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VOLBEAT
Seal The Deal & Let's Boogie
A LT E R NAT I V E ON L I N E R E C OR D S T OR E • BI L B OR E C OR D S . BE BI L B O • MG R . L A DE U Z E PL E I N 2 • B -3 0 0 0 L E U V E N
Ash & Ice
The Colour In Anything
Thick As Thieves
Eyes Of The Lines
Pure
Colofon
© Mothmeister @ instagram
221
www.rifraf.be Année 22 nr. 221 RifRaf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 Mechelen e.r. Mieke Deisz pas en janvier et août rifraf juin sort le 02/06
année 22 • juin ‘ 16
Aujourd’hui Frédéric, Camélia, Katarina, Serge (il en faut toujours un qui s’appelle Serge)..., les silhouettes qui peuplent habituellement cette colonne, ne veulent pas apparaître, même un petit peu, refusent qu’on les observe tracer les sillons de leur prochaine disparition, qu’on entre en résonance avec leur petite musique. Jusqu’ici, ils acceptaient de ressurgir, par fragments, pour peupler les marges comme on hante la coulisse. Cette nuit, c’est comme s’ils faisaient grève. J’ai beau tenter de leur expliquer que c’était une métaphore lacanienne, une licence poétique pour évoquer par la bande ce dont on ne parle pas, un sas de décompression vers les pages suivantes du RifRaf, leur liberté d’écrire, leur goût des autres et de la langue; je trouve porte close. Enfermés dans leur loge, je les entends qui chuchotent, qui complotent, j’en vois d’ici qui tirent des plans sur la comète. On aurait pourtant bien besoin d’eux, pour dire l’indispensable et l’impensable, joindre les deux bouts. Les debouts ? “Faudrait pouvoir choisir son film / j’n’avais plus qu’à me barricader.” Nous voici presqu’à sec. Pour remplir le réservoir, on arrête la Chrysler, Chrysler rose (le canoë était déjà pris), devant une station Idéal. Ils diffusent sûrement un truc, genre parfum d’ambiance, comme ça se fait dans certaines grandes surfaces, peut-être même qu’il s’agit de The Beach, le parfum de plage inventé par Kramer (Seinfeld, inépuisable show about nothing). Mais Kramer, cet enthousiaste!, s’en est allé proposer son idée chez Calvin Klein, sans plus de précaution, lequel s’en empare et ça devient The Ocean... Bref, on se sent presque en vacances, sauf qu’on a oublié la signification du mot. “C’était pas l’année dernière / c’était pas à Marienbad / comment voulez-vous que je m’en rappelle”. Au moment de partir, une main retrouve une cassette de Sonic Youth dans la boîte à gants (c’était pas le Boccaccio) et sa pochette providentielle. “I stole my sister boyfriend. It was all whirlwind, heat, and flash. Within a week, we killed my parents and hit the road.” Dis-moi pas qu’c’est pas vrai! (c) esprit canal. C’est la pêche miraculeuse. On pensait ne plus avoir de réseau, plus de forfait, quand la sonnerie nous tire l’oreille - sans doute le lobe car on est en mai, la terre battue et il pleut, autant de signes qui ne trompent pas. A l’autre bout de la ligne, Cassandre s’abrite de l’ondée sous une marquise Luxaflex (look romantique classique, ce produit entièrement fait à la main répond aux exigences du consommateur actuel). De sa main libre,
rédaction Fabrice Delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
elle indique le chiffre deux à destination d’une voiture puis se lance : En fait, je voulais te dire, tu te souviens quand je t’ai dit qu’avec les filles de la promo on était #teamRifRaf, combien on attendait la lecture du nouveau numéro, qu’on allait prendre une pub ? “Comment voulez-vous que je m’en rappelle / à force de l’attendre...” Bon, alors, écoute, le souci c’est que le bureau marketing est moins chaud. Surtout que vous ne faîtes pas d’interview cette fois parce que vous aimez moins le disque, ce que je comprends mais du coup c’est moins évident. Je ne peux pas leur donner tort. La voix est douce et rieuse. C’est une jolie voix. Écoute, faut qu’j’te laisse, j’suis en journée promo avec Patrick et il se montre très pressant. La bise est restée dans le filet. “Fermer les volets / et ne plus changer l’eau des fleurs.” Après l’eau-de-vie Odezenne, un autre O coule de source. Barbara Carlotti, Sébastien Tellier et Arnaud-Fleurent Didier ont très vite appuyé. Seul le fauteuil de Burgalat ne s’est pas retourné. Bertrand s’est assoupi et ses grosses lunettes sont toutes de travers. Je crois bien avoir piqué un p’tit roupillon, analyse le champion. Rappelons que le vainqueur de notre télé-crochet gagnera un drone édition collector Daniel Balavoine, qu’il conservera précieusement dans son emballage, sous vitrine, alors on s’accroche. Ça va encore se régler au shifumi cette histoire. Attention, le puits n’existe pas ! Après avoir joué les Bernardo chez Syd Mattters, voici qu’Olivier Marguerit signe sa voyelle à la pointe de l’épée. Loin d’être un coup sur les ondes, son premier disque solo nous embarque pour dériver au fil de l’O. “Dormir sur le pont du galion / qui s’est laissé couler” On n’a plus entendu les conciliabules qui se tramaient dans la loge. Le mieux, ce serait peut-être de l’étouffer dans son sommeil? lâcha cellelà. Après 30.000 chroniques, il fera bien une petite sieste... renchérit celui-ci. “Plonger sous les draps / et ne plus jamais remonter.” On jouerait à dire que le navire avait pris l’eau; mais ce serait pas pour de faux. “Il servira, peut être, pour un autre film.” Hey, Scotty! Beam me up, before you go go… It’s been a hell of a ride! Texte : Fabrice Delmeire
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 18/05 agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20/05 Layout Peggy Schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie Corelio printing, Erpe-Mere collaborateurs Nicolas Alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, Le Dark Chips, Patrick Foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, Eric Therer, Fabrice Vanoverberg,... dessins Issara Chitdara photo cover
Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 20 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB
Viktor Lazlo ‘Canoë rose’ (RCA/Ariola) Dashiell Hedayat ‘Chrysler Rose’ (Shandar) Sonic Youth ‘Goo’ (DGC/Geffen) O ‘Un torrent, la boue’ (Vietnam/Because)
Tous droits réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée dans un système de récupération ou transmise sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit sans l’accord préalable de l’éditeur.
Un tour du côté de 2010, embranchement vers les tops de l’année. Tout en haut de l’échelle, là où les espoirs de disques indémodables tentent de préfigurer l’avenir. Elle se dessinait aux sons d’une ambient venue d’Israël, mise en abime par Ran Slavin, sous le nom bienvenu de ‘The Mediterranean Drift’. Six ans plus loin, c’est long comme une traversée de l’océan sans The Caretaker, l’homme de Tel Aviv nous refait le coup du sublime sur ‘Bittersweet Melodies’ (Crónica, le fidèle hébergeur). Carrément peur de rien. Musique noire sous le bras de Giuseppe Ielasi, extensions cinématiques sous le coude d’Achim Szepanski, on se met carrément à fantasmer au retour du légendaire label Mille Plateaux. Ça vire dans moult directions, entre mille clins d’œil d’illusionniste confirmé - et jamais blasé. L’abstraction s’élève, le jazz joue un rôle en sourdine, des beats lofi déboîtent la sagesse, ça vrille, ça fuse, c’est un ticket gagnant pour la médaille olympique sans pousser la chansonnette. Même pas besoin de gonflette aux hormones ni de juge corrompu. S’il va à Rio, il n’oubliera pas de monter là-haut. ★ ★ ★ Son nom est tout un programme, tant son retour en 2015 avait été tonitruant, et pas seulement parce qu’il rompait un silence long de douze ans (‘Growl’). Quelques mois plus tard, Åke Parmerud renvoie au vestiaire les souvenirs de métal (la musique, pas la matière) sur son nouvel essai ‘Nécropolis’ (empreintes DIGITALes). Tourné vers le versant acousmatique de son œuvre, le sexagénaire suédois nous offre quatre morceaux de sa plume, ils datent d’entre 2005 et 2011. A vrai dire, est-ce leur complexité ou leur froideur, il nous a été bien difficile de trouver des points d’accroche. En dépit de rythmes effrénés, notamment sur l’inaugural ‘Dreaming In Darkness’, ou de bruits vitreux d’une pureté cristalline sans concession (‘Crystal Counterpoint’¸ le bien nommé), les chemins tortueux empruntés par Parmerud nous ont parfois égarés. Seule exception, et elle est à couper le souffle, son ‘ReVoiced’ de 2009, pièce vocale démentielle entre Amazonie, Russie et Luciano Berio. Au moins. ★ ★ ★ Juin, mois des chouchous. En provenance du Portugal, précisément du Théâtre de Marionnettes de Porto. Abonné depuis leur ‘Ab OVO’ de 2014, le duo @c renouvelle l’expérience sur ‘Three Body Problem’ (Crónica, plus que jamais). Les premiers instants sont énigmatiques, le temps de défricher le terrain. De percevoir les acquaintances avec Peter Rehberg, de se rappeler de ses rapprochements avec Giselle Vienne. Puis vient l’éclaircie salutaire. Pas besoin d’imaginer les figures manipulées en souterrain, les sons explosent à la figure. En toute décontraction noise. Sans agressivité, avec un sens de la glisse bruitiste exemplaire. Ponctué de quelques interventions extérieures, dont les remarquables gongs et cloches de Joao Pais Filipe (‘112 (Pace)’), on imagine poindre le Bell Orchestra. Ou le souvenir de Joanna Newsom, merci la harpe d’Angelica V. Salvi. Que décidément, Miguel Carvalhais et Pedro Tudela manient l’art des contrastes. De l’impressionnisme au revendicatif, de la lenteur à l’excitation, leurs neuf déclinaisons sectionnent les mauvaises habitudes. Allelujah. ★ ★ ★ Des vacances en Pologne, un parcours inquiétant dans les forets sombres des Carpates, un disque très inquiétant. Le menu de ‘Crystal Dwarf’, second en date du trio Komora A (Monotype Records), a de quoi attirer l’oreille du plus énigmatique des fans de Deaf Center. Leurs sonorités vibrent sous les marais infestés d’esprits malfaisants, le risque d’engloutissement se cache derrière chaque seconde. Un orage lointain a souillé les terres grasses, elles collent aux semelles, la randonnée paisible se mute en chemin de croix. Brouilleurs de cartes, vicaires de l’immortalité noire, Jakub Mikołajczyk, Dominik Kowalczyk et Karol Koszniec ont infesté le chemin de créatures effrayantes, le jour tombé, elles hantent le sommeil des campeurs égarés. Ils se réveillent en sursaut au milieu de la nuit d’encre, terrifiés par le bruit lointain d’un complexe militarosidérurgique, un train s’éloigne, il doit transporter les cadavres de jeunes inconscients, leur naïveté les a conduits tout droit dans la gueule du loup. ★ ★ ★ En principe, les magnifiques rockeurs de Swans n’ont rien à faire dans cette rubrique. Sauf quand ils tentent une échappée en solitaire. Tel Norman Westberg et son ‘MRI’ (Room40). Loin de Michael Gira & co, le guitariste new-yorkais tente l’aventure expérimentale. Elle est le fruit d’une perte d’audition à l’oreille droite. Et d’une résonance magnétique (MRI), elle a confirmé la surdité partielle du bonhomme. Qui en a fait un disque. Étrange et beau, même si pas foncièrement original. Où trois pièces de guitare surgissent d’un traitement bruitiste, on imagine parfaitement l’agacement que doit représenter une perte d’audition. Ce bourdonnement qui doit foutre de sacrés maux de tête. Cet espèce de bruit intérieur qui rappelle à tout moment sa condition défaillante. Un hymne à la faillibilité de l’être humain. ★ ★ ★ L’avenir a ceci de particulier qu’il est inconnu. De quoi demain serat-il fait ? Reviendrons-nous bientôt ? Est-ce un au-revoir ou un adieu ? Face à ce vide potentiel, il est urgent de revenir back to basics. Vers une figure emblématique du Love On The Bits, l’incontournable Philippe Petit. Oubliées les collaborations du passé (Lydia Lunch, Eugene S. Robinson, Murcof), le Marseillais retourne à l’exercice solitaire, celui qui a nous a valu les merveilleux ‘Off To Titan’ ou ‘Multicoloured Shadows’. Son ‘You Only Live Ice’ (Glacial Movements Records) file vers un apaisement trompeur, un calme précaire, une sérénité illusoire. Les sept premières minutes présagent d’une apesanteur grondante, expiatoire et batailleuse. Avant de filer vers le cosmos, de réinventer l’espace, d’inverser l’ordre de l’antimatière. Que tout n’y est pas silence et contemplation. Que des grincements subtils y déploient leur énergie. Avant une apothéose métaphysique, au-delà de toutes les galaxies, loin des mystères de notre vieille terre. t e x t e Fa b r i ce Va n ov e r b e rg
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Nulle part
Parfois, je me sens hors jeu. Je me mets en retrait. Je tire un trait. J’oblique. Je me place hors du monde. Je n’éprouve plus l’envie de me mêler aux assemblées conviviales. J’évite toute réunion. Je fuis ces repas professionnels entre avocats trop propres sur eux au sourire carnassier. Parfois, je crains la foule. Parfois, j’arpente la Place Saint-Lambert en solitaire, je pose mes pas en prenant garde de ne pas maculer mes chaussures de déjections de pigeon, j’évite les cohortes de badauds qui sortent du Point Chaud un infect sandwich au poing. Parfois, je me réfugie à la cafétéria de l’Hema. A chaque visite, l’endroit m’apparaît comme un havre convenable, un espace propre et sans âme, un moyen terme entre le réfectoire d’un hospice et la surface carrelée d’un Lunch Garden. Parfois, je m’y terre. Je pose sur mon plateau un bol de potage aux pois et un café, nourriture frugale qui sied à la modestie du lieu. Je m’installe dans un coin d’où je peux regarder les autres clients, aller et venir avec leurs consommations. J’absorbe les liquides sans mot dire. Parfois, je lis un poème de Gaston Miron ou une manchette de La Meuse La Lanterne. Je n’ai à saluer personne, je n’ai à frayer avec autrui, cela me procure un vif réconfort. A la cafétéria de l’Hema, il n’y a ni silence, ni vacarme. Des fragments de conversations parviennent à vos oreilles, parasités par d’innombrables mastications, des gloussements intempestifs, les assiettes qui s’entrechoquent sur le chariot de service. C’est un bruissement domestique auquel on se fait vite. Il meuble l’espace. Il rassure, il apaise. A la cafétéria de l’Hema, il y a aussi de la musique. C’est une musique qui se devine plus qu’elle ne s’écoute. Elle s’entend à peine. Elle est en sourdine. Fréquemment entrecoupée de babils publicitaires, elle provient de petits haut-parleurs invisibles qui s’obstinent à diffuser une chaîne de radio commerciale insipide. A la cafétéria de l’Hema, il vous est donné de temps à autre de vivre un dramaticule en direct. Quelques mots à peine, un échange verbal qui tourne mal et ça part en couille sans que l’on ne l’ait vu venir. Pas de charivari, ni de heurt mais des engueulades contenues, des réprimandes étouffées. Les mots eux-mêmes sortent mastiqués, mâchés par les bouches des querelleurs qui les prononcent. Entre deux embouts de phrases mal dites subsiste la musique. La musique de l’Hema. La non musique. En d’autres temps, on parlait de muzak, antonomase provenant de la société Muzak Inc., entreprise nord-américaine pionnière dans la création de musiques aseptisées pour galeries marchandes et supermarchés, ascenseurs et crématoriums. Une musique idéale dépourvue de toute sensualité, de tous sens mais censée se fondre dans l’atmosphère ambiante. Il semblerait que la seule véritable muzak de marque encore utilisée aujourd’hui soit celle des répondeurs téléphoniques d’entreprises. La musique de la mise en attente de l’appelant. Partout ailleurs, elle a été substituée par une autre, une espèce de hip-hop adoucie générique imbécile. Pire que la muzak, cette non musique là prétend en être alors que la muzak, elle, n’avait aucune ambition à l’être, en cela étaitelle peut-être plus honnête. Pour l’heure, j’écris ces quelques phrases sans réelle importance, assis sur ma chaise en matériaux composites, rencogné dans le fond de la cafétéria Hema de la Place Saint-Lambert. Je ne suis ni triste, ni joyeux. Je pense peut-être que ce sera là mon dernier Sounds & Sites et j’en ressens une douce amertume. Mes derniers mots, ma dernière musique. t e x t e E r i c T h e re r
"Je n'étais qu'un gamin irritant, menteur et roux" (Aphex Twin) Avec une pochette rappelant l’affiche de Lost Highway, la filiation avec la musique cinématographique et la synthwave de Rebodello semble cousue de fil blanc. Mais le lien ne se limite pas à une imagerie car le Mexicain se fend avec ‘Mondo Alterado’ d’une Bande Originale de film noir qui flaire bon le début des 80’s. Cinq ans après un premier album, le producteur et cofondateur du label (Hippie Dance), ancien collaborateur de Superpitcher au sein des Pachanga Boys, s’aventure aujourd’hui dans des contrées psychédéliques, épurées et tribales. Entre vintage, nostalgie d’une nuit et coup de génie, voilà un bel exemple de synthwave revue et corrigée de la plus belle des manières. Ajoutez à cela l’esprit frondeur qui habite ce disque et laissezvous emmener à travers des paysages expérimentaux, sans jamais renoncer à la simplicité. Notre oreille terminera le travail et relira en boucle les nappes juxtaposées à outrance. Jouer avec les codes, jouer avec les limites. Foncer. ★ ★ ★ On ne peut pas dire que Horsepower Productions fasse son grand retour puisque le collectif n’était pas parti bien loin. Pas assez loin, semble-t-il, car après l’excellente introduction hip-hop qui, un instant, de joie nous emplit, la suite de ‘Crooks, Crimes & Corruption’ se montra bien moisie. De la poussière sur le dubstep, une odeur de renfermé dans la jungle et du poil vert partout dans les samples de Gill Scott-Herron qui n’avaient rien demandé. Bio mais pas beau. ★ ★ ★ C’est la sempiternelle histoire du petit frère à qui tu refiles une manette de Playstation pour l’humilier et qui, au bout de deux semaines, ne te permet plus de toucher le moindre ballon. Cette histoire est canadienne et concerne cette fois la musique. D’ici peu, les États-Unis envieront ses voisins du nord en terme de poids lourds artistiques. Entre The Weeknd, Alessia Cara et Drake, la liste se fait longue, et Kayatranada vient de s’y ajouter. Bien qu’il ait 23 ans à la sortie de son premier album, le gamin n’en est pas à son coup d’essai (merci le grand frère) et quand il fait des promesses, il les tient. Pour preuve, son album ’99.9%’, c’est 99,9% de musique de jeune catchy et à la mode, 99.9% d’arc-en-ciel, 99.9% de collaborations bling bling (AlunaGeorge, Craig David, …) et surtout 99.9% de zone de confort. Au final, la seule prise de risque du gamin durant les derniers mois, c’est d’avoir fait son coming-out. Au vu de la faune qui l’entoure, on a eu raison de ne pas trop trembler pour lui. D’ailleurs, la faune qui peuple ses créations se met bien plus en danger que lui et la plupart du mérite lui revient. Mode easy, toutes options ! ★ ★ ★ ‘Mayday’ des (toujours chics) Boys Noize est un ramassis grossier de tout ce qui se vend, une soupe vulgaire de toutes les modes dégueulasses, un condensé de tout ce qu’on a déjà entendu et qu’on préférerait ne plus jamais devoir subir. « Mayday, Mayday, venez m’aider ! » ★ ★ ★ Death In Vegas ou la mutation dans la continuité. Si Richard Fearless plaide que ‘Transmission’ est la suite logique de sa discographie, on serait bien blême d’en découvrir la comparaison tant le propos a été travesti entre la première et la sixième copie. Est-ce forcement négatif ? Pas réellement si l’on accepte le pas de côté qui vous mène dans le rang, avec les autres. L’unique réelle nouveauté de la formation vient ici de la présence au chant (et aux textes) de Sacha Grey, actrice devenue égérie du psychédélisme sexué depuis la sortie de ‘Juliette Society’, un roman porno-puputo-chic dont elle est le cerveau. Cependant la noirceur du propos et la lourdeur de l’ambiance sauvent l’album de la copie générique, voire du pastiche électro-industriel. Un disque « Thomas et Piron ». ★ ★ ★ Difficile d’imaginer qu’un album nommé ‘Too Many Voices’ puisse vomir d’autant de vocalises. C’est à se demander si la nouvelle production d’Andy Stott ne relèverait pas de la blague potache. Jusqu’ici, sur les productions caverneuses du mancunien ne trônait que la voix cristalline d’Alison Skidmore. Et c’est comme si cette dernière menait la danse à présent, une pop désarticulée ayant pris le pas sur une électro binaire tout au long d’un périple dont Stott semble encore chercher la destination finale. New jack, RnB, funk : tout s’y retrouve mais aucun n’échappe au miroir déformant. Une romance qui pue la rupture, des papillons dans l’estomac qui vous filent la diarrhée, une première fois sous les caméras de Jacquie et Michèle. Il est où le bonheur ? ★ ★ ★ A la manière de Chris Marker, Gold Panda est allé opérer au Japon quelques prélèvements sonores afin de les adjoindre aux captures imagées de la photographe Laura Lewis, le tout pour les bienfaits d’un spectacle documentaire sonore qui ne verra peut-être jamais le jour. ‘Good Luck and Do Your Best’, c’est exactement ce que le producteur a fait en modelant ses recherches en un album. Onze plages qui sentent les vacances à plein nez et qui oublient de singer tout ce qu’il s’est déjà fait en 2016, une très agréable sensation de démodé en somme. Côté sonore, l’inspiration nipponne semble venir principalement des instruments à cordes et puis c’est tout : la fable légendaire s’arrêtera ici. Au final, Gold Panda dresse une carte postale modeste mais sincère pour célébrer la mémoire d’un lieu qu’il continue d’aimer, même à distance. Il a essayé Pairi Daiza ? ★ ★ ★ Après deux premières compilations particulièrement réussies, voilà le retour de Cosmic Machine. Le principe de ‘The Sequel’ est simple et directement inscrit sur la pochette : « un voyage cosmique au travers de l’avant-garde électronique française des ans 70’s et 80’s ». Le « la » est donné. A vous les délires musicaux passionnants comme ceux de Pascal Comelade, Christophe, Francis Lai ou encore Araxis (attention, ce nom peut cacher un autre chanteur minet connu). On ne boude jamais le plaisir de se replonger dans cet âge béni qui a tant nourri l’époque contemporaine. Philippe Caza ne l’a pas moins été en dessinant la superbe pochette de cette machine à remonter le temps et la perception. La nuit sera étoilée, stroboscopique ou ne sera pas ! Capitaine Flam aime ça. texte Le Dark Chips
Les ongles sous ma peau Il avait de belles idées et des cheveux épais, l’homme assis au coin du bar. Un complet rayé, costume croisé, lui donnait une certaine prestance malgré l’usure évidente des coudes. Il aurait pu être un ami .Mais il avait perdu sa femme. Il en dégoulinait, l’homme avachi le long du bar, pétri de « pourquoi », de « je ne pourrai plus », « je ne saurai jamais ». Cela ne laissait pas trop de place pour s’asseoir mais quelques centimètres pour l’ennui. Le désarroi sur son visage, les larmes qui ravageaient ses mocassins me laissaient si étranger. C’est dommage j’aurais été un si bon ami, j’en suis sûr, mais il m’arrive encore de ressentir cette brûlure à l’avant-bras parce que moi je sais les souffrances de soi et des autres, je sais les ongles sous ma peau. Je me levai et il s’éteignit, les journées de soleil en été deviennent de plus en plus rares me sembla-t-il. Je me raconterai bien des histoires de fleuves, de femme folle nommée Rose, mais restons sérieux je veux garder vivantes ces cicatrices sur l’avant-bras, je veux qu’elles ne disparaissent jamais, qu’elles s’infectent, purulent, me donnent la fièvre, les yeux rougis injectés de sang, qu’elles me gangrènent mais qu’elles ne meurent pas. Qu’elles me rappellent inconfortablement à la vie comme la première fois que les ongles de cette main oubliée perforaient mon corps. Tu te souviens, toi, qui étais-tu loin de moi ? J’aimais me promener le long des boulevards et rentrer dans le Fablain y regarder les histoires s’écrire. Même si l’on y parlait trop, même si l’on n’y était pas utile, il me restait souvent la possibilité d’y être seul avec les autres. D’entrevoir de nouvelles silhouettes, de nouvelles couleurs de cheveux, des collections infinies de chaussures déparées sans que je n’aie à voyager. Je cherchais souvent du coin de l’œil mon prochain futur ami. J’imaginais nos échanges passionnés, les invitations au Rôti de veau du dimanche, les mensonges, les trahisons, l’instant avant que cela ne se brise, son regard avant qu’il ne disparaisse…C’est à ce moment où j’avais en général l’habitude de me frotter l’avant-bras pour vérifier mes cicatrices, je les rouvrais parfois. Les souvenirs me regagnaient alors facilement. Je revoyais la jeune fille vociférant, menaçant sans qu’aucun de ses mots ne ressorte de ma mémoire, je revoyais sa peau si pâle, sa chevelure rousse, son T-shirt gris chiné imprimé « fruit of the loom » taché de fond de teint et crème vanille, je me souviens du chaos autour d’elle, des Mains (dont je faisais partie) qui serraient son corps comme un étau, je me souviens du discret bruit de déchirement lorsque ses ongles au vernis framboises écaillés rentrèrent dans ma chair, du léger filet de sang, de l’affreuse douleur de soi et des autres pour la première fois mêlée. J’avais 22 ans et n’avais jamais connu d’émotion si singulière. Je ne savais pas à l’époque qu’elle grandirait en moi jusqu’à assécher la moindre partie de mon être. Ses ongles sous ma peau deviendront ma malédiction. Je regardais au loin l’homme du bar regagner médiocrement sa vie par les ruelles pavées de la capitale, soutenu dans son effort par un compagnon de fortune. Il me sembla que la brûlure à mon avant-bras s’atténua pour la première fois laissant place à une tiédeur désagréable, les cicatrices passèrent de sanglantes à rosacées, de grises à translucides et je vis pour la première fois l’évidence que je n’étais plus là, j’étais seul, je ne connaîtrai jamais personne. Livres : ‘Mes amis’ par Emmanuel Bove, ‘Le soi et les autres’ par Dr R. Laing Disques : Jackson C. Franck ‘The complete recording’ t e x t e A n y s A m i re e t Fra n ço i s G e o rg e s
O
08
texte Antoine Meersseman
Ce visage ne vous est peut-être pas inconnu, sa musique non plus. Vous l’avez vu toujours bien entouré, officiant dans Syd Matters - dont vous attendez des nouvelles, Los Chicros, Mina Tindle ou encore Barbara Carlotti. Entre-temps, O est devenu père. Père d’une petite fille, Écho, père de ce premier disque solo, ‘Un Torrent, La Boue’. S’il a été le fruit d’une longue gestation, ce torrent sinueux aux nombreuses épingles coule paradoxalement de source. En dix chansons qui se montent à cru et s’apprécient à nu, O libère ses chakras dans des cavalcades pop qui ne se refusent rien et ne ressemblent pas.
La genèse de ton projet serait marquée par la pause de Syd Matters et surtout la naissance de ta fille. Tu confirmes ? Olivier Marguerit : « J’ai mis du temps à assumer mon côté solo car je travaillais avec des compositeurs formidables, que ce soit dans Syd Matters ou Los Chicros. À la fin de la tournée du quatrième Syd Matters, il y a 3-4 ans, on a tous décidé de faire d’autres choses. C’est le moment auquel j’ai passé une sorte de cap personnel, un changement d’âge. Au début de ma vie de musicien, j’avais même envisagé d’être chanteur, chose que j’avais
peux te baigner, qui te maintient dans une sorte de cocon. Ça se rapproche du liquide amniotique. Il y a un sujet qui traverse tout mon disque, c’est la naissance de ma fille. ‘Mon Écho’ parle de ça. Cette eau qui nous protège. Alors, est-ce que j’ai été traumatisé dans le ventre de ma mère ? Alors là... Il n’empêche que j’ai failli mourir à la naissance étranglé par mon cordon ombilical ! Peut-être que ça a laissé quelque chose (rires) ! » Ce disque ressemble un peu à une stèle qui ferait état des étapes de ta vie et de tes origines ! Olivier : « J’ai l’impression d’avoir gardé ce disque en
mise de côté. C’était donc le bon moment pour réunir ces bouts de chansons, et être moins dépendant des autres. Ça coïncide aussi à un moment où je me suis installé dans une cave à Pigalle, à Paris. Avant, mon matériel était soit dans les locaux des groupes avec lesquels je jouais à l’époque, soit dans ma chambre d’étudiant célibataire, ce n’était pas propice au travail. » Tu dis avoir choisi presque arbitrairement le thème de l’eau pour cet album. Ce n’est pas une obsession enfouie comme la peur de la noyade chez un Bill Viola ? Olivier : « La thématique de l’aquatique vient du fait que j’ai choisi à un moment donné ce patronyme, cette lettre O. Tout le monde me disait que c’était compliqué, et je me suis dit que quitte à l’être, compliqué, autant changer de nom tout le temps ! Être une fois Haut, l’autre fois Eaux...Jouer sur la sonorité du mot. Je me suis dit que le premier disque serait celui de l’Eau. Dans le disque, il faut l’interpréter comme un liquide qui protège, dans lequel tu
moi pendant des années. Quand ça sort, on retrouve tout ce que j’avais envie de dire, mais que je ne disais pas ! Ça parle de la vie, de la mort, de mes préoccupations. C’est complètement autocentré, complètement assumé. Il fallait que je choisisse un sujet que je connaisse bien. Le plus simple était de parler de moi ! Ici, c’est poussé à l’extrême. Je parle de ma fille, mes ancêtres, mes peurs, mes craintes, ma sexualité... J’ai essayé de m’étudier. Un peu comme Arnaud Fleurent-Didier avec ‘La Reproduction’, quelques années avant moi. Ce n’était pas exactement la même démarche, mais c’était aussi un disque bilan de l’âge auquel il se trouvait. Je l’ai beaucoup apprécié et ça m’a un peu inspiré, cette manière de faire un portrait chinois. » Pour un prochain album, tu voudrais t’ouvrir à l’extérieur ? Olivier : « Oui, carrément ! J’ai l’impression d’en avoir dit beaucoup sur ma personne. J’ai plusieurs projets
Immersion totale
pour O, autres qu’un album. Ce serait plutôt des créations. J’ai plein de bouts de musiques, mais pas de thématiques pour les textes. Le premier disque, je l’ai vraiment fait tout seul, sans l’énergie du live. Je le trouve un peu dur, rêche. Maintenant, je voudrais enregistrer des basics rudimentaires avec deux-trois musiciens, et pouvoir après cette phase m’enfermer et bidouiller. Ne plus partir de zéro seul. J’aimerais que ça groove plus, qu’il y ait beaucoup d’arrangements joués par d’autres personnes. » On pourrait vraiment croire que tes morceaux ont été composés par plusieurs cerveaux. Comment bouscules-tu tes propres habitudes ? Olivier : « Quand j’ai commencé à écrire des chansons beaucoup plus jeune, j’avais vraiment un truc d’instant, de fraîcheur. J’écrivais quasi tout un morceau dans la foulée. Depuis que j’ai commencé O, je travaille différemment : je laisse mûrir très longtemps les idées en moi pour proposer quelque chose de plus original que ce que je ferais dans un instant très précis, très court, où j’irais vers une sorte d’évidence qui ne serait pas forcément la plus intéressante. J’ai des bouts de trucs dans ma besace, que je joue de temps en temps, auxquels je réfléchis un peu tout le temps. Quand je sens que certaines idées vont fonctionner ensemble, je me pose la question de la chanson qui est en dessous de tout ça. » Tu fais beaucoup d’assemblages ? Olivier : « Beaucoup, oui ! Par exemple, ‘Mon Écho’ découle de l’assemblage de trois idées très distinctes. La chanson naît de l’agencement, de la narration. Parfois aussi, j’ai toute une chanson, mais il me manque une partie qui peut me venir quand j’enregistre, par exemple, grâce à un son qui m’inspire, un détail d’un arrangement. ‘Répéter, Disparaître’, ça s’est un peu passé comme ça. J’avais pas de fin, juste un groove, et c’est venu lors de l’enregistrement ! Mais ça a mis longtemps à sortir. » Et ces morceaux qui forment des boucles ? Olivier : « Au début de O, je m’intéressais aux morceaux circulaires, qui ne se répètent jamais. Je ne voulais pas de refrain, c’était un exercice de style. Le seul qui est resté sur le disque est ‘Un Torrent, La Boue’
qui obéit à ce principe. Il ne revient jamais à une partie préexistante. Mais comme tout dispositif formel, ça ne tient qu’un temps. Ça m’a juste servi à développer quelques idées. Pour un disque de pop, ça devenait trop contraignant. Mais au début, c’était comme créer les murs d’une pièce, un cadre de travail défini. Ça m’a fait sortir de la chanson classique. J’ai vraiment travaillé sur l’interaction entre mon propos et la musique. Les deux se nourrissent. Ça amène des formes inédites. J’essaye de me surprendre : utiliser des accords que je connais mal, être aventureux harmoniquement. J’aime beaucoup les Of Montreal, qui font ce genre de trucs aussi. Leurs mélodies sont hyper simples et pourtant il y a un gros côté foutraque, parfois hyper complexe, ils ont tellement d’idées que parfois ils ne trient pas assez ! Mais quand tu les tries toi-même par la suite, tu te rends compte qu’il y a beaucoup de matière intéressante. » En terme d’écriture, est-ce que tu écrivais déjà des textes avant de créer de la musique ? Tu as un gros passif littéraire ? Olivier : « Pas trop ! Je lis, mais j’écris assez peu en dehors de la chanson. J’ai un carnet dans lequel je note beaucoup de petites idées, deux-trois phrases... Mais même adolescent, je n’étais pas le romantique avec son journal intime. D’une certaine façon, je le fais davantage maintenant. En français, il y a une tradition de l’écriture poétique, littéraire, qui ne m’intéresse pas tellement. Un artiste comme Bashung n’appartient pas à mes références. Je suis beaucoup plus touché par des choses directes comme Balavoine qui détient une sorte d’énergie adolescente, parle maladroitement de peurs, de choses comme ça. Ça me parle plus que quelqu’un qui se cache derrière une prose pour exprimer les mêmes sentiments. Le travail sur la langue peut être très intéressant, mais ne ça ne me touche pas. » Un disque : ‘Un Torrent, La Boue’ (Vietnam/Because) Suivez le guide : oohmmusic.com
MELANIE DE BIASIO
MINOR VICTORIES
“IT WILL LEAD YOU TO AN ELEVATED PLACE”
MINOR VICTORIES = MOGWAI’S STUART BRAITHWAITE, SLOWDIVE’S RACHEL GOSWELL, EDITORS’ JUSTIN LOCKEY & HIS BROTHER JAMES
‘BLACKENED CITIES’ ALBUM OUT NOW – PHILIP SELWAY (RADIOHEAD)
“A MASTERPIECE!” – GILLES PETERSON
LIVE @ JAZZ MIDDELHEIM, ANTWERP LIVE @ FEEËRIËN, BRUSSELS
ALBUM OUT 03.06
“MINOR VICTORIES’ SYNTH-POP IS STYLISHLY DUSKY, WITH LUSH ORCHESTRAL TOUCHES, MOTORIK PERSISTENCE AND GUITAR CACOPHONY.” – PITCHFORK
LIVE @ PUKKELPOP
FEWS
‘MEANS’ ALBUM OUT NOW “A PROPULSIVE, RAGING STORM OF MOTORIC NOISE ROCK” – THE TIMES
LIVE @ DOUR
Jungle By Night
10
texte Antoine Bours
Dressée par un collectif de neuf arpenteurs juvéniles, ‘The Traveller’ est une carte. La carte d’un monde en soi, une petite planète en auto-gestion arrachée à Amsterdam, un univers nourri d’afrobeat cuivré, d’escapades jazz-funk et des lancinements contemporains de Philip Glass. Il y a quelque chose de formidablement idéologique à l’œuvre dans les fracassements joyeux de ‘Traveller’, où résonnent synthés psychédéliques, rock oriental et brass-band en fusion, nous rappelant ce qui fut bon dans l’homme et ce qui peut encore l’être. Ce quatrième disque de jungle By Night ouvre de nouvelles pistes à débroussailler, de nouveaux pans à déplier, d’autres panoramas où plongent sans hésiter les neuf hollandais, armés de leurs panoplies ; guitares pour Jac van Exter et basse pour Peter Peyskens, cuivres pour Ko Zandvliet, Pieter van Exter et Bo Floor, claviers pour Pyke Pasman, batterie et percussions pour Sonny et Gino Groeneveld et Tienson Smeets. C’est ce dernier qu’on rencontre, entre Berlin, Bruxelles et Amsterdam, entre trains ratés et avions à rattraper, entre appels téléphoniques et échanges sur Skype. Une preuve supplémentaire que les frontières sont plus minces qu’on ne veut nous le faire croire.
‘Autobahn’ ne quitte pas le lecteur du van (rires). A force de grandir, de voyager, de découvrir chaque jour de nouveaux styles, on approfondit notre désir de la musique qu’on écrit tous les neuf ensemble. Après avoir passé six ans sur les routes, on se connaît davantage, on a moins peur d’explorer, de s’éloigner des sillons qu’on s’est tracés. Ce n’est pas innocent si on a appelé cet album ‘The Traveller’ : c’est le plaisir de la découverte, du dépaysement. Si on n’avait pas joué à Istanbul, on n’aurait jamais découvert Baris Manco, dans un magasin de disques. Ça a été un tel choc qu’on l’a repris sur scène là-bas, sans les paroles évidemment. Les gens sont devenus fous : c’est comme reprendre du Jacques Brel en Belgique ! Comme l’afrobeat au Nigéria, Baris Manco reste très important pour le public turc, parce que c’est une figure subversive, à la base de nombreuses protest songs. » Le mois passé, Trevor Blumas de Doomsquad me citait l’exemple de Fela Kuti comme preuve que la musique instrumentale pouvait être habitée d’une pensée révolutionnaire. Selon lui, la transe était une forme de subversion. Est-ce un sentiment que vous partagez ? Tienson : « Quand on est sur scène, on communique via
Brousse band sur autostrades A ce stade, tout le monde a entendu ce que Tony Allen a dit de vous il y a quelques années, à savoir que vous étiez « le futur de l’afrobeat ». Mais comment est-ce arrivé ? Tienson Smeets : « La première fois qu’on s’est rencontré, c’était lors d’une performance à Rotterdam où Tony jouait aussi. Il nous regardait depuis les coulisses et on était tous très excités à l’idée : tu imagines, l’un des pères fondateurs de l’afrobeat ! Après le show, la première chose qu’il a fait, c’est de dire à mon cousin Sonny, le batteur : « Wow, t’as fait du bon boulot ! » On était encore très jeunes, on n’en revenait pas. » Quand on n’a même pas vingt ans, un tel compliment, c’est excitant ou effrayant ? Tienson : « Il y a deux façons de le voir. Soit ça te met la pression, parce que tu te sens obligé de devenir ce que Tony Allen a dit de toi. Soit tu profites du plaisir de la musique que tu joues sur scène et de son impact sur le public, sans t’imaginer que Tony Allen sera toujours en coulisses ! D’ailleurs aujourd’hui l’afrobeat n’est plus notre seule influence. » ‘The Traveller’ brouille les pistes, c’est vrai. Votre palette s’est élargie. C’est un choix volontaire, une façon d’échapper à cette étiquette qui vous colle à la peau ? Tienson : « Maintenant, on est influencé par des rythmiques rock, krautrock, hip-hop, orientales. En tournée,
la musique, puisqu’on n’a pas de chanteur. L’absence de paroles permet énormément de flexibilité, de variantes. Le message qu’on cherche à diffuser, qu’on soit face à une foule, un petit festival ou dans un club, c’est qu’un champ d’énergie est possible même sans paroles. C’est une communication universelle, qui commence entre neuf musiciens sur scène et passe la fosse pour atteindre le public et le faire réagir, le faire bouger. C’est important pour nous de voir les gens danser, quel que soit le pays. C’est sans doute la raison pour laquelle notre style s’élargit. C’est la recherche d’un langage universel, qui se passe de frontières. » Pour en revenir à votre style, ‘The Traveller’ laisse plus de place aux synthés que par le passé. Tienson : « C’était un choix conscient, oui. On a beaucoup parlé de ce qu’on voulait obtenir, avant de l’enregistrer. C’était comme cuisiner : on a regardé tout ce qu’on avait accumulé comme savoir, comme ingrédients, comme instruments. Un de nos souhaits principaux était de réussir un album qui puisse s’écouter du début à la fin. Avec les précédents, on était plus consacrés aux morceaux comme entités indépendantes. Ici, il y avait un souci de la globalité et c’est beaucoup passé par le soin apporté aux sons, aux pistes. Pyke a voulu exploiter au maximum les capacités de ses synthés analogues, des sons les plus chauds aux bruits les plus étranges. »
Comme le 8-bits ‘Extortion’ – un morceau à part dans votre discographie. Tienson : « Tout à fait ! Après avoir beaucoup parlé de ce qu’on voulait, quand on est enfin entrés en studio, ‘Extortion’ était une vraie libération, c’est un trip allumé, comme un jeu Nintendo qui aurait pété les plombs ! Pour Sonny, à la batterie, c’était nouveau aussi, agressif, presque punk. On l’a d’abord essayé en live et le public accrochait bien. On nous parlait d’african techno (rires). » Et toi, aux percussions, qu’est-ce qui est nouveau pour toi sur ce disque ? Tienson : « Mon cousin Gino et moi, on se partage toutes les percussions sur l’album : congas, cloches, maracas, percussions de Bali, etc. Avant, on était plus inféodés au genre afrobeat et donc au wood-blocks et aux claves. Cette fois, on a essayé de moins charger les compositions, mais d’être plus à-propos, plus mesurés. On a beaucoup répété à trois, Gino, Sonny et moi, afin d’équilibrer la batterie et les percussions et de ne pas en faire trop. Ne pas combiner djembé et congas, par exemple. Il fallait laisser de l’espace à chaque chose, trouver une harmonie. Le groupe s’est subdivisé en petites sections de répétitions pour parvenir aux arrangements les plus subtils. Et puis on a tout rassemblé. » Et ça c’était nouveau aussi, pour vous ? Tienson : « Oui, avant on répétait toujours tous ensemble. On a réalisé que cette nouvelle méthode permettait de nous rassembler avec de la matière plus riche et des idées plus surprenantes. Cela permet aussi à ceux qui veulent jammer ensemble de ne pas être perdu dans le brouhaha général. Neuf musiciens au même endroit, ça peut vite devenir épuisant ! » Chaque année, vous organisez les Felabrations au Paradiso d’Amsterdam. Une façon de renvoyer l’ascenseur ? Tienson : « Et d’inviter tous ces groupes qui nous ont influencés ! On termine toujours le show par un jam collectif. On y a joué avec Tony allen, bien sûr, mais aussi Seun Kuti, le fils de Fela, et Egypt 80, l’année passée. Plus de vingt musiciens sur scène, c’était un joyeux bordel ! Les Felabrations ont commencé au Lagos, pour honorer la musique de Fela, l’afrobeat et tout ce que cela représente. On les a inaugurées à Amsterdam en 2011. Depuis, chaque année c’est sold out. L’occasion pour nous aussi de découvrir des groupes incroyables, comme les Brésiliens de Bixiga 70. On n’aurait jamais imaginé, quand on a commencé à jouer ensemble, être au cœur de la célébration de Fela Kuti en Europe, quelques années plus tard. » Un disque : ‘The Traveller’ (V2)
ON STAGE 28/05 Ancienne Belgique (Bruxelles) 13/07 Festival de Dour
Italian Boyfriend texte Laurent Grenier photo Manou Millon
C’est bientôt les grandes vacances et le rollercoaster de la pop qui va avec. La tête retournée dans le refrain faussement crétin, parfaitement cool. Les filles en short qui déboulent par la gauche quand les flûtiaux déglingués se ramènent par la droite. Manège enchanté, bières tièdes et chœurs basse fidélité, César Laloux sort le disque qu’on n’attendait pas. A l’exact opposé de ce qu’il fait avec ses potes de BRNS, tout respire ici la bricole, l’emporte-pièce, la légèreté, ton doux visage sur le sable, la mélancolie dans le ressac. Soit tout ce qui fait l’essence même de la pop. L’amourette de cet été. Et de quelques suivants. En juillet 2014, dans son numéro 184, Magic vous plaçait « sous surveillance ». Au moment où ce magazine disparaît, vous sortez votre premier disque… César Laloux : « C’est un peu triste. Surtout que c’est aussi le seul magazine français que je connaisse qui aurait pu, peut-être, défendre un peu la sortie de ce projet. C’est trop confidentiel, pas assez évident ou mainstream pour déclencher une hype. Donc, je ne pense pas que c’est les Inrocks qui vont nous suivre sur ce coup-là… »
donc, je me suis retrouvé à faire quasiment tout à deux avec Aurélien. Je ne joue pas assez bien de la guitare pour la laisser sur un disque. Donc, il a joué une grosse partie des guitares. Et puis, on a beaucoup discuté des arrangements à deux. » Tu le disais, on est sur un truc vraiment pop. Qu’estce que ça représente pour toi, la pop ? César : « C’est simplement la forme d’art qui me touche le plus. C’est bateau comme réponse mais j’aime bien l’idée de pouvoir véhiculer des émotions sur un format de trois minutes, dire les choses simplement, sans trop d’artifices autour. » Comme ? César : « Je n’ai pas encore trouvé la manière de parler d’autre chose que de moi et de ce que je vis. Ça parle pas mal de soucis de meufs, de trucs comme ça. » ‘So French’ ? César : « Là ça part plutôt d’une expérience avec une Française qui ne comprenait pas vraiment mon côté un peu second degré. Ça peut paraître un peu raciste dit comme ça, mais c’est juste un refrain cool. » Un peu de nostalgie, de mélancolie aussi, non ? ‘When I Come Home’ pourrait le laisser penser. César : « Oui, bien sûr. J’ai aussi parfois un côté un peu mélancolique, spleen. Tu te prends parfois des retours de bâton. C’est pas toujours simple à gérer de rentrer de tournée avec BRNS quand t’as fait la fête à fond pendant trois semaines et que tu dois tout d’un coup refaire tes courses et ta vaisselle. Le moins évident, c’est l’alternance, partir trois semaines, revenir deux, repartir trois. C’est pas forcément hyper structurant, surtout en couple. » Dans ‘Questions Running Through My Head’, il est question de phrases qui commencent mais qui ne finissent pas. César : « C’est plus mon côté paresseux intellectuel. Et les bonnes résolutions – écouter des disques, lire des livres – qui restent à l’état de projet. Parfois, je me dis que je vais essayer de lire deux livres par mois et puis je fais d’autres choses et je laisse tomber. » Dans ce morceau, il est aussi question d’acheter des cd’s pour rester au top. C’est important pour toi de se maintenir au courant des sorties ? César : « Je suis content de moi quand je le fais. Ça reste un besoin – qui n’est pas aussi fort que chez d’autres gens boulimiques que je connais – que je ressens très fort quand je n’ai plus rien découvert depuis deux mois, par exemple. Pour l’instant, dans mes disques de 2016, il y a ce truc de Charlie Hilton sorti chez Captured Tracks, le dernier album de Pete Astor, ‘Spilt Milk’ et Frankie
La vita pop C’était avant la sortie du « premier vrai» album de BRNS dont tu fais partie. Mais à quand remonte réellement ce projet ? César : « Au départ, je jouais dans les Tellers que j’ai quitté vers 22, 23 ans parce que mon but était d’écrire des chansons et de les sortir. Au moment où je prenais cette confiance en moi, où j’avais des premières démos, j’ai eu l’opportunité de rentrer dans BRNS dont j’ai tout de suite vu le caractère sérieux, le potentiel et donc les possibilités de faire carrière que le groupe encore débutant offrait. Avec le recul, c’était bien la meilleure chose à faire. J’ai obtenu le statut d’artiste, on a beaucoup tourné, rencontré plein de gens super. Évidemment, en parallèle, j’ai du ronger mon frein vis-à-vis de ce projet-ci. » Tu penses que le fait de faire partie de ce groupe a pu influencer la construction de ce disque ? César : « Je ne pense pas. On est quand même dans des trucs totalement différents. Si ça n’avait pas été le cas, je crois que je ne l’aurais pas fait. Je ne vois pas l’intérêt de faire du sous-BRNS tout seul. Mes affinités sont clairement plus orientées pop. Et c’est ici que je me retrouve le plus, j’en ai clairement besoin et je ne serais pas à l’aise dans BRNS sans cette bouffée d’air. L’idée, c’est d’écrire des chansons seul, assez vite, sans le processus collégial que tu peux retrouver dans le groupe. De travailler de manière spontanée, d’avoir une idée, de l’enregistrer sur mon téléphone et de plier l’affaire en une après-midi. Ici, on a fait les batteries dans notre local de répète, puis les guitares et les overdubs chez Aurélien Auchain de Mountain Bike. » Tu en parles : Aurélien, si on regarde les crédits du disque, est partout ; des guitares additionnelles à la production. Quel a été son rôle exact ? César : « En réalité, c’est circonstanciel. Notre guitariste s’est cassé le bras au moment de l’enregistrement et
Cosmos. Ma copine tient un café littéraire, Parade, et je m’occupe des playlists, ça m’oblige à me maintenir à niveau aussi. Depuis mes quinze ans, c’est quand même une part importante de ma vie, la découverte musicale. » Et c’était quoi la grosse révélation à quinze ans ? César : « Mon premier concert des Dandy Warhols en première partie de Muse et Indochine au Steelworx Festival au Luxembourg (23 juin 2002, ndr). Je venais surtout pour Muse et voilà, j’ai découvert tout à fait autre chose. » Finalement, on est loin de la pop des Papas Fritas auxquels on vous compare presque systématiquement. César : « Je découvre encore mais je vois ce que les gens veulent dire. La manière dont les morceaux sont construits avec une voix de mec sur les couplets et celle d’une fille qui déboule dans les refrains, ou inversement. Mais dans ce genre de groupes, je dirais plutôt que j’ai été influencé par The Moldy Peaches. Ou Pavement que j’ai découvert tardivement mais qui m’a vachement parlé. Ou même plus récemment Television Personalities. » Tous ces gens renvoient au merveilleux morceau ‘Taken By The Wave’, l’histoire du mec qui écrit des morceaux dans sa chambre et que personne n’écoute. Toi ? César : « A l’époque de l’EP, il y a deux ans, c’était un peu ça. T’as un truc dans ta tête, tu le fantasmes un peu, tu te dis que les morceaux pourraient être vraiment cools, tu les sors et puis tu te rends compte que très peu de gens en ont réellement quelque chose à foutre. On le sait très bien : tu ne devrais rien attendre quand tu sors un truc lo-fi mais tu ne peux pas t’empêcher d’espérer que ça marche quand même un tout petit peu. » Ce disque est lo-fi jusque dans son esthétique. Quelle est l’histoire de sa pochette ? César : « C’est pas bien sexy. C’est un gars de Nada, Simon Vanrie, qui a réalisé cette pochette pour Nicolas Michaux mais Nicolas a trouvé ce truc bien trop barré, what the fuck, pour son disque. Plutôt que de la jeter, Simon me l’a donc proposée et direct, ça m’a parlé. Il y a la connotation sexuelle, le côté gonzesse que tu retrouves dans l’album, les vagues. C’était idéal. » Un disque : ‘Facing The Waves’ (62Tv/Pias)
ON STAGE 17/06 17/07
Aéronef I Lille Dour Festival
Steve Gunn
12
texte Nicolas Alsteen photo Constance Mensh
Guitariste aguerri, improvisateur né, Steve Gunn déserte le champ expérimental de ses débuts pour dévaler les pentes de la country, du blues et d’un folk-rock néopsyché apparu, un soir de pleine lune, dans les plaines d’Amérique. Exercice trippant et sophistiqué, l’album ‘Eyes On The Lines’ répond à l’appel des grands espaces avec des chansons qui courent un peu partout. De The Byrds à David Crosby, de Beck à Kurt Vile. Tout un monde à explorer. Sans repère ni œillère.
Le monde (presque) perdu En Europe, ton nom a commencé à circuler par l’entremise de l’album ‘Way Out Weather’, en 2014, et d’un savoir-faire instrumental mis au service des Violators, le groupe de Kurt Vile. C’était ta première expérience d’envergure ? Steve Gunn : « Pas du tout. Depuis mes débuts, je collabore régulièrement avec d’autres musiciens. Mon expérience avec Kurt Vile n’est pas spécialement représentative de mon parcours. Avant cela, j’ai traîné ma guitare dans plusieurs groupes et enregistré de nombreux instrumentaux en solo. » Te souviens-tu du jour où tu as acheté ta première guitare ? S. G. : « Mes parents m’ont offert une guitare acoustique pour mon anniversaire. C’était pour mes 14 ans. Évidemment, j’ai toujours cet instrument chez moi. J’y attache une grande valeur sentimentale. Après avoir appris les accords de base dans l’arrière-salle d’un magasin d’instruments de Philadelphie, j’ai mis quelques dollars de côté et, pour trois fois rien, je me suis acheté une gratte électrique, une Silvertone. Je l’utilise toujours sur scène aujourd’hui. » Ton jeu de guitare repose sur une démarche expérimentale et un goût certain pour l’improvisation. Comment t’es-tu lancé là-dedans ? S. G. : « Dès mes débuts, j’ai joué des morceaux à l’oreille. Dans le même temps, je me suis intéressé au jazz. Je me suis passionné pour les œuvres de John Coltrane et Pharoah Sanders et, partant de là, j’ai exploré l’histoire des musiques expérimentales. J’ai aussi développé une passion pour les sons exotiques : les musiques venues d’Inde, d’Afrique ou du Moyen-Orient. Petit à petit, je me suis amusé à désaccorder ma guitare, essayant de produire d’autres tonalités. Ça correspond aussi à une période où j’étrillais les disquaires pour acheter les albums de The Dead C ou The Sun City Girls: des artistes qui, à mes yeux, ne tombent jamais sous l’enseigne d’un genre clairement identifié. J’apprécie ces terrains vagues. Ce sont des interstices où l’on peut tout imaginer, tout déconstruire. Ça me stimule de penser qu’on peut toujours faire sonner sa musique autrement. » Pour la première fois de ta carrière, tu as conçu des chansons pour les enregistrer en compagnie d’un groupe. Ça correspondait à l’envie d’échapper à
l’image du loup solitaire ? S. G. : « Avant, je pensais uniquement mes morceaux pour la guitare. Désormais, je m’oriente plutôt vers le format « chanson » avec tout ce que cela implique d’arrangements et d’orchestrations. Ici, je voulais enregistrer un disque accessible. Penser un album comme un tout passionnant et cohérent. C’est devenu une obsession, un challenge que je n’avais jamais réellement relevé par le passé. Partant de là, je me suis passionné pour les techniques de production. J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur le travail de Sandy Bull, Brian Wilson, Phil Spector et Jack Nitzsche. J’ai développé une véritable fascination pour le parcours de ces monstres sacrés des studios avec, toujours, en ligne de mire l’envie de répondre à une question utopique : « Comment enregistrer un disque qui sonne à la perfection ? » Au final, je n’ai pas trouvé une réponse définitive en enregistrant ‘Eyes On The Lines’. Par contre, dans ma démarche, j’ai clairement appris du passé. » Les thèmes développés dans les nouveaux morceaux doivent énormément à un bouquin signé par Rebecca Solnit: ‘A Field Guide to Getting Lost’. Dans quelle(s) mesure(s) ce livre a-t-il joué un rôle moteur dans ta création ? S. G. : « Ce livre développe, de façon assez académique, la question de la perte de repère. Rebecca Solnit est partie d’exemples concrets – des marins perdus au beau milieu de l’océan sans boussole ou des mecs paumés dans la forêt amazonienne. Elle explique qu’il faut alors chercher des signes – dans les nuages, les arbres, à travers les rayons du soleil ou le vol des oiseaux. Elle évoque la possibilité d’un retour à la normale par des itinéraires bis. Ce livre insiste sur la nécessité de se sentir à l’aise avec ce sentiment si particulier d’être paumé. Cela te force à emprunter des chemins inattendus, à découvrir d’autres façons de penser. Ça parle aussi de l’importance de se faire confiance, de ne pas systématiquement se référer à un GPS ou autre système de navigation. Cela implique de confronter son feeling à l’environnement immédiat, d’appréhender le milieu dans lequel on évolue avec un regard nouveau. » As-tu transposé ces idées dans tes chansons ? S. G. : « Plusieurs morceaux reposent sur ce thème. Particulièrement ‘Conditions Wild’. Après, sur un plan
strictement artistique, je pense qu’il est aussi important de « se perdre ». Ça permet de remettre certaines pratiques en perspective. Aller vers l’inconnu, ça fout les boules. Mais c’est bien là que ma musique peut se renouveler. » Au cours de ta carrière, tu as participé à de nombreux enregistrements avec d’autres artistes. Certains plus ou moins célèbres (Kurt Vile, His Golden Messenger), d’autres totalement inconnus. Ta discographie est parsemée de 45 tours, EP’s et autres splits. On retrouve même ta trace en Belgique, sur le microlabel Okraïna Records, où tu as enregistré un titre en compagnie d’Ed Askew. Que retires-tu de toutes ces collaborations ? S. G. : « Quand je collabore avec quelqu’un, je débarque avec mes propres astuces, mes petits trucs pour faire sonner un morceau. Ce que j’aime là-dedans, c’est l’inconnue qui se dégage de l’interaction avec l’autre personne. Le rapport à l’autre redéfinit complètement ma façon de jouer. » Que représente la sphère qui illustre la pochette du nouveau ‘Eyes On The Lines’ ? S. G. : « Un jour, en sortant du studio, je suis parti me balader dans les champs. Je marchais et, tout à coup, je suis tombé sur cette énorme boule. On aurait dit un vaisseau spatial. J’étais là, face à ce truc, totalement fasciné par ma découverte. J’ai commencé à demander à tous les gens que je croisais s’ils pouvaient me raconter quelque chose sur cet étrange objet. Apparemment, c’est un architecte issu d’une école d’art des environs qui en est à l’origine. Il a construit ça dans les années 1960, sans donner de nom, sans expliquer le sens de sa création. Les gens du coin n’ont jamais cherché à détruire cette boule de béton. J’ai choisi d’illustrer mon album avec une photo de cet objet parce que j’apprécie le mystère qui entoure cette sphère. On ne connaît ni son nom ni sa signification. Son créateur s’est évaporé. Pourtant, elle a traversé les temps sans jamais révéler ses secrets. C’est un objet ouvert à l’interprétation. J’aime l’idée qu’on puisse créer quelque chose pour la beauté du geste. Rien que pour la beauté du geste. Pas pour l’argent ou la notoriété. » Un disque : ‘Eyes On The Lines’ (Matador/Beggars Banquet) Suivez le guide : www.steve-gunn.com
Swans texte Gery Lefebvre photo William Lacalmontie
Les Swans n’ont eu de cesse de définir un univers sonore aussi cohérent que complexe, au sein duquel les compositions presque claustrophobiques alternent avec une approche plus cathartique, en recherche permanente de l’expérience du vertige, de l’aliénation ou de l’élévation. Entre maelström sonique et aura mystique, ces fresques sonores synthétisent subtilement ou violemment les extrêmes. Autrefois chantres de la torture intime, Gira et sa bande semblent aujourd’hui s’être convertis à une forme – relative d’apaisement. Sans être véritablement une suite du monstrueux ‘To Be Kind’, ‘The Glowing Man’ en est le prolongement. Transpercés de lumière et de spiritualité, ses huit tableaux s’analysent davantage avec des sensations qu’avec des mots. Et s’il est toujours compliqué d’envelopper sa propre musique dans des théories ou de la justifier à grand renfort de concepts, Michael Gira reste l’un des rares à pouvoir élever le niveau d’une interview promo. Personnage complexe, plus affable pour parler de la musique que des ses émotions, Gira le cow-boy a la tête près du Stetson mais c’est un fusil à bouchon qu’il a choisi de dégainer pour cette rencontre.
J’adore les mecs avec lesquels j’ai travaillé ces dernières années, car on est arrivés à transcender le collectif pour toucher à quelque chose d’indéfinissable – au sens propre et quasi mystique du terme - au niveau de l’expérience collective et du son obtenu. Mais le moment est venu de tourner la page et d’en réécrire de nouvelles. » Sous la « marque » Swans ou bien en solo ? M. G. : « La marque Swans m’appartient ! C’est moi qui l’ai créé. Pour le reste, je n’ai encore aucune idée de la tournure que pourrait prendre cette nouvelle configuration. La seule chose que je peux dire, c’est que quelques sonorités de ‘The Glowing Man’ serviront de base de travail. Je sais lesquelles mais je n’en parlerai pas maintenant. » Le morceau ‘When Will I Return’ chanté par ta femme Jennifer a-t-il été spécifiquement écrit pour elle ? Qu’est-ce qui t’a décidé à lui consacrer ce morceau ? M. G. : « Oui, j’ai écrit cette chanson expressément pour elle. Il y a près de sept ans, avant que je ne la connaisse, elle a vécu une expérience très douloureuse, traumatisante même. Un soir, alors qu’elle marchait dans la rue à la Nouvelle-Orléans, elle s’est fait agresser par un
elles sont encore extrêmement pertinentes, je pense… A l’origine, j’envisageais de les faire chanter par ma fille de neuf ans…mais bon, je me suis rendu compte que c’était un peu cheap (rires). » Tu trouves encore le temps d’écrire de la fiction ? M. G. : « Non, et je le regrette régulièrement. Je n’ai guère le temps de lire non plus. Même si, pour ce disque, j’ai été pas mal inspiré par les écrits très mystiques d’un moine catholique anglais du 14ème siècle qui a écrit ‘The Cloud Of Unknowing’ dont sont directement tirés les morceaux ‘Cloud Of Forgetting’ et ‘Cloud Of Unknowing’. Je ne peux plus me permettre de consacrer une année entière à l’écriture comme je l’ai fait à l’époque de ‘The Consumer’. Et comme je ne lis plus beaucoup et que je pense qu’un écrivain doit être un lecteur avant tout, je ne suis pas prêt de republier un bouquin. » T’arrive-t-il de penser à la trace que tu vas laisser dans l’histoire de la musique ? As-tu déjà souffert d’un manque de reconnaissance ? M. G. : « Si je veux être honnête, je dois répondre par l’affirmative. Je suis assez sensible à ça, mais pas pour flatter mon ego. Si je peux contribuer, lors
homme qui a essayé de l’embarquer dans sa voiture. Il faut savoir qu’à cette époque, il y avait un serial-killer qui sévissait dans la ville dont c’était le modus operandi. Elle s’est débattue, a été violemment frappée et a finalement pu être sauvée par des passants. Elle a été hospitalisée mais comme toutes les victimes de violence, sa vie a complètement été bouleversée par cet événement. Cette chanson n’a pas de vocation thérapeutique, c’est purement un hommage à sa force de caractère et à sa résilience. Mais je lui ai demandé de la chanter de façon très désincarnée, ce qu’elle a parfaitement réussi… » Tu recycles tes lyrics de ‘The World Looks Red/The World Looks Black’ qui furent utilisés par Sonic Youth sur l’album ‘Confusion Is Sex’ en 1983. Une aubaine pour les journalistes qui vont te bassiner avec les comparaisons ou sur tes rapports avec la bande de Thurston Moore, non ? M. G. : « J’ai écrit ces mots un peu par hasard il y a plus de 30 ans. Je vivais à ce moment-là à New-York dans une pièce juste à côté de notre studio. Plein d’autres groupes répétaient au même moment dans cet endroit et devaient passer par ma chambre où se trouvait ce qu’on appelait à l’époque une machine à écrire. Je connaissais évidemment Thurston, il a lu par hasard ces paroles dans la machine posée sur mon bureau et m’a demandé à les utiliser. Je suis retombé dessus récemment et à vrai dire, elles collaient parfaitement avec le morceau que je venais de composer. Et même si je ne suis plus le même homme qu’il y a 30 ans et que le monde autour de moi a changé,
des concerts notamment, à partager une expérience commune d’élévation, de transcendance ou d’urgence de l’existence, ça me suffit. La musique a toujours été pour moi comme une récompense. Grâce à la musique j’ai le sentiment d’avoir accompli quelque chose de positif dans ma vie. D’avoir à mon niveau contribué à apporter quelque chose de positif au flux des activités humaines. Si tu prends quelqu’un d’iconique comme Dylan, on s’en souviendra encore dans 100 ans, peut-être dans 200 ans, mais après ? Qui peut répondre à ça ? Pour le reste, les Swans n’ont jamais été aussi populaires qu’aujourd’hui. Mais ça vient à un moment où les gens n’achètent plus de disques ! Dans la première vie du groupe, il y avait aussi une forme de reconnaissance, mais il fallait batailler tout le temps. Financièrement, on était complètement à sec et c’était devenu très frustrant après 15 ans de carrière. Quand tu fais de la musique, tu t’attends à vivre de tes disques. Pour pouvoir continuer à produire de la musique. Ce que je veux retenir, c’est qu’on n’a jamais été un groupe que les gens venaient voir parce que c’est tendance. Les gens viennent chercher une expérience et c’est cette reconnaissance-là qui m’intéresse. »
Du côté de chez Swans La musique des Swans – et plus généralement l’expérience qu’elle propose - est à la fois très immersive et confrontante. Pour vous autant que pour l’auditeur. Comme si elle était le fruit d’une lutte acharnée contre vous-même ou contre votre art. Sur ce nouveau disque, vous semblez davantage vous laisser porter par la musique, vous abandonner à elle, comme si vous lui aviez laissé prendre le pouvoir sur vous. Michael Gira : « C’est essentiellement une question d’intuition. Et j’ai toujours eu une entière confiance dans mon intuition. J’ai toujours pensé qu’elle me mènerait – musicalement - là où je veux aller sur un disque. En tout cas lorsque j’arrive à lui laisser prendre le pouvoir et à en faire mon alliée. Comme c’est effectivement le cas ici et peut-être davantage qu’auparavant. C’est quelque chose que j’ai découvert en travaillant avec ce groupe et en partageant des expériences live. De nous abandonner à la musique, de la laisser nous prendre, nous posséder. Ce qui compte c’est le sang qui irrigue le disque, il doit couler de source. Et cette source, elle est ici purement intuitive. » Vous annoncez que ce disque est le dernier dans la configuration actuelle du groupe. Est-ce la fin d’un cycle, une façon d’éviter la routine, l’enracinement et de trouver de nouvelles dynamiques sonores ? M. G. : « Oui, c’est exactement ça. Quand tu travailles en studio ou que tu tournes avec les mêmes personnes pendant six ou sept ans, toutes les questions ont inévitablement trouvé leurs réponses…On a trouvé la Vérité de notre son et le potentiel créatif de ce collectif-là est mort.
Un disque : ‘The Glowing Man’ (Mute/Pias)
ON STAGE 06/10 Ancienne Belgique I Bruxelles
Silvain Vanot
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texte Anne-Lise Remacle photo Julien Bourgeois
De Chamfort à Christophe en passant par Renaud, nombreux sont ceux qui furent tentés de laisser tapager leur goût de reviens-y, en presse ou en morceaux. Pas lui. « De quelle étoffe sont faits les héros » ? Un des nôtres est discret, quelque part dans les roseaux, à lier plumes et amours frissonnantes ou défuntes. À se laisser aller à l’essentiel. À accepter les dimensions de son esplanade : celles d’un allié érudit de la transmission (Dylan, Johnny Cash et de tout ce que l’Amérique a de métissé) qui désormais a fait place à la juste dose de jour. Si Sufjan Stevens frôle l’intime universel, Vanot pétrit toujours avec sa singulière grâce chancelante ce que nous avons d’éperdu. « Soudain tout a semblé trouver sa place… »
une forme à ce qu’on avait en tête, c’est une sensation jouissive. Dépouiller, ça prend du temps, et c’est vrai que j’ai plus retiré de choses que je n’en ai ajoutées. » ‘Les accords de neuvième’ me semble révéler un pan de ta personnalité musicale. On y trouve notamment cette phrase « Mais pourquoi séduire dès le premier accord ? ». J’ai l’impression qu’il n’est pas dans ton intention de faire immédiat. S.V. : « J’ai fait partie d’un tribute band des ‘Basement Tapes’ de Bob Dylan, avec uniquement ce répertoire. Vic Moan et Brad Scott – qui joue du ukulélé sur ce morceau – en ont eu un peu marre et ont proposé un jeu : quelqu’un trouve un titre, et un autre du groupe écrit le morceau à partir de là. Vic a trouvé ‘Ninth chords’, que j’ai traduit quand j’ai décidé que le disque repassait au français. J’aime bien l’équivoque : pas mal de gens pensent qu’il s’agit des accords de la 9ème de Beethoven. C’est sans doute la chanson la plus simple que j’ai jamais écrite. J’ai un rapport assez ambigu avec la séduction immédiate : je ne sais pas faire, mais j’aimerais. Chaque fois que j’ai eu l’impression d’être en mesure d’atteindre ce point-là, je n’ai pas su. J’ai une immense admiration pour les gens qui en sont capables, y compris dans des domaines éloignés des miens, comme la grande variété internationale. Je ne passe pas non plus mon temps à essayer d’atteindre ce Graal : je me débrouille avec mes outils. Je sais que je suis à l’aise dans cette ambiguïté : c’est une signature que j’assume tout à fait. » Le label Aquarius Records de San Francisco affirmait récemment : « This is unpopular music. We are unpopular people ». On t’accorde un succès d’estime davantage qu’un succès de foule et les articles sur toi comparent parfois ton parcours avec les carrières d’un Dominique A ou d’un Miossec. Est-ce à ça que fait référence la très belle phrase « Loin du wagon de tête, avec les indécis, ça me va » ? S.V. : « Il vaut mieux que je l’accepte, sinon, je serais vraiment très malheureux… Il y a dans ce disque des allusions pas trop voilées à certains pans de mon activité : c’est à la fois un disque très personnel et qui raconte des histoires d’une façon jamais utilisée par moi jusque là. C’est peut-être aussi le plus impersonnel dans la narration : peut-être que c’est ce qui fait son intérêt pour les gens qui me suivent ou m’écoutent volontiers. Je pense qu’il est moins stable que d’autres. Plus difficile à attraper, à cerner. Et ça me va bien, si c’est ça ! » ‘Lucie’ évoque l’artisanat et les aspects pragmatiques
Frail Train Avec ‘Ithaque’, tu te places sous le patronage d’Ulysse. Refaire un album, c’était une façon de ne pas dissiper le fil du voyage? De rassembler ce que tu as pu glaner ici et là ? Silvain Vanot : « Oui, je pense qu’il y a de ça. C’était aussi une façon de me motiver. Un des problèmes que j’avais était aussi par rapport à la langue. Je l’ai d’abord écrit en anglais intégralement. À partir du moment où je suis repassé au français, c’était une déclaration – du moins d’intention – au retour. À la fois une collecte de tout ce avec quoi je voulais repartir. Cela va faire sept ans que je n’ai pas sorti de disque, ‘Ithaque’ est aussi simplement là pour signifier que je suis de nouveau là. J’avais du mal à faire des chansons pendant plusieurs années. Il a fallu peut-être un peu repartir à zéro pour retrouver cette envie. » Cette figure du retour, on la trouve déjà dans ‘Il fait soleil’ : « Oui, je reviens, si tu veux bien de moi ». S.V. : « Du point de vue amoureux au moins, la figure est assez classique : les histoires sans pleins et déliés, ça doit être vraiment terne ! C’était ce qu’évoquait ‘Aurore’ mais c’est aussi une déclaration – peut-être d’amour – au personnage joué par Aurore Clément dans ‘Apocalypse Now’. J’avais dû voir peu de temps avant la version Redux. Sa scène, qui n’apparaît pas dans le montage final, était développée là de façon assez sensuelle. Je trouvais invraisemblable que Willard (Martin Sheen) s’en aille de cet endroit et qu’il ne s’y arrête pas pour le reste de sa vie en revenant. » Tu tends davantage vers une forme d’épure…est-ce le fait d’avoir pratiquement réalisé ce disque seul ? S.V. : « La nécessité a fait force de loi. N’étant pas certain qu’il y aurait une maison de disques ou une production, je n’avais pas envie d’associer des gens, de les faire travailler pour rien. Après l’expérience d’’Old folks / Nu Folks’, je savais que c’était possible d’avancer avec ce que je savais faire seul. Cela m’a donné une liberté dont j’ai essayé de profiter au maximum, même si par plaisir, je continue de penser que jouer avec des gens pour donner
du métier : « J’écris toujours, je retouche, je retranche, je rature, je m’applique » et ça m’a rappelé le recueil ‘Cambouis’ du poète Antoine Emaz. S.V. : « Le titre me plaît beaucoup. Je ne veux pas que « loin du wagon de tête » soit vu non plus comme une espèce de crânerie du genre « ahah, je laisse ça aux autres, moi, je suis un puriste de l’échec ». J’ai longtemps vécu un sentiment d’injustice par rapport au succès des autres – pas forcément les deux que tu cites – mais maintenant ça n’est plus un problème. Le seul truc qui compte, c’est le travail personnel. Pouvoir se dire à un moment : « là, je pense que c’est fini ». Suffisamment en tout cas pour que j’accepte de le lâcher. Disons que je vois ça comme un fil continu : je travaille aussi avec des étudiants aux Beaux-arts dans le Nord, et dès le moment où je travaille avec l’un(e) d’entre eux sur la musique d’une de leurs vidéos, il n’y a que ça qui compte, pas le fait d’avoir un disque qui sort. C’est cette activité permanente qui m’importe, y compris les moments de recul et d’inactivité apparente qui font partie du tout. » ‘Vanneau’ est naturaliste, avec cette palette d’oiseaux que tu observes, mais n’y joues-tu pas aussi les Fénelon ou La Bruyère scrutant la volière humaine ? S.V. : « Fénelon, bigre ! Le classicisme éhonté du truc me va bien (rires). Je savais que l’anthropomorphisme reviendrait - déjà rien qu’en choisissant le volatile avec lequel j’ai une homophonie - mais je voulais vraiment parler des oiseaux. J’ai même essayé de ne pas dire trop de bêtises. On a tort de ne pas écrire de chansons sur les oiseaux. C’est mon côté tout petit Ponge, « Ponginet » : on devrait écrire sur tout. » Avec ton travail sur les films de Henri-François Imbert ou sur certains documentaires scientifiques du CNRS, on pourrait t’apposer l’étiquette « paléontologue du sentiment » ou « archéologue mémoriel ». S.V. : « Richard Robert disait ça à propos de mes Vanot Tapes (montage de projets abandonnés, de pistes plus expérimentales, inspirées des Faust Tapes, ndr) : le jeu sur la mémoire lui semblait évident. C’est certainement un côté que j’ai, mais je ne veux pas le mettre en avant parce que je ne suis ni nostalgique ni - je crois - réactionnaire. Pour moi c’est une matière comme une autre, en fait. Souvent une belle matière du point de vue sentimental, mais je me méfie un peu de ça. Ce n’est pas à moi d’analyser mon rapport à la culture musicale – mais c’est sûr j’en ai un – ou alors avec une précaution iconoclaste, si possible. » Un disque : ‘Ithaque’ (3h50/Modulor) Suivez le guide : http://silvainvanot.jimdo.com/
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Afro Celt Sound System
Pascal Bouaziz
‘The Source’ Ecc Records
La pire approche possible avec la world music, c’est la prendre comme un genre en soi. Convocation immédiate de l’exotisme, des colliers de notes à la descente de l’avion et d’une fusion illustrative des particularismes nés de ces musiques, plutôt que la recherche des mouvements (sociaux, psychologique, culturels) à la base de ces expressions musicales. ‘The Source’ porte donc très mal son nom, puisque Afro Celt Sound System ne joue qu’en surface et se moire dedans sans plus finir, exhibant colifichets asiatiques, breloques africaines et gesticulations irlandaises tirées d’une brochure touristique. Seul ‘Child Of Wonder’ s’extrait du magma par la fusion d’une spoken poetry au lourd accent de Dublin sur lit de tapisseries orientales, avant que le morceau ne sombre comme le reste de l’album dans une célébration collective taillée pour Esperanza. Vous espériez une exploration jusqu’aux racines de l’humanité ? Vous aurez droit à Mufasa en Roi du Monde à la proue du Titanic. (ab)
Alaska Gold Rush ‘Wild Jalopy Of The Mist’ Autoproduit
On vous avait campés Renaud Ledru (guitare/chant) et Alexandre De Bueger (batterie) dans l’attachante fraîcheur de leurs personnages quasi-cartoonesques, tout juste époussetés du Concours-Circuit. Voilà nos deux piedstendres repartis dans une course plus folle et plus harassante vers la ‘Lincoln County War’ et les cahots que peut générer un premier album. Aux chromos déjà présents sur d’autres plaques – la notoire route crasseuse, la convexe ‘Silhouettes’ et ici une version davantage sépulcrale de ‘Gallow Birds’ – ils adjoignent entre autres les trépidations sauvageonnes et urgentes de ‘Violent Streets’, le bilan suspendu de ‘Since 29’, et le banjo allègre de ‘Big Cities’. Malgré quelques longueurs – tirez un rien plus sur le mors ou dézinguez un titre – et un style qui s’aiguisera sans doute encore (on n’en doute guère !) à flanc direct de scène, ces lonesome gamblers croquent toujours avec bel esprit une Amérique authentique dans les détails, les affres et les errances de sa fascinante mythologie. Wanted alive ! (alr)
Ambarchi/Pilia/Pupillo ’Aithein’ Karlrecords
L’un est une légende (le guitariste expérimental australien Oren Ambarchi), le second fait des ravages au sein du groupe free rock Zu (le bassiste italien Massimo Pupillo) alors que le troisième est nettement plus discret (son compatriote transalpin Stefano Pillia). Pour la première fois en trio, les comparses unissent leurs efforts dans des directions multiples, réparties sur deux séquences. La première démarre sur une lenteur ambient posée et un poil bavarde, avant que, au bout de huit longues minutes, l’électricité ne prenne la relève. Et là, c’est parti pour le déchaîne-
‘Haïkus’ Ici d’Ailleurs
Sans pourtant faire appel à des parties identiques de son cerveau, Pascal Bouaziz reste cohérent même lorsque l’homme multiplie les projets et les sorties discographiques. Ses textes, que ce soit au travers de Mendelson, Bruit Noir ou à visage découvert, forment une œuvre à part entière qui témoigne d’une vraie recherche littéraire dépassant les canevas et les codes traditionnels de la chanson (surtout pas française). Une œuvre jamais impénétrable par excès de nombrilisme mais qui, au contraire, écorche et brûle par son côté universel. ‘Haïkus’ est à bien des égards un disque de rupture. Au niveau du format d’abord, qui tranche avec les longues ‘Heures’ d’agonie du dernier Mendelson. Guère plus longues qu’un soupir, une déflagration ou une fulgurance, les treize vignettes regroupées ici sont comme autant de miniatures à l’écriture forcément mais délicatement resserrée, jusqu’à l’os. Comment en dire le plus possible avec le moins possible, sans jamais verser dans la punchline définitive. Ou comment passer du tourment de Mendelson, du maelström Bruit Noir, à cette sérénité, à cette lumière qui évoque davantage l’aube que le crépuscule. Musicalement, la réinvention est également de mise. Enregistré et mixé dans les conditions du direct, ‘Haïkus’ délaisse les territoires fréquentés par Mendelson ou Bruit Noir pour s’aventurer dans les grands espaces ou sa prose poétique peut déployer toute son envergure. Au grand jeu du name-dropping, on citera les géants américains que sont Lambchop, Townes Van Zandt, Bill Calahan ou la liberté artistique d’un Mark Kozelek, autre adepte du transformisme. Mais c’est peut-être sur la forme que la surprise est la plus grande. Car qu’entend-t-on tout au long de ce disque ? Une simple lecture musicale des haïkus parus sur le livre-frère (‘Passages’ aux éditions Le Mot et Le Reste) de ce disque ? Que nenni. Pascal Bouaziz, chantre du parlé-chanté à la française, chante des vraies chansons de moins de trois minutes avec des vrais morceaux de refrain dedans ! Alors oui, l’embarras guette, celui d’avoir à choisir parmi ces treize tranches de vie, cruelles, bouleversantes, inquiétantes mais toujours fulgurantes et hypnotiques. (gle)
tout foiré. Anohni le chante. Avec passion, vibration, humour vache. Désenchantement, surtout. Elle chante les drones, parce qu’il n’y a rien d’autre à faire. Soutenue par l’électro souple et ténue d’Hudson Mohawke et Oneohtrix Point Never, au service de ses chansons, Anohni arrache à l’Homme un hymne à l’abandon, à la transformation. Parce que si nous ne le faisons pas, qui le fera ? (ab)
The Arch ‘Fates’ WHY2K Music/Dark Tunes
Formé voici trente ans, ce groupe belge n’a peut-être jamais vraiment réussi à sortir de l’ombre, néanmoins il n’en demeure pas moins vrai qu’il a créé un univers musical fort qui vaut le détour. Si sa musique est clairement d’essence 80s et si elle affiche des accointances évidentes avec la scène new wave, goth ou EBM, elle a un cachet suffisamment marqué pour s’imposer et éviter qu’on ne la relègue au rang de resucée stérile de groupes existants. Associant guitares et sonorités électroniques, ‘Fates’ est un disque convaincant dans un registre dark rock. On relèvera en particulier les très catchy et abrasifs ‘Gasoline Lady’, ‘Spear of destiny’, ‘Robot sapiens’ et ‘Brainduck’, sans oublier le plus calme ‘Frozen jungle’ aux accents ethniques apaisés. (pf)
Daymé Arocena ment, c’est l’orage au milieu de la plaine, nul abri à l’horizon. Les gros nuages s’accumulent, on entend poindre SunnO))) au lointain, ça bourdonne, ça canarde, on en prend plein les mirettes, on en redemande. Boum patatra, le second titre remet le couvert, la miss météo perd la boule, nous avec. Elle qui avait prédit une journée calme et sereine, ça n’a duré que quelques minutes, cette fois nettement plus à leur avantage. Et z(o)u, que les écluses célestes se déchaînent, que le vent du rock emporte tout dans sa fureur, on ne vit qu’une fois. Bordel de Zeus! (fv)
Animus Anima ‘Résidence sur la terre’ Igloo
Sous l’égide du saxophoniste Nicolas Ankoudinoff qui signe la totalité des compositions, Animus Anima se profile comme une grande formation à l’allure à la fois libre et organisée. Si elle se définit volontiers comme un groupe de jazz psychédélique, elle réunit des musiciens provenant de milieux suffisamment diversifiés pour éviter l’ornière stylistique. Ainsi le trompettiste Bart Maris (Flat Earth Society), le claviériste Giovanni Di Domenico (plusieurs participations sur le label Off), le batteur Etienne Plumer, le conguero Stephan Pouguin (Pantha Rei), le tubiste Pascale Rousseau (Ictus) et le guitariste Benoist Eil (Rêve d’éléphant). A certains détours (‘Nomad’s Land’, ‘Argile sur tes mains’), on songe à Archie Shepp dans cette façon de libérer collectivement et de manière authentiquement jubilatoire une énergie qui ne demande qu’à sortir. A d’autres moments, l’esprit
d’Anima s’apaise, se rassérène comme sur ‘Baloo Stardust’ ou sur le posé ‘Terre Eve’ où chaque instrument se dévoile en dialogue avec les autres. ‘Résidence sur la terre’ apparaît comme un disque exploratoire, naturaliste, enclin aux changements d’atmosphères. (et)
Anohni ‘Hopelessness’ Rough Trade
Elle ne cherche pas la facilité, Anohni. Tout, chez elle, est crispant. Déjà ce glissement de genre, pressenti depuis longtemps, officialisé désormais, comme un coup de promo. Antony, celui des Johnsons, devient Anohni. Pas de changement de sexe physique, mais une décision de franchir le pas transgenre. Sa voix, ensuite, cette baudruche fragile, cette rondeur creuse qui gonfle et dégonfle sans cesse, qui prend la place, toute la place, presque au détriment d’un Daniel Lopatin étonnement discret dans ses effets. Ses textes, enfin, indignations outrées, postures ironiques, visions naïves, très naïves, comme cet ‘Obama’, chanson trahie qu’on croirait sortie de la plume d’un enfant… Crispations, donc. Autant de pelures à effeuiller avant d’arriver au noyau d’Anohni. Dépasser la pleureuse, dévoiler la pasionaria. Se foutre à poil – gênant en sa compagnie ! – laisser les apparences derrière soi comme elle a tombé les oripeaux de ce rond bonhomme embarrassant. Retrouver la vérité. Du cri. Du mot. Du monde. La vérité est simple. La vérité est naïve. L’Homme a
‘One Takes’ Brownswood
Ce qu’il y a de bien avec Daymé Arocena, c’est qu’on peut écrire que, musicalement, Cuba est encore ce qu’il était. Soit ce rêve d’une façade décrépite à la Havane, d’une nuit moite et des pales de ventilo qui n’y changent rien, d’une sorte de jazz bourré au son et à la rumba ; le rêve de cette musique qui s’échappe de cette maison et se mêle à la rue, qui invite à la rejoindre. Avec ce deuxième disque en deux ans, la cubaine enfonce le clou, passe le simple cap de la néo-soul et de l’afrocubisme. ‘One Takes’ est un superbe opus de jazz où elle sublime des classiques qui n’en sont pas vraiment. Comme ‘Gods Of Yourba’, initialement sorti sur un album de Horace Silver en 1977, et dont la contrebasse est ici foudroyante. Ou ‘African Sunshine’ d’Eddie Gale, un trompettiste free plus connu pour son travail avec le Sun Ra Arkestra que pour ses œuvres solos. L’acmé du disque est aussi son dernier titre : le ‘Close To You’ écrit par Burt Bacharach et adapté ici par Arocena d’une façon assez dingue. Là, on ne sait plus tout à fait où l’on est. Si ce n’est au sud de quelque part. (lg)
Band Of Skulls ‘By Default’ BMG
On avait croisé Band Of Skulls sur un trottoir du quartier Nord en 2009. On lui avait dit t’es jolie mais rentre chez toi, ta jupe est trop courte et tu vas prendre froid. Avec une carrière aussi fulgurante que celle d’un sportif, la petite, cinq ans plus tard, n’excite déjà plus personne. La faute à ce blues-rock bedonnant,
SOON AT DISTURBED 07-06-2016
JURASSIC 5 18-07-2016
#ABconcerts
DEAD KENNEDYS 18-10-2016
VR 24.06
Anohni
ARACHNÉE PRODUCTIONS présente
PUSCIFER 13-06-2016
MACDEMARCO 13-07-2016
BEN HARPER & THE INNOCENT CRIMINALS 21-10-2016
(leadsinger/songwriter Antony & The Johnsons) De Standaard: **** “Machtig. Huiveringwekkend mooi.”
DESTROYER 14-06-2016
MHD 24-09-2016
BEHEMOTH 21-10-2016
WED 08.06
EXTRA DATE
Explosions In The Sky
Steel Panther THU 13.10
THU 22.09
FRI 14.10
Júníus Meyvant J.B.O. 22-10-2016
WED 12.10
MON 19.09
Ben Miller Band
MEGADETH 16-06-2016
Uncut: 8/10 “Generous of spirit and cutting-edge sound, Hopelessness is a statement for our times, and one that will not be easy to dismiss.”
Amongster Dua Lipa
TUE 27.09 Coca-Cola Sessions
Faces On TV + Oyster Node WED 28.09
Mitski
THU 29.09 Warp Presents AMON AMARTH 21-06-2016
STEEL PANTHER 11-10-2016
JAIN 30-10-2016
Cavern of Anti-Matter FRI 30.09
Chad Lawson: Bach & Chopin Interpreted SAT 01.10
FRI 21.10
Jenny Hval Dub FX
MON 03.10
THE KILLS 29-06-2016
Sophia SAT 22.10
Låpsley L.E.J. 25-11-2016
FRI 21.10
MØ
MON 24.10
SUN 02.10
TUE 25.10
FRI 07.10
SAT 29.10
Poliça
ALICE ON THE ROOF 05-12-2016
JMSN
Crystal Fighters
De Staat SAT 08.10 BEIRUT 06-07-2016
WAX TAILOR 07-12-2016
Bazart
SUN 09.10
Bazart /rockhal rockhal_lu rockhallux rockhallux
SOLD OUT
Jeremy Loops SAT 29.10
Adia Victoria: Me & The Devil TUE 01.11
Dinosaur Jr. BUY YOUR TICKETS AT WWW.ABCONCERTS.BE EEN CONCERT IN AB BEGINT BIJ MIVB / NEEM DE CONCERTTREIN MET NMBS
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parfois vulgaire et auto-complaisant qui sonne aussi creux qu’un rendez-vous Tinder dans un lounge bar moche du quartier européen. Laisse pas traîner ta fille, si tu veux pas qu’elle vrille. (am)
Dan Barbenel ‘Little Black Book’ Home Records
Garçon, ne soyez pas snob et concoctez-nous donc quelque chose de très suave sur votre pianocktail. Un ‘Sex On The Beach’? Servez le frappé et mettezy une piquante ombrelle! Nous savons qu’en divertissant bateleur – pensez Gonzales ou Fantazio, reculez de quelques décennies, ajoute quat’sous – vous aurez à cœur et à coffre de nous donner satisfaction, comme à ‘Lady Madeleine’. Dans l’évier de la cuisine (elles n’aiment pas toutes le lilas). Mais soupirant saule pleureur ou histrion, de quel côté du miroir souhaitez-vous réellement faire vos tours de passe-passe, au juste ? Vous qui maniez le fric-frac filou à la Nucky Thompson (‘Boardwalk Empire’) et l’ironie malicieuse et so british chère à Eric Idle (Monty Pythons) entre deux chromos de séduction cocasse ou déclamatoire, vous pourrez toujours proposer vos services – sans aucun déshonneur – comme preux chevalier chantant pour ‘Galavant’ quand nous aurons fait le tour de vos « ding-aling ». (alr)
BD Harrington ‘The Diver’s Curse’ Microcultures/Differ-Ant
Des bardes folk à barbe-ou-presque, la guitare en bandoulière, combien en as-tu vu passer ? Tu penses d’abord que celui-ci ne dérogera pas à la sainte règle du juste milieu, qu’il charriera des regrets en gerbes et arborera ses plus chères amours déçues en manchettes. Puis tu réalises que l’Irish boy est capable d’éructer sang et eau – « you’re spitting out your sermonettes /you’re saying things, girl, that I know you’ll regret » – comme Nick-Cave-le-prédicateur, et que, si ses hymnes le mènent souvent à ‘Nightingale Lane’, terre de souvenirs et de sérénade, il a construit en homme seul son propre catafalque, à l’ancienne. Que s’il regarde irrémédiablement les pommes dégringoler de son panier, avec une seule allumette restante, il est parfois capable de merveilles hors du temps. Que tout damné, bourreau et colombe à la fois, qu’il se donne à voir pour le spectateur, son recueillement et sa patte bien des fois rugueuse peuvent nous conduire au respect. (alr)
Blue Velvet ‘Blood + Rain’ Anorak Superspor t/Cod&s
La peinture de la pochette nous montre un personnage au sexe incertain affublé d’une grosse tête de lapin. Il se tient debout sur la surface craquelée du tarmac d’un parking abandonné, flanqué d’une bouche d’incendie. Rien dans cette image à la fois anodine et énigmatique ne laisse présager le déroulement d’un drame imminent qui ne peut que survenir. Clin d’œil supplémentai-
Tim Hecker ‘Love Streams 4ad
Le seuil d’un son. L’amorce d’un désamorçage. La désamorce d’un amorçage. Tim Hecker morphe et morfle ses sons. Il les éconduit pour mieux les conduire, les reconduit dans d’étranges conduits. Orfèvre pour oreilles averties, puisatier d’un puits sans fond, il affectionne autant les grands espaces que les galeries souterraines sans issue. Une fois encore, il s’attelle à sublimer les arcanes de son recueil de sonorités. Il est retourné à Reykjavik où il aime poser ses valises pour y trouver son énergie tellurique et son inspiration. Il s’est entouré de Jóhann Jóhannsson et de l’Icelandic Choir Ensemble pour donner voix à ses voies. Comme sur ses deux précédents opus, ‘Ravedeath, 1972’ et ‘Virgins’, il a convoqué des gens de bonne compagnie, des indigènes affidés à sa cause. Ainsi, une Grímur Helgason aux instruments à vent et un Ben Frost avisé derrière la console de mixage. Il a également convié KaraLis Coverdale aux claviers, un renfort musical précieux autant qu’émotionnel. ‘Love Streams’ porte haut son titre. Du ‘Obsidian Counterpoint’ en ouverture au trou noir final de ‘Black Phase’, il s’écoule tel un flux sans reflux, sans influx. Entre les deux, le diptyque ‘Violet Monumental’ renvoie aux couleurs violacées de la pochette, à cette perpétuelle décomposition du spectre de tons et des sons. Magistral. (et)
re à Lynch ? Musicalement, les influences sont ailleurs. Ici pas d’atmosphères pesantes d’angoisse mais une pop rock qui s’affirme et s’affiche telle quelle. Pêchue, couillue, elle s’avère bien arrangée, bien branlée. La paire de guitaristes Mirco Gasparrini et Phil Henrion ont mis de côté les inflexions folk et les détours de leurs débuts pour aller à l’essentiel. Parfois il est vrai au détriment de la finesse, comme dans les lyrics un rien trop convenus à certains endroits. Le deuxième album des Liégeois s’est fait cette fois sans Rudy Trouvé mais son absence ne les handicape en rien tant ils semblent avoir trouvé leur vitesse de croisière. Bonne route. (et)
Julien Bouchard ‘Songs From La Chambre’ Hot Puma
Les Bouchard, c’est comme les Lennon : ça va par Sean et Julien. Aucun lien de parenté entre eux on suppose, mais tous les deux font des disques. L’un pour les autres, l’autre dans sa chambre. Le premier tient un label toujours précieux à Bordeaux, le deuxième sort une collection de chansons do-it-toi-même. Avec le premier, on a découvert les immenses Flotation Toy Warning, avec le deuxième, on part en goguette sur le porte-bagage d’un Nicolas Michaux sans les tubes (l’étonnant ‘100 Regrets’, ‘Si Loin De Toi’, vocalement c’est confondant) avec, entre les deux, pas mal de pop joliette, papillonnante. Au final, c’est mon nouveau pote le boss de chez Hot Puma qui va être content : après les excellents Jack and The’, ça fait tout de même une deuxième sortie correcte pour sa very indie écurie. Très belle pochette au demeurant. (lg)
Ben Lukas Boysen ’Spells’ Erased Tapes
Il est l’homme derrière le projet Hecq, avec son CV - maman chanteuse d’opéra, papa acteur - il ne pouvait que devenir artiste. Il a choisi la musique,
l’ami Ben Lukas Boysen, il a eu raison. Tant son sens du contrepoint et des harmonies est immense. Prenons l’intro ‘The Veil’, sept minutes de lenteur infinie en surface, quatre cents secondes de virtuosité en pizzicati en fond sonore. C’est l’immense Leyland Kirby qui tombe amoureux d’une Colleen en tenue de harpiste, ce n’est plus beau, c’est magnifique. Les esthètes sont en folie, la suite leur donnera une seule fois tort, quand une batterie vient au-devant de la scène occuper un espace trop intimiste pour elle (‘Nocturne 3’, pourtant si élégant). Démonstration par l’absurde avec ‘Sleepers Beat Theme’, telle une méditation sensuelle du bout de la nuit, sans la moindre percussion, ça fait un bien fou - car bien utilisées, elles apportent leur écot méritoire (‘Golden Times 2’). Un très thiersenien ‘Golden Times 1’ plus tard, avec une fois de plus un duo à tomber par terre entre le piano et la harpe, on entre carrément en lévitation, c’est Max Richter qui drague Marsen Jules, les mots manquent pour décrire tant de splendeur lentissimo. ‘We Make Life Sad’, disait Nicholas Szczepanik. Ouais, mais qu’est-ce que ça fait du bien, buddy. (fv)
Ça ‘24615 EP’ & ‘378 EP’
F.A.T.
‘Animal’ At ypeek Music
À chaque mois son disque de mathrock un peu vieillot. Bavard et poussiéreux, comme dans ces pièces de théâtre qui, neuf fois sur dix, n’intéressent que leurs propres acteurs - oups, comédiens, égocentriques notoires aux concepts fumeux (ici, les noms des groupes à eux seuls font acte) censés plaire à un (non-)public dont l’absence serait due à un supposé manque d’initiation. Oh, tiens, mon nombril ! La réalité est évidemment tout autre. Il y a que ces formes sont enfermées dans un passé souvent révolu, marquées par un égoïsme teinté d’arrogance qui repousserait la moindre oreille aventureuse, du novi-
ce candide au mélomane le plus averti. Chez Ça comme chez F.A.T. (si vous trouvez ces noms plutôt fendards, veuillez en avertir la rédaction), la déconstruction serait synonyme d’inspiration. Sauf que le fil d’Ariane est à chaque fois ténu comme de l’alpaga et que souvent, il rompt. L’enchaînement de fausses bonnes idées, l’aiguillage en roue libre, finissent inéluctablement par susciter l’ennui. Terriblement. C’est beau d’envoyer du bois, encore faut-il savoir le traiter. La simplicité serait la sophistication ultime, selon les dires d’un vieux mec d’il y a longtemps. Voilà un propos qui, lui, n’a toujours pas pris une ride. (am)
Carnival Youth ‘Propeller’ Pop Up Record
Combien de groupes lettons comptes-tu dans ta discothèque ? Et dans ton entourage ? As-tu déjà rencontré de chouettes mouettes à bicyclette ? Si oui, étais-tu sobre ? Funkoïde, peut-être ? Combien de claviers, combien d’échos de petites personnes rentrent dans ‘1q7/4’, voire dans une 2CV ? Et si on mettait Alex Kapranos (Franz Ferdinand) au volant ? Es-tu vraiment tout seul dans ta tête d’indie-pop ? Ferme les yeux. Penche-toi bien tout au bord du morceau et respire profondément. « In every beat of drums / kiss my lungs ». Dans une minute, à mon signal, l’accumulation turbulente et disparate de cette hélice nacrée qui voudrait tourner à plein régime et brasser les ‘Flowers’ à coups de beats opérants disparaîtra. 3,2,1…combustion effective. Fin des possibles dommages collatéraux de la jeunesse dorée de la baltique, égarée dans l’amplitude de ses visées conquérantes. (alr)
Cat’s Eyes ‘Treasure House’ Kobalt Label/V2
Faris Badwan (The Horrors) n’a pas toujours été un enfant de chœur, loin s’en faut. Mais pour avoir un jour initié aux charmes du doowap et autres mignardises l’astrale Rachel Zeffira – diablesse Circé – nous pourrions lui délivrer l’absolution, sans qu’il ait à repasser par le comptoir d’accueil du Vatican ou par les saphiques relations de pouvoir du ‘Duke of Burgundy’. Sous quelques atours séraphiques ou baroco-limites (‘Chameleon Queen’…fantaisie la plus abracadabrante depuis Freddy MercuryMontserrat Caballe ou irrésistible duvet?), la relation mélodico-intime qui ligote ensemble ces deux partners in chime se révèle plus addictive que prévu: du stupéfiant ‘Drag’ dont les chœurs irréprochables camouflent la noire réalité à la volute féline de ‘Standoff ‘, autant d’éléments de décor dans leur trouble et chancelant – « everything turns when you’re near » – sanctuaire de verre dépoli, dans leur ‘Treasure House’ en trompe-l’œil, qui participent à nous faire, irrémédiablement, baisser la garde. À accepter de
laisser, pétales étales et filles en chambre, se gazéifier les heures les plus revigorantes de la saison pour rejoindre l’alcôve de Barbe-Bleue. (alr)
The Chikitas ‘Wrong Motel’ Deepdive Records
Mourn
‘Ha, Ha, He.’ Captured Tracks
Les deux girl band du mois. Les premières viennent de Suisse. Sexy. Derrière ce nom tout pourri et cette pochette post-starac’ se cache un disque pas si variet’ que ça. Enregistré à Tucson en compagnie de Jim Waters (Sonic Youth, Jon Spencer Blues Explosion), ‘Wrong Motel’ se veut vraiment méchant, à la manière des early Yeah Yeah Yeah’s ou de Gossip. Elles s’en sortent pas mal mais peinent franchement à se détacher des influences suscitées. Anecdotique au possible, le duo passe vite à la trappe lorsqu’on se trouve nez à nez avec le bijou du mois : Mourn. ! Arriba Arriba ¡ Un girl band espagnol (si on bypass le batteur), c’est presque du jamais vu. Et c’est beau comme une façade de Gaudì. ‘Ha, Ha, He.’ fout la grosse claque. C’est un disque à écouter en coque. Inutile de tenter de jouer à chat-minou avec ces donzelles : ça pourrait mal tourner. Bien sûr, il y a parfois de belles petites harmonies à la Veronica Falls (‘President Bullshit’), mais ce sont de bien piètres éclaircies entre des nuages gros comme ça. Ici, tout est dit en moins de deux minutes, comme dans le punk des Ramones. Mais les Mourn se moquent bien des codes du genre. Le punk n’est qu’un alibi. Puis elles ne l’ont pas vécu : elles n’étaient peut-être pas encore nées. Du coup, le basse-batterie complètement zarbi s’emballe dans une sorte de post-punk martial et venimeux, un brin angoissant et pourtant souverain, tel un directeur d’usine à singles et à coups de pieds au cul. Chaque titre regorge de son non-refrain à chanter à tue-tête en exhibant ses miches : essayez ‘The Unexpected’, ‘Gertrudis, Get Through This!’ ou ‘Irrational Friend’... Avec des jambières, de préférence. (am)
The Claudio Serpentino ‘The Wide Album’ Critical Mass Records
On ne sait rien du groupe. Sauf qu’il vendait son album en avant-première lors de la fête d’anniversaire des soixante ans du mythique flamand Kloot Per W. Laquelle fête se tenait dans une salle proche de la gare de Leuven, il y a quelques mois déjà. Sur la pochette, quatre comiques avec des chapeaux pointus de carnaval imitent les Fab Four lorsqu’eux-mêmes tentèrent, en 1965, d’écrire le mot help en sémaphore pour illustrer leur cinquième album (la position de leurs bras signifiant au final – il faut le savoir – nujv, soit pas grandchose). On s’enfile donc ici treize morceaux de Lennon/McCartney méconnaissables. C’est-à-dire que les titres portent les mêmes noms mais qu’on ne
Institut ‘Spécialiste Mondial du Retour d’Affection’ Quadrilab
Ces types n’avaient pas apprécié – ou alors pas compris – notre chronique de leur album précédent, qu’on n’encensait pas sans pour autant le dénigrer. Il y avait eu échange de mails, campement sur ses positions. A tel point qu’on hésitait à parler de ce nouvel opus. Mais au bout de cinq écoutes, c’est tout bonnement impossible : ce truc insidieux s’est propagé par tous les pores. Absolument pas pop – ou si peu, ou si déviant alors, entendre ‘Tu Préfères Courir Dans Le Désert’, ses chœurs en plastoc sur synthés cheap et ses vers dingues genre « tu préfères lire tout Zemmour ou être innocent / tu préfères être islamiste radical ou t’appeler Kevin » –, tu te surprends à le fredonner comme tu le ferais d’un hit mineur de Sébastien Tellier. Institut est passé à la beauté supérieure et si l’on se permet de toujours penser à Jérôme Minière, on emprunte aisément d’autres sillons. Florent Marchet et sa capacité à écrire des romans de trois minutes (le formidable ‘Parler de Moi’). Le meilleur de Benjamin Schoos vs Baden Baden, aussi : les impeccables mélancolies cuivrées de ‘Ici Aussi’ et, surtout, de ‘A Un Autre Moment’. ‘La Majestueuse Baie de Wellington’ pourrait être du Mendelson noyé de lumière : c’est la misérable vie d’un mec fauché par un bus qui n’arrivera jamais à ses rendez-vous et qui passera pour l’irrespectueux de service alors même qu’il est crevé depuis deux heures. Grand disque. (lg)
va entendre qu’un vers, un début de refrain, un gimmick qui sera noyé dans un brouillard d’expérimentations proche parfois du foutage de gueule. Il n’y a plus aucune pop ici. Dans les meilleurs des cas, on se rapproche d’un dub vaguement convaincant (‘Wait’, ‘Hey Bulldog’). Comme beaucoup de trucs chiants, ce machin a pourtant tout pour devenir culte. (lg)
The Claypool Lennon Delirium ‘Monolith Of Phobos’ ATO Records
Avant, Les Claypool pétait dans un micro et j’achetais l’album les yeux fermés. The Holy Mackerel, The Flying Frog Brigade, Oysterhead, Bucket Of Bernie Bains, pas un side-project qui m’échappait. Et toujours la trouvaille, l’invité, le morceau qui justifiait la dépense. Le meilleur bassiste du monde semblait une centrale d’énergie que rien ne pouvait éteindre. Puis, Primus renaît de ses cendres après douze ans avec ‘Green Naugahyde’. L’enthousiasme retombe : les employés ont déserté les lieux, le directeur est seul à bord et la centrale tourne à vide. Mauvais ? Non, mais Primus sonne comme un sideproject de plus. La suite ne fait que confirmer le sentiment : Les Claypool s’enferme dans une esthétique prog stérile et répétitive, loin du génie spécifique d’un ‘Southbound Pachyderm’. Né de la rencontre sur une scène, pourtant excitante, entre le bassiste-star et Sean Lennon, ‘Monolith Of Phobos’ n’échappe pas à la règle. Malgré le talent évident des deux musiciens et le plaisir de l’héritage vocal de Lennon (à ce titre, ‘Boomerang Baby’ et ‘Captain Lariat’ foutent des frissons), les morceaux se déroulent sans focus, avancent au gré des instruments, manquent d’une excitation musicale, d’une urgence qui donnerait tout son sel au plaisir qu’ont ces deux-là de jouer ensemble. Lorsqu’on réalise qu’aucune ligne de basse sur l’album n’est inédite pour le maître et que l’ensemble sent la redi-
te et le confort, on doit bien se rendre à l’évidence : Les Claypool a perdu depuis un moment l’aptitude de surprendre autrement que par l’annonce de ses projets. (ab)
Colder ‘The Rain’ Not Available
Mélopées en sous-sol. Morceaux mal emboîtés. Complaintes malformées pour jours de pluie. La musique de Colder est à l’image du nom qui la charrie, chiche et peu réconfortante. Elle est le véhicule des émotions de Marc Nguyen Tan qui, parallèlement à son métier pour la télévision, s’est intéressé au design (l’agence le Cabinet à Paris) et au son. Il a ainsi remixé Depeche Mode, officie comme dj et a produit plusieurs albums de dance music. Chez Colder, la dance ne prédomine pas, elle est même résolument absente. Elle cède le pas à une musique claustrophobe. A bien y tendre l’oreille, elle s’avère l’émanation d’une douce angoisse urbaine qui s’ignore superbement. Peut-être est-elle le reflet des névroses qu’engendre la machine implacable de la mode ? Son écoute évoque la sensation du toucher du papier glacé d’un magazine de couture. (et)
Dadawaves ‘Dadawaves’ Starman
Quand Starman Records ne ressuscite pas des vieilles gloires de l’underground anversois, ça peut donner ceci. Soit une belle surprise de pop à l’ancienne. Foutrement arrangée à chaque coin de morceau – cordes qui pleuvent, trompettes qui chialent, qui changent d’humeur, chœurs féminins à gogo et toutes ces petites choses qui carillonnent pour faire que ce disque, d’un truc sympatoche à la première écoute devienne quasiment toxique aux suivantes : on revient vers tout ce barnum avec un plaisir non feint, même pas coupable (aucune raison, tout est crédible) et on
s’imagine un jour de juin, le ciel dégagé, sortant la nappe vichy, le saucisson et le petit vin blanc qui va bien, s’installant pour un pique-nique sur les bords de l’Escaut, à regarder le temps qui passe, même qu’on s’en fout, parce qu’on est si hors de lui, là, quelque part entre les mélodies déjà surannées des premiers Belle & Sebastian et toute cette pop léchée qui se faisait dans la foulée de McCartney il y a 40 étés. A l’exception d’un titre étrange, autotuné, perdu au milieu de tous ces autres, c’est quasiment un sans-faute. (lg)
The Dandy Wharols ‘Distortland’ Dine Alone Records
On l’avoue et on n’est peut-être pas les seuls : on n’attendait rien de ce disque des Dandy en ce printemps deux-mille seize. Une première écoute distraite confirme notre peu d’enthousiasme avec deux titres jouettes, aussi excitants que le ventre-mou d’un concert de Django Django : pas de quoi se payer la banane incandescente des débuts. Mais débarque ‘Pope Reverend Jim’ au fumet adolescent, on songe avec nostalgie à notre première cuite à Pukkelpop, et puis tout coule de source, le ‘Catcher In The Rye’ hommage à Salinger, ‘Styggo’, ballade des plus charmantes aux secousses psyché pas si lointaines d’un Fujiya & Miyagi, ‘Give’ et sa nostalgia ultra sépia. C’est du Dandy des débuts, pur jus, avec des dents un peu jaunies mais un sourire triste toujours à moitié affiché. Loin d’être une révolution, ‘Distortland’ se savourera assis dans l’herbe, à un festival de seconde zone, entre Guano Apes et Hoobastank. Ou en bagnole, airco à bulle. Pendant un demi-été, tout au moins. (am)
Digitalism ‘Mirage’ Magnetism Rec/Pias
Picasso vous le dira, régresser est un art difficile. Selon ses termes, il a du désapprendre toute sa vie à dessiner. Sans cette trajectoire inversée, pas de cubisme. D’autres que lui ont la régression plus stérile. Prenez Digitalism : il y a dix ans le duo teuton frappait sur des caisses et des boutons et injectait une bonne dose d’énergie garage dans leur appropriation de la french touch. Aujourd’hui, ‘Mirage’ fait table rase de toute identité et saoule les oreilles avec 70 minutes de poncifs deephouse européens. Une déferlante jetbling-beauf qui vous coule dans le pavillon comme du mercure et vous étourdit les neurones comme un rayon de supermarché. Une incompréhensible uniformisation pousse Jens Moelle et Ismail Tuefekci à bêtifier leur langage jusqu’à obtention d’une pâte molle et écœurante qui devrait leur assurer un public d’analphabètes cons comme des bites et gavés de pilules. Qui a dit Tomorrowland ? (ab)
John Doe ‘The Westerner’ Cool Rock Records
Principalement connu pour son travail au sein du groupe X, John Doe est une
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figure mythique de la scène punk. Son expérience et sa connaissance dans le domaine lui ont permis de sortir récemment un ouvrage incontournable sur l’histoire de la scène punk de Los Angeles. Parallèlement à cette carrière, John aime également se livrer au travers de compositions plus introspectives évoluant dans un registre américana fortement inspiré par la musique folk. D’inspiration 60s, ce disque regorge de ballades prenantes comme ‘Rising sun’ et ‘Alone in Arizona’ (très western spaghetti) tout en envoyant le bois sur d’autres titres plus bruts de décoffrage. A passé 60 ans, John Doe se montre une fois de plus inspiré. Merci l’artiste ! (pf)
Double Nelson ‘Un Sentiment Etrange’ At ypeek Music/Creative Eclipse
‘Un sentiment étrange’ n’est clairement pas le genre de disque que l’on passerait en fond musical lors d’une fête de famille. Trop bizarre, trop iconoclaste, trop dérangeant… Pas sûr du tout que tonton Roger et Mamie Jeanine apprécient ce cocktail indus post punk suintant le malsain, la déviance. Cela fait trente ans que le duo français privilégie une voie alternative aussi personnelle que confidentielle, multipliant les concerts devant une poignée d’adeptes hypnotisés par leurs compos singulières qui, avec peu de moyens, génèrent un max d’effets. Entre Chrome et Suicide mais avec une touche indéniablement Frenchy, Double Nelson balance des uppercuts primitifs et minimalistes qui nous violentent en nous poussant dans nos derniers retranchements. On ne les en remerciera jamais assez ! (pf)
The Dues ‘Thief Of Time’ Bad Reputation
Si ‘Thief Of Time’ prouve une chose malgré lui, c’est que le rock ne supporte pas la scolarité. Constat douloureux, ressenti dès la première minute de ‘Beast’ : rien ne s’harmonise, ça se bouscule, ça s’empresse. Embouteillage. Isolément, ces trois jeunes suisses sont tous bons musiciens (bien qu’au chant, il y a encore du boulot). Pour preuve les solos sont les meilleurs moments de l’album. Pour le reste, y a un truc qui bloque, qui trébuche, qui boite. La faute à des compositions qui, bien qu’habitées par les Seventies et les Power Bands comme Ten Years After ou Toad, manquent de personnalité. Sans chansons solides, ‘Thief Of Time’ expose ses défauts, ses coutures, son désir de faire comme si. Chris Winter des Dollhouse a essayé de compenser cette application brouillonne en appuyant l’aspect lo-fi de la production. Louable effort, pas suffisant pour convaincre sur album. On remballe ses crayons : on jugera à l’oral. (ab)
The Dwarfs Of East Agouza ‘Bes’ Nawa Recordings
Trio de Cairo, les Dwarfs Of East Agouza jouent une sorte de kraut-psy-
Mocke ‘St Homard’ Objet Disque
Tu dirais certainement : les titres de Mocke (Holden, Arlt, Midget & associations interlopes) qui filoutent, ça me chatouille le sibyllin. Ses vocables à doublefond, ceux qui marchent à l’amble, ceux qui carburent à l’huile d’orvet. Alors, malandrinons à bacchantes, crécelles et pinces-monseigneur, s’il te plaît. J’avancerais un jazzpion sur la toile qui zwippe, et je poursuivrais : j’aime que ‘L’épicier incomparable’ nous fasse l’article – il y en a un peu plus qui s’insinue, je vous le mets quand même ? – et même le réassort. Toi ou moi ou Pas Liev demanderait - sans fiel sans miel mais jamais sans swing – à Jean Autrui s’il garde toujours une main de rechange dans sa poche. C’est sûr qu’on ne sait jamais. On s’esquisserait un arbre non-généalogique, avec quantité d’extensions à ressorts, on s’permettrait un bestiaire qui zigue, qui zague et qui plouffe et une oisellerie qui héliume et bramerait même un peu. Entre les rémiges du ‘Cormoran se déploie dans le ciel gris’, on déposerait nos hanches. On aurait la détermination des faux dilettantes touchés par les miettes croquantes du sandwich de guitare le plus inventif du quartier. Et bien au-delà. Bigre, ça serait drôlement bien ! (alr)
ché exotique qui sent bon le sable chaud. Une contrebasse saturée, une guitare et un orgue pour six titres de plus ou moins dix minutes de moyenne, ‘Bes’ est un pendule hypnotique dans lequel il convient de s’égarer. À la barre du projet, on retrouve avec plaisir le légendaire Alan Bishop des Sun City Girls ainsi que Sam Shalabi des chouchous de Land Of Kush. Mieux que les Diables, si ça se trouve. On comprend mieux la maîtrise, l’écoute assez exceptionnelle qui se dégage de ces sessions d’improvisation enregistrées de nuit sous, on le suppose, une chaleur d’étuve. Une chaleur qu’on retrouve d’ailleurs sous deux formes, parfois sèche (‘Baka Of The Future’), parfois humide (‘Where’s Turbo?’ et ses moiteurs synthétiques). Un travail d’orfèvre atypique que l’on aurait aimer savourer en live, le quatre février passé au Recyclart. Une prochaine fois, peutêtre ? (am)
Erlend Apneseth Trio ’Det Andre Rommet’ Hubro
On peut tout dire du trio formé autour d’Erlend Apneseth, sauf qu’il est banal. Prenons ses instruments. Un violon Hardanger (typique du sud de la Norvège), une guitare électrique et des percussions, pour une musique hors des sentiers les plus rebattus. C’est à un tel point qu’au premier regard, on se sent terriblement démuni. Si on s’étonne à peine de quelques échos vivaldiens, ils sont presque anecdotiques (‘Trollsuiten’), les pizzicati du musicien norvégien nous transportent dans de vastes territoires, d’un folk réinventé à une americana foisonnante et moderne (‘Dialog’). Et c’est loin d’être tout. Virevoltant avec le temps et l’espace, les trois Nordiques convoquent le Moyenâge au vingt-et-unième siècle, il se veut profane, il est surtout sacré. Qu’en dirait Jordi Savall de ce ‘Sapporo’? Que cinq cents ans d’histoire des musiques occidentales (et un peu autres) nous contemplent, sans que cela sente jamais le formol ou le coton-tige. Rien qu’à y penser, c’est un sacré exploit. (fv)
Egyptian Lover ‘Egyptian Lover 1983-1986’ Stones Throw/V2
Aujourd’hui, Greg Broussard affiche 52 chandelles au compteur. Certains le surnomment déjà papy. Un peu bedonnant, plus vraiment sexy, l’homme a pourtant fait son temps, jouant un rôle majeur dans l’avènement de la scène rap West Coast. En 1983, bien avant les autres, l’artiste s’est déguisé en Egyptian Lover pour secouer les palmiers de Zuma Beach et ouvrir une voie royale à des gars comme Ice T, N.W.A ou Dr. Dree. Super héro des platines, producteur hip-hop avant l’heure, le MC a filtré ses passions musicales (de Kraftwerk à Prince en passant par Parliament et Afrika Bambaataa) à travers un redoutable séquenceur : le fameux Roland TR-808. Équipé de cet appareil néo-futuriste, Egyptian Lover a cloné tout et n’importe quoi : les touches des premiers téléphones numériques, le râle d’un mâle en rut, du gémissement féminin en plein coït. Que des belles choses. Les morceaux d’Egyptian Lover se caractérisent par un beat froid, terriblement métallique, et des rafales de scratchs épileptiques. Pas forcément incontournables, les productions du Californien ont le mérite d’avoir préparé un terreau fertile pour les générations à venir. Double compilation éditée avec la main sur le cœur par les héritiers du label Stones Throw, ‘Egyptian Lover’ rembobine la VHS et s’offre un arrêt sur image, entre 1983 et 1986. Soit les années fastes d’Egyptian Lover. Depuis, sa civilisation a disparu de l’actualité pour laisser place à de nouvelles avantgardes. Ce qui n’enlève rien à la valeur-ajoutée de ces archives indémodables. (na)
Family Atlantica ‘Cosmic Unity’
Fumaça Preta ‘Impuros Fanaticos’ Soundway
C’est dingo, c’est Soundway. Tous les jours, il faudrait bénir cet extraordinaire label londonien qui, depuis presque quinze ans, nous assène ses coups de
bambous avec une régularité exemplaire. Pour rappel, on avait glissé assez haut dans notre top 2015, le fantastique Dexter Story. Premier cas (d’école) du jour : Fumaça Preta, un combo aux origines multiples (UK / Venezuela / Portugal) dont les chansons explorent une palanquée de genres qui ont à peu près autant à faire ensemble que Daniel Johnston avec Pharrell Williams. En huit titres malades, on voyage donc des expérimentations de Sun Ra (le titre éponyme dans un portugais âpre) au rock lépreux des Stooges (‘Ressaca Da Gloria’, monstrueux), en passant par le metal originel de Black Sabbath – et oué – (entendre les incroyables ‘Baldonero’ et ‘Migajas’), la pop quasi facile (‘Decimo Andar’, tralalala) ou chiche-kebab (l’exotique orientalisant ‘La Trampa’). Bref, un bon gros disque bien gras qui ne ressemble à rien sauf, pour le brassage des genres, au deuxième cas du jour, Family Atlantica. Une collection de sinoques emmenés par un certain Jack Yglesias (connus dans les géniaux Heliocentrics). Quinze titres déroulés en à peine trente-cinq minutes et qui font des cumulets entre Konono n°1 (‘Okoroba’), Gétatchèw Mèkurya (‘Enjera’), le brésil olélé olélé (‘Baiao Infinito’), l’afrobeat et les expérimentations latines avec cuivres furieux (‘Cosmic Unity’ ou tous ces trucs balancés par la diva vénézuélienne Luzmira Zerpa). Des fous. (lg)
Les Fils du Calvaire ‘Fils de…’ Because
Devant un disque qui contient de tels vers que ceux-là – « Quand on en a très envie / les toilettes turques c’est royal » –, on pourrait s’interroger sur la métaphysique des goûts de chiotte. Mais c’est préférable de se laisser aller dans l’effluve. De ne plus se lancer dans l’exégèse des œuvres bananières de Katerine. Si on n’attend rien de sérieux de cet album, on peut être séduit. C’est synthétique et dansant, pop – parfois même comme le Bichon Doré – et plein d’allusions salaces. Il y a même la vieille Miss Kittin sur un titre. Et puis, tu peux mettre ta cape de ‘Super Hero’ pour t’enfiler des ‘Gin Fizz’ comme au ‘Cinema’. Salut C’est Cool, t’aurais dit l’été dernier. (lg)
Globelamp ‘The Orange Glow’ Wichita Recordings/Pias
Cette jeune américaine, qu’on découvre à l’occasion de son premier essai, est un peu plus qu’une musicienne et une chanteuse échappée de feu Foxygen : c’est une présence aussi forte que flottante, qui prend peu à peu possession de l’imaginaire de l’auditeur. Entre psychédélisme spectral, folk hanté et songwriting impressionniste, ‘The Orange Glow’, lui, est un peu plus qu’un disque : c’est un univers entier dont Elizabeth Le Fey plante le décor d’une plume surnaturelle, comme trempée dans l’encre dont on fait les meilleurs contes de fées. Par la grâce d’une voix dé-
TU VEUX PASSER PRO? FAIRE DE LA SCÈNE, DU STUDIO?
POR 28 M TES O AI, UVER 25 J TES UIN & ET AUDI 17 S TIO EPT NS . 20 16
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ELIMINATOIRES
21 JUIL.
02 SEPT.
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03 SEPT. 09 SEPT.
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La Louvière
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Charleroi
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Bruxelles
Namur
Le Vecteur Le Garage
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19 OCT. 21 OCT.
Taverne du Théâtre Piano Bar
10 SEPT. 16 SEPT.
TIERS DE FINALE
FIN DES INSCRIPTIONS
Liège
Le Brass La Ferme du Biéreau
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Louvain-l-N
L’Atelier 210
-
Bruxelles
22 OCT.
Le Salon
Silly
10 DEC.
FINALE - LE BOTANIQUE
Bruxelles
Daft Studios
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licatement sauvage à équidistance entre Stevie Nicks et Kate Bush, elle parvient à conférer à ses compositions une épaisse tonalité onirique que des mélodies espiègles ou atmosphériques viennent allègrement magnifier. Entre berceuses, chansons lugubres ou théâtrales, Globelamp semble en revanche un peu moins à son aise dans les tempos lents qui l’entraînent vers des voies plus fréquentées et plus banales. Mais qui ne parviennent pas à ternir un premier bilan plus que prometteur. (gle)
Goose ‘What you need’ Universal
C’est vrai ça, qu’est-ce qu’ils sont devenu Goose ? Enquillant les tubes chez Fatboy Slim comme d’autres les perles, les Coutraisiens avaient déboulé en faisant péter le champagne et le vu-mètre sur un premier album fort de café, et si les programmateurs radio du plat pays n’y avaient rien compris, le monde s’était chargé de leur faire décacheter le cellophane du troisième cd promo qui s’était entassé sur le desk. Nous, on avait rendu les armes tout de suite, dansé au bureau, leur attribuant une cover bien légitime. ‘Bring It on !’ Aujourd’hui, tandis que la clameur des stades bourdonne comme de juste à leurs oreilles, que les collègues de la rédac’ se sont enfui épouvantés, on se hasarde à jeter une oreille (l’autre est cassée, relisez Tintin bordel). Nous n’avons pas retrouvé la furie crasse des débuts, ce mélange Redbull guitares/électro, mais des jeunes gens bien de leur temps, encore plus alanguis que sur leur ‘Synrise’ de 2010, à la recherche du petit tube post-Kavinsky - on les a bien Drivé tu vois, du tofu pour les charts, de l’electro 80’s comme tout le monde, de la pop synthétique qui gratte pas. C’est doux, c’est neuf ? Non, lavé avec Mirefm. Ils se marièrent et eurent plein de petits singlets. La température c’est bien, mais pas la poudre. (fd)
Güiro Meets Russia ‘Dystopia’ Verlag System
Visiblement originaire de Valence (en Espagne et non en France), ce duo a composé avec ‘Dystopia’ la bande son d’un monde futuriste à la fois robotique et groovy, minimal et sombre, prenant et inquiétant. Un peu à l’instar de l’univers de New Order qui peut affoler le dance floor à coups de mélodies dépressives, Güiro Meets Russia génère un univers prenant dans la façon qu’il a de dessiner des paysages électroniques à la fois dansants et mélancoliques. A l’écoute des douze compos que nous propose cet opus, on songe souvent à la musique cosmique des années 70, Harmonia, Tangerine Dream et Klaus Schulze en tête, avec aussi une touche British devant autant à Brian Eno que Visage. C’est très beau, très triste, très prenant et vivement conseillé. (pf)
Mop Mop ‘Lunar Love’ Agogo
‘Lunar Love’ est pénétré d’un mystère jazz qu’il n’éclaircira pas. Ses tableaux nimbés d’ouate folle et d’hommes-léopards empruntent à Rousseau des drames que dissimule une végétation complice. Énigme de l’alignement des astres, de la conjonction des puissances en jeu. Mop Mop déroule un film, classique oublié aux décors de carton, une rose pourpre itinérante, dévoile des scénarios meilleurs que dans nos souvenirs, privilégie l’intrigant au mépris de l’évidence. Dès qu’une escapade frôle l’identification, jazz ou world, Mop Mop s’enfuit, coupe à travers bois, fouisse le sable et surgit dix mètres plus loin, attendant que vous repreniez la course. Fruit du percussionniste Italien Andrea Benini et de ses habituels compagnons, ce cinquième album de Mop Mop nous livre de la jungle. On s’y fraie un passage aveugle, guidé par le fanal d’Anthony Joseph dont le timbre chaud balise la piste. Tout autour, des bruits, des yeux. Certains familiers, d’autres moins, tous sont enjôleurs ; tu veux te retourner, tu luttes, tu sais qu’il faut avancer. Mélopée de la sève, sirènes de lianes. Aie confiance, te susurrent les recoins de ‘Lunar Love’. Ses moiteurs agitent l’index, promettent le havre, par-delà les feuilles : y résonnent des tambours fantômes, aux desseins imprécis, qui chantent d’autres hommes évaporés. Au cœur des ténèbres palpite la lumière. Plonge. (ab)
Guo Gan – Emré Gültekin ‘Lune de Jade’ Home Records
Ce disque résulte d’une rencontre que rien ne préfigurait. Entre l’erhu – violon traditionnel chinois joué par Guo Gan – et le lavta – luth à la caisse étroite pratiqué par Emré Gültekin – il y a un monde que les confins du continent asiatique n’ont jamais pu englober. Loin d’une musique autoproclamée ethnique qui se rapporterait à un endroit déterminé du monde, celle qu’échafaudent Gan et Gültekin est plurielle et pluridirectionnelle. Le premier puise dans le répertoire séculaire chinois, le second s’inspire de l’héritage anatolien et stambouliote. A deux, ils tendent parfois l’oreille vers un ailleurs lointain, qu’il soit géographique (la Sibérie) ou temporel avec la mise en chanson de Pir Sultan Abdal, un poète alévi du seizième siècle. D’autres instruments sont de la partie, à cordes comme le kopuz ou tout simplement la guitare, ou percussifs avec le bendir et le darbouka. La voix est également présente à certains passages. Les sept compositions livrées ici sont le fruit de deux sensibilités convergentes, elles s’abordent un peu à la manière d’une contemplation d’un clair de lune sous un ciel nocturne dégagé, sans prérequis, sans avis préalable. (et)
Ben Harper ‘Call It What It Is’ Caroline International Music
Depuis près de vingt-cinq ans, Ben Harper slalome entre les genres – blues, gospel, rock, country, reggae, soul – en changeant régulièrement de musiciens, sans se soucier d’une quelconque logique de carrière. Après dix ans de séparation, il renoue avec les Innocent Criminals et retrouve surtout sa zone de confort. Car si ce long hiatus a fait naître une impatience légitime, c’est parce qu’on considère que c’est précisément avec ce backing band que Ben Harper a réalisé ses productions les plus marquantes, ‘Fight For Your Mind’ et ‘The
Will To Live’ en tête. Démarrant avec un titre d’obédience stonienne plus stérile et bravache que réellement sale (‘When Sex Was Dirty’), l’album patine toutefois très rapidement dans les côtes (la ballade molle ‘Deeper And Deeper’ et le reggae pour les nuls ‘Finding Our Way’). Avant de prendre enfin un peu de hauteur par la grâce de quelques titres moins consensuels que sensuels (‘Dance Like Fire’, ‘How Dark Is Gone’). Au final, Harper accouche peut-être du disque idéal à écouter en fond sonore au volant de sa voiture : assez rythmé pour garder le conducteur éveillé, et suffisamment lisse pour ne pas troubler sa conduite. (gle)
I Have A Tribe ‘Beneath A Yellow Moon’ Grönland/V2
Quels sont les signes d’un homme neuf ? Est-ce lorsqu’il se confesse, ardent mais jamais honteux, sur sa vie horizontale ? Lorsqu’il se laisse aller à rugir plein champ, jubilatoirement libéré ? Est-ce lorsqu’il s’accepte imparfait, avec des contours immanquablement mouvants ? « Take the right to be human ! ». Si c’est le cas, Patrick O’Laoghaire – homme-tribu(t), réussit ô combien son ‘Passage’ au premier album après une poignée d’EP à l’émotion en germe. Et notre cœur d’épouser la pente joliment ingénue d’’After We Meet’, comme il empruntait il y a peu chaque sing-along de Villagers. De se sentir entièrement chez lui dans une palette aux contrastes taillés, au plus près du timbre affectueux, dans les articulations et les essors plus expansifs de cabaretier (‘Tango’) et les touches martelées (‘Battle Hardened Pacifist’) comme dans la sobriété à longs et lents fils soyeux de ‘Casablanca’ ou dans tout ce qui gronde chez ‘Buddy Holly’. Il aura beau asséner, entre revanche et constat d’effritement, « I’m one who offers you his neck », on n’en profitera ni pour y
appliquer la létale lame d’un tomahawk ni pour y poser le harnais qui jugulerait les tendres coups d’éclats de ce ‘Cuckoo’ dublinois. (alr)
Bert Jansch ‘From The Outside’ Ear th
Poursuite des rééditions du regretté folkeux écossais dont on vous avait brièvement rappelé les faits d’armes dans le numéro de février, à l’occasion de la reissue du merveilleux ‘Moonshine’. Plusieurs labels spécialisés ressortent actuellement beaucoup de ses disques mais avec celui-ci, Earth envoie de la bintje de compète. Soit un album qui n’était sorti officiellement en 1985, sous une pochette dégueulasse, qu’à cinq cents exemplaires sur la structure belge plutôt underground Konexion. Ce truc assez méconnu vaut pourtant son pesant de cacahuètes piquantes. Jansch revient aux choses dépouillées de ses débuts en solo, celles qu’on retrouvera notamment sur son formidable chant du cygne discographique, le bien nommé ‘The Black Swan’ de 2006. Bref, on est loin des Pentangleries et des ornements à flûtes qu’on pouvait entendre en 1974. Rare et précieux, donc. (lg)
Marsen Jules ’Shadows In Time’ Ok taf/Kompak t
Cap en 2009, à la Künstlerhaus de Dortmund. L’artiste multimédia Johannes Franzen y présente ‘Serie 1024 x 768’, chaque seconde apparaît une nouvelle image, avec des millions de possibilités graphiques où chaque pixel est redistribué aléatoirement sur l’écran. C’est la base sur laquelle Marsen Jules a travaillé pour sa nouvelle composition. Si, originaire de la ville du Borussia et de la Florianturm, on peut supposer qu’il a visité l’expo à l’époque, l’électronicien allemand a appliqué à sa musique le principe développé par Franzen - avertissement : ça rend la présente chronique déjà obsolète. Au-delà de la simple version statique sur CD, Marsen Jules a mis au point plus de 300 variations du présent ‘Shadows In Time’ sur clés USB et vinyles, en tirage ultra limité. Sur la version que nous avons reçue, une longue séquence de 49 minutes, le compositeur de la Ruhr étire à son maximum les nappes ambient. Totalement minimaliste dans l’approche, apparemment répétitive alors qu’elle ne cesse de se réinventer (alors que, répétons-le, nous n’avons écouté qu’une seule des trois cents variations), la manière anno 2016 de Martin Juhls est déjà à marquer d’une pierre blanche, de celle dont sont affublés les immenses Bran Eno et Wolfgang Voigt. Au moins. (fv)
Max Jury ‘Max jury’ Marathon Ar tists Limited
Fatigués de la pop, réveillez-vous. Car un prototype est né. Max Jury a tout de
la légende en gestation. Belle gueule d’ange, du nectar plein la bouche, des chansons comme des caresses qui te font dresser le duvet. La totale. Héritier de Gram Parsons, protégé de Lana Del Rey et Rufus Wainwright, Max enveloppe ses petits tubes d’un gospel délicat, dont on devine qu’il n’a gardé que l’essentiel à mesure des versions. La pop, dans son plus simple appareil, fille de country, fille de la soul. Intemporelle. Bon, tu le jauges, le minet. De la tête au pied. Toute cette honnêteté, ce sourire, cette foutue sincérité, à notre époque, merde, ça cache un truc. Ces petites chansons, qui démarrent l’air de rien, et gagnent en puissance sans que t’aies rien vu, sans avoir capté la formule, ça peut pas être juste ça, si ? Tu fais quoi, de cette production discrète, pourtant emmenée par Inflo, plus habitué aux platines hip-hop, de cette écriture simple, de ces paroles évidentes pour un gamin de 23 ans ? Tu te laisses charmer ou tu le prends par le fond du pantalon et le fout dehors ? Et bien je vais te dire, ce que tu fais : le mec, tu lui refiles ta fille sans hésiter et, sur le pas de la porte, tu mets la main au portefeuille avant de les laisser partir dans ta bagnole avec un clin d’œil. C’est lorsque la voiture s’est fait toute petite derrière l’horizon, que son charme se dissipe, que sa voix n’est plus qu’un lointain souvenir, que tu te demandes ce qui t’as pris. (ab)
.Klein ‘Bengal Sparks’ Creative Eclipse
Une bonne bio est complète : on apprend donc ici que .Klein – oui le point fait toute l’originalité – a ouvert pour des groupes comme Kashmir ou Polarkreis 18, probablement des vedettes intersidérales dans le Berlin sous-terrain. Une bonne bio exagère le produit : on nous vend donc ici un nième partisan du crossover, entre shoegaze, exotica, hip hop, indietronic, cineastic pop. Et s’il y a bien un peu de tout, il y a surtout tout et n’importe quoi. On s’ennuie d’un bout à l’autre de ce disque, de sa ballade coutrysante au banjo à ses bleeps remixés sans relief. C’est un bel album pour aller se suicider en Hesbaye, un jour de novembre cafardeux, dans un morne openfield. (lg)
Lady Linn ‘Keep It A Secret’ Caroline
Après deux albums enregistrés en compagnie du Français Renaud Letang (Feist, Jane Birkin), Lady Linn revient au pays de la frite pour emballer son quatrième album aux côtés des Das Pop Niek Meul et Reinhard Vanbergen. Enregistré à Bruxelles, dans l’antre du studio ICP, ‘Keep It A Secret’ maintient la pression et garde le cap sur des chansons imbibées de soul, de pop, de funk et autres dérivés cool jazz. Entourée de ses Magnificent Seven – des musiciens aperçus chez STUFF., Arno, Black Flower ou Trixie Withley –, Lady Linn épouse une voix de diva qui en impose. Quelque part entre Adele et Joss Stone – pour autant que ça plaise –, la Gantoise tire de gros morceaux de
Radiohead ‘A Moon Shaped Pool’ En pleine hystérie et unanimité collectives, que dire qui n’aurait pas déjà été dit, lu, vu, entendu ou écrit au sujet de cette neuvième Sonate au Clair de Lune de la bande à Thom Yorke ? Grisé par son propre talent, pris dans l’étau du toujours différent, toujours nouveau et toujours plus radical, étouffé par une pression qu’il s’auto-infligeait, le quintette d’Oxford avait ces dernières années confondu audace et vanité. Et il n’avait eu d’autre choix que de privilégier l’apnée à l’apesanteur pour échapper aux attentes et aux sirènes du marché. Rien d’étonnant donc à ce que la formation tente de redécouvrir les vertus de la respiration en redonnant une place prépondérante à une matière acoustique devant ré-oxygéner son inspiration. Objectif atteint grâce surtout à l’omniprésence des cordes, arrangées par Jonny Greenwood et interprétées par le London Contemporary Orchestra, qui confèrent une amplitude et une envergure démente à ces onze morceaux oscillant entre sensualité mélancolique, caresses suaves et tension dramatique. Maîtrisant comme personne et comme jamais l’art de la rupture et du dévissage calculé, Radiohead délaisse le perfectionnisme névrotique sans renoncer à l’audace. Entre le laconisme hypnotique de ‘Decks Dark’, la profondeur ouatée de ‘Glass Eyes’ ou les cœurs féminins élégiaques d’’Identikit’, le disque gagne ainsi en profondeur subtile et acoustique ce qu’il a perdu en immédiateté et en lyrisme électrique. Au final, cet album qui s’adresse davantage au cœur qu’au cerveau concilie une nouvelle fois agilité commerciale et une certaine forme d’intégrité artistique. Il possède en tout cas toutes les vertus nécessaires, esthétiques et consensuelles susceptibles de conforter la place de Radiohead sur son trône. (gle)
The Low Anthem dont le dernier album (‘Smart Flesh’) remonte tout de même à 2011. Au siècle du téléchargement compulsif, ça représente un bon paquet d’années compressées. Presque un méga de décennies zippy. Quoi qu’il en soit, The Low Anthem est toujours là. Guidé par la voix de Ben Knox Miller, le groupe se faufile dans les interstices du rock américain et danse avec les fantômes de la country. En équilibre fragile sur une corde tendue entre passé désapprouvé et futur redouté, les onze morceaux enregistrés sur ‘Eyeland’ contournent les poncifs de l’americana en s’offrant des séances de field recordings (‘In Eyeland’), des instants de déviances synthétiques (‘Her Little Cosmos’) et autres embardées électriques (‘Ozzie’) qui, à chaque fois, relancent l’intérêt de l’entreprise orchestrée par cette bande d’utopistes éclairés : des gens persuadés de pouvoir reconstituer un vaste puzzle avec des pièces de Tom Waits, John Lomax, Wilco, James Taylor ou Bob Dylan. Un exercice ambitieux, un peu platonique et vraiment pléthorique. (na)
LXMP ’Zony w Pracy’ Lado ABC
son chapeau (‘We Used To Be’) sans éviter les clichés d’un genre qui mise beaucoup sur la passion et la sensualité. Sur certains morceaux, comme le très académique ‘Slowly’, c’est presque embarrassant... Un disque bien ficelé, mais un peu trop smoothy pour nous. (na)
Marc Lelangue Trio ‘Lost In The Blues’ Donor Productions– Naked/Ber tus
Étape incontournable de la cartographie du blues belge, Marc Lelangue ne s’est jamais senti obligé de se cantonner aux frontières nationales, les franchissant souvent vers le sud, le nord ou l’est. Si l’on connaît le lien privilégié qu’il entretient avec le guitariste Kevin Mulligan, il convient de rappeler qu’il a joué avec un nombre incalculable de musicos contournant allégrement le delta entre blues et jazz. ‘Lost In The Blues’ nous dit tout avant même son écoute. Accompagné par le contrebassiste René Stock et le mandoliniste/guitariste Lazy Horse, Lelangue retourne à son core business, à ce qui a toujours été depuis ses débuts sa marque de fabrique. Du bon vieux blues, du blues intangible. Qu’il reprenne Hudson Whittaker et Brownie McGhee, qu’il réarrange des chansons oubliées de Leroy Carr ou de Robert Hicks ou qu’il signe lui-même ses propres compositions, Lelangue s’avère fidèle à la tradition bleue. La dimension acoustique de ce nouvel album magnifie peut-être plus encore sa faconde, réduisant la distance entre sa voix, ses doigts et notre oreille. (et)
Let’s Eat Granma ‘I, Gemini’ Transgressive
Rosa a 16 ans, Jenny 17. Elles se connaissent depuis leurs quatre ans. Elles ont appris l’art musical ensemble, gratté
des ukulélés et tout ce qui s’en suit. On peut les imaginer, cloîtrées dans leurs chambres d’ados, fantasmer des Fourth World glauquissimes à la Heavenly Creatures de Peter Jackson. Ces mondes, elles les ont peut-être placardés sous leurs lits jusqu’à ce ‘I, Gemini’ qui semble régurgiter les clefs mystérieuses de leur amitié. Sous des traits légers de pop féminine classieuse, ‘I, Gemini’ cache un univers bricolo-goth complètement barré qui invite aux visions malsaines. ‘Deep Six Textbook’ ouvre les hostilités sur un slow glacial, doux et froid, dont les voix s’échappent en catimini pour flirter avec Amber de Dirty Projectors. Puis ça se gâte méchamment. Quand les deux couleuvres travaillent leur jardin secret aux fleurs fanées, hanté par les fantômes siamois de Cocorosie et MIA, voire Kuupuu et Winter Family sur ‘Rapunzel’ et ‘Sleep Song’, on commence à surveiller nos arrières. Le coup de maillet n’est pas loin. Les gnomes tueurs de Chromosome 3 patientent sournoisement derrière la porte. Mi-comptines, mi-incantations malsaines, les mélopées s’égarent toutes dans des soleils noirs d’une parhélie psyché digne des souvenirs les plus traumatisants de notre tendre enfance. En milieu de parcours, la couche-culotte est pleine. Et Let’s Eat Granma de nous cracher ‘Uke 6 Textbook’ à la gueule, où les ukulélés de Cocoon, tout droit venus des enfers, nous assènent un dernier coup de poignard dans le dos. (am)
The Low Anthem ‘Eyeland’ Washington Square/News
Honnêtement, on ne s’attendait pas à retrouver la formation de Rhode Island. C’est qu’on avait quasiment oublié
Un gros bordel. Un hommage à plein de bidules. Des synthés en mode east meets west. Le Korg vs le Moog. Des épouses au travail (traduction française du titre polonais) aux utopies des seventies. Le fruit de deux cerveaux atteints, ils ont dû siphonner du sucre en poudre en écoutant Klaus Schulze et toute la clique space kraut, les gaillards Piotr Zabrodzki et Macio Moretti. L’un plus aux claviers, l’autre davantage aux percus. On sent leur goût des vieilles machines qui foutent le souk. C’est Johann Johansson et toute sa bande d’Evil Madness / Apparat Organ Quartet qui font le voyage au Brésil. Des palmiers en plastoc, des culs qui ont dû être petits se trémoussent, les pantins se désarticulent, les articulations en caoutchouc. La fête au village cosmique, secouez-les, secouez-moi. Le stock d’Orangina est en rupture, le Mojito un truc exotique que personne n’a jamais goûté. Ta télé n’a pas encore de télécommande, tu regardes les infos sur Antenne 2, tiens v’là Christine Ockrent, jeune et fringante. Retrofuturism at its best, poilade garantie sans prétention. (fv)
Lyenn ‘Slow Healer’ Near Gale Records/V2
À Langanesbyggð ou Ólafsfjörður, cela fait quelques jours que tu te languis de l’hiver sans fin, ta moelle épinière épousant la porte et le danger tapi derrière, entre ses gonds qui menacent à chaque instant de céder et les tiens qui grincent sous l’archet de Gyda Valtisdottir (Mùm). En hypnotiseur quiet, tu tentes par tes murmures, par les effleurements de balai de Julian Sartorius, d’apaiser les mânes qui ont déposé leurs spectrales malles, translucides mais chargées, à tes pieds. De leur indiquer la tranquillisante voie de sortie possible des âmes en perdition. Tu calibres ton souffle et tes incantations douces sur le vent qui
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spirale et halète, au-dehors, et fait voleter cette poudre scintillante et impalpable qui absorbe jusqu’au contour des arbres millénaires. En toi sont enfouis tous les émois du givre, la fatalité des aurores boréales et tes visions te portent bien au-delà des fjords. Il y a quelques instants encore, tes joues rosissaient encore sous l’ardeur des brandons, mais à mesure que tu retrousses tes manches par-dessus le poignet, ta peau s’altère. Tu t’es toi aussi fait sublime spectre. « Darkness will rise ». (alr)
Ziggy Marley ‘Ziggy Marley’ Tuff Gong/V2
En quatre ans de chroniques reggae, à mon corps défendant, je peux le proclamer : Ziggy vient de me fournir un seuil critique, un nouveau degré d’échelle de Bristol sous lequel il serait héroïque de passer sans jeter ses chaussures. Prétendant avoir tout appris de son album précédent, ‘Fly Rasta’, déjà critiqué dans ces pages avec mention « peut mieux faire », le niais Marley n’en garde que ce qui était raté et jette le reste aux orties. Bravo. Simagrées pour plages de sable fin à réévaluer Jack Johnson, il n’y a rien à sauver de cette pantalonnade béate. Dans la famille Marley, je défausse le Fils Indigne. (ab)
Matthew And The Atlas ‘Temple’ Communion Records
Sous ses faux airs de Bon Iver d’OutreManche, Matthew Hegarty ne tente de gruger personne : il fait bien du Bon Iver. L’image d’artisan ascétique en moins. In real life, l’homme serait pourtant jardinier-paysagiste. Mais son jardin secret, c’est sous le chapeau de paille de Matthew And The Atlas qu’il le cultive. Sur ce deuxième essai, l’anglais mélange des massifs organiques avec des reliefs électroniques pour élaborer avec soin des paysages sonores où la sophistication est camouflée au profit d’une impression de facilité jamais démentie. Une façon de s’affranchir de la niche « folk moderne bidouillé » encombrée par bien des bûcherons. D’emblée, ‘Temple’ aère les volumes et la perspective tout en témoignant de l’évolution d’un artiste qui a fourbi ses premiers sécateurs en première partie des Mumford & Sons. Lassé du classicisme pastoral et de l’odeur du feu de camp, on est alors rapidement saisi par l’évidence de ces compositions utilisant avec parcimonie ces étranges objets d’un autre temps que sont le banjo ou la guitare intriqués dans cet élégant assemblage de sons synthétiques et organiques. Jamais vraiment imprévisibles, les mélodies ont la séduction lente mais incontestable, portées par une voix soul/rauque qui se plie à toutes les inflexions. Et même si ‘Temple’ est l’œuvre d’un artiste encore un peu vert, il s’avère un disque intéressant de bout en bout. (gle)
M. Craft ‘Blood Moon’ Heavenly/Pias
Besoin de souffler ? De s’exfiltrer du chaos urbain ? D’un quotidien méca-
Mohawk Alexis Taylor
‘/a.la.li/’
‘Piano’
30HD records
Moshi Moshi Records/Pias
Le meilleur morceau est le dernier. Et courage pour y arriver. Le mieux est encore d’aller direct zieuter le clip : ‘Birth Error’, accent franchouillard et images dénonciatrices de la maltraitance animale ; « Pendant des décennies, la majorité des animaux ont été exploités et considérés comme des marchandises par les politiciens et les multinationales…Nous voulons que ces images soient un élan d’espoir pour qu’animaux et humains vivent tous ensemble, en harmonie ». 1500 vues en deux mois, bisous, bisous. Sinon, c’est du punk folk de Brest, avec plein de banjo-tata et quelques cuivres-yoyo, qui, très rarement donc, parvient à faire penser aux meilleurs morceaux folkloriques de quelques Écossais de renom (King Creosote, Broken Records…). (lg)
Le nouvel album solo d’Alexis Taylor s’appelle ‘Piano’ et, franchement, c’est un bon titre. Il dit tout. D’une voix fragile, ultra sensible, le chanteur de Hot Chip flirte avec un demi-queue, dans le plus simple appareil. Sans arc-en-ciel électronique ni refrain en technicolor. En lévitation sur un cumulus de mélancolie moelleuse, l’artiste blottit ses mots soyeux entre des touches noires et blanches. Ici, aucune extravagance. L’ambiance n’est pas à la fête. Plutôt au recueillement, à la réflexion. Les thèmes abordés sont personnels (‘I Never Lock That Door’, ‘I’m Ready’), rassurants (‘Don’t Worry’, ‘Repair Man’) et solennels. Inspirée par un disque solitaire d’Alex Chilton (Big Star), l’entreprise d’Alexis Taylor est une réussite : elle vise le cœur et concentre les émotions au centre des chansons. Emballée sous une pochette au kitsch totalement assumé, voire proclamé (déjà une des plus moches de l’année), l’œuvre pianotée par Alexis Taylor adoucit les mœurs et apaise l’esprit. En période de chaos, ça peut vous sauver une journée. Et plus encore. (na)
nisé à l’extrême ? Récemment, le globe-trotter Martin Craft s’est senti débordé par le monde. Trop de bruit, trop de gens. Trop de tout. Pour échapper à l’agitation, le musicien s’est réfugié dans une cabane, seul, dans le désert de Mojave. Confronté à l’immensité de la nature, au calme apparent du règne sauvage, l’homme a posé les doigts sur un piano, imaginant des mélodies hantées par le souffle du vent, le cri d’une chouette dans la nuit, les battements d’aile d’un corbeau à l’aube. Contemplatives, étirées et éthérés, les chansons caressent le spleen dans le sens de la déprime et soulèvent des petites réflexions existentialistes (‘Me Adn my Shadow’) dont les mérites reviennent habituellement à Sufjan Stevens. Du côté des arrangements, l’album ‘Blood Moon’ fait dans la broderie, la dentelle, la lingerie fine. Proche des préceptes néo-classiques développés par les ambassadeurs de l’enseigne Erased Tapes (Nils Frahm, Michael Price, Dawn of Midi), mister Craft dépose sa mélancolie dans un écrin orchestré avec sérénité. Un havre de paix. (na)
Mendrugo ‘More Amor’ Fire Records
Découverte à travers une ‘Estrella Fugaz’ sur l’inspirante compilation ‘Your Victorian Breasts’ (Three:Four Records) glanée par Maxime Guitton – et où s’alignaient, entre autres Sugus inédits, des morceaux de Supreme Dicks, Eric Chenaux, Arlt ou une reprise singulière de Daniel Johnston par Circuit des Yeux – cette frétillante association de bienfaiteurs nous délivre ici ce qui pourrait être une version pour flûtiaux et alpages andins du fougueusement fol ‘Los Tres Caballeros’. Pour cette fantaisie sacrément perchée façon ‘Village Dans les Nuages’, Josephine Foster et les Herrero Brothers (Victor et José Luis) rivalisent de pitreries vocales et d’embardées mélodiques dans un décor peint aux doigts. De quoi nous donner la réjouissante intuition qu’on
assiste depuis les coulisses à la lubie primesautière d’un Cousin Machin tropicalía qui convierait à son bal folk aux lumignons tant les bergers du cru et les enfants-rois que la tribu d’Os Mutantes. De leur quignon – « mendrugo » – de pain jamais sec, goût de la traverse aidant, nous ferons sans doute notre beurre.(alr)
Miossec ‘Mammifères’ Sony
Ressort comique éprouvé, la chute de nos contemporains déclenche la propagation d’une onde depuis les muscles du visage jusqu’aux sphincters. Or si notre cœur s’est mis à battre plus vite lors de la première écoute de ‘Mammifères’, ce n’était pas pour se gausser. Ça ne fait pas plaisir quand un ami se prend une gamelle. Et parce qu’on a bu, baisé, grandi avec ses disques, on s’est souvent senti proche de Miossec. Si l’histoire semble retenir l’émergence d’une nouvelle chanson française empreinte de naïveté, on trouvait au contraire au Brestois le goût d’une frontalité crâneuse, pour la fronde, hérité de la bourlingue de la pige, celle qui fait (presque) bouffer son homme : dans la pub, dans la presse, chez Bouygues/Le Lay, Christophe avait tout pigé. Il était prêt à ruer. D’autres brancards sont passés, et Christophe pigea encore, chez les alités comme chez les Hallyday. On s’en fichait, tant que ‘Les chansons ordinaires’ (2011) délivraient ‘Ici-bas, icimême’ (2014) de nouvelles occasions de chantonner avec lui, sans prévenir. Un chanteur, où il va quand il ne chante plus ? Alors Miossec chante : « On y va,... on va quand même tenter le coup, on va quand même tenter l’exploit. (...) quitte à s’en mordre les doigts. » Aujourd’hui, tenu à distance par une farandole d’arrangements d’une laideur repoussante (cordes et accordéon à la truelle), il faut jouer de la zappette pour oublier que ‘la nuit est bleue’ et qu’ « alouette, alouette, je te plumerai la tête ». Christophe, tu fais chier, c’est pas cool de tirer sur les ambulances. Et sinon, le prochain album, ça avance, t’as kek’ chose ? Reviens-nous vite. (fd)
Moonface And Siinai ‘My Best Human Face’ Jagjaguwar
Alors que les fans ultra jouent à sautemouton depuis l’annonce du passage de Wolf Parade à une poignée de festivals cet été (au Best Kept Secret, entre autres), l’homme aux mille projets Spencer Krug, moitié des Wolf et géniteur de Moonface en solo, par ailleurs, sort un petit disque en compagnie de Siinai, un groupe de kraut finlandais. Un peu comme on enverrait une carte postale à un vieil ami. Et on est toujours touché en plein cœur par ce genre de petites attentions. Sans être la débauche du siècle, ‘My Best Human Face’ est ce genre de bon petit disque qui coule comme un muscadet à l’heure de l’apéro. On ne le sent pas passer et on est tout pompette la demi-heure qui suit. Chaque titre prend son temps, fleure bon le plaisir de créer ensemble, les riffs généreux s’enchaînent avec quelques hauts-faits notables, telle la locomotive jubilatoire d’’Ugly Flower Pretty Vase’, mi-épique mi-nostalgique, qui incite à la danse en pyjama du dimanche matin. Spencer, plus romantique que jamais, marque chaque titre au fer blanc de son inimitable tremolo. L’attente du prochain Wolf Parade se fera moins longue ! (am)
The Mystery Lights ‘The Mystery Lights’ Wick
Encore du brol dans le Garage ! Te justifier le foutoir ? Le boucan ? Les canettes et l’odeur du shit ? Ouais, un groupe de plus à pratiquer le fuzz ? Et quoi ? Qu’est-ce que j’en sais, moi, s’ils vont rester, laisser leur marque, si quelqu’un en parlera demain ? Les mecs, ils sont venus, ils ont posé leurs trucs, un micro pourri, t’entends comme si tout était à trois mètres, on dirait qu’ils jouent dans une boîte-aux-lettres, et t’écoutes jusqu’au bout, les cordes qui résonnent, les riffs qui grincent et saturent, des chœurs plus rapeux que Thee Oh Sees, la précision en plus, la
GLINTS
cavalcade psycho-billy qui bave d’une piste à l’autre, merci King Gizzard, et des chansons, ouais des vraies, même des ballades punk comme on n’entend pas assez, ‘Without Me’, abrasive, pleine de sciure, putain c’est bon, l’authenticité garage de Mystery Lights explose ici, dans l’apaisement, ça rappelle les tous premiers Alice Cooper, auquel tu penses très fort avec ’21 & Counting’, réponse d’aujourd’hui à ‘Eighteen’, et je sais y a rien qui ressemble plus au garage qu’un autre groupe garage, et ouais les formules ça va un moment, mais voilà Mystery Lights les formules ils s’en foutent, le garage ça leur suinte des entrailles, faut même pas qu’ils forcent. Merde, faut surtout pas qu’ils forcent ! (ab)
MZ ‘La Dictature’ Sony
Lorsqu’on tapote le nom d’un disque dans Google, on le sait, plus les occurrences pour le télécharger en stoemelings sont nombreuses, plus il faut s’attendre à une collection atomique de merdes à porter. Et là, ça rhabille grave. L’affaire commence donc par un titre où une salope quelconque mouille tellement qu’il a fallu sortir la serpillère (sic). D’autant plus grave que c’est la meilleure défécation du lot. Pour le reste, ces trois types – Jok’air, Dehmo et Hache-P – ramènent un rap autotuné à outrance et sortent de leurs belles voix métalliques les quelques injures contractuellement liées au genre (putes, salopes enzovoort). Pour analphabètes only. (lg)
Old Mountain Station ‘Shapes’ We are unique Records
A la sortie du premier album – éponyme – de ce combo français il y a trois ans, la presse hexagonale s’était enthousiasmée, les comparaisons avec Weezer et Pavement fusant de toutes parts. Les Inrocks y voyaient le come-back du rock slacker des 90’s prenant ses aises à Paris et le retour des chemises à carreaux. ‘Shapes’ est le second album du groupe. Le premier bénéficiait de la production clairvoyante de Kid Loco (fondateur il y a bien longtemps du célèbre label Bondage Records), celui-ci profite de son mixage avisé. Une dizaine de chansons où la voix doucement chavirée de Thomas Richet prédomine sans dominer, sans jamais vouloir s’imposer, où les guitares bataillent sans combattre. Des compositions à la fois alertes et fières d’exhiber leur nonchalance américaine. On pense à Grandaddy et à Weezer bien sûr mais avec cette indéniable french touch naïve en sus. (et)
Christine Ott
ce s’expriment. Les étoiles de sa galaxie scintillent, elles ont pour nom Yann Tiersen, guère étonnant que les deux ont déjà collaboré, ça ressort de tous les pores de ‘Szczecin’, et aussi Gavin Bryars - là où le violoncelle se mue en verre à soie. Sa romance est tissée d’ondes qui emmènent la Chine dans une conquête stellaire projetée sur Apollo 9 (‘Sexy Moon’). Tiens, la bio renseigne des moments passés aux côtés de nos compatriotes de DAAU, ça tombe pile poil dans l’intro de ‘Raintrain’, avant que les arpèges de Christine ne reprennent le dessus. Ah tiens, une contrebassiste s’offre en contrepoint, bienvenue l’ouverture vers le jazz. Cinquième étape, les tournoiements pianistiques ne surprennent plus, ça demeure très joli, sans doute un poil trop romantique, ça lasse. Mais tonton Satie veille au grain, une part de mystère adagio embaume les corps, avant que tout s’accélère (‘Danse Avec La Neige’). Arrive le morceau de bravoure, un virage cosmique de neuf minutes, sensuel et pas bavard, on prend, on ne lâche plus (‘Tempête’). Fermer les yeux, ouvrir les pavillons et lâcher prise, la sainte trinité. (fv)
Ozmotic
03.06 21.07 23.07 14.08
MARISSA NADLER
04.06 Cactus Club - Bruges
MARCO Z
05.06 Amuse - Hasselt
04/0
Les Panties
Gizeh Records
‘Cold Science’
Quelques secondes, l’éternité. Une intro où une soprano lyrique s’envole, suivie d’une superbe déclinaison néoclassique au piano (et aux Ondes Martenot), Christine Ott est dans la place. Mystérieuse et secrète. A l’image de l’opéra dont est tiré l’enregistrement des débuts. Puis, les talents de compositri-
Les Disques du Crépuscule
En relançant il y a quelques années Les Disques du Crépuscule, James Nice n’entendait pas seulement ressusciter un catalogue précieux qui avait fini par s’oublier et être oublié. Il comptait bien rester à l’affût de nouveaux pou-
+
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6 09/0
07.06 AB - Bruxelles 08.06 AB - Bruxelles
ELEFANT
09.06 Charlatan - Gand
SHEARWATER + CROSS RECORD
11.06 Bourla - Anvers
CA RADI
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16.06 Botanique - Bruxelles
OAKTREE
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11/0
6 16/0
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S IANT ÉTUD 18 ANS E & -D
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Atelier 210 - Bruxelles Paradise City - Steenokkerzeel Beam - Sint-Niklaas Gent Jazz - Gand Booty Rave - Kasterlee
17.06 Café Café - Hasselt 29.07 M-idzomer - Louvain
RAVEYARDS
17.06 Vk* - Bruxelles
WEAVES
17.06 Trix - Anvers
CAR SEAT HEADREST
19.06 Trix - Anvers
PARQUET COURTS
21.06 Trix - Anvers
WOODS
23.06 DOK - Gand
TERAKAFT
24.06 Het Bos - Anvers 25.06 Grensrock - Menen
STADT
25.06 Grensrock - Menen 22.07 Borgerwood - Borgerhout
N STOW E N O NJ BRIA CRE E H T A 6 25/0 MASS 20/0
16.06 25.06 26.06 09.07 03.09
TAXIWARS
CVRD
+ R OUDS US VECTO L C C 6 MAR 10/0 NE & U D IC e + ER toph s i r 6 ch
Folk Wisdom
’Only Silence Remains’
EXPLOSIONS IN THE SKY
2 IRE # N W E IO 6 TH NECT N O C 03/0 SS ’N’BA M U R D EE AL L KERS R E N C 6 GE L SU
’Liquid Times’ Pas la peine de remonter bien loin pour trouver la première trace discographique. C’était l’an dernier, ça se nommait ‘AirEffect’ et, notamment grâce à l’apport du magicien Christian Fennesz, c’était un sacré coup de bambou sur la planète electronica. De retour aux manettes, le duo Ozmotic poursuit sa collaboration avec le génial Autrichien, à temps partiel sur deux morceaux (‘Remembrance’ et ‘Diaspora’). Sans surprise, ce sont les deux points forts de l’album. Pour le reste, nous avouerons une certaine déception. Entre autres sur les deux premiers épisodes ‘Storming’ et ‘Liquid Times’, d’une ambient paresseuse posée sur des rythmes pulsés sans grâce. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si au-delà de la paire de tracks visitées avec Mr. F., les seuls autres intérêts résident en les remixes de ‘Rhyzome’ (par Senking) et de ‘Sliced Reality’ (sous les doigts de Frank Bretschneider). Vous avez le bonjour de la maison Raster-Noton, tiens. (fv)
Volta @ Beursschouwburg - Bruxelles Boomtown - Gand Borgerwood - Borgerhout Melkrock - Tielt
SX
03.07 Rock Werchter - Werchter 10.07 Cactusfestival - Bruges
RAKETKANON + STEAK NUMBER EIGHT
05.07 Rivierenhof - Anvers
KURT VILE & THE VIOLATORS
09.07 Les Ardentes - Liège 10.07 Cactusfestival - Bruges
GOAT
09.07 Les Ardentes - Liège 10.07 Cactusfestival - Bruges
JOSE GONZALEZ
10.07 Les Ardentes - Liège
KAPITAN KORSAKOV
15.07 Rock Herk - Herk-de-Stad
PEACHES
15.07 Dour Festival - Dour
DOPE D.O.D.
16.07 Dour Festival - Dour
THE NOTWIST
16.07 Rock Herk - Herk-de-Stad
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT
19.07 Boomtown - Gand 13.08 Yellowstock - Geel
DIJF SANDERS
20.07 Boomtown - Gand 26.08 Vrijstraat O - Ostende more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gent - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 info@toutpartout.be www.toutpartout.be
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lains susceptibles de perpétrer le nom et le style du label emblématique. Après Marsheaux, Les Panties semblent être un roster indiqué pour raviver la flamme. Le disque s’ouvre sur ‘Velvet’, une ode mancunienne flanquée d’une basse hookienne et une rythmique morisienne. Très vite, on perçoit que les eighties ne sont pas seulement ici une source d’influence mais une période de référence obligée. Le reste est à l’avenant. Le chant de Sophie Frison s’abîme sur les terrains de Siouxie et d’Anne Clark. Cette post cold wave a quelque chose d’anachronique pour ne pas dire d’antidaté. Réduire le disque à cette impression serait toutefois injuste, il part parfois dans d’autres directions bien plus lumineuses comme sur le très beau ‘L’Arrivée V2’. ‘Cold Science’ regroupe les singles et ep’s réalisés jusqu’alors par ce combo bruxellois sur son label Fantomes. Il entrouvre une porte d’entrée sur une musique habilement rehaussée par l’appui de producteurs de talent tel Ian Caple (Tindersticks), notre Gilles Martin national et Mark Plati (The Cure, Bowie). (et)
Peter Bjorn and John ‘Breakin’ Point’ Ingrid/Kobalt/V2
Comme tout le monde, il nous arrive parfois de siffler sous la douche. Pour célébrer le début d’une bonne journée ou la fin d’une mauvaise gueule de bois. Quoi qu’il en soit, la mélodie du tube ‘Young Folks’ reste, aujourd’hui encore, accrochée dans un coin de notre cervelet. C’est un air joyeux, un remède à la morosité : un tube extra-large signé par trois Suédois ultra inspirés. À un moment dans l’histoire, on a accueilli Peter Moren, Bjorn Yttling et John Eriksson en sauveurs potentiels d’une formule pop éculée à souhait. C’était quand ? Il y a dix ans. Exactement. A l’époque, les garçons s’en tenaient à leurs prénoms et sortaient ‘Writer’s Block’, disque quasi parfait qui voyait les vagues de la pop sunshine retomber sur des plages de mélancolie new-wave. Dix ans plus tard, Avicii, Robyn et Swedish House Mafia sont passés par là, métamorphosant à l’extrême les envies de nos petits camarades scandinaves. Septième album d’une discographie en décrépitude prolongée, ‘Breakin’ Point’ accumule les fibres synthétiques – façon T-shirt Primark – et singe maladroitement les mimiques d’un passé fantasmé. ‘Love Is What You Want’, par exemple, ressemble à un mauvais remake des Pet Shop Boys. Un truc qui sent le silicone et le faux queer. Parfois, on a même l’impression d’assister à un karaoké où trois employés de banque déchirés à l’aquavit beuglent un tube d’Abba qui n’existe pas. Album de fin du monde, ‘Breakin’Point’ marque un point de rupture, voire de non-retour. La fin d’une histoire d’amour. (na)
Pita ’Get In’ Editions Mego
C’était avant le nouveau millénaire, en 1999. Peter Rehberg, sous alias Pita, proposait son deuxième album ‘Get
airs d’opéra minimaliste post-contemporain dans laquelle Steve Reich rencontrerait Oval. (et)
Throws ‘Throws’ Full Time Hobby/Konkurrent
En glissant l’album de Throws sur la platine, on a directement éprouvé un sentiment familier. Comme si on venait de retrouver un ami d’enfance au milieu d’une foule dense et compacte. Parfois, le son d’une voix suffit à faire remonter les souvenirs, à mettre un visage, poser un nom, sur quelques inflexions. Ce premier album de Throws, c’est donc l’historie de retrouvailles. Mike Lindsay (Cheeck Mountain Thief) et Sam Genders (Diagrams) se sont inventés un futur sans renier les splendeurs d’un passé partagé sous les couleurs d’une équipe d’exception : Tunng. Replié depuis un moment dans la banlieue de Sheffield, Sam Genders a récemment décidé de rendre visite à son ami, en Islande. Là-bas, sous les aurores boréales, les deux hommes ont refait le monde, évoqué leurs problèmes d’adulte, leurs souvenirs d’enfance. Ils ont bu, dansé, pris du bon temps pour, finalement, se retrouver en musique. Au cœur de la pop. Là où tout a commencé. Album parfaitement dosé, ‘Throws’ enferme dix morceaux rêveurs et mélancoliques, des harmonies riches et variées qui, à l’instinct, se retrouvent à la croisée des chemins, entre substrats électroniques et surfaces organiques. Avec ses mélodies psychés et ses petits couplets sophistiqués, Throws tient un disque à ranger à quelques centimètres des albums de Grizzly Bear, The Beta Band ou The Flaming Lips. (na)
Out’, sur un mode expressif qu’on lui a peu connu par la suite. Dix-sept plus tard, le boss des Editions Mego dévoile ‘Get In’, au-delà de la simple inversion toponymique, son pendant impressionniste. Et chez Rehberg comme chez tous les mortels, le temps et les rencontres ont fait leur œuvre. Notamment celles avec Stephen O’Malley, avec qui il forme le prolifique duo KTL, et avec Z’ev, dont la discrétion rythmique trouve ici un pendant saccadé. Les amateurs de monotonie en seront aussi pour leurs frais. Brume légère échappée des cieux (‘Fvo’), orage électronique sur fond de guerre robotique (‘20150209 I’) ou pulsation larvée aux marges d’une cité aux cloches qui sonnent (‘Aahn’), tout concourt à emporter l’auditeur à un parcours en montagnes russes. Ou pour faire aux sentiments, à passer de la fragilité apaisante (‘Line Angel’) à une douceur aux franges de la synth pop (‘S200729’), en passant par un fracas bruitiste effrayant (‘9U2016’), prélude à un final entre peur mélancolique et renoncement à l’optimisme (‘Mfbk’). (fv)
The Posies ‘Solid States’ Lojinx/Ber tus
On vous ferait bien le coup de ‘Minus et Cortex’ mais, entre quelques belles années à épauler Alex Chilton (Big Star) puis à le célébrer, et pour Ken Stringfellow un tribute à Elliott Smith (The Color Bars Experience, avec Jason Lytle, Troy Van Balthazar et des musiciens classiques) et du service pour REM, l’être bicéphale qu’est The Posies a-t-il jamais eu la niaque d’acquérir une visibilité autre que celle d’un sidekick – voire d’un épigone? Reconnaissons qu’afficher au mitan des 80’s son flanc fleur bleue dans une ville où tout le monde voulait garder les orteils crades tenait d’une certaine résolution. Que reste-t-il aujourd’hui de la fraîcheur mélancolique de ‘Failure’ ou du glaçage powerpop attachant de ‘Solar Sister’? Après une année grevée de deuils, The Posies a accouché d’un son dopé aux claviers qui nous entraîne encore dans
quelques ‘Unlikely Places’ mais ne ferait pas sombrer le ‘Titanic’, même avec une quantité massive de chœurs juvéniles. Comme le combat inégal d’un écureuil mignon mais parfois suranné qui cherche à battre des cils contre le sournois serpent de la modernité… (alr)
Mark Pritchard ‘Under The Sun’ Warp/V2
Qui aurait pu penser que ce dj anglais établi en Australie, officiant dès les années 90 sous le nom rébarbatif d’Harmonic 313, deviendrait un jour une des signatures les plus prometteuses, les plus ambitieuses du label Warp ? Mark Pritchard aura bataillé dur pour arriver là où il est aujourd’hui. Après avoir initié ses premiers pas avec Tom Middleton au sein de Global Communication et régalé avec African Hitech en duo avec Steve Spacek, Pritchard a pris le temps de concevoir des disques sous son propre nom et de laisser parler ses émotions. Si on se perd un peu dans les méandres de sa discographie marquée du sceau de ses alias, ‘Under The Sun’ est son premier album – après une poignée d’ep’s – pour Warp sous son patronyme civil. C’est un morceau titré sous forme d’une ‘ ?’ qui l’ouvre, comme pour laisser libre cours aux questionnements qui surgissent après quelques minutes. Avec cette interrogation majeure : comment fait-il pour réunir sur une même palette autant d’atmosphères variées ? Plus loin, le très sobre et sombre ‘Beautiful People’ voit Tom Yorke lui tenir compagnie tandis que la chanteuse folk Linda Perhacs lui prête sa voix sur l’éthéré ‘You Wash My Soul’. ‘Sad Alron’ est un autre moment fort du disque pour ses sonorités percluses et recluses. Suivent quelques interludes et de très bons titres dont l’immaculé ‘Ems’. En clôture, le titre éponyme s’incarne dans une composition spectrale puissante aux
Gemma Ray ‘The Exodus Suite’ Bronze Rat
Malgré la libido encore alerte, il faut bien avouer qu’on ne se retourne plus sur toutes les Anglaises torcheuses de folk psychédélique. Or celle-ci, qu’on n’a jamais vraiment pris la peine d’écouter donc, en est déjà à sa six ou septième référence discographique depuis 2008, l’année où je commençais à collaborer à ce magazine. A la retraite, on approfondira ce qu’elle a fait d’autre et on découvrira peut-être, stupéfaits, des trucs du niveau de ‘The Original One’, belle opacité bourrée de chœurs, ‘We Are All Wandering’ qu’on pourrait rapprocher de Julia Holter, ou l’impeccable ‘Hail Animal’. Tout ne vole pas aussi haut, bien sûr, mais attention, certains ont entendu sur le premier single quelques détours afro-beat dans une échappée krautrock éthiopique. Si cela ne suffit pas… (lg)
Samaris ‘Black Lights’ One Lit tle Indian Records/Konkurrent
Serait-il si complexe de laisser une impression singulière et durable quand on vient de Björkland ? Il y a trois ans, pour leur premier album éponyme du trio de lutins, on vous avait conté une ancestrale fable islandaise de notre cru. Brossé un tableau idyllique à la Quézac. Usé de botanique précieuse. C’est ce qu’appelait, possiblement, ce juvénile timbre qui transplantait en terres glacées des vocables énigmatiques et cohorte de mouchetures electronica fines. Aujourd’hui, on n’extirpera plus avec application le grimoire du fonds de sa malle : sous un ‘Gradient Sky’, le langage s’est mondialisé, la magie ne dépose plus vraiment à même nos oreilles sa pellicule de glace raffinée. Pire, l’ennui pointe si souvent son museau de phoque sur un horizon à la ligne bien basse qu’on vous conseillera plutôt d’aller traquer le geyser ailleurs. (alr)
Dani Siciliano ’Dani Siciliano’ Circus Company
Une revenante, sortie d’un oubli, balayée par le grand cirque de l’actualité musicale. Dix ans ont passé depuis ‘Slappers’, la matière n’est plus la même, l’intérêt (relatif) demeure. Si dans la première décennie de notre nouveau siècle, la chanteuse américaine inscrivait sa démarche dans une électro pop où la patte de son Matthew Herbert de mari était proéminente, et ça la rapprochait vachement de l’offre du label berlinois Monika Enterprise, le cru 2016 de la Siciliano regarde du côté de Laurie Anderson et de Nicolas Jaar. C’est bien ce qui cloche, cet équilibre instable entre vision du passé et regard vers l’avenir. En recherche de sonorités qui lui seraient propres, la vocaliste new-yorkaise (et basée en Angleterre) ne parvient que rarement à tisser un monde cohérent. Non seulement ses titres n’impriment pas, fau-
Soulmista ‘Silence’ Autoproduction
Ce gaillard est arrivé en demi-finales du concours Du F Dans Le Texte en début d’année. Il y a livré une prestation très éloignée des canons du bling-bling hip-hopeux, tout à fait sobre et mal à l’aise, laissant transparaître – c’était difficile à estimer – ou un stress très mal maîtrisé ou un mal-être bien plus profond. Mais aussi, certainement, quelque chose d’attendrissant. Malgré tout. Une forme d’empathie pour ce bouffeur de pita complexé. Avec ‘Silence’, on comprend mieux. Flow méga lent pas mégalo pour dépeindre une tristesse quotidienne, une ville peut-être peu aimée – il rappe en je mais parle-t-il de lui ? –, un ‘Equilibre’ précaire sur fond d’instrus jazzy pas dégueulasses du tout. L’ensemble manque toutefois d’un ou deux tubes underground à la Veence Hanao – mais que ce type nous manque, bordel – pour vraiment retenir l’attention plus longtemps. Mais des titres comme ‘Juste Un Moment’ ou ‘Rhum Brun’ s’avèrent être de jo-
Various ‘This Is Kologo Power !’ Makkum Records
Gros, gros mois rayon ethnique. Sous-titrée ‘A Bolgatanga Ghana Compilation’, l’affaire rassemble huit petits génies plus ou moins cabossés du kologo – la vie là-bas, tu sais –, opérant dans la foulée du génial et quasiment gourou King Ayisoba. Lequel King aurait un jour déclaré vouloir faire que le monde aime le kologo comme Bob Marley a fait que worldwide on s’entiche du reggae. Qui sait donc si demain, nous n’aurons pas des joueurs de kologo blancs comme tous ces rastas white, aujourd’hui heureusement en voie de disparition. Sinon, aucune mauvaise foi ici : on avait déjà vanté les mérites du King il y a quelques mois, puis de l’un de ses disciples, Ayuune Sule. On les retrouve tous les deux sur cette compile de dingue dont la ligne conductrice édifiée par le boss était simple : no computer beats. Que du real kologo, soit ce rudimentaire petit instrument à cordes (genre banjo sur calebasse et peau de chèvre) qui permet à ses joueurs et à leurs auditeurs d’entrer en transe sur une musique extrêmement répétitive. Tout est excellent mais on retirera quand même du lot le fantastique Prince Buju, candidat sérieux au trône, et le non moins fantastique Atamina. Bonus : le livret précise comment fabriquer un kologo avec les moyens du bord. Toujours utile pour disparaître en pleine brousse. Ciao. (lg)
lis compagnons d’ultra moderne solitude. (lg)
The Temper Trap ‘Thick As Thieves’ Infectious
Je comprends d’où surgit l’impulsion
rock, celle qui a donné naissance aux Stones, à Led Zep. Il y a un lieu en moi, quelque part dans les tripes, où palpite la source du punk. Je crois en l’origine purement biologique de l’électro et de la transe et mon adn peut vibrer en harmonie avec le metal le plus bruitis-
JULIA HOLTER US - JULIANNA BARWICK US EMPRESS OF US - OLGA BELL RU DD DUMBO AU DIIV US
CONCERTS
07.06 07.06 07.06 16.06
te. Mais je ne parviens pas à me figurer l’univers organique des mecs qui pondent ce type de rock, cet héritage de U2, ce prolongement anthémique de Muse, Placebo et Coldplay. Comme une expression détachée du corps. D’où ça sort, d’où ça provient, comment on en est arrivé là ? Une perpendiculaire écartelée entre musique ronflante sur des rails et ces voix performatives lancées au ciel, jamais vécues, toujours projetées ! Inconciliables tangentes ! Cette vague rock figée dans la mélancolie de stade de foot peut avoir son petit effet, je le reconnais. Une horloge cassée donne l’heure juste deux fois par jour. ‘Thick As Thieves’, morceau d’ouverture du troisième Temper Trap, t’attrape par le col et présage d’un power-rock glam épais mais sexy, entre Vast et The Joy Formidable. ‘So Much Sky’ s’ouvre sur un chœur très Belasco – donc efficace – avec suffisamment de bagout pour y croire. On entre alors de plein pied dans l’arenarock, pour ne plus le quitter : plus les compos jouent à l’ascenseur divin, plus l’album s’enfonce, s’enlise, s’englue. A vouloir tutoyer les petits anges dans le ciel, les Australiens de Temper Trap oublient que le rock, le vrai, se vit sur terre, les deux pieds dans la merde. (ab)
09.09.2016 SAM BEAM (OF IRON & WINE) AND JESCA HOOP US 17.06 WHITNEY US - ALDOUS RH GB 15.09 LES NUITS DU SOIR 2016 : KENNEDY’S BRIDGE BE - ULYSSE BE BLONDY BROWNIE BE ALASKA GOLD RUSH BE VICTORIA+JEAN BE PIANO CLUB BE coprod. Le Soir 18.09 YUNA MY 26.09 MYSTERY JETS GB
©Tim Deusen
te à une vision mélodique assurée, mais sa voix n’assure pas toujours les nuances indispensables - elle s’abîme même dans l’aigu; en manque d’oxygène. Le monde est cruel. (fv)
…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA @ WWW.BOTANIQUE.BE | 02 218 37 32
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Tiny Fingers ‘We Are Being Held By The Dispatcher’ ‘Megafauna’ ‘The Fall’ Anova/Pelagic Records
Déferlante ! Trois disques s’échappent d’Israël. Trois disques furieux, habités, frémissant de tourments muets qu’on ne peut que deviner sous l’hourvari des guitares. Figures de proue d’un renouveau psychédélique à Tel Aviv, Tiny Fingers est avant tout une formation post-rock instrumentale capable de déchaîner les êtres et les éléments. Chaque album est une tornade, une avalanche de bombes. Troisième disque du groupe, sorti en 2013, ‘We Are Being Held By The Dispatcher’ est le plus ancien du lot. C’est aussi le plus extra-terrestre, une vraie créature de studio, mêlant math-rock et électronique urbaine. Des buildings énucléés sont figés dans l’éternelle horreur d’une ancienne colère sur ‘Space Slavery’. Dans les cages d’escaliers mortes bougent des masses trapues. Puis la punition arrive. Du ciel, forcément. Toujours du ciel. Méthodique, métallique. Von Himmel Hoch. ‘Megafauna’ suivra un an plus tard, privilégiant des étendues ouvertes, des horizons sans lendemains. Les paysages sont exsangues, barrés de convois tout-terrain qui se mènent une lutte aux enjeux perdus sous les gravats. Ouvertement prog, ‘Megafauna’ perd en modernité et n’évite pas certaines kitscheries d’usage. Qu’importe : il balance le titre ‘Preloader’, Merkava qui écrase tout sur son passage. Fury Road ! Puis vient le dernier-né. ‘The Fall’, prophétique, sous-marin. L’errance post-rock s’assume : on ne se bat plus pour les terres. On les arpente, hagard. On ne reconnaît plus leur relief. Là, l’eau s’est retirée, ailleurs elle a comblé les creux. La violence n’est plus dans les actes. Elle habite l’étendue du travail. Tout recommencer, tout reconstruire ? La brutalité du dilemme est palpable, magnifique. La colère est maîtrisée, tenue en laisse. Elle attend sa cible qui, un jour, viendra. En trois disques-cicatrices, Tiny Fingers canalise l’âme martiale et la retourne contre elle-même. Terrifiant miroir. (ab)
Torn Hawk ’Union And Return’ Mexican Summer
Le passé et le présent. Le souvenir, celui des peintres romantiques allemands Caspar David Friedrich et Karl Friedrich Schinkel, et l’ambition, inscrire leurs toiles dans un canevas musical de notre époque. Telles sont les mamelles de Torn Hawk sur son quatrième album ‘Union And Return’. Pas revanchard, assumant une part d’héritage krautrock à l’évidence sublime, elle est d’abord à chercher du côté de l’immense classique ‘E2-E4’ de Manuel Göttsching, Luke Wyatt (pour les intimes) dévoile un jeu de guitares qui en jette, sans se sen-
Ben Watt ‘Fever Dream’ Unmade Road/Caroline
Comment persuader le lecteur que les louanges qu’il s’apprête à lire ne sont pas de celles qui relèvent de la simple nostalgie ? Que non, décerner à ‘Fever Dream’ le titre envié d’album du mois ne relève pas d’une pathétique impulsion passéiste ? Peut-être en commençant par écouter ce disque par la fin et par cette chanson ‘New Year Of Grace’ qui désamorce tous les procès d’intention. Hantée par la silhouette vocale de cette sirène fantomatique qu’est Marissa Nadler, la chanson clôt de sublime façon un album en clair-obscur qui y va régulièrement de ses fulgurances. Porté par une écriture directe qui écarte autant les faux-semblants que le superflu, éclairé et dynamisé par les cordes omniprésentes de Bernard Butler, ‘Fever Dream’ est peut-être tout simplement le plus beau disque de Ben Watt. Tout au plus pourra-t-on noter au gré de ce nouvel opus de légères dérives ponctuelles vers l’easy-listening ou le classic rock. Plus qu’une forme de maturité, c’est une vraie sagesse que les compositions révèlent ici. Ni auto-apitoiement ni pseudo rédemption, simplement une musique puissante et apaisée. Malgré la nostalgie et les questionnements que l’on sent battre derrière la perfection formelle de l’ensemble. À l’évidence, l’art délicat du songwriting possède ce point commun insoupçonné avec la pratique du cyclisme : il ne s’oublie jamais. (gle)
guilleret, à sombrer bien doux pour faire jaillir quelques ‘Heaven’s Hounds’ synth-cabriolant, scintillant parmi les archanges et elle, elle te fait dégringoler fissa sur l’échelle de ta béatitude, te ramène tout droit à cet ‘Auto Erotic’ fugace dont tu préférais ne rien dévoiler. Qu’à cela ne tienne : toi qui semble un intouchable presque-Gray, tu te mires, tu t’admires, et à mesure que ton apparence un peu lisse se déploie dans le ‘Mirror’, tu reprends quelques secondes la main avant de t’engouffrer une compacte nappe de rosée quasi coite puis une ‘Digital Water’ au vortex turbulent. T’as beau gribouiller un message destiné aux générations futures, tu fais ça sans grande conviction avant que le ‘Calm’ ne revienne. Je crains qu’en ce moment, elle soit indubitablement trop tiède pour moi, la volupté de tes songes, weirdo… (alr)
White Lung ‘Paradise’ Domino/Konkurrent
tir obligé d’affoler la galerie. Homme de goût, et ce n’est rien de l’écrire, il ne se contente heureusement pas d’une énième resucée tournée vers 1984. Tournant le regard vers ses racines contemporaines, elles ont pour nom James Ferraro ou Daniel Lopatin, Hawk ne se laisse toutefois pas dicter la marche à suivre. Si d’évidence, on pourra lui reprocher un maniérisme certain dans son approche, les morceaux étant tous forgés dans le même matériau, ce qui les rend prévisibles à mesure que le disque avance, ses sonorités ont le grand mérite d’être personnelles et identifiables au bout de cinq minutes. Qui plus est, ses compositions sont d’une telle fluidité organique qu’on ne peut que passer un bon moment en leur compagnie. (fv)
Transbluency ‘Transbluency’ Wild Silence
Claire Vailler, fée verte de Midget, a laissé une des lettrines aiguisées de ce qui fut un jour un morceau de Duke Ellington s’enfouir dans les profondeurs insondables d’un vivier. Telle l’huldra, elle a pris possession de l’opulente surface réfléchissante, alignant sur sa rive tremblotante ses décoctions ensorceleuses d’éther en carafes rehaussées de fils d’argent, entremêlant sa respiration avec ceux d’une autre naïade (Half Asleep), pour mieux encapsuler notre cœur et l’ombre entière d’un homme sous cloche. A absorbé quelques mots ornés du comté et d’Hurlevent. Valsehésite, s’inquiétant des échos épinglés de notre capitulation ou de la sienne – « let me surrender » – et se souvient de cette noyade languide que ses vocalises de femme-phénix, femme-anguille, femme-narcisse nous enjoignaient de ne pas précipiter. Nous sommes là, face à face, drapés dans l’entre-deux doux de l’incertitude, dans cette brèche pure d’avant-apprivoisement. Puis a surgi d’’If I do’ la bulle parfaitement façonnée d’« hundred drums ». Et un petit oiseau. Voilà qui constituera notre songeuse ration d’envie jusqu’aux prochaines épiphanies dans la lagune. (alr)
Weaves ‘Weaves’ Memphis Industries/V2
“L’amour, c’est rechercher éternellement la sensation de la première fois”, doit avoir dit un poète quelconque. Weaves, c’est exactement ça. Une impression de déjà entendu mille fois, et pourtant, le coup de foudre est immédiat. Pourtant, tout ça avait plutôt mal commencé. Avec une bio qui nous file illico un furieux coup de vieux en parlant d’un jeune groupe de Toronto « balayant l’étendue du spectre pop-rock post-Pixies ». Post-Pixies ! Halte au jeunisme ! Las, cette portée de chansonnettes au teint frais, spontanées, vitaminées, aérées, sautillantes et sans conséquences fait mouche auprès de toutes les générations. Peut-être parce que, dans une époque où la musique réfléchit beaucoup sur elle-même, Weaves remet en avant le premier degré, magnifiant la naïveté et la fraîcheur plutôt que l’introspection. La formation s’amuse, accepte ses imperfections, les cultive même allègrement. Et puis il y a la voix de la chanteuse, portant chaque morceau avec une insouciance insolente, son timbre à la Siouxsie s’accrochant à vos tympans avec une obstination déconcertante. Car à l’écoute de ces onze titres empoisonnés, il y a fort à parier que vous trouverez toujours quelque chose à aimer (‘One More’ qui est un peu leur ‘Debaser’, ‘Shithole’ ou ‘Candy’ entre les loopings de guitares, les mélodies limpides et l’ondulation féline de la voix). D’où petites étincelles et, par conséquent, bienveillance de vieux con sur ces intéressants jeunes gens qui devraient s’attirer quelques commentaires hystériques. On entend déjà les uns criant au génie, les autres hurlant à l’imposture. (gle)
Weird Dreams ‘Luxury Alone’ Tough Love Records
Tu t’es déjà paluché sur un cumulus dodu? Elle te demande ça tout-à-trac, à l’heure où les psychés se tortillent jusqu’au point de sieste. Toi tu t’apprêtais,
“I have no interest in staying in kindergarten.”C’est avec cette déclaration en guise de profession de foi que Mish Barber-Way décrit le quatrième album de White Lung. A l’écoute de ce nouvel opus du trio canadien, on se rend compte de ce que la charismatique chanteuse du groupe veut dire précisément. Associé depuis ses débuts à la scène punk/ hardcore, White Lung semble ici vouloir évoluer et progresser sur le plan musical. Se rendant compte que l’on peut sonner brut sans se limiter à truffer ses compos de riffs bruitistes et de chant convulsif, il injecte une bonne dose de mélodie à ses titres sans renier la rage primale des débuts, flirtant désormais avec une power pop que n’aurait pas renié Hole à la grande époque. Clairement jouissif. (pf)
Xeno & Oaklander ‘Topiary’ Ghostly International
Il est de ces groupes que l’on aime retrouver à intervalles réguliers. Leur univers est rassurant dans ce qu’il a de familier, d’apaisant. Xeno & Oaklander relève de cette catégorie. Depuis douze ans, Liz et Sean nous gratifient d’une pop électro classieuse dans son approche minimaliste. Avec sa voix de petite fille candide, Liz dégage beaucoup de félicité, se révélant sincèrement touchante, émouvante. Quant à Sean, tel un magicien des claviers analogiques, il génère des écrins subtils associant nappes vaporeuses et beats délicats. Telle une brise amenant une douce fraîcheur par une soirée d’été, ‘Topiary’ se révèle élégant, aérien et délicat du début à la fin. De la sorte, il caresse l’oreille et console l’âme. Tout simplement beau. (pf)
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Pinkpop 10 - 12 juin
Landgraaf – Megaland (NL)
Graspop Metal Meeting 16 - 19 juin Dessel
Red Hot Chili Peppers
vendredi 10 juin Red Hot Chili Peppers, James Bay, Bastille, The Common Linnets, Major Lazer, Years & Years, Gary Clark Jr., De Staat, Bear’s Den, Lukas Graham, Storksky, Skip&Die (dj-set) & Friends, One Ok Rock, Sara Hartman, The Struts, Clean Pete
samedi 11 juin Rammstein, Doe Maar, Lianne La Havas, James Morrison, Walk Off The Earth, Puscifer, Ghost, Skillet, Halestorm, Imelda May, Robin Schulz, Nothing But Thieves, Matt Simons, Lucas Hamming, Miamigo, Noisia, Bazart, Lucky Fonz III, Parquet Courts, The Sore Losers, Madi Hermens
dimanche 12 juin Paul McCartney, Lionel Richie, Kygo, John Newman, Douwe Bob, Skunk Anansie, Bring Me The Horizon, All Time Low, Tom Odell, Jungle By Night, Balthazar, Vintage Trouble, Jamie Lawson, St. Paul & The Broken Bones, Harts, dj’s Waxfiend & Prime / Sevn Alias (live) / Broederliefde (live), Graveyard, The London Souls, Slaves, Walking On Cars, Midas
Ghost
jeudi 16 juin
www.pinkpop.nl
Dirkschneider, Primal Fear, surprise act, Top 50, Your Highness, Knives To A Gunfight, Bark, Eurostars Wrestlin, Spoil Engine, Killer, Fleddy Melculy, Reject The Sickness, Goe Vur In Den Otto
UNCANNY VALLEY 8 - 11 juin 019, SMAK, Vooruit Gent
11 juin: Lafawndah, Zora Jones, SKY H1
vendredi 17 juin
15 juin: Todd Philips: ‘Hated: GG Allin and The Murder Junkies’ screening
8 juin: Manuel Padding, Waxy, Volcano The Bear, Artforms In Nature (expo)
16 juin: Sini Anderson: ‘The Punk Singer’ Screening
9 juin: Rick & Joe Potts, 696 Blues Band, Lafms Video Screenings by Floris Van Hoof
17 juin: Samowar; White Hills, Psychic Ills, NiXiE
Black Sabbath, Megadeth, Foreigner, Bad Religion, The Winery Dogs, Monster Truck, King Diamond, Amon Amarth, Disturbed, Heaven Shall Burn, SIXX:A.M., Soilwork, Firewind, Apocalyptica, Dark Funeral, Moonspell, Arcturus, Fleshgod Apocalypse, Carach Angren, Myrkur, Nightglow [Manowar Tribute], Motörblast [Motörhead Tribute], Zakk Wylde, Amaranthe, Loudness, Virgin Steele, Grand Magus, Raven, Bloodbound, Goe Vur In Den Otto, August Burns Red, Atreyu, Norma Jean, Turnstile, Monuments, DJ Carl, Little Devil Allstars,
10 juin: Airway, Nate Young, John Olson, Human Heads
18 juin: Preoccupations (formerly known as Viet Cong), El Yunque, DJ Sofa
11 juin: Extended Organ, Wolf Eyes, Calhau!, Vom Grill, David Toop & Tom Recchion, Lafms Video Screenings by Floris Van Hoof; David Toop, LafmsLeden & Wolf Eyes
22 juin: ‘The 90’s in 90 minutes: a compilation of music videos’ screening
w w w. v o o r u i t . b e
25 juin: Dream Koala, DC Salas
OUT LOUD! 8 juin - 10 juillet Beursschouwburg, Bruxelles
23 juin: Iara Lee: ‘Modulations: Cinema for the Ear’ screening 24 juin: Bcote; Dollkraut, Handless DJ 29 juin: Dick Carruthers: ‘PNYC: Portishead - Roseland New York’ screening 30 juin: Bob Spiers: ‘Spice World: The Movie’
8 juin: Dave Markey 1991: ‘The Year Punk Broke’ screening
1 juillet: Möbius; HIELE, Team Panini, Faisal
9 juin: Cameron Crowe: ‘Pearl Jam Twenty’ screening
8 juillet: I/O presents R&S records
10 juin: Universe; Adomas // Ucture, Antilux, Sorok, Nosedrip
2 juillet: Témé Tan, Paul White (dj set) 9 juillet: 5Y 22tracks party www.beur ssc h ouwburg.be
samedi 18 juin Volbeat, Slayer, Bullet For My Valentine, Testament, Skillet, Halestorm, Bliksem Nightwish, Ghost, Dropkick Murphys, Killswitch Engage, Pennywise, Municipal Waste, Abbath, Gojira, Satyricon, Obituary, Paradise Lost, Shining (SE), God Dethroned, Secrets Of The Moon, Bulls On Parade [RATM Tribute], Back To The System [SOAD Tribute], Rival Sons, Tesseract, Kadavar, Jean Beauvoir, Slaves, Collibus, The Shrine, Goe Vur In Den Otto, Anti-Flag, The Hickey Underworld, Beartooth, Skindred, Palisades, DJ Carl, System Pilot
dimanche 19 juin Iron Maiden, Anthrax, Saxon, Tremonti, Shinedown, The Raven Age, Twisted Sister, Trivium, Powerwolf, Architects, Overkill, Delain, Behemoth, Sacred Reich, Steak Number Eight, Legion Of The Damned, Moonsorrow, Enthroned, In The Woods, Sikth, DJ Carl, La Muerte, Oomph!, Eisbrecher, Crobot, The Algorithm, The Midnight Ghost Train, Goe Vur In Den Otto, The Amity Affliction, We Came As Romans, Bury Tomorrow, Thy Art Is Murder, The Wild Lies, Parris [Thin Lizzy Tribute], Van Hagar [Van Halen Tribute], Parris [Thin Lizzy Tribute], Van Hagar [Van Halen Tribute] www.gras pop.be
FÊTE DE LA MUSIQUE 17 - 21 juin
Rock Werchter Taxiwars
Parc du Beffroi, Arsonic, Alhambra, Mons
30 juin - 3 juillet
Festivalpark Werchter
17 juin
Joe Bel, Sonnfjord, La Jungle
18 juin
Montevideo, Orchestre Royal de Chambre de Wallonie, Wonder Monster
Place Verte, Huy 17 juin
Nicola Testa, Isola, Blue Velvet
Grand-Place, Nivelles 17 juin
Jacklou, Vismets, Kennedy’s Bridge
18 juin Mustii
Piano Bar, Maison de la Culture, Belvédère, Namur 17 juin
Musiques à tous les étages, Ulysse
Tame Impala
18 juin
Caballero & Jeanjass, Roscoe, Hollywood Porn Stars, Jacco Gardner
Kiosque, Marchin 18 juin
The Mash, The Poneymen, Showstar
Parc du Cinquantenaire, Bruxelles 18 juin
Dan San, Sjarko, Orlando Julius & The Heliocentrics, Batida, La Jungle, Moaning Cities, Stuff., Collective Arsys
19 juin
Pierre & Le Loup, Dalton Télégramme, Taxiwars, Max Romeo, Yellowstraps x Le Motel, Papooz, André Brasseur & Band, Great Mountain Fire, Herman & Rosita Dewit, Françoiz Breut, Nicolas Michaux, The Ex
Le Site de L’Arboretum, Braine-Le-Comte 19 juin
Antoine Armedan, Stevn, Moaning Cities, Dan San ww w. fete de l a m u si q u e . b e
jeudi 30 juin
Main Stage KluBC The Barn
Disclosure, Paul McCartney, Ellie Goulding, Jake Bugg, Kaiser Chiefs, The London Souls James Blake, Sigma, Flume, Walk Off The Earth, Ryan Bingham, Barns Courtney Years & Years, New Order, Gutterdämmerung, Guy Garvey, Nathaniel Ratecliff & The Night Sweets
vendredi 1 juillet
Main Stage KluBC The Barn
Rammstein, The Offspring, At The Drive-In, Black Box Revelation, Bring Me The Horizon, The Van Jets, Blackberry Smoke Puggy, The 1975, Trixie Whitley, Oh Wonder, Jagwar Ma, Blossoms Parov Stelar, Robert Plant And The Sensational Space Shifters, Richard Hawley, Daughter, Gary Clark Jr. Frightened Rabbit
samedi 2 juillet
Main Stage KluBC The Barn
Editors, Red Hot Chili Peppers, Goose, Two Door Cinema Club, Band Of Horses, Kensington, The Struts Paul Kalkbrenner, Lost Frequencies, Alessia Cara, BADBADNOT GOOD, Savages, Bazart Tame Impala, PJ Harvey, Beirut, Glen Hansard, Courtney Barnett, Mura Masa
dimanche 3 juillet
Main Stage KluBC The Barn
Florence + The Machine, Macklemore & Ryan Lewis, The Last Shadow Puppers, Iggy Pop, James Bay, The Strypes, Vintage Trouble Skunk Anansie, SX, Unknown Mortal Orchestra, Lâpsley, Elle King, Aurora Jamie xx, Beck, Foals, Lianne La Havas, Bear’s Den, Alice On The Roof
www.rockwerchter.be
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20E NUIT DU BLUES 11 juin Rockerill, Charleroi
Couleur Café 1 - 3 juillet
Secret Agents Trio, The Map Trio, Boogie Beats, Claudia Shallow, Lucie in The Blue Sky, Leon Newars, Hypnotic Wheels, Kyla Brox
Tour & Taxis, Bruxelles
www.nuitdublues charleroi.be
23 juin: Stunge, Adolina 24 juin: The Soulmates, Tag Stone www.centrecu lt u re ld e mo u s cro n .be
J’VEUX DU SOLEIL 23 - 24 juin Nautilys, Comines, France 23 juin: Aba Shanti-I, Jamanah
FIESTAS DU ROCK 17 - 19 juin Plateau des Trixhes, Flémalle 17 juin: Sharko, Bacon Caravan Creek, John L, Fantome, Libertas Gentes, ABB
Bunny Wailer
vendredi 1 juillet
Titan Chronixx, CHIC ft. Nile Rodgers, Selah Sue, Magic System Univers Ibeyi, Brigitte, Oxmo Puccino, Mr. Vegas, Method Man & Redman Move G.A.N, St. Paul & The Broken Bones, Quantic Live, Akua Naru, Kwabs Dance Club Woodie Smalls, Pomrad, Roméo Elvis & Le Motel, LTGL Clandestino Karawane, Boochie, Onda Sonora, Tomaz Mamafoufou Bafana Performances Tambours Du Burundi, Girafes
samedi 2 juillet
Titan Univers Move Dance Club Clandestino Mamafoufou Performances
Julian Marley, Youssou N’Dour, Arno, Ghinzu, De La Soul CunninLynguists, Jamie Woon, Morgan Heritage, Goran Bregovic & the Wedding and Funeral Orchestra, Claptone Atomic Spliff, Alpha Wann, Elito Reve y Su Charangon, Young Fathers, Hudson Mohawke Kel Assouf, Clap ! Clap !, Chicos y Mendez DJ Vega, Champion Sound, Goodfellaz Sound System, Soul Shakers Mr. Leenknecht Afuma, Coletivo Usanisom
dimanche 3 juillet
Titan Bunny Wailer, Nneka, Black Box Revelation, Soprano, Protoje Univers De Jeugd Van Tegenwoordig, Niveau 4 (Woodie Smalls, Jeanjass & Caballero, STIKSTOF, Roméo Elvis, Seyte & Senamo, Coely et Dvtch Norris), Kassav, Trixie Whitley - … Move GRANDGEORGE, Pat Thomas & Kwashibu Area Band, Féfé, Raging Fyah, Apollo Brown & Guilty Simpson, Omar Souleyman Dance Club Jeremy Loops, Inna Modja, Bomba Estereo Clandestino Dub Front Association, Groovalicious DJ’s, DJ ReeDoo, DJ Kwak Mamafoufou SupAfly Collective Performances Afuma, Unicum Brassband ww w. co ul e u r c a f e . b e
24 juin: DJ Nico & DJ Dubinton , DJ Grassmat, Paperking Radio, Bernard Orchestar, Unik Ubik, Shiko Shiko, Scarecrow, Hippocampe Fou
18 juin: Vismets, the Sore Losers, N!itch, The Smock, King Automatic, Till Dawn
www.jveuxdusoleil.com
www.laf ies tadurock.be
BEAR ROCK FESTIVAL 24 juin Place du Chapitre, Andenne
MOUSCR’ON THE ROCK 20 - 24 juin Centre Mouscron 20 juin: Ank’s Trouble, Unwanted Tattoo
Sporthall Houthem, Comines
21 juin: Ask!ng Sally, Black Knight 22 juin: Little Bitch And The Alcoholics, In Your Hands
Le Catcheur La Pute Le Dealer, Stefke Van Namen, Crowd Of Chairs, Dholes, Mont-Doré, L’Aventure Vostok, Silence Breakers, Wolves Scream, Los Callejeros, Hangman’s Chair, Ilydaen, Connibal Mosquitos, Spagguetta Orghasmmond www.bear-rock .o rg
MAIN SQUARE 1 - 3 juillet
Arras Citadel, Arras, Fr
Iggy Pop
vendredi 1 juillet MAIN STAGE Jake Buff, Ellie Goulding, Louise Attaque, Iggy Pop, Disclosure GREENROOM Cayman Kings, The London Souls, Yelawolf, Jeanne Added, Flume, Boys Noize
samedi 2 juillet MAIN STAGE Lonely The Brave, Mass Hysteria, Walk Off The Earth, The Offspring, Macklemore & Ryan Lewis, Birdy Nam Nam GREENROOM Cardri, Bear’s den, Nathaniel Rateliff & The Night Sweats, Marina Kaye, X Ambassadors, Nekfeu, Salut C’Est Cool
dimanche 3 juillet MAIN STAGE The Struts, Last Train, Band Of Horses, Ghinzu, Editors, Les Insus GREENROOM Evrest, Tiggs Da Author, A-Vox, L.E.J., Years & Years, Odesza www.mainsquarefestival.fr
PRÉVENTE 10€ — SUR PLACE 15€
THE SORE LOSERS GRAND BLANC — BAGARRE — LAST TRAIN VICTORIA + JEAN — PETER KERNEL
MUCH MORE THAN ROCK ‘N’ ROLL
SAMEDI 25.06.16
CITADELLE DE NAMUR WWW.VERDUR-ROCK.BE
— #VERDUR16
SCRAP DEALERS — THE BONNEVILLES HYPOCHRISTMUTREEFUZZ — IN LAKESH MINOR MINOR RISING SPARKS — METROPOLITAN GALLERY LIQUID ZENITH — BIMBO DELICE — JEREMY WALCH ART DE RUE — FOOD TRUCK ESPACE CHILL — CONCOURS TREMPLIN
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Les Ardentes 6 - 10 juillet
Parc Astrid de Coronmeuse, Liège
FESTIV’ANS 24 - 26 juin Parc de la Résistance, Alleur
PARADISE CITY 25 - 26 juin Kasteeldomein, Perk
24 juin: Maya Cox, Kaudron, Mic Del Sando, Feesh-Tix, Double Cheese, JC & DGN
Schwarzman, Sasha, DJ Tennis, Mano Le Tough, Agoria, Michael Mayer, Tuff City Kids, Black Coffee, Aeroplane, Compuphonic, Oliver Schories, Konstantin Sibold, San Proper, Space Dimension Controller, The Black Madonna B2B Mike Servito, &Me, Hunee, Guti, Kosme, Stephan Bodzin, Mathew Jonson, Stimming, Tourist, Oaktree, Vuurwerk, Point G, Christian Löffler, Pional, Coma, Lake People, Red Axes, Mattheis, Daso
25 juin: Kid Noize, Furax, Dave Davis, Linka & Mondello’G, Mademoiselle Luna, MC, Esteban K, Leila Djess 26 juin: Typh Barrow, Les R’tardataires, Libertas Gentes, Black And Whites, DJ Sonar www.f es tivans .be
VERDUR ROCK 25 juin Theàtre de Verdure-Citadelle, Namur Ibeyi © Flavien Prioreau
mercredi 6 juillet Indochine, Suede, Ibrahim Maalouf, Hyphen Hyphen, Compact Disk Dummies, White
In Lakesh, Minor Minor, Peter Kernell, Hypochristmutreefuzz, Victoria+Jean, Scrap Dealers, Bagarre, The Bonnevilles, Grand Blanc, Last Train, The Sore Losers www.verdur-rock.be
www.paradise c i t y.be
UNISOUND 1 juillet PAM Expo, Court-Saint-Etienne Dan San, Fugu Mango, Les R’tardataires Chicos Y Mendez, Solkins, Stevn, Undercover, Stephanie, www.unis ound .be
jeudi 7 juillet Mark Ronson (dj-set), Flying Lotus, Mac Miller, Action Bronson, Wilkinson, Young Thug, Feu! Chatterton, Thundercat, Andy C & MC Tonn Piper, Yelawolf, Friction & Linguistics, Naaman, Pnl, STUFF., FKJ Live, Superpoze, Thylacine, Little Simz, Oddisee & Good Compny, Alpha Wann, Georgio, Bagarre, Woodie Smalls, Jameszoo, …
Gent Jazz Festival
vendredi 8 juillet
De Bijloke Site, Gent
7 - 16 juillet
2manydjs, Andy Stott, Ty Dolla $Ign, Charles Bradley & His Extraordinaires, DJ Shadow, Jurassic 5, Rone, Sniper, Worakls Band, Max Cooper Presents ‘Emergence’, Kölsch, Vince Staples, Guizmo, Hollywood Porn Stars, Section Boyz, Baloji, Jazz Cartier, Jahkoy, Demi Portion, Nicolas Michaux, Beffroi, …
samedi 9 juillet Pharrell Williams, Cat Power, Bigflo & Oli, Caribbean Dandee (Joeystarr & Nathy), Kurt Vile & The Violators, Jungle (dj-set), Goat, Alice On The Roof, Synapson, Dan San, Broken Back, Onra, Son Lux, Scred Connexion, Guts, Naive New Beaters, Yall, Salute, Moaning Cities, Les R’tardataires, Ulysse, Las Aves, …
dimanche 10 juillet Nekfeu, Future, Aaron, Ibeyi, Jose Gonzalez, Tyler The Creator, Casseurs Flowters, Kamasi Washington, Les Innocents, Angel Haze, Snarky Puppy, Black Mountain, Marc Ribot & Young Philadelphians, Mustii, Aprile, Teme Tan, … ww w. l e s a r d e n t e s. b e
WACOLOR FESTIVAL 24 juin Parking Ancien Roller Skate Parc, Wavre Quentin Mosimann, Tryo, Guizmo, Jane Doe And The Black Bourgeoises, Superska, Back On Stage, Zappeur Palace, Swizzle Stick w w w. w a co l o r. b e
Perfume Genius © Luke Gilford
GRENSROCK 24 - 25 juin Brouwerspark, Menen 24 juin: Simple Pigeons, Get Your Gun, Go March, Soldier’s Heart, Flying Horseman, The Sore Losers 25 juin: It It Anita, Supergenius, Stadt, Woodie Smalls, Terakaft, The Black Heart Rebellion www.g r ensroc k.be
jeudi 7 juillet
dimanche 10 juillet
Ibrahim Maalouf “Kalthoum”, Kamasi Washington, Wout Gooris Trio + Chisholm/Vann, Terence Blanchard feat. The E-Collective, Sons Of Kemet: Kneedelus A Live Collaboration Between Kneebody + Daedelus
Balthazar, Flat Earth Society feat. Mauro Pawlowski, Moondog by Roland & Friends, Nordmann, Kamikaze, Seiren, Bardo, Barefoot And The Shoes
vendredi 8 juillet John Scofield/Brad Mehldau/Mark Guiliana, Hugh Coltman, Uitreiking Sabam Jazz Awards, De Beren Gieren, Pat Metheny & Ron Carter, Airelle Besson Quartet, Steven Delannoye
samedi 9 juillet Max Richter: Infra & The Blue Notebooks John Cale, Dave Harrington Group, Matthew Halsall & The Gondwana Orchestra, Oaktree, Lyenn
jeudi 14 juillet Jill Scott, Lianne La Havas, The James Hunter Six, Ala.Ni, Con Brio, Allen Stone
vendredi 15 juillet St Germain, Ibeyi, The Budos Band, Daymé Arocena, Pomrad, Day Fly
samedi 16 juillet dEUS ‘Soft Electric’, Perfume Genius, Eefje De Visser, Carate, Urio Orchestra, The Germans, BeraadGeslagen www.gentjazz. be
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o AT A ip as// osedr x - Liy ones ls US - ns C - Team CarloLs m o o u l N i l I N E J i d t A re - Ant ora chic upa IEL ks with aux H u se - FR - Z c y t c S s c c P U iver eo öbius 2tra nz & tain ar - - Pr AH 2 n p - U WND amow unque FR - M - 5Y atts Vee - Ca m A r a S l n Y u F LA Y H1 - US - El m Koa h DjR g & G arawa n it - SK e HillsNL Drea I/O w ban Ko ies & K t t i d Wh llkraut é Tan V FR S xsixsix i o m k S é c - D i - T P Ni pa in m L Pan es NL T ky Bo n d u Val az - F zer A Tomlight r Sta
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Rock Zottegem 8 - 9 juillet Zottegem
New Musette Quartet, David Helbock’s Random/Control, Billy Cobham Band www.bros ella.be
OSTEND BEACH FESTIVAL 9 - 10 juillet Klein Strand, Oostende
The Hives © Annika Berglund
vendredi 8 juillet Elvis Costello & The Imposters, The Hives, Skunk Anansie, K’s Choice, Emma Bale, Fleddy Melculy
samedi 9 juillet
9 juillet: Yves V, Dimaro, Lester Williams, Sem Thomasson, Mattn, Funk D, Nexuz, Double Pleasure, Lennert vs Maori; Nicole Moudaber, Marcel Fengler, Function, Marco Bailey, Pierre vs Dany Rodriguez, Pete Howl, Trixy, A-Bat; Joris Voorn, Kölsch, Jey Kurmis, Chantal, Nukov & Yelmet, Bollen & Fichter, Cheap Charly Men, Benji & Pfeffer; FS Green & MC Fit, TLP aka Troubleman, B-Kay, Mystique, Eagl, Jewels, Duub, Madfingaz, Masai, Mad-D 10 juillet: Sven Väth, Ilario Alicante, Amelie Lens, Fred Hush, Peo Watson, Vision Machine, Adrian & Tomas; Green
Grace Jones, The Kooks, Gogol Bordello, Channel Zero ‘Unplugged’, The Sore Losers, De Jeugd Van Tegenwoordig, ID!OTS, Jill Shaw
Velvet, Patrick Topping, Edu Imbernon, Yamo, Seba Lecompte, Nick Bril, Rupert Harvey & JLN, Gueush; CJ Bolland vs Franky Jones, DJ Ghost, Jan van Biesen, Yves Deruyter, Quincy, Phi Phi, Marko de la Rocca, Jeroen Delodder, Steve Chillem & Pudde; Dave Lambert, Neon, Makasi, DJ Licious, DJ Roma, Les Mecs, Greg Dela www.os tendbe a ch .be
BEACHLAND 9 - 10 juillet Strand, Blankenberge 9 juillet: Audiophonic, Dave Till, Freaquency, Olga Rtazanova, Peter Luts, Regi, Vince Nova, Wout, X-Tof 10 juillet: Deve & Matizz, Dimitri Wouters, F.R.A.N.K., Laurent Wery, Nick Delgado, Nils Van Zandt, Rebel, Robert Abigail, Roulsen, Steve Romani www.beachlan d .be
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Cactusfestival SUMMERFESTIVAL 1 - 4 juillet Middenvijver, Antwerpen
LASEMO 8 - 10 juillet Domaine d’Arenberg, Enghien
1 juillet: Demoniak, Korsakoff, Davoodi, Florian Picasso, Alvaro ft MC KC Jones, Alvar & Millas, DJ ghost, 2Empress
8 jui: Caravan Palace, Emeline, Fanfare Toi-même, Flavia Coelho, Les Hurlements D’Léo, Mademoiselle Josephine
2 juillet: DVBBS, Quintino, Ummet Ozcan, Tellow Claw, Curbi, Dr.Lektroluv, Regi, Wolfpack, Partyshakerz, Slongs Dievanongs, Jelle Van Dael, Cedex & Higher Underground…
9 jui: Anwar, Bernard Orchestar, Emeline, Fanfare Toi-Même, Grandgeorge, Gustave Brass Band, Ici Baba, Les Trash Croutes, Mademoiselle Josephine, Mickey3D, Tryo, Zaza Fournier
3 juillet: Feder, Murdock, Double Pleasure, Soundrush, Childsplay, Bougenvilla, Tuneboy, Violinvasion, La Fuente, Bredren, Jebroer, Daddy K, Audiophonic, Freaquency,…
10 jui: Anaïs, Cédric Gervy, Fanfare Toi-Même, Gustave Brass Band, Henri Dés, HK et Les Saltimbanks, Rive, The Angelcy
8 - 10 juillet
Minnewaterpark, Brugge
www.lasemo.be
w w w. s um m e r f e st i v a l . b e
ROCK’N’ROLL TRAIN FESTIVAL 8 - 9 juillet Les Remparts, Longwy, Fr Lacuna Coil, Mad Ball, Dagoba, Le Bal Des Enrages, The Inspector Cluzo, Nitrogods, Burning Heads, Oil Carter, The Last Wanted, Seyminhol, Snap Border, Les Minis Vengeurs www.rnr-train.fr
AFRO LATINO 8 - 10 juillet Festivalterrein Berkenbroeck, Bree 8 juillet: Plan B, Sean Paul, Skip & Die 9 juillet: Joss Stone, Vieux Farka Touré 10 juillet: Amadou & Mariam, La Gran Pegatina, La Maxima 79, Rocky Dawuni, Sarah Carlier w w w. a fr o -l a t i n o . b e
TW CLASSIC 9 juillet Festivalpark, Werchter Bruce Springsteen And The E Street Band, Lana del Rey, Lionel Richie, Simply Red, The Van Jets, CC Smugglers www.twc lassic .be
BROSELLA FOLK & JAZZ 9 - 10 juillet Théâtre de Verdure, Bruxelles 9 juillet: LOD, Pedro Caldeira Cabral, The Unthanks, Sarah Klenes & Oaktree & Magic Malik, A Filetta, Paolo Fresu & Daniele Di Bonaventura, Kardemimmit, Sharon Shannon Band 10 juillet: Bert Joris & The Brussels Jazz Orchestra, Didier Lockwood & Biréli Lagrène, B.J. Scott & Bruno Castellucci Quintet, Ruben Machtelinckx, Richard Galliano & Philip Catherine
Kurt Vile © Marina Chavez
vendredi 8 juillet
dimanche 10 juillet
17:00 – 17:50 18:20 – 19:20 19:50 – 21:05 21:35 – 22:50 23:30 – 01:00
12:00 – 13:00 Mbongwana Star 13:30 – 14:30 Oddisee & Good Compny 15:00 – 16:10 Chronnix 16:40 – 17:50 Goat 18:20 – 19:30 Kurt Vile & The Violators 20:00 – 21:10 SX 21:45 – 23:00 The Cinematic Orchestra 23:40 – 01:00 Air
Warhola Tourist Lemc Calexico Black Box Revelation Wilco
samedi 9 juillet 12:00 – 13:00 13:30 – 14:35 15:05 – 16:10 16:40 – 17:50 18:20 – 19:30 20:00 – 21:15 21:45 – 23:00 23:30 – 01:00
Eefje De Visser Flying Horseman Daniel Norgren Black Mountain Laura Mvula Charles Bradley & His Extraordinaires Gregory Porter Damien Rice
www.cactus f e s t i v a l.be
Sjock 8 - 10 juillet
Poeyelhei, Gierle
Pokey LaFarge
vendredi 8 juillet Smokestack Lightnin’, The Rob Ryan Roadshow, The Mavericks, Sturgill Simpson
samedi 9 juillet Danko Jones, Radio Birdman, Flat Duo Jets, Peter Pan Speedrock, Kid Congo And The Pink Monkey Birds, Equal Idiots, Fuzzy Vox, The Hillbilly Moon Explosion, Pokey LaFarge, The Devil Makes Three, The Baboons, Roy Thompson And The Mellow Kings, Drugstore Cowboys, Mischief!, Big Time Bossmen, The Devilles, Alabasterds, Rollmops
dimanche 10 juillet Flogging Molly, The Bronx, Turbo AC’s, Supersuckers, The offenders, Los Blancos, The Agitators, Darrel Higham And The Enforcers, The Bellfuries, The Polecats, Miss Lily Moe, The Buckshotes, Mike Bell And The Belltones, The Hieron McDonald Combo, Aloha Sluts, The Father, The Son And The Holy Simon, Fields Of Troy w w w. s j ock . c o m
ROCK A FIELD 9 - 10 juillet
Herchesfeld-Roeser, Luxembourg, Lu
MICHAEL KIWANUKA ZAZ BALTHAZAR THE COLORIST & EMILIANA TORRINI ARNO TRIXIE WHITLEY SUZANNE VEGA TRAD.ATTACK! WÖR ÌMAR HABEDEKUK ORATNITZA LYNCHED ESTBEL TOUT VA BIEN TINY LEGS TIM FLYING HORSEMAN CURLY STRINGS
AFRO CELT SOUND SYSTEM SÖNDÖRGÖ DEZ MONA AN PIERLÉ BENT VAN LOOY LE VENT DU NORD HAYSEED DIXIE KING DALTON & MANY, MANY MORE!
Ghinzu
9 juillet
Deichkind, Bring Me The Horizon, Parov Stelar, Ghinzu, Vitalic dj set, Prinz Pi, Tyler The Creator, De Läbbel Session, Freshdax, Tuys, Austinn
10 juillet
Pixies, Steve Aoki, The 1975, Puggy, Gogol Bordello, Bilderbuch, Oh Wonder, Broken Back, When ‘Airy Met Fairy, T.The Boss, Tommek www.rockafield.lu
STIVAL A 3-DAY FE ED BY THE SURROUND TAINS ONLY MOUN HAS FLANDERS TO OFFER! NDING AN OUTSTA OF SELECTION KS FOODTRUC
WWW.FESTIVALDRANOUTER.BE
POPERINGE
15 MIN
D’YPRES MENIN COMINES
A22 A25
35 MIN DE
LILLE #DRANOUTERFEST16
lundi 06 juin BONNIE RAITT @ Cirque Royal, Bruxelles GWYN ASHTON @ Spirit Of 66, Verviers
mardi 07 juin EXPLOSIONS IN THE SKY @ AB, Bruxelles PALEHOUND, YUNG @ Atelier 210, Bruxelles JULIA HOLTER, JULIANNA BARWICK; EMPRESS OF, OLGA BELL; DD DUMBO @ Botanique, Bruxelles JUCIFER, THE MIGHTY PROGERIANS, 30.000 MONKIES @ Magasin4, Bruxelles NERVOSA, BURSTING @ Smile Café, Liège ONE OK ROCK @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux DISTURBED, TRIVIUM @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux THE OBGMS, OBSOLETE RADIO @ Aéronef, Lille, Fr
mercredi 08 juin EXPLOSIONS IN THE SKY; STIJN plays PRINCE @ AB, Bruxelles MARE, EMPLOYED TO SERVE @ Magasin4, Bruxelles BULLET FOR MY VALENTINE, ARCHITECTS, ATREYU @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux SHELLAC, HELEN MONEY @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux
jeudi 09 juin OLDELAF @ L’Alhambra, Mons DAVE SMALLEY, HOMER @ Magasin4, Bruxelles KOMPLICATIONS, DEAR DEER, NACHO MARCO, K-SYS, MATT MATER, PATRICK CONEYS @ Rockerill, Marchienne FARFLUNG, DORRE @ Sojo, Leuven WINTERLAND ’76; FEW BITS @ Trix, Antwerpen END OF THE WEAK @ Reflektor, Liège ALEX DESCHAMPS @ Salon, Silly BERTRAND LANI & THE MUDBUGS @ Spirit Of 66, Verviers LA RAIZ, OPMOC @ Vk, Bruxelles ANTHRAX @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux TORTOISE, DLGZ ROCK 5TET @ Grand Mix, Tourcoing, Fr
vendredi 10 juin AMBER ARCADES @ 4AD, Diksmuide JUJU ROGERS, TEK & FIGUB, MAN OF BOOM @ Atelier 210, Bruxelles DANCE LAURY DANCE, HELLBROS!, SPEEDOZER, MOLK, RALITT @ L’Entrepôt, Arlon COMBICHRIST, FILTER, LORD OF THE LOST @ De Kreun, Kortrijk SYSMO, GREGOIRE TIRTIAUX & DJ ODILON @ Recyclart, Bruxelles SPAIN, MAD ABOUT MOUNTAINS @ Trix, Antwerpen CLOUDS, CVRD, ERIC DUNE & MAR-
CUS VECTOR @ Aéronef, Lille, Fr
samedi 11 juin FOREVER PAVOT, PHOENICIAN DRIVE @ Atelier 210, Bruxelles INSIDE THE SCREAM @ Atelier Rock, Huy SLEEP IS COMMERCIAL @ Fuse, Bruxelles CALVA, COUBIAC, ADOLINA @ Magasin4, Bruxelles KEDA @ La Vénerie, Watermael-Boitsfort CHRISTOPHE @ Aéronef, Lille, Fr TRAAMS, ONLY 2 STICKS @ Rotonde, Luxembourg
dimanche 12 juin PUSCIFER @ AB, Bruxelles ADELE @ Sportpaleis, Antwerpen DESTROYER, RYLEY WALKER @ Reflektor, Liège CHRIS BROWN; WALK OF THE EARTH @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
lundi 13 juin ADELE @ Sportpaleis, Antwerpen PUSCIFER @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
mardi 14 juin BECK @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux DESTROYER @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
mercredi 15 juin DINOSAUR JR, NIGHT BEATS @ De Kreun, Kortrijk SAMARIS @ Trix, Antwerpen MOON DUO, DUANE SERAH @ Reflektor, Liège SUNN O]]], LUGUBRUM TRIO @ Vooruit, Gent BECK @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux THE PARADISE BANGKOK MOLAM INTERNATIONAL BAND @ Rotonde, Luxembourg
jeudi 16 juin OAKTREE, AMBIENT YOUNG SPRUCE, AVONDLICHT, SPARKLING BITS, FRAMPS! @ Atelier 210, Bruxelles DIIV @ Botanique, Bruxelles JEANJASS & CABALLERO, ROMEO ELVIS, LE MOTEL, GLU, LEFTO, HIS DUDENESS, GLOBUL, BARAKO BAHAMAS vs BERNARD PEUR @ Rockerill, Marchienne EPDM, ARAL & SAUZE @ Vk, Bruxelles HATEBREED @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux MEGADETH @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux SPAIN, ITALIAN BOYFRIEND @ Aéronef, Lille, Fr
vendredi 17 juin EDDY & THE ETHIOPIANS @ l’An Vert, Liège WHITNEY, ALDOUS RH @ Botanique, Bruxelles STEVE VAI @ Het Depot, Leuven
HEARTBEAT PARADE, TAIFUN, KERNEL PANIC @ L’Entrepôt, Arlon WEAVES @ Trix, Antwerpen RAVEYARDS, THREE TRAPPED TIGERS @ Vk, Bruxelles ANDRE BRASSEUR & BAND @ Water Moulin, Tournai
samedi 18 juin MANU LOUIS @ l’An Vert, Liège JACCO GARDNER @ Belvédère, Namur TURBONEGRO, PUTASGROOVE DJ set @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux
dimanche 19 juin ENTRAILS, CARNATION, TORTURERAMA @ Magasin4, Bruxelles CAR SEAT HEADREST @ Trix, Antwerpen ANTI-FLAG, CARVING, BOYSETSFIRE, WOLF DOWN @ Aéronef, Lille, Fr
lundi 20 juin Artists #withrefugees: BRUSSELS JAZZ ORCHESTRA, TUTU PUOANE, DAVID LINX, SOLOISTS OF THE SYRIAN BIG BAND (IBRAHIM KEVO, MODAR SALAMEH, TAREK ALSAYED YAHYA, MOHAMAD FITYAN EN YOUSSEF NASSIF), BRUSSELS VOCAL PROJECT, I SOLISTI DEL VENTO, ETIENNE SIEBENS @ AB, Bruxelles WOODS @ Aéronef, Lille, Fr
mardi 21 juin CYPRESS HILL @ AB, Bruxelles ALICE COOPER @ Cirque Royal, Bruxelles ROSETTA, KERRETTA, NORTH @ Magasin4, Bruxelles PARQUET COURTS, ULRIKA SPACEK @ Trix, Antwerpen AMON AMARTH @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux BADBADNOTGOOD @ Rotonde, Luxembourg
mercredi 22 juin GABLE @ Atelier 210, Bruxelles ALBOROSIE @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux
jeudi 23 juin NATHANIEL RATELIFF & THE NIGHT SWEETS @ Het Depot, Leuven BOYSETSFIRE, WOLF DOWN @ De Kreun, Kortrijk SHIKO SHIKO, REPO MAN, RINCE-DOIGT @ Magasin4, Bruxelles DADAWAVES @ Trix, Antwerpen ZE ZORGS, ZU, LOULOU PLAYERS, DJ PRINZ, GLOBUL, BRONCO BILLY @ Rockerill, Marchienne ALEJANDRO GONZALEZ ET BLUE LINE @ Salon, Silly
vendredi 24 juin ANOHNI @ AB, Bruxelles LIEUTENANT @ l’An Vert, Liège NEIL YOUNG + THE PROMISE OF THE REAL
@ Sportpaleis, Antwerpen SLAYER @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux
samedi 25 juin SOIREE TRIPOT + SOIREE DE CLOTURE DU KISS KISS BANK BANK @ Atelier 210, Bruxelles SHOOT THE GIRL FIRST, ELYNE, SIGNS OF ALGORITHM, OUT OF MY EYES, GROWN COLD, MISERY, REJECT THE SICKNESS, CHALICE, STEENGRUIS, ASHES INTO BLOOD @ Grand Canyon, Nazareth WHYT NOYZ, CJ BOLLAND, FRED HUSH, ADRIAN & TOMAS, ENDOVE @ De Kreun, Kortrijk AKRO, RENE BINAME, CLASSE EC10, ON PREND L’AIR, PATRICK NZUZI SENSO, VLADIMIR PLATINE, GUS & JULIEN NICOLAS, MATTHEW G, GILLES C, SCHOCKS-DEEP @ Rockerill, Marchienne LYNNE HANSON @ La Truite d’Argent, Houffalize THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE @ Aéronef, Lille, Fr JOE SATRIANI @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
dimanche 26 juin WORST, DEAD NECK, BLOOD FOR BETRAYAL, BLANNKET HILL, THE LAST WANTED @ L’Entrepôt, Arlon
lundi 27 juin JAMES BAY @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
mardi 28 juin FUZZY VOX, TEENAGE MUSIC CLUB @ Aéronef, Lille, Fr BOMBINO, LATA GOUVEIA @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux
mercredi 29 juin BRUJERIA, DEHUMAN, MR MARCAILLE @ Magasin4, Bruxelles STEVE VAI @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux THE KILLS @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
jeudi 30 juin DR VOY, CHOCOLAT @ Rockerill, Marchienne
vendredi 01 juillet PIERRE DOZIN @ Reflektor, Liège
samedi 02 juillet PATTI SMITH @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
dimanche 03 juillet ESPERANZA SPALDING @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux
lundi 04 juillet FLOGGING MOLLY @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux
mercredi 06 juillet BEIRUT @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux
jeudi 07 juillet SPANKED, ICE SPLIFF, TODIEFOR, SURFING LEONS, MARTY ANDERSON @ Rockerill, Marchienne
ANOHNI PLAYS
KONKURRENT.BE