La longue route de Arte Flamenco
Extrait de la revue le festin n째 86, juin 2013 Arte-Flamenco-ok-1.indd 1
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Édito
Par-delà le 25e anniversaire Le festival Arte Flamenco s’inscrit pleinement dans la politique culturelle et patrimoniale du Conseil général des Landes. Par-delà un 25e anniversaire qui se veut exceptionnel de par sa qualité et sa dimension festive, Arte Flamenco traduit avant tout l’exigence d’une politique publique de la culture.
Exigence de la rencontre avec le public, qui s’exprime avant tout par une proximité avec les artistes où la relation et le duende priment sur le chiffre et la jauge. Spectacles et créations, résidences artistiques, bords de scène, conférences, expositions, master class, offrent une large palette de découvertes et de confrontations. Arte Flamenco n’est pas le temps de la rencontre, mais des rencontres et des regards croisés sur le flamenco. Le public lui aussi se décline au pluriel. On parlera des publics du festival. Aficionados, jeune public, professionnels, amateurs, scolaires, public en situation de handicap ou empêché, se croisent et se côtoient
Comment ne pas parler également du projet éducatif et partenarial qui se déploie autour du festival et traduit les priorités culturelles du Département. Les ateliers de création avec les scolaires s’affirment comme un espace privilégié de rencontre mais également de sensibilisation des jeunes. Nos partenariats croisés avec des structures d’enseignement artistiques tels que le caféMusic’ et le Conservatoire des Landes inscrivent le festival dans une réflexion et des objectifs partagés à l’année.
Mont•de•Marsan 1 AU 6 JUILLET 2013
œuvre originale : Prisca Briquet
Exigence artistique tout d’abord, qui se concrétise par la présence d’interprètes et de créateurs d’exception, de ceux qui interpellent un regard, modifient une écoute, désaxent un point de vue et parfois changent une vie. L’artiste fascine souvent, il étonne, dérange parfois. Il interroge et enrichit notre sensibilité et notre intelligence.
avec bonheur le temps de Arte Flamenco, à l’image des actions culturelles et patrimoniales menées à l’année par le Conseil général.
L’ouverture au théâtre et à la littérature initiée au travers de la création Le Poète et le duende trace de nouvelles perspectives en direction du théâtre et des médiathèques. Le cinéma, la photo et les arts plastiques illustrent des axes forts de l’action culturelle et partenariale du Conseil général. À n’en pas douter, Arte Flamenco s’affirme d’année en année comme l’expression d’une politique publique originale et volontariste portée par le Département des Landes. François Boidron, directeur général de Arte Flamenco
Visuel de couverture : Farruquito, © Jean-Louis Duzert 2 • le festin •
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Programme
du 1er au 6 juillet 2013
LUNDI 1er JUILLET Espace François-Mitterrand, 21 h María Pagés > Utopía {baile}
VENDREDI 5 JUILLET Café Cantante, 20 h
José Valencia et Pedro El Granaino > Metales {chant} * Tomatito > Tomatito Sextet {guitare}
MARDI 2 JUILLET Café Cantante, 20 h Diego del Morao > En concierto {guitare} Fuensanta La Moneta > La Moneta, paso a paso {baile}
SAMEDI 6 JUILLET Théâtre municipal, 17 h Michel Vuillermoz, sociétaire de la Comédie-Française et Dorantes > Le poète et le duende {Lecture-Récital textes de Federico García Lorca et piano} *
MERCREDI 3 JUILLET Théâtre municipal, 15 h 30 Compagnie Albadulake > Majaretas {cirque} Spectacle jeune public dès 5 ans
Café Cantante, 20 h Farruquito > Abolengo {baile} Dîner-spectacle avec le concours de Michel Guérard, chef étoilé du restaurant Les Prés d’Eugénie à Eugénieles-Bains
Café Cantante, 20 h
Diego Amador et Dorantes > Dos almas {piano} * JEUDI 4 JUILLET Café Cantante, 20 h Mercedes Ruiz > Baile de palabra {baile} Arcángel et Esperanza Fernández {chant} *
*création Arte Flamenco n°25
© Miguel A. Molina
© Alain Jacq
Tomatito
Fuensanta la Moneta • le festin • 3
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la
longue route
du par
Flamenco
Serge Airoldi
Le festival de flamenco de Mont-de-Marsan fête son vingt‑cinquième anniversaire. Depuis un quart de siècle, tous les plus grands artistes de la galaxie flamenca sont passés dans les Landes, faisant de cette manifestation organisée la plus importante du genre hors les frontières d’Espagne.
cl. Jean-Louis Duzert
cl. Jean-Louis Duzert
Il soreli scur du fun sot li branchis dai moràrs al ti brusa e sui cunfins tu i ciantis, soul, i muàrs Le soleil noir de fumée, sous les branches des mûriers te brûle, et, aux confins, toi seul chantes les morts Pier Paolo Pasolini, La Nouvelle jeunesse, poèmes frioulans.
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À Mondémarsan
Tout a commencé en 1989, le 3 juillet, sur la scène du Hall de Nahuques. Ce soir-là, Cristina Hoyos dansait sur le thème de Carmen des Rêves flamencos en plusieurs tableaux, en compagnie notamment de Juan Ortega et de Juan A. Jimenez. Les guitaristes Paco Arriega, Carlos Heredia et Diego Franco dessinaient d’une façon très immatérielle, à laquelle le corps de Cristina donnait vie, alegrias, seguidilla, farruca, bamberas, taranto et bulerias. Juan José Amador chantait. Cette première semaine de festival, le programme accueillait aussi les guitaristes Pedro Bacan et Rafael Riqueni, le chanteur José de la Tomasa et l’immense Pepa de Benito. Les fondations étaient posées. Des années flamencas s’ouvraient à Mondémarsan, comme disent les artistes des berges du Guadalquivir dont c’est depuis longtemps la destination rêvée. Celle qui fait la richesse d’une carte de visite.
© Sébastien Zambon - CG40
La longue route du festival Arte Flamenco de Mont-deMarsan est une longue route de sable, bordée de souvenirs solides, d’images éternelles, jalonnée de rocs, de totems de pierre, de stèles de marbre et de statues de granit impérissables témoignant des visages de tous ceux qui ont donné une vie à cette manifestation. Depuis vingt-cinq ans – c’est l’anniversaire que fête la manifestation cet été –, cette longue et forte route s’écrit en lettres d’or, en chants profonds noirs et en danses sauvages comme le feu. Depuis ce dernier quart de siècle, gitan pour l’essentiel, mais pas seulement de ce sang brûlant, un roman s’accomplit au pays des trois rivières qui mêlent leur ADN respectif, comme jadis des frères indiens : flamencos gitans, flamencos non gitans, aficionados d’ici et d’ailleurs. Et désormais, à vingt-cinq ans bientôt révolus, et fort de 30 000 spectateurs, le festival, organisé par le Conseil général des Landes, s’est imposé comme la plus importante manifestation flamenca hors d’Espagne.
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Danse de Puente de triana de Rafael Campallo. • le festin • 5
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Pepa de Benito, en 2008.
Le guitariste Rafael Riqueni.
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À l’origine de cette aventure, Antonia Emmanuelli a joué un rôle fondamental. « C’est une histoire assez extraordinaire, partie d’une idée simple, confie-t-elle. Au départ, Henri souhaitait créer un événement pendant l’été. Et moi, “l’Espagnole”, j’ai eu cette idée de festival. » Henri : tout le monde a compris qu’il s’agissait d’Henri Emmanuelli, le président du Conseil général des Landes. Quant à Antonia, « l’Espagnole », fille de réfugiés républicains L’affiche de la première édition d’Arte qui avait grandi à Oloron, elle vivait au rythme Flamenco. d’une double culture où, déjà, l’arte flamenco pesait lourd dans la constitution d’une mémoire. À Oloron comme à Bordeaux, dans les années 1980, du flamenco était programmé. Mais les initiatives s’étaient épuisées. Alors, Mont-de-Marsan a pris ce flambeau. Et la mèche s’est allumée. Très vite, pour éviter les mésaventures d’Oloron, de Bordeaux et d’ailleurs, il a fallu un relais fiable à Séville pour s’assurer que les artistes partaient bien de chez eux au moment du festival et venaient bien à Mont-de-Marsan. Ce fut Javier Puga qui assura cette mission et celle de directeur artistique du festival pendant de nombreuses années jusqu’à ce que Sandrine Rabassa le remplace dans ce rôle. Nous y reviendrons. Alors, une histoire s’est faite, comme une longue route de sable où rien n’est jamais sûr à l’avance, où rien n’indique que le succès sera garanti, où rien ne promet que le duende, le fameux duende, s’invitera sur scène. Et
pourtant, cette chose dévastatrice, ce ça brûlant a souvent pris le chemin de Mont-de-Marsan. Dès la deuxième édition, deux affiches brillaient dans la nuit, d’un éclat singulier. L’une annonçait la venue de Paco de Lucia, le 5 juillet. L’autre, celle de José Monje Cruz, connu comme étant Camaron de la Isla. Le mythologique Camaron. Cela se passait le 3 juillet 1990 et ce soir-là, alors même que depuis plusieurs jours, des Gitans convergeaient de partout vers le Hall de Nahuques, l’histoire est célèbre, elle est même fondatrice du festival et de l’idée même d’une façon d’être flamenco, Camaron s’est perdu – géographiquement, physiquement, ontologiquement – avant de finalement arriver sur scène, très tard dans la nuit. Ce fut alors un récital d’anthologie dont la chanson de geste se perpétue encore, à Mont-de-Marsan, en France, en Andalousie, partout où vibrent le flamenco et son histoire, partout où se dessine la longue route de sable. Le guitariste Tomatito accompagnait le maître ce soir-là. Camaron a chanté jusqu’aux limites possibles. Puis le temps s’en est allé et il s’est plongé dans la grande nuit noire en 1992, laissant sa voix en héritage fort, oubliant son corps quelque part, sous terre, sous sable. Ce sable reçoit les empreintes flamencas qui s’effacent une fois les pas posés et partis plus loin devant, vers d’autres confins. Ce sable ressemble à ce qu’écrit Pier Paolo Pasolini, Italien bien sûr, mais génétiquement Frioulan, comme un Andalou est un Espagnol particulier, comme un Gitan est un Andalou particulier quand il
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Joaquin Cortes.
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Le pianiste Dorantes.
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Paco de Lucia.
Concha Vargas et Carmen Ledesma.
est Andalou, Pier Paolo portant visage émacié et brutalisé d’un artiste flamenco de la plus pure extraction, un Agujeta par exemple, tout aussi aigu : « Ne surviennent que des choses de la vie qui meurent au bout de cinq minutes. » Ces mots viennent d’un livre qui cherche à définir les contours du pays-Italie et qui s’intitule La Longue route de sable.
La piste du duende
À Mont-de-Marsan, duende après duende, spectacle après spectacle, « épines de feu » après épines de feu, comme note Lorca dans sa conférence intitulée Jeu et théorie du duende, l’aventure a réuni tous les grands d’Espagne. Ici sont venus, dans l’ordre, le désordre, l’ordre naturel du flamenco : Concha Vargas, Carmen Ledesma, Farruquito enfant qui revient cette année homme pour l’anniversaire, Gaspar
Camaron accompagné du guitariste Tomatito.
de Utrera, Chano Lobato, Sara Baras, Vicente Amigo, Joaquin Cortes, Antonio Canales, Mario Maya, Antonio El Pipa, Pansequito et Aurora Vargas, Matilde Coral, Dorantes le pianiste, La Paquera, José Mercé, Carmen Linarès, Inès Bacan, sœur de l’irremplaçable Pedro mort en 1997 et laissant depuis ce jour tout un monde inconsolable ; tout le clan des Pinini et des Peña aussi, Chato de la Isla, Curro el Negro, El Cuchara qui avait plus de vingt enfants je crois, c’est ce qu’il m’a dit une fois à Séville, El Herejia, Antonio Moya, fils spirituel de Pedro Bacan, Moraito Chico, Diego Amador qui a désormais coupé ses longs cheveux de pharaon, tous les Amador, Tomatito le magnifique, José Fernandez, La Farruquita, femme volcan, l’explosive Eva la Yerbabuena, Karime Amaya, Juana Fernandez, Antonio Canales, Antonio Rey, Juana Amaya, Javier Baron, Fernanda et Bernarda de Utrera, • le festin • 7
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Pastora Galvan et Jose Galvan, Café cantante, juillet 2009.
Manuela Carrasco, Esperanza de Triana, El Cabrero, son foulard rouge comme ses idées et son chapeau, Israël Galvan, José Galvan, Pastora Galvan, Belen Maya, El Chocolate, El Lebrijano, José Valencia qui fut d’abord Joselito de Lebrija, Fernando « Terremoto », un séisme vocal à lui tout seul, Manuel Moneo y su familia, toute la famille, jusqu’au bébé de deux mois qui prenait déjà la route, Manolo Sanlucar, Diego el Cigala, Mercedes Amaya, Andres Martin, Merche Esmeralda, Carmen Linarès, Mercedes Ruiz, Manuel Molina, Rocio Molina, Arcangel que l’on retrouvera avec joie et émotion cette année après son actuación si profonde de 2010. Tous à leur manière, Gitans ou non Gitans, noirs ou blancs donc, ont pris un jour la piste du duende. « L’Étroit chemin du fond », comme écrivait le poète japonais Bashô il y a quelques siècles. Mais comment faire pour trouver ce pays de haute terre au bout de la longue route de sable ? « Pour chercher le duende, écrit Lorca dans sa conférence de 1933, il n’existe ni carte ni ascèse. On sait seulement
cl. Jean-Louis Duzert
« Le duende brûle le sang comme une pommade d’éclat de verre, il épuise, il rejette toute la douce géométrie apprise, il brise les styles, il s’appuie sur la douleur humaine qui n’a pas de consolation »
Manuela Carrasco.
qu’il brûle le sang comme une pommade d’éclat de verre, qu’il épuise, qu’il rejette toute la douce géométrie apprise, qu’il brise les styles, qu’il s’appuie sur la douleur humaine qui n’a pas de consolation […], qu’il habille d’un costume vert de saltimbanque le corps délicat de Rimbaud, ou donne des yeux de poisson mort au comte de Lautréamont dans le petit matin du boulevard. » La liste, hélas, oublie des noms, et c’est un tort. Mais la liste est belle et fragile comme un papillon exotique, comme une feuille de jacaranda dans le vent chaud, comme
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© Sébastien Zambon - CG40
© Sébastien Zambon - CG40
Diego el Cigala.
José Valencia, en 2005.
cl. Jean-Louis Duzert
© Amor Montes de Oca
© CG40
© Sud Ouest
Le spectacle La Dificil sencillez de Rafael Amargo.
Le grand pianiste Diego Amador.
un long ruban de sable. La liste de Mondémarsan n’est pas un acte facile. Comme l’énumération des arbres, des rochers, des ruisseaux, des sentiers, des oiseaux et des fauves d’un paysage, elle dit tout et rien à la fois. Elle affirme cependant une pensée et une éthique dont parle Antonia Emmanuelli : « Mon goût personnel, c’est le cante jondo. J’aime les petits formats, les récitals simples : il y a là une vérité. Mais je comprends que ce soit difficile pour un public qui ne connaît pas très bien ou pas du tout, qui découvre cet art. Au départ, on me reprochait le fait de proposer des spectacles de flamenco avec l’argument selon lequel le flamenco n’est pas un spectacle mais l’expression d’une fête intime dans les familles gitanes. Je disais alors : d’accord ! Mais au moins, avez-vous déjà assisté à ce genre de fête ? Moi, j’avais eu souvent cette chance de vivre ces moments exceptionnels. Mais au-delà de l’expérience dans un cercle réduit, je pense que cet art doit être transmis. Je pense aussi que celles et ceux qui chantent, qui dansent, qui jouent doivent pouvoir vivre de leur art et de leur talent et aussi le transmettre. Ce que je dis pour le flamenco se pose de la même façon pour d’autres expressions artistiques. Le gospel est-il un spectacle… ? »
Chocolate.
Maintenir la flamme
D’année en année, les questions superfétatoires ont disparu au profit de celles questionnant l’art même. Beaucoup plus intéressant. Que montrer ? Que programmer ? « L’authenticité, les racines, le flamenco puro, clame Antonia Emmanuelli. Bien sûr, toute évolution de la musique flamenca est bonne à entendre, à vivre, mais il ne faut pas oublier de garder la ligne, de suivre le fil rouge. Personnellement, ce qui m’a redonné le goût et l’envie du flamenco, c’est d’avoir vu danser Antonio Gadès et sa troupe. Pendant toute la dictature franquiste, le flamenco qui, du coup, n’en était plus vraiment, avait perdu son âme. C’était du flamenco pour amuser la galerie avec des castagnettes, des belles robes et des olés. C’était alors l’image que l’Espagne de ce temps voulait donner de cette culture. À nouveau, Gadès lui a réellement donné une dimension artistique en allant chercher une vérité dans les entrailles de l’arte flamenco. Et la flamme s’est rallumée en moi. » Vingt-cinq ans plus tard, la flamme se consume encore, et désormais, une jeune femme a pris les rênes. Elle se nomme Sandrine Rabassa. En 1998, cette Gersoise • le festin • 9
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© Sébastien Zambon - CG40
Ropa tendia, esplanade du Midou, juillet 2009. © Sébastien Zambon - CG40
© Sébastien Zambon - CG40
Off au Café Music, juillet 2012.
Le festival propose des stages pour tous les âges.
avait dix-neuf ans et apprenait la danse avec La Morita à Toulouse. En juillet, elle vint à Mont-de-Marsan comme stagiaire et le festival changea toute sa vie. L’année suivante, elle s’installait à Séville et s’inscrivait aux cours de José Galvan. À Triana, elle habitait près de chez Javier Puga dont elle devint très vite le bras droit. Depuis quatre ans, elle le remplace à la tête du festival montois. Le public est passé de 10 000 à 30 000 personnes. Les résidences artistiques se sont multipliées, comme celle qui a permis d’accueillir le célèbre photographe Peter Knapp en 2010. Le festival a conquis toujours plus les espaces de la
ville, les registres tels que le dessin, la peinture, la photographie, le cinéma, la littérature, les publics aussi, tous les publics, n’hésitant pas à aller chercher les familles et les petits par la main, les flamenchicos. Désormais les partenaires importants sont là, comme France Inter, Télérama, Le Figaro et les institutions qui comptent en France et en Espagne. Désormais, Sandrine Rabassa n’est plus « l’ingénue de 1998 » mais la directrice artistique qui respecte et que l’on respecte. Elle aussi a été élevée dans un flamenco traditionnel. Son grand-père andalou vient de Guadalcanal, il aime le cante jondo. Avec lui, Sandrine a découvert les vertus du dicton : « salud y libertad », santé et liberté, deux mots inscrits au fronton de ses meilleures volontés. Elle a aussi appris à se frotter aux saveurs âpres des sonorités noires. Ces sonorités qui sont « le mystère, les racines qui s’enfoncent dans le limon que nous connaissons tous, que nous ignorons
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© David Ruano
Cette année, Maria Pagès inaugure le festival avec son spectacle Utopia.
tous, mais d’où nous vient ce qui a de la substance en art ». De Lorca, on ne s’éloigne jamais. Convaincue qu’il faut ouvrir les portes de la création, mais aussi prendre ses responsabilités de programmateur en tenant loin à l’écart les pauvres effets spéciaux du flamencommercial et leur préférer la mémoire vive, la vraie sueur plutôt que les larmes de crocodiles aux dents de craie, elle construit aujourd’hui le festival de telle sorte qu’il soit harmonieux, qu’il donne à entendre le flamenco tel qu’en lui-même et que le dernier mot soit offert à ces éternelles volutes qui montent en « zig-zag de l’âme » dit encore le poète assassiné et du limon insondable. De la terre toute première. Cette année, avec Karime Amaya, ce sera Farruquito le dernier à parler, c’est-à-dire à danser. C’est un Montoya. Une grand-mère de Sandrine était aussi une Montoya. Les deux familles n’ont rien à voir mais Farruquito parle de Sandrine comme de sa « cousine ». Pour ouvrir la semana flamenca, Maria Pagès et les siens exploreront les pistes qui conduisent à l’utopie. Une performance réunira deux grands pianistes du flamenco, Diego Amador et Dorantes. Qui sait ce qu’ils auront en tête et dans les doigts ? Mercedes Ruiz sera de retour comme Arcangel, Esperanza Fernandez, José Valencia qui s’avivera toujours plus en présence d’un autre puissant cantaor, Pedro El Granaino. Et aussi nous aimerons la présence fougueuse du guitariste Tomatito, fils de Tomate, petitfils de Miguel Tomate, neveu de je-ne-sais-plus-qui, tous
maîtres de guitare. Tomatito accompagna Camaron, bien sûr mais aussi la Susi ou Enrique Morente, lequel ne vint jamais à Mont-de-Marsan. Son toque sans comparaison possible, son charisme font de lui une icône, n’hésitons pas à l’écrire. Le chemin qu’il a parcouru, depuis cette nuit de sable et de braises en 1990 quand Camaron cherchait une voie pour arriver, est long et riche. Ce chemin que le festival dessine cette année encore pour serpenter vers les lieux où se trouvent « les soleils noirs de fumée » est en pleine invention de lui-même. La longue route de sable cherche sa nouvelle musique perpétuelle, sa foi en elle. Via viatores quaerit. « Je suis le chemin qui cherche ses voyageurs » écrivait jadis Augustin. Qui sait si en ces temps-là les racines flamencas ne germaient pas déjà. Qui sait si nous n’étions pas déjà les voyageurs heureux qu’elles cherchaient ? Partout, où cela est envisageable un jour, un cher instant, une seconde. Ici, pendant une semaine, à Mondémarsan. Serge Airoldi est écrivain.
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Arte Flamenco Du 1er au 6 juillet arteflamenco.landes.org À lire Serge Airoldi et Juan José Téllez Rubio, Arte Flamenco, regards croisés, Gaïa, 2008. • le festin • 11
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Renseignements pratiques L E S L I E U X D U F E S T I VA L
PLACE FRANCIS PLANTÉ
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Le spectacle jeune public du 3 juillet au Théâtre municipal est en entrée libre (dans la limite des places disponibles, pas de réservation).
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CENTRE VILLE
Le tarif réduit s’applique aux stagiaires, aux scolaires, aux étudiants, aux demandeurs d’emploi, aux personnes bénéficiaires des minima sociaux et aux groupes constitués de 10 personnes et plus, sur présentation d’un justificatif lors du contrôle d’accès. VILLENE UVE
Abonnements
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11, rue Robert-Wlérick 3 cafe cantante
marché couvert Saint-Roch, entrée par les allées Brouchet 4 cafemusic'
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18, rue du Maréchal-Bosquet 6 Espace FranÇ ois Mit t er r a n d
610, rue Ferme-du-Conte
• 1er JUILLET Espace François-Mitterrand Plein tarif : 32 € Tarif réduit : 26 € • 2 AU 5 JUILLET Café Cantante 1ère série (côté scène) Plein tarif : 32 € Tarif réduit : 26 € 2e série (côté vidéo) Plein tarif : 9 € Tarif réduit : 6 € • 6 JUILLET Dîner-spectacle Cantante Gourmand 1ère série (côté scène) : 35 € 2e série (côté vidéo) : 26 € • 6 JUILLET Lecture-récital au Théâtre municipal Plein tarif : 22 € Tarif réduit : 15 €
7 F la m en c o d e r u e
esplanade du Midou 8 m edia t h e q u e d u ma r s a n
372, av. du Maréchal-Foch 9 m usee de s pi a u w l e r i ck
place Marguerite-de-Navarre 10 t h ea t r e mu n i ci pa l
place Charles-de-Gaulle 11 villa g e d u f e s ti v a l
place Saint-Roch
Les Pass comprennent le spectacle du lundi à l’espace François-Mitterrand + 1, 2, 3 ou 4 spectacles au choix au Café Cantante, du mardi au vendredi. Pass 2 soirs > 50 € Pass 3 soirs > 75 € Pass 4 soirs > 100 € Pass 5 soirs > 125 € Les spectacles du 6 juillet (lecture-récital et dîner-spectacle) sont hors abonnement.
Achat des places et des abonnements arteflamenco.landes.org Paiement en ligne sécurisé avec deux possibilités : impression des billets dématérialisés à votre domicile ou retrait des places au Village du Festival de 10 h à 20 h. Boutique Culture de Mont-de-Marsan 11, rue Robert-Wlérick Tél. : 05 58 76 18 74 Du lundi au vendredi 9 h - 13 h, 14 h - 18 h | Samedi 9 h - 13 h Autres points de vente (+ frais de location) Ticketnet (E.Leclerc, Auchan, Virgin Megastore, Cora, Cultura, Galeries Lafayette, Le Progrès de Lyon). Liste des magasins participants sur ticketnet.fr ou au 0 892 390 100 (0,34 €/min) Digitick (librairies Chapitre Dax, Tarbes, Toulouse, magasins O’CD et Gibert Joseph). Liste des points de vente sur digitick.com ou au 0892 700 840 (0,34 €/min)
www.lefestin.net
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