Supplément No 9-10 1923

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Supplément au 3{<>.:!)·10 de ,l' &cole, (19~3)

U4 dans un peu d 'eau. 1Pour se préserver des insolations, on ne doit jamais s'exposer à un soleil ardent sans se garantir contre ses rayons par une coif· fure à larges bords. ~Revue de la Santé.)

dia!e de toutes les -chenilles. Un mélange d'eau et de savon noir de préférence, obtient le même .résultat. On peut substituer au Pétro!e, la benzine ou l'essence de térébenthi. ne; aucun de ces produits n'est nuisible au~ plantes. '

COIN"f.RtE LA DIA~RHBE EPJ.DEMIQUE DE L'ETE Elle est commune ohez les arthritiques en été, elle est due à un refroidissement du ventre .pendant la nuit, à de brusGues chan· •gements atmosphériques, à l'usage de den· rées alimentaires altérées: (lai.t, viande, etc.), d'eau de maurvaise qualité, de fruits de qualité et de maturité douteuses . Le !POrt habi· tuel d'une ceinture de flanelle préserve presque toujours üe cette indisposition que l'on coupe si elle est trop violente, par un purgatif salin et si elle persiste par vingt gout· tes d'élixir .paregoriG_ue. La diète sèohe s 'impose et, comme régime. bouillies de riz et d·'avoine, œufs à la coque bien cuits. maca· roni, nouilles.

POUR RECONNAil'RE IJES OEUFS FRAIS

OON11RE IJBS PLAœES, OIOATRlCES OU ECO.ROHJU~ES DES ARS~ FRUITIERS Nettoyer les plaies convenablement, enle· ver les parties a1!aJquëes et les gratter jus· •CiU'au bois sain. recouwir ensuite de plu· sieurs couches de gou.drQn de houitle qui préserveront les '!issus des intempéries et de l'a:ction de l'air. On guérit les chancres des artbres frui· tiers en les grattant proJonxfément, en tes ba· digeonnant ruve.c une solu·t ion de 250 gram rnes de suliate de cuiv.re dissous dans un litre d'eau, en recouvrant la plaie de mastic horticole ou de goudron de houille et e11 assainissant le sol par des drainages ou des ~a;bou~rs proion:ds.

tDE61lRJVC11ION DES aiENILLES Le pétrole est un agent toxique de premiè-

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qualité contre les chenilles; mélangé avec de l'eau et vaporisé sur les plantes que dévorent ces ·insectes, il cause la mort immé·

L'œuf Irais1 récemment pondu. paraît plein ct sans bulles à l' intérieur, lors:tu'on le mi. re en le plaçant entre l'œil et une lumière quelconque; la coquille offre alors une sur· !aœ régulièrement et uni-formément opaline; .l'œuf déjà vieux, au contrai.re, offre un vide plus ou moins considérable à la po:nte el sa coque présente des petits points plus ou moins transparents et plus ou moins nombreux. Si, en mirant un œuf à la lumière, le fluide intérieur paraît clair et transparent. on peut dire qu'il est sain; si, au contraire. il est trouble, c'est une preuve qu'il est ~ ]à altéré.

.RETITS CONSEILS OOM!ESTIQUES Quand vous avez oublié de mettre tremper ·à J'a-vance vos légumes secs, au lieu dt renoncer à les faire cuire immédia!emenl, plongez-les dans l'eau bouillante et laissez. !es-y se gonfler. Le résultat sera identique et la cuisson s'opérera normalemenr. comme s'ils étaient demeu.rés des jours entiers dans l'eau froide. CON'foRE L'Ol!D~UM DE LA VIGNE ET DES 11~BLWES 1L'oidium est un champignon qui se ma· nifeste sous forme d'une efflorescence d'un blanc grisâtre qui eJdha.le une odeur de moisi et Gui se montre sous forme de taches sur les feuilles et sur les rameaux. Les raisiDJ S''ailtèrent, la peau devient coriace et se crevasse. Le soUfrage est le plus ~icace cks traitements contre l'oi'dium, il consiste à ~ pandre, à l'aide d'un soumet, de la fleur de soulfre sur ,foules les parties de la vigne, l trois reprises diftérentes: avant la floralsoa. lorsque Je fruit est formé, un peu avant la maturi~é. Opérer de préférence par temps calme et humid~. Serge DAV1RlL·

Miroir du prêtre Une vieille poésie allemande, d'u11e !ra· duction difficile, tïace pour le prêtre ce portra it ou ce programme. Il doit êlre Très grand et tout petit, Elevé et noble dans ses pensées comme un roi (sic), Simple et modeste comme un valet de ferme, Un .héros qui s'est vaincu lui-même, Une source de sainte vie, ()ebout devant les grands, S'abaissant jusqu'aux plus petites choses, Comme un disciple devant son maître, Un chef dans les (:Orrlbats spirituels, Un vieillard par l'e>Cpérience, Un enfant par la confiance, Aspirant vers l'idéal, Ne dédaignant pas les affaires communes, l[)isposé à la joie, Habitué à la douleur, Eloigné de l'envie, Oair d-a ns ses idées, Vrai dans son la ngage, Ami de la paix, .Ennemi de l'indolence.

La Sainte Face de N. S. J.-C. Jésus, ton inelfruble image lEst l'astre qui conduit mes pas; Tu le sais bien, ton doux visage 'Est pour moi le ciel ici-bas !Mon amour. découvre les oharmes IDe tes yeux embellis de pleurs. Je souris à_ travers mes larmes Quand je contemple tes douleurs. Oh! je veux pour te consoler Vivre ignorée et solitaire; Ta beauté que tu sais voiler Me découvre tout son mystère, •Et vers toi ~e voudrais voler. Ta Face est ma seule patrie, Elle est mon royaume d''amour, 1Elle est ma riante prairie,

,Mon doux soleil de cha~uc jour! Elle est le lis de la vallée Dont le parfum mystérieux Console mon âme exilée. !Lui bit goûter la paix des cieux. \Elle est mon repos, ma douceur, Et ma meilleure lyre ... Ton v:sage, ô mon donx Sauveur, Est !e divin bouquet de myrrhe Que je veux garder sur mon cœur. Ta Face est ma seule r iohesse; Je ne demande rien de plus. tEn elle, me cadtant sans cesse, Je te ressemblerai, Jésus! 1Laisse en moi la divine empreinte tDe les traits remplis de douleurs, Et bientôt ·ie deviendrai sainte, Vers toi j'atti rerai les cœurs! Afin {\Ue je puisse amasser Une belle moisson dorée, IDe tes feux daigne m'embraser! :Bientôt, de t;; bouche adorée, tDonne-moi l'éternel baiser! •B. Thérèse de l'Enfant Jésus. qui on Je sait, ajoutait également à s~n nom • et de la Sainte Face.•

Où irons-nous dimanche? Les ennemis de la religion ont souvent tenté de suiJ)primer le dimanche. La 1Révolution française, qui remplaça la semaine par la décade (ainsi appelée ,par ce ·qu'elle compren~ 10 jo urs) vit sa réforme du oalendner sombrer dans le ridicule. Les ouv1"iers q~e. au 19me siècle, on fit travailler le dlm~­ che ne 5'accommodèrent pas de vo1r leur jour de 1"epos trans.porté ~ un .autre jour; ils voulurent être hbres en même temps qu'à peu près tout le monde Les efforts tentés pour bouleverser l'o~dre divin du repos du septième jour ont successivement échoué; on a vu s'affermk dans ks classes travailleuses


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et -chez les penseurs sociaux la juste théorie •Qu'il fallait à l'homme un jour de •repos complet où ses membres se délasseraient de la fatigue des six autres, et rien n'a ,pu .prévaloir contre la tradition .qui fixait œ jour au dimanche. On peut dire que la loi de l'abstention du travail manuel le dimanche -est ,plu-tôt en 'J)ro_gyès. 'Mais ce n'est pas par une IJ)réoccupation religieuse ,que le jour du Seigneur se trouve ainsi plus généralement Tes,pecté. car, d'autre part, la sanctifi<:ation de cette fournée .par la prière est de plus en .plus délaissée. Non ~eulement les exercices de piét~ qui démontrent la vie paroissiale ne sont pas suivis dans leur ensemble, mais un certain nombre de personnes manquent au devoir essentiel de l'assistance à la messe. ·Les exercices physiques, la curiosité et 1e goût des réiouissances tuent la sanctification du dimanche. 'Nou.s ne contestons pas ·Que les sports n'aient lbeaucourp de bon. Ils détournent les 'ieun·es gens des plaisirs sensuels, diminuent l'attrait pour les boissons, qui énervent les forces; ils donnent une jeunesse ,]Jilus vigoureuse et ·Plus endurde, à moins ,que leur excès même ne compromette la santé. IMais le -caractère de ces sports éloi gne l es jeunes citadins de leur ville et transporte les jeunes gens de la campagne dans les cités. Ils constituent un e récréation fort intéressante, que malheureusement on va prendre ailleurs que chez soi. Autrefois, les tirs, la lutte, les divers -autres exercices de gymnastique, les jeux de quilles, les parties de boules, •retenaient la feunesse dans un cercle donné. 'Les nouv·eaux sports font franchir les distances. Aujourd'hui, la bi~yclette vous sollicite à une course de 80 Œcilomètr·es; la motocyclette vous fait partir par l'Oberland et le Brunig

et revenir 1par Lucerne et Berne; les footballeurs se font des visites de ville à ville. et les alpinistes .partent le samedi pour être .à point nommé le lendemain matin afin de faire une gran. de ascension. Aussi les gares, les routes et les chemins présentent-i-ls, le sa. medi soir et le dimanCihe matin, surtout pendant la saison d'été, le s,pectacle d'un·e foule de jeunes gens et même de jeunes filles !partant en e~cursion. les uns t"oulant dans les plames, les au. -tres g'rimpant à la montagne. Le di. manche soir, tout œ monde Tentre fourbu des longues étapes fournies. Le iour du Tepos domini·cal s'est ainsi passé dans une agitation sans ·pareil·le et a :procuré une f.atigue intense. En aucun iour, les bras et les iambes ne travaillent autant que le dimanche, et, si les -gens qui se sont ainsi fatigués volontairement avaient été condamnés à fournir un tel travail. ils auraient crié ,quton leur faisait exécuter une besogne de forçats. On se repose le lundi du surmenage de la veille et on prend des forces toute la semaine pour recommencer. Où irons-nous dimanche? C'est la continuelle question des ,compagnons riE> sport. Titus crovait avoir perdu sa iournée ouand il n'avait pas fait une bonne action; les sportifs cro1e11t avoir oerdu la leur quand le mauyais temps les a empêchés de faire leur itinéraire. Le" Chemins de fer fédéraux se mettent de la partie pour favoriser l'exode ~néral. Sans -craindre de pousser à la déoense, ils organisent des trains de plaisir. qui donnent ·de plus en plus te plaisir du train. Les autom(}bile.s r.~ les auto-cars )eur font concurrence. déota· plaçant des sociétés entières. Les réunions et les fêtes se multiolient. rassemblements patriotiques. scientifique~. industriels. agTk01e~. ntilitfl ires ou ~im:ol·ement r·êcréatifs. Tout aopeUe hors de .cthez soi •Quand on a déià la forie

e~~tation d'en ~ dimanche,

sortir. De plus en plu~. c'est un branle-bas uni· rsel, une foire dominicale. Que devient, au milieu de cette fré. ie. la sanctification du jour du Sei!Oeur? On ne nous fera pas dire qu'il failce jour-l'à, s'abstenir de toute réiatïon et .q ue toute excursion est conJimable. Ceux qui ont été, par leurs .pations. -condamnés durant la se,aine à la vie sédentaire des villes joivent, PO'lr détendre leurs nerfs et brtifier leurs muscles. courir de temps If! temps la campagne, passer de bon1es .heur·es dans un air pur et vivifiant dehors des routes poussiéreuses. \lais il n'est •Pas indiqué que œta detilDe un rite hebdomadaire auquel ne saurait manqu·er , .et, quand ces rtie!' ont lieu. il faut avoir satisfait u précepte de t'assistance à la messe, nt. à part la maladie, on n'est disnsé que pour une cause d'utilité gralt qui survient ·bien rarement. Or, co~­ ~ien partent avant l'accomplissement le ce devoir ! Tl suffit que, l'une ou l'au~e fois. ils le meyrisent pour qu'ils prennent facilement l'habitude de ne ,lus s'·en inuuiéter désormais. Rend ons 111 passant. hommage ~ 111 bonne volmté du club .alpin. oui rlace touiours 1ne messe dans son horaire de course fi qui. d'ailleurs. ne fait guère ·plus ~une dizaine d'ascension' par an. Il faudrait aue les déPélrts du dillanchr ne fussent que l'exception et u'ils fussent toujours précédés de la ~rmalité religieuse sctrictement obli. 'atoire. car il rst dtrxpérience que ceux !Ui entreprennent un vova.rt.e le dimanche en ~e momettant d';~ssister ~ une '!lesse 1 ~ où ile; élrrivt>ront ne réali"ent ~u~ rarement ce proiet. Ouand on obtiendr;~ it aue tou" l~s ttCUfS;OPnÎSff'S 0\1 dimanohP ~'acqttÏf· la~sent du minimum ·exigé de leur deroir religieux, ce serait déjà un conso-

tant résultat, car ils composent la masse gravement cou,pable des profanateurs du dimanche, dont le triste exem·ple est un des scandales les plus pernicieux. 'M-ais il est grandement souhaitalble que iout le monde revienne à la norme chrétienne d'une sanctification complète du jour du Seigneur. Le fa it de se contenter parfois d'une messe très brève est .une tolérance de PEœlise, qu'i réduit nos obligations strictes au minimum pour ne :Pas augmenter le nombre de nos fautes. Mais l'exception dont on profite ne doit pas deven ir une r è_œle de vie. Entendre une messe, basse le ·dimanche matin, ce n'est pas sanctifier tout le dimanche, c'est seulement, sur ce point, éc-h apper ·au . réohé mortel. L'esprit de l'Eglise veut qu'on se livre ~e jour-là à des œuvres de religion. Pendant la sema ine, on s'est occupé d'affélires matérielles; les uns ont occupé leurs bras; l'intelligence des autres s'est a•P.Pliquée à des souds d'ordre terrestre; le septième iour, il faut faire trève là la poursuite des ·biens périssables pour songer principalement à sa destinée éternelle; il faut se r a,pprocher de Dieu, par.ticiper aux exercices pieux qui ont précisément cet objet. obéir à la voix des cloches qui nous a,p.pelle~ à l'église, suivre les offi.~es, entendre la prédication ·qui nous mstruit de nos croyances et de nos devoirs. C'est ·la vie paroissiale, cela. qui ne concerne pas seulement les femmes. les enfants et les vieillards, mais aussi les jeunes gens et les hommes d'âge mûr. tous Jes membres de toutes les fa;milles. Telle est l'habitude, fà laquelle il importe de ne déroœer que dans des circonstances plutôt rares. En omettant de s'v conformer. on néglige de faire la part nécessaire de cPt élément d u com·posé· humain qui s'appelte l'âme. . on arr·êt·e sa culture sPirituelle. IDe là v1enf l'ignorance religieuse ~i 'prof<>nde qu'


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on constate même chez ceux qui ,pas· des a la première place parmi ces en sent pour instruits. On ne donne plus droits-Là. C'est par dizaine de million· à l'esprit la nourriture qui lui est pro- ~u'il faut compter les cat.holiques venu~ pre; le monde descend ainsi toujours a Lourdes dans le dermer demi-siècle, plus 1-a pente du matérialisme. puisqu'on évalue â environ 800.000 le C'est le dimanche que ce triste s.pec· nombre annuel des pèlerins. Et J'on ·tacle s'aperçoit mieux. •Parmi les in- dit que la foi est morte! nom.braJbles excursionnistes ou couCe n'est pas seulement une leçon de reurs de fêtes, combien en est-il qui prière, c'est aussi et surtout une leçon a~ent songé un seul moment aux devoirs qu'·Hs ava ient à rempli·r envers de cllarité et de fraternité chréhennfs meu! Si œ ·cycliste va se jeter sous qu'on emporte de Lourdes. La charité une· auto, si une cordée d'as-censionnis- et la fraternité. c'est dans 1e voisina~tt tes tomlbe dans un précipice, si ce train de la _Groft.e de 'Massabielle qu'on sait dérame en ramenant d'une fête tous le mieux comprendre et pratiquer res ces joyeux compagnons, si ce 'bateau deux vertus. Elles fleuris.s~nt â Lour. de ,promeneurs descend au fond de des comme sur leur sol natrm:-1. Quels l'eau, dans quel état les victimes de la soins touchants on y prodigue aux ma. catastroo'he entreront-elles dans leur Jades ! Comme on sent que ceux qui les touchent et les soignent ne voient éternité? dans cette pauvre chair infirme et tor. Le dimanch-e, qui devrait apparteni-r tà Dieu, appartient plus -que jamais aux turée que la Chair même du Chr:st! ioies ,profanes, sinon défendues. C'est Seul le point de vue surnaturel peut ex. la grande profanation. le grand dé- pliquer tant d'attentions et de prévesordre. Il e::.i: temps de réa.~rir contre nances ,pour des inconnus. 'Les brancette apostasie sociale, d.e rendre à cardiers, les personnes att.aché~s aut IDieu la place qui •lui ·revient, c'est-à- piscines. la plupart des :nfirmières sont dire la première, de subordonner à son des volontaires appartenant sounnt à service les délassements ~ermis aue de riches et nü'bles familles et qui vienà 'Lourdes donner leurs so!n;; ·:lUx nous pouvons nous accorder. de refairP nent pèlerins mûs uniquement oR> uae l'en· du dimanohe la journée chrétienne qu' sée religieuse. Et les infirmités l€s plus il n'aurait i·amais dû œsser d'être. .h<Jrri'bles et les plus dégoûtantes ne les rebutent oas. C'est à celles-1.1. au contraire. que vont surtout !es c;ollictludes Ce qn'on apprend à TJourdes de ces volontaires de Ja Charit~. ' Lourdes. c'est le nivellement Je tou'es Des foules qui se réunissent unique- les supériorités 'Qui s'étalent ailleur;; ment pour prier, voilà qui tst rar.: à c'est la fusion la 'plus comolète et la notre époque de matérialisme envahis- .Plus touchante de-" class·es et des crrurs sant et tel est le s.p.edacle incomp,mt- et s'il v a des privilé~riés. ce ne ~nt que ble que nous offre Lourdes. D'ordinai- les plus malheureux et les plus souf· re. c'est l'intérêt ou le plaisir qui réu- frants. Nous le répétons. c'est à tour· nit les grandes collectivttés: une exPo- des ·au'il faut venir si l'on veut comsition universelle, une man Jeshtion prendre les merveilles Que oeaveot insJJolitique, etc. Il y encore cependant des "';rer et réaliser l',r~mou.r du Christ d lieux ici-bas où les foules accourent l'amour du prochain Ne ser<tit-ce pas exclusivement sous une imoulsion reli- là un autr·e mirade de 1;:~ Vierge? gieus-e et où 'Di.eu seulles occilpe. Lour. ·Et les malades eux-mêmes qui se-

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,aient excusables de s'abandonner à ~r égoïsme, car, hélas, rien ne rtfld plus égoïste que la souffrance .,an_d elle n'est pas sancti_fi~e par .h ~iJrlOfl' les malades, d1s-]e, sub,s,nt cette contagion de la charité. Les cas sont fréquents de malades qui. sur ~ point d'obtenir leur guérison, ont ié Dieu de transférer c-ette grâce à e plus malheureux qu'eux. Un brancardier m'a cité le cas suivant, dont 1l lut le témoin. Deux malades venus i'l Lourdes chero'her la santé avaient noné connaissance dans le hasard des rassemblements. L'un d'eux était célibaraire. l'autre marié, père de six enfants d dans une situation de fortune très précaire. Un iour, au moment de la procession du Saint-Sacrement, ·qui est souvent l'heure des grâces, le non-maié sentit dans son corps un mouvement itaccoutumé, il <:Omprit que le miracle allait venir et qu'il était sur le point de se lever de son bran<:ard. Aussitôt. dans un élan héroïque de charité, ·il 11Jpplie Dieu de transférer cette -grâce au père de famille. auquel, plus qu'à lui, J.a santé était nécessaire. et c'est ce dernier qui, en effet, obtient la guérison et s·e lèv·e subitement de son siège de douleur. 'Les annales de Lourdes et de ses nouvelles sont pleines de cas de œJrenre, magnifique témoignage rendu à ce ·que nous appelons la commu'ion des saints. Nous ne voudrions rien écrire ici qui puisse froisser nos ~ères séparés dont nous respectons profondément les convictions, mais. on nous permettra 'bien de dire et de prodamer hien haut comlbien nous somtes heureux et fiers d'être catholiques! Ah! qu'ils sont beaux 1-et consolants les dogmes de notre reli_gion, ce dog-lle surtout de la réversibilité des mérites ·qui permet à ceux qui souffrent de laire bénéfici-er les. autres de leurs souf&ances lesquelles, ainsi, ne sont iamais Perdues. 'F. C.

Oui, c'est à cause d'Elle, l'Eucha• ristie, c'est pour Elle qu'il devient :prêtre. Lut-même doit son existence au Sacrement dont il est le iPOUrvoyeur. Elle, l'Eucharistie, et lui, le ,prêtre, ils tirent leur origine de la Cène; ils furent institués ensel1llble. L'effusion d'une même :grâce exceptionnelle a fait .des premi.ers .communiants les 1pr.emiers ordinands. Ils demeur·ent 1asso.dés si étroitement ,que leurs vi-es s'.entremêlent. On ne .pourrait arracller l'hostie des mains du ;prêtre sans arracher le prêtre de l'humanité, et si le sacerdoce venait à mourir, avec lui l'hostie serait frappée à mort ·Voyez le prêtre. Il .a œssé d'être celui -qui se confond avec la ,foule, ainsi que le pain auquel il croit a .cessé d'ê· tre un ,pain ordinaire. Tous deux sont mis à part. ce sont des « consacrés :& . 'Les apparences demeurent, la réalité ,profonde est transformée. .JI n'est plus l'homme du monde : il est l'homme de ·Dieu. Qui l'a différencié ainsi de ses frères? 'L'hostie consacrée 'dont la rPUissance tr.ansfigure tout. :Des vocations éclosent sous le rayonnement créa·teulf de l'Eucharistie. Un enfant s'est él/T)proahé du taœrnacle dans la ferveur de sa :prière toute rpure. ltJn petit communiant ,peut-être. 1En r®onse aux balbutiements de sa foi et .de son amour, comme un souffle du ciel qui passe SU'f son âme, un e vojx vient jusqu'à lui suscitant ses premiers élans, encourageant ses .oremiers rêves. « Tu seras mêtre un jour. " Il se répète en lui-même la mystérieus~ promesse dont il devine l'enchantement. Le sens des mots que ;prononce son cœur est trop IJ)rofond rJ)our aue sa pensée le saisisse tout entier. Mais 11 n'r'Ohapp·era plus à l'attirance de cette sollicitation ,qui 'l'a saisi dans un sanctuaire et •Qui l'y '!'amène touj ours.


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•Petit servant de messe, agenouillé sur l·es p1us bas de.gtrés, il sent grandir en lui J.e désir de monter plus haut, jusqu'à la ,pla.ce de œ célébr:ant ·que tant .de .fois il a .accompagné à l'autel. 'Son regard est fixé sur l'Eucharistie. Elle le délivre de ce qui séduit ses camar.a.des et iPOUr:rai·t le retenir avec eux dans. les horizons de la terre. A l'év·eil de son adolescence, des imag·es se lèvent devant lui, captiva!ltc-s, trou·b lantes; la sainte 'l(ision le dé'tcurne de le;:; suivre : «J'ai d'autres taies à te donner, une affection merveilleuse à te faire connaître. Je suis l'Amour vivant à établir entre tous les hommes. Donne-moi _ta vie. Viens, suis-

mOI. ,

Pom répondre définitivement ·à cet a,ppel. il quitte le monde. ses jeux, ses affaires, ses péohés. Il se .quitte 'lui-même. il ::e dépouille de ses .g oûts humains de bonheur, de sa liberté, de son moi le .plus profond et le plus cher. ne voulant rien garder de ce ·qui r alentirait sa marche v·e rs le ThabCJr. Av.ant même d'y monter, il redit .pendan l de lon~:ues années de séminaire lé! prièr.e qu'il prononcera plus tard ~~ l'Introït: '' Retirez de moi. Seigneur, !"iniquité afin .que je sois digne .par la pureté de mon âme de ,pénétrer au Saint des Saints. ,, Il achève enfin d'immoler toutes les convoitises de sa chair qui sont liées irrévoca1blemeïîh par le vœu de son sous-dia,conat : c'est dans un ·chœur d'église, contre l'autel. qu'il 1prononre l'héroï•que sentence ? Hostiam puram, hostiam immaculatam: l'hostie de sainteté pour la·quelle l'or de son caliœ n'·est pas .assez pur, ni la broderie de sa chasuibt.e assez délkat.e, ni la blanoheur de son aube ass·ez immaculée. Oui. ·c'est à cause d'•Elle qu'il sera !Prêtre ,pour l'Eternité. C.est à cause d'EUe ·q.u.'il 1passera sa vie, fidèle au Dieu qui réjouit sa jeunesse». Et il nous semble entendre la voix des .prê-

tre? oui: à travers les âg·es, S?nt venus PUiser a cette sourœ euchanstique 1 .fraîcheur inaltérée de leur jeunesse saa cerdotale: 0 Dieu, nous ne serions Pa· depuis dix-neuf cents ans les garctlen~ solitair~s de .votre tabernacle si vous n'en av1ez fa1t qu'un tombeau videl 0 Ghrrist. ·Prêtr.e unique, Prè.tre e~emplaire d inimita~le, Prêtre invi. s1•ble dont les autres 1prdres ne sont que la . manife~t<~t~on t~rrestre.. Prêhe très samt et m1sencordieux .qu, malgré no. tre indiR:?~té avez voulu iair·e de nous les parhctlpants de votre perfection multipliez les existenœs !humaines qu~ vous associerez à votre Si:lcerdoce éter. nel, donnez.Jflous, à cause d'Elle, beau. coup de :frèr·es dans le Saœrdoce D'après M. Thellier de PonchevÙlt

Les Vienx ont qnelqnefois raison 1 - Bonjour, père Courtois. Que faites-vous là? 'Le nez dians un livre! ;Moi qui vous cro. yais en tra in de regarder dans le beau M's· sel de la nature, tout rfleuri d'enluminures! •Le père Courtois, un vieux de 75 ans, avait relevé la tête. I l me considéra aften(i· vement en clignant de l'œil, comme quel· qu'un ·c;ui aurai( peur de se tromper. Et il me dit a.vec un bon sourire. ~ Ah! C'es t vous, :M. le Curé! Bien le !bonjour ... Vous allez être ,f ort surpri~ ! Je relis le programme de la dernière exposi· tion scolaire . .Pour un vieux. n'est-ce pas?.. - Oui, c'est ,plutôt édifiant! Et . .. qu'en pensez-vous? - Oh! ... ibeat:coup de ahoses! - Mais encore? · - •Eh bien, voilâ. J'y trouve de l'excellent et puis du moÎlls bon ... - Et pourriez-vous me dire? - ·oui, 1M. le curé, mais à une condition: c'est que vous allez vous asseo!r, là sur ce hanc, tout près de moi , et m'arrêter franche-

1nent

quand vous ne serez pas de mon avis. Allons-y, père Courtois.

~ &0 ·Le vieilland, se recueillit un instant et, sans hésiter, me posa cette question ·à la~uel­ le je m'attendais: - M. le curé, avez-vous visité, à Plainpalais, l'e:x:position scolaire genevoise? - Assurément, mon bon monsieur. Et je dois dire que j'y ai vu des choses fort intéressantes. - Je suis de votre avis. Notre corps enseignant me paraît remplir son devoir avec une conscience professionnelle digne de tout. éloge .. . - C'est vrai, nos maîtres et nos maîtresses ont une tàche extrêmement difficile et délicate et, à l'erwisager • tout humainement •, ils sont à téliciter pour la façon ,dont ils la conçoivent et s'en acquittent. - Oui, on sent - cela se devine - qu' ils aiment !beaucoup les enlfants qui lellr sont coniiés. - Et c'est Jfl tout le secret de leurs succès. .- Pourtant . .. - Ah! IPère .courtois, vous passez déjà au pourtant! .. . - fl1 oui, tM. 'le curé. Vous savez aussi bien ·q ue moi ce qu'a dit le poète: , ta critique est aisée, et l'art est difficile • - Allez-y, père Courtois, je vous suis. Deux critiques valent mieux qu'un. - Bh bien, .voilà. Je formu lerai mes remarques en trois points. - En trois points! père 'Courtois. Oh! oh! je ne savais pas que ... - Avec ça, M. le .curé, que vous vous gênez pour faire vos sermons en trois points! Chacun son tour, n'est-ce pas? - C'est ~ustice! ,_ '.Je prétends donc: 1) _ Que l'école ne doit pas supplanter la famille. 2) - Qu'elle devrait préparer ~on pas seulemen~ une moitié de l'homme, ma1s l'lhom" me tout entier. 3) - Qu'elle doit se garder d'êlre un simple amusement.

- .Père Cou.rtois, développez ces trois points qui me paraissent mesurés au compas et • bien d 'équerre • co mme dit notre ami le dharpentier.

·Le vieillard o uvrit le petit ~ascicule . - «fil o11ganisant la Semaine de l'Enfant, nous dit-on, les maîtres ont voulu intéresser les familles ·à l'école; obtenir leur collaiboration et leur appui, forcer en quelque sorte Leur a~fection. • - Voilà <;.ui est très bien. - Je dis mieux encore, M. le curé. Je dis : c'est parlai t. Aussi bien des familles qui ne voient dans l'école ~u'un moyen agréable et sOr de se débarrasser de leurs enfants! - Et qni s'occupent de leur instruction comme un poisson . . . d 'un side-car! On rit, et le vieillard de continuer. - • :L'évolution sociale, nous dit-on encore, transmet de plus en plus l&s devoirs de la famille à l'école, de sorte que, dès maintenant, l'instituteur primaire se trouve chargé • avant tout • de « l'éducation • de ses élèves. » O h ! oih! Cet «avant tout • me paraît bi zarre. - Vous êtes bien courtois, mon bon mon sieur. :n est vrai que votre nom de famille vous oblige à l'être c;uelque peu ... .Pour moi, je ne vous le cadhe pas, cet « avant tou t • me paraît une grosse erreur. lUn bit reg·rettalble, qu'on ne peut nier tellement il est fréquent, ne saurait être érigé en dJToit. - Que la rfamille, trop souvent, se décharge, sur J'Etat de ses devoirs, • cela est, • mais • cela ne devrait pas être •. - •L~Etat se jugeant doué de toutes tes aptitudes et de la clairvoyance voulues pour manier à sa guise cette chose ,plus délicate qu'une [leur, une âme d'enfants, fait penser - c'est Nicolay, l'auteur des c Enffants mal élevés . , qui parle - à cet éléphant du d rque s'essayant au pastel avec le succès et la grâce qu'on devine. - D 'aucuns vont dire: « Comparaison n'est


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152 pas raison • . .Mals poursuivons. - UEtat s'est déjà chargé de doucher nos enfants ,jans ses établissements. De leo surveiller dans les écoles du soir. De les assurer contre la maladie. De leur offrir ~des vacances par les colonies. - tDe leur faire, par les policliniques, visiter et soigner les dents, le larynx, le nez, etc. - II ne lui reste qu'à mettre le tablier blanc à bavette pour faire la thonne d'enfants! ... - Ou à mettre le rabat de M. le pasteur, ou l'étole de M. le curé, pour prêcher aux enfants leurs devoirs envers Dieu et envers le prodhain. - 'L'Etat exagère. - Légèrement! - Et nos instituteurs en arrivent à être tellement ohargés de devoirs - qui ne les regardent nullement - qu'on se demande encore où et comment ils prennent le temps d'enseigner à nos enfants le calcul et l'orthographe! - fi y a là, sans doute, un réel danger. Car, l'Etat, en prétendant décharger les parents de leurs devoirs primordiaux. ne tardera pas à leur contester leurs droits les plus élémentaires.

- A défaut de la famille, l'Etat - c'es t indiscutable - a la oharge • d'instruire • les enfants. Quant à les • éduquer • , à les • élever •, comme on disait autrefois, l'obligation en revient tout entière aux parents -qui n'ont le droit de la déléguer à personne . . . - Sinon, dans œrtains cas, à des maîtres • chrétiens • , capables d'e donner à leurs élèves, avec l'instruction • laïque • et • obligatoire • , une formation morale et une instruction religieuse solides. :Mais par le bit même que l'Ecole se proclame • neutre ., elle renonce .à s'appe'er chrétienne. • Celui qui n'est pas avec moi est contre moi . • Comment pourrait-elle donc donner ce qu'elle ne possède pas.

-

Sans do ute, quand nous comparons nofr~ école - neutre avec une certaine bienvetllance - à .d'autres où l'athéisme est officiellement enseigné, nous pouvons nous es timer heureux. !Mais quand nous la comparons, nous catholiques, à ce qu 'elle • devrait • être, ou ce qu'elle • pourrait • être, iorce nous est b:en d'a-v ouer c,ue tout n'y est pas le mieux possible dans le meilleur des mondes. - Tant que 'l'école sera • laïque •, dans le sens bien tranché de ce mot, elle ne pourra préparer qu'une moitié de l'homme et non pas l'homme complet. - <Elle ne pourra jamais considérer l'enfant que sous J'e spèce de • Phomme • futur et non pas sous celle du • chrétien~ - Et il manquera toujours quelque cho 3e à sa formation et à son éducation: un faîte et une couronne. iElle peut faire • quelque chose •, ou i, mais ~ non pas • tout •.

Ce • tout, seule • la famille chrétienne ,peut le réaliser. Dans ·ce milieu où naît l'enfant et où il grandit, la religion ne paraît plus comme un simple hors-d'œuvre ou un accessoire - c'est le cas à l'école où le catédhisme se donne en dehors des heures de classe - mais eomme • une vie • dont vivent le père et la mère, et don! l'enfant doi t vivre à son tour.

ile .Père Courtois -jeta sur le ohamp de blé tout proche un regard ému. - Avez-vous remarqué, M. le curé. dans les travaux de liExposition, groupés autour d 'un centre d'intérêt, la monographie du b'é? Etude bien conduite et bien capable d'in· téresser nos enfants, ceux de la ville surtout qui se figurent que la farine vient toute seule ohez le marchand. -Oui, cette monographie m'a longuement arrêté; mais je vous avoue qu'en voyant l'a· boutissement du blé, un morceau de p3in blanc et un morceau de p ain noir, j'ai !ail la réflexion: Comme unè petite hostie, faite de iPUr froment, ferait bien là!

- En eÎifet, IL'étude n'a pas été ,poussée à )ond· Comment le serait-elle par une école où l'on veut • touoher • et • palper • el où 11 foi dhrétienne, en principe au moins, dep~eure

inconnue? - Et pourtant, le cycle du blé ne se te.r· 111ine qu·à l'autel, sur la patène. - Et le cycle du raisin ne prend fin que daJIS le caliœi - Comme cette belle rose blanche ne trouve toute sa raison d'être qu'en s' immolant, victime inconsciente. devant le T. S. Sacrement. - lE t qu'en mourant devant la Fleur de Jessé qui s'effeuilla, un .jour, au Calvaire, en séparant son âme de son corps et son corps de son sang... ·

M. le curé, je persiste à c roire que nos maîtres de;nient aussi apprendre à leurs élèves à laire de petites croix, comme l'enfan t Jésus, dans l'éohoppe de Joseph. A les fabriquer, enfants, toutes petites, et les porter joyeusement, ils apprendront à ne pas se laisser ta-aser plus tard par les toutes grandes croix <;ui, œlles-là se fabriquent toutes setùes ... - Bh! Père Courtois, vous avez peut-être encore raison! Adieu, je vous quitte. - •Entre nous, tout cela, n'est-ce pas. monsieur le curé? Entre nous, .père Courtois! Abbé H. Petit.

Chambre 379 - Et .votre troisième point, Père Courfois vous l'oubliez! ~ Pandon, pardon, j'y pense. Ce sera pour léliciter nos bons • régents • de rendre leurs classes si intéressantes. - Oui, il me semble qu'aujourd'hui, b:en peu d 'élèves doivent aller à J'école derrière les buissons. ~Pourtant...

- Encore, père Courtois! - ... J'ai peur qu'à force de rendre l'école si attrayante, on n'arrive à fausser les idées de l'enŒant et à lui faire croire que la vie n'est qu'une succession de joies ,s ans fin! Que l'étude est ohose maussade! A quoi sert de tant travailler? - Aujourd~ui, il la trouve aimable t , il ne songe même plus à se poser une si sotte question. On y a gagné. - ·Peut-être! ·M ais je le répète: je crains qu'ên multipliant les jeux à J'école, on ne lasse accroire à l'enfant que la vie n'est <;u' un amusement. Et qu'à enlever d 'avance toules les <ihâtaignes de leurs cosses épineuses, on ne ~inisse par lui faire croire que !es châtaignes et la vie sont sans épines! -Hélas! 1Père Courtois, les enfants se rendront lbien vite compte tdu contraire. - 'E t alors, ils seront déçus et découral!és!..•

Croquis de vacances Le petit monsieur sec, en iltabit, qui présidait aux destinées de l'hôtel, me fixa .. . me soupesa d'un coup d'œil et me dit: - Accepteriez·vous de coucher dans une salle de bains, au premier étage? .. . - J 'aimerais mieux autre chose! .. . - Je n'ai rien . . . Vous auriez dû té!égraphier! . .. - J'aurais dû! ... C'est que je ne m'attendais pas du tout à être obligé de coucher ici! . .. :Le monsieur appela le portier. - Est-œ que Je 379 ne va pas être libre ce soir? . .. Les deux hommes se -regardèrent, et je compris que ie colis humain que je constituais allait ,fout de même être casé. ~ Alors . . . le 379. . . JI..'ascenseur est à gauche. On va vous monter votre valise. ·Le • 379 • est une toute petite chambre au Sme étage. . . une chambre de bonne, évi· •demment, mais avec une vue merveilleuse sur le cirque de montagnes et Je joli morceau de saph1r liquide qu'est Je lac ot1 se ré'llètent les forêts bleues. - Parfait! .. . dis-je au portier en lui tendant -u n pou11boire inespéré qui Je remplit aussitôt de tendresse pour moi.


154 - Oh! demain, ~e vous aurai une chambre sur le boulevard! ... - .Pas du ~out ... je tiens à mon 379. - Enf·in, je suis tout entier à la disposi· ti on de Monsieur . .. 'Pour la neu.vième fois, j'ouvris ma valise en peau de vache. . . un vieux -cadeau du temps .jadis. . . C'était elle probablement qui avait .i mpressionné le gérant, et m'avait fa it avoir le 379- .. !Vieille valise de mon cœur! ... !Puis, je fis l'inspecti on .. . 'C'était quelconque... très quelconque . .. . ~ part l'eau rie la carafe, laquelle était mer· '<:eilleuse, le bon Dieu l'ayant ainsi crÜe. A ce moment, j'entendis un grincement lent rythmé, totut proche, comme si on sciait mon plancher sous mes pieds .. . •Le plancher du 379! ... ·Je me penchai en dehors de la fenêtre! ... Je ne vis rien. Je me penchai en dehors de la gouttière et je regardai dans le sens de la perpendicul~ire? ... J'entend-is . .. mais je ne vis encore rien!... Ou plutôt si!. .. J'aperçus quelque chose ... un de .ces contrastes comme on n'en trouve que du haut des chambres 379 et numéros circonvoisins. Sous mes yeux, 'j'avais toute la masse énorme de l'hôtel. .. l'endroit et l'envers .. . !D'un côté, le grand jar.din tout orné de fleurs de luxe, d'arbres aristocratiques, à l'ombre desquels riaient, jouaient, c~ntaient, buvaient, de grands garçons élégants, aux genoux nus, au col rabattu, aux cheveux parfois retenus dans une résille de soie . . . des jeunes Filles en toilettes claires, encadrées de leurs familles ... Tout ce monde jouissant - ou re jouissan-t pas - de la nature superbe, du sourire uni verse! des choses . . . •E t, de l'autre côté du mur, la cuisine utilitaire et fatiguée, où de petites bonnes, l'air pas si commode, épluchaient des montagnes de pommes de terre, lavaient des hottées de salade et, dans un baquet plein d'eau sanglante, jetaient une centa·ine de poulets dont eHes ne mangeraient pas.

Mais, par-dessus 1out cela. .. par-dessua les cris de .joie des uns. . . les exclamation agacées d~ autres, calme, cadencé, rythm~ que, continuait toujours le grincement mys. térieux de scie qu-i m'avait mis à la fenêtre La question devenait obsédante. · Je me penchai encore davantage ... Alors, a-u-dessus de la soupente où trois p longeurs nerveux lavaient une incessante vaisselle... j'aperçus une espèce de cône en bois comme un gros balancier, dont l'extr~ m1té émergeait du toit. Ce balancier allait. . . ·venait ,d'un mouvtment ré~:ulier. Je me di!l: • Ce .doit être là! .. . » !En eMet, c'était là! Dans -ce pays où la houille est d'un prix effarant ... où Je bois est tout .. . un homme inlassablement sciait -ce bois poi.tr tous les ·besoins de l'immense hôtel. -Il .s ciait de 6 h. du m. à 7 h. du soir. Il sciait .au lbruit des cuillers et des fourchettes battant sur la porcelaine retentissante la charge sans cesse renouvelée des appétits. . . , Il sciait au bruit des garçons en habit jetant à la cuisine des ordres impératifs: • Un thé complet!. . . Un café na•ture!. . . Une !ar· te miralbelles pour cinq, avec chocolat-crème et petits Jours glacés! ... Vivement! ... . » ,lJ sciait au. bruit des bouteilles de cham· pagne et des •Jeroboam. dont sa\ltaient avec .fracas les bouchons cuirassés de fer doux ... Il sciait au bruit ·lointain des valses, des tangos et des fox-trott . .. Et je voulus le ·voir, cet homme. iJe voulus lui parler . . . savoir son étal d'âme... Socialiste? . . . Communiste? .... Moscoutiste? ... Anarchiste? ... lui qui 'était sans cesse à la frontière exaspérée de tous les contrastes ... lui qui gagnait péniblemeaf de 5 là 10 lfr.. . . une paille ici dans la danse frénétique de tous les grands billets bleus dts nouveaux riches. D'avance, il m'intéressait ..• tE t je trouvais, tranquillement assis par111i la sciure, un petit vieux à .Ja bar·b e blanche, aux yeux clairs, aux lèvres souriantes.

155 Une rustioue croix de bois était clouée devant lui su·~ l'un des montants de la scie; sur l'a utre, une petite Notre-Dame de Lourdes en couleur d'image d'Epinal. Et il sciai-t avec attention , d'un mouvement qui, .chez lui, était !devenu naturel. 111 prenait ses morceaux de bois, les. uns après les autres, les regardait en connaisseur, et les jetait à droite ou à gauche, suivan t la dureté. iD'abord, il ne ~·i1 aucune attention à moi . . . Puis la conve.rsation s'accrodha. _ Alors, vous sciez comme cela tout Je temps?... - Mais oui, mon bon -Monsieur . . Faut bien faire quelque chose!... - Vous devez en avoir assez à la ,fin de la journée? - Oh! l'habitude! · · · _ Et vous vous tirez d'affaire?· · · -Mais oui! 1Peu à peu, mis en con.'fiance, il me racante sa vie simple, sa vie de sage, sa vie intérieure aussi qui était grande. Et je fus dans l'admiration de ce que ~'on peut trouver d 'or fin dans les en.droi.ts les plus inattendus. Aussi , le soir, en regardant aller, venir, au travers de la grande salle à manger, tant d'inutilités fastueuses, je songeais à mon pe· fit bonhomme... En ce moment, l'esprit tranquille, le cœur en repos ·il dînait Chez hti de choses très simples... •lE t, tout à 11heure, pendant que l'orchestre allait rugir, il dormirait, après sa journée .féconde, sans même penser c,ue ~oute celte lumière. .. toute cette chaleur étalent fai-tes de son hu.trible lalbeur. Sans regarder à droite ni à. gau~he, sa~s jalousie et sans haine, il ava1t pus la v1e telle que .Oieu la lui avait présentée. D!eu l'en récompensait. Devant tant de figures soucieuses, tant de 1 visages poudrés, je me disais que, malgré les sommes dont les mondaines achètent leurs joies, le pl·us theureux, même au point_de vue humain, éta-i t- peut-être l'humble sc1eur de bois d.e cet immense hôtel. .Et, en remontant, j'ai regardé, avec de

meilleurs yeux errcote, mon tout petit 379. Pierre l'ERMITs.

On ne peut pas tout lire tM. René tBazin écrivait, il Y a une quin· zaine d'années, la rêilexion suivante: • Un des préjugés les pl-us répandus consiste à prétendre qu' un livre, pour-vu qu'il soit bien écrit, ne peut pas &aire de mal. J'entends dire cela dans la rue, chez les pauvres, dans les salons. » , '? J · Que doit-il ,penser ll:ujourd hUI.... a maiS la littérature à bon mardté n'a pullulé avec une telle abondance et une telle audace. Journaux, revues, brochures, romans, livres plus ou moins scientijfiques, s'offrent en nombre inliini avec des couvertures alléchantes et ' · des 1ec1eurs des titres malsains, :à la curiosité de tout âge et de tout sexe. A J'attrait de ces tentations incessantes, combien savent résister! Et à chaque ins· tant on entend répéter autour de soi, avec une ' superoe assurance.• Je peux tout lire.• Eh bien! non, il ne faut pas avoir le cou· rage de l'affirmer, on ne peut pas tout lire. Prétendre le contraire, c'est dire que la vérité et l'erreur le bien et le mal ont la mê· me valeur pou'r la formati.o n intellectuelle et morale de l'homme. Ou bien, si l'on recule devant cette évidente monstruosité, c'est tout au moins laisser entendre que l'on peut , sans danger, nourrir son esprit d'opinions mensongères et son -cœur de suggestions perverses. Cependant, pas plus que .p our le corps, le poison ne peut ·être une nourriture iHo[1!en· sive pour l'âme. \Lo.rsqu'une mère de famille prépare le re· pas pour ses enfants, elle a gr~nd soin de choisir les aliments les plus sams, exempts d'impuretés et de souillures. Elle sait que leur santé dépend de sa vigilance. Je sais bien que l'organisme humain peut, dans certains cas, s'accoutumer à absorb~r , progressivement d'assez fortes doses de toxJques. tM ais au prix de quelle déchéance!...


156 •r.es a 1coo·f rques, ' les morph inomanes les fervents de la cocaïne sont • .. élas .r trop ' nomb "

!feux pour qu'on les ignore. Et s'ils ne meurent. "'"S · méd'ratement après 'avoir pris ,,~ 1m 1eur_ .~or~on, on sait quels pauvres êtres dégéner~s ll~ deviennent sous l'influence de leur mtoxr~tion flalbituelle. Ils sont perdus po.ur la fa~rll~ et l a société; leur misérable exrstence s acheve enfin dans la décrép:tude et la soutifranœ. Et l'on voudrait que l'âme fut mo· 'hl ms sen~~ e que le corps! L'expérience de chaque JOur ~st 1à pourtant qu i nous démontre le contraire.

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connai1 les dangers qui les menacent t vigilanc • d . . • e sa e ne sen ort JamaiS. Elle sait tro !a valeur . d'une âme ,p our ne pas cherchep a tout ,pnx son salut. Elle affrontera. sï~ le ~aut, le sarcasme et le rire des incrédules · ~ars, en face d'un ouvrage immoral et . ' ple, elle <lira franchement à ses !fidèles V tmne ,pouvez le lire. · ou~

J'

Donc, d'accord avec 1a raison le ·bon •· • sens

~enence e.t l'~lise, il fau t plus que ja~

maJs, dans l'mtéret de la famille de la 'ét' t ' SO· CJ ~ e de la patrie, atfirmer cette vérité essenltelle: • On ne peu•! .pas tout lire •.

la M . !René !Bazin, à q~i on ne refusera pas

colT1])ét~nœ en matrère littéraire, disa it encore œc1 : • J'ai vu de lbelles intelligences troublées et désemparées par des sophismes misérables nbo_r~és trop tôt, sans défiance, avec tro de v~nrte ,per~o?nelle . .Et j'ai connu plus en~ore d. etres déhcJeux qui avaient ohangé de sourue et de regard, et d'ârJJe presque, sans s'en d·outer, et sur qui pesaient visiblement tant de lectures dites légères, les mal nommées, les pl~s lourde~ qui soient, puisqu'elles p~ient ce qur est dr-Olt. tNon, 1e suis certain que la sotüse, même géniale, l'erreur ne peuvent '!Passer :habituellement dans un esprit sans obs~rcu son entendement, et que les plus honnetes femmes, ·tes ,plus 'honnêtes 'hommes ~rdent q~elque dbose de leur honnêteté à lrre des hvres malhonnêtes. ~ . Qu_'ajouter de ,p lus? Ceci: De toute nécesSité, il faut que nous écartions de nous toutes les infl~ences ,perverses qui sont capalbles d'empotsonner les intelligences et de dépraver les cœurs.

!Parmi ~es ·i nfluences délétères, il n'en est pas d~ P?"es que les mauvais livres et les mauva ts journaux. Notre devoir est donc tout tracé. Nous ne les lirons pas, et, autour de. nous, nous saurons veiller à ce qu'ils ne SOient Jus de personne. lEt, en cela, nous ne ferons que nous con~ormer aux sages prescriptions de l'Eglise. Co~me la bonne mère de famille dont nous pa:h~ns tout à l"heure, elle veille avec un som jaloux sur la santé de ses enfants. Elle

Pour les femmes de la campagne Ce qui~· fait eu Caneda et en Belgique ·Deputs. quelques années, sous l'action de ·cau.ses dtvers~s, en . de nomlbreux pays ~ms en ~uJsse, JI est vrai, que partout a.Jlleurs - tl se produit, parmi les populah,~ns rurales, ~es modifications qui, pour n etre pas ·~OU:JOurs très apparentes, n'en so?t pas moms souvent très profondes. 'L'a~JcuJture, en beaucoup de ses branches s'mdustriali;e; or, en même 'lemps que. pa; ses ~rocédes technjques, elle prend un as· pect utdustriel, les ouvriers agricoles :;e rapprochent des ouvriers de l'industrie: ils ën a?op.t~nt les idées et les méthodes d'organJsahon.

.n Y a là, observe M. Max Turmaun, J'é. mment professeur de l'Université de Fri· bourg, un phénomène qui est plus ou moins accentué suivant les pays, mais dont partout o~ c~nstate au moins quclq'les symptôm~s: 1agm:ulfure se transforme et ]es populatiOns rurales, !à leur tour, subissent Je con· tre-coup mafér·iel, moral et intellectuel de l'évolution de la .technique agricole. En présence de ces faits, i.l est sage de prendre des mesures j)réservatrices. Dans cet!~ œu.vre de sat.tvegarde et de formation socta!es, on doit grandement s'appuyer sur

l'élément .1éminin. Il y a là une lorce que l'on ue saurat! tr9p développer et sur laquelle on ne fera jamais trop de fond... pourvu, du moins, qu'on l'organise et qu'on l'instruise. Les catholiques belges l'ont c.')mpri5 et ils ont admirablement proHté de la leçon que quelques-uns d'entre-eux, plusieurs années avant la guerre, étaient allés prendre au Canada: i.Js ont 5o!l'dé et extrêmement développé les • Cercles de fermières •. Mais qu'est-ce au juste que ces Cercles de ~ermières?

.En •Belgique, pas plus qu'au Canada, d'où l'·idée a été importée, il ne hut prendre Je terme de • Cercle ~ dans son sens ha bi tue!: ici, il est synonyme d'associatio:t. Il ~ ·agi t donc de sociétés groupant les femmês de la campagne et convoquant leurs membres plusieurs fois par an. Leur but est nettement défini: dans les réunions, on étudie des sujets relatifs aux occupations et à la vie de la • iermière • et, d'une bçon plus générale, de la femme de la campagne, dans le but de la rendre plus apte à remplir les ionctions :rès variéeo, ' qui lui incombent. Ces conférences sont généralement, en Bel· gique <:omme au Canada, essentiellement pratiques P.Our l'auditoire ~éminin qui vient les entendr~ A titre d'exemple, voici quelques-uns des sujets traités dans ces séa·nces pour la province canadienne d'Ontario. Il y a tout d'abord quantité de 'tuesiions ayant trait à l'alimentation: si je voulais en reprod·uire la liste, il faudrait plusieurs colonnes. Mais, l'alimentation ne doit pas, seule, fa ire l'objet des études des Cercles de fermières. Voici quelques-uns des autres articles du programme: Hygiène. - Soins pour les éviers et les égoûts. Soins pour la oave. Contamination des puits par infiltration. Conditions sanitaires des étables. Soins pour les chambres à couoher. Le soleil comme désinfectant; effets physiologiques de la lumière et de la chaleur; poussières et microbes; désinfection.

Les alentours de la maison. - Moyen d'avOir une bonne pelouse. Fleurs el arbustes à cultiver. Soins de la cour, des hangars et des remises. La famille. - Droits des parents, des enfants. Devoirs des mères, des Iilles, des garçons. ·Devoirs spéciaux. Lectures pour la ·famille. Devoirs envers les hôtes. Récréations et jeux. In~uence Gu'exerce la maison sur l'enfance, s·ur la 5ormation du <:aractère. Ces quelques objets que je cite entre beaucoup suffisent à montrer le caractère des causeries auxquelles on convie les paysan,nes canadiennes. •Et, en Belgique, avec Guelques variantes qui s'expliquent par la différence des situations, les questions traitées sont analogues. [)ans les deux pays, les organisateurs de ces réunions ont surtout en vue la préparation des femmes de la campagne à leur rôle familial et social. C'est sur l'épouse et sur la mère que reposent, en grande parHe, la prospér·ifé et Je 1bonheur d·'une familie; en Belgi<jue et au Canada, on veut que les épouses et les mères aient les connaissances nécessaires pour assurer cette prospérité et ce bonheur - et, à œt effet, on les invite à se réunir plusieurs fois .par an ajlin d'examiner en commun les questions de la solution desquelles dépend le sort des êtres qui leur sont chers. - Tout ce programme est bel et bon; mais, ajouteron t quelques sceptiques, reste à: savoir s'il reçoit application et si les Cercles de rfermières obtiennent du succès . Les ch-iffres répondront mieux que toutes nos affirmations. Nous les donnons pour la Belgique. .c'est en 1906 que furent fondés les deux premiers Cercles belges de fermières. Le mouvement a pris rapidement un grand essor. ·En 1907, on .comptait déjà 14 cercles avec 1961 membres; J'année su ivante, le nombre des Cercles avait plus que doublé: 36 cercles avec 3931 membres; en 1909, on passe à 6'5 cercles avec 6182 membres. Depuis lors, l'extension du mouvement a con.tinué si bien que, l'an dernier, i! y avait


158 407 Cercles, affiliés à la • Ligue des fermières • et groupant 39,192 membres! Au cours de l'année, les Qrcles on t organisé 142'3 con~érences, 27 séries de journées d 'éf,tde" et 25 retraites religieuses. Sur les 407 Cercles de fermières, plus de la moitié - .!xactement 224 possèdent une bibliothèque. Ajoutons que beaucoup d 'entre eux ont organisé la vente en commun du produ! t de la bas ~e­ cour. On le voit donc, ces associations chrétiennes léminines sont en voie -de développement et elles nous par.Üs3ent appelées à produire un •i rand bien ~octal. iN'y aurait-il pas dans ce domaine :1 uelque chose à faire ou à !enter a:.rssi en Valais? Nos sociétés d'agriculture et de développement, sans parler d'auiœs, nous paraîtraient particulièrement bien placées pour prendre de ·féconJdes .initiatives et, au !besoin avec le concours des pouvoirs publics les mener à bonne 'fin!

Une émouvante héroïne Dans un petit village des Hau fe3·A~pes . à Serres, habitait une jeune fille belle, modeste et bienfaisante comme les fleurs de la montagne. On l'appelait Mathilde Raynaud. IE!Je était l'aînée d'une famtl le .Je onze enfants. La maisoD paternelle paraissait si peti te au pied de l'Alpe qui'semble soutenir le ciel, que peu de touristes y arrêtaient leurs regards. Cependant, sous le "Chaume fleuri, une famille y viva·it heureuse. Au chant de l'alouetie, le père partait pour arracher à la terre le pain de la maisonnée. Quand 1! ren· trait, au soir, las de l'ellfort, la mère disait: - Ménage-toi, mon ami! 1Pour toute réponse, le père montrait la fille aî née versant la soupe â dix bouche3 affamées, spectacle réconfortant pour te travai lleur, car la soupière n'était jamais assez grande. les assieties jamais assez pleines ... Le Bon Dieu, disent les braves femmes de mon pays, ne •devrait pas rappeler à lui un

père de famille nombreuse. Cependant, M. Raynaud succomba. La veuve conhnua sa tâche, puis un soir quatre ans après Je père, elle mourut. ' Math ilde avait alors 19 ans. fraîche et rose comme l'aurore dans la montagne, elle était aimée. Son :fiancé rêvait de s'installer avec elle là la vi.1Je oü la vie semble aisée à ceux qui on t pâti pour la terre ingrate. Agenouillée au chevet de la morte. Mathilde se prit à songer. Autour d 'elle, pressés, les orphelins priaient le destin de leur être se_couratble. Le plus grand avait 14 ans; le plus petit, 4 à peine. - Nous pourrions prendre celui-ci avec nous, offrit timidement le fiancé. Mais les autres? iLes autres? rLes autorités locales .propo· sent de les remettre à l'Assistance publique. Tout le bien des orphelins consiste en la petite maison paternelle achetée 500 fr. autrefois. 11 Œa-ut se faire une raison. Alors, Mathilde d·it à son fia-ncé: - Allez sans moi à la ville. ma vie est ici! Elle répond -à l'Assistance publique: - Je suis l'aînée. Je garde mes petits. .Et elle 'fait comme elle dit. D:eu, que la vie est dure pour une mère de iamilte de 19 ans, riche de tant d'orphelins! Mathilde s 'est placée chez le maire de l'endroit qui est boucher. Elle travaille avec l'acharnement du désespoir. Quand sa patronne lui offre, en cadeau, un- ~iohu ou un. bonnet, eJ.lc remercie: - Donnez-moi plutôt un pot-au-feu pourmes enfants! Ses enfants, elle les retrouve chaque soir, après la tâche mercenaire. -Elle leur prépare le repas. Tard !dans la nuit, eUe reprise leurs hardes. A ·Ja lueur d'une lanterne, elle va laver le linge de la mai sonnée. Quelquefois, Je froid de la montagne a rendu l'eau pay·eille à du verre épais. 'Elle casse la glace. I!lfaut que les petirts aient des chemises pro· pres pour aller il l'école. Au matin, elle les embrasse, Ils lui di·

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sent: • On t'aime hien, ma grande! • C'est sa récompense. [Jne nuit, e lle raccommoda les culottes des prçons. Ce sont de r-udes gars, il leur faudrait du cuir au fond tde leurs pantalons. Elle sourit, indulgente, en tirant l'aiguille. Et voilà que les méchantes fées veillent. La bmpe auprès de laquelle Mathilde coud, fait !1Jllosion. L'essence enUammée se répand sur 51 -pauvre robe. La malheureuse fuit dans la rue dés!!rle. A ses cris le village accourt. On parvient à !teindre la torche vivante. Quand Mathilde JIIOurante est ramenée ohez elle, les vo:sins disent entre eux: - Quelle sottise de s'être sauvée dans le vent! Elle a•u rait dû se rouler sous les couvertures! Et Mathiltde, qui a entendu, répond: - Dans les lits, il y avait les enfants! Longtemps, Mathilde, atrocement brûlée, demeure entre la vie et la' mort. Quand on peut la toucher, on la transporte à l'hÔpital de Gap. Dur~nt des années, elle ne peu t se servir de ses mains. Mais elle veut .,ivre pour diriger les petits, pour encourager Je;; rrands fl. faire leur devoir d'hommes. Un jour. enlin, elle quitte Phôpital, elle se remet au travail, elle rassemble ses frères et sœu rs. lrs voilà tous réunis à nouveau à Gap, dans le modeste logement où Mathilde s'est insbllée Ji.ngère. La guerre écla te. Trois frères partent, le quatrième s'engage; le cinquième suit la classe 1916. Malgré les sou~frances que lu i causent des cicatrices souvent rouvertes, Mathilde travaille pour nourrir ceux qu i resIfni et pour gâter ceux qui sont loin. Malhilde ne tbénéficie même pas de l'allocation militaire. il faut toute une cam1)agne menée par les voisins pour qu'on lui donne ce secours. Deux de ses frères sont tués, les trois autres sont. au total. treize fois blessés. Treize fois, l'un après l'autre, ils viennent chez la sœur. 1E!le 'les choie: ils sont toujours ses enfants.

Quel académicien se fera .gloire de parler, sous la Co upole, pour décerner le prix: de vertu à Mathilde Raynaud?

Variétés La conteaalon el la reatllutlon iLa c Giustizia •, un des organes du parti socialiste italien, raconte un fait intéressant de resti tution où la con~ession joue Je rôle prépondérant. \Le député Baldesi, secrétaire général de la Fédération des entreproises électriGues, reçut l'autre jour la visite d'un prêtre. - L'un des vôtres ù'Z.-'•·· pas perdu un pli contenant de l'argent? 1La réponse est a!Efirmaüve. On préci.se la somme. C'est bien celle qu'a trouvée, le 1er mai dernier, dans une envelQppe contenant 3000 !ranes en biilets de banque, une personne qui, au 'b out de d~ux mois, a pris le parti de s'arlresser à l'abbé. Il y avait dans l'envelo~e une mention attestant que la Fédération en question était la légitime propriétaire de la. somme. CeJu.i qui avait trourvé l'argent hésita lolligtemps à s'en séparer. 'Mais la conscience l'ernpor.ta. Il alla se confesser et restituer, par l'intermédiaire de son conlfesseur, la somme trouvée. ILe député socialiste a vivement remer.oié et !élicité le prêtre. Il lui a remis, au nom de la fédération, la somme de 350 k , dont 300 pour celui qui avait restitué el 50 pour une œuvre d'assistance au choix du prêtre.

lpanchelftenl Elevez-vous, voix de mon âme, Avec l'aur<>re, avec la nuit! 1Eiancez-vous comme la flamme, Répandez-vous comme le bruii! Flottez sur l'aile des nuages, .Mlêlez-vous aux vents, aux orages, Au tonnerre, au tracas des flots; L'homme en vain derme sa paupière; !L'hymne éternel de la prière Trouvera partout des échos!


160 Ne craignez pas que le murmure De lous les -astres à la fois, Ces mille voix de la nature, 1Etouffent votre faible voix! Tandis GUe les sphères mugissent, Et ·que les sept cieux retentissent •Des brui.ts roulant en son honneur L'humble écho que l'âme réveilie ' Porle en mourant à son oreille La moindre voix qui dit: Seigneur! ·Elevez-vous dans le si lence, A l'heure où dans l'ombre du soir La lampe des nuits se balance, Quand le prêtre éteint l'encensoir· Elevez-vous au bord des ondes, ' oDans ces solitudes profondes Où Dieu se révèle à la foi 1 Chantez dans mes ·heures Sunèbres: Amour, il n'est point de ténèbres, Point de solitude avec toi! L'un·ivers est mort dans mon cœur, Je ne suis plus qu'une pensée, 1 Et sous cette cendre glacée Je o 'ai trouvé que ~e Seigneur. Qu'Il éclahe ou trouble ma voie, Mon cœur, dans les pleurs ou la joie 1Porte celui dont il est plein; · ' Ainsi le flot roule une image, Et des nuits le dernier nuage Porte l'aurore dans son sein. A. de Lamartine. (• Harmonies •.)

L'orlgiiM dea baa Vous êtes-vous demandé, chère lectrice, d'où nous vient l'usage des bas, universellement répandu aujourd1hui? Ce n'est qu'en 1559, aux noces de sa sœur Marguente de France et dl! dl!c de Savoie Emmanuel-Philibert, que Henri Il, qui désirait rehausser la cérémonie par la magnificence de son costume, eut l'idée de mettre les premiers bas tricotés que l'on eût vus dans son royaume. Les bas de soie existaient déjà , à vrai dire, mais ils n'étaient 'PaS tricotés et s 'appelaient chausses, d'où le mot de • haut-dechausses •.

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Un siècle plus tard, la première manufa _ lure de • bas au méfier • était établie c château de Madrid, !dans le bois de Bout~ 0 gne,bp~r un nomme. •H'tndres, dont l'entrepri. se o !mt un énorme succès. Sa • compagni , comme on disait alors, eut la faveur de e~ prote~tion royale dès 1666. Et, en 1692, se fondatt une • communauté de maîtres-ou. vriers de bas au métier •, qui prospéra su. perbement. Cependant, les bas à côtes, d'invention an. glaise, ne furent introduits en France Gue vers 1770, année où plusieurs manubdures commencèrent â les fabriquer, tanr à Parj1 qu'à Lyon.

Bravo••• lea Hollandata 1 En Hollande, déjà dans les gares de la l'ronlière, l'attention est attirée par de grand3 placards exhortant la population à n!agir contre la pratique du juron el du blasphè· me. Voici la traduction d'une affiche qu'on peut lire à la gare de Rotterdam: • Si vous croyez en un Dieu ·tout-puissant, respectezle, et ne faites pas de son nom ~n u~afl! vain, inutile ou irréfléchi. Si vous ne crOJez pas en un Oieu tout-puissant, ne faites au. cun usage de son nom, car vous vous rendrez ridicule et vous offenserez le prochain .• Le catholique hollandais, même dans Jes régions quali~iées protestantes, puait ignorer la vilaine chose qu'est le respect humain. Dana l'obacurltê Dans la nuit tous !es chats sont gris, et les portes fermées ne di!ièrent pas sensi· blement des por-tes ouvertes. Ainsi parlait mo!l ami Lamproy. - Pour les chats, passe, lui dis-je. Mais pour tes portes, je m'inscris en fa ux. Et je lui contai l'histoire de cet Irlandais GUi tr1· versait une pièce obscure, les deUJc bras teadus en avant pour ne pas heurter contre b porte. !Mais ~a porte passa entre les deux bras et lui cogna fortement le nez: • Aie, s'écria-t-il, je ne savais pas mon nez plus long que mes 'bras!. -

Le millénaire du Grand-Saint-Bernard Il y a mille ans cette année que naquit au château de Menthon, en Savoie, le fondateur du célèbre hospice du O r.andJSaint-Bernard. Comme la presse l'a annoncé, un triduum solennel a récemment commémoré ce .pieux souvenir au IOhâteau de Menthon. 'Dix siècles! Est-ce •QU·e ce n'est pas un rêve? Cela effl'laye un peu, comme tout ce qui nous dépasse. Voici quelques détails sur le Gd. Saint.,Bernard lui-même. La fondation de l'hospice doit remonter a ux premières années du Xlme siècle, ca.r en 1049 le palpe Léon IX frandhit le Gd Saint.-Bernard et logea sous ·le toit hospitalier des chanoines. Ceux-ci, guère nombreux d'ailleurs, avaient comme supérieur un «,prieur ,., bientôt après nommé par le Pape luimême, puis par le comte de Savoie, et pour finir. selon décision du pape ·Benoît XIV, derechef par te con seil des chanoines. 'Les moines observent la règle de S. Augustin, à la,quelle i'ls sont soumis depuis 1215. A l'intérieur de l'ordre des Augustins, ils constituent une congrégation pr<>pre, celle des « chanoines réguliers du Saint-Bernard », à laquelle a,ppartiennent une cinquantaine de religieux. La surveiHance directe . ~·e !~Hospice est confiée au prieur. tand1s que le supéri·e ur propr·ement dit réside à 'M artigny et a rang de Prévôt. C'est là Martigny également que se trouve l'asil€ de l'Ordre. C'est là que j:>Uissent du soir de leur vie, dans le repos et la vie en commun. les frères vieillissants .q ui ont passé la fleur de leur âge sur les sommets ou comme prêtres dans quelque paroisse des hautes vallée:~.

Malgré la construction des diverses voies ferrées transalpines, la circulation est restée intense sur 'le col, _g râce surtout au fabul·e ux développement de l'automobilisme. l{)éjà avant la venue des véhicules ·à moteur, il n~ passait pas moins de 20 à 22 mille personn~s annuellement qui recevaient gratuitement à ·l'hospice le couvert et le gîte d ont bénéficient toujours les voyageurs - qu'il ne fiaut pas confondre avec les touristes. - ·Les bâtiments actuels peuvent abr iter 600 hôtes. ]u5quc fort avant dans le s iède dernier. seul un -chemin étroit conduisait ,de Marti:gny à Aoste et les passants ne s'y tr.ouvaient guère en sécurité, surtout 'à l'époque des neiges. Avalanche3, tourmentes et chutes de pierres ont détruit tà...haut ;plus d'une vie; maint voyageur, qu'il fût seul ou en troup·e plus ou moins nombreus-e, perdit sa r~ute ensevelie sous les neiges pour être bJ entôt enseveli là son tour. Les conditions atmosphériques sur un tol de 2472 m. d'altitude sont les plus défavora.bles qu'on ,puisse imaginer I a température move11ne annuelle est ,de 1,76° au-dessous de zéro, celle de l'été ne dépasse pas 5,4°. 'La sécurité du passage albsorbe, durant la mauvaise saison, et elle est lono-ue à cette altitude, une bonne partie de l'attenticm des excellents religieux. Ils sont secondés par des chiens dressés à cette mission et dont la race a pris le nom de Phospice. 1Dans le calme et la sérénité, les moine?- de l'hospice s'acquittent de leL.Jr tâche et les vies qu'ils ont sauvées sont inpombralbles. Chefs de royaumes comme printes de !"Eg-lise frappèrent bien couven.t aux port-E's dr t'hnspice. Tiares et couronnes s'inclinèrent pleines de ,.esped et de gr~ti~ude d~>vant ces humbles moines ·oui se confinaient volont::~irement là-haut dans la glace et la neige pour pouvoir porter secours au


162 plus o:bscur de œux qui se risquai·ent• à travers 'la montagne. ne puissants .g énéraux franchirent' le col là la tête de leurs troupes pour les conduire dans la plaine combat et à la vi'Ctoire. Des .chefs de bandes' passèrent, avec :l eurs ·h ordes sauvages, avides de renverser ou d'édifier des trônes. Mais toute ·la g.loire qu'ils poursuivaient est miséraible et éphémère en regard des titœs que l'Hospic-e et ses moines s·e sont acquis au souvenir de l'humatnité.

et le petit 1Saint-Bernard. » Ono évalue 1à '5000 le nomlbre des pè. lerin.s qui ont .assisté a'U triduum.

au

-~·

A:u cours des fêtes du millénaire de saint :Bemard de ,Menthon, l'évêque d' A:nneoy a annoncé que le :Pape Pie XI a écrit à l'occasion du millénaire, une ;lettre ·r.a.ppelant la vie du saint et son immense charité pour l'humanité, et comme il fit P<>ll'r saint françois de 'Sales, donné comme patron des écrivains, le JPape donne saint Bernard pour patron aux exoursionnistes et amis de la montagne. 'L'évêque d'Annecy, dans une lettr:e pastorale a la même occasion, avait exalté la beauté du château de Men·t'hon dressé .comme un nid d'aigle audessus des eaux du lac d'Annecy, où vivaient les descendants d'un des comPRR;'OOns les ,plus fameux de Charlemagne, le comte ""'(9livier, qui, . de leur illustre ori.gine, ·g ardaient Jalousement la <:oilscience des lourdes responsabilités ·q u'elle leur imposait pour le bien et la sécurité dt11 ,pays dont ils avaient la ~M'de.

Arrivé à Aoste ('Italie), 1Bernard de ;Mienthon aiouta ·à la .pa·role, si puissante, les œuv·res, raconte la lettre pastorale. «'La voix du peuple reconnaissant a b.aptisé du nom de leur fondateur ces ·hospices et les rout.es qu'ils protègent et po·ur dire toute leur bienfaisance séculaire, il suffit de nommer le Grand

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La DOiitesse 'L'autre iour, ·quelqu'un nous rappe. lait qu'un ,personnage historique, est. .ce un monarque? ·est-ce un écrivain? est-ce un artiste? est-ce un ~uerrier? notre interlocuteur ne s'en souvenait pas et nous non plus, dosait la .profon. deur de son salut suivant l'importance de la ;personne qu'il saiuait. 'Est-ce bien là œ ·q u'on :p eut appeler: la ;politesse? Hum! . . . Jhum! . . . II semble qu'en .pareille matière il ne puisse y avoir deux poids et deux mesures. On est po.. li ou on ne l'est ,pas. 'Si donc <>n est poli. on l'est et l'on do·it l'être, dans la même mesure, avec tout •l e monde, sans acception de 'la condition sociale de la ,personne à qui s'adresse le :salut et dans quelque drconstance que ce soit. Si la condition sQ>ciale. en l'occuren. œ ne saurait .entœr ·en ligne de comp. te: le sexe en r=evanche, peut justifier une différ.ence, une nuance. si vous ai· mez mieux, dans le salüt. On ne salue pas une dame comme on salue un monsi·eur. ·Il faut lorsqu'il s'agit de la première, !1)1us de grâce. un sourire plus accentué. une inclinaison plus prononcée de la tête et du buste. un salut moins hâtif en un mot. c'est-à-dire qui n'ait pas :couleur d'une simple formalité. ·Est--ce à dire .qu'on puisse faire abstraction de tout ceci l<>rsque le salut s'adresse cà un monsieur? Non point, certes. Le salut est, en ·quelque sorte, un rite au'il faut accomp•lir avec conviction. 1En tout cas, on ne saurait accepter le coup de chapeau seulem~t esouis,sé, soit le .chapeau à peine soulevé, ou bien une s imple inclinaison de tête ou hi·en encore un bref signe de la 1

Jl)ain. Prenons le tem,ps de saluer, que diable! II ne faut pas que le souci des affaires, quelque impérieux soit-il, nous accapare tout entier et nous soit une excuse pour nous dérOiber à nos éléroentaires devoirs de civilité. Il est aussi des personnes qui ont la politesse intermittente, c'est-à-dire, qui ne vous connaissent pas tous les jours. -et d'autres encore qui saluentA ou ne saluent pas suivant que vous etes en habit « du dimanche » ou en c~stu­ rne de travail. ou suivant avec QUI elles s.e trouvent. Ce. so~t-1à. des cas plutôt ridkui.es et out temoignent dune drôle de mentalité. Assurément., ,ce ne sont pas là des personne? qu etouff,e l'intellil!ence, cbmme on d1t com~une­ rnent. ·Mais on aurait tort de se fache_r de cette absence d'édu~ation; ce _ser.ad vraiment faire trop d honneur a. ces « salueurs » d'occasion. IMais la ·POlitesse n'est ,pas toute dans le salut. ·Elle est .encore dans. une foule d'autr·es choses, d'autres -circonstances de la vie. 'Dans la façon de, se con:porter dans le monde, où qu on SOlt, dans une ég-lise, dans un salon. au théâtre. ·en c-hemin de fer, ?!.. tab;k d~ns une foule. ·etc., etc. Il suffit d un n en pour trahir un niais ou un rustre, ou pour dénoter un homme de ~onne ed~­ cation. Tenez. par exemple, c ·est _un detait soit, mais un détail qui .a hien son imporrtance et qui est rarement observé Et c'est là ce qui nous excuse de ra~peler cette -chose si naturelle. VouF> marohez sur le trottoir, n'est-ce pa~? Eih bien. si vous êtes en compa:rn~e d'une dame, d'une ;personn~ :plus agee aue vous ou d'un rang supen~ur _dans 1 hiérarchie humaine. la bienseance v~ut que vou!> lui cédiez le ~aut ci11 trottoir. c'est-à~dir·e 'le c.ôté QU1 borde tes maisons. Oh! ne haussez p·:s ~·e; éoaules! T.'observ·ez-vous, ce d~tall. Vovon~? .. . Voue:; ne .s avez qu·; repondre ... Oui, enfin, vous ne 1 observez

pas. Eh! bien, suivant avec qui vo,us serez cela suffira pour que vous 0 a: yez pas· la faveur d'être ra~gé parmt les gens de !bonne comp~gme. . , Et tant d'autres détails, ::J.UI n ont pas moins d'imp<>rtance et ne sont pas .p lus observés. Ainsi, c'est une b~bitu­ 'de courante chez beaucoup d entre nous dans la conversation. d'interrom· pre .~elui qui par~e_. de ~ui c~uper ~a phrase au :beau m1heu. Bten sur, 1l n v a pas là sujet à mort d'~omme., mals c'est très mal séant et pms ça denonce un fâcheux penchant au lbava!l'da~e. un 1rès vilain défaut. De la parole, 1l Y en a pour tout J.e mon~e et les dan;tes sont ,p articulièrement b1en par.ta~ees su: ce point. Elles a busent ,parfois. d~ c~ .privilèg.e. Il est vrai, c~ml!le dt_s ai! c~ bon La fontaine: « Mais 1e connais, ~ ce propos, bon nombre J'hommes qu i soni femmes. » . Que dites-vous aus<;i des gens qui, se croyant sans donte d'une essene~ supérieure, veulent ê-tre y~rtou! les premiers et qui pour penetrer quelque part y vont des pieds, des coudes et des mains, parfois !'flême du «bedon "· quand « bedon » il y a, bCfusculant, bourrant tout le mon 1e, sans respect de l'âg.e ni du sexe? . . Autre exemple. N'av·ez-vous Jam~~s vu dans quelque repas ;privé ou pub~!c, des convives, a u desse~t, alors .qu t!s ne se croient pas surpns, ~ tr.am de bourrer leurs poches de noisettes, ~e coquemoHes de pâtisseries? Et s'lls sont déc<>uv~rts, ils s'e:œusen! d'un ton attendri, disan{: « Il faut tou~ours penser aux gosses » . Aih! ces gosses, ontils bon dos. . . . On nous racontait un JOUr, a ~e prop os. une 'bi·en jolie anecdo~e <JUI nous ti·endra lieu de mot de la fm. ~Nous ne la donnons pas pour authentique. Elle n'en est pas moins amusa~te. nans un r.e;pas, se trouva~t un convive connu pour avoir le défaut dont


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nous v.enons de parler. 1Deux de ses voisins. le voyant, ·a u dessert, lorgner du coin de l'œil un comp()tier garni de macarons et pla-cé devant lui se décidèrent soudain à lui jouer une farce. Vn peu plus loin, sur la table, était un autr·e .co·mpotier cont.enant de la crême battue. Tandis qu'un des .farœurs tournait à l'improviste le bouton de la lumière électrique, comme .pour faire crotr:e à un accident, son comparse, profitant de l'obscurité, substituait rapidement le compôfi.er de crême à celui de macarons. Quand on ralluma tout ·à cou,p, le pique--assiette avait la main dans ... dans la crême, ;pardi. Gare la crême! J ·M.

L'éducation incohérente On se rappelle ta parole d'•un min.istre {qui depuis. . . mais alors!) - à la ·t ribune du !Palais-Bourbon: c Nous sommes dans l'incohérence, resfiançai~ -

tons-y~.

ICette parole m'est reveooe naguère en mémoire, alors que •je passai·s quelques jours de vacance chez des 3111lis. !N'était la politesse qui aillfirme q.ue la y~­ rHé est un révofver <tu'il ne faut pas décharger au nez des passants, j'eusse volontiers dit l meS'hôtes en constatant cotmnent ils élèvent leurs enfants: c Vous êtes dans J'.in.. cohérence: sortez-en·~ J'ai entendu le père défendre, sur un ton qui semlblait n'admettre nulle réplique, telle chose qu'il avait tolérée à quelques jours de J.à; j'ai vu la mère accorder à un errlant une permission qui venait d'être refusée par 1e père. iJ 'ai entendu œlui-ci gronder son fils qui s'était permis de coatreiaire un maiheureux estropié du voisinage, alors que, ia vei.Ue, cette plaisanterie de mau•mis goût avait provoqué J'hilarité de toute la famille, y compris père et mère. J'ai entendu la mère' reprocher à son mari d'avoir puni un en-

fant. l'accus· . a nt d 'e rreur et de &événte· 0 utrée, affirmant que -::le tels pro.:é.lés ne pru. vent qu'aigrir l'enfant ... et Joute cette dia. tribe, rje l'ai entendu. déclamer devant l'en. fant qui fut, l'instant d'après, combl.! de ca. resses et de câlineries, juste compensation de l'injuste courroux paternel. j'ai vu le Phe se bire le complice de l'~nfant pour ta:r'! à la mère une faute qu'elle eQt nécessaire~~~en 1 punie. J'ai v·u la mère accueill ir et consoler l'enŒant grondé ;par le père; je !'ai vue adou. cir les punitions infligées. Je les ai vas, l'un et l'autre, père et mère, s':lccorder pour dé. clarer tout net que les maîtres aux{jur.ls ils confient l'i.nstruction de leurs enfants soqf des ânes qui ne savent ni compremlre, ni mener les enfants, qu'ils ont 'lies partialités révoltantes et qu'ils en veulent à leurs en.fants. J'ai entendu cela. . . et les eJ!ants aussi! •Et ceux-ci prenaient alors des poses de victimes, de mar.tyrs ... Mais je gage bien· qu'au fond d'eux-mê· mes, ils avaient grand'peine à contenir une hilarité gouailleuse. Y donner libre cours eût été sans doute d'une insolence excessive, et pourtant . .. Aux yeux de l'enfant, .Je spectacle d'un père disant aujourd~u.i lbla·nc. demain noir. im· posan.t solennellement des ordres formels qu' il laissera !bientôt braver impunément; Je spectacle d'une mère .reprochant comme crime à son mari un ·juste ohâi:iment qu'il vient d'infliger à un coupable, ou amenée infailli:blement par quelque démonstration aifec.teueuse â accorder ce qu'il a refusé, ces spectacles, je le répète, ne sont-i\>s pas, aux yeux des enfants de la pLus irrésistible et de la plus ·h iluante comédie? Et ne rappellent-ils pas l'Arlequin de la comédie dont parle un auteur connu? 1Comme il paraissait sur .]a scène avec une liasse de papiers sou·s chaque bras, on lui demanda ce qu'il avait sous le bras droit: • - Oes ordres, répondit-il. - Et 'sous le !bras gau~he? - Des .conire-o!ld,res, afin de pouvoir ré· vaquer touf. de suÏJ!e un ordre donné! »

{}wteur a,joute que ta comparaison n'est

pas assez juste pour la mère qui ne peut être comparée qu'là un géant Briarée, ayant cent )Jras, ave~ une liasse de papiers sous chaque brast · Quel peut être l'abou~issement d'une éducation ainsi dir.igée? IDe tels parents y songent-ils? Leur action ne s'exerce~t-elle pas â l'aveuglette sans qu'ilS 1 aient 1jamais sérieusement réfléchi? 'Le but n'étant pas nettement déterminé, comment pourraierut~ils coordonner logique· ment les moyens de l'atteindre? Au fait cependant, ces paren~; ont un but qu'ils visent, mais un but trop rapproché. Cl s'ils prenaient le soin que devrait prendre qui·conque a Qharge ô'âmes, de faire parfois. de ~a.ire sottvent leur examen 1d:e conscience d'éducateurs, sans doute découvrkaient-ils avec horreur leur cwpalbiliillé. Ces parents ne cherchent qu'à jouir de leurs enfants ; et comme un cœur de mère s'épanouit surtout lorsqu'il voit ses enfants jouir, ils font -e~ omettent tout, pour faire jouir leurs enfants. Une .p rivation les peine et fait rembrun:r leurs f-ronts ; ils la suppriment. Une punition dédanohe les larmes des petiots: vi.te on l'amoindrit, puis on .l'esquive. Sans que l'in.tention soit nettement préconçue, père et mère se disputent, mendient, achètent les faveurs de l'enfant. IJ..'objectif esb de le rendre immêdiatement heureux, de le voir •ioyeux et d'éviter, corn· me un mal, tout ce qui pourrait l'attrister. Oe là, les divergences d'action. d ivergences qui rendent les directions familiales chao:tinues et néfastes. · Le ieu plaît l l'enfant. puisqu'il y trouve un profit jmmédiat. Et l'égoïsme qui som· meille en toute âme le poussan•t, il acquiert bien vite l'haJbi.Jeté, l'astuce nécessaire pour tirer de la situation qu'il constate le plus constant profûti. •Et le profit. · en l'occurence. est une perte. Car, .comment un caractère, quels que soient ses dons natu,rels. peut-il. dans ces conditions, se tormer? Comment une volonté peut-

elle s'établir et se tremper alors qu'on n'exer· ce que le caprice? Comment ~a loi morale, qui s'écrit d'albord dans l'âme des enfants par l'exercice du permis et la duite du défendu, peut-e11e se graver dans une jeune âme, quand le ,permis d'hier es.t le défendu de demain? Comment? Ne le demandez pas à ces pa· rents myopes. C'est un problème qu'ils n'ont jamais ten1é de résoudre, puisqu'i1s ne se le sont jamais posé. !Et si vous demandez au temps la solution, prenez patience: elle viendra catégorique e1 définitive. Et ce système aura produit ce que Bran.tôme diSQit d'un .homme de son époq.v.e, c une âme for.t barbouillée •. Jacques HBRBE.

Autour de notre langue .Pourquoi l'homme n)a qu'une lanf{Ue. Combien l'homme a~t-il de langues et avec combien de langues s'exprime-t-il? Je n'ai jamais ouï dire <ju'il en possédât plus d'une. En général, Dieu accorde ,une seule langue à ·!~h omme; il n'en est point de même pour les autres membres ni pour les autres sens. Dieu a doté !~homme de deux yeux, deux mains, deux pieds, deux narines pour sentir. Que signiHe qu'il ne nous ait donné qu'une langue? Oh! pourquoi? Pour que tu ne parles qu'avec une seule langue. Il ne l'a point voulu ainsi pour les autres sens; car il veut que· tu agisses moins avec la langue qu'avec les autres sens. ~u sais le proverbe: Qui souvent parle, souvent pèche.

/Pourquoi la lanf{ue est rouf{e. Notre langue nollS démontre ibeaucoup de choses que nous ne comprenons pas. As-tu dé;fi ~elll3l"qué comment elle est faite? Vois qu'elle est couleur de feu. Que sign·ifie le feu? Chari1é. La langue doit parler avec charité.


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En tom ce qu'elle dit, en toute chose, chari· té, charité envers Dieu, soi-même et le prochain. En quelque façon que tu t'exprimes, observe toujours ·la dtarité. Si .tu parles à Dieu, parle avec charité; si .fu parles de toi, parle avec chari-M; de même, parlant du prochain, toujours avec charité; qu'en toi il n'y ait qu'amour, amour, amour. Ce que tu dis, dis-Je dans la charité, soit par charité, avec charité. ,Pourquoi elle est plus larf!e que f!.rosse. !Cela signifie que tu dois parler plus large que gros, c'est4à-dire, de façon à être compris. N'enveloppe pas ton langage: quand tu parles, que ce .soit largement et ouvertement: appelle le pain le pain; témoigne avec la langue ce que tu as dans le cœur et expr.ime-toi clairement afin d'être entendu. Ne dis pas une chose et puis le contraire; n'imi.te rpas ceux qui parlent avec tant de circonspection qu'ils ne ~nt pas compris. ·Ecoute S. Mathieu: Que votre langage soit ~lair: cui, oui; non, non. Ecoute encore S. Jacques nous dire: Celui qui ne pècherait pas par la langue serait un homme parfait.

Choisis bien 1 = Etudie le caractère de celle don l tu veux laire ta femme. iLe mariage est une affaire à deux pqur la vie. M. de la Palisse J'aurait trouvé t;)ut seul. 11 paraît opportun cependant de le rappeler. Les époux, dit .spirituellement A. Daudet, sont très souvent • un service dépareillé. » Ta • douce » n'est-elle pas, en réalité, une c durie •? Cette mondaine riche.men~ habillée est une colère en grande toilette! D'aucuns s'aperçoivent avec stupeur qu'ils ont • de grands mots avant; de petits mots pendant; de gros mots après! • Par un mariage mal·heureux, l'homme fait entrer dans sa vie la femme qui s'y promène méchante, obséda·nte comme un cauchemar à deux pieds!

C'est toujouts la remat4ue de Talne daus • Th. Graindorge »: • On s'étudie trois semaines, on s'aime ·trois mois, on se dispute trois ans, on .se tolère trente ans. . . et les enfants recommencent.» Si vous êtes avisé pensez-y bien! car lrJn. que l'engagement est conclu, • il n'est plus lemps de s'en repentir. Le mariage est un Ordre où il fa.ut faire profession avant Je no'lidat, et s'il y avait un an d'épreuve, comme pour ta profession dans ies monas. !ères, il y aurait peu de profès. » (St· françois de Sales). Ne choisis pas la femme parmi les Jeunes filles peu sérieuses. Leur jugement est encore plus court que leur i•upe! et il y a aussi peu d'idées clans leur tète que d'étoffe sur leurs bras ou sur leurs épaules. Leurs sentiments sont d'un tiss!.l aussi peu solide que la soie transparente de leurs bas d'araignée. Ces petites ne sont grandes que par leurs hauts talons et ne sont précieuse3 que par leurs bagues. teur cerveau n'est pas une cloche capablt de rendre Je •beau son grave de la réflexion; c'est une clochette où ne tin.te que le grelot fol de la vanité et du plaisir. Coliliichets: 100. 1Pensées : O. Ces êtres légers sont tout ce que i'on veut: des papillons, des colibris. . . mais des lem· mes, non! ah non!

N'épouse pas la jeune fille sans religion. La pire mésalliance est celle des âmes! Si tu veux que ton amour dure, mets-y du divin. Im ite les époux de Cana: invite le Christ à tes noces. D'autres n 'y invitent que Bacchus. Ils l'expient. Oans les ménages sans re-ligion, que de vies .paraissent ·Unies et ne sont que parai· lèles. Parallèles: tu te rappelles ta géométrie?

lignes qui , même à ·l'infini, ne se rencontrent pas! &ltre. ces époux qui continuent, en public, à se donner Je bras le divorce des âmes esi consommé depuis longtemps. Une crevasse en profondeur coupe ces deux existences, comme dans 1es A•lpes une crevasse de cent mètres sépare deux glaciers d<>nt les bords paraissent, au prem:er aspect, rapprochés. Monsieur et Madame sont ces deux glaciers. lis sont si près et si loin l'un de l'autre! Ciel! que de <tristesses, parfois, derrière les belles bçades et dans les salons dorés! A ta:ble, devant les invités, on: se sourit. Puis dans la chambre, en haut, on se griffe. Quand on 'Ile bit que se griBer! ... • Le monkk se vante qu'entre gens bien nés la querelle est décente. ·Le monde ment. Combien, et des plus belles, et des plus tendres, le front sur le parquet ou sur Jeurs tapis, s.ans oser pousser tUn cri, ont été traînées par la soie de ·leurs cheveux! •

deUX

tLa psychologie masculine et féminine, dans cette question du choix, ne se rencontre pas jout à bit sur le même terrain. Le concept est double et la propension divergente. Tel attraH G·Ui insphre à .Phomme une grande passion est incompris de la femme, e1 vice-versa. En réalité, chacun des deux sexes demande à tJ'autre œ ,qui lui manque et, pour ainsidire, son angle complémentaire. La jeune fille cherche surtout, chez llhomme, ce ,q u'elle n'a pas elle-même: la force. L'homme demanJde sur tout, à la femme, oe dont hli-.même est ordinairement dépourvu: la grâce. lJ est avant tout sensible à la •beauté. C'est légi•time. 11 est normal de consid&er cette beauté, .chez celle que tu veux épouser. Mais ne considère pas • uniquement • le charme des lignes, la finesse du galbe. !Vers 40 ans, ou 1plus tôt, se perd le fil délicat de la grâce et alors 'Ile restent que

les qualités sérieuses. IL'éternel printemps se chanie tou j011tS, mais ne se réalise ~amais. tUn .jour son miroir l'avertira qu'elle vieillit. Sait-elle ce .c;u'est ùn ,miroir? Jusqu'à 30 ans: un • conseiller des grâces• . De 30 à 40: un juge. sévère. A ,p artir de 50: un témoin désolé. Alors a.u moins, puisse-t-eHe, en voyant sa p~ohé la ·ré'fléchir, réfléchir ... f'ut-elle poupée ou femme? .A-t-elle su être mère? a-t-elle voulu être .~ère? et, si eJ.Ie ;t eu ·un enian,t ~un! ... ) n'a•t-elle pas vu en .lui une manière, de joujou · vivant?

Quand un jeune homme songe à se ma· rier, qui doit-il choisir pour épouse? Une femme. Je répète: .une femme. Et il n'est pas inutile de le rappeler, puisque, aujourd'hui on veut changer cela, pour épouser des coffresforts ou des blasons. •Le mariage ne doit pas être une juxtaposition de dots, mais une union de ~œurs. tElle était bien moderne, la jeune fille qui, au jeune h<>mme lui déclarant • Je .vous porte beaucoup cY dntérêb, répondait par le hardi •Calembour : c J'espère que vous ne m'apporterez pas seulement l' • intérêt •, mais aussi le c œpiU.I!». Hélas! argent n'est pas synonyme de bon· :heur! Si J'on pouvait parler! ... D'autre part, la prudence ordonne de prévoir l'avenir raisonnablement et d'examtner si tes sources de revenus (réalisés ou raisonnablement escomptés) jointes â celles de ta fiancée, vous permettront de vivre et de faire vivre les enfants. A vingt ans, on :fredonne: c Un~ chaumière et ton cœur! » C'est très beau, mon joli frisé, dans une chanson! · 1Ma·is, dans ·la réalité des choses, cela n'est supportable (quelque ~emps . . . ) que si l'hi·


168 ver n'est pas t.rop froid e t s'il ne pleut pas trop par les fentes de la ci-devant chaum;è· re, car l'amour transi, ou l'amour moui.IJé, c'est piteux et une mandoline console peu, lorsque les doigts sont gelés, ou que l'eau dégou·l ine du toit. L'amour, quoi qu'on dise est mal ·à son aise dans la chaum:ère, lors· que les huissiers se présentent et que !es créanciers viennent faire des scènes ... O. Hoornaert.

Nos calvq,ires =

•La foi de nos aïeux a élevé parlou.t, dans nos campagnes, des ca lvaires de pierre, de fer ou de granit. ns sont émouvants nos Calvaires! En passant devant eux, nos mères se sont signées dévotement, en murmurant tou.t bas leur ardente prière; nos pères se sont découverts avec respect! Qui dira combien de sentiments genereux ont susci:tés œs calvaires? Combien d 'actes d'amour? Combien de blasphèmes arrêtés? Combien de douleurs consolées? Combien de haines apaisées? Et, pour nous encore, quel enseignement sublime nous vient de celte image séculai· re.__du divin Crucifié! .Elle est une at1estation prObante du triomphe momentané de l'injusfi.ce. de l'orgueil, de l'erreur et de la cruauté. Elle nous apprend comment nous devons suppor.ter les >douloureuses réalités de la vie, ies insultes et les calomnies des méchants , les attaques, les mépris, les persécutions: en vrais Chrétiens, comme le Christ, sans ouvrir la .bouche pour nous plaindre, avec l'espérance des résurrections futures. Ils sont émouvants ·nos Calvaires! ill en est qui nous rappellent le souvenir d'une • mission • bénie, au cours de laquelle tou·te une paroisse, soulevée par la voix d 'un apôtre. a rendu au Christ un solennel hommage et a fait un cortège triomphal au Rédempteur qui, de sa Croix, a laissé tom-

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ber, sur les âmes régénérées et repenties, le pardon, la miséricorde et la paix. D'autres rappellent un accident mortel, un crime, un attentat! lis nous {ont souvenir qu'>Un chrétien est mort •là, de mort tragique, sans le secours de la religion, sans sacrement, sans consolation suprême. lls nous invi.tent à prier pour la malheureuse victime, Vous qui passez, Priez pour les trépassés! Dans nos cimetières, le premier monument qui attire les regards, c'est un grand Crucifix qui étend sur nos tombes chéries ses bras rédempteurs... te Cr.ucifixl seule espérance des mourants, seule consolation de ceux qui pleurent, seul refuge des âmes coupables, seul gage de résuxrection et d'immortalité! 0 crux ave! Spes unica! Ils sont émouvants nos calvaires, parce qu'ils nous rappellent Je souvenir du Christ béni qui a souffert, <J·Ui est mort pour nous. Aussi nous aimons nos Calvaires, et nous voulons les conserver le long des roules el des ohemins, dans nos champs, dans nos cimetières. lEt, en dépit du. vent desséchant du maté· rialisme qui anéantit la foi, fausse les consciences, brise les bonnes volontés, aveugle les âmes, énerve les énergies, nous chantons à plein cœur et à pleine voix, le cantique séculaire: • Vive Jésus! Vive sa Croix! • N'est-il pas bien .juste qu'on l'aime? • Puisqu'en expirant sur ce bois, • Il nous aima plus que lui-même. • Chrétiens, chantons à haute voix: • Vive Jésus, Vive sa Croix! »

La meilleure part Les vacances étant finies, la famille x.··, réunie entière· autour de la grande table où le d•. ner s'Jchève, délibére gravement, tel un conseil supérieur de guerre, sur l'orientation qu'elle va donner Ïl. ses enfants.

Le père parle haut, parce qu'il est préoccupé ,et scande ses paroles d 'un geste énergique, agitant son bras nu et fortement noué, frappant la table de cette main calleuse çui vient là peine dt. <;·uitter la charrue. ta mère, pa·upières ·baissées, tortille entre ses doigts grêles le coin de son tablier de wisine. 1Le grand-père écoute, l'œil rêveur, branlant parifois un. ~ronc pensif qu'ombra·g ent des cheveux iblancs. ILa grand'mère dresse la tête, et, face au maître de la ma.ison, nerveuse, dans une figure amaigrie aussi mobile que ridée, fait étinceler 1des yeux perçants comme une vrille, entr'ouvre des lèvres prêtes .à la riposte ... !es enfants, silencieux, mordent vigoureusement <lans leur pomme. - • Les vacances sont finies, dit le père. • Il va faHoir envoyer les .petits à l'école. » .Paul est déjà grand. Il sufiira qu'il assiste pendant quelques mois de ! ~hiver, au cours des adultes. Nous avons besoin de lu·i à la maison. • Jean ira, dès octobre, chez les Frères; c'est sa dernière année de classe, avant de se présenter aux chemjns de fer. • Pierre pourrait aller aussi chez les Frères préparer les postes. - • P:erre devrait plutôt, dit la grand 'mère, être envoyé au collège, car H ve.ut se taire prêtre . .. N'est-ce pas? Pierre. - • Oui, dit l'enfant, qui rougit et baisse 'es yeux.. - • Au collège! s'écrie le père. Mais croyez-vous donc que je vais payer ·à ce gam'tt· là une pension de collège? - • La pension, reprend la grand 'mère, n'est pa·s plus chère là <iu'aj.J)eurs. - ~ Comment, pas plus chère- Tous ces cours, tous ces professeurs, pensez-vous qu' on les a pour rien? -Et puis ce latin-là ça n'en [init plus. Il fattdrait au· petit pour le mo:ns 10 ans d 'éturles avant d'être reçu cucré! ~ » 10 ans tout au plus. Et le Séminaire lait souvent, grâce à la charité des fidèles,

une réduction sur la pen&iou des élèves qui le méritent. ~ • Soit, mais ce n'est pas tà une carrière pour l'enfant. - • La carrière sacerdotale est pour le moins aussi honorable qu'une autre. - • je veux dire que ce n'est pas une situation. Ce métier ne nourrit pas son hom· me. - • Je ne sache pas ~u'aucun ouré soit encore mort de faŒm. - • L'en~ant , s'il devenait prêtre, serait tou.te sa vie une charge pour la iamille. - • Disons plutôt qu'il serait un appui . • Mais le père s'obstine et ne veut plus rien entendre. J.a grand'mère comprend qu 'il n'est pas l'heul'e d ' insister. On se lève.

Vingt ans plus tard, 1Pierre est entré lllll Séminaire, car il a .tenu 1erme pour sa vocation et sa grand'mère aussi. !Pierre est curé d'une paroisse voisine. La grand'mère est morte et ·Pierre porte chaque jour son sou.venir à l'autel. ILe grand-pèr·e est mort aussi, chez son • atbbé. car c'est chez lui qu'il a voulu finir ses jours, c'e&b de chez ·lui qu'-il a voulu partir pour Je ciel. (Le père et la mère ne manquent jamais d 'al•l er passer leur dimanche au pres.bytère, car c'est là, d isent-ils, <iu'ils puisent du courage pour la semaine. C'est que la vie n'est pas toute rose pour ces v.i eillards. Jean est aux Chemins de 5er, très loin, et, dans la servitude du métier, dans le souci de sa famille, ne donne guère plus de ses nouvelles. tPau.l est marié~ la maison paternelle: mais sa femme ne s'entend pas toujours avec les " vieux •, et ceux-ci en souffrent et vont se consoler chez l'abbé ou le prier d'apaiser les conUits.


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170 Un dimanche, au presbytère, après déjellner, le père prend par le bras son His prê1re, et l'entraîne sur un banc du jardin. - • 1e veux -te dire quelque chose que j'ai depuis •longtemps sur Je cœur. • Te souviens-Ill d 'un ~our où ta grand'mère me pressait de t'envoyer au Séminaire? Je lui répondis que d 'être prêtre n'est pas une s ituation, qu'un curé est une charge pour la famille . • Comme ~'étais dans J'erreur! • Mon enfan't, e'est toi qui as la meilleure situation. C'est toi qui est J'appui de la famÏ<IIe, Je soutien de tes vieux parents. • Ecoute encore. Quand nous aurons doisparu, ta mère et moi, qui pensera à nous? Dé_l tes hères se préoccupent si peu de nous! Qui priera pour nous, sinon 1oi? "' ']'ai mis de côté la somme que voici pour que tu fasses prier pour nous. - • IPère, dit l'wblbé, vous n'y songez pas! Gardez donc cet argent. ·EmplOiyez-le à vous soigner. Croyez-vous c,ue je puisse vous oublier jamais, jamais? »

Trente ans après. 'La mère était morte, pieusement, tranquillement, comme ·une chrét·ienne. Elle a demandé que son ms ·l'assis.te à son agonie, lui donne les derniers sacrements. ~ i.e père est mort à son tour, le dernier de tous, mais il a été volontaire jusqu'à la lin. !Dans sa dernière maladie, il renvoyait tout le monde pour causer avec son fils • le curé •, lui confier ses intentions, lui recommander la famille ... Et on l'a entendu !doire tout bas, dans une prière, au moment de mourir: • Mon Dieu, ne me repoussez pas. Car si j'ai trop travaillé pour la terre, je vous ai du moins donné un prêtre qui travaille pour vous. •

tEt le prêtre porte tous ces deuils, garde pieusement · tous ces souvenirs, prie fidèlement pour tous à la messe, au bréviaire, au chapelet.

On l'entend, ,plus d'une fois dans le jour ' réciter la prière du Missel: • Mon Uieu qui nous avez enseigné à ho• norer et à aimer notre père et n·o tre mère • n'ouilblie.z pas l'âme de mon père et l'A~ • de ma mère: pardonnez-leur, s'il en est be• soin encore, leurs péchés ; surtout faites• moi la grâce de les revoir dans les clartés • éternelles. »

Le retour =

!Vers 6 h. du matin, le chemineau s'étira, s'ébroua dans un frisson, les mains et le visage ·humides de la rosée d'avril, il ouvrit les yeux. Ce qu'il vit le fit sourire. Le 'fond du fossé se tapissait ·de pâquerettes multicolores; les bords s'égayaient dt touffes tde violettes et, par-dessus, la haie sauvage, jamais taillée, le recouvrait presque en une retombée de branches !folles, toutes trémissantes et ,piquées d'églantines. C'était merveilleux et royal. -ce vagabond avait couch~ dans les parfums et dans les fleur~.

111 songeait que ce ,pays était le sien, que le moindre lopin de terre lui rappelait un souvenir, ,chaque arbre ressuscitait une mi· nute de son existence. n avait vécu heureux, ici, pendant 24 ans. Puis, à cet âge, non qu'il fût mauvais ou ivrogne par nature, simplement parce que boire, fumer, fréquenter les cabarets, avoir des dehors tapageurs, lui semblait une affir· mation plus intelligente de sa virilité, il s'é· tait lié avec quelques fortes .têtes du village. :La journée .finie, on se retrouvait à l'au.· berge; le dimanche, on n'en sortait pas. On buvait sans soif, on fumait sans plaisir. \Dans l'odeur des r,pipes et l'ivresse du vin, les têtes se montaient. Les voix se faisaient bruyantes, querelleuses parfois, débordaient la salle étroite de l'estaminet. Quand ils s'ac· compagnaient en rentrant, vers 11 b., leurs chansons réveillaient les chiens de Jenne. Bt c'était leur 'joie, le seul but de leurs débauches. Ils faisaient parler d'eux. On di·

sait sur leur passage : - Le grand Claude, ou le fi ls aux Jacquet, des garnements! Mais les filles ajoutaient: - -Bah! c'est qu'ils sont jeunes et que la ville les a un pelt dégourdis. Ils n'en sont pas plus mauvais pour ça. Et c'était vrai pour quelques-uns, pour le chemineau en particulier.

Malheureusement, un soir, en place de vin, il but de l'absinthe. Il eut L'ivresse insolente el brutale. Il fut grossier envers son père, osa lever la main sur sa mère. Cette nuit-là, il ne coucha pas sous le toit familial. Sans pitié, son père l'avait chassé de sa maison. tDepuis, il avait couru les routes, déraciné, incapa·ble de se !fixer, gardant au cœur la vision obsédante de ce coin de campagne où il avait grandi, et .comme un perpétuel aiguillon GUi le faisait fuir de partout, le remords de sa faute. Eojin, plus !ort que le remords, l'irrésistible besoin de revoir les siens, ses champs, le fin clooher de pierre ajouré de son t!glise qui tb rillait au soleil comme un glaive d'ar· gent, l'avait ramené. Il n'espéraH pas son pardon, repre111d.re sa vie d'autrefois. Il voulait seulement aperce· voir sa mère, traverser en maudit ce pays où il aurait pu être heureux. Ensuite il reparti· rait.. \Mais voici que, à présent, il n'osait. 11 avait peur d'être reconnu, de laire rougir les siens. •Et il ne quittait pas sa cachette.

Cependant ta matinée s'avançait, les ch~­ mins verts se peuplaient de groupes endimanchés. Il songea qu'il exciterait davantage la curiosité si on le découvrait au fond de son ios&é. n se leva . Sa première rencontre fut celle ~e Marie!· le sa fiancée de jadis. Elle donna1t le bras a~ grand C laude; trois ~ntfants folâtraient devant eux sur l'herbe fleurie.

La {emme regatda lé ohemineau, ne le re· connut pas. Les coups de bise qui fendent la ligure et les coups de soleil qu.i la brûlent avaient fait de son ex-promis un être indéŒinissable, sans âge, ni expression bien dé· . terminée, -capable d' inspirer la pitié aussi bien que l'eitfroi. Il l'entendit qui murmurait au grand Claude: - Regarde ce roulant. Voilà une tête que je ne voudrais pas rencontrer la nuit au coin d'un bois. En l'apercevant les enfants jetèrent un cri et vinren·t se réi·ugier dans les jambes du couple. •Le vagabond s'arrêta, le cœur pris sou· dain pan·s un étau. Quelque chose en même temps lui montait au cœur, lui brQlait les yeux: ,d'un revers de main il s'essuya les paupières. Il pleurait. tLa vision de l'église aux vitraux clairs, avec son autel de rnarore veiné, ses grands chandeliers de vermeil, de l'église où le so· lei! léchait les colonnes, mettait des éclairs aux gacnltures de cuivre des paroissiens, aux grains de verre des chapelets, de l'église où to~tt le village serait réuni aujourd'hui , tout le village, c'est-l-dire son père et sa mère, s'imposa avec une telle force ~'atti· rance qu'il rebroussa chemin. Il sava1t un sentier ,peu fréquenté qui y conduisait. Il entrerait sans lbru.it, et, dissimulé derrière un pilier, il verrait au moins les siens. l[)ans un coin sombre, à l'entrée, près du baptistère, le chemineau se tenait: Le prêtre parlait, l'étole d'or croisée sur la bta.ncheur de l'aube. Il n'avait pas préparé un d1scours à sensation. En termes simples, il félicitait les fidèles 'd'avoir rempli leur devoir. Il terminait ainsi: - Après la messe, vous allez rentrer cllez vous. Souvenez-vous que le jour de Pâques est surtout un jour de réconciliation. Je vou· drais que dans toute la .paroisse, il n'y e~t pas à Ja table de famille une seule place VI· de par la ~aute d'un pardon refusé. Le chemineau regarl(iait les siens. La mèrepleurait; sur le banc des fabriciens, le pue se mouchait !bruyamment.


172 JI y aurait aujourd'hui une place vide à une table de ffamille. celle du fi ls chassé ja' mais reven-u.

. ~ou~tan.t, s'il osait! Il vouJut s'assurer s'il etait td·~gne de ce pardon, et, après la messe, !e .o ure trouva êhez lui un pénitent auquel Il ne songeait guère.

Il s'étonna de découvrir ohez ce gueux dont le visage et les loques portaient la Ira: ce de la boue et de la poussière des chemins ~n~ â~e a_ussi ca~dide. Sa plus grande faut~ etait davOir oubhé, un soir d'ivresse, le respect dû ~ celle qui l'avait mis au monde. Il dema~ruut . en ~re~lant si, après le pardon de Dieu, Il lui êtaJt permis d'espérer celui tde sa mère. - !Mon ·fils, lui ré~ondit le prêtre, il n'y ~ pas de faute que Dieu ne puisse remettre Il. n'y a , pas d'offense dont une mère se sou: VIenne.

_Alor~, avec des alternatives d'espoir et de desesper~nc:e, d'attendrissement et de honte.

Le garde du .bisse ~ors, ~àns un mot, le roulant quitfa sa chaise, pnt. sur la !haute cheminée un .Pot à tabac, la ,p ipe du père qu'il se mit , b a ourrer co~me_ au temps où il était enfant. Il tremblait _si Œort qu'il semait à ferre plus de talbac qu'Il n'en mettait dans la pipe. :La femme le regardait, stupéfaite d'une telle audace. !Puis elle 'le vit poser la pipe , 1 .place du . père, à drolte de son assielte. ~/ poussa un cri. e - Jean. Ah! mon Dieu! c'est toi! .Le chemineau s'était mis à genoux. - C'est moi, ma mère, vous me pardonnerez? Mais le coup était trop fort la femm "t . ' e ne pouvai faire un pas. Debout et les bras tendus, elle répétait seulement: - Jean!. mon Jean·! Oh! mon Dieu! . E~ le chemineau, toujours à genoux, redisait ce mot qui émeut les entrailles de toutes les mères:

le _ohemmeau s'en fut rôder autour de sa mai~on. Au bout d'un instant, il vit arriver

ses

~uges.

-!Maman! Maman! , Le pè~e revenait. ·La mère lui morutra

1hom~e IJitlplorant. Un rire d 'énervement la

IÙl !11ère avait encore les yeux rouges · à côté ?'elle, le père marchait la tête basse. 'Le dhemmeau a-tteiJJdait à la barrière de la cour, tenu en respect par le chien qui ne l'avait pas reconnu.

Contrefaisant sa voix, il demanda un peu d1ea. u, d u pam. · n le fit entrer. Le couvert étai~ mis, il y avait trois assiettes de porcelame sur la nappe bien blanche.

o

·

1La femme pr.it le vagaibond par ·la main le fit asseoir où s'asseyait jadis le 5ils de' la maison. 1Mais le repas fut triste. Les vieux devaient songer qu'autour d'eux les fumilles étaient au complet. Et eux, qui n'avaient qu' un enfant, en étaient réduits à mettre à sa place un traîneur de routes. Le chemineau ne semlblait pas aUamé. A peine s' il touchait à ce <;·u'on lui servait; il ne buvait que de l'eau. Au dessert, le pa~san se leva pour aller chercher une bouteille derrière les fa-

gots.

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secouait toute. - C'est lui, le reconnais-tu? C'est lui Ils étalent deux, main.fenant, à deman~ pardon. Afin d'attendrir le maître la fem· me prenait à témoin les baillons, ' les rides qu~ _si~onnaien! la figure de ce vagabond, qm etait leur ~Ils. ·Elle semblait lui dire: - Vois, il a expié assez durement. Le paysan hésitait. II avait sur les lèvres u~e ~uestion qu'il n'osait poser par peur de d~trurre toute la joie qui venait de l'enva·hrr. •Enfin, il œit un etlfort. - Jean, depuis que tu nous a s quittés es· tu resté un honnête homme? ' ·Le vagalbond· leva 1a main. - Je le j'ure. -

C 'est bien, relève-toi. Embrasse ta mère. Jean VIOLA.

•••

' Croqula alpealre

Il est, de par le monde qui souffre, qui ·tr.avaiUe et qui ·P·eine, des recoins ignorés où vivent .des êtres à part, très intéressants, et qui · .passent inconnus dans la foule -des « pâles humains,.. Ils sont nés sur oe coin de terre ignoré, perdu au fond des Alpes, s'y sont ada,ptés dès l'enfance, s'y sont créé une existence adéquat·e et ne songent point à le ,quitter. Ils sont taciturnes, leur front est méditatif, leur al•l ure, celle de !'-homme des fo·flêts; ils vont à pas de l•oup, la tête basse, muets t>t rêveurs, sans détourner la tête. C'est que ces solitair·es ont été formés a une rude école. Dès les premiers pas, ils ont <:ouru les champs, escaladé les rochers, « sauté» Ies bisses, gardé les chèvres dans les ra vins, poursmvi l'écureuil dans les forêts, passé .par tous les degrés de cette rude école buissonmère, où s'est formé leur caracïère, où s'est treill;pée leur âme -et .a gu·e ui leur cœur. Cest ainsi que sous une éc0rc:e rude se oachent parfois d'éminentes qualités et de nolbles vertus. !Sous œt abmd froid ·et mysanihropique, on ne tarde pas, en effet, à découvrir, comme des violettes cachées sous des . ronces, des âmes simples et des cœurs ingénus, susceptibles d'abnégation, de ·bonté et de dévouement. En contact uni.que et ;permanent avec la nature, ils ont une psychologie à eux, une conception de la vie 'bi·en plus. élevée que la nôtre, dans laquelle les passions violentes n'ont aucune part. TravaiHeurs llbr.es, n'ayant pour contrat ·Que la parole donnée, ne mesurant pas la journée au nombre d'heur·es, mais à la somme du labeur accompli, ils apparaissent comme les représentants attardés de l'antique ra-ce

patriar,cale, à l'heu reux temps des cadrans solaires. Sous l'influence d'un lointain atavisme, quelques-uns · de ces réfract-aires sans le savoir vivent de la chasse et de la p.êdhe en contr·e bande, d'autres -c ouœnt J.es montag,n es à la cueillette des « s.imples » ; il y en a qui, ~i­ ·vés à la glèbe, n'ont jamais quitté leur ·chalet que J.e dimanche, pour aUer à l'église du village J,e plus voisin; d'aut:res enfin sont bû-ch·e rons, boisseliers, guides, bergers d'alpage ou fromagers, autant de méfi.ers primitifs qu'ils exercent av·ec un art consommé. tParmi ces êtres originaux, ces types particuliers, ces enfants de la monta.gne, i'ai remarqué, dans le voisinage de mon chalet, la silhouette très caractéris1ique d'un de ces fleurons du bon terroir alpestre, un homme qui, dans sa modeste fonction, rend plus de services qu'Un sec11étaire d'ambassade: le gardien du hisse. - Chaque soir, av·ec le cr épuscule, ie le vois venir, le long du bisse, une besa-ce sur le dos d un long «piochard» à la main, suivi d'un petit terrier brun, agressif et aboyeur; ;t)uis, il ·entre dans son r·e fuge, sa demeure nocturne. C'est une méchant·e baraque en planches, mal aiustées, avec des ais où s'·eng-ouffr·e le ·vent, avec un toit délabn~. branlant, disjoint. où s'infiltre la ·plui,e, par toutes: les fissures. Dans ce pauvre réduit collé là la roche surplombante. une paillasse sert de ·couche au g-ardien du bisse. qui n'en demande pas davan.ta,g:e. Toutefois. pour prouver au consortage du bisse qu'il ne se mép11end p·as sur la valeur de sa ma~u-re. il a. de sél belle main. ironiquement écrit, sur la port·e. en ,grosses lettres noires: « IPalaoe Gran:g'ette ~ . Cett.e « finasserie» du garde a eu .Plus d'effet ,que toutes les réclamations qu'il aurait .PU faire, car le président


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du consortag-e est député, il se pique ~hanso!l du bisse, en songeant qu'il d'h_onneur et d'esprit, il a compris l'al- ala bien fat_t son service, qu'on est conl~slon, cet il a fait vot~r la construction tent de lm, et que l'été prochain il au. d un nouveau refug-e, plus confortable. ré!- un nouveau ·Palace, pout lui, et un Le g.arde en rit sous ca·pe. niche pour son chien. e C'~t que son dur métier vaut bien 0! Heur.euse médiocrité! la 1peme de quelque sacrifice. Levé Solandùu avant l'aube, il s'en va à la « prise» (.Feuille d'Avis· de 'Lausanne). · du. ·~i~se, au fond des rochers où se pr~ctpite la «·Prinz.e », nettoie le dépototr. ·consollde son lourd bar·r ag·e de L'école sans Dien madri·ers ~t de branch·es, retenus par de fo:rt~ :Piquets enfoncés dans le sa~le. ~ms, le long «piochard» à la main. IJ?ans une école de Franœ, dont le Il suit la « 1banquette » du bisse, l'œil mattr~•.m.alh;~ureusement, n'av.ait pas aux ·aguets de la moindre fissure vi- d~ reh~o!'· 1 ITI~tituteur, d'un geste rasite les écluses, referme les brèches' ou- P·Ide, saisit un JOUr un ·l)âton de craie vertes nuitamment sans son autorisa- et sous les yeux effarés des écoliers tion, dresse ses -contraventions enlève d~t ~1 v_oudrait, à dix ans, faire de en passant, au moyen de so~ « pio- pehts LmPles de son modèle, il trace sur ohard », les débris de bois ou de -cail- ta'bleau noir ce blas,phème : l~ux •qui obstruent le c.anal; il longe " JI n'y a pas de 'Dieu. » amsi pendant rtrois heures, les bois et IPuis. s'adressant .à ses élèves: les précipices, jusqu'à œ que, arrivé «)e donne à Dieu cin.q minutes pour au. bout de son secteur, long d'une dou- ven1r effacer ·ce que i'ai écrit». zame de kilomètres, il revienne sur ses iLes cinq minutes passées, il s'écrie pas, pour snrv·eiUer J.e çaurs d'eau et tromphant: sa distribution aux consorts. «J'ai donc prouvé que Dieu n'existait :pas. :» Sa fonction n'est certes pas une si'Là-dessus. il promène sur les ennécu-re. elle est .proportionnée à la somfants un regard d'inferna·le satisfaction. me des services qu'elle rend à l'Çtgri~es petits écoliers -cependant ne paculture alpestre; sans le ·bisse et sans son .Q"ardien, tous les riants coteaux où raissent Pas tous convaincus. Pierre s'étagent les orés, les jardins et les 'Bavoil, l'un d'eux, un 'bambin intréoichamps, seraient brûlés. nus et déser- de. a soufflé quelques mots dans l'otiques. ce serait la ruine des nopulations reille de son voisin, et tous les deux réet la mort du vallon, dévoré par la sé- priment mal un sourire ·qui n'est point cheresse. dans un pays où il ne pleut celui de la conviction. « ·~ousse!. interpelle le maître. que presque jamais. t'a dit Bavoil?,. 'Le soir, à la nuit tombante, après « ·M'sieu, il m'a dit que ... que ... vous avoir passé quinze heures à surveiller n'existiez pas. le biS&. le garde rentre 'à son refuge, - Ah! et te l'a-f-il prouvé? au « Palace-OrangeMe, y prend un - Oui, M'sieu. Il l'.a écrit sur son c;ommaire r·epas ~et se jette sur sa pail- cah·ier, puis m'a dit que si dans cino lasse. Je coros rompu de fatig-ue mais minute~. ~ous. ne l'aviez '.pas effacé, le cœur solide et l'esprit disoos. J1 s'en- vous n ex1s.tenez pas. ·Maintenant les dort. bercé par le murmure des bois et cinq minutes sont écoulées.

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!Visiblement en colère, l'instituteur hallebarJe, une 4ullebarde superbe, d'âge cherohe avec effort une réponse qui très respectable et qui est un vrai chef d'œului permette d'écr.aser ce moucheron de vre. Un de nos Lausannois, grand amateur Bavoil. 'Enfin, se croisant les bras et d"Qrt et d'antiquités convoite ce joyau. Il le se renversant en arrière: lui faut pour sa collection. Il s1avance dans - Voyons, •Bavoil, est-ce que par le rang ~s miseurs. hasard, tu me -crois à tes ordres pour L'hu1ssier crie: • A 10 .ir.! ... A 10 fr .. · venir effaœr les âneries qu'il te plaît A 10 .ir. pour la première! . .. A .. ·• d'écrire? - 15 tr.! crie à son tour le Lausannois. Bavoil s'est levé. Pâle, mais résolu, - A 15 fr.! . . . A 15 fr.! .. . A 15 fr. pour l'enfant riposte 'Cliârnement: la première. - 20 tt.! clame une voix. - 'Et vou~. 1M'sieu, croyez-vous que ~ A 20 k!. .. A 20 fr.! ... A 20 fr.! ... le. bon IDi.cu soit à vos ordres ;pour venir effacer ce que vous .avez écrit au pour la première! . . . tableau? 1Et la mise continue, le ILausannois suren- Eh bien, moi, je vais te prouver chérissant toujours. On atteint 60 fr. Tout que j'existe en te fiohant une demi~heu­ le monde se regarde. Les braves montare de retenue après la classe... Que gnards ahuris se demandent qui donc peul dis-tu de ma preuve? être cet étranger et le motif de son acharne· - Je dis que le bon Dieu vous prou- ment. - A 60 .ir.! . . . reprend alors l'huissier vera de la même façon ,qu'il existe. Seulement ce sera à l.a fin de votre vie, dont la voix trahit l'émotion. A 60 fr.! .. . A 60 fr! pour la première! (moment de siau lieu d'être à l.a fin de la classe. lence). A 60 .t.r., pour la seconde! (Nouveau 1Lià-dessus le courageux :petit garçon se rassoit au milieu des applau- silence très impressionnant). A 60 fr. pour la troisième! . .. Aldlj;ugé! dissements de ses camarades. IN\B. - Cet article, reproduit par plusieurs "journaux sans nidication de la source, a paru dans 'le J!EUNE OAlliOlJIQUE.

Curieuse enchère Utisfoire n'est pas d'hier. Deux Lausannois étaient en excursion dans le Valais, raconte le c Conteur Vaudois •. Un dimanohe matin, dans un charmant petit village, aux chalets brurus, ils assistent à la sortie de l'office. Tandis que les femmes, vieilles et jeunes, coiffées du coquet chapeau valaisan, se hâtent vers le logis où les at·!end le opot-au-feu, les hommes se rassembient sur la place. Bientôt, sur le perron de la maison communale apparaît l'huissier municipal. C'est jour de mise publique. Après avoir mis aux enchères deux ou !rois parcelles de pré, une créance douteuse, quelques menus objets, Phuissier saisit une

Le Lausannois, tout fier de son acquisifi.on, a déjà sorti trois billets de 20 fr. qu 'il met dans la main de l'huissier. Alors, le président de la commune s'ap- , proche et lui dit: - Bonjour, Monsieur. On vous félicite. A présent, on va aUer dîner ensemble avec la Municipalité. Votre ami peut aussi venir. C'est la coutume. ·Et puis c'est l'adjudicataire de la hallebarde qui paie le boire; le vin est déjà tout prêt et il y en a encore à la cave. - C'est entendu, répond le Lausannois. Il faut toujours respecter les usages. On banqueta joyeusement; on trinqua fort et ferme. ,P uis l'heure du départ venue, l'heureux gagnant de la hallebarde s'en va vers l'huissier réclamer son bien qu'il veut emporter. - At!! non·, Monsieur, ce n'est pas à em· porter. Ce que nous avons misé c'est le droit


176 de porter la 'hallebarde Je jour de la FêteDieu! <?n voi: d'id la tête du miseur, surtout apres avm.r régalé les amis.

Mangea dea lruHs ILes fruits sont les médecines naturelles du co.nps nwnain. Etes-'Vous pauvre de sang, prenez du ra isin ou des bananes. 'Votrre foie est-il •p aresseux? Mangez des oranges. Vos reins se sont-ils mis en grèive? Buvez force citronnades. Etes-vous constipé? Faites bouiJlir des •figues ou des pruneaux secs mangez-les et buvez le jus obtenu. ' Avez-vous besoin de vous puri1ie-r le sang? La pomme est la reine des fruits. Avez;vous le cerveau fatigué et vous sentez-vous sans énergie? Prenez des dattes c'est un aliment des plus énergiques. ' .Eprouvez-vaus le besoin de prendre des dépuratifs, quelque dhose qui vous remette à neuf ou GUi vous permette de Ie~Prendre ta ·tâdle quotidienne a~vec une nouvel'le ar• ideur? Ne mangez que des fruits pendant 15 ~ours.

1Les fruits stimulent toutes les fondions

de l'œ-ganis.me et cela ij:'une façon naturelle. ICelui qui rmnge beaucoup de f~its est plus !Sain et plus robuste que celui qui se nourlrit de viande; il est moins sujet aux malaldies et guérit plus rapidement. Il digère mieux, son canal digestif est plus propre. 'ses os plus forts, son sang plus pûr et il ~ouït davan·tage de la vie.

Dimanche lu garderas ••• ' Un pal)'san se moquait de son voisin parce que œlui-ei ne voulait pas, comme lui . ,p asser le dimanche à travailler aux champs. mais, cJJerchait, au cont:rai.re, à sandifier Je jour du Seigneur en assistant aux offices de ·l a paroisse. ! - Suppose, lui dit Je voisin, que j'ai sept louis en podhe et que, ren.c ontrant un homme sur le dlemin, je lui en donne six. Que 'dil'ais-tu de cela? ' - Je te trouwerais généreux et je dirais

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(t.ue l'ho~une . ~ui Faurait renc,?utré en si bonne dtsposthon te devrait bien de la 'connaissance. re' - Fort bien! Mais si, au (ieu de m'en Voir g.ré, il me jetait par terre, et me vols~.l . 1 ... _ • . a, mon u.::rnter 1outs que .•e me suis réserv· ~e dirais-tu? e. 1 Le misérable, il faukfr.ait le pend'!"el - Ami , c'est pourtant là ton histoire. Dieu 't'a accordé six jours pour travamer: il n s 'est réservé que le septième. Il nous a cem~ 'mandé ~e le sanctifier. Et toi, au Leu d'être reconnatssant de ses dons et de respecter sa 'Volonté, tu lui voles le septième jour. Lt lcas n'est-il pas le même!

La plus grande lieur du MOnde iLe fameux jardin botanique de Londres vient de rece:voir, de Surna·t ra, une fleur gi. gantesque, la plus grande -qui soit au mon. lie. Un lhomme delbout, élevant sa main, 'P ourrait à peine atteindre l'extrémi.té du 'pistil s'élevant d•u centre de la corolle. En OUNrant les bras, il pourrait à peine étrein· litre la demi-drconlérenœ de cette corolle largement ouverte, en fotme de vase. Cette curieuse fleur est tigrée, oomme rer· tains se11pents. Par malheur. son odeur n'est pas agréable: un mélange de poisson pourri et de sucre br(llé.

Le jeune - .Papa, ohent? - Je ne - Alors vi ères?

MOT DE 'L A FIN Bob à son père: est-ce que le:; poissons se cou· crois pas, mon enfant. à quoi que ça sert le lit des ri·

En achetant un mauvais journal, vous contribuez à le faire vivre. ·E n laissant un mauvais journal sur votre tahle vous expo· sez vos enfants à s'empoisonner. En permet· tant à votre famille de tout lire vous chargez votre 'Conscience.

Octobre, mois du Rosaire

en descend:reut vers lui, et, tout de même que ceux du champ restèrent immobiles, cependant que le saint allait parmi eux, en touLa dédioa.ce de ce mois à Marie 'mant plusieurs de sa tun ique. Et cha<CUn d'eux ne bougeai.! si peu que ce éta'it si bien dans l'esprit de l"Eg'lise, QUe déjà avant de Ie consacrer tout en- fût, ainsi que l'a .raconté le frère Jacques de tier à la ·Reine du Rosaire, les Souve- Massa, homme très saint, qui tenait tous !es rains !Pontifes avaient institué un Of- détails susd its de la bouohe .même du irère fice en l'honneur de la divine ·Mère, Masseo, c"est-'à-dire de l'un de ceux qui se pour ohacun des dimanches qui s'y trouvaient alors accompagner le saint Père. Et sa int François dit ·à ces oiseaux: rencontrent: Notre-'Dame du Rosa·ire, • Bien des liens nous attachent à Dieu, sa Pureté sans tache, sa iMaternité dimes petits frè res les oiseaux; et partou-t et vin,e, son bienfaisant 'Patronage. Ainsi les mois de mai et d'octobre tou.;ours vo us avez le devoir de le louer à sont privilégiés entre tous, appartenant cause de cette Ii'berté de Yoler en tous lieux en entier à notre œleste Mère. .De la qui vous appartient et à cause de votre robe sorte, les deux grandes périodes de dou!ble et triple et 'à cause de votre plumage J'année sont mises sous le patronage merveWeusement peint et orné, et à cause de votre 11ou.rriture qui vous est fournie san~ de l'auguste Mère de !Dieu. travail , et à cause du chant qui vous a été !En mai, le mois de la poésie et de toutes les joies du cœur, nous offrons e-nseigné par le Créateur et à cause de la plu<S · d'expansions, plus de canti.ques; manière dont vous a été livré l 'élémeut de en odobre, le mois laborieux -et utili- l'air. Car vous ne semez ni ne moissonnez taire, nous serons pratiques, nous don- et Dieu vous nourd; et il vous a donné des nerons ,plus de recueillement, ,plus de riv ières et des sources pour y boire et des sacrifices et plus de prières. Lorsque montagnes et· des collines et des rochers pour nous voyons r·evenir la saison des mois- y trouver un refll'ge et des arbres élevés pour sons, des vendanges, des récoltes, son- y construire vos nids. 'Et lbien que vous ne geons que nous avons une autre vie sachiez ni 5tler ni coudre, c'est D:eu qui vous dont la vie naturelle n'est qu'une pâle fournit, aussi h ien qua vos en•fants; le vêle· image . .Prenon-s alors notre Rosaire et ment nécessaire. faisons avec lui nos provisions pour la · « 'D'où vous pouvez voir que votre Créateur vous aime beaucoup. Et cest pourquoi vie éternelle. prenez garde, •mes hères les petits oiseaux, de ne pa~ vous montrer ingrats, mais appl iquez-vou" toujours à louer Dieu! • Et en entendant ces paroles du très saint P'ere, tous ces oiseaux ·commencèrent à ou: vrir leurs hees, à étell'Jre leurs ailes ainsi . . . lEt saint Fxançois ayant vu dans le champ, près de la. route et sur les arbres, c,ue leurs cols et à baisser dévotement leurs têtes jusqu'à terre, et ·à prouver par leurs des oiseaux en nombre S·~ grand dit à ses chants et leur.s mouvements que les paroles deux compa<gnons: • Attendez ici sur le chemin , pendant que je v~is aller prêcher tes · que leur avait dites saint François leur plaisaient iminiment. • pet-its oiseaux! • 'Et il entra dans le champ, •E t saint ~François, de son côté, en voyant s'avançant vers les petits oiseaux qui se tece p rodige, exultait merveilleusement en es· naient â ter.re. Et à peine eut-il commencé de prêcher prit et admirait une telle multitude d'oiseaux, avec la va,riété charmante de leurs aspect:;. que tous les oiseaux perchés sur les Hbres

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friDUiS d'ASSiS! !1 les J!UIS liS!IUI


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179 comme aussi lew· affection et leur familiarité pleine d.e concorde. et, en conséQuence de cela, il louait en eux l'admirable C~éateur et doucement les invitait eux-mêmes à le louer avec lui.

Autour d'une conversion

trera toujours plus généreux à notre égard iDe pauvres âmes égarées ou flétries sont re~enues de ~ès loin pour servir fina lement 11 le mérite. Les étapes de leu r D1eu comme . conversiOn sont une telle leçon de vertu 1 il faut la saisir avidement pour tous les ':::. seignements profitables qu'on en peut tirer C'est un cas de ce genre que .J'abbé Klein· professeur à l'Institut catholique de Paris' auteur de nombreux et très beaux livres nou , te en Madeleine Sémer, morte il' y as presen deux ans, après les expériences humaines et religieuses les plus émouvantes. Qui était-ce que Madeleine Sémer? Après avoir refermé le livre attachant de l'a?bé. Klei~, on se convainc qu'il n'a fait que l'lustolfe dune âme. Mais de quelle âme! On compremjra bientôt les moUs de notre ad où ration. Mme Sémer, Française d'origine, était née à Genève, d'un père ingénieur, que sa profession conduisit à <:hanger souvent de résidence. Ce .père l'ava it appelée Héloïse, par culte ,pour Jean.~Jacques Rousseau~ elle ne prit le nom de Madeleine que plus tard. Quand elle eut quatre ans, sa famille alla 'habiter Toulouse, puis d'autres villes de province. Sa mère lui 5it suivre comme externe de petits cours dans des couvents. Elle fi.t sa première communion; mais son ins. truction religieuse s'arrêta après cet acte et elle •ne passa que son brevet élémentaire, car. sa mère étant morte, elle dut la remplacer à la maison e.t se faire l'éducatrice de ses deux sœurs plus jeunes. Son père s'était transporté en Afrique, Algérie ou Tunisie, le livre ne Je d:it pas expressément. Héloïse Sémer se fiança en 1890, à seize ans. Elle était remarquablement ·belle et intelligente. Elle se maria t'année sui· vante; on ne dit pas quel nom devint Je s ien. Son mari n'avait pas la foi; elle même avait perdu la sienne au point qu'il ne lui restait rien des souvenirs chrétiens de ses premiè· res années et qu'elle ne songea pas que la conscience exigeait autre chose qu'un mariage civil!. Un ·fils lui naqu.if; elle l'é:eva dans les principes de Rousseau, c'est-à-dire en de· 1

Au milieu de ,Ja ruée universelle vers les affaires et .Je plaisir, il n'y a rien de pl~s réconfortant que l'exemple de fidèles c;ui S·uiverut sans ~aiblir la voie de leur éternelle 'destinée, d 'âmes d'élite qui n'ont .plus que la seule préoccupation d'avancer dans la sainteté. Leur vie de prière, de renoncement et de sacrifice bit dire â ceux qui les envient sans les imiter que la distribution des grâces est un des mystères les plus troublants puisque l'action divine pousse des privilégiés iusqu'au sommet de la perfection et que même de grands pécheurs ,peuvent être l'objet de ~aveurs si pressantes et si répétées <tU'i ls paraissent envoyés, pour ainsi dire mll!lgré eux, au port du salut. Cette réflexion tranquillise les esprits super.ficiels et les cœurs tièdes. Nous n'aurons que 'd.lns l'éternité la révélation de la conwtète j.ustice de Dieu. Nous devons •j usque-là croire simplement ,à cette vérité, démontrée par l'Eglise, que chacun de nous reçoit toutes 'les grâces nécessaires pour se sauver et que la surabondance de grâces accordée à quelques-uns ne doit être pour nous qu'une raison d'admirer davantage la bonté de notre Créateur e t de noire Rédempteur. •La répartition des secours spirituels que nous recevons du ciel est cependant soum:se aussi à un !facteur qui met en jeu notre ad:ivité et notre responsabilité, à savoir que la .manière dont nous aurons etificacement • d u auX! graces • correspon .reçues est la mesure de gJ"âces toujours .plus nombreuses et plus puissantes que Dieu nous réserve. Si notre souverain 1Maître trouve en nous un esprit et un cœur bien disposés, il se mon-

hors de tou,fe notion religieuse. Eu correspondance avec des amies, elles !es raillait de leurs croyances, leur disant: • Vous autres, les catholiques ... •, pour bien montrer qu' elle avait tota·lement renié son baptême. Elle passa plus de quinze ans dans cet état. D'autre part, par sa grâce, son élégance et son esprit, elle était la reine de la société dans la ville où elle habitait. Tout à coup, sa haute si·t uation mondaine s'écroula. Son mari, pour des raisons qu'on ne nous dit pas, demanda son divorce et l'ohtint. Ble fut précipitée de la richesse dans la pauvreté. A ce moment, c'était une complète païenne; tout en pensant s'être bea.ucoup instruite, elle avait déformé son esprit en lisant tous les penseurs antichrétiens. Son • Journal • nous renseigne tristement làdessus .. !Mais ~oici le premier indice, quoic;ue faible et lointain, de la possibilité d'une marChe à .t'étoile. ~Elle lisait non seulement des auteurs incrédules, mais aussi Pascal et S. François de Sales. •Rien ne dit qu'elle cherchait la vérité; mais elle ne la fuyait pas. En voict un second. Comme eUe devait gagner sa vie, elle ne résolut pas ce problème par la vo1e de ses dharmes; elle chercha d'honnêtes besognes. IMaJheureusement, dans les familles où elle se présenta, à .Paris, on ne voulut ,pas d'elle à cause de son ét-at de divorcée et de sa ·beauté. Elle chercha un refuge dans un couvent; elle coruessa tout son passé à la Supérieure, qui, prise de compassion, voulut bien la garder en attendant qu' elle trouvât un poste. Elle finit par obtenir son gagne-pain dans des 5amiiles où elle fut très appréciée, mais, par une malchance particulière, ·le jet: cruel des circonstances la força à changer souvent de maison; plus d'une fois, elle demanda encore asile au cou~ent où elle avait trouvé un premier abri temporaire. Séparée de ses sœurs, ne voyant son 'fi ls qu'à de rares intervalles, oppressée par le souvenir de son ancien bonheur, n'ayant pas ·l a religion qui conso-le, elle connut pendant plusieurs années les plus grandes détresses morales. 'L'humilité la rapprochait de Dieu, auquel cependant elle ne croyait

pas. Elle lisait l'évangi'ie et èlle trouvait de la douceur à assi-ster à la messe, tout en se d isant que les attitudes religieuses ne sont rien sans l'état d'âme qui y correspond. Elle voulait le bien. Donc, .sans s'en douter, elle cherchait Dieu. Elle a.Jlait entendre les sermons; mais elle lisa it encore des philosophes incroyants, pensant qu'ils résoudraient les problèmes qui se posaient à son esprit. 'Dix ans se passèrent ain_si dans un lent progrès vers la foi, sans qu'elle se sentit chrétienne par la raison autant que par les habitudes. Son charme physique étant resté le même et ·sa valeur intellectuehle s'étant ac-crue, elle fut plusieurs fois demandée en mariage; elle aurait pu Saire de r iches partis. Ce qui la retint, ce fut un goût exolusilt pour les spéculations de la pensée et aussi le souci de l'éducation de son file. Lorsqu'elle donna enfin son adhésion à la foi, son premier soin fut de faire partager sa croyance à celui qu' elle n'avait pas seulement fait baptiser. Ce 1ut d'autant plus long que la guerre éclata et que ce fils fut envoyé sur le Iront. Les passages les plus attachants de son • Journa-l» sout ceux où elle dit quelles furent ses précautions pour ne jamais heurter celui qu'eHe voulait convertir. Sa psycholog ie, jaillie de son instinct maternel, fut s ingulièrement affinée. Elle réussit pleinement. !Madeleine Sémer, conquise à la foi et l'ayant procurée Gi l'être qui lui tenait le plus au monde, aima· 'bien.t ôt toutes les pratiques de l'Eglise avec une sainte passion. Rien ne lui semblait puéril de ces dévotions que les esprits prétendus forts considèrent avec dédain. Restée pauvre parce qu'elle donnait tout, elle continua de gagner sa vie, mais se refusa le plus de choses possible afin de pas· ~ plus de temps dans les sanctuaires. La présence de Dieu et .Je sentiment de sa honté la remplissaient d;une telle joie intérieure qu'elle compta bientôt, à .)a suite de sainte Catherine et de sainte Thérèse, au nombre de ces rares mys.tiques que Dieu enivre de son amour.


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Château à vendre·

Elle n'en continuait pas moins ses re'ations avec 'plusieurs espds distingués qu'elle avait jadis rencontrés dans le salon d'une Pu.isque vous vous ohstinez à ne pas pargrande 'famille où élle avait engagé ses ~er­ vices pel\dant plusieurs années. Sa conversa- tir en: ·vacances, .je vous préviens que je pastion était recherchée quoiqu'el·le sût toujours se demain par 1Paris, et que je vous en•lève ... ... N:i plus ni moins! ... la 'faire tourner à l'apostolat. Son ambit'on ... Je vous en1lève pou.r 24 heures, et ausétai.t de gagner à Jésus-Christ des savants et des let·trés qui s'en tenaient éloignés ou c,ui si pour vous. présenter la super.be propriété même ollensaient douloureusement le loi que j'ai aiOhetée il y a deux mois. . . une ec· chréüenne. EHe discuta avec Bergson; e!le , casion <font •je suis pres·que honteux! entra en .c orrespondance avec quelqu'·un c;ue Donc à demain, 9 h. , à votre porte. I'a·hbé Klein n'eut pas .fa permission de déBien cordialement, Pierre B. s\gn.er, mais qu'il ·appelle « un des ennemis les plus acharnés de la relig:on, auteur d 'écrits perfides et violents. dont on n'a que Comment résister ~ un excellent ami? trop parlé déjà. • C est pourquoi, avant-hier, je roulaiJS à une Son prosélytisme eût sans doute opéré des allme pas .raisonnable au J]tilieu de p:aines merveilles, mais- elle mourut de façon forimmenses, incendiées de soleil. tuite, d'une occlusion des voies digestives, Cétacit partout la moisson .. . la belle moisle 7 ma i 1921, à •l'âge de 47 an~. son 1. . . la chanson des •b!és d'or!. . . les Cette vie trop brève, remplie de paganisfaucheuses-lieuses attelées. de chevaux mame et de souffifrance dans sa première pariie gn~fiques, COlldJant les b lés secs... les louret d'illumination divine dans la seconde, est des voitures surchargées à en· faire craquer admirablement exposée. Il s'en dégage une les essieux .. . les meules géantes et co;uelleçon que nous ne voulions pas laisser se tes, piquant leur chaume jaune dans le ùl perdre, et c,ui consiste en ceci: bleu.... les glaneuses emportant à pleins ,L'héroïne du livre démontre spécialement bras de .belles bottelées oubliées par les maqu'on ne peut être he.ureux d'un vrai bonheur chines ... Comme contras·te, les betteraves agonisan· en dehors de la f.oi; que les peines de la vie sont insupporbbles sans l'espérance chré- tes de soif . . . Et, comme cadre, 'les pommiers des grands chemins inclinant ju.;qu·a tienne; qu'une joie réelle et sur·humaine se terre •leurs branches aux iooombrab~es pomrencontre dans le service de Dieu. Elle démes dé(;.â rougissantes. montre encore que les esprits dro:ts, qui Ah! terre natale, que tu es belle et iécoocherchent la vérité pour elle-même, finissent .par rencontrer Dieu, s'ils ne meltent pas de aux vaiHants ·c;ui t'aiment! ... obstacle à cette grâce par une vie indigne. Après avoir rou lé 'trois heures , Pierre Hie démontre de plus c,ue celui qui se garde étendit brusquement la main . .. des plaisirs des sens, même s 'il se sent loin - Là-bas! ... voi·s-tu . . . ? les toits v:olels de la foi , se trouve avoir pris le meilleur qui pointent au-dessus des champs jaunes . .. moyen pour s'en rapprocher. EHe démontre C'est lli! ... enfin que la ·curiosité de lire des auteurs Un quart d 'heyure après, nous franchisincrédules expose à voir retarder longtemps sions <Une gri<lle en fer forgé, surmon~e d'un le moment où l'esprit ·se reposera tranqu]le blason piqueté de vieux ors a.drniralbles. dan s la possession des vérités éternelles. - Ce sont tes armes . .. ? ~ 1 se mit â rire, de son bon rire enfant 1 • •• d'autrefois.

· - kh! mai s, sais-tu que ,je pourrais les prendre! ... .Les parchemins sont restés dans tes üroirs. Ce sont maintenant < mes • parchemins . . . Je les ai aohetés a véc tout le reste. Regarde-mo! cette façade ... ! Vous a-teUe de l'allure?. . . D'a:bord, viens voir la chapelle ... !Le mécanicien arrêta juste devant elle. · · Un hiijou de .chape'lle ogivale, en granit rose ... de vitraux sav(lllll'eux, patinés par les siècles, et qui racontaient les prouesses de la race. - Et puis, tu sais . . . l'ls sont là, presque tous, enterrés en dessous et autour, dans des cer-cueils impressionnants. Moi, .personnellement, •je ne les désirais pas ; mais on m'a dit: • Ils sont compris dans le lot . . . S i vous n'en voulez pa·s, ça vous fera toujours du plomb pour les gouttières ... !» Alors, tu penses, les ,pauv·res ancêtres, je les respecte!.. . Nous ~aisons même dire queltc,ue fois ici une messe pour eux ... J'ai bien pen-r qu 'ils n'en aient jamais d'autre!

Et j'entra·i dans le château . .. Une splendeur! .. . !Pad"tout, (I)UX .murs, dans les salons, dans les galeries, des portraits de guerriers, d'avocats, de nobles dames. . . , - Tu oco~r.ends que ;je <Sois oo peu honteux ... J'ai l'air de m'improviser des ancêtres ... Mais, eux aussi, étaient dans le lot!... Auss:, que veux-tu? .. . j'ai laissé faire les notaires ... - ·Miême .celui-là .. . ? Je désignais .une toile magnifique représentant une des .gloires les plus émotionnantes de llHistoire de France. Lu.i, comme ·Jes autres! 1En pa.ocoura•ntt les pièces, je m'étonnais que, ,dWJs le court espace de deux mois, da-, te de J'acc:uisition, .mon ami eftt pu, ainsi,. royalement s'installer. ' - .M ais, mon cher, nous n'avons pas eu à nous installer! Ma femme et moi av.o ns acheté tout meublé . .. Nous avons des ti· roirs bon'dés de photographies de famille .. ·

Ce secr6taire en bois de rose, que tu vois là, est plein d'une correspond~nœ inti·me el touchante. Je n'ai encore farit que de l'entrevoir, mais .je .suis sûr qu'elle in téresserait vivement un jeune proŒesseur en quête d'une thèse de doctoral!. Alors j'ar.rivais à la question c;-ui me brfi· lad les 'l ewes: - ,d ést quelqu'un de la [ami·l•le qui t'a vendu cela ... ? - Oui : . . le descendant direct . .. En étendant la main, i'l toucherait tou.te cette gloire... \ - 'Ill a vendu parce qu"il a.vai1 besoin d'a~gent! Il ·a .besoin' •de beaucoup d'argent! lil est dans les affaires ... ? Pas du tout! Que l[aLt-i11... ?

-

1Rien. Pas 1possi:ble! . . . - Je te répète: • U ne fait rien »! -- Comment ·c;uelqu'un peut-il profiter de l'immense effort des générations antér.:eures, sans lui-même continuer cet effort . . . au moins un peu! - Eh bien1 c'est ainsi. Il veut de l' alfgen~ . pour le manger. l i a vend.u jusq_u'au;: tabilea·ux, pa.oce que ~es ta:bleaux augmenta1ent la mise à prix. Et quand je lui ai dferi, pour rien naturellement, les photographies, les liasses de correspondances, des pièces de muiages, des décorations, des fanions glor-!eux. . . que sais,je, moi !. . . Il m'a répondu - je traduis - .que ce1a ne l'intéressai! pas.. . Alors j'·ai gaJI'dé .Je tout, comme je ga;de .Jes cercueils. Peut-être c;u'un jour mes enfants à moi recueilleront, comme on recueille unQ pauvlfe ollPheline, toute cette gloire qui est nôtre, car e!Œe esrt nationale.

<Et comme, pendant le dé!jeu.ner, je restais songeur sous les yeux des ancêtres qul, du fond de leurs ·cadres, nous .regardaient manger: A quoi penses·tu . .. ? me demanda mon ami.


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- A GUOÎ je pense .. . ? Eh hien! voici: je n'ai qu?un peU bout de tenre, mais c 'est ma ter:re, et je ,'aime bien. J'ai dit aux m iens: • Si tiamais, pl-us tard>, vous la vendez, je revienda'ai, la nuit, vous tirer les piedsl. .. • Je me ~igu:re que Jo;sque ton bonhomme mou.nra, après 3/voir anéanti un ~e1 mag.n.ifique foyer, iù trouvera, comme des vengeurs, tous ses aïeux rangés là-haut pour l'empêcher de passer, et qu'ils lui cracheront solennellement tous à la l-igure! ... - ... .en attendant le jugement de Dieu ... conclut mon ami. IPienre f'ERMliTE.

····Le cap sur la lune... -

Un navire voguait sur le vaste océan. C'était la nuit, par un temps couvert; les nuages ne la·issaient même pas ;percer l'obscure clarté qui tombe des étoiles. A Jl.h·o rizon, la .June paresse encore, se dorJottant ·d·ans la paire de draps que lui font •les ondes et 'les nuages, et ·S'exhortant à se lever bientôt. Sur · le pon1, ~e commandattt va et vient. faisanr sa dernière promenade et fumant sa derni.êre pÏipe, songean.t à se couoher tandis que b lune songeait à se lever-: es.prit de contradidion. Soudain, tou.t ·W.-bas, un point lumineux attire son attention. Cela semble s'agi-ter et s'agtrandir. Un nuage paraît s'incendier ... ile commandant va alors trouver l'officier · de quart: - Voyez donc, nà-bas, cet incendie: c'est un navire qu~ prend feu. - •P ardon, mon commandant, ce n'est :p as un sinistre, c'est la 1 une. . - •Vous n'allez pas, certes, me faire prendre lUne vessie pour une lanterne, ni un ba,t eau pour llll1 as.tte. (Je vous ai signa1Jé déJ~, chez <:e supérieur, l'esprit de contradiction.) C'est un bateau en perdition, vous disje ... Vite le cap dessus! . . .

Fidè1e à cet ordire, l'officier d.e G·uart vira de tbord, et le •n avire rprit da direction du m)IStère ... Ledit mystère fut, d 'ailleurs, vite éclairci. Le !leu, -à la fois, a-ugmentait et se précisait. La June enfin- ·décidée â sortir de son lit passait sa -tèie à travers les lucarnes de~ nuages, irradiant sur les eaux ces jeux de ~umière qui font Je délice des navigate!U's et le désespoir des peintres. i.e commandant dut reconnaître son erreur. Il le fit dJailletl!l"s d'un, air bougon. . . Mais enfin, Je navire reprit !bientôt sa route nor· male, un orns1ant abandonnée. Œ..'oftrcier de quart dut inscr-ire l'incident sur Je ,j ourna.J du bord. LI 1le f:it en ces ter. mes: • A 11 11. 3/4 'le commandant fait mettre le cap sur la lune. · • A mi·nuit, voyant qu'on n'en. aR)Jrochail pas sensilblement, iJ ~a-il! reprendre la direc. tion normale. • ·

~ Cette histoire est en même temps une plrabdle. •L e na.vire qui porte le socla.Jisme, ses théo· ries et ses partisans, avait mis le cap siH' la lune!. . . 1Les, enfants veulent qu'on leur apporte. la lune, dès GU~ils l'aperçoivent dans un seau d'eau. Les socia~istes, qui ne sont plus .des enfants, saven1 qu'edle ne viendra pas les trouver, mais ils pensent pouvoir aller .jusqu1à elle. •LeuT • .lune •, c'est l'éga1ité des fortunes ... ou des misères; c'est l'égatlité des talents, des laJbeU!rs et des mérites; c'est la société sa·ns haut ni bas, tout le monde savant, tout le monde ingén.ieur, tous pour commander (1f personne pour obéir! ... Ils avaient mis •le cap sur ~a lunel . .. :Ma•i s les fai-ts sont venus. Ils ont vu que les patries existeraient toujours, qu'il faudrait toujours obéi·r , lutter, peiner, se sacri· fier. !Ils ont vu que leurs rêves ... n'étaient que des rêves. .A~ors !beaucoup d'entre eux orut fait, bravement et simplemen!, machine en arrière:

Ils avaient mis le ca.p sur la lune ... L\'l'ais bientôt, • voyant qu'on n'en approchait pas sensiblement, ils ont repris, la direction nor-

tnaJe • ......

La vigne vierge = Quand vient l'automne, le feuil'lage de la vig.ne 'Vierge brille dans les jardins et dans ]es parcs; pareil à une chevelure sanglante et ép!l}rse, il descend 'le 1ong des gJrands arbres. La vigne vierge a des feuiJies rouges au temps Ides vendanges, lorsque sur le vrai cep mûrissent les raisins rouges. On dit que la vigne vierge était une fois uoe branahe .jeune et vigoureuse d-'un noble cep fiUÎ <:roissait sur .des échalas, 'le long d'un mur tourné au Sud. Des oiseaux avaien,t leurs nids sous les lMges feuilles, le soleil pénétrait .de sa chaileur 'les jeunes baies et leur donnait leur nectar; dans les nuits éclairées par la lune une douce rosée rafJI'aîchissait les grappes, et lorsque vena:it le matin, elles pendaient olatlfes et brillantes.

Mais la vigne vierge n'était pas contente

de la vie, qui, dès l'or.igine du. monde, était celle de tous les ceps. Ses jeunes vrilles grimpèrent le dong des échalas et dépassèrent ·te mu·r; elle poussa des ~figes si longues qu'elle ne put porter ni fleurs ni fruits. La plante lfévo1tée ne s'en souciait pas d'ailleurs; elle voulait eUe-même jouir de sa vie, expliquait-elle, elle ne voulait pas se sac.rihr pour les autres, bire des efforts et combattre pour c1-ue les hommes puissent avoir autant et de si bons raisins que ,possib1e. - Qui a doit, demandait Ja vigne sauvage, que je sois destinée i servir l'homme? De quel droit s'appelle-t-il Je maitte de la terre tt exige-t-il les produits des champs? Je ne veux pas servir l'homme, je ne veux pas porter de ,raisins pour 1ui, je veux me ber· cer fout en haut du mur, bien loin de J'esclavage des échalas; je ne veux pas me laisser attacher et tailler par des · mai-ns tyran-

niques, mais je veux croître libre et v1vre à ma g.ui·se sous le ciel iibre de Œeu. Tout eu monologuant ainsi, la vigne vierge arriva ~petit à petit à se détacher tout à fait de la t!ge maternelle. Un 'beau j<>ur. on la vit traverser Je dessus du mur, bientôt elle jeta des racines dans les fentes du toit et dans les fissu·res de l'autre côté du mur. Le vieux -cep, 'lui, continua sa vie habituelle, el pet:! ~ petit, la jeune fugitive fut tout à fait oubliée. Depui-s , la vigne ·vierge s'est répandue partout. Elle pousse r-ap:dement, do11ne beaucoup de tiges et beaUJCoup de 1eumage, mais elle ne peut pas porter de raisins. >Et en automne, l<>rsGue le temps béni des verudanges eSll urivé, lorsque l'on cueille les grappes dorées et bleuâtres, que de grandes corbeilles se remplissent du n'lble raisin, on vol.t alors la vigne vierge, •Comme mue pa·r l'émulation, flamboyer avec se; feu il!es pourpres. Avec sa splendeur expiran;e, elle réjouit l'homme qu'elle ne voulait pa-., désaltérer avec ses raisins. Et sa stérile beauté apprend aux humains que -Guiconque ~e détache du cep de la vi.gne ne peut porter de fruit. Joannès Joergeuseu

Variétés Quelque• pen•••• de P••c•l Pascal fut non seulement un grand savant, il fut aussi un grand écrivain. Le recuei.J de ses « Pensées ~ -suffirait à lui assurer l'immortalité. En voici G-uelques citations: c 1.1homme n 'est qu'un roseau, 1e plus faible de la nattl're. mais il est 'lll1 roseau pensant. • • Jésus-Ohrist est l'objet de tout et te centre où tout tend. Qui le connaît -c onnaît la raison de toutes choses. • • Pourquoi su-it-on la majorité? Est-ce à cause qu'ils on-t p~us de raison? Non, mais plus de force. •


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184 • Jésus-Christ est un Dieu· dont on s'approche sa.ns orgueiq et sous lequel on s 'abaisse sans désespoir. ,. • Le • moi • est haïssable.• • Vouiez-vous qu'on croie du bien de vous? · N'en d 1ites point.,. • 11 Y a beaucoup de gens Gui entendent le sermon de la même manière qu'ils entendent les vêpres. ,.

Une vocation Du • .Sulleht Salésien • , a' u·n Jeune · homme incertam sur sa vocation: . • ]'ai: co~u il n 'y a pas qongtemps un Jeune mgémeur sud-américam, affligé d'un n~mbre respectable de millions, adoré de sa ~nere, ?e ses frères et de ses sœùrs. Un beau JOur, tl a balancé toute sa fortune et s'est mis au se~ice. de ses frères les plus pauv-r es. •E h btenl Je t'assure que descendant en tenue de gentleman l'escall.tier d\honneur de l'rh?tel ·~itz, à Paris, il m'est apparu moins gai,_ ~ows rheureux, que le jour où ·ie le crotsa~, dans Je cor.ridor de son couvent allant vtder lui-même sa cuvette. ' • Tu ne trembqes pas, non, mais tu demandes ce qui t'attend, en somme, sur cette route au~tère que te conv.ie de gravir la grâde ID teu. Ce qui t'attend? Ecoute le vénerable Don Bosco te répondre. Du travail, du pam et le paradis au 'b out. Pas moins que c~la. Tu Jeras. souvent des journées de quinze ·h eures, mats tu ne mourras pas de faim, et. surtout, au terme de la course, Dieu luimeme te rassasiera ... ~

C:

La mualque et le travail La musique, qui, dit-on, adoucit ie5 mœurs incite-t-elle au travail? ' IDes ~Xlpériences fati les à cet égard, dans des usmes américaines ont été paraif.i l ', · '· concluantes. ' Et voici que les propnétaires de la mine de chatibon de Dykehcad (Angleterre) s'en sont eux-mêmes persuadés. Ils viennent en effet de ta:re installer dans la galerie de cette miue, c'est-A-dire à 125 mètres sous terre, un puissant poste récerr leur de téléphonie sans !il. Et les mineurs

Supplément au

désormais, en faisant !eu1 dur travail dr t • enten. on les concerts ::le la s:ation de GJ gow. as-

.n paraît même que ::les essais vont êt fatts dans des mines bien p :us profond re 't ,.,A es. So uh. a1 ons qu 1~<> réussiss~nt. Le travail des mtneurs est assez dur ·IJ'>U r ., ru'on 1eur ~rocure ~·uelques dis1ractions. Mais ne Vont. tls :pas .etre tentés de suspendre '.le tra·V<~.il pour mJeux ent~ndr~ les acco!1ds lointains !qui ne s !harmoniseront o;ans doute guè . d . re · avec 1e b rwt es ptcs sur !a houille? Le record a6rlen de la hauteur. . Après avoir été détenteur du record mon. ~1al d~ la v:tes_se, Sadi •L ecointe s 'est attaqué a celut de 1alhtude; cette tentative a pleinement réussi. Sadi Lecointe, sur un appareil Nieuport· Delage, muni ,j 'un moteur Hispano-Suiza 300 C. V., s'est envolé de Villacoublay 1 16 h. 54; il atteignit 10,900 mè1res en 1 h. 20 et atterrissait à 18 h. 54. effectuant la des· cente en 40 minutes.

La

le~on

dea plantea

A vez-vous remarqué, en passant dans les bois, c;ue ,Ja :fougère, ainie de ·l'ombre est touiours verte, alors que, sur le bord' des prés, les ronces aux bras insatiables et tiémesurément allongés, finissent par être brQ· lés du soleil? Vous aurez la paix quand vous profiterez de ce que vous ave.z, sans cher· cher à satisfaire d'irréalisables désirs. Vous aurez le bonheur quand vous Je chercherez au sein de votre famille, parmi les vOires, en vous contentant du peu que la Provideu· ce vous a donné.

PENSEE A mesure qu'une civilisation grandit, elle se compliaue et crée une armée croissan1e d'inadaptés dont le rêve est de ramener vio· lemment à leur niveau la c~vil.isation qui les dépasse. On peut se demander, aujourd'hui, si des bolchéviS>tes sans culiure - ou, ce qui est plus dangereux encore, .munis d'une de· mi-culture - n'arriveront rpas à ramener nos civilisations à des ·types inlférieLLrs voisins de la barbarie.

u de ,1' &cole"'' (79~3)

3(J __

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!Marie id-bas, et c'est pounquoi au~si .Je ·Rosaire mérite d'·être wwelé la prière de 1'amour. 'L~ami. en elffd. aime à ·se trouver La sim,pilidté est certainement l'une a. u près de son ami; .c'est avec joie qu'il des cara.ctéristilques de la très ~el[e vrière .qu'est le Rosaire; point de le rencontre, et lo.rsqu'il faut se sêpa~onnules corruphquées, point de rer, c'est toujours irop tôt. Quand nous longs .discours, non, mais tout méditons, en disant notre chapelet. ne sirn1Plernent .des Ave Maria qui se ré- sommes-nous ~as aussi auprès de la pètent et .qui rencontrent, tous les .dix sa;nle Vieng-e ? ,Lorstque l'all2'e Gabriel, pas, un Rater. 1Le !Pater et ·l'Ave Ma- à Nazareth, vient apporter, du Ciel, Ja ria, oes prières dJi'VÏJnes. les ~remières nouvelle sutblime, nous sommes à côté que l'en!fant apprend sur les ,g;enoux de de 1la Vi·er',ge, et nous !'·entendons dire: sa mè!:e, le~ dernières que l'homme ou- «Void la Servante du Sei,gneur." Avec bilie. lorS/qu'il oublie ses prières, voilà Marie, nous entrons dans la gTotte de Bebh1éem; nous ·vivons aJVec elle et nous le Rosair.e. Cette simplidté, si co.ntforme à l'es-- l'a>Ccompagnons, ensuite, au Ciel, où prit d'e Notreo~Sei.!!Jleur .qui a dit: nous assistons là son couronnement. «Quand 'VOUS JPriez, ne dites pas beau- Bim !Plus, on le dit avec r·aison, c'est coUiP de !Paroles, comme le font les dans Iles jours de malheur qu'on dé· païens, ·qui pensent ·que la muHi!Plicité couvre ses véritatbles amis; oc le Rodes t&mes les fera sû'fement exaucer », sai·re, la prière de l'amour, nous fournit aussi l'occasion -de ,prouver à Ma· cette s implicibé !Qu'on serait tenté d'ap rie notre attadhement fidèle, car, à cô· peler, de j)ifime aibond. mono1onie, est, au contraire, une des raisons pour les- ne des mystèr·es joyeux et ~lorieux, il y quellles le Rosaire est la :prière de d'a· a les mystères dou1oureux, et la Sainte Vieflge, a;près nous avoi:r an>erçus près mour. 'En elfrfet, ·comme ·Lacordaire l'a écrit d'e~le, à Nazareth, à Bethléem et dans là iP~O!POS du aha!Pelet : «l'amour n'a les S!Plendeurs diu Ciel, nous r-etrouve, qu'un mot; en le disant toujours, il ne partageant .sa ldouieur, sur le Calvaile ré!Pète iamais. » L'amour n'a qu'un re, at~Jprès de la Orobe, et alors, elle mot « ie t'aime » et œ mot. le dhrétien constate que ·notre amour est véritab1e, qui éigrène son ché~ipelet, le dit à Ja :puisqu'il ne disparaît pas quand fPasse 'Sainte Vierrg·e, en récitant la •Salutati(}n le malheur. ole Rosaire est :la ,prière de l'amour, angéHque, et ·en r-edtsant tles (paroles di:vines du Pater. 'Mais œ mot n'est ja- et .c'est IJ)ourtquoi, .dans le Cicl, il est st mais réPété rpar ·celui qui aime; ~ce mot soUIVent exaucé. Nous tous, qui voulons i·~more 'la monotonie des jours .qui se airrner Ia Sainte Viertg"e, et Jj)ar elle le suivent et qui se ressemblent, et c'est lbon Dieu, 1Pifofitons donc du moyen wvoc un !J)laisir toil'jours renaissant et que n'Ous œtfre le mois qui es-t consatou·iaurs plus g:rand qu'on Je prononce. :cré au R<>saire; augrrnenton.s en nos L'amour ne 'cherdhe pas •ses paroles: 'cœurs l'amour, luttons tp<>ur que, de un mot lui sulilfit, toUJjours le ~m~ !Plus en !Plus, dans le monJde, règne le seul vrai· amour, et pour .ceJla, dlaque mais touîours 110uveau. Iœciter le Rosaire, c'est en<:Ore mé· jom, en méditant, dlisons notre .chape· {SetnJ.ai.ne catlwli;que). dit·er sur ~es mystères joyeux, doulou- :Peiet. reux et 1v:Iorieux, aUJ(jqueLs :fut associée

· r Antonr

du Chapelet


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