isbn 979-10-92530-81-0
4577711
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ARMES DE SERVICE • FINANCE SOCIALE • SKI • WIKIPÉDIA • AVOCAT KURDE • LA REVUE DESSINÉE
L’information en bande dessinée
HIVER 2019-2020
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POLICE
Des flics et des flingues GILETS JAUNES
La bataille de Wikipédia SPORTS D’HIVER
Sur la mauvaise pente TURQUIE
l’avocat kurde
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Jeremy Perrodeau est un chercheur. Il invente des formes, trouve des couleurs, il ajuste, il juxtapose, bouscule les convenances. Il crée des récits étranges, fait naître des images rares, peaufinant à chaque dessin son monde singulier. Son prochain récit paraîtra en septembre 2020, aux Éditions 2024.
EN MARS 2020, VOUS TROUVEREZ DANS LE
numer 27 NUCLÉAIRE
En passant par la Lorraine
FIN DU MONDE
par Pierre bonneau, Gaspard d’Allens et Cécile Guillard
êtes-vous prêts ? Par Angela Bolis et Fabrice Erre
INTERPOL
L’outil des dictatures par Marine Dumeurger et Jean-Paul Krassinsky
FORÊT
Massacre à la tronçonneuse par Déborah Jacquot et Florent Grouazel
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ÉDITORIAL
U
n cliché. Une vision travaillée de la réalité, celle de neiges éternelles et de sommets immaculés. Qu’importe si ce paradis blanc est artificiel, tant que les dameuses et les canons à neige restent en dehors du champ, tant qu’ils continuent à cracher leur décor de carte postale et à masquer les signes criants d’un climat détraqué. Un cadre. Une vision fragmentée de la réalité. Celle de bols d’air et de vacances d’hiver devenus de moins en moins populaires. Une réalité perchée à des kilomètres de la précarité et de la colère qui, vêtues de jaune fluo, ont explosé sur les ronds-points il y a tout juste un an. Des images dont nous savons nous méfier, mais que nous préférons décortiquer. L’image des remontées mécaniques qui tournent comme si de rien n’était. L’image d’une police en pleine maîtrise de ses armes de service. L’image d’un monde de la finance en plein tournant « social et solidaire ». En bande dessinée, l’artiste coupe, cadre, met en scène. Sans toujours l’assumer, le journaliste fait de même. Parions que leur complicité nous mène un peu plus près de cette insaisissable réalité.
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SOMMAIRE
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AU PIED DE LA LETTRE Vos messages, nos réponses.
LA SÉMANTIQUE, C’EST ÉLASTIQUE Que cachent les noms de ces villes mille fois rebaptisées ?
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RETOUR À ISTANBUL
DANS LA PLACE
Elle est française, il est kurde. Récit d’une amitié sur fond de dérive autoritaire.
À deux pas des ministères, la Maison de la Chimie fait la part belle aux lobbies.
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BALLES PERDUES
MI-TEMPS
Pour le meilleur et pour le pire, flingues et flics sont unis pour la vie.
Avec grâce, souplesse et légèreté, notre dessinateur s’est mis à la zumba.
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INSTANTANÉ
PAUVRES ET PROFITS
L’EFFET DOMINO
Les photographies des réfugiés de 1939 auraient pu être prises aujourd’hui.
« Le cœur invisible » des marchés parviendra-t-il à sauver la solidarité ?
Lanceuses d’alerte, les abeilles meurent et nous regardons ailleurs.
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LA REVUE DESSINEE 26
FACE B
SOUS LES CLAVIERS, LA RAGE
Radicale, écologiste et féministe, Björk a bâti une œuvre sauvage et utopiste.
Wikipédia en dit long sur les gilets jaunes. Et vice versa.
DROIT DE SUITE
LA REVUE DES CINÉS
Me too. Deux petits mots. Une étincelle. Une traînée de poudre. Et depuis ?
Cinq jeunes Robinsons du marxisme dans un film de Godard, La Chinoise.
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SUR LA MAUVAISE PENTE Enquête sur des stations de ski au sommet du déni.
AU NOM DE LA LOI Héritée des lois scélérates, l’ « association de malfaiteurs » ne cible pas que des bandits.
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AU PIED DE LA LETTRE
Saines lectures et saine colère Il n’est pas rare que je referme lentement La Revue Dessinée avec, dans le ventre, une pointe de colère qui enfle, gonfle… une colère teintée d’amertume devant cette réalité révoltante. Alors, je fais de cette colère l’huile de mon moteur, un moteur puissant qui m’amène à ouvrir l’œil, tendre l’oreille et rester optimiste. Merci à toute l’équipe de nous éclairer sainement dans ce monde un peu trouble. Laura
Chère Laura, votre message met des mots très justes sur nos intentions : poser sur le monde un regard lucide et informé sans complaisance et sans édulcorer. Bizarrement, cela débouche souvent sur un contenu sombre, très sombre… Vous êtes plusieurs à nous le faire remarquer. Sombre, mais jamais fataliste ou résigné. Car si votre revue nourrit la colère, c’est qu’elle sait l’élan et l’énergie qui peuvent s’en dégager.
la normandie enfumée ? Une remarque pour l’article « Le Bingo des animaux » du numéro 24. En page 159, on voit Caen, ville où j’habite depuis 1966. Or, il n’y a jamais eu à Caen, ou dans son agglomération, d’usine pétrochimique ni de zone industrielle comme représentées. C’est un peu dommage, non pas que je sois un inconditionnel de ma ville de résidence, mais si cette vue est complètement fausse, l’article est-il, lui aussi, basé sur de fausses informations ? Christophe Vous avez l’œil ! À chaque bouclage, nous vérifions scrupuleusement toutes les informations présentes dans les textes et les dessins. Mais, pour ces derniers, la tâche est parfois plus compliquée et une erreur peut nous échapper. Alerté par votre message, le dessinateur, penaud, nous a confirmé que la ville qui avait inspiré sa représentation n’était en fait pas Caen mais Rouen... une autre ville normande désormais tristement célèbre pour sa pétrochimie et ses zones industrielles.
All inclusive, on fait le point Pour le sujet « Sous les claviers, la rage », publié dans ce numéro, je tenais, comme pour « Les Dopé·e·s de l’orchestre », dans le numéro 24, à travailler en écriture inclusive tout en prenant en compte vos nombreuses réactions. Pour fluidifier la lecture, j’ai d’abord pensé à l’accord majoritaire : parler des wikipédiens, car ils sont en majorité des hommes, mais des manifestant·e·s, car il y a à peu près la parité. On m’a dit que c’était un peu compliqué. Je suis donc revenu à la première méthode en cherchant des mots épicènes : bénévoles, personnes… Le but ? Éviter autant que possible les points médians. Vincent Sorel
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Les JO dénigrés ?
De la bombe
J’ai trouvé un peu simpliste votre enquête sur les Jeux olympiques. Elle dénigre subtilement l’idée de compétition dans le sport. Vous reprochez à des groupes de BTP de tirer profit de la situation. Rappelons que ces groupes créent de nombreux emplois. De façon à peine voilée, vous associez « bénévolat » et « exploitation », au risque de faire passer les bénévoles pour des pigeons. Enfin, la mise en scène des installations olympiques en friche ne convaincra personne. Qui peut s’étonner du mauvais état d’une piscine construite en 1936 ? Vous savez aussi bien que moi que le monde n’est ni tout noir ni tout blanc. Jean-Baptiste
Soyons clairs, j’ai TOUS les numéros de La Revue Dessinée chez moi et il n’est pas question d’en rater un… Cette revue, c’est juste de la bombe, de la boulette, une fenêtre, un coffre qui s’ouvre et montre ses trésors, la presse d’investigation telle que je la conçois : colorée, chaleureuse, marrante et qui ne se prend pas au sérieux tout en traitant de sujets vraiment sérieux… Bravo pour cette aventure que vous avez su créer depuis… purée, déjà six ans ? Xavier
Cher Jean-Baptiste, il n’y avait aucun présupposé anti-JO chez les journalistes qui ont traité ce sujet. Leur démarche partait d’une interrogation : pourquoi, hormis Paris et Los Angeles, toutes les villes candidates ont-elles jeté l’éponge ? Cette question les a amenées à examiner le fonctionnement du CIO. Ce qui est interrogé, ce n’est pas la « compétition », mais ses implications, ce n’est pas le recours au bénévolat, mais son ampleur. Quant aux installations en friche, certaines datent d’une époque pas si lointaine… Nous pensons notamment aux JO d’Athènes de 2004. Le monde n’est ni noir ni blanc, mais justement : dans un contexte de soutien presque unanime, la nuance consiste à mettre en lumière les zones grises.
Cher Xavier, par modestie et coquetterie, nous avons pour règle de ne pas publier de courriers trop élogieux dans les pages « Au pied de la lettre ». Mais puisque le vôtre nous touche vraiment beaucoup, nous nous permettons cet écart de conduite. Une manière de fêter nos six ans. Eh oui, six ans… Merci pour la joie et le carburant !
Plusieurs personnes nous ont signalé des problèmes d’abonnement : des exemplaires jamais arrivés, deux revues au lieu d’une dans la boîte aux lettres… À l’origine de cette série de couacs : un changement de logiciel de gestion des abonnements qui ne s’est pas fait sans peine. Après un travail de fourmis, tout est rentré dans
l’ordre, les numéros manquants ont été envoyés. Quant aux chanceux et chanceuses qui ont reçu un exemplaire en trop… Pourquoi ne pas l’offrir à la personne de votre entourage qui a le plus de chances de trouver son bonheur dans nos pages et… de s’abonner ? Noël approche et le bouche-à-oreille est notre meilleur allié.
DESSINS : AURORE PETIT
Abonnements, Couacs et rattrapages
Pour nous suivre et nous contacter contact@larevuedessinee.fr larevuedessinee.fr
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retour Ă istanbul
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En 2008, l’air est léger à Istanbul. Sac à dos et goût du voyage pour tout bagage, de jeunes Européens partent flâner sur les rives du Bosphore. Cerise a 20 ans, elle est logée chez l’habitant, c’est ainsi qu’elle rencontre Ramazan et, avec lui, la « question kurde ». Son hôte parle la langue, partage la culture et subit l’oppression que vit ce peuple sans État. Dix ans plus tard, le régime s’est durci et les Kurdes sont plus que jamais traités en ennemis. Ramazan a connu les geôles d’Erdogan, Cerise couvre les procès d’opposants. Un air plus lourd flotte autour d’eux. Sous ce régime autoritaire, la brutalité n’a ni limites ni frontières. CERISE SUDRY-LE DÛ SIMON LAMOURET
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EN SAVOIR
un peuple sans paix Journaux interdits, avocats emprisonnés, militants arrêtés, villes détruites. En Turquie, la population kurde subit une répression sévère tandis qu’aux frontières elle fait l’objet de frappes militaires. Le régime turc a pris le parti de répondre par la violence et par les armes aux velléités d’autonomie.
L
e 9 octobre 2019, avec la bénédiction de la Maison-Blanche, l’État turc a lancé une offensive contre le nord de la Syrie, prenant pour cible des civils et jetant des centaines de milliers de personnes sur les routes. L’opération, cyniquement baptisée « Source de paix », vise les Kurdes et le territoire autonome qu’ils occupent. Leur tort ? La proximité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ennemi juré du président Recep Tayyip Erdogan.
UN PEUPLE NIÉ, BRIMÉ ET RÉPRIMÉ
Lorsque Mustafa Kemal Atatürk fonde la République de Turquie, en 1923, la culture et l’identité kurdes font l’objet de violentes attaques. Parler la langue et écouter de la musique kurde est alors interdit, seul l’alphabet officiel est autorisé, ce qui condamne de nombreux prénoms. Le nom « Kurde » lui-même est remplacé par « Turc des montagnes ».
KURDISTAN
En Irak, le mot renvoie à un territoire autonome. En Turquie, mieux vaut ne pas le prononcer. Les Kurdes sont perçus comme une menace envers l’intégrité du pays. Uni par la langue et la culture, ce peuple de 30 à 40 millions de personnes est aujourd’hui éclaté sur quatre États, la Turquie, l’Irak, mais aussi l’Iran et la Syrie. À la fin de la Première Guerre mondiale, le projet d’un État kurde a bien été inscrit dans le traité de Sèvres (1920), mais l’État turc s’y est opposé et les soulèvements qui ont suivi ont été violemment réprimés.
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LES ANNÉES DE PLOMB
En 1978, Abdullah Öcalan, dit Apo, fonde le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). En 1984, ce mouvement d’inspiration marxisteléniniste opte pour la lutte armée. La guérilla est sanglante, la répression impitoyable : villages brûlés, tortures de masse, déportations, disparitions de militants. Plus de 40 000 personnes auraient été tuées depuis les premiers affrontements entre nationalistes kurdes et autorités turques. En 1999, Abdullah Öcalan est condamné à mort, sa peine sera commuée en prison à vie quelques années plus tard.
RÊVES D’AUTONOMIE ET D’ÉCOLOGIE
Une confédération démocratique, multiculturelle et écologiste, tel est le projet auquel, en 2005, le PKK a adhéré. En Turquie, ce projet, inspiré par l’écologiste libertaire Murray Bookchin, ne s’est jamais vraiment concrétisé, mais il est expérimenté au Rojava, dans le nord de la Syrie, dans des territoires également marqués par la vitalité d’un mouvement féministe.
REPRISE DES HOSTILITÉS
Après des années de pourparlers, l’été 2015 a été marqué par une escalade de la violence entre le PKK et l’État turc. Dans la foulée d’élections législatives marquées par la poussée d’un parti pro-Kurde, le HDP (Parti démocratique des peuples), la stabilité relative est mise à mal par des attentats contre des rassemblements kurdes, des assassinats de policiers turcs revendiqués par le PKK et la riposte de l’État turc : Erdogan promet alors de « nettoyer le pays des terroristes du PKK ».
© JAN SCHMIDT-WHITLEY / LE PICTORIUM
VILLES EN RUINE
Dans le sud-est de la Turquie, des combats ont fait rage entre l’armée turque et les combattants du PKK, détruisant des villes comme Şırnak ou Cizre (sur cette photo). À la fin de couvre-feux de plusieurs mois, les habitants ne retrouvent plus l’endroit où ils ont vécu.
making-of « Lors de mes entretiens avec Ramazan, il me demandait toujours : “Toi, ça va ?” Je répondais : “Bof, moyen, j’ai été virée de mon appart parce que je suis journaliste”, ou bien : “Tu as vu, tel bar a été fermé par les autorités.” Il m’écoutait et répondait : “Un de mes amis est mort.” Que dire après ça ? Alors que la bande dessinée est sur le point d’être imprimée, ses propos résonnent étrangement avec l’actualité. À l’heure où j’écris, ce 16 octobre, 121 personnes ont été arrêtées pour avoir pris position contre la guerre visant les Kurdes en Syrie. » Cerise Sudry-Le Dû
À lire L’Aurore, de Selahattin Demirtaş. Rédigé en prison, ce recueil de nouvelles d’un des chefs de l’opposition en Turquie réunit des histoires de femmes victimes de la société patriarcale. Éd. Emmanuelle Colas (2017). Kobané Calling, de Zerocalcare. Avec beaucoup d’autodérision, le dessinateur italien raconte ses voyages chez les Kurdes de Turquie, d’Irak et de Syrie. Éd. Cambourakis (2016).
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LIEU DE POUVOIR
dans la place La Maison de la Chimie. Au 28 de la rue Saint-Dominique, au cœur du très chic 7e arrondissement parisien, un centre de congrès accueille scientifiques, dirigeants d’entreprise, députés, ministres et lobbyistes. Le mélange des genres s’épanouit dans l’ambiance feutrée de cet hôtel très particulier. Aurore Gorius Vincent mahé
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la sémantique, c’est élastique Pétrograd. « Mal nommer un objet, c’est ajouter du malheur au monde », disait Brice Parain. L’adage, trop vite prêté à Camus, vaut-il pour les villes ? Réponse quelque part entre Léningrad et Saint-Pétersbourg. JAMES
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balles perdues
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Flingue et flic. Partenaires le temps d’une carrière, en France, ils semblent indissociables. L’arme de service des policiers et des gendarmes, qui ne doit être utilisée qu’en dernier recours, est le symbole de leur pouvoir. Si elle inspire la crainte et la curiosité, elle matérialise aussi le tabou d’une violence potentiellement mortelle infligée par des agents de l’État. Mais quels rapports entretiennent ces hommes et ces femmes avec cet outil létal, en service et en dehors ? Quel apprentissage pour l’apprivoiser ? Sans autorisation de leur hiérarchie, des « flics de base » ont accepté de raconter le jour où ils se sont servis de leur arme, ou ont failli le faire, dans l’exercice de leurs fonctions. CAMILLE POLLONI RICA
Cette bande dessinée a été réalisée en partenariat avec le site Les Jours.
X est un gardien de la paix de 35 ans. C'était une scène rapide, intense. J'ai dû me décider en une fraction de seconde.
Pour moi, la légitime défense est établie.
Cette nuit-là, il a simultanément failli mourir et tuer quelqu'un.
Sur le moment, on traite ce qu'on a à traiter. Mais quand l'adrénaline redescend, on se pose tout un tas de questions.
Avec plusieurs mois de recul :
Tout est bien dissocié, imprimé dans le cerveau.
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Les jours qui ont suivi ont été psychologiquement très épuisants. Très vite, j'ai prévenu mes proches, pour les rassurer et éviter qu'ils ne l'apprennent autrement.
Comme l'exige la procédure, les lieux sont gelés,
son arme saisie, la hiérarchie prévenue.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ouvre une enquête dès qu'il y a un blessé ou un mort.
On mesure l'alcoolémie du gardien de la paix.
.. enchaîne les auditions (sans garde à vue, comme dans 92 % des cas),
Les rendez-vous se succèdent : X rédige les procès-verbaux de son intervention,
.. consulte un psy de l'institution..
On savait comment on bossait, on a travail é très proprement. Mais pas un Si vous connaissez bien la loi et le règlement, il n'y a pas moment, il ne d'inquiétude à avoir. doute. En moins d'une semaine, la légitime défense du policier est confirmée tandis que ses agresseurs sont poursuivis pour tentative d'homicide. Dans l'immense majorité des cas, c'est ce qui se passe. 48
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Chaque année en France, une dizaine de personnes meurent à la suite d'une intervention de police, dont la moitié par balle. Pourtant, la plupart des policiers passent leur carrière sans faire usage de leur arme de service, hormis à l'entraînement.
En 2017, en France, la police a tiré 394 fois. L'augmentation est notable par rapport à 2016 (+ 54,5 %).
L'IGPN l'explique notamment par "une hausse des tirs en direction des véhicules fonçant sur les policiers ou susceptibles de blesser des tiers". C'est la première cause d'usage des armes, près de la moitié du total. Devant les animaux, les "individus dangereux" et les "tirs d'intimidation" (en l'air ou vers le sol).
Ce sont les seuls détails que l'administration accepte de donner. Dans notre pays, l'usage des armes par les forces de l'ordre est encore considéré comme un sujet sensible. 49
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Quand je travail ais en police-secours, j'ai dû sortir deux fois mon arme pour des voitures en fuite.
Xavier, enquêteur financier. La première fois, à pied : une voiture qui vient d'en percuter une autre et repart. La seconde fois, une voiture qui échappe à un contrôle.
Les policiers ne connaissent pas la raison de ce refus d'obtempérer : voiture volée ou non, occupée par des personnes dangereuses ou pas. Ils barrent la route à un feu, sortent et braquent le conducteur. Le conducteur n'avait qu'une assurance périmée et un petit sachet d'herbe à se reprocher.
Contrairement à une idée reçue : On ne tire pas dans les roues, ça n'arrête pas le véhicule et le tir ricoche par terre. À la limite dans le moteur, mais pas avec un Sig Sauer*, avec un fusil à pompe.
Sa formation lui a appris que :
* Le pistolet dont est équipé la police nationale depuis 2003.
C'est le conducteur qui arrête la voiture.
En cas de besoin, c'est donc lui la cible. 50
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POLICE
Contrôle routier qui tourne mal, recherche d'un suspect, arrivée sur les lieux d'un cambriolage, interpellation d'un homme armé ou soupçonné de l'être.. La décision doit être rapide, adaptée et conforme aux règles de légitime défense. On ne savait jamais sur quoi on allait tomber.
Avant d'opter pour le judiciaire, Fabien a passé cinq ans en police-secours.
En 2010, son équipage se déplace pour "une personne qui coupe des câbles dans un immeuble". Ils rencontrent le concierge.
Il est au premier. J'ai voulu l'empêcher, mais il a essayé de me planter avec des ciseaux.
Il a un fusil à pompe ! TU SORS ! LES MAINS DERRIÈRE LA TÊTE !
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ENVOYEZ DES RENFORTS !
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La porte s'ouvre, on ne voit que l'ombre du mec et il nous fonce dessus en hurlant comme un fou. Il tient un truc dans la main, je ne vois pas quoi, mais pas un fusil.
C'était dangereux, mais, pour moi, l'arme de service n'était pas appropriée. Je pensais : «On n'a pas tiré avant, on ne va pas le faire maintenant.»
Il a lâché quasiment tout de suite. Je crois qu'il a eu quatre fractures au poignet, mais c'était nécessaire.
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La tension retombée, les policiers comprennent que l'interpellé, "ancien militaire d''environ 60 ans avec un Alzheimer pas soigné ", coupait les câbles de l'ascenseur "car le bruit le dérangeait ".
Ne serait-il pas possible de tirer dans la main ou la jambe d'un agresseur ?
Après un bref séjour à l'hôpital psychiatrique, le retraité est retourné chez lui avec un traitement. La scène est imprimée à vie. Ça fait huit ans et je me souviens toujours de son nom, son adresse, des moindres mots prononcés par mes collègues.
Tirer dans la main de quelqu'un qui tient un couteau, c'est dans les films américains. Je ne peux pas le faire. Même le Raid, qui tire un nombre incalculable de cartouches, n'est pas toujours précis au centimètre près. Pour nous qui faisons trois tirs par an, c'est juste impossible.
Les policiers ont appris à tirer dans la "bouteille ", la zone la plus large du corps (de la tête au bassin), où sont concentrés les organes vitaux. La balle a plus de chances d'arrêter quelqu'un, quitte à le blesser gravement ou le tuer.
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Les policiers n'ont généralement pas le temps de viser.
On ne tire pas par plaisir. C'est qu'il n'y a pas d'alternative.
Laurent, de la brigade anticriminalité (BAC), n'a jamais tiré, en plus de dix ans de police. Il ironise : Plusieurs fois, j'ai enlevé mon doigt de la détente au dernier moment.
Même si on est policier, on n'a pas envie de tuer des gens.
Une fois, lors d'un contrôle routier, un conducteur a redémarré alors que son équipier se trouvait devant le véhicule. Il allait le percuter. J'ai vu l'image d'après, mon collègue sous la voiture. Il était en danger. J'ai pris mon arme et j'ai visé. Mon collègue a sauté et évité la voiture.
Le policier a retenu son tir et ces expériences l'ont convaincu qu'il savait faire preuve de sang-froid en cas d'urgence. Mon Sig Sauer, je le manipule tous les jours.
Ça ne m'a jamais fait peur.
D'autres se montrent moins confiants. Loin du cliché "cow-boy ", les policiers ne sont pas tous à l'aise avec leur flingue, surtout en début de carrière. 54
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L'arme qui équipe la quasi-totalité des policiers, gendarmes et douaniers français est noire, en polymère et en acier, elle pèse un peu moins d'un kilo lorsque le chargeur de quinze cartouches est plein. Sur la culasse, est gravé "Propriété de l'État" en lettres capitales..
Pendant des années, des dizaines d'armes de poing cohabitent au sein des forces de l'ordre. Elles vieillissent et il devient dur de se procurer des pièces détachées. En 2002, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, décide que tout le monde doit avoir la même arme.
L'État lance un appel d'offres. Cinq industriels étrangers présentent 33 modèles aux sélections. Pendant des mois, 450 policiers, gendarmes et douaniers les testent et les comparent.
Les revolvers à six cartouches ont montré leurs limites. Face à l'armement du grand banditisme, voire des terroristes, la puissance de feu des armes semiautomatiques est plus adaptée. Elles sont moins chères, plus fiables, plus faciles à utiliser et à entretenir.
L'industriel germano-suisse Sig Sauer est désigné vainqueur en mai 2003. Le " Sig Pro 2022 " est l'adaptation d'une arme existante aux contraintes techniques imposées par l'État français.
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La nouvelle arme est d'abord fabriquée en Allemagne, dans l'usine Sauer historique d'Eckernforde. Aujourd'hui, la chaîne de production a été déplacée aux États-Unis pour se plier aux règles protectionnistes américaines.
Pour être acheminés vers la France, les pistolets sont démontés, leurs pièces séparées et transportées dans des convois distincts, rendant les armes inutilisables en cas de braquage. Les camions arrivent au Centre technique de l'armement de la police nationale (CTA), situé à Limoges, ou " magasin central ". Là-bas, les armes subissent un dernier contrôle qualité avant d'être délivrées aux fonctionnaires.
Chaque Sig Sauer est unique. À l'intérieur, une puce électronique rappelle son numéro de série et l'identité du policier à qui il est confié pour toute sa carrière, avec ses deux chargeurs, dans une petite mallette protégée par un code.
Dès que tu sors d'école, on te donne un Sig. Moi, j'étais allé chercher mon arme près de la porte de la Vil ette, dans une armurerie de la police. Tu tires quelques cartouches pour voir si le pistolet fonctionne bien, et ensuite, c'est le tien.
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Fabien se souvient de sa " première fois " au stand de tir de l'école de police.
Plus jeune, il avait tiré au fusil de chasse avec son père.
Je tremblais, j'avais les mains moites et j'ai tout mis à côté. Mais ce n'était pas une arme destinée à tuer quelqu'un. Il m'a fallu plusieurs séances pour ne plus avoir peur de faire une connerie. À partir de là, j'ai commencé à tirer dans la cible.
Dans l'un des seuls articles scientifiques sur le sujet1, la psychologue Dominique Lhuilier note que : L'arme à feu peut faire naître « un malaise « chez les jeunes policiers, en les confrontant à « la responsabilité « de donner la mort ou blesser quelqu'un.
L'autrice souligne la "grande intensité émotionnelle " qui entoure les premiers tirs d'entraînement. Ce n'est que progressivement que le policier va pouvoir (..) «accepter« la cohabitation avec l'arme, cet instrument de mort dont il est préférable de ne pas se servir..
1. " PSYCHOLOGIE DU PORT D’ARME ET DE L’UNIFORME ", LES CAHIERS DE LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE #9, 1992.
Quand il est entré à l'école de police, à 19 ans, Xavier avait la légèreté d'un jeune adulte. On jouait à se faire la guerre dans les ailes désaffectées avec des pistolets à bil es.
Un jour que je croyais mon pistolet à bil es déchargé, j'ai touché la vitre du bâtiment voisin. Depuis, je me souviens du premier commandement du tireur : toujours considérer qu'une arme est chargée. Au fil de leur carrière et de leurs progrès, l'arme est «banalisée» au point de devenir un instrument inerte, «dévitalisé». Le pistolet et l'uniforme, signes d'appartenance aux forces de l'ordre et instruments de cohésion, ont une valeur symbolique très forte, autant pour le public que pour le policier.
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Mais face au danger, les réactions sont imprévisibles.
Xavier se souvient d'un raté de débutant. Le jour où, pistolet au poing et pétri d'émotion, confronté à un homme armé d'un sabre en pleine rue, il lui a crié :
Tu as beau avoir toutes les formations, les gestes qu'on intègre, tu réagis à l'instinct. C'est là où tu te révèles. Et chaque situation est unique.
Les policiers interrogés ne mentionnent jamais leurs états d'âme à l'idée de blesser quelqu'un par balle, voire de tuer, mais évoquent spontanément les sanctions encourues. Il a fallu plusieurs entretiens pour comprendre ce qui ressemblait à une forme d'insensibilité. Les agents ne s'imaginent tirer que pour sauver leur vie, ou celle de quelqu'un d'autre. Parmi les policiers, la croyance est tenace : utiliser son arme équivaut à s'attirer "des problèmes".
Je sais très bien que je peux être amené à faire feu. Ce n'est pas un truc qui me travail e. Si un jour je dois tirer, je sais que j'aurai raison.
Pourtant voilà des années qu'aucun
Si je n'a été incarcéré pour tire, je policier avoir tué quelqu'un avec son vais en arme de service en intervention. prison.
La magistrate Hélène Cazaux-Charles l'a montré dans un rapport au Premier ministre en 2016. Elle s'est penchée sur 53 affaires "au cours desquelles des fonctionnaires de police ou militaires de la gendarmerie ont fait un usage mortel de leur arme à feu dans l'exercice de leurs fonctions", entre 2010 et 2016. Seulement deux se sont terminées à la cour d'assises. Les policiers concernés ont été condamnés à trois et cinq ans de prison avec sursis. Face aux faits qui le contredisent, Laurent baisse d'un ton : En tout cas, j'irai en garde à vue, je serai interdit d'exercer et il y aura une procédure qui dure dix ans.
C'est peu probable, statistiquement. Mais, comme l'écrivait Hélène Cazaux-Charles, "l'intériorisation du risque judiciaire est une source d'inhibition au tir pour l'ensemble des agents".
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Laurent-Franck Liénard est avocat. Il est spécialisé dans la défense des forces de l'ordre.
Ceux qui ont blessé ou tué sont assaillis par la "culpabilité", "la solitude" et surtout "la peur des poursuites", ils veulent être "rassurés". Ne vous inquiétez pas. C'est un acte normal de votre métier. Si vous n'aviez pas à tirer, vous ne seriez pas armé.
Je n'ai connu que trois procès aux assises. Alors que, toutes les semaines, un mec m'appelle parce qu'il a tiré.
Que la balle ait atteint sa cible ou pas, beaucoup le contactent dans les minutes qui suivent. Passionné de tir sportif et formateur, il concède :
Mais il insiste sur l'importance d'une "formation intelligente".
Vous n'accepteriez pas que le chauffeur de bus ne sache pas conduire ou que le chirurgien ne sache pas manier le scalpel, parce qu'il a votre vie entre les mains. Là, c'est pareil.
Le port d'arme est quelque chose de compliqué sur le plan humain. Mais si vous n'êtes pas prêt à tuer quelqu'un, ce n'est pas la peine de porter une arme létale. Une arme, on la sort comme on sort un marteau pour planter un clou.
La routine idéale d'un policier, selon lui, comprendrait des tirs plus fréquents, mais aussi : Des sports de combat, de la boxe, du travail au sol, pour ne pas avoir peur de l'engagement physique.
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Façonné par ses années dans l'armée, Laurent, de la BAC, va au stand de tir le plus souvent possible. Même en repos, c'est important, et j'aime bien tirer. Je croise le moniteur, je l'appelle, je vois directement avec lui.
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En septembre 2018, la 250e promotion d'élèves gardiens de la paix a commencé sa formation sur tout le territoire. À l'école de police de Reims, la plus petite de France, ils sont trente et un, dont un tiers de femmes. L'arme de service est au cœur de leur cursus d'un an.
Le formateur, Mickaël Carozzi, lance une heure de révision sur le Sig Sauer. Il pointe un élève du doigt. Rappelez-moi les règles générales de sécurité.
Toujours considérer une arme comme chargée. Garder l'index le long du pontet*. Ne jamais diriger le canon vers quelqu'un d'autre.
Un jour par semaine est consacré au maniement des armes et au tir. Un mélange de cours théoriques et pratiques, dans le stand tout proche. Quand on parle d'une pièce, c'est bien de la visualiser.
En poste à Reims depuis cinq ans, Mickaël Carozzi connaît bien les élèves.
* La boucle de métal autour de la queue de détente.
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Une partie de la promo a déjà exercé dans la police (comme adjoints de sécurité ou cadets de la République) ou dans l'armée. D'autres arrivent ici après la fac ou sont en reconversion. Certains ont déjà des enfants. Erwan C. marche sur Pendant son master de management public, Alex P., les traces de sa mère, son 21 ans, était réserviste de la gendarmerie. grand-père et son arrièregrand-père policiers.
Gaëlle B., 24 ans, licenciée en droit. Fille de policier, elle a fait une préparation militaire pour être sûre de son choix.
J'attendais les premières heures de tir avec plus d'impatience que de peur.
Ici, on nous apprend que ce n'est pas l'arme qui est dangereuse, mais la personne qui s'en sert. Si on fait une connerie vraiment grosse, on peut descendre un collègue.
J'ai déjà tiré au Famas. Mais je faisais partie des plus stressés lors des premières séances de tir à l'école de police.
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Au stand de tir, le formateur Christophe B. présente les objectifs de la séance. Les élèves doivent s'entraîner au "rechargement tactique" : réapprovisionner leur arme en anticipant la pénurie de cartouches, pour "repartir de façon optimale" avec un chargeur plein. Le mot d'ordre de notre chef, c'est de ne pas s'énerver. Il faut être détendu.
Les élèves s'appliquent d'abord à reproduire les gestes. Pencher l'arme sur le côté, saisir l'ancien chargeur, engager le nouveau, remettre le premier dans l'étui. Deux formateurs corrigent leur posture, les rassurent, rectifient les maladresses.
La soufflerie qui sert à ventiler la poudre se met en marche. Tous ceux qui veulent rester dans la salle doivent porter un casque antibruit et des lunettes de protection. Dernières recommandations : Il faut être exigeant avec soi-même. Visez la bouteil e ! Sur la voie publique, une balle perdue n'est pas perdue pour tout le monde.
Sans pression, bien sûr.
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Tir côté fort, deux cartouches !
Ils commencent à dix mètres de la cible.
Du côté droit de l'obstacle pour un droitier, côté gauche pour le seul gaucher de la promo. Tir côté faible, deux coups tirés !
Christophe B. fait se rapprocher les jeunes gardiens à sept mètres. À l'apparition de la cible, deux coups tirés, rechargement tactique, arme à l'étui !
Dernier exercice à cinq mètres : quand la silhouette apparaît, il faut sortir l'arme de l'étui et tirer. Chaque élève est débriefé et son score est inscrit sur la cible. Je dois encore m'appliquer à sortir l'arme de mon étui de façon bien parallèle, sinon ça coince dans le gilet.
Moi, je la tiens un peu bas, ça peut perturber la visée.
Beaucoup ont réussi à loger les 24 balles dans la silhouette. À la huitième séance, c'est déjà énorme. Mais ça manque encore un peu de technique.
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Quatre mois plus tard, les élèves sont plus à l'aise. Ils sont désormais habitués au Sig Sauer, l'arme qu'ils porteront à la ceinture une fois en service. Ils apprennent aussi à manier le fusil d'assaut HK G36.
L'exercice du jour les fait travailler en binôme. Les scénarios se rapprochent de la " vraie vie ". On tire de moins en moins seul sur sa ligne, en prenant le temps de viser, mais plutôt en coordination avec un collègue dans une situation qui bouge.
Alice B. et Erwan C. font équipe : elle au HK, lui au Sig .
Deux formateurs indiquent où aller, ordonnent de communiquer davantage. Alice B. s'est décalée, offrant un angle de tir à l'agresseur imaginaire. Colle bien à ton binôme ! Reste derrière, sinon ça ne sert à rien.
Au moment de changer de chargeur, les doigts plongent tout droit dans la bonne poche. Ils ont répété ce geste des dizaines de fois, la main ne tremble plus, les appuis sont solides.
Après leurs tirs, Alice B. et Erwan C. ramassent au sol les douilles percutées. Ils remettent une silhouette en papier neuve sur la cible pour les suivants et récupèrent la leur, constellée d'impacts.
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Au Centre national de tir de Montlignon (95), toutes sortes de policiers s'entraînent. C'est aussi là que sont formés tous les moniteurs de tir et de sport. Le fort de Montlignon est un peu l'IUFM de la police. Ceux qui en sortent enseignent en école de police ou encadrent leurs collègues. Le major François Trinta, 52 ans, est responsable de la formation. Depuis onze ans, il arpente les treize hectares du fort, conduit sa voiture sous les tunnels voûtés, entre les salles de classe et à travers les sept stands de tir extérieurs. Xavier, enquêteur financier, s'est récemment rendu à Montlignon pour une séance de tir. Les conditions sont plus proches du réel que dans un stand couvert et chauffé.
L'hiver, il fait froid et cela se ressent sur les doigts et l'arme. On s'aperçoit qu'il ne serait pas aisé de tirer sur le terrain. Nous sommes susceptibles de trembler pour d'autres raisons que l'adrénaline. Et nous porterons peut-être des gants lorsqu'il faudra dégainer.
Le major François Trinta marche dans les douves du fort. Des coups de feu retentissent sur le talus voisin sans le faire sursauter. Des CRS tirent au fusil d'assaut.
Quelques hommes au regard méfiant se retournent sur notre passage. Une convention permet à ces agents de la DGSE d'utiliser les stands. Avec eux, c'est simple, ils s'appellent tous Max.
Les futurs moniteurs, eux, s'exercent au fusil à pompe.
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Le Centre national de tir fait office de laboratoire. C'est ici que sont conçus les programmes nationaux de formation. Depuis une vingtaine d'années, on a fait évoluer le tir vers les vrais besoins de la voie publique, pour coller davantage à la réalité.
Fini les images d'Épinal où des fonctionnaires bien alignés tirent tous ensemble, au coup de sifflet de leur moniteur.
Avec des "mises en situation" : des parcours, des tirs derrière un abri, des initiatives à prendre.
Depuis le milieu des années 2000 et la généralisation du gilet pare-balles, les fonctionnaires ont également modifié leur posture. Ils ne tirent plus de profil ils risquaient d'être touchés dans la partie la plus vulnérable du gilet mais de face.
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Une façon de se souvenir que "l'arme peut tuer" et l'éprouver physiquement.
D'autres moyens existent, comme les munitions marquantes à la peinture. Mais il faut toujours finir par le tir à balles réelles.
La police est désormais dotée de simulateurs nommés EVA (entraînement vidéo assisté). Dans un stand de tir, une vidéo projetée sur un panneau blanc remplace les cibles. Les policiers tirent à balles réelles.
Sur le film, vous êtes face à un mec qui tient un couteau ou une kalachnikov. Il peut vous parler, prendre la fuite, vous braquer avec son arme.. ou se retourner avec un bouquet de fleurs. Vous êtes obligé de gérer la situation comme elle se présente. C'est super intéressant, très interactif.
Maître Laurent-Franck Liénard Le major Trinta, plutôt favorable à ce système, se méfie néanmoins..
Les simulateurs, c'est bien. Mais ça coûte cher, c'est chronophage et il ne faudrait pas que ça vienne remplacer les séances de tir.
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La plupart des policiers estiment avoir été plutôt bien formés à l'école. Mais considèrent qu'ensuite ils s'entraînent trop rarement pour pouvoir préserver leurs acquis. Pendant leur carrière, les policiers doivent tirer trois fois par an, trente cartouches à chaque séance. Un rapport de la Cour des comptes constate pourtant de grosses lacunes. "En 2017, 51 % n'avaient pas bénéficié de ces trois séances réglementaires.. Ce qui traduit une dégradation par rapport aux années récentes (36 % en 2015 et 41 % en 2016)." Selon l'endroit où il exerce et le groupe qu'on lui envoie, un moniteur peut se retrouver face à des "sportifs" ou à des fonctionnaires revenant à peine de congé maladie.
Dans les stands de la police, on fait de l'abattage. Les moniteurs de tir vous le diront ! Ils prennent des gens et hop, tirez vos trente cartouches. Hop, les suivants. Si un policier est nul, le moniteur peut en théorie refuser de lui délivrer le certificat. Mais ça voudrait dire qu'il serait désarmé et privé de voie publique. Or, les patrons ont besoin de leurs effectifs.
Certains policiers ont besoin de savoir protéger quelqu'un qui pose une balise sous une voiture, allongé par terre. Il est plus utile pour d'autres, en poste au tribunal, d'apprendre à protéger un bâtiment.
Les «baqueux« doivent savoir passer du pistolet à l'arme longue.
L'objectif est d'éviter un accident. Il arrive pourtant qu'il s'en produise. 68
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Je ne supporte pas les trous du cul qui jouent avec leur pétard. Je leur dis : «Une arme, on ne joue pas avec. Si tu ne la touches pas, elle ne fait rien.»
Laurent de la BAC garde en mémoire l'accident mortel "inadmissible" qui a eu lieu au commissariat de Saint-Denis (93), en mars 2018. Alice V., une policière de 25 ans, a été tuée par un collègue. Il a été révoqué et mis en examen pour homicide involontaire. D'après plusieurs de ses camarades, il s'amusait à les braquer avec son flingue pour rire.
En 2016, à Beauvais (Oise), une policière a tué l'un de ses collègues d'une balle dans la tête pendant un entraînement.
Monique M., 58 ans, a été mise en examen pour homicide involontaire. Comme Christian G., le moniteur de 55 ans chargé d'encadrer la séance. L'enquête judiciaire continue, sans parvenir à tout expliquer. L'exercice était sans doute trop difficile, tandis que la tireuse avait de grosses difficultés physiques et psychologiques. Ce genre d'accident n'est pas monnaie courante, mais l'IGPN s'est déjà inquiétée du nombre de tirs accidentels avec l'arme de service : 23 au premier semestre 2017, contre 10 au premier semestre 2016.
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Deux jours avant le drame de Saint-Denis, quatre policiers qui s'ennuyaient dans leur commissariat du IXe arrondissement de Paris avaient improvisé une simulation d'interpellation.
L'un d'eux, pensant que son arme était vide, avait tiré dans le ventre d'un autre, gravement blessé. En mai 2018, près d'Amiens (Somme), un formateur a confondu le pistolet chargé de munitions factices avec son arme de service, pleine de balles bien réelles.
En 2017, un policier de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) est mort lors d'un entraînement. L'un de ses collègues avait oublié une cartouche chambrée dans son arme qui aurait dû être vide pour l'exercice.
Bilan : deux policiers blessés à la jambe.
Il a été condamné à six mois de prison avec sursis.
En avril 2017, c'est un policier des stups de Mulhouse qui est mortellement atteint au thorax par la balle d'un voisin de bureau. Celui-ci a été mis en examen pour homicide involontaire.
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Dans des cas exceptionnels, il arrive que des passants soient touchés par des tirs des forces de l'ordre. Comme en mai 2018, à Caen, quand un policier fait feu en direction d'une voiture qui lui fonce dessus mais atteint un piéton.
Le défaut de précision des tirs effectués par les policiers est effrayant, sachant que les munitions sont létales à deux kilomètres.
J'estime qu'environ neuf balles sur dix n'atteignent pas leur but.
Le 28 février 2017, un tireur d'élite de la gendarmerie, positionné sur un toit lors d'une visite de François Hollande (alors président de la République) en Charente, laisse échapper une balle en plein discours. Elle blesse deux civils.
Inauguration de la Ligne à Grande Vitesse Sud Europe Atlantique Tours-Bordeaux Villognon - Mardi 28 février 2017
Les policiers connaissent ces histoires. Ils ont parfois vécu des incidents moins graves.
Je me souviens d'un collègue qui tenait mal son arme et a trébuché. Une balle s'est logée dans le plafond du commissariat.
Même si la pièce était vide, l'IGPN avait ouvert une enquête. 71
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Il est très rare que des policiers se retrouvent devant un jury populaire pour un tir mortel en service : la légitime défense est presque toujours retenue.
En février 2019, un policier de 46 ans était jugé par la cour d'assises de Bordeaux pour des "coups mortels aggravés". Il était assisté de l'avocat Laurent-Franck Liénard. En août 2007, lors d'une intervention nocturne à Poitiers, le brigadier-chef Jocelyn Chauveau avait tué un homme de 37 ans avec son arme de service.
La victime, Olivier Massonnaud, était ivre et en proie à une violente crise de démence. Ou "une crise de désespoir", comme dit son père de 82 ans.
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Jocelyn Chauveau et trois collègues entrent dans une cour. Un des fonctionnaires, Thierry F., le voit "recroquevillé entre une voiture et le mur" et prévient les autres. Persuadés qu'il a encore un couteau, une douzaine de policiers partent, arme à la main, à la recherche de l'homme en fuite. La suite ne dure que quelques secondes. Selon les déclarations des policiers, Olivier Massonnaud "jaillit" de sa cachette, comme "un pantin qui sort de sa boîte", se jetant sur Thierry F. en hurlant, bras en avant.
Il est là ! Sors de là ! Thierry F. esquive et parvient à le déséquilibrer d'un coup de torche.
Quasiment au même moment, Jocelyn Chauveau crie "bouge pas, bouge pas" et tire. Une seule balle, à 2,30 mètres, touche Olivier Massonnaud au ventre et lui sectionne l'aorte. L'homme s'effondre et ne peut être ranimé par les secours. Il n'avait pas d'arme.
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J'ai tiré pour défendre mon collègue. Dans la bouteil e, comme on me l'a appris. Je n'avais pas l'intention de le tuer.
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Les magistrats chargés de mener l'enquête ont penché dès le départ vers la légitime défense. Ils estimaient que la riposte du policier était "nécessaire", "proportionnée" et "simultanée" à l'attaque.
À l'audience, l'avocat général requiert l'acquittement.
Mais la famille de la victime a épuisé tous les recours jusqu'à obtenir une analyse différente (et donc un procès).
Je me trouve dans la situation paradoxale d'être un représentant de l'accusation qui ne soutient pas l'accusation.
Le jury a suivi. Après douze ans de procédure, Jocelyn Chauveau est acquitté. Jamais suspendu, il garde la confiance de sa hiérarchie, qui l'a laissé "s'impliquer dans des opérations difficiles" depuis. L'affaire Massonnaud illustre les subtilités de la légitime défense, surtout lorsqu'il s'agit d'un policier dans l'exercice de ses fonctions. Malgré l'erreur d'appréciation commise par Jocelyn Chauveau, la cour d'assises a considéré qu'il pouvait tourner la page. 74
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Les premières victimes du Sig Sauer sont néanmoins les forces de l'ordre. Dans leurs rangs, les suicides sont plus qu'hebdomadaires. On dénombre en moyenne une quarantaine de suicides par an dans la police (145 000 agents), une trentaine dans la gendarmerie (100 000 militaires). Le 12 novembre 2018, un suicide particulièrement emblématique a eu lieu : celui de Maggy Biskupski, policière à la BAC des Yvelines. Présidente de l'association MPC (Mobilisation des policiers en colère), elle faisait partie des rares policiers en activité, hors délégués syndicaux, à intervenir dans les médias à visage découvert. Ces apparitions non autorisées lui ont d'ailleurs valu une procédure de l'IGPN pour avoir manqué à son devoir de réserve. Quand les policiers parlent d'arme de service, la question des suicides revient toujours.
La profession connaît un taux de suicide supérieur de 36 % à celui de la population générale. Et plus de la moitié sont commis avec l'arme de service. Un moyen rapide et indolore.
J'ai quasiment vu un collègue se mettre une balle dans la tête. Je dis « quasiment « parce qu'on était en train d'ouvrir sa porte quand on a entendu le coup de feu.
Les armes de service font plus de morts dans les rangs des forces de l'ordre chaque année qu'en dehors.
Les commissariats observent une minute de silence en mémoire des policiers morts dans l'exercice de leurs fonctions, même quand il s'agit d'un accident de la route sur le trajet domicile-travail, mais pas pour les suicidés.
Signe d'un tabou. L'institution a tendance à considérer ce geste comme purement personnel. En juin 2018, dans un rapport consacré au "malaise des forces de sécurité intérieure", les sénateurs écrivaient pourtant que "ces éléments interviennent dans un contexte professionnel qui est décisif", en listant de nombreux facteurs aggravants tels que "le rapport fréquent à la mort", "les rythmes de travail décalés", "l'affection géographique subie", souvent en Île-de-France, entraînant des "problèmes de logement", "la pression sécuritaire et l'épuisement professionnel", "le manque de moyens" ou encore "les problèmes de management". 75
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Pour Laurent, le métier de policier est fait de contacts quotidiens avec "le côté sombre" des gens et des situations. La mort, la misère, le danger. C'est une explication parmi d'autres. Il cite quelques expériences "émotionnellement compliquées à gérer", celles qui auraient pu le faire "partir en vrille" :
Un viol interrompu en flagrant délit..
Un enfant sorti d'un immeuble en feu que je n'ai pas réussi à réanimer.. Les attentats de Paris..
Il estime qu'en matière de suicide l'administration a tendance à "se défausser sur des volontés propres aux morts", sans remise en question. Comment faire mieux ? Les ministres de l'Intérieur successifs sonnent régulièrement la mobilisation générale. De nombreuses mesures de prévention des suicides existent déjà, sans que le nombre de morts varie sensiblement. Mis en place en 1996, un service de soutien psychologique opérationnel (SSPO) est chargé d'aider les fonctionnaires de police en activité. Ils se heurtent, parfois, à des habitudes de longue date.
Voir un psy est encore trop perçu comme une marque de faiblesse dans un milieu très macho, où l'on doit montrer qu'on est fort.
Lorsqu'un fonctionnaire semble présenter un risque dépressif sévère, il peut être désarmé, par les psys ou par sa hiérarchie, et en conséquence privé de voie publique. C'est arrivé à Fabien, l'espace de quelques mois.
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En dehors du service, les policiers peuvent garder leur arme. Depuis les attentats de 2015, les formalités ont été allégées. C'est une décision individuelle, à condition de la déclarer à sa hiérarchie et d'être à jour dans ses tirs.
Un policier sur deux* conserve désormais son arme hors service. Les policiers de la PJ et ceux de la sécurité publique (la police du quotidien et des commissariats) sont les plus coutumiers de cette pratique.
L'idée que ce serait une sécurité supplémentaire surtout pour pouvoir intervenir en cas d'attentat s'est ancrée chez beaucoup d'entre eux. Le double meurtre de Magnanville (Yvelines) n'a fait que renforcer ce sentiment. En juin 2016, un couple de policiers a été tué à son domicile par un homme qui revendiquait son crime au nom de l'État islamique. L'une des pires craintes des fonctionnaires s'est alors réalisée : le danger peut les poursuivre dans leur intimité. Chargé de donner son avis sur les demandes de port d'arme hors service, un commandant en poste en côte d'Azur évoquait "un vent de panique" chez ses collègues. Je vois chaque fonctionnaire. Je lui demande pourquoi. S'il me répond : «Je veux faire régner l'ordre«, fin de l'histoire.
S'il entend ces mots, l'avis est défavorable.
Ce commandant aurait préféré que l'administration améliore "la sécurisation des locaux" plutôt que de céder à ce réflexe de "mettre une arme sur chaque policier". Mais à travers les inquiétudes de ses subordonnés, il a perçu "l'effet cloisonnant" de leur métier.
S'il constatait néanmoins que "70 %" de ses collègues rentraient armés chez eux sans aucun incident, lui a préféré s'abstenir.
Beaucoup se sont sentis rejetés. Ils ne fréquentent que des fonctionnaires de la police, se marient avec des fonctionnaires de la police, parce que c'est rassurant et confraternel. J'essaie de leur faire comprendre qu'ils peuvent avoir une vie civile. Le truc qui revient dans leur discours, c'est : «S'il se passe quelque chose quand je vais au Carrefour.."
* Chiffres de juil et 2018. 77
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Fabien a eu le même réflexe après les attentats.
Laurent, de la BAC, est toujours parti du boulot avec son pistolet. Pour lui, l'arme est aussi le symbole de sa fonction. Je suis policier 24 heures sur 24. Un policier pas armé, c'est un secrétaire. Je peux me faire tirer dessus, mais je ne partirai jamais sans répondre.
Ça m'a donné un surplus de confiance dans cette période compliquée.
Rester "calibré" en permanence lui permet aussi de gagner "deux minutes" s'il est rappelé en urgence pour une intervention. Les policiers hors service doivent porter l'arme à la ceinture pas dans le sac à dos ou la boîte à gants en s'appliquant à la dissimuler aux yeux du public. L'idée est aussi bien d'éviter les embrouilles que les mouvements de panique.
Cela oblige les fonctionnaires à s'habiller en conséquence, même l'été, et à faire attention à leur posture au restaurant, au cinéma, dans les transports.. Là, sous mon pull, tu ne la vois pas.
Cette veste, je l'ai achetée parce qu'el e va jusqu'à là.
Attention, y a ton arme qui dépasse.
Malgré ces précautions, il y a des ratés.
Une fois, au supermarché, je me baissais pour attraper un truc dans un rayon et un vigile m'a dit :
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Le commandant en poste en Côte d'Azur exclut de rapporter son pistolet, car il reste trop marqué par sa première affaire : Là aussi, les avis sont très tranchés. Du haut de ses trente ans d'expérience, un cadre de la PJ en Rhône-Alpes explique : L'institution recommande pourtant aux policiers d'avoir un coffre, si possible "scellé" et placé "dans un endroit discret". Fabien confesse qu'il ne l'a pas toujours fait. Depuis qu'il est en couple, il la range.
Un double suicide, 13 et 14 ans, en hommage à Kurt Cobain. Le père était tireur sportif. Je refuse que mes enfants aient accès à une arme de près ou de loin..
Mes enfants ont toujours vu leur père armé, ça fait partie de leur éducation. Je fais partie d'une génération de vieux inspecteurs. Je ne quitte jamais mon arme, même chez moi. La nuit, je la cache entre le matelas et le sommier.
Quand j'étais célibataire, je posais l'arme sur la table dans son étui, avec mes papiers et mon brassard. De toute façon, je vivais dans un studio; donc je dormais à côté de la table.
J'ai appris à ma compagne à la décharger, en cas de besoin. Si, par exemple, je faisais un malaise.
Il n'emporte pas son arme en week-end ni en soirée et ne boit jamais d'alcool s'il la porte.
C'est un poids psychologique. Il ne faut pas laisser traîner ton arme. Comme ta carte de police, si tu la perds ou te la fais voler, tu peux avoir une sanction. Et, au-delà, on peut s'en servir derrière.
Un fait divers récent l'a cruellement rappelé. En août 2016, une prostituée transgenre péruvienne a été tuée dans le bois de Boulogne avec une arme dérobée à un policier hors service, qui l'avait laissée dans sa voiture. Avait-il vraiment besoin de la prendre avec lui pour aller au bois de Boulogne ? Le policier et son arme semblent aujourd'hui inséparables, pour le meilleur et pour le pire.
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EN SAVOIR
Là où la balle tombe Hommes ou femmes ? Jeunes ou plus âgées ? Armées ou non ? Les personnes qui meurent lors d’une intervention de police ont souvent des profils proches. Les circonstances de leur mort, elles aussi, se ressemblent. GUERRE DE CHIFFRES
En 2018, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a, pour la première fois, rendu public le recensement des personnes tuées et blessées lors d’opérations policières. Sur l’année 2017, elle fait état de 15 morts. Les journalistes du site d’information Basta! avancent, eux, le chiffre de 35 morts. Sur les 42 dernières années, ils ont mené leur propre recensement et, selon la base de données qu’ils ont constituée, 578 personnes ont perdu la vie dans ces circonstances de janvier 2017 à décembre 2018.
DESSINS : GUILLAUME CHAUCHAT
PROFIL TYPE
La probabilité de mourir à la suite d’une intervention des forces de l’ordre est plus forte pour les hommes jeunes. Sur les 578 morts recensés par Basta! ces quatre dernières décennies, 92 % des personnes étaient de sexe masculin, la moitié avaient moins de 26 ans. Près d’un quart des décès ont eu lieu lors d’un contrôle d’identité. Or, selon le Défenseur des droits, la probabilité d’un contrôle d’identité est vingt fois plus élevée pour un jeune homme s’il est perçu comme noir ou maghrébin.
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MORT EN PRENANT LA FUITE
Selon le même décompte, 232 personnes ont perdu la vie en prenant la fuite : noyées, percutées par un train ou décédées dans un accident routier. Cela représente près de la moitié des décès lors d’une intervention de police. L’autre cause fréquente est le malaise ou l’asphyxie, que ce soit dans un véhicule, dans l’espace public ou au commissariat. La technique dite du « pliage » ou du « plaquage ventral » est souvent mise en cause. Contrairement à d’autres pays, la France n’a pas décidé de l’interdire.
L’ARME À FEU
Elle est responsable d’un peu plus de la moitié des décès lors d’une intervention policière. Parmi les personnes tuées par balles depuis 1977, 60 % n’étaient pas armées. Il arrive que des armes non létales, Taser, Flash-Ball, grenades, provoquent des morts. Basta! en a recensé onze. Parmi eux, le militant écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade de désencerclement alors qu’il s’opposait à la construction du barrage de Sivens.
making-of « Avant cette enquête, je n’avais jamais touché à une arme à feu (et j’ai peur des détonations). Pour éprouver ce que ressent un policier, j’ai accompagné un ami au stand de tir. L’arme est lourde, inquiétante et difficile à actionner lorsqu’on ne la connaît pas. En reportage, j’ai eu l’occasion de tirer à nouveau, cette fois avec le Sig Sauer utilisé par la police. » Camille Polloni
À lire Bang bang, de Camille Polloni. La version intégrale de cette enquête, publiée sur le site Lesjours.fr.
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mi-temps Zumba. On pourrait la croire brésilienne, imaginer que c’est une danse. Certains la soupçonnent même de n’être qu’un cours d’aérobic pour startupeurs en tenue fluo. Afin de percer ce mystère, le plus sportif de nos dessinateurs a testé la discipline et… mis à l’épreuve ses quadriceps. JOSEPH FALZON
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© ROBERT CAPA © INTERNATIONAL CENTER OF PHOTOGRAPHY/MAGNUM PHOTOS
Retirada. 1939, la guerre d’Espagne s’achève après trois ans de combat entre républicains et franquistes. La chute du pays aux mains de Franco provoque un exil sans précédent. Robert Capa, qui a couvert le conflit, immortalise le flot de réfugiés vers les camps français. Des clichés historiques retrouvés il y a peu. CAMILLE DROUET ÉLISA GÉHIN
femmes, enfants, vieillards… En quelques semaines, au cœur de l’hiver, un demi-million de républicains franchissent les Pyrénées, le plus souvent Les familles d’« indésirables », comme les nomme à pied. C’est la Retirada . l’État français, sont séparées. Les hommes sont internés dans des camps sur les plages du Roussillon.
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Sur cette photo de mars 1939, une colonne de soldats en déroute marche vers le camp du Barcarès. le photographe hongrois en fait une longue ligne de fuite qui souligne leur nombre. Frappé par le vent, le sable se soulève et se confond avec le gris du ciel. Seuls ressortent les corps de ces héros déchus transis de froid. Ce n’est pas le premier groupe que Capa photographie. la planche contact montre qu’il s’est beaucoup déplacé, immortalisant la procession de derrière, de face, de côté… jusqu’à trouver l’angle parfait. au bord du cadre, la tenue du gendarme, impeccable dans son uniforme noir, contraste avec le dénuement des exilés. Perdu depuis 1939, le négatif de ce cliché fait partie des 4 500 retrouvés dans la « valise mexicaine ».
Au centre de l’image, l’homme au béret nous regarde droit dans les yeux et donne une identité à la file anonyme. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, Capa a 26 ans. Juif, il doit quitter la France et confie des pellicules à un ami en route vers la zone libre. De Là, elles doivent partir vers l’amérique latine. on perd Leur trace. Les trois boîtes de rouleaux d’images de la guerre civile ne seront retrouvées qu’en 2007, au Mexique.
Portraits, scènes de combat et du quotidien : les clichés sont pour beaucoup inédits. Ils font revivre des visages d’un autre temps qui résonnent avec ceux des réfugiés d’aujourd’hui.
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VINCENT BERGIER
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Reprenons. Jusqu’à 771 millions d’euros de « coûts évités » pour 75 millions investis. Le calcul fleure la bonne opération. Si Siel bleu dit vrai, les pouvoirs publics auraient tout intérêt à financer ses actions. Oui mais… L’État-providence a vécu et, depuis dix ans, l’heure est aux réductions drastiques de subventions. Licenciements, fermetures, abandon de certaines activités : les conséquences de cette hémorragie sont telles que des acteurs du monde associatif parlent de « véritable plan social ».
À l’aube d’une révolution
L
a mue est silencieuse. Elle se cache sous ce voile de chiffres et de formules techniques dans lequel la finance a l’habitude de se draper. Jargon, déluge de sigles et d’anglicismes achèvent de tenir le profane à distance. Pourtant... La mue est vertigineuse. Elle consiste, en toute simplicité, à faire de l’action sociale un marché, de l’aide aux plus fragiles un placement financier.
L’État-providence a vécu Prenez une personne âgée qui chute. « Une chute, on sait que c’est entre 2 000 et 3 400 euros », affirme le groupe associatif Siel bleu. « Si l’on généralise la prévention des chutes sur l’ensemble des personnes en maison de retraite, on réalise entre 421 et 771 millions d’euros d’économies », poursuit-il, par la voix de Sébastien Goua, son responsable innovation. La clé ? La tonicité ! « Un programme d’activité physique adaptée permet d’éviter environ une chute bénigne par an », selon une étude de l’Institut des politiques publiques. Justement, l’« activité physique adaptée », le groupe Siel bleu en a fait sa spécialité. Celui-ci estime le coût de cet outil de prévention à 75 millions d’euros si le programme était généralisé.
Dans ce contexte, pour partir à la conquête des maisons de retraite, Siel bleu doit se débrouiller. Ça tombe bien, un mode de financement flambant neuf lui fait du pied. Le contrat à impact social, le CIS pour les intimes. En lieu et place des deniers publics, des investisseurs privés apportent de l’argent frais aux structures « à impact » qui promettent des actions « innovantes ». Avec le CIS, l’association a des moyens, l’État ne débourse rien et le financier mise sur un « retour sur investissement ». Une formule « gagnantgagnant-gagnant », selon ses partisans. Ajoutez à ce chapelet de gagnants les personnes âgées qui n’ont pas chuté et vous voilà comblé. « Le monde est à l’aube d’une révolution dans la façon de résoudre les problèmes les plus épineux de la société », clame l’inventeur de ce modèle, sir Ronald Cohen. Pour y parvenir, l’homme d’affaires britannique mise sur « le cœur invisible » des marchés. Le contrat à impact social n’est qu’un outil parmi d’autres pour les laisser déployer leur générosité. La France s’est laissé séduire par cette idée. « Réconcilier finance et impact social et environnemental, investissements et intérêt général est bien notre ambition », lit-on sur le site du ministère de la Transition écologique et solidaire. Sur les terrains traditionnellement occupés par des associations, on croise de plus en plus d’entreprises estampillées « sociales et solidaires ». En lieu et place des subventions, de plus en plus d’appels à projets.
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En mars 2016, c’est d’ailleurs par un appel à projets que les premiers CIS français ont été lancés : 62 candidats, 13 retenus, 7 concrétisés. En septembre 2019, Christophe Itier, haut-commissaire à l’Économie sociale et solidaire (ESS), a promis une seconde fournée, annonçant l’avènement d’« un capitalisme responsable ». De Danone à BNP Paribas, les investisseurs sont sur les rangs. Après avoir levé quelque 375 millions d’euros pour son label French Impact, l’État a lancé un fonds de paiement au résultat afin de permettre aux contrats à impact social de « changer d’échelle ».
Impact, résultats, efficacité. La clé de ce modèle tient en quelques mots. Mais comment évaluer la cohésion sociale d’un territoire, le sentiment d’isolement des personnes âgées ? Dans un discours intitulé Révolutionner la philanthropie, Ronald Cohen reconnaissait, en 2014, que « l’investissement à impact allait entraîner un changement de mentalité », et précisait : « Ce changement ne va pas se faire en un jour, il va prendre dix, peut- être vingt ans pour monter en puissance, mais il a commencé et il va advenir. » Pour le meilleur ou pour le pire ?
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RegroupĂŠs au sein du collectif Le Mouves, les entrepreneurs sociaux ont le vent en poupe.
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EN SAVOIR
très chère Solidarité Le contrat à impact social (CIS) est-il la poule aux œufs d’or dont rêvent certaines associations ? Lorsqu’il est apparu en France, elles étaient des dizaines à espérer bénéficier de ce mode de financement « innovant ». Trois ans plus tard, le parcours des pionniers laisse de nombreuses questions en suspens.
Notre outil pionnier du financement innovant obtenu par appel d’offres et garanti sans subventions nous permet, dans le cadre de l’entrepreneuriat solidaire et dans un contexte de déploiement des investissements éthiques liés à une diversification des portefeuilles d’actions, de tirer le meilleur parti des capitaux de nos partenariats privés pour vous proposer un microcrédit à fort impact social favorisant votre insertion économique selon des critères d’efficacité élaborés par notre cabinet d’audit.
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epuis quelques années, un camion d’un genre particulier circule dans les Hautes-Alpes. Sa mission ? Proposer des microcrédits aux personnes vivant dans les zones rurales ou montagneuses afin de faciliter leur insertion professionnelle. Le camion n’est que l’une des facettes d’un dispositif plus vaste comprenant accompagnement de proximité, entretiens par téléphone et financement à distance. Autant d’initiatives présentées comme « innovantes »,
la condition sine qua non pour avoir recours à un nouvel outil de financement : le CIS. L’Adie, l’Association pour le droit à l’initiative économique, à l’origine du camion des Hautes-Alpes, est aussi la première structure en France à avoir signé un tel contrat. C’était en 2016, l’association devait rassembler 1,3 million d’euros pour mettre sur pied son programme destiné à des personnes — entre 172 et 320 — habitant dans des zones reculées. « La mission est ambitieuse dans des territoires où le
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payés aux résultats En Angleterre, berceau des CIS — pays où plus d’une cinquantaine de contrats de ce type ont déjà été signés —, le modèle séduit aussi de grosses structures. St Mungo’s est l’une des plus importantes associations cari tatives de Grande-Bretagne. En 2012, elle lance un CIS pour aider 416 « sans-abri de longue durée » à se reloger. « Le fait d’être payés aux résultats (…) nous offre une liberté inédite dans nos actions », se réjouit AnneJulie Burdet, directrice de développement de St Mungo’s. Mais pour garder la main sur ses actions, la structure va surtout financer elle-même la majeure partie du programme. En 2017, St Mungo’s a relancé un second CIS sur une mission similaire. Ces contrats à répétition posent la question de la pérennité du financement. De son côté, l’Adie explique avoir passé « l’équivalent d’un temps plein pendant un an » à travailler sur la construction du contrat, et ce avant même sa signature. Une implication loin d’être à la portée de toutes les associations.
Vous signez ?
DESSINS : CHICO
contexte économique est moins favorable qu’en ville », soulignait alors Xavier Fabre, responsable du volet opérationnel. Le projet a donc été retenu puis financé par des investisseurs privés : la Caisse des dépôts et des consignations, BNP Paribas, AG2R La Mondiale, Mobiliz Invest et la fondation Avril. Pour élaborer les critères de réussite, le cabinet d’audit KPMG a été sollicité. À la fin du programme, prévu pour durer six ans, KPMG jouera également le rôle d’« évaluateur indépendant ». En cas de réussite, les investisseurs seront remboursés 130 000 euros en guise de par l’État et rémunérés à récompense hauteur de 130 000 euros pour la « prise pour leur « prise de risque ». de risque » des À ce jour, on sait déjà que les investisseurs deux tiers des bénéficiaires sont « insérés économiquement ». Un tel succès laisse planer le doute sur le caractère « risqué » de l’opération, portée par une association reconnue et installée.
Making of « Ce sujet est un retour aux sources puisque j’ai travaillé plusieurs années dans le social. J’ai été très surprise par l’ampleur des changements. J’ai fait des rencontres positives comme le dirigeant de Baluchon, qui a des convictions sincères. Mais j’ai senti que la logique économique prédominait dans les raisonnements. Quand j’ai quitté le secteur, la question que l’on se posait était : accompagner quelqu’un doit-il être évaluable, voire rentable ? Plusieurs années plus tard, la réponse semble évidente : oui. » Catherine Le Gall
À lire Et pourtant elles dansent, de Vincent Djinda. Témoignages de femmes immigrées qui trouvent lumière et solidarité auprès de l’association Femmes en Luth, à Valence (26). Éd. Des ronds dans l’O (2019).
À voir La Sociale, de Gilles Perret. Un documentaire sur les origines de la Sécurité sociale et sur l’un de ses fondateurs, Ambroise Croizat, dont le nom s’est perdu dans les brumes de l’histoire. 1 h 24 (2016).
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ÉCOLOGIE
L’effet Domino Extinction. Blocages, banderoles, slogans..., la protestation enfle pour dénoncer la disparition massive des espèces. Dans son gilet jaune et noir, l’abeille a été l’une des premières à lancer l’alerte, démontrant qu’avec son mode de développement l’être humain détruit le vivant et joue contre son camp. CÉCILE CAZENAVE MATHIEU BURNIAT
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ÉCOSYSTÈME
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musique
face b Björk. Tantôt elfe et créature étrange, femme enfant ou fatale. En quarante ans de carrière, l’Islandaise a créé un personnage aussi insaisissable que sa voix est cristalline. Radicale, écologiste et féministe, avec son air mutin et ses clips hallucinants, elle bâtit une œuvre sauvage et utopiste. ARNAUD LE GOUËFFLEC NICOLAS MOOG
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sous les claviers, la rage
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Aucun metteur en scène n’aurait osé : une pièce en plus de cinquante actes avec des rappels illimités. Cela fait plus d’un an que le mouvement des Gilets jaunes a démarré. Chaque samedi, vêtue de chasubles réfléchissantes, la colère explose sur les ronds-points et les Champs-Élysées. Tandis que les jets de pavés répondent aux tirs de Flash-Ball, d’autres affrontements font rage derrière les écrans, une guerre d’édition inédite avec Wikipédia pour champ de bataille. Sur l’encyclopédie collaborative, l’article « Mouvement des Gilets jaunes » fut l’un des plus consultés, enrichis, attaqués et débattus cette année. Wikipédia donne accès à toutes ses données. Nous nous y sommes plongés. WEDODATA VINCENT SOREL
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EN SAVOIR
DESSINS : FANNY MICHAËLIS
« On se bagarre avec les stéréotypes »
Natacha Rault est membre du Bureau de l’égalité de l’Université de Genève. Elle a cofondé Les Sans pagEs pour créer et améliorer, sur Wikipédia, des articles consacrés aux personnes sous-représentées.
U
ne physicienne de renom dont Wikipédia rejette la biographie jusqu’à ce qu’elle devienne Prix Nobel. Une intellectuelle réduite au rôle de muse d’un homme célèbre. Sur l’encyclopédie collaborative, les femmes sont mal représentées. Chaque mois, des ateliers rassemblent celles et ceux qui, en contribuant à la rédaction d’articles en ligne, entendent y remédier.
D’où viennent Les Sans pagEs ? D’un constat. En 2016, quand le projet est né, seulement 16 % des fiches biographiques sur Wikipédia étaient consacrées à des femmes. Notre but, c’est de combler l’écart. Nous nous sommes inspirées du projet Women in Red, qui, sur la version anglophone, vise à faire passer un maximum de noms de femmes du rouge au bleu, c’est-à-dire d’une couleur signifiant qu’il n’y a pas de page associée à la couleur d’un lien actif. Cet écart provient-il des contributeurs ? En partie. Wikipédia est une communauté très masculine. Résultat, vous avez beaucoup de pages consacrées aux joueurs de foot, très
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peu aux femmes scientifiques. Et puis, c’est une communauté où les conversations sont très animées. Les femmes et les hommes n’étant pas sociabilisés de la même manière, ce contexte est plus favorable aux seconds. Beaucoup de contributrices jettent l’éponge dès qu’elles récoltent des remarques parce qu’elles se sentent moins légitimes, parce qu’elles ne veulent pas aller au conflit. Et puis, comme partout ailleurs, il y a du harcèlement et des discriminations. Quel mode d’action proposez-vous ? On organise des ateliers en chair et en os, où l’on accueille des novices et où on les accompagne dans leurs premières interactions avec la communauté. Le but, c’est qu’elles continuent à publier des articles après l’atelier. Mais on bute sur un autre problème. Pour qu’une personnalité ait droit à sa fiche sur Wikipédia, il faut qu’elle soit l’objet d’au moins deux articles de presse ou universitaires. Si les journalistes écrivaient plus souvent sur les femmes, ce serait plus facile pour nous de faire accepter de nouvelles biographies. On entend souvent que Wikipédia est sexiste, mais ce n’est que le reflet de notre société. Les biographies d’hommes et de femmes sont-elles écrites de la même manière ? Non, c’est aussi l’un de nos objectifs de nous attaquer aux biais d’écriture, de nous bagarrer avec les stéréotypes. Les biographies de femmes vont avoir tendance à aborder très vite leur vie privée, à préciser si elles ont ou non des enfants ou encore à les définir par rapport aux hommes qu’elles ont fréquentés. Ainsi, Lou Andreas-Salomé est avant tout présentée comme la muse de Sigmund Freud, on ne dira jamais l’inverse alors que tous les deux échangeaient sur un pied d’égalité. Trois ans après la naissance du projet, quelle est aujourd’hui l’ambition des Sans pagEs ? Organiser des ateliers dans toutes les villes francophones et continuer à combler l’écart. Mais c’est un travail de fourmis. En deux ans, on a écrit 5 000 biographies, ce qui a contribué à faire grimper le pourcentage de femmes de 16 % à… 18 %, il reste du chemin.
making-of « Le datajournalisme, c’est souvent chercher des endroits que les reporters ne peuvent pas observer avec leurs outils habituels : leurs yeux et leurs oreilles. Chez WeDoData, on aime bien les terrains virtuels. Ces plates-formes – où vous passez des milliers d’heures à lire, consommer, vous informer, débattre… – racontent en effet beaucoup de notre société. Wikipédia est un espace à part, car, fidèle à sa philosophie de transparence et d’ouverture, il ne cache rien de son quotidien. On a donc pu s’installer dans ses coulisses. » Karen Bastien et Victor Schmitt
À lire Supercollectif, la nouvelle puissance de nos intelligences, d’Émile Servan-Schreiber. Ce livre rappelle l’immense potentiel de l’intelligence collective. Éd. Fayard (2018). Wikipédia, objet scientifique non identifié, de Lionel Barbe, Louise Merzeau et Valérie Schafer. Des chercheurs se saisissent de Wikipédia. Cet ouvrage résume leurs problématiques. En accès libre sur openedition.org (2015).
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DROIT DE SUITE
retour sur #MeToo. Deux petits mots. Une étincelle. Une traînée de poudre. L’histoire commence en 2007 lorsque Tarana Burke, travailleuse sociale et militante afro-féministe, lance une chaîne de solidarité pour les victimes de violences sexuelles. Le mouvement Me Too est né. Dix ans plus tard, la formule passe de Harlem à Hollywood : l’actrice Alyssa Milano s’en empare pour dénoncer Harvey Weinstein. Le hashtag devient alors viral et la prise de conscience mondiale. AUDREY LEBEL NICOBY
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CINÉMA
la revue des cinés La Chinoise de Jean-Luc Godard. S’agit-il d’un film engagé ou d’une simple suite de tableaux, de dialogues, de slogans, de musiques et d’affiches qui raconte l’été de cinq jeunes Robinsons du marxisme dans un appartement bourgeois à Paris ? Avec ses airs de rébus, le film – Grand Prix de la Mostra de Venise en 1967 – est aussi novateur que déconcertant.
1. SOURCE : ENTRETIEN AVEC ANTOINE DE BAECQUE, SUPPLÉMENT DU DVD « LA CHINOISE », GAUMONT 2012.
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stations de ski
sur la mauvaise pente
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Au pied des pistes, l’odeur des moteurs diesel des téléphériques se mêle à celle des tartiflettes. Pour combien de temps encore ? Lardée de remontées mécaniques, la montagne a été modelée pour les besoins des sports d’hiver. Dans l’Hexagone, ceux-ci génèrent 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et pèsent pour 10 % du tourisme. Mais l’or blanc se fait rare. À l’angoisse des hivers sans neige, les promoteurs immobiliers répondent par des avalanches de béton. Sur les massifs, les canons à neige racontent tous la même histoire : celle de la fuite en avant d’une industrie aveugle au péril climatique. MATHIEU PÉRISSE JÉRÉMY CAPANNA
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SOURCE : PROJET SCAMPEI (SCÉNARIOS CLIMATIQUES ADAPTÉS AUX ZONES DE MONTAGNE : PHÉNOMÈNES EXTRÊMES, ENNEIGEMENT ET INCERTITUDES), 2011.
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SOURCE : FÉDÉRATION DE L’IMMOBILIER (FNAIM) SAVOIE MONT-BLANC.
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SOURCE : SYNDICAT DES DOMAINES SKIABLES DE FRANCE.
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SOURCE : COMMUNIQUÉ DE LA FIANET INTITULÉ « PRISE DE POSITION DES STATIONS DE MONTAGNE CONCERNANT LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE », 2015.
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EN SAVOIR
« On voit jusqu’où on peut aller dans l’absurde » Face au réchauffement climatique, quelques stations ont déjà fermé, Valdrôme (Drôme) en 2015, Céüze (Hautes-Alpes) en 2018… Est-ce le scénario que vous souhaitez ? Certaines stations devront fermer, oui, mais nous ne sommes pas antiski. Nous sommes contre toutes les solutions extrêmes utilisées pour continuer comme si de rien n’était. Nous devons nous réapproprier la montagne. Aujourd’hui, la valeur d’un massif repose sur les équipements qu’on y a installés : les télé phériques, les immeubles, les pistes... Nous estimons au contraire que chacun a sa v aleur intrinsèque, basée sur ses paysages, sa bio
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Vincent Neirinck est chargé de mission France de l’ONG Mountain Wilderness, une organisation internationale qui, depuis trente ans, défend un tourisme respectueux de l’environnement.
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dieu, remontées mécaniques. En 2012, la petite station de Drouzin-le-Mont (Haute-Savoie) a fermé ses portes. Elle développe aujourd’hui une activité « multisaisons » : auberge communale, ski de fond et raquettes l’hiver, VTT, trail et marche nordique l’été. Un modèle à généraliser ? Les associations se méfient de la standardisation.
Dans les années 1970, les stations de « troisième génération » et leurs immeubles en hauteur se sont multipliés.
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diversité et sa culture. C’est l’inverse du modèle actuel qui propose un produit standardisé, une « montagne McDonald’s » ! Pourquoi s’accroche-t-on à ce modèle ? Cette obstination vient du mythe qu’en montagne seul le ski alpin compte. En réalité, près de la moitié du chiffre d’affaires du tourisme de montagne se fait déjà l’été. Ce chiffre démontre la viabilité des alternatives. On nous dit souvent que tout ce qui n’est pas du ski, c’est du folklore. C’est faux. Concrètement, quelles sont ces alternatives ? La montagne a des atouts énormes. Dans une société urbanisée, ça reste un endroit privilégié pour retourner à la nature, au ressour cement, au silence. Il faut investir sur l’accueil plus que sur le bulldozer, transmettre les valeurs montagnardes, la solidarité… À l’avenir, on aura de moins en moins de sites consacrés à 100 % au tourisme. Des urbains s’installeront en montagne pour travailler à distance. On prendra en compte l’itinérance douce, les traversées de village en village, à pied ou à vélo, en mettant en valeur nos lacs et nos torrents, il s’agira aussi de redonner un rôle aux refuges. On fera encore du ski de temps en temps, quand il y aura de la neige... On entend de plus en plus les termes de « reconversion » ou de « montagne douce ». C’est le signe que l’on prend cette direction ? Oui, mais ces mots n’ont pas le même sens selon qui les emploie. Regardez le projet de ski-dôme de Tignes, où l’on veut mettre le ski sous cloche réfrigérée toute l’année. On voit jusqu’où on peut aller dans l’absurde. Ce n’est pas en installant partout des piscines à vagues qu’on va avancer. Il n’y a pas de recette miracle, il faut désuniformiser. Il faudra aussi accepter que ça ne rapporte pas autant que le ski ? Les retombées des grosses stations ne sont pas si importantes pour le territoire en proportion de leurs bénéfices. Les recettes estivales profitent à plus d’acteurs : une personne qui est à moitié guide, à moitié fermier, qui habite sur place et met ses gamins à l’école, fera vivre un territoire.
L’artificialisation se poursuit. Ici, sur le plateau d’Asiago, en Italie, une nouvelle station est en construction.
making-of « Il faut passer une nuit à 2 000 mètres d’altitude dans l’habitacle de la dameuse de Thomas Sellier. Le soir venu, la pénombre, le froid et le silence s’emparent des pistes de ski. C’est là que l’on prend le mieux la mesure de l’ancrage du tourisme de masse, du désarroi face aux enjeux climatiques. Cette immersion a été réalisée avec l’aide du photographe Alberto Campi, du collectif We Report, dont les clichés sont présents ici. » Mathieu Périsse
À lire L’Épopée des stations de ski, de Guillaume Desmurs. Des stations-villages aux complexes architecturaux, une plongée dans l’histoire et le patrimoine d’un fleuron du tourisme français. Éd. Glénat (2018).
À voir Alpes, le défi climatique, de Morad Aït-Habbouche. Un documentaire incisif sur l’impact du réchauffement climatique dans les Alpes, du dégel du permafrost aux révolutions à venir. 53 min., France 5 (2019).
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DROIT
Au nom de la loi L’association de malfaiteurs. Dans sa formulation, il y a une pointe de désuétude, comme s’il s’agissait d’un délit d’un autre âge, celui où les brigands tiraient au Colt Thompson. Mais elle ne cible pas que des malfrats. Au fil des décennies, anarchistes, communistes ou écologistes sont tombés sous le coup de cette loi. JEAN-CHRISTOPHE MAZURIE
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AUTEURS & AUTRICES
Jeremy Perrodeau
james
● couverture
◆ language - p. 40
Il partage son activité entre dessins et bande dessinée. Inspiré par les grands espaces, il a publié Isles, La Grande Odyssée (éd. FP&CF/2024) et Crépuscule (éd. 2024). Son prochain récit paraîtra en septembre 2020, aux éditions 2024. jeremyperrodeau
Âge : trop. Poids : secret. Yeux : presbytie. Cheveux : de plus en plus épars. Arrivé sur le tard à la bande dessinée, il publie beaucoup depuis pour compenser.
Aurore Petit
● Au pied de la lettre - p. 6 Diplômée des Arts déco de Strasbourg, elle a publié une vingtaine de livres illustrés, chez Les Fourmis rouges et Actes Sud Junior. aurorepetit.com
Cerise Sudry-Le Dû
▼ droits humains - p. 8 Journaliste freelance, installée à Istanbul. Elle aime raconter des histoires, avec une préférence pour les récits intimes. Elle a cofondé le collectif Les Journalopes, qui réunit six femmes journalistes indépendantes.
Simon Lamouret
camille polloni ▼ police - p. 46 Journaliste police-justice pour le site Les Jours, elle est passée par Rue89 et Les Inrockuptibles. En 2016, elle a enquêté sur le Flash-Ball pour La Revue Dessinée.
rica ▼ police - p. 46 Né à Dunkerque, vit à Bordeaux et aime adapter son dessin aux histoires qu’il raconte aux éditions Charrette, Delcourt, Glénat… ricacharky
joseph falzon ◆ sport- p. 82 Il a publié Jours de cendre (éd. Sarbacane), participé aux Autres Gens. Sa dernière bande dessinée ? Alt-Life (éd. Le Lombard). josephfalzon
▼ droits humains - p. 8 Après l’école Estienne et les Arts déco de Strasbourg, il s’installe en Inde puis revient dans le giron toulousain. Il publie le roman graphique Bangalore (éd. Warum) en 2017.
Aurore Gorius
◆ lieu de pouvoir - p. 36 Journaliste pour Les Jours avec une prédilection pour la politique et l’économie, mais aussi les médias et la culture. Elle aime réaliser des enquêtes et quand elles sont dessinées, c’est encore mieux. auroregorius
vincent mahé
◆ lieu de pouvoir - p. 36 Illustrateur, il a fondé en 2013 l’atelier Messieurs Dame et a publié 750 ans à Paris. Ses illustrations sont visibles dans le New Yorker, le NY Times, la revue XXI...
Camille Drouet ◆ photo - p. 88 Traductrice devenue journaliste, elle a usé les claviers de Courrier international. Elle décortique tous les clichés.
Élisa Géhin ◆ photo - p. 88 Originaire des « très Hautes-Vosges », passée par l’école Estienne et les Arts déco de Strasbourg, elle vit à Paris et travaille pour l’édition et la presse jeunesse. elisagehin.fr
Catherine le gall ▼ finance - p. 90 Journaliste, elle varie les supports (livre, documentaire, bande dessinée, presse) pour raconter comment la finance grignote notre société. Elle a publié Les Prédateurs, au Cherche-Midi, avec Denis Robert.
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LA REVUE DESSINEE 26
vincent bergier
Audrey Lebel
▼ finance - p. 90
◆ retour sur - p. 174
Il collabore régulièrement avec la presse : Le Monde, Topo, Télérama… Il illustre aussi des livres jeunesse et a notamment publié Les Rois du pétrole (éd. La Pastèque).
Journaliste indépendante au sein du collectif Les Journalopes. Un œil sur les droits des femmes, un œil sur les anciens pays de l’URSS. @LebelAudrey
cécile cazenave ◆ écologie - p. 128 Journaliste environnement, elle a fait partie de l’aventure Terra eco. Membre du Terrier, un collectif de créatifs bellevillois. @cecilecaz
mathieu burniat
nicoby
◆ retour sur - p. 174 Dessinateur tout-terrain, Nicoby passe du comique à l’autobiographie ou à la chronique sociale, s’intéressant autant aux Gaulois qu’au mouvement #metoo.
◆ écologie- p. 128
Alexandre Franc
Belge, il est mordu de gastronomie, d’arts et de science : des thèmes qu’on retrouve dans La Passion de Dodin-Bouffant, Le Mystère du monde quantique ou Trap, chez Dargaud.
◆ cinéma - p. 184
Arnaud Le Gouëfflec ◆ musique - p. 134 Écrit des romans, des chansons et des scénarios de BD, comme celui de Mondo Reverso 2, dessiné par Dominique Bertail, qui vient de sortir aux éditions Fluide glacial.
Nicolas moog ◆ musique - p. 134 Auteur de bandes dessinées. Les dernières : En roue libre (éd. Casterman) et La Vengeance de Croc en Jambe, avec Matthias Lehmann (éd. Fluide glacial).
wedodata
Enfant de Lyon et parisien d’adoption, il a participé à l’aventure des Autres Gens (2011) et à celle de Professeur Cyclope (2013). Dernier ouvrage : Guantanamo Kid, paru en 2018 aux éditions Dargaud.
Mathieu Périsse
▼ stations de ski - p. 190 Journaliste indépendant basé à Lyon, il est membre de We Report, un collectif spécialisé dans l’enquête et les reportages longs-formats.
Jérémy Capanna
▼ stations de ski - p. 190 Il vit à Clermont-Ferrand, dessine et écrit des histoires. jeremycapanna
▼ wikipédia - p. 142
Jean-christophe mazurie
Studio de datajournalisme et de graphisme d’informations. Ses journalistes, designeurs et développeurs racontent des histoires vraies à partir de bases de données statistiques.
◆ droit - p. 218
Vincent Sorel ▼ wikipédia - p. 142 Auteur de bandes dessinées, pour la presse et l’édition jeunesse. Il a publié Chevaliers, moines et paysans, avec Florian Mazel, dans la collection L’Histoire dessinée de la France (éd. La Découverte/La Revue Dessinée).
Commence à écrire et dessiner des histoires pour la jeunesse tardivement et des bandes dessinées encore plus tardivement. Dernier livre, Ni vu ni lu chez Delcourt.
Lukas Verstraete
ex-libris et abonnement Illustrateur, auteur de bandes dessinées et professeur. En 2017, il publie son premier ouvrage, Un livre pour se faire des amis. lukasverstraete
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numer 26 décembre 2019, janvier, février 2020
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Date de parution 27 novembre 2019 Directeur de la publication Franck Bourgeron Directeur de la rédaction Sylvain Ricard Rédactrice en chef Amélie Mougey Conception graphique Elhadi Yazi Direction artistique Éric Bricka Maquette graphique Léa Larrieu Édition Camille Drouet, Laurence Fredet et Amélie Mougey Correction Anne-Sophie Arnould et Guillaume Goutte Responsable communication Anne Vacca Chargée des abonnements Vanessa Schmierer Responsable événementiel Agnès Arnaut Responsable administrative Murielle Canta Ont collaboré à ce numéro : Guillaume Chauchat, Chico, Fanny Michaëlis (en savoir +), Thibaut Soulcié (uppercut), Hervé Bourhis (contributeurs), Margot Hemmerich et Clémentine Méténier (rédaction) contact@larevuedessinee.fr larevuedessinee.fr La Revue Dessinée est éditée par LRD SAS, SAS au capital de 4 668 Rédaction : 15, rue de la Fontaine-au-Roi, 75011 Paris 01 58 30 52 05 (abo et rédaction) Fondateurs actionnaires : Franck Bourgeron (président), Sylvain Ricard (directeur général) et David Servenay Actionnaires : F&S, Jean-Hubert Gallouet, Patrick Goux, Nicolas Gouju, Arnaud Bertin et Emmanuel Hurault Impression et façonnage : STIGE s.p.a. Via Pescarito, 110, 10099 San Mauro (TO), Italie Fabrication : CPE conseil Photogravure : Apex Graphic Diffusion : Delsol Distribution : Hachette Commission paritaire : 0919 D 91934 ISSN : 0753-3454 ISBN : 979-10-92530-81-0 Hachette : 4577711 Dépôt légal : Novembre 2019 Papiers 100 % PEFC Papier intérieur : Allemagne Papier couverture : Italie
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l’uppercut de thibaut soulcié
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Jeremy Perrodeau est un chercheur. Il invente des formes, trouve des couleurs, il ajuste, il juxtapose, bouscule les convenances. Il crée des récits étranges, fait naître des images rares, peaufinant à chaque dessin son monde singulier. Son prochain récit paraîtra en septembre 2020, aux Éditions 2024.
EN MARS 2020, VOUS TROUVEREZ DANS LE
numer 27 NUCLÉAIRE
En passant par la Lorraine
FIN DU MONDE
par Pierre bonneau, Gaspard d’Allens et Cécile Guillard
êtes-vous prêts ? Par Angela Bolis et Fabrice Erre
INTERPOL
L’outil des dictatures par Marine Dumeurger et Jean-Paul Krassinsky
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Massacre à la tronçonneuse par Déborah Jacquot et Florent Grouazel
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HIVER 2019-2020
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POLICE
Des flics et des flingues GILETS JAUNES
La bataille de Wikipédia SPORTS D’HIVER
Sur la mauvaise pente TURQUIE
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