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eg ards R
revue photo à tirage limité
# 14 l’absence 1
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l’absence ø1
SOMMAIRE ø2
Contributeurs
Photographes
jc gary
carlos collado
p5
p8
p 26 julien levy
p 40 maria moutot
p 56 pascal fayeton
p 72 sébastien redon levigne
p 82 thomas chéné 3
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Edition
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jc gary absence
ESTRAGON (tristement) – Tu vois, tu pisses mieux quand je ne suis pas là. VLADIMIR – Tu me manquais – et en même temps j’étais content. N’est-ce pas curieux ? ESTRAGON – Et maintenant ? VLADIMIR (s’étant consulté) – Maintenant...(joyeux) te revoilà... (neutre) nous revoilà... (triste) me revoilà.
Ils attendent. Ils attendent Godot et souvent s’attendent eux-mêmes. Chacun l’autre et à travers l’autre chacun soi-même. Ils se retrouvent au pied du même arbre, et chaque soir le garçon arrive qui annonce que Godot ne viendra pas. Il a une barbe blanche, paraît-il. Le soir, ils ont envie de se pendre. C’est peut-être la seule façon de rencontrer Godot. L’absence est vive. Elle est une présence ailleurs. Et cet ailleurs génère un souffle. En grec, pneuma désigne aussi bien la respiration de l’homme que l’aspiration divine. L’animus latin désigne l’air comme principe vital. Et le sankrit âtman (l’âme) trouve écho dans l’allemand atmen (respirer). L’animisme est croyance en un souffle universel, qui traverse le vivant et ce qui nous apparaît non vivant. L’animisme repose sur l’absence, sur le lien entre notre monde et celui des esprits. Les morts sont absents, oui – parce qu’ils sont ailleurs. J’ai eu l’occasion de séjourner plusieurs mois avec des griots mandingues dans une case perdue en Afrique de l’Ouest, et plus précisément dans un hors-temps et un hors-lieu qui ont été le cadre de longs échanges et de longs silences au fil desquels j’ai cru comprendre que leur réalité était à l’opposé de la mienne lorsque je les ai rencontrés pour la première fois, puisqu’elle se situe dans l’invisible. Pourtant, j’avais lu Vie et mort de l’image, de Régis Debray, quelques années auparavant – je n’en avais pas saisi la portée. « Dans la vidéosphère, cette dissimulation [dans la graphosphère, l’époque précédente, « on tient évident que le monde s’explique par cela qu’il nous cache »] atteste le faux sur l’inconsistant et le soupçon se porte sur l’inobservable. Ce qui n’est pas visualisable n’existe pas. »
Régis Debray, Vie et mort de l’image Dès lors, il convient de ménager un détour par un sujet qui m’est cher, et dont j’ignorais la portée avant de rencontrer Suzy Platiel1 : la distinction entre communication directe et communication indirecte. 1 Suzy Platiel est ethnolinguiste africaniste, retraitée du CNRS et toujours très active dans ses recherches et ses actions de formation. Elle étudie particulièrement les modes de structuration de la pensée et de la société en fonction des moyens de communication utlisés. 5
La communication directe fonde la relation humaine sur la présence. Il ne s’agit pas seulement de « parler » avec les mots, sinon avec un ensemble complexe de signes qui comprennent les mots, mais également les expressions du corps, les modulations de la voix – et ajouterai-je des signes invisibles qui transparaissent, soit par une micro-gestuelle très subtile, soit par des sens que nous ignorons encore, ou que nous avons perdus – l’essentiel étant une évidence : par delà le ressenti, l’on pressent. La communication directe est avant tout affaire d’inconscient. La communication indirecte supprime le corps et ces subtiles interactions. Ne subsiste que le verbe. Pour pallier l’absence du corps, il y a la technique, la poétique : le pouvoir créateur du langage. L’un des problèmes majeurs de notre époque est, me semble-t-il, la confusion des deux modes de communication par ignorance de leurs spécificités. La communication indirecte tend de plus en plus à se donner des airs de communication directe : on parle en «simultané», en se donnant l’impression que le temps étant réduit, l’espace l’est aussi. Notre représentation du temps étant liée à l’espace, réduire l’un reviendrait alors à réduire l’autre. C’est une erreur fondamentale. Le résultat : les humains nés dans l’environnement numérique éprouvent de grandes difficultés à se situer dans le temps et dans l’espace. L’homme qui perd sa relation au temps et à l’espace perd les cadres qui le définissent en tant qu’être social. Il développe de plus, et peut-être en corollaire, l’ambition babélienne d’une culture mondialisée. Or, la frénésie qui anime les réseaux sociaux traduit bien la difficulté de l’individu à se définir socialement. Se dire soi, quoi qu’il en soit, et faire gonfler son capital d’amis. Le besoin de l’autre, pour paraphraser Pierre Karli, se manifeste par une errance désordonnée. L’absence génère le souffle, nous l’avons dit. Mais le souffle ne vaut que lorsqu’il est canalisé. Sinon, du vent. D’où la nécessité du rite – une fois de plus, du cadre. Prétention d’un être qui souhaiterait s’en défaire et vivre sa vie. Lorsque les absents sont les morts, lorsque ce sont eux qui délivrent leur souffle, et les vieux, plus proches de ces derniers, leur sagesse, l’humain est libre de se construire individuellement dans la richesse de sa différence puisque l’unité du groupe ne dépend pas de l’uniformité de ses membres, mais d’une culture authentiquement commune. Il se construit également en tant qu’être social puisqu’il est un maillon essentiel du réseau de ses proches, de ceux avec qui il communique directement. Lorsque les absents sont les vivants, lorsque l’on pense redéfinir la notion d’absence, « rapprocher » les individus à l’outrance en dépit des distances – et peutêtre même du temps, on parvient à l’effet inverse : dislocation du tissu familial, social – et de l’individu, qui se précipite sur des marottes volatiles, mercantiles et vaines pour cultiver l’espoir d’être encore un être social. Notre époque est celle d’un cataclysme, comme l’indique Régis Debray. Toute révolution induit une destruction, mais également une renaissance. Tout n’a pas péri sous le déluge. Comme le souligne Suzy Platiel, l’être n’est pas seulement « individu » et « social » – il est également « humain ». Et cette humanité, l’ensemble des habitants de cette planète la partagent. Il perdure des valeurs universelles, que l’on distingue particulièrement dans la transversalité des mythes et des contes voyageurs, par exemple.
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J’éprouve une sensation étrange devant les photographies des moments passés – photos de voyages, photos de famille, réunions entre amis... Sourires figés sur le papier qui tentent désespérément d’enrayer la fuite du temps. Les murs tapissés de ces icônes sont tragiquement poreux. Le regard nostalgique s’y dépose. Il y a dans ce déballage naïf une intuition première, celle qui a mené l’homme a produire l’imago, « Le moulage en cire du visage des morts, que le magistrat portait aux funérailles et qu’il plaçait chez lui dans les niches de l’atrium, à l’abri, sur l’étagère » (R. Debray) « Celui ou cela qui est photographié, c’est la cible, le référent, sorte de petit simulacre, d’eidôlon émis par l’objet, que j’appellerais volontiers le Spectrum de la Photographie, parce que ce mot garde à travers sa racine un rapport au « spectacle » et y ajoute quelque-chose de terrible qu’il y a dans toute photographie : le retour du mort. »
Roland Barthes, La chambre claire L’ère de la vidéosphère appelle un art qui dépasse l’imago en disant l’absence. Cet art nous ramène au Souffle. Il y a de la Cruauté là-dedans. Un art qui ne représente pas mais qui suggère, de même qu’un simple poteau peut nous relier à l’au-delà. Un art qui renoue avec le sacré et qui par le Souffle de l’absence nous fait ressentir l’essence. Derrière l’absence – il y a le vide.
« La tourterelle s’est envolée et la beauté de la montagne de nuages recouvre les champs et la vérité est là où on ne regarde jamais. »
Krishnamurti, La révolution du silence
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c ar los collado La mitad del cielo
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w w w.carloscolladophoto.com Muy a menudo me ocurre que no estoy dónde quisiera estar, o no me quedan fuerzas para continuar haciendo lo que hago. Cansada de que nada suceda me refugio en mí misma, y me tomo una pausa sin consultar si la merezco. En otras ocasiones, sin embargo, alguna cosa imanta mi atención y me aparto, sin percibirlo, del resto. Mi curiosidad y concentración me ciegan de tal forma que pierdo la conexión con el mundo. Lo que casi siempre pasa, lo que tan a menudo se repite, es que ante la fatiga, el malestar y el entusiasmo, o bien me abstraigo o bien me abandono al sueño. Me voy a otro lugar con mis pensamientos. Mi presencia entonces es sólo unos pocos kilos de carne y huesos. Mi mente vaga libre, fuera del tiempo. *Hace referencia al eslogan de la etapa maoísta que dice que “las mujeres sujetan la mitad del cielo”... Desgraciadamente en China todavía no lo ocupan.
La moitié du ciel* Souvent, il m’arrive de ne pas être là où je voudrais être, ou il ne me reste plus de force pour continuer à faire ce que je suis en train de faire. Lasse de ne voir rien venir, je me réfugie en moi-même et je prends une pause sans même me demander si je la mérite. Parfois, quelque chose attire mon attention et je m’échappe, sans m’en rendre compte, du reste. Ma curiosité et ma concentration m’aveuglent de telle façon que je perds toute connexion avec le monde. Ce qui arrive presque tout le temps, ce qui se répète souvent, c’est que face à la fatigue, le mal-être et l’enthousiasme, soit je m’éloigne, soit je m’abandonne au rêve. Je m’en vais ailleurs par la pensée. Ma présence alors se résume à quelques kilos de chair et d’os. Ma pensée flâne libre, en dehors du temps. *En référence au slogan de l’époque maoïste qui dit que ” les femmes soutiennent la moitié du ciel”... malheureusement, en Chine, ce n’est pas encore le cas.
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julien lev y
Cold hands, warm souls, burning hearts. www.julienlevy.com Je pourrais parler de n’importe quoi, je parlerai toujours un peu d’absence. Quand je te prends en photo on te voit jamais vraiment, on intercepte seulement des portions de ton être et on prie en silence pour tout voir plus tard, loin des rumeurs et des tumultes et au bout de la route, parce que dis-moi, c’est bien une route qu’on suit, on tourne pas en rond, dis-moi ? Quand je prends en photo New York c’est pareil, j’ai beau vivre ici je comprends jamais comment une telle chose peut tenir debout, pourquoi le soleil rebondit sur les façades et pourquoi toi t’es pas là. T’es jamais là, jamais assez là si tu veux mon avis. Je coupe les négatifs au milieu et je brûle les films parce qu’au moins les cendres elles mentent pas, tiens la preuve autour de toi il y a toujours des cendres, des tas de cendres encore rouges quand tu allumes la cigarette suivante. Il faut pas me faire parler d’absence parce que ça revient à parler de tout, puisque tout me manque toujours un peu. Au fond de l’allégresse tu me manques encore, et chaque été me manque quand vient le brouillard, je suis fait comme ça. J’y peux rien. Je suis fait comme ça. Julien Levy Mai 2014 New York (photographies réalisées en 2013 et 2014 sur des pellicules volontairement fragilisées)
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maria moutot en repérages www.mariamoutot.com Je suis assistante réalisateur pour le cinéma, en charge des repérages. Dans mon travail personnel de photographe, je conçois des installations qui mêlent des images, du son et du texte, une sorte de cinéma en kit, d’avant le montage et la synchro. Le film avant le film, c’est déjà du cinéma. Les photos de repérages sont de drôles d’images, des outils de travail transitoires qui doivent à la fois montrer ce qui est et ce qui pourrait être, faire surgir ce qui est là et ce qui n’y est pas mais qui pourrait y être parce que moi déjà, je le vois. La réalité et la fiction possible, dans une seule image. Des images pleines de fantômes, les fantômes du lieu qui les traversent, et ceux des personnages de la fiction qui pourraient s’y installer. Elles sont là pour éveiller le désir d’en faire d’autres, inspirer une profonde familiarité, ou parfois une surprise complice, mais dans tous les cas un sentiment de justesse par rapport à un univers, celui qui m’a été transmis par un auteur, celui du film qui se rêve avant de se faire. Les images de repérages sont des propositions, la toute première incarnation de ce rêve qu’on fait à plusieurs tout au long de la préparation d’un film.
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pasc al fayeton chronotopie www.chronotopie.com On entre dans le bois par un point pour remonter la pente au coeur d’un paysage d’ombres jusqu’aux monts (de la presqu’île de Giens aux monts du Cantal). Découpes de lumières typographiques, superpositions de motifs xylographiques, folies enchevêtrées, font référence aux techniques du dessin et de la gravure. Ils inventent l’espace, l’échelle de la maille écrit la profondeur, et jouent des limites des ombres et des lumières pour raconter une autre histoire. Le lieu est inconfortable, le cheminement se cherche. À la sortie, ce parcours a transformé mon regard. C’est l’histoire que je me raconte pour cette série. Je relie ce travail à une série couleur ancienne, mue, dans laquelle chaque image était d’une seule échelle. Il y a une recherche d’abstraction qui me permet d’aboutir à une esthétique. Placer ces images sous le titre de l’absence en révèle un sens.
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sébas ti en re d o n l e v i g n e noir presque transparent sredonlevigne.free.fr séb as t i en red on l évi g ne – i mag es c y r i l b er t h au lt j acqu i er - mo t s Le n o i r n’ex i s te pas, le rien non plus. Ils n’existent pas absolument, ils sont une vue de l’esprit, quan d n o u s c royo n s l e s vo i r n o u s voyons autre chose, ils sont des contenants, les révélateurs de ce qu’ils masquent, les ob j e c te u r s d e l e u r p ro p re d é f i n i t i o n. Le n o i r e t l e r i en – comme l’absence – ont une épaisseur, une densité composées par tout ce qu’ils i n c l u e nt e t q u i n’es t p as n oi r, n i r i en, ni ab sent. I l s ab so rbent sa ns ré sorbe r. Le n o i r e t l e r i e n – comme la douleur ou la joie – refusent les qualificatifs et les quantitatifs, les échell e s, l e s m e s u re s, l e s ca ra c té r i s at ions, ils appellent une sor te de minimalisme. Le noir et le rien – comme les souven i r s, l e s re g re t s, l e s e s p o i r s – n ous prennent sans cesse au dépour vu, ils font surgir des détails, dans leurs diverses d i m e n s i o n s, i l s re co m p o s e nt n o tre mémoire, notre regard, nos sensations, ils nous apprennent l’humilité et la déterm i n at i o n . Le n o i r e t l e r i e n ne sont pas obscurs. Nous projetons au travers. Ce que nous pouvons, ce que nous vo u l o n s. tex te d e m at h i lde ro u x
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Ce devait être au mois d’août. A moins que ce ne fut au début de septembre. Le ciel soudain s’est éteint. Il y eut un trouble dans un bonheur à peine dévêtu. J’ai cherché un interrupteur, je n’ai trouvé que de l’herbe sèche. Devant la solitude de l’instant j’aurais aimé ta présence.
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J’ai rejoint, pas à pas, la petite maison de bois, sans comprendre, ne sachant rien de demain et des autres jours. Comme chaque matin, j’ai fait chauffer de l’eau pour me raser de près. Le vent du silence, tel une lame trop aiguisée, un jour me tombera des mains. J’ai récité à voix basse, blanche mousse et prière inavouable, quelques vers de Verlaine. Dehors, ce matin, toujours le ciel se peint de noir.
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Aujourd’hui je suis monté tout en haut de la colline. L’air était doux. La vallée se couvrait d’un voile opaque d’une étrange densité. Je la savais là, présente et vivante; pour autant, je ne pouvais la voir. Les arbres, à cette saison sont de toute beauté. J’ai cueilli des figues sauvages, mûres à point, et quelques brins de thym.
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J’ai fermé tous les volets de la petite maison, plus intrigué qu’effrayé par cette étrange situation. Je ne parvenais pas à comprendre le déroulement du temps. Il me semblait y avoir là comme un non sens. J’ai bu de l’eau de vie jusqu’à plus soif. Les bougies se sont consumées en dessinant sur les murs de bien drôles de personnages. J’ai dormi profondément en espérant des jours meilleurs.
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Rien ne semble vouloir changer ; la lumière s’est bel et bien absentée. Dois-je m’y résoudre ? Pour combien de temps ? Je note toutefois aujourd’hui une légère variation dans l’état noir du ciel. Ce serait comme un soir de novembre avant la tombée de la nuit. Les pommes sont en avance cette année. L’hiver bientôt sera là.
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Notre vie ne se résumerait-elle désormais qu’à une partie de colin-maillard ? Serions-nous devenus des guerriers de l’obscur ? Quel dieu dois-je invoquer pour que me reviennent les souvenirs radieux de l’enfance ? Las, je me couche dans un lit de roses et d’épines. Je ferme les yeux. J’attends et ne vois rien d’autre que l’infini d’un horizon d’asphalte.
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J’ai planté au fond d’un pot de terre cuite tous mes doutes. Un à un, je les ai déposés, en conscience, avant de les recouvrir d’un terreau épais et fertile. A l’aide d’une lampe torche, j’observe avec attention l’état d’avancement de mes plantations. Les jours aveugles s’égrènent avec lenteur. Je ne parviens plus à donner un ordre logique à mes pensées. J’attends, sans savoir ce que j’attends. 77
Je regarde la neige tomber. Je réalise alors ô combien le silence s’est approprié l’espace depuis que le ciel fait le mort. Les flocons qui lentement s’amassent ne m’éblouissent pas. Ils sont ternes, décolorés et inodores; une palette qui hésite entre le gris d’eau et l’anthracite. Au contact de ma peau, je les sens fondre. C’est là, l’unique preuve sensible de leur existence. J’ai coupé en bouquet les fleurs de mes doutes. Je les laisse sécher dans l’espoir secret de les voir se transformer en poussière. 78
C’est devenu insupportable. Le ciel désespérément noir plombe mon esprit déboussolé. D’un fil propre et d’une aiguille fine, j’ai suturé mes paupières. Devant mes yeux des milliers d’étoiles rayonnent et me sourient. Les filantes s’arrêtent pour me faire signe. J’entends le vent souffler sur la plaine, les oiseaux chanter, l’eau couler du ruisseau. Ma vie n’a quasiment pas changé ; seul le noir est devenu presque transparent. 79
thomas chéné Truth and Consequences www.thomaschene.com Thomas décide de se frotter à l’Amérique en particulier celles des petites villes posées certaines oubliées au bord de routes qui semblent mener vers nulle part. D’abord repérer les lieux, lier connaissance avec une personne, apprendre un peu de sa vie avant de lui proposer de poser. Et puis déclencher pour saisir sur son visage une expression d’hébétude comme si elle doutait à cet instant de sa présence dans ce lieu, comme si elle recherchait un souvenir d’elle-même désormais hors de portée. L’indétermination des formes semble répondre à celle des personnages et nous installe dans un monde suspendu, dans cette hésitation très américaine entre le cinématographique et le banal, l’épique et l’absence. Thomas parcourt une Amérique en apesanteur, qui ne sait toujours pas quel est son passé, et qui semble guetter un futur indéchiffrable. Texte Michel Fonovich & Christian Maccotta
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Points de vente: La revue de photographie Regards est éditée par l’association bla-blART 20.rue J-B Lulli, 66000 Perpignan, France. www.bla-blart.com
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Directeur de publication : Pascal Ferro Comité d’édition : Claude Belime, Pascal Ferro, Edith Barboteu, Odile Corratgé, Eric Horvath Réalisation technique : Odile Corratgé, Edith Barboteu Contact : revueregards@yahoo.fr Toutes les photographies publiées dans la Revue de photographie Regards sont soumises au copyright. Toute reproduction ou publication est interdite sans accord de l’auteur.
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Déjà paru # 1: le paysage (août 2009) # 2: l’autre (octobre 2009) # 3: polaroïd (janvier 2010) # 4: rencontres (mai 2010) # 5 : mouvement (juillet 2010) # 6 : l’intime (octobre 2010) # 7 : ailleurs (janvier 2011) # 8 : noir (avril 2011) # 9 : étrange (juin 2011) # 10 : architecture (décembre 2011) # 11 : pouvoir (septembre 2012) # 12 : la beauté (mai 2013) # 13 : rock (février 2014)
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