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Des inconnus invitaient Paul à rejoindre leur réseau professionnel Linkedln. Ce qui ne manquait jamais de l’étonner. Paul n’entravait que dalle aux réseaux, quant à son ouvrage, il passait beaucoup de temps à observer la course des nuages qui n’était pas trop rapide et c’était très bien comme ça. Paul aurait du nous envoyer une chronique du cinquième album de Panda Bear, une histoire de Grande Faucheuse. C’est une chose qu’il faisait régulièrement si on lui en passait commande. Il s’acquittait de cette tache sans déplaisir. Quand on lui en avait touché un mot par téléphone, il avait lâché - Tu sais, c’est du bon boulot, mais ça me fait toujours penser à du Pollock contrarié de ne pas faire du Rothko. Une enquête de voisinage révélerait qu’on trouvait Paul, quand on le trouvait, très sociable, poli avec le chien et caressant madame perdue sans collier. Bref, un type sans histoire. Il restait beaucoup chez lui à regarder ‘Greenberg’ en boucle. Se hasardant parfois vers des choses plus récentes, il consignait combien toutes les projections corporelles du post-humain, quand ce n’étaient des entités extra-terrestres, revêtaient les hanches, les seins, la moue de Scarlett Johansson. Il arrivait encore - il fallait bien que ça arrive, que Paul sorte. Et pas seulement de ses gonds. D’aucuns l’avaient entraperçu, qui à la librairie, qui au bistrot, qui au commissariat; trois fois rien, une broutille : ramassant une liberté de penser, Paul était venu la rapporter. Il n’allait jamais bien loin. Ça lui avait pris, parfois, pour voir. Il en était revenu. Du reste, myope depuis l’adolescence - tout ça va se stabiliser dès la fin de la croissance, vous allez voir... Paul y avait cru, avait fait mine, puis était venu la décroissance, grise, et Paul n’avait rien vu, en tous cas de moins en moins bien. Pour tailler une bavette voire le bout de gras, c’était autre chose. On lui connaissait un goût pour prendre langue, qu’il rendait volontiers rapidement à qui de droit sans la tirer, sans faire d’histoire, puisqu’on vous le dit. La dernière fois qu’on l’avait aperçu, sur un coup de tête et portant une casquette, Paul s’était rendu à un dîner chez une rouquine carmélite (tu saisis), pour Paul ce serait à point. Sans perdre de temps, il avait gagné le haut de la ville. Schaerbeek devenait, paraît-il, la nouvelle St Gilles. Des trentenaires bohèmes y convergeaient pour faire l’acquisition
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de cokés Duplex. Et pour rentrer la nuit après un bolo au Supra Bailli? On prendrait un taxi, t’inquiète, ket. Convié parmi quelques amis de l’hôtesse, il avait été nécessaire de serrer des mains, d’échanger des bises, de faire les présentations. Un jeune homme ayant pratiqué la veille un rapport sexuel consenti avec un individu du genre féminin présenta “ma copine”. Paul s’interrogeait sur l’emploi du pronom possessif, sur la terminologie. Celui-là, affublé de lunettes noires, vêtu d’un parka et d’un boa, tentait depuis peu de se faire une réputation en une logorrhée majuscule. C’EST LA RéVOLUTION LES MECS; CREVER. Mais kesstufais doudoune dis-donc ? Le succès de #FAUVE était semble-til venu chatouiller un besoin de re(con)naissance. Le dernier se présenta tout de go en déclarant que son frère s’était pendu et qu’il avait coupé la corde. Tels étaient les sujets de conversation qu’il conviendrait de taire, entre autres, au risque de passer pour un goujat ou un monstre. Paul repensait à Greta Gerwig, déjà il Greenbergeait. La poupée de maison papillonnait de la cuisine au salon. Pour meubler ses absences répétées ou par un oubli fâcheux, elle s’abstint de couper la télévision. Ça beuglait dans le poste. Insoumis à son joug depuis des lustres, Paul demeurait stupéfait. - Est-ce que vous voulez qu’Isabelle Morini-Bosc fasse un AVC après la pub les chéris? On lance tout de suite le hashtag Pafla-vioque! Vous nous dîtes sur Teuteur si vous voulez qu’Isabelle fasse une hémorragie cérébrale! C’est vous qui décidez! A tout de suite, il va encore se passer plein de choses dans cette émission... Dans un tonnerre d’applaudissements avaient suivi des écrans publicitaires pour un détergent Cillit Bang crasse et calcaire - Dites adieu à la saleté, un Big Tasty c’est si bon qu’on aimerait que ça dure plus longtemps, des gels de massage Durex... Jusqu’où irez vous ce soir? Paul s’était levé, avait pris congé et son pardessus. A tous, présents et à venir, salut. Depuis on ne l’a plus revu. Faut pas trop le chercher, Paul. Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire Un film : ‘Greenberg’, Noah Baumbach, Focus Features.
année 21 • février ’15
Colofon www.rifraf.be Année 21 nr. 207 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf mars sort le 26 fev
rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 18 fev
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 11 fev
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht
collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,...
photo cover: fernanda fereira
dessins : Issara Chitdara
Communcation : nom et adresse
Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut
nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
L’An Vert Rien de tel que de retrouver un vieux pote pour bien démarrer une année, welcome donc à la nouvelle livrée de Kevin Drumm sur les toujours au top Editions Mego. De loin œuvre la plus calme, voire atone, de l’électronicien américain, ‘Trouble’ exploite au long des 54 minutes de son unique plage le filon opposé du tourbillon bruitiste ‘Sheer Hellish Miasma’, pour ne citer que l’un des opus les plus denses du gaillard. Clairement ambitieux dans son voyage aux confins des possibilités auditives de l’être humain, pour rappel nous pauvres mortels n’entendons rien en-deçà des 20 Hz et audelà des 20.000 Hz, la méthode drummienne anno 2014 inscrit sa tranquillité extrême dans les pas d’une Jana Winderen, qui aurait toutefois oublié de tamponner son aller simple vers le Grand Nord pour se transformer en petite souris planquée dans un recoin du studio d’Eliane Radigue. ★ ★ ★ Américain exilé en Australie, il n’est pas signé pour rien sur le label Room40 de Lawrence English, David Shea s’est d’abord fait un nom comme collaborateur de John Zorn, Scanner ou Jim O’Rourke, tout en développant parallèlement une carrière solo aussi discrète que productive. Davantage dans une bulle ambient néo-classique que d’aucuns rapprocheraient de Marsen Jules, et qui mériterait toute sa place sur les fameuses compiles annuelles ‘Pop Ambient’ de Kompakt, ‘Rituals’ intègre également à ses atours électroniques des notes de piano parfois exclusives, mais aussi des échos chamaniques où l’on ressent tout l’apesanteur vocale de la tradition tibétaine. Ça pourrait donner une soupe new age fadasse, nous en sommes à mille lieues, tant les variations thématiques virevoltent d’un morceau vers l’autre, entre caresse interstellaire, grandes orgues aux échos de Bach et souvenirs de fête foraine. Ça fait beaucoup, peut-être trop. ★ ★ ★ Les acharnés de cette page le savent, Gilles Aubry est tenu en très haute estime pour son ‘s6t8r’ et ses toujours surprenants field recordings d’une friche industrielle berlinoise ouverte à tous les vents. Cinq ans plus tard, l’artiste suisse met le cap sur les églises du Renouveau Charismatique de Kinshasa sur ‘The Amplification Of Souls’ (ADOCS Verlag), où le CD se double d’un livre de 80 pages (que nous n’avons pas reçu). En deux pistes d’une trentaine de minutes chacune, l’homme basé à Berlin fait pratiquement œuvre d’ethnologue sonore et, ô divine surprise, on se croirait en plein trip africain à la Chris Watson. Le premier morceau (sans nom) nous procure un totalement fascinant trip entre offices religieux d’une incroyable ferveur, tentative de désenvoûtement (enfin, on imagine), extraits de films en français et chant du coq, le tout hors de toute tentative pseudo-exotique mal fagotée. Le second track est encore davantage marqué par le spirituel et la tension extatique qui en ressort est carrément bluffante d’énergie, même si elle ne rassurera pas totalement ceux qui vouent aux gémonies la moindre expérience religieuse. ★ ★ ★ Influencé clairement par l’IDM d’un Aphex Twin ou d’un Autechre, le monde électronique de The Use, alias d’un certain Michael Durek, trouve en sa première déclinaison discographique (‘What’s The Use ?’, Alrealon Musique) un espace fluide et expressif. Sans doute en retard d’une guerre ou deux, l’objet plaira à tous les collectionneurs d’une électronica mélodique et rythmée, quelque part entre Lusine et Flying Lotus, mais avec des sonorités bien plus datées. Autant dire que ça ne nous a pas remués plus que ça. ★ ★ ★ Si on connaît Stefan Németh, aka Németh, pour son rôle au sein du remarquable duo jazztronica Lokai et comme exmembre des encore plus essentiels Radian, on le découvre sur ‘KOI’ (Sonotype) à la fois compositeur de musique de film et expérimentaliste sonore qui ne se complaît pas uniquement dans le drone. Même si sous cet autre jour, les variations thématiques ne sont pas le point fort de l’aventure, la patte de l’Autrichien dévoile un monde cohérent dans son approche, originale à défaut d’être toujours captivante. ★ ★ ★ Alors que les dernières années ont vu les rééditions du Günter Schickert seventies, soit l’un des musiciens les plus captivants que la scène kraut ait engendrés (et ils sont nombreux, avis à tous les fans de Can qui n’ont jamais écouté son ‘Samtvogel’ de 1975), la décennie 2010 voit le musicien teuton revenir avec des compositions récentes aux côtés du Palestinien de Berlin Ghazi Barakat alias Pharaoh Chromium, dont la présente page avait dit beaucoup de bien de son ‘Electric Cremation’ en 2011. Aujourd’hui dans une veine dark ambient peut-être moins épicée mais avec un sens de la profondeur obscure qui a une sacrée gueule post-mortem, les deux comparses semblent avoir trouvé sur ‘OXTLR’ (Grautag Records) un terrain d’entente à la mesure de leurs envies. Tels des remixeurs de l’hiver repeint aux couleurs de Svarte Greiner sur fond de Earth, Schickert et Chromium n’oublient pas les racines de l’aîné de la bande, qu’ils intègrent à une alerte incendie qu’on jugerait sortie du pouce des Einstrürzende Neubauten d’avant la gentrification. Un sacré compliment. ★ ★ ★ Une envie de jacuzzi ? Ecoutez ‘Cryptozoon Stereo Condensed Mix’ de l’inénarrable KK Null (Aagoo Records), qui ne fera nulle injure à la réputation fêlée de l’insubmersible Kazuyuki Kishino. Comme très souvent chez le légendaire Japonais, ça part dans toutes les directions, des bruits de torrent aux tendresses balinaises en passant par une noise cosmique, on la jurerait sortie tout droit de cet autre grand esprit libre et incontrôlable qu’est Felix Kubin, qui pour l’occasion ferait un bœuf de studio en rappel du glorieux et côtier ‘In St. Cuthbert’s Time’ de Chris Watson, étrangement – et brillamment – conjugué par exemple au déluge de Merzbow.
Loin, très loin dans le temps, à Liège, au coin de la rue des Mineurs et de la rue Hors-Château, existait une boutique appelée Rock’in’Chair faisant négoce de disques de seconde main et d’imports de labels indépendants, de fripes et de creepers anglaises. Vers le milieu des années 80, son fringant patron, Philippe Leloux, fonda son propre label pour réaliser un 33 tours au titre énigmatique, ‘Third Imitation Of Christ’, d’un groupe jusqu’alors inconnu : 48 Cameras. Le jour où les caisses lui furent livrées, il fit cadeau d’exemplaires à ses clients fidèles. Cet épisode marqua pour moi le début d’une histoire qui se prolonge toujours aujourd’hui. Défini dès ses débuts comme un ‘collectif musical et instrumental à géométrie variable’, 48 Cameras n’a jamais eu de line-up établi, brassant une foule innombrable de musiciens sous sa bannière et sous la houlette de sa figure tutélaire fondatrice, Jean-M. Mathoul. Certains restèrent des années, d’autres ne firent que passer. Certains, de souche mosane ou locale, demeurèrent méconnus, d’autres amenèrent leur renommée extraterritoriale. La formule fonctionne depuis trente ans, avec des hauts et des bas, des périodes d’errance et de jachère. Malgré cette longévité étonnante, les apparitions en concert de 48 Cameras se comptent sur moins des doigts des deux mains. Pour fêter son trentième anniversaire en décembre dernier, le combo en offrit un en investissant la salle de l’An Vert à Liège. Quelque soit la direction que l’on suit, on rejoint l’An Vert en empruntant un pont. L’endroit se situe sur l’île d’Outremeuse, à quelques encablures du fleuve. Ancien entrepôt, atelier désaffecté, les origines du bâtiment occupé par l’association ne sont guère connues. Son rez-de-chaussée est constitué d’un bar étroit et d’une salle de spectacles sommairement équipée. Personne ne conteste au lieu son intimité bohème et son atmosphère simple, sans façon. Jo, Joël et Olivier sont les membres clés d’une équipe abordable et attentive. Ce soir, on est quelques jours avant Noël et la ville scintille de lumières qui se réverbèrent sur la surface opaque de la Meuse. Même la rue Mathieu Polain semble animée pour l’occasion à l’ombre des tours de logement social de la Maison Liégeoise. Pour un droit d’entrée low-cost de 5 euros€, on vient rejoindre les rangs d’un public bien fourni. On sympathise avec des Français de Toulouse qui ont fait le déplacement ! En première partie le duo hutois Radio Prague initie une excursion intimiste au bord d’un lac placide sous un fondu d’images naturalistes. Plus tard, on retrouvera nos deux compères, Didié Nietzsche et Shri Bernard Petit, sur scène au sein de 48 Cameras. La première surprise tient dans l’apparition d’un chanteur que l’on n’avait jamais recensé dans l’organigramme 48C, Brian Carney, un Ecossais appelé à la rescousse quelques semaines auparavant pour pallier à l’absence des chanteurs attitrés des derniers albums tel Peter James. Caché derrière ses lunettes noires, il s’en tire avec brio, comme s’il avait été là depuis toujours. La seconde tient dans l’extraordinaire cohérence d’une musique qui pourtant rechigne à sa représentation scénique tant elle vit et se nourrit de correspondances et d’échanges épistolaires. Hormis les quelques couacs techniques au début, le dialogue des instruments à vent soufflés par Robert Baussay (hautbois, cor anglais, duduk) et Yves Dellicour (clarinette basse et sax soprano) s’établit en connivence avec les guitares de Pascal Lacroix de Calogero Marotta. A la basse, Shri donne les couleurs tandis que Mathoul et Nietzsche, assis derrière leur laptop, veillent au grain, au granulé sonore, faisant revivre ci et là, par la magie du sampler, quelques absents (Scanner, Mark Beazley, Nick Grey…) A l’An Vert, ce soir-là, on est plusieurs à retenir nos toux. On se tient en silence sur nos chaises repliables en plastique, perdus dans notre écoute. La nuit s’étire, une de ces nuits longues de décembre. On mesure à quel point 48 Cameras fit et fait partie de notre bestiaire sonore imaginaire, de notre herbier musical, de nos répertoires sensuels essentiels. Deux liens : www.lanvert.be et www.48camerasofficialblogspot.fr
Texte : Le Dark Chips
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
Il y a ceux qui prennent « la balle au bond », et puis il y a les autres qui la prennent au 6ème rebond. Si, après le succès de TSOB, il était encore temps de surfer sur le revival gagnant de la New-Beat, le label (Musique Pour La Danse) sort de ses coffres des reliques d’une valeur inestimable : un bon cru de 88, du « Château Rembert de Smet, mis en bouteille en château, jamais sorti de la cave ». Ici présenté sous le nom de Ro Maron, le bonhomme avait eu le nez fin en posant prématurément les bases de ce qui allait faire le succès de la musique electro belge des années 90. Tête pensante de 2 Belgen, mais aussi lié à TC Matic ou encore Praga Khan, Rembert a caché ses talents de chirurgien musical sous des dizaines de noms d’emprunt liés à autant de pièces maîtresses : Zsa Zsa La Boum, Agaric, Le Mystère, Trance Trax, et j’en passe. C’est peut-être cette richesse du document et l’ampleur des fouilles qui expliquent pourquoi ‘Ro Maron Collected’ arrive si tard dans le grand ballet du revival Electro-Body-Music de chez nous. Et si d’aventure, les plaques de Rembert encombraient votre grenier, il vous resterait deux solutions intelligentes à envisager : les vendre à prix d’or ou, encore plus simple, me les offrir. « Hiiiiint! Mauvais choix, essaie encore ! ».★ ★ ★ Si d’aventure il vous est arrivé un jour de bouger du cul sur les insanités de Detroit Grand Pubhas, vous pourriez mouiller de l’entrecuisse pour ‘Dance Mania : Ghetto Madness’, une compilation devant laquelle le gros dégueulasse (mais génial) précédemment cité ne pourrait renier ses influences. Toujours chez (Strut), ce recueil de 15 titres nous ramasse là où la compilation du mythique Dance Mania nous avait lâchement abandonnés. Nous voilà donc plongés en 1997 dans le Chicago de DJ-Milton, Jammin Gerald, Dj Deeon ou encore Turee Cooper et son tube de 96 ‘Nuthin Wrong’. La Ghetto House, ce style radicalement froid et glauque teinté de sexualité peu orthodoxe, bordé de rythmiques entêtantes qui ne sont pas moins des allers simples vers l’enfer. Si cependant vous vouliez coller des mots aux chansons, sachez qu’en 2013, un certain Jacob Arnold posait l’histoire passionnante de cette écurie mythique dans un bouquin simplement nommé « Dance Mania ». Quand tu entendras le son de l’ectasy, tourne la page. ★ ★ ★ On devait être un peu fatigué lorsqu’on a associé l’adjectif « trop bien » au label (Permanent Vacation) qui, comme s’il voulait vraiment nous fâcher, s’efforce de nous faire crever d’ennui, sortie après sortie. La dernière en date est l’œuvre de Lake People qui, depuis 2012 et le succès de son ‘Point In Time’, semble bénéficier de la reconnaissance de ses compères, le sacro-saint Guy Gerbert en tête (à ne pas confondre avec Guy Gilbert, le curé rockeur). Sous le nom de Martin Enke, l’auteur de ‘Purposely Uncertain Field’ avait déjà séduit les aficionados de (Krakatau) par des remixes, des titres perdus sur des compils et surtout cette fâcheuse tendance à faire perdurer la grande tradition de la house chiante comme la pluie. S’il ne se répète pas dans son schéma de production, Lake People nous rabâche encore et toujours les oreilles avec cette musique que l’on entend mais que l’on n’écoute jamais. ★ ★ ★ Paris, ce n’est pas que Pedro Winter et les putes à franges ! Car Paris, c’est aussi Bambounou, figure de la renaissance de l’électro française. N’en déplaise aux chauvins, c’est surtout d’Angleterre qu’est empreinte la musique de Jérémy Guindo, et même si son style s’étoffe avec l’âge, la recette n’en devient que plus affinée et précise. En 2012, le Français abordait le thème vie extra-terrestre dans un ton très bass & footwork. Voici venu le temps de remettre les pieds sur terre, en des temps futurs et peu glorieux où règnent l’ordre et la dictature du système. L’artiste fait alors référence à un style plus ambiant, épuré mais cite à la fois ‘Akira’ ou encore ‘Dune’ comme références. On lui dit qu’il y avait tout de même pas mal d’effets spéciaux ? ★ ★ ★ Grosse et nécessaire séance de rattrapage qui nous ramène à la fin de l’année 2014 et ‘Total’ du prodigieux Baba Stiltz. Déjà connu dans sa Suède natale pour ses talents affirmés et confirmés à confectionner une pop des plus brumeuses, c’est sous les lumières du label (Studio Barnhus) que s’électronise le gamin (à peine majeur). Ambiance feutrée, sons cotonneux et nostalgiques : tout semble être destiné à notre confort. C’était sans compter les touches acides pour nous mener de la nostalgie à la mélancolie. Baba Stiltz se joue de nous et de nos sentiments comme il nous emmène d’univers pop en chansons douces-amères. La dérive est, comment dire ? Totale... CQFD ★ ★ ★ En 1994, Vincent Williams était mieux connu dans le monde du hip-hop sous le nom de DJ Spinna. C’est tout de même quelque chose DJ Spinna… Et puis, il est né à Brooklyn, le Spinnagloire du label (BBE). C’est tout de même pas pour rien qu’on lui consacre une compil hein, ‘The Sound Beyond Stars’ ? Avec que des remixes, tous de Spinna évidemment : 18 remixes, pas un de moins ! Et c’est qu’il en remixe du beau monde : des vieux comme Shaun Escoffery et même des jeunes comme Louie Vega ! C’est que ce vieux bougre est le maître à penser de la House Soulful Us. Et qu’est-ce donc que cela, me direz-vous ? Et bien c’est un style ragoût « soul-acid jazz-musique d’ascenseur » totalement dégueulasse qui a la fâcheuse tendance à rentabiliser jusqu’ à la lie les possibilités temporelles d’un disque, quitte à tirer tout en longueur, la souffrance de nos oreilles y compris. Tout ça pour ça ? Oui ! ★ ★ ★ Écrites pour le cinéma et la télévision, les « scènes » du compositeur de musique électronique Burnt Friedman étaient initialement destinées à être utilisées en conjonction avec des images en mouvement. Déclinées sous un mélange de 25 scènes cinématiques courtes, ‘Nonplace Soundtracks Scenes 01-25’ sont toutes des œuvres qui impliquent Friedman ainsi que Hayden Chilsom dans leur projet commun « The Embassadors ». Définitivement plus orientées vers la musique concrète, voire le free jazz, que l’électro pure, ces 25 mini-œuvres (pas forcément digestes) ne seraient que la partie visible d’un projet de grande envergure qui anime dès à présent toutes nos interrogations et nos attentes. Et si la curiosité venait à vous titiller, l’ensemble de ces scénettes sont à disposition sur le site de (Nonplace). Si c’est offert avec bon cœur…
Texte: Anys Amire et François Georges photo: Mothmeister ( @ Instagram)
Ecce homo « Le blocage brutal des portes peut-être dangereux, pensez-y ». Il s’étonne que ces mots soient si clairement affichés à la vue de tous. Il est le seul à leur donner leur parfaite lisibilité, là dans ce fracas permanent fait de va et de vient, de bruits métalliques assourdissants. De cliquetis. Des déchirures. Des ruptures. Les souterrains des villes qui serpentent. Les entrailles de la cité des hommes, son péristaltisme assourdissant. Assis fixement sur une banquette d’un métro de la ligne 5, il perd son regard sur les corps avoisinants. Les vibrations du rail leur donnent une consistance presque intéressante, mais c’est le bruit qui absorbe tout. Il commence à percevoir une vérité. Enveloppée dans ce vacarme elle reste hors d’atteinte. Trop de bruit. Trop de portes qui s’ouvrent et se ferment. Trop de bruit. De signaux stridents. Il essaie de grogner, ce n’est pas satisfaisant. Il se lève et sort du wagon à la station Saint-Guidon. Des crissements couvrent ses pas. Il prend l’escalator de droite. Il renifle les cheveux qui se secouent devant lui. Il traverse le portail de droite. Il met un pied devant l’autre. Il croise d’autres silhouettes, certaines à chemises vertes, d’autres à
costumes gris ou à quatre pattes. Il entre dans un magasin. Il achète un chocolat blanc aux amandes emballé dans un papier doré qui lui coûte trois euros et vingt centimes. Il sort du magasin. Il passe devant un mendiant. Il jette le chocolat dans une poubelle proche. Il prend la direction de la sortie, traverse la porte de verre. Il est 22h47, l’objet métallique logé dans la poche droite de son imperméable frotte régulièrement contre son pantalon de flanelle gris. Il est 22h47 et il marche. Au loin il peut sentir un chat crier, deux cavaliers s’approcher, une pluie s’effondrer. Il marche le long de la rue de la procession, quelques voitures le dépassent, leurs phares projettent son ombre d’une taille démesurée sur toutes les façades, leurs moteurs tournent à vide chuchote-t-il. Il ne se souvient plus du silence. Il est une canette de violence vide. Il marche. Au loin il sent les cavaliers s’approcher. Une voix lui demande son gsm. Il ne dit rien. Une voix l’insulte. Il sent l’objet métallique brûler sa hanche. Il ne dit rien. Il marche, il bande, son cœur injecte lourdement le venin dans toutes ses artères. Il est l’hôte du venin. Il marche. Il entre dans un café du nom de Fablain. Il commande une blanche. Il la boit. Il sert le poing. Il le relâche. Il se calme. Il essaie de voir à travers les chairs des habitants de l’établissement. Il ne sent pas couler leur sang dans le bon sens. Il ne sent rien. Il pointe son index sur la paroi du ventre du corps le plus proche. Il appuie et chuchote « ça grouille là-dedans ». Il paie sa note et sort. La nuit est constellée de bruits blancs. Au loin les cavaliers arrivent, la pluie est suspendue. Il reprend la marche, prend la première rue à droite, puis la deuxième à gauche, il continue de marcher. Il entend parfaitement le claquement de ses talons sur le trottoir dans un océan de silence, la vérité est à portée de main elle guide ses pas. Il s’arrête devant la porte d’une maison. Il caresse l’objet métallique. Il attend face à la porte close. Il n’a pas de clés. Cela ne lui prend que quelques minutes pour l’ouvrir et il entre. Un disque : ‘Soused’ par Scott Walker et suun(((o)))) Un article : ‘Devenir un monstre, un destin de la perversité’ par Daniel Zagury in crime et folie, les entretiens de la fondation des Treilles, nrf, édition Gallimard Un livre : ‘Pervers, analyse d’un concept’, Pierre-Henry Castel, édition Ithaque
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Texte : A En r ince T - Lhi s ee r eRre m & aNci c le o l a s A l s t e e n © Pa n d a B e a r
Figure placide et débonnaire par excellence, le panda est un animal unanimement aimé. Un mythe chinois populaire raconte qu’autrefois, les pandas étaient complètement blancs, mais qu’un jour, pleurant la mort de l’un des leurs en se frottant les yeux pour essuyer leurs larmes, ils trempèrent les mains dans de la cendre en signe de deuil, ces taches de cendre restèrent ancrées sur leur fourrure. A l’image de ce mythe, Noah Lennox colore et bigarre sa musique de taches qui ressortent
davantage du monde de Rorschach et des interprétations introspectives. Quatre ans après la parution de ‘Tomboy’, il nous revient avec ‘Panda Bear Meets The Grim Reaper’ où comment jauger ses propres transformations et ses identités changeantes. Dans la culture anglo-saxonne, ‘The Grim Reaper’ est synonyme de la Grande Faucheuse. En choisissant ce titre, as-tu voulu donner un baiser à la mort ou plutôt lui livrer une bataille ? Noah Lennox : « Ce n’est pas une bataille contre la mort mais plutôt une rencontre avec elle, une collaboration ou une conversation. Je n’ai pas voulu invoquer le Grim Reaper comme un symbole de la mort dans un sens littéral. Je vois plutôt cela comme une représentation de choses qui changent. Particulièrement dans le contexte des questions du genre ou de l’identité. Quand quelque chose meurt autour de nous, on se transforme. Il peut s’agir d’un décès dans la famille, de la fin d’une relation avec un endroit ou du dernier jour d’un couple d’amis proches. Toutes ces choses nous amènent à reconsidérer nos propres valeurs, à redéfinir notre personnalité. Quand ce genre d’événement survient, une partie de notre esprit est affectée et, fondamentalement, métamorphosée. On développe une nouvelle perception de sa propre personne. Sur ce nouvel album, plusieurs chansons entretiennent un lien avec la mort. Pour écrire ce disque, j’ai abordé les choses différemment. J’ai tenu une sorte de journal intime et réalisé un véritable travail d’introspection. Je me suis dit que, quelque part dans le monde, d’autres personnes passaient certainement à travers des émotions proches des miennes. Je voulais partir d’un cas personnel pour toucher à l’universel. »
L’arche de Noé
Est-ce la même démarche qui sous-tend le morceau ‘Tropic of Cancer’ ? Noah : « La chanson traite de la maladie, dans son sens global et universel. J’ai essayé d’être empathique envers la maladie. C’est-à-dire la percevoir comme une donnée factuelle qui s’impose à nous, une sorte d’entité qui se propage planétairement et tente de survivre à travers les époques, un peu comme n’importe quel être vivant. Malgré le fait que j’ai été affecté par la maladie, confronté à elle, tout comme mes proches, parfois dramatiquement, j’ai voulu écrire sur la prévisibilité de la maladie, sur son côté inévitable. Je n’avais pas Ebola en tête au moment où je l’ai écrite... » Comment a été conçu ‘Panda Bear Meets The Grim Reaper’ ? Noah : « L’album a été conçu à plusieurs endroits. J’ai déménagé au moins trois fois pendant cette période. J’avais déjà bouclé six ou sept chansons que je jouais déjà live avant de les enregistrer. En janvier dernier, Pete (Peter Kember aka Sonic Boom, ndr) et moi avons démarré le travail de studio à proprement parler. Près d’un mois dans un studio de Lisbonne. Ensuite, cela a pris au moins six mois pour agencer et mixer le tout. J’aime travailler avec Pete mais, à vrai dire, j’éprouvais toutefois une certaine appréhension depuis la dernière fois où nous avions collaboré ensemble. J’avais peur de tomber dans une routine, de reproduire les mêmes réflexes et finalement d’arriver au même son que sur le disque précédent. Fort heureusement, ça n’a pas été le cas car notre processus collaboratif s’est initié en amont, dès le début où les morceaux se mettaient en place. » Il y clairement une influence dub – et spécifiquement le dub des années septante – sur ton album. Est-ce délibéré ? Noah : « La ‘matrice’ du dub a été pour moi une source d’inspiration, surtout sous l’angle de la production. Pendant des années, j’ai cherché à pousser ma musique dans ses retranchements en la guidant vers un point central où la basse se love au cœur de la composition. Si il me fallait tenter de schématiser, je me représenterai cette image : il y a ce son rond, rythmique, central qui trône au-dessus du spectre des fréquences et cet espace vide tout autour dans lequel gravitent d’autres sons. »
Trouves-tu dans le dub un message philosophique ou politique qui rencontrerait tes inspirations ? Noah : « Pour être honnête, je ne me suis jamais vraiment intéressé à la portée politique du dub de cette période mais je pense qu’il a une dimension spirituelle qui a été une source d’influence pour bon nombre de musiciens. » Qu’en est-il de l’influence du hip-hop old school qui se ressent également sur le disque ? Noah : « Parmi beaucoup de producteurs d’aujourd’hui, le hip-hop des années 90 revient en force comme source d’inspiration. Pas uniquement pour le son mais aussi pour la structure rythmique des morceaux de cette époque, très particulière. Un swing caractéristique que le hip-hop semble un peu avoir perdu par après mais qui m’a attiré et m’a incontestablement inspiré ici. » Le morceau ‘Mr Noah’ est-il pleinement autobiographique? Noah : « C’est mon autoportrait, mais en version cartoon. J’ai rencontré une fille au Portugal, une guérisseuse. Elle lisait les lignes de ma main et utilisait des techniques de massage pour faire ressortir des douleurs physiques ou morales. Au cours d’une de mes visites chez elle, elle a circonscrit ma personnalité autour de trois divinités animales : le loup, l’ours et l’aigle. Je ne comprenais pas bien l’utilité de ces bestioles... Mais j’étais terriblement intrigué. Je n’arrêtais pas d’y penser. Partant de là, j’ai imaginé une sorte de bande dessinée mettant en scène ces animaux. C’est une façon détournée de parler de moi. La chanson s’est métamorphosée en exercice existentiel : j’essayais de parler de moi à travers des personnages fictifs qui, selon la guérisseuse, étaient censés me représenter. A travers les chansons de cet album, je suis entré en contact avec la partie la plus sombre de ma personnalité. J’ai aperçu des choses que l’on n’aime pas voir. Des trucs que personne n’aime s’avouer. Je pense que tout le monde planque des mystères, des non-dits et quelques trucs bien moches. On préfère tous se voiler la face et voir le côté positif des choses. » Ce que tu expliques là est-il à mettre en liaison avec le thème du morceau ‘Selfish Gene’ ? Noah : « Comme tu le sais, ce titre provient d’un livre de Richard Dawkins qui mit en avant la théorie selon laquelle bon nombre des actions que nous effectuons et des interactions que nous initions avec d’autres sont guidées par nos gènes et ce dans une perspective de survie de l’espèce et de son extension. La chanson essaye d’évincer le mythe de l’amour romantique ou fatal car, bien souvent, ce sont nos gènes qui sont à la commande ! C’est une sorte d’anti love-song ! » Depuis 2004, tu vis à Lisbonne. Comment se passe ta relation de travail avec Animal Collective du fait de cette longue distance ? Noah : « On tire énormément de satisfaction de cette situation. Les aspects positifs de mon déménagement chassent les côtés négatifs. Au début, on se demandait comment faire, comment bosser ensemble sans se voir. Mais il est vite apparu que tout cela était bénéfique au groupe. Grâce ou à cause de mon déménagement, on a retrouvé le plaisir de partager du temps ensemble. Quand on se réunit, on est hyper excité. Chacun prend du plaisir en solo ou, du moins, de façon autonome. Dès qu’on revient vers Animal Collective, on nourrit la bête d’une foule d’idées fraîches et d’une énergie renouvelée. L’organisation est plus compliquée. La mise en place des répétitions et des tournées coûte plus cher. Mais je trouve qu’on a vraiment tiré bénéfice du contexte. » En 2013, tu as signé un morceau (‘Doin’ It Right’) en compagnie de Daft Punk pour les besoins du blockbuster ‘Random Access Memories’. Qu’as-tu retiré de cette collaboration ? Noah : « Cette complicité entre nous s’est installée au fil des années. En 2009, avec Animal Collective, on a enregistré un morceau intitulé ‘My Girls’. On souhaitait faire remixer cette chanson. Dans le groupe, on adore Daft Punk. On est des fans de la première heure. Travailler avec eux, ça a toujours été le rêve impossible, le truc de fou. Comme on connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui connaissait Daft Punk, on a essayé de les approcher de façon détournée. On leur a envoyé notre morceau en leur demandant un remix. Les mecs nous ont remerciés pour la proposition, mais ils ont rapidement refermé la porte en nous expliquant qu’ils ne faisaient plus de remix pour les autres. Fin 2011, je suis revenu à la charge avec une des chansons de mon album solo ‘Tomboy’. De nouveau, via un e-mail, ils m’ont envoyé bouler en me sortant les mêmes arguments que deux ans auparavant. Mais à la fin du message, ils disaient ceci : « On devrait peut-être envisager de faire quelque chose ensemble à l’avenir. » À partir de là, nous sommes restés en contact. Thomas Bangalter est venu me voir en concert à Paris. De fil en aiguille, Daft Punk m’a impliqué dans la phase créative de ‘Random Access Memories’. Cette collaboration, c’est comme une vision inhabituelle de ma propre musique. » Un disque : ‘Panda Bear Meets The Grim Reaper’ (Domino/V2).
on stage 05/03 Botanique (Bruxelles)
T e x t e : G e r y L e f e b v r e i © t i m o t h y s a c c e nt i
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Musicien à la normalité assumée, Erwan Castex aka Rone refuse intelligemment un quelconque héritage issu de la French Touch. ‘Creatures’, son troisième album, prouve d’ailleurs qu’il est bien plus qu’un énième DJ ou
producteur talentueux et inspiré. Laborantin des textures et du son, le parisien a élaboré un mille-feuilles sonique, fantasque et pointilliste, une électronique onirique qui fait du plat au meilleur de la pop synthétique pour mieux l’égarer au beau milieu d’une terra incognita multicolore. Aussi à cheval sur la beauté de ses mélodies que sur la complexité de ses rythmes, Rone coule des compositions apnéiques et nous propulse dans un univers peuplé de songes vaporeux. Doté d’un impressionnant et on ne peut plus éclectique casting (Bachar Mar-Khalifé, Bryce Dessner, François Marry ou Etienne Daho, pour ne citer qu’eux), l’album ne sombre heureusement jamais dans les travers des disques gorgés de featurings, étouffé par un casting parfait aux egos conflictuels. Au contact de ces pointures, Rone a au contraire pris du coffre et a étoffé son jeu. Pour que les sons deviennent définitivement autre chose que leur simple somme.
« Soyez réglé dans votre vie et ordinaire comme un bourgeois, afin d’être violent et original dans vos œuvres ». Tu aimes évoquer cette phrase de Flaubert pour expliquer ton parcours et ton travail. Tu éprouves le besoin de te justifier d’être un musicien à la vie banale et ordinaire ? Rone : « C’est effectivement une phrase qui m’a marqué et qui m’accompagne parce qu’elle fait vraiment écho à ce que je vis en ce moment. Je suis devenu papa il y a un peu plus d’un an et, forcément, le rythme de ma vie a un petit peu changé et j’ai dû à faire face à cette nouvelle vie, beaucoup plus posée, rangée, structurée. Il fallait que j’assume ces changements dans mon quotidien et répondre à une question qui me taraudait : faut-il être complètement libre, désorganisé et fou dans sa tête pour créer et faire de la bonne musique ? Et je suis tombé sur cette phrase de Flaubert qui répondait complètement à ma question et qui m’a libéré de beaucoup de doutes par rapport au fait d’assumer la compatibilité de mon statut de musicien et de père. »
Rêves party Comment as-tu vécu le fait que la musique soit devenu un job et plus un hobby ? As-tu ressenti une forme d’imposture en accédant à ce nouveau statut ? Rone : «Clairement. Mais je m’en suis débarrassé, je pense. Je suis un mec un peu anxieux, je doute toujours. Au départ, je n’avais effectivement pas d’autre ambition que de faire de la musique pour moi, pour mes amis. Je n’avais aucune intention de vivre de la musique, de faire des concerts. C’était un pur hobby. Je crois qu’au fond, c’était mon rêve, mais je n’osais même pas en rêver éveillé. Et puis le label a entendu ma musique et m’a encouragé à faire un disque, à faire des concerts. Et en deux ans de temps, je me retrouve à jouer devant 10.000 personnes, à faire l’Olympia, à tourner aux États-Unis. J’ai flippé un peu parce que ça me dépassait complètement. Et là j’ai éprouvé un réel sentiment d’imposture. D’autant que je connaissais pas mal de musiciens autour de moi qui galéraient. Je trouvais que j’avais beaucoup trop de chance. Et c’est grâce à des musiciens comme Bryce Dessner ou Gaspar Claus que j’ai réussi à me décomplexer complètement. En travaillant avec eux, ils ont instauré un rapport d’égal à égal parce que eux ne se posent pas du tout la question de ma légitimité à être là ! Donc maintenant quand on me demande ma profession, j’accepte enfin de dire que je suis musicien ! » Comment t’y prends-tu pour transmettre ces fragments d’autobiographie sans pour autant écrire des chansons au sens classique du terme ? Rone : « J’ai constaté, dans la vie et dans la musique, qu’il fallait vraiment laisser intervenir le hasard, les accidents. C’est pour ça que je privilégie les synthés et que je délaisse les séquenceurs sur ordinateur sur lesquels tout est très structuré et laisse peu de place pour l’erreur. Avec les synthés, tu tournes les boutons et il se passe plein de choses imprévues et j’accueille les accidents avec plaisir. » Ces accidents font donc partie intégrante de la matière sonore que tu travailles ? Rone : « Complètement. Ce qui est fou c’est que les accidents sont parfois l’origine même d’un morceau. Bien sûr, il y a un travail d’arrangement qui intervient ensuite. Mais de toute façon, je pense que l’acte de création est par nature accidentel. Tu ne peux pas tout maîtriser dans le processus créatif. Il y a toujours quelque chose qui t’échappe, même inconsciemment. Moi je ne suis absolument pas musicien à la base. Je ne sais pas écrire la musique, je ne sais pas penser la musique. C’est vraiment dans la matière qu’elle se révèle. Je vais sur mes synthés, je joue, j’improvise pendant des heures et la musique surgit presque malgré moi. C’est pour ça que c’est important d’accueillir et de saisir ce qui surgit et de le considérer comme partie intégrante de ma matière sonore. J’utilise par ailleurs très très peu de samples. Il m’arrive de les utiliser dans les moments percussifs ou dans les voix, mais c’est marginal en comparaison des improvisations et des accidents. » Tu admets être fort influencé par la musique classique que tu considères comme ce qu’il y a de plus proche de la musique électro... A quels niveaux jettes-tu des ponts entre les deux ? Rone : « Quand je commence un morceau d’une page blanche, souvent ça part d’un clavier et
d’une recherche de mélodie. Parfois, ça commence même avant la mélodie par la recherche d’une texture, d’un grain de son sur un synthétiseur en passant par différents effets. C’est peut-être une influence inconsciente de quelqu’un comme Erik Satie que j’ai beaucoup écouté. Ces petites ritournelles, ces petites phrases mélodiques au piano, c’est encore très prégnant dans la façon dont je compose, en tout cas dans le premier élan. J’ai quelques influences dans la musique électro mais mes principales influences viennent de la musique classique. Notamment en terme de structuration de mes morceaux. Ou dans la façon de jouer avec les silences et d’en faire des instruments à part entière. Le relief et le contraste dans la musique m’intéressent beaucoup. Et à ce niveau-là, le classique et l’électronique ont beaucoup en commun. » Il y a beaucoup d’invités provenant d’univers très variés sur ‘Creatures’. Tu n’as jamais craint que le casting phagocyte complètement le disque et ton travail ? Comment as-tu procédé pour garder un fil conducteur, une cohérence dans le projet et éviter que le disque ne t’échappe ? Rone : « Bien sûr j’ai eu des doutes et je me suis posé plein de questions. J’ai eu des craintes de perdre le contrôle. Je parlais d’un côté avec Daho et en même temps je recevais un mail du trompettiste Toshinori Kondo. Mais cette crainte a finalement assez vite disparu. Parce que plus ça avançait, plus j’avais l’impression que tous ces gens m’avaient révélé à moi-même. Et donc paradoxalement, j’ai l’impression que c’est finalement peut-être le disque le plus intime que j’ai conçu. Je suis assez fier que ça soit un travail à ce point collectif ! Moi j’avais toujours travaillé seul, enfermé dans ma chambre. Et c’est clair que ça comporte aussi des difficultés d’être seul face à soi-même et à ses doutes. Mais travailler avec des gens, c’est une autre forme de difficulté. Il faut arriver à imposer ses idées sans couper l’élan créatif de l’autre. C’est pas évident mais si ça marche, c’est encore plus jouissif que si tu l’avais fait seul. Au niveau de la cohérence, c’est un peu comme pour un tournage de film. Tu as un réalisateur et plein de gens qui participent. Même pour les films les plus intimes, même pour les films d’auteur, il y a toujours un travail collectif derrière. Et pourtant on dira que c’est du Godard ou du Truffaut. » La participation d’Etienne Daho sur un titre du disque est assez exceptionnelle. Très rares sont les projets auxquels il accepte de participer, surtout en featuring. Comment cette idée est-elle née et comment s’est-elle réalisée ? Rone : « C’est un peu fou, oui. J’ai été très étonné qu’il accepte. J’avais accepté de remixer le titre ‘En Surface’ de son dernier album. Et j’en ai simplement profité pour lui demander de poser sa voix sur un titre à moi. J’ai ensuite très vite senti son enthousiasme, dans sa manière de parler du morceau qu’on était en train de composer. Et cette collaboration s’est finalement passée très simplement. Il m’envoyait des textos ou il m’appelait au milieu de la nuit pour demander comment allait « notre bébé ». Pour moi, bosser avec Daho, c’était jouer avec un symbole, avec l’icône pop. Et en même temps, je voulais jouer avec les codes aussi. Je ne voulais pas que ça soit un morceau pop classique, couplet/refrain/couplet/refrain sur 3 minutes 30. Il fallait qu’il prenne une forme un peu spéciale. Et Daho ça lui convenait complètement. Il a plongé dans l’instrumental, sa voix apparaît, disparaît. La structure est un peu bizarre et c’était essentiel à mes yeux de sortir du format pop de base. C’était aussi le fantasme de faire une chanson, d’utiliser un voix. Et avoir celle de Daho, c’était royal ! » Un disque : ‘Creatures’ (InFiné/V2)
on stage 29/01 Grand Mix (Tourcoing) 14/02 Rockhal (Esch/Alzette, Luxembourg) 13/05 Les Nuits 2015 (Bruxelles)
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Texte : A Bn ra nm e - LViesremReeem rasc clhe I t r a d u c ti o n : Pat r i c k F o i s s a c © G r a n t s i n g e r
Dans les pages de RifRaf, Benjamin Desmet du groupe SX déclarait voici peu sa passion pour Ariel Pink : « La manière dont Ariel Pink conçoit sa musique est tres libératrice pour moi. Il reste toujours fidèle
à lui-même et semble composer sans trop se demander comment elle devrait sonner. » Or, Pink – de son vrai nom Ariel Marcus Rosenberg – vient d’ajouter à sa discographie ‘Pom Pom’, soit un disque de pop complètement dingue. Fini, le Ariel
Pink’s Haunted Graffiti. Désormais, notre ami se présente sous son propre nom. « J’ai changé de nom, mais cela ne signifie rien. C’est juste une blague. », nous explique Ariel Pink depuis Los Angeles. Ariel Pink : « Pour être honnête, je n’ai pas beaucoup d’attentes concernant ‘Pom Pom’. Je n’ai pas envie de prendre ma musique trop au sérieux même si en même temps, il convient de préciser que je fais toujours de mon mieux. Le but n’était pas de faire de la musique sensuelle ou sexuelle sur le nouvel album. Ma musique n’est pas non plus très émotionnelle et pourtant, tous les morceaux de ‘Pom Pom’ ont une charge émotionnelle marquée. Il y a toujours une multitude d’émotions qui s’entremêlent sur mes disques. It’s goo-widi-honey-do-sugary-sentimental kind of stuff. Est-ce de la musique bizarre ? Je ne pense pas. C’est juste ce que je pense être de la bonne musique à laquelle ont contribué pas mal de gens: Don Bolles, Kim Fowley, Jason Pierce de Spiritualized, Soko, Piper Kaplan de Puro Instinct, Jorge Elbrecht de Violens en Lansing-Dreiden, Jack Name de Jack Name, … (rires) Shags Chamberlain de Lost Animal vient de se joindre au groupe qui m’accompagne. Matt Fishbeck de Holy Shit s’est chargé de la conception artistique. Cela fait beaucoup de noms. J’espère que je n’ai oublié personne. »
style que tu es arrivé. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers et stagner. C’est pourquoi il est important d’être constamment en contact avec des jeunes afin de ne pas être dépassé. » Tu as un jour dit que ta musique était retrolicious. Soutiens-tu toujours ce point-de-vue ? Ariel : « Oui. ‘Pom Pom’ est un hommage au rock ‘n’ roll. Je ne suis pas du genre à changer de style sans raison. Je continue à faire du solid rock, que cela soit à la mode ou non. Le sens du mot hip évoluant sans cesse, je me refuse à recourir à des étiquettes. Chaque fois que l’on me demande comment je décrirais ma musique, je trouve que c’est une question difficile. Retrolicious n’est qu’un terme vague qui ne répond à la question que de façon très insuffisante. Il n’y a pas de bonne réponse au sens où elle serait définitive. C’est simplement de la musique pop, de la musique à l’ancienne, du rock ‘n’ roll, peu importe, peut-être même de l’acidpop. Sur ‘Pom Pom’, je me réfère au son de gens comme : The Beatles, The Ramones, Frank Zappa, Michael Jackson,... Des gars importants dans l’histoire de la musique, non ? Si ma musique est voilée et stoned ? Oui, il y a clairement un côté brumeux dans mes morceaux. Comme s’ils étaient lointains. On pourrait en parler durant des heures, essayer d’en définir les contours mais cela en vaut-il vraiment la peine ? » Peut-on dire que tu fais de la pop cool avec un côté dingue ? Ariel : « Je parlerais de pop cool avec un côté sympa. (rires) Je vais d’ailleurs employer ce terme. J’aime vraiment bien cette description. (ironique) Un petit peu de Connan Mockasin avec une dose de Mac DeMarco mixé avec une once de Tame Impala et une petite pincée de Kim Kardashian. » On peut relever des influences 80s assez nettes sur ‘Pom Pom’: Duran Duran, The Human League, Talk Talk, OMD. Ariel : « Je ne peux certainement pas le nier. N’oublie pas non plus de mentionner The Cure. Plus tu t’autorises à avoir des influences variées et différentes, plus ta musique sera éclectique. C’est ainsi que tu peux te renouveler. J’ai essayé de mettre le plus de morceaux possibles sur ‘Pom Pom’ (en version vinyle, c’est d’ailleurs un double album, ndr). J’aime l’idée que l’auditeur en reçoit plus pour son argent que ce à quoi il est normalement habitué. On peut de toute façon toujours passer un morceau si on ne l’aime pas. Pour ma part, j’écoute l’album dans son entièreté. » Un disque avec un titre dadaïste ? Ariel : « Oui et c’est cool que tu le mentionnes. (il se met à chanter) Pom pom pompompom. ‘Pom Pom’ se réfère aux pom pom girls. C’est aussi un terme jamaïcain pour designer le sexe féminin et c’est aussi un terme porno gay. Pom pom pom pom. » Plutôt marrant! Cela me rappelle un peu la philosophie du disque ‘Ku Klux Glam’ que tu as enregistré en 2012 avec la légende lo-fi R. Stevie Moore. Ariel : « R. Stevie Moore est génial. He’s very much his own man. To know him is to love him. Quiconque a la chance de l’approcher devient forcément fan. Tu peux entendre son influence dans ma musique. Je connais bien sa musique, je l’écoute depuis tout jeune. » Pour terminer, que dirais-tu de balancer encore une petite citation à la face du monde? Ariel : « No quotes, no bosses, no bullshit! Voilà! Sur ce, je vais aller me fumer une clope. »
No quotes, no bosses, no bullshit!
On te compare souvent à des artistes comme Connan Mockasin et Mac DeMarco. Malédiction ou bénédiction ? Ariel : « Bah, certains auditeurs me classent dans cette catégorie parce qu’ils ne sont pas vraiment familiers de mon travail. Je ne me vois pas comme étant très proches d’eux musicalement parlant, même si je ne souhaite nullement me distancier de Connan et Mac. Cela me flatte que l’on m’associe à des gens comme eux mais ce que je pense avant tout d’eux, c’est qu’ils ne sont pas des mecs bizarres. Je ne pense d’ailleurs pas l’être non plus. Nous avons tous les trois notre public propre et nous avons notre petit succès. Nous ne devons donc pas être si bizarres que cela, finalement. » Je ne peux ceci dit pas me départir du sentiment que tes disques dégagent une ironie bizarre assez marquée. Ce qui me fait penser à la question que se posait Frank Zappa concernant le fait de savoir si l’ironie a sa place dans la musique… Ariel : « Sans aucun doute. La comédie, par contre, n’a rien à faire dans la musique. C’est l’un ou l’autre. Je ne suis pas un comédien. Je fais de la musique. Ce n’est pas si drôle que cela. Il peut arriver que ma musique prenne un détour quelque peu amusant, mais ce qui importe avant tout à mes yeux, c’est qu’elle soit intéressante à écouter. A part cela, il n’y a pas vraiment de concept. Ce qui est peut-être finalement un concept en soi. Ce qui compte principalement pour moi, c’est de préserver le fun initial de mes chansons. Suis-je clever sur le plan musical ? Sure. Mais je ne veux ceci dit surtout pas travailler de façon calculée. Je suis mon instinct. Je fais ce que je fais et on pourrait dire que d’une certaine façon, je m’inscris dans la lignée de Frank Zappa. Il était musicalement omnivore. Son bagage était énorme et c’est ce qui lui a permis de créer une nouvelle sorte d’énergie. Je ne le considère pas comme un freak. C’était un homme qui travaillait beaucoup et qui n’était pas vite content. Chez lui, c’était 99% de transpiration et 1% d’inspiration. Je pense que cela s’applique aussi à moi. » La musique est-elle une occupation sérieuse ? Ariel : « Oui, c’est un dur labeur. Mais j’en retire beaucoup de satisfaction. La musique me donne le sentiment que je fais quelque chose de bien dans ma vie. Ce n’est pas pour autant facile car faire de la musique n’a absolument rien d’organique. Trial and error ? Non, c’est plutôt quelque chose qui s’applique à une carrière musicale sur le long terme. Je suis avant tout quelqu’un qui entend de la musique d’une certaine manière dans sa tête. C’est toujours génial si je parviens à concrétiser un morceau ayant un son tel que je le concevais dans ma tête. Cela s’apparente à une sorte de quête. On en revient invariablement au fait d’affiner le processus créatif sans s’imposer trop de limites. Ce n’est pas parce que tu as trouvé ton
on stage 01/03 Le Grand Mix (Tourcoing) 14/03 Vooruit (Gand) 15/03 Beursschouwburg (Bruxelles)
Ariel Pink ‘Pom Pom’ 4AD
Soyons clairs : ce ‘Pom Pom’ provoque une sensation de vertige rarement éprouvée. Comme autant de farces grotesques d’une incroyable densité, les dix-sept sketchs qui composent cet album incarnent tout ce que devrait être un disque pop aujourd’hui, c’est à dire outrageusement pop et expérimental. Tantôt somptueuses par leurs mélodies, tantôt complètement immondes par les tonnes de saloperies qui sont déversées dessus, les compositions s’avèrent impossible à apprivoiser, délicieusement cyniques et monstrueusement perverses ou perverties. Évoluant à l’instinct, en digne rejeton de Zappa, le californien surjoue de son statut de grand prêtre du coq à l’âne musical. Cavalcade psychédélique, synthpop candide, rock gothique, hymne punk, flûte péruvienne sous LSD, ‘Pom Pom’ brasse et re-brasse les lubies d’un Pac-Man glouton jamais rassasié et égaré dans le labyrinthe musical du 20ème siècle. Et si on ne contestera pas au disque sa place légitime au sommet des palmarès de fin d’année, on relèvera avec un certain cynisme qu’Ariel Pink accède à la reconnaissance avec un bricolage qui n’est probablement pas son meilleur. Même obsession du collage, même rapport conceptuel au son, même volonté d’entrechoquer un maximum de genres musicaux avec un minimum de moyens, mais paradoxalement moins d’urgence, de passion, de mystère et de profondeur. A vrai dire, une fois habitué au vertige, on s’est même parfois un peu ennuyé en écoutant ce disque. (gle)
T e x t e : Ni c o l a s A l s t e e n © d a vi d w a l d m a n n
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Dans la verte province canadienne de l’Alberta, les neiges éternelles s’accrochent aux cimes et des lacs aux reflets argentés slaloment au creux de paysages accidentés. Du côté de Calgary, immense parcelle bétonnée perdue au cœur de cet écrin naturel, quatre musiciens sculptent un disque passionnant à même le rock. Apparu sur un ring de boxe déserté par les presque célèbres Women, Viet Cong enfile les sous-genres et caracole avec du post-n’importe quoi sous le bras. Post-punk, new wave, art rock, noise, pop indé et effusions expérimentales s’enchevêtrent ici sur un premier album (‘Viet Cong’) foncièrement alternatif. En sept morceaux à la noirceur électrisante, Viet Cong traîne les cravates d’Interpol dans la boue, enfile le pull troué de Sonic Youth, astique le buste de Wire et se frotte au mythe de This Heat. Un sacré remue-ménage. Avant de jouer au sein de Viet Cong, la moitié du groupe s’était fait un nom avec Women. La légende veut que cette formation se soit séparée à l’occasion d’une bataille rangée sur scène. Pouvez-vous revenir sur cet ultime concert? Matt Flegel (basse, voix) : « Honnêtement, je préférerai mettre cet épisode sur le dos du mythe. Mais comme chaque légende enferme toujours un fond de vérité, je ne vais rien nier : on en est venu aux mains. On s’est vraiment battu comme des chiffonniers. On venait juste de publier l’album ‘Public Strain’. Dès les premiers jours de la tournée, tous les prétextes étaient bons pour se prendre la tête. À chaque date, l’ambiance était tendue. Tous les signaux étaient au rouge. La situation a dégénéré beaucoup plus vite et bien plus violemment que prévu. En fait, personne dans le groupe n’aurait pu
Le parcours des combattants imaginer un tel carnage. On a tout de suite mis un terme à l’aventure... Le seul point positif de cette débâcle, c’est qu’elle a laissé la voie libre pour d’autres projets. Viet Cong n’aurait certainement pas vu le jour sans cet incident. Aujourd’hui, on a les pieds sur terre : on sait que, d’une minute à l’autre, tout peut chavirer. D’une certaine façon, on s’est bien préparé à cette idée. (Sourire) Grâce ou à cause de cette expérience négative, on a renforcé nos appareils de détection. Désormais, on capte plus facilement un potentiel de tension. Si un de nous quatre émet des signes de fatigue ou de frustration, on l’envoie direct au lit. Du repos, une tisane et, hop, c’est reparti ! Sauf qu’à l’époque, on n’a pas du tout fonctionné comme ça… L’important, c’est de se dire qu’on apprend toujours de ses erreurs. Après, ça ne veut pas dire qu’on a perdu notre temps. On a quand même enregistré deux chouettes disques avec Women. » Comment avez-vous rencontré l’autre moitié du groupe? Matt Flegel : « J’ai accompagné Chad VanGaalen en tournée. Monty était également de la partie. On se connaissait déjà avant via d’autres projets. Mais cette tournée nous a rapprochés… » Scott « Monty » Munro (guitare, synthé) : « On venait de jouer un concert dans un petit village en Allemagne. Juste après ce show, on a éclusé des bières et, dans l’euphorie, on s’est promis de former un groupe. Curieusement, on a réussi à tenir parole. (Rires) » À côté de ça, Chad VanGaalen vous a également filé un coup de main pour mixer les chansons de votre premier E.P. (‘Cassette’). Peut-on le considérer comme l’homme providentiel ? Scott « Monty » Munro : « Oui et non. Chad est toujours un peu présent mais jamais vraiment là. On sait très bien qu’on peut faire appel à lui si on est dans le besoin, mais il est systématiquement en train de bricoler des trucs de son côté. Il compose sa musique, dessine énormément, produit des disques pour les autres, réalise des vidéos… Il n’arrête pas de faire des trucs. Parfois, on n’y comprend absolument rien. L’autre jour, en arrivant devant sa maison, j’ai sursauté : il était en train de construire un visage géant avec des troncs d’arbre juste devant la porte d’entrée de son studio d’enregistrement. Disons que Chad est un modèle dans le sens où il nous a appris à ne pas végéter. Si on devait résumer sa façon de penser, ce serait : mieux vaut fabriquer quelque chose – même un truc complètement barré – que de ne rien foutre. » À part vous et Chad VanGaalen, à quoi ressemble la scène musicale de Calgary? Matt Flegel : « Il y a beaucoup de groupes. On se connaît tous plus ou moins. De près ou de loin. Il faut aller jeter une oreille sur des projets comme Lab Coast ou Fist City, par exemple. Ces gens vont bientôt arriver avec de très bons morceaux de rock indé. L’attention des médias n’est pas vraiment focalisée sur ce qu’il se passe, chez nous, à Calgary. Mais honnêtement, on s’en tape. Si on s’en tenait simplement à notre façon d’appréhender les choses, on ne serait pas là en train de faire de la promo en Europe. Parler de nous, défendre notre musique en interview, ce n’est pas notre truc. Faut bien l’avouer. Si on est ici aujourd’hui, c’est surtout par l’entremise de notre label
Jagjaguwar, une structure qui a de bonnes connexions internationales. » C’est en effet un label qui se porte plutôt bien dans l’actu. Suuns, Unknown Mortal Orchestra, Foxygen ou Sharon Van Etten, notamment, sont logés à la même enseigne. Comment êtes-vous arrivés chez eux? Matt Flegel : « On avait publié les deux albums de Women sur ce label. Depuis, on est en contact. Avec le temps, ce sont devenus des potes, des gens qu’on apprécie vraiment. Quand on a achevé l’album, on ne s’est pas posé de questions. On a tout de suite envoyé le disque chez Jagjaguwar. Le label a directement pris la balle au bond. On n’a pas cherché d’autres solutions. On est super bien avec cette structure. » Votre nom de scène exhume le souvenir de la guerre du Viêt Nam, un conflit particulièrement douloureux dans les mémoires américaines. Est-ce le témoignage d’un engagement politique ou pacifique? Matt Flegel : « Ce nom n’enferme aucune motivation politique. Que dalle. Ça n’a jamais été notre intention. On a choisi Viet Cong sans réfléchir. En fait, quand on a finalisé l’enregistrement de nos tous premiers morceaux, notre manager nous a dénichés quelques dates de concert. Partant de là, il voulait absolument communiquer un nom de groupe… Il nous a harcelés avec ça. C’était un peu l’angoisse. Dans la précipitation, on lui a proposé Viet Cong. Et, par la force des choses, c’est resté. Quand on cherche un pseudo, l’idée parfaite n’existe pas. Ça ne sert à rien de se casser la tête pendant un an : tous les noms de groupe sont bons à prendre. Ils sont tous plus ou moins débiles. (Sourire) On voulait d’abord trouver quelque chose de facile à retenir. On a déjà eu l’occasion de faire une petite tournée aux États-Unis. Làbas, les gens ne sont pas dressés contre notre nom. Généralement, le public s’en tape. Les seules remarques sont venues de la communauté vietnamienne. On a même reçu des messages de familles qui nous expliquaient avoir vécu l’enfer dans des camps d’emprisonnement gardés par les Vietcongs. Des histoires terribles avec différents sons de cloche. Ça nous a permis de comprendre que la guerre du Viêt Nam était un sacré bourbier, dominé par de nombreux enjeux, souvent contradictoires. Quand on reçoit de telles évocations, on répond généralement qu’on ne connaît rien à la situation. Nous ne cherchons pas à blesser les gens. Si des Vietnamiens lisent cette interview, ils doivent juste savoir un truc : on a pris un nom de groupe stupide ! » Votre musique opère des allers-retours sur la ligne du temps. Les sept titres de l’album se conjuguent aussi bien au passé (This Heat, Wire, Sonic Youth) qu’au présent (Interpol, Clinic, Deerhunter). Est-ce une représentation fidèle de vos goûts musicaux? Matt Flegel : « On écoute surtout des vieux trucs. Il y a peu, j’ai remarqué que je découvrais souvent des groupes cinq ans après tout le monde. Côté hype, on est totalement à côté de la plaque. Dans le van, on écoute Joy Division, Wire, This Heat, le Velvet, Sonic Youth. On n’essaie pas de faire la même chose que ces groupes. Mais notre musique s’inspire fortement de tous ces trucs. Ça s’entend, non? » Un disque : ‘Viet Cong’ (Jagjaguwar/Konkurrent) Suivez le guide : www.vietcong.bandcamp.com
on stage 17/02 De Kreun (Courtrai) 18/02 Botanique (Bruxelles)
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Texte : Ann to e -i n L ies eM e Re r msascelma e n © nick walker
Hanni El Khatib
Quatre ans à vagabonder dans des champs de coton, perdu dans un nuage de vapeurs de bourbon, Hanni El Khatib (re)prend de la bouteille sur un ‘Moonlight’ que l’on n’aurait jamais pu lui soupçonner. Exit le blues qui (fait) tâche, exit Dan Auerbach, c’est en solo que le californien s’engouffre de justesse dans une issue de secours providentielle. Convoquant Iggy Pop et le Wu-Tang dans un skatepark de la côte Ouest, Hanni El Khatib ose le grand écart et dévoile enfin son côté obscur et ses envies d’expérimentations, logés derrière une semi-remorque de gomina et de tatouages. Comment contourner le blues pour éviter la bouse. Après avoir sollicité l’aide du producteur Dan Auerbach sur ton album précédent, estce que tu avais besoin de te retrouver seul pour écrire un nouveau disque ? Hanni El Khatib : « J’ai été sur la route pendant très longtemps. J’adore faire des concerts, mais je suis rentré épuisé. Et lorsque que j’ai fait un break, je me suis dit « J’ai besoin de cet album, maintenant ». Et c’était le bon moment : ça a été très facile de composer en studio. Avec Sonny DiPerri (son ingénieur du son, ndr), on est amis de longue date, c’est avec lui que j’ai fait le premier album. Faire de la musique quand on est amis, ça aide. Je me suis mis dans le studio pendant deux semaines, et je me suis dit que si après ce temps-là, j’avais besoin de musiciens supplémentaires ou d’un producteur, j’en avais la possibilité. Mais dès que j’ai commencé, je me sentais bien. La première semaine, j’ai écrit quatre chansons ! »
Après le blues Après ‘Head In The Dirt’, tu disais avoir des idées à enregistrer. Ce sont elles qui ont été le terreau de ce nouveau disque ? Hanni El Khatib : « J’enregistre tout le temps des idées, notamment avec mon téléphone (il me fait écouter l’idée de ‘Two Brothers’, très sommaire, ndr). J’en ai toute une série, et avant d’entrer en studio, je réécoute mon stock et j’en sélectionne certaines. Certaines idées utilisées sont vieilles, mais j’en trouve de nombreuses directement dans le studio. Mais je ne fais jamais de démos. La version studio est la seule et l’unique. » Et le fait de tourner avec des musiciens ne te donne pas envie de séances de composition collective ? Hanni El Khatib : « Ron Marinelli, mon batteur live, a joué sur ce nouveau disque. Le processus de composition, dans le cadre de ce projet, n’est pas une expérience collective. Le groupe live change tout le temps : j’en ai eu cinq versions différentes. D’abord, moi et mon batteur. Puis un guitariste en plus... J’ai eu trois bassistes ! Le disque est le disque, le live est le live. Je joue la plupart des instruments sur le disque, à part les batteries. » Comment as-tu rencontré GZA ? Hanni El Khatib : « Je travaillais au studio sur une chanson pour lui, que son producteur voulait comme sample. J’étais hyper excité de travailler sur une chanson qui pourrait peutêtre servir au Wu-Tang ! J’ai passé une partie de la journée à enregistrer et là GZA m’a envoyé un message en me disant qu’il était à Los Angeles. Il est venu au studio, je lui ai passé la chanson pour lui montrer son état d’avancement. Dans la discussion, je lui ai demandé s’il voulait écouter mes nouvelles compositions, dont ‘Moonlight’, et puis je lui ai demandé « Tu veux faire un couplet ? ». Il était emballé et est revenu le lendemain écrire le couplet et l’enregistrer. C’était cool ! » Je sens moins d’influences blues que par le passé. Le riff de ‘Chasin’ me rappelle ‘Chick Habit’ d’April March tandis que ‘Melt Me’ rappelle fort le ‘Passenger’ d’Iggy Pop. Ces références te parlent ? Hanni El Khatib : « J’écoute de tout, et ces deux références sont sûrement mixées dans mes chansons. Je pense que c’est important d’incorporer tout ce que j’aime dans des idées qui sont les miennes. J’ai écouté plein de choses : du psyché, du hip-hop, de la
soul, du garage, du disco... Dans ma tête, j’essaye de composer des chansons qui englobent tous ces styles à la fois ! » Sur l’album précédent, ce n’était pas la même approche... Hanni El Khatib : « Oui, c’était un disque « à guitares », enregistré en live, avec un groupe comprenant quatre personnes. J’avais composé ces chansons dans des atmosphères plus blues, avec des guitares plus bruyantes. Juste du rock’n’roll axé sur l’énergie live. Sur cet album-ci, j’avais envie d’explorer d’autres paysages sonores, beaucoup de sons et d’instruments différents. J’avais envie de tester la musique psychédélique, incorporer du funk, du hip-hop. J’avais envie de grosses basses, de cordes, de mellotrons, de synthés... On peut entendre tout ça sur ‘Moonlight’... Le riff de ‘Chasin’, par exemple, est la combinaison de beaucoup d’instruments ne formant qu’un : ma voix, accompagnée de claviers et de guitares. Maintenant que je dois jouer ces chansons en live, je ne sais pas du tout comment faire ! Certains sons sont inadaptables au live, à part en utilisant un sample. » Sur ‘Mexico’ tu utilises un field recording d’une marche funèbre, et sur ‘Servant’ on entend des voix d’enfants... Tu fais ça souvent ? Hanni El Khatib : « Je voulais enregistrer des enfants la dernière semaine de studio. J’avais cette partie qui devait être chantée par des voix enfantines, mais je n’avais pas le temps de convoquer une chorale. J’ai donc chanté de différentes manières, et finalement ça sonnait presque comme je l’avais imaginé ! Puis j’ai appelé un pote qui est venu avec sa jeune fille pour finir le travail. » Je parlais de... Hanni El Khatib : « Ah, tu parles du field recording du début ! Oui, ça vient d’un lycée. Je ne fais pas ça régulièrement ! Généralement je n’utilise mon téléphone que pour enregistrer mes idées, et pas vraiment des sons d’ambiances. Mais là, j’ai enregistré cette chanson et je me suis dit « Je dois y mettre des enfants ! ». Il y avait un lycée juste en bas de la rue du studio, pratique. » J’ai l’impression que ça donne un côté plus personnel, plus expérimental à ta musique. Hanni El Khatib : « C’est vrai. C’est mon troisième album, il est temps pour moi d’explorer, je ne cherche pas à faire à chaque fois le même disque. C’est un projet solo, je peux changer de style quand je veux ! Et j’ai l’impression que mes fans attendent que j’évolue. À ce point-ci, celui du troisième album, j’aimerais que les gens se posent la question : « Wow, mais que fera-t-il la prochaine fois? » » Un disque : ‘Moonlight’ (V2 Records) Suivez le guide : www.hannielkhatib.com
on stage 27/02 Splendid (Lille) 17/03 Botanique (Bruxelles) 19/03 L'Atelier (Luxembourg)
T e x t e : A n t o i n e B o u r s © t h a l i a pa l m e r
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Pond. Quatre lettres sous la surface desquelles se forme et se déforme un super-groupe fluorescent en perpétuelle mutation. Noyau dur de trois trublions braillards, le lutin Nick Allbrook au chant, Joseph Ryan à la basse
et Jay Watson à la guitare, Pond varie son line-up d’un disque à l’autre et entretient des relations et un partage de musiciens pour le moins fluctuants avec son frère ennemi Tame Impala. Au point de brouiller les pistes et mettre les chroniqueurs dans l’embarras – on a évité l’incident diplomatique, Kevin Parker, leader du second, ayant été un collaborateur fréquent du premier. Époque a priori révolue : à l’heure du sixième album, Joseph Ryan entend bien mettre les choses aux points. L’avenir sera Pond et Pond vise les étoiles, à bord de sa fusée rutilante. Entretien sous forme de blind test psyché-rock, par delà les astres et les générations.
Super Musical Nerds Genius Of The Fifth Dimension Pink Floyd – ‘Careful with that axe Eugene’ (1971) Joseph Ryan: (dans la seconde) « ‘Careful with that axe Eugene’ ! J’adore Pink Floyd. Leur approche du psyché est fondatrice. On dit parfois qu’ils se cachaient derrière leur technique, mais ce n’est pas mon avis. » ‘Hobo With A Rocket’ (2013) avait cette vibration primale. On y criait beaucoup. Joey Ryan : « On a enregistré ‘Hobo With A Rocket’ en quatre jours, d’où cette urgence. On n’avait en gros qu’une prise par morceau. On se regardait droit dans les yeux et on plongeait. Pour ‘Man It Feels Like Space Again’, j’ai l’impression – même si ça me fait mal au cul de dire un truc pareil – qu’il est probablement plus mature que nos disques précédent. Pas dans son entièreté, mais par petites touches. Avec Pond, on ne cherche pas les effets : on essaie juste de pondre une musique qui soit spontanée et sincère. »
‘Man It Feels Like Space Again’ est votre album le plus mellow. Était-ce votre intention ? Joey Ryan : « On a très peu discuté de ce qu’on allait faire, de la direction que le disque devait prendre, ou du son qu’on allait produire. On avait tout de même en tête l’envie de sonner comme un disque de space-rock. Mais au final, ce n’est pas vraiment le résultat ! En fait, on devait écrire ‘Man It Feels Like Space Again’ - ce titre nous trottait en tête depuis des années - avant ‘Hobo Rocket’ puis ces quatre jours disponibles ont tout chamboulé : on a foncé tête baissée dans ‘Hobo Rocket’ et on y a glissé nos idées les plus folles, les plus « space », sans réfléchir. Et on a gardé les autres chansons, plus funk, cet espèce de neon rock psychédélique, pour ‘Man It Feels Like Space Again’. C’est aussi pour ça que les deux albums se suivent d’assez près. »
Tame Impala – ‘Feel Like We Only Go Backwards’ (2012)
Foxygen – ‘Oh Yeah’ (2013)
Joseph Ryan: « Je n’ai plus besoin d’entendre cette chanson... » Pond est un peu la version morveuse et mal élevée de Tame Impala, non ? Joey Ryan : « Ouais, c’est ce qu’on dit. Moi je n’y crois pas du tout. La différence entre les deux groupes est colossale à mes yeux. Ok, on bosse toujours ensemble, d’un groupe à l’autre, mais musicalement, Tame Impala, c’est Kevin à 100% : c’est lui qui écrit et compose tout. Pond est un travail beaucoup plus collectif, où l’on écrit à trois maintenant : Jay, Nick et moi. Kevin, pour tout le monde, c’est le super-génie musical débarqué de la cinquième dimension ; Pond a tendance à rester dans son ombre… »
Wolfmother – ‘How Many Times’ (2014) Joseph Ryan: (après quelques secondes) « C’est pas Wolfmother ou un groupe du genre ? » Tout à fait. Avez-vous l’impression de faire partie d’une famille musicale en Australie ? Joey Ryan : « Oui, c’est vraiment le sentiment cultivé chez Spinning Top, notre label. Il y a un véritable amour de l’équipe pour la musique des groupes qu’ils encadrent. Et on se fréquente tous, on joue sur les mêmes affiches, etc. C’est ma famille, quoi. » Quel est votre relation avec le rock australien des années 70, symbolisé par Mushroom Records ? Joseph Ryan: « En fait, je suis d’origine Irlandaise. J’ai émigré en Australie assez tardivement. Je suis certain que quelque part dans le sud-ouest australien, il doit y avoir quantité de petits groupes de vieux rockeurs psyché qui s’accrochent à une gloire passée et éphémère. Mais je connais mal l’histoire de ces groupes. J’ai surtout grandi en achetant des albums pour trois fois rien, au hasard sur les marchés ; c’était surtout des groupes australiens des années 80. »
Spirit – ‘Fresh-Garbage’ (1968) Joseph Ryan: « Qui c’est, ça ? 1974, je dirais ? Quoi, 1968, tu dis ? Waouh ! »
Joseph Ryan : (après 5 secondes) « C’est Foxygen. » ‘Man It Feels Like Space Again’ partage avec les récents disques de Foxygen et MGMT ce feeling pop et parfois disco qui ne refuse pas pour autant l’exigence d’un rock presque expérimental. Joey Ryan : « J’adore MGMT. Quel courage d’être allé à contre-courant du premier album, qui reste pourtant leur plus gros succès, avec des disques de plus en plus bizarroïdes. J’admire des mecs qui ont les couilles de faire la musique qu’ils souhaitent faire, quitte à perdre leur popularité. Dans ce sens, ils sont une grosse influence pour Pond. »
A.R. & Machines – ‘Globus’ (1970) Joseph Ryan : « Aucune idée, mais c’est bon. Je pencherais pour les années 70. » Oui. J’ai choisi ce groupe, parce que bien que méconnu, il est emblématique du Kraut Rock, qui est un genre important pour Pond, si je ne me trompe pas. Joey Ryan : « Ouais ! Can, en particulier : on a joué avec Damo Suzuki, en 2012. C’est sorti de nulle part : il a contacté Spinning Top et on a été son groupe le temps d’une soirée. Rien que jouer de la basse à ses côtés fut un énorme privilège. J’aimerai cet homme jusqu’à ma mort. » Un disque : ‘Man It Feels Like Space Again’ (Modular/Caroline)
on stage 02/03 Blue Shell (Cologne) 04/03 Nijdrop (Opwijk)
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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © t i n e b lo m m a e rt
En face du ‘Me and My Monkey’, salon de thé de Noah Melis et son père, s’étale une ultra-kaléidoscopique peinture du dessinateur du cru Brecht Evens. S’y alignent chat de la chance et déesse Kali, cheval ailé et
Minotaure. On a même cru y déceler le nœud papillon de Klaus Nomi et un Rubik’s Cube. À y repenser, quelques semaines après notre conversation avec les sympathiques Bed Rugs, le parallèle nous apparaît avec davantage d’évidence : quand vous
avez face à vous de dégourdis organismes capables d’ingérer toutes les nuances et couches d’une matière si mouvante (psyché ou pop culture), pourquoi ne seraient-ils pas capables d’en dispenser ensuite le suc propice aux visions durables? ‘Cycle’, en roue libre mais jamais disséminé est un formidable nœud dans le luxuriant mouchoir de nos rêves.
‘8th Cloud’ était une collection de morceaux plutôt distincts tandis que ‘Cycle’ vous fait passer dans une autre catégorie, semble tout à fait bâti comme un voyage cohérent. Noah Melis (voix / batterie) : « On n’avait pas l’intention de l’écrire comme un tout harmonieux, mais c’est ce qui a fini par advenir, et c’est plutôt une bonne chose. Le son qui se propage entre les morceaux sert vraiment de liant. » Yorgos Tsakiridis (claviers) : « Il a été écrit et répété en plus ou moins un an, ce qui crée une impression plus condensée, même au niveau des idées. On a bossé avec Niels Hendrix, le guitariste de Fence. Il connaît notre façon de jouer presqu’aussi bien que nous. C’est déjà avec lui qu’on avait travaillé sur ‘Rapids’. » Noah : « C’est le sixième membre du groupe, si tu veux. Cette fois on a enregistré près d’Hasselt, à Wellen, dans une sorte de ferme rénovée, plutôt intéressante d’un point de vue sonore. Comme c’était en pleine campagne, il n’y avait pas grand-chose à faire d’autre que se concentrer sur la musique et faire un peu de vélo (rires). »
K7 & (Car)Pet Sounds C’était facile de travailler avec Erik Wofford (qui a mixé le disque) à distance ? Noah : « C’est une tout autre mentalité. On avait réalisé une version radio pour ‘Specks’ mais c’était à Anvers, nous étions présents et pouvions réagir au moment-même sur quelle direction prendre. Avec Eric, c’était différent. Il a fait le mix, nous a envoyé une version et en retour, on a constitué une liste avec quels ajustements essayer pour chaque chanson. Il a bien fallu sept ou huit allers-retours pour obtenir quelque chose de satisfaisant. On avait pas mal de noms de mixeurs dans les tuyaux, on leur a envoyé deux morceaux et c’est vraiment lui qui s’est démarqué. » Quelle importance a eu votre résidence d’artistes au Trix dans le processus de ‘Cycle’? Yorgos : « Ça s’est avéré très profitable. Au-delà de pouvoir répéter, on y a créé beaucoup de versions de nos pistes en pré-production, ça nous a permis d’avoir déjà une set-list bien définie en tête avant de débarquer chez Niels et d’avoir déjà des conditions de scène, ce qui aurait été impossible dans un local traditionnel. » Vous avez une tendresse particulière pour les Ovnis ? Il y en a quelques-uns, disséminés dans vos artworks… Noah : « Des UFOS ? C’est bizarre, je n’ai jamais pensé à ça…ah si, mince, tu as raison, il y en a au moins un… » Je pensais à la pochette de votre nouvel album mais aussi au clip de ‘Purple Pill’. Cela dit, ces choix ne viennent peut-être pas de vous … Noah : « Oh si, bien sûr, c’est moi qui ai fait cette vidéo ! (rires) J’ai utilisé les images d’un vieux film…mais c’est une vraie daube ! J’ai dû me le taper cinq fois pour parvenir à en extraire des images. Ça ressemble vraiment à ‘The Day the Earth Stood Still’, mais en plus chiant et avec un aspect plus ‘Space Lobsters’. Ça nous éclaterait de jouer les réalisateurs. Cela dit, il y a un film
mexicano-allemand, ‘Guten Tag, Ramón’ qui a utilisé ‘Yawn’ et ‘Rapids’. » Yorgos : « On ne demanderait pas mieux que de bosser pour quiconque aurait de bonnes idées ! J’adore les projets transgenres. C’est le plus souvent comme ça que je découvre de la nouvelle musique. » Vous sentez-vous tributaires d’un héritage ? Vous avez participé à la compilation hommage au ‘Berchem’ de Dead Man Ray, ‘Copy of 98’. Noah : « Oui, on considère Dead Man Ray comme un groupe incroyable, ça allait de soi qu’on ne pouvait guère refuser. » La reprise, c’est un exercice que vous affectionnez : vous avez aussi fait une version de ‘Down in Mexico’ pour le tribute à Leiber & Stoller ‘I Can’t Get You Out Of My Mind’… je l’adore ! Noah : « Merci beaucoup ! (rires) On était franchement défoncés ce jour-là ! On adore ça, les reprises. On en fait aussi parfois en concert, des Paperheads. » Yorgos : « Tu nous fais là un chouette compliment parce que c’est une chanson iconique. Ce n’est pas évident de se dépatouiller avec sa propre touche et que ça soit fun, surtout avec un fond glauque comme celui-là. » Et ‘Music on A Tape : Songs by Chris Weisman’? J’avoue qu’avant, je ne connaissais pas ce musicien, qui a pourtant l’air aussi fascinant que secret, et pas si loin de Daniel Johnston, avec cette obsession pour les cassettes… Noah : « Oh, oui il est intéressant ! Il a aussi fait partie d’un groupe appelé Happy Birthday avec Kyle Thomas, aka King Tuff. Il a donc aussi des références plus pop, mais je ne sais pas pourquoi, il est toujours resté assez underground, comme Stevie Moore ! C’est un américain qui a imaginé cette cassette, et on va collaborer avec lui autour d’un morceau qui ne s’est pas retrouvé sur ‘Cycle’. Il va faire un vinyle spécial, mais je t’avoue qu’on ne sait pas trop en quoi ça va consister : ses releases sont toujours différentes, bizarres et en version ultra-limitée ! La dernière fois, il a fait un vinyle que tu peux aussi jouer sur platine cd. » Yorgos : « La sensation que procure l’ouverture d’une pochette vinyle, aucun d’entre nous ne veut l’oublier. Et on est l’une des dernières générations à avoir connu l’enregistrement sur cassette. C’est vraiment plus fun de continuer à expérimenter aussi sur ses supports-là et ça a cette fonction d’archivistique, aussi. Ça ne nous arrivera jamais de juste sortir du numérique, de ne plus être qu’une présence online. » Un disque : ‘Cycle’ (Waste My Records) Suivez le guide : https://www.facebook.com/pages/Bed-Rugs
on stage 19/02 Botanique (Bruxelles)
13/02
The Experimental Tropic Blues Band présente The Belgian Show + Moutain Bike
07/03
It’s A New Sensation! #2
12/03
Ozark Henry avec l’Orchestre National de Belgique
07.02 RECORDERS be release party • sold out 10.02 SPAIN us
10.02.2015
SUPERFOOD us 12.02 13.02 14.02 17.02
MOTORAMA ru FAT WHITE FAMILY gb + THE VOYEURS gb + DJ ONONiiONIONIION de JAMIE T gb + PALACE gb RY X us
St. Grandson + FùGù MANGO + YAWNS
03/04
AKS
02/05
Daan
22/05
La Smala + Froesheleirs
18/06 Fête de à 21/06 la Musique WWW.EDEN-CHARLEROI.BE Infos et réservations : 071 202 995 info@eden-charleroi.be www.facebook.com/eden.charleroi www.twitter.com/eden_charleroi Eden | Centre Culturel Régional de Charleroi Bd Bertrand 1-3 – 6000 Charleroi
GAZ COOMBES gb 18.02 19.02 20.02 21.02 22.02
VIET CONG ca + ABSOLUTELY FREE ca BED RUGS be TEAM ME no BEAR’S DEN gb • sold out LES VEDETTES be
23.02.2015
THE PREATURES au 25.02 27.02 28.02 28.02 02.03 03.03
MEATBODIES us CHAPELIER FOU fr CAMÉLIA JORDANA fr CARL BARÂT AND THE JACKALS gb TWO GALLANTS us PEACE gb
…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA @ WWW.BOTANIQUE.BE | 02 218 37 32
© Miriam Brummel
L’Envol des Cités
17.02.2015
© Mclean Stephenson
11/04
en collaboration avec Court-Circuit et AssProPro
© Jonnie Craig
Nicolas Michaux + Ivan Tirtiaux
CONCERTS
07/02
04.02 ProPulse 2015 : BYRON BAY be - MAW//SITT//SII be CARGO CULTE be - ALASKA ALASKA be - KONOBA be 05.02 ProPulse 2015 : EMPTY TAXI be - BEAUTIFUL BADNESS be LITTLE X MONKEYS be - L’OR DU COMMUN & ROMÉO ELVIS be - GLÜ be 06.02 ProPulse 2015 : ALASKA GOLD RUSH be - DARIO MARS AND THE GUILLOTINES be - THYSELF be - DAGGERS be MY DILIGENCE be • coprod. Fédération Wallonie-Bruxelles,
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AGENDA
EN MUSIQUE!
Texte : Anne-Lise Remacle
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Earteam
AC/DC
BC Camplight
‘Rock Or Bust’
‘How To Die In The North’
Leidseplein/Columbia/Sony
‘Rock or bust’, soit le 16ème album du groupe, est le premier sur lequel ne joue pas le guitariste Malcolm Young. En proie à de sérieux problèmes de santé, il a laissé sa place à son neveu, Stevie Young. Si le départ de Malcolm ne manquera pas de toucher les fans, il n’a ceci dit aucun impact sur la musique du groupe, fidèle à elle-même. On retrouve ce rock direct, aussi basique que tonitruant avec des riffs d’une efficacité redoutable et des mélodies hyper accrocheuses. Brian Johnson, 67 ans au compteur, semble plus énergique que jamais et prend son pied sur chacun des titres de cet album qui est sans doute ce que le groupe australien a sorti de meilleur depuis vingt ans. Le titre éponyme ouvre l’album tel une bombe, suivi par le très bon ‘Play ball’ sonnant étonnamment comme du Springsteen old school alors que ‘Rock the blues away’ est outrageusement catchy. Plus loin,‘Rock the house’ affiche une touche de blues à laquelle on adhère totalement tandis que ‘Sweet candy’ est une ode aux stripteaseuses assez jouissive. Il n’y a pas de doute, AC/DC n’a pas changé d’un iota et quand on dit cela d’un groupe qui sévit depuis quarante ans, c’est plutôt à prendre comme un compliment. (pf)
Alcalica ‘YΩP’ Photovoltaic Records
Duo gréco-italien, entre autres nationalités, basé à Berlin, Alcalica n’a guère eu le loisir de faire parler de lui dans le royaume de Flupke 1er. Les temps vont-ils changer avec leur sixième album, d’autant que la voix de Julie Loi réveille bien des connections auprès des fans de Stereolab (la ressemblance vocale avec Laetitia Sadier est dingue) ? Si l’avenir nous le dira, on est heureux de la découverte. Tout en chantant dans les cinq langues que le combo maîtrise, parfois sur un même titre, Alcalica imprime à ses titres une double vision dubtronica / instruments traditionnels perses, grecs ou africains qui est loin du puer de la gueule. Notamment le premier morceau ‘Crumbling’ est des plus réussis, avec ses paroles tournant en boucle dans plusieurs idiomes et une rythmique des plus dynamiques. Le reste, s’il sonne parfois cliché athénien (‘Mraw’), donne également matière à entendre, y compris ‘A Point’ qui renvoie avec conviction du côté d’un Yann Tambour qui aurait troqué Thee Stranded Horse pour une dose de moussaka. Et ça le fait. (fv)
Antemasque ‘Antemasque’ Nadie Sound/Caroline International
Deux ans à peine après avoir mis fin à l’aventure de Mars Volta, Cédric Bixler-Lavala et Omar Rodriguez-Lopez ont décidé d’unir à nouveau leur destinée musicale, se sentant sans doute incapables de fonctionner efficacement l’un sans l’autre. Ce qui est sûr, c’est que le résultat de ces retrouvailles risque de surprendre les fans de Mars Volta. Finis les titres d’une demi heure faisant dans le prog/kraut/free jazz. Oubliés, les délires techniques démonstratifs. Place à des morceaux très courts (moins de quatre minutes en général) de post hardcore mais à la différence de ce que nos amis produisaient au sein de At The Drive-In, on trouve ici des mélodies
Bella Union/Pias
En voyant le nom de BC Camplight ressurgir sur le coin de la platine, on a d’abord pensé à une mauvaise blague. Honnêtement, on pensait que le type avait disparu de la circulation. On se souvenait vaguement de quelques orgies pop organisées avec mention du côté de Philadelphie par ce gros chauve à la barbe envahissante. Huit ans après son dernier bienfait (le méprisé ‘Blink of a Nihilist’), le barbichon – connu à l’état civil sous le nom de Brian Chritinzio – a quitté le sol américain pour se réfugier en Angleterre du côté de Manchester, planque officielle de crapules comme les frères Gallagher, Fellaini ou Morrissey. Le crâne planqué sous un bonnet, le poil lissé, Chritinzio souffle aujourd’hui sur les braises de son propre passé, rallumant ainsi un somptueux feu de camp. Sur ‘How To Die In The North’, l’Américain met tout son cœur à l’ouvrage et enfile ses passions dans des chansons totalement désinhibées. Bric-à-brac foutraque caressé par les vagues à l’âme d’une Californie surannée, cet album galope sur les plages des Beach Boys avec de l’herbe en poche et des étoiles dans le cerveau. Sorte de Todd Rundgren des temps modernes, BC Camplight attrape la pop par le bras et ne lui refuse aucune dérive. Surf, soul, psyché ou baroque, les mélodies s’agrippent ici aux souvenirs d’une vie loupée avec brio. En neuf morceaux bercés d’une saine bizarrerie, l’artiste cloue son étoffe de perdant au pilori, tord sa dépression comme un vieux torchon et balance l’auto-apitoiement aux objets encombrants. Métamorphosé sous le crachin anglais, Chritinzio invite les Pixies chez Burt Bacharach (‘Grim Cinema’), organise une rencontre au sommet entre Brian Wilson et Grizzly Bear (‘Just Because I Love You’) ou provoque une collision impliquant Pavement et The Zombies (‘Love Isn’t Anybody’s Fault’). ‘How To Die In The North’ est un hymne à la vie, une résurrection : le grand disque d’un survivant. (na)
imparables sur des compos que l’on peut qualifier de pop comme l’intense ‘50,000 kilowatts’ ou encore l’irrésistible et limite psyché ‘Drown all your witches’. La présence de Flea des Red Hot est plus que bienvenue à la basse, insufflant une bonne dose de groove à l’ensemble, notamment sur le funky ‘In the lurch’. Même s’ils ont évolués, Cédric et Omar ne peuvent ceci dit pas résister à l’envie de renouer avec leurs débuts abrasifs, d’où la présence de plusieurs titres menaçants, notamment les très punk ‘4 AM’, ‘I got no remorse’ ou l’étonnant ‘Providence’ qui alterne passages hardcore et envolées lyriques. Clairement ce que le duo a produit de plus inspiré depuis longtemps ! (pf)
Antony And The Johnsons ‘Turning’ Rough Trade
Il y a dix ans, ce drôle de (proto)type – une voix étrange dans un corps bizarre – était sur toutes les lèvres et les stars multipliaient les featurings sur ses disques : Lou Reed, Boy George, Rufus Wainwright, Devendra Banhart apparaissaient tous sur ‘I Am A Bird Now’, disque assez magique, intemporel, à la féerie transgenre. A la même époque, Charles Atlas, pionnier de l’art vidéo depuis le milieu des seventies, suit Hegarty en tournée, lequel a choisi d’emmener avec lui une grosse dizaine de « Beauties » (des belles, des moches, des vieilles, des lesbiennes, des trans…) et de les faire pivoter sur un gros plateau tournant pendant ses concerts. Atlas filme le concept – face, profil, nuque, profil, face, etc. – superpose des trucs, ajoute quelques effets et interroge les filles (?) entre les tours. Elles dévoilent une partie de leurs vies et chialent, parfois. Tout ça pendant 80 minutes. Ce qui peut, évidemment, donner le tournis. Heureusement, le dvd s’accompagne d’un cd live, enregistré à Londres les 5 et 6 novembre 2006. Dixsept titres qui montrent un Hegarty au taquet, en forme olympique. Lui et ses musiciens enquillent les titres des deux premiers albums avec cette élégance maniérée qui plaisait tant alors et proposent même trois titres de l’acclamé ‘The Crying Light’ qui ne sortirait que deux bonnes années plus tard. Pour rappel, donc. (lg)
Archive ‘Restriction’ Danger visit/Pias
Recevoir un disque d’Archive et avoir envie de le descendre. Leur laisser une chance. Deux premiers titres presque sobres et couillus, moment de doute. Pas d’odeurs de renards prog dégueulasses ni de fantômes de Marc Ysaye. Jusqu’ici tout va bien. Sauf qu’en fait, on écoute vraiment Archive. ‘Kid Corner’, brûlot pseudo-politique, pseudo-tribal, pseudo-tout court en fait, invite un sosie moche de Beyoncé pour un résultat qui ferait passer aujourd’hui Garbage pour de gros hipsters. Et l’habituel piano cauchemardesque refait surface. Celui qui plaira autant à ta nièce fan d’Adele qu’à tes beaux-parents tout droit revenus du concert d’Agnès Obel « c’était merveilleux ». Le coq au vin du souper tente de se faire la malle. La suite n’est pas en reste, vu que tout l’album est saupoudré (hin hin) de l’illustre premier degré ‘terreau’ de leur œuvre. Un premier degré qui, c’est regrettable, procure parfois l’envie à leurs fan de monter un groupe. Pour terminer sous les louanges de leurs potes au Rock Classic. Et t’insulter parce que tu n’aimes pas Yes. C’est ça le rock progressif : un disque éternellement rayé. Et mon exemplaire qui vient de tomber par terre... Coïncidence ? Je ne pense pas. (am)
At The Hollow ‘What I hold most dear’ Spinefarm Records
At The Hollow est un groupe finlandais formé en 2008 dont le style musical est pour le moins difficile à définir, voire même à décrire. Si l’ensemble intègre des éléments folk, grunge, post rock et des traits propres à la musique classique, c’est pour produire une musique très personnelle et en un sens unique. Ce qui est indiscutable, par contre, c’est que l’ensemble dégage une grande sensibilité qui donne souvent la chair de poule, tant grâce au chant profond et plein de sensibilité de Kalle Koo que part l’apport d’une contrebasse qui donne de la grâce à l’ensemble. ‘Dead memories’ ou ‘Was it worth it ?’ sont des compositions particulièrement intenses et riches. Ce qui frappe le plus, outre le cocktail musical assez unique, c’est l’ambiance générale qui
se dégage de l’album, elle qui oscille entre envolée euphorique et désespoir. Assez beau et prenant. (pf)
Rich Aucoin ‘Ephemeral’ Platinum Records
Rich Aucoin est un artiste plutôt singulier. Sur son premier album, il avait invité pas moins de 500 musiciens à se produire avec lui tandis que ses prestations live le voient invariablement balancer des confettis sur le public ou se laisser porter par la foule en se tenant debout sur une planche de surf ! Sa singularité l’amène d’ailleurs à démarrer son album en trompe l’œil, vu que la plage inaugurale, ‘Meaning in life’, démarre de façon assez planante, semblant orienter l’album vers une electronica sobre et majestueuse, limite cosmique. Ce n’est que duperie, vu que le morceau s’anime peu à peu, arborant des contours pop scintillants qui laissent place à ‘Want to believe’, une explosion de bonne humeur pop qui nous suivra tout au long de l’album. Refrains fédérateurs, mélodies irrésistibles, beats dansants, tout est invitation à la fête. Si l’ami Rich aborde pas mal de sujets graves (le côté éphémère et absurde de la vie, les chimères de l’ambition…), le fait de réfléchir n’implique pas qu’il faille se prendre la tête tant il conçoit la vie comme une fête dont il faut savourer chaque instant. Belle philosophie qui semble l’illuminer et qui lui permet de pondre une jolie série de perles pop électro contemporaines avec l’ultra catchy ‘Are you experienced’, le funky ‘They say obey’, l’épique ‘City I love’, le très enlevé ‘Four more years’ ou encore le plus eighties ‘Let it go’. Un grand disque pop qui fait du bien! (pf)
Azerty ‘Jalhay’ Autoproduction
Entendre Azerty chanter « Jalhay, oh my Jalhay » sur le morceau éponyme de ce premier EP me donne presque envie de pleurer. Parce que je veux croire que ce folk enchanté, banjo, guitare, glockenspiel, clarinette, chœurs Blondy Brownie – croisement des meilleurs rêveurs d’Amérique flamands, Isbells, Birds That Change Colour et de filles en Hawaii – a été écrit pour moi. Pour moi seul. Parce que j’y vis toute l’année, à Jalhay, à l’orée de ces immenses forêts impénétrables, parce que je m’y plais à être le dernier des nutons, à y partouzer avec cent mille vierges phosphorescentes à la Cascade du Bain de Diane, quand les nuits d’été sont trop froides pour les citadins hollandais et les lumières de l’aube sur les plaines des Hautes-Fagnes indicibles, parce que j’aime me persuader que moi seul peux survivre aux crues de ses rivières sauvages – Sawe, Statte, Hoëgne –, que la tiédeur de ses automnes indiens m’appartient et que les commérages de son épicière ne concernent que ma bite. « Jalhay, oh my Jalhay ». (lg)
Acid Baby Jesus ‘Selected Recordings’ Slovenly Records
Quand la société vacille, la culture s’élève toujours un peu plus haut, en proposant au monde des béquilles de premier choix. En Grèce, au cœur de l’incertitude politicoéconomique du moment, les rockeurs
d’Acid Baby Jesus publient ‘Selected Recordings’, un deuxième essai transformé juste derrière la ligne de démarcation. Parce qu’avant de débarquer avec ces onze nouvelles chansons droguées et extrêmement cultivées, les garçons se contentaient de faire des cumulets derrière les Black Lips. Honnêtes suiveurs défroqués, les Grecs appuyaient à fond sur la pédale de distorsion et restituaient plus ou moins le code de conduite imprimé par les Américains : un rock garage speedé à la pop qui galochait joyeusement les sixties avec le cul à l’air. Cette fois, c’est autre chose. ‘Selected Recordings’ n’invente absolument rien, mais revisite l’histoire en imaginant quelques excroissances anachroniques au Velvet Underground (‘Diogenes’), The Seeds (‘Row By Row’) ou Pink Floyd (‘Night Of Pan’). Plus conscient de sa lignée, le groupe exhume les cacahuètes psychédéliques de la compilation ‘Nuggets’, creusant une faille jubilatoire dans les couloirs du temps. (na)
Anjou ‘Anjou’ Krank y
Tel un M. Jourdain qui faisait de la prose à son insu, vous connaissez déjà Mark Nelson. Après une présence remarquée au sein du trio ambient Labradford et ses remarquables albums dans une sphère connexe aux Stars of the Lid (jusqu’en 2001) est venu l’épisode Pan•American, où la lenteur moite déborde encore plus des écoutilles. Vous en vouliez encore, voici Anjou, nouveau projet du gaillard, aux côtés de vieilles connaissances, elles ont pour nom Steven Hess et Robert Donne. C’est peu dire que les variations du trio américain déploient une énergie downtempo, voire carrément lentissimo. Adeptes d’une approche où quelques échos de percussions (dus à Steven Hess) ne suffisent pas à transposer la magie absorbante des Autrichiens de Kapital Band 1, les trois gaillards déploient également des nappes certes séduisantes, mais qu’on a tellement goûtées chez un autre mec aus Österreich (oui, Fennesz) qu’on ressort de l’expérience blasé et frustré. (fv)
Art Vandelay ‘Dreaming in Silence’ Platinum Records
Marmaille biberonnée aux premières salves du label Anticon, Art Vandelay scrute obstinément dans le rétro d’un hip-hop d’avantgarde. Le flow relâché entre les inflexions de Doseone (Clouddead, Themselves) et Yoni Wolf (Why?, Hymie’s Basement), le jeune Ricky Pharao étale ses crises existentielles avec l’énergie du désespoir et la désinvolture d’un enfant gâté. A ses côtés, Mack Formway fourre son nez dans les machines et court-circuite des idées électroniques imaginées en d’autres temps par Jel, Dosh ou Alias. Plutôt bon dans l’exercice de ses fonctions, le duo de Seattle révise méthodiquement les bons plans d’antan sans se soucier d’imprimer sa propre marque de fabrique. Album réalisé sous substances psychédéliques et influences explicites, ‘Dreaming in Silence’ aligne treize projections du passé : des images d’un futur fantasmé à une époque où le hip-hop envisageait énormément d’alternatives. (na)
mocht natuurlijk niet achterblijven. ‘Lament’ is eigenlijk de fysieke weerslag van de gelijknamige voorstelling/installatie die recent in première ging in Diksmuide (Tindersticks maakten dan weer muziek voor het In Flanders Fields museum). Neubauten is met hun collectie zware metalen en filosofische inslag natuurlijk de geknipte groep voor zo’n project en de plaat stelt dan ook niet teleur. ‘Lament’ (waarvoor trouwens grondig onderzoek werd gedaan) trekt de oorlog op gang met industriële percussie (‘Kriegsmaschinerie’, roffelaar Unruh mag zich WAXAHATCHEE nog eens helemaal laten gaan) en vervolgens krijgen we o.a. Nederlandstalige (!) poëzie van de door Blixa Bargeld eigenhandig ver31.01 Botanique - Bruxelles zonnen Vlaamse dadaïstische dichter Paul van den Broeck (‘In De Loopgraaf’, ‘Achterland’), een virtuele tussen de 31.05 DOKcorrespondentie - Gand Duitse keizer en de Russische tsaar op synthpop (‘The Willy-Nicky Telegrams’), een variant op een song van Kurt Tucholsky in een A/T/O/S quer le neuf et le vieux(‘How selonDid deux ap- fraaie koorzang tion féerique : harpes-pendules hautes strijkersarrangement I Die?’), (‘On Patrol in No Man’s Land’ en ‘All Of No Man’s Land Is Ours’, oorspronke06.02 Full Colorz - Liège proches bien modernes de lasoldaten) musiqueen élecde trois mètres, boîte à musique-céleslijk geschreven door zwarte nog veel meer. Dit is waarschijnlijk niet hun beste plaat, maar zeker en vast een geslaagd 13.02 We Are Open @ Trix - Anvers tronique : d’un côté la démesure d’une star ta géante, arcs électriques ou orgue nieuw hoofdstuk in de Neubauten-saga en vooral een indrukwekkende hommage die doet uitkijken naar de performance zelf. (mb)
confirmée du genre - Bonobo - avec livre, cd et dvd live, tournée mondiale, orchestre, plans urbains aériens, spectacles sons et lumières ; de l’autre, Beat Spacek, nouveau 18+ véhicule sol(it)aire à Steve Spacek, qui ici ‘Trust’ chante seul sa nu-soul virtuelle sur des biHoundstooth douillages iPhone. Une certaine façon de se poser question de ce que signifie Na eenladrietal mixtapes komen Boyencore en musique électronique en 2015, 18+, à l’heure Sis, de twee alter ego’s achter metoù la machine s’estlangspeler infiltrée partout tout le een volbakken op deetproptemps, dans les chants, et où la pop pen diejusque de lekkerste toetjes uit eerdere exne se conçoit quasiment elle : ploten bundelt. 18+ heeftplus vansans ijzige, verBonobo, groupe-phare du breakbeatgeamschroeide triphop zijn handelsmerk bient redistribue ses samples à leurs insmaakt, en levert met ‘Trust’ een fijn afgelijntruments d’origine sehele déploie de stijloefening af. et Een trip sur langscène preavec plus de quinze musiciens. A l’inverse, velen Sis en Boy cryptische schietgebedla soul de Beat Spacek, dans un mouvejes die zowel over gebroken harten, idenment introspectif devenu légion, se replie titeitscrisissen als onderkoelde familieresur elle-même, se passe d’instruments et relaties en seks gaan. De funderingen van centre ses influences dans un boîtier de té‘Trust’ werden aangeleverd door een kransléphone portable. Si plus rien ne surprend je up andmélodiquement, coming beatsmeden als Butchy vraiment les genres ayant Fuego, Heavy Feelingz, Mura Masa en will tendance à tourner sur eux-même – pop Morbidly-o-Beats, die speciaal voor decergeeat itself, nous disaient, prophétiques, legenheid een extra portie doom en gloom tains précurseurs oublié des platines – il en in hun geluidstapijtjes Verstilde ressort que, faute de severwerkten. réinventer dans les trap-beats, een mistig, gothicdeux cas, labadend réussiteinde l’entreprise tient sfeertje, ergens catalogeren de aujourd’hui à sa te qualité sonore.tussen Bonobo, Tri Angle-experimenten van Holy of dont le ‘North Borders’ ronflait un Other peu, retrouveChrist de sa en superbe flamboyant Evian Trickysur op son z’n donkerst. Bij live, grâce aux conjuguées des momenten eenpuissances tikkeltje hermetisch, maar cuivres et cordes que l’on sent surferdat sur un met zo veel overtuiging uitgepuurd public en Beat Spacek s’en sort éga(mvm) zichtranse. toch tot een tweede luisterbeurt lement par la précision synthétique de ses zou durven laten verleiden. mini-potars tactiles, révélant qu’il y a une âme jusque dans nos smartphones. A deux 2562 ou trois occasions, il parvient même à dé‘The New Today’ passerInd’une When Doubtbonne tête la cohorte actuelle des soulmen sur tapis de beats par la fusion d’autres styles, souvent glacés (post-punk sur ‘Modern Streets’ et ‘I Wanna Know’), parfois plus chauds (highlife ghanéen sur ‘Tonight’ et pop suave sur ‘Inflight Wave’). Pas loin de projeter dans nos oreilles l’électronique de demain, Spacek intrigue et fascine. Bonnes pioches. (ab)
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RECORDS, CD & DVD FAIR Cultuurcentrum Mechelen Minderbroedersgang 5
SUNDAY 15 februari 2015 10.00 - 17.00 h Info: 0496/436367 dewever34@hotmail.com
Björk I N T E R N AT I O N A L E ‘Biophilia Live’ CD+DVD
PLATEN, CD & DVD-BEURS Si certains ont vu dans le volet strictement Because Music
musical de ‘Biophilia’ (sorti Mechelen en 2011) une Cultuurcentrum œuvreMinderbroedersgang érudite et pionnière, d’autres 5 n’ont pas manqué de stigmatiser son caractère ZONDAG 15 februari 2015 boboïsant en l’assimilant à un véritable penVan 10.00 tot 17.00 uur sum musico-environnementalo-technoloInfo: gique. Pour notre0496/436367 part, on avait été tour à dewever34@hotmail.com tour dérouté et intrigué par cette odyssée au beau milieu du big-bang créatif de l’islandaise où s’entrechoquaient tableaux de cyberfolk abstrait, algorithmes arty, expérimentations électroacoustiques et concepts fumeux réservés aux argonautes. La sortie en CD et DVD de la version live enregisrifraf vl earteam* 7,5 2013.indd 2 trée à l’Alexandra Palace de Londres constiBeat Spacek tue le point d’orgue de ce projet multimé‘Modern Streets’ dia aux ramifications ésotérico-co(s)mique. Bonobo Bien plus qu’une simple captation de spec‘The North Borders Live’ tacle, ce live est en réalité un vrai film qui a Ninja Tune/Pias mobilisé un dispositif exceptionnel. Deux ciLe calendrier Ninja Tune fait s’entrechonéastes, seize caméras et une instrumenta-
d’église bidouillé en claviers midi. Dans une ambiance post-Avatar, les titres de l’album éponyme côtoient les relectures des classiques de l’Islandaise (‘Isobel’, Sinds een handvol jaren houdt 2562 de ‘Declare Independence’, Nederlandse eer hoog in‘Hidden de internatioPlace’) sur fond d’éruption volcanique, nale elektronische wateren, samen met d’étoiles de mer, deMartyn. luciole. Ten Pourtijde un réde onvermijdelijke van sultat forcément à la hauteur de la déz’n debuut werd Dave Huismans, oftewel bauche de moyens. Grandiose, grandi2562, al graag een keertje in één adem loquent et Grand-Guignol. (gle)
genoemd met Burial. Een beetje scheutig in de eer, die uitspraak, maar net als Frank Bretschneider Burial hield 2562 zich consequent op aan ‘Sinn+Form’ de, eh, duurzame kant van de dubstep. Raster-Noton Het hele genre is ondertussen met man Petite révolution dans le voor monde en muis vergaan, maar fijnvirgebortuel imaginé parspul Frank Bretschneider, steld en intiem houden we graag een qui ditkolommetje (provisoirement ?) adieu aux kwart vrij. Hoewel, met ‘The beatsToday’ et à l’abstract de son ef- op New lijkt ooktechno 2562 koortsachtig fort précédent Si le cozoek naar een‘Super nieuw Trigger’. elan, getuige daarfondateur du label Raster-Noton contivan de veelheid aan stijlen en wendingen nuez’n devierde rester fidèle à son Elke officine d’ori- van op langspeler. zweem gine, ce n’est plus tant verbannen, du côté de son dubstep is zorgvuldig in de coreligionnaire Alva Noto qu’il faut plaats komt noise-experiment (‘Arrival’), chercher des éléments de comparailome italo-house (‘Cosmic Bounce’) en son. Désormais acoquiné à un monde een niet onverdienstelijke gooi richting où trôneraient au sommet Marcus slachthuis-elektronica (‘Drumroll’). Lichtjes Schlickler et, encore davantage, Florian fascinerende, maar weinigallemand coherente Hecker, le quinquagénaire nieuwe koers van 2562. (fp)s’il avait eu s’empare du laptop comme l’idée saugrenue (ou réjouissante) de
Elisa fonder unAmbrogio fan-club de son cadet venu
‘The Immoralist’ d’Augsburg – on parle bien de Florian Drag Cit y en déboulant cinq ans après H. – tout
l’absolument essentiel ‘Acid Het solodebuut van de(capito ?) frontvrouw van In The Markers. Style Of David de son Magik Weg Tudor’ is de noisy wall of compatriote. Çaingrince danskrijgen tous les sound. Wat we de plaats is een moyeux, les électriques mettent dromerig en circuits etherisch plaatje waar er ook au défi nos représentations des mual eens op rammelende lofi-wijze gerockt siques électroniques, comme si une wordt. Alsof PJ Harvey in een zachte bui bande originale de jeu vidéo était pasnaar Wilson Philips geluisterd heeft. Mooi sée à la moulinette noise extrême d’un in reverb badende muziekjes van een arYasunao Tone. Autant dire que ce n’est tieste met een fragiele stem. Leve Elisa pas pour les esprits faibles. (fv) Ambrogio. (bvm)
Brigitte Poppy Ackroyd
‘A Bouche Que Veux-Tu’ ‘Feathers’ B Records/Sony
Blueneck
Ces Brigitte, tout de même, c’était une ‘King Nine’
des belles surprises du printemps 2011. Carlos Cipa On découvrait deux trentenaires qui
‘All Your Walk’ miavaient raméLife dansYou des groupes
Dale Quartet nables etCooper qui tentaient, déguisées en & The / vahippies fansDictaphones d’Abba et de NTM, leur tout, witxes une série de))) hits improbables sous (((
les aisselles poilues. Frais et ‘Dale Cooper Quartet &entêtant, The presque irrésistible temps d’un Dictaphones / (((lewitxes )))’,été. split lp On pensait en Köner rester là. Mais les revoiThomas
là aujourd’hui avec un nouveau concept discoïde où le plus important semble être de disparaître derrière trois tonnes Een corpulent kerstpakket Denovali de fard, manière de former van un couple Records. Hetjumelles eerste album op de stapel is de parfaites plan plan. Verdict : quatre tubes boules facettes en intro, de tweede plaat van àde Britse post-klasgrotesques d’évidence pop mais en-Net als sieke componiste Poppy Ackroyd. core écoutables, avantspeelt deux ballades op haar vorige album ze met piano, genre Martine fait deook la compote, uneenkeprepared piano (zie Hauschka), pâle imitation d’Amadou Mariam et dyle veldopnames en viool et een bijzonder trois derniers titres bij quielkaar. pédalent re-het namisch werkstuk Ze àislaniet morque. On ne fait soort componist datpas opdeux zoekfois gaatlenaar de coup de la sainte-nitouche. (lg)
‘Tiento De Las Nieves’ Denovali Records
The Callstore ‘Save No One’
28.02 Le Ferme Festival - Louvain-La-Neuve 21.03 Elysee Nights - Oostende
STEPHEN STEINBRINK
stilte tussen noten. Op ‘Feathers’ den09.02 Café de Video - Gand deren de pianotoesten constant. Nu eens RAKETKANON opgewekt dan weer weemoedig. Mooi. 12.02 4AD - Diksmuide Blueneck, een naam die niet meteen een 13.02 In_die Air Tonight - Diest belletje doet rinkelen. Nochtans is dit vijftal 14.02 We Are Open @ Trix - Anvers als sindsL’Entrepôt 2000 bezig- Arlon en heeft het 4 albums 07.03 op zijn actief. Waar-ze voorheen nogal wat 12.03 Botanique Bruxelles post-rockelementen in hun zwaarmoedige 17.03 Het Depot - Leuven muziek zijn ze op ‘King Nine’ 27.03 verwerkten, De Kreun - Kortrijk overgestapt een gesofisticeerder ge28.03 MODop - Hasselt luid waarin nog meer 29.03 Vooruit - Gandplaats is voor melodie en grondig uitgekiende 04.04 L’Atelier Rock - Huyarrangementen. De Nijdrop songs dan: die blazen je niet uit je 10.04 - Opwijk sokken klinken wel oerdegelijk en RAPEmaar BLOSSOMS gaan daardoor nooit vervelen. En toch, vol12.02 4AD - Diksmuide gende keer mag het nog iets meer zijn met BRIQUEVILLE meeslepende songs die zich niet laten ne13.02 songs We Are Trix - Anvers geren, dieOpen in je@ziel kerven. 14.02 AB - Life Bruxelles Met ‘All Your You Walk’ van Carlos Cipa 20.02 Club het - Brugge gaan weCactus terug naar post-klassieke gen19.03 Nijdrop - Opwijk re. Verwacht je zoals bij zijn eerder werk aan weemoedige pianocomposities die je NAOMI PUNK als luisteraar in een zachte wintertristesse 18.02 Homeplugged - Bruxelles dompelen. Hier en daar schijnt een straalDOPE BODY tje19.02 zon door in zijn werk, net genoeg om Vk* - Bruxelles ons verlangen naar de lente levend te houDEERHOOF den. Overtuigend, maar niet vernieuwend 20.02 Folie Mons voor wieMaison dit genre wat- volgt. Dale Cooper Quartet & The Dictaphones LOVE LIKE BIRDS en ((( witxes ))) dan. Die coveren elkaar op 21.02 Church Concerts - Sint-Denijs een split lp. Het resultaat ligt geheel in de A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN lijn der verwachtingen. Dale Cooper en co 22.02 Artefact Festival @ STUK - Leuven gaan voor een intrigerende doomjazzverCHANTAL ACDA sie van ‘Le Strategie St Frusquin’, terwijl ((( 28.02))) De‘Pisces StudioAnalogue’ - Anvers synthetischer witxes 28.03 Trefpunt Gand aanpakt door alle-instrumenten onherken02.04 De Buren - tot Bruxelles baar te vervormen een donker elektronische luisterspel. FATHER JOHN MISTY Laatste album in de rij is van Thomas + KIERAN LEONARD Köner. oudgediende in het ambient04.03 Deze Botanique - Bruxelles wereldje gaat op ‘Tiento De Las Nieves’ CARIBOU + KORELESS aan de slag met een ongebruikelijk duide10.03 AB - Bruxelles (SOLD lijk herkenbare piano. Het blijftOUT) uiteraard wel lekker avant-garde + want we krijgen een JOSÉ GONZALEZ ÓLÖF ARNALDS langgerekt nummer iets meer dan een 16.03 Cirque Royalvan - Bruxelles uur waarin hij korte, galmende pianopassaRONIIA ges afwisselt met mistige stiltes. Intrigerend 16.03 Café Video - Gand maar ook monotoon. Iets voor de fans misMADENSUYU schien. (eb)
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Max Le maken naam A 18 (!) r pen wi de her moet k Sleepe slaapv me, en betere compu lieve h waarm mee in doelde zeggen hetzelf naline
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Naar a van de rig jaar gegeve maar o (2008) Travels 20.03 Joy, Tears and Sorrow - Mechelen nachts sobere Arandel VALGEIR SIGURĐSSON Eggers 28.03 Het Kruitmagazijn - Ieper ‘Solarispellis’ volle, m Infiné THE TWILIGHT SAD die wa Arandel is oudmodisch Frans voor hiron18.04 L’Entrepot - Arlon or Red Ho per Em ck u! Bla delle, bij ons bekend als zwaluw. Eentje d Yo vooral XYLOURIS WHITE + Godspee maakt geen lente, maar Arandels fabelstempe 29.04 Cirque Royal - Bruxelles achtig mooie debuutplaat ‘In D’ (2010) gave (2 NILSvoor FRAHM mocht ons gerust een heuse elekeen sp 16.05 HA’Fest - Gand (SOLD tronische lente ontketenen. DeOUT) anoniebiertje me Fransman maakt namelijk elektroSTEVE GUNN nische muziek zonder samplers of soft17.05 Les Nuits Botanique - Bruxelles The ware-manipulatie – alles gewoon live en li26.05 MOD - Hasselt ‘Just nea recta geperst uit keyboard of één van ATO Re KEVIN z’n andere MORBY instrumenten. Eenvoudig, op17.05 Les Nuits Botanique Bruxelles Ethan recht en steengoed bovendien. Opvolger
MARY LATTIMORE & JEFF ZEIGLER
26.05 MOD - Hasselt
Talitres
The Callstore, c’est Simon Bertrand. Un petit breton exilé chez les grandsbretons dont les histoires d’amour finissent apparemment mal, en général. Agrémentez cette précarité sentimentale d’un passé un peu bohème et artistiquement torturé et la tentation sera grande de transformer ce parcours ba-
‘Solaris nonsen ander licht ve re bass ze en o ties, ge infusie of Jam en bijh met de gen als domd méér d
more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
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nal en conte de fées. Il faudrait que notre homme se débarrasse de cette légende urbaine pour que l’attention se focalise sur ce qui sort réellement de l’ordinaire : la décharge émotionnelle de ses premières compositions, un timbre de voix à la justesse rudimentaire que compense une grosse dose d’humanité et surtout, tel un enfant transformant les branches d’arbre en épée, une capacité assez touchante à bricoler des mélodies vibrantes avec des bouts de ficelle. Une guitare, une basse et une Playstation sur laquelle il a enregistré la majeure partie des sections rythmiques, voilà pour la charpente instrumentale de ces douze morceaux à l’imperfection assumée. Entre folk hypnotique et ténébreux (le très réussi ‘The Letting Go’), electro-pop cheap (‘In Between Tricks The Magician Bows’) ou pop-song tristoune (‘Sad Sometimes’), le son se révèle un peu trop corseté, compressé et aseptisé, sans idées vraiment novatrices d’arrangements. Baignant autant dans une sombre sérénité que dans le désespoir courtois, ce premier essai fait au final l’effet d’une belle déclaration d’intention. Mais il ne regorge pas pour autant de trésors intemporels ou inestimables. (gle)
John Coffey ‘The Great News’ V2
Le post-hardcore version croquette wall, c’est pas banal. Rageuse, grasse, tendue, braillarde, tels sont des adjectifs qui définissent plutôt bien la musique de John Coffey. De prime abord, on se croirait presque dans un disque de Future Of The Left, c’est dire. Un titre comme ‘Echo’ te bourrera méchamment le pif avec ses hurlements gutturaux et ses riffs pas gentils rappelant les excellents et trop méconnus Les Savy Fav. Dommage pour les quelques dérapages (incontrôlés?), refrains ‘un peu trop enjoués’ et les secondes voix épiques (‘The Sinking Ship’), mais globalement, ça roule comme un trucker. Pour ceux qui désirent headbanger à l’envi, ils passent le 26 février à l’Ancienne Belgique. Sortez vos fausses barbes, vos chemises de bûcherons et d’ici là, trêve de shampouinage. (am)
Collectif 3-Werf ‘Les Archives Sonores’ L’Ane qui butine
L’objet est magnifique : une pochette en carton brut ornée d’une véritable calligraphie à la Dotremont logeant deux vinyles dont l’intérieur est flanqué de quelques photographies anonymes d’époque indéterminée aux bords dentelés. Chaque pochette est numérotée, cachetée, faite à la main, chaque titre tapé à la machine à écrire ! Avant même d’avoir écouté le disque, on sait qu’il sera le reflet d’un geste artistique fécond. De fait, en ouverture, ‘Ur-Sonate’ s’annonce comme une (re)visitation libre de la célèbre sonate de Kurt Schwitters et donne le ton. Les pièces qui lui succèdent comportent des improvisations pour piano, instruments acoustiques divers, platines et enregistreurs. Le deuxième disque est plus dense, plus homogène, comportant un morceau par face. On y accède plus difficilement. On y entend un ressac sourd et lointain, le flux d’un fleuve muré, d’un conduit enfoui sous la terre. A y tendre l’oreille de plus près, ces archives ne sont pas mortes mais profondément vivantes, elles affluent, elles affouillent. Elles affleurent l’oreille pour mieux la titiller. La paternité de ce travail revient en très grande partie à Christoph Bruneel qui est, aux côtés de sa compagne Anne Letoré, la cheville ouvrière de la petite maison d’édi-
Dean Blunt ‘Black Metal’ Rough Trade/Pias
« Everybody Says I’m wrong », mais je le sais, moi, que la Nuit est de retour, obscurément cryptique et entièrement vernie. Amoureuse et périssable. On la croyait ‘Hands in The Dark’, chapardant de ci les quartzs de Johnny Jewel, de là la moiteur animale de Tricky. Ailleurs encore saupoudrant de lueurs la piste glorieuse de Jon Hopkins. Mais elle s’insinue désormais, glaciale, curieusement désincarnée sur les traces de ce Rédempteur qui n’hésite guère à faire les poches d’Alex Chilton pour mieux parer son leurre quasi atonal. Son parfum devrait nous révulser, ses prémonitions hypnagogiques rester lettres mortes, ses prêches – scansions passionnelles mais quasi atonales – ne creuser aucun canal le long de nos clavicules. Mais ô combien elle nous connaît, la Nuit. Notre fascination pour les Freaks, notre peur primale de la femmehamster dans le radiateur. Notre fréquentation de ces créatures charnelles nanties de voix jamais pubères, de celles qui de The Luyas à Hope Sandoval rejouent chaque soir des partitions tendres à force d’être déchues pour les êtres fracassés « riding through the streets », pour les heroes, les cops et les villains. « I don’t worry about nothing », sur la longitudinale litanie de beats asymétriques de ‘Forever’, ouatinée par la voix de Joanne Robertson, je dors à poings relâchés, certaine qu’elle prendra désormais soin de moi, la Nuit. (alr)
tion L’Ane qui Butine établie à Mouscron. Son catalogue, singulier mais pluriel, devrait retenir l’attention des curieux parmi vous. (et)
Gaz Coombes ‘Matador’ Hot Fruit Recordings/Caroline
Supegrass fut une supernova. Groupe benjamin et pourtant iconique de la britpop, le trio d’Oxford met définitivement la clé sous le paillasson après dix ans d’existence environ. Le public ne l’aura pas suivi, leurs albums post-2000 peinant à rivaliser avec leurs précédents classiques, malgré un somptueux ‘Road To Rouens’. Gaz Coombes salue comparses et rouflaquettes, tâte de la reprise avec les Hotrats, puis sort un premier album solo, ‘Here Come The Bombs’, pendant british et léger au fuzz de Ty Segall. Moins brumeux, ‘Matador’ retrouve une volonté lyrique et mélodieuse caractéristique non seulement du groupe, mais surtout de son âge d’or. Ne vous laissez pas abuser par les quelques glitchs d’entrée : Gaz ne cherche pas à redéfinir son style, simplement à lui donner des atours plus modernes et plutôt discrets. Pour ce qui est du fond, on nage bien en pleine britpop des familles, chœurs féminins à l’appui. Plutôt concis, ‘Matador’ emboîte ses ambitions avec plus ou moins de réussite et se perd parfois dans des méandres patchwork quand il n’escamote pas des pistes pourtant impeccables (le morceau-titre, prometteur mais éphémère). Gaz Coombes nous rappelle aussi à plusieurs reprises, hélas, tout ce que le genre pouvait avoir d’irritant dans ses poses affectées et ses refrains basiques. Simple rappel d’un grand talent en jachère, ‘Matador’ a tout d’une compil de face B, mais ne convainc jamais en tant qu’album. (ab)
The Coral ‘The Curse Of Love’ Skeleton Key Records
The Wave Pictures ‘Great Big Flamingo Burning Moon’ Moshi Moshi Records
Retour de deux cadors anglais de l’indie circa 2000. Deux trajectoires impeccables, deux groupes résistant encore et toujours à l’envahisseur. Même si le retour des Coral n’en est pas vraiment un. ‘The Curse Of Love’ regroupe douze titres enregistrés sur un huit pistes en 2006. Et
l’on peut dire que pour des faces B, ça a du chien : des titres comme ‘Wrapped In Blue’ ou ‘You Closed The Door’ dévoilent une folk autiste, sombre et tout en retenue. Plus énigmatiques qu’à l’accoutumée, plus dépressifs aussi, les Coral signent au moins une superbe première moitié d’album. Beau présent ! C’est par contre de la barbac toute fraîche que nous servent les Wave Pictures : bien bidoché, ce ‘Great Big Flamingo Burning Moon’ produit par la légende Billy Childish (Thee Headcoats) affiche une fougue que l’on ne soupçonnerait pas à des mecs de quarante berges. Toujours logés entre punk et folk, les anglais balancent des refrains qui pourraient être dangereux s’ils étaient utilisés à des fins douteuses. ‘We Fell Asleep in the Blue Tent’ ou ‘Sinister Purpose’ donnent des envies de révolution, ‘At Dusk You Took Down the Blinds’ des envies de poésie, ‘I Could Hear the Telephone’ des envies de solos de guitares bien dégueulasses. ‘Great Big Flamingo Burning Moon’ empeste la liberté immuable, l’appétit gargantuesque, la soif de vaincre. Encore en verve, les quadras ! (am)
Creature With The Atom Brain ‘Night Of The Hunter’ Waste My Records
Dernier tour de piste pour Creature With The Atom Brain. Le groupe – au nom inspiré par un excellent nanar bourré de zombies à propension néonazi – annonce sa fin de carrière anticipée avec un album intitulé ‘Night Of The Hunter’ : une façon comme une autre de boucler la pellicule avec des références cinématographiques toutes deux sorties en 1955. Projet façonné par l’ex-futur Millionaire Aldo Struyf, Creature With The Atom Brain suce toujours son énergie en arrachant des cœurs dans l’antre de la scène stoner ou en tranchant la tête de quelques illuminés du rock psyché. Le cerveau tiraillé entre les décharges électriques de The 13th Floor Elevators et les coups de boutoir de Masters of Reality, la formation signe cinq morceaux en compagnie de monstres sacrés : Tom Barman (dEUS), Tim Vanhamel (Evil Superstars, Millionaire), Danny Devos (Club Moral) ou l’ingé son Greg Gordon (Run DMC, Public Enemy) s’activent notamment en coulisses de cette étrange production. En fin de parcours, l’affaire prend carrément la tournure d’un péplum rock’n’roll avec Mark Lanegan dans le rôle de Néron. Flippant. Si le casting du blockbuster est impressionnant, le scénario écrit pour l’occa-
sion sacrifie trop souvent le jeu des acteurs sur l’autel d’une théâtralité un brin forcée. Un bon disque, mais pas une tuerie. (na)
Cummi Flu ‘Z’ Albumlabel
Dernier avatar en date du Bruxellois de Berlin Oliver Doerell, qu’on connaît pour l’avoir fréquenté au sein des projets pop électronica Raz Ohara et ambient néo-classique Swod, Cummi Flu ne s’éloigne pas totalement de ses domaines d’origine, tout en posant des traits personnels. Davantage en recherche d’atmosphères où la chaleur de l’Afrique se fait ressentir grâce à des field recordings bien sentis, le musicien germanobelge imprime des rythmes nettement plus funky qu’à l’accoutumée, avec pour résultat immédiat des morceaux totalement irrésistibles (le morceau-titre ‘Z’). Nombre de fois, on a la nette impression de se retrouver en compagnie de Benjamin Lew, il aurait toutefois eu l’élégante et vivace présence d’esprit de côtoyer DJ Koze à la fête. Tout en conservant une élégance rare et précieuse, bien que ça et là nous aurions souhaité une plus grande prise de risque où la spontanéité l’emporterait, Doerell louvoie entre les genres avec grâce et savoirfaire. Parfois, il convie une voix féminine sur ses rythmes downtempo caractéristiques, ça fait plus que penser à Roshi Nasehi et ça fait du bien, en d’autres lieux il installe des échos balinais à la sauce Mitteleuropa minimale (‘Gulabigang’), tout en demeurant à 99,9 % maître d’un projet à la mesure de ses conventions. (fv)
Depeche Mode ‘Live In Berlin Soundtrack’ Mute/Columbia/Sony
Au fil des années, Depeche Mode s’est mué en spécialiste des tournées triomphales, ce que peu auraient imaginé possible, voire même crédible lors des débuts du groupe, sa pop synthétique – et donc à priori statique – ne semblant pas propice à des prestations live susceptibles de flanquer des frissons aux masses. C’était sans compter sur le fait que le groupe allait petit à petit développer un coté rock et que Dave Gahan, en mûrissant, devait devenir un grand showman. Ajoutez à cela des visuels signés Anton Corbijn et vous avez compris la recette du succès. Ce double CD live a été enregistré dans la foulée de la sortie de ‘Delta Machine’, très recommandable dernier album qui se taille logiquement la part du lion avec pas moins de 7 titres sur un total de 21. Bien entendu, les classiques sont légions et histoire d’éviter la redite, ils sont proposés dans des versions parfois assez différentes, ce qui nous vaut pas mal de belles réussites. Outre des lectures très inspirées de‘Policy of truth’, ‘I feel you’ ou encore ‘Never let me down again’, on retrouve ‘But not tonight’ qui n’a jamais été aussi beau que proposé en version ralentie jouée au piano. ‘Precious’ gagne en puissance avec ses guitares survitaminées là où ‘Personal Jesus’ est délivré dans une version longue et bluesy grisante au possible. Ce live est donc un très bon cru pour les fans qui en savoureront chaque minute. (pf)
Desperate Journalist ‘Desperate Journalist’ Fierce Panda/V2
Deux gars, deux filles et un ersatz de The Smiths torché avec des moufles : la formule maléfique de Desperate Journalist est édictée depuis les faubourgs de Londres sur un premier album éponyme décalqué sur l’original avec la rigueur d’un scanner Canon
sOON at RONE 14-02-2015
SCOTT BRADLEE & THE POSTMODERN JUKEBOX 10-03-2015
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STEVEN WILSON 21-03-2015
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Champs Wed 04.03
Ostyn CD Presentation MILKY CHANCE 15-02-2015
SPANDAU BALLET 22-03-2015
SHAKA PONK 12-03-2015
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Hoodie allen Wed 11.02 Coca-Cola Sessions NATAS LOVES YOU 24-02-2015
ETIENNE DE CRECY 25-03-2015
THE SUBWAYS 15-03-2015
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presents
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Intergalactic lovers sat 14.02
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ABClubcircuit - AB @ De Zwerver:
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2MANYDJS 28-02-2015
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Play Afrika Bambaataa: Renegades Of Rhythm
alaska Gold Rush applause - mountain Bike the experimental tropic Blues Band - Fùgù mango sat 07.03 ABBOTA @ BOTANIQUE
Kris dane - Wallace Vanborn Kaat arnaert - Kenji minogue Black Flower WITHIN TEMPTATION 05-03-2015
IBEYI 11-04-2015
JOSEF SALVAT 16-03-2015
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la muerte + Fifty Foot Combo FR 20.02
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my diligence Late night club show
Willow CATS ON TREES 07-03-2015
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JAN DELAY 16-03-2015
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THE PAROV STELAR BAND 17-04-2015
Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu
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Brett Newski
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Coca-Cola Sessions:
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et la précision d’une imprimante 3D. Début de siècle, au Canada, les gonzesses de The Organ avait tenté le même plagiat en s’armant d’un peu plus d’audace et de fougue... Ici, les onze morceaux scandés par la blonde Jo Bevan célèbrent sans retenue le mythe déconfit de Morrissey. Du fétichisme de bas étage. (na)
Diplo ‘F10rida’ Big Dada/Pias
Avant de s’appeler Diplo, de boire du champagne dans des verres de CocaCola et de rouler ses pétards à l’aide de billets de cent dollars, Thomas Wesley Pentz traînait dans sa chambre en calebard, échantillonnant méticuleusement de la musique sur son seul et unique laptop. Au moment où le maître d’œuvre de Major Lazer a mis le monde à ses pieds avec une clef USB, trois fanions et un paquet de t-shirt jetés en l’air, il est nécessaire de remettre les pendules à l’heure. En 2004, Diplo a échafaudé le son d’une génération. Réédité dix ans plus tard, son premier album (‘Florida’) fait désormais figure de classique, symptomatique d’une période imprégnée par les métissages contre-nature et autres expérimentations transgéniques. Visionnaire, Diplo a profité de son premier essai pour croiser les genres avec style et imaginer un monde global où des beats interconnectés convolaient en justes noces au carrefour des continents. Baptisé ‘F10rida’ à l’occasion de sa réédition, l’album (re)met en lumière ses onze versions originales : une section de cordes étrillées de pulsations électroniques (‘Big Lost’), un piano cubain épongeant sa mélancolie dans des brumes électriques (‘Sarah’), une réforme trip-hop signée sous un soleil de plomb (‘Into The Sun’), de l’electronica rehaussée de cuivres chatoyants (‘Way More’), des ténèbres hip-hop éclairés à la contrebasse (‘Money Power Respect’), la ferveur des favelas brésiliennes réinventée entre dancefloor et dancehall (‘Diplo Rhythm’) – tous des plans resservis quelques mois plus tard chez M.I.A. – ou la sensualité d’une fin de journée californienne (‘Summer’s Gonna Hurt You’). A l’époque, l’homme qui aimait les dinos faisait dans le raffinement. Une décennie plus tard, c’est un autre (d)ébat. Reste que cette réédition (agrémentée de fonds de tiroir, de remixes et d’inédits) revient avec à-propos sur les raisons de la réussite de ce magnat du music business. Une bonne affaire. (na)
DJ Oil ‘Phantom’ V2
Mets de l’huile, mets de l’huile ! Il chauffe, ce ‘Phantom’ de DJ Oil, ‘petit’ producteur marseillais se baladant sans vergogne à travers l’histoire de la musique noire. Soul, funk, r’n’b et bien sûr hip-hop sont les grands acteurs de ce disque qui n’oublie pas son lot de passages bien plus électroniques. Un métissage réussi qui donne lieu à des compositions extensibles suggérant, provoquant la transe. Souvent orienté dancefloor, ‘Phantom’ représente le mix parfait à s’écouter à moitié à poil, cocktail à la main, sur une plage nudiste des Calanques (on peut rêver). La musique que l’on devrait entendre dans les pubs Bacardi. De la parfaite IDM dans le sens le plus littéral s’adonnant au grand (et vaste) jeu du recyclage, à l’instar du RJD2 de la belle époque. Mais DJ Oil élargit le spectre, ne se mettant aucune limite. ‘A Day’ semblerait convoquer Justin
Jean-Bernard de Libreville ‘Allons-y Gaiement’ Veals & Geeks Records
Curieuse destinée que celle de cet auteur compositeur français qui sortira un 45 tours 4 titres pour la maison Vogue au milieu des années 60, mettant un pied dans le monde de la variété avec la ferme intention d’en secouer les codes, avant de disparaître totalement des radars des médias. Au début des années septante, il réalisera deux singles autoédités sans réelle diffusion annonçant un album qui ne verra jamais le jour pour des raisons qui demeurent peu claires. Le label Veals & Geeks, fondé par le magasin de disques seconde main du même nom établi au centre de Bruxelles, expurge aujourd’hui ces enregistrements pour les porter aux oreilles curieuses… et averties. On y découvre une chanson française singulièrement bigarrée, mâtinée de ruades funk et d’accents psychédéliques, gouailleuse à souhait, revendiquant son accointance avec Miles Davis et avec la négritude en combat de la charnière sixties/seventies. Elle charrie des textes à connotation sexuelle criarde à un point tel que cela en frise la caricature et l’excès, comme sur l’interminable ‘La première fois’ qui clôt le disque, morceau obsédant et obsédé, enivrant et enivré. A y écouter plus attentivement, on ne s’explique pas pourquoi ce disque n’ait pas vu je jour à l’époque où il fut conçu tant ses qualités intrinsèques demeurent intactes plus de quarante ans après. Jean-Bernard de Libreville aurait certainement trouvé sa place entre un Dutronc et un Antoine. Plus curieux encore est le single qui est proposé sur la version cd de cette réédition : ‘10 minutes 35 secondes d’hyperno-music’. De Libreville se laisse aller à des textes plus curieux, jouant et se jouant des mots avec bonhomie et bohémie. Fortiche. (et)
Vernon pour une séance de gospel alors qu’un titre comme ‘Fever’ explore les tréfonds du funk eighties : grand écart improbable, pirouette osée qui se conclut avec brio, sous les applaudissements du public. (am)
Ricardo Donoso ‘Saravá Exu’ Denovali/Sonic
Originaire de Rio de Janeiro, Ricardo Donoso a étudié au prestigieux Berklee College of Music avant de s’installer à Boston. Batteur au sein du combo de death metal Ehnahre et moitié du duo électronique Perispirit, il a pu se confronter à des genres très différents avant de se recentrer sur sa propre musique. Donoso compose des pièces instrumentales atmosphériques où l’apport de percussions est notable et omniprésent, quelque soit la cadence sur laquelle elles évoluent. ‘Saravá Exu’ a été composé durant une période d’isolement où Donoso a délibérément voulu se retrouver avec lui-même. S’inspirant des cultes quimbanda et candomblé du Brésil, il a échafaudé une bande sonore rituelle incorporant des percussions de son pays mais également des instruments classiques à cordes et du bruit. Cette musique est censée servir d’accompagnement musical à tout retranchement individuel du monde. Les titres en latin ne doivent pas vous rebuter, ils introduisent, dans des termes volontairement naturalistes, des moments du rythme de la vie sans cesse renouvelée. Ceux qui ont aimé le dernier album de Ben Frost apprécieront ce disque qui plaira aussi aux fans d’Emptyset et de Raime. (et)
Fandango Live ‘Hands’ Fandango Music
Le Studio Fandango se situe à Boutersem, dans la banlieue de Leuven. Pas la Mecque du blues a priori et pourtant, son tenancier (Dirk Lekenne) et quelques potes (dont Luk de Graaff, très présent au poste de compositeur) y gratouillent sur les terres de J.J. Cale. Animés par les coups de maître de leur guide spirituel, ils régurgitent cet important héritage sans chichis et sans fioritures. Du travail de vétérans, réservé aux inconditionnels, certes, mais échappant aux poncifs balourds du blues de comptoir. Les habitués du Spirit Of 66 seront émus ! (am)
Foo Fighters ‘Sonic Highways’ Roswell Records/RCA/Sony
Histoire de fêter dignement leurs vingt ans, les Foo Fighters ont décidé de s’offrir un beau cadeau en produisant l’album le plus ambitieux de leur carrière. L’idée était de voyager à travers les États-Unis et de se rendre dans huit villes emblématiques sur le plan musical où ils resteraient une semaine en vue d’y composer un morceau, si possible en invitant des stars locales à se joindre à eux. En outre, le groupe serait suivi par une équipe de HBO qui réaliserait un documentaire sur la scène musicale locale. Les Foo Fighters ont transité entre autres par Nashville, New York et Seattle, rencontrant au fil de leurs pérégrinations des gens aussi variés que Joan Jett, Buddy Guy, James Murphy, Emmylou Harris ou encore les mythiques Big Black. A l’écoute des huit compos, force est de constater que le groupe n’a pas vraiment été influencé par l’héritage musical des lieux où il a séjourné, à l’exception de l’explosif ‘The feast and the famine’ dont le côté abrasif a pu être inspiré par la scène hardcore de Chicago. De même, les invités n’apportent pas vraiment quelque chose de personnel et entrent plutôt dans le moule musical du groupe de Dave Grohl. Il n’en demeure pas moins que ‘Sonic Highways’ est très varié et passionnant. ‘Congregation’ et ‘Something from nothing’ sont brillants dans la façon qu’ils ont de commencer en mode ballade downtempo pour s’énerver progressivement, tandis que ‘Subterranean’ est une plage ultra touchante, quasi floydienne, là où les arrangements pour cordes de Tony Visconti font de ‘I am a river’ un titre somptueux et épique concluant en beauté ce qui constitue peut-être le meilleur album du groupe depuis plus de quinze ans. (pf)
Fryars ‘Power’ Fiction
Au sortir de l’hiver et de ses paniers de fruits de saison, la simple évocation de la compote suffit à déclencher en moi des rires nerveux, une nausée tenace et l’urgence de me foutre par la fenêtre. Une allergie passagère qu’une année d’évitement aura vite fait
de reléguer au rang de mauvais souvenir. Fryars est la compote électro-pop de trop : farineuse, mal cuite, trop allongée et d’une écœurante fadeur. Pour donner au change, le charlatan a vidé un sachet d’édulcorant sur sa marmelade et a dressé la chose dans des verrines. Avec un petit parasol par-dessus, ouais. Il ne m’y prendra pas : par-dessous sa merde, ses fruits puent l’ogm, le cadmium et le plomb. (ab)
Future Brown ‘Future Brown’ Warp/V2
Collectif en va-et-vient entre musique, photographie, mode et graphisme, Future Brown rassemble deux mecs (Daniel Pineda et J-Cush) et deux nanas : Asma Maroof du duo R’n’B Nguzunguzu et la styliste Fatima Al-Qadiri, aperçue l’an dernier sur le label Hyperdub à bord d’un album d’électro transgénique où beats hip-hop et orientaux s’enlaçaient comme des a(i)mants dans une galerie d’art. Plutôt medias planners, executive producers ou consulting managers que véritables musiciens, les quatre camarades conçoivent ici un premier album éponyme où l’invité est roi. Entre des collaborations avec Tink, Maluca, Kelela, Ian Isiah, 3D Na’Tee, Shawnna ou Sicko Mobb, on ne sait plus très bien qui chante quoi et d’où sort le machin produit par bidule. Ce qu’on retient, c’est surtout une débandade d’auto-tune, du R’n’B hanté par des synthés aux charmes réfrigérants et des fumées numériques soufflées à tort et à travers sous le dancehall. À l’exception de deux singles bien formatés mais efficaces (‘Wanna Party’ et ‘Talking Bandz’), pas de retour prévu vers le ‘Future Brown’. (na)
Adrien Gallo ‘Gemini’ Warner
Surprise, Adrien Gallo n’est plus une maladie honteuse : ce petit arrogant qu’on a connu déguisé en Pete Doherty pour Baby TV, dans un groupe avec beaucoup de B et des tubes radiophoniques pour se torcher la raie, une armée de jeunes filles non formées à ses pieds, débarque avec un premier album solo dont il va être difficile d’affirmer qu’il est étouffe-chrétien. C’est pop, léger, aéré, bourré de refrains à la Doré, bref parfaitement fm sans être foncièrement dégueu. Un peu partout, sa copine chante, fait des chœurs et c’est entêtant comme du Baxter Dury. Oué, on est mal. On finit même par se regarder dans le miroir, quoi, moi, j’apprécie un disque de ce petit con ? Pourtant, c’est hard de résister au vague à l’âme synthético-glaçé de ‘Voir La Mer’, à celui plus classique d’‘Avalanches’, au funk minot de ‘Guanabara Bay’, aux relents variétoche classes de ‘Déserteur’. Reste donc à lui souhaiter une audience moins gamine criarde aux concerts à venir. (lg)
Duke Garwood ‘Heavy Love’ Heavenly Recordings
Il y a des disques comme ça. Des disques dont on mesure instantanément la qualité, mais dont on sait qu’ils ne rencontreront jamais un public. Déjà auteur de quatre albums solo passés pratiquement inaperçus, le britannique Duke Garwood est en effet davantage connu pour avoir été le récent porteur d’eau (si on peut dire…) de Mark Lanegan. Multi-instrumentiste, c’est pourtant avec ses atours de bluesman que ce guitariste orfèvre se présente sur ce
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Andy Timmons 22/3
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ANCIENNE BELGIQUE BRUXELLES
7 MARS
FOREST NATIONAL CLUB BRUXELLES
INFOS & BILLETS: GREENHOUSETALENT.BE Untitled-3 1
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nouvel essai. Avec ses manières élégantes, Garwood semble ici chanter pour les derniers clients d’un bouge du fin fond des States, qui oublient leur chagrin dans un dernier verre avant la fermeture. Les chaises sont déjà retournées sur les tables, et le barman regarde sa montre: les ballades au spleen idéal succèdent aux confessions vénéneuses ou rédemptrices. Épuré, délicatement écorché mais jamais larmoyant, c’est un disque de cow-boy mélancolique qui souffre dans sa barbe mais entrevoit la lumière. Avec sa guitare demi-caisse, il instille un climat prégnant, renforcé par des arrangements jamais envahissants. Mais c’est surtout la voix du Britannique qui provoque l’émotion. Profonde, puissante, habitée. Il en joue avec mesure et délicatesse, refusant la démonstration comme l’artifice. Qu’il murmure, parle ou chante, Garwood communique son magnétisme à l’ensemble et subjugue par son austère sensualité. Même sur la durée, son numéro d’équilibriste tient bon. Bien campé sur sa corde raide, il ne tombe jamais dans le trou du remplissage. Car ses silences sont peut-être les moments les plus importants du disque. (gle)
Hash Bamboo Shuffle ‘HBS : plays Ferre Grignard’ Starman Records
On vous a écrit tout ce qu’il y avait à raconter sur le cas Ferre Grignard dans le numéro précédent – sa vie, ses tubes flonflons, ses excès – et on vous invite à y retourner si les informations sont mal passées. Aujourd’hui, non content d’avoir réédité tout le catalogue du folkeux d’Anvers, Starman Records sort carrément un album tribute par un cover band constitués d’enfants d’amis personnels de Grignard. Et le Schmilblick làdedans ? Parce que c’est pas clair : autant il n’est pas vain de se replonger dans les deux premiers albums du bluesman barbu, autant s’enfiler ces reprises est d’un intérêt vraiment mineur. (lg)
H Hawkline ‘In The Pink of Condition’ Heavenly Recordings
En décembre dernier, toute entortillée des farfelus cotillons et des boucles barytones d’H Hawkline, – en version poète pouet et esquisses – on avait fait le vœu pas si pieux de le retrouver promptement, avec des godillots neufs (forcément à rayures ou à semelles glissantes, drôle de zébulon). C’est à croire que le Père Noël a un boentje pour les trublions taquins ou les presquegallois, mais nous voilà déjà exaucés par la grâce de pouvoir passer davantage de temps à Lundy, au soleil. Avec janvier qui de partout dessine l’urgence de l’insolence, nous voilà instantanément, fougueusement ‘In Love’ d’’In The Pink of Condition’. C’est que même sur le versant qui se dégonfle de partout d’un ‘Rainy Summer’ ou au creux de ‘Dirty Dreams’ à orgues et chœurs aussi inquiétants et touffus que ceux de Jacco Gardner, ce pois sauteur prend un malin plaisir à jouer les contorsionnistes sur des fils psyché torsadés, à balancer sa ligne en-dehors des bassins de carpes pop paisibles, à nager singulièrement à contre-courant pour nous épater. À ‘Moddion’, c’est un ventriloque funeste affublé d’un sabir tressautant ; avec un ‘Spooky Dog’ lâchement en laisse, c’est Baxter Dury qui, brin d’herbe nonchalant au bec, aurait boutonné à la diable une chemise à jabot. Et la lune, outrageusement
Father John Misty ‘I Love You, Honeybear‘ Bella Union
Inutile de savoir lire dans le marc de café pour d’ores et déjà affirmer que ce ‘I Love You Honeybear’ se retrouvera en bonne place dans les traditionnels tops 10 de fin d’année. Parce que ce deuxième opus de l’ex-Fleet Foxes se révélera probablement comme l’une des plus belles pièces montées (en épingle ?) de cette nouvelle année. La mèche du buzz a été allumée avec le single et cinglé ‘Bored In The USA’, clin d’œil grinçant à Springsteen et hymne décapant l’image ripolinée d’une Amérique aveuglée par son matérialisme et anesthésiée par son industrie pharmaceutique. Avec son personnage de Father John Misty, Josh Tillman s’offre une nouvelle épopée fantasque et fantastique dans son univers barré. Mais en poussant le curseur quelques crans plus loin encore. Disciple de Randy Newman et d’Harry Nilsson, il poursuit en effet sa relecture du folk orchestral et de la pop baroque des 60’s et 70’s en y ajoutant cette fois des orchestrations plus ambitieuses encore. De celles que ne renierait pas Scott Walker, nouveau Graal derrière lequel Tillman semble courir. Jamais encombrantes ou indigestes, accueillant les touches de modernité avec malice, les mystifications orchestrales de l’ex-renard barbu culminent sur des titres comme ‘Château Lobby #4 (in C for Two Virgins)’ ou ‘Holy Shit’ sans jamais se départir d’un cynisme aussi puissant qu’il semble bienveillant. Une analyse à rebrousse-poil pourrait laisser penser que tout ça n’est peut-être qu’une formidable et mystifiante posture de hipster barbu. On préférera y voir un penchant pour la luxure et la gourmandise totalement assumé. Et surtout l’affirmation d’un songwriter capable de donner une forme aussi démesurée qu’harmonieuse à la confusion des genres et des époques. (gle)
gibbeuse avec la barbe du parrain Gruff Rhys, de rire aux éclats quand elle se reflète dans les versatiles miroirs de ce garçon charmant. (alr)
Jaga Jazzist ‘94 – 14’ Ninja Tune/Pias
Cela fait déjà un peu plus de vingt ans que Jaga Jazzist existe. Célébrant cet anniversaire, le combo norvégien réédite son premier véritable album, ‘A Livingroom Hush’, initialement paru en 2001 sur les labels Smalltown Supersound, Ninja Tune et Warner. Pour l’occasion, il s’agit d’une édition limitée de luxe sous forme d’un coffret vinyle. Outre l’album, il comporte un livret de 24 pages et deux 12’ reprenant des remix et des revisitations de morceaux des albums ‘The Stix’, ‘What We Must’ et ‘One-Armed Bandit’ par des artistes et producteurs tels Clark, Machinedrum, Miguel Atwood-Ferguson, Teebs, Jonathan Bates (aka Big Back Delta), Moiré ou encore Invader Ace. Cerise sur le gâteau, quatre démos inédites des sessions originelles de l’album sont offertes en téléchargement. Ce ne sont pas tant ces gâteries qui retiennent l’attention, c’est la force intrinsèque de ‘A Livingroom Hush’ qui demeure intacte plus de douze ans après sa parution. Au croisement de divers styles, Jaga Jazzist a su les exploiter de manière intelligente sans s’enferrer dans l’un ou l’autre en particulier. (et)
Kammerflimmer Kollektief ‘Désarroi’ Staubgold/Dense
Dennis Young ‘Reel To Real’ Staubgold/Dense
Il faudrait un jour s’arrêter sur le parcours atypique du label Staubgold. Créé par le journaliste musical Markus Detmer à Cologne vers la fin des années 90, délocalisé ensuite à Berlin, il est dorénavant établi depuis quelques années en France à Perpignan d’où il dirige ses opérations. Le combo allemand Kammerflimmer Kollektief est un de ses rosters historiques. Il pratique une musique résolument décloisonnée empruntant parfois certaines de ses inflexions au monde de l’improvisation ou au dub. Des compositions essentiellement ins-
trumentales à dominante acoustique qui se distendent, se délitent volontairement, se désagrègent quand ce n’est pas tout bonnement pour s’évaporer. Des mots qui deviennent des phonèmes, des phrasés de basse qui se percutent en boucles sourdes, des cordes étirées. Conformément à son titre, ce dixième album se veut un manifeste de désorientation et de brouillage des pistes. Chez Dennis Young, la démarche n’est pas foncièrement différente si ce n’est qu’elle est ici solitaire. L’ex-percussionniste de Liquid Liquid (trio new-yorkais à qui l’on doit la légendaire ligne de basse de ‘Cavern’ repiquée plus tard par Grandmaster Flash sur son ‘White Lines’) a miraculeusement retrouvé au fond d’une caisse de vieilles bandes Teac sur lesquelles il avait consigné ses épreuves de jeunesse. Ébauches, bricolages, bidouillages, ces morceaux imparfaits construits en 1982 et 1983 portent les stigmates de leur époque et sonnent résolument low-tech aujourd’hui. En leur donnant une seconde vie, Staubgold joue davantage un rôle d’archiviste que de défricheur. Peu importe au final tant il est bon de se replonger dans l’atmosphère d’une période où tout restait à échafauder sur carbone. (et)
Katzenjammer ‘Rockland’ Propeller Recordings/V2
Quatre meufs norvégiennes qui passent à la moulinette le blues, la country et la folk, voilà le programme alléchant - ou pas - de ‘Rockland’. Ça s’époumone à sonner un brin authentique mais rien n’y fait, quatre voix à la Disney Channel et un banjo n’arriveront même pas à faire de ces compositions complètement niaises du simili Bob Dylan de foires au boudin. Pour l’instant, ça marche à fond en Allemagne et aux PaysBas. On les imagine bien amuser la galerie devant une foule en plein trou noir lors du Jour de la Reine. Et si on fermait les frontières ? (am)
Kitty, Daisy & Lewis ‘The Third’ Sunday Best/Pias
Il y a ce Mick-là accoudé au comptoir du pub, Daisy lui sert un ‘Whiskey’, qui sert autant de breuvage que d’invite à s’attarder. Il les a à la bonne, ces juteux fruits tombés non loin de l’arbre qui ont fait renaître le marché de la gomina et du satin,
mais il ne serait pas contre que ça frappe un peu, qu’ils affirment encore davantage leur chien dans ce panier rétro où Caraïbes et style hillbilly faisaient jusque là bon ménage. Il veut voir les brunettes ‘Bitchin’in the Kitchen’, crever les yeux de leur rivale, cette ‘Good Looking Woman’, érafler la laque de leurs jolis orteils sur des pédales wawa. Il ne désire rien tant que, derrière ses longs cils frangés, Lewis devienne bien davantage qu’un ‘Turkish Delight’ pour oiselles en mal de pelvis à la Elvis. Un King Creole capable de faire tourner la situation calypso avec un effronté ‘Baby, Bye Bye’, en circonvolutions drôles à force de suavité. ‘Ain’t Always Better Your Way’, et à les fantasmer les ‘Guns of Brixton’ à la main pour dévaliser les archives rockabilly, peut-être bien que le briscard les a un peu cristallisés. Mais tant que ça continue à swinguer sec, on aura toujours une piécette au fond de notre poche pour leur juke-box. « Should I Stay or Should I Go ? » «It Ain’t Your Business!». (alr)
Klangwart ‘Transit’ Staubgold
Secret bien gardé de l’electronica allemande, Markus Detmer et Timo Reuber occupent depuis 1996 une place à part, à l’ombre de leurs glorieux prédécesseurs à tendance Kosmische. Si ‘Transit’, le huitième effort sous leur nom de Klangwart, ne révolutionnera nullement un univers marqué à jamais par les Hans-Joachim Roedelius et autres Manuel Gottsching, il démontre une fois de plus l’immense savoir-faire du duo de Cologne. Si tout démarre avec une plage ambient lugubre et ralentie qu’on imaginerait bien chez Brian Eno, le second volet du voyage spatio-temporel nous emmène, heureux présage, du côté de ‘A Sort Of Radiance’, le fabuleux disque de Fabric qui avait mis sur les rails en 2011 le label Spectrum Spools. La suite conserve, c’est heureux, une diversité certaine, là où on aurait craint une monotonie qui tend vers l’abandon. Davantage uptempo, tout en conservant une rythmique imperceptible, des titres comme le bien-nommé ‘Express’ viennent transfigurer l’expédition, tandis que des sonorités très seventies (‘Station’) rappellent utilement – ou pas – les racines incontestables du projet. Qui a carrément la bonne idée d’entamer une courbe techno minimale quand le besoin s’en fait sentir, histoire de... (fv)
Yannis Kyriakides – Andy Moor ‘A Life is a Billion Heartbeats’ Unsounds/Dense
Plusieurs fois évoquées dans ces pages, la collaboration du guitariste de The Ex avec le compositeur chypriote remonte maintenant à plusieurs années, elle a eu l’occasion de se mesurer à l’épreuve du temps. Les deux hommes poursuivent ici l’exploration des musiques grecques oubliées du début du vingtième siècle et plus précisément de la rebétika (ou rebétiko), une musique folklorique brassant des influences culturelles diverses qui fut en vogue parmi les populations pauvres, notamment celle du Pirée. La douzaine de pièces présentées ici procèdent de la même démarche. Andy Moor improvise des parties de guitares (électrique et barytone) sur des réminiscences de chansons de rebétika expurgées et traitées digitalement par Yannis Kyriakides qui y rajoute des reliefs électroniques. Le résultat est patent tant c’est une impression de voyage aux confins du siècle passé qui dérive de cette musique. Un aller/retour onirique dans le temps. (et)
L'AÉRONEF web
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2015
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FEV-MARS
JEU 05 FEV LES WAMPAS + PONCHARELLO JEU 12 FEV MY BRIGHTEST DIAMOND + TIM FITE
VEN 13 FEV
DELS + EVERYDAYZ + AL'TARBA & DJ NIX'ON SAM 14 FEV MADEMOISELLE K + WHERE IS NINA?
LUN 16 FEV TR/ST + JONAS BERING MER 18 FEV MARCO BAROTTI VEN 20 FEV BLACK SUN EMPIRE SAM 21 FEV MAR 24 FEV SAM 28 FEV MER 04 MAR JEU 05 MAR LUN 09 MAR
TRICKY ALLAH-LAS + EERIE WANDA BRODINSKI + GUESTS LITTLE BIG + MASCARADE YELLE + CLARENS WEEDEATER + THE LUMBERJACK FEEDBACK
LUN 16 MAR MER 17 MAR SAM 21 MAR JEU 26 MAR
VADER + HATE SOKO + JEANNE ADDED
les spectacles sans gravité - licences entrepreneur de spectacle s
LA COLONIE DE VACANCES
GROUNDATION
© Brest Brest Brest
+ MAZTEK + NITRIK + REACTER
22
Earteam
Lola Colt ‘Away From The Water’
Ghost Culture
Fuzz Club Records
‘Ghost Culture’
Il faudrait, si ce n’est déjà fait, consacrer une thèse à l’influence d’Ennio Morricone sur la musique actuelle. Tirant son patronyme d’un western spaghetti des 60’s, le sextet londonien Lola Colt dégaine rapidement ses acquaintances avec un certain lyrisme morriconien. Notamment sur l’inaugural ‘Rings Of Ghosts’ ou sur le moins indispensable ‘Moonlight’. Entre exaltation et noirceur, leur rock psyché-western s’assume parfaitement en soundtrack imaginaire de westerns modernes. Et c’est à la frontwoman, la bien nommée Gun Overbye, que revient le rôle principal. Entre Siouxsie Sioux, Patti Smith et Nathalie Merchant, c’est pourtant davantage une arme blanche qu’un gros calibre que la chanteuse a dans la gorge. Déchirant la trame sonore élaborée par le Bad Seed Jim Sclavunos, elle s’accapare la tension mélodramatique qu’elle distille sans parcimonie. Gorgées de fuzz et de reverb, les guitares mercenaires s’allient à des synthés 60’s pour sublimer les inquiétudes atmosphériques ou les cavalcades épiques. En résulte un album à l’identité très forte, régulièrement emballant à la condition de rentrer dans cet univers à la noirceur rougeoyante. Allergiques à l’exaltation, préparez toutefois les antihistaminiques. (gle)
Phantasy/News
Loscil ‘Sea Island’ Krank y
Figure presque historique de la maison Kranky, il est sur le label depuis ses débuts en 2001 et son toujours classique ‘Triple Point’, Loscil maintient le cap de la justesse electronica au mitan de la décennie 2010. Même si les grincheux argueront d’un manque d’originalité et qu’on a déjà côtoyé maintes fois son univers pop ambient sur la structure américaine (mots clés : Stars of the Lid, Keith Fullerton Whitman, Benoit Pioulard), ce serait faire un bien mauvais procès à l’ami Scott Morgan (son vrai nom). Certes, les structures pèchent quelquefois par manque de variations harmoniques et de tempos relativement uniformes. Mais, et il est grand, le gaillard de Vancouver parvient également à entretenir le suspense au sein de chaque titre. Mieux encore, la très grande subtilité de son propos, alliée à une volatilité mélodique redoutable (écoutez ‘Bleeding Ink’ et on en reparlera), fait de sa compagnie bien plus qu’un agréable divertissement à l’ouest de Marsen Jules. (fv)
Maurice Louca ‘Salute The Parrot’ Nawa Recordings
Dingue. Dément. Allah Wakbar. Il semblerait qu’on soit passé à côté du premier disque de Maurice Louca en 2011 mais avec celui-ci, c’est la Mecque direct. ‘Benhayyi Al-Baghbaghan’, qui veut donc dire ‘Salute The Parrot’, est de ces albumstueries qui envoient illico aux pays des kaléidoscopes merveilleux bouffer piquant et voir épileptique. Né au Caire il doit y avoir environ trente-cinq ans (à vue de Google image), ce type aurait fondé plusieurs groupes avant de travailler pour le théâtre et les arts visuels contemporains. On connaît encore peu de choses de Louca, sauf qu’il a dû en digérer un sacré rayon pour balancer un tel opus, de Kraftwerk au post-rock, du psychédélisme turc des seventies aux musiques orientales les plus traditionnelles. Et le jazz aussi. Les huit morceaux présents
Erol Alkan transformerait en or tout ce qu’il signe. C’est pourtant sans enthousiasme que tu abordes Ghost Culture. Hermétique à Late Of The Pier et Klaxons et peu emballé par son album remix des Temples, Alkan aura fort à faire pour te convaincre de son poulain, accueilli dit-il sur base d’un seul morceau. Mais d’entrée de jeu, ‘Mouth’ t’agrippe et te raidit l’arrière-sac par son intro ragga et glaciale, où s’ébattent Grace Jones et Daniel Avery, puis bascule entre nouvelle vague et nouvel ordre, pour s’achever dans des circonvolutions house grises et tribales à te filer des sueurs froides. Quand ‘Giudecca’ démarre, tu te prends à croire à la résurrection de LCD Soundsystem. Tu verses une larme et applaudis à chaque accélération et débrayage qui font de Ghost Culture le chaînon manquant entre electronica intimiste et houseon-the-rocks pour dancefloor ouaté (‘How’, ‘Glaciers’ : gouttes d’eau sur échines brûlantes). Consacré à son Korg Mono/Poly avec la fidélité d’un jouvenceau, Ghost Culture étreint si bien l’instrument qu’il rappelle à sa mémoire ses amants précédents : Depeche Mode, Tangerine Dream, Chemical Brothers, The Orb. Oui, tous, en confessions sur l’oreiller. Ghost Culture transe ces noms à ton oreille et à elle seule. C’est une rave en tête-à-tête, une fin de party susurrée en stroboscope, une voix tapissée d’intentions douces pour lesquelles tu baisses toutes tes gardes. En communion désabusée sur piste orpheline, Ghost Culture et toi tirez le rideau sur ce monde de merde. How strange : I’m satisfied. (ab)
ici s’écoutent très fort, d’une traite, éventuellement sous influence, c’est un trip, une transe. Peu de paroles, de rares éructations en arabe, fascinantes et trafiquées, beaucoup d’instruments – buzuq, percussions, saxophones, claviers – quelques samples qui pour nous ne veulent rien dire (Orchestre El Gusto, Ismail El Leithy…) et pas mal d’idées par titre. Une Drogue. (lg)
Man Without Country ‘Maximum Entropy’ Lost Balloon Recordings
On a tous déjà entendu ‘Maximum Entropy’. Il y a quelques années avec M83 et depuis, au quotidien, vu que la déferlante de synthés ne faiblit pas. Sur Pure FM, bien sûr, à la FNAC quand tu vas acheter le dernier Souchon, dans le dernier Nolan lors d’une scène de gros bras, dans la salle de concerts près de chez toi. Cette pop qui fait le tapin revêt insidieusement sa mini-jupe Rough Trade, bien vulgaire, parfaitement assortie à ses Buffalo. Mégalomane mais convenu, rock d’estrade aspirant rock de stade, ‘Maximum Entropy’ entretient la gastro dans la digne continuité des fêtes de fin d’année. (am)
Menace Beach ‘Ratworld’ Memphis Industries
Y’en a un peu plus, j’vous le mets ? Le boucher du revival 90’s n’est pas à un kilo près pour rassasier les enfants de cette époque étrange où contacter ses potes avec un bip était encore banal. Son dernier travers de porc en date : Menace Beach, nouveau venu sur la scène anglaise, dont le nom fait référence à un jeu sorti à l’époque sur NES mettant un scène un skateur héroïque chargé de sauver sa copine dont un affreux jojo arrachait les fringues au fil des niveaux. Bandant. Le biographe du groupe ne tente pas de nous vendre un chat dans un sac et lève directement le voile sur les influences du groupe : on confirme donc au rédacteur de ce communiqué que oui, ‘Come On Give Up’ ressemble furieusement à du Pavement, ‘Blue Eye’ à Jesus & Mary Chain. Heureusement, vous êtes tombés sur un juge plutôt sympa. OK, c’est tout sauf novateur, mais qui s’en plaindra ? Les quelques effluves de ‘Ratworld’ donnent juste envie de sortir prendre l’air (dommage pour la saison) sapé comme un sac plutôt que de rester cloîtré dans son appart moisi à refresher sa page Facebook. C’est un peu ça les ni-
neties, juste le vague souvenir d’un monde plus simple. (am)
Mochélan Zoku ‘Image A La Pluie’ Factice/Sowarex
En recyclant la carrosserie des grosses cylindrées hexagonales, le collectif 1995 a récemment repris à son compte les traditions hip-hop de la fin du siècle dernier. Avec Assassin, IAM ou NTM dans le shaker, les Français proposaient un cocktail hyper old-school qui, étrangement, allait séduire les foules au-delà des cercles spécialisés. Toutes proportions gardées, la Belgique voit également surgir les héritiers de cette ‘Prose Combat’. Dans la lignée des aventures de Starflam, le Carolo Simon Delecosse brame ainsi les bienfaits d’antan sous les poils de Mochélan. Désormais accompagné d’un clan (‘Zoku’ en japonais), le garçon sort son sabre de ninja et se pose derrière le micro d’argent. Mieux vaut être averti : le flow de Mochélan se débite avec l’accent régional et une bonne dose de belgitude (l’intro du titre ‘On fait du rap’ s’écoute obligatoirement une bière à la main et de la sauce sur les doigts). Passé la porte d’entrée, il y a du bon (‘Image à la pluie’), du très bon (‘SitZooka’) et quelques imperfections. Placées sur écoute, certaines rimes s’avèrent totalement téléphonées et, au bout de seize morceaux, la platitude des choses menace. L’exercice de style amène toutefois de purs instants de jubilation surréaliste (Mention à ‘On reste actif’ et sa punchline « Ma culture, je la déguste comme un Sugus nature qui pousse sur les murs. ») En équilibre instable entre rap et chanson, Mochélan s’affirme dans un registre assez théâtral. L’étonnement est donc relatif lorsqu’on découvre le disque bonus : un enregistrement du spectacle ‘Nés Poumon Noir’ où l’artiste se révèle sur les planches de l’Eden de Charleroi. Au top de sa forme. (na)
Kevin Morby ‘Still Life’ Woodsist Records
Un événement mineur peut vous sceller à vie une chanson dans la mémoire. La traversée nocturne de l’Allemagne un mois de mai 2014 avec ‘Slow Train’ dans les oreilles laissera certainement une trace indélébile dans notre hippocampe. C’est
que ‘Harlem River’ et ses images autoroutières t’envoyait à tous les coups dans une fougueuse chevauchée. Et si le cliché ‘poids lourds’ semble éculé, force est de constater que le premier opus de Kevin Morby te procurait un sentiment de liberté presque comparable à celui de Sailor sur du Chris Isaak dans Wild At Heart - veste en peau de serpent (et ‘effet de surprise’, dixit une membre émérite de la rédaction) en moins. Il est vrai que Morby revient baluchon sur l’épaule avec un ‘Still Life’ d’ores et déjà familier. La vie, encore et encore. Un disque qui déroule toute sa classe comme un éperon et décontenancerait presque par son assurance, son équilibre parfait entre fièvre et moiteur. Si les trois premiers titres commencent sur les chapeaux - Stetson, s’il vous plaît - de roue (‘The Jester, The Tramp, & The Acrobat’ qui délogerait la plume du cul de n’importe qui), le sublime ‘All of My Life’ nous replonge pour sept titres dans la folk presque tropicale qui distingue ce bouvier des éleveurs de chèvres. Front perlant et yeux rivés vers l’horizon, on écoute passer le train, lentement, en espérant que le prochain ne se fera pas attendre. (am)
Musée Mécanique ‘From Shores of Sleep’ Glit terhouse Records/V2
Naguère, ils retenaient leurs fantômes à la maison, sous un infiniment gracieux dôme de glace et de loin en loin, leurs correspondants Syd Matters ou Julien Pras leur envoyaient des nouvelles du continent. Ensemble, ils repeignaient les murs en gris perlé, allumaient une veilleuse pour Elliott Smith, caressaient du bout des doigts leur exemplaire de ‘Seven Swans’, dormaient tout habillés. Six ans ont passé, et dans ce phare à flanc de rive, cette « stone-flecked beach » où ils ont posé leurs malles chargées d’instruments, leurs rituels sont parfois autres, lorsqu’ils s’efforcent de faire de leur ‘Word of Silence’, automate mélancolique aux terminaisons gigotant parmi les filaments de méduses psyché, un être dont les rouages de cuivre s’animent davantage, dont les battements de cœur se démultiplient, dont la voix s’amplifie et porte jusqu’à Astoria, ‘O, Astoria !’. C’est pourtant lorsqu’ils laissent délibérément à nu les ‘Castle Walls’, que les arrangements ne hissent pas démesurément la grand voile que Micah Rabwin et Sean Ogilvie nous embarquent le plus profondément dans les embruns de leur somptueux folk orchestral. « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ». (alr)
Mus.Hiba ‘White Girl’ Nobel Label
Dans le genre electroni-caca, le premier album de ce Tokyoïde est un puissant laxatif : on s’y fait chier à remplir des cuvettes. Le pitch : des bleeps bleeps dégoûtants bourrés d’effets prétendument féeriques répondent aux borborygmes des machines. De fait, la bio insiste maousse : le Japonais a eu recours à Yufu Sekka pour créer sa zik trois-point-mon-cul, soit un logiciel proche de Vocaloid, ce bazar qui permet de synthétiser du chant pseudo-humain en introduisant des paroles et un semblant de mélodie. Au nom de l’art, on attend maintenant le seppuku joué à la Wii. (lg)
Tujiko Noriko ‘My Ghost Comes Back’ Editions Mego
Attention, artiste chouchou à l’horizon, en dépit d’une absence de six longues années. Si depuis les débuts de Tujiko Noriko sur le
Earteam fantastique ‘Keshou To Heitai’, c’était en 2000, la présente boutique n’a eu de cesse de vanter les nombreux mérites de l’artiste japonaise, son absence était ressentie d’autant plus cruellement que son dernier opus aux côtés de Lawrence English et John Chantler conservait le même impact émotionnel qu’à ses débuts. Très heureuse nouvelle en 2015, la demoiselle d’Osaka a conservé intact le sens de l’inspiration, d’autant qu’elle a toujours su s’entourer de gens à l’esthétique aussi classieuse qu’irréprochable. Aujourd’hui accompagnée de Tatsuya Yamada à l’électronique et au vibraphone, notamment sur les extraordinaires quatorze minutes de l’initial ‘My Heart Isn’t Only Mine’ (le genre de titre qui vous booste un chroniqueur pour douze nouveaux mois), ou de notre héros autrichien Martin Brandlmayr (Kapital Band 1, Autistic Daughters) aux percus sur ‘Give Me Your Hands’, Tujiko Noriko imprègne de sa veine chaque jour plus impressionniste des morceaux d’une profondeur sans fin. Si l’electro pop plus sautillante de ses temps lointains semble éloignée pour de bon, des morceaux tels que le duo ‘Through The Rain’ (avec la Française Chloé Fabre) et ses mandolines prouve, si besoin était, que notre Osaka fiancée a encore beaucoup de choses à nous raconter. (fv)
Noveller ‘Fantastic Planet’ Fire Records
Dans la galaxie des filles marquantes à guitares électriques, il y a bien celles qui éructent, rougeoyantes apparitions chevelues, comme Shannon Wright, écolières perverses mordanceuses de riffs comme Elisa Ambrogio ou celles qui, divines poupées, se désarticulent en autant de chorégraphies peroxydées façon Annie Clark. Et puis il y a celles qui, à la manière de Sarah Lipstate, n’ouvrent jamais les lèvres mais pétrissent avec souplesse les cordes des ‘Concrete Dreams’ comme des constella-
Grouper ‘Ruins’ Krank y
Nos lecteurs les plus attentifs aux soubresauts du web l’ont remarqué, ‘Ruins’ a squatté nombre de tops 10 à 50 de la défunte année. On ne va pas tourner longtemps autour du pot, ces multiples distinctions sont amplement méritées. Son auteur, Liz Harris alias Grouper n’a pourtant rien d’un perdreau de l’année. Déjà auteure d’une petite dizaine d’albums souvent très confidentiels, à l’exception du précédent ‘the Man Who Died In His Boat’ (déjà sur Kranky), la musicienne de Portland a – il faut le dire – entamé un virage folk assez radical, qu’on ne peut que saluer. Enregistré avec des moyens on ne peut plus modestes, un simple quatre pistes lors d’une résidence en Portugal en 2011, le disque atteint dès sa première écoute, et la suite est encore plus belle, des sommets d’émotion à fleur de peau. Armée d’un seul piano droit aux qualités sonores aléatoires, preuve supplémentaire que le talent l’emportera toujours sur le matériel, Grouper promène sa voix délicate sur le fil du rasoir, magnifiquement tendu entre la grande Jessica Bailiff et notre incontournable Half Asleep, avec pour protectrice avérée Tara Jane O’Neil. Autant dire qu’on n’a pas fini de se prendre des claques... (fv)
tions nerveuses, cherchent le ‘Pulse Point’ dans les aurores boréales ou, caméléonnes dissimulées entre dunes et cratères, distribuent des biscuits octogonaux aux sélénites avec Oneohtrix Point Never. Entre giclées noise sous saturation (‘In February’, sous le signe martial de Thor) et contemplations cinématiques, entre ambient et expérimentations synthétiques fines, Noveller – éclaireuse en Téflon – franchit à quelques reprises le Rubicon et dérape parfois sur la paroi sombre et glissante du planétarium, sans toutefois nous faire bailler à ses comètes, suffisamment peuplées pour ne pas nous aspirer dans l’orbite voïdale de Scarlett Johansson. (alr)
Odieu & le Feu ‘Désordres’ Gran Via
Ce type, Didier Kengen, sort des disques depuis 1981. A Bruxelles, certains le considèrent comme une légende vivante du postpunk, croisement déglingo entre l’icône qui chantait le pays plat et le Johnny des Sex Pistols. On pourrait aussi le voir comme le
fils spirituel de Brigitte Fontaine ou le petit frère d’un Thiéfaine à chien. Il paraît que ses performances scéniques sont hautement déjantées et jubilatoires. Nième référence, ‘Désordres’ confirme le bazar : c’est le boxon. L’affaire s’ouvre sur trois, quatre titres francophones, rudimentaires, rustres et sans concession aux hygiénistes de l’époque quand ‘I’m Coming Out’ est quasiment subtil, mélancolique et, euh,… émouvant. Plus loin, c’est encore bien détendu de l’élastique avec le délirant ‘Vers Où Je Vais’, irrésistiblement dingo (programmations folles, bancales, débiles) et réaliste à la fois : « dansons dansons sur les pavés / c’est enfin la fête où on va tous crever ». Et puis, il y a ‘Here We Go’ et son clip parfaitement con, chorégraphie d’un type à oilpé au milieu des vaches. Oui, à quasi 55 piges, Odieu est toujours aussi adolescent et désinvolte. Tant mieux. (lg)
Le Peuple De L’Herbe ‘Next Level’ Ver ycords/Warner
A l’heure où l’électro est à la cohérence
stylistique, il n’est pas désagréable de recevoir ce ‘Next Level’ dans les écoutilles. Le Peuple De L’Herbe a toujours privilégié un éclatement des genres, au-delà de son ragga d’origine. Pour son septième disque, le groupe lyonnais élargit encore sa palette, accueille une guitare électrique et tourne tous les boutons au maximum. ‘Next Level’ assume tous ses choix à fond les ballons. De la grasse électro qui tache ? Ce sera ‘Class War’, ‘Le Boom’. Du reggae blues-rock sur duel dobro-fender ? ‘Won’t Make No Difference’ l’ose, façon Alabama 3 meets Apollo 440. Toni Loc entouré d’extraterrestres funky et vocodés ? ‘What A Shame’ ! Avec un plaisir évident, Le Peuple De L’Herbe étreint son groove par les racines : sur ‘Mogador’ s’entrechoquent oud traditionnel, Morricone et surf rock tarantinien. Enfin, ‘La Lune Est Croche’ ajoute au ragoût un soupçon inattendu de zydeco. Si la recette du kaléidoscope électro n’est pas neuve et rappelle les années nonante, ‘Next Level’ la remet au goût du jour à grand renfort d’épice, mais sans jamais écœurer. C’est ce qui s’appelle un retour en force. (ab)
Pharmakon ‘Bestial Burden’ Sacred Bones Records
L’histoire démarre vers l’automne 2013. Peu avant d’entamer une tournée en Europe, Margaret Chardiet aka Pharmakon se retrouve aux urgences, le corps en décrépitude et un organe en moins. Clouée au lit pour trois semaines, craintes mortifères inclues dans le packaging, l’artiste noise new-yorkaise s’attelle illico à l’écriture de ‘Bestial Burden’, second épisode d’une discographie brillamment entamée un an plus tôt avec ‘Abandon’. Les accros au web le savent déjà, le disque est un événement majeur de l’année musicale 2014, tellement il est au-delà de moult conventions planplan. D’un souffle rageur et incantatoire, il ferait passer
otep (usa)
dope d.o.d. (nl)
sarh (f)
the agonist (ca) & Ferium (is)
feat. DJ PONE & JOSE R. FONTAO (Stuck in the Sound)
jeu 12 fév 15
Sam 07 mar 15
mar 17 mar 15
Electro / Alternative
Hardcore Rap / Dubstep / Hip-Hop
Nu Metal / Alternative
© Andres Fouché
© Quentin Caffier
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agenda
Betraying the martyrs (f/uk/ru)
baden baden (f)
beat assailant (usa)
février mars avril
sam 14 fév 15
jeu 12 mar 15
mer 18 mar 15
Metalcore
Indie Pop
2015
chelsea grin (usa) & veil of maya (usa)
danakil (f)
moonspell (p) & Septicflesh (gr)
ven 20 fév 15
sam 14 mar 15
mer 01 avr 15
Deathcore
Reggae
Death Metal / Gothic Metal
www.kulturfabrik.lu
Hip Hop / Electro © Yann Orhan
L’association Kulturfabrik bénéficie du soutien financier du Ministère de la Culture du Luxembourg et de la Ville d’Esch-sur-Alzette.
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Earteam
Diamanda Galas pour Chantal Goya, les six titres du fardeau bestial déracinent l’arbre des jolies choses innocentes avec une furie volcanique à la fois flippante et réjouissante. Si les premières minutes nous font entendre une Margaret à bout de souffle, littéralement, où elle semble s’être enregistrée à l’issue d’un marathon, la suite s’enfonce dans la nuit la plus noire. Poussant des cris d’une rage expiatoire, où les crises de larmes ne sont jamais bien loin, la performeuse américaine s’imprègne des crissements intérieurs d’une Lydia Lunch, qu’elle confronte au maléfique tentaculaire de SunnO))), un soir où les tripes semblent tout lâcher et où les battements du cœur s’emballent à ne plus s’arrêter. A la vie, à la mort, à jamais. (fv)
Pink Floyd ‘The Endless River’ Columbia/Sony
On était sans nouvelles de Pink Floyd depuis 1994, année où ils éditent ‘The Division Bell’ sous l’ère Gilmour après le départ de Roger Waters en 1985. Mais pour qui sonne le glas? Relativement bien accueilli tant par le public que par la critique, on y décèle deux points communs avec le nouvel opus paru fin de l’année. Tout d’abord, après avoir dit adieu à Roger Waters dans ‘The Division Bell’, Pink Floyd rend cette fois hommage au pianiste Richard Wright, emporté par un cancer en 2008. Deuxièmement, Polly Samson, épouse de Gilmour, participe en co-signant les textes des chansons. Le cd s’articule toutefois en quatre parties majoritairement instrumentales à l’exception de la dernière ‘Louder than Words’. Musicalement, Gilmour y utilise des enregistrements laissés par Wright lors des sessions du précédent ouvrage sus-cité. C’est un album qui laissera sans doute peu de traces dans l’histoire du groupe (sauf si c’est - enfin ? - son dernier album) : il ne présente aucune nouveauté - doux euphémisme, on a parfois l’impression d’écouter des phrases musicales copiées intégralement d’albums précédents. Néanmoins, on ne peut que remarquer une percussion présente dans deux chansons: dans la première (‘Skins’) de façon timide, éteinte par d’autres instruments et dans la seconde, (‘Unsung’), aux sonorités et à la présence africaine. C’est un cd qui entrevoit la beauté de façon timide, jouant parfois à cachecache avec elle, mais Pink Floyd nous apparaît esseulé, comme perdu dans un café sans amis. (gs)
Racoon ‘All In Good Time’ Labels P
Est-ce la mélancolie ou le désespoir ? Comme une faiblesse passagère. Un besoin de tendre ses mains froides, peu importe les flammes tant qu’elles réchauffent. De la musique en couverture, des chansons en écharpe. Racoon fera l’affaire, tiens. Supergroupe hollandais, six albums studios, deux live, or, platine : du lourd, bien produit, bien écrit. Des fans par milliers, du genre à ne jamais croiser les mêmes concerts que toi : des jeunes en t-shirt Muse, des vieux nostalgiques de Springsteen. A coup d’acoustique ; c’est ainsi que Racoon manie le rock stadium. Avec délicatesse et précision. Bart van der Weide t’enveloppe d’un chant taillé pour la gloire. Merde, c’est dingue : ‘All In Good Time’ devrait déclencher un épidermique rejet, des ricanements devant d’aussi flagrants effets. Pourtant ta main hésite, laisse couler l’album et un second café par la même occasion. Invitation au sofa, à l’édredon, à la larme facile. Tu
Jib Kidder ‘Teaspoon To The Ocean’ Domino Recording
Affirmer qu’Animal Collective a donné naissance à une nouvelle race de groupes relève presque de la lapalissade, tant les new-yorkais semblent depuis une dizaine d’années traîner derrière-eux une longue lignée - entre animaux du bois de Quat’Sous et Arche de Noé, dont ils seraient les patriarches, Panda Bear en chef de file. Une infinie variété d’espèce, du cougar le plus convoité au caniche plus bâtard, revendique l’héritage des aînés. Jib Kidder, rare variété de caméléon psychédélique, fait honneur au pedigree du collectif et coiffe au poteau toute la concurrence. Moins électroniques que les dernières régurgitations de ses mentors, les pièces montées de ‘Teaspoon To The Ocean’ cristallisent une vision kaléidoscope, à l’image de sa superbe pochette, de notre bas-monde. Raffinés mais ravinés, ses douze titres, comme autant d’aplats de couleur et de couches de vocoder, ensorcellent fissa dès le très planant ‘The Waves’ où l’animal tire la langue comme une anche de saxophone. Il s’allonge, s’enroule progressivement autour de notre frêle silhouette : le sang ne circule plus, la vision devient trouble. ‘Situations Of Love’, ‘Illustration’ ou le céleste (avant-)final ‘Melt Me’ seront vos prochaines hallucinations discrètes, vos nouveaux trips éminemment cool. (am)
baisses ta garde. Racoon racole avec amour. Et d’amour tu as besoin. Qu’importe si, parfois, il est un peu artificiel. (ab)
The Ritch Kids ‘Unicorns At War’ Autoproduction
Ce duo parisien publie son tout premier album qui se veut être un mélange de pop, rap, hiphop, rock et électro pour, je cite la bio : « rendre OUF les vendeurs de la FNAC et dérégler totalement le classement des genres musicaux. » On imagine que c’est du second degré, ce que confortent le design général de l’album qui fait dans le dessin d’enfant trash ou encore le ton cynique des textes, notamment sur ‘Be ritch’, attaque en règle contre ceux qui sont prêts à tout pour réussir ou sur ‘You talk too much’ , détournement d’un titre de Run-DMC. Cela peut être drôle durant cinq minutes mais lasse assez vite, surtout que musicalement on fait dans la pop électro dance bancale avec un chant rappelant celui d’Aqua (‘Barbie girl’). (pf)
Alasdair Roberts ‘Alasdair Roberts’ Drag Cit y/V2
Malgré son titre éponyme, cet album n’est pas le premier mais le huitième déjà d’Alasdair Roberts sous son nom civil pour Drag City. Même s’il n’est pas Écossais de naissance, Alasdair Roberts l’est de patrie et d’âme. Non seulement y habite t-il depuis sa plus tendre enfance mais il a fait de cette terre sa source principale d’inspiration, à la fois musicale et culturelle. Songwriter talentueux, Roberts compose des chansons d’une très grande richesse narrative qui empruntent à l’héritage folklorique du pays tout en tirant paradoxalement leur force de l’intemporalité qui s’en dégage. Ainsi, Roberts confesse son attrait pour les chanteurs écossais de tradition tels Jeannie Robertson ou Lizzy Higgins tout en nourrissant son travail de collaborations avec des gens comme Jason Molina, Will Oldham, The Pastels, Josephine Foster et bien d’autres encore. Si son dernier album ‘A Wonder Working Stone’ avait pris près de trois ans pour sa confection, étalant des morceaux longs et complexes, perfectionnés par moult invités, ce nouvel album voit Alasdair Roberts revenir à une forme plus épurée et plus concise de chansons. Certes, on y retrouve des potes en appui tels le clarinettiste Alex
South ou le quatuor de chant The Crying Lion, mais ces apparitions demeurent occasionnelles et le laissent au devant, seul avec sa voix et sa guitare, dans la gravitation de son propos. (et)
Second Moon Of Winter ‘One For Sorrow, Two For Joy’ Denovali
On aimerait tant dire du bien de ‘One For Sorrow, Two For Joy’, carte de visite discographique du trio Second Moon Of Winter. On voudrait mettre en évidence la clarté vocale de la soprano Kim Sheehan, et il est vrai que son chant est d’une beauté formelle incontestable, on souhaiterait s’extasier devant les échos chromatiques et envoûtés de ses partenaires Ari Sheehan et Tom Hodge qui, il est vrai, parviennent par instants à embaumer son organe vocal d’un cadre intensément spectral (au sens fantomatique du terme). Hélas, hormis sur l’un ou l’autre titre réellement captivant – l’un d’entre eux, ‘Ghandi Missed The Train’, est même carrément incroyable de justesse passionné(ll) e – la grandiloquence ampoulée du propos nous empêche d’y assumer totalement. (fv)
Sonae ‘Far away is right around the corner’ Monika Entreprise/Dense
Sonae – à ne pas confondre avec l’entreprise de telecom portugaise du même nom – est une jeune artiste de Cologne qui vient de rejoindre la catalogue du label berlinois Monika Entreprise. Elle a fait ses premiers pas scéniques au sein du festival Perspectives de Berlin et du Art’s Birthday Party à Stockholm tandis qu’elle est une des chevilles ouvrières du ‘Female : pressure Electronic Concert’ dédié aux artistes femmes émergentes dans l’électronique. En guise de carte de visite, Sonae apparie une dizaine de vignettes créées en solitaire au cour des trois dernières années. Si elle emprunte bon nombre de ses sources auprès de freesound.org, elle les agence avec une touche personnelle et intimiste. Au final, rien de transcendantal n’émane toutefois de cet album d’ambiances qui nourrit un genre peinant à se ressourcer. (et)
Songhoy Blues ‘Music In Exile’
oreilles : ce qui se passe dans le Nord du Mali depuis quelques années est d’une tristesse insondable. Dans ces villages de poussières et de Charia, les petites libertés individuelles n’existent plus. Les gosses ne peuvent plus jouer au foot, même avec les moyens du bord. Plus personne n’a le droit de chanter ni d’écouter de la musique. Au risque de voir pleuvoir les coups. Des films existent, l’abordent très justement. Voir ‘Timbuktu’ est d’utilité publique. Comme la musique de Songhoy Blues, donc. Comme tous ces disques qui viennent du Mali et qui revendiquent ce même droit à la musique, à l’existence. Par l’apaisement (tous ces magnifiques albums de koras pleureuses), le blues (tous ces grands disques de guitares ensablées) ou le groove (inscrit dans leurs adns depuis des générations). ‘Music In Exile’ est un pertinent mélange des trois, dansant et recueilli à la fois, croisant savamment, comme souvent maintenant, les modernités aux traditions. Puissant, fort, nécessaire. En attendant ce rêve : ‘Music In Situ’. (lg)
Soumonces ! ‘Ankuxailz’ MNOAD
« Soumonces! est un improbable projet d’improvisation folklorico-mélancolico-popcore [...] De la noise pop exotique et nomade, entre avortement emotranse lo-fi, postpop foutraque et gamelo-fanfaro-newage, envolées folk, instant music, field revealing, dérives incantatoires, bruissements, silences et dérapages […] ils investissent contextes et situations pour des performances musicales hyper-extatiques ». Évidemment, on n’a rien capté à cette bio sauf que ce machin a l’air méga intéressant. Reste qu’à l’écoute, ça ne ressemble pas du tout à l’image qu’on s’en fait. C’est un bazar difficile d’accès, alternant surtout le bruit et les bruissements, pas mélancolique pour deux caricatures. A vrai dire, cette longue suite expérimentale est quasiment inaudible, trop déstructurée, pas mélodique, ni même trippante. Mais, en live, peut-être que c’est une autre affaire. Des climax doivent être envisageables. C’est là qu’il faudra vraiment en juger. (lg)
Stars ‘No One Is Lost’ Ato Records
Tentons ça, même si les étoiles pop n’arrêtent pas de luire un peu obscènement derrière toi. «Let’s be young / Let’s pretend that we never will die » et moquons-nous bien de ne jamais plus nous extirper de la nuit, de collecter ces visions de brindilles décoiffées d’headbands en fausse panthère, de nous faufiler en rollerskate sous les neon signs des boulevards. « I got a synthetiser », es-tu prête pour un tour de drivein ? Commandons des morceaux à touiller à la paille, glucosés façon milkshake à la pomme d’amour, et rejouons à la rentrée des classes, ta jupe plissée à l’arrêt du bus, mon air de loser désemparé. Une confession innocente ? « Summer school / Never felt so cruel » et je suis à nouveau flippé comme quelqu’un qui aurait bu trop de gin tonic dans un espace VIP pris d’assaut par des puceaux extatiques à mèches blondes et des solos de saxos abolis. À force de chercher le meilleur itinéraire pour le bal de promo, je crois qu’on a perdu l’adolescence en route. (alr)
Transgressive Records
Swamp Dogg
Le titre de l’album est sans équivoque. Encore une fois, et ça n’est jamais de trop, il ramène la dureté de la réalité à nos
‘The White Man Made Me Do It’ Alive Natural Sound
Éternel outsider d’une soul psychédélique
th
05.02 DISAPPEARS (US) +
THE OSCILLATION (UK) + NIXIE
fr
06.02 GUIETTE + OUBYS + MARKLION (FR) + ANU UNNONEN (FI) + FLORIS VAN HOOF (BE) + 18+ (US)
sa
07.02 DΛRKBEATS NACHTRAAF: TRUE ZEBRA
sa
14.02 3 YEARS OF SUBBACULTCHA! BELGIUM: LORENZO SENNI (IT) + HIELE + LAWRENCE LE DOUX
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18.02 DELS (UK)
fr
20.02 NISENNENMONDAI (JP)
fr
27.02 ALUK TODOLO (FR) +
SEVEN THAT SPELLS (HR)
su
15.03 ARIEL PINK (US)
sa
28.03 NIXIE’S: SINGAPORE SLING (IS) + PURLING HISS (US)
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23.04 SLEAFORD MODS (UK)
sa
25.04 FOtones
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Rue A. Ortsstraat 20-28, Bruxelles 1000 Brussel
22TRACKS PARTY
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Earteam
et charnelle, Jerry Williams s’est fait un nom en produisant des trésors cachés (l’indispensable ‘I’m a Loser’ de Doris Duke, c’est lui) et en foirant plus ou moins en beauté sa carrière à intervalle régulier. Connu pour sa consommation industrielle de LSD, le garçon a souvent déraillé aux portes de la gloire. Dès 1970, affublé du costume de Swamp Dogg, l’animal a pourtant tapé du gros son dans la stéréo: des trombes de soul revigorantes, traversées par des éclairs de funk, de rock psyché et de country. Récemment samplé par Talib Kweli, le vieil homme vient fêter ses 72 ans avec un excellent album qui, dès l’ouverture, conte l’histoire afro-américaine à travers sept minutes vertigineuses et complètement barrées. En une chanson au groove toxique, l’oreille voyage des champs de coton à la Maison Blanche. Un peu comme ‘The Butler’ l’a proposé dernièrement à l’écran, Swamp Dogg met sa vie de Black en musique : un roman imbibé d’alcool et de sang, de gloire et de profonds désespoirs. De l’esclavagisme à Obama, l’éponyme ‘The White Man Made Me Do It’ vise l’auditeur en plein cœur. Le reste du disque convoque l’esprit de James Brown, la folie de Sly Stone et la classe légendaire d’Otis Redding. Autrement dit : Swamp Dogg a encore de beaux restes. (na)
Terminal Sound System ‘Dust Songs’ Denovali Records/Sonic
« Close your eyes and sleep ». Y a comme un grain, là. Comme une frayeur qui fait ployer toute la prairie, comme un vent sournois qui sort son rasoir. Comme une multitude d’insectes dont les élytres frémissent à mesure que tu désensables le bunker. Pas âme qui vive dans les parages pourtant, mais tu es sanglé à ces obsessionnelles petites voix d’argent qui te dézinguent le crâne. Tes gardiens. De ceux qui arrêtent la machine en plein effort et la font repartir sur d’autres rails. Cent fois tu penses que c’est la fin du cycle, cent fois, l’ambient te ressaisit par le collet, te déflagre les mandibules. Ta quatrième dimension ressemble à un loop de guitare implorant, à une ‘Stalingrad’ de film noir masquée de silences. John Difool dans ton propre désert, cerné par les ‘Shadows’ germées dans une boîte de pétri chez les Swans, tu n’as plus qu’à espérer la clémence corrompue de la ‘Morning Star’. (alr)
Troupe d’Improvisation Totale ‘Man Of War’ atrito-afeito
Il est des disques où à la fin de l’exercice, on ne sait plus trop où l’on habite et si le soir venu, on va rentrer dans son deuxpièces cuisine avec vue sur le CPAS de Houdeng-Goegnies ou dans un hôtel particulier art déco donnant sur le Bois de la Cambre. Voyage où le free jazz tient une place prépondérante, ‘Man Of War’ de la formation montréalaise Troupe d’Improvisation Totale fait partie de cet exercice où, selon l’humeur du jour, la volonté d’aller jusqu’au terme est aléatoire. Les bons jours, on se pâmera devant l’extrême liberté de ton, qu’elle soit jazz mais aussi électroacoustique, voire puisée dans des objets du quotidien, dont ont bénéficié Karoline Leblanc et ses acolytes lors des trois concerts donnés entre 2012 et 2013 (et partiellement rendus ici). Les moins bons moments, on aura la vague impression d’avoir entendu des échos similaires ailleurs, sans qu’ils nous aient davantage remués. (fv)
Thee Marvin Gays ‘Sleepless Nights’ Alien Snatch Records
On avait découvert ce grand combo garage, Thee Marvin Gays, à l’été 2011, sur la foi d’un premier album éponyme véritablement bluffant, irrésistible, transpirant l’artisanat lo-fi avec cette déglingue classieuse et rubigineuse qui n’avait, déjà, quasiment plus rien à envier à toute la scène cambouineuse de San Francisco : Ty Segall, Thee Oh Sees, White Fence & Co. On avait flairé le bon coup, misé sur le bon nugget et un an plus tard, ces gars – qui avaient tout pigé – crevaient les plafonds bas des clubs belges et frontaliers avec un EP de premier ordre, à la pochette absolument fantastique. Après ça, une pause-grossesse pour la bassiste et un batteur parti fonder les excellents Mountain Bike, les Tournaisiens ont pris du temps pour revenir à nos oreilles. Et bien leur en a pris : ‘Sleepless Nights’ est fa-ra-mi-neux. Ce sont eux, avec toutes leurs qualités précitées, mais en incroyablement mieux, avec de meilleures chansons, de meilleurs refrains, de plus grandes convictions surf-pop, de meilleurs mid-tempos brouillons, de plus grandes idées (noires). Des exemples ? ‘Inside My Head’, ‘Upright’, ‘Keep Your Head High’, ‘Good Things Are Gone’, ‘Not The Good One Anymore’ (tremblant et ralenti, en apothéose). Mais, à vrai dire, il faudrait recopier tous les titres ici, s’ouvrir un pack d’amphétamines et enchaîner les nuits blanches à danser bêtement. (lg)
Twentyfourlives ‘Peak…Peaks… Peaks!’ Autoproduction
Remarqué lors de l’édition 2012 de Concourt-Circuit dont il avait été finaliste, ce quatuor originaire de La Louvière propose un premier album réellement impressionnant au niveau de la qualité des compositions, empreintes de finesse et d’originalité à tous les niveaux. Évoluant dans un créneau post rock/math rock qui accumule souvent les clichés et plonge l’auditeur dans un ennui profond, Twentyfourlives évite les écueils et les clichés pour développer un son propre dont l’une des principales caractéristiques est d’afficher une réelle identité pop, ainsi des deux titres chantés de l’album, le très accrocheur ‘Horses’ et l’envoûtant ‘Htomman’ dont le côté shoegazer donne des frissons. Variant les ambiances et les structures, le quatuor peut se montrer nerveux, emprunter des sentiers sinueux et enlevés (‘Selahtion’) ou au contraire opter pour l’introspection, notamment le superbe ‘Horses’ illuminé par du glockenspiel. (pf)
Two Gallants ‘We Are Undone’ ATO
Les cailloux craquent sous leurs semelles. Le chemin que foulent du pied Adam Stephens et Tyson Vogel depuis cinq albums est une longue route de terre battue dont les abords changent, jamais brusquement, toujours en s’annonçant, à l’horizon, lente transformation de l’environnement qui disparaît comme elle vient, à la vitesse des chaussures. C’est le cas pour la majorité des duos rock, des White Stripes au Black Keys, même si certains s’essaient parfois au footing, au risque de semer leur public resté en arrière. Two Gallants, eux, continuent de préférer la marche. Sur ‘The Bloom And The Blight’, leur paysage s’était teinté de grunge ; c’est toujours le cas, mais le paysage est devenu moins sauvage, plus urbain. Ils s’éloignent à petits pas du folk trash et cru, de cette poussière rouge du voyage initial, pour battre un tarmac où les hommes et les machines ont imprimé leur marque. La route, plus large, plus ample, est également plus lisse en surface : guitares plus grasses et plus rondes, ballades pour pianos émotifs, certains refrains flirtent avec le grunge grand public de Pearl Jam
ou de Soul Asylum. L’acoustique qui les entoure n’est plus la même. Infatigables marcheurs, nos deux hommes sont loin, désormais, des concerts de rue de leurs débuts. Escale plaisante, ‘We Are Undone’ pose tout de même la question du chemin qu’il leur reste à parcourir. (ab)
Various ‘The Afrosound of Colombia vol. 2’ Vampi Soul
Retour en Colombie, pays du sourire et de la poudreuse, pour écouter le deuxième volet de ‘The Afrosound of Colombia’, compilation contant les mérites musicaux de populations déracinées par les mouvements coloniaux. Les Africains d’Amérique du Sud ont longtemps souffert, mais ils ont toujours gardé le rythme dans la peau et l’espoir au cœur. Véritable bible des musiques afro-colombiennes, la structure Discos Fuentes met en lumière depuis 1934 cet impressionnant métissage culturel où funk, salsa, afro-beat et cumbia se réinventent au contact des rêves d’un autre continent. Comme dans son premier volet, la compilation ‘The Afrosound of Colombia’ insiste sur les racines africaines de ces musiques déracinées. Dénichés dans les archives du label Discos Fuentes, vingt-quatre morceaux tapent ici sur les congas, pointent des trompettes vers le ciel et libèrent des avalanches de maracas sous un soleil tropical. Soit un peu de chaleur au creux de l’hiver. (na)
Various ‘RE: Residual’ Parenthèses Records
En remontant le cours du temps de cinq ans, on retrouve la trace du projet Residual, duo formé de Peter Knight et Dung Nguyen où musiques vietnamiennes et occidentales se côtoyaient sans toujours se trouver. Malgré la relative réussite du projet, le label belge Parenthèses Records est allé chercher une belle brochette de remixeurs et ils ont rudement bien fait (d’autant que le disque est en téléchargement gratuit, m’sieur dames). Ne tournons pas autour de la table de mixage plus longtemps, la pièce maîtresse des cinq titres est l’incroyable ‘RE: Phase Pedal’, œuvre de l’Australien Tilman Robinson. Tournant sur quelques boucles de guitare qui rendent totalement maboul, d’autant qu’elles sont accompagnées d’un fond electronica à la fois obsédant et discret, on ne pourrait imaginer plus bel hommage au grand Tim Hecker. Ailleurs,
la techno dub de Mathias Delplanque (sous son pseudo de Lena) fait le boulot comme d’hab’ et le spoken word de Black Sifichi nous conte une théorie des galaxies et des clusters qui, étonnamment, captive jusqu’au bout. On en dira pas tant des deux autres titres. (fv)
Victoria + Jean ‘V+J E.P. ‘ Victoria+Jean
Plongés dans leur Milky Way – un bain lactescent où Néfertiti poserait à demi-nue en couv’ de ‘Inked’ – qui ne leur fait pas que ‘La Peau Douce’, Victoria (Tibblin) + Jean ont une tendance à peine drapée à marivauder avec (le) Vice, et à maculer de cinabre leurs traversins. Préliminaires d’un album à venir, voici quatre voltiges qui feulent et qui font flamber lascivement leurs brandons. De la basse aux hanches ondulantes de ‘Why Won’t You’ aux envolées d’’Holly’, bois sacré et secoué où PJ Harvey (période ‘This Is England’) tressant ses mèches de brins de mandragore, ferait éclore une armée de Casse-Noisettes maliens, tout le corps mystique s’enivre et se cabre, avec force halètements. ‘Big Billie’, virée nuptiale de Boss Hog chez les Lonely Hearts Killers, met un coup de dirty boudoir avant que ne s’évapore jusqu’à la prochaine fois, en fog trouble et ‘Divine Love’, ces jeunes gens presque trop iconiques. (alr)
Wallace Vanborn ‘The Orb We Absorb’ TSR Records
Le stoner, ça se construit brique après brique. Le troisième album des Gantois est, à l’image du genre qu’il embrasse, une lente et massive progression sur chenilles. Pourtant, Wallace Vanborn met le paquet, d’entrée de jeu : enregistrement au Rancho de La Luna en Californie, Chris Goss à la production (c’est d’ailleurs le point fort de ‘The Orb We Absorb’ : spacieuse, classieuse et menaçante) et des morceaux nerveux et secs dans la lignée de Queen Of The Stone Age, Monster Magnet ou Clutch avec une pointe de space rock. Mais la mayonnaise ne prend pas, huile et vinaigre jouent à la voie lactée sans se rencontrer pendant presque dix morceaux. La faute, majoritairement, à une écriture entendue et diluée du genre, malgré de petites trouvailles sonores ici où là. Le tracklist s’enchaîne et plusieurs écoutes ne suffisent pas à accrocher, à distinguer, pire : à vouloir y revenir. Puis survient ‘When The Riders… ‘ et la chevauchée s’emballe enfin pour ne plus s’arrêter (‘Regenerating Mantra’ est une bombe ésotérique). Dommage que le démarrage fut poussif et dénué de riffs identifiables. (ab)
Matt Watts ‘Songs From A Window’ Starman Records
Américain qu’une vie un peu sinueuse a amené à Anvers, mais surtout troubadour égaré dans son siècle, Matt Watts est l’antithèse d’un hipster. Et il n’est pas certain que ses jours d’anonymat soient comptés tant l’écoute de ce ‘Songs From A Window’ tient plus du plaisir solitaire que de la music for the masses. Ça ne rigole pas des masses non plus d’ailleurs. Car le folk de chambre, au sens premier du terme, de l’américano-anversois ne se conçoit que dans l’austérité. La faute à des compositions un peu arides emmenées par une voix trop banale pour lui faire supporter toute la charge émotionnelle. Et on ne peut pas dire que le réconfort vient de l’instrumentation. Plutôt du
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genre janséniste, Matt Watts ne s’accorde en effet comme luxe qu’une guitare qui évoquera discrètement Nick Drake (‘Did You Have To Be So Cruel’), le panache romantique en moins. Certes, parfois, les chansons sont colorées avec un peu de basse, de clarinette ou de guitare slide. Quand ce n’est pas le carillon de l’église voisine que l’on distingue au détour d’un arpège. Sobres et rêches, volontiers répétitives, jamais vraiment assouplies par des mélodies accroche-cœur, les onze compositions ont suffisamment de tenue pour y jeter une oreille attentive. Mais elles manquent peutêtre d’un peu de nerf ou de soul pour briser l’ascétisme et donner l’envie de s’y replonger. (gle)
Wildbirds & Peacedrums ‘Rhythm’ Leaf/Konkurrent
Le duo suédois Wildbirds & Peacedrums emballe son meilleur album sous un titre en forme de manifeste : ‘Rhythm’. Parce qu’au sein de ce couple, entre Mariam Wallentin et son mari Andreas Werliin, il n’y a que des kilomètres d’amour séparés par un groove millimétré. Le corps en mouvement derrière sa batterie, l’homme imprime sa danse du désir : tout en percussions, sans modération. Beats africains, breaks funky et pulsations cardiaques explosent tout au long d’un disque habité par la voix sensuelle de Mariam Wallentin. Hystérique, indomptable, la chanteuse explose le chewing-gum de Merrill Garbus (tUnEyArDs) et vole dans les plumes des sœurs Casady (CocoRosie) avec des inflexions piochées le long des rives du Mississippi, dans les profondeurs de la jungle ou sur les rebords d’un bitume piétiné depuis plusieurs centaines d’années. En neuf titres curieusement dépouillés et paradoxalement luxuriants, Wildbirds & Peacedrums revisite la pop, le blues, le gospel et la soul avec
une délicieuse insolence et une redoutable cadence. L’évidence s’impose : ce (remue-) ménage a le rythme dans la peau. (na)
James Williamson ‘Re-Licked’ Leopard Lady/Cobraside
Pendant qu’Iggy Pop bronze au bord de sa piscine en essayant d’aligner des mots français dans des chansons qui puent de la culasse, le deuxième guitariste des Stooges se fait plaisir en conviant des copains à boire un coup autour des brûlots qu’il a composé en compagnie de l’Iguane. Grand moment récréatif orchestré par les riffs incendiaires de James Williamson, ‘Re-Licked’ peut, notamment, compter sur la participation de Jello Biafra (Dead Kennedys), Mark Lanegan, Lisa Kekaula (The BellRays), Alison Mosshart (The Kills), Ariel Pink, Joe Cardamone (The Icarus Line) ou Bobby Gillespie (Primal Scream). Forcément électrisant, le moment vaut le déplacement. Mais, au final, on ne peut s’empêcher de penser que tout ça reste un peu anecdotique. Personne ne parvenant réellement à supplanter Iggy. (na)
Willow ‘Plastic Heaven’ Pias
Voici trois ans, ce groupe belge a sorti un premier album salué tant par la presse que par le public, ce qui lui a valu d’être comparé à Bloc Party au vu des sonorités néo 80s et du chant de Pieter-Jan Van Den Troost rappelant Kele Okereke. Sur son nouvel album, le quintet a décidé d’évoluer sur le plan musical en invitant Styroflam à donner son coup de patte aux compos. Il est résulte un son plus électro, plus dance qui fait mouche sur le plan commercial, comme l’a prouvé le carton de ‘Remedy’ l’an passé. Si l’efficacité est au rendez-vous et si ce disque comporte pas mal de titres calibrés pour cartonner (‘Control’,‘Stay stay stay’), on peut regretter le côté un peu convenu
et facile de l’ensemble qui se fait au détriment de l’originalité et de la prise de risque, fait particulièrement marquant sur les titres les plus dance. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le groupe séduit davantge lorsqu’il opte pour un enrobage plus sobre, que ce soit avec l’élégant ‘Temperature drop’, la pop primesautière de ‘Plastic heaven’ ou le plus atmosphérique ‘Atlantis’. (pf)
book
maker
Neil Young ‘Storytone’ Reprise Records
Insaisissable Neil Young. Certes, en presque cinquante ans de carrière, le Loner a rarement campé deux fois au même endroit et a carrément fait des changements de cap et des contre-pieds ses marques de fabrique. Mais pour ce 35ème album, le 5ème en moins de deux ans, il propose un disque à l’exact opposé du précédent ‘A Letter Home’, enregistré à l’ancienne avec sa seule guitare et son harmonica. Sur ce ‘Storytone’, il enfile en effet un costume de crooner et on le retrouve flanqué d’un orchestre symphonique de 90 musiciens et d’un big band jazzy. Arrangés par Michael Bearden (déjà aperçu aux côtés de Lady Gaga) et Chris Walden (l’arrangeur de Michael Bublé), les chansons sonnent comme une mauvaise bande originale d’un film Disney. Chantant en direct avec l’orchestre, se débattant avec des chœurs à la mièvrerie confondante, le Canadien se contrefiche de ce glaçage sonore. Et déroule ses thèmes favoris (un hymne écolo contre le gaz de schiste précède une ode à sa voiture…) sans craindre la contradiction ou le ridicule (le swing de ‘Say Hello To Chicago’). Pris de remord peut-être, il a malgré tout enregistré - pour la version Deluxe - les mêmes chansons débarrassées du moindre arrangement. Rendues à leur nudité, elles retrouvent alors une fragilité et une dignité bienvenues. (gle)
Bernard Legros ‘Garrett List – La musique et l’avenir’ Jacques Flament Editions, 122p, 14
Figure musicale transfrontalière et éclectique, Garrett List est né à Phoenix Arizona, a passé une grande partie de son enfance et toute son adolescence en Californie pour s’établir à New York au milieu des années 60. Il y survivra en jouant comme tromboniste avec des orchestres jazz tout en menant ses études à la célèbre Julliard School of Music. C’est là qu’il rencontrera la crème de la musique contemporaine : Luciano Berio, Boulez et surtout John Cage avec lequel il entretint une relation amicale. Percevant l’hermétisme de cette musique contemporaine qu’il estimait trop froide et trop rationnelle, List s’en détachera, collaborant e.a. avec Ornette Coleman, Anthony Braxton, le poète beatnik Alan Ginsberg, et le collectif de musique improvisée Musica Electronica Viva. Il faillit même contribuer à Talking Heads qui n’était alors qu’un projet balbutiant. C’est finalement à Liège qu’il s’installe au tournant des années 80 pour animer une classe d’improvisation au Conservatoire dont émergerait un peu plus tard le Collectif du Lion, véritable pépinière de talents (Trio Bravo, Denis Pousseur…) Ce livre se divise en deux partie. Il met d’abord en exergue le parcours de vie de List au travers ses événements principaux pour ensuite livrer une entrevue entre l’auteur et List à propos des thématiques transversales ayant jalonné sa carrière : le rapport à la culture, l’enseignement de la musique, la philosophie… Ce petit ouvrage qui n’a pas la prétention d’être exhaustif se lit d’une traite et s’accompagne de quelques témoignages photographiques historiques. Son auteur, Bernard Legros, a collaboré pendant des années à la revue Jazz in Time et a dirigé plus tard Jazz Around tout en étant impliqué au sein de la scène jazz locale. Par la suite, il a écrit sur l’écologie et plus récemment encore sur la décroissance. Ce livre plaira à ceux qui veulent se faire une idée de qui est vraiment Garrett List, l’homme qui composa ‘Rwanda 94’ pour la pièce de théâtre du même nom, une œuvre majeure d’une force et d’une clairvoyance politique rarement rencontrées en théâtre. Septuagénaire depuis peu, List est demeuré citoyen américain mais est resté vivre à Liège, une ville qu’il affectionne même si ses apparitions scéniques se sont raréfiées… (et)
28 Adrian Crowley
5 février, AB, Bruxelles Illustrateur, écrivain, barde à la voix de crooner, Adrian Crowley vient de nous planter sa plume en plein cœur. Sur l’album ‘Some Blue Morning’, l’Irlandais raconte ses chansons avec l’emphase d’un survivant et laisse filtrer sa mélancolie sur des airs solennels : des instants de magie qu’on pensait réservés à Leonard Cohen et Bill Callahan.
Spain
10 février, Botanique, Bruxelles 9 mars, Reflektor, Liège En 1995, ‘Blue Moods of Spain’ avait redoré l’austérité aux yeux de tous ceux qui avaient accepté de se mettre à nu le temps de neuf morceaux à la beauté humble et rêche, à la ligne de flottaison inébranlable. Johnny Cash himself avait été captivé par la force intrinsèque de ‘Spiritual’, jusqu’à en faire une reprise taillée pour passer à la postérité. 2012 a signé le retour du fils prodig(u)e, et nous croyons à présent à la rédemption, comme par miracle…
Artefact Music Festival 11, 20, 21 et 22 février Stuck & Het Depot, Leuven
samedi 31 janvier Les Transardentes: Adam Beyer, Chris Liebing, Daniel Avery, Gesaffelstein DJ set, Kid Noize, Nina Kraviz, Ten Walls, Worakls; Alix Perez, Black Sun Empire, Friction, Ganz, Just Blaze, Sigma, The Upbeats; Claptone, Gorgon City, Oliver Dollar, Paul Woolford, Pomrad, Secondcity, Stavroz; Lost Frequencies … @ Halles des Foires, Liège, lestransardentes.be Brigitte, White Fence @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jean-Louis Murat; Waxahatchee @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sons Of Disaster, Ignitions, Tribute To Warzon @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be La Ou Règne le Chaos des Anges @ Ferme de Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Gabbalovers @ Garage, Liège, facebook.com/femalesrock DJ Vadim, Mister Critical @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Klingande, Tube & Berger, Lexer, Matoma, Kungs @ Lille, Fr
dimanche 01 fevrier Epica, Dragonforce, Diablo Blvd; Orlando Julius with The Heliocentrics @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jean-Louis Murat @ Alhambra, Mons, mons2015.eu God Damn, La Jungle @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Erlich Brothers @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu The Kooks @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
lundi 02 fevrier Slipknot @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mardi 01 fevrier Ennio Morricone @ Palais12, Bruxelles greenhousetalent.be Alt-J @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Malky @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mercredi 04 fevrier ProPulse: Konoba, Alaska Alaska, Cargo Culte, Maw// Sitt//Sii, Byron Bay @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Hooverphonic @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Korn @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
jeudi 05 fevrier
A Winged Victory For The Sullen © Nick & Chloé Qu’entendra-t-on du côté d’Artefact? Une sélection pointue. Et de la bonne ! Chez Andy Stott, les teintes pastel de la pop eighties imprègnent des rythmiques martiales assemblées sur les chaînes de montage de la techno industrielle. Un truc inattendu et beau comme une traînée de gloss sur une veste de chantier. Mouse On Mars, duo toujours essentiel dans les musiques électroniques de notre temps, lequel depuis sa fondation en 1993 a enfanté les classiques ‘Iaora Tahiti’ ou ‘Idiology’. A Winged Victory For The Sullen : à ma gauche, Adam Wiltzie de l’incontournable duo ambient Stars of the Lid, à ma droite Dustin O’Halloran et son piano tout en beauté néo-romantique. Au milieu une œuvre saisissante pour tout qui aura goûté aux cordes de Philip Glass ou de Gavin Bryars. Kangding Ray, pilier du label RasterNoton, tel un sculpteur sonore maniant avec un doigté manifeste les ciseaux et le taille-pierre, découpe avec une précision extrême ses contours electronica. Citons encore Shackleton, Lydia Ainsworth, Roly Porter, Illuminie,… Rappelons qu’Artefact est un festival pluridisciplinaire. Expo, performances, demandez le programme : http://www.artefact-festival.be/
ProPulse: Empty Taxi, Beautiful Badness, Little X Monkeys, L’Or du Commun & Roméo Elvis, Glü @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Kiesza; Adrian Crowley, Katie Kim @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Diappears, The Oscillation, Nixie @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwbug.be Discovery, Lemann, Samuël, & guests @ L’Escalier, Liège, facebook.com/events/1531228150467342/ Steamboat Switzerland, VHS From Space @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Slice Of Pie, Shungu, Krhymes And Friends, Black Josh & Lee Scott, Turtle Master @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Globule vs Barako Bahamas @ Rockerill, Marchienne-auPont, rockerill.com Les Wampas, Poncharello @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
vendredi 06 fevrier ProPulse: Alaska Gold Rush, Dario Mars And The Guillotines, Thyself, Daggers, My Diligence @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Rockabilly Psychosis Night: Demented Are Go, The Dragtones, Reverend Beat-Man, The Phantom Fury @ Trix, Antwerpen, drunkabilly.com Inquisition, Archgoat, Ondskapt, Blackdeath In Belgium @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Guiette, Oubys, Marklion, Anu Unnonen, Floris Van Hoof, 18+ @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be A Taste Of Struggle @ Full Colorz, Liège, toutpartout.be Snot, Hell City @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be The Bipolar, From Kissing, Suffocating Minds @ Taverne du Théàtre, La Louvière Grüpe, Guili Guili Goulag, Anal @ Water Moulin, Tournai, watermoulin.bandcamp.com Cortez, Totorro, Earthlings @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
samedi 07 fevrier Rockabilly Psychosis Night: Spellbound, Fifty Foot Combo, Luis Wildfire, The Monsters, Demented Scumcats, As Diabatz, Thunderbirdhead @ Trix, Antwerpen, drunkabilly.com Philip Selway @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Mafiasko Taxi, Brassaholic @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be &Me @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Chocolat Billy, La Ligne Claire @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Compost Binde, La Smala et Moi @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be
gigs& parties fev 2015
Recorders @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Darkbeats; Nachtraaf: True Zebra; 22Tracks Party @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwbug.be Karim Baggili @ CC Watermael-Boitsfort Fred And The Healers @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be The Godfathers, The Elements @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Nicolas Michaux, Ivan Tirtiaux @ Eden, Charleroi, edencharleroi.be Djevara, Hot For Doom, Héautontimorouménos, Seal Of Quality @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Cotrell; Sacha Mambo aka MZKBX @ L’Escalier, Liège, facebook.com/events/801942523206763/ Alan Fitzpatrick, CW/A aka Clockwork & Avatism, Bella Sarris, &Me, Lucas Caroso, Pierre & Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be The Afghan Whigs @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Dessert Drones, Kolos @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Condor Gruppe, Birds That Change Colour @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be DJ Pierre, Tyree Cooper, Fabrice Lig, Ralph Storm vs Fresh, Globul, Dirty Monitor @ Rockerill, Marchienne-auPont, rockerill.com Machine Gun, Tokyo Tapes @ Salon, Silly, sillyconcerts.be Fatso Jetson, Yawning Man, Barabbas @ Sojo, Leuven, orangefactory.be Set&Match, Ben L’Oncle Rap @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Bikini Machine, The Arrogants @ Salle des Fêtes, Perenchies, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 08 fevrier Tenacious D @ AB, Bruxelles, abconcerts.be All Connected #7: Peter Beyls, Jenny Gräf Sheppard, screening Lilian Schwartz movies @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be The Dog’s Band @ La Ferme Madelonne, Gouvy, gouvy.eu/ madelonne
lundi 09 fevrier Karavan: Arnoquins @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jussi, Gilman Bear Run @ Minard, Gent, democrazy.be Stephen Steinbrink @ Café De Video, Gent, toutpartout.be
mardi 10 fevrier TV On The Radio @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Spain; Superfood @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
mercredi 11 fevrier Artefact: Walls/Oram, Oaktree vs Avondslicht @ Stuk, Leuven, artefact-festival.be Milky Chance; Douglas Firs @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Axelle Red @ CC Strombeek-Bever, strombeek.be Baden Baden, Laetitia Shériff @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Motorama @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
jeudi 12 fevrier Bang!Festival: BRZZVLL ft Anthony Joseph @ KVS; Lilly Joel & Duo à L’Encre @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Raketkanon, Rape Blossoms @ Diksmuide, 4ad.be Jessie Ware; Het Zesde Metaal @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Motorama @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Kris Dane @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be soirée Tanz @ L’Escalier, Liège, facebook.com/profile. php?id=100007261217314 Houben-Fiorini Quartet @ Ferme du Biéreau, Louvain-LeNeuve, fermedubiereau.be Paul Oscher & Big Pete Band @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Monster Magnet, Bombus @ Trix, Antwerpen, trixonline.be U-Roy & Big Youth @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Chill Bump, La Fine Equipe, Bonnet Noir, Furieux Ferdinand @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Sarh ft DJ Pone & Jose R. Fontano @ Kulturfabrik, Eschsur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu My Brightest Diamond, Tim Fite @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
vendredi 3 fevrier We Are Open: The Hickey Underworld, BRNS, Team William, Willow, Robbing Millions, Birds That Change Colour, Chrome Brulée, Briqueville, The Germans, Hazy Hands, A/T/O/S, Shun Club, Paon, Pilod @ Trix,
Antwerpen, trixonline.be 3 Years of Subbacultcha! Belgium: Inga Copeland, Shenica World Tour, Kassett, Gazelle Twin @ Vooruit, Gent, vooruit.be Hiss Golden Messenger, Phil Cook @ De Zwerver@AB, Bruxelles, abconcerts.be Antoine Hénaut, Levure, Gilles et ça Dépend, Simon Sur Le Microphone, Moleskine Trio @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Fat White Family, The Voyeurs, DJ Ononiionioniion @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Off People: Hauk’n Baum, Marc Prochnow, DC Salas, Tirambik, Simon @ Le Cadran, Liège, off-people.be Jawhar @ CC Du Sablon, Canrières Lady Linn @ Het Bolwerk, Vilvoorde, busker.be The Experimental Tropic Blues Band, The Belgian Show, Mountain Bike @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Daktari; Evillookingbird, Shoeshine @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Axelle Red @ Le Palace, Ath, ath.be Curiosity @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Philharmöize @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Lydia Ainsworth @ Exit07, Luxembourg, Lu, rotondes.lu Dels, Everydayz, Al’Tarba, DJ Nix’on @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 14 fevrier We Are Open: Raketkanon, Wallace Vanborn, Drums Are For Parades, Tubelight, Polaroid Fiction, Douglas Firs, The Me In You, Whiz, Rhinos Are People Too, Ping Pong Tactics, New Rising Sun, Piquet, Scrappy Tapes @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Ieper Hardcore Winterfest: Crowbar, Strife, Hang The Bastard, Wolfdown, Your Highness, Renounced, Iron Walrus, Mark My Way, Sundays @ JOC, Ieper, ieperfest.com 3 Years of Subbacultcha! Belgium: Lorenzo Senni, Hiele, Lawrence Le Doux @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwbug.be Het Zesde Metaal, Broeder Dieleman @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Briqueville, Brutus; Intergalactic Lovers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be René Binamé, Skarbone14, Fred Et Les Garçons, Corbillard @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Ultra Eczema’s Liefdes Conference - Conference d’Amour, Dan Melchior, Fluwelen Koord, Buren, Graf Bibulah @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com ILRR.13 @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Jamie T, Palace @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Mohsen Namjoo @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Miss Kittin @ Le Cadran, Liège, lecadran.be Sonate, d-rich, Makrostörung @ L’Escalier, Liège, facebook.com/profile.php?id=100007261217314 Popof, Julian Jeweil, Shaun Reeves, Portable aka Bodycode, Igor Vicente, Massimo Girardi, Pierre & Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Dekmantel Soundsystem, Joey Anderson, Juju & Jordash, La Raffinerie, Bruxelles, silo.be The Kooks @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Jarboe, Helen Money, Alexander Hacke, Danielle de Picciotto @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Jett Rebel @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be HeartCore: The Egyptian Lover, Luke Vibert, Remarc, Doubtful Guest, DJ Core @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Jack Of Heart, The Black Waves, Jane Doe & The Black Bourgeoises @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com The Edge @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Betraying The Martyrs @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lu, kulturfabrik.lu
Rone @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Mademoiselle K, Where Is Nina? @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 15 fevrier Kensington; Taraf De Haïdouks @ AB, Bruxelles, abconcerts.be International Records, CD & DVD Fair @ 10-17u-CCM, Mechelen, cultuurcentrummechelen.be Milky Chance @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Foire Au Disques @ Exit07, Luxembourg, Lu, rotondes.lu Le Masquelour Blouse Band @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
lundi 16 fevrier Shun Club @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Tr/St, Jonas Bering @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles. com
mardi 17 fevrier screening off ‘A Dutch Connection - Red Hot Chili Peppers’ @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gaz Coombes; Vance Joy; Ry X, Rosie Lowe @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Candy Dulfer @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Viet Cong, Absolutely Free @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Simple Minds @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
29 Jessie Ware 12 février, AB
Si vous avez rallié le camp de ceux qui vouent une ‘Devotion’ totale à la Little Miss Perfect anglaise, à sa maison-témoin d’r’n’b tiré à 4 épingles, à ses tracks si bien produits que oui, tu peux te refléter dedans sous ton meilleur jour même un lendemain d’éruption cutanée, si vous êtes pendu à ses lèvres admirables arborant le gloss beige dont parle Vanity’s Fair, à ses ‘Champagne Kisses’. On a dit si. Et uniquement si. De toute façon, t’as pas trouvé de place pour FAUVE, alors à prendre la pose, tu susurreras bien des minou minou.
Bertrand Belin Matthieu Boogaerts Ladylike Lily
28 février, Atelier 210, Bruxelles Mathieu Boogaerts © Thibault Montamat
mercredi 18 fevrier Paloma Faith @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dels @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwbug.be Viet Cong, Absolutely Free @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Macy Gray @ Het Depot, Leuven, greenhousetalent.be Michael Angelo Batio @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66. com Jett Rebel @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Marco Barotti @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
jeudi 19 fevrier Roosbeef @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Véronique Vincent & Aksak Maboul @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Bed Rugs @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Jett Rebel @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Wallace Vanborn @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Fish @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Dope Body @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Marlon Roudette @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu The Kooks, Bleachers @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
vendredi 20 fevrier Artefact: Modern Love Labelnight: Andy Stott, Miles, Millie & Andrea @ Stuk; Shackleton, Kangding Ray, Grey Branches @ Het Depot, Leuven, artefact-festival.be Bang!Festival: Linus & Oyvind Skarbo, Frederik Leroux, Bolhaerd @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Stellar Swamp: Mars Red Sky, High Wolf, Forks, Moaning Cities, Double Veterans @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be DJ Shadow & Cut Chemist play Afrika Bambaataa; Willow @ AB, Bruxelles, abconcerts.be King Hiss, Tangled Horns, Fields Of Troy @ Alhambra, Mons, mons2015.eu James McMurtry @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Nisennenmondai @ Beursschouwburg, Bruxelles
SCÈNE DE MUSIQUES ACTUELLES / TOURCOING
Bim ! Deux individus bien connus de nos services (et deux de nos récentes covers francophones) servis sur un plateau. Mathieu Boogaerts, c’était ce garçon aux morceaux-balançoires, qui tapaient doux, qui tapaient fort : ‘Bon voyage’ et nos monticules d’idées impossibles à dissocier, ‘Une bonne nouvelle’ et des opportunités non grappillées, ‘Dom’ et ces amis à qui on n’aura pas tout dit, ‘Siliguri’ comptine pour enfants pas sages. Mathieu Boogaerts, c’est celui qui une fois encore nous émeut dans ce refus de cimenter ses certitudes. Lui et nous, on pensait bien « qu’c’était pour la vie, qu’c’était pas pour la frime... » Bertrand Belin, Gatsby le Magnifique surgi de l’Hypernuit, nous entraîne dans des balades répétées. Ses pas neufs dans les ‘Parcs’ comblent les interstices. Ca va ça va ça va... aller. Dans ses découpes ciselées s’avancent parés d’un autre grain les demi-mots, les mots pesés. Aller sans but c’est fini...
11.02 FAIR LE TOUR: BADEN BADEN + LAETITIA SHÉRIFF 12.02 CHILL BUMP + LA FINE ÉQUIPE + BONNET NOIR + FURIEUX FERDINAND 20.02 KITTY, DAISY & LEWIS + DASH 25.02 IBEYI + JUNE BUG 27.02 BLACKALICIOUS + GUEST
FÉV. V ¬MARS 2015 2015 +33(0)3 20 70 10 00
01.03 ARIEL PINK + GUEST 05.03 BENJAMIN BOOKER + GUEST 16.03 SQUAREPUSHER + GUEST 21.03 GLASS ANIMALS + GUEST
30 “La Ferme !!!” Festival
28 février Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve Axé sur les esthétiques indie et alternative, le festival “La Ferme !!!” rempile avec la programmation buissonnière qui lui sied, entendez inédite et osée. Moaning Cities (rock psychédélique aux accents parfois stoner, Dead Meadow et Wooden Shjips sont des points de comparaison congrus), Fago. Sepia, Mutiny On The Bounty, le duo trip-hop A/T/O/S, BRNS (qu’on ne présente déjà plus, c’est dire), Nordic Giants (post-rock claustrophobe que l’équipe de programmation porte aux nues), AK/DK (« alternative synth punk noise » : rythmiques frénétiques et voix bourrées d’effets). C’est 18 euros pour la fermer ! www.lafermefestival .be
Father John Misty Kieran Leonard
4 mars, Botanique 5 mars, Paradiso, Amsterdam Le deuxième opus de l’ex-Fleet Foxes se révélera probablement comme l’une des plus belles pièces montées (en épingle ?) de cette nouvelle année. La mèche du buzz a été allumée avec le single et cinglé ‘Bored In The USA’, clin d’œil grinçant à Springsteen et hymne décapant. Avec son personnage de Father John Misty, Josh Tillman s’offre une nouvelle épopée fantasque et fantastique dans son univers barré. Mais en poussant le curseur quelques crans plus loin encore. Un penchant pour la luxure et la gourmandise totalement assumé.
ABBOTA
6-7 mars, AB et Botanique, Bxl
Nick Mulvey, Eaves; Team Me @ Botanique, Bruxelles, botanique.be UK Sub, TV Smith @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be soirée Hey Cool Kids @ L’Escalier, Liège Say Whuut!, Lefto, Fresku @ Fenikshof, Grimbergen, ccstrombeek.be Deerhoof @ Maison Folie, Mons, toutpartout.be I will, I swear, Yuko, Paus @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Wallace Vanborn @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Physical Graffiti @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Collie Buddz @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Kitty, Daisy & Lewis, Dash @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Chelsea Grin, Veil Of Maya @ Kulturfabrik, Esch-surAlzette, Lu, kulturfabrik.lu Irma @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Absolutely Free @ Exit07, Luxembourg, Lu, rotondes.lu Black Sun Empire, Maztek, Nitrik, Reacter @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 21 fevrier Artefact: Mouse On Mars, Mittland Och Leo, Lydia Ainsworth @ Stuk, Leuven, artefact-festival.be Bang!Festival: Eric Thielemans & Peter Jacquemyn, +surprise act @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Stellar Swamp: Camera, Go!Zila, Kaumwald, Alpha Whale, Yokai @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Transkamer: Mauro Pawlowski, Louis Van der Waal, Anne-Mie Van Kerckhoven @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Kitty, Daisy & Lewis; Ryan Hemsworth @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Prostitute Disfigurment, Pestifer, Neverlight Horizon, Lady Carnage @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Too Tangled, Wallace Vanborn, Le Machine @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Bear’s Den; She Past Away, Charnier, Terror Terror @ Botanique, Bruxelles, botanique.be DJ Dunya, Max Pashm, Zénobe & Gaston, The Vipers Rytm Band @ Le Cadran, Liège, lecadran.be Do Or Die @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be soirée Mix Toi-Même @ L’Escalier, Liège, facebook.com/ mixtoimeme Amparo Sanchez @ Grignoux, Liège UK Subs, TV Smith, Immigrants @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Tokimonsta @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be JR de Montreal, Fil Plastic vs Barako Bahamas, Johnny Guerrero, Jamie Lidl & Aldi Méola @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com The Security Project @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Fred And The Healers, Jane Doe & The Black Bourgeoises, Manu Gabriele & Les Effets Speciaux, Sourblast @ Stock, Houdeng-Goegnies, centerecords.be Black M @ Forest National, Bruxelles, skinfama.com Orchestre National de Barbès @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com DJ Shadow & Cut Chemist @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Tricky @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 22 fevrier
Mountain Bike C’est devenu un rendez-vous de la rentrée : Faisant fi de la concurrence et de la frontière linguistique, les deux salles bruxelloises bien connues s’associent 2 jours durant pour chaperonner et s’échanger quelques-uns de leurs protégés respectifs! Vendredi 6 mars à l’AB : Alaska Gold Rush (les vainqueurs du récent Concours-Circuit), Applause (pop radieuse), Mountain Bike (allons-y gaiement, à travers tout, à fond la pop ; c’est surf mais ça reste – il faut se rassurer – relativement graisseux), The Experimental Tropic Blues Band (Miam!) et Fugu Mango, le nouveau groupe « de Frank Baya » (Mièle, Françoiz Breut,...) qui joue la petite bête qui monte. Le samedi 7 mars au Bota : Kris Dane (arrangements hyper classes, cordes chiadées et réelle ambition folk), Wallace Vanborn (stoner), Kaat Arnaet, Kenji Minogue, Black Flower. Mon tout présente (à 18 euros le combiticket au guichet) un panaché pop-rock de 10 groupes belges sous les feux de la rampe. Bonne pioche !
Artefact: A Winged Victory For The Sullen, Roly Porter, Illuminine, Prairie, Thomas Ankersmith @ Stuk, Leuven, artefact-festival.be Amparo Sanchez; Black Label Society, Crobot, Black Tusk @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Les Vedettes @ Botanique, Bruxelles, botanique.be La Tendre Emeute, Ronin, Von Stroheim @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be
lundi 23 fevrier Curtis Harding @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Preatures @ Botanique, Bruxelles, botanique.be
mardi 24 fevrier The Decemberists; Nordmann @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Tom Helsen @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Arpéolia @ Ferme du Biéreau, Louvain-Le-Neuve, fermedubiereau.be Together Pangea, Dario Mars and The Guillotines @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be The Black Keys (annulée) @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Jaune Toujours @ Zinnema, Anderlecht, zinnema.be Nastas Loves You @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Archive @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Allah-Las, Eerie Wanda @ Aéronef, Lille, Fr, aeronefspectacles.com
mercredi 25 fevrier Bang!Festival: Jeroen Olyslaegers & Teun Verbruggen duo, O’Serpentine @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Archive; Natas Loves You, Sonnfjord @ AB, Bruxelles,
abconcerts.be Meatbodies @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Earth, Black Spirituals, Don McGreevy, Rogier Smal Duo @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Fred Frith Trio @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Ibeyi, June Bug @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix. com La Vache Qui Rock @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
jeudi 26 fevrier Bang!Festival: Kalimi, Dikeman/Govaert/Serries Trio @ KVS, Bruxelles, kultuurkaffee.be Archive; John Coffey @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Mud Flow, Natas Loves You @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Nordmann @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Alan Courtis & Aaron Moore, Törst Obborun, Phantom Bulldozers @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be The Bluesbones @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Volantis Crew @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com DJ Gass, Mr Red & George Mood @ L’Escalier, Liège, facebook.com/christophe.jacob.925 Alex G @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Hooverphonic @ W:Hall, Woluwe-Saint-Pierre, whall.be Julien Doré @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Take The Stage 2.1 @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses. com La Californie, Dead Astro Pilot, Fearground Accidents @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
vendredi 27 fevrier The Bony King Of Nowhere @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Tiny Legs Tim, Don Croissant; Guido Belcanto @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Igit, Alaska Gold Rush @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Los Granadians Del Espacio Exterior vs Boss Capone, DJ Malik, Thom Steady, Raphi Schorcher @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Aluk Todolo, Seven That Spells @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwbug.be DM Stith @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Chapelier Fou @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Skarbone14, Corbillard, Boots n’Cats @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Anderson Council @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com Blackalicious, … @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Fink, Douglas Dare @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Hanni El Khatib @ Splendid, Lille, Fr
samedi 28 fevrier Bang!Festival: Kristof Roseeuw & Charlotte Vanden Eynde, Nadjma @ W-O-L-K-E, Bruxelles, kultuurkaffee.be Heaven Hotel label Night: Tape Cuts Tape, The Tone Zones, Ratzinger ft Mauro Pawlowski, Mittland Och Leo @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be La Ferme!!: Nordic Giants, AK/DK, BRNS, A/T/O/S, Mutiny On The Bounty, Fago.Sépia, Moaning Cities @ La Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, lafermefestival.be Fink @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Audio Bullys, From Kissing @ Alhambra, Mons, mons2015.eu Bertrand Belin, Matthieu Boogaerts, Ladylike Lily @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Alaska Alaska @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Aluk Todolo, 7 That Spells @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwbug.be Camélia Jordana; Carl Barât and The Jackals @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Tess, Magoa, Otherload @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Stoneapplejam, DJ Barnaby Street, Fred Bodysway, Defi Chris @ L’Escalier, Liège, facebook.com/fred.bodysway The Scabs @ Ethias Theater, Hasselt, sportpaleis.org Cherry Moon Retro Celebration: Jones & Stephenson, Yves Deruyter, DJ Ghost, Dave Davis, Zzino, Franky Kloeck, Youri Parker, Michael Forzza, Bountyhunter, Mike Thompson & Alain Faber @ De Kreun, Kortrijk, cherrymoon.com Jim Murple Memorial, Shaman Festival, Blasting Box, Dirty Monkey Side, Le Fieu Soundsystem @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Nordmann, Manngold @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Mario Guccio @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.com 2ManyDJS @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Brodinsky, DJ Slow, Canblaster, Benji B., Addisson Groove @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
dimanche 01 mars Death From Above 1979, Turbowolf @ AB, Bruxelles, abconcerts.be All connected #8: Thomas Lehn, Kraus, Guy Drieghe @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Ariel Pink, … @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix. com
plus des concerts sur: rifraf.be/concerts-gigs
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