8 Pierre fait un violent efiort pour se rap· che. Il y a UJ1: enfant Jésus couché sur la paille, une Vierge à goooux, un sa•nt Joseph peler. Se-s yeux agrandis et fixes disent le debout, un berger qui s ï ncline, trois m1ges tra'Vail qtli se fait dans sa tête d'entant. Et prosternés, un >bœuf et un âne. Tout -cela vit011t d 'tul coup la vision de la nuit lui revant, bien en\endu. Et soudam, Pierre es: vient à 1esprit. , - Ah! ooi, je me souviens. •La chapelle embarrassé. ,Il n'a ni agneau comme le berger, ni ciboire doré comme les rois mages. était toute blanche, et c'était plein d 'étoiles Or, Jésus lu~ demande son présent. Que va- ~ans le ciel. Il y avait l'Enfant Jésu;s au mi· lieu, et pulis .... t-H lui offrir? Rien, hélas! et il s·en eXC'U.·Se .Pierre 'Se met à raconter. ça 1t'en finis· timidement: sait pas. Sa. mère l'ipterrompt: - ·Petit Jésus, Je n 'ai rient ~ Ah! tu vois bien que tu y étais! Et Et l'Enliant Jésus lu'i répond: - Donne-toi au bon Dieu en te faisant qu'est-ce qu'il t'a dit, l' Eniant Jésus? - Voilà. Quand i'ai vu que le œrger el prêtre, un jour, quand tu .seras grand. les mages lui o.ilfraient des présents, et que Cette phrase, sa mère la lui a di1e souvent. Il ne la comprend pas très bien. Il en- moi je n'avais rien, j'a; été très embarrassé, tend qu'il sera comme M. le Ouré, qu'il dira lu comprends . . . Alors, il m'a dit la mèlœ la messe tous les matins, qu~l chantera les chose que toi : • Do•me-toi au bon Dieu en te Vêpres le dimanche, et qu'il portera le Saint faisant prêtre, un jour, quand iu seras Sacrement pendant les processions. Mais il grand. • C'est rurieux, dis? La mère s'extasie et, triomphant, dépose ne conwrend pas qu'il 1ui laudra tout donner à Dieu: sa vie avec ses aises, sa volonté avec un baiser sur le front de J'enfant: - Tu rvois bien que j'a.va.is raison ! ses caprices, sa ueunesse et son cœu:r. C'est - M.ais, maman comment savais-tu que drôle que PEniant Jéws luà dise la même <ftlose ,que sa mère! C'est donc vrai que Dieu 1Enfant Jésus le voulait ? - Il me l 'avait dit. .. l'an dernier. A!lons, lui demande ce don de Jui·tnême, quand il sera grand, don pLus !beau que tous les au- dors .maintenant, car ü t dois être hien fatigué. tres dons ? Sa mère le sa!Vait évidemment ... Et le petit 1Piierre s'endort, convaincw d 'aCette sup.po&iHon rparait étonnante au ;petit Plierre, mais, à la .réflexion, il la troUJVe tou- voir été à la chapelle et ·que l'Enfant Jésus te natwrelle. Oui, sa mère devait le savoir, lui a dit de ·se donner à Dieu· en se faisant prêtre, quand il sera grand. puisqu'elle le lui arvail déjà dit. Pourtant, ce n 'était qu'un rê'Ve, vivifié par Pierre s'est approché de l'Enfant Jésus awec qui maintenant il converse familièrement, la phrase maternelle. M'ais, à cet âge, la vie car, la conversation continue, le ilialogue est-elle autre dlose qu'u n .beau rêve, un .beau s'éternise, mais c'est tou.jour! 1a même phrase songe que la religion chrétienne excelle à peupler de ses blanohes visions? qui l'alimente : - Donne-foi au bon Dieu en te faisant prêtre un jour, quand tu seras gran<l Sourlain, tout chavire, tout s'éteint, tout t !Heureux qui peut se dire en sorlant de ce monde, disparaît. Il n'y a plus ni chapelle, ni. crèche, A!u moment où Je tiour s 'obscurcit à ses yeux, bi étoiles. Le petit Pierre, qui entend eLu Qu'il a connu l'amowr et l'amitié féconde; bruit, .s'est dressé sur son lit: Il eurt SUJI' œtte terre un avant-goût des cieux. - Maman, 1e veux a;ller à la messe de miAlph. Scheler. nuit! • - Mais tu en V'iens!. . . Nous en venoos! J * * Regarde, je suis toute cou!Ver(e de neige. Tu 1 t L'envie est la vermoulure des os. ne te rappelles pas ? La Bible.
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Supplément spêcial à l'ECOLE PRIMAIRE (Avril 1921)
LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME PAR L'ECOLE RAPPORT POUR L'ASSEMBLEE GENERALE DE LA
SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION A MONTHEY, LE 26 AVRIL 1921
1La multitude distraite est incapable obscurs que pose le bien-être du corps de saisir les courants lents et silen- social. cieux qui entraînent la .vie d'un peuple vers l'issue fatale de la déchéance. L'alcoolisme a bénéficié de cette inatAu milieu de la continuelle agitation tention pour continuer, dans l'ombre de de l'opinion publique sous les coups l'oubli, son œuvre néfaste d'intoxicades crises sociales et politiques, ceux. tion lente, mais implacable. Tandis que là aussi qui, par vocation, par la direc- toutes les activités de la vie nationale tion de leur vie intellectuelle et morale se dépensaient fiévreusement pour paou par goût, vouent d'ordinaire leur rer à des attaques éventuelles de la attention aux pulsations moins percep- part de ,quelque ennemi extérieur postibles de la vie nationale, ont été dé- sible, l'alcoolisme, ennemi intérieur tant tournés de ces questions d'une impor- de fois dévoilé, a continué à miner l'ortance indéniable par le bruit des armes ganisme social. et les surprises journalières d'une puIl paraît oiseux d'examiner si la blicité complaisante. progression du mal s'est accélérée penLes gouvernants eux-mêmes, aux pri- dant la guerre mondiale, alors qu'il est ses avec le réseau inextricable des dif- certain qu'elle ne s'est pas ralentie. ficultés économiques et diplomatiques N'est-il pas temps de nous retourner sans cesse renaissantes, semblent avoir vers cet ennemi qui, sournoisement, se perdu de vue l'urgence de résoudre des livre à des attaques incessantes et couproblèmes en apparence modestes et vre le corps de la nation de blessures