Mon tonton voulait me prêter ses habits d’élagueur pour me déguiser en S uper Mario.
C’est parce que askip les élagueurs sont les nouveaux plombiers. Il n’est pas élagueur, Mario, il est plombier.
Hein ?
Je suis habillé comme un des deux zozos de l’édito de TOPO !!! Ah.
Celui de gauche ! Je l’adore car il est complètement stupide.
C’est discret, on va dire.
Ma mémé, elle va s’habiller comme Angela Merkel parce qu’elle kiffe les winneuses.
Mais ce n’est pas un personnage de la pop culture, Merkel.
Elle hésitait entre ça et Taylor Swift.
Ouais, c’est une espèce de grand remplacement des métiers manuels.
Tu devrais éviter d’utiliser ce genrenauséabondes.d’expressions
Pfff, d’toute façon, t’es jamais content !
Par Marc Dubuisson
Tu me fais penser au... ... perso de droite de l’édito TOPO ?
OU I !
Comment t’as deviné ???
On me le dit souvent...
Dessin de couverture : Bianca Bagnarelli 5 1 #
Ma réalité passe par la fiction 6
Reportage
Devenir Naruto le temps de la Japan Expo, c’est bien plus qu’une histoire de costume. À la rencontre de ceux qui s’exposent... derrière des masques.
30
Sans cliché
En Angleterre, sous un ciel morne et gris, les super-héros se multiplient.
32
Clair et Net
Quand vous commencez à scroller, savez-vous vous arrêter ou êtes-vous… accro ?
36
Cash sexe
Chez le docteur, il est peut-être temps de laisser vos parents à la porte.
42
Extrême droite, des mensonges à faire peur 44
La question du moment
Comment une idée stupide est-elle devenue une idéologie meurtrière ?
Le sexisme en politique, une affaire de style
58 De la tête aux pieds
De Kamala Harris à Marine Tondelier, le style lutte, s’impose et réécrit les codes du pouvoir.
64
TOPO fait son numéro
Les toutologues : spécialistes de rien, ils nous saoulent avec tout.
Les maux du mallogement
70 Reportage
À Paris, dans un des pays les plus riches du monde, des familles avec des enfants dorment dehors, dans la rue.
94
Tête-à-tête
Claire Hédon, défenseure des droits.
96 Ça tourne pas rond
Les aspirateurs à CO 2 peuvent-ils sauver le climat ?
Taylor Swift, serial killers, crise du jeu vidéo et Robert Pattinson
Jamais trop d’art
Une chanteuse qui domine le monde, des tueurs qui cartonnent en séries, des jeux tristes et du cinéma qui passe de l’Amérique à la Corée, et des vampires à la SF.
142 TOPO coulisses
144
Chut… Ça n’intéresse personne
146 # Moi
Ma réalité passe par la fiction
Par Pauline Ferrari et Émilie Gleason
Ici, pas de fiction
En parallèle à la commémoration du 80e anniversaire du Débarquement, le 6 juin 2024, la France accueillait de nombreux événements de reconstitution de cet épisode majeur de l’histoire.
En costumes d’époque, fausses armes au poing, des adultes qui n’ont pas vécu la Seconde Guerre mondiale ont envahi les plages pour recréer le Débarquement.
Ceux qu’on appelle les « reconstituteurs » historiques ne sont pas si différents des cosplayers : si ce n’est qu’ici, pas de fiction. Les reconstitutions historiques cherchent à recréer un événement précis ou le quotidien d’une époque, de l’Antiquité aux guerres mondiales en passant par l’Empire napoléonien, à l’aide d’accessoires et de vêtements reproduits à l’identique.
Une histoire bien vivante
En France, on compte plus de 2 000 associations de reconstitutions historiques, animées par des passionnés :
Voyage dans le temps
Pour redonner vie au passé, des passionnés en tenues d’époque se replongent dans l’histoire, et racontent la Grèce antique, le Moyen Âge ou la Grande Guerre.
Par Pauline Ferrari
certains collectionnent des objets, ou fabriquent euxmêmes leurs costumes, en se basant sur des archives.
Tous font la promotion d’une histoire « vivante » , interactive, plus palpitante que dans les livres d’histoire. Cette pratique permet de partager des connaissances avec le plus grand nombre, notamment à travers des événements grand public qui font découvrir une époque et son mode de vie.
Mais pour certains, c’est aussi une manière de jouer un rôle, et de se glisser pour quelques heures dans la peau d’un soldat, d’un marquis ou d’un sans-culotte… et notamment d’en adopter le langage et l’attitude !
Une réalité parfois déformée
Les reconstitutions qui permettent de s’immerger dans un autre univers temporel et de faire
mieux connaître des événements du passé sont parfois critiquées. Certains reconstituteurs accusent d’autres groupes d’altérer l’image d’une époque, ou de ne pas la représenter fidèlement, et des historiens professionnels mettent en garde contre le risque de tordre la réalité historique en voulant l’incarner. D’autant que la reconstitution de certaines époques pose parfois des questions éthiques : dans les rassemblements sur le thème de la Seconde Guerre mondiale, par exemple, certains participants arborent des croix gammées… En vue des commémorations du Débarquement, la préfecture du Calvados avait d’ailleurs publié une « charte de bonne conduite » à l ’intention de ceux qui « participent, d’une certaine manière […] à la diffusion de la mémoire », en interdisant notamment les uniformes allemands nazis. Car audelà du costume, hors de question que l’exactitude historique serve de prétexte.
Par Gurvan Kristanadjaja et Erwann Surcouf
Par Renée Greusard et Axel Ruch
Mon corps, m es mots
BAROCK
LA COMBUSTION DE SYNTHÈSE (CS), qui génère des incendies basse température, est LA nouvelle mode qui enflamme les pogos des concerts de métal.
SPORT-CO
À la base, le tennis se jouait EN ÉQUIPE.
MATOUSCOPIE
La mairie de la ville de Rennes (Ille-et-Vilaine) a décidé de remplacer progressivement les punks à chien par des PUNKS À CHAT.
En Ancienne-Cannelloni, il existe des plantes CALIVORES qui imitent la forme d’un chaton pour qu’on les caresse.
LE MIMÉTISME est une stratégie adaptative qui permet à un animal de prendre une apparence imitant son environnement pour échapper à d’éventuels prédateurs.
Par exemple, le phasme, qui se confond avec les brindilles, les papillons, avec les fleurs, ou les poissons, avec les pierres.
MIMÉTISME ANIMAL
La nature s’est désormais mise au pas du progrès et nous propose aujourd’hui ces merveilleux mimétismes urbains.
COSMOS
À la fin du 18e siècle, durant l’époque dite « néoclassique », les premiers vaisseaux spatiaux avaient l’apparence des TEMPLES GRECS.
CHINCHARCUTERIE
LE POISSISSON est un saucisson de poisson.
PODOLOMANCIE
Certaines voyantes lisent l’avenir dans LES LIGNES DE PIED.
JUSTICE
Dans le Saint-Empire de Lusitanie, on pendait les criminels à DES OISEAUX.
PARIS
Lors de la prise de la Bastille, les révolutionnaires français étaient appelés LES « SANS-SLIPS ».
À Paris, LA TOUR EIFFEL n’est que la partie visible de l’iceberg.
CHIMPANZULES
Les chimpanzules sont des singes modifiés génétiquement pour faire le travail À NOTRE PLACE.
LE MONDE D’AVANT
Avant l’invention du cinéma, les films étaient projetés sur des CHUTES D’EAU.
Léon MARET 2025 – Couleurs : Cécily de Villepoix
Comment une idée stupide estelle devenue une idéologie meurtrière
Depuis 2011, c’est comme un poison qui se répand dans le débat public mondial. Alliage d’ignorance, d’approximations et de haine, ce concept signé Renaud Camus, mal né, mal foutu, mais présenté sous les atours prestigieux de la théorie intellectuelle, est devenu l’obsession de toutes les extrêmes droites, tant il charrie par ces deux mots redoutables toutes les peurs qu’elles alimentent.
Par Martine Abat et Clara Hervé
C’est un beau samedi matin. Quelque part en France, c’est jour de marché…
Le soleil est là, les oiseaux chantent.
La question du moment
Le grand remplacement, c’est l’idée répandue par l’extrême droite que la population blanche va être remplacée par des populations immigrées, issues du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
Un changement de peuple serait donc à l’œuvre en France.
Ce processus serait facilité par des élites « mondialistes » q ui encourageraient une « colonisation » arabo-musulmane en Europe pour s’offrir une main-d’œuvre bon marché.
… les Français « de souche » risqueraient de devenir une minorité et de se voir imposer une culture qui n’est pas la leur.
Les immigrés étant sans cesse plus nombreux à arriver et leur taux de fécondité étant plus élevé…
Pourtant, quand on observe les chiffres et les données démographiques…
… c’est une peur irraisonnée.
Celui qui a inventé cette expression, c’est :
Dans son livre « Le Grand Remplacement », paru en 2011 :
Un écrivain obsédé par l’idée du déclin de la civilisation française.
Renaud Camus appartient à ce qu’on appelle, en France, la mouvance identitaire.
Son expression « g rand remplacement » est devenue un cri de ralliement pour les identitaires du monde entier.
C’est un mouvement de pensée d’extrême droite, qui met l’accent sur la défense des Européens de race blanche.
Aux États-Unis, des attentats racistes ont été commis par des suprémacistes blancs.
Au nom de cette théorie, des actes d’une violence extrême ont été perpétrés ces dernières années.
Le suprémacisme est une idéologie raciste qui considère que les humains blancs de peau sont supérieurs à ceux qui ne le sont pas.
Pour eux, la civilisation occidentale doit dominer les autres.
La question du moment
Chaque fois, ces tueurs de masse suprémacistes ont expliqué leur geste par la volonté de lutter contre l’invasion migratoire de l’Occident.
En 2019, en Nouvelle-Zélande, deux mosquées ont été visées : 51 morts et 49 blessés.
C’est le cas en 2019, au Texas. Le tueur a expliqué vouloir éliminer le plus de Mexicains possible.
Depuis 2011, c’est plus de 350 attaques racistes qui ont eu lieu dans le monde.
Le tueur avait écrit un texte « The Great Replacement », qui faisait référence au concept de Renaud Camus.
Cette peur du changement de population par une immigration massive n’est pas nouvelle.
Ils auraient menacé l’existence de la chrétienté.
Déjà, dans l’Europe médiévale, on trouve la trace de la peur des juifs et des musulmans.
Dès le 12e siècle, on instaure un régime qui restreint les droits des populations, notamment des juifs, pourtant présents sur le continent depuis toujours.
Certaines professions leur sont interdites, les mariages mixtes sont impossibles.
Et puis en 1492, en Espagne, c’est la prise de Grenade : les juifs et les musulmans présents depuis sept siècles sont chassés par les chrétiens.
Eh oui ! Éric Zemmour, homme politique d’extrême droite et adepte de la théorie du grand remplacement, a appelé son parti Reconquête !
Ceux qui restent doivent se convertir. C’est la Reconquista.
Une référence directe à ce chapitre de l’histoire.
1492, c’est aussi le début de la conquête des Amériques et le génocide des peuples amérindiens et leur soumission par les Européens.
Avec la disparition de leur langue, de leur culture, de leurs croyances et le pillage de leurs richesses.
Commence aussi l’esclavage des populations venues d’Afrique, emmenées de force sur le continent. La domination blanche est totale.
Le Blanc met en place un ordre racial dont il est le sommet.
La question du moment
Mais, très vite, il voit un danger : jusqu’à quand pourra perdurer cet ordre racial dominant ?
Plus tard, à l’époque des Lumières, au 18e siècle, on interroge la question des races et des inégalités, à rebours des théories racistes.
Si la situation venait à changer, la confrontation raciale serait inévitable.
Pourtant, de nouveau, à la fin du 19e siècle, en France, on craint le « péril jaune », une invasion venue de la Chine…
Ces philosophes des Lumières se tournent vers l’avenir et n’ont pas peur des mutations.
Au début du 20e siècle, ce sont à nouveau les populations juives, pourtant minoritaires en France, qui sont accusées de tirer les ficelles du pouvoir à leur profit.
… une marée qui engloutirait le continent européen.
Après la Première Guerre mondiale, qui a vu des millions de morts dans les tranchées, la démographie française s’effondre. La jeunesse est décimée.
Au même moment, les flux migratoires en provenance d’Espagne, d’Italie, d’Europe de l’Est s’accélèrent.
Du fait de la disparition de beaucoup d’hommes, 1,6 million d’enfants ne sont pas nés.
Parmi eux, beaucoup de juifs qui fuient l’antisémitisme et les pogroms.
Un climat xénophobe se développe, une angoisse identitaire apparaît.
En 1917, la France est le premier pays au monde à imposer une carte d’identité spécifique pour les étrangers et crée une police des étrangers.
… et à leur déportation vers les camps de la mort. Le grand
En 1921, la France accueille 1,4 million d’étrangers, en 1931, 2,7 millions. Ils représentent 6 % de la population en 1938. Pour certains, c’est trop.
Ils craignent la submersion et s’en prennent aux Italiens ou aux Polonais. Naît aussi le fantasme d’une infiltration des pouvoirs économiques et politiques qui vise les juifs, pourtant minoritaires.
C’est au nom de cette idéologie que la France prêtera main-forte au régime nazi, en particulier en participant aux arrestations de juifs étrangers, mais aussi français…
Dès 1925, d’ailleurs, dans « M ein Kamp », Hitler écrivait que la France est « négrifiée » et qu’on ne peut rien attendre d’un pays tombé si bas qu’il reconnaît l’égalité des races.
Pour cette raison, les soldats noirs venus des colonies françaises ne seront pas faits prisonniers comme c’est l’usage…
… mais seront fusillés par l’armée nazie, en mai et juin 1940.
La question du moment
Après la Seconde Guerre mondiale, la France a besoin de bras pour reconstruire le pays. Elle va les chercher dans ses colonies, comme l’Algérie.
1 million d’hommes viennent participer à la prospérité économique de la France.
Les entreprises se déplacent pour recruter la main-d’œuvre.
Mais en métropole, rien n’est fait pour accueillir ces travailleurs, qui se regroupent dans des bidonvilles.
Des barres d’immeubles sont construites à la va-vite aux périphéries des villes au cours des années 1960 et 1970.
Des Français les regardent d’un mauvais œil, les accusant d’être sales et dangereux.
On pensait qu’ils retourneraient dans leur pays. Mais au bout de vingt, trente ans sur notre sol, ils ont fondé une famille, travaillé…
… cuit notre pain, construit nos maisons, assemblé nos voitures…
Et ils se sont intégrés.
À toutes les époques, on constate que les vagues migratoires se fixent.
Et puis, avec la crise économique et le choc pétrolier, le chômage décolle.
On ne s’est pas posé la question du devenir de ces travailleurs.
Ces personnes sont venues avec leur culture et leur religion, l’islam, qui s’est implantée durablement.
Après la fin de la guerre d’Algérie, en 1962, peu à peu émerge l’idée que ces Algériens qui nous ont fait la guerre vont venir chez nous massivement pour se venger et imposer leur mode de vie.
Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, avec son parti le Front national, créé en 1972, va alimenter ces inquiétudes. Entre 1980 et 1990, chaque élection voit son score augmenter.
Pourtant, tous les économistes s’accordent à dire que l’immigration n’a pas de conséquences négatives sur l’emploi.
Les migrants ne viennent pas prendre nos emplois, ils prennent ceux que nous laissons.
Une vraie politique d’intégration a même des effets positifs.
Ce qui détruit l’économie, c’est l’ouverture du marché à des biens produits par des travailleurs à l’autre bout du monde, sous un modèle social moins protecteur que le nôtre.
Ils contribuent à la production de richesses nationales : l’immigration bénéficie au pays d’accueil.
Accueillir des étrangers jeunes, c’est au contraire assurer la prospérité du pays.
À condition de leur fournir une autorisation de travail, des cours de langue et un logement afin de les intégrer rapidement.
DAVID CARD Prix Nobel d’Économie 2021
La question du moment
Les attentats sanglants perpétrés au nom de l’islam…
L’extrême droite et le terrorisme islamiste nourrissent ainsi conjointement…
… ont relancé l’idée d’une guerre de civilisations.
… un m ême rêve de guerre civile.
Aujourd’hui, ce sont les populations venues du Maghreb et d’Afrique subsaharienne qui sont dans le viseur des partisans de la théorie du grand remplacement.
Les images d’hommes et de femmes sur des embarcations ou encore de jeunes essayant d’escalader les barbelés pour passer les frontières de l’Europe marquent les esprits.
Le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella prospère sur ces images fortes.
M ais assiste-t-on vraiment à un raz-de-marée migratoire ? Qu e disent les chiffres ?
Avec Renaud Camus, ils disent : « Entre vivre ensemble et vivre, il faut choisir. »
Le grand remplacement
Les économistes, les sociologues, les démographes, les géographes sont unanimes : le grand remplacement de la population française est un mythe.
Non, il n’y a pas plus d’arrivées dans les pays développés. La plupart des migrations se font entre pays du Sud, tout simplement parce que c’est plus simple d’y circuler.
La France est une terre d’immigration depuis toujours. Ce sont différents flux qui l’ont constituée et façonnée au cours des siècles.
Aujourd’hui, elle compte d’immigrés dans sa population.
Nous sommes aussi un pays d’émigration puisque
On peut aussi se demander jusqu’où il faudrait remonter dans la généalogie pour définir si une personne est française. de Français vivent à l’étranger.
Plus encore qu’un remplacement numérique, ce qui inquiète, c’est les changements culturels et de mode de vie français.
Parmi eux, de plus en plus de personnes sont issues de l’immigration.
On est donc loin de la submersion islamique décrite par certains !
* Selon l’ONU.
La question du moment
Pour les tenants du grand remplacement, il suffit de regarder dans la rue pour s’apercevoir que ce n’est pas une théorie, mais une réalité.
Ce qui est vrai, c’est que les personnes d’origine étrangère sont surreprésentées dans certaines zones urbaines, car c’est là qu’elles trouvent du travail ou qu’elles habitent.
Un Français sur dix est un enfant de la troisième génération d’immigrés.
C’est donc moins un remplacement, qu’une diffusion des origines que l’on constate.
C’est surtout la mixité qui est à l’œuvre en France.
Aujourd’hui, un Français sur quatre a un parent ou un grand-parent issu de l’immigration.
Le grand remplacement, c’est penser qu’une nation devrait être fixe, pure, sans métissage.
Une idée séparatiste de l’humanité.
Il y a des unions plus métissées qu’avant (mais ça a toujours existé).
La France est un pays qui s’est enrichi de ces apports étrangers et de ces différences.
Alors que ce qui caractérise l’humain depuis qu’il habite la planète, c’est sa capacité à se déplacer.
Ses migrations.
* Selon une étude de l’Insee de 2023.
Les progrès de l’intelligence artificielle (IA) sont fulgurants et ces outils, toujours plus sophistiqués, sont capables de produire des textes et des images sur simple demande. Mais attention, il ne suffit pas de claquer des doigts pour obtenir ce que l’on veut, bien au contraire. Ces petites merveilles de technologie sont hypersensibles et n’obéissent pas au doigt et à l’œil. Maîtriser toutes les subtilités d’une conversation avec un algorithme demande un peu d’entraînement : un mot de trop, une mauvaise interprétation, et patatras ! Il faut tout recommencer. Selon le magazine américain Science & Business, savoir parler avec ces robots conversationnels pourrait devenir la compétence la plus recherchée d’ici deux ans, alors…
S’habiller pour gagner
C’est à la hâte que Kamala Harris a dû prendre la suite du président Joe Biden, qui a renoncé, en juillet 2024, à se représenter à la présidence des États-Unis.
Ses choix vestimentaires, aussi futiles qu’ils puissent paraître, n’ont pas été moins scrutés, dans un pays où les tenues des candidats sont disséquées dans les colonnes du New York Times ou du Washington Post
C e n’est pas une mince affaire.
La candidate désignée par les démocrates pour affronter le républicain Donald Trump a dû prendre position illico sur des questions clés. Priorités économiques, géopolitiques, sécuritaires…
Comment s’habiller quand on aspire à devenir présidente des États-Unis ?
Jusqu’à Joe Biden, les 46 p résidents successifs portaient sans réfléchir des costumescravates, de manière quasi automatique.
Mais lorsqu’on est une femme, comment s’y prendre ?
Par Valentin Pérez et Joyce Colson
Faire de la mode un soft power, c’est-à-dire un outil de diffusion des valeurs politiques et culturelles, c’est habituellement l’apanage des premières dames.
Trop négligée ?
Dans cette discipline, Michelle Obama est considérée comme la meilleure : d e 2009 à 2017, alors que son époux, Barack Obama, dirigeait les États-Unis, elle a su promouvoir des créateurs de mode américains lors de ses déplacements.
Votre tenue est trop découverte ?
Mais lorsqu’on est, comme les femmes politiques, davantage qu’une «« femme de »» et que l’on incarne publiquement l’autorité, s’habiller devient une équation compliquée.
Vous essuierez des remarques déplacées et votre discours politique paraîtra secondaire aux yeux de certains observateurs misogynes.
Et si votre vestiaire est trop tapageur, comme celui de la Première ministre Édith Cresson, de 1991 à 1992, les photographes risqueront de se mettre «« à genoux à la sortie des voitures pour montrer [vos] jambes avec la marque »» de vos souliers, comme cela lui arriva…
O n vous conspuera, comme le fut, en 2012, la ministre du Logement
Cécile Duflot, pour s’être rendue au Conseil des ministres en jean, geste critiqué comme «« i rrespectueux »».
Bref, s’habiller est un sacré défi !
De la tête aux pieds
Au Royaume-Uni, dans les années 1980, la Première ministre conservatrice Margaret Thatcher systématisait encore le tailleur-jupe, porté avec des blouses à lavallière, des foulards de soie, des chapeaux ou des voilettes, sans craindre de jouer avec les attributs classiques de la féminité.
Emprunter ce code du costume d’homme aux épaules nettes et poches plaquées : comment mieux dire qu’en tant que femme, on est tout aussi légitime pour être aux commandes ?
Dilma Rousseff, présidente du Brésil de 2011 à 2016, Michelle Bachelet, présidente du Chili de 2006 à 2010, puis de 2014 à 2018, ou encore Hillary Clinton, secrétaire d’État américaine de 2009 à 2013, se sont toutes approprié ces mêmes codes, en osant parfois le tailleur coloré uni.
Quinze ans plus tard, Angela Merkel, chancelière de l’Allemagne de 2005 à 2021, établit un autre uniforme : d es tailleurs-pantalons sobres, assez semblables à des modèles masculins.
Seul changement chez Angela Merkel : la veste est taillée dans des couleurs rayonnantes, bleu, orange, jaune, violet, vert, rouge…
Pour autant, le vêtement n’est pas qu’un uniforme passe-partout, et les femmes politiques l’utilisent parfois pour suggérer leurs convictions.
Lors des élections législatives de 2024, la secrétaire générale du parti Les Écologistes, Marine Tondelier, a, elle, fait de sa veste The Kooples verte une signature, le vert étant la teinte phare des défenseurs de la cause environnementale.
… comme pour montrer qu’elle était la première à promouvoir le made in Italy.
Christiane Taubira, la ministre qui fit voter en 2013 la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples gays et lesbiens, défendit son texte en arborant souvent une écharpe multicolore, qui pouvait évoquer le drapeau arc-en-ciel LGBT.
Quant à l’Italienne Giorgia Meloni, présidente du Conseil depuis 2022, issue d’un parti nationaliste d’extrême droite, elle n’a pas manqué de faire savoir qu’elle portait des tailleurs sombres et stricts siglés Armani…
De la tête aux pieds
Gare cependant à ne pas abuser des marques de luxe !
Autrefois, des ministres ou secrétaires d’État pouvaient s’afficher avec sans subir de critiques, rappelle l’historienne de la mode Sophie Lemahieu, autrice de S’habiller en politique : les vêtements des femmes au pouvoir, 1936-2022 (coédition MAD/École du Louvre, 2022).
Mais s’habiller de façon trop ostentatoire est aujourd’hui perçu comme une façon dédaigneuse de souligner son statut favorisé par rapport aux citoyens que l’on veut représenter.
Cela ne l’a pas empêchée de continuer à s’habiller dans de très belles boutiques.
On peut penser à Françoise Giroud en robe Hermès ou à Simone Veil en éternel tailleur Chanel.
Fin 2007, quand la ministre de la Justice Rachida Dati s’était affichée en robe Dior à la une du magazine Paris Match, elle avait été très vertement attaquée.
En juin 2024, alors ministre de la Culture, elle se montrait par exemple sur France 5 dans une veste Schiaparelli (5 600 €), les mains parées d’un bracelet Bois de Rose de Dior (8 000 € ) et d’une bague Clash de Cartier (3 750 €)
L’ex-Première ministre britannique Theresa May, autre femme politique amoureuse de mode, la défendrait probablement.
En octobre 2015, alors ministre de l’Intérieur, elle déclarait :
Goûts trop fastueux ou affirmation de sa liberté ?
«« L’un des enjeux pour les femmes en politique, dans les affaires, dans tous les domaines de la vie professionnelle, c’est d’être nous-mêmes, et d’affirmer que l’on peut être intelligentes et aimer les vêtements. »»
Face à la baisse significative du niveau scolaire, notamment dans la maîtrise du patrimoine culturel et poétique, le gouvernement a décidé de recourir aux mèmes Internet pour sensibiliser les nouvelles générations à la poésie française. Il va donc associer des extraits d’œuvres poétiques à des visuels percutants et les diffuser pour sensibiliser la jeunesse à l’héritage littéraire de la France. Le gouvernement tient à rappeler que la culture et l’éducation sont des priorités, et que cette démarche s’inscrit dans une volonté d’innovation pédagogique, en phase avec les attentes et usages de la jeunesse. Pour plus d’informations, veuillez contacter le service presse du ministère de l’Éducation nationale.
HEUREUX QUI, COMME ULYSSE, A FAIT UN BEAU VOYAGE, OU COMME CELUI-LÀ QUI CONQUIT LA TOISON,
ET PUIS EST RETOURNÉ, PLEIN D’USAGE ET RAISON, VIVRE ENTRE SES PARENTS LE RESTE DE SON ÂGE !
Demain dès l’aube, Victor Hugo
El Desdichado, Gérard de Nerval
Heureux qui comme Ulyss e, Joachim du Bellay
Mon rêve familier, Paul Verlaine
La terre est bleue, Paul Éluard
Le Lac, Alphonse de Lamartine
Quatrain, François Villon
La Romance du chevrier, Jean-Pierre Claris de Florian
Chanson d’automne, Paul Verlaine
Stances à Marquise , Pierre Corneille
Je chante pour passer le temps , Louis Aragon
L’Invitation au voyage , Charles Baudelaire
Léon MARET 2025 – Couleurs : Cécily de Villepoix
ILS SQUATTENT LES PLATEAUX, PERSONNE N E S AIT POURQUOI ILS SONT LÀ ET ILS PARLENT SANS ARRÊT. À QUOI SERVENT CES INVITÉS INTERCHANGEABLES, CAPABLES DE DISSERTER SUR TOUT EN DISANT SOUVENT N'IMPORTE QUOI ?
Les toutologues
Par
Émilie Valentin et Pochep
AH AU FAIT, DEMAIN, TU REPRÉSENTES LA RÉDAC’ SUR LE PLATEAU DE « BALANCE TOUT À L’APÉRO ». TU VAS DIRE OUI, HEIN HEIN HEIN ?
HEU, AH OUI OK, ET C’EST QUOI, LE SUJET ?
LE SUJET, C’EST LA DETTE PUBLIQUE, ET COMME TU AS FAIT UN REPORTAGE LÀ-DESSUS, TU ES UNE EXPERTE.
J’AI INTERVIEWÉ UN EXPERT, NUANCE ! ÇA NE FAIT PAS DE MOI QUELQU’UN DE LÉGITIME POUR DONNER MON AVIS SUR UNE CHAÎNE D’INFORMATION.
OUI ET ATTENTION, C’EST UNE CHAÎNE D’INFORMATION… … MAIS L’ÉMISSION, C’EST UNE ÉMISSION D’OPINION…
ET DANS LES ÉMISSIONS
DE CE TYPE, ON N’INVITE PAS QUE DES SPÉCIALISTES, ON INVITE SURTOUT DES JOURNALISTES « ÉDITORIALISTES » : DES GENS QUI DONNENT LEUR AVIS.
C’EST VRAI QUE ÇA VA PLUS VITE QUE DE FAIRE DES REPORTAGES, DES ENQUÊTES ET TOUT LE TRALALA. MAIS MOI, J’AIME BIEN LES ENQUÊTES. ET LES EXPERTS.
BEN JUSTEMENT, POURQUOI ILS N’INVITENT PAS DIRECTEMENT LES EXPERTS ?
ATTENDS, ON VA REGARDER LE REPLAY DES DERNIÈRES ÉMISSIONS… UN PLATEAU SUR LE REMBOURSEMENT DES LUNETTES PAR LA SÉCURITÉ SOCIALE…
TOUT LE MONDE PORTE DES LUNETTES, DONC : LÉGITIME !
LÀ, LE SUJET C’EST L’ÉCOLE PUBLIQUE.
MOUAIS. NON, MAIS S’IL CONNAÎT QUELQU’UN QUI…
LÀ, LES CRUSTACÉS SENTENT-ILS LA DOULEUR ?
OUI OUI, IL SERA LÀ. C’EST UN RÉGULIER DE L’ÉMISSION…
QU’EST-CE QUE TU FAIS ? TU LEUR CONFIRMES TA PRÉSENCE, N’EST-CE PAS ?
OK STOP. DITES-MOI, LE SPÉCIALISTE DES CREVETTES, IL SERA SUR LE PLATEAU POUR PARLER DE LA DETTE PUBLIQUE ?
JE LEUR ENVOIE
LES CONTACTS DE CHERCHEURS QUI ONT TRAVAILLÉ SUR LA DETTE PUBLIQUE, LES SYSTÈMES DE SANTÉ, L’HISTOIRE DE L’ÉDUCATION ET LE SYSTÈME NERVEUX DES CRUSTACÉS, ET SUR LA QUESTION DE LA LÉGITIMITÉ, AUSSI !
Les maux du mallogement
Par Audrey Parmentier et Wouzit
Paris, décembre 2023
18 heures
Maman, c’est Fanta !
Elle est dans ma classe de CE2 !
Salut, Inès !
Maman, pourquoi ils portent tous ces sacs ?
Ils par tent en vacances ?
FANTA !
On dor t où ce soir ? Au chaud . J ’espère.
Place de l ’Hôtel-de -Ville
Tous les soirs, une quarantaine de familles migrantes à la rue y attendent un repas chaud, des tentes ou des couches pour bébés
Qu’elles soient originaires de Guinée, de Côte -d ’ Ivoire ou du Cameroun, personne ici n’aurait imaginé vivre dans une telle précarité
Chaque soir, Aïssata et les autres mamans croisent les doigts pour passer une nuit au chaud.
Nous sommes membres de l ’association Utopia 56.
Vous êtes ici pour un logement d’urgence ?
Je n ’ai nulle part où dormir, le 115 ne répond pas
On va voir ce qu’on peut faire.
Bonjour, Madame !
Je vais prendre votre nom et ceux de votre famille.
Aïssata Koné, j ’ai trois filles de 9 ans, 6 ans et 6 mois Mon mari, Joseph, qui travaille encore, va nous rejoindre
Vous allez nous trouver une place pour ce soir ?
Je ne peux rien vous promettre On va tout faire pour !
Avec Joseph, mon mari, nous avons fui la Côte -d ’ Ivoire en 2016
Fanta avait 3 ans
On ne connaissait Paris qu’à travers ce qu’on en voyait à la télévision.
Des amis nous ont hébergés, le temps qu ’ on règle notre situation administrative
Au bureau de l’Ofpra*, on a raconté les raisons de notre départ, les pressions de ma famille pour faire exciser Fanta On ne voulait pas qu’elle vive le même traumatisme que moi.
L’excision est une mutilation génitale féminine. Interdite en Côte -d' Ivoire depuis 1998, cette pratique y reste répandue.
Le statut de réfugié nous a été accordé.
La famille Koné est envoyée à Châteauroux, dans l ’Indre (36).
On leur attribue un trois -pièces C’est là qu’est née leur deuxième fille, Awa.
Ils voulaient croire à « la vie rêvée ».
* Of fice français de protection des réfugiés et des apatrides
Mais Joseph ne trouvait pas de travail Ni dans le bâtiment , ni dans la restauration, ni dans la boulangerie
Joseph décroche alors un poste dans la sécurité et signe un contrat à durée indéterminée
Les 400 euros mensuels versés par l ’État ne suf f isaient pas Quatre ans ont passé .
et ils sont repartis à Paris
Le travail, c ’était le plus important Je ne pouvais pas rester sans rien faire.
Des amis les hébergent
Mais le soir venu, la famille Koné n’a nulle par t où aller. L’État ne leur attribue pas de nouveau logement malgré leurs demandes répétées.
Mais les voisins se plaignent du bruit et des enfants Ils sont mis à la rue. Commence une longue période d’errance à par tir de 2022
Ils alternent entre halls de gare et hébergements d ’ urgence
Ouvert 24h/24, 7 jours sur 7, le 115 gère l’attribution des places d’hébergement d’urgence.
Matin, midi et soir, Aïssa compose le 115 En haut-parleur, elle entend en boucle :
Je peux attendre jusqu’à quatre heures avant qu ’ on me réponde
Tous nos opérateurs sont occupés. Veuillez rappeler ultérieurement
Concrètement , ce sont les préfets, qui représentent l ’État, qui doivent veiller à la mise en uvre du droit d ’hébergement d ’urgence.
Ce dispositif est f inancé par l ’État et sa gestion est dépar tementalisée
1 ,2 milliard d’euros a été consacré à cette mission en Île -de -France, en 2022
Vanessa Benoit, directrice générale du Samu social de Paris
Le 115 de Paris reçoit 2 000 appels par jour, qui proviennent de 1 000 numéros dif férents
Une bonne journée, c’est quand on réussit à répondre à 30 % de ces appels.
Un budget qui paraît insuffisant au regard de la ligne saturée du 115
Allô ?
L’accueil est INCONDI T IONNEL , peu importent la régularité du séjour, la nationalité, l’âge, le sexe. . Mais les places sont limitées
Quotidiennement, le 115 de Paris héberge 650 ménages (à Paris et en Île -de -France) et laisse sur le carreau entre 800 et 1 000 demandes par jour
Nombre de places d ’hébergement disponibles selon la préfecture d ’Île-de-France :
En France, 203 000 hébergements disponibles
En Île -de-France, 96 000 hébergements disponibles + 4 000 places à l ’hôtel
À Paris, 16 034 hébergements disponibles + 16 675 places à l’hôtel
Les chambres d’hôtel se trouvent dans 800 établissements
Leurs propriétaires ont signé une forme de contrat avec l’ État.
Mais avec la reprise d ’activité post- Covid et les Jeux olympiques, on a de plus en plus de mal à remplacer les hôtels qui sortent du dispositif.
Cette année, nous avons perdu 3 200 nuitées hôtelières en Île-de-France, et on estime que seules 1 000 ont été compensées par l ’ ouver ture de centres d ’hébergement
La famille Koné connaît bien ces chambres d’hôtel aux murs blancs, d ’ une trentaine de mètres carrés
Un coin cuisine, une salle de bains et un placard. Mais rien ne reste déballé très longtemps Très souvent, un SMS indique à la famille qu ’elle doit quitter les lieux après une ou deux nuits.
J ’ veux être en haut !
À chaque fois, c ’est la même organisation : le couple s’installe dans l ’unique lit double et les deux fillettes prennent le lit superposé. Un berceau est fourni pour le bébé.
Tu es trop petite !
Même enceinte d’un troisième enfant, Aïssata a alterné entre les nuits sous les ponts et les hébergements de for tune.
Mais je suis enceinte
Désolé, Madame Il y a plus urgent que vous.
Vous serez prioritaire les derniers mois de votre grossesse.
Le jour de mon accouchement, début 2023, on nous a quand même mis dehors.
Dès qu’on nous installait à l’hôtel, on était stressés d’être remis à la rue le lendemain
On se demandait qui pouvait être plus prioritaire que nous !
Quel que soit l’endroit où la famille dort , dès 6 heures du matin, Joseph se prépare pour travailler et emmener ses deux filles à l ’école.
Les devoirs sont faits par terre, dans un froid glacial, ou dans les transpor ts en commun
Nous prenons notre par t même si ce n ’est pas à nous de por ter la charge de l ’État
Avec la préfecture d’Île -de-France et certaines associations, l’élue liste les lieux où les maraudes passent régulièrement et comptent les sans-abri
Léa Filoche, adjointe à la mairie de Paris chargée des solidarités
Quand un campement est jugé trop important , une mise à l’abri est organisée. Elles sont souvent effectuées à l’aube
En 2023, 6 4 43 personnes ont été mises à l ’abri au cours de 35 opérations, dont 1 276 personnes en famille et 4 716 hommes isolés.
Depuis 2023, des « sas d ’accueil temporaire en région » ont été créés pour répondre à la saturation de l ’hébergement d'urgence
Au total, 3 431 personnes ont été orientées en dehors de l ’Île-de-France
Quand il n ’ y a pas de mise à l ’abri, la mairie de Paris à la possibilité de réquisitionner des gymnases.
On a une liste des lieux disponibles et on appelle la mairie d’arrondissement concernée
Une fois le gymnase choisi, les pouvoirs publics l’équipent de lits militaires, micro-ondes, tables, chaises, couvertures Le minimum vital est à disposition
Accueillir une centaine de personnes dans un gymnase coûte environ 100 000 euros par mois.
Les représentants de l’État ont le devoir de dévoiler la destination avant que les gens montent dans le bus. .
Beaucoup de familles refusent de sor tir de l’ Île -de -France
Car c’est ici qu ’elles ont commencé leurs démarches administratives
Mais les maires peuvent refuser d’accueillir des sans-abri dans leur arrondissement.
On peut les forcer, mais on ne veut pas que les personnes concernées soient dans un environnement hostile
La famille Koné a déjà passé une nuit dans l’un de ces gymnases Il n ’ y a pas de chauffage, les travailleurs sociaux sont débordés et l ’intimité est reléguée aux oubliettes
Nous étions environ une centaine de personnes et ce n ’était vraiment pas confor table
* Selon l’Unicef
Il s ’agit d ’un mode dégradé de l ’accompagnement, nous n’aimons pas faire ça.
Nous n’avons par fois pas d’autre choix
Certaines familles ont préféré rester dehors et je ne les juge pas.
En décembre 2023, la mairie de Paris a ouvert un gymnase dans le 11e arrondissement dédié à 150 personnes, des familles uniquement.
Les pères restent à la porte.
Certaines femmes craignent aussi d ’être séparées de leur mari car, faute de places, cer tains gymnases ne sont ouverts qu’aux femmes et aux enfants
Une séparation qui constitue une énième violence pour les familles
Au moins 700 enfants sont sans -abri dans Paris*
Parfois, on ne peut pas ouvrir un deuxième gymnase
Il est plus facile pour une femme seule d ’obtenir un hébergement d ’ urgence
Sont prioritaires : les femmes victimes de violences . les femmes enceintes de plus de sept mois. . . . les femmes qui sortent de la maternité ou avec un enfant de moins de 3 mois*
En France, 22 % des personnes isolées sans domicile sont des femmes, un chif fre en constante augmentation
Plus souvent exposées aux dangers de la rue, elles ont besoin, pour se poser et se reconstruire, de lieux qui leur sont dédiés.
Une attention particulière doit être donnée aux victimes de violences conjugales, qui nécessitent davantage de protection.
Elles sont séparées des hommes et l ’adresse de leur centre, doté d ’ un système de surveillance, n’est pas communiquée.
Là aussi, c’est via le 115 que les femmes sont réparties dans ces centres
Perrine Dequecker, travaille chez Aurore, une association mandatée par l ’État
* Selon un courrier de la préfecture d ’Île-de-France envoyé en juin 2023 aux départements
Créée en 1871 , l’association Aurore ouvre de nouvelles places quand cela est possible
Des bailleurs ou des propriétaires (privés ou publics) mettent à disposition – à titre payant ou gracieux – des bâtiments qui permettent d’accueillir du public
En 2022, Aurore comptait , en Île-de -France, 4 300 places d’hébergement d ’ urgence pour 6 3 47 personnes
ou un ancien bureau de poste
Ça peut être une vieille caserne de gendarmerie .
L’association veille alors à ce que les normes de sécurité soient respectées et vérifie l ’absence d ’amiante ou de pollution des sols
Centre d’hébergement d ’ urgence Lumières du Nord, 10e arrondissement de Paris.
Cet ancien laboratoire, prêté par les hôpitaux de Paris ( AP- HP), a été transformé en logements d ’ urgence
Ce grand bâtiment affiche complet comme tous les centres Aurore. À l’intérieur, 267 personnes sont hébergées. La moitié est d ’origine étrangère
Ici l’accompagnement prend dif férentes formes : social. . . . médical. . . . . administratif.
Aux 5e et 6e étages, on retrouve les femmes seules avec un nouveau-né.
L’accompagnement social global est orienté sur la périnatalité et le lien mère-enfant.
Aux 2e et 4 e étages dorment les familles et les femmes seules.
Il y a également un coin laverie Chacun peut s’y rendre quand il en a besoin
Chaque chambre dispose d ’un créneau pour cuisiner. Les courses sont faites grâce aux chèques-services distribués par Aurore.
La cuisine semi-professionnelle est en libre service, ça permet plus d ’autonomie
Certaines familles habitent ici depuis quatre ou cinq ans Elles peuvent rester aussi longtemps que nécessaire
Pas étonnant que tout le monde se salue dans les couloirs Aymeric Halbout, directeur du centre
Les hommes seuls habitent au 1 er étage
Considérés comme « moins vulnérables » que les femmes et les enfants, les hommes ont encore plus de diff iculté à trouver un hébergement d ’ urgence
Ils par ticipent à des ateliers Comme l ’atelier menuiserie, où ils ont confectionné, à l’approche de Noël, des sapins en bois pour égayer les couloirs blancs du centre.
Chaque hiver, six hommes sont invités à passer la nuit au chaud. Ce dispositif ne dépend pas du 115 et ce sont les bénévoles qui choisissent les nouveaux pensionnaires
Quelques-uns trouvent refuge dans la paroisse Notre -Dame de Clignancour t (18e arrondissement de Paris).
Il y a quelques conditions à remplir, comme ne pas connaître d’addictions et savoir vivre ensemble
Anne -Marie Bredin, coordinatrice de ce dispositif initié en 2018
De décembre à mars, les nouveaux venus s ’accommodent à une nouvelle routine
Le repas est un moment de partage entre les bénéficiaires Abdou s ’épanche sur la politique camerounaise, Jean sur son passé de restaurateur et Seydou fait rire la galerie
À 19 heures, ils partagent un repas chaud cuisiné à la maison paroissiale par des bénévoles. Ce soir, c’est couscous de dinde et mandarine
Certains improvisent une par tie de dominos jusqu’au couvre -feu, à 22 heures
Après le repas, ils sont mis à contribution pour les tâches ménagères
Ils dormiront sur des matelas, à même le sol, dans la salle de réception
À l’instar de beaucoup de centres d’hébergement, les animaux y sont interdits.
Pour beaucoup de personnes sans -abri, le chien revêt une importance par ticulière
Les abandonner pour un toit ? Jamais de la vie
D ’après Emmaüs, il existe à Paris seulement 58 places où l'on accepte les animaux De quoi constituer un obstacle
Certains préfèrent même se sacrifier pour que le chien mange à sa faim
C ’est souvent le seul compagnon à qui elles parlent, de qui elles prennent soin
Ces bêtes les aident à lutter contre la solitude, les addictions ou divers traumatismes
Il y a des choses à faire Quand on a reçu des personnes ukrainiennes, elles avaient toutes des animaux, et on a réussi à se débrouiller !
Une salariée de l ’association Aurore
Que ce soit des familles, des enfants ou encore des hommes à la rue, comment expliquer qu ’ils soient autant à ne pas avoir de toit ?
En janvier 2024, la Ville de Paris comptait 3 500 personnes à la rue, soit 16 % de plus que l’année précédente. Le budget consacré à l’hébergement d’urgence brandit par le gouvernement n’est clairement pas à la hauteur des besoins.
Le système d ’hébergement d’urgence est très saturé en Île-de-France, et particulièrement à Paris malgré la forte hausse des moyens qui lui sont consacrés au cours des dernières années
L’augmentation des accueils s ’est manifestée pendant la période Covid, quand une mobilisation du système hôtelier avait été possible.
Au total, en cinq ans, les capacités d’accueil ont augmenté de 30 % et elles n’ont pas diminué en 2023 par rapport à 2022.
Une salariée de la préfecture d’Île -de-France
S ’il manque clairement des hébergements d’urgence, pourquoi l ’État n ’ en crée -t-il pas davantage ? Ça coûte cher et les travailleurs sociaux sont dif ficiles à recruter pour un poste à salaire bas et aux journées chargées
Mais pour les associations, il s’agit sur tout d ’un manque de volonté politique.
Il y a beaucoup de logements vides en France Si l ’État le voulait, on pourrait loger tout le monde Océane Marache, Utopia 56
Paris, décembre 2023
Ce soir encore, la famille Koné appelle le 115.
Emmitouflé dans une couverture épaisse, le bébé ne cesse de pleurer, sur tout lorsque les températures avoisinent zéro degré.
Faute de place en hébergement d ’ urgence, elle trouve refuge sur les bancs de la gare du Nord.
Quand il est malade, Aïssata f ile aux urgences Là-bas, il est au moins protégé du froid.
Et les journées bien longues . .
Les nuits sont cour tes
Alors que la famille Koné dort gare du Nord, des mineurs isolés se sont rassemblés dans des campements
Si Aïssata a déjà participé à des manifestations pour réclamer un logement décent. . .
Il n ’ y a qu’à s’arrêter pour voir des gamins de 17 ans originaires de Guinée, de Côte-d’ Ivoire. .
Eux ne peuvent pas joindre le 115 à cause d’un statut hybride Ils ne sont pas majeurs. . .
. . ces jeunes sont trop effrayés par la police ou les institutions étatiques pour manifester
. . . mais doivent être reconnus mineurs par le tribunal des enfants.
En attendant leur date d ’audience, ils dorment sous des tentes.
Le nez sur leur téléphone cassé, ils regardent des photos de leur pays d ’origine, pour se souvenir qu’ils avaient une vie avant
Quand ils arrivent à obtenir une car te SIM auprès des associations, ils appellent leurs parents
Ils leur répètent que tout va bien, qu’ils mangent à leur faim et dorment au chaud
Leur famille croit à leurs mensonges
Aucun d ’ eux n’imagine leur fils dormir dehors. Pas en Europe, pas en France.
Pour tant, ils sont de plus en plus nombreux sans endroit pour dormir
Dessin : Allan Barte
Un mineur isolé aidé par son école
Difficile de se concentrer en cours lorsqu’on est sans domicile fixe. Mohamed, jeune mineur isolé guinéen, a pu, lui, compter sur l’assistant social de son lycée.
Une rentrée des classes difficile
Mohamed a 17 ans. Silhouette allongée, yeux écarquillés et souffle coupé, le jeune homme court vers la grille entrouverte du lycée professionnel, près de Bastille, à Paris. Dès son premier jour d’école, l’adolescent affiche un retard d’une dizaine de minutes. Ses yeux marron sont encore gonflés, signe d’une nuit difficile. Depuis trois mois, le mineur isolé guinéen dort dehors, dans un campement de l’Est parisien. Son seul abri : une tente Quechua qu’il partage avec un autre adolescent.
Nous sommes à la fin du mois de décembre 2023, et les températures avoisinent 0 °C. Comme lui, des centaines de jeunes exilés attendent leur audience devant le juge des enfants.
C’est lui qui déterminera s’ils sont mineurs,
Par Audrey Parmentier
déclenchant une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Sauf que, pendant ce temps, ils restent en situation d’errance et ne peuvent être scolarisés, faute d’avoir un adulte référent. Mohamed a davantage de chance, car Lucie, bénévole à Utopia 56, l’accompagne dans ses démarches.
Un assistant social impliqué
Dans la cour de récréation, Mohamed rencontre l’assistant social de l’établissement, Alain. Le trentenaire élancé aux tempes poivre et sel le conduit à son bureau, au dernier étage d’un petit immeuble refait à neuf. En cinq minutes, le fonctionnaire active le badge du nouvel élève – le sésame pour accéder à la cantine – et réclame une photo d’identité. Mohamed confie être sans abri. « Je vais faire ce que je peux de mon côté » , lui répond Alain. La semaine qui suit, toute l’école est au courant. Et chacun l’aide à son échelle. À l’heure du déjeuner, Samia, l’infirmière du lycée, le laisse dormir dans son bureau entre midi et deux. Alors que Lucie demande à toutes les églises
de la capitale de l’héberger pour l’hiver, les responsables de la vie scolaire cherchent aussi une solution. À l’issue d’une réunion de crise, le lycée professionnel paye sept n uits d’hôtel à Mohamed. Un soulagement pour celui qui vient d’être promu délégué de sa classe d’UPE2A – un dispositif destiné aux élèves allophones (qui ne parlent pas le français).
Un logement trouvé
Dans une chambre propre et calme, l’élève guinéen révise ses cours. Désormais, il ne rendra plus de devoirs mouillés par la pluie. Son audience au tribunal des enfants est prévue fin janvier, juste avant sa majorité, le 1er février. En attendant, l’école prolonge son séjour à l’hôtel. Une semaine. Deux semaines. Puis le verdict tombe : la décision du juge est favorable. Il est hébergé par l’ASE et continue sa scolarité.
Le lendemain, sur son bureau, Alain trouve une boîte de chocolats avec un petit mot : « Merci pour tout. »
Claire Hédon
Elle est, depuis quatre ans, Défenseure des droits. Son rôle ? Défendre les personnes dont les droits ne sont pas respectés et permettre l’égalité de tous.
Elle a passé sa vie à s’engager pour celles et ceux qu’on entend peu, des victimes de violences aux immigrés, en passant par les plus pauvres. Défenseure des droits depuis 2020, cette ancienne journaliste de 61 ans, décrite comme une vraie militante, compte bien porter le combat des plus vulnérables.
Une double vie. Quand elle finit ses études, Claire Hédon choisit la radio : elle fait ses premiers pas à France Bleu puis officie à l’antenne de Radio France Internationale (RFI). C’est lors d’un voyage à Bangkok, en Thaïlande, qu’elle découvre le mouvement ATD Quart-Monde, une association de lutte contre la pauvreté. En 1993, elle s’y engage comme bénévole, avant de monter les échelons : elle en devient la présidente en 2015. Elle passe ainsi plusieurs années à jongler entre sa vie de journaliste à RFI et son rôle de présidente d’ATD. En 2017, elle est même nommée membre du Comité consultatif national d’éthique.
Trouver du sens. Passionnée par les voyages, Claire Hédon avait envie d’« aller à la rencontre de personnes différentes, de comprendre l’autre et le monde qui [l]’entoure », confie-t-elle au journal Le Monde. C’est dans ce but qu’elle s’engage à ATD Quart-Monde. « L’argent est un très mauvais guide. L’important est d’avoir un métier qui ait du sens » , insiste-t-elle. Durant toutes ces années, elle participe à de nombreuses réunions et conférences avec des personnes en situation de grande pauvreté, et se forme sur ces questions pour mieux combattre la précarité : « Reconnaître l’autre comme son égal, c’est considérer qu’il doit avoir les mêmes droits que soi. C’est fondateur. »
Par Pauline Ferrari et Paul Lannes
Un parcours militant. L’accès aux droits (l’éducation, le logement, la santé…) et la lutte contre la pauvreté deviennent ses priorités. Présidente d’ATD Quart-Monde, elle porte de nombreux projets de loi pour favoriser la participation des plus précaires aux politiques publiques et sanctionner les discriminations qu’ils subissent. « Quand on laisse vivre des personnes dans des conditions indignes, je me sens atteinte dans ma propre dignité » , avait-elle déclaré dans une interview. Elle a porté notamment le dispositif « Territoires zéro chômeur de longue durée » qui est expérimenté, depuis 2017, dans une dizaine de territoires français pour lutter contre le chômage.
La voix des sans-voix. Le Défenseur des droits est une autorité administrative indépendante, créée en 2011. Les citoyens peuvent le saisir s’ils ont un problème avec un service public, sont victimes de discriminations ou s’ils sont lanceurs d’alerte. Par ailleurs, toutes les questions relevant des droits des enfants relèvent aussi de sa compétence. Si Claire Hédon ou son équipe estiment que la demande est légitime, une enquête peut être ouverte. C’est un poste très exposé, qui plonge son titulaire au cœur des enjeux citoyens, petits ou grands. Ainsi, depuis sa nomination en 2020, Claire Hédon est de toutes les luttes : violences policières, inclusion des personnes en situation de handicap... En 2023, l’autorité a reçu plus de 137 000 réclamations.
Entre
radicalité et éthique.
Claire Hédon doit jongler entre grandes causes et arrangements politiques. Elle croit d’ailleurs beaucoup au travail d’équipe et à l’intelligence collective. Ses amis et collègues la décrivent comme bosseuse, engagée mais diplomate.
Si les enjeux qu’elle défend sont majeurs, elle ne peut opposer au pouvoir politique que des rapports, des propositions ou des recommandations… Bref, rien qui le force à agir. Claire Hédon doit savoir convaincre et alerter, en douceur, sans lâcher ses engagements.
Ils nous pompent l'air
Par Cécile Cazenave et Pierre Thyss
On trouve au Louvre un tableau particulièrement CHELOU.
Connaissant la renommée des lecteurs de TOPO, réputés les « ados les plus intelligents du monde », les chercheurs du Louvre ont décidé de vous soumettre cette énigme, afin que vous les aidiez à la résoudre.
Il s’agirait d’un portrait d’ANNE D’AUTRICHE, femme de Louis XIII et mère de Louis XIV.
Ils ont pour l’instant dégagé la règle de base : Sur la toile se trouvent des éléments permettant de remplir la grille. Les mots de la grille serviront ensuite à combler les trous du texte.
Pour le reste, À VOUS DE JOUER !
Mais sa facture particulièrement chelou n’a de cesse d’interroger les chercheurs depuis des années.
D’autant plus qu’on a découvert, par rayons X, au dos de la toile :
1. UN SCHÉMA ÉTRANGE
2. UN TEXTE
Léon MARET 2025 – Couleurs : Léon Maret et Cécily de Villepoix
(Solution page 142)
IL PASSE SA VIE
DANS LES ARBRES.
IL COUPE, IL TAILLE ET IL REGARDE
LE MONDE D’EN HAUT. L’ÉLAGUEUR N’A
PAS UN MÉTIER
COMME LES AUTRES. S’IL REDOUTE
LA CHUTE, IL AIME ENCORE PLUS GRIMPER.
ALORS IL S’ACCROCHE ET IL FAIT ATTENTION
À SES DOIGTS QUAND IL FAIT UNE COUPE
AUX CHÊNES OU AUX BOULEAUX.
Élagueur
Par Laurence Hérault et Joseph Falzon
Salut ! Moi, c’est Maya, je suis élagueur.
J’ÉTAIS ÉLECTRO-TECHNICIEN DANS LA SARTHE ET PUIS, J’AI RENCONTRÉ ANOUCK. ELLE HABITAIT À CASSANO, UN PETIT VILLAGE CORSE.
COUP DE FOUDRE
JE SUIS ALLÉ LA REJOINDRE ET JE NE SUIS JAMAIS REPARTI.
LORS D’UNE FOIRE DE L’OLIVIER, UN ÉLAGUEUR FAISAIT UNE DÉMONSTRATION ET M’A APPRIS LES CORDES DU MÉTIER.
Et voilà , ça fait vingt-cinq ans que je fais ça !
Ce n’est pas un métier, c’est une passion.
L’ÉLAGUEUR ÉVALUE L’ÉTAT D’UN ARBRE ET DE SES BRANCHES. IL RÉALISE LES OPÉRATIONS DE TAILLE, D’ENTRETIEN, DE DÉMONTAGE, D’ABATTAGE OU DE CONSOLIDATION.
LA TAILLE D’ÉCLAIRCIE CONSISTE À SÉLECTIONNER ET SUPPRIMER LES BRANCHES EN SURNOMBRE À L’INTÉRIEUR DU HOUPPIER POUR FAVORISER LE PASSAGE DE LA LUMIÈRE.
LA TAILLE SANITAIRE : QUAND L’ARBRE MONTRE DES SIGNES DE FAIBLESSE (ANOMALIES DE CROISSANCE, MALADIES OU PARASITES), LES BRANCHES MALADES SONT COUPÉES.
LA TAILLE DOUCE FACILITE UNE POUSSE HARMONIEUSE DES BRANCHES.
Quem’achève...quelqu’un
LA TAILLE ORNEMENTALE PERMET DE CONTRÔLER LE VOLUME DE L’ARBRE ET DE LUI DONNER UNE FORME AFIN DE L’ADAPTER AUX CONTRAINTES DE SON ENVIRONNEMENT (ROUTES, BÂTIMENTS, LIGNES ÉLECTRIQUES…).
Accroché avec un harnais, j’utilise des longes de sécurité pour me déplacer. Je mets le rappel au point le plus haut.
Ma tronçonneuse pèse entre 2 et 3 kilos et elle marche à l’essence. Je taille aussi bien de la main gauche que de la main droite.
Je corde les branches et il y a quelqu’un au sol qui les fait descendre.
Pour tailler un pin parasol à deux, il faut compter cinq heures. Mais après, il y a tout le boulot au sol.
Il faut débiter et évacuer les branches ou les brûler.
Il y a bien deux jours et demi de boulot pour trois personnes.
DES ACCIDENTS, OUI, IL Y EN A. DANS LA FORÊT DE BONIFATO, JE DEVAIS COUPER UN PIN QUI DEVAIT FAIRE 1,20 OU 1,30 MÈTRE DE DIAMÈTRE.
Allez , zou !
L’ARBRE EST BIEN PARTI, SAUF QU’IL A BASCULÉ SUR UN GROS ROCHER.
IL A VRILLÉ ET IL EST REMONTÉ À 7 OU 8 MÈTRES DE HAUT...
... AVANT DE RETOMBER 5, 6 MÈTRES PLUS LOIN.
C’ÉTAIT CHAUD. Moi, il ne m’est jamais rien arrivé . Jamais de coup de tronçonneuse, jamais de chute... Jedutouche bois.
DANS LES ARBRES, ON CROISE DES BÊTES. DANS L’EUCALYPTUS, IL PEUT Y AVOIR DES SCORPIONS.
MAIS LE PIRE, C’EST LES FRELONS. LES NIDS, ON NE LES VOIT PAS TOUJOURS.
SI TU VOIS UN FRELON, PUIS DEUX, PUIS TROIS, HOP, TU FILES EN BAS AVEC LE RAPPEL !
BIEN SÛR, JE CROISE DES OISEAUX AUSSI. ÇA M’ARRIVE DE CHANGER LA TAILLE À CAUSE D’UN NID MAL PLACÉ.
Pardon, je ne fais que passer. ?
L’ARBRE QUE JE DÉTESTE LE PLUS ? LE PALMIER ! MAIS BON, CE N’EST PAS UN ARBRE, ÇA, HEIN, C’EST UNE PLANTE. DANS LE TRONC, IL Y A DE LA FIBRE, PAS DU BOIS !
SI TU VEUX DES RATS, VA DANS LES PALMIERS, ÇA GROUILLE. LE PALMIER, ÇA DEVRAIT ÊTRE DANS LE DÉSERT, LÀ OÙ IL N’Y A RIEN.
LA TAILLE, C’EST INSTINCTIF, JE SENS CE QUE JE DOIS FAIRE. SOUVENT, L’ARBRE, JE LE VOIS FINI AVANT DE L’AVOIR COMMENCÉ.
ET SI J’AI UN DOUTE, JE REDESCENDS POUR VOIR LA FORME QUE JE LUI DONNE. PARCE QUE JE VEUX QU’IL SOIT BEAU.
MAIS PARFOIS, JE CHERCHE, JE NE SAIS PAS TROP COMMENT M’Y PRENDRE.
ALORS, LA NUIT, JE ME FAIS L’ARBRE. ET LE LENDEMAIN, C’EST COMME SI JE L’AVAIS DÉJÀ FAIT ! Easy !
APRÈS LA TEMPÊTE DE 2023, UN CLIENT M’A APPELÉ.
Vous pouvez me rattraper le truc ?
Il faudrait en profiter pour rééquilibrer l’arbre.
Parce que si on laisse 10 mètres d ’un côté et 3 mètres de l ’autre, les 10 mètres vont continuer à pousser et finir par casser.
Ah non, on ne coupe pas !
Mais si on coupe, dans 3 ou 4 ans, il sera super beau … C’EST NON !
CE MÉTIER, IL FAUT QUE ÇA RESTE UN PLAISIR. JE REFUSE DES CHANTIERS SI ON N’ARRIVE PAS À SE METTRE D’ACCORD.
APRÈS, CHACUN VOIT MIDI À SA PORTE, HEIN.
LES ÉTUDES DURENT GÉNÉRALEMENT UN AN, APRÈS UN CAP OU UN BAC PROFESSIONNEL.
L’ÉCOLE DE SARTÈNE M’ENVOIE PARFOIS DES JEUNES. QUAND ILS SE PRÉSENTENT, ILS ONT L’ARMURE.
PANTALON DE SÉCURITÉ
ALORS QUAND ILS ME VOIENT MONTER DANS L’ARBRE AVEC MON JEAN ET MON TEE-SHIRT, ÇA LES CHOQUE.
Bon, on ne va pas y passer la journée.
CASQUE
MANCHETTES DE SÉCURITÉ
LA PREMIÈRE CHOSE QUE JE LEUR APPRENDS, C’EST DE S'ATTACHER.
J’ai un pote qui est tombé bêtement d’un olivier. Son crâne s’est ouvert sur 12 cm . Donc même à 2 mètres, tu t’accroches.
Mettez vos manchons. Si tu te mets un coup de tronçonneuse, ça bloque la lame.
Le plus important, c’est de maîtriser les techniques de déplacement, contourner les obstacles, faire les nœuds …
Il faut anticiper le mouvement de la branche, savoir comment elle va partir quand tu la coupes. Il y a les entailles ouvertes, semi-ouvertes ou en déchirure …
Allez , bonne soirée ! À demain !
LES GROSSES SOUCHES ET LES TRONCS, JE LES STOCKE POUR LE FEU DE NOËL.
LE FEU DE NOËL EST UNE TRADITION QUI EXISTE EN CORSE DEPUIS LA NUIT DES TEMPS. SUR LA PLACE DES VILLAGES, UN IMMENSE BRASIER EST ALLUMÉ LE 24 DÉCEMBRE ET BRÛLE JUSQU’AU 1er JANVIER.
Nous, à Cassano, on est des gens festifs, alors le feu, on le pousse jusqu’en mars.
JE ME FAIS VIEUX, JE NE SAIS PAS ENCORE COMBIEN DE TEMPS JE VAIS TRAVAILLER…
MAIS LA PASSION, ELLE, EST INTACTE.
Dessin: Lionel Serre
Le pouvoir ! Trump le voudrait, mais pas sûr que Taylor Swift (p. 1 16) soit d’accord. Les serial killers (p. 130) aimeraient avoir le pouvoir de tuer à l’infini et, dans son prochain film, Robert Pattinson (p. 138) pourrait bien être immortel. Un pouvoir que n’ont pas les jeux vidéo (p. 134) …
« I hate Taylor Swift »
Look what you made me do
Le consensuel lui allait bien, mais au sommet du monde, derrière les tubes et les paillettes, Taylor Swift a découvert qu’avec un grand pouvoir viennent de grandes responsabilités.
Par Vincent Brunner et Hélène Becquelin
Bien sûr, 2024 est déjà l’année de Billie Eilish et d’Ariana Grande.
Mais la vraie reine, c’est...
En avril dernier, Taylor a intégré un classement prestigieux.
À la différence de ses collègues…
ou Katy Perry
Mais plutôt aux revenus de sa musique et de ses tournées.
… Taylor ne doit pas sa fortune seulement à ses produits dérivés.
Même si elle en vend beaucoup.
Son succès n’est pas qu’économique, c’est aussi celui d’une artiste influenceuse.
284 millions de followers sur Instagram.
32 millions de followers sur TikTok.
Rihanna
Beyoncé
Taylor est à l’origine de certaines tendances.
Un exemple avec le morceau « August », où elle chante la mélancolie des amourettes d’été qui ne résistent pas à la fin des vacances.
Au mois d’août dernier, « Augusted » a été dans les trends de TiKTok.
Mais Taylor possède une influence encore plus déterminante.
Oui, aux États-Unis, Taylor est devenue une personnalité incontournable.
Elle pèse lourd dans l’opinion grâce à ses fans.
Le résultat ne se fait pas attendre : le site vote.org enregistre 13 000 utilisateurs toutes les demiheures et plus de 35 000 personnes s’inscrivent sur les listes électorales en quelques jours.
Ce qui intéresse les partis politiques.
*
Les anciens et actuels présidents ou candidats aux élections américaines ne s’y sont pas trompés et la sollicitent pour espérer son soutien.
Sauf que Taylor a appelé à voter contre Trump en 2020 !
Cela n’a pas découragé
Donald Trump, qui, à nouveau candidat en 2024, a voulu faire croire que Taylor allait le soutenir.
Images truquées, créées par une intelligence artificielle.
Sa réponse à cette grossière « fake news » a eu une répercussion mondiale.
Barack Obama ... et Donald Trump
Joe Biden Kamala Harris
" Je déteste Taylor Swift », a écrit Donald Trump en septembre 2024.
Se surnommant elles-mêmes les « Swifties », les fans de la chanteuse, surtout des jeunes filles, représentent une base active et engagée.
Elles sont prêtes à tout pour suivre leur idole.
De nombreuses fans américaines se sont déplacées en Europe car le prix du voyage valait moins cher qu’un billet de concert aux États-Unis.
À Los Angeles, par exemple, ses 6 dates ont créé 3 300 emplois.
Cette dernière tournée de Taylor a eu un impact incroyable sur l’économie américaine et même mondiale.
Du coup, des villes comme Stockholm, Londres, Paris et bien d’autres en ont largement profité.
Par exemple, les retombées économiques des concerts de Swift au Royaume-Uni ont été estimées à 1 milliard de dollars. Avec plus de 150 dates, « The Eras Tour » est la tournée la plus lucrative de tous les temps.
* " Oxford Dictionary of English ».
« The Eras Tour » avec une Swiftie.
Lulu a vécu ce que d’autres Swifties ont subi : une perte de mémoire temporaire, une réaction du cerveau à une trop forte émotion.
Plus d’info sur ce phénomène dans l’article du « Monde » du 4 juin 2024 : « Ce qui se cache derrière l’amnésie que disent avoir vécue des fans de Taylor Swift ».
Lulu.. ... et sa maman
À l’école, Taylor n’avait pas la réputation d’être la fille la plus cool de sa classe.
Depuis qu’elle est toute petite, son rêve n’était pas de faire du hip-hop...
Heureusement, il y a la musique, sa passion depuis toujours.
Alors la famille déménage dans le Tennessee, à Nashville, la capitale de la country. C’est là qu’elle est repérée lors d’un concert en 2004, à l’âge de 14 ans.
... encore moins de l’électro
... mais de jouer de la country.
Un genre de musique traditionnelle américaine.
Taylor, fière de ses racines, y est revenue jouer en 2018, cette fois-ci, l’ambiance était bien différente.
Scott Borchetta, impressionné par son énorme potentiel, lance sa propre maison de disques avec comme seule artiste : Taylor !
On retrouve dans ses premiers albums tout ce qui fera le succès mondial de Taylor : des chansons sentimentales avec de la pop dans sa country.
Rapidement, Taylor intègre la 1re place du classement des meilleures ventes américaines et reçoit ses 4 premiers Grammy Awards*.
La vidéo de « You Belong With Me », dans laquelle Taylor joue les deux rôles principaux, va changer sa vie.
Celui d’une nerd timide amoureuse de son voisin trop mignon.
Et la fiancée brune du même garçon, cheerleader et plus sûre d’elle.
Pas seulement parce qu’elle lui vaut un Grammy Award en septembre 2009...
Car c’est pendant cette soirée qu’arrive un événement qui va avoir un énorme impact pour la suite de sa carrière.
L’intervention intempestive puis l’irruption sur scène du rappeur Kanye West.
* Les équivalents de nos Victoires de la musique.
Le comportement du rappeur lors de cette soirée de gala a choqué et lui vaut de nombreux reproches.
Mais Taylor va devoir vivre à nouveau des moments difficiles.
Elle subit également colère et trahison de proches.
Kanye West - encore lui - revient à la charge et raconte dans « Famous » que c’est lui qui l’a rendue célèbre.
Son ex, Calvin Harris, prend mal que Taylor révèle qu’ils ont coécrit sous pseudonyme un tube pour Rihanna.
En revanche, toute l’Amérique se prend de tendresse pour Taylor Swift.
Ces insultes et mensonges attisent la haine sur les réseaux sociaux.
Kim Kardashian, alors la femme de Kanye, prétend avoir une preuve que Taylor était d’accord pour cette chanson.
Scott Borchetta, son producteur, vend son label au manager de Kanye West (!), qui rachète les droits de tous ses disques.
Taylor fait front et va se révéler forte face à l’adversité.
Sa réponse pour garder son indépendance musicale ?
Taylor a changé, et ceux qui ne l’ont pas compris vont bien vite s’en rendre compte.
Comme cet animateur radio en 2013.
La chanteuse va se rebeller contre les standards sexistes de la société.
Dans le clip satirique de « The Man »
Elle décide de réenregistrer ses 6 albums précédents !
Quatre ont déjà eu droit à leur « Taylor’s version ».
Ils sont d'énormes succès.
Elle porte plainte pour agression sexuelle et gagne son procès.
Des années avant #MeToo !
Cette victoire va être déterminante pour la suite de sa carrière.
C’est Taylor qui a écrit et réalisé ce petit bijou d’ironie
et qui y joue le rôle principal, travestie en homme.
Quand la républicaine Marsha Blackburn fait campagne contre les droits des femmes, dans le Tennessee, Taylor Swift prend position.
Taylor milite et soutient des causes qui lui tiennent à cœur. Elle revendique ses valeurs progressistes et se bat pour la dignité de TOUS les Américains, quels que soient la couleur de leur peau, leur sexe ou la personne qu’ils aiment.
Manifestations antiracistes après le meurtre de George Floyd* en 2020.
Elle a composé « You Need to Calm Down » contre l’homophobie.
La star a montré son empathie à ses fans lors de moments douloureux.
Après l’annulation de trois concerts à Vienne à cause d’une menace terroriste…
… ou quand des fillettes sont mortes, poignardées en Angleterre en plein cours de danse sur le thème de… Taylor Swift.
Taylor a rencontré deux survivantes.
* Lire " Colère noire » dans Topo n° 16.
Depuis le début de sa carrière, l’évolution musicale de Taylor a été extraordinaire, de chanteuse de country à la reine mondiale de la pop.
La petite Taylor des débuts serait étonnée du chemin parcouru !
De sang-froid
Par Anna Fouqué et Loïc Guyon
Avec Truman Capote, le bonheur est dans le crime
C’est un roman phénomène, on l’ouvre avec inquiétude, on dévore chaque ligne de cette rencontre avec le crime et on ne le referme pas avant de l’avoir… achevé.
Kansas, 1959. Quatre coups de feu retentissent dans le silence de la nuit de la petite ville de Holcomb. Les cadavres de la famille Clutter sont retrouvés le lendemain dans la maison : Herbert et son épouse Bonnie, ainsi que leurs enfants, Nancy et Kenyon. Un crime pour une somme dérisoire : 50 dollars.
« Assassinat d’un riche fermier et de trois membres de sa famille. » De ce fait divers glaçant mentionné dans le journal New York Times, l’auteur américain Truman Capote tire un roman d’un genre nouveau, publié en 1966 : De sang-froid (In Cold Blood ). L’auteur a 35 ans quand il commence cet ouvrage à la frontière du journalisme et de la littérature, le récit de la vie et de la mort des victimes, et de celles de leurs assassins, Perry Smith et Dick Hickock, âgés d’à peine 30 ans.
Dans ce roman, rien n’est inventé. Truman Capote a enquêté pour comprendre. Comme un journaliste, carnet de notes à la main : rencontrer le détective, échanger avec les assassins, être présent jusqu’au bout, jusqu’au procès, jusqu’à l’exécution, la pendaison des condamnés. Et puis écrire avant leur mort, entre les visites au pénitencier, dans la cellule de Perry. Écouter le jeune homme auquel il s’identifie raconter sa vie, ses désirs, ses obsessions. Rechercher jusqu’au récit du crime, jusqu’à l’entendre dire : « J ’ai trouvé le type sympathique jusqu’à ce que je lui tranche la gorge. » Retaper les entretiens le soir à la machine, se nourrir de l’événement, s’en inspirer, se perdre... « Pour la première fois, je ne sais plus si je suis journaliste ou écrivain » , confiait Truman Capote.
À ce reportage consigné d’une écriture blanche et concise, se mêlent des procédés romanesques pour créer des émotions chez le lecteur. « Je voulais mêler le journalisme et la technique romanesque », explique Truman Capote. Dans le roman, les procédés littéraires sont un tremplin
vers nos émotions. La précision du portrait et de l’étude psychologique des coupables tend à les humaniser en nous portant à les comprendre (une identification troublante).
La construction de l’intrigue, avec ses retours en arrière dans l’enfance de Perry et ses révélations sur la nuit du crime ou la cavale des fuyards, crée du suspense et du rythme.
Dès sa parution, le roman devient un best-seller : 8 millions d’exemplaires vendus. C’est l’invention d’un genre : le roman vérité, dont la vogue ne se dément pas. Car ce cocktail à base de journalisme, psychologie et storytelling est la recette du succès d’un genre populaire aujourd’hui, le « true crime ». Des podcasts (Affaires sensibles, Hondelatte raconte) en passant par les documentaires (Making a Murderer, Faites entrer l’accusé) jusqu’aux docu-fictions (Dahmer), les sujets de ce type saturent nos imaginaires et nos écrans.
Ils emboîtent le pas au chef-d’œuvre de Capote en mêlant documentaire, codes du roman policier et incursion dans l’âme torturée des criminels.
« J ’ai toujours été attiré par le versant nocturne de la nature humaine » , confiait Truman Capote. Ce penchant semble universel : le sang qui coule n’a pas fini de faire couler l’encre.
En complète saturation, le jeu vidéo fait sa crise
Après avoir occupé le monde entier pendant les confinements, l’industrie du jeu vidéo s’est pris les pieds dans ses rêves de croissance. En 2024, le réel présente la note.
ous ne vous en êtes peut-être pas rendu compte (puisque plein de bons jeux sont sortis 2024 a été l’une des pires années de l’histoire du jeu vidéo. Licenciements massifs, projets annulés, studios fermés ou rachetés pour une bouchée de pain… Sur les six premiers mois de 2024, on a supprimé autant d’emplois dans le jeu vidéo que pendant toute l’année 2023.
Et à l’époque, on disait déjà que c’était la crise ! 0 créateurs de jeux vidéo ont perdu leur emploi. En 2023, 0. En 2022, seulement 0. Dans un jeu, c’est le genre de score qu’on préférerait garder le plus bas possible.
Parmi les exemples les plus déprimants, on peut citer Microsoft, qui a supprimé près de 2 000 postes quelques mois après être devenu le numéro 3 mondial grâce au rachat d’Activision Blizzard (Warcraft, milliards de dollars. De son côté, Ubisoft a passé toute une année à enchaîner les ventes décevantes (même pour son plus tlaws). Pire encore : ce studio japonais fermé par son propriétaire le jour même de la sortie de son nouveau jeu, Visions of Mana, sans même attendre de voir s’il marchait (dommage,
Pourtant il y a encore deux ans, on croyait être
On avait passé la période du Covid-19 et les investisseurs ont cru un peu naïvement que ce serait toujours comme ça et qu’il fallait lancer le plus de projets possible pour satisfaire des joueurs toujours plus gourmands ême les plus accros des gamers ont fini par saturer. En coulisses, le premier truc que répond un journaliste spécialisé quand on lui demande » (parfois, il se met à pleurer de fatigue juste après, enfin,
L’autre explication de cette crise, c’est que plusieurs grosses entreprises du secteur se sont montrées trop voraces en se lançant dans des stratégies de concentration massive. On l’a vu avec Microsoft, mais il y aussi Embracer, un groupe suédois, qui s’est mis à acheter frénétiquement d’autres studios. Leur nom ne vous dit peut-être rien, mais ils possèdent les droits sur les licences Tomb Raider, Deus Ex, Borderlands, et tout ce qui se fait en jeu vidéo dans l’univers du Seigneur des anneau x. Ce groupe a mangé tellement d’autres entreprises qu’il a fini par exploser. Embracer a annoncé en avril 2024 qu’il se divisait en trois plus petites entreprises… après avoir annulé 15 jeux qui étaient en développement et licencié 900 personnes.
Si même l’entreprise de Lara Croft peut se retrouver en galère, personne n’est à l’abri.
Mickey 17
Par David Cassan et Léa German
De Harry Potter au cinéma d’auteur
On a rencontré Robert Pattinson dans Harry Potter, mais c’est avec Kristen Stewart qu’il a explosé, grâce à Twilight, un film de vampires… qui ne les a pas vampirisés.
Juillet 2012. Les tabloïds publient des photos de Kristen Stewart dans les bras de Rupert Sanders, réalisateur de Blanche-Neige et le chasseur, qu’ils ont tourné en Grande-Bretagne. Si les photos font le tour du monde, c’est parce que Stewart, 22 ans, forme le couple préféré des ados avec Robert Pattinson, 26 ans, depuis leur rencontre en 2008 sur le tournage de la saga Twilight. Kristen publie des excuses publiques, rompt et se rabiboche avec Robert, avant qu’ils ne se séparent définitivement un an plus tard. Fini les vampires, les deux stars doivent se réinventer.
S’ils sont encore jeunes, ce sont déjà de vieux professionnels. À la sortie de Panic Room (David Fincher), où elle joue la fille de Jodie Foster, Kristen n’a que 12 ans. Robert, lui, fait du mannequinat, un peu de théâtre, puis écume les open mics de Londres avec une guitare et ses chansons. Il approche de ses 18 ans quand il décroche le rôle de Cedric Diggory dans Harry Potter. Ainsi, lorsqu’ils sont choisis pour incarner Edward et Bella dans Twilight, les deux acteurs sont un peu connus. En novembre 2012, après la sortie du dernier film, ce sont des super-stars. La saga aura rapporté plus de 3,3 milliards de recette. Elle a fait d’eux les visages d’une génération, les cinéphiles soupirent devant le maquillage blafard et les romances à l’eau de rose.
Pour se reconstruire après les scandales et les paparazzis, c’est pourtant les cinéphiles qu’ils vont essayer de séduire, tournant le dos aux blockbusters. Robert Pattinson se refait une cote chez des cadors du cinéma indépendant, comme David Cronenberg (Cosmopolis, 2012) ou James Gray (Lost City of Z, 2016), et met sa notoriété au service de cinéastes prometteurs comme Brady Corbet (L’Enfance d’un chef, 2015), les frères Safdie (Good Time, 2017) ou Robert Eggers (The Lighthouse, 2019). Kristen Stewart, elle,
remporte le… César 2015 de la meilleure actrice dans un second rôle grâce à Sils Maria, un film français d’Olivier Assayas. Toujours sous le feu des projecteurs, elle révèle sa bisexualité, en précisant que ce n’est pas un sujet qui mérite débat, et enchaîne les biopics : l’artiste-faussaire Savannah Knoop (JT LeRoy, 2019), l’actrice Jean Seberg (Seberg, 2019) ou la princesse Lady Diana (Spencer, 2021). Pour ce rôle, elle est nominée aux Oscars.
Treize ans après Twilight, Pattinson et Stewart font moins la une des tabloïds. On parle d’eux au cinéma. Kristen Stewart réalise son premier long-métrage, The Chronology of Water, alors que Robert Pattinson est devenu Batman avec le reboot de Matt Reeves, en 2022. Aujourd’hui, si on pense à lui c’est qu’il se multiplie, là-haut dans l’espace, dans Mickey 17, le film de science-fiction du réalisateur oscarisé (pour Parasite, 2019) Bong Joon-ho.
Ça se passe comme ça
« Des moqueries constantes quand on sort des cases »
Pauline Ferrari, journaliste : « Le cosplay, pour moi, c’était “juste” des gens qui se déguisaient. Mais en parlant avec celles et ceux pour qui c’est toute une vie, j’ai découvert à la fois la ferveur et l’investissement que cette passion demandait ! »
Ma réalité
Émilie Gleason, dessinatrice : « J ’étais très enthousiaste à l’idée d’illustrer le texte de Pauline, car j’adore son travail féministe et j’adore dessiner des gens costumés. Loin de me douter que j’allais découvrir l’immense processus de réflexion et de création des personnes interviewées ainsi que les moqueries, hélas constantes et normalisées quand on sort des cases. J’espère avoir satisfait tout le monde en matière de références. »
« J’ai utilisé Google Street pour dessiner les extérieurs »
Audrey Parmentier, journaliste : « C’est en enquêtant sur l’association Utopia 56 que j’ai rencontré la famille Koné. Aïssata m’a parlé du temps passé à essayer de joindre le 115, des hébergements d’urgence provisoires mais aussi des difficultés rencontrées au sein de son couple. »
Wouzit, dessinateur : « Afin de coller au mieux à la réalité, j’ai écumé les sites des associations (Aurore, Utopia 56), leurs réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn), ainsi que les articles de presse et les journaux télé. J’ai aussi utilisé Google Street pour dessiner les extérieurs. Pendant que je réalisais ces pages, c’était les JO et l’État avait fait de nombreuses mises à l’abri afin d’écarter la pauvreté du centre olympique de Paris. L’actualité fourmillait d’images dont je me suis inspiré. »
passe par la fiction Fake News
Pages 42-43, 64-65 et 102-103
Les maux du mallogement
« Je passe ma vie dans les fake news »
Léon Maret, auteur : « Je passe ma vie dans les fake news. Que je lise, que je mange, que je me promène, que je parle avec des gens, que je fasse du sport, dès qu’une idée amusante surgit, je la note. Ensuite, je fais le tri et je les dessine pour TOPO. Je vis en Bretagne, sur la côte, et je pense qu’on peut retrouver beaucoup de fake news qui parlent de cette région parce qu’elle est présente dans ma vie. Depuis quelques mois, je me passionne pour les mots fléchés, je trouve que c’est une excellente alternative – niveau perte de temps – au scrolling sur les réseaux sociaux. Je me suis toujours demandé comment faisaient les verbicrucistes pour créer leurs grilles. J’ai maintenant la réponse : c’est SUPER compliqué ! »
Solution des pages 102 et 103 : 1-Cachet. 2-Lacet. 3-Thé. 4-Bois. 5-Pot. 6-Balle. 7-Loup. 8-Derrière. 9-Seau. 10-Couronne. 11-Renne. 12-Mets. 13-Main. 14-Lard. 15-Riz. 16-Mort. 17-Masque de fer. 18-Mûre. 19-Mer. 20-Porc.
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ISSN : 2495-0297
EAN : 9782487108035
Dépôt légal : janvier 2025
Cette revue contient un bulletin d’abonnement signé Sophia Baidouri et un ex-libris (tirage abonnés) signé Yann Le Bec.