Le Festin - Extraits de lecture (juin2016)

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EXTRAITS DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #95 (automne 2015) > FESTIN #96 (hiver 2015) > FESTIN #97 (printemps 2016) > FESTIN #98 (été 2016)

DÉCOUVREZ LA NOUVELLE FORMULE


/ Feuilletage

CARTE D’IDENTITÉ

LES FESTIVALS DE SPECTACLE VIVANT

Présentation graphique et chiffrée d’un événement, d’un lieu ou d’une institution culturelle.

POUR EN SAVOIR PLUS L’Office artistique de la Région Aquitaine oara.fr L’A – Agence culturelle du Poitou-Charentes culture-poitoucharentes.fr La plate-forme culturelle régionale en Limousin culture-en-limousin.fr

Répartition par territoire des festivals du spectacle vivant (2015)

de la grande région : Fréquentation totale 2015, gratuite et payante

plus grand festival de France

52%

19% 5 201 en

Le festival des

68 000

4 Reggae Sun Ska (Pessac, Talence, Gradignan, 33) 48 000 5 Musicalarue (Luxey, 40) 31 000 6 Cognac Blues Passions (Cognac, 16) 24 300 7 Au fil du son (Civray, 86)

JEUNE PUBLIC

Le festival dédié au le plus fréquenté en grande région : La Tête dans les Nuages, Angoulême (16). La 19e édition a eu lieu du 12 au 19 mars 2016.

LIMOUSIN

FRANCOPHONIES en Limousin (Limoges, 87) est la référence nationale dans son domaine. La 33e édition a lieu du 21 septembre au 1er octobre 2016.

17 660

Le festival du

CIRQUE DE CRÉATION

Poitiers

Les festivals de

MUSIQUE CLASSIQUE

La Rochelle

1

Civray

les plus identifiés en grande région : Le festival du Périgord Noir, Montignac (24). La 34e édition a lieu du •

7 Limoges

6Cognac

Saintes

La Route du Sirque, à Nexon (86) est une référence nationale dans son domaine. L’édition 2016 a lieu du 5 au 12 août. Nexon

Les festivals des

Angoulême

27 juillet au 30 septembre 2016. • Le festival de Saintes (17). La 44e édition a lieu du 8 au 16 juillet 2016.

Libourne

Bordeaux Pessac Talence Gradignan

Sarlat

4

2

se déroulent dans des villes de moins de 10 000 habitants.

les plus identifiés en Aquitaine : •

Fest’Arts, Libourne (33). Création : 1993.

La 25e édition a lieu les 4, 5 et 6 août 2016. •

Marmande

5 Luxey

6 festivals sur 10

ARTS DE LA RUE

Périgueux Montignac

Agen

2e

Mimos, Périgueux (24). Création : 1983. festival du mime après celui de Londres. La 34e édition a lieu du 24 au 30 juillet 2016.

3

Le festival le

Biarritz

Musicalarue, à Luxey Cette commune de 650 habitants accueille en été plus de 30 000 festivaliers.

Pau Fréquentation totale gratuite et payante

15 000

100 000

du festival a lieu du 18 juillet au 3 août 2016.

DANSE

Le festival de le plus fréquenté : Le Temps d’aimer, Biarritz (64). Environ 22 000 spectateurs en 2015. Création : 1990. La 26e édition a lieu du 9 au 18 septembre 2016.

6 { ÉTÉ 2016 } le festin

+ ancien

Le festival des jeux du théâtre de Sarlat (24) fut créé en 1952, ce qui en fait le plus ancien du genre après le festival d’Avignon. La 65e édition

Nombre de festivals de

musiques actuelles

par saison dans la grande région

4

32

98

22

HIVER

PRINTEMPS

ÉTÉ

AUTOMNE

Source : L’A – Agence culturelle du Poitou-Charentes (recension 2016 en cours d’enrichissement) / Source : telerama.fr / Source : OARA – Ville de Libourne – Ville de Périgueux / Source : Sud-Ouest / Ville de Biarritz / Source : SACEM

(1er : Les Vieilles Charrues, Carhaix, 29)

POITOUCHARENTES

29%

AQUITAINE

1 Francofolies (La Rochelle, 17) 110 000 2 Garorock (Marmande, 47) 80 000 3 Big Festival (Biarritz, 64)

Les Francofolies de La Rochelle

rande régi on ag sl

Les plus gros festivals de

MUSIQUES ACTUELLES 7e

TIVALS dan ES

380 F

Aperçu en données de la richesse de la programmation dans la grande région.


SOMMAIRE # 98 ÉTÉ 2016

56 \\ ÉCHAPPÉES 40

EYRIGNAC VISIONS POÉTIQUES par Hervé Brunaux Dordogne

40 48

\ FEUILLETAGE

COGNAC LA MAISON HENNESSY par Serge Sanchez Charente

4 TEMPS FORTS 6 CARTE D’IDENTITÉ

56 MICHEL PÉTUAUD-LÉTANG 50 ANS DE VILLAS SUR LE BASSIN

8 EXPOSITIONS 12 ŒUVRES EN STOCK

par Marc Saboya Gironde

14 SCÈNES 16 LIVRES

64 GUÉTHARY

L’ÉCLAT DE L’ÉTERNEL ÉTÉ

18 ÉCRAN TOTAL

par Jacques Battesti Pays basque

20 QUESTIONNAIRE E Olivier Bleys Cl. Jean-François Trimège / Cl. Dominique Le Lann / Cl. Nicolas Mollo / Cl. Jérémie Buchholtz / © Ségolène Brossette Galerie, Paris

22 LES CARNETS DE L’INVENTAIRE

74

24 MONUMENTS D’AQUITAINE

par Hélène Saule-Sorbé Béarn

26 L’EXPLORATEUR MÉTROPOLITAIN 28 TÊTES À TÊTES

ARTOUSTE LA VOIE DES CIMES

82

32 L’INVITÉ Pascal Nibaudeau

LES FABULEUX MÉCÈNES DE L’ÎLE D’AIX par Serge Sanchez Charente-Maritime

35 L’AUTRE INVITÉ Emmanuel Gonçalvez 38 L’UNIVERS DU FESTIN

90

RAVIGNAN SECRETS DE FAMILLE

64 \\\ DÉTOURS 110 ÉVÉNEMENT Art contemporain à Libourne 118 L’ÎLE AUX TRÉSORS 120 BULLES DE SALON 123 GRAPHISME 124 HUMOUR

110

par Sylvain Lapique Landes

32

96

GAUME LES BÂTISSEURS DU PYLA par Bertrand Charneau Gironde

104

MONFLANQUIN LE MOYEN ÂGE EN SPECTACLE par Patrick Fraysse Lot-et-Garonne

le festin { ÉTÉ 2016 } 3


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EXPOS

4 Ingrid Siliakus,

Chrysler Building, États-Unis, 2010.

2 Hélène

1

Feillet, portrait de Charlotte Lopez de Léon en 1862, à l’époque de son mariage avec le Dr Camille Delvaille.

Fernando Costa, Fin de chantier, 2010.

BAYONNE BIARRITZ

1 Costa sur les pas de César

Jusqu’au 24 janvier Crypte Sainte-Eugénie Place Sainte-Eugénie T. 05 59 24 67 93

8 { HIVER 2016 } le festin

pionnières

AGEN

Nées à Paris, Hélène et Blanche Feillet réalisèrent pourtant la majeure partie de leur œuvre entre Bayonne et Bilbao. Elles sont à l’origine des premières images touristiques du Pays basque, publiées par l’époux de Blanche, Charles Hennebutte, éditeur bayonnais à l’origine d’une collection de guides de voyage. L’accrochage présente leur vision d’un Pays basque intemporel ou moderne, via leurs portraits de la société bourgeoise du XIXe siècle.

3 Métallo-textile,

Jusqu’au 31 janvier Musée Basque et de l’histoire de Bayonne 37, quai des Corsaires T. 05 59 59 08 98 musee-basque.com

Du 17 décembre au 5 février Entrée libre Centre culturel André-Malraux Rue Ledru-Rollin T. 05 53 66 54 92 agen.fr

les retrouvailles Ils évoluent de leur côté depuis 15 ans : Natalie Magnin (textile) et David Vanorbeek (métal) associent leurs talents pour une exposition hybride, basée sur la récupération, le recyclage des matières et la recherche d’un équilibre organique entre tissus imprimés, laine feutrée, objets ou pièces de métal patinés, offrant en creux une interprétation inspirée de l’équilibre naturel.

PAU & ANGLET

PAU

4 Architectures

5 Faste nuptial

de papier

Le 25 novembre 1615, Louis XIII et Anne d’Autriche, ainsi qu’Élisabeth de France et Philippe IV d’Espagne, recevaient la bénédiction nuptiale en la cathédrale de Bordeaux. Deux mois durant, la cour connut des festivités dont témoignent ouvrages imprimés, estampes et médailles. En parallèle, les photographies réalisées par Didier Sorbé retracent l’itinéraire croisé des deux princesses, de part et d’autre des Pyrénées.

L’origami et autres découpages ouvrent le domaine de l’architecture au grand public par le biais ludique du papier : cette exposition-atelier plonge ses visiteurs dans un paysage fragile de reproductions de bâtiments emblématiques et de villes fantasmagoriques, issues de l’imagination de quatre artistes d’horizons divers. Des interprétations qui réaffirment la place de l’architecture dans la création contemporaine. Du 8 janvier au 13 février au Pavillon des Arts de Pau Du 20 février au 30 mars à la galerie Georges Pompidou de la bibliothèque Quintaou d’Anglet

« De Burgos à Bordeaux : regards sur les mariages royaux de 1615 » Jusqu’au 28 février Château de Pau 2, rue du Château T. 05 59 82 38 00 chateau-pau.fr

1 © Fernando Costa / 4 © Ingrid Siliakus / 5 © Musée basque et de l’histoire de Bayonne

C’est après avoir contemplé l’œuvre de César, son guide dans le monde artistique, à la crypte Sainte-Eugénie que Fernando Costa a souhaité y exposer un jour. Dix ans plus tard, le projet se concrétise : ce lieu unique accueille 12 monochromes ainsi qu’une pièce immense et inédite, Gernika, de cet adepte des matériaux de récupération, dont le travail se situe au carrefour du pop art, du street art et du nouveau réalisme.

2 Peintres


Feuilletage /

8

6

Olivier Vadrot, Laptop fire, 2009, collection Frac Aquitaine.

Juan Manuel Echavarría, Silencio Político, Montes de Maria, Colombie, 2013.

7

Jacques Poli, Mouche, 1978.

BORDEAUX

6 Colombie,

6 © Juan Manuel Echavarría / 7 © Jacques Poli / 8 © Olivier Vadrot – Cl. Jean-Christophe Garcia

revue de guerre Deux ans durant, l’artiste plasticien Juan Manuel Echavarría a proposé à des acteurs de la guerre en Colombie de participer à des ateliers de peinture afin de restituer, au moyen de l’art, leur expérience et de restaurer une mémoire collective reniée. En complément, le Rocher de Palmer accueille, jusqu’au 29 janvier, une exposition photographique consacrée aux EmberáChami, peuple amérindien de Colombie. Jusqu’au 6 mars Musée d’Aquitaine 20, cours Pasteur T. 05 56 01 51 00 www.musee-aquitaine-bordeaux.fr

MONT-DE-MARSAN EYSINES

7 Jacques Poli

NONTRON

D’abord associé au mouvement de la Figuration narrative, Jacques Poli a ensuite suivi son propre chemin de création. Il se concentre sur la représentation de l’objet, usant de techniques très variées pour donner à voir de vastes séries thématiques : « Outils », « Boulons », « Machines », mais aussi « Perruches » ou « Cages » peuplent les murs du château Lescombes cet hiver.

8 Partage

Du 13 janvier au 13 mars Centre d’art contemporain château Lescombes 198, avenue du Taillan-Médoc T. 05 56 28 69 05 eysines-culture.fr

d’intime Entre design, arts plastiques et métiers d’art, des pièces emblématiques et de récentes acquisitions du Frac Aquitaine explorent les thèmes de l’intime et du collectif. Un projet inédit, conçu à la fois par les équipes du Frac Aquitaine, du Pôle expérimental et les professionnels des métiers d’art. Du 23 janvier au 19 mars Pôle expérimental des métiers d’art de Nontron et du Périgord-Limousin 15, avenue du Général-Leclerc T. 05 53 60 50 77 www.metiersdartperigord.fr

BILLÈRE

9 Vincent Perrottet La galerie du Bel Ordinaire accueille la collection du graphiste Vincent Perrottet, constituée ces trente dernières années : plus de 200 affiches et objets d’édition qui font la diversité et la richesse de la création graphique contemporaine. À voir également jusqu’au 30 janvier, Mind Walk III présente les travaux originaux du typographe Karl Nawrot. Du 13 janvier au 26 mars Le Bel Ordinaire Les Abattoirs, allée Montesquieu T. 05 59 72 25 85

10 Charles Despiau (1874-1946) Œuvres graphiques À l’occasion du 70e anniversaire de la mort de Charles Despiau, le musée Despiau-Wlérick offre une rétrospective de l’œuvre du chef de file des sculpteurs indépendants, qui fut surtout reconnu à l’étranger. En outre, le musée prépare un ouvrage de référence, à paraître aux éditions Atlantica. Du 23 janvier au 30 avril Musée Despiau-Wlérick 6, place Marguerite-de-Navarre T. 05 58 75 00 45 montdemarsan.fr

le festin { HIVER 2016 } 9


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SCÈNES 10

BASSIN D’ARCACHON, VAL DE L’EYRE

1 Les escapades musicales Pour sa 7e édition, ce rendez-vous musical international conjugue encore une fois beauté des sites et concerts d’exception. Quinze soirées pour redécouvrir en musique les vestiges gallo-romains d’Andernos-lesBains, les châteaux de Ruat et de Salles, la villa Téthys… Au programme, Philippe Bianconi, le plus « américain » des pianistes français, le violon incandescent d’Alexis Cardenas, la voix de Nicolas Rivenq dans le somptueux « Voyage d’Hiver », la guitare de Thibault Cauvin, le claveciniste Kenneth Weiss, et les habituels complices du festival à l’instar de l’Orchestre de chambre de Toulouse et l’Orchestre de l’Alliance et ses solistes, Jacques Charpentier et le Groupe Vocal Arpège… Du 23 juin au 22 juillet T. 05 56 22 40 72 lesescapadesmusicales.com

En partenariat avec l’Office artistique de la Région Aquitaine.

MARMANDE

2 Garorock Pour célébrer son 20e anniversaire, le festival rock des bords de Garonne voit grand, voire très grand avec une ouverture anticipée le jeudi soir qui devrait rassembler plus de 30 000 spectateurs devant le géant du rock britannique Muse ! Les trois autres soirées sur la plaine de la Filhole ne sont pas en reste, avec une programmation résolument internationale qui devrait permettre de battre tous les records de fréquentation : Disclosure, Ratatat, Flume, Jamie XX et M83… La touche française est apportée par Deluxe, les « Houellebecq du dancefloor » Odezenne et les Agenais AAA. Pour le repos, les festivaliers disposent d’un camping géant de 20 000 places avec hébergements atypiques

LA ROCHELLE

3 Les Francofolies Depuis 1985, le festival imaginé par le regretté Jean-Louis Foulquier est le phare de la chanson française. Si les artistes les plus renommés y sont les bienvenus, les talents émergents y sont choyés grâce au dispositif Le Chantier. Osez donc la curiosité des salles intimistes pour découvrir la relève. Sur les grandes scènes se succèdent notamment Louise Attaque, Ibrahim Maalouf, Nekfeu, Dionysos, Feu! Chatterton, Jeanne Added, Miossec, Lou Doillon etc., pour n’en citer que quelques-uns. De quoi ne pas se trouver en mal de notes, et garanti sans mal de mer ! Du 13 au 17 juillet T. 05 46 41 14 68 francofolies.fr

Du 30 juin au 3 juillet Plaine de la Filhole T. 05 53 64 44 44 garorock.com

Les Escapades musicales à la cabane du Mimbeau, en 2014.

La chanteuse américaine Pura Fé, aux racines indiennes tuscaroca, propose ses rythmes métis à l’Errobiko Festibala d’Itxassou.

ITXASSOU

5 Errobiko Festibala BISCARROSSE

4 Rue des Étoiles Dans un cadre idyllique, sur une esplanade engazonnée au bord du lac sud de Biscarrosse, ce festival champêtre invite à découvrir le monde magique du cirque contemporain. Il propose une programmation à partager en famille, qui séduit de nombreux autochtones et les premiers vacanciers de l’été. Pour cette 19e édition, on appréciera sous chapiteau les compagnies Akoreacro, Ozigno, Lefeuvre & André et Ap’Nez et, en extérieur, le collectif La Bascule et la compagnie Née d’un doute. D’autres surprises ajoutent à l’intérêt d’une manifestation à la convivialité débordante grâce à l’engagement de dizaines de bénévoles autour du directeur artistique Jean-Marc Hélies.

14 { ÉTÉ 2016 } le festin

Du 21 au 23 juillet T. 06 33 72 55 53 errobikofestibala.fr

1 © NK / 5 © Tim Duffy

Du 15 au 18 juillet 1500, avenue Latécoère T. 05 58 78 82 82 crabb.fr

Au pied d’Artzamendi et d’Arranomendi – car le paysage est protagoniste à part entière de cette utopie rurale –, Beñat Achiary offre une parenthèse artistique qui se distingue des nombreuses manifestations estivales consuméristes. Trois soirées autour de thèmes spécifiques (« Et bien dansez maintenant », « Sauvage Amérique, Amérique sauvage » et « Les tambours de la mémoire ») permettent de confronter la culture d’Ici à celle venue d’Ailleurs. On entendra ainsi le Réunionnais Danyel Waro et Pura Fé, chanteuse américaine dont la musique est un melting-pot directement connecté à ses racines indiennes tuscarora.


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PÉRIGUEUX

6 Mimos Peu importe le mime, pourvu qu’il y ait le corps… Sans mots mais pas sans discours, 45 compagnies venues du monde entier métamorphosent Périgueux, ses salles, ses rues et ses jardins avec des propositions artistiques d’une incroyable diversité. Les éléments étant le fil rouge de cette nouvelle édition, tout commencera en bord de l’Isle avec les joutes enflammées de la compagnie Ilotopie. Flammes encore avec la compagnie Bilbobasso pour une rencontre inédite entre tango et arts du feu, quand d’autres défieront les airs à l’instar du collectif aquitain AOC. Un Off toujours plus dense, un mim’O Bar et les rencontres quotidiennes et matinales avec les artistes ajoutent à l’incandescence de cette 34e édition. Du 25 au 30 juillet T. 05 53 53 18 71 mimos.fr

La Foulée, La compagnie D’OCCASION Danse # Paysages, trio de danseurs/performeurs, figure parmi les 45 compagnies internationales conviées au festival des arts du mime et du geste Mimos de Périgueux.

LIBOURNE

7 Fest’arts

LUXEY

C’est LE rendez-vous des arts de la rue de la région ALPC avec Coup de Chauffe, à Cognac. Le festival a 25 ans, mais sa nouvelle directrice Stéphanie Bulteau signe sa première programmation. Coup d’essai, coup de maîtresse… Moins foisonnante mais plus cohérente, la ligne artistique est d’excellente facture, avec des spectacles travaillés sur place pendant la saison et d’autres qui franchissent les frontières comme les artistes d’Euskadi dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec l’Institut Etxepare – département de la Culture du gouvernement basque espagnol. Plus proches, les Aquitains Yma, La Grosse Situation et Le Petit Théâtre de Pain réjouissent la foule quand Michel Macias la fait danser avec son accordéon. Festif Fest’arts !

Chaque été depuis 27 ans autour du 15 août, le miracle opère. Le paisible village landais de 700 habitants se métamorphose en Woodstock des bois pour accueillir 30 000 spectateurs, avec une riche programmation artistique. Treize scènes en plein air et la belle salle La Cigale récemment inaugurée servent d’écrin aux 70 groupes et compagnies invités. Louise Attaque, Emir Kusturica and The No Smoking Orchestra, The Inspector Cluzo et Doc Gyneco donneront le ton d’une édition enrichie de nombreux spectacles de rue. La petite fête locale originelle entre copains a bien tourné ! Grandir sans grossir, c’est ça le miracle au pays du bien vivre…

Du 4 au 6 août T. 05 57 74 13 14 www.festarts.com

8 Musicalarue

Du 12 au 14 août T. 05 58 08 05 14 www.musicalarue.com

Tous les arts de la rue sont à Libourne. Ici Sodade par le Cirque Rouages.

Le corps du Ballet national de Marseille se produit à Biarritz, dans le cadre du festival Le Temps d’Aimer.

BIARRITZ UZESTE

6 © Chrystophe Vergnaud / 7 © E+N / 10 © D. R.

9 Hestejada de las arts Déjà 39 éditions pour la « manifestivité poïélitique d’Occitanie océanique » imaginée par les artistes œuvriers créateurs de la compagnie Lubat de Jazzcogne (chercheurs d’art à l’air libre). Près des bois mais jamais dans la langue de bois, les artistes prennent la scène et la parole dans un charivari permanent où politique et culture ne font qu’un. On y pense, on y tchatche, on y danse et on y entend le meilleur de la musique. Louis Sclavis, Didier Lockwood, François Corneloup, Michel Portal, Michel Etchecopar, Kristof Hiriart, Lubat père et fils, et bien d’autres, seront de cette nouvelle épopée « mondialement » reconnue pour la singularité de ses « transartisticités ».

10 Le Temps d’Aimer Dix jours de festival, ça laisse… Le Temps d’Aimer les danseurs venus du monde entier. Une vingtaine de spectacles, des scènes ouvertes pour les amateurs, la traditionnelle « gigabarre » sur le front de mer et un cadre incomparable font de ce temps fort un incontournable de la fin de l’été. Si le directeur artistique Thierry Malandain cultive un éclectisme de bon aloi, on relève dans cette 26e édition une inclination pour le hip-hop, avec l’accueil des trois chorégraphes les plus remarqués de la région ALPC : Kader Attou, Anthony Egea et Hamid Ben Mahi présentent leur dernière création respective, Opus 14, Les Forains et Toyi Toyi. Du 9 au 18 septembre T. 05 59 22 03 02 letempsdaimer.com

Du 13 au 20 août T. 05 56 25 38 46 uzeste.org

le festin { ÉTÉ 2016 } 15


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LIVRES

« Il y a la littérature certes. Est-elle suffisante pour surmonter les catastrophes ? Est-elle apte à rendre plus supportables les misères d’une existence ? » Jean-Paul Kauffmann

Je suis le sang Ludovic Lamarque, Pierre Portrait Les Moutons électriques éd., 256 p., 19,90 €.

Et si les crimes atroces de Jack l’Éventreur étaient l’inspiration souterraine et essentielle du Dracula de Bram Stoker ? Voilà l’angle audacieux de Je suis le sang, un roman qui ne s’essaye pas à spéculer sur l’identité du tueur iconique de l’East End, mais désigne très rapidement le coupable pour couper court à tout suspense. L’enjeu tient ici dans le rapport ambigu et obsessionnel que le tueur de White Chapel a exercé sur ses contemporains, dans un jeu de fascinationrépulsion que va s’ingénier à transcender Bram Stoker en imaginant son immortel vampire. Avec un luxe de détails et une description étouffante d’un East End miséreux, ce thriller subtil s’emploie à décrire la collusion entre deux mondes que tout semble opposer. À travers la relation complaisante entre Bram et Jack se dessine toute l’hypocrisie d’une société farouchement inégalitaire où « le goût du sang est le seul lien que riches et pauvres partagent ». NT 16 { ÉTÉ 2016 } le festin

Bordeaux 2175 Sophie de Keremperec éd. Curiosités Design, 272 p., 20 €.

L’Art de la marche Olivier Bleys

Pour son premier roman, Sophie de Kerempenec n’a pas choisi la facilité, puisque son récit évolue en genres variés, voire en eaux troubles. La trame de Bordeaux 2175 est en effet celle d’un policier, mâtinée de science-fiction, le tout ne manquant pas de fantaisie (ni de gourmandise, le livre étant livré recettes de cuisine incluses). À l’encontre des prévisions climatiques les plus rassurantes, le futur sera polaire ou ne sera pas. Mais à l’humeur noire d’un Hervé Le Corre, par exemple, l’auteure privilégie l’humour loufoque pour décrire le Bordeaux d’aprèsdemain, où une partie des habitants vit recluse dans des bulles souterraines en compagnie d’animaux mutants, de dronesà-tout-faire et de gadgets indispensables. Passionnée d’objets d’art, Sophie de Kerempenec ne manque pas non plus d’autodérision : elle choisit dès les premières pages de faire mourir… une antiquaire. Disparaître, pour mieux réapparaître, le sourire aux lèvres.

Albin Michel, 240 p., 16 €.

XAVIER MARGUERITAIN

Marcher fait penser… et inversement. Olivier Bleys, auteur d’une trentaine d’ouvrages, est aussi un arpenteur émérite, qui a passé une bonne partie de son enfance à vagabonder à travers les cartes de géographie ou en faisant tournoyer les mappemondes. Mais, plutôt que marin au long cours ou spationaute illuminé, il a choisi d’écrire et de faire pérégriner à sa place des personnages de fiction. Les apparences étant toujours trompeuses, et pour peu que l’on ait déjà goûté à sa littérature, dense, foisonnante et inspirée, on ne s’étonnera guère de le retrouver cette fois en bon chemin sur les routes d’Europe, destination le Levant, objectif tour du monde. De Pampelune (après un préambule bordelais où il réside) à Miskolc (Hongrie), l’écrivainvoyageur décrit ce qu’il observe, ressent, voit, perçoit, d’une ville à l’autre, d’une route goudronnée à un chemin de traverse, les instants fragiles comme les puissantes exaltations. On le suit, eyes wide shut.

Outre-terre Jean-Paul Kauffmann

Cinq nuances de pirates Jean-Luc Coudray

éd. Les Équateurs, 332 p., 21,90 €.

éd. Zéraq, 128 p., 16 €.

De Courlande à Königsberg, Jean-Paul Kauffmann poursuit son exploration des confins (longer la Marne en est un aspect ), les siens et ceux de l’Histoire, dans des récits où le Je assumé transforme en quête une enquête. Avec Outreterre, il revient sur les traces de la plus grande boucherie de l’épopée napoléonienne, cette bataille d’Eylau dont chaque camp célébra la victoire pour en nier le désastre et l’inutilité. L’auteur n’aime rien tant que les fantômes, et celui du Colonel Chabert que Balzac fit ressurgir d’entre les morts de cette journée infernale, le guide dans ses recherches et ses rencontres, malgré et avec sa famille parfois goguenarde, parfois médusée par une telle obstination à fouler des terres couleur de neige. Les thuriféraires de l’autofiction sans objet n’ont qu’à bien se tenir, Kauffmann impose sa voix unique. DV

C’est parce que l’on en sait peu sur ces pirates que Jean-Luc Coudray les réinvente avec délectation, nous offrant dans ce recueil édité par Zéraq, une jeune maison bordelaise à l’ADN italien, cinq parcours depuis l’Antiquité dont celui d’une femme, Avilda de Gotland, pour pimenter de féminisme ces portraits écrits au sabre d’assaut, et jusqu’aux inattendues Brigades Rouges. Cruels, stupides, bornés mais parfois inspirés, sublimes ou touchants, ces boucaniers inventèrent chacun une contestation vouée à l’échec qui permet à l’intarissable Coudray, chasseur de paradoxes, de donner libre cours à sa rhétorique spéculative et poilante. Une mention spéciale pour Dimitri le Monstri, ravageur du Médoc au xviie siècle, qui transforma la Gironde en estuaire infréquentable pendant une décennie magnifique. DV


Feuilletage /

Trésors baroques en Périgord Olivier Geneste éd. Rencontre avec le patrimoine religieux, 272 p., 45 €.

Le style baroque se développe de la fin du xvie siècle au début du xviiie siècle et se situe entre le maniérisme et le rococo. Contrairement aux idées reçues, la Dordogne, « pays des mille châteaux », présente un très riche éventail de pièces et décors de cette période qui s’exprime très essentiellement dans l’art religieux. Réalisé par Olivier Geneste à partir d’un inventaire quasi exhaustif et de sa thèse de doctorat, accompagné d’un ensemble iconographique de très belle facture, cet ouvrage présente des trésors insoupçonnés, d’une beauté parfois confondante. À la présentation du contexte, des principaux artistes et ateliers qui sont intervenus en Périgord et des influences qui s’y sont exprimées, succède une quarantaine de développements monographiques invitant à un voyage aussi inattendu que passionnant dans la géographie, dans le temps et dans les formes.

« Dans le patio, cette nuit, une rose se mourait parce qu’un œillet ne l’aimait pas. »

Le flamenco dans le texte, grand chant et poésie populaire Mario Bois

Chez Mauriac à Malagar Claude Froidmont éd. Les Impressions nouvelles, 240 p., 18 €.

« François Mauriac, c’était le mentor idéal, le grantécrivain par excellence et, si rien ne m’y prédisposait vraiment, j’avais tout quitté de ma propre existence pour venir partager quelques bribes de la sienne. »

éd. Atlantica, 288 p., 21,90 €.

le festin { ÉTÉ 2016 } 17


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TÊTES À TÊTES Portraits de ceux qui font vivre la culture en Aquitaine. Des talents à suivre…

Pascale RousseauDewambrechies est un caméléon. Née en 1953 en Allemagne, où son père était stationné, elle arrête Sciences-Po Bordeaux pour étudier le théâtre au Cours Simon, à Paris. Elle passe ensuite le concours de professeur de collège et enseigne au Grand-Parc avant de bifurquer – radicalement – vers l’industrie pharmaceutique, comme déléguée médicale. Une carrière de 18 ans qui la voit monter en grade, jusqu’à se voir proposer en 1998 un poste à responsabilité nécessitant de nombreux allers-retours aux États-Unis. En accord avec sa famille, cette mère de deux jeunes filles démissionne alors pour se lancer dans le tourisme viti-vinicole, sous les auspices de son mari négociant. Nouveau changement de cap à l’orée des années 2010 : elle écrit un roman mais se heurte aux refus des éditeurs. Elle, que l’écriture travaille depuis l’enfance, ouvre en 2011 un blog spécialisé dans le cinéma qui connaît un vif succès. Elle y critique les sorties et suit les festivals. Chantal Detcherry, une amie écrivaine, lui donne en 2013 l’idée de réécrire son roman à la 1re personne : L’Effacement paraît

Camille Lavaud

Enfant, accompagnait parfois son grand-père sur les routes de Dordogne. Immigré espagnol fuyant la dictature, il s’était fait bibliothécaire ambulant, sillonnant le département au gré des prêts et des retours. Cette histoire, elle en ferait quelque chose, s’était-elle promis, en utilisant un talent naissant, le dessin, discipline qui l’a naturellement conduite jusqu’au DNSEP* des Beaux-Arts de Bordeaux, ville où elle travaille toujours.

en 2014 et remporte plusieurs prix. En 2015, elle endosse la charge de présidente du comité Bordeaux-Atlantique de la Fondation de France et engage un programme de soutien d’initiatives locales dans le Nord-Gironde. Ce qui ne l’empêche pas de travailler à un nouveau roman et à un livre sur l’histoire de sa maison de Mérignac, un bijou architectural nommé Capeyron-Blanc*. DG fondationdefrance.org * Voir Dominique Dussol, « Villas », le festin n° 91, spécial Art déco, automne 2014, p. 109.

Lorsqu’elle dessine pour un article de M, le magazine du Monde, pour la revue XXI ou le New Yorker, elle prend le temps de creuser minutieusement son sujet, avant de l’illustrer. L’année 2015 fut largement employée à la réalisation de pièces destinées au lycée des métiers Hélène Duc, à Bergerac. Avec Zébra3 à la maîtrise d’œuvre, elle y a produit une fresque de 19 m mettant en scène les élèves au travail, imprimée sur 7 éléments en verre, et des plaques émaillées pour chaque section de l’établissement. Puis elle a enchaîné sur une résidence au Chalet Mauriac, à Saint-Symphorien, pour créer un court-métrage d’animation autour de Roland Barthes. Une expérience passionnante, qui l’a amenée à côtoyer des écrivains et des scénaristes, dans les décors du Thérèse Desqueyroux de Georges Franju. Pour 2016, Camille Lavaud finalise Le Consortium des prairies, recueil d’affiches de polars imaginaires, trempées dans les années 1950. Puis elle s’en retournera dans le Périgord Pourpre,

camillelavaud.com * Diplôme national supérieur d’expression plastique.

26 { PRINTEMPS 2016 } le festin

© D. R. / © Danièle Caillau

« une région magnifique, très inspirante », qu’elle rêve de croquer. DAMIEN GOUTEUX


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Les vins du Diplomate, c’est d’abord l’histoire de deux inséparables amis bordelais

Antoine Sottas Quentin Vallet

de 24 et 25 ans, et . Nés le même jour, à un an d’écart, ils se rencontrent au collège et rêvent bientôt de monter un projet commercial ensemble. Ils échafaudent de nombreux plans qui finissent par aboutir à une idée : proposer le cadeau ou le souvenir idéal, alliant les deux plus grands atouts de Bordeaux : son patrimoine et son vin. En avril 2015, ils franchissent le Rubicon et, avec l’aide de la Chambre de commerce et d’industrie et de la Caisse sociale de développement local, ils fondent leur entreprise. Son nom rend hommage à Kenelm Digby, Anglais aux multiples vies, diplomate et inventeur de la bouteille que nous connaissons tous. Les leurs s’ornent d’une étiquette dessinée par l’artiste Patrick Amblevert, qui représente en une ronde les plus beaux monuments de la ville. Le vin, lui, se décline en rouge, rosé et blanc, déniché avec goût chez des vignerons indépendants de la région. La formule semble prendre et les deux fondateurs rêvent déjà de l’étendre, avec une première incursion à Saint-Émilion prévue pour 2016. En septembre 2015, ils s’associent à la Fondation du Patrimoine, pour faire de leurs vins un « produit-partage ».

Sur chaque bouteille vendue, 0,10 centimes d’euro serviront à la restauration d’un monument historique local. Une manière, pour eux, de rendre à leur ville un peu de ce qu’elle leur a donné. DG le-diplomatefrance.com

Manon Merle

a été nommée en juillet 2015, à 28 ans, conservatrice de la bibliothèque de Dax. Elle entend bien réussir sa transformation en médiathèque à l’horizon 2018, mais cherche dès à présent à faire souffler un vent nouveau sur l’institution. Pour elle, « l’usager doit s’approprier la bibliothèque » qui tend à devenir un lieu de vie : ateliers de loisirs créatifs, possibilité de regarder un film ou de jouer à un jeu vidéo, seul ou à plusieurs, sont autant d’activités qui cohabitent en harmonie au sein de ces murs dédiés à la lecture et à l’étude. Quant à la collection, elle est « désherbée » : les titres abîmés, jamais empruntés ou périmés sont retirés pour mieux exposer le fonds restant et les nouveautés. Parmi celles-ci, des mangas ou des séries télé, très demandés par les utilisateurs dont la satisfaction est primordiale pour la jeune conservatrice. Avec son équipe de sept permanents, elle porte haut la

© Rémi Lamouret / © Serge Lafourcade

mission de « garantir à tous l’accès à la culture » des bibliothèques municipales, dépeignant un métier « très varié, avec ses aspects de gestion, de communication, de management et de développement de services ». Née à Villeneuve-d’Ascq, c’est grâce à son mari, originaire d’Azur, qu’elle découvre les Landes avant d’y venir travailler. Et c’est au courant d’Huchet qu’elle s’en va parfois apprécier tout l’agrément de sa nouvelle région. DG bibliotheque.dax.fr

le festin { PRINTEMPS 2016 } 27


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ARCHI

TECTURES

Eco Lodge Les Échasses, Saubion (40) PATRICK AROTCHAREN Sept bungalows édifiés sur des berges lacustres accompagnent la recréation d’un paysage landais, esquissant un dialogue intime avec la nature. En plein cœur des Landes, l’installation hôtelière s’inscrit dans un tableau paysager où l’intervention humaine dialogue avec la nature : l’architecture est ici une présence réfléchie, consciente de son impact sur le site à l’identité préservée. Transformé en un paysage de dunes auréolées de pins, le lac existant est désormais ourlé de sept bungalows nichés au centre de petites baies où s’établit un équilibre entre le repliement intime et l’inclination vers l’extérieur. Bâtis en pin et préfabriqués, ceux-ci se caractérisent par une écriture sensiblement prismatique dont les lignes incisives – que soulignent les nervures de la toiture zinguée – contrastent avec la rondeur des dunes et la linéarité de la canopée en arrière-plan. Posées au-dessus de l’eau

JULIE GIMBAL

Ce projet est lauréat du Prix national 2015 de la construction bois. Maîtrise d’ouvrage : SCI Terre Promise arotcharen-architecte.fr Livraison : 2015

© Mathieu Choiselat

22 { HIVER 2016 } le festin

dans laquelle elles se mirent, ces petites unités autonomes sont un moment du paysage et permettent à la nature de former un milieu continu. Différents cheminements serpentent entre les reliefs et, à travers la variété des perspectives offertes sur le site, confirment ce sentiment. En arrière-plan, deux logements, le restaurant et une structure métallique végétalisée développent un jeu de pliures comme levées par le vent, lointaine allusion aux tentes berbères. Les Échasses sont emblématiques du travail de l’architecte : loin de toute abstraction insignifiante, l’écriture rigoureuse des bâtiments répond tant aux conditions climatiques qu’aux besoins de ses occupants, évoquant en cela la philosophie de l’Australien Glenn Murcutt.


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Appartement duplex, Bayonne (64) INAKI NOBLIA Au sein d’un immeuble qu’il a conçu, Inaki Noblia transcende le volume régulier d’un appartement via l’expression d’un langage hybride qui interroge les notions d’identité et de mémoire. Modélisée en 3D avant d’être assemblée et sculptée par l’architecte lui-même, l’armature d’épicéa sectionne l’espace, soutient les charges et s’épanouit en lignes courbes où se lit la vérité du matériau. Cette poétique de l’espace repose sur une conscience directe et immédiate de l’art de bâtir, concrétisée dans le temps long. Pareille démarche s’apparente à une forme de combat contre les habitudes constructrices normalisées, dont l’action d’appauvrir le geste architectural est par là démasquée. Le débat sur l’actuel et l’inactuel est mis au ban, supplanté par la nécessité libre de créer un habitat identifié. JG inakinoblia.com Livraison : 2015

Maisons jumelles, Écoquartier du Séqué, Bayonne (64) DOMINIQUE LESBEGUERIS & ASSOCIÉS Sur la frange arborée de la ZAC du Séqué, ces maisons jumelles en légère suspension au-dessus du relief révèlent une architecture intelligemment accordée au climat, au lieu et au paysage. Dominique Lesbegueris offre une version presque organique de la notion du plan libre chère à Le Corbusier dont il reprend le système constructif dit DOM-INO : la trame des poteaux et plancher en béton est cerclée d’une paroi de pin, enveloppe ajustée au bâti où les fenêtres n’ont pas toujours place, évoluant au sud en écran perméable qui ménage des séquences de vues au cours des déplacements dans le patio. L’ouverture sur la frondaison végétale, l’intimité des habitants et les exigences BBC ont ainsi déterminé des volumes sculpturaux qui s’intègrent au sous-bois et dont la préfabrication a permis le montage in situ en moins d’une semaine. JG

© Inaki Noblia / © Lesbegueris & Associés / © Tartare Lab-Photo Aurélien Terrade / © Dauphins Architecturre

Livraison : 2014

Maison, Longarisse (33) TARTARE LAB À l’origine, la demande fut celle d’une grande maison à ossature bois. Au milieu des pins, Tartare Lab livre un objet sculptural de béton et de bois (61 m2) simplement posé sur un tapis de sable comme une addition de principes utiles. Car la perspective théorique de l’agence porte sur l’interprétation de l’habiter comme expérience corporelle et sens du lieu. Les architectes élaborent alors un dialogue avec propriétaire et artisans qui lie intimement la compréhension des formes à leurs usages. Il en découle un espace bioclimatique scindé en deux : au nord, des « murs habités » déterminent les espaces confidentiels signalés par de larges baies au principe inédit tandis qu’un ruban vitré au sud connecte l’espace de vie à la forêt environnante. Puissante, la toiture mono-pente inscrit la maison dans une horizontalité qui ancre la maison dans le territoire. JG tartarelab.com Livraison : 2015

Centre socioculturel du Gour de l’Arche, Périgueux (24) DAUPHINS ARCHITECTURE Dans un quartier « sensible » en pleine rénovation, le centre socioculturel s’offre à un carrefour de rues comme une ponctuation topologique remarquable qui associe la valeur monumentale de la construction publique à une pratique plus artisanale de l’architecture. Entièrement curetée, l’ancienne bibliothèque est réorganisée et enrichie au sud d’une extension bicéphale qui inaugure un jeu de facettes et de percements généreux à l’asymétrie douce. L’idée symbolique de refuge culturel ouvert à tous se prolonge dans les aménagements urbains, qui associent cheminements et banquette d’assise face à l’arche-scène creusée au sud. L’isolation en béton de chanvre – inédite pour un édifice public –, l’enduit à la chaux et le dessin des brise-soleil assurent les performances énergétiques du projet et, loin de toute nostalgie, manifestent un vrai désir de modernité. JG Maître d’ouvrage : Ville de Périgueux dauphins-architecture.com Livraison : 2014

le festin { HIVER 2016 } 23


EXTRAIT DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #98 (été 2016)

Pays basque

Résidence Guetharia Hôtel Itsasoan Plage du Port Plage de Harotzen Costa

Plage de Parlementia

Sémaphore

Port

Hétéroclito Le Madrid

Gare

Mairie et fronton BEHERETA

Plage de Cenitz

HAISPOURE

COSTA ALDIA La Poste Musée de Guéthary

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Hôtel Briketenia LA PLACE

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G UÉ THARY L'ÉCLAT DE L'ÉTERNEL ÉTÉ par JACQUES BATTESTI photographies de NICOLAS MOLLO (sauf mentions contraires)

La petite cité balnéaire a le vent en poupe ! Née au creux d’une inflexion de falaise, elle s’est développée au rythme de l’essor des bains de mer, sans jamais se défaire de son atmosphère préservée. Voici un tour de ville façonné au prisme du patrimoine historique et du dynamisme actuel de l’ancien port baleinier. « Je sais nager […] ça veut dire que j’ai un savoir-faire. Un savoir-faire étonnant, une espèce de sens du rythme […] Et cette espèce de souplesse ou de rythme […] vous sentez bien que c’est un étrange bonheur » 1. Phrases utilisées dans le courtmétrage de Gibus de Soultrait, surfeur historique de Guéthary, Les Vagues et les amours (2015). 64 { ÉTÉ 2016 } le festin

Gilles Deleuze, Cours sur Spinoza, 17 mars 19811

« Guéthary » c’est d’abord un nom, un nom qui claque, une brève séquence mélodique de trois syllabes dont les accords font aussitôt affluer à l’esprit toutes les variations de l’éternel été. La courbe élastique de la vague qui se replie, le bruissement des pas sur le sable, les grandes maisons blanches assaillies de verdure sur la crête des falaises, les apéritifs partagés en terrasse jusqu’aux heures tièdes perlées d’embruns de la nuit. « Guéthary », c’est une clef sonore, une formule

d’incantation qui ouvre vers un ailleurs imperturbablement radieux. Fasciné par la magie du lieu, un jeune chanteur inconnu, d’origine grecque, entreprit au début des années 1940 de revêtir une part de cet éclat en faisant de ce nom son propre emblème. Devenu Georges Guétary, Lambros Vorlou contribua pendant plusieurs décennies, avec Francis Lopez, Luis Mariano et d’autres, à associer l’image du Pays basque à la douceur et à la légèreté d’un air d’opérette, renforçant à son tour le tropisme


L’océan et la vague « Guéthary », ou « Parlementia », depuis les hauteurs du port.


Échappées //

EXTRAIT DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #95 (automne 2016)

Landes

Le jardin botanique de Bordeaux conserve l'herbier de Léon Dufour. L’une des liasses est ouverte, ce qui permet sa consultation. La manipulation doit être soigneuse et s'effectuer de manière transversale pour éviter toute perte de matière car les plantes ne sont pas fixées.

LES HERBIERS D E L A CO NN AI SSA NC E

© Jardin botanique de Bordeaux

par CHANTAL BOONE

Tout à la fois objets d’études et pièces de collection, les herbiers anciens sont les instantanés d’une période d’émulation menée par d’éminents Landais, à l’origine de trouvailles de portée universelle. De nos jours, ils constituent un riche patrimoine permettant d’évaluer l’évolution de la biodiversité régionale. Découverte en images. le festin { AUTOMNE 2015 } 47



EXTRAIT DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #98 (été 2016)


Échappées //

Charente-Maritime

En septembre 1917, tandis que son pays entre en guerre aux côtés des Alliés, la riche Américaine Eva Gebhard devient baronne d'Empire en épousant Napoléon Gourgaud (à droite). Les voici désormais aussi inséparables que les phares jumeaux de l'île d'Aix (à gauche).

LES FABULEUX MÉCÈNES DE

L’ÎLE D’AIX

© Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau

par SERGE SANCHEZ photographies de MURIEL PIERROT (sauf mentions contraires)

En 1926, le baron Gourgaud acquiert la petite maison dans laquelle son idole Napoléon Ier passa ses derniers jours sur le sol français avant d'être exilé à Sainte-Hélène. Avec sa femme, l’excentrique philanthrope américaine Eva Gebhard, ils œuvrèrent à la promotion touristique de ce petit coin de paradis dont ils firent la perle rare de la CharenteMaritime, laissant derrière eux nombre de réalisations patrimoniales. le festin { ÉTÉ 2016 } 83


// Échappées

EXTRAIT DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #96 (hiver 2016)

Gironde

L’ancien hôtel de police Castéja, à Bordeaux.

PATRI MOIN E E N DA N G E R LE ÇON S DE SAUVETAGE par ARIANE PUCCINI photographies d'EUGÉNIE BACCOT (sauf mention contraire)

Le sort de certains de ces bâtiments s’est joué de peu. Mobilisation de riverains, d’historiens, de collectionneurs, d’institutionnels ou d’associations d’amoureux du patrimoine ont permis de préserver des bâtiments remarquables, non protégés par la loi, quand des sites inscrits empruntent des chemins de traverse, à la recherche d’un second souffle. Récits et leçons de sauvetage de ces édifices, à Bordeaux et en proche couronne. 98 { HIVER 2016 } le festin


Échappées //

Le chalet Alexandre, à Lormont.

C’est le parc d’un vieux château dans lequel, enfant, on a joué, un imposant bâtiment administratif au coin d’une rue devant lequel on est passé maintes fois, ou alors une grande maison bourgeoise inhabitée qui faisait rêver tous les habitants du quartier. Ce sont des bâtiments remarquables – peut-être même fabuleux à nos yeux –, les décors de nos histoires personnelles ou les témoins de celle d’un village, d’un quartier et de ses riverains. Las, ils ne sont pas toujours protégés par le biais d’un classement ou d’une inscription au titre des

Monuments historiques : certains d’entre eux finissent abandonnés, menacés de destruction ou sont l’objet de transformations immobilières parfois malheureuses. À Bordeaux, deuxième ville de France après Paris pour le nombre de Monuments historiques, et dans sa petite couronne, les exemples abondent de ces batailles, souvent initiées par les riverains, pour garantir le sauvetage de ces morceaux d’histoire locale.

le festin { HIVER 2016 } 99


Échappées //

EXTRAIT DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #96 (hiver 2015)

Gironde

1 James Pradier, Satyre et Bacchante, marbre, 125 x 112 x 78 cm, 1834, Paris, Musée du Louvre. 2 Alphonse Mucha, Lierre, Imp. F. Champenois (Paris), lithographie, coul., 59,5 x 40,5cm, 1901, Paris, BNF.

© Paris, Bibliothèque nationale de France - Département estampes et photographies.

BACCH A N A L E S M OD E RN E S ! par SANDRA BURATTI-HASAN, SARA VITACCA

« Bacchanales modernes ! Le nu, l’ivresse et la danse dans l’art français du XIXe siècle », tel est le riche programme proposé par le musée des beauxarts de Bordeaux, de février à mai 2016, dans le cadre d’une exposition qui fera date. En voici un avant-goût exclusif, œuvres commentées à l’appui, où la figure de la bacchante, fidèle prêtresse du dieu de l'ivresse, tantôt frivole, tantôt idéalisée, participe de la représentation du corps et du plaisir. le festin { HIVER 2016 } 77


© RMN - Grand Palais (musée du Louvre) - Cl. René Gabriel Ajeda


// Échappées

78 { HIVER 2016 } le festin

bacchantes, jusqu’à lui donner une nouvelle vie. La figure de la bacchante, assimilée à la grisette, à la courtisane ou à la femme fatale, fait notamment l’objet d’une fascination envoûtante et d’un réinvestissement poétique.

L’ÉPANOUISSEMENT DU NU Pour de nombreux artistes du XIXe siècle le motif de la bacchanale, et plus particulièrement la figure de la bacchante, permet de faire du nu féminin le sujet essentiel de l’œuvre tout en proposant aux spectateurs pudibonds une caution morale issue de la mythologie. Avec sa Bacchante (fig. 3), William Bouguereau fait référence à la petite statuaire érotique de l’Antiquité, telle que la présente par exemple le « Cabinet Secret » du musée archéologique national de Naples, mais il transcrit le motif sculpté dans les deux dimensions de la peinture, en agrandissant sensiblement le format de l’œuvre, et en le présentant à un très large public lors du Salon. La figure mythologique est bien reconnaissable par ses attributs : thyrse, couronne de pampres, mais le sujet principal du tableau réside dans les courbes du nu féminin, la délicatesse des carnations, et le regard accueillant adressé au

© Musée des beaux-arts - Mairie de Bordeaux - Cl. L. Gauthier

Le mot « bacchanale », qui évoque aujourd’hui un imaginaire stratifié où se mélangent des visions de débauche, d’orgie et d’ivresse, puise ses racines dans le monde grec antique. Il désignait, à l’origine, les fêtes en l’honneur de Bacchus – dieu du vin, de la musique et de l’inspiration tragique – animées par les bacchantes, les fidèles suivantes du dieu qui célébraient ses mystères sur les montagnes, à l’abri du regard des hommes. Accompagnées par des bêtes sauvages, elles dansaient agitées par la mania, une forme de transe divine proche de la folie, et pratiquaient les sacrifices rituels. Drapées d’une peau d’animal, des pampres dans leurs cheveux, elles brandissaient le thyrse, le bâton sacré de Dionysos entouré de lierre. Dans la pièce Les Bacchantes, Euripide nous livre le texte fondateur pour comprendre le mythe de Bacchus et la puissance fatale de ses femmes qui démembrent Penthée, roi de Thèbes, coupable d’avoir refusé d’accueillir Dionysos dans sa ville. Toutefois, bien avant la pièce d’Euripide, les bacchantes sont représentées dans l’iconographie des vases attiques. Parfois, elles dansent, le dos cambré et la tête renversée, au milieu du cortège de Bacchus ; ailleurs, elles s’abandonnent à des enlacements sensuels, poursuivies ou saisies par leurs compagnons mi-hommes mi-boucs, les satyres. En France, au XIXe siècle, à une époque qui subit le charme de Bacchus et en réinvente le mythe, les artistes exploitent l’érotisme de l’iconographie antique du jeu entre satyres et

3 William Adolphe Bouguereau, Bacchante, 115 x 185cm, huile sur toile, 1862, Bordeaux, musée des beaux-arts.


Échappées //

4 © Paris, Musée des beaux-arts, Petit Palais / 5 © Bordeaux, Musée des beaux-arts - Cl. F. Deval / 6 © Paris, Musée d’Orsay, RMN. Grand Palais - Cl. P. Schmidt

4 Auguste Clésinger, Bacchante se roulant sur des pampres dite aussi Bacchante couchée ou Femme piquée par un serpent, marbre, 56 x 200 x 82 cm, 1848.

6 Jean-Baptiste Carpeaux, La Danse, esquisse en plâtre avec fond, 54,5 x 34 x 29,8 cm, 1866, Paris, musée d'Orsay.

capridé pour cette étrange étreinte. Ce goût pour les beautés alanguies se décline de la même façon dans la photographie, et plus particulièrement dans l’immense production de vues stéréoscopiques qui font fureur sous le Second Empire. Les photographes, comme Joseph Semah et Achille Léon Quinet, utilisent les codes de la peinture académique pour contourner la censure et coiffent leurs modèles de couronnes de pampres. Si, au XIXe siècle, le prétexte du mythe antique autorise la convocation d’une 5 Jean-Baptiste Carpeaux, sensualité explicite sans enfreindre les Bacchante aux roses dite La Rieuse, marbre, codes de la morale, certaines œuvres aussi 64 x 47 x 29 cm, vers 1872, Bordeaux, musée des beauxbachiques, notamment dans la sculpture, arts. Ce buste est issu du groupe suscitent tout de même le scandale. C’est La Danse (ci-contre), installé sur la façade du Nouvel Opéra de Paris surtout le cas de Satyre et Bacchante (fig. 1) de Charles Garnier. de James Pradier. Le sujet, somme toute conventionnel, renvoie aux images des vases antiques, ou bien aux statuettes érotiques des XVIe et XVIIIe siècles. Le sculpteur a pourtant osé transposer un sujet habituelOpéra de Paris de Charles Garnier, est dévoilée au public, lement réservé à des œuvres de petite dimension, léger qui, sous le choc, réagit avec violence. Selon les critiques, et lascif, dans un groupe de grand format, qui impose sa le groupe n’évoque point une bacchanale antique et les présence aux spectateurs du Salon de 1834. De plus, le natufemmes dansantes de Carpeaux n’ont rien des bacchantes ralisme des corps du satyre et de la bacchante, par l’effet de la tradition. Dépourvues de leurs attributs, elles évoquent sensationnel qu’il provoque dans l’espace, rompt avec l’équiaux spectateurs les danseuses du bal de l’Opéra ou les libre de la sculpture néo-classique et annonce la transition grisettes parisiennes qui sentent le vice et le vin. La Danse vers un plus grand degré de réalisme dans le traitement de Carpeaux est alors interprétée comme une allégorie de la du nu. Cette quête du corps extatique se poursuit avec les décadence politique et morale du Second Empire, une satyre œuvres d’Auguste Clésinger. Avec sa Bacchante (fig. 4) de 1848, involontaire du festin débridé de la cour de Napoléon III. En réalité, Carpeaux a su garder la puissance du thème il réplique la pose audacieuse de la Femme piquée par un bachique, tout en s’affranchissant de l’utilisation désaserpent, dont la figure, saisie dans l’instant de la passion busée du mythe. La Danse peut alors être considérée vériérotique, avait été réalisée directement d’après le moulage tablement comme une bacchanale moderne. Il s’agit d’une du corps d’Apollonie Sabatier, célèbre demi-mondaine de œuvre profondément dionysiaque, mais qui l’est moins pour l’époque romantique. sa fidélité à la tradition iconographique que par sa force Le scandale le plus mémorable éclate néanmoins en 1869 : expressive et par l’effet époustouflant qu’elle provoque. la Danse de Carpeaux (fig. 6), installée sur la façade du Nouvel le festin { HIVER 2016 } 79


EXTRAIT DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #98 (été 2016)

Cl. Dominique Le Lann

La villa Blanchot à La Vigne, Cap-Ferret.


Échappées //

Gironde

Concours Mirail 1962 chez Perrier. Michel PétuaudLétang (à gauche) aux côtés des architectes Patrick Maxwell et Brigitte Gonfreville.

MICHEL PÉTUAUD-LÉTANG

50 ANS D E VILLAS S U R LE BASSIN par MARC SABOYA

Cl. Pierre Burdin

Connu pour ses réalisations bordelaises (Cité mondiale du Vin, Auditorium, rénovation du Grand Hôtel, etc.), Michel Pétuaud-Létang opère un retour à ses premières amours dans une monographie d’architecture intitulée Maisons (2015), détaillant ses réalisations des années 1960 à nos jours. L'historien de l'art Marc Saboya en analyse une sélection spécifique au Bassin d’Arcachon : tour d’horizon de ses villas portées par l’air et traversées par la lumière.

« […] l’équilibre est trouvé, la maison a son point d’ancrage dans le paysage. Une petite maison dans un vaste paysage, c’est très difficile. Je crois qu’il faut d’une manière générale respecter le site. » En décrivant ainsi une villa qu’il réalisa en Corse en 1968, Roland Simounet1

plaçait son œuvre, déjà marquée par une forte originalité, dans les failles de l’orthodoxie moderniste : la ligne pure, les horizontales accusées, la blancheur immaculée des murs et la transparence des baies de verre devaient désormais appartenir à un site, façonner un

paysage qui lui-même se construisait par l’architecture. Ce souci d’intégration dans un lieu fut celui d’Yves Salier et Adrien Courtois, rejoints par 1. 1927-1996, Pierre Lajus et Michel Sadirac, lauréat du Grand Prix national dans les villas qu’ils réalisèrent d'architecture en sur le Bassin d’Arcachon 1977. le festin { ÉTÉ 2016 } 57


/// Détours

DANS L’ATELIER EXTRAIT DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #95 (automne 2015)

{ Gironde }

LA BELLE, LA BÊTE & LE CHASSEUR Quand un vétéran à l’immense collection naturaliste prend sous son aile une jeune taxidermiste venue des Beaux-Arts, la rencontre donne lieu à une production artistique à nulle autre pareille. Récit. En entrant dans l’atelier de Stéphanie Barthes et d’André Rouillon, on pense immanquablement aux cabinets de curiosités. Le laboratoire, un petit espace en rez-dejardin situé à l’arrière d’une boutique, contient une foule de créatures plus ou moins exotiques, semblant attendre une improbable renaissance. Au-dessus d’une vieille table en bois, des outils d’un autre âge : perceuse, ponceuse, marteaux, limes, pinceaux et, plus étonnants encore, scalpels et aiguilles géantes ! AUX PETITS SOINS DES BÊTES TRÉPASSÉES « Le travail que nous faisons ici serait celui d’un chirurgien esthétique qui aurait rencontré Picasso », précise André Rouillon, s’amusant de sa métaphore tout en caressant les plumes d’une palombe. La taxidermie, ou l’art de 114 { AUTOMNE 2015 } le festin

naturaliser les animaux, est une pratique spectaculaire tant par sa mise en œuvre que par l’ampleur des productions qu’elle permet de réaliser. Elle nécessite des connaissances très variées et étendues en anatomie, éthologie, sculpture, dessin, peinture, tannage et… une certaine aptitude au bricolage. De l’autre côté de ce réduit, armée d’un petit couteau très aiguisé, Stéphanie s’attaque au dépeçage d’une tête de mouflon. À ses pieds, des peaux récemment décongelées baignent dans un tanin végétal. La tâche qui s’apparente aux gestes du boucher n’effraie pas la jeune femme. André Rouillon supervise discrètement et explique la technique : « Aujourd’hui, le montage se fait sur des préformes en mousse ou des structures en fil de fer. La peau de l’animal est traitée puis remise en place sur cette structure. Le crâne, lui, est bouilli, blanchi puis paillé. » Viendront ensuite les étapes du shampooing, du brossage et du maquillage. 18 000 SPÉCIMENS EN STOCK André Rouillon est un grand monsieur de la taxidermie. Prix d’honneur Taxidermie Française, deuxième au Grand

prix des métiers d’arts et lauréat du championnat d’Europe, sa carte de visite est une longue litanie de distinctions. Quand on l’interroge sur ses quatre décennies de naturalisme, il préfère évoquer ses mémorables chasses, desquelles il a rapporté ses trophées venus d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud, sans oublier des Landes de Gascogne. « Depuis toujours, je ramasse tout ce qui court, vole ou rampe. Petit, je vivais dans le jardin. » Il passe ainsi son enfance à gratter la terre et creuser les écorces d’arbres par curiosité pure. Il apprendra plus tard les rudiments de la naturalisation avec du petit gibier. Et si, par mégarde, un insecte pénètre clandestinement à l’intérieur d’un animal, André le naturalise aussitôt. « Même les tiques ! », s’amuse Stéphanie. La maison est un sanctuaire qui n’a rien à envier aux galeries d’un muséum d’histoire naturelle. À l’étage que l’on croirait inhabité, une vie de naturaliste accumulée : reptiles, mustélidés, insectes, oiseaux en vitrines ou en liberté, papillons soigneusement rangés dans des dizaines

Après plus de 40 ans d’activité, André Rouillon a constitué une impressionnante collection de 18 000 pièces rassemblant tout ce qui rampe, saute, vole, court ou grimpe.

de boîtes entomologiques, animaux sauvages en voie d’extinction ou aujourd’hui disparus. Les spécimens les plus surprenants sont remisés dans un cagibi ou au fond du jardin, à l’abri des regards indiscrets. Plus aucun doute, nous sommes chez un collectionneur, un vrai ! « Je suis un grand fada ! J’ai débuté ma collection à l’âge de 14 ans avec des insectes, des papillons et des champignons. J’ai aujourd’hui plus de 18 000 pièces dont 1 300 mammifères et quelques pièces rares, comme ce paradisier royal. » Il cite aussi un pangolin géant, mammifère insectivore d’Afrique équatoriale. « Avec ses grosses écailles qui forment une armure blindée, c’est un animal très difficile à travailler. » VISIONS ANIMALES C’est en terminant l’école des Beaux-Arts que Stéphanie Barthes se met à explorer les rapports qu’entretiennent


Détours ///

Stéphanie Barthes, 32 ans, venue des Beaux-Arts pour exercer auprès d’André Rouillon, naturaliste éminent qui ne dit pas son âge.


/// Détours

BULLES DE SALON EXTRAITS DE LECTURE ISSUS DU > FESTIN #97 (printemps 2016)

{ Bordeaux }

AQUAVIVA L’APOCALYPSE SELON TROUILLARD Avec sa nouvelle BD Aquaviva, l’auteur et éditeur bordelais Guillaume Trouillard entame une fresque SF pessimiste qu’il porte en lui depuis longtemps. Complètement muet, cet ambitieux projet s’est avéré un défi créatif de chaque instant, au point que sa sortie tient presque du miracle.

122 { PRINTEMPS 2016 } le festin

service d’un sous-genre pourtant bien usé de la science-fiction, le post-apocalyptique. « UN PROJET DE RIEN DU TOUT » Démarré il y a six ans, Aquaviva repose sur un fil narratif ténu. L’auteur l’appréhende d’ailleurs comme un doc animalier plus que comme une histoire en tant que telle, privilégiant à son habitude, une démarche intuitive, pour ne pas dire sensitive, face aux recettes scénaristiques éprouvées. Déjà en germe dans ses albums précédents Colibri ou La Saison des flèches, Aquaviva projette un développement industriel et consumériste devenu fou, sa manière à lui de pointer ce rapport vorace et nihiliste de l’Homme à la nature. « C’est bien beau de grignoter un département tous les dix ans sur la forêt [pour en faire des] zones d’activités, mais il va bien y avoir un terme. J’ai essayé

d’imaginer un monde où l’on est arrivé au bout du truc et où tout est entièrement fait par la main de l’homme, le pylône électrique remplace l’arbre et ainsi de suite. » Pour mettre en image cette dystopie, il va jusqu’à troquer ses traditionnelles couleurs aquarellées pour le lavis et son rendu brut, contrasté. Habitué des originaux nets exécutés sans repentir, il s’essaye aussi à « rustiner », à salir son dessin, joue des effets de textures avec des collages de lettres, de photocopies, autant de clins d’œil discrets à l’un de ses maîtres graphiques, Breccia. Quant à son héros, c’est une sorte de Tarzan d’un âge crépusculaire qui aurait troqué sa peau de bête pour un maillot de bain de marque… « Aquaviva ». Ce détail incongru est comme la signature par l’absurde d’une civilisation en perdition. Désormais le monde se réduit à une gigantesque friche urbaine parcourue de

rares survivants lookés se disputant piteusement des conserves sous l’œil de hyènes aux aguets. LA COMPLEXITÉ DU MUET L’idée de se passer du texte est venue dès l’origine, en écho à cette société dégénérée privée de langage. Le muet est pourtant une gageure. Hormis une poignée d’auteurs comme Moebius ou Shaun Tan, rares sont ceux qui s’y sont essayés sur le mode réaliste. L’auteur en saisit la raison à mesure qu’il aligne les planches. « Rien ne fonctionnait », dit-il. L’écriture impose un rythme de lecture ; sans lui, raconter la moindre action devient une épreuve tant le réalisme ne supporte pas l’outrance, le surjoué : « Comment rendre les expressions des visages, un mec qui tombe par terre, lève les yeux, un personnage qui joue la surprise ? » Résultat, des interrogations

© Guillaume Trouillard

Il y a déjà treize ans que, sur un coup de tête à la fin de ses études aux Beaux-Arts d’Angoulême, Guillaume Trouillard s’est lancé dans l’aventure de la Cerise. Avec la proverbiale inconscience de la jeunesse, l’étudiant a donné naissance à cette structure éditoriale, véritable couveuse de jeunes talents qui participent à dynamiser la scène BD actuelle. Mais derrière les Vincent Perriot, Adrien Demont ou Jérémy A. Bastian, on en oublierait presque que lui-même compte parmi les auteurs les plus emballants et originaux de sa génération. Sa dernière réalisation en est encore la preuve et combine son goût de l’expérimentation mis au

Guillaume Trouillard par lui-même.


/// Détours

GRAPHISME Une grande œuvre littéraire croise la route de graphistes de talent. Dialogue.

Le Nœud de vipères de François Mauriac SVELT STUDIO revu par

124 { PRINTEMPS 2016 } le festin

Svelt Studio sveltstudio.com Publications : Graphisme aujourd’hui : Miscellanées, ÉSA des Pyrénées, 2012

À gauche, l’afficheprogramme dépliable réalisée pour l’édition 2013 des Allumés du verbe ; à droite, l’affiche de l'un des spectacles phares de la saison 2015-2016 de la compagnie théâtrale Vice Versa, Dans les pinces du crabe.

À gauche, le flyer réalisé pour le Fonds régional d’art contemporain d’Aquitaine ; à droite, une double-page de la revue basque Aldiz dont le Svelt Studio a conçu la charte graphique et assure la mise en page.

© Svelt Studio

Guillaume Bordenave, Nicolas Larretche et Ivan Rodriguez, respectivement originaires de Pau, Bayonne et Tarbes, sont les trois designers ambitieux qui se cachent derrière le pimpant Svelt Studio. Leur rencontre date de l’École supérieure d’art des Pyrénées à Pau en 2008 où ils préparent un diplôme national supérieur d’expression artistique. Mus par des affinités culturelles et artistiques communes ainsi que des compétences complémentaires, c’est tout naturellement qu’ils commencent à travailler de concert sur des projets d’étude. Ils prennent l’habitude de signer leurs projets communs sous le nom de « Triceps », en référence à leur « morphologie plutôt filiforme » et adoptent pour credo de « rendre la culture aux culturistes »… Ça fonctionne, et même plutôt bien… Alors, à peine diplômés, les trois amis se lancent, avec une audace certaine, dans la création de leur propre studio de graphisme qu’ils rebaptisent Svelt, moins agressif que Triceps, disent-ils, et « fleurant bon le meuble scandinave ». Encouragés par Marie Bruneau et Bertrand Genier, professeurs et créateurs du studio Presse Papier à Bordeaux, ils étrennent leur nouvelle marque avec l’association Gustave, pour qui ils réalisent les supports de communication du festival de contes Les Allumés du verbe (Gironde), de 2011 à 2013. Depuis, Svelt Studio additionne les coopérations avec les acteurs culturels de la grande région : le Frac, les festivals aquitains Musique en côte basque ou Natur’Arts, l’association Madame Toulmonde, la compagnie théâtrale Vice Versa, mais également, en ce tout début d’année, la Drac Aquitaine Limousin Poitou)Charentes pour laquelle ils conçoivent une carte de vœux animée. Svelt Studio, c’est aussi la réalisation du livre Graphisme aujourd’hui, édité par l’ÉSA des Pyrénées, – recueil de textes venant clôturer un ensemble de journées d’études organisées par Marsha Emanuel – mais aussi Aldiz, revue alternative trilingue au Pays basque, dont ils ont assuré la mise en page des deux premiers numéros. À la conception d'affiches, site web, enseignes, logos, signalétique s’ajoute, depuis deux ans, l’animation d’ateliers de découverte et d’initiation à la technique de la sérigraphie, dans les locaux du Bel Ordinaire et même, très bientôt, dans leur propre atelier, rue Tran à Pau, à mi-chemin entre le château de Pau et le musée des beaux-arts. La couverture que Svelt Studio a réalisée pour Le Nœud de vipères de François Mauriac se veut une véritable métaphore graphique de l’intrigue et des liens complexes qui unissent les personnages. Les vipères enlacent une roche froide qui représente le cœur de Louis, lequel protège amoureusement sa fortune. Le fond sombre renvoie la mort d’Isa, sa femme, mais aussi à la pression muette exercée par la famille. Les vipères, de couleurs vives, traduisent leur venimosité mais aussi la capacité de Louis, en fin de compte, à aimer. • MDLQ


Détours ///

Tirée du Traité de cuisine bordelaise Pour 6 personnes Temps de cuisson : suivant le goût 1,2 kg d´entrecôte sel & poivre Échalotes Os à moelle

D. R.

Traité de cuisine bordelaise Alcide Bontou, 8e édition, 19,50 €, 352 p., éd. Féret, 1998.

Entrecôte à la bordelaise

« L’entrecôte doit être prise de préférence du côté du filet et non du cou ; on la fait couper de l’épaisseur de deux doigts. Faire mariner avec une cuillerée d’huile, sel, poivre. Préparer une paillasse de charbon bien pris, et mettre l’entrecôte sur le grill. On prend quatre échalotes, un bon morceau de moelle de bœuf bien ferme, une petite poignée de persil, le tout bien haché ensemble. On retourne son entrecôte, on étend avec la lame du couteau le hachis préparé, et on passe de temps en temps la lame du couteau chauffée dessus pour faire fondre la moelle. Lorsque l’entrecôte est cuite, on la met sur un plat, en ayant soin de ne pas renverser le hachis qui est dessus. » Suit une anecdote sur la façon dont maîtres de chai et tonneliers font cuire l’entrecôte sur des cercles de barrique en châtaigner, puis Bontou fait sa mise en garde : « Les restaurateurs de Paris font l’entrecôte à la bordelaise avec une sauce au vin rouge ; cela ne ressemble pas du tout à l’entrecôte traditionnelle de Bordeaux, que l’on fait griller sur des braises de sarments de vignes, ou mieux, de vieilles douelles de barrique. » le festin { PRINTEMPS 2016 } 119


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