La médicalisation des naissances a sauvé bien des vies. Mais en limitant certains risques, en a-t-on créé de nouveaux ?
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RETOUR SUR H uîtres interdites
48 INSTANTANÉ En chiens de faïence
88 MI-TEMPS Saut à la perche
132 LA REVUE DES CINÉS Nope
140 LIGNE DE FUITE La Tournée américaine
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VIOLENCES SEXISTES le prix de l’écoute
Au bout du fil, elles prennent soin des victimes. Coûte que coûte ?
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SECRET-DÉFENSE les irradiés de l’île longue
Dans le nucléaire militaire, la santé des ouvriers passée sous silence.
ENQUÊTES
BRAQUAGE EN RÈGLE
CumCum, « avec-avec » en latin : un drôle de nom pour une entourloupe très simple. À la clef, des milliards d’euros de détournement fiscal et de manque à gagner pour les États. Le pire, c’est que ce serait légal…
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AU PIED DE LA LETTRE
Vos questions, nos réponses
Enquête sur les rouages d’un business déshumanisé 176
CRÈCHEs million dollar baby
AUTEURS • AUTRICES
FRAUDE FISCALE
ODE AUX EX-LIBRIS
Bonjour la rédac’ ! À la suite de la suggestion de Jérémie (numéro #45) de supprimer l’ex-libris (Dieu, quel joli mot !) et de votre réponse négative, je confirme l’intérêt de ce qui me sert de marque-page, et donc n’hésiterais pas à vous faire un procès si, d’aventure, un jour, à la suite d’un changement de politique, ou d’une saute d’humeur, vous envisagiez de suivre l’avis de Jérémie. Amicalement. Bruno
À la lecture du courrier du dernier numéro, je suis tombée sur cet encart concernant l’ex-libris. En ce qui nous concerne, à la maison nous l’utilisons comme marque-page. Quand tout le monde a terminé la revue, je le récupère et l’utilise dans le livre suivant où il restera. En attendant d’être redécouvert, par hasard, lorsqu’un prochain lecteur le saisira. Il m’arrive
d’y écrire, soit une actualité du moment, soit une pensée, toujours la date. Car j’aime bien retrouver aléatoirement ces témoins du temps qui passe… Merci pour votre travail. Aude
Décidément, nos ex-libris ne vous laissent pas indifférents ! Mais rassurez-vous, Aude et Bruno, il n’est pas question pour nous d’en cesser la diffusion auprès de nos abonnés. Vous pourrez donc continuer à vous en servir comme bon vous semble… et ne pas mettre vos menaces à exécution.
NOUVELLE CONDUITE
Un grand merci pour votre enquête sur la voiture dans le numéro #43 du printemps dernier. J’habite en zone rurale, peu ou pas de transports en commun et ma voiture a lâché le mois dernier. Grâce à l’impact de votre enquête, nous relevons le défi d’avoir un seul véhicule pour notre foyer (deux actifs et deux enfants en bas âge). Je fais maintenant une centaine de kilomètres à vélo par semaine pour me rendre au travail. La Revue Dessinée a aidé au déclic et a changé nos vies pour le mieux. Maryline
Une voiture pour quatre à la campagne et cent kilomètres de vélo par semaine : dans un monde taillé sur mesure pour la voiture, votre nouvelle organisation tient du défi ! Nous sommes ravis que le travail de Laure Cometti, Victor Dupin et Grégory Mardon ait nourri votre cheminement personnel, et agréablement surpris que vous ayez pris au pied de la lettre le titre de notre enquête « C’est quand qu’on s’arrête ? ». Espérons que vous ne serez pas les seuls à franchir le pas et à réinterroger un mode de déplacement devenu trop naturel.
UN SUJET UNIVERSEL
Je viens de lire l’enquête
« L’éternel débat » de votre numéro #45 et j’y ai retrouvé le questionnement de mon père, qui essaye d’anticiper au mieux sa fin de vie en cherchant avec des amis des moyens de se donner [la mort] eux-mêmes, faute de pouvoir le faire en étant encadrés médicalement. Je conseille vivement aux lecteur•ice•s qui aimeraient creuser le sujet la bande dessinée qui nous avait marqué•e•s : Mes mauvaises filles de Zelba, autrice stéphanoise qui, avec sa sœur, a aidé sa mère à mourir. Merci pour cette enquête et votre travail de qualité (sans lequel je ne me documenterais que trop peu sur les sujets de société). Anouck
Chère Anouck, merci pour votre témoignage. Cette enquête a été source de questionnements pour nous aussi. Du côté des auteurs comme de celui de la rédaction, nous avions à cœur de traiter ce sujet difficile avec nuance et dans sa complexité.
Nous sommes heureux que nos interrogations rejoignent les vôtres, que vous vivez au plus près. Votre recommandation de lecture aurait tout à fait trouvé sa place dans nos pages « C’est notre rayon ».
AGENDA
30 janvier-2 février Festival d’Angoulême (16)
La Revue Dessinée et sa petite sœur TOPO seront une fois de plus présentes au rendez-vous du plus grand festival de bande dessinée au monde, en Charente. Au programme : conférences, dédicaces et bien sûr un stand où vous pourrez rencontrer nos équipes et retrouver nos derniers numéros et albums.
Pour nous suivre et nous contacter contact@larevuedessinee.fr larevuedessinee.fr
DESSINS AURORE
Offrez un cadeau qui a du sens
Retrouvez nos albums et nos éditions spéciales, toujours en bande dessinée, chez votre libraire ou sur larevuedessinee.fr
Cause toujours
En 2017, le candidat Emmanuel Macron fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l’un des piliers de la « grande cause » de son quinquennat. Manque de cohérence, de suivi ou d’impulsion : le bilan, depuis, a été largement critiqué et de nombreux chantiers restent ouverts.
« UN CATALOGUE DE MESURES »
Pénalisation du harcèlement de rue, création d’un seuil de non-consentement à 15 ans, généralisation des bracelets anti-rapprochement… Depuis 2017, des lois visant à protéger les victimes de violences sexistes et sexuelles ont été adoptées. Mais les moyens manquent. En 2023, la Cour des comptes déplorait l’écart entre les annonces – « une succession de temps forts et une superposition de plans stratégiques sans véritable coordination » – et les insuffisances de l’action publique.
UN ACCOMPAGNEMENT RENFORCÉ
Une plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles permettant d ’échanger avec des policiers et des gendarmes formés a été lancée en 2018. Après une large mobilisation associative, le 3919, numéro consacré à l’accompagnement des victimes de violences conjugales, a, lui, été rendu accessible à toute heure de la journée en 2021.
MANQUE DE PLACES
Comme promis par Édouard Philippe en 2018, le nombre de places d’hébergement pour les victimes de violences conjugales a augmenté : il est passé de 7 820 fin 2021 à près de 10 0 00 en 2024. Mais les besoins sont estimés de 15 0 00 à 20 000 places. D’après la Fondation des femmes, près de la moitié des femmes sans enfants sont sans réponse du 115.
Texte sarah bosquet
• Dessin Malijo
UNE AIDE LOIN D’ÊTRE UNIVERSELLE
Depuis l’annonce d’un « pack nouveau départ » visant à permettre aux victimes de quitter le foyer, une « aide d’urgence » créée par une loi de février 2023 a aujourd’hui bénéficié à 26 2 22 personnes, dont une majorité de femmes victimes de violences conjugales. Cette aide aux prétentions universelles exclut les femmes étrangères sans titre de séjour, pourtant particulièrement exposées aux violences et aux réseaux de traite des humains.
PARENT PAUVRE DE L’ACTION PUBLIQUE
Dans la foulée du Grenelle des violences conjugales de 2019, le budget consacré aux droits des femmes et à l’égalité a augmenté. Les crédits attribués à la prévention des violences et de la prostitution sont passés de 13,7 millions en 2019 à 38 millions en 2024.
D’après la Fondation des femmes, ceux alloués à la lutte contre les violences conjugales et sexuelles a augmenté de 50 millions d’euros entre 2019 et 2023. Mais c’est loin de couvrir les besoins. Des rapports parlementaires déplorent ainsi une « précarisation de l’action associative » par l’État. Quant au ministère dédié, qui a changé cinq fois de titulaire en sept ans, il est parmi les moins bien dotés du gouvernement depuis 2017.
de Nicolas Wild. Après une immersion de plusieurs mois, le dessinateur documente la vie de la maison des femmes de Saint-Denis, spécialisée dans l’accueil des victimes de violences. Éd. Delcourt (2021).
À LIRE
Féminicides. Une histoire mondiale, dirigé par Christelle Taraud.
Un ouvrage sociologique et politique unique, qui rassemble une centaine de contributions de spécialistes du sujet.
Éd. La Découverte (2022).
retour sur
Huîtres interdites. Il y a un an, le réveillon laissait un souvenir impérissable dans le Sud-Ouest. En cause : des coquillages contaminés par les eaux usées. Depuis, ostréiculteurs et riverains se battent pour obliger les responsables à agir.
SYLVIE LUNEAU SILKI
instantané
En chiens de faïence. Ce 21 janvier 2007, Angela Merkel rencontre Vladimir Poutine à Sotchi, en Russie. Lors de l’inévitable conférence de presse, une autre invitée fait son apparition, Koni, le labrador présidentiel. Une scène aux allures d’imprévu, pourtant parfaitement orchestrée.
FÉRIEL NAOURA ÉLISA GÉHIN
L’ancien agent du KGB a enquêté. En 1995, la chancelière a été mordue par un chien. Depuis, elle les craint.
Ce tête-à-tête entre l’homme fort du Kremlin et la chancelière allemande est le second depuis que celle-ci a accédé à son poste. Lors de leur précédente réunion, un an auparavant, le leader russe aurait offert à son homologue un chien en peluche. Une délicate attention envers sa nouvelle « consœur » , dirigeante d’un pays dont l’âme soviétique a été perdue à l’Occident ?
L’image fait son effet. Angela Merkel, les yeux rivés sur le balancier de la queue du canidé, apparaît inquiète face à un Vladimir Poutine impavide, sourire aux lèvres.
Les teintes, noires et cuivrées, ainsi que la composition de la scène évoquent une poterie antique, conservée au musée du Louvre : Héraclès, victorieux, y présente Cerbère, le chien des enfers, à un Eurysthée craintif, à demi caché dans une jarre.
Mais la chancelière a su faire preuve de plus de sang-froid que le roi mythique. Alors que Vladimir Poutine lui demande si sa chienne ne la dérange pas, Angela Merkel répond dans un russe maîtrisé : « Après tout, elle ne mange pas les journalistes. »
À un groupe de reporters, elle confiera plus tard : « La Russie n’a rien, pas de réussite sur le plan politique ou économique. Tout ce qu’ils ont, c’est ça. » Cet épisode posera les marques de seize années de rencontres, entre condamnations publiques et coopération économique.
Une relation ambivalente avec, en toile de fond, l’approvisionnement en gaz d’une Allemagne dénucléarisée, auquel la guerre en Ukraine mettra un terme.
En avril 2016, l’affaire des Panama Papers faisait scandale en mettant au jour une évasion fiscale mondiale et massive, concernant aussi bien des milliardaires que des chefs d’État ou des criminels. Clearstream, LuxLeaks, SwissLeaks… Les enquêtes internationales sur la fraude fiscale se multiplient depuis le début du siècle. L’une d’elles frappe par la simplicité déconcertante du procédé qu’elle révèle : les CumEx Files. Au cœur de cette escroquerie, deux techniques de contournement fiscal utilisées partout dans le monde… et diablement efficaces.
JÉRÉMIE BARUCH, ANNE MICHEL ET MAXIME VAUDANO FABIEN ROCHÉ
Le compte n’est pas bon
Qu’elles soient anecdotiques ou massives, les astuces plus ou moins légales pour ne pas payer d’impôts grèvent les recettes fiscales de la France.
Résultat : des dizaines de milliards d’euros manquent pour financer les politiques publiques.
30 À 100 MILLIARDS
C’est le montant estimé en euros du manque à gagner annuel de l’État français sur ses recettes fiscales, selon la Cour des comptes.
NE PAS CONFONDRE :
LA FRAUDE FISCALE est une violation délibérée et intentionnelle des règles en la matière.
POURQUOI UNE FOURCHETTE AUSSI LARGE
?
« Contrairement à de nombreux pays, la France ne dispose d’aucune évaluation rigoureuse de la fraude fiscale, ni même de l’écart fiscal », regrette la Cour des comptes, dans un rapport publié en novembre 2023.
RASSURANTS ASSURÉS
Fin 2024, le Haut Conseil au financement de la protection sociale a évalué la fraude sociale à plus de 13 milliards d’euros. Mais loin des fantasmes autour des arnaques au RSA, « la fraude imputable aux assurés sociaux est de l’ordre d’un tiers des fraudes évaluées », souligne son rapport. Plus de la moitié, en revanche, provient de la fraude aux cotisations sociales, versées par les employeurs ou les micro-entrepreneurs.
L’ÉCART FISCAL correspond à tout ce que l’État ne perçoit pas : cela inclut donc la fraude fiscale, mais aussi les irrégularités involontaires (erreurs, oublis…).
L’ÉVASION FISCALE désigne les opérations destinées à réduire le montant des prélèvements, qu’elles soient légales (ce que l’on appelle l’optimisation fiscale) ou pas (la fraude fiscale).
En 2023, l’État a récupéré 15,2 MILLIARDS d’euros à la suite de redressements.
120 000 PISCINES NON DÉCLARÉES
Identifiées entre 2021 et 2023, elles sont l’un des exemples qu’aime volontiers brandir Bercy pour vanter l’amélioration récente de ses outils de détection. Mais « en l’absence d’estimation statistique de la fraude fiscale, il est impossible d’établir quelle proportion de cette dernière est détectée, et si cette proportion a augmenté au cours des dernières années, tacle la Cour des comptes. Il s’agit là d’une carence majeure, à laquelle il doit être remédié. »
À LA TRAÎNE
En écho à la publication du rapport de la Cour des comptes, le gouvernement a lancé, en octobre 2023, un Conseil d’évaluation des fraudes, chargé d’enfin évaluer ce manque à gagner. Attendues pour juin 2024, ses premières conclusions n’étaient toujours pas tombées mi-octobre.
« MÉDIOCRES
»
C’est ainsi qu’a qualifié les résultats du contrôle fiscal en France la députée
Charlotte Leduc (LFI) dans un rapport parlementaire en octobre 2023.
« Le vol des 80 à 120 milliards d’euros qui continuent à manquer chaque année aux caisses de l’État constitue une atteinte grave à notre cohésion sociale. Il nous empêche d’investir massivement dans le développement des services publics et dans la bifurcation écologique. »
À écouter
Le Facteur temps, de François Luciani et Sophie-Aude Picon. Une fiction radiophonique qui plonge dans les arcanes de l’évasion fiscale internationale, en suivant les artisans et les victimes du CumCum. Affaires sensibles, France Inter, 2 épisodes, 53 min (2019).
making-of
« “Et si on l’appelait ?” Depuis le “desk Delta One” de la Société générale, Jérôme Kerviel a forcément vu passer des opérations de CumCum. Rendez-vous est pris. “Ils étaient quatre collègues à faire ça, juste derrière moi”, nous raconte l’ex-trader déchu, des “deals faciles et sans risques”, avec “beaucoup d’argent” à la clé. Les traits tirés, il nous lâche qu’il avait mis en garde le Sénat dès 2013. Ce qui nous mettra sur la piste des alertes ignorées par les autorités publiques. » Jérémie Baruch, Anne Michel et Maxime Vaudano
mi-temps
Saut à la perche. Aux J.O., les hommes s’envolent en prenant appui sur un bâton depuis 1896. Les femmes ont, elles, dû attendre l’an 2000, mais en portant leur record olympique à 5,05 m en 2008, elles ont depuis placé la barre très haut.
MAËLLE REAT
17 AVRIL, FIN D’APRÈS-MIDI. JE PRENDS LE MÉTRO DANS MON SEUL ET UNIQUE
LEGGING DE SPORT...
... LA RAISON ÉTANT QU’AUJOURD’HUI JE
TESTE LE SAUT À LA PERCHE POUR CETTE CHRONIQUE.
C’EST ANTONIO MAGALHAES, ENTRAÎNEUR SPÉCIALISÉ, QUI VIENT ME RÉCUPÉRER.
ON ARRIVE À L’INSEP, UN GENRE DE CAMPUS SUR 28 HECTARES, EN PLEIN BOIS DE VINCENNES.
LE GYMNASE EST IMMENSE.
... À SAUTER 5 MÈTRES.
À
L’INTÉRIEUR, ON RETROUVE DEUX JEUNES « ESPOIRS » FRANÇAIS QUI S’ENTRAÎNENT...
DE LA RAPIDITÉ POUR L’ÉLAN.
DE LA FORCE POUR APPUYER SUR LA PERCHE.
ET DE LA SOUPLESSE POUR LE RENVERSEMENT.
TOI, TU VAS SAUTER DANS LE PETIT BAC À SABLE.
LES ÉLÈVES D’ANTONIO (QUI PRATIQUENT LE SAUT POUR LE LOISIR) SONT ARRIVÉS. ILS S’ÉCHAUFFENT À CÔTÉ DE MOI.
PRÊTE ? JE TE FILME !
EN ÉCOUTANT LEURS PROPOS, UNE PARTIE DE MOI NE PEUT S’EMPÊCHER DE TROUVER CE SPORT PHILOSOPHIQUE. FINALEMENT, TOUT COMME DANS LA VIE : TOP DÉPART !
ALLEZ ! ON COURT !
ON NE S’ARRÊTE PAS !!!
BRAVO MAËLLE ! WAOUH !
PRÊTE ? JE TE FILME !
BRAVO MAËLLE !
POUSSées
à bout
EMMANUELLE MICHEL MANON MUGNIER
ll existe autant d’histoires que de naissances. Des accouchements en quelques heures, d’autres qui s’éternisent. Chez soi, dans la voiture, à la maternité, dans une maison de naissance… Avec ou sans médecin, avec ou sans péridurale. Des arrivées au monde tout ce qu’il y a de plus naturel en milieu médicalisé, des projets de naissance très « nature » qui terminent à l’hôpital. Il y a des césariennes bien vécues, d’autres pour lesquelles la récupération est compliquée, des épisiotomies nécessaires, d’autres dont on aurait peut-être pu se passer. Des déclenchements bienvenus ou regrettés. Des traumatismes parfois.
Il y a toutes ces histoires, singulières, impossibles à classer, à anticiper, à comparer, tellement ce moment échappe au contrôle et à la volonté. Et puis, il y a les tendances de fond que les études, les chiffres et les témoignages des professionnels nous permettent d’appréhender. Et qui viennent éclairer ou pondérer les controverses qui évoluent, génération après génération : de la lutte pour l’accouchement sans douleur et sans risque aux critiques de la surmédicalisation. Aujourd’hui encore, les débats ne sont pas tranchés : quand tout se présente bien, quelle est la bonne dose d’intervention médicale ?
CHASSEZ LE NATUREL
En 2017, la Haute Autorité de santé (HAS) émettait pour la première fois une recommandation aux soignants pour la prise en charge de l’« accouchement normal », c’est-à-dire pour des pratiques « respectueuses du rythme et du déroulement spontané de la naissance chez les femmes présentant un bas risque obstétrical ». Ce texte venait inscrire noir sur blanc un mouvement amorcé par des parturientes, des sages-femmes et des médecins, et timidement à l’œuvre dans les maternités. Car, pendant des années, « l’accent a été mis sur la sécurité de l’accouchement qui se caractérise par un niveau de médicalisation et de technicisation élevé, quel que soit le niveau de risque »,
écrivait l’obstétricien Bernard Hédon en accompagnement de la recommandation de la HAS. « Cette évolution a pu paraître excessive aux femmes qui n’en avaient pas besoin et aujourd’hui leur demande a changé », poursuivait-il avant d’appeler à abandonner les « gestes et traitements superflus ». Dans la même veine, la note
de la HAS incite à « abandonner les pratiques systématiques pour ne garder que celles qui sont scientifiquement justifiées », rappelant le principe de prudence : « primum non nocere », « d’abord ne pas nuire ». Faut-il y voir un début de mea culpa ? La journaliste Emmanuelle Michel et la dessinatrice Manon Mugnier ont mené l’enquête là où tout commence.
Laissées en route
En deux décennies, plus d’une maternité sur trois a fermé en France. En parallèle, des dizaines de femmes ont été contraintes d’accoucher dans leur voiture, au beau milieu du trajet pour rejoindre un établissement trop lointain.
En France, le nombre de maternités est passé de 721 en 2000 à 464 en 2022. Manque de personnel, coûts trop importants, baisse de natalité... les raisons invoquées pour fermer les services sont nombreuses. Mais l’abscence d’anticipation transforme certains territoires en déserts périnataux, obligeant les futurs parents à des trajets
longs et dangereux. En 2021, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) indiquait dans un rapport que la part des femmes en âge de procréer résidant à plus de trente minutes d’une maternité a augmenté d’un tiers environ entre 2000 et 2017. Elle se situe autour des 7 %, soit environ 900 000 femmes. Or plusieurs études
texte Élodie Potente • dessin Camille jacquelot
Cinquante femmes ont accouché dans leur véhicule depuis 2016
internationales montrent qu’un temps de trajet de plus de trente minutes contient des risques pour la mère et l’enfant à venir. En décembre 2022, la maternité de Ganges, à la frontière entre l’Hérault et le Gard, a fermé ses portes, laissant certaines futures mères à plus d’une heure de route pour aller accoucher. Josépha, habitante d’un village alentour, avait donc choisi par défaut de se rendre à Millau, à une heure quinze de trajet. Mais sa fille Mahaut est finalement née à l’arrière de son break dans le froid de novembre, sur le parking d’une salle des fêtes. Et son histoire est loin d’être un cas isolé puisque, selon les données que nous avons rassemblées, au moins cinquante femmes vivant à plus de trente minutes d’une maternité ont accouché dans leur véhicule depuis 2016. Un chiffre sans doute sous-évalué, car aucune étude concrète ne permet de corréler les accouchements hors maternité avec la disparition de celles-ci. En septembre 2024, le Sénat soulignait le manque de préparation de ces fermetures et la nécessaire réorganisation de l’offre de santé périnatale : « Faute d’assumer un travail difficile de transformation de l’offre de soins, le risque est réel de voir le maillage territorial encore affaibli. »
des recommandations à contre-sens
L’académie de médecine préconisait en 2023 de fermer les maternités réalisant moins de 1 000 accouchements par an. La Cour des comptes appuie cette politique en recommandant, en mai 2024 de « conduire au niveau régional une revue périodique de l’activité » des maternités pratiquant moins de 1 000 accouchements, d’interroger « l’opportunité et les conditions de la poursuite de leur activité ». Dans les territoires ruraux, les femmes ont donc de quoi s’inquiéter. Encore secouée par son expérience en bord de route, Josépha résume l’enjeu en quelques mots : « Même si tout s’est bien passé, ce n’est pas l’accouchement que j’ai choisi. »
en 2022 pour pallier la pénurie de maternités en Auvergne, le camion de consultation obstétrique itinérant
a fermé deux ans plus tard, faute de moyens.
À voir
Faut pas pousser !, de Nina Narre. Mêlant expérience personnelle et enquête journalistique, la documentariste explore la surmédicalisation de la naissance et donne des pistes pour changer de regard sur l’accouchement. 165 min (2021).
À ÉCOUTER
L’obstétricien qui veut changer la naissance, de Clémentine Sarlat. Dans ce podcast, le médecin Michel Odent explique les conditions nécessaires pour qu’un accouchement se déroule bien, en insistant sur le besoin d’intimité de la femme en travail et sur le rôle essentiel des hormones produites par le corps. La Matrescence, 75 min (2021).
Lancé
Opti’soins
la revue des cinés
Nope de Jordan Peele. À la sortie du film, ses décors étaient déjà repris dans un parc d’attractions d’Hollywood. Un coup de maître pour célébrer un réalisateur qui cumule les premières, et une œuvre dénonçant la société du spectacle.
LILIAN COQUILLAUD
ligne de fuite
La Tournée américaine. Deux musiciens messins partent à l’assaut de petites scènes indépendantes du sud des États-Unis. Récit d’un road trip, entre précis de débrouillardise et ode aux oubliés de l’Amérique.
NICOLAS MOOG
* « Super endroit, hein ? Il y a de bonnes “vibes” !»
* Trimard, vagabon.
* « Merci, les potes ! On est contents que vous appréciiez ces conneries. » ** Pourboires.
* Patrouilles frontalières. ** Arrière-cour. *** Riz et haricots noirs.
* Petit déjeuner. ** Œufs à la mexicaine.
* « Tout est plus grand aux États-Unis. »
* « Moins d’hospitalité, moins d’attention, moins d’argent. »
les irradiés de l’île longue
Depuis les années 1960, la dissuasion nucléaire est une doctrine centrale de l’armée française, d’autant plus d’actualité à l’heure de la guerre en Ukraine. C’est dès cette époque que l’État jette son dévolu sur l’Île Longue, une presqu’île du Finistère, pour y installer une base de sous-marins. Quelques expropriations express et des années de travaux plus tard, des ouvriers s’y relaient pour assembler des têtes nucléaires… sans protection, ou presque. Exposés à la radioactivité pendant des décennies, nombre d’entre eux ont contracté des maladies, souvent mortelles. Un scandale qui se heurte encore aujourd’hui au secret-défense.
BREST, SEPTEMBRE 2020
Je rêve de papa très souvent.
C’est tellement fort qu’au réveil je le crois encore vivant.
GHISLAINE PATINEC ET L’UN DE SES FILS, NICOLAS
CAROLE COLLINET-APPÉRÉ ÉRIC APPÉRÉ
C’est son boulot qui l’a tué.
JEAN-YVES PATINEC EST MORT À 50 ANS, LE 29 JANVIER 2002, À L’HÔPITAL PAUL-BROUSSE DE VILLEJUIF (VAL-DE-MARNE) DES SUITES D’UNE LEUCÉMIE.
SON PÈRE L’ENVOIE À L’ÉCOLE DES APPRENTIS DE L’ARSENAL.
HÔPITAL PAULBROUSSE
JEAN-YVES, FILS D’OUVRIER DE LA BASE NAVALE, N’A GUÈRE EU LE CHOIX QUAND IL A DÛ CHOISIR UNE ORIENTATION À L’ÉCOLE.
I L A 16 ANS.
DIX ANS PLUS TARD, MARIÉ ET PÈRE D’UN ENFANT, IL ANNONCE À SA FEMME QU’IL VEUT TRAVAILLER À L’ÎLE LONGUE EN TANT QUE PYROTECHNICIEN.
Le salaire est plus élevé... notre vie sera plus facile.
CE TERRITOIRE DE 1,5 K M EST RATTACHÉ À LA PRESQU’ÎLE DE CROZON DANS LA RADE DE BREST. C’EST LE SITE MILITAIRE LE MIEUX GARDÉ ET LE PLUS SECRET DE FRANCE.
IL ABRITE DEPUIS 1970 LA BASE OPÉRATIONNELLE DES SOUS-MARINS NUCLÉAIRES LANCEURS D’ENGINS QUI COMPOSENT LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE FRANÇAISE. IL EST OPÉRÉ PAR LA DIRECTION DES CONSTRUCTIONS NAVALES (DCN)* POUR LE COMPTE DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE.
* Aujourd’hui Naval Group.
COMME SES COLLÈGUES, JEAN-YVES PREND PLACE CHAQUE MATIN À BORD DU TRANSRADE, LE FERRY QUI L’EMMÈNE DE BREST À L’ÎLE LONGUE.
LE TRAJET DURE VINGT-CINQ MINUTES,
TOUT LE MONDE DÉBARQUE AU PIED DE CE QU’ON APPELLE « LA CATHÉDRALE ».
SOUS BONNE ESCORTE DES FUSILIERS MARINS.
LE PASSAGE OBLIGÉ, OÙ CHACUN DOIT MONTRER PATTE BLANCHE AVANT DE RECEVOIR SON DROIT D’ACCÈS.
Biiip
Roland, tu fermes ta gueule dans les bistrots, dans les restos.
Dès que tu rentres à l’Île Longue, t’es briefé.
Si on te demande ce que tu fais sur la base, t’as qu’à dire que tu ne fous rien, ça fera plaisir à tout le monde.
On te met au parfum sur les niveaux de confidentialité.
Et aussi, sur ce que tu risques si tu parles :
une amende ou de la prison !
ROLAND GUILCHER, ANCIEN SALARIÉ ET ANCIEN DÉLÉGUÉ SYNDICAL
LA PYROTECHNIE EST UNE ZONE ROUGE. CAR C’EST LÀ, AU SEIN D’UN IMMENSE
ATELIER SURNOMMÉ « LA NEF », QUE SONT ASSEMBLÉES LES TÊTES NUCLÉAIRES DES MISSILES BALISTIQUES.
zone jaune : installations navales
ÎLE LONGUE
LES CONSTITUANTS DES ÉTAGES PROPULSIFS ARRIVENT SUR LE SITE EN ÉLÉMENTS SÉPARÉS.
zone bleue : sécurité
zone rouge : pyrotechnie et nucléaire
CES ÉTAGES SONT ENSUITES ASSEMBLÉS POUR CONSTITUER LE VECTEUR DU MISSILE.
LA PARTIE HAUTE, COMPOSÉE DES TÊTES NUCLÉAIRES, EST FIXÉE AU RESTE DU MISSILE.
LE MISSILE EST MIS EN PLACE DANS L’UN DES TUBES DU SOUS-MARIN.
DANS CHAQUE SOUS-MARIN : SEIZE MISSILES CONTENANT CHACUN SIX TÊTES NUCLÉAIRES D’UNE PUISSANCE DE 110 À 150 KILOTONNES. DIX FOIS LA BOMBE D’HIROSHIMA !
AUX CÔTÉS D’UNE CENTAINE DE MÉCANICIENS, ÉLECTRICIENS ET ARTIFICIERS, JEAN-YVES S’APPLIQUE AU MONTAGE DE CES ARMES TRUFFÉES DE PLUTONIUM, D’URANIUM ET DE TRITIUM.
AVEC POUR SEULE PROTECTION, UN CASQUE ET DES GANTS.
IL ARRIVE MÊME QUE LES OUVRIERS PRENNENT LEUR PAUSE CASSE-CROÛTE ACCOUDÉS AUX MISSILES.
SELON LEURS TÉMOIGNAGES, LE DISCOURS OFFICIEL SE VOULAIT RASSURANT : Les têtes nucléaires ne sont pas plus dangereuses qu’un bout de bois.
Il n’y a aucun danger à travailler auprès des bombes.
Elles ne rayonnent pas plus que le granit breton.
À l’époque, on faisait confiance à nos chefs.
PIERRE-JEAN BIHANNIC A TRAVAILLÉ À L’ASSEMBLAGE ET À LA MAINTENANCE DES MISSILES À TÊTES NUCLÉAIRES DE 1982 À 2000.
On se disait que vu qu’on ne portait pas d’appareils pour mesurer la radioactivité ni de protection comme les collègues qui bossaient à bord des sous-marins, c’est qu’on ne risquait rien.
Ils insistaient surtout sur les risques pyrotechniques.
Pour nous, tout était contenu.
À 63 ans, j’essaye de profiter de la vie.
Mais au moindre rhume, au moindre petit dérèglement dans mon corps, je suis inquiet.
Je me dis : putain, j’espère que je n’ai rien.
LES RISQUES D’IRRADIATION AVAIENT DÉJÀ ÉTÉ MIS SUR LA TABLE UNE PREMIÈRE FOIS EN 1979.
DANS SON JOURNAL « L’OUVRIER DE L’ARSENAL », LA CGT S’INTERROGEAIT SUR LE « DANGER POUR UN TRAVAILLEUR D’ACCUMULER PENDANT DES ANNÉES DES RAYONS IONISANTS »
JUSQU’À CET INCIDENT DE NOVEMBRE 1996, ÉVOQUÉ PAR PLUSIEURS MÉDIAS :
LA QUESTION ÉTAIT RESTÉE SANS RÉPONSE.
On veut savoir à quoi on est réellement exposés !
On veut des dosimètres ! Ça suffit !
OUVRIERS SE METTENT EN GRÈVE.
LES
TOUTE ACTIVITÉ SUR LES MISSILES EST À L’ARRÊT.
L’ÉTAT-MAJOR DE LA MARINE NATIONALE FINIT PAR LE RECONNAÎTRE :
Le taux de rayonnement est légèrement supérieur à la norme du grand public*.
POUR LES TRAVAILLEURS DU NUCLÉAIRE, LA LIMITE RÉGLEMENTAIRE D’EXPOSITION EST, À CETTE ÉPOQUE, DE 50 MSV/AN, RAMENÉE DÉSORMAIS À 20 MSV/AN.
CETTE RÉPONSE
SIBYLLINE EST LOIN DE CALMER LES ESPRITS,
NI DANS LE RANG DES SYNDICATS NI LORS DU COMITÉ D’HYGIÈNE, DE SÉCURITÉ ET DES CONDITIONS DE TRAVAIL (CHSCT) EXTRAORDINAIRE, CONVOQUÉ LE 19 NOVEMBRE.
Toutes les précautions n’ont pas été prises !
* À l’époque de 5 millisieverts (mSv) par an. Elle est aujourd’hui de 1 mSv par an.
LES ÉLUS DU PERSONNEL APPRENNENT QUE, DÈS LE MOIS D’AOÛT 1996, LE COMMISSARIAT À L’ÉNERGIE ATOMIQUE (CEA) AVAIT INFORMÉ LES RESPONSABLES DE LA PYROTECHNIE DE L’ÎLE LONGUE ET DE LA DCN QUE, PARMI LES TYPES DE TÊTES NUCLÉAIRES ASSEMBLÉES SUR PLACE, LES TN-75 ÉMETTAIENT DES RAYONNEMENTS GAMMA PLUS ÉLEVÉS.
LES RAYONS GAMMA SONT DUS AUX RADIATIONS ÉMISES PAR DES ÉLÉMENTS RADIOACTIFS.
BÊTA
LES REPRÉSENTANTS DU CHSCT DÉCOUVRENT ÉGALEMENT QUE DES MESURES SUR LES MISSILES ONT ÉTÉ CONDUITES, EN CATIMINI, EN PLEINE NUIT. EN PLUS DES RAYONS GAMMA, DES ÉMISSIONS DE NEUTRONS ONT ÉTÉ DÉTECTÉES.
GAMMA PAPIER PEAU MÉTAL EAU BÉTON PLOMB
NON SEULEMENT SUR LES TÊTES NUCLÉAIRES NOUVELLE GÉNÉRATION MAIS AUSSI LES PLUS ANCIENNES.
RÉPONSE DE LA DIRECTION :
QUEL EST LE PIC DE RAYONNEMENT AU DESCONTACT TÊTES ?
CHSCT 19/11/96
Procès verbal Par contre, les dosimètres individuels et d’ambiance seront bien sûr communiqués aux intéressés.
Cette information est classifiée car elle peut donner des indications précises sur la composition des têtes nucléaires.
Vous avez gardé le secret au mépris de la santé du personnel depuis des années, vous l’avez sciemment laissé dans l’ignorance !
TALEC, ÉLU CGT
LE 22 NOVEMBRE, LES PYROTECHNICIENS, RASSEMBLÉS, AFFRONTENT LA HIÉRARCHIE MILITAIRE ET CIVILE.
Nous voulons des données chiffrées sur les doses d’uranium, de plutonium et de tritium auxquelles nous avons été soumis !
Pourquoi aucune protection n’a été mise en place ?
Nous réclamons une commission d’enquête composée d’élus du CHSCT et d’experts indépendants, choisis par les organisations syndicales !
FRANCIS
MAIS LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE GARDE LA MAIN. IL MANDATE LE CONTRE-AMIRAL MICHEL GEERAERT, INSPECTEUR DES ARMES NUCLÉAIRES, POUR MENER UNE ENQUÊTE.
LES ÉLUS CGT PROFITENT D’ÊTRE ENTENDUS (AUX CÔTÉS DE LA DCN, DU CEA, DES AUTRES REPRÉSENTANTS SYNDICAUX ET DU CHSCT) POUR POSER LEURS QUESTIONS :
Pourquoi les informations données au CHSCT et au personnel pendant des années ont été rassurantes ?
Pour quelles raisons les rayons neutroniques ont-ils été seulement détectés à partir d’août 1996 alors qu’ils ont toujours existé ?
Quelles conséquences sur la santé du personnel à moyen et long terme ?
LE RAPPORT D’ENQUÊTE NE SERA JAMAIS DIVULGUÉ.
C’est bien utile, le secret-défense quand on veut masquer les incidents, les accidents et les conséquences sanitaires.
JEAN-YVES PATINEC, COMME TOUS LES OUVRIERS, REPREND LE CHEMIN DE LA NEF EN DÉCEMBRE.
Allez, au travail, les gars !
DES FORMATIONS À LA PROTECTION RADIOLOGIQUE SERONT MISES EN PLACE AINSI QUE DES VISITES MÉDICALES.
LA DIRECTION A ANNONCÉ QUE LES ATELIERS ET LES POSTES DE TRAVAIL PYRONUCLÉAIRES SERONT TRANSFORMÉS EN ZONES CONTRÔLÉES, ET QUE DES DOSIMÈTRES INDIVIDUELS SERONT DISTRIBUÉS.
On avait des entretiens avec le médecin militaire.
On pouvait poser toutes les questions qu’on voulait,
Les chefs d’équipe nous disaient : on va faire le nécessaire pour que vous soyez en sécurité.
Ils étaient convaincants.
PIERRE-JEAN BIHANNIC
mais on n’avait jamais de réponse.
À l’époque personne n’était malade.
PIERRE-JEAN BATAILLE SEC POUR NE PLUS TRAVAILLER AUPRÈS DES TÊTES NUCLÉAIRES.
Pas encore.
L’ANGOISSE COMMENCE À CETTE ÉPOQUE POUR JEAN-YVES. IL REÇOIT UN PAPIER DE L’ARMÉE SUR LEQUEL FIGURE SA DOSE DE RAYONNEMENT EMMAGASINÉE.
IL Y A MÊME UN PETIT DÉDOMMAGEMENT FINANCIER CALCULÉ EN FONCTION DE SON ÂGE.
C’était très dur et je n’étais pas bien du tout.
IL METTRA QUATRE ANS AVANT DE QUITTER SON POSTE.
Surréaliste quand on y songe maintenant.
Aïe !
Merde !
C’est rien, juste un bleu.
À cette période, je le trouvais fatigué.
Je pensais qu’il déprimait à cause d’un chef qui lui pourrissait la vie au boulot.
Et puis il y avait cet hématome qui ne disparaissait pas.
LE DIAGNOSTIC TOMBE : LEUCÉMIE AIGUË.
J’ai tout de suite fait le lien avec l’Île Longue.
D’AVRIL À JUIN, IL FAIT PLUSIEURS SÉJOURS DANS LE SERVICE D’HÉMATOLOGIE DE L’HÔPITAL MORVAN, À BREST.
LE MÉDECIN LUI ANNONCE QUE, SANS GREFFE OSSEUSE, IL NE POURRA PAS GUÉRIR.
L’OPÉRATION A LIEU À PARIS, À L’HÔPITAL SAINT-LOUIS, AU MOIS D’OCTOBRE.
LA GREFFE SEMBLE FONCTIONNER.
MAIS L’ÉTAT DE JEAN-YVES SE DÉGRADE RAPIDEMENT.
IL EST TRANSFÉRÉ D’URGENCE À L’HÔPITAL PAUL-BROUSSE.
Les reins lâchent.
LE 29 JANVIER 2002, PARIS
Allô, c’est maman.
Papa est mort.
POUR GHISLAINE PATINEC COMMENCE UNE LONGUE PROCÉDURE CONTRE LA DCN ET LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE.
DANS UN PREMIER TEMPS, ELLE OBTIENT LA RECONNAISSANCE DE LA MALADIE PROFESSIONNELLE.
LA LEUCÉMIE FIGURE AU TABLEAU NUMÉRO 6 DE LA SÉCURITÉ SOCIALE QUI LISTE LES AFFECTIONS PROVOQUÉES PAR LES RAYONNEMENTS IONISANTS.
AVEC L’AIDE DE LA CGT, GHISLAINE ET SES TROIS ENFANTS RÉDIGENT ENSUITE UN LONG MÉMOIRE.
ILS L’ ADRESSENT, LE 19 AVRIL 2003, AU SERVICE DES PENSIONS DES ARMÉES POUR QU’IL SOIT REMIS AUX MEMBRES DE LA COMMISSION DES RENTES.
LA DÉCISION EST RENDUE EN MAI 2004 : LA MALADIE PROFESSIONNELLE EST CONSÉCUTIVE À UNE FAUTE INEXCUSABLE DE L’EMPLOYEUR.
L’AFFAIRE PATINEC EST L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT.
ELLE MARQUE AUSSI LE DÉBUT D’UNE SÉRIE NOIRE CHEZ LES OUVRIERS DE LA PYROTECHNIE.
PLUS DE 110 PERSONNES ONT APPROCHÉ LES TÊTES NUCLÉAIRES DEPUIS L’ ARRIVÉE DES PREMIERS MODÈLES EN 1972*.
LEUCÉMIES, CANCERS DU PHARYNX, DE L’ŒSOPHAGE, DU CERVEAU, DES REINS, DES POUMONS, CATARACTE...
AUTANT DE MALADIES RADIO-INDUITES DONT SOUFFRENT LES MÉCANICIENS, APPAREILLEURS, ÉLECTRICIENS, PYROTECHNICIENS.
* D’après le collectif des irradiés de l’Île Longue.
On en a vu des gars tomber malades ou mourir.
FRANCIS TALEC
Il y a des victoires. La DCN a été condamnée pour faute inexcusable en juin 2022, dans la survenance de la myélodysplasie d’un électronicien.
EN 2013, LE COLLECTIF DES IRRADIÉS DE L’ÎLE LONGUE VOIT LE JOUR. LE COMBAT EST DÉSORMAIS JUDICIAIRE.
Nous demandons la reconnaissance de la maladie professionnelle et la faute inexcusable de l’employeur.
Mais le combat reste éprouvant pour les familles.
Le ministère fait volontairement traîner les procédures et maintient que les règles de protection contre les rayonnements ionisants ont été respectées.
Nous, nous assumons de dire qu’il s’agit d’un mensonge d’État.
Le travail sans la santé
Le sociologue Jorge Muñoz a mené une étude sur les anciens ouvriers de l’Île Longue afin de mieux connaître leurs conditions de travail et leur état de santé sur le long terme. Ses résultats sont accablants.
Acheminé en 1970 alors que les travaux étaient encore en cours, « Le Redoutable » sera le premier sous-marin nucléaire à pénétrer sur la base de l’Île Longue.
Dans quelles conditions assemblait-on les têtes de missiles nucléaires à la base sous-marine de l’Île Longue ?
Le sociologue Jorge Muñoz a cherché à répondre à cette question en s’intéres-
sant au sort de plusieurs dizaines d’ouvriers de la pyrotechnie qui y ont travaillé entre 1972 et 1996. « Sur les 204 personnes visées, 53 étaient décédées de manière précoce », explique l’enseignant-chercheur de l’université
de Bretagne occidentale (UBO). Leur moyenne d’âge : 62 ans, « alors que l’espérance de vie des ouvriers en France est de 77 ans, insiste Jorge Muñoz. Cela interroge forcément, car on parle ici d’ouvriers d’État avec des conditions d’emploi plus stables et plus favorables que dans d’autres filières. »
« il y avait les radiations mais aussi l’amiante, les solvants, et les postures de travail pénibles »
Si une cinquantaine d’anciens salariés de l’Île Longue ont refusé de participer à l’enquête, 97 autres ont accepté de répondre au questionnaire portant sur les équipements de protection individuelle, les conditions de travail, l’état de santé et le suivi post-professionnel. Les résultats de cette étude sociologique ont été publiés en 2021 et montrent une prévalence des cancers : 35 % sont atteints de leucémie, de cancers de la thyroïde, de la prostate, des poumons, de la vessie, du côlon, des testicules... « C’est un ratio énorme », observe Jorge Muñoz, lequel souligne encore que ces ouvriers étaient « polyexposés ». « Il y avait les radiations, mais aussi l’amiante. Ils manipulaient des solvants, avaient des postures de travail pénibles et étaient soumis à des horaires décalés. »
penser l’après
L’enquête du sociologue de l’UBO dénonce également la « lourdeur et la complexité administrative » du suivi post-professionnel pour cette catégorie de travailleurs. « C’est à eux d’effectuer la démarche s’ils veulent entrer dans le dispositif, précise Jorge Muñoz. Seuls 46 % d’entre eux l’ont fait, et ils sont en majorité suivis par leur médecin traitant. »
Le collectif des Irradiés de l’Île Longue plaide pour la création d’un centre public territorial de suivi post-professionnel, « pour simplifier les choses et assurer le suivi systématique des salariés ayant été exposés aux cancérogènes ».
texte Carole Collinet-Appéré
Derrière les coques de protection zébrées des missiles des sous-marins lanceurs d’engins se cachent les têtes nucléaires, assemblées depuis les années 1970 par les ouvriers de l’Île Longue.
À lire
Au nom de la bombe, de Franckie Alarcon et Albert Drandov. Cette bande dessinée s’intéresse aux hommes qui ont participé aux nombreux essais nucléaires menés par la France en Algérie et en Polynésie, entre 1960 et 1996. Une fierté… jusqu’à ce que les premières maladies apparaissent. Éd. Steinkis (2021).
million dollar baby
« Une période essentielle pour son bon développement et sa construction » : depuis quatre ans, Santé publique France mène une campagne active sur les mille premiers jours de l’enfant. L’agence insiste notamment sur les besoins fondamentaux des bébés, tels un environnement sain et sûr, une alimentation adaptée et des relations affectives stables. Des objectifs qui peuvent être mis à mal dans certaines crèches privées. Dans leur course effrénée à la rentabilité, ces entreprises, qui ne cessent de grossir, malmènent les tout-petits… et les salariés.
DAPHNÉ GASTALDI ET MATHIEU PÉRISSE CLOTKA
* D’après le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge. ** Enquête Cnaf, 2022.
* Caisse d’allocations familiales.
* Selon le rapport << Accueil des enfants de moins de 3 ans >> du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (2023).
* Le prénom a été changé.
* Dès 2017, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des finances (IGF) dénonçait un << surcalibrage des financements publics >>.
Les déplacements en hélicoptère du
également mentionnés dans le
*
PDG de People & Baby, Christophe Durieux, sont
livre << Babyzness >> de Bérangère Lepetit et Elsa Marnette.
* Le prénom a été changé.
Des auteurs de cette enquête dessinée,
CRÈCHES
*
Le Seuil, 2023. ** De Bérangère Lepetit et Elsa Marnette, Robert Laffont, 2023.
CRÈCHES
* Selon la ministre chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, Sarah El-Haïry, en audition fin avril 2024.
un enjeu d’enfantS
Malgré un rapport interministériel et plusieurs livres, tous accablants, la réforme du secteur des crèches reste un vaste chantier, à peine entamé.
DES COUCHES D’ENQUÊTES
Début 2023, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) recueillait près de 2 000 témoignages de maltraitances et dressait un tableau édifiant du secteur. En septembre, deux livres racontaient la course au profit des grands groupes. L’Assemblée nationale lançait alors une « mission flash » puis une commission d’enquête parlementaire, tandis que le gouvernement promettait une réforme en profondeur. Mais avec trois ministres chargés de la Famille en moins de deux ans, le dossier avance à pas de fourmi.
PREMIERS
EFFORTS
Des contrôles ont occasionné la fermeture de plusieurs dizaines de crèches début 2024. Mais les moyens de la Protection maternelle et infantile, qui réalise ces inspections, n’ont pas été renforcés. Jusqu’en 2020, moins d’un établissement sur dix était visité chaque année. L’autre chantier en cours est celui de la revalorisation des salaires, point crucial pour améliorer le recrutement. Une hausse moyenne de 100 à 150 euros par mois a été actée, dont les deux tiers seront financés par la Sécurité sociale. Elle est jugée insuffisante par les syndicats.
CRISE DE VOCATIONS
C’est une revendication de longue date des professionnels : passer de six à cinq enfants encadrés par salarié. Une réforme aujourd’hui inapplicable, à cause de la pénurie de personnel. L’autre priorité est donc le lancement d’un grand plan de formation. Il manque actuellement plus de 10 000 professionnels et il faudrait en former 70 0 00 autres pour ouvrir les 200 000 nouvelles places promises par l’État. Mais les candidats aux écoles d’auxiliaires ou d’éducateurs ne se bousculent pas, refroidis par les mauvaises conditions de travail.
DÉBAUCHE D’ARGENT PUBLIC
Le crédit d’impôt familles (CIF) permet aux entreprises qui réservent des berceaux pour leurs salariés de ne payer que 20 % de leur prix. Les groupes de crèches, qui leur facturent parfois jusqu’à 20 0 00 euros par an pour un seul enfant, estiment que sa suppression les obligerait à fermer des milliers de places. D’où la réticence du gouvernement à s’y attaquer.
CHANGER LES RÈGLES
Sur les marchés publics, certains groupes n’ont pas hésité, à l’inverse, à promettre des places à 3 0 00 euros, trois fois moins que le tarif habituellement observé. Un dumping encouragé par des municipalités en quête d’économies…
Se pose donc la question de créer un prix plancher, une solution peu populaire au sein des collectivités locales, soucieuses de rigueur budgétaire.
Texte daphné gastaldi et Mathieu Périsse
Dessin Amélie Graux
making-of
À LIRE
Trois livres-enquêtes sont sortis en l’espace d’un an pour dénoncer les dérives du secteur :
Le Prix du berceau, de Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse, Éd. Seuil (2023).
Babyzness, de Bérangère
Lepetit et Elsa Marnette, Éd. Robert Laffont (2023).
Les Ogres, de Victor Castanet, Éd. Flammarion (2024).
À ÉCOUTER
Le Business des crèches, de Daphné Gastaldi. Une adaptation de l’enquête a été proposée sur scène lors d’un événement de Mediavivant. À voir ou réécouter en podcast. 70 min (2024).
« En septembre 2023, nous découvrons que la ministre des Familles Aurore Bergé – aujourd’hui accusée de collusion avec le lobby des crèches, bien qu’elle s’en défende – a eu connaissance du contenu de notre livre avant sa sortie. À sa parution, celui-ci est distribué aux présidents de groupe à l’Assemblée nationale par William Martinet. Ce député de La France insoumise a poussé à la création de la commission d’enquête. Quatre mois plus tard, nous étions auditionnés. » Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse
javi Aznarez
● couverture
Javi Aznarez est un peintre et illustrateur espagnol. Il dessine pour des livres, des expositions et des journaux comme
The Guardian, The Washington Post et The New Yorker. En 2021, il a imaginé l’affiche et les illustrations du film The French Dispatch, écrit et réalisé par Wes Anderson.
javi_aznarez
Aurore Petit
● AU PIED DE La LETTRE - P. 4
Diplômée des Arts déco de Strasbourg, elle a publié une vingtaine de livres illustrés, chez Les Fourmis rouges et Actes Sud Jeunesse.
aurore.petit.dessine
sarah bosquet
▼ violences sexistes - P. 8
Elle a enquêté à l’Observatoire international des prisons et se passionne pour la lutte contre les violences sexistes, la dépollution des sols et l’inventivité des luttes sociales.
Alix Garin
▼ violences sexistes - P. 8
Elle est née en 1997 en Belgique. Son premier album, Ne m’oublie pas (Le Lombard, 2021), a reçu plusieurs prix, dont les prix France
Culture des étudiants, Fnac Belgique et Victor-Rossel. Elle vit à Bruxelles. alix_garin
Sylvie Luneau
◆ droit de suite - p. 34
Journaliste spécialisée, elle piste les sujets sur l’eau, le littoral, la biodiversité, le climat et l’écologie pour La Gazette des communes et Le Courrier des maires. Insulaire, elle est souvent en mer.
Silki
◆ droit de suite - p. 34
Dessinatrice coréenne, elle écrit sur les discriminations. Sa série Kimchi baguette est publiée en ligne dans Mâtin, quel journal ! sur Instagram.
fériel naoura
◆ photo - p. 48
Photographe, elle endosse aussi le costume d’iconographe, d’éditrice et de rédactrice.
Elle a travaillé pour la revue de photojournalisme 6Mois.
élisa géhin
◆ photo - p.48
Passée par l’école Estienne et les Arts déco de Strasbourg, elle travaille pour l’édition et la presse jeunesse.
Jérémie Baruch
▼ fraude fiscale - p. 50
Au journal Le Monde depuis 2003, il travaille sur les problématiques d’éthique et de déontologie. Il enquête sur le blanchiment d’argent sale et l’évasion fiscale, que ce soit en sources ouvertes ou via des fuites de données.
Anne Michel
▼ fraude fiscale - p. 50
Journaliste au Monde depuis 2001, elle a couvert l’économie avant de s’intéresser aux paradis fiscaux. Elle mène des enquêtes politico-financières, notamment avec des consortiums internationaux.
Maxime Vaudano
▼ fraude fiscale - p. 50
Recruté au Monde en 2013, il s’est spécialisé dans l’enquête sur les scandales financiers, la probité et l’argent public, en fouillant les leaks et les bases de données.
fabien roché
▼ fraude fiscale - p. 50
Né à Paris, actuellement à Lyon, il jongle entre la bande dessinée, l’illustration et le graphisme. Son premier livre, La Météorite de Hodges, est paru aux Éditions Delcourt en 2021.
fabien_roche_
maëlle Reat
◆ sport - p. 88
Après des études d’art à Paris, elle publie sa première bande dessinée, Comme une grande, aux éditions Virages graphiques en 2022. Elle crée des illustrations pour les revues
La Déferlante et TOPO.
maelle_reat
Emmanuelle michel
▼ Accouchement - P. 96
Journaliste pour l’AFP à Lille, Madrid et aujourd’hui Paris, elle explore en parallèle avec bonheur les formats dessinés pour La Revue Dessinée et TOPO. Elle a été reporter free-lance en Asie du Sud-Est. emmichel1
manon mugnier
▼ Accouchement - P. 96
Autrice de bande dessinée, illustratrice et maquettiste, elle publie entre autres sur Mâtin, quel journal ! avec les éditions Dargaud ainsi que dans Les Rues de Lyon moinionsaucebbq
lilian coquillaud
◆ cinéma - p. 132
Il est le dessinateur de Battue, sorti en 2020 aux éditions 6 Pieds sous terre, avec la scénariste Marine Levéel. liliancoquillaud
nicolas moog
◆ carte blanche - p. 140
Auteur de bande dessinée, son dernier livre, True Stories of Nic & Matt, réalisé avec Matthias Lehmann, est paru en 2024 aux éditions 6 Pieds sous terre.
carole Collinet-Appéré
▼ secret-défense - p. 150
Elle est journaliste pour une chaîne de télévision en Bretagne. Elle aime les récits de vie et les histoires entre les lignes.
ÉRIC APPÉRÉ
▼ secret-défense - p. 150
Ancien éducateur spécialisé auprès de sans-abri et de femmes victimes de violences, il s’est reconverti dans le dessin depuis une quinzaine d’années.
daphné gastaldi
▼ crèches - p. 176
Cofondatrice de We Report, un collectif de journalistes spécialisés dans les enquêtes au long cours. Pour La Revue Dessinée, elle a enquêté précédemment sur les violences sexuelles dans l’Église et le sport.
Mathieu Périsse
▼ crèches - p. 176
Journaliste indépendant vivant à Lyon, il est membre de We Report, un collectif spécialisé dans l’enquête et les reportages longs formats.
mathieuperisse
Clotka
▼ crèches - p. 176
Au collège, elle caricature les profs pour se faire des copains. Aujourd’hui, elle travaille pour la presse et l’édition jeunesse.
clotka_
numer 46
décembre 2024
janvier • février 2025
Date de parution
27 novembre 2024
Directeur de la publication
Sylvain Ricard
Rédaction en chef
Amélie Mougey
Baptiste Bouthier
Direction artistique
Cat Gabillon
Conception graphique
Elhadi Yazi
Maquette graphique
Valentine Dossat
Édition
Fériel Naoura
Rédaction
Léone Laali
Correction
Anne-Sophie Arnould
Isabelle Bryskier
Communication
Pierre-Lou Quillard
Coordination commerciale
Marie Le Flahec
Marketing
Anaïs Benguigui
Secrétaire général
Jean-Philippe Salmon
Administration
Murielle Canta
Ont collaboré à ce numéro :
Aurore Petit (Au pied de la lettre), Hervé Bourhis (Auteurs • Autrices), Mathilde Bezard-Falgas (Stagiaire)
Abonnements : abo@larevuedessinee.fr
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Diffusion : Flammarion
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Code commande : 97EBBN001015.N001
ISSN : 2269-2606
ISBN : 978-2-382 640241
Dépôt légal : novembre 2024
Papiers 100 % PEFC
Papier intérieur : Allemagne
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