L'Ecole primaire, avril 1921 supplément spécial

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8 Pierre fait un violent efiort pour se rap· che. Il y a UJ1: enfant Jésus couché sur la paille, une Vierge à goooux, un sa•nt Joseph peler. Se-s yeux agrandis et fixes disent le debout, un berger qui s ï ncline, trois m1ges tra'Vail qtli se fait dans sa tête d'entant. Et prosternés, un >bœuf et un âne. Tout -cela vit011t d 'tul coup la vision de la nuit lui revant, bien en\endu. Et soudam, Pierre es: vient à 1esprit. , - Ah! ooi, je me souviens. •La chapelle embarrassé. ,Il n'a ni agneau comme le berger, ni ciboire doré comme les rois mages. était toute blanche, et c'était plein d 'étoiles Or, Jésus lu~ demande son présent. Que va- ~ans le ciel. Il y avait l'Enfant Jésu;s au mi· lieu, et pulis .... t-H lui offrir? Rien, hélas! et il s·en eXC'U.·Se .Pierre 'Se met à raconter. ça 1t'en finis· timidement: sait pas. Sa. mère l'ipterrompt: - ·Petit Jésus, Je n 'ai rient ~ Ah! tu vois bien que tu y étais! Et Et l'Enliant Jésus lu'i répond: - Donne-toi au bon Dieu en te faisant qu'est-ce qu'il t'a dit, l' Eniant Jésus? - Voilà. Quand i'ai vu que le œrger el prêtre, un jour, quand tu .seras grand. les mages lui o.ilfraient des présents, et que Cette phrase, sa mère la lui a di1e souvent. Il ne la comprend pas très bien. Il en- moi je n'avais rien, j'a; été très embarrassé, tend qu'il sera comme M. le Ouré, qu'il dira lu comprends . . . Alors, il m'a dit la mèlœ la messe tous les matins, qu~l chantera les chose que toi : • Do•me-toi au bon Dieu en te Vêpres le dimanche, et qu'il portera le Saint faisant prêtre, un jour, quand iu seras Sacrement pendant les processions. Mais il grand. • C'est rurieux, dis? La mère s'extasie et, triomphant, dépose ne conwrend pas qu'il 1ui laudra tout donner à Dieu: sa vie avec ses aises, sa volonté avec un baiser sur le front de J'enfant: - Tu rvois bien que j'a.va.is raison ! ses caprices, sa ueunesse et son cœu:r. C'est - M.ais, maman comment savais-tu que drôle que PEniant Jéws luà dise la même <ftlose ,que sa mère! C'est donc vrai que Dieu 1Enfant Jésus le voulait ? - Il me l 'avait dit. .. l'an dernier. A!lons, lui demande ce don de Jui·tnême, quand il sera grand, don pLus !beau que tous les au- dors .maintenant, car ü t dois être hien fatigué. tres dons ? Sa mère le sa!Vait évidemment ... Et le petit 1Piierre s'endort, convaincw d 'aCette sup.po&iHon rparait étonnante au ;petit Plierre, mais, à la .réflexion, il la troUJVe tou- voir été à la chapelle et ·que l'Enfant Jésus te natwrelle. Oui, sa mère devait le savoir, lui a dit de ·se donner à Dieu· en se faisant prêtre, quand il sera grand. puisqu'elle le lui arvail déjà dit. Pourtant, ce n 'était qu'un rê'Ve, vivifié par Pierre s'est approché de l'Enfant Jésus awec qui maintenant il converse familièrement, la phrase maternelle. M'ais, à cet âge, la vie car, la conversation continue, le ilialogue est-elle autre dlose qu'u n .beau rêve, un .beau s'éternise, mais c'est tou.jour! 1a même phrase songe que la religion chrétienne excelle à peupler de ses blanohes visions? qui l'alimente : - Donne-foi au bon Dieu en te faisant prêtre un jour, quand tu seras gran<l Sourlain, tout chavire, tout s'éteint, tout t !Heureux qui peut se dire en sorlant de ce monde, disparaît. Il n'y a plus ni chapelle, ni. crèche, A!u moment où Je tiour s 'obscurcit à ses yeux, bi étoiles. Le petit Pierre, qui entend eLu Qu'il a connu l'amowr et l'amitié féconde; bruit, .s'est dressé sur son lit: Il eurt SUJI' œtte terre un avant-goût des cieux. - Maman, 1e veux a;ller à la messe de miAlph. Scheler. nuit! • - Mais tu en V'iens!. . . Nous en venoos! J * * Regarde, je suis toute cou!Ver(e de neige. Tu 1 t L'envie est la vermoulure des os. ne te rappelles pas ? La Bible.

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Supplément spêcial à l'ECOLE PRIMAIRE (Avril 1921)

LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME PAR L'ECOLE RAPPORT POUR L'ASSEMBLEE GENERALE DE LA

SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION A MONTHEY, LE 26 AVRIL 1921

1La multitude distraite est incapable obscurs que pose le bien-être du corps de saisir les courants lents et silen- social. cieux qui entraînent la .vie d'un peuple vers l'issue fatale de la déchéance. L'alcoolisme a bénéficié de cette inatAu milieu de la continuelle agitation tention pour continuer, dans l'ombre de de l'opinion publique sous les coups l'oubli, son œuvre néfaste d'intoxicades crises sociales et politiques, ceux. tion lente, mais implacable. Tandis que là aussi qui, par vocation, par la direc- toutes les activités de la vie nationale tion de leur vie intellectuelle et morale se dépensaient fiévreusement pour paou par goût, vouent d'ordinaire leur rer à des attaques éventuelles de la attention aux pulsations moins percep- part de ,quelque ennemi extérieur postibles de la vie nationale, ont été dé- sible, l'alcoolisme, ennemi intérieur tant tournés de ces questions d'une impor- de fois dévoilé, a continué à miner l'ortance indéniable par le bruit des armes ganisme social. et les surprises journalières d'une puIl paraît oiseux d'examiner si la blicité complaisante. progression du mal s'est accélérée penLes gouvernants eux-mêmes, aux pri- dant la guerre mondiale, alors qu'il est ses avec le réseau inextricable des dif- certain qu'elle ne s'est pas ralentie. ficultés économiques et diplomatiques N'est-il pas temps de nous retourner sans cesse renaissantes, semblent avoir vers cet ennemi qui, sournoisement, se perdu de vue l'urgence de résoudre des livre à des attaques incessantes et couproblèmes en apparence modestes et vre le corps de la nation de blessures


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auxquelles ne s'attache nullement l'auréole de la gloire patriotique?

Le Valais a été !!un des premiers Etats confédérés qui ait repris la lutte contre ce péril social. Les expositions antialcooliques organisées successivement à Brigue, à Viège, à fLoèche et enfin à Sion ont remis la question à l'ordre du jour. Les succès immédiats obtenus dans ces expositions et les fruits à longue échéance que l'on est en droit d'en attendre ont ramené l'attention publique sur un phénomène de notre vie nationale, une question brûlante dont la solution urgente est le préliminaire obligé de la vaste question sociale. !Le Département de l'Instruction publique s'est sans doute laissé guider pa!I" des considérations de ce genre en inscrivant au programme de la réunion générale de 1921 da lutte contre l'alcoolisme par l'école. » A première vue, il peut paraître surprenant d'accaparer les moments précieux d'une assemblée générale en faveur d'une question qui, aux yeux de plusieurs, est pour le moins accessoire, sinon étrangère à l'école primaire. Passe encore de conduire les élèves à une conférence antialcoolique que le caprice d'un apôtre de l'abstinence, pour acquit de conscience et mû par un zèle moins éclairé qu'intempestif, vient débiter aussi naïvement qu'infructueusement devant un auditoire infantile. Le danger alcoolique, d'ailleurs, est purement imaginaire. !Plût à Dieu que la réalité donnât un démenti formel aux partisans de la lutte antialcoolique, considérés à tort ou à raison comme des pessimistes et des fanatiques. /Mais hélas, l'une des conclusions de cette étude sera de contredire cette opinion d'un optimisme trompeur et dangereux et de montrer que la lutte antialcoolique s'impose à l'école pour s'as-

g surer une existence viable, une activité féconde. L'alcoolisme n'est pas né d'hier. L'histoire nous montre la prospérité ou la déchéance des nations liée très étroitement à leur attitude vis-à-vis de l'alcool. Que de fois s'est répété pour les peuples comme pour les individus le «'Mane, Thécel, Pharès » de la dernière nuit orgiaque de Balthazar!

cal, psychologique, socialogique et pédagogique.

But du rapport 1La présente étud~ se propose la, con~ naissance pédagoglque du probleme. L'influence de l:alcoot, sur l'enfant et les moyens de l en P_r~server. Les au-

Alcoolisme moderne iMais l'alcoolisme moderne dépasse en intensité et en généralité les excès des âges passés. D'une part, la chimie et la technique moderne ont outillé les gigantesques distilleries et brasseries à l'instar des fabriques de munitions qui préparent la mort et la dévastation. A ces fleuves de liquide empoisonné vient puiser l'innombrable multitude que l'industrialisme moderne, destructeur du foyer familial et tueur des joies saines de la nature, a détachée du sol nourricie~; aux bords du même fleuve vient s'abreuver la foule des jouisseurs de tout genre qui, dédaigneux des consolations religieuses et familiales, croit trouver là le succédané de toutes les joies, le condiment de toutes les fêtes et le Léthé des désillusions et des remords. n'autre part, la science moderne a

scruté avec la précision de ses méthodes et la variété de ses moyens de recherche les ravages multiples et effrayants de l'alcoolisme. Médecins et psychologues, juristes et sociologues, pédagogues et moralistes ont appliqué à l'étude de cette maladie sociale leurs procédés d'investigation si féconds; ils en ont suivi l'apparition, l'évolution dans les différentes phases jusqu'à l'état aigu de folie connu sous le nom de delirium tremens et de mort subite par suite de l'intoxication alcoolique. Ils ont élaboré la connaissance scientifique de l'alcoolisme au point de vue médi-

.La lecture de l'un de ces ou~a~es ne saurait être assez recommandee _a tout éducateur pour acquérir _sll! cet t~por­ tant problème des convictions ratsonnées et profondes.

Ravages de l'alcoolisme

Qu'il me soit permis de rappeler le résultat de cette lecture. tres points de vue mentent sa~s do~t.e 1Au point de vue économ~que, l'us~ge toute l'attention et la sympathte de 1~­ ducateur. mais ce serait d'une part de- de la bière du cidre, du vm et de 1alpasser 1~ cadre fixé par le programme cool constitue un gaspilla~e jn.compré· de l'assemblée générale, et d'autre part, hensible, puisque la fer~~ntatton ~n­ il existe d'excellents ouvrages que le lève aux fruits et aux cereales les /.., lecteur peut aisément se procurer et les OV7 ou la totalité _de .l~l!r vale~r nuconsulter ouvrages qui présentent l'a- tritive; le reste est deprecte par 1 alcool vantage 'd'avoir _été co.mposés par des auquel il reste mélangé. lLe peuP.le suisse paye actuellement à spécialistes ausst yerses. dat;t~ la contribut d'hommage annuel naissance des quesbons screntif1q~es que l'alcool familiarisés avec la psychologte des d'environ 700 millions de francs. 11 y a dans notre pays _un cabaret milieux sociaux •). par 150 habitants, en Valais un cabaret par 88 habitants. •) Consulter: . c1 La grande ruine •, par Et Descloux, LlLa consomma tion de boissons alcoobn.'liTie StJPaul, Fr~ourg. liques semble présider à to~s 1~ actes c Les trésors de La Saif11te Abstinence •, importants ou. ~on de la yte pnvé~ ~t par .Mglf Savoy, Bruxelles. • La queslion de l'alcool "• par le Dr publiq~e, famtlt~le et nation~le. L he-

un

Bunge, Bâle. . • V Alcoolisme •, pa'r le Or Berhllon, LecoUre, ·Paris. Note sur l'usage de ces ouvragl!8 e~ tle la 'Présente étude: Les faits choi&is et les statistiques utilisées par les promoteurs de la lutte contre l'alcoolisme sembleroot Îl. plus d"un lecteur a:rangés et intetprétés dune Iaçon tendanc~euse pour les tbesoins de la ca~se. plus teurs peruseront qu'il le~ est fa?le d~trmer telle ou telle 'Propœ ihon en, a tant. ~autres fatts düment obswvés et en <:ontradtcbon ~ante avec les conclus ions des brochures citees ou de la présente étude. . . J'accueille de bonne g.r✠le~ ob{~chon et reconnaâs 'VOlontiers que les Œatts qu tls al· lèguent auront été obsel'Vés exactemerut. Mais ils vou.da-oatt bieD xema.rquer que les hommes de 'science, en éta:bli<ssant . leurs ,siat istiques 01.11 eŒJJ faisant leurs expénences, ont observé UIIJI grlalld nombre de cas dlans des conditions très variées, de sor.te que l'on peut

<?rr.

gémome tyranmque. de_s habttud_es al· cooliques est accepte~ a peu pr:s, par

tous sans récriminatiOn, de gatte de cœur.

La plupart des familles tombles dans la misère doivent leur tnste etat à l'alcool comme facteur principal ou concomitant. admettre !Pratiquement l"égalité de circo~stan­ ces de chances de la part des non--ahstments ( ~ buveurs) et de la part des abstinents (o.u modérés}. A défaut d\me identité de conditions imposs'Ïble à :réaliser surtout .en cette matière 'l1t1le égalité pratique est adilll~ comme su~fÎsante prur la critique la :plus eXtg~ante. Si teLs laJts ou mê!aits particuliers mts au comp!e de l'alcooliiSme ne .sern~lent. pli!S comIPorter une <:onclusion ausst categonq,ue et ~­ nérale l'euscntble des faits forme m~< réqu~s~­ toit·c accablant dont la valeur ![J?"Obante ne Bau. .,.ait être mécomnw par attctm esprit loyal.


5 Quels avantages physiques ou moraux nous vaut cett~ dépendance _servile, cette obséquiosité empressée à l'égard de l'alcool? 'L'alcool promet la force, l'endurance; l'expérience prouve qu'après une courte

phase de surexcitation survient une longue période de fatigue. La consommation de boissons alcooliques atteint la capacité intellectuelle en diminuant la précision et la rapidité de la perception, en ralentissant la mémoire et en troublant le raisonnement.

L'alcool attaque lentement, mais sûrement, nos organes vitaux: estomac, foie, cœur, vaisseaux sanguins. reins, cerveau. 1Les sociétés d'assurance enregistrent chez les buveurs une proportion anormale d'accidents produits surtout le lundi. 1Les caisses de maladies font une constatation concordante. L'alcool conduit prématurément à l'hôpital les plus empressés de ses amateurs devenus des ruines humaines. · iLes asiles d'aliénés et les prisons recrutent leur triste clientèle de préférence chez les alcooliques.

Les tables de mortalité témoignent d'une longévité marquée des milieux abstinents. IMais la malédiction alcoolique n'atteint pas seulement la personne du buveur, victime plus ou moins responsable d'une ambiance sociale où l'alcool est à l'honneur. La lugubre énumération ci-dessus ne dévoile que la moindre partie de ses ra vages.

L'alcool perpètre ses crimes les plus atroces dans le sanctuaire de la famü-

le. où il

traîne dans un long martyre la femme du buveur et, conséquence plus effroyable encore, transmet des tares multiples aux enfants, victimes innocentes dé la déchéance paternelle, souvent de la déchéance sociale. \L'impartialité exigerait que l'on parlât des bienfaits de l'alcool. 1L"Ecriture

sainte dit: « Le vin a été créé dès le commencement pour être la joie de l'homme, et non pour l'enivrer.» Pourquoi l'homme, en se souvenant de l'intention de la ·Providence, a-t-il oublié fa partie négative de l'enseignement divin, clause restrictive dont l'oubli a changé en poison le fruit délicieux de la vigne? Ce n'est qu'à titre de mention que je parle de l'usage médical des boissons alcooliques, usage qui se restreint d'ailleurs de plus en plus.

Cause de l'alcoolisme moderne 'Le tableau des ravages de l'alcoolisme est si déconcertant que l'on se demande comment des êtres raisonnables peuvent se précipiter en foule, le spurire sur les lèvres, dans un abîme de malheur et de honte. Sans doute, l'homme ne recherche l'alcool que pour ses prétendus bienfaits; il veut jouir, ou plutôt, il veut se dédommager des autres joies, saines et élevées, qui lui font défaut; il veut se désennuyer, oublier. C'est aussi l'opinion d'une ·âme dont toute l'ambition est de donner aux au1tres le véritable bonheur. Voici en effet ce que dit 1M'grj de Keppler dans son délicieux traité «Vers la joie»: «C'est l'envie d'échapper à ses pensées, à ses poignants soucis, d'éviter à tout pri~ de rester seul avec soi qui explique la toute-puissance de l'alcool; on l'aime, non pour la jouissance qu'il procure, non parce que jouir est, pour beaucoup d'individus, l'unique but de la vie, mais surtout parce qu'il fait trêve à nos angoisses et qu'il est devenu le Léthé du monde moderne. Aussi tout ce qu'on peut dire à ceux qui en abusent, pour les avertir du péril auquel ils s'exposent, ne fait aucune impression sur leur esprit. Ils tiennent à s'empoisonner, et rien ne les convertit, lors même que les funestes effets de l'alcool leur sont clairement démontrés; car non seulement le poison

est doux, mais il mène à sa suite la stupeur et l'oubli. 'Si jamais Nietzsche a écrit une parole juste, c'est cel~e:ci: ,La

mère de l'orgie, ce n'est pas la l'absence de la joie! >

JOLe,

c est

Est-ce exagéré de dire que l'alcoolisme constitue un fléau, l'un des fléaux modernes dont 'faguet a dit: «Les formes du désespoir moderne sont l'alcoolisme et le suicide. Ces deux monstres croissent à vue d'œil dans des proportions effrayantes. Ils indiquent que le monde s'ennuie.:. !L'alcoolisme est devenu, pour beaucoup de nos contemporains, l'ivrognerie héréditaire et inguérissable par le simple jeu des forces aveugles de la nature.

L'alcoolisme, maladie sociale Et fait gui doit être mis en relief, l'alcoolisme· est une maladie sociale. D'après un moraliste de haute valeur, on n'a pas de l'alcoolisme une notion exacte, si on ne se le représente que comme une tare isolée, si on ne pense qu'à quelques-uns de ses méfaits. Il est devenu une épidémie de la société, une maladie physique, morale et sociale que ne guérissent ni le silence optimiste, ni la raillerie facile, ni même des jérémiades. Il faut l'emploi de tous les moyens.

Sans la réforme de nos mœurs alcooliques, point de réforme alcoolique; sans réforme alcoolique, point de réforme sociale.

L'alcoolisme et l'enfance C'est dans ce milieu imprégné d'alcoolisme qu'est placé le berceau de l'enfant, l'objet de notre sollicitude d'éducateurs. !Si l'étude tiétaillée des effets généraux de l'alcoolisme dépassait le cadre de ce rapport, il n'en est pas de même de l'hérédité alcoolique et des influences de l'alcool sur l'enfance; car, d'tUle

part, une connaissan~~ exa,~te, ?~ plutôt la vue claire et prectse, 1mtmtion du mal est nécessaire à la plupart des hommes pour les décider à l'a~tion; elle est utile aussi pour nous gruder dans le choix des moyens à employer: d'autre part, cet aspect spécial du_ ~roblèm~ alcoolique est rarement traite avec 1ampleur désirable dans les ouvrages dont on dispose.

Hérédité alcoolique :D'après le témoignage des médecins,

c'est souvent la source même de la vie qui est contaminée par l'alcool. Le psalmiste fait cet aveu: « In iniquitatibus conceptus sum.:. Ce crime qui contamine ainsi l'origine, ce n'est pas seulement la faute d'Adam, c'est aussi quelquefois l'ivresse des parents. N'est-ce pas un~ pensée digne de l'attention de tout amt de l'enfance que de songer que, dans cette première phase obscure et mystérieuse de l'existence, où s'esquissent rapidement les traits du chef d'œuvre de la création visible, des êtres humains sont livrés à l'influence délétèr~ de l'a,lcool? ·Le jardinier, soucieux de la prospérité de ses plantes, sait qu'elles sont le plus sensibles au moment de la germination et les préserve en serre chaude du souffle froid du vent. Et l'orgamsme humain, bien plus délicat pendant le premier stade de son développement, serait exposé impunément au contact, à l'imprégnation d'un agent auquel les adultes eux-mêmes ne sont pas insensibles! Quel fruit peut sortir d'un sol arrose par l'alcool? Au lieu d'un long commentaire, je place sous les yeux du lecteur le tableau classique du professeur Demme, dont les observations poursuivies pendant plusieurs années sur 10 familles modérées ayant 61 enfants et sur 10 familles de buveurs ayant 57 enfants ont fourni les résultats suivants:


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6

filllllts •a•trlrs

Enfants normalement 50 constitués Enfants morts-nés 3 Enfants morts en bas âge de maux d'estomac 2 Enfants épileptiques 2 difformes 2 sourds-muets idiots bornés, non-idiots 2 ivrognes par hérédité avec épilepsie Enfants nains

fn~JUes

de umrs 9 12 13 3 2 8

5 5

D'autres observations analogues prouvent que les habitudes alcooliques

des parents passent généralement aux enfants par le fait de la transmission de la vie et de la continuité du genrt humain. Il n'y a là rien que de bien logique: Des pères ivrognes engendrent des enfants anormaux. D'ailleurs entre l'enfant anormal placé dans un asile et l'enfant parfaitement bien constitué, il y a une foule de degrés intermédiaires; rares sont les sujets entièrement indemnes. lles parents ignorent-ils les lois de l'hérédité?

L'alcool et l'éducation familiale L'enfant est là. Est-il croyable que des parents font appel au malaga, à d'autres vins médicinaux, au café additionné de cognac pour nourrir, fortifier ou guérir des enfants à peine sevrés, q~e des mères enploient même l'eau-de-vte pour réduire au silence le nourrisson qui essaye ses cordes vocales? L'évidence ne permet pas, hélas, de douter -de la réalité de ces faits. tL'alcool même dilué ralentit la croissance de l'enfant, s'attaque sans façon au système nerveux en formation et atteint gravement la vitalité du jeune organisme, sa for~e de résistance aux multiples maladies du premier âge. C'est à cette intempérance que sont dus des accidents qui

terrifient si souvent des mères inconsciemment causes des tortures de leurs bébés : convulsions, dysenterie, méningite, épilepsie. L'enfant grandit. Des parents ignorants et aveugles lui assurent déjà 1~ jouissance de son droit à l'alcool qm fait chaque jour son apparition à la table familiale, et ils répètent à tout venant l'hymne du bon verre qui fortifie, réchauffe, égaye et ouvre l'esprit.

Cet ensemble de faits et de conversations créent ou nourrissent des souvenirs, des associations d'idées, une chaîne à la fois physique et psychique d' habitudes difficiles à détruire.

L'alcool et l'enfant à son entrée à l'école L'enfant est remis entre 1ws mains. Comment le traiter? 'Le laboureur ne saurait cultiver ses champs avec succès sans la connaissance préalable du sol, de ses ressources et de ses défauts. Au moins aussi avisés que l'homme des champs, nous, éducateurs, voudrons connaître les multiples influences qui ont déjà agi sur la jeune vie confiée à notre sollicitude. Les mœurs familiales

actuelles ont établi entre la consommation des boissons alcooliques et la plupar,t de nos élèves des relations étroites, de sorte qu'à peu près tous portent dans leur corps et leur âme l'empreinte de l'action néfaste, q_ui échappe malheureusement souvent à l'œil du médecin lui-même. Ce n'est pas généralement l'intoxication aiguë nettement déclarée, mais plutôt un état intermédiaire entre la santé et la maladie, qui empêche cette surabondance de vie, cet épanouisse· ment joyeux et spontané, manifestation d'tm organisme parfaitement sain.

Tares physiques de l'enfant alcoolique ILes tares des enfants alcooliques se déclarent plus nettement, ou plutôt se

cachent dtfficilement. C'est dans cette catégorie que vous renc~~trez ces êtres

chétifs, malingres, rachdzques, souffreteux, sujets à des troubles nerve~ et au sommeil agité. Si la force physique a été ménagée, elle se fait facilement jour en actes violents.

'L'hérédité directe leur a apporté une forte prédisposition à l'alcoolisme. maladie pour le développement de laqueile suffit une excitation efficace que nos milieux sociaux provoquent en abondance. A l'hérédité indirecte doivent être attribués les nombreux troubles fonctionnels que la statistique découvr~ avec une fréquence anormale chez les enfants d'alcooliques : la tuberculose pulmonaire, l'arrêt de croissa,.gce, les cram· pes et l'épilepsie, la surdimutité et l'i· diotie le cortège lugubre des misères dont ie soulagement réclame le plus fréquemment les soins du médecin en faveur de nos enfants.

Smith, Krapehn et joss on.t exa!lliné des sujets tantôt avant, tantot apres la consomma hon d'alcool; ils ont auss1 comparé des groupes de sujets de capacité aussi égale que p~ssible, l'un abstinent l'autre non abstment. Leurs • peuvent s ,,enoncer d ans 1es conclusions propositions suivantes: 1o Dans les actes mixtes où prédomine l'automatisme, par exemple dans la lecture à haute voix on a constaté chez les non-abstinents' une courte pé-

riode initiale de plus

~rande

capacité,

suivie d'une plus longue période de moindre capacité, de sorte que la moyenne a été en faveur des abstinents .. 2° Dans les actes purement ou pnncipalement intellectuels, tels gue ~a _dis· tinction d'impressions, les assoctahon~ logiques, le raisonn~ment, on a const~te

immédiatement apres la consommaüon de l'alcool un ralentissement de l'activité psychique, même sous l'inpuence de doses moyennes ou faibles d alcool.

Enfin le 111;ang~e. de vitalité ~xp~se Ce ralentissement est allé en croissant. 3° La qualité du travail des non-ab~· cette partie desherdee d~ ;zotre clz~n~ele scolaire à être plus azsement vtdut«e tinents est inférieure à celle des abstides nombreuses épidémies qui assail- nents.

lent le jeune âge et qui, quoique gén~­ ralement bénignes, prennent parfois dans l'organisme affaibli une tournure plus grave. Educateurs, arretez vos regards long uement et amoureusement sur ces corps étiolés de nos modestes salles de classe pour laisser pénétrer da~~ vv~e âme la compassion et la chanté agts· sante!

Tares intellectuelles de l'enfant alcoolique tNon moins écœurantes sont les découvertes du psychologue dans l'esprit de l'enfant alcoolique. !Pour examiner à sa juste valeur l'habitude de recourir au verre quand il faut fournir un effort intellectuel extraordinaire, on a recouru à l'expérience.

4o !L'influence de l'alcool commence immédiatement après la consommation et dure de 12 à 24 heures, dans le cas d'ivresse de 2 à 3 jours. Ces conclÙsions n'ont rien d'étonnant. .Le corps est l'organe de l'âme, le cerveau l'outil du travail intellectuel. Un système nerveux détraqué ne peut pas •être l'instrument docile de la pen~~

.

Vous reconnaîtrez facilement ces VICtimes de l'alcoolisme: enfants frappés

d'une incapacité d'attention pr,e~que invincible la croix du maitre, eleves superficieÎs, distraits par un rien, léger~,

impuissants d'efforts intelle~tuels sulvis. Chez d'autres, les tares mtellectuelles se traduisent par un esprit lourd, borné, bouché.

Les habitudes alcooliques exercent


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sar l'école populaire l'effet d'un obstacle qui compromet gravement le succès de l'enseignement. Et qui donc consent à supporter la responsabilité de cet état de choses? Les parents alcooliques? Ils sont les plus ardents à déclamer dans les cabarets ou au lavoir contre l'incapacité, l'insouciance ou la tyrannie du régent. Les autorités sociales elles-mêmes n'osent regarder en face la cause réelle du mal. 1En dénonçant le véritable malfaiteur, le corps enseignant défend ses intérêts et son honneur.

Tares morales de l'enfant alcoolique 1L'école

a aussi uue tâche morale et religieuse, une mission éducative: la formation du caractère chrétien. Cette tâche éducative s'étend et devient plus lourde au fur et à mesure que la famille se désagrège. !N'est-ce pas doublement regrettable, dans ces conditions, que beaucoup de familles, déjà oublieuses de leur devoir le plus sacré, ajoutent à la tâche ainsi accme le poids énorme des tares morales dues à l'alcoolisme?

Car sous l'influence de l'alcool, les instincts bas et pervers qui dorment au fond de toute jeune âme, s'éveillent prématurément, à un âge où la volonté n'a pas encore la force de les dompter. La puissance des sentiments nobles est brisée. L'enfant est moins sensible à l'éloge et au blâme, moins accessible aux motifs d'honneur. Son exactitude, sa persévérance au travail baissent; ses petites révoltes réprimées par la maîtrise habituelle éclatent. Et comme, dans ces · moments, la connaissance de soimrême et la conscience de ses fautes lui échappent, il s'élève dans l'âme de la pauvre victime des mouvements d'insubordination, de hain·e et de colère contre la prétendue pédanterie, le caprice, l'injustice et l'antipathie du maître. On

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voit s'esquisser chez l'enfant buveur les traits du futur révolté contre la loi de l'école, plus tard contre la loi de Dieu et celles de la société. 'Liés à leurs parents par une affinité alcoolique, soumis à l'influence néfaste de leurs coupables excès et quelquefois commensaux de leurs trop copieuses libations, ces sujets alcooliques créent à

la discipline scolaire les embarras les plus considérables. Enfants négligés, mal préparés, enclins au mal, voilà la clientèle que l'alcoolisme recrute pour nos écoles.

'L'alcool est donc aussi l'un des obstacles principaux à la réalisation du but d'éducation morale qui incombe à l'école.

Résumons: La consommation alcoolique, même à faible dose, nuit à la rapidité et à l'exactitude des perceptions, diminue la fidélité, la capacité et la promptitude de la mémoire, . trouble la netteté du jugement, dépréci~ tout le travail intellectuel.

Les habitudes alcooliques obscurcissent les notions du devoir, abolissent la maîtrise de soi-même, émoussent la conscience des fautes, constituent l'excitation! continuelle qui déclenche le mécanisme des prédispositions directes ou indirectes créées par l'hérédité.

C'est donc dans son fondement mê.me que l'alcoolisme atteint et mine notre travail d'éducation et jette sour-

noisement l'ivraie là où nous avons semé le bon grain.

Conséquences pratiques : Abstinence infantile Quelle conséquence pratique impose la constatation de ces faits? Comment soustraire nos élèves à une influence purement néfaste?

Puisque même les plus faibles doses d'alcool agissent sur l'organisme délicat et sur l'lâme sensible de l'enfant à la façon d'un poison, il faut l'élever dans

l'abstinence totale de toutes les boissons alcooliques. Cette conclusion catégorique et générale est celle des spécialistes dont les opinions divergent encore sur l'usage de l'alcool par les adultes, mais dont l'avis est pratiquement unanime quand il s'agit des enfants et de_s jeunes gens. Voici comment s'expriment trois d'entre eux : «!Pour les enfants au-dessous de 15 ans, l'usage de l'alcool est nuisible dans

tous les cas et sévèrement à interdire. ... « Celui

qui donne à un enfant de l'alcool, commet un crime à l'égard de cet enfant et de la patrie. ,. « Pour l'enfant et l'adolescent, même

la plus petite quantité de boissons alcooliques doit être considérée comme un excès. » De là résulte l'imQérabf catégorique.

Aux enfants au-dessous de 15 ans, ne donnez ni bière, ni cidre, ni vin, ni eau-de-vie, ni aucune de ces boissons dites hy~iéniques qui ne sont que des travestissements de l'alcool. Comment les enfants s'habituent-ils à .l'alcool?

Et n'allez pas me dire qu'exprimer une réprobation aussi solennelle de la consommation des boissons alcooliques, c'est enfoncer une porte ouverte, puisque nos enfants ne sont pas. exposés aux excès. 1L'alcool exerce un attrait anormal même sur de jeunes enfants, malgré une répugnance instinctive initiale bien vite vaincue; l'habitude fait goûter les excès des adultes. !L'enfant reçoit sa part à la table familiale où le vin est devenu un élément du menu journalier et où les dîners -des fêtes religieuses et des réjouissances mondaines l'habituent à des doses plus

forts. Les scènes d'auberge, amsi que les constatations du régent les lende· mams des fêtes ne laissent aucun doute à ce sujet. Que dire du criminel plaisir de certains adultes à soûler des enfants? 'Peut-être diront-ils que leurs pères, poussés par la stupide prétention de cuirasser leurs fils de bonne heure contre l'ivresse par des quantités croissantes d'alcool, en font autant et qu'il n'est pas rare, hélas! de voir des mères mémes endormir leurs nourrissons avec de l'eau-de-vie! Qui est rendu responsable des insuccès scolaires des enfants alcooliques ?

Et les suites de telles mœurs? Toute cette étude _vous en parle. Seuls des parents aveugles ou corrompus s'obstinent dans le refus d'attribuer aux tristes fruits de l'hérédité alcoolique ou à de coupables usages justement flétris les obstacles insurmontables créés ainsi à l'éducation. Ils disent, et les habitués du cabaret le crient le plus fort: « L' école ne fait pas son devoir. Le régent tire de bons traitements et laisse nos gosses croupir dans l'ignorance! » Devoir de la société envers les victimes de l'hérédité alcoolique

:Puisque la maison paternelle néglige le plus souvent, quelquefois gravement, son devoir à l'égard de l'éducation abstinente et que l'œuvre de la formatiOn des jeunes âmes est sérieusement compromise par les habitudes alcooliques sociales existantes, les autres af(ents

éducatifs doivent suppléer à cette défaillance familiale et promouvoir efficacement l'abstinence infantile. L'honneur de l'initiative dans la lutte contre l'alcoolisme de la génération qui monte dans la vie revient aux apôtres de la tempérance et de l'abstinence, ainsi qu'aux sociétés, ligues et fédérations qu'ils ont organisées. !Mais en face de l'imlf!ensité du mal,


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d'une éducation première manquée, un sujet qui porte le poids de fa utes dont la responsabilité tombe sur d'autres. Cette situation nous trace nos obligale caractère de fléau social que revêt f alcoolisme moderne réclame une ac- tions à l'égard de ces élèves: <Tout en tion sociale pour préserver les enfants exigeant l'accomplissement du devoir, intacts et guérir ceux que la contagion tout en écartant le danger avec force et en poursuivant le vice avec indignation, a déjà atteints. l'éducateur reste bon pasteur. z, Devoir de l'école !Dans cette partie de notre missjon C'est l'école, au nom de la société et éducative, comme dans toute autre tâcomme institution sociale d'éducation, che semblable où il s'agit de préserver qui doit assumer cette tâche difficile et nos élèves de la contagion du mal ou souvent ingrate, mais nécessaire et ur- de les guérir du vice, une saine pédagente. Sa mission d'auxiliaire de la fa- gogie, fondée sur une psychologie éproumille, son intérêt direct, la vitalité et la vée, nous dicte les règles que voici: fécondité de son action bienfaisante ausNe pas laisser pénétrer dans l'âme si bien que la prospérité nationale l'eles idées (préjugés) favorables à l'acte xigent. qu'il s'agit d'éviter; empêcher qu'il ne 1 une alliance entre ces idées se contracte Nous élèverons donc nos élèves dans et le sentiment; si l'idée adverse occupe l'abstinence totale. Comment, c'est-àla conscience, y indéjà le champ de dire dans quel esprit et par. quels motroduire des idées opposées (antialcooyens? liques) et les nourrir jusqu'à ce qu'elles soient devenues assez fortes pour neutraliser l'effet des premières; enfin, Esprit de l'éducation si l'acte existe déjà en l'état de préabstinente disposition héréditaire ou d'habitude, Cet esprit ne saurait ,être autre que atténuer la force des lois organiques celui du divin ,Educateur qui est venu par l'abstinence aussi fréquente que sauver ce qui était perdu: fortiter in re, possible, fortifier les tendances opposées suaviter in modo. et contrebalancer peu à peu la puissanQuand il s'agit d'enfants que ni l'hé- ce qui pousse vers l'alcool. (D'après rédité, ni l'habitude alcoolique n'a c:_n- Eymieu, Gouvernement de soi-même.) core affaiblis, notre tâche, facile et Avant de parler des détails de la lutpleine de promesses, consiste à les pré- te, une remarque s'impose pour préveserver et à les prémunir contre les sé- nir des objections et des malentendus et ductions auxquelles tous sont. exposés dépouiller les indications suivantes de dans nos milieux sociaux. leur apparence d'étroitesse et d'isoleC'est l'enfant alcoolique, héritier ment: L'éducation antialcoolique doit d'une vie lourdement chargée et affli- être fondée sur la base large et solide gé innocemment de prédispositions ma- de la formation du caractère. Tout ce ladives et même criminelles, qui est di- que fait l'école pour garantir l'enfant gne de notre plus tendre sollicitude. Il contre les surprises de ses instincts et faut le considérer non comme un coupa- l'entraînement du milieu facilite indible, mais comme un malheureux, la vic- rectement, mais efficacement, cette tâtime d'une hérédité peu enviable et che particulière de notre œuvre sociale. de l'imminence du péril et de la grandeur de la tâche, ces efforts isolés et intermittents ne suffisent pas. De _plus,

Moyens de lutter contre l'alcoolisme

qui importe, c'est ~e me~ire _l'idée d' ~bs­ tinence en connexwn etrode, mulitple et variée avec les notions pratiques de

A. L'enseignement antialcooli-

liberté, d'obligation morale, d'obéissan· ce à Dieu, de responsabilité, de dépendance réciproque et de solidarité chrétienne d'ordre, de courage, d'énergie et d'ho~eur cet ensemble d'idées directrices qui f~rme comm~ la trame _invistble de toute vie humame comme tl faut. Cette façon de proc~der n'est _que 1'~~­ plication d'une des lots de la vte de 1ame. 'L'idée incline à l'acte dans la mesure où elle_se rapproche des sens•. o~ elle s'incarne, dans la mesure ausst ou elle est liée à d'autres éléments psychologiques plus nomb_reux_: pensées, raisonnements, souverurs, mtages, sensations, sentiments, émotions, habitudes. (D'après Eymieu.) Ajoutons que nous rencontrons chez l'enfant plusieurs circonstances favorables à l'éducation antialcoolique : J!ran-

que Suivant la nature même de l'éducation scolaire et les moyens d'action dont elle dispose, l'enseignement antialcoolique est i'arme la plus habituelle et la plus commode à manier dans la lutte entreprise. !L'idée conduit à l'acte; la connaissance devient une puissance génératrice d'action, à condition que le maître luimême, intimement convaincu, parle de l'abondance du cœur et laisse déborder, de temps à autre, l'indignation contre le mal en même temps qu'une compassion sincère pour les victimes et un amour véritable pour ceux que guette la même misère. L'action lente, mais sûre de cet enseignement mine à la longue la solidité des préjugés courants et prépare à l'amateur de trop copieuses gorgées une goutte de fiel dans l'enivrant breuvage; elle desserre les liens réputés indissolubles entre les idées de joie et d'alcool et ouvre des perspectives de jouissances plus enviables, plus nobles, plus riches.

Cet enseignement sera généralement plutôt occasionnel que systématique. Outre des raisons d'opportunité, le caractère de l'éducation donnée dans les écoles primaires semble s'accommoder plus aisément de ce procédé: On peut y aller progressivement, y revenir fréquemment sans le risque d'amener le dégoût ou d'éveiller la défiance, enfin faire saisir plus simplement fétroite

connexion entre la consommation alcoolique et les ravages qu'on lui impute. 'L'essentiel n'est pas d'inculquer à nos élèves une connaissance aussi complète et aussi systématique que possible de la question antialcoolique, mais ~~ns liens vivants avec nos actes quotidtens; ce

de impressionnabilité, souples~e d~ l'organisme, souvent l'absence d habitudes déjà contractées.

Forster exprime son opinion sur l'enseignement antialc?oliq~e de ~a façon suivante: «On cr01t qu'tl sufftra, pour être compris, de lancer dans nos écoles telles qu'elles sont un appel isolé à la tempérance, sans qu'il soit nécessaire de faire travailler d'abord la pâte p_a r le ~evain moral. On se trompe. Il faut que toute l'école soit d'abord pénétrée par une aspiration morale qui ait pour fin suprême la maîtrise intérieure ...... . Parlons aux jeunes de la présence d'esprit, par exemple; montrons-leur tout le prix de cette alliance de l'intelligence et de la vie ....... Rien ne sera plus naturel que de tirer ensuite de ces entretiens des applications toutes naturelles à l'alcool qui est notre plus grand ennemi, précisément parce qu'il coupe le lien qui rattache nos actes et nos paroles à notre moi profond et qu'il nous


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d'une éducation première manquée, un sujet qui porte le poids de fautes dont la responsabilité tombe sur d'autres. Cette situation nous trace nos obligale caractère de fléau social que revêt ralcoolisme moderne réclame une ac- tions à l'égard de ces élèves: «Tout en tion sociale pour préserver les enfants exigeant l'accomplissement du devoir, intacts et guérir ceux que la contagion tout en écartant le danger avec force et en poursuivant le vice avec indignation, a déjà atteints. l'éducateur reste bon pasteur. ::b Devoir de l'école !Dans cette partie de notre miss~on C'est l'école, au nom de la société et éducative, comme dans toute autre tâcomme institution sociale d'éducation, che semblable où il s'agit de préserver qui doit assumer cette tâche difîicile et nos élèves de la contagion du mal ou souvent ingrate, mais nécessaire et ur- de les guérir du vice, une saine pédagente. Sa mission d'auxiliaire de la fa- gogie, fondée sur une psychologie éproumille, son intérêt direct, la vitalité et la vée, nous dicte les règles que voici: fécondité de son action bienfaisante ausNe pas laisser pénétrer dans l'âme si bien que la prospérité nationale l'eles idées (préjugés) favorables à l'acte xigent. qu'il s'agit d'éviter; empêcher qu'il ne 1 une alliance entre ces idées se contracte Nous élèverons donc nos élèves dans et le sentiment; si l'idée adverse occupe l'abstinence totale. Comment, c'est-àdire dans quel esprit et par_ quels mo- déjà le champ de la conscience, y introduire des idées opposées (antialcooyens? liques) et les nourrir jusqu'à ce qu'elles soient devenues assez fortes pour neutraliser l'effet des premières; enfin, Esprit de l'éducation si l'acte existe déjà en l'état de préabstinente disposition héréditaire ou d'habitude, Cet esprit ne saurait être autre que atténuer la force des lois organiques celui du divin ,Educateur qui est venu par l'abstinence aussi fréquente que sauver ce qui était perdu: fortiter in re, possible, fortifier les tendances opposées suaviter in modo. et contrebalancer peu à peu la puissanQuand il s'agit d'enfants que ni l'hé- ce qui pousse vers l'alcool. (D'après rédité, ni l'habitude alcoolique n'a en- Eymieu, Gouvernement de soi-même.) core affaiblis, notre tâche, facile ~et Avant de parler des détails de la lutpleine de promesses, consiste à les pré- te, une remarque s'impose pour préveserver et à les prémunir contre les sé- nir des objections et des malentendus et ductions auxquelles tous sont. exposés dépouiller les indications suivantes de dans nos milieux sociaux. leur apparence d'étroitesse et d'isoleC'est l'enfant alcoolique, héritier ment: L'éducation antialcoolique doit d'une vie lourdement chargée et affli- être fondée sur la base large et solide gé innocemment de prédispositions ma- de la formation du caractère. Tout ce ladives et même criminelles, qui est di- que fait l'école pour garantir l'enfant gne de notre plus tendre solli<;itude. Il contre les surprises de ses instincts et faut le considérer non comme un coupa- l'entraînement du milieu facilite indible, mais comme un malheureux, la vic- rectement, mais efficacement, cette tâtime d'une hérédité peu enviable et che particulière de notre œuvre sociale.

Moyens de lutter contre l'alcoolisme

de l'imminence du péril et de la grandeur de la tâche, ces efforts isolés et intermittents ne suffisent pas. De plus,

A. L'enseignement antialcoolique Suivant la nature même de l'éducation scolaire et les moyens d'action dont elle dispose, l'enseignement antialcoolique est Î'arme la plus habituelle et la plus commode à manier dans la lutte entreprise. L'idée conduit à l'acte; la connaissance devient une puissance génératrice d'action, à condition que le maître luimême, intimement convaincu, parle de l'abondance du cœur et laisse déborder, de temps à autre, l'indignation contre le mal en même temps qu'une compassion sincère pour les victimes et un amour véritable pour ceux que guette la même misère. L'action lente, mais sûre de cet enseignement mine ~t la longue la solidité des préjugés courants et prépare à l'amateur de trop copieuses gorgées une goutte de fiel dans l'enivrant breuvage; elle desserre les liens réputés indissolubles entre les idées de joie et d'alcool et ouvre des perspectives de jouissances plus enviables, plus nobles, plus riches.

Cet enseignement sera généralement plutôt occasionnel que systématique. Outre des raisons d'opportunité, le caractère de l'éducation donnée dans les écoles primaires semble s'accommoder plus aisément de ce procédé: On peut y aller progressivement, y revenir fréquemment sans le risque d'amener le dégoût ou d'éveiller la défiance, enfin faire saisir plus simplement f étroite

connexion entre la consommation alcoolique et les ravages qu'on lui impute.

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'L'essentiel n'est pas d'inculquer à nos élèves une connaissance aussi complète et aussi systématique que possible de la question antialcoolique, mais ~~ns liens vivants avec nos actes quohd1ens; ce

qui importe, c'est ~e me!h-e_L'idée d'~bs­ tinence en connexwn etrode, mulüple et variée avec les notions pratiques de

liberté, d'obligation mor~l_e,_ d'obéi~san· ce à Dieu de respollSabihte, de dependance réciproque et de solid~!ité ~hré­ tienne d'ordre, de courage, d energie et d'hon~eur, cet ensemble d'idées di!ec~~­ ces qui forme comme la trame . mvlSIble de toute vie humaine comme 11 faut. Cette façon de procéder n'est _que l'a~­ plication d'une des lois de la v1e ~ l'ame. 'L'idée incline à l'acte dans la mesure où elle_se rapproche des sens•. o~ elle s'incarne, dans la mesure auss1 ou elle est liée à d'autres éléments psychologiques plus nombreux: pensées, raisonnements, souvenirs, images, sensations, sentiments, émotions, habitudes. (D'après Eymieu.) Ajoutons que nous rencontrons chez l'enfant plusieurs circonstances favorables à l'éducation antialcoolique: J!.ran-

de impressionnabilité, souplesse de l'organisme, souvent l'absence d'habitudes déjà contractées.

Forster exprime son opinion sur l'enseignement antialc?oliqu.e de ~a façon suivante: «On cr01t qu'tl suffira, pour être compris, de lancer dans nos écoles telles qu'elles sont un appel isolé à la tempérance, sans qu'il soit nécessaire de faire travailler d'abord la pâte p_a r le !evain moral. On se trompe. Il faut que toute l'école soit d'abord pénétrée par une aspiration morale qui ait pour fin suprême la maîtrise intérieure ...... . Parlons aux jeunes de la présence d'esprit, par exemple; montrons-leur tout le prix de cette alliance de l'intelligence et de la vie ..... . . Rien ne sera plus naturel que de tirer ensuite de ces entretiens des aJ?plications toutes naturelles à l'alcool qui est notre plus grand ennemi, précisément parce qu'il coupe le lien qui rattache nos actes et nos paroles à notre moi profond et qu'il nous


livre ainsi sans contrôle aux sollicitations du moment. :. Le maître qui se propose donc de donner une leçon antialcoolique doit partir 4'un fait ou d'un exemple tiré de la vie; il commente ce donné concret suivant les aspirations et les besoins de la jeune âme, met en relief la connexion de cause à effet entre le phénomène signalé et la consommation de boissons alcooliques, amène l'auditoire scolaire à tirer lui-même, si possible, la conclusion morale d'abstinence ou de tempérance qui résulte du dialogue entre maître et élè~es et_ dema_nde finalement des apP.licatwns, a la vte actuelle et à l'avenir. Cette methode, employée avec conviction et tact, variée suivant les circonstances et faisant un appel continuel à ia collaboration des élèves, ne peut manquer de frapper l'esprit impressionnable et d'y graver fortement les convictions antialcooliques. 'Le plus souvent les enfants auront prononcé intérieurement le verdict avant que l'éducateur l'ait formulé en termes précis. En rattachant ces le:ons à l'intérêt supérieur et primordial de la formation du caractère, à la sauvegarde de la dignité, au sentiment de la liberté et de la responsabilité, elle cesse de paraître mesquine étroite et exclusive. ' L'enseignement antialcoolioue donné avec une chaleur communicati~e.'entraî­ ne non seulement la conviction mais aussi l'effort, Je sacrifice. ' .En disant que ces leçons doivent être occasionnelles, on n'entendait nullement insinuer qu'il faut semer des historiettes au hasard. L 'éducateur doit dresser le plan de son influence, voir d'avance le point où il veut aboutir et relier de temps à autre par des synthèses puissantes et compréhensives les enseiRTiements épars dans une branche dans un mois .ou dans toute autre période. Vers la fm de la scolarité seront placées un certain nombre de leçons ou de

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12 causeries systématiques pour permettre de saisir d'un coup d'œil l'ensemble des raisons qui militent en faveur de l'abstinence et de la tempérance. Ces quelques indications méthodologiques générales me permettent de passer brièvement en revue les principales bra!lches du programme des écoles primatres, sans insister sur le côté didactique de la matière, et de citer dans chacune d'elles, souvent sous forme d'énumération, les ressources qu'eUe offre au maître généreusement dévoué à la cause de l'abstinence pour nos élèves. L'assemblée générale me fournira l'occasion de traiter, à titre d'exemples, deux ou trois sujets tirés de ces séries. 1. Religion :

·Se modérer ou s'abstenir, c'est se renoncer, se mortifier. C'est avant tout la religion qui nous dicte nos devoirs dans l'usage des biens terrestres; à elle revient le rôle primordial dans l'éducation antialcoolique. Voici quelques sujets pour nos écoles: Histoire sainte: L'ivresse de Noé le festin de ·Balthazar, Je festin d'Hérode· l'abstinence de 'Daniel et de ses compa~ gnons, celle de saint jean Baptiste; textes de l'Ecriture parlant de l'usage du vin. Catéchisme : Indiquer à J'occasion des différents commandements les fautes causées par l'intempérance dans la boisson ;traiter l'ivrognerie, ou mieux l'alcoolisme systématiquement au y c commandement. . ruturgie: Signification religieuse du

vm. Sans l'inspiration religieuse, le mouvement de l'abstinence risque de dégénérer en un rigorisme hautain. 2. Langue maternelle :

Cette branche, par sa variété et sa souplesse, par l'impression profonde qu'elle peut produire dans l'âme de l'élève, se prête merveilleusement et sans

recherche à l'enseignement antialcoolique. Citons dans le livre de lecture à l'usage des écoles primaires du canton du Valais (cours moyen et supérieur) les numéros 153, 155, 157, 158, 159, 195, 199, 247, Q511, etc., morceaux auxquels on peut rattacher directement ou indirectement des considérations propres à inspirer aux enfants le désir et l'estime de l'abstinence et de la tempérance. Les observations et réflexions des élèves guidées par le tact pédagog.ique du maître n'auront pas grande peine à dégager d'un commentaire dialogué des conclusions d'une portée morale indéniable. 3. Calcul:

Ici, l'élève peut tirer de son expérience quotidienne et de ses rudiments de connaissances mathématiques tous les éléments d'un problème: prix des denrées, consommation journalière, pratique des opérations. Avec ces données il lui est aisé de calculer par exemple les dépenses alcooliques d'un buveur·, d'une famille, les économies d'un abstinent, la quantité de lait, de pain, etc., qu'on pourrait acheter avec la somme dépensée chaque semaine pour l'alcool, le temps que met une famille abstinente à économiser la somme nécessaire à l'achat d'une maisonnette, et ainsi de suite. N'est-ce pas là un enseignement bien vivant? En préparant ainsi, sous la conduite discrète du maître, les données du problème, en élaborant ces donnles et en extrayant de ces cas concrets une notion abstraite qu'il généralisera plus tard l'élève a le sentiment de trouvailles 'personneLles qui, par leur intime liaison avec une foule d'idées et de souvenirs, remplissent les conditions d'une leçon accueillie avec empressement et profondément enracinée. -En s'élevant progressivement et avec une sage lenteur du point de vue individuel et familial au point de vue corn-

munal et national, non seulement on sauvegarde et favorise les intérêts du programme de calcul, mais on a gra~­ de chance d'avoir ancré dans l'espnt de l'élève ces deux équations utiles : alcoolisme = gaspillage, pauvreté, dettes; , . abstinence ou temperance = acsance, bien-être. 'Les différents arguments frapp~t diversement tel ou tel esprit. Y en a-t~tl un seul qui soit complètement inaccessible à l'argument métallique? , Un certain nombre de problemes ainsi traités fournissent la matière d'une synthèse dont la conclusion par. rap_port à la vie économique est factle a prévoir. 4. Enseignement national :

(Histoire, géographie, enseignement civique.) !Un coup d'œil attentif sur le matériel de l'exposition itinérante suisse me fournit de nombreux sujets qui s'imposent pour ainsi dire d'eux-mêmes. J'énumère simplement: 1L'alcool et l'alimentation nationale. L'alcool et les finances nationales (dette publique). L'alcool et la défense nationale. ·L'alcool et l'école de recrues. !L'alcool et l'alpinisme. !L'alcool et la santé publique. "L'alcool et la dégénérescence (pour le cours complémentaire). . !L'histoire nationale et quelques fa1ts de l'histoire générale (destruction des tribus américaines par « l'eau de feu », les expéditions sans alcool au pôle nord, etc.) permettent d'illustrer d'une façon frappante des sujets abslru.its. 5. Sciences naturelles :

1Le programme de l'école primaire o-lane dans le vaste domaine des scien~es naturelles quelques chapitres, de préférence ceux qui ont une import~nce pratique. Y a-t-il beaucoup de questiOns


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qui, par leur contact tmmédiat avec la vie réelle et journalière, s'imposent à l'attention de l'éducateur au même titre que l'alcool? D'après l'opinion d'un spécialiste de l'e.nseignement antialcoolique, c'est aux

saences naturelles qu'incombe la tâche de poser le fondement en donnant des notions exactes sur la nature et la valeur de l'alcool et le danger de sa consommation; elles créent la base sur laquelle les autres branches en particulier l'enseignement religie~x et moral, élèvent l'édifice de l'abstinence et de la tempérance. Telle est aussi l'opinion de Mgr Egf(er, évêque de ISt-Oall et promoteur du mouvement abstinent parmi les c~~oliques suisses. Après avoir travallle longtemps, mais, à son avis, sans beaucoup de succès, au moyen des armes religieuses et morales, Mgr Egger formule cette conclusion: « II faut d'abord instruire les gens sur les ravages qu'exerce l'alcoolisme sur leur bienêtre terrestre et leur santé. Ces ravages peuvent être vus et touchés et seront pris en considération. Ce n'est que lorsque cette conviction aura préparé le terrain qu'ils seront accessibles aux motifs d'ordre moral et religieux. ,

C'est dans l'esprit de cet illustre champion de la lutte antialcoolique que je préconise pour les sciences naturelles et dans les limites qui leur sont tracées un enseignement alcoolique systématique qui, ~ mon avis, doit aboutir aux conclusions suivantes: !L'alcool n'est pas un aliment. 1La fermentation des fruits constitue un gaspillage. !L'alcoolisme nuit à la prospérité économique. il..'alcool n'est ni nécessaire, ni même utile d'une façon générale. 'L'alcool constitue un danger Pour le corps et l'esprit. 1Au lieu de fortifier, il affaiblit.

15 Au lieu d'augmenter la capacité intellectuelle, il la diminue. ILa maladie de l'alcool est causée uni. quement par les boissons alcooliques, et l'alcool de la bière, du cidre, du vin et d'innombrables liqueurs ne diffère pas essentiellement de l'alcool sous fonne d'eau-de-vie. \L'alcool est un poison pour le jeune organisme. !L'eau est la boisson naturelle du corps de l'homme. ·L'abstinence totale est en tout point recommandable. 1

Présenter les faits simplement, clairement, faire avant tout appel à la raison, accueillir et solliciter au besoin les réflexions des élèves, les rectifier et les compléter, mettre en relief les circonstances démonstratives sans les isoler de l'ensemble, formuler en une proposition typique la conclusion plus ou moins générale gui se dégage de la leçon, s'emparer ensuite de la vérité nettement reconnue pour la faire estimer et aimer, l'élever( à la hauteur d'un bien désirable, enfin entraîner la volonté à l'action conforme à la vérité vue et acceptée joyeusement, voilà une méthode efficace de l'ense~nement antialcoolique dans le cadre des sciences naturelles. 1

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Ces indications méthodologiques pourraient aisément s'étendre à d'autres branches de l'enseignement. Mais il importait bien moins d~être complet que d'avoir montré, à l'aide de quelques exemples, l'e§prit de cette méthode variée, souple et vivante au point de s'adapter aisément à la fois à l'âme enfantine et à la matière enseignée, sans dénaturer ni l'une ni l'autre. G. Réflexions :

ISi cer1tains su jets ne semblent pas pouvoir entrer aisément dans le cadre d'une b~anche ou si l'occasion d'en par-

ter se présente inopinément, il ~ a la ressource de causeries libres ou tmprovisées, dites réflexions, que le maître placera au début ou à la fin de la classe. Ainsi, pour prémunir les ~lèves contre

les préjugés les plus spéaeux de leur âge, il sera bon de prévoir un échange

B. €ducation antialcoolique par l'acte Mais on s'abuserait étrangement si. partisan d'un intellectualisme outré, on croyait la tâche terminée après avoir dénoncé les ravages de l'alcool et montré aux enfants le but et le çhemin; il

d'idées sur des questions telles que les faut surtout les faire agir; car l'acte suivantes: est l'essentiel. C'est en agissant conforile courage véritable (contre la fan- mément à la conviction acquise que t'on creuse le sillon profond. faronnade du buveur). il'éducation antialcoolique par l'acte, ;L'ami comme il faut (contre l'ivresse cette sorte d'ascétisme de l'abstinence, de complaisance). est d'abord affaire de la famille qui, 'L'emploi des loisirs (contre les lon- seule, règle le menu journalier. Il faut gues stations au cabaret). donc atteindre les parents et préconiser ILe qu'en dira-t-on (contre la tyran- auprès d'eux un régime sans a1cool nie de l'alcool dans la vie sociale). pour leurs enfants sur les bancs de l'éLa répercussion de nos actes (contre cole. Quelle que soit l'attitude personles crimes commis à l'état d'ivresse et nelle des pères et mères dans cette question quand il s'agit des adultes, il s'en contre l'hérédité alcoolique). trouvera relativement peu qui refuse7. Renseignements sur les succé· danés :des :boiasons alcooli· ront de se rendre aux raisons hygiéniques et morales qui réclament l'abstiques: nence pour _leurs jeunes enfants. Par Un complément indispensable de l'en- l'intermédiaire de nos élèves, les échos seignement antialcoolique consiste à de notre enseignement antialcoolique faire connaître aux enfants les succé- auront pénétré dans la maison paterdanés des boissons alcooliques: l'usage nelle qui aura été de la sorte familiariplus fréquent du lait pur ou du lait ad- sée avec l'idée de l'abstinence sans y ditionné de faibles quantités de café, de susciter la méfiance réservée souvent à thé ou de chocolat, la consommation de fruits frais ou séchés, suivant la saison. toute tentative directe. Comment aborder le sujet directel'introduction de cidre et de vins sans alcool, enfin l'eau fraîche et limpide, la ment? Chez nous les rapports officiels boisson hygiénique par excellence, même entre parents et éd11cateurs scolaires, tels que les soirées de parents avec conpour un estomac d'adulte.. férences et échanges d'idées, les récepa. Tableaux et lectures: tions à la maison d'école, les visites à 'L'enseignement antialcoolique .doit domicile, ne sont pas organisés et ne aussi suggérer l'idée par la vue, sott en s'imposent pas aussi impérieusement exposant périodiquement d~ tableaux et que dans les villes populeuses. D,ailgraphiques intéressants, sott en procu- leurs les allées et venues quotidiennes rant aux grands des lectures anüalcoo- dans nos agglomérations peu étendues liques. 111 faut avouer qu~, sur ce. der~ amènent un contact fréquent entre panier point, la bibliographte fr~nçats; a rents et maîtres. C'est dans ces renconla fois attrayante et mstruchve n est tres fortuites ou recherchées où l'on parle naturellement de l'œuvre commtme pas riche.


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qu'un conseil habilement glissé entrt ciale, l'école, auxiliaire de la famille, et deux mots d'éloge et d'encouraf!.ement la paroisse, famille religieuse, doivent trouvera bon accueil. Peut-être est-il suffire à toutes les exigences de l'édu-

même possible de faire toucher du doigt cation jusque vers l'âge de 15 ans. aux parents bien disposés la relation Mais pouvons-nous affirmer que les évidente entre telle faute ou tel défaut conditions sociales actuelles sont norde l'éduqué et ses habitudes alcooliques. males, et qu'en particulier sous le rapM'ais à quoi bon prétendre insinuer des port des habitudes à inculquer dans règles de conduite là où le tact péda- l'usage des boissons, la grande maiogogique et l'amour de l'enfance ind1- rité des parents remplit dans une mequent comme instinctivemnt la voie à sure convenable les devoirs d'éducasuivre! teurs? C'est à la négligence et à la déIl est à peine besoin de dire que la chéance du foyer familial disloqué par collaboration et l'entente entre le régent la déchristianisation croissante et la et les autorités scolaires sont nécessai- grande industrie qu'est imputable le res et que le concours des autres auto- fléau de l'alcoolisme qui mine lenterités sociales permet d'aboutir à une ré- ment, mais irrésistiblement, les fondesultante qui constitue un facteur sérieux ments de la société. En face de l'état du renouvellement social auquel vise la d'abandon où grandiss~nt ou végètent transformation urgente de nos mœurs beaucoup d'enfants, en face aussi des alcooliques. dangers de leur entourage et de l'ur'La vie scolaire elle-même offre des gence d'une prophylaxie énergique, on occasions d'éducation abstinente par ne peut nier l'utilité des ligues d'enl'action: promenades et fêtes scolaires fants abstinents. Peut-être même leur où l'influence du maître doit obtenir reconnaîtra-t-on une sorte de nécessité. l'absence de l'alcool, recommandations La forme de ces lif!.ues, loin d'être rila veille des jours de fêtes, sanctions gide, doit s'adapter avec une souplesse contre les délinquants qui, par leurs ex- docile aux conditions locales et ne ja· cès, nuiraient visiblement à l'œuvre sco- mais empiéter sur le domaine rëservé à laire. · la famille. Avec ces réserves et sous la C. Ligues d'enfants abstinents direction d'un guide prudent et dévoué, les sociétés d'enfants abstinents, olacées rPour concentrer, intensifier et faire sur le terrain de la formation du caracrayonner l'action éducative contre l'al- tère chrétien, peuvent devenin pour leurs coolisme, en même temps que pour gros- membres une source d'énergie, de désir les rangs des militants abstinents, vouement et de bonheur et rendre à la les promoteurs du mouvement antialcoo- cause antialcoolique des services stgnalique ont organisé la jeunesse en ligues lés. Douées d'une large et réelle autoet associations, connues en Valais sous nomie sans échapper à la conduite disle nom de « Réveil/». A ces groupe- crète du maUre, elles préparent des jeuments d'enfants s'appliquent les criti· nes gens que la liberté de la vie postques adressées, à tort ou à raison, à scolaire ne jettera pas au dépourvu dans toute organisation infantile en dehors les caprices d'une existence sans frein des sociétés naturelles et historiques. ou dans les embarras du serf affranchi. Loin de partager l'enthousiasme béat de tout ce qui sent la manie de créer D. Ouvrir d'autres sources des sociétés, j'estime que, dans des conde joie ditions normales, la famille, cellule so!L'école elle-même et les ligues d'en-

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fants abstinents auront mille occasions de travailler pour l'assainissement social contre l'invasion de l'alcoolisme en alimentant les sources traditionnelles de joies enfantines qui coulaient autrefois si abondantes et que l'esprit moderne s'efforce de tarir sous l'amas de plaisirs factices et malsains; je veux parler de ces mille petits riens que le bambin non gâté ou blasé tourne en jouets, du bonheur inconscient de tout enfant bien né de vivre dans l'atmosphère chaude et bienfaisante de Iâ famille, des premières émotions religiell· ses; ajoutons-y comme surcroît ces arts d'amateurs et occupations attrayantes et utiles auxquels s'adonnera avec plaisir le jeune homme devenu ouvrier, apprenti ou étudiant, et qui pourront peutêtre même distraire l'homme au milieu des soucis de l'existence: le jardinage, certains sports modérés, la vie avec la nature, l'habitude d'une saine lecture, une foule d'innocents plaisirs dont le souvenir sans amertume prévaudra con· tre les réminiscences empoisonnées des coupes pleines et des petits verres.

€. La personnalité du régent Il peut sembler que l'emploi assidu de tous ces moyens, procédés et industries doive conduire infailliblement au succès. Si jamais le culte du mécanisme des méthodes et la confiance aveugle en leur infaillible efficacité peut conduire à des déceptions, ce sera bien le cas ici. Il a été rappelé plusieurs fois au cours de cette étude que la conviction sincère du maître doit dicter les arguments et que son enthousiasme communicatif doit passer, par le véhicule de sa parole chaude et entraînante, dans l'âme de ses auditeurs. N'était-ce pas dire que le principe de vie de ce mouvem,_ent d' abs-

tinence parmi nos élèves est la personnalité du maître qui est engagée inté-

o-ralement dans cette cause? L'attitude équivoque de l'éducateur qui, à l'école,

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fulminerait contre l'alcool et qui, dans son for intérieur et dans sa vie privée, réserverait aux jouissances du verre une trop large part, créerait une situation contradictoire impossible à voiler longtemps. Le succès de la lutte antialcoolique exig-e de la part du maître la pra·

tique de la plus stricte tempérance. L'éducateur populaire, plus que tout autre, a le devoir d'entraîner par son exemple et d'éviter tout ce qui pourrait s'interpréter dans le sens d'une prédilecti~n marquée pour les boissons alcooliques. Même en s'imposant des limites très étroites, rarement respectées même dans les milieux qui croient avoir droit au renom de tempérance dans toute la force du terme, le maître non abstinent risque d'effaroucher l'esprit trop simpliste de l'enfant qui ne comprend pas encore !es raisons de la double mesure appliquée aux jeunes et aux adultes. Alors c'est l'abstinence que vous exigez de nous? Le mot « exigez :. est vraiment trop fort. ;Pour exiger, il faut en avoir l'autorité. 1Mais voici un trait qui vous fera deviner ma pensée: Le car-

dinal Manning avait cru pouvoir concilier la tempérance personnelle avec la croisade de l'abstinence pour les autres. 1Lorsqu'un jour il exhorta un ouvrier à renoncer à la boisson pour ne pas sc ruiner avec sa famille, il reçut cette réponse : o:; )Mylord, vous buvez aussi, mais non pas des liqueurs bon marché comme moi. » « Mais plus une goutte à partir d'aujourd'hui!» répliqua le cardinal, vivement frappé par la réflexion de l'ouvrier, et à sa mort, on compta à Londres 28,000 abstinents catholiques entraînés par son exemple. !La lutte antialcoolique est une sorte de rachat. Toute rédemption morale se fait par le sacrifice, conformément au divin modèle, et nous voudrions être en quelque sorte corédempteurs en tirant l'enfance et la jeunesse des chaînes de


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l'esclavage de l'alcool. Ce serait présomption de vouloir réussir par une autre voie. Nous sommes ici en face d'un point de la réforme sociale qui. comme toute réforme véritable, doit partir de l'intérieur et transformer quelques âmes pour rayonner ensuite et s'étendre sur ceux qui sont habitués à suivre un courant établi. Telle est aussi l'opinion des évêques suisses qui, dans leur lettre collective de 1893, s'expriment ainsi: «Veut-on arriver à la réforme de la vie actuelle, vie qui n'aspire qu'à jouir, il faut que

acquérir une connaissance exacte de la population? Je n'entreprendrai pas de réfuter ni même d'énumérer les objections, toutes sérieuses, contre l'abstinence, objections dont l'enchevêtrement forme un nœud inextricable. Ce nœud, faut-il essayer de le défaire? Ce serait dépenser en pure perte beaucoup de peine et de _patience. Maints de nos col-

qui s'en sont écartés ou qui sont en danger de s'en écarter. ·Le motif déterminant de l'abstinence ne doit être que celui des conseils évangéliques, savoir: L'amour dévoué pour Jésus-Christ et la charité pour les hommes. ,. •Le professeur 1Hilty est encore plus explicite: «l U y a au moins trois classes d~ personnes de tout peuple qui seraient tenues à l'abstinence si elles sont convaincues, ainsi que je le supqose, des dangers actuels de l'alcoolisme: le clergé, le corps médical et le personnel enseignant. Tant que ceux-ci ne sont pas abstinents, leur exemple sera considéré comme faisant loi. Mais quand la plupart d'entre eux seront abstinents, ce qui me paraît possible, la cause est à moitié gagnée, et il n'est plus nécessaire de travailler péniblement par l'enseignement antialcoolique. L'exempte de ces trois classes agit de lui-même et bien plus efficacement que les paroles. » Vous persistez donc à vouloir nous enrôler dans l'abstinence? Ce serait là, comme dirait 1Platon, un beau risque; ni votre bien-.têtre matériel, ni votre santé, ni votre compétence profession~elle, ni votre valeur morale n'y sombreraient! Mais l'estime des concitoyens? Et les relations sociales? Et la bonne occasion que la fréquentation des auberges pour

F. Abstinence aux écoles normales

quelques-uns s'élèvent jusqu'au-dessus du précepte strict, pour le salut de ceux

lègues l'ont tranché par un acte de volonté, et à part les « ennuis » inévitables de tout acte d'indépendance qui heurte les préjugés et a seulement l'air de vouloir s'imposer, leur décision leur a valu entre autre une plus grande liberté.

•L'abstinence totale se recommande particulièrement aux plus jeunes membres du corps ensei~nant qui disposent encore d'une plus grande facilité d'adaptation et n'ont pas encore à ·compter avec des habitudes aussi solidement enracinées. Les jeunes qui vont entrer dans nos rangs au fur et à mesure que les années renouvellent les générations auront entendu plus distinctement les

cris de détresse de l'enfance menacée par l'alcool. Beaucoup d'entre eux se

seront préparés à cette tâche spécialE' de leur fonction d'éducateurs non seulement par une étude plus exacte de la question alcoolique et des détails de la lutte, mais encore et surtout par la pra-

tique de l'abstinence pendant leurs années de formation. La semence jetée aux

écoles normales lève peu à peu et autorise l'espoir d'envisager une collaboration plus active du corps enseig-nant primaire au relèvement social par la guerre à l'alcool. 'L'insistance avec laquelle j'ai parlé de l'abstinence a pu éveiller l'idée que je la considère comme obligatoire. Ce serait là un rigorisme que la doctrine catholique ne justifie pas. Quelque re-

commandable que soit l'abstinence, elle reste pour la plupart d'entre nous une question d'ascetisme moral et péda~o­ gique. Tout éducateur fidèle aux pr~­ criptions de la tempérance peut et dott travailler de tout son pouvoir à l'éducation antialcoolique de notre jeunesse sous la forme de l'abstinence infantile. ==

11° ILes ligues d)enfants abstinents sont à promouvoir. 12° L'âme de l'éducation abstinente est la personnalité du maître qui. à défaut de l'abstinence elle-même, doit pratiquer la plus stricte tempérance.

Courage!

Quel que soit notre choix pour notre vie persoimelle, tempérants ou abstiConclusions nents nous avons à accomplir, dans le IArrivé à la fin de mon rapport, qu'il cham'p étroit de notre activité, une tâme soit permis de mettre en relief la sé- che dont la grandeur, loin de nous efrie des principales conclusions qui s'en frayer et décourager, doit stimuler .notre zèle et enflammer notre enthousiassont dégagées au fur et à mesure: 1° (L'alcoolisme moderne est une é- me. pidémie sociale. Sursum corda! 2° Cette épidémie atteint beaucoup Ce serait méconnaître l'importance d'enfants, soit par l'hérédité, soit du travail indiSpensable fotll11i dans par la consommation précoce d'al- nos modestes salles de classe et ignorer cool. le fait que tout courant populaire bien3° L'alcoolisme infantile est la cau- faisant et durable tire son origine de la se de nombreuses tares physiqueS, pénible et obscure beso~ne de ceux q~i intellectuelles et morales. élèvent la jeunesse, SI l'on essayatt 4° Ces tares empêchent le succ~s de de détourner un éducateur de sa sul'éducation scolaire. blime mission par la perspective d'une 5° ,L'abstinence infantile s'impose plus vaste sphère d'action. :Mais il ne peut être qu'utile d'élargir notre hojusque vers l'âge de 15 ans. 6° La société doit protéger l'enfan- rizon et d'exalter notre éner~ie par la ce contre les dangers de l'alcoo- vue de l'édifice grandiose au fondement duquel chacun d~ nou~ apporte, ~a.ns lisme. bruit la pierre necessarre. Cet edlftce 7° C'est à l'école, au nom de la so- n'est autre que la société actuelle renouciété, que cette tâche incombe. velée, suivant la pensee de Pie IX qui 8° L'éducation abstinente doit se a envoyé les paroles suivantes d'encouplacer sur 1~ terrain de la forma- ragement à des évêques luttant contre tion du caractère chrétien. le fléau: 9° 'L'arme spécifique de l'école con« Par votre zèle à combattre le vice tre l'alcoolisme est l'enseigne- abominable de l'alcoolisme, vous ne lutment alcoolique, généralement oc- tez pas seulement contre ce fléau, mais casionnel, excepté dans les scien- encore contre les maux indescriptibles ces naturelles où il doit être sys- dont il est la source. Vous vous dépentématique. sez pour les intérêts de la religion, pour 10° tle régent s'efforcera de gagner le bien-être de vos semblables, pour la les parents à la cause de l'absti- · prospérité de votre patrie, et si, avec la grâce de !Dieu, vos efforts sont counence infantile. 1


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ronnés de succès, vous attirez des bienfaits multiples sur votre peuple. :. Que notre zèle soit soutenu par cette parole du divin 1Educateur: c En vérité,

je vous le dis, toutes les fois que vous f avez fait (c'est-à-dire l'œuvre de mi-

séricorde) à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. • {IMatth. XX:V. 40.) Sion, le dimanche du bon Pasteur 1921. C. ORTBLINO.


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