RifRaf avril 2012

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LES

NUITS 10–21.05.12 1995Fr • ABSYNTHE MINDED Be • AMADOU & MARIAMMali • AMATORSKIBe • ANAÏSFr • BALTHAZARBe • BAXTER DURYGb • BLOOD RED SHOESGb • BOMBAY BICYCLE CLUB Gb • C2CFr • CAMILLEFr • CHAPELIER FOUFr • CHARLOTTE GAINSBOURGFr • CHILLY GONZALESCa • CITIZENS!Gb • CLARE LOUISE Be • CONNAN MOCKASINNz • DAN SANBe • DANIEL DARCFr • DJANGO DJANGO Gb • DEVINUs • DOMINIQUE A Fr • DOPE D.O.D.Nl • DZ DEATHRAYSAu• ELECTRIC GUESTUs• ELVIS BLACK STARSBe

BOMBAY 10.05

LUB BICYCLE C © Jo Mc caughey

• ESMERINECa • EWERT AND THE TWO DRAGONSEe • FANFARLOGb • FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINSFr • FRIENDSUs• GAËTAN STREELBe• GENERAL ELEKTRIKSUs • GHOSTPOETGb• GOOSEBe• GREAT MOUNTAIN FIREBe• GRIMESCa• HIPPOCAMPE FOUFr • HOQUETSBe• HOUSSE DE RACKETFr • IBRAHIM MAALOUFFr• INTERGALACTIC LOVERSBe • ISBELLSBe • KING KRULEGb• KISS & DRIVEBe• LA FEMMEFr• LA GRANDE SOPHIE Fr• LAIL ARADGb• LAURA GIBSONUs • LE MALIBU STACYBe• MARIEE SIOUXUs • MILAGRESUs• MINA TINDLEFr• MIREL WAGNERFi• MOUSE ON MARSD• NADÉAHFr • OXMO PUCCINO TRIOFr • PERFUME GENIUSUs • PHILCO FICTIONNo • PIERS FACCINIGb/Fr • PLANNINGTOROCKGb/De • PRINZHOM DANCE SCHOOLGb • REVOLVERFr

UE A

DOMINIQ 11.05

• ROSCOEBe • ROVER Fr • SARAH CARLIERBe • SIMON DALMAISFr • SISKIYOUCa • SIX ORGANS OF ADMITTANCEUs • SPAIN PLAYING THE BLUE MOODS OF SPAIN & MOREUs • SPECTORGb • STAFF BENDA BILILIRdc • STEREO GRANDBe • THE EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BANDBe • THE RAPTUREUs • THE TING TINGS Gb • U.S. GIRLSUs • V.O.Be • VEENCE HANAOBe • WILLIS EARL BEALUs • WOODKIDFr/

FANFARLO 15.05

• YACHTUs

WOODKID 17.05

SPAIN 12.05

© Karim Saddle

Us

DURY BAXTER 17.05

INFO/TICKETS : 02.218.37.32 – WWW .BOTANIQUE.BE

SBOURG

TE GAIN CHARLOT 20.05

© Franck Loriiou

YÉTIBe• LIANNE LA HAVASGb • LISA HANNIGANIe• MAGGIE BJÖRKLUNDDk• MAÏA VIDALUs•


dominique A

© Koen Bauters

Isbells

Les gars qui hier encore vendaient des ponchos dans les artères commerçantes ont revêtu leur panoplie complète d’accoutrement d’indien achetée chez Picard&Fils (fêtes et cotillons depuis 1910). Des sylphides asiatiques croquées en quelques traits graciles jaillissent du magasin de BD Brüsel boulevard Anspach et glissent sur une planche longskate avec peu d’assurance mais style (à moins que ce ne soit l’inverse). Les Ti Amo commencent à retentir depuis les fenêtres voisines, la petite du sixième s’est même remise à ses leçons de piano. Les cruches de Mojito ressurgissent aussi vite sur les tables des terrasses que les clients se pressent alentour dès l’entame de l’après-midi (déposeront-ils un congé RTT, prétexterontils une épidémie de gastro?) Comment vivent les gens? Dominique A, portant la quarantaine légère, a le cheveu qui vole au vent en revenant de la boulangerie Charli où il a acheté un pain de campagne. Poisson d’avril.

Les femmes découvrent leur corps, enfilent des top une taille trop petite, font pendre à leur cou des colifichets brillants peinturlurés dans des teintes or et argent. Le public mixte, urbain et mobile des annonçeurs trendy prend des poses savamment dictées par les magazines de mode à travers moulte campagnes. De grandes folles passent une heure de plus dans la salle de bain avant de se rendre en grand apparat de mousseline pour une expédition sandwichs Au Suisse. Après, elles iront siroter un Coca-Cola au Fontainas. Ereintées par cette journée, elles rentreront se faire une manucure devant un soap aux dialogues improvisés entre candidats déchus du trône de la télé-réalité faisant bronzette. Leurs palabres dureront longtemps. C’est officiel, le printemps est là; avec lui le retour des beaux jours, la promesse pétaradante de feux d’artifices, de pluies de comètes, d’étoiles filantes. Vous prenez à droite après La Grande Ours et puis tirez votre plan!

Les familles qui briguent un héritage reprennent la route des visites chez le grandpère claudiquant tout en poussant précipitamment la clim’ de l’Audi. Mais pour qui sonne le glas? - Ah non, ce sont les roulements d’une canette de Fanta Pomelo dans la boîte à gant. Certaines jeunes femmes avancent tête couverte poussant un landeau, le gsm coincé sous le tissu - kit mains libres garanti eco-friendly dont l’étoffe semble plus légère. Les brigades d’intervention du RAID gardent elles aussi le port de la cagoule. “Ce vieux désir super qu’on s’rait tous un peu frères, le soleil donne...”, la limonade de Laurent Voulzy coule sur ondes fm. C’est quelqu’un qui m’a dit que Sarkozy, parti en campagne, a déclaré «on ne peut pas mentir» lors d’un meeting à Chassieu. Racusette! Certaines brigades d’intervention Gare de l’Ouest sont déjà en bras de chemise; même les rixes et les échauffourées aux abords des stations de métro ont un je-ne-sais-quoi de printannier. Les pompiers ont moins de chance: suant sous leurs épaisses carapaces de cuir, ils font chou blanc après un appel bidon. Poisson d’avril. Les «enculés» et autre noms d’oiseaux rares qui fusent aux feux de signalisation se pareraient presque d’un accent chantant évoquant le midi. Je descends à Ma Campagne.

A la rédac’, battant la campagne, on a siroté le cocktail détonant de soul et de rock’n’roll vintage des Américains d’Alabama Shakes, surkiffé la fresque hip-hop de Geoff Barrow sous l’étendard Quakers (le cerveau bouillonnant de Portishead s’est mis en tête de réunir 35 rappeurs (!) pour 41 morceaux qui défilent comme une bobine). On a été tout ouïe pour Patrick Watson, crooner à effets sonores sur le chuchotis des touches, piquant une tête en sa piscine miraculeuse. On a tapé la discute avec Sam Genders, ex-Tunng et façonneur de gemmes chez Diagrams, chef de troupe d’une radieuse bande cuivrée. On a pris sous notre aile les dix morceaux poignants comme une blessure ouverte d’Emmett Tinley. Puis on a rencontré Gaëtan Vandewoude. Sorti de nulle part à l’automne 2009 avec son vrai/faux groupe Isbells, il a décroché la timbale avec un premier album délicat. A l’heure des retrouvailles, on avait peur. Et si le charme n’opérait plus ? Avec ‘Stoalin’’, disque d’une finesse impeccable cheminant aux confins du folk et des traumatismes de son chanteur, on est rassurés : le printemps sera dépouillé et riche à la fois, à fleur de peau, profondément humain. Bref, on a fait un RifRaf. Beam me up, Scotty!

179

Texte : Fabrice Delmeire

année 18 •avril 2012

Colofon www.rifraf.be Année 18 nr. 179 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf mai sort le 03 mai rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 18 mai Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline:20 avril

collaborateurs nicolas alsteen, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, daniel franco, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg, Tom Vea... Dessins : Issara Chitdara

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 euro France: 25 euro (une année: 10 nrs) compte: 320-0133796-06 communication: RifRaf F + nom + adresse

“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”


Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte: Daniel Franco I Photo: www.siliconcarne.be

Hagi Kenaan à l’écoute du visage

On débute ce mois par une bande originale de film – et laquelle, mes aïeux. Tourné par un certain Eron Sheean à l’Institut Max Planck de Dresde, ‘Errors Of The Human Body’ (Editions Mego) se suffit TRES largement à lui-même pour ses qualités musicales. Jouée par sept instrumentistes, dont le compositeur australien Anthony Panteras au piano (éventuellement préparé), à l’orgue et à l’électronique, l’œuvre développe en vingt et une transitions une narration mélodique qui fait fi des seuls emplâtres ambient post-Tangerine Dream. Atteignant parfois le sublime dans sa quête tonale, Panteras et ses acolytes touchent également au but lorsqu’ils s’épreignent de Morton Feldman – tout en ne négligeant pas le Tuxedomoon lunaire de ‘A Ghost Opera’ (qu’ils emmènent du côté de György Ligeti). L’évidence est là, et s’il ne faut guère s’attendre à de grandes envolées expressives, le sens ultra-raffiné du détail impressionniste vu par l’homme de Down Under - dont c’est la première collaboration avec son compatriote de réalisateur - vaut des louanges par cents et par mille. Mais oui, à ce point. ★ ★ ★ Collaborateur de Keith Fullerton Whitman ou Greg Davis, complice musical de Rhys Chattam, Kevin Drumm, C Spencer Yeh ou Werner Dafeldecker, bourlingueur de musique concrète, Ben Vida m’a laissé perplexe sur ‘esstends- esstends- esstends’ (PAN). Ecrites pour un synthétiseur modulaire contrôlé par ordinateur et un processeur de signal numérique, les cinq pièces virevoltent dans une abstraction noise spatialisée qui laisse de marbre. Non que les bizarreries sans la moindre touche mélodique m’effraient, sinon je ne mettrais pas le sieur Drumm dans mes favoris, mais les expérimentations de Vida tournent à vide - au-delà de la première demi-surprise écoulée. Et quel que soit le contexte, au casque dans un café ou sur mes enceintes at home, le résultat demeure identique, une indifférence agacée. ★ ★ ★ O surprise, voilà le nouveau Francisco López annoncé le mois dernier. Basé sur les préparations au piano du Hollandais Reinier van Houdt, son ‘Untitled #275’ (Unsounds) traite le début du premier mouvement tel un Wolfgang Voigt, façon ‘Freiland Klaviermusik’, qui aurait totalement débranché la boîte à beats martiaux. S’ensuit un long passage en marge du silence, tel le cliquetis d’un diapason au milieu d’une salle de musée vidée de toute substance, dont finissent par émerger une ou deux notes graves, en écho d’un carillon bouddhiste dépouillé. Le second mouvement, bien que basé sur la pièce qui le précède, diffère fondamentalement. Transformés en studio, les sons du piano sont explosés en un jeu de recomposition inquiétant et industriel - on n’est guère éloigné des Einstürzende Neubauten des tout débuts, qui seraient toutefois rejoints par l’excellent Gilles Aubry du côté de Stralau 68, Berlin. Je surkiffe. ★ ★ ★ En ses premiers instants intrigant et mystérieux, pour ne pas dire opaque et insondable, ‘Generators’, nouveau projet de Keith Fullerton Whitman (Editions Mego), gagne très vite en intensité sonore dynamique. Conçue lors d’une tournée nord-américaine, l’œuvre se présente sous deux aspects fondamentalement différents. En side A, enregistrée lors d’un festival new-yorkais d’hommage(s) à l’incontournable Eliane Radigue, le drone macabre des premières minutes cède rapidement le champ électronique à un tournoiement analogique, quelque part à la rencontre du minimalisme répétitif de Philip Glass et de la Kosmische du groupe Fabric (sur Spectrum Spools, filiale des, tiens tiens, Editions Mego). Very nice indeed. De l’autre côté du disque, les secousses orageuses affrontent une évasion en scierie numérique - là, j’avoue moins accrocher à l’abandon méthodique de son abstraction. ★ ★ ★ Premier album d’un gars nommé Oliver Barrett (du groupe Bleeding Heart Narrative), ‘Haeligewielle’ (Denovali) s’inscrit dans la - hélas - très peuplée catégorie des déclinaisons ambient dont les structures s’étirent de longues minutes avant de réellement démarrer (et cinq minutes à se demander ce qu’on a fait de sa life, c’est vachement long ). Bref, ça veut jouer dans la même catégorie que Stars of the Lid sans en avoir les moyens stellaires et ça me les brise menues. ★ ★ ★ Producteur aux innombrables pseudonymes (NHK, NHKyx, Koyxen...), Kouhei Matsunaga nous offre, le titre est suffisamment explicite; une sélection très vivace de ses divagations dancefloor. Largement à l’ouest de ses œuvres noise ou abstraites, notamment les morceaux basés sur Henry Chopin qu’il avait écrites pour la WDR de Cologne, l’artiste japonais évite, c’est très heureux, le piège de la monotonie kilométrique en 4/4 sur les onze pistes de ‘Dance Classics Vol. 1’ (PAN) dont plusieurs sont de simples transitions de moins d’une minute. A vrai dire, l’ensemble est vachement fun, tout en oubliant de nous prendre pour des veaux parqués au Blue Disco Club de Tamines. Variés et efficaces sans franchir le seuil de la putasserie (think Berlin meets Osaka), les rythmes syncopés de NHK Koyxen s’incrustent avec bonheur entre techno dub(step) et video games experiences, voire électro-pop de traviole où ne manque qu’une ligne vocale black soul genre Shara Nelson. La bête s’intitulant Volume 1, ne reste plus qu’à espérer un second volet du même tonneau, celui-ci n’est pas des Danaïdes. ★ ★ ★ En manque de Stars Of The Lid (bis)? Sous perfusion Tim Hecker? Vous rêvez la nuit de Machinefabriek? Ne cherche plus, cher lecteur, j’ai la solution à tous tes tourments, elle prend les traits du trio british The Boats et c’est sans nul doute le plus beau disque ambient néo-classique produit ces derniers temps. On peut même le dire sans beaucoup d’hésitation, ‘Ballads Of The Research Department’ (12K) sera dans la discographie finale de Andrew Hargreaves, Craig Tattersall et Danny Norbury leur ‘White Album’, leur ‘Ralf & Florian’. Dans un genre tellement sclérosé par tant de pratiques échappées dans des cieux dont ils ne retombent jamais, les trois complices déploient sur quatre titres d’une immense beauté sonore un sens inné de la composition et du développement harmonique - parfois, j’ai songé à un Radiohead entrepris par Peter Broderick dans les (nombreux) instants atmosphériques de l’album - notamment ceux où Chris Stewart entonne une sourde complainte vocale. Entre mille autres idées originales et convaincantes.

J’ai lu tout récemment le premier livre traduit en français du philosophe israélien Hagi Kenaan, intitulé Visage(s) et sous-titré « une autre éthique du regard après Levinas ». Pour ceux qui ne le sauraient pas, Emmanuel Levinas fut l’initiateur en France d’une philosophie morale qu’on peut qualifier à bon droit ce qui est somme toute assez rare - de singulière. Je dirais pour résumer très grossièrement qu’il est parvenu à fonder une morale non en révoquant les apparences sensibles ou en les considérant de très haut ou de très loin, mais au contraire en consacrant à l’une d’entre elles une attention dont elle n’avait jusque là sans doute jamais bénéficié. Cette apparence, qui est comme le pavillon que chacun d’entre nous hisse au sommet de son corps, est celle du visage. Apparence paradoxale d’être, selon le point de vue qu’on prend sur elle, la plus ouverte ou la plus secrète, c’est-à-dire celle qui s’expose le plus immédiatement au regard des autres tout en demeurant soustraite au nôtre, les yeux dont toute vision dépend étant précisément enchâssés dans le visage et par voie de conséquence dans l’incapacité de le prendre pour objet. De ce que le visage soit ainsi donné en pâture ou en peinture à tous, soi excepté, Levinas tirera une conséquence radicale, trop radicale peut-être, mais dont il faut bien convenir que certaines expériences dans la vie tendent à lui conférer une sorte de légalité pratique. Par analogie avec le visage, propriété mienne par excellence qui n’a pourtant de réalité qu’à travers ceux qui m’envisagent ou me dévisagent, au point qu’autrui apparaît ici comme celui qui, non content d’en attester, façonne mon visage ou en un sens littéral et inusité de l’expression, me « fait face », Levinas dira que cela que nous avons tendance à nous arroger le plus spontanément du monde, à savoir notre coefficient d’être assorti d’un droit inaliénable à le perpétuer, est en vérité conditionné voire subordonné à l’être d’autrui, autrui désignant en l’espèce n’importe qui au monde, moi excepté. L’être, tout comme le visage, n’aurait dès lors droit de cité qu’en autrui, non en moi, c’est dans cette dissymétrie que réside selon Levinas le fondement réel de l’éthique, fondement qu’en dépit de l’histoire des hommes que Goethe comparait à un fleuve grossissant charriant de la boue et du sang, certaines vies et certains livres tendraient à vérifier. Lecteur fin, Hagi Kenaan n’a pas seulement assimilé les nuances innombrables de la prose lévinassienne, mais il a su tirer profit, me semble-til, d’une concession ou d’une confession que Levinas a faite dans un entretien avec la philosophe Catherine Chalier, à savoir le caractère historiquement déterminé, voire nécessité, de sa doctrine philosophique. Si arrimée aux principes que se veuille en effet la philosophie et si affranchis de toute chronologie veuille-t-elle que soient pour ainsi dire ‘par principe’ lesdits principes, une pensée ne contient jamais en soi-même, dans le pur système de ses énoncés ou ce que l’on pourrait appeler son « plus simple appareil », les ressources nécessaires à sa pleine et entière intelligibilité. Loin d’ignorer cette propriété adhésive du temps historique, de sa texture et de ses contextes, Levinas a toujours fait la distinction entre sa philosophie proprement dite et l’arrière plan - qu’il qualifiait d’expériences pré-philosophiques sur lequel elle se détachait mais comme la forme se détache du fond, « détachement » par conséquent très relatif et tributaire d’un attachement plus profond à une perspective ou à un cadre communs. Sur le plan des lectures, Levinas mentionnait invariablement la Bible et - trace de son enfance passée en Lituanie - les grands romanciers russes. Sur le plan plus général et sans doute plus perturbant de l’Histoire, Levinas retenait surtout le nazisme, non tant du reste comme une séquence distinctement bornée par un début et une fin que comme une flaque noire qui sur le buvard du temps se propagerait simultanément de l’avant et de l’arrière, au point que la vie du philosophe se serait pour ainsi dire déroulée, selon ses propres termes, « entre l’hitlérisme incessamment pressenti et l’hitlérisme se refusant à tout oubli », hitlérisme, soit dit en passant, qui s’était employé par un usage méthodique de la sous-alimentation et des maladies à creuser si profondément les visages des déportés que ces derniers n’apparaissent plus que comme des trousses mitées d’où les yeux, billes d’un noir intact, étaient sur le point de rouler par terre. Hagi Kenaan, qui est d’une autre génération, une génération plus proche de la mienne et sans doute de la vôtre, a au contraire été marqué par l’appropriation médiatique des visages humains ainsi que leur circulation outrancière ordonnée aux impératifs de l’industrie du loisir et de la diffusion publicitaire. Les dizaines sinon parfois les centaines de visages qui quotidiennement submergent nos téléviseurs et nos écrans d’ordinateurs ont, sinon périmé, du moins considérablement obscurci l’équivalence fréquemment réaffirmée par Levinas entre l’apparition du visage et l’entrevision du divin. Toujours est-il qu’au lieu d’abandonner Levinas à une époque révolue et à un langage dont certains pans ont cessé d’être immédiatement déchiffrables, ou une fois déchiffrés, se révèlent dramatiquement inadéquats, Hagi Kenaan s’est employé à restituer ou à conserver à Levinas une actualité au prix d’un bouleversement d’autant moins arbitraire que l’œuvre tardive du maître, marquée par la distinction entre le Dire et le Dit, à bien des égards en avait déjà jeté les bases. En deux mots : à la singularité du visage, Hagi Kenaan substitue l’unicité de la voix. De même que le visage, en sus de sa physionomie propre, ouvre à une dimension éthique hétérogène à l’ordre du visible, les paroles, observe Kenaan, sont chaque fois aussi des occurrences de la voix qui les prononce, c’est-à-dire qu’à côté des significations que charrient nos actes de paroles, et qui à ce titre peuvent être abstraites ou considérées indépendamment de celui qui actuellement les assume, la voix ou ce que j’appellerais volontiers ici le « timbre » de la voix - tout comme les timbres postaux portent la marque de la contrée d’où nous parviennent lettres et colis - ne laisse pas de rattacher les contenus langagiers à celui ou à celle qui les profère à notre intention. Cette signature immatérielle, a-signifiante et cependant inaliénable que nous appliquons sur les produits finis de notre bouche chaque fois que nous l’ouvrons, m’a semblé de nature à justifier l’introduction des noms d’Emmanuel Levinas et de son inventif disciple Hagi Kenaan dans les colonnes d’un magazine où il est beaucoup question de ce que nous font, chaque fois qu’elles se produisent, les voix inouïes de notre présent.


Texte : Le Dark Chips Texte : Eric Therer

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Un rêve. New-York, près de Ground Zero. Errer dans Manhattan. Une ruelle, une porte dérobée. Un club bondé de blacks. Ils sont beaux, dansent comme des dieux, inspirés par une house des plus pénétrantes. Terrifié par l’osmose des corps et du son de ‘Hatched Vol1’, je ne bougeais plus. C’était juste beau. Sorti du sommeil, encore fébrile, je vérifiais que mon rêve ne m’avait menti qu’en un seul point. Le label (Dirtybird) est basé à San Francisco. ★★★ « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures! » dirait Mamie Nova. N’empêche que la géronto revoit ses recettes savamment à chaque rentrée des classes. Orbital devrait s’en inspirer tant leur ‘Wonky’ ne ressemble à rien si ce n’est à la soupe qu’ils nous servent depuis des lustres. Mais ils en déverseront des marmites et leur resto affiche complet tous les soirs! ★★★ Sinon, Mouse On Mars au Bota c’est pas complet! Vous branlez quoi ??? ★★★ Dr Lektroluv se fend d’un ‘Live In Brazil’. Une carte postale aurait suffit. ★★★ Stefny Winter et Philip Bader, mari et femme devant le Dark et ses disciples. Aucune bague au doigt mais des profils similaires. Deux djs-producteurs ‘minimaux’ et deux optiques distinctes. Pour elle, ‘Wind Walker’, portfolio souvenir, parfaitement nombriliste et soutenu (paradoxalement) par une portée. Pour lui, aller de l’avant, s’ouvrir, s’inspirer de courants, de cartes postales et livrer ‘Wishful Thinking’. Logiquement, quand elle tire une ligne droite sans prendre de risque, on est sur une autoroute plaisante sans être ravissante. Lui évitera les péages et préférera les nationales sinueuses. C’est moins lassant, ça garde éveillé, mais les villes fleuries traversées manquent cruellement de cohérence. Y a deux écoles. ★★★ Puristes et collectionneurs, ‘Rapper’s Best Friend 2’ est pour vous. The Alchemist exhibe le deuxième volet de son beat-book. Du Hip-Hop Gangsta à nu, pris à la source. Intéressant mais à part pour se palucher entre fétichistes, quel réel intérêt sans le flow d’un Nas ou d’un Mobb Depp? Un nouveau Singstar, micro en platine et Hummer non fournis, peut-être. L’ami Licaon me glissait à l’écoute de ‘The Noise In The Sky’: « Ben tu vois ce truc, je serais incapable de te dire si c’est terrible ou si c’est à chier ». Là où le duo Ratatat m’aurait armé d’arguments bétons, Krazy Baldhead, figure intelligisita du label (Edbanger), me laissa sans voix. Ou comment Pedro de la Winta se fait occire par une pale d’éolienne. ★★★ Photek a prévenu sa femme, il rentrera plus tard ce vendredi. (!K7) organise un pot pour son depart. Avant de devenir department manager ou conseillère en décoration vintage, Rupert Parkes visite les genres, les ambiances et les tempi sur un ‘Dj-Kicks’ plutôt hypnotisant. Salut l’artiste. ★★★ Messieurs de Motor. Singer ‘Personal Jesus’ est une chose, devenir Depeche Mode en est une autre. Le soutien généreux de Martin L. Gore n’y changera rien. Que Gary Numan aille se perdre dans ce projet infect, cela peut se comprendre mais si le blondinet cherche tous les moyens imaginables pour repousser les retrouvailles avec Dave Gahan, on peut toujours lui présenter Soldout! ★★★ « Londres, ici Oakland. M’entendez vous? » Un peu qu’ils vous entendent mes gaillards car entre les labels (Robot Elephant) et (Tundra Dubs), ça glisse. Deux enseignes, que seul l’amour du Do It Yourself réunit, font compil’ commune avec une cohérence totalement chaotique. Tout y est dégueulasse et pourtant ça marche, avec une préférence personnelle pour le pachyderme. Husband ouvre les hostilités alors que I†† donne le coup de grâce, et rien que pour ces extrêmes, le détour est indispensable! ★★★ Ne surtout pas confondre Nick Talbot de Gravenhurst avec John Talabot, Dj catalan, responsable de ‘fin’, une plaque house soporifique. A Barcelone, on crie au génie! Tu m’étonnes… ★★★ Quand Stockholm essaie de se défaire de la Mafia House, c’est Cari Lekebusch qui joue les incorruptibles et s’impose, tel un Dogma musical, des limites techniques à la composition de sa techno à sang froid. Rangez les gogo’s, ‘You Are A Hybrid Too’ ne se jouera que dans les clubs obscurs où le public ne se regarde que très peu dans les yeux. *** Sorti d’un bosquet danois, Kasper Bjørke est un renard qui sait s’entourer. ‘Fool’ sert sur sa première face le magistral Jacob Bellens et s’approche dangereusement des plates-bandes occupées par The Whitest Boy Alive. La voix des folkeux de Murder transcendent pourtant le propos et déjoue toute tentative de résistance. Une seconde face rappelle que les scandinaves savent se jouer de l’électro. Un demi disque en somme. ★★★ Connu sous le nom de Headhunter, Antony Williams peut se targuer d’avoir rivalisé avec Skream sur la scène Dubstep. Mais rangé des beats adolescents avant l’heure, c’est sous les lettres de Addison Groove qu’il a pris du gallon, le titre ‘Footcrab’ comme étendard. ‘Transistor Rhythm’ pue la 808 à plein nez et s’offre le luxe de paraitre sur (50 Weapons). Une pochette aux allures nauséabondes de French Touch, mais des sillons chargés au triphasé, toutes syncopes dehors. Tachycardiaques s’abstenir. A bas les faibles! *** Comme son nom l’indique, la nouvelle compil de (Kitsuneé), ‘Parisien II’ , c’est beaucoup de bruit pour rien et de la resucée à tous les étages. Envie toutefois de sauver la fraîcheur de Slowdance et ‘Airports’. Avec la balade forestière de Mathieu Lescop, « Le retour des Jeunes Gens Modernes » s’exclament les radios ‘tendance’. 5 ans pour s’en rendre compte? Trop occupées à découvrir la Dupstep certainement… ★★★ Les profs de gym pourront enfin jeter leur disque de Dave Stewart & Candy Dulfer, leurs spectacle de pyramides humaines se fera à présent au son de Undo et ‘Motas de Polvo’. Vivement la fancy-fair! ★★★ ‘Notes’ de Darkroom? Déjà réservé par la classe de 7ème couture. Leur défilé de fin d’année s’annonce résolument moderne. ★★★ ‘Ghost Story’ de Blue Fields : un peu Jazzy, un peu Ambient, un peu Lounge un peu TripHop et surtout très chiant. Au suivant, vraiment?

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais

plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Le Venusberg

C’est une grande demeure patricienne, sise à la limite entre Verviers hauteurs et Heusy, au milieu d’un voisinage qui nous rappelle que la région fut un jour prospère grâce au commerce de la laine. Une vénérable maison aux hauts plafonds qui a traversé les âges sans sacrifier aux modes. Les stucs et les radiateurs sont d’époque. Volontairement, les interrupteurs n’ont jamais été permutés. Une ancienne cabine de téléphone anglaise orne le jardin. Au contact du passage de la voiture, le gravier de l’allée entourant la propriété crisse sous les pneus. Ce soir, nous y sommes conviés à un dîner-concert. Une tenue de circonstance a été souhaitée : du rouge, de l’orange, du rose et du noir. Le propriétaire des lieux est ancien bâtonnier. Il accueille ses hôtes choisis avec des champagnes rares et un sourire rassurant. Pour l’occasion, la salle à manger a été transformée en scène de spectacle mais on ne le remarque pas tout de suite. Un simple paravent sur lequel pendent des combinaisons en satin délimite l’espace entre le salon et la grande table sur laquelle a été dressé un service de porcelaine antique. A peine les invités sontils attablés que l’atmosphère s’attise. Un commis de salle fait son entrée. Après avoir posé sur la table un cruchon d’eau dans lequel flottent des morceaux de concombre, il se lance dans une présentation oratoire sur le Venusberg. L’endroit est mythique et chimérique. Il tient à la fois au plaisir raffiné et à l’enchantement primitif. Il est question d’une Allemagne ancienne, une Allemagne romantique, wagnérienne. Une femme a fait son entrée. Elle se saisit d’une guitare acoustique. Elle se saisit de sa voix. Elle est majestueuse. Pour peu, on croirait voir Joanna Newsom. Elle s’appelle Geneviève Voisin, elle est née en bord de Vesdre. Tandis que les mets se succèdent : gaspacho de poivron braisé au curcuma, mousse de betterave au cumin sur un crémeux de chèvre, curry rouge de crevettes au potiron rôti, saumon façon teriyaki… elle ponctue le repas de chansons, passant de la guitare au piano et à l’accordéon. Le serveur s’est transformé en crooner alors qu’une agréable violoniste irlandaise a rejoint la scène. On est proche de Kurt Weill, on songe à Purcell, on se surprend à établir des comparaisons hasardeuses avec Leonard Cohen et Olivia Newton John. Ce n’est pas un simple dîner-concert comme on l’avait d’abord supposé, c’est une sorte de spectacle total où les aliments interfèrent avec les sons dans une ambiance sensuelle. On passe du froid au chaud, du mélancolique au burlesque. Ce soir, le Venusberg joue la partie à trois. Demain, ils seront quatre ou cinq. Il y a une aisance évidente qui accompagne le jeu de cette petite troupe aux contours variables. Il y a aussi une joie évidente dans la façon dont ses membres se donnent à voir et à entendre. Avec peu de moyens, le Venusberg parvient à meubler une salle à manger mais il pourrait tout aussi bien occuper un théâtre ou conquérir une arène. Somme toute, même s’il se décline en couleurs, assorties à celles des tenues des convives, le repas apparaît comme un prétexte à la musique. De lui, d’elle, nous ne serons repus ce soir et c’est le ventre léger que nous reprendrons le chemin de la maison. Un lien : www.venusberg.nu/fr

on stage Un concert le 13 avril au Théâtre en Ile à Liège


06

T e x t e : L a u r e n t G r e n i e r © Ko e n B a u t e r s

Sortis de nulle part à l’automne 2009, Gaëtan Vandewoude et son vrai/faux groupe Isbells ont décroché la timbale avec un premier album d’une délicatesse et d’une authenticité rares. A l’heure des retrouvailles,

on avait peur. Et si le charme n’opérait plus ? Et si le type avait vendu son âme ? Avec ‘Stoalin’’, il ne faut pas longtemps pour être rassuré. Ce disque d’une finesse impeccable chemine aux confins du folk et explore les traumatismes de son chanteur. Dépouillé et riche à la fois. Profondément humain. À fleur de peau. Humble, tout simplement. Il y a deux ans et demi, tu nous accordais ta première interview pour défendre ce nouveau projet Isbells. Un succès incroyable et des chiffres de vente énormes pour la Belgique (vers les 13.000 exemplaires). J’imagine que tu ne soulèves plus des caisses de pommes pour vivre. Gaëtan Vandewoude : « Non. Tous les boulots que j’ai faits avant, je les prenais uniquement pour pouvoir bouffer et pratiquer ma passion en parallèle. C’est fantastique de pouvoir vivre un rêve. Même si d’un autre côté, ça n’a pas été évident parce que je n’étais pas préparé à ça. Je n’avais presque jamais donné de concerts devant de vrais publics. Il y a eu tellement de réactions de toutes parts, de toutes sortes. Ça a été un peu difficile physiquement et émotionnellement. Au niveau familial, ça n’a pas toujours été simple non plus. J’étais souvent absent, et quand j’étais à la maison, j’avais parfois du mal à me déconnecter du monde de la musique. Après deux ans, on s’est dit qu’il fallait qu’on parte, d’abord pour se retrouver entre nous, et puis aussi pour moi, pour ma santé mentale. Pour respirer, réfléchir. Donc, après le dernier concert de la première tournée, on est parti deux mois dans le sud de l’Espagne. J’en avais vraiment besoin.»

La théorie de l’évolution

Tu n’as pas surfé sur la hype et sorti une redite du premier album dans la foulée de celui-ci. On sent dans ‘Stoalin’’ une réelle évolution, une envie de défricher ailleurs. Gaëtan Vandewoude : « Pendant les deux années qui ont suivi ‘Isbells’ (2009, ndr), beaucoup de personnes m’ont demandé si j’avais déjà des trucs de prêts et quand j’allais sortir le deuxième album. Je n’étais pas dans cet état d’esprit. Je me posais même parfois la question de savoir ce que je voulais faire vraiment. La seule chose dont j’étais certain, c’est que je voulais évoluer en tant qu’artiste et personne. C’est seulement en Espagne que j’ai su que j’allais sortir un deuxième album et que j’ai commencé à entrevoir des pistes à suivre. Là-bas, j’ai vraiment eu le temps de penser à ce que j’étais devenu, à la musique, à la famille. J’ai eu le courage de reconnaître certains aspects de moi-même. Je crois donc que l’album est surtout le reflet de ma personnalité à un moment donné et qu’elle n’est pas la même aujourd’hui qu’il y a trois ans.» T’as commencé à écrire là-bas ? Gaëtan Vandewoude : « Je ne suis pas parti là-bas pour ça mais je ne pars pas deux mois sans ma guitare. Donc, j’avais pris mon ordinateur et de quoi enregistrer. J’ai laissé les choses se passer et au final, je pense que les trois-quarts de l’album sont nés là-bas. ‘Stoalin’’, le premier morceau du disque est aussi le premier que j’ai écrit. Sa thématique - qui est un peu toute celle de l’album d’ailleurs, c’est le questionnement personnel.» Si cet album repose tant sur l’introspection, je suppose qu’Isbells est toujours, comme tu nous le disais en 2009, essentiellement toi. Gaëtan Vandewoude : « La musique c’est mon enfant. Personne ne peut me dire comment elle doit sonner mais je suis bien sûr ouvert aux suggestions des autres. J’ai la chance de pouvoir jouer de plusieurs instruments, je ne suis pas dépendant d’autres musiciens. D’un autre côté, Isbells en live, c’est un vrai groupe, c’est une famille. Tout le monde a les mêmes objectifs et beaucoup de respect l’un pour l’autre. Je suis certain que sans eux, sans leur soutien et leur amour, je n’aurais pas pu terminer ce deuxième album.» Ces autres membres, on les retrouve sur le disque ? Gaëtan Vandewoude : « Ils font des chœurs sur plusieurs morceaux. Sur ‘Falling In And Out’, il y un banjo. J’en joue un peu mais pas assez bien. Sur ‘Illusion’, il y a une guitare électrique qui n’est pas de moi. Sur ‘One Day’, un ukulélé. On fonctionne à l’envie. Si les gars ont envie de passer, on essaye quelques trucs et on puis on fait le tri.» Il y a beaucoup de déchets ? Gaëtan Vandewoude : « Au départ, j’avais une quarantaine de démos, parfois simplement des idées de trente secondes, toujours de la musique, jamais de texte. Au final, je travaille sur une douzaine de morceaux dont les atmosphères générales me semblent former un truc cohérent. Il arrive aussi que je retombe sur des choses dont j’avais oublié l’existence : ‘Letting Go’ est une chanson que j’avais écrite et enregistrée peu de temps après le premier album. En retombant dessus, j’ai vraiment été ému par la pureté et l’intensité de l’enregistrement. Les autres me poussaient à en faire quelque chose. Je n’avais plus que le morceau fini, les tracks avaient été effacés. Du coup, je pouvais à peine la retoucher au mixage. C’est seulement la dernière semaine avant le mastering

qu’elle a trouvé sa place définitive.» Tu aurais pu la réenregistrer pour qu’elle ait la sonorité que tu souhaitais. Gaëtan Vandewoude : « Oui, mais ça aurait été un morceau différent. Peut-être moins émouvant. Parfois, il faut vraiment garder le premier jet. Si tu prends ‘Stoalin’’, il a été enregistré en Espagne et j’ai juste posé un texte dessus, en rentrant ici. D’ailleurs, à la fin de la chanson, tu peux entendre au loin les chiens d’un berger qui aboient. Au départ, ça ne devait aussi être qu’une démo. Puis, elle a été utilisée dans un court métrage telle quelle. En voyant le film, ça m’a paru évident que ce morceau ne devait pas être réenregistré.» Tu utilises des effets pour faire sonner ‘Stoalin’’ de cette manière ? Gaëtan Vandewoude : « Oui, j’utilise ce dont j’ai besoin. Là, c’était surtout des Ebow (archet électronique, ndr).» Tu as de nouveau enregistré dans ta grange? Gaëtan Vandewoude : « Exactement. C’est ce que je voulais faire au départ. Sauf que c’était l’hiver et que c’était très difficile de chauffer correctement. J’avais un petit chauffage électrique que j’étais obligé de couper dès que je commençais à enregistrer. Ma guitare supportait mal le froid, mes doigts et mes orteils gelaient. Donc, après quinze jours, je me suis installé dans mon living mais je ne pouvais enregistrer qu’en journée quand les enfants n’étaient pas là, ou après onze heures quand ils dormaient. Malgré tout, je faisais encore trop de bruit la nuit et c’était devenu difficile de travailler plus de trois heures par jour, donc j’ai déménagé tout mon matériel dans le salon de ma mère.» Est-ce que depuis le premier album, tu as découvert des disques qui auraient pu influencer l’évolution du tien ? Gaëtan Vandewoude : « J’ai appris beaucoup de nouveaux groupes. On a tourné avec plein de personnes que je ne connaissais pas. Beach House, par exemple : ‘Teen Dream’ est fantastique; ou The Low Anthem avec qui on a partagé l’affiche à l’AB pour les dix ans de Duyster, l’émission de Studio Brussel. J’adore leur chanson ‘Charlie Darwin’. Ils passaient après nous et leur concert m’a retourné. C’était magique. Je n’avais jamais vu un groupe jouer sur scène avec une telle présence et une telle intensité. On sentait qu’ils vivaient vraiment le moment comme quelque chose d’unique. J’ai aussi écouté Alexi Murdoch. Ces musiques m’ont certainement influencé mais pas de manière consciente. Probablement comme la plupart des trucs que j’ai écouté depuis mes quatorze ans.» Parmi ces signes d’évolution, il y a le crescendo final et cuivré du dernier morceau. Gaëtan Vandewoude : « J’ai eu cette idée juste avec ma guitare. Le titre n’était pas encore abouti, je n’avais aucune parole mais j’avais la cadence du morceau et je sentais une tension que j’ai soudain eu envie de faire exploser. Après, j’ai pris une batterie, des trompettes.» Autre changement, sur ‘Elation’ il y a des chœurs d’enfants… Gaëtan Vandewoude : « Oui, c’est ma fille. Cette chanson est particulière parce qu’elle parle de joie. Il y a un an, je n’aurais jamais pu chanter un tel morceau et je me suis vraiment demandé s’il avait vraiment sa place sur ce disque dominé par la mélancolie. Oser le mettre sur le disque a été véritablement libératoire.» Cette mélancolie, précisément... Es-tu quelqu’un de nostalgique ? Gaëtan Vandewoude : « Non, pas vraiment. Je ne me souviens pas énormément de mon enfance. Mes premiers vrais souvenirs, c’est l’école secondaire. Après, comme tout le monde, j’ai vécu des choses dont je me rends compte aujourd’hui qu’elles m’ont peut-être plus marqué que je ne le croyais. Le divorce de mes parents, par exemple. Ça a été une des premières choses auxquelles j’ai réfléchi avant de commencer le disque. L’enfant qui court au dos de la pochette me symbolise. Pour cet album, j’ai essayé d’aller rechercher dans l’enfance les traumatismes mais aussi les joies. Et surtout la manière dont l’enfant peut vivre cette joie, pleinement, sans avoir conscience du monde qui l’entoure.» Sur ‘Falling In And Out’, il y a ce vers : « And return to Shangri-la ». Ça renvoie à quoi? Gaetan Vandewoude : « Juste au paradis. Etre là avec quelqu’un que tu aimes. C’est une manière étrange de dire à ma femme que je l’aime beaucoup. Tu le sais, dans une relation, tu as toujours des hauts et des bas. Lorsque tu as eu un passage vraiment difficile, proche de la rupture, si tu en sors, il y a un moment vraiment très intense. C’est de ça que je veux parler. Je me souviens avoir joué ce morceau à ma femme et elle n’aimait vraiment pas le texte. Elle me demandait pourquoi tu chantes « i’m looking for to break your heart ». Moi, je trouvais ça très romantique. Je crois qu’elle a compris maintenant mais elle n’aime toujours pas le texte.» J’imagine qu’un succès comme Isbells, ça change la vie d’un label artisanal comme Zeal. Gaëtan Vandewoude : « C’est une structure très familiale, très chouette. La plupart des groupes qui y rentrent le font parce qu’ils connaissent un membre d’un groupe qui y est déjà. Je pense qu’Isbells a sans doute permis à Geert (Mets, patron du label) de signer plus de groupes. Par passion, pas par mercantilisme. Même si un label plus gros, comme Pias par exemple, me contactait, me proposait plus d’argent, davantage encore d’exposition, je suis certain de ma réponse : je n’ai pas besoin de ça.» Un disque : ‘Stoalin’’ (Zeal Records)

on stage 3 avril, De Centrale, Ghent 7 avril, MOD, Hasselt 9 avril, Cactus, Brugge 20 avril, 4ad, Diksmuide

30 avril, Rataplan, Anvers 5 mai, Putrock, Beringen 15 mai, Nuits Botanique, Bruxelles


Texte : Laurent Grenier

07

Dès ses débuts en 1992, Dominique A chantait les habitudes qui se perdent. S’il en est pourtant une qu’il n’est

pas près d’abandonner, c’est celle de sortir à intervalles réguliers d’excellents albums, la plupart du temps en rupture totale avec le précédent. Ainsi, après l’autarcique, branlant et terrifiant de beauté ‘La Musique / La Matière’, il revient aux affaires avec un ouvrage bourré

de vents dont l’envergure déstabilise à la première écoute avant de plonger dans la lumière, dans la félicité, aux (nombreuses) suivantes. ‘Vers Les Lueurs’ est donc l’occasion rêvée de revenir sur ce parcours sans faille, sur les lieux qui l’ont façonné et sur sa suite, littéraire peut-être. Les deux premiers vers de ce neuvième disque sont : « Oublie la ville / Oublie la vitesse ». Dans le morceau suivant, on peut entendre : « Le monde était si beau / Et nous l’avons gâché ». La pochette est très bucolique. Et puis, il y a tous ces instruments à vent. Dominique A a-t-il viré écolo ? Est-ce qu’il y a une prise de conscience ? Dominique A : « Prise de conscience, non, il ne faut pas exagérer. L’envie de chanter la nature, d’être dans un cadre moins urbain, oui. Je me laisse guider par ce qui vient. Au bout d’un moment, il y a soit des thèmes, soit des envies qui se dessinent et là, il s’est avéré qu’effectivement plein de chansons faisaient référence à la lumière, à la nature. Ouvrir un disque avec « Oublie la ville » n’est pas anodin, mais c’est aussi une adresse à moi-même : allez, ne parle pas de la rue, de l’appartement. Jusqu’à présent, quand je faisais ça, je partais à l’autre bout du monde, au Groenland. C’était une façon de fuir vraiment et d’aller vers les grands espaces désertiques. Là, le principe c’est de resserrer le cadre, de dire que la nature n’est pas à dix mille

Mehr Licht !

kilomètres. Qu’elle est à l’orée de la ville, aussi. C’est également retrouver des sensations, des couleurs d’enfance qui me sont chères et qui, pour moi, ont été primordiales, déterminantes, par rapport à mon évolution musicale. Il y a beaucoup de choses chez moi qui sont de l’ordre de la sensation visuelle. L’idée était d’injecter ça dans la musique. Et c’est vrai que les vents y aident foutrement. En même temps, j’étais en train d’écrire un petit bouquin autobiographique et ça se recoupait dans la mesure où il y avait aussi ce questionnement par rapport à un cadre qui n’est pas strictement urbain et où j’envisageais la nature sous un aspect soit inquiétant, soit rassurant.» A l’époque de ‘La Musique’ (2009), tu avais un peu maladroitement qualifié cet album de « ‘Fossette’ version Red Bull ». Cet album renvoi-t-il plus à ‘L’Horizon’ (2006) ou à ‘Tout Sera Comme Avant’ (2004) ? Dominique A : « Qu’est ce je pourrais dire, un ‘Tout Sera Comme Avant’ version Biomarché (rires). Pour moi, il n’est pas si éloigné de ‘L’Horizon’, avec le côté monochrome en moins. Ici, on a une plus grande variété d’ambiances. Après, sans oser vraiment me l’avouer et surtout pour ne pas effrayer les gens autour de moi, il y avait un petit désir de revenir sur des ambiances à la ‘Tout Sera Comme Avant’ mais sans le côté dépossession de l’époque, où je jouais juste un peu de guitare quand on me laissait faire. Ici, c’était davantage une question de dialogue avec David Euverte, entre ses propositions d’arrangeur vis-à-vis de musiciens issus du classique et ce que moi j’avais envie d’entendre. Je ne voulais pas perdre le contrôle, parce que même si ça n’était pas un orchestre de 43 bulgares - il y avait 5 vents, on aurait pu risquer de rentrer dans un truc à nouveau trop maximaliste et qui aurait souffert de son ambition. Même sur le plan de l’écriture, je visais moins haut. Dès que j’avais une bonne chanson, je la soumettais à David, je lui demandais si ça l’inspirait et il me répondait oui ou non. Je voulais vraiment que ça soit du collectif.» A quand remonte l’idée de ce projet ? Dominique A : « Le premier morceau, qui n’est pas le plus représentatif, ‘Parfois J’Entends Des Cris’, date d’octobre 2010. Mais le gros de l’écriture, c’est printemps, été 2011. En tout, j’avais une vingtaine de chansons. Il n’y pas eu de gros tri.» Ça fera des inédits pour tes rééditions futures… Dominique A : « Non, il n’y a aura pas d’inédit car il n’y a pas eu de maquette. Les morceaux que je proposais à David étaient des guitare-voix. Je ne voulais surtout pas l’influencer et amener mon

grain de sel. D’ailleurs, et ça a amené quelques crispations parce qu’il y avait du pognon en jeu, la maison de disques française n’a rien entendu avant longtemps. Je refusais de leur faire écouter quoi que ce soit puisque ça n’existait pas. Ça a existé à partir du moment où on a commencé à répéter avec les vents, vers la mi-décembre. Jusque-là, je savais à quoi ressembleraient les arrangements de David mais j’ignorais totalement comment ça allait sonner.» En même temps, dès la mi-janvier, tu présentais tous ces morceaux sur scène. Dominique A : « Au départ, ça devait être capté live. On devait répéter en décembre et enregistrer lors de concerts en Bretagne et à Paris. Le fait d’enregistrer en studio a été une dénaturation du projet initial. Mais une dénaturation pour la bonne cause. Tout le monde sauf moi s’était mis à flipper. Il pouvait y avoir des problèmes d’accordage entre les instruments pour l’enregistrement live, des problèmes de prise de son entre les instruments acoustiques et électriques. Du coup, in extremis, on a calé une semaine en studio, pour enregistrer en conditions live. L’idée, c’était vraiment que le travail des dix musiciens soit le disque. Ce qui fait qu’en terme de production, ça n’est pas du tout un album trituré.» Donc, j’imagine que le mixage de Dominique Brusson a eu moins d’impact que sur ‘La Musique’… Dominique A : « Il a fait du super boulot mais effectivement, alors que sur ‘La Musique’, on avait fait péter le budget effets, ici il a quasiment joué sans. Juste un peu sur la voix et une chambre d’écho à l’ancienne pour tout ce qui est réverb’ sur les instruments. C’était trouver l’équilibre entre les musiciens qui importait, entre la délicatesse des vents et la puissance de feu, parfois, de Thomas Poli.» Essentiel sur le dernier Miossec. T’as rien dit que Christophe t’ait piqué ton groupe ? Dominique A : « Je ne suis pas comme Adamo, je ne leur donne pas une rente annuelle avec un contrat d’exclusivité. J’ai tiré un peu la gueule parce qu’au départ, ils ont fait ça un peu en douce. Je crois qu’ils n’osaient pas m’en parler, tout simplement. Ça me faisait chier dans le sens où le groupe, tel quel, il était au début constitué par rapport à moi. Après, Christophe m’a appelé et on a dégonflé l’affaire. J’ai laissé les gars choisir. Je voulais simplement éviter le cas de figure où on se retrouve à tourner en même temps avec le même groupe. Là, c’est au-delà de la caricature, c’est de l’art contemporain.» Ces jeunes loups nous rappellent que tu fêtes tes 20 ans de carrière. Qu’est-ce qui continue à te faire avancer ? Dominique A : « Un grand sentiment d’inutilité lorsque je n’écris pas. Et puis, surtout, dès que j’ai l’illusion que je tiens un truc qui va casser la baraque ou que je ramène un machin que personne n’a jamais entendu, je fonce. Le moteur ici, c’était d’utiliser une méthode que je n’avais jamais expérimentée. Et aussi, d’être entouré de gens qui me poussent au cul. Seul, je pense que je n’aurais pas la même énergie. Je n’ai pas l’impression d’être arrivé à quoi que ce soit. J’ai fait des bonnes choses mais j’espère aller plus loin.» Parmi ces bonnes choses, il y a ces morceaux à la puissance narrative très forte comme ‘Bowling’, ‘Manset’, ‘Pour La Peau’ ou ‘Valparaiso’. Ici, des titres comme ‘Ce Geste Absent’, ou ‘Parce Que Tu Etais Là’ fonctionnent sur le même principe. Comment est-ce que tu analyses ton écriture ? Dominique A : « Je n’analyse rien. Ça fait partie des morceaux où il y a effectivement un souci de clarté, de volonté de poser un cadre. Souvent c’est une histoire d’amour dévasté entre deux personnes. Ces morceaux-là sont presque parfois des exercices de style dans la mesure où j’ai envie d’écrire des trucs qui soient le plus limpides possible pour compenser cette débauche métaphorique qui caractérisent mes autres textes. Les gens s’y rattachent et j’y tiens. Ça permet aussi de faire passer des choses beaucoup plus absconses. ‘Le Convoi’, je ne sais pas trop de quoi ça parle. Il y a des choses qui viennent et se posent par erreur. Je me laisse déborder.» Précisément, ‘Le Convoi’ a-t-il été inspiré par le roman de Akira Yoshimura, ‘Le Convoi De L’Eau’ ? Dominique A : « Oui. C’est un copain éclairagiste passionné de littérature asiatique qui m’a conseillé ça. Je trouvais que le convoi était un beau mot, ça me renvoyait aussi au ‘Commerce De L’Eau’. Après, ça n’est pas en rapport direct avec le livre qui parle de tout autre chose, mais ça peut le rejoindre sur l’idée de personnages non identifiés, d’un groupe de villageois un peu menaçants, d’ombres qui courent, d’êtres ni vivants, ni morts.» Ton amour pour la littérature va se traduire par ce qui est annoncé comme ton premier roman en mai, ‘Y Revenir’. Dominique A : « Ce n’est pas un roman. C’est un bouquin de souvenirs qui a pour sujet, je crois, le rapport à un lieu de détestation qui, en même temps, m’a formé. Voir dans quelle mesure le décor fait écho à ce que je suis devenu. C’est aussi une manière d’analyser comment la mémoire peut être conditionnée par l’écriture. Comment la mémoire change à partir du moment où on décide d’écrire. Des ponts sont établis avec deux chansons autobiographiques,‘Rue Des Marais’ et ‘Les Terres Brunes’. L’enfance, la multiplicité des sensations, le fait de devoir tout assimiler avec une violence extrême parce que tout ce qui se passe te déboule dans la gueule sont des sujets inépuisables et qu’on peut aborder de pleins de façons. L’essentiel pour moi là-dedans, ça n’est pas de raconter ma vie, c’est plutôt de la mythifier. C’est aussi une entrée en littérature, si je peux dire, dans la mesure où je tourne autour depuis pas mal de temps.» Il y avait un côté cathartique ? Dominique A : « Oui, ce bouquin étant fait, je n’aurai plus besoin d’y revenir. Et je pense que tu échapperas, et d’autres avec toi, à de nouvelles chansons qui auraient trait à Provins et à la Seine-et-Marne. C’était une manière de se défaire du pouvoir de nuisance du lieu.» Un disque : ‘Vers Les Lueurs’ (Cinq 7/Pias)

on stage 11 mai, Cirque Royal - Nuits Botanique, Bruxelles Dominique y jouera La Fossette en trio, puis Vers les lueurs.


08

T e x t e : S a s h a V a n d e r S p e e t e n i T r a d & a d a p t : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g © s e a n t h o m a s

La rencontre avec Santi White a lieu dans une suite king size du Landmark Hotel de Londres, près de Regent’s Park. La chanteuse new-yorkaise déambule dans une tenue bling bling flashy (« achetée à Hong Kong! ») et un

grand sourire. Contrairement à ses soulmates M.I.A. (trop sérieuse et parano) et Uffie (trop gentille), Santi donne l’impression d’une femme sûre d’elle et de belle composition. Rendez-vous le 23 avril sur ‘Master Of My Make-Believe’, le second et futé album de Mademoiselle Santigold.

Sur la couverture de ton nouveau disque, on trouve des tas de références aux chevaux et on te voit même en cavalière. Je croyais que tu étais allergique aux chevaux… Santi White : « En fait, je le suis (rires), je suis même un traitement en ce moment. Mais j’aime les chevaux! L’allergie a commencé quand j’avais quinze ans. Je vais te faire une confidence : j’ai même acheté un énorme dogue allemand parce que je ne peux pas m’offrir de cheval. Ce chien est celui qui ressemble le plus à un cheval (rires). J’ai même une statue de cheval dans ma maison et je porte parfois des anneaux en forme de cheval. »

Le cri de la best ‘Master Of My Make Believe’ trahit un lien complexe avec la pop music. Un rapport d’amour-haine? SW : « En tournant le clip de ‘Big Mouth’, tout le monde pensait que je détestais la pop, genre Lady Gaga ou Katy Perry. D’ailleurs, la pop n’est pas un genre en soi. On y trouve de la country, du hip hop, du r&b, du rock, de l’electro et plein d’autres choses. J’ai vu une affiche où Diplo et Skrillex posent ensemble tels deux frères. Eux aussi font de la pop. D’un autre côté, l’état actuel de la pop me déprime. C’est dingue comme les trucs mainstream manquent de variété. Quand j’écoute la radio, j’entends d’ici les mecs du marketing se pointer avec leur liste de trucs paramétrés : le morceau doit faire trois minutes, le rythme doit être comme ça, ça doit démarrer après x secondes, la progression des accords doit suivre une certaine règle pour devenir un tube et blablabla. D’où nous viennent ces règles ? Pourquoi ne pas laisser un ordinateur composer les futurs hits, dans ce cas ? La pop n’a plus rien à voir avec l’art. Avant, c’était différent. Nous sommes passés à l’époque du super-producteur. Une seule et même personne a presque tous les morceaux des charts à son actif. Quelle misère! » Chez beaucoup d’artistes pop, il manque cette mise en danger, leur son est très lisse… SW : « Je vois bien ce que tu veux dire. Où sont passés tous ces groupes mystérieux ? Et les réseaux sociaux enlèvent tout mystère, tout le monde tweete, les rebelles n’ont plus voix au chapitre et la pop a perdu l’impact qu’elle pouvait avoir. L’inspiration est à la rue et, même si les kids risquent de ne pas être d’accord, c’est parce qu’ils n’ont pas eu l’occasion de comparer. Quand j’allume la télé, je ne vois plus que des tronches de monstres en plastoc. Et dire que des jeunes filles crient she’s so pretty. Allez, quoi ! (rires). » On raconte que tes nouveaux morceaux s’inspirent d’un certain mécontentement face au monde actuel. Les révolutions arabes et les manifs à Wall Street ont-elles un lien avec ta musique ? SW : « La plupart des titres étaient déjà écrits au moment où ces actions ont démarré. Ce ne sont pas les émeutes et les manifs qui m’ont nourrie mais nous partageons la même énergie. Je pense que nous avons tous ressenti cette indignation. Cette inquiétude a secoué le monde et dans mon cas, cette insatisfaction s’exprimait déjà à l’époque de la catastrophe pétrolière dans le Golfe du Mexique, causée par l’irresponsabilité crasse de BP. Regarde le tremblement de terre et le désastre nucléaire au Japon. Je n’avais aucune envie d’attendre la mort avant d’avoir réalisé quelque chose d’essentiel. C’est cette frustration qui est à la base de mon deuxième album. »

En Jamaïque avec Diplo Une partie du disque a été réalisée en Jamaïque en compagnie de Diplo et Switch qui bossaient de leur côté sur le premier album de Major Lazer. Quand j’en ai parlé à Diplo, il était euphorique sur les soirées Passa Passa, sur le carnaval de Trinidad et les toutes les soirées là-bas. SW : « Yup, il parlait des deux premières vacances en Jamaïque quand Major Lazer en était au stade embryonnaire. Nous avons séjourné à Kingston et on a fait quelques sauts aux studios Geejam de Jon Baker pour y enregistrer deux-trois trucs. Tu sais, je ne bois pas d’alcool, contrairement à Diplo et Switch (rires évocateurs). Je me souviens d’une soirée passée à bien

manger où nous avions papoté jusqu’à deux heures du mat’. Diplo et Switch en tenaient une solide. Je voulais aller au pieu mais les mecs voulaient encore sortir. Ouais, ok, mais la seule chose à ne pas faire quand tu es un Occidental à Kingston, c’est d’aller sans escorte dans un club inconnu. Mais ils insistaient : on veut aller en boîte. Je leur ai demandé : avec qui ? Leur réponse : on prend un taxi et on se fait conduire. Incroyable ! N’importe quoi, les mecs, je me suis dit. » Ils ont malgré tout remporté le jackpot ? SW : « Oui ! A vrai dire, je m’en veux d’avoir loupé cette soirée. Switch et Diplo sont entrés dans ma piaule à sept heures du mat’, encore bien bourrés mais aussi super excités: Oh! My! God! You just missed it! You missed the craziest shit I’ve ever seen! Je pouvais juste faire semblant de leur donner tort: Yeah right, get out of my room. » Tu as raté quoi ? SW : « Apparemment, ils sont allés à une fête de rue où les gens dansaient sur les bagnoles et des acrobates sautaient au-dessus des voitures. Ca avait l’air assez sauvage. Ils ont dû atterrir dans une de ces soirées Passa Passa qui démarrent à six heures du mat’. Les gens y vont en tenue de travail avant d’aller au taf. Ces fêtes n’ont aucune infrastructure et ont donc lieu dans la rue. Les navetteurs passent par là et finissent par la force des choses à y participer. Merde, j’ai encore raté quelque chose. » As-tu vécu des expériences dangereuses ? SW : « Lors du second séjour, nous logions à Hellshire, près de la plage. Bon, Hellshire, ce n’est pas non plus le coin super safe pour les Occidentaux, c’est pour ça qu’il y avait des barreaux aux fenêtres de notre maison. Une nuit, j’ai entendu Pan ! Pan ! Pan ! devant notre porte et Diplo est allé voir. Je vois encore le concierge de notre maison regarder à travers les barreaux. Le seul truc que Diplo m’a dit était : C’est rien, juste un mec qui jouait avec des pétards. Par sécurité, j’étais allée chercher un couteau dans la cuisine et je l’avais déposé sous mon oreiller. Ce n’est que trois semaines plus tard que j’ai appris que deux dealers haïtiens avaient été abattus dans notre rue. Le jour d’après, leurs cadavres ont été rejetés sur la plage, juste derrière notre maison. »

Chicken on your ass Je ne te voyais pas si sage, je t’imaginais plutôt en party animal. SW : « J’aime bien m’amuser aussi, hein. J’aime l’aventure. Ok, les drogues et l’alcool, c’est pas mon truc et je ne sors pas beaucoup. J’aime rester à la maison. En fait, j’aime faire un tas de trucs la journée. Je serais la première pour sauter d’une falaise dans une rivière. Ou bien pour aller sur une attraction de fous dans un parc. Je n’ai peur de rien. C’est ce genre d’énergie qu’on entend dans ‘Look At These Hoes’ et ‘Big Mouth’, ce sont mes chansons-mantra. » Crois-tu qu’il y a des gens qui ne perçoivent pas l’humour dans ta musique ? SW : (rires) « Possible même si je ne comprends pas très bien comment on peut passer au-dessus. Je suis dingue de comédie. Dans ‘GO!’, je chante Grande chicken on your ass, oh no! (elle ricane). Tu ne penses tout de même pas qu’on me prend au sérieux ? Je le dis, tu es un idiot, you’re a punk. C’est comme quand Mohammed Ali gueule : I’m the greatest. Je trouve ça cool de hurler I’m the best. » Quand je t’ai vu jouer au Pukkelpop, tu étais la seule sur scène à afficher un grand sourire. Tous tes danseurs et musiciens avaient l’air renfermé et apathique. C’était flippant. SW: (rires) « Tu as trouvé ? Je leur avais interdit de rire. L’inspiration du concert venait de S1W (Security Of The First World), les gardes du corps du groupe hip hop Public Enemy qui, dans les années 1980, défilaient sur le podium. Je trouvais ça vachement cool. Au niveau visuel, j’aime la symétrie. Mes cinéastes préférés, par exemple Stanley Kubrick et Wes Anderson, ont beaucoup expérimenté dans ce domaine. Cette attitude rigide, je la transpose dans mes lignes de chant. Je suis influencée par l’esthétique de Devo et The Cure. Morrissey est un de mes chanteurs favoris : il est à la fois mélodieux et monotone. Notre chorégraphie scénique respire la même discipline, un mélange de danses africaines et de mouvements saccadés des gosses de la rue. Ça aura toujours un air particulier et organisé. Je suis une control freak, yeah. » Un disque : ‘Master Of My Make-Believe’ (Warner). Sortie : 23 avril.


2012

28 | 29 AVRIL GABY MORENO

EEFJE DE VISSER › STOOMBOOT

SALLIE FORD AND THE SOUND OUTSIDE

GEPPETTO AND THE WHALES INTERGALACTIC LOVERS › LES TRUTTES SCHOOL IS COOL AND HER LADY LINN MAGNIFICENT BIGBAND BROTH.

SCALA & KOLACNY JEF NEVE TRIO VAN RAYMOND HET GROENEWOUD IMAGINARY ROAD TOUR

ARSENAL

AND MANY OTHERS

FINALE CONCOURS DRANOUTERRALLY ANIMATIONS GRATUITES & MARCHÉ FESTIVALIER

ESPLANADE DE PANNE PRÉ-VENTE Є 35/JOUR - Є 55/WEEKEND SUR PLACE Є 40/JOUR - Є 65/WEEKEND

Office du Tourisme De Panne 070/25.20.20

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W W W. F E S T I VA L A A N Z E E . B E

EEN FESTIVAL DRANOUTER PROJECT


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T e x t e : L a u r e n t G r e n i e r © s o ko

Emmett

SOKO

Ce qu’elle aime par-dessus tout Soko, c’est être seule au volant de sa bagnole, dans le désert de LA, avec un bon album folk (Bright Eyes, par exemple) ou une mixtape de son cru. Des trucs où la performance brute l’emporte sur toute autre supercherie de producteur. La vérité, c’est que nos oreilles de maniaco-dépressifs notoires n’avaient plus rien entendu d’aussi franc, direct, authentique et, comment dire sans tomber dans le mélo, bouleversant depuis des lustres. Dead Man’s Bones peut-être. Le ‘Crève-Cœur’ de Daniel Darc sans doute. Ou plus loin encore, les premiers enregistrements de Daniel Johnston. Oui, c’est bien cela, bouleversant. Ce disque suinte par tous ses pores le vécu, la douleur, la mélancolie. Rencontre du troisième type.

Etre complètement irresponsable Ce matin (le 23 février, ndr), tu postais sur ton Facebook ‘Winning A Battle, Losing The War’ des Kings Of Convenience. Quelle bataille? Quelle guerre? Soko : « Je n’ai pas pensé à ça en postant la chanson. C’est juste un morceau que j’adore. Je ne sais pas si j’ai l’impression de gagner une bataille, j’ai plutôt l’impression de perdre tout le temps. Je ne sais pas quel combat je mène, dans quel camp je suis. » Tout de même, ces cinq années entre ton Ep inaugural et ce premier album, tes annonces de départ à la retraite et des retours dans le milieu, laissent supposer que tu luttes contre quelque chose. Soko : « J’essaye de me battre pour pouvoir m’enfermer et me cacher le plus possible, ne pas avoir à faire d’interviews, me concentrer au maximum sur la musique. J’ai mis cinq ans parce que tout prend du temps et ça ne sert à rien de brusquer les choses. Tu ne peux passer ton bac à 12 ans. Tu dois passer par toutes les classes avant. C’est pareil ici. » Il y avait des peurs qui justifiaient le report de ce passage à l’album ? Soko : « Plein. Je n’ai que ça, des peurs. Mais j’avais aussi besoin de faire mon apprentissage, d’apprendre à jouer les instruments que je voulais vraiment utiliser, d’apprendre à écrire sur les sujets dont je voulais vraiment parler et qui étaient vachement importants pour moi. J’avais besoin de faire le tri, d’enlever tous les trucs de jeunesse un peu naïfs. » Ta bio parle, de fait, d’une centaine de chansons. Quels ont été les critères pour retenir ces quinze-ci ? Soko : « Je ne sais pas du tout. J’ai encore deux albums finis, que j’ai juste à mixer. Ce sont aussi mes premiers albums parce que j’ai tout enregistré en même temps. Mon ex-amoureux m’a aidé. Il en a choisi 20 et au final, j’en ai gardé 15 pour sortir un premier truc un peu cohérent. » Ton ex-amoureux, c’est Alex Ebert, le leader d’Edward Sharpe & The Magnetic Zeros. Quelle a été son influence ? Soko : « C’est quelqu’un de tellement positif. Il m’a vraiment forcée à écrire et à enregistrer ces chansons. Quand je me prenais la tête sur des arrangements ou des trucs qui ne sonnaient pas comme je le voulais, il me disait, ta musique, ce n’est que toi à la guitare ou que toi à la batterie ou que toi au clavier, il n’y a que les performances qui comptent, le son on s’en fout. Ça m’a permis de prendre du recul, de m’enlever vachement de pression et de me rappeler que moi, ce qui me touche dans la musique, c’est les trucs bruts, directs, où on entend les gens souffrir, où tu sens toutes leurs blessures. Où l’émotion et la sincérité dominent la production. En même temps, la production est un truc qui me fascine. J’ai passé tellement de temps à produire cet album. » Précisément, comment est-ce qu’on fait pour marier production et lo-fi, pour ne pas dénaturer la sincérité des morceaux ? Soko : « En enregistrant aucune démo. C’est vraiment un truc compulsif où je suis obligée d’enregistrer le premier jet. J’enregistre sur Garageband ou bien le matin, je me réveille et je sonne à un pote en lui demandant si je peux passer deux heures à son studio pour enregistrer un morceau. » Il y a quand même un mixage après ? Soko : « Ça dépend. Parfois, les rough mix conviennent. Parfois, je rajoute des toms ou d’autres trucs, mais je laisse toujours la chanson se poser avant de me demander s’il y a vraiment besoin de ces arrangements ou pas. Ce qui compte, c’est que la performance principale ait été saisie. » La performance principale, elle tient ici du désenchantement.

Texte: Anne-Lise Remacle © bart

Soko : « Il n’y a pas un truc dans ce disque qui ne soit pas moi. J’ai passé des années à pleurer sur mes morceaux. Evidemment, il y a une forte mélancolie. Je crois que je n’arrive pas à écrire quand je ne vais pas mal. » S’il y a tellement de toi dans ces titres, ça doit être une épreuve de monter sur scène. Soko : « Bizarrement, c’est facile de jouer ces morceaux sur scène. Parce que, je ne sais pas, il y a un truc qui fait que sur scène j’ai peur de rien mais, dès que j’en sors, je suis pétrifiée et je peux pleurer trois heures toute seule dans mon dressing room ou ma chambre d’hôtel. En même temps, ça me pétrifie encore plus que des gens écoutent l’album. Sur scène, je me dis qu’il y a un truc qui se passe et qu’ils peuvent être indulgents. » Pourtant, cet album est bouleversant par cette espèce de candeur adolescente qui s’en dégage… Soko : « Je crois juste que j’ai pas eu d’adolescence et que j’ai très mal vécu mon enfance. Je crois que j’ai voulu être adulte trop vite. Maintenant que je fais de la musique, j’ai eu un gros switch en me disant que j’ai tout raté. Je veux voyager partout avec juste ma valise et ma guitare. Ne pas avoir de maison. Etre complètement irresponsable, pas au sens de faire des conneries, parce que je suis végane, je ne prends pas de drogue, je ne bois pas d’alcool, mais être comme un enfant à qui tu demandes s’il veut jouer, s’il veut aller là ou là et qui te répond toujours oui. Retrouver cet espèce de goût de l’aventure, avoir envie de tout faire, de tout voir. J’ai envie de voir la vie avec des yeux d’enfant où tout doit être nouveau tout le temps. Pour découvrir et apprendre, sinon c’est chiant, on s’emmerde. » Dans une de tes chansons, tu renvois quelqu’un à ses « théories hippies ». Soko : « Oui, c’est un mode de vie que j’aime bien. Partager des choses. Ne pas être coincée dans un mode de vie qui fait qu’on ne voit plus les gens. Maintenant, le seul moyen de communiquer, c’est Internet, c’est un peu flippant. J’ai l’impression qu’on oublie les vrais rapports directs avec les gens. » En même temps, tu te définis comme « control freak ». Soko : « Dans ma musique, oui, j’ai tendance à vouloir tout contrôler. C’est pour ça que j’ai fait mon artwork toute seule, mes vidéos toute seule avec mon iPhone. J’ai envie que ça me ressemble, pas que quelqu’un prenne le contrôle. Faire des vidéos, c’est comme dire à un enfant, « est-ce que, aujourd’hui, tu veux venir faire un tour dans la forêt, on va grimper aux arbres et faire une cabane ? ». Faire des vidéos, c’est construire des cabanes. » Sur le net, on peut te voir reprendre ‘Duncan’ de Paul Simon. Pourquoi cette chanson ? Soko : « C’est une de mes chansons préférées. C’est juste que ça parle un peu de lui, de sa vie de vagabond, de comment il a grandi. J’adore cette phrase où il dit « Thanking the lord for my fingers » (elle se met à chanter, ndr). C’est moi, comment je me vois, jouant de la guitare sous les étoiles et tellement contente de pouvoir le faire. » Tu es à l’affiche de ‘Bye Bye Blondie’ de Virginie Despentes. .. Soko : « Virgnie, je l’adore, cette fille est géniale et fascinante, une putain de féministe qui te fait faire un 360 degrés sur la manière de voir la vie et d’aborder les choses. C’était ouf de travailler avec elle. Voilà, c’est tout. » Un disque : ‘I Thought I Was An Alien’ (Because/Warner)

Tinley

Parfois, notre radar s’affole pour des presqu’inconnus au bataillon de l’industrie musicale, des

hommes aux semelles de vent, des cowboys solitaires. Emmett Tinley est de cette lignée, du genre à planter dans les années 90 les prémices d’un attachement durable en Irlande avec son groupe The Prayer Boat, puis à tenter le rêve américain souvent illusoire sans toutefois renoncer à son intégrité à fleur de peau. Trois petits tours de ‘Polichinelle’, un éclatement de son groupe et un premier album solo (‘Attic Faith’) plus tard, le voici arrimé à un label néerlandais, entouré de danois et fécond d’une collection particulière de dix morceaux poignants comme une blessure ouverte.

Mystère Lonely Quelle a été la genèse de ce nouvel album solo ? Emmett Tinley : « Fondamentalement, l’idée c’était de retourner dans mes fonds de tiroir, de reprendre ces morceaux que je n’avais pas été en mesure d’enregistrer jusque là, ou qui ne fonctionnaient pas avec la tonalité des albums précédents. Cette fois, je voulais faire un album solo seulement acoustique. Mais à mesure que l’enregistrement avançait, j’ai ressenti le besoin d’écrire également quelques nouveaux morceaux. Je me sentais inspiré. » L’album est très cohérent au point de vue des mélodies et des sujets abordés, la solitude et le désespoir sont très présents. Ma question va peut-être te paraître étrange, mais est-ce que tu crois malgré tout aux fins heureuses? Emmett Tinley : « En effet ces sujets-là sont présents. Mais il y a des tas d’autres artistes qui s’en préoccupent. C’est sur quoi j’aime me concentrer. C’est ce qui me semble le plus intéressant, si je dois me montrer honnête. » Dans ‘Floating Out’, tu chantes « we were born for tragedy », est-ce que tu crois en la véracité de ton propos pour toi-même, ou est-ce le lot de seulement quelques personnes ? Emmett Tinley : « Tu sais, mes chansons ne sont pas nécessairement biographiques. Elles incorporent pas mal d’histoires différentes. Et cette phrase est propre à cette chanson en particulier, à cet univers clos. Ce n’est pas une vérité générale pour l’ensemble des gens, c’est juste valable pour le personnage du morceau. » C’est vrai que ça serait assez terrible, en effet. Mais ce sentiment de perte, de dégringolade on le ressent très fort, notamment quand tu dis « nothing fails like success » ou dans ‘Sooner Or Later’ « Empires and kingdoms / Rise and fall ». Est-ce que tu aurais peur de ce que peut t’apporter ta carrière musicale ou estce que c’est juste une construction narrative ? Emmett Tinley : « A nouveau, je ne fais pas vraiment de transfert de ma vie ou de ma carrière musicale, « Empires and kingdoms », ce sont des propos globaux sur le monde dans lequel nous vivons, en train de changer, ceux qui ont du pouvoir dans cet univers-là et ceux qui n’en ont pas. Dans ‘Nothing in Between’, « nothing fails like success » parle d’une relation personnelle et du bonheur que nous voulons peut-être obtenir ou que nous pensons avoir au sein de cette relation, tu vois ? Et le fait de voir cette relation devenir confortable, satisfaisante sans chercher à ce qu’elle soit parfaite. » Donc d’une certaine façon tu considères ton album comme un journal intime mais qui tendrait à l’universel ? Emmett Tinley : « Cela prend du temps aux morceaux d’arriver là où je les considère comme prêts à être enregistrés, je rassemble des émotions, des sentiments et j’aime bien chercher des formes de réponses, des directions à prendre, pas juste du désespoir ou que sais-je ! Donc mes chansons sont effectivement universelles parce que j’aime les laisser vivre longuement avant de les terminer. Tout le monde a eu le cœur brisé à un certain degré, en fait. Et tout


van meele

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Texte : Gery Lefebvre

Gaëtan

y

ce qu’on serait capables de faire à ce moment-là c’est de s’assoir et de chanter à propos de ce cœur brisé au moment-même où il l’est. Il n’y a pas grand-chose qui ressort de cet instant à part de la tristesse. A ma manière, je cherche un moyen d’en sortir. » Dans ton album, on perçoit effectivement une forme d’espoir qui vient du fond du cœur et la pureté de ton timbre de voix éclaircit les paroles plus désespérées. Comme les arrangements sont sobres, ça donne l’impression d’une personne qui dialogue intérieurement avec une autre, finalement… Emmett Tinley : « J’aime bien ta description. Je suis heureux que cet aspect-là fonctionne, en tout cas. » Comment envisages-tu ta relation très particulière au public quand tu joues ces morceaux sur scène? Emmett Tinley : « En fait, je n’ai pas encore eu l’occasion de faire beaucoup de concerts avec ce nouvel album, jusque là dix ou quinze. Je ne cherche pas nécessairement à retraduire exactement ce qu’il y a sur le disque. Je n’ai pas encore tout testé. Nous voulions commencer par un peu réfléchir, peutêtre intégrer le piano. On ne peut pas se contenter de jouer seulement les nouveaux morceaux et abandonner les anciens que le public veut entendre. Pour en revenir à ta question, avec ce nouveau disque, c’est moins un disque de groupe, mais on va peut-être jouer de façon un peu plus énergique sur scène, mais sur certains morceaux seulement.» Il y a un contraste dans la tonalité de tes morceaux. Certains semblent plus uptempo, d’autres plus jazzy, certains sont très sobres, notamment ‘Sooner or Later’ avec juste cette trompette… Emmett Tinley : « ‘Takes a Long Time To Heal’ et celle dont tu parles font partie des nouvelles chansons. C’était le concept original de l’album, que ça soit aussi simple que ça : un, peutêtre deux instruments et juste la voix. »

on stage 19 avril, AB (Bruxelles) avec FINK

Emmett Tinley ‘s/t’ Mass Market Recordings/V2 Vous le connaissez. C’est votre voisin de palier aux mains moites qui rougit quand il vient vous demander du sucre. C’est votre ami d’enfance dont les sentiments ont finalement pris la voie interdite. C’est ce garçon un peu gauche dans votre tram que vous ne remarquiez pas avant qu’il ose vous déployer sa Carte du Tendre chiffonnée, recousue à points serrés. Il a le cœur agrafé à sa chemise et le moral en tessons et malgré vos premières réticences face à ce qui ressemble à s’y méprendre à un cul-desac émotionnel, vous ne pouvez vous empêcher d’être remué(e), d’envisager de panser les stigmates. C’est que l’ampleur du terrain à conquérir ne semble plus lui faire peur, Emmett, maintenant que le mal est fait. Sous ses dehors d’aède pop ultra-fragile, il connait admirablement son sujet. Là où ‘Takes a Long Time to Heal’ tisse une toile fine de violoncelle propice à capturer ses états d’âme haut perchés, et ‘In My Life’ (« Me against the world / With nothing to lose ») et surtout ‘Nothing in between’ (« Nothing fails like success / So you better find somebody else/ To love you right ») jouent la carte d’une certaine bravade faussement enjouée, d’autres morceaux nous révèlent plus vivement l’étendue de sa palette de vocaliste et d’amoureux désenchanté : ‘Sooner or Later’ sans aucune emphase superflue sur fond de trompette en berne, ‘Marvelous Day’ qui prend le temps nécessaire pour installer son spleen déchirant de plage et de quais déserts. On ne sait pas au juste si vous succomberez à Emmett Tinley, si sa sincérité transie aura gain de cause, s’il y aura un happy end. Nous, en tout cas, on a un soupirant de plus avec qui noyer avec ferveur notre vague à l’âme. (alr) Suivez le guide : http://emmetttinley.com/

Streel

Baron de la scène musicale liégeoise, metteur en son avant d’être metteur en scène, Gaëtan Streel revient à ses premières amours musicales et

sort son premier long métrage sans craindre de mettre enfin son nom en haut de l’affiche. Voyage en bande original, road movie d’une vie consacrée à la musique, ‘One

Day At A Time’ n’est jamais à bout de souffle malgré les chevauchées fantastiques. Aussi lumineux qu’attachant, ce premier album prouve encore, si besoin était, que c’est dans les mers calmes qu’on fait les plus belles tempêtes.

Monsieur Cinéma Comment est né ce disque et où le situes-tu par rapport à tes projets précédents ? Gaëtan Streel : «C’est moins un album de tripes qu’un album de cœur. Ce que je fais dans Me and My Machines, là c’est davantage une musique de tripes. Ici c’est plus réfléchi, ça décrit davantage mes états d’âme, des tranches de vie. Y’a pas un seul morceau sur le disque qui soit fantasmé ! A partir du moment où j’ai commencé à l’enregistrer jusqu’à ce qu’il soit bouclé, il ne s’est pas passé beaucoup de temps. J’ai fait ça l’année dernière entre mars et juillet quand j’avais un peu de temps. Mais par contre les morceaux datent d’il y a beaucoup plus longtemps ! A part un ou deux morceaux plus récents, y’en a qui ont des années ! J’ai d’ailleurs encore une myriade de morceaux dans mes cartons que j’ai dû écarter, pas tellement au niveau qualitatif, mais plutôt pour garder une cohérence sur le disque. Mais c’est un répertoire que j’ai beaucoup moins mis en avant que d’autres projets depuis que je fais de la musique un peu plus professionnellement. Et pourtant, ces chansons avec à la base une guitare et une voix, c’est ce que je joue et que je porte depuis le plus longtemps. On me demande souvent d’où vient cette musique parce que ça surprend pour un premier album mais je n’ai pas commencé à faire de la musique hier ou avant-hier. C’est juste que je n’avais pas voulu la mettre en avant initialement pour des raisons liées au hasard…ou à la nécessité !». Est-ce aussi parce que ce sont des chansons qui ont peutêtre une sensibilité plus personnelle, notamment au niveau des textes ? Gaëtan : « C’est vrai qu’elles sont plus personnelles mais ça n’est pas la raison principale qui expliquerait ce décalage temporel entre leur création et la sortie du disque. C’est vraiment un hasard et c’est seulement maintenant que j’en prends conscience et que j’aurais peut-être dû commencer par ça. Mais on ne choisit pas toujours les moments où on aurait des choses à dire ! Je me suis beaucoup investi pour d’autres, que ça soit en tant que musicien ou ingénieur du son et ma musique personnelle a pris du retard. Et quand j’ai commencé avec des projets plus personnels, je suis allé vers la musique électro parce que j’étais là-dedans à ce momentlà. Mais je me doute que lorsque je sortirai le prochain album, qui sera un album en français, je sais que beaucoup me diront, et me le disent déjà, que j’ai pris beaucoup de temps et de détours pour en arriver là et que j’aurais dû commencer par là ! Mais c’est à nouveau un hasard d’agenda car finalement les gens auraient dû être davantage surpris de m’entendre faire de la musique électro… Cela dit, je ne m’étais pas travesti non plus pour faire cette musique-là ! Mais je reconnais volontiers que c’est assez flagrant comme différence entre le mur électro et les chansons folk qui sont peut-être plus naturelles pour moi. Et pour l’anecdote, je me suis aussi rendu compte que l’année dernière j’ai écouté beaucoup de musique électro alors que paradoxalement j’étais en plein enregistrement de cet album acoustique ! » Précisément, quelles sont tes influences revendiquées ou plus subliminales ? Gaëtan : « C’est très difficile à dire pour moi. Pour chaque morceau j’ai en tête quelques trucs qui m’ont influencé, mais audelà de ça…c’est difficile. Mais par exemple pour ‘Go And See The Lights’, j’ai clairement pensé à la musique de deux films. ‘Dead Man’ de Jim Jarmusch pour la musique composée par Neil Young, ce côté musique d’illustration qui tient sur un seul accord et sur lequel il fait tourner une rythmique qui évoque la marche et

la démarche du personnage. Et aussi le petit gimmick de guitares et le côté général un petit peu vieux blues me sont venus d’une scène de ‘O’ Brother, Where Art Thou’ des Frères Coen. Ce sont donc des influences plus cinématographiques que purement musicales. » C’est ce qui explique donc l’étiquette ‘folk cinématographique’ que tu mets en avant et le côté résolument pictural de ta musique ? Gaëtan : « Oui tout à fait. D’ailleurs si tu me demandes de citer des disques qui m’ont marqué, je te citerais plus volontiers des musiques de film, même les BO qui ont des allures de compile. Par exemple j’ai beaucoup écouté la BO de ‘Tueurs Nés’qui passe de Nine Inch Nails à Léonard Cohen en passant par des trucs dont on ne connaît pas les noms ! Ou alors ‘Il Était Une Fois LaRévolution’, j’adore la musique d’Ennio Morricone et spécialement sur ce film !» Tu chantes en anglais. Est-ce une forme de protection que tu t’imposes délibérément ou bien as-tu l’impression de t’exposer à des contraintes mélodiques ou rythmiques si tu chantais en français ? Gaëtan : «Ca n’est pas vraiment une façon de me protéger. J’écris en français, je n’ai pas de problème avec ça. Mais j’envisage les choses différemment, je n’écris pas de la même façon que ça soit la musique ou les textes. C’est pour ça que je ne mélange pas trop les genres. A la base, je voulais faire un double album qui se serait appelé ‘One Day At A Time/Un Jour A La Fois’mais je me suis rendu compte que c’était difficile à gérer, surtout pour la scène. Pour le moment j’ai envie de faire tout un spectacle en anglais et d’aller au bout de cette logique. Et puis ces musiques-là appellent de toute façon dans mon oreille des chants en anglais. En règle générale, c’est d’ailleurs très rare que j’écrive le texte avant la musique. C’est peut-être arrivé deux fois ! Sur cet album-ci j’ai travaillé en parallèle, j’avais un accord ou deux de guitare, un petit gimmick, une ligne de chant, une petite idée et à partir du moment où j’ai quelques notes, j’ai l’idée de quelques mots qui iraient dessus et qui sont souvent dirigés par ce que je vis à ce moment-là. J’ai juste besoin de cette amorce, quelques notes, quelques mots et puis après j’écris le texte et à partir de là je remplis la musique par rapport à ce dont j’ai besoin au vu du texte. Ce qui ne m’arrive jamais et ça m’a d’ailleurs fort choqué dans les techniques de composition de certains que j’ai pu observer, c’est de chanter quelque chose en yaourt et après d’écrire un texte juste parce qu’il faut bien. Je n’ai aucune prétention quant à mon écriture en anglais mais je ne m’offre pas plus de facilité que lorsque j’écris en français. Les mots ne sont pas là pour pouvoir les chanter parce qu’ils sonnent bien ! Il y a une vraie démarche d’expression et de communication. J’ai recalé beaucoup de morceaux parce que le texte ne sonnait pas bien, pas uniquement pour des raisons musicales. » Et donc dans quelle mesure ta musique sera-t-elle différente quand tu chanteras en français ? Gaëtan : «Il faudrait que je te fasse écouter des extraits. Le débit n’est pas du tout le même et la voix est beaucoup moins utilisée comme instrument. Un truc récurrent que j’ai beaucoup utilisé sur l’album, c’est l’utilisation des chœurs, des longues notes. Je le fais instinctivement moins quand c’est en français, c’est donc beaucoup moins lyrique en fait. C’est même carrément plus parlé ou déclamé sur certains morceaux.» Un disque : ‘One Day At A Time’ (Jaune Orange/PIAS)

on stage 1er avril, Ar’tival, Liège 5 mai, Aralunaires, Arlon 17 mai, Nuits Botanique, Bruxelles


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Texte : Nicolas Alsteen © david A smith

T e x t e : Ann e - L i s e R e m a c l e © pa u l h e

Alabama

Shakes

Avec leur cocktail détonant de soul et de rock’n’roll vintage, les

Américains d’Alabama Shakes ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Sous le charme, ce bon vieux Jack White (The White Stripes, The Raconteurs, The Dead Weather) a pris le quatuor sous son aile et produit un premier single. La force du groupe, son véritable moteur, c’est la voix chaude et habitée de Brittany Howard, chanteuse imposante - au propre comme au figuré. Baptisé ‘Boys & Girls’, leur album se chauffe à l’ancienne : guitares électriques, refrains brûlants et mélodies fiévreuses. L’été sera soul.

Hey Boys Hey Girls Auparavant, le groupe se présentait simplement sous le nom de The Shakes. Pourquoi avoir allongé votre homonyme ? Heath Fogg (guitare) : « A force de jouer des concerts et de tourner de plus en plus loin, on s’est rendu compte que ce nom était fort répandu. On a discuté de ça entre nous. Un jour on a tapé « The Shakes » dans la barre de recherche Google et c’était la débandade : des Shakes partout dans le monde. On a finalement décidé de changer de nom le jour où un groupe baptisé The Shakes est venu jouer dans un festival organisé dans le bled juste derrière chez nous. Avec Alabama Shakes, on a choisi de jouer sur la localisation géographique. L’idée nous plaît. Elle colle à une esthétique rock’n’roll qu’on retrouve par ailleurs dans l’histoire chez les New York Dolls ou The Detroit Cobras, par exemple. » Vous semblez vraiment attachés à votre région. C’est comment chez vous ? Heath Fogg : « Athens, Alabama, c’est un petit village paisible : une belle alternative au brouhaha des grandes villes. Pour jouer des concerts, par contre, on est obligé de se déplacer vers les grandes agglomérations. Il y a très peu de salles dans les environs... Mais la qualité de vie est indéniable. Tu peux voir des fermes, des prairies, des vaches, des chevaux, des rivières et des forêts. L’ambiance est amicale : comme c’est petit, tout le monde se connaît. Notre musique n’interagit pas spécialement avec notre environnement. Je pense qu’on pourrait venir de n’importe où dans le monde et revendiquer les mêmes influences. » Mais pour jouer de la musique, ça reste un bon endroit ? Heath Fogg : « Non, c’est presque le pire endroit ! (Sourire) Quand tu vis à New York, par exemple, et que tu joues de l’afrobeat, tu peux trouver des musiciens qui partagent la même passion que toi et tourner dans des salles sensibles à ce style. Mais si tu joues de l’afrobeat en Alabama, tu risques bien de rester enfermé tout seul dans ton salon ! Pour ça, on est béni : on a la chance de s’être rencontré et de jouer une musique qu’on aime. Chez nous, à Athens, t’as plutôt intérêt à aimer le jazz, la country, le blues et le gospel. (Sourire) » Quand les premières chansons d’Alabama Shakes ont filtré sur le web, certains internautes ont plébiscité leur côté « vintage ». Êtes-vous des « revivalistes » ? Heath Fogg : « Le terme « revival » me renvoie systématique à la soul rétro. Or, c’est exactement l’inverse de ce qu’on cherche à faire. Quand tu joues de la musique rétro, tu essaies d’être fidèle à un style, de coller au plus près d’un genre. Ce n’est pas ce qu’on recherche. » Une autre figure qui semble vous coller aux basques, c’est celle de Janis Joplin... Pour vous, c’est un rapprochement douteux ou une comparaison élogieuse ? Brittany Howard (guitare, voix) : « En fait, ça m’énerve au plus haut point. Ça me donne juste envie de grogner. Je respecte son œuvre, j’aime certaines de ses chansons, mais ce n’est pas ma chanteuse préférée. Loin de là. Je n’ai jamais cherché à modéliser ma voix ou à coller à une esthétique. Janis Joplin était une grande voix du rock. Elle savait emmener son public et susciter l’intérêt des médias. Cette référence systématique est agaçante. Les gens auraient tout aussi bien pu pointer les noms de Tina Turner ou de Bon Scott. Mais non, il fallait qu’ils tirent sur la ficelle Janis Joplin. C’est un peu trop facile, non ? »

‘Boys & Girls’ débarque chez nous sous le sceau du label anglais Rough Trade (The Strokes, The Detroit Cobras, Belle & Sebastian). C’est une des plus grosses structures indépendantes en Europe. Vous ressentez une certaine pression à l’heure de la sortie de votre album ? Heath Fogg : « On est assez excité, en fait. Mais ce sentiment est mêlé de curiosité et d’anxiété. Aux Etats-Unis, une vieille légende raconte que les Européens sont passionnés par les racines de la musique américaine. (Sourire) D’ailleurs, j’ai parfois l’impression que la sortie de notre album suscite davantage d’excitation en Europe que dans notre propre pays… » Votre musique puise ses influences dans de nombreux domaines. La soul, notamment, revient systématiquement dans vos chansons. Si on vous demandait de trancher entre Stax et Motown, quel serait votre choix ? Heath Fogg : « Aïe, ça, c’est un choix difficile. Tellement de bons groupes sont passés par ces deux maisons de disques. Si je devais trancher sur base de mes propres goûts, mon choix se porterait certainement sur Motown. Les artistes de ce label m’inspirent énormément. Maintenant, si on posait la même question à Zack (Cockrell, ndr), notre bassiste, il répondrait Stax sans hésiter. La richesse des productions de cette époque constitue un point de référence. Les orchestrations étaient super exigeantes, mais les mélodies touchaient à la simplicité. C’était toujours très pop. Un autre truc incroyable avec les artistes de ces deux labels, c’est cette volonté absolue d’être au top. Quand ces gens composaient un morceau, ils envisageaient toujours de s’emparer de la première place du hit parade. Être deuxième ou troisième, ça pouvait être perçu comme un échec. C’est dingue… Aujourd’hui, les artistes ont perdu cette ambition, cette envie d’être les meilleurs. Avec Alabama Shakes, on n’a même pas envisagé cette question… Sans doute à raison. Désormais, le jeu des hits parade est biaisé. Les téléchargements illégaux sont venus changer la donne. Et on ne va pas changer le monde… » Votre premier album s’intitule ‘Boys & Girls’. C’est aussi le titre d’une chanson. C’est celle qui résume le mieux l’esprit du disque ? Brittany Howard : « Ce titre, c’est un peu une métaphore sur le passage à l’âge adulte. Quand passe-t-on de la fille à la femme ? En général, tu deviens adulte à l’encontre de ta volonté. A un moment, la vie appelle les individus à prendre leurs responsabilités, à endosser un costume d’adulte. Le titre de l’album parle de ça, de cette transition invisible. Quand tu es gosse, tu nourris des rêves incroyables. Tu te dis toujours : « Plus tard, je serai… » Sauf qu’à un moment, la vie te rattrape et t’impose de prendre une place dans la société. On voulait mettre l’accent là-dessus. Tout en insistant sur le fait que, dans un coin de notre tête, on reste finalement des enfants. » Un disque : ‘Boys & Girls’ (Rough Trade/Konkurrent) Suivez le guide : www.alabamashakes.com

on stage 30 avril, Ancienne Belgique, Bruxelles (complet)

Sam Genders fait partie de ces façonniers mélodiques dont on était chagrinés d’avoir perdu la trace,

certains qu’à part quelques cailloux semés chez les autres, il nous faudrait définitivement faire le deuil de ses interventions inventives, nous consolant un peu avec celles de Mike Lindsay, son ancien comparse laissé seul à la barre de Tunng. Heureusement pour la pop, cet honnête homme est de la veine des phœnix aux plumes polychromes, et des cendres de cette précédente aventure avortée nous parvient ‘Black Light’, gemme irisée qui réconcilie les rats de bibliothèques et les divas du dancing. Rencontre avec le chef de troupe d’une radieuse bande cuivrée avant leur concert au club de l’Ancienne Belgique.

La tête, les jambes et Diagrams constitue un point de départ tout neuf après Tunng, et quel résultat! De quoi était faite ta vie pendant ces quatre années pendant lesquelles on était plus ou moins sans nouvelles de toi à l’exception de ta collaboration avec Soy un Caballo sur ‘Robin’ ? Sam Genders : « Neuf mois avant que je quitte définitivement Tunng, j’ai commencé à travailler dans une école pas loin de chez moi, j’étais un peu à cours d’argent pour la maison, et c’était un job intéressant mais un véritable challenge en même temps. On m’avait communiqué toutes les dates de tournée pour Tunng, et c’était réellement pratique, j’avais la possibilité de rester là un certain temps et de m’organiser. C’était une expérience enrichissante, qui s’est prolongée quelques années quand j’ai décidé de quitter le groupe définitivement. Je faisais toujours un peu de songwriting pour d’autres gens (ndlr : entre autres pour Cibelle) mais à vrai dire, j’étais surtout concentré sur mon boulot. Ensuite m’est venue l’idée de ce qui au départ devait être un projet solo. J’ai commencé à écrire des morceaux, et j’ai rencontré Mark Brydon, le producteur avec qui les idées ont pris forme et puis c’est devenu bien plus construit qu’un projet à assumer seul quand j’ai pris contact avec les musiciens. » Est-ce que le groupe qui t’accompagne sur scène est un lineup définitivement fixé ou est-ce que les gens vont et viennent en fonction des besoins? Sam Genders : «En fait, on s’efforce que ça soit aussi fixe que possible, même si tous les musiciens ont d’autres projets de leur côté. Ils font partie de collectifs, parfois le line-up change donc un peu à l’intérieur de ces mêmes cercles. » Il existe une vidéo de votre concert au festival End of the Road (festival anglais qui a lieu dans le Dorset, le dernier weekend d’août) et l’ambiance a l’air radieuse, très détendue. Vous plaisantez pas mal avec le public, et il semble réceptif. Sam Genders : «Oh, en fait, à End of The Road, c’était notre tout premier concert, et une des journées les plus agréables de l’été. Vraiment incroyable ! » Cet aspect ludique communicatif est aussi une des premières choses qui vient à l’esprit en écoutant ‘Black Light’. Pourtant, tu as choisi consciemment un oxymore comme titre, il y a donc des faces sombres au-delà de la joie, tu peux nous en dire plus ? Sam Genders : «Je trouvais l’idée intéressante, on voit la noirceur et la lumière comme toujours unilatérales, très séparées, alors qu’à un moment très obscur peut succéder aussitôt un moment très heureux. Et pour ce qui est des paroles, j’aime beaucoup les mots ou les expressions qui peuvent être interprétés de multiples manières, ici, ça s’intégrait bien. » Ce qui me semble aussi au cœur de Diagrams, c’est qu’il s’agit de pop instinctive qui parle au corps mais aussi à l’intellect. Il y a vraiment une touche cérébrale, qui provient sans doute de la construction en couches multiples, en facettes…comment avez-vous travaillé sur cet aspect-là ?


e a rt f i e l d + c h r i s s i e a b b o tt

Texte: Jana Poppelaars I Trad&adapt : Patr ick Fois sac

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Creature With The Atom Brain © Steve Gullick

Sam Genders : «Mark Brydon est vraiment un excellent producteur. Généralement, quand tu emmènes un morceau en studio, tu commences par enregistrer les guitares, les voix, puis toutes les différentes prises. Là, Mark a passé énormément de temps à mixer, à juste essayer de jouer sur les niveaux. Au bout d’un moment, ça nous surprenait même de constater à quel point un seul instrument pouvait avoir un gros impact sur le reste du morceau. Cette partie du processus nous a beaucoup occupés. Pour ce type de travail, tu dois vraiment avoir quelqu’un de balèze, ça demande beaucoup de dextérité pour que ça se fasse vite, tout en gardant de la créativité et de l’intuition. C’est en ça qu’il est brillant : il garde à l’esprit une idée et la réalise rapidement. » Au-delà de cette production léchée, ça reste un travail très sincère, pas du tout faussé, pas seulement une collection de tubes faits pour fonctionner… Sam Genders : « Merci, je devrais enregistrer ce que tu es en train de dire, là ! (rires) » J’avoue qu’on a assez immédiatement envie de chanter tes morceaux en même temps que toi… tu penses que ça fait partie

t la géométrie des caractéristiques d’une bonne chanson, de pouvoir être entonnée dans la foulée par l’auditeur? Pour ‘Black Light’, l’aspect répétitif des paroles va dans ce sens… Sam Genders : « Oh bien sûr, chanter en chœur, et la répétition, c’est surtout chouette en situation de concert, il se passe quelque chose entre les gens… j’ai inclus ce type d’éléments parce que j’adore ça, en fait, mais je ne dirais pas pour autant que tu en as absolument besoin pour obtenir une bonne chanson ! » Et tu aurais un exemple d’un morceau de ce type qui te fait cet effet-là, à toi ? Sam Genders : « Oh, j’aime bien ‘You Can Call Me All’ de Paul Simon. trouve que c’est un super morceau pop, avec de chouettes chœurs, et c’est une très bonne base pour intégrer l’auditeur. Dans notre album, la musique et la mélodie existaient avant les paroles. Est-ce que ça répond à ta question ? » Oui, tout à fait (rires). Dans ton dossier de presse, et dans les articles sur Diagrams en général, un des noms auxquels on vous associe souvent, c’est Hot Chip. Pour ma part, à cause de ton passage au préalable dans Tunng, de cette origine folk, je vous rapprocherais plutôt de The Whitest Boy Alive pour le côté lumineux, ou du nouveau Sufjan Stevens en termes d’évolution, de construction de morceaux… Est-ce que ça te paraît pertinent ? Sam Genders : «Tu sais, je deviens vraiment très nerveux quand on me compare à Sufjan Stevens. C’est un génie. Je suis certainement inspiré par ce type de musique, par les gens qui utilisent des mélanges. La majeure partie de la musique que j’aime vraiment est une fusion d’électronique et d’acoustique, d’instrumentations variées, de couches. Mais je n’ai pas sa voix incroyable, c’est un grand performer. Pour ce que je fais moi, qui est assez simple, c’est bien d’avoir beaucoup de nappes pour étoffer. » Une autre part importante de ce nouveau projet, c’est la cohésion esthétique entre la pochette de l’album, les singles, le clip, le site internet… comment s’est construite votre image ? Sam Genders : « J’avais déjà vu des pièces de Chrissie Abbott il y a quelques années dans la presse et c’était tout à fait le genre d’univers que j’aurais aimé pour mes disques. J’ai essayé d’entrer en contact avec elle, mais je n’y suis pas parvenu, j’avais oublié son nom. Quand mon label m’a fait des suggestions d’artistes, la troisième du lot, c’était elle, waw, incroyable! Elle est parvenue à obtenir un résultat équilibré entre nature et science, entre le côté géométrique et l’imagerie folk. Ca collait parfaitement à ce que je voulais. » Un disque : ‘Black Light (Full Time Hobby/PIAS). Suivez le guide : http://www.diagramsmusic.co.uk/

Le troisième album de Creature vient de sortir et il s’intitule ‘The Birds Fly Low’. Leur desert rock lancinant et raffiné est plus travaillé que par le passé et dégage une impression on ne peut plus agréable, bien laidback. Aldo est toujours accompagné par Jan Wygers (basse) et Michiel Van

Cleuvenbergen (guitare), alors que Jean-Philippe De Gheest a pris la place de Dave Schroyen en tant que batteur. A noter la présence d’invités prestigieux tels que Mario Goossens et l’immense Mark Lanegan. Nous avons rencontré Aldo et Jan alors qu’ils venaient de se produire en première partie de Mark Lanegan.

One happy family Vous avez enregistré votre album dans la salle du Luchtbal à Anvers. J’imagine que disposer d’ un espace aussi vaste a dû être on ne peut plus plaisant. Aldo : « Vu que la salle a été fermée en été, on nous a proposer de l’utiliser pendant quelques semaines. C’est l’avantage quand tu habites Anvers et que tu y connais quelques personnes. Nous répétons au Trix et le fait de pouvoir enregistrer sur un podium totalement acoustique est une chance forcément extraordinaire. Nous avons bénéficié de l’aide de Bart van Immerseel, notre ingé son, tout en pouvant utiliser du matériel de Triggerfinger. J’avais vraiment envie d’enregistrer un album sonnant bien clean cette fois-ci, un peu dans l’esprit de Pink Floyd. Quasi pas de distorsion, un bon son de basse et un enregistrement bien fignolé. » Vous avez désormais un nouveau batteur: Jean-Philippe De Gheest, qui a joué au sein de Lyenn. Comment vous a-t-il rejoint? Aldo : « Quand nous avons commencé les enregistrements, Jan a eu un nouveau boulot et Michiel a commencé à donner des cours. De plus, Dave était impliqué dans d’autres groupes, comme Birds That Change Color, Prospects et Buffoon. Cela devenait donc de plus en plus dur de trouver des moments où nous étions tous libres. Auparavant, on travaillait tous ensemble à nos morceaux, mais vu les circonstances, on a été contraints de travailler chacun de notre coté. C’est ainsi que j’ai utilisé des samples de disques africains et turcs dont les intros reposent souvent sur des percus. Au moment d’entrer en studio, Dave a eu la malchance de se casser le pied. Il n’est malheureusement pas encore rétabli à 100%, ce qui réduit ses capacités en tant que batteur et le contraint à se limiter à des projets plus calmes. Nous devions malgré tout aller de l’avant vu que nous disposions du Luchtbal pour bosser. J’ai pris contacts avec d’autres batteurs : Younes de The Hickey Underworld, Mario Goossens et Mark Bonne. C’était stressant, vu qu’ils ne disposaient généralement que d’une journée à nous consacrer et qu’ils ne pouvaient donc jouer que sur un seul morceau. La situation est donc paradoxale, puisque nous avons eu la malchance de perdre Dave tout en ayant eu la chance de voir notre musique enrichie par l’influence d’autres batteurs. » On trouve également une multitude d’autres artistes sur l’album. Aldo : « C’est moi qui me suis chargé des claviers chez moi, mais j’ai fait appel à Hans De Prins (Broken Glass Heroes) pour me donner un coup de main. Son apport a été super car il trouve toujours plein de bonnes idées. En ce qui concerne les parties vocales, on a dû aller assez vite et j’ai eu l’idée d’aller les enregistrer chez Pascal Deweze. J’ai également demandé à Tim Vanhamel de nous rejoindre. Ils ont chanté ensemble les harmonies du très cowboy/morriconien ‘Hit The Sky. Ils n’ont pas beaucoup chanté sur l’album, mais ils ont apporté ce qu’il fallait là où il le fallait. Je trouve ça chouette d’avoir des invités sur un album, cela ajoute invariablement un plus. » Comment avez-vous réussi à faire produire et masteriser l’album par Greg Gordon et Howie Weinberg? Aldo : « Jan avait déjà eu l’occasion de travailler avec Greg

Gordon à l’époque de ‘Songs From A Bad Hat’ de Mauro. C’est un homme extraordinaire, un vrai hippie et quelqu’un de très serviable. C’est tout simplement l’un des meilleurs mixeurs au monde, ce qui apparaît clairement quand on parcourt la liste des gens avec qui il a bossé. On lui a envoyé deux morceaux et il a réagi de façon extrêmement positive. Il y a consacré beaucoup de temps et de travail, vu que ce n’était pas simple de communiquer à distance via Skype. Quand à Howie Weinberg, il nous a été recommandé par Greg. C’est quelqu’un qui a travaillé avec des groupes comme Slayer et The Beastie Boys, ce qui en impose ! On est d’ailleurs ravi du résultat, l’album sonne super bien! » Vous avez un jour déclaré écouter essentiellement de la vieille musique. Y a-t-il toutefois des sorties récentes qui ont su vous toucher ? Aldo : « J’aime vraiment beaucoup Wolf People. Et le nouveau Mark Lanegan est plutôt pas mal, lui aussi. (rires). Je suis également un fan absolu de The Hickey Underworld. » Jan : (en montrant son t-shirt) « Graveyard! J’adore également Dungen, un groupe suédois que Mars Volta a présenté comme étant son groupe favori dans MOJO. Parmi mes favoris, je citerais également Uncle Acid et The Dead Beats. Ces derniers constituent d’ailleurs un véritable mystère. On ne sait rien à leur sujet, si ce n’est que c’est un groupe récent. Leur musique rappelle un peu celle de Black Sabbath et fait vraiment figure de révélation. Ils ont juste sorti un CD à 100 exemplaires et un LP à 300 exemplaires. Le vinyle est tellement recherché qu’il coûte 500 euros sur ebay. Assez frustrant. J’ai pu acheter un t-shirt, quand même. J’imagine que tout cela est le fruit d’une stratégie purement marketing. Le fait que j’en parle depuis 5 minutes le prouve d’ailleurs largement ! » Aldo : « Cela se produit assez souvent. Cela a été le cas pour le projet réunissant le chanteur de The Mars Volta et Mike Watts. Le single sort et deux jours après, il t’en coûte 300 dollars pour te le procurer. On devrait fait la même chose. Ca nous rendrait riches ! » J’imagine que vous vous réjouissez à l’idée de partir en tournée avec Mark Lanegan. Aldo : « Cela a déjà commencé, puisqu’on a déjà donné 6 concerts pour lui. Au début, c’était assez chaud puisqu’on jouait tous les soirs et qu’il fallait prendre l’avion quasi tous les jours. Cela impliquait de ranger le matériel, de beaucoup attendre, de faire les soundchecks, de jouer pour ensuite tout remballer en attendant le prochain vol. Au début, c’est stressant, car tu te demandes si tout va bien se passer. Jean-Philippe, notre extraordinaire batteur, a dû apprendre à jouer 100 titres de Lanegan, sans compter les nôtres. On a beaucoup travaillé, beaucoup répété avant de donner notre premier concert. Ceci dit, tout est désormais bien en place et on peut envisager la suite avec beaucoup d’espoir et de motivation. » Jan : « Ce qui est génial, surtout, c’est que les relations au sein du groupe sont fantastiques et qu’on s’entend également bien avec le groupe qui accompagne Lanegan (Jean-Phillipe De Geest, Fred Lyenn Jacques, Steven Janssens). On pourrait parler de One happy family, c’est vraiment génial. » Un disque : ‘The Birds Fly Low’ (Waste My Records/Munich)


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Earteam

The Asteroids Galaxy Tour

Gang Colours

‘Out Of Frequency’

‘The Keychain Collection’

Rough Trade/BMG

Brownswood Recordings

J’adore la publicité, les slogans, les gueules de benêt arborées par les acteurs, et cette capacité qu’ont les publicitaires de rarement se réinventer, en fait non pas du tout, ce que j’adore dans la pub c’est le choix des musiques. Cette foisci, dans ma pile de bons disques, j’ai eu droit à The Asteroids Galaxy Tour, groupe qui s’est fait connaitre par les pubs Heineken et Apple, merde on avait dit pas de marques, sorry patron. Ce qui les a sans doute aussi un peu aidés à se produire en première partie d’Amy Winehouse, merde on avait dit pas les morts, sorry patron. Bon, globalement ‘Out Of Frequency’ passe bien, d’une ambiance majoritairement funky, je doute que les plus coincés de vos potes refusent de se laisser entraîner on the dancefloor. Ne vous réjouissez pas trop non plus, ça swinge, ça funk, ça pop et parfois ça blues-rock donc, en gros, l’album souffre d’une multitude de couleurs musicales parfois déroutante. (tv)

Balkan Beat Box ‘Give’ Strictly Confidential/Crammed

Balkan Beat Box est un groupe fondé par 3 Israéliens basés à New-York qui ont décidé de réécrire les rythmes traditionnels du ProcheOrient et des Balkans (leurs cultures d’origine) à la sauce électro. Ce qui aurait pu sembler un exercice bien tarte à la crème sur le papier se révèle à l’écoute franchement intéressant, car le groupe ne se contente pas de repomper des rythmes et des boucles d’instruments traditionnels pour y coller du gros beat par-dessus, mais au contraire reprend l’esprit originel des musiques folks qu’ils triturent joyeusement. Avec des sons souvent très modernes, ils retricotent une musique où l’on sent une recherche de transe, de mélancolie parfois, et d’invitation à la fête souvent - bref, tout ce qui fait l’essence de la musique traditionnelle de leurs ancêtres. Un putain de bel hommage. (jbdc)

Bikini Machine ‘Let’s PartyWith’ Platinum Records

Bikini Machine est un quintet français rétro-futuriste féru de culture pop 60s. Véritablement incollables dans tous les styles, les membres du groupe puisent leur inspiration aussi bien dans la variété française que dans le jerk, le twist, la soul ou les musiques de films. Leurs compositions sont de véritables ovnis sonnant comme la bande son des ‘Tontons flingueurs’ si Michel Magne avait été rejoint par Henri Mancini et Pierre Henry sous acide et ayant trouvé des instruments électros du troisième millénaire ayant atterri en 1963 par on ne sait quel phénomène spacio-temporel. Délirante, la musique de cet album, érudite mais non pédante, est à la fois très pop et audacieuse, dansante et recherchée, à l’instar de l’extraordinaire ‘Où vont les cons ?’, du psyché jerk de ‘The Simpletons’, de l’étonnant et insaisissable ‘Bikini theme’. Jubilatoire ! (pf)

Birth of Joy ‘Life in Babalou’ Suburban Records/Music Shock

Hard Coming Love ‘Hard Coming Love’ Dense

Aux Pays-Bas, trois gars poussent les portes de la perception et gravissent dare-dare les escaliers qui montent au grenier des musiques psychés. Obnubilé par les sons sixties et seventies, Birth of Joy capte le son d’une époque révolue et régurgite le tout dans l’urgence. Le trio catapulte ses feux d’artifice psychédéliques sous le dôme d’un rock’n’roll sensuel, théâtral et exalté. Orgue, guitare, basse, batterie embrassent l’électricité pour servir la voix d’étalon de Kevin Stunnenberg, l’homme qui à vu l’homme qui à vu Jim Morrison. Sur le tout chaud ‘Life in Babalou’, les Bataves tirent un trait d’union entre The Doors et Kasabian. Fonceur et grandiloquent, cet album irréprochable a les moyens pour retourner le petit cœur des rockeurs. Dans ce grand glissement de terrain où l’Amé-

Gilles Peterson - dont la raison de vivre est d’être constamment “in search for the perfect beat”- est un peu le John Peel électro des temps modernes. Et via son label Brownswood Recordings qui passe au tamis les rivières et les torrents charriant leurs flots de son actuel, il a récemment mis la main sur une nouvelle pépite. Gang Colours (alias Will Ozanne pour l’état civil britannique) est d’ailleurs rapidement devenu la dernière marotte en date de Thom Yorke. Il y a bien pire comme contempteur doit se dire le gaillard dans ses rêves éveillés. Car de rêve et de rave il va être question ici. De dubstep aussi puisqu’il faut bien mettre une étiquette qui s’avère vite réductrice en l’occurrence. Dans le genre, Gang Colours emboîte le pas de James Blake mais en adoptant une posture et un son plus underground. Flottant dans un océan d’ambigüité, le groove subtilement syncopé et la voix lointaine de Will Ozanne naviguent au large des paysages oniriques, vaporeux et interlopes de nos états d’âme qu’il fait danser au ralenti. Sublimes échantillons de cette fragrance vénéneuse, ‘Forgive Me’ entre electronica et breakbeat échouant sur un piano spectral ou ‘Fancy Restaurant’ à la ligne de basse renversante. Soundtrack de nos fins de soirées au milieu d’un dancefloor déserté, nos rêves étaient stroboscopiques et les raves finiront à coup sûr désenchantées. Mylène ne s’en est pas encore remise. Nous non plus. (gle)

rique semble s’épancher sur le continent européen, on s’arrête quelques minutes en Suisse. La Confédération helvétique, ses alpages, la drogue, ses montagnes, la tête qui tourne. Et l’envie de dévaler les pentes de ski un soir d’été en slip léopard. A l’écoute des couches hallucinogènes empilées par Hard Coming Love sur son album éponyme, on se dit que la Suisse a quand même ses bons côtés, plutôt localisés sur les sillons de Spacemen 3, Psychic Ills, Black Rebel Motorcycle Club ou des Black Angels. Toute la richesse suisse est ici exposée : les joies de la poudreuse et les effets revigorants de la biodiversité. (na)

Blood Red Shoes ‘In Time To Voices’ V2

En direct depuis Brighton, les Blood Red Shoes nous livrent leur troisième album. Accrochezvous bien, derrière cette très mauvaise balance de bruits à vous refiler une migraine illico presto se cache, selon les confessions de LauraMary Carter et de Steve Ansel, un album ambitieux. Ambitieux, d’accord, mais en quoi ? Enfin je veux dire, dans le cas présent on a pile poil ce qu’il ne faut pas faire : des voix passant trop souvent derrière les instruments, cachées par un feutre, les rendant dés lors difficilement perceptibles. Pour tout vous avouer, après la première écoute, j’ai directement téléphoné à mon oto-rhino-laryngologiste croyant dur comme fer que mes tympans percés allaient se mettre à vomir du sang. Si cet album ne restera pas dans les annales, certains morceaux comme ‘Cold’ ou ‘Lost Kids’ sont entrainants et bien ficelés, malheureusement, deux pistes sur onze, c’est un peu faible et c’est avec une impression d’album bâclé et bruyant que l’on repart. (tv)

La Boutique Fantastique Ky topia/Rough Trade.

Les deux producteurs rotterdamois Maurits Goossens et Tijmen Bergman conduisent une petite troupe d’hurluberlus qui jouent des cuivres, des cordes et de percussions. On pénètre dans ce disque comme dans la Rue des boutiques obscures de Modiano. Quelques indices, des traces, des pistes et puis tirez votre plan. Assez vite pourtant les choses se mettent en place. C’est à l’Est qu’on se dirige. Vers le Danube, vers les Balkans. Au fur et à mesure que le disque progresse, la mesure se perd dans d’agréables méandres, les contours se brouillent. Un accordéon donne la parade à une platine. Un faux crooner se joue d’un numéro. Des percussions orientales dont une authentique darbouka tapissent les murs. Portishead télescope Goran Bregović. Plus loin, c’est une impression non feinte de mélancolie qui nous gagne. On cherche désespérément à épingler un style à ce qui nous est donné à entendre. En vain. Cette musique est à l’image de la représentation de la photographie usée ornant la pochette : une ritournelle, une ronde, une chaconne dont on ne sait si elle fut joyeuse ou nostalgique. (et)

Bowerbirds ‘The Clearing’ Dead Oceans/Konkurrent

Un pied dans la prairie, l’autre dans une forêt de conifères centenaires, la musique de Bowerbirds se joue des genres et des humeurs. Troisième épisode des aventures du trio américain, ‘The Clearing’campe en plein air entre une pop bucolique, lumineuse et épique, et un freak folk nostalgique et chagriné. En leur compagnie, on a parfois l’impression qu’Arcade Fire a engagé Devendra Banhart pour ratisser le jardin et entretenir le verger. Pourtant, Bowerbirds n’écrit plus exclusivement des mélodies à siffler au coin du feu. ‘The Clearing’marque un tournant, léger et sensiblement plus rock, où les voix amoureuses de Beth Tacular et Phil Moore se répondent à travers des dialogues mélancoliques et toujours très chics. La mue de Bowerbirds est lente, mais on peut prendre le temps de l’observer. Et l’apprécier à sa juste valeur. (na)

Busdriver ‘Beaus $ Eros’ Fake Four Inc

Le rappeur au flow overspeedé ralenti méchamment la cadence. Sur son nouvel album, il rétrograde et s’arrête brusquement dans un champ synthétique pour cueillir d’étranges pâquerettes psychédéliques. Le MC plane, ses mots flottent. Avec ‘Beaus $ Eros’, la figure de proue de l’abstract hip hop ne cherche plus forcément à cogner, mais à séduire. Busdriver change une nouvelle fois de cap pour mieux se renouveler. Mais l’essai ‘Beaus $ Eros’s’apparente à une voie sans issue. En fin de parcours, l’artiste tente même un duo en compagnie de Sierra Cassidy (moitié de CocoRosie). Venant de Busdriver, ça fait presque peur. (na)

Caravan Palace ‘Panic’ Wargram Music

Mesdames et Messieurs: bonsoir et bienvenue! Installez-vous confortablement, mettez votre ceinture car je peux vous le promettre, ce que vous allez entendre va décoiffer vos postiches proprets, remettre en place le dernier de vos épis, défriser vos moustaches, vous allez en un instant être plaqués dans le fond de votre rocking-chair et prendre un bon crochet du gauche en pleine tronche. Faites place, mettez vos plus beaux costumes du dimanche, les Caravan Palace débarquent en ville! En écoutant leur swing électronique, vous allez immédiatement être projetés en pleine prohibition américaine où, pour s’abreuver de leurs délicieux tordboyaux habituels, les neveux de l’Oncle Sam se retrouvaient dans des bars clandestins. Là, en toute impunité, l’alcool coulait à flot et à prix d’or. En fait, c’est ça, avec ‘Panic’, aux sons swinguant entre le jazz manouche et l’électro, les français de Caravan Palace ont réussi à produire un album nous projetant dans une réalité parallèle où on à l’impression que tout est possible.

Croyez moi, c’est vachement bon. Que la fête commence. (tv)

Ceremony ‘Zoo’ Matador

Originaire de Californie, terre du punk ricain s’il en est, Ceremony connaît assurément ses classiques et nous assène un album imparable qui mêle avec brio énergie punk/hardcore old school façon Dead Kennedys, sens du groove et veine mélodique post punk, le tout avec des inflexions psychobilly que n’auraient pas renié les Cramps. Pareille posture fait de Ceremony une formation qui sort assurément du lot des productions punk trop souvent prévisibles. Le groupe a un son, une attitude, un style qui lui sont propres et fait mouche avec chaque titre, ne donnant jamais l’impression de se répéter. Avec le bien hardcore ‘Hysteria’, le rockab de ‘Community service’, le très PIL ‘Repeating the circle’, le stoogien ‘Quarantine’, le pistolien ‘Ordinary people’ ou encore le post punk ‘Video’, ce sont quelquesunes des plus belles pages du rock que Ceremony se réapproprie avec inventivité et maestria. Un excellent album ! (pf)

Chairlift ‘Something’ Kanine Records/Sony Music

J’avais juré qu’on ne m’y prendrait plus à lorgner sur le rayon synthétique. Je suis dorénavant nourrie au grand air des Rocheuses et de la poutine pour trappeurs, moi, monsieur. Je ne porte de justaucorps de gym en lycra que sous la torture, mes jambières sont remisées à l’époque où j’avais l’ingénuité de croire qu’Irene Carra serait présidente des États-Unis et qu’on se déplacerait en patins à roulettes à lacets dorés. À présent, je suis devenue maniaque sur le dancefloor, tu ne me verras sur la piste que pour ‘Heart of Glass’ (Blondie), et encore. Caroline Polachek n’est pas Debbie Harry, mais question sex-appeal, les brunes ne comptant tout de même pas pour des prunes, le piège était tendu. Il n’a fallu que quelques vocaux acidulés et insidieux faisant mouche, de beats presqu’abusifs sur ‘Sidewalk Safari’ et la messe était dite : ce disque, j’étais prête à lui trouver des vertus inconscientes. Bien entendu, il salit les dents à force de lipstick, il transpire le stupre forcé (halètements tout sauf feints sur ‘Ghost Tonight’, « You know I’m guilty as charged / Go on punished me » en fermeture) et le clavier recyclé, mais c’est parfois exquis de s’accorder la cerise sur un gâteau dont le glaçage dégouline. (alr)

Christy & Emily ‘Tic-Tac-Toe’ Klangbad

Ce duo pop féminin de Brooklyn parfois rêche parfois tendre est loin d’en être à son coup d’essai avec ce désormais quatrième. Ni tout à fait désagréable, ni tout à fait épatant, un poil longuet et peuplé de voix qui me laissent plus ou moins indifférente, je peine à lui trouver un point d’accroche sur lequel gratter. Je placerais bien quelques espoirs en ‘Gueen’s Head’ qui loope à la perfection et atteint quelques rafraîchissantes hauteurs ou dans la ballade fuyante au piano ‘Green Lady’ mais ça ferait une bien maigre moisson en regard de dix autres morceaux dont je peine à goûter la substantifique moelle. Ce grand philosophe de la musique contemporaine qu’est Jean-Louis Aubert célébrait les vertus d’un ‘Idéal Standard’, je crois qu’on en devine ici les contours. (alr)

The Civil Wars ‘Barton Hollow’ Sony

Ces deux-là se sont rencontrés à Nashville en 2008 et se collent aux basques depuis. Sur la pochette, elle, regard détourné, devant une coupe de champagne, lui, sorte de Julien Doré en noir et blanc tient un bourbon et semble sûr de son coup. Avec raison. ‘Barton Hollow’ vient d’être couronné de deux Grammy Awards. Ceux du « Best Country Duo/Group Performance » et du « Best Folk Album ». Au nez et à la barbe (épaisse, lol) des Fleet Foxes et de Steve Earle. A vrai dire, c’est assez justifié et ce disque s’ap-


Earteam précie comme si l’on se retrouvait soudainement au fond d’un bar du Tennessee, juste à côté d’Isobel Campbell et Mark Lanegan, torchés au Jack Daniel’s, en train de reprendre l’intégrale d’Emily Jane White. Entre le déchirement étouffé d’une chanson comme ‘Girl With The Red Balloon’, dont le violon semble être joué du bout des doigts, et la hargne fiévreuse du morceau éponyme, il n’y a pas grand-chose à faire sinon se laisser séduire. Cette édition contient son lot de bonus alléchants. Trois reprises superbes dont un ‘Billie Jean’ transfiguré et un ‘Dance Me To The End Of Love’ qui renvoie l’‘Hallelujah’ de Buckley à ce qu’il est vraiment : une reprise peu inspirée de Leonard Cohen. (lg)

Clark ‘Iradelphic’ Warp/V2

Enregistré entre Berlin, Bruxelles, les Cornouailles, le Pays de Galles et l’Australie, ‘Iradelphic’ traverse une multitude de paysages musicaux - mais, en début d’album, il a bien du mal à planter fermement sa tente dans le sol. Entre morceaux folk à la guitare et promenades krautrock tendance kosmische, Chris Clark semble d’abord hésiter sur la marche à suivre. Heureusement, bien vite, une ou deux échappées expérimentales non loin d’Aphex Twin valent très franchement le détour, sans même parler des divagations brumeuses à la Tim Hecker en toute fin d’album (car il est extrêmement réussi, ce ‘Broken Kite Footage’ !). Le Clark anno 2012 vaut toujours son pesant de pépites vénéneuses, à commencer par la délicieuse Martina Topley-Bird convoquée dans trois featurings rappelant à la fois Four Tet et Leila - chez qui elle est déjà venue prendre le micro. Mieux encore, passés les deux ou trois morceaux poussifs du début de cordée, franchissant chaque palier tel un alpiniste qui aurait délaissé les premiers flancs trop faciles, le sieur Chris prouve qu’il est encore capable de grandes choses dès qu’il endosse le bon équipement. On vérifiera tout cela le 30 avril au Bozar. (fv)

Common ‘The Dreamer/The Believer’ Warner

Chaque album de l’increvable Common vaut le déplacement : il y a toujours quelque chose de bon à prendre chez ce justicier masqué - depuis Chicago, le poseur de mots fracasse régulièrement les méchants tenants du gansta rap. Aussi, son nouveau ‘The Dreamer/The Believer’ est-il une déclaration d’intention, un acte engagé où l’on cause éthique, morale sociale et conscience politique. Pas de bagouzes bling-bling et de dollars factices sous les chansons addictives de notre homme. Juste un flow focalisé sur son sujet : un concentré de samples soul, r’n’b et jazzy. Pas de grand déballage médiatique ou de collaborations boursouflées pour pousser la sortie de ce disque. Là encore, Common se concentre sur l’essentiel, sa voix et quelques invités. On croise la chanteuse Maya Angelou sur la plage d’ouverture (‘The Dreamer’), le timbre bienveillant de John Legend (‘The Believer’) et le flow dévastateur de Nas sur ‘Ghetto Dreams’, morceau phare et faramineux de ce disque protéiforme. On trouve bien quelques erreurs de parcours ici et là (le mauvais ‘Blue Sky’), mais si on s’en tient à l’ensemble et à la force de frappe du binôme Nas-Common (les rumeurs d’un album écrit par le duo hante actuellement les coulisses du showbiz), ‘The Dreamer/The Believer’ a fière allure. (na)

Deer Tick ‘Divine Providence’ Loose Music

Oh, le truc de cochons ! Vraiment, on se demande comment il est possible de saloper son disque de telle manière quand on a le potentiel des gars de Providence, Rhode Island. L’entrée en matière est proprement hallucinante. Avec ‘The Bump’, on pensait déjà tenir le disque de rock barré du mois, voire du se-

mestre. En réalité, il faudra replacer ce morceau dans une mixtape et balancer le reste aux ordures ménagères. Résumons : ce titre, dont la furie va crescendo tout au long de ses trois minutes trente, convoque les esprits les plus déglingués de ces quarante dernières années, des Cramps aux Jim Jones Revue. Avec ‘Funny Word’, qui suit, on déchante déjà mais un bon gros boogie à la Rolling Stones des seventies, pourquoi pas. ‘Let’s All Go To The Bar’, piste trois, ramène sur le tapis le crétinisme des Ramones, c’est cool. A l’exception de ‘Something To Brag About’ qui renvoie au rock des pionniers si chers à l’Experimental Tropic Blues Band, le reste de l’album est aussi excitant que Johnny Halliday chantant du Jean-Jacques Goldman. (lg)

De La Soul’s Plug1 & Plug2 ‘First Serve’ Jesgrew Records/Pias

Deux De La Soul s’échappent en compagnie d’un duo de beatmakers français: entrevue délirante à défaut d’être mémorable. Jamais fatigués, les légendaires agitateurs du hip hop newyorkais s’impliquent dans cet album concept agencé autour de l’histoire fascinante de deux paumés du Queens qui rêvent de briller au firmament du hip hop. Pour s’ouvrir les portes d’un succès interplanétaire, le duo a la bonne idée de s’entourer des idées géniales d’un ancien dealer de coke. Ce bon plan, garanti sans accroc, est mis en musique sous le ciel étoilé de Paris. Où DJ Khalid et DJ Chokolate bricolent du beat old school et bien funky pour Posdnuos et Trugoy, vétérans d’un hip hop mutant et toujours indépendant. Les deux De La Soul agitent leurs flows dans une ambiance rigolarde et « cartoonesque ». Un univers qui n’est pas sans rappeler les dernières incursions de De La Soul dans la constellation Gorillaz. Entre sketches tordants et idées tordues, le projet s’essouffle malheureusement sur la longueur. (na)

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DJ Format ‘Statement Of Intent’ Project Blue Book

Issu de Southampthon, ville portuaire du Sud de l’Angleterre, Matt Ford (alias DJ Format) s’est fait connaître sur la scène hip-hop branchée grâce à ses amitiés avec Jurassic 5 et une première partie de DJ Shadow plutôt remarquée il y a quelques années. A l’heure de son troisième album, DJ Format enfonce le clou question sons roots et délicieusement vintage. Ça sent le B-Boy d’antan, le mélange subtil d’instruments live, de scratches moulés avec amour sur des rythmes intelligents et recherchés façon A Tribe Called Quest, The Roots ou encore Main Source. Chaque track se veut comme un trip archéologique tantôt dans le Harlem 80’s, tantôt la Blacksploitation, tantôt le funk - le tout avec la même intention (réussie) de bien faire. DJ Format est un fan de toutes ces époques et tente de les explorer en y mettant sa touche électro qui part facilement en vrille. Bref, on aime. (jbdc)

Dr Dog ‘Be The Void’ ANTI-

Surfant dans les eaux pas toujours limpides du blues-pop-rock-psychédélique franchement vintage, le sextet de Philadelphie trace sa route depuis près dix ans sans jamais se mordre la queue. Dr Dog et ses boys ont pris la bonne habitude de nous servir leur cocktail à base de Budweiser, d’inspiration 60’s et d’hymnes fédérateurs. ‘Be The Void’ fait suite à ‘Shame, Shame’ sorti en 2010 (co-produit par le Rob Schnapf d’Elliot Smith, Beck et Guided By Voices) et qui était peut-être leur disque le moins sale et le moins lofi. Sur ce nouvel opus, les cabotins prouvent une fois encore qu’ils maîtrisent à merveille l’art des compositions à l’ancienne sans que ça ne sente le rassis ou le chien mouillé. En choisissant d’être à nouveau seul aux manettes, le groupe permet à


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Earteam

‘Be The Void’ de tendre vers davantage de spontanéité et de crudité que sur la précédente production. Le son et les mélodies retrouvent illico un caractère aussi brut qu’efficace. Les guitares crissent comme les freins de la vieille Pontiac. Plus que de longs discours, le dylano-beatlesien et follement immédiat ‘Do The Tricks’ porte la mélancolie d’un Brian Wilson qui pleurerait la disparation de sa planche de surf. Ou l’infaillible ‘How Long Must I Wait’ dont le refrain vous mordra la jambe du pantalon pendant le reste de la journée. Rafraîchissant, mordant et jubilatoire. (gle)

Jacques Duvall ‘Comme La Romaine’ Freaksville Records

« (…) C’est simplement l’expression la plus parfaite, la plus achevée de ce que sera un jour la chanson française, quand les autres auront pigé, d’ici quelques années. » C’est en ces termes élogieux que le premier album de Jacques Duvall avait été salué par le Vif l’Express en 1983. Bien évidemment, les autres n’ont jamais pigé et notre ami Jacques de demeurer aussi confidentiel en tant que chanteur-compositeur qu’il est célébré en qualité de parolier. Pas sûr pour autant que cela lui déplaise, d’autant que pareille posture ne pouvait que nourrir son goût pour le désenchantement et titiller sa veine créative. C’est en tout cas une excellente idée qu’a eue Freaksville d’exhumer ‘Comme La Romaine’ près de trente ans après sa sortie. On y retrouve un Duvall en forme olympique troussant des textes emprunts de piques ironiques et désabusées du plus bel effet que notre homme délivre avec un détachement à la Gainsbourg terriblement classieux. Sur le plan musical, on vogue dans des eaux pop jazzy (‘Gigolo’), voire bossa (‘Comme la romaine’), et parfois même avec un petit côté country (‘Mona Lisa’). Et puis il y aussi deux reprises magistrales. L’une, hilarante de cruauté cynique, sublime cette vieille scie qu’est ‘Ti amo’ de Umberto Tozzi sous forme d’un ‘Je te hais’ jouissif. Quant à sa version de ‘Le sud’, de Nino Ferrer, elle est encore plus désespérée que l’original, ce qui n’est pas rien! (pf)

Dwellers ‘Good Morning Harakiri’ Small Stone Records

‘Good Morning Harakiri’ est un album tout bonnement monstrueux. Evoluant dans un registre stoner, limite sludge, ce trio américain dégage une puissance titanesque qu’il n’hésite pas à développer sur des compositions particulièrement longues, à l’instar du dantesque ‘Vultures’. Pour sûr, Dwellers n’invente rien, mais il faudrait vraiment être de mauvaise foi pour ne pas adhérer à la musique d’un groupe qui pond des titres venant des tripes comme ‘Secret revival ‘ ou le spécialement virulent ‘Lightening ritual’. Histoire de démontrer qu’ils ne sont pas que des brutes épaisses, ils nous assènent également une superbe ballade post grunge sous forme d’un ‘Ode to inversion layer’ ou encore l’hypnotique ‘Old honey’, franche réussite dans un registre stoner psyché désespéré évoquant la traversée d’un désert brûlant. Si le simple fait d’évoquer les noms de Kyuss ou de Clutch vous donne la chair de poule, vous savez ce qu’il vous reste à faire. (pf)

Electricity In Our Homes ‘Dear Shareholder’ Fierce Panda

Il faudrait ne jamais calibrer les petits pois. Dans le meilleur des mondes possibles, il faudrait les laisser craquer sous la dent, révéler leur acidité, ne pas brider leur nature. Dans cet univers idéal où manger / écouter diversifié serait un leitmotiv, il y aurait très certainement une place laissée à ce trio londonien qui sous ses airs narquois et son tempérament naturellement lo-fi parvient à nous interpeller. Morceau-étendard de ce premier album, ‘Appletree’ déroule à l’envi son obsédante litanie percussive qui colle aux semelles, et sur base des inflexions mi-charnelles mi-synthétiques de Bonnie Carr façon Laetitia Sadier, on n’hésiterait pas à leur concéder un tour de garde pour le chien et des pique-niques dans n’importe quel terrain vague, à défaut d’une présentation officielle à nos parents. On ne manquerait pas alors, échevelés et pieds nickelés, d’entonner quelques autres hymnes de leur cru, plus foutraques, pas moins exquis : ‘Buddy Lemonade’ et sa morgue de slackers, ‘Aching, Breaking Shaking For You’ et son mesclun de voix gémi-susurré. Garçon,

Hooded Fang ‘Tosta Mista’ Fulltime Hobby/Pias

Les Canadiens de Hooded Fang sortent leur premier album, et toutes les oreilles influentes en Angleterre sont déjà à genoux. Faut dire qu’il y a de quoi: avec un son typique des 60’s (à grands coups de guitares surf dégoulinantes de réverb’ et de riffs qui claquent) mais mouliné dans une ambiance psychédélique et titubante, on en prend pour son grade à chaque écoute. On croirait être plongé dans une ambiance de fête d’étudiants tout gentille, au bord de la piscine de papa, dans un pavillon de banlieue petitebourgeoise sous un soleil estival déclinant - et pourtant, malgré cette ambiance bon enfant, on se sent complètement défoncé, l’esprit partant en vrille. Une impression délicieuse. La hype n’a pas toujours raison, on est d’accord, mais le buzz qui est en train de se cristalliser autour des Canadiens est ici amplement justifié tant le groupe arrive à recréer des émotions toutes nouvelles à partir d’un matériel musical ancien et plutôt éculé. Une performance à écouter d’urgence et à suivre de près. (jbdc)

je voudrais une salade niçoise avec beaucoup d’olives piquantes! (alr)

Elfin Saddle ‘Devastates’ Constellation

Le souvenir touchant de leur précédent ‘Ringing For The Begin Again’ encore en tête trois ans après les faits, c’est avec joie que nous retrouvons Elfin Saddle et ses échos folk japonisants à la A&E. Toujours de la partie, la vocaliste Emi Honda transmet le bon mot orientaliste à ses camarades nord-américains, qui ont le bon goût de plonger leur encre dans un bain d’Evangelista vs Ben Chasny - oui quoi, on est sur Constellation, les enfants. Globalement plus secoué qu’en 2009 (rock, si vous voulez), voire plus expressionniste, l’univers de Jordan McKenzie & co demeure toutefois en équilibre instable - ce qui lui rend un charme idoine sans fausse pudeur mais avec une vraie modestie. Multipliant les interventions instrumentales, entre éternelles guitares et percussions on se réjouit d’entendre un accordéon, une contrebasse, un tuba ou des cloches, le quatuor ne perd toutefois jamais le fil de ses idées. Rappelant même, c’est étonnant et convaincant, l’ascèse obscurée d’Alasdair Roberts, preuve qu’ils maitrisent également l’intériorité modeste, les Elfin Saddle livrent un objet à la fois inspiré et argumenté. (fv)

Everlast ‘Songs of the Ungrateful Living’ Long Branch/SPV/Suburban

Au début des années ’90, je sautais sur les fauteuils des parents comme une grenouille sous psychotropes en criant « Jump Around » !Ce titre de House of Pain laissait gentiment entrer le hip hop à la maison... Mon père débarquait dans le salon en me lançant une de ses pensées affectueuses dont il a le secret : « C’est quoi cette merde ? »; House of Pain, paaaaaaaaa, le groupe d’Everlast, c’est coooool. Peu de temps après, le patron de la formation est parti astiquer le manche de sa guitare en solo. A l’époque, je me souviens d’avoir essayé de draguer sur quelques tubes bluesy et vaguement crooner : ‘What It’s Like’, ‘Black Jesus’ ou ‘Black Coffe’. C’était un peu la honte, mais l’acné constituait alors une excuse de premier plan. Et puis, les années se sont écoulées et toutes ces mélodies se sont domiciliées à l’écart, n’étant plus heureuses sur ma vieille chaine : trop naïves, trop juvéniles. J’étais passé à autre chose. Mais pas Everlast. Lui, il s’est bien accroché. La voix graveleuse d’Everlast escalade toujours des chansons révoltées et des envies d’amour (‘I’ll Be There For You, Babe’). Cet album, c’est un peu le remake d’une époque révolue. Pour une raison étrange, on songe à Jim Carrey, à Gondry et son film ‘Eternal Sunshine of the Spotless Mind’. « L’éclat éternel de l’esprit immaculé » : bien dit, ça, Michel ! (na)

Ewert and The Two Dragons ‘Good Man Down’ Talitres

J’avoue avoir parfois des raisons personnelles d’aimer un album qui paraîtraient à d’aucuns infinitésimales ou saugrenues. Primo : présence avérée de lapins ou de

pandas, ou des deux. Tout autre animal mignon est un bonus. Secundo : présence observée d’un instrument à cordes circulaire appelé banjo. Tertio : présence constatée de voix masculines en nombre. Combinées, ces caractéristiques constitueraient une sorte de dahu optimal et me transformeraient en un être dénué d’un zeste d’objectivité au moment de l’écoute. Ce disque existe bel et bien, et excentricité de plus, il est le fait de quatre gars d’Estonie, une patrie jusque là pas encore épinglée de façon assurée sur ma carte du folk. À l’autopsie, cherchons tout de même à ne pas nous égarer : l’ouverture est enjouée à souhait depuis les Oooouu-Oouuu sous pulsation de ‘(In The End) There’s Only Love’ jusqu’à la petite ligne mélodique bigrement joueuse de ‘Good Man Down’ qui débouche sur une fantastique volée de voix à l’unisson, d’ores et déjà un faîte dans son genre. D’aérienne impulsion vocale, il est également question pour ‘Sailor Man’, touchante ballade sans mièvrerie. ‘The Rabbit’ est une pièce de résistance comme on les affectionne : notre fameux banjo au cœur du morceau et un démarrage plein de rugosité bourrue qui n’est pas sans nous rappeler notre cher Matt Bauer, mais avec une construction évolutive entrecoupée de vrais instants de lévitation onirique. Quelques coups de mou deci delà et un brin de classicisme mélodique ne viennent pas trop entacher la vision d’une franche tablée de séduisants bûcherons. (alr)

La Femme à deux têtes ‘s/t’ Topsy Tur v y Records

Autant le dire sans ambages : je suis globalement mauvaise cliente pour les projets qui flirtent avec le cabaret, Thomas Fersen et Emily Loizeau exceptés. J’ai une tendance militante pour l’épure, ou en tout cas pour éviter autant que possible les emphases et les acrobaties démonstratrices. Or, ce genre musical si particulier veut que la gouaille soit invitée de marque, les tours de passe-passe rimés des intermèdes surprise, sans oublier l’accordéon, pilier de toutes les fêtes. Tous ces ingrédients sont présents dans ce projet bicéphale (Jean-Michel Distexhe / Perrine Delers), le spectre de nuances vocales de la demoiselle passant comme il se doit par Edith Piaf (‘Hypocrisie’) ou de façon plus marquée encore Olivia Ruiz (‘L’Esquive’, ‘Sous mon crâne’). Les textes ne sont pas trop mal esquissés mais témoins d’un savoir-faire que les moins de cinquante ans ne veulent pas connaître. Pour être franche, on a souvent du mal à s’extraire de la naphtaline, à l’exception peut-être de ‘Sans Lunettes’, duo espiègle mitonné en mots par Carl. (alr)

Lee Fields ‘Faithful Man’ Truth & Soul/V2

Le nom de Lee Fields appartient à l’histoire de la soul. Pourtant, il s’est toujours conjugué au présent. Frère caché de James Brown, cousin éloigné de Charles Bradley, l’homme est resté dans l’ombre des seventies. Après, il a séjourné quelques décennies dans l’obscurième té. Puis, le 21 siècle est venu frapper à sa porte. Sa voix d’or réveillée, le vieil oncle de la soul a participé au grand jeu de l’époque : la « Retromania ». Ou comment la culture pop est devenue accro à son propre passé. Revenu des morts et du coffre à souvenirs, Lee Fields a tou-

ché la grâce en 2009 avec ‘My World’, un album grandiose à écouter sueur au front et paillettes sur le veston. Du grand art. Trois ans plus tard, Lee Fields revient hanter le présent avec un disque élégant, mais un brin moins envoûtant. ‘Faithful Man’ jouit d’un incomparable savoir-faire et d’une authenticité légendaire. Pourtant, les chansons n’ont pas la force de persuasion de son précédent essai. Mais peu importe. Ça reste assez classe et puis, on avance confiant. Avec lui, le meilleur est toujours à venir. (na)

John Foxx And The Maths ‘The Shape Of Things’ Metamatic Records

Légende new wave vénérée par une multitude d’artistes Foxx a posé les jalons d’une multitude de styles musicaux dès la fin des années 70 (avec Ultravox ou en solo). Voici peu, il s’est associé à Ben Edwards pour perpétuer la bonne parole électro. Ayant exclusivement recours à des instruments vintage, le duo génère un univers certes rétro sur le plan sonore, mais également futuriste et visionnaire dans la mesure où il n’hésite pas à se lancer dans des expérimentations audacieuses, principalement sur des petites vignettes instrumentales, mais aussi sur un titre comme le fascinant ‘Talk’, où Foxx déclame un texte d’une voix monocorde sur fond d’électro dark. Souvent, une certaine mélancolie cold wave s’empare des compos, mais toujours avec un sens du pathos, lequel est en grande partie dû à la voix de Foxx, sorte de croisement cold wave entre Bowie pour les intonations (écoutez donc ‘The shadow of his former self’) et Bryan Ferry pour la pose crooner. En même temps, le duo peut se montrer très pop, comme avec le délicieusement léger ‘Rear-view mirror’ ou le très beau ‘September song’ qui n’est pas sans rappeler Kraftwerk. A noter la présence de Matthew Dear sur un remix hypno dance de ‘Talk’ et de Tara Busch sur l’entêtant ‘Where you end and I begin’ qui clôt l’album. Passionnant. (pf)

Erik Friedlander ‘Bonebridge’ Skipstone/Dense

Nous avions déjà évoqué le nom d’Erik Friedlander dans nos pages pour dire tout le bien que nous pensions de ce violoncelliste new-yorkais, collaborateur à ses heures de John Zorn et, accessoirement, de Laurie Anderson et d’Alanis Morisette. ‘Bonebridge’ le voit retourner aux sources de la bluegrass américaine et confronter son instrument à la langue de ce style bien particulier. Friedlander aborde le défi en recourant à quelques techniques originales qu’il a perfectionnées dont celle consistant à utiliser le violoncelle avec un slide ou à en jouer en pizzicato avec un finger-picking adroit et inspiré. Le guitariste Doug Wamble, une pointure du blues de Memphis, apporte beaucoup à la réussite de cette combinaison et confère à la sonorité générale de l’album une amplitude authentique. Mi-americana, mi-jazz contemporain inspiré, ‘Bonebridge’ apparaît comme un album intelligent qui jette des ponts entre langages et techniques différents. (et)

Froggy ‘Destination Grooveland’ Cool ya

Deuxième album des Belges de Froggy. Plutôt habitués à être considérés comme un groupe funk-rock, on entend vite que cette étiquette est un peu trop étroite pour eux. On y goûte, à mon sens, plutôt du rock garage façon Sud américain: un peu bourrin, basé sur des riffs répétitifs taillés à la machette mais qui sonnent rudement efficaces et virils. Le décor et l’ambiance enfumée sont posés dès les premières mesures. En creusant un peu, on découvre que leurs touches funky (influencées par Bad Brains, PPz30 ou encore Red Hot Chili Peppers) placées sur certains tracks plus low-tempo apportent une nouvelle approche - comme un routier fatigué du Michigan qui viendrait écluser sa lassitude à coup de bourbon dans un resto-route vétuste posé près d’une Interstate au milieu du désert texan. Un univers riche et dense. (jbdc)


07.04 | JOSÉ JAMES YESTERDAY I HAD THE BLUES: THE MUSIC OF BILLIE HOLIDAY

17.05 I HAUSCHKA + JÓHANN JÓHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN

130701 TRANSCENDENTALISTS EUROPEAN TOUR 2012

31.05 I A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN CHAMBER ORCHESTRA + NILS FRAHM 01.04 I WALLIS BIRD + AIDAN 02.04 I A NIGHT WITH… PRIMUS 02.04 I ANIMALS AS LEADERS 03.04 I THERAPY? 03.04 I THE STRANGE BOYS + JACUZZI BOYS 04.04 I OM 06.04 I ANGELS & AIRWAVES + LE BLORR 09.04 I RIVAL SONS 10.04 I IMANY + NEVADA FELLOW 10.04 I BLACK BOX REVELATION 11.04 I BLACK BOX REVELATION 11.04 I MICHAEL HURLEY + PAPER WINGS

+ SCREENING OF ‘SNOCK ‘N ROLL: ADVENTURES WITH MICHAEL HURLEY’

12.04 I ORBITAL + THE JAPANESE POPSTARS 13.04 I GUIDO BELCANTO 14.04 I LIZZ WRIGHT 14.04 I BARN OWL + BLANCK MASS (= ½ FUCK BUTTONS) + ENSEMBLE ECONOMIQUE 16.04 I BEN HOWARD + EMMY THE GREAT 17.04 I RAYMOND VAN HET GROENEWOUD ‘DE ALLERLAATSTE RIT’ 17.04 I MARLON ROUDETTE 18.04 I SOAP&SKIN (WITH ENSEMBLE) + A THOUSAND FUEGOS 19.04 I FINK + EMMETT FINLEY 20.04 I JOOLS HOLLAND & HIS RHYTHM & BLUES ORCHESTRA 20.04 I SARAH FERRI 21.04 I MINNEAPOLIS, MON AMOUR: DARK DARK DARK + WE WERE EVERGREEN 22.04 I MADELEINE PEYROUX & BAND 23.04 I THE ANTLERS + I AM OAK 24.04 I TUUR FLORIZOONE 24.04 I BROOKE FRASER 25.04 I GROUNDATION + BROUSSAÏ 25.04 I OF MONSTERS AND MEN 26.04 I ROBERTO FONSECA ‘YO’ 26.04 I WALLACE VANBORN + KAPITAN KORSAKOV 27.04 I THE DANDY WARHOLS 27.04 I RACHAEL YAMAGATA 28.04 I KYTEMAN ORCHESTRA 28.04 I 16.00 A BRAND ‘GRAMMAR’ 28.04 I 20.00 A BRAND ‘GRAMMAR’


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Earteam

Gemma Ray

Beth Jeans Houghton & The Hooves Of Destiny

‘Island Fire’ Bronze Rat

Gemma Ray ne manque pas de caractère, elle qui dans son fourreau rose perle, tout en roulant les airs avec conviction (‘Troup De Loup’) et choop-choopant plus que de raison (‘Put Your Brain In Gear’), tente de concilier soul, pop et rock. Pour être francs, on ne serait pas étonnés qu’elle ait suivi avec assiduité le séminaire « Amy Winehouse partim 2 : smokeyeye » avec option fanfare retro de croisière et qu’elle porte des gants en satin les jours de semaine. Malgré notre faible avéré pour ‘This Town Ain’t Big Enough For The Two of Us’ (Sparks) on n’échangerait pas un baril de Nancy Sinatra et Lee Hazlewood contre deux barils de la jeune anglaise, fût-elle épaulée par Ron et Russel Mael dont elle reprend ici deux morceaux (‘How Do I Get To Carnegie Hall ?’ et ‘Eaten By The Monster Of Love’). Se choisir un pygmalion satisfaisant reviendrait donc à opter pour des bottes adéquates pour marcher, et celles-ci sont trop pailletées. On restera fairplay en suggérant qu’elle trouverait acquéreur du côté des aficionados de Lady Linn ou d’Adele désireux d’une sensation plus acidulée. (alr)

Get The Blessing ‘OC CD’ Naim Jazz/Rough Trade

Quartet originaire de Bristol, Get The Blessing oscille entre un jazz bon teint heureux et une sorte de funk rock instrumental chambré. Une rythmique huilée, une basse débridée et des cuivres (sax et trompette) astiqués en constituent les caractéristiques essentielles. Il n’est pas sans intérêt de souligner que la section rythmique a collaboré avec Portishead tandis que Clive Deamer, le batteur, a récemment été recruté par Radiohead pour ses tournées. En revanche, figurent ici en invités Adrian Utley - guitariste de Portishead - et Robert Wyatt dans une courte mais vive apparition en chorale. Malgré un manque de relief à certains endroits, ‘OC DC’ se laisse écouter d’une traite. (et)

Great Lake Swimmers ‘New Wild Everywhere’ Net t werk

Voici un album qui porte bien mal son étendard. La sauvagerie, ce n’est pas vraiment la botte secrète de ces Canadiens qui, avec ce cinquième essai, cherchent encore et toujours à apprivoiser dans son habitat reculé l’americana, cet animal placide et curieux comme un tapir à franges. On leur connait plutôt des filets à papillon à cordes, des voix qui n’hésitent pas à user d’indolence plus ou moins rauque et des guitares qui frisent à loisir la léthargie. À ce tarif-là, autant en profiter pour participer à une partie de pêche sur le lac de l’Eau d’Heure à guetter le gardon : chaque remous uptempo (‘Changes With the Winds’, ‘Easy Come Easy Go’) y serait célébré comme une victoire inouïe et mériterait amplement une petite danse avec force harmonica autour de la glacière. La prochaine fois, c’est promis, on vit dangereusement et on affrète un van pour Nashville. (alr)

Grimes ‘Visions’ 4AD/Beggars

Il n’y a pas meilleure pub pour la sortie de ‘Titanic’ en 3D que la société Costa Concordia, c’est à vous faire peur de voyager, comme lors des étés meurtriers où plusieurs coucous se plantent en plein vol, mais là, avec les bâteaux, c’est à vous donner un putain de mal de mer. Pour toute personne voyageant régulièrement, la cinétose n’est qu’une vieille habitude à laquelle on s’est faite, mais pour les personnes ancrées à leur petit lopin de mégapole, comme moi, cette sensation est désagréable. Nausées, maux de tête, perte d’équilibre sont toutes les sensations que m’évoque ‘Visions’, troisième album de la jeune canadienne Claire Boucher aka Grimes. Un tour du monde orchestré par des rythmiques ou des ambiances tantôt asiatiques (‘Genesis’) tantôt plus apaisantes (‘Know The Way’) parfois ultra américaines (‘Vowels = Space and Time’ aux vieux relents électroniques). En plus de ce mélange dénué d’unité, la chanteuse n’en finit pas de nous agacer avec une voix stridente, chantant des paroles trop souvent inaudibles. (tv)

‘Yours Truly, Cellophane Nose’ Mute

Je ne sais pas vous, mais moi quelques notes de trompette, des harmonies vocales en ouh ouh et des airs printaniers qui me rappellent Belle & Sebastian ou Camera Obscura, ça suffit pour m’égayer la journée. Aujourd’hui il a fait beau, même pas besoin d’une musique guillerette pour me donner du peps et malgré tout, ‘Yours Truly, Cellophane Nose’ (quel sens du titre !) m’a foutu une sacrée banane. Ne croyez toutefois pas que nous avons affaire à une énième déclinaison de Stuart Murdoch et Tracyanne Campbell - on en est même assez loin, finalement. En points communs, on trouve avant tout la grande qualité du songwriting de Beth Jeans Houghton, jeune Anglaise de 22 ans à la voix tout aussi angélique que mûre - c’est surprenant sur les titres davantage retenus à quel point elle se rapproche de Joni Mitchell, mais aussi de My Brightest Diamond. Là s’arrête la comparaison, toutefois, tant la demoiselle et sa bande vont pêcher across the Atlantic des influences totalement assimilées, notamment des rythmes échappés de Talking Heads ou Dirty Projectors sur le très central titre ‘Atlas’. Et même si on sent par instants que le combo britannique au nom interminable cherche encore une grammaire propre, en ce qui me concerne, il fait déjà figure de révélation 2012. (fv)

The Inspector Cluzo ‘The 2 Mousquetaires’ Fuck thebassplayerrecords/Suburban

C’est vrai qu’ils attirent la sympathie, nos deux mousquetaires gascons. Proche des « indignés » et s’insurgeant contre les excès du capitalisme et de la culture bling bling, ils revendiquent fièrement leurs racines tout en s’ouvrant aux autres cultures. La musique est fortement influencée par l’héritage de Curtis Mayfield, référence ouvertement revendiquée, ainsi que par le hard old school et un goût pour le second degré potache. Pour être franc, le versant plus heavy ne convainc pas vraiment, vu qu’on songerait à une parodie de AC/DC (ce qui est d’ailleurs peut-être le but). Lorsqu’il se la joue funky, par contre, l’inspecteur démontre qu’il a un furieux sens du groove et nous balance quelques franches réussites, à l’instar de ‘Wild and free: ‘The “indignés” song’,‘Move on up’ ou encore Téléfoot’. (pf)

Islands ‘A Sleep & A Forgetting’

Grinderman ‘Grinderman 2 RMX’ Mute

Le gang burné à moustaches a déserté l’arène après deux brûlots au court-bouillant (pragmatiquement ‘Grinderman’ et ‘Grinderman 2’), et on se souviendra longtemps du son sulfureux des allumettes en concert. Pour faire patienter les grands consumés jusqu’au prochain Nick Cave, voici un essai(m) mordant de réinterprétations, collaborations et remixes de leur second album dopé au facteur XY, jugez plutôt: rien moins que Nick Zinner (guitariste des Yeah Yeah Yeahs), Robert Fripp (King Crimson), Unkle ou encore A Place to Bury Strangers pour faire monter la (bru)noise après passage au shaker du tracklisting original. Sans jouer les vierges du temple, il est cependant épineux de marquer de son sceau des morceaux habités par une des plus discernables signatures vocales et un son gargantuesque. Si on devait toutefois distribuer des gommettes rouges ou vertes, là où on a du mal à accueillir de façon bienveillante (doux euphémisme) la version d’Andrew Weatherall d’ ‘Heathen Child’ (une bouillie innommable), on saluera par contre la tentative de Josh Homme (Queen of The Stone Age) de disséquer le cri du chef de meute en stéréo sur ‘Mickey Bloody Mouse’ et de le rendre plus primal encore revenu à une certaine sobriété. Le reste s’appréciera on the rocks. (alr)

Helder ‘The Rythm Of Change’ Jarko

Le gantois Helder Deploige reste un artiste inconnu dans nos contrées où le sirop de Liège et la tarte al d’jote tendent à devenir les derniers fleurons industriels. Et on ne peut que le regretter tant le côté authentique qu’attachant de ses productions mériterait que la Belgique entière (au moins) y prête une oreille plus attentive. Point final d’un triptyque entamé en 2003 avec ‘The King Lost His Crown’ et poursuivi en 2006 par le très intimiste ‘The Ceiling Is Not The Sky‘, ce nouvel album viendra à nouveau démentir le préjugé selon lequel il n’y a que les Amazones et leurs congénères qui savent faire plusieurs choses simultanément. Multi-instrumentiste, Helder se multiplie aux quatre coins de la galette pour assurer sur chacun des instruments, banjo et Dobro y compris. Dans son registre poprock teinté de folk, il fera inévitablement penser à Andrew Bird, grâce notamment à son indéniable habileté à trousser des mélodies futées et qui refusent la monotonie. (gle)

The Hickey Underworld ‘I’m Under The House, I’m Dying’ PIAS

Attention hype méchante. Le panneau est placé bien en vue sur l’autoroute de la mer et d’Anvers. Car c’est avec l’étiquette de groupe rock belge le plus intéressant du moment que les anversois sortent ce deuxième album sobrement baptisé ‘I’m Under The House, I’m Dying’. Bien à l’image d’un groupe qui ne lésine pas sur l’esthétique du parfait petit branleur licencié es jeu de massacre. Encore et toujours produit par Das Pop, le quatuor régurgite depuis ses débuts en 2009 les bi-

berons rock, hardcore et grunge engloutis à toute vitesse dans leur jeunesse finalement pas si lointaine. Et sur le bavoir la mixture donne un rock revêche, abrasif, puissant et sale avec quelques remugles oldies. Le tout soutenu par une batterie féroce et emmené par un chanteur dont les hurlements possédés sont directement connectés à une rageuse folie. Le mur du son est régulièrement franchi dans une allégresse rafraîchissante. On regrettera peut-être que les aspérités du premier album aient été gommées au profit d’un son nettement moins cru et de « mélodies » toujours dissonantes mais plus pop. (gle)

Marc Houle ‘Undercover’ Item & Things/Rough Trade

Ou quand la tech nous pousse irrémédiablement vers le récif. Houle : ensemble de vagues enclenchées sur des dizaines voire des centaines de kilomètres. Elle est définie par sa direction et sa hauteur. Pourtant tracé par une ligne nous menant droit vers un dance floor en fonds marins, le chemin dessiné par Marc Houle ne cesse de donner le mal de mer sans jamais imposer la nausée. Quant à sa hauteur, elle se veut digne d’un disciple de Richie Hawtin dont Houle s’éloigne pourtant de l’héritage pour oser un premier album sur son propre label Items and Things. Libéré des dogmes de Minus, 8 titres qui affichent au grand jour les marottes du producteur canadien et son amour de la broderie old-school. ‘Hearing’nous plonge dans une hypnotisante réminiscence des eighties. ‘Undercover’ ‘Juno 6660’ envie de revisiter Detroit Grand Pubahs sans artifice comique, la preuve par ‘Very Bad’. Et il y a ces plages de sable gros - qui ne cessent de groover, mais en bas fond, loin des phares, ‘Mooder’. ‘Under The Neath’tape dur mais on ne refuse pas la fessée. Paradoxalement, sur un album porté par la nostalgie, seul ‘Am Am Am’semble faire de l’oeil au rétroviseur. Marc Houle s’est libéré et ne respecte que ses propres règles. La loi selon Item and Things. (dark)

Ill ‘Gotten Gains’ Glassville Records/Ber tus

Originaire de Géorgie, ce trio américain fondé en 2005 a dès le départ affiché un énorme potentiel, ce qui lui a valu un contrat chez Universal. Bien vite, toutefois, le groupe devait se rendre compte que cet environnement basé sur le profit ne pourrait que brider sa créativité. Bien lui en prit de s’enfuir à toute vitesse, puisque ce départ lui a permis de préserver son intégrité musicale. Il faut dire que Ill cultive le goût pour un rock couillu, sans concession, revendiquant fièrement ses identités blues rock, stoner et grunge, le tout avec la volonté de produire un son puissant comme crédo. Des titres comme ‘One time’,‘Finches’ ou‘There are worse things than being alone’ sont des merveilles de rock stoner sudiste à la Queens of the Stone Age, tandis que ‘Christine’ est une admirable ballade post grunge hantée par un piano mélancolique.‘Gold and opal’ dégage une beauté sublime sur laquelle Ryan Waters, dont la voix est généralement l’épitomé de la puissance brute, se mue en un falsetto particulièrement déchirant. (pf)

ANTI-

Groupe à géométrie (entendez line-up) variable, Islands est d’abord et avant tout le projet de sa tête chercheuse et pensante Nick Thorburn, seul résident permanent de cette île qui a déjà fourni moults trésors. Mais pour le coup, le beau pirate a perdu de sa superbe et se retrouve tel un Robinson seul comme un plouc sur son île. Non pas que ses musiciens l’aient débarqué mais c’est plutôt sa chère et tendre qui a jeté ses malles sur le trottoir. Oubliées les orchestrations un peu foutraques et la kitsch-pop multi-instrumentale aux allures de fanfare de carnaval. La poilade est finie. Place à un véritable concept album autour des affres de la séparation. Un déménagement, un piano et quinze jours, voilà donc apparemment la recette miracle pour accoucher d’un disque somptueux qui ne confond jamais confession et impudeur. Trempée dans la plaie béante de son désastre amoureux, la plume n’est pourtant jamais dépressive. On n’a jamais l’impression d’écouter son meilleur ami pleurnicher au téléphone. Musicalement, les arrangements sont en satin. Thorburn excelle dans le registre de la nonchalance classieuse griffée délicatement par un son très 50-60’s aux guitares surannées et qui lorgne régulièrement vers le doo-wop (‘Never Go Solo’ ou ‘Can’t Feel My Face’ avec son orgue à la ’96 Tears’). ‘A Sleep & A Forgetting’. Une sieste et c’est reparti comme en 40. Ah si ça pouvait être si simple… (gle)

Jesus Is My Son ‘1914-1918’ FF HHH/Mandaï

Fondateur du micro-label FF HHH et membre éminent de l’excellent trio K-Branding, Grégory Duby fait partie de ces héros discrets de la musique. Sous son pseudonyme Jesus Is My Son, le guitariste bruxellois explore une voie médiane entre impressionnisme cinématique et expérimentations folk du plus bel effet, notamment sur le morceau introductif ‘Héroïsme et Désespoir’ (4’51 de bonheur total). Même si un ou deux morceaux incitent davantage à la réflexion dubitative - sans jeu de mots pourrave - faute de réel point d’accroche, la majorité des compositions de notre homme s’inscrivent dans un discours certes sombre mais d’une grande cohérence stylistique. Tel un narrateur d’un épisode tragique de notre histoire, mais elle est vue à hauteur d’homme les deux pieds dans la boue des tranchées, ‘1914-1918’ transmet le tragique de la situation sans éviter la sinistrose déconfite. C’est lent, profond et très beau. (fv)

Joy as a Toy / Germanotta Youth Cheap Satanism Records/Mandai

Histoire de fêter dignement ses deux ans, Cheap Satanism Records renoue avec la tradition du split single. Sur le vinyle 10 pouces, Joy as a Toy se charge de la face A. Nous offrant dans un premier temps une lecture inspirée et virtuose de ‘Profondo rosso’, titre psyché prog composé par les remarquables Goblin pour le film d’horreur du même nom signé Dario Argento, le groupe propose ensuite un titre free


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Earteam

électro dissonant mais étrangement addictif. Encore plus fou, Germanotta Youth nous convie en face B à deux de ses compos faisant dans le déluge électro grindcore apocalyptique avant de se fendre d’une reprise particulièrement brutale de ‘Halloween’, bande son du film de John Carpenter. Aussi terrifiant cela puisse-t-il paraître, cette version est encore plus flippante que l’original. Ames sensibles s’abstenir ! (pf)

The Kabeedies ‘Soap’ Fierce Panda

Il semble que dans la déferlante d’imitateurs qui suivit le tsunami Vampire Weekend (2008), on soit passé à côté du premier LP des Kabeedies. Cette savonnette bien p(r)op est l’occasion de se rattraper et de rappeler ceci : on n’a jamais vraiment réécouté le deuxième opus des VW et seul Fool’s Gold, parmi les suiveurs, a réussi à nous enthousiasmer (et encore, sur son premier album). En pédalant à la remorque des deux groupes précités, les Kabeedies ne sont pas prêts à changer la donne. ‘Soap’ est donc un bon petit disque, sans prétention, qui marie les guitares afropop aux cuivres des Dexys Midnight Runners, avec parfois, un gros riff hard, un xylophone manchot, ou un bon break bien poussif. Agréable. (lg)

Sven Kacirek ‘Scarlet Pitch Dreams’ Pingipung/Dense

A vouloir trop astiquer les lustres, on finit par les décrocher. Ainsi Sven Kacirek, à force de se lancer dans d’interminables démonstrations avec son set de percussions, en bois, en verre, en papier même, finit-il par lasser l’auditeur le plus indulgent. Et ce d’autant qu’on n’aperçoit pas bien la justification d’une telle effusion. Au début, ça le fait. Par la suite, ça le fait un peu trop. A la fin, ça le fait plus. Ce hambourgeois est visiblement un musicien doué et possède un bagage de poids. Trop souvent cependant, il se perd en fioritures et s’égare en parant à satiété des compositions qui finissent par étouffer sous le poids de leurs ornements. (et)

Killing Joke ‘MMXII’ Spinefarm Records

Connaissant le goût pour l’occulte qu’a toujours cultivé Jaz Coleman - il s’est enfui en Islande au début des années 80 car sentant la fin du monde imminente !, l’année 2012 et ses prévisions apocalyptiques ne pouvaient que constituer une source d’inspiration sans limite. Ceci dit, l’âge lui a conféré une certaine sérénité qui lui fait voir la possibilité d’un monde meilleur et c’est donc dans le sens d’une société moins cupide et plus soucieuse de l’environnement que le groupe envisage le changement de cap. Cela nous vaut un album inspiré et engagé qui se distancie quelque peu de l’approche métal des dernières sorties. ‘Fema camp’, qui traite de l’emprisonnement arbitraire et inhumain développé aux Etats-Unis, aurait facilement pu figurer sur le premier album du groupe avec son côté lent, lancinant et tendu, alors que ‘Primobile’, un superbe titre à la fois dark et mélodieux, renvoie à l’époque bénie de ‘Love like blood’. ‘Rapture’, titre incantatoire hypnotique, associe riffs tendus et beats électros pour un joli résultat. ‘Corporate elect’, diatribe anti capitaliste, est lui aussi jouissif. On aime également le bien nommé ‘Trance’ et son côté ultra dansant - on dirait du disco punk gothique ! - ou encore le superbe ‘On all hallow’s eve’ et sa tension entre couplets post punk apaisés, aériens et majestueux et le côté volcanique des refrains. A la différence de moult vétérans qui ont perdu toute crédibilité, Killing Joke a gardé passion, verve et inspiration. (pf)

Kill The Young ‘Thicker Than Water’ Sunny Weeks Production/Team4Action

On commençait à croire que les trois frangins ne reviendraient plus sur les devants de la scène, leur dernier, et très bon album de surcroît, datant de 2007, ne résonnait plus trop dans nos oreilles. Les jeunes anglais ont dû

Lost In The Trees ‘A Church That Fits Our Needs’ Anti/WMG

Certains disques vous font vaciller, c’est irrémédiable. Vous n’aviez pas nécessairement l’intention de céder du terrain, d’ailleurs vous ne connaissiez même pas ce groupe originaire de Caroline du Nord. L’ouverture s’illustre en dissonance, quelques notes de pianos jetées dans l’oubli, une machine à écrire, et ‘Neither Here Or There’ qui laisse encore croire à une percée vers le grand jour. Et puis arrive ‘Red’ et le séisme est à la hauteur des barricades. Cette voix féminine sous-jacente qui s’insinue dans vos pores à vous rendre dément, c’est celle de « Lady in the Radiator » dans ‘Eraserhead’, c’est la prise de conscience brutale que notre effritement est inévitable, une plongée symphonique d’une ampleur déchirante dans des couloirs labyrinthiques hantés par des êtres qu’on a jadis chéris. Le ton est donné : dans ‘A Church That Fits Our Needs’, le deuil que cherche à faire Ari Picker de sa mère disparue volontairement (cette femme opalescente telle une muse pré-raphaélite sur la couverture) ronge amplement l’espace sonore, les cendres sont disséminées jusque dans les passages les plus éthérés. Le disque n’en est pas exclusivement dépressif pour autant : on y goûte par endroits une sérénité admirable mais fragile (‘This dead bird is beautiful’ et cette introduction d’une réelle grâce), aidés en ça par des compositions mélodiques au cordeau, servies par des musiciens rompus à l’exigence du classique, mais pas dénués de sentiment. On pardonnera les quelques scories maniéristes que dissémine parfois Lost In The Trees, tant il fait naître d’images qu’on envisagerait parfaitement sur grand écran. Embarquez sans tarder pour une bouleversante traversée intime qui vous terrassera ou vous mettra à nu ! (alr)

passer une des épreuves les plus douloureuses: la mort de leur père. Ca ne nous regarde pas mais ce drame marque un tournant énorme dans ‘Thicker Than Water’. Tout d’abord l’artwork de l’album et son livret rassemblant les clichés familiaux, ensuite le choix des morceaux, leurs thèmes, leurs places sur la plaque. L’album commence par un joyau folk d’une intimité lourde et pesante allant crescendo comme ‘I Don’t Want To Fight With You Anymore’, déclaration d’amour des frangins pour leur mère. Les riffs plus rock typiquement british reprennent avec ‘One And Only’ et ‘You’ve Got To Promise Me’ préparant un tapis rouge à ‘Darwin Smiles’ premier single et vrai O.V.N.I. de l’album, ses choeurs russes en témoignent. La suite de l’album est plus mélodique et laisse place à des textes encore plus personnels : ‘Will You Change For Me?’ clôturant l’album en est l’ultime exemple. ‘Thicker Than Water’ dévoile le chemin parcouru par les frères Gorman tant au niveau harmonique que dans leur songwriting. (tv)

Felix Kubin ‘TXRF’ It’s

Homme de tous les dadaïsmes, qu’ils soient en solo expérimental - tendance funny robots - ou en collaboration électro-poppy (je songe plus particulièrement au génialement décalé ‘Detached from All Objects’ avec Pia Burnette), Felix Kubin enrobe la première description pour son nouvel opus ‘TXRF’ (pour Total Reflection X-Ray Florescence). Méthode utilisée pour “analyser la surface des matériaux en les bombardant de rayons X extrêmement plats” (ne m’en demandez pas plus), le double vinyle explore sans la moindre once de monotonie la théorie sur des synthétiseurs et séquenceurs divers (MS20, SQ10...). Au-delà de l’apparente sécheresse de la démarche, le producteur de Hambourg s’est une nouvelle fois fait grand plaisir à chipoter les touches et boutons dans tous les sens. Cosmique sans tomber dans la facilité étoilée de nombre de ses compatriotes; Kubin imprime toujours un second degré cher à mes oreilles. Et parfois on se marre jusqu’à l’os, façon Radioaktivität vs Conrad Schnitzler. (fv)

Lianne La Havas ‘Lost & Found EP’ Labour & Love

Totale hype au rayon songwriting féminin, Lianne La Havas mérite - à peu près - la tonne d’éloges recueillis pour ses deux premiers EP (dont voici le premier). D’une douceur qui n’oublie pas une subtile dose de râpe, la splendide (oui, oui) voix de la musicienne londonienne (aux origines grecques et jamaïcaines) franchit en souplesse le palier qui sépare la folk de la soul. Accompagnée de Willy Mason - on a connu pire parrain - sur le premier des cinq titres (‘No Room For Doubt’), la jeune demoiselle aux vingt-trois printemps inclut ça et là une dosette jazzy à son univers, qui n’est pas sans rappeler Liz Green ou Martina Topley-Bird. Un chuia trop sage. (fv)

Little Trouble Kids ‘Adventureland’ PIAS

Sévissant jusque dans un passé pas si lointain sous le patronyme de Boston Tea Party, Little Trouble Kids est un duo mixte résolument noisepop originaire de la région gantoise. Couple à la ville comme à la scène, Eline Adam et Thomas Werbrouck nous convient à leur pendaison de crémaillère. A peine passé le pas de la porte, nos hôtes assènent un uppercut ‘Left Right Left’ qui nous cueille à froid et nous en met plein la tronche. Pas de round d’observation donc et on se retrouve très vite dans la peau d’un adepte du Marquis de Sade arrivé par méprise sur un ring de boxe et qui finirait par adorer se prendre des bourre-pifs au point d’en redemander. Les guitares sont grasses et vous poussent sans cesse dans les cordes. Les mélodies sont lubriques tout au long des douze rounds menés tambours battants et percutants. Et sans qu’on s’explique vraiment pourquoi, la voix d’Eline nous empêche de jeter le gant. On n’en sort pas KO mais le pervers en nous jubile. Furieux, addictif et sans échappatoire. (gle)

Lockerbie ‘Olgusjor’ Kapitän Plat te/Cargo Records

Ils nous le disent d’entrée de jeu, c’est un album entre amis, «Best friends making music together». Ce genre d’expérience transpire toujours une saveur particulière. Prenez par exemple ‘Let It Be’ des Beatles, chaque chanson est fabuleuse mais le disque dans sa globalité pue le malaise et le manque de connivence, tout l’inverse de ce qu’auraient pu être les Fab Four. Avec ‘Olgusjor’ on est loin de tout ça, on sourit, on comprend, on part en totale confiance partout où ils veulent bien nous emmener, sans vraiment rechigner. Mais je me dois d’être honnête, je ne pense pas pouvoir être très objectif sur cet album pour la simple et bonne raison que dès sa plage introductive ‘Laut’, on plonge dans l’incroyable ‘með suð í eyrum við spilum endalaust’ un des meilleurs albums de Sigur Ros. L’indie rock proposé par Lockerbie ne se démarque de leurs pairs Islandais que le temps de deux trop courtes chansons. Les cuivres, les choeurs, clochettes et autres instruments à vent ne font qu’amplifier cette sensation de déjà entendu. Mais contrairement à Sigur Ros, les Lockerbie chantent en islandais; je dois bien l’avouer, ce côté catalogue Ikea passé en reverse donne un petit cachet non négligeable. (tv)

Manu & Les Coundouristes ‘Notes & Observations’ Elabeth

On devine derrière ‘Notes & Observations’ une vraie bonne foi et la profonde envie du gars de partager son talent. Reste que - et c’est un amer constat d’échec que les écoutes répétées ne changeront plus - rien ne se passe. Des morceaux chantés en français vaguement hypnotiques (était-

ce leur but ?), très très peu de guitares saturées (‘Le Bruit’), un chouia de funk blanc (l’incompréhensible ‘Pas Perdu’) et des titres qui feraient passer Samir Barris pour l’Eric Clapton de la bossanova (‘Les Etoiles’). En forçant le trait, on pourrait écrire que l’univers de Manu Coundouris et de ses Clodettes ressemble à s’y méprendre au pays merveilleux d’Henri Dès. (lg)

Katie Melua ‘Secret Symphony’ Dramatico

Je dois faire gaffe à ce que je vais dire, ma mère me tuerait si j’avais le malheur de critiquer Katie Melua. Dès ‘Gold In The Hills’, cover de Ron Sexsmith et chanson d’ouverture, mon scepticisme est en émoi, nous voilà livré à un mélange entre une chanson typique de Noël et un classique de Disney, j’en viens à me demander si Katie Melua n’a pas trop de mal à évoluer ou vieillir surfant sur la bonne vague du temps. Peut-être ai-je juste un peu de mal avec sa musique en général et ne suis-je pas la personne adéquate pour chroniquer son album? L’album est composé de quatre reprises; en plus de la première précédemment citée, vous trouverez : ‘All Over The World‘ de Françoise Hardy, ‘Nobody Knows You’ de Jimmy Cox et ‘Moonshine’ de Fran Healy. Pour le reste, la géorgienne est revenue à ses premiers amours en s’associant avec Mike Batt, son producteurmanager. Je reste dubitatif mais, encore une fois, ce n’est pas du tout ma came. (tv)

Minny Pops ‘Standstill To Motion’ LTM Recordings

Leur nom ne vous dira sans doute rien, mais les Minny Pops ont malgré tout fait partie de l’écurie Factory de la grande époque. Ceci dit, à la différence d’un groupe comme Joy Division, ce groupe hollandais n’a jamais composé l’ombre d’un titre susceptible de marcher. Et puis, comme le confirme l’écoute de ce live enregistré en 1981 au Melkweg, sa musique était quand même vachement dark et expérimentale, même en vertu des critères pourtant ouverts de l’époque. Il y a d’abord la voix du chanteur, davantage gothique que post punk, qui semble lancer un appel depuis l’enfer. Musicalement parlant, l’ensemble est assez exigeant, avec son côté brut et abrasif. Riffs dissonants, motifs monolithiques des claviers, rien ne flatte l’oreille de l’auditeur. Sur la longueur, pourtant, ce live se révèle hypnotique et obsédant; les Minny Pops, à défaut de cartonner, auraient mérité de jouir d’un statut de groupe culte et visionnaire. Avis aux amateurs.(pf)

Moonman & The Unlikely Orchestra ‘Mascarade Labyrinthe’ Greed Recordings

Alors que le troisième album de Stuck In The Sound déçoit, le deuxième long format de ce trio parisien impressionne et rappelle les heures glorieuses de ce qui était à l’époque qualifié d’indie : la pop borderline de Sebadoh (ce ‘Soul And Fire’, toujours imparable vingt ans après), la déglingue crasseuse de Sonic Youth, la fureur de Fugazi. L’affaire est pliée en 43 minutes et c’est recta qu’on y revient, le vit au garde-à-vous. Certes, tous les morceaux se ressemblent mais quasiment chacun d’eux possède son changement de climat à mi-parcours, si bien qu’une chanson n’est jamais celle qu’on croit. Là où on s’attend à une banale resucée des Pixies, on finit dans un déluge instrumental de guitares passées aux pédales d’effet. ‘Mascarade Labyrinthe’ se termine en apothéose. ‘Bubble Boy’ joue d’abord la carte sentimentale, ballade un peu niaise, avant de la boucler et de se transformer en longue suite hypnotique. Du beau boulot. (lg)

Morning Parade ‘Morning Parade’ Parlophone/EMI

Ah les fameux disques « en rab’ » de notre estimé rédacteur en chef! Bonne pioche : ‘Morning Parade’ balance un rock alternatif à l’accent british fort énergique. Ils sont présentés comme le prochain gros succès made in Britain, et ce n’est pas pour rien. Pour son premier LP, la bande originaire du Essex est arrivée à rassembler les recettes qui marchent : un rock efficace, puissant,


02.04 03.04 11.04 12.04 12.04 14.04 14.04 16.04 16.04 17.04 18.04 21.04 21.04 22.04 23.04 24.04 25.04 26.04 27.04

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18 & 19 MAI 2012


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Earteam

des choeurs, une batterie et une basse à juste niveau, pour un résultat plus que satisfaisant. Si les comparaisons avec Keane, Two Doors Cinema Club ou encore Snow Patrol sont évidentes, je pense que le jeune groupe arrivera à se tailler sa part du gâteau. (tv)

Kjetil Møster ‘Blow Job’ +3dB

Malgré son titre ironique, qui fait référence au souffle nécessaire à la maîtrise du saxophone - en témoignent les trois premières minutes de l’inaugural morceau-titre où l’on entend que le souffle de Kjetil Møster ‘Blow Job’ est une œuvre totalement prenante dans l’interstice fragile qui sépare le free jazz de la musique contemporaine sur l’excellent label norvégien +3dB. Telle une déclinaison solo - du sax, du sax et encore du sax - penchée sur le Lemur Quartet et R.S.Gjertsen, deux compagnons d’étage et ce n’est pas un hasard, les six pièces jouées lorgnent avec (ré)jouissance sur les multiples champs ouverts par Marshall Allen. D’une pertinence parfois réconciliée avec une mélodie qui aurait trainé en Inde ou à Harlem, sans pour autant négliger sa nordique attitude entre détachement et profondeur, le jazzman norvégien fait une entrée fracassante dans mon univers. Qui en redemande déjà. (fv)

The Mount Fuji Doomjazz Corporation’ ‘Egor’ Denovali Records/Sonic

Sous l’appellation smart The Mount Fuji Doomjazz Corporation se cachent en réalité des membres du combo The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble qui entendent mener un projet parallèle mais fort proche musicalement, privilégiant ici davantage la scène et l’improvisation. Ce disque a d’ailleurs été enregistré live dans un théâtre moscovite. Un jazz ambient sombre et ouaté aux atmosphères lynchéennes et à l’humeur antalgique. Sur une structure rythmique basse/guitare/batterie se greffent un violon, un trombone, un peu d’électronique et, de temps à autre, une voix. C’est tout naturellement que le disque paraît sur Denovali, un label qui a su créer en peu de temps un catalogue éclectique en donnant un habillage esthétique élégant à ses productions. Le musique de The Mount Fuji Doomjazz Corporation n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle des collègues du label que sont Povarovo et le Dale Cooper Quartet. Plus familièrement, elle évoque également les climats chers à Bohren & der Club Of Gore. (et)

Mull Historical Society ‘City Awakenings’ Xtra Mile Recordings

Ce disque est l’exemple type du genre d’albums à écouter histoire d’accompagner les premiers jours du printemps. Avec ses ritournelles pop un rien désuètes, ses guitares primesautières et la voix juvénile du chanteur Colin MacIntyre, l’ensemble se laisserait facilement fredonner. Toutes proportions gardées, on pourrait comparer ‘City Awakenings’ aux morceaux des Lightning Seeds ou aux premiers albums de James, en moins percutant et en plus convenu, certes, mais affichant une telle candeur qu’on ne peut qu’être bienveillant. (pf)

Simi Nah ‘5’ Sonic Angel/Universal

Elle aime la mode et s’est installée à Paris pour ça, de son propre aveu, y a découvert un autre monde, la musique, elle roule sa bosse en tant que bassiste avec Praga Khan, elle se lance en solo, en résumé voilà le CV de Simi Nah. Hey Danny Mommens, aurais-tu lancé une mode avec ta charmante comparse Els Pynoo? En effet, ‘5’ nous fait vraiment penser aux gantois de Vive La Fête... en moins fin, tapissé de rides et couvert de tâches de vieillesse. Par contre, elle tient son thème musique et mode avec des titres comme ‘Coco ChaRnel’, ‘R&B (Rubis & Bikini)’ ou encore ‘Requiem Pour Un Chiffon’. Dany Mommens, si tu nous lis, envoienous la recette pour faire de bons morceaux, nous transmettrons à l’intéressée. Merci. (tv)

Quakers ‘Quakers’ Stones Throw/V2

Fantastique voyage sonique et onirique au pays d’un hip hop multiple, ‘Quakers’ se présente comme le projet cinglé orchestré par l’inusable Geoff Barrow. Le cerveau bouillonnant de Portishead s’est mis en tête de réunir ses MC’s préférés autour d’une bande son sinueuse et ondoyante. Si on est heureux d’apprendre qu’il kiffe grave les bons mots d’Aloe Blacc et les flows azimutés de Dead Prez, Prince Po, Guilty Simpson, Booty Brown (The Pharcyde) et M.E.D, on se réjouit surtout de rencontrer une tripotée de nouveaux copains. C’est bien simple : sur les 35 rappeurs (!) invités à esquisser cette toile sans fond, on ne connaît quasiment personne. L’occasion de se familiariser avec les noms de glorieux clandestins du hip hop alternatif (King Magnetic, Raydar Ellis, Quite Nyce, Coin Locker Kid, Estee Nack, etc.). Initialement lancé pour habiller le film de Banksy (l’excellent ‘Exit Through The Gift Shop’), ce projet faramineux n’a rien abandonné de ses origines cinématographiques. Les 41 morceaux de l’album défilent en effet comme une bobine : les pellicules s’enchainent sans discontinuer. Sur papier, l’info est assez dingue. Dans l’oreille, c’est une pure merveille. Bref, si on vous propose un ‘Quakers’, n’hésitez pas : plongez goulûment dessus. Tout y est. Le goût, le son, le flow. C’est toujours un succès. (na)

New Bleeders ‘New Bleeders’ A ses débuts, ce quatuor s’appelait Vegas, nom sous lequel il avait connu un joli succès d’estime. Vu la confusion possible avec un autre groupe belge du même nom, il a décidé de se rebaptiser New Bleeders et propose un album qui n’a pas grand chose à voir avec les productions belges actuelles. Il est en effet ici question de punk assez doom et rageur, emprunt autant d’une noirceur gothique que d’un côté garage/psychobilly, le tout avec un goût pour l’expérimentation qui rend l’ensemble foncièrement original. On aime en particulier le percutant ‘Crimson times’, le mantra dérangé et bruitiste de ‘Words to the wise’, ainsi que le tendu et scandé ‘Horses’ qui fait limite post punk, sans oublier le complètement barré ‘Reality ripper’, soit l’étrange rencontre entre le free jazz le plus dissonant, le garage bruitiste et une bande son de Tarantino. Ces mecs sont fous! (pf)

No One Can Ever Know ‘The Twilight sad’ Fat Cat Records Une excellente surprise! No one can ever know propose un rock fortement influencé par le post punk qui se révèle particulièrement addictif et subtil au niveau des constructions et des textures. Assez dark et tendus, comme traversés par une combustion interne, les titres associent un côté radical et désespéré façon Joy Division à la dimension épique affichée de The Editors, mais sans le côté un peu bancal de ces derniers qui ont quand même tendance à abuser un peu trop de synthés. Ici, la noirceur se fait sobre et de bon goût. Des titres comme‘Dead city’,‘Sick’, ‘Don’t look at me’ ou encore‘Nil’ en sont l’exemple parfait. Si le groupe opte à l’une ou l’autre reprise pour une approche plus pêchue avec un degré élevé de réussite, notamment sur le plus new wave ‘Another bed’, c’est cependant dans son registre le plus downtempo qu’il atteint vraiment les cimes (le majestueusement sépulcral ’Not sleeping’). Superbe! (pf)

Nothing But Noise ‘Not Bleeding Red’ Future Noise Music

Sous cette appellation en forme de devise se profile le projet de deux membres fondateurs de Front 242, Daniel Daniel B Prothèse et Dirk Bergen. Nothing But Noise figurait au Body Farm Festival au Bota en octobre dernier aux côtés de ses coreligionnaires que sont Dive et Parade Ground et ce n’est pas un hasard tant est vive actuellement la tentative de revival de l’electronic body music de la fin des années 80. Pour sa part, Nothing But Noise privilégie le son à la musique. Chaque son est affiné, peaufiné, sculpté, à grand renfort d’un équipement perfectionné que le groupe se plaît à afficher sur son site. Au final, il n’y a pourtant rien de foncièrement novateur dans ce défilé sonore aimable. Tangerine Dream a fait peu ou prou la même chose il y a quarante ans. A la lumière de ce

constat évident, ce disque apparaît d’autant plus long qu’il s’agit d’un double cd. (et)

Kim Novak ‘The Golden Mean’ Sunny Weeks

La petite histoire veut que Kim Novak ait refusé le rôle principal de ‘Breakfast At Tiffany’s’ (1961), laissant à Audrey Hepburn les fastes de la postérité. Des parallèles sont faciles à tracer: en choisissant un tel patronyme, le groupe caennais entend bien tracer sa route telle qu’il l’entend, ne pas se la laisser raconter. Et tant pis si dans 50 piges, on a complètement oublié qui ils furent. Un groupe signé chez Talitres (!) le temps d’un sombre premier album aux influences post-new-wave (Interpol, The National) qui retourne aujourd’hui sa veste côté couleur. Côté pop. De fait, ‘The Golden Mean’ est un kaléidoscope de sucreries, un bubbelgum acidulé qui pique et qui claque. Un barnum nostalgique qui replonge dans les sixties dorées. Ballades valsées (‘Falling Apart’) qui emportent les cœurs les plus résistants vers les crescendos furieux de l’Arcade Fire juvénile, ritournelles endiablées (‘Merry-Go-Round’, ‘Not So Sure’) qui renvoient aux catalogues de Sub Pop (les énormes Mister Heavenly) et de Fortuna Pop! En France, l’album est sorti à l’automne dernier. Chez nous, il annonce le printemps. ‘Will You Marry Me ?’. For sure. (lg)

Papier Tigre ‘Recreation’ Africantape/Mandaï

Rares sont les groupes hexagonaux, voire anglosaxons, capables d’affronter les mêmes eaux que Shellac ou Fugazi sans risquer la noyade au bout de trois secondes. Rien de tout ça avec les Nantais, en dépit d’un anglais quelquefois approximatif - mais bon, celui de Nico n’était pas exactement pur jus non plus. Sans (trop) chercher à piquer les idées de leurs glorieux ainés américains, le trio varie subtilement les tempos, sans jamais surjouer ni risquer la crise cardiaque pour cause de bourrage de crâne intempestif. Une des forces de leur musique tient non seulement en sa force percussive, pourtant jouée en finesse, mais aussi en l’inclusion d’éléments dub rock qui m’ont fait penser, ô immense bonheur, aux meilleurs instants du Dub Trio. Non seulement la batterie la basse et la guitare s’envolent à l’unisson punk dans des morceaux admirablement écrits, mais en prime on a droit à du vrai avant rock avec de vrais musicos dedans. Que demande le peuple ? (fv)

Pond ‘Beard, Wives, Denim’ Coming March/NEWS

Du art-rock comme on aime, avec une bonne grosse louche de psychédélisme et de punk-rock à l’ancienne qui relèvent la sauce. Voilà comment on pourrait décrire ce quatrième album de Pond, projet parallèle des Australiens de Tame Impala. Dans un trip façon kaléidoscope, le groupe envoie le bois dans toutes les couleurs de l’arc-en-

ciel. Ces jeunes gens partent de petits diamants pop bien foutus, de mélodies simples et accrocheuses, pour ensuite foutre leurs petites créations délicates dans un mixeur d’influences les plus déglinguées. On pense parfois à Can, aux Flaming Lips ou à Pavement tant les Australiens tirent dans tous les sens. On se réjouit de les entendre partir loin dans les expérimentations les plus étranges et hors-piste tout en n’oubliant pas le fil conducteur de leur pensée. Secoués dans tous les sens, on ne peut que demander du rab’ une fois le disque fini. (jbdc)

Pony Pony Run Run ‘Pony Pony / Run Run’ Wagram

Amis de la french touch bonjour! Oubliez les Guetta ou autres midinettes du dancefloor mixant les mains en l’air. Non, je vous parle de ce son si particulier que l’on retrouve chez Phoenix, Tahiti 80, les Hushpuppies ou autre Daft Punk; force est de constater que la France est bonne quand ses artistes chantent en anglais. Après un premier album imposé grâce à un tubesque ‘Hey You’ les propulsant en haut des charts, autant vous dire que pour leur deuxième album les trois nantais étaient plus qu’attendus. Au final, s’il n’y pas de grosses déceptions, on est loin d’être rassasié. Composé et écrit entre les concerts, l’album manque de cette pincée de magie qui le rendrait indéniablement immanquable. Sans pour autant passer complètement à côté de leur sujet, les Pony Pony Run Run nous avaient présenté une bien meilleure première copie, néanmoins ils s’en tirent avec la moyenne. (tv)

Poor Moon ‘Illusion’ Bella Union/V2

Warning : certains pourraient s’exciter. Dans le réflexe pavlovien qui déclenche la bave chez les aficionados des Fleet Foxes, ceux-ci risquent de s’en mettre partout dès les premières notes d’‘Illusion’, magnifique chanson folk dont les arpèges se fondent dans des échos resplendissants et cristallins. Ils remueront alors la queue d’apprendre que deux des membres de Poor Moon se sont en réalité échappé de leur groupe préféré le temps de cet Ep. Christian Wargo et Casey Wescott sont pour le coup rejoints par les frères Murray (des moins médiatisés, hum, The Christmas Cards). Ils dévoilent cinq jolis titres prometteurs et aventureux, dépouillés (‘Illusion’, ‘Widow’), faussement groovy (‘Once Before’) ou plus richement pop et orchestrés (‘People In Her Mind’). A suivre. (lg)

The Popes ‘New Church’ ST T Recordings/Ber tus

Pour rappel, The Popes est le groupe qu’avait formé Shane McGowan dans les années 90 après la fin des Pogues. Après avoir sorti deux albums et un live, Shane est retourné à ses aventures solo - et au bistrot, diront les mauvaises langues. Cela n’a pas empêché le groupe de poursuivre l’aventure avec dignité et un joli degré de réussite. ‘New Church’, le petit dernier, est à ce titre représentatif de l’identité du groupe. Un journaliste a un jour écrit à juste titre que le groupe ressemblait à ce qu’aurait pu donner les Waterboys si Mike Scott avait un peu forcé sur le whiskey. Si les racines celtiques et folk sont bien présentes, notamment sur les très belles ballades que sont le titre éponyme, l’ultra sobre ‘Alice (reprise)’ et le déchirant et très Springsteen ‘Hanging up my guns’ , le groupe affiche aussi des penchants punk (‘Storming heaven’) et un goût pour les ballades rauques façon Tom Waits (‘Queen of Manhattan’); le tout, invariablement, avec beaucoup d’humanité et de générosité. Un album qui fait du bien. (pf)

Quantic & Alice Russel ‘Look Around The Corner’ Tru Thoughts/Rough Trade

Deux émissaires de la scène musicale de Brighton se retrouvent sous le soleil colombien pour signer un disque de soul authentique et chaloupé. Chez eux, en Angleterre, le grand manège médiatique qui accompagne le succès des resucées soul semble avoir zappé le timbre délicieux d’Alice Russel. Pourtant, la patine de sa voix vaut bien celle d’Adele ou d’Amy Winehouse. En compagnie de son ami et producteur Will Holland, alias Quantic, elle imagine


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Earteam

un effort transversal où la soul s’accommode des rythmes paradisiaques de l’Amérique du Sud. Sous les palmiers, sa voix chaleureuse est soutenue par les harmonies du Combo Barbaro, orchestre fantastique monté par Quantic au pays de la poudre blanche. Cumbia, tango, boléro, rumba : tous les genres du coin se déhanchent sur les rythmes haletants de ‘Look Around The Corner’, album estival ébauché entre cordes, cuivres, rhums, mojitos, percussions et sombreros. Un bon dépaysement. (na)

Renée ‘Extending Playground’ Zealrecords/Konkurrent

Elles sont finalement rares les demoiselles qui, munies de leur brin de voix et de trois bouts de ficelle en guise d’arrangements, parviennent à m’émouvoir. De belle sobriété et d’univers jazzy, il est question dans ce premier album de Renée, mais on ne lui connait pas les mêmes fêlures que Martina Topley-Bird ou le goût du jeu de Hanne Hukkelberg. Si ‘Extending Playground’ me caresse souvent dans le doux sens du poil (le désuet tintinnabulement de la boîte musicale en ouverture de ‘The Fear’, le timbre chaud de ‘Little Soldier’, ‘Ferdinand’ qui n’est pas sans nous rappeler Hooverphonic), l’ensemble manque encore sans doute un peu d’étoffe ou de prise de risque pour me contenter jusqu’à plus soif. Je ne doute pas cependant qu’il y aura quantité d’oreilles ravies de se prélasser longuement sur son terrain de jeu molletonné. (alr)

Josh Ritter ‘Bringing In the Darlings EP’ Essential/Ber tus

15 juin 1961, 19h08. Bal de promo à Belle Plaine Senior High School, Iowa. Ton cavalier de second choix est en retard, et tu frémis déjà de le voir arriver chez tes parents, engoncé dans son costume turquoise une taille trop petite, même pas capable de se souvenir que ta vaporeuse robe qu’il a bien l’intention de saccager à l’arrière de sa Corvette sera pêche, et qu’il aurait été courtois de t’apporter des fleurs assorties. Il te reste un plan b. Le comité des fêtes a fait appel à Josh Ritter pour l’ambiance musicale, très sobre sans son Royal City Band : on n’est qu’en province, et on ne peut pas se payer les Everly Brothers. On sait tous que tu aurais préféré Matt Ward, il a toujours eu plus de caractère. Mais imagine le tableau : un verre de punch, deux slows de rigueur avec le plancton de service et puis sous les yeux ébahis de tes copines consumées de jalousie, tu t’enfuis au bras d’un songwriter un rien blanc-bec, mais capable d’entonner six ballades romantiques pour obtenir un baiser volant de pas de porte. Avoue que tu as les yeux qui brillent, non ? Par contre, si tu comptais quand même sur la robe déchirée ce soir, tu vas déchanter…avec les gentlemen, ‘Love Is Making Its Way Back Home’. (alr)

Roscoe ‘Cracks’ Pias

Alors que My Little Cheap Dictaphone serait en train travailler à la suite du remarquable et remarqué ‘The Tragic Tale Of A Genius’ (2010), ce bon vieux Redboy s’offre avec son pote Raphael Wynands une chevauchée bucolique à la lisière du post-rock. Enfin, c’est l’esprit du projet. Dix titres qui soignent les climax, entre contemplation et exaltation. Dix titres portés par un single dont Pure Fm a déjà assuré à ses auteurs des lendemains qui chantent en terme de royalties. En soi, la rotation lourde d’‘Ennemies’ est plutôt une bonne chose. La chanson est impeccable. Le clip est de toute beauté. Là où ça coince, c’est que le reste du disque est beaucoup moins accrocheur. La tension et les guitares teigneuses de ‘Hey ! You Got Things To Solve !’ ou la douceur sans faille de ‘Lowlands’ devraient, d’après la bio, évoquer « le cœur des volcans et l’eau pure de Norvège ». Un feu de paille et un verre d’eau du robinet, ouais. Ce qui n’est déjà pas si mal. (lg)

Daniel Rossen ‘Silent Hour/Golden Mile’ Warp/V2

C’est une voix chevrotante, sensible et terriblement humaine. C’est celle de Daniel Rossen, architecte discret des constructions monumentales

M. Ward ‘A Wasteland Companion’ Bella Union/Cooperative Music/V2

M. Ward poursuit son sans faute. Fine plume du paysage contemporain, guitariste d’exception, l’artiste retrace l’histoire éternelle des musiques américaines. Blues, country, pop, folk : tout cet héritage national traverse invariablement sa discographie. Et le récent ‘A Wasteland Companion’ ne fait pas exception à la règle. Depuis Portland, M. Ward colorise des vignettes sépia et recycle des cartes postales de l’Amérique rurale. Après quelques précieuses collaborations (l’aventure She & Him avec l’actrice Zooey Deschanel ou le projet Monsters of Folk aux côtés de Conor Oberst, Jim James et Mike Mogis), le paysagiste de l’Oregon arpente les décors de son sixième album studio. Intitulé ‘A Wasteland Companion’, ce disque convie du beau monde aux agapes. On notera, notamment, les présences d’Howe Gelb (Giant Sand) au piano, Mike Mogis (Brigt Eyes) à l’orgue, la batterie de Steve Shelley (Sonic Youth), John Parish aux percussions, les cordes sensibles de Tom Hagerman (Devotchka) et les chœurs amoureux de Zooey Deschanel. Ami des stars, héros des musiciens, M. Ward se promène d’une ritournelle à l’autre avec l’aisance d’une hirondelle. Looping, vol plané, atterrissage, tout ça, il sait faire. Partagé entre les notes d’un piano et sa guitare, M. Ward façonne des chansons artisanales, des mélodies savoureuses et épaisses qui tentent le grand écart dès que l’occasion se présente. On passe ainsi de la réverb’ à la distorsion pour atterrir dans un lit de cordes en nylon. Confortable, réconfortant et passionnant, ce nouvel album impose l’artiste comme un incontournable de son temps. (na)

de Grizzly Bear. Entre une tournée marathon et la préparation d’un nouvel album en groupe, le New Yorkais s’est décidé à lâcher prise, à coller à ses envies comme pour mieux s’éloigner des visions orchestrales du gros ourson. Le guitariste a écouté son cœur. Il s’est abandonné en solitaire sur cinq morceaux : bribes intemporelles de sa relation personnelle avec la pop. Ce type est un génie, l’âme musicale de son instrument, le prolongement enchanté de ses sentiments. Maître d’œuvre d’une discographie parallèle avec Department of Eagles (deux trésors cachés à se procurer les yeux bandés), Daniel Rossen mérite mieux que ce statut d’artiste de l’ombre. Les cinq chansons déposées dans la soie de ‘Silent Hour/Golden Mile’attestent d’un savoir-faire appelé à passer à postérité. Quelque part entre Van Dyke Parks et Paul McCartney, Daniel Rossen touche à la grâce et se pose sur un nuage. Au-dessus de la mêlée, au-delà des attentes. (na)

R.Wan ‘Peau Rouge’ Wagram

Alors bien sûr, enquiller de telles références à la suite peut refiler fissa la varicelle, l’herpès génital et la lèpre aux lecteurs assidus. Renaud, Lama, Benabar, Wampas et Mc Solaar. Ben ouais. Le pire, on avait prévenu, c’est que ça fini par être contagieux. Enfin, surtout deux morceaux en début d’album. Après, ça mollit sérieusement du genou. R.Wan, donc. Un mec revenu des dreadlocks (Sense Lion) et des petits boulots minables pour finir dans Java, groupe de rap musette. Today, ‘Peau Rouge’ tente de faire le grand écart entre chanson française païenne et loufouque et hip-hop funky. Partout, la grosse section de cuivres en fait des tonnes. Parfois, à retaper sur le clou des jeux de mots éculés, certains textes finissent par devenir (abs)cons. Par deux fois (sur dix), c’est tout de même bingo. ‘Le CRS Mélomane’, cabaret tubesque grâce à ses paroles débiles : « je suis un crs mélomane / un amoureux de John Coltrane / c’est pas parce que je joue du gourdin / que je suis le dernier des bourrins ». ‘Mélodie En Sous-Sol’, rap cuivré, joliment envoyé. (lg)

Sexion d’Assaut ‘L’apogée’ Wati B/ Sony

Toi aussi t’as une casquette. Ton frère a une capuche et ton pote un bonnet. Sur la pochette, vous avez des beaux anoraks noirs. Trop cool. Des gourmettes pendent à votre cou et de grosses lunettes noires de soleil ornent vos faciès. Vous remplissez Bercy. Votre site vend en ligne tout l’attirail du petit rappeur, conforme à l’image qu’on lui a fabriquée. Votre rap n’a jamais valu tripette et vous ânonnez les sempiternelles ritournelles entendues mille fois avec une complaisance crasse. A votre France métissée malgré elle, à votre chienlit geignarde, je préfère la vraie souffrance d’un Drieu La Rochelle ou la révolte réelle d’un Malcom X ou des Last Poets. Apogée d’ta mère. (et)

Shaking Godspeed ‘Hoera’ Suburban

Les Néerlandais de Shaking Godspeed semblent avoir la barraca. Après un EP et un premier album plutôt bien remarqués, ils remettent le couvert en tirant les bonne leçons. Si on appréciait leur énergie brute et leur créativité en friche, ils ont décidé de rendre leur musique plus efficace en la moulant dans un bel écrin de morceaux pop, à la structure plus stricte mais imparable. On pourrait croire que ce recadrage aurait figé leur musique, c’est pile poil l’inverse : les fous hollandais semblent encore plus barrés, tant il y a une touche de méthode et d’organisation dans leur délire. Pop-rock mélodique aux riffs torturés, guitares qui déraillent, vocalises qui tombent juste à côté, gros son qui tâche et sent un peu le graillon - le tout ficelé dans une énergie en crue et un je-m’en-foutisme adolescent plein de vie: on en redemande! (jbdc)

Ed Sheran ‘+’ Asylum/Atlantic

Pardonnez-moi Seigneur, j’étais dans le doute le plus total, je ne savais pas, aujourd’hui le dire : c’est officiel les roux peuvent réussir dans la vie. Je pensais que Paul Scholes était le seul exemple de réussite malgré un départ peu évident, ce que mère nature peut être vache! Allez, trêve de galéjades, l’adolescent ne les mérite en aucun point; pour son premier album, le jeune anglais nous transporte dans un univers pop folk rempli de ballades pures, douces et efficaces, avec quelques morceaux un peu plus sophistiqués. Ce qui frappe dès la première chanson, c’est la douceur qui se dégage. Mais ne croyez pas que le jeune Edward débarque de nulle part, c’est depuis ses 14 ans que le jeune homme roule sa bosse et balade sa musique sur scène. Pour les plus sceptiques (ce serait dommage de l’être) foncez écouter des perles, aux sons plus éclectiques, comme ‘The City’ ou les tubesques ‘Lego House’ ou ‘You Need Me, I Don’t Need You’. Laissez-vous aller ce ne sont que des moments agréables. (tv)

Simian Ghost ‘Youth’ Playground Music

Je signe à deux mains un accord intime avec la Scandinavie, pas uniquement pour l’esthétique de rêve des quelques ephèbes imberbes descendant tout droit de leur drakkar, incarnant nonchalamment ce lifestyle que l’on voudrait vivre pour tout l’or du monde, les pieds bétonnés à notre continent vieillissant. Non, il n’y a pas que ça, il y a surtout cette musique habitée d’une cohérence et d’une

ambiance inégalable. Aucune musique n’est vraiment similaire, mais toutes se touchent, se côtoient, sans jamais s’éloigner l’une de l’autre. Les Simian Ghost, après ‘Infinite Trafic Everywhere’ et ‘Lovelorn’, reviennent avec ‘Youth’, une pop se baladant entre folk et riffs électriques sautillants. Si un lien de parenté avec les Phoenix et Tahiti 80 est flagrant, j’ai néanmoins l’impression que contrairement à leurs voisins français, Simian Ghost est emprunt d’une atmosphère typiquement nordique. Avec ‘Youth’ les Suédois nous apaisent et, tout en douceur, avec classe et bon goût, nous entrainent en toute liberté sans jamais vraiment nous lâcher. (tv)

Mariee Sioux ‘Gift For The End’ Almost Musique

Dans une autre vie, j’aurais bien fait M. Mariee Sioux. On se serait installés dans une maison en bois du côté de sa base de Nevada City, chaque jour elle m’aurait chanté ses nouvelles chansons, ou celle de sa grande copine Alela Diane, petit cœur comme je suis, j’aurais chialé comme une madeleine à la vingtième écoute de ‘Buried In Teeth’ ou ‘Bundles’, deux des plus beaux titres de son précédent opus ‘Faces In The Rocks’ . Et dire que ça faisait quatre ans que ma petite chérie ne m’avait plus envoyé de missive, pourtant je croyais encore en notre amour. Alors vous pensez bien que mes pulsations ont fait un sacré bond le jour de la grande nouvelle - et, c’était écrit, j’ai été quelque peu déçu du contenu de la missive à sa première lecture - euh, écoute; ne dit-on pas qu’il ne faut jamais revenir sur les lieux du crime, fut-il passionnel. Tout me semblait devenu lisse, comme si jamais rien de fort n’avait existé entre nous. Et puis, entre les lignes, j’ai compris que si rien ne serait plus exactement comme avant, je serais toujours heureux d’entendre ma petite Mariee prendre sa guitare et chanter ses histoires de romance naturaliste dans la prairie, rien que pour moi. Ou presque. (fv)

Speech Debelle ‘Freedom Of Speech’ Big Dada

Corynne Elliott est une rappeuse britannique signée chez Big Dada, la section hip-hop de Ninja Tune. Très remarquée et récompensée par la critique lors de son premier album en 2009, l’artiste a pourtant été pas mal boudée par le public. On espère que ce deuxième essai marquera plus les esprits, tant la jeune femme y met ses tripes. Avec un flow précis, sobre mais rudement addictif, elle pose ses galères et ses états d’âme sans misérabilisme. Bien que maitrisant tous les codes du genre, Speech Debelle nous raconte sa vie sans aucune pose ou show-off (exercice tellement rare dans le hip-hop). Mieux: elle ne s’amuse pas non plus à jouer la séduction à deux balles, ni à miser sur des minauderies sexy. Non, elle fait juste son truc avec beaucoup de sincérité et de franchise, rappelant parfois les meilleures chanteuses folk US. D’autant plus que sa voix est posée sur une production bien sentie, chaude et pop mais sans tomber dans la facilité, on se plait à passer du temps avec l’Anglaise. (jbdc)

The Stranglers ‘Giants’ Ear Music/Edel Records

The Stranglers est clairement l’un des groupes issus de la scène punk que j’adule le plus. Entre 1976 et 1983, ces vétérans du punk ont produit une demi douzaine d’albums essentiels, d’abord dans un registre punk, avec ‘Rattus Norvegicus’ et ‘No more heroes’ comme points d’orgue. Punk, les Stranglers l’étaient tant au niveau de l’attitude que de la musique, bien brute et crasse et qui devait beaucoup aux lignes de basse démoniaques de Jean-Jacques Burnel. En même temps, le groupe affichait aussi une évidente veine mélodique, un goût pour les textes sublimes de rage et de cynisme, tandis que l’apport de claviers et d’orgue ajoutaient une dimension psyché à un ensemble qui allait se faire plus pop et new wave à l’entame des années 80. A partir de là, le groupe allait donner naissance à des merveilles de pop baroque et fin de siècle. Depuis le départ du chanteur Hugh Cornwell en 1990, le groupe a perdu tout son sens.‘Giants’ est à ce titre représentatif et à vrai dire foncièrement triste. On y trouve non seulement rien de convaincant, mais même en grattant bien, on ne décèle pas la moindre inspiration. (pf)


april mei

april

2 W

30

21:00 pop / folk / indie Stealing Sheep Simian ghost S.H.O.W. W

beursschouwburg

05/04 cool soul festival #2 THE DUSTAPHONICS + BOB & LISA + WRAYGUNN + MAMA ROISIN + LEWIS FLOYD HENRY + BARRENCE WHITHFIELD & THE SAVAGEs 06/04 DJ KRUSH + GHOSTPOET

21:00 electronic / shoegaze STAL S.H.O.W.

mei

20:30 post punk / noise rock Ping Pong Tactics Rape Blossoms S.H.O.W. ism STOEMP

april

D

21:00 film / documentaire The Luxury of Empire feat. Eugene Robinson (Oxbow) S.H.O.W.

16 W

19 20:30 jazz Toine Thys Organ Trio JazzLabSeries

20:30 experimenteel Andrea Parkins Glück Q-O2 Concert

21:00 rock W Horse Antlers EP Release at RITS cafe S.H.O.W ism STOEMP W

Z

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great live music in lille / rijsel - france april

20:30 soul / r&b / funk Allen Stone ZZ Ward Midnight Magic DJ Jean-Biche V

april

W

20:30 math rock / noise Pneu Ed Wood Jr DJ Huukes SoundBits

mei

11 21:00 punkjazz / hiphop Frown-I-Brown Luanda Casella VJ Visual Kitchen Album Release Night ‘Hard Nouveau’ S.H.O.W.

6 april

april

21:00 punk / hardcore Refused Party Program We’rewolves S.H.O.W. W

7

concerts

beursschouwburg.be

4

+ THEESATISFACTION 07/04 THE COUP 08/04 KORPIKLAANI + TROLLFEST 12/04 BLOOD RED SHOES + WALLACE VANBORN

15/04 A WINGED VICTORY

FOR THE SULLEN + CHELSEA WOLFE

17/04 AIRNADETTE, LA COMÉDIE MUSICULTE 22/04 SCOTT KELLY + BLOOD, SWEAT & VINYL : DIY IN THE 21ST CENTURY 27/04 SPORTO KANTES 28/04 DUM DUM BOYS + DIRTY PRIMITIVES 29/04 TINARIWEN les spectacles sans gravité. licences n° 1025050 /1025051/1025052

www.AERONEF-SPECTACLES.COM


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Earteam

Tanlines ‘Mixed Emotions’

Patrick Watson

True Panther Sounds /Matador

‘Adventures In Your Own Backyard’

Sorti de l’ombre en 2008, ce duo new-yorkais s’est depuis lors fait un nom et suscité l’intérêt de divers labels grâce à une poignée de titres orientés dance. A la faveur d’une tournée européenne, Eric et Jesse se sont gavés de groupes aux sonorités 80s, ce qui se ressent clairement sur cet album résolument pop. Faisant la part belle aux claviers, le duo propose douze mignardises. Si l’on retrouve l’un ou l’autre titres plutôt guillerets comme le sautillant ‘All of me’ ou ‘Lost somewhere’, l’ensemble fait plutôt dans la retenue, ce qui est généralement gage de bon goût. Là où bon nombre de groupes truffent leurs compos de synthés putassiers, Tanlines n’hésite pas à laisser parler une certaine mélancolie pour mieux nous toucher. ‘Abby’, l’obsédant ‘Not the same’ ou ‘Laughing’ se révèlent touchants, surtout ce dernier, lequel met en avant des guitares renvoyant au rock plus indie qui constitue également une influence majeure. Accrocheur et en même temps raffiné. (pf)

Domino/Munich

Sony

C’est avec une paire d’oreilles gorgée de préjugés débiles qu’on s’attaque à ‘Sounds From Nowheresville’. A vrai dire, s’en défaire est difficile. Et le titre de l’album est sans doute la plus belle chose que le duo de Manchester ait à offrir de cet album poussif qui collectionne les poncifs electro-pop. Au commencement (‘Silence’), il faut donc se souvenir du dernier album de Vive La Fête. Penser à ce ‘Petit Colibri’ dont les synthés surexcités s’empilaient les uns sur les autres au fur et à mesure que le morceau avançait. Mais là où le groupe flamand récitait Apollinaire, Jules de Martino et Katie White donnent l’impression de rapper sur du Maurice Carème. ‘Hit Me Down Sonny’ aguiche le dancefloor à grands renforts de cloches et de bidons et résume bien malgré lui l’affaire : les bidons, ça sonne creux. Le reste se déroule comme une litanie de morceaux sans âme, pas même désagréables, juste superfétatoires. (lg)

Vadoinmessico ‘Archaeology Of The Future’ Outcaste/Pias

Les cinq membres du groupe se sont peut-être (déjà) trouvé le nom le plus ridicule de l’année, il n’empêche, liker ce combo sur Facebook est une chose assez fun à faire. Ce simple pouce levé donne en effet accès à l’écoute intégrale de l’album en streaming. Pour un si petit investissement, c’est Byzance. Et, pour qui aime ce genre de pop-folk-indie bien débridée, c’est parti pour une quarantaine de minutes où il sera fort difficile de contenir sa bonne humeur. Au bout de deux écoutes, ces chansons ne nous lâchent plus. Qu’elles évoquent les ballades aquatiques du Syd Matters de l’inusable ‘Brotherocean’ (le morceau éponyme), un tropicalisme low cost (‘Pepita, Queen Of The Animals’), les percussions à moitié cinglées des Dodos (‘In Spain’, on en rêve), la torpeur d’Atlas Sound (‘Me, Desert’) ou les merveilleux Grizzly Bear (‘Fleur Le Tue’). Toutefois, à l’image des (maîtres) Flamands de School Is Cool, il manque à cet opus le supplément de sincérité et d’authenticité qu’ont toutes les références précitées. D’excellents tricheurs. (lg)

The Wave Pictures ‘Long Black Cars’ moshi moshi Records

Certains groupes ne s’encombrent pas avec les questions d’héritage : ils les affichent d’entrée de jeu, des fois qu’on songerait à leur chercher des poux. Ce que David Tattersall doit aux frères Düne (et surtout à André « Stanley Brinks ») avec qui il a collaboré de multiples fois, il l’expose sans gêne: ‘Stay Here And Take Care Of The Chickens’ pourrait être une face b de ‘Not on top’. Tout ce qu’on a un jour estimé voire adulé chez la bande de barbus transpire ici: le western urbain à guitares nerveuses, le phrasé mi-mou mi-épique (l’accent anglais marqué en sus), la tranche de vie lofi, les petits soli de ponctuation, les chœurs finaux dignes de Soggy Bottom Brothers (‘O’Brother Where Are Thou ?’) punkoïdes. Il ne faudrait pas non plus oublier que si dans la scène antifolk, la nonchalance a souvent remplacé la fièvre des

épingles à nourrice, il y a malgré tout quantité de points communs entre les deux tribus : un je m’en-foutisme de bon aloi, un goût pour les sujets en marge, notamment. (alr)

Mike Wexler ‘Dispossession’ Mexican Summer

‘ Dispossession’ fait partie de ces galettes qu’on pourrait juger un peu à l’emporte-pièce. Parce que ses fulgurances sont incertaines. Parce qu’on n’a pas encore décodé toutes ses subtilités à la quatrième écoute. De fait, ‘Dispossession’ impose la nuit, la solitude, les alcools forts. Là, aux petites heures, au bout d’un nième cognac, c’est la délivrance, les portes de la perception, le paradis. Ces sept morceaux plus ou moins longs n’en font plus qu’un seul. Ils confrontent leurs beautés troubles dans un intense combat sans bruit. Le constat sans appel se dresse dans les vapes : très grand disque. Il est question d’un songwriter de New-York. Un type un peu triste qui en serait à son deuxième album. Un type que le minimalisme synthétique d’Eliane Radigue aurait profondément marqué. Un type dont l’économie de moyens n’est pas sans rappeler le sens du dépouillement fondamental d’un certain Josh T Pearson. ‘Spectrum’ aux percussions orientalisantes dérive au ralenti comme un long

Young Magic ‘Melt’

Je peux vous l’avouer, je crois à nouveau aux lendemains qui chantent. Je n’avais jusque là jeté qu’une oreille distraite mais bienveillante aux variations pop du montréalais, parce que vous comprenez, ma chère Lucette, il est ardu de courir trop de jolis lièvres à la fois. Il aurait été toutefois impossible de ne pas accorder d’attention à un songwriter qui vous emmène ‘Where the Wild Things Are’ et enfile avec candeur son costume de loup-petit garçon. Galvanisée par cette attrayante invitation à une escapade, je laisse cette fois ‘Lighthouse’ m’ouvrir la voie royale, quelque part dans des crêtes noyées sous un ciel dégagé, et je n’hésite plus à valser - tournoyer avec le ‘Blackwind’ qui ne peut s’empêcher de se la jouer crooner à effets sonores. ‘Step Out For A While ‘, c’est le chuchotis des touches, essentiel avant la déferlante ‘Into Giants’ : difficile d’imaginer bouffée plus contagieuse. Allergiques aux chœurs envahissants, fuyez, ça vous emmènerait à jamais du côté éblouissant de la vie, ces notes-là. Toute tentative d’enchaîner sur pareil hymne à la joie s’apparenterait d’ailleurs à un vieux fond de gueule de bois, et ‘The Quiet Crowd’ a la bouche pâteuse, le travelling las sur la piste désertée du musichall. L’inquiétante remontée progresse jusqu’à l’instrumental ‘Words In The Fire’ dans un grenier tissé d’ombres chinoises. Volte-face et il est temps d’apprivoiser l’extatique frénésie de ‘Strange Crooked Road’, et de se perdre dans les échos denses de ‘Noisy Sunday’. Je vous laisse explorer seuls jusqu’au croisement, j’ai cru discerner une piscine miraculeuse au bout du chemin. J’ai laissé Patrick Watson m’y plonger entièrement, on dirait que ça a fait effet. (alr)

The Ting Tings ‘Sounds From Nowheresville’

assumée ? Au pays de l’Oncle Sam, la question se pose-t-elle vraiment ? (gle)

morceau drogué. Il nous revient ce titre sans fin des Woods sorti l’été dernier, ‘Sol Y Sombra’. ‘The Trace’ exhale des arpèges de guitare cristallins. ‘Glyph’ s’étire sous des cordes étiques. Mais c’est avec ‘Liminal’, ce jazz indicible, que Wexler touche au sublime. Foutrement addictif. (lg)

Rachael Yamagata ‘Chesapeake’ Frankenfish Records/V2

Rachael Yamagata s’est révélée en 2003 dans un rayon où les têtes de gondole se nommaient déjà Fiona Apple et Tori Amos. Au service d’une pop folk sans trop de prétention, sa voix « soulrauque » et ses mélodies pianotées incitaient tantôt à chanter sous sa douche tantôt à rester sous la couette avec son (sa) chéri(e). Le problème aujourd’hui, c’est que la douce moitié est partie et qu’on se retrouve tout seul comme un con dans son plumard. Peu inspirées, malgré quelques mélodies enlevées, les chansons de ce troisième album se contentent d’empiler les clichés. Sucreries de cordes, production mainstream qui bouffe l’authenticité, on ne fait pas que frôler l’indigestion. Comme le rimmel, le lyrisme coule à flot et le tout finit par se noyer dans l’eau de rose. L’album semble taillé sur mesure pour offrir ses plages aux BO des séries américaines lacrymogènes. Juste pour le moment où Tom le charmant anesthésiste annoncera à Miranda qu’il la quitte pour sa collègue proctologue. Alors, énorme gâchis ou ambition commerciale

Carpark Records/Konkurrent

Petit plaisir coupable du moment, le disque de Young Magic bénéficie de la fraîcheur de l’instant. Sans rénover son petit monde, ‘Melt’ s’incruste en technicolor sur la toile de la pop moderne. Le trio de Brooklyn prend du bon temps sur les sentiers balisés par ses aînés - Animal Collective avec ‘Merriweather Post Pavilion’ ou Yeasayer avec ‘All Hour Cymbals’. Pour notre part, on se promène sur cet album comme des dauphins en écholocalisation dans l’océan Pacifique : un petit son par-ci, un petit son par-là et des échos en-veux-tu-en-voilà. On suit le courant, en longeant ces rythmiques africaines, ces chœurs sixties et ces refrains nébuleux qui flottent tout autour. Si le beat se décline parfois sur un mode tribal, il n’abandonne jamais sa légèreté. Album éthéré, ‘Melt’ emprunte quelques codes afférents à la chillwave (Washed Out, Toro Y Moi) en tissant des carpettes synthétiques en surfilage psychédélique. Parfois, c’est tellement bien fait qu’on partagerait bien une tige de bambou avec Panda Bear. La bonne idée de Young Magic, c’est surtout d’ouvrir la danse (de la pluie) avec trois morceaux dont la force de persuasion n’est même pas à détailler. Il suffit d’écouter ‘Sparkly’, ‘Slip Time’ et ‘You With Air’ pour s’envoler. (na)

Yppah ‘Eighty One’ Ninja Tune

Le parcours de l’Américain Joe Corrales Jr. est plutôt curieux. Ayant d’abord usé ses doigts à jouer de la guitare dans pas mal de groupes shoegaze, il s’est converti au travail des platines et s’est mis à concocter des mash-ups. A l’écoute de ce troisième album, on sent l’influence de son passé ressurgir à chaque coin de track. Embarqués dans une ambiance électro aérienne, down-tempo, suave et psyché, on sent que l’Américain se plait à bricoler ses sons avec un soin tout particulier. Il aime utiliser la répétition et les boucles pour bercer l’esprit de l’auditeur, mais sait les utiliser avec subtilité pour ne jamais l’endormir ou l’abrutir. Au fur et à mesure, des couches de sons apparaissent puis disparaissent, dans une chorégraphie naturelle et sans à-coup. Une sorte de contemplation rafraîchissante se dégage de cet album. On reste émerveillé, l’esprit serein et transporté dans une douceur moelleuse et délicieuse. (jbdc)


43

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THE STRANGE BOYS

THE STRANGE BOYS

THE STRANGE BOYS

03/04/12 AB – Bruxelles

03/04/12 AB – Brussel

DARK DARK DARK

DARK DARK DARK

DARK DARK DARK

03/04/12 Vooruit – Gand 21/04/12 AB – Bruxelles

03/04/12 Vooruit – Gent 21/04/12 AB – Brussel

AU

AU

AU

03/04/12 Homeplugged - Bruxelles 17/04/12 Café Video - Gand 18/04/12 Le Fiacre – Liège

03/04/12 Homeplugged - Brussel 17/04/12 Café Video - Gent 18/04/12 Le Fiacre – Liège

MEMORYHOUSE

MEMORYHOUSE

MEMORYHOUSE

04/04/12 Charlatan – Gand

04/04/12 Charlatan – Gent

THIS WILL DESTROY YOU

THIS WILL DESTROY YOU

THIS WILL DESTROY YOU

06/04/12 Dunk!festival – Zottegem

06/04/12 Dunk!festival – Zottegem

VESSELS

VESSELS

VESSELS

07/04/12 Dunk!festival – Zottegem

07/04/12 Dunk!festival – Zottegem

OSAK A MONAURAIL

OSAK A MONAURAIL

OSAK A MONAURAIL

12/04/12 De Kreun – Kortrijk

12/04/12 De Kreun – Kortrijk

CHELSEA WOLFE

CHELSEA WOLFE

CHELSEA WOLFE

13/04/12 Magasin 4 – Bruxelles 14/04/12 4AD – Diksmuide

13/04/12 Magasin 4 – Brussel 14/04/12 4AD – Diksmuide

LOVE LIKE BIRDS

LOVE LIKE BIRDS

LOVE LIKE BIRDS

13/04/12 Cactus Club – Bruges 14/04/12 Joc Ieper – Ypres 10/05/12 De Boesdaalhoeve – Rhode St-Gen 15/05/12 Stoemp! - Bruxelles 24/05/12 Nijdrop – Opwijk

13/04/12 Cactus Club – Brugge 14/04/12 Joc Ieper – Ieper 10/05/12 De Boesdaalhoeve – St-Gen.-Rode 15/05/12 Stoemp! - Brussel 24/05/12 Nijdrop – Opwijk

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

14/04/12 C-Mine Jazz Festival – Genk 31/05/12 AB – Bruxelles * * + NILS FRAHM

14/04/12 C-Mine Jazz Festival – Genk 31/05/12 AB – Brussel * * + NILS FRAHM

ARBOURETUM

ARBOURETUM

ARBOURETUM

15/04/12 Trix – Anvers * * + LUKE ROBERTS

15/04/12 Trix – Antwerpen * * + LUKE ROBERTS

G R E AT L A K E S W I M M E R S

G R E AT L A K E S W I M M E R S

G R E AT L A K E S W I M M E R S

16/04/12 Botanique – Bruxelles * 17/04/12 4AD – Diksmuide * 27/04/12 Warande – Turnhout * * + BARZIN

16/04/12 Botanique – Brussel * 17/04/12 4AD – Diksmuide * 27/04/12 Warande – Turnhout * * + BARZIN

XIU XIU

XIU XIU

XIU XIU

17/04/12 Botanique - Bruxelles 18/04/12 Vooruit - Gand

17/04/12 Botanique - Brussel 18/04/12 Vooruit - Gent

M A P S A N D AT L A S E S

M A P S A N D AT L A S E S

M A P S A N D AT L A S E S

22/04/12 Botanique – Bruxelles

22/04/12 Botanique – Brussel

ALEXANDER TUCKER

ALEXANDER TUCKER

ALEXANDER TUCKER

24/04/12 Stuk - Louvain

24/04/12 Stuk - Leuven

SX

SX

SX

30/04/12 Volta @ Vooruit – Gand 05/05/12 Putrock – Beringen

30/04/12 Volta @ Vooruit – Gent 05/05/12 Putrock – Beringen

U.S. GIRLS

U.S. GIRLS

U.S. GIRLS

30/04/12 DOKKantine – Gand 12/05/12 Les Nuits Botanique - Bruxelles

30/04/12 DOKKantine – Gent 12/05/12 Les Nuits Botanique - Brussel

SIC ALPS

SIC ALPS

SIC ALPS

04/05/12 De Zwerver - Leffinge 05/05/12 Trix - Anvers 06/05/12 Le Palais - Arlon

04/05/12 De Zwerver - Leffinge 05/05/12 Trix - Antwerpen 06/05/12 Le Palais - Arlon

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

05/05/12 Petrol - Anvers

05/05/12 Petrol - Antwerpen

AUCAN

AUCAN

AUCAN

05/05/12 Centur y Rock – Mouscron

05/05/12 Centur y Rock – Mouscron

JAMES LEG

JAMES LEG

JAMES LEG

09/05/12 De Zwerver - Leffinge

09/05/12 De Zwerver - Leffinge

LOWER DENS

LOWER DENS

LOWER DENS

10/05/12 L a Chocolaterie - Bruxelles 12/05/12 DOK Arena - Gand

10/05/12 L a Chocolaterie - Brussel 12/05/12 DOK Arena - Gent

YA C H T + PL ANNINGTOROCK PRINZHORN DANCE SCHOOL

YA C H T + PL ANNINGTOROCK PRINZHORN DANCE SCHOOL

YA C H T + PL ANNINGTOROCK + PRINZHORN DANCE SCHOOL

15/05/12 Les Nuits Botanique – Bruxelles

15/05/12 Les Nuits Botanique – Brussel

RAPE BLOSSOMS

RAPE BLOSSOMS

RAPE BLOSSOMS

16/05/12 Beursschouwburg – Bruxelles * 17/05/12 The Cellar Bar - Gand * + PING PONG TACTICS

16/05/12 Beursschouwburg – Brussel * 17/05/12 The Cellar Bar - Gent * + PING PONG TACTICS

MIREL WAGNER

MIREL WAGNER

MIREL WAGNER

16/05/12 Vooruit – Gand 18/05 Les Nuits Botanique - Bruxelles

16/05/12 Vooruit – Gent 18/05 Les Nuits Botanique - Brussel

JOHANN JOHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN + HAUSCHK A

JOHANN JOHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN + HAUSCHK A

JOHANN JOHANNSSON + DUSTIN O’HALLORAN + HAUSCHK A

03/04/12 AB – Bruxelles 03/04/12 Vooruit – Gent 21/04/12 AB – Bruxelles

03/04/12 Homeplugged - Bruxelles 17/04/12 Café Video - Gent 18/04/12 Le Fiacre – Liège 04/04/12 Charlatan – Gent 06/04/12 Dunk!festival – Zottegem 07/04/12 Dunk!festival – Zottegem 12/04/12 De Kreun – Kortrijk

13/04/12 Magasin 4 – Bruxelles 14/04/12 4AD – Diksmuide 13/04/12 Cactus Club – Brugge 14/04/12 Joc Ieper – Ieper 10/05/12 De Boesdaalhoeve – St-Gen.-Rode 15/05/12 Stoemp! - Bruxelles 24/05/12 Nijdrop – Opwijk 14/04/12 C-Mine Jazz Festival – Genk 31/05/12 AB – Bruxelles * * + NILS FRAHM

15/04/12 Trix – Antwerpen * * + LUKE ROBERTS 16/04/12 Botanique – Bruxelles * 17/04/12 4AD – Diksmuide * 27/04/12 Warande – Turnhout * * + BARZIN 17/04/12 Botanique - Bruxelles 18/04/12 Vooruit - Gent 22/04/12 Botanique – Bruxelles 24/04/12 Stuk - Leuven

30/04/12 Volta @ Vooruit – Gent 05/05/12 Putrock – Beringen 30/04/12 DOKKantine – Gent 12/05/12 Les Nuits Botanique - Bruxelles 04/05/12 De Zwerver - Leffinge 05/05/12 Trix - Antwerpen 06/05/12 Le Palais - Arlon 05/05/12 Petrol - Antwerpen

05/05/12 Centur y Rock – Mouscron 09/05/12 De Zwerver - Leffinge 10/05/12 L a Chocolaterie - Bruxelles 12/05/12 DOK Arena - Gent

15/05/12 Les Nuits Botanique – Bruxelles 16/05/12 Beursschouwburg – Bruxelles * 17/05/12 The Cellar Bar - Gent * + PING PONG TACTICS 16/05/12 Vooruit – Gent 18/05 Les Nuits Botanique - Bruxelles

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17/05/12 AB – Brussel

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Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman

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28 Hoquets + Les Terrils 6 avril Nova, Bruxelles

vendredi 30 mars The Subs present Bitcvltvre ft Villa, Arnaud Rebotini, Tai, Mixhell, Hammerang, Partyharders; BaBa ZuLa @ AB, Bruxelles, Disappears, Justice Yeldham, Bruital Orgasme @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Beth Jeans Houghton @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Rue Des Pêcheries, Supertanker @ Magasin4, Bruxelles Cloud Boat, Slugabed, Raffertie, Phaeleh, Kingstux @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Rene Innemee & The Revival Band @ Spirit Of 66, Verviers Scarred, Dwail, Suicide Demons @ Taverne du Theâtre, La Louvière, centerock.be Napalm Death, Black Breath, Victims, Tormented, Kadavrik @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Obsucra, Gorod, Spawn Of Possession, Exivious @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Primus @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Project 54, Porn Queen, Thoughts Of The 4 @ Rockhal, Esch/ Alzette, Lu, rockhal.lu

samedi 31 mars

Pour fêter ses 10 ans, le label Matamore organise 3 soirées d’anniversaire en 2012. Les festivités débutent dès ce 6 avril au Nova avec nos héros nationaux les Hoquets accompagnés par Les Terrils. La suite des réjouissances prendra place le 23 juin aux Ateliers Claus (avec Jean Mikili, JoieJoieJoie et V.O.) et le 7 décembre à la Maison des Musiques (avec Castus et Patton). Maxime Lê Hung, Pdg et DA de la multinationale Matamore est formel: viendez les gens, ce sera top moumoute!

C-Mine Jazz 13-14 avril Gand Mulatu Astatke

Up! Festival: Rotterdam Ska Jazz Foundation @ Liège Pokey Lafarge and The South City Three @ AB, Bruxelles The Stranglers, Horses On Fire @ CC René Magritte, Lessines Nina Kraviz, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Black Breath, Victims, Tormented @ De Kreun, Kortrijk Dead Elvis & His One Man Grave, Hola Ghost, Black Magic Six @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be DJ Vincent Cayeux @ Maison Folie, Mons, lemanege-mons.be Kozmic Blue @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Cali @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Nina Attal, The Headshakers @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr OOTC:The Redneck Manifesto, Mount Stealth, les Klub Des Loosers, Adebisi Shank, Breton, Aucan, Rumble In Rhodos, Sun Glitters, Cyclorama @ Kulturfabrik, Lu Rea Garvey @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Spleen @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu

dimanche 01 avril Jonathan Jeremiah; Wallis Bird, Aidan @ AB, Bruxelles Action Beat, Pulpo, Don Zero And The Autonomous Zone, Duke Of Zuke, Bad Body, Tape Deck Orchestra, Hired Muscle @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Gazpacho @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

lundi 02 avril Animals As Leaders @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Other Lives, Deer Tick, The Magnetic North @ Botanique, Brxl Emeli Sandé @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Inner Terrestrials @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Matt Schofield Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Lee Field & The Expressions @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Asaf Avidan @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

mardi 03 avril

Si on croise rarement les têtes d’affiche du C-Mine Jazz dans ces pages - elles ont pour noms Monty Alexander, Lizz Wright, Miroslav Vitous Solo ou Tania Maria, l’équipe RifRaf épingle surtout deux légendes vivantes bien connues de nos services : Daniel Johnston et Mulatu Astatké. Mais l’envie de surprendre et de fureter ne s’arrête pas là. Sur une affiche plus éclectique qu’il n’y paraît, on appréciera la présence de Sam Amidon. Aussi à l aise au banjo qu au violon, à la guitare ou au chant, Amidon évite de tomber dans le piège de la contre-façon folk. Sam Amidon ira loin. A base de tripatouillages de guitares folk, banjos, pianos et violoncelles, à mi-chemin entre l’indie-folk et le postrock, les Flamands de Yuko diffusent quant à eux leur présence délicate et subtile comme des volutes d’encens. www-cminejazz.com

Xiu Xiu 17 avril Botanique, Bruxelles Xiu Xiu est ce projet électro-pop où ça se tourmente sévère sous le casque. Dix-huit mois après un très bon concert à l’Orangerie qui ne m’avait pas rassuré sur leur santé mentale, les Californiens explorent un volet davantage “dansant” de leur art. Le plus souvent, ça passe ou ça casse. Soit c’est réellement excellent d’un positivisme nearly poppy soit ça vire dans un délire incontrôlé en sous-electro clash nauséeux. En route pour les auto-tamponneuses! (fv)

Therapy?, Raketkanon; The Strange Boys, Jacuzzi Boys @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ursula Bogner, Pimmon, Rafael Anton Irisarri @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Los Campesinos!, Tail Ships @ Botanique, Bruxelles AU @ Homeplugged, Bruxelles Encuendo Cordial @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dark Dark Dark, Matt Elliott @ Vooruit, Gent, vooruit.be

mercredi 04 avril OM @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Chloé Martens @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Refused Party Program, We’re Wolves @ Beursschouwburg, Bxl Made J. @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Catheter, Streetwalker @ Taverne du Theâtre, La Louvière Frank Turner @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Boy @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

jeudi 05 avril Admiral Freebee solo @ KVS, Bruxelles Neptune, Rorcal, Jason Van Gulick @ Magasin4, Bruxelles Barrence Whitfield and The Savages, Wraygunn, The Dustaphonics, Bob & Lisa, Mama Rosin, Lewis Floyd Henry @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Shearwater, Julie Doiron @ Grand Mix, Tourcoing, Fr K.I.Z., WassBass @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

vendredi 06 avril Dunk!festival: Pelican, This Will Destroy You, Omega Massif, Mosquito, Stories From The Lost @ Bevegemse Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be PPM Fest: Rhapsody Of Fire, Korpiklaani, Septic Flesh, Trollfest, Odd Dimension, Methusalem, Goliath @ Lotto Mons Expo, Mons Angels & Airwaves, Le Blorr @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Allen Stone, Midnight Magic, ZZ Ward, DJ Jean-Biche @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Drum Eyes, Petula Clark, Siamese Queens @ Magasin4, Bxl Alain Pierre & Barbara Wiernik Duo @ Péniche l’Ex-Cale, Liège Les Roches En Fusion: Orfeo @ Rochefort Blaze Bayley @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Internationals, 44 Rave @ Trix, Antwerpen, trixonline.be DJ Krust, Ghostpoet, Theesatisfaction @ l’Aéronef, Lille, Fr Pony Pony Run Run @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

gigs& parties avril 12

samedi 07 avril Dunk!festival: Steak Number Eight, If These Trees Could Talk, Beware Of Safety, Vessels, The Allstar Project, Lento, Kasan, Alright The Captain, The Beauty The World Makes Us Hope For @ Bevegemse Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be Karma Hotel: Caspa, The Dø, ‘t Hof Van Commerce, Camo & Krooked, School Is Cool, BRNS, Shindu, Aks live, Vicelord, The Hickey Underworld, Jakwob, Yamo, Syndaesia, Kavinsky, Bram Willems, Kapitan Korsakov, Iron, Raving George, The Magician, Mickey Moonlight @ Kursaal, Oostende, karmahotel.be PPM Fest: Accept, Sonata Arctica, Evergrey, Finntroll, Hell, Andromeda, Eden’s Curse, Pathfinder, Evidence, Fury UK, Nightqueen, Azylya, No Fatality @ Lotto Mons Expo, Mons José James @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Big Sir, Noon @ Belvédére, Namur, belvedere-namur.be Pneu, Ed Wood Jr., DJ Huukes @ Beursschouwburg, Bruxelles Tony Joe White @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Peter Kernel, Berline 0.33, Thee Marvin Gays @ El Bar, Mouscron Loreena McKennitt @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Nerco Deathmorth, Umberto, Germanotta Youth, Joy As Toy, Desicobra @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Purpendicular @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Corrosion Of Conformity, Black Cobra, Zoroaster @ Trix, Antwerpen, trixonline.be F*ckin’ Beat ft Downlink @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Drake @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Black Bomb A, A Fallen Devotion @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr The Coup @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com The Wankin’ Noodles, Ace Out, Franky Fingers @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

dimanche 08 avril Dunk!festival: 65Daysofstatic, Sleepmakeswaves, Atlantis, The Samuel Jackson Five, Late Night Venture, Sky Architects, Terraformer, My Empty Phantom, San Diablo @ Bevegemse Vijvers, Zottegem, dunkfestival.be PPM Fest: Blind Guardian, Epica, Freak Kitchen, Powerwolf, Mystic Prophecy, Storm Warrior, Powerquest, Manigance, Lonewolf, Beyond The Labyrinth, Stone Goats, Nereids @ Lotto Mons Expo, Mons, ppmfest.com Acosse Festival: Machine Gun @ Le Petit Tonneau, Acosse Brul #10: Noise Guitar Big Band, … @ Les Ateliers Claus, Bxl Peter Kernel, BRNS, Berline 0.33 @ Magasin4, Bruxelles The Anomalys, C74, Miss Tetanos und Sri.fa ft Stephen O’Maltine @ Rockerill, Marchienne au Pont, vwspringsessions.be Pete Philly @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Korpiklaani, Trollfest @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Little Barrie, The Marvin Gays @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

lundi 09 avril Rival Sons @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hype Williams, BRNS @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Absu, Impiety, Necronomicon @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Steve Aoki, Dimitri Vegas, Like Mike @ Vooruit, Gent Peter Doherty @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mardi 10 avril Jad Fair & Gilles Rieder @ Cinema Nova, Bruxelles Child Abuse, Staer, Stuntman @ Magasin4, Bruxelles

mercredi 11 avril Michael Hurley, Paper Wings, Kraak DJ’s @ AB, Bruxelles Frown-I-Brown, Luanda Casella, Sébastien Van Hoey, VJ Visual Kitchen @ Beursschowuburg, Bruxelles Breton @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Michael Gira, Kristof Hahn @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Valient Thorr, Christian Mistress, Electric)Noise(Machine @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Focus @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Puppet Mastaz, Dynamic DJ set @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Dope DOD, IconAclass @ Grand Mix, Tourcoing, Fr

jeudi 12 avril Balkan Traffic: Band Of Gypsies ft Taraf de Haidouks & Kocani Orkestar, Ivo Papasov Balkan Project, Amsterdam Klezmer Band, Kirika, Orchestre National du Vetex, Brass Band Duel, Remebtiko Kafe ft Michel Hatzi & guests, Zongora, … @ 12 t/m 15/04-Bozar, Bruxelles, balkantraffic.be The Cast Of Cheers @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sinéad O’ Connor @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Osaka Monaurail, South Of The Border @ De Kreun, Kortrijk Tagada Jones, Les Slugs @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Gill & Lowdo, Bear Bones Lay Low, Lucrecia @ Recyclart, Bxl Tony Joe White @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be ‘t Hof Van Commerce, Merdan Taplak @ Trix, Antwerpen Emilie Autumn @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Blood Red Shoes, Wallace Vanborn @ l’Aéronef, Lille, Fr


For A Minor Reflection, Tang @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr Orelsan @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

vendredi 13 avril Guido Belcanto @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Folk Metal festival @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Lilee & Swan, The Narcotic Daffodils @ Café Des Arts, La Louvière Chelsea Wolfe, Cercueil, Unison, Cha!selektor @ Magasin4, Bxl Machine Gun @ Onair Studio, Mons, intersection.be Deportivo, Odyl, Summerslam @ Le Palais, Arlon Big Noice @ Péniche l’Ex-Cale, Liège Gill, Wasted Matter, Lowdjo, Candie Hank @ Recyclart, Bruxelles Proyecto Cubano @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Flying Horseman @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Jucifer, Bastard Of The Skies, Ultraphallus, Goat Vomit @ La Zone, Liège, lazone.be Sinéad O’Connor @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

samedi 14 avril Bear Rock Indoor: Sweek, BRNS, La Otracina, The Mash, Pirato Ketchup, Organic, Ze Middle Klass, Steven Seagal (et la fourmi) Surf Poney Club @ Andenne, bear-rock.org Barn Owl, Blanck Mass, Ensemble Economique; Liz Wright @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Puta Madre Brothers @ Ateliers Claus, Bruxelles Roy Neary, Who’s Your Daddy @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Big Moustache Bandits, Kaptain K, Sexy Project @ Belvédére, Namur The Asteroids Galaxy Tour; Jali @ Botanique, Bruxelles Machine Gun @ Garcia Lorca, Bruxelles Gazzomind, Daytona @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Farflung, Black Rainbows, Tangled Horns @ Magasin4, Bxl Cre Tonnerre @ Le Palais, Arlon, entrepotarlon.be Eigen Makelij, K.Lino, Kod, 6000 Attitude, 43 Contestataires, Santi, Phaze Armee Koellectif, Xat, …; Dopplereffekt, Rude 66, Polaroïd, Sébastien Rien, Solar Skeletons, Nibis, Tzii, J.Error, … @ Rockerill, Marchienne au Pont, vwspringsessions.be Italian Dire Straits @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Revolver, John Grape @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Elektro Guzzi, Monophona @ Carré Rotonde, Luxembourg, GDL

dimanche 15 avril Walls, Blanck Mass @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Parabellum, René Binamé @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be RPWL @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Arbouretum, Luke Roberts; Sick Of Sarah @ Trix, Antwerpen Chelsea Wolfe, A Winged Victory For The Sullen @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Alamo Race Track, Moss @ Grand Mix, Tourcoing, Fr Anti-Flag @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

lundi 16 avril Keith Fullerton Whitman, Nate Young, Floris Vanhoof @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Islet @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Chris Slade Steel Circle @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Les Paradis Artificiels: Puppetmastaz, Unno @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com; Thomas Dutronc, Barcella @ Théàtre Sébastopol, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

mardi 17 avril Marlon Roudette @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Xiu Xiu @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Luc Van Acker & Friends @ Kafka, Bruxelles, poppunt.be Hogjaw @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Andrew W.K., … @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Airnadette @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Les Paradis Artificiels: Baxter Dury, Rover, Rebecca Mayes @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

Kofi Baker @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Off The Radar: David Rodigan, Blame, Fred V & Grafix, Crystal Clear, TLP, Civalizee, Murdock @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Mr Scruff, Keep It Unreal, 5H Set @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Barn Owl, Idiot Saint Crazy, Persian Rabbit @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Dark Dark Dark, Bobik ou Sacha @ Grand Mix, Tourcoing, Fr Les Paradis Artificiels: Method Man, Nneka, Chinese Man, KyMani Marley, Le Peuple de L’Herbe, Hollie Cook @ Le Zénith; Mathieu Bogaerts @ La Péniche; Da Silva, Corbel @ Le Splendid, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr

dimanche 22 avril Madeleine Peyroux & Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Double Sens, Catherine Van Portal, Matthieu Safatly, Charlotte Marchand, Frédéric Penelle, Nico Gitto, Grégory Duby, Delacoste @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Maps & Atlases @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Drums Are For Parades & guests @ Caserne Fonck, Liège Rise Of The Nothstar @ DNA, Bruxelles, intersection.be Hayvanlar Alemi, Pinkunoizu @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Russian Circles, Deafheaven, Odonis Odonis @ Magasin4, Bxl The Watch @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Scott Kelly, Blood Sweat & Vinyl: DIY in de 21st Century @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Sleep Party People; International Record Fair @ Rockhal, Esch/ Alzette, Lu, rockhal.lu

lundi 23 avril The Antlers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Reena Riot @ Archipel, Bruxelles, poppunt.be Boy & Bear @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Melingo @ Flagey, Bruxelles, vwspringsessions.be Ahleuchatistas, Sleep Party People, Skiv Trio @ Magasin4, Bxl The Brew @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Les Paradis Artificiels: Roots Manuva, Ben Sharpa & 4DLS @ Grand Mix, Tourcoing; Black Box Revelation, The Minutes Citizens! @ Spledid; Dillon @ La Péniche, Lille, Fr, legrandmix.com Russian Circles, Deafheaven @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu

mardi 24 avril Brooke Frasier; Tuur Florizoone @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Major Lazer @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Scott Kelly, Oldseed @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Parlor Snakes @ Le Magick, Namur The Convertibles ft Ralf Haas @ Spirit Of 66, Verviers Silverstein, We Are The Ocean, Closure In Moscow, The Elijah @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Les Paradis Artificiels: Daniel Darc, Greenshape @ Grand Mix, Tourcoing; Botibol, Pharaohs @ La Péniche, Lille, Fr Hiromi: The Trio Project @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

mercredi 18 avril

mercredi 25 avril Groundation; Of Monsters And Men @ AB, Bruxelles Perry Rose @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Horse Antlers @ Rits Café, Bruxelles, poppunt.be Radio Moscow @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Les Paradis Artificiels: Matthew Dear, Balthazar @ Grand Mix, Tourcoing, Russian Red @ Hermitage Gantois; King Charles @ La Péniche; 1995, C2C, Beat Assailant @ L’Aéronef, Lille, Fr Charlie Winston @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

Fink @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Toine Thys Organ Trio @ Beursschouwburg, Bruxelles David Bartholomé, Liesa Van Der Aa @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Chick Corea & Gary Burton @ Flagey, Bruxelles Bartaba @ La Porte Noire, Bruxelles Carl Palmer @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Tannhauser, The Dead Colour, Gottland @ Trix, Antwerpen Les Paradis Artificiels: Pinkunoizu @ La Péniche; Peter Von Poehl @ Eglise Saint André, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr Shigeto, Selfsays @ Carré Rotonde, Luxembourg, GDL

Soap&Skin

(with ensemble)

18 avril AB, Bruxelles

samedi 21 avril Durbuy Rock Festival: The Jack’s Songs Fight, Humatronic, Exuviated, Malrun, Suicide Of Demons, Emil Bulls, Rise Of The Northstar, Smash Hit Combo, Black Bomb A, Komah, La Phaze, Fishbone, No One Is Innocent, Die Apokalyptischen Reiter, Lofofora @ Hall Sassin, Bomal-Sur-Ourthe, durbuyrock.be Method Man; Dark Dark Dark @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Of Montreal, Recorders; Sea Of Bees, Cold Specks @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Romano Nervoso @ La Tôle Errante, Braine-le-Comte Savor @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Manic Street Preachers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Tombs, Hierophant @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Les Paradis Artificiels: Simple Plan, Pony Pony Run Run, Stuck In The Sound, Kid Bombardos @ Le Zénith, We The Kings @ La Péniche; Orbital, Digitalism, Slagsmalsklub @ L’Aéronef, Lille, Fr Nightwish, Eklipse @ Rockhal, Esch-sur-Alzette, Lu, atelier.lu

Soap & Skin @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Andrea Garkins, Glück, docu ‘The Luxury Of Empire’ ft Eugene Robinson, … @ Beursschouwburg, Bruxelles Pony Pony Run Run @ Botanique, Bruxelles, botanique.be AU @ Le Fiacre, Liège The Herfsts @ Rits Café, Bruxelles, poppunt.be Les Paradis Artificiels: Elephant @ La Péniche; Batlle Puissance 4 @ Peek A Boo, Lille, Fr, lesparadisartificiels.fr Punk’d Royal, Squares @ Le Rouge, Lille, Fr

jeudi 19 avril

29

jeudi 26 avril Roberto Fonseca; Wallace Vanborn, Kapitan Korsakov @ AB, Bxl 1060, Jazzilan @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Manorexia @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Skrillex @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Ufomammut, Incoming Cerebral Overdrive @ Magasin4, Bxl Laurent Blondiau & guests @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be David Bartholomé @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Dan Mangann, Zeus @ Trix, Antwerpen, trixonline.be La Octracina, In Zaïre, WMFU’s Brian Turner DJ set @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Ben Howard, Emmy The Great @ Grand Mix, Tourcoing, Fr Iam Oak @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

vendredi 20 avril

vendredi 27 avril

Durbuy Rock Festival: Goliath, Wolves Scream, The K., Doyle, Headcharger, Caliban, Red, Eths, Dagoba, Machine Gun @ Hall Sassin, Bomal-Sur-Ourthe, durbuyrock.be Jools Holland; Sarah Ferri @ AB, Bruxelles, abconcerts.be

Tremplin Uckerock: Hudson, Whylanders, Crumble Pistoo’s, BeSides, Meridians @ Espace 1180, Uccle, uccle.be The Dandy Warhols; Rachael Yamagata @ AB, Bruxelles Vintage Punk Party @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be

© Evelyn Plasch Encensée telle une enfant prodige, aucun mot n’est de trop, à la sortie de son incroyable ‘Lovetune For Vacuum’ en 2009, véritable landmark d’un songwriting pianistique qui renvoyait Tori Amos à ses chères études, Soap&Skin était attendue au tournant. Anja Plaschg a franchi le cap de la vingtaine et son deuxième essai est un nouveau coup de maître. Au-delà de la fascination entre larmes et orgasme que sa voix toujours sombre entretient au fil des écoutes, la profondeur de champ dégagée par Soap&Skin sublime l’instant banal en escapade céleste. (fv)

Motorpsycho & Ståle Storløkken playing (not just «Motorpsycho») 27 avril De Kreun, Courtrai Bombardant leur public à coup de basse de plomb et de riffs de guitares vicieux, les norvégiens de Motorpsycho nous ont habitués à un rock psyché et progressif sur 10 ou 20 minutes, soit assez de temps pour créer un mur du son assez impressionnant. Hardrock, psychédélisme et expérimentations forment toujours la base de leur son. Ils présenteront ce mois leur dernier projet paru sur Rune Grammophon. Pssssst : si vous vous inscrivez à la newsletter De Kreun avant le 20 avril, vous aurez une chance de gagner une sélection maison (‘le Choix de De Kreun’ en 15 cd’s ou vinyles). dekreun.be

Bozar Night 30 avril Palais des Beaux-Arts, Bruxelles

Clark © Diane McLeod Les notes électroniques de Clark, Daedalus et Lazer Sword mettront le feu au Palais des Beaux-Arts! Une cinquième édition toujours avide de découvertes - les projets expérimentaux d’Oneothrix Point Never et Goodiepal, combinant à la fois son et image; ainsi que les expos Per Kirkeby et Cy Twombly également ouvertes pour une visite nocturne. Le Clark anno 2012 vaut toujours son pesant de pépites vénéneuses. Franchissant chaque palier tel un alpiniste qui aurait délaissé les premiers flancs trop faciles, le sieur Chris prouve ce mois sur ‘Iradelphic’ qu’il est encore capable de grandes choses dès qu’il endosse le bon équipement. Alleï, toi aussi, tu peux mettre ton beau chapeau! www.bozar.be


Aralunaires Du 28 avril au 6 mai Arlon Fort de son leitmotiev « Arlon est une scène », le festival musical urbain investira une nouvelle fois quantité de lieux plus ou moins prestigieux, voire insolites ou impromptus (églises, synagogue, commerces, bâtiments publics). Soit un évènement qui met toute la ville en fête durant une grosse semaine et qui prend soin de choyer tous les publics. Ainsi, pêle-mêle, on y croisera Daniel Darc, The Twilight Sad, Jali, Peter von Poehl, Maia Vidal, Leaf House, Trigger Finger, An Pierlé, Zombie Zombie, San Severino, MichelCloup, Compuphonic, The Experimental Tropic Blues Band, Taliesyn, Gaëtan Streel, Miam Monster Miam, Snow Patrol, Sammy Decoster. L’affiche complète et toutes infos pratiques : nuits.losange.net

Roots & Roses 1er mai Lessines The Jon Spencer Blues Explosion

Machine Gun @ AR Thomas Edison, Mouscron, intersection.be The Twilight Sad; MAKYzard, Daniel Hélin, Rival, Maïa Chauvier, Manza, Metissa; Charles Bradley & His Extraordinaires @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Motorpsycho @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be La Otracina, In Zaire @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be The Tailors Of Panama @ Maison de la Culture, Namur Kaptain K @ MJ Tamines DJ Cheeba, DJ Cardopusher, VJ Zero, DJ Redrum, Richard Colvaen, Baby Kruger, DJ Brekbit @ Recyclart, Bruxelles Anathema, Amplifier @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Sporto Kantes @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Liz Green, Monogrenade @ Grand Mix, Tourcoing, Fr The Afro Cuban All Stars @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu Lemonheads @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

samedi 28 avril Les Aralunaires: Daniel Darc, The Twilight Sad @ Le Palais, Arlon Festival Aan Zee: Arsenal, Jef Neve Trio, School Is Cool, Intergalactic Lovers, Scala, Lady Linn and Her Magnificent Bigband, Geppetto And The Whales, Gaby Moreno, Raymond Van Het Groenewoud, Sallie Ford And The Sound Outside, Eefje De Visser, Stoomboot, Les Truttes, The Fortunate Few @ De Panne Woodywoodstock Festival: Von Durden, Silly Snails, Hudson, Les Fils de l’Autre, Super Like You, Ripcode, Manacoustic, The Epicureans, Whylanders, Zappeur Palace @ Parking du Mont StRoch, Nivelles, woodywoodstock.be Kyteman Orchestra; *A Brand @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dark Fest VI @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Dan San, He Died While Hunting @ Belvédére, Namur The Cribs @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Warriorz vs Dub-Up, Pinch, Killawatt, Biome @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Experimental Tropic Blues Band, Serious Kids, Goudrona Superstar, Dirty Primitives, Curver vs Wood Boy @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Soul Jazz Records Sound System @ VK*, Bruxelles Dum Dum Boys, Dirty Primitives @ l’Aéronef, Lille, Fr Martin Solveig; Ed Banger Party ft Busy P, Breakbot, Mickey Moonlight, Krazy Baldhead, Victor Aime; 24 Heures Electroniques: Squareroot, Jonny Miller, Vwaz, Loose Body Parts, In Circles, D-Lusion @ Rockhal, Esch-sur-Alzette, Lu Ben Howard @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

dimanche 29 avril Les Aralunaires: Jali, Oran Etkin, Seydou Sanou @ Le Palais, Arlon Marcus Miller @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Patrick Watson @ Botanique, Bruxelles, botanique.be B.J.Scott, Sirius Plan @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Lemonheads @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Tinariwen @ l’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

Troisième édition pour le Roots & Roses. Outre El Fish, on pêche sur l’affiche quelques beaux poissons. Entre rock old school détourné, garage bubble gum et pastiche punk, les ‘Italian Stallions’ de Romano Nervoso convient à un exercice de déconnade rock assez jouissif. Originaire de Nashville, The Legendary Shack Shakers brasse un cocktail de blues, country et rockabilly dans un esprit résolument punk. Le groupe est ausi à l’aise dans la country doom (!) que dans la ballade blues crépusculaire. L’Américain Dan Sartain (ayant tourné avec The Hives et The White Stripes) plonge le blues et le rockabilly dans une ambiance punk. The Experimental Tropic Blues band, groupe le plus barré de Belgique, est revenu aux affaires avec un disque enfin à la hauteur de ses strip-teases scéniques. Crasseux, libre, adolescent. Pour la sauvagerie et le coup de poing final dans l’estomac, c’est Jon Spencer Blues Explosion qui régale. www.rootsandroses.be

Inc’rock

lundi 30 avril Les Aralunaires: The Rabble, Trigger Effectn Jonah Matranga, Street Criminals; Peter Von Poehl, Maia Vidal, Leaf House; Dolls Of Pain, IC434, K-Bereit, Ethan Fawkes; Daniel Copus Quartet, Nicolas Gaul @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be Bozar Night: Clark, Daedelus & Archimedes, Lazer Sword ft Michael Titze visuals, Oneohtrix Point Never, Goldffinch, DJ Sofa, Flora Hubot @ Bozar, Bruxelles, bozar.be White Rabbits @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Verone @ CC, Mouscron, intersection.be Savoy Brown @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Dandy Warhols @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

mardi 01 mai Les Aralunaires: An Pierlé; Joffroi @ Le Palais, Arlon Roots & Roses Festival: Mama Rosin, Romano Nervoso, Lewis Floyd Henry, Ben Caplan & The Casual Smokers, Bob & Lisa, The Legendary Shakers, Dan Sartain, The Fleshtones, Barrence Whitfield & The Savages, The Experimental Tropic Blues Band, El Fish, The Jon Spencer Blues Explosion @ CC

Le Crédit Mutuel donne le

Du 4 au 6 mai Incourt

Scène de musiques actuelles

Ils sont partout et ça n’est pas volé: The Experimental Topic Blues Band rejoint l’affiche drôlement bigarée de l’Inc’Rock. Où il y en aura décidément pour tous les goûts : le grand public (qui a toujours raison) applaudira à tout rompre un fils de star qui mêle variété et jazz manouche, la très populaire Coeur de Pirate (sans ses photos de charme, puisqu’on vous le dit), les très hype Brigitte et leurs fanfreluches. Chic! Les défenseurs du terroir, bien gâtés, seront cajolés par Ozark Henry, Joshua, Daan, Claire Denamur et Jali, entre autres. A noter que l’Inc’rock entérinne son ouverture d’esprit en proposant un large plateau dédidé aux musiques urbaines. Puisqu’on vous dit qu’il y en aura pour tous les goûts! Comptez 20 euros pour un jour, 30 pour deux, 40 pour la totale (en prévente). www.incrockfestival.be

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René Magritte, Lessines, rootsandroses.be Matthew Dear @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bowerbirds @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

mercredi 02 mai Les Aralunaires: Piers Faccini, Ian Kelly; Zombie Zombie, Cheveu @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be STAL @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Ryan Adams @ Koningin Elisabethzaal, Antwerpen, livenation.be Phoenix Project @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Matt The Electrician, Ben Caplan & The Casual Smokers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

jeudi 03 mai Les Aralunaires: Bernard Orchestar; Sanseverino & Legnini; Michel Cloup, Del Cielo @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be Band Of Skulls @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Russian Circles, Deafheaven, DJ BartBehave @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Hamilton Loomis @ Nekkersdal, Bruxelles, vkconcerts.be The Fouck Brothers, Globul, Fabrice Lig, Dirty Monitors @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com JD McPherson, Mark Sultan, DJ Sniffer Piet @ Trix, Antwerpen Douglas Firs @ Walvis, Bruxelles, poppunt.be Paradise Lost @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

vendredi 04 mai Les Aralunaires: Adam Burnage; Suarez, Trio Brady Winterstein, Kolombo, Compuphonic, Fusty Delights, Marie Madeleine, Ralitt @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be Century Festival: Highbloo, Partyharders, Bad Dancer, Max Le Daron @ Mouscron, centuryfestival.be Inc’Rock Festival: Ozark Henry, Daan, Shameboy, Kill The Young, Gentlemen & Assassins, Super Like You, Joshua, The Experimental Tropic Blues Band, Party Harders, Mani, Roscoe, Concept Fytra @ Site, Incourt, incrockfestival.be Birdy Nam Nam @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Noirs @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Demon Hunter, Deadlock, Nightrage, Insense @ Magasin4, Brxl Driving Dead Girl @ Maison du Peuple, Bruxelles, intersection.be Von Durden, Vegas, E411, Iris, … @ La Récré des Décibles, Frasnes-Les-Gosselies, recredesdecibels.be The Vibrators, 164Speedpunk @ Salle Excelsior, Bruxelles A Place To Bury Strangers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Upsessions, The Moon Invaders @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr Mutiny On The Bounty @ Atelier, Luxembourg, Lu, atelier.lu

samedi 05 mai Les Aralunaires: The Experimental Tropic Blues Band, reverend Beatman, The K, Sutja Gutierrez ; cover festival; Station 17, Providence Band @ Le Palais, Arlon, aralunaires.be Century Festival: Aucan, BRNS, Ten Volt Shock, Zucchini Drive, The Arteries, Le Singe Blanc, Attagirl, Dirty Bees, Heautontimoroumenos, Alnico For Kids, Ankh’s Trouble @ Moeskroen, Mouscron, centuryfestival.be Inc’Rock Festival: Thomas Dutronc, Amandine Bourgeois, Claire Denamur, Kiss & Drive, The Slackers, Cedric Gervy, Adam Burnage, Billions Of Comrades, Maycad, Coeur De Pirate, Brigitte, Jali, Antwerp Gipsy Ska Orchestra, Stereo Grand, Sarah Carlier, Arnomatic, Monotype C, Pure FM After Party, Concours Air Guitar @ Site, Incourt, incrockfestival.be A Wild Night Out: Kabul Golf Club, Vandal X, MannGold, Sic Alps, Vermin Twins, The Rott Childs, Fence, Little Trouble Kids, Kapitan Korsakov, Mauron, DJ Rock Steward @ Trix, Antwerpen A Place To Bury Strangers @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Milann & Laloy @ Maison de la Culture, Namur, ticketnet.be Driving Dead Girl, Tangerines @ Maison du Peuple, St-Gilles Véronique Kappler, Nicolas Donnay @ Péniche l’Ex-Cale, Liège Orfeo @ Salle des Fêtes de Droixhe, Liège, intersection.be Black Thunder Ladies @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Kill The Young, The Dancers @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr

04.04 Shearwater + Julie Doiron (Gratis 4x4 Card) 07.04 Teenage Party #4 : The Wankin' Noodles + Ace Out + Franky Fingers 08.04 Little Barrie + Thee Marvin Gays à 18h 11.04 Dope DOD + IconAclass 14.04 Revolver + John Grape (fair:letour) 15.04 Alamo Race Track + Moss à 18h 16.04 Puppetmastaz + Unno (Les Paradis Artificiels) 17.04 Baxter Dury + Rover + Rebecca Mayes (Les Paradis Artificiels) 20.04 Dark Dark Dark + Bobik ou Sacha 23.04 Roots Manuva + Ben Sharpa & 4 DLS (Les Paradis Artificiels) 24.04 Daniel Darc + Greenshape (Les Paradis Artificiels) 25.04 Matthew Dear + Balthazar (Les Paradis Artificiels) 26.04 Ben Howard + Emmy The Great 27.04 Liz Green + Monogrenade

Les produits de l'épicerie

30

21/03/12 17:04



28 june

THE CURE

29 june

PEARL JAM

30 june

EDITORS

1 july

ELBOW • BLINK-182 • JUSTICE • THE KOOKS

SKRILLEX • RISE AGAINST • GARBAGE • SELAH SUE SKREAM FT. SGT POKES • NETSKY LIVE • WITHIN TEMPTATION

AMON TOBIN • THE ALL-AMERICAN REJECTS • THE MACCABEES • AZEALIA BANKS

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dEUS • JACK WHITE • DEADMAU5 • BEIRUT

GOSSIP • BIRDY NAM NAM • KATY B • WIZ KHALIFA MASTODON • BAT FOR LASHES • DJ FRESH presents FRESH/LIVE

THE TEMPER TRAP • KATZENJAMMER • MILES KANE • X • KREAYSHAWN

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THE XX • MUMFORD & SONS • CHASE & STATUS

INCUBUS • KASABIAN • PAUL KALKBRENNER • WOLFMOTHER

MY MORNING JACKET • BLACK BOX REVELATION • NOAH & THE WHALE • T HOF VAN COMMERCE • BEN HOWARD • M83 • NNEKA JAMES VINCENT MCMORROW • more to be announced

RED HOT CHILI PEPPERS

SNOW PATROL • FLORENCE + THE MACHINE

NOEL GALLAGHER’S HIGH FLYING BIRDS • MILOW • STEVE AOKI

JAMES MORRISON • DROPKICK MURPHYS • MAC MILLER THE VACCINES • ED SHEERAN • THE HICKEY UNDERWORLD ANNA CALVI • DIE ANTWOORD • KITTY, DAISY & LEWIS • OTHER LIVES

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