É TÉ 2017
n o 102
Miró TOUTE LA
NOUVELLE-AQUITAINE EN REVUE
L’enfance de l’art
Un été aquatique
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R 28068 - 102 - F : 15 €
Du Ferret au Pyla
De gaves en Vézère Isabelle Autissier à La Rochelle
Trois couvertures pour un même numéro ! Mais le contenu est toujours unique…
Plage au Cap-Ferret.
Cl. Alban Gilbert
Le rocher du Basta, à Biarritz.
Cl. Nicolas Mollo
Villa au Cap-Ferret, par l’Atelier du Pont, lauréat du prix international Architizer Award 2017. Cl. Takushi Shimmura
Gorge de Cap-de-Pount, Pyrénées béarnaises.
LA MER À LA MAISON
Cl. Didier Sorbé
par XAVIER ROSAN
« Mais hors les murs, il n’était rien que la mer, l’eau et le désert. » Chrestien de Troyes, Le Conte du Graal
Vernis : Extrait de Joan Miró, Personnages guidés vers une étoile par des oiseaux sans ailes, 1977.
le festin bénéficie du soutien du CONSEIL RÉGIONAL NOUVELLE-AQUITAINE,
de la DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES NOUVELLE-AQUITAINE,
et du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA GIRONDE, du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DES LANDES, du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DES PYRÉNÉES-ATLANTIQUES, du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LOT-ET-GARONNE, de la VILLE DE BORDEAUX, et du CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA DORDOGNE.
Incluses avec ce numéro pour tous les abonnés livrés par courrier : une affiche 40 x 60 cm de la couverture et La Lettre des abonnés.
ÉDITO # 102 ÉTÉ 2017
Jadis, on allait « prendre les eaux », aujourd’hui, « on se baigne ». Autrefois, les bords de mer suscitaient des frayeurs fantasmagoriques, de nos jours ils constituent de formidables terrains de jeux, de détente, de plaisirs parfois immodérés. Le littoral de la Nouvelle-Aquitaine a, peut-être plus que tout autre en France métropolitaine, exercé une fascination ambivalente, faite de peur et de désir. La Côte d’Argent (terme imaginé par le journaliste, sportif et promoteur touristique Maurice Martin en 1905) et la Côte de Beauté (appellation « schismatique » de la précédente, inventée par le Comité Miss France 1931) attirent depuis un siècle et demi des plaisanciers en nombre toujours croissant, qui contribuent à la reconnaissance de ces paysages situés à l’« extrême Occident » de l’Europe (pour reprendre une expression de Gabriele D’Annunzio), face à l’immensité de l’océan Atlantique. Certaines parcelles ont été loties, sont passées du statut de hameau à celui de station balnéaire, de bourgade à celui de ville, quand d’autres ont été préservées. L’été – c’est un fait social, culturel et économique majeur –, la population connaît une croissance exponentielle. Cette situation a entraîné une profonde mutation des territoires, y compris dans les « arrière-pays », à même d’équilibrer les différents usages de ceux qui les habitent à l’année et ceux qui y séjournent. « La rivière féconde le ciel : quand la pluie retombe, C’est la rivière qui monte au ciel et qui retombe. » Rémy de Gourmont, Simone Dans l’intérieur, le rapport à l’eau a également profondément évolué : urbains ou ruraux ont de longtemps pris l’habitude de se rafraîchir dans les innombrables fleuves, affluents, étangs, torrents, cascades qui façonnent les vallées, les piémonts et les montagnes de notre région. On y a parfois nagé – on y revient, comme à Bordeaux, lors d’une compétition annuelle dans la Garonne ou sur des lacs, parfois artificiels –, plus souvent barboté. Les rivières ou étangs aménagés, ensuite les piscines sont venus répondre aux attentes d’usagers conquis par la fièvre du sport, activité physique popularisée dans des temps relativement récents. Aujourd’hui, les piscines et couloirs d’eau privés abondent : que l’on soit près ou loin du littoral, on a, en quelque sorte, transporté la mer à la maison. En suivant le fil de l’eau, ce numéro 100 % rafraîchissant – qui n’oublie pas que la saison estivale génère en Nouvelle-Aquitaine un programme d’expositions, de festivals et d’animations de haut niveau (exceptionnelle exposition Miró à Libourne) – vogue, sous la conduite avisée d’Isabelle Autissier, de baïnes en gaves, de plages arcachonnaises ou basques en confortables villas avec vue sur la mer (Saint-Palais), d’hôtels charentais les pieds dans l’eau en parcours de randonnées sur la Vézère… Laissez-vous tenter, laissez-vous glisser dans ces pages amphibies et dans ces paysages mouvants et envoûtants. •
Nos livres et hors-série à retrouver en kiosque, en librairie et sur lefestin.net le festin { ÉTÉ 2017 } 1
SOMMAIRE
Cl. Alban Gilbert / © Collection Musée Basque et de l’histoire de Bayonne / © Collection Musée Basque et de l’histoire de Bayonne / Cl. Didier Sorbé / D. R. / © Successió Miró - Adagp, Paris - Photo : © Centre Pompidou, MNAM-CCI - Georges Meguerditchian - Dist. RMN-GP / © Iris Miranda
64
# 102 ÉTÉ 2017
94 80 \\ ÉCHAPPÉES 40
par Serge Sanchez Charente
\ FEUILLETAGE 48
4 TEMPS FORTS 6 CARTE D’IDENTITÉ
SAINT-PALAIS-SUR-MER LABORATOIRE D’ARCHITECTURE BALNÉAIRE par Yannis Suire Charente-Maritime
8 EXPOSITIONS 12 ŒUVRES EN STOCK
56
14 SCÈNES
90
18 LIVRES
94 OSSAU
IL ÉTAIT UN GAVE
DESCENDRE LA VÉZÈRE, REMONTER LE TEMPS
64 PLEIN CAP
20 QUESTIONNAIRE E Chantal Detcherry
SUR LE BASSIN par Dominique Godfrey Gironde
23 LES CARNETS DE L’INVENTAIRE 24 MONUMENTS
DE NOUVELLE-AQUITAINE
27 L’EXPLORATEUR MÉTROPOLITAIN 28 ARCHITECTURES
74
L’ESPRIT DE CONTIS-PLAGE par Sylvain Lapique Landes
80 BIARRITZ, REINE DES PLAGES
30 TÊTES À TÊTES 32 L’UNIVERS DU FESTIN
34
par Jacques Battesti Pays basque
111
L’HOMME QUI VOULAIT NAGER DANS LE PAYSAGE par Jérémie Potée Lot-et-Garonne
par Pierre Macia Béarn
par Vincent Marabout Dordogne
16 ÉCRAN TOTAL
34 L’INVITÉE Isabelle Autissier
SÉJOURS DE RÊVE EN TERRES D’EAU
104
Cabinet de curiosités
SEA, SEX, SURF… & ART ! par Nicolas Trespallé Pays basque
\\\ DÉTOURS 111 ÉVÉNEMENT Miró, l’enfance de l’art
120 PROPOS COMME ÇA par Jean-Marie Planes
122 DANS L’ATELIER Iris Miranda 126 SECRETS DE CUISINE 130 BULLES DE SALON 132 GRAPHISME 134 HUMOUR
122 le festin { ÉTÉ 2017 } 3
/ Feuilletage
BORDEAUX
TEMPS FORTS
LIGNE À GRANDE VITESSE TOUTE UNE SAISON DE PAYSAGES
L’heure de la grande vitesse venue, il est à-propos de céder d’abord au vertige des chiffres : Paris-Bordeaux en 2 h 04 au lieu de 3 h 14, 302 km de ligne nouvelle, 1 360 km de rails, 320 km/h en vitesse commerciale, 18 millions de voyageurs attendus, 113 communes traversées dans 6 départements, 500 ouvrages d’arts importants construits le long du tracé… cela énuméré sans même s’attarder sur les questions de gros sous (restons-en au coût global : 7,8 milliards). À la clef, un appel d’air sans précédent pour les Néo-Aquitains, emplis de l’espoir du renouveau depuis les premiers coups de pioche portés au 4 { ÉTÉ 2017 } le festin
dit des « 55 000 ha pour la nature » ; Ruedi Baur, le designer franco-suisse, chargé de l’identité visuelle de la manifestation ; JoséManuel Gonçalvès enfin, l’emblématique directeur du centquatre, le centre d’art parisien, qui coordonna deux éditions de la Nuit Blanche (2014 et 2015). Au total, une centaine de propositions artistiques sont à dénombrer, dans l’agglomération bordelaise comme en région – Angoulême, Pau et Poitiers sont aussi de la fête. À Bordeaux, les musées bordelais se mettent au diapason. Morceaux choisis : « Paysages en représentation », au musée des beaux-arts, soit un malicieux dialogue dans et hors les murs entre les fonds de l’institution et ceux du capcmusée d’art contemporain, lequel prête par ailleurs deux œuvres de Richard Long, exposées au Grand-Théâtre et à l’espace Saint-Rémi, une démarche qui illustre ce foisonnant entremêlement des points de vue que symbolise la notion de paysage. Enfin, s’il était une exposition qui fasse la synthèse, c’est bien celle que les Archives Bordeaux Métropole consacrent, à compter du 1er juillet, à la « folie du chemin de fer » dans la ville. • JP paysagesbordeaux2017.fr À lire Bordeaux et la folie du chemin de fer (1838-1938) Christophe Bouneau, Chantal Callais, Thierry Jeanmonod Éd. Le Festin, 96 p., 12 €, juin 2017
© anaka / © Omar Victor Diop / © Antony Gormley / © Nicolas Roux / © Julie Sellier / © Van Severan / © Beka & Partner
Pour célébrer l’achèvement de la LGV Sud Europe Atlantique, la capitale girondine est le siège d’une foisonnante saison culturelle, baptisée « paysages bordeaux 2017 ». Top départ le 25 juin.
tronçon, en 2012. L’attente cessera le 2 juillet, à 10 h 52, heure de l’entrée en gare de Bordeaux du premier train du futur. À chantier pharaonique, lancement d’envergure : réfléchissant dès 2014 à l’organisation d’un événement à la hauteur des circonstances, Bordeaux Métropole et la Ville de Bordeaux ont finalement décidé de lui dédier… toute une saison culturelle ! Une idée en amenant une autre, la thématique retenue de longue date pour Agora, la biennale d’architecture, d’urbanisme et de design dont la 7e édition (14-24 septembre) a été repoussée d’un an pour coïncider avec l’arrivée de la LGV, a ainsi été étendue à l’ensemble de la saison dont elle tient lieu de point d’orgue. Honneur donc au paysage – « géographique ou intime, réel ou transfiguré », dixit Alain Juppé –, à la dimension fédératrice et à la puissance symbolique tout indiquées pour irriguer l’ensemble de la programmation, qu’il s’agisse de propositions ab nihilo, nombreuses, ou d’une sorte de « la » donné aux séquences phares de la vie culturelle locale que sont la saison street art, l’Été métropolitain, le festival Ocean Climax ou le Festival international des arts (FAB). Trois têtes d’affiche incarnent cette orientation : Bas Smets, le génial paysagiste néerlandais désigné commissaire d’exposition d’Agora, déjà très implanté à Bordeaux où il est partie prenante du projet
Feuilletage /
© Michel de Broin / Cl. Les Rives de l’Art / Cl. Antoine Guilhem Ducléon / © Maitetxu Etcheverria
CHRONOLOGIE DE L’ÉTÉ JUIN À partir du 24 juin Expositions JUILLET Les 1er et 2 juillet Week-end LGV Du 6 au 9 juillet Tropicales cinéma by SoFilm Du 13 juillet au 28 août Paysages en scène SEPTEMBRE Du 8 au 10 septembre Darwin ocean climax EXPOSITIONS 24 Juin 302 + 38 / Marc Montméat & Nathalie Lamire Fabre, Hôtel de ville 26 Juin L’archéologie à grande vitesse, Musée d’Aquitaine 27 Juin Le Port de la lune / Unesco : 10 ans, 10 regards, Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine 27 Juin Landskating anywhere, Arc en rêve centre d’architecture 28 Juin Oh couleurs ! Le design au prisme de la couleur, Musée des arts décoratifs et du design 29 Juin Le musée se met au vert ! Paysages en représentation(s), Musée des beaux-arts 29 Juin 4,543 Milliards. La question de la matière, CAPC musée d’art contemporain 30 Juin Des mondes aquatiques #2, FRAC Aquitaine 1er juillet Bordeaux et la folie du chemin de fer, Archives Bordeaux Métropole 1er juillet Pays-âges.2, Jardin botanique
ZOOM SUR LE WEEK-END LGV Le 1er juillet • El Baile • Mathilde Monnier Le 2 juillet • 1re session du Get Up Village • Hamid Ben Mahi • Inauguration du parcours d’œuvres dans la ville • Antony Gormley • Activation de l’œuvre numérique à la gare • Pablo Valbuena • Mille spéculations, Michel de Broin
VALLÉE DE LA DORDOGNE
ÉPHÉMÈRES
Pierre Labat, Les Frères, 2015.
Organisé par l’association Les Rives de l’Art, la sixième biennale Éphémères emmène les visiteurs à la découverte de l’art contemporain dans Ferme des Sports, des lieux emblématiques Maison de Montard, château de de la moyenne vallée de Monbazillac, château la Dordogne. Les villes de Montréal, église de Verdon, barrage de de Creysse, Lalinde, Tuilières. Monbazillac, Issac, lesrivesdelart.com Verdon et Saint-Capraise accueillent chacune l’un des six artistes et leurs projets. Des rencontres croisant l’esprit des œuvres et des lieux ainsi que des balades, spectacles, conférences en partenariat avec des associations locales complètent un événement conçu pour envisager le patrimoine autrement.
ANGLET • Concert / Wax Tailor + Invités pop rock électro hip-hop • Aurore musicale avec le Conservatoire de Bordeaux • Carte blanche Marc Minkowski • Pique-nique paysages
Nouvelle Enea La villa Beatrix Enea, qui abrite depuis 20 ans le Service municipal de la culture, ouvre de nouveau ses portes après 10 mois de travaux. Au-delà des mises aux normes, les trois salles d’exposition sont optimisées pour le confort de visite tandis qu’un atelier pédagogique de 30 m2 à destination du jeune public s’établit au sous-sol. La rénovation, orchestrée par l’architecte biarrot, spécialiste des restaurations de villas, Pierre-Jean HarteLasserre, permet d’accueillir les 1 000 pièces de la collection d’art contemporain de la Ville.
2, rue Albert-le-Barillier T. 05 59 58 35 60
BORDEAUX
L’ÉTÉ AU FRAC « Des Mondes aquatiques », du Dernière exposition au Hangar 19 juin au 5 novembre et week-end G2 avant déménagement dans des FRAC les 4 et 5 novembre. Hangar G2, Bassin à flot n° 1, le quartier Euratlantique : la quai Armand-Lalande. deuxième partie du projet « Des Paysages en scène, du 13 juillet au Mondes aquatiques » (la première 3 septembre, Grand-Théâtre. frac-aquitaine.net partie ayant été présentée au CIAP de Vassivière) s’articule autour de la pratique de la… pêche, au sens littéral – un plan d’eau, le ciel et la figure d’un pêcheur en sont le motif récurrent. Le parallèle avec le geste de l’amateur d’art déambulant au musée est ici manifeste. Quant aux « artistes pêcheurs », ils se Maitetxu Etcheverria, Charlie, Île Margaux, série Voyages insulaires, 2016, saisissent des mythes et symboles d’une activité ancestrale – citons Pierre et coproduction FRAC Aquitaine, IDDAC, Gilles ou Laurent Le Deunff. Le week-end des FRAC clôture l’expo avec des arrêt sur l’image galerie et château Palmer. visites, rencontres et ateliers familiaux en novembre. Direction ensuite le Grand-Théâtre, pour l’exposition annuelle en partenariat avec l’Opéra national de Bordeaux. « Paysages en scène » s’inspire de l’activité bourdonnante d’un opéra. Sculptures, photographies, vidéos et installations d’artistes reconnus (Robert Mapplethorpe) ou émergents (Shana Moulton) mettent la nature et l’histoire en spectacle, sous les feux des projecteurs.
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/ Feuilletage
CARTE D’IDENTITÉ par VALENTIN GÉNY
Présentation graphique et chiffrée d’un événement, d’un lieu, d’un thème ou d’une institution culturelle.
LA MIACA
En 1972, le périmètre de la MIACA concerne d’abord 6 200 000 ha, 114 communes en Gironde et 8 dans les Landes. Les 9 Unités principales d’aménagement (UPA) du schéma de 1972. Les Secteurs d’équilibre naturels (SEN) à protéger.
Georges Pompidou, mai 1966.
Hourtin-Port Maubuisson Ardilouse
Lège-Claouey
En 1974, le périmètre est élargi à l’ensemble du littoral aquitain, jusqu’à la frontière espagnole. Schéma d’aménagement du Pays basque et de la Vallée de l’Adour.
Moliets-et-Maâ Moisan Port d’Albret
Le littoral aquitain 270 km de côtes du Nord au Sud dont 240 km de côtes sableuses et 30 km de côtes rocheuses D’une superficie de près d’1 million d’hectares, la forêt des Landes de Gascogne est la plus grande forêt artificielle d’Europe. Avec plus de 2 millions de visiteurs par an, la dune du Pilat est le premier site touristique du littoral.
Seignosse Capbreton Chiberta Côte des Basques Ilbarritz-Mouriscot Untxin Sokoburu
UN EXEMPLE L’opération Capbreton
1975 Secteur de La Pêcherie : > 15 359 m2 d’îlots bâtis
> 2/3 d’espaces libres, publics ou verts Capbreton est l’une des opérations principales du schéma d’aménagement de la MIACA. Les Zones à construire (logements, réseau de voirie, parkings, espaces verts et piétonniers) sont regroupées autour de trois secteurs définis : La Pêcherie, Notre-Dame et Les Sables. Le parti pris est alors de laisser une grande part d’espaces publics. 6 { ÉTÉ 2017 } le festin
20 octobre 1967 Création officielle de la Mission interministérielle pour l’aménagement de la côte aquitaine (MIACA). Deux zones d’intervention se distinguent : littorale et lacustre, prioritaire, pour des interventions généralisées, et l’arrièrepays, pour des actions localisées. 1967-1970 Mission Philippe Saint-Marc. L’idée fondamentale du premier président de la MIACA est le refus de toute destruction de la nature. Le plan ne sera pas approuvé. 1970-1984 Mission Émile Biasini. Le principe de l’urbanisation est de se greffer sur les stations existantes dans 9 zones urbanisées définies, les Unités principales d’aménagements (UPA). 7 zones naturelles, les Secteurs d’équilibre naturels (SEN) sont délimitées, elles visent à la protection de la nature. 12 décembre 1984 Transfert de compétences. La région se voit confier la poursuite de la mission interministérielle. 31 décembre 1992 La MIACA est remplacée par la Délégation régionale au tourisme.
Crédit : © STF / AFP Source : GIP Littoral aquitain - http://www.littoral-aquitain.fr/héritage-miaca / Sources : Observatoire de la côte aquitaine - littoral.aquitaine.fr - Conservatoire du littoral : conservatoire-du-littoral.fr - Centre régional de la propriété forestière d’Aquitaine : crpfaquitaine.fr
La Mission interministérielle pour l’aménagement de la côte aquitaine est l’ancêtre de la Délégation régionale au tourisme. Elle a initié une politique ambitieuse visant à renforcer le tourisme dans la région tout en intégrant les préoccupations liées à la préservation de l’environnement, d’abord en Gironde et dans les Landes, avant d’étendre ses missions au Pays basque, développant le foncier, les équipements publics et les services.
« La côte aquitaine va devenir la zone touristique la plus attractive d’Europe »
Mai 1966 Voyage décisif du premier ministre Georges Pompidou en Aquitaine. Prise de conscience des nécessités d’assainissement et des possibilités touristiques du littoral. Annonce d’un effort du gouvernement pour développer le tourisme tout en freinant une prolifération urbaine désordonnée.
/ Feuilletage
EXPOS Georges Dorignac, Étude de tête de profil ou
2 (Un) Profil, fusain sur papier, 1913.
1 Pierre Tal-Coat dans son atelier,
photographié par Michel Dieuzaide en 1983.
4 Julien Salaud, Le Cavalion.
BORDEAUX
NAY
2 Georges
« Michel Dieuzaide. Regards en partage » Du 9 juin au 27 août La Minoterie 22, chemin de la Minoterie T. 05 59 13 91 42 nayart.com
« Georges Dorignac. Le trait sculpté » Jusqu’au 17 septembre Galerie des beaux-arts Place du Colonel-Raynal T. 05 56 10 20 56 musba-bordeaux.fr
8 { ÉTÉ 2017 } le festin
5 Pacifique 37-39
4 Natures
Avant même l’arrivée des frères Pereire et la création de la commune d’Arcachon en 1857, Jules Caron, d’origine parisienne, est le premier peintre à venir s’établir sur la plage d’Eyrac. S’appuyant sur une étude inédite que lui consacra en 2016 Christel Haffner Lance (également commissaire de l’exposition), l’hôtel Ville d’Hiver rassemble une vingtaine de toiles, offrant un pèlerinage aux sources de l’histoire de l’art pictural à Arcachon.
Pour sa grande exposition estivale, créatures fantastiques, parures et tissages merveilleux plongent le château de Cadillac dans le mystère et l’histoire. Les Chasses nouvelles, quatre tapisseries du xviiie siècle de Jean-Baptiste Oudry prêtées par le musée de la Chasse et de la Nature dialoguent en face-à-face avec la quinzaine d’œuvres contemporaines de Julien Salaud. Disposés en rezde-cour, ces travaux qui transcendent les siècles enrichissent la visite du château.
À la fin des années 1930, lors d’une expédition aux Nouvelles-Hébrides, une équipe d’ethnologues français découvre une population jusqu’alors inconnue. Survient la Seconde Guerre mondiale, la mission est arrêtée, puis oubliée. 60 ans plus tard, à partir des documents retrouvés, le Muséum d’histoire naturelle offre, entre documentaire et fiction, une vision décalée de cette mystérieuse aventure, tout en s’attardant sur la discipline anthropologique en cette période où un certain Claude Lévy-Strauss menait ses premiers travaux au Brésil.
Du 8 juillet au 30 septembre Hôtel Ville d’Hiver 20, avenue Victor-Hugo T. 05 56 66 10 36 hotelvilledhiver.com
Jusqu’au 5 novembre Château de Cadillac 4, place de la Libération T. 05 56 62 69 58 château-cadillac.fr
Jusqu’au 7 janvier 2018 Muséum d’histoire naturelle 28, rue Albert Ier T. 05 46 41 18 25 museum-larochelle.fr
ARCACHON
3 Jules Caron
sauvages
1 © Michel Dieuzaide / 2 © Roubaix, musée La Piscine – Cl. Alain Leprince / 4 © Julien Salaud
Le photographe et cinéaste Michel Dieuzaide enrichit son regard de l’émotion ressentie au contact de certains artistes, présentant à La Minoterie plusieurs œuvres de sa collection personnelle. On y trouve ses propres photographies, réalisées dans les ateliers de Pierre Soulages, Jean-Pierre Schneider, Pierre TalCoat ou encore Olivier Debré. Sept films au plus près de la création picturale sont projetés en sa présence, au cours de trois soirées d’été, temps forts de l’exposition.
Dieuzaide
CADILLAC
Dorignac En co-production avec La Piscine, musée d’art et d’industrie de Roubaix où elle a d’abord été montrée, le musée des beaux-arts de Bordeaux présente la première exposition monographique consacrée à l’artiste bordelais Georges Dorignac (1879-1925), dont les monumentaux dessins « au noir » firent la réputation au début du xxe siècle. Portraits, nus, figures de travailleurs, dont la dimension sculpturale fut reconnue par Rodin, côtoient des pièces du sculpteur Charles Despiau, son ami de jeunesse, qui leur font écho.
1 Michel
LA ROCHELLE
Feuilletage /
9 Ramiro Arrue, Partie de chistera, gouache sur papier, 38 x 31,5 cm, vers 1920.
8 Serge Labégorre, L’Adolescent, acrylique sur toile, 100 x 73 cm, 2009.
6
Lithographie d’Honoré Daumier, publiée dans le journal Le Charivari du 29 décembre 1833, représentant le procureur Jacquinot Godard.
aquitains
Daumier & Co
6 © Fonds Labégorre / 8 © Bnf / 9 © Coll. villa Les Camélias
Pigment, Pixel
8 Ces grands
6 Honoré
« Honoré Daumier et ses contemporains » Jusqu’au 31 août Ancienne sous-préfecture de Nérac 2, avenue du Maréchal-Foch T. 05 53 97 35 14 williamblake.fr
10 Paroi, SEIGNOSSE
NÉRAC
La caricature, miroir de l’état d’esprit d’une société : c’est ce qu’illustre l’association William Blake France en exposant, à l’ancienne sous-préfecture, plus d’une centaine d’œuvres du xixe siècle, dont des originaux du maître du genre, Honoré Daumier. Lithographies, gravures sur bois, journaux d’époque, livres et autres disciplines explorent la vie sociale et politique d’un siècle mouvementé, à travers la caricature des mœurs et la satire politique.
LES EYZIES-DE-TAYAC
POITIERS
7 Le Poitou en peinture La richesse des paysages poitevin a aussi nourri les grands courants artistiques : le musée Sainte-Croix rassemble ces toiles où s’exprime la vision d’une terre d’origine, des étendues rurales au patrimoine urbain emblématique du Vieux-Poitiers. Composition, lumière et effets atmosphériques s’y déclinent dans une rétrospective animée par le sens du témoignage historique. Jusqu’au 27 août Musée Sainte-Croix 3 bis, rue Jean-Jaurès
Les talents et les supports se croisent cet été au Fonds Labégorre : le couple de sculpteurs arcachonnais Hugues et Janine Maurin d’une part, le premier adepte du bois – sa Vierge des flots orne l’église NotreDame-des-Flots au Cap-Ferret –, la seconde mêlant les matières (fer, ciment, carton et papier) ; Serge Labégorre d’autre part, peintre expressionniste dont les œuvres sont exposées aux quatre coins du monde. Les anciens compagnons de route se retrouvent, le temps d’une expo. Jusqu’au 30 septembre Fonds Labégorre 2, impasse de la Lande T. 06 45 34 94 89 fondslabegorre.com
BIARRITZ
9 Ramiro Arrue Dans le cadre d’une rétrospective, plus de 200 œuvres dépeignant le Pays basque idyllique d’Arrue sont présentées au Bellevue : huiles, gouaches, émaux, photos et croquis de l’artiste y sont rassemblés, dont certains inédits. Au cœur de l’exposition, 9 panneaux représentant des scènes de la vie quotidienne sont prêtés par la villa Les Camélias à Cap-d’Ail (06), le seul musée dédié à Ramiro Arrue qui est aussi à l’initiative de l’événement. « Ramiro Arrue. Entre avant-garde et tradition » Du 8 juillet au 17 septembre Le Bellevue Place Bellevue T.05 59 01 59 20
Conçu par le Pôle international de la Préhistoire avec le musée d’Altamira, ce parcours dans l’univers des fac-similés de grottes ornées, physiques ou virtuels, s’appuie sur une approche historique des procédés de relevé ainsi que sur les technologies nécessaires aux reproductions, comme on peut en voir au récent Centre international de l’art pariétal de Montignac. À noter que le photographe Éric Solé, dont le travail sur le chantier du Centre peut se voir dans le Guide Lascaux du Festin, paru en mai, accroche sa série Entre œuvre et ouvrage tout l’été. Paroi, Pigment, Pixel, reproduire une grotte ornée, jusqu’au 7 janvier 2018 Entre œuvre et ouvrage, Éric Solé, jusqu’au 17 septembre Pôle international de la Préhistoire 30, rue du Moulin T. 05 53 06 06 97 Pole-prehistoire.com
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/ Feuilletage
À VOIR CET ÉTÉ
2 Juan Carlos Zeballos Moscairo, Sans titre 4, série Métro, 2016.
Ardent topique
1
SAINT-MARTIN-DE-RÉ
Au chic rétais [ 1 ] En 1900, Paris faisait la mode, et les Rétais s’en inspiraient. Dans une scénographie début de siècle, le musée ErnestCognacq fait redécouvrir les silhouettes chics de l’île d’antan. Jusqu’au 31 décembre Musée Ernest-Cognacq 13, avenue Victor-Bouthillier 05 46 09 21 22
ROCHEFORT
La Fayette, la traversée d’une vie Expos, visites, conférences, spectacles, concerts, etc. : la ville berceau de l’Hermione met à l’honneur le « héros des deux mondes », retraçant sa vie de révolutionnaire. Hôtel Hèbre-de-Saint-Clément 63-65, avenue Charles-de-Gaulle T. 05 46 82 91 60
Inspiré par la métropole bordelaise et le métro parisien, l’artiste péruvien Juan Carlos Zeballos Moscairo expose ses œuvres urbaines, entre expressionnisme et abstraction. Du 15 juin au 13 juillet Galerie Guyenne Art Gascogne 32, rue Fondaudège T. 05 57 83 49 63 galeriegag.fr
BERGERAC [ 3 ]
Daniel Hourdé Pour le centenaire de la disparition d’Auguste Rodin, la Ville invite le sculpteur Daniel Hourdé, dont la dernière exposition sur le pont des Arts parisien, en 2016, fut remarquée. Du 1er juillet au 27 août Presbytère Saint-Jacques Rue Saint-Jacques T. 05 53 57 19 11
LACAPELLEBIRON [ 4 ]
Céladon Claude Champy et Jean-François Fouilhoux, céramistes contemporains, déclinent à l’infini le céladon, cette céramique d’ExtrêmeOrient à la teinte inimitable. Jusqu’au 1er octobre Musée de céramique Bernard-Palissy Saint-Avit T. 05 53 40 98 22 museepalissy.net
GUÉRET [ 5 ]
Chefs-d’œuvre des arts graphiques Le cabinet d’arts graphiques du musée d’art et d’archéologie dévoile au public les esquisses, aquarelles et pastels de Rodin, Boucher ou Ingres, rarement présentés en raison de leur fragilité. Jusqu’au 10 septembre Musée d’art et d’archéologie Hôtel de la Sénatorerie T. 05 55 52 07 20
4 Claude Champy, Lame.
BRIVELA-GAILLARDE [ 6 ]
Marc Petit Œuvres choisies Une sélection d’œuvres en bronze réalisées entre 2000 et 2016 par l’artiste lotois sont installées à la Chapelle SaintLibéral ainsi que dans les cours et jardins du centre historique de la ville. Du 30 juin au 24 septembre Chapelle Saint-Libéral Rue de Corrèze T. 05 55 74 41 29
SAINT-JULIENBEYCHEVELLE
Le verre dans tous ses états III Depuis trois ans, Mécénart et le château de Beychevelle soutiennent les verriers contemporains, invitant cette année des artistes venus de Biot (06), célèbre pour sa verrerie artisanale. Du 24 juin au 2 septembre Château de Beychevelle T. 06 62 65 70 82
10 { ÉTÉ 2017 } le festin
3 Daniel Hourdé, Colin Maillard, 2008.
1 © Coll. musée Ernest-Cognacq, Ville de Saint-Martin-de-Ré / 2 © Juan Carlos Zeballos Moscairo / 3 Cl. Woytek Mazurek / 4 Cl. Céline Domengie / 5 © Musée d’art et d’archéologie de Guére-Darré / 6 Cl. Nadia Mauléon
BORDEAUX [ 2 ]
6 Marc Petit, L’Île bleue, 2016. 5 Eugène Delacroix, Étude de chevalier, crayon, aquarelle, xixe siècle.
/ Feuilletage
SCÈNES 10
En partenariat avec l’Office artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine.
MARMANDE
1 Garorock Un site de 40 ha en bord de Garonne, 25 000 places de camping, 5 scènes, 60 artistes, 150 000 spectateurs attendus par plus de 600 bénévoles, les chiffres donnent le tournis. Fort du considérable succès de l’été dernier, les organisateurs voient encore plus grand avec une programmation exceptionnelle, à l’instar de Diplo, Phoenix, Petit Biscuit, FFF, Beth Ditto, Foals, MØ ou Motivés. Rock, techno, écolo malgré son gigantisme, Garorock en impose. À vous d’en disposer. 30 juin au 2 juillet garorock.com
L’édition 2017 de Garorock s’oriente vers un nouveau record de fréquentation, supérieur encore au cap des 100 000 spectateurs franchi en 2016.
BRIOUX-SUR-BOUTONNE
3 Festival au village
VILLERÉAL
2 Un festival Cette magnifique bastide de Lot-et-Garonne n’a pas de théâtre. Il est donc à inventer. Chaque été depuis 2009, Iris Trystram et Samuel Vittoz s’y emploient avec succès. Les artistes posent leurs bagages pendant six semaines et expérimentent une autre façon de faire du théâtre, en se mêlant aux habitants. Ils ont pour cela carte blanche. Pour la 9e édition, certains nous mèneront vers Racine ou Dostoïevski, d’autres prendront les chemins de l’écriture collective, tous feront surgir de l’inattendu. Car à Villeréal, rien n’est convenu !
C’est un grand festival dans un petit village du sud des Deux-Sèvres qui déborde de passions militantes, d’engagements artistiques et citoyens, aux convictions toujours intactes après 28 éditions. 150 bénévoles s’investissent à l’année autour de l’artiste et directeur artistique de la manifestation, Jean-Pierre Bodin, pour accueillir les milliers de spectateurs avec humanité et convivialité. Le Théâtre de l’Unité, La Bivouac, Attention Fragile, Tof Théâtre figurent cette année parmi les dizaines de compagnies programmées. 7 au 15 juillet festivalauvillage.free.fr
4 au 12 juillet unfestivalavillereal.wordpress.com The Best Thing, le meilleur du théâtre de masque anglais, visible à Mimos en 2017, par la troupe Vamos Theatre qui revisite les sixties à l’aune de la révolution sexuelle britannique.
La fièvre festivalière s’empare des rues de Salies-de-Béarn trois jours durant. Ici, Rosemonde, le clown décalé de la Compagnie du Vide.
SALIES-DE-BÉARN
4 Fête des Sottises
21 au 23 juillet lacaze-aux-sottises.org
12 { ÉTÉ 2017 } le festin
5 Mimos Ce festival international du mime et du geste tient le fil depuis 34 ans. De bon augure, car le fil rouge de la 35e édition est le thème de l’équilibre et du déséquilibre. Ce rendez-vous de peu de mots fait la part belle aux corps. Avec 24 compagnies venues de 10 pays différents, il y en a pour tout le monde. Et si vous n’êtes pas rassasiés, des dizaines d’autres troupes investissent la ville pour une programmation off en libre accès. Des artistes qui font « chut » sans chuter… 24 au 29 juillet mimos.fr
1 Cl. Teddy Morellec / 4 © Fabrice Camus / 5 © alienpen
Les Sottises en Béarn, c’est toute l’année : un lieu de fabrique, une saison territoriale et des actions de médiation assurent une permanence artistique précieuse en ces terres rurales, grâce au dynamisme de l’association Lacaze aux Sottises. Et l’été, c’est la fête, avec un festival de rue qui rassemble désormais plus de 15 000 spectateurs. Après un préambule dans plusieurs cités du Béarn des Gaves, la manifestation prend ensuite ses aises dans les espaces publics de Salies-de-Béarn pour trois jours de liesse artistique où les spectateurs ne sont pas pris pour des sots !
PÉRIGUEUX
Feuilletage /
NEXON
8 La Route du Sirque
AUTOUR DE LASCAUX
6 Musique en Périgord Noir De la musique ancienne certes, mais aussi du jazz. Des concerts dans des sites patrimoniaux d’exception, mais également une académie réunissant une trentaine de jeunes chanteurs et instrumentistes autour de l’œuvre du maître Johann Sebastian Bach. Ce joyau musical maîtrise toutes les gammes d’un grand festival. Et comme il ne vous coupera pas l’appétit, vous serez conviés à de nombreuses dégustations et autres repas champêtres. Résolument culturel ! 26 juillet au 13 octobre festivalmusiqueperigordnoir.com
Les jeunes talents du quatuor Hermès, reconnus à travers le monde, sont des habitués du festival du Périgord Noir.
PESSAC
7 Reggae Sun Ska Vingt ans que ça dure et, malgré une migration des champs du Médoc au campus de la métropole bordelaise, le succès perdure ! Point de convergence international des amateurs de reggae, la manifestation affiche encore de belles ambitions artistiques pour cette 20e édition, conjuguant habilement têtes d’affiche – UB40, Steel Pulse, KyMani Marley, etc. –, génération montante – Chronixx, Protoje & The Indiggnation, Inna de yard – et nouveautés – Keny Arkana, Hippocampe fou, Jahneration. Du beau monde pour un bel anniversaire.
Nommé directeur en 2014, l’artiste jongleur et metteur en piste Martin Palisse porte haut les couleurs de ce festival, créé en 1987 avec Annie Fratellini. Au cœur de l’été et de la verdoyante campagne limousine, les circassiens prennent d’assaut le parc du château, cadre idyllique pour un rendez-vous enchanteur. 16 compagnies, 64 représentations, petites et grandes formes, sous chapiteau, en salle et en jardin, des créations en direction de l’enfance et de la jeunesse et 4 concerts de musiques actuelles vous attendent. Prenez les chemins de traverse. 7 au 26 août www.sirquenexon.com
Tous les cirques sont à voir en Limousin au mois d’août.
4 au 6 août reggaesunska.com
Une impressionnante armada d’artistes se produisent au mois d’août dans le village de Luxey, dans les Landes, parmi lesquels Calypso Rose.
UZESTE
6 Cl. Jean-Claude Capt / 8 Cl. Christophe Raynaud de Lage / 10 Cl. Richard Holde
9 Hestejada de las arts « C’est par où, c’est par l’art ! » dit avec sa verve habituelle Bernard Lubat, le fondateur de cette « manifestivité poïélitique » qui fête sa 40e édition et se déploie au cœur des villages sud-girondins. Dédiée à Dario Fo, elle reste fidèle à ses valeurs humanistes et artistiques. On y retrouve avec plaisir les Portal, Sclavis, Caubère, Bonnafé et autres compagnons de musique et de tchatches à l’instar des nombreux artistes de la Nouvelle-Aquitaine (Macias, Corneloup, Combi, Minvielle, Rouger, etc.). 11 au 19 août uzeste.org
LUXEY
10 Musicalarue Tout a commencé en 1990 par une petite fête locale entre copains, pour devenir au fil des ans l’un des festivals incontournables du grand Sud-Ouest. Chaque été, autour du 15 août, le paisible village de 700 habitants réunit désormais plus de 30 000 spectateurs devant 14 scènes. 80 groupes sont invités à se produire pour cette 28e édition. Avec Véronique Sanson, Miossec, Deluxe, Trust, Duteil, Fugain, La Maison Tellier et de nombreux spectacles de rue, toutes les générations seront comblées. 12 au 14 août www.musicalarue.com
le festin { ÉTÉ 2017 } 13
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ŒUVRES EN STOCK RES
È ENCH
ACQUISITIONS Donations, acquisitions ou restaurations récentes dans les collections publiques*.
BORDEAUX (33)
Des souris et des hommes
Auguste Rodin, Je suis belle , vers 1882, plâtre, H. 72 cm.
PAU (64)
L’étude Gestas et Carrère ouvre 2017 avec une découverte exceptionnelle : un plâtre d’Auguste Rodin, classé en suivant Trésor national par le ministère de la Culture ! Cette pièce de 72 cm de haut dégage une impression de puissance : un homme nu, muscles tendus, échine cambrée, soulève, tel Atlas, une jeune femme dans une étonnante position accroupie. Le mouvement est comme suspendu, l’équilibre instable. Le plâtre est le point de départ de la sculpture Je suis belle (1882), dite aussi L’Enlèvement ou L’Amour charnel, qui s’inspire de La Beauté de Baudelaire (in Les Fleurs du mal, XVII : « Je suis belle, ô mortels comme un rêve de pierre »). Dès 1880, elle fut intégrée sous forme de hautrelief au sommet du jambage de droite du grand œuvre de Rodin, La Porte de l’Enfer.
Musée des arts décoratifs et du design Exposition jusqu’au 25 juin 2017
Eugène Millet, dessin préparatoire pour une coupe Décor Souris, fin du xixe siècle.
Planche originale de la page 54 de Come Prima, encre de Chine et gouache blanche sur papier, éd. Delcourt, 2013.
ANGOULÊME (16)
Planche Come Prima (Alfred) L’auteur Alfred a offert au musée de la bande dessinée deux planches originales issues de l’album Come Prima, lequel a obtenu le Fauve d’Or, prix du meilleur album du festival d’Angoulême en 2014. Au début des années 1960, suite à la mort de leur père, deux frères, Fabio et Giovanni, sillonnent les routes au volant d’une Fiat 500. Leur voyage, émaillé de disputes et de silences, de souvenirs et de rencontres, les conduira jusqu’à leur Italie natale. Par bribes, le portrait de leur père se recompose et révèle l’origine d’une relation tumultueuse.
* Avec le soutien financier du Fonds régional d’acquisition des musées, abondé par l’État et la Région Nouvelle-Aquitaine.
14 { ÉTÉ 2017 } le festin
© Étude Gestas & Carrère, Pau / © maad Bordeaux - L. Gauthier / © Musée de la bande dessinée, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, Angoulême
Découverte d’un Rodin ---------------
Un don exceptionnel de 12 dessins de la manufacture J. Vieillard & Cie est venu enrichir au printemps le fonds d’arts graphiques du musée des arts décoratifs et du design. Ils n’étaient pourtant pas destinés à être exposés aux yeux du public : leurs auteurs, généralement anonymes, les fournissaient uniquement pour servir de modèles aux céramistes. Les dessins sont signés Eugène Millet, artiste peintre attaché à l’atelier. Les petits rongeurs, vêtus de kimonos, y pratiquent toutes sortes d’activités pittoresques dans des paysages exotiques d’arbres en fleurs, de bambous et de roseaux.
Feuilletage /
COLLECTIONS Zoom sur des œuvres rares, extraites des fonds de nos musées.
DESIGN
BORDEAUX (33) ARUDY (64)
Toute l’histoire des musées Qui se souvient du musée Bonie, du musée colonial, du musée Carreire ou du musée de la Marine ? Qui sait que, pendant plus de 20 ans, le musée d’Aquitaine a occupé l’aile sud du jardin de l’hôtel de Ville ? Compilant une documentation et une iconographie d’une grande richesse, Florence Barutel retrace la tortueuse histoire des collections et de ces édifices connus de tous ou disparus, plaçant ses pas dans ceux des hommes qui ont œuvré, chacun à leur époque, à la sauvegarde de ces précieux témoins de l’histoire bordelaise.
© Mito / © Musée Despiau-Wlérick / © Versant Éditions – Cl. David Duchon-Doris / © Agora - Athime de Crécy
Au fil de l’histoire des musées de Bordeaux, Florence Barutel, éd. de l’Entre-deux-Mers, 2015, 48 €.
Lampe Lutz de Pierre Dubourg
Marbrerie Retegui et Jean-Louis Iratzoki, table Arin, 2014.
SAINT-JEAN-DE-LUZ (64)
Table Arin par Retegui & Iratzoki Installée depuis 1939 à SaintJean-de-Luz, la marbrerie familiale Retegui est à l’origine d’une nouvelle génération de marbre, associant ce matériau lourd et épais à de nouveaux composites, comme la fibre de verre ou de carbone. La subtilité de ce nouveau marbre, plus fin, a séduit les designers, tel le Luzien Jean-Louis Iratzoki. Ainsi, Retegui et Iratzoki ont imaginé ensemble la table Arin : le plateau de marbre allégé est associé à un nid d’abeilles en aluminium, l’ensemble étant ceinturé de bois de chêne.
Versant Éditions voit le jour en 2016 à Arudy. Son fondateur, Yann Bourigault, imagine un design mobilier « made in Pyrénées ». Il entend créer une passerelle entre designers internationaux et artisans pyrénéens afin de donner vie à des collections d’objets design évoquant le territoire local. Conçue par le designer toulousain Pierre Dubourg, la lampe à poser Lutz, aux accents fifties, allie noblesse minérale du socle en marbre à la rigueur métallique de la tige en laiton qui, couplée à une rotule, souligne les possibilités de mouvement des pièces mécaniques entre elles.
Pierre Dubourg, lampe Lutz, Versant Éditions, 2016.
MONT-DE-MARSAN (40)
Annick Leroy, Plongeuse
Annick Leroy, Plongeuse, 2016, bronze à patine noire, fonte à la cire perdue Barthélémy, H. 170 cm, L. 130 cm.
Résolument figurative, Annick Leroy propose des instantanés qui figent le mouvement des corps humains. Sollicitée pour participer à la 10e édition de « Mont-de-Marsan Sculptures » en 2016, elle opte pour un projet ambitieux : une plongeuse grandeur nature en action, saisie dans l’espace juste après le saut, suspendue au-dessus de l’eau au moyen d’un arceau métallique. La Plongeuse de bronze à patine noire a capté l’attention du public qui a souhaité qu’elle puisse demeurer à Mont-de-Marsan, où l’intérêt pour la sculpture figurative du xxe siècle s’exprime à travers de nombreux exemples dans toute la ville. Elle est désormais installée sur le site de la confluence.
BORDEAUX (33)
Tasse Ourlet, 1er prix Agora Depuis 2010, le prix Agora design propose aux créateurs et designers de travailler autour de la conception d’une tasse à café, dans l’objectif de créer la collection des tasses Agora. Pour l’édition 2017, la tasse Ourlet, imaginée par l’étudiant de l’ECAL (Lausanne) Athime de Crécy, remporte le premier prix. Le jury, présidé par le sculpteur et designer Pablo Reinoso, a apprécié la justesse de son design, son évidence, son ergonomie et même son « humour raffiné ». Ce projet, ainsi que les 2e et 3e prix, seront exposés durant la biennale. Agora 2017 Du 14 au 24 septembre 2017
Tasse Ourlet, Athime de Crécy, 2017.
le festin { ÉTÉ 2017 } 15
Feuilletage /
ÉCRAN TOTAL Coups d’œil sur la production audiovisuelle en Nouvelle-Aquitaine.
Polar en résidence
Vendanges du 7e art Le cinéma Éden de Pauillac projette, dans le cadre de la 3e édition des Vendanges du 7e art (11-16 juillet), une vingtaine de films en avant-premières nationales ou mondiales, au titre d’une compétition orchestrée par un jury présidé par Richard Berry. Au programme : rencontres littéraires, master classes – dont une avec JeanPaul Rappeneau – et séances gratuites sous les étoiles, sur les quais de la cité médocaine. Du 11 au 16 juillet Cinéma Éden 12, quai Antoine-Ferchaud T. 05 56 59 23 99
Le magazine SoFilm et Canal+ ont organisé dans le Lot-et-Garonne, en mars, leur seconde résidence d’écriture de nouvelles dédiées au cinéma de genre. 5 auteurs de polars se sont mis à l’œuvre, rejoints ensuite par 2 auteurs de BD – en vue de la publication d’un ouvrage collectif à la fin de l’année – puis par 2 musiciens chargés de déterminer des thèmes sonores spécifiques à chaque texte. Dans un premier temps, ces nouvelles seront lues par des comédiens à l’occasion du festival SoFilm Summercamp de Nantes, du 29 juin au 3 juillet. Par la suite, l’une des nouvelles sera adaptée en courtmétrage pour la collection Polar de Canal+ et tournée dans le département. Notons que le magazine cinéphile sera également à Bordeaux pour le festival Les Tropicales, soit des projections accompagnées de karaoké, apéritif et barbecue, en partenariat avec Darwin. Les Tropicales, du 7 au 9 juillet Espace Darwin 87, rue des Queyries
Tournages
16 { ÉTÉ 2017 } le festin
Le festival du cinéma de Brive a décerné début avril le grand prix France à Madame Saïdi de Bijan Anquetil et Paul Costes, ex aequo avec À discrétion de Cédric Benail. Produit par la société bordelaise L’Atelier documentaire, le film retrace le destin surprenant d’une mère iranienne de plus de 70 ans devenue sur le tard une star de cinéma.
FRAC Online Le FRAC Aquitaine a inauguré son nouveau site Internet en mars. Son design, réalisé par Fanette Mellier, enrichit l’identité graphique de l’agence régionale, dont certains supports (brochures, affiches) rejoindront bientôt les collections du musée des Arts décoratif de Paris. Conçu comme une vitrine, le site propose un agenda des manifestations culturelles, des brèves d’actualité et des dossiers spéciaux et se veut complémentaire des outils numériques existant, telles la plateforme numérique Archipel et le site La Conquête de l’art – on peut y voir trois webdocs interactifs, au ton décalé mais au fond très sérieux, où l’art contemporain est expliqué à la lumière de certaines œuvres de la collection du FRAC Aquitaine, confrontées à des frac-aquitaine.net conquetedelart.frac-aquitaine.net chefs d’œuvre des périodes archipel.frac-aquitaine.net moderne et classique.
Royan, cité martyre Un documentaire rare d’Émile Couzinet, iconoclaste exploitant, après-guerre, de studios de cinéma surnommés « Hollywood sur Gironde » à Bordeaux, a été retrouvé et projeté à Royan le 15 avril. En 15 min, il fait état des talents de reporter du réalisateur, qui filme la « cité martyre » à la suite des bombardements du 5 janvier et au lendemain de sa libération, le 17 avril 1945.
© L’Atelier documentaire / © ARP Sélection / © Txintxua productions / © MICRO-MEDIA
Parmi les tournages du printemps, on retiendra Dantza à Hendaye (64), un long-métrage fruit de la rencontre entre le sculpteur Koldobika Jauregui, le chercheur et chorégraphe Juan Antonio Urbeltz et le réalisateur Telmo Esnal. Ce film musical retraçant l’évolution de l’homme a mobilisé 37 danseurs et une quarantaine de musiciens. Vieilles Badernes, comédie dramatique de 28 min, a quant à elle choisi PortSainte-Marie (47) pour évoquer l’épopée de Léon, septuagénaire s’évadant de sa maison de retraite. Enfin, L’Homme qui penche, un long-métrage documentaire sur le poète lot-et-garonnais Thierry Metz, est en préparation dans le même département.
Madame Saïdi superstar
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LIVRES
« Au fil des ans, j’ai compris que la vraie lumière venait de l’intérieur. Elle était noire » Olivier Deck
Un peu plus que la vie Olivier Deck
La Mort d’un homme Lael Wertenbaker
éd. Contrejour, 96 p., 35 €
éd. Séguier, 248 p., 19,90 €
Tous à la plage ! Villes balnéaires du xviiie siècle à nos jours sous la dir. de Bernard Toulier éd. Liénart, 300 p., 35 €
Le nouvel ouvrage de Bernard Toulier et de son équipe d’historiens de l’architecture se penche sur la vie des villes de bord de mer et sert de catalogue à l’exposition de la Cité de l’architecture et du patrimoine, « Tous à la plage », qui s’est tenue en 2016. En élargissant le propos au-delà des frontières de l’Europe, l’ouvrage entend montrer comment les pratiques balnéaires naissent, évoluent et créent le cadre architectural et urbain qui va les faire vivre, prospérer et dessiner leur image. Pour illustrer cette culture « du bain et des jeux », l’ouvrage bénéficie d’une très riche iconographie qui balaie le large champ chronologique, ouvre sur l’utopie et la prospective et ne néglige pas l’humour qui redonne une forme légère, colorée et fluctuante à cet « objet du désir » de mer que l’homme tente vainement de fixer. MS 18 { ÉTÉ 2017 } le festin
En 1947, les Américains Charles et Lael Wertenbaker, attirés par l’Espagne, s’installent à Ciboure dans une petite maison de pêcheurs, villa Ainhara. L’escale provisoire deviendra une décennie et enveloppera au moins toute une vie, celle d’un homme. Le couple de journalistes, qui a vécu les heures exaltantes de la Libération de Paris, aspire à des lendemains paisibles. Dans l’ancienne petite tour qui jouxte la maison, Charles installe la machine à écrire sur laquelle il tape ses articles pour le Reporter ou le New Yorker. Sur les hauteurs de Ciboure, les Wertenbaker reçoivent l’intelligentsia de passage, tels Irwin Shaw, Pablo Casals, Picasso. Mais c’est seule que Lael reçoit Orson Welles, qui vient tourner son documentaire sur la région. Car son époux, atteint d’un cancer incurable, vient de se donner la mort. Deux ans plus tard, elle évoque leur amour partagé dans ce bouleversant récit qu’Olivier Mony a retrouvé et préface aujourd’hui. XR
Regards sur le Médoc, 1698-1885 sous la dir. de Jean-Pierre Méric Les Cahiers Méduliens n° 67, 154p., 15 €
En l’honneur des 50 ans de la Société archéologique et historique du Médoc, le nouveau numéro des Cahiers Méduliens célèbre la renaissance de l’association. Avec l’accession à la présidence de Claire Steimer, chercheuse à l’Inventaire, la SAHM connaît un nouveau souffle et redynamise son image. Ce numéro anniversaire offre une anthologie d’écrits d’auteurs d’époques différentes, portant leurs regards de géographes, voyageurs, personnalités influentes et artistes sur le Médoc. La correspondance de Louis Pasteur, des extraits du Voyage aux Pyrénées et en Corse de Gustave Flaubert ou de Maître Pierre d’Edmond About (dont le texte intégral est publié au Festin) promettent une redécouverte littéraire du Médoc historique. CD
Mon amie Nane Chantal Callais, Paul-Jean Toulet éd. La Table ronde - La petite vermillon, 188 p., 7,10 €
En titrant son roman Nane, Paul-Jean Toulet semble glisser un clin d’œil en forme de piedde-nez à la Nana de Zola. Cultivant une approche résolument mondaine, l’écrivain et poète basque dresse le portrait d’une courtisane magnétique vue par un oisif lettré. Dans les salons clinquants de la Belle Époque, le tragique fait place à une légèreté tout juste nimbée d’un voile de mélancolie. Tour à tour amant, frère, père, le narrateur dévoile pour la jeune femme une curiosité polie et galante, avant d’avouer sa fascination inexplicable. Avec une distance aristocratique, le dandy tente de percer le mystère de cette beauté irradiante qui ne paraît exister que devant son miroir et les hommes riches. Plus complexe qu’elle n’en a l’air, celle-ci se révèle dans le langage secret du corps, mais plus encore dans l’écriture sophistiquée de Toulet. NT
Le livre que signe Olivier Deck aux éditions Contrejour est le fruit d’une quête de vie. Un combat mené pendant cinquante ans, jusqu’à découvrir combien était juste et idoine, pour lui, la façon même de prendre, de faire, d’inventer la photographie. Peintre, musicien, poète, écrivain, et encore plus multiple, Olivier Deck, un jour, a connu Klavdij Sluban, le maître d’un noir et d’un blanc, de sujets aussi fugaces qu’éternels, partout dans le monde qu’il hante. Ensemble, ils ont avancé vers l’étroit chemin du fond et Olivier Deck a découvert où se dissimulait l’excellence de son exploration, de son intimité. Petit enfant privé de père, il a su questionner, par le biais de son objectif radical, son paysage quotidien et ses jeunes fils. Avec eux, il a retrouvé « l’exacte pliure de l’ombre et de la lumière ». Enfin un équilibre. Cela donne ce livre somptueux, riche d’images et d’un texte passé au révélateur, publié par les très soignées éditions Contrejour de Claude Nori. SAi
Feuilletage /
Bistrot ! De Baudelaire à Picasso Stéphane Guégan éd. Gallimard, 159 p., 29 €
À l’instar du parcours de l’exposition de la Cité du Vin, le catalogue s’interroge sur l’effet de miroir qu’opère ce lieu très français sur les artistes qui le peignent. Revenant sur les œuvres phares et contextualisant le rôle des cafés, estaminets et autres débits de boissons dans l’art et dans la société occidentale, Bistrot ! se lit un verre à la main.
Le Désorganisme de Daniel Johnston Ricardo Cavolo, traduit de l’espagnol par Clémentine Moncla éd. Terremoto, 104 p., 20 €
« Daniel Johnston est une vraie personne, mais sa vie est un roman » (R. Cavolo). Premier livre de la nouvelle maison d’édition bordelaise Terremoto, Le Désorganisme de Daniel Johnston est un roman (bio)graphique sur la vie du chanteur et artiste américain rendu culte dans les années 1980 par son œuvre prolifique et sa santé psychologique instable. À travers son imaginaire survitaminé, l’illustrateur Ricardo Cavolo imagine l’intérieur de l’esprit torturé et génial de Daniel Johnston.
On ne dormira jamais Bruce Bégout éd. Allia, 272 p., 12 €
« Il faut aimer la vie souterraine. Il faut savoir apprécier cette fraîcheur si tellurique qu’elle ne rappelle plus l’air, lorsque, malgré tout, elle en provient et en perd la parenté. Il faut savoir goûter l’absence des nuages, la suspension du tapage qui empêche de se dévouer au seul timbre interne de l’oreille. Savourer sans mesure, comme un édredon hivernal, la douce profondeur qui vous soustrait à l’agitation, le vrombissement sensoriel de la fermeture, cette résonance si caractéristique des lieux hermétiques, les joies animales de l’enfouissement. » le festin { ÉTÉ 2017 } 19
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Le questionnaire E est un questionnaire surréaliste « sur certaines possibilités d’embellissement irrationnel d’une ville », inventé par Paul Éluard en 1933 et adressé à des personnalités de l’époque. Transposé à la Nouvelle-Aquitaine d’aujourd’hui, il permet un regard décalé et subjectif sur les lieux et monuments de notre région par un témoin privilégié, choisi pour son actualité.
QUESTIONNAIRE
Il s’agit donc de répondre aux questions :
DOIT-ON CONSERVER, DÉPLACER, MODIFIER, TRANSFORMER OU SUPPRIMER… 1 La recouvrir de
par
Chantal Detcherry Chantal Detcherry
4
3 En faire un présent inaliénable aux Gens du Voyage qui s’y retrouveraient pour de grandes fêtes tziganes, sous l’égide d’Alexandre Romanès.
4 L’aménager en
2 Autour du moulin, raser toutes les habitations récentes et reconstruire la ferme expérimentale (détruite dans les années 1970) qu’avait créée au xviiie siècle AndréDaniel Laffon de Ladebat, philanthrope bordelais du siècle des Lumières, auteur d’un discours sur l’abolition de l’esclavage.
résidence d’écrivain, celuici ne pouvant recouvrer sa liberté qu’à l’issue de la publication d’un volume comparable, en qualité et nombre de pages, au Comte de Monte-Cristo.
5 Placer derrière les vitres opaques un centre de réflexion et d’étude sur la claustrophobie et/ou sur les pathologies en milieu carcéral.
6 La peupler de chevreuils, de daims,
de biches ; y inviter à demeure une communauté d’hindous Bishnoï qui veillerait sur la bonne harmonie entre ces animaux et les habitants.
7 Reconvertir le bâtiment de la Caisse d’Épargne en forteresse inca, raser les autres constructions et aménager à la place un parc arboré dédié aux expositions d’art brut.
8 Proposer pour sujet d’un concours littéraire une rencontre entre la statue de la Vierge sur son rocher et celle de la Liberté de l’autre côté de l’Atlantique.
9 La peine de mort étant abolie en France depuis le 18 septembre 1981, y interdire définitivement les corridas, utiliser ces lieux uniquement pour y produire des concerts et des festivals de théâtre ou de chant choral.
10 Remplir de vrai vin son architecture en forme de grand verre. •
20 { ÉTÉ 2017 } le festin
D. R. / Cl. Tourisme-Ville de Pessac / © Région Nouvelle-Aquitaine - Inventaire général, Michel Dubau, 2008 / cl. Maitetxu Etcheverria
1
1. Base sous-marine, Bordeaux 2. Moulin de Noès, Pessac 3. La place des Quinconces à Bordeaux 4. Fort Pâté, Médoc 5. Hangar 14, Bordeaux 6. Citadelle de Blaye 7. Quartier Mériadeck, Bordeaux 8. Rocher de la Vierge, Biarritz 9. Arènes de Dax et Bayonne 10. Cité du Vin, Bordeaux
végétation grimpante, la vouer aux ragondins en espérant qu’ils parviendront à la détruire, ériger en tout cas devant elle un monument à la mémoire des ouvriers qui y sont morts à la tâche, coulés dans le béton lors de sa construction.
en quelques mots Humaniste, écologiste, voyageuse, auteure et lectrice passionnée, Chantal Detcherry est diplômée d’histoire de l’art et de langue et littérature française. Docteur ès lettres, elle enseigne la littérature aux étudiants étrangers à l’université Bordeaux-Montaigne. Ses nombreux séjours en Asie (surtout en Inde, au Tibet et au Népal) et en Afrique imprègnent son écriture, mais c’est son attachement au vignoble du Blayais, près de l’estuaire de la Gironde, qui reste le sujet principal de ses écrits, à l’instar de son Sentiment de l’Estuaire, un va-et-vient poétique entre passé et présent au cœur d’une Gironde rêveuse, paru au Festin ce printemps.
en les appliquant à la liste de monuments ci-dessous :
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L’UNIVERS DU festin Revue, livres, hors-série : à chaque saison ses nouveautés, ses rencontres et ses événements, à domicile ou hors les murs.
Le Festin, 176 rue Achard, Bordeaux-Bacalan Tram B Station New-York T. 05 56 69 72 46
Dates, horaires et informations complémentaires à suivre sur www.lefestin.net et les réseaux sociaux.
PRÉSENTATIONS 10e anniversaire de l’inscription Unesco.
Rencontre
Le 22 juin à 17 h 30 Les rendez-vous du Festin à la Bibliothèque de Bordeaux En route pour la 3e édition de cette rencontre trimestrielle accueillie par la Bibliothèque Mériadeck, cette fois-ci pour échanger autour des contenus du numéro estival de la revue, en présence de l’équipe.
Coup double à l’occasion du 10e anniversaire de l’inscription Unesco, le mardi 27 juin, le Festin présente son nouveau guide : Bordeaux, Patrimoine mondial de l’Unesco lors du vernissage de l’exposition photographique « Port de la lune / Unesco : 10 ans, 10 regards » au Centre d’Interprétation de l’architecture et du patrimoine de Bordeaux (CIAP). Prenez le train en marche le 1er juillet, direction les Archives Bordeaux Métropole pour l’inauguration de l’exposition « Bordeaux et la folie du chemin de fer » (visible jusqu’en avril 2018). Une belle découverte de la vie du rail, à compléter par la lecture du livre éponyme que Le Festin édite à cette occasion.
Bègles plage.
Le 5 juillet, rejoigneznous autour d’un verre pour une présentation de Gironde, terre d’évasion : architectures et sites de loisirs, cinquième volume de notre collaboration avec le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de la Gironde.
Exposition « Bordeaux et la folie du chemin de fer » aux Archives Bordeaux Métropole.
Rendez-vous incontournable du début d’été : sous le soleil d’Hossegor, le salon du livre accueille sur un vaste stand les productions du Festin, du 7 au 9 juillet.
Qu’il fait bon de (re)découvrir le Bassin ! Vous avez le choix de la rive pour fêter avec nous la toute nouvelle édition de notre hors-série Le Bassin d’Arcachon en 101 sites et monuments : > le 11 juillet au Cap-Ferret pour une présentation, les pieds dans l’eau (et l’eau à bouche, grâce aux huîtres des Parcs de l’Impératrice servies pour l’occasion par Joël Dupuch), > le 12 juillet à Arcachon, au sein du sublime Hôtel Ville-d’Hiver qui domine la ville.
32 { ÉTÉ 2017 } le festin
PARUTIONS ESTIVALES Enrichissez votre été avec nos livres : en remontant le fleuve avec Adour de Serge Airoldi, chroniques personnelles d’un cours d’eau silencieux, en redécouvrant L’Élève Gilles d’André Lafon, un des plus sublimes romans sur l’adolescence porté aux nues par Mauriac, en partant à la découverte des Mauvais lieux de Paris avec Ange Bastiani, en visitant Lascaux avec notre hors-série sur Lascaux, Centre International de l’Art Pariétal ou en vous baladant à travers les promenades fleuries proposées par Philippe Prévôt dans son guide Bordeaux Jardins.
Cl. Jean-Claude Garcia / © Archives Bordeaux Métropole / © CAUE de la Gironde – Cl. Christine Otharan
Un hors-série, un bassin, deux possibilités