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A l t e r n A t i v e
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B i l B O • l A d e u z e p l e i n 13 • B - 3 0 0 0 l e u v e n • 016 5 0 07 7 3
© Siliconcarne
L’épuisement du lieu. Si j’en crois les pulsations qui me parviennent matin et soir de la salle de fitness du voisinage, cette année était encore celle de la zumba à gogo. Les mêmes ohahah, les mêmes ohahoh à tire-larigot. Aérobie à casquette, il serait question de faire fondre la graisse des durums en sautillant sur place. Encore! Encore! Plus fort! C’était encore l’année de Daft Punk et Stromae; ça, pour sûr, c’était entendu : vous ne pouviez pas y couper. Vous étiez sommés de copier/coller. Vous glissiez une pièce dans la fente et, après quelques grincements, l’automate ivre se mettait en route pour délivrer ses prophéties sur les réseaux sociaux. 2013, plus que jamais, entérina également la résurrection de dinosaures - on ne compte plus - que l’on pensait définitivement fossilisés (certains s’en sortirent avec un étonnant panache cfr Primal Scream et My Bloody Valentine). Pour nous, au RifRaf, cette année musicale, la dix-neuvième, se révéla sans conteste particulièrement riche en bonnes plaques et, fait singulièrement marquant, vit quatre artistes francophones gagner la cover: du jamais vu! Quatre électrons libres dont les albums nous ont chaviré pour mieux nous raviver, nous incarner. Quand Orval Carlos Sibelius et Wilfried* consacrent le flair du label indé Clapping Music, Mendelson et Bertrand Belin, chacun à leur manière, sont aussi venus bousculer les codes. Chez tous, le même souci de recherche et d’intransigeance, une façon personnelle de se libérer des carcans. Chez Belin, prodigieuse leçon de classe ou l’art du maintien, se joue l’admirable jeu de ‘Parcs’, la saudade et la caresse, l’air mutin mais contrit, la balance entre déshérence nue et contemplation solaire. Chez Mendelson, ce creuset de population, le rock et la langue fusionnent libérés des formats. Un truc inouï. Parce que s’y joue l’expérience d’une œuvre au contact sublime de
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l’effroi, Mendelson regarde l’époque, la dévisage sans ciller: le rock français est debout, nous aussi. Dans tous les cas, il convient de se soumettre à l’expérience, délaisser un tant soit peu sa grille de lecture. Avec la force de la rigueur, la contrainte pour avancer, la trajectoire de ces maquisards fédère un enthousiasme vibrant, voire, qui sait, indéfectible. Résistance à l’effacement. Nos hérauts malgré eux témoignaient chacun à leur manière d’une qualité de production francophone tout à fait bluffante. Ainsi se rappellent à notre bon souvenir les albums de Veence Hanao (voyage urbain abyssal), Mélanie De Biasio (caresses de velours), Girls In Hawaii (retour gagnant sous escapade venteuse), Jean-Louis Murat (artisan dans le plus simple appareil). Mais aussi The Feather, Helena Noguerra, Phoenix, Gablé, Albin de la Simone, Piano Club, Pale Grey, Carl Et Les HommesBoîtes, Sylvain Chauveau, Reveille, Holden ou Peter Von Poel (suédois francophile pour qui on gardera toujours une place). Aujourd’hui, on vous invite à suivre les traces de Julien Doré (mille raisons de r(o)ugir de plaisir), à enfiler ‘Mes belles Tennis’ avec Wilfried*, arpenter son/votre quotidien, marcher plutôt que de prendre le métro: « au départ, le commerce c’était de l’ordre de la communication. Aujourd’hui, c’est juste devenu un flux d’argent un peu nul.» Demain, à l’entame de 2014, on passera minuit dans les bras de Michel Cloup Duo - on y revient très vite puisqu’on vous donne rendezvous dès le 30 janvier. Ah oui, tiens, c’est vrai: j’ai oublié de vous dire, le Rifraf francophone est entré dans sa vingtième année! Beam me up, Scotty!
Texte : Fabrice Delmeire
année 20 • dec ‘13 - jan’14
Colofon www.rifraf.be Année 20 nr. 196 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf dec/jan sort le 05 dec rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 20 nov agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 25 nov
collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... dessins : Issara Chitdara photo cover:
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte: Anys Amire et François Georges
L’errance est un produit fini La confrontation entre les musiques baroques et électroniques est souvent intrigante, à l’instar des excellents ‘Martes’ et ‘The Versailles Sessions’ de Murcof. Compositeur américain basé à La Haye, Henry Vega est de la même trempe que son collègue mexicain, c’est dire le niveau, tout en dépliant en huit étapes un sens plus aigu, certains diront difficile, de l’expérimentation. Tout en nuances, en raison de l’apport notable d’un clavecin et d’une viole de gambe sur la doublette ‘Slow Slower’, son ‘Stream Machines’ (ARTEksounds) virevolte sur des longueurs d’ondes entre Charlemagne Palestine et Stephan Mathieu, qu’on imaginerait rompus à l’exercice de la dynamique. Carrément prenant quand un quatuor à cordes prend le pouvoir et que les machines se fondent dans un arrière-plan croustillant, ‘Scanner Quartet’ amplifie encore le geste, telle une confondante épopée à la frontière de Giacinto Scelsi, Philip Glass et, oui encore, Fernando Corona. ★ ★ ★ Son nom n’a pas été cité dans les lignes précédentes, mais on aurait bien vu Rutger Zuyderveldt alias Machinefabriek à l’affiche. Au lieu de suivre le panneau Den Haag, c’est du côté de l’Italie de Sergio Sorrentino que les pas du Rotterdamois se sont dirigés pour des ‘Vignettes’ (Frattonove) nuancées et délicates (mais…). Très présente, l’électronique du Néerlandais s’inscrit en contrepoint du jeu de guitare de l’Italien. Parfois, l’apport de ce dernier tend carrément vers la sourdine, et le travail d’orfèvre pâtissier de Zuyderveldt imprime des caractères numérisés à l’extrême d’ailleurs, ‘Echo’s van de tijd’ est le titre le plus réussi, car à l’opposé de cette vision. Car oui, la recette ne fonctionne que partiellement, et la compatibilité des deux protagonistes guère évidente pour qui aura laissé au clou son casque de mineur. Et pour le coup de grisou, on retournera en 2009, quand Zuyderveldt s’amourachait d’Andrea Belfi. ★ ★ ★ Vous en voulez encore, du Machinefabriek ? Le revoici membre du trio CMKK aux cotés de Jan et Romke Kleefstra, soit trois des quatre équipiers du merveilleux projet Piiptsjilling, dont on ne vantera jamais assez l’unique ‘Wurdskrieme’. Habitués des titres en Frison, les trois compères remettent le couvert avec ‘Gau’ (Monotype), qui exprime une idée de vitesse et d’urgence. En prime, Jan Kleefstra lit de sa fascinante voix rauque les textes dans sa langue maternelle, soutenus de main de maître par Machinefabriek et son Jan de frangin. C’est formidablement troublant, parfois carrément trippant, on sent le vent glacé souffler de la Mer du Nord en novembre et ça donne une envie bandante d’apprendre la langue séance tenante. ★ ★ ★ Ame pensante de son label 12K, Taylor Deupree joint de temps à autre le geste électronique à la parole ambient, ici en compagnie du guitariste Cameron Webb, alias Seaworthy. On n’attend plus guère de surprises de l’officine new-yorkaise, mais ce très électro-acoustique ‘Wood, Winter, Hollow’ est une excellentissime nouvelle dans le paysage twelvekien. Cinq morceaux, et ils ont de quoi émerveiller le dernier des blasés. Un très folk ‘Wood’ d’entrée, ou comment magnifier en huit minutes quelques notes de guitare sur fond d’electronica avantageuse, quelques échos de field recordings à la Chris Watson en double interlude, un ‘Winter’ longuet bien que joli, un ‘Hollow’ fluide tel un torrent caché sous le lichen et on s’imagine fissa en Ulysse sur un beau voyage. ★ ★ ★ Ca fait presque du bien de retrouver un disque juste passable sur Touch, habitués/blasés/ravis que nous sommes des merveilles du label britannique. Inspiré du peintre anglais du 18è siècle qui lui donne son titre, ‘Unfinished. For William Turner, painter’ de Burkhard Stangl soumet l’auditeur à l’épreuve de la lenteur solitaire. Même pas embellis par des interventions électroniques judicieuses, les arpèges du guitariste autrichien prennent un temps infini et nous de ronchonner sur la patience et ses limites. ★ ★ ★ Les fidèles sont au courant, la scène norvégienne contemporaine est des plus vivaces et intrigantes - et on ne vous fera pas l’injure de revanter les mérites du label Rune Grammofon. L’an dernier, votre LOTB faisait l’éloge mérité de Lene Grenager, voici venu le temps de Håkon Stene et de son ‘Etude Begone Stadum’ (Ahornfelder). Visiteur - très - inspiré des compositeurs Alvin Lucier, Marko Ciciliani et Michael Pisaro, le musicien scandinave inclut trois intermezzos de son compatriote Lars Petter Hagen, oui, l’arrangeur du totalement irremplaçable ‘Elements Of Light’ de Pantha du Prince & The Bell Laboratory (top 10, le voilà). Les œuvres présentées, un poil moins accessibles et percutantes, demeurent d’une constante dynamique où les flux des percussions jouent des techniques de frappe pour mieux les détourner. Parfois à la frontière des musiques concrètes, notamment chez Alvin Lucier et son ‘Silver Streetcar for the Orchestra’ qui nous transporte dans un vieux tram échappé dans notre temps, la vision de Stene imprime à chaque seconde une pluie de sonorités où il est conseillé de laisser le parapluie au vestiaire. ★ ★ ★ Fameux casting sur ‘The Darkened Mirror’ (Monotype) : Tetuzi Akiyama, Tom Carter et Christian Kiefer. Ca n’étonnera pas les fans des secoués Charalambides, il règne une sacrée atmosphère d’americana de traviole (gravos, encore bien) sur cette première collaboration américano-nipponne - on sent bien derrière tout ça l’influence de Tom Carter, qui va pêcher à toutes les sources (du blues à la folk) et c’est pour mieux dépatouiller les vieilles et vilaines habitudes. Ca balance entre Charlie Nothing et Cyan Nugent, on passe sans coup férir d’un méchant trip dans une vieille Cadillac déglinguée à une jam session virtuose et mélodique et au final, on se dit que nom d’un Colt fumant, les gaillards ont vachement plus que six cordes à leur putain d’arc. ★ ★ ★ Le mois dernier, nous évoquions le cas aussi psychiatrique que noise d’Emmanuel Allard sur ‘Nouvelles Upanishads du Yoga’ (Baskaru). Bonne nouvelle pour les collectionneurs de la période Mego 1995-2000, le trio italien Airchamber3 creuse le sillon sur ‘Perpiheral’ (Frattonove) tout en se frottant à des genres connexes avec un succès inégal. Mode cinématique free rock (le très addictif ‘Tunnel Vision’) ou mission intergalactique aux très lointains échos bollywoodiens, les trois Transalpins explorent à foison le monde de l’improvisation, tout en convoquant Dominic Cramp (Evangelista) à une bizarre incantation noirâtre, improbable rencontre entre SunnO))), Gavin Bryars et Fennesz.
On croit qu’on peut faire son métier n’importe où. Dans le métro, par exemple, un gars circule ; un ex à moi, je le reconnais. Il prend le rythme du rameur sachant prendre la rame. Enfin, quand je dis qu’il rame, je voulais signaler qu’il dissociait. Lui, il fait la séparation entre son monde et le sens commun. Il circule dans cette droiture vicinale. Il arrime au pied de la lettre, il sait où il va. Un peu comme ces aveugles qui comptent à notre insu ; le contenant est là, biiiiiiiiiip, les portes se ferment ; ils savent qu’ils peuvent compter sur eux. C’est le début du narcissisme. Pour en revenir au type d’en haut, il ne m’accoste pas, tant mieux, je ne facture jamais mes prestations dans les transports en commun. Le collectif a ses limites, n’est-ce pas. Si t’es pas collectif, t’es quoi ? Solictif ? Monolictif? On aime jouer sous la pression des mots, comme les joueurs de l’équipe française de football. Ceux-là, on aurait espéré qu’ils rentrent tête basse dans les vestiaires en fredonnant « seuls
sur le sable, les yeux dans l’eau ». Il n’en est rien. Courtiser sans espoir (1). L’errant courtise son soi, il ne cherche pas sa nostalgie, il n’a plus d’histoire. Il devient cet amour en fuite. JeanPierre Pernault recherche les nostalgiques de la vieille France, juste pour satisfaire ceux qui pensent que tout était mieux avant. Dans un autre registre, Jean-Pierre Léaud crie : « j’ouvre toutes les portes, j’ouvre toutes les portes » (Le Dernier Tango à Paris). Telles les roses d’Héliagabale, notre errant s’y enfonce. Le folk n’y peut rien, il mourra : les portes, pour lui, sont trop ouvertes ou pire, sont restées ouvertes. Imbéciles, on t’avait bien dit de la fermer. Echapper au regard de l’autre, se cacher en errant. L’errant s’arrime, yo. L’errant s’arrime…à lui seul. Souvent au sein de nos équipes psychiatriques, on annone à rechercher la cohérence dans notre travail. Il faudrait qu’il fasse pipi à 12h, avant les médicaments, tu n’crois pas ? Cohérence mon cul. Ce qu’il faut aux schizophrènes qui errent, ce n’est pas que du temps, c’est un paysage, un lieu qui a des bords, de la finitude, un tableau. Sinon c’est Ulysse 31, un voyageur sans fin dans un Univers trop ouvert. A ce moment, on y entend L’ANGOISSE. Les limites doivent apparaître. Un maître-mot peut nous y aider : la co-errance ! C’est un destin de soignant, c’est elle la vraie patronne sur le terrain : la co-, la cum, l’avec…ça soigne la psychose. Vieille recette comme vieille casserole. Le tuteur, vaste considération phénoménologique. Rendez-vous au cendrier... à l’intérieur, au chaud, comme au Fablain. De jour comme de nuit. Une présence. L’errant d’ « Into The Wild » a oublié de payer sa facture de gaz, se refroidissant dans son antre. Il est comme ce que l’on nomme en musique baroque, le suspiratio abruptio, cette note écrite qui est à jouer tout en la faisant disparaître aussitôt. Je n’ai pas d’action chez les brasseurs mais l’alcool est aussi un autre tuteur. Soyons indulgents, donnons nos piécettes à ceux qui n’en ont pas, ceux-là qu’on tente de mettre à l’extérieur des villes…Ces SDF, purs produits de la psychose, ont besoin de ce produit dopant, dans leur habitus habituel (2). Faire aumône, ce n’est pas qu’un compte de Noël. Etre humain, c’est mutuel (3). Sincèrement, joyeuses fêtes solidaires. (1) Huile sur toile de Sir Lawrence Alma-Tadema (1900) (2) Une circulaire édictée par le bourgmestre de Charleroi oblige ceux qui font la manche à la « pratiquer » selon un circuit imposant un déplacement quotidien de leur lieu de quête. (3) Préalable à toute clinique des psychoses, Jean Oury et Patrick Faugeras, p.9
Texte : Le Dark Chips Texte : Eric Therer
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Libéré, il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une
cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
La Tour Simenon
Ceux qui l’ont vu sont unanimes: Jozef Deville a pondu un documentaire passionné et passionnant, ‘The Sound Of Belgium’. De la bataille de Waterloo à nos jours, ce bijou décrypte grandeur et décadence du courant, très local, de la New Beat. Et sur la compil du même nom, c’est l’encyclopédique Dr Vinyl qui fait la popotte, et c’est peu dire qu’il s’y connaît en sauces : 4 CD qui constituent un témoignage grandeur nature, noir-jaune-rouge, d’un mouvement qui n’eut jadis pourtant plus de frontière. De Dan Lacksman à l’incroyable Klaus Schulze, de Confetti’s à Joey Beltram, TSOB dépeint merveilleusement une époque à la fois festive et sombre. T’étais même pas né ? ★ ★ ★ On se demande quelle mouche a bien pu piquer les néo-hippies de Cut Copy lorsqu’ils ont décidé de déménager leur fond de commerce du Summer of Love vers les brumes britanniques. Entre Man(d)chester et Glasgow, ‘Free Your Mind’ se loupe totalement en cherchant désespérément à fouler le sol de l’Haçienda, singeant au passage les figures marquantes de l’époque. Mais, en Australie, à la fin des 80’s, la star c’était Kylie Minogue ou Ian Brown. Pas de résurrection donc ! ★ ★ ★ Etonnant, bluffant, scotchant ! L’histoire d’un gamin de 20 ans qui a absolument tout compris, tout analysé et ce, sans sortir de sa chambre. Et le fait que SCNTST soit le nouveau protégé de (BNR) ne doit être en aucun cas rédhibitoire pour les allergiques du style tant ‘Self Therapy’ s’affranchit de tout cliché du genre, mais respecte la charte sonore de ses aînés. Bryan Muller cogne tout en étant extrêmement musical, démontre que la deep n’est pas une fatalité et que la tech peut être émotive ailleurs que dans nos tripes. This Is The One ! ★ ★ ★ Alerte ! ‘Lux’ s’adresse essentiellement aux amateurs de partouzes. Mais attention, pas les téméraires hein… Ceux qui y vont pour la première fois, ceux qui se sont bien habillés pour l’occasion. L’ambiance est sympa, les gens sont sympas, et la musique ? Trop sympa. Y a pas à dire Paskal & Urban Absolutes sait recevoir. Je suis libertine, je suis une catin. ★ ★ ★ Musique à partouzes toujours, mais cette fois pour ceux qui aiment troquer leur maillot en spandex contre une longue cape noire. Et pour cause, Vatican Shadow fait frémir, sans jamais vraiment inquiéter. ‘Remember Your Black Day’ aura tout de même le privilège par ses accents gothiques de nous y faire croire, parfois, entre deux bâillements, en attendant le client. ★ ★ ★ Ce qui fait de ‘Spit’ un objet unique, c’est cette forte impression d’œuvre brute qu’il donne. Des émotions, des crises, des giclées de frustration lâchées à même le sol sans qu’elles n’aient jamais été remaniées. Plus encore, Ron Morelli, plus connu pour ses expérimentations que pour ses productions, livre un condensé de stress abrupt et acide qui fera le bonheur des inconditionnels de la signature (Hospital). Les autres, que la maîtrise rassure, se sentiront certainement frustrés face à tant d’impulsivité et de rage. ★ ★ ★ De la pochette à la dernière vibration, ‘Chance Of Rain’ respire l’artisanat. En 9 plages, Laurel Halo cloue le bec des sceptiques qui l’attendaient au tournant. Accusée injustement de fumisterie, l’Américaine fait, sur cette seconde production, table rase de fioriture et prouve sa maîtrise et son intelligence musicale. Et tant pis si au passage de quelques plages abyssales, elle chamboulera les âmes sensibles. She Bangs The Drums ! ★ ★ ★ Les débuts de Bot’ Ox sur la scène française electro-groovy-pop faisaient office de promesse. Nourrie de sons vintages, de beats et de gimmicks krautrock, la musicalité du duo français se met au service d’une virée nocturne, jonchée de clubs glauques, à bord d’une vieille Cadillac. Ponctuées d’aventures légères ou d’expériences plus inquiétantes, les 10 plages de ‘Sans Dormir’ nous invitent à une randonnée où l’on retrouvera à la fin du parcours l’unique et grisant sentiment d’épuisement. Ce soir, la nuit sera blanche. ★ ★ ★ Après 5 ans de silence, Bochum Welt ne sent pas forcé de livrer plus de 30 minutes. Et qui d’entre nous le blâmerait lorsque, au fil de ‘Good Programs’, le protégé de (Rephlex Records) empile les hommages à ses influences, de Aphex Twin à Air, dans des envolées electronica sensibles ? Et bien, justement, nous ! Nous le blâmerons de rester caché timidement derrière ses maîtres sans jamais oser le moindre soupçon d’initiative. ★ ★ ★ Kitsune sort encore une compilation, la quinzième ! On en parle ou on s’en fout ? Oui, vous avez raison. Merci. ★ ★ ★ Bien plus passionnant, on annonce une sélection du label allemand (Permanent Vacation). Tom Bioly et Benjamin Fröhlich favorisent les destinations soleil et nous ouvrent leurs plus beaux souvenirs de vacances, au cas où on aurait loupé des trucs ! Roisin Murphy, John Talabot, Mano Le Tough ou encore Tensnake, il sont tous sur la photo de ‘Selected Label Works 4’ : Chhhiiiiize !!! ★ ★ ★ On dit ça, on dit rien, mais ‘Double Cup’ fait partie du Top5 du vénéré Machinedrum : de quoi en faire taire ! Typiques de Chicago, la ghetto house et la juke music sont des ramifications du style local. Et dans la ville des vents, Dj Rashad y est une des créatures les plus redoutées, toujours à pagayer en aval du courant originel. Ici, il malaxe furieusement les bases et y injecte quelques puissantes doses de hip hop et de compléments alimentaires drum’n bass. Pas de place pour une réelle musicalité au sens premier du terme, on boudera couplets et refrains pour une progression plus horizontale, répétitive, destinée à s’imprégner avec insistance dans les corps en mouvement. Et chacun y verra midi à sa porte, c’est comme ça qu’on dit ?
Des taches éparses d’auto bronzant aux contours éclatés subsistaient ci et là sur l’entour de sa cheville, comme rescapées miraculeusement de lavages pourtant fréquents. Cela ressemblait aux traces d’encre d’Henri Michaux sauf que le noir était ici un brun couleur merde rôtie. Ces chevilles appartenaient à Monique Burnet. Quoiqu’elle ne fut pas particulièrement fière de ses chevilles, Monique B. aimait les exhiber à la faveur du soleil de l’été. Parfois, elle ornait son mollet droit d’un petit bracelet de cuivre. Vers la fin du mois de juillet, je pris la décision importante d’inviter Monique B. à souper dans mon studio de la Tour Simenon à Liège, en Outremeuse. A vrai dire, l’idée ne me vint pas soudainement mais germa dans mon esprit au cours de nuits sans sommeil pour se concrétiser en un plan que je voulais sans faille. Je désirais l’épater et peut-être même bien la séduire quoiqu’en y repensant après coup, je ne suis plus certain d’avoir attendu d’elle autre chose qu’une relation de bon voisinage. Je changeai mes sets de table, fis l’acquisition d’une nappe neuve couleur lilas et étudiai longuement la recette d’un plat thaïlandais. La cuisine n’était pas mon fort mais c’était un préliminaire obligatoire pour la mettre en confiance, lui renvoyer une image positive et sereine de mon personnage. Monique B. avait accepté l’invitation en me précisant que si elle « aimait de tout », sa préférence allait toutefois à une fondue bourguignonne. Elle apporterait le vin. Nous nous décidâmes pour un vendredi soir. J’ai ouvert la fenêtre du living pour laisser passer l’air frais du soir. Monique B. est assise, jambes croisées, sur mon divan. Elle parle de tout et de rien. Le soleil s’est couché, le bruit de la clameur rassurante de la ville envahit imperceptiblement l’appartement, l’huile de la fondue crépite frénétiquement dans son caquelon, Monique B. remplit son troisième verre de Martini blanc. « Je ne bois pas souvent et quand je bois ça me monte à la tête » : elle a prononcé ces mots avec une sorte de rictus légèrement déformé par un début d’ivresse et puis a laissé échapper un gloussement impudique. De la cuisine où je suis occupé à découper une honnête pièce de bœuf en morceaux plus ou moins égaux, j’essaye de suivre la conversation, de montrer de l’attention. Je dis « c’est de la première qualité, un boucher que je connais depuis dix ans qui ne travaille qu’avec des bêtes élevées en bio ». Mais, au plus profond de moi, je sens poindre le dégoût de la viande sanglante renforcé par la platitude des propos de Monique B.. La situation m’apparaît de plus en plus absurde. Pourquoi l’ai je invitée ? Je l’entends me demander si elle peut mettre un cd dans le lecteur. Je ne lui réponds même plus. « Viens danser », dit-elle. Elle a choisi une vieille chanson d’Abba, sur le Best of : ‘The Winner Takes It All’. Les notes résonnent dans la pièce. Je repense aux boums de mon adolescence il y a trente ans dans les garages de maisons de lotissements. J’essayais d’embrasser des filles dans les farandoles mais échouais presque toujours. La réminiscence est abrupte et émotionnelle, je sens l’échine de mon dos frémir. A peine ai-je franchi le seuil du living qu’elle m’attrape par la manche et m’entraîne dans une danse frénétique et gauche que ma consternation renforce. Les premiers instants, je consens à ce petit protocole convivial mais très vite l’air devient irrespirable et cette ronde me paraît déplacée. Monique B. me colle, me plaque et finit par s’agripper fébrilement. Je la repousse d’abord gentiment puis prestement. Il n’est pas possible qu’elle ne se rende pas compte qu’il est temps qu’elle arrête. Le coup est parti tout seul. Ma main a frappé sa joue gauche violemment. Tout va très vite. Elle chancelle dans un mouvement de toupie en rotation lente, s’effondre sur la table, sa tête cogne le caquelon, l’huile bouillante inonde son visage. Elle hurle comme une possédée que l’on vient d’étriper. Les murs du living sont violets, rouges, cramoisis, pourpres. Les notes d’Abba s’écrasent dans ma tête. Je ramasse mes forces, soulève son corps gesticulant et me précipite vers la fenêtre entrouverte et le jette au dehors. Je n’ai rien vu, rien entendu. La nuit l’a absorbé. La voix de Frida Lyngstad, une des deux chanteuses d’Abba, envahit mon crâne. Je ne sais si c’est la blonde ou la rousse, impossible de mettre un nom sur le visage. Un songe me vient, bref mais prégnant : Frida m’allaite dans une prairie d’herbe fraîche. Autour de nous, une douzaine de paysans suédois sont engagés dans une bourrée en formant un cercle presque parfait qui évolue en se refermant. Ils chantent la joie de vivre et le retour du printemps. Un disque : Abba, ‘The Winner Takes It All’ (Music)
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Texte : A La nu nree- Lni t s eG R rem n iaecrl © e ya nn orhan
On l’apprendra assez vite : depuis une grosse année, Julien Doré fait une fixette sur le hip hop américain, en particulier tous ces types cabossés qui gravitent autour du collectif Odd Future et qui balancent du fuck et du nigger à peu près à chaque début et bout de phrase. Ça n’est finalement guère
étonnant de la part d’un mec qui a toujours su prendre à rebrousse-poil la variété française pour l’emmener vers des sommets affriolants, à la croisée de la déconne, du pathos et du drame. Hier, pour un ‘Kiss Me Forever’, un ‘Glenn Close’. Aujourd’hui,
c’est la vitesse supérieure : pour un ‘Platini’, un ‘Corbeau Blanc’. Franchement, rarement des disques aussi plébéiens auront été d’une telle qualité musicale et littéraire. Il y a dans ‘Løve’, qui veut dire lion en Danois, mille raisons de tomber amoureux et de r(o)ugir de plaisir. Ce nouveau disque est à la fois dansant et ouateux, cotonneux. Il regorge de chœurs, il y a quelques cuivres. L’idée de départ était-elle de faire un album de soul music ? Julien Doré : « L’idée de départ, c’était de parvenir à mettre en musique les textes que j’étais en train d’écrire sans être redondant avec leurs couleurs plutôt mélancoliques. Après, les potes avec qui je travaillais - Darko notamment, Baptiste et Clément du groupe Omoh - ont apporté, avec leurs instruments, leurs arrangements, un groove certain. Et effectivement, ma voix, qui s’est accordée à ça - je pense à certaines lignes de basse, de claviers, à certaines rythmiques, à certaines réverbes - se rapproche de quelque chose de soul. D’un autre côté, j’ai pu être pas mal influencé par le hip hop américain, toute la clique Odd Future, MellowHype, Tyler The Creator, Kendrick Lamar. Dans la production, dans le son, ils possèdent une qualité que je rêve d’égaler un jour. L’album ‘Channel Orange’ de Frank Ocean m’a assassiné de bien-être, sa voix, la façon de traiter la basse comme un solo de guitare dans le mix, l’humour de ses textes, ses cassures de rythmes, c’est énorme. Et puis, l’influence d’Antoine Gaillet qui produit le disque n’est pas négligeable.»
Hip Hip Hop Hourrah Tu évoques Antoine Gaillet. On le retrouve aux manettes de plusieurs excellents disques dont le dernier Wilfried*, ‘Matrice’. Dans le dvd documentaire qui accompagne l’album, il exprime le fait que certains artistes travaillant avec lui le voient comme quelqu’un de quasiment laxiste. On imagine que ça n’est pas tout à fait vrai, qu’il y a du boulot derrière. Julien Doré : « Evidemment qu’il y a un gros travail. C’est marrant parce que quand on a monté ce documentaire, le disque était terminé et je ne l’avais pas vu s’exprimer ainsi pendant l’enregistrement. Or, c’est exactement ce que j’ai pensé de lui au début, quand il dit que certains artistes s’étonnent face à un mec qui ne bronche pas, qui accepte tout. En fait, il sait exactement où il va. Il est très fort. Il a une vision, un esprit de synthèse, une élégance rare. Il est très doué pour le son des batteries, par exemple. Je savais que je voulais travailler avec lui avant même que je n’ai la moindre ébauche de chanson. On a passé des soirées entières à ne parler que du son du disque avant même qu’il y ait quoi que ce soit d’écrit. J’avais dicté mes conditions à la maison de disques : c’était lui à la production, mes potes à la composition et le Studio de la Fabrique.» Ça a l’air vachement cool comme endroit. Julien Doré : « Ça m’a paru évident d’aller m’isoler là-bas après avoir vu un teaser où Nick Cave y enregistrait son dernier disque. En plus, c’est le sud de la France, mes racines. Sur place, tout est saisissant : la nature, les vieilles pierres. Avec les réverbérations naturelles des pièces, tu as une influence réelle sur le son. C’était aussi important d’oublier le quotidien, de ne pas avoir d’horaires fixes, de pouvoir travailler la nuit si c’est à ce moment-là que tu sens que les choses se débloquent. Certains morceaux ont vraiment pris sens là-bas. Je pense à ‘Mon Apache’, ‘London Nous Aime’. Tu parlais de choses ouatées tout à l’heure. Ça vient de là aussi, d’un cadre plus fort que toi qui, de par son histoire, t’impose de ne pas le brutaliser. Ta voix se pose d’une certaine façon. Les guitares aussi.» Le Français est compliqué pour faire de la pop ? Julien Doré : « Non, mais la langue maternelle est toujours plus complexe qu’une autre parce que chaque mot, même chanté, va nous toucher comme s’il avait été employé dans une conversation. Du coup, quand on aime les belles choses, Murat, Manset, Thiéfaine, Gainsbourg, Bashung, il y a des rimes qu’on ne peut pas entendre de soi, trop moches, prémâchées. Ce que je veux faire, c’est aussi de la poésie, c’est sublimer les choses. Mais, en même temps, et peu importe la manière, je voulais aussi que ces textes puissent être reçus, soit parce qu’ils sont lus et compris tout de suite, soit parce qu’ils suscitent quelque chose, un reflet, une image. Par exemple, cette phrase de ‘Paris-Seychelles’, « on s’était dit des choses qu’on ne tiendra pas », je la trouve très simple, très franche, très pop finalement.» Il y a des vers quand même assez violents, presque vindicatifs. « J’volerai les reins des enfants rois qui à tes seins pendront leurs bouches », c’est dur. Julien Doré : « Tu sais, quand tu écris un album sur une histoire d’amour qui s’arrête, il y a aussi des moments… (silence). En fait, cette phrase, ce sont les cauchemars qu’on fait tous la nuit, quand on se réveille en sueur. C’est ça qu’on a dans la tête, cette image de femme qu’on aime qui
devient monstre, louve, animale, cette femme qu’on vous vole et dont vous avez l’impression qu’elle est toujours à côté de vous. C’est la sueur de cette souffrance amoureuse que je décris. Ça tient presque de l’hallucination, c’est une écriture qui vient du bide. Je ne vais pas juste dire « je t’aime et tu me manques ». L’idée, c’est d’exprimer ce mélange de souffrance et de jolis souvenirs, mais avec la volonté de ne pas les altérer, de les utiliser dans leur moelle la plus essentielle pour en faire des chansons durables, qui un jour seront le témoignage d’une étape importante de ma vie, même si ça n’est pas une biographie et que ça ne prétend pas l’être.» L’écriture pourrait t’amener plus loin, ailleurs que dans la chanson ? Julien Doré : « Euh,… » Tu cites Goethe dans tes remerciements. Julien Doré : « Oui, mais je lis peu. Cette phrase « Crée artiste, ne parle pas » m’avait marqué. Les textes que j’ai écrits parlent mieux de moi que moi, je ne parle d’eux. Ça me paraît beaucoup plus clair que ce que j’exprime devant toi, quand j’essaye de mettre des nouveaux mots sur le processus. Dès que je commence à intellectualiser les choses, je me rends compte qu’il y a tellement de sens possibles que plus on me voit comme quelqu’un qui justement les intellectualise, plus j’ai l’impression d’être un enfant qui agit à l’instinct et à l’envie. Ici, même dans les phrases les plus tordues littérairement parlant, je n’ai presque rien retouché, c’est quasiment le premier jet qui est resté. Je me souviens très bien de ‘Hôtel Thérèse’, j’avais du hip hop dans les oreilles et je l’ai écrite comme si je rappais.» Tu l’évoquais avec l’album de Frank Ocean, l’humour et le second degré sont omniprésents dans ton univers. Difficile de prendre une chanson comme ‘Platini’ avec ses vers « Michel, ma belle, mon oiseau de nuit, ton pied de porcelaine… » au premier degré. Julien Doré : « Il faut qu’il y ait de l’humour, ça n’est que de la musique. Mais ça reste une chanson hommage qui a parfaitement sa place sur l’album. Elle traînait à l’état de maquette depuis longtemps dans mon ordinateur mais j’avais vraiment envie qu’on la produise parce que je trouvais que les mots utilisés étaient presque aussi amoureux que ceux que j’avais employés pour les autres chansons. J’avais envie de cette chorale d’enfants. J’aime son côté hymne. Et sa place au milieu du disque, avant les morceaux les plus dark comme ‘Corbeau Blanc’ qui contient cette envie de quitter le corps ou ‘Balto’ que j’ai écrite pour un chien que j’aimais beaucoup. C’est important qu’il y ait une gradation.» On retrouve aussi cette gradation dans tes concerts. Sur un set d’une heure trente en festival, t’as emballé tous tes gros tubes après une demi-heure (‘Kiss Me Forever’, ‘Les Limites’,…), pour finir par l’improbable ‘Glenn Close’, c’est plutôt rare comme démarche. Une manière de refuser les concessions ? Julien Doré : « Non, pas vraiment. Au contraire, c’est assez marrant parce qu’à l’époque dans laquelle on vit, faire preuve d’authenticité, c’est-à-dire exprimer toutes les facettes de sa personnalité, ça donne un reflet tellement éparpillé qu’on pense forcément de vous que vous jouez un personnage, que vous vous donnez un rôle décalé. J’adore ce mot qui revient tout le temps. Je suis tout sauf « décalé », je ne joue pas un personnage, je suis en accord exact avec ce que je ressens et ce que je veux faire. Pour moi, un être, qu’il soit artiste ou pas, est bien plus complexe qu’une face, un degré de lecture. Forcément, c’est plus rassurant. Donc, dès qu’on sait mettre un type dans une case, on le fait. Oui mais mec, ce que tu feras cette nuit entre minuit et deux heures, la manière dont tu es avec tes amis et que je ne verrai jamais au travers de cette interview révèlent qui tu es. Pourquoi un artiste, dont le travail est précisément d’exprimer ce qu’il ressent, devrait-il se ranger à quelque chose de parfaitement lisible ? C’est pour ça que la scène est hyper importante pour moi. Parce que j’aime le spectacle vivant, j’aime me mettre en danger, tenter des trucs, jouer avec mon corps, susciter des émotions et, surtout, passer de l’une à l’autre.» Un disque : ‘Løve’ (Sony)
on stage 19/02 Cirque Royal (Bruxelles) 29/03 Forum (Liège)
T e x t e : N i c o la s A l s t e e n © m ar c e llo s e tt o n
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Force obscure d’une pop éminemment lumineuse, Juana Molina s’affaire dans un relatif anonymat. Pourtant, son étoile brille depuis un moment au pays du Soleil Levant ou en Amérique du Nord.
Chez nous, les fabuleux albums de l’Argentine restent encore des trésors à découvrir. Nouvelle recrue du label Crammed Discs (Staff Benda Bilili, Cibelle, Shantel), l’artiste signe ‘Wed 21’, un disque en mouvement dans le monde des musiques fantastiques. Chantés en espagnol, les morceaux de Juana Molina découpent de jolis motifs électroniques dans un tissu de mélodies folk : une étoffe chatoyante pour passer l’hiver au chaud.
En 2010, tu étais très impliquée dans le projet ‘Tradi-Mods vs Rockers’ : déclinaison scénique d’un disque qui voyait fusionner la scène indie-rock internationale et les groupes congolais tradimodernes (Konono N°1, Kasai Allstars, etc.) Dans la scénographie, on te retrouvait du côté des rockeurs. C’était finalement assez paradoxal, non ? Juana Molina : « Le plus étonnant pour moi, c’était surtout le mot « Rockers ». Je ne me considère pas du tout comme une rockeuse. Je suis à des années lumières des Rolling Stones, non ? Ma musique emprunte davantage les codes de la pop et des musiques traditionnelles. Pour parler du projet en luimême, mon expérience me situait davantage du côté occidental. On s’en est vite rendu compte... On a rencontré énormément de problèmes pour comprendre les musiciens congolais. Les différences culturelles étaient énormes. L’adaptation était délicate. Les Occidentaux écoutent des musiques africaines. L’inverse n’est pas vrai. On devait donc s’ajuster à leur musique, essayer de la comprendre. De leur côté, les Congolais arrivaient sur scène et jouaient les morceaux conformément à leurs habitudes. Je ne critique absolument pas cette attitude. Elle est tout à fait compréhensible. Mais ça souligne bien les difficultés rencontrées par tous les musiciens impliqués dans la mise en œuvre du projet. Sur le plan linguistique, mon rôle était central. Comme je parle anglais et français, j’étais un référent, un point de rencontre entre les musiciens américains et africains. Dans un projet comme celui-là, le rapprochement des cultures constitue un véritable défi. Finalement, le point central de cette aventure musicale, c’était le relationnel. »
Ton père, aujourd’hui âgé de 79 ans, est connu en Argentine comme un des plus célèbres chanteurs de tango. Bizarrement, on ne trouve aucune trace de ce style musical dans tes chansons. As-tu entamé ta carrière par pur esprit de contradiction ? Juana Molina : « Je déteste le tango ! Cela dit, je n’ai pas vraiment grandi dans cette tradition. Quand mon père s’y est pleinement consacré, je venais de fêter mes 20 ans. J’avais déjà forgé mon opinion sur la question. Déjà, je ne comprends pas comment les gens font pour danser le tango. Chez moi, ça ne déclenche aucun mouvement. Mon corps est totalement insensible à cette musique. A croire que ce n’est pas de la musique, d’ailleurs. Quand je dis ça en Argentine, je me fais directement taper sur les doigts ! (Sourire) » Ta musique repose sur des structures complexes. Les mélodies s’apparentent parfois à des collages. Comment cette technique a-t-elle vu le jour ? Juana Molina : « Depuis que je suis gamine, je compose de la musique assez minimale. J’ai toujours enregistré des petits morceaux inachevés. Je n’arrivais jamais à trouver mes chansons assez importantes pour les terminer. Je gardais une trace de tous ces essais sur des casettes audio. D’ailleurs, c’est un épisode un peu horrible de ma vie : on m’a volé tous ces enregistrements. Je n’ai plus aucune trace de ce que j’ai composé avant mes 19 ans. Ça m’ennuie beaucoup parce que j’aime réécouter mes démos. Chez moi, c’est vraiment une source d’inspiration. Le pire, c’est que les voleurs ont emporté ces enregistrements pour utiliser les cassettes. Ce qu’il y avait dessus, ils s’en tapaient complètement. Je ne pourrais jamais confronter mes souvenirs avec la réalité. » Quand on se penche sur la fiche technique de ‘Wed 21’, on s’aperçoit que tu n’as absolument rien délégué. Tu as écrit toutes les paroles, composé la musique, enregistré, produit et mixé le disque. Tu ne voulais rien lâcher ? Juana Molina : « C’est juste que je ne vois pas de frontière entre ces différentes étapes. A mes yeux, ça constitue un ensemble. Toutes les interventions sont inextricablement liées. Si je travaille avec quelqu’un, c’est depuis le début. Ou pas du tout. Une fois que la musique commence à prendre forme, il m’est impossible de la détricoter. Pour moi, c’est comme de la broderie : toutes les mailles sont entremêlées. Et puis, si tu confies les aiguilles à quelqu’un d’autre en cours de route, ton pull ne ressemblera pas à ce que tu avais imaginé au départ. Pour moi, travailler sur un disque avec quelqu’un, c’est aussi difficile qu’une relation amoureuse. La personne doit te satisfaire à 100 %. Je ne vais quand même pas sortir avec un type qui me plaît à moitié. (Rires) » Ta musique connaît un important succès au Japon. Comment expliques-tu cette situation ? Juana Molina : « C’est assez incroyable. D’autant plus que c’est là-bas que tout a réellement commencé pour moi. Il doit y avoir une explication, mais je n’ai pas tous les éléments de réponse. Les Japonais sont habitués à écouter des musiques chantées dans d’autres langues. Ils achètent encore des disques physiques et sont assez ouverts d’esprit. En comparaison, les Anglais et les Américains ont besoin de comprendre tout ce qu’on leur chante. Chez eux, c’est la loi du moindre effort. Il faut leur servir la musique avec le mode d’emploi. Au Japon, heureusement pour moi, ce n’est pas comme ça. Après, cette analyse n’explique pas tout. Un succès à l’étranger dépend toujours de nombreux paramètres : la chance, le timing, le contexte. J’ai dû réunir tout ça au moins une fois dans ma vie. (Sourire) »
Les dentelles de la pop moderne Comment se fait-il que tu parles si bien français au juste ? Juana Molina : « J’ai vécu pendant six ans à Paris. J’y ai passé une partie de mon adolescence. En 1976, l’Argentine a connu un terrible coup d’état. L’avenir était incertain et ma famille n’a pas souhaité prendre de risque face à cette situation. On a d’abord déménagé en Espagne, puis on a traversé la frontière. Au bout d’un moment, j’en ai eu assez de la France. Les gens, l’ambiance, ça ne me plaisait pas. Je n’en pouvais plus. Mes parents ont décidé de rester là-bas. Moi, je suis rentrée en Argentine. Bien plus tard, je suis partie aux Etats-Unis, à Los Angeles. J’y suis restée deux ans. Aujourd’hui, je vis en Argentine. » A l’origine, votre profil vous destinait plutôt à une triomphale carrière de comédienne. Comment êtes-vous arrivée à la musique ? Juana Molina : « Le truc, c’est que je n’ai jamais abandonné la musique. J’ai toujours composé des chansons dans mon coin. Mais, au début, je n’osais pas les interpréter devant des gens. Rien que d’y penser, j’étais terrorisée. Pourtant, c’était vraiment ce que je voulais faire. Quand je suis rentrée de France, j’ai d’abord logé quelques mois, à Buenos Aires, chez mes grands-parents. Ils étaient adorables, mais ce n’était pas le rêve adolescent ! Moi, je voulais jouer de la musique et disposer de mon propre appartement. J’ai alors réfléchi à une solution pour gagner facilement de l’argent. J’avais un petit talent d’imitatrice; j’ai postulé à la télévision nationale pour obtenir quelques minutes d’antenne. J’ai déposé une vidéo VHS avec une compilation de mes personnages les plus cocasses. Les producteurs de l’émission m’ont contacté pour me proposer une petite place dans la grille de diffusion. Ça a bien marché. Tellement bien que j’ai finalement reçu ma propre émission : « Juana y sus hermanas ». Ça a fait un gros carton en Argentine. Sept ans après mes débuts à l’écran, j’étais devenue une sorte d’icône médiatique. Le revers de la médaille, c’est que je m’éloignais chaque jour un peu plus de la musique… J’avais presque 30 ans, j’étais devenue une star de la télé et tout se bousculait dans ma tête. J’ai réécouté mes démos, retravaillé mes morceaux et finalement décidé d’arrêter mon émission. Un an plus tard, je sortais mon premier album. Evidemment, il a essuyé l’incompréhension générale. Quand les gens venaient me voir en concert, ils s’attendaient à rigoler. Mais ça ne venait jamais… Du coup, je commençais à jouer mes chansons devant des centaines de personnes et je les achevais en compagnie d’une cinquantaine de courageux. C’est sur cette base que j’ai recommencé ma carrière et construit une audience totalement différente. L’opinion publique pensait vraiment que mon disque était un caprice de star. Je ne pouvais rien faire contre ça. Il fallait juste laisser passer l’orage. »
Un disque: ‘Wed 21’ (Crammed Discs) Suivez le guide : www.juanamolina.com
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T e x t e : : LAanunree-nL t i sG e rReenmi e ar c l©e n icolas despis
A l’heure des bilans, alors qu’on lui demandait son disque de l’année, Wilfried* tiendra ces propos plutôt sensés : « j’ai du mal à avoir une vision quantitative ou numéraire de la musique, j’essaye plutôt de la considérer
dans ses qualités ». De fait, puisqu’il est impossible de comptabiliser celles, innombrables, de cette hypnotique ‘Matrice’, on se contentera de quelques qualificatifs dithyrambiques mais mérités. C’est que le coup de pied au cul de la pop francophone hyper
standardisée est titanesque. Et salutaire. Pour bien se préparer au choc, il faut imaginer un Philippe Katerine gnostique dansant le krautrock dans le ventre de sa mère. Fantastique ! Depuis 2002, c’est seulement ton troisième disque. On peut dire que tu n’es pas hyperactif. Wilfried Paris : « Parce que ce n’est pas ma première occupation. Mon métier, c’est d’écrire des chroniques de disques, de faire des interviews pour des magazines culturels (il a été chef de rubrique musique à Chronic’Art). Je fais de la musique de manière sporadique parce que, d’abord, je n’ai pas la nécessité d’en faire et ensuite, parce que je n’ai pas envie de me forcer. Je laisse venir, c’est davantage une question d’état particulier, de moment, d’inspiration.»
Welcome to the Matrice
Quel regard portes-tu aujourd’hui sur ces deux premiers albums ? WP : « Je ne les réécoute pas et je ne les aime plus trop à part quelques titres. Ce nouveau disque est vraiment celui dont je me sens le plus proche, celui que j’ai pris le plus de plaisir à réaliser. Il me ressemble dans le sens où je l’ai construit sans imaginer en faire un album, contrairement aux deux premiers opus où il y avait encore cette envie très forte de sortir quelque chose de concret. Je l’ai bricolé dans mon appartement, avec moins de références, moins l’envie d’imiter. Je pense m’être libéré de ce qui m’a formé musicalement, c’est-à-dire la pop française indé, le lo-fi de Daniel Johnston, Syd Barrett, Dominique A, Katerine.» A l’écoute de ‘Matrice’, on devine aussi que le krautrock t’a traumatisé. WP : « Ouais, bien sûr. J’y prends énormément de plaisir parce que cette musique en synthétise beaucoup d’autres. Elle est en même temps typiquement européenne et nourrie de plein de sources extra-européennes, elle est romantique et extrêmement mécanique, annonciatrice de la dance music. J’avais très envie d’intégrer une sorte de complexité à la chanson française, de la sortir des carcans habituels, d’en faire des longs morceaux. Aujourd’hui, elle est beaucoup trop formatée, trop lisse. L’idée était de faire une sorte de concept album. Je ne peux pas m’empêcher de fonctionner ainsi, je considère que tous les disques sont conceptuels d’une manière ou d’une autre. En tant que critique, je cherche toujours le concept de l’album que j’écoute. Ici, dès le début, je me suis forcé à poster sur Internet deux morceaux chaque mois pendant neuf mois.
La ‘Matrice’, je l’entends comme le lieu de construction, de gestation, l’enveloppe qui nourrit, qui fait grandir. Cette idée renvoie à celle plus générale - qui me semble être politique - d’une tendance générationnelle, symptomatique de notre époque, à vouloir retourner dans le ventre de la mère. C’est à la fois une nostalgie pour ce lieu de développement et en même temps une sorte de fin, de grande fusion où tout le monde tremperait un peu dans le même bain. J’ai l’impression que les gens recherchent ça, ce qu’on appelle le sentiment océanique.» Dans ‘Mes Belles Tennis’, il est question de « vaincre le capitalisme par la marche à pied ». C’est quoi l’idée ? WP : « C’est une phrase inspirée du philosophe allemand Walter Benjamin. Dans ses ‘Fragments’, il a écrit cette note « vaincre le capitalisme par la marche à pied ». Chez lui, il y a un mélange de marxisme et de messianisme que je trouve assez mystérieux. Ça m’a beaucoup parlé. Il ne s’agit pas de faire des manifestations au sens littéral du texte. L’idée, c’est plus de se rattacher à la terre. Pour moi, les transports en commun, qui ne sont que de la technique, « artificialisent » notre rapport à la distance, au temps. Je pense qu’il y avait un peu de cette idée chez Benjamin : la marche repositionne l’homme, il redevient un petit homme sur terre. Arpenter son quotidien, marcher plutôt que de prendre le métro est déjà une première forme de lutte contre ce capitalisme qui a quand même changé les gens de manière négative. Au départ, le commerce c’était de l’ordre de la communication. Aujourd’hui, c’est juste devenu un flux d’argent un peu nul.» Tu te sens concerné par le contexte social actuel, les manifestations des « Bonnets Rouges » par exemple ? WP : « Je ne sais pas exactement contre quoi ils se révoltent. Je serais plutôt individualiste dans ma manière de faire la révolution. Je ne suis pas politisé. La politique, elle est partout, tout le temps. Dans la pop music, c’est important d’en parler mais dans un sens qui ne soit pas de l’ordre de la revendication ou de l’adhésion à un parti, mais plutôt dans une manière de poser des questions, un peu à la Katerine, afin de montrer le conformisme, les modes d’action très normés, répétitifs de notre société. Pour revenir à ‘Mes Belles Tennis’, c’est aussi une chanson sur le fétichisme, la marchandise, l’objet. En même temps, c’est une chanson un peu écologique
T e x t e : O l i v e r W i ll e m s I T ra d u c t i o n : Fa b r i c e Va n o v e r b e r g © p h i l i p p e w e r k e r s
qui imagine que si on enlève ses chaussures, en jouant sur une homonymie entre la plante qui pousse - l’herbe - et la plante des pieds, il y a une sorte de porosité qui se crée, ces deux plantes étant amenées à se rejoindre. Ça renvoie aussi à l’idée de marcher pieds nus, de retrouver un contact perdu avec la terre, ce qui est finalement assez nostalgique d’un fantasme de paradis.» A t’écouter, il semble que tu intellectualises beaucoup tes textes, pourtant parfois à priori assez simples. Ça l’est dès le départ ou bien tu écris de manière plus spontanée ? WP : « En général, c’est plutôt spontané. C’est à posteriori que je comprends ce que mon inconscient m’a dicté. Souvent je compose en marchant. Je fredonne des mélodies au dictaphone de mon téléphone. Après, une fois que j’ai commencé à arranger cette mélodie de voix, je saisis la dimension intellectuelle et je comprends que ça me ramène à des choses qui m’ont marqué comme cette phrase de Benjamin, une référence à Philip K. Dick que j’aime beaucoup, au cinéma ou même aux gnostiques puisque je lis beaucoup de textes mystiques. Pour moi, c’est important de faire de la musique avec des mélodies légères, entêtantes mais qu’au-delà de la surface, il y ait un fond.» Qu’est-ce qui te touche dans un texte comme ‘Le Tonnerre, Intellect Parfait’, tiré des ‘Ecrits Gnostiques de la Bibliothèque de Nag Hammadi’, que tu mets ici en musique ? WP : « C’est un disque sur la présence féminine. Tout l’album est traversé par les figures féminines, la sœur, l’amante, l’amie et, ici, la déesse, c’est-à-dire la femme qui est au début et à la fin de tout, et donc totalement ambivalente. C’est pour ça que j’aime ce texte, pour ce côté yin et yang, je suis sotte et je suis sage, je suis compatissante et je suis impitoyable, pour le fait qu’elle soit tout le temps dans une contradiction qui en réalité ne m’apparaît pas comme telle mais plutôt comme la nature profonde des choses. Finalement, c’est l’auditeur qui va choisir en fonction de son vécu si cette femme penche d’un côté ou de l’autre.» Et ‘Matrice’ avec ses expressions passe-partout, « ça gaze ?, ça boum ?, ça va ? », souvent employées sans écouter les réponses, c’était quoi le sentiment à faire passer ? WP : « C’est aussi une chanson sur ce qu’implique le langage courant. Je crois que les mots sont ce qui produit la réalité, comme Philip K. Dick qui disait « ceux qui contrôlent le sens des mots, contrôlent la réalité ». Dès l’instant où on perd le sens des mots, où on va jusqu’à l’inverser, on crée une illusion. Ça rejoint ‘La Langue Des Oiseaux’ qui joue aussi sur l’ambivalence, qui est une sorte de langage codé où on essaye de retrouver le sens perdu, latent, des mots.» En même temps, il y a un vrai humour dans ‘Matrice’ quand tu précises qu’après avoir entendu « ça boum », tu as « du coup, toujours peur d’un attentat ». WP : « C’est vrai parce que quand tu prêtes à ce point attention aux mots, ça peut en devenir maladif. On peut virer paranoïaque et entendre le mal, le danger partout. C’est donc une manière de me moquer de moi-même, de cette tendance que j’ai à toujours vouloir entendre ce qui est caché derrière le langage courant.» C’est important l’autodérision dans l’art ? WP : « Oui. J’essaye de ne pas trop me prendre au sérieux parce que c’est quand même assez
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sérieux ce que j’essaye de dire. Dans le clip de ‘Le Yoyo’, je suis un peu ridicule et ça m’a fait beaucoup rire. Ce qui m’importe, c’est, comme les arrangements, que ça serve le morceau.» Tu as récolté des fonds sur KissKissBankBank pour pouvoir donner des concerts dans un dispositif live où le public se trouve au centre des musiciens. C’est aussi dans l’intérêt de servir les morceaux ? WP : « Oui, il y a de ça, effectivement. On est quatre musiciens et le public, une petite quarantaine de personnes, est assis par terre au centre d’une structure circulaire en voile transparente sur laquelle on projette des vidéos tandis que le son arrive de tous les côtés. L’idée est à la fois de s’effacer au profit de la musique et en même temps de recréer une forme d’attention.» Avec ‘Matrice’, on reçoit un code de téléchargement pour ‘Patrice’, neuf titres en Anglais entre folk, lo-fi et psychédélisme. Syd Barrett et Daniel Johnston y sont tutélaires. Ne pas le sortir en support physique, c’est lui accorder moins d’importance ? WP : « C’est un disque moins ambitieux, avec des chansons dont certaines datent déjà de quelques années. Il y a des correspondances avec ‘Matrice’ mais, effectivement, il représente moins ce que je veux faire aujourd’hui.» Un disque : ‘Matrice’ (Clapping Music/Pias)
Wilfried* ‘Matrice’ Clapping Music/Pias
‘Matrice’ est un disque bouleversant. Il est tout simplement possible d’écouter certains titres huit fois d’affilée, ne s’arrêtant qu’haletant pour s’en enfiler illico un autre, découvrant à chaque passage sur la platine une brèche nouvelle, la possibilité d’un gouffre ou d’une île, le repos de l’âme ou ses tourments. Le titre éponyme d’abord, véritable krautrock en Français avec, sur la fin, d’authentiques grognements dans la langue de Walter Benjamin. Le même Benjamin qui hante la pop lancinante et dansante de ‘Mes Belles Tennis’ et qui, en filigrane, pose la question du rôle du capitalisme dans nos vies. Très, très costaud. Comme l’énorme et foutrement radioactif, presque ésotérique, ‘La Revenante’. Un morceau incroyable qui n’aurait pas défiguré un album de Kraftwerk. Mais ‘Matrice’ contient aussi ses vrais tubes : dans un monde parfait, ‘Le Yoyo’ - qui possède l’évidence chaloupée du ‘Twenty-Two Bar’ de Dominique A - serait sur toutes les lèvres. A côté de ce barnum, il y a ‘Patrice’, franchement pas dénué d’intérêt, une pépite de folk lo-fi qui convoque les spectres de Daniel Johnston et Syd Barrett dont ‘The Mum’s Song’, tenant sur une simple guitare acoustique et un violoncelle, est le plus bel exemple. (lg)
Classic tracks by LOCAL NATIVES, UNWOUND, MERCURY REV, SONGS:OHIA, BLONDE REDHEAD, … And exclusive live sessions by DAUGHTER, KURT VILE, LOW, EFTERKLANG, IRON & WINE, SPAIN, VILLAGERS, and many more AVAILABLE AS 2CD DIGIPACK AND DIGITAL BUNDLE DUYSTER. EEN PROGRAMMA VOL TOMELOZE WEEMOED EN OORVERDOVENDE ZOETHEID - Rustig maar ongedurig -
Elke zondagavond van negen tot elf op Studio Brussel (stubru.be)
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Texte : Anne-Lise Remacle
Chantal
Texte: antoine bours © step
Acda
De Chacda à Isbells, de Sleeping à True Bypass, de Nu Nog Even Niet (en néerlandais, cette fois!) à Coho Lips, Chantal Acda fait fleurir les surfaces blanches, déclenche des ricochets au toucher soyeux, tisse une toile aux filins multiples. ‘Let Your Hands Be My Guide’ lui permet d’enfin oser interpréter à blason démasqué, entourée de mousquetaires dévoués à la cause d’une reine secrète qui ne se rêvait guère couronnée.
Accords tacites Dans quel état d’esprit étais-tu avant l’enregistrement ? Chantal: « Une énorme vague de changement. Je suis une personne très fluctuante, avec de vrais hauts et de vrais bas. J’avais l’impression qu’il n’y avait pas de place pour moi dans le monde tel qu’il était et s’annonçait. J’étais face à un dilemme : soit je restais telle quelle en continuant à subir cette pesanteur au fond de moi, soit je me mettais à accepter. » Considères-tu le minimalisme comme ta façon d’être au monde (musical) ? Chantal: « Pour moi c’est naturel, mais très différent de musiciens avec qui j’ai travaillé : je considère le silence comme aussi important que le fait même de jouer, ça reste un seul flot de musique. Je n’ai pas l’impression d’avoir besoin de nombreuses notes pour obtenir la même suggestion émotionnelle, c’est presque spirituel. Je suppose que je veux vraiment calmer le jeu. Au début, il y avait cet énorme espace vide et j’y ai accroché des nuages.» Dans cette optique sobre, choisir Nils Frahm comme producteur, c’était évident ? Chantal: « Ce n’était pas un choix ou alors mutuel. À Paris, il est venu sur scène avec moi, et j’ai senti qu’il pourrait me débarrasser de tellement de schémas dont je voulais me libérer. Il l’a remarqué, mais nous n’avons rien dit. Par téléphone, nous avons simplement beaucoup discuté, y compris de choses dont d’ordinaire je ne parle pas avec ceux que je rencontre dans ma trajectoire de musicienne, sans penser à un enregistrement. Ça m’a aidée et c’était inspirant pour lui aussi. » Et ta rencontre avec Shahzad Ismaïly ? Chantal: « Tout le monde mentionne Nils mais tous, Gyda, Peter Broderick ont eu leur propre rôle. Je savais que Shahzad serait présent dans le studio, mais on n’évolue pas du tout dans la même ligue. Il a joué avec Lou Reed ou Tom Waits ! Je n’aurais jamais ne serait-ce qu’osé lui proposer ça. J’étais en train de jouer des morceaux seule, Shahzad était assis par terre, en train de mixer un autre disque et m’a dit - « tu n’as aucune idée de ce que tu possèdes là ». Il a pris ma guitare, et Nils a foncé à sa table d’enregistrement, parce qu’il savait que quelque chose pourrait se passer. Shahzad m’a emmenée dans un endroit totalement différent d’où j’étais allée avec quiconque, et il n’était pas supposé être là ! Il a téléphoné pour prévenir qu’il n’allait plus mixer l’autre album et nous n’avons pas arrêté de jouer. C’est ma meilleure expérience en musique, je pense. » Tu utilises parfois les mots des autres. C’est le cas pour ‘Toby’ de True Bypass avec des paroles du romancier Toby Litt, qui signe aussi une chanson sur cet album-ci. La littérature est nécessaire à ta créativité ? Chantal: « Je n’ai pas envie de demander à un auteur d’écrire de l’anglais parfait, parce que je tiens à mes expressions parfois bancales - qui sonnent juste pour moi. Mais il arrive que je traverse la route de gens comme Toby Litt ou Lotte Didion qui m’inspirent à commencer non pas par la mélodie mais par les mots. Toby a trouvé un moyen de faire apparaître des motifs que je n’aurais pu retranscrire moi-même mais que je ressens profondément. Quand j’écris, je disparais mentalement mais aussi physiquement : je change de pièce sans en avoir conscience, et je me mets à enregistrer et me retrouve avec un morceau arrangé. Je suis très heureuse de ça mais je n’ai pas
d’explication ! (rires). Avec ses paroles, je me sentais plus consciente de ce que je faisais. » Que révèle ‘Let Your Hands Be My Guide’ en arrière-plan? Chantal: « Quelque chose de très concret : le décès de mon père, qui a toujours été le plus grand supporter de ma sensibilité, m’a donné la force de croire que la fragilité est une bonne chose. Il a eu cette bataille horrible et intense contre la mort pendant trois semaines. Et puis il est parti. J’étais la seule présente à ce moment-là : je l’ai vu lutter, puis accepter, être soulagé. Il avait l’air si heureux. Ça reflétait pas mal ma propre vie : « Pourquoi est-ce que je me bats tellement ? Contre les gens, contre moi-même…pourquoi est-ce que je n’accepte pas la personne que je suis, que je ne peux pas changer et que surtout, je ne veux peut-être pas changer ? ». C’est ce que contient ‘Arms Up High’ mais cet esprit s’est propagé sur tout le disque. ‘Backdrops’ parle de ces schémas que nous avons très ancrés pour nous sentir en sécurité. Je me suis demandé ce qui arriverait si je n’avais pas le rythme, rien à quoi me raccrocher : je voulais parvenir au lâcher-prise si difficile à atteindre dans ma musique et dans ma vie. J’avais l’impression d’enfin respirer. Je suis très satisfaite de mes albums précédents, des gens formidables avec qui j’ai travaillé comme Adam Wiltzie ou Craig Ward, mais j’avais toujours eu l’impression d’avoir ce plafond audessus de ma tête. Cet album-ci m’a donné de l’espace. Ce n’est pas de la pop musique que tout le monde appréciera parce que je suis toujours quelqu’un d’up and down, mais à présent, ça me va. »
Chantal Acda ‘Let Your Hands Be My Guide’ Gizeh Records/News
Il faudrait aligner des ribambelles de veilleuses pour conjurer novembre qui frôle chaque nuit davantage. Entamer au violoncelle des rituels sereins, des boucles folktronica clémentes, cultiver les échos doux pour ne pas encaisser plus avant les vallées de ton dos. Renouveler les enlacements d’autrefois pour dompter ces frayeurs que nous couvrons de peaux, quand elles deviennent trop amples... Deux voix pour entamer « We stand up tight / so we’ll stay and survive » et il n’y aura pas de raz-de-marée ou bien il attendra que ces paumeslà s’accèdent, qu’elles osent se rejoindre, qu’elles décident d’autres ubacs à franchir. Je nous voudrais tant tremblants dans un ‘Wintercoat’, décharnés de tous nos artifices. Quand certains aspirent à la comfort food, avec ‘Arms Up High’ offert dans la longueur du feutre et ‘Backdrops’ comme un bain d’oubli laiteux, je n’appelle de mes voeux que la comfort music, celle qui tient au corps, celle qui sous les tressaillements de l’infra-ordinaire amoureux donne le courage d’être debout, celle qui laisse entrapercevoir à ceux qui ont dû se résoudre à l’abandon les lueurs d’un itinéraire viable. « We must hold on », crois-moi. (alr) Suivez le guide : www.chantalacda.com
Kwes.
Kwes. Quatre lettres qui résonnent comme une question sans réponse, où forme et sens se lovent, en creux, se répondent et s’annulent. Quatre lettres qui tournent sur elles-même, promesse d’infini pourtant contenue par une ponctuation qui clôture et prolonge le mystère. Kwes., donc. Producteur
coqueluche, il a travaillé pour Micachu, Damon Albarn, Solange Knowles. Fan de ses premiers essais solitaires, Kanye West l’a remixé. Sous la tutelle de Warp, entre deux pays et trois contrats, Kwes. nous raconte ‘Ilp.’, premier disque exaltant, entre pop aérienne et électronique vagabonde.
Point d’Honneur Comment s’est passé le développement de ‘Ilp.’ ? Kwes : « Cela a été un accouchement assez long ; je me suis consacré à mon album par à-coups, sur mes temps de loisirs, entre mes nombreuses productions et collaborations : tant de choses me sont arrivées en si peu de temps. Puis je suis parti en tournée l’année passée, ce qui n’a pas accéléré les choses. Fin 2012, mon emploi du temps s’est apaisé et j’ai enfin pu y mettre la touche finale. Si j’avais eu plus de temps, j’aurais voulu incorporer des guests, ou avoir l’un ou l’autre regard sur l’album. Mais en même temps, j’ai apprécié avoir cet espace intime, personnel, dans lequel je me suis progressivement immergé, sans entrave. » Comment décririez-vous ‘Ilp.’? Kwes : « C’est avant tout un album atmosphérique. Et plutôt ambigu, ce qui était mon désir. Non pas que je me sois donné un but précis à atteindre ; je me suis laissé porter par mes envies. Les émotions humaines sont complexes ; elles sont souvent le fruit de combinaisons contraires. ‘Ilp.’ s’abandonne au même schéma. Je souhaitais amener l’auditeur dans un sentiment de confort, puis le surprendre par une forme de malaise, le réveiller juste avant qu’il ne s’installe. J’espère que l’album possède cette capacité de se révéler un peu plus à chaque écoute. Il y a une volonté d’errance. Je voulais que le procédé reste le plus libre possible. Ne rien préméditer, bien que les chansons aient été écrites en amont. Leur exécution, en revanche, devait me surprendre et m’amener là où je ne m’attendais pas. Quitte à malmener leur structure, effacer la distinction couplet/refrain, diluer même complètement l’impression de chanson dans la forme que je leur donnais. Néanmoins, je n’oublie pas ma casquette de producteur et j’essaie toujours de donner un sens à cette forme. Le lendemain d’un enregistrement, je revenais sur le chaos que j’avais orchestré pour le façonner, le remonter, sans pourtant m’éloigner de cette envie d’étrangeté et d’inattendu. Si je devais décrire mon processus, je dirais que je place mes chansons dans des environnements où elles ont toute latitude de se révéler et de s’épanouir. »
hanie siam
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Jonathan Ce qui nous amène, d’une certaine façon, à la peinture. Vos morceaux se sont intitulés ‘Hundertwasser’, ‘Klee’ et maintenant ‘Chagall’. Quelle influence ces artistes ont-ils sur votre musique ? Kwes : « Je ne puise pas d’inspiration visuelle directe : je fais plutôt de la musique en réponse aux stimuli visuels qu’exerce sur moi mon environnement. Si je fais référence à des peintres avec ces titres, c’est parce que je viens du milieu pictural, que je tends à délaisser. Ces chansons sont comme des penses-bêtes, qui me rappellent que je dois revenir à la peinture. Mais peutêtre ce background pictural et moderniste conditionne-til ma vision de la musique ? Ces artistes étaient d’ailleurs eux-mêmes influencés par les musiques de leur époque, qui répondaient à des systèmes, des structures et une certaine liberté que l’on peut retrouver dans leurs tableaux. » Et en musique, quelles sont vos références ? Kwes : « L’influence la plus tenace reste Robert Wyatt. Je n’ai même pas encore fait le tour de sa discographie et pourtant il passe en boucle chez moi. Todd Rundgren également, surtout ‘A Wizard, A True Star’, même si je l’écoute moins désormais. Ses techniques de production n’ont jamais été conventionnelles, mais à partir de cet album, il a vraiment lâché prise. » Quelle est la proportion d’instrumentation live sur votre album ? Kwes : « La plupart de ce qui est utilisé est live, mais tout est retravaillé et bidouillé. Il y a également une grande part d’électroacoustique. Certains passages d’instrumentations réelles sont restés tels quels ; on les entend ici et là, mais il est difficile de cerner la nature du son. J’aime tester l’effet de différents instruments au cours de mon écriture et créer des sons auxquels je ne m’attendais pas. Un bon exemple, sur ‘Broke’, c’est cet espèce de solo en sourdine qui reprend le second thème du morceau. Cela sonne comme du feedback de guitare électrique, mais c’est en réalité un Wurlitzer. » ‘Cablecar’ laisse une forte impression. Il est traversé d’un vrai sentiment de danger. Kwes : « Je voulais représenter une forme de malaise, tel qu’on peut le ressentir dans une relation de personne à personne. Beaucoup de gens sont traumatisés par l’expérience des transports en commun, la promiscuité qu’elle engendre. J’ai donc vu dans le tram une métaphore adéquate pour les rapports humains. Certains sons et voix que l’on entend sur le morceau, je les ai enregistrés à bord d’un tramway. Au cours de ces captations « pirates », j’ai vécu une situation inverse : une famille adorable revenait d’une promenade au parc et le gamin était tout excité, partageant son expérience à haute voix, sans inhibition. C’est sur cette note plus positive que j’ai terminé la chanson. » Avec ce premier album, le chant devient-il une seconde nature ? Kwes : « Ecrire des chansons, cela m’a toujours été naturel. En revanche, chanter, c’est plus compliqué. Partir en tournée l’année passée m’a beaucoup aidé. Plus on se consacre à une chose, plus elle devient naturelle. A mon retour en studio, j’étais bien plus détendu. Mais dans ma tête, jamais je ne parviendrai à me considérer comme un chanteur ! » Un disque : ‘Ilp.’ (Warp/V2) Suivez le guide : kwes.info
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T e x t e : n i c o la s al s t e e n
Wilson
A force de gratter le rock, il nous arrive de tomber sur quelques pierres précieuses : de l’or en barre pour les braves. Comme déterré
d’une faille spatio-temporelle, le nouvel effort de Jonathan Wilson ravive les souvenirs d’une Californie éternelle. ‘Fanfare’ ressuscite l’histoire, les morts et l’espoir.
Pour faire simple, on pourrait dire que ce disque prolonge la légende de quelques albums mythiques : ‘Pacific Ocean Blue’, ‘Déjà Vu’, ‘Songs For Beginners’, ‘If I Could Only Remember My Name’. Perle rare, ‘Fanfare’ réchauffe la fin de l’année de ses mélodies surannées : de grandes chansons à savourer au coin du feu. Ou sous un soleil radieux.
Un réveil en Fanfare Tu es originaire de Caroline du Nord mais tu as depuis longtemps déménagé sous le soleil de Californie, un endroit qui convient plutôt bien à ta musique. Impossible de ne pas songer aux heures de gloire de Laurel Canyon à l’écoute des titres de ton nouvel album. C’est un lieu qui te parle ? Jonathan Wilson: « Oui, depuis toujours. Quand je suis arrivé en Californie, mon fantasme ultime, c’était de vivre à Laurel Canyon. J’ai donc loué une piaule là-bas. C’est un lieu magnifique qui surplombe Los Angeles. La vue est exceptionnelle. Je n’étais pas là à l’époque des Doors, Crosby, Stills, Nash ou Joni Mitchell. Cela dit, les lieux n’ont pas l’air de s’être radicalement métamorphosés. Par contre, les loyers sont devenus excessivement chers. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de bouger. Sinon, le quartier est vraiment resté fidèle à ses habitudes artistiques. Quand tu vis là-bas, il y a de fortes probabilités pour que ton voisin soit musicien, plasticien ou vidéaste. C’était un peu comme dans mes rêves : de nombreux musiciens passaient à la maison pour discuter et jammer. La vie communautaire était vraiment intense. » Ton nouvel album s’intitule ‘Fanfare’. C’est aussi le nom de la plage d’ouverture. Si cette chanson donne son titre à l’album, c’est parce qu’elle est plus importante que les autres ? Jonathan: « Inconsciemment, elle occupe sans doute une place un peu particulière. ‘Fanfare’ ouvre le bal et installe l’atmosphère du disque. C’est une déclaration d’intention. J’ai l’impression que ce morceau était la porte d’entrée idéale pour l’album. Si on n’accroche pas à ce titre, il est peu probable qu’on éprouve du plaisir à l’écoute des autres chansons. Après, le mot ‘Fanfare’ me plaisait pour diverses raisons. Une fanfare, c’est une célébration des sons. Ça évoque un défilé à la fois désuet et totalement excitant. Je pense que c’est un mot qui colle bien au disque. » Peut-on voir la pochette comme une référence à « La Création d’Adam » de Michel-Ange ? Jonathan: « Bien sûr. Je vois cette pochette comme une sorte de manifeste sur la création. Dans mon esprit, il n’est pas vraiment question de religion. L’illustration touche davantage à la question musicale où, le plus souvent, je crée par tâtonnement, par petites touches, en expérimentant sur des sons et des idées. Et puis, tout à coup, j’effleure une chanson du bout des doigts avant de lui donner sa forme définitive. C’est un processus un peu abstrait et assez transcendantal. » Il paraît que tu voulais absolument un piano Steinway au cœur des orchestrations du nouvel album. D’où vient cette fixette ? Jonathan: « Je voulais surtout apporter du changement dans mon univers, éviter de reproduire les schémas de mes précédents essais où la guitare occupait une place centrale. Ma façon d’appréhender la musique varie vraiment en
fonction des instruments utilisés. J’avais envie de sortir de mes habitudes, de me risquer derrière un piano. Le Steinway est une force motrice dans la plupart de grands orchestres. Je trouvais ça très inspirant. Et puis, ça m’a permis de sortir de ma zone de confort et de réfléchir mes chansons sous un angle totalement différent. » Quand on se penche sur le casting de ton nouvel album, c’est encore mieux qu’une superproduction hollywoodienne. Graham Nash, David Crosby, Jackson Browne, Josh Tillman (Father John Misty), Patrick Sansone (Wilco) ou Roy Harper sont, notamment, invités sur le disque. Ces collaborations étaient-elles prévues dès les premières sessions d’enregistrement ? Jonathan: « Tous les gens impliqués dans le disque sont d’abord des amis. Et certains sont aussi mes héros. Après avoir maquetté tous les morceaux, j’ai rassemblé mes idées et commencé à entrevoir la possibilité d’impliquer tous ces gens dans les chansons. Chaque collaborateur apporte une touche singulière au disque. Le plus fou dans cette histoire, c’est que personne n’a refusé mon invitation... David Crosby et Graham Nash sont venus chanter sur ‘Cecil Taylor’. Réunir ces deux légendes du rock sur une de mes compositions, c’est un truc qui dépasse toutes mes espérances. Pour moi, cette chanson, c’est un cadeau du ciel. » Pour écrire les chansons, tu as travaillé avec Roy Harper, figure culte du folk britannique. Joanna Newsom avait déjà sollicité ses services par le passé. Pourquoi se tourner vers lui pour ébaucher les nouveaux morceaux ? Jonathan: « Roy Harper n’est pas seulement un excellent musicien, c’est aussi un poète extraordinaire. Il excelle dans l’écriture. Ses paroles surclassent mes meilleurs textes. Notre collaboration repose sur un échange de bons compromis. J’ai accepté d’écrire de la musique pour lui et de produire son dernier album, ‘Man & Myth’. En échange, il a mis sa plume à ma disposition. C’était le deal parfait. » Il paraît que tu comptes justement enregistrer un hommage à l’œuvre de Roy Harper. C’est toujours d’actualité ce projet ? Jonathan: « Oui, tout à fait. Même si la sortie de mon disque retarde un peu les choses, j’y travaille activement. Le disque va s’intituler ‘What You Need Is What You Have. The Songs of Roy Harper’. C’est un album de reprises sur lequel plusieurs artistes vont intervenir. Là, j’ai déjà quelques chansons enregistrées avec les Black Crowes, Will Oldham (Bonnie ‘Prince’ Billy), Andy Cabic (Vetiver) ou Josh Tillman (Father John Misty). À l’origine, mon idée était de trouver des fans de Roy Harper et de leur demander d’interpréter leur chanson préférée de l’artiste. Le résultat est vraiment surprenant. Tout ça devrait voir le jour en 2014. » Un disque: ‘Fanfare’ (Bella Union/Pias) Suivez le guide : www.songsofjonathanwilson.com
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T e x t e : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g © s a r a h s a n g e r
Il est des soirs magiques qui donnent envie de retourner au concert dès le lendemain, la performance d’Emily Jane White dans le
cadre intime et chaleureux de l’Archiduc en fait définitivement partie. Songwriter hors pair, la musicienne californienne y présentait l’essentiel de son magnifique quatrième opus ‘Blood/Lines’, où les lignes de partage entre rock, folk et cabaret offrent une multitude de chansons à la fois sombres et réconfortantes. Vivement le printemps et le prochain passage de la belle en nos contrées.
(na )
Emily Jane White
‘Blood/Lines’ est ton quatrième album. Dans quelle mesure a-t-il été plus simple - ou plus compliqué - à réaliser ? Emily Jane White: « J’ai procédé différemment: j’ai écrit les chansons en studio et j’étais la seule personne impliquée dans la construction des morceaux. Généralement, je travaille avec trois musiciens, ils apportent chacun leur écot à des titres qui existent déjà. Pour mon nouveau disque, ça ne s’est pas passé de cette manière et tout le travail a été réalisé en studio. A vrai dire, ça m’a beaucoup plu. J’ai utilisé de nombreux synthétiseurs et instruments électroniques mais il y a également beaucoup de piano et d’orgue, plein d’instruments à clavier en somme. En plus de tout ça, j’ai pas mal expérimenté avec ma voix. »
On her own Ta voix me semble d’ailleurs avoir évolué dans un sens plus tragique… EJW: « Plus lourd peut-être ? » Le mot peut aussi prendre une connotation négative, non ? Je trouve plutôt que ta musique exprime aujourd’hui des sentiments plus profonds que sur tes trois premiers albums. Ca te choque si je trouve pas mal de points communs entre ton ‘Blood/Lines’ et le ‘Let England Shake’ de PJ Harvey ? EJW: « Oh, je trouve ça très bien. Quand je te parlais de sens plus lourd, ça n’avait aucun sous-entendu négatif. Pour moi, un son plus lourd veut simplement dire qu’il est plus riche et qu’il a davantage de profondeur. Donc, finalement, nous sommes sur la même longueur d’ondes (rires). » Tu es signée sur le label français Talitres depuis 2008, ce qui fait que tu as sorti tous tes disques chez eux et c’est assez rare dans le secteur des labels indépendants. Ne me dis pas que tu n’as jamais reçu d’offres d’autres labels. EJW: « En fait, après ‘Ode To Sentience’ en 2010, j’ai vraiment beaucoup tourné et j’ai éprouvé le besoin de faire une pause d’un an. Puis, je me suis mise à enregistrer le nouvel album, tout le processus d’enregistrement et de mixage a pris une autre année. En fin de compte, j’avais tellement bossé de 2008 à 2010, chaque année je sortais un nouveau disque, que j’avais vraiment besoin de faire ce break dans ma carrière; sans parler de l’opération que j’ai subie entretemps qui concernait mon équilibre général et affectait ma voix. Je devais le faire et finalement, j’ai été un long moment sans faire de musique. » Te souviens-tu du premier jour après l’opération où tu es retournée en studio ? EJW: « Je me suis sentie super bien, j’avais une énorme envie de créer de nouvelles choses, toute seule comme une grande, alors que sur les deux disques précédents, ça avait plutôt été un truc collaboratif. Au moment d’entrer en studio, j’avais même l’intention de tout faire par moi-même et puis finalement, j’ai pensé à Shawn Alpay, il m’accompagnait d’ailleurs ce soir, pour qu’il vienne faire les arrangements de cordes et en fin de compte, c’est lui qui s’est aussi occupé du son. » Tu étais jusqu’ici plutôt cataloguée comme une chanteuse folk, ‘Blood/Lines’ doit représenter un sacré tournant dans ton parcours.
EJW: « Je crois bien. J’ai toujours aimé jouer de la guitare acoustique, même si mon rapport à l’instrument est limité. Je sentais que je devais passer à autre chose si je voulais progresser artistiquement. J’aime me considérer comme une singer songwriter et j’aime aborder différents styles dans ma musique, du rock à la musique de chambre en passant par des titres en solo au piano ou à la guitare acoustique. » Après le concert, tu as annoncé que tu reviendrais en Belgique au printemps prochain. EJW: « Oui, je serai de retour l’an prochain avec mon groupe, il y aura cette fois un batteur en plus de Shawn et nous jouerons les morceaux plus dans le style de l’album. » Nous évoquions PJ Harvey tout à l’heure. Penses-tu avoir un jour besoin d’un John Parish ? EJW: « Oh, j’aimerais tant en avoir un (rires). Elle a beaucoup de chance de pouvoir collaborer avec quelqu’un comme lui depuis si longtemps. De mon côté, je préfère varier les collaborations, faut croire. J’ai l’impression que je peux faire tellement de choses par moi-même, même si mes musiciens sont tous super, là n’est pas la question. » A l’instar d’une Shannon Wright, tu es finalement plus populaire en Europe qu’aux Etats-Unis. EJW: « Quand j’ai enregistré mon premier album ‘Dark Undercoat’, j’ai tout de suite eu pas mal de succès et de propositions en Europe et je n’ai dès lors pas fait grandchose aux Etats-Unis. Tu sais, ce sont deux mondes tellement différents mais je continue de vivre à San Francisco Bay. Et quand je suis en Europe, j’ai pas mal d’amis sur qui compter. »
Emily Jane White ’Blood / Lines’ Talitres/V2
Facilitons la tâche du département promo du label, et suggérons-lui en sticker d’accroche sur le quatrième album d’Emily Jane White la mention Attention grand disque. Car, nom d’une Shannon Wright - marche aussi en mode Cat Power - que ce ‘Blood / Lines’ est à tomber par terre. Œuvre d’une artiste qui sait ce qu’elle veut, tout en conservant une formidable touche personnelle, le disque intègre d’un naturel désarmant une série d’éléments aboutis et détonants. Des restes de folk music montrent que l’artiste américaine sait d’où elle vient, un soupçon de culure cabaret apporte une touche tragique et théâtrale (et qui donne au magnifique ‘My Beloved’ toute sa poignante grâce et son dynamisme katebushien) et surtout, chaque chanson apporte son écot à la pyramide de frissons qui nous parcourent une quarantaine de minutes durant. Car œuvre d’une créatrice au sens premier du terme, l’œuvre de la jeune trentenaire californienne s’imprègne des grands noms passés et présents, ils ont déjà été mentionnés et on peut y ajouter sans rougir PJ Harvey, tout en conservant un cachet sonore parfaitement identifiable. Ajoutez-y le splendide timbre sombre d’Emily Jane White, hors de toute coquetterie gothique pour éleveurs de merles, elle démontre à profusion qu’il existe une vie après la folk. (fv)
1. Jon Hopkins ‘Immunity’ (Domino) Producteur méticuleux, DJ talentueux, Jon Hopkins malaxe la matière électronique depuis plus de dix ans. Avec ses rythmes minimalistes et ses ambiances mécaniques, ‘Immunity’projette ses beats techno sur le dancefloor pour mieux les laisser rebondir au cœur de la nuit. On déambule alors en plein rêve. Le plus beau de l’année. 2. Nick Cave ‘Push The Sky Away’ (Mute) 3. Cave ‘Threace’ (Drag City) 4. Orval Carlos Sibelius ‘Super Forma’ (Clapping Music) 5. Valerie June ‘Pushing Against A Stone’ (Sunday Best) 6. Earl Sweatheart ‘Doris’ (Odd Future) 7. Bertrand Belin ‘Parcs’ (Cinq7) 8. The Poets of Rhythm ‘Anthology 1992-2003’ (Daptone Records) 9. Tamikrest ‘Chatma’ (Glitter Beat) 10. The Flaming Lips‘The Terror’ (Bella Union)
(ab ) 1. Kirin J Callinan ‘Embracism’ (Terrible Records) Provocation, inconscience, prétention ou goguenardise ? Les raisons de porter ‘Embracism’ aux nues font échos aux forces à l’œuvre dans ce premier album frondeur et exhibi. Entre crasses et paillettes, l’esprit résolument punk, Kirin J Callinan balaye cohérence et bon goût et miracle - nous fait croire un instant que rien ne sera plus comme avant. Table rase. 2. Dan Le Sac vs. Scroobius Pip ‘Repent, Replenish, Repeat’ (Sunday Best) 3. Unknown Mortal Orchestra ‘II’ (Jagjaguwar) 4. FIDLAR ‘FIDLAR’ (Mom+Pop Music) 5. The Leisure Society ‘Alone Aboard The Ark’ (Full Time Hobby) 6. Ex aequo : Man Man ‘On Oni Pond’ (Anti-) / Darkside ‘Psychic’ (Matador) 7. Roza Parks ‘Eleven Is Nine’ (Poor Rabbits Records) 8. The Baptist Generals ‘Jackleg Devotional To The Heart’ (Sub Pop) 9. The Phoenix Foundation ‘Fandango’ (Memphis Industries) 10. Queens Of The Stone Age ‘...Like Clockwork’ (Matador)
(Dark Chips ) 1. King Krule ‘6 Feet Beneath The Moon’ (True Panther Sounds) Avec mille fois plus de testostérone que Jeff Buckley n’aurait pu en avoir, loin de la voix de chatte en rut d’un Morrissey, King Krule déverse ses poèmes avec le flegme d’un Ian Curtis, la sincérité d’une Amy Winehouse et la rage d’une hyène. 2. 3.
Architectural, ‘Blue Album’ (PoleGroup Recordings) Rocketnumbernine ‘MeYouWeYOU’ (Champion Version)
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top 10 2013
Cette année encore, la dix-neuvième, la rédaction de RifRaf a eu l’outrecuidance d’écouter des disques et de les passer à la moulinette d’un double critère inacceptable : la qualité et le goût. Une fois n’est pas coutume, nombre d’albums sortent du lot et s’adjugent les faveurs de l’équipe. 4. Pierre Deutschmann ‘Betroit’ (BluFin) 5. Q’ Hey ‘Core’ (Torque) 6. Jon Hopkins ‘Immunity’ (Domino) 7. The Flaming Lips ‘The Terror’ (Bella Union) 8. Subjected ‘Zero’ (Vault) 9. Factory Floor ‘Factory Floor’ (DFA) 10. Daniel Avery ‘Drone Logic’ (Phantasy)
paisibles de ‘Parcs’ réside un ami toujours en marche qui traduit comme personne ce que nous contemplons avant de plonger, avant la dernière danse. 2. Low ‘The Invisible Way’ (Sub Pop) 3. Bill Callahan ‘Dream River’ ( Drag City) 4. Matthew E. White ‘Big Inner : Outer Face Edition’ (Domino) 5. Son Lux ‘Lanterns’ (Anticon) 6. Orval Carlos Sibelius ‘Super Forma’ (Clapping Music) 7. Jacco Gardner ‘Cabinet Of Curiosities’ (Excelsior Recordings) 8. Reveille ‘Broken Machines’ (Clapping Music) 9. Laura Veirs ‘Warp & Weft’ (Bella Union) 10. Phosphorescent ‘Muchacho’ (Dead Oceans)
(fd ) 1. Mendelson ‘Mendelson’ (Ici d’Ailleurs) Mendelson s’avance parmi les gisants et accouche d’un triple album colossal. Parce que s’y joue l’expérience d’une oeuvre au contact sublime de l’effroi. Construire un usage du monde qui nous entoure, affronter le caractère insoutenable de la vérité. Un truc inouï. Le rock français est debout, nous aussi!
(et )
2. Bertrand Belin ‘Parcs’ (Cinq 7) 3. Orval Carlos Sibelius ‘Super Forma’ (Clapping Music) 4. Matthew E. White ‘Big Inner : Outer Face Edition’ (Domino) 5. Suuns ‘Images du Futur’ (Secretly Canadian) 6. Wilfried* ‘Matrice’ (Clapping Music) 7. King Krule ‘6 Feet Beneath The Moon’ (True Panther Sounds) 8. Anne-James Chaton/Andy Moor ‘Transfer’ (Unsounds) 9. Son Lux ‘Lanterns’ (Anticon) 10. Iceage ‘You’re nothing’ (Matador)
10 épiphanies musicales rétives à leur ordonnancement :
(pf ) 1. Nine Inch Nails ‘Hesitation Marks’ (Null Corporation) Près de vingt ans après la sortie du mythique ‘The downward spiral’ qui a fait de lui une légende, Trent Reznor nous revient avec un nouveau chef d’oeuvre. Si en vieillissant l’homme a délaissé le vacarme au profit d’effets plus minimalistes, il n’a rien perdu de son acuité et ne s’est pas non plus libéré de ses tourments qu’il exprime désormais de façon plus impressionniste. Aussi pardoxal cela puisse-t-il sembler, cela rend sa musique encore plus puissante, plus inquiétante, plus obsédante. Dangereusement addictif. 2. John Fox And The Maths ‘Evidence’ (Metamatic Records) 3. Iceage ‘You’re nothing’ (Matador) 4. Motorpsycho ‘Still life with eggplant’ (Stickman Records) 5. Adult ‘The way things fall apart’ (Ghostly International) 6. PVT ‘Homosapien’ (Felte) 7. Eels ‘Wonderful, glorious’ (E Works) 8. Earthless ‘From the ages’ (Tee Pee Records) 9. Ascetic ‘Self Initiation’ (Golden Antenna) 10. Depeche Mode ‘Delta Machina’ (Mute)
(lg ) 1. Orval Carlos Sibelius ‘Super Forma’ (Clapping Music) 1’. Wilfried* ‘Matrice’ (Clapping Music) L’année 2013 est aussi celle de Clapping Music, micro label parisien dénicheur de talents depuis presque quinze ans. Un peu avant l’été,
on (re)découvrait Orval Carlos Sibelius dont ‘Super Forma’reste le plus grand rollercoaster psyché/surf/world/sixties entendu depuis des lustres. Aujourd’hui, c’est avec l’immense Wilfried*, une sorte de Katerine dansant le krautrock, qu’on s’apprête à passer l’hiver. Il peut durer. 3. William Onyeabor ‘Who Is William Onyeabor ?’ (Luaka Bop) 4. Foxygen ‘We Are the 21st Century Ambas- sadors of Peace & Magic’ (Jagjaguwar) 5. Crocodiles ‘Crimes Of Passion’ (Zoo Music) 6. Veence Hanao ‘Loweina Laurae’ (Autoproduction) 7. Villagers ‘Awayland’ (Domino) 8. Mendelson ‘Mendelson’ (Ici d’Ailleurs) 9. Earl Sweatshirt ‘Doris’ (Sony) 10. Arcade Fire ‘The Reflektors’ (Barclay)
(gle ) 1. Mendelson ‘Mendelson’ (Ici D’Ailleurs) Un triple album, mais un monstre à plusieurs têtes. Un disque dont le temps est un enjeu. Pas seulement parce que les chansons y sortent des formats habituels, mais parce que ce disque se confronte au temps, à la durée. Il n’entend pas poser de lapins à l’avenir de la chanson française. Il y est question de violence, de médiocrité, de dégoût, de souffle court, de
résistance à l’effacement. La coquetterie de la laideur ? On y a surtout vu beaucoup de bienveillance et énormément de panache. 2. Orval Carlos Sibelius ‘Super Forma’ (Clapping Music) 3. Bertrand Belin ‘Parcs’ (Cinq7) 4. Alec K. Redfearn And The Eyesores ‘Sister Death’ (Cuneiform Records) 5. Primal Scream ‘More Light’ (First International) 6. Arch Woodman ‘Arch Woodman’ (Platinum Records) 7. Colin Stetson ‘New History Warfare Vol. 3: To See More Light’ (Constellation) 8. Cass McCombs ‘Big Wheel And Others’ (Domino) 9. Peter Von Poehl ‘Big Issues Printed Small’ (PVP) 10. Jean-Louis Murat ‘Toboggan’ (Pias)
(alr ) 1. Bertrand Belin ‘Parcs’ (Cinq 7) Après ‘Hypernuit’ à la verticalité chancelante, Belin n’a de cesse, paré d’un phrasé à l’élégance folle comme seule cuirasse, que de réinjecter dans le western urbain autant de plans-séquences métaphysiques que de glissements, goûtant le doute et le frôlement au même verre. Dans les allées faussement
Les appareillages de Sontag Shogun au Vecteur à Charleroi Le retour de James Chance et ses Contorsions, live au Magasin 4 Le disque de Colin Steston : ‘New History Warfare Vol 3’ L’interprétation magistrale du ‘Ballet Mécanique’ de Georges Antheil par l’Ensemble Ictus à Ars Musica La physicalité du jeu du contrebassiste Guillaume Viltard vu et entendu au Café Oto à Londres La découverte du pianiste Veryan Weston Les comptines boréales d’Olafur Arnalds L’avènement de Chelsea Light Moving L’attaque du piano par Esbjörn Svensson Les tentatives monosyllabiques de Marius Fraipont dans le salon de Fontin
(fv ) 1. Pantha du Prince & The Bell Laboratory ‘Elements Of Light’ (Rough Trade) 1’. Charlemagne Palestine + Z’ev ‘Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear’ (Sub Rosa) 2013, année de la cloche ? Oui, mon adjudant! Le très inusité instrument nous a valu deux disques hors de tout contrôle formaté. A ma gauche, l’incroyable fusion entre techno et carillon du producteur allemand Pantha du Prince, à ma droite le duo américain vétéran Charlemagne Palestine / Z’ev nous propose entre expressionnisme bluffant et introspection élégiaque un ovni qui balance une sacrée claque entre fées clochettes et percussions sublimées. 3. Sylvain Chauveau ‘Kogetsudai’ (Brocoli) 4. Chris Watson ‘In St Cuthbert’s Time’ (Touch) 5. Atom™ ‘HD’ (Raster-Noton) 6. Shannon Wright ‘In Film Sound’ (Vicious Circle) 7. Maze ‘(Amsterdam) Memory Space’ (Unsounds) 8. Bachar Mar-Khalifé ‘Who’s Gonna Get The Ball From Behind’ (InFiné) 9. Fire! Orchestra ‘Exit!’ (Rune Grammofon) 10. Marsen Jules Trio ‘Présence Acousmatique’ (Oktaf)
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Apocalyptica & The MDR Symphony Orchestra’
Dan Le Sac vs. Scroobius Pip
‘Wagner Reloaded. Live In Leipzig’
‘Repent Replenish Repeat’
BMG/Pias
Sunday Best/Pias
Apocalyptica s’est fait connaître en faisant des reprises instrumentales particulièrement baroques de Metallica au violoncelle. 2013 marquant le 200ème anniversaire de la naissance de Richard Wagner, nos amis ne pouvaient évidemment qu’être tentés de rendre un hommage au grand homme. S’associant à Gregor Syffert, danseur et chorégraphe primé à moult reprises, ils ont mis en scène un spectacle énorme, entre danse et théâtre. On ne peut rien vous dire au sujet de l’aspect visuel de la chose vu que cette sortie ne comporte qu’un CD, mais pour ce qui est de la musique, les amateurs de grandiose sous toutes ses formes ne seront nullement déçus. Reprenant des compositions - exclusivement instrumentales - écrites par le groupe en vue de célébrer la vie et l’œuvre de Wagner, cet ensemble déborde de virtuosité avec, au programme, envolées de cordes lyriques et passages métal épiques. Entre opéra, métal, musique classique et BO d’une superproduction hollywoodienne entre ‘Ben Hur’ et ‘Le seigneur des anneaux’, Apocalyptica fait montre d’une œuvre singulière et originale. Il faut aimer, ceci dit. (pf)
Arcade Fire ‘Reflektor’ Sonovox/EMI
Renippé de pied en cape par James Murphy, brillant de mille feux d’argent dans son uniforme disco, Arcade Fire a fait peau neuve. A l’heure où ces lignes sortiront de presse, personne n’aura échappé à ‘Reflektor’, double album Barnum, gigantesque machine rutilante frottée dans les moindres détails. Aussi bien huilée soit-elle, après quatre excellents morceaux, la Bête laisse entrevoir son mécanisme. Sous le velours apparent tournent des chenilles de plomb : craquent les arbres, ploie la terre, Arcade Fire est parti pour tout conquérir dans la grandiloquence la plus décomplexée. Debout dans leur écoutille, drapeau à la main, les Canadiens en remontrent à tous leurs frères d’arme, de Vampire Weekend à Flaming Lips, usant de munitions au calibre similaire, histoire de rappeler qui est le chef. Et qu’importe, après l’ivresse première, si la quantité prime sur la qualité : l’important n’est pas d’être le plus fort, mais d’en donner l’apparence. Monumental mausolée dédié à leur propre gloire, ‘Reflektor’ jette une ombre démesurée sur les alentours. (ab)
Ayo ‘Ticket To The World’ Mercur y Music/Universal
Elle était agenouillée, à quémander notre attention et à le supplier, lui dont on ne savait rien, de revenir. On lui avait prêté l’oreille, sans trop avoir le choix, et elle n’était pas dérangeante : elle avait de quoi passer les frontières et peut-être un peu plus de combativité. Après, on l’avait oubliée, comme on avait effacé toutes les autres, ces filles d’ailleurs qui font du folk et du blues leur passeport pour une vie meilleure ou un vecteur de leur furieuse envie de ‘Justice’. On ne fera sans doute pas, cette fois encore, d’Ayo la compagne de ces moments où le courage nous manque, quand toute son énergie est canalisée dans son combat contre les injustices du monde qu’elle espère tempérer de son amour. On ne lui en voudra guère d’essayer sans vraiment convaincre malgré ses moyens dopés au hip hop social, peut-être plus de s’armer l’air de rien de la radieuse rengaine ‘I Wonder’ de Sixto Rodriguez pour appuyer sa gentille croisade. (alr)
Nat Baldwin ‘Dome Branches : The MVP Demos’ Western Vinyl
Pour les heureux qui connaissent déjà Nat Baldwin, ‘The MVP Demos’ est l’occasion de re-
La gouaille cockney des Streets, la sophistication minimaliste de Mike Ladd, la groovitude posée de MC900Ft Jesus ; David Meads, aka Scroobius Pip, avait pris l’Angleterre par surprise avec ‘Thou Shalt Always Kill’, cocktail molotov concocté avec son comparse Dan Le Sac aux potars. Et, accessoirement, il redonnait au hip-hop tout son potentiel affolant. D’une cohérence redoutable - qui manque aux précédents albums - les neuf bombes crépusculaires de ‘Repent Replenish Repeat’ sont autant de coups de poing à l’estomac. De ceux qui réveillent. De ceux qui coupent le souffle. De ceux qui ouvrent l’esprit. Quel que soit le sujet, personnel, politique ou pure fantaisie, les vers de Meads martèlent, rebondissent et tranchent la langue de Shakespeare avec une assurance verbale électrisante. Un sens de la formule et de la concision idéal pour asséner quelques vérités douloureuses, sur ‘Stiff Upper Lip’, attaque en règle de notre slacktivism quotidien, (« A re-tweet is a retreat ») et ‘Gold Teeth’, hilarant uppercut à la vacuité bling-bling du milieu hip-hop. Un flow taillé pour la rage et le déversement d’une bile à nulle autre pareille (‘You Will See Me’, break-up song génocidaire écrit par Lex Luthor au sommet de sa colère). Une plume trempée dans le cœur palpitant d’une culture unique qui atteint son apogée sur ‘The Porter’, fascinant hommage aux ‘Filles Perdues’ d’Alan Moore, morceau-univers qui téléporte la poésie urbaine vers d’autres stratosphères. Œuvre dévastatrice d’artistes en pleine possession de leurs moyens, ‘Repent Replenish Repeat’ est de ces rares albums qui donnent l’impression de pouvoir traverser les murs et recracher les briques sur les indigents. (ab)
plonger dans le passé de cet apprenti basketteur devenu musicien d’avantgarde sous la tutelle d’Anthony Braxton. Entre 2005 et 2006, il enregistre une poignée de chansons sidérantes, qui seront trois ans plus tard remodelées sous parrainage de Chris Taylor pour donner naissance à son premier album « accessible », ‘Most Valuable Player’. Cette session de travail, la voici, et gageons qu’elle est une excellente porte d’entrée sur l’univers du bonhomme. Contrebassiste des Dirty Projectors, Nat Baldwin entretient avec son instrument une complicité symbiotique qui entraîne cordes et voix vers des vertiges mélodiques dont l’apparente simplicité n’est qu’un leurre. Accompagnés en nuance d’une batterie, d’une clarinette, d’un violon, de clappements de mains ou d’une guitare (celle de son comparse David Longstreth, en improvisation), Baldwin et sa contrebasse restent au cœur du processus : sur l’architecture répétitive de ses legati, le musicien module son timbre vocal selon la technique du mélisme, évoquant Sandro Perri en mode free, bousculant nos conventions d’auditeurs d’une quasi inversion des rôles entre chant et instrument. La liberté primale, instinctive, qui naît de ces compositions pop aux frontières de l’expérimentation jazzy, frôle parfois l’irritation, mais c’est pour mieux basculer la seconde d’après dans le sublime. Et vous déchirer le cœur en mille morceaux. (ab)
Barb Wire Dolls ‘Slit’ Wolverine Records
Les amplis de Barb Wire Dolls ont longtemps grésillé en Crète. C’est là, bien à l’ombre du soleil, que le groupe a appris à tendre le majeur en direction des touristes et des logiques capitalistes qui rongent les jolies parcelles de plage. Passé de l’île grecque à la Californie, le trio a trouvé un auditoire enclin à écouter ses morceaux décapés au chalumeau électrique. Produit - façon de parler - par Steve Albini (Nirvana, Pixies, PJ Harvey) entre sa pause Bi-Fi et une tournée avec Shellac au Primavera, ce premier album de Barb Wire Dolls met à l’honneur Isis Queen, une furie peroxydée qui déchire sa voix sur chaque chanson. Sans exception. En comparaison, les cris de Courtney Love ont la puissance d’un pet de mouche. Héritier d’un je-m’enfoutisme punk et d’une féminité montée sur les ressorts du mouvement riot grrrl (L7, Bikini Kill, Bratmobile), Barb Wire Dolls catapulte onze brûlots mal dégrossis, mais plutôt réussis. (na)
Best Coast ‘Fade Away’ Jewel Cit y/Pias
Le soleil, les mélodies sixties, l’énergie garage, les plages de sable fin : Best Coast pendouille dans nos souvenirs comme une photo de vacances abandonnée sur le mur des toilettes. On se rend au petit coin et, machinalement, on mate cette image décolorée. On se remémore les bons moments, la magie de l’instant. On rêve d’y retourner mais, rapidement, la réalité nous rattrape : il faut tirer la chasse. L’été 2010 et les refrains jouissifs de l’album ‘Crazy For You’ semblent aujourd’hui bien loin. Après un coup dans l’eau (‘The Only Place’ en 2012), Bethany Cosentino nous ressert une formule éprouvée, simule l’insouciance et allonge un sourire de circonstance. Mini album bouclé en sept chansons, ‘Fade Away’ fait illusion le temps d’une belle entrée en matière (‘This Lonely Morning’) et s’étale ensuite de tout son long. Loin du cœur et des bords de mer. (na)
Black Devil Disco Club ’Black Woon White Sun’ Lo Recordings
Amis de l’italo disco, bonsoir, Black Devil (allongé du patronyme Disco Club dans son cru 2013) est de retour, le septième du nom. Toujours adepte des keyboards qui remuent du calebut, Bernard Fèvre (de son vrai blaze) convoque InFiné les souvenirs des eighties du côté de Poni Hoax, voire de Raoul Sinier. Même s’il n’atteint pas le degré de franchise moderne du second, le producteur parisien peut toutefois dégommer la totalité de l’état civil du genre, actif qu’il est depuis 1978 et son mythique ‘Disco Cub’, influence majeure d’une électro pop qu’on n’appelait pas encore French Touch - et qui en jette toujours trente-cinq ans plus tard. Dans sa nouvelle tentative, deux ans après un ‘Circus’ où les mêmes jongleries étaient au programme, BDDC enchaîne les cumulets à paillettes, débride la 2CV vert pomme et remet de la boule à facettes dans les programmes d’Antenne 2 de fin de soirée. Ca impressionne les mirettes du néo-cinquantenaire qui collectionne les génériques vintage sur Dailymotion comme d’autres ont dansé un jour sur Marc Cerronne - et ça laissera de marbre les allergiques aux piqouzes de rappel late seventies. Là-dessus, un suppo et au lit. (fv)
Blitzen Trapper ‘VII’ Vagrant/Lojinx
Héritiers de la country, les Blitzen Trapper ont accommodé le genre à toutes les sauces sur
leurs six premiers albums, dont le très bon ‘Furr’ en 2008 chez Subpop. ‘VII’ joue cette fois la carte du polissage et de l’évolution. Nos trappeurs suivent les rails de la ‘chemical country’ d’Alabama 3, avec un sérieux train de retard et sans l’originalité roublarde des Londoniens. Eric Early, que l’on sait capable de nous faire vibrer, n’est ici ni convaincant, ni émouvant. Tout y sonne froid et désincarné, passé au crible des ondes hertziennes, à l’exception d’ ‘Oregon Geography’, malheureusement terni de salissures sepia et synthétiques, transformant le morceau en statue de cire dopée au silicium. Déjà ringards, les wagons se traînent, poussifs, faute d’une inertie suffisante : au lieu d’une loco, les Blitzen Trapper y ont accroché une BMW. On en a condamné au goudron et aux plumes pour moins que ça. (ab)
F.S. Blumm ‘Up Up And Astray’ Pingipung/Dense
Cela fait plus de quinze ans que Frank Schültge compose de fugaces gravures acoustiques, poursuivant son petit bonhomme de chemin en dehors des cénacles proverbiaux. Accueilli par des labels allemands comme Staubgold, Tomlab ou Morr Music, il s’invite ici sur le label Pingipung de Hambourg. S’aidant principalement de sa guitare, il y a adjoint au fil du temps des expédients dont une boîte de biscuits en fer blanc qu’il lui sert de caisse de résonance. Cet album, son huitième, le voit pousser la chansonnette sur deux morceaux mais ce n’est de toute évidence pas là son fort. A de trop rares moments, l’une ou l’autre chanteuse invitée prend le relais et les chansons s’en trouvent régénérées. L’influence de David Grubbs est patente, parfois criarde. On ne s’étonnera dès lors pas de voir que les deux collaborèrent il y a quelques années d’ici le temps d’un single. Aujourd’hui, il lui arrive d’épauler Nils Frahm dans ses recherches, un signe qui ne trompe pas. (et)
Abelardo Carbono ‘El Maravilloso Mundo de Abelardo Carbono’ Vampisoul
Mais que fait la police ? Pour balayer les clichés du flic moustachu et ventru, on déboule dans le monde merveilleux d’Abelardo Carbono, policier colombien retraité depuis quelques années... C’est qu’à l’aube des sixties, ce bon Carbono n’a pas trouvé meilleur boulot qu’un job de fortune au sein des forces de l’ordre. Coincé au feu rouge pendant 20 ans, le mec colle des procès contre son gré et assure la circulation les bras croisés. À 35 ans passés, il se décide finalement à balancer le képi. Abelardo veut vivre de sa passion. Il décide alors de monter un groupe avec ses frangins, Jafeth et Abel Carbono. En trio, les Colombiens vont étrier la grande sono mondiale et enfiler des perles psychédéliques sur une musique en mouvement entre les continents. Pop, afro-beat, tropicalisme et rythmes des Caraïbes s’agitent au cœur de des chansons d’Abelardo Carbono. Sous le soleil, le groove pulse comme un Carioca en pleine montée sur une rumba congolaise. Rassemblés pour la postérité sur l’album ‘El Maravilloso Mundo de Abelardo Carbono’, les meilleurs morceaux du justicier masqué se dévoilent enfin au grand jour. L’hiver sera chaud. (na)
CFCF ‘Outside’ Dummy/Paper Bag Records
Mike Silver est sans doute l’un des plus beaux trésors cachés de la scène électronique contemporaine. Sous le nom de CFCF, il avait sorti un premier album admirable (‘Continent’),
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lui-même suivi de plusieurs EPs aux textures et atmosphères prenantes. ‘Outside’ reste fidèle à la démarche qui a été celle de CFCF jusqu’ici, à savoir qu’il nous convie à une sorte de voyage initiatique à la fois intriguant et fascinant. Maître dans l’art de tisser des ambiances intenses et souvent cinématographiques, il génère des compositions éthérées et vaporeuses, quasi célestes, tout en ne sacrifiant pas à l’abstraction pure, puisque les compositions affichent un degré d’accessibilité quasi pop, notamment sur ‘This breath’. Pour la première fois aussi, Silver met en avant sa voix ou plutôt un murmure lointain, ce qui ajoute une dimension supplémentaire, notamment sur la très belle reprise de Bonny « Prince » Billy ‘Strange form of life’. Très introspectif, l’album explore des sonorités différentes, entre la majesté de ‘Find’, les arpèges sublimes de ‘Beyond light’, le côté plus expérimental et un rien spectral de ‘Walking in the dust’ et l’intensité tribale de ‘Jump out of the train’ qui n’est pas sans rappeler certains travaux de Peter Gabriel au début des années 80. Excellent ! (pf)
Charles-Eric Charrier ’C 6 GIG ’ Monot ype
Qu’il soit transformé en MAN ou Oldman, qu’il collabore avec une foule d’artistes à l’intérêt conséquent (Rob Mazurek, Jérôme Paressant, Rhys Chatham), Charles-Eric Charrier déçoit rarement l’auditeur un tant soit peu curieux et exigeant. Aujourd’hui dans une version solitaire sous son vrai patronyme, l’artiste français oublie les vieux restes de blues que nous avions fichtrement goûtés en leur temps, pour se consacrer à une quasi non-musique d’un minimalisme qu’on oserait presque qualifier d’absolu. Tout au plus, on entend au long des 46 minutes de l’unique plage des échos épars et isolés d’une électronique basse fréquence, de percussions fantomatiques ou de cordes graves, c’est tellement étrange qu’on se pose la question de l’instrument à plus d’une reprise. La démarche, jamais hésitante, inclut aussi un souvenir expiatoire de folk music alla jazz, mais les étiquettes n’ont aucune importance. Car, tel l’aventurier en solitaire traversant les océans sur une coque de noix à la relative solidité, l’intérêt réside dans l’expérience pour elle seule. (fv)
Chase And Status ‘Brand New Machine’ Virgin
On feint l’indolence et l’on esquive les coups. On louvoie, les doigts dans les mêmes poches trouées, à la recherche de quoi ? On gonfle les joues, on montre les crocs ; bombez le torse, bombez ! On bigbeat, on ragamuffe, on gangsta-rap, on pousse sur les boutons qu’il fallait pas. On plonge le pied dans le caniveau, le nez dans les étoiles. On voudrait, juste un instant, leur ressembler. On s’applique, on persévère. On twiste, on pitche, on reverbe. Gros son, gros son, redis-moi ton nom. On décalque la formule, scories incluses, bavures apparentes, du cambouis plein les doigts. On n’a pas l’oreille, on n’a pas le goût, alors à quoi bon suivre la recette ? Salement usée, la machine flambant neuve. Cloaca, peut-être ? (ab)
Lucrecia Dalt ’Syzygy’ Human Ear Music
Vous n’avez jamais osé imaginer l’excellente Juana Molina en version chanteuse electronica arty ? Rassurez-vous, Lucrecia Dalt a allègrement franchi le cap, entre ses deux villes de Barcelone et Berlin. Abrupte au départ, son approche recèle nombre de trésors, cachés voire enfouis sous un glacis élégant - certains diront branchouille - où les sous-couches ont été fer-
Darkside ‘Psychic’ Matador/Beggars
On entre dans ‘Psychic’ comme dans un cauchemar. Chaque pas arraché au précédent éloigne un peu plus la lumière au bout du couloir. L’air se raréfie, se plaît à manquer, se fait désirer. Apnée amoureuse d’un poumon, qu’elle étreint de ses bras glacés. Puis, au bout de cinq minutes étouffantes, des bulles d’air vous éclatent aux narines, la vie retrouve son chemin, tourbillon d’émotions que vous envient des spectres chantant. Commence alors la longue remontée, l’escapade, la renaissance, accompagné de ces voix blanches qui vous laisseront reprendre souffle au seuil d’autres errances : sur l’échine d’un étalon découpé dans la nuit, vous arpentez sans fin la même surface sphérique. Guides spirituels, Mark Knopfler et Jim Morrisson vous tracent la voie sous le scintillement d’étoiles bleues qui, une à une, s’éteignent. Rideau. Des pas frappent le pavé, des chants, des clochettes anonymes, silhouettes au profil de marteau que vous fuyez, futé. Bullitt Time, poursuite slo-mo, creuser la mélasse, s’échouer sur le sable. Mer de la tranquillité. Recueilli par des indigènes sélénites, sous vos yeux s’effondre leur civilisation : témoin privilégié, entre vos doigts, ils retournent poussière et s’en réjouissent. Lâchez prise, bouffées d’helium ! Laissez-moi les rejoindre. Hexafluorid, envolez-moi vers les fonds sans fin, embrassons les Mariannes, que j’y ferme les yeux. Encore un petit peu. Et si le retour est brusque, rarement voyage aura été plus palpitant pour les sens qu’en compagnie de Nicolas Jaar et Dave Harrington. Ils avaient fait de ‘Random Access Memories’ leur terrain de jeu électro-blues ; c’est maintenant l’univers entier qu’ils façonnent à leur image. Indispensable. (ab)
Amants Parallèles’ dessine les couleurs, pas forcément sépia, d’une rencontre entre un homme et une femme, suivie des différentes étapes de leur vie amoureuse. Sans commettre de spoiler, l’amour y est utilisé comme un matériau d’une effrayante banalité mais un matériau décliné avec une poésie, une subtilité et une justesse aussi brillantes qu’attachantes. Sentiments, ressentis, l’amour dans la durée, autant d’instantanés que Delerm capture sur sa pellicule intime. Ses Fragments Du Discours Amoureux à lui sont des chansons qui dépassent rarement les deux minutes trente. Et la musique dans tout ça ? Certainement pas réduite à faire de la figuration. L’intégralité des sons a été créée à partir de trois pianos, prétexte à de très beaux arrangements signés Clément Ducol, déjà aperçu aux côtés de Camille. Le chant de Vincent Delerm a également évolué, la voix qui trainait dans les graves n’abuse plus de cette nonchalance parfois agaçante. Mais au diable les clichés. Avec ses ellipses et ses parts d’ombre, ‘Les Amants Parallèles’ est surtout un très beau disque ample, épuré, à l’émotion subtile. (gle)
Deportivo ‘Domino’ tilisées d’un engrais estampillé Julie Tippett vs Chica & The Folder. Tout n’est cependant pas à prendre au pied de la lettre dans les propositions de l’artiste catalane. Sans doute plus généreuse qu’un bref aperçu pourrait laisser imaginer, elle retranscrit quelques belles notes d’émotion à la guitare sur l’instrumental ‘Soliloquios’, avant de sublimer une rêverie gracieuse et sensuelle que Laurie Anderson aurait aimé revendiquer. Et si tout n’est pas des plus simples sur le second opus de la demoiselle, à commencer par des titres à lire dans un miroir (!), nul doute qu’une certaine Emilie Simon pourrait y pêcher nombre d’idées sonores qu’on verrait en un futur arrière-plan. (fv)
Daniel Darc ‘Chapelle Sixteen’ Jive Epic/Sony
Dix mois après la disparition du plus doux prolo de la chanson française, on pénètre sur la pointe des pieds dans sa ‘Chapelle Sixteen’, dernière étape officielle d’une discographique bien fournie. Un album comme ça, c’est tout sauf un cadeau. Les morceaux sont là, mais Daniel Darc n’est plus. Alors, autant être honnête, on n’imagine pas un instant cracher sur cet objet posthume. Ce serait un peu comme pisser sur une sépulture. Tout le monde le sait : ça ne se fait pas. Au mieux, on peut venir ici pour se recueillir et écouter les derniers mots de l’artiste. Respectueusement achevé par le réalisateur et compositeur Laurent Marimbert, homme de l’ombre déjà aperçu aux bras d’étranges colombes (Jenifer, Nolwenn Leroy, Chimène Badi), l’album pose un constat définitif. Le Crève Cœur est toujours resté fidèle à ses obsessions : le rock, l’amour, la mort, la drogue, le paradis, l’enfer, la croix, Dieu, tout ça. Le titre du disque, déjà, sous-entend la dualité d’une personnalité unique. Son amour pour le rock’n’roll et sa passion pour le petit Jésus vibrent d’un bout à l’autre de cet essai livré avec un supplément d’âme de 14 démos à jamais inachevées. Sous les rosaces de ‘Chapelle Sixteen’, on retrouve Daniel Darc dans toute sa splendeur, toujours arc-bouté entre grandeur et décadence. On peut entendre le rockeur (‘Une Place au Paradis’), l’amoureux (‘La dernière fois’ et ses souvenirs sublimes), l’homme pieux et le junkie (‘Période Bleue’). Tous ces personnages appartiennent au seul et même fantôme. (na)
Da Silva ‘Villa Rosa’ Pias
On connaît des chanteurs qui toutes leurs vies courront après un mauvais disque de Da Siva.
Jéronimo nous aurait sorti un truc de la trempe de ‘Villa Rosa’, on aurait poussé des hosannas, entrevu la Vierge. Sauf que là, c’est vraiment un disque de Da Silva et que, pour avoir aimé quelques titres en bout de course de ‘La Distance’ - bilans existentiels et désenchantés au format pop, prompts à toucher tous ceux qui n’en ont pas encore vraiment fini avec leurs adolescences -, on reste sur sa soif, malgré les beats discos discount de ‘Gin Fizz’ et, en bouquet final, ceux, pompiers, de ‘Paris’. « On a tous raté un train dans sa vie » y chante-t-il. Vrai. Un disque aussi, d’ailleurs. (lg)
Dear Reader ‘We Followed Every Sound’ Cit y Slang/Konkurrent
Avec ‘Rivonia’, son troisième album sorti en juillet dernier, Cheri MacNeil contribuait au travail de mémoire de l’Afrique du Sud, conjuguant l’épique et l’intimiste, la grande fresque et les touches graciles. ‘We Followed Every Sound’, enregistré avec le German Film Orchestra (qui avait déjà œuvré avec...Rammstein!) sur la proposition de Radio Eins (station allemande) lui permet d’apporter un éclairage et une ampleur décuplée à ses morceaux-fleuves, et à quelques-uns issus de ses albums précédents (‘Man’, ‘Dearheart’, ‘Whale’,’Great White Bear’) qui s’intègrent bien à cette veine grandiloquente, proche de l’esprit totalement music hall qu’impliquent forcément des chœurs additionnels et la présence d’un orchestre symphonique au complet. À réserver en priorité à des soirées d’exception où vous voudriez projeter ‘Sarraounia’ ou ‘Out of Africa’ en dolby digital surround. (alr)
Vincent Delerm ‘Les Amants Parallèles’ Tôt Ou Tard/Pias
Il y a toujours eu du cinéma dans les chansons de Vincent Delerm. Dans ses images, dans ses rythmes. Une succession de plans fixes et de coupes qui autopsient le quotidien et viennent transcender la banalité d’une vie. Qu’il exaspère ou qu’il séduise, la lucidité de son regard et l’utilisation des références d’une génération ne dédaignant pas la mélancolie lui ont en tout cas permis d’installer dans la chanson française une forme de poésie autant personnelle qu’universelle. Cinquième chapitre de sa discographie, ‘Les Amants Parallèles’ est un album concept tout en maîtrise mais tout en audace, tout en dépouillement mais tout en foisonnement. Le pitch est le suivant : ‘Les
Titanic Records
En exergue, il faudrait citer Dominique A : « Et moi j’écoutais la musique / Par les grandes orgues amadoué ». Parce qu’on était loin de s’attendre à ça, loin d’être prêt à se laisser caresser dans le sens du poil par un groupe dont on avait toujours pensé qu’il s’était mis au rock français en 2004 davantage par opportunisme (sauter des nanas, boire des bières) que par conviction poétique, précisément parce que Noir Désir n’existait plus. Vus quelques fois de (trop) loin, c’est à cela qu’ils ressemblaient : des épouvantails. Mais aujourd’hui, dans le genre, il faut avouer que leur quatrième disque (le troisième avait été produit par Gaëtan Roussel) fait du bien. Urgent, frondeur, pas con du tout, vite emballé (la demi-heure, pas plus), plein de guitares qui dérouillent et, surtout, rempli de ces orgues jouissifs, donc (l’excellent titre éponyme, ‘En Ville’). Il faudrait l’envoyer à l’autre vieux con de Saez. Tiens, regarde, c’est ça un bon rockeur français en 2013. (lg)
Kevin Devine ‘Bubblegum & Bulldozer’ Big Scars Monsters/Ber tus
Ayant décidé d’avoir un contrôle total sur sa carrière, Kevin Devine a mis sur pied sa propre structure et récolté des fonds par lui-même, ce qui lui permet de sortir une impressionnante collection de 22 titres qu’il a divisée en deux sections distinctes en fonction de leur coloration musicale. De façon paradoxale, ‘Bubblegum’ est le versant le plus agressif de ce disque. Entouré d’un groupe, Kevin nous offre des compos power pop infusées de riffs rugueux renvoyant à la scène alternative 90s, Dinosaur Jr, Pixies et Guided By Voices en tête. Très convaincant, l’ensemble nous vaut des perles comme ‘Fiscal cliff’ ou ‘Nobel Prize’ qui affichent un son bien indie tout en ayant un quotient pop élevé, le tout entrelacé de quelques titres plus calmes comme ‘Red Bird’. Quant à ‘Bulldozer’, le versant plus apaisé de cet opus, il permet à notre homme d’explorer des voies plus acoustiques, renvoyant au travail de ses modèles (Neil Young, Springsteen, Elliot Smith). Ici aussi, la qualité est invariablement au rendez-vous, entre ballade empreinte de sensibilité (‘Now navigate’, ‘From here’), pop somptueuse (‘The worm in every’), le tout contrebalancé par l’une ou l’autre montée de larsens avec le punky ‘Now she sees me’. Un très bon disque ! (pf)
Earteam The Dismemberment Plan ‘Uncanney Valley’ Par tisan Records
Dans le jargon de la chronique musicale, The Dismemberment Plan est ce qu’on appelle « un groupe culte pop iconoclaste américain». Autrement dit une formation dont tout le monde se contrefiche. A l’exception peut-être de quelques étudiants en section Fine Arts sur les campus de l’Iowa ou du Kansas qui n’ont pas oublié que l’album ‘Emergency And I’ sorti en 1999 est l’un des rares disques à avoir obtenu un 10/10 sur Pitchfork. Une cote d’exception que le quatuor devait surtout à sa capacité à se jouer des étiquettes pour proposer une rafraichissante excentricité pop. Aérée par un groove et une rythmique dont la seule vocation était de démembrer toute velléité mélodique, mais surtout dévoyée par la verve et l’humour décalé du chanteur Travis Morrisson, cette musique à la synthétique très datée n’était par essence pas destinée à traverser les époques. Et après plus de dix ans d’une mise en sommeil que personne n’avait remarquée, ce come-back album filera donc plus facilement un coup de vieux qu’un coup de jeune. A quelques exceptions près comme ‘White Collar, White Trash’ et son dance-rock à la sauce aigre-douce ou encore de ‘Mexico City Christmas’ qui voit le groupe renouer avec sa virtuosité disco-punk. Et si cette chronique revêt tous les atours d’une nécrologie, c’est probablement aussi parce que les intéressés eux-mêmes ne donnent plus l’impression d’y croire encore. (gle)
Dr Dog ‘B-Room’ Anti-/Pias
Est-ce qu’un studio neuf fait un groupe nouveau ? C’est ce que semblent penser les membres de ce sextet de Westgrove (Pennsylvanie), pourtant déjà prêts à poser sur la platine leur huitième album. On avouera bien qu’ils étaient jusque là absents de tout radar et (peut-être) pour cause. Pas d’ambition démesurée, pas d’aspérités notoires, pas de volonté de casser les codes, des influences revendiquées lambda (The Band, The Beatles, The Zombies) voilà qui ne vous place guère dans la course à l’excitation. « The truth don’t stop, it makes you move », et on espère bien qu’elle pourrait sonner le réveil de gars qui, sans taquiner les sommets, sont tout de même capables de distiller des vocalises au peps enthousiasmant (‘Broken Heart’, immédiat comme un sundae), de trousser quelques morceaux (‘Minding The Usher’ ultra-séduisant dans ses harmonies bouclées) dont on ne serait pas honteux à San Francisco ou dans un de ces bouges du Sud où l’on « follow the distant light », le pied marquant le rythme dans la poussière. De quoi peut-être viser la ligue A, la prochaine fois. (alr)
Julien Dyne ‘December’ BBE Records/Pias
Cela s’ouvre sur du patinage deep-house, allez-venues feutrées, dérapages mouillés qui ouvrent la voie à ‘December’, ode aux jours froids sur choeurs de coussins. Acid-jazz à la précision pointilliste, la musique de Julien Dyne échappe aux embûches glacées d’une esthétique lounge, bien qu’elle lui emprunte ses atours. Son salut, elle le doit à la perfection des détails, mille petites épingles en effervescence qui dévient sans cesse de sa trajectoire la grosse boule pataude d’un genre propre sur lui. Il lui arrive bien de prendre un peu d’accélération dans l’une ou l’autre ornière balisée (‘Real Life’, ‘Tonight’) et il suffira d’un brin d’inattention chez l’auditeur pour que l’album perde de son charme irréel. Plutôt qu’un défaut, il faut y saluer une certaine vertu : ‘December’ conviendra autant à l’introspection qu’au tapissage sonore. Dans son genre, magicien volontiers cachottier, Dyne fait figure d’esthète. (ab)
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Matt Elliott
vantage de maîtrise, ils pourraient faire un fameux carton. (lg)
‘Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart’
Perera Elsewhere
Ici D’Ailleurs
La productivité de certains artistes fait parfois douter du temps qu’ils consacrent à leurs disques. Pas d’angoisse de ce genre avec Matt Elliott dont la petite carte postale annuelle, entre bouée de sauvetage et bouteille lancée à l’amer, conserve une réconfortante régularité dans la qualité. Après le très sombre ‘The Broken Man’, une lumière légèrement différente semble éclairer cette nouvelle livraison. C’est en tout cas ce dont son titre voudrait essayer de nous convaincre. Même si un triple pontage des sentiments sous l’éclairage blafard d’une salle d’opération n’a à première vue rien de très réjouissant. Las, c’est pourtant bien une forme d’euphorie qui étreint ces compositions dépouillées jusqu’à leur trame et toujours rehaussées, à l’exception d’un titre instrumental, par cette voix caverneuse à faire passer Leonard Cohen pour un castrat. D’emblée, ‘The Right To Cry’, pièce roborative de dix-sept minutes, parvient magistralement à faire cohabiter mélancolie et énergie, ombre et lumière. Sorte de flamenco sous le crachin hivernal de Bristol, les émotions ne s’y opposent jamais, elles s’y subliment mutuellement. Six titres relativement plus courts mais à l’intensité fiévreuse jamais démentie déclinent les nuances de cette complémentarité. Sans artifices mélodramatiques, les arrangements construits autour d’arpèges de guitares délicats et la présence en pointillé des claviers et de la contrebasse créent un sentiment d’intimité avec le musicien, au point d’avoir l’impression de se trouver dans la même pièce que lui. Et si ce disque n’apporte aucune évolution notable dans l’écriture de Matt Elliott, il contient quelques belles notes d’espoir pour tous les grands malades du cœur. (gle)
DVKES ‘Let Me Go Into The Wild’ Waste My Records
On les connaît à peine et pourtant, ces gens ont déjà changé de nom. Emmené par la voix de Joos Houwen (The Tellers), The Dukes s’est métamorphosé en DVKES. Pour fêter ce changement d’identité, les quatre musiciens sortent un premier E.P. baptisé ‘Let Me Go Into The Wild’. Petite métaphore sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, ce titre voit les garçons s’émanciper. Parce qu’à un moment, il faut bien se débrouiller et tirer son plan. A ce jeulà, DVKES s’en tire plutôt bien. En cinq titres à la mélancolie bruitiste, le groupe fait sourire le rock et grincer la pop. Quelque part entre The Strokes, My Morning Jacket et les nouveaux wallabies du psychédélisme australien (Tame Impala, Pond), DVKES trace son chemin. Différent et exaltant. (na)
Earthless ‘From The Ages’ Tee Pee Records/Ber tus
Un critique un rien allumé et lyrique a un jour décrit la musique de ce combo californien comme étant « un kaléidoscope sonore de lave et de lumière ». Aussi psychédélique cette qualification puisse-t-elle sembler, elle sied particulièrement à la musique trippée et déjantée de Earthless qui a pour habitude de composer ses instrumentaux sur base de jams. Le résultat est particulièrement puissant, évoquant tant le fantôme psyché blues de Jimi Hendrix que les éruptions sonores de Black Sabbath ou les délires LSD du Grateful Dead, le tout mâtiné d’un côté mantra répétitif très krautrock. Le ton est donné en ouverture avec l’exceptionnel ‘Violence of the bed sea’ et son orgie de riffs, de percus démentielles, tout cela pendant près d’un quart d’heure. Vient ensuite le lancinant ‘Uluru Rock’ et sa rythmique lourde et répétitive stoner semblant connaître une combustion interne menant à une explosion. Après pareille débauche sonore, le groupe se la joue plus cool avec le calme, quasi cosmique ‘Equus October’. Mais c’est évidemment pour repartir de plus belle avec ce qui est la pièce de résistance de l’album, ‘From the ages’, trip sous acide de plus d’une demi heure où le groupe se livre avec frénésie à une fusion des styles et des genres, entre fureur barrée et légèreté onirique, entre blues lascif et riffs orientaux
planants. Totalement psyché et particulièrement jouissif ! (pf)
Chris Eckman
‘Everlast’ Friends of Friends
«It’s so bizarre ». À Berlin, tu rentrerais dans un de ces clubs sans nom qui apparaissent au gré des jeudis, attiré par des néons violets. La pièce serait vaste, le regard se perdrait sur les murs vert d’eau, sur l’impression diffuse de fumée. Au sol, une peau de zèbre, rare trophée d’une chasse ancienne. Sur un buste en toile trônerait un amas colliers de perles irrégulières, des assemblages de formes hétéroclites, une veste à épaulettes dorées. Accroché de guingois sur la paroi qui te fait face, un grand portrait de Martina Topley-Bird en amazone futuriste, entourée d’un pygmée et d’un sadhu jumeau de Gonjasufi. Tu aurais les jambes cotonneuses mais une envie furieuse d’un jerk, la bouche pâteuse comme après trop de curaçao, le rire rebondissant. Des breaks ‘Bongoloid’, voilà ce dont ton enveloppe charnelle aurait besoin, une façon particulière de jouer à Tetris avec tes membres, et puis te sentir enveloppé soudain par un nuage hypnotisant, un tour anesthésié de ‘Carousel’. Tu ne saurais que très tard que cette expérience mystique, c’était ton invitation particulière, ton premier bristol dans l’antre touffue d’une reine vaudou, lunatique et un peu saoule. Tu tenterais de te souvenir de l’adresse. (alr)
‘Harney County’
Piers Faccini
Glit terhouse Records/V2
‘Between Dogs and Wolves’
C’est en lisant un mémoire de l’écrivain William Kittredge que Chris Eckman éprouva l’envie impérieuse de se rendre dans le Comté Harney, situé au sud-est de l’Oregon. Une terre de grands espaces à la fois déserts mais exploités par l’homme d’une manière déraisonnable et peu soucieuse de l’environnement. Un premier voyage l’avait déjà inspiré pour la chanson ‘Death At Low Water’ que l’on retrouve sur l’album ‘Life Full Of Holes’ des Walkabouts. Cette fois, c’est un album entier qui a pour thème cette insolite contrée, une des moins peuplée des Etats-Unis. Huit chansons admirablement écrites et balancées en nuances et atmosphères, à l’image des paysages variés dont elles s’inspirent. Paradoxalement, le disque n’a pas été enregistré là-bas mais en Tchéquie, dans un vaste studio désaffecté de Prague. Aux côtés d’Eckman, on y trouve la présence appuyée d’un contrebassiste slovène et de quelques invités dont son épouse Anda. Le petit livret qui accompagne le disque fait office de carnet de voyage succinct en reprenant, outre les textes des morceaux qui narrent la terre du Harney County, quelques photographies des lieux qui l’immortalisent le temps d’un instant. (et)
Beating Drum/Pias
Elephanz ‘Time For A Change’ Naïve/Pias
Evidemment, en France, à se l’être trop fait rabâcher, certains y ont cru. Le changement c’est maintenant, oui, peut-être mais mes fesses surtout. Il faudra donc très vite déchanter. Dès le quatrième titre en vérité. Pourtant, eux présidents, on y avait sérieusement songé. Trois premiers titres ultra efficaces, emballés comme des gonzesses éméchées un soir de quatorze juillet : pim, poum, tchak et en avant Guingamp, euh pardon, Nantes. Eux présidents, on les voyait s’engager sur les traces des excellents The Bewitched Hands, dans le genre pop à tiroirs, taillée par des spécialistes comme Florent Livet (Cassius, Phoenix, Housse de Racket) ou Aymeric Westrich (les monstrueux Aufgang) pour les dancefloors un peu intellos. Mais, c’est navrant, ces Elephanz nantais sont des éjaculateurs précoces. De facto, le reste du disque est une belle débandade. Toutefois, il faut envisager l’avenir : avec un peu d’entrainement et da-
Depuis l’Hexagone, le singer-songwriter italobritannique a toujours fait valoir une musique à fleur de peau, un truc authentique mais un peu trop propret. Alourdis par des arrangements luxuriants, planqués sous les détails d’une production béton, les charmes de Piers Faccini attendaient le bon moment pour s’exprimer pleinement. La patience est une vertu et ‘Betwen Dogs and Wolves’ vient la récompenser. Enregistré en toute simplicité, ce nouvel album laisse souffler la voix de Faccini dans une intimité dépouillée d’ornements complaisants. Débarrassé de toutes fioritures, son petit monde tourne autour de quelques étoiles perdues (Nick Drake, Fred Neil, Davy Graham) et s’expose sous les lumières de dix météorites romantiques : des chansons pour fendre les cœurs (‘Broken Mirror’, ‘Missing Words’, ‘Black Rose’) et chuchoter sa passion à la nuit tombée. Sous la lune, violoncelle, piano et kora se dandinent en sourdine. Histoire de ne pas perturber les réflexions nocturnes d’une guitare acoustique perdues dans ses pensées mélancoliques. Joli coup de blues. (na)
Fastlane Candies ‘Telenovelas’ Jaune Orange/Pias
Fastlane Candies est un groupe dont on aimerait sincèrement ne penser que du bien. Peutêtre parce que l’on partage avec lui une passion commune pour des groupes comme les Violent Femmes, Clap Your Hands Say Yeah ou Django Django. Peut-être aussi parce que cette jeune formation liégeoise distille avec ses rengaines pop naïves et solaires un antidote imparable au crachin automnal. Une pop diabolo menthe à laquelle on succombera d’autant plus volontiers qu’elle est présentée avec une candeur et une insouciance un peu gauches. La recette est imparable : refrains bubble gum, mélodies acidulées, harmonies béates. Un puissant mélange alchimique à base de guitares acoustiques, de riffs électriques combiné à des arômes artificiels et synthétiques de rythmes percussifs. Mais au-delà de la poignée de friandises à l’efficacité indiscutable (’Girls’, ‘Let yourself go’ et ‘I still’), certaines compositions abusent parfois de la séduction coquine au
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Earteam
point de laisser carrément dépasser la grosse ficelle du string. Le spectre de la pochette surprise aux allures de fourre-tout plein de beats et de drops est heureusement évité par la grâce de titres moins édulcorés (‘Too bad’). Tenir un premier album, voire une carrière sur une bulle pop et acidulée, la gageure est de taille. Pour la première étape, le pari est presque gagné. Chique alors ! (gle)
Fighting Fiction ‘The Long And Short Of It’ Xtra Miles Recordings/Ber tus
Avec son premier album sorti voici moins de deux ans, ce quartet de Brighton a apporté une bonne dose de fraîcheur à la scène punk contemporaine qui a malheureusement parfois tendance à tourner en rond. Ce n’est pas que Fighting Fiction révolutionne le genre, non, simplement qu’il est capable de composer de très bons morceaux. Alors que le deuxième album d’un groupe est sensé selon l’adage être un exercice délicat, il n’en est rien avec ‘The Long And Short Of It’ qui confirme tout le bien que l’on pensait du groupe. Le chanteur affiche toujours cette énergie juvénile qui fait mouche, tandis que l’ensemble est fort bien produit, donnant l’impression que le groupe joue en live dans son salon plutôt que sur sa stéréo. Et puis il n’y a rien à jeter sur cette collection de 11 titres qui sont tous à la fois pêchus et ultra mélodiques. Ecoutez donc ‘Service sation blues’, ‘All in the delivery’, ‘A common enemy’ ou ‘Smiling through gritted teeth’ et vous m’en direz des nouvelles! (pf)
Simon Fisher Turner ’The Epic Of Everest’ Mute
Spécialiste des bandes sonores originales pour des films restaurés par le British Film Institute, Simon Fisher Turner propose avec ‘The Epic Of Everest’ un second long métrage de 1924 - le premier était ‘The Great White Silence’ sur l’exploration de Terre Neuve. Après avoir également mis en musique Jean Genet (‘Un Chant D’Amour’), Fisher Turner s’intéresse à l’expédition ratée de Mallory et Irvine du plus haut sommet de la planète. Si nous n’avons pas eu la chance de voir les images, la musique du compositeur britannique se suffit à elle-même, pour autant que l’on fasse un effort supplémentaire d’imagination. On y entend des vrais instruments, mais aussi des field recordings où l’on se croirait plus en Suisse que dans l’Himalaya - vous me direz que ce n’est qu’une question de massif. Intéressante en soi, la démarche s’accompagnera d’autant mieux de la vision du film, dont nous osons espérer qu’il atteindra un jour nos rivages. (fv)
Tim Fromont Placenti
Jahwar ‘Qibla Wa Qobla’ Naff Rekords
Si l’on pouvait mesurer la valeur d’un homme à sa capacité à habiter sa langue, faire corps avec ses inflexions, l’emmener ailleurs, nul doute que Jahwar Basti, prophète hédoniste, se verrait couvert de décorations. Naïvement, on avait longtemps relégué l’arabe comme vecteur musical dans un ensemble flou entre la chaleur du raï et la spiritualité d’Oum Kalthoum. On n’avait pas conscience que le chaâbi pourrait nous envahir comme le ferait la soul ou le blues, on imaginait guère quel rayonnement allait apporter les notes d’’Idhallil’. On aurait pu être mis sur la voie de la sagesse avec BooDooRoo, projet à l’hybridation oud-rock-funk où le Tunisien faisait déjà merveille dans ses lumineuses salves projetées comme autant de piécettes. Si ça groove parfois aussi dans ‘Qibla Wa Qobla’ (‘Amaman’, hanches en alerte, ‘Tahellil’ et ses claviers à la présence âpre, ‘Ayech’ tressaillant), ça prend surtout le temps, « such a breeze », de la syllabe et de la note justes, du murmure, de l’embrassade à bouche tendre et précise : ‘Shahrayar Blues’ tente soyeuse dressée en pleine rocaille, ‘Sulphur & Stone’ berceuse mutine, ‘Habbouni’ dans la pleine langueur, ‘If I Rise’ conquête de haute lutte à la sensualité tremblante. Que dire enfin de ‘Le reste est ennui’, l’unique morceau, plomb lourd mais magnifique, où Jahwar Basti emmène le français dans son antre? Qu’il révèle la profondeur d’un interprète qui, à la manière d’un Dick Annegarn ou d’un Sacha Toorop, aura élu sa langue d’adoption en acceptant ses failles pour faire surgir la beauté nue, la vérité crue. Épouser ses racines, enlacer l’altérité : on tient là un vrai bijou. (alr)
Placenti est de toute évidence un compositeur habile qui a su tirer profit de son séjour étendu en Irlande mais aussi de ses nombreuses accointances parmi des musiciens de passage (violoncelliste, clarinettiste, batteurs, bassiste, chanteuse et chanteur…) que l’on retrouve ici en invités. Bon début. (et)
l’exigence est fatiguante et nous, pauvres mortels, n’aurons pas tous la volonté de survivre jusqu’au coup de grâce. Nombreux seront ceux dont le cœur se sera arrêté avant l’honneur du « Finish Him ». Petit tueur deviendra grand. (dark)
The Fuzz
’Interiors’
‘The Fuzz’ Munster Records
A ne surtout pas confondre avec l’échappée heavy de Ty Segall, ce gang de Memphis s’affuble d’un « The » qui le distingue de son homonyme californien. Par contre, côté énergie, puissance et jouissance, les deux groupes mènent un peu le même combat. The Fuzz monte l’installation électrique sans protection préliminaire et pose dix chansons sous haute tension. Enregistré sur un quatre pistes avec nonante-sept idées par minute, ce premier album jette toutes ses forces dans le rock’n’roll. Garage, blues ou punk. Qu’importe. The Fuzz pète la forme et crache des flammes. Chez eux, les morceaux s’accrochent à des riffs carbonisés et s’emballent sur des mélodies incendiaires. Pas de fumée sans feu. Et pas de bon disque de rock sans guitare déchaînée. Là-dessus, ‘The Fuzz’ peut faire valoir quelques plus-values : des hits à scander en slip (‘Merry-Go-Round’, ‘Teen Rex’) et un paquet de délires psychotiques (‘Cold Stares’, ‘When I Die’) à écouter à fond de balle. La classe. (na)
‘Original Sadtrack (From The Cinnamon Screen)’
Gesaffelstein
TFP Music
Parlophone/Warner
Musicien et compositeur lillois, Tim Fromont Placenti a commencé il y a une dizaine d’années déjà à travailler en solo sur des démos en marge de son groupe. Ce disque est à la fois l’aboutissement d’un long labeur et constitue son premier album sous son nom propre. Tentant de le décrire, il déclare : « post-folk dans l’approche musicale, mais comme en fin de compte cela ne veut pas dire grand chose, disons juste que c’est un album aux ambiances éclectiques et aux tonalités évolutives. » S’il cite le père et le fils Buckley et PJ Harvey parmi ses influences de prédilection, la presse mentionne souvent les noms de Bon Iver, The Dø et Sufjan Stevens pour les points de comparaison. Ce ‘Sadtrack’ n’a de tristesse que le nom dont il veut bien s’affubler car les compositions qu’il contient ne se laissent jamais complètement submerger par la mélancolie qui les imprègne ci et là. Fromont
Paris, 28 octobre 2013, la météo fête à sa manière la sortie de ‘Aleph’, premier album du jeune producteur autoproclamé (pompeusement) Gesaffelstein. Le ciel est bas, sombre, remuant et ces va-et-vient ne racontent rien de rassurant : menaçant. A raison, car le danger qui rôde est esthète, précis, fatal. Marc Levy se plait d’art, de mode qu’il personnalise froidement, avec violence et obscurisme, de l’intelligence de ceux dont les préoccupations intellectuelles vont plus loin que les uniques frontières de la musique. Et puisque le criminel est prétentieux, il prendra soin de marquer ses méfaits d’une identité qui n’appartient qu’à lui (quand il ne la prête pas à Kanye West sur l’improbable ‘Yeezus’). Sombre et brutale de ci, clémente et salvatrice de là, l’œuvre est sadique et nous mène de bastonnades en déjeuner sur l’herbe et de gueules de bois en spleen total. N’en déplaise à Gesaffelstein,
Aleph
Glasser True Panther Sounds/Beggars
Ami lecteur, toi aussi participe à notre nouveau jeu-concours Imite le chant de Björk et gagne ton poids en graisse de baleine. Dépêche-toi, la concurrence est rude, et pour te faire une idée plus précise, tu démarreras par l’écoute du petit dernier de chez Glasser - il n’est guère différent du précédent et très oubliable ‘Rings’. Très vite, à peine quelques secondes éc(o)ulées, tu t’irriteras de la manière faussement naïve dont la demoiselle joue les ingénues, tu n’oublieras pas de lui laisser un message sur son mur Facebook pour lui dire qu’on ne chante plus comme ça depuis 2001 au moins. Tu mentionneras également ton agacement face aux échos synth pop de la chose, d’une inspiration que tu auras bien sûr notée en mode Costa Concordia. Sauf qu’ici, la capitaine demeure fièrement à la tête de son esquif, qu’elle veut paquebot alors qu’il tangue dès la première vaguelette venue. Ce n’est pas ça qui risque de l’amener en Islande. (fv)
The Growlers ‘Not. Psych !’ Fatcat Records/Konkurrent
« Little girls don’t last forever / Enjoy them when you can / They’re made for little boys / And soon you’d be a man » ...ah, qu’auraient été nos vies si nos mères, toutes jeunettes encore dans leurs pensionnats et si fières de leurs franges trop longues avaient fait le mur pour rejoindre le bal du village, et croisé la route de tels énergumènes, « hiding under covers », mâtinant le psyché à une nonchalance irrésistible? Probablement qu’emmaillotés dans des écharpes et des bonnets tricotés main, on aurait battu la campagne dans leurs bras, tentant de rattraper l’extase de l’époque et nos drôles de pères bien embarrassés par leur marmaille dans leurs frusques surf-rock à peine repassées, juste désireux au fond que le quart d’heure américain dure toute la vie. Sept titres au pur jus mélodique et quantité de boums acidulées plus tard, dépitées de n’avoir pu passer la bague au doigt de ces garçons au désir simple taillés pour le clair de lune adolescent, elles se seraient racheté une conduite, épousé un notaire. Dans
leurs villas de plain pied, après une chirurgie esthétique de pur confort et la troisième hypothèque, elles regretteraient à jamais le temps brouillé mais béni du ‘Humdrum Blues’ et des vans Volkswagen. (alr)
Hartley And Wolfe ‘Bespoke Future’ BBE Records/Pias
Il y a des trucs qu’on vous refile et dont on ne sait que foutre. Un coupe-pommes électrique. Un presse-purée en forme de poussin. Un chat qui bouge dans un sac (en fait une boule mécanique avec une queue touffue au bout, génial). Des sachets en plastique (écrire à la rédaction). Une cravate. La biographie de Michel Serrault. Un putain de Bongo, n’importe quel thème (sérieux, le prochain, je l’étrangle). Ou encore ce disque, machin soul-r’n’b anecdotique, pas assez mauvais pour déverser le napalm de mon mépris, pas assez bon pour justifier mon émoi. Je peux cependant vous le décrire, si vous voulez : la pochette est bleue, des photos surimprimées, on comprend pas bien (un quai de gare ? Des plongeoirs?). Dedans, y a deux types, Hartley & Wolfe ils s’appellent, ils invitent des gens très chouettes pour chanter plein de soul sur des rythmes digitales. Parfois, il y en a un il me réveille un peu en faisant du rap avec sa bouche (j’aime bien le rap), ou alors y en a un autre qui se prend pour Shaft et ça c’est bien. Ah oui, et à la fin, c’est super, y a un mec il imite le chat qui imite le téléphone. ‘Larry The Cat’ ça s’appelle. Does it come in a bag ? (ab)
The Head And The Heart ‘Let’s Be Still’ Kobalt/Pias
Apparu dans la foulée de The Low Anthem et autres Great Lake Swimmers, The Head And The Heart chante l’amour au fond des bois. Après avoir goûté aux joies de leur premier album éponyme, on s’était fait plein de câlins dans les sapins. C’était fort bien. Bucolique, sexy et modestement épique, la musique du groupe de Seattle parcourait l’Amérique à travers champs. Emmené par les voix de Josiah Johnson et Jonathan Russell, The Head And The Heart brodait ses hymnes bucoliques dans une étoffe soyeuse : un lainage réconfortant pour tous ceux qui aiment voyager entre Buffalo Springfield et The Jayhawks. Le charme de la petite troupe tenait aussi aux interventions vocales de la violoniste Charity Rose Thielen, femme-enfant au timbre envoûtant. À l’écoute du récent ‘Let’s Be Still’, on se dit que cette alchimie tenait finalement à un fil. La promenade en forêt répond aujourd’hui aux logiques d’un sentier tout tracé. Calculées pour arracher une larme de bonheur à l’auditeur, les mélodies tirent sur la corde sensible et accouchent de dix chansons aux charmes plats. Mielleux et convenu, ce disque veut nous faire croire au come-back de Bryan Adams. On s’y oppose fermement. (na)
Horses ‘Clear Crystal Air’ Pias
«A horse, a horse, my kingdom for a horse» clamait feu Mark Linkous sur le premier opus de Sparklehorse. Une référence plus évidente que Shakespeare à l’écoute de cet essai au long cours de Horses, un attelage emmené par le chanteur et compositeur Bert Vliegen et qui conjugue la rigueur du songwriting à une americana mélancolique et évocatrice à la croisée entre le lo-fi et l’indie-rock. Car à 21 ans, il n’est déjà plus question pour lui de s’inscrire dans l’interminable lignée d’une folk à guitare frêle et adolescente. Dès les premières mesures, l’intime ferveur de ’Clear Crystal Air’confirme cette étonnante maturité. Bien dressé par Robin Propper-Sheppard
BEN L’ONCLE SOUL 07-12-2013
JACCO GARDNER (@EXIT07) 09-02-2014
Cirque Royal
20.12 JERONIMO be + MARC DIXON be 20.12 SUMIE se be be 21.12 MACHIAVEL + RMS • coprod. B.S Management •
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BABYSHAMBLES 14-01-2014
13.12 REVERE gb LOUD FESTIVAL : ANGAKOK be, COUBIAC be, 14.12 HUNGRY HOLLOWS be, ITHILIEN be, KHOHD be + THE K be • coprod. Court-Circuit 15.12 SKIP&DIE nl + CAIRO LIBERATION FRONT eg 16.12 KARIM OUELLET ca fr 20.12 ALDEBERT (chanson jeune public) • coprod. Live Nation •
THE FEATHER 22-01-2014
Cirque Royal
KLINGANDE 22-02-2014
JULIEN DORE (@PHILHARMONIE) 27-02-2014
JAMES ARTHUR 01-03-2014
SAULE 25-01-2014
BOY & BEAR 06-03-2014
PROTEST THE HERO 30-01-2014
MELANIE DE BIASIO 01-02-2014
SUAREZ 21-02-2014
CASCADEUR 13-02-2014
MAXÏMO PARK 24-02-2014
DAN LE SAC VS SCROOBIUS PIP 07-03-2014
15.01 LANTERNS ON THE LAKE gb 23.01 TRAAMS gb 28.01 ADAM GREEN us «Acoustic Concert» us 01.02 STEPHEN MALKMUS & THE JICKS + THE MEGAPHONIC THRIFT no
09.02 10.02 11.02 15.02 16.02 19.02 21.02 22.02 22.02 23.02 25.02 02.03 06.03 08.03 08.03 08.03 11.03 12.03 19.03 20.03 21.03 30.03 02.04 02.04 29.04 22.05
BOMBAY BICYCLE CLUB gb MAXÏMO PARK gb DORIAN WOOD us AU REVOIR SIMONE us I LIKE TRAINS 10th anniversary tour gb JAMES VINCENT McMORROW ie BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB us WILLIS EARL BEAL us RAMONA CÓRDOVA us BRETON gb YUCK gb LONDON GRAMMAR gb DAN LE SAC VS SCROOBIUS PIP gb THE JEZABELS aus EMILY JANE WHITE us FITZ AND THE TANTRUMS us BOY & BEAR au THE VEILS gb THE NOTWIST de SOPHIA gb + NEW FOUND LAND se WYE OAK us ALEX HEPBURN gb BAND OF SKULLS gb PEGGY SUE gb SHEARWATER us FAUVE fr • Nuits 2014 • Cirque Royal
15.12.13 SKIP&DIE
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www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu
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© Laura Andalou
…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA 02.218.37.32 – WWW.BOTANIQUE.BE
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Earteam
(Sophia, The God Machine), Horses décline ses mélodies avec une audace certaine et séduit par ses changements de rythme, en entremêlant des lignes de guitares lumineuses et un chant aérien. Tantôt retenue, tantôt relachée, la tension électrique joue sur la palette des sentiments pour émouvoir et rasséréner dans le même élan. Entre le pétillant ‘Vaggvisa’et le délicat ‘Twins’, Bart Vligen n’hésite pas à donner un peu de relief à certains titres, au risque de trop produire parfois. La suite est attendue avec impatience et Horses devra éviter de tourner en rond alors qu’on lui devine suffisamment de ressources pour s’aventurer au-delà de son pré carré. (gle)
Ryoji Ikeda ’Supercodex’ Raster-Noton/News
Le mois dernier, votre Earteam favorite s’extasiait à l’écoute du dernier album ‘Recur’ d’Emptyset, où l’electronica tordue et raffinée du duo de Bristol penchait vers une techno biscornue et parfois revêche. Nouvel effort de Ryoji Ikeda, ‘Supercodex’ aurait tendance à ne garder que la fin de la proposition, si l’on s’était gardé d’en demeurer à la première écoute. Passé l’effet de frayeur, les pulsations grinçantes et insectueuses (tels des grillons mabouls) du producteur japonais prennent une sacrée saveur digitale à la faveur du temps. Quelque part entre une abstraction eletronica pour insomniaques électrisés et un reste de techno d’après-Fukushima, les enchaînements du Nippon installé à Paris dépassent allègrement le stade de la curiosité pour branleurs intellos en mal de sensations à l’ouest de Carsten Nicolai. Même si on ne perçoit pas toujours un sens de l’esthétique propre à l’artiste, il l’est davantage dans le contexte élargi de la maison Raster-Noton, la neuvième déclinaison discographique de M. Ikeda vaut plus que mille voyages au pays d’Ikea. (fv)
Islands ‘Sky Mask’ Manqué Music
Le dénuement de ‘A Sleep And A Forgetting’, qui révélait un Nick Thorburn blessé et moins dispersé, nous avait plutôt réjouit à RifRaf. Un an plus tard, Islands nous reviennent déjà avec ‘Sky Mask’, nouvelle fournée qui confirme que la douleur est encore vivante chez son leader, voire s’est muée en dégoût (‘Of Corpses’, ambiance, ambiance). Cependant, Nick et sa bande refont un pas en arrière, ou plutôt de côté : ludique et bariolé, ‘Sky Mask’ fusionne la noirceur du précédent opus aux effusions pop des premiers albums. C’est un peu le problème. Après être parvenu à débarrasser Islands de ses digressions et ciseler son écriture, Thorburn retombe dans ses gentils travers, certes agréables, mais il nous donne l’impression de tourner en rond et de se borner à ressasser formules et interludes déjà éprouvées. Seule change la coloration, à laquelle les frères Gordon (The Magic) ajoutent un touche électro vintage sympa mais gadget. Ces griefs mis à part, et l’une ou l’autre chanson tout à fait dispensable, ‘Sky Mask’ reste un album plaisant, traversé d’excellentes surprises :’Becoming The Gunship’ fout des frissons ; ‘Nil’ mêle boogie au lyrisme typique de Thorburn ; ‘Hushed Tones’ est un pur concentré de tous ces éléments qui forgent l’identité des Canadiens. On aurait simplement préféré qu’ils conservent leur maturité nouvelle et se refusent cet inoffensif retour aux sources. (ab)
Jaune Toujours ‘Routes’ Choux de Bruxelles
Le plus belge des collectifs de musique du monde revient avec un album qui accentue encore davantage les contours de son identité tout en repoussant les frontières de son ter-
Kronos Quartet w/ Bryce Dessner ‘Aheym’ Anti/Pias
Les accointances de Bryce Dessner avec la musique classique contemporaine ne sont pas neuves. On avait pu s’en rendre compte avec ‘2X5’, une composition en trois mouvements écrite par Steve Reich et commandée à Bang on a Can en 2009 qui en livra une interprétation splendide. Reich vanta alors les louanges de Dessner en déclarant qu’il lui était difficile de dire s’il était un musicien rock ou classique. Diplômé de la fameuse Yale School of Music, Dessner dispose d’une dextérité pour la musique écrite peu rencontrée en rock et il peut lire et écrire des partitions complexes. Sa route croisa celle du Kronos Quartet en 2009 quand David Harrington, sa figure de proue, lui demanda de composer une pièce pour le festival ‘Celebrate Brooklyn !’. ‘Aheym’, signifiant port d’attache en yiddish, raconte, au travers l’histoire personnelle des grands-parents de Dessner, celle des migrants juifs qui s’installèrent à Brooklyn. Outre cette composition éponyme, le disque en comporte trois autres dont ‘Tenebre’ qui s’inspire de la liturgie juive et sur laquelle Sufjan Stevens chante de façon remarquable. ‘Little Blue Something’ évoque la musique d’Irena et Vojtech Havel qui mêlent à la musique ancienne des éléments de folk tchèque. En clôture, ‘Tour Eiffel’ met en relief avec l’appui d’un chœur, le Brooklyn Youth Chorus, un poème du Chilien Vicente Huidobro d’une chavirante beauté. On est ici loin, très loin, des compositions angulaires que Dessner façonna avec The National des années durant mais, étrangement, on ne cesse d’y revenir, cellesci nourrissant celles-là à travers un écho commun lointain. (et)
ritoire musical. Un territoire déjà bien vaste entre punk, pop, jazz, drum’n brass, dub, ska et Balkan madness. ‘Routes’ marque pourtant un virage dans le parcours de Jaune Toujours. Beaucoup plus produit que les albums précédents, il perd en spontanéité ce qu’il gagne en souci du détail. Ce qui est plutôt gênant pour un groupe qui a construit son succès sur le happening contagieusement joyeux. Moins immédiat, le disque gagne en profondeur et en diversité. Car sur le carnet de bal, la liste des invités est pour le moins fournie. Des compagnons de ‘Routes’ qui renforcent les variations de tons, de tonalités, de couleurs, de rythmes. Comme l’illustrent par exemple l’énergie hypnotique des percussionnistes de LKMTIV ou le son du désert de Samson Okbo, joueur de krar, harpe à 5 cordes d’origine éthiopienne. Au diapason de cette évolution, et sans toujours faire dans la nuance, les textes de Piet Maris s’inspirent plus que jamais des problématiques contemporaines du global village. Faire bouger autant les consciences que les guibolles a toujours été le leitmotiv de Jaune Toujours. ‘Routes’ mettra peut-être davantage de temps pour détendre les rotules que pour titiller les neurones. (gle)
Jonwayne ‘Rap Album One’ Stones Throw/V2
Récemment, un rappeur aquatique en plein trip nous confiait ses secrets de fabrication. Pour lui, la consommation active de substances psychédéliques pouvait amener des idées inattendues dans un (bon) morceau. La pupille dilatée mais les yeux grands ouverts, il reconnaissait aussi les limites de sa technique : en plus de nécessiter un stock conséquent de longues feuilles, cela impliquait de faire le tri, de virer les déchets toxiques pour se concentrer sur le détail qui tue. Là, on repense à tout ça à l’écoute du premier album de Jonwayne. Emballé sous une pochette dorée comme un biscuit apéritif, ‘Rap Album One’ révèle le savoir-faire incontestable du rappeur californien, assis avec son gros joint entre le neuf et l’ancien. Chez lui, les formules old-school (pensez Ultramagnetic Mc’s, The Roots) côtoient les codes de la nouvelle école (ScHoolboy Q, Action Bronson, Kendrick Lamar). Avec quelques passages en force et un flow assoupli au sirop de codéine, Jonwayne claque quelques solides morceaux (l’énorme ‘Black Magic’, le super ‘The Come Up pt. 1’) et
impose une production atypique. Pour peu, ce disque pourrait figurer dans nos albums de l’année. Malheureusement, il pousse le pétard un peu loin. Entre chansons totalement inutiles (‘Reflection’) et hits futuristes flingués quelques minutes après le décollage (‘The Come Up pt. 1’), on nourrit quelques regrets en écoutant l’affaire en boucle. (na)
June Et Jim ’Noche Primera’ Traffix Music
Cousins germains, ou plutôt franco-espagnols, d’Arlt, le duo June Et Jim écume depuis 2006 une scène tendance mi-médiévale minu folk, où ses comptines évoluent sans cesse entre féérie et agacement. Guère éloigné d’un monde hanté du spectre de Charles Perrault ou des frères Grimm, l’univers de Marion Cousin et Borja Flames inscrit et revendique une naïveté certaine dans son propos, tout en adoptant une démarche arty qui, si elle est pleine de charme (et que grâce soit rendue à la voix tendre et douce de demoiselle Cousin), n’empêche pas le poil de se hérisser à maintes reprises. Contrairement à Eloïse Dacazes, Sing Song et Mocke sur leur extraordinaire ‘Feu La Figure’, où les échos du passé parfois lointain trouvaient une résonance contemporaine des plus mordantes, June Et Jim ne parviennent que rarement à insuffler un degré d’autonomie artistique satisfaisant. Et même si les adeptes du bilinguisme entre Villon et Cervantes trouveront leur compte en mélopées acoustiques, une impression tenace d’inachevé continuera de gâcher leur première nuit. (fv)
Kiln ’Meadow:Watt’ Ghostly International
Quinze ans après leur inaugural ‘Holo’, le mystère Kiln reste pratiquement entier. Toujours adeptes d’une IDM aux confins ambient, pour situer, Kevin Hayes, Kirk Marrison et Clark Rehberg enchaînent les titres instrumentaux comme d’autres enrichissent leur herbier automnal, avec méthode et savoir-faire. Tout en alignant les recettes du genre, d’aucuns diront les poncifs ultra-rabâchés, les trois Canadiens exploitent à qui mieux mieux le filon des agréables sonorités, elles ont toutefois l’immense défaut d’entrer par la droite pour aussi vite filer en direction opposée. Au bout de l’épreuve, neuf titres de cinq ou six minutes chacun nom d’une poutine, ne restent que les souvenirs épars d’un moment entre deux eaux froides mêmes pas revigorantes. (fv)
Die Krupps ‘The Machinists Of Joy’ Synthetic Symphony/SPV
Si pochette de cet album est un clin d’oeil plus qu’appuyé au célèbre ‘Metal Machine Music’ de Lou Reed, le contenu ne ressemble heureusement en rien à l’un des albums des plus inaudibles de l’histoire du rock. Fort de plus de trente ans de carrière, Die Krupps ne nous balance pas un déluge d’effets sonores dissonants, mais intègre plutôt un peu de bruit dans ses compos qui font dans l’électro EBM indus. Moins orienté guitares que ses prédécesseurs, ‘The Machinists Of Joy’ voit le groupe teuton revenir à ses racines et ravira ses fans avec des compos martiales et dansantes, un goût pour le grandiose quasi wagnérien. Bien sûr, certains seront rebutés par le côté massif, lourd et un peu pompier de l’ensemble, mais on ne peut que souligner le côté extrêmement dansant de plusieurs titres comme l’accrocheur ‘Blick Zurück im zorn’, l’obsédant ‘Schmutzfabrik’ ou les très épiques ‘The machinist of joy’ et ‘Part of the machine’. Convaincant pour quiconque raffole d’industriel orienté dancefloor gothique. (pf)
Cate Lebon ‘Mug Museum’ Turnstile/Pias
« I Can’t Help You », tu vas tomber sous le charme inattendu de cette fille si preppy mais qui roule curieusement des yeux dès que tu as le dos tourné. C’est bien simple, elle t’a invité à un tea afternoon, tu vas te retrouver à picorer des miettes et boire du thé dans de la porcelaine à pois ébréchée, assis dans un fauteuil en plaid bigarré entre la chanteuse Nico et une floppée d’animaux en peluche qu’elle aura affublé de chapeaux pointus et tu te diras : « elle a un sacré grain mais j’aime ça ! ». Il n’en faudra guère plus pour qu’elle t’entraîne dans ‘Sisters’, un twist à l’orgue tout tordu, mains en feu tentant de conjurer quelque sort funeste « I won’t die / I’m a sister » ou qu’elle cherche à te faire traverser le ‘Mirror Me’, paroi freak-folk atonale qui pourrait bien te conduire dans la rosée de Llanrhaeadr-ym-Mochnant ou une crique californienne biscornue. Tu ne serais pas étonné qu’elle ait confié la clé de son ‘Mug Museum’ à Annie Clark, conservatrice experte ès pop-tangram pour qu’elle ajoute quelques grains de cuivre branque à sa collection. ‘Wild’ comme une contorsionniste sans muselière, mais aussi du genre à crooner en cascade avec Perfume Genius (‘I Think I Knew’, beau et cabotin à la fois), cette Cate-là, il va te falloir la tenir à l’œil si tu ne veux qu’elle file avec le premier avaleur de sabre venu. (alr)
Left Lane Cruiser ‘Rock Them Back To Hell!’ Alive Records
Puant comme une mouflette en pleine montée hormonale, le blues de Left Lane Cruiser trempe sa queue dans les eaux vaseuses du Mississippi et carbure avec le réservoir rempli de whisky. Les pieds dans la boue, la boule au ventre, le duo yankee assure la sauvegarde du patrimoine national en le branchant sur un circuit alternatif haute tension. Toujours au bord de l’implosion, la centrale électrique des deux garçons fonctionne sur des bases primales et rudimentaires. Entre une guitare survoltée et une batterie en surchauffe, la musique de Left Lane Cruiser ne connaît pas de système de refroidissement. Chauds comme la braise, ces héritiers de l’Amérique d’en bas donnent à entendre des mélodies crasseuses et dévergondées : tout un mythe récemment délaissé aux abords de la Route 66 par The Black Keys. Rock garage passablement imbibé, punk nourri aux (mauvaises) graines de maïs, la torgnole ‘Rock Them Back To Hell!’ claque telle une descente de coude en salo-
EUROPE 2014
And So I Watch You From Afar
06/07
28.05.2014
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Behemoth & Cradle Of Filth
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Earteam
pette. Barbe râpeuse et voix graveleuse, Left Lane Cruiser s’en va jeter de l’huile de moteur sur un feu sacré, un brasier longtemps attisé dans l’ombre par quelques illustres allumés (R.L. Burnside, Junior Kimbrough). Soit un excellent album à ajouter au compteur des deux bourlingueurs. (na)
Lovers ’A Friend In The World’ Badman Records
Malgré un nom de groupe à la con, et un nouvel opus au titre tout aussi neuneu, Lovers en est déjà à sa sixième sortie, la seconde en formule trio. Malgré des noms alléchants, notamment Dylan Magierek (Thao Nguyen) et Adam Selzer (M. Ward) aux manettes, les chansons du trio de Portland demeurent bien innocentes, pour ne pas écrire approximatives et inconsistantes. Non qu’en ces pages nous soyons insensibles à une certaine introspection pop, sinon pourquoi aurions-nous écrit du bien de Josh Rouse ou Cass McCombs, juste qu’au bout de trois morceaux, on se demande bien où Carolyn Berk et ses acolytes veulent nous emmener. Non seulement les dix titres ont une fichue tendance au copier-coller folkisant, et on a déjà entendu bien plus convaincant sur les ondes du label luxembourgeois Own Records, mais quand ils osent une diversion en simili électro-pop, ça a autant de saveur qu’un chocolat Milka oublié sur la plage de Palavas-lesFlots. (fv)
The Low Frequency In Stereo ’Pop Obskura’ Badman Records
A défaut de pop pur jus, encore que…, c’est davantage de krautrock que s’imprègne la musique de The Low Frequency In Stereo. Groupe norvégien à l’histoire aussi obscure que son titre, LTFIS est pourtant, déjà, une formation à suivre - et pas uniquement du petit bout de la lorgnette. Adepte d’un réjouissant mélange des genres où les rythmiques de, au choix, Stereolab ou Beak (on ne remontera pas jusqu’à Neu!) expient leurs péchés secoués sur des claviers hérités de The Organ, voire un soupçon de Pink Floyd anno 1967, le combo de Bergen joue des fondus enchaînés à s’en asperger de plaisir coupable. Emmené notamment par la chanteuse Hanne Eidsvag Andersen, qui a oublié de puer de la gueule, et au passage remplacera avantageusement Erika Foster lorsqu’elle aura démissionné d’Au Revoir Simone, les cinq Nordiques envoient bazarder anoraks double épaisseur et gros chandails. Adepte du slogan au diable la pneumonie, ils nous emballent à tout va/vent, du haut d’un petit top moulant monté sur un froc tout aussi près du corps (et des fesses, ouais). Bon ok, une ou deux fois, on se dit qu’on a entendu ça quelque part, genre dix minutes avant sur la même plaque, ce n’est pas ce menu contretemps qui risque de nous foutre le bourdon à la prochaine écoute. (fv)
La Maison Tellier ‘Beauté Pour Tous’ At(h)ome
C’est toujours pareil avec La Maison Tellier : depuis 2006, chaque disque contient trois très bonnes chansons et un paquet d’autres, au mieux inoffensives, au pire casse-bonbons. C’est le cas ici avec ‘Un Bon Français’, textuellement, c’est presque aussi condescendant que le ‘Politiquement Correct’ de Benabar. Heureusement qu’il y a la musique. Quoique. Parfois, cette country francophone à tendance folk, c’est tout de même un peu too much, trop cowboy, trop cliché, épuisant. Les trois pépites du jour : ‘L’Exposition Universelle’, escapade acoustique au temps des crinolines et de la machine à vapeur,
Bertrand Louis ‘Sans Moi’ MVS
Il y a trois ans, on avait laissé l’excellent - oui, c’est ainsi qu’on qualifie les gens qui arrangent Houellebecq au piano préparé - Bertrand Louis nous plomber l’été avec sa belle (et pourtant moche et tellement récurrente, c’était avant la Norvège, avant Liège) histoire d’un tueur de masse qui finit par faire un massacre dans un centre commercial. A l’époque, il nous confiait qu’il avait l’idée d’un roman où un dégénéré s’enticherait d’une pornstar jusqu’à la poursuivre aux States pour un voyage initiatique. Aujourd’hui, rien de tout ça. A peine le prolongement de ‘Le Centre Commercial’ serait-on tenté d’écrire, le cul en plus et la surprise en moins mais, au final, c’est bien plus que ça. Bertrand Louis continue à chanter les petites vies de merde de notre société trop grande, déshumanisée et délétère, ses liaisons tordues et foireuses. Désinvolte, un peu provoc (il est question d’aimer les cars de jeunes Allemands qui se renversent), il fait mouche à chaque titre. C’est à la fois cinglant et terriblement pop, noir et tellement entrainant, plein de foutre et éthéré. Après, il faut prévenir les pinailleurs - on les voit venir : oui, Bertrand Louis ne fait qu’adapter, remarquablement, des textes de Philippe Muray mais c’est toujours mieux que les poèmes un peu niais de Marie Modiano. Une nouvelle tuerie, donc. (lg)
bourrée de cordes splendides ; ‘La Maison de Nos Pères’, tout en tension et crescendo final, avec banjo, cuivres, lyrisme à la Cantat et tout le toutim ; ‘Petit Lapin’, presque sa jumelle, tenace et électrisée. Après, il faut ranger popol. Mais trois excellents morceaux dans un album, n’est-ce pas déjà ce qu’on appelle un bon disque ? (lg)
Marteleur ’My Anvil Is My Tuning Fork’ Navalorama Records
Première sortie d’un tout jeune label bruxellois, en mode vinyl qui en jette au regard et c’est très classe, ‘My Anvil Is My Tuning Fork’ est le second album de Christophe Marteleur et il nous donne fichtrement envie de retourner à son prédécesseur ‘First Blows’, sorti dans un total anonymat en 2007. Entièrement joué à la guitare baryton, l’instrument hybride par excellence entre la guitare six cordes et la guitare basse, ce très intéressant disque surmonte l’autel des conventions avec brio - et vire au passage la ceinture de chasteté d’un vieux blues qui aurait trop écouté Classic 21. Tournant sur des boucles qui donnent parfois le vertige, notamment sur l’extraverti ‘Digging Into The Whirlwind’, les circonvolutions de l’ancien membre de Mute envoient également au tapis un faux minimalisme trop apprêté. Tel un Ignatz reconverti en tête chercheuse du label Thrill Jockey, genre Sam Prekop découvrant Jos Steen du côté de chez Castus, Marteleur démontre avec conviction et perversion que la recherche instrumentale n’exclut nul encanaillement - tout en excluant toute proposition un peu trop diplomatiquement correcte. Nos seuls et uniques doutes concernant le laps de temps avant le prochain opus du gaillard - cela en dit suffisamment long sur la qualité d’un disque à l’incontestable à-propos. (fv)
Fredy Massamba ‘Makasi’ Skinfama
Au Congo, un yankee désigne un aventurier, un frondeur. Fredy Massamba, natif de Pointe-Noire, est un yankee. D’abord parce que sa musique fait voler en éclat mille barrières. Ensuite, parce que c’est du côté des States qu’elle lorgne le plus souvent (l’album a été mixé à New York par Russell Elevado, déjà vu chez Jay-Z, The Roots, D’Angelo). Ce sont aussi les limites de ce très bon disque : à trop s’éparpiller, on peut se perdre. Ce qui avait commencé comme une relecture d’afrobeat (‘Ngunga’, ses cuivres impétueux) se poursuit donc dans un torrent d’hip hop old school (‘Malembe’ avec Chip-Fu, l’excellent ‘Nkolo’, presque du Pete Rock & C.L. Smooth) après avoir revendiqué l’unité de l’Afrique (‘Unity’, jolie
récitation d’un fameux paquet de pays africains et de leurs capitales) et avant de pleurer sa patrie de la plus belle manière qui soit (‘Muana Congo’, vibrante). En Lingala, ‘Makasi’ signifie la force. Cet album en est un vrai tour. (lg)
Jean Mikili ‘Un Homme Blanc’ Matamore/Humpt y Dumpt y Records
‘L’homme blanc deviendra noir et l’homme noir deviendra blanc’. Cet homme blanc, c’est JeanMichel Leclercq. Et d’après sa légende biographique, c’est cette prophétie d’un obscur prédicateur congolais qui expliquerait son envoûtement brutal et sa métamorphose en Congaulois bon teint sous le patronyme de Jean Mikili. Un prétexte idéal pour péter une case et tremper sa guitare dans un pot de soukous, de zouk et de rumba. Mais en enfilant les habits de missionnaire d’une très éphémère « nouvelle scène congauloise », c’est l’ailleurs de la chanson française que Jean Mikili explore à grands coups d’envolées de guitares, de basses bien rondes et de batteries ensorcelantes. Un territoire entre le 36ème degré de latitude textuelle et le 72ème degré de longitude musicale. Entre la fantaisie douce-amère d’un Mathieu Boogaerts et une subtile caricature des mélodies de Papa Wemba. L’hiver à Liège, Vladimir Poutine, les promenades en Flandre, les ciels ni noirs ni blancs qui font gris-gris, tout est prétexte à la congauloiserie. Une magie blanche qui surprend, déride et ensorcelle autant les neurones que les guibolles. Qui manque un peu de variété aussi parfois. Mais on laissera ça à l’autre chanson française. (gle)
Miraculous Mule ‘Deep Fried’ Muletone/Bronze Rat
La poussière tourbillonne entre les fidèles. Sablonneuse, l’eau bénite crisse sous les signes de croix. La chapelle vibre au rythme d’un gospel goudron et de l’extase des convertis. Il y a, dans la transe religieuse, une noirceur que Miraculous Mule s’est entrepris de sonder, au plus profond des fonds baptismaux. Hobos des temps modernes, baladés de gnôles en dépression, les trois londoniens tiennent une messe à l’odeur de tourbe et de souffre, rythmée des coups de marteaux de tous les laissés-pour-compte. Inspirés de Blind Willie Johnson, signés chez Bronze Rat (Jon Spencer, Seasick Steve) ils décrassent l’influence negro-spirituelle pour mieux la re-saloper à grands coups de guitares possédées, la tordre en blues crapuleux, boogies envoûteurs ou rock’n’roll grésillant
comme de l’huile sur une pierre chaude. On se prosterne sans hésiter devant une telle ferveur païenne. (ab)
M.I.A. ‘Matangi’ Interscope/Universal
De la hype à la B.O. de ‘Slumdog Millionaire’, de l’excitation à la surexposition, les chansons de M.I.A. se sont peu à peu métamorphosées pour se frotter aux poids lourds de l’industrie musicale. Sur le ring, pas de cadeau : il faut percuter l’audience et tamponner les parts de marché. Chargé d’obligations contractuelles, ce combat semble bien au-delà des forces de M.I.A. En 2005, la Londonienne d’origine sri lankaise avait ouvert une brèche dans la pop contemporaine en balançant un premier album fourre-tout (‘Arular’) : un défouloir hédoniste où hip-hop, dancehall, rock et electro se dansaient le poing levé. Deux ans plus tard, M.I.A. parachevait sa mixture du futur sur ‘Kala’, album de la consécration et écrin du point de nonretour ‘Paper Planes’, tube planétaire inoculé dans les oreilles du monde comme un virus dont on cherche aujourd’hui encore le vaccin. Depuis cet électrochoc chic et ethnique, M.I.A. est l’émissaire d’une musique populaire, globale et transgénique. Un peu rebelle, gentiment engagée, l’artiste fricote en coulisse avec les multinationales; une position paradoxale et peu confortable qui, depuis quelques temps, débouche sur des morceaux périssables. Le nouvel album semble répondre aux logiques d’un cahier des charges : deux singles (‘Y.A.L.A.’, ‘Come Walk With Me’), trois bonnes chansons (‘Matangi’, ‘Bad Girls’, ‘Double Bubble Trouble’) et beaucoup de remplissage. L’Anglaise jongle ici avec ses propres clichés et accouche d’un disque animé, mais sans âme. (na)
Miss Tetanos Und Sri. Fia featuring Stephen O Maltine ‘Miss Tetanos Und Sri.Fia featuring Stephen O Maltine’ Rockerill Records
A l’origine, il y avait Miss Tetanos Und Sri.Fa, duo féru d’électro aux sonorités rock qui déménageait plutôt pas mal. Entretemps, le batteur Stephen O Maltine s’est ajouté au line up, ce qui décuple bien évidemment la puissance de l’ensemble. Enregistré live au Rockerill, cet album est une orgie d’électro incisive et agressive qui se révèle incroyablement hypnotique et dansante. Mêlant des lignes mélodiques répétitives en forme de drones à des rythmiques brutes du décoffrage, l’ensemble est conçu pour attirer sur le dance floor quiconque est friand d’électro rock allumé. Démarrant avec le fantastique ‘Cyclotron’, minimaliste et robotique à souhait, l’album nous vaut ensuite l’excellent ‘Disco chicken’ au côté incantatoire. On n’est ceci dit pas au bout de nos surprises, puisque l’on retrouve plus loin le démoniaque ‘Give me’ qui doit être numéro 1 au hit parade dance en enfer. Après, on se fait caresser les oreilles par un ‘Deep freeze’ aux sonorités 80s et cinématographiques aguichantes, tandis que le trip se termine par ‘The last twist’, frénétique et dansant à souhait. Particulièrement excitant, tout ça ! (pf)
Moon On Earth ‘Nowhere Is Far Enough’ Lcmusic
Il y a un clip qui résume ce joli disque folkodéprimé : bricolé à partir d’images d’archive des missions Apollo, il met clairement en évidence la propension de ces petits gars à regarder presque exclusivement dans le rétro. Le petit pas pour l’homme et le grand bond pour la pla-
AUTOMNE nète pop, il faudra repasser. Pourtant, il y a trois ans, à l’échelle de la Wallonie, c’était une belle et grosse surprise. On avait aimé leur univers acoustique, apocryphe, cotonneux, sur la faille ; on avait passé des nuits avec le fragile ‘From The Beginning Of Nowhere’, s’inventant un futur qui, pouvait-on espérer, pourquoi pas, s’en irait galoper dans les foulées électrisantes de Midlake, les traces hyper classes de Balthazar. Aujourd’hui, c’est toujours aussi joli donc (quelques résonnances de kalimba, un poil d’harmonica, du violoncelle et des voix qui s’entremêlent), mais c’est un peu décevant, trop kifkif bourricot, ostensiblement moins sur le fil (lg).
Mutation ‘Error 500’ Ipecac
Si je vous dis que Mutation comporte en son sein un membre de Napalm Death et que le groupe a été accueilli à bras ouverts par un label permettant à Mike Patton de donner libre cours à ses fantasmes les plus bruitistes et dérangés, vous vous direz sans doute que ‘Error 500’ doit s’apparenter à un véritable déluge sonore étant à même de vous emplir d’effroi. Vous n’aurez pas tort. Roulements de batterie épileptiques, riffs trash, compos hardcore et hurlements sont bel et bien au rendez-vous. Mais il y a bien plus que cela, car si le bruit et le fracas sont érigés ici en maître mot, on retrouve également de la mélodie. ‘Bracken’,‘Utopia syndrome’ ou ‘Sun of white leg’, par exemple, intègrent des lignes mélodiques fulgurantes qui interrompent l’espace d’un instant le déluge tellurique dans lequel le groupe excelle. De même, Mutation est riche en d’expérimentations avec l’électronique, flirtant avec l’industriel quasi dansant sur l’addictif ‘Mutations’ sur lequel intervient Mark E Smith ou intégrant des beats dignes d’un jeu vidéo devenu fou sur l’effrayant ‘Innocentes in morte’. Clairement pas l’album idéal pour un repas de fin d’année en famille, mais une belle expérience sonore pour quiconque est féru de musique zarbi. (pf)
Native ‘Orthodox’ Sargent House
Depuis ses débuts, Native n’a cessé de redéfinir le hardcore, genre qui ne brille pas forcément par une grande capacité à se renouveler. Alliant une maîtrise technique impressionnante à une réelle originalité, le groupe parvient à provoquer la rencontre entre le bruit et la beauté. Il suffit pour s’en rendre compte d’écouter ‘Brass’, un titre noise hardcore, répétitif et quasi sludge qui est en même temps assez mélodique et prenant. Sur ce disque ultra concis (8 titres pour moins d’une demi heure), rien n’est laissé au hasard et tous les morceaux sont très bons. On aime beaucoup ‘Word city’ et ses percussions démentielles, le très accrocheur ‘Monday night’ ou encore l’énorme ‘Sixtyseven’ et son jeu de basse obsédant. Avec cet album direct et convaincant, Native prouve qu’il est assurément l’un des plus beaux fleurons de la scène néo hardcore. (pf)
Orchestra Of Spheres ‘Vibration Animal Sex Brain Music’ Fire Records
Toujours bordélique, jamais brouillon, cette invitation tribale à la danse et à la communion hirsute nous vient de Nouvelle-Zélande. Wa-wa sous réverb, une basse ondule sous la surface et se glisse entre les grosses gouttes d’une batterie hypnotisée tandis que des incantations baba se taillent un chemin vers le ciel en écho aux grenouilles. Hipsters pur-sang ou véritables illuminés ? La réponse importe
peu ; les quatre énergumènes aux pseudos gentillets et aux instruments faits maison parviennent à suspendre l’incrédulité le temps d’un second album touffu comme une jungle de plastique, entre psychédélisme fluo, cascades de riffs et funk de savane. Dans les fourrés se secouent rhinos en peluche et tigres de papier. Pour peu qu’on soit bien luné, ‘Vibration Animal Sex Brain Music’ prend les apparences mouvantes et enfumées d’une jam de clairière où gesticuleraient Django Django, Zun Zun Egui et Ponytail. On sait tous qu’au lever du jour, l’esprit revenu, la fête aura moins fière allure. Alors, jetons nos chaussures aux orties, piétinons le sable et réveillons les fourmis. (ab)
Mélanie Pain ‘Bye Bye Manchester’
DECEMBER
DIM 01 DEC
MAGMA
MER 04 DEC
MAGIC MALIK + SUPERPOZE
JEU 05 DEC
CINE-CONCERT CERCUEIL plays David Lynch's ERASERHEAD + SUPER CASTLEVANIA QUARTET
DIM 15 DEC
MARCEL ET SON ORCHESTRE
Fierce Panda
C’était en 1966, certes avec moins de synthés, de ukulele et d’autoharp mais ce ‘Bye Bye Manchester’, Marie Laforêt nous le susurrait déjà : « Manchester est sous la pluie / Et Liverpool ne se retrouve plus / Dans la brume d’aujourd’hui / L’amour lui aussi s’est perdu ». Le deuxième album de l’ex-égérie du collectif Nouvelle Vague ne contient que ça : des mignardises acoustico-synthétiques (arrangées par Albin de la Simone), d’humeur chagrine, qui s’écoutent comme une compile sixties de Françoise Hardy un dimanche après-midi de crachin, quand l’automne claque dehors et qu’il fait nuit à 16h30. Il est question de garçons qui ‘7 ou 8 fois’ ont bien failli l’avoir, il est question d’être ‘Just A Girl’, il est question de s’en remettre ‘Ailleurs’ (avec ce vers qui résonne comme un hommage à Daniel Darc et à ‘La Pluie Qui Tombe’, « les regrets, c’est salissant »…). Au bout du compte, ‘Bye Bye Manchester’ avec ses fêlures à la vanille et son romantisme suranné (‘Fluo’, presque irrésistible) finit par charmer. On fera la révolution une autre fois. (lg)
DIM 09 FEV
PIERRE LAPOINTE
JEU 13 FEV
Festival Les Nuits De L'Alligator
‘Lightning Bolt’ Monkey wrench/Universal
Pelican ‘Forever Becoming’ Southern Lord
Basé à Chicago, Pelican s’affiche comme un quartet métal dont l’apparence exté-
ROCKY HORROR PICTURE MARCEL
2014
Pearl Jam Plus de vingt ans après s’être formé, Pearl Jam est toujours bien vivant et quand on voit ce qu’il est advenu de la plupart des formations de la scène grunge, c’est déjà pas mal. En outre, vu que le groupe n’a plu rien à prouver ou à gagner, il se sent complètement libéré et ose donc sans réserve. Le résultat est un excellent album de rock grunge bourré des compos alternant avec maestria spleen et rage. Comme à son habitude, le groupe affiche clairement ses influences (qu’il s’agisse du rock 70s ou de la scène hardcore) sur des titres admirablement écrits et interprétés. Eddie Vedder est particulièrement inspiré, laissant parler ses émotions pour un résultat prenant, surtout sur les titres plus downtempo comme le dark ‘Pendulum’ ou encore le trio gagnant de ‘Sirens’, ‘Future days’ et ‘Yellow moon’, trois ballades grunge comme on les aime. A côté de ces moments plus calmes, on retrouve bien évidemment des combos bien rock qui tapent dans le mille, qu’il s’agisse de l’excellent ‘Getaway’ qui ouvre l’album en force, du délicieusement old school ‘Let the records play’ ou encore du tonitruant ‘Mind your manners’. Il n’y a pas à dire, Pearl Jam a plutôt bien vieilli ! (pf)
month
BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB
JEU 20 FEV
TETES RAIDES
JEU 13 MAR
SEUN KUTI
VEN 14 MAR
FAUVE
VEN 21 MAR
EMILY LOIZEAU
SAM 22 MAR
DISCLOSURE
VEN 28 MAR
HOLLYSIS
JEU 03 AVR
MOGWAI
24
Earteam
rieure ne laisse a priori pas présager une affiliation au genre. Si le groupe se définit comme pratiquant du ‘post-hardcore’, citant souvent ses influences punk et hardcore, la presse, elle, parle volontiers de ‘post-metal’. Quelle que soit la bannière stylistique et la petite casuistique qu’elle implique, il faut se rallier à l’évidence, c’est bien de métal dont il s’agit. Un métal aux accents post-rock certes, angulaires, voire anguleux mais parfois mâtinés d’emo. Ici, pas de guitares inutilement distordues, pas de chant incantatoire d’outre-tombe, pas de longs cheveux, pas de calligraphie gothique, mais un son dru, serré, ramassé, estampillé par le sceau du studio Electrical Audio où il a été confectionné. Deux guitares, une basse, une batterie. Sur une décennie d’existence, Pelican a varié les labels, favorisé les éditions partagées et aligne cinq albums studio. Les fans du Earth de la première heure, d’Ascend et d’Isis devraient apprécier ce petit cousin qui ne fera pas tache au sein de la famille. (et)
Pick A Piper ‘Pick A Piper’ Cit y Slang/Konkurrent
Depuis que Dan Snaith secoue des beats sous l’échine de Daphni, les poils de Caribou sont au officiellement au repos. L’animal en pause, le batteur Brad Weber en profite pour sortir de sa tanière, histoire de battre le tambour sur un disque en compagnie de son nouveau trio. Sur cet album éponyme, Pick A Piper pique - effectivement - à peu près toutes les idées préalablement dessinées par sa formation originelle. Ici, les percussions palpitent sur des mélodies psychédéliques et les rythmiques électroniques rampent sous des orchestrations organiques. Séduisantes sans être brillantes, les huit chansons de ‘Pick A Piper’ clopinent comme un Caribou défoncé aux tranquillisants pour castor. (na)
Pilod ‘Sunny Forecast’ Pilod Recordings
Formé voici deux ans, ce groupe originaire de Louvain commence tout doucement à faire parler de lui. Ce n’est que justice tant la musique de Pilod déborde de grâce et de finesse. Evoluant dans un registre pop rock indie d’inspiration 90s, ‘Sunny Forecast’ regorge de mélodies délicates aux textures ciselées mettant en avant des entrelacements de guitares subtils, le tout au service d’une grande mélancolie qui sonne juste, évitant le piège de l’auto complaisance ou des larmes faciles. Il en résulte des morceaux extrêmement prenants et touchants comme ‘Wind blow’ et le titre éponyme. Optant tantôt pour une approche résolument pop (‘Read my lips’) ou plus enlevée mais toujours sereine (l’hypnotique ‘The arrival song’ et l’addictif ‘Stuck in a dream’), Pilod dessine un univers qui nous plaît et qui nous donne envie de les suivre dans leur carrière. (pf)
Red Stars Over Tokyo ‘Melody Attack’ Test toon Records
Ce disque aurait dû logiquement échoir à l’escarcelle du collègue Dark Chips à destination de sa colonne ‘Man Machine’. Qu’à ce ne tienne, son écoute n’est pas désagréable et mérite une brève digression. Elle révèle une musique électronique qui n’hésite pas à incorporer à son avantage bien d’artéfacts sonores du passé. On reconnaîtra quelques sonorités acides expurgées de l’époque charnière fin 80’s/début 90’s (‘Girls’ From Pyongyang’), des ambiances ambient dignes de la belle époque des compiles ‘Freezone’ et des mimiques trance déjà entendues dans une autre décennie. Malgré la formule ronflante de la bio qui indique qu’il s’agit « d’une musique post-dancefloor pour un usage post-dancefloor », on décèle chez ce musicien louvaniste une envie de
Madensuyu ‘Stabat Mater’ Suyu Makinesi
Pour son troisième album, Madensuyu a choisi de se confronter au Stabat Mater, soit l’un des thèmes sacrés les plus rabâchés du répertoire classique (Vivaldi, Pergolesi, Pärt, notamment). Un parti pris ambitieux mais un risque calculé tant la dramaturgie intrinsèque de ce poème médiéval - sublimant la douleur de la Mère face à son Fils crucifié - s’accorde parfaitement à la musique instinctive, crue et tendue du duo gantois. Enregistrée en cinq jours sous la houlette de Peter Vermeersch (co-producteur du premier dEUS), cette œuvre au rouge en propose une relecture noisy, une incarnation de chair et de sang, véritable fruit de leurs entrailles. En n’hésitant pas à recourir à certains codes narratifs de la musique classique. Premier clou dans la croix, l’allégorique ‘Crucem’, évoluant d’une rythmique tribale à une ambiance éthérée pour exprimer le chagrin brut et la rage impuissante. Des clous enfoncés plus profondément encore par des titres comme ‘Mute Song’ et ‘Ready I’ainsi qu’avec l’instrumental et plus torturé ‘Dolorosa’ sur lesquels la force de frappe du groupe s’exprime pleinement. Sans pour autant négliger les nuances et relâcher les tensions, en faisant intervenir des angéliques voix d’enfants de chœur lors de deux interludes judicieusement disposés. Après s’être allègrement bousculées et déchirées, guitares, batterie, nappes synthétiques et voix se réconcilient alors dans une communion passionnelle célébrant toutes les mères. ‘Haul In/High Tide’résonne comme une dernière profession de foi, celle d’un groupe qui ne jouerait pas une note sans en éprouver le poids émotionnel. L’écoute ne prend toutefois jamais les allures d’une auto-flagellation. Mais plutôt celle d’une offrande pour ce qui est peut-être l’un des meilleurs albums belges de l’année. (gle)
sonder toujours plus loin les profondeurs sonores pour en expurger la substance qui fera le matériau de ses manipulations. (et)
Gaëtan Roussel ‘Orpailleur’ Barclay/Universal
On ne sait pas vraiment ce que Gaëtan Roussel entend par ‘Orpailleur’, s’il a la prétention de nettoyer la pop moderne pour en retirer une quintessence dorée, mais c’est raté, prétentieux, goitreux. A tel point que j’ai été relire ma chronique de mai 2010 pour être bien certain que je me pinçais là où ça fait le plus mal. Non, ça n’est pas un cauchemar, c’est un vrai disque, avec onze vraies chansons, si tant est qu’on puisse appeler ces geignardises pop ainsi. Un album bouffi qui n’a plus rien à voir avec - je me cite - : « ce disque (du mois) court et éclaté qui engendre les mêmes effets que bouffer des moules à la diable dans un troquet ostendais : foutre le feu au palais et rester longtemps en bouche ». Les gimmicks sont à la masse, les textes reposent sur trois mots de vocabulaire (entendre ‘Poésie’ et gerber) et les tubes, ‘Eolienne’, etc., donnent envie de prendre le large le vite possible, vent dans le dos, et de ne jamais revenir. (lg)
Gaspard Royant ‘10 Hits Wonder’ Sardanapale Records
Il y a quelques mois, l’élégant Gaspard Royant déballait ses talents sous l’enseigne de quelques 45 tours vendus sous le costard. Le présent ‘10 Hits Wonder’ reprend les meilleurs instants de ces précédents enregistrements. Obsédé par l’authenticité de crooners légendaires, l’artiste français libère sa voix et réveille les fantômes de Roy Orbison et Del Shannon. Emballés entre Londres et Paris, les dix morceaux de cette compilation brillent d’une saine nostalgie. Gaspart Royant chante et enregistre à l’ancienne pour délivrer dix resucées sixties aux charmes anachroniques et forcément millésimés. (na)
Russian Circles ‘Memoriam’ Sargent House
Originaire de Chicago, Russian Circles est l’un des groupes les plus intéressants de la scène post métal. Associant un goût pour un métal at-
mosphérique limite ambient façon Neurosis à des structures guère éloignées du post rock ou du prog, Russian Circles développe un style assez unique et prenant. Sur ce nouvel album dont la structure est basée sur celle du mythique ‘Animals’ de Pink Floyd, on retrouve cette tension entre passages durs et moments apaisés empreints d’une grande beauté. Là où les grandioses et admirablement construits ‘Burial’ ou ‘Deficit’ lorgnent du côté d’un métal grandiose avec leurs riffs apocalyptiques d’une indéniable majesté, ‘Cheyenne’ ou ‘1777’ affichent une grande mélancolie teintée de nuances vaporeuses, tendance shoegazer, tandis que ‘Ethel’ mêle ces deux aspects sans que cela ne semble forcé. Impressionnant. (pf)
Saffronkeira + Mario Massa ‘Cause And Effect’ Denovali
Sous la bannière Saffronkeira, le Sarde Eugenio Caria tisse de longues compositions instrumentales où se lovent des sons ouatés et lointains. Sur ce nouvel opus enregistré sur son île, il a convié le trompettiste Mario Massa après l’avoir vu jouer à la télévision. Les deux se sont très vite entendus. De manière prévisible ‘Cause And Effect’ laisse la part belle à la trompette qui s’imbrique avec délicatesse dans les atmosphères électroniques crées par Caria. Le jeu de Massa, recourant abondamment à la sourdine, n’est pas sans rappeler, dans son approche et son doigté, celui d’Arve Henriksen (Supersilent). On pense aussi à la récente collaboration entre un autre fameux trompettiste norvégien - Nils Petter Molvaer - avec Moritz von Oswald. Mais, c’est évidemment chez Jon Hassell auprès de qui il faut aller pour trouver le lien filial. L’album pèche par sa longueur, plus d’une heure quart, tandis que bon nombre de morceaux s’avèrent au final redondants. (et)
Sand ‘Sand’ KScope
Quelque chose d’épique et de dérisoire palpite sous ces chants éthérés à l’extrême, ces artifices dream-pop accueillis sans réserve. De fioritures en délicatesses, entre deux North Atlantic Oscillation, Sam Healy prend la pose puis se cache derrière ses doigts. Conjugue tragique au subjonctif, l’accorde de confettis. Met tout le monde dehors, et rouvre grand la
porte de service, sans un mot d’excuse. ‘Sand’ racole et rejette, feint l’hyperbole, offre sa voix fluette aux bouffissures, dégonfle la baudruche quand guette l’explosion ou l’agacement. Créature hybride échappée d’un laboratoire rétro-futuriste, Sand porte les traits séduisant d’une pop aquatique où l’on devine Pink Floyd, Talk Talk et les Flaming Lips, sous les stigmates encore huileux d’un excès d’affectation. Donnons-lui quelques jours encore et les croûtes devraient tomber. (ab)
Mathew Sawyer ‘Sleep Dreamt a Brother’ Fire Records
« We don’t want the other side / to decide/ for you or me : gémellaire ou schizophrène, le concept niché dans l’esprit secoué de l’artiste Mathew Sawyer pour ce troisième album s’articule en tout cas autour des figures d’Hypnos (« Sleep ») et Thanatos (« Death »). Touchant de candeur par endroits, lo-fi et bizarre tout le temps, peut-on voir autre chose dans ‘Sleep Dreamt a Brother’qu’un carnet de rêves éveillés d’un Spider troubadour naïf, qu’une parade de ce Mark Everett à violon pour rester à l’abri à tout jamais dans un ‘Next Stop : This Town’ de carton-pâte, qu’une façon pour ce Daniel Johnston anglais de jouer aux marionnettes avec ses démons, que les comptines déchirantes d’un David Tibet à la voix chevrotante qui aurait laissé toute mystique superflue derrière lui, d’un enfant minuscule perdu dans un corps grabataire (ou le contraire)? Puisqu’ici bruissent encore quantité de souvenirs et de deuils récents, on ne peut qu’espérer que si un jour Mathew Sawyer retrouve les « Ghosts » qui l’accompagnaient, ils s’appelleront tous Casper. (alr)
Polly Scattergood ’Arrows’ Mute
A la première audition d’’Arrows’, second tentative de Polly Scattergood, une question se posait entre mille : où donc ai-je déjà entendu cette voix mutine et malicieuse ? Quelques recherches plus tard dans mes armoires Billy, la réponse était toute trouvée : sur son premier album, pardi, surgi de quatre années sous la poussière entre Stephanie Dosen et Sold Out. Au risque de m’avancer, je ne pronostiquerai pas le même funeste sort à son successeur, que du contraire. Empreints d’un sens du tragique qui habille joliment sa jeune interprète (26 ans), le nouveau disque de Scattergood imprime quelques morceaux de l’encre d’une Emily Jane White, qui aurait toutefois troqué ses atours folk rock pour une approche exclusivement pop synthétique think Au Revoir Simone en plein trip Ninja Tune genre Emika. Parfois, la très charmante blonde de l’Essex en fait beaucoup dans la production, qu’elle charge inutilement d’infra-basses et autres attributs électroniques, plus souvent, ses diversions romantiques impriment une marque durable et se laissent déguster comme du Françoise Sagan parcourue une glace Capoue dans l’autre main, les oreilles branchées sur Toddla T. (fv)
Sleigh Bells ‘Bitter Rivals’ Luck y Number/Pias
En 2010, Sleigh Bells frappait à la porte de la hype avec ‘Treats’. Disque véreux, arnaque ultime, l’affaire reposait sur une honteuse contrefaçon : écouler onze Smarties au chocolat en s’engageant à fournir des dosettes de MDMA. À l’époque, tout le monde a gobé le bazar. Les gentilles mélodies bubble-gums du duo newyorkais s’échangeaient au prix des plus précieuses substances toxiques. Certains allaient jusqu’à débourser plus de trente dollars pour se faire avoir. Deux ans plus tard, les deux dealers de pop compressée se sont repointés à la sortie des écoles pour fourguer une nouvelle
beursschouwburg .be
06.12
Wooden Shjips + The Cosmic Dead Autumn Falls
fr sa
20-21.12
fr
10.01
The Oscillation
fr
17.01
Sons Of Disaster + We’rewolves
we
22.01
The Valerie Solanas
fr
30.01
Cold Cave + Les Trucs
sa
07.02
Fatima Al Qadiri + Lucky Dragons
sa
15.02
Crystal Antlers
we
19.02
Ratzinger
su
23.02
From Baroque to Tango
vr
07.03
WhoMadeWho
sa
15.03
Grails + Lilacs & Champagne
we
19.03
Horses On Fire
concerts
Le Noël De Bas Nylon
Nixie’s
Nixie’s
Origami Classics
Rue A. Ortsstraat 20-28, Bruxelles 1000 Brussel
fr
26
Earteam
camelote baptisée ‘Reign Of Terror’. Le bouche à oreille aidant, les consommateurs se sont montrés plus prudents. L’escroquerie a tourné court. Coursé par le FBI, recherché par la CIA, Sleigh Bells a aujourd’hui le culot de tenter une troisième sortie. D’un mauvais goût digne d’un épisode avorté des ‘Feux de l’amour’, le récent ‘Bitter Rivals’ est un flagrant délit de première catégorie. À ce rythme-là, la cabale va s’achever sous les verrous. Ou par une fusillade. On ne voit pas d’autres issues. (na)
Smoke Fairies ‘Ghosts’ Cultivant un goût prononcé pour les guitares vintage au son chaud, comme des couvertures pour les protéger de la froideur de leur Sussex natal, Jessica Davies et Katherine Blamire s’inspirent autant de de leur campagne anglaise que d’americana. Et entre folk blues taciturne et pop brumeuse, terroir et modernité, leurs chansons endimanchées sont la bande originale idéale d’un week-end passé à contempler le crachin par la fenêtre d’un cottage anglais. C’est d’ailleurs dans les placards d’un de ces cottages que le duo est allé réveiller les fantômes de ses premiers essais et ressortir l’argenterie de singles auparavant éparpillés sur la Toile. L’occasion de constater que l’identité forte des Smoke Fairies s’est construite très rapidement autour d’arpèges à la féérie presque irréelle et d’harmonies pastorales portées par des voix de déesses en mode yin et yang. On retrouvera notamment sur ce disque le single ‘Living With Ghosts’ qui accrocha l’oreille de Jack White au point de l’inciter à faire signer les anglaises sur son label Third Man Records. Preuve pour ceux qui en douteraient encore que le folk et le blues ne sont plus seulement une question de barbe ou de testostérone. (gle)
Soan ‘Sens Interdits’ Sony
Pour un Julien Doré sorti des géhennes de Nouvelle Star, combien de ploucs déguisés en clochards célestes pour masquer une créativité nulle ? Le sous-Mika Christophe Willem, la grosse Luce, Amandine Bourgeois, Jonathan Cerrada… On croyait l’engeance crevée mais non, elle résiste, tel Soan, sous-genre bouffon, à mi-chemin entre les Kurt Cobain et Damien Saez du très, très pauvre. Ce troisième disque, boursouflé, prétentieux est une misère qui prend la pose à tous les râteliers : rock français pour sourds et gamines en chaleur, cabaret ridicule, pop Ikéa (facile à monter, un bon producteur et n’importe qui la torche), invités de (dé)marque (Rachid Taha, inconsistant sur le titre éponyme, La Demoiselle Inconnue sur ‘Me Laisse Pas Seul’). Pour pré-ados, uniquement. (lg)
Spain ‘The Morning Becomes Eclectic Session’ Glit terhouse Records/V2
Ce n’est plus un secret : le jour où on a appris le retour de Josh Haden fut nimbé d’une grâce quasi divine, qu’aucune plaie d’Égypte n’aurait pu entacher. Il était notamment la tête lunaire derrière ‘The Blue Moods Of Spain’, disque inépuisable, colonne vertébrale slowcore du mitan des nineties, on avait beau n’être qu’une poignée à chérir ces notes-là, ce dévoilement pudique, on ne les aurait échangées contre aucun plaisir plus clinquant. Cet homme aurait donc pu dégringoler tout aussi sec dans notre estime, mais vint ‘The Soul Of Spain’, un retour plus vibrant encore qu’on ne l’aurait rêvé, avec ‘I’m Still Free’ en clé de voûte d’une cathédrale spirituelle et intime. ‘The Morning Becomes Eclectic Session’ contient sept essentiels du groupe (l’indéboulonnable ‘Spiritual’, le déchirant ‘Walked On The Water’ digne d’un ‘Where
Dean Wareham ’Emancipated Hearts’ Sonic Cathedral Records
Dans une catégorie aussi encombrée que celle des singers songwriters, vous savez ce monde entre six cordes, comptoir enfumé et rasades de whisky, il nous en faut vraiment beaucoup pour nous faire tomber de notre chaise. Et bien, vous l’aurez sans doute deviné, le premier album en solo de Dean Wareham vaut un sacré pesant de clopes roulées au coin du bar. Bien sûr, notre homme est loin d’être un blanc bec de l’exercice discographique, quand on a fait partie des mythiques dream popeux de Galaxie 500 avant de fonder Luna, on peut se prévaloir d’un CV long comme le bras - et par charité, on ne mentionnera pas son plus anecdotique duo conjugal Dean & Britta. Aujourd’hui rangé de ses aventures de groupe(s), en tout cas provisoirement, Wareham se mue en folk rockeur de tout premier plan. C’est d’abord à M. Ward qu’on songe dès les premiers instants de ‘Emancipated Hearts’ et l’impression initiale ne fait que se confirmer tout au long de l’exercice. Excellent de bout en bout, ponctué d’arrangements qui ont la judicieuse idée de dépasser le cadre étroit de l’americana, le disque nous rappelle combien les instants passés aux côtés de G500 et Luna étaient précieux, tout en ouvrant une fenêtre sur de grands espaces où trônerait une ‘Transistor Radio’. Ô cœurs de tous les pays, émancipez-vous au son de Dean Wareham. (fv)
The Wild Roses Grow’ touché d’une ferveur christique, ou ‘Only One’, choral avec les trois sœurs Haden) enregistrés en live à la KCRW et constitue un magnifique portail d’entrée pour ceux qui n’auraient pas encore trouvé la foi. On vous conseille vivement d’en célébrer chaque grain, de prendre le temps du recueillement, car il se pourrait que, grisé par l’accueil de ses fidèles, Josh Haden ne redevienne un jour tout simplement humain. (alr)
C. Spencer Yeh, Okkyung Lee, Lasse Marhaug ’Wake Up Awesome’ Sof t ware Recording Co.
A l’image du dernier film de Ridley Scott ‘The Counselor’ où tout amateur de blockbuster hollywoodien se fait dessus à la lecture du casting (Brad Pitt, Javier Bardem ou Michael Fassbender), ‘Wake Up Awesome’ titillera les amateurs d’expérimentations très Wire-like (le magazine, pas le groupe). Stars des musiques expérimentales, ils doivent donc être connus de 5000 personnes à travers le monde, les électroniciens C. Spencer Yeh et Lasse Marhaug joignent leurs forces au violoncelliste Okkyung Lee sur ce second volet de la série ‘Software Studio Series’ - et il nous emmène dans des directions aussi variées que recommandables. Puissamment noise par instants, grâce aux interventions inspirées de Yeh le New Yorkais et de Marhaug le Norvégien, le disque imprime aussi quelques (rares) contours néo-classiques qui évoquent un Gavin Bryars de la marge. Osant l’aventure vers la Kosmische tout en demeurant d’un feu expressif qui s’accapare les codes d’un monde en lambeaux, le trio américano-coréano-norvégien bouscule les hypothèses d’un Stockhausen ou d’un Mauricio Kagel, vire quelquefois vers un apocalypse à la Gert-Jan Prins et surtout, parvient à capter - quinze titres durant, mesdames et messieurs les jurés - une attention sans faille et sans reproches. Là où tant d’autres croient détenir la vérité bruitiste en torturant tout ce qui leur tombe sous la main, Yeh, Lee et Marhaug témoignent d’une unité de vue tellement foisonnante qu’on serait bien idiot de renoncer à leur proposition. (fv)
Staer ‘Daughters’
jachères musicales, il ne faudrait pas pour autant oublier la Norvège, autre terrain fertile à l’éclosion de musiques curieuses. S’agissant par exemple des nouvelles formes du ‘métal’, il y a matière. Staer et Ulver attestent de la bonne santé de ce genre qui a su se renouveler au pays des fjords. Trio guitare/basse/batterie provenant de Stavanger, Staer a une existence récente tandis que ‘Daughters’ n’est que son second album. Il joue et se joue des distorsions. Son hardcore instrumental se donne des accents brooklyniens et il n’est pas étonnant de voir aujourd’hui le groupe s’embarquer pour une tournée nord-américaine. Pour sa part, Ulver a plus de dix ans d’expérience et a longtemps pratiqué un black métal incorporant des éléments folk, noir lui aussi, revendiquant ses influences chez l’écrivain William Blake. Ce disque est le fruit d’une collaboration entre le combo avec l’Orchestre philharmonique de Tromso, commissionnée par les instances culturelles de la ville. Ces six compositions témoignent d’un nouveau tournant pris par le groupe. Le métal s’efface ici progressivement pour laisser place à des agencements intelligibles et parfaitement audibles, rendu plus imposants encore par la vingtaine des musiciens composant l’orchestre. Parmi les sources ayant influencé cet album, Ulver cite la fameuse ‘Symphonie n° 3’ de Gorecki et Gustav Malher mais, de manière plus improbable, Nurse With Wound et John Carpenter. Quoiqu’il en soit, le résultat mérite le détour. (et)
Superhumanoids ‘Exhibitionists’ Innovative Leisure/Ber tus
Formé voici trois ans sous le soleil californien, ce trio a dans un premier temps sorti une poignée de singles et de maxis avant de nous présenter son premier album. A l’instar de ‘Geri’, dévoilé en guise de mise en bouche, ‘Exhibitionists’ s’érige en ode à une dream pop délicate, jouant sur la dualité de voix féminines et masculines pour développer des ambiances éthérées et romantiques qui se révèlent touchantes. Alliant des claviers rappelant la new wave 80s à des guirlandes de guitares, l’ensemble est charmant, même s’il manque un peu de caractère propre et de titres mémorables. Il n’empêche que l’accrocheur ‘Canteen’, l’enlevé ‘So strange’ ou le primesautier ‘Too young for love’ affichent suffisamment de qualités pour nous faire décerner à cet album une mention honorable. (pf)
Horse Arm/Dense
Lobi Traoré
‘Messe I.X – VI.X’
‘Bamako Nights – Live at Bar Bozo 1995’
Kscope/Ber tus
Glit terbeat
S’il semble bien que ce soit l’Islande qui retient aujourd’hui l’intérêt des amateurs de nouvelles
Les fans de Tinariwen, de Tamikrest s’y retrouveront mais ce sont surtout ceux d’Ali Farka
Ulver
Touré qui devraient tomber à la renverse. Enfin, les plus extrêmes, ceux qui ont un jour poussé la piste de latérite jusqu’à remonter à des machins vraiment roots, comme le groupe malien Super Djata Band. Dans les années septante, pendant que Fela Kuti créait l’afrobeat au Nigéria, Zani Diabaté inventait lui aussi, dans les quartiers chauds de Bamako, un genre à part entière : le blues Bambara, soit une musique diabolique à base de guitares éclectiques à la Jimmy Hendrix et d’influences traditionnelles (kora, balafon, percussion). Il est mort début 2011, quelques mois à peine après son pote Lobi Traoré. Un brave gars qui avait rejoint le Djata Band en cours de route et qui, fin des années 80, avait entamé une carrière solo, forte d’une petite dizaine d’albums. En 1995, au Bar Bozo, espèce de CBGB subsaharien, il livrait un show foutrement électrisé, incendiaire, aujourd’hui enfin disponible pour les masses. Gaffe tout de même, c’est rêche. On conseille donc de prendre ça plutôt comme une forme de documentaire. Celui d’une époque révolue. Et puis cette accélération au djembe sur le morceau final, c’est dingue. Un sacré bazar au Bar Bozo. (lg)
Tiger Bell ‘Don’t Wanna Hear About Your Band’ Platinum Records
Sur scène, elles reprennent ‘ça Plane Pour Moi’ et on n’y comprend pas un traitre mot. C’est normal, elles viennent du pays de la Volvo et, il fallait s’y attendre, elles ont des looks pas possibles, genre grunge gothique dégoulinant. Elles aiment aussi rappeler que quand elles composent, elles ne cherchent pas à atteindre la note bleue : trois accords ultra basiques et punk, dans ta gueule ! Douze titres envoyés en vingt-neuf minutes qui rappellent plein de groupes 100% pouffes (ou quasi) : The Ettes, Vivian Girls ou encore Best Coast mais en plus rudimentaire. D’ailleurs, on ne serait pas étonné d’apprendre que Lotta, Lisa, Canan et Lovisa bouffent du renne enragé au petit-déjeuner, qu’on leur ait enseigné à se gratter le cul à table et qu’au berceau, on leur ait foutu les Ramones pour s’endormir. Il faut peu d’éducation pour sortir un disque aussi joliment basique. (lg)
Tides From Nebula ‘Eternal Movement’ Long Branch Records/SPV
Actif depuis quelques années déjà, ce quatuor polonais nous livre son troisième album, sans doute le plus abouti qu’il ait sorti jusqu’ici. ‘Eternal Movement’ invite l’auditeur à un voyage de 48 minutes qui oscille constamment entre félicité absolue et tension, tissant des atmosphères riches et prenantes empreintes d’un lyrisme et d’une mélancolie intenses. Entre post rock et prog, Tides From Nebula impressionne par sa maîtrise technique impeccable qui met en avant une puissance et une virtuosité jamais démonstratives et superflues. Guitares fuzz, percussions et claviers s’associent avec grâce sur des titres terriblement mélodiques et somptueux, notamment sur ‘Laughter of gods’, ‘Satori’ et ‘Emptiness of yours and mine’, ce dernier brillant particulièrement par sa construction subtile. (pf)
TrafficJam ‘Lonely Happy’ Music Shock
Actif depuis 2000, ce quatuor néerlandophone a dès ses débuts affiché un son propre, intégrant à ses compositions d’essence métal des petites touches plus pop, indus, voire carrément dansantes, ce qui a amené TrafficJam à
GIRLS AGAINST BOYS + JOY AS A TOY
recourir au qualificatif de ‘alternative hardness’ pour décrire sa musique. ‘Lonely happy’, globalement réussi, reste fidèle à sa marque de fabrique. Si la fusion des genres ne donne pas toujours le résultat escompté faute d’un résultat hybride trop touffu, la mayonnaise prend à plusieurs reprises, notamment sur le très accrocheur ‘Popsong 2’ qui démarre l’album en force, ainsi qu’avec le très puissant ‘Say no more’ et son côté indus marqué ou encore sur le ‘Wish you were here’ - rien à voir avec Pink Floyd - qui clôt l’album façon stoner indus métal dark. (pf)
Turin Brakes ‘We Were Here’ Cooking Vinyl
Aguichante et lumineuse. Deux qualificatifs qui résument peut-être de manière abrupte la pop acoustique des Turin Brakes mais qui n’en sont pas pour autant des insultes à leurs arrangements jamais alambiqués et à leurs délicates guitares folk. La démonstration en est à nouveau faite sur ce ‘We Were Here’, disque charnière qui voit pourtant le groupe délaisser sa zone de confort et évoluer vers un son parfois plus sophistiqué et intégrant des influences tantôt blues, tantôt psyché. Synthétisant une dernière fois le passé, l’inaugural ‘Time And Money’ opère la transition en douceur. L’occasion de constater une nouvelle fois combien la voix du pourtant très masculin Olly Knights ressemble à s’y méprendre à celle d’une vieille chanteuse country qui se prendrait pour Janis Joplin. Ca ronronne déjà un peu moins sur des titres comme ‘Part Of The World’ ou sur le très sombre ‘Erase Everything’. Mais c’est sans aucun doute sur des compositions elliptiques et plus torturées comme ‘Sleeper’ et ‘Blindsided Again’ que l’on mesure à la fois le travail accompli et les nouvelles perspectives qui s’ouvrent au groupe. Des morceaux qui confirmeront que sophistication et efficacité peuvent faire un beau ménage à trois avec la pop acoustique. (gle)
Various ‘Red Hot + Fela’ Kit ting Factor y
C’est une belle surprise. Un disque hommage au pape de l’afrobeat nigérian, vaincu par le sida en 1997, qui dépoussière de fond en comble ce genre ultra rabattu depuis. Au casting : une palanquée de types inspirés, du MC avec point d’interrogation au groupe d’indie folk avec lettre sur deux en majuscule. On pourrait mettre les treize titres en exergue mais on se contentera d’appuyer sur quelques évidences. Notre excellent Baloji et son Orchestre de la Katuba, qui érige un pont foutrement crédible entre Lagos et Kinshasa (‘Buy Africa’). tUnE-yArDs et ?uestlove, donc, qui métamorphosent ‘Lady’. Les épiques My Morning Jacket qui plombent d’une mélancolie typiquement occidentale l’interminable et superbe ‘Trouble Sleep Yanga Wake Am’ (on frôle le quart d’heure, tout de même). Les moins connus Nneka, Sinkane, Amayo qui livrent une version synthétique éblouissante de ‘No Buredi’ (beaucoup moins de cuivres, de l’autotune). Ou encore Kyp Malone, Tunde Adebimpe, le Kronos Quartet et Stuart Bogie qui sifflent comme des dingues sur ‘Sorrow Tears and Blood’. Un titre qui, du coup, prend des allures de western morriconien revu par Andrew Bird. Singulier. (lg)
Vex Ruffin ‘Vex Ruffin’ Stones Throw/V2
Le label Stones Throw est en pleine mutation. Connue pour ses plongeons dans les pro-
fondeurs du hip-hop, la structure délaisse ses premiers amours (J Dilla, Madlib) et s’offre quelques frissons au sommet d’un rock sec et austère. Après les envolées kraut et fantomatiques de la blonde Anika, la maison de disques ouvre ses portes au premier album de Vex Ruffin. Punk déguisé en B-Boy, le garçon marche sur les traces de Suicide, Cabaret Voltaire et autres Throbbing Gristle. Ses morceaux croupissent sous le soleil de Californie mais rêvent de froides nuits new-yorkaises. Minimales, complètement bancales, les chansons de Vex Ruffin se tortillent comme des squelettes en transe sur un beat atrophié. Aussi limitée soit-elle, la combine délivre de jolies dérives proto-punk (‘Prime Of My Life’, ‘It Will Come’) : des hits cliniques pour taper du pied et claquer des dents. (na)
Franck Vigroux ‘Prisme’ D’Autres Cordes
Plusieurs fois évoqué dans ces pages, le nom de Franck Vigroux est associé au label D’autres Cordes qu’il a fondé il y a maintenant une dizaine d’années. De plus en plus engagé auprès de chorégraphes, il a vu son travail présenté à travers l’Europe mais aussi au Japon et aux Etats-Unis où il a été récompensé par un prix Villa Médicis Hors les murs. ‘Prisme’ suit la démarche entamée par ‘Camera Police’ paru en 2010 et ‘We (nous autres)’ en 2011. Il a été enregistré dans le sud de la France après une tournée avec le Groupe de Recherches musicales (le fameux GRM créé fin des années 50 par Pierre Schaeffer). ‘Prisme’ se déploie en cinq pièces concises, taillées sur mesure où s’entrechoquent des sons électroniques puissants et trempés, un peu à la manière d’un Mika Vainio. Il est aussi le point de départ du travail unissant Vigroux à l’artiste visuel Fabien Zocco, lequel réalise ici la pochette. (et)
Volbeat ‘Outlaw Gentlemen & Shady Ladies’ Ver tigo/Universal
Bénéficiant d’une belle reconnaissance internationale, ce groupe danois développe un son assurément original puisqu’il mêle des éléments classic rock, métal et country sur des titres invariablement immédiats. Par rapport à ‘Beyond hell/above heaven’, son prédécesseur, le nouvel opus est globalement moins heavy et plus orienté mainstream, ce qui est clair à l’écoute des tubesques ‘Lola Montez’ et ‘My body’. Si l’orientation plus pop du groupe n’échappe pas à la faute de goût occasionnelle (le très mielleux et putassier ‘Cape of our hero’), Volbeat a toujours suffisamment de titres plus couillus en réserve pour maintenir son statut. C’est ainsi que le métal limite stoner de ‘Room 24’ et ‘Dead but rising’ rentre dans le lard, tout comme le très réussi ‘Doc Holliday’ qui intègre du banjo de bien belle façon. Et puis il y a aussi la voix de Michael Poulsen, soit un croisement entre James Hetfield et Elvis. Un rien grandiloquent, sans doute, mais pas dénué de charme, ‘Outlaw Gentlemen & Shady Ladies’ est donc un bon cru dans la carrière du groupe. (pf)
The Wave Pictures ‘City Forgiveness’ Moshi Moshi Records/Pias
Ça ne nous avait jamais frappés à ce point, mais cette fois, on se sent légitime de poser la question : se peut-il que David Tattersall ait été conçu à un concert d’un des deux grands Jimmy ? On s’expliquerait mal dans le cas contraire ce goût viscéral pour le solo de guitare partout-tout-le-temps. Passé ce préambule, on retrouvera dans ‘City Forgiveness’, double album (le cinquième du gang) infusé pendant les six semaines d’une tournée aux USA, tout ce qui fait l’essence particulière de ces pu-
pilles de Stanley Brinks (à nouveau présent dans les rangs avec Freschard...et à l’écoute de ‘Lisbon’, aucun doute de parenté) : un phrasé aux inflexions piquantes, une capacité à s’approprier avec pétillance le zoulk (zouk et folk fusionnés), un vrai sens de story-telling, conjuguant l’image étonnante voire absurde (« I am a whippet now, I am alarmingly thin / I was born on the head of a pin ») et l’auto-dérision (« You make me feel like dancing / Naked across th motel room / My beer belly bouncing in the afternoon »). S’il y a de quoi vous tailler des petits déjeuners copieux (parfois trop) et drôles-amers dans ces vingt tranches, on avouera notre prédilection pour ‘Better To Have Love’, et sa nostalgie à vif : « My body is a broken TV / Endlessly playing a flickering picture of the boy I used to be ». (alr)
White Denim ‘Corsicana Lemonade’ Downtown/Pias
Avec ‘D’ White Denim était parvenu à s’approprier le langage du rock progressif, façon Allman Brothers, pour le traduire en sonorités spontanées, pour ne pas dire contemporaines. ‘Corsicana Lemonade’, cinquième album des Texans, enfonce le clou, non sans dommages collatéraux. A l’inverse de ‘D’, ce nouvel opus flirte soudain avec la nostalgie, reproduisant tics et postures affectées. Entichée des atours prog les plus anachroniques, la production fige White Denim dans une mascarade sympathique mais casse-gueule pour un groupe dont la personnalité flottante reste encore à définir. Imaginez votre jeune compagne, belle mais naïve, se prêter à une imitation de Betty Page avec trop d’emphase : l’interprétation devient embarrassante, appliquée mais pas habitée, le maquillage un rien trop criard, la tenue - certes ressemblante mais pas à sa taille - renvoyant à la figure d’origine sans pour autant la convoquer. Et pourtant, le charme finit par opérer : à force de persévérance, la confrontation du modèle et de son interprète atteint une forme de grâce absurde dans les derniers morceaux que les fétichistes tels que moi ne pourront qu’apprécier. Les autres risquent de faire la tronche. (ab)
Widowspeak ‘The Swamps’ Captured Tracks Records
« We’ve got a cool life / I leave my shoes outside ». On prendrait, le temps de six fragments à la surface glissante, la peine de vivre au ralenti, les chevilles ornées de liserons, une slide guitar comme métronome, la canopée comme kaléidoscope. Molly Hamilton, Hope Sandoval taquine, s’enfoncerait en éclaireuse dans les entrelacs de la mangrove, et tambourin à la main, ferait frémir l’onde stagnante et surgir les libellules. Quand elle prononcerait « O-ke-fe-no-kee » comme on dirait « Jumanji », ça serait le vortex aspirant vers une ère de crinières broussailleuses et de jupons qui tournoient, vers une communion sylvestre avec les feu-follets. À grandes envolées de ‘Smoke and Mirrors’, on tenterait de rallier quelques alligators mollassons à notre cause, leur grattouillant le cuir de riffs luxuriants, de vocalises languissantes. ‘Calico’ serait la prière votive que nous adresserions, Ophélies consentantes dans nos ‘Brass Bed’ (« Baby, can we play dead »), aux nénuphars et aux sarracenias. Et de nous évaporer, heureux et libres d’enfin croire aux sortilèges tièdes des marais. « Can ‘t you be my real thing ? » (alr)
05.12 Autumn Falls @ Atelier 210 - Bxl
STADT
05.12 De Casino - Sint-Niklaas
THE FEELING OF LOVE + CATHOLIC SPRAY + TACHE
06.12 Autumn Falls @ Atelier 210 - Bxl
WOODEN SHJIPS + THE COSMIC DEAD
06.12 Autumn Falls @ Salle Rogier - Bxl
MADENSUYU
06.12 24.01 25.01 31.01 06.02 07.02 08.02 14.02
4AD - Diksmuide Trix - Anvers Eden - Charleroi De Casino - Sint-Niklaas STUK - Louvain De Kreun - Kortrijk MOD - Hasselt Nijdrop - Opwijk
SCOTT MATTHEW + LOVE LIKE BIRDS
06.12 De Warande - Turnhout
DAAU
07.12 Kruitmagazijn - Ieper
MARCO Z
13.12 CC Beringen - Beringen
THE GO FIND
13.12 Glimps Festival - Gand
SOLDIER’S HEART
14.12 Glimps Festival - Gand
CARMEN VILLAIN
14.12 Glimps Festival - Gand
DONSO
14.12 De Casino - Sint-Niklaas
TRAAMS
23.01 Botanique - Bruxelles 07.02 De Kreun - Kortrijk 08.02 MOD - Hasselt
CHANTAL ACDA
25.01 N9 - Eeklo
SCARLETT O’HANNA
07.02 Vrijstaat O - Oostende
LUBOMYR MELNYK
22.02 CCHA - Hasselt
STADT
15.03 Cactus Club - Bruges
THE NOTWIST
19.03 Botanique - Bruxelles
A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN
ATOMOS (dance performance) 29.03 De Warande - Turnhout 01.04 CC Hasselt - Hasselt
SHEARWATER
29.04 Botanique - Bruxelles 04.05 Democrazy - Gand more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
28 Bony King Of Nowhere 11 décembre Atelier 210, Bruxelles
Pour conclure sa tournée, Bram Vanparys posera ampli et baluchon dans le bar de l’Atelier 210. Le troisième album du Gantois s’aventure dans les terres arides d’un folk ultra dépouillé, souvent proche du Cohen sixties. Seul avec sa guitare acoustique, Bony King Of Nowhere se met à nu comme jamais. Tout ici revêt la beauté virginale des petits matins sur la campagne, retenus dans une brume qui tarde à se lever. La claque est titanesque, on était loin d’attendre Bram Vanparys avec un disque de cette profondeur, de cette justesse. « You have locked yourself away / and now you imprison me too », susurre-t-il dans ‘Valérie’. On ne pourrait dire mieux.
Aline + Lescop
13 décembre Les 4 Ecluses, Dunkerque Au départ, vous n’y pensez pas, vous foncez, vous reprenez. Et puis, il y a toujours quelqu’un pour sortir un bon mot, genre « c’est moi ou ils ont la même coupe de cheveux que Nicola Sirkis ? ». En y réfléchissant, oui, il y a quelque chose d’Indochine chez Aline, un peu partout, vous n’entendez plus que ça maintenant, c’est malin. Reste qu’Aline la Marseillaise n’est promise ni au Stade de France, ni aux fans plus très fraîches de ‘L’Aventurier’. Aline, c’est pour les mecs. Parce qu’elle tape dans la pop limpide, à guitares claires comme des Seapony et que parfois, elle se réclame des Smiths. On serait presque prêt à dessiner son doux visage sur le sable pour qu’elle revienne. Tous les garçons et les filles en manque de Daho pourront également taper dans les mains avec Lescop.
Michel Cloup + Moladji 14 décembre L’Entrepôt, Arlon
jeudi 05 decembre Autumn Falls: Girls Against Boys, Joy As A Toy @ Atelier 210, Bruxelles, autumnfalls.be Smooth Beans @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ DnaIsDeadLongLiveDna NeoNerd @ Music Village, Bruxelles, abconcerts.be Stabat Mater @ Ferme Du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Mountain Bike @ MOD, Hasselt, toutpartout.be The Fortunate Few @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Ilillilillilill, Butcher Boogie @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Chrysta Bell @ 30CC, Leuven, 30cc.be Alaska Gold Rush @ Café Monk, Bruxelles, monk.be Het Kampioenschap van Brussel Finale: Stoons, Berry Quincy, Teranga Band, Soldier Hems, Thibet, Flashblaster, New Killers in Town @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Geppetto & The Whales @ Kultuurkaffee, Bruxelles Super Castlevania Quartet, Eraserhead Cine Concert: Cercueil @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Stephan Eicher @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr Cercueil plays David Lynch’s ‘Eraserhead’, Super Castlevania Quartet @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Arman Melies, Perez @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr Dead By April @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
vendredi 06 decembre Autumn Falls: The Feeling Of Love, Catholic Spray, Tache @ Atelier210; The Cosmic Dead, Wooden Shjips @ Salle Rogier, Bruxelles, autumnfalls.be Le Père Noël Est Un Rockeur: Superlux, Abel Caine, Billions of Comrades, Von Durden, Catatonic Trip @ Espace Des Possibles, Mons, rockcoeur.be Playboy’s Bend, Al Capile @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Pro-Pain @ JC Kavka, Antwerpen, kavka.be Queimada @ Maison du Peuple, St-Gilles, muziekpublique.be Morning Glory, Versus You, Fat Sheep @ Entrepot, Arlon Mambo, The Holmes @ Taverne du Théâtre, la Louvière Mountain Bike, Jane Doe, Publicist, Cheveu-Apaches 150 Billy, Miss Tetanos @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Madensuyu, Tugrul & Hasan @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be The Mentalettes, The Glücks @ London Calling, Bruxelles Wizardkind, Read Back, Morning Chaos @ Atelier Rock, Huy Lylac @ CC Le Sablon, Morlanwelz, centritudes.be Tremplin Durbuy Rock Festival: Big Fat Lukum, Scarred, Unseen By Most Eyes, Vitriolised, Komah @ L’Escalier, LIège, facebook. com/durbuyrock Stanton @ De Grote Post, Oostende, degrotepost.be S-Crew, Surprise, L’or Du Commun @ Magasin4, Bruxelles Elvis Black Stars, Deportivo, The Tangerines, Hey Yeah! @ Le Coliseum, Charleroi, coliseum.be Castles @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be BJ Scott @ AB, Bruxelles, abconcerts.be 54kolaktiv: Exit 54 @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be All connected #2: Kassel Jaeger: sound of the Coupigny synth @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Deranged, Natron @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ DnaIsDeadLongLiveDna Jessy Lanza @ AB, Bruxelles, abconcerts.be DJ Cheapy, Pascualino, Röze @ Jour De Fête, Bruxelles Intronaut, Scale The Summit, Horses Blew Fire @ MOD, Hasselt Jacques Stotzem @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Glasvegas @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Patrice @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Chakuza @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu La Sauce Jack: Publicist, Diederdas, Mascarade, Mathus Raman, Farai, Classic DJ Crew @ Ara, Roubaix, Fr
samedi 07 decembre
Pour certaines personnes, ‘C’Etait Un Lundi Après-midi Semblables Aux Autres’ compte plus que d’autres disques. Diabologum taillait un sillon singulier, fait de bruit, de pop et de collages. Aujourd’hui, Michel Cloup enfonce celui d’une démarche définitivement différente (pour frère d’armes, Mendelson). Il est souvent davantage question de spoken word que de chant. Les guitares sont lourdes, menaçantes, dangereuses. Cloup, parolier hors-pair, a la science infuse du riff. C’est pertinent comme du Shellac. ‘Minuit Dans tes Bras’, le nouvel album de Michel Cloup Duo (avec Patrice Cartier à la batterie), paraît début d’année en France. On y revient, c’est promis. En attendant, soyez déraisonnable, courrez-y.
Rockvonk Finale: Barefoot & The Shoes, Sea Peoples, Polarjacket, Fools & Dirty Lovers, Esther & Fatou, Shylips, Five Days @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Le Père Noël Est Un Rockeur: 7 Lives, Over Me, Larko, Big Moustaches Bandits, Melchior, Acta, Radiofake @ Salle du Patro, Thuillies, rockcoeur.be Placebo @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Rave Signal aka CJ Bolland, Fatal Error, Frank De Wulf, Deg vs Eric Powa, B, Pierre, Fred P, Ken & Davy, Dezz Terquez @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Officium Triste, Ophis, Atraxie, Fading Bliss, Marche Funèbre, Crimson Swan @ Atelier Rock, Huy,atelierrock.be Miss Tetanos, Sri.Fa ft Stephen O’Maltine, Apaches!, Publicist, Koonda Holaa, DJ Bronco Billy @ Rockeril, Marchienne au Pont Lightnin’ * & The Mighty Gators @ Spirit Of 66, Verviers Sexy Project, Baby Fire, DJ’s Antz Up Girlz @ London Calling, Bxl Mont-Dore @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ DnaIsDeadLongLiveDna The Poneymen @ Taverne du Théâtre, la Louvière The Imaginary Suitcase @ 12 Chaises, St-Gilles, facebook.com/ pages/AUX-12-CHAISES/180660395346094 Une Soirée avec Claude François ‘69: Pascal Deweze en Nicolas Rombouts @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Les Ogres de Barback @ Le Coliseum, Charleroi, coliseum.be The Brandt Brauer Frick, DJ’s Max Graef, Chubbee Bee @ Piaf, Antwerpen, piaf.be Sixth June, Keluar, Froe Char, DJ’s Dash & Muffin, The Black Wave @ T.AG., Bruxelles, lefantastique.net Skor, Planet Lizzy @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Karim Baggili @ Ferme de la Dîme, Wasseiges, homerecords.be Ed & Kim One More Time @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Deafheaven, Weekend @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Emil de Waal Trio @ Café Monk, Bruxelles, monk.be Fake Asian Rolex, Mambo, San Diablo @ Belvédère, Namur, clubplasma.be
gigs& parties dec13 jan14
Coely, Delv!s @ Bronx, Bruxelles, busker.be Axelle Red @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be 69 Chambers, Averysadstory, Common Fates @ Entrepot, Arlon, entrepot-arlon.be La Rumeur @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Gogol Bordello, Man Man @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jacuzzi Boys @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Kojo, Mâäk & Albert Anagoko Ensemle, Babelouze Fanfare @ Molière, Bruxelles, muziekpublique.be Jacco Gardner, Earth MKII @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Golden Earring @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Green Moon, Thierry Crommen @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen, eupen.ber Heymoonshaker, John Fairhurst @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr RiffleX, Sweet Feet, Set Free, Go Rough, The Tracks, Edmond Temps @ Hôtel de Ville, Villerupt, Fr,mairie-villerupt.fr La Sauce Jack: Al Bundy, Ed Wood Junior, Green Vogan, T2 Dangereux @ Hospice d’Havré, Tourcoing, Fr Girls In Hawaii @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Ben L’Oncle Soul @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Uzi & Ari @ CarréRotondes, Luxembourg, rotondes.lu
dimanche 08 decembre Mineral, Ice In My Eyes @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Les Ogres De Barback @ Ferme Du Bièreau, Louvain-La-Neuve Sarah Ferri @ De Grote Post, Oostende, degrotepost.be Resistance, Tremplin Durbuy Rock Festival @ L’Escalier, Liège, escaliercafe.be Craig Walker, Mineral, Ice In My Eyes @ Entrepot, Arlon Corrections House ft Scott Kelly, Mike IX Williams, Bruce Lamont, Sanford Parker @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Dalton Télégramme @ Magic Mirrors, Bruxelles Grand’ Mess, Ain’t She Sweet, Le Duc Factory @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com La Sauce Jack: Création Perform The Brass, Earl Sixteen, Mad Professor & The B-Siders @ Grand Mix, Tourcoing, Fr Jake Bugg, HoneyHoney @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
lundi 09 decembre Dvkes @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Mich Mash @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be will.i.am @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be The Brew @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Larry And His Flask, Snake And Plissken @ Magasin4, Bruxelles
mardi 10 decembre Vex Ruffin @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Sarah Blasko @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Dub Inc. @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Deltron 3030, Kid Koala, Del Tha Funk Homosapien, Dan The Automator @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Jesse Malinn, Joe d’Urso, Guy Davis @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Drawers, The Guardians @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ DnaIsDeadLongLiveDna Chazam @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be Katie Melua @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mercredi 11 decembre The Bony King Of Nowhere @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be The Rhythm Junks @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Richard Buckner, Chuck Paisley @ Club De Loge, Gent, democrazy.be They Spoke In Anthems @ Barville, Gent, democrazy.be Schnaak And The Rundu Choir, Za!, Heautontimoroumenos @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Blockhead, Nadiem Shah DJ Set, Lucas DJ’s @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Dum Dum Girls, Surfer Rosa @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Dub Inc. @ Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.be Tchok @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be Lylac @ CC de Chênée, cheneeculture.be Kavinsky @ AB, Bruxelles, abconcerts.be VV Brown @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 12 decembre Please The Trees @ Madame Moustache, Bruxelles Pea Punch, Piu Mosso @ LR6, Bruxelles Sunn O))), Syndrome @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Lionel Beuvens 4tet @ Café Monk, Bruxelles, monk.be The Summer Rebellion, Lolomis @ La Tentation, Bruxelles Paul White, Onda Sonora, Alex Deforce, Jazz Neversleeps @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be The Belgian Blues Express ft Marc T and Big Dave @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Death In June, Ensemble Economique @ Magasin4, Bruxelles Gabriel Rios, Hydrogen Sea @ CC De Stroming, Evere, busker.be BB Brunes, Stereo Grand @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Uriah Heep @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Chrysalide @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, clubplasma.be Oldelaf @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Vanessa Paradis @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
vendredi 13 decembre La Mère Noël est un Rockeuse: Milkshaker, 4.21 Band, Feel, Hepburn, Cribles @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Glimps: The Go Find, Hundreds, Geppetto And The Whales; Neov, Robbing Millions, Mozes And The Firstborn; Thomas Enhco Trio, Nadine Carina; M+A, The Feather; I-Wolf, Coely, Flying Horseman; Pale Grey, The Swan Bride, Yast; Dans Dans, Isbells, Compact Disk Dummies; Effi, Oum Shaft, Oak Tree @ Miry, Video, Mengal, Kinky Star, Vooruit, Ha’, Lakmetershuis, Studioskoop, Charlatan, Gent, glimpsgent.be Orchestre Of Spheres, Monsieur @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Revere @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Rediohead @ Centre Culturel Les Variétés, Amay, ccamay.be Officium Triste, Ophis, Atraxie, Fading Bliss, Marche Funèbre, Crimson Swan @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be The Gribbitch Brothers @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ DnaIsDeadLongLiveDna The Raunchy Rumors, The Zipheads @ Taverne du Théâtre, La Louvière Tremplin Durbuy Rock Festival: Doyle, Airence, About:Blank, Beautiful Hatred, Mudwall, Skelts @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be The Magician @ Libertine Supersport, Bruxelles, libertinesupersport.be Boya Labelnight: Anstam, Paula Temple, Ucuture @ Recyclart, Bxl Skip & Die @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Selvhenther, Shetahr @ Les Ateliers Claus, Bruxelles Mind2Mode @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Belgian Asociality, Gino’s Eyeball, Bear @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Ben Pearce, No Artificial Colours, Raving George, Condor @ Fuse, Bruxelles, fuse.be #CHBD1: Pleinvrees: Dixon, Arjuna Schiks, Konstantin Sibold, Compuphonic, Illesnoise @ Le Cadran, Liège, lecadran.be Astma, Mudan, Philippe Cavaleri @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Daniel Willem Gypsy Trio @ Ex-Cale, Liège De Nieuwe Snaar @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gogo Penguin @ Cactus@MaZ, Brugge, cactusmusic.be Dub Incorporation @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Lescop, Aline @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
samedi 14 decembre Glimps: Lili Grace, Yuko, Soldier’s Heart; Tiger, Say Yes Dog, Birth Of Joy; Plaistow, Rusconi; Le Vasco, Please The Trees; Traumahelikopter, Giantree, MannGold de Cobre; John Lennon McCullagh, Velojet, Claire; STUFF.., The Rhythm Junks, VV Brown; Best Youth, Konsforradare, Carmen Villain; Carate Urio Orchestra, Charity Children; Joy Wellboy, Mintzkov, Broke; Revere, Still Parade, Oso Leone @ Miry, Video, Mengal, Kinky Star, Vooruit, Ha’, Lakmetershuis, Studioskoop, Charlatan, Gent, glimpsgent.be Loud Festival: Angakok, Coubiac, Hungry Hollows, Ithilien, Khohd, The K. @ Botanique, Bruxelles, loudbycourtcircuit.be Le Père Noël Est Un Rockeur: Noa Moon, Pale Grey, Kid Noize, Primitiv, The Tangerines, Unik Ubik,Lady Cover+ Christmas party avec Surfing Leons, Elledelux, DJ Boods, Rockabilly Madman... @ Dour Sports, Dour, rockcoeur.be #CHDB1: Tiga, Joris Voorn, Compuphonic, Attar!, Dany Rodriguez, Bernard Dobbeleer, Pierre, Deg, DJ Dan, DJ Kiami, Ekosoul, Double-Axl, Isaac Fresco @ Le Cadran, Liège, lecadran.be Michel Cloup, Moladji @ Entrepot, Arlon, entrepotarlon.be Octave One, DJ Fabrice Lig, Ralph Storm, Globul, Sebastien San @ Rockeril, Marchienne au Pont, rockerill.com In-Quest, Seven Tongues Of God, Black Harmonia, Azylia, Between Hope And Hate @ Taverne du Théâtre, La Louvière The Sidewinders, The Room I Knew @ Le Palace, La Louvière, ccrc.be Yew @ Magic Mirrors, Bruxelles Ricardo Villalobos, Pierre, Deg, Geoff Wichman, Laurens, Calvache @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Hindu Radio DJ’s, Ojek,/he Whatevers @ MOD, Hasselt Fred & The Healers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be U2 fan Party, Vertigo plays U2 @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Bombay Show Pig, Endz @ Belvédère, Namur, clubplasma.be Bollywood Brass Band @ Molière, Bruxelles, muziekpublique.be As They Burn + Tremplin Durbuy Rock Festival @ Magasin4, Brxl About Neil @ Centre Culturel Les Variétés, Amay, ccamay.be Carl et Les Hommes-boîtes, Benoit Lizen @ L’An Vert, Liège, lanvert.be De Nieuwe Snaar @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Biffy Clyro, Walking Papers @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr Dagoba, Hypno5e @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Sects Tape, Thee Marvin Gays, Regal @ La Malterie, Lille, Fr The Fratellis @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
dimanche 15 decembre Origami Classics @ Beursschouwburg, Bruxelles Skip & Die, Cairo Liberation Front @ Botanique, Bruxelles Sun Rooms, Local Jazz Support @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Jaune Toujours @ Café Opek, Leuven, jaunetoujours.com As They Burn + Tremplin Durbuy Rock Festival @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Dagoba, The Mothman Prophecies @ Entrepot, Arlon Marcel et Son Orchestre @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Biffy Clyro @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu
lundi 16 decembre VV Brown @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Karim Ouellet @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Elton John and His Band @ Paleis12, Bruxelles, livenation.be Dagoba, Nightshade @ Escalier, Liège Biffy Clyro @ AB, Bruxelles, livenation.be
mardi 17 decembre Giedré @ Cinema Le Parc, Liège, lesardentesclub.be Joy Wellboy @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Frankie Rose @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
Daan @ NT, Gent, democrazy.be Axelle Red @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
mercredi 18 decembre Nate Wooley, Aymeric Hainaux @ Les Ateliers Claus, Bruxelles Stromae @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Marockin’ Brass ft Byron Wallen @ Ha’, Gent, handelsbeurs.be Texas, Daan, Girls In Hawaii: tvv Music For Life/Viva For Life @ PIAS, Bruxelles, pias.com/be Valenya Syl @ Bonnefooi, Bruxelles, www.bonnefooi.be Wallace Vanborn XL & special guests: School Is Cool, Kapitein Korsakov, Intergalactic Lovers, Steak Number Eight, ... @ Vooruit, Gent, democrazy.be Bullfrog Tattoo @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Andy Allo, Billie Kawende @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Giedré @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, clubplasma.be
jeudi 19 decembre Stromae @ Trix, Antwerpen, livenation.be Lylac @ CC Jacques Franck, Saint-Gilles, lejacquesfranck.be Aymeric Hainaux, Ordinaire @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Request Party for Music For Life @ Bonnefooi, Bruxelles Kundry, Maria Jonas, Angelika Niescier, Niobe @ Recyclart, Bxl Laïs @ CC Strombeek-Bever www.ccstrombeek.be Chic ft Nile Rodgers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Emotional, Ordinaire @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Georgio ‘The Dove’ Valentino @ Café Monk, Bruxelles, monk.be Micky Green @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
vendredi 20 decembre Mist: Dans Dans, Pomrad, Moodprint, Statue, Condor Gruppe, Internal Sun, Kaboom Karavan @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Le Noêl de Bas Nylon @ Beursschouwburg, Bruxelles Les Descendants, Mad Farmers, Heartbeat Parade, René Binamé @ Libramont, aredje.net VHS From Space @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ DnaIsDeadLongLiveDna Rafik El Maai, Kubat Gülabi; Sumie; Jeronimo, Marc Dixon @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Pea Punch, Lady Fucked Up @ VUB, Bruxelles Dead Girl, Sects Tape, Jimmy Backseat, DJ Johnny Guerrero, Sonny Cigar @ Rockeril, Marchienne au Pont, rockerill.com Bas Nylon @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Daan @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Aldebert @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Zombie Zombie @ Epaulé Jeté, Bruxelles, bonnefooi.be Arbeid Adelt, The Klinik, Lescure 13, Geistform, Implant @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Andy C feat. Youthstar, New Deal, Vicelord, Tesla @ Vooruit, Gent, starwarz.be Diepfries: Yzerbeat & DJ Iron, Brihang, Grafgravers @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Driving Dead Girl, Jimmy Backseat, Sects Tape, Johnny Guerro, JR, Sonny Cigar @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Dimitri Vegas & Like Mike @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Kurt Vile & The Violators, True Widow @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr Stromae @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
samedi 21 decembre Doomsday: Sven Väth, Len Faki, Ben Klock, Extrawelt, Nosaj Thing, Pendulum dj set, MC Verse, Mount Kimbie, Blawan, Agoria presents Forms, Extrawelt, Matador, Perc, Caspa, Friction, DJ Hazard, Planetary Assault Systems, The Advent & Industrialyzer, O/V/R, Truss, High Contrast, Culprate, Hucci, Kahn, Brownz, Igorrr, Andhim, Ten Walls, Clock DVA, Covox, Tripped, Redhead, Double U Jay, Pierre, Deg, DJ Blackley, Propz & Rowney, Gunman & Judah, A. Brehme, Drvg Cvltvre @ Antwerp Expo, Antwerpen, doomsday.be Legends Tribute Festival: Fisted Sister, Scorpion Sting, Deo, Stormbringer @ Brielpoort, Deinze Liesa Van der Aa @ Beursschouwburg, Bruxelles Jonsson & Jonsson, Anne Deville, Ozy Man Dias @ L’An Vert, Liège, lanvert.be Machiavel, RMS @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Karim Baggili @ Espace Culturel de Brassages, Dongelbert, homerecords.be Le Noêl de Bas Nylon @ Beursschouwburg, Bruxelles Globul, Barako, Curver, Wood Boy, Steve, Affligeant @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Tremplin Durbuy Rock Festival, Deepshow, Beneath The Sea, Ignitions, The Thin & The Fat Guys, The Tramps @ Entrepôt, Arlon, entrepot-arlon.be The Young Gods, 32Crash, B-Movie, Brain Sektor, Monolith, Sixth Comm; Tourist @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Monte Isola @ Les Halles, Schaerbeek, halles.be René Binamé, Bak XIII, Rewinder @ Magasin4, Bruxelles Chris Cutler @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Chris Read, Mister Critical @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Daan @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Birdpen, 14Weeks @ Centre Culturel, Chênée, cheneeculture.be Bas Nylon @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Benito Art Toy, Curver & Wood Boy Entertainment, DJ Globul Vs Barako Bahamas @ Rockeril, Marchienne au Pont, rockerill.com Dagoba, Castles, The Dirty Fingers @ Le Coliseum, Charleroi Didier Super @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Dimitri Vegas & Like Mike @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Giedré, De Saturne @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 22 decembre Tremplin Durbuy Rock festival, Resistance, Abstract Rapture, Age Of Torment, Everwaiting Serenade, Scarlet Anger @ Entrepôt, Arlon, entrepot-arlon.be Melanie De Biasio @ AB, Bruxelles, abconcerts.be
29 Loud Festival Court-Circuit 14 décembre Botanique, Bruxelles
Joyce Jonathan, Aldebert, Jeronimo, Machiavel, la fin d’année au Botanique sent déjà un peu la boîte de pralines MonChéri. Pour se gorger de liqueurs plus corsées, il conviendra de se tourner vers la soirée LOUD où, suite à trois soirées de showcase, Court-Circuit a dressé un buffet sensiblement plus burné. L’occasion de découvrir une poignée de jeunes formations prêtes à en découdre : Angakok (trio doom métal), Coubiac (riffs tranchants, ambiance crasse et tordue, tout n’est ici que virulence), Hungry Hollows (rock stoner), Ihilien (folk métal) et Khohd. Pour coiffer la soirée, The K., vainqueur de la catégorie Rock Dur du Concours Circuit, proposera son punk hardcore expérimental et noisy qui envoie le bois. Brutal et bruitiste.
Babyshambles
14 janvier, Rockhal, Esch/Alzette 15 janvier, Paradiso, Amsterdam 16 janvier, AB, Bruxelles “Je sais où se trouve le bouton de l’autodestruction, il ne me reste plus qu’à résister à l’envie de pousser dessus”. A défaut d’avoir le sens de la mesure, cette tête à claques de Pete Doherty a parfois des sursauts de lucidité pour résumer un parcours qui l’a davantage vu défrayer les chroniques des magazines pour salons de coiffure que celles de la presse musicale. Avec ses camarades de jeu, il entend démontrer que les excès n’ont rien altéré de sa capacité à revisiter la glam pop anglaise ou à enfumer son monde avec son romantisme de débauché repenti. Jolie collection de poncifs rocks typiquement britanniques, le récent ‘Sequel To The Prequel’ illustre cette ambivalence. Entre blietzkrieg punk sur trois accords de guitare salaces et ballade roublarde que n’auraient pas reniée Marr et Morrissey.
Son Lux
17 janvier, Exit07, CarréRotondes, Lux 18 janvier, AB, Bruxelles 28 janvier, Vooruit, Gand
© Mallory Talty Plonger à nu, passer de l’autre côté de la tenture frémissante d’eau fraîche, oublier tous les préconçus, les préalables, les prévisions. Trouver un autre moyen de faire son, d’occuper l’amplitude. Communier en deux claquements, trois bruissements d’oiseau-mouche. Reconquérir la ‘Pyramida’ d’Efterklang, mais sur une planète intacte, muni d’oscillateurs ultra-sensibles. Ryan Lott est de ces prodiges enthousiasmants qui conjuguent 1001 idées à la seconde sous leurs fontanelles ouvertes aux mondes synesthésiques. L’apprenti sorcier autrefois signé sur Anticon nous gratifie d’un fourmillant ‘Lanterns’ à la spiritualité contagieuse dont le seul risque est de réconcilier majestueusement les anciens et les modernes.
30 The Feather 13 22 24 05 15
décembre, Glimps Festival, Gand janvier, Rockhal, Esch/Alzette janvier, Grand Théâtre, Verviers février, Propulse Botanique, Bxl février, Alhambra, Mons
International record fair @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
lundi 23 decembre Simple Minds @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Mich Mash @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be
mardi 24 decembre Swagmas with Dj Kisa @ Bonnefooi, Bruxelles, bonnefooi.be
mercredi 25 decembre XXXMas Party: Hitsville Drunks @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
vendredi 27 decembre Such A Noise @ Blues Sphere, Liège Mayhem @ Petrol, Antwerpen www.petrolmusic.be Innervisions: Âme, Pierre, Joachim, Arne, Delbaen, Calvache, Gerrie 303, Laurens @ Café d’Anvers, Antwerpen, soundarchitecture.be
© Gilles Dewalque Thomas Medard - vingt-cinq ans, tête pensante chez Dan San - livre un premier disque drôlement juste, sensible, inspiré et inspirant. Une invitation au voyage - la pop islandaise rencontre le folk nord-américain - par un jeune homme qui préfère pourtant rester ici, dans la sobriété de son home studio : « le plus loin que je suis allé, c’était au Canada, deux semaines, à douze ans. Je ne ressens pas cette envie de voyager, de fuir une réalité, de découvrir de nouveaux pays ». C’est vrai, glisser ‘Invisible’ dans le lecteur cd suffit. En soi, c’est déjà une sacrément belle aventure.
Madensuyu
24 janvier, Trix, Anvers 25 janvier, Eden, Charleroi 07 février, De Kreun, Courtrai Pour son troisième album, Madensuyu a choisi de se confronter au Stabat Mater, soit l’un des thèmes sacrés les plus rabâchés du répertoire classique (Vivaldi, Pergolesi, Pärt, notamment). Ce parti pris ambitieux s’accorde parfaitement à la musique instinctive, crue et tendue du duo gantois. Enregistrée en cinq jours sous la houlette de Peter Vermeersch, cette œuvre au rouge en propose une relecture noisy, une incarnation de chair et de sang, véritable fruit de leurs entrailles. Après s’être allègrement bousculées et déchirées, guitares, batterie, nappes synthétiques et voix se réconcilient dans une communion passionnelle célébrant toutes les mères. Une offrande pour ce qui est peut-être l’un des meilleurs albums belges de l’année.
Les Transardentes 25 janvier Liège-Coronmeuse
Avec ses 12000 visiteurs de moyenne, les Transardentes se targuent d’être le premier grand rassemblement musical de l’année. Pour cette édition hivernale, les « festivaliers » sont accueillis dans les Halles des Foires où ils peuvent rivaliser d’élégance pour avoir le swag dans quatre salles entièrement aménagées. Dédié aux musiques électroniques au sens large, l’évènement entend bien se mont(r)er à la hauteur de sa réputation : envoyer du lourd! Jeff Mills, Laurent Garnier, Kavinsky, Martin Garrix, Dr Lektroluv, Jackson & His Computer Band bâtiront des pyramides sonores. Dans les autres espaces dédiés, vous pourrez remuer du popotin en compagnie d’Andy C, Camo & Krooked, Dj Hazard, Wilkinson, TC, Rockwell, Dope D.O.D, Klangkarussel, Duke Dumont, Dusky, Francesco Rossi et quelques autres... Vous devriez donc y retrouver vos favoris. Mon tout coûte 37 euros en prévente, 45 euros à l’entrée si vous aimez taquiner la chance. Alors, plutôt chaîne en or qui brille ou guirlande post-réveillon?
The Nimmo Brothers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Manngold De Cobre ft Prasanna @ Ha, Gent, handelsbeurs.be Sanseverino @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr
samedi 18 janvier Los Granadians Del Espacio Exterior, Elo And The Lineup, Bobby Sixkiller, Rocket Ship, Purpleized, Mr Fried-G & The Dukes Of Skazzard Soulboys vs Rudeboys @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Jessica Pratt, Samara Lubelski @ Vooruit, Gent www.vooruit.be Son Lux @ AB, Bruxelles, abconcerts.be MOD Fest @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Michniak, Tuscaloosa, Elle & Samuel @ Entrepot, Arlon Fuel Fandango @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Jan Swerts, Inwolves @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be
lundi 20 janvier Kalle Mattson; JonWayne @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Wishbone Ash @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
samedi 28 decembre Miss Dasha Pearl @ Café Monk, Bruxelles, monk.be Stand For Truth, Beautiful Hatred @ DNA, Bruxelles, facebook. com/DnaIsDeadLongLiveDna Deetron, George Fitzgerald, Red D, Coeur vs Nathan Oye @ Wild Gallery, Bruxelles, silo.be Fête de Clôture/Slotfeest Dunkerque 2013 @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
lundi 30 decembre DRLR labelnight ft Nagaoa Jun, Kassett, Polygon @ Bonnefooi, Bxl
mardi 31 decembre Les Slugs @ Le Cheval Déchainé, Vierves-sur-Viroin, aredje.net Prohibition: Mickey, Never Ask Me This Song, Lorenzo Ottati vs Attar @ La Tentation, Bruxelles, nouvel-an.org King Kong Club NYE: Dimitri Andreas, Michael Forzza, Fred Hush, Iris Menza, David Asko, Clercki, DJames @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Errør_2Ø13: Ben Sims, Marcel Fengler, Voxter, Balance, Spacid, Kr!z; Dixon, Kabale Und Liebe, Bafana, Bromin, Nathaniel, Red D; Seba Lecompte, Tom Dazing, Leesa, Maté @ Artcube/ Galveston, Gent, error2013.be Star Warz XXL: Dub Phizix & Strategy, Audio, Hamilton, Ulterior Motive, Annix, Technimatic, New Deal, Cedex & Higher Underground, M&T ft MC Mota, Phase, Wasp, Mefjus, June Miller, Nymfo, Mind Vortex, James Marvel, Nanoprobes, The Nitwits, Station Earth, Clarity b2b Mental Forces, Qonflict, Subtronic & Brainzzz @ ICC, Gent, starwarz.be DJ El Nino @ Taverne du Théâtre, La Louvière
mardi 07 janvier Roch Voisine @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr
mercredi 08 janvier Loudblast, Dee N Dee @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr
jeudi 09 janvier Pink Cream, 21 Octayne @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Boogie Beasts @ MOD, Hasselt, move2blues.be
vendredi 10 janvier Les Slugs @ Taverne du Théâtre, La Louvière, aredje.net The Oscilation @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Karim Baggili @ Centre Culturel, Rixensart, homerecords.be
samedi 11 janvier Karim Baggili @ L’An Vert, Liège, homerecords.be Lamb Of God @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Daan @ CC Strombeek-Bever www.ccstrombeek.be MLCD, Robbing Millions, Could I Play My LP’s @ Maison de la Culture, Namur, belvedere-namur.be
lundi 13 janvier Bumblefoot ft Ron Thal @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mardi 14 janvier Olivier Libaux @ Arenberg, Antwerpen, arenbergschouwburg.be Babyshambles @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mercredi 15 janvier Lanterns On The Lake @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
jeudi 16 janvier Rap Mayhem: Evidence & The Alchemist, Madchild & DJ Revolution, Termanology, Reks & DJ Deadeye; Pete Swanson/ Yves De Mey/Kaumwald @ Vooruit, Gent, democrazy.be Chevalier Avant Garde, Analogic afterparty: Hatecraft, Muffin, X-Pulsiv @ Café Central, Bruxelles, lefantastique.net Babyshambles @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Virgil & The Accelerators @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Sentimento Gipsy Paganini @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr
vendredi 17 janvier Sons Of Disaster, We’rewolves @ Beursschouwburg, Bruxelles Zeus!, Meteor, Mambo, No Drum No Moog @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be René Binamé, Poneymens, Mahagon, Priba 2000 DJ-set @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be
mercredi 22 janvier The Valerie Solanas @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Joachim Badenhorst, Oaktree Trio @ Ha’, Gent, handelsbeurs.be Fun Lovin’ Criminals @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Feather @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
jeudi 23 janvier Oditiv @ Musée Charlier, Bruxelles Steve Gunn @ Vooruit, Gent www.vooruit.be Babylon Circus; Wende @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Traams @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
vendredi 24 janvier Hannelore Bedert @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Madensuyu @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Sabrepulse, Jerone Tel, DJ Stel-R @ Recyclart, Bruxelles An Pierlé, Juliane Chleide @ Entrepot, Arlon, entrepotarlon.be Diminuita, Voleurs de Poules @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Z
samedi 25 janvier
TransArdentes: Jeff Mills, Laurent Garnier, Kavinsky Outrun Live, Dr. Lektroluv, Martin Garrix, Jackson & His Computer Band , Andy C + Mc Dynamite, Camo & Krooked + Mc Youthstar, Dj Hazard, Wilkinson, Tc, Rockwell, Dope D.O.D Live, Fred V & Grafix, DubTimus Sound System, Klangkarussell, Duke Dumont, Dusky, Francesco Rossi, Ben Pearce, Huxley, Blonde, DJ Slow, Folie Douce, P.P.W.B.. @ Halles des Foires, Liège, lestransardentes.be Son Lux @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Montevideo, Tout Va Bien; Thy Art Is Murder @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Depeche Mode @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Rory Gallagher tribute festival @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Jeremiah Cymerman, ... @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Madensuyu @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Son Lux @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Yom & Wang Li @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr Saule @ Rockhal, Esch/Alzette Lux, rockhal.lu
dimanche 26 janvier Bear Bones, Lay Low, Going, Hantrax, Ignatz, Le Colisée, Maan, Miaux, Ping Pong Tactics, Saliva, Tg Gondard @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Deer Tick @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be
lundi 27 janvier Edward Sharpe & The Magnetic Zeros @ AB, Bruxelles
mardi 28 janvier Son Lux @ Vooruit, Gent, democrazy.be Adam Green @ Botanique, Bruxelles, botanique;be
mercredi 29 janvier Poliça @ AB, Bruxelles, abconcerts.be MLCD @ Botanique, Bruxelles, botanique.be La Fouine, Sultan @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr
jeudi 30 janvier Pop.1280, Falling Man @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Slim Cessna’s Auto Club @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Cold Cave, Les Trucs @ Beursschouwburg, Bruxelles Gregoir Tirtiaux @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Connan Mockasin @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Protest The Hero @ Rockhal, Esch/Alzette Lux, rockhal.lu De Palmas @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
vendredi 31 janvier Customs @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Humo’s Rock Rally preselektie @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be King Automatic, Nightmare @ Entrepot, Arlon, entrepotarlon.be Dodge & Fuski, MC2, R.O, ... @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Melanie De Biasio @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, clubplasma.be Monomyth, Mugstar @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Saule @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Tom Robinson & Band @ De Roma, Antwerpen, deroma.be Morphosis, Charles Cohen, Laser Podele, Tav @ Vooruit, Gent
plus des concerts sur: rifraf.be/concerts-gigs
VERWACHT 20 JAN 2014:
VERWACHT 3 FEB 2014:
VERWACHT 17 FEB 2014:
DAMIEN JURADO
GARDENS & VILLA
ANGEL OLSEN
BROTHERS AND SISTERS OF THE ETERNAL SON
DUNES
BURN YOUR FIRE FOR NO WITNESS
Bruce_Springsteen_Ad_Mat_Layout 1 16/09/2013 10:52 Page 1
THE MUSIC. THE FANS. THE SOUNDTRACK TO SO MANY LIVES. Fully endorsed and supported by Bruce Springsteen. Working with the filmmakers, Springsteen’s fans have helped create a film that reflects on their personal experiences to explore what this timeless artist means to them amidst amazing performance footage.
“The film shows how the reverberations of an incident that only lasts a few seconds can be felt for a lifetime…Springsteen’s magnetic pull is unquestionable” – NME 9/10 AVAILABLE ON DVD, BLU-RAY AND DIGITAL FORMATS FROM OCTOBER 28
DISTRIBUTED BY
eagle vision A DIVISION OF EAGLE ROCK ENTERTAINMENT LIMITED
www.eagle-rock.com