FUIR VERS UN AUTRE UNIVERS
ONZE CHANSONS CRISTALLINES
“Passer à côté de ce disque serait néanmoins une grossière erreur tant il s’agit d’une belle surprise de cet artiste d’exception, dont on attend déjà les prochains disques avec impatience…” (Belgzik)
“Excellent, « Shimmer & Glow » est sans doute un des meilleurs albums publié par un artiste belge, cette année. Une belle découverte dont on devrait entendre parler –et en bien– au cours des prochains mois…” (Musiczine)
“Parmis les 11 morceaux sur l‘album on retrouve 8 singles et même un destubes de l‘année.” (indiestyle.be)
“Le tout jeune Gertjan Van Hellemont fait très forte impression ici avec un mélange de country/rock à forte densité mélodique..... Avec ce “plus” quifait la différence.” (Moustique)
“En cette période d‘abondance la simplicité trouve sa place. C‘est ce que fait Sherman. Du cœur à cœur.” (The top of music)
“Vraiment très bon ... Parfois, vous battrez la mesure, parfois vous resterezassis, presque immobile, a écouter le murmure du chagrin. Celui qui débute de cette manière, met la barre très haut.” (indiestyle.be)
LIVE DATES ON SHERMANTHEBAND.COM
LIVE DATES ON DOUGLASFIRS.BE
© Siliconcarne
Ouverture de tous les possibles, baroque, ‘comme ça’, comme s’il suffisait d’advenir. Où piano et cordes font mine de ne plus vouloir s’étreindre, se tournent autour en poussant des cris de bête pour les unes, égrenant son chapelet pour l’autre, étirant son corps de lamantin. Puis on pose le pied sur un sol nouveau, projeté dans la scène de découverte du monolithe dans “2001, A Space Odyssey”. Autant dire ça travaille sur la densité de l’air, soigne ses travellings sur des particules en suspens au ralenti, une stridence intérieure sourde; penser aussi au moment du rendez-vous dans “Close Encounters of the Third Kind», quand les lumières passent dans le ciel, penser terra incognita et au placenta “Valhalla Rising” quand la traversée s’éternise dans les brumes, ‘mais oui!’ (comptez 9min36 puis rapidement ne comptez plus). ‘autrement’, c’est l’intrusion du suspens dans un microcosmos aqueux. ‘Parce que’, tu comprends, il y a dans ce disque tous les matins du monde, tous les panoramas nocturnes, tous les plans de grue et d’hélicoptère, les tableaux de Greenaway. ‘évidemment’, il y a aussi du Terence Malick - surtout celui des origines du monde dans “The Tree Of Life”. Pour sceller leur rencontre en 2010 à Viennes lors du Festival «Gugginger Irritationnen 2» consacré à l’Art Brut (une captation pour la BBC), Hans-Joachim Roedelius et Christopher Chaplin se sont lancés dans une partie de pierre-papier-ciseau, puis ils sont tombés dans le puits. Pour la naissance du désir et son mouroir de nénuphar chez la jeune fille, requiem. Pour le roman de Fritz Zorn qui dort dans la valise d’une femme enfuie avec le vent vers un train qui fend vers nulle part, requiem. Pour le pc portable overclocké de l’étudiant qui s’est fondu dans World Of Warcraft. Pour Clémence Picot et Pleymo qui pense, avaloirs désuets, vide-grenier, oxymorons, requiem. Pour la ruche adversaire où bourdonne l’ennui. Pour l’Alzheimer aux yeux lagune, le grotesque ébaubi de nos vies animales. Pour la fresque interdite des caresses qui s’éteignent. Pour l’hermine de lassitude, les chinchillas, pour le roman d’initiation, les femmes écrivains qu’on croise dans la rue sans deviner le duvet de leur plume, requiem. Pour les photographes discrets. Pour les premiers albums qui ne passeront pas l’hiver. Requiem. Entre cosmétique et cosmos, voilà un disque qui a choisi, pénètre et oeuvre sous l’épiderme. Il y a les promesses et il y a le tour; sous le masque, laisser advenir les choses. Dans “Le Rivage des Syrtes” de Julien Gracq, on attend comme on respire, on n’en finit plus de s’apprêter, on s’arc-boute sur des minutes qui viennent épaissir le tapis des jours. En ce moelleux étouffant, comme en une coupable et muette supplique, ce quelque chose qui doit advenir. Et cependant l’horizon demeure vague, indécis. Et tu tires ton plan!
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Bon, qu’est-ce que je fais? Je me rhabille?(Cou-pez! On va la refaire. La fille ne convient pas pour le rôle. Merci Mademoiselle, on vous rappellera... Attention! Moteuuur.... Ca tourne!) - Qu’est-ce que tu fais? Astrée s’est relevée pour voir ce que je fiche à quatre heures du matin. - J’essaie d’écrire une chronique de l’album ‘King Of Hearts’. Je n’y arrive pas. Comme ça, mais oui, autrement, tout à fait, parce que, évidemment, bien sûr, aussi bien, n’est-ce pas, tant mieux, voici. Tu sais, je voudrais parvenir à dire pourquoi le plan où le héros de «Shame» est coincé à la droite du cadre attendant que le feu passe au vert, ça me bouleverse. Travailler sur une image, ça t’amène à penser la musique différemment. Je voudrais pouvoir dire que plutôt qu’un top10 de l’année il faudrait revenir sur le travail musical effectué sur la série «Boss», sa chanson-titre interprétée par Plant et la sélection impeccable qui embaume les génériques de fin. Mais je peine, je suis en cale sèche. Je voudrais pouvoir dire combien Mathieu Boogaerts accompagne ses auditeurs depuis quinze ans; combien il a l’air facile, à l’aise, ondulé. Parvenir à dire comment il arrive à nous faire fredonner Méwééé sans rien nous demander. Parvenir à se jouer des apparences. Or les mots se refusent et je suis à l’amende... Astrée passe derrière moi, pose sa main sur mon épaule, part s’asseoir sur le canapé où elle griffonne sur Moleskine. Un laps de temps s’écoule, deux cigarettes, guère plus avancé, je ne me suis quasiment pas retourné. Astrée refait le chemin en sens inverse, je prête attention à la façon dont elle glisse sur le parquet, quand je veux lui saisir le poignet elle engouffre dans ma paume le prestige d’un billet puis retourne se coucher. Souscrire à une partie mais rester fragmentée. Dans les failles, dans l’entre-deux, ce que chacun peut entrevoir de moi, penser jardin, penser forêt. Se dire qu’il y a des narrations inachevées et d’autres pas. Je vous ai apporté quelques pages blanches, parce que les fleurs, c’est périssable. Pour un temps indéfini, l’illusion, manifeste, m’a emporté. L’arbitre siffle, il y eût un en avant. C’était la réussite éclatante et secrète de l’homme transporté. Voulez-vous effacer l’Historique? Cette opération est irréversible. Beam me up, Scotty! Roedelius + Chaplin, King Of Hearts , (Sub Rosa) Mathieu Boogaerts, ‘Mathieu Boogaerts’ , (Pias) ‘BOSS’ (Farhad Safinia. Lionsgate/Starz) Cristopher Nolan, ‘The Prestige’
année 19 • decembre 2012 - janvier 2013
Colofon www.rifraf.be Année 19 nr. 186 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf fev sort le 24 jan rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
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collaborateurs nicolas alsteen, Antoine Bours, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, daniel franco, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... Dessins : Issara Chitdara
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Le Dark Chips
Texte : Fabrice Vanoverberg
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
Premier disque du mois, ‘Five Years On Cold Asphalt’ du collectif Quarz (Cronica) réunit en son sein quelques artistes remarquables, à commencer par – et oui, m’sieur dames – Nicolas Bernier et Stefan ‘Radian/Lokai’ Németh. Entourés de quelques complices du meilleur cru, dont Martin ‘Klingt’ Siewert, le quintet (entouré de deux invités) invite à une lecture qui navigue entre vrai faux calme electronica et fausse vraie free jazz experience. On songe souvent à la rencontre entre Kapital Band 1 et Giuseppe Ielasi mais c’est surtout dû au remarquable travail d’Alexandr Vatagin (lui aussi Klingt), véritable cheville ouvrière du projet, qu’on doit ces atmosphères captivantes de lenteur insaisissable et déliée. ★ ★ ★ En manque de nappes ? Des envies de synthétisme aérien ? Billow Observatory et son premier opus éponyme (Felte) ont tout ce qu’il faut en magasin. Oui, eux aussi, ils ont écouté Jefre Cante-Ledesma et Stars of the Lid en 2006, mais il parait que la genèse de leur projet date de 2004 – on dira qu’ils ont pris le temps de la réflexion. ★ ★ ★ Retour sur la magnifique microstructure portugaise Cronica pour notre troisième écoute mensuelle – qui vaut sacrément le détour. Collaboration entre une photographe allemande (Julia Weinmann) et un compatriote de producteur (Ephraim Wegner), ‘Eins bis sechzehn’ (de un à seize) offre un fascinant chassé-croisé entre visuels et sonorités, mais aussi de formidables croisements stylistiques au sein même des vingt minutes de son. Electronica abstraite, noise parallèle, musique concrète et soundscapes angoissants, les six étapes du processus ne cessent d’épuiser notre imaginaire, heureusement secouru par le passionnant travail photographique de Frau Weinmann. Question une : pourquoi seulement 1200 secondes ? Question deux : qui songera un jour à ériger une statue à Miguel Carvailhais, infatigable tête chercheuse de son label ? ★ ★ ★ En parlant d’inépuisable, Chris Madak, alias Bee Mask, n’a de cesse d’enrichir son catalogue, à raison d’une sortie tous les six mois. Certaines (‘Canzoni Dal Laboratorio Del Silenzio Cosmico’, bof) sont plus dispensables que d’autres (le récent ‘When We Were Eating Unripe Pears’) mais la dernière fournée en provenance de son nouvel hébergeur Room40 fait partie des excellents crus. Telle une odyssée fantasmagorique en un monde où tout ne serait que Kosmische et volupté, ‘Vaporware / Scanops’ évolue entre fantasme seventies assumé et déclinaisons stellaires redoutables, à l’image d’un mariage entre Boards of Canada et Evil Madness. Bordel de Zeus, ça fait rudement du bien par où ça passe. Je dirais même plus, album de Kosmische de l’année ★ ★ ★ Jamais entendu parler de Francisco Meirino ? Rassurez-vous, nous non plus. Toutefois, à condition de faire un effort certain d’attention, la fréquentation de son ‘Untitled Phenomenas In Concrete’ s’avère enrichissante, pour peu qu’on ne soit pas effrayé à l’idée d’un abandon bruitiste, où l’accident de parcours induit, volontairement ou non, un sens de la richesse abandonnée cher à Gilles Aubry. Voire à Blixa Bargeld ou Antoine Chessex, qui ne doit pas partager le même casier dans la maison suisse Cave12 pour rien. Jolie surprise du mois, indeed. ★ ★ ★ Retour à la case Kosmische avec ‘Loyal’ du Polonais Jakub Alexander, alias Heathered Pearls. Hélas, on est quelques catégories en dessous, tant sa vision baigne dans une brume ambient tellement rabâchée qu’on finit par ne plus voir ce qui la recouvre. Et que le monsieur a déjà joué au MOMA n’y change absolument rien. ★ ★ ★ Très souvent, les productions de la maison Unsounds explorent une musique contemporaine aux incessants aller-retour entre musique et arts de la scène, le présent ‘Medea’ de la compositrice grecque Calliope Tsoupaki explore, bien évidemment, la légende de Médée (où le sang coule à qui mieux mieux), mais il constitue aussi le premier essai d’une nouvelle collection de musiques de chambres centrées sur l’art dramatique. On ignore ce que les collaborations futures donneront mais la première d’entre elles se suffit, d’un strict point de vue musical, amplement à elle-même. Avis aux programmateurs du festival Ars Musica, dont ça doit être la came quotidienne. ★ ★ ★ Second disque du mois dont la durée ne dépasse pas les vingt minutes, ‘Selected Realities’ de Tattered Kaylor (Moozak) est doublé d’un DVD à vrai dire pas folichon. Ca tombe bien, la musique non plus. ★ ★ ★ Les germanophiles accros vont adorer ‘Wir werden’, second épisode du duo viennois Rdeca Raketa (God Records), étrange et subtile raccord entre le ‘Prolog’ d’Einstürzende Neubauten (mais en mode doucettement féminin) et l’électroacoustique sensible de leur premier – et toujours recommandable – album ‘Following Old Girl, Old Boy’. On y vogue entre spoken word (mots clés : sommeil, neige, futur), orages electronica, piano inquiet et craquements vinyliques, autant dire que de monotonie on ne trouve nulle trace, ou alors elles sont uniquement microscopiques. ★ ★ ★ L’année qui s’achève était celle du centenaire de la naissance de John Cage, l’événement n’est pas passé inaperçu du côté de l’Australie de Lawrence English. A vrai dire, pour intéressante qu’elle soit, l’idée de ’For / Not For John Cage’ (Line) tarde à concrétiser ses promesses, quelques peu évaporées dans un maelstrom ambient en recherche de personnalité. On ne voudrait pas jouer aux grands enfants gâtes mais l’homme de Melbourne nous a habitués à de plus hautes altitudes, en dépit de quelques passages du plus haut intérêt.
Au pays de Kitsuné, « Chelou » se dit de celui qui sort du rang, qui nous interroge par son petit pas de côté. Et de « chelouïtude », il sera beaucoup question ce mois-ci, raison pour laquelle nous ponctuerons le menu de vos sorties électroniques de notations de bizarrerie, comme le resto indien distribuerait ses piments. Tous en compétition pour le Chelou d’or. Si l’on pouvait prouver que la flotte qui borde Manchester cachait dans ses bas-fonds un poison, diable ce qu’il serait bon d’en être intoxiqué. Et si le rouge domine dans la ville natale d’Andy Stott, c’est en noir et blanc qu’on aime à se l’imaginer, tournant au ralenti, rythmée par une industrialisation quasi à l’arrêt. Tout est dit alors, ‘Luxury Problems’ est tout cela : sombre et monochrome, rythmé par le roulis d’une ville meurtrie, fascinant et terrifiant. Stott, malgré son génie, ne rentrera pas dans la lumière, alors pourquoi ne pas le suivre dans l’ombre? 4 Chelous, au moins! ★ ★ ★ Le Label (RAM) ne cesse son ravalement de façade depuis qu’il a fêté ses 20 ans. Paradoxale innovation que la sortie du duo Calyx& and Teebee tant il nous rappelle les Red Snapper et Roni Size de la belle époque drum & bass. Innover en faisant un bon dans le passé, voilà tout le concept d’un rafraichissant ‘All or Nothing’, et cela vaut bien 3 Chelous. ★ ★ ★ A l’image d’un Jean-Michel Basquiat, auquel il ressemble étrangement, le jeune parisien Bambounou semble encore chercher son Andy Warhol. Sur ‘Orbiting’, parfaitement ancré dans le style (50 Weapons), Jeremy Guindo promet à tous les étages, frappe à toutes les portes et foisonne d’idées qu’il ne contrôle pas totalement. Pourtant Berlin choisit sa fougue, et ce n’est pas Chelou du tout. ★ ★ ★ Si le rythme effréné imposé par la ravageuse drum & bass de ‘Sick Music 3’ compilé par (Hospital Records) vous file la gerbe, vous pourrez paradoxalement compter sur le ‘Medical Mix’ de Joe Syntax pour vous achever, tout aussi jeune, tout autant énervé ! C’est pas Chelou à quel point la vie est bien faite? ★ ★ ★ Heureusement, la magnifique vue sur la Spree ponctuera votre impatience avant d’entrer dans le temple berlinois qu’est Watergate, dont la porte méprise depuis 10 ans une file qui ne dégrossit pas. ‘Watergate X’ est pourtant le catalogue haute-voltige d’un club qui a perdu ce petit quelque chose qui le rendait différent. 27 morceaux, 27 artistes, 27 commandes à quelques DOP, Soul Clap ou encore DJ Sneak qui s’accordent au ton de l’antre berlinoise. Un bel hommage mais un zéro Chelou pointé! ★ ★ ★ Sven Vath ou la méthode Antoine. Quand l’ancien chanteur, entre deux pubs, vend ses films de vacances pour repartir aussi sec au soleil, l’Allemand clôture une saison d’été à Ibiza par une carte postale sonore mixée ‘The Sound Of The 13Th Season’… « Tout cela ne vaut pas, le doux soleil de Tourcoing! ». Pas Chelou, juste chiant. ★ ★ ★ On ne va pas vous la faire à l’envers n’est ce pas? ‘Two’ est tout simplement la deuxième production de Christopher Rau, s’exprimant dans un lexique totalement deep house. Si sa première plaque avait mouillé la culotte des fashionistas du genre, sa suite logique semble décevoir. Croyez- le ou non, mais au final, cela ne sonne pas si dégueu. Le Chelou d’honneur tout de même… ★ ★ ★ Enfants de tous pays et de toutes couleurs, tous confrontés à la même problématique, celle de l’après succès. Propulsé à l’avant-scène par « Berlin Calling », Paul Kalkbrenner le sent ce souffle chaud derrière l’oreille qui répète sans cesse « il faut que tu assures ». Refusant de céder sous la pression, Paulo s’installe dans le fauteuil de son propre label et garde le cap, droit devant. En sort-on grandi? Non, mais ravi du travail accompli et rassuré! Pas un Chelou à l’horizon cependant! ★ ★ ★ Personnage étonnant que Tiga! Voilà un bonhomme à l’oreille affinée et au geste précis qui gâche son talent en boudant ce qu’il fait pourtant de mieux, mixer. Malgré son succès tout relatif en tant que producteur, le Canadien a attendu 5 ans pour recoucher sur ‘TigaNonStop’ les plaques qui lui étiaent chères à son cœur. De l’hymne gay, de l’acide 90’s et de la pop en altitude, tout s’y retrouve et nous enchante. A n’en pas croire ses oreilles de la part de Dj Moumoutte, qui remporte 5 Chelous! ★ ★ ★ On retiendra d’Acid Pauli qu’il est érudit et pointu. On se souviendra également que ce même Martin Gretschmann fut un ouvrier de The Notwist en son temps, mais aussi résident du BAR25. Ceux qui situent la politique musicale du club berlinois auront compris qu’on s’emmerde à mourir sur le cinquième volet de la série ‘Get Lost’ du label (Crosstown Rebels). Ca serait hyper Chelou de s’y attarder! ★ ★ ★ Pour ceux qui suivent un peu, Vitalic sortait le mois passé une plaque totalement incohérente ou fulgurances étaient conjuguées avec actes indignes de la part de ce vieux de la vieille. Théo Keating, au parcours quasi identique, rencontre les mêmes vices sur ‘Cells’. Hasard ou triste pouvoir du marché, celui qu’on connaît mieux sous le nom de Fake Blood partage la même écurie que le Français. Ca n’est ni bon ni mauvais et ça n’est ni réjouissant ni décevant de la part de celui qui court certainement après une reconnaissance qu’il avait gagnée dans les 90’s (The Wise Guys). Chelou de s’accrocher ainsi au passé, n’est-il pas? ★ ★ ★ Monoloc fait dans le triptyque. Non pas que ‘Drift’ soit une production en trois parties, elle segmente surtout les genres (chantés, cérébraux et viscéraux) autour d’un esthétisme commun. Trop Chelou comme explication? Et bien résumons en disant que le natif de Frankfurt, à l’occasion de cette première sortie, pêche par minutie, certainement par inquiétude d’être davantage dansé qu’écouté. Détends-toi Jong! ★ ★ ★ Si l’on doit à Stephen Mallinder (Cabaret Voltaire) et Steve Cobby (Fila Brazillia) tout le respect qu’ils méritent pour leurs carrières respectives, on ne pourra attribuer à leur duo Hey Rube! qu’un timide enthousiasme pour son caractère ludique. La maitrise sur le très ambient ‘Can You Hear Me Mutha?’ est palpable mais on douterait qu’elle soit vraiment commune tant on sent clairement les contributions de l’un et de l’autre au fil des plages. On flanquera tout de même 8 Chelous à la tronche de ces deux clowns sur la pochette. ★ ★ ★ Et la palme du disque sans intérêt ira aisément à DJ Fresh ce mois-ci. Ah ça, cela bombarde dur ‘Nextlevelism’. La liste des participations est aussi longue que le nombre de singles que devrait empiler sur cet énergique ramassis de dubstep FM. Au final, tout se ressemble et ça se vendra par camion. La routine quoi… On annoncerait la chute libre de la valeur en bourse du Chelou? C’était pourtant bien…
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Playboy’s Bend Le studio de Xavier Gazon se love dans les combles d’une maison étroite de la rue Vivegnis, quelque part dans le quartier du nord à Liège. Pour l’heure, c’est un simple tissu sans forme qui fait office de porte tandis qu’un seul des murs séparatifs a été doté de panneaux de chêne liège en guise d’isolation acoustique. D’un côté, une série de synthés vintage est alignée contre le mur. De l’autre, un amas de jouets électroniques trône sur le sol. Au milieu, un large plan de travail fait figure de table opératoire avec tout le matériel ad hoc que l’on peut imaginer dans ce type d’endroit : une table de mixage professionnelle, un Teac deux pistes, une boîte à rythmes Roland, un pc portable… mais aussi une série de petites boîtes à effets remaniées et trafiquées. Plus haut, notre attention est attirée par un objet curieux non identifiable : c’est un thérémine. Notre hôte confessera l’avoir construit lui-même à partir d’une caisse à vin.
Il y a quelques années, Xavier Gazon a entrepris de collecter ces jouets sur les brocantes. Il les a ouverts, auscultés, dépiécés et s’est mis en tête de modifier leurs circuits à l’aide d’un petit matériel de soudure. Ce qui au départ n’était qu’un simple attrait curieux s’est peu à peu converti en raison d’être artistique. Il a très vite compris que ces jouets au rebut pouvaient devenir de véritables instruments et a décidé de les considérer comme tels. Son projet deviendra réalité sous l’alias Playboy’s Bend, en référence au ‘circuit bending’, cette opération qui consiste à détourner un objet de sa finalité, en l’occurrence un circuit électronique. Il ne s’agit pas uniquement d’une intervention de lutherie vouée à la (re)création ou l’appropriation d’un instrument, la démarche va plus loin, elle réside également dans la modification voire la création des sons qu’il peut produire. En cela, elle s’apparente à un véritable travail de composition. Il est même arrivé à Xavier de découvrir, au hasard d’un court-circuit qu’il avait provoqué, des sons qui avaient été cachés dans les puces de l’appareil par son concepteur, agissant alors comme un révélateur sonore. La chanson ‘Globetrotter’ est basée sur un jouet du même nom constitué par une sorte de page en plastique qui représente une mappemonde en deux parties illustrées par les océans et les animaux de chaque continent. « Je me suis imaginé le monde comme quand j’étais enfant, avec tous ses clichés, ses rêves, ses safaris. C’est une chanson très enfantine qui a pour thème le voyage imaginaire… » Xavier explique avoir déjà joué devant un public d’enfants au Festival des arts de la rue à Chassepierre sans que cela ne lui semble une gageure. On l’a vu sur les scènes des Ardentes, de Dour, des Francofolies mais aussi sur celles d’endroits plus modestes ou plus improbables tel la Place Delcour en pleine fête du 15 août en Outremeuse devant des confréries folkloriques agacées. Il a par ailleurs été à l’affiche du Bent Festival de New York entièrement dédié à la culture bending. Jean-Jaques Perrey, Raymond Scott et d’autres précurseurs des musiques électroniques populaires actifs dans les années 50 comptent parmi ceux dont Xavier Gazon apprécie le travail. Il regrette cependant que la musique électronique soit devenue aujourd’hui trop stéréotypée, trop cloisonnée. En considérant ‘Game’, son nouvel album, Xavier mesure le chemin parcouru. « J’ai appris à mixer convenablement. J’ai pu aussi avoir accès à un studio de qualité. Si le premier album reflétait l’état de mes découvertes, celui-ci est plus chanté, plus structuré. Il sonne plus électro-pop, avec un clin d’œil appuyé aux années 80 : Taxi Girl, Elli et Jacno… » De fait, ‘Game’ est un vrai recueil de chansons pop électroniques ingénues et espiègles. Il y est question de la nuit, de la plage, de l’amour ou de la barbe à papa. Autant de thèmes universels passés à travers le filtre de circuits imprimés qui, dans leur destinée usinée, n’étaient pas conçus à cette fin. Un disque : Playboy’s Bend, ‘Game’, Chic Tunes
AMY MACDONALD 04-12-2012
02.12. 03.12. 04.12. 05.12. 06.12. 07.12. 07.12. 08.12. 11.12. 12.12. 13.12. 14.12. 14.12. 21.12. 16.01. 25.01. 26.01. 27.01. 01.02. 02.02. 03.02. 04.02. 07.02. 08.02. 09.02. 10.02. 17.02. 22.02. 26.02. 28.02. 02.03. 03.03. 08.03. 09.03. 14.03. 19.03. 20.03. 27.03. 10.04. 11.04. 16.-21.04. 20.04. 26.04. 27.04. 30.04. 04.05. 08.05. 15.05. 24.05. 29.05. 02.06. 08.06.
SUAREZ 26-01-2013
ZITA SWOON GROUP 02-02-2013
CRYSTAL CASTLES BALTHAZAR (FREE ENTRY) AMY MACDONALD LIFE IN A BEAUTIFUL LIGHT TOUR DAN SAN (FREE ENTRY) STUPEFLIP: NOUVEAU SPECTAC + DJ SET WAX TAILOR STAHLZEIT THE RAMMSTEIN TRIBUTE SHOW NO 1 IN EXTREMO MONO CHILLY GONZALES SOLO PIANO II SILBERMOND URIAH HEEP
M&R PROUFSALL SESSION 2 (FREE ENTRY) AN APPLE A DAY EP RELEASE (FREE ENTRY) CRO EMILY LOIZEAU SUAREZ BILLY TALENT PAUL KALKBRENNER ZITA SWOON GROUP DROPKICK MURPHYS MAXIMILIAN HECKER DINOSAUR JR. REA GARVEY LILLY WOOD AND THE PRICK ANGUS STONE PASSENGER LOU DOILLON FRISKA VILJOR TWO DOOR CINEMA CLUB TONY CARREIRA AMANDA PALMER & THE GRAND THEFT ORCHESTRA LETZ ZEP ZEPPELIN’S RESURRECTION THE KILLERS THE BLOODY BEETROOTS LIVE JOE BONAMASSA EMELI SANDE MUMFORD & SONS JOE COCKER FIRE IT UP EUROPEAN TOUR ONEREPUBLIC WE WILL ROCK YOU ARNO THE BOOTLEG BEATLES 24 HEURES ELECTRONIQUES: GOOSE... LANA DEL REY PSY 4 DE LA RIME FRITZ KALKBRENNER AN EVENING WITH MARK KNOPFLER AND BAND IAM TRAMPLED BY TURTLES (FREE ENTRY) ALICIA KEYS GIRL ON FIRE – THE TOUR ZUCCHERO
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Texte : Gery Lefebvre
En 2010, une petite bise glacée réchauffée par un timide soleil nous était déjà parvenue de Rostov-onDon, aux portes du Caucase, à près de mille kilomètres de Moscou. Avec leur premier album, ‘Alps’, Motorama
entendait rhabiller la mélancolie pour l’hiver. De préférence avec de longs pardessus empruntés à des icones mancuniennes très vite identifiables. Aujourd’hui, c’est une bourrasque de hype qui pourrait tout balayer à l’occasion de
la sortie de leur second album.
Croisement improbable et imparable entre Joy Division et Field Mice, entre voix caverneuse et ligne claire, cold-wave romantique et twee pop acidulée, Motorama joue sur plusieurs tableaux avec autant d’innocence que d’humilité. Et se construit une identité sonore progressivement émancipée de références aussi scolaires qu’étouffantes. Confirmation au détour d’une conversation avec la tête pensante du groupe.
Peux-tu évoquer succinctement le background du groupe ? Comment envisagez-vous votre avenir à court terme alors que votre deuxième album vient de sortir ? Vladislav Parshin (voix, guitare) : « Tout a commencé pour nous en 2005. C’est notre premier bassiste, qui a quitté le groupe depuis lors, qui est à l’origine du nom Motorama en référence à un film américain de série B avec Drew Barrymore. Pour le moment, nous sommes cinq dans le groupe dont la bassiste Irene, qui est aussi ma femme, et trois amis. On est toujours dans le cadre d’un groupe de potes qui font de la musique pour le plaisir plutôt qu’un groupe de musiciens professionnels. Avec Alex, le claviériste, on s’est rencontrés sur notre lieu de travail, on s’est rendus compte qu’on lisait tous les deux le New Musical Express et qu’on écoutait la même chose, les Strokes, les White Stripes, Interpol. C’était presque une évidence quand je lui ai proposé de rejoindre le groupe en 2008. Roman, le batteur, travaille toujours dans un théâtre comme ingénieur du son. Max, l’autre guitariste est photographe free-lance. Irene est juriste et moi je travaille dans une boîte de fringues où je m’occupe de tout ce qui touche au web management. »
Cold Wave Kids
A l’écoute de ce nouveau disque, on ressent encore très fort le côté artisanal de votre production. Dans quelles conditions ‘Calendar’ a-t-il été enregistré ? Vladislav : « On est assez limités sur le plan technique, on n’a pas des masses de matériel, on fait tout nousmêmes, à la maison. On enregistre une guitare, on va se faire un thé à la cuisine, on delete la guitare, on enregistre une autre ligne de basse si on a changé d’avis entretemps, c’est vraiment très pratique! (Rires) Faire de la musique ne doit pas nous coûter de l’argent. Les pochettes de l’album, la production et le mixage, on fait donc tout sans intervention extérieure autre que des amis qui nous donnent de temps en temps un coup de main. Même pour les vidéos et les photos, on est des pros de l’auto-shot! (Rires) Pour le futur, c’est sûr que ça pourrait être intéressant d’essayer quelque chose en studio. Mais j’appréhende un peu parce que ça m’apparaît nécessairement beaucoup moins confortable que d’enregistrer à la maison. Ca deviendrait plus tendu et peutêtre que notre musique s’en ressentirait. C’est ma crainte. » Comme tous les jeunes groupes sortis de nulle part, on vous définit d’abord par comparaison. Dans votre
cas, on évoque directement des poids lourds de la cold-wave (Joy Division, Interpol, …) ou d’une certaine pop anglaise très typée (Belle and Sebastian, les disques de Sarah Records). Tu as en plus une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Paul Banks ou de Matt Berninger. Ca fait beaucoup, non ? Trop ? Vladislav : « Pour le moment je ne vois pas ça comme quelque chose de négatif ou de frustrant. Quand on parle de Motorama en nous associant à ces groupes comme Joy Division, Interpol ou The National, c’est plutôt bon pour nous parce qu’on est tellement minuscules que ça peut éveiller au minimum la curiosité dans un premier temps. On ne va pas cracher dessus. Tu sais, on vient vraiment de nulle part. Même en Russie, les gens ne savent pas toujours où se trouve Rostov-on-Don! La frustration qu’on pourrait peut-être ressentir de ne pas se voir reconnaître une vraie identité sonore est donc largement compensée par la notoriété accrue que ça peut nous apporter. » Comment es-tu rentré en contact avec cette musique ? Vladislav : « Lorsque j’étais encore étudiant, il y a une dizaine d’années, mon père m’achetait beaucoup de magazines dans lesquels j’ai découvert beaucoup de ces groupes, Joy Division, Jozef K, la scène post-punk en général. Puis j’ai vu le film de Winterbottom ’24 Hour Party People’ qui a encore décuplé mon intérêt pour cette musique et cette scène. Et c’est alors sur le net que j’ai été piocher pour découvrir et écouter ces groupes. » C’était facile de se procurer ces disques en Russie, même à mille kilomètres de Moscou ? Vladislav : « Non évidemment, ça n’était pas simple. Heureusement j’ai quelques amis plus âgés qui évoluent dans des groupes qui font une musique très shoegaze ou très inspirée de cette scène de Manchester. Parce qu’il y a pas mal de groupes comme ça à Rostov. Et donc ces gars-là m’ont filé pas mal de disques. Parce que dans les magasins, c’est évidemment beaucoup plus difficile, pour ne pas dire impossible de les trouver. Même encore maintenant. » C’est toi qui écris l’intégralité des textes. On sent beaucoup de retenue, de distance dans ceux-ci. Est-ce dû uniquement à la barrière de la langue ? Comment définirais-tu ton écriture ? Vladislav : « J’ai une écriture assez intuitive. C’est difficile pour moi d’en parler. J’aime le flou et l’abstrait. Je suis un grand fan de Destroyer et la façon d’écrire de Daniel Bejar m’inspire beaucoup. C’est peut-être comme ça que je peux caractériser le mieux ce que je fais ou ce que je voudrais arriver à faire. Mes textes sont assez basiques et ils pourraient être meilleurs. Je n’écris pas de manière très fluide parce que je ne maîtrise effectivement pas bien la langue. Il y a d’ailleurs très peu de vrais groupes en Russie qui chantent en anglais. Peut-être quatre ou cinq. Ca n’est pas très populaire. » On ne peut pas ne pas évoquer le cas des Pussy Riot, même si c’est une question davantage liée à la politique qu’à la musique... Vladislav : « Ici en Russie, c’est effectivement considéré comme un acte purement politique qui n’a absolument rien à voir avec la musique. Et avant de se faire un avis sur cette affaire, il faut vraiment être prudent, en connaître tous les détails, faire preuve de nuance. Justement parce qu’il est question de politique. Et ça n’est pas valable qu’en Russie bien sûr. Pour en revenir aux Pussy Riot, c’est uniquement du show, une performance politique qui n’a rien d’artistique. Ca n’a même que très peu à voir avec l’esprit punk. Mais ça n’est définitivement pas une bonne chose pour les gens qui font de la musique en Russie qu’elles aient pu être associées à de la musique d’ici! Ce qu’elles font musicalement est vraiment mauvais! Mais bon, on fait avec ce qu’on a! » Comment est le paysage musical en Russie ? Est-ce qu’il existe des structures pour encadrer les groupes, des labels, des festivals ? Vladislav : « Le paysage musical est très éclaté, très disparate. Ici à Rostov, la scène la plus populaire c’est le rap et le R’n’B. Rostov est d’ailleurs connue pour être la capitale du rap et du hip-hop. La scène indie qui chante en anglais est très jeune en Russie mais assez active à Rostov aussi. Au niveau du pays, il y a aussi une scène rock qui chante uniquement en russe et qui est soutenue essentiellement par des chaînes de radio. Pour en revenir à l’indie, tout se fait via internet. Il y a une foule de mauvais groupes. Et peut-être dix maximum qui sont valables. Dont certains n’ont peut-être même qu’un EP ou quelques titres à leur actif. Il y a un gros festival orienté indie-music qui est organisé chaque année par un magazine musical et qui est très populaire. Le business de la musique est très bizarre en Russie. Il n’y a pas de marché du disque à proprement parler. Chacun fait les choses de son côté sur internet. En ce qui nous concerne, rien n’a encore vraiment changé depuis qu’on a signé avec Talitres, on est au même endroit et on fait la même musique. » Précisément, vous êtes maintenant dans le giron du label Talitres. Comment vous ont-ils repérés ? Ils sont venus vous voir en concert en Russie ? Vladislav : «Je ne sais pas ce qui a suscité l’intérêt de Talitres. Je pense que Sean, le boss du label, nous a vus une fois en concert en Estonie à la Tallinn Music Week. C’est ce qu’un de mes amis qui nous aide pour le management du groupe m’a dit. Mais je n’en suis pas sûr. C’est une belle histoire en tout cas. » Un disque : ‘Calendar’ (Talitres/V2) http://wearemotorama.com/
Texte : laurent grenier
07
Il y a deux ans, la pop déjà bien barrée de ‘Birds & Drums’ laissait entrevoir un avenir en mille couleurs. Aujourd’hui, plonger dans ‘Vampiric Vay’ revient effectivement à faire la bombe dans un océan arc-en-ciel, à se
noyer dans un kaléidoscope de chansons foutraques et entrainantes au possible, à sombrer dans la folie douce d’Arcade Fire mais sans le côté intello. Harmonies au taquet, crescendos pyromanes, claviers et guitares qui se tirent la bourre, tout chez les Rémois
est propice à la mise en mouvement des corps. C’est un fait : peu de disques pop se seront avérés aussi contagieux cette année. Un très grand cru donc. Fort logiquement, c’est Benjamin Pinard qui s’en explique.
The Bewitched Hands Tu es tout seul ici à Bruxelles pour assurer la promo. Tu trouves ça légitime ? Benjamin Pinard : « Non, pas du tout. On est vraiment très occupés pour le moment. On est en train de réaliser le deuxième clip. Comme on fait tout nous-mêmes et que la journée de promo est tombée alors qu’on tourne dans une semaine, on ne pouvait pas se permettre de venir à six. Les autres sont en train de monter des décors, de faire du papier mâché. On est comme Les Inconnus, il n’y a pas de leader. » Quelle était l’idée de départ derrière ‘Vampiric Vay’ ? Benjamin Pinard : « Il n’y en a pas vraiment. On considère plus ce disque comme la face B de ‘Birds & Drums’. C’est un peu une continuité du premier album sauf qu’entre les deux, on a fait 150 concerts, qu’on a appris à jouer encore mieux ensemble, qu’on a écrit cet album sur la route. Quand on a fini la tournée du premier album, on avait déjà 50 ou 60 nouveaux morceaux. On a pris quinze jours pour faire un tri et puis on est rentrés en studio. »
vous avez un nouveau groupe fantastique encore trop peu connu : Paon. » Dans le livret du cd, chaque morceau est illustré par un dessin plutôt minimaliste, enfantin, qui rappelle souvent Daniel Johnston. Une influence ? Benjamin Pinard : « Peut-être oui, je ne sais pas. Ce sont des dessins d’Anthonin. En même temps, on est ultra fans de Daniel Johnston. Mais je ne pense pas qu’il s’en soit vraiment inspiré, il a sa patte à lui et on aime beaucoup ce qu’il fait. Sur ce disque, on avait vraiment envie de s’occuper de tout l’aspect graphique, de la pochette au clip. » Pourquoi ? Benjamin Pinard : « Pour le premier disque, tout était nouveau pour nous. On ne pouvait pas tout gérer. On avait donc bossé avec un gars qui s’appelle Sanghon Kim (la pochette d’‘Alessia’ de Housse De Racket, c’est lui, ndr). Il a réalisé le livret du cd et le clip de notre morceau en français (‘Sur Le Quai’, disponible sur la version deluxe du premier album, ndr). Ici, on voulait s’impliquer davantage là-dedans parce qu’en écrivant les choses, on s’est rendu compte qu’elles suscitaient des idées visuelles. » Et donc, quelle est l’idée derrière le clip de ‘Thank You, Goodbye, It’s Over’ ? Benjamin Pinard : « En fait, cet album-ci, c’est juste plein de coïncidences. Tu vois, la pochette, c’est une photo qu’on a prise d’une répète qu’on a filmée. Pour un concert devant la cathédrale gothique à Reims, on a fait monter une chorale sur scène, huit personnes déguisées en moines avec des grosses capes et la tête peinte en blanche, des jambes coupées, des couteaux, des machins. Ils ont fait tout un show assez mystique. Le clip est inspiré par cette mise en scène. Du coup, les morceaux ‘Vampiric Vay’ et ‘She Bewitched Me’ ont pris tout leurs sens derrière cette esthétique. » Cela illustre parfaitement le fait que votre musique est pleine d’humour, n’est pas un truc hyper sérieux... Benjamin Pinard : « Oui, mais attention, on fait les choses super sérieusement. Même le clip qui est ultra débile, tout est calculé. On nous compare souvent à Arcade Fire ou ce genre de groupe. Précisément, on ne revendique pas le côté sérieux, réglé, profond de leur musique. On veut s’amuser. » J’imagine que vos textes veulent aussi traduire cet esprit. Benjamin Pinard : « Oui, enfin c’est assez délicat. Prends ‘Westminster’, c’est un type qui entend des voix dans une église, qui est complètement ouf et qui essaye de les enregistrer sur un dictaphone. Comme souvent, c’est une histoire qui est venue sur quelques accords. Tu commences en yaourt, puis deux ou trois mots débarquent et t’essayes de leur trouver un sens. On ne se dit jamais, tiens j’ai envie d’écrire une chanson sur un truc sérieux. Les textes viennent comme des mélodies à la guitare, on les considère comme un instrument supplémentaire. Après, on les a tous fait relire par un Anglais qui a amené quelques corrections. » Et ce morceau en Français, ‘Sur Le Quai’, c’est une voie de garage ? Benjamin Pinard : « Non, non, pas du tout. Ce morceau, on l’avait dans nos valises depuis bien longtemps. Avant même le premier album. C’est juste que ça n’avait aucun sens de le mettre sur le disque. Le Français s’est imposé spontanément parce que la mélodie très Ellie & Jacno l’y incitait. » Et ‘50’s Are Good’, c’est une nostalgie ? Benjamin Pinard : « Non, encore une fois, c’est la mélodie de guitare, un peu surf, qui a donné son titre au morceau. »
Clap Your (Bewitched) Hands, Say Yeah ! La scène a-t-elle influencé la manière dont vous avez écrit ces morceaux ? Benjamin Pinard : « Inconsciemment, sans doute. Le premier album avait été fait à la maison sans jamais réfléchir à la scène. Ici, l’album est vachement plus électrique, il y a plus de guitares, de synthés. Je pense que ça vient aussi de Julien Delfaud qui a produit l’album. C’est un producteur extrêmement rythmique, qui a une culture hip-hop, une culture basse-batterie énorme. Pour le premier disque, on enregistrait une guitare puis on brodait une batterie dessus, c’était n’importe quoi. Ici, on a écrit des morceaux, on les a déconstruits puis reconstruits à nouveau, on s’est pris la tête sur les breaks, sur les batteries. C’est ça aussi le côté électrique, le fait que ça envoie, que t’aies envie de mettre des guitares avec de la disto. » Le premier album avait été produit par Yuksek, pourquoi n’avoir pas reconduit l’expérience ? Benjamin Pinard : « On n’en a même pas parlé avec Pierre (Pierre-Alexandre Busson, alias Yuksek, ndr). Il avait surtout assuré le mixage de l’album parce qu’on n’avait pas vraiment enregistré en studio. Il a réalisé un boulot de malade parce que parfois on lui refilait 170 pistes pour un seul titre. Julien Delfaud, on le connaissait de nom par des amis en commun et on aimait son travail avec Air, Phoenix, etc. En même temps, on a appris un peu par hasard qu’il aimait ce qu’on faisait et qu’il avait lâché un jour qu’il aimerait bien bosser avec nous. C’est finalement une rencontre assez naturelle. » On ressent ce disque vraiment bien produit, pas lisse mais propre, très pop. Etes-vous perfectionnistes ? Benjamin Pinard : « Je ne trouve pas ça propre, moi. Cela dit, pas du tout, on est des gros branleurs. Après, il n’y a pas de règles. Prends un morceau comme ‘The Laws Of Walls’, il ne peut être produit que d’une certaine manière alors que ‘50’s Are Good’, c’est obligé que ça soit un peu crade dans les aigus, dans la saturation. Après, c’est le mixage de Craig Silvey (Portishead, Last Shadow Puppets) qui donne une couleur générale, une entité au disque. » Vous écrivez tous dans le groupe, comment faites-vous pour combiner les velléités artistiques de chacun ? Benjamin Pinard : « Chacun écrit de son côté. Au maximum, on écrit à trois. Au-delà, ça devient trop la prise de tête en studio. Du coup, celui qui ramène la chanson est un peu le chef d’orchestre. On cosigne tout mais c’est toujours lui qui aura le dernier mot sur la chanson. Chacun ramène des arrangements, des petites idées. Moi, ici, je suis à la base de ‘Modern Dance’ et ‘Boss’. Pour ‘Modern Dance’, on l’a écrite en studio. J’ai trouvé un truc un peu con, guitare-chant, juste un couplet. Anthonin (Ternant, ndr) est arrivé avec un refrain. Ça a été fait en une heure. C’est ça qu’on trouve fun, frais. Tu vois, on avait mis trois ans pour accoucher du premier album. On avait eu le temps de mûrir des trucs, d’y revenir souvent. Ici, on a tout plié en trois mois. » C’est devenu une habitude, partout où on parle de vous, on vous associe à une « scène rémoise » avec Yuksek, The Shoes, etc. Vous la ressentez vraiment cette scène ? Benjamin Pinard : « Reims, c’est grand comme Gand, c’est une ville à échelle humaine où t’as tes petites habitudes. La seule manière que t’as de la ressentir, c’est qu’il y a de plus en plus de concerts, de groupes qui se créent. Oui, il y a une émulation mais le côté scène rémoise, on le ressent surtout quand on est à Paris ou ailleurs. Ça a commencé avec Yuksek, puis nous, puis The Shoes, puis Yuksek qui revient, etc. Il y a tout le temps du mouvement. Là, tu dois absolument suivre Grindi Manberg, un petit jeune obsédé par Ingrid Bergman, ça va cartonner. C’est comme en Belgique,
Un disque : ‘Vampiric Way’ (Savoir Faire/Sony)
on stage 13 décembre, Botanique
08
T e x t e : fa b r i c e v a n o v e r b e r g © j e l l e v e r m e e r s c h
Tomàn
Secret très bien gardé de la scène rock belge, non pas celle
qui ne songe qu’à singer indéfiniment Bloc Party ou dEUS, Tomàn fête cette année les dix années de son existence – les choses étant bien faites, avec un nouvel album ( ‘Postrockhits Volume II’ ) qu’on n’espérait plus, trois ans après son prédécesseur ‘Where Wolves Wear Wolf Wear’ . Belgium’s got talent, indeed.
Le son du limon En dépit des références stylistiques manifestes du titre, qui sont plus qu’un simple clin d’œil aux multiples articles parus à leur sujet dans la presse flamande (et autre), les frères Lode et Wouter Vlaeminck n’ont de cesse de répéter leur irritation face à cette classification qui en vaut pourtant bien des autres. Touchés mais pas coulés, ils ont pris le pli de l’ironie mordante, d’autant plus qu’au premier abord, leur musique n’a rien de tubesque ni de catchy : “Nous avons choisi ce titre pour mieux en rire. Vu qu’il n’y pas vraiment de chant sur nos morceaux, nous savions que nous serions de nouveau rangés dans un tel tiroir. Même si à nos yeux, nous ne faisons pas du tout du post rock, nous sommes curieux de découvrir ce que les critiques vont dire de nous.” Bien que fans absolus du Boléro de Ravel (“Pour nous, le post rock a vraiment démarré avec le compositeur français et son ‘Boléro’, quel climax énorme dans ce morceau !”), c’est davantage vers les synthétiseurs que vers les guitares ou les percussions que s’est dirigé le groupe originaire de Lo-Reninge – Google Maps étant ton ami, tu sais que c’est du côté de Dixmude et son célèbre club 4AD. Confessant une nouvelle addiction à l’instrument - “Nous sommes tellement devenus dingues des synthés que nous en avons maintenant une floppée.”, Wouter, Lode et les troisi autres larrons, dont le guitariste Alexander Vanysacker, ont franchi le cap des réseaux sociaux à leur manière en y postant des vidéos pas sorties de la cuisse de Marc Dorcel (encore que… “Les petits films sur Facebook illustrent notré côté geek des synthés. Si tu cherches ‘Tomànslutz episodes’, tu verras que nous sommes chauds boulettes pour tout ce qui est matoze. Ca nous excite à fond, c’est notre porno à nous ! Rien qu’à voir un beau synthé, on attrape des sueurs.”). Et en dépit de l’apparente froideur des sonorités synthétiques, le combo flamand contourne l’obstacle en lui apportant une chaleur bienvenue : “Un synthétiseur te permet de faire bien plus de choses. Rien n’est plus agréable que de tourner tous ces boutons pour en sortir tout un arsenal de sons, alors qu’une guitare sonnera toujours comme une guitare.” Une chose, toutefois, différencie totalement ‘Postrockhits Volume II’ des œuvres antérieures de Tomàn, notamment l’avant-dernier opus de 2009, qui reposait sur un seul et long track, à l’évidente manière du… post rock... “Ca faisait déjà un moment que nous avions le titre de l’album en tête et c’est dans cet esprit que nous avons composé les morceaux, sans cependant être obsédé par le style post rock. Alors que le disque précédent était en un seul tenant, nous voulions cette fois réaliser un album avec des tracks séparés.” On le voit, de longues plages dépassant la demi-heure, plus question en 2012, tout comme de vraies chansons on ne trouve guère de traces, le tout étant assumé avec un esprit aussi mordant qu’ironique : “Nous voulions faire des titres plus ramassés mais ce n’est pour autant que ce sont de vraies chansons, en tout cas pas au sens traditionnel du terme.”
Originaire, on l’a dit, des plaines de Flandre Occidentale (“Le seul son qu’on a écouté pendant l’enregistrement était celui de nos propres morceaux, ainsi que celui du limon de nos contrées.”), le quintet néerlandophone a traversé la Belgique dans sa plus longue diagonale au cours des recording sessions, dont certaines ont été réalisées dans les Ardennes. “Nous étions tous les cinq en studio là-bas, sans contact avec l’extérieur. L’endroit était propice aux longues promenades vers le moulin à vent du coin.” En plus des inspirations naturalistes de l’endroit, le cyclisme est également un vivier fertile pour les cinq musiciens flandriens, comme en attestent les photos de presse publiées à l’occasion de ce nouvel opus. “Nous sommes tous dingues de cyclisme. La solitude du coureur échappé dans Paris-Roubaix, c’est quelque chose, même s’il n’y a pas de lien direct avec notre musique. Pour nos concerts, nous utilisons même des images du peloton et ça fonctionne très bien.” Outre ces références sportives plutôt ancrées dans la tradition, les Tomàn n’hésitent pas à employer des effets sonores modernes afin de toujours surprendre leur auditoire. Pleinement ancrés dans un monde où la musique s’écoute de plus en plus au casque, ils invitent les fans à profiter du spectacle tournoyant de la 3D, quelles que soient les circonstances (“Quand on écoute le disque au casque, on se rend vraiment compte des effets tournants de nos morceaux qui voyagent ainsi physiquement dans la tête..”) ou presque (“Quand on voyage en train, c’est le moment idéal pour écouter nos tracks.”), ce qui en fin de compte n’est pas sans rappeler l’aspect cycliste de leur univers - “Un peu comme si tu roulais le dimanche après-midi dans les Ardennes flamandes, le casque vissé sur les oreilles.” La (grande) boucle est bouclée.
Tomàn ‘Postrockhits Volume II’ Zeal/Konkurrent
Malgré toutes les étiquettes post rock collées aux basques du collectif flamand Tomàn, l’univers anno 2012 des frangins Lode et Wouter Vlaeminckx demeure plus que jamais marqué par le… post rock. Oubliant, toutefois, la longue pérégrination en un seul morceau de leur précédent ‘Where Wolves Wear Wolf Wear’, le quintet ouest-flandrien revient, trois années plus tard, à des morceaux – beaucoup – plus resserrés qui tendent à se rapprocher du format chanson. Le rabibochage n’est finalement que simple question de minutage, tant les échos vocaux de leur musique évoquent plus le soundscape hanté qu’un chant formaté radio-friendly – même si certains échos évoquent quelque peu la dream pop de nos big chouchous Beach House. Aventuriers de tous les pays, unissez-vous. (fv)
Texte: Anne-Lise Remacle
Jason
Dans nos songes d’hybridation furieuse de pop culture, on a parfois été tentés de croire que Daniel Johnston et Jason Lytle produiraient la
série de comics la plus époustouflante, s’ils n’avaient élu la musique comme piste première de leurs épanchements hors-limites. Que leur bizarrerie et leur candeur combinées donneraient lieu à des merveilles scénaristiques, à des visions fantasmagoriques d’un univers post-apocalyptique où les Fab Four en justaucorps combattraient sans relâche des robots à tête de chien et de cartels pro-technologie sans scrupule. Qu’il y aurait bien entendu des cassettes audio avec des bruitages à la bouche et au Moog pour accompagner la lecture.
Gone with the wind On se dit à présent que les choses sont mieux telles qu’elles sont, avec ces deux zigs-là (de ceux que seule la bipolaire Californie sait produire) chacun dans sa bulle, lovés dans notre champ sonore, fracassant leurs idées sur notre société aux murs trop hauts. Que l’un des deux finirait par se faire la malle sans demander son reste laissant l’autre terrassé par l’inquiétude. Attendez, disparaître? Ne serait-ce pas au fond la grande entreprise de l’homme de Modesto, celle autour de laquelle il gravite depuis ses débuts? Se terrer chez les bouseux, pratiquer l’escapisme, étêter le succès quand il volète, s’harnacher au soc d’une charrue qui vogue à contresens et vous éloigne du monde bruissant (« But then I turn and look to see the world/ where there’s no sense and everything’s absurd / I run into the woods an hide », lancinante envie à la Thoreau sur la clôture ‘Gimme Click Gimme Grid’)? Nous touchons là à quelque chose d’identitaire, mais il serait bon de remettre les choses en contexte. Grandaddy, nom gazouillant aux oreilles de tous ceux qui un jour ont rêvé de faire de l’electro-pop plutôt que du bridge, fut un groupe dont l’origine fut grandement due au hasard. À un fâcheux accident, plus exactement : son leader, alors promu à une belle carrière de skater sponsorisé eut les ligaments déchirés. Dès 1992, le voilà contraint de revenir à sa passion musicale enfantine et de monter un groupe avec des commensaux de sa bourgade (villedortoir qui vit tout de même naître Georges Lucas et fut source d’inspiration pour son ‘American Graffiti’ au début des années 70), dont il ne fera pourtant pas des skate-rockers. Dès la sortie de ‘Under The Western Freeway’ et en particulier dans un ‘AM 180’, Jason Lytle se montre assez clair sur l’oisiveté forcée qui naît de ces banlieues anonymes: « If you come down / We’ll go to town / I haven’t been there for years / But I’d be fine / Wasting our time / Not doing anything / Just doing nothing ». Un constat de désœuvrement abyssal qui n’est pas sans nous rappeler la déclaration de Matt Stone (initiateur de Southpark avec son comparse Joey Parker) dans ‘Bowling For Columbine’. Littleton ou Modesto, même combat : hormis la solution radicale du carnage, la seule façon viable d’y être différent et d’évacuer sa colère face à l’ostracisme d’une société qui n’accepte pas les losers consisterait à se faire transformateur de ce réel inacceptable, bâti pour tous ceux qui acceptent le moule dès le plus jeune âge. Dans ce premier opus, cette posture instable est à nuancer: si elle est ardemment désirée (« And it was quite beautiful and it was far away / ‘Cause everything is beautiful far away »), la tentative d’évasion ou d’exotisme se solderait plutôt par une déception (« Summer here kids, all of them awful lies / Tourist info said I’d have a good time »), un évitement (« Here I sit and play guitar And
Texte : eric therer
Lytle
drink beer out in the country Having narrowly escaped my trip » pour le très ironique ‘Collective Dreamwish of Upper Class Elegance’), voire de la méfiance (« Nobody knows where the poison goes, Where it came from nobody knows / Poisoned at Hartsy’s »). Une attitude qui se fortifiera sur ‘The Sophtware Slump’ où notre homme est forcé de contempler son quotidien à travers les visionneuses de surveillance, et rêve de trouver un foyer (« dream at night / Of going home someday / Somewhere so far away ») ou de ne s’être jamais égaré loin de son propre Eden, le lac de cristal (« And find my way again / I’ve lost my way again »). La thématique d’effacement sous-tend également ‘Sumday’, où le jeu d’attachement-détachement (à la ville, au monde) se fait de plus en plus évident (« people like me, Tie ‘em down and then they vanish instantly / Let this one fly....»), et le dernier effort de Jason Lytle au sein de Grandaddy (‘Just Like The Fambly Cat’) finit par détailler une situation inextricable, un point de rupture : « dreams I hear voices that say / Look this way! / But I can’t see nothing / So I turn away to head down roads / Dead ends and holes ». Peu avant la sortie de cette quatrième collection de blips plus ou moins inspirés et sous emprise, le groupe se sépare sur un constat de succès critique mais de fins de mois et tournées impossibles. En 2006, Jason Lytle prend enfin son envol loin de sa ville chérie autant que jugée toxique pour rejoindre les reliefs du Montana. Trois ans plus tard, une percée légèrement plus rassurante semble émerger de ‘Yours Truly The Commuter’, première tentative en solo de notre évadé montagneux (« I’m stoked I’m back after where I’ve been / I may be limping but I’m coming home »), mais les doutes subsistent quant à sa façon de faire corps avec le réel (« I’m mountain high / I say goodbye / My concerns have been confirmed / I am lost »). Qu’en est-il alors de la nouvelle mouture, qui affiche enfin clairement cette volonté de se fondre dans le décor (« I’ll crawl into the mountains, I’ll fall into obscurity / A phantom on the landscape, a memory of what it used to be ») mais aussi une tentative d’accalmie? On y retrouve cet ADN si notable des albums de Grandaddy : ce mélange d’ingénuité vocale et d’instantanéité pop, cette nuée bourdonnante de sonorités vintage qu’on pourrait parfois juger douteuses chez d’autres mais qui ne font ici que nous égayer, cette tension constante entre agitation monomaniaque et craquelure attendrissante. D’entrée de jeu, ‘Dept of Disappearance’ sonne tubesque, donne envie de brailler, ‘Matterhorn’ nous fend sous l’exposition d’un deuil douloureux, d’une simplicité qu’il serait bon d’accueillir (« What’s wrong with the safe and warm/ what’s wrong with book and tea at night ? »). Là où ‘Young Saints’ bouscule et bourdonne, ‘Get Up and Go’ se veut mantra-coué allègre. Chaque aficionado ou profane pourrait trouver à cette source mi-limpide mi-limoneuse un morceau qui s’ajouterait à la fièvre adolescente de ‘Summer Here Kids’, aux tourbillons tendres d’’Hewlett’s Daughter’, une pièce du puzzle de cet étonnant chasseur de vent. Ni estomaqués, ni désappointés par une formule aux contours presque coutumiers mais qu’on adoptera tout de go, nous voilà ravis que depuis les anfractuosités, l’homme de Modesto fasse encore résonner ses échos. Un disque : ‘The Dept of Disappearance’ (Anti/PIAS) Suivez le guide : http://jasonlytle.com/
on stage 11 février, Le Grand Mix, Tourcoing 16 février, Pias Nites, Tour & Taxis, Bruxelles
09
Flâneur sonore, Tim Hecker l’est assurément et intensément.
Touriste international, on l’a vu arpenter les scènes des festivals Sonar, Mutek, Victoriaville, Ideal ou encore les planches du club Transmediale de Berlin. Touriste expérimental, il semble insatiable dans sa recherche constante de nouveaux terrains d’essai. Derrière ses disques obliques et dyslexiques se dissimule un homme peu prolixe et encore moins exubérant. Tentative d’approche succincte.
Touriste expérimental De Tim Hecker, on ne connaîtrait finalement pas grand chose. Cette méconnaissance s’expliquerait sans doute par le manque de couverture médiatique. Au sein du Rifraf, trouverait-on tout au plus quelques apparitions ci et là au gré des chroniques de (fv) mais pas d’article récapitulatif. C’est dire si nous attendions une entrevue, histoire que l’homme se mette à table, qu’il nous parle et qu’il vous parle. L’occasion était d’autant plus belle que Tim Hecker venait de réaliser avec Daniel Lopatin un excellent album flanqué d’un titre badaud : ‘Instrumental Tourist’. Malgré plusieurs appels, son manager prétexterait une tournée en cours chronophage et trop prenante pour nous faire savoir au final qu’une interview s’avérait impossible. Dont acte. Né à Montréal en 1974, Timothy D. Hecker aurait commencé à faire de la musique dans les années 90 mais ce ne serait qu’à partir de 2001 qu’il s’attellerait à éditer ses disques. Si Kranky apparaissait comme étant sa maison de disques tutélaire, on le verrait également se faire éditer par des labels comme Substractif, lorsqu’il n’en était qu’à ses débuts, et plus tard par Mille Plateaux, Alien 8, Mort Aux Vaches ou encore Room 40, le label dirigé par Lawrence English. ‘Haunt Me, Haunt Me Do It Again’, son premier album, alignerait des petites vignettes électroniques et des interludes dronatiques à une époque où le genre demeurait relativement peu usité. Très vite se ferait-il remarquer par une poignée d’audiophiles avisés. Mille Plateaux lui ouvrirait ses portes pour ‘Radio Amor’, une sorte de journal radiophonique ambient, tandis que Alien 8 Recordings, un des labels les plus curieux de Montréal, lui donnerait carte blanche à plusieurs reprises. L’année dernière, Hecker se serait claquemuré dans une église islandaise où il aurait réalisé sous la houlette bienveillante de Ben Frost ‘Ravedeath, 1972’, un album introspectif posant des questions ressortant de l’attitude dans l’acte artistique. De ce disque, un confrère écrira qu’il n’était en fait qu’un prétexte à l’implication physique de l’auditeur, précisant que son écoute s’apparentait à un lent voyage réclamant une puissante participation. Hecker engagerait et s’engagerait dans des collaborations. Ainsi s’attarderait-on sur celle remarquée avec Aidan Baker concrétisée par le très bel album co-signé sous leurs deux noms, ‘Fantasma Parastasie’. On soulignerait aussi celles, plus discrètes, avec Fly Pan Am, Martin Tétreault ou Christof Migone, ses compatriotes et potes québécois. A chaque fois, une patte, une estampille. Parfois, il se contenterait de prendre la route avec des groupes dont il assurerait la première partie. Il en aurait été ainsi avec Godspeed You! Black Emperor ou Isis, des gens tranchant singulièrement avec son sens de l’introspection. L’amour de la recherche et l’amour du studio. Tim Hecker y demeurerait des heures durant. Il resterait taiseux sur ses méthodes, confessant pourtant n’avoir aucune admiration particulière pour la technologie. Il serait question de la recherche d’un son. La recherche du son. Un son qui ferait l’appoint, la différence. Pour cela, Hecker aurait recours aux aplats, aux aplombs, à l’apesanteur. Il privilégierait les grandes surfaces, les grandes durées. L’œuvre terminée, il resterait en suspens des questions. Sons, bruits, drones, ambiances… ? On chercherait en vain les définitions, les qualificatifs. Seules subsisteraient ces longues pistes. Des traces. Des ornières. Des chemins de hallage.
Tim Hecker & Daniel Lopatin ‘Instrumental Tourist’ Sof t ware/V2
‘Instrumental Tourist’ met en scène une douzaine de pièces dont on ne doute pas un instant qu’elles seront autre chose qu’instrumentales. Mais à y écouter de plus près, c’est la notion même d’instrumentation, d’‘instrumentalité’ pourrait-on dire, qui est questionnée. Ces morceaux semblent davantage être issus d’un processus de transformation radicale que du corps d’un instrument. Une sorte de transfiguration qui agirait tant sur le matériau que sur ses démembrements. L’approche est à la fois synthétique dans le rendu et le résultat et acoustique dans sa résonance. Tim Hecker et Daniel Lopatin scellent ici les liens d’une collaboration fructueuse et intelligente qui se veut dans le même temps la première parution au sein de la série Software Studios Series au sein du label Software Recording Co’s, un label aventureux qui n’en est encore qu’à ses débuts. Là où Hecker apporte un savoir-faire patenté, Lopatin se prévaut d’une sensibilité qui est celle qu’il a pu déployer sous son alias Oneohtrix Point Never. La convergence de leurs attirances sonores apparaît au grand jour sans qu’elle ne résulte d’un travail de longue haleine ou de répétitions programmées tant on sent bien que ce sont davantage les affinités naturelles et une bonne part d’improvisation qui ont guidé les pas des deux compères. ‘Instrumental Tourist’ va au-delà de la transformation du son, il en est le paradigme abrégé. (et)
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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © t h i b a u lt m o n ta m at
Mathieu Boogaerts, c’était ce garçon aux morceaux-balançoires, qui tapaient doux, qui tapaient fort :
‘Bon voyage’ et nos monticules d’idées impossibles à dissocier, ‘Une bonne nouvelle’ et des opportunités non grappillées, ‘Dom’ et ces amis à qui on n’aura pas tout dit, ‘Siliguri’ comptine pour enfants pas sages. Mathieu Boogaerts, c’est celui qui une fois encore nous émeut dans ce refus de cimenter ses certitudes. Lui et nous, on pensait bien « qu’c’était pour la vie, qu’c’était pas pour la frime... »
Mathieu Boogaerts Votre sixième album est éponyme…une volonté de vous mettre davantage à nu, comme le suggère votre clip d’’Avant que je m’ennuie’ ? Mathieu Boogaerts : « Si l’album n’a pas de titre, ce n’est pas une démarche intellectualisée. Sur les précédents, le titre s’était imposé de façon un peu irrationnelle. Ici je n’ai pas eu cette étape de réelle conviction : j’ai préféré ne pas mettre de titre plutôt qu’un que j’allais regretter. Ce n’est pas évident de trouver une formule qui reflète le son du disque, le propos, une collection de chansons. »
La théorie de la relativité Avant de le produire, vous avez écumé les planches de la Java, comme il y a deux ans. Est-ce une meilleure façon d’éprouver de nouveaux morceaux, de les faire d’abord vivre sur scène ? Mathieu : « C’est plutôt un concours de circonstances qui a fait que j’ai déjà vécu trente concerts avec ces chansons. Elles étaient finies à la virgule près, il n’était pas question d’arriver sur scène avec des brouillons. Par contre, ce que ça a pu changer, c’est le fait de les jouer très régulièrement : quand je suis arrivé en studio, je les avais patinées, elles étaient déjà entièrement habitées. Du coup ce disque a été enregistré très vite et avec plus de conviction que le précédent, un supplément de confiance. » Vous travaillez avec la même équipe depuis vos débuts; est-ce important de vous sentir entouré par un clan? N’auriez-vous pas envie de vous mettre plus en danger, d’explorer d’autres pistes ? Mathieu : « S’il y a un aspect où j’ai des efforts à faire, c’est là-dessus : je suis toujours un peu frileux, je n’assume pas le rôle du petit patron. Je suis réticent à aller solliciter d’autres partenaires de peur que ça ne marche pas, et de devoir leur signaler. C’est dommage parce que je sais que je passe à côté de rencontres. Zaf Zapha, Fabrice Moreau, Renaud Letang, M/M, Thibault Montamat sont des gens très précieux et depuis les années on développe un langage commun, mais c’est vrai, je devrais parfois me faire un peu violence. Je pense que c’est la prochaine étape. » Vous avez écrit deux morceaux pour Camelia Jordana, vous travaillez de façon régulière avec Luce. Est-ce que vous souhaiteriez faire ce travail d’écriture avec d’autres artistes ou votre patte est trop intime pour d’autres univers ? Mathieu : « Je n’ai pas du tout ce recul nécessaire pour me dire que ma patte est personnelle ou pas. Mais les morceaux pour Camelia ont poussé Vanessa Paradis à me contacter, je lui ai écrit cinq chansons pour son nouvel album, j’en suis très content. Ça n’est pas un fantasme que j’ai d’écrire pour X ou Y. Ça m’a plu pour Camelia, pour Luce, pour Vanessa, mais je ne le vois pas du tout comme un sous-métier, je ne fais pas ça par dépit. J’ai eu l’impression de le vivre pleinement comme si c’était pour moi. Ca me ravit de voir que je peux faire ça, c’est rassurant. » La formule « tourner en rond » vous taraude. Elle intervient également dans la forme de vos textes, vous jouez du cercle, des écholalies, du refrain presque comme une forme d’autopersuasion… Mathieu : « Je ne peux pas répondre à ça. Ce n’est pas par pudeur. Je ne fais pas un bilan sur mon état psychologique qui aboutirait à écrire des chansons. Chacune vient un peu par accident, quelques mots viennent se greffer, je ne les cherche pas, j’improvise. Si ce sont ceux-là qui arrivent, il y a sans doute une raison à l’intérieur de moi. Et puis hop, ça m’émeut, je creuse un sillon. Ce n’est qu’à posteriori que je me dis « Ah tiens, c’est marrant, à telle période tu parlais plus de ça que de ça ». Il y a des contextes où j’ai l’impression d’avoir les pieds sur terre, des repères et d’autres où tout est remis en question. « It is a shame I never feel the same » c’est ce que disait la chanson ‘Ondulé’ qui m’a fait connaître. J’ai un petit garçon de deux ans et forcément ce que je vais lui transmettre
m’interroge. Là, il est encore en âge où on ne communique pas très bien mais plus ça avance plus je crois que ce que je vais lui dire c’est que tout est relatif. Je n’ai rien inventé en le disant (rires). » C’est une position d’équilibriste. Écrire, c’est une façon de rendre cet état plus confortable, ça vous permet de rester sur le fil sans chuter ? Mathieu: « C’est sûr ! Si mon métier c’est ça, si j’y attache autant d’importance, si j’y passe tellement de temps et si ça me tient tant à cœur, c’est que formuler, figer les choses et surtout les partager est un besoin. » Chez certains musiciens, sur un nouvel album, tel riff de guitare induit telle influence inédite. Chez vous, ça n’est pas aussi prégnant. Qu’est-ce que vous nourrit en ce moment ? Mathieu : « C’est un phénomène très inconscient. J’écoute des choses, mais dans ce que j’écoute, qu’est-ce qui va en ressortir dans ma musique ? Il y a un filtre que je ne maîtrise pas. Ce vers quoi je tends, c’est vraiment la musique folklorique. Ce n’est pas parce que j’estime qu’il n’y a rien de bien actuellement, mais ça ne m’intéresse pas trop, je ne me force pas. Par contre, quand je vois les flûtes de je ne sais où ou le village au fin fond de l’Afrique, vraiment j’ai la pulsion, j’ai envie d’écouter. » Vous auriez éventuellement envie d’aller enregistrer au Mali, en Argentine ou ailleurs ? Mathieu : « Dans mes rêves les plus fous, oui, mais après, concrètement, rares sont les métissages que je trouve pertinents, ça sonne toujours un peu fabriqué. Je ne saurais pas trop comment l’aborder, qui contacter, où aller. Pour l’instant, si je ne l’ai pas fait c’est que ça n’était pas évident, et il faudrait que ça le soit pour que je le concrétise. » C’est nécessaire pour vous, de vous éloigner de Paris pour lancer le processus ? Mathieu : « Depuis vingt ans, je ne peux pas écrire chez moi. Ça demande tellement d’énergie qu’il faut que je m’accorde des parenthèses. Donc je pars deux, trois mois avec pour mission de revenir avec des chansons finies. Dans 15 jours, je vais partir au Maroc tout seul pour bosser sur le prochain disque de Luce. Mais je pense que ce je vais y écrire, si je l’écrivais en Islande, ça serait la même chanson. C’est en moi, il faut juste un espace pour la sortir. »
Mathieu Boogaerts ‘Mathieu Boogaerts’ Naïve/Pias
2012, année erratique. Nous voilà perdus, en panne, à la recherche d’absolu et avec un besoin de fiction impossible à rassasier. À nos côtés, Mathieu dépose des points de suspension sur douze airs à l’essence insolite, fluctuante. Allègres et plombés, ça oscille : nonchalance jamaïque, beats en sueurs froides, pouls à l’unisson. « Il est minuit C’est l’heure de rien », l’heure bleue où surgissent de maladroits mais zélés faiseurs de tours (« Attends un dernier tour et puis Peut-être tu m’aimeras C’est mon dernier tour de magie Abracada »), où rôdent de ravissantes hallucinations auditives au sillage blond, où tournent tournent des ritournelles libératrices, pleuvent, mouillent, trempent des averses rédemptrices. On s’y dore, on s’y brûle, on s’y trompe, on s’angoisse, on divague, on y assemble des pièces sans notice. On y croit doux comme fer que demain, on refera du feu de nos corps en berne, des bateaux de sentiments en brindilles. Que si l’époque nous chamboule, il nous suffira d’y imprimer des mots choux en fanions discontinus pour l’appréhender, qu’on se sentira mieux : ni vraiment léger, ni vraiment chagrin, simplement raccord. Sans peur et sans fusil, dans notre théâtre de vies minuscules, à sauter à cloche-pied. « Et tu verras C’est merveilleux Toutes ces voix Si tu le veux Tu entendras. » (alr)
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Cette année encore, la rédaction de RifRaf a eu l’outrecuidance d’écouter des disques et de les passer à la moulinette d’un double critère inacceptable : la qualité et le goût. Une fois n’est pas coutume, nombre
d’albums sortent du lot et s’adjugent les faveurs de l’équipe. Retour sur une autre année passionnée, où il n’est question ni de complaisance ni de petits arrangements avec les vivants.
(na) 1. Grizzly Bear ‘Shields’ (Warp) On pensait que le quatuor new-yorkais avait atteint le comble du somptueux sur l’album ‘Veckatimest’. C’était mal connaître l’extrême perfectionnisme dont sont capables ces grands explorateurs de la pop moderne. Harmonies vocales vertigineuses, mélodies monumentales, crève-cœurs enchantés, chansons du bonheur : ‘Shields’ est une bâtisse aux structures complexes, une forteresse imprenable. 2. Liars ‘WIXIW’ (Mute) 3. Ty Segall ‘Twins’ (Drag City) 4. Franck Ocean ‘Channel Orange’ (Def Jam) 5. Sharon Van Etten ‘Tramp’ (Jagjaguwar) 6. El-P ‘Cancer For Cure’ (Fat Possum) 7. Tindersticks ‘The SometingRain’ (V2) 8. Kendrick Lamar ‘Good Kid, M.A.A.D’ (Interscope) 9. Godspeed You! Black Emperor ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!’ (Constellation) 10. Balthazar ‘Rats’ (Pias)
groover sans rougir à chaque plage.
(ab) 1. Dr. John ‘Locked Down’ (Nonesuch) Papy Vaudou et Zombie Blanc du Rock’n’Roll, à plus de 70 ans le bon vieux Docteur nous remet une louche de son élixir, vraisemblablement de jeunesse. Enfin désintoxiqué, secondé par un Dan Auerbach bien plus inspiré que sur son dernier Black Keys, il concocte dans ses alambics un blues maléfique et païen, des recettes rock ancestrales à hanter vos nuits. ‘Locked Down’ se hisse tout en haut des œuvres de Dr. John et du rock’n’roll, tout simplement. 2. Alt J ‘An awesome Wave’ (Infectious Records) 3. Prince Rama ‘Top Ten Song Of The End Of The World’ (Paw Tracks) 4. Dan Deacon ‘America’ (Domino) 5. The Soft Pack ‘Strapped’ (Mexican Summer) 6. Ryan Bingham ‘Tomorrowland’ (Thirty Tigers) 7. ex aequo : King Tuff ‘King Tuff’ (SubPop) / Devin ‘Romancing’ (Frenchkiss) 8. AU ‘Both Lights’ (Leaf/Hometapes) 9. Asteroids Galaxy Tour ‘Out Of Frequency’(BMG) 10. Reptile Youth ‘Reptile Youth’ (HFN)
(dark) 1. Mouse On Mars ‘Parastrophics’ Mark E. Smith les avait pris, il avait tout compris. Mouse on Mars signe un verset passionnant de la bible électronica. L’ivresse sans déboutonner la chemise, le mal de mer sans vomir, l’extase sans s’intoxiquer, le talent de proposer « la musique concrète pour tous » et le culot de
2. Andy Stott ‘Luxury Problems’ 3. Ty Segall ‘Twins’ 4. Slagsmalsklubben ‘The Garage’ 5. Alt-J ‘An Awesome Wave’ 6. Vladislav Delay ‘Kuopio’ 7. Marc Houle ‘Under Cover’ 8. Oscar Mulero ‘Black Propaganda’ 9. ‘Late Night Tales’ by Metronomy 10. Bonzai Records 20 years
(fd) 1. Sharon Van Etten ‘Tramp’ (Jagjaguwar) Le nouveau disque de Sharon Van Etten a revêtu ses plus beaux atours, s’avançe pas bégueule avec l’assurance des classiques qui ne se la racontent pas. La chanteuse s’y voit donner la réplique par une flanquée d’acteurs majeurs de l’internationale pop. Epaulée par une production classieuse, présentant la belle robe des grands crus, qu’est-ce qui l’empêcherait d’être une des grandes voix d’aujourd’hui? 2. Barbara Carlotti ‘L’Amour, L’Argent, Le Vent’ (Atmosphériques) 3. Quakers ‘Quakers’ (Stones Throw) 4. Grizzly Bear ‘Shields’ (Warp) 5. Tindersticks‘The SometingRain’ (V2) 6. Spain ‘The Soul of Spain’ (Glitterhouse Records) 7. Django Django ‘Django Django’ (Because Music) 8. Liars‘WIXIW’ (Mute) 9. Isbells ‘Stoalin’’ (Zeal) 10. Roedelius+Chaplin ‘King Of Hearts’ (Sub Rosa)
(pf) 1. Super Reverb ‘Super Reverb’ (Les Disques En Rotin Réunis) Doté d’une pochette superbe aux motifs psychédéliques, ‘Super Reverb’ prend des allures de trip hallucinant et tourbillonnant entre kraut rock, psyché old school, space rock et électro punk, le tout avec des envolées pop irrésistibles et un penchant pour des arrangements indie et noise. Une véritable merveille qui développe son pouvoir magnétique et entêtant au cours des écoutes successives. 2. Can ‘The Lost Tapes’ (Spoon/Mute) 3. Divine Fits ‘A Thing called Divine Fits’ (Merge Records/Anti) 4. Baroness ‘Yellow And Green’ (Relapse) 5. Moon Duo ‘Circles’ (Souterrain Transmissions) 6. Trent Reznor/Atticus Ross ‘The Girl With The Dragon Tattoo’ (Null Coroporation/Mute) 7. VCMG ‘SSSS’ (Musical Moments/Mute) 8. Dat Politics ‘Blitz Gazer’ (Sub Rosa) 9. Land Observations ‘Roman Roads IV-XI’ (Mute) 10. Bob Mould ‘Silver Age’ (Demon Music/V2)
(lg) 1. Sharon Van Etten ‘Tramp’ (Jagjaguwar) C’était un dimanche tôt dans l’après-midi. J’entamais, assez loin de la scène, une des premières bières d’un quatrième jour de
festival. Je pensais encore une fille qui fait du folk et, paumé comme jamais, je renâclais. Et puis, sans vraiment rien entraver au comment, je me suis retrouvé au premier rang, les poils dressés. « Dear i need someone who’s lost ». C’était moi. Ça l’est toujours. 2. Quakers ‘Quakers’ (Stones Throw) 3. Soko ‘I Thought I Was An Alien’ (Because) 4. Yom And The Wonder Rabbis ‘With Love’ (Buda) 5. Barbara Carlotti ‘L’Amour, L’Argent, Le Vent’ (Atmosphériques) 6. The Bewitched Hands ‘Vampiric Vay’ (Savoir-Faire) 7. Ariel Pink’s Haunted Graffiti ‘Mature Themes’ (4AD) 8. Mujeres ‘Soft Gems’ (62Tv) 9. The Fresh & Onlys ‘Long Slow Dance’ (Souterrain Transmissions) 10. Dominique A ‘Vers Les Lueurs’ (Cinq 7)
(gle) 1. Calexico ‘Algiers’ (City Slang) S’aventurant loin de la rudesse et de l’âcre poussière du désert arizonien dont les cactus aiguillonnent traditionnellement l’inspiration, Calexico propose avec ‘Algiers’ un disque sombre et tourmenté mais aussi illuminé et aéré par l’esprit de la Nouvelle-Orleans qui fait écho aux questionnements presque métaphysiques de ses hôtes. 2. 3. 4. 5. 6. 7.
Sharon Van Etten ‘Tramp’ (Jagjaguwar) Islands ‘A Sleep And A Forgetting’ (ANTI-) Dominique A ‘Vers Les Lueurs’ (Cinq7) Gravenhurst ‘The Ghost In Daylight’ (Warp) Alt-J ‘An Awesome Wave’ (Infectious) Graham Coxon ‘A+E’ (EMI)
Texte : laurent grenier
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Rencontrer Philippe Delvosalle, c’est d’abord faire la connaissance d’un vrai passionné. Un homme qui, depuis l’adolescence, se sera finalement dévoué sans compter pour ses deux passions, le cinéma et la musique.
8. Françoiz Breut ‘La Chirurgie Des Sentiments’ (Caramel Beurre Salé) 9. Crocodiles ‘Endless Flowers’ (Souterrain Tranmissions) 10. Yom And The Wonder Rabbbis ‘With Love’ (Buda Musique)
Au point, aujourd’hui, de remonter un micro-label dont les lignes de conduite tiennent de la pure beauté du geste : sortir uniquement du vinyle au format 25cm, soigner les pochettes, ne signer qu’au coup de cœur.
(alr) 1. Cheek Mountain Thief ‘s/t’ (Full Time Hobby) Dans l’enfer des villes / À mon regard, tu te dérobes… cherchons plutôt une cabane. Une retraite. Une inspiration. Mike Lindsay (Tunng) n’aura sans doute pas bouleversé votre vision de la pop en 2012, mais il aura restitué, intact, notre goût des grands espaces, notre ‘Usage du monde’ et la somptuosité de ces expériences où nous entraîne notre vraie nature, tambour battant. 2. Arlt ‘Feu la Figure’ (Almost Music) 3. Spain ‘The Soul of Spain’ (Glitterhouse Records) 4. Beach House ‘Bloom’ (Sub Pop) 5. Sharon Van Etten ‘Tramp’ (Jagjaguwar) 6. Grizzly Bear ‘Shields’ (Warp) 7. Cold Specks ‘I Predict a Graceful Expulsion’ (Mute) 8. Matt Elliott ‘The Broken Man’ (Ici d’Ailleurs) 9. Diagrams ‘Black Light’ (Full Time Hobby) 10. Lightships ‘Electric Cable’ (Domino)
(et) 10 trips auriculaires dans ta gueule Swans sur disque (‘The Seer’ - Young God) et sur scène Même Les Oiseaux Puent sur l’estrade du nouveau palais de justice de Liège Trio Grande & Matthew Bourne en concert aux Chiroux Rocket From the Tombs, ressuscité à Musique Action, Nancy Bill Fay, born again avec ‘Life Is People’ Le souffle ouï et inouï de Colin Stetson L’ante poste turntabilism de Philip Jeck Silver Apples, live, sans doute la der des der Les clusters au piano de Henry Cowell Les onomatopées animalières du bébé Luc Therer
(fv) 1. Beak> ‘>>’ (Suburban) Krautrock’s not dead, tel est le crédo de Beak> et sa mégaobsédante plongée dans les rythmiques de Neu! ou de La Düsseldorf, trempées dans une sauce au format 2012 dont il est impossible de se remettre. Merci Geoff Barrow, après avoir dans ta carrière réalisé au moins deux albums au firmament de la pop music (l’autre étant ‘Third’ de Portishead), ta place dans la légende est déjà réservée. En parlant de demi-dieux, le grand prix géologique de l’année revient aux ‘Lost Tapes’ de Can, remplie d’inédits (1968-1977) tous plus formidables les uns que les autres. Vous disiez donc kraut? 2. Gareth Dickson ‘Quite A Way Away’ (12K) 3. Mia Zabelka ‘M’ (Monotype) 4. AtomTM ‘Winterreise’ (Raster-Noton) 5. Bee Mask ‘Vaporware / Scanops’ (Room40) 6. Paul Buchanan ‘Mid Air’ (Newsroom) 7. Thomas Köner ‘Novaya Zemlya’ (Touch) 8. Bérangère Maximin ‘No one is an island’ (Sub Rosa) 9. Lubomyr Melnyk ‘The Voice Of Trees’ (Hinterzimmer) 10. Neneh Cherry & The Thing ‘The Cherry Thing’ (Smalltown Supersound)
« Le cinéma et la musique sont mes deux passions mêmes si je n’aime pas tellement la musique estampillée musique de film. Je voulais trouver un nom de label qui fasse le lien avec le cinéma. J’aurais voulu l’appeler d’après un de mes courtmétrage préféré, presque documentaire, de Maurice Pialat, ‘L’Amour Existe’. Ça aurait été la seule exception au format 25cm du label. J’aurais rêvé d’un double LP avec sur une face la bande-son plus la voix off du film et sur les trois autres faces des gens qui remixent, réinterprètent, transforment en chansons, donnent en musique leur vision du film. Comme j’ai voulu faire ça dans les règles, j’ai contacté l’ancienne compagne de Pialat
Au Bord De La Mer Bleue mais on ne m’a jamais répondu. Donc, j’ai pensé à un de mes cinéastes préférés, Boris Barnet, et à son film ‘Au Bord De La Mer Bleue’ (1936) qui correspond vraiment à l’image que j’ai envie de véhiculer du label mais comme c’est beaucoup trop long, j’ai opté pour un autre de ses films ‘Okraïna’ (1933). Au-delà de la sonorité, j’aimais bien aussi l’idée qu’en russe, ce mot signifie faubourg, quelque chose d’un peu lié à la ville mais qui, en même temps, reste en marge. » Marge, le mot est lâché. Dans le long entretien, passionnant et plutôt informel, que Philippe Delvosalle nous a accordé, il a été à plusieurs reprises question de musique de niches. La première référence du label, d’ailleurs, ne pourrait être qualifiée autrement. A l’instar d’une autre maison de disques bruxelloise, Humpty Dumpty Records, Philippe Delvosalle n’envisage de sortir des disques qu’au coup de cœur, soulignant au passage un évident éclectisme musical. Le disque d’Eloïse Decazes et Eric Chenaux est l’illustration même de ces deux points. C’est sur le net, via une annonce pour un concert à Paris que Delvosalle a entendu parler d’Eloïse pour la première fois. La description avait attiré son attention. C’est sur son MySpace que Philippe découvre les chansons aujourd’hui gravées dans le microsillon de son premier 25cm : « C’était peu de temps avant la sortie du premier album de Arlt en autoproduction. Je suis rentré en contact avec elle par e-mail, au départ juste pour acheter le cd. Elle m’a aussi envoyé le cd-r des chansons qu’elle avait enregistrées avec Eric Chenaux. On s’est échangé quelques courriels et j’ai fini par faire jouer Arlt ici, à Bruxelles. Ce cd-r devait au départ sortir sur un label anglais mais ça a capoté. On parle aussi d’une sortie sur cd au Japon. Comme ça traînait, Eloïse m’a demandé si je ne connaissais pas un label belge intéressé. J’avais d’abord pensé à Humpty Dumpty et puis j’ai osé lui parler du projet que j’avais depuis deux ou trois ans, remonter un label. » Remonter un label. Parce que monter une maison de disques, Philippe l’a déjà fait. C’était au milieu des années nonante. Ça s’appelait Ubik. Il a sorti une dizaine de références, dont les plus connues sont un 45 tours de Folk Implosion (Lou Barlow et John Davis, ‘Electric Idiot’ en 1995) et un cd de Jad Fair. A l’époque, Philippe travaillait au Musée du Cinéma. Depuis 2002, il bosse à la Médiathèque. Avant, pendant ou après tout ça, il a, entre autres, créé le fanzine ‘Bardaf !’ devenu le webzine ‘brdf.net’, sous-titré ‘Musiques Mutines Et Mutantes’ pour parler librement et longuement de ses passions. Il s’est aussi occupé de la programmation de La Ferme Du Biéreau à Louvain-LaNeuve. On le retrouve encore sur Radio Campus dans l’émission ‘Mu’. Une vocation de passeur qui est peut-être à rechercher dans ses racines profondes, celles d’une famille de mélomanes, d’une enfance où on écoutait religieusement les émissions de musique classique, en prenant des notes : « Là où aujourd’hui je me reconnais dans mon père, davantage que dans la musique, c’est dans l’intensité du rapport à la musique. Sans que ça devienne quelque chose de coincé ou de chiant, ce rapport à la musique peut être quelque chose de sérieux, auquel il faut consacrer du temps ». Ce temps qui n’a jamais d’emprise sur les meilleurs disques. D’ailleurs, à l’avenir, Philippe concède volontiers que ressortir des trucs déjà parus sur des supports plus confidentiels pourrait se reproduire. Comme la troisième référence du label, prévue pour 2013, le pressage sur vinyle d’un cd-r de Ignatz et Harris Newman, ‘Bring You Buzzard Meat’, jusque-là uniquement disponible sur une tournée commune des deux artistes. Ce disque, comme les deux précédents sera illustré par Gwénola Carrère : « Assez vite, j’ai eu l’idée que ce soit elle qui illustre chaque disque du label. Elle vient de l’illustration pour enfants mais elle est fan de musique et elle a été super heureuse quand on lui a proposé de dessiner les affiches des concerts pour La Ferme Du Biéreau. Ce qui m’intéresse chez elle et qui ne se voit pas forcément dans le résultat final, c’est qu’elle va écouter quatre-vingt fois le disque pour trouver les bonnes images ». De l’orfèvrerie de passionnés, on avait prévenu.
Eloïse Decazes et Eric Chenaux ‘Eloïse Decazes et Eric Chenaux’ Okraïna Records
Lorsqu’on avait interviewé Eloïse Decazes un peu avant l’été, à l’occasion de la sortie du deuxième album de Arlt, on avait découvert une fille assez taiseuse, réservée. C’était Sing Sing qui parlait beaucoup, et pas pour ne rien dire. A côté, Eloïse acquiesçait, un peu ailleurs. Toujours, peut-être, dans ce projet dont elle ne nous avait pas soufflé mot. Huit titres quasiment médiévaux qui attendaient sagement une réelle opportunité de s’offrir à nos oreilles. Ce salut, ils le doivent à Okraïna Records, nouveau venu qui mise sur le vinyle et les musiques de niche. Enregistrées et mixées à Toronto en 2009, il leur aura donc fallu trois ans avant d’arriver dignement sous nos diamants. Si Arlt peut par moments sonner moyenâgeux, on en connaît désormais avec certitude la raison : Eloïse Decazes. Avec Eric Chenaux, le virtuose indie canadien (Constellation Records), ils proposent un disque définitivement hors du temps, d’une beauté et d’une tristesse insondable, fait de quatre chansons traditionnelles, d’une reprise d’Areski Belkacem et d’une autre de Jean Richepin et Jean-Marie Sénia, (‘La Glu’, à capella terrifiant, l’histoire d’un mec qui doit tuer sa mère pour apporter son cœur à une fille qui ne l’aime pas) et de deux instrumentaux à la guitare à l’archet sur fonds de field recordings de danseurs (‘Contredance #1’ et ‘Contredanse #2’ qui laissent imaginer ce qu’aurait pu faire Sonic Youth au XV siècle). (lg)
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Texte : Ant no e -i n L ies eB o Ru er msa c l e
A nos coeurs déjà meurtris par les prémisses de l’hiver, Stubborn Heart s’en viennent souffler le chaud et le froid et couvrent nos épaules engourdies d’une bruine de beats fondants. Secouez vos manteaux n’y changera rien, la sensation trip-hop venue d’Angleterre ne s’estompe pas si facilement : les sculptures sur glaces de Luca Santucci et Ben Fitzgerald s’insinuent sous la peau et la parsème de bourgeons givrés. Juste retour des choses, Luca et sa voix de
mercure sont coincés au lit, victimes d’un coup de froid. C’est auprès de Ben, programmateur aux commandes de ce thermostat musical, que je prends le pouls de Stubborn Heart. Stubborn Heart est présenté dans la presse comme une révélation, mais vous n’êtes pas exactement des nouveaux venus. Ben Fitzgerald : « Non, en effet. Nous avons tous les deux travaillé ensemble par le passé sur différents projets. De son côté, Luca a prêté sa voix à différents artistes, comme Leila ou Plaid. Pour ma part, j’ai participé à plusieurs formations électroniques. Oui, nous avons tous deux déjà beaucoup évolué dans le milieu musical, séparément et ensemble. Stubborn Heart est devenu, un peu par hasard, notre projet principal à Luca et moi. »
Crystal Soul
Comment est-ce arrivé ? Ben Fitzgerald : « On se connaît depuis longtemps et nous nous voyions régulièrement pour essayer d’écrire de la musique qui ne s’inscrivait dans aucun genre en particulier ou que nous n’avions pas l’occasion de faire sur le côté. Des amis plutôt enthousiastes ont écouté nos démos et nous ont conseillé de les faire circuler sous forme d’un white label (disques vinyl 12’’, souvent auto-produits et mis sur la circulation vierges de toutes indications, ndr). Nous avons donc sorti ‘Need Someone’, qui a fait parler de lui et nous a poussé à continuer nos compositions. C’est vraiment là que Stubborn Heart est né. » N’y a-t-il pas une certaine appréhension de se lancer à une époque où le marché est sur-saturé de groupes en tous genres ? Ben Fitzgerald : « C’est justement ça : nous n’avons jamais planifié Stubborn Heart. Le son que Luca et moi avions développé et qui nous rassemblait tous les deux est né de sessions dont nous n’attendions rien d’autre qu’un plaisir personnel. « Montons un groupe! » n’a jamais été notre impulsion ; nous avons des projets et du travail en suffisance. Il se trouve juste que la musique que nous avons développé ensemble nous a semblé, à un moment donné, suffisamment intéressante pour être partagée. » Votre disque sort sur One Little Indian. Pourtant, plusieurs sites et news vous relient à Kaya Kaya, nouveau sous-label de XL Records. Ben Fitzgerald : « Nous avions d’abord signé chez Kaya Kaya, ce qui nous a permis de mettre ‘Need Someone’ sur le marché, sous forme d’un EP à peu près identique à notre 12’’ sorti un an
plus tôt. Par la suite Kaya Kaya a mis fin à notre relation, sans vraiment de raisons mais de façon très courtoise. Nous avons alors approché One Little Indian avec la moitié de l’album déjà écrite et ils étaient très excités par ce qu’ils ont entendu. Donc, tout s’est bien terminé pour nous. » Pensez-vous que Kaya Kaya s’attendait à quelque chose de plus direct, de plus commercial ? Ben Fitzgerald : « Je ne sais pas. C’était un tout jeune label, sans doute avait-il des difficultés à se lancer dans la production réelle d’un album complet? Mais peut-être aussi que nous n’étions effectivement pas le son qu’ils recherchaient à l’époque. Nous n’avons jamais vraiment compris les dessous de l’affaire, mais au final ce fut un mal pour un bien. » Je vous pose la question parce que votre album ne choisit pas la facilité. Il n’y a pas de hits à proprement parler, plutôt une volonté de se laisser glisser dans une atmosphère, ce qui est plutôt culotté pour un premier album. Ben Fitzgerald : « En tant qu’artistes, l’idée de singles ou de hits était assez éloignée de nos priorités. Bien sûr, une maison de disque souhaite avant tout vivre de ses artistes, mais avec ‘Stubborn Heart’, on est face à un album qui explore un même motif, plutôt qu’à une succession de morceaux pensés séparément. Même si certains d’entre eux pourraient, je pense, se suffire à eux-même. La façon dont nous avons travaillé, sans objectif véritable, explique sans doute aussi ce résultat. N’importe quel artiste vous le dira : « l’important est de rester honnête à son art ». (Rires) » Il m’a semblé que la plupart des chansons abordent des difficultés de communication. Ben Fitzgerald : « C’est vrai en partie. Les paroles sont de Luca, qui s’est séparé au moment de l’écriture. Cela a forcément influencé la thématique de ‘Stubborn Heart’, que j’étendrai à la notion de chagrin. C’est aussi le thème central des vieux classiques de la musique soul, influence majeure de nos compositions. Et, au delà du fait que Luca avait des choses personnelles à écrire, et donc sans artifices, ce sont évidemment des sujets auxquels tout le monde peut s’identifier de façon émotionnelle. » Comment se partage la création artistique entre Luca et vous ? Ben Fitzgerald : « Trois situations se sont présentées à nous : Luca me présentait un morceau achevé en terme de composition - paroles, mélodies, etc. - et je développais les arrangements en sa compagnie. Soit je proposais un groove, un instrumental qui servait de tremplin à des futures paroles. Ou alors, nous commencions de zéro, ensemble, et on voyait ce qui se passait. Je suis clairement la partie programmatrice de Stubborn Heart, je m’occupe des mix, de la production artistique, mais au final nous sommes les deux pères du projet. » Sur la fin de ‘Starting Block’, on peut distinguer ce qui ressemble à un ensemble de cordes. Aviez-vous des envies orchestrales que vous avez refrénées ? Ben Fitzgerald : « Je crois que c’est plus mon initiative que celle de Luca ; j’ai une formation classique, en piano. Je jouais du violoncelle. Cela m’a semblé évident, sur ‘Starting Block’, d’intégrer des cordes bien que je les ai atténuées dans le mixage. Elles apparaissent discrètement pour disparaître aussitôt. Elles sont néanmoins synthétiques. C’est un projet que l’on souhaitait à 100% électronique ; nous avions décidé d’éviter tous sons organiques. C’était plus une concession que l’inverse. » La reprise de ‘It’s Not That Easy’ de Reuben Bell est magnifique. Avez-vous décidé d’intégrer ce morceau de façon à vous inscrire plus clairement dans le genre soul ? Ben Fitzgerald : « C’était l’un des derniers morceaux réalisé pour l’album. Nous avions un trou, au milieu, qui ne demandait qu’à être comblé. ‘It’s Not That Easy’ est sans doute notre classique soul favori, à Luca et moi. C’était certainement une façon d’assumer cette influence, tant du genre que de l’époque. Et cela nous a surtout aidé à préciser notre son : nous avons dû nous poser la question « comment conférer à une reprise la touche Stubborn Heart ? », c’est-à-dire repenser le morceau en terme d’électronique qui nous soit propre et le noyer sous la reverb (rires). » Quel est le futur proche de Stubborn Heart ? Ben Fitzgerald : « Le tester en concert ! Ce qui va être très intéressant puisque nous n’avions jamais envisagé le projet comme un groupe viable, ni de scène. Je dois donc repenser mes programmations et mes claviers en fonction du live. Il y a quelques morceaux que nous avons modifié pour l’occasion. On a également envisagé d’étendre le groupe à d’autres instruments, mais à ce stade nous avons passé tellement de temps à créer l’album qu’il me tarde surtout de partager mon expérience avec le public, plutôt que déjà évacuer mes synthés au profit de sons plus organiques. »
Stubborn Heart ‘Stubborn Heart’ One Lit tle indian/Konkurrent
« Chill Out ». C’est en substance ce que nous propose Stubborn Heart, trip hop hybride et minimaliste, quelque part entre XX et le lyrisme distant d’un James Blake ou d’un Gotye. Plus encore, la volonté de Stubborn Heart de privilégier l’atmosphère éthérée et vagabonde à l’efficacité de mélodies saisissables fait miroiter une filiation possible avec la pop cosmique et intemporelle des deux derniers Talk Talk, à qui l’on pense beaucoup. Sur des rythmes down-tempo, façonnés comme autant de stalactites occupés à fabriquer leurs conjoints symétriques dans une caverne bleutée, slalome le voile de Luca Santucci, dont les accents anesthésiés, entre Mark Hollis et Damon Albarn, cachent mal une douleur sans doute aussi belle que terrible. Sous la glace, prisonnières, attendent patiemment des créatures reptiliennes. Ainsi évolue-t-on à travers Stubborn Heart, d’un bout à l’autre, à la recherche d’une issue à leur grotte magique et dangereuse, ne sachant trop ce qu’il faut redouter le plus : y mourir de froid ou espérer son dégel. (ab)
Stubborn Heart
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Earteam
Anna Aaron ‘Dogs In Spirit’
Balmorhea
Two Gentlemen/62t v Records
De son vrai nom Cécile Meyer, bâloise d’origine et anciennement étudiante en philosophie, Anna Aaron s’est lancée dans la chanson il y a quelques années en réalisant un album au titre singulier : ‘I’ll Dry Your Tears Little Murderer’. ‘Dogs In Spirit’ est son deuxième album pour compte du label Two Gentlemen de Lausanne. Il témoigne de l’aisance avec laquelle elle a évolué en peu de temps. Des chansons bien ficelées construites à partir de son chant et de son piano et adroitement mises en relief par Marcello Giuliani, le bassiste d’Erik Truffaz qui officie ici à la fois à la basse et comme producteur arrangeur. Truffaz lui-même apporte son concours le temps d’un morceau : le simon & garfunkelien ‘The Drainout’. On passe du registre folk-rock à des climats plus tendus qui font parfois songer à PJ Harvey (‘Queen Of Sound’ et ‘Kings Of The Dogs’). Anna Aaron a la chance de posséder une très belle voix et elle détient ce charme naturel qui est l’apanage de toutes les Cécile musiciennes. (et)
‘Stranger’
Columbia/Sony
Dans l’absolu, Aerosmith n’a plus rien à prouver ou à gagner en sortant un nouvel album. En près de quarante ans de carrière, la bande à Steven Tyler a suffisamment gonflé son compte en banque pour ne pas craindre les vieux jours tout en ayant gagné sa place dans le panthéon rock grâce à la sortie de quelques disques incontournables comme son premier album éponyme, ‘Rocks’, ‘Toys in the attic’, ‘Pump’ ou encore ‘Permanent vacation’. On pourrait dès lors craindre que ‘Music From Another Dimension’ ne soit qu’un album de plus, inutile, voire carrément pénible, d’autant que ‘Just push play’, son prédécesseur sorti il y a onze ans était passablement mollasson, semblant trahir les premiers signes d’andropause chez nos amis. Or, c’est avec un sentiment frisant l’euphorie que l’on sort de l’écoute de ce nouvel opus. Bien sûr, on pourrait ergoter sur le fait qu’on n’y trouve rien de nouveau, qu’il y a trop de ballades et que l’album tire parfois en longueur (15 morceaux au total, quand même), mais ce qui frappe avant tout, c’est qu’Aerosmith s’est retrouvé. Renonçant à une production trop lisse et à un côté guimauve qui lui avait perdre une partie de sa crédibilité, le groupe déborde d’énergie, balance des bons riffs et affiche une veine mélodique plus qu’impressionnante. Au total, on retrouve dix titres qui sont au minimum bons, ce qui est loin d’être négligeable. Le quota rock est ici bien respecté, que ce soit avec le bien troussé ‘Jesus’, les ultra accrocheurs ‘Luv XXX’, ‘Legendary child’ ou encore ‘Lover alot’, nerveux à souhait. On décernera également une très bonne note au délicieusement old school’ ‘Closer’ ainsi qu’à l’étonnant ‘Tell me’ aux accents country. Une bonne surprise ! (pf)
Allah-Las ‘Allah-Las’ Innovativeleisure/V2
Dire pourquoi un disque nous touche plus qu’un autre relève parfois de l’irrationnel. A priori, les Allah-Las n’ont rien de plus que ces milliers d’autres groupes garagistes envapés dans des brumes qui ne se seraient pas levées depuis 1967, au moins. Et pourtant, ces Allah-Las ont le mojo. Tout chez eux, dès la pochette naïve jusqu’aux pistes instrumentales (les terrifiantes ‘Sacred Sands’ et ‘Ela Navega’) en passant par les chœurs masculins, foudroie. Ils sont la coolitude de cette fin d’année, le truc qu’on écoutera en boucle et qu’on refilera à ses potes avec moult superlatifs, genre méga
‘A Different Arrangement’ Hardly Ar t
Western Vinyl
S’il n’est déjà pas simple de mettre des mots sur une musique un tant soit peu familière, que dire de l’exercice qui consiste à disserter autour d’une musique qui ne ressemble à rien de véritablement connu? Car la grosse erreur que l’on commettrait en évoquant ce cinquième album du sextette texan serait de le comparer aux productions de leurs voisins d’Explosions In The Sky et de les ranger de facto dans le tiroir post-rock. Post-folk à la rigueur. Mais ça serait encore par trop réducteur. Echappant aux étiquettes paresseusement apposées, Balmorhea transcende en effet les frontières entre le folk, le post-rock, l’ambient et le néo-classique pour se créer un microcosme précieux et fragile, un no man’s land esthétique où peut s’épanouir une musique élégante et inspirée. Mais jamais condescendante malgré la hauteur à laquelle certaines envolées lyriques nous emmènent. Essentiellement instrumentale, s’articulant autour du violon, du violoncelle, du piano, de la guitare sèche et du banjo, cette musique se veut aussi inventive que complexe et éloquente sans être bavarde. Une musique qui comblerait les silences de l’image. Un exercice de style cinématique plutôt qu’une démonstration de force jouant sur l’émotionnel. Charpentées de manière assez classique, les compositions sont pilotées par un binôme guitare/violon sur lequel viennent se greffer progressivement les autres instruments pour accompagner des longues montées en puissance accompagnées de rythmiques. Sans jamais se départir d’un minimalisme qui contraste avec la grandiloquence qu’on associe traditionnellement à ces cathédrales. Un très beau disque qui pourrait devenir rapidement un repère dans l’évolution de la musique instrumentale. (gle)
Aerosmith ‘Music From Another Dimension’
Black Marble Accrochez vos ceintures, nous voilà (re)partis vers les années 80, du côté d’une new wave gothique – le premier qui cite les Sisters Of Mercy gagne un tour gratuit dans le train fantôme. Car oui, et c’est peu de le dire, le duo Black Marble trempe son encre – forcément noire – dans un panier de corbeaux restés bloqués à la case 1985. Non que les morceaux du duo de Brooklyn soient mal fagotés, encore que le mascara a trop tendance à couler sur les joues, on se demande simplement quels buts recherchent Chris Stewart et Ty Kube sur leur premier effort longue durée. Tels des admirateurs transis qui ne parviennent pas à transfigurer leur idolâtrie, tiens ça me rappelle The Faint, la paire new-yorkaise s’englue dans ses lignes de basse, elles sonnent terriblement cliché, et des effets synthétiques on ne peut plus datés. Ne manquent plus que les dents de vampire pour faire la panoplie complète. (fv)
Brassica ‘Temple Fortune EP’
branleur, ultra couillon. Parce qu’au fond, on sait très bien qu’ils ne résisteraient pas à une analyse rigoureuse, tout au plus qualifierait-on les Américains d’un croisement bon enfant entre la country psyché des Byrds, la pop droguée des Seeds et l’acid-folk des Woods, voire d’un fac-similé West-Coast produit par un rétromaniaque de premier choix (Nick Waterhouse). Mais proute, là, présentement, il convient de se tourner vers LA et de s’abaisser : Allah-Las akbar. (lg)
Alpha 2.1 ‘Eternity’ Mr 13
‘Shut up’, le single sorti en guise de mise en bouche en attendant l’album, a été décrit par certains comme étant un mix entre Mika et Justice. A vrai dire, cette comparaison est plutôt judicieuse. De manière générale, l’album met en avant une pop électro immédiate troussée de beats entre dance pop 80s, sons de jeux vidéos, French Touch et techno. Si ce groupe belge n’est pas le premier à mettre en avant pareil cocktail, il faut reconnaître qu’il est capable de trousser des titres ultra catchy et bien dansants et que pas mal de ses gimmicks sont assez efficaces. ‘Assisted’, ‘Game over’, ‘I can see’ ou ‘Danger’, par exemple, ont un potentiel dance floor indéniable, tandis que le plus downtempo ‘My eyes’ et le très hypnotique ‘Reaching divinity’ sont assez réussis. Au final, je dirais que si ‘Eternity’ n’est pas forcément ma tasse de thé, il devrait plaire à un public friand de pop électro efficace, registre dans lequel il fait bonne figure. (pf)
Azita ‘Year’ Drag Cit y/Konkurrent
Au mitan des nineties, cette fille-là cultivait sans doute un grain aussi indiscipliné que Sleater Kinney, une façon aussi désaxée de mouvoir le torse que Lizzy Mercier-Descloux. Elle possédait une penderie de peaux et de cagoules substituables (Bride Of No-No, The Scissors Girls) : c’était l’ère des riot girls, la rampe de lancement de Chicago, le grand raout du no wave. À l’écoute de ‘Year’ , on a peine à prendre la mesure complète de cette sauvagerie en marche, mis à part dans cette façon déconstruite, parfois bruitiste d’envisager ses morceaux pianovoix, billes de bois enfilées sur un fil de chanvre : le chant dépasse toujours du cadre, se refuse à tout refrain, passe de la léthargie fondue à des saillies légères, parfois à une forme de morgue dans l’intonation, à la Eleanor Friedberger. Foin de tact : à tout prendre, on élirait plus volontiers
une excursion vraiment décoiffée chez les tapageuses de Bush Tetras plutôt que d’esquisser ce genre de moue. (alr)
Bee And Flower ‘Suspension’
Joy As A Toy ‘Dead As A Dodo’
Keiki
‘Popcorn From the Grave’ Cheap Satanism records/Mandaï
Millénaristes de tous poils, Aztèques tartares et autres oiseaux de mauvaises augures, sortez vos gongs! Cheap Satanism, label bruxellois qui se passe de commentaires, entend vous secouer les boules à l’aube de Noël et faudra bien passer l’aspirateur, parce qu’il y aura encore des épines partout (le Norman, c’est pour les faibles). Pas moins de trois productions engluées de leur placenta, plus maléfiques les unes que les autres, voient le jour en cette année 2012 sous le sceau du triple 6. Commençons par la moins vénéneuse du lot et, partant, la plus sensible : ‘Suspension’, caresse art-rock et soul à tendance cabaret de Bee And Flower, quelque part entre Tindersticks et les Dresden Dolls en plus retenu. Un joli album où se bouscule du beau monde (membres des Swans, Calexico, Foetus, etc.) et qui rappelle les grandes heures de l’indie rock de la fin des années 90. Se presse derrière le nerveux duo Keiki, raison d’être du label Cheap Satanism. Sur leur troisième disque, la diva blanche et sèche annone de son ton de Patty Smith en pleine descente sa pop pentagrammique sur un déluge métal binaire, façon Snuls kit Satan. L’effet est saisissant. On applaudit derechef à l’écoute de la wave post-punk de ‘Her Being Sick’, cierge noir de cette galette joyeusement noisy, regrettant juste au passage que certaines intros synthétiques se voient infligées une mort prématurée plutôt qu’un rôle de soubassement festif aux compositions. Terminons par le plat de résistance : Joy As A Toy, groupe psyché-vamp né en 2008, et qui nous revient avec un second album, ‘Dead As A Dodo’, confié aux bons soins du toujours génial Pierre Vervloesem. L’ex-Legged Sally fait des merveilles à la production, laissant s’épanouir le pulp-rock vaudou des Bruxellois de Gibraltar aux Galapagos, dodos obliges. Leur son s’élargit, glanant, forcément, des accents jazzy et avant-garde. ‘Mechanical Love’ est un exemple frappant de leur expériences inquiétantes, où des clones de Robert Wyatt tentent vaille que vaille d’imposer leur douce mélodie à une batterie dictatoriale. Cheap Satanism vous donne ici trois raison de vivre une fin du monde lugubre et pulp en diable. Happy No Year! (ab)
Civil music
Dès son plus jeune âge, Michael Anthony Wright a été un bidouilleur dans l’âme, explorant toutes les fonctions du matériel hifi familial et créant des collages sonores. Par la suite, il s’est mis à faire sa propre musique, passant par des phases prog, métal et hardcore avant de trouver sa voie et de se lancer dans un cocktail new wave, post punk, disco et funk blanc, le tout avec l’ajout de beats contemporains. Ce EP témoigne de son évolution et impressionne dans la façon qu’il a de bâtir ses structures, associant beats dansants à des nappes empreintes d’un côté nostalgique, le tout avec des lignes de basse à la Peter Hook et un petit côté funky. ‘Modern magic’, l’instrumental qui ouvre l’album, est sans doute la plus belle réussite de ce EP. Prenant, admirablement agencé, ce titre renvoie à l’époque Factory, dans un registre new wave mélancolique entre euphorie et larmes. ‘Lose him’, seul titre chanté de l’album, séduit aussi avec sa mélodie accrocheuse mais pas trop et son côté dark. Plus loin, ‘Lydden circuit’ – accompagné de deux remixes, réussit à allier un côté dansant et une dimension un rien spectrale. Un bel exercice de style qui se réapproprie des sonorités du passé de façon très actuelle. (pf)
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Francis Cabrel ‘Vise Le Ciel’ Chandelle Productions/Columbia
Ainsi donc, Francis nous fait le coup de la panne. De la panne d’inspiration. Il voulait viser le ciel mais le manche de sa guitare bande mou. Il ne s’en cache pas. C’est tout à son honneur. Après Yannick Noah et Bob Marley et peutêtre avant Yves Duteil et Jimi Hendrix, il entend dès lors lui aussi rendre hommage à son Maître. Témérité ou inconscience de s’attaquer à des textes qui comptent parmi les plus poétiques (on laissera volontairement de côté leur aspect politique) du songwriting américain ? Car fluidité et la richesse métaphorique de l’écriture dylanienne ne sont pas des légendes urbaines, même à Astaffort. Les compositions originales comportent une foule d’images à la se-
Earteam conde et souvent plus d’une dizaine de couplets par titre. Alors Francis fonce sur Google Translate, il s’enferme dans son atelier, il scie, il rabote, il ajuste et combine les couplets pour faire rimer tout ça. Souvent avec un pied de biche. Ca donne des titres au mieux bancals (‘All Along The Watchtower’ devient ‘D’En Haut De La Tour Du Guet’) et au pire grotesques (‘It’s All Over Now Baby Blue’ traduit par ‘Tout Se Finit Là, Bébé Bleu’). Musicalement, Cabrel a le bon goût de prendre davantage de liberté et de distance avec les musiques de Dylan. Ca sonne comme du Cabrel et certaines chansons originales sont purement et simplement méconnaissables. Au final, aucune raison de crier à l’hérésie et d’entamer un procès en sorcellerie. Les fans de Dylan verseront dans l’ironie et la compassion. Les fans de Cabrel qui méconnaissent l’œuvre de Dylan auront peut-être envie de découvrir l’original. (gle)
Sera Cahoone
The Bony King Of Nowhere ‘The Bony King Of Nowhere’ PIAS
La pochette arrière de ce disque fait un peu penser à celle de ‘Songs From A Room’ de Leonard Cohen. Sauf qu’il n’y a pas de fille en tenue légère, que les volets sont ouverts et qu’un cahier remplace la machine à écrire sur le bureau. La comparaison n’a rien d’anodine, peut-être même que le clin d’œil est voulu, tant le troisième album du Gantois s’aventure dans les terres arides d’un folk ultra dépouillé, proche souvent du… Cohen sixties. Seul avec sa guitare acoustique, le Bony King Of Nowhere se met à nu comme jamais. Au bac, les fioritures fleetfoxiennes d’‘Eleonore’, tout ici revêt la beauté virginale des petits matins sur la campagne, retenus dans une brume qui tarde à se lever. On n’est donc pas surpris d’apprendre que ces neuf titres ont été composés à Mirwart, près de Saint-Hubert, à la manière d’un Bon Iver reclus dans sa cabane. On l’est plus de savoir qu’ils y furent aussi écrits et enregistrés en une seule et longue nuit d’été après deux jours d’errance dans les bois. Vraiment, la claque est titanesque, on était loin d’attendre Bram Vanparys avec un disque de cette profondeur, de cette justesse. « You have locked yourself away / and now you imprison me too », susurre-t-il dans ‘Valérie’. On ne pourrait dire mieux. (lg)
‘Deer Creek Canyon’ Sub Pop
C’est beau. Mais, aussi, d’un ennui à raconter des craques aux corneilles, genre je suis raide dingue de cette fille. T’as vu ses petits seins ? Non, sérieux, son absence de poitrine, c’est lascif comme ces épanchements de lap steel, ces étirements sans fin où Cat Power tutoie Alela Diane. Vraiment, Sera Cahoone est merveilleuse dans ces moments-là. Il faut le dire et se ruer sur ‘Worry All Your Life’, ‘Oh My’ ou l’éponyme ‘Deer Creek Canyon’. Mais quand elle sort le banjo ou l’harmonica, on dirait franchement du folk de grandes surfaces, un truc consommable prémâché entre un yaourt, un couscous lyophilisé et un disque de Francis Cabrel (reprenant Zimmerman in French, sivouplait). Et ça, c’est fort dommage. (lg)
Neil Carlill & CharlesEric Charrier ‘5 Little Elephants’ Twin Daisies Records
Acteur à part de la scène indépendante française, on le connait entre autres sous le pseudonyme d’Oldman, Charles-Eric Charrier n’a guère froid aux yeux quand il se lance dans l’agitation de traviole. Après un excellent ‘Silver’ paru l’an dernier sur la passionnante maison Experimedia, où il complotait du jazz sous ombre post rock, mais aussi après avoir tranché les intrigues blues de son spoken word enfumé sur ‘Oldman’, le Nantais s’associe au songwriter anglais Neil Carlill, homme aux multiples collaborations du haut de ses 45 ans, tel un rappel acoustique de la très réussie rencontre entre Christophe Bailleau et Neal Williams. Après un début qui évoque sans broncher l’œuvre bricolo de Pascal Comelade, et qui donne l’occasion de se familiariser au chant revêche de l’ex-membre de Lodger, ‘5 Little Elephants’ s’oriente dans une direction folk étonnamment foldingue – où toute ligne droite est proscrite. Autant la démarche peut surprendre, voire rebuter, dans les premiers instants, autant ses montagnes russes dadaïstes achèvent de convaincre au fil des minutes et des écoutes. A une condition toutefois, oublier toutes ses certitudes trop ancrées dans un monde sans aspérités ni angoisses. (fv)
The Casualties ‘Resistance’ Season Of Mist/Ber tus
S’il y a un qualificatif qui colle bien à la peau des Casualties, c’est celui d’engagé. Depuis plus de vingt ans, ce combo new-yorkais nourri au son des Sex Pistols et de The Exploited ne cesse de déverser sa rage contre tout ce qui le révolte, que ce soit la brutalité policière, la dictature des banques ou encore la soumission inconditionnelle des états devant le grand capital. Le message est sincère et il est éructé dans un punk ultra véhément et brutal, bien plus que celui des groupes qui l’ont influencé. En fait, ‘Resistance’
sonne comme ce qu’auraient pu être les Sex Pistols s’ils s’étaient gavés de speed metal et de trash. De par son côté ultra agressif et speedé, cet album est bien évidemment dur à s’enfiler en une traite, d’autant que la formule est assez répétitive. Ceci dit, à petites doses, on ne peut que prendre son pied, notamment à l’écoute de ‘Morally police’ au texte bien senti ou du très réussi ‘Warriors on the road’ qui évoque Motörhead’. (pf)
Chad Valley ‘Young Hunger’ Loose Lip Records/Coop
Après avoir officié au sein de Jonquil et de Blessing Force, Hugo Manuel a décidé de se lancer en solo. S’insurgeant contre le déclin du top 40 anglais, Hugo s’est mis en tête de renouer avec une certaine tradition pop des années 80 et 90 qu’il estime être autrement plus classe. Pour composer ses morceaux, il s’est rendu en Norvège dont la campagne superbe semble avoir imprégné cet album dégageant un côté downtempo apaisé et emprunt de félicité retenue. ‘Young hunger’ regorge de titres pop onctueux sans être collants sur lesquels des invités issus d’horizons divers associent leur voix au falsetto de Manuel pour un résultat séduisant. On vogue dans des eaux électro pop calmes et élégantes où l’immédiateté va de pair avec des beats subtils. ‘My girl’, ‘Up & down’, ‘Tell all your friends’ ou ‘Fall 4 U’ sont autant de morceaux qui démontrent que l’on peut faire de la pop évidente et directe sans pour autant se vautrer dans la facilité racoleuse. Rien que pour cela, Chad Valley peut se targuer d’avoir atteint son but. (pf)
Pauline Croze ‘Le Prix De l’Eden’ Cinq7/Wagram Music
« Mais dans la ville, je m’aperçois ces adresses inutiles, je n’y reviendrai pas. » Pour ce troisième album sous la houlette d’Edith Fambuena (membre des Valentins, productrice de Bashung ou Daho), elle répand sa pudeur à bride abattue, Pauline, elle met en syllabes alertes le tri des sensations, elle empaquète dans des flacons scellés ses entailles impressionnistes et ses mouchoirs de lin morose non pour oublier, mais pour s’amender, c’est ‘Le Prix De l’Eden’. Chez elle, cette singularité soeur de celle de Sylvie Testud surnage (parfois à bouillons) : la langue qui fourche, l’asymétrie des traits et les idées de guingois, cette impression que l’aplomb est sans cesse bousculé, le phrasé parfois raide ou forcé. On la sent plus spontanément auteur qu’interprète, et les arrangements de couleur chaude, jamais exagérément luxuriants viennent trop souvent contraster avec cette gaucherie presque volontaire, cette fissure de fond et de forme érigée en étendard (« Que faire de ces virages /Ces détours sinueux /Qui font de l’anti-jeu
/Avec mon peu de courage »). Après dissection, méritant mais irritant, à même mesure. (alr)
Dakota Suite ‘An Almost Silent Life’ Glit terhouse/V2
L’année dernière, au climax de la crise économique, Dakota Suite enregistrait une trilogie sous le sigle de la dépression. Le moral dans les chaussettes, le cerveau Chris Hooson déposait trois disques (‘The End of Trying’, ‘The North Green Down’ et ‘Inside of Her Inexhaustible Heart’) affreusement plombés sous les épines d’un sapin mort. Cette fois, sans crier bamboula, l’artiste fête dignement Noël avec une œuvre à la beauté blafarde, charpentée avec passion à la lueur d’une bougie. ‘An Almost Silent Life’ est une fresque contemplative où le piano et la guitare s’adjugent volontiers le timbre embrumé du musicien anglais. Les chansons de son nouvel album glissent sur une trame instrumentale d’une intense sobriété. Parfois, une fine couche de glace électronique vient même tapisser ces paysages apaisés. Le dépôt de givre est presque imperceptible, mais reluit à sa juste valeur sous le soleil d’hiver. Dakota Suite se complaît dans le romantisme mélancolique et confirme qu’en matière de coup de foudre, il n’y a décidemment plus de saison. (na)
Deacon Blue ‘The Hipsters’ Demon Music/Edsel
Réinsertion difficile pour ces tenors de la dreampop, apparus dans les années 80 et vénérés en Ecosse (‘Real Gone Kid’, et son ‘hou-hou houhou’, c’était eux). Après un dernier album en 2001 et le décès d’un de ses guitaristes, deux choix s’offraient au groupe : sombrer dans l’oubli ou bien faire un come-back retentissant et synthétique en surfant sur la vague casio avec une version remixée de ‘Real Gone Kid’ par Martin Gore. Courageux, nos jeunes papys ont préféré une autre voie, celle d’une reconversion discrète dans le prolongement de leur carrière. Donc plutôt démodée et naïve quoiqu’en proclame son titre, ‘The Hipsters’. Reconversion car le disque, lorgnant plus vers un rock partagé entre lyrisme sucré et ryhtm’n’blues, est épaulé par Paul Savage, producteur artistique pour Phantom Band, Mogwai et King Creosote. Un choix surprenant, dont on se demande au final l’apport dans cet enfilade de titres fort propres sur eux. Deacon Blue vise le grand public, avec ses compositions limpides à cheval entre Steely Dan, référence avérée, une brit-pop plus récente façon Snow Patrol et des harmonies vocales convaincues plutôt qu’inspirées. Dans ses meilleurs moments, Deacon Blue pourrait évoquer Elbow, ou encore un I Am Kloot version Disney (le morceau titre, taillé pour la radio) : les mélodies sont amples et chaleureuses, les violons se font porteurs d’espoir et le chant de Ricky Ross, lisse et
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chaud, s’adapte à toutes les situations. Mais on ne peut s’empêcher de se demander qui mordra réellement à l’hameçon de ce rock quinqua clinquant et inoffensif. (ab)
Dez Mona ‘A Gentleman’s Agreement’ 62Tv Records/Pias
Après trois albums et un détour par l’opéra, les Dez Mona avaient promis une œuvre pop. ‘SÁGA’ derrière eux, voici donc ‘AG.A.’, comme ils se plaisent à l’appeler. Déjà porté aux nues par une majorité de la presse belge, qui s’est empressée de ressortir du placard le piédestal réservé à l’organe de Gregory Frateur, ‘AG.A.’ a la particularité d’ajouter des guitares électriques au panel des Dez Mona. Au risque de passer pour un pisse-froid, cela ne constitue pas un grand pas en avant pour la bande, les morceaux concernés étant un brin plombés par certains tics typiques au rock flamand (chant, rythmiques, etc.), comme ce joli ‘We Own The Season’, efficace mais agaçant à trop se la jouer dEUS pour convaincre. Il règne ici un côté un rien trop calibré, une absence de spontanéité qui retient Dez Mona au sol de leur studio, quelle que soit la qualité, indéniable, de leurs arrangements. A d’autres moments, la cage vole en éclat et laisse le groupe prendre son envol, tant dans la cacophonie que dans un calme aérien. Prenons cet enivrant violoncelle, sur ‘The Back Door’, dont les accords hypnotiques se font l’écho des regrettés Soul Coughing. Ou, surtout, ‘Fool’s Day’, oasis mélodieux où la voix de Gregory se fait sensibilité mystique de troubadour anglo-saxon comme seul Donovan en a le secret. Dans ces moments, malheureusement trop rares, Dez Mona touche au sublime. (ab)
Die! Die! Die! ‘Harmony’ Golden Antenna
La Nouvelle Zélande serait-elle la Terre du Milieu de la scène noise et shoegaze? C’est en tout cas ce qu’elle semble proclamer, se la jouant prophète local. On se rappelle les ronflants Bailterspace dont on chroniquait le soporifique dernier album il y a deux mois. Et voilà que débarque Die! Die! Die!, jeunes cadets se réclamant des cadors. La note d’intention est en tout cas respectée : ils délivrent une superposition de guitares en dents de scie émoussées et saturations rotatoires qu’un chant sans grande personnalité ne sauve pas de la stérilité. Chez Die! Die! Die!, le genre n’a pas fondamentalement évolué depuis son âge d’or. Malheureusement, n’est pas Fugazi qui veut. (ab)
DJ Scientist ‘For Better, For Worse’ Equinox records
Choisir DJ comme préfixe à son nom d’artiste, c’est s’assurer un certain anonymat dans les bacs electronica. Faut soit avoir foi en sa bonne étoile (et espérer que celle-ci guide le client potentiel tel le Roi Mage en Galilée), soit être doté d’une solide paire d’enceintes, de celles qui pulsent plus fort que le disque du DJ voisin. Ou alors, être le fondateur du label Equinox et avoir repoussé un album solo depuis 10 ans. Craignant de délivrer une oeuvre poussiéreuse, le stakhanoviste DJ Scientist profite d’un break et souffle sur ses bandes, les retouche, les parachève. For better, for worse? Ni l’un ni l’autre, à vrai dire. Son Hip Hop instrumental annonce de noirs cumulus qui ont autrefois parcouru les cieux d’RJD2; Dj Shadow et Herbalizer, pour ne citer qu’eux, ont précédemment balisé les chemins arpentés par son drum’n’bass. L’album est tout sauf déshonorant et comporte son lot de réussites down beat, mais - c’est le souci du genre, qui repose sur des ficelles non organiques - il peine à se façonner une identité. La personnalité de ce type de musique se construit finalement peut-être avec plus d’efficacité dans
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Earteam
la maladresse de l’urgence que dans la perfection à long terme.(ab)
In-Kata Thanatospraxis’
Duflan Duflan! ‘USSSr (Uno Solo Sara Salvato Ragazzi/e)’ Pazuzu Robot/Rockerill Records
Le disco doom des Duflan Duflan (quel blaze, mes aïeux!) s’était fait remarquer sur ‘Danser Armé!’, album où ils partageaient la vedette avec leur pote Le Prince Harry, pour ensuite s’assumer tous seuls comme des grands sur ‘Pazuzu’. Épaulés ici par les paroles d’un autre grand frappé de la région, j’ai nommé JeanJacques Rousseau, ciné-kamikaze de nos terrils, nos flambis carolos inaugurent une orgie disco-wave où robots épileptiques et démons défoncés se culbutent dans la pizza mozza, la choucroute et la pils tiède. C’est sale et indus, le Vampire de Düsseldorf y ripaille en compagnie d’Argento père et fille, c’est traversé de samples incongrus où fillettes siciliennes en larmes côtoient des moutons perdus, on y entrevoit du nichon et du cochon, c’est pulp, c’est anxiogène, ça file la gaule et la gerbe, le tout en même temps. Votre mère va adorer. (ab)
Egyptian Hip Hop ‘Good Don’t Sleep’ R&S Records/V2
Egyptian Hip Hop ou l’art de déplacer les points de repère. Signé sur les rangs noir-jaune-rouge du temple techno R&S Records, Egyptian Hip Hop n’a sans doute jamais vu une pyramide de sa vie et ne connaît peut-être même pas l’existence du mot ghettoblaster. Pas de hip hop, pas d’Egyptien, mais bien des Mancuniens perdus dans une épaisse brume psychédélique. Amateurs de new wave sous Lexomil, les quatre Anglais planent grave et plantent dix mélodies nonchalantes dans un terreau shoegaze résolument moderne. Camée, frigorifiée sous les rayons d’un soleil sibérien, la voix du chanteur Alexander Hewett se déplace lentement, convoquant au passage les esprits psychotropes qui agitent cet album. ‘Good Don’t Sleep’ renvoie directement l’oreille sous les moumoutes multicolores de Connan Mockasin et Ariel Pink’s Haunted Graffiti. Les chansons évoluent dans un brouillard permanent. On n’y voit que dalle. Impossible de s’y retrouver. A un moment, on trébuche sur un morceau intitulé ‘SYH’, un gros trip synthétique obsédant. A écouter en boucle. ‘SYH’ si si. (na)
Emeralds ‘Just To Feel Anything’ Editions Mego
Si, en 2010, les Editions Mego avaient marqué l’année avec les sorties quasiment simultanées du ‘Returnal’ de Oneohtrix Point Never et du ‘What Happened’ du trio Emeralds, force est de constater que deux ans plus tard, le nouvel effort de Mark McGuire, Steve Hauschildt et John Elliott nous parvient dans une indifférence générale (tandis que Daniel Lopatin ne cesse de faire parler de lui, allez comprendre). Toutefois, n’écoutant que notre devoir, nous avons écouté l’objet et bien vite, il a fallu se rendre à l’évidence, la hype se conjugue rarement au temps de l’honnêteté artistique. Pour toute innocente qu’elle puisse paraître, la vision 2012 du trio nord-américain tranche dans le vif du non-spectaculaire, tout en déclinant ici une vision kraut à la Tangerine Dream, là folk électrisé de film noir, les ambiances se multiplient et s’entrecroisent, allant jusqu’à faire des galipettes sous la couette pour mieux enfanter de nouveaux hybrides. Avec, toujours, cet air de ne pas y toucher qui peut – aussi – faire la différence. (fv)
Eigen Beheer/Ber tus/V2
Cela fait un petit temps que ce groupe anversois fait l’objet d’un buzz, de sorte que cet album est attendu avec pas mal d’impatience. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, In-Kata n’est pas un groupe de petits jeunes dont on espère que les premiers pas vont donner un souffle nouveau au rock, mais une formation d’éléments expérimentés ayant fait leurs débuts au sein de Quetzal voici plus de vingt ans et dont le (post) hardcore original et audacieux lui a valu de connaître une relative reconnaissance. S’étant rebaptisé In-Kata en 2005, le groupe propose avec ‘Thanatospraxis’ un album particulièrement abouti et excitant qui parvient à être brut et mélodique à la fois, complexe au niveau des structures sans être pédant et qui dégage en outre une belle palette d’ambiances, entre tension et évidence pop, entre rage et lyrisme. On pourrait dire qu’In-Kata, c’est un peu du Jesus Lizard en plus accrocheur et mélodique - on pense parfois à Jane’s Addiction - ou du Mars Volta qui ne serait pas chiant. L’univers du groupe est très personnel et on est impressionné par la grande constance de l’ensemble qui ne connaît pas le moindre temps mort. Entre évidence mélodique quasi pop (‘A fur called Louise’, ‘All is mine’), titres mêlant intensité et émotion (‘Lullaby’) et hardcore accessible (‘Fasting fools’, ‘Cyanide road’), le groupe trouve également le moyen de composer l’une ou l’autre étrangeté fascinante comme ‘Some of my fingers’, à la fois tordu et sensuel. Un album impressionnant à plus d’un titre. Pour plus d’infos, n’hésitez pas à consulter le site du groupe : http://in-kata.bandcap.com (pf)
Donald Fagen ‘Sunken Condos’ Reprise Records
Sous le couvert d’un easy listening de façade, Steely Dan était un groupe dont le son sophistiqué ne tolérait rien d’autre qu’une perfection maniaque dans sa conception. Un test grandeur nature pour la Marantz du paternel. Un puissant antidote à Neil Young et ses bricoleurs. A l’écoute de ce ‘Sunken Condos’, rien ne semble toujours différencier vraiment un album de Donald Fagen de ceux réalisés avec son complice Walter Becker. Sur ce quatrième album solo en trente ans - de quoi faire passer Scott Walker pour un workaholic - on retrouve en effet une même recherche des compositions millimétrées et un souci constant de la géométrie sonore. La touche rock/soul aussi léchée que métronomique reste omniprésente et quelques ornements country sertis d’harmonica et des passages relevant autant du jazz que de ce fameux « easy listening haut de gamme » complètent le tableau. Bref, un disque qui fait appel à la facilité d’un style immuable et qui a donc tout pour satisfaire la fan base de Steely Dan et de Fagen. (gle)
let serré d’une reprise de ‘Girls just wanna have fun’ dénichée un jour de disette parce que question fête au village, tu avais vite renoncé. Chantre prolifique de l’indie folk à bretelles et chemise proprette, Ben Gibbard avait néanmoins choisi quantité d’avatars (Death Cab for Cutie, The Postal Service, All Time Quaterback) pour distiller la bonne parole, allant même jusqu’à porter Zooey Deschanel au-delà du seuil pour faire la nique à M. Ward. Autres temps, autres mœurs, le voilà doublement solo mais toujours enfant de chœur, n’hésitant d’ailleurs pas à piocher tantôt dans les volutes maniéristes de chants de Noël (Pom, pom, pom on se passerait de ‘Sheperd’s Bush Lullaby’), tantôt dans les facéties mariachis et fausset (‘Something’s Rattling (Cowpoke)’). Ne sois pas si chien, gringo : le petit, il en a tout de même un peu sous le coude question mélodies. Tu serais bien cruel de ne pas souligner à quel point ‘Duncan, where have you gone ? ‘ exhale ce formidable vernis soyeux à la Teenage Fan Club. Presqu’anachronique mais on te sait sentimental, n’essaie même pas de le nier. (alr)
Fordamage ‘Volta Desviada’ Ky thibong Records/Mandaï
Ce quatuor nantais peut se targuer de résister inlassablement aux modes. Refusant tout compromis, il reste fidèle à une esthétique brute et brutale, proposant un hardcore puissant aux constructions complexes faisant le plus souvent la part belle au chaos. Si Fordamage est souvent comparé à Shellac pour son approche musicale, il se rapproche également de The Ex, groupe avec lequel il partage un sens du rythme qui vous prend au corps, ce qui est apparent à l’écoute de ‘Throwing stones’ qui ouvre l’album. Dans la foulée de ce titre, l’album se durcit et appréhende la dissonance, les ambiances rageuses, ce qui nous vaut quelques moments forts comme ‘Sleeping on flag’ qui gagne progressivement en intensité ou le particulièrement abrasif ‘The border’. Si ‘Volta desviada’ nous offre une pause au milieu de l’album avec le plus calme ‘A man and a dog’, c’est pour mieux nous agresser ensuite avec des scuds comme ‘Anti baile’, le déjanté ‘Hero worship’ ou le particulièrement frappant ‘Funeral’. Pas évident, mais intense et passionnant. (pf)
Benjamin Gibbard ‘Former Lives’ Cit y Slang/Konkurrent
Jusque là, Ben Gibbard c’était cette voix col-
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Godspeed You! Black Emperor ‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!’ Constellation/Konkurrent
Apparu sur le macadam montréalais, à quelques envolées d’une nature foisonnante et d’une vie sur terre partagée entre froid profond et chaleur intense, le post-rock doit beaucoup aux idées avant-gardistes d’Efrim Menuck et sa bande de Candiens révoltés. Car, si le genre se caractérise par une absence de chant, il brille au firmament de guitares angoissées, d’orchestrations ombragées et d’un engagement qui transpire au-delà des mots. Mise entre points d’exclamtion pendant une décennie (les dernières traces de ‘Yanqui U.X.O.’ remontent à 2002), la discographie de Godspeed You! Black Emperor ressuscite au cœur d’une réalité plombée par une crise économique prolongée. Remontés contre l’establishment et les dictâts
du dollar, touchés dans leurs âmes d’anticapitalistes convaincus, les musiciens québecois ont repris les armes et retrouvé le chemin du studio. Dans le même temps, la jeunesse locale descendait dans la rue pour s’opposer à l’augmentation exorbitante des droits de scolarité. La grève étudiante est historique : la plus longue de l’histoire du Québec – elle aboutira à l’annulation des dispositions pointées du doigt pendant plusieurs mois. Les feuilles maudites de ce « Printemps érable » s’ébrouent sur la musique d’‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!’ (« Alléluia! Ne pliez pas! Soulevez-vous! »), album dissident, mû par la rage et une inébranlable volonté de changement. Enregistré en plein tourbillon social, ce disque témoigne de son implication dans les rangs de l’opposition. Cet engagement sans faille se manifeste dès les premières mesures de ‘Mladic’, morceau d’ouverture (19 minutes de pure tension) qui culmine sur un concert de casseroles, capté durant la grève estudiantine. Les trois autres titres d’‘Allelujah! Don’t Bend! Ascend!’ se déchirent sur des arrangements tourmentés, typiques du post-rock, sous-genre laissé en friche par ses plus hauts représentants. De retour sur ses terres, Godspeed You! Black Emperor hisse à nouveau le drapeau de la révolution. Plein d’espoir, on se remet à y croire. (na)
Matthew Halsall ‘Fletcher Moss Park’ Gondwana Records/Rough Trade
Sans tambour mais avec trompette, Matthew Halsall s’impose à 26 ans comme l’étoile montante de la scène jazz britannique. Adoubé par le toujours très influent DJ et producteur Gilles Peterson, Halsall s’ingénie à décloisonner les genres musicaux et surtout à déconstruire les clichés associés tant au jazz qu’à Manchester, la ville dont il est originaire. Halsall, qui n’a rien d’un ghostbuster, accueille volontiers dans ses improvisations méditatives les spectres de Miles Davies et de John et Alice Coltrane. Egalement DJ et producteur, le mancunien ne se laisse toutefois pas piéger par ses influences, il y ajoute son phrasé propre, son groove, sa touche contemporaine qui s’inscrit dans une sorte de cool planant ou de hard-bop contemplatif. Dans ‘Fletcher Moss Park’, la grisaille et la froideur de la cité industrielle, conjurées par une volupté musicale certaine, font rapidement place à une douce et chaude sérénité. L’album comporte en réalité trois parties bien distinctes. Un premier acte porté par un saxophone, un piano et une harpe cristalline qui ouvrent la voie à la trompette ailée de Halsall. Place ensuite à un interlude pour violons et violoncelle qui n’est pas sans évoquer la musique de The Cinematic Orchestra. Car Halsall aime également jouer avec les silences pour les intégrer à sa musique. Le dernier acte, dans une veine encore plus spirituelle et éthérée que les précédents, fait la part belle à une flute allusive et orientalisante qui esquisse un paysage dans lequel la trompette trouve sa place de manière aussi inattendue qu’opportune (‘The Sun In September’). Une belle façon de terminer un très beau disque qui, même si la simple évocation du mot jazz vous fait fuir, vous permettra à tout le moins de méditer sur vos préjugés. (gle)
Hello Skinny ‘Hello Skinny’ Slow foot
Certains auraient repéré Hello Skinny avec une mixtape intitulée ‘Smash + Grab’. On la trouve facilement sur Internet. Et la déception, à l’aune de ‘Hello Skinny’, est grande. Parce que ce premier disque de Tom Skinner est bien plus subtil qu’une nième resucée d’un post-dub psyché folktronica aquatique ou je ne sais quoi. Ce type est foutrement doué pour instaurer une ambiance d’apocalypse robotisée, noyée dans
DECEMBRE
VEN 07 DEC SAM 08 DEC VEN 14 DEC
month
THE HIVES + THE BRONX THE DANDY WARHOLS
05.12 05.12 06.12 08.12 08.12
+ THE BLUE ANGEL LOUNGE
09.12
MARCEL & SON ORCHESTRE MA DERNIERE SURPRISE PARTY !
SAM 15 DEC
MARCEL & SON ORCHESTRE MA DERNIERE SURPRISE PARTY !
DIM 16 DEC
MISS POODLE WAH WAH'S POP-UP MARKET vintage market, happenings, Djs Sets par HEALER SELECTA & MR & MRS PAPA OOM MOW MOW
MAR 18 DEC
TRIBUTE TO LOU REED AND THE VELVET UNDERGROUND : LENA DELUXE + BINOCULARS + MOLOKO VELOCET
VEN 18 JAN
VERNISSAGE DE L'EXPO
SOME OF US CALL THAT ROCK N' ROLL SAM 26 JAN
MAR 29 JAN JEU 31 JAN
BE MY GUEST#3 :
SANSEVERINO + HEALER SELECTA EUGENE MCGUINNESS ZOMBIE ZOMBIE
SAULE Be • SOLD OUT LOCAL NATIVES Us + FAMY Uk • SOLD OUT MENOMENA Us + STACKS Be LOU DOILLON Fr • SOLD OUT CARBON AIRWAYS Fr «LES CLASSIQUES ONT 25 ANS» SOLD OUT
10.12 BONAPARTE De + TIM FITE Us 10.12 PETITE NOIR Za 11-12.12 SAINT ANDRÉ Fr • coprod. Progress Booking EIFFEL Fr + TWIN TWISTERS Fr • coprod. Nada Booking • 13.12 SOLD OUT 13.12 14.12
THE BEWITCHED HANDS Fr ELVIS BLACK STARS Be + THE TANGERINES Be FINALE CONCOURS CIRCUIT : SOUMONCES! • 15.12 HE DIED WHILE HUNTING • BILLIONS OF COMRADES • TWO KIDS ON HOLIDAY • FOR 24 LIVES Be • coprod. Court Circuit 16.12 STARS Ca + ZEUS Ca 18.12 THE HICKEY UNDERWORLD Be 20.12 ALPHA 2.1 Be + MERIDIANS Be Be The 21.12 GREAT MOUNTAIN FIRE présente Unplugged Version of «Canopy» • Cirque Royal 21.12 NEIL HALSTEAD Gb + COFFEE OR NOT Be 08.01 PHANTOM LIMB gb 18.01
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MARINA AND THE DIAMONDS Gb • SOLD OUT
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l’écho, triste et funky à la fois, hypnotique souvent, mais jamais déshumanisée. S’il tire son nom d’un morceau des Residents et s’il en offre une relecture passionnante sur fond de clarinette (‘Hello Skinny’), il s’avère aussi bien plus accessible que les zozos masqués derrière leurs globes oculaires et leurs hauts-de-forme. Les percussions sont tribales et minimalistes à la fois. ‘Knot Blue’ est presque folk, acoustique, mais traversé de fulgurances bidouillées. Finalement, proche d’un esthétisme à la Morr. (lg)
Hopewell ‘Another Music’ Teepee Records/Ber tus
1998. Une expérience inédite d’homme en robe. C’était Jonathan Rhys Myers qui jouait à Maxwell Demon en agitant ses cils de faon, c’était David Bowie ou presque sous les vocalises de Brian Eno. La mine d’or et de velours n’était jamais tarie, mais on atterrissait constamment au creux de ce morceau, les pupilles exaltées. Au sein de Mercury Rev, Jason Russo a bien compris qu’il n’y a d’entrée en piste stupéfiante que si on lâche plus d’ambroisie que de smog : Mark Gardener (Ride) se colle donc aux résurgences strass et fausset(tes) pour ‘Needle In The Camel’s Eye’, escalade glam toujours propice à l’opulence chabada. Une trouée de platform boot dans l’arc-en-ciel plus tard, et c’est 1974 qui continue à tambouriner aux gonds de ‘The King & The Canary’ non sans détour à la Clinic. Ça vous ferait contracter des tocs noisy et tribaux, ces souvenirs-là, ça vous ferait adopter un rejeton bâtard à saxo aussi barje que Colin Stetson : Mark Marinoff se révèle monstrumental sur ‘Over The Moutain’. Une enjambée plus tard, fouraillé par les tensions et les drones hostiles, ‘The Six Knowables’ accroît définitivement notre connaissance par les gouffres. ‘Another music’ : cinq plages seulement, une tendance coriace à l’hybridation, mais c’est bon ! (alr)
Horseback/Locrian New Dominion Relapse
Après avoir précédemment sorti un split single, Horseback et Locrian ont décidé d’unir leurs talents sur cet opus qui est un hymne au drone dans ce qu’il a de plus minimaliste. ‘The gift’, proposé dans deux versions différentes, associe un murmure inquiétant à des atmosphères doom pour un résultat évoquant la rencontre avec des spectres par temps houleux dans un cimetière. ‘Our epitath’ porte on ne peut mieux son nom. Sur fond de musique monolithique, aride et dark, une voix lointaine éructe un texte ultra goth, un peu comme si Ian Curtis surgissait des ténèbres. A noter aussi que cet album reprend le split single mentionné ci-dessus, avec Horseback proposant un ‘Oblivion eaters’ proche de ‘The gift’ car associant un murmure inquiétant à des nappes dark et Locrian développant un drone stoner goth avec ‘In the absence of light’. Assurément pas le genre d’album convenant à tout le monde, mais clairement convaincant dans son registre. (pf)
Hot Panda ‘Go Outside’ Mint Records
D’abord, le truc cool sur le nouvel album de Hot Panda, c’est sa pochette. On y voit un mec qui tente le saut de l’ange avec sa floche à l’air. Sur le cliché, il plane tranquilou au-dessus de la piscine. Mais dans la vraie vie, il a dû sentir passer la chute. Sinon, le groupe canadien se porte plutôt bien, peut-être mieux que jamais. Sur le tout neuf ‘Go Outside’, les effets bordéliques et autres charges chaotiques semblent entièrement maîtrisées. La guitare acoustique sert des ballades folk tirées au cordeau (‘Littered Cons’) et quand le quatuor branche l’électricité, c’est pour aligner quelques pépites foutraques (‘Future Markets’, ‘Maybe Now?’) qui doivent beaucoup à Pavement et l’âge d’or du rock lo-fi. Des fois, les
Brian Eno ‘Lux’ Warp/V2
L’événement est autant médiatique qu’artistique, Brian Eno est – enfin – de retour avec un nouvel album solo. Double première, ce sont ses débuts en solitaire sur la prestigieuse officine Warp et sa grande réapparition depuis son ‘Another Day On Earth’ de… 2005, ‘Lux’ retrouve les grands thèmes néo-classiques ambient qui ont fait d’Eno un des papes du genre, notamment sur les célébrissimes opus ‘Music For Airports’ et ‘Music For Films’. Ne tournons pas autour du pot plus longuement, malgré les trois décennies écoulées, le musicien britannique a conservé intacte sa patte émotionnelle, tout en évitant l’écueil délicat de la redite monotone. Plus que jamais membre du triumvirat qu’il forme aux côtés de Hans Joachim Roedelius et Harold Budd, l’ex-Roxy Music laisse défiler le long de ses 75 minutes un monde totalement apaisé où tout n’est que calme et beauté. Même si on entend déjà les sarcasmes, ils vous parleront d’ennui consanguin et de neurasthénie maladive, ‘Lux’ se lit telle une invitation méditative (très) nettement audessus de la mêlée. A l’instar, par exemple, de The Caretaker (aka Leyland Kirby) qui, soit dit en passant, est un des rares dignes héritiers de notre homme, Brian Eno continue de transformer au fil du temps une tradition où toute trace de formol est proscrite. Et tel un grand maître zen, il transporte son auditoire vers un paradis éthéré où les oxymores règnent sur l’absolu. Quand l’absence devient présence et que le calme plat marque 9 sur l’échelle de Richter, on ne peut que s’incliner et admirer l’œuvre d’un formidable artisan de notre époque. (fv)
geeks d’Edmonton dégotent de vieux claviers (‘See You All Around’) et se risquent à d’étranges cabrioles. Fun ? Comme un saut de l’ange sans calbute. (na)
Sophie Hunger ‘The Danger Of Light’ Two Gentlemen/Rough Trade
A la tangente du rock, de la pop et du jazz, le monde de Sophie est un modèle d’éclectisme musical. Fusionnant et harmonisant les genres musicaux avec intelligence, la très cérébrale Zurichoise impose avec ce quatrième opus une assurance qu’on ne lui connaissait que sur scène. D’une intensité complexe malgré l’apparente simplicité des compositions, ‘The Danger Of Light’ est disque lumineux malgré le danger que suggère son titre. Sonorités jazzy (‘Rererevolution’), ambiance cabaret (‘Das Neue’ son trombone langoureux), refrains pop tumultueux et folk-rock dylanien, c’est un ouvrage personnel et collectif auquel ont participé notamment le producteur Adam Samuels (Warpaint) et le guitariste des Red Hot Chili Peppers Josh Klinghoffer. Décomplexée ou poussée dans ses derniers retranchements par ces derniers, Sophie Hunger laisse libre cours à son érudition musicale et livre un album foisonnant mais d’une grande cohérence. (gle)
The Hyènes ‘Peace And Loud’ At(h)ome/Wagram
Nom de dieu, ce truc est tellement pitoyable qu’il en devient comique. Risible à tous les étages. A commencer par la gueule des mecs sur la pochette arrière : des tronches de bouchers, des physiques mastocs qui foutraient Depardieu et Gabin dans les cordes. Et la musique bordel, mais qu’est-ce qu’on se marre : c’est du punk rock pour retraités en déambulateurs. Mais le nec, l’irrésistible, ce sont les textes. Florilège : « Le miracle pour sortir de la crise, un pèlerinage à Colombey-les-Deux-Eglises » (‘Dead Pompidou’z’), « Oh oui c’est fini bébé, punk is dead » (‘Punk Is Dead’), ou le wagnérien « Les Fritz, les Teutons, les Frisés, les Schlitz, les Fridolins, les Boschs, les Schleus, les Italiens qui parlent avec les mains, les Espagnols qui dansent comme des tafioles et les Grecs sont tous pédés, les Grecs » (‘Die Deutschen’). Et dire qu’il y a deux mecs de Noir Désir dans ce groupe… (lg)
Imaginary Family ‘Hidden EP’ Unday/News
Joanna Isselé s’invente des chansons comme d’autres jouent aux playmobils. On l’imagine sans peine petite fille seule et incomprise, en re-
cherche de sa famille imaginaire cachée quelque part dans les recoins de son théâtre d’ombres. Ses doigts – ongles rongés, ça va de soi – font danser, pleurer et mourir licornes sacrificielles et cowboys chasseurs d’oiseaux du paradis. Ses amis éphémères, Joanna se les raconte tout doucement, souffle et susurre sous la couette telle une Cat Power en chemise de nuit, accompagnée du choeur de ses peluches (si, si, elles chantent très bien et possèdent un timbre sombre et grave, mais personne ne la croit). Un revers de la main d’un adulte incrédule suffirait pour balayer cette gravité fragile sous le tapis réservé aux peccadilles, déjà bien encombré. Imaginary Family fabrique pourtant les modèles réduits instables d’une mélancolie issue des heures les plus grises de notre enfance. Sensible et déchirant comme la pluie sur la vitre. (ab)
Janel & Anthony ‘Where Is Home’ Cuneiform Records/Mandaï Distribution
Cérébrale. L’adjectif est ronflant, mais c’est celui qui nous vient de facto en appréhendant cette intrication de paysages sonores, tantôt à peine esquissés, tantôt bâtis comme de fines cathédrales de cordes que nous donnent à découvrir Janel Leppin et Anthony Pirog, artisans multi-instrumentistes multi-genres. Il y a dans ‘Where Is Home’ de la solennité aux ramifications mélancoliques chère aux Rachel’s (le suspendu ‘Lily in the garden’ notamment), des percées effectives dans la matière du raga comme pourrait en produire Christian Votek (violoncelliste de Julia Holter), d’intrigantes chambres d’écho et de boucles (‘Mustang Song’). Après 13 plages tissées de façon si raffinée, nous restons quasi figés, stalactites admiratives : l’élégance néoclassique est un art dont on peut célébrer la virtuosité mais qui, pour l’heure, ne réchauffe guère nos enveloppes affamées d’impressions tangibles. (alr)
Rebekka Karijord ‘We Become Ourselves’ Control Freak Kit ten Records
Compositrice renommée de musiques de films, elle en compte plus de trente à son actif, Rebekka Karijord passe au délicat exercice de l’album solo, étape franchie avec brio (à condition de n’être allergique ni à Camille ni à Björk). Adepte d’un théâtre musical où sa voix à la Annie Lennox dévoile tout son pôtentiel expressif, l’artiste norvégienne installée à Stockholm lâche les chevaux sur la majorité de ses titres – sans devoir en faire des tonnes d’artifice. Car on
le sent d’emblée, la vision dé Karijord s’accorde parfaitement à son tempérament. Même si à deux ou trois reprises, on sent poindre une tentation qui la rapprocherait plus de Lara Fabian que de Stina Nordenstam, la grande classe de ses arrangements éloigne bien vite le spectre de la variétoche gluante qui nous prend pour des nouilles. Ailleurs, elle ose carrément des ballades du plus bel effet, à commencer par un morceau-titre parfait d’équilibre romantique. Une belle révélation? Non peut-être. (fv)
Caroline Keating ‘Silver Heart’ Glit terhouse Records/V2
Quand on pratique un genre aussi prisé que la voix féminine qui s’accompagne au piano, la concurrence est tellement rude qu’elle ne tolère ni faiblesse ni compassion. Tout en s’inscrivant dans une tradition mainstream où le chemin virevolte de Tori Amos à Agnès Obel, la jeune Canadienne Caroline Keating plante également des graines de mini-cabaret à la Regina Spektor dans sa musique. Charmant et romantique, son univers manque toutefois de la moindre once de personnalité, surtout en regard des formidables chanteuses qui ont recours aux mêmes instruments qu’elle – en vrac, Shannon Wright, An Pierlé ou PJ Harvey. Aucun titre n’accroche vraiment l’oreille au bout de trois écoutes, sa voix juvénile est d’une banalité assez confondante et, surtout, son milieu naturel semble lui avoir interdit toute prise de risque au-delà de 65 pulsations à la minute. C’est d’un ennui... (fv)
Grischa Lichtenberger ‘And IV [Intertia]’ Raster-Noton
Mine de rien, ça faisait un rude bail qu’on avait plus guère de news tranchantes du label Raster-Noton. Même si la dernière fois, nous avions été servis avec l’incroyablement formidable du feu de Dieu (ça suffit ou vous en voulez encore?) ‘Winterreise’ d’AtomTM, ça fout bien la patate de remettre la main sur un disque de l’officine de Carsten Nicolai, d’autant qu’il s’agit de Grischa Lichtenberger dont nous avions déjà goûté à l’EP ‘Treibgut’ en 2009. Tout en s’inscrivant dans la lignée techno asséchée de ses comparses de label Alva Noto, Byetone ou Frank Bretschneider, le producteur de Düsseldorf dévoile sur ce premier opus longue durée une très belle créativité dans la recherche de beats et tempos originaux. D’une franche dynamique où la robotique s’incruste sur le dancefloor pour mieux le dévoyer, l’artiste allemand imprime à ses vingt-et-uns tracks, dont certains dépassent à peine la minute, un sens en zigzags multiples et pertinents. Mieux, tout au long du parcours, la tentation de la monotonie demeure hors-jeu et on est beaucoup plus proche du hat-trick que du renvoi aux vestiaires pour non-combativité. Deutschland regiert! (fv)
Lindstrøm ‘Smalhans’ Smalltown Supersound
Pour sa seconde sortie de l’année, Lindstrøm a des fourmis dans les jambes – et des idées de titres imprononçables (lisez la track list, vous comprendrez mieux). Mais aussi, il continue de tracer, et très bien même, un sillon italo space disco qui lui va comme un gant, et qui donne une fichue envie de se secouer le bide dès le petit matin. Même si certains morceaux évoquent ce que le producteur norvégien faisait déjà il y a quelques années, mais qui pourrait le blâmer d’un tel savoir-faire, ‘Smalhans’(la version norvégienne du Petitjean?) dévoile quelques joyaux en forme de chaleurs analogiques – même si perso, je trouve que Johann Johansson, BJ Nilsen & co sont plus inventifs quand ils se retrouvent sous la bannière Evil Madness. Autre
LOTTO ARENA ANVERS MARDI 19 FÉVRIER 2013
0900 2 60 60
INFO & TICKETS : PROXIMUSGOFORMUSIC.BE •
( 0,5 € / min, tva compr. )
( 0,5 € / min, tva compr. )
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Earteam
(petit) bémol en forme de double questionnement : qui va faire avancer le schmilblick? Pourquoi tous les titres s’inscrivent-ils dans une même trame? (fv)
Getachew Mekuria & The Ex & Friends Y’Anbessaw Tezeta’
Lord Fowl
Terp Records
Lean Left
‘Moon Queen’
Live at Café Oto’
Small Stone Records
‘Moon Queen’ est le type même de l’album sans aucune prétention qui fait du bien par où il passe. Musicalement parlant, Lord Fowl, originaire du Connecticut, est l’essence même de ce que peut être un groupe de hard pétri d’influences old school. A l’écoute des douze titres proposés ici, vous verrez planer les ombres de Kiss, Judas Priest, Black Sabbath ou encore de Thin Lizzy, le tout servi sous un habillage impeccable, fort bien maîtrisé sur le plan musical, mais nullement démonstratif. Ultra accrocheur, bourré de riffs jouissifs et assez varié, ‘Moon Queen’ est un vrai régal de rock direct, catchy, puissant et varié. Entre le stoner dantesque de ‘Mutate’, la puissance de ‘Split’ et ‘Touch your groove’, l’immédiateté glam de ‘The queen is not impressed’ et les touches psychédéliques de ‘Pluto’, les réjouissances sont nombreuses et vous vous trouverez entraînés dans un tourbillon galvanisant qui vous donnera envie de pogoter, de boire des bières jusqu’à plus soif et de croire plus que jamais que le rock n’est pas mort! (pf)
Lovely Little Girls ‘Cleaning The Filth From A Delicate Frame’ Skin Graf t/Mandaï
Merdre alors! Il en existe encore, des irréductibles maboules fanfarons (au sens propre : neuf musiciens s’éclatent ici) qui mâchonnent bouche ouverte leur Uncle Meat et tartinent fièrement leurs ubuesques digestions entre les sillons gidouilleux d’un album innocent. Elles sont rabelaisiennes et fort peu fréquentables, ces Lovely Little Girls aux nez crotteux, qui courent en tous sens, la culotte sale et le plumeau tendu à la recherche d’un cadre délicat à nettoyer. A vous demander si vous avez bien fait de les mettre à la tâche (d’ailleurs, certaines sont des hommes et plutôt repoussants, c’est dire). Elles n’hésitent pas, sourire angélique et dentition chevaline à l’appui, à entonner une incantation avant-rock ordurière à faire blémir Artaud et Patton réunis, sobrement baptisée ‘Massive Vulva Cantaloupe’ et enchaînent sans temps mort et en choeur sur un Opéra free et décadent où fusionnent en gras bouillons Zappa et metal-prog à la Devin Townsend. Le résultat est terrible : le salon, autrefois immaculé, est moucheté de déjections en tous genres, les lustres pendouillent, ampoules grésillantes, le chien, en plein trauma, a le poil vert, quelque part quelque chose brûle et les flics, déjà, frappent à la porte. Le cadre, en revanche, est impeccable. Comment voulez-vous leur en vouloir? (ab)
The Luyas ‘Animator’ Dead Oceans/Konkurrent
‘Montuno’ : neuf admirables minutes à la célérité sinusoïdale, au pouls flageolant, aux cordes exerçant une pression continue sur nos membres et notre rétine. Neuf minutes pour se frotter à un groupe à l’aura immersive dont on aurait tort de croire qu’il ne s’agit que d’une tentative de plus de nous fourguer une brindille au larynx piquant et éthéré, même si Jessie Stein a un organe qui trouve ses marques dans la lignée acidulée. L’univers exhibé ici, parfois proche de Broadcast, tient du fantomatique et du palimpseste, de la cinématographie de genre, mais ne perd jamais tout à fait la forme humaine : bribes de films noirs punaisées sur des murs aveugles, symphonies respiratoires (la rengaine déstabi-
Unsounds/Mandaï
Plus qu’un groupe à la géométrie définie évoluant sur luimême, The Ex est toujours apparu comme un collectif aux contours ouverts prompt à susciter des associations momentanées et à accueillir en son sein des amis de passage. C’est surtout au cours de la dernière décennie que cette tendance est allée en s’amplifiant, quoiqu’on se souvienne de la très belle collaboration avec le violoncelliste Tom Cora au début des années 90. Celle engagée avec le saxophoniste éthiopien Getachew Mekuria remonte à 2004, lors d’une rencontre dans un vieux théâtre à Addis-Abeba. Depuis, elle n’a cessé de prendre corps pour déboucher sur plusieurs tournées (près d’une centaine de concerts à ce jour) et sur l’enregistrement de l’album ‘Moa Anbessa’ paru en 2006. Mekuria, gloire nationale dans son pays, s’est empressé de quitter la scène du salon de l’hôtel Sheraton où il terminait ses vieux jours en jouant devant un parterre d’happy few pour parcourir les scènes du monde avec le combo hollandais. Les réactions ont été vives et enthousiastes au point de transformer cette collaboration en amitié indéfectible. C’est Mekuria qui a insisté pour enregistrer ce nouvel album, vraisemblablement le dernier de sa carrière. Il a puisé dans son propre répertoire pour ressusciter des morceaux anciens et forts auxquels The Ex et ses amis (le clarinettiste Xavier Charles, le saxophoniste Ken Vandermark, les trombonistes Joost Buis et Walter Wierbos…) ont donné des couleurs relevées. Le résultat est à la mesure de l’aventure, abyssale et abyssinienne. Pour sa part, Lean Left voit la faction guitares de The Ex – Andy Moor et Terrie Hessels – se fondre dans la fusion à chaud générée par le batteur norvégien Paal Nilssen-Love et Ken Vandermark. Deux duos s’entrecroisent et s’entrechoquent. La synergie est implacable, souveraine. Aux effusions succèdent parfois quelques accalmies barbouillées par des scories incandescentes. Ce live, enregistré dans une des places fortes londoniennes de l’avant-garde, en restitue à merveille la quintessence. (et)
lisante « I try to lose my face » évoque Franju), frictions effilées (‘Your Name’s Mostly Water’, et sa progression en paliers lents), on erre à suaves et sombres tâtons. ‘Animator’ n’est pas de ces albums qui s’apprivoiseront dans l’instant, pas de ces édifices mystiques dont on pourra visiter chaque pièce de façon soutenue, il s’agira plutôt de léviter à l’instinct, de gratter du doigt quelques parois pour voir si nos ongles recèlent du quartz ou de l’onyx. (alr)
Lyres ‘On Fyre’ Munster Records
Nés dans les années 1980, à une époque où il fallait s’habiller flashy pour briller sur la scène musicale, les Lyres étaient d’emblée mal embarqués. Tee-shirts, baskets, jeans délavés, cheveux en bataille : les mecs semblaient tombés du lit après une castagne avec leur oreiller. Pendant que l’Amérique tapait le moonwalk sur le ‘Thriller’ de Michael Jackson, les Lyres gravaient un album d’anthologie dans les annales du rock garage. ‘On Fyre’ est un classique, un disque culte, un truc à ranger entre l’urgence des Sonics et les embardées sixties des Stones. Vifs, percutants, excitants au possible, les titres de ce premier album sont aujourd’hui réédités et complétés de cinq tueries à secouer au nez et à la moustache de tous les amateurs de rock’n’roll que compte aujourd’hui la planète hispter. Par la suite, le groupe de Boston ne parviendra plus jamais à confronter ses guitares au génie. Les albums suivants ne grattent plus la même corde intemporelle. Pour l’histoire,‘On Fyre’ reste la seule et unique merveille. (na)
Majeur ‘Maury Road’ Autoproduction
Après sa reprise du ‘Summertime Sadness’ de Lana Del Rey qui a suscité un mini-buzz sur la toile, Majeur était attendue au tournant de son
premier album, le résultat est mitigé. A vrai dire, on ne sait trop si c’est l’agacement ou l’émerveillement qui prédomine à l’issue du – long – parcours (14 titres, mazette). Il y a bien quelques pépites, dont un ‘Message Perso’ et un ‘Open Your Eyes ’qui vont droit au cœur et aux tripes, il y a aussi pas mal de pose faussement éthérée, genre tu l’as vu comme moi aussi je sais faire de la dream pop, sans compter certains passages où on se demande vraiment, et c’est dit sans méchanceté, si les musicos ont appris à jouer il y a plus de trois semaines (le pompon revenant aux catastrophiques ‘Where Are You Now’ et ‘Festival de Cannes’). Ou bien, c’est de l’humour et je n’ai rien compris. (fv)
Maya’s Moving Castles ‘s/t’ Unday Records/N.E.W.S.
Björk : une sauvageonne brune environnée de particules phosphorescentes, ceinturée à la nature islandaise, au désordre stupéfiant qui en surgit. Le mètre-étalon indéniable de toutes les jeunes femmes qui ont quasiment plus de vrombissement dans la tête que de mots et de concepts pour l’en faire sortir. Maya : une de ces disciples qui poussent le bouchon jusqu’à une ressemblance physique étonnante avec la lutine Guðmundsdóttir, jugulent la minimal wave à la gorge, vivent dans des chenaux hantés, des greniers aux tuiles mouvantes, bâtissent des illusions de sable fin. Moins cold que Purity Ring, moins fracassée que Grimes, mais payant comme il se doit son tribut tant aux 80’s qu’à la nébuleuse triangulaire, la violoncelliste ne fait son job ténébreux pas moins bien qu’une autre. Trois petits tours et se dissipent déjà les vapeurs rosâtres… (alr)
Me And My Drummer ‘The Hawk The Beak The Prey’ Rec/Sinnbus Bln
Passé l’effroi d’un morceau d’ouverture où concourent aux cent mètres haie des synthé-tics crispants et autres effets vocaux que l’on espérait disparus quelque part en 1992 avec Enya, Me and My Drummer trouve plus ou moins
ses marques esthétiques, toujours sur la corde raide. La chose est d’autant plus surprenante que les défauts susnommés, loin d’être gommés sur les titres suivants, se font de plus en plus présents. Sans doute le duo berlinois les assume-t-il avec plus d’aplomb et de panache. Accompagnée comme promis de son Matze Prölloch de batteur et d’une tripotée d’autres instruments organiques ou de synthèse qui s’invitent dans le mix, la chanteuse Charlotte Brandi impressionne, tant elle semble capable de couvrir toutes les palettes possibles, de l’intimité lyrico-pop d’une Tori Amos à la grandiloquence dance et baroque d’une Marina & The Diamonds, allant jusqu’à flirter avec des accents hispanos et cabaret sur le brûlant ‘Down My Couch’. Un talent certain (‘Rain Kids’ et ‘You’re A Runner’ sont deux bombes atomiques), mais qu’il est encore difficile de cerner avec précision, la faute à un premier album qui se cherche stylistiquement d’un morceau à l’autre sans jamais parvenir à se fixer (le joli ‘Wings’ est une resucée des backings vocals du Medulla de Björk, tandis que ‘Don’t Be So Hot’ hésite entre retenue et exhibition sans convaincre ni dans l’une ni dans l’autre). Au point de se vautrer à certaines occasions dans des compositions et accompagnements qu’on peut sans crainte qualifier de soupe tiède. La prochaine fois, peut-être. (ab)
Menahan Street Band ‘The Crossing’ Daptone Records
Lorsqu’il ne joue pas pour son propre compte, le Menahan Street Band s’appelle The Expressions et est sans doute un des meilleurs backing band au monde de ces dix dernières années. Dans le genre soul instrumentale qui déchire sa race, le combo à géométrie variable de Thomas Brenneck dégomme la concurrence et renvoie les apprentis rétrophiles à leurs ocarinas. Ecoutés à plein volume, ces onze titres nous ramènent quatre ans en arrière, quand on se prenait la claque méchamment cuivrée ‘Make The Road By Walking’, nous ramènent au Het Depot à Louvain où, un soir de février 2010, on avait bu des bières en trépignant devant mister Lee Fields & The Expressions. Nous ramènent, plus récemment, au premier album du soulman Charles Bradley, presque une version chantée de ‘Make The Road By Walking’. Si ‘The Crossing’ nous rappelle tous ces excellents souvenirs, c’est parce que l’univers qu’il impose aujourd’hui est très proche de celui qu’il dessinait à l’époque, tout en apportant des nuances qu’on n’aurait pas spécialement envisagées alors (‘Seven Is The Wind’ qu’on aurait bien imaginé dans des road movies à la ‘Paris, Texas’ ou ‘Broken Flowers’). Une nouvelle petite tuerie. (lg)
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Metz ‘Metz’ Sub Pop
Tympans fragiles, fans de Michel Sardou, jeunes filles en pleurs, s’abstenir. Teenagers en rut, bucherons en manque, punks grunge décérébrés, kurtcobainophiles patentés, foncer. Pour vous, c’est menus larsens à tous les étages, riffs frondeurs, batteries primaires, point, barre. Vingt-neuf minutes furibardes où un type gueule comme si sa vie en dépendait. Metz est un trio canadien qui rappelle d’autres basse-guitare-batterie essentiels, Shellac et Nirvana en tête. D’ailleurs, le groupe est tellement perti-
beursschouwburg .be
30.01 06.02 11.02 13.02 14.02 18.02 23.02 23.02 26.02 02.03 06.03 07.03 09.03 13.03
TournÉe Europavox : Great Mountain Fire + Ewert & The Two Dragrons + Funeral Suits à 18h Angus Stone les Nuits de l'Alligator : Gallon Drunk + Mama Rosin + King Dude Jason Lytle Lescop + Yan Wagner Nicole Willis & the Soul Investigators Lianne La Havas 16h : goûter concert de Concrete Knives fair: le tour : Concrete Knives + Crâne Angels (78 Tours) Wovenhand + Motorama SKIP&DIE Villagers Local Natives The Lumineers Egyptian Hip Hop
February
27.01
Januray
n. Mars 2013
4 we 5 we 12 fr 14 sa 22 we 9 we 16 fr 18 we 23 we 30 we 13 we 20 we 27
Chrs Glarreta, Seiji Morimoto, Patrick Thinsy, Adam Asnan & Pauwel De Buck Night Beats, Acid Baby Jesus & Mountain Bike The Jim Jones Revue Ensemble ft. Xosar, Moomin, Kong & Gratts Brussels Youth Jazz Orchestra Blackie & The Oohoos Raketkanon Imaginary Family & Flying Horseman Solo Air Guitar Contest The Ruby Suns Black Heart Rebellion T.H.O.T. Space Aliens From Outer Space + Solar Skeletons
Infos et locations : www.legrandmix.com
concerts
Rue A.Ortsstraat 20–28 1000 Brussel
scène de musiques actuelles - Tourcoing
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Earteam
nent dans sa manière de faire du boucan qu’on ressort d’une première écoute tout tourneboulé, avec l’envie d’y revenir illico puis de s’enfiler dans la foulée ‘Nevermind’ et ‘Excellent Italien Greyhound’, choses qu’on n’a plus faite depuis un certain temps. Excellemment brutal, ‘Metz’ est un carnage. (lg)
Naive New Beaters ‘La Onda’ Wagram
Les Naive New Beaters bénéficient auprès de moi d’un furieux capital sympathie. Leur premier album, ‘Wallace’, ne révolutionnait pas la musique, mais balançait sans faiblir des tubes rigolos et estivaux (‘Live Good’, ‘Just Another Day’). Leurs clips surfaient certes sur la vibe Gondry, mais leur inventivité bricolo ont révélé le collectif Megaforce. Et leur lives laissaient exploser leur plein potentiel d’imbécillité festive et de tronches cocorico-yankees impayables. David Boring, Eurobelix et Martin Luther BB King sont donc de retour pour de nouvelles déconnades boumboum et tralala. A ce titre, ‘La Onda ‘ remplit son contrat : les morceaux dance-rap-ragga-con-con se succèdent à la vitesse d’une course en ballon sauteur, tongues aux pieds et bière chaude à la main. On se poile, on est mouillé, l’odeur de barbeq nous colle au slip, l’été touche à sa fin, profitons-en tant qu’il est encore temps. L’hiver venu, peut-être les NNBS devront-ils considérer d’élargir leur palette, s’ils veulent éviter de disparaître avec le dernier anticyclone. C’est tout ce qu’on leur souhaite. (ab)
Neurosis ‘Donor Found In Decay’ Neurot Recordings/SRD
De tous les groupes associés au métal, Neurosis est sans doute celui qui séduit le plus ceux qui sont généralement rétifs au genre. En soi, ce n’est pas vraiment surprenant : faisant fi des clichés inhérents, il ne met en avant ni riffs speed ou black métal, ni roulements de batterie épileptiques. On pourrait plutôt parler de sludge ambient, de post métal atmosphérique, voire de folk gothique lent et lourd. Bref, Neurosis est unique en son genre et ce n’est pas surprenant s’il est littéralement vénéré par tout ce que le métal moderne compte d’artistes innovants, Isis et Mastodon en tête. ‘Donor found in decay’ démontre une fois de plus tout le talent d’un groupe qui évolue dans la continuité, restant fidèle à lui-même tout en ne se répétant pas. Comme toujours, on trouve ici des compositions assez longues, dépassant parfois les dix minutes, générant des atmosphères intenses, épiques, alternant passages élégiaques assez lents à des envolées doom plus métal ou sludge. On relèvera en particulier le prenant ‘At the well’ et le grandiose ‘All is found… in time’ qui mêle puissance métal et envolées progs. De façon intéressante, le groupe propose deux compositions assez courtes, ‘We all rage in gold’ et ‘Raise the dawn’ qui sont étonnamment accessibles - selon les critères en vigueur dans l’univers de Neurosis, s’entend - vu qu’elles affichent une structure identifiable, quasi rock au sens communément acquis. Impressionnant. (pf)
The New Mastersounds ‘Out On The Faultline’ One Note
Dès le bouton play, c’est la séduction, brutale et rapide comme une langue fourrée au fond de la gorge : un riff funk à la jupe courte et la croupe aguichante se frotte furieusement de bas en haut sur votre patte-d’eph’. Inutile de repousser ses avances, cette créature mi-lycra, mi-pail-
Mujeres ‘Soft Gems’ Sones/62T V/PIAS
Le garage espagnol a ce mérite : celui d’y aller franco (je me marre). Non sérieusement le garage, c’est quoi ? A part une franche rigolade entre potes souvent éméchés qui jouent mal ou sans prétention ce qui leur passe par les tripes. On pourrait argumenter longtemps mais je connais finalement peu de styles qui soient aussi sincères et spontanés que celuilà. Je peux kiffer une prise de tête chez Warp mais rien ne me remuera plus que des Black Lips qui reprennent Dutronc en zappant un mot sur deux. Parce qu’on sent qu’ils vivent définitivement le morceau. Au fond, le garage pourrait être la dernière forme d’hédonisme au monde. Une partouze permanente dans un grand bordel où la reverb et l’humour, l’acide et la bière, finissent par faire crever de joie les tympans. Mujeres, donc. Sous-titré, probablement à raison, Barcelona’s Finest Garage Band. Des mecs qui s’en paluchent grave, carrément les Thee Oh Sees catalans, les Black Lips ibériques. Ces onze titres ressemblent à tout ce qu’on a déjà entendu ailleurs, mille fois. Mais le je-m’en-foutisme avec lequel ils triturent leurs morceaux, la déglingue avec laquelle ils pompent effrontément ‘I’m Waiting For The Man’ sur ‘Now I Am’ font qu’on s’y attache et qu’on y revient au galop. La bite bien raide. Prêt à jouir sans fin. (lg)
lettes veut vous voir bouger, dut-elle vous donner le tournis et vous retourner la tête à force d’artifices jazz-soul, de basses épaisses so very motown, de sessions rythmiques endiablées. Et déjà vous courbez l’échine, vous vous abandonnez aux sorts qu’elle vous a jetés, impuissant, vos jambes entrent en vibration, vous perdez contrôle, votre derrière, vos bras, ils sont incontrôlables, des saxos possédés jettent leurs notes en pluies cuivrées sur votre peau, vapeurs, sueur, Black Mambo! Vous l’aurez compris, avec les New Mastersounds, des anglais aussi contemporains que vous et moi, on ne fait pas dans la subtilité mais dans la citation. Un morceau comme ‘Welcome to Nola’ s’ouvre forcément par un boogie au piano, alors qu’un clone de Dr. John entonne ces quelques mots : « Welcome to New Orleans ». Soit. Doit-on bouder son plaisir et s’offusquer de tant de redondance, ou se laisser aller à cette invitation désarmante au plaisir d’une musique festive qui sait être sexy et de bon goût? Pour ma part, j’ai choisi mon camp, tant ‘Out On The Faultline’ met du cœur à l’ouvrage : The New Mastersounds nous ouvre un portail temporel pointé droit sur les meilleures heures du jazz funk et fusion des ghettos new-yorkais. Let’s do the Shingeling! (ab)
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Organic ‘Under Your Carbon Constellation’ Complete Control Productions/Mandaï
Ce duo français remarqué récemment lorsqu’il a assuré la première partie de Graham Coxon au Bota propose une musique puissante et originale associant influences cold wave, post punk avec une réelle virulence et un esprit noise. Le groupe décrit un univers intense et prégnant qui emprunte des chemins assez variés. L’influence cold wave/post punk est immédiatement reconnaissable et se traduit souvent par des compos extrêmement fortes, comme le très accrocheur ‘Waves are running’ qui n’est pas sans rappeler Joy Division, influence que l’on retrouve mêlée à celle de Cure sur l’excellent ‘Ordinary world’. Variant les plaisirs, Organic met également en avant des accents EBM sur ‘Johnny craque’ ainsi que sur ‘Katharina distortion’ évoquant Front 242. Parfois aussi, ‘Under Your Carbon Constellation’ se la joue plus indus, comme avec
‘Sequence of my projector’ ou ‘Colossal baroque’ qui sonne très Young Gods. On terminera enfin en vous disant tout le bien que l’on pense de ‘Seeds’, un instru atmosphérique dark voguant dans des eaux cold wave métallique.Très bon dans son style ! (pf)
Beth Orton ‘Sugaring Season’ Anti-/Pias
Depuis ‘Comfort Of Strangers’ en 2006, l’égérie de la scène électro-folk anglaise semblait avoir volontairement disparu de la circulation. Un pari osé dans le paysage musical actuel qu’un déménagement à la campagne et la naissance de deux enfants n’expliquent que partiellement. Une façon peut-être de commencer à traiter une certaine schizophrénie musicale de plus en plus évidente à l’écoute de ses dernières productions. Car cette période fut aussi mise à profit pour prendre des leçons particulières chez Bert Jansch dont la réputation de « Jimi Hendrix de la guitare acoustique » n’était plus à faire. Sous l’égide de Tucker Martine, metteur en son de l’inoubliable ‘Carbon Glacier’de Laura Veirs (que l’on retrouve dans les chœurs sur certains titres), Orton reprend du poil de la Beth en même temps qu’elle retrouve le goût de l’épure et du classicisme folk. En témoigne notamment ‘Last Leaves Of Autumn’ et son fingerpicking qui magnifie une voix et une écriture toujours aussi limpides. Quelques effluves d’electronica subsistent presque pour l’anecdote (‘Magpie’). Trop maniéré, trop précieux peut-être, le disque ne prend toutefois que trop rarement aux tripes même si la voix reste régulièrement bouleversante. Un album qui convient parfaitement à un dimanche après-midi d’automne, le regard perdu dans les feuilles mortes. (gle)
Other Lives ‘Mind The Gap’ Pias/Pias
‘Take Us Alive’ : vous voilà dans la conviction qu’Other Lives parvient à jouer de la longe et de l’archet avec les plus fougueuses natures animales, vives ou spectrales, que le groupe fraye au mieux avec une escouade d’anguilles synthétiques. Voix blanches et boucles, vous ne cracheriez sur aucune séance d’hypnose qui vous déchargerait de cette magnétique lampée. Vous avez dit bitter ? Tâchez donc de raisonner ces orgues sépulcraux, on va finir par trépider, en lévitation, grâce ces fouets cold qui atrophient les larynx de ‘Dead Can’. Le remix d’Atoms For Peace (Thom Yorke & co) épouille, cinglant, les balbutiements doux-amers de ‘Tamer Animals’ avec la faucille à beats, avant que le quintet des eaux paisibles ne réendosse sa houppelande folk, sa patte empreinte de solennité et de cordes et ne fasse voleter la ‘Dust Bowl’ à travers les friches à un martèlement quasi figé cal-
qué sur l’arrière-saison : à peine grondant, les membres enchâssés dans les rhizomes. Faites juste attention aux trous lacustres mais ne tergiversez plus face à d’autres destins! (alr)
Phantom Limb ‘The Pines’ Naim Edge/V2
Révolution chez les cow-boys : la country s’acoquinerait désormais avec le rythm and blues, la robe en lamé soul fraierait volontiers avec le stetson, le gospel évoluerait gaiement sur le plancher des vaches. C’est la profession de foi de la pétulante Yolanda Quartey, timbre de velours et pas en reste question personnalité, et de ses associés aussi férus de Willie Nelson que de Percy Sledge, tous issus, non pas d’un ranch isolé mais de Bristol. Est-ce que la sauce barbecue prend, est-ce que les frontières sont suffisamment perméables pour opérer telle réconciliation ? On serait parfois tentés d’y croire, de graisser ses colts : ‘Gravy Train’ balance bien sa steelguitar derrière un timbre tantôt funk tantôt cajoleur avant la montée dans le wagon, ‘Give Me A Reason’ sort pratiquement la guimbarde et les alezans. Mais entre vous et moi, une fois qu’on a appréhendé le décor, qu’est-ce que c’est monotone, la ruée vers l’or…(alr)
Piano Interrupted ‘Two by Four’ Days of Being Wild/Dense
Après avoir réalisé trois ep en trois ans, somme toute une assez longue période de rodage, Tom Hodge et Franz Kirmann présentent un premier album carte de visite en conférant à leur collaboration le nom de leur premier single : Piano Interrupted. Alors que Hodge est issu d’une tradition classique et jazz, ayant écrit pour le cinéma, Kirmann s’est fait connaître au sein de la scène pop electro. A deux, ils élaborent une musique instrumentale ouatée et tempérée. Le piano est bien entendu présent mais il est épaulé par un grand renfort d’effets et, plus significativement, par la présence d’une violoncelliste et d’un percussionniste invités. Trois plages ont par ailleurs servi de bande sonore à un documentaire sur Heidi Jouni, un crooner tunisien qui eu son heure de gloire naguère. Nils Frahm a mastérisé le tout dans son studio berlinois. ‘Two by Four’ s’avère intensément cinématographique. (et)
Pinback ‘Information Retrieved’ Temporar y Residence/Konkurrent
Cinq ans se sont écoulés depuis le dernier effort de Pinback (‘Autumn of the Seraphs’) et, décemment, on ne peut cacher une certaine euphorie à l’idée de retrouver Rob Crow et son compère Armistead Smith sur le récent ‘Information Retrieved’. Comme toujours, Pinback exploite une zone de flottement, un interstice mélancolique submergé d’une énergie extatique. Pour ça, l’esthétique du groupe est unique : elle gravite aux confins du rock emo et des harmonies sucrées de la pop sunshine. Elle se dévoile dans un crescendo d’arpèges électriques. Sur ce nouveau disque, le duo de San Diego tend malheureusement à se répéter, en moins bien, en moins fin. Les parties vocales se détachent de la musique comme des greffes avortées. Rob Crow peine à capter la mélodie. Ici (‘True North’) et là (‘Sediment’), Pinback saupoudre ses chansons d’arrangements de cordes qui illuminent cet album comme autant d’artifices tirés en plein jour. C’est peut-être joli, mais ça ne sert strictement à rien. (na)
Pineapple thief ‘All The wars’ Kscope
Porté au pinacle par de nombreux critiques, Pineapple Thief est souvent présenté comme symbolisant le renouveau du rock prog. Pour
Earteam Neil Halstead ‘Palindromes Hunches’ Sonic Cathedral
Question d’ère, d’air: on n’aurait parfois que faire des innocents aux yeux démesurés, aux gestes simples, de ceux qui vous avertissent au préalable qu’« I’m not your rollercoaster, girl/I’m just a boy and I got no style ». Ces héros très discrets, ils vous hissent pourtant sans coup férir dans les poils de leur blé de barbe et les lavis d’une campagne so british. Quand on a pour patronyme Neil Halsteid, l’apprivoisement est d’ores et déjà à mi-parcours, à travers Slowdive ou Mojave 3, deux projets à fleur de morceaux ensablés à quai. Il vous a déjà fait plonger à pic dans l’encre (de) sèche les yeux rivés sur vos godillots, Il vous a déjà surpris, hagards et l’ardeur ligotée psalmodiant « This town don´t want drunkards / Or singers of bad poetry / They want dancing and drugs and laughter /And we don´t have them ». Restent les quelques foulées qui vont d’un nom à la mémoire sensorielle du séquestré volontaire : se montrer aussi vrai que précis dans cet artisanat d’horlogerie, faire jaillir l’étincelle dans le dépouillement, rejoindre Nick Drake du côté des futaies. Foin d’esbroufe monstre : ‘Wittgenstein’s Arm’ a cette faculté apaisante des ballades taillées dans l’étoffe du temps, ‘Spin The Bottle’ nous enrobe d’une cape d’ombres accablées qu’on peine à dissiper, ‘Palindrome Hunches’ nous fait regretter « a Kansas city girl ». Certains esquisseront sans doute une moue dubitative devant ce songwriting si peu radical, presque confortable. Qu’importe: c’est juste à notre mesure : « I don’t wanna feel jus tokay / I wanna see everything / I wanna go everywhere. » (alr)
être franc, je ne partage pas du tout cet avis. Certes, le groupe dispose d’un talent certain sur le plan de la composition, sait trousser des mélodies accrocheuses et a un sens du grandiose qui n’est pas donné à tout le monde. Le problème, c’est qu’il sonne comme un clone de Radiohead et de Muse, partageant avec ses derniers une méchante tendance à privilégier un pompiérisme putassier. C’est dommage, car cela plombe pas mal de compos qui ne sont en soi pas mauvaises. (pf)
Porcupine Tree ‘Octane Twisted’ Kscope
Archétype du groupe indie avec une fan base énorme – on en connaît qui donnerait un bras droit pour serrer la pogne de Steven Wilson, ce qui une fois devant l’individu ne serait pas très pratique –, Porcupine Tree poursuit son petit bonhomme de chemin et nous sort un double live (enregistré à Chicago le 30 avril 2010). Ces morceaux (dont beaucoup à rallonge) plongeront dans la béatitude la plus extasiée ceux qui pleurent à chaude larmes l’époque bénite des groupes progressifs. Ce temps jadis où roulements de batterie à gogo et expérimentations métaleuses faisaient rêver. (lg)
le milieu des années 70. Si ses premiers enregistrements restèrent confidentiels, il doit à Daniel Miller de lui avoir ouvert très tôt les portes de son label Mute. Sous l’étiquette ‘NON’, Boyd Rice réalisera des disques âpres et hermétiques tandis qu’il collaborera également, sous son propre nom, avec Coil, Death in June, Frank Tovey (Fad Gadget)… mais aussi avec le percussionniste Stefan Joel Weisser (aka Z’ev) qui deviendra un des ses comparses fidèles. Sur ‘Back To Mono’, Rice revisite son répertoire historique dont il a tiré ici quelques morceaux phares pour les réenregistrer ou pour les présenter dans des versions inédites, studio ou live. Il est habillement épaulé par Wes Eisold (Cold Cave) et Bryan Dall (Thee Majesty, Hirsute Pursuit), lesquels l’aident à façonner son son pour le placer dans une dimension jusqu’alors inabordée. En clôture, Rice se fend d’une reprise émaciée du fameux ‘Warm Leatherette’ de The Normal (aka Daniel Miller). Une manière de rendre hommage à celui qui l’aida à s’ouvrir vers un plus large public. La boucle est ainsi bouclée. (et)
Chris Robinson band ‘The Magic Door’ Silver Arrow Records
Je n’ai jamais fumé sur du reggae. Il ne m’a donc pas été donné de vérifier si, à l’inverse des rastafaris qui laisse tomber la beu et se font chier comme des rats morts devant leur sono, s’y adonner procure aux sonorités jamaïcaines un intérêt nouveau, voire évident. Vous l’aurez compris, le reggae, fut-il british, n’est pas ma cup of tea. Pourtant ces Resonators parviennent à maintenir constant l’intérêt de l’auditeur, mâtinant leur approche d’influences soul et dub habilement maîtrisées. Ils évitent les pièges de la redite, sautent par-dessus les écueils des essais infructueux et datés et font résonner – ah ah – tout ça avec une classe que je ne connaissais pas au genre. Les deux chanteuses Kassia Zermon et Faye Houston louvoient avec grâce entre les cuivres distos et les beats profonds comme des culs de bong. Avec ce second album séduisant, The Resonators devrait s’imposer sans difficultés comme les Massive Attack de la scène reggae. (ab)
Chris Robinson a beau être en congé des Black Crowes et s’être lancé dans un nouveau projet, il reste fidèle à la musique qu’il aime. C’est ainsi que ‘The Magic Door’ ravira ceux qui l’ont suivi depuis ses débuts vu que Chris met en avant un rock infusé de blues rock old school, de hard seventies et de rock sudiste, le tout avec des envolées psyché du plus bel effet. ‘Let’s go let’s let’s go’, de part son groove bluesy, est le plus bel hommage que l’on ait jamais rendu à Cream, groupe dont l’influence est perceptible tout au long de l’album, notamment sur le remarquable ‘Vibration & light suite’. ‘Someday past the sunset’, brillant lui aussi, connaît des envolées psyché sublimes et transporte littéralement l’auditeur, tandis que ‘Appaloosa’ est une grande ballade que n’aurait pas renié Led Zep à sa grande époque. Parmi les moments forts de cet album, on retiendra aussi ‘Sorrow of a blue eyed liar’, superbe ballade empreinte d’une sobriété on ne peut plus classe, sans oublier le très sudiste ‘Wheel I don’t roll’ qui clôt l’album de bien belle façon. Un excellent disque confirmant tout le talent de Robinson. (pf)
Boyd Rice / NON
Saez
Resonators ‘The Constant’ Wah Wah 45s
‘Back To Mono’
‘Messina’
Mute/V2
Wagram
Boyd Rice est un vieux de la vieille, un des pionniers de la musique bruitiste ayant débuté vers
Il faut suivre : ce triple album en annonce un autre, ‘Miami’ (le 3 décembre). Pour les fans,
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c’est (vraiment) Noël. Pour les autres, s’aventurer dans cette entreprise pharaonique (145 minutes, tout de même) est une autre affaire. Au risque d’encore m’attirer les foudres des amoureux transis de Noir Désir et d’un certain rock à la française, il faut bien écrire que Damien Saez, espèce de croisement entre le vieil étudiant rebelle en hypokhâgne et le délégué syndical, aurait gagné à resserrer le propos. Parce que ce vrai/faux écorché vif, à la voix perchée quelque part entre Cantat et Raphaël, sait torcher quelques bonnes chansons qui pourraient faire un très bon album. Hormis les longueurs, l’ennui vient aussi, souvent, de ce grand orchestre qui, à plusieurs reprises, frôle le pompiérisme. Et puis, il y a les quelques erreurs : ‘Marie’ dont la ressemblance avec ‘Ces Gens-là’ de Brel ne peut plus tenir de l’hommage. Ou encore ‘Ami De Liège’, probablement inspirée par la tuerie de Nordine Amrani, mais dont la poésie est celle d’un ado de douze ans. A compiler sur un seul cd-r. (lg)
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MENOMENA (USA) + S TA C K S ( B )
ME ST
6/12/12: Botanique – Bruxelles
6/1
LOVE LIKE BIRDS (B)
LO
6/12/12: Elzenhof – Bruxelles 24/01/13: AB – Bruxelles 9/02/13: De Casino - Sint-Niklaas 15/02/13: N9 – Eeklo 17/02/13: De grote Post - Oostende 2/03/13: Eden - Charleroi
6/1 24/ 9/0 15/ 17/ 2/0
PINBACK (USA) + WILL SAMSON (UK)
PI W
11/12/12: Vooruit - Gent
11/
DUSTIN O’HALLORAN (USA)
DU
12/12/12: 13/12/12: 14/12/12: 15/12/12:
12/ 13/ 14/ 15/
Stuk - Leuven CC Mechelen – Mechelen De Warande – Turnhout De Spil – Roeselare
NILS FRAHM (D)
NI
15/12/12: Kruitmagazijn – Ieper
15/
SLARAFFENLAND (DK)
SL
15/12/12: Glimps @ Conservatorium – Gent
15/
Elizabeth Shepherd
ATA R I T E E N A G E R I O T ( D )
AT
‘Rewind’
21/12/12: Doomsday – Antwerpen
21/
SUKILOVE (B)
SU
12/01/13: De Grote Post – Oostende
12/
GO CHIC (TW) – support GOOSE (B)
GO su
7/02/13: AB – Bruxelles 8/02/13: AB – Bruxelles 9/02/13: AB – Bruxelles
7/0 8/0 9/0
S TA D T ( B )
ST
15/12/12: 12/01/13: 06/02/13: 15/03/13:
15/ 12/ 06/ 15/
Linus Enter tainment
Ah, les chanteuses de jazz…un phrasé incroyable, une précision dans les inflexions, une virtuosité qu’on serait vraiment stupides de molester. Souvent, on les imagine pourtant sous cloche comme autant de poupées de porcelaine aux joues peintes, de mannequins d’exposition qui ne prennent l’air du temps qu’à travers une vitrine. C’est l’impression mitigée que nous donne Elizabeth Shepherd pour ce ‘Rewind’, collection de douze reprises (parmi lesquelles le panthéon Duke Ellington, Cole Porter, George Gershwin mais aussi le plus inquiétant ‘Lonely House’ de Kurt Weill ou même ‘Les amoureux des bancs publics’) enregistrées pendant sa première grossesse, façon de reprendre pied avec elle-même lorsque tout changeait autour d’elle. Symptomatique, ‘Pourquoi tu vis’, reprise francophone et presque swing de Jeanette, ponctuée de claquements de doigts et de chœurs laisse un arrière-goût douceâtre que vient corroborer le texte : « Et pourtant, tu veux de tout ton corps, de tout ton cœur /Briser enfin le noir et blanc de ton décor, vivre en couleur. ». Il va falloir nous délisser ça. (alr)
Glimps @ Studio Skoop – Gent De Grote Post – Oostende AB - Bruxelles Muziek-o-droom - Hasselt
EBO TAYLOR & ODAPAJAN (GH)
EB
13/02/13: De Kreun – Kortrijk 17/02/13: Trix - Antwerpen
13/ 17/
CAROLINE SMITH (USA) + LOVE LIKE BIRDS (B)
CA +
15/02/13: N9 Villa – Eeklo 17/02/13: De Grote post - Oostende
15/ 17/
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT (B)
KIS
15/02/13: Stuk – Leuven 5/04/13: CC Maasmechelen - Maasmechelen
15/ 5/04
‘Shiny Darkly EP’
SX (B)
SX
Crunchy Frog
21/02/13: Het Depot - Leuven 23/02/13: De Kreun – Kortrijk 28/02/13: Handelsbeurs – Gent 1/03/13: Trix - Antwerpen
21/ 23/ 28/ 1/0
VA L G E I R S I G U R Ð S S O N ( I S )
VA
23/02/13: Artefact Festival @ STUK – Leuven
23/0
RACHEL GRIMES (USA)
RA
27/02/13: CCHA – Hasselt
27/
LOCH LOMOND (USA)
LO
3/03/13: CC De Grote Post – Oostende
3/0
THE SEA AND CAKE (USA)
TH
5/03/13: Botanique – Bruxelles
5/0
BALMORHEA (USA)
BA
30/03/13: Arenbergschouwburg - Antwerpen
30/
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for
Shiny Darkly Dans la bio qui accompagne la sortie du premier EP de ce trio danois, le label n’hésite pas à comparer la voix du chanteur à celle de Nick Cave et Ian Curtis (Joy Division). Dans ses influences, le groupe cite Echo & The Bunnymen, Jesus & Mary Chain et la discographie intégrale du Velvet. Le décor planté, on n’hésiterait pas à présenter Shiny Darkly comme le pendant scandinave du Brian Jonestown Massacre. Les références sont là, l’arrogance et la prétention aussi. Cela étant, les six morceaux balancés ici sont excellents. La distorsion dégouline comme de la lave en fusion et la voix percute les chansons d’une noirceur sépulcrale. Shiny Darkly joue dans la même catégorie que The Black Angels et Black Rebel Motorcycle Club. Du bon noir de noir. (na)
Skye ‘Back To Now’ Sk y Recordings/Pias
Alambic d’effluves hypnotiques, Skye Edwards fut celle qui, avec Martina TopleyBird, incarna le mieux la portion femme du trip hop, son timbre autant que son aura
Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gent Phone: +32 (0)9 233 06 02 info@toutpartout.be http: www.toutpartout.be
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Earteam
scintillante. Cela fait maintenant six ans qu’elle cherche à s’attirer un peu plus de particules de lumière en solo, sans toutefois parvenir à un résultat aussi spectaculaire que celui obtenu au sein de l’alma mater . ‘Little Bit Lost’, en cinquième position sur un album au brouet trop synthétique (‘We Fall Down’ noie toute tentative organique sous le vocoder), au son trop massif, nous rappelle mais de façon bien trop fugace ces impulsions serpentines que pouvait provoquer la chanteuse lorsqu’elle entonnait ‘Trigger Hippie’. ‘Dissolve’, funèbre fin d’une romance, dit bien notre déconvenue. Avec elle, ce n’est pas de space opera en lamé de club de sport que nous rêvions, mais du nectar des nuages avec une goutte de miel. Il va nous falloir fameusement écrémer notre nuancier : « Consider now I’m done with it ». (alr)
The Slaves ‘Ocean On Ocean’ Guided
C’est à l’occasion d’une réédition en vinyl après une sortie sur le confidentiel Debacle Records que nous arrive cette plaque expérimentale d’un duo de Portland, versé dans les drones qui éraflent consciencieusement, les cérémoniaux à l’orgue et paré de toges minimalistes. Immersif et volontiers dark, malgré des titres qui nous promettent tantôt le Valhalla tantôt les neufs cercles de l’enfer, il ne va pas falloir craindre l’ordalie pour s’y soumettre complètement : ‘Sweet High’ lance à vos trousses une nuée de becs grinçants véloces à grignoter toute extrémité, ‘Wild Ride’ ne vous laisse que peu de répit avant de délacer ses neuf minutes au bourdonnement saturé omniprésent et sa liturgie à chœurs éthérés, ‘Doduke’ conduit illico à la transe mystique. De quoi illuminer l’existence de ceux qui parmi vous vouent un culte autant Sun o))) qu’à My Bloody Valentine. (alr)
Sonic Youth ‘Smart Bar Chicago 1985’ Revolver USA
Lieu de concert mythique de Chicago, le Smart Bar a vu défiler des centaines de groupes au cours de sa déjà longue existence, nul doute que le présent live de Sonic Youth enregistré en ses murs accroitra sa notoriété. Même si les quatorze morceaux captés le 11 août 1985 n’ajouteront rien à la gloire du quatuor new-yorkais – et pour cause, les titres joués figurent en partie sur l’excellent, et très injustement sousestimé, ‘Bad Room Rising’ sorti la même année – le plaisir manifeste et l’enthousiasme juvénile de Kim Gordon & co fait rudement plaisir à entendre, d’autant que ces derniers temps, les nouvelles de la jeunesse sonique se font de plus en plus rares – rare exception, l’annonce de la séparation du couple mythique Moore - Gordon. Pour le reste, quiconque aura eu l’immense chance de voir Sonic Youth en concert appréciera à son juste mérite ce témoignage, certes non essentiel, mais toujours d’une grande pertinence 27 ans après les faits. (fv)
The Tea Party ‘Live In Australia’ Linus Enter tainment/Ber tus
Formé au début des années 90, ce groupe canadien a connu assez rapidement un franc succès qui lui a permis d’écouler deux millions d’albums avant de splitter en 2005 suite à des divergences artistiques. Après une absence longue de six ans, The Tea Party a décidé de se reformer l’an passé à l’occasion d’une tournée qui est immortalisée ici sur un copieux double album. Musicalement parlant, le cocktail proposé est assez original, puisqu’il s’agit d’un rock blues et prog teinté d’influences orientales. Si tout cela semble prometteur sur papier, la mayonnaise ne prend pas vraiment sur ce live. En dépit de l’intégration d’éléments ethniques qui apportent une touche assez originale et empreinte de psychédélisme, on n’entre malheu-
Chelsea Wolfe ‘Unknown Rooms’ Sargent House
Adoubée par les fans de black metal grâce à sa reprise des légendaires Burzum, portée au pinacle de la jeunesse alternative à la faveur d’une esthétique gothique vrillée de déchirures électriques (en 2011, l’album ‘Apokalypsis’ sonne comme une révélation), Chelsea Wolfe est devenue une figure de son siècle. La Californienne au teint pâle a recouvert les décors de « Twin Peaks » d’une épaisse couche de distorsion. Et, dans un libre-échange qui voyait les voix de PJ Harvey et Siouxsie Sioux brûler dans les feux de l’enfer, l’enfant de Los Angeles tenait quelque chose de puissant. Sauf qu’en concert, la musique de l’Américaine peinait à s’exécuter. La faute, peut-être, à sa nature schizophrénique, à la fois création sensible et émanation diabolique. Sur scène, cette voix d’ange ne cadrait pas avec la violence des amplis. Heureusement, la chanteuse a aujourd’hui la bonne idée de l’année : revenir dans une version douce et raffinée. Suite exceptionnelle et totalement irrationnelle de sa discographie, ‘Unknown Rooms’ héberge neuf chansons acoustiques à la beauté mystique. Impossible ici de ne pas se remémorer le coup de foudre de l’année (Sharon Van Etten) ou de repenser à ces premières larmes, versées aux côtés de Cat Power. Brodés de cordes, surlignés de piano, ces souvenirs prennent corps dans les recoins insensés d’‘Unknown Rooms’, disque vertigineux aux charmes fragiles et éphémères : 25 minutes de première nécessité. (na)
reusement jamais vraiment dans l’univers du groupe. En cause, la dimension un peu monolithique des compos, le côté un peu poussif des envolées progs ainsi que la fâcheuse tendance qu’a The Tea Party de rallonger la sauce de façon inutile. (pf)
Hubert-Félix Thiéfaine ‘Homo Plebis Ultimae Tour’ Sony
C’est une vieille habitude et un peu son fonds de commerce. Après chaque nouvel album, HFT nous fait le coup du (double) live (plus dvd rembourré). Dans son salmigondis bien à lui, il appelle ça ‘Homo Plebis Ultimae Tour’ mais ça ne change rien à l’affaire et il est probable que Lautréamont s’en tamponne dans sa tombe : son noyau nucléaire de fans suivra aveuglément et il le sait (250 000 ventes pour son petit dernier). Du reste, ‘HPUT’ prouve deux choses, le meilleur interprète de 2011 est en forme et ses chansons vieillissent plutôt bien. Les classiques (‘Alligators 427’, ‘Les Dingues Et Les Paumés’, ‘Soleil Cherche Futur’), toutes guitares dehors, emmenées par Alice Botté, tiennent la dragée haute aux très bons nouveaux morceaux (‘Ruelle Des Morts’, ‘Petit Matin 4.10 Heure d’Eté’). Cela étant, deux heures trente d’HFT dans son salon, ça peut tourner en rond. D’ailleurs, il l’affirme luimême dans ‘Annihilation’ : « on n’en finit jamais d’écrire la même chanson ». (lg)
Tony Caro & John ‘Blue Clouds’ Drag Cit y/Galactic Zoo Disk/Gaarden Records
1972. Une année plus ésotérique et folklorique qu’érotique. Au contact du rock psychédélique, le British Folk Revival prenait forme. Encouragés par leurs amis, Tony, Caro et John rassemblent leurs économies pour graver leurs compositions préférées sur 33 tours. Pressé à 99 exemplaires pour éviter la taxation au-delà des cent unités, ‘All On The First Day’ fut l’unique album de ce trio hippie aux côtés desquels aujourd’hui Devendra Banhart et Edward Shape ressemblent à des banquiers londoniens. Ce joyau de psyché-folk complètement barrée fut réhabilité une première fois en 2010 grâce à la réédition vinyle du label Gaarden Records. C’est aujourd’hui au tour du label américain Drag City de se pencher sur ce disque devenu mythique avec une compilation de raretés intitulée ‘Blue Clouds’. Douze morceaux (16 pour la version numérique), rassemblant des inédits de l’époque ainsi de titres interprétés sur scène entre 1972–1977. Une fabuleuse occasion de redécouvrir ces bardes à papa et de replonger dans l’innocence de l’époque. Le chant hypnotique de Tony et le romantisme de Caro se fondant dans des mor-
ceaux aussi attachants que brinquebalants, mal enregistrés sur un magnétophone multipiste des plus archaïque. Du hippie pétaradant, flamboyant, déconcertant de virtuosité transcendé par des effets électroniques saisissants et bizarroïdes ou des accordages de guitares pour le moins singuliers. Une vraie machine à remonter le temps. (gle)
Tragically Hip ‘Now For Plan A’ Rounder/Ber tus
Croisement impossible entre U2, Crowded House et Paul Weller sous corticoïdes, la musique de Tragically Hip nous a souvent flanqué le bourdon. De nature plutôt superstitieuse, on tombe nez à nez sur le 13ème album studio du groupe canadien : la poisse intégrale. Produit par Gavin Brown (metteur en son du système Metric), ‘Now For Plan A’ présente tous les symptômes de la grosse machine rock’n’roll : boursoufflée, gonflée aux hormones de croissance et taillée sur mesure pour les stades de hockey sur glace. Mais vraiment pas de quoi taper la rondelle dans le filet. (na)
Trampled By Turtles ‘Stars And Satellites’ Banjodad/Thir t y Tigers
Que se cache-t-il derrière ce nom sorti tout droit d’un sweat, magazines d’aventures pulp pour homme qui confrontaient héros musclés à d’inattendus périls zoologiques résumés par des slogans sibyllins (« Machouillé par des loutres! »)? Un quintet acoustique typique au bluegrass en fait : guitare, basse, banjo, mandoline et violon. Anciens musiciens punk et metal, les Trampled By Turtles n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’il s’agit ici de leur sixième album et le premier à bénéficier d’une sortie en Europe. Originaires de Duluth, ville natale de l’inévitable Bob Dylan, les gaillards s’adonnent avec virtuosité et énergie à une country qui puise dans les Old Time string bands, non sans avoir intégré ses évolutions ultérieures et autres développements mélodiques purement pop-rock. En résulte une musique avant tout vivante et chaleureuse, jamais ringarde, un tourbillon d’influences folks (bluegrass, Louisiane, etc.), par lequel ils nous invitent à leurs square dances sous la grange, culottes bouffantes dévoilant des jupons aux couleurs du drapeau, et ballades mélancoliques accompagnées du remous des maïs. Mieux, le plaisir évident de tous ses musiciens nous explose aux oreilles par le biais de solos absolument étourdissants, autant de témoi-
gnages d’un style personnel dont l’attachement aux racines ne devient non plus contraignant mais se fait la garantie d’une moderne vitalité qui réchauffe le cœur et l’esprit. ‘Stars & Satellites’, rencontre de l’ancestral et du moderne jusque dans son titre, est une pépite qui invite à remonter le courant et creuser le filon de ce groupe talentueux. L’album nous offre en sus l’une des chansons de l’année, ‘Alone’, torrent d’émotion à faire chialer les Fleet Foxes. (ab)
The Twang ’10.20’ Jump The Cut Records
“10.20 on a fucking week night. The bass is tuned up so high the picture on the bedroom wall is rattling”. C’est un post-it collé par un voisin irascible sur la porte du studio où ce combo de Birmingham a pris ses quartiers qui a donné son titre à ce disque. S’il est davantage curieux que rancunier et qu’il se procure l’objet du délit, ledit voisin pourrait légitimement se demander si ce tapage nocturne était réellement indispensable. Emmené par un frontman dont les vocalises et les mélodies n’ont rien à envier aux meilleurs chefs de chœurs des stades de Premiere League, The Twang propose une indie pop complètement éculée qui sonne comme - un exemple parmi tant d’autres - les Boo Radleys, le panache et la passion en moins. Le tout saupoudré de lyrics qui tiennent davantage de la sociologie de comptoir de pub que de la science politique. On sauvera peut-être du naufrage la cover du ‘Tomorrow’ de Durutti Column parce qu’elle nous rappellera surtout combien ce joyeux drille de Vini Reilly était un génie en comparaison de ces tâcherons. Pour terminer, on vous laissera méditer sur un exemple d’aphorisme assez définitif dont le disque est saoûlé : « Someone needs to get a backbone cos someone’s taking the piss ». Tout est dit, non ? (gle)
The Twilight Sad ‘No One Can Ever Know The Remixes’ Fat Cat
Partisans d’un rock épique et décomplexé aux tendances gothiques shoegaze, including l’accent écossais coupé au whisky, The Twilight Sad passe à l’exercice presque obligé du remix. Passé à la moulinette à trois reprises, le single ‘Sick’ passe ainsi de totalement méconnaissable (sous les doigts de Brokenchord) à vaguement identifiable (version Com Truise) – tout en gardant un trait commun : l’anecdotique. La remarque vaut également pour les trois autres titres, chacun revisités deux fois, pour un résultat qui ne devrait passionner que les plus ardents défenseurs de James Graham et ses potes. (fv)
The Use Of Ashes ‘White Nights : Flake Of Eternity’ Tonefloat Records
Les adorateurs de Belle & Sebastian devraient détester ce disque et, à vrai dire, on les comprend. Dans le genre, The Use Of Ashes est un parangon de foutage de gueule. Pourtant, ça ne commence pas mal. Le disque s’ouvre sur deux espèces de collages minimalismes, gangrénés par des éruptions de voix maladives, des cuivres malsains, des riffs décousus. Pas de refrains, évidemment. Un troisième titre résonne comme un morceau de krautpop qui se serait échappé du dernier Spiritualized. Après, dès la quatrième piste, ça part en sucette. Drones fantomatiques et inutiles, ballades navrantes à l’auto-tune, Can pour les pauvres. (lg)
Jozef Van Wissen & Jim Jarmusch ‘The Mystery of Heaven’ Sacred Bones Records
Scellée au début de cette année avec la parution de l’excellent lp ‘Concerning The Entrance
Earteam Into Eternity’, mais entamée quelques années plus tôt, la collaboration entre le joueur de luth post-baroque Jozef Van Wissen et le cinéaste indépendant – guitariste à ses heures – Jim Jarmusch s’était attirée les bonnes grâces de la critique. Ce nouveau cd confirme la convergence des affinités artistiques entre les deux compères. Cinq longues plages s’étalent sur ce disque noir et byzantin. Tandis que Jarmusch se montre généreux en complaintes étirées et en feedbacks, Van Wissen égrène son instrument avec l’habilité que l’on lui connaît mais il n’hésite pas à empoigner une guitare douze cordes électriques quand le besoin s’en fait sentir. Plus anecdotiquement, on y découvre également la voix de l’actrice Tilda Swinton (habituée des films de Jarmusch) qui prête son concours sur l’énigmatique ‘The More She Burns the More Beautiful She Glows’. (et)
Various ‘Living On Impulse !’ Impulse/Universal
Le label Impulse ne doit pas sa renommée au seul choix visionnaire de ses artistes mais plus encore à l’originalité de la ligne de conduite qui fut la sienne pendant près de vingt ans et ce dès sa création par le producteur Creed Taylor en 1960, remplacé peu après par Bob Thiele. Souvent affublé du slogan ‘The New Wave in Jazz’, Impulse a très rapidement honoré son nom en prenant l’initiative de signer des musiciens pour lesquels personne n’osait alors prendre de risque, tel Coltrane. Impulse fut également soucieux de son image et donna aux pochettes de ses disques une ligne esthétique particulière, souvent en recourant à des photographes professionnels de qualité ou de renom. En 1979, le nom fut vendu à MCA qui continua à l’utiliser pour des rééditions tandis qu’il fut finalement intégré au groupe Universal. Compilé par Tom Barman, ce triple cd reprend des moments phares du label en se déclinant en trois étapes qui pourraient résumer à elles seules la genèse d’une soirée : ‘Come In!’, ‘Have a drink!’ et ‘Living On Impulse!’. Archie Shepp ouvre le bal avec sa très ascensionnelle ‘Prayer’ tandis que plus loin apparaissent les poulains du label : Freddie Hubbard, Ahmad Jamal, Keith Jarrett, Curtis Fuller, Max Roach, Mal Waldron… et bien sûr les inévitables Gil Evans et les Coltrane, John et Alice. On y retrouve aussi un Ray Charles encore jeune qui venait de quitter Atlantic. A l’écoute de tous ces morceaux d’anthologie, live ou studio, on est surpris de voir combien ils ont résisté à l’usure du temps et des modes. Impulse reste et demeure une mine d’or à ciel ouvert. (et)
The Walkabouts ‘Berlin’ Glit terhouse/V2
L’année dernière, nous soulignions le retour des Walkabouts avec ‘Travels In The Dustland’ après quelques années de jachère discographique. Pour sa part, ‘Berlin’ voit le groupe revenir aux avants de la scène, celle en l’occurrence du C-Club de Berlin. Enregistré cet été, ce live – son premier live officiel – pioche en partie dans les titres de ce dernier album studio mais également dans le répertoire plus ancien du groupe. The Walkabouts semble au meilleur de sa forme et habité par une cohésion harmonique qui transparaît dans son jeu scénique pendant plus d’une heure et quart. ‘Berlin’ s’écoute facilement d’une traite et sans effort. (et)
White Cowbell Oklahoma ‘Buenas Nachas’ Canada Factor/Slick Monkey/Universal
Ce groupe canadien s’est fait connaître avec un boogie rock sudiste bien enlevé empreint d’un côté tex-mex avant de décider d’intégrer voici peu une bonne dose de psyché-
délisme cosmique. Cela nous vaut le fantastique ‘Streetknife’s theme’qui développe le côté le plus trippant des Doors sur près de huit minutes. Un régal. De manière générale, le groupe reste ceci dit fidèle à ses premières amours et nous offre quelques belles tranches de rock sudiste old school, groovy et accrocheur à souhait, qui évoque souvent le ZZ Top de la grande époque : ‘Flush in the pocket’,‘Bully black’ainsi que les fabuleux ‘Diabla diabla’et ‘Easy street’étant particulièrement brillants dans ce domaine. Outre le plus laidback ‘Gallows bird’,on aime également beaucoup l’étonnant ‘Buenas nochas’,instru lancinant flanqué d’un petit côté western à la Morricone. Rien que du très bon, tout ça ! (pf)
The Wooden Sky ‘Every Child A Daughter Every Moon A Sun’ Loose Music
S’il y a une chose que je n’avais pas suspecté avant de gribouiller ces chroniques, c’est la quantité de galettes au bon maïs americana qui pouvaient sortir sur le marché. Est-ce l’époque, le syndrome Monsanto, ou bien le sol étasunien est-il si naturellement fertile de ses propres racines? Toujours est-il qu’il ne se passe pas un mois sans que tombe dans mon escarcelle trois ou quatre albums, souvent de bonne tenue, qui plongent leurs mains dans la terre rouge de leurs ancêtres. The Wooden Sky n’échappe pas à la tendance et, bon sang, comme il est difficile de discerner le bon grain de l’ivraie. Il faut dire que ces groupes se reposent tous sur une base musicale si solide, si rodée, que chacun peut y trouver son compte. La différence se jouera à peu : tel timbre de voix, tel arrangement, telle mélodie. Je me dois d’avouer que ‘Every Child A Daughter’ n’est pas parvenu, chez moi, a presser les bons boutons. Vous m’aurez compris : rien à reprocher à ce groupe de Toronto, efficace et consacré à son folk sensible. Gavin Gardiner croone avec conviction, les musiciens sont irréprochables et Wooden Sky pourrait bien être la nouvelle sensation
27
roots que vous attendiez. Pour ma part, satisfait de la musique de fond, je suis resté au comptoir à m’enfiler les whiskys. (ab)
Yowie
Neil Young with Crazy Horse
Yowie, pas Bowie. Dans la mythologique des aborigènes d’Australie, il s’agit d’une bête géante résultant du croisement entre un lézard et une fourmi, sorte de cousin du yeti. Plus prosaïquement, c’est aussi un combo de SaintLouis, Missouri : deux guitares/une batterie. En moins d’une demi-heure, il vous dégage les orifices auriculaires pour mieux vous tarauder les tympans tellement que ça y va et que ça vous décoffre votre sens du groove. Ca fait mal, c’est dur, c’est impur mais fichtre que c’est bandant. (et)
‘Psychedelic Pill’ Reprise Records
Rares sont les artistes qui peuvent se targuer d’avoir sorti deux albums de qualité la même année. Même si ‘Americana’ et ses reprises réarrangées sur fond de chorales juvéniles avaient laissé perplexe le plus hardcore des fans du Loner. ‘Psychedelic Pill’ est un évènement en soi puisqu’il peut donc être considéré comme le premier album de compositions originales de Neil Young depuis ‘Greendale’ en 2003. Carburant à présent moins aux amphétamines qu’à l’émotion brute, le vétéran canadien entend bien nous rassasier et nous affamer à la fois en proposant près de nonante minutes de musique branlante, scrupuleusement imparfaite et interprétée par le meilleur des mauvais groupes. Young ne chipote pas en entamant le disque avec ce que lui et sa fine équipe font le mieux, à savoir étirer ad libitum la durée des morceaux là où d’autres peinent à mettre un peu de densité en quatre minutes. La colonne vertébrale du disque est d’ailleurs constituée par une trilogie monstrueuse (‘Driftin’ Back,’, ‘Ramada Inn’ et ‘Walk Like A Giant’) qui s’étale respectivement sur vingt-huit, dix-sept, et seize minutes. Pour le reste, ‘Psychedelic Pill’ ne semble avoir fait l’objet d’aucune retouche. Entre les solos dissonants sur lesquels ferraillent les guitares hurlantes et chialantes, le savamment salopé ‘She’s Always Dancing’ et le titre éponyme passé à la moulinette d’un flanger, il reste juste un peu de place pour un peu de country-rock jubilatoire et autobiographique sur ‘Born In Ontario’ et ‘Twisted Road’. Les fulgurances, qu’elles soient électriques ou stylistiques, sont évidemment moins nombreuses que par le passé. Mais Neil Young garde intacte sa capacité à proposer des compositions qui ensorcellent et hypnotisent encore à tous les coups. (gle)
‘Damning with Faint Praise’ Skin Graf t Records/Mandaï
Zornik ‘Less > More’ Rocker Boys Records/PIAS Recordings
Très loin d’avoir en Belgique francophone le même retentissement qu’au nord du pays, la carrière du quatuor limbourgeois articulé autour de son charismatique leader Koen Buyse prend aujourd’hui un nouveau tournant avec ce qui constitue déjà son sixième album. Car toutes proportions gardées, c’est un peu comme si Matthew Bellamy se mettait au ukulele et au solo de mandoline. Zornik a en effet été longtemps considéré comme un avatar de Muse, se taillant une solide réputation dans les méga festivals grâce à son power rock aussi mainstream qu’inoffensif. Virage artistique ou plus vraisemblablement repositionnement marketing, ce nouveau disque a d’abord et avant tout été conçu pour servir de prétexte à une tournée dans les théâtres et les centres culturels plutôt que pour les festivals. Une sortie programmée au début de l’automne et une musique forcément adaptée aux lieux et au type de public. Une instrumentation plus folk, une pop sans aspérité, des textes à l’émotion préfabriquée. Et donc un album en carton-pâte. (gle)
28 Chilly Gonzales 12 décembre, Rockhal, Esch/Alzette 13 décembre, AB, Bruxelles Amuseur public, loufoque excentrique, Chilly Gonzales reste, avant tout, un excellent pianiste. Comme pour valider l’observation, le compositeur canadien dévoile le second volet de sa leçon de piano. Accessibles, cinématographiques et élégantes, les petites pièces de ‘Solo Piano II’ s’inscrivent dans la continuité du premier volet. C’est de la musique classique pour les rockeurs, une prise de contact anticipée avec les réalités symphoniques. Ni vu ni connu, Gonzales empile les références : Jean-Sébastien Bach, Debussy, Mozart, Keith Jarrett, George Gershwin ou Erik Satie alimentent son réservoir instrumental. (na)
The Jim Jones Revue + Balthazar + Roscoe 14 décembre Manège de la Caserne Fonck, Liège Revoici les Balthazar, avec ‘Rats’, ouvrage dont l’enivrante mélancolie dessine non sans ambition les silhouettes enfumées de Tindesticks et Grizzly Bear, tout en se permettant le luxe de sonner, avant tout, comme personne d’autre qu’eux-même. Un album d’une maturité musicale exemplaire et d’une beauté qui, sournoise, s’insinue et s’installe, durablement. Leurs compagnons de label et de chambrée pour la soirée : The Jim Jones Revue (prédicateurs cracheurs de feu sacré en swamp rock) et Roscoe. (ab)
The Herbaliser 15 décembre VK, Bruxelles
Biberonnés au dub, au hip hop, au funk, au film noir et au ragga, le duo aux platines de Herbaliser, qui vit le jour chez Ninja Tunes, a trouvé sa formule définitive en 2005 sous forme d’un septet aux jams tout ce qu’il y a de plus organiques. Après un détour sympathique mais ne dépassant pas l’anecdote avec ‘Same As It Never Was’, ils reviennent à leurs premières amours, réunissant Raymond Chandler, Quincy Jones et ToneLoc sous une même bannière. Pattes d’eph, vestons et magnums se découpent sur les toits, une femme crie au balcon, tiens, v’là ta cigarette, poupée, raconte à M’sieur l’Inspecteur. (ab)
Finale Concours-Circuit 15 décembre Botanique, Bruxelles C’est à Louvain-la-Neuve et Arlon que s’est scellé le sort des finalistes du Concours-Circuit, catégorie pop-rock. Les gladiateurs survivants ont pour noms : Billions of Comrades, For24Lives, He died while hunting, Soumonces! et Two Kids on Holiday, lequels vont désormais batailler pour le titre. Que les cinq heureux élus se réjouissent : s’ils ne pourront pas tous décrocher la timbale, chacun pourra trinquer avec Pierre Vreven (créateur-fondateur émérite au rire légendaire) et ça, ça n’a pas de prix!
jeudi 06 decembre Sharon Van Etten, Marisa Anderson @ De Kreun, Kortrijk Rêve d’Eléphant Orchestra @ l’An Vert, Liège, collectifdulion.com Lylac @ Rock Classic, Bruxelles, soireescerises.over-blog.com Spain, Float Fall @ Handelsbeurs, Gent, handelsbeurs.be Menomena, Stacks @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Wax Taylor @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Loïc Joseph @ T.A.G. City, Bruxelles, soireescerises.over-blog.com Baba Zula @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be 20 Years of Aka Moon, Magic Malik @ Jazz Station, Bruxelles Love Like Birds, Iza @ Elzenhof, Bruxelles, kultuurkaffee.be Club Select, The K @ La Chocolaterie, Bruxelles, vkconcerts.be Any Given Moment @ Live Music Café, Bruxelles Harry Merry, Benjamin Franklin, Merryl Hardt, Jonas Frederiksen @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Flying Fish Jump @ Théâtre Marni, Bruxelles Stupeflip @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Liliane La Havas @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
vendredi 07 decembre Finale Circuit Electronique: Lapsus, Ucture, Axhan Sonn, Bishop Dust @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Monster Magnet, My Sleeping Karma @ AB, Bruxelles Marina And The Diamonds @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Malick Pathé Sow & Bao Sissoko, Everyman @ 4AD, Diksmuide Ranecolt @ Live Music Café, Bruxelles Layla Zoe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be L’Enfance Rouge invite Eugène S.Robinson, V13, Uninspired @ l’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be The K, Castles, Kapitan Korsakov, Stephen O’Maltine, DJ Saint Nicolas vs Père Fouettard, ... @ Rockerill, Marchienne au Pont Sukilove @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Cesare, Over Me @ Centre Ener’J, Gilly, enerj.be Balthazar, Roosevelt @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Axhan Sonn, Bishop Dust, Lapsus, Ucture @ Recyclart, Bxl 20 Years of Aka Moon, Magic Malik @ Jazz Station, Bruxelles Duflan Duflan @ B&B, Bruxelles, rockerill.com Dirty Blue Smoke, The Last Row, Hot Chickens @ CC, Seraing Single Barrel @ CC, Mouscron, centrecultureldemouscron.be Jali, Antoine Henaut @ l’Eden, Charleroi, pba-eden.be Jean Jean, Totorro @ Taverne du Théâtre, La Louvière Wax Tailor; Stahlzeit @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu The Hives, The Bronx @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 08 decembre Off Istanbul Underground festival: Bicycle Day, Hazavuzu, Grup Ses Beats @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Alpenland: Stacks, ATK!, Bruital Orgasme, Yannick Franck, Jean Delacoste, Planète Concrète, ... @ Air, Antwerpen Le Père Noël est un Rockeur: Vegas, Hudson, The K., Castles, Hepburn, Aero, Gad 80 @ Salle Du Patro, Thuillies, dourfestival.be Perry Rose, Nicolas Donnay @ CC, Seraing Odezenne, Veence Hanao, Mochélan @ Atelier210, Bruxelles Lou Doillon; Carbon Airways; Agent Side Grinder, Surfer Rosa, unhappybirthday, afterparty @ Botanique, Bruxelles Reptile Youth, Broke @ Eden, Charleroi, pba-eden.be Marc Millis DJ set @ La Porte Noir, Bruxelles Miss May I, Texas In July, Heart In Hand @ Magasin 4, Bruxelles The Memorials, Heautontimoroumemos @ l’Entrepôt, Arlon Yeasayer @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lezard Martien, Human Project @ Pacbo, Orchies Stainless, Black Country @ Thirsty Four Bar, Charleroi The Cable Bugs @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Resistance @ L’Escalier, Liège, facebook.com/durbuyrock Daan @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve, fermedubiereau.be Black Sheep, Black Pigeon, Big Fat Lukum @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Ben Klock, Peter Van Hoesen, Pierre Deg, Kozo vs Cezar, Ken & Davy, Dezz Terquez @ Fuse, Bruxelles, fuse.be 20 Years of Aka Moon, Conference Of The Birds @ Jazz Station, Bruxelles, jazzstation.be Jour de Fête: 25 Ans!! @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be I Got You On Tape, Ewert And The Two Dragons, The Luyas @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Marina & The Diamonds @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Eiffel, Twin Twisters @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr Hyphen Hyphen, Little Trouble Kids @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr In Extremo @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu The Dandy Warhols, The Blue Angel Lounge @ Aéronef, Lille, Fr
dimanche 09 decembre The Hives, The Bronx @ AB, Bruxelles, abconcerts.be BRNS, Carl et les Hommes Boîtes @ l’Entrepôt, Arlon
lundi 10 decembre Petite Noir; Soan; Bonaparte, Tim Fite @ Botanique, Bruxelles L’Enfance Rouge, Eugene S. Robinson, Keiki @ Magasin 4, Bxl Ben Howard @ Cirque Royal, Bruxelles, Koninklijk Circus Crystal Castles @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jim Jones Revue @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
mardi 11 decembre Pinback, Will Samson @ Handelsbeurs, Gent, democrazy.be Saint Andre @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Kentucky Bridgeburners @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Jon Spencer Blues Explosion @ AB, Bruxelles The Cat Empire, Clairy Browne & The Bangin’ Rackettes @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Ceili Moss @ Le Repère des Rennes, Namur, noelanamur.be Aranis @ Le Tentation, Bruxelles, latentation.be
gigs& parties dec12 jan13
I Muvrini @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve Fear Factory, Devin Townsend, Sylosis @ Trix, Borgerhout Mono @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Dirty Projectors @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Dominique A @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
mercredi 12 decembre Rap Mayhem Trio ft Vinnie Paz, Ill Bill, Pharoahe Monch @ Vk*, Bxl Rat Event: Teun Verbruggen & Jozef Dumoulin, Rudy Trouvé, Hugo Antunes, Bart Maris & Eric Thielemans @ KK, Bruxelles The Jim Jones Revue @ Beursschouwburg, Bruxelles Vanderbuyst, Cauldron, Evil Invaders @ Trix, Borgerhout Saint Andre @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Paul Simul & Rocket 88 @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be I Muvrini @ Centre Marius Staquet, Mouscron Chilly Gonzalez @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Breton @ CarréRotondes, Luxembourg, rotondes.lu
jeudi 13 decembre Jim Jones Revue, Gentlemen Of Verona, The Reeves @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Julien V @ T.A.G.city, Bruxelles, soireescerises.over-blog.com Starroy @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Bewitched Hands; Eiffel, Twin Twisters @ Botanique, Bxl Astronaute @ Rits Café, Bruxelles, 100procentpuur.be Ackros, Dead Dildo Home @ Taverne du Théâtre, La Louvière 20 Years of Aka Moon, Casimir Liberski Trio @ Jazz Station, Bxl Chilly Gonzalez @ AB, Bruxelles, abconcerts.be 300 Basses, Mr Marcaille @ La Compilothèque, Bruxelles Daan @ W:Hall, Woluwe-St-Pierre Emergenza rockrally @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Silbermond, Diario @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, atelier.lu Dionysos, Lise @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
vendredi 14 decembre Glimps festival: I Got You On Tape, Pinkunoizu, Me and My Drummer, UMA, Mopo, Actuum, French Wives, Prins Póló, Cyclorama, Mutiny on the Bounty, XAXAXA, Alamo Race Track, Baskerville, Bruut!, Parne Gadje, The Kik, Splashgirl, Francis International Airport, Microexpressions, Niechec, Twilite, Nezni Dalibor, Popecitelji, Kafabindunya, Seni Görmem Imkansiz, The Ringo Jets, An Pierlé, Blackie & The Oohoos, Creature With The Atom Brain, Ian Clement, Lyenn, Marble Sounds, Oscar & The Wolf, Raketkanon, Sir Yes Sir, The Black Heart Rebellion, Tommigun, BRNS, Montevideo, Paon, Dan San, Bye Bye Bicycle, Navel @ Gent, glimpsgent.be [PIAS] Nites :: The Jim Jones Revue, Balthazar, Roscoe @ Manège de la Caserne Fonck, Liège, clubplasma.be Tremplin Durbuy Rock Festival: 15 Reasons, Corpor{h}ate, Lovelorn Dolls, Night Howl, As They Burn @ Magasin4, Bxl Bim Fest: Test Dept:Redux, Portion Control, Icon Of Coil, Nothing But Noise, Job Karma, True Zebra @ Trix, Borgerhout AM Project: DJ Food & DK, Robot Koch, VJ’s WSK, Carles Lopez, Redrum, Baby Kruger, Phonetics, Herbal J, Palsembleu, Junk Food @ Fuse, Bruxelles, amproject.be I Muvrini @ W:Hall, Woluwe-St-Pierre Mile Me Deaf @ Madame Moustache, Bruxelles Willie and The Bandits @ l’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Ensemble ft Xosar, Moomin, Kong & Gratts @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Ziz & Ali @ L’Excale, Liège Terry Garland, RMS @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Brodinski, Dj Pierre, Fabrice Lig, Globule @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Ackros, Dead Dildo Drome @ Taverne du Théâtre, La Louvière Emergenza rockrally @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be 20 Years of Aka Moon, Baba Sissoko @ Jazz Station, Bruxelles Control plays Joy Division, Lotus Feed @ Atelier Rock, Huy Cédric Gervy, Michel Feilner @ CC, Seraing Elvis Black Stars, The Tangerines @ Botanique, Bruxelles Drakkar, No Fatality, Soul Collector @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Daan @ Centre Marius Staquet, Mouscron Dalton Télégramme @ Foyer Culturel, Sprimont Marcel & Son Orchestre, Sheetah & les Weismülelr, Les Fils de Teuhpu, Kiki Girls & Wallace DJ set @ Aéronef, Lille, Fr Uriah Heep @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Rone, Rocketnumbernine @ CarréRotondes, Luxembourg Justine, Diego Pallavas @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
samedi 15 decembre Le Père Noël est un Rockeur: Saule, Yew, Gaëtan Streel, Bikinians, Romano Nervoso, Merdan Taplak soundsystem, Alpha 2.1, Les R’tardataires, Radiofake, Deepshow, Mister Cover + Christmas Party avec DJ Boods, Andy dAndy, Rockabilly Madman @ Dour Sports, Dour, dourfestival.be Glimps festival: Marius Ziska, Slaraffenland, Thee Attacks, Camera, Schneeweis und Rosenrot, Faun Racket, Black Twig, La//Kvlvd, Trésors, Volkova Sisters, Bologna Violenta, Mount Stealth, Bernays Propaganda, Death Letters, Jungle by Night, Rats On Rafts, Tin Men & The Telephone, Captain Credible, Mari Kvien Brunvoll, Mile Me Deaf, 321Mute, Mujeres, Farfara,
TSU!, Dans Dans, De Beren Gieren, Douglas Firs, Flying Horseman, Imaginary Family, Mary & Me, SIC, Stadt, Tomán, Yves Peeters Group, Rackham, Roscoe, Soldout, The K. @ Gent, glimpsgent.be Tremplin Durbuy Rock Festival: Firedown, Mudywall, God Left Paradise, The 1984, As They Burn @ Atelier Rock, Huy Bim Fest: Peter Hook & The Light, Blancmange, The Invincible Spirit, Underviewer, 7JK, The Breathe Of Life, Simi Nah, Ulterior, Metroland @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Pinkunoizu @ Fiacre, Liège, liege3015.be Sabotage, DJ The Great Macarra @ Zebra Bar, Bruxelles Sarah Ferri @ CC, Hanut, cchanut.be Philip Catherine Quartet @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve Mission Of Burma, Movoco @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Necrowretch, Beyond, Entrapment, Irony, Slaughter Messiah, Maleficence @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Otto Von Schirach, DJ Skull Vomit, Sickboy Milkplus, Bioxyd, Osica, Mers, Nitro @ Inside Out, Liège, buzzonyourlips.be Uriah Heep @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Herbaliser, Mr Critical, Wagner Party @ VK*, Bruxelles The Kyteman Orchestra @ Schouwburg, Kortrijk Zornik @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Cassandre @ Le Pantin, Bruxelles Drakkar, No Fatality, Soul Collector @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Andrew Weatherall, Sean Johnston, Geoffroy Mugwump, Sascha Dive, Volt.mar, Dialog, Prince Off @ Bazaar, Bruxelles 20 Years of Aka Moon, Nedyalko Nedyalkov @ Jazz Station, Bxl Agnès Obel @ Théâtre de Namur, theatredenamur.be Finale Concours Circuit: Soumonces!, He Died While Hunting, Billions Of Comrades, Two Kids On Holiday, For 24 Lives @ Botanique, Bruxelles, botanique.be King Naat Veliov & The Original Orkestar @ Molière, Bruxelles, Kentucky Bridgeburners, The Red Light Rumors @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Joy Orbison, Locked Groove, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles Going, Will Guthrie, Miaux, Nullstellenplatz @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Jim Murple Memorial @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Shiko Shiko, Luminocolor, Perils Of Penelope @ La Cave aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Marcel & Son Orchestre, P.O.U.F., Gari Grèu, Kiki Girls & Wallace DJ Set @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 16 decembre 20 Jaar Rockfabriek: ABN, OK Cowboy!, Sarah Carlier, The Fouck Brothers, Allan Muller, Rival, Fishtank @ AB, Bruxelles The Ex 33 Years Anniversary: The Ex & Brass Unbound, Zerfu Demissie, Circus Debre Berhan, Fendika, Cactus Truck, Ab Baars, Wolter Wierbos, Ken Vandermark & Peter Evans @ Les Brigitinnes, Bruxelles, lesateliersclaus.com Zero Talent, Some Living @ Taverne du Théâtre, La Louvière The Delta Bombers, Little Roman & The Dirty Cats, Jake Allen @ l’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Stars, Zeus @ Botanique, Bruxelles, botanique.be John Mayall @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Ahleuchatistas, Perils Of Penelope, Swingers @ Magasin 4, Bxl
lundi 17 decembre New York Ska Jazz Ensemble, DJ Flying Platane @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Milow @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Agnes Obel @ PBA, Charleroi, pba-eden.be Bleeding Hearts Syndicate @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mardi 18 decembre Muse @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be The Hickey Underworld @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Iced Earth, Evergreen, Steel Engraved, Dead Shape Figure @ Trix, Borgerhout, trixonline.be
Hunting Maelstrom @ Café Central, Bruxelles Cradle Of Filth, Rotting Christ, God Seed, Blynd @ Coliseum, Charleroi, federockevents.be Dez Mona @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
mercredi 19 decembre Arno @ AB, Bruxelles, livenation.be Bouldou @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
jeudi 20 decembre Oldelaf @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve Lussi In The Sky @ W:Hall, Woluwe-St-Pierre Harold Vance @ T.A.G.city, Bruxelles Valley Of Love @ Place Sainte-Catherine, Bruxelles TrixTrax: Fungus, Mosquito, Hypochristmutreefuzz @ Trix, A’pen Seesayle @ Rock Classic, Bruxelles, soireescerises.over-blog.com Santa Claus & ses Barbies, Curver & Wood Boy Entertainment @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com 20 Years of Aka Moon, Ananke @ Jazz Station, Bruxelles Arno @ AB, Bruxelles, livenation.be Alpha 2.1, Meridians @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Birdpen, 14Weeks @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be
vendredi 21 decembre Neil Halstead, Coffee or Not @ Botanique, Bruxelles Tout Est Joli/All Is Pretty @ Le Hangar, Liège The Hickey Underworld & Friends @ Trix, Borgerhout Shoshana, The K. @ Taverne du Théâtre, La Louvière Sexion D’Assaut @ AB, Bruxelles, skinfama.com Letz Zep @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Birdpen, 14 Weeks @ CC, Chênée, cheneeculture.be Curver & Wood Boy Entertainment, Santa Claus & ses Barbies, Le Volcan @ Rockerill, Marchiene-au-Pont, rockerill.com 20 Years of Aka Moon, DJ Grazzhoppa, Benoît Delbecq, Guillaume Perret @ Jazz Station, Bruxelles, jazzstation.be Great Mountain Fire @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Doomsday: Crookers, DJ Hype, Roni Size, Doctor P, Atari Teenage Riot, Jeff Mills, Booka Shade, Gaiser, The Advent, Doormouse, Cookie Monsta, Radium, Andy C, Robert Hood, Mathias Kaden, Popof, Partyraiser, Promo, ... @ Antwerp Expo, Antwerpen, doomsday.be Hélène Segara @ W:Hall, Woluwe-St-Pierre An Apple A Day @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
samedi 22 decembre Legends Fest: Snaggletoöth, Ostrogoth, Blaze Bailey, Unforgiven @ Brielpoort, Deinze Des elèves et professeurs de l’ Atelier Rock @ Atelier Rock, Huy All I Need, Xtramedium, Monsieur Duba @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Tremplin Durbuy Rock festival: Ardenne Heavy, Down Of Reason, Glory Goes Down, The Thin And The Fat Guy’s, Komah @ L’Entrepôt, Arlon, facebook.com/durbuyrock Serge, Thf b2b Cleveland, Walrus b2b Handless DJ, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Mr.Polska @ Trix, Antwerpen, trixonline.be School Is Cool @ CC ‘t Vondel, Halle Letz Zep @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Bony King Of Nowhere @ CC Strombeek-Bever Dent De Lait, Kiki & Poupou, Eric @ Le Biberium, Bruxelles Amenra, Oathbreaker, Scott Kelly, The Black Heart Rebellion, ... @ AB, Bruxelles, abconcerts.be 20 Years of Aka Moon @ Jazz Station, Bruxelles, jazzstation.be Komah @ L’Entrepôt, Arlon, facebook.com/durbuyrock DJ Globul, Barako Bahamas @ Rockerill, Marchienne au Pont
dimanche 23 decembre
29 Arno
19 & 20 décembre, AB, Bruxelles 30 janvier, De Kreun, Courtrai 2 février, Trix, Anvers 8 février, Eden, Charleroi Putain, putain, faut que je voie Ostende. Peut-être que je croiserai l’Hintjens dans un troquet près de l’estacade. Qu’on boira des coups. Qu’on refera le monde et la vie sexuelle des Belges, qu’il me dira, putain, putain, les nibards de Lolo Ferrari, tu sais, c’était quéquechose, j’ai touché. Et moi, je lui rétorquerai ses propres vers : « on s’endort dans nos conforts / et dans le gras de notre corps / et oui, tout le monde se touche les fesses / quand il est seul dans son lit ». Voir Ostende et être mort. Bourré. La vérité, tu la veux dans ton pète? ‘Future Vintage’ est un putain, putain de bon disque, le meilleur d’Arno depuis des années. (lg)
Baden Baden 18 janvier Botanique, Bruxelles Soit ‘Coline’, premier disque d’un groupe parisien vers lequel on reviendra plus qu’à son tour. Pour éponger ses états d’âme en regardant de beaux paysages défiler lentement, comme à la parade. Pour les titres chantés en anglais, on pense à Girls In Hawaï. Pour l’autre bonne moitié du disque, celle où ils s’esquintent dans la langue de Mustang, une sorte de Malajube sous codéine, une espèce de Maison Neuve sans dessus dessous. Des textes pas cons, des sursauts qui font chialer (entre autres, les cuivres sur ‘Je Sais, Je vais’). Dans ‘Evidemment’, il y a ce vers : « Te lasseras-tu de mes allées-venues? ». Peut-être, mais pas demain la veille. (lg)
Isbells 19 janvier AB, Bruxelles Sortis de nulle part à l’automne 2009, Gaëtan Vandewoude et son vrai/faux groupe Isbells ont décroché la timbale avec un premier album d’une délicatesse et d’une authenticité rares. A l’heure des retrouvailles, on avait peur. Et si le charme n’opérait plus? Avec ‘Stoalin’’, il ne faut pas longtemps pour être rassuré. Ce disque d’une finesse impeccable chemine aux confins du folk et explore les traumatismes de son chanteur. Dépouillé et riche à la fois. Profondément humain. À fleur de peau. (lg)
Mark Lanegan @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Benito, Philip Noël @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Logical School @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
BIRDPEN
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30
lundi 24 decembre
Emily Loizeau
Fuck X-Mas Party @ Taverne du Théâtre, La Louvière
25 janvier Rockhal, Esch/Alzette
mercredi 26 decembre Sladest @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
Emily Loizeau est rare parce qu’elle a l’âme au timbre. Mélodies, mots d’amour et pensées nostalgiques s’emploient à vriller les émotions, à perturber nos sens. Arrêter la voiture au bord de la route, éviter l’accident, ne plus se dire que c’est beau, se contenter d’écouter, le bec cloué. Charismatique, audacieuse, perfectionniste, Emily Loizeau ne triche pas. Et c’est certainement ce qui la rend si importante dans le paysage musical actuel. (na)
Les TransArdentes 26 janvier Halles des Foires de Coronmeuse
jeudi 27 decembre Echoes @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Mathias Bressan @ T.A.G.City, Bruxelles
vendredi 28 decembre My Brother @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Echoes @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
samedi 29 decembre Resistance, ... @ Taverne du Théâtre, La Louvière Snoop Dogg @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Laurens, Arne, Joachim, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be High Voltage @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
dimanche 30 decembre High Voltage @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Baltha’DJ_St Eloi @ Balthaz’Arts, La Louvière, balthazarts.be
lundi 31 decembre
Sbtrkt Tu es jeune et tu aimes mettre un bandeau dans tes cheveux? Tu portes une chaîne bling-bling autour du cou qui est raccord avec ton nouveau tatoo? Tu as déjà regardé trois fois le film Projet X et tu en redemandes? Souviens-toi, tes copines avaient trop les boules l’année dernière de s’y être pris trop tard pour acheter un ticket... Il ne tient qu’à toi de réserver fissa pour cette nouvelle édition de l’évènement électronique de la rentrée, lequel affichera vraissemblement complet. Para One, Dirtyphonics, Compuphonic, Animal, Delta Heavy, Disclosure, Loadstar, Marc Romboy, Maya Janes Cole, Modek, Mosca, Oxia, Raving George, Stephan Bodzin, The Magician, SBTKRT,...
Tamikrest 1er février Eden, Charleroi
NYE 2012: Athys & Duster, Atmospherix, Brookes Brothers, Brownz, Cedex & Higher Underground, Dismantle, DMC, Dream, Ebbman, Electricfied, Emalkay, Ethnic Flavours, Fred V & Grafix, Fuzz, Gunman & Judah, Hookerz, Icicle, James Marvel, Kastor & Dice, M Zine & Scepticz, Master X, MC Mush, MC Nice, MC V, Misanthrop, Murdock, N Type, NGA Sound, Nymfo, One87, Phace Requake, SP:MC, Split Personality, Stinkahbell, Subscape, Taiki & Nulight, TC, The Nitwits, The Others, The Prototypes, Tito & Echo Virus, Toxidelic & Meddik ft MC Mota, Traliss & Scaphroder, Z Nox @ ICC, Gent Poplife NYE 2012: Maxim Lany, Nathan & Stephen @ Vooruit, Gent, poplife.be New Years Eve: Monika Kruse, Marc Houle, Geoff Wichmann, Deg, Steve Bug, Samet Vicil, Umlaut @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Unyghted: Yves V, M.I.K.E, Les Mecs, Ghent Bangers, Dave Lambert, Mystique, Black Frank, Sake, Dysfunkshunal @ Eskimofabriek, Gent, unyghted Error 2012: Speedy J, Cassy, Red D, Cari Lekebusch, Ramon Tapia, Leesa, Kr!z, Dimitri Andreas, Deejames, Spacid, Psytox, No Shit Like Deep ft Jean Jack, Voxter & Balance, Die Clique @ Artcube/Galveston, Gent, error2012.be Dave Lambert @ Club’in Sivry, Marcinelle Louis Katorz, Way, Nils Holgerffun, Black Elvis, Choco Chanel, Cherry Shakewell, Pierre Elitair, Miss Scwarzkopf, Anja Pavlova, Mr Golbert @ Petrol, Antwerpen, petrolclub.be New Year’s Party @ Taverne du Théâtre, La Louvière Hindu Nights NYE: Cherry Cola DJ’s & Greg Griffin, Hindu Radio DJ’s, Dilly Boys, Otis & Roy, Phil Smith, Gigolos in Retirement, Taous De Lille, The Modernists, Juliette et ses Baguettes @ Vooruit, Gent, hindunights.be
jeudi 03 janvier Monarch! @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be
vendredi 04 janvier Brothers In Arms @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Bulls On Parade @ Taverne du Théâtre, La Louvière
samedi 05 janvier Monster Mash 13: Ray Collins Hot Club, Jack Rabbit Slim, KdvDeviators, Lawen Stark & The Slideboppers, Adios Pantalones @ De Bogaard, Geel, drunkabilly.com Dirty Fingers, Repulsion, Arkham Disease, Slaughtery, Once Upon A Time @ Taverne du Théâtre, La Louvière Brothers In Arms @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mardi 08 janvier Phantom Limb @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
mercredi 09 janvier Blackie And The Oohoos @ Beursschouwburg, Bruxelles
jeudi 10 janvier Rhino Bucket @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Philip Henry & Hannah Martin @ La Porte Noire, Bruxelles Concrete Knives, Team Wild @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
vendredi 11 janvier
Avec Tamikrest, Touaregs du Mali, vous pouvez vous attendre à un concert tour à tour intime, chaleureux et généreux. Le public, hypnotisé par l’ambiance mystérieuse (et les costumes touaregs n’y sont pas pour rien), se laisse petit à petit envahir par la transe du Sahara. (gs)
The Bony King Of Nowhere @ Westrand, Dilbeek, westrand.be Panic, Bombsite Kids @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Black Up, Ilydaen, Ro-ad @ Taverne du Théâtre, La Louvière Hatebreed, Agnostic Front, H2O, The Acacia Strain, Neaera @ Eurocam Media Center, Lint, heartbreaktunes.com Igor Gehenot Trio @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve
samedi 12 janvier Purple Rising @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Roscoe, Li-Lo @ Maison de la Culture de la Province, Namur The Sword, Lonely Kamel, Your Higness @ Trix, Antwerpen My BRoTHeR PaRTy @ Taverne du Théâtre, La Louvière
Duflan Duflan, Le Prince Harry, Miss Tetanos, Sri.Fa ft Stephen O’Maltine @ Water Moulin, Tournai, rockerill.com Jim Cole, Tutu Puoane, Sofie & Kevin @ CC Het Bolwerk, Vilvoorde, hetbolwerk.be
mardi 15 janvier Wishbone Ash @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mercredi 16 janvier Ute Lemper @ Stadsschouwburg, Brugge, ccbrugge.be Raketkanon @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Cro @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu
jeudi 17 janvier Praga Khan @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sacré Saint-Gillois: M-A-R-C @ CC J.Franck, Bruxelles Pitcho @ Bozar, Bruxelles, skinfama.com Accordion Samurai; Green Moon @ Ferme du Biéreau, LouvainLa-Neuve, fermedubiereau.be Billie Kawende, Delvis @ Candelaershuys, Uccle, busker.be
vendredi 18 janvier Sacré Saint-Gillois: M-A-R-C @ CC J.Franck, Bruxelles Vive La Fête @ AB, Bruxelles, abconcerts.be La Grande Sophie @ Le Manège, Mons, clubplasma.be Baden Baden @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Corbillard, Tim Vantol, Beans On Toast @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Imaginery Family, Flying Horseman solo @ Beursschouwburg, Bxl
samedi 19 janvier Sacré Saint-Gillois: M-A-R-C @ CC J.Franck, Bruxelles God Left Paradise, Deadalus, Cocyte, Spitdown @ CC, Seraing Chacha, Jean & The Master, X-Pulsiv, Deviant, Nullpointer, Geister @ Le Bodega, Bruxelles, lefantastique.net Buenas Ondas, Eastern Standard Time @ Botanique, Bruxelles Few Bits, Isbells @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
lundi 21 janvier Asking Alexandria, While She Sleeps, Motionless In White, Betraying The Martyrs @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
mardi 22 janvier Get Well Soon @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
mercredi 23 janvier Trey Songz @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Air Guitar Contest @ Beursschouwburg, Bruxelles Diablo Boulevard luistersessie @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Foe Square, Eagles Road @ CC, Seraing
jeudi 24 janvier Love Like Birds @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
vendredi 25 janvier Mélio Mélio Festival: Radars, ... @ Rockerill, Marchienne au Pont Muziek de Singe @ l’Eden, Charleroi, pba-eden.be Paul Banks; de portables, Tomàn @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bliksem, Sons Of Disaster @ Taverne du Théâtre, La Louvière Cannabis Corpse, Ghoul @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Clueso @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lu, atelier.lu Emily Loizeau @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
samedi 26 janvier Les Transardentes: Sbtrkt Dj set, Disclosure, Rudimental, Maya Jane Coles, The Magician, Dirtyphonics, Wankelmut, Mosca, Para One, Delta Heavy, Loadstar, Marc Romboy, Stephan Bozin, Oxia, Kölsch, Compuphonic, Modek, Merdan Taplak, Animal, ... @ Halles des Foires, Liège, lestransardentes.be The Script @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Laika, Evil Superstars, Fennesz, William Basinski, Anthony Pateras, Samara Lubelski, Mittland Och Leo, Andy Votel plays Finders Keepers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Aurélia @ CC, Bastogne, centreculturelbastogne.be Cheikh de Stael, Nullstellensatz @ Water Moulin, Tournai Billy Talent @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Suarez @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Marina & The Diamonds @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Alexis HK @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 27 janvier Marina And The Diamonds @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Black Light Burns, Jayce Lewis @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Paul Banks @ Den Atelier, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Billy Talent @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Great Mountain Fire, Ewert And The Two Dragons, Funeral Suits @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
lundi 28 janvier Marina And The Diamonds @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
mardi 29 janvier Eugene McGuinness, Pan Aurora @ L’Aéronef, Lille, Fr
mercredi 30 janvier Angus Stone @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
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