JW.it, ~·extase daiiS le

cœur, 'le cie~ dans .les yeux, Ja simplicité dans l'âme. Dès le 'jour suiiVant, pénétrée de ~a: force et de 'La clarté vivantes, elle commença son œuvre sainte à trlllvers ·les refus, .les portes fermées, les mali:gnes paroles, -les menaces et les sourires. Vl'ULIERS DE L'ISI.JE-ADAM.

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La Tomate = AJJ.;LMENT-~EIMBDE

PROCEJDES DE COl-l'SERV ATlON Les lbeaux fruits rouges et charnus de la tomate, si a;ppréciés aujoll!fd'hui sur toutes les tables passaient autrefois pour être vénéneux. On tenait la tomate comme Ia pomme de terre ,p our un poison, su:rtout dans Je nord de la f r ance, pa·rce que toutes deux apparlietV ntllt à la redoutable fa:miJJ,le des solanées. Ce fut ,Ja :révolution de 1793 qui réhabilita 'la tomate. Quand Jes ,Ma:rseiUais \Vinrent à Paris, i'J.s demandèrent ce légume dans Jes hôtels, les restaur ants et •les auber.g es avec une teJ.le insistance et un tel ensemble qu'i:l iut inscrit bientôt sur les menus. ,Les préjugés qw s'étaient opposés à sa consommation étaient vaincus. 'Les Parisiens y goutèrent avec des appréhensions qui, peu à peu se changèrent en délices. Les restaurateurs .faisaioot payer si cher ria tomate à leurs dients et ·l'achetaient, sur ·le rnaiTché à un prix si élevé que 'l es rnuaîchers d~ e.n~irons de Pa:ri& se hâtèrent de ou:ltiver œ 'l~me nolllveau. Des cuisiniers se rendirent célèlbres en préconisant des ·manières diverses, et qui se perfedionnèrent, de prépa.!fer .l es tomates. 'L es îmùts de cette solanée, dési:gnés sous le nom de « pommes d'amoux • dans cer taines régions, ont UJ!le saveur un peu aigrelette, due à l'acide ma'l ique qu'el·les contiennent. Ils constituent un aliaœnt agréable, rafraîchissant, très sain, et un assaisonnement précieux. Cet arliment coruvient par.tiOUilièrement aux personnes a:yant ~'intestin pa!I'esseux, aux constipés, aux bilieux, aux sanguins, aux temjpé-

raments sujets aux congestions. Il est rafraîchissant, relâchant, aussi bien quand il est pris sous forme de hors-d'œuv:re que sou~ ~or­ me de houillon.s, de ·sauces, de .tomates farc1es. 'En médecine usuelle, 'les feuilles de la tomate cuites, bro;yées et appliquées à l'extérieur sur IJes abcès et les tumeurs constituent d'excellents cataplasmes maturatifs; awliquées sur les da.rtres .vives, les iuroDJCles et Jes bn1lures superfi.cieHes eHes font di~araHre la douQeur rapidement. <L'infusion des tiges ~raî.ches de la tomate est erntployée aux Anti'l.l es contre 'les fiè~res ?aù.udéennes et les tièvres ,putr~des; Ja decochon est elll!Ployée sous fonme de co1:lyre contre 'les ophta'imies. . :Le ·SUC des fruits est particulièrement diUrétique. Voici un bon procédé pour conserver les tomates d'une saison à 1'autre. On choisit ~es fruits les plus mûrs et 1!:~> plus sains; on les place, sa,n·s Jes me~rtrir, dans un récipient de verre ou de g.res; on comble -les vides avec un Hquide composé de 8 :parties d 'eau, d'une de sel, d'une de vina-igre; on répand sur 'l~ ,}iq.ui~e ~ui r ;c?UJVre les fruits, une couche mmce d hmle d ol1ve. On fait des conserves de tomates en plaçant des fruits bien mûrs dans un chaudron où on des ia•it îondre et rendre toute :leur eau. On jette cette eau; oo [passe les fr uits pour les débarrasser de 'leurs pépins; on les met ensuite dans une casserole jusqu'à ce qu'elles aient ·l a consistance d 'une marmeJade d'abricots. Cette mar me1ade est versée dans de petits pot~ q.ue l'on recouvre d'une l~èr~ couche dllu:ile d'olive et que ·l 'on !bouche smgneusement. Un procédé plus s~mple de conservati01t consiste à pJoa.cer ·l es tomates crues et tout entières, dans un wase de terre et à saupoudrer chaque couche de sel . On ·l es conserve enfin 'dans des bouteii})es bien bouchées que 'l'on !Oumet à l'M>ullition. Serge D 'AVRIL

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Variétés =

demi-va.Jeurs qui ne pourront j.1tmais sortir du rang, renforceront l'ar·mée des mécontents, donneront raison à ceux qui disent que J'ou. vrier n'est pas intéressant et n'a que ce qu'i{ mérite. ·&fin, mettant des bâtons dans lt>.a roues de ceux qui veulent avancer, ils paraly. seront [es efforts de leurs camarades et tout progrès daus ie sens du mieux être. Nous reconnaissons avec 'l'auteur qu'il y a une désaffection vis-à-vis du travail, un découngement en face de J'effort, un oubli du devoir d'état, expression de la volonté de Dieu sur nous, condition actuelle de notre paix inférieure. .par conséquent de notre bonheur. Et avec Jui nous concluons en souhaitam, en demandant q ue soit restaurée !Parmi nous c 'la dévotion trop négligée, quoi que si profondément chrétienne du devoir d 'état .•

DEVOIRS D'ETAT ... Quelques considérations fort justes pnses dans un article ·.publié par •!',,Action sociale": • On constate une crise croissante da devoir d'état et de la conscience professionnelle. Aiguillonnés par la nécessité, tout eh:ier~ .\ à J'attente de cet unique moyen de subsîance. le salaire, bon nombre d'employés ou d'employées, d 'ouvriers et d'ouvrières sembient ovblicr qu'à ce droit au salaire corrèspondent des devoi'l's. Ils oublient que deux éléments entreni en ligne de compte dans la fixa ti ou du ! tlaire: 1. ·les besoins du salarié, 2. ·la valeur c'iu travail qu'il a fourni. . . . Or, si ce salaire doit, autaut ~ 10·! pos0 sible les faiTe viwe, ils doiveni. de leur côté, fourni·r un travail qui soit, autant que posHUMOUR AMERICAIN sible, digne de ce salaire..Celui qui en prend L'état-major américain a fait apposer une à son aise avec Je teltllps de travail, lambinant. aHiche dans certaines gares où ci~Ci tlent un alors même que la besogne presse, prétextant grand nombre de soldats de son pays. Voici c qu'on en fait toujours assez pou.r ce qu'on la traduction de cette affiche vous paie!~; celui qui en prend à son :tise Vous pou'Vez avoir la tête dure avec la qua'lité du travail, gâchant la besoMais elle est moi ns dure que tes pierres gne quitte à perdre deux heures pour refaite des .ponts et des tunnels. ce qui devrait être bien fait en une heure; Les Compagnies de chemins oe !~r vous ceux"là, disons-nous, manquent à un de\·oir rendront responsables des dommages causés de conscience, et à la règle de justice. par le contad de votre tête aux ponts, aux Ils considèrent le travail conune un fartunnels et aux poteaux qui ne son t pas assudeau dont jJ faut se débarrasser, vai lle que rés. 'Vail·le; leur métier comme une besogne de Gardez votre tête à l'int~rieur du wagon. forçat que la contrainte seule fait accepter et 0 qu'ils acceptent, non librement et ,fièrement, mais comme -l'esclave subit Œ'ord.re du maî• Le docteur passe la tête :par Ja porte entre; l'autorité patronale conune une exploitatrelbâillée de son cabinet et demande aux pertion insupportable: Le patron c'est :l'ennemi sonnes assises dans •Je saJ.on d'attente: tirons-en le plus possible, donnons--lui 1~ · - A qw le tour? moins possi~le, escamotons ses ordres quand Deux dames se lèvent. Chacune d'eUes veut on ·le •p ourra. .passer 'la première. Avec cette •mentalité-là, il ne peut y avoir - C'e st à la personne qui attend depuis de valeur professionnelle. L'employé, foovrier, le plus longtenws. . le fonctionnaire sont des machines qui vont - Alors c'est il moi! s'écrie un monsieur assis dans un coin. . . . Je suis votre taii!eur quand on •les :pousse et s'arrêtent dès que le et je vous ai livré deux complets, ill y a troili doigt qui les mène, l'œil qui 1es sur:veiJ.le, cessent d'agir. Ils sont des non"'Va1eurs ou des aMI

des dombas.les qu'à to\ll1111e11ter \a ruiller du verre d'eau sucré. appliquait $UT la joue pâle du conférencier un soufflet qui retentit jusqu' Il y avait à Courbeival, ce dimanChe-là, au fond de la pièce· - Tiens! tâche, souligna-t-il, voil). pour conférence publique et contradictoire t.u:r la t'apprendre ~ respecter .]es enfants de che~ c fai.Uite des re~igions •· Tro'is tables juxtaposées, au fond d'une s~l­ nous. Ce fut un 'déchaînement dans l'auditoire. le de calé, voilà l'estrade. Un individu à lorTout le monde se dressa, les exclamations s'engnon et 1ace chawuine, Hanqué de deux comtre-choquaient, vibrantes; des applaudissemettti parses ihirsutes, tels étaient ,l'orateur et les • membres du bureau •, - tous inconnus au éclatèrent. - Bravo, Jean-Pierre! Bien tapé!··· pays. Une qua·r antaine de consommateurs, .at- Tu as raison de défendre ton petit trère! tablés comme chaque dimanche, :pour causer - A bas le mangeur de curés! entre eux de leurs récoltes et de leurs bestiaux, _ Qu'il aille déballer sa fdper.ie chez de buvaient Je c litre. traditionnel. sans se sou:pius bêtes que nous! cier outre mesure de J'oratewr ni de sa conEn~re temps, dix mains vigoureuses avaient férence. Il commença néanmo~ns, devant 25 visages saisi 'l es tables qui constituaient Ja • scène •· Dans un rapide et ûndescriptible' tohu-bohu, et une quinzaine de dos, à eJqJoser < 1]es méorateur, guéridon, membres du bureau, papefaits des prêtres • . Sa voix criarde dominait les autres. Le rasses et verres d'eau sucré vinrent fraternibruit des conversations tomba peu à peu, ser démocratiquement sur le pMquet. mais le f'l'ont barré et 1'ai.r soucieux, la plu- Rien à faire ici! grommela J'homme au part des auditeurs semblaient goûter médiolt oi'gnon. Ce sont des fanatiques.··· f i.\on.s crement .]es tirades du jeune délégué des Loges, par la cuisine! . . . Par une fenêtre ouverte, un garçonnet de 12 'La séance avait été, en dllt mmutes mauans suivait du dehors le discoms. Soudain, gurée, interrompue et levée, ·sans ordre du il enjamba le mur d'appui, sauta sur l'estrade jour. . et, campé crânement devant .Je conférencier: Nos trois logeuds rejoignirent en hâte _ Monsieur, lui cria-t-il, les yeux dans les une voiturette dont ~e moteur .poussif les mit yeux, ce que vous dites •Jà n'est pas. <Vrai! Nous assez vite hors d'atteinte des quolibets. avons un curé ici, et i'L y en a toujours eu un Ils s'étaient trompés d'adresse. A Courbeà Courbeval. Aucun d'eux n'a jamais été ce val 0111 ne lisait ni ~e ,Progrès ni le , Lyon''; que vous prétendez .... les esprits n'étaient aucunement familiaris~ _ Cause toujours, ibébé ! interrompit, en avec les ritournelles calomnieuses des com11lls r icanant, l'orateur. voyageurs de 1a franc-maçonnerie. Puis, s'adressant au public: Mais i•l await fallu [a voix d'un enfant pour - Le voyez-vous, ce petit échappé de bédire tout haut, dès Jes premières phrases, ce nitier! Il ne 'lui manque qu'une soutane. · ·· que chacun pensait tout bas. Tiens! mioche, va M :prendre mesure!.···· f) Et, d'un traîtreux coup de pied, il envoya su.r Je plancher de ·la salle 1e pauvre enfant, A peine eut-i.1 appris cette aventure que 1e humilié pLus encore que meurtri. curé de 1a paroisse COUII'Ut chez son enfant de Chœur. . _ Célestin, 'je viens te féliciter. liu t'es A la même seconde. un grand gaillard, conduit en homme! Mieux que ça! La haine tourné en garçon de ferme, se détendait comest cla·i·r:voyan1:e. Le tri•ste individu qui t'a me un ressort, bondissait sm l'estrade et, d'ufrappé a 'vu en toi l'étoffe d'un prêtre.··· Ne ne main plus eX~perte ' presser ·le mancheron

Début de vocation

e


222 228 voudrais·tu pas le devenir? Les grands youx bleus de l'eniant s'i'luminèrent. - J'y ai .pensé soUNent. M. le Curé, mais je n'osais pas vous le dire . .' .. - .Moi aussi j'y .ai pensé, et je n 'aurais pas tardé à t'en parler. C'est régùé maintenant. Dans un an et demi je te lais entrer au PelitSéminaiJ·e. Le soir même, Célestin eut sa grammaire latine. Les années ont passé, laborieuses et bie11 remplies. L'abbé Célestin excelle aujourd'hui dans les joutes théologiques du Grand Séminaire. Demain il sera prêtre et défendra, sinon avec plus de crânerie que jadis, sa foi attaquée, dili moins avec plus de .prestige, d 'autorité et de compétence. Le délégué des Loges eut mille fois raison de ·l'envoyer prendre mesu·re de soutane. Il n'aurait jamais cru si bien dire.

Fils de ses œnvres Trop longtemps nous n'avons connu les Américains que pa• quelques ty;pes dont les excen1rici!és et les .prodigalités, dans les palaces et dans les tripot• .ne nous donnaicni pa& la moindre idée de ce que dans leur pays on vante avec conwlaisauce, l'homme Els :!e ses œuvres. L'arrivée de leurs soldats sur le front d'Occident nous a 'fourni !à.cte%us quelques <lonnées plus précises. On les a vus défi ler ces jeunes hommes secs, nervell!X, bien memlbrés, bien découplés, encore .I)lus résolus. On les a admi·rés au travail, répudian t les méthodes surannées, utiHsant toutes les re3sources du progrès et disant avec 'PEcri!ure: • Toutes choses ont leur temps ~, aJon, que dans l'ancien monde on en est arrivé, ii y a belle lurette, à laisser le repos empi~ter s ur le travail. à C0nsact1~r au farni ente des quarts d'heure et des heu~·es en toute justiœ destinés aux 0ccupations sérieuses•. Ce n'est pas se~: !'!rnent à Nap1es qu ii y a des lazza·

rani. Entrez dans un bureau: ·vous trouverez des ronds-de-cuir perpétuellement assoupis. Pénétrez dans un cham:er: on dirait que •es ma-rteaux sont en grè'Ve· Chez nos Américains rien du lazzarone. .Pour eux, le temps est de l'a·rgent. A leurs yeux, le viei l adage de Virgile: • Un ,travail opiniâtre vient à bout de tout •, a conservé sa valeur. Rien d'étonnant à ce que de pareils hommes, pour peu q•1e le~ circonstances le~ favorisent, s'acheminent vers des 1ours prospères. Et ce ne ·sont pas seulement leurs dispositions personnelles qui les incitent à cette activité sans intermittence. leur constitution nationale même .paraît hosti le aux flémards. Leur forme de gouvernement est basée sur le consentement du gouverné, parce que ses auteurs ont supposé que le gouverné ferait son devoir, que se sachant un homme il sentirait 'le besoin d'agir en homme, de produire des œuvres, d'être l'artisan de sa prospérité et de la grandeur de son pays. En notre Europe occidenta-le, un peu délabrée par .]es siècles, il y a encore, malgré l'invasion de la démocratie, beaucoup trop d'individus qui se contentent d'être des • fils à papa • .. Leur berceau doré et 'leurs quartiers de noblesse ont ,p roduit en eux une véritable griserie. Ils tirent vanité de leur o:igine et ne s'en renc'ent point dign"s par leurs actions. Ils s'affubl~nt du mérite de ieurs ancêtrr~ tout ~omme le geai se parait des plumes du paon. Apœlez-les indi'Viduellement M. • du • Corbeau, vou3 V:!rrez comme chacun se rengorgera. •Même dans les pays de régime démocrat·ique où la particule nobiliaire P>! officielllement abolie, nul ne lâchera son c de • ou son • von • dans la vie socia-le, et plusieurs se l'attribueront gratuitement. Cependant déjà au XVIIe siècle, BoJleau protestait contre cet abus. Nullerr~Pnt inti!r.idé par l'éclat du Roi-Soleil et des astres qui gravitaient autour rie lui, il blâmait ceux qui étaient sottement entichés de noblesse. Il r~­ connaissait volontiers les droits qu'ont Lertaines familles à notre admiration et à nos respects. Dame! Si la france est arrosée par le Rhin, la Seine, 'a Loire, le Rhône et ... la

Garonne, le Léthé n 'y roule point ses ondes génératrices d'amnésie. Aussi le poète tout d albo·rd affirme: La noblesse, Da!1geau, n'est pas une chirrl!re, Quand sous l'étroite loi d'une vertu sévère, Un 1homme issu d 'un s;mg 1écond en demidieux [aïeux. Suit, comme toi. la trace où marchaient ses Or, les aïeux ont été fi.ls de leurs œu'Vres. .Leur descendant ne sera qu'une ganache Si, tout sorti qu'il est d'une source divine, Son cœur dément en lui sa superbe origine, Et n'ayant rien de grand qu'une .sotte iierté, S'endort dans une lâche e! molle oisiveté.M in de mieux faire ressortir ·la honte de cette dégénérescence, Boileau pule de nobles coursiers qui ont conquis ·l 'illustration, Alfane, cheval du' roi Gradasse dans l'Ariste, et Bayard, cheval des quatre fils Aymon, et p 1aisamment ~1 ajoute: Mais la postérité d" A1iane et de Bayard, Quand ce n'est qu'une rosse, est vendue au hasard. Plus tard, au. XV'III, siècle, Beaumarchais soutiendra la même thèse en termes plus ciongla-nts, et Figaro, s'adressant au comte Almàvira. grand d 'Espagne, lui dira sans a'Voir à craindre de r~plique: , Aux vertus qu'on exige dans un domestique. Votre Excel'ence counaît.elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d être vallets? • Ah! oui, un bon arbre porte de bons fruits: si un gentilhomme a conservé la sève de son ascendance, qu'il le prouve par ses œu'Vres. Aux ·Etats-Unis, pareil contraste entre le passé d'une famille et le présent d'un individu ne compte pas. La cloche de Philadelphie, en sonna·nt pour annoncer la Jiberté a du même cnup proclamé l'~ga:ité. Aux yeux de la loi aussi bien qu'aux yeux de l'opinion, tous sont égaux, comme sont égales . les 48 étoiles du drapeaJu, et tous sont tenus de contribuer au bien-être commun. Le fils du mmiardaire, qui dtoisirait de paresser, ,passerait pour un zéro en chi.tfre, un indésirable.

Trr,vaiHer ne suf5it pas, il lau! encore lâcher de .réussir. Dès qu'un homme met la main à la pâte, n'est-ce pas pour avoir du pain sur .la planche? cCourez de manière à attei ndre le but •· di! l'Apôtre aux Corinthiens; le bon sens ·nous le dit éga•lemenl. Le Yankee ne travaillera pas pour le roi de Prusse, il visera au succès. Mais pour réussir, que laut-il? c'est là •le hic. Dans nos pays de tradition de rou ti ne d'accoutumance, d'atavisme, de .p;éjugés, la 'plupart cherchent le succès dans l'ornière. Aller ailleurs serai·! manquer de prudence. Pensez donc: ce serait a·v oir le prétention de placer du nouveau sous le soleil. Les viei•lles nations sont pusHlanimes à l'instar des 'Vieilles gens. Le jeune peuple d'Amtlrique reste étranger aux tergiversations de b sénilité. Après s'être posé la question: • Comment réussir? • le moindre jouvenceau sc répond à ·lui-même: • Je veux gagner de l'argent, beaucoup d'argent. J'en emploiera i les moyens, quels qu 'ils soient pourvu que l'honnêteté ne 1es réprou'Ve pas. En vue de grossir mon magot, j'aurai i'œil ouvert et guetterai les bonnes occasions. Puis, ~e n'aurai de cesse que quand les banques m'auront accordé .un crédit illimité. Alors, non seulement e iraj ...aillerai moi-même, mais je cerai travailler des capitaux .• Mais c'est l'histoire de la fermière du Pot au lait! Pas dili tout. Les rèves à .Ja ·P errette n'ont pas cours à Chicago, ni à New-York, ni en Californie. Chez nous, • quel esprit ne bat la campagne? - qui ne fait Châteaux en Espagne? • De l'autre côté de l'Atlantique, il en va tout autrement. Les affaires sont les affaires: un songe-creux ne doit pas y mettre la main. A récole. on a appris l'art de caoJculer avec une dextérité merveilleuse De ses parents, on a reçu une éducation qui visait surtout à former la volonté. Autou• de soi, on voit de superbes initiatives <lUi exercent et aboutissent. L'atmosphère religieuse qu'on respire él{!lve l'âme el lui facilite 'la perception de l'idéal à réaliser. L'idé~ du devoir d'état devient un stimulant précieuoc, un facteur d'éurrgie. Les querelles poliiiques, qui ailleurs constituent <les obstac.les au bien, ici dévelo~


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224 chambres habitées par- de três •jeunes enfants ou des malades [a tempélra!ufe peut être relevée d'un degré. Pour atteindre et maintenir 1le degré de chaleur vouliu, placez dans chaque pièce chautfée un thermomètre et regardez-le plusiewrs lois par ,jour. C'est ilà une d~nse nécessaÎII'e qu'ill ne aaut ni éviter ni re~œttre. Que de maux de tête et d'in-somnies, que de rhwnatismes et de .maux de gorge, que de troll!b'les de toute nature même gastralgiques causés pa·r l'intoxication ou 'les sursauts brusques de te~rature dus à un excès de chaleur. •Le rthermomètre vous guidera soit poûr pousser ~e ~eu, soit au contaire pour ralentir la cO!ITfuusrion. Une chaleur régulière, douce constitue la meiqleure immunisation contre ,Jes ·inconvénients de l'hiver. Il est diffi·dile de surveiller ~e 'feu ,Ja n·uit; ~es :hygiénistes ~e prescrivent' d'ailleurs des chamlbres à coucher .pendant Ile sommeil. Si vous ne pouvez vous en passer, couvrez le feu · ou mettez-Jt: au petit ti'I'age selon ·l'appareil employé. Si ·vous êtes obHgé de faire plus grand feu ffiM!PBRAlURE DE L' APPARTElMENT dans 1a chambre d' un malade ou d'un bébé, L'HI\ŒR - OOMMBNT LA REGLER véri~iez ·te thermomètre avant de vous couET LA MA!INTENIR . dier, une fois a•u milieu de tla nuit et sitôt voDans ~W!ttérêt de votre santé et de ceux ' tre réveil. qui vous entourent, ne perdez pas de vue Bien des ménages sont à court de compendant Ja mauvaise saison Iles trois principes bustible cet •h iver. Mieux vaut dtauffer conveslLivant'S: nablement quelques pièces que de prétendre 1. I1 est auss~ :mauvais d 'avoir trop chaud Jes chauffer toutes insuffisamment. Condamque d'avoir très froid. nez plutôt une pièce ou deux, dont vous pou2. Passer sans transition ni précal\ltions vez à .Ja ri•gueur vous passer et veillez à ce préa·lail)Jes d ·un endroiit très chaJUMé dans un que ceux qui s'y rendent se couvrent Je corps endroit sensiblement moins chauffé ou nulleet 'la tête comme s'ills sortaient dans 'la rue. ment chauffé est souvent plus dangereux que Aller d'une pièce chauffée à une pièce froide d'avoir froid. sans précautions suffit pour s'enrhumer3. Si l'homme a besoin de chaleUŒ', il a enNe sortez jamais, ne fût-ce qu'une minute, core p'lus besoin d'air. · sans être hien couvert. Qu'il s'agisse d'aller Examinons comment appliquer ces princidans la rue ou simplement dans un jardin atpes. tenan1 Ift maison ou une cour intérieure, la lM&ecins et hygi&..istes estiment généraletempérature est •la même. ment que Ja Cha!leur dans une maison particuAvarut de sortir, renseignez-vous sur la Hère ou un lieu pulblic ne dO'it pas dépasser ternpérature extérieure. Pour cela accrochez 16 d~rés centijl'rades. Cependant dans des au dehors près d'une fenêtre un thenrDmètre pent le sentiment de da solidarjté, grâce auquel! ile .frère est aidé par son 1rère, ce qui n'est pas un mince avantage. Voi·là donc en branle' une activité dont le ryth~ régulier utilisera toutes 'les forces de l'!ime et du corps, dont la continuité mettra à profit toutes .Jes minutes dont la direction trndra sans détours vel"S un but très pratique. Pas de fièvre; simplement le mouvement, c'està-dire la ovie. En cas d'insuccès, on ne jette pas le manche après la cognée; on se recueille et on recommence. Faut-il, après avoi.r été l'équiva.Jent d'un· bourgeois, revenir au travail manuel. on endosse le bourgeois, taisant la nique au ·respect humain: de degré en degré on remontera, poussant le cri suggéré par un poète américain qui sent 'le terroir: • Exceleior! plus •haut, toujours plus haut! jusqu'au aommet de .PA!Ipe miroitante! Joseph MEINARD.

Hygiène

qw mdiqueta la température extérieure moyenne. Ne 1e placez donc point à un angle de rue qui est toU'jours plus froid, le mieux est de rex:poser au midi. Vous vous couvrirez .plus ou moins abondamment selon ~a 1empérature accusée par ce thermomètre. Vous êtes maître chez vous, mais non chez les autres. Quand donc vous a!J.lez en visite, enlevez entièrement pardessus, manteau et fourrures si Jes pièces sont convenalblement chawttées, contentez-vous de les entr'ouvrir si la chaleur est médiocre. Quand la pièce est surx::hauftée, couvrez.JVous le plus possible en sortant de cette maison et restez ainsi P'J.usieurs minutes. Après quoi, si la température n'est pas rigoureuse, vous vous découvrirez un peu. Dans tout lieu pUblic chacu~ié : restaurant, magasin, théâtre, prenez les mêmes précaut.ions que ci-dessus. Dans ·un magasin' très chauffé portez par-dessus, manteau ou fourrure sur le !bras. Termi~ons par 'les consei'is qui découlent du. troisième principe énoncé en tête, car s'i·l iaut chaullier 'l'appartement, son aération est aussi importante. · Les pièces d'une maison ou d'un lllppartemeut do·ivent être venülées ae matin hiver comme été. Il est inutile de Jaisser 11a fenêtre ouverte très Uongtemps, deux ou trois minutes suffisent. Au cours de la journée, une certaine ventilation s établit par les interstices des fenêtres et des portes et aussi par Ja ctteminée, sauf quand ce'lle-ci est obstruée par un tablier mobile ou une P'laque quelconque. Pour éviter des courants d'air funes tes aux personnes ·qui se trouvera·ient à côté, on pose des bourrelets ou des bandes autour du cadre des fenêtres et des !pOrtes. La précaution est louable, à condition de ne jamais placer ces bourre'lets ou ces 'bandes sur la. partie supérieure. Ainsi J'air du dehors pénétrera dans la pièce et ~a ventilera sans incommoder persotl!lle.

______.....,....._....,...._.,... _____ ---·

Les contes des veillées Nous voiJà en hiver. C'est l'époque des longues veildées où jeunes et vieux riv·a'lisent d'entrain pour captiver et souvent faire frissonner leur .auditoire. Tout y passe: contes de Perrault, contes de lées, histoires vécues, légendes populaires, lugubres histoires de dragons, gar'diens de trésors, de lou.ps-garou~, de re·venants enf.in qui ·toutes affolent les jeunes imaginations et iDJspixent rra teNeur. Pense-t-on jamais qu'une seule de ces anecdotes suffit parfois :pour impressionner d'une façon maladive certa~nes natures nerveuses ou craintLves et les rendre malheureuses pour .Ja vie? Des tempéraments robustes même en subissent queLquefois ijes fâcheuses conséquences. A preuve, .J'aventure récente dont a été ~!ctin~ un de mes jeunes amis qui me l'a conhee ·LUImême. C'était pendant une nuit assez sombre de l'~rière-saison. n rentrait tard et, pour se doru1er du cœu.r, sililait en parcourant la dis-tance qui sépare deux des vi\Jages du plus oha.runant .plateau que ile Centre du Valais offre à notre admiration. Arrivé près du pont qui franchit la « torrentière •, de sinistre réipmation, il s'arrête net: une forme blanche se meut devant 'lui ·sur la route.A coup sûr, ce ne po~­ vait être qu"un de ces revenants dont .Ja trad·ition peuplait cet endroit, un de ces revenants condamnés à errer sur les bords de l•a c torrentière, jusqu'â complète expiration de leurs .fautC$. Telle est sa conviction angoissante et t!'eilet en est immédiat: .Mon ami demeure là, c:;oué au sol, ·les yeux attachés sur le bntôme devenu immobi·le; il sen t ses, cheveux se dresser et une sueur froide coul!er de son front. Par un suprême effort de volonté, _il essaye cependant d 'avancer avec !'idée bien arrêtée de discemer la nature de cet•te {orme blanche qui le jette dans les transes et dont i11 ne peut se rendre compte. A peine son mouvew.ent est-i•l esquissé que le spectre •s 'ébranle à son tou:r à la rencontre de celui qui ose troubl!er ·s on repos. Epouvanté, le jeune homme s'arrête d'abord, pu is recule quelque peu


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226 ta'udis .que 'l'affreuse VJSIOU semble s 'avancer. Une seconde fois mon ami tente de force r le passage, ma~s sans ·pi:us de succès, et le voilà qui perd contenance: le sang afflue à la tête et lui bat les tempes, ses dents claquent, ses yeux se ttou:bllent et, dans .le désarroi de son cerveau, ~~ voit Ue spectre sulbitement grandi et prêt à s'é!Iancer sur lui. Saisi de terreur, :Je jeune homme ~ait volte-facë et, sans plus regarder derJ'ière lui, se sauve de toute ·la vi.ies:se de ses jambes ·jusqu'aux premières maisons du viNage que tout à l'heure il avait quitté en fredonnant un air IJiiall.iial. A bout de soufmle, ti'.1 arrête Jà sa futite éperdue et cherche à reprendre haleine. D'Un rega:nd inquiet il inspecte •le ira~et qu'ill vîent de rparcourir dans sa folle ·randonnée. Rien; ·le spectre ne l'a point suivi, et mon ami aussitôt de se rassurer; les battements de son sœur s'apaisent et il reprend son sang-froid. A rprésent que l'hal{uoinati'on s'est dissipée, :Je doute pénètre dans son esprit. Si sa vue avait été 'le jouet de quelque étrange fanlasmagorie créée par le jeu des ombres mobilles sous •le souffle du vent? Si cette créa•t ure étrange, su.rgie tout à wup menaçante, •se confondait avec quelque roc cakaire vaguement éclairé par les rayons douteux de la lune à ùemi voilée? Si et!Jfin le mouvement awarent de cette forme n'était qu' une illusion? Autant de questions qui monmien! à 'l'assa.ut de sa poHr01merie qu'i.J se reprochait amèrement maintenant que la ré·~:exion condamnait sa trop rprompte retraite. Commen,t à ll!'avenir Vlaincrait-Î'l sa peur des iuévita'lYles surprises nocturnes? Oserait-il même s'aventurer enco re la nuit doalJ.s ces parages redoutables aloa·s qu 'i l avait honteusement fui devant un spectre d'une exi•stence dou!euse après tout?

1Le fait d'aroir trembllé et fui devan1 -un dang'er peut-ê'lre :i maginaire humiLiait mon ami et le poussait à ,pénétrer, malgré tout, le mystère de cette rencontre moU'vementée. Ces consi'd~tions très sensées et aussi la crainte dtt Tidicuile dont Ï'1 serait couvert, si jamais cette scène avait eu pour auteur un mauvais ~la•isant, ~ses soupçons se portaient déjà sur

un ca·marade e51piègle) le mellaient en face du di'lemme .survant: Ou ·renoncer à l'explication de l'énigme en retournant chez soi par un auf,re chemin et s'av.ouer ain&i vaincu, ou bien réagir V'igowreusement, revenir sur ses pas et chercher -résolument à se rendre compte de l'objet cause de sa terreur.

C'est le parti qu'i·l prit et, cinq minutes plus tard, il se trouvait de nouveau :près du pont iata'L Dieu! l!e même fantôme Hlanc circulait encore lentement sur l'étroit espace qu ·JJ. paraissait ne pas vou;loü· quitter. Du cou!P, 'toutes 'les courageùses résolutions .de mon ami fa·illirent •s ombrer dans une fuite :plus éperdue encore que •la première, lorsqu'une voix chevrotante vint brus.q:uement rompre tous -les chairmes de .Ja magiÎe et déahirer le bandeau d'i:ilu.sions qui couvrait ses yeux. Paisirblement arrêtée sur ses pieds nerveux, une chev.Fette blanche posait devanf mi et •le fixait de son vague reg~d étonné dans lequel! mon ami crut distmguer un peu d'ironie. C'étaH donc dev•ant ce paisible animal égaré loin de son étable que Qui, ,jeune homme courageux, a.vait tremblé et fui inconsciemment! Honteux de sa contenance, iL regagna son foyer en toute hâte, très heureux que personne n'eC!t surpris sa .folle équipée, et en garde désormais coutre 'les extravagances de son imagination, admirablement servie par les ombres flottantes de ia nuit et Pin11périeust: obsession des contes merveilleux ou tragiques de sa lointaine enfance. ·La monl'le de cette histoire véoue, la voici: ,Pa·rents et édnOLteurs, soyons prudents dans le choix des contes dont nous berçons l'imagination de nos enlfants. 'Leur · esprH et leur cœur ont soH du .beau, du merveiHeux et, pour 'les s·atisfaire, nous 1Jeur versons, souvent à flots, qe lugulbre, le terrible, 1le trag1que. Quoi d 'éton111ant dès lors, si Ja peur, en eux, s 'exa:~te, si leur système nerveux se détraque? Ha>bi· tuons-les p1:utQ.t à .bien se 'l'endre compte de ce .quï-ls voient, de ce qu'ils entendent; exerçons leurs sens même dans Œe& ténèbres, et ne .craignons pas que, sous ce :rapport, on nous accuse d'être disciples de Jean-Jacques. \

Rousseau a passé, mais longtemps encore les grand'mèr~s diront à leurs petits-en1ants: 1'1 y avait une fois . .. · Z·

------·o-1>-·.--------. -C'est les punaises · _Il était une lois ... , - raconta, ce soirlà, 'lancier Cat~ist•ron, appelé le Parisierr à gros bec par le brigadier Mab.nceJ, r:~pport à l'éducation soignée qu'il avait reçue - il était

une fois un médecin it~ajor qai n'aimait pas les carottiers. _ Nous avons b~aucoup de .malades, docteur, av<tit observé le coioae! au grand rapport. . . . . . Et le docteur Hypécas, qm etal! du M1d1 et qui a>Vait de l'amour-propre, avait répondu . de son • accent • Ie plus épicé: _ Mon colonel, ze prendrai des mesures. Depuis ce .jou.r-là, le docteur Hypécas entrait dans la sa'lle d.e visite en roulant des yeux terribles· puis avant -Je s'asseoir, il examinait ses' bisto.:tris, ses ciseaux, ordonnait de faire chau!fer des cautère3, préparer des ventoUJses, tout cela avec des airs à faire frémi·r les pauvres malades. Enfin, après avoir mélangé •les cahiers des escadrons, il appelait: Cavesson? - Présent! M. le major. - Qui vous amène ici? - M. le major, je :mis m'llade. - En êtes-vous bien sûr d'être malade? On n'est •jamais sûr de ces .:hases-là. M.oi-.même, qui .suis médecin, je ne suis pas sûr que vous soyez ma·lade. Voyons où souffrez-vous? - M. le major, j'ai mal à la tête, ie n'ai pas d'appétit .... Et le docteur Hypécas montrait au malheureux le coin de la salle avec ce geste du général Boum lorsqu'il commJndait: Dans un coin, mauvais soldat.

de

~ Oharva~hu?

- Présent! M. ie !T'.ajor. - Q'a'VeZ-VOUS? - M. le major j'ai mal aux dents. - Est-ce que vous 11\<! pœnez pour une pe-

tite Sœur des Pauvres? Votts croyez gue j'ai travaillé pendar.t quinze années, les plus bel!es de ma vie pour venir vom extir?'! r vos chicots ? - Empoisonné! Et c'était ainsi taus les matins pour les six premiers malades. Le doctt-ur :es aiignait, puis il les faisait armer chacun d'urr gobelet rempli d'une forte dose d'éméFq!te délayée dans de l'eau chaud~ , Pi comma:~da::: -Buvez! _ Tirez la Ja.ngtte! Et les six em!JOÎS0~1!h~S tiraient la langue · t a,va 1·e·· pour bien montrer qu ,.,~ s a vaœn . - · ;\!lez vous livrer anx nausees, d1~a1t alors le farouch"! dr.deur avec un sourire sarcastique. Ensuite, il continuait l'appel : - Carayrou? - Vous êtes malade? - M. ![e major, j'ai des ùculeurs. _ Des douleurs, des douleurs! Qu'est-ce que c 'est que ça, des douleurs? l,a !le se vo·it ,pas c'est impalpable, les douleurs! Je n'y crois pas, aux douleurs! Oü sont-elies vos douleurs? Montrez-les moi, vos douleurs! - M. :le major, ça me · tient comme ça, comme qui dirait dans tous les reins. _ Eh bien! quand cela ;;era descendu dans 'es ongles, il fa'udra les coup~r ... . Vous êtes lombé de chevaJ.. .. je ne vous dis que cela. - Bo'lachin? - M. Je major, j'ai des douleurs. __ Hein! disait ·le doctr.ur Hypécas, encore des doulews, toujours ùes douleurs! Apportez-moi un cautère. Vous a 11ez mettre le cioigt sur 'VOtre douleur; q ue lques bonnes ]"'Ointes de ~eu, c'est souverain. Et jusqu'au douzième malade, les ventouses alternaient avec 'le cautère. - Comment! i'1 y en a encore ? pestait ~e tcrâ!Jle major. J'ai mon compte. Douze malades, jama·is p1us. Vous entendez? Allezvous-en. Non exempts! Et ·les malades supplémentaires étaient mis à la saUe de po'lice pour n'avoir pas été recoJ1nus. Au bout de huit jours de ce régime, 1a moyenne des malades avait dimin:tf: de plus


228 de moitié~ et le docteur Hypécas se irottait .Jes mai:1s. Enfin! i! é!< it venu 3. Mu~ 1·!s carottiers! :Maintenalll.t, il soigna it ses m~lades avec un soin et un dévouement infinis: il avait pour eux de douces paroles il [eur parlait de ·leur fami!Je, de leur • petite bonne amie •, et au me~s il faisait enrager le capitJ\ine Verdegry. ql!i grinchait toujours, ~o lui disant: - Vous n'auriez pas trouvé celie-là, vous? La carotte, mon cer, c'est moi qui l'ai inven-

tée. L'ex.istence d.t mali:1 major se 11blat 4• d,:mc r.e tif'voir p!us ~tre troublée, lorsqu'un jour il appeile: - Fielbecker? - Brésent! mossié le machor, répond un gros bouffi de S3nté, en s'a vançan!. - Qu'avez"'Vous, mo11 garçon? Vous avez une mine superbe. - C'est frai, chai b".t" bas dire, moosié l'mâ•hor, chai ·f)On•u.~ vigure. Ché pois pien, ché manche ,pie1, tnats ché peux pas tormir. -Oh! ah! se disait. le docteur, c'est encore un carottier. Revenons à i"ancien régime: - Empoisoolné! Le lendemain, il est tout étonné de voir apparaître FieJibecker, toujours rouge, frais et souriant. -- Mossié le mâchor, tebuis hier, ché pois engore mieux, ché manche comme un ocre, mais ché beux toujours has tormir. - Qu'on lui mette des ventouse;;! hurle le docteur furieux. Et Fielbecker se voit apj)liquer douze !Ventouses sur la partie -la plus charnue de son individu. Deux jours après, il at>parait la mine plus florissante encore et rec/Jmmence sa phrase. - Assez, assez, int~rrompit le docteur. Qu'on me douche cel annna!-là j1isqu'à ce qu'ii demande grâce. C'est inouï. On n'a jamais vu un pa•reil entêtement. Si jamais vous revenez .... Aussi quelle ne fut pas 1a stupéfaction du major Hypécas, 'lorsque fe lendemain matin, dans l'entrebâillement de la porte, il vit pas· ser la grosse tête rougeade ·le Fie-Jbecker.

- .J\.1ossié le mâchor, lui disait celui-ci ché suis blus malate. Che sais maintenant c~ gue c'est: c'était les puuaises. Eh bien, termina le lancter Campistron, :e docteur H:vpécas 1ut te~:ement épaté qu'il demanda, ·le lendemain, Fielbecker au colonel et le fit attacher à l'infirmerie com,ne c tisanier •. - Cet homme-là, voyez-vous, rlisait-il au capitaine Verdegry, je le considère comme un monument et tous les matins j'en fais le tour. FOLARÇON.

-----------Variétés ,

LA FEMME CHRETIENNE A LA MESSE 1 S'efforcer d'y assister souvent et même quotidiennement; 2. Se lever de bonne heure pour que rieu ni .personne n'en souffre; 3. T~ut ordonner dans la maison afin que nul ne lui nproche même d'une façon i~ ritée, son absence de que'lques !ttlOtllents; 4. Pour 1aire contracter cette habitude A ses enfants, les y conduire de bonne heure et leur recotmnander la plus grande piété; 5. Eviter les •Conver·sations trop prolongées et les plaisirs inutilles afin de se ména~ du temps; 6. Adopter une bonne méthode :pour y bien as$1Ïster, prier pour les siens; 7. Demander de temps en temps le Saint Sacrifice pour sa ~amiHe, surtout dans les circonstances importantes, à l'occasion des an· niversaires ije baptême, de mariage, de décès.

~ EMPILOI DU VIN DANS I.;ES SAUCES Si l'on prépare une sauce au vin, ou si le vin entre pour une grande pari dms ila con· feclion d'une sauce, ne •le versez jamais en une seule fois. ,Faites réduire la sauce avec la moitié du vin nécessaire, et ne versez l'autre moitié que quand la cuisson est déjà avancée. Laissez réduire de nouveau; le vin ainsi employé conserve da:vantage aux sauces Je g-odt lill qui lui est propre.

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Projet de Loi fixant les traitements du persol'\nel enseignant primaire --<Q><:Q>--.....---

Le Grand Conseil du Canton du Valais, Considérant· qu'il est équitable d'améliorer la situation matérielle du persanml enseignant primaire; Sur la proposition du Conseil d'Etat, Arrête: Art. 1er. - Le :personnel enseignant .primaire reçoit .un traitement mensuel initial qui est fixé à ir. 200 .pour les instituteurs et à 'fr, 180 :pour les institutrices. Art. 2. - Les instituteurs et institutrices oporteurs diU brevet valaisan de ca!pacité, ou d'un autre brevet reconnu équivalent, reçoivent un s~plément de traitement de fr. 30 !Par mois après 5 ans et de fr. 45 après 10 ans d'enseignement dans le Canton. Art. 3. - Les instituteurs et institutrices qui s'établissent, en vue :de l'enseignement, en :deh<trs de leur domicile ordinaire, ont droit à un logement convenablement meublé, à 4 stères de ·bois et à 1une indemnité SUJP'Plémentaire men. suelle de fr. 25. Art. 4. - L'instituteur qui, outre l'école primaire, dirige les cours complémentaires, touche une indemnité spé. dale de 'fr. 220 si le cours comprend plus de 10 ·élèves et de 'fr. 180 si le éours com,prend moins de '11 élèves. L'instituteur ,charg·é du cours !Préparatoire au recrutement reçoit rune rétribution minimale de ·fr. 120.

Art. 5. - L'instituteur qui ne dirige que des ç<mrs com;plémentaires est assimilé, en ce qui concerne le traitement mensuel, à l'instituteur primaire onlinaire. ·Les ·communes intéressées iPartidpent au traitement .des instituteurs dirigeant des cours complémentaires œntralisés au prorata du nombre des élèves qu'elles envoient .dans les dits cours. Art. 6. - Les maîtresses des travaux manuels et des brandhes domestiques touohent une indemnité mensuelle de fr. 40. Art. 7. - Les commUIIles assument le !Payement des 2/3 et l'Etat œlu.i de 1/3 des traitements, indemnités et allocations spéciales IPréws aux articles précédents. · Art. 8. - Les ·traitements et les indemnités dus au personnel enseignant sont !Payables 'à la fin de cllaqrue mois. Art. 9. - Les contestations auxquelles jpeuvent donner lieu l'exécution et l'inter.prétation de la présente loi, sont tranchées :par le D~artement de l'lnstrucion :publique; le recours au Conseil d'Etat est réservé. Art. JO. - La ·loi .du 19 mai' 1909 est abrogée. Ainsi arrêté en Conseil d'Etat le 9 Novembre 19·18.


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