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www.rifraf.be Année 22 nr. 220 RifRaf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 Mechelen e.r. Mieke Deisz pas en janvier et août rifraf juin sort le 02/06
année 22 • mai ‘ 16
Ici, Frédéric est à la boulangerie, il demande une baguette. Une pas trop cuite? Oui, c’est ça, une pas trop cuite. Là, Fred joue à la Playstation. Ils lâchent pas de loot ces gros crevards? J’avoue, obtempère son compagnon de party, avant de surenchérir d’une gouleyante saillie du genre - Vas-y! Mets lui une grenade dans la chatte. Les compères progressent de concert dans The Division, arpentent pour théâtre d’opération un New York décimé par un virus se transmettant par billets de banque lors des soldes monstres du Black Friday - si l’on doutait encore du cynisme de l’époque, nous voilà fixés. On devine qu’il en a gros sur la patate, Frédéric, besoin de se changer les idées. Dans le monde merveilleux du salariat, du plein emploi, voilà plusieurs mois qu’il consent à officier et, gentleman, sans jamais savoir ni quand ni si on va le payer. Ces choses-là, ça va un moment mais ça vous use un homme, faut pas croire. Mais déjà Frédéric éteint la machine, il semble inconsolable. Tout à l’heure, si l’on n’y prend garde, il va prendre un bain. Le lecteur de bonne grâce ne nous tiendra pas rigueur, il nous faut confesser qu’après avoir respecté la légitime intimité de ses ablutions, on a perdu la trace de Frédéric, et si les eaux dans lesquelles on le suspecte de tremper purent s’avérer chaudes et mousseuses, les pistes se révèlent quant à elles froides, se sont évaporées et, à vrai dire, tout le monde s’en fout. Peut-être pas Natacha, laquelle bien que blonde et accorte, a toujours joué les filles de l’air en freelance, sans endosser l’uniforme de personnel naviguant, comme quoi, et dont on guette encore parfois un sms du dimanche soir. Or celle-ci ayant filé à l’anglaise et un bas après une querelle dont la cause nous échappe encore - tout juste sait-on qu’on a haussé la voix, renversé un cendrier, que la main d’un protagoniste a saisi le poignet d’un autre mais que ce dernier s’est extrait rapidement d’un geste sec de l’avant-bras - on ne sait pas très bien non plus où elle en est, Natacha, d’autant que le commerce de détail concernant les chaussettes longues, mates, veloutées, brillantes ou satinées nous demeure opaque, tout juste si l’on croit savoir qu’on en retrouve jusqu’à Persépolis, sur l’Instagram des bas-reliefs. Bref, c’est comme si le monde avait décidé de tourner sans Frédéric. Ça devrait le chagriner, l’inquiéter, bon allez, l’alerter un peu quand même... Or pas le moins du monde, il vaque. On a perdu le signal de son gsm près de la Grand-Place, devant un kebab “grillades authentiques au feu de bois” dont l’écran lcd diffuse en boucle un brasero virtuel occupant la moitié de sa petite vitrine. Paraît qu’ensuite, bien que n’ayant pas le moins du monde entamé ce petit régime qui lui ferait tant de bien, il aurait fondu sur la petite ceinture. D’ailleurs était-ce vraiment
rédaction Fabrice Delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
son casque? Lui-même semble avoir la tête à autre chose, se perd de vue. Même Siri lui fait la tête, refuse de lui répondre. Mardi dernier, il a pleuré devant La Nouvelle Star. Ben alors, Fredo, mon grand, qu’est-ce qui se passe, tu veux qu’on en parle? Déjà deux paragraphes qu’on tergiverse, dehors il pleut des cordes peut-être la sortie d’un nouveau Biolay venu commenter la sélection de l’équipe de France sur le plateau de Delahousse, quand Frédéric ressurgit, flottant dans sa chemise. Pourtant on jurerait qu’il a un peu repris lors de son séjour à Italie. Ça lui aurait pris comme ça... Décidant sur un coup de tête (pratique à risque, rappelons qu’il n’a toujours pas son casque) d’envoyer une carte postale à Natacha, il se rend dans une échoppe où, prenant son temps, il choisit avec attention, fait tourner plusieurs fois un tourniquet qu’on imagine ivre d’allégresse, puis son index s’arrêta (non, pas Franklin; j’ai l’impression que vous ne prenez pas cette histoire très au sérieux) sur quelque chose d’un peu typique. Le voici qui gagne une terrasse tout proche, où il déjeune bientôt, trempant alternativement son donut et sa plus belle plume : Ma Natoo, j’espère que tu vas bien, ici il fait atrocement beau, une grève des aiguilleurs du ciel va m’obliger, je le crains, à prolonger mon séjour... On a beau se pencher par-dessus son épaule sous prétexte qu’on se croit tout permis, on peine à déchiffrer son écriture pattes de mouches, tout juste si on aperçoit qu’il a gribouillé un empilement de petits rectangles, des briques sèches à bords arrondis, estce une tour Eiffel? Ah! Il tire une flèche et note Tour de PEZ, puis se trompe dans l’adresse. Quel étourdi! Si ça se trouve, il a simplement pris au pied de la lettre les injonctions du dernier disque de Ray LaMontagne, lequel lui fit, non sans surprise, beaucoup d’effets : sans se faire d’avantage prier, il aurait décidé de disparaître pour retrouver un peu sa vie ou retourner en enfance, comme Katerine, y rechercher une approche de tendresse - comme on dit - une seconde jeunesse, la première étant passée, quoi qu’on en dise, bien trop vite, comme un rêve. En sourdine, coller son timbre, indifférent aux bruits de Klaxons quand passe un oiseau qui ne se pose jamais, dont le repos consiste en de micro-siestes faîtes en planant, ça lui parle ça, ce tête en l’air. Allez, aurevoir et merci, beam me up, Scotty!
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 18/05 agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20/05 Layout Peggy Schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie Corelio printing, Erpe-Mere collaborateurs Nicolas Alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, Le Dark Chips, Patrick Foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, Eric Therer, Fabrice Vanoverberg,... dessins Issara Chitdara photo cover Eric Garault Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 20 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB
Texte : Fabrice Delmeire Katerine ‘Le Film’ (Wagram/Pias) Ray LaMontagne ‘Ouroboros’ (Sony)
Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée dans un système de récupération ou transmise sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit sans l’accord préalable de l’éditeur.
Un coup de banjo pour démarrer le mois ? Oui, mon colon, même s’il n’est pas seul aux commandes. Love On the Bits oblige, l’informatique et le synthé occupent une place prépondérante aux côtés du joujou pour country music, à tel point que de Louisville, Kentucky le ‘Fantasy League’ de Andrew Tuttle (Someone Good) se retrouve vite catapulté à Düsseldorf, NordrheinWestfalen. Hormis l’une ou l’autre escapade à l’est des Appalaches (‘Forgotten Username?’ au banjo, ‘Forgotten Password’ à la guitare acoustique), l’appel de la Kosmische est irrévocable, à un point tel qu’on se laisse rêver à la voûte céleste, aux pieds de la Rheinturm, une Alt-Bier en main, de retour d’un concert de Tangerine Dream. Pour la nouveauté, on ira voir ailleurs sur Vénus si le musicien australien a planté sa tente. ★ ★ ★ Et si on tenait le disque rigolo du trimestre, dans un genre improbable ? A ma droite, le Norvégien Lars Graugaard et son ordinateur interactif, à ma gauche, le Berlinois (comme son nom l’indique) Keisuke Matsuno et sa guitare électrique, au centre, une collision aussi inattendue que bienvenue. Ça s’appelle ‘Invisible’, c’est sur le passionnant label Clang Records. C’est du genre où un math rock maboul tombe in love d’une bande originale pour jeu vidéo vintage dévoyé. Pac Man perdu dans un bukkake, tu vois le style. Où ce coquin de Oneohtrix Point Never envoie chier Tyondai Braxton sur une galaxie, tu le vois Goldorak qui bande comme un taureau sous hypnose? Où mille collisions à la seconde rameutent la gaudriole en une extase pas timide sous le portejarretelles. Où les fausses percussions du second te secouent le fion d’au moins quinze centimètres, tu le sens tellement bien que tu ne peux plus t’en passer. Bientôt sur www.gangbang.com, sans capote. ★ ★ ★ Répétons-le à qui nous semblera bon, quand derrière un projet se cache cette vieille branche de Paal Nilssen-Love, on ne se sent vite plus responsable de rien. Aux commandes du combo Large Unit, dont le présent ‘Ana’ est le troisième avatar discographique (PNL Records), le percussionniste norvégien emmène sa (nombreuse) bande dans un free world qui ne craint ni d’affronter le passé, ni de regarder au loin. C’est que nom d’un Lasse Marhaug (signataire de la pochette), les trois morceaux du bouzin revisitent le monde du jazz de la cave au grenier sans oublier le moindre recoin. Ça pêche, ça groove, ça envoie dans tous les styles, c’est un fameux bordel. Tu cherches des dissonances, tu veux du free rock ? T’en as, à profusion. Tu voulais de la sensualité, de la chaleur, de la soul ? T’inquiètes, tu auras ta dose, comme si Jimi Tenor s’était penché sur le berceau. Tu rêvais de samba ? Et bien, t’en auras aussi. Plus belle la vie, que je te dis. ★ ★ ★ Quand on pense au Mexique et à l’électronique, le nom de Murcof vient directement à l’esprit de l’honnête homme. Si Diego Martinez, alias Lumen Lab, partage ces deux points communs avec l’auteur de l’essentiel ‘Martes’, là s’arrête le rapprochement. Produit de quinze ans (si, si) d’expérimentations diverses, elles vont du rock à l’electronica hardcore, ‘They Are Killing Us’ (Aagoo Records) démarre plein pot et ne s’arrête plus. Si l’envie d’en découdre avec le monde déborde de tous les pores du skeud, et l’usage intensif de percussions secouées en témoigne, le doigté et la précision ne sont pas toujours les points forts de l’envoi. D’une délicatesse toute relative, à moins d’être fan de doom métal hurlant, le projet du frangin d’Israel Martinez ne donne guère envie de passer la soirée en sa compagnie. A moins qu’au retour, on ait des envies d’en finir avec l’humanité entière. C’est une autre possibilité. ★ ★ ★ Interpréter des sonnets de Shakespeare en convoquant du chant contemporain, le défi est périlleux. Katarina Glowicka ne craint pas les challenges et si ses ‘Seven Sonnets’ (ARTEksounds) paraîtront prétentieux à nombre d’oreilles trop habituées à la ouate préfabriquée, elle franchit le cap avec une maestria certaine. Si la voix de contre-ténor d’Arnon Zlotnik manque parfois de poésie ou de velouté, n’est pas Andreas Scholl qui veut, le Quatuor Rubens qui l’accompagné (en plus de Glowicka herself à l’électronique) est digne de tous les éloges. D’une souplesse redoutable, grinçant quand il convient, séducteur aux bons moments, Sarah Kapustin et ses trois partenaires sont une vraie révélation. Toutefois, la qualité de l’interprétation (excepté le bémol sur le chant) aurait été inutile sans le travail de composition de la musicienne polonaise. En deux épisodes, l’un de 1999 (‘Summers Day’), l’autre de 2009 (‘Spring’s Day’), elle parvient avec une force de conviction extraordinaire à transposer le siècle du grand William en notre époque, sans que cela sonne compassé ou intellectualisant. Greetings from Stratford-upon-Avon. ★ ★ ★ Un œil sur le casting de ‘The Pier’, première collaboration de Paul Baran et Gordon Kennedy sous le nom de The Cray Twins (Fang Bomb), suffirait à réveiller un mort. Ken Vandermark, BJ Nilsen, Lucio Capece, entre autres, la liste est tellement alléchante qu’on pourrait n’en ressortir que déçu. Raté, amigo, doublement. D’un côté, les instrumentistes acoustiques, qu’ils soient à la clarinette, au saxo ou à la voix. Si leur rôle se tient volontairement en retrait, et que leurs interventions sont parcimonieuses, il ne faut y voir nulle tentative de paresse avortée. De l’autre, les faux jumeaux Baran et Kennedy - l’occasion de rappeler le fantastique ‘Panoptic’ du premier, il date de 2009. Maîtres d’ouvrage de l’envoi, ils tissent un entrelacs de matières électroniques d’une éblouissante richesse. Épanchements noise aux franges de l’indus, dressés sur des nappes synthétiques d’une texture à se taper les fesses par terre, les coulées de lave dessinées par The Cray Twins éclairent de leur incandescence démesurée une scène expérimentale qui ne s’est jamais si bien portée. Merci pour elle. t e x t e Fa b r i ce Va n ov e r b e rg
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Le Plateau Mont-Royal
En mars je suis à Montréal. Ce sont les derniers jours de l’hiver. Les journées allongent et la lumière s’est faite plus vive, gagnant en verticalité. Avec Philippe Franck on déambule sur le Plateau. Pour l’heure on est groggy par le jet-lag mais heureux. C’est à la fois le début de l’après-midi sous un ciel bleu électrique et l’entame de la nuit européenne pour nos horloges corporelles internes. L’air est vif, des amas de neige sale encombrent les trottoirs. Devant la station de métro Mont-Royal, un attroupement s’est formé en face d’une cahute qui vend les premières tires d’érable sur neige de la saison. Sur l’Avenue du même nom, on baguenaude, arpentant les librairies et les disquaires seconde main. Le Franck fait craquer sa carte de crédit sur un coffret de John Fahey tandis que je m’attarde à feuilleter des recueils de poésie québécoise dont j’ai tôt fait d’oublier leurs auteurs. Vers 17 heures, on oblique vers L’Oblique, un disquaire indépendant localisé au 4333 Rue Rivard. Un concert est en passe de se donner dans le magasin, c’est un trio guitare/contrebasse/batterie. Les musiciens accordent leurs instruments, l’affiche annonce des compositions de Zorn et des accointances avec Ribot. Pour ma part, c’est ma première journée à Montréal et j’ai soif de voir l’extérieur, je me lasse de toutes ces pochettes de vinyles qui m’apparaissent comme des marchandises qui ne veulent pas dire leur nom. J’ai envie d’y monter au Mont-Royal, le gravir, voir de quoi il a l’air d’en haut, voir comment la ville s’étend à ses pieds. Il reste peu de temps avant la tombée de la nuit, il faut faire vite. Le soir nous trouve ragaillardis après un sandwich de viande de bœuf fumé vite ingurgité. De Berri, nous rejoignons pédestrement le Boulevard Saint-Laurent. La Casa Del Popolo baigne dans une lumière tamisée jaune très agréable. Derrière le comptoir, un large tableau reprend la carte. En vis-à-vis, un autre annonce l’agenda des concerts. C’est fourni et serré. Pour qui a suivi l’histoire du label Constellation, le lieu a valeur référentielle, iconique, certains s’y rendent comme s’ils allaient à un pèlerinage. On ne restera pas pour les trois groupes inconnus qui occupent la scène ce soir, trop fatigués que nous sommes. Le lendemain matin c’est rebelote. Disquaires sur Saint-Denis, sur Saint-Viateur, sur Saint-Laurent… Et puis, plus bas dans la ville, c’est la révélation. On se retrouve devant une vieille maison coincée entre deux buildings qui a curieusement résisté à la démolition. On emprunte une cage d’escalier étroite, c’est au premier étage. Le plancher est vétuste, il craque de partout mais l’atmosphère y est céleste. Cheap Thrills existe depuis 1971 et semble n’avoir pas bougé depuis sa création. C’est une véritable caverne d’Ali Baba. Des vinyles, des cd, des cassettes par milliers. On y trouve du neuf et de l’occas’, beaucoup de rock des années 70 et des productions de labels montréalais tels Constellation, Alien8, Audiogram, Arbutus… L’addition est salée. La liste des clubs est longue. On voudrait les visiter, y pousser le bout du nez, juste par curiosité. Voir à quoi ressemblent Le Divan Orange, La Vitrola, le Ritz… On voudrait entrouvrir la porte de l’Eglise SaintDenis qui, le week-end prochain, accueillera le Salon du disque et des arts underground. Pour l’heure, on mange notre pâté chinois chez Mâche! avec Philippe Franck et je reste songeur. Je pense au sens de la musique en tant que marchandise désirée et sublimée. Je crois en la musique en tant qu’économie mais davantage encore comme économie politique du signe et de l’objet. Les disquaires vintage sont devenus des lieux de visite répertoriés dans les guides city trip, des atouts touristiques. A l’instar des pâtés chinois, les disques se désirent, se cèdent et s’acquièrent en contrepartie du paiement d’un prix déterminé ou déterminable exprimé dans une monnaie ayant cours légal. Ainsi que le code civil l’énonce depuis plus de deux siècles, la vente est réputée parfaite dès que l’échange des consentements s’est opéré. Un lien : www.cheapthrills.ca Un disque : Duchess Says, ‘In a Fung Day T !’, Alien8 Recordings t e x t e E r i c T h e re r I p h o t o L i s le K a u f f m a n
"Je n'étais qu'un gamin irritant, menteur et roux" (Aphex Twin) Et encore une crasse de l’Est qui passera par nos frontières! Mais non, on ne vous parle pas des « travailleurs détachés » venus de Pologne, mais bien d’un producteur croate abrité par le label belge (Music Man). Figurez vous que Petar Dundov s’est mis martel en tête que sophistiqué, mélodique et électronique pouvaient être trois mots qui s’accordent! Pourquoi pas, mais comment ? Souvent classé des rangs de Kraftwerk ou Vangelis, on imaginerait plutôt l’auteur de ‘At The Turn Of Equilibrium’ comme cadeau bonus du volet n° 1468 des compilations « Best of Synthétiseurs ». Des recettes, du systématisme, des sons qu’on ne voudrait plus entendre et une méthode que personne ne devrait plus jamais revendiquer : bref, l’ennui. Difficile d’imaginer que ces quelques kitscheries sans saveur puissent cohabiter avec les frasques d’un Marcel Dettmann qui campe dans la même écurie. L’un des deux a du faire erreur, c’est inévitable. « En tout cas, avec un son CD, ça va super bien donner… » ★ ★ ★ C’est un peu sa crémaillère à lui. Dave Clarke s’est installé au bord des canaux amstellodamois et veut que cela se sache. Et tout le monde est invité à la fête grâce à une compilation dont le nom est à rallonge, comme sa playlist, ‘Charcoal Eyes : A Selection Of Remixes From Amsterdam’. Première fournée de sa production en terres bataves, la sélection de l’Anglais tape tous azimuts en commençant par nous imposer fort maladroitement la dernière agonie de Brian Molko et son groupe Placebo. Cet écart de conduite soigneusement évité, c’est à des horizons bien plus cléments, mais pourtant accidentés, que va nous opposer Clarke : Louisahhh !!! & Malstrom, The Soft Moon en passant aussi par des monuments comme Crash Course In Science ou encore une étonnante relecture de I Am Kloot qui en deviendrait presque du très bon New Order. Évidemment, la déco chez Dave, ce n’est toujours pas « couleurs chaleureuses et bois tropical ». Son travail reste froid comme le métal et peu emprunté d’espoir mais il magnifie chaque œuvre qu’il refaçonne. En d’autres termes, ça cogne sec mais c’est ça qui est bon. Par contre, Placebo, ça reste moche… ★ ★ ★ Shit Robot réinvente une version musicale des « Carnets du Bourlingueur ». Non pas un florilège des séquences de Phillipe Lambillion mises en beats, mais bien un disque qui a roulé sa bosse autour du globe pour arriver finalement sur le label (DFA Records). Parti de Stuttgart, c’est toute la petite famille que Marcus Lambkin s’en est allé visiter, patterns de rythmes sous le bras. Des synthés modulaires par ci, de nouvelles percussions par là, du New Jackson à gauche, de la Nancy Whang à droite. Si la « DFA touch » est omniprésente, une telle volubilité induit irrémédiablement un manque d’homogénéité dans un album qui se nourrit de toutes les religions rythmiques. Et à force de mélanger les danses, on se prend inévitablement les pieds dans le tapis. A la belle pirouette s’enchaîne la poussive cabriole, à la collaboration fadasse de Alexis Taylor succède une inspiration éclairée de Museum Of Love. Et vu le manque cruel de caractère de ‘What Follows’, il reviendra à chacun de décider de quel côté il penchera, quitte à faire chavirer la barque sous les tonnes de nappes imposées. Une bouteille à la mer. ★ ★ ★ L’un est un rockeur érudit qui hurle aujourd’hui son amour des synthés analogiques à coups de concerts ravageurs et de disques grisants. L’autre est le directeur adjoint du GRM (groupe de recherches musicales) et ne cesse de renouveler la musique acousmatique. ‘Frontières’ a été conçu comme une transition entre les musiques contemporaines et électroniques, mise en évidence des travaux de composition et de productions des deux créateurs respectifs, Arnaud Rebotini et Christian Zanési. Deux cultures du son qui s’entrechoquent, une même ode enivrante aux sirènes de l’électronique. La question qui se joue est à n’en point douter celle des frontières. Frontières qui ne cessent de séparer (injustement ?) les genres musicaux. Tout d’abord spectacle auditif et visuel, le produit se savoure à présent sous la forme de huit compositions aussi interpellantes que cérébrales. Le niveau, le niveau! ★ ★ ★ Depuis son émergence en 2008, Andy Graham aka Sei A se sent pousser des ailes et produit à tout va pour des labels plus nombreux que les doigts de deux mains entières. A la fois pris de l’esprit de l’avant-gardisme et féru de house capitonnée, l’Écossais navigue entre deux eaux, et emprunte des courants dangereux. Là où certains verront un peu de bravoure dans des productions sans intérêt, les autres ne comprendront pas les fioritures dissonantes qui viennent troubler la dégustation de leur Apérol Spritz. En résulte ‘Space In your Mind’, un espace suffisamment grand pour que s’y installe la confusion des genres. On serait tenté d’entourer au gros feutre vert les plages les plus intéressantes ou de biffer de couleur rouge les notions (ou motions) inutiles. Y a deux écoles. ★ ★ ★ Plus un jour sans que l’on nous parle de Adrian Sherwood, producteur légendaire de la dub UK et définitivement homme à la mode. Il ne s’agit ici pourtant que du côté face de ‘#N/A’. Côté pile se présentent trois Japonaises qui ne cachent pas leurs influences venues de Sonic Youth, Pop Group et This Heat. C’est que Nisennenmondai a longtemps et férocement martelé un post-punk hanté de dub et de noise expérimentale. Puis les années ont passé et une tendance Krautrock s’est installée avec un trait si affiné qu’elle flirte à présent avec la techno minimale. Et c’est au travers de leurs albums que ce groupe, basé sur l’improvisation, a rendu des copies paradoxalement de plus en plus chirurgicales et rigoureuses. Tant de régularité pourrait d’ailleurs rendre hommage aux œuvres grillagées d’Agnès Martin sans que cela ne paraisse de mauvais goût. Car chez Nisennenmondai, seules quelques petites variations au sein des structures répétées à l’infini trahissent la discipline nippone. Dans ce nouvel essai, le N reste signe de droiture, le A par contre est le symbole du chaos, cristallisé par la présence de Sherwood qui pipe le jeu et truque les cartes. Sa patte rend le charleston hystérique, la guitare oppressante et la basse imprévisible. Sur ‘#N/A’, cinq plages de techno purement organique fricotent sans rougir avec Ritchie Hawtin ou encore Steve Bug. Plus un bruit. texte Le Dark Chips
Happy birthday Club Plasma ! Le réseau Club Plasma fête ses dix ans. Coordonné par Court-Circuit, il compte aujourd’hui dix salles de concerts en Fédération Wallonie-Bruxelles, soit autant de lieux qui font circuler la musique et les artistes : l’Atelier 210, la Ferme du Biéreau, le Magasin 4, Recyclart, le Rockerill, Le Salon, le Reflektor, l’Entrepôt, le Belvédère et l’Atelier Rock. Club Plasma célébrera comme il se doit cet anniversaire au travers de différents événements, notamment le Concours Circuit, laboratoire et vitrine des projets émergents qui fouleront ensuite les planches du Plasma, ou encore le projet Extra-Muros permettant la mise en avant de petits lieux de concerts alternatifs et de groupes fraîchement éclos « qui se cherchent encore un peu mais on touche au but ». N’hésitez pas à vous tenir au courant sur les sites de Court-Circuit et Club Plasma ! http://www.court-circuit.be/ http://www.clubplasma.be/
Le Vk a besoin de votre voix!
On a tous foulé le sol du Vk et plusieurs fois encore bien ! Présente depuis 27 ans, la salle molenbeekoise est forcément synonyme de nombreux souvenirs musicaux comme autant de tickets de concerts conservés précieusement. Tandis que le Vaartkapoen s’est lancé dans des travaux de rénovation, faisant le pari d’une salle moderne et modulable couplée à un centre culturel et un jardin communautaire, le nouveau Vk (ouverture des portes en 2019) voit son horizon assombri. Après deux coupes dans ses subsides (d’abord de 25 % et ensuite de 7 %), la Flandre, via un premier avis d’octroi de subsides de fonctionnement, a décidé d’arrêter d’apporter son soutien. Or, sans ces subsides, plus de rémunération pour le personnel et le support technique. Si la Flandre ne revoit pas sa décision, le Vk fermera définitivement ses portes le 1er janvier 2017. Le Vk a besoin de votre voix ! Rendezvous sur leur page Facebook : Vkforever
Dix lignes de « bling », dix lignes de « blang » Vous avez envie de parfaire votre pratique instrumentale et souhaitez développer vos talents en dehors des filières classiques ? Dans les environs de Bruxelles, MusicActionPro entend proposer aux apprentis musiciens de se former dans des conditions réelles au travers d’un cursus professionnel en musique contemporaine. Les étudiants y seront poussés à développer leurs bases théoriques et harmoniques tout en travaillant leur instrument/voix dans différents styles (jazz, blues, rock, pop, soul...), à la scène comme en studio. Y a plu qu’à ! MusicActionPro proposera ses portes ouvertes les 28 mai, 25 juin et 17 septembre prochains. Plus d’information sur www.MusicActionPro.be
Katerine
06
texte Eric Therer I photo Eric Garault
Philippe Katerine n’a pas de recette miracle à vendre. Il procède par petits procédés, par méthodes intuitives. ‘Le Film’ commence comme un film et se termine comme dans un film. C’est celui d’une pérégrination à travers la France et ses territoires mais plus encore par-delà les petits instants de la vie, les moments qui rythment le grand quotidien. Pour peu, on se sentirait vadrouillé dans la Vendée de son enfance alors qu’il nous confesse en nous laissant qu’il n’a pas quitté sa cuisine. Hier soir, vous étiez au Printemps de Bourges pour un concert coïncidant avec la sortie de votre nouvel album. L’entame d’une nouvelle tournée ne vous fait t-elle pas peur ? Un jour, vous en aurez marre des tournées, non ? Philippe Katerine : « Oh ben ce n’est pas l’usine. Il y a du boulot c’est sûr, mais bon, comme je prends chaque événement l’un après l’autre sans m’énerver, ça se passe plutôt bien. Vous savez, je ne suis pas d’un naturel très anxieux. Ça ne me prend pas non plus une énergie démesurée, question de tempérament. Ça fait deux trois ans que je n’ai pas tourné. Je ne me rends même pas compte. Les tournées j’en étais revenu, j’en avais fait énormément, presque trop. Là je suis bien reposé et je suis content d’y retourner. Je brûle d’impatience à vrai dire. C’était notre première date hier soir. On est sur une formule piano/voix. J’ai confié le piano à une pianiste qui s’appelle Dana Ciocarlie. C’est la première fois que je montais sur scène en duo. Ça avait le goût de l’inédit.
La petite méthode Et l’inédit, c’est mon goût préféré. » Vous ne jouerez donc pas du piano sur scène ? Philippe Katerine : « Il m’a semblé que ce serait une erreur de me river au piano sur scène. Je n’aurais pas les mains, ni le corps libres. Or, j’aime bien bouger. Je me suis dit que les parties de piano seraient plus légères, plus excitantes, virevoltantes si c’était quelqu’un d’autre qui s’en occupait. » Est-ce à dire qu’il n’y aura pas d’autre musicien invité ? Philippe Katerine : « Pour l’instant on s’en tient à cela. Mais, le piano c’est en soi un petit orchestre. Ça dépend évidemment de qui le joue. Là, ça fonctionne très bien… » Ce projet était dans vos cartons depuis longtemps ou bien s’est-il réalisé par hasard ? Philippe Katerine : « Ça n’a jamais été un projet, ni un fantasme. C’est le piano qui s’est imposé. Il était dans la maison, il appartient à ma compagne qui en joue régulièrement, c’est celui que l’on voit sur la pochette
du disque. Un jour, je me suis assis devant lui et puis on a fait la conversation. » Vous confessez ne pas pouvoir écrire et lire la musique. Dans le livret qui accompagne le disque, vous renvoyez à un procédé que vous avez concocté avec des chiffres collés sur les touches du piano… Philippe Katerine : « Oui, c’est effectivement ma petite méthode à moi. C’est pour pouvoir me souvenir où appuyer, sur quelles touches ! J’ai composé à l’instinct, à l’oreille, comme j’ai pu. Du coup, il y a peut-être une espèce d’innocence, en espérant qu’elle soit originale. Ce que j’apprécie dans le disque, c’est qu’il y a des erreurs, des petits dérapages parce que je joue en même temps que je chante. Des fois, ça ralentit, ça trébuche, ça fait partie de la vie… » A l’image de vos dessins repris dans le livret ? Philippe Katerine : « Oui, là aussi ce n’est pas parfait. Il y a peut-être une approche de tendresse par rapport au monde. »
L’album a-t-il été conçu comme la bande son d’un film imaginaire ou bien est-ce le film qui vient après l’album ? Philippe Katerine : « C’est le film que vous vous faites de l’album. C’est un film qui peut ressembler à celui que j’ai vécu à ce moment-là mais qui correspond à ce que vous vivez au moment où vous l’écoutez. C’est à la fois mon film et le film de chacun. Si vous êtes triste au moment où vous l’écoutez, ce sera un disque mélancolique. Si vous êtes en pleine forme, ce sera un disque en pleine forme. J’ai voulu ce disque très intime pour mieux m’y retrouver. Je fais mon truc par rapport à mes sentiments, un peu comme un journal intime. » La première fois que je vous ai entendu, c’était au début des années 90 à Liège dans un petit club, un concert organisé par Minimum Vital. Vous vous en souvenez ? Philippe Katerine : « Bien sûr que j’en me souviens. Michel Zumkir. Ils étaient trois dans leur association, très sympathiques et passionnés. J’étais venu seul avec ma guitare pour trois dates. C’était des concerts extrêmement frêles, comme ma silhouette à l’époque. J’étais alors très en retenue, très timide. Dans le train qui m’emmenait à Namur, une femme m’avait apostrophé : « C’est vous que l’on voit sur tous les murs à Namur ? ». Le fait qu’elle ait annoncé cela devant tout le monde m’avait choqué ! » Cela ne vous a pas empêché de revenir en Belgique à maintes occasions… Philippe Katerine : « J’adore venir en Belgique. Je me souviens d’un article dans votre presse locale qui avait dit que je mériterais d’être Belge ! J’ai pris cela pour un compliment. En Vendée, d’où je proviens, on est un peu les Belges de France. A Bruxelles, j’ai connu Dominique A quand il y habitait. Bien après, j’ai travaillé avec Les Vedettes avec qui j’ai fait un disque. On nageait vraiment dans un bouillon belge, quelque chose de très exotique pour moi. » Nous autres, Francophones, recourons à cette classification qui nous est propre de la ‘chanson française’ pour ranger nos chansons par rapport à notre langue, ce qui est à la fois une tare et un raccourci. Si vous deviez vous trouver une filiation avec des auteurs de ‘chanson française’, quels seraient-ils ? Philippe Katerine : « J’ai beau chercher mais je n’en vois pas. J’aime beaucoup Pierre Barouh, Mireille (Hartuch, nièce de Charly King l’inventeur des claquettes, ndr) ou Jean Sablon. Ce ne sont pas forcément mes influences. Mes influences, c’est plutôt la vie de tous les jours, ce que je vais manger, le tissu que l’on porte ou le cuir des chaussures. » Si vous pouviez travailler avec un producteur de votre choix, qui choisiriez-vous ? Philippe Katerine : « Oh, je dirais que j’irai forcément vers quelqu’un qui est à l’opposé de moi, quelqu’un qui me fait un peu peur parce que je suis plus attiré par des gens que je ne connais pas. Ça pourrait être, pas David Guetta, mais Calvin Harris par exemple qui est plutôt dans une mouvance r’n’b. Un bon disque de r’n’b’, j’adorerais. Je me sentirais comme si j’étais dans un pays complètement exotique. » Je pourrais vous poser la même question en tant qu’acteur. Si vous deviez jouer comme acteur pour un cinéaste international, quel serait-il ? Philippe Katerine : « J’aimerais bien travailler avec le cinéaste coréen Hong Sang-soo qui a récemment réalisé ‘Un jour avec, un jour sans’, un film assez contemplatif qui m’a beaucoup touché. » Ce soir vous jouez où ? Philippe Katerine : « Je joue dans ma cuisine. Je suis avec mes enfants. On va jouer à faire cuire des pâtes. Après, on va jouer à les manger. Après, on va jouer à se laver les dents et à se mettre en pyjama. Et après, on va jouer à dormir. »
Katerine ‘Le Film’ Wagram/Pias
‘Magnum’ nous avait laissé un goût de trop plein, trop de moustaches, trop de fausses fleurs, l’exotisme à outrance. ‘Le Film’ nous recadre Philippe. Un Philippe qui se tient en harmonie avec lui-même. Un Philippe qui converse avec le piano de Julie à la maison. Pour mieux se remémorer les notes, il a numéroté les touches du clavier avec des gommettes. Comme tous les autres, c’est un disque de chansons. C’est aussi un disque caresse, sans batteur, sans heurt et réel malheur, si ce n’est la disparition récente de son père auquel il rend hommage dans un ‘Papa’ qui est le contre-pied du ‘Papaoutai’ de Stromae. Un disque empli de ‘Doudou’ et d’‘Objets’, habité par des enfants de ‘3 ans’ et une véritable chorale enfantine. Un disque pour un pique-nique ‘A l’Elysée’ ou une excursion en ‘Automobile’. En bonus, Katerine nous livre un carnet d’esquisses de son cru. Il chante comme il dessine, sans posture, sans investiture mais avec une vraie désinvolture. (et) Suivez le guide : http://katerine.net/
ON STAGE 21/05 Nuits Botanique I Bruxelles
POR 28 M TES O AI, UVER 25 J TES UIN & ET AUDI 17 S TIO EPT NS . 20 16
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L’Acoustique Namur
Le Corbeau Bruxelles
Whitney
08
texte Nicolas Alsteen I photo Sandy Kim
Un batteur qui chante, une trompette qui ronronne et deux cœurs brisés viennent hisser le premier album de Whitney sur les hauteurs de la pop alternative. Porté par un hymne céleste au célibat ordinaire (‘No Woman’), ‘Light Upon The Lake’ met pourtant ses dix chansons au service du mariage pour tous. Country-soul ou folkrock : les couples modélisés par Whitney s’aiment pour la vie. Quelque part entre Bon Iver (pour les mélodies aériennes), Woods (pour l’artisanat), Matthew E. White (pour les arrangements chapardés dans l’histoire des musiques afro-américaines) et Avi Buffalo (pour les râteaux, les lapins et autres brioches servies par Cupidon), on tient ici
Votre musique vient d’arriver aux oreilles du public. Mais, en coulisses, les membres du groupe se connaissent depuis un moment. Pouvez-vous revenir sur votre rencontre ? Julien Ehrlich (batterie, voix) : « Max et moi, on se connaît depuis l’adolescence. Nous nous sommes rencontrés lors d’un concert à Portland. Nous avions 19 ans. À l’époque, Max jouait avec les Smith Westerns. De mon côté, j’étais derrière la batterie d’Unknown Mortal Orchestra. Nos projets partageaient la même affiche. C’est comme ça que tout a commencé. Par la suite, nous avons monté une longue tournée aux ÉtatsUnis avec les deux formations. Trois ou quatre ans après cet épisode, les Smith Westerns m’ont demandé de les
C’était quoi votre objectif au point de départ ? Julien : « Il n’y avait pas de plan de navigation quand nous avons embarqué à bord de ce nouveau projet. Tout s’est mis en place de façon organique. C’était une évolution naturelle. On n’a pas cherché à écrire des chansons pour marquer une rupture consciente avec l’univers des Smith Westerns. Max travaillait sur des morceaux de son côté. Moi, j’imaginais d’autres trucs dans mon coin. Je pense qu’on purgeait nos mauvaises vibrations à travers des mélodies plus joviales et lumineuses. Un matin, on s’est réveillé avec une solide gueule de bois. Pour récupérer nos esprits, on s’est mis à chantonner et à composer un truc ensemble. Voilà le point de départ du projet. C’était tout sauf formalisé. (Sourire) » Vous avez enregistré l’album avec Jonathan Rado, le chanteur de Foxygen. Pourquoi se tourner vers lui ? Max : « Rado avait entendu une de nos chansons via une connaissance commune. Dans la foulée, il nous
rejoindre. J’ai accepté. Durant cette période, j’ai occupé un appartement avec Max à Chicago. » Pourquoi quitter Unknown Mortal Orchestra ? Julien : « Pendant un an, nous avons tourné sans discontinuer. C’était éreintant et, au bout d’un moment, j’avais l’impression d’être seul dans ma bulle : la différence d’âge avec les autres musiciens a peut-être joué un rôle… Je ne sais pas. Toujours est-il que malgré l’expérience accumulée et la bienveillance des autres musiciens, j’ai décidé d’abandonner le navire. Cela dit, nous sommes toujours potes. Jake Portrait, le bassiste d’Unknown Mortal Orchestra, a d’ailleurs mixé le premier album de Whitney. » L’apparition de Whitney tient aussi à l’implosion des Smith Westerns. Pourquoi le groupe s’est-il séparé ? Max Kakacek (guitare) : « Nous avons joué ensemble pendant sept longues années. Le groupe s’est formé quand nous avions 16 ans. L’aventure s’est achevée à l’aube de nos 23 ans. Dans l’histoire d’une vie, ce sont des années particulières : un moment de l’existence durant lequel on change beaucoup. On affirme ses opinons, on peaufine sa personnalité et, d’un point de vue créatif, chacun se démarque en abordant les choses différemment. Et puis, un beau jour, on se rend compte qu’en enregistrant un nouveau disque, on va frustrer tout le monde. À force de compromis, plus personne ne se retrouvait dans l’esthétique du projet. Mieux valait arrêter. Début 2015, Julien m’a demandé si j’avais encore envie de faire de la musique, mais autrement. C’est comme ça que nous avons lancé les bases de Whitney… »
a proposé ses services. On a tout de suite accepté sa proposition et ce, pour plusieurs raisons : il a notre âge, il est cool et, surtout, on partage les mêmes goûts en matière de musique. À partir du moment où l’on ne s’imagine pas au sommet des charts, autant faire confiance à son instinct. Très franchement, on ne se voit pas comme « The next Big Thing ». Avec notre musique, on ne risque pas de remplir des stades ou de jouer en tête d’affiche d’un festival. Bosser avec un producteur expérimenté ? Ça nous motivait à moitié. Se retrouver dans un studio aseptisé avec un mec deux fois plus âgé que nous qui serait venu nous expliquer comment faire pour que « ça marche », ça ne nous parlait pas. On a bossé avec Rado parce qu’on voulait vivre une expérience différente, plus cool et personnelle. » Vous êtes donc partis chez lui, dans la périphérie de Los Angeles. C’était plus pratique pour bosser ? Julien : « Techniquement, tout s’est passé dans son garage. Ici, on est loin de l’image clinquante des studios d’enregistrement hollywoodiens. Chez Rado, l’approche était assez artisanale. On va même dire que c’était la débrouille. Même pour se loger, c’était compliqué. On a dû camper dans son jardin pendant toute la durée des sessions... » Ça ressemblait à quoi une journée « normale » pendant l’enregistrement de l’album ? Julien : « On se réveillait sous tente. Souvent très tôt, parce que le soleil tapait fort dès le matin et qu’il était impossible de rester coincé dans un sac de couchage avec une chaleur pareille. Évidemment, Jonathan Rado ne se levait jamais avant 11 heures... En l’attendant, on
un nouveau petit copain.
La vie en roses
se préparait un petit déj’ en mode camping : du café, des œufs et une boîte d’haricots à la sauce tomate. En mangeant, on débriefait : les trucs à faire, les morceaux à changer. Ce mode de vie champêtre s’est donc révélé très constructif dans la genèse du disque. Après, on mettait toutes nos idées en pratique dans le garage-studio de Rado. Généralement, on enregistrait de midi à minuit. » Sur l’album, la présence d’arrangements de cordes et l’apport d’une trompette donnent du relief aux chansons. Question orchestrations, vous aviez des modèles en tête ? Max : « On adore le ‘Bryter layter’ de Nick Drake. Ça reste un de nos disques de chevet : un album qui fait l’unanimité au sein de Whitney. L’idée de la trompette est arrivée assez vite dans nos compos. Son utilisation est, comme le reste, arrivée comme un feeling. On a utilisé quelques synthétiseurs aussi. Soit des sons que nous n’avions jamais essayé auparavant. L’idée, c’était de se faire plaisir, d’explorer de nouvelles textures sonores. Je crois que c’est la clé pour comprendre la direction prise au niveau des arrangements. » Le morceau ‘Light Upon The Lake’ donne son titre à l’album. Il s’agit d’une chanson au cœur brisé. La fin de couple, c’est du vécu ? Julien : « On peut interpréter les paroles de ‘Light Upon The Lake’ selon deux perspectives. Il est possible de voir cette chanson comme l’histoire de la séparation d’un groupe, celle des Smith Westerns, par exemple… Mais on peut aussi la comprendre sous l’angle relationnel. Il est alors question d’une rupture sentimentale. Les deux fonctionnent parfaitement. Parce que c’est bien de cela dont il est question... » Sur la pochette du disque, on trouve quatre roses rouges. Une façon de souligner votre côté romantique ? Julien : « Nous sommes de grands sentimentaux, c’est vrai… Et nous n’avons pas essayé d’aller à l’encontre de nos émotions. Un de nos amis est peintre. C’est lui qui a dessiné ces roses peu de temps avant qu’on commence à travailler sur l’album de Whitney. D’une certaine façon, ces roses ont vu nos chansons grandir. Elles nous accompagnent depuis le début du projet. C’est donc un chouette clin d’œil que de les glisser sur la pochette. Et puis, ça reste une manière élégante de suggérer l’esthétique défendue par le groupe. » Un disque : ‘Light Upon The Lake’ (Secretly Canadian/ Konkurrent). Sortie : le 03/06. Suivez le guide : www.whitneytheband.com
ON STAGE 17/06 Botanique I Bruxelles
King Gizzard
And The Lizard Wizard
texte Anne-Lise Remacle
Avec un album tous les six mois, il y avait à craindre que ces Aussies-là nous donnent la berlue, le tournis. Qu’on n’adhère plus à leur non-linéarité foutraque et prolifique. À leur enthousiasme évident de faire du garage une piste spatiale, de la pop une aire de pique-nique où se goinfrer de Dragibus. Avec ‘Nonagon Infinity’, ils nous délivrent une odyssée viking à la boucle infinie où le guitariste flamethrower de ‘Mad Max: Fury Road’ tourne comme une toupie extra-fuzz. Où exigence et immédiateté jouent les fakirs, pour un plaisir d’éperon qu’on espère encore très durable. Le roi n’est pas mort, vive le roi !
Vers l’infini et au-delà Votre musique provoque des impressions vivaces mais on pourrait y percevoir une tentation d’être toujours du côté de l’éphémère, de la versatilité… est-ce une façon de masquer votre peur de l’ennui ? Stu Mackenzie (chanteur / leader) : « C’est plutôt naturel d’avoir peur de l’ennui. J’imagine que si on n’était pas poussé par cette vibration-là, on tomberait dans le travers du même vieil album à chaque tentative, encore et encore. Faire des disques c’est sans doute la chose la plus amusante à faire, en réalité. Quelque part c’est aussi une façon de rester occupé, de ne pas sombrer dans un questionnement du genre « qu’est-ce que je fais là ? » On n’aime pas non plus être associés à un genre spécifique : ça nous donne une liberté totale ! On traite réellement la musique comme une personne, et on ne voudrait pas se consacrer juste à son nez ou ses jambes. On fixe de nouvelles frontières à chaque projet qui émerge et on n’a pas envie de passer à côté d’une opportunité, quelle qu’elle soit. » Considères-tu qu’être étiqueté comme un groupe retro jonglant avec de fortes références puisse être un handicap ? S.M. : « L’étiquette, même coriace, fait sens. J’écoute énormément de musique des 50’s, 60’s et 70’s. Quand c’est le cas, et à hautes doses, tu prends naturellement un peu le pli de vouloir faire sonner tes propres disques de cette manière-là. D’un autre côté, je crois que j’aimerais assez faire partie d’un groupe du futur… (rires). Je ne veux simplement pas me contenter d’être dans une seule case. Mon père jouait de la guitare, mais ça n’était pas un professionnel. Quand j’étais petit, il chantait pour m’endormir, la plupart du temps du folk et de la country américains. Du Dylan, du Bill Young… J’ai aussi baigné dans les Rolling Stones, Creedence Clearwater Revival. Mes parents étaient vraiment férus de musique, ça a donc toujours été une part importante de qui je suis. J’ai appris moi-même la guitare quand j’étais ado, et pratiquement tous mes potes jouaient d’un instrument. C’était notre façon d’être au monde. » On capte une réminiscence d’’On The Road Again’ de Canned Heat sur ‘Bitter Boogie’…vous aviez l’envie que ça sonne pastiche ou hommage ? S.M. : « C’était une référence tout à fait consciente, notamment avec l’harmonica qui en rajoute une couche. Mais si tu penses à ce riff particulier, Canned Heat l’a luimême emprunté à Muddy Waters ou quelqu’un d’autre… c’est une circulation d’influences. Dans le blues, en particulier, il y a une très grande tendance à emprunter
du matériau et à le rendre à nouveau original. Une façon de réarranger, réutiliser, recycler de la plus belle des façons, selon moi. » ‘Paper Maché Dream Balloon’ sonne comme un interlude dans votre discographie parce que les morceaux épousent un format plus régulier, plus pop, même s’il contient le même enthousiasme de créer des pastilles inattendues. Pourquoi ce break ? S.M. : « Nous avions en fait commencé à travailler sur ‘Nonagon Infinity’ au moment où nous venions d’enregistrer ‘Quarters’. C’était supposé être l’album suivant. Mais il allait nous falloir plus de temps pour le jouer en live. Pour le digérer et l’asseoir, parce que c’était un disque complexe que nous voulions aussi bon que possible. J’avais envie de continuer à bosser sur quelque chose qui n’interférerait pas avec celui mis de côté. C’est comme ça qu’est venue l’idée du tout acoustique et des chansons courtes. D’autres gars ont aussi écrit, et on s’est autorisés la totale insouciance, l’ajout d’instruments plus singuliers pour nous comme la clarinette, la flûte, le violon ou la contrebasse. Procéder de cette manière était un moyen de vider nos esprits en prévision de ‘Nonagon Infinity’. Une plaine de jeu où expérimenter sans aucune pression. C’est sans doute un de mes albums préférés. » Fonctionnez-vous avec une sorte de motto à chaque nouvel album ? « Amusons-nous avec une expansion douce des motifs! » pour ‘Quarters’ par exemple… quelle serait celle de ‘Nonagon Infinity’, dans ce cas ? S.M. : « Je pense qu’il y a de ça! Chaque album a en quelque sorte son programme. Pour ‘Nonagon Infinity’ ça serait « relions tous les morceaux de manière à ce que ça fasse cercle, et faisons des motifs d’interconnexion, des mélodies qui parcourent différents morceaux », « faisons un album qui soit un vrai ensemble, comme une seule immense chanson » mais aussi « amusons-nous avec des mesures différentes » et évidemment « faisons l’album le plus lourd et brutal que nous n’ayons jamais fait ». » Vous êtes sept dans le groupe et je me suis demandé si ce chiffre était aussi une façon pour vous d’approcher un certain nombre d’or…Dans ‘Quarters’, il y a quatre morceaux, dans le nouveau, neuf, tous connectés, etc. Es-tu fasciné par l’interférence des maths avec la musique ? S.M. : « Dans un sens, bien sûr ! ‘Nonagon Infinity’ est très mathématique de plein de façons, en particulier dans les décalages de synchronisation dans le rythme. Pour ‘Quarters’, le fait qu’il y ait quatre morceaux de
même longueur, quatre quarts exacts, procède sans doute aussi de cet intérêt-là…c’est même plus complexe, parce que la plage d’ouverture, ‘The River’ est aussi ciselée en quatre quarts, comme des fractales. Qu’est-ce que ça aurait été cool si le premier quart du premier morceau avait été lui aussi divisé en quatre ! En musique – et c’est la même chose en narration avec début-actions-fin – c’est plutôt facile d’écrire un morceau qui tienne sur le chiffre trois. Deux aussi, parce que tu as début-fin. Trois, tu ajoutes le milieu et ça reste jouable. À partir de quatre, ça devient plus complexe, tu as d’office deux sections médianes que tu vas pouvoir aligner ou opposer. Ça te permet d’amener les auditeurs à des endroits très différents. C’est à partir de là qu’on sort du figé et de la mise en scène. De ce qui paraîtrait réchauffé ou complètement évident. » En tant que groupe, vous travaillez en démocratie ou d’une façon hiérarchisée ? S.M. : « Je peux probablement être assez autoritaire (rires) ! Sur ‘Nonagon Infinity’, j’ai écrit tous les morceaux, sur ‘Paper Maché Dream Balloon’, Joe en a écrit deux, Cook une, et Ambrose et moi en avons concocté une ensemble. ‘Quarters’, c’était entièrement de mon fait, pour ‘I’m In Your Mind Fuzz’ Jo en a écrit une, et si tu retournes en arrière dans le répertoire il y a d’autres cas. J’imagine que je suis celui qui garde une vision générale sur ce que nous faisons. Parfois, je collecte des idées : « ça c’est cool ajoutons-le » ou « je suis moins sûr de ça, sans vouloir t’offenser ». Nous ne faisons pas appel à un œil ou une oreille extérieure pour les parties créatives, juste pour mixer ou enregistrer. Être sept, c’est déjà apporter bien assez d’idées sur la table! » Le groupe aurait commencé comme une sorte de blague…est-ce que c’est toujours important pour vous de distiller de l’humour, des jeux de mots dans vos paroles et dans votre attitude ? S.M. : « Ne pas être trop sérieux, c’est une des clés de ce que nous sommes, oui! À vrai dire, ce n’était pas nécessairement une farce, plutôt une sorte de groupe de jam, nous n’envisagions pas au départ d’y donner une postérité ou de constituer un vrai répertoire. Le line-up a pas mal varié. Je crois qu’on a conservé cet état d’esprit pas très axé plan de carrière, essentiellement pour le bien de notre santé mentale! » Un disque : ‘Nonagon Infinity’ (Heavenly Recordings/ Coop/Pias) Suivez le guide : http://kinggizzardandthelizardwizard.com/
Higher Authorities
10
texte Antoine Bours I photo Dot Blackburn
Fin de la récréation. Années septante : l’insouciance de la décennie précédente est balayée par un tsunami de désenchantements en tous genres. Politiques, sociaux, économiques, sexuels. En filigrane, le pressentiment qu’une volonté supérieure, non plus religieuse mais financière, s’active à tirer les ficelles dans l’ombre, goguenarde. En vingt secondes d’ouverture, Higher Authorities redonne vie à cette veisalgie générationnelle : ce qui commence comme une ambiance surf et détendue se transforme en un psyché-dub schyzophrène, où accents funk et disco célèbrent le malaise plutôt que la joie de vivre. Duo constitué de Ade Blackburn et Hartley, membres de Clinic, ces Autorités Supérieures manient un électro-rock malade, tantôt engourdi à la Orange Can, tantôt folâtre comme l’était Ultramarine, le plus souvent hanté de figures conspirant dans ses recoins, chuchotant le Goethe du kraut, évoquant pêle-mêle Can, Moon Duo, Silver Apples ou Phantom Band. En apôtre de ce Barnum parano, le grand Adrian Sherwood habille nos Illuminati de son sens inné du minimalisme. Échange téléphonique avec Ade Blackburn, à l’accent aussi cryptique que l’esthétique de son nouveau projet. La promo de Higher Authorities joue le mystère sur l’identité du groupe. Pourquoi ? Ade Blackburn : « On voulait clairement se distinguer de Clinic. Une façon de repousser un moment l’aspect side-project, c’était d’en faire un groupe en soi, quelque chose qu’on écoute pour ce qu’il est. » Qu’est-ce que vous pouvez faire ici que vous ne pouviez pas vous permettre dans Clinic ? Ade Blackburn : « Hartley, qui est aux claviers dans Clinic, avait envie de composer et de chanter. Le résultat
You kill for us est plus… sonique. Je crois qu’il est plus aisé de se glisser dans Higher Authorities que dans Clinic, qui est plus hermétique, plus punk. Hartley a toujours manifesté le désir de s’exprimer autrement qu’à travers la méthode habituelle de notre groupe, de façon plus improvisée. On s’est retrouvé tous les deux avec l’envie de faire quelque chose sans arrière-pensée, en totale liberté, sans barrière commerciale, quelque chose d’un peu gratuit, idiot. » Si on parle d’influences, Clinic et Higher Authorities partagent certains noms en commun. On pense bien sûr à Silver Apples, mais aussi à Cabaret Voltaire. Ce qui nous amène à Adrian Sherwood, qui a produit et mixé ‘Neptune’. Ade Blackburn : « Rencontrer Adrian est quelque chose qui me trottait en tête depuis longtemps. J’aime sa capacité à aller vers les extrêmes, avec une grande clarté sur les effets qu’il recherche. Avec Clinic, on a enquillé les producteurs artistiques américains pendant des années. C’était très agréable de revenir vers nos racines, aller en studio à Ramsgate chez Adrian, assister au mix en temps réel – par le passé, on mixait surtout via Internet. On recevait et on envoyait les fichiers en ligne. Ça fait plus de douze ans que je n’avais pas mis les pieds dans un studio de mixage ! » Qu’est-ce qui vous a décidé à travailler avec Adrian Sherwood ? Ade Blackburn : « Évidemment, toute sa phase postpunk me parle, puisqu’elle est proche de ce qu’on fait musicalement. Si on parle d’effets et d’échos, ce qu’il a fait par la suite en solo, comme sur ‘Never Trust A Hippy’, nous parlait aussi beaucoup pour Higher Authorities : ce côté plus psychédélique, ces effets over-the-top. J’aime autant sa période punk que celle plus cosmique. » Quand on va chercher Sherwood, c’est forcément pour son background. J’imagine que c’est pourtant quelqu’un qui n’aime pas reproduire ce qu’il a déjà fait. Comment s’est passée la collaboration ? Ade Blackburn : « Il nous a fallu quelques jours pour trouver un équilibre. En fait, on n’a jamais cessé d’aller et venir entre deux mix, l’un plus rétro et l’autre plus moderne, centré sur les rythmes, et de chercher comment les faire cohabiter. Adrian travaille de façon très instinctive, il mixe rapidement, sans s’arrêter. A un moment donné, nous sommes arrivé à un point de compréhension où nos
idées respectives ne le retenaient plus en arrière. » Vous êtes arrivés chez lui avec les chansons déjà écrites ? Ade Blackburn : « On avait enregistré environ quatrevingt pourcent des pistes chez nous, mais les morceaux se sont vraiment construits en sa compagnie. » Vous avez toujours eu le visage couvert de masques de chirurgiens dans Clinic. La première photo de Higher Authorities vous montre tous deux à moitié couverts de guenilles. L’idée est de vous cacher à nouveau ? Ade Blackburn : « Le désir était moins obscur que dans Clinic. On ne veut pas spécialement disparaître derrière un masque, mais ajouter un aspect visuel à ce qu’on fait. J’aime l’idée de tenues de scène, je trouve qu’il y a un côté un peu traditionnel là-derrière. Se déguiser permet une rupture avec l’approche habituelle qu’on se fait d’un groupe. » L’univers de Higher Authorities rappelle l’esthétique paranoïaque 70s, entre délires à l’acide et premiers fantasmes d’un Nouvel Ordre Mondial. Clinic faisait déjà appel aux codes francs-maçons. Qu’est-ce qui vous fascine dans ces thèmes ? Ade Blackburn : « J’ai toujours été intrigué par l’idée que des gens se rencontrent secrètement dans certains lieux et tous les fantasmes qui entourent ces organisations. Ça pourrait être autant pour le bien commun que pour faire le mal. Je trouve intéressant de creuser cette imagerie pour voir ce qui se cache par-dessous, quels genres de décisions seraient prises dans ces circonstances. » Il y a dans les obsessions d’Higher Authorities quelque chose de très Pynchon-esque. Cet ananas fumeur de joint en couverture semble sorti tout droit d’un de ses bouquins. Tu es un lecteur de Thomas Pynchon ? Ade Blackburn : « Non, non, pas du tout. Mais tu m’intrigues. Il faut que je m’y mette ! » Pynchon est un satirique ; pour lui, “L’Histoire, c’est de la conspiration.” Ade Blackburn : « Ce regard sur la question, c’est en partie la raison pour laquelle on a pris ce nom. Rire de ce besoin qu’on les gens de fantasmer les hiérarchies. » Un disque : ‘Neptune’ (Domino/V2)
Doomsquad texte Antoine Bours
On le pressentait, en septembre 2015, quand l’EP ‘Pageantry Suite’ et son bien-nommé single ‘Apocalypso’ nous avaient retourné la tête. L’infection gagne. Elle s’insinue, des synapses aux orteils ; s’accompagne de tremblements en rhizome ; transe de SaintGuy. Frère et sœurs, Trevor, Jaclyn et Allie Blumas manient la dance en bactériologues : c’est un bacille produit par le vivant pour le vivant, recraché par le sol, éternué par les arbres, vomi par les vagues, à la conquête du béton. D’autres sorciers l’ont capté, à leur façon : Peaking Lights, Chk Chk Chk, Prince Rama. Doomsquad croit à la suprématie du germe. Sur ‘Kalaboogie’, premier album forestier, ils capturaient le vibrion. L’étudiaient. ‘Total Time’ annonce l’ouverture des bocaux. Déferlante tribale, passage brutal d’un monde à l’autre orchestré par un Papa Legba nourri à Tom Tom Club et au Pop Group, la zombie-dance minimaliste de Doomsquad se jette à travers les buildings, envahit les avenues, s’engouffre dans tous les interstices. Elle ne vous lâchera pas.
ce qui t’entoure. Cette noirceur dont tu parles, elle est surtout cathartique. Quand tu prends la philosophie occidentale, tout ce qui touche à la mort et au temps est plutôt sombre comme vision. Dans d’autres cultures, la mort est beaucoup plus naturelle, comme une étape dans le cycle plutôt que la fin de celui-ci. C’est également notre approche sur ‘Total Times’ : l’idée d’embrasser la mort comme étape. Plus globalement, Doomsquad est depuis le début imprégné de la pensée de George Bataille. Cette mise à nu de l’humanité, débarrassée des oripeaux de la culture jusqu’à retrouver une nature animale, cette
la personne idéale pour construire nos morceaux à partir du matériel brut qu’on a ramené du désert. » Vos titres sont mystérieux, presque énigmatiques. On pressent un grand travail de réflexion derrière chaque morceau. Trevor Blumas : « Oui, ils sont volontairement ambigus. Avant d’aborder ‘Total Time’, on a beaucoup lu et débattu mes sœurs et moi, afin d’imprégner nos jams d’idées et de concepts philosophiques, artistiques, mais aussi issus de la science-fiction et de l’Histoire. Si tu prends ‘Who Owns Noon In Sandusky ?’, cela parle de l’époque où l’avancée du réseau ferroviaire américain a imposé aux villes des fuseaux horaires basés sur le Temps Universel. Ce qui a provoqué beaucoup de débats et de
urgence fondatrice et primale, c’est quelque chose qu’on recherche dans notre musique. Déconstruire son humanité dans le geste artistique. » Est-ce pour cette raison que la chanteuse d’origine inuit, Tanya Tagaq, est citée dans vos influences ? Trevor Blumas : « On a eu le privilège de tourner avec elle. On la connaît très bien, on connaît bien son groupe, mais on était déjà fan avant de les rencontrer. Musicalement, elle existe à l’endroit précis où on aimerait exister. Elle nous a tant appris, dans sa combinaison de l’organique et du contemporain. C’est quelqu’un qui travaille sa musique à partir de sa tradition, de son héritage : une musique à l’identité forte, qui vient de quelque part. Nous, en tant que Canadiens de Toronto, on n’appartient pas à une véritable tradition. Avec l’invasion du NouveauMonde, on a été détaché de notre Histoire, de nos racines. Doomsquad, c’est une tentative de se trouver une identité commune, de dépasser les barrières culturelles, de remonter le fil de notre humanité aussi loin que possible pour nous et de trouver l’impulsion musicale primaire qui nous anime. Chercher d’où vient la musique, son expression, son besoin. » Les jumeaux Hasko, de North America, vous ont rejoint sur l’album et pour la tournée. Doomsquad devient une grande affaire de famille. Trevor Blumas : « Ce sont eux qui nous ont fait découvrir le Nouveau-Mexique et grâce à eux que nous avons enregistré là-bas. Nos musiques sont très complémentaires. Pareil pour Graham Walsh, de Holy Fuck et Etiquette, qui a produit et mixé ‘Total Time’. Il était
protestations quand on a voulu synchroniser l’heure de Sandusky à celle de New York. La question « à qui appartient midi à Sandusky ? » était un slogan brandi par la population. Cette idée de la propriété du temps, sous toutes ses formes, habite l’album tout entier. » Doomsquad vibre de cette rencontre entre des thématiques fortes et une immédiateté primale, que vous avez baptisé « shaman beat ». Qu’est-ce que vous espérez donner à vos auditeurs ? Une forme de transe, d’éveil, ou du simple plaisir ? Trevor Blumas : « Je pense que notre approche de la musique est avant tout holistique. C’est étrange parce qu’on évolue dans un milieu où la création est avant tout vue comme une commodité. Il y a cette obligation de s’inscrire dans une logique « commerciale », c’est-à-dire de fabriquer une musique propre à la consommation, avec un format, des codes. Ce sont des idées qui font pression sur les musiciens. On peut choisir de ne pas jouer selon ces règles, même si ce n’est pas un chemin facile. Prends Fela Kuti, un artiste on ne peut plus influent. Ses morceaux refusent les codes en vigueur. Et sa musique est habitée de pensées révolutionnaires, alors que c’est une musique de danse. La transe devient subversive. C’est extrêmement puissant. L’activisme qui habite nos morceaux, si on peut parler ainsi, est d’inspiration humaine. La musique, de par sa création, est une geste politique : c’est l’humanité qui s’exprime du plus profond d’elle-même. En ce sens, être musicien est un geste existentialiste. »
Embrasser la mort au Nouveau-Mexique Votre premier disque fut enregistré dans la forêt canadienne et celui-ci dans le désert du NouveauMexique. Qu’est-ce que vous êtes allé chercher dans ces lieux ? Trevor Blumas : « ‘Kalaboogie’ a été enregistré là où on a grandi. On avait cette cabane dans la forêt depuis des générations, c’est vraiment un lieu qui nous a forgé. Quand on a commencé à faire de la musique, on savait qu’on irait enregistrer là-bas, pour se plonger dans un environnement créatif et moins stérile qu’un studio. Après avoir passé un mois ensemble là-haut, la forêt a commencé à avoir une vraie influence sur l’album. Pour ‘Total Times’, on a voulu retrouver cette symbiose avec un paysage. On était déjà allé au Nouveau-Mexique, un endroit énigmatique et puissant, qui nous a semblé parfait pour partir à la rencontre de ce nouveau disque. » Je trouve l’ambiance de ‘Total Times’ plus urbaine que désertique. Trevor Blumas : « C’est vrai, sans doute parce que la dance est mise en avant. Notre EP, ‘Pageantry Suits’, a été enregistré à Toronto en studio, c’était une ode au NewYork de la fin des années 70, cette époque où le postpunk et le disco se côtoyaient, et il était traversé d’une énergie super-urbaine qui continue toujours de nous influencer. » …Dans une approche plus sombre que sur ‘Pageantry Suits’. Trevor Blumas : « On est resté isolés dans le désert trois mois au total, d’abord seul, puis rejoints par un ingénieur du son et des amis occasionnels. Un environnement beau, mais terrible. La musique devient une réponse à
Un disque : ‘Total Time’ (Hand Drawn Dracula/Bella Union)
Michel Cloup
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texte Antoine Meersseman I photo Manuel Rufié
On avait quitté Michel Cloup à minuit, dans ses bras, après une double séance de divan, plongé dans l’abîme d’un cœur qui saigne - le sien. Robuste, ‘Ici et là-bas’ se tient debout, annonçant le renouveau du toulousain : nouveau batteur, nouveau son, nouveau propos. C’est un résumé à lui seul du monde de cet éternel révolté, insoumis since 1993. Autobiographique et politique, tragiquement dans l’air du temps, ce « petit troisième » sonne le glas d’une planète qui tourne décidément f(l)ou. Ça réveille les consciences, ça sent l’Expérience et, bizarrement, ça nous procure des visions d’un autre vivre ensemble. De câlins à la fête des voisins. Ici, et là-bas. Tes deux précédents disques étaient très centrés sur ta personne. ‘Ici et là-bas’ semble davantage ouvert au monde extérieur. Michel Cloup : « En fait, les deux se côtoient. J’ai resserré encore plus sur moi par rapport aux deux précédents disques. Je parle de choses encore plus personnelles, de manière plus précise. Et en même temps je l’ai ouvert à quelque chose de plus universel. De plus politique, aussi. Pour essayer de mettre en parallèle mon côté introspectif avec un regard sur l’époque actuelle. J’ai lu un bouquin qui m’a beaucoup marqué, ‘Retour à Reims’ de Didier Eribon. C’est à la fois une autobiographie et un essai sociologique. Ça ne raconte pas du tout les mêmes choses que moi, mais sur le principe ça m’a bien plu,
et se font tirer dessus chez eux. C’était intéressant de mettre ça en parallèle. L’histoire de ma mère est moins dramatique, mais ça reste une situation assez proche qui fait écho à la situation du monde actuel. Ces questions, j’ai commencé à réellement me les poser pendant ce voyage en Italie en 2011. (...) Arriver dans ce pays, entendre les gens parler italien dans la rue : j’avais l’impression que ma grand-mère me parlait. Plein de choses me sont passées par la tête, petit à petit. C’est pour ça qu’au moment d’écrire le disque, tout m’est venu assez vite. Le tracklisting se dessinait, comme si j’écrivais un bouquin. Chaque chanson est un chapitre qui fonctionne avec celui d’avant et celui d’après. » Dans presque tous tes projets, il y a eu cette volonté
ça m’a inspiré. Tout en n’oubliant pas que je fais des chansons, pas de la sociologie. » Ce côté politique, tu l’avais abandonné après Expérience... Michel : « Je l’avais mis de côté car je ne ressentais plus le besoin d’en parler, j’avais l’impression d’avoir dit beaucoup de choses. Quand j’ai commencé le projet avec ‘Notre Silence’, j’ai vécu des choses fortes et je ressentais le besoin de parler de ça, davantage que le registre politique. Entre le premier et le deuxième disque, j’ai gardé cette direction. Ici, beaucoup de nouveaux événements m’ont marqué... Des voyages. Il y a eu cette résidence à la Villa Médicis, à Rome, à l’époque de ‘Notre Silence’. Il s’y est passé un truc personnel qui n’est pas sorti instantanément parce que je travaillais sur un autre disque, mais qui m’est resté en tête. C’était en 2011. J’avais envie de parler de ce côté identité, origine. » Cette tension identitaire, ça te travaillait depuis longtemps ? Michel : « Je viens d’une mère italienne, d’un père français. Ma mère a quitté l’Italie sous Mussolini. Ils étaient dans la misère totale et se sont enfuis en France. Ma mère a donc grandi ici. Je raconte certains éléments de l’histoire de la famille dans ‘Une adresse en Italie’. J’en ressentais le besoin et je voulais inconsciemment rafraîchir la mémoire de pas mal de français qui ont oublié d’où ils viennent, qui ont très souvent un parent « d’ailleurs » mais l’oublient et se posent en victime de l’immigration. Je raconte cette histoire juste au moment où des gens arrivent de partout, en Europe. Des gens désespérés, qui n’ont rien à bouffer
de parler du monde. Avant, j’avais l’impression que tu te réfugiais derrière un écran de fumée, une sorte de cynisme. Quel a été ce cheminement ? Michel : « Il y avait de la pudeur, de la trouille. On avait une posture de branleur, avec une pointe de cynisme. Surtout dans les textes d’Arnaud (Michniak). Les années nonante, c’était les années branleurs. On le revendiquait, on le criait haut et fort. Il y avait le rock engagé, avec de beaux discours, lourdingues, faciles : ça ne nous a jamais intéressés. Mais aujourd’hui, on est arrivé à un tel point de cynisme que c’est quelque chose que je rejette. C’est ce qui mène à des extrêmes dangereux. On est dans une époque assez bordélique, merdique. Le repli identitaire, l’individualisme hyper violent, l’incapacité à se positionner, le pouvoir politique qui essaye sans cesse de nous diviser encore plus par communautés, par religions, pour mieux régner. Le vieux proverbe est toujours valable! Ce cynisme de la classe politique est peut-être le plus atroce. L’état d’urgence, l’état policier, l’instrumentalisation des attentats pour museler les voix contestataires, c’est effrayant. On est tellement conditionnés par la peur. » Cette question de la division des gens est traitée dans deux titres, ‘Séparer’ avec une forme de réponse sur ‘Nous qui n’arrivons plus à dire nous’... Michel : « C’est une question du moment. Même si ce n’était pas mieux avant. Il y a eu des causes qui ont rassemblé les gens. Je ne dis pas que tout a réussi. Mais aujourd’hui, se retrouver autour d’une cause de manière simple, ce n’est quasi plus possible. L’idée du « nous », ce n’est pas que de la lutte, c’est le quotidien, le fait de se sentir avec des gens. Ce n’est pas vraiment une
Nous, vous, ils
question politique. C’est le rapport à l’autre qui devient extrêmement difficile. Je m’inclus aussi dedans! » J’aime bien cette image du « si on traçait une ligne on serait tous du même côté »... Michel : « Ce n’est pas systématique ! Je ne vais pas dire qu’un jour je serai du même côté que des mecs qui votent FN. Bien que certains votaient pour le PC il y a 6 mois... C’est simplement cette idée qu’on est plein de gens à dire non, à vouloir dire « nous », mais qu’on n’arrive plus à se retrouver. Je crois que si on réfléchit bien, beaucoup de gens pourraient marcher ensemble, s’entendre. C’est pour ça que je reviens à un niveau de proximité dans mon quartier. Savoir ce qui se passe, participer à des choses. M’engager sur des grandes causes, je suis très méfiant. J’aime les circuits courts. C’est ce rapport à l’autre, cette mobilisation qui m’intéresse. » Tu peux me parler de cette drôle de discussion endessous d’un pont sur ‘D32W’ ? Michel : « C’est un pont sous lequel j’allais quand j’étais gosse. Il se trouvait à côté de la ferme dans laquelle je vivais enfant. J’y suis revenu avec mon fils à la période pendant laquelle j’écrivais le disque. Ce pont s’est mis à représenter quelque chose pour lui. On y est allé très souvent, à mettre les pieds dans l’eau et discuter pendant des heures. Ça faisait un lien entre mon expérience de gamin et la sienne, un lien qui s’est fait malgré moi. Quand tu es dans ces questions de transmission, c’est assez beau. » Tu avais déjà composé tout le disque avant de collaborer avec ce nouveau batteur ? Michel : « J’ai commencé à écrire en même temps qu’on répétait. J’arrivais soit avec une base d’accords et le texte, soit avec quelque chose de plus avancé. On a à chaque fois mis en forme ensemble avec Julien (Rufié). Sur ‘Notre Silence’, je suis arrivé avec des chansons presque finies, comme sur celui-ci. Patrice (Cartier) se collait sur les morceaux. Pour ‘Minuit dans tes bras’, on était plus dans une dynamique de groupe. Ici, le travail s’est surtout fait sur les arrangements. Patrice a arrêté parce qu’il a eu un énorme coup de fatigue, il avait besoin d’un break. J’ai fait un test avec Julien qui jouait dans le local de répète d’en face. Rapidement, ça a fonctionné! Ça permet de partir sur des bases nouvelles, avec quelqu’un de motivé qui apporte une nouvelle énergie. Ça crée des surprises musicales, on se découvre. Le disque s’en ressent. J’avais envie d’une rupture. Au niveau formel, je voulais des chansons plus courtes, des morceaux plus rapides, énergiques. Moins lourds et moins longs! » Un disque : ‘Ici et là-bas’ (Ici, d’ailleurs/Believe) Suivez le guide : www.michelcloup.com
Ray LaMontagne texte Gery Lefebvre I photo Samantha Casolari
Pourtant, que LaMontagne est beau « Ray LaMontagne, le type qu’on entend dans Les Frères Scott ou Grey’s Anatomy ? » : cette réflexion entendue à l’évocation du nom du songwriter américain avait plutôt conforté nos a priori. Rangés dans le tiroir de nos préjugés culturels ou évoluant dans la bulle d’indifférence de notre curiosité musicale, les disques de Ray LaMontagne n’ont jamais vraiment suscité notre impatience fébrile. Il nous faut ici faire profil bas et nous raviser fissa car cette nouvelle galette de Ray est une épiphanie. Un disque rare. L’un de ceux que l’on commence à écouter distraitement. Et dont on s’aperçoit, au bout de deux morceaux, qu’il est parvenu à détourner le cours des tâches quotidiennes pour mieux obtenir toute l’attention qui lui est due. Et à nous faire ressortir le dictionnaire des superlatifs pour lui rendre les hommages. Car il y a quelque chose de presque touchant à voir un artiste s’arracher aux pressions de l’époque, quitter sa zone de confort et les chemins balisés pour tracer sa propre voie et gagner en altitude. A opter pour la volte-face au lieu de spéculer sur les recettes gagnantes. Quitte à prendre le risque de désarçonner sa fanbase alors qu’il aurait pu investir dans une douillette assurance-vie. Création désintéressée des contingences économiques, musique libérée du besoin de séduire le plus grand nombre, peu importe finalement. Comme si elle avait longuement cheminé dans l’alambic tortueux de son inspiration, cette musique possède avant tout un goût d’aboutissement assez enthousiasmant. Symbole de l’éternel retour, du caractère cyclique du temps, l’Ouroboros représente – littéralement - un serpent qui se mord la queue. Une façon polie et métaphorique pour Ray LaMontagne d’indiquer que ce nouveau disque symbolise la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. D’une conquête progressive de lui-même dans laquelle le chemin apparaît au moins aussi important que le point d’aboutissement. « You’re never going to hear this song on the radio » affirme-t-il d’ailleurs en un accès de rage contenue à la toute fin de cet album réalisé avec la complicité de Jim James (My Morning Jacket). Équitablement répartis en deux parties bien distinctes - comme un bon vieux vinyl - les huit titres intriguent par leur richesse, leur luxuriance et une forme de complexité. Mais loin d’être un œuvre absconse, les pépites brillamment polies s’y bousculent, pour caresser la joue ou tuméfier les postérieurs. Car LaMontagne ne se contente plus de tordre ou de chambouler les cœurs d’artichauts par la seule grâce de sa voix mi-miel mipapier de verre ou d’une guitare délicatement grattée. Brassant des textures instrumentales denses et aériennes, nourries du souvenir d’un psychédélisme planant et d’un lyrisme parfois très Gilmourien, cette musique se joue des genres. A-t-on affaire à du folk électrique, de la pop pastorale ou du psyché-rock aérien ? Rien de tout ça et tout ça à la fois. Tour à tour rugueux, sensuel, accrocheur et apaisé, ce disque d’une extrême subtilité brille de mille feux sans jamais être tape-à-l’œil. Dès le morceau d’ouverture (‘Homecoming’), les différents éléments apparaissent et se mettent imperceptiblement en place. Après quelques accords de guitare acoustique, une voix spectrale mais lumineuse surgit : le rêve éveillé peut commencer. Mais l’onirisme ne rime pas ici avec l’onanisme. Huit minutes pour apprivoiser l’espace et atteindre une première forme de plénitude. Cette barrière franchie, on sait que tout retour sera impossible. Plus offensif, ‘Hey, No Pressure’, envolée blues-rock fougueuse et groovy, fait rimer incandescence et nonchalance. Lancinants, hypnotiques, voire carrément progressifs, ‘The Changing Man’ et ‘While It Still Beats’ alternent ensuite moments de grâce électrique à base de saturations vintage, de réverbérations profondes sur la voix et de claviers célestes. En apparence plus apaisée, la seconde partie fait mine de se recentrer sur un registre plus sensible. Avec toujours ce chant qui illumine la sérénité (re)trouvée et la maturité nostalgique de ‘Another Day’. Entre fuite en avant et exil intérieur, pourquoi choisir ? ‘A Murmuration Of Starlings’ gagne encore en altitude et laisse entrevoir la face cachée de LaMontagne. Au sommet, il sait que de toute façon aucune de ces chansons ne passeront jamais à la radio. Mais ‘Wouldn’t It Make A Lovely Photograph ?’ , instantané de ce moment de liberté, clôt l’album avec lucidité mais sans rancœur. D’une richesse qui déboussole, ‘Ouroboros’ possède alors définitivement ce qui différencie les vrais albums des bibelots : de la chair, de la fièvre, du souffle et de la hauteur. Un disque : ‘Ouroboros’ (Sony).
Pantha du Prince
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t e x t e Fa b r i c e Va n o v e r b e r g
Un génie de la techno. Un équilibriste du son. Hendrik Weber, alias Pantha du Prince, promène ses tracks racées en un équilibre à la fois fragile et solide. Qu’il joue uniquement des machines ou, plus récemment, incorpore des sons organiques - à l’image du fabuleux ‘Elements Of Light’ avec le Bell Orchestra - le producteur allemand est une icône de la scène. De retour en solo sur ‘The Triad’, avec un carillon qui joue un rôle à peine moins central, Pantha fait évoluer ses structures organiques vers des pop songs modernes pop songs modernes, où la voix humaine, où la voix humaine prend tout son sens aérien. On en redemande. Le nom ‘The Triad’ fait-il référence à un trio ? Hendrik Weber : « Oui, on y trouve une idée de trinité, comme un processus créatif dans lequel on entre pour créer quelque chose. C’est aussi le symbole de ce que l’album me donne en retour, comme si la musique, le processus de création et moi-même étions les trois éléments d’un même projet. Le titre ‘The Triad’ fait référence à ce qui se passe dans ma musique. A chaque disque, j’essaie de trouver un nom qui donne à l’auditeur une clé afin qu’il puisse aborder les nouveaux morceaux. En clair, ça doit être un mot ou une expression qui raconte ce que j’ai fait et comment je vois chaque titre. En étant un peu extrême, on peut même affirmer que le titre et la musique ne doivent former qu’un. » Comme sur le précédent album ‘Elements Of Light’, où chaque titre a une part lumineuse assez évidente. L’album ayant été partiellement conçu en Norvège, faut-il y voir une référence à la luminosité particulière du Nord ? Hendrik Weber : « On pourrait dire ça, que la lumière en Scandinavie est différente de celle que je perçois dans ma vie de tous les jours, ici en Allemagne. Derrière ‘Elements Of Light’ se cachait l’idée de la lumière telle qu’elle peut être perçue. En fin de compte, ce qui avait compté, c’était l’introduction d’un carillon. » Ces cloches, on les retrouve aussi sur ‘The Triad’, dans un rôle moins central que sur l’album précédent. Comment vous est venue l’idée d’intégrer un carillon à votre musique ? Hendrik Weber : « C’est assez simple. Un jour, j’étais à Oslo, assis à une terrasse. Je jouais ce soir-là dans la ville. On était en train de déjeuner et tout à coup, le carillon de l’hôtel de ville a joué une mélodie et dès ce moment, il était clair que je devais en faire quelque chose. » Ce n’était pas la première fois que vous entendiez du carillon, je suppose. Hendrik Weber : « Non, bien sûr, j’avais déjà visité le carillon d’une église à Hambourg Sankt Pauli, soit dit en passant le plus vieux du nord de l’Allemagne. C’était bien avant ‘Elements Of Light’ et d’ailleurs sur l’album d’avant ‘Black Noise’, on trouvait déjà un field recording de ces cloches sur un morceau, à savoir ‘Instinct To My Side’. » Aviez-vous dés le départ de ‘The Triad’ l’envie de conserver ce carillon ? Hendrik Weber : « Je voulais avant tout explorer d’autres sonorités. Ceci dit, j’avais dès le départ l’envie de maintenir les sonorités du carillon, que je voyais difficilement remplaçables. » Quelles sonorités aviez-vous envie d’explorer ? Hendrik Weber : « J’avais envie de retrouver une certaine chaleur dans ma musique, que la touche humaine soit davantage présente, ce qu’on ne trouve pas vraiment avec des boîtes à rythmes et des ordinateurs. Pour y arriver, il a fallu accepter que le processus d’enregistrement soit plus lent. » L’apport de voix humaines s’inscrit-elle dans ce cadre?
L’humanité Hendrik Weber : « Tout à fait. Elles sont même prépondérantes sur les six morceaux où elles interviennent. » Concrètement, quelles collaborations avez-vous envisagées avec les vocalistes ? Hendrik Weber : « Sur le morceau où je chante, c’est simple puisque c’est moi (rires). Par ailleurs, Scott Mou (alias Queens, ndr) chante sur deux titres. C’est quelqu’un que j’apprécie depuis longtemps mais nous n’avions jamais bossé ensemble. Maintenant, c’est fait. » Vous avez grandi dans une petite ville du nord de la Hesse puis êtes parti vivre à Hambourg. En raison de la musique ? Hendrik Weber : « Oui, j’avais 20 ans quand j’ai quitté la petite ville où j’ai passé mon enfance. Je suis parti à Hambourg pour deux raisons. Je venais de commencer une formation et je voulais me rapprocher de la scène musicale de la ville. A cette époque, la scène de Hambourg, la Hamburger Schule, était très importante et j’ai atterri dans ce milieu. C’est là que la scène musicale allemande était la plus intéressante à l’époque, avec des gens comme Kolossale Jugend (nommé d’après l’album ‘Colossal Youth’ des Young Marble Giants, ndr) ou Blumfeld. Tous ces groupes ont réellement compté pour moi. Un film de Rocko Schamoni a eu une importance capitale quand j’avais 18 ou 19 ans, il a tellement compté pour moi qu’il m’a attiré à Hambourg et son auteur est devenu mon manager, en plus de son rôle de batteur des Goldene Zitronen. » Vous avez démarré comme bassiste du groupe Stella alors qu’aujourd’hui, vous avez recours aux machines.
Avez-vous une préférence pour l’un ou pour l’autre ? Hendrik Weber : « A vrai dire, je préfère les vrais instruments, comme le piano ou la batterie. Pourtant, la plupart des morceaux de Pantha du Prince naissent sur l’ordinateur, hormis les deux derniers morceaux de l’album ‘Islands In the Sky’ et ‘Wallflowers For Pale Saints’ qui ont été créés d’abord au piano. » Depuis vos débuts en tant que Pantha du Prince, la technologie a énormément évolué. Est-ce pour vous un avantage ou un inconvénient ? Hendrik Weber : (il se marre) « Je pense que la technologie comporte de nombreux pièges, surtout quand elle est récente. Si on n’y prend pas garde, on tombe facilement dedans. J’ai commencé à faire de la musique électronique parce que c’était facile à enregistrer et à conserver sur un disque dur. C’est quand j’ai pu garder mes premiers morceaux pour ensuite y revenir et les retravailler que j’ai vraiment commencé à faire de la musique un métier. Avec des moyens assez simples, j’ai pu développer mes propres structures musicales et mon propre son. Avec le temps, mon regard sur la technologie est plus critique, je fais de la musique sur ordinateur depuis pas mal de temps et de plus en plus, j’aime me détacher des écrans et de la technologie. Le processus créatif sans ordinateur m’intéresse chaque jour un peu plus. » Un disque : ‘The Triad’ (Rough Trade/Konkurrent)
ON STAGE 13/07 Dour Festiva I Dour
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BEIRUT 06-07-2016
KORN 31-05-2016
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SX + Hong Kong Dong SAT 07.05 Coca-Cola Sessions
Billie + aftershow: ‘B’ MON 09.05
BEHEMOTH 21-10-2016
Aidan Knight + Hannah Epperson WED 08.06
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Last Train + Indian Askin + Memória De Peixe
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Explosions In The Sky WORLD TOUR 2016
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WED 11.05
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J.B.O. 22-10-2016
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LONDON O 2 ACADEMY BRIXTON SAT 28TH MAY
FRI 24.06
MANCHESTER ALBERT HALL
Anohni
: Hopelessness Leadsinger/songwriter Antony & The Johnsons
ARACHNÉE PRODUCTIONS présente
GIGSANDTOURS.COM TICKETMASTER.CO.UK An S.J.M. Concerts presentation by arrangement with CAA
DISTURBED 07-06-2016
MACDEMARCO 13-07-2016
L.E.J. 25-11-2016
PUSCIFER 13-06-2016
MHD 24-09-2016
ALICE ON THE ROOF 05-12-2016
DESTROYER 14-06-2016
STEEL PANTHER 11-10-2016
WAX TAILOR 07-12-2016
SAT 14.05 Coca-Cola Sessions
Faces On TV + Témé Tan WED 18.05
FRI 07.10
De Staat WED 12.10
Jambinai + Inwolves
Steel Panther
SAT 21.05 Brussels Jazz Marathon
Bombino & El Juntacadaveres free TUE 24.05
Nadia Reid + Søren Juul (solo) + Anthonie Tonnon
THU 13.10
Arno
MON 07.11
Nathaniel Rateliff & The Night Sweats WED 16.11
THU 26.05
Bear’s Den
Daptone Records Presents
The Mystery Lights SAT 28.05 AB & Melkweg
MEGADETH 16-06-2016
Rico & Sticks #Opgezwolletotnu + Typhoon + Jungle By Night + Kuenta I Tambu + Weval + Jameszoo SAT 28.05
SAT 19.11
TUE 31.05
TUE 06.12
TUE 31.05
THU 15.12
Hyphen Hyphen
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The Animen
Ash Koosha
‘Are We There Yet ?’ Two Gentlemen/Roy Music
Carouge-Nashville. C’est la voie prise par ces petits Suisses pour un second disque garage (après ‘Hi !’) qu’ils souhaitent le plus authentique possible. Pari risqué : du garage, on en bouffe à la pelle ces dernières années. Première surprise : c’est bon ! Toute la petite bande assure, à commencer par Théo Wyser au chant. La session rythmique est au taquet. Les mélodies accrochent comme il faut. Deuxième surprise : c’est vraiment bon, de bleu ! Encadrés par Andrija Tokic (Alabama Shakes) dans un studio au Tenessee, The Animen concoctent un rock solide et ludique, à la manière des Tijuana Panthers, aux sonorités soul et fraternelles comme un refrain de The Bees. S’ils se font plus mélancoliques, des accents bluesy et folk s’immiscent ici et là sans rien perdre de leur aspect rocailleux, rappelant les Two Gallants d’autrefois. De quoi faire tourner le lait dans les Alpages. (ab)
‘I Aka I’ Ninja Tune/Pias
« La goutte d’eau qui tombe d’un robinet est le son le plus fascinant qui soit, parce qu’au contact de la surface, elle explose en multitude d’autre gouttes, qui en font tout autant. Quand tu observes le son en détail, c’est d’une richesse extraordinaire. » En filigrane, Ashkan Kooshanejad susurre le principe fractal sous-jacent à sa musique. Chaos ordonné, mais inféodé aux plus infimes perturbations soniques qu’il imprime à ses échantillons de départ, ‘I Aka I’ est une collision d’ensembles de Mandelbrot, un plongeon infini au cœur de structures similaires aux comportements sensiblement différents. La théorie du battement d’aile peut être vue comme un mécanisme de survie chez ce jeune Iranien, apatride depuis son apparition-clé dans ‘Les Chats Persans’, film rebelle qui aura signé l’arrestation de plusieurs de ses amis à Téhéran. Réfugié depuis lors à Londres où il se trouvait en tournée, fort d’une formation en musiques classique et perse, intéressé dès le plus jeune âge à l’électronique et auréolé d’une forme de synesthésie qui lui permet de voir les sons, Ashkan multiplie les hasards de la vie comme autant de modulations à son parcours. ‘I Aka I’, c’est le bruit de la chair en réaction à un environnement mutagène, c’est le cri de la cellule face à l’agression, la détresse et l’inattendu. C’est le son que produit la rencontre de cinquante vies déviées sur un zodiac perdu dans la nuit. Prolongement logique pour qui se penche sur cette oscillation en entonnoir, le second album d’Ash Koosha (après l’excellent GUUD) devrait évoluer très prochainement en réalité augmentée sur Oculust Rift, marquant d’une pierre blanche l’histoire de la musique électronique, voire de l’expérience musicale tout court. Le virtuel n’a jamais été aussi vivant. (ab)
Polydor
Malgré les années, c’est toujours avec enthousiasme qu’on accueille un nouveau Keren Ann, même si l’on n’en attend forcément plus grand-chose. Surtout après l’increvable ‘101’, disque-acmé derrière lequel elle courra sans doute toute sa vie. Si sa vie continue dans la pop. Ce dont on n’est même pas certain, les intervalles se faisant de plus en plus longs entre les différents albums d’une discographie quasi sans failles : trois ans entre ‘Nolita’ et ‘Keren Ann’, quatre entre ce dernier et ‘101’, et cinq autres années avant ce ‘You’re Gonna Get Love’. Qu’en dire ? Que c’est un beau disque, classieux de la pochette aux arrangements ouatés, un grand disque d’easy listening qui fait dresser l’oreille à deux ou trois occasions (superbes ‘My Man Is Wanted But I Ain’t Gonna Turn Him In’, ‘The River That Swallows All The Rivers’), pas rien mais pas spécialement de quoi tenir jusqu’en 2022. 2022, putain. Elle aura quarante-huit ans, j’en aurai quarante-deux. Ou alors, on sera tous crevés. (lg)
Anwar ‘Beautiful Sunrise’ Columbia/Sony
Anwar a la voix et les chansons pour signer un carton… sur cette bonne vieille bande FM. Ambassadeur des recettes d’antan et du succès plan-plan, le garçon s’adjuge une victoire méritée, mais facile, en se faufilant entre le marcel d’Asaf Avidan et le chapeau de Charlie Winston. À l’occasion, Anwar peut aussi roucouler sur des airs de reggae (‘I Came To Tell You’) ou braconner du Phil Collins en toute impunité (‘I Know’). L’auteur-compositeur belgo-marocain dispose des qualités requises pour briller au plus haut niveau (d’incompatibilité avec les goûts du RifRaf). Entre mélodies stérilisées, conçues pour ramollir les consciences d’un public apathique, et refrains aseptisés, profilés pour satisfaire les choix douteux de chefs d’antenne castrés des tympans depuis l’avènement du XXIe siècle, on tient ici une musique d’un autre âge. Un truc bon enfant pour les vieux. Un pre-
Natalie Beridze ’Guliagava’ Monika Enterprise
Keren Ann ‘You’re Gonna Get Love’
leçons particulières, dont aucune ne comporte de traces de Nicole Kidman et Robbie Williams, M. Ward et Zooey Deschanel, pas plus que de la sulfureuse Kylie Minogue et de l’ombrageux Nickdes-marais. Apprivoisez une créature à la garde-robe aux mille vaporeux corsages, aux jupons couleur du temps. Accordezlui une danse americana, surtout si vous portez barbe longue et montre à gousset. Chorégraphiez à l’unisson vos ‘Bright Lights and Goodbyes’. Parlez d’or, parlez d’ocre et laissez-vous envahir par une sensation extrêmement cotonneuse, en particulier par pleine lune. Surprenez-la en l’étreignant à la volette – langoureuse réponse du berger à la bergère, du ‘Sailor to Siren’ – et, glissando, capturez pour elle quelques potelés nuages ou l’un ou l’autre rossignol pépiant. Quand vous aurez fait le tour un peu suave de ‘Ce Rêve Bleu’, de cette ‘Nuit magique’, épicez donc la romance d’un ‘Chalk It Up To Chi’ – une de ces curiosités hybrides qu’on serait curieux d’observer sous les néons de Chairlift – et servez tendre et tiède. (alr)
mier album bien pensé et bien-pensant. L’antithèse de la musique alternative. (na)
Richard Ashcroft ‘These People’ Cooking Vinyl/V2 Benelux
Énième symbole d’une pop anglaise qui refuse la retraite anticipée, l’ancien leader de The Verve tente une nouvelle fois de renaître de ses cendres. Mais, après l’accident industriel de son projet ‘The United Nations of Sound’ (2010), qui du fin ciseleur d’hymnes pop, du spécialiste ès symphonies douces-amères ou de l’arrogant prétentieux Mad Richard allaiton retrouver ici ? A l’autopsie, ce cru 2016 s’avère un vrai panaché de ces différentes facettes. Illustration d’entrée de jeu avec ‘This Is How It Feels’, premier single jeté en pâture, qui se révèle autant comme une tentative de renouer avec la verve de ‘Bitter Sweet Symphony’ que de la belle ouvrage en matière de lyrisme pop. Mais les choses se gâtent ensuite très rapidement avec ‘Hold On’ sur lequel l’audace et la modernité des arrangements (smiley qui cligne de l’œil) font la part belle (smiley qui pleure de rire) à un Ashcroft version Robbie Williams. La suite se place sous le signe de compositions à la fois mélodiques et classiques, pour ne pas dire banales. Si les ambiances sont soignées à défaut d’être subtiles, les morceaux s’épuisent très vite, trahissant une inspiration défaillante au niveau du songwriting. Au final, cette collection de poncifs pop typiquement britanniques peine à susciter plus d’intérêt que d’agacement. (gle)
Bardus ‘Stella Porta’ Solar Flare Records/Creative Eclipse
Avec cet album ultra concis (moins de trente minutes), ce trio ricain donne l’impression d’avoir voulu composer la bande son de l’apocalypse. Ultra brutal, vraiment méchant et sans compromis, ‘Stella Porta’ est le genre de disque qui vous prend aux tripes et ne relâche jamais la pression. Éprouvant, sans doute, mais également gratifiant pour tous ceux
qui n’ont pas peur de s’offrir une orgie de rock stoner/doom/sludge/psyched out/expérimental. Assez original au niveau de l’approche et des sons, Bardus parvient à opérer la synthèse entre le gros son (les riffs sont monstrueux) et une atmosphère post apocalyptique tendance ambient dépressif. Bardus, c’est un peu la synthèse entre les Melvins, Unsane, Isis ou encore EyeHateGod. Pour public averti. (pf)
Julianna Barwick ’Will’ Dead Oceans/Konkurrent
La vapeur, l’éther, la transcendance. Et Julianna Barwick. Un quatuor de jolies choses, étirées et sensuelles. La marque de l’artiste de Brooklyn, maîtresse des brumes à la voix perchée, impossible d’oublier le rapprochement avec la clique 4AD d’un temps révolu. On cite les Cocteau Twins, on fait du stretching en compagnie de Dead Can Dance, on fantasme Dawn Landes en prêtresse nappée de voiles translucides (‘St. Apolonia’, ‘Someway’). Quelques boucles à l’horizon, elles tournoient avec grâce, en un tempo ralenti au maximum, inutile de songer à l’agitation perpétuelle (‘Nebula’, superbe). Un piano hors du monde surgit, une flèche percute Soap&Skin en plein cœur, le danger guette, va-t-on perdre notre belle Américaine sur les verts rivages d’Enya (‘Beached’, ‘Big Hollow’). Trop d’infini tue l’éternité, magique un temps, l’extase se veut miracle, elle ne fait plus que séduire à temps partiel. Un héritage de Broadcast se promène dans la fraîcheur embruinée du matin, on l’imagine signée par Lawrence English, c’est très beau, c’est illusoire (‘Wist’). De retour à la maison, quelques notes de piano garnissent la pièce, le décor est minimal, on se croit en Scandinavie, une voix surgit de la pénombre (‘Heading Home’). Avant un final planté, à l’est d’Au Revoir Simone. (fv)
Sam Beam & Jesca Hoop ‘Love Letter For Fire’ Sub Pop/Konkurrent
De la roucoulade duettiste en quelques
On ne remerciera jamais assez les compilations ‘4 Women No Cry’. C’était en 2005, la première du genre. Une artiste au nom inconnu, il contenait tous les ingrédients géographiques d’une de ses interprètes. Natalie Beridze, la Géorgie. Pas celle des States, mais le petit pays perché dans les montagnes du Caucase. Où elle a développé son électro pop totale classe, en témoignait son meilleur disque à ce jour, le fabuleux ‘Forget’fulness’, c’était il y a cinq ans, déjà sur le label de Gudrun Gut. Un poil moins expressif, davantage dans la retenue, ‘Guliagava’ n’en conserve pas moins la délicate beauté des sommets enneigés. Le Caucase, on vous disait. A la fois généreuse et discrète, empreinte d’un style riche où les ingrédients doivent autant à Aphex Twin qu’à Antye Greie, en passant par des restes de dubstep et d’IDM, la musique de l’artiste de Tbilissi respire la recherche et l’anticipation. Moins immédiate que sur des efforts précédents, il suffit en comparaison, de songer à l’embaume quasi-mystique d’un ancien titre comme ‘Forever Has No Shadow’, le cru 2016 de Natalie Beridze conserve, voire accroît encore, une longueur en bouche précieuse et sensuelle. On lui donne déjà rendez-vous dans cinq ans. (fv)
Joep Beving ‘Solipsism’ I Are Giant/Konkurrent
L’objet est magnifique: un disque (ou cd) à la pochette cartonnée dépliante reprenant en relief un visage de profil sur la pochette avant, une oreille dans la couverture intérieure et deux mains sur celle arrière. Ce sont visiblement celles d’un pianiste. Joep Beving remercie sa grand-mère pour lui avoir donné l’instrument et ses parents pour l’avoir laissé le pratiquer à la maison. Cet album carte de visite comporte une onzaine de petites pièces sans une once de remous ou d’agitation, tour à tour études, suites ou mélodies fragmentées. Enregistrées naturellement avec la seule aide d’un AKG-c214 elles apparaissent telles qu’elles sont : sans artifice et sans apport extérieur. ‘Saturday Morning’, captée à l’iPhone, laisse percer les brui-
ts d’ambiance de la maisonnée. Même s’il nous offre et nous destine sa musique à nous auditeurs, Beving se parle avant tout à lui-même tant celle-ci est affaire d’intimité. (et)
Biezen ‘The Birds Return’ Chappel Music Holland/Warner
Ce n’est guère l’habitude de la maison de faire dans la nécro, mais difficile ici de passer sous silence le décès très prématuré du frontman de Gorki, Luc De Vos, en 2014, dans la mesure où c’est la brutalité de cette perte qui amena Erik Van Biesen, bassiste du groupe, à chercher une catharsis musicale, un « show must go on ». Dans la langue de Vondel, « biezen » veut dire jonc, et explicitement, cet hommelà a préféré ployer, ‘Closer To The End Of Sound’ (assurément la charnière la plus sonique et chorale du disque), que se briser entièrement. On le trouvera donc plus souvent cendres à la bouche, les gonds grinçants ou occupé à laver la plaie à l’eau sacrée, à la façon tantôt veloutée tantôt épidermique de Mark Lanegan, que complètement disposé à s’extasier pleinement sur le retour des hirondelles. Mais d’inspirée reprise de ‘Bring On The Dancing Horses’ (Echo & The Bunnymen) en survie chuchotée d’un ‘Howling Wolf’, jaillissent sous les lamentos du deuil réel et métaphorique suffisamment d’en-vies pour nous maintenir en éveil. (alr)
Black Strike ‘Black Strike’ M & O Music
Nouveau venu sur la scène belge, Black Strike est formé de cinq potes qui ont décidé de donner corps à leurs ambitions musicales en 2014. Le résultat est des plus convaincants puisque ce EP de cinq titres permet de prendre conscience de tout le potentiel de ce combo ayant un son ultra puissant et groovy. On évolue dans un registre stoner métal très contemporain et terriblement accrocheur, ce que démontrent le tout particulièrement immédiat ‘Garlic’ ainsi que l’apocalyptique ‘Sacramento’ au quotient métalcore affolant. Un groupe à suivre. (pf)
Karl Blau ‘Introducing Karl Blau’ Bella Union/Pias
Bel hasard, nous voici face à deux disques produits par Tucker Martine (Mount Analogue…ou Mr Laura Veirs). Tranchons à cœur : même sans sérénade, nous fondons bien davantage pour celui-ci. Pourquoi être galvanisé par un disque de reprises de country? Tout d’abord, parce que notre vieille copine à franges, poussiéreuse chez d’autres, est ici sans cesse mâtinée de la ferveur d’arrangements soul, dans cette veine de la fin des années 60-70. Ensuite, parce qu’il nous paraît cette fois impossible de ne pas se pâmer pour les vocalises ambrées de Karl Blau, performer très prolifique, mais jusque là cantonné à des circuits alternatifs. Enfin, parce que saupoudré d’invités de grande classe (Jim James ou Eli Moore, entre autres), voilà un disque qui nous donne enfin envie, n’en déplaise à Schmoll, de fredonner ‘That’s How I Got
Chris Cohen ‘As If Apart’ Captured Tracks/Konkurrent
Il est des ciseleurs dont on attend la réapparition avec un emballement non dissimulé. De ceux dont la prédilection pour la mélodie, le sens d’une pop aussi intemporelle qu’affectueuse - taillée pour la sérénité des parcs et de leurs allées bourgeonnantes - a souvent joué à rideaux fermés dans l’ombre d’autres projets. Allez savoir pourquoi dans ce club des ‘Émotifs anonymes’, chez ces nostalgiques tout aussi brillants que discrets, on distribuerait, plus volontiers qu’à d’autres, un badge à Dean Wareham (Galaxie 500) ou à Gerard Love (bassiste pour Teenage Fan Club et seul à la barre de Lightships). Parmi ces happy few, depuis ‘Overgrown Path’, on offrirait aussi volontiers la palme de la luxuriance à juste équilibre à Chris Cohen, ce sosie vocal de John Cunningham (bien que plus cajoleur), ce voisin de palier de Matt Mondanile (Real Estate, Ducktails) sans doute moins perdu dans ses songes et plus disposé à nous accepter dans son sillage disruptif, même dans les moments où le soleil s’évapore. Des envolées paradisiaques à flanc de récif de ‘Torrey Pine’ à la détermination bourdonnante d’’As If Apart’, du balancement hésitant de ‘Needle an Thread’ à l’apothéose miroitante ‘Yesterdays on My Mind’, voici un homme, simple et subtil à la fois, qui tout en cultivant les moyens de vous envoyer en lévitation, ne retire pourtant jamais sa main confiante de votre épaule. (alr)
To Memphis’ à tue-tête, tant la lumière de cette version déborde par toutes les embrasures. À coups de slide-guitar et de cuivres ronds, le ‘To Love Somebody’ des Bee Gees devient bien davantage taillé pour la projection de plein air. Grâce à ‘Six White Horses’, on fait connaissance avec Tommy Cash, frérot de Johnny, et Layng Martine Jr, père du rassembleur de ces gemmes, est célébré avec orgue et fougue sur ‘Let The World Go By’. Compte tenu de tout ça, vous ne réévalueriez pas vos albums de Don Gibson ? (alr)
The Bonnevilles ‘Arrow Pierce My Heart’
King Mud
‘Victory Motel Sessions’ Alive Natural Sound
Dépasser les limites, s’imposer des règles de jeu à redéfinir à l’infini. Entre les cymbales d’une batterie et les six cordes d’une guitare électrique, a priori, tout a été dit. Ou presque. Dans le genre, The White Stripes a frappé un grand coup, avant de divorcer en rouge et blanc. The Black Keys s’est alors engouffré dans la brèche avec un brin d’arrogance et une bonne dose d’opportunisme. En marge de ces grosses machines, des outsiders s’amusent à repousser les murs de la centrale électrique avec des riffs crasseux et quelques rythmiques explosives. Nouveau cas d’école, le premier album de The Bonnevilles sent le souffre et le bourbon, les bars enfumés et les louanges d’une centaine de fans dopés à la kétamine. Originaires d’Irlande du Nord, les deux lascars appliquent à la lettre les préceptes édictés par R.L. Burnside. Ici, le blues traverse un crachin de distorsion avec la gorge déployée et une rythmique d’enfer catapultée à l’arrière-train. ‘Arrow Pierce My Heart’ est un disque authentique, un truc à consommer d’urgence – et de préférence sous substances. Signé sous la même enseigne et dans une formule binaire quasi identique, King Mud marque ses débuts en graissant l’enjoliveur d’une carlingue à ranger entre les saillies de Left Lane Cruiser et The Black Diamond Heavies. Exercice éminemment yankee, ‘Victory Motel Sessions’
arpente le bayou avec une grosse caisse chipée pendant la pause chopes du carnaval de La Louvière. Côté guitare, c’est solo sur solo et débauche de plans intoxiqués à la pisse de coyote. Ou à la chiure de croco. D’un morceau à l’autre, c’est variable. Dispensable. (na)
The Boxer Rebellion ‘Ocean By Ocean’ Amplif y Records
Il y a l’Angleterre de Magazine, de New Order et des Pistols, mais il y a aussi celle de Supertramp, de Keane et de The Boxer Rebellion. ‘Ocean By Ocean’ est un disque tout simplement ennuyeux aux grosses caisses putassières - toujours tout droit, toujours plus plat, aux guitares scandaleusement U2, aux basses parfois slappées (seuls Primus et les Red Hot des bons jours y sont autorisés !), aux arpèges plus noeuds-noeuds tu meurs et surtout, à la voix de falsetto qui couvre ce gâteau aux allures d’étron d’une couche de chantilly bien luisante, histoire de ne pas le rater de loin, au cas où. Pari gagné haut la main, alors forcément, on ne le rate pas non plus. (am)
Chicos Y Mendez ‘¡Siempre de Pie!’ Chicos Y Mendez
Aï aï aï. Dès le son de guitare d’ouverture, à la réverb clinquante, on craint une approche ultra-lisse de cette ré-appropriation de racines latino-américaines. Difficile de se laisser séduire, malgré la sincérité de la démarche voulue alternative et la double nationalité de David Méndez Yépez, chanteur d’origine péruvienne. Sur l’EP ‘¡Siempre de Pie!’, on comprend et on respecte les intentions, le travail, la qualité des musiciens ; on salue le recours à un flow hiphop bruxellois qui se mêle au sang latino pour un résultat zinneke sympathique. Mais il faudra attendre l’acoustique feutrée de ‘Hasta Victor Siempre’ pour deviner une émotion véritable. Gageons que le live sied mieux à une musique qui doit se vivre plutôt que s’écouter. (ab)
Thomas Cohen ‘Bloom Forever’ Stolen Recordings
Dans le grand cercle des Cohen, voici Thomas. Teint livide, cheveux noirs, le gar-
çon n’entretient aucun lien avec Leonard, Chris ou Sacha Baron. Mais, dans la rubrique « people », le garçon n’a rien à envier à ses illustres homonymes. Dans une autre vie, il a en effet entretenu une relation amoureuse avec Peaches Geldof, journaliste et fille de Bob (chanteur engagé des Boomtown Rats). Un mariage, deux enfants (Astala Dylan Willow et Phaedra Bloom Forever), du bonheur à retour de bras et puis, la cata : une surdose d’héroïne dans la cuisine familiale et patatras. Plus de Peaches. Seul avec le cœur brisé et des mouflets à gérer, Thomas Cohen a balayé les souvenirs toxiques, vendu la maison de l’horreur et quitté l’Angleterre pour se ravigoter en Islande. Après deux ans de deuil et une solide remise en question, l’ex-leader du groupe post-punk S.C.U.M. s’invente une carrière de dandy solitaire. Disque hanté par le fantôme de son ex-épouse, ‘Bloom Forever’ emballe les regrets avec un flegme typiquement britannique. Loin des frasques rock’n’roll et des faits divers, Cohen revient sur les lieux de la tragédie (‘Country Home’) avec une larme à l’œil et un sac chargé d’envies seventies (de Van Morrison à Townes Van Zandt en passant par David Crosby). Crooner dévasté par la perte de l’être aimé (‘Honeymoon’, ‘Mother Mary’), l’artiste s’en sort avec les honneurs sur un premier album assez maniéré qui, à bien des égards, devrait combler les amateurs de mélodies fleuries et autres fans de Rufus Wainwright. (na)
Matthew Collings ’A Requiem For Edward Snowden’ Denovali
Edward Snowden, rien que le nom est un programme. Héros des temps modernes pour les uns, traître vendu pour les autres, le lanceur d’alerte américain ne laisse personne indifférent, à commencer par le compositeur écossais Matthew Collings. Bande-son musicale d’une performance audiovisuelle live, ‘A Requiem...’ met en lumière les conditions de vie infernales du whistleblower, telle une icône contemporaine réfugiée incognito en Russie - d’où le soupçon - après avoir erré dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou. Si le titre pourrait faire croire que la vie de Snowden s’est arrêtée, et dans un sens elle l’est, la composition de Collings lui rend une vivacité politique aiguë. Même si la section de cordes apporte un supplément d’âme dramatique qui frise la grandiloquence tragique (‘Maersk Recorder’), d’autres aspects bruitistes montrent parfaitement le chaos de sa situation. Notamment dans les passages où la clarinette exprime un désarroi strident (‘Cincinnatus’), le travail de Matthew Collings exprime un engagement volontariste des plus convaincants. Qu’en penserait la NSA? (fv)
Eagulls ‘Ullages’ Par tisan Records/Pias
Avec son premier album, ce collectif originaire de Leeds avait signé un excellent exercice de néo post punk gloomy conçu comme une entreprise cathartique. On se disait qu’il serait quasi impossible de faire mieux. On avait tort. Avec ‘Ullages’, George Mitchell et ses com-
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parses nous touchent encore en générant un univers intense et simplement beau qui voit Eagulls se renouveler sur le plan sonore. Si la philosophie générale demeure la même, les textures se font plus souples et dessinent des circonvolutions éthérées, évoluant de la sorte dans des eaux devant tant au Cure période ‘Pornography’ qu’aux Cocteau Twins ou encore à Echo and the Bunnymen. Si le chant se fait toujours foncièrement triste, il a gagné en finesse et transmet encore mieux le spleen existentiel qui ronge nos amis. ‘Lemontrees’, ‘My life in reward’ ou l’ironique ‘Euphoria’ sont autant de vignettes douces amères que l’on chérira longtemps. (pf)
Erevan ‘Darkness Epsilon’ M & O Music
Originaire de Brest, Erevan est un groupe aux goûts assez éclectiques puisqu’il cite AC/DC, Metallica, les Scorpions ou encore Pink Floyd comme sources d’influence majeures. Forcément variée, sa musique affiche néanmoins une dominante hard qui se pare le plus souvent d’atours métal ou grunge. Si l’on est en droit de regretter un petit côté déjà entendu et si certains passages réminiscents du hard FM nous semblent superflus, force est par contre de constater que les compos sont invariablement accrocheuses et on devine leur potentiel sur scène de par leur côté franchement groovy et puissant. J’aime tout spécialement les titres affichant une coloration grunge/90s, tel le très bon ‘Hell is coming’. (pf)
Exmagician ‘Scan The Blue’
Brian Eno ‘The Ship’ Warp/V2
Après avoir collaboré ces dernières années avec le poète Rick Holland, David Byrne, Karl Hyde d’Underworld, Brian Eno revient à lui-même et à sa marque de fabrique, celle qu’il nous a donnée à voir et à entendre sa vie durant, une représentation généralement partagée d’un style nommé ‘ambiant’ à défaut d’être mieux qualifié. Annoncé à la fois comme un album pleinement solo – le premier depuis ‘Lux’ paru en 2012 – et répertorié par Wikipédia dans la catégorie ‘Ambient installation album’, il coïncide avec une nouvelle série d’installations sonores – dont une en trois dimensions – qui prendront place un peu partout dans le monde. Eno indique que ‘The Ship’ a été directement inspiré par le télescopage de deux événements historiques catastrophiques : l’agonie des champs de bataille boueux de la première guerre mondiale et la vastitude de l’océan dans lequel le Titanic sombra. L’album se décline en deux grandes parties. La première, éponyme, se déploie très lentement, en nuances infimes et comporte des fragments de voix, de chants de marins. A certains endroits, elle rappelle le célèbre ‘The Sinking of the Titanic’ de Gavin Bryars. La seconde, ‘Fickle Sun’, comporte trois mouvements. Elle débute avec le chant d’Eno, plus déterminé, plus affirmé. Elle se prolonge avec un poème lu par l’acteur Peter Serafinowicz créé par une application software recourant au principe mathématique de la chaîne de Markov. Elle s’achève par une reprise sobre mais dédicacée d’‘I’m Set Free’, chanson écrite par Lou Reed et jouée par le Velvet Underground qu’Eno confesse avoir été une source d’inspiration majeure à ses débuts. Au final, ‘The Ship’ se révèle un album inspiré et aspiré. (et)
riffs et de chant screamo étouffé et lointain se mariant avec des passages plus mélancoliques. Souvent comparé à 65daysofstatic, Fall Of Messiah nous convie à une odyssée assez brève (moins de 29 minutes) mais très puissante. Si la formule privilégiée n’est pas franchement nouvelle, on saura gré au groupe de délivrer sa musique avec un panache et un sentiment d’urgence qui rendent ce disque franchement intéressant. (pf)
Bella Union/Pias
Fence
Tu penses que ça ne leur convenait plus, d’être de tendres caissiers estampillés du chiffre 9 ? Ils s’injectent désormais des rasades plus corsées dans la jugulaire, ont fait d’un Korg le tuteur de leur ricin psyché et courbent moins une moelle molle sous le genre. Sont du style à sourire à dents apparentes à la galerie, comme engourdis dans un rêve où ils pratiqueraient ‘La pêche à la truite en Amérique’ pieds nus avec Don Van Vliet en frétillant gardon. N’hésitent jamais à faire admirer leurs cols de chemise, les petites rainures argentées aux coutures, ou, espiègles, à prendre quelques paris sur quels Experts croiront distinguer dans la troisième plage des grammes de ‘Who are you ?’, sur qui ferait décoller les fusées de ‘Desperado’. Soucieux au final d’un ‘Job Done’ et bien fait, le manifeste qu’ils te délivrent – « I’m not the first, I’m not the worst » – est, certes honnête, mais presque trop modeste au vu de l’agréable équilibre que ces ‘Wild Eyes’ maintiennent entre flous de sieste, crissements de cocasses cocardiers et hommages de poche. (alr)
‘The Winding’
Fall Of Messiah ‘Empty Colours’ Holy Roar Records
Originaire du nord de la France, ce quintet propose avec ‘Empty Colours’ un post rock teinté d’influences post hardcore, voire même métal, qui dessine des ambiances assez prenantes. Généralement désespéré et doom, l’ensemble flirte parfois même avec les abysses les plus profonds, notamment sur ‘Rust’, tourbillon de
Fons Records/News
On vous condense notre refrain de 99: nos dix-neuf ans, notre tendance à roupiller – faute de trottinette – dans les gares après certains concerts, et parmi ces réjouissances Biactol, quelques prestations sur ressort et avec la banane des Weezer d’Hasselt, partisans du ‘Return of Geronimo’ et du ‘Camping’ à la cool. Dixsept printemps après, on se sent clairement moins encline à voir notre dos épouser de nuit le mobilier de la SNCB. Même s’ils célèbrent les ‘Mac & Cheese’ à la sauce lo-fi light, même si ‘Pulling Blanks’ reste un chouette hymne soul pour tire-au-flanc, ceux qui furent nos chouchous de l’âge ingrat ont un peu laissé s’effilocher leur pop de slackers désopilants déboulant de la ‘Shady Lane’ tantôt dans des portions musclées au groove (‘Move On’, ‘Step Inside’), tantôt dans des nappes instrumentales, chaloupant à la frontière des genres (‘The Winding’ ou ‘Lupi’, « late night call »). Résultat, tous bons bougres qu’ils soient restés, on s’efforce trop souvent de chercher la cohérence dans leur nouveau cahier à spirales. (alr)
Fifty Foot Combo ‘Fifty Foot Combo’ Monstrophonic Records/Drunkabilly Records
Douze ans après une dernière salve de surf rock psychotique distillée sur les plages de l’album ‘Ghent-BXL’, Fifty Foot Combo enfonce la santiag sur la pédale d’embrayage. De retour en forme, la
formation trace le bitume à bord d’un tacot customisé avec des flammes en carton et des autocollants à l’effigie de Link Wray tapissés sur l’aileron. Fidèle à son image de marque, le groupe carbure au rock’n’roll vintage. Conçu à l’ancienne, le nouveau ‘Fifty Foot Combo’ débite des tranches instrumentales sans ceinture de sécurité. Une belle occasion de tirer sur le frein à main et de partir en dérapage contrôlé dans les décors fantasmé d’un autre ‘Faster, Pussycat! Kill! Kill!’. Pour ce retour aux affaires, le sextuor noir-jaune-rouge embarque le ferrailleur Jim Diamond sur la plage arrière. Producteur officiel de quelques disques chargés d’électricité (chez The White Stripes, The Dirtbombs ou Left Lane Cruiser), l’Américain met ses doigts dans la prise pour court-circuiter treize morceaux d’obédience garage-surf-a’billy (dont une excellente reprise du ‘Plastic Dreams’ de Jaydee). Effort enragé et sexy, cet album sent bon l’huile (de moteur) et la crème solaire (sixties), mais n’amène rien de neuf sous le soleil. (na)
Flat Earth Society ‘Terms Of Embarrassment’ Igloo
‘Homage to Zappa or not, he’s dead anyway’ : le sous-titre relève à la fois de l’avertissement et du quiproquo. Ne reprend pas Zappa qui veut, n’est pas Zappa qui veut. Plutôt que de se lancer dans l’exercice délicat de la reprise, Flat Earth Society a préféré saluer à sa manière le grand Franck. Le disque résulte en partie d’une journée hommage à Zappa qui s’est tenue au Singel à Anvers il y a deux ans et d’extraits de concerts qui s’en sont suivis à Gand, Malines, Sint-Niklaas, Breda et Rotterdam. Outre quelque reprises, il comporte deux compositions signées Peter Vermeersch, la figure fondatrice et tutélaire de F.E.S. : l’accidenté ‘Me standard, you poor’ qui ouvre le disque et le très postbop ‘Ahmad & Juan’. Pour sa part, Pierre Vervloesem, le plus zappaien des guitaristes du Royaume, maillon fort du combo, présente un ‘Abracadabra’ chambardé et dans la lignée du maître. Parmi les quel-
ques invités s’étant joints au big-band, on notera la présence remarquée de Mauro Pawlowski en renfort guitares et au chant. L’enregistrement live donne une impulsion électrisante à ce tribute d’une tribu qui ne se veut ni tribun, ni tribune. (et)
G.A.N. ‘Texte Symbole’ Pafff/Universal
Un mec venu au hip hop grâce aux Sages Poètes de la Rue mérite un minimum d’attention. Parce qu’à quinze ans, on écoutait forcément les mêmes trucs que lui, l’as de trèfle qui pique ton cœur, Caroline, etc., des rêves dégoulinants et heureusement pour nous, pas tout à fait le même parcours. Ce background qu’il mettra en musique, parfois violemment, pendant presque dix ans avant de sortir un premier album en 2010 sous le pseudonyme de Gandhi – idéal pour n’être pas trop vite retrouvé par les moteurs de recherche. Là, il a décidé de s’arrêter aux trois premières lettres et de les mettre en majuscules avec des points entre. Pourquoi pas. Ça n’enlève rien à la sympathie qu’on lui porte. Malgré des instrumentaux parfois faiblards, des punchlines convenues dont il se défend (‘R.A.P.’) et, surtout, des trucs d’une niaiserie sans fin (‘Parent Seul’, avec son refrain autotuné d’école maternelle). Reste qu’il a la mélancolie belle et que, de temps en temps, ça fonctionne plutôt pas mal (‘Le Genre de la Maison’, ‘4 Saisons’). (lg)
Grant Lee Phillips ’The Narrows’ Yep Roc Records
Depuis qu’il a fait sécession et s’est délesté de ses lieutenants, de son Buffalo et de son ‘Fuzzy’, Grant Lee Phillips a compris qu’il ne renouerait plus jamais avec le strass et les paillettes. Et ce qu’il lui reste d’intégrité, le songwriter californien le met aujourd’hui dans la poursuite de son chemin de croix de troubadour boisé, proposant en sus une réflexion personnelle sur ses racines blackfoot et cherokee. C’est là tout le propos de cette nouvelle livraison dont le tracklisting bucolico-introspectif (‘Tennessee Rain’, Moccasin Creek’, ‘Find My Way’) prend les allures d’un roadmovie identitaire. Enregistré chez Dan Auerbach, ‘The Narrows’ en dit beaucoup avec une économie de moyens. Car c’est évident depuis ses débuts et ça se vérifie tout au long du disque, Grant Lee Phillips sait composer des mélodies classiques, à la beauté intemporelle. Conteur d’histoires et de légendes, il s’érige ici en une version moins intello et cynique d’Howe Gelb avec lequel il partage une passion commune pour la narration intimiste. Musicalement, Phillips reste dans sa zone de confort et brasse avec élégance des influences folkrock assez classiques, piochant aussi bien chez Dylan et Springsteen que chez Woody Guthrie. Une americana qui fait feu de tout bois et captive avec élégance. (gle)
PJ Harvey ‘The Hope Six Demolition Project’ Island/Universal
On en connaît qui, fronçant déjà les sourcils pour ‘Let England Shake’, chercheront encore l’âpreté tout en tensions de ‘Dry’. D’autres qui feront juste un trait de plus à la craie blanche, s’efforceront de com-
prendre dans quel sens prendre le concept de ce disque, où le mettre dans l’étagère. Ceux pour qui le saxo constituera un point de non-retour. Et puis ceux qui comme nous, ni idolâtres ni haineux, constateront que si notre Polly Jean, tour à tour sorcière aiguë et objet brûlant de désir, pythie virginale et adolescente écorchée, serpentine à mues multiples, parcourt désormais la planète pour mieux la secouer – comme autrefois la photographe Dorothy Lange témoignant de la Grande Dépression – avec sa banderole « engagée » cousue à même le torse, ça ne l’empêche pas de perpétuer sa mission frondeuse, celle de tailler quelques sacrés morceaux – ou morceaux sacrés au vu du penchant gospel de ce nouvel album – dans la peau coriace du rock, ‘The Community of Hope’ et son refrain-slogan ou le pilonnant ‘Ministry Of Defence’, avec son saxo en guise de sirène de détresse, en tête. Si nous n’épinglons pas aujourd’hui ce disque au tableau d’honneur, c’est que notre nombre actuel d’écoutes n’est pas suffisant pour savoir si ses échos hantés, si ses recoins relégués parfois en fond de mix tatoueront nos oreilles pour de bon. (alr)
The Heavy
glaise où The Heavy prend sa source ? Bath, Somerset, cité thermale aux multiples influences romaines, a accouché du plus ricain des groupes anglais. Un frémissement soul sur peau brûlante, épaisses volutes bleues garage, capiteuses rythmiques funky, The Heavy enivre les sens jusqu’au tournis, porteur d’essences d’un autre temps. Hot Tubes Time Machine. ‘Hurt & The Merciless’ plonge tête la première, sans pédiluve, dans les eaux troubles du grand bassin. Sous apnée, Kelvin Swaby vide ses poumons en furieuses grimaces héritées de Screaming Jay Hawkin, risquant la tasse à tout moment. Pas de répit, pas de prises d’air, ‘Since You Been Gone’ prend appui sur le carrelage et propulse The Heavy dans un crawl infernal, cadence olympique, qui ne s’apaisera que le temps de deux ballades. Dans les couloirs adjacents, Dirtbombs, Black Keys et Gnarl Barkley tombent le bonnet face à cet outsider anglais et sa foulée puissante. « C’est bath. » insiste-t-elle. A croire que l’expression fut créée pour Swaby et sa bande. (ab)
« C’est bath ! », dit-elle, complicité retroussée au coin des lèvres. Il sourit, il voit des signes partout. Sait-elle que l’expression viendrait de cette station balnéaire an-
Microcultures
Sub Pop/Konkurrent
Ce quatuor basé à San Francisco ne sort pas du brouillard pas plus qu’il ne vit dans l’oubli. Il compte en ses rangs des musi-
OUT NOW!
MONEY Suicide Songs
Chantre du geste créatif précis et précieux, du savoir-faire particulier s’exprimant en marge des standards industriels, Microcultures reste l’une des rares struc-
OUT NOW!
WILD NOTHING Life Of Pause OUT NOW!
DOOMSQUAD Total Time
‘Daughter Of The Sea’ ‘Rewind To The End’
‘Heron Oblivion’
Counter Records
House Of Wolves Aberdeeners
Heron Oblivion
‘Hurt & The Merciless’
ciens de Comets on Fire, Espers, Sic Alps et Assemble Head of Sunburt Sound. Leur premier single ‘Oriar’ avait laissé bonne impression auprès de la presse américaine qui a vu dans ce nouveau combo la perpétuation d’un rock cosmique incarné dans la décennie 2000 par des groupes comme Dead Meadow ou Comets on Fire. Ce premier album confirme un potentiel naissant mais certain. Margaret Baird, sa chanteuse et batteuse, a eu l’occasion de faire ses preuves tant avec Espers que sous son nom propre ou encore avec Kurt Vile ou Sharron Kraus. Son chant ténébreux dit l’Amérique des franges et des fanges. Des textes habilement articulés, des inflexions vocales infectieuses. A la basse, Ethan Miller courbe les droites tandis que la paire de guitaristes s’en donne à foison. Si la plage introductive ‘Beneath Fields’ nous rappelle vaguement Low dans l’expression de sa fragilité, celles qui suivent se tendent, se raidissent au fur et à mesure que le disque se déploie pour atteindre une sorte de plateau paroxystique sur l’intrépide ‘Faro’. (et)
OUT NOW!
M. WARD More Rain 20.05 2016
MARISSA NADLER Strangers
tures de production à encore envisager la démarche musicale comme un artisanat. Rien d’étonnant donc à ce que ces deux projets aient pu voir le jour grâce à la plateforme de crowdfunding du label. Car les chansons aussi tristes que gracieuses de House Of Wolves (aka Rey Villalobos, les hispanophones auront noté l’astuce) ne sont pas vouées à remplir les stades ni à se faire télécharger en masse. Avec son timbre androgyne et la mélancolie en guise de ligne directrice esthétique, le songwriter américain est probablement destiné à faire partie de ces artistes à l’aura confidentielle qui offrent ponctuellement un noble motif de réelles réjouissances (‘Martians’, ‘Beautiful Things’). Entre arpèges acoustiques, piano vintage, rythmes décontractés et mellotrons poussiéreux, voilà un disque qui vaut autant pour ses qualités musicales que pour sa fragilité et son humilité extrêmes, quand l’époque favorise l’arrogance ou la gonflette des egos. Sans leur dénier toutes ces qualités, on sera un chouïa moins bienveillant avec le premier essai des Aberdeeners. En dépit de leur charme et de leurs qualités formelles indéniables, les compositions de ce collectif auvergnat auraient peut-être mérité de gagner en maturité et profondeur. Car si on navigue plutôt en eaux claires dans des atmosphères bucoliques dégageant de fortes effluves d’un folk-rock très orchestré, si la formation trousse des morceaux à la fois simples, mélodiques et directs, il se dégage un je-ne-sais-quoi d’inachevé et de creux
OUT NOW!
EXPLOSIONS IN THE SKY The Wilderness 03.06 2016
FIONA BRICE Postcards From
10.06 2016
JAMBINAI A Hermitage
facebook.com/piasbelgium
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dans ces chansons. Peut-être parce que la plénitude des harmonies et des mélodies contrastent avec une litanie de métaphores floues servies sur fond de bons sentiments. Voilà au moins qui les démarque de concurrents plus doués ou plus cyniques. (gle)
Hurdy-Gurdy ‘Les turpitudes en fleurs de Scarlatine Wepler’ Autoproduction
Mais que certains disques semblent interminables. Il est physiquement quasiment impossible d’arriver au bout de ce « conte musical / polaroid / trash / précieux », un bazar ampoulé depuis son titre générique absolument imbuvable jusqu’au moindre de ses interludes logorrhéique, en passant par son lyrisme musical pachydermique et dépassé (accordéon, harmonica, cuivres et guitares épouvantables, aucune vielle à roue, étonnement). (lg)
Gablé ‘Jolly Trouble’ Ici d’Ailleurs
Dire qu’on n’est pas surpris par un disque de Gablé pourrait laisser croire à une lassitude, à une perte d’intérêt pour ces génies foufous de la pop hexagonale, eux qui ont tant fait s’écarquiller nos écoutilles et, surtout, nos yeux lors de concerts fabuleusement tarés – on vous le répète, ces types faisaient des choses dingues avec des cageots de légumes, des cornes de brume et des masques d’Elvis. Les premiers disques, cheap au possible, complètement déréglés et toujours téléchargeables sur leur site – en 2005, on parle de trucs qui s’appellent, par exemple, ‘SeMiNéoPRoaNTiaNTiaNTiFoLK’ – servaient surtout à alimenter ces prestations scéniques cinglées. Depuis ‘Cut Horse Cut’, la tendance s’est inversée. Le trio a évolué vers de vraies chansons, délaissant les vignettes déglingos de quelques secondes au profit d’une écriture plus conventionnelle et de shows moins surprenants, donc. ‘Jolly Trouble’ est ainsi leur deuxième sortie chez Ici d’Ailleurs et on peut désormais rapprocher Gablé de Mein Sohn William, autres sinoques de l’écurie nancéenne. Les tubes pop vaguement électroniques s’enfilent par demi-douzaines, solaires, irrésistibles – citons, ‘On Purpose’, ‘Tropicool’, ‘Wake Up’, ‘Marvoof’, l’exceptionnel ‘Decay Sustain’ – que c’en est presque indécent. Disque du printemps. Minimum. (lg)
’Lighthouse’ Dire que ce disque n’est même pas affreux. Juste qu’il est horripilant. La faute à un chant, celui de Marjana Semika, moitié du duo russe Iamthemorning. Qui se croit obligée de nous rappeler les pénibles Evanescence, c’est dire le niveau d’embarras. Qu’est-ce qu’on est mal embarqué. D’autant que la donzelle ne s’embarrasse pas de fausse modestie. Qu’elle se croit obliger de vocaliser à tout instant. Que les arrangements se prennent pour des dieux, ils ne pensent tout de même pas qu’on va s’agenouiller devant leur autel. Qu’à force d’en faire des caisses, sans le moindre souci de nuance ni de demi-mesure, le pianiste Gleb Kolyadin et ses partenaires (dont Gavin Harrison, batteur des Porcupine Tree et de King Crimson) enfoncent le dernier clou dans le cercueil de notre patience. Game over. (fv)
Imarhan ‘Imarhan’ Wedge/Cit y Slang
Il faut acheter ce disque. D’abord parce qu’il est pour rien : 16 euros le vinyle à une époque où s’offrir les dernières incartades pop des stars de l’indie en 33 tours revient parfois carrément à s’hypothéquer la fin de mois. Ensuite, parce que c’est tout simplement le meilleur album subsaharien qu’on ait entendu depuis des lustres. Depuis ‘Amassakoul’ en 2004 peut-être même. Inscrit clairement dans la lignée des groupes mythiques (Tinariwen donc, mais Tamikrest, Tartit, Toumast), Imarhan s’en démarque par un sens de la mélodie pop, de la mélancolie bubble-gum (on n’exagère beaucoup mais pas tant que ça) jusqu’alors peu commun dans le genre. Rien de que des tubes sur ce truc du désert : ‘Tahabort’ est funky comme la braise, le morceau éponyme est absolument dingo, tandis que ‘Id Islegh’ avec ses chœurs angéliques est un réel sommet de tristesse radieuse. Imarhan signifie ceux dont je me soucie. Aucun doute, ils ne se sont pas foutus de nous. (lg)
Jungle By Night ‘The Traveller’ V2
Iamthemorning Kscope /V2
laire et qu’il pousse cet amour jusqu’à offrir avec le disque un bon pour visionner un film qui met en images les onze morceaux de ce premier effort. Soit quarantecinq minutes dont quelques chansons très dans l’air du temps, aux refrains qui accrochent illico sans être putassiers pour autant. Jouno semble donc s’inscrire dans cette belle variété française, celle qui fait qu’on pense forcément à Julien Doré, Da Silva, Joseph d’Anvers ou l’Arman Méliès des derniers disques. L’inspirée ‘Mes Chers Leaders’ (« ma disparue de naguère / froide ») ou le tubesque doréen ‘Si le Vous Vous Plaît’ en sont les meilleurs exemples. Mais il y a aussi ‘Love Later’ ou ‘Larme Blanche’ (le gars joue joliment les mots, c’est appréciable) et son final terriblement dansant ou ‘Panorama’, très beau point de vue sur la déchéance du couple. Pas mal. (lg)
In Lakesh ‘Coma’ Autoproduction
La magnifique pochette floutée – une cabane-tente, des sapins, une impression de passage – incite à emporter ce deuxième EP (trente minutes, tout de même) sur la route, à tracer avec lui vers les horizons. L’impression est renforcée par la vision du clip du morceau qui ouvre le mini-album, ‘Leaky Landscape In Higher Clouds’, déjà le meilleur du lot, hélas. Porté par une harpe qu’on ne retrouvera plus par la suite, des images de l’Islande sauvage défilent, féeriques. Le reste se maintient mais se maintient – et c’est déjà beaucoup – à un niveau légèrement inférieur, moins mélodique, plus hargneux, entre influence post-rock et progressives (l’ambiance de ‘Season Of Locust’), contemplatives, avec des voix parfois parlées (dont quelques vers en français sur le dernier titre). Très belle esthétique + gros potentiel musical = affaire à suivre. (lg)
In Love With ‘Axel Erotic’ At ypeek Music/Becoq Records/Creative Eclipse PR
April Fishes ‘Carpe d’Or’
At ypeek Music/Grolek tif/Creative Eclipse PR
Audacieux batteur, Sylvain Darrifourcq aligne les projets et maximalise ses élans. Dans In Love With, il s’amourache de Théo et Valentin Ceccaldi pour une formule trio où la rythmique (batterie et percussions) se frotte aux cordes (respectivement violon et violoncelle et à la propre cithare de Darrifourcq). L’exercice prend parfois des tournures de batailles où l’engagement physique est tangible. A d’autres moments, c’est le désir contenu de se retrouver dans un espace commun et d’en partager les périmètres qui prévaut. Un jazz libre, imaginatif et inopiné. Au sein du quartet April Fishes, Darrifourcq s’acoquine aux guitaristes compositeurs Manuel Adnot (adepte d’une huit cordes) et Adrien Dennefeld (également violoncelliste) ainsi qu’au saxophoniste Romain Dugelay. Ici, le son est nettement plus granuleux, plus rustre tandis que le renfort de l’électronique affermit certains passages sans toute-
fois leur ôter leur nature acoustique. Ce premier album a été enregistré au club Pannonic à Nantes tout en bénéficiant de l’appui du Périscope à Lyon, il atteste de la vivacité de certains réseaux alternatifs en France. Pour l’inspiration, April Fishes se revendique du guitariste japonais Otomo Yoshihide et de l’écrivain chinois Mo Yan. Cela laisse augurer de bien belles épiphanies… (et)
Italian Boyfriend ‘Facing The Waves’ 62Tv/Pias
Les premiers disques de printemps, c’est comme les premières jambes nues qui ressortent, ça émoustille à un point dingue, ça fait se ressentir ado, ça fait espérer le moindre coup de vent. La pochette, déjà, n’annonce rien d’autre : le cul d’une sirène qui matte un abricot, la trique est presque inextinguible. Le meilleur là-dedans, c’est que la musique est l’avenant, détendue du slip à la Mac DeMarco, cool comme celle de tous ces petits groupes d’indie-folk qu’on chérit à longueur d’amourettes estivales. Une fille, des mecs (dont un des gars de BRNS, César Laloux, nettement moins cérébral ici), des potes et des bières, sûrement un paquet (bien que non créditées). Les titres s’enchaînent, ultra pop, mais jamais simplistes, d’une très belle ouverture en douceur (‘Diving So Deep’) au final presque épique de ‘When I Come Home’, digne des meilleurs albums sérieux, en passant par des trucs absolument irrésistibles, comme le génial single ‘The Beat’ (avec les flutiaux de Daniel Offerman dont on aimerait des nouvelles d’Hallo Kosmo) ou le formidable foldingue ‘Taken By The Wave’. Ouais, c’est ça, c’est un disque raz-de-marée. (lg)
Marvin Jouno ‘Intérieur Nuit’ Sony
Rayon pop francophone, c’est une assez belle surprise. On connaît peu de choses sur le gamin – enfin, 32 berges tout de même – si ce n’est qu’il semble passionné par le cinéma, ses codes, son vocabu-
‘The Traveller’ est une claque. Une claque collective assénée par neuf minets au top de leur forme. Fatalement, ça laisse groggy. ‘The Traveller’ est une carte. La carte d’un monde en soi, une petite planète en auto-gestion arrachée à Amsterdam, un univers nourri d’afrobeat cuivré, d’escapades funk 8-bits pour gamers sans manettes, de combos belges et d’ailleurs (de Jeroen Van Herzeele à Weather Report en passant par Codona) et des lancinements contemporains de Philip Glass. Autant de cordes à un groupe qui n’en possède pas ; autant de pistes à débroussailler ; autant de panoramas où se perdre. ‘The Traveller’ est un cadeau. Celui de la musique à elle-même, en remerciement de tout ce qu’elle fut, qu’elle est encore et qu’elle sera à l’avenir. ‘The Traveller’ nous rappelle la formidable poétique politique de la musique, matière vivante insaisissable et commune, qui n’a jamais aussi bien rassemblé les couleurs, franchi les époques et aboli les frontières. Il y a quelque chose de formidablement idéologique à l’œuvre dans les fracassements joyeux de Jungle By Night. Il faut entendre ‘The Ottoman Highlands’ pour s’en convaincre, où résonnent synthé psychédélique, rock anatolien de Baris Manco et brass-band en fusion, nous rappelant ce qui fut bon dans l’homme et ce qui peut encore l’être. ‘The Traveller’ est une capsule. Celle, (in)temporelle, qui porterait à d’autres civilisations les rares bienfaits de notre humanité. (ab)
Katel ‘Elégie’ At(h)ome
Ah Katel – Karen Lohier à la ville – change de style et, en soi, c’est un soulagement. Jusque-là, elle s’épanchait dans un mauvais rock en français où l’énergie certes sincère ne masquait pas qu’elle ne serait jamais – au hasard – Natacha d’AS Dragon. Depuis l’heureusement oublié ‘Decorum’ de 2010, de l’eau a donc coulé : elle s’est mise à produire des trucs pas trop mal – le premier Maissiat, le second de Robi – et, surtout, elle a rejoint les rangs de Joy, le projet de Marc
Låpsley ‘Long Way Home’ XL Recordings
La recette est toujours la même. Une blondasse aux reflets roses ou bleus, un piano qui exhorte à pleurnicher, deux mecs aux coupes berlinoises qui tapent sur des tablettes noires en plastique mou pour lancer ce qu’ils estiment être de la musique live. Sur scène, ça semble célébrer l’ennui, et ça n’est pas beaucoup plus excitant sur disque. Comme les London Grammar, les Alice On The Roof ou l’encéphalogramme plat. Si ça vous emballe quand même, attendez les soldes : ils cassent rapidement les prix chez Mediamarkt. (am)
Cate Lebon ‘Crab Day’ Drag Cit y/Caroline International
Il y aurait sans doute quelques témoins à l’indéniable probité pour vous le confirmer : lors de nos premiers frôlements de ‘Mug Museum’, cloches que nous sommes, nous n’avions pas saisi illico presto toute l’élasticité à laquelle on avait affaire avec cette môme-torsion. Pas tout à fait repéré l’aguichant chiendent, le piquant du raifort sur nos lobes. Oh, nous avions bien distingué ici ou là un potentiel pop, une détermination de lanceuse de twirling bâton, un grain à la captivante callosité – pensez Nico – dans la gorge. Mais c’était faire abstraction de tout la force de subversion dont fait montre la délicieuse gavroche. Il aura fallu la fêlée contagion de Drinks – où elle officie en duo de frères Rapetou avec Tim Presley (White Fence) – pour nous remettre bien de travers sur la voie. Plus encore que son prédécesseur, ‘Crab Day’ s’enivre goulûment à des flacons dadaïstes, fait des pas-chassés en bottes de Mimi Cracra dans les fondrières, brocarde la linéarité ou la grignote en boucles opiniâtres, sort le toqué coucou cuivré ‘Wonderful’ de son étroit chalet. Et si, comme elle le prétend, « Love Is Not Love », mais davantage un porte-manteau, on rêve d’atours suffisamment sensas à y suspendre pour fêter en sa compagnie bien plus de jours fériés fictifs dont seule l’imagination prendrait toutes les mesures. (alr)
The Liminanas
le secret s’étiole, à force d’être scruté, passé à la loupe et adulé dans la foulée. C’est que l’héritage garage qu’ils revisitent et catalysent, ne pèse jamais sur les épaules de notre nostalgie et laisse celui qui s’y risque à de nouvelles expériences sensorielles. Délivrer un message vintage visionnaire, c’est leur but. Leur règle, c’est de n’en avoir aucune. Preuve que l’aura internationale du duo cabestanyenc dépasse les frontières françaises, quand Jack White ne leur fait pas les yeux doux, c’est Peter Hook qui vient poser sa basse nonchalante sur ‘Garden Of Love’, l’un des douze épisodes d’un ‘Malamore’ que le couple a essayé de concevoir comme un film à sketches à l’Italienne. Ennio Morricone n’est jamais loin évidemment, pas plus éloigné que la Californie solaire des années 60 d’ailleurs. C’est qu’on pourrait croire que The Liminanas teintent tout de noir, ce sont pourtant des rivières de Fuzz et des torrents de sable qui recouvrent nos tempes et nos tympans après qu’ils aient pourtant été minutieusement dépoussiérés. Textes acerbes, déluge de son et mélodies incendiaires : un crissement de pneu élégant sur un sol définitivement ocre… (dark)
LES NUITS 2016 WWW.BOTANIQUE.BE
13.05.2016 LYENN BE - CASTUS BE
13.05.2016 FIELD MUSIC GB
KENNEDY’S BRIDGE BE (release) ALASKA GOLD RUSH BE
Little Scream ‘Cult Following’
© Andy Martin
Huyghens, où elle est impériale sur son deuxième album. Aujourd’hui, on pourrait presque écrire qu’elle propose sa première œuvre solo tant elle s’éloigne des guitares primaires des débuts pour sortir les claviers, les pianos, les chœurs, les arrangements chics et les enregistrements en église (toujours un succès). Mais si ça n’est pas déplaisant sur quelques titres – en gros, une variété exigeante, alla Françoise Hardy de ‘Message Personnel’ –, l’ensemble demeure bien trop monotone et pleurnichard pour ne pas finir par s’endormir. Dommage. (lg)
Merge Records
Little Scream n’est pas un groupe de rock dur, c’est un petit cri tout mignon poussé par la canadienne d’adoption Laurel Sprengelmeyer, auteure d’un ‘Golden Record’ monté en buzz (légitime) par Pitchfork en 2011. Cinq ans plus tard, ‘Cult Following’ nous emmène premièrement sur une fausse piste : ‘Love as a Weapon’, single gay-friendly placé habilement pole-position, pourrait facilement figurer incognito sur un disque de faces B des Scissor Sisters. Pourtant, le reste n’est pas bien festif. Plus on avance, plus a l’impression de s’enfoncer pudiquement dans son for intérieur. Et plus on pige que ce n’est pas un simple petit disque folk sans prétention. Et de fait, il y a de superbes chansons aux arrangements luxuriants, des envolées lyriques qui prennent au trip pour peu que l’on s’y abandonne totalement : ‘Evan’, ‘Wreckage’ ou ‘Silent’, touche finale hantée qui te plonge dans un mauvais rêve. Et ce n’est qu’après plus de cinq écoutes qu’on découvre le pot-aux-roses en jetant un œil distrait aux crédits : en fait, ce ‘Cult Following’, c’est un peu le festival de Cannes de l’indie où l’on croise Sufjan Stevens, Sharon Van Etten, les National, Owen Pallet, un Arcade Fire et un TV On The Radio qui expliquent forcément le pourquoi du comment. C’qu’on peut être naïfs, des fois. (am)
James McCartney
‘Malamore’
‘The Blackberry Train’
Because Music
Kobalt Music
Longtemps « secret le mieux gardé du rock hexagonal », The Liminanas ont charmé l’Amérique avant la France en mixant sournoisement obsessions psychédéliques et poésie gainsbourienne. Sauf que
Dans la foulée d’un premier album qui lui a valu une belle reconnaissance critique, James McCartney a décidé d’aller de l’avant en infusant une dimension plus brute à sa musique,
20.05.2016 MOGWAI GB
20.05.2016 NAIVE NEW BEATERS FR
THE SUNDAY CHARMERS BE
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ce qui l’a amené à confier au mythique Steve Albini le soin de produire le disque. Il en résulte une collection qui reste dans la lignée de ce que notre homme a pu faire précédemment, mais avec un souffle indie/grungy qui convient parfaitement à l’univers déployé, notamment sur les très immédiats ‘Unicorn’ et ‘Warefall’. Souvent lyrique et intense, comme sur le poignant ‘Paralysis’, ‘The Blackberry Train’ comporte également des titres plus laidback, comme le très beau ‘Too hard’ qui ouvre l’album dans un registre guère éloigné de la country ou encore avec le primesautier ‘Peace and stillness’ qui termine l’album sur une note résolument positive. Le disque idéal pour commencer le printemps sur une bonne note. (pf)
Melt Yourself Down ‘Last Evenings On Earth’ Leaf
Une des dernières signatures du label Leaf, Melt Yourself Down en incarne la nouvelle direction stylistique. Tempos upgradés, basses vitalisées, vocaux arabisés, on surfe ici sur une vague post acidjazz bien plus fracassante que celle initiale des années 90. Une vague à ce point déferlante qu’elle immerge sous elle les détails et noie les subtilités. Le combo londonien est emmené par l’impétueux saxophoniste ténor Pete Wareham qui dispute la vedette au chanteur d’origine mauricienne Kushal Gaya tandis qu’aux renforts électroniques, on relève la présence du magistral Leafcutter John. Ceci est son deuxième album studio après un premier opus éponyme mais c’est sur scène que Mel Yourself Down révélera sa pleine valeur. (et)
Mike & The Melvins ‘Three Men And A Baby’ Sub Pop/Konkurrent
Les Melvins, on les connaît bien puisque cela fait plus de trente ans qu’ils balancent un rock noisy/grunge/ hardcore bien crade et déviant. Quand à Mike, il s’agit de Mike Kunka, chanteur et bassiste de godheadSilo. En 1998, Mike s’est joint aux Melvins en tournée avant de bosser à l’album que voici en 99. Pour d’obscures raisons, ce disque n’a pas été concrétisé à l’époque et ne sort qu’aujourd’hui. A l’écoute de ce ‘Three Men And A Baby’, on saisit toute la pertinence du projet qui démarre en force avec une poignée de titres débordant d’agressivité, vous pulvérisant tel un bulldozer. C’est violent, direct, très lo fi et à l’écoute d’une compo comme ‘Bummer conversation’, on comprend pourquoi les Melvins ont eu un impact majeur sur la scène grunge/indie, Nirvana et Alice in Chains en tête. Ceci dit, ce n’est pas du côté du grunge que les Melvins et Mike voient leurs légataires artistiques, mais bien plutôt dans une mouvance plus tordue comme celle qu’incarnent les différents projets de Mike Patton. D’où pas mal de compos sur lesquelles nos amis se lâchent complètement, expérimentant tout azimut, que ce soit avec le sinistre et bien déviant ‘A dead pile of worthless junk’, le grindcore cynique de ‘Art school fight song’ ou encore le faussement rassurant ‘Gravel’. Aussi dingue que jouissif. (pf)
Haelos ‘Full Circle’ Matador
Un phénomène comme celui-ci se produit de temps en temps. Des voix, une bribe de mélodie claustrophobique, une ligne de basse dodue suffisent pour gommer comme par miracle l’infranchissable fossé générationnel. Tout le monde y (re)trouve ses illusions, ses (re)pères et surtout son compte. La boucle est bouclée, la complétude du cercle enfin atteinte. Comme si un passé (re)composé flirtait allègrement avec le présent pour se conjuguer au futur antérieur et accoucher de morceaux tutoyant le presque parfait. Avec la témérité d’enfants qui n’ont peur de rien, Haelos redéfinit une musique qui serait née sur les cendres encore chaudes de Massive Attack et de Portishead. En apesanteur entre la mélancolie pure de London Grammar et la noirceur béate de The xx, Haelos se réapproprie la grammaire du spleen vénéneux et de la rythmique bristolienne. Au-delà de la madeleine proustienne qui convoquerait de vieux souvenirs, ces jeunes aspirants britanniques à la gloire (éphémère ?) transcendent les clichés et créent leur propre univers immersif et spatial. Certes, des titres (des psaumes ?) comme ‘Pray’, ‘Dust’ ou ‘Cloud Nine’ ne réinventent pas la roue. Mais le goût de déjà-entendu s’avère, à l’usage, un plaisir - coupable - supplémentaire. Jouant sur les contrastes et les oxymores, entre ténèbres solaires (‘Pale’, ‘Oracle’) et lumière glauque (‘Alone’), la formation franchit cette première étape avec une facilité à ce point déconcertante qu’on trouverait presque ça louche. OVNI ou baudruche, seul l’avenir le dira. (gle)
Mutual Benefit ‘Skip A Sinking Stone’ Transgressive
Deux faces d’une même médaille. Jordan Lee rit, Jordan Lee pleure. Suivant l’élégiaque ‘Love’s Crushing Diamond’, court et magnifique premier album, ‘Skip A Sinking Stone’ prend un risque dichotomique, soit une face A lumineuse en souvenir des jours heureux et une face B mélancolique, composée et dédiée à New York. L’intention est louable, émouvante même, mais paraît déséquilibrée. Les six premiers morceaux du second Mutual Benefit frappent au cœur avec la délicatesse de Patrick Watson, le feutre de Villagers et le lyrisme de Sufjan Stevens. C’est d’une perfection rare dans le détail, ça bulle de partout, entre rosée matinale et frisson des premiers rayons. Jordan Lee y fait preuve d’une précision pop que l’on cherche sur l’autre face, soudain livrés à un spleen vagabond. Contagieuse, sa dépression engourdit les sens, évapore l’attention. Difficile de discerner les morceaux, composés dans une humeur similaire. Son talent de compositeur n’a pas disparu : il est dilué dans l’expérience, étiolé dans la tristesse. Il se recroqueville en attente de chaleur. Prenez garde : il n’en est pas moins efficace et – gène dormant – pourrait bien vous paralyser de stupeur une heure, un jour, une semaine plus tard. (ab)
My Bubba ‘Big Bad Good’ V2 Records
Duo folk scandinave, My Bubba sert les rêves fragiles de My Larsdotter et Bubba Tomasdottir, deux Suédoises aux timbres délicats. Disque à écouter avec un duvet sur les doigts de pieds et une chaufferette sous les fesses, ‘Big Bad Good’ sent les fameuses pauses thé-fruits-galettes de riz d’une fin d’après-midi paresseuse. Enregistré à Brooklyn par l’éminent Shazad Ismaily (Evangelista, Colin
Stetson), cet album a vu le jour dans un vrai studio (bio ?). Pourtant, à l’écoute des onze morceaux pépiés dans la langue de Vashti Bunyan, on décèle toutes les caractéristiques de l’objet fait-main. Cousues avec trois fois rien, bricolées entre deux barres de céréales, les mélodies bucoliques de My Bubba repoussent les limites de l’intimité sous une pluie de chuchotements : quelques cantiques fauchés et autres chants frêles et souvent ravissants. Confidence pour confidence, les deux filles s’avancent sur la pointe des pieds avec un album à écouter à l’écart du monde et du chaos urbain. (na)
Night Moves ‘Pennied Days’ Domino/V2
Histoire d’amitié scellée dans la cour de récré autour d’une passion commune pour le ‘All Things Must Pass’ de George Harrison, Night Moves voit le chant maniéré de John Pelant croiser les envies musicales du copain Micky Alfano. Deuxième livraison du duo, ‘Pennied Days’ tire les ficelles d’un rock taille XXL. Quelque part entre les envolées épiques de Flletwood Mac et l’artillerie néo-psyché-country-délique de My Morning Jacket, la musique des deux citoyens de Minneapolis rêve de guitares dans les stades et de milliers de cow-boys sur la plaine de Rock Werchter. En auto-stop sur la voie rapide du succès, Night Moves a toutes les chances de croiser la bagnole de Marc Ysaye. Un coup classique. (na)
Nothing ‘Tired of Tomorrow’ Relapse Records
Quand on sait ce qui nous attend – mers rehaussées, barbus décérébrés, cancers à gogo,… – il y a de quoi être fatigué de demain. Et vouloir plus que jamais vivre vite. Sortir les guitares dégueulasses, regarder ses pieds comme hier et jouer cause perdue avec un t-shirt estampillé Daniel Johnston. Nothing d’autre. Rien. Pas un bleep à la mode. Nada. Sans surf. Voici donc un groupe emmené par un certain Domenic Palarmo – actif dans un truc hardcore au tournant du millénaire, puis
emprisonné deux ans pour avoir poignardé un gars dans une bagarre – qui balance dix titres assez séduisants dans leurs vieux frocs, quelque part entre Nirvana et Deftones, deux touchantes niaiseries ralenties comprises (les impeccables ‘Nineteen Ninety Heaven’ et le titre éponyme). C’est l’extra-crasse. (lg)
Ofrin ’Ore’ Shitkatapult/Morr Music
On ne sait pas grand chose d’elle, c’est pourtant son quatrième album. Juste que la vieille branche de T. Raumschmiere est là, dans l’ombre à la production. Que le premier titre ‘Best Request’ envoie sur un faux sentier. Celui d’une EBM qui renverse la perspective, adieu les beats, bonjour la pulsation. Celle qu’on pourrait trouver du côté de Natalie Beridze (ailleurs en ces pages). Comme si Mélanie De Biasio traînait du côté de Gudrun Gut. Et puis, bam, on se prend l’univers d’Ofrin dans la gueule. Son chant faussement lymphatique, vraiment langoureux. Qui conjugue au pluriel et à tous les temps le rêve et la dépression. Le solaire et le lunaire, der Tod und das Mädchen. Pour un titre inoubliable, le plus beau entendu cette année (‘Direction Eclipse’). Après, ça sautille, Depeche Mode s’invite chez Masha Qrella (‘Sisyphus’), le fantôme de Nico revient hanter Berlin, c’est une after au Panorama Bar où le Velvet se faire virer par Sven Marquardt, tiens il y a Chica & the Folder aux platines. Et ça continue de plus belle, qu’elles ont de la classe, les compos de l’Israélienne de la Spree. Et dire qu’on ne l’avait jamais écouté avant. Gravissime erreur. (fv)
Orchestra Of Spheres ‘Brothers And Sisters Of The Black Lagoon’ Fire Records
Depuis décembre 2013, ils n’ont pas bougé. Ils sont toujours là, autour du feu. Rien n’a changé, sinon les temps. Autour, tout s’écroule, s’effrite. Derrière la roche, l’horrible rictus du monde. « I say give me more than pissing on a wall, give me something ! » Gueule de bois chez l’Orchestre des Sphères : passé les élections néo-zélandaises, le cirque, comme partout ailleurs, a montré son vrai visage corrompu jusqu’à la moelle. Si la jamboree a toujours la même allure – basse ondulante, réverb wa-wa et percus de bambous sous lunes jumelles – elle n’a plus la même saveur. ‘Nonagonic Now’ et ‘Vibration Animal Sex Brain Music’ célébraient la vie à construire, fut-elle de papier mâché. Le troisième album des sauvageons vénère la fin à venir. La jungle a perdu, les animaux se retirent. Les claviers agonisent et les guitares feulent à la mort. Les incantations s’effilochent dans les braises. Place à ‘The Reel World’ et ses figures inquiétantes. Ce qu’il demeure de la fête ? Les déhanchements Django-Django, les rythmiques Zun Zun Egui, cette sécheresse primale et païenne jusqu’aux puces des synthés. Cernés par l’ombre, les frères et sœurs du Lagon Noir dansent et crient jusqu’à l’extinction des feux. Nous chanterons avec eux : Nuits Debout ! (ab)
Oscar ‘Cut And Paste’ Wichita Recordings/Pias
On vous l’a déjà dit haut et fort, ce gar-
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çon a dû absorber toute l’instantanéité pop – tentez ‘Sometimes’ et tentez de repousser l’avancée opiniâtre de ses nappes et reparlonsen – du royaume de sa majesté Elizabeth II par capillarité et ingurgiter une cuiller de smog avec ses céréales chaque matin, pour maintenir l’équilibre. A dû se faire shaker de toutes sortes d’émotions fécondes dès l’adolescence, devenir capteur d’influences dans une Londres qui, suivant les quartiers, n’est jamais en panne d’un beat reggae, d’un coup de poing punk, d’un pic de new wave astringente, de la possibilité d’un écart dancehall. Le très justement nommé ‘Cut And Paste’ ne pourrait être que le journal intime d’un jeune homme en cours de confection, d’une attachante et rauque signature vocale qui trouve ses marques et se divertit du terrain de jeu encore à embrasser et pour un premier essai, ça nous suffirait. Mais sous quelques tâtonnements excusables et un goût du lo-fi marqué, on déniche déjà une trempe romantique sans mièvrerie, qui, d’ ‘Only Friend’ avec l’exquise Marika Hackman au déjà remarqué ‘Daffodil Days’ sinue dans une diversité qu’on jugera plus indéniable atout à expérimenter que boulet au pied. Bien charmantes promesses que voilà ! (alr)
Palace Winter ‘Waiting For The World To Turn’ Tambourhinoceros
Quelqu’un citera naturellement les War On Drugs. Il aura sûrement raison. Surtout qu’il faut avoir la mémoire d’un électeur FN pour zapper des guitares d’un ‘Lost In The Dream’ pas si loin. Palace Winter n’a donc rien inventé. N’empêche que cette armée de riffs à répétition envoie une fois de plus l’antipathique Mark Knopfler au tapis. Et au cours de bon goût. Ici, la démarche est volontairement anachronique. On va jusqu’à mentionner Vangelis dans sa bio. On retrouve ce petit penchant discutable pour le synthé kitsch. Et alors ? Les quatre premiers titres de ‘Waiting For The World To Turn’ éclatent par leur aisance pop dans des formats pas si courts que ça - jusqu’à 6:15!, sans se complaire dans un confort qui rendaient parfois le temps long les disques de la bande à Granduciel. Que ce soit sur ‘Positron’ et ses grands airs de locomotive de l’amour danois ou ‘Soft Machine’ et ses gimmicks chapardés à Kevin Parker, Palace Winter trouve toujours la parade de production (impeccable), la petite guitare délicieusement éculée qui nous écarquille les yeux comme dans un certain film de Kubrick. À la fois totalement superflu et indispensable en ce mois de mai. (am)
Piano Interrupted ’Landscapes Of The Unfinished’ Denovali
Le Sénégal, l’Allemagne, Denovali. On vous laisse deviner l’intrus. Qui n’en est pas un. C’est bien d’Afrique de l’Ouest que le pianiste Tom Hodge et son comparse électronicien Franz Kirmann (qui a grandi à Dakar) ont ramené des sonorités et des enregistrements. C’était pour mi-
ussit à créer un univers parallèle des plus séduisants. (pf)
Misha ‘All We Will Become’ Tomlab
‘If Nine Was Eight’
Des années déjà que Misha creuse son sillon à l’ombre d’un soleil de plomb toujours au beau fixe. La musique de Misha n’est jamais triste, mais elle n’est jamais complètement joyeuse non plus. Elle invite à la fête mais inspire le manque de sommeil. La gueule de bois. Elle évoque la chaleur. Et le sorbet qui se déloge de son cornet. On aime tous l’été, mais on a tous vécu ça. Au moins une fois. On a tous déjà eu les larmes en sentant pour la première fois de l’année l’odeur unique d’une terre aride réveillée par une drache de mai. Misha évoque tout ça. Ces glaces à l’eau qui tournent inlassablement dans une machine en plastoque dur. Une bonne chute à vélo pas loin de l’estacade. Une mésange. C’est un peu The Go ! Team qui viendrait d’apprendre une mauvaise nouvelle. La musique de Misha emprunterait des tics à des trucs comme Bollywood. Mériterait l’award de la meilleure pop sunshine. J’ai lu ça sur un site bidon. Mais ce ne sont pas ces violons, ces cuivres, cet accordéon familier qui rendront ce disque foutrement jovial. Par contre, ils le rendent bigrement varié, inclassable par son style, absolument classe sur sa forme. Putain, l’hiver était déjà triste comme tout. Et v’là que l’été le sera aussi. (am)
eux les déstructurer en studio. On n’est pas sur Denovali pour rien. Parfois, ça le fait, notamment quand le piano du premier joue au chef d’escadrille (‘Abdou Kadre’). En prime, hélas, ses doigts convoquent un romantisme nunuche, tu la vois la porte de l’ascenseur? (‘Vieux’, la rencontre oubliable entre Tiersen et Clayderman). Souvent, l’exercice tourne dans le vide (‘Waraba’, malgré ses échos à la Steve Reich). Les échos rameutés du pays de Youssou N’Dour font tapisserie, à se demander pourquoi ils ont pris l’avion. Heureusement, on garde le souvenir de ‘Oumar Konte’, où une ambient à la mode 12K joue à passe-brouillard avec une kora (et of course, un piano). Piano interrupted, coïtus interruptus. (fv)
An Pierlé ’Arches’ Pias
Elle fait partie des coqueluches de la nation. Et de bien au-delà, tant son talent a depuis longtemps dépassé les limites d’Alost ou de Virton. Et si ça fait plus de quinze ans que ça dure, on n’est pas près de lâcher notre An Pierlé. Ni son complice de toujours, l’irremplaçable Koen Gisen. Toujours classe, jamais pupute, l’œuvre de la Gantoise s’enrichit d’une nouvelle corde, faudrait-il écrire d’un nouveau tuyau. Ceux des grandes orgues d’une église, ils offrent à la voix d’An un contrepoint inusité et bienvenu. On craignait pourtant la grandiloquence, que l’esprit divin ne jette un mauvais sort. Une première impression allait dans ce sens, ballottée entre vent mauvais profanateur et vision mégalomane. Plus rien de tout ça la fois suivante, ni après, plus jamais. Avec toujours ce sens du morceau qui reste dans le pavillon (‘Feel For The Child’, ‘The Road is Burning, ’‘Changing Tides’), une des grandes marques de fabrique de la chanteuse belge. Il y a, surtout, les arrangements, aux petits oignons. Et bien sûr, les orgues, parfois pastorales, parfois théologiques, elles apportent un immense supplément d’âme. Où tout est dans le dosage, parcimonieux ici (‘There Is No Time’), exponentiel là (‘Dragon JM’). Et
Ritornell
toujours, ce chic élégant, à la fois pop et recherché. De la belle ouvrage. (fv)
Iggy Pop ‘Post Pop Depression’ Broken Records/Caroline
Même mon lecteur le refuse. C’est dire la méfiance à l’égard du dernier Lézard. On n’a toujours pas digéré les incursions françaises de ‘Préliminaires’, dont on ne sait si elles étaient des insultes à lui-même ou aux artistes originaux. ‘Post Pop Depression’, donc. Survivant d’une race en extinction, Iggy se lie à l’incontournable Josh Homme pour une collaboration qui fit couler des larmes de foutre à son annonce. Séchez vos yeux et le reste. ‘Post Pop Depression’ est un coït interrompu, une pilule bleue oubliée sur le bord de l’évier, c’est Iggy et Homme en mode mineur. On s’ennuie ferme, en attente d’une bite rock bien dure, mais le poignet s’astique sur neuf morceaux sans parvenir à la dresser, sinon sur ‘Paraguay’, sursaut final. Ce n’est même pas désolant, ni honteux. Tous les attraits des deux bonshommes sont là. L’étincelle, elle, est absente. Peut-être était-elle déjà en train de s’éteindre avec Bowie. (ab)
Psykup ‘Le Temps De La Réflexion’ Klonosphère/Season of Mist/Eclipse
Bien connu des fans de métal, ce groupe français fait figure de franc tireur dans la scène du rock dur, vu qu’il ne cesse de pervertir les codes en vigueur dans un moule qu’il qualifie de Autruche Core. ‘Le Temps de la Réflexion’, sorti en 2002, est sans doute l’album le plus abouti et le plus barré du groupe, si bien que l’on n’est pas vraiment surpris d’apprendre sa réédition agrémentée de titres bonus. Que ce soit en français ou en anglais, Psykup surprend l’auditeur en mélangeant les styles, les ambiances, passant du métal ultra agressif au funk, injectant des passages pop dans des titres de mathcore et vice versa. Trop iconoclaste pour plaire aux puristes du métal, cet album séduira par contre ceux qui, comme pas mal de nos lecteurs, sont avides d’expériences sonores différentes. Quelque part entre Zappa, Primus, Faith No More, Alice In Chains et les Monty Python, Psykup ré-
Karaoke Kalk/Dense
Chez Ritornell, nulle ritournelle. Nulle tarentelle, nulle farandole, mais des esquisses, des lignes claires. Celles que tracent méticuleusement le percussionniste Richard Eigner et le pianiste Roman Gerold depuis leur campement autrichien capitonné. Un travail précautionneux et précis dont la matrice est ensuite ornée d’artefacts divers : des cordes, des cuivres, un Rhodes, une flûte contrebasse (une octave en dessous de la flûte basse), le bruit d’un train sur les rails… et, ci et là, un chant invité. Celui de l’artiste viennoise Mimu Merz (avec laquelle le duo avait déjà collaboré par le passé) retient particulièrement notre attention sur le très beau ‘Book Of Now’ qui se décline à la manière d’une lecture docte d’un manuel de sciences naturelles. Mais, c’est sans doute la voix de Tobias Koett (Ant Antic) qui se détache le plus sur le postsoul ‘Sleeping Alone’ sis en fin de disque et qui nous fait revenir une seconde fois vers l’écoute de cet album dont on regrette juste qu’il soit un rien trop soigné sur lui. (et)
Laurent Rochelle Okidoki Quartet ’Si Tu Regardes’ Linoleum Records/L’Autre Distribution
Le temps d’un album. Déjà un an qu’Anja Kowalski nous a fait le coup réussi de ‘Wolke’, où son élégant chant explorait alla jazz le Heimweh, ce mal d’un pays, cette envie d’un endroit. O divine surprise, revoilà la vocaliste belge de retour, toujours dans un style où la note bleue prend la tangente. Où le gars Laurent Rochelle emmène son quatuor Okidoki dans un terrain de connivence, où le dynamisme des interprètes balance le swing à toute berzingue. Ça gazouille, ça virevolte, ça batifole, c’est superbement bien joué. Par des instrumentistes qui tiennent le haut du pavé. Quand ils n’accompagnent pas Kowalski sur les trois titres chantés (sur dix), dont l’extraordinaire ‘Zeit’, où la Bruxelloise se révèle magnifique poétesse d’un spoken work auf Deutsch, le saxophoniste / clarinettiste français guide tout son beau monde vers les sommets. A la fois accessibles et dans la recherche, ses compositions peuvent compter sur un enthousiasme jamais démenti. Groove excitant sur ‘Airports’, arpèges de piano aux boucles qui donnent envie d’en savoir plus (‘Synchronicity’) ou batterie qui imprime le tempo sans se croire obligée de..., l’essai ‘Si Tu Regardes’ se transforme en ‘Tu Ecouteras’. (fv)
Sheik Anorak ‘Let’s Just Bullshit Our Way Through’ Gaffer Records
Il fallait être français pour pondre un titre d’album pareil. Et français, Sheik Anorak l’est jusqu’au bout des ongles, depuis toujours, et de Lyon pour être plus précis. Pas trop dur de l’imaginer élevé dans les sphères de Grrrrnd Zero et consorts, tous ces abonnés aux musiques expérimentales, fondant la rebellyon comme ils appellent ça avec une pointe d’humour. Sheik
Anorak se sert du principe autrefois - un autrefois d’il y a vraiment longtemps - novateur des boucles pour créer de longs morceaux répétitifs que l’on suppose entêtants. ‘From A to Z’ est le parfait archétype du morceau à base de loop : une idée de guitare, une rythmique, deux trois renversements, fin. Ça a le mérite d’être concis et bien envoyé. Des fois, il y a du chant et ça fait du bien. Sauf l’accent qui trahit les origines... Ça fait une succession de vagues, mais des petites, comme quand il n’y a pas trop de vent à la mer du Nord. On en a tellement entendu, des comme ça, qu’ils nous faut un tsunami de guitares pour déboucher nos portugaises un peu trop ensablées, tu vois. Souffle le vent disaient les autres. On attend que ça. (am)
Larus Sigurdsson ’We Are Told That We Shine’ Volkoren
Il est l’homonyme d’un ancien footeux islandais alors que sa musique n’a rien de sportive. C’est un fait, la musique de Larus Sigurdsson parle au cortex. Il aime l’ambient, la folk, le calme. Son parcours de vie renseigne six albums, tous plus anonymes, le présent ‘We Are Told’ est le premier à connaître les joies d’un label. Le gaillard n’est pourtant pas né hier, il est de la génération d’un Dominique A, le culte en moins. C’est leur seul point commun. Amateur des cordes qui glissent en douceur sur l’archet, anti-guitar hero, embaumeur des ondes, Sigurdsson dépeint le monde en nuances de gris. Un soupçon de Gavin Bryars parcourt l’horizon, c’est une pincée de perlimpinpin en marge de Gareth Dickson. La magie essaie d’opérer, l’ennui s’installe, l’absence de rythme coule le spectateur. La nostalgie des ‘Nuages’ de Sylvain Chauveau gagne, la vie s’égrène, l’horloge s’impatiente, il est temps de passer à autre chose. (fv)
Sleepers’ Reign ‘King Into Delight’ Sialia Records
Preuve qu’il subsiste bien une frontière musicale dans Onze Mère Patrie, le Humo’s Rock Rally reste davantage pour nous terra incognita que le Concours Circuit : nous n’avions jamais jusque là entendu parler de ces tout jeunes gens, coiffés de l’argent de ladite compétition en 2012. ‘9000 forces’, vaisseau d’entame 100% de fausset, aurait, sous ses envies criminellement catchy, tous les gimmicks forcés pour nous faire fuir en Poldomoldaquie. Pour éviter d’être ‘Crushed Before Collision’, on saura gré à ces spationautes electropop de parfois percher à hauteur plus raisonnable les harmonies vocales, de presser la pédale plus douce de la berceuse ‘Sialia’. ‘Pov L (ou)’ et ‘Pov R’, son pendant dégoulinant, signent le point de bascule tête la première dans le r’n’b. Dis-moi, le serveur, on lui avait vraiment commandé toutes ces meringues, tous ces ballons d’hélium? (alr)
Soften ‘Les Heures Blanches’ Murmuration Records
Et hop, un petit Suisse. Enfin, un type qui vit à Lausanne depuis dix ans et qui sort son quatrième album, le premier en français ; les autres étant en anglais et apparemment salués par la critique : une pop
Marissa Nadler ’Strangers’ Bella Union/Pias
Elle fait partie de ces artistes inamovibles. Du genre, rare et précieux, qui donnent l’impression de ne jamais changer d’univers, tout en demeurant géniaux de bout en bout. A l’image de Matt Elliott, dont le récent ‘The Calm Before’ a remis tout le monde d’accord. Et de Marissa Nadler. Dont l’univers sépulcral (ouais, ça rigole pas) demeure d’une incroyable densité, douze ans après ‘Ballads Of Living And Dying’. Et que depuis, la songwriter new-yorkaise n’a jamais offert le moindre titre à jeter. Chez Marissa, chaque morceau est bon. Au minimum. Tout comme il est directement identifiable, tant elle a directement imposé un style. Où aujourd’hui, on trouve un chouia plus d’électricité - et d’instruments. Où le paradis et l’apocalypse se côtoient. Pour se toucher. C’est plus que jamais le cas sur ‘Strangers’. Au début, on essaie bien de faire le blasé, de faire semblant de ne plus s’y intéresser. Comme si on voulait que Marissa fasse attention à nous. Qu’elle nous refasse le coup de la séduction, la nostalgie du premier jour, quand nos mains se sont effleurées pour la première fois. Qu’un premier baiser a suivi, puis de nombreux autres, répartis sur une dizaine d’albums. Elle n’en a pas eu besoin. Un jour plus tard, on a craqué. Tant de beauté en une seule personne, c’est pas donné à toutes les Alice On The Roof de la planète. Et merde, nous revoilà amoureux comme en 2004. La chance. (fv)
quelques indécollables « lager, lager, lager… ». Passée la lune de miel, Hyde et Smith ont du se rendre à l’évidence que pour séduire le public, il faudrait qu’il arrivent à se séduire eux-mêmes, à nouveau. Alors sept titres se/nous font la cour, organiques et entreprenants. Certes, Underworld se remet sur les rails confortables de ‘Dubnobasswithmyheadman’ (1994) et n’atteindra pas encore la fulgurance d’un ‘Beaucoup Fish’ (1999) sous amphétamines. Toutefois, cet album semble exorciser bien des ténèbres et frustrations collectées durant les années de page, si pas blanche, mal griffonnée. Les plus curieux d’entre vous savent déjà qu’avant leurs envolées électroniques, Underworld n’était qu’un vulgaire groupe de pop réellement inécoutable. Les autres apprendront peut-être aujourd’hui que le duo britton, sans cette réaction salvatrice, le serait redevenu inévitablement. (dark)
Troy Von Balthazar ‘Knights of Something’ Siluh Records
mélodique, mélancolique, grandaddyesque. Assez jolie mais inoffensive. La mode étant de se mettre au french dans le texte (on attend dans le genre, curieux, les premiers titres de Clare Louise), Soften, aka Nils Aellen, adapte sa sauce saudade pour un résultat mitigé. De fort beaux morceaux (‘Les Rafales’, avion de chasse pop) comme d’autres qui chagrinent (‘La Couronne d’Or’, folk maigrelet). En coupant, on pourrait faire un chouette EP. (lg)
Sonotanotanpenz ’Conga’ Noble Records
Exercice de phonétique du jour, retenir le nom de Sonotanotanpenz. Il en vaut la peine, derrière son apparente innocence. Celle de ses deux héroïnes au même prénom. Hitomi Itamura et Hitomi Moriwaki, deux nanas au soleil levant. Celle de son apparent minimalisme, deux voix juvéniles, deux guitares acoustiques, une boîte à rythmes (plus un poil de percussions). Et c’est l’heureuse surprise. Dire qu’on craignait une énième resucée folktronica nipponne / nunuche, aussi agréable dans l’oreille qu’elle est vite oubliée (Midori Hirano, Serph). Pas sur le présent ‘Conga’, terriblement addictif et bourré d’humour. Tant il est bordélique. Punk dans l’esprit, folk bricolo dans la forme, plus lo-fi tu meurs. Sept titres emballés en un gros quart d’heure. Où le duo de Fukuoka nous fout la banane pour la semaine. Rien à branler de la virtuosité, on s’en bat le mou de la démonstration artistique. C’est Gutevolk qui s’invite en Islande, elle a bazardé tout le matoze, elle envoie à Velgeir Sigurdsson d’aller se faire voir sur le Fuji Yama. Des surprises du genre, on en veut tous les mois. (fv)
Telebossa ‘Garagem Aurora’ Staubgold/dense
Notre collision avec ce disque fut « comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ». La métaphore de Lautréamont s’avérerait valable pour les genres que cherchent à imbriquer Chico Mello et Nicholas Bussmann, à savoir la fluidité stylistique de la bossa chantée (telle que défendue par Antonio Carlos Jobim ou Joao
Gilberto) et les études plus hérissées et pointillées de musique nouvelle (comme les imaginaient Stockhausen ou John Cage). Si vous ajoutez à ce langage singulier des parties de piano programmées pour être jouées par un automate, des textes de Fernando Pessoa où organique et technologie se toisent, et l’assurance sublime de l’Ensemble Aventure (hautbois, cor anglais, basson et clarinette), vous aurez de quoi douter de l’issue de ce duel ‘Man-Machine’, mais resterez bouche bée devant l’urgence latente de ‘Não Só’ – aux arrangements de vents signés Van Dyke Parks, ou par le trébuchant programme délivré par ‘Quireras’ dont on vous livre un fragment de traduction : « Je voudrais des mêlées et des chimères, l’étrange rigueur et des rimes rares ». Pari rempli ? Oh oui ! (alr)
Town Of Saints ‘No Place Like This’ Caroline International
Il faut avoir fréquenté assidûment les festivals hollandais pour pouvoir estimer le nombre de groupes (hollandais, aussi) plus ou moins insipides qui s’y (re)produisent sous un incompréhensible tonnerre d’applaudissements. Y en a vraiment des tonnes, z’imaginez pas. Comme un gros paquet de Lemmings interchangeables qui avanceraient dans la même direction – le mur, diront les mauvaises langues. Les Town Of Saints en font partie, vous l’aurez compris, et n’ont foncièrement rien fait de mal. C’est juste une ode à la banalité qui ne passera jamais la frontière de la Belgique francophone. (am)
Underworld ‘Barbara Barbara, We Face A Shining Future’ Smith Hyde Productions/Caroline International
Et si l’avenir d’Underworld s’apprêtait à être réellement radieux ? Et si ‘Barbara Barbara, We Face A Shining Future’ était finalement leur véritable premier album depuis 10 ans ? On aimerait le croire et ce n’est pas le duo originel qui tentera de nous en dissuader. Ce qu’on avait retenu d’eux ces derniers temps, c’était surtout le départ du génial Darren Emmerson (19902000) pour une affaire de gros sous et de
Au siècle dernier, Troy Von Balthazar présidait à la destinée de Chokebore, formation cultissime, idolâtrée de Seattle à Brainel’Alleud, de Nirvana aux Girls In Hawaïï. Et puis, parfois, les lubies personnelles l’emportent sur l’esprit d’équipe. C’est comme ça que Troy Von Balthazar s’en est allé construire sa petite cabane dans les bois, seul avec tous ses instruments sous les bras. Après trois essais solitaires, l’homme remet le couvert avec ‘Knights of Something’, disque introspectif et vaporeux, griffé par ce timbre distinct, cette voix typique qu’on dirait ourlée d’une ouate mélancolique. Petit plaisir coupable pour tous les amateurs de raffinements électriques, ce nouveau chapitre est le fruit des obsessions compulsives d’un reclus, d’un insatiable associable. Ermite de la pop alternative, l’Américain a façonné et aménagé les moindres recoins de ‘Knights of Something’. Guitare, batterie, basse, programmation, voix, production : ici, rien (à part le mastering) n’a filtré vers l’extérieur. Pourtant, les chansons ne sentent jamais le renfermé. Mieux : elles respirent la santé et l’état de grâce retrouvé. Sur un mode désenchanté, ce nouvel album offre de purs instants de bonheur (‘Astrid’) et quelques carambolages par-dessus les nuages de Granddady (‘Thugs’ ou ‘Curses !’). Une réussite. (na)
Walker Family Singers ‘Panola County Spirit’ Daptone Records/Other Hand Music
Musique de Dieu versus musique du diable : le distingo semble toujours de mise dans la mesure où Raymond Walker, patriarche d’une lignée farouchement attachée au patrimoine, refusa jadis de jouer les secondes voix pour Fred McDowell ou Sam Cooke, sous prétexte qu’ils étaient prêcheurs de blues plutôt que de gospel. L’affaire se passe à Como, Mississipi, coin rural retiré qui jadis connut les affres de l’esclavage et se languit aujourd’hui encore dans une certaine patine à la Norman Rockwell. La fertilité y reste cependant bien jaillissante dès qu’il s’agit de tradition vocale a capella, au point que Daptone – label des aussi-grands-que-leur-légende Charles Bradley et Sharon Jones – vienne y capturer le troisième disque d’une série. Si les moyens technologiques ont
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pu évoluer depuis le Nagra d’Alan Lomax, l’enregistrement s’inscrit malgré tout dans une vraie tradition ethnomusicologique. Non frottées au chiffon à reluire, ces sept voix d’un même corps familial nous percutent avec pureté et conviction à la manière de toutes celles des pêcheurs et des saints jadis immortalisés de ce côté du delta. « Make me real, Lord, please make me real » ! (alr)
Warped Dreamer ‘Lomahongva’ Off – Rat Records
Il est des affinités sélectives qui naissent sans planification, sans organisation particulière tant les liens qui les engendrent sont suffisamment ténus que pour les faire dialoguer naturellement. Ainsi de cette rencontre entre, d’une part, les Norvégiens Arve Henriksen et Stian Westerhus et, d’autre part, les Flandriens Jozef Dumoulin et Teum Verbruggen, saisie sur le vif lors d’un concert donné au club Het Bos à Anvers l’année dernière. Si le trompettiste Henriksen n’est plus à présenter (collaborations multiples avec Supersilent, Magnetic North Orchestra, David Sylvian…), le guitariste Westerhus nous est moins connu. Henriksen avait déjà joué avec l’excellent batteur Teun Verbruggen dans le passé (l’album ‘Black Swan’) tandis que ce dernier est souvent le comparse de route et de scène du pianiste Jozef Dumoulin, un des meilleurs pianistes belges issu de la scène jazz. A quatre, ils tissent une trame riche en motifs équilibrés oscillant entre jazz et musique d’ambiance. Parfois, ils s’égarent dans les dissonances free pour mieux les recadrer et les canaliser. Comme à son habitude, le jeu d’Henriksen est subtil et nuancé. Aux côté de Dumoulin, il prend une coloration encore plus intense. (et)
Weezer ‘The White Album’ Warner
On attendait Jurassic World comme des gosses. Pour un natif de 86, c’était un peu la madeleine de Proust par excellence, ce succulent goût de l’enfance, des Cécémels aux Olé dont on ne saura finalement jamais s’ils étaient produits par Léo ou pas. Qu’importe. Jurassic World était certes un peu con, mais le fan service était assuré, trop même, avec cet interminable clin d’œil à Spielberg. Ce ‘White Album’ procure un effet tout similaire : il ravira les inconditionnels du Weezer de ‘Beverly Hills’ mais laissera probablement les autres sur le bas-côté. C’est le pur plaisir coupable, les guitares qui te scient le tympan, la nostalgia ultra. Alors ouais, ‘Thank God For Girls’ donne envie de saccager une pauvre teuf comme dans le ‘Fight For Your Right’ des Beastie. On taperait bien la queue au Sharkpool en suçant un Push Pop sur du ‘Do You Wanna Get High’ dans les écouteurs de notre vieux walkman. On pourrait tenter la décoloration comme Dexter Holland sur ‘California Kids’. Tout ça serait doux comme un marshmallow flambé. Ça atténuerait un bref instant la douleur de nos plaies ouvertes au sortir du skatepark. Mais sérieusement, est-ce qu’un ‘White Album’ en 2016 n’est pas aussi désuet qu’un distributeur de Pez ? (am)
Colin Stetson ‘Sorrow – a reimagining of Gorecki’s 3rd Symphony’ Colin Stetson
Dramatique dans son propos, sidérante dans son déroulement, la Troisième Symphonie d’Henryk Górecki est devenue depuis sa création il y a maintenant quarante ans une œuvre référentielle tant elle a été utilisée dans un nombre impressionnant de films et de documentaires. Le contexte historique auquel elle renvoie est douloureux tandis que sa conception particulière plaçant la voix au dessus de la symphonie incarne un retour à la musique tonale après l’hégémonie du courant sériel. La revisiter, la ré-imaginer ne tient pas de l’exercice de style mais d’un véritable travail de longue haleine. En le réalisant, Stetson a non seulement bluffé son public habituel qui ne s’attendait pas de sa part à ce type de musique, il a davantage encore définitivement assis son statut de musicien hors-gabarit. Décliné en trois parties, ‘Sorrow’ suit l’ordre des trois mouvements bien distincts de la ‘Symphonie n°3’ jouant sur des tempos nominalement lents (du lento au cantabile-semplice) mais il y insuffle une véritable dimension rythmique dont elle est originellement exempte. Dès les premiers instants, c’est le souffle de Stetson qui est à l’œuvre. Les nuances de l’enregistrement en restituent les tonalités de manière saisissante. A ses côtés, de vieux complices (Sarah Neufeld, Rebecca Foon d’Esmerine, Shahzad Ismaily, Justin Walter…) tiennent leur rôle avec tempérance. Mais, celle qui rivalise avec le maître n’est autre que sa propre sœur. Megan Steston, la soprano au cursus vertigineux, est celle qui donne voix à cet opus et qui empêche qu’il ne se dévoie au gré de ses agitations. (et)
Emily Jane White ‘They Moved in Shadow All Together’ Talitres/V2
Pieds nus, guitare sèche à la main, Emily Jane White s’est portée au-devant d’une musique sensible et passionnée. Repéré en 2007 dans le dépouillement d’un premier album à fleur de peau (‘Dark Undercoat’), le timbre cristallin de la chanteuse californienne touchait au sublime sur des chansons imaginées entre ciel et terre, violoncelle et cordes en nylon. Dans un registre folk et mélancolique où les noms de Chan Marshall et Hope Sandoval donnent envie au chat de chialer à la belle étoile, les mélodies d’Emily Jane White inventaient un nouveau bout de paradis (perdu). Mais là où elle devait s’affirmer dans la sobriété, la voix d’ange s’est diluée dans des orchestrations superflues, des disques décorés de tableaux sombres et rococos. Aujourd’hui, Emily Jane White tend sa perche lumineuse à travers les ténèbres pour retrouver la route de ses premières amours. Nostalgie profonde et tristesse insondable irriguent ainsi les chansons et submergent le cinquième album de l’Américaine jusque dans son intitulé. Tiré des premières lignes d’un roman de Cormac McCarthy (‘L’obscurité du dehors’), ‘They Moved in Shadow All Together’ trempe sa plume atrabilaire dans l’angoisse du monde et la torpeur du quotidien. Le cœur au bord des lèvres, l’artiste purge les traumatismes d’une société (capitaliste) dans le creux de la vague. Antidote tragique aux violences policières à l’encontre des populations afroaméricaines (‘The Black Dove’) ou lettre ouverte à l’attention des femmes battues (‘Womankind’), il y a ici de quoi secouer les consciences et bousculer l’âme en douceur. Un retour en grâce. (na)
Wild Palms ‘Live Together, Eat Each Other’ One Lit tle Indian
Sur leur premier album, Alt-J avait réussi l’improbable : donner une personnalité à la chill-wave. On l’aurait parié, ils ont créé un gouffre où la pop des an-
nées 2010 s’est précipitée, tête la première. Wild Palms est de ceux-là : braves faiseurs qui se calquent sur leurs voisins immédiats, le quatuor a profité du succès de ‘An Awesome Wave’ pour abandonner en chemin leur rock à la Foals, plus trop hype. ‘Live Together, Eat Each Other’ est une fabrique d’insipide-pop raffinée à l’aspartame. Les Wild Palms peinent à exciter les papilles. Ils n’osent pas la saccharose, craignent l’acidulé, s’effacent derrière des formules édulcorées et quand ils font youpie, c’est à coup d’arcsen-ciel un peu pathétiques, éjaculés par de mornes licornes. Tes doigts ont beau chercher un bonbon à ton goût dans le paquet, leur dragibus font grise mine, ont la saveur de la soupe tiède. Quand soudain, ta main se referme sur une forme incongrue. ‘Hungry-Mouthed Hunting Dogs’. Tu la palpes, tu la sens, tu la jauges : un hip-hop égaré, léger, bienvenu, entre Day One et The (Quality) Streets. Une erreur de chaîne à l’usine. (ab)
Winter By Lake ‘The Journey Of Mister Wine’ Travelling Music
Winter By Lake est un one-man-band pensé par Nicolas Cancel, l’un des innombrables courageux habitants de la Ville Lumière. Alors champion, tu le sens le côté frouze ? J’aimerais répondre par la négative, mais manque de chance, chaque palabre de ce respectable zikos transpire le reblochon et la saucisse de Morteau sur un mode plutôt geignard. Quel gâchis, Parmentier ! Car derrière, on sent, outre la saucisse, les (très) bonnes références : du Slint, du Midlake ou encore du Notwist plongé dans le noir total. Ouuuh ! Disciple folktronica stricto sensu, Winter By Lake parsème ses tours de glace de programmation et d’arrangements synthétiques bien sentis qui accentuent à juste titre une froideur, une austérité a priori recherchées. Sur un morceau comme ‘Colors’, on ne cesse de penser aux parigots tant regrettés de Syd Matters. On y retrouve ces mêmes routes sinueuses couvertes de boue, jonchées de troncs d’arbres arrachés par le blizzard. Cette même mélancolie qui nous colle un cra-
chin à la gueule plus de trois-cent jours par an. Qui nous condamne au port du ciré d’octobre à mai. La joie. ‘The Journey Of Mister Wine’, c’est un peu les vacances à Brest sans la route de l’enfer. Et sans les péages. En ces temps un peu durs, on ne crachera pas sur quelques économies. (am)
Yak ‘Alas Salvation’ Kobalt/V2 Benelux
C’est bien connu : en mélangeant la saucisse de Toulouse crue mais tiède au chocolat râpé, on finit par obtenir - à défaut d’un sommet de gastronomie - une mixture indéniablement originale. Si Casimir s’était mis en tête d’élaborer l’équivalent musical du gloubiboulga, il y a fort à parier qu’il serait parvenu à un résultat assez proche de ce premier essai des londoniens de Yak. Avec son mélange de postpunk, de rock garage, de pop psyché et de krautrock, le trio propose en effet un détonnant et érudit frichti qui plaira autant aux fans des White Stripes ou des Pixies qu’à ceux de Birthday Party, Bauhaus, les Stooges, ou de Neu ! Dans cette matrice hautement addictive, le groupe a sans conteste puisé quelques réflexes. Cela ne l’empêche pas de se frayer un chemin singulier dans cette généalogie touffue pour proposer une sorte de psychédélisme punk qui fait émerger de son vacarme électrique des stridences krautrock (‘Harbour The Feeling’) et des décharges de sons énervés (les douze autres titres). Mais sous ses airs chaotiques, cette émulsion à haute teneur en énergie se révèle toutefois d’une cohérence à toute épreuve. Certes, tout n’est pas percutant ici – certaines des ficelles sont même parfois usées jusqu’à la six cordes (‘Smile’, ‘Curtain Twitcher’). Certes, Yak n’invente rien, mais les Londoniens déclinent malgré tout les codes avec une efficacité qu’une scène et une foule chauffée à blanc doivent encore décupler. Bref, enjoy, et surtout ne les ratez pas en live ! (gle)
Yanis ‘L’Heure Bleue’ Y&I Records
Blurp, wouf, argh. A peu près. Un cinq titres aux bleeps très bof. Dont le single ‘Hypnotized’ est visible depuis quatre mois sur le Tube et dont « every single dance move in this video happened under hypnosis ». Ce qu’on a un peu de mal à croire. Mais allez voir par vous-même. (lg)
Yeasayer ‘Amen & Goodbye’ Mute
On savait depuis un bout de temps que Yeasayer ne nous pondrait plus jamais un ‘All Hour Cymbals’. Ce qu’on ne savait pas, c’est que les new-yorkais se perdraient dans un ‘Fragrant World’ aux accès dancefloor profondément gênants. ‘Amen & Goodbye’ revient aux sources de l’expérimentation qui firent de leurs deux premiers opus des petits bijoux d’ingéniosité. Ici, comme à la belle époque dite des triangles, Yeasayer nous écartèle à balle, bons masos que nous sommes, entre un tas d’ambiances contrastées comme – liste non-exhaustive : une chorale venimeuse (‘I Am Chemistry’, ‘Half Asleep’), un brass band sorti de nul-
concerts le part (‘Silly Me’), une fausse scie musicale séduisante comme un Mercury Rev (‘Uma’). Alleluia ! Ce n’est pas le délire extatique non plus, le ton est (encore) plus apaisé – voire guilleret, les chansons plus classiques qu’à l’époque 2007-2010. On ne croise plus de fantômes tribaux ni de magie noire. Parfois, on se surprend même à se lasser de la voix de Chris Keating, un peu rébarbative avec trois disques dans les pattes. Mais on ne crachera pas sur quelques bons single (‘Dead Sea Scrolls’, ‘Silly Me’), quelques belles plages très Carnets du Bourlingueur (‘Prophecy Gun’, ‘Gerson’s Whistle’) qui nous réconcilient pour une poignée d’années avec ces chantres du proto-hipstisme. (am)
Young Moon ‘Colt’ Western Vinyl/Konkurrent
In real life, Trevor Montgomery - l’homme qui se cache sous le casque de Young Moon - est carreleur à San Francisco. Mais la nuit, c’est de la musique qu’il pose sur des mots. Artisan plutôt qu’artiste. Même si les deux activités ne sont peutêtre pas si différentes puisqu’elles consistent à assembler des éléments pour remplir des espaces vides. Et dès les premières notes de l’album, on imagine sans
peine notre homme à genoux, les yeux rivés sur le sol, le quotidien nourrissant sa créativité et les nuits passées à esquisser ses propres mosaïques intimes. Pour accoucher de dix chansons apaisées et cathartiques écrites sur les brisées d’un amour qu’on imagine éteint. Le geste est sûr, les compositions efficaces et incarnées. Dans un subtil équilibre, les guitares et des lignes de synthé chaleureusement mélancoliques créent un son panoramique propice à sublimer les échos douloureux de la voix de Montgomery dont la réverb déshumanise à dessein le lyrisme. Toutes proportions gardées, Trevor Montgomery se positionne à équidistance entre Ian Mc Culloch et le Springsteen de ‘Nebraska’. Qu’est ce qui permet alors à ce disque de surpasser les nombreux autres productions du genre ? Peut-être cette faculté à nous chanter des trucs tristes sans jamais larmoyer ou désespérer. Et surtout une capacité rare à viser juste dans la description de la banalité des sentiments sans jamais sombrer dans la niaiserie ou le pathos. (gle)
May
14 We 18 Sa 28 Sa
Bleu Nuit + Wraetlic + SIXSIXSIXTIES Bohren & Der Club Of Gore Lowup Label Night
June
Fr Fr Sa Fr Sa Fr Sa
3 10 11 17 18 24 25
Volta (B)XL: STUFF + GLINTS + Poldoore free
Adomas / Ucture + Nosedrip
free
LAFAWNDAH + Zora Jones + Sky_h1
free
White Hills + Psychic Ills + NiXiE
free
PREOCCUPATIONS (formerly known as VIET CONG)
free
Dollkraut + DJ Handless
free
Dream Koala + DC Salas
free
HIELE + Team Panini + Faisal
free
Témé Tan
July
Fr Sa Sa
1 2 9
5Y 22tracks
beursschouwburg
Laurent Grenier ‘Dix disques de traverse’ L’Arbre à paroles, 54p.
On ne compte plus les listes de disques soi-disant indispensables, les immanquables que l’on emporterait sur une île déserte, les intemporels qui traverseraient les époques et les modes à la manière des albums essentiels de Philippe Robert. Laurent Grenier prend résolument le contre-pied de ces relevés forcés en alignant une dizaine de disques dont il nous dit qu’ils n’ont pas changé sa vie. Pour ce faire, il ne suit aucune logique chronologique ou de genre, il nous raconte ses souvenirs comme s’il nous narrait des épiphanies. Son retour dans le temps remonte dans son enfance, son adolescence mais aussi à des époques plus récentes de sa vie. On ne rentre pas uniquement à la périphérie de son intimité, on approche également celle de sa mère, de son père, de ses amours sublimés ou consommés. Sur chaque épisode se pose la bande-son éphémère mais capitale d’un disque phare qui trotta dans sa tête à ce moment-là sans qu’aucune logique l’y prédestina. Certains furent des révélations (‘Remué’ de Dominique A, ‘Atom Heart Mother’ de Pink Floyd), d’autres (‘Up’ de R.E.M.) des succédanés, d’autres encore des prétextes pour nous compter ses réminiscences d’un temps irrémédiablement révolu (‘On The Beach’ de Neil Young, ‘The Man Machine’ de Kraftwerk). Très souvent, c’est durant ce temps suspendu, dans le cours de ces heures innombrables passées dans les transports en commun avec un Walkman rivé sur les oreilles ou dans le décours de celles à se livrer à un onanisme compulsif, que Laurent entra en musique. Sa solitude n’est pas seulement celle d’un coureur de fond, elle est, elle demeure, celle d’un branleur fécond. (et)
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vendredi 06 mai Dunk! Festival: THIS WILL DESTROY YOU, PELICAN, MY SLEEPING KARMA, CHVE, IIVII, HER NAME IS CALLA, KOKOMO, YODOK III, BAIKONUR, ILLUMININE, BARST, SOUNDS LIKE THE END OF THE WORLD, ELEANORA @ Jeugdheem De Populier, Zottegem Les Nuits: THE AVENER, SYNAPSON, GREG JUNE @ Cirque Royal, Bruxelles LOST FREQUENCIES; JETT REBEL @ AB, Bruxelles BURSTINGT, LADY CARNARGE, DAWNBREATH @ Atelier 210, Bruxelles THE SKATALITES @ L’Entrepôt, Arlon J.C.SATAN, HEIMAT, VIOLENCE CONJUGALE, JESSICA93, WILD CLASSICAL MUSIC ENSEMBLE @ Magasin4, Bruxelles PEPE @ Trix, Antwerpen CANTENAC DAGAR, SOUMONCES @ Vecteur, Marcinelle JOHN CLEESE @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
samedi 07 mai Dunk! Festival: RUSSIAN CIRCLES, YNDI HALDA, COLLAPSE UNDER THE EMPIRE, ARMS AND SLEEPERS, NORDIC GIANTS, I AM WAITING FOR YOU LAST SUMMER, DIRK SERRIES: MICROPHONICS, THANK U FOR SMOKING, UPCDOWNC, SYNDROME, THE HIRSCH EFFEKT, HERBSTLAUB, FLIES ARE SPIES FROM HELL, WYATT E. @ Jeugdheem De Populier, Zottegem BILLIE @ AB, Bruxelles KEVIN MORBY @ Atelier 210, Bruxelles BUBBA’S GUN, ILYDAEN, DEEPSHOW @ Atelier Rock, Huy METAL MILITIA, KINGSTONE, SEPULT, SKULLS FROM HELL @ L’Entrepôt, Arlon BRUCE ELLISON QUARTET @ Ferme de la Madelonne, Gouvy ALAN FITZPATRICK, NASTIA, STATE OF FLOW @ Fuse, Bruxelles IIVII @ Huis23, Bruxelles EROL ALKAN, THE BABEL ORCHESTRA, FABRICE LIG, GLOBUL @ Rockerill, Marchienne REGGAEBUS SOUNDSYSTEM ft THE MIGHTY JAH OBSERVER @ Vk, Bruxelles 24 HEURES ELECTRONIQUE @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux MARDUK, IMMOLATION, ORIGIN, BIO CANCER @ Aéronef, Lille, Fr
dimanche 08 mai Les Nuits: ANDREW BIRD, DAN SAN & MONS ORCHESTRA, CARNIVAL YOUTH; CHRISTIAN SCOTT, ATUNDE ADJUAH, LA JEROME @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles UB40 ft ALI, ASTRO & MICKEY @ AB, Bruxelles SUSIE ASADO @ L’An Vert, Liège THE LEGENDARY PINK DOTS
@ Escalier, Liège OGOYA NENGO & THE DODO WOMEN’S GROUP @ Huis23, Bruxelles THE OCEAN, HYPNO5E @ Magasin4, Bruxelles DAVID DUCHOVNY @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux
lundi 09 mai AIDAN KNIGHT, HANNAH EPPERSON @ AB, Bruxelles WILLOW @ Archipel, Bruxelles LEYLA McCALLA TRIO @ Huis23, Bruxelles CHIP, SOUL’ART @ Vk, Bruxelles GOV’T MULE @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux
mardi 10 mai Mithra Jazz: CHRISTIAN SCOTT, SON OF KEMET; SAL LA ROCCA TRIO, NATACHA WUYTS QUARTET; METTE HENRIETTE; NINGLINSPO; JEAN PAUL ESTIEVENART TRIO & LOGAN RICHARDSON; HARRIET TUBMAN AND CASSANDRA WILSON @ Liège LAST TRAIN, INDIAN ASKIN, MEMORIA DE PEIXE @ AB, Bruxelles TUXEDOMOON plays ‘Half Mute’ @ +11/5+12/5- Les Ateliers Claus, Bruxelles MY BUBA @ Bonnefooi, Bruxelles LUDOVICO EINAUDI @ Bozar, Bruxelles WITXES @ Huis23, Bruxelles CHARLIE PUTH @ Trix, Antwerpen DOC GYNECO @ Aéronef, Lille, Fr
mercredi 11 mai Mithra Jazz: AKA MOON, THE SCARLATTI BOOK, DE BEREN GIEREN; MARIUS NESTE, GERALDINE LAURENT QUARTET; NOEL AKCHOTE; SARAH MCKENZIE, IGOR GEHENOT TRIO, BENNY GREEN TRIO; THOMAS ENHCO @ Liège LADY LINN; COMPACT DISK DUMMIES @ AB, Bruxelles BLACK MIRRORS & FLAT SCREEN RADIO @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve LEE FIELDS & THE EXPRESSIONS @ Grand Mix, Tourcoing, Fr TOYSTROY @ Kulturfabrik, Luxembourg
jeudi 12 mai Les Nuits: AN PIERLE; La Tête D’Actéon: creation VINCENT GLOWINSKI, WALTER HUS, TEUN VERBRUGGEN, ANDREW CLAES @ Eglise Des Dominicains, Botanique, Bruxelles Mithra Jazz: ROBIN VERHEYEN QUARTET, NORDMANN; JOACHIM KUHN TRIO CHALABA, EVE BEUVENS; ERIC THIELEMANS, BART DEFOORT QUINTET; MICHEL PORTAL & BOJAN Z, PHRONESIS, YARON HERMAN, JEAN CHRISTOPHE RENAULT
@ Liège LUKA BLOOM @ AB, Bruxelles ROZA ENFLORESE & QUATOR ALFAMA @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve THE VIOLENT HUSBANDS, NEMO @ GC Elzenhof, Bruxelles THE SETH BOGART SHOW, zZz, M.MOUSTACHE CREW DJ SET @ Madame Moustache, Bruxelles THE EXPLOITED, BLACK BOMB A @ Magasin4, Bruxelles THE MORLOCKS, zZz, DJ STEREOCLIP, RAW DISTRICT, LUUUL, GLOBUL, THE PLASTIC’S FAMILY @ Rockerill, Marchienne ALEXANDRE CAVALIERE QUARTET, MANOUCHE MODERNE @ Salon, Silly MELTING TIME @ Trix, Antwerpen SIMPLE PLAN @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux CHRISTIAN OLIVIER, MAISSIAT @ Aéronef, Lille, Fr NAIEVE NEW BEATERS, OMOH @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
vendredi 13 mai Les Nuits: DIONYSOS, FRANCOIS BREUT, GAËTAN STREEL; LA FEMME, FUGU MANGO, BON VOYAGE ORGANISATION, JOY AS A TOY; FIELD MUSIC, KENNEDY’S BRIDGE, ALASKA GOLD RUSH; LYENN, CASTUS; ALICE ON THE ROOF @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles Mithra Jazz: ST GERMAIN; LEE FIELDS & THE EXPRESSIONS, NAOMI SHELTON & THE GOSPEL QUEENS; MIKMAAK, JOELLE LEANDRE & NICOLE MITCHEL; ESINAM DOGBATSÉ, FOUR OF A KIND, GEOFFREY FIORESE QUINTET @ Liège Refugees For Refugees: ALI SHAKER HASSAN ALBAYATI, ASAD QIZILBASH, BASSEL ABU FAKHER, BASSEL KHALIL, DAHLIA MEES, DOLMA RENQINGI, HUSSEIN RASSIM, KELSANG HULA, KHALED, ALHAFEZ, MAJID ZARE, MOHAMMAD AMAN YUSUFI, NORBU PAM, NORBU TSERING, PIETER LENAERTS, ROBBE KIECKENS, SHALAN ALHAMWY, TAMMAM AL RAMADAN, TAREK ALSAYED YAHYA, TRISTAN DRIESSENS @ Théàtre Molière, Bruxelles BAZART; ROBIN VERHEYEN QUARTET @ AB, Bruxelles RESTRICTED AREA, LIGHTMARE, THE FILTHY BROKE BILLIONAIRES, BEAR PUNCH, DELPHINE, GO BY BROOKS @ L’Entrepôt, Arlon DOYLU & ABOU SY TRIO @ Globe Aroma, Bruxelles MAX ROMEO, DUB INVADERS, OBF SOUNDSYSTEM @ Aéronef, Lille, Fr ICE IN MY EYES, THE MOON DRIVERS @ Rotondes, Esch/Alzette, Lux
Les Nuits Botanique 12- 22 mai 2016
Françoiz Breut « Nuits Botaniiiiiique, une histoire de troubadours qui tourne à l’amour, quand vient le jour… » : on vous rassure déjà, cette édition 2016 se fera sans la présence de Catherine Lara. Qu’est-ce qui se mijote pour ces jours doux et fous ? On bénit d’abord l’édition avec l’éternelle fiancée An Pierlé et son orgue à l’Église des Dominicains. Vendredi 13, on se munit de notre lucky charme qui tombe ‘À pic’ Françoiz Breut, on ondule du bout des orteils avec Bon Voyage Organisation – c’est bath, c’est in ? – ou on sautille sur la pop jouissive de Joy As A Toy, on se laisse couler dans les formes groovy de Field Music et on highfive l’ami Castus, homme-laboratoire fort en goûts et son comparse hanté, Lyenn. Et Alice ? Pour cette fois, on la laisse sur le toit. Samedi 14, on se mélange au beatmaking et future beat avec Sam Gellaitry et Kaytranada. On s’accorde une ample toile expérimentale avec Anne Meredith. Nostalgiques d’’Alternative Nation’ sur MTV ? Claquez plutôt la bise à Beverly et The Jacques ! Dimanche 15, on choisit la team tendresse : remonter le torrent avec la pop scintillante en français d’O (ancien Syd Matters), s’emmailloter dans les racines d’Ala.ni, monter à bord de l’electronica indigène d’Empty Taxi, s’immerger dans les nappes psyché de Scrap Dealers ou fondre pour une goutte de r’n’b de Jack Barratt ? À vous de choisir ! Lundi 16, hissez pavillon et Brabançonne, voici la nuit belge. Vous nous y dénicherez peut-être payant notre respect à La Muerte, emberlificotant facétieusement nos genres avec Robbing Millions, extatiques sous le flux funk et house de Pomrad ou
samedi 14 mai Les Nuits: PUGGY, FAON FAON, JEREMY WALCH; KAYTRANADA, SAM GELLAITRY; TRANSVIOLET, BEFFROI, VALLIS ALPS; THE
Cocorosie © Rodrigo Jardon
JACQUES, BEVERLY; ANNA MEREDITH @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles Mithra Jazz: BRAD MEHLDAU TRIO, GOGO PENGUIN, KNEEDELUS; NO BS’ BRASS BAND, REVE D’ELEPHANT ORCHESTRA; DUO A L’ENCRE @ Liège Jam’in Jette: AKRO, BKO QUINTET, TERRAKOTA, MO’KALAMITY, WALKO, MATTHIEU THONON, KANAZOE ORKESTRA, BLACK FLOWER, TCHALA’S BAND, BERNARD ORCHESTAR @ Parc de la Jeunesse, Jette Century Festival: SPAGHETTA ORGAZMOND, BISON BISOU, RINCE DOIGT, LESTRITONS FUTÉS, LIFE OF OWL IN ALASKA, ORIGAMI GEIJUTSU, IRON BLOOD, BATHERNA @ La Grange, Mouscron Nuits du Beau Tas: QUI, PETULA CLARCK, UDARNIK, SHNOK @ Magasin4, Bruxelles Woodywoodstock: CORBILLARD, THE PINKERTONS, EMELINE, ALEK ET LES JAPONAISES, LES PRISONNIER, CEDRIC GERVY @ Parking du Mont Saint Rock, Nivelles Paradigm#1: PLASTER, ORPHAN SWORDS, GEISTFORM, ROEBIN DE FREITAS + VJ @ The Lodge, Bruxelles YES; FACES ON TV, TEME TAN @ AB, Bruxelles GANGALAI & GOURABAI, MARK WYNN, SAULE @ Les Ateliers Claus, Bruxelles BLUE NUIT, WRAETLIC, SIXSIXSIXTIES @ Beursschouwburg, Bruxelles ECHOS, SISTER SISTER, TEDMO FESTIVAL, UNINSPIRED, KID COLLING, THE WELLIES @ L’Entrepôt, Arlon MARCELLUS PITTMAN, KID STRIKE, PIERRE @ Fuse, Bruxelles ALLAN KINGDOM, FADED @ Trix, Antwerpen IMARHAN, LAVOISIER @ Aéronef, Lille, Fr
dimanche 15 mai Les Nuits: JACK GARRATT, ULYSSE, MARTIN LUKE BROWN @ Cirque Royal, Bruxelles Les Nuits: VANESSA CARLTON, NOEMIE WOLFS, LOLA MARSH; LUH, THE SCRAP DEALERS, EMPTY TAXI; RAPHAËLE LANNADERE, 0; ALA.NI @ Botanique, Bruxelles PUGGY, MANOEUVRES; KONONO N°1 @ AB, Bruxelles ROD STEWART @ Sportpaleis, Antwerpen PSYCHONAUT, POTHAMUS @ Trix, Antwerpen
lundi 16 mai Les Nuits: LA MUERTE, OATHBREAKER, BOTS CONSPIRACY (SCARABEE), BALOJI, STEREO GRAND, ROBBING MILLIONS, SOLDIER’S HEART, VICTORIA + JEAN, ILLUMININE & MONS ORCHESTRA, LE COLISEE @ Botanique, Bruxelles
AC/DC @ Festivalpark, Werchter CONNER YOUNGBLOOD @ Huis23, Bruxelles THE COATHANGERS, PAWS @ Magasin4, Bruxelles
mardi 17 mai Les Nuits: ‘Les Premiers, Les Derniers’ real. BOULI LANNERS: concert/film PASCAL HUMBERT – CATHERINE GRAINDORGE, JEREMIE GARAT, KOEN GISEN FT BERTRAND CANTAT; JAIN, SAGES COMME DES SAUVAGES, BLICK BASSY; GEORGIO, ALPHA WANN, ROMEO ELVIS & LE MOTEL; JAMIE LAWSON, LYLAC; BENJAMIN FRANCIS LEFTWITCH @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles SPERWER @ Bonnefooi, Bruxelles ELDER, CAROUSEL @ Magasin4, Bruxelles LITTLE CAESAR @ Spirit Of 66, Verviers
mercredi 18 mai Les Nuits: COCOROSIE, BENOIT LIZEN & MONS ORCHESTRA; SALUT C’EST COOL, KENJI MINOGUE, JACQUES; RY X; PORCHES, FRANKIE COSMOS; WARHAUS, CHARLIE CUNNINGHAM, HOLLY MACVE @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles Nuits du Beau Tas: LANIAKEA, PAK YAN LAU & MATHIEU CALLEJA, BJÖRN JAUSS & MATTHIEU SAFATLY @ Magasin4, Bruxelles G-EAZY, iLOVEMAKONNEN; JAMBINAI, INWOLVES @ AB, Bruxelles TROY VON BALTHAZAR @ Belvédère, Namur BOHREN & DER CLUB OF GORE @ Beursschouwburg, Bruxelles FABRIZIO GRACEFFA BAND @ Le Rideau Rouge, Lasnes SIMON PHILLIPS PROTOCOL III @ Spirit Of 66, Verviers BAYONNE @ Trix, Antwerpen THE DANDY WARHOLS, HAPPYNESS @ Aéronef, Lille, Fr
jeudi 19 mai Les Nuits: FEU! CHATTERTON, NICOLAS MICHAUX, RADIO ELVIS; TSR CREW, JAZZY BAZZ & LIVE BAND, CABALLERO & JEANJASS; STEVE GUNN, IMARHAN, XIXA; TAXIWARS; ROZI PLAIN, ANDY SHAUF; KEVIN GARRETT @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles TROY VON BALTHAZAR @ Le Hangar, Liège COLD PUMAS, KING KONG BLUES, DJ: FABRICE LIG, GLOBUL, RALPH STORM vs FRSH WARRIOR @ Rockerill, Marchienne UTZ @ Soul Inn, Bruxelles PENDRAGON @ Spirit Of 66, Verviers STEVE’N’SEAGULLS, UKULELEBOBOYS @ Aéronef, Lille, Fr
vendredi 20 mai Les Nuits: MOGWAI; TINIE TEMPAH,
LITTLE SIMZ, WOODIE SMALLS; FLAVIEN BERGER, BAGARRE, INSECTE; NAIVE NEW BEATERS, THE SUNDAY CHARMERS; WALTER HUS & GUO GAN @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles Kokopelli: CHAINSKA BRASSIKA, MR ASUNA, TAPES, NORBERT MOSLANG @ Les Ateliers Claus, Bruxelles COFFEE OR NOT, DAVID CELIA, MARLA @ L’An Vert, Liège BONY KING, FLYING HORSEMAN @ Eden, Charleroi THE ABIGAILS & TOMORROW TULIPS @ Madame Moustache, Bruxelles TROY VON BALTHAZAR @ La Maison du Peuple, Dour MUCKRACKERS, FERBOTTEN @ Rockerill, Marchienne WHITESHAKE @ Spirit Of 66, Verviers THE HEAVY @ Trix, Antwerpen GANG AND FRIENDS @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux PAPOOZ, ROBERT LE MAGNIFIQUE @ Aéronef, Lille, Fr JAH CURE, MATHIEU RUBEN @ Kulturfabrik, Luxembourg
contemplatifs avec le néoclassique d’Illuminine, épaulé d’un quatuor à cordes. Mardi 17, Bouli Lanners fait son cinéma avec Pascal Humbert (exWovehand et 16 Horsepowers, Détroit), pour une nouvelle bande-son des ‘Les premiers, Les derniers’, constellée de cordes et d’invités de prestige. Sous chapiteau, on ira écouter Blick Bassy inviter le blues garanti en âme au Cameroun. Mercredi 18, on aura hâte de découvrir l’enchanteur songwriting novlangue de Benoît Lizen agrémenté d’un brass band et de voir de quelles excentricités se chauffent les sœurs Cocorosie cette fois. On serait curieux de découvrir Jacques, énigmatique électro-garçon coincé entre les potaches Salut C’est Cool et Kenji Minogue qui nous rendent sourds d’avance. Et on ira peut-être se frotter à la rugosité tendre d’Holly Macve, nouvelle protégée de Bella Union, sous l’aile accorte de John Grant. Jeudi 19, nous voilà tous déconfits d’être tiraillés entre la sérénité lumineuse de Rozi Plain, Steve Gunn (comparse de Kurt Vile) et son americana inspirée et une triple affiche Waouw en français au Cirque, avec Radio Elvis et son rock onirique, les ultra-charismatiques Feu ! Chatterton
samedi 21 mai Les Nuits: KATERINE, ALEX BEAUPAIN, BLONDY BROWNIE; FAKEAR, CLEMENT BAZIN; MONIKA, SARAH BLASKO, EMILY JANE WHITE; AREZZO WAVE “30”: JOYCUT, ITALIAN BOYFRIEND, WRONG ON YOU BACHAR MARKHALIFE; THYLACINE, LA FINE EQUIPE LIVE, LAWRENCE LE DOUX, TAV ECOTIC, SAGAT, MILAN W., MATHIEU SERRUYS, THE ORGONAUTS @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles Eupen Musik Marathon: HIDDEN CHARMS, INCOLORS, LIGHTS OUT, VAPOUR EYES, WAITING FOR THE WINTER, CHICOS Y MENDEZ, JAQEE, LA RACINE, AK/ DK, CHANTAL, KARLA, MARKUS KÖNIGS, STUFF. @ Eupen PIETER EMBRECHTS; BOMBINO & EL JUNTACADAVERES @ AB, Bruxelles BURIERS @ Atelier 210, Bruxelles PSYCHIC TV, AIKULA @ Les Ateliers Claus, Bruxelles ALICE PHOEBE LOU @ Huis23, Bruxelles ASTORIA NUEVO @ Maison de la Culture, Namur LES R’TARDATAIRES @ Reflektor, Liège GIOBIA, PHOENICIAN DRIVE @ Rockerill, Marchienne YOUR HIGHNESS, HEDONIST, THE PROGERIANS, LOST BARON @ Trix, Antwerpen BIRDS THAT CHANGE COLOUR @ La Truite d’Argent, Houffalize DOMINIC SONIC, DON CAVALLI @ Aéronef, Lille, Fr SUUNS @ Grand Mix, Tourcoing, Fr LA SMALA @ Kulturfabrik, Luxembourg
Julia Holter © Tonje Thilesen et le bluffant Nicolas Michaux, notre nouvelle coqueluche poétique. Si votre Adn est davantage hip hop pitre, vous ne voudrez pas louper les trublions Caballero & JeanJass. Vendredi 20, souhaiterez-vous traverser le mur du son avec Mogwai ? Vous faire émonder par le flow de Little Simz ou Tinie Tempah ? Chercher Bagarre ou ‘Mourir au club’ avec l’ultradécalé et electropop Flavien Berger ? Samedi 21, on oscillera entre les élucubrations de Katerine (et ses vaporeuses katerinettes du jour Blondy Brownie), l’ambigüité désinvolte d’Alex Beaupain, Monika et son revival disco contagieux, la pop vitaminée d’Italian Boyfriend avant d’ouvrir grand les portes sur le monde suspendu de Bachar Mar-Khalifé, multi-instrumentiste arabophone. Dimanche 22, ce n’est qu’un au revoir, mais quel salut final ! Entre la frissonnante intemporalité de Spain et la toute puissance rock captivante de Suuns, on rêve du ‘Don d’ubiquité’ ! D’autant qu’au Grand Salon, Nap Eyes pourrait constituer une jolie surprise lo-fi. Pour les cousus au programme de début juin, allez jeter un œil en ligne…entre nos chéris du Nord Liima, le prolifique Ty Segall ou la divine Julia Holter, le paquet de friandises n’est pas tout à fait fini! http://botanique.be/fr/project/les-nuits-fr/2016
dimanche 22 mai Les Nuits: ACID ARAB, BALKAN BEAT BOX, FLEXFAB; JEANNE ADDED, DBFC, LOUIS ROAM; SUUNS, DUANE SERAH; SPAIN; JULIEN BAKER, NAP EYES @ Cirque Royal, Botanique, Bruxelles Eupen Musik Marathon: ARQUETTES, BENNET, BOY, FEASANT PLUCKERS, FJØRT, HIGH VOLTAGE, ILYDAEN, VUURWERK, WAITING FOR THE WINTER, BIG BANDITS, EL TOTO CAFE, GRAINNE HOLLAND, ORKESTA MENDOZA, ROB HERON AND THE TEA PAD ORCHESTRA, T.TIME, ART CRIME, JULIEN ROGER, SAN MIGUEL, TOMMY VELLA & MIRO MITO @ Eupen Nuits du Beau Tas: MOE, MOTHERFUCKER, LA PINCE @ Magasin4, Bruxelles
lundi 23 mai CIARAN LAVERY, SIV JAKOBSEN @ AB, Bruxelles STIGMAN, SONNY’S HEELS, MOTHERFUCKER @ Belvédère, Namur HUGO, JERONIMO @ Salon, Silly
mardi 24 mai Les Nuits: SONIC LASSUS: JURGEN DE BRUYN, XAVIER DEPREZ, DAAN, FUGU MANGO, PITCHO, SAULE, LAETITIA SHERIFF, MINA TINDLE, LUDUS MODALIS @ Cirque Royal, Bruxelles NADIA REID, ANTHONIE TONNON, SOREN JUUL @ AB, Bruxelles KIKAGAKU MOYO, MOANING CITIES @ Magasin4, Bruxelles RYAN MCGARVEY @ Spirit Of 66, Verviers MUMFORD & SONS @ Sportpaleis, Antwerpen BLEACHED, TOYBLOÎD @ Aéronef, Lille, Fr
mercredi 25 mai BILL RYDER-JONES, THE CORAL @ Trix, Antwerpen
jeudi 26 mai THE MYSTERY LIGHTS @ AB, Bruxelles ALAN LIGHT & TETUZI AKIYAMA @ Huis23, Bruxelles USELESS EATERS, AVENUE Z, USE @ Madame Moustache, Bruxelles DALTON TELEGRAMME @ Reflektor, Liège VITAS GUERULAITIS, TÂCHE, SONIN SEDUCER, DJ SONAR, GRAZZHOPPA, ESKONDO @ Rockerill, Marchienne THORBJORN RISAGER BAND @ Spirit Of 66, Verviers BOMBINO; BILLIE RODNEY @ Trix, Antwerpen CHARLIE PUTH @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux ALEX & ANNIE DJ SET, PAPRIKA KINSKI, AUTO CLARK, LA MVERTE, YOU MAN @ Aéronef, Lille, Fr HER @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
vendredi 27 mai ELMER FOOR BEAT @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve
SENAMO, SEYTÉ, MANI DEIZ, FLO @ Magasin4, Bruxelles RANDOM HOUSE @ Maison de la Laïcité, Soignies KENSICO @ Spirit Of 66, Verviers EAGULLS @ Vk, Bruxelles USELESS EATERS, AVENUE Z @ Water Moulin, Tournai LES INNOCENTS @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
samedi 28 mai Nuits du Beau Tas: GLÜ, CONVULSIF, FILIAMOTSA & G.W. SOK, ZE ZORGS, ALONE @ Magasin4, Bruxelles RICO & STICKS # OPGEZWOLLE TOTNU, TYPHOON, JUNGLE BY NIGHT, KUENTA I TAMBU, WEVAL, JAMESZOO; JENS KURROS @ AB, Bruxelles VENUSIAN, ACTA @ Atelier Rock, Huy LOWUP LABEL NIGHT @ Beursschouwburg, Bruxelles BRIGHT CURSE, BARBUS, PLATYDUS DEI @ L’Entrepôt, Arlon WOODWORKS @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen DOOMSQUAD, THE GERMANS @ Trix, Antwerpen ZAKK WYLDE @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux ROCHE MUSIC: FKJ, DARIUS, KARTELL, CEZAIRE @ Aéronef, Lille, Fr LA GUINGUETTE DES CHOLRALES @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
dimanche 29 mai Les Nuits: ROYAL HEADACHE @ Botanique, Bruxelles ADMIRAL FREEBEE, COELY, WOODIE SMALLS, STUFF., BROLIN, GLINTS @ AB, Bruxelles BLACK RAINBOWS, BLACK LUNG, BIG FAT LUKUM @ Magasin4, Bruxelles GET WEL SOON @ Rotondes, Esch/Alzette, Lux
lundi 30 mai KORN @ AB, Bruxelles CAVERN OF ANTI-MATTER, YETI LANE @ Aéronef, Lille, Fr
mardi 31 mai FREDDIE GIBBS; MARBLE SOUNDS, ANSATZ DER MASCHINE @ AB, Bruxelles ROBERT JON & THE WRECK @ Spirit Of 66, Verviers BONGRIPPER, GHOLD @ Vk, Bruxelles GARBAGE @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux KORN @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux WINDHAND, LONELY KAMEL @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
mercredi 01 juin Les Nuits: TY SEGALL AND THE MUGGERS, LA JUNGLE; ELEANOR FRIEDBERGER, PLANTS & ANIMALS @ Botanique, Bruxelles TEHO TEARDO & BLIXA BARGELD @ AB, Bruxelles
jeudi 02 juin Les Nuits: LIIMA @ Botanique, Bruxelles SYSMO & GUEST @ Atelier 210, Bruxelles MILOW, EMMA BALE @ Reflektor, Liège THE TAIKONAUTS, THE SOAP OPERA, DKA, GLOBUL, GILLES, ROCKIN’CAT @ Rockerill, Marchienne THE SPECTORS @ Trix, Antwerpen BLACK LIPS, JACK OF HEART, GO!ZILLA @ Vk, Bruxelles THE HEADSHAKERS AND NAPOLEON MURPHY BROCK @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
vendredi 03 juin Les Nuits: ARTHUR BEATRICE @ Botanique, Bruxelles Volta XL: STUFF., GLINTS, POLDOORE @ Beursschouwburg, Bruxelles MILOW, EMMA BALE @ AB, Bruxelles AMBASSADOR21, MAMMOUTT, GHETTO BLASTARD @ Magasin4, Bruxelles SUPER CHIKAN JOHNSON @ Spirit Of 66, Verviers PIERRE ET BASTIEN, HEIMAT, VENTRE DE BICHE @ Vecteur, Marcinelle HUSTLA, TAMBOUR BATTANT @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
samedi 04 juin Loaf Festival: MACHIAVEL, STEELOVER, PASCAL BORBE’S FRIENDS, EAGLES ROAD, SOUTH OF HEAVEN, EAR DANGER @ Kulturzentrum Alter Schlachthof, Eupen FROM KISSING, THE SMOCK, MILK @ Alhambra, Mons DUB INVADERS @ Atelier 210, Bruxelles STEVN, GETCH GAETANO @ Belvédère, Namur MIKA @ Country-Hall, Liège FRANCOIS K, THE BABEL ORCHESTRA, FABRICE LIG, GLOBUL @ Rockerill, Marchienne 2 BAL 2 NEG, ARAL & SAUZE @ Vk, Bruxelles
dimanche 05 juin WHITE LUNG @ Trix, Antwerpen PENTATONIX @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
lundi 06 juin BONNIE RAITT @ Cirque Royal, Bruxelles GWYN ASHTON @ Spirit Of 66, Verviers
mardi 07 juin Les Nuits: JULIA HOLTER, JULIANNA BARWICK; EMPRESS OF, OLGA BELL; D.D. DUMBO @ Botanique, Bruxelles EXPLOSIONS IN THE SKY @ AB, Bruxelles JUCIFER, THE MIGHTY PROGERIANS, 30.000 MONKIES @ Magasin4, Bruxelles ONE OK ROCK @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux DISTURBED
@ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
mercredi 08 juin EXPLOSIONS IN THE SKY @ AB, Bruxelles MARE, EMPLOYED TO SERVE @ Magasin4, Bruxelles BULLET FOR MY VALENTINE, ARCHITECTS, ATREYU @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux SHELLAC @ Kulturfabrik, Luxembourg
jeudi 09 juin DAVE SMALLEY, HOMER @ Magasin4, Bruxelles KOMPLICATIONS, DEAR DEER, NACHO MARCO, K-SYS, MATT MATER, PATRICK CONEYS @ Rockerill, Marchienne WINTERLAND ‘76 @ Trix, Antwerpen LA RAIZ, OPMOC @ Vk, Bruxelles ANTHRAX @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux TORTOISE, DLGZ ROCK 5TET @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
vendredi 10 juin ADOMAS/UCTURE, NOSEDRIP @ Beursschouwburg, Bruxelles ANCE LAURY DANCE, HELLBROS!, SPEEDOZER, MOLK, RALITT @ L’Entrepôt, Arlon SPAIN, MAD ABOUT MOUNTAINS @ Trix, Antwerpen Pinkpop: RED HOT CHILI PEPPERS, JAMES BAY, BASTILLE, THE COMMON LINNETS, MAJOR LAZER, YEARS & YEARS, GARY CLARK JR., DE STAAT, BEAR’S DEN, LUKAS GRAHAM, STORKSKY, SKIP&DIE dj-set & FRIENDS, ONE OK ROCK, SARA HARTMAN, THE STRUTS, CLEAN PETE @ Megaland, Landgraaf, Nl
samedi 11 juin LAFAWNDAH, ZORA JONES, SKY_H1 @ Beursschouwburg, Bruxelles Pinkpop: RAMMSTEIN, DOE MAAR, LIANNE LA HAVAS, JAMES MORRISON, WALK OFF THE EARTH, PUSCIFER, GHOST, SKILLET, HALESTORM, IMELDA MAY, ROBIN SCHULZ, NOTHING BUT THIEVES, MATT SIMONS, LUCAS HAMMING, MIAMIGO NOISIA, BAZART, LUCKY FONZ III, PARQUET COURTS, THE SORE LOSERS, MADI HERMENS @ Megaland, Landgraaf, Nl
dimanche 12 juin PUSCIFER @ AB, Bruxelles ADELE @ Sportpaleis, Antwerpen Pinkpop: PAUL McCARTNEY, LIONEL RICHIE, KYGO, JOHN NEWMAN, DOUWE BOB, SKUNK ANANSIE, BRING ME THE HORIZON, ALL TIME LOW, TOM ODELL, JUNGLE BY NIGHT, BALTHAZAR, VINTAGE TROUBLE, JAMIE LAWSON, ST.PAUL & THE BROKEN BONES, HARTS, DJ’S WAXFIEND & PRIME, SEVN ALIAS, BROEDERLIEFDE, GRAVEYARD, THE LONDON SOULS, SLAVES, WALKING ON CARS, MIDAS @ Megaland, Landgraaf, Nl
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13/03/07 14:34:54
#dour2016
w w w. dour f e s t i v a l . b e
TICKETS : 1 DAY : 60 €, 5-DAY PASS : 150 € (including camping) excl booking fee - free shuttle from Saint-Ghislain train station, free parking
A$ap Ferg, Bad Company Uk (Full Original Lineup), Band Of Skulls, Ben Klock, Birdy Nam Nam, Boris Brejcha, Boys Noize, Danakil, Dave Clarke, Deluxe, DJ EZ, DJ Premier & The Badder, Django Django, Etienne de Crécy presents Superdiscount 3 Live, Fakear, Floating Points live, Four Tet, High Contrast feat. MC Wrec, Kerri Chandler, Kollektiv Turmstrasse, Lagwagon, Len Faki, Life of Agony, Mac DeMarco, Maceo Plex, Madball, Mobb Deep, Mr. Oizo, N’to Live Perc, Netsky LIVE, Odesza, Oxmo Puccino, Pantha Du Prince presents The Triad, Peaches, Pixies, Poliça, PRhyme, Rhye, Richie Hawtin, Roni Size & Dj Krust present Full Cycle, Rudimental, Salut c’est cool, Sigur Rós, Skepta, Spor, Stand High Patrol, The Prodigy, The Vaccines, Tiga live, Underworld, Wiz Khalifa, ... 20syl & Mr. J. Medeiros present AllttA, Acid Arab live, Adrian Sherwood, Allah-Las, Bicep, Biga*Ranx, Blackout Showcase feat. Black Sun Empire, State of Mind, Neonlight & MC LowQui, Borgore, Club cheval, Congo Natty feat. Congo Dubz, Tenor Fly, Nanci & Phoebe, Damian Lazarus, Daniel Avery, David August, dBridge feat. SP:MC, Denzel Curry, Dope D.O.D., Dorian Concept live feat. Cid Rim & The Clonious, Elliphant, Eyehategod, Factory Floor, Fat White Family, Fatima Yamaha, Frank Carter & The Rattlesnakes, Gold Panda, Goldlink, Harrison Stafford & The Professor Crew, Henrik Schwarz, Ho99o9, Jauz, Jazzy Bazz, Jeanne Added, John Talabot, Kadavar, Kevin Gates, King Khan & The Shrines, La Femme, Lady Leshurr, Le Bal des Enragés, Lunice, Marek Hemmann live, Mass Hysteria, Maya Jane Coles, Mbongwana Star, MCDE, Mind Against, Nick Waterhouse, Nosaj Thing, Novelist, Odezenne, Panda Dub Live Band, Pat Thomas & Kwashibu Area Band, Paula Temple, Roots Manuva, Seth Gueko, SOPHIE, Stormzy, Suuns, Ta-Ku, The Bronx, The Soft Moon, The Subways, U-Roy & King Sturgav, Vald, Venetian Snares live, Wiley & Slimzee,Yaniss Odua & Artikal band, Yung Lean, ... Alix Perez & Eprom present SHADES, Amelie Lens, Audio b2b Gridlok, Baloji, BEFFROI, Being As An Ocean, Between The Buried And Me, Bjarki, Blondy Brownie, Brain Damage live, Branko, Caballero & JeanJass, Cakes da Killa, CASisDEAD, Chester Watson, Comah, CYRK live, Dagoba, Danny Daze, Destruction Unit, DJ Marky feat. SP:MC, Dj Paypal, Do Or Die, Dub Phizix & Strategy, Electrobugz aka Beuns live set, Emicida, Father, FEWS, Flavien Berger, Ganja White Night live, Hayden James, Henri PFR, HONNE, Islam Chipsy & EEK, Italian Boyfriend, Ivy lab, J.C.Satàn, James Marvel feat. MC Mota, Jay Prince, Kanka, Kenji Minogue, Kirk Knight, KomaH, La Colonie de Vacances, La Jungle, La Mverte, Lawrence Le Doux, Lefto, Les R’tardataires, Lotic, Louisahhh!!!, Maduk feat. MC Mota, Manu Le Malin dj set, Manudigital, Max Graef Band, Mdou Moctar, Mefjus feat. Maksim MC, MNEK, Nastia, Nasty, Nixon, Noisebuilder live, Nout live, Oyster Node, phace feat. Lowqui, Pierre, Pomrad, Popof feat. Arno Joey, Protest The Hero, Protomartyr, Randomer, Roméo Elvis & Le Motel, Ryan Hemsworth, Sango, Soom T, Stereoclip live, STIKSTOF, Témé Tan, Tha Trickaz, The Arrs, The Scrap Dealers, The Upbeats feat. Lowqui, TSR Crew, ULYSSE, Up High Collective (beat-set), Uproot Andy, Victoria+Jean, Woodie Smalls, ... music