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eg ards R
revue photo à tirage limité
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HS # 8
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l’île des chamans textes de l’atelier d’écriture
de la médiathèque municipale de Saint-Estève
sur la série photographique de
Steve
Drevet
et
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Claude
Parent-Saura
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préface L’atelier Photographie-écriture de la médiathèque de Saint-Estève a vu le jour en 2009, et sa formule – inviter les gens à écrire en s’inspirant de photos – n’a pas changé depuis. Elle a fait ses preuves : chaque année une quinzaine de participants saute le pas et ose prendre la plume. Ils rencontrent un artiste, découvrent ses photographies, son univers, et, parfois déconcertés, se risquent à traduire leur ressenti avec leurs propres mots. Par son originalité, son caractère sauvage et onirique, « L’île des Chamans », la fiction photographique de Steve Drevet et de Claude Parent-Saura, ne pouvait que répondre aux objectifs de cet atelier, à savoir stimuler l’imagination, laisser sa place au récit et susciter les interprétations les plus libres, les plus poétiques… les plus fantasques aussi. Il va sans dire que les textes proposés ici ne visaient pas à une quelconque performance littéraire, mais au seul plaisir de l’écriture. Créateurs de la revue de photographie Regards (www.revue-regards.com) les membres de l’association bla-blART ont eu, une fois encore, la générosité de soutenir ce projet en éditant un hors-série entièrement consacré à l’atelier d’écriture. L’équipe de la médiathèque municipale tient à les en remercier chaleureusement : leur intérêt a permis de donner davantage de corps à notre initiative. Philippe Vidal Adjoint délégué à la gestion de la médiathèque L’équipe de la médiathèque
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présentation par les auteurs ”Tout est vrai puisque tout est inventé. La vérité est partout, il suffit d’y croire.” Au commencement il y a eu la matière. Une matière façonnée par le plasticien Claude Parent- Saura , une matière qu’il a transformée en œuvres artistiques à travers ses masques, ses costumes, ses artefacts, ses objets. Puis est venu le temps du regard. Il y a d’abord eu le regard du plasticien lui-même sur ses propres œuvres, auquel est venu s’ajouter celui d’un photographe écrivain, Steve Drevet. De ce double regard est née la possibilité d’une île. C’est cette île et ses chamans que nous vous présentons à travers ces photographies réalisées à quatre yeux. L’île des chamans est un voyage intérieur, une exploration aux confins du rêve, de la réalité et des mondes invisibles, une confrontation avec les esprits de l’eau, de la terre, de l’air, du feu, du végétal et du minéral. Nous sommes particulièrement touchés par l’intervention des écrivains qui ont participé à l’atelier d’écriture organisé par la Médiathèque de Saint-Estève. Par leurs textes, ils ont apporté esprit, matière, rêverie, fantaisie et liberté créative à nos images. Nous les en remercions. Nous tenons aussi à remercier chaleureusement Pierre Denizet, Léa Cabrera, la municipalité de Saint-Estève et bien entendu l’association bla-blART, grâce à qui cet échange entre écriture et photographie a vu le jour sous la forme de ce hors- série de la revue Regards. Steve Drevet et Claude Parent-Saura
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À fleur d’eau
Naseaux à fleur d’eau, il avance, Sillage léger imprimé par sa queue parmi les nénuphars. S’entrebâillent ses yeux où des paillettes dansent, Corps sombre immobilisé par la vision bizarre. Une bergère en équilibre et sur une seule jambe de surcroît ! Un sourire avide élargit sa bouche rose, il savoure déjà. De clapotis en clapotis, dans le miroir changeant de l’onde, Quelques vagues finissent de mourir sur le rivage, vagabondes. À l’horizon, ciel et eau étales se confondent. Marie-Claire Bassou
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Je ne sais plus si j’ai les yeux ouverts ou pas. Je rêve ou est-ce la réalité? J’entends tout, je perçois tout. Mes sens sont en éveil, je sens comme une agitation de mon corps et de mes pensées, ai-je perdu le contrôle ? Pas encore. aurais-je perdu pieds? Pas tout à fait. Je me vois; dans cette enveloppe qui ne m’appartient plus, je suis quelqu’un autre, je dirais même autre chose. Je n’ai pas peur, je n’ai même pas envie de revenir. Je vais rester là, peut être pour l’éternité, tant pis pour ce que j’étais. Karine Llech
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Carnaval Récapitulons, ai-je bien tout noté ? Une botte de radis, une grande boite de thé Un pied de cèleri, un paquet de biscottes Une bouteille de lait, des spaghettis De la lessive, de la moutarde aussi Trois steaks hachés et du poisson pour Jacquotte Quelle tête de Linotte J’allais oublier le pain et les oignons ! Je vais aussi prendre des bananes Mais, où est donc mon sac à provisions ? C’est Kevin, maman ! Il l’a pris pour se déguiser en chaman… Denise Broussard
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Là-haut, Elle a laissé son masque Masque de solitude et de rigidité. Ici, en-bas, Elle réapprend à vivre Retrouve son élément, Se laisse porter par le courant, Aime des algues l’effleurement. Elle se laisse porter, Se livre tout entière. Elle goûte le plaisir, Elle goûte la douceur Des plantes qui la frôlent, Des monstres qui l’affolent. Vers Elle un petit être s’est avancé, L’a saluée, l’a caressée. Il n’est pas de sa race mais il l’a «reconnue». Ils font partie de ce monde enchanté Qui est le sien, qui est le leur, Où « tout est luxe, calme et volupté ». Noëlle Beuzeboc
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Faut-il avoir encore de la nostalgie de ce que nous N’avons plus, de ce dont nous nous souvenons ? Et, paradoxalement, de rappeler constamment le Passé. Cela nous empêche-t-il d’avancer ? Pourtant l’on sait mieux où l’on va lorsque l’on sait d’où l’on vient. C’est l’équilibre de chacun. Pourtant l’image me gêne : nous sommes à l’heure de la couleur, A l’heure de la modernité. Alors apportez-moi mes pinceaux ! Une pointe de jaune, une pointe de bleu, Ainsi nous irons au vert, Et nous continuerons d’espérer. Huguette Cazenobe
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Intuition J’ai acquis pour trois fois rien, chez un brocanteur, un journal tenu par un vieil archéologue fou. Du moins est-ce ainsi qu’il était perçu par ses confrères et le reste du monde. Pour ma part, je n’y accordais que peu d’importance, car je ne le connaissais pas. Ce qui m’avait attiré, c’était l’aspect authentique du cuir vieilli et usé par les voyages. J’ai tendance à acheter tout et n’importe quoi sur un coup de tête ou plutôt sur intuition. Là, ce fut comme si le journal m’avait appelé, comme si depuis des temps immémoriaux il n’attendait que moi. Baliverne, ineptie juvénile, répondrez-vous! Je n’ai peut-être que vingt-cinq ans, mais après avoir écouté ce qui m’arriva par la suite, peut-être aurez-vous une autre opinion de la chose. Une fois rentré chez moi, je m’installai dans un fauteuil et me mis à lire ce journal, jusque tard dans la nuit. Au réveil, encore tourneboulé par des rêves étranges, j’ouvris le journal sur une page où une suite de chiffres couchée là sans but précis, en apparence, m’extirpa quasiment de ma torpeur matinale. Cet archéologue était peut-être fou, mais il avait su cacher des coordonnées qu’une nouvelle intuition m’ordonnait de suivre. Deux jours de marche, sous un soleil de plomb, où même les guides les plus téméraires n’avaient osé m’accompagner. J’arrivai au milieu de nulle part, avec pour seule compagnie une terre aride, trois bouts de bois et le crâne d’une bête à cornes. Il n’y avait là rien que le souffle de la mort. C’est alors que mon regard croisa les orbites vides du crâne. Une soudaine bourrasque de poussière m’aveugla un instant. Quand je rouvris les yeux, les bouts de bois, la terre et le crâne s’amoncelaient pour former un être étrange, dont les doigts prenaient racine et la tête dardait vers moi deux cornes suspicieuses. A son côté, un cygne blanc prenait également forme. Je sais ce que vous vous dites. Le soleil m’avait durement malmené et j’étais en proie à des hallucinations. Cette vérité me réconforterait si seulement elle pouvait être vraie. Le cygne régurgita un liquide doré dans une écuelle en bois que la bête cornue m’invita à boire. J’étais pour le moins méfiant, mais ces deux jours de marche avaient grandement diminué le peu de réserve d’eau que j’avais apportée. Je bus donc et soudain je basculai en arrière. La main de la bête à cornes saisit mon avant-bras pour me rattraper, une chaleur surnaturelle irradia dans tout mon corps ; elle me propulsa dans un autre lieu, dans d’autres époques, sur d’autres planètes. J’étais le scorpion sous le sable, le vautour dans le ciel, le souffle du vent et la pluie qui ruisselle, puis je fus de nouveau moi, allongé dans mon lit. Oui, aussi étrange que cela puisse paraître, j’étais revenu chez moi. Je n’avais pourtant pas rêvé, car au regard du courrier accumulé dans ma boîte aux lettres, deux semaines s’étaient écoulées. Vous me croyez fou à mon tour, mais alors comment expliquez-vous cette marque sur mon avant bras, là où l’être étrange m’a saisi ? Vous semblez effrayé ? Vous connaissez ce symbole ? Je savais que vous pourriez m’aider. Je me fie toujours à mon intuition. J.L.Houry 21
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La colombe (suite de ”Intuition”) - Hier encore je vous aurais répondu que cela concerne les mythes et les légendes. Mais aujourd’hui vous venez à moi, porteur de ce symbole dont je pensais être le seul à connaitre l’existence. - Qu’est ce que cela signifie ? demanda le jeune homme au vieil animiste. - Vous avez été marqué du sceau du destin. Symbole puissant, issu d’une civilisation oubliée qui exista bien avant les Babyloniens. Selon les textes anciens, vous seriez en mesure de plier votre destin à votre bon vouloir. Que vous ayez su me trouver me pousse à croire, à mon grand regret, que tout ceci est vrai. - Je ne comprends pas. Qu’est-ce qui vous effraie? - Comme tout un chacun, votre vie est un chemin ponctué de choix qui vous font hésiter entre le bien et le mal. Mais contrairement au commun des mortels, vous avez la possibilité de voir ce qu’il adviendra de vos choix. - Vous voulez dire que je peux contrôler mon futur ? - Oui, et par conséquent, nous, pauvres mortels, perdons cette liberté de choisir en votre présence. - Je vous ferais perdre votre libre arbitre ? - Malheureusement. Toutes les personnes qui croisent votre chemin ne peuvent qu’agir selon vos choix. Vous pouvez voir les différents futurs possibles. Dès lors, il vous suffit de choisir celui qui vous convient et de vous en vêtir pour qu’il soit vôtre. Nous réduisant alors au rôle de simples pantins. La véritable question est de savoir quel chemin vous allez nous faire suivre. En d’autres termes, qui êtes-vous? - Comment le savoir ? - Vous pouvez voir vos différents futurs, alors regardez, choisissez, et dites-moi ce que vous voyez. Le silence se fit entre les deux hommes : - Je vois l’être étrange qui m’a offert ce don. Son visage est caché. Il tient dans sa main droite une faux. - Je vous en prie, ne choisissez pas ce chemin. - La puissance qui émane de lui est enivrante. - Ne cédez pas aux sirènes de ce pouvoir. - Le ciel rougeoie du sang des sacrifiés. - Je vous en conjure, soyez bon. - On me craint. On me vénère. - Restez humble, ne sombrez pas dans la vanité. - NON... non pas comme ça. - Que... que voyez-vous? - La faux change de forme. Je tiens dans ma main un olivier. J.L.Houry 23
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Nouvel âge ? (suite de ”La colombe”) Il m’était impossible de laisser ce jeune homme partir, avec en lui, le pouvoir de tous nous contrôler. Parmi les ruines des temples anciens, j’avais découvert un couvre-chef étrange qui, après de longues recherches, m’apparut comme le seul moyen de ne pas être sous son emprise. Dès lors, je me devais de libérer le monde de ce joug invisible. Même s’il avait choisi la voie du bien, il m’était insupportable de savoir que le monde perdait son libre arbitre en sa présence. Lorsque l’occasion se présenta, je le tuai. Juste avant que je ne me réveille, j’eus la vision de moi-même, vêtu d’un pagne et de cet étrange couvre-chef qui cachait mon visage, dominant le corps sans vie du jeune homme. Puis je m’assis dans mon lit en proie à la plus grande confusion. J’avais rêvé. Un rêve étrange, fruit d’une vie à chercher un sens à notre monde, un sens à nos déchirures, un sens à des siècles d’histoire. Avec douceur mais insistance, la vérité me baigna telle la lumière sur un nouveau-né... ”Nous ne sommes que des enfants. Nous grandissons, évoluons par essai-erreur, réussite-échec, mais en tant qu’enfants, nous avons besoin de quelqu’un au-dessus de nous, d’une personne vers qui nous tourner en cas de doute, d’une idole à vénérer et à laquelle nous accrocher. Mais il est temps que l’enfance se termine et qu’elle fasse place à l’âge adulte. J’ai fait un rêve. Nous marchions tous ensemble main dans la main, abandonnant les idoles puériles du passé pour un meilleur lendemain. J’ai fait un rêve. Chaque être humain était responsable de ses faits et gestes, et ne se cachait plus derrière une icône mystique pour faire valoir ses actes. J’ai fait un rêve. La route sera longue. Avant l’âge adulte vient l’adolescence. Âge du chaos et de la recherche de soi. J’ai fait un rêve. Il m’appartient de montrer la voie. Ce n’est pas un message mystique, ni une voix dans ma tête. J’assume ce que je vais faire, en tant que futur adulte.” Flash spécial: Aux quatre coins du monde, des centaines de lieux de cultes, de toutes les religions, ont été incendiés et détruits. Heureusement, il n’y a à déplorer aucune victime. Pour toute revendication un seul et même message. L’âge des peurs enfantines et du mysticisme a fait son temps. Un nouvel âge commence. Libérez-vous et grandissez..... J.L.Houry 25
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Quand tomberont vos masques, Que vos armes à nos yeux Ne seront que brindilles, A nos yeux grand-ouverts Misérables artifices : Nous vous regarderons. Nous vous regarderons, Apeurés et fragiles, Et déjà vacillants Dans la lumière du jour Que nous n’attendions plus. Nous vous regarderons, Emportés par les flots Trop longtemps retenus De nos rêves meurtris. Nous vous regarderons Lentement disparaître, Et debout sur la rive Ignorerons la main Que vous nous tendrez. Emportés tous vos masques, Les mensonges affligeants, Vous serez enfin nus, Sous nos yeux affranchis. Pierre Denizet
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Je dirai simplement quelques mots de cette image : belle, sensuelle, athlétique et forte et de tout ce qui permet de renouer le désir et l’envie ! Une image presque parfaite. Rien d’étonnant ? Nos désirs donnent-ils un sens à la vie ?
Michèle Angles
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La destinée Te souviens-tu ? -saute mouton, tire le chat par la queue et la chevillette cherra, jeu de l’oie et ânerie, ver luisant aux abois, alouette au bain-marie, pigeon court sur pattes n’a qu’une oreille. -tu as 13 ans sur ton curriculum vitae tu inscris: stage à la SPA. Te souviens-tu! -et pique et pique et colégram, cocasserie, coquecigrue bour et bour et ratatam -saut à l’élastique sur boyau de chat -tu as 18 ans tu es reçu au bac option gymnastique. Te souviens-tu! -Anabelle la rondelle, Joffrey l’aviateur, Sidonie la momie, Thérèse la sauterelle, -voyage avec Lulu et Fred à Torshavn en pédalo (île Féroé) -tu as 20 ans tu passes en troisième année au conservatoire. -l’Odéon accepte ta pièce «fringale sonore acousmatique». Te souviens-tu ? -J’ai du bon tabac dans ma tabatière, J’aime la saucisse, le jambon et le calva -tu as 21 ans tu t’impliques dans les sciences humaines et sociales deux mois à Fleury-Mérogis où tu peaufines ton manuscrit «Ibiscus» -consécration au Goncourt. Te souviens-tu ? -Edwige la fille du sénateur, l’elfe de L’ENA, arrière arrière-petite-fille de Mac Mahon, jolie comme un cœur. -tu as 23 ans, tu sabres le champagne et l’épouses. Te souviens-tu ? -Cunégonde et Joris ta fille deviendra secrétaire d’état à la gastronomie, Joris sera astronaute. Te souviens-tu ? -Au café de Flore, les cartes tombaient de mes mains, je t’avais à peine reconnu. Tu étais œil de faucon, tu repartais pour l’Arizona persuadé de descendre des Apaches. Marie Bout d’Art 31
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Retraite Fallait-il que l’événement fût important, la nouvelle ou la douleur ou la perspective difficile à supporter pour qu’il en soit venu, en plein cœur du mois de juillet, longue cagoule blanche sur la tête, à s’extraire du monde de cette façon-là ; à se fourvoyer au fond de cette grotte lugubre, et inhospitalière ? De quels assauts du monde extérieur était-il venu se protéger ? Qu’était-il venu confier dans ce ventre de pierres lugubres ? Lui, si sociable, si ouvert, si attentif… une parole aimable toujours au bout des lèvres pour saluer l’un, encourager l’autre, le regard en alerte, disponible. Cette grotte sombre l’éloignait de tout ce qu’il aimait... Il savait mieux que personne la beauté du monde ! Sa sensualité, il la puisait dans un face à face attentif avec les éléments : avec les bourrasques violentes du vent qui apportaient, dans leur sillage, ce soleil brûlant dont il aimait les caresses sur sa peau brune ; avec la lumière épaisse et floutée des après-midi trop chauds sur les montagnes voisines ; avec le bleu-gris, le rose, le violet d’un ciel endeuillé les soirs d’été d’après orage ; il aimait écouter le murmure des vagues quand elles viennent lécher le rivage avec un bruit de baiser. Cet abri mortifère l’éloignait aussi de ses amis avec lesquels il aimait partager, échanger. Tout l’intéressait : les livres, le cinéma, la musique, les joutes politiques… Il s’intéressait même aux petits potins, ces signes d’humanité, dont bruissait son quartier quelquefois… Il aimait même s’ennuyer un peu…. Il aimait la vie tout simplement ! Il avait eu envie - envie ou besoin ? - de se retirer du monde ; de plonger dans un univers préservé, par sa simplicité, son austérité et son dénuement, du bruit et de l’agitation… pour se concentrer sur l’essentiel, réfléchir à la façon d’affronter les vicissitudes du moment ; pour aller à la recherche de sens. Il avait eu peur. Quelle réponse cherchait-il dans l’obscurité et la profondeur de la terre, en écho à son angoisse ? … Devant lui, le vide d’une vie qu’il lui faudrait réinventer, le gouffre d’une liberté dont il allait devoir redéfinir les contours. Et que mettre à la place de ce trop-plein d’occupations qui l’avait tenu en éveil jusqu’ici ?... Le temps était donc passé si vite ? Car il aimait cette différenciation des temps, cette alternance des rythmes qui faisaient le sel de sa vie: le temps du « rien faire », celui des vacances qui permet de faire le vide dans sa tête et le plein de soleil, de bains de mer, d’amitié et de retrouvailles ; un temps qui s’étire avec lenteur mais dont il savait qu’il finirait dans quelques semaines, quelques jours, demain… pour la reprise, le mouvement, l’adrénaline. Le point de départ d’un autre recommencement… Cette différenciation le faisait exister pleinement ; elle était un repère, et son équilibre. A la rentrée prochaine, il ne retournerait plus dans sa classe : les élèves lui manqueraient… C’était pourtant hier que, concours en poche, il venait de débuter. Il lui fallait déjà renoncer ? … En septembre, il prendrait… sa retraite ! Martine Ruiz 33
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Humain, si tu existes encore, manifeste-toi. Ce monde est-il encore Monde ou Farce ? Je m’abstiens d’étaler ici toutes les questions qui me taraudent. Vous penseriez que j’entame une crise, dépression, burn-out ou je ne sais quel autre mal à la mode. Je ne déconsidère aucunement ces maladies, seulement leur diagnostic souvent hâtif. Vous m’enverriez alors chez un « spécialiste/magicien » qui guérirait mes angoisses, peurs, doutes, en trois, quatre séances accompagnées d’une prescription du remède idéal : Surmontil®. Son nom évocateur me plaît. Et miracle ! De bonne humeur, je reprendrais mon train-train, comme on dit, qui, somme toute, est assez banal. En forçant légèrement le trait, je dirais que je suis Madame ou Monsieur tout le monde, bien rangé dans sa petite vie. Là où certains, dont le spécialiste en question, se hâteraient de penser « quel manque de caractère, de confiance, d’estime de soi !», je rassurerais tout le monde : rien de tout cela, juste un constat. Mes proches, amis ou famille, ne manqueraient pas de vous dire que du caractère, j’en ai. Pour revenir à ces questions évoquées plus tôt, je les résumerais à cette seule interrogation: « Humain, existes-tu encore ? » Je veux dire humain dans le sens le plus naturel d’individu « qui manifeste à un haut degré la sensibilité, la compréhension propres à l’homme en tant qu’individu dans un groupe social. » - définition piochée dans le Larousse. Le terme a un jour été référencé, exploité, alors l’idée a existé, n’est-ce pas ? Ou fabrique-t-on des mots pour ne pas nous terroriser, pour nous donner l’illusion d’un monde beau? Visiblement non, puisque pour ne reprendre que « terroriser », les pires existent aussi. Mais il s’agit là d’une autre question, me direz-vous. Mon auto-thérapie consiste à croire que cette lueur qui nous réchauffe, nous apaise, nous éclaire quand tout est noir n’est pas seulement dûe à mon abonnement chez EDF. Alors, Humain, si tu existes encore, manifeste-toi. Léa Cabrera
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Depuis le petit matin je marche. Le chemin est rocailleux et escarpé. Un instant, je m’arrête pour contempler la paroi rocheuse qui s’élève vers le ciel. Je suis à la recherche d’une grotte où, selon la légende, vit un génie. Au détour d’un sentier, je découvre, enfouie sous les ronces, l’entrée d’une galerie. Je m’avance prudemment et aperçois une petite lueur qui éclaire le fond de la cavité. Je distingue alors une forme étrange accroupie devant des braises rougeâtres. Serait-ce le génie dont on m’a parlé ou mon imagination qui me joue des tours ? Maryse Gelis
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Interrogation Qui es-tu? Qui pose les questions? Quelles questions? -Différents! Lui porte le masque et arbore jeunesse et virilité. Elle s’appelle le printemps de Botticelli. -Différents? Le Désaccord, l’insolence, la domination ou la reconnaissance, la conciliation et même L’amour
Marie Bout d’Art
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Il était une fois… au pays des sorciers un roi. Mais pas n’importe lequel, le roi des sorciers. Un soir de pleine lune il est enfin prêt. Harnaché, grimé et affublé de grigris de toutes sortes, son visage caché derrière un masque bouclier. Il va visiter la savane dans un voyage sur place, à la demande des siens. L’attente est grande, les hommes ont faim et le gibier se fait rare en cette saison. On entend quelques murmures. Puis le tam-tam résonne dans la nuit. Le rythme est tout d’abord léger, puis s’amplifie, monte, monte, devient envahissant et lancinant. Les corps se balancent et lui, le sorcier, se met à psalmodier. Il invite les voix à se joindre à lui pour appeler les esprits de la savane. Il tape des pieds dans la poussière et danse sans s’arrêter, s’étourdissant comme pour s’élever plus vite. Le corps tourbillonne, le tam-tam se fait plus rapide. Il a des ailes. Il est en transe. Il est l’esprit de la savane. Il ne sent plus son corps qui dégouline de sueur. Son cœur bat la chamade. Tout son être est pris dans cette invocation. La transe le possède. Le temps s’écoule interminable dans ce vacarme scandé. Tout à coup le roi s’affaisse, comme vidé de son essence, vidé de sa vie. Le tam-tam se tait, les murmures au début timides s’amplifient et les voix se font entendre. Demain, ils partiront à la chasse et reviendront avec de quoi se nourrir. Les esprits l’ont dit… Il était une fois dans la savane… Christiane Garry
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Au son des tam-tams les guerriers se sont rassemblés. Leurs visages et leurs corps sont recouverts de peintures multicolores. Ils portent de grands masques décorés de plumes et de perles. Autour d’un grand feu qui éclaire le ciel, ils entament une danse scandée par le cliquetis de leurs lances. Le rythme s’accélère emportant leurs corps dans un mouvement frénétique et saccadé. Soudain une voix s’élève, grave et profonde. Le chef de la tribu, les bras tendus vers le ciel, implore les Dieux et fait appel aux esprits des ancêtres. Les guerriers sont prêts à livrer la bataille, ils s’élancent dans une clameur sauvage. Postés sur une colline en rangs serrés, des cavaliers armés de leurs arcs les observent attendant l’instant propice à l’attaque. Le signal est donné, les flèches sifflent dans l’air. Un nuage de poussière recouvre guerriers et cavaliers qui s’affrontent dans un combat où clameurs de rage et cliquetis des armes se mélangent. Hommes et chevaux blessés sont à terre. Les corps se mêlent, on ne sait plus qui est l’ennemi. Puis, au loin, le bruit sourd des tam-tams se fait entendre, annonçant la fin du combat. Un grand silence se répand sur la plaine. Les chefs des deux tribus se font face. Ils retirent leurs masques et baissent leurs épées en signe de Paix.
Maryse Gelis
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Rencontre insolite
Silhouette incongrue, Gardienne du champ, Appuyée sur ta crosse desséchée, C’est l’été. Prince, épouvantail, sorcier ? Es-tu là, pour chasser les mauvais esprits ou les appeler ? Faire peur ? Mais à qui ? Aux superstitieux, aux oiseaux ? Pantin de toile, tu tangues au gré du vent, Planté dans cette lande fleurie. Chapeau biscornu et doigts crochus. Mais qui es-tu ? Le soleil est au couchant, Ses rayons sont rasants, Il fait beau, C’est l’été !
Christiane Garry
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Je t’aimais avec tendresse. Tu avais accompagné mes chagrins, que tu apaisais parfois. Ton poil avait été d’une jolie couleur bleu tendre. Mes étreintes l’avaient transformé en un gris indéfini. Et dans ce gris qui n’en finissait pas je t’aimais encore. Ce jour-là, tu as surgi, sans me voir. Tu étais là, devant moi, immobile, Semblant ne pas me connaître. Regard fixe, têtu, marchant droit devant, Tu aurais écrasé tout ce qui t’aurait gêné. Tu ne m’as pas écrasée, Tu ne m’as pas regardée, Tu ne regardes plus personne. Quand on n’a plus d’espoir, Quand on a trop de chagrin, Qu’on a perdu toute mémoire, Mieux vaut changer de trottoir !
Noëlle Beuzeboc
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Il était étendu là, à la lisière de l’eau, ses membres convulsés pointaient vers le ciel comme une prière. Il avait voulu leur échapper… Depuis son errance, il avait appris la traque, il savait reconnaître le moindre murmure, renifler la moindre menace, puis le doute était venu… Comme une déflagration, sans crier gare, sa vie avait basculé innocemment vers l’obscur, l’enlisement. Là, maintenant, dans ce paysage figé, il invoquait la voix du Sorcier.
Louise Jacob
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Hutte hideuse Mais en quoi la concerne-t-elle, cette photographie ? Quels mots pourrait-elle mettre sur ce tableau mortifère ? Que peut lui inspirer cet homme courbé à même la terre noire, dans cette hutte blafarde qui transpire l’angoisse et sur laquelle la lune a déversé ses dards de deuil ?... Que dire à cet homme au visage caché sous un masque grotesque et hideux, le corps enroulé dans une position de soumission sous des ailes de carton glacé semblables aux ailes d’un oiseau mort ? Et que pourrait-elle comprendre de ses malheurs ou de ce rite macabre ? Et cette figure effrayante devant laquelle il se prosterne ? Est-elle la version terrestre et peu engageante d’un Dieu qu’il implorerait ? Cet homme est-il venu expier une faute ? Demander à ce que soient exaucées ses prières et entrevoir un pardon ?... Elle sait que l’on commet un crime – le pire qui soit – en se montrant indifférent, insensible ou froid ou mal intentionné envers les formes et les incarnations que peut prendre une vie. Mais elle sait, aussi, que les mots sont quelquefois incapables de décrire ou de décoder, même de façon approximative, une situation dans ce qu’elle a de singulier ! Elle le sait ; et là, devant cette photographie, même si elle se reproche ce mouvement de recul, elle ne peut pas s’exprimer ; elle fuit ! Sauve qui peut !... Elle n’a pas de mots !... Car ses mots, elle veut les préserver pour dire la beauté du monde : célébrer l’émouvante explosion d’un ciel une fin d’après-midi d’arc en ciel ; dire le gris des gouttelettes de pluie sur les carreaux de sa cuisine un soir d’été; surprendre les yeux jaunes et dilatés du chat parti en résistance contre la tiédeur d’un sommeil naissant ; glorifier les dernières traces dorées du soleil dans l’horizon qui se couche et puis meurt jusqu’à demain ; sanctifier l’horizontalité des lignes noires de l’écriture dans un livre laissé ouvert ; exalter la couleur ocre et vieillie d’un mas dans l’épaisseur frisée et verte d’une vigne au printemps ; encourager le fragile bouton de rose qui hésite et qui pourtant ne demande qu’à se donner… Chanter l’amitié, l’amour, le partage… Le beau ! Voilà comment elle veut épuiser ses mots : dans une quête infinie de l’émotion, du sensuel, du frisson, du mystérieux. Des mots qui questionnent la vie avec gourmandise pour le seul enjeu qui vaille : ressentir dans les beautés offertes du monde, la présence d’une possible et nécessaire humanité… « Homme de la hutte, viens ; suis-moi ; arrache de toi ces accessoires qui t’entravent. Ouvre tes yeux et ta conscience à la volupté du monde. Regarde !... Il est tard et les étoiles commencent à déchirer le ciel en revendiquant, comme tous les soirs, leur place dans l’immensité de l’univers ; vois la lande entre l’étang et la mer, elle est encore mauve… Viens, quitte ta nuit ! » Voilà quels seraient pour lui, ses mots à elle ! Martine Ruiz 51
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La Marginale
A l’ombre d’un platane, je me suis assoupie, et je rêve, je rêve… je rêve de cette fille; que fait elle assise à attendre… attendre! Qui ?! Quoi ?! Vous l’avez vue sur la photo; est-elle seule ? Est-elle réelle ? Elle semble prise sur le vif. Je rêve de me saisir de cette caméra qui me prive de distance; d’agrandir son espace… cette obsession de vivre à l’étroit. Je rêve d’une image qui ne ressemble pas à ce corbeau, cet épouvantail à moineaux, un semblant d’humain. Il me vient à l’esprit de l’étreindre; de lui donner de la vie; de lui transmettre ma vitalité Je rêve de me l’approprier, comme a une âme de lui tendre la main. Mais en a-t’elle une ? Je crie fort, je crie si fort (LIBERTE). Evidemment, cela m’a réveillée. Sans doute ai-je fais un cauchemar. J’ai lu quelque part, à la une d’une revue, l’existence d’un peuple singulier : LES CHAMANS. Je dois partir, il me reste a vous convaincre de faire de cette histoire un joli conte pour bd.
Huguette Cazenobe
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Mon voisin Augustin a toujours craint les oiseaux pour ses récoltes. Il vit de la vigne, de quelques arbres fruitiers et de son petit potager. Trente habitants, tout au plus, vivent dans ce village l’hiver, pour la plupart très âgés. Bien qu’Augustin ait été Conseiller Municipal il y a très longtemps, il n’a plus maintenant gain de cause. Mais qui pourrait l’aider à résoudre ce problème qui le tracasse autant : faire fuir ces gros moineaux qui mangent ses récoltes. Peutêtre cet épouvantail au fond du jardin dont il ne se souvenait plus ?
Michèle Angles
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Mort et désolation Souffrance et cri C’est tout un peuple qu’on tire à vue et qui boule dans la poussière C’est l’enfant génération perdue qu’on arrache à sa mère C’est le vieux stérile aux lèvres closes sur le secret des sources C’est la vieille immobile qui attend sous la falaise sacrée Et toi enfant clown ôte ton masque Et regarde si tu l’oses brûler le cœur rouge du désert
Marie-Claire Bassou
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Près de moi De plus en plus souvent, je pressens sa présence près, contre, ou en moi. Dans les moments de peine ou de désespoir profond, elle s’enroule autour de moi comme une étole de cashmere douce, chaude et rassurante. J’entends dans ma tête sa douce voix sereine, tendre et apaisante, qui me susurre de tenir le coup, de ne pas tomber dans la nuit. Ses conseils sont ceux d’une ancêtre à la vie bien remplie qui serait près de moi pour m’aider dans mon désespoir non par de conseils mais plutôt par des mises en garde contre mon envie de foncer tête baissée dans la dépression. Aux moments de joie, et d’euphorie, elle saute, fait des saltos arrière et avant ou applaudit à me rires. Pour me montrer qu’elle partage mes joies, elle forme autour de moi une farandole de fleurs de couleurs vives qui embaument l’air environnant. Sa bonne humeur m’exalte et me pousse à sourire des choses de la vie, même des mauvaises. Si mon humeur devient mélancolique et se remémore le passé, elle se cale près de mon cœur comme un cocon de coton, d’où elle ne laissera passer que le bon. Devant mes yeux clos, elle permet le déroulement des meilleurs moments de ma vie avec ma famille et mes amis. Ainsi, des souvenirs me reviennent en mémoire et seuls demeurent les épisodes heureux, mais comme pour les moments de chagrin, mon ancêtre me conseille de ne pas regarder derrière mais devant moi pour mieux avancer. Lorsque la colère m’empoigne les tripes, serre mon cœur et que l’envie d’envoyer des claques à tout le monde me prend, elle enfile ses gants de boxe, et à petits pas sautillants, elle tourne autour de moi en envoyant des coups de gauche à droite, comme si elle se battait pour et avec moi. Mais au final, elle occupe tellement mon esprit que ma colère retombe et que je peux mieux réfléchir et donc me calmer. Je viens de vous présenter, visible pour la première et la seule fois, sur cette photo : MA CONSCIENCE.
Nadine Graell 59
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Abécédaire Aquarium, tu es enfermé dans un aquarium ! Buée sur les vitres, moisissures, algues putréfiées Cristaux de sel agrippés à tes doigts momifiés Dytiques enfouis dans tes organes sans épithélium ! Enorme tête de monstre, tu te caches au sein des profondeurs Fontanelle percée par les vers, tu te réjouis de nos peurs Genoux fléchis, de ta narine dilatée, s’échappe une épaisse morvelle Handicapé mais encore néfaste, tu engloutis de pauvres civelles Illusion, iule velue aux mille pattes, instinct d’annihiler, Jamais tu ne te lasses de gober des sangsues avec ton narghilé ! Katchina sur la face, tu te penses intermédiaire, surnaturel, Lien entre les dieux et les hommes, mais tu n’es rien ! Même pas machiavélique, même pas un acarien… Niais, un peu sot, un être artificiel, Organisme opaque, prétexte à versifier Produire un abécédaire que jamais je ne finirai…
Denise Broussard
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Elle avance dans la lumière, Sa silhouette guerrière est tendue vers le ciel. A ce moment précis, son corps reçoit les signaux de la nuit d’avant quand elle avait franchi la porte, revêtu son corps de parfum, retrouvé les gestes, les mots... Elle sentait son souffle chaud la parcourir, la mettre hors de portée de l’épaisse nuit qui l’enserrait. Elle avait allumé la radio, On jouait Lady Sings the Blues…
Louise Jacob
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Ce qui tenait entre ses mains, lui même n’en revenait pas, il avait finit par la trouver, elle serait sienne et en aucun cas la partagerait. Il fallait qu’il garde ce secret. Elle était d’une valeur inestimable, tant qu’il avait rêvé, son vœux réalisé. Elle était aussi réelle que belle, il la tenait là dans ses mains. Son propre reflet lui enleva la magie de ce moment, car cette image qui n’était pas la sienne lui rappelait cette douleur de l’intérieur qu’ il avait fini par oublier. Face à ce dilemme, il repartirait silencieux et songerait peut-être à revenir un jour. Karine Llech
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à propos des masques Au départ, certains masques ont été conçus en couleur en vue d’une exposition en hommage aux indiens Hopi d’Arizona. Par la suite, j’en ai crées d’autres spécialement pour ce projet photographique. En effet, dans de nombreuses sociétés à travers le monde, ces masques permettent aux chamans de se transformer afin de communiquer avec les esprits. Cette idée de transformation par le masque nous semblait donc particulièrement porteuse de sens puisque nous voulions traduire en images la transe, les états modifiés de conscience, le passage d’un état humain à un état végétal, minéral ou animal. Le choix du noir et blanc teinté de sépia, ou de brun, s’est imposé à nous afin d’augmenter la charge dramatique et intemporelle des photographies. Nous souhaitions ainsi ajouter une esthétique du mythe à cette série. Dans les pages qui suivent, les masques vous sont présentés en couleur. Claude Parent-Saura
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Points de vente:
25 € par envoi postal en France métropolitaine 76 Allées Charles de Fitte 31 300 Toulouse
La revue de photographie Regards est éditée par l’association bla-blART
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Directeur de publication : Pascal Ferro Comité d’édition : Claude Belime, Pascal Ferro, Edith Barboteu, Odile Corratgé, Eric Horvath Réalisation technique : Odile Corratgé, Edith Barboteu Contact : revueregards@yahoo.fr Prochain numéro: • ”Hollidays” Toutes les photographies publiées dans la Revue de photographie Regards sont soumises au copyright. Toute reproduction ou publication est interdite sans accord de l’auteur.
Impression de la version papier par Painara, création et impression numérique, Perpignan.
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Déjà paru # 1 : le paysage (août 2009) # 2 : l’autre (octobre 2009) # 3 : polaroïd (janvier 2010) # 4 : rencontres (mai 2010) # 5 : mouvement (juillet 2010) # 6 : l’intime (octobre 2010) # 7 : ailleurs (janvier 2011) # 8 : noir (avril 2011) # 9 : étrange (juin 2011) # 10 : architecture (décembre 2011) # 11 : pouvoir (septembre 2012) # 12 : la beauté (mai 2013) # 13 : rock (février 2014) # 14 : l’absence (juin 2014) # 15 : récit (mars 2015)
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