Supplément spécial 1923

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Supplément spécial de ,l' &cole,, (19~3)

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éurait, s'embarrassait dans les ç.uestions in· sid:euses du juge. Peu à peu, écrasé par la fatalité des choses, étourdi par la verbosité du magistrat, il renonçait à se défendre, s'en· fe11rnait dans une dénégation têtue et passive. Une recrudescence de crimes impunis, par surcroît, émouvait le pays; le jury crut de· voir endiguer cette marée s·an·glante rpar une répression i1J13>ifoyalb'e. Le chemineau TllOmas fut condamné à mort.

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Dans sa cellu le. le condamné avait farouchement refusé .les secours religieux; il en voulait à Dieu, au ,prêtre qui, en le secourant et en lui parlant d'espérance, avait, au contraire, par sa charité maiencontreuse et par sa pire disparition, causé son malheur. Il attendait la mort, haineux et taciturne. Vheure fata le sonna. Réveilllê au petit jour, il se trouva en face d 'un missionnaire qui, remplaçant l'aumônier malade, tentait de saUNer au moins l'âme de ce !Condamné rebelle. Et voici que !es yeux de Thomas s'é· car:qui'llaient.. . pujs un grand ~tri descella ses lèvres: - Lui ! lui ! . . . Ces t lui le ,prêtre qui était dans l'église, qui m·a parlié, qui m'a donné l'a11gent! . .. 1Le rnissiOI<naire regarliait l'homme, re· connaissait le miséreux qu'ii avait secouru. tLa circonstance de l'absence de messe pré· cisai! la date au jour chl dernier Vendredi· Saint. . . Et il ex;plic;uait aux magistrats que ' c'était hien là le pauvre entré dès l'ouvertu· re des portes dans l'église où 'lui-même veillait en prière. Inquiet de sa ·l ongue immo•bilité, il l'avait éveiLlé, lui avait ,parlé et don· né son aumône. L'alibi irré!utahle était donc établi. L'exécution aussi tôt contremandée, quel· ques semaines plus tard le jugement était annulé. En réparation, un gagne-pain fut assuré au resca.pé. Aussi le missionnaire. en prenant congé du pauvre homme, put lui rap,peler en lui montrant l'image du Dieu crucifié: Ne vous l"aNais-6e pas Jd.it: Priez!

Ayez •toi! Vous serez secouru el consolé! Geo11ges de Lys.

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Dévotion au Sacré-Cœur L'Irlande, devenue indépendante, reste lidè. le à son glc.ricux pa•ssé de foi et de piétf, Un fait le prouve. J.a consécration des caser. nes et des call\)Js rrulilfaires au Sacré-Cœur. On cite connne particulièrement so1ennelle& •les cérémonies qui ont eu lieu à cette occa. sion. La co:tsécraCon fult suivi~ d 'une pro· cession du Saint Sacrement. Le dais était porté par des olfi'Ciers supérieurs. Dans UD magni~ique discours, ie ma;or général dit sOn dés:r de voir tous les solda:~s garder- dans ieur vie privée la dévotion au Sacré-Cœur gage de ,piété et de Méli!é au devoir; il de: manda aux ollficiers de donner en cela l'exem. p!e à leurs hommes comme i1s le feraiem pour le courage et la bravoure, sur les champ& de 'bata1Ue. On signale, d 'autre part, qu'à Posnan (Po. logne), le 58me régiment d'iman-tl!rie s'el! consacré publiqueme.nt au Sacré-Cœur, à l'oc C'aJSion d' une procession en q'bonn.eur dl Saint Sacrement. Pendant que tes officiers et !es soldats presentaient les ar·mes, et, tandis que le drapeau du régiment, cravaté de Ja p"us haute décoration rntlitaire, s'inclinait de· vant J"oslensoir, le co'oncl prononça, d'wte voix ferme, la consécra-tion au nom de sa 1roliiPC. Quan'<i il eut terminé, il remit l'ade. revêtu des sirgnatures officielles, au célébrant Cet·te manifestation de [oi et de piété m uue grande impress:on sur tous les assisf.an~s.

" La morte saison. - Le diœ-ecteur di'une entre,pri·s.e de p~es 'hmèlbres reocootre, faulre jour, un de ses amis qui lui delll&1ldf des nouve!Jes de sa s.anre, de sa tfamiUe, de ses al"aires. - Je vous eu remercie, je vais bien et ma 1[311lliHe auss1. Quant aux affaires, nous en· ·Irons dans la mauvaise s11ison. les 1nêdecinS paa·tent en vi.UJégiaturC\

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fllstolre d'une lme

AiJ>rès ma prise d'.halbit. ·je reçus des lu· abond.antes sur la rpe~ction relig:euse, princi[palcment au sujet du vœu de pauvreté. Pendant mon postulat j'étais contente d'a.voir à mon usage des choses soignées et de trouver sous rna main ce qui m'était nécessaire. Jésus souffrait cela patiemment. car il n'aime pas tout montrer aux âmes en mê· me temps; il ne donne ordinairement sa lu· mière que petit à petit Un soir, après complies. je dlterehai vainement notre lampe sur les· p1anooes desti· nées à cet usage; c'était grand siience, impossible de la réclamer. Je me dis avec rai· son qu'une Sœur, croyant prendre sa J.an·terne, avat.f emporté la nôtrre. IMlème ia!lait· il passer une heure wtière dans ·les ténè· bres à cause de cette méprise? Justement ce soir-là je comptais •beaucou.p travailler. Sans la lumière intérieure de la grâce je me serais plainte assurémen.t; avec elle, au lieu de res· sentir du chagrin, je ~us heureuse, pensant <;ue la pauvreté consiste à se voir privée. non seulement Ides choses agréables, mais ir.dispensables. Et dans les ténèbres exté· rieures je trouvais mon âme illuminée d'une olarté divine. Je fus prise à cette époque d'uu véritab:e amour ppur les objets les plus laids et les moins !Commodes: ainsi j'éprouvais de la joie lorsque je me vis ellllever la jolie petite cruohe de notre cellule, pour recevoir. à sa place une grosse cruche 1out ébréchée.

laissé prendre el couper )es a iles; alors comment aurais-;e ,p u vo:er et ·me ·reposer? B. Thérèse de PEn.fan t Jésus.

111ières

~ •En voyant p lusieurs de mes compagnes s'a·ttaciler particulièrement à l'une de nos maîtresses, je vou.Jus les imiter, mais je ne pus y réussir. 0 heureuse impuissance! qu' elle m'a évité de grands maux! Combien je remercie le Seigneur de .ne m'avoir fait trouver qu'amertume dans les amitiés de la lerre! Avec un çœur comme le mien, je me serai$

Un éleveur en chambre Oui, mon citer, la mél:l·aille d :honncur ct dix miHe frraniCS, pour une s~mple paire de :·.· ::c uls! Vous a.viez raison, Véleva.ge a du bon! C'est le commencement de la fortune el, I'EXlpOsition fenmée, mes • 'bêtes . livrées à mon acquéreur, je viens passer un moi s au pays, vous conter mes déboires, mes succès et solliciter mon pardon. - Son pudon! ·s'écria le père Brunoy en se mouchant bruyamment dans son large mouchoir à carreaux, il J'a dix ~o i s mérité puisqu'i l a renoncé à son métier de meurt· de1faim! Dix mi,le .francs! c'est pas des bar· bouillages qui lui auraient ja.mais rapporté pareille somme. He in! M . le curé, ava:s-je r•aison de ne pas vous écouter quand vous me prêchiez de ne pas contrarier la vocation de ce garçon. A c't'heure, si je n'a,vais pas parlé en ,père et en .maître, il mangera it de J.a vache enragée, au lieu. d''·a voir deux bœufs supePbcs, primés 3.U grand concours. C'esty pas sur la gazette? - Oui, répondit le curé avec un sourire malin, tenez . ciMâl.aille d~honneur: Roger Brunoy. Une paire de bœufs, no 650 •. - Vous savez, pour moi, c'est du blanc et du noir. .. Tout d 'même, ça m'lait plaisir dlpensër qu'mon nom est écrit fà! dit le vieux en wntemplant .le joUifnal avec le res:.'f'C: d•!s ignorants pour l'imprimé. Ma li· ne, Je regrette de ne point savo.1 lirt.: - D'autant plus qu' il n'y a GUe des élo· ge> s:.1 le compje de votre garçon; <>n le COJ1l}Jare a Rosa BonheurL . . . - Rosa BoiJiheur! marmot1ait le fer· mier en regagnant son logts. ça doit ~tre quelque !er.mière qui s 'occupe aussi d'é,eV3.i"e! 0

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