RifRaf juin 2015 FR

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© Mothmeister @ Instagram

Les hommes au travail, voilà un matériau parfait pour Eric Rochant, un écheveau sensible. On avait perdu sa trace après des débuts tonitruants (les “putain!” d’Hippolyte Girardot dans ‘Un monde sans pitié’, Yvan Attal (bis) dans ‘Les Patriotes’). Tout était là, le ton et le style, une maîtrise et une voix, déjà. Au sein de l’épatante série chapeautée par Canal +, Le Bureau des Légendes, Guillaume “Malotru” Debailly fait partie des clandestins, l’élite de l’intelligence française - les agents tirent leur nom des insultes du capitaine Haddock. De retour au bercail de la DGSE après une longue mission d’infiltration en Syrie (les fameuses légendes qu’il faut impérativement “tenir”), le rappel au réel ne va pas de soi, Malotru patine un peu. On serait même à deux doigts du tout gros dérapage; Mathieu Kassovitz, très sûr, étoffe la partition déjà prometteuse d’’Un héros très discret’. Embrassant les paranoïas modernes, Le Bureau des Légendes affiche une confiance souveraine vis à vis de son souffle, de son histoire. Un peu comme si ‘Homeland’ revenait à ses fondamentaux sans plus ressentir le besoin de jeter des pétards pirates dans le slip de son actrice principale Carrie Mathison/Claire Danes par peur d’un effet de descente, de retour au calme. Ici et là, on songe à ‘The Wire’ : en se frottant au réel, Rochant s’appuie sur son allant, avec bagout et minutie. Depuis quand une série s’est-elle coltiné un tel nombre de seconds rôles (notamment féminins), leur prêtant une semblable attention, un identique respect? Des personnages qui oscillent, qui vrillent, qui doutent. Tous les coins noirs / Et la Seine / Et ses ponts qui brillent (*) Les bonnes intentions exonèrent-elles de toute responsabilité? Peut-on mentir au nom de l’intérêt collectif? Dans ‘Les Producteurs’ clôturant sa trilogie sur le faux mondialisé, Antoine Bello interroge les limites de la mystification comme vecteur de progrès humain. Le Comité de Falsification du Réel, organisation secrète internationale, construit de toutes pièces les scénarios dont l’humanité a besoin pour vivre dans une relative harmonie. Avec un culot ébouriffant, Bello creuse la question de la manipulation des masses, (r)emballe les théories du complot et se joue de la hiérarchisation des informations. “L’amour courtois, le communisme, le pantalon pat’ d’ef,... tout ça faisait des histoires formidables.” Citons parmi les savoureuses trouvailles les dessous de l’élection d’Obama, la crise du virus H1N1

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(un canular planétaire) ou le fiasco de la création d’Al-Qaida pour alerter sur le danger de l’extrémisme islamiste (sic!). Tout était vrai et donc rien n’était vrai; tout était faux et donc rien n’était faux. Mais les jours de la falsification physique étaient comptés. Le CFR connaît des heures sombres; on peut toujours fabriquer une fausse pierre tombale à l’appui d’une légende, mais plus mettre en circulation le nouveau suaire de Turin. Le danger principal d’internet : la rumeur lancée par un gamin sur un téléphone portable... Rien de plus facile que de falsifier la réalité. “Ça ferait un bon film... C’est déjà prévu.” La musique a Joe résonne / C’est la rumba / Le vieux rock au mambo bidon Yann Moix ne doute de rien. La sentence laconique trônant en quatrième de couverture du tout petit ‘Une simple lettre d’amour’ laisse peu de place au doute quant à la suffisance du trublion des postes : “Yann Moix est écrivain”. Ça ne mange pas de pain. Et il convient parfois de préciser. Quand c’est pas clair, le placarder, sur trois colonnes, sur trois pages, en 4x3. Constituer une preuve irréfutable, tangible, au besoin un parpaing de 1500 pages dont on est certain qu’il refroidira le plus intrépide lecteur, jolie trouvaille. D’ailleurs, c’est écrit noir sur blanc : “Il était normal, parfaitement normal, qu’une princesse s’affichât au bras d’un romancier pourri de talent. Du talent? Du génie, tu veux dire.” C’est à peu de chose près la même chanson lorsque des collaborateurs font reluire Joe Le Taxi à longueur de papier complaisants, d’interviews spécieuses. Et s’il ne marche pas au soda, Joe boit du petit lait, cette limonade. Vas-y Joe / Vas-y fonce / Dans la nuit vers l’amazone - Tiens, ça ferait pas un chouette titre de roman, ça, hein, mille sabords? « When the legend becomes fact, print the legend! » ( The Man Who Shot Liberty Valance). Beam me up, Scotty, putain! Texte : Fabrice Delmeire Le Bureau des Légendes, Eric Rochant (Canal+) Les Producteurs, Antoine Bello (Gallimard) (*) Joe le taxi, Roda-Gil/Langolff/Paradis (Polydor)

année 21 • juin ’15

Colofon www.rifraf.be Année 21 nr. 210 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf juil/août sort le 02/07

rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20 juin

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 17 juin

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht

collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... dessins : Issara Chitdara

photo cover: yoann buffeteau Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse


Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte : Eric Therer

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut

nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Avouez, tel un chevalier de la Table Ronde, vous ne cessez de fouiller le web à la recherche du nouveau Tim Hecker. Prenez la direction du duo italien Deison & Mingle pour qui la ‘Weak Life’ (Aagoo Records) est tout sauf aveu de faiblesse. Contrairement à nombre de ses compatriotes cyclistes, la paire transalpine s’éloigne très vite du statut de simple suceuse de roue. Inspirés par la musique concrète naturaliste, Cristiano Deison et Andrea Gastaldello invitent le breakbeat, le dark ambient et les drones à la conquête d’un monde intergalactique peuplé de supernovas en sursis. D’une grande inventivité formelle, jamais (ou si peu) monotone grâce au traitement différentié dont ils sculptent leurs tracks, leur faconde donne un disque réellement original et convaincant. ★ ★ ★ Figure tutélaire d’un postrock noir, notamment au sein de son duo Nadja, Aidan Baker associe ses forces en 2015 à Markus Steinkellner alias Idklang. Si le premier recense une discographie à rendre jaloux Francisco Lopez, le second en est à son coup d’essai sous ce pseudo. Hélas, en deux longues plages d’une vingtaine de minutes chacune, le Canadien et l’Allemand semblent l’un à côté de l’autre sans vraiment se rencontrer sur leur ‘In The Red Room’ (Karlrecords). La bio nous parle d’éléments répétitifs chers au krautock (et Saint Klaus Dinger nous sait fans du genre), des fouilles approfondies ne nous en révèlent que de micro-traces même pas dignes de citation, hormis dans le dernier quart du second morceau. ★ ★ ★ Preuve supplémentaire qu’un disque n’a pas nécessairement besoin d’une séance d’enregistrement ramassée sur quelques semaines, et ce ne sont pas les excellents Tangtype qui diront le contraire, ‘Dômes’ de Robert Normandeau (Empreintes DIGITALes) expose en cinq variations l’art sublimé de l’électroacousticien canadien. Réparties entre 2005 et 2014, les cinq compositions du maître québécois démontrent qu’électronique et voix humaines peuvent faire sacrément bon ménage. D’une transcendance hypnotique qui dépasse les cieux, l’ici-bas et le très-haut fusionnent en des harmonies distillées à la perfection sur le bien nommé ‘La Part Des Anges’. Toujours d’inspiration divine, et dans une veine concrète qui ne peut qu’évoquer les incontournables ‘Cinq Etudes de Bruit’ de Schaeffer, ‘Kuppel’ intègre avec haute subtilité les cloches d’une église et les bruits de la ville de Karlsruhe (donc le tram) en une prose électronique qui n’en fait ni trop ni trop peu. Dans un tout autre style, ‘Boababs’ envoie quatre voix, six percussions et une bande entre chant rigolard, rythmiques africaines et tragédie digitale. Et ce ne sont là que quelques exemples de l’immense palette sonore développée par un Normandeau au sommet de son art. ★ ★ ★ Quand des loustics appréciés pour leur radicalisme sans la moindre concession – le duo noise rock Talibam! et l’électronicien bruitiste hardcore Yasunao Tone – s’associent au (beaucoup) plus rare Sam Kulik, ça donne au minimum l’envie de se plonger dans le boxon ‘Double Automatisme’ (Karlrecords). Si le premier des deux titres imprime ses cotes de maille électronique du sceau immédiatement identifiable du bidouilleur japonais, et ça donne 18 minutes de montagnes russes ultra-secouées qui renvoient au label Mego des débuts, le second titre voit le trombone de Kulik glisser sa réglisse cuivrée en arrière-plan. Très originale, bien que toujours dominée par le chaos vibrant du Nippon, l’approche s’enrichit de la contribution millimétrée des Talibam!, qui ont le bon goût de ne pas faire dans la surenchère vindicative, bref à s’éloigner de leurs penchants à la Zu pour se glisser dans un arrière-plan aux franges du minimalisme. Essayez, vous en ressortirez vivants. . ★ ★ ★ Vous avez l’intégrale zeitkratzer ? Et bien, sortez la carte bleue du tiroir, voici un autre ensemble contemporain allemand (de Hambourg) pas coincé de la partition. Nommé Decoder Ensemble (für aktuelle Musik), fondé en 2011, le groupe se compose de sept musiciens, entre voix, clarinettes, design sonore, cithare, piano, violoncelle et percus. De formation plus réduite que ses collègues berlinois, les Hambourgeois se consacrent également à un répertoire plus souterrain (nulle trace de Stockhausen ou Whitehouse, par exemple) mais aussi plus expressionniste. Dévoué à six compositeurs différents (un par titre), dont deux sont membres de la formation (Andrej Koroliov et Leopold Hurt), leur premier album éponyme (Ahornfelder) embrasse les genres avec générosité. Tout démarre avec Gordon Kampe et ses saute-mouton burlesques entre musiques contemporaines de traviole, faux jazz monté sur ressort et collages vocaux cinématiques, avant d’enchaîner sur Alexander Schubert, déchaîné et indomptable tant il convoque avec fureur (et pas toujours subtilité) les musiques free au-delà des étiquettes. Orageux et vivace, ‘Flug P’ de Burkhard Friedrich vire peu à peu vers un magma refroidi d’où émergent des souvenirs de grillons éparpillés, Jorge SanchezChiong fout les jetons avec une voix cadavérique et hantée sur fond d’orchestre conjurant le sort, tandis que Koroliov rassemble Lydia Lunch et… Michel Foucault en une performance plus théâtrale que musicale. ★ ★ ★ Vous rêviez d’un Steve Reich interprété par Eyes Like Saucers, petit coquin ? Réveillez-vous, l’Ensemble Avantgarde reprend à son compte trois compos du maître répétitif américain sur ‘Four Organs / Phase Patterns / Pendulum Music’ (Karlrecords). Le résultat est extraordinaire d’acuité harmonique, tant les divers orgues, maracas et électroniques de la formation de Leipzig revisitent l’héritage reichien avec un sens prodigieux de l’équilibre. Notamment l’inaugural ‘Four Organs’ est du plus haut niveau – et le reste itou. Alors qu’une première écoute pourrait tendre vers la lassitude, chaque passage suivant dans les écoutilles enrichit la conversation et, à moins d’être allergique aux minimalistes américains, toute résistance est inutile.

L’appartement d’Agathe Agathe F. m’avait téléphoné un dimanche après-midi en me mandant de me rendre à son domicile le lendemain. Elle avait me dit-elle à me présenter à un musicien américain de passage chez elle. Les qualités de cet homme commandaient que je le rencontre sur le champ. Une représentation musicale était d’ores et déjà prévue dans son salon, nous étions quelques uns à avoir été invités. Je n’avais jamais mis les pieds dans l’appartement d’Agathe, un quatre pièces surplombant la Place du Congrès dans le quartier d’Outremeuse. La porte d’entrée de cet immeuble de rapport à la façade de granit abîmée était restée ouverte, je m’engageai dans une cage d’escalier décatie dont l’odeur me rappela instantanément l’intérieur des lieux qui ont traversés les décades. Arrivé sur le palier, je fus accueilli par Agathe qui s’inquiétait de ne pas me voir arriver. Jacques déboucha une bouteille de pinot noir alsacien et ouvrit un paquet de petits beurres plaqués au chocolat noir tandis que, furtivement, je jetai un œil discret sur la bibliothèque qui renfermait quelques volumes d’Anaïs Nin, Catherine M, les poèmes de Beckett et un livre sur les dauphins. C’est alors qu’un gaillard élancé au visage allègre, vêtu d’un simple tee-shirt rouge générique vint vers moi à pieds nus pour me saluer. Nous échangeâmes quelques propos amènes sur sa présence à Liège, sa tournée et sa musique.

Avant de débuter son set, Michael nous signifia qu’il lui était impérieux d’effectuer une petite promenade de mise en train. Il chaussa ses sandales et nous laissa à notre sort, dissertant de choses anodines. Ce ‘nous’ était réduit à sa plus simple expression car nous étions en tout et pour tout à peine cinq spectateurs : Agathe, Jacques, son frère Pierre, le voisin du dessous et moi-même. Alors que je me demandai comment un musicien concevait de s’exécuter devant un si maigre parterre, Michael pénétra dans le salon, empoigna sa guitare et se présenta sans accuser le moindre sentiment de désarroi. Il nous expliqua au contraire que sa musique requérait une écoute attentive, rétive au brouhaha des publics dissipés. Nous étions là ce soir pour assister à une de la septantaine de dates de ces in-house concerts qui le menaient à travers l’Europe et l’Amérique du Nord. Il entama une ballade acoustique mi-folk, mi-pop joliment charpentée utilisant un tambourin avec son pied pour ponctuer sa rythmique à laquelle succéda une reprise de Dylan. Juste après, il nous présenta une chanson qu’il disait avoir écrite il y a longtemps à l’occasion d’un événement intime et personnel : ‘We Planted You’. Je restai coi à l’écoute de ce morceau d’une force mélodique d’autant plus irrésistible qu’elle s’imposait avec une économie de moyens désarmante, sans micro, sans effet, sans amplification. Il tenu aussi à consacrer une chanson à Liège dont il nous expliqua qu’elle était pour lui la ville la plus triste du monde tout en ne sachant en établir les raisons. Au cours du second set, il troqua sa guitare pour un clavier Nord Lead. Il se fendit entre autres d’une revisitation de ‘The Ballad of Dorothy Parker’ de Prince avec une bonne dose de malice. Comme la nuit tombait et que la lumière pâle orangée des réverbères au sodium de la place donnait au salon des airs tristes, il alluma des bougies et entreprit de nous faire écouter une suite de petites pièces pour piano écrites au gré de ses errances, croisant les fantômes de Satie et de Scriabine. Plus tard, il me confessa avoir pris des leçons de piano avec la sœur d’Atom Egoyan à Toronto où il demeurait depuis plusieurs années. Son seul cachet ce soir-là s’escompta aux quelques billets de cinq euro qui gagnèrent son chapeau en échange de la vente de ses cd. Je repensai à Jaques Attali et à ses propos sur l’économie politique de la musique. Le troubadour en tant que producteur de sons. Michael Holt était incontestablement un troubadour d’aujourd’hui, nomade, mobile, affairé sans vraiment l’être. Ce 11 mai, il venait de nous échanger sa présence contre notre reconnaissance. Un lien : www.michaelholtmusic.com


Texte : Le Dark Chips

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Comme quoi tout arrive, cette chronique est sur le point de dire tout le bien qu’elle pense d’un artiste italien ! Okapi était déjà la pierre angulaire de quelques projets ambitieux. Adulé sur ses terres, en duo dans Metaxu ou en trio au sein de Dogon, le bien nommé Filipp Paolini maîtrise l’art des platines « à l’ancienne » et la science des samples, quelque soient les configurations. ‘Pruffoli’, sa nouvelle création, est le fantasme d’une cité futur, le rythme de la ville de demain. Et là on se mettra très vite à penser à Tati et au ‘Brazil’ de Terry Gilliam ; deux plages suffiront à nous en convaincre totalement. Des instrumentaux nous parvient un sentiment de folie douce et savante à la fois. Des véritables chansons se dégage un amusement de tout moment magnifié par la voix de Niobe et la plume du poète brésilien Roberto Cabot. Le tout est une boîte à surprises qui nous invite dans la plus grande bizarrerie musicale de ce début de période estivale, et de fait, l’expérience sonore la plus indispensable du moment ! ★ ★ ★ A la base de ‘Message From The Other Side’, l’envie de Damian Lazarus d’arpenter les scènes. Déjà taulier de (Crosstown Rebels) et surtout dj, Laz’ mute et rajoute à son patronyme une toute petite particule : à présent, parlez plutôt de Damian Lazarus and The Ancient Moons. Ce projet qui se veut, sur papier, être une invitation au voyage et à la méditation promet surtout l’enfer au spectateur. Si la production confronte les cultures et les univers, on imagine déjà le concert et le mal de crâne qui l’accompagne. Là où on vous vendra l’ouverture, votre serviteur entrevoit déjà les longues séances de tapage dans les mains pour camoufler le creux du propos. Picorer dans les richesses du monde, oui, mais pour en faire ça ? ★ ★ ★ Depuis 2010, George FitzGerald a tellement passé de temps à bosser pour tout le monde qu’il s’en est oublié lui-même. Manque de bol, sa meuf a aussi oublié qui il était. Oops, la toile ! Pour oublier tout cela, le londonien expatrié en Allemagne s’est fendu d’un ‘Fading Love’, comme pour exorciser son âme et son art. S’annonce déjà la soupe à la grimace chez les premiers fans de la période (Hotflush), Georgy a viré sa cuti et s’en est allé là où le dance-floor mène les pauvres pêcheurs. Deux tentatives électro-romantiques par-ci, un essai plus cérébral par-là, et surtout, des chansons teintées de house sans vrai relief. L’occasion franchement ratée de pleurer quelques mois de plus sur les vieilles photos des vacances passées à Brighton avec l’être aimé. ★ ★ ★ Les compilations Late Night Tales réinventent la notion de nocturne musical le temps d’une nouvelle sélection de titres impeccables. ‘After Dark Nocturne’ rassemble en ses rangs des compos inédites de Charlie XCX et Lindstrøm, de Emperor Machine mais aussi des mélodies méconnues de Rudy Norman et…Plastic Bertrand ! Le tout trié et mixé avec talent par le dj et écrivain Bill Brewster. Tu danses ? ★ ★ ★ Sixième couche pour le duo Terranova, voici annoncé ‘Restless’. Et puisque la paire Fetisch and ME semble trouver le temps long en duo, ils invitent (comme à l’accoutumée) des invités de choix sur la moitié de leurs titres : Stereo Mc’s, Lydmoor ou encore Bon Homme. De fait, plus une compilation de chansons excitées du séant qu’un véritable album, ce disque montre les symptômes d’une discipline et d’un style à bout de souffle. Pas une plage qui fasse moins de sept minutes alors que chacun des titres ennuie au bout de quelques secondes, avouez que la démarche laisse songeur. ★ ★ ★ « Nous voulons montrer au monde ce qu’est véritablement Modestep » : soit les propres mots de Josh et Tony, frangins le jour et troubadours en chef la nuit. Et si l’on en croit la cacophonie que nous offre ‘London Road’, on serait tenté de déduire (un peu facilement on l’avoue) que la formation anglaise est faite surtout de tout ce qui marche. A l’origine d’une forme de mutation entre le rock et la dubstep, le propos originel du quatuor suce à présent du côté de tout ce qui marche et (se) vend. Du trap symphonique au métal poppy, de la house de garage à l’EDM baveux, rien ne nous sera épargné au cours du périple. « Tu préfères écouter du Modestep quand tu manges ou avoir du papier peint Jérôme Bosch dans la chambre du petit? » (NB : Bosch était un vrai génie lui) ★ ★ ★ Terré dans le silence depuis 2011, le trio briton de Crazy P s’acoquine avec le label (! K7) le temps d’un ‘Walk Dance Talk Sing’. Mais enfin, personne ne leur a dit que si on entendait plus parler de Jamiroquai, ce n’est pas parce qu’il ne sait plus danser, mais juste parce que sa musique était devenue nulle ? A croire qu’en plus de ne rien produire depuis longtemps, ils n’ont rien écouté non plus. Vieillot, trop entendu, stop !★ ★ ★ On pourrait penser que Laurent Garnier est fini, on se doit d’admettre que le pape français de l’électro est un acharné de travail. Au four et au moulin de l’adaptation de son bouquin « Electrochoc » au cinéma, Garnier a encore enquillé les Ep’s ces derniers mois. Sous le blason de (F Com), c’est pour lui le moment de compiler des productions venues de 5 labels internationaux différents dans un coffret « grande classe » de disques vinyles nommé ‘The Home Box’. Des titres originaux s’y cachent ainsi que des remixs signés notamment de Traumer et Bambounou. Oh, y a un même un CD et un poster ! Espérons que ce beau boîtier nous aide à savoir si une soupe dégueulasse goutte meilleure dans une belle vaisselle… ★ ★ ★ Pascal Terstappen présente ‘For’, un album dont les 10 plages sont plus chiantes les unes que les autres. Appelscal, un artiste « Michel Drucker ». ★ ★ ★ Depuis 2011, (Kompakt) courait derrière son nouveau ‘Looping State Of Mind’. Elle peut reprendre son souffle, Dave DK a pris le bâton de relais. ‘Val Maira’, son troisième album sur le label berlinois, fait preuve d’une impressionnante compétence de production et trahit une profonde expressivité personnelle. Rythmiques lourdes, sonorités mineures et tintements entêtants, ‘Val Maira’ est fait de lignes soigneusement tirées et de défauts qui font la véritable beauté d’une œuvre.

Texte: Anys Amire et François Georges photo: Siliconcarne.be

Le couteau dans la plaie Comme un chat dans un sac attendant de se noyer (*), je m’accroche à un arbre, me colle à sa mousse sale et humide, je tousse, je crache, je vomis, à court d’haleine. Je remarque pour la première fois que la respiration n’est pas toujours un geste spontané, elle est hésitante, haletante, douloureuse prête à dérailler. Ce sont des choses que l’on apprend lorsque l’on est pourchassé. Comme un chat dans un sac attendant de se noyer, je me cramponne à la mousse. Elle me donne envie de l’attendre, d’arrêter de courir. Je n’arrive plus à me souvenir du nombre de nuits où je fuis, les jambes dans mon cou. C’est à peine si je me souviens de la première attaque, du poids insupportable ayant fracassé mon bras gauche, de la façon dont il est entré. Au début il devait être deux heures du matin à ma sortie titubante du Fablain. Au début il en voulait juste à mon portefeuille, rien d’intime. Au début le mal n’avait pas de nom, seul mon ombre me faisait peur. C’était avant qu’il ne décide de me poursuivre, c’était avant les yeux dans la nuit, c’était avant la peur et les cris. C’était

avant que je ne fuis. Les façades des maisons ont défilé rapidement. Des briques, des vitres, des châssis, des chambranles. Peut-être celles de votre enfance à l’époque où ces murs étaient encore synonymes de sûreté. Lorsque l’on est un animal traqué et que l’on court, le décor, les distances et le temps se confondent. Mais c’était avant qu’ils ne disparaissent pour faire place aux forêts, puis aux arbres décharnés dans un mouvement de raréfaction progressive. Comme un chat dans un sac attendant de se noyer, je suis mort et vivant à la fois. J’avais commencé par crier mais il a continué de me suivre. Il ne me lâchera pas. Je continue à courir dans un espace de plus en plus désertique, la distance entre nous se réduit. Je serre la mousse dans mon poing et l’étale sur mon visage. Les nerfs sont à vifs depuis trop longtemps, je suis l’écorché, je suis celui qui court et dans le cœur est prêt à éclater. Je sens qu’il est temps de jeter un coup d’œil en arrière. J’en aperçois quatre maintenant, également répartis dans l’espace, le regard à terre, la tête vissée dans des casquettes de couleur pourpre. D’une évidente lenteur, ils s’approchent centimètre par centimètre. Je me remets à courir, les pieds heurtant un sol rocailleux jalonné de petites pierres pointues et brillantes comme des larmes. Comme un chat dans un sac attendant de se noyer je gratte à la porte mais je ne sais plus entrer. La séparation entre nous devient difficilement palpable, quelques cheveux, quelques enjambées. J’avance, je me mords la langue, je ne veux plus crier. J’avance, les regards qui pèsent sur mes épaules semblent de plus en plus asphyxiant. Le sang commence à envahir ma bouche, j’avance. Il goutte peu à peu à terre, laissant un chemin sinueux sur le sable qui supporte maintenant chacun de mes pas. Chaque perle rosacée laissant ma trace ainsi qu’une invitation à ceux qui suivent. Je n’avais pas remarqué que ma peau s’était amenuisée lors de ma fuite, elle est si fine que le vent naissant me transperce de part en part. Les frontières deviennent minces disait un John dans un film américain. Ils sont là à ma portée. Le soleil devrait se lever à un moment ou un autre. Je contemple, du sable dans les yeux, le plateau désertique sur lequel je suis échoué, je me retourne une dernière fois. Comme un chat dans un sac attendant de se noyer nous étions des milliers et dans un instant brutal sommes devenus un. (*) Richard Ashcroft in ‘the drugs don’t work’ Un livre : ‘violence de l’insécurité’, Didier Robin; souffrance et théorie, PUF Un disque : ‘Bestial Burden’, Pharmakon, Sacred Bones Records


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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © yoann buffeteau

Laetitia Sheriff Depuis 2008, Laetitia Sheriff n’était peut-être plus aussi visible dans nos radars, mais loin de s’être évaporée. Fervente énergie noise collective dans Trunks, partitions au cordeau composées pour des pièces de la compagnie

l’Unijambiste, comptines débraillées des ‘Mistoufles’ : autant d’étapes nourrissantes, autant de collaborateurs aussi inspirants que cohérents dans sa constellation vivace lui ont permis de trouver aujourd’hui son fil d’aplomb, sa véracité viscérale. Troisième album sincère et secoué, ‘Pandemonium, Solace and Stars’ se joue des dangers à force de contrastes et se rit du diable lui-même.

Franchir la frontière Il y a une phrase de ‘To Be Strong’ qui semble bien résumer cette période très dense en projets entre ‘Games Over’ et ce nouvel album : « Can’t you realise all the thing you’ve done ». Laetitia Shériff : « C’est drôle que tu choisisses celle-là, parce que dans le morceau, ce n’est pas à moi que j’adresse cette prise de conscience. Mais oui, parfois, les gens s’imaginent je ne sais quoi quand tu ne sors pas de disques : que tu es devenue femme au foyer avec des enfants, ou que sais-je. Pour rester sur sa signification, oui, je réalise au fur et à mesure tout ce chemin accompli, et aujourd’hui, je crois que je peux finalement m’assumer en tant qu’artiste. » Te considères-tu davantage comme une chanteuse ou comme une guitariste ? Je sens chez toi une forme d’équilibre entre ces deux pôles-là. L.S. : « Oh, ta question est difficile. Mais je crois que j’ai du mal quand on dit de moi « c’est la chanteuse ». Je crois que je préférerais qu’on utilise musicienne. Multiinstrumentiste serait sans doute un peu galvaudé, mais je crois qu’aussi bien la voix que la guitare, ce sont des vecteurs que j’essaie d’emporter au plus loin de mes possibilités. Au départ, je me sentais un peu contrariée de travailler sans Olivier Mellano sur ce nouveau disque, mais il était occupé sur ‘Mellanoisescape’. Ça m’a

appris une certaine humilité, aussi une autonomie : en préparant les morceaux, je me disais que tel ou tel passage aurait été parfait pour lui, mais Thomas (ndlr : Poli, réalisateur de l’album) m’a persuadée que j’étais capable de prendre en charge les guitares. » Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de mettre de côté tes projets pour revenir à un album personnel ? L.S. : « Là aussi, c’est venu progressivement. Pendant un an, j’ai relu beaucoup de récits d’anticipation, revu des classiques. Je me suis abonnée à la presse, j’ai beaucoup écouté la radio : je voulais confronter ce qui avait pu se passer, s’imaginer jadis avec l’actualité. Et puis j’étais travaillée depuis longtemps par cette limite, souvent infime, entre le bien et le mal. Quand je venais d’arriver à Rennes, j’ai été jurée dans deux procès d’assises. C’est le genre d’expérience qui te marque : je la porte encore en moi. » Peux-tu nous en dire plus sur ce titre? J’y vois une continuité avec la part d’imagerie ésotérique que comportait ‘Games Over’ … L.S. : « Ésotérique, peut-être, même si je ne crois pas vraiment à ça…mais mystérieux, sûrement ! Il est vraiment surgi d’’Urbanism - After Goya’ : le morceau existait déjà sur le ep ‘Where’s my I.D. ?’ mais a pris une dimension très différente


11 T e x t e : la u r e n t G r e n i e r © R a p h aël Ne

DOMINO PRESENTS HOT CHIP WHY MAKE SENSE? avec la force de cette première partie apportée par Pete Simonelli (Enablers). Dans ce contexte démoniaque, j’étais très étonnée par son terme « solace » qui évoque l’apaisement. Le mot « Pandemonium » est aussi venu d’une vieille peinture d’un anglais (ndlr : John Martin) représentant la Capitale des enfers : je te laisse imaginer ! (rires). Et il y a aussi mon questionnement face à tous ces gens qui compte tenu de la situation actuelle, choisissent le repli, préfèrent se renfermer qu’affronter. » C’est accepter cette part de sauvagerie du monde qui t’a fait choisir de travailler en ciné-concert sur ‘Sa Majesté des Mouches’ ? L.S. : « Le festival du film de Vendôme, qui malheureusement n’existe plus aujourd’hui, m’avait laissé le choix entre plusieurs films. J’avoue : au départ, je l’ai choisi parce que ma sœur avait étudié le livre au collège, je n’avais pas encore vu le film de Peter Brook. Mais une fois que j’en ai eu l’occasion, il m’a parlé tout de suite : il y a une telle force ! » C’est un exercice qui t’a plu, te mettre de cette façon au service de l’image ? L.S. : « Oui, mais ça demande énormément de boulot, une implication concentrée, un timing précis. Aujourd’hui, je ne referais plus de ciné-concert seule. Pour cette édition des Embellies, j’ai eu l’occasion de travailler sur ‘Le ballon rouge’ de Lamorisse, avec François Ripoche (de Francis et ses peintres) et Stéphane Louvain (de French Cowboy et Little Rabbits) : c’était une expérience très différente. » Tu entretiens un beau lien avec ce festival rennais… L.S. : « Oui ! Je suis très reconnaissante envers Stéphanie Cadeau, de l’association Patchrock, qui coordonne Les Embellies. L’année dernière, au moment du rodage du disque, elle m’a donné cette chance d’avoir deux jours de carte blanche, non seulement pour une résidence, pour programmer des groupes que j’aime mais aussi prolonger graphiquement les thèmes de l’album avec des publics différents, en action culturelle: des enfants de l’école Trégain, des lycéens, une prison de femmes. Sans faire dans la démagogie, il est essentiel, ce travail-là : apporter de la culture là où elle ne rentre pas d’habitude. Surtout si tu peux le mener à plus long terme. C’était l’occasion de faire intervenir trois graphistes qui m’accompagnent: Tonio Marinescu, Yoann Buffeteau, Eric Mahé. » Tu le vis comment, d’être une femme dans un univers très masculin ? L.S. : « Je crois que j’ai toujours construit mes relations de travail dans le respect et que ça permet d’aplanir les inégalités. Mais il y a des combats qu’il est toujours important de mener. Quand Marie Hélia (ndlr : réalisatrice de documentaires) m’a demandé de faire la bande-son des ‘Chevalières de la Table Ronde’, je me suis reconnue dans son projet. Elle y interroge des pionnières, des femmes à l’origine des plannings familiaux dans le Finistère qui ont aujourd’hui 80 ans. Ça fait sens. Dans cette lutte-là, il faut garder à l’esprit ce qui a déjà été acquis, se faire un devoir de le préserver. » Tu entretiens, depuis longtemps, un lien fort avec la littérature… L.S. : « Ce n’est pas si ancien : je viens d’une famille où ça n’avait pas tant d’importance. Mais j’ai toujours trouvé quelque chose de porteur dans la poésie. Et j’ai évidemment mes auteurs de prédilection. » Notamment Kerouac, dont vous avez exploré les haïkus avec ton groupe Trunks ? Des auteurs qui sont plus dans la vie que dans leur bureau ? L.S. : « Oui, quand j’ai découvert Kerouac, j’ai pris conscience de la liberté qui nous était laissée : celle d’être générée par le mouvement, dans le départ. La potentialité de cet appel-là. » J’aimerais terminer par un clin d’œil à ce fil rouge infernal. Pacôme Thiellement, trublion littéraire, a donné une conférence (mise en musique par Mellano) dans laquelle il disait : « Baudelaire décrit le peuple de démons qui résident dans nos cerveaux comme « un million d’helminthes », au centre duquel il place l’Ennui. C’est l’Ennui qui fait de la terre un débris ». Qu’est-ce que ça t’inspire ? L.S. : « Oh, ça génère soudainement beaucoup d’images…et il a raison ! Je repense à ces types qui, à force de tourner en rond, en viennent à d’abord tirer sur des bouteilles, puis peut-être sur des gens. Cela nous ramène au franchissement de frontière. Alors que sans même prôner la culture ou la musique, il y a tellement des choses qu’on peut faire pour tromper cet ennui : apprendre le nom des arbres, comprendre d’où vient ce qu’on mange. Je crois sincèrement que chacun devrait pouvoir, au moins une fois dans sa vie, voyager, tracer la route. J’ai suivi cette impulsion pour retrouver mon père, sac au dos et ça m’a fait un bien fou, ça m’a ouverte au monde. »

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Out June 15

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Un disque : ‘Pandemonium, Solace and Stars’ (Yotanka/Pias) Suivez le guide : http://www.laetitia-sheriff.com/

on stage 18/07, Dour Festival (Dour)

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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © dusdin condren

Unknown

Mortal Orchestra

« Did your doctor prescribe me for what ails you, dear? ». Nageur en eaux très troubles, Unknown Mortal Orchestra nous avait tous drapés avec ‘II’ dans une nuit exsangue, dans l’ouate déchirée d’un psychédélisme touchant, incapable de planquer ses plaies sous l’oreiller. C’est en diablotin à ludiques ressorts, en maître loyal irisé que Ruban Nielson ressurgit: pas débarrassé de toutes ses afflictions, mais désormais sur le rebond, à califourchon sur une luxurieuse basse funk. On en connaît que cette surprenante virevolte déstabilisera: on leur opposera le droit

qu’ont les phénix de faire de leurs remontées d’abyme des pieds-de-nez émancipateurs, de laisser dégouliner un peu de pluie acide – forcément violette – sur les esprits chagrins. Ce nouvel album est un revirement sonore. Cela m’a donné l’impression que même si certains fantômes traînent encore sur ta route, tu leur fais face – au moins musicalement – de façon plus optimiste… Ruban Nielson : « Je n’ai plus à combattre autant de problèmes que par le passé. Je crois que j’ai fait du bon boulot en m’efforçant de raccommoder les morceaux de ma vie qui foutaient le camp. C’est en grande partie grâce à l’impulsion que m’ont donné mes deux enfants : j’ai réalisé que je me devais d’être un meilleur père. Je les imaginais grandissant et en train de penser : « Mon père est cool !» plutôt que « Quel connard! Mon vieux jouait dans ce groupe et n’en avait rien à foutre de moi ». Ça a demandé pas mal de changements: le besoin d’un nouveau manager, d’un nouveau label. Au moment de l’album précédent, j’avais déjà commencé à améliorer la situation et là, j’ai fait en sorte que ma vie revienne sur ses rails. »

j’avais donc en tête des éléments à la manière du Prince des débuts ou de Quincy Jones. J’étais persuadé que ça placerait le disque au-delà des attentes. Je voulais qu’on ressente de l’humour. » Tu n’hésites pas à te moquer de ceux qui s’auto-proclament artistes sans avoir rien produit. Te considères-tu davantage comme un artisan, comme quelqu’un qui a besoin de mettre les mains dans la matière ? R.N. : « J’aime bien cette idée, oui. J’ai une sorte de conception de vie un peu bizarre et marxiste qui est celle de générer aussi des valeurs plutôt que de juste consommer ou d’être curateur. Je veux être celui qui crée le travail. Parfois, des enfants me posent des questions sur mon équipement, et j’essaie toujours de leur expliquer très précisément ce que je fais. Ils ressortent de nos échanges avec l’impression que c’est à leur portée, que c’est possible pour eux aussi d’accéder à ça pour peu qu’ils y engagent du temps. Qu’être artiste, ce n’est pas une sorte de don qui te viendrait de Dieu ou que sais-je, mais du labeur, quelque chose que tu fais aussi pour toi-même. C’est pour cette raison que je leur parle de la façon dont on fabrique une basse, par exemple. Pour moi, construire quelque chose à partir de rien reste une des choses les plus subversives, une valeur essentielle. » Comment est-ce que tu écris tes textes ? Cette fois, ils ont un caractère plus cryptique que précédemment, avec des sortes de devinettes, notamment ce vers « Messed with Polly and Marie »… R.N. : « Pour le dernier album, tout le monde avait glosé sur « Isolation can put a gun in your hand » et je n’avais pourtant jamais eu un flingue entre les mains. Mais j’imagine qu’en Amérique, ça fait partie de ton background et que c’est pour ça que ça avait créé cette focalisation. Cette fois, je voulais donc trouver une façon de vérifier si mes paroles étaient bonnes, un moyen d’expérimenter avec les mots. Créer une sorte de tension interne aux phrases. M’approprier un moyen d’interloquer l’auditeur, qu’il ait envie de revenir en arrière et de se demander quel sens j’avais pu donner à tel ou tel fragment. J’ai donc essayé de collecter des phrases-clés, et de les assembler mais chaque ligne est vraiment une idée isolée, avec, je l’espère, sa propre densité. J’aimais la confusion que ça peut créer, ce côté en suspens. » Écoutais-tu beaucoup de r’n’b pendant la phase de préparation ? Même ta façon de chanter a évolué ! R.N. : « J’ai pris des cours de chant parce qu’avec l’intensité des tournées, je sentais que je perdais ma voix. Mon professeur m’a notamment fait réaliser qu’il faut moduler ta vigueur. Jusque là, j’avais des tas d’idées mais j’étais limité par ma mauvaise technique. J’ai trouvé ça cool d’exagérer par endroits ces sonorités que j’étais enfin capable de produire. Dans l’indie rock, ce n’est pas vraiment nécessaire d’avoir un registre de dingue, mais je voulais dépasser le genre, pouvoir effectivement aller vers un rendu davantage r’n’b. Ces compétentes nouvelles me permettaient de joindre les pointillés avec cette envie de sonorités à la Prince. Être nourri aux Beatles, c’est fantastique quand tu es un groupe pop, mais ensuite, tu réalises combien ‘Songs of the Key of Life’ de Stevie Wonder a été influencé par eux, en superposant du r’n’b et de la soul avec du psyché. Tu prends conscience du chaînon manquant entre la préhistoire du rock et le funk. Pour un fan de musique comme moi, pouvoir explorer différents genres, c’est comme être dans un magasin de bonbons. Tu pioches goulûment des idées nouvelles et tu panaches. »

…Tu seras un homme, mon fils Cela se ressent dans certaines de tes paroles… R.N. : « Je suis encore en phase de digestion de choses qui ont pu m’arriver par le passé. J’ai grandi avec un père qui luttait contre ses addictions tout en étant musicien. Et m’en souvenir faisait écho à ce que j’étais en train de vivre. Donc ce n’est pas étonnant si on distingue toujours ces stigmates dans ce que j’écris. Le truc avec une dépendance, c’est que tu ne peux jamais l’éradiquer ou la soigner complètement : elle s’accroche à toi. Mon vrai but c’était donc de faire un album vraiment joyeux, positif, utopique et sortir d’une certaine indulgence. Je ne voulais plus être ce gars qui te balance : « Voilà mon nouveau disque complètement lugubre ». Je préfère qu’on me voie sur la pente optimiste, qu’on envisage l’album comme plus extraverti. » Tu avais enregistré ‘II’ de façon assez solitaire, mais cette fois, tu étais entouré de ton frère Cody, et de ton père à la trompette…était-ce différent d’avoir à intégrer ta famille à ton processus? Toi et Cody aviez les Mint Chicks, mais j’imagine que tu ne l’as pas vécu de la même façon… R.N. : « La vie particulière de mon père a pas mal perturbé notre enfance: nous avons grandi comme des foutus bohémiens. Quand il a commencé à aller aux Alcooliques Anonymes et à se reconstruire, ça a été un sacré pas. Désormais, nous utilisons la musique comme un vecteur de réparation au sein de notre famille : je pense réellement que si nous n’avions pas la musique en commun, ça serait nettement plus difficile. » C’est une dernière étape de rédemption pour ton père et une sorte d’approbation de ses efforts pour vous ? R.N. : « Oui, il a commencé à être plus dans le lien, car quand il a lu autour de quoi mon album précédent tournait – cette sorte de romance entre drogue et musicien – il a réalisé que j’étais en mesure de le comprendre. Il tenait à me raconter pourquoi il avait agi comme ça par le passé. Désormais, nous avons une relation très étroite, au point parfois de discuter ensemble pendant six ou sept heures via Skype. À propos de musique, ou de philosophie ou d’absolument tout, en réalité. » Te souciais-tu des attentes de ton public pour ce troisième album ? R.N. : « Oui, je me sentais concerné par ce que pouvait espérer l’auditeur, mais je voulais aussi prendre des risques. Si tu te mets à la place d’un fan d’UMO, ou même quelqu’un qui ne nous aime pas tant que ça, que penserais-tu de nous si nous étions incapables d’évoluer ? (ndlr : il singe une réaction mitigée) : « Oh, UMO ? Hmm, mouais, rien de neuf… ». Si je n’étais pas dans le groupe mais juste amateur de musique, je trouverais ça intriguant qu’on me dise : « ah oui, le nouvel UMO, il est hi-fi, plus lo-fi ! ». Cela déclencherait mon attention. En construisant ‘Multi-Love’,

Un disque : ‘Multi-Love’ (Jagjaguwar/Konkurrent) Suivez le guide : http://unknownmortalorchestra.com/

on stage 16/07, Dour Festival (Dour)


T e x t e : A n t o i n e b o u r s © l i s s a g o t w al s

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The Mountain Goats

John Darnielle parle comme il chante : d’une voix amicale, enjouée, impliquée quel que soit le sujet.

On l’écoute avec la même ferveur que celle ressentie sur la quinzaine d’albums des Mountain Goats. Darnielle fait partie de cette poignée de singers-songwriters qui s’adressent à toi, auditeur, la main sur l’épaule. Derrière ses chansons palpite la voix d’un auteur, un vrai, un homme pétri d’images frappantes, de visions uniques, de mots taillés dans le diamant brut. Artiste culte depuis le poignant ‘The Sunset Tree’ où il réglait ses comptes avec un beau-père abusif, Darnielle n’a cesse de dénicher la sensibilité là où son public l’attend la moins ; souvenez-vous de ‘The Life Of The World To Come’ inspiré de versets bibliques. Sur ‘Beat The Champ’, celui qui fut l’une des figures de proue du label 4AD rend cette fois hommage aux catcheurs, figures héroïques d’une enfance malmenée, et délivre un album d’une richesse infinie. Droit au cœur. Que réponds-tu aux gens qui te disent: « Un album sur le catch ? Vraiment ? » John Darnielle : « Je suis un grand lecteur. Et je lis rarement un livre à cause de son sujet. Si je te dis, « Tiens voilà un super livre sur des marins », vas-tu le rejeter parce que c’est pas ton domaine ? Si c’est un bon auteur, un auteur qui te plaît, peu importe le thème, tu lui fais confiance, ce qui compte c’est comment il t’en parle. Regarde David Peace, il écrit sur le foot anglais, à la base c’est pas trop mon truc, mais ses livres sont excellents. Donc si tu aimes mon style, j’imagine que ce sur quoi j’écris est secondaire. »

Judy Garland sur le ring Le catch est une passion qui remonte à ton enfance. Gardais-tu ‘Beat The Champ’ dans un coin de ton cerveau depuis longtemps ? John Darnielle : « Non, je n’y pensais pas. Mais j’ai réalisé avec l’expérience que si je me replonge dans ce qui était important pour moi, enfant, ce que j’écris est plus sensible. Quand tu es gosse, tes passions sont dégagées de toutes prétentions. Tu n’essaies pas d’impressionner quelqu’un ou de t’intéresser à ce qui est cool. Tu aimes inconditionnellement. Tu débordes de passion. J’essaie de revivre ces souvenirs dans mes disques : c’est un territoire riche en tant qu’adulte. » Alors qu’il se cantonne à un sujet, ‘Beat The Champ’ est peut-être l’album le plus éclectique de Mountain Goats en terme de styles. John Darnielle : « Ça fait plaisir à entendre ! Depuis 2007, on fonctionne en trio et sur cet album, on a cherché à se dépasser en tant que groupe, à prendre du plaisir en abordant d’autres styles, comme sur ‘Fire Editorial’ qui ne ressemble à rien de ce qu’on a pu faire avant. Pas à la façon d’un groupe qui comme dans les années 80 se dit « faisons notre album disco » ! – je ne vais pas soudain pondre un album de techno par exemple – mais plutôt en découvrant pas à pas de nouveaux territoires limitrophes. Je suis content parce que j’ai toujours l’impression de grandir comme musicien. » Aborder le côté sombre des Heels, ces méchants du catch, te permet de verser dans des sons plus punks, plus heavy que d’habitude. John Darnielle : « Avec le groupe, on a exploré des mélodies et des styles avant même que j’écrive les paroles, ce qui était une première. De façon générale, on s’est essayé à différents accords et tempos, des trucs plus jazzy, d’autres en septième majeure ; de nouvelles tonalités qui m’ont forcé à aller ailleurs, y compris dans l’écriture. Cela a ouvert chez moi de nouvelles sensations, des sentiments différents. Pour ce qui est des Heels, il n’y a en tout cas aucun méchant véritable dans mes chansons. Pas au sens sociopathe du terme, en tout cas ! » Quels étaient tes désirs et attentes quand tu as commencé à écrire sur le sujet ? John Darnielle : « Je m’efforce de ne pas avoir trop d’attentes quand j’écris, de conserver un côté automatique. Au début je me suis juste posé certaines questions : de quels catcheurs ai-je envie de parler ? Qui sont ceux qui m’ont laissé le souvenir le plus vibrant ? Qu’ai-je à raconter à propos du Sheik, de Bull Ramos, ces mecs incroyables ? Une chose est certaine : je voulais m’assurer de dévoiler les deux faces des catcheurs. Celle des personnages et celle des hommes derrière le masque – réel ou figuré. » Es-tu passé à un moment de « J’ai ces trois super chansons sur le catch qui feraient un disque génial » à « Je dois encore écrire cinq foutus morceaux si je veux boucler ce fichu album » ? John Darnielle : « Non, je n’ai pas fonctionné comme ça, heureusement ! Accoucher d’un album concept sur un sujet donné, ça donne un résultat un peu rigide. J’ai donc écrit sur différents

sujets en parallèle : je ne voulais pas bosser sur un thème comme on va au turbin. Mais ces chansons sur le catch me trottaient en tête et s’accumulaient. Au bout d’un moment, tu te dis « je ne vais pas mettre quatre chansons sur le catch sur un album, ça serait… bizarre. » (rires) ‘Beat The Champ’ s’est révélé avec le temps. » ‘Hair Match’ fait référence à un rasage forcé d’un joueur par son opposant. C’est un souvenir personnel ? Est-ce une pratique typique du catch ? John Darnielle : « C’est la première chanson que j’ai écrite sur le sujet. J’avais ce titre qui traînait dans un carnet - un carnet que je remplis de titres, rien d’autre. Pour répondre à ta question, oui c’est un type de match où le perdant se fait raser le crâne. Cela se fait encore, mais aujourd’hui, c’est démesuré, cela fait très chiqué. A l’époque, quand le budget était plus limité, c’était assez brutal : deux mecs maintenaient le perdant au sol, le gars se débattait. C’était comme une castration. Gamin, ça m’a semblé très sauvage, même si c’est écrit et mis en scène avec précision. Cette combinaison entre le psychodrame et l’aspect primitif, ça, ça m’inspire ! (rires) » Luna Vachon, Ed Farhat, Bull Ramos, la plupart des catcheurs que tu chantes sont morts. Tu as reçu des retours du milieu sur l’album ? John Darnielle : « Oui, c’est incroyable. Chavo Guerrero et son fils ont découvert ma chanson et étaient extatiques. Un vrai honneur pour moi : Chavo, c’est mon héros d’enfance. D’autres aussi ont réagi positivement ; ils m’ont dit avoir retrouvé dans mes chansons l’esprit qu’était le catch professionnel et régional du début des années 90, ce côté Freak Show ambulant et modeste. C’était des survivants à l’époque, pas des mecs avec un business plan. Ils se battaient pour nourrir leur famille. » Même lorsque tu chantes à propos de catcheurs, ton chant a cette force de l’expérience vécue. John Darnielle : « Chanter, c’est un apprentissage à vie. Je n’aurai jamais fini. Une chanson, ça doit s’investir totalement. C’est une chose que j’ai apprise en regardant Judy Garland. Elle n’a pas toujours hérité des meilleures compositions, mais elle a toujours interprété ses chansons comme si sa vie en dépendait. Je ne prétends pas avoir son niveau, bien sûr, mais je m’efforce d’obéir à ce principe. Chanter, ce n’est pas une question de volume, c’est une question de connexion : à quel point es-tu en phase avec ce que tu chantes ? » L’année passée tu as publié ton premier roman. Est-ce que ce qui fait une bonne chanson fait une bonne histoire ? John Darnielle : « Je ne pense pas, mais qu’est-ce qui fait une bonne chanson ? Ma réponse sera différente, sans doute, de celle de Kraftwerk. Ma définition d’une bonne chanson, c’est la recherche d’un lien émotionnel, mais aussi intellectuel, avec l’auditeur. Une histoire, c’est un voyage, c’est prendre quelqu’un en voiture et traverser le pays en sa compagnie, c’est une relation à long terme. Une chanson, ça doit être immédiat. » Ces derniers temps, tu as écris des chansons sur la carrière de Black Sabbath. Ton prochain album ? John Darnielle : « Je n’en sais rien. Je ne suis pas certain de la réaction des Osbornes si j’envisageais de révéler ces chansons, tu vois ? (rires) Peut-être ne verront-elles jamais la lumière du jour. J’ai quelques autres idées pour un prochain disque, mais encore rien de très substantiel. » Un album : ‘Beat The Champ’ (Merge Records/Konkurrent)


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Texte : A La nu nree- Lni t s eG R rem n iaecrl e

Sophie Hunger

C’est au bar du Botanique qu’on rencontre Sophie Hunger. La charmante Suissesse y défend avec malice un cinquième album audacieux – il fallait oser s’attaquer à ‘La Chanson d’Hélène’ – en tout point épatant. Entre deux gorgées d’eau qui pique, elle nous dévoilera aussi son enthousiasme juvénile pour Courtney Barnett, sa passion intéressée pour le dernier avant-centre vedette du Mönchengladbach et une drôle d’histoire d’intoxication à l’hélium. Sophie Hunger : « J’ai arrêté de tourner pendant un an et demi. Je l’avais fait quasiment non-stop jusque-là et une lassitude s’est installée. Au lieu de me concentrer sur mon jeu, j’ai commencé à voir des trucs bizarres sur scène, à me demander pourquoi tel ou tel câble était filé comme ça, à me fixer sur mes muscles qui se contractaient étrangement. Il n’y avait plus de plaisir. Mais après cette période de repos, j’y suis revenu parce que ça me manquait de me sentir vivante au quotidien. La scène, c’est quand même ce qui te permet de te sentir exister, être. J’avais presque complètement oublié ce que c’était, l’adrénaline que ça procure. »

Courtney Barnett m’a tuer Tu as totalement arrêté la musique pendant cette pause ? Sophie Hunger : « Non, pas du tout. C’est même la première fois que je me consacre à l’écriture d’un album sans être sur la route. Chez moi. Presque en autarcie, de manière insulaire, sans personne qui écoute. Je crois qu’on ressent ça dans l’album parce que j’ai l’impression que cette manière de fonctionner m’a permis d’appréhender les choses de façon beaucoup plus profonde. J’ai passé pas mal de temps à peaufiner des trucs. A revenir sur certains sons. Avant, j’envisageais les disques plutôt comme un support indispensable pour pouvoir tourner. » Tu es devenue perfectionniste ? Sophie Hunger : « Je ne sais pas mais pour enregistrer un disque, même live, il faut un minimum de professionnalisme, rien que pour savoir comment placer les micros correctement, ça reste un truc über technique. Ici, chaque morceau a été un peu traité différemment. Certains comme ‘The Age Of Lavender’ ont été enregistrés live. On a retouché pas mal de trucs au mixage avec Mark Lawson, rajouté des reverbs. Pour ‘Heicho’ par exemple, on a essayé de trafiquer ma voix avec la technologie pour la faire sonner comme celle d’un enfant mais ça ne marchait pas, les fréquences n’étaient pas bonnes. Alors j’ai pensé à l’hélium. J’ai donc acheté vingt-cinq ballons mais j’ignorais que l’hélium à trop forte dose est toxique. On aurait dû faire beaucoup plus attention parce qu’après, dans la nuit, j’ai chopé de la fièvre et été malade trois jours d’affilée. ‘Supermoon’ reste un disque que j’ai produit moi-même sauf 4 ou 5 titres où John Vanderslice, que j’ai rencontré à San Francisco, m’a aidée à débloquer la situation. » ‘Superman Woman’, plutôt entraînant, détonne dans un univers d’habitude plus sombre… Sophie Hunger : « Quand je suis rentrée d’Amérique, j’ai appris que la maison que je louais, où j’avais un petit studio, avait été vendue et qu’on ne pouvait plus y rester. C’était assez triste comme nouvelle et, un peu en colère, j’ai écrit cette histoire de femme qui perd ses jambes, ses yeux, ses oreilles mais qui ne va pas mourir. Je pense qu’il y a davantage de moi dans ce disque, dans les paroles mais j’essaye toujours de les formuler

de manière à rester évasive pour qu’elles puissent toucher la plupart des gens. Parler uniquement de moi n’est pas intéressant. » Tu cites Courtney Barnett dans cette chanson. Sophie Hunger : « Je l’ai découverte avec ses premiers EP, elle m’a tuée. Je l’ai vu plusieurs fois en concert aussi. La dernière fois à Berlin, j’ai même réussi à choper une set-list. Puis j’ai fait la file pour qu’elle me la dédicace. Devant elle, j’ai exagéré l’accent allemand de mon anglais pour faire plus authentique. Je lui ai dit que j’étais hyper pauvre, que j’avais plein de gosses et que si elle voulait bien dessiner un chèque d’un million de dollars sur cette set-list et la signer, ça serait leur héritage parce que moi, je n’aurai rien à leur laisser. Ça l’a fait beaucoup rire. » Tu évoques les États-Unis, tu as grandi en Angleterre, tu vis en Allemagne et tu es suisse. Tu te sens où chez toi ? Sophie Hunger : « J’ai arrêté de me poser cette question et c’est mieux comme ça quand tu mènes cette vie de tournée. C’est presque un avantage de ne pas avoir de chez soi, ça empêche de se poser trop de questions, d’avoir mauvaise conscience. J’y ai un peu réfléchi en perdant cette maison et je pense maintenant que, c’est presque comme une prison, cette idée que tu dois avoir un chez toi. Je suppose que ça vient des parents qui veulent te garder près d’eux. Et ça me ramène aussi à cette idée déplaisante du jeune qu’on envoie au front avec cette injonction fight for your home. C’est un concept qui tient du blackmailing, de la culpabilité. Là, je cherche à me distancer de ce concept. » Souvent tes disques contiennent une reprise en français, ici ‘La Chanson d’Hélène’ avec Eric Cantona. Pour ‘Les Choses de la Vie’ ? Sophie Hunger : « Parce que j’ai énormément entendu cette chanson ces cinq dernières années et que – c’est peut-être un peu prétentieux – j’étais persuadée non pas de pouvoir faire mieux mais d’être capable de lui apporter un truc en plus, un peu dark, un peu moins orchestré même si l’interprétation originale de Romy reste d’une poésie incroyable. Par contre le film, ça m’a moins touchée, j’ai trouvé ça bien fait mais, je ne sais pas, chauvin je dirais. » Et sinon, tu apprécies le foot ? Sophie Hunger : « Ouais. Mon frère m’y a initiée. Je suis la Bundesliga en supportrice inconditionnelle du Borussia Mönchengladbach. Hier, ils ont gagné contre leur ennemi de toujours, le Bayer Leverkusen, 3-0, bam ! (ndr, l’interview a lieu le 10 mai), et ils devraient être en Champions League l’an prochain. En plus Kruse a marqué deux goals. J’ai un team sur Managerleague, un jeu en ligne où tu achètes des joueurs pour former ton équipe. Il est dans mes attaquants et m’a donc rapporté plein de points hier soir. C’était une bonne soirée. » Un disque : ‘Supermoon’ (Caroline/Universal)


T e x t e : N i c o l a s Al s t e e n

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Derry. Irlande du Nord. Témoin du fameux « Bloody Sunday », symbole d’une lutte acharnée entre les hommes, le lieu est balayé par des vents marins et par le souffle persistant de la tragédie. Les pieds posés sur sa planche de skate, Bridie Monds-Watson trimballe son look de garçon manqué à travers les souvenirs et les rues de la ville. À 18 ans, la jeune femme suspend le temps de sa voix d’enfant. Planquée derrière les majuscules de SOAK., elle esquive les

exigences du monde adulte et capture les désillusions de sa génération sur ‘Before We Forgot How To Dream’, premier album lacéré par l’amour, l’ennui et l’abandon. Un trésor désenchanté à l’attention des âmes sensibles. L’histoire raconte que tu n’as jamais voulu être chanteuse. C’est pour la légende ? Bridie Monds-Watson : « Non, non, c’est la vérité. Certains enfants veulent devenir pompiers, d’autres s’identifient à des chanteuses. Des gamines rêvent d’être la prochaine Britney Spears, par exemple. Moi, ça ne m’est jamais passé par la tête. J’ai appris à jouer de la guitare parce que je n’avais rien de mieux à faire. Je ne me suis jamais projetée dans la peau d’une artiste. À la maison, j’écoutais Pink Floyd, Led Zeppelin, Joni Mitchell, etc. Ma culture musicale s’est d’abord forgée au contact de la discothèque familiale. À quatorze ans, quand j’ai commencé à écrire des morceaux et à chanter. À partir de là, je me suis émancipée en découvrant des trucs par moi-même. Au départ, je me suis procuré des disques de Foals ou Tegan and Sara. Aujourd’hui, mes goûts ont évolué. Pour l’instant, je suis à fond dans les albums de The Blue Nile, Marika Hackman, The Japanese House et Sufjan Stevens. »

Sonic Youth Sur ton premier album, tu enfiles treize morceaux délicats : des mots sensibles agrafés au cœur de ritournelles à fleur de peau. Cet univers à l’étonnante fragilité émerge en marge de ton image, une apparence plutôt emo-punk : ta planche de skate, le tatto, les piercings... Bridie Monds-Watson : « Assurément, l’habit ne fait pas le moine. (Sourire) Peu importe où je me trouve, j’écris mes chansons sans tenir compte du contexte et de mon environnement immédiat. Fondamentalement, je ne fais que coucher les idées qui me passent par la tête. Souvent, l’inspiration arrive quand le soleil s’en va. Je me sens plus à l’aise avec les ambiances nocturnes. » Tes chansons évoquent le banal des vies anonymes (‘B a noBody’), le quotidien d’une jeunesse en manque de repères (‘If Everyone Is Someone – No One Is Everyone’). As-tu l’impression d’être la porte-parole d’une génération ? Bridie Monds-Watson : « Je ne sais pas si j’ai les épaules assez larges pour endosser cette responsabilité. Disons que je ne me vois pas dans ce rôle... Moi, j’essaie d’abord de coller à mes émotions. Mes chansons ne sont que le reflet d’événements qui sont venus bouleverser mon existence au cours des dernières années. Il est possible que d’autres ados de ma génération se reconnaissent à travers mes paroles, mais je n’ai aucune prise là-dessus. Si des gens se retrouvent à travers mes mots, c’est totalement indépendant de ma volonté. Au départ, mon but n’était pas d’enregistrer la bande-son d’une génération... Aujourd’hui, via ma page Facebook, je reçois des tonnes de messages écrits par des jeunes qui s’identifient aux textes de ce premier album. C’est assez troublant de provoquer de telles émotions chez des gens que je ne connais absolument pas. C’est à la fois étrange et super excitant... » Le titre de l’album, ‘Before We Forgot How To Dream’, se love dans l’innocence d’une jeunesse éternelle. Ça ressemble quasiment à un slogan. Qu’est-ce que ça signifie pour toi ? Bridie Monds-Watson : « La dernière chanson de l’album, ‘Oh Brother’, enferme cette phrase : « Before We Forgot How To Dream ». Je l’ai retirée de son contexte pour la coller sur la pochette de l’album. Ça me semblait en phase avec les thèmes défendus sur le disque. Mes chansons évoquent les effets du temps sur les gens, le passage de l’enfance à l’âge adulte, l’obligation d’entrer dans la vie active, de se plier aux obligations d’un boulot, de gagner sa vie, de se fondre dans la normalité. À un moment, ça ne peut faire de tort à personne de relever la tête, de sortir du schéma métro-boulot-dodo pour réveiller ses idéaux. À seize ans, à l’école, les profs nous demandent ce qu’on veut faire plus tard. Il faut s’orienter.

Prendre des décisions importantes. Mais à cet âge-là, comment peut-on savoir ce qu’on attend réellement de la vie ? Certaines de mes chansons découlent de cette réflexion. Quand on a seize ans, on a que des rêves et un bon paquet d’illusions... » Ton album sort aujourd’hui sur les rangs du label Rough Trade, structure discographique à qui l’on doit notamment de grands disques d’Arcade Fire, The Strokes ou Antony and The Johnsons. Comment t’es-tu liée avec cette enseigne ? Bridie Monds-Watson : « Quand j’avais quinze ans, j’ai décidé d’envoyer mes premières compos à plusieurs radios en Angleterre et en Irlande. Quelques stations ont diffusé ma musique. Dans la foulée, j’ai signé un contrat d’édition avec Universal. C’était un deal de développement : une convention sans pression. Il n’était pas question d’enregistrer un disque. À l’époque, plusieurs labels m’ont proposé des plans, mais j’ai tout refusé pour me concentrer sur l’école. L’année dernière, un gars de Rough Trade m’a vu sur la scène du festival Glastonbury. Le label est revenu vers moi avec une super proposition artistique. Je ne pouvais pas refuser. Aujourd’hui, j’ai laissé tomber les cours. C’était totalement impossible de répondre présent sur les deux tableaux. Désormais, je me consacre exclusivement à la musique. » Tu te sens plus à l’aise dans la composition musicale ou dans l’écriture des chansons ? Bridie Monds-Watson : « Avant, j’avais coutume de faire les deux en même temps. Mais ça a beaucoup évolué au cours des deux dernières années. Désormais, j’écris sans arrêt. Parfois, je ne ferme pas l’œil de la nuit : je couche des mots dans mes cahiers. J’ai des piles de calepins remplis de textes chez moi. L’écriture prend une place de plus en plus importante dans ma vie. Je sens que ma technique évolue. Mon style s’améliore et je tends à écrire des choses plus abouties que par le passé. Par contre, je n’ai aucun regret concernant mon premier album. Les paroles de ‘Before We Forgot How To Dream’ captent un instant de ma vie. Dans mon esprit, ce disque est comme une photo prise dans l’instant. Je ne vais pas tricher sur les textes. Certains remontent à mes quinze ans. C’est comme ça que je voyais les choses à l’époque. Je n’ai pas à en rougir. » La période en question est notamment marquée par le divorce de tes parents. Retrouve-t-on des traces de cet épisode sur ton album ? Bridie Monds-Watson : « Oui, évidemment. C’était impossible de faire autrement. Je me souviens notamment d’avoir composé le morceau ‘Blud’, dans ma chambre, pendant que ma mère et mon père se disputaient, en bas, dans la cuisine. Récemment, on m’a demandé de choisir un nouveau single. J’ai opté pour ce morceau. Il passe régulièrement à la radio. Ma mère doit entendre ça à longueur de temps. Mais je crois qu’elle s’en fout. (Sourire) » Un disque : ‘Before We Forgot How To Dream’ (Rough Trade/Konkurrent) Suivez le guide : www.soakmusic.co.uk


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Texte : A la nu nree- Lni t s eg R rem n iaecrl e

C’est à Momalle – petit village de Hesbaye qui aurait pu devenir une sorte d’Oradour-sur-Glane sans l’héroïsme de son curé – qu’on a rendez-vous avec Benoît Lizen. Il vient aider ses parents à vider la maison de

feu sa vieille grand-tante. Elle aurait sans doute su raconter l’histoire, les villageois rassemblés dans l’église, les Allemands prêts à fusiller. D’ailleurs, peut-être que son petit-petit-petit neveu, grand roux au cœur lo-fi, la chante en galionka, ce langage imaginaire qu’il s’est créé pour faire sonner son folk bricolo encore plus doux, encore plus chaleureux. Mais il semblerait qu’il parle aussi de pamplemousses. Avec des guitares de Coyote. Certes on n’a pas tout compris mais ça faisait longtemps qu’on n’avait plus été aussi retourné par un disque de rien du tout. Et pour ça, il n’y a de toute façon pas de mot.

Caduque mais qui a du cœur Benoît Lizen : « A la base, je jouais dans ma chambre, pour moi. Je me suis passionné pour la guitare et la composition dès l’adolescence. Le chant est venu plus tard. Après, c’est un peu par hasard que les choses se sont faites. Le collectif Sauvage Sauvage m’a demandé de réaliser la musique d’un de leurs court-métrages et on est allé l’enregistrer chez Gabs, davantage connu sous le pseudonyme Jarby McCoy. Le gars m’a refilé ‘DEcollaGES’, un cd de Coyote, le groupe dont il faisait partie. J’ai tout de suite accroché à cet univers particulier, à la fois drôle et, à mon sens, thérapeutique. De là, il m’a proposé d’enregistrer un disque chez lui, m’a trouvé quelques premières parties. » De fait, on t’a vu un certain de nombre de fois ces trois dernières années mais rien ne se concrétisait vraiment au niveau du support. Benoît Lizen : « Oui, ça a pris assez bien de temps car, d’abord, j’avais peu de compositions en stock. Ensuite parce qu’à côté de ça, je suis biologiste et que je soutiens une thèse à LouvainLa-Neuve. Et puis, parce qu’on n’avait aucun ultimatum. L’objectif était de prendre du plaisir à réaliser cet album, sans pression. Parfois, on pouvait rester trois ou quatre mois sans se voir, je bricolais dans mon coin et puis on se voyait quelques heures. C’est étrange car si on y réfléchit, la moitié de l’album a dû être enregistré en une session de deux heures. Le reste a pris davantage de temps parce que pas mal de choses ont évolué. » Par exemple ? Benoît Lizen : « ‘Gaolin’. L’idée de départ, c’était d’avoir des cuivres ; je l’avais composée de manière à avoir de la place pour des lignes de sousaphone, clarinette, trompette et trombone ; j’avais pensé ce morceau comme une sorte de valse funéraire, un peu à la New Orleans. On a fait des essais avec des musiciens mais je n’en étais pas satisfait. Or comme entre-temps on avait tout de même fixé une date de sortie de l’album, je n’ai pas eu l’occasion d’y revenir et ça restera ma plus grosse frustration. Mon principe reste que ça ne sert à rien de rajouter des couches si ça ne le fait pas. On était à deux doigts d’y arriver, j’ai passé une nuit entière à y réfléchir avant d’aboutir à la conclusion qu’il fallait la laisser à l’état brut, nue. » Sur ‘El Dia A Kia’, il y a un chœur d’enfants assez minimaliste. Benoît Lizen : « J’en avais envie sur ce morceau mais je ne désirais pas quelque chose de trop propre. On est donc allé demander à l’École de la Liberté, qui se trouve à 200 mètres de l’appartement de Gabs à Liège, s’ils n’étaient pas intéressés par l’idée. C’est une école avec des enfants de toutes les origines, certains venaient à peine d’arriver en Belgique et ne parlaient pas deux mots de français. Ce qui est chouette, c’est qu’au final, c’est devenu un projet pédagogique en partenariat avec les deux institutrices. On est venu expliquer aux enfants les différents instruments, la musique. C’est resté imparfait et c’est ça qui me touche, ce côté caduque mais qui a du cœur, comme disait Sam Pierot (de Coyote, figure emblématique liégeoise, disparue bien trop tôt en décembre 2014, ndr). » Tu revendiques clairement ce côté lo-fi. Benoît Lizen : « Totalement. J’aime bien l’imperfection dans l’art. C’est ce qui me touche quand j’écoute de la musique. Je ne cherche pas à faire du crade pour du crade mais j’aime bien qu’on entende que ça soit de la musique faite par des humains pour des humains, qu’on puisse deviner une chaise qui craque par exemple. L’univers aseptisé, robotique, du studio n’est pas du tout un truc que j’affectionne. On a gardé certaines versions des chansons que je ne pensais pas conserver mais qui à la réécoute dévoilaient un truc touchant, un couac, un ralentissement, un vrai ressenti humain. C’est ça qui me plaisait aussi chez Coyote, le fait que ça soit parfois un peu limite mais que l’intention soit là, que tu la ressentes au premier plan. C’est pareil avec Big Blood.

Ou avec Daniel Johnston chez qui tu ressens tellement fort ce côté qui ne triche pas. J’ai toujours été fan de blues d’avant-guerre. Maintenant, des choses beaucoup plus travaillées et produites peuvent me parler à mort aussi, je pense à ce que peut faire un Tom Waits ou un Stoneking. » Tu t’attaches aussi aux instruments singuliers. Benoît Lizen : « Oui, je m’attache à certaines esthétiques d’instruments. Sur scène, j’utilise les guitares de Coyote, dont une de Sam Pierot. J’estime qu’elle ne m’appartient pas mais son frère me l’a donnée pour qu’elle continue à être utilisée, ce qui m’honore beaucoup. Une autre guitare importante pour moi vient de Christophe (Paul, le 3ème Coyote, ndr). Il l’a rachetée trois euros cinquante sur une brocante et l’a trimballée partout, n’importe comment, lui a laissée prendre l’humidité à la belle étoile. Mais je l’adore, elle sort un son très doux – l’instrumental du disque est faite avec – mais elle bourdonne parfois et il faut mettre un petit bouchon sur le côté. Je crois qu’un luthier rigolerait vraiment de ce truc. J’ai un peu de mal avec les guitares haut de gamme, aux sons sans chaleur, uniformes. C’est pareil avec mon banjo. Il date de 1895. Je l’ai acheté sur le blog d’un Américain qui retape plein de vieilleries. Il décrit le son de chacun des instruments avec minutie, fait des petits enregistrements qu’on peut écouter. Ça n’est pas très local mais rapport qualité-prix, c’est inégalable. Et c’est surtout l’assurance d’avoir un son unique. » Autre singularité, tu chantes dans un langage imaginaire, le Galionka. Benoît Lizen : « Le premier avantage, c’est qu’il n’y a pas de compromis entre la sonorité des mots et leur sens. Si t’as envie de parler du pamplemousse et que tu trouves que ça sonne très mal le mot pamplemousse, tu peux l’appeler autrement et lui donner la sonorité que tu souhaites. Deuxièmement, ma démarche est de proposer aux gens d’écouter un morceau de musique comme ils écouteraient un titre de jazz, sans être aliénés au sens du texte, où ce sont des émotions abstraites qui sont véhiculées. Je trouve ça assez puissant comme possibilité. J’ai beaucoup fonctionné comme ça en écoutant Sigur Rós par exemple. C’est comme un film d’horreur aussi. C’est le côté suggéré qui fait le plus peur. La gueule de la bête quand tu la découvres, c’est souvent risible. C’était pareil quand j’écoutais Hendrix à douze ans, je n’avais pas le niveau d’anglais pour comprendre quoi que ce soit. Donc, je me construisais mon histoire. La découverte du sens des paroles a fait s’écrouler quelque chose. Je n’aimais vraiment pas ça. Donc ici, je souhaite que les gens puissent faire leur popote, donner le sens qu’ils entendent. » Est-ce que pour toi ce langage est tout de même élaboré, est-ce que le pamplemousse dont tu parlais est fixé ou est-ce que tu peux l’appeler indifféremment d’un morceau à l’autre ? Benoît Lizen : « Il y a une petite construction qui s’élabore mais c’est un truc que je ne pourrais pas parler de manière courante. Je ne suis pas en train de construire une langue, ça demanderait bien davantage de rigueur et de travail. Le vocabulaire est restreint mais normalement fixé, sauf que je fais un peu ce que je veux, que je me fiche de transgresser des règles qui sont les miennes. Donc oui, effectivement, c’est déjà arrivé qu’un même mot ait deux traductions en galionka. Mais je peux aussi très bien les considérer comme synonymes. C’est simplement une question de facilité au niveau des sonorités, je le fais de façon à ce que ça sonne le plus beau possible, le plus doux possible. » Un disque : ‘Naomka’ (Le Beau Label/Honest House)

on stage 6/06, L’An Vert (Liège)


B I L B O R E C OMME N D S Texte : laurent Grenier © Raphaël Neal

‘‘STAFF PICKS’’

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LEFTFIELD

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Alternative Light Source

A Dream Outside

GENGAHR

JAGA JAZZIST

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COAL CHAMBER

FAITH NO MORE

MEW

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FLORENCE + THE MACHINE

Why Make Sense

HOT CHIP

NICK CAVE & WARREN ELLIS

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SHAMIR

MOULLINEX

HOLLY HERNDON

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NOZINJA

ALGIERS

Rivals

how big, how...

Ratchet

JAMIE XX In colour

Sol Invictus

Starfire

+-

Loin Des Hommes OST

Elsewhere

Nozinja Lodge

Platform

Algiers

A LTE R N ATI V E O N LI N E R ECO R DS TO R E • W W W. B I LB O R ECO R DS . B E B I LB O • L A D EUZ E PLE I N 1 3 • B -3 0 0 0 LEU V E N • 016 5 0 07 7 3

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Earteam

Jeanne Added

Barbarossa

‘Be Sensational’

Ólafur Arnalds & Alice Sara Ott

Naïve/Pias

Jeanne Added se paie la pire bio du circuit. « Sa voix y interroge (sic), interpelle, s’élance, passe à l’action, entre pop électronique et post punk tellurique, ballade cinématique et fièvre rythmique. Une bouffée d’air frais à couper le souffle. » Rires gras à la réunion de rédac’ de RifRaf. Bon, soyons clairs, Jeanne Added réunit tous les paramètres pour devenir la nouvelle sensation française. Coupe à la garçonne, voix puissante, beats electronica, bref, tout ce qui faut pour incarner le prochain Lescop, la prochaine Christine en résidence au Grand Journal. Bonne élève, elle a gagné plein de prix, ce qui donne à peu près autant d’indications pertinentes sur son talent qu’une médaille de bronze pour un vin en compétition à la foire agricole de Montigny-surBouse. ‘Be Sensational’ est produit par la moitié de The Dø. On aime ou on n’aime pas ce qu’ils sont devenus, mais on ne peut pas nier le talent de Dan Levy. La production est ici irréprochable, les arrangements riches, entre violons pernicieux et synthés espiègles, dégagent une puissance émotionnelle volant aisément la vedette à la voix de Jeanne qui, paradoxalement, fini rapidement par nous les briser. Suffit de mettre des œillères par instants pour s’abandonner aux ambiances souterraines d’un ‘Look At Them’ ou d’un ‘Be Sensational’. Et on ne vous parle même pas du champ de coton de ‘Night Shame Pride’. (am)

Alpha Whale ‘Alpha Whale’ 62T V/Pias

La paramnésie, ou sensation de « déjà-vu », est généralement divisée en trois catégories bien distinctes : le déjà vécu, le déjà senti et le déjà visité. A l’écoute de ce premier album d’Alpha Whale, on a envie d’ajouter une nouvelle subdivision à ce phénomène qui se joue de la mémoire : le déjà écouté. Sans qu’il s’agisse ici d’un jugement rédhibitoire et encore moins péjoratif. Qu’Alpha Whale ne semble absolument pas vouloir innover ne fait en effet jamais obstacle au plaisir immédiat que procurent ces dix morceaux de rock’n’roll psychédélirant, pacifique et nonchalant. Entre accords hawaïens et mélodies tournoyantes, la musique surfy un peu béate des Gantois fleure bon le monoï tiède et l’été sans fin. Parce qu’ils ont sans doute appris à surfer dès le liquide amniotique, ils tiennent sans problème en équilibre sur leur planche surf-psyché entièrement montée sur ressorts. Les mêmes ressorts que les Growlers dont ils partagent autant la désinvolture que l’efficacité redoutables. Lorsqu’ils franchissent la barrière de The Coral, les trouvailles mélodiques se mêlent aux improvisations potaches pour faire tanguer l’esquif et éviter que leurs compos ne deviennent aussi prévisibles que le mouvement des marées. Bref, un disque à écouter fenêtres ouvertes et cheveux au vent, idéal pour partir sur les routes sinueuses des festivals de l’été. (gle)

Alva Noto ’Xerrox Vol. 3’ Raster-Noton

Dans la carrière d’Alva Noto, deux tendances se distinguent nettement. D’un

‘The Chopin Project’ Mercur y Classics/Universal

Avec la parution de ‘For Now I Am Winter’ en 2013, on avait clairement perçu le désir d’Ólafur Arnalds de se tourner vers la musique classique. Pas tant pour magnifier un quelconque héritage ou sublimer un substrat idéal mais pour y puiser une inspiration féconde. En incorporant des éléments de syntaxe d’un langage complexe à ses compositions affranchies, Arnalds entendait ainsi poursuivre sa démarche exploratrice qui est le sienne depuis toujours. Sur ce ‘Chopin Project’ qui annonce son intention avant même qu’il ne soit ouï, Arnalds va plus loin encore dans ce parcours qu’il s’est assigné à lui-même. S’il y confesse l’attrait que le compositeur polonais a sur lui depuis sa tendre adolescence, il le replace dans le cadre contextuel dans lequel il opéra, par l’entremise de grand-mère. Sur les neuf pièces présentées ici, cinq sont des compositions qu’Arnalds a écrites en se basant sur celles de Chopin et les arc-boutant littéralement les unes dans les autres, leur conférant une dynamique particulière. Les quatre restantes sont des nocturnes, un prélude et une sonate de Chopin. Toutes sont magnifiquement interprétées par la pianiste Alice Sara Ott à laquelle s’est joint un quatuor à cordes. Bénéficiant du recours à des micros et à des pianos d’exception, ce disque a été volontairement conçu comme la matérialisation d’une interprétation personnelle et éminemment intime de Chopin. A aucun de ses détours, il n’attente à l’intégrité de la musique du maître. (et)

côté, on trouve la techno desséchée et revendicative, elle nous a valu (au moins) un disque aussi fabuleux qu’inusable, l’‘Unitxt’ de 2008. De l’autre, Carsten Nicolai n’a eu de cesse d’explorer une veine ambient menaçante, dont les deux premiers ‘Xerrox’ étaient – et sont toujours – des parangons du genre. Troisième volume de la série, le présent album voit l’homme de Chemnitz en totale maîtrise de son sujet, pour ne pas dire au sommet de son art. Aujourd’hui empreinte d’apports néo-classiques qui, plus que renvoyer à Marsen Jules, rendent ce dernier presque caduc (‘Xerrox Helm Transphaser’), la démarche d’Alva Noto donne une impression de facilité minimale des plus piégeuses. Développés sur des canevas d’autant plus harmonieux qu’ils doivent être le fruit d’une réflexion dont on renonce à compter les heures, les soundscapes trompeurs de l’électronicien allemand subliment le temps, qui en devient suspendu au fil d’un amour entre Gas, Vladislav Delay et Eliane Radigue. (fv)

American Wrestlers ‘American Wrestlers’ Fat Possum

Cassette-Rock serait le terme approprié. Enregistré sur un TASCAM 8-pistes avec des instruments achetés au rabais, l’Écossais exilé au Missouri qui se cache sous ces American Wrestlers s’épanouit en lo-fi. Ambitieux modeste, le gars affuble ses bidouillages maison d’un sacré Scope. Armé de ce son rouillé et râpeux qu’on a pu entendre chez les Growlers ou sur les premiers Unknown Mortal Orchestra, American Wrestlers prend le temps de dérouler son rock en road movie intimiste, mais ouvert au monde. Doux hobo sur 66. Le timbre est tendre, une voix du nez, très 22 Pistepirko, vagabondant sur de longues compositions aux lignes blanches en pointillés, naviguant au métronome. Nine Tales Of Suburban Bohemia, guitares décolorées au bois qui craquelle, Dire Straits dépenaillés. Saturations rouille et herbe, complaintes des bas-côtés pour piano

abandonné. Un ventre mou menace ce premier disque, mais n’oblitère pas le sourire d’un homme heureux de promener sa musique de carrefours en croisements. To be continued. (ab)

Ash ‘Kablammo!’ Ear Music/Edel

Il n’y a pas grand chose à dire de plus par rapport à ce que l’on sait déjà de ce combo originaire d’Irlande du Nord qui existe maintenant depuis plus de deux décennies et qui a eu amplement le temps de faire ses preuves, notamment sur scène où il draine un public fidèle tant en Angleterre qu’aux États-Unis. Ce nouvel album doit être au moins son huitième et le premier album studio depuis ‘Twilight of the Innocents’ paru en 2007. Il n’ajoute fondamentalement rien de neuf à la combinaison qui a fait son succès. Une power pop gonflée aux hormones de croissance destinée au marché adolescent. Il s’ouvre sur ‘Cocoon’, premier single qui donne le ton sans dénoter. Onze autres morceaux coulés peu ou prou dans le même moule suivent et se ressemblent. Ash reprendra du service de la scène cet été figurant à l’affiche de bon nombre de festivals anglais où il devrait logiquement donner la part belle à ce disque. (et)

Atomic Spliff ‘Ras Attack’ Atomic Spliff Productions

Jeune génération reggae venue de Liège, Atomic Spliff se veut revigorant et léger, au croisement du ragga et du rub a dub. C’est parfois un peu anecdotique (‘Ras Attack’), parfois réjouissant (‘Dessiner Nos Vies’), toujours joyeusement naïf. Si la bonne humeur générale est indéniable (surtout lorsque débarquent les cuivres), on peut regretter l’aspect convenu de la formule. Surtout que la génération francophone précédente, certes plus au Sud, a jeté des pistes bien plus originales d’intégration reggae aux cultures locales, je parle bien sûr de toute la scène occitane, des Fabulous à Massilia. Un exemple, tant musical que social, dont on souhaiterait qu’il essaime sur le reggae de nos régions et trace de nouvelles pistes. (ab)

‘Imager’ Memphis Industries/V2

C’est fou comme James Blake a fait des petits. En quatre ans à peine. Comme si une horde de voix de castra, refoulées jusqu’aux couilles, attendaient le disque messie pour oser s’assumer. Barbarossa en est. Il a joué avec José Gonzàlez, Johnny Flynn, Junip. Il veut élever sa voix à la fondamentale du dessus. Forcément, ça ressemble à beaucoup de choses : on peut y voir du Chet Faker, même du Woodkid. C’est pas toujours jojo. Et pourtant Barbarossa possède un truc. Il nous plonge dans un bon bain chaud. On sent nos oreilles qui sifflent légèrement. La peau de nos extrémités qui se ramollit à petit feu. Sa voix nous savonne le dos. La chape de synthés fait office de bain mousse. On souffle : elle s’envole. C’est un plaisir coupable du dimanche aprèsmidi : une dose de chaleur, pas chère et reproductible à l’infini. Un canard qui flotte. Un truc que les grosses brutes n’aiment pas. Une mélodie qu’on chanterait face au miroir, coiffé d’une perruque blonde, à l’abri de tout regard. (am)

Blick Bassy ‘Akö’ No Format!/Sony Music

Et il te regarde au fond, tout au fond de l’âme, l’homme devant le mur dont la photo est mouchetée. L’homme qui porte sa seule chemise blanche et un chapeau à larges bords, l’homme du Delta dont l’esprit erre comme une oie sauvage. Et lui, l’enfant du Cameroun, hanté par cette image, par ce gars-là, par un ‘SJ’, un Skip James au blues punaisé pour les temps froids, il se réjouit de voguer, rayonnant, le long d’un Mississipi aux méandres incorporés à ceux du Nyong, il cavale en cuivres ‘Wap Do Wap’ dont on serait en droit d’être jaloux à Treme, il tourbillonne en langue bassa. Son voyage se fait doux, pieds alertes et tête nue : il a un ‘One Love’ d’offrande intime pour ceux qu’il croiserait, il pose ‘Loñ’ face ballade, il susurre ‘Tell Me’ à la terre qui dort, aux ancêtres, au renouveau. ‘Mama’, sautillante, glisse en ricochets fluides dans son palais, ‘Moût’ est une danse surgie de sa manche, une allègre transmission de poche. Et quand la nuit tombe sur Pont So’o, l’introspection nostalgique le gagne et, ‘Ndjè Yèm’, il prend un moment pour se souvenir de tous ceux qui durent s’exiler, de ceux qui portaient leurs racines dans leur seul balluchon. (alr)

Beat Assailant ‘City Never Sleeps’ Sweet Guru

Pour son cinquième essai, Beat Assailant (aka Adam Turner) réchauffe une fricassée hip-hop dans une marmite soul-funk déjà bien usée. Exilé à Paris, le MC américain pose son flow sur le bitume et arpente la jungle urbaine : ‘City Never Sleeps’ expose le quotidien de tous les anonymes perdus à vie dans les grandes métropoles. Entre surconsommation, overdoses publicitaires et survols de drones, l’artiste épingle la solitude citadine dans des histoires assez insignifiantes. Un peu irréprochable dans la banalité, Beat Assailant


Earteam abuse du groove ordinaire et déroule, pépère, dix morceaux dont on ne retient absolument rien. Et ce n’est pas le featuring passe-partout avec Ben l’Oncle Soul (‘One Wish’) qui va changer la donne. Bien au contraire. (na)

Sam Beeton ‘In The Yard’ Mondo Recordings

Paolo Nutini et Ed Sheeran font partie des influences de Sam Beeton. D’emblée, ça s’annonce compliqué. Si l’ensemble de ce ‘In The Yard’ est à rapprocher de ses mentors ‘folk’, on trouvera, outre de nombreuses ballades sirupeuses, d’autres recettes pop ultra catchy comme sur ce ‘Can You Run’ (Run Run?) qui lorgne tant du côté de Phoenix que des Maroon 5. Peut être utilisé comme instrument de marketing de masse et/ou de torture. (am)

Francesca Belmonte ‘Anima’ False Idols/ !K7

On l’avait prédit : l’androïde Tricky, revenu au top depuis deux albums, prévoit l’invasion et s’apprête à libérer son armée sur une terre sans défense. Muse et protégée du maître, Francesca Belmonte est sa première arme de destruction massive. Surgie des flots goudron d’Adrian Thaws, la belle inquiétante chaloupe et serpente sur les vagues épaisses d’un r’n’b vénéneux comme du Pressure Drop. Organismes protéiformes, musique et voix chez Francesca se plaisent à l’hypnose, au mirage. Dangereux camouflage : prenez garde à ses ronronnements d’Ella Fitzgerald sur ‘Joker’. Même son air fatigué sur ‘Stole’, faussement blues, est un piège qui vous amène au cœur du bayou. ‘Anima’ est un jeu de miroirs, une galerie de vignettes innocentes où circule un tigre en liberté. On se laisse dévorer avec bonheur. (ab)

Big Business ‘Battlefields Forever’ Solar Flare Records/Gold Metal Records/ Broken Silence

Sorti depuis plusieurs mois, ‘Battlefields Forever’ est passé totalement inaperçu, bien qu’on y retrouve deux membres des mythiques Melvins. La raison est double : d’une part, les membres du groupe ne savent pas se vendre et d’autre part, ce qu’ils produisent n’a rien pour faire le buzz. Si le groupe qualifie sa musique de light métal ou de heavy rock, elle est avant tout stoner. A la différence d’autres combos du genre, Big Business privilégie la concision, où les neuf titres n’excèdent pas les quarante minutes. Sans détours inutiles, le groupe va à l’essentiel et nous offre des titres percutants, incisifs et très mélodiques. Le brillant ‘Trees’, hypnotique à souhait, met en avant un côté aérien et presque éthéré, là où le corrosif ‘Doomsday’ porte bien son nom en envoyant le bois. La palme de l’excellence revient à l’épique et monumental ’Lonely lyle’ qui boucle un album excellent de bout en bout. Clairement le meilleur album de stoner sorti en 2015. (pf)

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Braids Blind Digital Citizen

‘Deep In The Iris’

‘Premières Vies’

Arbutus Records/Konkurrent

Entreprise/Sony

Par quel bout auditif que je le prenne, ‘Deep In The Iris’ me donne envie de m’arracher les molaires pour les enfoncer dans mes oreilles. Pourtant, Raphaelle Standell-Preston vise une pop ultra-féminine riche et complexe, voisine de Björk et Tori Amos, non sans certaines réussites thématiques. Au détour d’un impressionnant pamphlet accouché dans la douleur (‘Miniskirt’), le patriarcat en prend pour son grade avec une justesse de ton qui laisse comme un silence rouge vif une fois le morceau terminé. « It’s like I’m wearing red/And if I am/You feel you’ve the right to touch me/Cause I asked for it/ In my little mini skirt ». Frontale, StandellPreston n’évite pas les dérapages (‘Sore Eyes’, puritain malgré lui). Et abuse à l’occasion de montées lyriques empruntées à son homologue islandaise. C’est là que le bât blesse : quand le poids des paroles ne suffit plus, Braids se la joue démonstratif, s’étire puis s’étiole ; la précision des paroles ne trouve pas écho dans les pâles simagrées synth-pop du trio aux réflexes ovariens en quête d’identification, perdus quelque part entre la pop baroque de Marina & The Diamonds et l’ambiante stérilité de Chvrches. La colère de Raphaelle mérite plus perfectionniste écrin. (ab)

C’est dingue : trois grands disques synthétiques et cosmiques viennent de sortir quasiment simultanément au pays du Camembert (électrique) : d’abord l’incroyable chevauchée martiale de Flavien Berger qui propose avec ‘Léviathan’ un opus monstrueux, indicible, au-delà de l’imaginable. Puis Gratuit, aka Antoine Bellanger, qui offre avec ‘Là’, un album à la noirceur salutaire, dansante et maladive, sidérante. Deux albums considérablement dérangés auxquels s’ajoute ce premier projet de Blind Digital Citizen, un disque Entreprise, un disque forcément pas net (se souvenir du cerveau sinoque de Moodoïd l’an dernier). Le nouveau label poursuit donc sa ligne éditoriale vers le dément, la camisole définitive. ‘Premières Vies’ est un album multiple, tentaculaire, fou, labyrinthique même. Moins évident que les deux autres, plus sournois aussi. Il ne faut pas moins de trois écoutes pour l’assimiler un peu, un tout petit peu, pour qu’il ne forme plus qu’un ensemble mouvant dont on ne s’échappe pas, que les relents de Bashung dans la diction s’effacent derrière des beats surexcités, eux-mêmes subjugués par les étendues floydiennes ; que tous ces vers tordus sortis d’on ne sait où ne fassent plus qu’un long poème psychédélique où des rois bannis de l’univers traiteraient leurs mères de sales putes en affirmant tour à tour être Marie Stuart, reine d’Écosse à 6 jours, Saint-Louis, Napoléon, Hamlet, s’obligeant à se regarder en face au moment d’éjaculer après s’être crûment demandé c’est quand qu’on baise. Oui, tiens, d’ailleurs, c’est quand qu’on baise ? (lg)

The Black Tartan Clan ‘2008-2014’ Autoproduction

Le plus celtique de tous les groupes belges punk, The Black Tartan Clan, a décidé de sortir une compilation de 12 titres pour ses 7 ans d’existence. Quiconque a vu le combo sur scène peut attester de la folie furieuse qu’il peut générer en concert. Pari pas gagné d’avance, l’énergie du live est préservée sur les albums, qui donnent méchamment envie de vider une bouteille de whisky en pogotant dans le salon. Si la musique de BTT est résolument festive, elle tient extrêmement bien la route sur le plan musical. Variée et authentique (cornemuse et banjo sont de la partie comme chez les vrais Irlandais), la zik de nos compatriotes peut tutoyer des légendes comme les Real McKenzies ou encore les Dropkick Murphys. Une belle collection pour découvrir le groupe qui comporte des classiques comme ‘Here we go’, ‘Beer and women’, ‘Piper Bill’ ou encore ‘Don’t walk alone’. (pf)

The Blind Shake ‘Fly Right’ Slovenly Records

Lancé à fond de balle sur l’autoroute du rock garage, un trio de Minneapolis est en train d’accomplir le grand chelem des meilleures stations services. Après un disque pour le compte de Castle Face Records, la superette tenue par le fantastique John Dwyer (Thee Oh Sees), et une sortie remarquable (‘Breakfast of Failures’) dans les rangs du label Goner (The King Khan & BBQ Show, Jay Reatard, Ty Segall), voilà que The Blind Shake débarque avec un nouvel album chez les sauvages de Slovenly Records (J.C. Satan, Acid Baby Jesus). Manque plus qu’un deal avec In The Red l’an prochain et le groupe aura tout gagné, comme André Agassi. En attendant ce retour gagnant, on se prend un nouveau coup droit en pleine tronche. ‘Fly Right’ est un bolide en feu : une bagnole pilotée par les guitares incendiaires des frères

Blaha. Sous le capot, Dave Roper tape frénétiquement sur des bambous et imprime un rythme de fou, une cadence de dingue. Ce septième album (!) de The Blind Shake témoigne de la force de frappe d’un groupe taillé pour la scène. Quelque part entre Devo, les Ramones, Thee Oh Sees, Dick Dale et Fugazi, les lascars tournent le volant à neuf reprises. Dangereuses, les manœuvres débouchent sur de spectaculaires embardées : un dérapage de riffs dans les graviers du rock indépendant, suivi d’un frontal dans le mur du son. Des champions ! (na)

Les Boucles Absurdes ‘Into My Brain’

Manu Ribot ‘Ça’ Off/Mandai

Bons princes, nous nous sommes toujours fait l’écho dans nos pages des frasques de Pierre Vervloesem quand elles se donnaient à entendre. Un monde à lui tout seul. Vervloesemland. Pierre au pays des merveilles. Un univers atypique décliné en une multitude de projets et de collaborations. Les Boucles Absurdes en sont une des facettes. Celle en l’occurrence d’une association momentanée menée avec son comparse Jean-Pierre Jonckheere. ‘Into My Brain’ aligne une dizaine de morceaux drus et bigarrés, pour la plupart rythmiquement enjolivés, recourant à l’électronique et, plus accessoirement, aux voix de chanteuses invitées (Van Cappellen-Waldock et Seesayle) et même à la trompette en sourdine de Luc Van Lieshout (Tuxedomoon) sur le flouté ‘Left alone’. Avec Manu Ribot, dont on se demande s’il est parent ou allié de Marc, Vervloesem a convoqué le batteur Didier Fontaine, adjoint fidèle de longue date, ainsi quelques autres musiciens. Ensemble, ils ont forgé plus d’une vingtaine de vignettes instrumentales aux couleurs zorniennes, zappaiennes, zappatesques à certains endroits. Les nombreux intermèdes qui ponctuent le disque, rassemblés surtout sur sa fin, donnent un peu d’aération et de récréation à ce tableau fort chamarré. (et)

Breaking Fuel ‘More More More’ Dipt yque Records

Sur leur page Facebook, ces jeunes gens énervés de Bordeaux définissent leur genre musical comme du 2020’s rock. Probablement une boutade : ces types lourdingues, n’ayant en réalité pas inventé le fil à couper le beurre, remettent au goût du jour le rock fusion, ce machin souvent atroce qui cassait pas mal d’oreilles parentales fin du siècle dernier, quand le groupe en rage contre la machine de Zack de la Rocha était sur tous les t-shirts adolescents. C’est donc, peu ou prou, le même brassage des genres, de l’early Red Hot sauce dub en passant par des pitreries à la AC/DC, le tout enregistré live, sur bandes, dans un studio en Dordogne. Le plaisir que les gars prennent à s’entendre jouer est manifeste, et communicatif, mais suffit rarement à transcender le bazar, à l’exception du morceau final, une sorte de rock de l’espace chanté habillement en français. On voit donc l’affaire d’ici : dans quarante ans, ces Bordelais raconteront encore à leurs petits-fils comment Adrian Terrazas-Gonzalez (« de The Mars Volta, mon gars, un des groupes majeurs à l’époque, tu sais », lesquels gamins acquiesceront par politesse) s’est retrouvé à jouer du saxophone sur ‘Spycolors’. Lui, lui ne s’en souviendra certainement plus. (lg)

Bruce Brubaker ’Glass Piano’ InFiné/V2

Rares sont les compositeurs qui recueillent à la fois les faveurs d’un public classique (au sens musical) et des poppeux. Si Steve Reich (voir le Love On The Bits de ce mois), John Adams ou Arvo Pärt en font incontestablement partie, Philip Glass est un nom tout aussi essentiel. Célèbre


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Earteam

au point de voir sa musique reprise dans des spots de pub, le compositeur américain est à son meilleur quand il écrit des B.O. et on pense d’abord aux incroyables partitions ‘Koyaanisqatsi’ (1983) et ‘Powaqqatsi’ (1988), deux œuvres fondatrices et visionnaires (oui, monsieur). Du plus haut niveau sont aussi ses quatuor à cordes, genre parfois aride auquel Glass est parvenu à donner une légèreté rythmique et harmonique absolument sensationnelle (un disque indispensable, ‘Kronos Quartet Performs Philip Glass’, 1995). Moins courue, la musique pour piano du minimaliste américain est remarquablement défendue par Bruce Brubaker sur ‘Glass Piano’ (l’occasion de réaffirmer les choix éditoriaux sans faille du label InFiné, au passage). D’un toucher à la fois précis et aérien, le pianiste de Des Moines, Iowa virevolte quand il le faut, lâche la bride là où c’est nécessaire, tout en déposant l’accélérateur en période d’accalmie. Expert de l’art du rubato, comme il est passé maître de l’interprétation de ses contemporains (Alvin Curran ou John Adams), Brubaker démontre que la musique de notre temps peut s’ouvrir à un large public. (fv)

Blur ‘The Magic Whip’ Warner

Inutile d’emprunter des chemins détournés : ce disque qui marque le retour de Blur après une période d’hibernation digne de la Belle au bois dormant est un vrai miracle (de storytelling ?). Depuis sa conception jusqu’à sa réalisation sous la houlette de Stephen Street. Mais comme souvent dans pareilles circonstances, la joie des retrouvailles peut se trouver tempérée par l’inévitable nostalgie que suscitera toute comparaison avec les fulgurances passées, par essence inégalables. Autant le dire immédiatement, on n’est pas déçu par ce come-back qui, s’il n’a rien d’un putsch artistique, est encore moins une tentative désespérée de clonage des fulgurances britpop originelles. État des lieux représentatif des multiples talents du groupe, dont le génie de Damon Albarn n’est qu’une facette, ‘The Magic Whip’ semble d’abord condenser une somme d’expériences personnelles. Entre petites fantaisies à la Gorillaz et moments plus atmosphériques made in Coxon, sa première écoute laisse effectivement perplexe. Il suffit de répéter l’exercice pour voir le disque prendre corps et renouer avec l’alchimie et la tension créatrices du duo Albarn-Coxon. Et apprécier les subtilités de ces titres miraculeux qui s’agrègent autour de mélodies entêtantes pour célébrer les retrouvailles. Tous les ingrédients de la sauce Blur explosent alors en bouche. Illustration parfaite avec le sublime et bouleversant ‘My Terracotta Heart’, morceau phare de l’album. Mais entre les titres convoquant l’excentricité électrique de leurs années folles (le pétillant ‘Lonesome Street’ ou le robotique ‘Ice Cream Man’) et les ballades spectrales (‘New World Towers’, ‘Thought I Was A Spaceman’), c’est peut-être la mélancolie qui constitue le seul véritable fil conducteur de ce disque. Parce qu’elle enterre l’arrogance optimiste de la britpop ou parce qu’elle anticipe déjà le prochain et inévitable split ? Seul l’avenir le dira. (gle)

Casssandre ‘Goddy Godd’ Autoproduction

Révélation 2014 du concours ‘Du F dans le Texte’, qui vise à promouvoir la langue française dans la pop, Casssandre, trois s, débarque avec un premier EP plutôt prometteur. D’abord parce que la pop, Cassandre Prieux – déception, dans la vraie vie, elle n’en a que deux – semble s’en ficher pas mal. Tout au plus traînet-elle parfois ce petit accent de Camélia Jordana au fond de la gorge. De fait, l’affaire s’ouvre sur un poème abscons mis en musique de manière assez minimale. La suite, entre groove funky avec jolis chœurs (‘L’Impertinente’) et easy listening chic (‘Les Géants’), ne déçoit pas. Mention particulière à la flûtiste Esinam Dogbatse qui irradie un peu partout et, principalement, sur ‘Sifflant Soufflant’, sorte de jazz des îles beau comme du Chassol. (lg)

Nick Cave & Warren Ellis ’Loin Des Hommes’ Goliath/V2

A l’image du Vietnam pour les États-Unis ou du nazisme pour l’Allemagne, l’Algérie n’a eu de cesse d’inspirer le cinéma hexagonal. Triple prix à Venise (mais pas Lion d’Or), basé sur une nouvelle de Camus, ‘Loin Des Hommes’ relate l’odyssée d’un instit français et d’un paysan algérien poursuivis dans l’hiver glacial de l’Atlas, en un monde où esprit de vengeance et injustices de la colonisation règnent en maître. Œuvre de deux habitués de la bande originale (‘The Assassination of Jesse James’, ‘Lawless’), les Bad Seeds Nick Cave et Warren Ellis, la soundtrack du film de David Oelhoffen évoque à la fois l’intimité et les grands espaces. Elle s’ouvre sur un cri déchirant, où le chant évoque un moine shintoïste en quête de rédemption, avant qu’un calme plat trompeur ne s’émeuve d’une langueur néo-classique où le support visuel serait le bienvenu. C’est d’ailleurs le cas sur la (grande) majorité des titres qui, en dépit d’une beauté

formelle entre lento et adagio, manquent de points d’ancrage auditifs pour oublier leur destination originelle. Quelques superbes exceptions avec ‘Setting Out’ ou ‘Dust Storm’, en rappel introverti de Shigeru ‘In The Mood For Love’ Umebayashi. (fv)

Charlemagne Palestine ’SSINGGGG SSCHLLLINGG SSHPPPINGG’ Idiosyncratics

Inclassable, impertinent, impétueux. Ces qualificatifs sonnent à merveille auprès de Charlemagne Palestine, électron libre hors de tous les champs lexicaux, et une fois de plus, l’artiste américain nous embarque où on ne l’attend pas. S’il n’y a guère que Keiji Haino ou Ghedalia Tazartes dans un environnement libertaire du même tonneau, la discographie du résident bruxellois ajoute encore une pierre à l’édifice de légende. Quand il ne collabore pas avec les héros de notre temps, ça donne quelquefois des miracles d’équilibre (en témoignent les cloches de ‘Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear’ aux côtés de Z’ev en 2013, voire plus récemment auprès de Rhys Chatham), notre chamane préféré (avec Ghedalia T.) confirme dans l’aventure solitaire qu’il n’a nul besoin de compagnie, fut-elle excellente, pour côtoyer les astres. Aujourd’hui exposée sur une longue trame nappée aux synthés de 51 minutes, sa voix haut perchée est d’autant plus explicite qu’elle se retrouve, les minutes passant, au milieu de chants d’oiseau, de cris dans la foule ou d’une pluie battante, tel un témoignage d’avant la fin des temps que viennent sauver des échos enfantins réconfortants. Une fois de plus, la musique aura sauvé le monde. (fv)

Chateau Marmont ‘Sound of Shambala’ Arista/Sony Music

À fond dans l’encens, absorbés par la mythologie bouddhiste, les deux resca-

pés de Chateau Marmont – qui pouvait autrefois compter sur un troisième chevalier mormon – sculptent aujourd’hui la bande-son de Shambala, un lieu mystique et paradisiaque : une sorte de jardin extraordinaire pour détenteurs de chakras bien ouverts. Plus lounge que jamais, le duo arrondit les angles et rabote les moindres imperfections de sa pop synthétique. Bien trop chill et passepartout pour nous, l’album ‘Sound of Shambala’ refourgue des sons à enfiler entre deux séances de fitness dans une salle de sport bling-bling. En onze morceaux interchangeables, le groupe recouvre les murs de son hôtel (Costes ?) d’un papier-peint aux motifs translucides et totalement inoffensifs. Invités à passer la nuit au Château, Bent Van Looy (Das Pop) et Alex Gopher ont l’air de s’emmerder grave. On les comprend. (na)

Crapulax ‘Violence Gratuite et Flûte de Pan’ Autoproduction

Rappeur bruxellois d’origine chilienne, Crapulax n’est pas du tout chillax. Enculé stylé, nerveux posé, le gars décortique avec humour et ironie l’ambiguïté et le mal être de nos sociétés modernes. Collectionneur de citations pillées dans les blockbusters, consommateur de substances littéraires, l’artiste slalome entre les légendes du tube cathodique et des histoires pas très très catholiques. Sur ce premier album au titre tendu comme un majeur en direction des gens trop serrés, trop sérieux ou engoncés dans l’ordinaire du système (‘Violence Gratuite et Flûte de Pan’), Crapulax crache sur la routine (‘Pirates des Carapils’) et balance quelques vérités absolues : « On a tous bouffé de la viande de cheval ! » (‘Charcuterie fine’). Le flow tendu sur des textes bien tordus, il signe aussi quelques belles réussites. La mélodie de ‘Bateau-Mouche’, notamment, se siffle d’une traite et fait un bien fou. Plus loin, l’artiste grimpe dans ‘La

Tourette’, un hymne personnel et désenchanté qui flirte subtilement avec la dépression. Même si Crapulax n’échappe pas à certaines marottes nineties passablement éculées (‘Dis-moi d’où tu viens’), il signe un chouette recueil de hip-hop tagué en noir-jaune-rouge. (na)

Death Grips ‘The Powers That B’ Har vest Records/Caroline

Projet aux horizons incertains – ici, chaque disque marque un peu le début de la fin d’une carrière dopée aux drops expérimentaux – et à l’organisation bien fumeuse – est-on en présence d’un trio, d’un duo, d’un collectif ou d’un concept arty sans queue ni tête ? –, Death Grips compile ses deux dernières livraisons sur un double album intitulé ‘The Powers That B’. Face A, on retrouve les huit morceaux de ‘Niggas on the Moon’ : cerbère lâché aux mollets du hip-hop dans un grand délire bâtard. Rythmiques noise rock décapées au chalumeau, samples baveux harponnés à l’aide d’un dard magnétique (à un moment, Björk se fait agrafer et on a mal pour elle) ou arrangements mutants taillés à la scie mécanique : c’est très sauvage. Face B, le disque ‘Jenny Death’ repart à l’assaut de ce rap transgenre avec le coffre chargé d’amphétamines. Entre mines industrielles (‘On GP’) et brasiers hardcore (‘I Break Mirrors With My Face in The United States’), il convient de se montrer à la hauteur du délire pour traverser ce deuxième volet dans la foulée du premier. Puissant, mais franchement éprouvant. (na)

Dinner ‘Three EP’s 2013-2014’ Captured Tracks

De Blouse à Beach Fossils en passant par Wild Nothing ou Mac DeMarco, Captured Tracks détecte les OVNIS pop avec une régularité et un bon goût rarement pris en défaut. Nouvel étoile filante apparue dans le ciel de la pop moderne, Anders Rhedin aka Dinner ne pouvait échapper bien longtemps aux radars du label newyorkais. Sur cette compilation de trois EP’s riche d’une dizaine de titres, dans la lignée du Mac DeMarco des débuts, le grand Danois se révèle tel un crooner kitsch désopilant et attachant. Baignées dans un reverb’ bricolée maison, ses mélodies immédiates se jouent du format pop pour accoucher d’une synthpop aussi nihiliste que rétro-futuriste. Une musique librement folle ou follement libre qui rappelle souvent l’amateurisme éclairé d’Ariel Pink ou le génie taré de John Maus. Illustration parfaite avec le très mystique ‘Say What You Want (Love Is Dead)’ sur lequel le grand dadais prêche de sa voix d’adolescent en pleine mue sur des nappes d’orgues planantes. C’est d’ailleurs cette voix de baryton acnéique qui donne régulièrement une autre dimension, brutale d’honnêteté, à cette musique issue des tréfonds électromélancoliques. Génie, escroquerie ou folie ? On vous laissera le soin de juger. (gle)

Dizzy Moon ‘Secrets Under The Banyan Tree’ Dizzymoon Music

Ce que l’on sait de Dizzy Moon tient en quelques mots à peine. Maryse Guédon, une jeune violoncelliste française, a col-


Earteam porté son instrument entre Berlin, Liège, la Lozère et bien d’autres ailleurs. Elle y a recueilli des impressions pour les consigner dans ce premier disque autoédité et gracieusement habillé qui tient plus du carnet de voyage que d’un album jouant la longueur. Sept petites pièces qui s’accolent entre elles sur une vingtaine de minutes serrées. Guédon y figure seule avec son instrument et sa voix. Recourant aux différentes possibilités offertes par le violoncelle, elle déploie un jeu clair dont la limpidité est renforcée par une production sans fioriture et respectueuse de son expression. Quant à son chant, il est fragile et un rien trop précieux, accentué par l’accent frenchy et des textes trop candides dont elle peine à se départir. Au final, on se plaît pourtant à réécouter ce disque dont la brièveté est à la fois un atout et le signe d’un commencement. (et)

Django Django ‘Born Under Saturn’ Because Music/Warner

J’aurais dû m’y attendre : on m’avait déjà fait le coup avec le Père Noël et la petite souris. Mais là, j’y croyais, dur comme fer. À la farandole ‘Zumm Zumm’ topsy-turvy, à la graine folle que ces quatre-là avaient su faire germer de leur premier album, à l’engrenage branque qui fit ‘Defautlt’. « Reach a plateau, but you’re feeling like you just begun ». À d’autres! Sophomore, tu as beau être né en plein cosmos, à force d’opter pour ces mi-miel mi-pouet ‘Vibrations’, tu m’endors. Ou plutôt non, tu ne me fais pas danser, et c’est bien là ton irrévérence. Oh bien entendu, ‘Giant’ fait encore croire aux amples épopées à ciel rouge, ‘Shake and Tremble’ est un polar cosmique qui rebondit et ‘Found You’ fracasse encore ses rythmes avec des œufs d’ara. Mais que tu dégaines un saxo dans ‘Reflections’ ou que tu fasses trop souvent ‘Pause Repeat’, il me manque bel et bien quelque chose – la transe ? – pour te penser capable à nouveau de me décrocher la ‘High Moon’. « I’ve seen your face in better days / How times have changed ». (alr)

DMA’s ‘s/t’ Infectious Music

‘Feels Like 37’, « you don’t shine right »: c’est Manchester, c’est l’heure du stade. De cette bière tiède dans laquelle tu manifesteras d’un crachat et d’un « awayyyy » appuyé ton jeune âge et ta condition de prolo dans une ville qui, en 1995, ne veut pas de toi. L’heure d’une petite gloire matinale gagnée à la veuve-poignet. À moins que de la scène tu n’aies gardé que le pantalon baggy et le pull qu’on zippe, le néon qui pisse un peu et la morgue. À moins que tu sois, toi, à des milliers de miles de là, cousin de Noël et Liam mais plutôt du genre à observer une fille avec des diamants dans les yeux, à lui montrer ta gaucherie candide de gars du bas de Newton: « Don’t delete my baby, I’ll find a chorus now ». Peut-être qu’il est là, ‘The Plan’ : élargir ton quartier à force de shoegaze, faire tes dents de lait sur la britpop, tout tenter pour ne pas perdre de vue celle qui te fait de l’œil. T’accorder une ou deux cuites par semaines et quelques vers inspirés. Et peut-être que moi, 15 ans il y a 20 ans déjà, je peux encore accepter ce son-là, surtout délesté des querelles fratricides. (alr)

Chrome Brûlée ‘Chrome Brûlée’ Kasset/FONS Records

Mayo Giallo. Je me pince encore. Pur délire nostalgia transalpin né sur nos terres, Chrome Brûlée se veut aussi rutilant que les Goblins. Ces petits flamands masqués ont bien compris que le genre ne s’embarrasse pas de retenue. Moines robotiques aux regards de feu, armada retro-geek de synthés (Korg, Moog, Roland, Simmons, etc.), envolées d’halos sur bandes vidéos ; Chrome Brûlée est plus qu’une ode aux early eighties : c’est un rêve mouillé, un coïtus non-interruptus, c’est le viol de la Grande Idole par ses fans en pleine transe religieuse. Dénué d’anachronisme, on croirait sans peine à un lost gem retrouvé planqué entre deux Betamax et trois Rubik’s Cubes, aux côtés de Laza Ristovski, Renato Zero et Rodion GA. Plus excitants que leurs confrères d’Umberto, moins poseurs que Zombie Zombie, aidés de compos fluos en béton, Chrome Brûlée tire un laser en plein cœur. (ab)

Dogbowl ‘Zone Of Blue’ 62T V Records/Pias

Le 8 avril dernier, il s’est passé un drôle de truc au Witloof Bar. Une réunion d’anciens combattants à seize boules la place. Le chef d’escadron, c’était Stephen Tunney, aka Dogbowl, gros ours aux airs de freak repenti, touche-à-tout génial coiffé de multiples casquettes cradingues – celle de peintre, de musicien mais aussi de romancier, ou poète, si l’on veut. Les fantassins, c’étaient les membres émérites de Little Egypt, un groupe dont même ton père n’a jamais entendu parler. Entre les fûts se faufilait Kenley Dratwa, le nouveau cador de l’architecture bruxelloise. Seul jeune de la bande. Ensemble, ils nous ont livré une heure de brouhaha indescriptible dont on peinait à distinguer un début ou une fin de morceau. Coup de théâtre lorsque Rodolphe Coster, notre Thurston Moore marolien, pointa son hermine sur ‘Zone Of Blue’ pour trois minutes de guitares hurlantes. Malgré la cacophonie ambiante, il se dégageait dans cette ingrate cave à chicons une émotion plus vraie que nature. Des préceptes que réfutaient les auditeurs trop scolaires pour exalter doublement les grands nostalgiques de la lo-fi. Une notion très intime du beau. Un beau qui s’en cogne pas mal du bien, ou du juste. Suffit d’écouter la ballade en béquille ‘Red and Blue’ pour en avoir le cœur net. Trébucher avec eux dans les nids-depoule de ces histoires boiteuses qui ne laissent pas vraiment indemnes. (am)

Downtown Boys ‘Full Communism’ Don Giovanni Records

Groupe de punk au cœur pur, Downtown Boys brandit ses guitares pour lutter contre le racisme, l’homophobie, les injustices fiscales, les inégalités sociales et tout ce qui part méchamment en couille dans le monde moderne. Premier album expédié avec la rage au ventre et un savoir-faire artisanal défiant les multinationales de tous poils, ‘Full Communism’ est un disque engagé et terriblement engageant. Au chant, la meneuse de troupe, Victoria Ruiz,

catapulte ses slogans dans des barricades électriques surmontées de cuivres épileptiques. Poing levé, le groupe distribue des coups de Converse au cul des banquiers (‘Traders’), se fend d’un fulgurant bras d’honneur en direction des forces de l’ordre (‘Future Police’) et part à l’assaut d’un système rongé par les décisions de politiciens avides de pouvoir et de pétrodollars. Le son de Downtown Boys ne révolutionne en rien l’histoire du rock, mais les douze morceaux balancés dans les rangs de la manifestation ont le mérite de provoquer un fameux remous et un solide coup de kick. Soufflant. (na)

Du Blonde ‘Welcome Back To Milk’ Mute/Pias

Folkeuse à bout de nerfs, Beth Jeans Houghton a craqué son string en beauté et pété un câble avec panache. Fâchée avec elle-même, irritée par les logiques de l’industrie musicale, en guerre contre le monde, celle qui traînait autrefois aux bras de Mike Lindsay (Tunng) a décidé de couper les cordes de sa guitare acoustique pour mieux arracher ses cordes vocales. La sage chanteuse de Newcastle n’est plus. Désormais, Beth s’appelle Du Blonde. Elle vit en Californie, peroxydée et à moitié nue. Faux ongles scotchés aux bouts des doigts, une patte de lapin greffée entre les cuisses, l’artiste purge sa colère en criant et soigne son moral par voies paramédicales (elle a arrêté de boire et de fumer pour s’adonner aux joies de la méditation transcendantale) et musicales. Un peu théâtrale, elle endosse le costume de la PJ Harvey rebelle et s’en va promener son instinct bestial dans une jungle d’envies luxuriantes. Entre resucées hard-rock (‘Black Flag’) et torch song aux tendances skèt’brayette (‘Hunter’), Du Blonde se met en danger sur douze morceaux produits par le Bad Seeds Jim Sclavunos. En fin de parcours, la jeune femme échange quelques revers fiévreux en compagnie de Samuel T Herring, âme torturée du groupe Future Islands. Ça donne ‘My Mind Is On My Mind’ et c’est plutôt bon. À l’image de cet album bien tordu. (na)

Dylan Municipal ‘Nieuport/Nieuwpoort’ Pilot ti

Si vous êtes Lillois, Roubaisien, Béthunois ou, plus prosaïquement, de Wambrechies, Dylan Municipal parle

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peut-être à vos oreilles. Si vous êtes hors-Nord, il ne vous dit sûrement rien. Ce disque est une excellente façon de faire connaissance avec ce combo postsurréaliste. Vous prendrez le train à Lille pour Nieuport où vous foulerez la digue pour vous enfoncer dans les dunes pour ensuite manger une bonne saucisse, délesté de vos soucis et de vos sosies. Vous communiquerez par voie de télex, jaugerez les atomes de votre personne, donnerez votre sang au centuple et éviterez un Styx de justesse. Au passage, vous vous ramasserez dans les oreilles un extrait a cappella de l’insupportable ‘Thaï nana’, clin d’œil illusoire à un autre duo français déjanté : Kazero. Les chansons de Dylan Municipal ne s’apparentent que très lointainement à ce genre fourre-tout que l’on nomme la chanson française. Musicalement, elles aiment à louvoyer pour mieux se perdre aux confins de la pop et de la poésie faussement situationniste. Quant à la voix, elle tient plus de la narration que du chant, penchant à certains détours vers une sorte de spoken word artésien. Quelque part entre Enablers et Georges Perec. (et)

Earl Sweetshirt ‘I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside’ Tan Cressida / Sony

Écouter. Réécouter. Décrypter. Chercher l’entrée. Perdre la sortie. Dépressif, le flow d’Earl Sweetshirt est gris comme l’attente. Le jeune homme s’y dévoile dans un mouvement inversé de replis maladif, forcément downtempo : sa mère, ses potes, les addictions, le succès qui pourrit tout sauf le portefeuille. Thebe Kgositsile se débat depuis toujours avec le hip-hop, qu’il conçoit minimaliste et underground, et avec le livestyle qui s’y colle. Rigueur, fidélité, be true to yourself. Envoyé par sa mère dans un foyer pour gosses à risques à Samoa quand ses premiers pas avec Odd Future l’ont poussé à accumuler les conneries, Earl Sweetshirt aurait du en revenir plus fort. Modèle d’attitude lors de son séjour, l’atterrissage du retour fut plus rude que prévu. En cause la rencontre du succès et d’une estime de soi en berne. Ankylosé. « J’aime que dalle, je sors pas » est un disque forcément farouche ; il échappe au plaisir, il évite à dessein les hooks qui se dessinent sous le marasme électro de ses Idées Noires. Une œuvre exigeante. (ab)

East India Youth ’Cultures Of Volume’ XL Recordings

A en croire le storytelling, les débuts de William Doyle aka East India Youth remontent à un concert donné dans une cave un soir de novembre 2012, muni d’un Macbook déglingué et d’un Casio vintage. Derrière l’histoire, anecdotique et avant tout destinée à ceux qui s’obstinent à oublier que nombre d’artistes obscurs ne rêvent que de mainstream, on retrouve un premier album l’an dernier, où les ingrédients synthpop du gaillard étaient déjà bien éclos. Un an plus tard, son successeur ‘Cultures Of Volume’ déboule, sur le gros label indie XL Recordings. Poppy à souhait, mais aussi terriblement old school (avis à toi, le dépoussiéreur des boules à facettes fan


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Earteam

des Pet Shop Boys), le disque s’écoute certes sans le moindre mal, c’est hélas le prix à payer pour sa petite heure de plaisir coupable. Et si la voix de fausset de Mr. Doyle ravira les adversaires de la testostérone, et que la ligne vocale rappellera un chouia de Neil Hannon passé par la case Mika, les effets instrumentaux electronica eighties (beats inclus dans le package) montrent que la marge entre nostalgie et ringardisme n’est jamais très grande. (fv)

Ed Wood Jr ‘Lost.Drive.Water.Exit – EP’ Black Basset Records

En fin de soirée aux Nuits Bota, t’entendras toujours bien un pro hurler que le math rock, c’est mort, et qu’aujourd’hui, tu dois être Stromae ou Oscar & The Wolf. Sauf que celui-ci n’y a plus jeté une oreille depuis la mort de Michel Daerden. Celuici ignore sûrement l’existence de Black Basset Records, micro-structure bruxelloise qui résiste encore et toujours contre l’envahisseur (entendre : prend encore du plaisir à sortir des disques). Hasard ou pas, c’est dans ce jardin d’Éden bruxellois que les Lillois d’Ed Wood Jr ont trouvé asile. N’en déplaise aux anti-bobos saintgillois, l’Union (franco-belge) fait la force, comme le prouve ce ‘Lost.Drive.Water.Exit – EP’ carrément bath, qui jette aux ordures le math-rock à papa pour prendre un cap plus ambitieux. Comme l’ont fait les ancêtres PVT ou Aucan. Ed Wood Jr deviendra grand et, en étudiant la science des synthés, en s’essayant au chant, il parvient à bâtir quatre charpentes solides : le tapping presque Aerodynamic de ‘Lost’, la transe fugace de ‘Drive’, les modulations aqueuses de ‘Water’, les entrechoquements synthétiques de ‘Exit’ sont autant de raisons de croire en ce math païen dont l’avenir sent plutôt monstre bon. (am)

Eels ‘Royal Albert Hall’ : CD+DVD E Works/Pias

Ludique et lumineuse en façade, convulsive et sombre à l’intérieur, la musique de Eels a toujours reflété les contradictions d’un songwriter parmi les plus borderline et charismatiques de sa génération : Mark Oliver Everett. Dix-neuf ans après ‘Novocaïne For The Soul’, aussi insaisissable que le nom de sa formation, ce loup solitaire n’aime en effet rien tant que de se frotter à son public et de conserver un souvenir tangible de ces confrontations. Investissant le prestigieux Royal Albert Hall et ses sièges en velours pour un concert empli de sérénité et de maturité, à défaut d’électricité, le songwriter se mue en performer pour mettre le feu à ce temple victorien de la musique londonienne. En évitant soigneusement le tapage et les artifices comme l’illustre, sans économie de moyens techniques, le DVD qui accompagne ce double live. Et on a beau chercher, on ne trouvera pas davantage de signes d’embourgeoisement tout au long de ces trente morceaux qui revisitent chaque facette de la musique cérébrale des américains. Cette captation, qui se joue régulièrement des codes du genre, met en effet parfaitement en relief la pop traître d’Eels, dont les tournants et tourments aiment à se dissimuler derrière un refrain limpide. Trouvant l’équilibre parfait entre vieilleries, tubes et fan favorites, c’est peut-être lors des reprises inat-

Dave DK ‘Val Maira’ Kompak t/News

‘Val Maira’ est le troisième album de Dave DK sur Kompakt et tient tout simplement son nom d’une vallée dans les montagnes italiennes. Et si le travail du berlinois fait preuve ici d’une impressionnante compétence de production, il trahit aussi une profonde expressivité personnelle ainsi qu’un impact émotionnel inévitable. Une équation à trois éléments connus et pourtant peu définissables, le tout pour vérifier l’hypothèse d’un postulat parfait. Celui qui mène Dave DK à rejoindre Nicolas Jaar, James Holden ou encore Pantha Du Prince parmi ceux qui sont parvenu à des croisements de styles sans s’égarer. Certes, DK est arrivé à s’inspirer de l’univers de son label mais, surtout, l’a transcendé. Des trames rythmiques lourdes, des sonorités mineures et des tintements entêtants esquissent l’émerveillement d’un artiste qui se découvre enfin, le journal intime d’un ado qui immortalise ses premiers émois. ‘Val Maira’ est fait de lignes soigneusement tirées et de défauts qui font la véritable beauté d’une œuvre. Depuis 2011, l’écurie berlinoise courait derrière son nouveau ‘Looping State Of Mind’. Elle peut reprendre son souffle, Dave DK a pris le bâton de relais. (dark)

tendues ou à hauts risques (‘Can’t Help Falling In Love With You’) que le Hombre Lobo se fait le plus virevoltant ou le plus touchant. (gle)

Electric)Noise(Machine ‘Pardon’ Black Basset Records/I for Us Records

Plus qu’un groupe, E) N(M est une machine, à en croire la bio du trio bruxellois accompagnant ‘Pardon’. Avouons-le, la description est totalement adéquate. Basée sur le triptyque voix/ basse/batterie avec un ajout d’électronique, la musique d’ E)N(M est un fracas noisy, un tsunami sonore qui vous submerge et vous engloutit dans un déferlement apocalyptique. Ne laissant nul répit, intense, agressif et sans compromis, l’ensemble oscille entre hardcore, punk et electronica barrée. Comme si Lightning Bold s’unissait à Atari Teenage Riot pour faire la révolution sonore, les six titres de cet EP font très mal, notamment les saisissants ‘You wear your heels tight’, ‘Strombo’ et ‘Lights out !’. Radical, brutal et sans compromis, on aime! (pf)

Faith No More ‘Sol Invictus’ Reclamation Records

En 33 ans (!) de carrière, Faith No More a connu 5 présidents américains différents, a réussi l’exploit de se produire à Berlin le lendemain de la chute du mur et d’être l’un des premiers groupes à jouer au Chili après la chute de Pinochet. Après s’être essayé à des styles aussi variés que le métal, le hard, le punk, le rap, le funk, le jazz crooner ou la muzak bavaroise, et dix-huit ans après la sortie de ‘Album of the year’, Faith No More nous revient avec un nouveau disque. Sa naissance est due au kick qu’a eu le groupe en interprétant sur scène l’une ou l’autre compo nouvelle qui a rendu le public dingue. Si le peuple vous réclame de nouveaux morceaux, pourquoi résister, après tout ? A l’autopsie, on peut le remercier, car ce nouvel opus est brillant. Métal mais pas trop, ‘Sol Invictus’ est davantage agressif au niveau du fond que de la forme. Plusieurs titres envoient

certes le bois, que ce soit avec le rap métal de ‘Superhero’ ou le bruitiste ‘Separation anxiety’, mais souvent, la tension est contenue et encore plus insidieuse, notamment sur le menaçant et lugubre ‘Motherfucker’ ou encore avec ‘Matador’, sublime exercice de métal crooner wagnérien complètement fou. Quand un groupe n’a rien sorti depuis longtemps, on a toujours peur que toute tentative de retour soit désastreuse. Ici, c’est un triomphe. En même temps, c’est de Faith No More qu’on parle. (pf)

Fool’s Gold

qui frise le maniérisme et la mégalomanie, l’artiste de Brooklyn oublie de lâcher prise. Sur ce disque de control freak par excellence, la New-Yorkaise veut prouver dès son premier jet qu’elle maîtrise tous les registres, des plus mélodiques aux plus dissonants, et sa ‘Sympathy’ ne suscite plus qu’irritation et antipathie. Un comble. (fv)

Gallows ‘Desolation Sounds’ Venn Records/Pias

Voici un peu moins d’une décennie, Gallows incarnait le futur du métal hardcore britannique tant sa musique dégageait un côté frais et audacieux. Après avoir sorti un deuxième album raté car trop prétentieux, le groupe a judicieusement redéfini son orientation, changeant de chanteur et sortant en 2012 l’album de la rémission. Trois ans après sort un nouvel opus qui ne manque pas de qualités et se révèle globalement séduisant. Si l’on émettra certaines réserves sur les titres plus métal/core, qui n’évitent pas toujours les clichés, on ne peut par contre que souligner le caractère fascinant des morceaux lorsqu’ils sortent des sentiers battus. Dans ce registre, on soulignera le titre éponyme, super dark et flippant, ou encore le lent et lancinant ‘Bonfire season’, évoquant certains travaux de Killing Joke. C’est lorsque Gallows lorgne vers le stoner doom et gothique qu’il brille le plus. (pf)

Jacco Gardner ‘Hypnophobia’

‘Flying Lessons’

Excelsior/V2

Yotanka/Pias

Casse-moi donc ce cycle, ou tu vas t’écraser avant même la première de tes ‘Flying Lessons’, white pyrite. Tu tapes sur des congas et tu t’crois numéro 1? T’es juste ‘Kolé Séré’ depuis une heure avec une fille qui a juste pour elle de pouvoir singer le même trémoussement de sourcils crayola que Tina Weymouth quand ta ‘Nadine’ – celle qui aurait pu parler amharique à Mulatu Astatke sans interprète – avait autrement plus d’éthiostyle. Qu’abuser du rhum afropop d’arrière-garde avec Kid Creole te donne l’envie de faire germer une ‘Wildflower’ sur ta terrasse d’Honolulu et d’onduler paresseusement des syllabes, admettons. Mais compte pas sur moi cette fois-ci pour la ‘Devotion’, pour les génuflexions dans tes poufs tout mous en wax, pour m’extasier devant ton papier peint à cocotiers. ‘Run with me’ ? « Woooooh hoooo hooo », j’demanderais pas mieux mais laisse tomber ce transat ! (alr)

On imaginait jadis notre batave fringuant en collerette au ‘Bal des Vampires’, marionnettiste en manigances de cour, page psychédélique exquis prêt à céder aux caprices de ‘Valerie and Her Week of Wonders’ mais on ne pensait pas qu’il faudrait si tôt prendre garde aux effets de la naphtaline, qu’on risquait de le trouver enlacé dans les bras d’un marchand de sable avec la tronche de Garfunkel, telle Marie-Antoinette gavée jusqu’à la luette de macarons, ses doigts délicats englués sur son clavecin à force de combattre un peu mollement le crépuscule. Reste cela dit au lustre d’antan quelques scintillantes pampilles : un ‘Find Yourself’ lèvres et inquiétude charnues, obsédant comme une ville qu’on ne peut quitter, un ‘Before The Dawn’ en traversée insidieuse. ‘Make Me See’, Jacco! Si tu y mets davantage du tien, il se pourrait que la messe ne soit pas encore tout à fait dite : « I’ll be waiting /If you ever feel like changing /You can find me where the sun hides. » (alr)

Gabi

Karim Gharbi

’Sympathy’

‘Poisson D’or’

Sof t ware

Factice/Igloo Records

La voix de Gabi est son principal atout, c’est aussi sa grande faiblesse. Consciente de ses qualités vocales indéniables, à la fois diaphanes et romantiques, Gabrielle Herbst verse dans un trip new age douteux, du moins dans ses premiers instants, avant de prendre un virage où les mondes s’entrechoquent. Les arrangements auraient pu être inventés par Camille si elle avait un jour rencontré Marissa Nadler, mais aussi Hildur Gudnadottir. Loin des standards du genre, à commencer par les disques de Julia Holter, sans doute prise au piège de son propre jeu, celui d’un trop grand sérieux

L’acte est courageux, résistant, et il faut le souligner dans le contexte actuel et désormais perpétuel de la crise du disque : monter un sous-label pour promouvoir un genre précis de musique est héroïque. Factice est donc la nouvelle branche d’Igloo Records, structure belge spécialisée dans les trucs jazzy since 1978, destinée à lancer sur le marché des artistes s’exprimant uniquement en langue française. Le hic, c’est que si certaines sorties promettent (Mochélan), la plupart des autres semblent concerner des projets musicaux à forte tendance théâtrale, genre qui souvent épuise. On a apprécié


SOON at THE SLOW SHOW 01-06-2015

GODSMACK 18-06-2015

MASTODON 24-06-2015

MON 08.06

Liturgy Transcendental Black Metal FAITHLESS 03-06-2015

SOON at

FLYING LOTUS 25-06-2015

WED 21.10 Daptone Records presents

+ Circuit Des Yeux

Saun & Starr

MON 15.06

tHU 22.10

WED 17.06

fri 23.10

Big Sean

Jamie xx

Sat 12.09

Sat 24.10

Brand New + Basement

apocalyptica feat. Franky Perez + Tracer

Sat 26.09

SUN 25.10

Squarepusher

Primus

IBEYI 04-06-2015

AT THE GATES 06-06-2015

SNOOP DOGG 20-07-2015

the Neon Judgement TNJ Farewell Tour Time capsule concert

SOLD OUt

the tallest Man On Earth + Phil Cook

Sat 26.10 THE CHEMICAL BROTHERS 10-06-2015

the Colorist feat. Emiliana torrini

SOJA 28-06-2015

fri 30.10

tourist LeMC En Route + Brihang tUE 03.11

Beach House fri 13.11 ONEREPUBLIC 15-06-2015

JOEY BADA$$ 01-07-2015

Evil invaders SUN 27.09

action Bronson fri 02.10

La Pegatina

fri 02.10 GOJIRA 06-07-2015

Dez Mona presents ‘Origin’ fri 09.10 SUN 11.10

the Cat Empire Opeth SLASH 17-06-2015

THE HOOTERS 21-07-2015

fri 16.10

Kovacs MON 19.10

www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu

Son Lux

fEEëriEëN 2015 MON 24.08 – fri 28.08 @ ParK rOyaLE:

ibeyi

tHU 15.10

Katzenjammer Sat 12.12

tom Mcrae JUDAS PRIEST 16-06-2015

MON 23.11

24.08 CHriStiNa VaNtZOU, ECHO COLLECtiVE 25.08 ryLEy WaLKEr, DaNiEL KNOX, BrOEDEr DiELEMaN 26.08 BatiDa, iBiBiO SOUND MaCHiNE 27.08 taXiWarS, HaMStEr aXiS Of tHE ONE-CLiCK PaNtHEr, 28.08 afriKaN SCiENCES, BiLL KOULiGaS, LEE GaMBLE, M.E.S.H.

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20

Earteam

quelques titres de Recital Boxon le mois dernier mais ce Karim Gharbi, c’est juste pas possible. C’est rococo, boursoufflé et surtout, terriblement peu inspiré ; en témoigne cette reprise en tout point inintéressante de ‘Céline’, la scie d’Aufray. Le pire étant ‘Narcisse’ qui fait genre « je m’aime, je suis si bien avec moi, le matin je me fais des poutous derrière l’oreille ». Pas sûr que la langue française en sorte grandie… (lg)

God Damn ‘Vultures’ One Lit tle Indian Records/Konkurrent

On pourrait tirer des conclusions hâtives sur God Damn. Une ouverture comme ‘When the Wind Blows’ effrayerait la moindre bobonne du Delhaize, le moindre fan de Fauve. Mais toi, oui toi, tu te sens comme une Jeanette qui s’écoute un petit Queens tard le soir quand les temps sont durs ? Alors ce disque est fait pour toi ! À commencer par l’hymne héroïque de ‘Silver Spooned’ qui te rappellera ton pull Nirvana jusqu’aux genoux, tes grandes théories sur la mort de Cobain ! Tu retrouveras souvent quelques clins d’œil au groupe d’Aberdeen, si bien que le titre ‘Vultures’ a priori trop fort de café pourrait te replonger dans ‘Heart Shapped Box’ avec une pointe de nostalgie. Tu trouveras aussi un zest de heavy, de glam dans ce disque assez fourre-tout. Car le maquillage d’Alice Cooper s’écoule vulgairement sur bon nombre de titres. C’est sexuel, viscéral, malsain. C’est Marc et Michel à la maternelle. Presque shock rock. Alors toi, oui toi, enfile ton faux boa autour de ton coup et danse comme un gros dégueulasse en tortillant du boule sur le final de ‘Skeletons’. Tu verras, l’effet est saisissant ! (am)

The Highbrow ‘Pelican Sounds’ Eliterecords/Broken Silence

Fort de quatre albums au compteur, ce groupe allemand livre avec ‘Pelican Sounds’ un réjouissant et excitant mini album qui devrait le sortir définitivement de l’ombre. Plutôt sombre, affichant des accointances avec le post punk, le rock indie shoegazer et le garage, le quatuor pond des titres ultra accrocheurs et énergiques et jongle avec les styles. Sans jamais perdre de vue qu’une bonne compo se doit d’avoir du caractère et de l’âme, la voix prenante de Denis Kappes trahit un désespoir qui n’a rien de bêtement sinistre ou caricatural mais est foncièrement touchant de sincérité. Le reste du groupe est au diapason et assène les titres brillants avec dextérité. Depuis le majestueux ‘Another honest man’ jusqu’au garage psychédélique obsédant de ‘Peliphone’ en passant par le teigneux ‘Closer to you’, The Highbrow réussit un sans faute. (pf)

Hugo Race & The True Spirit ‘The Spirit’ Glit terhouse Records

Songwriter et multi-instrumentiste originaire des Antipodes, Hugo Race ne pré-

Hudson Mohawke Lantern L’Écossais Ross Birchard ressort sa combinaison de champion : Hudson Mohawke est de retour. En fait, il n’était pas vraiment parti. Il rôdait partout. Son sweat à capuche sur le dos, l’homme de Glasgow s’est d’abord associé avec son pote Lunice pour former TNGHT : une sulfateuse électronique conçue pour décimer les dancefloors de la planète Terre et autres galaxies avoisinantes. Rythmes oppressants, ambiances futuristes et hymnes conquérants. Ça n’a l’air de rien comme ça… Pourtant, l’enchaînement des trois prescriptions permet d’ouvrir le coffre-fort de tous les ténors du rap yankee. En un E.P., TNGHT a chargé des tubes à la pelle et jeté du beat à la trap. Percuté de plein fouet par ces sons venus d’ailleurs, le big business du hip-hop US a garé sa limousine devant chez Hudson Mohawke. Contre quelques valisettes de papiers verts, le garçon s’est retrouvé en studio en compagnie de Kanye West, Drake, Lil Wayne ou Pusha T. Fabricant de hits sur-mesure, l’artiste charpente actuellement les structures synthétiques du prochain disque d’Antony & The Johnsons. L’info nous a empêché de dormir pendant trois jours. Trop excité, trop fou-fou. Pour se calmer, on s’est enfilé cette plaque : ‘Lantern’. Le deuxième album de Hudson Mohawke est une réussite incontestable. On y retrouve tous ses tics de production (fracassements rythmiques lancinants, synthés pétillants comme des coupes de Spritz un soir d’été, voix d’écureuils Walt Disney sous hélium et basses qui tabassent à l’oreille sans appuyer sur la sonnette d’entrée). Mieux réparti dans ses ambiances, plus cohérent, ce nouvel effort aime les coups de triques puputes et les dérapages R&B, les mélodies fracturées et les invités de marque : Miguel impeccable dans les profondeurs de ‘Deepsace’ et Antony Hegarty éblouissant sous les plumes synthétiques d’‘Indian Steps’. Hudson Mohawke ne sort ses propres productions qu’une fois tous les six ans. Mais ça vaut toujours la peine d’attendre. (na)

I Am Kloot ‘Hold Back the Night’ Walk Talk/Pias

Après avoir conçu la bande son instrumentale de la série télévisée ‘From There To Here’ dont le disque est sorti l’année dernière, I Am Kloot a rassemblé des morceaux enregistrés lors de sa tournée hivernale de 2013 pour les destiner à un premier album live. La réputation du groupe n’est plus à établir, tant sur scène que sur disque. Son trademark se situe à cheval entre la chaleur du folk de cam-

‘La Vague’ Barclay/Universal

Warp/V2

sente que peu de traits communs avec la figure archétypale du joyeux drille. Il faut dire que l’homme fut des débuts de l’aventure Bad Seeds au mitan des années 80 et que la contagieuse théâtralité noire d’un Nick Cave ne doit guère être soluble dans le temps. Ce n’est donc pas un hasard si ce douzième album de l’Australien chasse régulièrement sur les mêmes territoires hantés que son ancien employeur. Lancinant, vénéneux, lent, ensorcelant, le blues-rock d’Hugo Race et ses True Spirit (ses Bad Seeds à lui, en fait) ne prend toutefois sa véritable dimension qu’à des heures tardives, au crépuscule, dès lors que le temps s’étire en longueur et en langueur. Torturées sans être outrageusement triturées, les compositions privilégient les ambiances fiévreuses, voire tendues, sans jamais perdre de vue leur sensibilité mélodique. Avec son chant posé au flegme ténébreux et son timbre de voix aussi venimeux que dangereusement hot, Race élève ces dix blues d’une simplicité biblique au rang de joyaux bruts jusqu’au final ‘Higher Power’, coup de grâce vespéral et splendide. Attention donc à ne pas sous-estimer ‘The Spirit’ qui est tout sauf un petit disque inconséquent. Ne diton pas que les eaux calmes et sombres sont les plus profondes ? (gle)

Izia

pagne et l’ardeur domptée du rock des grands espaces. Une valeur sûre et mature que s’arracheraient bien des télévisions pour un late-night show unplugged. En concert, le trio parvient, avec un personnel des plus réduits, à créer une atmosphère maximaliste et effervescente. Ce double album restitue assez fidèlement le son live du groupe et pioche dans l’entièreté de sa discographie des chansons phares telles ‘Morning Rain’, ‘86 TV’s’, ‘Life in a Day’, ‘Proof’, ‘Dead’s Men’s Cigarettes’, ‘One Man Brawl’ ‘Bullets’ et l’épique ‘Northern Skies’. Le son est presque trop parfait que pour être honnête et il manque parfois d’incidents de parcours dans ce compte-rendu un tantinet trop prévisible pour nous séduire réellement. (et)

Irish Coffee ‘When the owl grows’ Starman Records/Suburban/Ber tus

Plus qu’un groupe culte, Irish Coffee est une légende du rock belge. Au début des années 70, le groupe d’Alost a côtoyé les plus grands sur scène (Uriah Deep, Golden Earring) et connu un relatif succès international avec le single ‘Masterpiece’, tandis que l’album éponyme du groupe est devenu un collector se négociant à plus de 1000 euros. Si Irish Coffee n’a pas percé, on peut comprendre pourquoi il fait l’objet d’une telle vénération à l’écoute de son nouvel album. En douze titres, William Souffreau et son groupe nous donnent une impressionnante leçon de classic rock, balançant des compos impeccables entre hard, blues rock et rock sudiste. Chaque morceau est admirablement construit, interprété et suscite l’intérêt. Dans un registre hard/blues, on pointera ‘Rock on’, ‘Gotta keep on running’ et le magistral ‘Playhouse’. Les amateurs de rock du bayou se pencheront davantage sur la plage éponyme là où ceux qui fondent pour les ballades ne pourront résister à ‘I’m alive’ ou ‘Guitars and beers’. Excellent disque. (pf)

C’est en soi une bonne nouvelle : Izia – dont on n’aurait jamais entendu parler si elle n’était la fille de – arrête de gueuler. C’en est donc bien fini des insupportables martèlements seventies et ouf. Le virage est certes moins réussi que celui de Mademoiselle K mais similaire : l’abandon d’une langue pour une autre. La sœur d’Arthur (souvent excellent, lui) découvre donc le vingt-et-unième siècle, la pop sunshine et sa langue maternelle. Résultat : beaucoup de claviers, de programmations, de chœurs et de refrains faciles, ‘Reptile’, « je sens ta peau de reptile », pensés pour faire bouger de la cellulite en festival. Mais, dans le genre, c’est plutôt bien fait et il y a quelques titres passables (‘Bridges’, le seul partiellement en anglais). Rien toutefois qui survive à l’été mais il est désormais possible d’entendre Izia plus de trente secondes sans avoir envie de la guillotiner. (lg)

Jali ‘Une Seconde Avant L’Aube’ Barclay/Universal

Le disque ramasse-gamines du mois : onze titres de variétoche à chanter avec une casquette, des lunettes trop stylées et le petit bouc qui va bien. A l’exception des deux, trois ballades réglementaires – chou, tu pleures ? –, tous les morceaux sont construits sur le même modèle standard : intro d’une quinzaine de secondes puis stratifications par beats convenus et montées de chœurs sur refrains nazes, déjà que les couplets s’invitent à l’Académie Française : « Les mots laissés sur le sable / Le temps les a emportés ». Merde alors, Aline, tu reviens ? Le sommet étant atteint deux chansons plus tôt sur les 2’57 de ‘En Quarantaine’, définition probable du vide, tout y est inutile, de la mélodie speed dating au texte absolument ridicule. Warning : les éplucheurs de crédits risquent d’avoir mal leurs yeux ; c’est Veence Hanao, une espèce de génie tout de même, qui a écrit et composé ‘Elena’. Même les meilleurs ont des coups de mou. (lg)

The Junction ’Hardcore Summer Hits’ Dischi Soviet Studio/Audioglobe

Oh, une sucette indie rock aux goûts nineties prononcés, du genre Nirvana un poil puceau qui s’amourache de Fugazi. C’est frais et ça dépote les amygdales, ça va chercher vers le punk des structures basiques qui font le boulot (et ça n’a pas une once de finesse), en 1991 on aurait dit que c’était rafraîchi à la peinture grunge du jour, en 2015 ça fait plaisir à entendre sans se poser mille questions. La batterie joue vite et fort, la basse groove tout comme il faut, les guitares ont le pied sur l’accélérateur power pop à fond, quitte à se laisser emporter par l’un ou l’autre solo malvenu, et le chant est fluide sans en faire des tonnes. Ah ouais, c’est (bien) fait par un trio italien nommé The Junction et c’est leur second album. Plus de questions ? Direction le Magasin 4, chenapan. (fv)

The Kids ‘Flabbergasted! Live At AB 2001’ Starman Records/Ber tus

Qui pourrait honnêtement parmi vous prétendre avoir déjà entendu The Kids au


Earteam moins une fois dans sa vie? Pas grand monde. L’apogée de ce combo anversois se situe loin derrière, à l’époque charnière de la fin des années 70 et du début des années 80, en plein âge d’or du punk et de la new-wave old-school qui en découla. The Kids fit alors la première partie d’Iggy Pop à Anvers, ouvrit pour les Ramones à Bilzen et enregistra son premier album éponyme au pas de course en une demi-journée. De celui-ci, il subsiste quelques chansons phares telles ‘Fascist Cops’, ‘Do You Love The Nazis’ ou encore ‘Bloody Belgium’ où tout le message du groupe est résumé au travers ces titres sans ambages. Enregistré en 2001 à l’AB après plusieurs années de jachère, ce live ramasse une vingtaine de morceaux serrés et voit le groupe augmenté d’un quatrième membre. Certes, il a pris de l’âge et ses membres du bide, mais la hargne est demeurée intacte, la verve inchangée. Tout comme au bon vieux temps, il reprend son antienne favorite, ‘If The Kids Are United’, de Jimmy Pursey avec une bonhomie faussement anarchiste. Antwerp Calling ! (et)

K’s Choice ‘The Phantom Cowboy’ Wallaby

Fleuron de l’industrie discographique belge à son apogée à la fin des années 90, K’s Choice s’était taillé une place de choix au sein des scènes du pays en drainant à lui un large public pour finalement disparaître des radars en 2002, laissant ainsi à ses membres le temps d’initier leurs aventures en solo. Gert et Sarah Bettens, civilement frère et sœur, le noyau fondateur et pivot du groupe, reprendront le cours de leurs activités communes en 2010 avec l’album ‘Echo Mountain’ suivi trois ans plus tard de ‘Waving at the Sun’ et aujourd’hui de ce ‘Phantom Cowboy’. Cette deuxième vie est de toute évidence moins palpitante que la première quoiqu’en disent les fans invétérés. Même si ce disque est plus bref et plus dur que les précédents, galvanisé par la patte d’Alain Johannes (Queens of the Stone Age, Them Crooked Vultures, Dave Grohl…) à la production, il n’en demeure pas moins assez convenu et prévisible dans le développement des couplets/refrains de chansons somme toutes banales. (et)

Anja Kowalski ’Wolke’ Naff Rekordz

Ancienne du big band jazz Flat Earth Society, avec qui elle a enregistré quantité d’albums aux côtés de Peter Vermeersch ou Luc Van Lieshout, Anja Kowalski coche en 2015 une case solo qui lui va comme un gant bleu. Telle une Hanne Hukkelberg qui teinterait de jazz façon Lundis d’Hortense un mal-être imprévisible, la chanteuse bruxelloise dévoile de jolies choses sur ‘Wolke’, notamment grâce à des partenaires de jeu inspirés et dynamiques. D’un bel équilibre, notamment quand le rock s’invite dans la partition (‘Nebelland’), le disque explore en treize étapes le Heimweh, une sorte de mélancolie solitaire où le mal du pays (ou plus largement, d’un ailleurs) rend plus gris le paysage du quotidien. Un peu en anglais, majoritairement en allemand, langue par excellence de la Sehnsucht, l’album offre quelques très belles chan-

sons, délicates et un peu tristes, où toutefois subsiste une pointe de luminosité suffisante pour évacuer tout bourdon. Seuls les germanophiles trouveront à redire à l’allemand de la dame, pas toujours urdeutsch. (fv)

Pokey LaFarge ‘Something in The Water’ Rounder Records/Universal

Le môme Pokey, face de carême, « midwestern swing for your dancin’ feet » et brillantine, on l’verrait bien tenter le bras de fer contre C.W. Stoneking. C’est que roi du rétro, c’est un fameux sacre qu’ça soit pour un marin marlou, ‘Ragged and Dirty’ en mal de filles de ports ou un type si drolatique et obséquieux à la fois qu’on le verrait bien finir croque-mort… ou barbier. ‘Underground’ versus ‘Lullaby Jungle’, voilà qui ferait un combat d’exception et nous donne bizarrement envie, « tornadoes twisting in the south », de siphonner des Hurricanes avec des tigres dans un bar tiki. Sans présumer de victoire, défaite ou arrangement à l’amiable au nom du ragtime, misons d’ailleurs quelques jetons sur le plus freluquet, parce que quelqu’un qui – « part angel, part saint », baratineur complet – assume des reprises de ‘When Did You Leave Heaven ?’ et Tampa Red avec un tel bagout, qui explore des villes-fantômes, et semble né pour faire un sacré tapage dans chaque saloon du côté de la Rust Belt, ça ne vous parle pas tout de même un peu, vous ? (alr)

La Smala ‘Un Cri Dans Le Silence’ Back in the Days/Sony Music

Pendant symétrique de l’album ‘Un Murmure Dans Le Vent’, ‘Un Cri Dans Le Silence’ vient confirmer l’excellent état de santé des rappeurs bruxellois en huit morceaux bonus, taillés à l’écart de tout ego trip et toujours à bonne distance des lieux communs du hip-hop bling-bling. DJ X-Men, F.L.O, Rizla, Seyté, Senamo et Shawn-H rénovent les formules du siècle dernier. Comme un droit de réponse aux Français de 1995, la musique de La Smala s’enracine dans la réalité belgobelge avec un tas de questions (‘Aucun Sens’), un coup de bourdon (‘Vague à l’âme’) et une avalanche de bon son. (na)

LAS Vegas ‘Las Vegas’ Off/Mandai

Que cela soit au sein de Baby Fire ou avec von Stroheim, une constance anime Dominique Van Cappellen-Waldock, celle de l’attrait pour un rock sombre et dépouillé sur lequel elle dépose son chant désincarné et anxiogène. LAS Vegas, son nouveau projet, la voit aux côtés du claviériste bruxellois Kris Engelen (Lost), de l’ingé son Raphaël Rastelli et du chanteur américain Eugene S. Robinson (Oxbow) avec qui elle partage ici les textes et le chant. Ce premier album éponyme aligne une neuvaine de morceaux drus, bâtis sur des riffs de guitares assez basiques et sur une rythmique carrée qui laisse peu de place à l’ornemental. Il y a dans ces agencements à la fois quelques réminiscences indécrottables des années 80 et la cogne implacable d’une production délestée de toute vision passéiste. Un rapport a priori paradoxal mais non contradictoire. (et)

Left Lane Cruiser ‘Dirty Spliff Blues’ Alive Natural Sound

Chez RifRaf, on n’est pas du genre à braire. Quand les pistoleros ont dégainé leurs plus belles armes et tiré leurs meilleures cartouches, on ne sa lamente pas à la sortie du saloon. C’est comme ça qu’on a quitté The Black Keys avec de bons souvenirs : des barillets de blues vidés dans l’arrière-cour du rock garage, à Akron, juste derrière l’usine des pneumatiques Goodyear. Depuis que le duo a troqué sa salopette de mécano contre un smoking, on affonne des shots de whisky avec de nouveaux copains : des barbus aux grattes qui piquent et aux cheveux qui puent. De l’huile de moteur sur la casquette, du cambouis derrières les oreilles, Left Lane Cruiser vit dans un hangar, à Fort Wayne, dans l’Indiana. Le trio mâche des feuilles de cannabis en s’affairant sur une vieille carlingue : un pick-up rongé par la rouille et griffé de partout. Au démarrage, le moteur de la bête éjacule sa graisse au ciel. Le spectacle est assez incroyable et vaut nécessairement le déplacement. Plus d’un demi-siècle après sa mise en circulation, le tas de ferraille roule toujours : son pot d’échappement crache du punk, du blues : l’essence du rock’n’roll. (na)

Lieutenant ‘If I Kill This We’re All Gonna Eat For A Week‘ Dine Alone Records

Fidèle lieutenant du général Dave Grohl, Nate Mendel délaisse provisoirement les rangs des Foo Fighters et s’offre une perm’ bien méritée en succombant à la tentation de l’album solo. Après vingt ans de bons et loyaux services dans l’ombre de son supérieur, et parce qu’il ne doit pas avoir de gros problèmes à payer ses factures de gaz, le bassiste attitré des californiens pouvait en effet se permettre cette petite fantaisie militaire en forme d’ego trip mineur. Même si, paradoxalement, la musique est ici traitée comme une chose très sérieuse, voire carrément intime. Et s’il ne possède pas le charisme de son leader, Mendel possède en revanche l’humilité nécessaire pour s’entourer de camarades de jeu compétents (Joe Plummer des Shins notamment). Sans être bouleversant, le disque dévoile ça et là les talents propres de Mendel, notamment dans sa capacité à créer des atmosphères douces-amères et légèrement mélancoliques, idéales pour chanter de jolies choses tristes sans jamais larmoyer ni s’apitoyer. Tout juste tentet-il parfois de donner des leçons d’élégance à son employeur en embellissant presque toutes les pièces d’harmonies vocales et d’enluminures pop. Au rayon des pièces intéressantes, on retiendra le stratosphérique ‘Artificial Limbs’ ou le sombrement beau ‘Lift The Sheet’. Mais dans notre petit stratego personnel, ce Lieutenant américain n’est pas près de faire tomber nos valeureux liégeois de… Lieutenant qu’il serait malheureux de confondre ou d’assimiler à leur pendant californien. (gle)

Lonely The Brave ‘The Day’s War Victory Edition’ Sony Music

Ben voilà, le rock alternatif vu par Sony Music. « Leurs chansons évoquent

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des hymnes similaires à Pearl Jam et à Twilight Singers [...] L’album a reçu 9/10 dans Rock Sound, 8/10 dans Classic Rock ». Même Editors n’aurait pas pondu si bel étron un jour de colique. Deux choix s’offrent à vous : passer votre chemin – le conseil de votre précieux fanzine musical gratuit, ou tenter d’aller les voir à Werchter, armé de trois boîtes d’Imodium. Parce que les toilettes du festival risquent d’être largement souillées ce 26 juin prochain. (am)

Lone Wolf ‘Lodge’ Sharing Needle With Friends

L’isolement est un exercice nécessaire dans certaines occasions. Un bouclier, un cocon, une formule magique en guise de baume créatif. Focus pocus. Est-ce le bon choix pour autant ? Quand la raison est évidente, un deuil par exemple, la démarche peut prendre sens – souvenons-nous des cris primaux poussés par Panda Bear sur son premier disque solo peu après la disparition de son père. Mais quand le problème est flou, qu’il perdure, qu’il s’étale, l’enfermement reste une forme de fuite. A moins qu’il soit lui-même le sujet ? Sur ‘Lodge’, Paul Marshall brouille les pistes, à commencer par les siennes. Depuis son départ de Bella Union, l’homme ne sait plus que faire de sa musique : arrêter ? continuer ? Nous serions bien en peine de le conseiller. Prenant pour prétexte la destruction prochaine du petit studio The Lodge perdu en campagne anglaise, Lone Wolf s’y enferme en quête de chansons, elles-mêmes en quête de sens. Elles couinent et traînent la patte comme des bêtes attendant avec désespoir qu’il leur ouvre la porte. Mièvre et affecté, dénué d’accroche solide, ‘Lodge’ sent le renfermé. (ab)

Lord Huron ‘Strange Trails’ Iamsound/Pias

Il est un folk qui ne s’attache pas à une tradition mais plutôt à une imagerie. Du folk d’Epinal, primesautier, intemporel. Tel est l’americana selon Lord Huron, dont c’est le retour après ‘Lonesome Dreams’. Où mènent les étranges chemins de ce second album sinon à eux-mêmes ? Boucles aux jolis abords, luxuriantes promenades, les chansons de Ben Schneider portent un héritage américain qui n’est pas celui qu’on croit : c’est celui de l’idéal disneyen, petits rides proprets aux décors plus vrais que nature. Ne-laissez-pas-les-bras-trainer-audehors. Merry-Mélodies du Sud, frappez dans les mains. A chaque nouveau départ, la magie reprend mécaniquement sa place initiale. La féerie dure le temps de l’escapade. On en sort béat, mais un peu vide. (ab)

Jesse Malin ‘New York Before The War‘ One Lit tle Indian/Velvet Elk

Héritier désigné de Springsteen au début du millénaire, Jesse Malin n’a jamais su confirmer les espoirs placés en lui sur la foi d’un premier album solo dont le titre (‘The Fine Art Of Self Destruction’) lui vaut notre affection éternelle. Mais à trop faire le Malin, Jesse est tombé dans le ravin. Relégué dans le ventre mou du rock US, il est aujourd’hui contraint de


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Earteam

jouer les guides touristiques avec cet album-concept qui revisite le patrimoine du rock urbain new-yorkais. Entre le Velvet, Television, les New York Dolls, Springsteen, les Voidoids et les Ramones, avec son cœur de rocker en bandoulière et sa dégaine de Johnny Thunders, Jesse Malin propose un circuit de rock urbain qui ne néglige aucun grand monument. Mais si l’on peut concevoir que ses airs de bon élève appliqué puissent agacer, l’aisance de son écriture force le respect, tout comme cette facilité déconcertante à modeler sa voix aux différents styles et tempos abordés. Alternant hymnes rock (‘Addicted’, ‘Oh Sheena’, ‘Turn Up The Mains’) et ballades chaloupées (‘She’s So Dangerous’, ‘I Would Do It For You’), impétuosité punk et fulgurances lyriques (‘The Dreamers’ et ‘Bar Life’), cette musique faussement vintage ne propose pas de grands frissons mais on ne fuira pas les quelques plaisirs qu’elle nous procure ça et là. (gle)

Matt Skiba And The Sekrets ‘Kuts’ Superball Music

Matt Skiba est un membre d’Alkaline Trio et mène une carrière solo pour son bon plaisir, lorsque le temps le lui permet. Sonnant comme un énième groupe ricain fadasse programmé au Pukkelpop sur les coups de quatorze heures, la fine équipe (sont trois) revendique l’héritage du grand Bowie. Juste pour voir (rire?), on mettrait bien un morceau de ‘Kuts’ à la place du ‘Modern Love’ virevoltant de Mauvais Sang. Sûr que ce Lavant lévitant dans les rues désertes donnerait toujours les yeux gros... Mais pas pour les mêmes raisons. (am)

Mew ‘+-’ Pias

Maîtrisant l’art des étiquettes, les danois de Mew décrivent eux-mêmes leur musique d’indie stadium. La déclinaison anglophone du rock d’estrade. Et, même si le groupe a passé le cap des vingt ans de carrière, il semble tout particulièrement refléter un phénomène de l’époque présente. Mew est adulé par les hipsters. Pourquoi ? Parce que Mew pratique un décloisonnement des genres prétendument salutaire. Parce que Mew peut épiloguer sur le boule de Beyoncé comme sur la casquette de Steve Reich. Maniant avec brio une grammaire expérimentale pour rafraîchir un manifeste esthétique eighties qu’on aimerait abolir à jamais, les danois se risquent à la pirouette mainstream dont l’intérêt résiderait dans un métissage bâtard mais inédit. Le pari est osé. Et découle sur un ‘+-’ dans tous les sens du terme : +- pop, +- prog, +- iconoclaste, +- fou, +- irritant, +- chiant. Un ‘+-’ qui n’a d’indépendant que le mode opératoire. Autrement, il trouverait facilement sa place au chapiteau d’Obigies, un quinze août à la tombée du soir. (am)

The Miseries ‘The Miseries’ Excelsior Recordings/V2

Du haut de ses vingt-cinq ans, Tim Knol a déjà fait un sacré bout de chemin. Trois disques et une signature chez Excelsior. Trois fournées de pop limpide, légère et plus ou moins dispensable. À 25 ans

Nocturnal Sunshine ‘Nocturnal Sunshine’ I/AM/ME/V2

Voix majeure de la scène house britannique, où ses remixes de Massive Attack ou Gorillaz ont déchiré bien des coutures, DJ parmi les plus cotées des années 2010, Maya Jane Coles s’est toujours faite rare sous son pseudonyme de Nocturnal Sunshine. Premier effort sous ce moniker (après deux 12’’ sortis à cinq ans d’intervalle), son album éponyme est d’autant plus écoutable qu’il ne se contente pas de la ligne droite. Prenant des airs électro-pop sombres comme une Miss Kittin en ses meilleurs jours, la productrice anglo-japonaise intègre nombre d’éléments dubstep en trame de fond, ils donnent à ses tracks un aspect racé et inquiétant. Tout en conservant une ligne directrice où les mélodies vocales cherchent la tangente pop, et c’est pour mieux souligner leur accessibilité, l’artiste londonienne ne vise toutefois pas – et c’est tout à son honneur – les sunlights aveuglants de la célébrité immédiate. Sans doute adepte de la course de demi-fond, elle imprime sur la longueur des écoutes une trace durale, voire immanente, et c’est d’autant plus remarquable que rares sont les disques du genre à mériter le label grower de première catégorie. Ah que ça fait du bien d’entendre de la musique de DJ qui ne prend pas son public pour un tas d’abrutis. (fv)

donc, Tim Knol veut changer d’air. Fonde The Miseries. Et n’entend toujours pas se poser de questions. On ne va pas se mentir, ‘The Miseries’ sera vite oublié. Et alors ? Sa pop/punk/garage hédoniste jusqu’à la moelle nous animera peut-être un été, un rendez-vous alcoolisé, une aventure passagère. Chacun de ces douze titres pourraient vous coller au corps à l’instar de votre t-shirt taille six ans sous trente-cinq degrés. En vrac, on épinglera la mélodie délicieusement candide de ‘Trouble Finding Out’ qui invite à la consommation irraisonnée de sorbets, l’instrumental rêveur ‘Gimma Ipa’ aux allures de quatre-cent mètres yeux bandés, ou ‘I Want You To Know’ qui réactualise des sucreries nineties pas très avouables à l’entourage. (am)

Moriarty ‘Epitaph’ Air Ry tmo

Cela faisait sans doute longtemps qu’on n’avait pas tenté de désosser en détail les revenants qui obsèdent Rosemary Standley, Arthur B. Gillette, Thomas Puéchavy et leurs comparses, parce qu’on aurait sans doute trouvé parmi eux, déjà, en sus des quelques pieds-tendres familiers de leurs plaines, des diables russes en cavale, des jeunes filles frêles en proie à des passions tragiques et quantité de fils littéraires tissés habilement. ‘Epitaph’, jamais lugubre fossoyeur, mais embrasé le temps de six morceaux – dont la très efficace entame ‘When I Ride’ – par la matière brûlante et baroque du ‘Maître et Marguerite’ de Bougalkov, porte aussi en lui les stigmates de l’amante épistolaire de Kakfa (‘Milena’, diamant brut de l’album), ou de la poétesse Ingeborg Bachman (‘Long Is The Night’, clôture à l’harmonica). Si on ajoute à ces jalons référencés le d’abord solennel puis remuant des fémurs ‘Ginger Joe’, ‘History of Violence’ sobre et tendu, un ‘Reverse (Anger)’ délicieusement ambigu et un entraînant ‘G.I. Jesus’ à la captation brute, voilà autant de raisons, à notre sens, de redécouvrir ces passeurs d’origines capables de faire du trépas un récit qui danse, chuchote et n’efface pas les morts, encore moins les vivants. (alr)

The Mothmen ‘Pay Attention!’ On U Sound/V2

Personne n’avait à vrai dire payé attention à ce disque au moment de sa sortie originelle en 1981, noyé qu’il était parmi l’innombrable quantité de productions toutes aussi aventureuses de l’époque, bien souvent parentes entre elles. Formé à Manchester par des membres de The Durutti Column (plus tard sur le label Factory), ce combo confiera les destinées de son premier album à un jeune producteur alors méconnu qui allait devenir un des artisans sonores le plus intuitifs de la décennie à venir : Adrian Sherwood. Celui-ci venait de fonder On U Sound, un label voué au dub et à ses déclinaisons sous ses formes les plus libérées. ‘Pay Attention!’ combine des petits morceaux post-punk mâtinés de dub et teintés à certains détours de touches psychédéliques. Quant à l’éponyme ‘Mothman’, il s’avère être une excursion en territoire krautrock d’une vingtaine de minutes qui occupe à elle seule la face b du vinyle. Celui-ci étant depuis longtemps introuvable (le groupe se disloquera en 1982, deux de ses membres s’en iront fonder Simply Red), cette réédition, disponible tant en version lp que cd, est la bienvenue. (et)

Novella ‘Land’ Sinderlyn Records

Il y a là Hollie, hardie et hallucinée, il y a là la si sage Sophy et la sinueuse Suki Sou. Quelques autres, peut-être, toutes très longilignes, aux cheveux tout aussi lisses. Aguerries à des rituels recommencés, contraintes à brûler dans le flou le suif de toutes leurs chandelles, à lancer derrière leur épaule des sels colorés collectés sur une terre promise où Lush brouillerait les cartes. Consentant à émincer le kraut-rock pour qu’il convienne à des régimes pour filles fluettes, à suivre à la lettre les ‘Sentences’ tirées de la Bible de Laetitia Sadier, les ‘Phrases’ parfaites pour shoegazettes. « Something Must Change », chez ces amazones-là : une sortie du cadre, quelque chose qui gratterait, qui nous laisserait émerger de cet immense swirl de serpent des sables. Quelque chose qui rende l’horizon moins léthargique, la montagne magique pré-

sente dans nos iris, la saturation moins enveloppante. (alr)

Jean Elliot Senior ‘Le Domaine de la Solitude’ Autoproduction

On sait peu de choses sur Jean Elliot Senior. Sauf qu’on aurait raté un premier album – ‘Balade Sauvage’, en 2013 – et qu’il aurait vécu tout un temps au Mexique. Mais ce type – dont le nom résonne comme celui d’un vieux bluesman malien – vise surtout l’Amérique, celle qui se traverse de long en large par les routes mythiques. D’emblée, c’est de ‘New York’ qu’il s’agit, d’y avoir été follement amoureux, avant que les tours ne tombent. Et comme rien ne dure, c’est un peu désenchanté. Et mélancolique. Et assez beau. Plus loin, il sera question de Santa Fe, puis de San Francisco. Et quand il revient en France et évoque Saint-Nazaire, c’est pour attendre que les grandes marées l’emportent. Ailleurs. Se suicider au soleil. Certes, ce disque ne réinvente pas le folk acoustique (guitare, banjo, ukulélé, contrebasse, chœurs, un peu de vibraphone et d’orgue hammond) mais la majorité des choses y sonnent justes, sincères. Il n’y a pas vraiment une chanson pour éclipser les autres mais plutôt dix titres honnêtes, artisanaux, qui situent l’homme quelque part entre les trop mésestimés Alexandre Varlet et Sammy Decoster. (lg)

This Side Of Jordan ‘Set the Record Straight’ At ypeek Music

« Ça ressemble à Tricky et c’est intéressant... Tu vas t’amuser » me soufflait mon rédac’ chef en me livrant le disque étrange de This Side Of Jordan. La pochette façon Pentium II 800mhz ne m’inspirait guère, et l’on peut dire que le rapport contenant/ contenu ne fait pas honneur à ces neuf chansons mesmérisantes au possible. ‘Set the Record Straight’, bien que très référencé, n’en reste pas moins un album racé, bourré d’idées bizarres, de sons froids, distordus, futuristes mais rétro, répétés sans cesse jusqu’à la nausée, comme un MS-DOS en bug intersidéral. L’approche est presque dub tant les basses mécaniques semblent imperturbables, pensées dans un but purement hypnotique. Sur ce tapis de souris s’étale le spoken-word saccadé de Philippe Tiphaine, geek appliqué depuis toujours, dinosaure français membre de feu Heliogabale. Au terminal voisin, on retrouve Alexandra Pontvianne en cantatrice sous hélium. De cette machine distante et anxiogène émergent quelques superbes titres, à l’image du plantureux ‘Electric Love’ qui nous plonge insidieusement dans sa toile à bord d’un vaisseau digne de Tron. (am)

Sóley ‘Ask The Deep’ Morr Music

Mille fois on a vanté l’esthétique glacée du label berlinois Morr Music (The Go Find, Seabear, Sin Fang) mais là, ça serait plutôt stop. Il ressort d’‘Ask The Deep’ quelque chose d’incroyablement vaniteux, une espèce de prétention intellectuelle, une suffisance à torcher de la pop prétendument profonde pour hipsters snobs. Indéniablement, Sóley Stefánsdóttir, Islandaise formée au piano classique, fera s’exciter sur sa sublime pochette dans


Starflam ‘A l’Ancienne’ Warner

Alors que Baloji fait la bamboula avec Bono à Coachella et soutire du fric à Coca-Cola, ces anciens copains de Starflam se réunissent le temps d’une tournée fomentée sur base d’une compilation essentielle. Baptisée ‘A l’Ancienne’, l’affaire enferme tous les bienfaits enregistrés par le crew entre 1997 et 2005. Soit une certaine quintessence du hip-hop noir-jaune-rouge. Alimenté par une armada de flows implacables, variés et complémentaires, outillé de scratchs millimétrés, Starflam vient rappeler aux distraits que Liège n’a jamais rien eu à envier aux Français. Véritable manuel de rattrapage, ce disque rassemble des tubes artisanaux, des morceaux imaginés à la sueur du front, entre les murs de la ville et les trottoirs de la raison. ‘Ce Plat Pays’, ‘El Diablo’, ‘33 RPM’, ‘Amnésie Internationale’, ‘La Sonora’ : le rap se conjugue ici au plus-que-parfait. En descente dans les rues de ‘Tox City’, les MC’s glissent sur les samples comme des surfeurs d’argent en pleine montée dans un trip de super-héros. À l’écoute de cette compilation, on mesure le poids des années et on se réjouit d’un fascinant constat : la musique de Starflam ne vieillit pas. (na)

Stepmother ‘Calvary Greetings’ Megaphone/Knock’Em Dead Records

Mis sur pied par Bill Gilonis, un vétéran de la scène expérimentale, Calvary Greetings se présente comme un groupe des années 80 n’ayant jamais existé. Si ce n’est pas tout à fait faux, on peut retrouver des connexions électro avec certaines formations eighties. Par contre, pour ce qui est de la philosophie générale, c’est davantage du côté de Marcel Duchamp ou des Residents qu’il faut chercher tant l’approche relève du dadaïsme et de l’iconoclastie pure et dure. Flirtant avec les genres sans jamais se compromettre, Stepmother pervertit les codes, jongle avec les références, générant de la sorte un album foncièrement bizarre et mutant entre pop déviante et post punk déjanté, à l’instar de la reprise du classique ‘Laisse tomber les filles’ qui se mue en exercice garage/jerk assez saisissant. Complètement dingue et inclassable, ‘Calvary Greetings’ est un OVNI musical qui peut laisser de marbre ou fasciner. On se laissera volontiers corrompre. (pf)

Sunday Sun ‘We Let Go’ V2

On écrit ces mots un dimanche par temps de pluie et pourtant, tout semble ensoleillé. Mission accomplie donc pour Sunday Sun, quatuor batave dont la rétromanie mélodique et enjouée constitue le moteur et la raison d’être. Entre spontanéité et candeur juvéniles, ‘We Let Go’ propose en effet une pop solaire et légère, superficielle mais travaillée, qui doit autant aux Beatles et aux Beach Boys qu’à XTC et aux Vampire Weekend. A grands coups d’arrangements vitaminés et d’orchestrations en forme de pochettes surprises (claviers en pagaille, cuivres, guitares, bricolage), cette musique gorgées de réminiscences sixties n’est jamais vraiment écœurante. Pour peu que le foie soit habitué à ingurgiter une succession de mignardises pop à la niaiserie la plus édulcorée et doucereuse. Harmonies vocales californiennes, electro bien disposée, les douze compositions ont la candeur des jours heureux. A l’image de l’afro-pop sucrée de ‘Simple Song’, nulle trace de vice ici. Rien non plus de suffisamment infectieux pour rester en tête au-delà de la fin du morceau. Il est en effet peu probable que le temps assassin aura la bonté de préserver le parfum de ces mélodies marshmallow. (gle)

L'AÉRONEF 2015

INFOS / TICKETS WWW.AERONEF-SPECTACLES.COM

09/06 14/06 15/06 19/06 27/06

LA PROG

PARKWAY DRIVE TESTAMENT FIDLAR + THE K. ISRAEL VIBRATION OKAY MONDAY

Tal National ‘Zoy Zoy’ Fat Cat Records

Leur premier album ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable. Si ce n’est celui d’une pochette fantastique montrant un gosse chevauchant un vélo trop grand pour lui dans une rue poussiéreuse d’un village d’Afrique subsaharienne. Changement de programme aujourd’hui pour les guitaristes chelous du Niger. Visuellement d’abord, le programme est annoncé : se perdre dans les motifs répétitifs de la frise. Musicalement, itou, ce sera celui d’une transe hypnotique par la répétition, les boucles se répondant jusqu’à l’épuisement, l’abandon, l’autre corps. Les morceaux vont bon train, filent maboules, et donnent le vertige, influencés par mille choses voisines, highlife, blues touareg, esprits griots, empire Songhai. Il faut entendre la fin du titre éponyme, gonflée aux chœurs de femmesmères-déesses, ou visionner le clip du single ‘Claire’ (rien à voir avec un hit de Baxter Dury), tourné à l’arrache sur un marché de là-bas, pour se rendre compte que ces gars-là ne bluffent pas, jouent leurs vies. Comme on l’a déjà écrit cent fois, ils n’ont pas d’autres choix. Comme d’habitude aussi, on comprend ce qu’ils chantent sans pourtant entraver une ligne à leurs dialectes. Parce que cela sonne vrai. Simplement vrai. ‘Sey Wata Gaya’, parfaitement siphonnée, résonne comme un cri de plus contre la censure islamiste. Il est difficile de ne pas s’y abandonner. (lg)

AFTER SUMMER 08/10 MORIARTY 28/10 METZ 04/11 YAEL NAIM 09/11 EPICA 12/12 THE DØ les spectacles sans g

ravi té - li c en c es ent rep reneur de spectacle s

© B rest B rest B rest

tous les bars bobos bios pitchforksisés de la planète mais, la vérité, c’est qu’on s’emmerde royal à l’écoute de ce bazar. Il est loin le temps des folies arcs-en-ciel avec Seabear, de l’inextinguible ‘We Built A Fire’ en 2010. Ici, rien ne touche, rien ne donner envie d’exister. Le vague folk pianistique de ‘Devil’ ? D’un ennui abyssal. L’ambiance feutrée, beat rikiki et nappe cheap de ‘One Eyed Lady’ ? D’une profonde monotonie. Le tapis de percussions de ‘Breath’ ? L’envie de soupirer. Les grandes orgues de ‘I Will Never’ ? Pire qu’une messe. Et puis, il y a plus navrant encore : cette voix maniérée qui dessert systématiquement le propos. N’est pas Shara Worden qui veut. (lg)


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Earteam

Uneven Eleven ’Live At Cafe Oto’ Sub Rosa

On ne va pas se cacher derrière notre petit doigt, un supergroupe composé de Charles Hayward (This Heat), Guy Segers (Univers Zero) et Kawabata Makoto (Acid Mothers Temple), ça ne se trouve pas sous le sapin des médiocres Showstar. Captés en plein bœuf un soir de mai 2013 au Cafe Oto de Londres, les trois vétérans nous offrent une formidable démonstration de rock en total lâcher-prise. Derrière les fûts, Hayward emmène tout son monde avec un enthousiasme communicatif et débridé, à la basse Segers ne se fixe plus aucune limite que celles du plaisir hédoniste, à la guitare Makoto fait valser les écoutilles à toute berzingue, dans un tourbillon libertaire où chacun s’abandonne aux joies du carpe diem. Complètement lancés dès la trentième seconde, les trois hommes oublient tellement vite toute notion d’espace et de durée que nous, auditeurs heureux et comblés, terminons par ne plus savoir quelle heure il est ni quel mois nous sommes. Et à titre personnel, ça me rappelle la seule fois où j’ai pris un tel pied en live, c’était à un concert du No-Neck Blues Band au Netwerk (Alost), une heure vingt minutes de free rock en une seule séquence dont je ne suis toujours pas remis. Banzaï ! (fv)

The Van Jets ‘Welcome To Strange Paradise’ Sony Music

Entrée en matière, morceau titre : le Paradis promis affiche l’étrangeté désirée. Arrangements de biais, ruptures de tons et contretemps à rebrousse-poil. S’ensuit ‘Two Tides Of Ice’, qui racole et fait du coude juste comme il faut. Clin d’yeux électro-arides, faux air power-pop, c’est sec, ça passe bien, comme une Suze. On passe donc le porche en relative confiance. Où vont nous conduire

les Ostendais sur ce quatrième album ? Nulle part, malheureusement. Les méthodes usées sur ces deux premiers morceaux sont ensuite utilisées à peu près n’importe comment pour camoufler l’indolence de l’ensemble. Les ingrédients sont bons, la recette est fade. (ab)

défonce et les drogues douces, l’alcool fort et les plaisirs nocturnes. Sans parler du duo complètement dingo qui voit Morena et Clara s’égosiller sur une mélodie gipsy aux relents psychédéliques. C’est bon. Très bon. Encore meilleur que la première fois. (na)

Various

Evi Vine

¡Chicas! Volume 2

‘Give You Heart To The Hawks’

Vampisoul

Evi Vine

Il y a quelques années, on s’était laissé séduire par des filles pas comme les autres: des nanas aux cheveux bruns, aux sourires radieux. Des « chicas » taillées pour le succès, mais tombées dans l’oubli pour de sombres histoires de régime dictatorial. Sous la coupe de Franco, l’Espagne a vécu ses années yéyé à l’écart du strass et des paillettes. En marge des multiples restrictions imposées par le pouvoir, la jeunesse s’est pourtant inventée une bulle d’air: un monde décomplexé et enchanté par des voix divines. On découvre aujourd’hui un deuxième chapitre ibérique, bourré de morceaux déments, chinés dans les contre-allées radiophoniques du pays entre 1963 et 1978. Ici, il y en a pour tous les goûts. Et de quoi en voir de toutes les couleurs. Joyaux bubble-gums, pièces rares et autres trésors réédités pour la première fois affleurent sans discontinuer. Déjà, il y a le ‘Ponte Bajo El Sol’ d’Elia et Elizabeth: un hit ensoleillé, rebelle et insouciant. Un peu comme si les Black Lips coursaient Sheila sur les plages de La Costa Del Sol. Dans un autre style, Barbara emprunte les bottes de Nancy Sinatra pour embrasser son ‘Conquistador De Carton’. Los Jolly’s caresse le ‘Mirza’ de Nino Ferrer dans le sens du poil. Paloma San Basilio se prend pour Dalida. Plus cinglé, le ‘Pochoclo’ de Las Trillizaz De Oro sent la

D’Evi Vine, on garde le souvenir d’une rencontre brève lors de son concert au Cercle du Laveu sur les hauteurs de Liège il y a deux ans. Nous avions alors partagé un repas de fortune autour d’un paquet de frites avec cette femme charmante secondé par son copain musicien. A l’issue du concert, j’avais fait l’acquisition de son seul disque disponible ‘…and so the morning comes’, restant interloqué par la blêmeur de son visage accaparant l’entièreté du cadre de la pochette. Celui-ci est son deuxième album. Tout comme le précédant, il est autoédité mais magnifiquement enregistré avec l’aide de Richard Formby (Mogwai) et de Phil Brown (Beth Gibbons, Talk Talk). Tout est ici affaire de délicatesse, de finesse des sons. Aux guitares aphasiques et aux rythmes lents, épars, se mêlent des cordes graciles et des bruissements qui se font l’écho lointain de complaintes étouffées. Evi pose son chant sur cet entrelacs fragile où rien ne peut être dérangé au risque de faire s’écrouler l’ensemble, à l’image du titre ‘Porcelain’ qui ouvre le disque. Ses textes baignent dans la lumière diaphane d’une mélancolie à jamais blessée. Inévitablement, on songe à l’époque des beaux jours de Cocteau Twins, de This Mortal Coil et des Cranes tout en reconnaissant à cette chanteuse l’authenticité d’un chant attachant et personnel. (et)

The Weepies ‘Sirens’ Net t werk/V2

Ce n’est pas donné à tout le monde d’être Ira et Georgia, vraiment pas donné à tout le monde d’être Alan et Mimi. Deb Talan et Steve Tannen, plus habitués au moelleux sans danger et à l’enjouement suave de la pop-folk pour séries télé qu’au recueillement sublime, s’efforcent pourtant d’être un couple musical depuis 2003. ‘Sirens’ – à la fois le hurlement de l’hôpital (où madame dut combattre un cancer du sein) et des harpies marines leur donne une occasion de transcender la tempétueuse adversité qui les a touchés. Sans tomber dans le piège de l’album de soins, le résultat reste bougrement inégal, fameusement disparate. Les inspirées ‘River from the Sky’ – pas si loin des Decemberists – ou ‘No Trouble’ au chœur qui palpite très juste voisinent d’un peu trop près avec les plus dispensables ‘Learning to Fly’, reprise de Tom Petty, ou ‘Sirens’ mignonet comme un bisou de Sixpence None the Richer, et bien ardue nous est alors la tâche de déterminer le vrai ADN du duo. (alr)

Young Kato ‘Don’t Wait ‘til Tomorrow’ Republic Of Music

Bétonneuse power-pop lancée à plein régime, Young Kato y croit à 300%. Tu m’étonnes : synth-pop, arena, afro-beat de l’après-Vampire Weekend, chœurs de gamins enjoués, comme des kets à leur première boum, ils mélangent Curaçao, Safari, Pisang et Jet27. J’ai vomi. Deux fois. Pour qui est prêt à avaler le truc, au moins ce n’est pas fade. Un petit air de Ramona Flowers (l’horreur) en plus défoncé. On saute partout, on roule des pelles en tournant la langue, on dit LOL et on perd sa virginité sur ‘Chandelier’. Rendons à César : inécoutable aujourd’hui, les hipsters du futur se pignoleront-ils sur Young Kato pour satisfaire leur nostalgique ironie ? « Ah ouais, trop toutownzande-ande-tenne ! » (ab)

zZZ ‘Juggernaut’ Excelsior/V2

La légende prétend que l’aventure de zZz a démarré le jour où Björn Ottenheim et Daan Schinkel ont découvert un orgue d’église. En l’associant à une batterie, ils ont mis sur pied leur duo, lequel dégage une incroyable et parfaite synthèse entre punk, psyché et électro. Sur des compos d’une maîtrise magistrale du groove dansant, avec un quotient psychédélique incroyable, le groupe s’est trouvé sur le plan musical et dégage une assurance impressionnante. Moins typiquement rock et beaucoup plus hypnotique que par le passé, passant du registre downtempo (‘Dead end’) au psyché groovy (‘Wild girl’) avec une aisance déconcertante. zZz contribue à redéfinir les contours de styles avec un flair qui renvoie aux Silver Apples, à Suicide voire aux Cramps (‘My girl’). (pf)


25

édition spéciale festivals [1] Out Loud . Pinkpop . Fête De La Musique . Graspop Metal Meeting . Rock Werchter Verdur Rock . Couleur Café . Rock A Field . Paradise City . Les Ardentes . Cactus Festival + agenda

special festivals [2] • street date: 02 juillet

Out Loud

03 - 28 juin

Beursschouwburg, Bruxelles

Concerts, films, pique-niques, apéros… telles sont les activités réjouissantes auxquelles le Beursschouwburg nous convie en clôture de sa saison et en prélude à l’été. On ajoutera la ‘garage sale’ prévue en extra le 6 juin. Alliant musique et cinéma, les deux pôles principaux de sa programmation habituelle, le Beurs proposera, tout comme les années précédentes, plusieurs documentaires musicaux affluant dans divers genres (Out Loud! Film). Le premier présenté (le 3/06), ‘Wild Style’ de Charlie Ahearn est un véritable document d’époque, filmé aux balbutiements du hip-hop à New York. Le lendemain, ‘Music Is The Weapon’ réalisé par Stéphane Tchalgadjieff et Jean-Jacques Flori mettra en avant l’œuvre et la vie de Fela Kuti. Les 10 et 11 juin verront projetées les deux parties de ‘The Decline Of Western Civilization’ de Penelope Spheeris consacrées respectivement à la scène punk/hardorce de Los Angeles du début des années 80 (Black Flag, Circle Jerks, X…) et à celle du métal de la fin de la même décennie. On (re)verra aussi avec bonheur et en version remasterisée l’excellent film sur Talking Heads en live ‘Stop Making Sense’ de Jonathan Demme. En clôture, le 25 juin, c’est l’épique ‘Xanadu’, pure disco roller glitter madness de Robert Greenwald mettant en scène l’ineffable Olivia Newton John. Pour les concerts (Out Loud! Music), ceux-ci se déclineront sur plusieurs soirées selon des heures différentes et dans des styles très éclectiques. Un mini festival est prévu le 20 juin dans le cadre des fêtes de la musique faisant la part belle au doom metal. Dans leur entièreté, les activités proposées sont gratuites.

03/06 04/06 05/06 06/06 10/06 11/06 12/06 13/06 17/06 18/06 19/06 20/06 24/06 25/06 26/06 28/06

musicdoc: ‘Wild Style’ Charlie Ahearn musicdoc: ‘Fela Kuti: Music Is The Weapon’ Stéphane Tchalgadjieft & Jean Jacques Flori Empty Taxi, Princess Chelsea, DJ The Wild Garagesale; Haring, Holy Strays, DJ Rick Shiver musicdoc: ‘The Decline Of Western Civilization Part I’ Penelope Spheeris musicdoc: ‘The Decline Of Western Civilization Part II’ Penelope Spheeris Prieur De La Marne, Ext’int, Black Bones, Alpage Acid Crew, Alpage Apero DJ Set Zun Zun Egui, DJ Sebcat musicdoc: ‘Brand New Day Amos Gitaj musicdoc: ‘Stop Making Sense’ Jonathan Demme Numen, Berlin Current ft Soda Plains, Amnesia, Scanner, Kaslam, M.E.S.H. Angstgegner, Nervous Mothers, Sex Drive, Mind Rays, Galg, Cocaine Piss, GGU:L, Daggers, DJ In Dogs We Trust musicdoc: ‘Rock And Rule’ Clive A.Smith musicdoc: ‘Xanadu’ Robert Greenwald Isaac, Beak>, DJ Helter Skelter ...

www.beursschouwburg.be/fr/

Pinkpop

12 - 14 juin

Landgraaf, Megaland (NL)

En cherchant un peu (beaucoup, passionnément) au milieu des grosses pointures, on a trouvé quelques groupes plus discrets mais tout à fait dans nos cordes au sein de la programmation du Pinkpop. L’Anglais Nick Mulvey a appris à rouler le cigare et les mélodies entre la chaleur de La Havane et les gouttes de pluie londoniennes. Ce spécialiste des musiques africaines et orientales aborde la pop avec les mains dans les poches et des envies d’ailleurs. Bossa nova, calypso et rythmes africains se balancent doucement sous un soleil couchant. Il y a aussi les harmonies vocales folk d’Ewert and the Two Dragons, nos nouveaux chouchous estoniens. Et puis, tant que ça continue à swinguer sec, on aura toujours une piécette au fond de notre poche pour le juke-box de Kitty, Daisy & Lewis. Supergrass fut une supernova; plus discret, Gaz Coombes a repris les affaires en solitaire. Si ses albums perso ne nous font pas tomber de notre chaise, on n’a jamais cesssé de le trouver éminnement sympathique. Pour hausser le ton, on rappellera qu’en fêtant dignement leurs vingt ans, les Foo Fighters ont publié un bon ‘Sonic Highways’ . Et puis Ice T roulera des mécaniques au sein de Body Count. Pour le reste, le plus célèbre festival de nos voisins du nord (46ème édition déjà) envoie la toute grosse artillerie et ne fait pas dans la dentelle : Pharrell Williams, Rise Against, Robbie Williams, Selah Sue, Shaka Ponk. Oui mais...au moment de rédiger ces lignes, les billets combi sont déjà partis comme des petits pains et il reste des places uniquement pour le vendredi (95 euros), pour applaudir Elbow et Faith No More donc.

www.pinkpop.nl

Vendredi 12 juin Mainstage Muse, Elbow, George Ezra, Body Count 3F M Stage Slash ft. Myles Kennedy & The Conspirators, Faith No More, Shaka Ponk Brand Bier S tage Above & Beyond, Paloma Faith, Gavin James, Jick Munro & The Amazing Laserbeams S tage 4 Dj’s Waxfriend & Prime + Jebroer & Adje, Pop Evil, Aurora; Coasts, Anna Rune

Samedi 13 juin Mainstage Robbie Williams, The Script, Anouk, The Wombats, Dotan 3F M Stage Avicii, Kensington, Selah Sue, Jonathan Jeremiah, The Last Internationale Brand Bier S tage Eagles Of Death Metal, Shep

pard, John Coffey, Magic!, Gaz Coombes S tage 4 Lonely The Brave, East Cameron Folkcore, Joost Van Bellen, Twin Atlantic, Causes

Dimanche 14 juin Ma i nstage Foo Fighters, Pharrell Williams, Onerepublic, De Jeugd Van Tegenwoordig, Frank Turner And The Sleeping Souls 3FM S tage Placebo, Counting Crows, Rise Against, Typhoon, Kitty, Daisy & Lewis B rand B i er S tage Fiddler’s Green, Kovacs, Oscar And The Wolf, Nick Mulvey, Urbanus & De Fanfaar S tage 4 Ewert And The Two Dragons, Willie Wartaal & Doppelgang, Peace, The Deaf, Pierce Brothers


26

Fête de la Musique

19 - 21 juin

En 2015, la Fête de la Musique se met sur son 31 pour souffler autant de bougies. Habituelle tête de gondole médiatique d’un week-end qu’on espère béni de Râ, la grande scène retrouve pour la seconde fois les allées du Cinquantenaire. Outre les artistes de rue et autres vendeurs de disques d’occase, les artistes invités exposeront leur savoir-faire sur deux scènes en extérieur. On se donnera rendez-vous le samedi 20 vers 15 heures, pour trois petits quarts d’heures secoués et rigolos en compagnie de Romano Nervoso. Le temps d’une bière / d’un mojito / d’un thé menthe, on laissera à PAON le temps d’installer sa pop rêveuse (en espérant qu’ils jouent leur très beau ‘Shine On Me’) avant d’enchaîner sur les Artistes de l’Année (et Album de l’Année) anno 2010, les toujours dynamiques MLCD et leur sens unique de la dramaturgie pop. Ensuite, m’sieur dame, ça va dépoter sec avec Slang & Purbayan Chatterjee, qu’on nous annonce joueur de sitar du feu de Dieu (et déjà passé par Bruxelles en septembre dernier, thanks YouTube). Entouré de trois musicos belges qui en ont dans le slip jazz rock, ça va swinguer. La grande scène lèvera le rideau sur le coup de 19h avec les Mountain Bike, avec qui on n’hésitera pas à perdre nos espoirs au paradis. Ami de la pop aux effluves late sixties, tu es le bienvenu. Entre deux arrêts au stand, le reste de soirée s’animera d’une scène à l’autre. Un peu de pop rock made in Belgium (Robbing Millions), avant que les excellents Skip&Die ne viennent rappeler l’incroyable ‘Riots In The Jungle’ sorti voici trois ans sur Crammed Discs. In your face, baby ! De l’Afrique du Sud (et des Pays-Bas), on passera au Ghana avec un très grand monsieur des musiques africaines, Ebo Taylor & Band. Et à passés 70 balais, le monsieur a encore des leçons à donner à ses petits enfants. Quelle santé ! On bouclera le premier soir avec des substances qui font rire en la personne de The Herbaliser, histoire de bien tripper avant de rejoindre Morphée. Changement partiel de décor le lendemain, puisque le Musée de l’Armée ouvrira ses portes au beau gosse Samir Barris (12h30) et que le Musée d’Art et d’Histoire accueillera Kamishibai entre 15h et 16h30. Le reste du programme (sur les deux scènes) est des plus excitants. Electro pop de haut calibre qui parle aux fans de Depeche Mode et Faithless (Nicola Testa), la légende d’entre les légendes Aksak Maboul (un des projets les plus dingues jamais conçus en Belgique, soit dit en passant) ou voyage au-delà du handicap (l’improbable Wild Classical Music Ensemble), la scène belge portera haut le flambeau de la qualité. Par-dessus nos frontières, les New-Yorkais de Too Many Zooz balanceront leurs cuivres extatiques avant de se poser à Glastonbury ou Montreux, le Togolais Peter Solo refera vibrer l’afro-funk avec son projet Vaudou Game (et on sera content), avant que Camelia Jordana ne prouve une nouvelle fois qu’on peut sortir de la téléréalité sans être un numéro de foire. Plus d’infos sur ce programme et les nombreux autres événements organisés un peu partout en Wallonie et à Bruxelles: http://www.fetedelamusique.be et/ou

http://www.conseildelamusique.be

Graspop Metal Meeting

19 - 21 juin

Dessel

Vendredi 19 juin Mainstage 1: Kiss, Slash, Cavalera Conspiracy, Epica, Thunder, H.E.A.T Mainstage 2: Marilyn Manson, In Flames, Body Count, Life Of Agony, Asking Alexandria, Butcher Babies, The Dead Daisies Marquee : My Dying Bride, Marduk, Cannibal Corpse, God Seed, Sigh, Aborted, Der Weg Einer Freiheit Metal Dome: Ihsahn, Samael, Evergrey, Sarke, Ne Obliviscaris, Blues Pills, Avatarium, King Hiss J upiler S tage : Stray From The Path, King 810, Heidevolk, Northlane, In Hearts Wake

Samedi 20 juin

Rendez-vous obligé des amateurs de riffs dantesques et de hurlements apocalyptiques, le Graspop proposera cette année encore une affiche diablement alléchante. Après une agréable mise en bouche le jeudi faisant la part belle aux formations belges (Bliksem, Oceans of Sadness), on entrera dans le vif du sujet le vendredi 19 avec Kiss et Marilyn Manson qui devraient livrer des prestations grand-guignolesques et riches en couleurs. Autre vétéran bien en jambes, Slash viendra défendre son très respectable nouveau projet solo tandis que le toujours teigneux Ice T viendra cracher son venin rap métal au sein de Body Count. Les amateurs de sonorités plus extrêmes se régaleront avec Cavalera Conspiracy et Cannibal Corpse qui devraient faire trembler la plaine. Le samedi 20 juin rendra hommage à ces deux légendes d’exception du hard/ heavy que sont Alice Cooper et Judas Priest ainsi qu’au nu metal qui a bercé notre jeunesse, puisque Slipknot et Korn seront de la partie. On conseille aussi de découvrir Danko Jones, dont le rock puissant et accrocheur est des plus galvanisants en live. Enfin, le dimanche finira en apothéose avec tout d’abord Motörhead qui affiche 40 ans d’existence au compteur sans avoir rien perdu de sa verve. De même, on trépigne à l’idée de retrouver Faith No More qui nous revient avec un nouvel opus. L’affiche dominicale se fera d’ailleurs particulièrement éclectique : Cradle of Filth dans un registre black métal, Within Temptation qui s’adresse aux fans d’envolées symphoniques, sans oublier les Scorpions pour les aficionados de slows langoureux. Un tout grand millésime! Tarifs : Ticket festival COMBI (19-20-21 juin): 185 euros ; ticket journalier : 89 euros. Inclus dans chaque ticket festival : l’accès au festival, au camping et au parking, et l’utilisation de la navette (Mol gare, Metal Town, K+R centre Dessel). Tous les détenteurs d’un ticket combi ont accès à la Metal Plaza le jeudi 18 juin. Les détenteurs d’un ticket jour n’y ont accès que le jour pour lequel leur ticket est valide. Aucun ticket ne sera vendu pour le jeudi 18 juin.

www.graspop.be

Mainstage 1: Slipknot, Korn, Five Finger Death Punch, Godsmack, A Day To Remember, Hollywood Undead, Lower Than Atlantis Mainstage 2: Judas Priest, Alice Cooper, Sonata Arctica, Exodus, Danko Jones, Orchid Marquee : At The Gates, Arch Enemy, Korpiklaani, Vallenfyre, Kataklysm, Morgoth, Orphaned Land Metal Dome: Alcest, Primordial, Lacuna Coil, The Ocean, Shining, The Haunted, Hawk Eyes J upiler S tage : Every Time I Die, We Are Harlot, Code Orange, Chelsea Grin, Upon A Burning Body

Dimanche 21 juin Mainstage 1: Scorpions, Motörhead, Airbourne, Black Stone Cherry, Tremonti, Pop Evil Mainstage 2: Faith No More, Within Temptation, Lamb Of God, Papa Roach, Parkway Drive, Hellyeah, Like A Storm Marquee : Cradle Of Filth, Children Of Bodom, Amorphis, Septicflesh, Ensiferum, Sylosis, winterfylleth, Den Saakaldte Metal Dome: Dragonforce, FM, Equilibrium, Devilment, Evil Invaders, Battle Beast, Kobra And The Lotus J upiler S tage : Terror, Texas In July, Counterparts, Motionless In White, The Charm The Fury



28

Rock Werchter

25 - 28 juin

Festivalpark, Werchter

Hot Chip © Steve Gullick

Foo Fighters © Ringo Point de départ de la saison des festivals d’été, rendez-vous incontournable des célébrités et des ténors du marché, Rock Werchter mise, comme chaque année, sur une programmation partagée entre têtes d’affiche macromoléculaires et grandes révélations de la saison écoulée. Quatre jours, trois scènes (The Barn, KluB C et Main Stage) et un programme plantureux, voilà la recette du bonheur d’une entreprise qui ne connaît pas la crise. C’est bien simple : à l’heure où l’on écrit ces quelques lignes, il ne reste qu’une poignée de tickets pour le vendredi 26 juin. Pour le reste, l’événement va, comme toujours, se jouer à guichets fermés. On sort d’emblée l’artillerie lourde et les machines de guerre : Muse, The Prodigy, Pharrell Williams, Foo Fighters, Chemical Brothers ou Christine and The Queens sont dans la place. Les fans savourent, les autres dégustent. C’est comme ça. Au cœur de la foule et du brouhaha, on peut tout de même croiser des visages humains et quelques noms qui font du bien aux oreilles : Caribou, Ibeyi, Patti Smith, Balthazar, Hot Chip, Chet Faker, Jungle, Red Fang, St. Paul & The Broken Bones ou Badbadnotgood ont notamment reçu un carton d’invitation. Fête ou quoi ? Au programme de la première journée, deux mastodontes de la fin du siècle dernier s’imposent en maîtres. Entre les guitares électriques des Foo Fighters et les bombardements électroniques des Chemical Brothers, Jungle a toutes les chances de provoquer une sévère montée de sève chez tous les amateurs d’hymnes disco, souvent soul et toujours funky. Dans une veine plus vintage (au choix : Stax ou Motown), les Américains de St. Paul & The Broken Bones assurent également le train. De son côté, Patti Smith délaisse ses carnets de poésie pour venir jouer l’album ‘Horses’ dans son intégralité. Toujours caché sous les poils de Caribou, le Canadien Dan Snaith affirme son attirance pour les matières synthétiques en réinventant le psychédélisme sous les stroboscopes. Toujours sur le dancefloor, Hot Chip laisse tourbillonner ses tubes transgenres et sexy. Et puis, tant qu’à faire dans le R&B et le beat sensuel, on se réjouit de replonger dans les ambiances moites et vaporeuses de l’Australien Chet Faker. La belle affaire. Le lendemain, entre Mumford and Sons, Ben Howard, Of Monsters and Men, Archive et

John Newman, il convient de bien se déshydrater pour ne pas perdre la face. Pour remonter le moral des troupes, les organisateurs ont eu la bonne idée d’inviter ce bon vieux Pharrell, prince avéré de la « feel good music ». En après-midi, on mise un shoarma et deux loempias sur les shows d’Ibeyi, Alt-J et Balthazar. FKA Twigs devrait également s’en tirer avec les honneurs. La recommandation du jour : ne pas louper le concert de Badbadnotgood. Soit trois passionnés d’électro et de hip-hop qui ont rassemblé leurs idées autour d’une batterie, d’une basse et d’un synthé. Un trip hallucinant. Instrumental et bien cintré. Le samedi, c’est un peu God Save The 90’s. Lenny Kravitz, The Prodigy et Noel Gallagher sont invités à la commémoration. Le reste de la journée revient aux valeurs sûres du supermarché : Selah Sue, Royal Blood, Damien Rice, Angus & Julia Stone, Hozier ou The War On Drugs. Le dernier jour, en marge des effusions pyrotechniques et autres avalanches de riffs gargantuesques promises par Muse, il est possible de danser en compagnie de Christine and The Queens, d’assister au retour du détour des Counting Crows, ou d’escorter le tour de piste de Kasabian : profilé pour les stades, le rock hypertrophié des Anglais devrait encore attirer la foule. Sinon, au rayon rock stoner, il y a Red Fang : des Américains qui font ça fort bien. Tous les tickets combi ont trouvé preneur. Pour les quatre jours, c’est complet de chez blindé. Pour la petite histoire, il fallait sortir 226 euros de sa valisette pour obtenir un des précieux droits d’entrée. Coquette, la somme inclus tout de même un billet de train gratuit à commander sur www.sncb.be/rockwerchter. À ce jour, il reste uniquement des billets à 95 euros pour la journée du vendredi 26 juin. Le camping n’est pas compris dans le prix du ticket. Pour planter sa tente, deux formules sont proposées : la classique pour 20 euros ou le Camping XL qui, en échange de 27 euros, permet au festivalier de se pointer dès le mercredi. Une manière - un peu plus chèred’éviter les files interminables.

www.rockwerchter.be

Jeudi 25 juin

Vendredi 26 juin

Samedi 27 juin

Dimanche 28 juin

Foo Fighters The Chemical Brothers Florence + The Machine Elbow Oscar And The Wolf Rise Against Patti Smith And Her Band Perform Horses Caribou Hot Chip SBTRKT James Bay Eagles Of Death Metal Years & Years Jungle Chet Faker Marmozets First Aid Kit Jack Garret St. Paul And The Broken Bones

Mumford & Sons Pharrell Williams Ben Howard alt-J Roisin Murphy Of Monsters And Men John Newman Death Cab For Cutie Balthazar, Damian « Jr. Gong » Marley Magnus FKA Twigs Archive Kwabs Ibeyi Gavin James The Cat Empire Lonely The Brave BADBADNOTGOOD Kovacs

Lenny Kravitz The Prodigy Noel Gallagher’s High Flying Birds Damien Rice The War On Drugs Selah Sue Hozier Royal Blood Angus And Julia Stone Ryan Adams Kid Ink De Jeugd Van Tegenwoordig Dotan FIDLAR Other Lives Seinabo Sey ILoveMakonnen CC Smugglers Tout Va Bien

Muse Kasabian The Script Die Antwoord Ben Harper & The Innocent Criminals Counting Crows Jessie J Alabama Shakes Christine And The Queens Gabriel Rios Maxi Jazz & The E Type Boys The Vaccines Fink Enter Shikari Leon Bridges Catfish And The Bottlemen Red Fang Blaudzun Tove Lo JD McPherson


RAF_2015_final_RIFRAF 100x140.pdf

1

12/05/15

11:33

..

F R I D AY 3 r d J U LY

BASTILLE KRAFTKLUB

.

BOYS NOIZE BALTHAZAR FOX NOTHING BUT THIEVES THE TAME & THE WILD

.

S ATURD AY 4 th JULY

RISE AGAINST WU-TANG CLAN EAGLES OF DEATH METAL KATE TEMPEST

. GRAMATIK . KONTRA K

.

WE WERE PROMISED JETPACKS THE DISLIKED ICE IN MY EYES S U N D AY 5 t h J U LY

. ALT-J .

.

SKIP THE USE MUTINY ON THE BOUNTY MARMOZETS ECHOSMITH

BRNS . TALISCO . DOTAN

ALL THE BANDS & INFOS ON


30

Verdur Rock

27

juin

Citadelle, Namur

Samedi 27 juin Skip The Use The Subs Hippocampe Fou The Computers Mountain Bike Alaska Gold Rush

The Subs Ça faisait une poignée d’années que le Verdur Rock avait perdu de sa superbe. La Citadelle en devenait presque sinistre par son caractère clairsemé, voire déserté par les foules. Du coup, exit l’organisation d’antan, le festival fait peau neuve et s’offre les précieux services de l’’équipe d’Esperanzah. Grosse nouveauté, le festival est désormais payant. 10 boules en prévente, 15 sur place. Niveau affiche, on retrouve des gros noms destinés à rameuter les jeunes namurois un peu trop farouches et quelques découvertes délectables. Les Bloc Partouze french de Skip The Use vous feront pogoter le bras en l’air, bière chaude à la main. On espère que vous aurez encore la force d’en faire de même sur le DJ set bombasse des Subs ! Juste avant, on retrouvera des noms plutôt charmants à l’instar d’Hippocampe Fou qui vous retournera le cerveau avec son hip-hop bien barré, ou encore les Computers dont le garage dandy vous fera vous précipiter au magasin de cravates le plus proche. Et comme on est en Belgique, deux groupes du cru : les sympas Mountain Bike ainsi que les gagnants du concours 2014 Alaska Gold Rush dont le folk-rock très ricain vous emmènera loin en cas de nicule ! Rendez-vous à la Citadelle dès midi, donc, pour l’ouverture du traditionnel concours.

Couleur Café

03 - 05 juillet

Tour & Taxis, Bruxelles

Vendredi 3 juillet Titan: Dub Inc, Wu-Tang Clan, Arsenal, Gentleman Un ivers: The Magician, Kavinski, Wyclef Jean, Crystal Fighters, Tarrus Riley Move: Hiatus Kaiyote, Shantel, Ester Rada, Big Flo & Oli, L’or Du Commun Dance : Stikstof, Pink Oculus, AKS, Dansworkshops Clandestino : DJ 22 Tracks Mamafo ufo u: DJ 22 Tracks

Samedi 4 juillet

Après une édition sous le signe des nuages de poudre colorée et des K-Way, puissent le Soleil et les good vibrations régner en maîtres sur Tours & Taxis, son Palais du Bien Manger (où carnivores, végétariens et éco-responsables se délecteront à armes égales) et son souk de 40 échoppes où, après une démonstration de calligraphie, on saura tout des projets à consonance sociale, culturelle et éducative liés. Munis d’un mojito fraîchement pilé et d’un foulard en wax, nous vlà parés – ah ! oh ! – pour la sélection maison : le vendredi, que tu choisisses de ‘Protect ya neck’ avec l’inamovible Wu-Tang Clan ou de suivre les empreintes néo-soul de Hiatus Kaiyote, il te restera suffisamment de punch pour l’éthio-jazz glamour d’Ester Rada. Samedi, si tu aimes les battles-à-capuche, mise sur 1995 ou La Fine Equipe ; si flow doit rimer avec élégance, va serrer la pince de G-Easy. Et la French Touch en 2015, toujours bandante ? Just ask Etienne de Crécy ! L’intemporalité authentique, elle, jaillira des likembés de Kasai All Stars. Dimanche, fluide jeune et beats de premier choix avec Joey Bada$$, ondoiement afro-funk de Jupiter & Okwess International ou nectar de groove avec Oddisee, « That’s love ! ». Et le reggae, ma bonne dame ? Même si – goûts et couleurs – on en met peu dans notre baril malgré une forte représentation, nous est avis que Groundation doit avoir un bon terreau et que Jah9 est capable d’hypnotiser les foules. Checke sur place, bro ! Tarifs: en légère baisse à la journée! En prévente, le ticket 1 jour se troque à 39 euros le combi 3 jours à 95 euros (hors frais de réservation). Les combis 3 jours + camping sont à 110 euros (pour les plus de 16 ans et non-bruxellois). L’accès au festival est toujours gratuit pour les enfants de moins de 10 ans accompagnés d’un adulte. Accueillir tous les publics reste une priorité : le camping comporte d’ailleurs cette année une zone accessible aux personnes à mobilité réduite.

www.couleurcafe.be

Titan: Caravan Palace, tbc, 1995, Collie Budz, La Chiva Gantiva Un ivers: Etienne de Crecy Superdiscount 3, Alborosie, Modestep, Starflam, Israel Vibration Move: Kassai All Stars, G-Eazy, Holi Couleur, Flavia Coehlo, Fugu Mango & Binti, tba Dance : Glü, Palenke Soul Tribe, La Fine Equipe, Danceworkshops Clandestino : DJ 22 Tracks Mamafo ufo u: DJ 22 Tracks

Dimanche 5 juillet Titan: Soja, Cypress Hill, Groundation, Milky Chance Un ivers: Buraka Som Sistema, Xavier Rudd, Joey Bada$$, Sergent Garcia, Naaman Move: Jupiter & The Okwess Intern, Jah9, Oddisee, La Smala, Pucho Diaz Dance : DJ Lefto, Branko, STUFF., Danceworkshops Clandestino : DJ 22 Tracks Mamafo ufo u: DJ 22 Tracks


Out LOud! Music Fr 5.06

Mad abOut Music / brussELs Night: EMptY taxi (bE) + priNcEss chELsEa (NZ) + dJ thE WiLd

sa 6.06

EdEN / charLErOi Night: hariNg (bE), hOLY straYs (Fr) + dJ rick shivEr

Fr 12.06 aLpagE rEcOrds / LiLLE Night: priEur dE La MarNE (Fr), Ext’iNt (bE), bLack bONEs (Fr) + dJ aLpagE acid crEW sa 13.06 vOOruit / ghENt Night: ZuN ZuN Egui (uk) + dJ sEbcat Fr 19.06 stuk Night - ctM / bErLiN: NuMEN (bE), bErLiN currENt (dE) FEat. sOda pLaiNs, aMNEsia scaNNEr + LOtic sa 20.06 iNcubatE / tiLburg Night: aNgstgEgNEr (NL), NErvOus MOthErs (bE), sEx drivE (NL), MiNd raYs (bE), gaLg (NL), cOcaiNE piss (bE), ggu:LL (NL), daggErs (bE) + dJ iN dOgs WE trust Fr 26.06 dE krEuN / kOrtriJk Night: isaac (bE), bEak> (uk) + dJ hELtEr skELtEr

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Rock A Field

03 - 05 juillet

Roeser, Luxembourg

Vendredi 3 juillet Bastille Kraftklub Boys Noize Balthazar Fox Nothing But Thieves The Tame & The Wild

Samedi 4 juillet

alt-J © Gabriel Green Dix ans déjà que le Rock-A-Field fait vibrer les festivaliers durant les longues soirées luxembourgeoises en début d’été. Pour cet anniversaire, l’événement géré par l’équipe du den Atelier a vu très grand et s’est offert son lot de pointures qui attireront à coup sûr la toute grosse foule dans le cadre champêtre et bucolique de Herchesfeld-Roeser. En guise d’afterwork et d’échauffement, le vendredi 3 juillet verra se succéder dès la fin d’après-midi des noms comme Nothing But Thieves, Fox, le DJ berlinois Boys Noize, les allemands de Kraftklub et surtout les aussi efficaces que british Bastille. Le samedi, outre la présence de Kate Tempest, de Gramatik ou des metalleux de Rise Against, c’est sans aucun doute la présence du légendaire Wu-Tang Clan qui constituera le temps fort de la journée. Au bord de l’implosion, le collectif de Staten Island pourrait donner là l’un de ses derniers concerts... Le dernier jour, avant l’apothéose (?) que constitue la venue de Muse devant un public conquis d’avance, il conviendra en toute objectivité de privilégier le set de nos chouchous de BRNS avant d’éventuellement enchaîner avec la power pop furibonde de Marmozets ou le rock sur ressorts de Skip The Use. Avant Bellamy and Co, Alt-J devrait également démontrer tout le chemin parcouru depuis quatre ans et leurs premières expérimentations dans leur kot d’étudiants de l’Université de Leeds. Signalons aussi qu’un Food Village avec food trucks et spécialités luxembourgeoises sera installé en dehors du périmètre habituel du festival pour répondre à un souhait des festivaliers de disposer d’un endroit où se sustenter et se reposer loin de la foule. Tarifs en légère baisse : le ticket combiné vous coûtera 110 euros et les tickets individuels sont disponibles au prix de 55 euros. Un camping in situ est accessible pour un prix forfaitaire de 15 euros.

Rise Against Wu-Tang Clan Eagles Of Death Metal Gramatik Kate Tempest Kontra K We Were Promised Jetpacks The Disliked Ice In My Eyes

Dimanche 5 juillet Muse Alt-J Skip The Use Mutiny On The Bounty Marmozets Echosmith BRNS Talisco Dotan

www.rockafield.lu

Paradise City

04 - 05 juillet

Château de Ribaucourt, Perk

Samedi 4 juillet J ackmode Monkey Safari, Robosonic, Animal Trainer, Doctor Dru, Kruse Nuernberg, Bambook, Lumoon & Rob!n Love H.O.S.H., Adana Twins, Konstantin Sibold, Soul Clap B2B Nick Monaco, Aeroplane, Tiger & Woos, Zimmer, Claap! Paradise City Marek Hemmann, GusGus, Black Strobe, Flight Facilities, Susanne Sundfor, Tout Va Bien, ALB, Montevideo, Rina Mushonga, Stu Larsen Jazzanova Un nouvel arrivant sur la liste des festivals bio-friendly. Que les fans de Guns n’ Roses refrènent leur joie de suite, le Paradise City n’est pas un rassemblement de nostalgiques de heavy metal. Loin de l’idéologie « collant-léopard », ce green festival ne se contente pas de faire part belle à la musique électronique mais vous invite tout bonnement à changer de nationalité le temps d’un week-end. Pas de ticket pour festival donc, mais bien un passeport vous laissant droit de séjour dans le château de Ribaucourt, à quinze minutes de la capitale. Durant les 4 et 5 juillet, les nouveaux citoyens auront le loisir de goûter à leurs mets électro favoris dans des conditions qu’on annonce déjà idylliques. Oubliée la foire aux bestiaux de Tomorrowland, le Paradise City promet de l’espace, de l’intimité et du bien-être. Le vœu de qualité musicale respecté également, les badauds du samedi pourront siroter des cocktails aussi variés que ceux de Blackstrobe, Aeroplane, Gusgus, Tout Va Bien ou encore Soul Clap. On restera à table le dimanche pour savourer des plats concoctés par Art Departement, Jazzanova et Matthew Herbert en live. Pas moins de 24 artistes qui se partageront les coins du château. Détail qui a son importance, le citoyen du Paradise ne s’encombrera pas de monnaie, le paiement électronique sous formes de crédits ayant été exclusivement choisi par l’organisation. Tu charges, tu décharges, tu recharges…La Green Card qui vous ouvrira les portes du Paradis a évidemment un prix, voire plusieurs selon la formule choisie. Le ticket d’un jour est à 49 euros (avec possibilité de pré-acheter des crédits pour un total de 89, 129 ou 179 euros). Le ticket combi s’élève à 80 euros (avec possibilité de pré-acheter des crédits pour un total de 120, 160 ou 210 euros). Adresse du festival : Château de Ribaucourt à Kasteelhoekstraat 1, Perk.

www.paradisecity.be

Dimanche 5 juillet Bruxsel J ardin Feathererd Sun, Robag Wruhme, Aquarius Heaven, Dübl & Nase, Nathan Oye, Sushiflow Love Art Department, Kölsch, Compuphonic, Einnebassen, Kollektiv Turmstrasse, ATTAR!, Antilope, Christoph Live Abstrakt Herbert, HVOB, Jazzanova ft Paul Randolph, Roosevelt, Sailor & I, Andrew Ashong, Hydrogen Sea, Alfred Hall


33

Les Ardentes

09 - 12

juillet

Parc Astrid de Coronmeuse, Liège

Kendrick Lamar © Dan Monick Le changement sera pour l’année prochaine : le plus gros festival liégeois fêtera dignement ses dix ans d’existence en bord de Meuse, au Parc Astrid, là où il est né. Et, nom de Tchantchès, qu’il semble loin le temps de cette première édition fébrile, presque chétive, où l’on disposait de 3m² par personne pour s’envoyer la totalité des groupes belges alors sur le circuit. Depuis la machine a bien grossi et, si l’on se sent désormais parfois à l’étroit devant la grande scène (le massacre Stromae l’an dernier, devant un show absolument bluffant), il faut souligner le boulot accompli par les organisateurs. Notamment au travers du Reflektor, qui redonne enfin une salle décente à la ville. Quant au programme de la grosse teuf estivale, ce qu’ils ont concocté est quasiment titanesque. Les Ardentes, depuis longtemps, se réclament de la musique urbaine ; rarement elles auront été aussi cohérentes dans leur programmation. Ce jeudi est la journée consacrée au hip-hop et les quelques fans isolés de Cœur de Pirate ou de The Do se demanderont sans doute ce qu’ils foutent là. Hey nigger, juge du peu : Denzel Curry, Freddie Gibs, Rae Sremmurd et, surtout, l’excellent Kendrick Lamar. Last but not least, Starflam crachera le best-of sur ses terres. Vendredi, la pop reprend sa place mais la figure légendaire du rap US, De La Soul, reste la tête d’affiche. Entre les saucisses, il y aura donc, entre autres, BRNS, l’inégalable champion du tube de poche Baxter Dury, le rock’n’roll vintage de Hanni El Khatib, le psychédélisme de Temples, le dEUS de Tom Barman (à qui le bord de Meuse a souvent réussi, palme du boxon 2013, quasiment le concert du festival l’an dernier en clôture, avec Magnus, déjà présent à la première édition), le folk-rock pleureur de Tom McRae. Samedi 11, la révélation 2014, Benjamin Clementine viendra présenter ses condoléances et c’est chouette. Et puis la très grosse bringue : Gaz Coombes, Iggy Pop, The Experimental Tropic Blues Band (à poils !), Nicki Minaj, The Hives,... Tandis qu’au rayon garage qui dérouille in your mind fuzz, il ne faudra pas louper l’acouphène avec King Gizard and The Wizard Lizard, révélation graisseuse de ces derniers mois. Dimanche, c’est, as usual, plus calme. Mais quelques noms bien caloriques encore. Erlend Oye, ce rouquin à lunette en solo, ex-roi de commodité, entiché d’un groupe de reggae islandais. Le disque est bof mais on en attend beaucoup sur scène. Fauve, bête toujours précieuse en festival. Enfin, Metronomy lancera le bouquet final et nous promettra des lettres d’amour. Pour tenir jusqu’à 2016. En pratique Les prix sont en augmentation : Ticket un jour à 70 euros. Pass 4 jours (+ camping) : 150 euros (+10 euros ). Le festival se tient au Parc Astrid de Coronmeuse à Liège. Le site est très facilement accessible en bus depuis la Gare des Guillemins (prendre les navettes affrétées pour l’occasion ou la ligne 1, c’est gratuit pour la durée du festival).

www.lesardentes.be

Baxter Dury © Margaux Ract

Jeudi 9 juillet Kendrick Lamar, Coeur De Pirate, The Dø, Rae Sremmurd, August Alsina, Flatbush Zombies, Starflam, Freddie Gibbs, Denzel Curry, La Smala, Logic, STUFF., Atomic Spliff, Hesytap Squad

Vendredi 10 juillet Paul Kalkbrenner, dEUS, A$Ap Rocky, Oscar & The Wolf, La Roux, De La Soul & Big Band, Bakermat, Bonobo (dj-set), BRNS, Claptone, The Avener, Joke, Temples, Hercules & Love Affair, Hanni El Khatib, Baxter Dury, Binkbeats, Lapalux, Lost Frequencies, Mount Kimbie (dj-set), Nick Mulvey, Criolo, Tom Mcrae, Feu! Chatterton, Paon, Fùgù Mango, Alaska Gold Rush

Samedi 11 juillet Nicki Minaj, Iggy Pop, Paul Weller, The Hives, Charlie Winston, Benjamin Clementine, Nero (dj-set), Flux Pavilion, Rl Grime, The Charlatans, James Vincent McMorrow, Clark, Gaz Coombes, The Experimental Tropic Blues Band, Roscoe, Forest Swords, Ben Khan, Paula Temple Woods, Slow Magic, King Gizzard & The Lizard Wizard, Great Mountain Fire, Icicle, Bed Rugs, Elvis Black Stars, Grandgeorge, Konoba

Dimanche 12 juillet D›angelo, Fauve, Metronomy, Balthazar, Black Rebel Motorcycle Club, Tinie Tempah, Erlend Øye, Mountain Bike, Ratking, Sleaford Mods, Big Flo & Oli, Alice On The Roof, L›or Du Commun


34

Cactus Festival

10 - 12 juillet

Minnewaterpark, Bruges

Vendredi 10 juillet 17:00 – 17:55 18:25 – 19:25 19:55 – 21:05 21:45 – 23:05 23:45 – 01:00

Jake Isaac Perfume Genius Gabriel Rios Grace Jones Goose

Samedi 11 juillet 12:00 – 13:00 13:30 – 14:35 15:05 – 16:10 16:40 – 17:50 18:20 – 19:30 20:00 – 21:15 21:45 – 23:05 23:40 – 01:00

Two Gallants © Misha Vladimirskiy Chaque année, Bruges-la-bourgeoise s’encanaille le temps d’un week-end en accueillant, dans le cadre bucolique du célèbre Minnewaterpark, l’indispensable Cactus Festival. Un festival à taille humaine, qui, osons-le, ne fera à nouveau pas dans la dentelle au niveau de sa programmation. Toujours aussi éclectique que pointu, le line-up proposé pour cette 34ème édition saura en effet combler les festivaliers les plus exigeants. Le vendredi 10 juillet à partir de 16 heures, après Gabriel Rios et Jake Isaac en guise de zakouskis, c’est au fragile et délicat Perfume Genius que reviendra l’honneur de servir de mise en bouche au show exclusif de Grace Jones. Boosté et épicé par la Jamaïcaine, le festival se poursuivra le lendemain avec un plateau qui ne manquera pas de piquant. Balthazar viendra en effet défendre avec élégance et ambition son percutant nouvel opus avant que l’electro-soul de Sohn ne prenne le relais pour un concert à nouveau exclusif. Place ensuite à l’un des songwriters les plus brillants de la musique US, le légendaire troubadour électrique John Hiatt. Pour achever cette deuxième journée, c’est le Black Rebel Motorcycle Club qui se chargera de mettre le feu au lac aux abords duquel se déroule le festival. Et que dire de l’affiche proposée le dimanche 12 juillet qui verra se succéder des valeurs refuges qu’on ne présente plus comme dEUS ou Thurston Moore et les étoiles montantes que sont le charismatique Benjamin Clementine ou le fabuliste irlandais James Vincent McMorrow. Des phénomènes de mode, de foire ou de scène sont également au menu tels la poupée Anna Calvi, les teigneux mais excellents Two Gallants ou les plus inégaux The Kooks. Tarifs en légère augmentation. En prévente (hors frais de location)/au guichet : le billet journalier : 45/55 euros ; le billet pour deux jours : 78/91 ; le billet pour trois jours : 105/117 euros. Gratuit pour les enfants de moins de 12 ans. Pour les ados de 13 et 14 ans, le ticket est à 15 euros par jour.

www.cactusfestival.be

Timber Timbre Het Zesde Metaal Mop Mop Feat. Anthony Joseph Sohn Black Rebel Motorcycle Club Jessie Ware John Hiatt Balthazar

Dimanche 12 juillet 12:00 – 13:00 Dans Dans 13:30 - 14:30 Benjamin Clementine 15:00 – 16:10 Two Gallants 16:40 – 17:50 James Vincent Mcmorrow 18:20 – 19:30 Anna Calvi 20:00 – 21:15 Thurston Moore 21:50 – 23:00 The Kooks 23:35 – 01:00 dEUS


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Out Loud!

Festival Jardin du Michel

Fête de la Musique

3 - 28 juin

5 - 7 juin

19 - 21 juin

voir page: 25

Heartbeats Eurometropolis Festival 5 + 6 juin Parc Fluvial, Halluin, Fr

Buligny, France

05/06:

voir page: 26

Selah Sue, Charlie Winston, Joeystarr x DJ Pone x Cut Killer, High Tone ft Oddatee, Chapelier Fou, La Fine Equipe, Mutiny On The Bounty, The Moon Drivers, Dirty Work Of Soul Brothers, Reggae Sun Ska Party!

Rock Werchter 25 - 28 juin voir page: 28

OLT

Bear Rock Festival

19 juin - 1 septembre

26 juin

Openluchttheater Rivierenhof, Deurne

Place du Chapitre, Andenne Lost In Kiev, Thyself, Tongue, …

06/06:

Asaf Avidan, Steel Pulse, Ez3kiel, Etienne de Crécy preésente SuperDiscount3, Salut C’est Cool, The Wanton Bishops, Big Red, M.A Beat, The Wise Dude’s Revolver, Cumbia Cabana!

bear-rock.o rg

Genk On Stage 26 - 28 juin

07/06:

Louis Matthieu Joseph & Anna Chedid, Lilly Wood The Prick, Israël Vibration, Massilia Sound System, No One Is Innocent, Laetitia Shériff, Arita, Gueules D’Aminche

Centrum, Genk

jardin-du-michel.fr

05/06:

Metronomy, Caribou, Ibeyi, Years & Years, Magnus

06/06:

dEUS, Roisin Murphy, Anna Calvi, José Gonzalez, Badbadnotgood, Hælos, Rocky heartbeatsfestival.eu

Vestrock

City Rockers Festival 6 juin Parc St.Roch, Ciney John Coffey, Viva Le Vox, The Hooten Hallers, Joe Buck Yourself, Small Time Crooks, Rockin’ And Drinkin’ Guys, Sonic Beat Explosion, Hell O Tiki c ity roc kers.be

5 + 6 juin Festivalterrein Buitenvest, Hulst, Nl

Pinkpop 12 - 14 juin voir page: 25

The Tarantual Waltz

The Scabs Tourist LeMC Kapitein Winokio Rufus Wainwright Marcus Miller Public Enemy Black Uhuru Juliette Greco Tourist LeMC Wim Mertens Kommil Foo The Broken Circle Bluegrass

26/06: Admiral Freebee, Arsenal, Café Flamand, Level Six, Grand Hammond ft. Yass, Faul & Wad Ad, Bondax, Lxury 27/06: Racoon, De Mens, De Geest, De Post, Daktari, De Fanfaar, Omar Souleyman, Team William, Douglas Firs 28/06: Novastar, Scala & Band, Jett Rebel, Les Truttes, Nielson, The Skadillacs, Academie Genk, Magnus, The Hickey Underworld, Kids On Stage met De Ketnetband, Gruppo Di Pawlowski

Wacolor Festival 19 juin

openluchttheater.be

27/06:

Barrage de la Vesdre, Eupen Psylencer, South Of Heaven, Experienced, Bay Bang, Vulcain, Lion’s Pride

06/06:

26/06: 02/07: 05/07: 07/07: 11/07: 14/07: 15/07: 20/07: 21/07: 22/07: 26/07: 28/07:

genkons tag e .be

13 juin

Showtek, Dotan, Arsenal, Mr Polska, Mental Theo en Me, Maaike Ouboter, Darkraver, Batmobile, Wallace Vanborn, Drive Like Maria, Dirtcaps, Bombay, The Raglans, Me, Echotape, Herman Brock Jr., T & Sugah, Nobody Beats The Drum, Monster Youth, Oorgasme, Black Horse Society, Funkstarz, DJ Elroy

Band 29/07: Lamb 06/08: The Antlers 08/08: Stacey Kent 13/08: John Butler Trio 15/08: The Grungblavers 2208: Bart Peeters 23/08: Bart Peeters 25/08: Simple Plan 29/08: Intergalactic Lovers 01/09: My Morning Jacket 04/09: Milow

The Loaf

05/06:

19/06: Daniel Lanois 24/06: The Tallest Man On Earth,

roc kaid.be

Parking Ancien Roller Skate Parc, Wavre Kid Noize, Yaniss Odua, Bastian Baker, La Smala, JLB Riddim, Moaning Cities, Jazz Up, Julie Jaffrès, Céléna & Sophia, Rouge United

Giant³ Sand, Anouk, Don Diablo, Therapy?, Douwe Bob, Zornik, Kovacs, Lonely the Brave, Navarone, Tout Va Bien, Pep & Rash, Blaas Of Glory, Mason, Willow, Redondo, Kovacs, Tourist LeMC, Fatherson, Paceshifters, Pollyanna, The Pheromones, Goe Vur in den Otto Soundsystem, JRD, Lookapony, Helsinki, My Dog Is Radioactive

Astonvilla, Made In, Colt, Superglam, From Kissing, Flasblaster

vestrock.nl

20/06:

wac olor.be

Fiestas Du Rock 19 - 21 juin Plateau des Trixhes, Flémalle

Plazey 24 - 28 juin Elisabethpark, Parc Elisabeth, Koekelberg

26/06:

concerts

27/06:

Billie Kawende

28/06: familiedag + concerten www.plazey.be

19/06:

Mademoiselle K, Blue Velvet, Bloody Foot Fingers, Kaiju, The Black Hat, Noisy Pride, Volver, Boogie Beasts My Brother And I

21/06:

Les Déménageurs

lafiestaduroc k.be

Graspop Metal Meeting 18 - 21 juin voir page: 26

J’Veux du Soleil 25 + 26 juin Nautilys, Comines, France

25/06:

Prince Fatty vs Mad Professor, Junior Cony Sporthall Houthem, Comines

26/06:

Djaikovski ft TK Wonder, Fùgù Mango, Gym, Ya-Ourt, Jawhed Sound, Spoons Of Knowledge, Esitu Records, Les Petlessons

jveuxdusoleil.com

Verdur Rock 27 juin voir page: 30

Festiv’ans 27 + 28 juin Parc de la Résistance, Alleur Sneakers, T-Lephone Export, Vertigo, Black And White; Daddy K, Flash, 2 Fucking Popular Deejay, Dan, Denix, Julien Perrier, MC, Dams, Frans, White Horse, winner DJ’s contest

28/06: David Duriez, Fabrice Lig, Raw District, Matt Heize, Rodham, Thanan Nekae, Jona, Pat St Rem, The G, Mic Del Sando, Feesh-Tix, winner DJ’s contest; Hugo, DJ Ridje, R.M.S., Romy Conzen, Flavor By Suck, winner contest Les Jeunes Zalleurs f es tivans .b e

Vama Veche 30 juin - 5 juillet Astridpark, Brugge


36

30/06:

Barefoot & The Shoes, The Durgas

01/07:

Sperwer, Mon-O-Phone

03/07: Mountain Bike, Robbing Millions, STUFF., Chrome Bruléé, Mono Bros; Moonshack

02/07:

Dandy Davy, Videoke

04/07:

03/07:

Miaux, Skordatura Punkjazz Ensemble

04/07:

Ginger Zoo, Pomrad

05/07:

Helsinki, The Germans

Birds That Change Colour, Bed Rugs, Liminanas, The Germans, DJ SoFa; Daspastumult

Summerfestival

Afro Latino

4 + 5 juillet

10 - 12 juillet

Middenvijver, Antwerpen

05/07: Fonky Tuur, SGT Bodo’s Lonely Heart Club Band, Riguelle chante Brel

Hardwell, W&W, Dannic, Gregor Salto, Dyna, Robbie Pardoel, Regi, Booka Shade DJ set, Karmon, Tofke, Darkraver, Ruthless, Jebroer, Angerfest, Digital Punk, DJ F.R.A.N.K, Lester Williams, Macky Gee, …

dij lefeesten.be

s ummerf es tival.be

va m a v e c h e . b e

Beachdays 2 - 5 juillet

Na Fir Bolg 3 - 5 juillet Sassenhout, Vorselaar

Parking du Marché, Esneux Joseph, My Diligence, Dario Mars and The Guillotines, Big Moustache Bandits, Yew, Dissident, Todo Esta Aqui, Powerballs, Bold, ….

Les Ardentes 9 - 12 juillet voir page: 33

Rock Zottegem 10 + 11 juillet

Tentencomplex Bevegemse Vijvers, Zottegem

b ea c hd a y s. n e t

10/07:

Fiddler’s Green, Jett Rebel, Novastar, Saxon, Ed Kowalczyk, Toto; DJ Ginger, Funk D, Smos, Murdock, Mark With A K, Wolfpack

Main Square 3 - 5 juillet Arras Citadel, Arras, Fr

11/07: Zwartwerk, The Mirror Trap, The Scabs, Yellow Claw, OMD, Arsenal, Placebo; Deejay Diskobox, Lennert Wolfs, Laston & Geo, Megamen, Kid Crème, Dirk Stoops, Green Velvet

Festivalterrein Berkenbroeck, Bree

10/07:

J. Alvarez, Omi, Salkotta ft Gregor Salto, Squadra Bossa ft Buscemi, Palenke Soundsystem, TLP, Soca Twins, Deebuzz,...…

11/07: Ba Cissoko, Juan Luis Guerra y 440, Juanes, Krosfyah, Romain Virgo, Zule Max, Cache Royale, Tydal, Moombahteam, … 12/07: Chambao, Diana Fuentes, Inner Circle, Mariama Kouyaté & Nga Nene, Ne T’en Fais Pas World Fusion Orchestra, Pistoleros de la Paz, Pow Pow,… af ro-latino. be

Cactus Festival 10 - 12 juillet voir page: 34

Lasemo 10 - 12 juillet Domaine d’Arenberg, Enghien

rock-zottegem.be

03/07:

03/07:

Lenny Kravitz, Shaka Ponk, The Script, Hozier, Patrice; George Ezra, Rone, Lindsey Stirling, Kodaline, Sheppard, The Arrogants

04/07:

Barefoot And The Shoes, Arbeid Adelt!, The Scabs, Firkin; Broes XL, Four Fingered Fré & Friends

Sjock Festival

04/07:

Poeyelhei, Gierle

Angela Campbell Shades Of Green, Emzjes & ‘t Koadazer, Rocket Sauce, Farce Fatale, Bottle Of Moonshine, Selfish Murphy; Het Zesde Metaal, Fixkes, De Mens, Guido Belcanto, De Post

Muse, Skip The Use, Madeon, Rival Sons, Twin Atlantic, Circa Waves; Royal Blood, Fakear, Charli Xcx, James Bay, BRNS, Coasts, A-Vox

05/07: Sens Unique, D And The MP’s, Walrus, Captain’s Beard, Bunch Of Bastards; Harmonie Vorselaar, De Planken, Laïs, De Kleinkunstrockband, Yevgueni

05/07:

nafir bolg .be

Pharrell Williams, Mumford & Sons, Lilly Wood & The Prick, IAM, Tiken Jah Fakoly, Rudimental; The Avenger, Oscar & The Wolf, Ilovemakonnen, Josef Salvat, Tim Fromont Placenti

mainsquarefestival.fr

3 - 5 juillet voir page: 30

Rock A Field 3 - 5 juillet voir page: 32

10/07: Ayo, Cali, Dalton Telegramme, Deluxe, Odieu et Le Feu, Uncle Waldo 11/07: Arno, Collectif 13, Debout Sur Le Zinc, Grand Ben, Les Vaches Aztèques, Les yeux d’La Tête, Mambo, Poulycroc, Robbing Millions

Rock’n’Roll Tonight 3 - 5 juillet Sambreville

03/07:

Couleur Café

10 + 11 juillet

Los Barlos

04/07:

Dandy Shoes, The Dog’s Band, Little X Monkeys, Doghouse Sam & His Magnatones, Mister Cover, Mike Fantom & The Bop-A-Tones

05/07:

Redneck Brass Band, Majestic Mojo & The Old Bananas, Little Roman & The Dirty Cats, Nina & The Hot Spots, The Queen Kings mj tamines.be

Dijlefeesten

TW Classic

3 - 5 juillet

4 juillet

Melaan - Vismarkt, Mechelen

Festivalpark, Werchter Robbie Williams, Anouk, Faithless, Anastacia, The Scabs, Texas twc lassic .be

Paradise City 4 + 5 juli voir page: 32

10/07: Reverend Horton Heat, Batmobile, The Sharks

12/07: Alice Francis, Bénabar, Cédric Gervy, Faon Faon, Joe Bel, Lamuz Gueule, Les Compagnons du Temps, Les Déménageurs, Les Wampas las emo.be

11/07:

Imelda May, Southern Culture On The Skids, Supersuckers, Heavy Trash, Lisa And The Lips, Bloodshot Bill, The Space Cadets, Black Mambas, Jake Calypso And His Red Hot, Walter Broes (and the Mercenaries), The Bloodhounds, The Deaf, Annita And The Starbombers, The Tinstars ft. Ruby Pearl, The Cheaterslicks, The Vibromatics, DestroyOh-Boy, We’re Wolves

12/07: The Hives, Backyard Babies, La Muerte, The Sweden Special feat. Domestic Bumblebees And Harmonica Sam, Fifty Foot Combo, The Fleshtones, Pat Capocci, The Rhythm Shakers, The Country Side Of Harmonica Sam, Jai Malano And The Rhythm Dudes, The Barnstompers, OFF!, Powersolo, Cuda, The Big Time Bossmen, The Backseat Boppers, ID!OTS, Hometown Gamblers, The Grave Brothers s jock.com

Gent Jazz Festival 10 - 19 juillet De Bijloke, Gent

10/07: Bill Laswell presents The Master Musicians of Jajouka ft Bachir Attar & Material, Jack DeJohnette ft Muhal Richard Abrams, Larry Gray & Roscoe Mitchell, Kris Davis Infrasound, Keenroh XL; Trio FraanjeReijseger-Sylla, David Virelles Mbókò


15/07:

Zaz, tbc, Andreya Triana, Alice On The Roof; Isolde et Les Bens XL, Little Dots

16/07:

Rodrigo y Gabriela, Gary Clark Jr., Gary Clark Jr., Laura Mvula, Rhiannon Giddens; Nordmann, Ignatz & De Stervende Honden

17/07: Van Morrison, Ginger Baker Jazz Confusion, Bony King; Flying Horseman 18/07:

Gregory Porter, Neneh Cherry with RocketNumberNine, Snarky Puppy, Gogo Penguin; Stuff., BRZZVLL ft Anthony Joseph g e ntj a zz. c o m

Ostend Beach festival 11 + 12 juillet Klein Strand, Oostende

11/07: Yves V, Dimaro, Alvar & Millas, Funk D, Lennert Wolfs, Les Mecs, Lester Williams, Neon, Peter Luts, X-tof, Vi.be DJ-contest winner; Green Velvet, Rebekah, Marco Bailey, A-Bat, Lenimal, Pete Howl, Seba Lecompte, Trixy; DJ Sneak, Amine Edge & DANCE, Bollen & Fichtner, Smos, Zohki & Roozlee, Nukov & Yelmet, Cheap Charly Men; ... 12/07: Yellow Claw, B-Kay, DJ Dysfunkshunal, DJ Lady S, DJ Rebel, DUUUB, Jebroer, Makasi, Mystique, TLP aka Troubleman; Paco Osuna, Matador, Fred Hush, Traumer, Peo Watson, AMyn, APM001, Leesa, Marc Houle, Sander Ellerman, Guti (Live), Throb Circle, Vision Machine, Die Clique, Detlef, Benji; Jaydee, ... os te nd b ea c h . b e

DUCKTAILS

06.06 DOK - Gand

04.06.2015

CELESTIAL SHORE

10.06 Vooruit Café - Gand

YAEL NAIM fr

TERAKAFT

12.06 De Roma - Anvers 08.08 Yellowstock - Geel 27.10 Centre Culturel d’Ottiginies - Ottignies

ZUN ZUN EGUI

13.06 Beursschouwburg - Bruxelles 14.06 Cactus Club - Brugge

MONOPHONICS

14.06 Trix - Anvers

12.06.2015

KEVIN MORBY

BLACK MOUNTAIN ca

15.06 Mad Café - Liège

RAKETKANON

21.06 27.06 18.07 19.07

Fête de la Musique - Izel Grensrock - Menen Rock Herk - Herk-De-Stad Dour Festival - Dour

CARIBOU

25.06 Rock Werchter - Werchter

MARCO Z

26.06 17.07 22.07 15.08 22.08

Genk On Stage - Genk Gandse Feesten - Gand Kneistival - Knokke-Heist Herbakkers Festival - Eeklo Rijmrock - Rijmenam

19.06.2015

NATALIE PRASS us

BEAK>

26.06 Beursschouwburg - Bruxelles

11 + 12 juillet Strand, Blankenberge Romeo Blanco, Audiophonic, Regi, Dimitri Wouters, Yves Deruyter, Jan Vervloet, Sven Lanvin, Bountyhunter, Double Pleasure, Watermat, Lost Frequencies, Princess Duvalli, Korsakoff, Lowriderz, David Latour, …. b ea c hl a nd . b e

Brosella Folk & Jazz 11 + 12 juillet Théâtre Verdure, Bruxelles

11/07:

Lolomis, April Verch Band, Zefiro Torna & Frank Vaganée Trio, S.A.R.S., Martha Tilston, Afenginn, Quentin Dujardin Trio & Ialma

12/07: Antoine Pierre Urbex, Guillaume Perret & The Electric Epic, Ulf Wakenius Quartet, Juan GarciaHerreros ‘Snow Owl’, Frank Deruytter’s OTO-Machine, JM Jazz World Orchestra, Dries Laheye b r os e l l a . b e

…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA @ WWW.BOTANIQUE.BE | 02 218 37 32

STEVE GUNN

27.06 Grensrock - Menen 14.08 La Truite Magique - Houffailze

WWW

STADT

28.06 Copacobana - Gand 24.07 Boomtown - Gand

A/T/O/S

01.07 DOK - Gand

WOODS

RIFRAF-JUIN-fr.indd 1

11.07 Les Ardentes - Liège

TIMBER TIMBRE

11.07 Cactus Festival - Brugge 18.07 Dour Festival - Dour

BATHS

17.07 Rock Herk - Herk-De-Stad

DEERHOOF

17.07 Dour Festival - Dour

RAPE BLOSSOMS

Beachland

© Isabelle Cahpuis

DOPE DOD

06.06 Bones Fest - Alost 17.07 Dour Festival - Dour 14.08 Willrock - Wilrijk

© Jonnie Craig

12/07: Tony Bennett & Lady Gaga, Bill Charlap Trio, Stéphanie Belmondo Trio; A Tribute to Billie Holiday dj-set by Kurt Overbergh, Michel Bisceglia

WAXAHATCHEE + PINKWASH

31.05 DOK - Gand

© Ryan Patterson

11/07: Charles Lloyd Quartet ft Gerald Clayton, Joe Sanders & Kendrick Scott, Abdullah Ibrahim Mukashi Trio, Vijay Iyer Trio, FlikFlak ft Mark Turner; Coaching Project i.s.m HoGent, Toine Thys Trio, Yuri Honing Acoustic Quartet

17.07 Kinky Star - Gand

ZINGER

17.07 Rock Herk - Herk-De-Stad 08.08 Juice Festival - Veurne 20.08 Pukkelpop - Kiewit

BRIQUEVILLE

18.07 16.08 04.09 05.09

Rock Herk - Herk-De-Stad Ieperfest - Ieper Deep In The Woods - Heer Villa Pace - Sint-Niklaas

OSAKA MONAURAIL

18.07 Gandse Feesten - Gand

NILS FRAHM

19.07 Dour Festival - Dour

KIASMOS

19.07 Dour Festival - Dour

CHANTAL ACDA

21.07 Boomtown - Gand 21.08 ZinInZomer - Sint-Truiden

LOVE LIKE BIRDS

22.07 Boomtown - Gand more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be

21/05/15 10:31


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dimanche 31 mai Sound Poetry From East to West @ Beursschouwburg, Bruxelles throat, Hebosagil, Evillookingbird @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Converge, Trap Them, Harms Way, Young And In The Way @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be ‘For The Record’ platenbeurs @ 10u-Trix, Antwerpen, trixonline.be Brussels Vinyl Record Fair @ 10/18u- Ravenstein Gallery, Bruxelles, brusselsrecordfair.be

lundi 01 juin Zhu @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Goatsnake, King Hiss @ De Kreun, Kortrijk L’âge Nu @ Théâtre Mercelis, Bruxelles The Slow Show @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux

mardi 02 juin Brandon Flowers @ AB, Bruxelles Morgan Delt @ Bonnefooi, Bruxelles, kultuurkaffee.be Mikal Cronin @ Botanique, Bruxelles Portal, Impetuous Ritual, Chaos Echoes @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be 20 Ans!: Fred & The Healers & guests @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Coal Chamber @ Kulturfabrik, Esch-surAlzette, Lux, kulturfabrik.lu Broilers @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

mercredi 03 juin Pow!, Le Prince Harry, Elzo @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Morgan Delt; Coal Chamber, Soil, America Head Charge @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Faithless @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux The Qemists @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lux, kulturfabrik.lu

Of 66, Verviers, spiritof66.be Fleetwood Mac @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be At The Gates @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux

dimanche 07 juin Teeth Of The Sea, Hey Colossus, Miava @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Mark Knopfler @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be

lundi 08 juin Liturgy, Circuit Des Yeux @ AB, Bruxelles

lundi 09 juin Ryan McGarvey @ Spirit Of 66, Verviers Parkway Drive, Betraying The Martyrs @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Clutch, Greenleaf @ den Atelier, Luxembourg Three Days Grace @ Kulturfabrik, Esch-surAlzette, Lux, kulturfabrik.lu

mercredi 10 juin Mario Biondi @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Six Organs Of Admittance @ Trix, Antwerpen The Chemical Brothers @ Rockhal, Esch/ Alzette, Lux, rockhal.lu

jeudi 11 juin Johnny Superglu, Dimitri Runkkari @ Café Central, Bruxelles Gerome Sportelli, Dans Dans, Matthieu Ha, Pat St Rem, Anthony Spallino, Jamie Lidl & Aldi Méola, Interpolis @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Testament, Exodus, Sylosis @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

vendredi 12 juin

Yael Naim @ Botanique, Bruxelles Black Bombain, MDME SPKR, Omsq @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Stéréoclip, Moaning Cities, The Discoclashers, Hausgardian, Globul @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com 20 Ans!: The Brew @ Spirit Of 66, Verviers Magic! @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Ibeyi @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Frank Turner, Dream Catcher @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

Manu Louis @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Black Mountain; We Are The City @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Misery @ Rock Classic Bar, Bruxelles Purple Years @ Spirit Of 66, Verviers Ariana Grande @ Sportpaleis, Antwerpen Bukowski, Radical Suckers @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Smokey Joe & The Kid @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com The Gaslight Anhtems, The Scandals @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Body Count ft Ice-T, Powerstroke @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lux

vendredi 05 juin

samedi 13 juin

Rivoltelle @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Tiga @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Mike Watt & The Missingmen, Uz Jsme Doma @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be October, Watermelon Express @ Maison du Peuple, Flémalle, ccflemalle.be Sysmo ft Daniel Romeo @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be 20 Ans!: High Voltage @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

Etienne Jaumet, Lawrence Le Doux, Bright Entity @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Guillaume Vierset - Harvest Group @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Dinner @ Epicerie Moderne, Bruxelles The Breath Of Life, Anamorphis, Sesayle, Hatecraft, … @ L’Escalier, Liège, facebook. com/pages/LEscalier-Café/ Reve D’Elephant Orchestra @ Reflektor, Liège, reflektor.be Globule, Front 242, Ralph Storm, Ex-RZ, Outlander @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Regina @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Public Service Broadcasting @ Kulturfabrik, Esch-sur-Alzette, Lux, kulturfabrik.lu

jeudi 04 juin

samedi 06 juin Benoit Lizen, Elvy @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Elvis Perkins @ Botanique, Bruxelles Twodex, Dilox, DJ T.F, J’Spirit, Layo @ L’Escalier, Liège, facebook.com/pages/ LEscalier-Café/ Christian Klinkenberg Orchestra @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen, eupen.be Anticlockwise, Social Enemies, Breakout, Chugalug @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Gonzo @ Rouveroy 20 Ans!: Bouldou & Sticky Fingers @ Spirit

dimanche 14 juin Monophonics, Sugar Onion Sound DJ’s @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Dan Deacon, James Pants, Wume @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be The Script, Fox @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux Testament, No Return @ Aéronef, Lille, Fr

lundi 15 juin Primus @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Kevin Morby @ Mad Café, Liège, toutpartout.be Onerepublic @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux Fidlar, The K. @ Aéronef, Lille, Fr

mardi 16 juin

Lagwagon @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Flying Lotus @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux

vendredi 26 juin Jaune Toujours @ Brigittines, Bruxelles The Outcasts, XSLF, Hooligan, Frau Blücher & The Drünken Horses @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be

Judas Priest @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux

mercredi 17 juin Big Sean @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Metz @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Slash @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

jeudi 18 juin Jenny Hval @ Botanique, Bruxelles Tirambik, Iago, Sonsun @ L’Escalier, Liège, facebook.com/pages/LEscalier-Café/ Pissed Jeans @ De Kreun, Kortrijk Jeffrey Lewis & The Jrams, Guillaume Maupin @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be The Coathangers, Schwefgelb, Dorian, Globus, Mambo, Vincent Cayeux, L’usine, Interpolis @ Rockerill, Marchienne Butsenzeller @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Katzenjammer @ den Atelier, Luxembourg Godsmack @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux

vendredi 19 juin Major Dubreucq, SAges Comme des Sauvages @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Natalie Prass @ Botanique, Bruxelles Coffins, Skullhog, Bones @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Israel Vibration, Broussaï @ Aéronef, Lille, Fr Enter Shikari, Roam @ den Atelier, Luxembourg

samedi 20 juin Cyclo, Helium Horse Fly @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Children Of Bodom, Deserted Fear @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

dimanche 21 juin Orquesta Buena Vista Social Club @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jaune Toujours @ De Markten, Bruxelles Jozef Van Wissem & Domingo GarciaHuidobro @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

lundi 22 juin Melody Gardot @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be

mardi 23 juin High On Fire @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Dead Rider, Shetahr, PAVéS! @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Little Caesar @ Spirit Of 66, Verviers NOFX, Lagwagon, Strung Out, Authority Zero @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Motörhead @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux

samedi 27 juin Jaune Toujours @ Les Feux de la Saint-Jean, Mons Gonzo @ Rebecq Anthony Rother, The Babel Orchestra, Fabrice Lig, Globul @ Rockerill, Marchienne The Jokers ft Mel Gaynor @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Norman Baker Trio @ La Truite d’Argent, Houffalize, la-truite.com Okay Monday, The Graduates, Laureate Teenage Music Club @ Aéronef, Lille, Fr

dimanche 28 juin Mary J. Blige @ AB, Bruxelles, greenhousetalent.be Zeus!, Onmens @ Magasin4, Bruxelles Lamb Of God, ASG @ den Atelier, Luxembourg Soja @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

lundi 29 juin Caetano Veloso & Gilberto Gil @ Forest National, Bruxelles, greenhousetalent.be

mardi 30 juin Ben Miller Band @ AB, Bruxelles

mercredi 01 juillet Terrorizer LA, Fubar, Nesseria @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Santana @ Palais 12, Bruxelles, livenation.be Joey Bada$$ @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux

jeudi 02 juillet EyeHateGod, Progerians @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Vincent Cayeux, Globule, C-ZAR, Matthieu Van Mechelen, Clockwork Orchestra, StevN, Fil Plastic vs Barako Bahamas, Interpolis @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com

dimanche 05 juillet Elder, Mos Generator @ Sojo, Leuven, orangefactory.be

lundi 06 juillet AC/DC @ Festivalpark Stenehei, Dessel, graspop.be Gojira @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

mardi 07 juillet Santana @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux The War On Drugs @ den Atelier, Luxembourg

mercedi 24 juin

mercredi 08 juillet

FFS @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jackson Browne @ Cirque Royal, Bruxelles, greenhousetalent.be Lydia Lunch/Retrovirus, Carsick Cars, Drache @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Mastodon @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux First Aid Kit, All The Luck In The World @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

Rival Sons @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

jeudi 25 juin Lura @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Victoria+Jean @ Café Central, Bruxelles

jeudi 09 juillet Joan Baez @ Kursaal, Oostende, greenhousetalent.be Double Veterans, Obnox, Jr de Montreal, Interpolis @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com




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