Supplément du JVo 5 de ,f &cole, (1918)
76 contre lequel nous les voyons touJjours prendre très à l'avance des mesures de protection. Cela va même plus loin que je ne •le supposais, car tout récemment, une simple .petite alouette m'a montré qu'elle aussi en savait long. Cette genti'He oiselette est née à la fin de mai dernier, eUe ne doit donc pas a·v oir une g.rande expérience de Ia vie et, en outre, el1e n'a pas eu d'occasions fréque.ates de l'atttu~ rir, car eUe a été prise au nid a~ec ses kois sœurs par un mawvais gamement de gam1n qui les a vendues à un de mes amis. Elles ont été élevées chez lui avec tous les :soins possibles, mais une seule a pu Sll!f.l'.POrter cette existence enfermée et vivre encore aujourd'hui. Elle s'est adaptée connne il but à ces conditions d'eristence si différente.s de celles qu 'elle etlt trouvées aux champs; la ca.ge d"a:borti ·lui a suffi, puis on l'a laissée courir un peu dans l'appartement, puis, comme elle n·aJvait •jamais manifesté aucune sau.vagerie, aU'cun désir de se saruNer, on 1ui a permis des prommades au jardin après toutefois ·a voir pris •la pénible précaution de rogner les plumes de ses ahles. Elle vit donc a:vec la famiiJie, gaie, tranquille, sans jlllnlais auwne préoccupation. Or, le mardi 4 décembre dernier ~ dès les sept !heures du maün, ·L'on s''aperçu! qu'il• se jpa·ssait en elle quelque chose de nouveau. Visiblement elle émit agitée, .foum~ntée , ne tenan1 pas en place, courant par la maison, par le dartiin en bisant des efforts dêse~I!Jérés pour prendre son voL avec ses pauvres ailes écourtées, qui ne lui penmefta1ent pas de s 'élever seulement à b hauteur du mur. De plus, on le ·c onstata vite, c'était tOtJ1iours dans la même direction qu'elle cherchait à fuir, droit au sud; cela dura toute la iournée; le soir venu, on réussit à la prendre et à l'enfermer dans sa cage. ·Elle ne s'y tint :pas tranquille et y vdleta ~usqu'à ce que, tombant de fatigue. el le se blottit dans un coin et s'y endormit vers dix !heures. ·Pout"quoi, mais pour·q uoi cetie si nouvelle et si étrange attitude? •Le •lendemain on eut la clef du mys>lre: le thermomètre tomba à près de 8 degrés au-dessous de zéro;· ce fut la pre1
mière journée du ·vrai froid d'hiver. C'est œla que le petit oiseau aiVait senti, deviné, et c'est pour cela qû·il dterohait si obstinément à émi. grer au ,p ays du soleil exilé, comme lllvaient fait ses congénères, dès le milieu de septem. bre. Qu·i de nos savants eût pressenti cela? CUNISSET-CARNOT.
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Variétés L'IMM'ORT AU11E DE L'AME Une démonstration assez originale el très 1raPfPanle de l'immortalité de 'l'âme: Un IVieil et excellent maître d'école d'autrelois avait soin de pro!iter de toutes les oecasions pour prémunir ses chers élèlves contre les doctrines matérialistes. Tirant un jour sa grosse montre, il la tplaçait sur sa main, puis il appelait autour de lui ses bambins: - Qu'est-ce qu'elle ~ait, mes amis, celte montre? - Elle Œait tic-tac, dit le ,premier. _ Elle fait tic-tac, dit le second. Et ainsi de suite pour le troisième; ce n'était pas malin. Après ces préliminaires, notre bon mai· tre délache ·le moUJvement de 1a :boîte, et, tenant chaque ob\jet dans chaque •main, i4 nous dit: ·' - . Ecoutez la boîte! -Ecowte.z le mouvement! du côté de la boîte, silence; du· côté du mouvement tic-tac toujours. Ce n'était pas malin no~ plus. ~ rLeque1 des deux, nous dit-il, est la montre? - C'est ce qui fait tic-tac . .+ pondîmes-nous, en •l 'indiquant du doigt. . . - ·E h bien mes chers enfants, repr•l-11, vous le voyez, ia montre marche même quan~ il lui manque s'on envelOjppe; il en est ainst de ·l'âme, même quand elle est sépar~ du corps. Elle lui surV'i·t en le quittant, ma1s sa vie nous est cachée parce que le co!'lps (J\D est comme son • cadran, n'est plus uni l elle pour nous la • montrer • · ·Cette explication fit rayonner tous nos petits visages; nous autres, mioches, nous avions co~ris ~~. immortalité de !'âll14! • à l'aide de cette iugénieuse démonstration.
Sur l'autre front 1> Sous ce titre, qui évoque immédiatement souffrances engendrées par le fléau actuel . d de ta guerre mondiale, ·il est queslton u gros effort accompli par l'apostolat catholique dans les régions ~oi:ntaines de 'l 'Orient hindou. Dans ces parages asiatiques ·comme dans les tranchées, on se sacri'iie, on souffre, on tombe et J'on meurt. [.es combattants sont des prêtres el des religieuses, qui lu-Ment contre •le paganisme; les armes sont ,Ja croix douloureuse et .t ous les moyens qu'elle suggère; l'ennemi à cottmattre, c'est l'erreur sous tou.tes ses formes, Je ma.hométisme le bouddisme, el toutes leurs ramifications innombra!bles: 'les secteurs son.! étendus, bien que le Père Rossillon nous invite à vis iter en son agréable compagnie les seules contrées de Nagpore et de Vizigapatam. 1e5
Rien de p lus instructif que tes divers renseignements que Tërudit auteur nous donne dans son captivant OUIVrage. L'lude est le pays des enfants. Les pau· vres comme lee riches tiennent à honneur ·à en avoir beaucoup: une riohe couronne d'enfants es.t une précieuse bénédiction, dont ils se servent pour prouver Jeur honnêteté. • J'ai dix, quinze, vingt enfants, disen1-ils; Dieu m'en aurait-ir donné autan.t si ~e n'étais pas w1 honnête 'homme? Les méchants n'ont pas de postérité, vous Je sayez bien. • Malheureusement, parmi 'les dix ou douze millions d'enfants qui, chaque année, font leur entrée dans les paillottes indiennes, la moitié sont emportés par la mort. Mor.talité effrayante, due en partie aux épidémies et aux ~ièvres ma.li· goes, en partie au manque presque total d'hygiène, en partie enlfi.n â la trop grande jeun~sse des mères. A douze ans, la jeune fille indienne es.t mariée, et ses..premiers enfants 1 ) • SUR VAUTRE FRONT •, par le P . RossiLlon. - Un vol. gr. in-12. - Prix: 3 fr. 50. - Impr. S. Augustin, SI-Maurice .
sont destinés à .perdre la vie après l'avoir reçue. IM algré les mesures .prises !Par le go11ver· nement anglais ~es nouveau-nés continuent à mourir et les jeunes mères à pleurer. D'ailleurs ces dernières sont à plaindre à d'autres poinis de vue. Ici :plus qu'aiLleurs, la malédiction proiérée au ,Pa·radis terrestre pèse lourdement SW" elles; 'le paganisme les a ravalées' à un rang d 'êtres inférieurs, condam·nées à un travail opitüâtre, accompli dans un silen.ce douloureux, et, ett retour des nom· breux se!lVices qu'e11es rendent, elles ne reçoi,vent que peu ou ,point de témoignages d'amour et de reconnaissance. La vie pour ces malheureuses n'est qu'une longue souiirance, don( 'la malignité :perverse grlllve sur ltur figure amaigrie le stigmate mauifeste de la mé•Jancolie, de 1Ia rés-ignation stoïque et de 1a tristesse incurable. Dur à l'égard de sa compagne, PHindou est, en géné:r<tÏ, un égoïste heureux de sa supé'riorirfé. Ses nombreux défauts se remarquent jusque dans .s a démarche et la manière dont il s 'haibil'le. Sur le •q uai d'une grande gare, c'est un grouiUernent d'hommes aux pieds nus, aux membres cerclés de bracelets, aux fi,gures bronzées, vêtu.s à moitié de pa· gues et coiffés de ·t·urbans multicolores. L'habit varie cependant .suivant les castes. L'exiguïté et la malpropreté désignent les rangs inférieurs: I[X)Ur turban, un haillon sordide autour des tempes; autour des reins, trois ·pieds de cotonnade graisseuse et empoissée, Je reste du co!'l.ps est nu. Te·J est le costu~ rudimentaire des travailleurs, des- coolies et des revendeurs au détail. 1.es 'hommes de la halje société circulent par contre drapés dans de longues pièces de cotonnade ou IT!ême de soie en cou1eur qui produi·t des effets chatoyants. Le geste onctueux et solennel sait f<1ire bouffer avec élégance 1es pans du pagne impeccablement propre, ou bien les retirer à soi au passage des pa.rias, pour éviter de se soui'ller à leur contact. Parmi ,les gens de la haute classe les conversions sont ·r ares. En -voyant .passer ~e mis-