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Le Plessis-Macé
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ISBN : 979-10-93572-41-3 Prix : 7 €
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Château du Plessis-Macé Angers
Premier corps de logis, 1450-1451
Motte (XIe) et logis-tour (donjon), vers 1440
Extension nord, 1468-1469 Porte dees Champs, vers 14550 ?
Grande vis
Chapelle Saint-Michel, 1468-1469
Corps de logis annexe, 1467-1468
Communs, vers 1473 Porte de Ville, fin XVe-X - VIe -X
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SOMMAIRE
HISTOIRE ET ARCHITECTURE 14 Les premiers seigneurs du Plessis-Macé 16 Louis de Beaumont, un homme de guerre au service des rois de France 21 L’affirmation du château du Plessis-Macé comme véritable place forte 22 Un premier corps de logis édifié dans la cour (vers 1450) 25 De nouvelles ambitions architecturales (vers 1470) 27 Le cadre privilégié d’une vie de cour… avant un lent déclin 35 La renaissance d’un monument emblématique du patrimoine angevin 39
LES DÉCORS INTÉRIEURS ET LE MOBILIER 42 Les souvenirs d’une époque fastueuse 44 Le renouveau d’une demeure luxueuse 46 Le reflet des arts en Anjou 48 La généalogie des seigneurs de l’Anjou 52 Un pianoforte du xviiie siècle 53 La Description de l’Égypte d’un ministre angevin 54 Une création originale 57
LES NOUVELLES VIES DU PLESSIS-MACÉ 58 La prise en compte de l’environnement 60 Une identité liée au théâtre 61
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chrono
Le Plessis-Macé en dates
1450-1475
xie siècle
C’est au xie siècle que remonte la fondation du château du PlessisMacé. Une motte, sans doute surmontée d’une tour, et une grande basse-cour où devaient se dresser plusieurs bâtiments constituaient la résidence fortifiée des premiers seigneurs, qui favorisèrent également la création d’un village protégé par des fossés.
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1440
Alors que la guerre de Cent Ans n’est pas encore achevée, le jeune seigneur Louis de Beaumont fait réaliser d’importants travaux, comprenant notamment l’édification d’un grand logis-tour au sommet de la motte et celle d’une enceinte renforcée de tours circulaires.
Les grands corps de bâtiment qui bordent la cour ont été construits en plusieurs campagnes entre 1450 et 1475. L’ampleur du programme architectural témoigne des ambitions de Louis de Beaumont. Attirés par ce cadre seigneurial et par les vastes forêts giboyeuses qui s’étendent aux alentours, plusieurs rois de France — Louis XI, Charles VIII, François Ier, Henri IV — séjournèrent au château.
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ologie xviie siècle
Le château perd son statut de résidence seigneuriale et finit par être géré comme une simple ferme. Les bâtiments qui ne sont pas directement liés à la gestion du domaine se dégradent : le « donjon » est ainsi progressivement gagné par la ruine et finit par être noyé par la végétation.
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1865
La comtesse Walsh confie à l’architecte angevin Auguste Bibard le soin de restaurer le corps de logis principal. Respectant l’état médiéval du monument, il reprend certaines ouvertures afin de laisser entrer davantage de lumière.
xxe siècle Propriété du Département depuis 1967, le château est à nouveau restauré entre 1984 et 1990 sous la direction de Pierre Prunet, architecte en chef des monuments historiques. Dans les années 1970, il accueille les premières représentations du Festival d’Angers puis d’Anjou.
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Édifié aux avant-postes d’Angers, le château du Plessis-Macé offre d’abord au visiteur l’image d’une puissante place forte baignée de douves et ceinturée de hauts murs de courtine. L’impression est tout autre dans la cour, où s’épanouit un ambitieux programme résidentiel édifié en quelques décennies. Les volumes découpés des logis, hérissés de lucarnes et de tourelles, composent le décor luxueux d’une maison seigneuriale qui accueillit plusieurs rois de France.
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Les premiers seigneurs du Plessis-Macé Les origines de la seigneurie du PlessisMacé sont à rechercher au milieu du xie siècle, à une époque où les comtes d’Anjou, soucieux de conforter leur domination, s’attachent la fidélité de familles puissantes. À partir des résidences fortifiées qu’elles se font édifier, elles viennent épauler le pouvoir comtal pour organiser l’occupation du territoire, contrôler les principaux axes de circulation et tenir les frontières.
Situé à une quinzaine de kilomètres au nordouest d’Angers, le château du Plessis-Macé est implanté au sud du massif forestier de Longuenée, à proximité de la voie d’origine antique reliant Angers à Rennes et donc à portée des incursions bretonnes.
Le nom du site signifie littéralement le « plessis » de Macé ou Matthieu. Le terme de « plessis » désignait un domaine protégé par des haies dont les arbres avaient été pliés et entrelacés de façon à créer des barrières impénétrables. Ces murs végétaux empêchaient le bétail de fuir et réduisaient les risques d’attaque en faisant office de fortifications. Macé [Ier], fils de Renaud et de son épouse Richilde, était seigneur du Plessis dès la seconde moitié du xie siècle. La reconstruction du château du PlessisMacé dans le courant du xve siècle a entraîné la disparition presque complète des états antérieurs. Cependant, l’organisation générale du château semble directement héritée du xie siècle, à commencer par la motte castrale, cette grande butte de terre de 45 mètres
Le château et le bourg du Plessis-Macé sur le premier cadastre, 1812.
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Vue aérienne du château et du village depuis l’ouest.
de diamètre, entièrement ceinte d’un profond fossé, et au sommet de laquelle se dressait vraisemblablement une grande tour. Au pied de la motte s’étendait une basse-cour d’environ 6 000 mètres carrés, délimitée par un talus précédé d’un fossé sans doute partiellement en eau. Des bâtiments d’habitation, des équipements domestiques et peut-être aussi agricoles devaient se répartir autour de l’espace central. Un troisième enclos, plus vaste, a sans doute été ajouté rapidement pour créer les conditions favorables au développement d’un village, placé sous la protection du château et défendu par une levée de terre probablement palissadée et doublée d’une douve. Au croisement des deux chemins
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qui le traversent se trouvait une chapelle, dédiée à saint Pierre, que Macé [Ier] et sa mère donnèrent à l’abbaye Saint-Serge d’Angers, avec d’autres revenus, pour le salut et l’âme de Renaud, leur père et mari défunt. Les moines y établirent par la suite un prieuré. Au soir de sa vie, dans les années 1080, Macé prit l’habit monastique et se retira à Saint-Serge. Le village fut érigé en paroisse, détachée de celle de La Meignanne, sous l’épiscopat d’Ulger, vers 1135-1140. Le château était le siège d’une seigneurie châtelaine, signe de l’importance d’un lignage dont les membres appartenaient à la haute aristocratie. Les seigneurs du Plessis, qui portaient des armoiries de gueules fretté d’or, vont se succéder
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L’affirmation du château du Plessis-Macé comme véritable place forte Les premiers travaux sont probablement engagés vers 1440 : la menace anglaise sur les campagnes angevines, dont l’économie peine à se réorganiser, est alors encore prégnante. Louis de Beaumont fait édifier un corps de logis au sommet de la motte héritée des lointains seigneurs du Plessis, qui avaient fondé le château près de quatre siècles auparavant. L’édifice, particulièrement compact et solidement défendu, avait la forme d’une grosse tour résidentielle, selon une formule très en vogue depuis la fin du xive siècle. Ces bâtiments hybrides permettaient d’aménager des pièces d’habitation relativement confortables dans une tour offrant de réelles capacités défensives. Le « donjon » adopte un plan rectangulaire d’environ 24 mètres par 17 mètres; il est cantonné de contreforts plats que coiffent
Vision romantique du donjon, gravure de Peter Hawke, 1843.
La façade sud du donjon, percée de fenêtres et de canonnières.
→ Façade principale du donjon dominant la cour.
→ Le donjon, huile sur toile de Prosper Barbot, 1850.
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des échauguettes. Les trois murs tournés vers l’extérieur de la place présentent aujourd’hui des façades assez austères où domine la couleur sombre du schiste, auparavant masquée par un enduit. Les fenêtres, dont certaines sont protégées par des grilles de fer, et les canonnières taillées dans des blocs de tuffeau annoncent la double fonction résidentielle et défensive de la tour. La quatrième façade, tournée vers le corps de place, a fait l’objet d’un traitement monumental accentué par la présence du fossé intérieur avec son escarpe chemisée de pierre. Des arcs lancés entre la tour-porche centrale et les contreforts latéraux supportent une file continue de mâchicoulis au-dessus de laquelle s’élève une imposante lucarne en
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pierres de taille de tuffeau qui vient encore renforcer l’élancement de la composition. Sur son fronton figurait un écu aux armes de Louis de Beaumont, de gueules à l’aigle d’or accompagné d’un orle de chausse-trapes d’argent. Une rampe de bois portée par des piles de maçonnerie permettait de rejoindre l’entrée de la tour. Le porche, défendu par un pont-levis à flèches et un assommoir, débouchait à l’origine sur une cour exiguë flanquée de deux ailes. Au fond se dressait une tour d’escalier polygonale qui desservait un niveau de cave semienterré et les trois étages. Les élévations intérieures en pan de bois des deux ailes ont complètement disparu ; les pièces inférieures abritaient vraisemblablement
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← La chapelle castrale et ses exceptionnelles tribunes gothiques.
L’escalier en vis desservant les étages du corps de logis principal.
secondaire. Des refends en pierre – contre l’un d’eux s’adossent quatre cheminées – remplacent les subdivisions en pan de bois. Un autre mur est inséré dans la partie sud de la salle pour créer des chambres supplémentaires. Ces remaniements sont accompagnés par le percement de nouvelles fenêtres à meneau et traverse, surmontées de grandes lucarnes. Le tuffeau mis en œuvre pour les parties recevant un décor de taille ou de sculpture vient égayer les élévations austères montées en moellons de schiste. Plus au nord furent réalisées deux extensions se développant de part et
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d’autre d’une petite cour triangulaire au droit de la tour d’angle. La partie sud, qui prolonge le corps de logis primitif, comprend à l’étage une chambre et un ensemble de trois latrines disposées à l’aplomb d’une grande fosse. L’aile en retour vers l’est abrite deux belles pièces par niveau. Celles du rez-de-chaussée semblent avoir été destinées à accueillir les servitudes, notamment les cuisines. De façon assez surprenante, la desserte des deux pièces de l’étage se faisait par un escalier extérieur plaqué contre la façade. Ce choix ne peut qu’étonner : à cette époque, les tourelles d’escalier
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Les arts décoratifs sont les témoins privilégiés de la personnalité des habitants d’un lieu. Au château du Plessis-Macé, certains ont choisi la fonctionnalité, comme au temps de la ferme ; les Walsh, eux, ont préféré une rêverie sur le passé, et les LangloisBerthelot une invitation aux voyages exotiques. Aujourd’hui, c’est une image des arts en Anjou qui est proposée à travers les collections réunies par le Département : la déambulation de pièce en pièce devient alors chemin d’histoire.
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Les souvenirs d’une époque fastueuse Du décor intérieur et du mobilier que virent les souverains qui résidèrent au PlessisMacé (Louis XI, Charles VIII, François Ier, Henri IV) il ne reste que peu de chose : les volumes des pièces et les cheminées de grande ampleur dans les salles principales, un rare tournevent (tambour d’entrée en bois permettant d’éviter les courants d’air) au premier étage ou quelques portes donnent une idée de l’agrément de cette demeure, mais c’est dans la chapelle que subsiste le décor le plus fastueux. Une tribune communiquant avec les salles du château est desservie par un escalier en bois qui descend dans la chapelle et par une coursière extérieure la reliant à la tour de l’escalier de pierre. Les panneaux de chêne délicatement ajourés d’un décor de mouchettes et de soufflets, caractéristique de l’art de la fin du xve siècle, forment des cloisons à claire-voie avec les pièces à l’arrière dotées de cheminées tant au rez-de-chaussée qu’à l’étage : la chaleur est ainsi maintenue tout en facilitant la vue et l’audition des offices. La tribune elle-même s’organise en deux espaces distincts. L’un, au sud, est fermé par une cloison ouvragée s’ouvrant par une porte sur la salle à l’arrière et par une autre sur l’autre partie légèrement en contrebas, formée d’un simple parapet à hauteur d’appui. En revanche, les panneaux ajourés au
second étage n’ont que peu d’utilité : à cet endroit le niveau du plancher du logis est nettement plus haut et l’on peut tout juste imaginer la possibilité d’une vue biaise à travers la charpente. Cette salle n’avait d’ailleurs pas de fonction majeure, n’étant pas même dotée d’une cheminée. On ne connaît pas d’équivalent en France de cet ensemble ouvragé.
Un rare tournevent du xve siècle subsiste au premier étage.
Entrée de la grande salle haute depuis l’escalier de pierre.
Détail de la claire-voie de la tribune de la chapelle.
→ La tribune de la chapelle.
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Le reflet des arts en Anjou À partir de 1908 Charles-Victor Langlois, directeur des Archives de France et nouveau propriétaire du Plessis-Macé, entraîné par sa passion pour l’époque médiévale, poursuit la restauration du château. Il s’y installe avec un mobilier varié, tant français qu’oriental.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il met sa demeure à la disposition de l’administration pour y abriter les collections des musées de France, puis les fonds des archives départementales : ce fut le premier contact avec le Département de Maineet-Loire.
du décor intérieur du xixe siècle. Les précédents propriétaires n’avaient laissé que peu de meubles, aussi la vente aux enchères d’une partie du mobilier ornant le château de Montreuil-Bellay, en 1971, vient-elle à point nommé : c’est de cette demeure, qui appartint aussi aux du Bellay, que proviennent les tapisseries ainsi qu’un ensemble de coffres et de malles de grande qualité du xve au xviiie siècle.
En 1967, cette collectivité territoriale reçoit en don le château, tout en laissant à M. Langlois et à ses fils l’usage, leur vie durant, d’un appartement dans l’aile nord. Les travaux se poursuivent, tendant notamment à faire disparaître une partie
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← Les collections d’art asiatique des LangloisBerthelot, vers 1930.
Coffre du xve siècle.
Coffre de la Genèse, début du xvie siècle. ← La tapisserie des Dieux de l’Olympe côtoie un mobilier provenant de la préfecture d’Angers.
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La plupart des tapisseries sont issues des ateliers d’Aubusson. Une scène se déroulant sur l’Olympe illustre la plus importante : assis sur leur trône, Jupiter et Junon, reconnaissables à l’aigle et au paon à leurs pieds, accompagnés d’Hercule (à droite), écoutent un messager que Mercure (dans le ciel) vient de conduire auprès d’eux. Cette pièce fait vraisemblablement partie d’une tenture, tout comme celle qui représente Diane chasseresse avec un lévrier. Ces deux œuvres, qui datent du milieu du xviie siècle, révèlent le goût aubussonnais pour l’enrichissement ornemental, avec la représentation d’un tapis persan ou les vêtements amples, agrémentés de ceintures et de cuirasses aux riches effets. Une tapisserie se démarque qui, bien que fragmentaire, ne connaît actuellement pas d’équivalent. Il s’agit de celle qui représente le consul Paul-Émile, comme l’indique un cartouche dans la partie supérieure. L’histoire de ce personnage est rapportée par Plutarque dans sa Vie des hommes illustres. Paul-Émile, homme austère, grand augure et bon stratège, beau-frère de Scipion, vient d’être élu consul pour la seconde fois afin de vaincre enfin les troupes du roi Persée de Macédoine. Le soir de son élection il rentre chez lui et trouve sa fille éplorée car son petit chien, nommé Persée, vient de mourir : PaulÉmile interprète cet événement comme un heureux présage. Les Romains seront en effet vainqueurs (chapitre xiv).
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Louis XI recevant Louis de Beaumont, vitrail par Jean-Adrien Mercier, 1987.
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Une création originale Jean Sauvage (1909-2005), président du Conseil général de 1982 à 1994 après avoir été député puis sénateur, était un homme cultivé qui fut membre de la commission culturelle du Sénat. Il se passionna pour le château du Plessis-Macé en ayant à cœur de l’entretenir mais aussi de lui donner une nouvelle vie, en aménageant notamment les communs. La chapelle ne possédait plus de vitraux anciens, aussi eut-il l’idée de confier à un Angevin, Jean-Adrien Mercier, le soin de concevoir une œuvre contemporaine (dont l’exécution fut confiée à Philippe Rollo d’Angers). Cet artiste, célèbre notamment pour ses affiches, ses illustrations de livres et ses aquarelles – il a notamment illustré de nombreux menus pour le paquebot France –, sut saisir la quintessence de l’atmosphère angevine, douce et délicate, harmonieuse et incitant au rêve au milieu d’innombrables monuments historiques et de paysages envoûtants.
Pour le vitrail de la chapelle du Plessis-Macé, il imagina une entrevue entre Louis XI et son chambellan Louis de Beaumont. L’harmonie colorée ne retient de l’époque médiévale que le chatoiement de son faste. Au sommet de la baie, des anges musiciens entourent la relique de la Vraie Croix à double traverse apportée en Anjou en 1244 : protégée par la famille ducale durant la guerre de Cent Ans, elle fut intégrée à ses armoiries. C’est ainsi que le roi René et après lui sa fille Yolande apportèrent la représentation de cette croix dans leurs territoires de Lorraine, alors que la relique n’a jamais quitté l’Anjou (elle est aujourd’hui encore vénérée à Baugé par les sœurs de la Girouardière), ce qui créa une confusion liée à l’expression « croix de Lorraine ».
Chambre Empire donnée par le président Sauvage. CARNETS D’ANJOU
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