TOPO 50

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T’as vu ?

Quelqu’un a vandalisé le mur de ta mémé !

Yes, c’est moi, wesh !

Mec, t’es archéologue ou quoi ?!

C’est hyper tendance !

Même Timothée Chalamet, il en porte, genre !

Et d’abord, ce n’est pas du vandalisme, c’est du street art !

Et c’est quoi, « bananart » ?

« BANDAN’ART », c’est mon blaze.

On dirait une pub pour du pâté.

Ouais, je me lance dans l’influencing.

Ra pport à mon accessoire de mode. Tu portes des bandanas, maintenant ?

WOW ! QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE TRUC ??!

Le pigeon, il a vandalisé mon œuvre d’art !

C’est du street art ! *splotch*

Un caca de pigeon.

C’est pas du vandalisme !

Dessin de couverture : Aseyn 50 #

Street art : du commissariat aux galeries

6

Reportage

Il se balade en dehors des musées et s’offre aux regards des passants… qui, parfois, le qualifient de vandale.

30

Tête-à-tête

Timothée Chalamet, le nouveau mâle, à l’aise.

32

De la tête aux pieds

Le bandana, un petit foulard innocent qui a beaucoup de choses à dire.

38

Cash sexe

Êtes-vous queer ?

C’est un mot incontournable et compliqué. On fait le point.

44

Sans cliché

Le photojournalisme pris au piège de la belle image.

46

La question du moment

Faut-il s’habituer à vivre avec des rats, des pigeons ou des cafards ?

58

Clair et Net

Comment et pourquoi TikTok est devenu un sujet diplomatique.

62

TOPO fait son numéro

La presse recycle son papier et… ses idées. Une petite histoire se cache derrière le marronnier.

66

Sous influence

Oups ! Ce sujet contient une publicité pour une BD TOPO (géniale).

Loin des préjugés, les concerné.e. s prennent la parole

78

Témoignage

Il y a autant de parcours que de personnes trans. TOPO est allé à leur

Narratologie, Nintendo, Spirou et Damien Hirst

76

Plastique : tragique addiction

104 Ça tourne pas rond

Le plus pratique des matériaux nous empoisonne. Comment s’en débarrasser ?

110 C’est quoi, ce travail ?

Archéo-anthropologue

118

Jamais trop d’art

TOPO autopsie les bonnes histoires, couvre des crânes de diamants, mais vit aussi des aventures en BD ou en jeux vidéo, ouf !

142

TOPO coulisses

144

Chut… Ça n’intéresse personne

146

# Moi

: Bouzard

Une activité à haut risque

Que le graffiti soit un art ne fait plus vraiment débat. Mais pour bon nombre de ceux qui le pratiquent, c’est aussi un genre de sport. Et même un sport extrême ! Comme le skateboard ou l’alpinisme, c’est une activité dangereuse. Pour être vu du plus grand nombre et gagner le respect de la communauté des graffeurs, avoir du style ne suffit pas : il faut aussi savoir prendre des risques ! Dès son développement sur les métros new-yorkais dans les années 1970, les writers comptent leurs blessés et leurs morts. Il faut dire que les dangers sont nombreux quand on pratique le graffiti « vandale » : au risque de finir en garde à vue s’ajoute celui d’être électrocuté, percuté par un train ou de faire une mauvaise rencontre. Et bien sûr de tomber, quand on décide comme certains de grimper sur les toits pour peindre le sommet des immeubles, sur les rares espaces encore vierges de graffitis !

Artistes acrobates

Ils escaladent les façades, le plus souvent la nuit et sans aucune sécurité, sur des échafaudages ou avec des cordes d’alpiniste. Car le graffiti s’érige à la verticale.

Par Stéphanie Lemoine

Du matériel d’alpinisme

Devant une œuvre située en hauteur, au sommet d’un immeuble ou qui recouvre tout un mur, on s’est tous posé cette question : comment a bien pu faire la personne qui l’a réalisée ? Dans le cas du street art légal, la réponse est simple : le plus souvent, c’est une nacelle qui a permis à l’artiste de peindre

sur le mur. Mais quand la pièce a été réalisée sans autorisation ? Là, c’est d’autant plus mystérieux que les graffeurs « vandales » doivent rester discrets sous peine de s’exposer à des poursuites judiciaires. C’est pourquoi celles et ceux qui pratiquent le graffiti « à la verticale » se confient rarement ! G raffiti vandal. Les démarches invisibles, un documentaire de Jules Hardi, laisse entrevoir leur façon de faire. Échafaudages, trappes d’accès, escaliers extérieurs… tous les moyens sont bons pour accéder aux toits. Une fois au sommet, certains graffeurs se suspendent en rappel pour peindre les façades. Ils se munissent alors d’outils plutôt inhabituels : mousquetons, cordes d’escalades, harnais… D’autres utilisent des rouleaux de peinture fixés à de longues perches, ce qui suppose de peindre « à l ’aveugle » .

Une bonne dose d’adrénaline

Ultra visible grâce à des artistes comme Cost et Revs, Blu, les Berlin Kidz, Horfée, Ecilop ou le collectif Douceur extrême, cette conquête des sommets n’est pas nouvelle. Elle est déjà au cœur du pixação développé à partir des années 1980 à São Paulo, au Brésil. Ce type d’écriture codifié, qui s’inspire à la fois de l’alphabet runique et des pochettes de disques de métal, se fonde sur l’escalade libre. Le résultat est impressionnant, mais on vous déconseille d’essayer : plusieurs pixadores l’ont payé de leur vie. Mais alors pourquoi prendre tant de risques ? Tout dépend des graffeurs ! Si tous cherchent une bonne dose d’adrénaline, certains le font pour la gloire, d’autres pour des raisons politiques, d’autres enfin pour dire leur refus d’une vie routinière façon « métro boulot dodo ». Et parfois, pour tout ça à la fois !

Timothée Chalamet

Avec son visage d’ange et sa capacité à jouer tous les rôles, il est l’icône de la génération Z.

Du haut de ses 28 ans, l’acteur francoaméricain, qui peut se targuer d’avoir déjà joué dans plus de vingt films, passionne autant le public que le monde du cinéma ou le milieu de la mode. Derrière son apparence nonchalante se cache un jeune homme hyperactif et studieux.

Petit prince du cinéma. Timothée Chalamet, qui a grandi à New York, a connu les caméras dès l’âge de 6 ans, notamment dans des publicités. Il évolue dans une famille d’artistes : sa mère a été danseuse et actrice à Broadway, tandis que son oncle est réalisateur et sa tante productrice. Il fait sa scolarité au lycée LaGuardia, à New York, qui prépare au monde du spectacle, tout en enchaînant les rôles, comme dans Interstellar, de Christopher Nolan. En 2017, à 22 ans, à l’affiche de Call Me by Your Name de Luca Guadagnino, il explose à l’international. Il sera nommé aux Oscars et aux Golden Globes pour le rôle d’Elio. Depuis, Timothée Chalamet multiplie les tournages, entre films indépendants et blockbusters comme Dune

Sa « french touch » séduit. Son père français, journaliste correspondant pour Le Parisien, l’emmène en vacances au Chambon-sur-Lignon (43), une petite ville à deux heures de Lyon. C’est là qu’il développe sa passion pour le foot et son amour pour l’équipe de l’AS Saint-Étienne, qu’il suit outre-Atlantique. Timothée Chalamet n’hésite pas à jouer sur son côté français, arborant un porte-clés tour Eiffel sur des tapis rouges, ou à dire qu’il rêve dans la langue de Molière. Ce qui ne l’a pas empêché d’être tiraillé entre deux cultures, et d’avoir du mal à construire sa propre identité.

Par Pauline Ferrari et Jeanne Detallante

Ses choix sont artistiques et politiques.

L’acteur ne fait pas les choses à moitié : il jongle entre films d’auteur et productions hollywoodiennes, apprend à faire ses propres cascades et même à chanter et danser pour ses rôles. En 2017, alors qu’il tourne Un jour de pluie à New York de Woody Allen, le réalisateur est accusé d’agression sexuelle. Avec ses camarades de jeu, ils décident de ne pas tirer profit du film, et reversent leurs cachets à des associations LGBT et de lutte contre les violences faites aux femmes.

« J ’ai désormais appris qu’un bon personnage ne devait pas être mon seul critère de sélection » , avait-il déclaré sur Instagram. En 2020, il appelle à voter pour le Parti démocrate et, en 2021, collabore avec un créateur pour imaginer un sweat-shirt dont les bénéfices sont reversés à l’organisation française Afghanistan libre, qui lutte pour les droits des femmes afghanes.

Sa vie sentimentale passionne.

Comme il est propulsé au rang de superstar mondiale, sa vie privée est quasiment aussi scrutée que sa vie professionnelle. Au lycée, il rencontre et fréquente pendant deux ans Lourdes Ciccone Leon, fille de la chanteuse Madonna. Puis en 2018, il passe deux ans en couple avec l’actrice Lily-Rose Depp, fille de Vanessa Paradis et de Johnny Depp. Depuis 2023, il partage la vie de la star de téléréalité et femme d’affaires Kylie Jenner : une histoire d’amour qui casse les codes, très suivie par les paparazzis.

Il est le symbole d’une nouvelle masculinité. En interview ou au contact de ses fans, Timothée Chalamet apparaît comme gentil, spontané et solaire. Un physique gringalet, loin d’une image de bad boy, qui détonne au milieu des stéréotypes d’Hollywood. Sur les tapis rouges, il n’hésite pas à casser les codes de la mode masculine en apparaissant avec des bijoux, des tenues moulantes, des dos nus ou des vêtements en satin coloré. Comme l’acteur Tom Holland ou le chanteur Harry Styles, il représente une nouvelle image de la masculinité et un modèle pour la génération Z, plus libérée des codes du genre.

Le retour du bandana

Le bandana blanc est noué à la manière d’un foulard par-dessus une veste d’officier en laine rouge. La silhouette, signée de la pop star Pharrell Williams pour Louis Vuitton, est extraite de son défilé automne-hiver 2024.

Aux côtés des chapeaux aux bords relevés, des santiags ou des jeans délavés, le bandana participe à l’imagerie voulue par Pharrell.

Celle d’une Amérique aventurière et mélangée d’un cow-boy à la John Wayne, mais repensée pour le 21 e siècle et dans une version ultra-luxe.

Voyez plutôt : la veste en question vaut en boutique 2 800 euros, soit deux fois le montant du smic net, le salaire minimum en France. Le bandana ? 34 0 euros !

Louis Vuitton n’est pas la seule marque de luxe à s’enticher de cet accessoire. En deux ans, plusieurs maisons de mode prescriptrices – celles que les marques de fast-fashion comme Zara et Shein imitent –en ont proposé.

Le bandana fait partie des pièces textiles les plus versatiles, avec de multiples significations et emplois à travers les siècles. Les historiens font remonter son apparition à l’Inde du 17e siècle. Son nom est un dérivé du sanskrit badhnati qui signifie «« n ouer »».

Pour le printemps-été 2025, le rappeur ASAP Rocky en a inclus plusieurs dans le premier défilé de son label American Sabotage by AWGE, que les fans ont adoré autant que les critiques de mode l’ont sifflé.

De la tête aux pieds

Dès le 18 e siècle, les colons européens commencent à l’importer. Il débarque alors de Calcutta ou de Pondichéry, pour parvenir jusqu’à Paisley, en Écosse, qui donnera son nom au motif le plus populaire, en forme de goutte stylisée. Le bandana devient vite un emblème des travailleurs et des classes populaires.

La légende raconte qu’en 1921, en Virginie-Occidentale, 10 000 mineurs de charbon organisèrent une marche pour leurs droits, bandana rouge autour du cou. C’est depuis cette date que, pour désigner le prolétariat de l’Amérique profonde, on utiliserait le terme «« re dnecks »», littéralement «« cous rouges »». Et quand, en pleine Seconde Guerre mondiale, on représente les femmes engagées dans l’effort, c’est coiffées d’un bandana qu’elles apparaissent.

Peu cher, il peut se porter plié en deux pour protéger les mineurs ou les cheminots de la poussière.

Comme chez Rosie la riveteuse, devenue un symbole féministe mondialement célèbre avec son biceps bandé.

La seconde moitié du 21 e siècle accentue l’hybridité du bandana. Dans les années 1970, selon le milieu et la ville, il prend des significations différentes.

À Los Angeles, c’est un emblème de gangs rivaux, comme les Crips et les Bloods, qui arborent des bandanas bleus ou rouges. À San Francisco, le foulard est un signe de reconnaissance entre gays et, la nuit tombée, les garçons fêtards le glissent dans leur poche arrière.

En fonction de la couleur du bandana, de son positionnement dans la poche gauche ou droite, ou de son pliage, on renseigne aussi les autres sur ses préférences sexuelles. Bref, le bandana devient un langage secret baptisé «« h anky code »».

De la tête aux pieds

Associé aux mauvais garçons en tout genre, le bandana est utilisé par les musiciens comme accessoire dans leurs clips.

Après des rockeurs comme Bruce Springsteen et des pop stars comme Madonna dans les années 1980, ce sont les rappeurs qui s’en coiffent la tête. Tupac Shakur, martyr du rap assassiné en 1996, le porte noué façon œuf de Pâques.

Après lui, d’autres signatures comme Missy Elliott, Booba ou Rhoff l’ont repris.

En France, le bandana se retrouvera aussi associé à la religion. Le 15 mars 2004, une fameuse loi française interdit le port des signes religieux ostensibles à l’école. Mais dès la rentrée 2004, des dizaines de lycéennes manifestent et réclament le droit de pouvoir se coiffer la tête d’un bandana, un morceau de tissu qui serait un substitut au voile qu’elles ont retiré.

Leur initiative fera polémique. Vingt ans plus tard pourtant, le port du bandana à l’école ne fait pas l’objet d’une règle claire. Il peut y être interdit s’il est utilisé comme un objet prosélyte, autorisé s’il est arboré comme un accessoire de mode.

Preuve qu’il n’a rien perdu de son ambiguïté.

À qui profite le crime ?

LE 13 JUILLET 2024, EN PLEIN MEETING POUR L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EN PENNSYLVANIE, DONALD TRUMP EST VICTIME D’UNE TENTATIVE D’ASSASSINAT. BLESSÉ À L’OREILLE PAR UN TIR D’ARME À FEU, IL ÉCHAPPE DE PEU AU PIRE. QUELQUES SECONDES APRÈS L’ATTAQUE, ALORS QUE LA SÉCURITÉ TENTE DE L’ÉVACUER, IL SE TOURNE, L’AIR BRAVACHE, VERS LA FOULE. LE PHOTOGRAPHE AMÉRICAIN EVAN VUCCI, SITUÉ AU PIED DE L’ESTRADE, IMMORTALISE LA SCÈNE, ET SA PHOTO FAIT LE TOUR DU MONDE.

Par Pauline Auzou et Fabien Roché

CE QUI NE DEVAIT ÊTRE QU’UN

RASSEMBLEMENT COMME UN AUTRE DEVIENT ALORS UN MOMENT HISTORIQUE. QUAND L’ANCIEN PRÉSIDENT AMÉRICAIN, QUI DÉROULAIT SON DISCOURS DE CAMPAGNE, EST VISÉ PAR UNE BALLE QUI LE BLESSE À L’OREILLE, IL SE RECROQUEVILLE DERRIÈRE SON PUPITRE, LE VISAGE COUVERT DE SANG. TRÈS VITE, SON SERVICE DE SÉCURITÉ CHERCHE À L’ÉVACUER. MAIS AVANT D’ÊTRE EXFILTRÉ, IL LÈVE LE POING ET HURLE « FIGHT ! » (« BATTEZVOUS ! ») À LA FOULE QUI SE SOULÈVE ET CLAME D’UNE SEULE VOIX : « USA ! »

CET INSTANT EST UNE PARFAITE ILLUSTRATION DE LA CONSCIENCE

AIGUË QU’A DONALD TRUMP DE L’IMAGE QU’IL PROJETTE. EN PLEIN CHAOS, IL PREND LE TEMPS D’ARRANGER SES CHEVEUX AVANT DE BRANDIR LE POING ET DE S’ADRESSER À LA FOULE. CAR IL SAIT QUE LES PHOTOGRAPHES SONT LÀ ET IL PRESSENT QUE CE MOMENT RESTERA DANS LA MÉMOIRE DE SES PARTISANS.

AU CENTRE DE LA PHOTO, DONALD TRUMP, REGARD PUGNACE ET POING LEVÉ, DOMINE. PRIS EN CONTREPLONGÉE, DANS UN CIEL BLEU AZUR, IL SEMBLE DÉFIER LE MONDE. LES GARDES DU CORPS QUI L’ENTOURENT FORMENT UNE COMPOSITION PYRAMIDALE. CELUI PLACÉ À DROITE DE L’IMAGE FIXE L’OBJECTIF ET CRÉE UNE CONNEXION ENTRE LA SCÈNE ET NOUS, SPECTATEURS. AU-DESSUS D’EUX, LE DRAPEAU AMÉRICAIN QUI FLOTTE TRANSFORME IMMÉDIATEMENT CETTE PHOTO D’INFORMATION EN IMAGE DE PROPAGANDE. ELLE SERA D’AILLEURS IMPRIMÉE SUR DES T-SHIRTS PORTÉS PAR SES PARTISANS QUELQUES HEURES PLUS TARD.

SI ON COMPARE CETTE PHOTO À D’AUTRES CLICHÉS CULTES COMME CELUI DE JOE ROSENTHAL DE 1945, INTITULÉ « RAISING THE FLAG ON IWO JIMA », OU ENCORE AU TABLEAU D’EUGÈNE DELACROIX « LA LIBERTÉ GUIDANT LE PEUPLE », PEINT EN 1830, ELLE INTERROGE AUSSI SUR LA RESPONSABILITÉ DES IMAGES DANS LA TRANSFORMATION DE CERTAINES PERSONNALITÉS CONTROVERSÉES EN HÉROS DE LEUR PROPRE RÉCIT.

LES MOTIVATIONS DU TIREUR, MEMBRE DU PARTI RÉPUBLICAIN, SONT RESTÉES INCONNUES (IL A ÉTÉ ABATTU PAR LES AGENTS DES SERVICES SECRETS). FACE À LA FOULE, LE VISAGE ENSANGLANTÉ, TRUMP, LUI, LANCE UN MESSAGE DE DÉFI À TOUS SES ADVERSAIRES : IL EST TOUJOURS DEBOUT. PRÊT AU COMBAT.

Faut-il s’habituer à vivre avec des rats, des pigeons ou des cafards

C’est un combat qui semble perdu d’avance. Une lutte sans fin contre ces bêtes plus ou moins minuscules, qui nous répugnent et nous effraient. C’est parti pour durer : malheureusement inévitables, ces nuisibles sont chez eux en ville. Nous devons donc apprendre à gérer plutôt qu’à supprimer, à améliorer plutôt qu’à détruire… Et nous accoutumer à notre dégoût.

La question du moment

La question du moment

La question du moment

L’interdiction totale des téléphones au collège est une atteinte scandaleuse à ta liberté de communiquer et de t’informer, et surtout une mesure injuste. En plus, c'est beaucoup trop long de saisir la Cour européenne des droits de l’homme. Heureusement, il existe un moyen simple et imparable pour garder ton téléphone toujours sur toi : le glisser sous ta peau.

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PARESSEUSE DES SAISONS. FACILES À PUBLIER, ON LES APPELLE LES « MARRONNIERS » (PAS LES ARBRES).

Vu, revu et à voir

Par Émilie Valentin et Pochep

BON, POUR CE DÉJ’, ON A LE CHOIX ENTRE LA CAVERNE DU FROMAGE, LA COLLINE AUX CREVETTES OU LE PORC-PALACE…

TU OUBLIES QUE JE SUIS ALLERGIQUE AUX FRUITS DE MER ET INTOLÉRANT AU LACTOSE…

REGARDEZ ! FAUT-IL RÉDUIRE LES VACANCES ? FAUT-IL ANNULER PARCOURSUP ? VOILÀ CE QU’ILS FONT, LES AUTRES ! DES « NUMÉROS SPÉCIAUX » ! ON POURRAIT FAIRE ÇA, NOUS ?!

CES NUMÉROS SPÉCIAUX, ILS RESSEMBLENT SURTOUT À DES MARRONNIERS. DANS LA PRESSE, UN MARRONNIER, C’EST UN SUJET QUI REVIENT RÉGULIÈREMENT. LE GENRE DE TRUC QU’ON TRAITE QUAND ON N'A RIEN DE MIEUX À RACONTER !

DE LA PARESSE INTELLECTUELLE ! DU JOURNALISME AU RABAIS ! AH OUI, C’EST FACILE DE REPRENDRE LE DOSSIER « CANICULE » DE L’ANNÉE DERNIÈRE…

… EN AJOUTANT UN ENCART « LES DANGERS DE L’ÉVENTAIL ! +30 % DE LUXATIONS DU COUDE » POUR NOYER LE POISSON ! MAIS TRANSMETTRE DE L’INFO, DE LA VRAIE, ÇA, C’EST UN MÉTIER !

PAS FAUX. LE MARRONNIER, CEPENDANT, A L’AVANTAGE D’ÊTRE ÉCONOMIQUE…

EN GAGNANT DU TEMPS SUR UN DOSSIER QU’IL FAUT JUSTE METTRE À JOUR, ON PEUT EN CONSACRER DAVANTAGE SUR DES SUJETS QUI DEMANDENT PLUS DE TRAVAIL.

ET PUIS L’ACTU, ÇA CHANGE TOUT LE TEMPS, DONC AU MOINS, ON PEUT PRÉVOIR, S’ORGANISER.

ET C’EST VRAI

QUE C’EST RASSURANT, LES MARRONNIERS. ON SAIT DÉJÀ UN PEU CE QUE ÇA VA RACONTER, ÇA NOUS CONFORTE DANS NOS CHOIX. AH TIENS, IDÉE CADEAU POUR MA BELLE-MÈRE : « FAUT-IL UN UNIFORME À L’ÉCOLE ? »…

MOI, ÇA NE ME RASSURE PAS, ÇA ME DONNE FROID DANS LE DOS, LE MARRONNIER. LE MARRONNIER, C’EST LA MORT !

NOËL, ON SAIT À L’AVANCE QUAND ÇA TOMBE, PAS COMME LES DISSOLUTIONS DE L'ASSEMBLÉE…

MAIS POURQUOI ON DIT « MARRONNIER », AU FAIT ? ET PAS « PRUNIER » OU « ÉRABLE » OU QUOI ?

EH BIEN, FIGURE-TOI QUE ÇA VIENT D’UN VRAI MARRONNIER !

UN MARRONNIER QUI

FLEURISSAIT TOUS LES PRINTEMPS DANS LE JARDIN DES TUILERIES, À PARIS, AU 19 E SIÈCLE…

IL FAISAIT DES FLEURS ROUGES, ET TOUS LES ANS, UN ARTICLE ANNONÇAIT SA FLORAISON.

POURQUOI CET ARBRE PLUS QU’UN AUTRE ? PARCE QUE LE BRUIT COURAIT QU’IL AVAIT POUSSÉ SUR LA TOMBE DES GARDES SUISSES, MORTS LORS DE LA PRISE DU PALAIS DES TUILERIES PENDANT LA RÉVOLUTION….

BREF, VRAI OU PAS, CES FLEURS ROUGES ONT RAPIDEMENT TROUVÉ LEUR PLACE DANS LES PAGES DES QUOTIDIENS DE L’ÉPOQUE…

LE MARRONNIER, C’EST LA MORT, JE LE SAVAIS…

ÉPISODE 6 :

Par Gurvan Kristanadjaja et Joseph Falzon

QUAND UN INFLUENCEUR FAIT UNE STORY POUR DIRE…

Regardez cette crème, elle m’a enlevé tous mes boutons.

CES SITES PROSPÈRENT AINSI ET LES CRÉATEURS DE CONTENUS FERMENT BIEN SOUVENT LES YEUX LÀ-DESSUS, CAR ÇA LES FAIT VIVRE.

… LES FOLLOWERS VONT RAREMENT VÉRIFIER D’OÙ VIENT LE PRODUIT ET S’IL EST MOINS CHER SUR UN AUTRE SITE.

Il me faut cette crème ! S’il le dit, c’est que c’est vrai ! ÉTAT DE VOTRE COMPTE : PLEIN DE MOULA !

EN 2022, LE RAPPEUR BOOBA A MENÉ UNE CAMPAGNE PARTICULIÈREMENT AGRESSIVE CONTRE LES INFLUENCEURS QUI BANALISENT CES PRATIQUES*.

T’AS PAS HONTE

D’ARNAQUER LES GENS ?

AU SEIN DE CERTAINES AGENCES, CES CONTRATS AURAIENT RAPPORTÉ JUSQU’À 60 % DES REVENUS DES INFLUENCEURS LES PLUS IMPORTANTS.

Mais j’arnaque personne… Et il faut bien que je paie mon loyer…

* Depuis, une loi votée en 2023 vise à interdire les arnaques et les publicités de produits controversés, notamment celles sur la médecine esthétique.

IL FAUT DIRE QUE DERRIÈRE CE DÉCOR ÉDULCORÉ DES RÉSEAUX SOCIAUX, L’ARGENT EST LE NERF DE LA GUERRE. IL PERMET AUX INFLUENCEURS DE QUITTER LEURS JOBS ET DE VIVRE UNE VIE DE LUXE.

Sauf quand on croise une story de Booba …

LEUR RÉMUNÉRATION RESTE UN SECRET BIEN GARDÉ.

MAIS PAYER UN INFLUENCEUR EST DEVENU, POUR UNE MARQUE QUI SE LANCE, L’UN DES LEVIERS PRINCIPAUX POUR SE FAIRE UN PETIT NOM.

Il nous faut des influenceurs !

Mais on n’a rien à vendre …

On verra ça plus tard !

C'EST LE CAS AUSSI POUR LES MARQUES DE LUXE. LES INFLUENCEURS TOUCHENT LES JEUNES, TRÈS PEU RÉCEPTIFS À LA PUBLICITÉ CLASSIQUE. SELON LA CAMPAGNE DE PUBLICITÉ, LES ÉGÉRIES PEUVENT REPRÉSENTER 30 À 50 % DES DÉPENSES POUR PROMOUVOIR LE PRODUIT.

POUR LES INFLUENCEURS À MOINS DE 10 000 FOLLOWERS, LA RÉMUNÉRATION POUR UNE PUBLICATION QUI MET EN AVANT UNE MARQUE TOURNE GÉNÉRALEMENT AUTOUR DE 100 EUROS.

QUAND ILS TOTALISENT PLUS DE 80 000 FOLLOWERS, ILS GAGNENT 10 FOIS PLUS D’ARGENT : ENVIRON 1 000 EUROS PAR PUBLICATION.

QUAND ILS DÉPASSENT LE MILLION DE FOLLOWERS, LES CONTRATS EXPLOSENT : 3 000 EUROS EN MOYENNE POUR UN POST.

MAIS CELA PEUT MONTER JUSQU’À 10 000, 15 000, 20 000 EUROS VOIRE PLUS POUR UNE SEULE PHOTO PUBLIÉE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX.

DES SUPERSTARS COMME CRISTIANO RONALDO ET LIONEL MESSI TOUCHERAIENT MÊME PLUS DE 1 MILLION DE DOLLARS POUR CHAQUE PUBLICATION. LA RÉMUNÉRATION D’UN INFLUENCEUR DÉPEND AUSSI DE LA PLATEFORME SUR LAQUELLE IL EST LE PLUS CÉLÈBRE* : INSTAGRAM, TIKTOK, FACEBOOK, YOUTUBE…

* D' après les agences d 'influence.

POUR UN INFLUENCEUR, L’ÉQUILIBRE EST SOUVENT DÉLICAT À TROUVER.

D’UNE PART, LES RÉMUNÉRATIONS VIA LES MARQUES LUI PERMETTENT DE VIVRE ET DE DÉVELOPPER SES PROJETS.

30 % sur le pâté de tête, les amis.

IL S’ENRICHIT AINSI ET PROSPÈRE EN MONTRANT SA RÉUSSITE. CERTAINS INFLUENCEURS SONT DEVENUS MULTIMILLIONNAIRES GRÂCE À CES CONTRATS.

Ahhh , bien bossé, chui crevé, moi .

D’UN AUTRE CÔTÉ, C’EST UN RISQUE À PRENDRE : PLUS UNE PERSONNE VA S’ADOSSER À DES MARQUES, PLUS ELLE VA PERDRE DE L’AUDIENCE…

… CAR ELLE NE SE MONTRE PLUS COMME UN AMI INTIME QUI DÉVOILE SON QUOTIDIEN, MAIS COMME UN COMMERCIAL.

T’AS CHANGÉ !

T’AS PERDU TON AUTHENTICITÉ

LES FOLLOWERS N’AIMENT PAS BEAUCOUP AVOIR LE SENTIMENT QUE L’ON SE SERT D’EUX.

IL EXISTE SOUVENT UN LIEN DE FIDÉLITÉ DES INFLUENCEURS ENVERS LEURS ABONNÉS. ILS DISENT DES PHRASES DU GENRE :

À L’EXCÈS, CERTAINES CÉLÉBRITÉS DES RÉSEAUX SOCIAUX FINISSENT COMME DES HOMMES-SANDWICHS, VIVEMENT CRITIQUÉS PAR CETTE COMMUNAUTÉ QUI SE SENT FLOUÉE.

DEPUIS 2018, LES INFLUENCEURS DOIVENT MENTIONNER LEUR PARTENARIAT COMMERCIAL AINSI QUE LA SOCIÉTÉ.

partenariat rémunéré avec les huiles de vidange « BIGOIL »

CERTAINS DÉCIDENT DE CACHER SCIEMMENT CES PARTENARIATS. POUR PRÉSERVER UNE IMAGE AUTHENTIQUE, PROCHE DE LEUR PUBLIC.

Salut la commu, petite story pour vous, en toute authenticité !

OU POUR CACHER SIMPLEMENT QU’IL S’AGIT D’ARNAQUES COMME DU DROP SHIPPING.

Hey, la team !

Petit vlog en mode chill !

À LEURS RISQUES ET PÉRILS…

JUILLET 2021

Madame Nabilla, vous êtes condamnée à 20 000 euros d’amende pour avoir fait la promotion de services boursiers sans le mentionner.

DERRIÈRE CHAQUE PUBLICATION D'INFLUENCEURS A PRIORI ANODINE PEUT DONC SE CACHER UNE PUBLICITÉ DÉGUISÉE.

120 PAGES D’ENQUÊTE EN BANDE DESSINÉE

Une coédition /

MONTRUEUSE

De nos jours, les contrefaçons de Grolex ont atteint une telle qualité qu’elles se revendent plus chères que les Grolex originales.

DREAMCORE

LES PLONGEURS DE RÊVE sont des gens qui ne dorment pas longtemps, mais très profondément.

Par contre, elles sont CANCÉRIGÈNES

Durant la période médiévale, les slips les plus élastiques étaient utilisés comme LANCE-PIERRES.

Les plongeurs les plus profonds ont rapporté de leur sommeil des rêves qui dépassent l’imagination.

La revue R† I † P / BG est une publication des mille plus beaux gosses morts dans l’année.

L’application SAVEYOURLIFE, qui permet de voir son état de santé en direct, a été interdite à cause du stress néfaste que les notifications provoquaient.

Entre 1949 et 1954, dans les westerns d’Hollywood, les figurants qui mouraient à l’écran étaient de vrais condamnés à mort, sur lesquels on tirait à BALLES RÉELLES !

Des scientifiques japonais sont parvenus à photographier des pets, et c’est MAGNIFIQUE.

Le trou dans la couche d’ozone nous a permis de réaliser que l’espace intersidéral avait l’odeur d’une PURÉE DE CROTTES DE CHAT.

Grâce à la méditation, les maîtres yogis d’Australie parviennent à synthétiser dans leur souffle l’odeur à laquelle ils pensent.

Durant la pénurie de dentifrice de 2005, on a utilisé du camembert, reconnu pour ses vertus antiseptiques et blanchissantes. J’vous raconte pas les haleines.

TRADITIONS FRANÇAISES

Dans la pétanque aixoise traditionnelle, le cochonnet était le premier-né de la famille du joueur LE PLUS PAUVRE.

LE DRACULARDONS était un vampire originaire d’Île-de-France qui s’introduisait chez ses victimes pour boire leur VIN ROUGE.

ÉPILOGIE

PRIX DE L’HUMOUR 2024

La poilution est la pollution par LES POILS. Le prix de la blague de l’année a été décerné à celle-ci :

Les personnes trans et les statistiques

Quand on se penche sur les études qui dénombrent les personnes trans, tout semble un peu compliqué car d’une source à l’autre, les chiffres varient.

Il existe quelques chiffres clés…

Si l’on s’en tient strictement aux personnes en transition prises en charge médicalement, elles étaient environ 9 000 en France en 2020. Selon le ministère de la Santé, il y aurait entre 20 000 et 60 000 personnes transgenres. De son côté, que dit la Haute Autorité de santé ?

Q u’elles seraient environ 25 000. Enfin, des associations comme Trajectoires Jeunes Trans estiment, elles, ce chiffre à 180 000 personnes. Comment expliquer cette valse de chiffres ? En réalité, c’est très simple. D’abord, il n’existe pas de réelle étude sur ce sujet en France. À partir de là… tout le monde compte un peu à sa manière. Le chiffre de Trajectoires Jeunes Trans est, par exemple, une estimation calculée sur la base du nombre de personnes recensées au Canada (premier pays à avoir recueilli des données sur la diversité de genre). En considérant que la situation est à peu près similaire chez nous, l’association propose ce chiffre. Quant à la Haute Autorité de santé, elle tire le sien d’une méta­analyse, soit une très grande analyse des travaux existants et où l’on trouve donc différents chiffres.

… mais les vécus sont variés…

S’il est si compliqué de donner des statistiques, c’est aussi qu’être trans ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. On peut se dire trans sans rien changer à son apparence d’origine, comme le contraire. Et en réalité, le mot « trans » raconte des vécus très différents. Il y a certes des femmes trans et des hommes trans, mais il y a aussi des personnes non binaires, d’autres en transition médicale, alors que d’autres encore ne veulent rien changer à leur corps.

Dans l’histoire même, les mots ont beaucoup évolué avec le temps. Il n’y a pas si longtemps encore, on parlait de travestissement, d’hommes qui se déguisaient en femmes, de femmes qui se déguisaient en hommes ou encore de transsexualisme. Tous ces mots sont des traces du regard qui a été posé sur les personnes trans dans le passé, mais ils ne racontent pas avec justesse la réalité de leurs vécus. Pour beaucoup de personnes trans, les verbes « se travestir », « se déguiser » ou le mot

« transsexualisme » sont des insultes, car leur existence n’est pas un déguisement et n’a rien à voir avec leur sexualité… Et en même temps, il existe encore des personnes trans qui se disent « transsexuelles ». Bref, voilà qui explique la difficulté à établir des chiffres concernant les personnes trans : une complexité à nommer.

… et l’analyse est parfois trop politique

Enfin, on pourra aussi ajouter que l’analyse des chiffres n’est jamais neutre. À droite, il est souvent question d’explosion du nombre de personnes trans, mais même selon les plus grosses estima tions, il s’agit toujours de moins de 1 % de la population. Peut-être vaut-il donc mieux se décoller des chiffres pour s’intéresser surtout au vécu des personnes concernées, non ?

Plastique : l'overdose

Par Cécile Cazenave et Émilie Gleason

Dans le secret des sols se cachent des histoires extraordinaires. Pour pouvoir les raconter, encore faut-il en trouver la trace et savoir la lire. C’est le travail des archéologues. Certains sont spécialisés dans des domaines particuliers : ils lisent les vieux os.

Archéoanthropologue

J'ai commencé à m'intéresser aux vestiges du passé dès le primaire.

Anna Susini, archéo-anthropologue

Alors que notre école était en travaux, la cour de récréation a été déplacée en contrebas d’une église.

En jouant aux billes, j’ai trouvé des vestiges d’ossements humains… Cette découverte m’a fascinée.

Ma vocation était née !

À partir de là, j’ai commencé à collectionner des fragments d’os.

Pas des os humains ! C'est interdit ! …

Mes parents m’ont offert un livre d’ostéologie, qui m’a permis d’aller plus loin dans mon investigation.

Après un bac scientifique, j’ai étudié à l'université la génétique et l’anthropologie biologique.

Ce sont des études longues et exigeantes. Il faut être combatif pour y arriver !

En parallèle de mes études, j’ai participé à des fouilles « programmées » sur des sites ayant un intérêt archéologique.

Là, j’ai appris la lecture des sols, les bons gestes, les bonnes méthodes pour utiliser les outils, etc.

Sur ce, il est 8 heures, et il est temps d'aller sur le chantier !

Au démarrage, la pelleteuse retire la terre couche par couche.

Dès qu'une structure apparaît, on la numérote et un technicien de fouille commence à creuser.

Ça peut durer plusieurs jours. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, on travaille dehors.

Sur le site, toute l'équipe des archéologues s'active sur des structures très diverses : murs, silos, latrines, tombes…

Mais si l’on suspecte la présence d’une sépulture, on fait appel à moi.

En tant qu’archéo-anthropologue, je suis spécialisée dans l’étude des lieux d’inhumation ou de crémation, une pratique qui consiste à brûler et à réduire en cendres le corps d’un défunt.

Dès que je m’approche du squelette, j’utilise des outils minutieux : truelles de petite taille, pinceaux, outils de dentiste…

Quand le squelette apparaît enfin, c’est magique !

J’observe et je note la position de chaque ossement, la présence d’objets.

Je prends des photos pour ne perdre aucune information.

Parfois ce n’est pas facile, plusieurs couches temporelles se sont accumulées à un même endroit.

Une fosse peut avoir servi plusieurs fois, avoir été pillée…

J’essaie de dater la sépulture : antique, médiévale, préhistorique… ?

C’est comme un puzzle à reconstituer.

Les squelettes nous livrent des informations sur les conditions de vie d’une population à un moment donné.

Je n'ai pas que des bons souvenirs de mon vivant.

Par exemple, on arrive à déterminer quand est arrivé le blé dans l’alimentation d’une population en observant la dentition des squelettes.

La présence de sucre dans le blé crée davantage de caries.

Je suis vraiment ravi d'avoir inventé l'agriculture…

On peut aussi retracer la pénibilité du travail, les accidents ou les habitudes des gens grâce à l'analyse des ossements.

Quand j'étais petit, nous allions en famille aux champs. Nous chantions pour nous donner du courage. Un jour, ma mère…

Ainsi, on repère les fumeurs de pipe grâce aux traces sur leurs dents.

Après tous les efforts que j'ai faits pour fumer en cachette…

Quand de nombreux corps ont été déposés en même temps dans des fosses à la va-vite, on peut en déduire qu'il y a eu une épidémie.

Si l’on trouve des traces de coups ou des lésions, cela peut être le signe que la population a vécu un moment de conflits, de guerre.

C'est à qui, ça ?À moi, Madame ! Aïe.

Notre travail permet également de reconstituer les rites funéraires.

Par exemple, lors de la fouille d'une nécropole antique du 1er au 2e siècle, on trouve les restes des défunts, brûlés sur un bûcher après leur mort.

Les cérémonies et offrandes autour de leurs corps étaient nombreuses.

Lorsque les flammes s'éteignaient, les membres de la famille récupéraient les ossements du défunt.

Ainsi que les objets et la nourriture déposés à ses côtés, et les plaçaient dans des urnes, elles-mêmes enterrées.

Parfois, il m’arrive d’être émue pendant une fouille.

Cela a été le cas lorsque j’ai trouvé dans l’une de ces urnes un bracelet avec des petites figurines d’animaux ayant probablement appartenu à un enfant.

On peut deviner, d’après le soin avec lequel les objets avaient été placés dans l’urne, l’affection qui entourait cet enfant.

Notre journée de travail s’achève vers 17 heures.

Les chantiers se trouvent souvent loin de chez nous. Ça nous permet de voyager, de découvrir de nouvelles régions, voire d'autres pays.

Soit nous trouvons un logement seul, soit nous sommes logés tous ensemble.

Il règne le plus souvent dans le groupe une atmosphère de franche camaraderie.

L'archéologie préventive n'a pas toujours existé. Lorsqu'un bâtiment devait être construit, l'aménageur ne se préoccupait pas de ce qui se trouvait dans le sol. Les vestiges archéologiques étaient détruits sans que l'on puisse les étudier.

Aujourd'hui, un diagnostic permet de sonder le terrain avant les travaux pour savoir si des vestiges archéologiques sont présents, et s'il est nécessaire d'organiser une fouille avant les travaux.

La deuxième phase de mon travail se passe dans un laboratoire. Cette partie de mon métier n’est pas ma préférée… J’aime mieux être sur le terrain !

À la fin du chantier, chaque élément important est sorti de la fosse, numéroté et mis dans des sacs plastiques.

Là, je lave et je sèche tous les os et vestiges découverts dans la fosse, puis je les place exactement comme je les ai trouvés.

Je travaille avec d'autres spécialistes. Le céramologue, qui étudie les objets en terre cuite.

J’examine et mesure chaque ossement afin d’identifier précisément le défunt : âge, taille, sexe biologique, potentielles pathologies, cause de la mort…

Le palynologue, qui étudie le pollen.

L’archéozoologue, qui étudie les restes d’animaux.

Le carpologue, qui étudie les graines et fruits.

S'il le faut, j’envoie les ossements pour des analyses biologiques.

Comme une lettre à la poste !

Celles-ci peuvent, par exemple, mettre en valeur la présence du bacille de la peste, ce qui nous aide à comprendre pourquoi une population a disparu à une époque donnée.

Je peux aussi envoyer un os pour une datation au carbone 14, lorsque j’ai besoin de connaître l’époque à laquelle a vécu un défunt.

Quand l’analyse est terminée, chaque élément est à nouveau déposé dans des sachets en plastique puis étiqueté et rangé.

Je fais ensuite un rapport dans lequel je résume tout ce que j’ai trouvé. Je l’envoie aux instances officielles ainsi qu’à l’aménageur.

Ce qu’il contient peut être ensuite utilisé dans les musées, les livres et les manuels d’histoire, d’archéologie, les revues spécialisées ou lors de colloques spécifiques.

Passionnant !

Ça me rappelle ma jeunesse…

Aujourd’hui, même après une dizaine d’années de fouilles et de recherches, je suis toujours aussi passionnée !

D'ailleurs, je vous laisse, un nouveau chantier m’attend !

Vos anecdotes font-elles de bonnes histoires (p. 1 20) ? Votre vie au camping peut-elle rivaliser avec une partie de Mario Kart (p. 138) ? Peu importe, ce n’est pas grave de ne pas être Spirou (p. 130) et de préférer réfléchir au sens de la vie (p. 134) .

Dessin: Lionel Serre

Il était une fois des histoires

Les recettes du succès !

De la Grèce antique jusqu’à Netflix, des légendes du Nord jusqu’à La Villa des cœurs brisés en passant par One Piece, tout le monde ne raconterait-il pas toujours les mêmes histoires, mille fois revisitées ?

Par Anna Fouqué et Félix Auvard

COMMENT ÉCRIRE UNE BONNE HISTOIRE ?

Y A-T-IL DES INGRÉDIENTS INCONTOURNABLES POUR…

AMUSER… ÉMOUVOIR… SURPRENDRE…

NOUS ACCROCHER ?

POURQUOI A-T-ON PARFOIS LE SENTIMENT QUE LES SÉRIES OU LES FILMS SE RESSEMBLENT TOUS ?

EXISTERAIT-IL UNE RECETTE SECRÈTE ?

EN RÉALITÉ, IL N´Y A PAS DE SECRET, LE STORYTELLING (OU L´ART DE RACONTER DES HISTOIRES) EXISTE DEPUIS TOUJOURS.

DEPUIS L´ANTIQUITÉ JUSQU´À AUJOURD´HUI, BEAUCOUP DE GRANDS RÉCITS SE SONT CONSTRUITS SUR LES MÊMES PRINCIPES. ILS S´APPLIQUENT AU ROMAN, AU CINÉMA, À LA BD ET MÊME AUX JEUX VIDÉO.

IL FAUT D´ABORD UN SUJET, UN UNIVERS, UN GENRE. L´AUTEUR QUI SOUHAITE PARLER DE QUELQUE CHOSE, D´UNE ÉPOQUE, D´UN THÈME VA DEVOIR CONSTRUIRE UN MONDE. C´EST LE WORLD BUILDING.

IL DOIT ÊTRE COHÉRENT ET BIEN DÉVELOPPÉ POUR QUE LES LECTEURS LE COMPRENNENT PRESQUE INSTANTANÉMENT.

ENSUITE VIENNENT LES PERSONNAGES. CE SONT EUX QUI VONT PORTER L´HISTOIRE, LA VIVRE. ON A L´IMPRESSION QU´ILS SONT AUSSI VARIÉS QU´IL Y A D´HISTOIRES ET POURTANT...

LA CLÉ DE LA DRAMATURGIE, C´EST LA CONSTRUCTION DES PERSONNAGES. ILS VONT NOUS ENTRAÎNER, NOUS PIÉGER, NOUS PERMETTRE DE NOUS IDENTIFIER.

… SI ON S´Y ATTARDE, EST-CE QU´ILS NE SE RESSEMBLERAIENT PAS TOUS ? POURQUOI, PAR EXEMPLE, ONT-ILS TOUS DES FAILLES ?

PREMIÈRE RÈGLE : QU´ILS AIENT L´AIR CRÉDIBLES SINON ON DÉCROCHE !

POUR ÇA, IL FAUT DÉFINIR LEUR PHYSIQUE, LEUR CARACTÈRE, LEURS ORIGINES, LEUR MILIEU… TOUT DOIT CORRESPONDRE À L´UNIVERS DANS LEQUEL L´HISTOIRE SE SITUE. ON LES REND UNIQUES, REMARQUABLES, QUE CE SOIT AVEC UN DÉTAIL OU UN ENSEMBLE DE TRAITS.

LE LANGAGE RAFFINÉ D´HANNIBAL LECTER, LE SERIAL KILLER

LE RIRE NERVEUX DU JOKER, TOUTE SA FAÇON D´ÊTRE LE BRAS MANQUANT DE FURIOSA

LA CICATRICE

D´HARRY POTTER

TOUT INDIQUE QU´IL Y A UNE HISTOIRE DANS L´HISTOIRE, QUE LES PERSONNAGES ONT UN PASSÉ.

D´OÙ VIENT LA CICATRICE ? QU I A COUPÉ CE BRAS ? POUR LES RENDRE PLUS RÉALISTES, ON LEUR ATTRIBUE AUSSI DES FORCES ET DES FAIBLESSES, ON LES HUMANISE AVEC DES CRITÈRES COMPLEXES ET DES CONTRADICTIONS.

DEUXIÈME RÈGLE : LES RENDRE FASCINANTS. LES PERSONNAGES EXTRAORDINAIRES SONT UNE PROMESSE D´HISTOIRES EXTRAORDINAIRES. ILS SONT UNIQUES, ILS SONT DES HÉROS.

ÇA PEUT ÊTRE GRÂCE À DES POUVOIRS…

UNE IDENTITÉ PARTICULIÈRE…

UN TALENT INCROYABLE…

OU UN DON.

TROISIÈME RÈGLE : CRÉER UN SENTIMENT D´IDENTIFICATION OU D´EMPATHIE

ENTRE LE PERSONNAGE ET LE LECTEUR OU LE SPECTATEUR.

AVEZ-VOUS REMARQUÉ QUE LES HÉROS ONT SOUVENT UN POINT COMMUN ? IL LEUR MANQUE TOUJOURS QUELQUE CHOSE ... OU QUELQU´UN.

PAR EXEMPLE, HARRY POTTER, OLIVER TWIST, COSETTE OU EMMA, DANS LE MANGA « THE PROMISED NEVERLAND », SONT ORPHELINS.

C´EST LA FABRICATION D´« UN BESOIN PSYCHOLOGIQUE ET / OU MORAL ».

LE PERSONNAGE A UN MANQUE À COMBLER DONT IL N´A PAS TOUJOURS CONSCIENCE AU DÉBUT DE L´INTRIGUE.

CETTE FAILLE ENTRAÎNE UNE SÉRIE DE QUESTIONS QUI GARANTISSENT L´INTÉRÊT DU SPECTATEUR : EST-CE UNE FAIBLESSE À SURMONTER ? UNE FORCE INATTENDUE ? UNE QUÊTE ?

DANS « JOKER », ARTHUR FLECK, LE HÉROS, SOUFFRE D´UNE FAIBLESSE PSYCHOLOGIQUE (DÉPRESSION, ISOLEMENT) ET D´UN BESOIN DE RECONNAISSANCE.

DANS « LES MISÉRABLES », DE VICTOR HUGO, JEAN VALJEAN MONTRE UNE FAIBLESSE (SON PASSÉ CRIMINEL) ET UN BESOIN DE RÉDEMPTION.

L´AVENTURE PEUT COMMENCER.

UNE FOIS QU´ON A LES PERSONNAGES, IL FAUT

QU´ILS AGISSENT… ET QU´ON AIT ENVIE DE LES SUIVRE. C´EST TOUTE LA QUESTION DE L´INTRIGUE.

DANS LA PLUPART DES HISTOIRES, LES PERSONNAGES POURSUIVENT UN OBJECTIF DIFFICILE À ATTEINDRE : C´EST LA COLONNE VERTÉBRALE DU RÉCIT.

CET OBJECTIF S´ASSOCIE AU BESOIN MORAL DES PERSONNAGES. ON DOIT CROIRE AVEC EUX QU´ATTEINDRE L´OBJECTIF RÉPONDRA À LEUR BESOIN MORAL. C´EST L´UNITÉ D´ACTION.

Je dois sauver la princesse !

Tout pareil !

IL EST ESSENTIEL DE RENDRE COMPRÉHENSIBLE CE DÉSIR. ON EXPOSE DONC D´EMBLÉE LES ENJEUX ET LES MOTIFS DES ACTIONS.

Si je veux la libérer, ce n´est pas QUE parce que j´ai envie de sortir avec elle, hein.

Je suis L´ÉLU.

Oui, oui.

POURQUOI LES PERSONNAGES FONT-ILS CELA ? QU E VONT-ILS PERDRE ? QU E VONT-ILS GAGNER ? CES ENJEUX SONT SOUVENT CLAIREMENT FORMULÉS DANS LES DIALOGUES.

En fait, la princesse m´appelle en rêve depuis des mois, donc je suppose qu´il faut que j´aille la chercher.

Ah, et vous vous connaissez ?

Euh oui, un peu.

Et t´obtiens quoi en récompense ?

Ben, IDÉALEMENT, sortir avec elle, mais sinon des rubis, j´pense… Et des fringues.

DANS « LE SEIGNEUR DES ANNEAUX », FRODON SACQUET

VEUT DÉTRUIRE L´ANNEAU POUR EMPÊCHER LE RÈGNE DE SAURON, LE SEIGNEUR DES TÉNÈBRES.

Je dois aller jusqu´au bout, Sam. Je dois détruire l´anneau.

NON SEULEMENT ON LUI A EXPLICITEMENT

DONNÉ CETTE MISSION, MAIS IL LA REFORMULE SOUVENT PENDANT SON VOYAGE.

En route pour détruire l´anneau ! Car tel est mon devoir !

Oui, oui, Frodon, On a compris. Il est pénible !

LE DÉTRUIRE, TU COMPRENDS ??!

IL EST À NOTER QUE CHAQUE GENRE LITTÉRAIRE OU CINÉMATOGRAPHIQUE A SON OBJECTIF.

DANS UN POLICIER, LE BUT DES PERSONNAGES EST D´ARRÊTER LE TUEUR.

C´est VOUS, la concierge adorable et serviable, qui avez tué l´ancienne star de Broadway !!!

DANS UNE COMÉDIE ROMANTIQUE, IL FAUT TROUVER L´AMOUR, SÉDUIRE OU RETROUVER CE QU´ON A LAISSÉ S´ÉCHAPPER.

Tu es vraiment tombée amoureuse de moi ? Le leader insaisissable d´un boys band pour ados ?

Euh mais, trop pas… Trop pas, hahaha…

OU PROTÉGER LES AUTRES.

Un requin géant va bouffer tout Paris !!!

J ´appelle immédiatement

Anne Hidalgo, elle saura quoi faire.

Peeta ! Tu t´es transformé en souche pourrie, je ne t´avais pas reconnu !!!

J´ai suivi bon nombre de tutos make-up sur TikTok pour en arriver là…

DANS UN FILM DE MONSTRE, C´EST TUER LE MONSTRE
DANS LA BATTLE ROYALE, C´EST SURVIVRE, ETC.

POUR QU´IL Y AIT UNE HISTOIRE, IL FAUT QUE LE BUT SOIT COMPLIQUÉ À ATTEINDRE OU QU´IL SOIT « MAL PERÇU » PAR LE HÉROS.

Mais je ne veux pas épouser le brun magnifique de mon village natal qui me comprend complètement ! Je veux DAVID, le trader marié et DÉBILE de NEW YORK CITY.

D´AILLEURS, DANS CERTAINS GENRES (COMÉDIE ROMANTIQUE OU HORREUR, PAR EXEMPLE) LE SPECTATEUR, HABITUÉ, SAIT MIEUX QUE LE HÉROS CE QU´IL CHERCHE.

Ooouh, je me demande si le tueur se cache dans cette CAVE SOMBRE…

MAIS, MA BELLE, T´AS DEUX NEURONES OU QUOI ???

C´EST SOUVENT LE CAS DANS LES COMÉDIES ROMANTIQUES : LE BESOIN QU´IDENTIFIENT LES HÉROS N´EST PAS CELUI QU´ILS POURSUIVENT « RÉELLEMENT » !

UN E INTRIGUE EFFICACE S´APPARENTE À UNE FORMULE MATHÉMATIQUE :

LE SPECTATEUR PARTICIPE À L´HISTOIRE EN REGARDANT LE HÉROS DÉCOUVRIR CE QUE LUI SAIT DÉJÀ.

LE FILM « MAD MAX : FURY ROAD » EN EST UNE PARFAITE ILLUSTRATION.

UN DÉSIR DE FUITE

DES OBSTACLES

UNE ROUTE ET... UNE SURPRISE

LA QUÊTE DU PERSONNAGE EST CONTRECARRÉE PAR DES OBSTACLES, SANS LESQUELS IL N´Y A PAS D´HISTOIRE !

CHAQUE INCIDENT RELANCE NOTRE INTÉRÊT ET DÉCLENCHE DES ÉMOTIONS : ANGOISSE, PEUR, RIRE, EXCITATION OU MÉLANCOLIE. BREF, ON ACCOMPAGNE LE HÉROS DANS SES MONTAGNES RUSSES ÉMOTIONNELLES.

LES OBSTACLES, VRAIS NŒUDS DRAMATIQUES, SONT ÉVIDEMMENT PLACÉS À DES ENDROITS STRATÉGIQUES.

L´AUTEUR VA DONC TOUT DONNER, À LA FIN D´UN ÉPISODE DE SÉRIE OU EN BAS DE PAGE DANS UNE BD. LE LECTEUR DOIT ÊTRE IMPATIENT DE CONNAÎTRE LA SUITE..

Aaaah… j´ai bien travaillé.

UNE PETITE MINUTE !

IL FAUT QU´ON AIT ENVIE DE POURSUIVRE, DE SAVOIR CE QUI VA SE PASSER.

LES OBSTACLES RENCONTRÉS PAR LE HÉROS SONT VARIÉS. PARFOIS, ILS SONT INDÉPENDANTS DE SA VOLONTÉ.

Ça peut être la maladie, la société, les catastrophes naturelles ou un adversaire.

PARFOIS, LE HÉROS VIT DES CONFLITS INTÉRIEURS QUAND IL HÉSITE, S´IL EST CONFRONTÉ À UN DILEMME OU ENCORE LORSQU´IL EST SON PROPRE ENNEMI.

COMME DANS « DUNE », OÙ PAUL ATRÉIDES DOIT CHOISIR ENTRE L´AMOUR DE SA VIE ET LE DESTIN DE L´UNIVERS.

Entre ZENDAYA et le destin de l´univers, le choix est vite fait !

L´ALTERNANCE DES CONFLITS INTÉRIEURS ET EXTÉRIEURS MONTRE DES HÉROS QUI RÉAGISSENT AU MONDE ET SE RÉVÈLENT À EUX-MÊMES (ET À NOUS).

DANS L´IDÉAL, FINALEMENT, TOUT S´ENTREMÊLE. L´EXTÉRIEUR PROVOQUE L´INTÉRIEUR, ET LE HÉROS AVANCE EN MÊME TEMPS QUE LE RÉCIT. (NO SPOIL)

LES OBSTACLES SE MULTIPLIENT JUSQU´AU CLIMAX.

C´EST LE POINT SPECTACULAIRE ET CULMINANT DE L´INTRIGUE, LORSQUE LE NŒUD SE RÉSOUT ET QUE LA TENSION DÉCROÎT.

CETTE RÈGLE DITE « LOI DE PROGRESSION CONTINUE » N´EST PAS NOUVELLE. ELLE EXISTAIT DÉJÀ AU 18e SIÈCLE, COMME L´ILLUSTRE CET EXTRAIT DE « L´ART POÉTIQUE » DE BOILEAU :

Que le trouble, toujours croissant de scène en scène, à son comble arrivé se débrouille sans peine.

A ENTRAÎNE B QUI ENTRAÎNE C.

UN VRAI JEU DE DOMINOS.

Attends, je rajoute le souvenir d´un jour où le héros s´est fait pipi dessus devant toute la classe.

Ça va le faire vriller au moment du climax !

POUR CRÉER DU RYTHME, CES CONFLITS S´ENCHAÎNENT SELON UN LIEN DE CAUSE À EFFET, COMME UN ENGRENAGE JUSQU´À LA FIN.

Il est très différent de dire « ceci se produit à cause de cela » et « ceci se produit après cela »,

DISAIT DÉJÀ ARISTOTE, L´UN DES PREMIERS À EXPLORER LES ROUAGES DE LA NARRATION, DANS SA « POÉTIQUE », RÉDIGÉE AU 4e SIÈCLE AVANT J.-C.

Jamais trop d’art

L´ACTION DOIT APPORTER DE L´ATTENTION, DU SUSPENS, MAIS AUSSI DU SENS.

Mais pourquoi je fais ça, moi ?

DANS « STAR WARs », DU JEUNE PADAWAN AU CHEVALIER JEDI, LES PERSONNAGES ÉVOLUENT. AU FOND, LE BUT DE L´AVENTURE C´EST DE TRANSFORMER LES HÉROS, DE LES FAIRE ÉVOLUER.

LES ÉPREUVES QU´ILS TRAVERSENT LEUR PERMETTENT DE PRENDRE CONSCIENCE DE LEUR IDENTITÉ OU DE COMPRENDRE QUELQUE CHOSE SUR LEUR SITUATION QU´ILS NE SOUPÇONNAIENT PAS.

C´EST L´ÉTAPE DE LA RÉVÉLATION OU DU DESSILLEMENT : CE QUI ÉTAIT ENFOUI ÉMERGE ENFIN POUR CRÉER UN NOUVEL ÉQUILIBRE. ON APPELLE CELA « L´ARC TRANSFORMATIONNEL » DU PERSONNAGE OU « LE VOYAGE DU HÉROS » DE JOSEPH CAMPBELL.

CET ARC NARRATIF PEUT ÊTRE POSITIF QUAND LE NOUVEL ÉQUILIBRE REPOSE SUR DES QUALITÉS OU QUE MALGRÉ SES « FAIBLESSES » LE HÉROS A SU TROUVER SA FORCE.

AFIN DE SOULIGNER LA MÉTAMORPHOSE DU PROTAGONISTE, ON OPPOSE SOUVENT L´IMAGE DU DÉBUT À L´IMAGE FINALE.

Je souffre. J´ai le seum.

DANS « LE COMTE DE MONTE-CRISTO » D´ALEXANDRE DUMAS, EDMOND DANTÈS EST TRAHI ET EMPRISONNÉ. SA QUÊTE DE VENGEANCE LE TRANSFORME PROFONDÉMENT, ET CULMINE EN UNE RENAISSANCE PERSONNELLE ET MORALE.

IL DEVIENT NÉGATIF QUAND LES FAIBLESSES MORALES D´UN HÉROS NÉGATIF DEVIENNENT SA FORCE.

ON LE VOIT AUSSI TRÈS BIEN AVEC LE PERSONNAGE DE JOIE DANS « VICE-VERSA ».

FUN FACT, SES CHEVEUX BLEUS SIGNIFIENT QUE LA JOIE EST INDISSOCIABLE DE LA TRISTESSE ET QUE CES DEUX ÉMOTIONS SE COMPLÈTENT.

POUR RÉSUMER : Y A-T-IL DES LOIS D´ÉCRITURE UNIVERSELLES ET INTEMPORELLES ? OUI ! FAUT-IL LES RESPECTER À TOUT PRIX ? NON !

La principale règle est de plaire et de toucher.

DISAIT LE DRAMATURGE JEAN RACINE DANS LA PRÉFACE DE SA TRAGÉDIE « BÉRÉNICE », PUBLIÉE EN 1670. C´EST L´ESSENTIEL, NON ?

L A NARRATION ÉVOLUE SANS CESSE. LES SPECTATEURS ONT DÉSORMAIS UNE CERTAINE EXIGENCE VIS-À-VIS DES PRODUCTIONS. ILS SONT DEVENUS, SANS LE VOULOIR, DES EXPERTS.

Ah bah, D´ACCORD ! En fait, c´était un rêve, pfff… p´tits joueurs !

On a déjà vu ça mille fois. Quelle FLEMME !

D´AUTANT PLUS QUE CES RÈGLES, ISSUES DES ŒUVRES DU RÉPERTOIRE CLASSIQUE, SONT AUSSI FAITES POUR ÊTRE TRANSGRESSÉES.

Et à la fin, personne ne meurt.

Ah ! Du coup, ils se marient et ont beaucoup d´enfants !

Pas du tout ! Elle, elle va à la ville pour devenir boulangère, et le prince trouve une meuf sympa dans son village.

Mais, c´est nul !

LA SÉRIE « RICK & MORTY » DÉTOURNE CES SCHÉMAS NARRATIFS À DES FINS COMIQUES COMME QUAND LES HÉROS COMMENTENT LEURS PROPRES AVENTURES.

ET PUIS, S´IL SUFFISAIT DE SUIVRE LES RÈGLES, TOUT LE MONDE Y ARRIVERAIT. SAVOIR RACONTER DES HISTOIRES RESTE UN ART MYSTÉRIEUX.

Pas terrible, ton scénario, Esteban. C´est un peu creux.

Quoi ? Mais j´y ai mis Tout mon cœur…

Ben, il n´est pas original, ton cœur…

Je me vengerai !

Mais qui est l’ami antasio ?

Super-héros de la BD franco-belge, Spirou émerveille toutes les générations. Son secret ? Il se réinvente régulièrement en se glissant dans l’imaginaire de nouveaux auteurs.

n costume rouge, un calot, quelques mèches rousses et un écureuil jamais bien loin. À 85 ans, Spirou n’a toujours pas pris sa retraite. Il faut dire qu’il ne les fait pas. Certes, son uniforme à gros boutons dorés est un peu vintage, mais le vintage n’a jamais empêché personne d’être moderne.

L’éternel jeune homme, dont le nom signifie « écureuil » n wallon, a rapidement délaissé son premier et les ascenseurs du Moustic Hôtel ne profession bien plus pratique pour incarner l’aventurier destiné à la jeunesse que les éditions Dupuis souhaitaient développer dans les années 1930 » , ndique Philippe Tomblaine, auteur du livre Spirou aux

oigné, alors. Car, « si leur métier et la soif d’enquête et d’exploration les caractérisent, le groom est un exemple d’évolution et de modernité » , eprend l’historien. Passé entre les mains d’une petite dizaine le jeune héros, avec son compère Fantasio, a traversé de nombreuses époques et accompagné différents bouleversements culturels et sociétaux. Du village fictif de Champignac à la jungle imaginaire de la Palombie en passant par New York ou Moscou, Spirou s’adapte à chaque nouvelle génération de lecteurs, sans oublier qui il est. Quand, il y a quelques décennies, la tendance était aux cow-boys, Franquin livrait , un récit au Far West. Plus tard, quand l’actualité mettait en avant les dérives des régimes autoritaires, il signait Le Dictateur

Le duo d’auteurs Tome et Janry fait partie des pères adoptifs de Spirou à avoir le plus renouvelé la saga entre les années 1980 et 2000. Avec eux, Spirou et Fantasio semblent rajeunir, tant dans leur mentalité que physiquement. Le dessin est plus dynamique, l’humour plus contemporain. Ainsi, les deux journalistes font face à la mafia, à l’intelligence artificielle,

à un virus transmis par un moustique qui les pousse à s’entretuer. La sexualité fait même une entrée discrète (mais remarquée) dans certaines BD. Le dernier album du duo, un formidable thriller de science-fiction, prendra même un tournant sombre, rompant avec la tradition plutôt légère de la saga. Plus récemment, c’est dans l’esthétique manga que les auteurs de Spirou sont allés puiser, avec plus ou moins de réussite. Plus abouti, c’est du côté des super-héros que la saga va s’aventurer à la fin des années 2010, avec une approche décalée : le groom, devenu ringard, doit revêtir une cape et devenir… SuperGroom.

Fan des Trente Glorieuses et de sa technologie au charme désuet, de contrées exotiques et dangereuses ou d’intrigues internationales, mordu de graphisme rétro, de trait élancé ou d’inspiration japonaise… Chaque lecteur peut trouver l’album qui lui conviendra. Spirou, malgré son drôle de chapeau de garçon d’hôtel, a toujours su se réinventer, quitte à explorer des sentiers inattendus. Au culot, le calot.

Vanité : l’artiste peut-il carner son sujet ?

Superstar de l’art contemporain à qui tous les excès semblent autorisés, Damien Hirst interroge et dénonce son propre monde privilégié. Être un paradoxe vivant, n’est-ce pas trop facile ?

ans la catégorie poids lourds de l’art contemporain, Damien Hirst occupe l’une des toutes premières places. Depuis qu’il a obtenu le prix Turner en 1995, à l’âge de ns, l’artiste anglais est devenu une star. Les clés de sa réussite ? Une capacité à naviguer entre tous les médiums artistiques, mais surtout un vrai sens de la provocation.

En 1993, par exemple, Damien Hirst fait scandale Mother and Child (Divided) : dans des caissons pleins de formol, l’œuvre présente une vache et son veau séparés et coupés en deux. Une partie du public est fascinée par cette référence au genre de la Nativité, qui met en scène la Vierge Marie et l’Enfant Jésus. Une autre crie à la cruauté à l’égard des animaux. En 2008, l’artiste s’attaque aussi au marché de l’art en vendant directement chez Sotheby’s 223 œuvres récentes. À l’époque, c’est un coup de tonnerre : normalement, les ventes aux enchères sont réservées aux œuvres qui ont d’abord été acquises en galerie par des collectionneurs. Ces coups d’éclat n’empêchent pas Damien Hirst d’atteindre des sommets sur le marché de l’art. Il est même aujourd’hui l’artiste le plus riche du Royaume-Uni.

nous conduire à l’accepter que pour la tenir à distance. Ainsi, ses premières installations sont des étagères remplies de pilules. Tout en évoquant la peur de la maladie et la dépendance aux drogues, elles disent notre désir d’éternité et notre dévotion pour la science, cette « nouvelle religion » selon l’artiste. Il en va de même des Spot Paintings, sa série la plus connue : sur la toile, des points de couleur répétés inlassablement suggèrent notre addiction aux médicaments.

Il commence à se faire remarquer alors qu’il est encore étudiant au Goldsmiths College, à Londres. En 1988, il est le commissaire de l’exposition Freeze. Elle réunit un petit groupe d’artistes de sa génération, qui seront bientôt désignés par la presse et les critiques d’art comme les Young British Artists. Le travail de Damien Hirst est emblématique de leur Refusant les catégories « classiques » de l’art, il s’aventure du côté de l’installation et de la sculpture tout en multipliant les clins d’œil décalés à l’histoire de l’art.

L’artiste a beaucoup fait référence à un genre en particulier : Développé au 17e siècle, celle-ci évoque la brièveté de la vie grâce à divers symboles (crânes, fleurs, sabliers…). De même, beaucoup d’œuvres de Damien Hirst, à commencer par ses animaux plongés dans du formol (série Natural History), évoquent directement la mort. Mais c’est alors moins pour

Mais l’œuvre la plus emblématique dans ce sens est For The Love of God Créé en 2007, ce moulage en platine d’un crâne humain est serti de 8 601 diamants ! Alors que les vanités classiques nous invitent à nous détacher des possessions terrestres pour nous tourner vers Dieu, Damien Hirst lance sur le marché un objet précieux capable de traverser les siècles. Son œuvre devient ainsi l’emblème d’un matérialisme triomphant au mépris des conditions de travail mortifères de l’industrie diamantaire, que l’artiste assure vouloir dénoncer…

Jamais trop d’art

Quand

l’art (et la spéculation) part en fumée…

Par Gabriel Mafféïs

En 2021, le monde de l’art se laisse saisir par la frénésie des NFT. Rejetons de la blockchain, ces certificats de propriété et d’authenticité permettent aux artistes de vendre leurs œuvres en cryptomonnaies.

Les cryptomonnaies sont des monnaies dématérialisées indépendantes des systèmes bancaires.

Pas question pour Damien Hirst de passer à côté d’un phénomène qui a déjà valu à l’artiste américain Beeple de voir l’une de ses oeuvres adjugée 69,3 millions de dollars (soit environ 58 millions d’euros) lors d’une vente aux enchères en 2021.

L’enfant terrible de l’art britannique se lance alors, selon ses dires, dans “le plus singulier des projets” qu’il ait menés.

Il s'intitule The Currency (traduire par “devise monétaire”). Il commence par la mise en vente en ligne par l’artiste de 10 000 de ses œuvres.

Une fois placées sur la blockchain, celles-ci existent à la fois sous forme physique (des petits rectangles de papier couverts de pois créés en 2016) et digitale (les NFT).

À tout acquéreur, Damien Hirst propose ensuite un choix : garder les fichiers numériques ou les échanger contre les œuvres bien réelles auxquelles ils sont associés.

Ce dilemme radical a de quoi choquer : la destruction des œuvres d’art est presque un tabou dans les sociétés occidentales.

Si le collectionneur choisit le NFT, sa version physique sera tout simplement brûlée lors d’une exposition en septembre 2022.

Avec toute l'ambiguïté dont est capable Damien Hirst, il évoque pourtant la place prépondérante de la spéculation dans le marché de l’art : 4 721 acquéreurs ont opté pour le NFT, soit un simple certificat de propriété.

Nintendo

Un demi-siècle de choix imprévisibles… et gagnants !

Dans l’univers des consoles de jeux, il faut toujours être prêt à dégainer une nouveauté qui devra convaincre les joueurs du monde entier. L’enjeu ? Vivre ou mourir.

Nintendo, c’est le grand-père (voire l’arrière-arrièrearrière-grand-père) de la grande famille du jeu vidéo : et pour cause, la société a été créée en… 1889 ! À l’époque, elle ne fabriquait évidemment pas de Game Boy ou de Switch, mais des cartes à jouer. Ce n’est qu’en 1977 qu’elle sort sa première console de jeux vidéo. Croyez-moi, on ne tient pas plus de quarante ans dans cette industrie impitoyable sans une capacité de survie à toute épreuve.

Des concurrents, le géant japonais en a vu naître et mourir. Le meilleur exemple : Sega ! Éternel rival dans les années 1980 et 1990, il a fini par jeter l’éponge en 2001. Alors que Nintendo a survécu à toutes les guerres des consoles avec une stratégie : l’effet de surprise.

On pourrait croire que sur le marché des consoles, il suffit de proposer régulièrement une version plus puissante de sa dernière machine pour garder la main. C’est ce que font Microsoft et Sony : tous les cinq ou six ans, ils sortent une Xbox avec un nouveau nom étrange (360, One, Series, ne cherchez pas la logique) ou une PlayStation avec un nouveau numéro (de 1 à 5 pour l’instant, c’est plus simple).

Pour Nintendo, c’est différent. En 1989, quand tout le monde attend une version améliorée de la NES, sa console de salon, il sort une console portable, la Game Boy. Avec son tout petit écran en noir et blanc, elle suscite les moqueries… mais se vend comme des petits pains pendant plus de dix ans.

En 2004, tout le monde est sûr que la PlayStation Portable va dominer le marché, mais Nintendo sort la DS, portable aussi, certes, mais avec deux écrans, dont un tactile. Gadget ? C ’est la deuxième console qui sera la plus vendue de toute l’histoire du jeu vidéo. En 2011, sa petite sœur la 3DS, qui permet d’afficher des jeux en relief, suit le même chemin.

En 2006, alors que la course aux plus beaux graphismes fait rage, Nintendo sort la Wii, une console qui ne propose

presque aucune amélioration visuelle, mais des manettes à détection de mouvements, pour jouer en bougeant devant sa télé. Ridicule ? Là encore, le constructeur déjoue les pronostics en vendant plus de 100 millions de Wii dans le monde. Jusqu’aux maisons de retraite.

Bon, ça ne marche pas à tous les coups : la Wii U, par exemple, successeure de la Wii avec une manette-écran, s’est vendue dix fois moins que sa grande sœur. Mais elle sert de prototype pour imaginer la Switch en 2017. Là encore, un concept révolutionnaire : une console de salon, branchée sur la télé, mais qu’on peut emporter partout en la retirant simplement de son support. Nouveau carton : c’est la troisième console qui sera la plus vendue de l’histoire, et ce n’est sans doute pas fini.

Car la Switch 2 n’arrive pas tout de suite, et bien malin qui devinera à quoi elle va ressembler : on n’est jamais au bout de nos surprises, avec ce petit cachottier de Mario.

Ça se passe comme ça

« Les marges de mes feuilles de cours débordaient de tags »

Stéphanie Lemoine, journaliste : « Depuis la publication en 2005 de In Situ (éditions Alternatives), mon premier livre sur l’art urbain,

j’ai consacré une centaine de reportages et de portraits à ce champ créatif. Mais travailler avec TOPO a été un exercice entièrement nouveau. La façon dont Pierre a réussi à raconter en images l’histoire complexe du graffiti et du street art m’a épatée ! » Pierre Thyss, dessinateur : « Au collège, les marges de mes feuilles de cours débordaient de dessins et de tags. Puis je me suis essayé au graff en décorant timidement les rues de ma ville, sans grand succès. Grâce au travail ultra pointu de Stéphanie, j’ai pu me replonger dans l’histoire de ce médium, et je me suis beaucoup amusé à recréer les œuvres emblématiques des légendes du graffiti. »

Loin des préjugés, les concerné.e.s prennent la parole

Pages 78 à 103

L’art fait le mur

Pages 6 à 29

« Les problématiques trans sont concrètes et politiques »

Line Hachem, dessinatrice : « Évoquer visuellement le sujet de la transition était un défi : que représenter ? Comment apporter ma propre sensibilité sans trahir le texte ? Puis-je être juste dans mes représentations en tant que personne cisgenre ? Cer taines métaphores autour de l’éclosion et de la transformation m’ont été utiles pour évoquer les aspects intimes et émotionnels de la transition. Cependant il me paraissait important de ne pas laisser trop de place aux fleurs et aux papillons et de garder un vrai ancrage dans le réel, car les problématiques trans sont très concrètes et politiques. »

« L’humour est la meilleure des armes »

Cécile Cazenave, journaliste : « Seule devant les tonnes d’emballages plastique qui envahissent ma poubelle jaune, j’ai l’impression que c’est ma manière de vivre qui pollue la planète. Or, il suffit d’interroger les spécialistes qui travaillent sur ces questions pour comprendre que diminuer ou non le volume de ces emballages est le résultat d’un rapport de force entre des intérêts très divergents. Il faut montrer les rouages de cette mécanique. »

Plastique : l’overdose

Pages 104 à 109

Émilie Gleason, dessinatrice : « Il est quasiment impossible de ne pas consommer de plastique et les industries culpabilisent les consommateurs alors qu’elles créent la demande. Pour ce sujet, l’humour est la meilleure arme que j’ai trouvée pour tenter de faire bouger les choses ! »

Assassin’s Creed : l’histoire vraie de

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C’était la fin de l’été, le lycée était fini.

Ça n’intéresse personne

Lui, c’est un pote de classe, c’était la première fois qu’on se voyait depuis le bac.

Ensuite, on est allés dans une librairie,

On est allés voir un film, et c’était nul.

au rayon CD.

Par Sun Bai

Je me souviens des minidétails de ce jour-là, je ne sais pas pourquoi.

Même l’odeur dans l’air, je m’en souviens.

Je trouvais cet été extrêmement long, le temps coulait super lentement.

C’était l’odeur d’un été qui se traîne en longueur.

À la fin, on s’est retrouvés dans un fast-food.

Cet été-là, je me demandais parfois quel genre d’adulte j’allais devenir plus tard.

Mais même les étés les plus longs se terminent un jour.

Par Gilles Rochier
Couleurs : Cécily de Villepoix

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ISSN : 2495-0297

EAN : 9782487108028

Dépôt légal : novembre 2024

Cette revue contient un bulletin d’abonnement signé Élisa Marraudino et un ex-libris (tirage abonnés) signé Manon Mugnier.

Numéro 50

Novembre-décembre 2024

Papier intérieur : Pologne, 100 % PEFC, impact sur l’eau : 0,027 kg/tonne

Papier couverture : Pays-Bas, 100 % PEFC, impact sur l’eau : 0,04 kg/tonne

Taux de fibres recyclées : 0 %

Les influenceurs ont des choses à nous DIRE… et des choses à nous VENDRE.

Transidentité : et si on écoutait les concerné.e. s ?

Depuis 135 ans, Nintendo pèse dans LE GAME.

Dans la guerre contre

le plastique, LES INDUSTRIELS ont choisi leur camp…

Timothée Chalamet, masculin SINGULIER .

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