Holidays#16

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60° 3

eg ards R

revue photo à tirage limité

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holidays ø1

SOMMAIRE ø2

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Contributeurs

Photographes

Edition

texte de christophe puyou

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information points de vente

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sandra mehl

revues déjà parues

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51 jordi vives i iglesias

67 lise lacombe

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christophe puyou La nostalgie des vacances J’ai 8 ans. Sur la Grande Plage de Biarritz, assis sur ma serviette, les adolescentes sylphides qui défilent devant moi ne retiennent pas encore mon attention. Je l’ignore pour l’heure, mais la glace à la fraise que je fais rouler sur ma langue aura le parfum de la nostalgie. Le marchand de beignets abricot que je guette quotidiennement avec gourmandise fera également partie de cet album personnel où les saveurs, les odeurs et les images s’impriment à même notre chair. Lors de la pêche aux crabes sur les rochers, l’exhalaison pourtant âcre de la marée basse constituera l’effluve du temps perdu. Même mon angoisse me paraît plus douce en vacances. Cette alliance accidentelle de sensations et d’émotions formera le portfolio intime du temps de l’innocence. L’été de mes 11 ans, la tumeur de mon père me sortira définitivement de cette innocence sans pour autant sonner le glas du temps libre, de la vacance de l’être qu’offrent les vacances. D’ordinaire, la vacuité a l’arrière-goût amer de la mort. Certes le souci ne disparaît pas par magie, mais l’horizon, loin d’être un rétrécissement du monde, dessine alors la possibilité d’un événement à venir. La promesse d’aventures déposée dans la silhouette des filles qui vont et viennent d’un bout à l’autre du promenoir ainsi que les longues heures passées avec ma bande de potes ont remplacé les glaces, les beignets abricot, les cabanes et les jeux de mon enfance. Mais c’est toujours ce temps suspendu qui est à l’œuvre. Paradoxalement, c’est une forme de désoeuvrement qui rend possible l’éclosion du kairos, du moment opportun. Sans cette période de disponibilité, le monde se déroule devant nous sans que nous puissions vraiment le contempler ou le saisir. Nous avons alors la vague impression que l’événement peut surgir au coin de la rue et bouleverser la donne du réel. Ce changement de perspective laisse apparaître, par contraste, l’absurdité des agitations professionnelles. A ce titre, les vacances constituent une menace pour tout ordre établi. Aussi, il a fallu tuer les vacances en les diluant dans le loisir. Il s’agit d’occuper le temps du vacancier, fût-il enfant. La liste des choses à faire prend le relais de la liste des courses. Les parcs d’attractions, les villes à visiter et les activités en tout genre le maintiennent, croît-on naïvement, à l’écart de la vacance. L’impératif festif enjoint homo festivus 1 d’aller à Bayonne, à Pampelune ou dans telle soirée en vue, de prendre une série de clichés, de selfies, attestant de sa présence, à la manière dont on glisse sa tête dans des personnages dont la silhouette est prédécoupée. La tendance à s’inscrire dans un cadre déjà-vu anesthésie le regard et annihile l’imaginaire, le hors-champ. En dépit d’un certain penchant pour la fête, je tenais, jeune homme, à préserver cette suspension du temps dont j’étais déjà nostalgique. C’était principalement la lecture qui la rendait désormais possible. Lors de la longue pause estivale qui s’étalait de fin juin à début octobre, je découvris ainsi, tour à tour, les œuvres de Proust, de Musil et de Pessoa. 1

Pour reprendre l’expression de Philippe Muray. 5


Dorénavant, je suis souvent en congés mais rarement en vacances. C’est comme si ces dernières étaient irrémédiablement associées à la jeunesse, à un temps perdu qui s’offre à nous au détour d’une sensation, d’une émotion, d’un paysage ou d’une rencontre. C’est précisément l’un des pouvoirs de la photographie que d’exhumer ce temps enfoui où l’existence a un goût atemporel. Lorsque je regarde les photographies de Biarritz prises par Claude Nori en 1984, elles ont le parfum de mes vacances. Leur cadrage réfléchi renvoie au cadrage inconscient que ma perception effectuait au sein du réel, chipant ainsi à la fugacité des phénomènes un pan d’éternité. C’est alors que ma pathétique victoire sur le caractère éphémère des choses trouve un écho dans le travail artistique. Ainsi, la photographie de la Grande Plage, où les baigneuses en monokini attendent leur tour à la douche, ressuscite une émotion du début de l’adolescence. L’une d’entre elles s’abandonne, les yeux fermés et la tête levée, à la douceur du jet d’eau. A ses côtés, un banc du club Mickey est renversé, tout comme mon regard d’enfant. Il faut dire que Valérie Kaprisky, dans L’année des méduses, venait de produire sur moi le plus grand effet. J’avais 12 ans et je ne voyais plus la plage de la même manière. Ces effluves visuels sont les traces à la fois fragiles et persistantes qui témoignent de nos existences. Dans La chambre claire, Roland Barthes résume ce pouvoir ontologique de la photo dans la formule « ça a été ». Si on ne saurait réduire la photographie à cette fonction, on aurait également tort de lui ôter ce privilège esthétique. Fort heureusement, l’art nous délivre d’un enfermement au sein de notre seule expérience. Ainsi, à la jonction entre notre existence singulière et l’universalité de notre condition, nous prolongeons notre vie dans celle que les écrivains, les peintres ou les photographes mettent en forme. Bien que je ne fusse pas encore né, je me retrouve dans ce temps de l’innocence capturé par Jordi Vivès i Iglesias, au détour d’une piscine ou d’un toboggan. Sidi Omar-Alami, en confrontant la solitude d’êtres perdus dans les grands espaces américains, fait resurgir le sentiment du sublime, aussi déroutant qu’exaltant, que chacun a pu expérimenter. A la manière des personnages d’Hammershoi peints de dos, nous partageons avec ces individus sans visage un regard porté sur le monde. Cette promesse d’un ailleurs est inscrite au cœur même des vacances, que ce soit sous la forme de la rupture avec l’ordinaire, de l’invitation au voyage ou du surgissement d’une rencontre.

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La nostàlgia de les vacances Tinc 8 anys. A la Gran Platja de Biarritz, assegut sobre la meva tovallola, les adolescents sílfides que desfilen davant meu no retenen encara la meva atenció. De moment encara no ho sé, però el gelat de maduixa que faig rodar sobre la meva llengua tindrà el perfum de la nostàlgia. El venedor de bunyols d’albercoc que aguaito cada dia amb llaminadura, farà part igualment d’aquest àlbum personal on els sabors, les olors i les imatges s’imprimeixen fins i tot a la nostra carn. Quan es pesca el cranc a les roques, l’ exhalació tanmateix acre de la marea baixa constituirà l’efluvi del temps perdut. Fins i tot la meva angoixa m’apareix més suau en vacances. Aquesta aliança accidental de sensacions i d’emocions formarà el port-folio íntim del temps de la innocència. L’estiu dels meus 11 anys, el tumor del meu pare em sortirà definitivament d’aquesta innocència sense per tant sonar la fi del temps lliure, del no fer del ésser que ofereixen les vacances. D’ordinari, la vacuïtat té el gust amarg de la mort. Evidentment la preocupació no desapareix per màgia, però l’horitzó, en comptes de ser un restretament del món, dibuixa llavors la possibilitat d’un esdeveniment a venir. La promesa d’aventures dipositada en la silueta de les filles que van i vénen d’un extrem a l’altre del passeig així com les llargues hores passades amb la meva banda d’amics han reemplaçat els gelats, els bunyols d’albercoc, les cabanyes i els jocs de la meva infantesa. Però és sempre aquest temps suspès . Paradoxalment, és una forma d’ociositat que fa possible la desclosa del “kairos”, del moment oportú. Sense aquest període de disponibilitat, el món es desenrotlla davant nosaltres sense que puguem verdaderament contemplar-ho o agafar-ho. Tenim llavors la vaga impressió que l’esdeveniment pot sorgir al racó del carrer i trastocar la dona del real. Aquest canvi de perspectiva deixa aparèixer, per contrast, l’absurditat de les agitacions professionals. I doncs, les vacances constitueixen una amenaça per tot ordre establert. També, ha calgut matar les vacances diluint les dins l’oci. Es tracta d’ocupar el temps de qui fa vacances, fins i tot si és un nen. La llista de les coses per fer és ara la llista de les compres. Els parcs d’atraccions, les ciutats a visitar i les activitats en tot gènere el mantenen, es creu, ingènuament lluny de la vacança. L’imperatiu festiu incita “l’homo festivus” a anar a Baiona, a Pamplona o de festa, de prendre una sèrie de clixés, de “selfies”, testificant de la seva presència, tal com es rellisca el cap dins de personatges amb la silueta retallada. La tendència a inscriure’s en un marc ja-vist anestesia la mirada i anihila l’imaginari, el fora-camp. En detriment d’una certa tirada per la festa, volia, home jove, preservar aquesta suspensió del temps del qual ja era nostàlgic. La lectura ho feia llavors possible. En el moment de la llarga pausa estival que s’estenia de finals de juny a començament d’octubre, vaig descobrir, una darrera l’altra les obres de Proust, de Musil i de Pessoa.

Ara, estic sovint en vacança però rarament de vacances. És com si aquestes últimes fossin irremeiablement associades a la joventut, a un temps

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perdut que s’ofereix a nosaltres darrere d’una sensació, d’una emoció, d’un paisatge o d’una trobada. És precisament l’un dels poders de la fotografia , exhumar aquest temps enterrat on l’existència té un gust intemporal. Quan miro les fotografies de Biarritz preses per Claude Nori en 1984, tenen el perfum de les meves vacances. El seu enquadrament reflexionat reexpedeix a l’enquadrament inconscient que la meva percepció efectuava del que és real, prenent així a la fugacitat dels fenòmens un tros d’eternitat. Es llavors que la meva patètica victòria sobre el caràcter efímer de les coses troba un eco en el treball artístic. Així, la fotografia de la Gran Platja, on les banyadores en monokini esperen el seu torn a la dutxa, ressuscita una emoció del començament de l’adolescència. Una s’abandona, els ulls tancats i el cap llevat, a la dolçor del raig d’aigua. Al seu costat, un banc del club Mickey girat , tot i com la meva mirada de nen. Cal dir que Valérie Kaprisky, en “L’any de les meduses”, m’havia produït un efecte molt gran. Tenia 12 anys i no veia la platja de la mateixa manera. Aquests efluvis visuals són al mateix temps les traces fràgils i persistents que testifiquen de les nostres existències. A “La cambra clara”, Roland Barthes resumeix aquest poder ontològic de la foto en la fórmula «això ha sigut». Si és no sabria reduir la fotografia a aquesta funció, no se li pot treure aquest privilegi estètic. Afortunadament, l’art ens allibera d’un afermament dins de la nostra sola experiència. Així, a la junció entre la nostra existència singular i la universalitat de la nostra condició, perllonguem la nostra vida en la que els escriptors, els pintors o els fotògrafs posen en forma. Encara que no fos nascut, em reconec en aquell temps de la innocència capturat per en Jordi Vivès i Iglesias, al costat d’una piscina o d’un tobogan. Sidi Omar-Alami, confrontant la solitud d’éssers perduts en els grans espais americans, fa ressorgir el sentiment del sublim, tan desconcertant com exaltant, que cadascú ha pogut experimentar. A la manera dels personatges de Hammershoi pintats d’esquena, compartim amb aquests individus sense cara una mirada cap al món. Aquesta promesa d’un altre lloc és inscrita al cor mateix de les vacances, que sigui sota la forma de la ruptura amb l’ordinari, de la invitació al viatge o del sorgiment d’una trobada.

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olivier janot front end

www.front-end.pics www.facebook.com/front.end.pics La série FRONT END est un itinéraire, un voyage introspectif sur les routes australiennes (2008) et néo-zélandaises (2013). Les standards britanniques et américains, la pop culture, la contre-culture et l’image au cœur de l’urbanisation ont largement influencés ce projet dont l’approche picturale n’en est pas moins déterminée et déterminante. Ce rapport à l’image constitue le point d’entrée vers de multiples facettes du monde, de multiples horizons. Avant que notre œil ne soit totalement séduit - ou non - par ce qu’il perçoit, il se focalise l’espace d’un instant sur un ensemble de données photographiques dénuées de repères de temps, de lieu… L’image est alors figée, picturale. Ce flux effectuera en arrière-plan (back end) une transmission d’informations importante et développera dans sa course un esprit d’analyse, une « photosensibilité », un discernement spatio-temporel et objectif de l’image dans sa composition. Ce processus libère en nous des impressions, une appréciation: le sentiment photographique.

La sèrie FRONT END és un itinerari, una vista panoràmica sobre el món del viatge a través de les carreteres australianes (2008) i neó-zelandeses (2013). Els estàndards britànics i americans, la pop cultura i la contra-cultura han influït molt aquest projecte del qual l’enfocament pictòric no n’és pas menys determinat i determinant.

Aquesta relació a la imatge constitueix el punt d’entrada cap a múltiples facetes del món, a múltiples horitzons. Abans que el nostre ull sigui –o no- totalment seduït pel que recapta, es fixi l’espai d’un instant sobre un conjunt de dades fotogràfiques sense lligam de temps, de lloc… La imatge és llavors immòbil, pictòrica. Aquest flux efectuarà en un plànol posterior (back end) una transmissió d’informacions important i desenvoluparà una anàlisi, una «fotosensibilitat», un discerniment espaï-temporal i objectiu de la imatge en la seva composició. Aquest procés allibera en nosaltres unes impressions, una apreciació: el sentiment fotogràfic.

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sandra mehl

”Je t’écris de la plage des Mouettes” http://sandramehl.viewbook.com

A l’écart du tumulte touristique qui agite les plages de la côte méditerranéenne en période estivale, la plage dite des « Mouettes », à Sète, s’étend sur quelques centaines de mètres en bordure de l’Etang de Thau. Cet étang, le plus grand de la région Languedoc Roussillon, par ses 7 500 hectares reliant sept communes riveraines, est traditionnellement pourvoyeur de revenus pour ceux qui s’adonnent aux activités de pêche et de conchyliculture. Le tourisme, essentiellement balnéaire, y a également trouvé demeure. Aux côtés des infrastructures que ces activités économiques génèrent, l’étang offre des espaces faiblement aménagés, presque sauvages, tels la plage des mouettes. Ici, pas de routes, d’échoppes, ni d’éclairage public. Juste une lagune aux contours irréguliers où quelques îlots de sable accueillent chaque année une poignée de riverains et quelques fidèles habitués côtoyant l’endroit depuis leur enfance. A l’abri des regards, baigneurs et pêcheurs se rejoignent en famille ou entre amis, portés par le plaisir de l’entre soit, installent leur serviette entre algues et roseaux, ou perpétuent les gestes d’antan autour d’une partie de pêche, dans la quiétude des eaux calmes de l’étang. Née et ayant grandi à Sète, j’ai documenté cette plage pendant quatre été, de 2012 à 2015. Chaque promenade solitaire sur ce lieu fut comme une rencontre avec un monde secrètement préservé, à l’écart du bruissement du monde, où vivent les membres d’une communauté lagunaire perpétuant les rites d’une sociabilité populaire et les savoirs faire vernaculaires typiques de la côté méditerranéenne. Cette série est le récit intime d’un étonnement retrouvé visà-vis du familier, celui de mon enfance, ainsi que d’un territoire et d’un mode de vie que notre modernité industrielle et urbaine semble avoir épargnés.

”T’escric de la platja de les Gavines” A distància del tumult turístic que agita les platges de la costa mediterrània en període estival, la platja dita de les «Gavines », a Sète, s’estén sobre alguns centenars de metres en la bora de l’estany de Thau. Aquest estany, el més gran de la regió Llenguadoc -Rosselló, per les seves 7 500 hectàrees i connectant set municipis riberencs, és tradicionalment abastador d’ingressos per qui es consagra a les activitats de pesca i de cultura de les ostres El turisme, essencialment balneari, hi ha igualment trobat estada. Al costat de les infraestructures que aquestes activitats econòmiques generen, l’estany ofereix espais poc condicionats, gairebé salvatges, com la platja de les Gavines. Aquí, no hi han carreteres, ni paradetes, ni llum pública. Just un llac de contorns irregulars on alguns illots de sorra acullen cada any uns quants riberencs i alguns fidels habituats vorejant el lloc des de la seva infantesa. A distància de les mirades, banyadors i pescadors en família o entre amics, i contents d’estar entre ells, instal·len la seva tovallola entre algues i canyes, o perpetuen gestos d’abans pescant, en la quietud de les aigües calmes de l’ estany. Nascuda i havent crescut a Sète, he documentat aquesta platja durant quatre estius, de 2012 a 2015. Cada passeig en solitari per aquest lloc va ser com una trobada amb un món secretament preservat, a distància del soroll del món, on viuen els membres d’una comunitat llacunaria perpetuant els rituals d’una sociabilitat popular i el saber- fer vernacular típics de la costa mediterrània. Aquesta sèrie és el relat íntim d’un esbalaïment de cara a lo familiar, de la meva infantesa, així com d’un territori i d’un mode de vida que la nostra modernitat industrial i urbana sembla haver estalviat. 25


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sidi omar-alami Sidi-omar’s folk life www. sidiomaralami.tumblr.com

Amoureux de voyage et de grands espaces, Sidi-omar décide de marier Photographie et Voyages, d’en faire son style. En juin 2014 alors qu’il n’a que 20 ans il décide de partir seul aux Etats-Unis où il restera plusieurs mois. Arrivant à l’aéroport JFK de New-York city Sidi-omar se retrouve seul. Il se lance alors à la rencontre des gens dans la rue mais aussi sur la toile. Il dit d’ailleurs: ”Si je n’étais pas né à cette époque, une époque où les réseaux sociaux ont révolutionné la manière d’aller vers l’autre, alors je n’aurais sûrement pas rencontré autant de personnes formidables tout au long de mes voyages”. Il fit la rencontre de Daniel Radcliffe, James Franco, Steve Nash ou encore du groupe de Rap/Reggae nommé ”TheL81Z” chez qui il séjournera deux semaines à Hawaï. Pendant son séjour à New-York city il se fera héberger par des habitants à Brooklyn et par un trader français sur Broadway, rencontré un soir de coupe du monde de football dans un bar à Manhattan. Après quelques semaines passées à NYC, il décide d’acheter une vieille bagnole pas chère avec deux potes rencontrés là-bas pour parcourir les Etatsunis d’Est en Ouest et d’Ouest en Est. Durant ce périple de plusieurs semaines sur les routes américaines, il parcourrut plus de 10 000 miles soit 16 000 km. Pendant ce voyage Sidi-omar réalisera ses plus beaux clichés et fera des rencontres anodines notamment dans l’Oregon où il rencontra la fille de Jean-Paul Belmondo. Ayant grandit à la campagne, il tisse un lien très proche avec la Nature. En effet, elle fait partie intégrante de la plupart de ses photos.

Enamorat de viatges i de grans espais, Sidi-Omar decideix d’unir Fotografia i Viatges, de fer-ne el seu estil. En juny 2014 quan només té 20 anys decideix d’anar sol als Estats-Units on es quedarà uns quants mesos. Arribant a l’aeroport JFK de Nova-York Sidi-Omar es troba sol. Es llança llavors a la trobada de la gent del carrer però també per les xarxes. Diu: ” Si no fos nascut en aquesta època, una època on les xarxes socials han revolucionat la manera d’anar cap a l’altre, llavors segurament no hagués trobat tantes persones formidables tot arreu dels meus viatges”. Troba Daniel Radcliffe, James Franco, Steve Nash o fins i tot el grup de Rap/Reggae nomenat ”TheL81Z” amb qui viurà dues setmanes a Hawaii. Durant la seva estada a Nova-York viurà a casa de gent de Brooklyn i d’un “trader” francès a Broadway, trobat un vespre de copa del món de futbol en un bar a Manhattan. Després d’algunes setmanes passades a NY, decideix de comprar un cotxe vell i barato amb un parell d’amics trobats allà i recórrer els Estats-Units d’Est en Oest i d’Oest en Est. Durant aquest periple de diverses setmanes sobre les carreteres americanes, va recorre més de 10 000 milles, és a dir 16 000 km. Durant aquest viatge Sidi-Omar realitzarà els clixés més bonics i farà trobades anodines sobretot en l’Oregon on va trobar la filla de Jean-Paul Belmondo. Havent crescut a la campanya, ell teixeix un enllaç molt íntim amb la Natura. I aquesta natura és part integrant de la majoria de les seves fotos.

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jordi vivès i iglésias tex te de Joana Vives J o rd i Vi ves i Iglesias Lleida 1921-1975 En J o rd i Vives i Iglesias va néixer a Lleida al desembre del 1921. Al s a ny s 60 va freqüentar el G rup Cog ul (nom d’una de les més primitives mostres de l’ar t pre h i s to r i c d e l a zo n a a l p o b l e d e Cogul, Les Garrigues, Lleida « coves del Cogul ») creat pel seu germà Alber t i cinc altre s p i nto r s : Ví c to r Pé rez i Pa l l a ré s, Ernest Ibàñez i Neach, Alber t Coma i Estadella,Àngel Jové i Jové i Jaume M inguell i M i re t. Aq u e s t co l·lec tiu d’avantguarda treballà for tament influenciat per les tendències informalistes i n o - f i g u rat i ve s p rò p i e s d ’a q uells anys. Una avantguarda polèmica i discutida, pels seus colors aplicats amb gruixu t s i a s p re s e m p a s te s, p e l s co l · l ages, i la utilització de conglomerats de sorra i quitrà… Al m ate i x temps, va ser vicepresident del Cercle de B elles Ar ts de Lleida, (Institució creada en 1 9 4 7 a m b l a i nte n c i ó d e s e r e l catalitzador de la reac tivació ar tística en la Lleida de la postguerra) J u nt a m e nt amb les classes de l’Escola, van aparèixer les exposicions d’ar t, sens dubte l’ac tivitat q u e m é s re p e rc u s s i ó t i n d rà e n l’entitat, les conferències i col·loquis i de les famoses ter túlies realitzades agrupade s s o t a e l l e m a d e ” La ve u d e l e s B elles Ar ts”, la creació del primer cine club de Lleida. El Cercle de B elles Ar ts va convo ca r e l p re m i d e p i n t u ra M e d alla Morera, s’hi van anar afegint altres guardons: la Medalla Maria Vilaltella, i en l’à m b i t d e l a l i te rat u ra , e l Pre m i Urriza de Novel·la. U n a ny m és tard, es va organitzar un concurs que premiava l’edifici més destacat de la ciutat, p e r l e s s e ve s q u a l i t at s a rq u i te c tòniques i ar tístiques. Poc després, el Premi Indíbil i el Marraco d’O r per premiar aquel l s l l e i d at a n s q u e a m b e l s e u t re ball por taven el nom de Lleida arreu del món. Aq u e l l s a nys van transformar la societat en la qual vivíem. Va n a f i n a r l’ull d’en Jordi. El s d i e s de descans anàvem a llocs amb un entorn especial, esbarjo en família, però era impor t a nt p e r l ’Al b e r t i e n J o rd i e s b ossar la llum, i el color de la naturalesa, l’equilibri dels personatges, impregnar l’essè n c i a e n u n c l i xé, co m é s l a f o to grafia d’en Jordi Vives i Iglesias. « … Ta nt en lluny com vaig en els meus records sempre veig al pare amb una màquina de fer foto g ra f i e s a l a m à . To t s n o s a l t re s, família i amics érem els seus models. A ve g a d e s les fotografies eren molt es pontànies, a d’altres ens feia posar. Per nosaltres era un j o c. M o l t s a nys més tard he entès que volia deixar traces, traces d’aquells moments per poder reviu re’ l s… Tra ce s d ’e l l ? ”

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J o rd i Vi ve s i I g l e s i as est né à Lleida ( Catalogne ) en D écembre 1921. Da n s l e s a n n é e s 6 0 il fréquente le groupe Cogu l, du nom de la Cova Cogul, grotte où se trouvent les pe i nt u re s p ré h i s to r i q u e s l e s p l u s primitives de la région les Garrigues, Lleida. Le groupe Cogul est créé par son frère Al b e r t e t c i n q a u t re s p e i nt re s Ví c tor Pérez Pallares, Ernest Ibáñez Neach, Alber t Coma Estadella, Angel Jové Jové et Jaum e M i n g u e l l M i re t. Ce co l l e c t i f t rava i l le for tement influencé par les tendances non-formalistes et non-figuratives propres à ce s a n n é e s. Ce m o u ve m e nt d ’avant- garde fait polémique par l’utilisation controversée de couleurs appliquées en é p a i s s e u r, d e co l l a g e s e t d ’ u t i l i s ation de conglomérés, sable et goudron. En p a ra l l è l e, i l e s t vice -président du « Cercle de B elles Ar ts » de Lleida (institution crée en 1947 dans l’id é e d ’ê t re l e cat a ly s e u r d u ré ve i l ar tistique de la post- guerre à Lleida) En p l u s d e s co u r s d e peinture, le « Cercle » organise des expositions d’ar t (son ac tivité la plus impor tante) , d e s co n f é re n ce s, d e s f o ru m s de discussion ( La veu de les B elles Ar ts ) et crée le premier club de cinéma de Lleida , l e s p r i x d e p e i nt u re M e d a l l a Morera et Medalla Maria Vilal tella ainsi que le prix Urriza récompensant les romans de l i t té rat u re. U n a n p l u s t a rd vo i t le jour, un prix d’architec ture pour mettre à l’honneur l’édifice qui présente les qu a l i té s a rc h i te c t u ra l e s e t a r t i s t iques les plus surprenantes. Enfin le prix Indibil et le Marraco d’O r qui distingue ce u x q u i f o nt rayo n n e r L l e i d a d a ns le monde. Ce s a n n é e s, m a rq u ent un tournant pour la ville et la société dans laquelle nous vivions. El l e s p e r m e t te nt d ’affirmer l’œil ar tistique de Jordi. « Pe n d a nt l e s va ca nces, nous nous réunissions dans des lieux de charme et profitions de loisirs en famille. Lu i e t s o n f rè re Al b e r t a i m a i ent immor taliser ces moments, dessiner la lumière et les couleurs de la nature, les p e r s o n n a g e s, i m p r i m e r l ’e s s e n ce du moment grâce à la photo de Jordi. … Au s s i l o i n q u e je me souvienne, je vois mon père un appareil photo à la main. Nous tous, famille et a m i s é t i o n s s e s m o d è l e s. Ta ntô t l e s p h o to s étaient spontanées, à d’autres moments il aimait nous faire poser. Pour nous, c’était un j e u. B i e n p l u s t a rd, j ’a i compris qu’il voulait laisser des traces, des traces pour pouvoir revivre ces moments … d e s t ra ce s d e Lu i ? »

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lise lacombe La Tierce des Paumés w w w.lacompany.net

D é ra cinés au milieu d’un monde que nous ne comprenons plus, nous essayons de contou r n e r u n p o u vo i r s a n s i d e nt i té d o nt nous estimons qu’il nous a volé notre raison d’être. N o u s décidons de nous ex tirper du pilotage automatique imposé. D’esquiver, de s’en pren d re p l e i n l a f a ce p o u r ré c u p é re r u n e liber té dans le choix de notre temporalité, ou seules les lumières des saisons décide nt d u te m p s. N o u s réinventons le travail et le fusionnons avec l’existence, l’ex tirpons d’un schéma quant i f i é e t n u m é ra i re. B i e n q u e l e sentiment d’impuissance nous menace, nous travaillons à éliminer les choix impossib l e s. N o u s t rava i l l o n s d a n s l a h a rg ne passionnée à rebâtir notre réel et nos rêves sur des ruines d’illusions.

El trio dels Perduts D esarrelats al mig d’un món que no comprenem, intentem desxifrar un poder sense identitat que estimem ens ha volat la nostra lliber tat, la nostra raó de ser. Un poder que penetra la memòria de la gent a través dels seus somnis per poder guiar-los millor, acaparar-los. Un poder escampat, infiltrat en els nostres éssers, els nostres preceptes. D ecidim llavors, de sor tir del pilotatge automàtic. D’esquivar, de rebre, de batre’s per la capacitat de ser innocent. I fins i tot si la utopia, aquesta gossa, ens ha esgotat. Nosaltres alliberem la nostra força transcendent aquests quadres dolents, una força que fa viure les nostres ànimes. L’època ha fet de nosaltres una generació de combatents, vestits de pantalons bruts, una llum frontal al capdavant quan la nit cau. Combatents informals que avancen la nit i somien sota les estrelles. Les tripes tor turades al ritme de les estacions, deprimits l’hivern, explosius sota la calor. Estem preparats, potser no sempre ben armats, a destronar el nostre equilibri, sense parar, fins a la mor t. Encara que el sentiment d’impotència ens amenaça, treballem per eliminar les tries impossibles. Hem entès una cosa fràgil: el poble és el poder. I nosaltres treballem per tornar l’invisible perquè nosaltres refusem aquesta condemna de ser usurpats. Treballem amb ràbia apassionada per reedificar el nostre real i els nostres somnis sobre ruïnes d’illusions.

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rené limbourg note de plage w w w.renelimbourg.com

1 1 h e u re s. M a i n s sur les hanches et maillot uni ver t kaki , large dos nu, entre dans l’eau. Pas léger. U n e f e m m e. R i s q u e t ro i s b ra s s e s c rawlées. Le cheveu cuivre et cour t ne mouille pas. Progression tranquille. Pause. O bs e r vat i o n . B ra s s e s. U n o e i l ve r s l a p l a ge. O n tente un pied hors de l’onde. Hop. B rasse. C’est bon. Je suis bien. O ups. Une va g u e. J e n é g o c i e l a c rê te. Ça re p a r t. Menton bien levé. Je nage. Je vois la vague. Je sens le vent. Je nage. Pause. J’att ra p e u n g ro s b o n b o n p la s t i q u e q u i f l otte. Jaune. Hop. Je repars. Je nage. Autour de moi personne. Je nage. 5 heures. Lui p o i l s ra s n o i r s f l a n c co u c h é s u r l e s able. Halète. Elle coupe cour te touffe grise, à l’épreuve du vent. Commodément assi s e s u r p e t i t s i è g e d e p la g e, g e n o u x j oints, pieds en dedans. Une lec trice d’expérience, abdomen dégagé. Ça respire. Ça d o re. Ça n e b o u g e ra p a s. Y ’a p a s d e raison. Pour tant: quatre gosses format XXS en formation serrée. Tous aux abris. 3 h e u re s. Pa ra s o l rayé j a u n e e t b l a n c sur deux jambes en slip de bain même ton. Émoi bref de l’obser vateur. M idi. Tatoua g e t r i b a l wate r p ro o f d a n s l ’o n d e. Fa i t coucou. Apnée. B rasse coulée. Cap sur bonbon jaune. Lunettes sur le pif. 14 heures. Tro i s m a s q u e s. B oxe r p o ly n é s i e n b l e u masqué fait bibi une pièce uni chocolat masqué. Un avion une banderole: L’Apérit i f i c i c ’e s t l e m u s cat. M i d i . Da n s l ’o n de moustache gauloise blonde sur occiput doré et glabre. B rassières bleues gonflables te nte nt u n e s t ra n g u l at i o n te n d re d u d it-spécimen. M idi... Treize heures... Q uator ze heures... Q uator ze heures trente... Casqu e t te b l e u e a m é r i ca i n e é p a u l e s l a rg e s. Ça trotte. Puis boxer chocolat sans casquette qui marche. Plus gras. Crâne chauve monté s u r ra s d e co u a rg e nt. Ch e w i n g g u m e t mains sur la hanche. J’attends la vague, me cambre. Ça y est. Je vole. Les bras bien e n c ro i x . J e p l o n g e. Le f on d. J e p o u s s e sur mes jambes. Nage papillo n. Un deux. Je reviens. S entir la vague rouler sur moi. C’es t b i e n . J ’at te n d s. S o i t u n ce rc l e d e 5 mètres de rayon pour une obser vation plus précise de la dite plage. A midi, sur l’exac t p é r i m è t re d u ce rc l e, u n g ro s o r te i l vernissé vermillon; à 9 heures, une paire de pieds nus il va sans dire pointure 42, une m a i n m â l e. À 6 h e u re s, u n 2 p i è ce s ro s e taille 38, casquette et caméscope. A quinze heures, l’inénarrable Inconnu en planque d e r r i è re m o n p a ra s o l.

franck morel

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nota de Platja Les 11. Mans sobre les anques i vestit de bany verd caqui , esquena ampla nua, entra a l’aigua. Pas lleuger. Una dona. Fa tres braces crawl. El cabell coure i cur t no es mulla . Avenç tranquil. Pausa. Obser vació. Braces. Un ull cap a la platja. Es tempta un peu fora de l’ona. Hopa. Braça. És bo. Estic bé. Aï. Una ona. Negocio la cresta. Tornem-hi. Mento ben llevat. Nedo. Veig l’ona. Sento el vent. Nedo. Pausa. Agafo un caramel gros plàstic que flota. Groc. Hopa. Torna-hi. Nedo. No hi ha ningú al costat meu. Nedo. Les 5 . Ell pèls rasos negres. Costat ajagut sobre la sorra. Panteix. Ella cabell cur t tofa grisa, a prova del vent. Asseguda confor tablement cadira petita de platja, genolls ajuntats, peus en dins. Una lec tora d’experiència, panxa alliberada. Això respira. Això daura. Això no es mourà . No hi ha raó. No obstant això: quatre nens mida XXS en formació atapeïda. Ama gueu-vos . Les 3. Para-sol ratllat groc i blanc sobre dues cames en eslip de bany del mateix to. Breu emoció de l’obser vador. Migdia. Tatuatge tribal a prova d’aigua a l’ona. Dir hola. Apnea. Braça fluida. Cap al caramel groc. Ulleres al nas. Les 2 de la tarda . Tres màscares. Pantaló polinèsià blau emmascarat fa barret una peça enganxada xocolata emmascarada. Un avió una banderola: L’ Aperitiu aquí és el moscatell. Migdia. En l’onada bigoti francès ros sobre l’occípit daurat i glabre. Flotadors blaus inflats tempten una estrangulació tendra del dit- espècimen. Migdia... L’una ... Les dues... D os quar ts de tres... Gorra blava americana espatlles amples. Això trota. D esprés pantaló xocolata sense gorra que camina. Més gras. Crani calb posat sobre coll platejat. Xiclet i mans sobre l’anca. Espero l’ona, m’arquejo. Ja està. Volo. Els braços en creu. Cabusso. El fons. Empeny amb les meves cames. Neda papallona. Un dos. Torno. Sentir l’onada rodar per sobre . B é. Espero. Un cercle de 5 metres de raig per una obser vació més precisa de la dita platja. A migdia, al perímetre exac te del cercle, un dit gros del peu envernissat vermelló; a les 9 , un parell de peus nus no cal dir del 42, una mà viril. A les 6, dos peces rosa talla 38, gorra i maquina de filmar. A les 3 de la tarda, l’inenarrable D esconegut amagat darrere del meu para-sol. franck morel

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Directeur de publication : Pascal Ferro Comité d’édition : Claude Belime, Pascal Ferro, Edith Barboteu, Odile Corratgé, Eric Horvath Réalisation technique : Odile Corratgé, Edith Barboteu Contact : revueregards@yahoo.fr Toutes les photographies publiées dans la Revue de photographie Regards sont soumises au copyright. Toute reproduction ou publication est interdite sans accord de l’auteur.

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Déjà paru # 1: le paysage (août 2009) # 2: l’autre (octobre 2009) # 3: polaroïd (janvier 2010) # 4: rencontres (mai 2010) # 5 : mouvement (juillet 2010) # 6 : l’intime (octobre 2010) # 7 : ailleurs (janvier 2011) # 8 : noir (avril 2011) # 9 : étrange (juin 2011) # 10 : architecture (décembre 2011) # 11 : pouvoir (septembre 2012) # 12 : la beauté (mai 2013) # 13: rock (février 2014) # 14: l’absence (juin 2014) # 15: récit (juin 2015)

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