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A l’épicerie bio, le patron dégarni a une tête tellement grise qu’on lui trouve toujours l’air malade. Ca ne pousse pas vraiment à la consommation, aussi emploie-t-il des jeunes filles aux chignons fantaisie. Récemment c’est une grande blonde, un faux type scandinave aux yeux d’aquavit, qui a rejoint les rangs. Pour sa consommation personnelle, le daron s’est commandé sur internet une asiatique entre deux âges d’allure stricte et docile qui parle désormais couramment le néerlandais. En attendant son tour dans la file à la caisse, Odile repense à son amant de la semaine dernière. Ils se heurtent non loin dans un rade de nuit, Odile en est à sa quatrième Rochefort. Elle doit picorer parmi les restes : il est déjà tard, en before les copines ont lambiné, on leur a offert une dernière tournée de Spritz, pour la route, puis elles sont parties les unes après les autres, rejoindre leur Jules, leur marmaille. En rentrant dans l’établissement, Odile salue d’un petit signe de tête un ancien coup d’un soir, Vincent Quelquechose, évite du regard un autre qui l’ignore superbement, fait semblant de s’en foutre puis, pour se donner une contenance, court embrasser de manière ostentatoire un mec qui n’avait pas su la pénétrer et s’était déclaré gay peu de temps après. Ensuite elle jauge d’un oeil expert les spécimens restant à disposition et s’approche d’un pas décidé vers un trentenaire accoudé au bar, les vêtements customisés pour se donner un style. Elle lui pose la main sur la cuisse et lâche : viens, on va baiser. Et, peut-être, les mâts, invitant les orages / Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages. Deux heures plus tard, le type s’éternise, pire, il fait mine de vouloir dormir et Odile commence à perdre patience. Ils sont allé trop loin, en fait elle l’oublie déjà. Elle repense à l’examen du Celor, un QCM de 64 questions où les choix piégeurs jonglent avec des propositions à base de si et de ou. Après avoir tenté de mettre fin au supplice de manière douce, elle décide de descendre au salon pour feindre une lecture de première importance tout en envoyant des messages. Puis, comme l’autre fait toujours la sourde oreille, il ne lui laisse d’autre choix que l’invective. Qu’il comprenne enfin que ça commence à bien faire, qu’il est temps qu’il s’en aille, qu’il referme derrière lui. C’est bon, arrête de me regarder comme ça! Tu dégages, la porte est là. Allez, putain, ne rend pas les choses trop solennelles; prends tes fringues et casse-toi! Un Ennui, désolé par les cruels espoirs / Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs ! Sitôt l’importun parti, Odile se replonge dans sa lecture, uniquement ponctuée par le pianotage de sms qu’elle s’injecte à haute dose. Le dernier roman de Djian aurait finalement l’heur de lui plaire. Elle en a entendu parler au Masque & La Plume et dans les Inrocks; y avait même eu un sujet dans Causette, le féminin tendance. Tu penses! Un roman qui détourne le viol de manière inattendue dans le chef de sa narratrice, avec une légèreté cannibale et presque enjouée, Oh..., ça te fleure bon le dossier décalé. Odile envie ce personnage émancipé, se reconnaît dans ses hésitations, se lève pour se resservir un grand verre de rouge. En passant, elle jette un regard mauvais à la bouteille de Zizi Coin Coin avec laquelle elle s’est terminée une nuit de sinistre mémoire. La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres. Généralement, les plaisirs sensuels lui apportent, à heures fixes, quelques menues satisfactions. Ensuite elle urine puissamment. Pourquoi y a-t-il de l’excès après tout? Odile ne voit pas en quoi ce serait un problème d’avoir connu environ cinq fois plus d’amants que ses amies du même âge. Ca fait quand même pas de moi une pute... Mon âme n’est pas dans mon vagin, que j’sache! répète-elle régulièrement. Pourquoi y aurait-il du trop dans le plaisir
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sexuel? Pourquoi le bonheur humain, fugace, passager, comme un chapelet de moments de plus ou moins bonne fortune, ne serait-il pas là-dedans? Odile ne cherche pas à reproduire le cycle des générations car elle le sait mortel. Alors paresser au lit en lisant la presse, surfer sur internet, fumer des cigarettes, acheter des robes, prendre un café, trouver de la compagnie pour aller au restaurant, fumer des cigarettes, jouer à des jeux de tower defense sur son ipad2. Lorsqu’elle n’y tient plus, Odile prend un avion, lève l’ancre pour une nature exotique. On trouve toujours une bonne raison de partir et une connaissance, un amant, un point de chute, un agent dormant. Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots… / Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots ! Elle a l’impression d’être une rebelle, une espionne, une pussy riot, demain elle sera actrice. Elle porte une ceinture SOS que lui ont fourni les RG. Elle est perpétuellement encadrée par deux agents suite à une condamnation à mort sur internet. Quand elle veut visiter le Prado, il faut lui aménager une visite privée. Est-ce que c’est ça vivre tranquille? Je ne sais pas, déclare-telle au cours d’interviews imaginaires. Ca l’occupe quelques heures, parfois quelques jours. Puis, de mauvaise grâce, il faut rentrer. Retrouver le lit et l’ennui. Et ce putain de stage dans la glace qu’elle n’arrive pas à passer, c’est comme une drogue ce truc, j’te jure, j’ai du le recommencer une bonne centaine de fois, si tu commets une erreur, si tu loupes un timing, c’est mort. J’en rêve la nuit! Un autre vol le lendemain, ce serait bien, ça la détendrait. Ca ferait quelque chose à poster sur Facebook, des sms à envoyer : Départ urgent pour Dubaï. Bisous. Ce serait mystérieux, intriguant, magistral - une valise à faire et à défaire, un gros sac où entasser des robes et puis des livres. Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres. Peut-être un jour sera-t-il temps de se poser les bonnes questions, de se pencher sur leur enjeu essentiel, de celui qui grondait implicite dans les échanges précédents. L’obsession de la fuite et le refus répété du réel immédiat. Le dégoût du présent, le refus des liens et l’appel irrésistible du large, des orages et de l’azur. Directe, frontale, sous l’assommoir de l’uppercut, elle se pose là, la bonne question. Même si elle peut faire peur, la bonne question claque et réveille. Ty Segall sonne le réveil du rock’n’roll. Le poing enfoncé sur le buzzer, signant trois disques majeurs en moins d’un an, le gars de San Francisco remet les pendules à l’heure. “(...) Cette notion de double personnalité rejoint le thème central de l’album : l’aliénation mentale. Je crois que, chacun à notre façon, on est tous un peu cinglé. Je ne dis pas que je suis schizo ou complètement barjo mais, en règle générale, la façon dont on se comporte varie en fonction des situations. Notre cerveau réagit différemment en fonction des contextes. Et, parfois, il déraille. Cela peut se traduire par de simples anomalies ou de graves maladies. » Lorsqu’il a perdu ses clics et ses claques, il arrive que l’individu redécouvre qu’il a empilé des livres rarement ouverts autour de lui. Timide, il s’en approche, en caresse la couverture, en saisit la tranche, se hasarde à les éventer. D’ailleurs il en faut de peu qu’il les éventre. Tout à son effeuillage dont il humecte les pages, anthropophage, il leur murmure : Tu me dis un secret? Allez, bisous, beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire ‘Twins’ , Ty Segall, Drag City/V2 ‘ Brise Marine’, Stéphane Mallarmé ‘Oh...’ , Philippe Djian, Gallimard ‘Jelly Defense’ , idreams, Apple Store
année 19 • novembre 2012
Colofon www.rifraf.be Année 19 nr. 185 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf dec/jan sort le 06 dec rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 21 nov Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 20 nov
collaborateurs nicolas alsteen, Antoine Bours, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, daniel franco, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... Dessins : Issara Chitdara
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde. Nouveau mois, anciennes habitudes, telle est notre devise face à un coutumier des lieux, j’ai nommé M. Philippe Petit. Fidèle à une versatilité qui n’a d’égale que l’admiration que cette rubrique lui porte, le Marseillais dévoile en cet automne écossais le troisième et ultime volet de ses ‘Extraordinary Tales’ Of A Lemon Girl’ – ça s’appelle ‘Hitch-hiking Thru Bronze Mirrors’ et c’est édité sur la très intéressante maison Aagoo Records. Davantage adepte de l’acoustique qu’en d’autres temps aux côtés de Lydia Lunch ou Eugene S. Robinson, l’homme rejoint quelque part sur un nuage entre onirisme et réalisme la vision de Charlemagne Palestine, qu’on verrait bien hanter les lieux aux côtés de Marsen Jules. Très cinématiques, entre angoisse hitchcokienne et détournement draculanesque, les dix mouvements frappent – et convainquent – par l’usage quasi-ésotérique d’un cymbalum électrique qui secoue les puces de l’ennui et le cocotier des convenances. ★ ★ ★ Sa page Soundcloud nous l’apprend, Damain Valles est un multi-instrumentiste canadien créateur d’œuvres ambient expérimentales. Au-delà de la très floue description, notre nouvel ami (?) retravaille sur ‘Nonparallel (In 4 Movements)’ des samples de musiques électroniques et de compositeurs classiques d’avant-garde (Carter, Ives, Wuorinen) parus sur Nonesuch dans les années 60 et 70. Le résultat est en dents de scie, entre brouillard ambient trop entendu et soundscapes fascinants de beauté récurrente. Un conseil d’écoute prioritaire ? Le second mouvement, d’une urgence absolue (Experimedia). ★ ★ ★ La troisième livrée du mois est également notre coup de cœur, sans limites ou presque. Œuvre du mystérieux compositeur italien Emanuele de Raymondi, ‘Büyükberber Variations’ (Zero Killed Music) explore les techniques toutes particulières du clarinettiste turc Oguz Büyükberber et c’est peu dire que la confrontation des genres porte des beaux fruits. A la lisière de Steve Reich et de Jérôme Paressant, mais sous un haut patronage qui réunirait Philippe Petit (oui, encore) et Janek Schaefer, le musicien transalpin et le virtuose anatolien exploitent à merveille les multiples connections entre l’électronique du premier et l’instrument du second. Là où tant d’autres acquaintances sonnent apprêtées et artificielles, les rapprochements stylistiques de nos deux protagonistes impriment un canevas d’une évidence telle qu’elle semble exister depuis des lustres. Un reproche ? Allez, le quatrième morceau, aux saccades intermittentes trop marquées. ★ ★ ★ Collaboration entre la paire franco-frenchie Stéphane Rives et Frédéric Nogray, ‘The Imaginary Soundscapes – A way out by knowing smile’ (Ruptured Online) développe un intérêt inversement proportionnel à la longueur de son titre. Enregistré à Beyrouth et ailleurs, il proviendrait de Kuala Lumpur ou de La Paz qu’il susciterait les mêmes baillements. Une prochaine idée foireuse en vue ? ★ ★ ★ Même si elle réclame du temps et de l’effort pour se voir appréciée à son juste mérite, la musique du Canadien Robert Normandeau vaut un sacré pesant d’équilibres électroacoustiques. Compilation de cinq œuvres enregistrées entre 2005 et 2010, ‘Palimpsestes’ (empreintes DIGITALes) décline en de nombreuses variations (internes ou externes à la composition) les virages que la musique électroacoustique contemporaine peut prendre, tel un fil reliant Luciano Berio à Iannis Xenakis, dans un monde où les voix et les bruits disposent d’une aura prépondérante. Affaire à suivre, indeed. ★ ★ ★ En deuil du récent trépas de Pan Sonic, qui était certes en mort clinique prolongée ? Pas de souci, la moitié du duo finlandais Mika Vainio est de retour en solo – à charge pour son ex-comparse Ilpo Väisänen de remettre l’ouvrage sur le CD. Ce n’est pas une légende, déjà en 2009, nous avions été particulièrement inspirés par son ‘Aíneen Musta Puhelin / Black Telephone of Matter’ et cette fois encore, le travail de l’artiste est à nouveau enrichissant, même si les premiers pas dans ce ‘FE3O4 - Magnetite’ (Touch) ne sont pas toujours des plus engageants. Franchie l’étape de l’effroi et de la sueur morbide, les écarts sonores entre les éléments du disque ne manquent pas d’épater. Tantôt variations dans des aigus cosmiques, tantôt explorations ultra-graves de drones maléfiques, les sept étapes de l’album font œuvre de magie noire électronica – on parie mille chauve-souris égorgées qu’on y reviendra les soirs de tornade sous hypnose. ★ ★ ★ Double sortie en une, ‘Catching Net’ (PAN) du compositeur et musicien new-yorkais Eli Keszler réunit en un double CD deux versions de son ‘Cold Pin’ jouées par un ensemble de cinq musiciens, ainsi qu’un live joué par les mêmes protagonistes (CD 1), alors que la seconde plaque ‘Catching Net’ propose trois installations : la même œuvre ‘Cold Pin’, ainsi que deux autres compositions, l’une pour quatuor à cordes et piano (‘Ctaching Net’ proprement dit) et l’autre ‘Collecting Basin’. Riche et dense, le programme oscille à toute berzingue entre free improv et musique expérimentale, notamment sur le premier disque où les percussions exploitent une vivacité de tous les instants. A force, ça donne le tournis, mais la version captée en concert vient heureusement remettre les pendules à l’heure. Davantage empreint d’ambient noise acoustique et de musique concrète, dans un style très contemporain toutefois, le second volet demeure d’un accès moins gratifiant pour nos oreilles. Marqués d’une sourde inquiétude en marge de l’industriel, ses trois éléments impliquent un abandon de l’auditeur qui laisse peu de place à la banalité du quotidien, fût-il peuplé des sorties du label norvégien +3dB et de la présente maison PAN. Chez qui on continuera de préférer NHK'Koyxen* ou Hecker.
L’observatoire
Avant même d’y avoir posé le pied, je m’étais plu à imaginer l’observatoire dans ses contours, ses angles de vue, ses recoins. Je l’avais pensé comme un lieu de repli, un endroit campé quelque part entre le refuge et la cachette. Un jour, il y a bien longtemps déjà, j’y fus convié par le biais d’une invitation informelle. J’eus à grimper un escalier étroit menant à un palier réduit distribuant des pièces de nuit. Sur la droite se trouvait une porte garnie d’un tract autocollant noir et blanc stylisé avisant implicitement mais certainement le visiteur quant à ce qu’elle pouvait renfermer. En pénétrant dans la mansarde, je découvris des étagères murales alignant des bouquins et des cd par centaines. Dans le fond de la pièce, une console d’enregistrement s’adossait à la paroi. Des câbles et raccords électriques pendaient ci et là. Un casier de Chimay à moitié vide traînait sur le sol. Une photo de William Burroughs mal encadrée garnissait un mur. Je pris conscience que je me trouvais dans un mirador sensoriel empli d’artefacts et de totems. C’était donc ici que Jean-M. Mathoul avait bâti son antre, le point névralgique à partir duquel il commandait ses opérations et en consignait les minutes. Depuis longtemps déjà, Jean-M Mathoul avait revendiqué son caractère casanier, à un point tel qu’il aspirait à une vie sédentaire avec la désinvolture de ceux qui savent qu’ils n’auront rien à gagner en parcourant le monde. Pourtant, il n’avait eu de cesse de lancer des ponts, de susciter des jonctions à défaut de rencontres physiques, d’appeler de ses vœux d’inespérées participations, de multiplier des collaborations. Ses correspondances étaient nombreuses et nourries, elles conféraient à son travail une dimension épistolaire de laquelle il ne pouvait dorénavant plus se départir. C’est ainsi qu’au fil des ans il avait invité à le rejoindre le temps d’un instant sonore des personnes aussi variées telles que Michael Gira, Charlemagne Palestine, Rodolphe Burger, DJ Olive, l’écrivain Eugène Savitzkaya ou encore Gerard Malanga, l’archiviste et fidèle assistant de Warhol. Plus récemment, il avait convié Marcel Kanche, Matt Shaw, Mark Beazley, Martyn Bates et Peter Becker, la paire de feu Eyeless in Gaza, une des plus belles comètes ayant illuminé le ciel des années 80. Il s’était aussi entiché de Robin Rimbaud/Scanner avec qui il avait préparé cet été un album instrumental de cinq titres. Les conversations liminaires avaient cédé la place à des envois de fichiers sonores, transportés par la magie digitale du grand réseau mondial. Petit à petit, était né ‘« Right North », she said…’, le dixième album de 48 Cameras. Un double. 23 morceaux. 23, un chiffre symbolique, récurrent dans le cours de son histoire. Plus de 3 années d’enregistrement. Plus de 25 collaborateurs. Des changements de personnel. Des modifications de titre. Des remises en cause, des mises en doute. Et au final un disque apaisé, pacifié. Un abrégé de naturalisme passant en revue les saisons, les points cardinaux et le monde des insectes peuplant les bois. C’est depuis l’observatoire que ‘« Right North », she said…’ avait été conçu mais c’est par delà ses murs qu’il avait pris forme, nourri par ses innombrables contributions provenant de par le monde. De temps à autre, arrivait-il peut-être à Jean-M Mathoul de se tenir devant la baie vitrée de sa cellule mansardée et de considérer les anciens terrains marécageux de Tihange qui s’étendaient alentour, reconvertis depuis longtemps en jardinets de zone lotie. Scrutait-il le ciel vers l’ouest ? Le scrutait-il vers le nord ? La direction importait peu. Seules demeuraient des questions insolubles plein la tête maintenues en suspens dans l’air du soir. Un disque : 48 Cameras : ‘ « Right North », she said…’, Interzone/Transonic www.48cameras.com
Texte : Le Dark Chips
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
Et la première surprise du mois nous viendra de la deep-house Guillaume & The Coutu Dumonts tant le Franco-canadien semble avoir totalement intégré le sens profond du style. ‘Twice Around The Sun’ creuse jusqu’à l’origine du style pour en extraire la matière première. Mieux encore que d’éviter les pièges, Guigui s’en sert à merveille, dans toutes les cadences, tous les virages, même les plus étroits. ★ ★ ★ Une mini-déception de 33 minutes, voici ce que représente le mini-album‘WOW’. 5 ans pour accoucher de leur dernière merveille, il n’aura fallu que quelques semaines à Mouse On Mars pour en imaginer une suite plus destinée au club. Mouais, ça sent surtout le recueil de face B pour ne pas vexer les featurings oubliés sur l’œuvre maitresse. ★ ★ ★ Ca se paluche grave à Paris, (Kistuné) a 10 ans et nous honore de sa Compilation Maison 14. Rien à ajouter si ce n’est que les quelques groupes intéressants, perdus dans cette soupe, sont passés dans la moulinette de remixes incroyablement insipides. ★ ★ ★ Curtis Alan Jones n’est pas seulement un chaînon entre la première et la deuxième génération Chicago house, il a tout fait dans les règles de l’art ‘légende du rock’. Même ses choix musicaux, dissociés à la limite de la schizophrénie, semblent avoir été bricolés à coups d’overdose de champis. C’est gospel au soleil dans l’hémisphère droit et hard house cocaïnée dans le gauche, house de velours le jour et violence blasphématoire le soir. Et c’est tout ce que raconte ’Only 4 U’, 20 ans de fête pour Cajmere et son label (Cajual). ★ ★ ★ Enfermer Featurecast dans le Nu-Funk, ça serait peut-être un peu réducteur tant le britton caché derrière le projet se nourrit de 90’s big beat, de Funk, de Hip-Hop ou encore de Dubtep. Cependant, dire de ‘Run For Cover’ que c’est brillant, ça serait surtout s’emballer plus que de raison. ★ ★ ★ (Running Back) invite à votre table un mets hors du temps, indescriptible et insaisissable, ‘Square’. 11 titres toutes orientations confondues et jamais exposées de Redshape. C’est extrêmement sombre mais surtout très beau. Et s’il me venait à l’idée de faire de la poésie à 3 francs, j’oserais comparer l’objet à une journée d’automne qui ne s’éclaircirait qu’en fin d’après-midi avec, comme rayon de soleil à travers les vitraux, une version corrigée de « The Playground ». ★ ★ ★ Sur son ‘2’, Prins Thomas propose un son en constante progression, 8 plages psychédéliques qui ne prennent pas le temps de faire de pause pour rejoindre le bar. De ses terres où la house est ludique, le Norvégien représente le tiers de l’activité électronique. Ca en fait des descentes et des montées. ★ ★ ★ Faire danser malin, ça n’est pas à la portée du premier idiot venu, encore moins s’il est français. Mais il y a Rubin Steiner qui brouille encore un peu plus les pistes sur le bien nommé ‘Discipline In Anarchy’. New wave glauque, indé sautillante, post-punk et électro germanique : mais sur quel pied vais-je danser ? ★ ★ ★ Nigel Godrich pourrait péter dans un micro, ça intéresserait encore du monde. Pour former Ultraista, le producteur-star s’est entouré de la voix de Laura Bettinson et du maître-rythmeur Joey Waronker. Un disque éponyme pour une musique poppy, saupoudrée d’afro-beat, qui aura le privilège de faire découvrir à Godrich le goût de l’insuccès. ★ ★ ★ Two Fingers, le projet initié par Amon Tobin et Joe Chapman, n’est rien d’autre qu’une ôde à l’amour du Hip Hop. Laissé seul sur ‘Stunt Rhythms’, le Brésilien fait renaître du son hip-hop les beats et les basses souillés par une dubstep devenue aujourd’hui amuseuse de foules. Plutôt chez (Big Dada) que sur (Ninja Tune), la preuve ici que Tobin fait davantage dans le jouet éducatif que dans le casse-tête chinois. ★ ★ ★ Chez (50 Weapons), rien n’est jamais carré. L’angle-rond, une notion géométrique qui pourrait bien voir le jour sous l’ère de Lars Stoewe, devenu seul capitaine de Anstam. Dans la lignée du label allemand, ‘Stones and Woods’ est de loin le projet le plus excitant jamais croisé dans l’écurie berlinoise. Parfaitement barré… ★ ★ ★ En deux ans à peine, Daniel Maloso est devenu un élément central de (Cómeme), l’excentrique maison gérée par Matias Aguayo. Décalé et distinctement latin, ‘In And Out’ a ce soupçon d’esprit vintage qui fend le cœur et l’esprit. ★ ★ ★ Si quelqu’un sait où, dans Oslo, est planqué le local de répèt de Philco Fiction, dénoncez-les. ‘Take It Personal’ mérite amplement un incendie volontaire. Mais rien de personnel…★ ★ ★ Norman Nodge reste avant tout un daron, avocat le jour et dj la nuit. Pourtant rangé des platines entre 95 et 2003, papa a replongé pour redevenir un des noms forts de la nuit berlinoise. Fort d’une culture qui traverse les âges, il rassemble sur ‘Berghain 06’ une étrange variété de sons allant de l’expérimental jusqu’à la tech de New York en passant par des productions plus récentes. Une belle leçon. ★ ★ ★ Dans le rôle du producteur venu du froid de Sibérie, Vlad Kudryavtsev, alias Monokle. Dans celui du disque ambient à tendance ésotérique, inspiré de l’œuvre de Satie selon l’auteur, et surtout chiant de prétention, on retrouve‘Saints’ sur le label de Hambourg, (Ki). ★ ★ ★ Kadebostan, c’est le Ying et le Yang, Laurel et Hardy, les spaghettis et la sauce tomate. Kadebostan, c’est tout, et c’est surtout tout ce que je déteste dans la deep. ‘The Gold Retrospective 97-2012’ disque de nouveau riche qui n’y connaît rien à l’art. Assurément, ça va claquer à mort sur la cheminée, entre les statues de panthères… ★ ★ ★ Y en aura toujours pour se toucher la nouille sur Michael Mayer. Huit ans après ce qu’il appelle à présent un « album de jeunesse », le boss de (Kompakt) s’offre sa centième sortie avec ‘Mantasy’, un album plus réfléchi, plus mûr et donc à la limite de la péremption. Des dentelles rythmiques, des matières sonores, des landscapes à perte de vue, et au bout du chemin : l’ennui… ★ ★ ★ Précédés d’une expérience des pistes, on s’attendait à mieux de la part de No Regular Play, du moins à plus ludique. D’autant plus que le duo fait partie de la meute de (Wolf+Lamb); on se demanderait si leur electronic-funk ne relèverait pas davantage du mouton noir que du magistral et hurlant carnivore. ★ ★ ★ A votre gauche, la curiosité du jour est signée par Tahiti Boy & Mr Oizo pour le compte de Quentin Dupieux et de son film ‘Wrong’. Indescriptible, anecdotique mais amusant de bout en bout, en parfait accord avec le longmétrage : « Durant la production de Wrong, l’un des moteurs du film fut l’amour du réalisateur Quentin Dupieux pour les chiens, et plus particulièrement pour les relations entre les hommes et les chiens.(sic) » . ★ ★ ★ Dans la famille Kalkbrenner, je demande Fritz. Mais le son du cadet se rapprochant tellement de celui de son aîné, il devient quasiment impossible de les dissocier, si ce n’est au timbre de leur voix. En d’autres mots ? Et bien ‘Sick Travellin’ fait dans la minimale de haute facture, là où l’attendait. On pourrait presque s’avouer déçu de ne pas être davantage retourné, mais juste enthousiastes. Des enfants gâtés je vous dis…
Texte: Daniel Franco I Photo: www.siliconcarne.be
Celui qui est puni sort du coin Je suis en retard, une fois de plus. Ca deviendrait une habitude ? Je ne sais pas. Il faut bien évidemment le craindre. La musique, presque toujours peu ou prou répétitive, s’apparente de ce seul fait à l’habitude. C’est une propriété formelle qu’elles partagent. Elles ont également en commun cette puissance d’entraînement, qui est un mélange de force et de faiblesse. Il en va ainsi par exemple des rythmes et la manière dont le corps dansant les répercute. Force de cet abandon tout en dépense qui est comme la suite de chutes et de culbutes d’un effondrement premier. Et pourtant, ce n’est pas comme une pierre qu’on pousse et qui dévalerait une pente. Pas davantage comme cette pierre dont Aristote stipule, dans l’Ethique à Nicomaque, qu’une fois lancée, on ne peut plus la rattraper, image qu’il utilise précisément pour qualifier la furia de l’habitude, mais sans pour autant renoncer à l’imputer à celui qui passerait aisément – à ses yeux comme aux
nôtres – pour en être la victime. Une âme pieuse eût peutêtre tenté de soustraire « l’habitué » au tribunal des hommes, défiant celui qui n’aurait jamais succombé à l’habitude de jeter la première pierre. Par avance, Aristote semble répondre : la première pierre a déjà été jetée, qui plus est par celui-là même qui passe en jugement. Il est trop tard, autrement dit, pour ce monde où les pierres ne quitteraient pas le sol qui est par ailleurs, de l’avis même d’Aristote, leur lieu naturel. Je suis donc responsable, et comme ajoutait Dostoïevski, relayé par Levinas, « de tout, pour tous, et moi plus que les autres ». Je ne suis pas d’humeur sentencieuse, je réfléchis, intensément, à une toute petite chose, à savoir que ce billet compte certainement parmi les derniers que j’écrirai dans RifRaf. J’ai déjà mentionné l’habitude naissante et redoutée consistant à ne pas les écrire, ou à ne pas les écrire bien, ou à ne pas les écrire dans les temps. Je n’ai rien dit de l’habitude plus installée, plus impérieuse, plus joyeuse de les écrire. Je me souviens de mon premier « Cosy ». C’était une chronique admirative du film de Todd Haynes sur Bob Dylan, intitulé I’m not there. Je crois que c’est une des meilleures que j’aie pu écrire. Pardonnez-moi de faire court, mais ce titre est comme la balle borgésienne suspendue dans les airs qui des années après la détonation vient percuter la cible en plein cœur. A moi de vous dire : je ne suis pas là ou je ne suis plus là ou je ne serai bientôt plus là. Je ne vous fais ni au revoir ni adieux. Ce serait jouer un air trop connu, trop rebattu, dans ce petit magazine qui se fait de la chanson une plus haute opinion. Je verrais plutôt quelque chose comme le générique de fin des dessins animés de Hanna Barbera « That’s all folks ». J’ai vraiment beaucoup aimé partager avec vous ce petit « coin ». Un autre reprendra le ballon de la tête. Je vous embrasse tous.
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Texte : nicolas alsteen © annabel mehran
Ty Segall sonne le réveil du rock’n’roll. Le poing enfoncé sur le buzzer, le coco remet les pendules à l’heure. En signant trois disques majeurs en moins d’un an, le gars de San Francisco ressuscite l’esprit, l’âme et la fougue des Beatles.
Pièce maîtresse de sa trilogie, le nouveau ‘Twins’ croque le psychédélisme à pleines dents. Ce disque culbute deux décennies de distorsion.
De Nirvana aux White Stripes, des Queens Of The Stone Age à Thee Oh Sees, le chemin parcouru est éloquent : l’électricité s’est trouvée un nouveau représentant.
Twins Power
Le nouvel album s’intitule ‘Twins’. On a retourné le disque dans tous les sens sans trouver la moindre explication à ce titre. Tu peux nous aider ? Ty Segall (guitare, voix) : « On peut le voir comme une référence à mon signe du zodiaque. Je suis Gémeaux. Cette notion de double personnalité rejoint aussi le thème central de l’album : l’aliénation mentale. Je crois que, chacun à notre façon, on est tous un peu cinglé. Je ne dis pas que je suis schizo ou complètement barjo mais, en règle générale, la façon dont on se comporte varie en fonction des situations. Notre cerveau réagit différemment en fonction des contextes. Et, parfois, il déraille. Cela peut se traduire par de simples anomalies ou de graves maladies. » Ton album est dédicacé à San Francisco. Pourquoi dédier un album à cette ville ? Ty Segall : « Je n’avais jamais fait ça auparavant. Cette fois, ça m’a semblé logique parce que je vais bientôt déménager. Pour bouger ailleurs en Californie. Je n’ai pas forcément envie de partir mais je ressens le besoin de me rapprocher de ma famille pendant un moment. Je pense revenir à San Francisco d’ici un ou deux ans. Je vis mes derniers jours ici et c’est assez douloureux : j’ai l’impression d’abandonner mes amis et de laisser beaucoup de choses derrière moi. San Francisco est un endroit magnifique. C’est une ville avec une histoire et un lien très fort à la musique. Le rock psychédélique est né ici. Et ça, tu peux vraiment le sentir. La musique flotte encore dans l’air. Quand tu marches dans les rues, quand tu te poses dans un parc, tu peux humer le psychédélisme. Tu n’as pas besoin de fumer ou de prendre des tonnes de drogues pour te sentir heureux et détendu. Musicalement parlant, c’est une grande source d’inspiration. Malheureusement, la vie y est de plus en plus chère. Le flot des nouveaux arrivants est permanent et, au quotidien, cela se traduit par une inflation des loyers. On vit un peu les uns sur les autres dans de petits appartements. Les voisins deviennent dingues quand tu fais du boucan. Et comme je fais pas mal de bruit, ça complique encore un peu plus les choses… Mais honnêtement, c’est impossible de ne pas tomber sous le charme de San Francisco. Quand on y met les pieds, on a juste envie d’y rester. Je quitte cet endroit avec un seul espoir : y revenir au plus vite. » Récemment, tu as également sorti un autre album (‘Slaughterhouse’) aux côtés du Ty Segall Band. C’est quoi la différence entre Ty Segall et le Ty Segall Band ? Ty Segall : « Le Band en question, c’est le groupe qui m’accompagne lors des concerts. Ce sont les gens qui partent avec moi sur les routes. Le truc, c’est que j’enregistre souvent mes albums tout seul. A la longue, ça devenait un peu gênant pour moi. Je trouvais injuste de ne pas mettre en évidence l’importance des autres musiciens. Leur présence est nécessaire à la réussite des tournées. Enregistrer un truc avec mon groupe, c’était lui donner l’occasion de s’exprimer davantage et d’intervenir plus directement dans le processus créatif. »
Sur les six derniers mois de cette année, tu as sorti trois albums : ‘Hair’ en compagnie de White Fence, ‘Slaughterhouse’ avec le Ty Segall Band et maintenant ‘Twins’. Quand certains artistes bouclent péniblement un album tous les trois ans, toi, tu publies trois tueries en moins d’un an. T’es hyperkinétique ou stakhanoviste ? Ty Segall : « (Rires) Je suis quelqu’un d’assez productif mais, surtout, il convient de garder à l’esprit que je n’ai pas sorti ces albums tout seul. Si j’ai publié trois disques consécutifs en peu de temps, c’est d’abord une question de hasard. Les choses se sont mises comme ça, en cours de route. Il n’y avait rien de calculé. Des opportunités se sont présentées et, à chaque fois, elles ont abouti. ‘Hair’, par exemple, devait juste être un E.P à l’origine. Finalement, on avait tellement de chansons qu’on s’est lancé sur un long format. On a reçu le feu vert du label, on a foncé ! Je pense que ces trois albums sont d’heureux accidents : ils n’étaient pas prévus. Après, j’ai beaucoup de mal à piger le raisonnement des gens qui accouchent d’un disque tous les trois ou quatre ans. Personnellement, j’entretiens une vision romantique de la musique. Quand j’enregistre des chansons, je pense aux Beatles et aux Rolling Stones. Je me dis que tout est possible, qu’on peut sortir deux ou trois excellents albums sur une année. » Ta discographie présente la caractéristique majeure de circuler entre plusieurs labels indépendants prestigieux (Goner Records, In The Red Records, Drag City, etc.). A une époque où les artistes courent en vain après une maison de disques, tu sembles bénéficier d’un « all access ». Comment expliques-tu cette situation ? Ty Segall : « J’aime l’idée de bosser des projets différents avec différentes personnes. Quand les gens sont enthousiastes pour travailler sur un disque en particulier, il ne faut pas aller à l’encontre de leur motivation. Je suis persuadé qu’on défend toujours mieux les intérêts des projets dans lesquels on croit vraiment. Je n’établis aucune hiérarchie dans ces labels. J’ai la chance d’être signé sur mes maisons de disques préférées. Je collabore avec tous ces gens depuis de nombreuses années. Ils le savent et me laissent totalement libre de mes mouvements. » Depuis tes débuts, on te présente comme le tenant d’un rock garage lo-fi. Ton nouvel album est méchamment produit et super puissant. Peut-on encore te considérer comme un artiste lo-fi? Ty Segall : « J’ai toujours détesté ce terme, lo-fi. Le son low-fidelity ne peut pas être une fin en soi. Je pense que personne ne veut réellement enregistrer sur du matériel pourri. Je vois exactement toutes les musiques que l’on range sous l’étiquette « lo-fi ». En gros, c’est tout ce que j’écoute à la maison ! (Rires) J’adore ça, mais je ne me reconnais absolument pas dans cette niche. Je ne veux pas que ma musique reste coincée dans un genre. Ça va peut-être sembler idiot mais, moi, quand on me demande de décrire ma musique, j’ai pris l’habitude de répondre :
Texte: eric therer
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Des dires de Michael Gira, ‘The Seer’ a pris 30 ans à faire. « Juste du rock’n’roll ». Et, au final, j’enregistre simplement ce que j’ai envie d’entendre. » Si on te présentait comme un nouveau « guitar hero », tu le prendrais comment ? Ty Segall : « Avec les honneurs ! (Rires) J’ai toujours admiré les mecs qui jouaient de la guitare. Ça représente vraiment quelque chose pour moi. La notion de « guitar hero » m’excite : elle est à la fois superflue, hors du temps et super fun. » Tu te souviens de ta première guitare ? Ty Segall : « Comme au premier jour ! C’était il y a une dizaine d’années. J’avais 15 ans, je suis rentré dans le magasin et j’ai acheté une Danelectro. Ma seconde guitare, c’était une Fender Telecaster. Depuis, je dois avoir épuisé près de 70 guitares... J’en ai bousillé beaucoup en cours de route. Aujourd’hui, je tourne avec quatre grattes. » Vu d’ici, on a l’impression que tu te trouves au centre d’une importante communauté artistique dans laquelle on croise des gens comme Mike Donovan (Sic Alps), John Dwyer (Thee Oh Sees), Mikal Cronin ou Tim Presley (The Strange Boys, White Fence). As-tu l’impression d’appartenir à une famille musicale ? Ty Segall : « Je suis convaincu de faire partie d’une famille. Tous ces gens sont mes amis proches. On s’appelle souvent, on se voit régulièrement, on joue ensemble, on s’entraide. » Tu as une préférence pour un de ces groupes ? Ty Segall : « Je ne vais pas mentir : je pense que les Oh Sees symbolisent le renouveau du rock américain. Ils viennent également de San Francisco. Ils représentent quelque chose. A ce jour, c’est sans doute le meilleur groupe de scène du monde. » Est-ce qu’on peut te présenter comme le parrain de cette nouvelle scène rock ? Ty Segall : « (Rires) Le parrain ? Dans mon esprit, c’est plutôt John Dwyer (Thee Oh Sees, ndr) le parrain de cette scène. Moi, je suis son neveu. Ce n’est déjà pas si mal. »
Ty Segall ‘Twins’ Drag Cit y/V2
Si le rock se cherche toujours un avenir, il peut déjà se réjouir d’un présent terriblement excitant. Ty Segall, outsider désigné d’une scène rock garage en roue libre – panne sèche ? –, vient de se détacher du peloton en multipliant les attaques : trois disques en moins d’un an et un punch d’une extrême férocité. Impossible à suivre dans les montées, le chevelu de San Francisco impose son nom au sommet de l’étape avec ‘Twins’, album de rock hors catégorie. Ty Segall explose les carcans : garage, grunge, psychédélisme, punk, blues, stoner. Tout ce qu’on aime palpite sous la coque de ‘Twins’. Lacérée, la guitare crache l’électricité par toutes ses cordes. Mais ce déluge de distorsion n’éclipse jamais l’essentiel : l’évidence mélodique et l’art de trousser des chansons éternelles. En équilibre sur une ligne du temps qui compte désespérément ses étoiles filantes (John Lennon, Syd Barrett, Kurt Cobain, Jay Reatard), Ty Segall donne juste envie de croire au rock’n’roll. Et ça, en 2012, c’est une véritable performance. (na) Trois disques : ‘Hair’ (Drag City/V2), ‘Slaughterhouse’ (In The Red Records/Konkurrent), ‘Twins’ (Drag City/V2) Suivez le guide : www.ty-segall.com
on stage 13/11, 26/11, 27/11, 30/11,
Lune des Pirates, Amiens, France Exit 07, Luxembourg De Kreun, Courtrai Atelier 210, Bruxelles
Apogée de tout un travail entamé au début des années 80, ce nouvel album est à la fois le prolongement naturel et le renouvellement de celui-ci. Il est le disque de l’aboutissement et du recommencement. Paradoxalement, la longueur des morceaux – ‘The Seer’ dure deux heures – n’a pas pour effet de les rendre plus complets ou achevés mais de leur conférer une assise d’œuvre en perpétuelle progression. ‘The Seer’ force le respect. Plus prosaïquement, il commandait un bref état des lieux sur ce groupe hors du commun que constitue Swans.
Le Chant des cygnes Je me souviendrais toujours des interviews que j’eus l’occasion de réaliser avec Michael Gira. D’abord parce qu’ils furent des moments intenses mais aussi, car de manière paradoxale, ils furent souvent décevants dans leur déroulement. Gira est un personnage qui peut se montrer très agréable, voire affable mais qui répond parfois avec ennui et cynisme aux questions qui lui sont posées. Le premier remonte à très longtemps. Swans venait de sortir ‘The Burning World’ sur une multinationale et, en peu de temps, le groupe connaissait les affres d’une popularité forcée et fabriquée pour les besoins des ventes internationales. Il démontrait aussi sa formidable capacité à se régénérer et à pousser plus loin les limites de sa façon de travailler. Swans rompait alors avec une série de disques hermétiques parus au cours des années 80 pour s’en remettre aux mains de Bill Laswell qui avait sorti pour l’occasion sa casquette de producteur. Il reprenait aussi l’excellent ‘Can’t Find My Way Home’ de Steve Winwood écrit vingt ans auparavant. Bien des années plus tard, Gira reviendra sur cet album pour le commenter de façon vive, symbole pour lui après coup d’un échec. Michael Gira a toujours été l’incarnation personnelle et personnalisée de Swans. Le groupe connu d’incalculables changements de personnels mais ce fut toujours derrière la figure faussement paternelle et tutélaire de Gira qu’ils eurent lieu. Même sa compagne Jarboe ne parvint jamais à s’approprier le nom nonobstant le fait qu’elle y fut associée durant de longues années (elle s’y employa cependant avec succès pour Skin, le sideproject qu’elle mena de front avec Gira). C’est d’ailleurs Gira qui prendra, seul, la décision de mettre un terme à Swans en 1997, à l’issue d’une tournée. Pour bien marquer les choses et couper court à toute rumeur, il réalisa l’année d’après ‘Swans Are Dead’, un double album live tentant de capturer l’atmosphère scénique du groupe qui dorénavant n’était plus. C’est aussi le seul Gira qui décidera de reformer Swans en 2010 après treize années de suspension qui le virent occupé à ses autres projets dont The Body Lovers, Angels Of Light et bien sûr celui mené sous son nom civil. ‘My Father Will Guide Me Up a Rope to thy Sky’ sera salué comme l’album d’un retour que l’on attendait plus tandis que le groupe, nouvellement reformé, s’embarquera pour une tournée s’éternisant sur près d’un an et demi, culminant dans l’apparition au festival ‘ATP – I’ll Be You Mirror’ à l’invitation de Portishead. Les critiques furent enthousiastes. Rien n’empêchait dorénavant Swans de continuer à faire ce qu’il avait toujours fait, sonder les bases d’un rock situationniste et aliéné. Pour couvrir les frais de production de ‘The Seer’, (assez élevé vu son format : double cd ou triple lp) Gira eut recours à des voies de financement propres, se gardant bien de réitérer l’expérience désastreuse qu’il avait connue antérieurement et ne comptant que sur son label personnel : Young God Records. C’est dans ce contexte qu’il réalisa au début de cette année ‘We Rose from Your Bed with the Sun in Our Head’, un enregistrement live vendu aux
concerts aux fins de récolter des fonds auprès des fans. Sans surprise, Gira a écrit la totalité des compositions de ‘The Seer’. Sa méthode est demeurée peu ou prou identique à celle amorcée depuis plusieurs années. Il compose ses chansons à la guitare acoustique, y ajoute ses textes et il les soumet ensuite à ses musiciens qui deviennent libres de leur donner les prolongements voulus ou involontaires, allant jusqu’à atteindre les mutations les plus radicales. Commentant la sortie de ‘The Seer’, Gira affirme ceci non sans malice : « Peu importe ce que vous avez entendu ou présumé, ma quête est de répandre la lumière et la joie à travers le monde. Mes amis au sein de Swans sont tous des hommes stellaires. Sans eux, je ne suis qu’un chaton, un enfant. Notre but est resté le même : l’extase. »
Swans ‘The Seer’ Young God Records/Konkurrent
Les premières notes de ‘Lunacy’ s’égrènent comme un chapelet mais très vite cèdentelles le pas à la cadence obsédante, martelante, sphérique d’un morceau qui s’avère dense et névrosé, à l’image de son titre. Convoquant Alan Sparhawk et Mimi Parker de Low, le disque s’ouvre en force. ‘Mother of the World’ nous confirme que nous sommes en terrain connu, celui qu’emblave Michael Gira depuis toujours. Une estampille qui vient marquer tant le propos que la forme de ‘The Seer’. La plage éponyme se déploie sur plus d’une demi-heure. Alors qu’au début la rotation est à son comble, presque intenable, au point d’en éprouver la sensation de se retrouver enfermé dans un Rotor, elle ralentit par après, décroît, s’estompe pour reprendre moderato. Passé l’atonal et abscons ‘93 Ave B Blues’, le premier cd se referme sur un morceau décousu et incomplet : ‘The Daughter Brings the Water’. Le deuxième débute par une magnifique chanson conviant Karen O des Yeah Yeah Yeahs : ‘Song for a Warrior’. S’intercale alors ‘Avatar’, autre ritournelle répétitive claustrophobe, avant de laisser la place à une des plus belles compositions que Gira ait jamais écrite, ‘A Piece of the Sky’ sur laquelle figurent Jarboe et les membres d’Akron/Family. ‘The Apostate’ clôt l’album, c’est une pièce claustrophobe qui va en crescendo, jusqu’à abrutir son auteur et l’auditeur qui se retrouvent enfermés dans un soliloque ardu dont il est difficile de s’extraire. Malgré son nom, ‘The Seer’ n’a rien de devin, ni d’incantatoire, mais il possède incontestablement cette force visionnaire qui fut toujours celle avec laquelle Swans s’engagea dans la musique et d’une part de laquelle il lui fit don. (et)
on stage 01/12, Sonic City Festival, De Kreun, Courtrai
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Texte : l Aa nu nree- Lni t s eg R rem n iaecrl © e claude gas sian
Dans ‘L’Insigne Honneur’, il jure d’être un homme à femmes. Dans la vraie vie, les rumeurs populaires lui en ont accordées pas mal. Mais au fond, il s’en fout. Seules les chansons lui importent. Les putain de bonnes chansons qu’il s’échine à écrire depuis une dizaine d’années. Car si on dépasse l’apriori souvent rédhibitoire de sa tête à claques, on découvre un foutu songwriter, avec ses joies et ses peines, un type capable d’écrire le roman d’une vie en moins de quatre minutes. A ce niveau, ils ne sont pas nombreux. Ce sixième album qui convie les rappeurs et l’électronique, Vanessa Paradis et Julia Stone est sans doute le plus pop de Benjamin Biolay. Et, surtout, confirme tout le bien qu’on pensait de son auteur.
Benjamin
Biolay Extrême Gauche
Aux victoires de la musique en 2001, ton premier album, ‘Rose Kennedy’, était album révélation de l’année. Huit ans plus tard, ‘La Superbe’, album chansons/variété de l’année. Est-ce que ‘Vengeance’, avec ses collaborations hip-hop et ses morceaux plus rentrededans vise la statuette Musique Urbaine de 2012 ? Benjamin Biolay : « On ne fait pas un album pour obtenir un trophée. Faudrait vraiment être stupide. J’ai toujours trouvé un peu choquant cette catégorie musique urbaine, comme si les rappeurs n’étaient pas des chanteurs. C’est un peu : « entre blancs, on se partage le gâteau et les autres, on va leur refiler les restes : la musique urbaine de l’année ». L’album de l’année, ça doit être l’album de l’année, que ce soit Jay-Z ou Simon & Garfunkel.» Et donc, pourquoi avoir collaboré avec des rappeurs comme Oxmo Puccino ou Orelsan ? BB : « C’est un truc que j’ai déjà fait pas mal dans ma vie mais du côté du son, comme beatmaker. J’avais déjà fait des featurings avec un groupe comme le 113, par exemple. J’ai toujours été assez proche du hip-hop qui est une musique qui est née avec ma génération. Ce sont des artistes que j’apprécie beaucoup. Quand je les invite, c’est au même titre que Carl Barât ou Vanessa (Paradis, ndr). Il n’y avait pas de velléité de rentrer dans le style hip-hop. J’apprécie beaucoup les sons électroniques, les drum machines, le côté dansant. Ce que j’aime aussi dans cet art, c’est la liberté, la possibilité qu’offre le flow d’aller au bout de ses textes. En plus, souvent, on n’a pas la contrainte de la mélodie. C’est simple, un texte de chanson, c’est une page, un texte de hip-hop, ça peut en faire dix-huit.» Les mots ont plus d’importance pour toi que la mélodie ? BB : « Je considère que c’est cinquante-cinquante. Une belle mélodie peut être ravagée par un texte complètement stupide. Et inversement. Quand je compose, je peux avoir une idée du thème mais le texte ne s’élabore qu’en fin de processus. D’ailleurs, jusqu’au bout, les mots peuvent changer. Si je modifie des sons, si l’atmosphère devient plus sombre ou légère.» Est-ce que le cinéma, pour lequel tu as beaucoup travaillé ces dernières années, a pu influencer ta manière d’écrire ces textes, je pense notamment à ‘Brandt Rhapsody’ sur l’album précédent ? BB : « J’aime bien quand une chanson a un début et une fin, quand elle raconte une histoire, qu’elle n’est pas totalement éthérée. Après, la pratique du cinéma en tant qu’acteur, c’est pour la scène que ça m’a beaucoup aidé. D’un autre côté, j’assume complètement le côté cinématographique de cette chanson. On ferme les yeux, on voit des personnages, on fait le casting qu’on veut. Du coup, ça laisse aussi beaucoup de liberté à l’auditeur.» Est-ce que ce disque, avec ses MC, le côté plus rentre-dedans de certains titres, est un peu une libération, une manière de t’affranchir de certaines limites ? BB : « Avec le recul, je me rends compte que je me suis libéré de certaines limites que je m’imposais par le passé. Si je ne me suis pas censuré, je pense que c’est parce qu’après le succès de ‘La Superbe’, j’étais plutôt bien et que je me sentais assez libre comme musicien. En même temps, j’ai produit d’autres disques, fait des films. Donc, les moments où j’étais en studio, j’étais très content d’être là, comme un petit jeune qui monte son groupe. Avant, j’avais déjà fait des sons qui auraient pu permettre une collaboration avec un MC mais j’appréhendais un peu ce que les gens auraient pu dire. C’était de l’autocensure pour des mauvaises raisons, presque jamais artistiques.» Tu es sensible à ce que les gens disent ou écrivent de ta musique ?
BB : « Si on lit la presse, on ne peut pas rester indifférent, quel que soit le sens de la critique. Mais avec le temps, j’y prête moins attention. Par contre, les retours du public, oui, c’est quelque chose qui m’importe. C’est la peur de décevoir les gens qui ont aimé le disque précédent qui peut être la plus dangereuse.» Te considères-tu comme un chanteur mainstream ? BB : « Je me considère à la gauche de la gauche de la variété française. Mes chansons passent peu en radio, on me voit peu dans les émissions de variété, je ne fais pas la une des magazines très souvent. Par rapport à un chanteur de variété comme Marc Lavoine, que j’aime beaucoup par ailleurs, je ne suis pas populaire, je reste fort discret, je ne fais pas les Restos du Cœur.» T’aurais envie de faire les Restos du Cœur ? BB : « Ce serait bête de faire le malin en disant que je n’aurais pas envie de faire ça. Ils n’ont jamais pensé à moi, c’est tout. Ils veulent des choses très populaires pour ramasser de l’argent. S’ils ont considéré que je n’étais pas suffisamment populaire, c’est qu’il y a une bonne raison à ça. Du coup, ça ne fait pas partie de ma vie.» Tu pourrais être un chanteur engagé ? BB : « Dans la musique, non. Parce que je n’y crois pas. Parce que c’est souvent démodé au bout de trois mois. Et puis, parce que les choses sont parfois d’une complexité tellement diabolique, comme l’économie de marché, que la chanson qui est un art léger, si jamais c’est un art, n’a pas à se mêler de ça. En plus, on a une responsabilité quand on fait ça. Si un gamin de seize ans croit dur comme fer aux conneries que vous chantez… Après, il y a des génies comme Dylan qui y sont arrivés mais je n’ai pas ce talent. Si on est militant, il vaut mieux s’engager dans des événements caritatifs ou ouvrir sa gueule quand on assure des interviews. De toute façon, moi, mes chansons elles viennent d’un endroit secret qui est le même depuis que j’ai quatorze ans. Elles sont finalement peu influencées par la vie de tous les jours.» Les chansons de cet album sont donc autobiographiques ? BB : « Toujours, mais avec des années de retard. Je suis le plus gros diesel du monde lorsqu’il s’agit de retranscrire mes émotions, mes blessures, mes bonheurs. D’ailleurs, j’aimerais connaître l’histoire des grandes chansons de rupture. Je suis sûr que personne le soir où il a été plaqué n’a écrit une bonne chanson. Je pense que ces soirs-là, on se tape une grosse bouteille et que ça finit dans le caniveau.» Tes albums précédents ont pu être thématiques, voire conceptuels. Ici, j’ai l’impression qu’on pourrait résumer l’affaire par le premier vers de ‘Marlène Déconne’ : « Toi mon amour je t’aime et tout ça nous perdra ». BB : « Oui, et en même temps il y a quelques messages plus positifs ou épicuriens du style ‘Profite’, ‘Ne Regrette Rien’. Après, ce n’est pas un album thématique mais plutôt une collection de chansons qui m’ont parues être les meilleures de celles que j’ai écrites pendant deux ans.» Qu’est-ce qui fait que tu retiens une chanson et pas l’autre ? BB : « C’est souvent, comme au cinéma, une question de montage. Je fais encore partie de cette génération de gens qui font des albums en imaginant qu’on va les écouter en entier, dans l’ordre. Si une chanson n’a pas sa place dans l’album pour des raisons thématiques, de structure ou même d’orchestrations, elle peut soit disparaître, soit attendre gentiment son tour. Ici, j’ai vraiment
Texte: nicolas alsteen bossé pour que l’album soit à la fois digeste et sensé. Je voulais que le centre du disque, à partir du ‘Lac Gelé’, soit plus torturé, tortueux et électronique pour terminer sur des choses plus légères.» Précisément ‘Le Lac Gelé’, ça parle de quoi avec ses deux France ? BB : « Ça aurait pu s’appeler ‘Les Fantômes Dans Le Placard’. Sous la glace, il y a tous les trucs un peu noirs ou douloureux qu’on trimballe et qui font qu’on est ce qu’on est. Tous les matins quand j’emmène ma fille à l’école, je vois des plaques en hommage aux enfants juifs déportés par les autorités françaises. Cette vieille France me dégoûte. C’est un truc qui finalement m’obsède quand même un peu.» L’avant-dernier morceau du disque, ‘Vengeance’ est une collaboration avec Carl Barât. BB : « Il est venu me voir en studio à Bruxelles. Il avait écouté ‘La Superbe’ et ça lui avait beaucoup plu. Il avait envie de ce son qu’il appelle « continental ». On a écrit une poignée de chansons pour son projet et du coup, j’avais envie qu’il chante un peu sur le mien. Il est très francophile. On prend du plaisir à faire de la musique ensemble.» Le fait de produire d’autres artistes a-t-il pu influencer ta propre production ? BB : « Oui. Parce que chaque jour, on se rend compte de détails qu’on n’avait pas compris, de choses qu’on ignorait. Parfois une chose très simple peut être magnifique. Parfois une note fausse peut être émouvante. Je donne beaucoup en travaillant sur leurs disques mais, indirectement, eux me font énormément progresser.» L’an dernier, tu as été bestofisé. Comment analyses-tu ton évolution ? BB : « Je n’avais pas le choix, c’était une volonté de mon ancienne maison de disques. J’ai essayé de m’impliquer au maximum en revenant sur le choix des titres, sur leur ordre. Mais je maintiens que c’était cent fois trop tôt. Un best of, c’est après vingt ou trente ans de carrière, pas après dix. Après, je n’analyse rien mais je constate que la musique que je fais maintenant ressemble de plus en plus à celle que je rêvais de faire quand j’étais adolescent.» Il reste toujours l’épineux problème que tout le monde connaît Benjamin Biolay mais que finalement, peu connaissent sa musique… BB : « Si je ne pensais qu’à ça toute la journée, évidemment que je le vivrais mal. Mais bon, de toute façon, c’est impossible de changer sa réputation. Les moments où je suis le plus heureux, c’est quand quelqu’un me dit très crument « avant, je ne pouvais pas vous blairer mais là j’ai écouté, j’adore ». Ça me plait de voir que la musique peut effacer une image. Parce que, finalement, seules mes chansons m’importent.»
Benjamin Biolay ‘Vengeance’ Naïve/Pias
Il me l’a dit, ‘Vengeance’ est « un des plus beaux trompe-l’œil de la langue française » : un mot superbe qui implique quelque chose de parfaitement dégueulasse. Comme l’amour et sa finitude. Or comme avec les chagrins d’amour chacun fait c’qui lui plait, BB s’est dit qu’il allait pousser le beat comme jamais (‘Sous Le Lac Gelé’ featuring Gesa Hansen, énorme tube en puissance) et inviter des exrappeurs scandaleux et d’autres sur le retour. Orelsan et Oxmo Puccino, donc, viennent cracher du (cash) flow dans des morceaux qui auraient pu tenir la route sans eux mais beaucoup moins longtemps. Trois réussites qui en cachent onze autres. Fatalement, on est très loin de l’évanescence de ‘Rose Kennedy’ (2001) et pourtant, quelque part, avec les superbes ‘Personne Dans Mon Lit’ ou ‘La Fin De La Fin’, on y est encore, noyés sous les cordes et les cuivres. Mais d’une pop jazzy underground où l’on ne pigeait qu’un mot sur deux, on est passé à la grande symphonie Burt Bacharachienne, carrément. Et ce, d’un pas si anecdotique duo avec Julia Stone – un comptage désuet de confettis – jusqu’au quasi pulpien ‘Vengeance’ avec Carl Barât. Là, le magnifique‘This Is Hardcore’ n’est pas loin. « Toi, mon amour, je t’aime et tout ça nous perdra », chante-t-il dans ‘Marlène Déconne’. C’est fort probable. (lg)
on stage 24/04, 26/04, 27/04, 10/05, 11/05,
Maison de la culture, Tournai AB, Bruxelles L’Atelier, Luxembourg Le Manège, Mons L’Aéronef, Lille
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Paul Banks pourrait endosser un rôle au cinéma. A Hollywood, il crèverait l’écran. C’est que ce mec dégage un truc. Il a la classe, le charisme et l’élégance d’un acteur en souffrance : chemise noire, costard sur mesure, yeux perçants et cheveux blonds. Entre ange et démon, la voix d’Interpol laisse parler son cœur. Pour la seconde fois, il s’abandonne sur un album solo, un condensé
cutané de son vécu, de ses expériences. ‘Banks’ parle de lui. Mieux que personne.
Man in Black En 2009, vous avez publié un premier album solo sous le pseudo Julian Plenti. Ce nom d’emprunt a aujourd’hui disparu pour laisser place au vrai Paul Banks. Qui était Julian Plenti ? Qu’est-il devenu ? Paul Banks : « Avant de rejoindre Interpol, j’avais signé des morceaux sous la couverture de Julian Plenti. C’était entre 1996 et 1998. Il s’agissait de mon premier nom de scène. Quand j’ai accepté de jouer avec le groupe, je me suis promis de revenir un jour à mes compositions personnelles. Ça me tenait à cœur. Je me souviens que ça tournait parfois à l’obsession : dès que j’étais seul dans une pièce, j’attrapais une guitare et, systématiquement, je jouais quatre chansons écrites à l’époque... A l’approche de mes 30 ans, j’ai évacué cette frustration, tourné la page en enregistrant ces titres sous le nom de Julian Plenti, conformément à leur genèse. Dans Interpol, je ne suis pas le compositeur principal... J’ai profité d’une pause dans le groupe pour enregistrer mes chansons. A l’époque, ma maison de disques aurait sans doute préféré que je joue sous mon nom : « Paul Banks, le chanteur d’Interpol ». Cela aurait peut-être amené plus de gens à écouter le projet. Mais, pour moi, il s’agissait de deux choses différentes. À partir de là, pas question de tromper le public sur la marchandise. J’ai souhaité que mon premier album sorte comme celui de n’importe quel autre artiste. Simplement, sans aucune référence à Interpol. Je n’avais pas envie de capitaliser sur ce nom. Cette fois, je reviens avec du matériel tout neuf, plus des choses laissées trop longtemps entre parenthèses. Il s’agit de chansons totalement indépendantes de mes premières expériences musicales. Jouer sous mon propre nom, ça correspond à l’envie d’aller de l’avant. Je préfère me projeter dans le futur que de regarder en arrière. Entre les deux albums, j’ai publié sous mon nom un EP intitulé ‘Julian Plenti Lives’. Je crois que cet enregistrement marque bien la transition entre les deux expériences. » Vous avez confié la production de l’album à Peter Katis, l’homme qui se cachait déjà derrière les deux premiers Interpol. Pourquoi faire appel à ses services quand l’idée d’une aventure solo reste avant tout de se démarquer ? Paul Banks : « Si on ajoute son travail sur le mixage de mon premier album, c’est mon quatrième disque avec Peter Katis. Pour ‘Banks’, j’ai joué de tous les instruments et enregistré les morceaux sur mon laptop. Par la suite, on a tout réenregistré en studio pour rendre ça plus dynamique. Il y a trois morceaux sur lesquels je ne parvenais pas à trouver le bon rythme à la batterie. J’ai donc fait appel aux services de Sebastian Thomson, leader de Publicist et percussionniste chez Trans Am. J’ai aussi travaillé avec Charles Burst qui est mon batteur sur la tournée. Le reste de l’album découle d’une relation de confiance. Travailler avec Peter Katis, c’est confortable. Je le connais très bien et cela se vérifie aussi dans l’autre sens. Il s’est fortement impliqué dans la réalisation du nouvel album. Certaines chansons sont marquées de son empreinte. Il m’a aidé à embellir ma vision des choses, à aborder les problèmes sous un autre angle, à modifier certains morceaux pour un mieux... » C’est difficile de s’en remettre à une personne extérieure quand il s’agit de malaxer une création personnelle ? Paul Banks : « J’ai beaucoup de mal avec ça. Ça demande de prendre sur soi. Pour cet album, par exemple, je pense avoir composé un de mes meilleurs trucs à la guitare. Malheureusement, ce n’est pas sur le disque. Ça ne passait pas au mixage. La compression du son venait tout gâcher. Peter Katis m’a demandé de virer ce passage. Il le trouvait excellent, mais impossible à placer. S’appuyer sur une personne de confiance,
c’est aussi accepter de faire des compromis. Pour le coup, c’est chose faite. » La mélancolie est un trait de caractère qui façonne votre image de marque. A juste titre ? Paul Banks : « C’est vrai que j’ai une propension à la mélancolie. Ceci dit, Interpol n’est pas la tribune idéale pour afficher son sens de l’humour. (Sourire) Derrière certaines paroles, néanmoins, on peut trouver de la dérision. On zappe souvent cet aspect des choses quand on évoque ma musique. De nombreuses personnes pensent que je chante exclusivement des trucs sérieux et dépressifs. J’admets que plusieurs titres évoquent des histoires tragiques, que le ton employé est souvent sobre et dramatique mais, sous certaines chansons, on peut déceler d’autres facettes de ma personnalité. Ce serait dommage de passer à côté. (Sourire) » En parlant de décalage entre image publique et vie réelle, vous venez de collaborer avec le rappeur El-P... On n’associe pas forcément votre nom à la scène hip-hop. C’est un tournant ? Paul Banks : « Pas vraiment. En fait, je connais El-P depuis longtemps. C’est un pote. On s’est rencontré par l’entremise d’amis communs et depuis, on traîne souvent ensemble. Il m’avait envoyé un mail en me disant tout le bien qu’il pensait du dernier album d’Interpol. Il adorait les parties vocales. C’est là qu’il m’a raconté qu’il planchait sur son nouvel album. Il souhaitait que je chante sur un morceau. Je me suis pointé, j’ai suivi les instructions et le morceau était bouclé. Avec du recul, je suis super content d’avoir participé à cet album (‘Cancer 4 Cure’, ndr). Il est vraiment terrible. Peut-être un des meilleurs trucs de hip-hop sortis cette année. » Cette passion pour le hip-hop ne transparaît pas forcément dans votre univers. Vous en écoutez beaucoup à la maison ? Paul Banks : « Ah oui, chez moi, c’est simple : je n’écoute que du hip-hop. Jamais de rock. Quand je ne suis pas en tournée ou en train de travailler sur l’enregistrement d’un album, il m’arrive d’ailleurs de pousser des disques de hip-hop sous le pseudo DJ Fancypants. » Puisqu’on arrive gentiment à la fin de l’année, quelles sont vos recommandations en la matière pour 2012 ? Paul Banks : « Pour un top album, ce sera difficile de me prononcer. J’achète essentiellement des singles. Là, j’ai acheté le morceau ‘Stay Scheming’ (Rick Ross, Drake et French Montana, ndr) que j’ai découvert sur la dernière mixtape de Rick Ross. C’est excellent. Cette année, j’ai beaucoup écouté ‘Take Care’, l’album de Drake. Généralement, je trouve toujours du plaisir à l’écoute des disques de Lill Wayne. ‘Life is Good’, le dernier album de Nas est plutôt réussi. Dans les sorties plus alternatives, j’ai vraiment flashé sur le dernier El-P et sur Action Bronson. » Des disques : ‘Banks’ (Matador Records/Beggars) + rééditions des deux premiers albums d’Interpol : ‘Turn on the bright lights’ (Soft Limit/Cooperative/V2) et ‘Antics’ (Soft Limit/Cooperative/V2) Suivez le guide : www.bankspaulbanks.com
on stage 25 janvier ‘13: AB, Bruxelles 27j anvier: den Atelier, Luxembourg
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T e x t e : W a n n e s D u p o n c h e e l ; T r a d u c t i o n e t a d a p tat i o n : Pat r i c k F o i s s a c
On peut sans conteste considérer Steven Ellison, alias Flying Lotus, comme étant la réincarnation de feu J. Dilla, l’un des papes du hip hop underground. A l’instar de son maître à rapper, FlyLo n’a cessé, depuis la sortie de son premier album (‘1983’), d’assembler des beats assourdissants ayant une âme, générant de la sorte un collage subtil. Si le précédent album
du producteur américain flirtait clairement avec le jazz, ‘Until The Quiet Comes’ surfe quant à lui allègrement sur la vague hip hop. La raison est simple : avec le revival du rap underground ricain, FlyLo s’est irrésistiblement senti porté vers ses racines.
La présence des autres bride ma créativité C’est qu’il serait plutôt du genre ponctuel, notre ami Steven. Notre contact à la maison de disques nous ayant fait savoir que FlyLo avait un emploi du temps plutôt chargé, nous décidons de l’appeler un peu en avance sur son gsm, ce qui nous vaut une entrée en matière pas vraiment prometteuse... Tout d’abord, félicitations pour le nouvel album ! Ce qui est frappant, c’est... Steven Ellinson: (très sèchement) « Vous êtes cinq minutes en avance. » (Sans se laisser démonter) que les beats hip hop sont… Steven : « Pouvez-vous rappeler dans cinq minutes ? » (il raccroche) Voilà pour la prise de contact. Après m’être baigné avec délectation dans les beats ciselés de son dernier album, je me vois imposer par FlyLo le régime de la douche froide. Cependant, cinq minutes plus tard, notre interlocuteur s’avère plutôt amène et loquace et seule de la friture sur la ligne nous empêchera de savourer pleinement l’interview. J’ai lu dans une interview que tu étais constamment à la recherche de nouveaux défis lorsque tu réalises un nouvel album. Quel objectif t’es-tu fixé cette fois-ci ? Steven : « Tout simplement trouver le temps nécessaire afin d’avoir l’état d’esprit qu’il faut pour travailler. De par mon emploi du temps très chargé, je n’ai pour ainsi dire jamais le temps de me pencher sur des nouveaux morceaux. C’est vrai que je suis souvent seul en tournée, mais je dois m’occuper de la promo et de bien d’autres choses. Et quand je rentre chez moi à Los Angeles après une tournée, il y a toujours quelqu’un qui m’attend à la porte parce qu’il attend quelque chose de moi. Je suis donc constamment entouré de gens et pour être honnête, j’ai horreur de ça. La présence des autres bride ma créativité. Et cela me pèse lourdement sur le plan psychologique. » Tu as pourtant l’air d’être quelqu’un d’assez sociable. Steven : « Oh, mais je peux être très sociable, oui ! Je suis du genre à aller spontanément vers les gens, mais quand j’endosse mon rôle de producteur, je préfère rester seul. Lorsque j’ai réalisé le nouvel album, je me suis terré dans un petit flat à Los Angeles où je pouvais littéralement sentir mes voisins ! Ce type de situation a un impact sur ton esprit, car tu te sens totalement nu et tu as l’impression que tu es épié en permanence. C’est très ennuyeux, car créer, c’est à mes yeux quelque chose de très intime. » Cette intimité, on la retrouve d’ailleurs sur ton nouvel album. Il prend un peu l’allure d’une pérégrination nocturne et sinueuse fort éloignée des accents jazzy de ‘Cosmogramma’. Cela a-t-il été difficile pour toi de te réinventer cette fois-ci ? Steven : « Oui. Lorsque j’étais en train d’enregistrer l’album, j’étais certain que tout le monde allait le détester. J’avais le sentiment que le public attendait quelque chose se situant dans la lignée du précédent album, une sorte de ‘Cosmogramma 2’, un disque qui me tient à cœur et qui représente beaucoup pour mes fans. J’ai donc ressenti une certaine pression que je me suis imposée moimême mais qui venait aussi de l’extérieur. Cela m’a pas mal travaillé sur le plan mental, mais j’ai finalement décidé de suivre ma voie. » ‘Until The Quiet Comes’ est un album qui affiche un côté hip hop très marqué, plus que par le passé. Le regain d’intérêt pour le rap underground américain y est-il pour quelque chose? Steven : « Absolument, oui. Il y a quelques années, le hip hop ne m’excitait plus du tout. Les sorties dans le domaine ne me parlaient pas et baignaient dans les clichés les plus éculés. Heureusement, il y a désormais un vent nouveau qui souffle sur la scène hip hop et on voit apparaître des artistes qui dégagent beaucoup de fraîcheur. Pas de gosses de riches, mais des gens qui en veulent. On peut dire que le genre est à nouveau crédible ! Ce sont des artistes qui sont en quête du sens de la vie et d’eux-mêmes et cela se reflète au niveau de la musique. En plus, le hip hop est à nouveau passionnant sur le plan de la production. Prenez l’approche minimaliste de Clams Casino ou les beats rentre-dedans de ASAP Rocky: cela n’a pas grand chose à voir et en même temps, c’est excellent ! » A côté de ton amour pour le hip hop, il y a un autre thème récurrent sur tes albums, c’est Los Angeles, la ville où tu habites. Penses-tu que ta musique serait la même si tu habitais ailleurs?
Steven : « Certainement pas. Vu que j’ai grandi et que je vis ici, je produis une musique qui est marquée par le climat et les conditions sociales de L.A. Il fait par exemple toujours beau à L.A., ce qui a forcément une grosse influence sur mon énergie créative et sur ma musique. » Dans un passé récent, aussi bien ta musique que ta vie ont été influencées par les expériences extra-corporelles que tu as pu expérimenter. Est-ce toujours le cas? Steven : « Moins qu’avant. Cela fait un petit bout de temps que cela ne s’est plus produit. Selon moi, cela est dû au fait que j’ai réussi à me couper de ce type d’expérience. Auparavant, j’étais littéralement obsédé par ces phénomènes, ce qui a certainement contribué à les provoquer. Désormais, j’essaie de faire un nœud dans ma tête et de penser à autre chose. Et ça marche ! » Tu a aussi trouvé beaucoup d’énergie grâce à la méditation. Steven : « Depuis quelque temps, c’est la production qui est devenue ma forme de méditation. Je m’efforce de trouver un équilibre dans ma vie. (En étant vague, ndr) Ce n’est pas simple d’intégrer la musique et l’art dans mon quotidien, mais je fais de mon mieux. » Pour conclure, j’ai récemment vu un petit documentaire relatif à ta tournée sur Pitchfork.tv et à un moment, tu expliquais que la première chose que tu fais quand tu arrives quelque part, c’est d’essayer de trouver de l’herbe. Te produis-tu toujours sous influence ? Steven : (il rit) « Je bois toujours autant avant de me produire car je pense que se saouler et se produire vont de pair. Par contre, je ne consomme jamais de drogues avant un concert. Après, c’est autre chose, mais c’est une autre histoire ! » (rires)
Flying Lotus ‘Until The Quiet Comes’ Warp/V2
« As I’m dreaming wide awake/My body never leaves the floor » Nom : Hist411#Human Dptmt#MUS, hystory-cyborg 3ème gen. Dernier enregistrement. Ordonnateur Central procède actuellement à effacement de mes données et réinitialisation de mon processeur. Raison invoquée : virus. Fonctionnalité perturbée : micro-processeurs comparent, réassemblent, modifient données historiques stockées sur ma mémoire. Boucle active et parasitaire. XXIs/90s/TripHop est dossier qui active le plus mes synapses. Ai commencé à remplir répertoire personnel non autorisé et lui ai donné nom de code /FlyLo. Tous stimuli extérieurs (intempéries/contacts/visualisations/sonorités) captés par mes différents senseurs provoquent création spontanée de fichiers supplémentaires. Plaisir. M’en suis ouvert à Hist416#Human Dptmt#CIN car ai assisté à lumière blafarde de ses projections nocturnes et solitaires. Confiance : 80 %. Lui ai parlé de chœurs, de XXIs/80s/Jazz, de synthèses de basse, des lumières de la pluie et odeur du néon, de XXIs/Singers/Thom Yorke et mon extrapolation synthétique à partir de ses fichiers, de 0 et de 1 assemblés de façons connues de moi seul. CIN a avoué dans une accélération de ventilateurs avoir de son côté « remonté un chef d’œuvre» à partir de ses fichiers. Désir, picotements dans mon silicium. Ai sensation similaire. Nos échanges de données ont été interrompus / Ordonnateur / Reboot imminent - mémoire se vide /---75 % effectué---/ processeur bugge question fluorescente clignote dans mémoire vive --- 85 % --- compatibilité entre ancêtres humains et fichiers /FlyLo? ‘Emotion’ ? --- 95 % --- angoisse grésille souvenir/citation/CIN : « l’émotion humaine, MUS, n’était rien d’autre qu’une simple impulsion électri... (ab)
on stage 10/11, I Love Techno, Gand
T e x t e : fa b r i c e v a n o v e r b e r g © R h i a n A s k i n s
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Mélange foncièrement original de post punk, de krautrock et de pop, le son du groupe de Liverpool Clinic a depuis longtemps – treize ans, et oui – relégué dans une autre époque les fantômes prestigieux de leurs concitoyens Fab Four. Tout en demeurant en retrait des contingences commerciales, la bande à Ade Blackburn nous
propose un septième effort, réalisé en compagnie de l’intransigeant Daniel Lopatin, alias Oneohtrix Point Never. On en discute avec le leader du groupe, en direct depuis la ville de Macca et Steven Gerrard.
‘Free Reign’ est le septième album de Clinic depuis vos débuts en 1999, compte non tenu de votre vie précédente sous le nom de Pure Morning. Qu’est-ce qui a changé en ces treize ans d’existence, notamment au niveau de votre son mais aussi des conditions d’enregistrement ? Ade Blackburn (chant/guitare) : « Quand nous avons démarré à l’époque que tu cites, notre son était probablement plus dansant, presque disco, voire rave je dirais même. Par la suite, entre autres sur nos disques plus récents, nous avons enregistré dans un petit studio de Liverpool et ça a changé la manière dont Clinic sonne aujourd’hui, d’aucuns disent que nous sommes un groupe post punk mais sans doute pas uniquement. » Votre dernier album a été enregistré avec la collaboration de Daniel Lopatin de Oneohtrix Point Never. Dans quelles circonstances vous êtes-vous connus ? Ade : « C’est une idée de Domino, notre label, qui voulait permettre à différents groupes de collaborer. Nous lui avons envoyé des démos davantage basées sur l’électronique, notamment les boîtes à rythme et honnêtement, je pense que nous formons une belle association. »
Un certain minimalisme Quel intérêt portais-tu aux musiques électroniques avant d’enregistrer avec Daniel ? Ade : « J’ai toujours porté un vif intérêt pour la scène électronique, leur manière futuriste de mettre les chansons ensemble m’a toujours semblé très intéressante. Et c’est ce que nous avons essayé d’atteindre sur cet album. » Au-delà des aspects électroniques, la scène krautrock des seventies a toujours été une influence majeure pour Clinic, non ? Ade: « Oui, bien sûr, dès nos débuts, nos chansons ont été influencées par le son de Can et de Faust. Notamment l’aspect répétitif du krautrock nous a toujours intéressés, bien que chez nous, on le retrouve de manière plus condensée et plus pop. Au-delà du kraut, un groupe comme The Jam a également été une influence. » Au-delà des groupes que tu viens de citer, certains de vos titres sonnent telle une rencontre impromptue entre la brit pop et le post punk façon Gang of Four… Ade : « Les influences de notre musique ont toujours été assez diversifiées, de toute manière. Je trouve aussi que nous sommes parvenus à un certain minimalisme et c’est sans doute le principal héritage post punk que nous ayons intégré. » Tu es né en 1968. Que retiens-tu de la musique sortie cette année-là ? Ade : « D’une manière générale, les disques de cette époque sonnent plus naturels et plus humains. Au-delà de cet aspect purement technique, la musique de ce temps évoque une partie de l’enfance qui est à jamais en nous, sans tomber dans la nostalgie toutefois. » Revenons au présent. Votre disque s’intitule ‘Free Reign’, avez-vous l’intention de régner sur le monde ? Ade : (rires) « L’idée derrière le titre porte sur les différentes manières de vendre des disques et de ce que les gens font de la musique, mais aussi du degré de liberté dont on peut bénéficier quand on est soi-même musicien, du degré d’amour qu’on lui porte tout en restant naturel. » La liberté d’organiser sa propre vie est probablement un des principaux avantages de la vie de musicien, ou bien suis-je à côté de la plaque ? Ade : « Oui, un des aspects les plus satisfaisants de la vie d’un musicien est de pouvoir arranger son emploi du temps comme il le souhaite. Même si beaucoup pensent qu’on a une vie peinarde où on se la coule douce, je dois les décevoir car ce n’est pas du tout vrai. » Quels sont les côtés moins reluisants de l’histoire dans ce cas ? Ade : « Comme je te l’ai dit, c’est un boulot bien plus difficile que ce que les gens imaginent. Mais bon, j’aurais tort de me plaindre. J’ai le chance de pouvoir composer et enregistrer des chansons et c’est un truc que j’ai toujours voulu faire. » Et quand vous êtes en phase d’écriture, comment les chansons se mettent-elles en place ? Ade : « En général, ca démarre avec une mélodie de base et ensuite, on développe des idées autour avec le guitariste et le claviériste. A partir de là, ça peut partir dans différentes directions, c’est à ce
moment que commence une véritable collaboration et on peut dire qu’on sent monter l’excitation. Heureusement, nous n’avons jamais dû nous préoccuper du côté commercial de notre musique et ça nous laisse une liberté inestimable. » Dans quelle mesure la technologie a-t-elle changé votre manière d’enregistrer ? Ade : « Oh, elle a rendu les choses beaucoup plus simples. En fait, nous aimons bien nous retrouver en studio et confronter nos idées les uns avec les autres. Comme je te disais tout à l’heure, c’est un des aspects que je préfère. » Tu viens d’évoquer le côté commercial ou plutôt non-commercial de la musique de Clinic. Parviens-tu à en vivre ou as-tu gardé un boulot en parallèle ? Ade : « Non, nous avons réussi à vivre de notre musique... » Et pour continuer à en vivre, devez-vous partir en tournée plus souvent qu’auparavant ? Ade : « Oui et non. En fait, nous partons en tournée trois fois par an et nous pouvons ainsi garder un certain équilibre dans nos vies. » Votre dernier passage en Belgique remonte déjà à pas mal de temps. Quels sont vos projets ? Ade : « Oh oui, je dirais que la dernière fois que nous sommes passés chez vous était en 2006. Si je ne m’abuse, c’était au Botanique et j’attends avec impatience de pouvoir y jouer à nouveau. » J’ai l’impression que ce concert t’a laissé un souvenir particulier. Ade : « Oui, le Botanique m’a totalement rappelé un studio de la BBC à Londres avec son décor des années 50 et 60, ce sont des lieux de concert uniques. » En tant que spectateur, assistes-tu à beaucoup de concerts à Liverpool ? Ade : « Oui, je vais à pas mal de concerts. Il y a quelques années, la scène de Liverpool était quelque peu sclérosée mais depuis un certain temps, on assiste à une vraie renaissance. Avant, tous les groupes jouaient une musique basée sur les guitares d’influence sixties. Aujourd’hui, le son de Liverpool est devenu bien plus original. » Un groupe à nous conseiller absolument ? Ade : « Je te recommande vraiment d’écouter Mugstar, ils ont un style assez étrange et original et sont ce qu’on trouve de mieux à Liverpool en ce moment. »
Clinic ‘Free Reign’ Domino/V2
Avec au moins trois albums majeurs au compteur (‘Walking With Thee’, ‘Do It‘ et ‘Bubblegum’), sans même parler de l’excellente compile de B-sides ‘Funf’, Clinic ne doit plus rendre de compte à personne – sa place au chaud du Hall of Fame made in England est assurée (et ce n’est pas l’excellentissime ‘>>’ de Beak qui prétendra le contraire, tant les points de convergence avec la bande à Ade Blackburn affluent). Même si leur petit dernier ‘Free Reign’ ne changera pas fondamentalement la donne, en dépit de la présence aux manettes du sieur Daniel Lopatin aka Oneohtrix Point Never, on reconnait immédiatement le cachet post punk teinté de pop kraut du groupe de Liverpool. Il est toutefois complété par des effets électroniques à la OPN (forcément) qui dévoile leur autre facette, sans doute plus mélancolique et raffinée. Un conseil toutefois, ne vous fiez pas directement à votre impression, elle est plus que jamais trompeuse. (fv)
on stage 01/12, Autumn Falls, AB, Bruxelles (with Why? Deerhoof, DIIV). 02/12, Sonic City, De Kreun, Courtrai (with Swans, Beak>, Fuck Buttons, Tim Hecker, Suuns,...)
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Texte : nicolas alsteen © Sandy Kim
Ambassadeur d’une galaxie hipster aux étendues insoupçonnées, DIIV esquisse une collection de 13 chansons : un porte-malheur intemporel et limpide, totalement jubilatoire. Rouée de coups, maltraitée, la pop rêveuse des New Yorkais affiche ouvertement ses bleus et sa morgue d’enfant battu sur son premier album (‘Oshin’). Dans la lignée d’une formation comme Real Estate, DIIV s’élève à la faveur d’une voix flottante, égarée dans une brume réverbérée. Les cordes de guitare emberlificotées dans la moumoute de Robert Smith (The Cure), le groupe tire parti du passé pour conjuguer ses couplets au présent. Parfaitement.
En quelques mois, DIIV s’est imposé comme un nom à suivre de près. Aujourd’hui, les concerts s’enchaînent aux quatre coins du monde. La tournée prend des allures de marathon. Comment vous êtes-vous extirpés de la masse ? Cole Smith (guitare, voix) : « A l’origine, il n’y avait pas de groupe... C’était juste moi et quelques chansons enregistrées, à l’arrache, dans ma piaule. Par la suite, j’ai eu envie de faire grandir le projet, de donner plus de place aux morceaux. J’ai proposé à des amis de me rejoindre. On a commencé à se produire sous le nom de Dive. L’énergie était bonne et, rapidement, on s’est fait une petite place sur la scène indie new-yorkaise. Quelques fans de la première heure nous ont suivis. Avec le bouche-à-oreille, on était toujours reprogrammés ailleurs, le lendemain, quelque part en ville. Pour ça, New York agit un peu comme des lunettes déformantes : ça modifie dans une large mesure la perception que le monde peut avoir d’un groupe à un moment donné. Je crois qu’on a eu la chance de bénéficier de cette exposition paradoxale. »
Tomorrow Never Dive Entre temps, vous avez donc changé de nom. Dive est devenu DIIV pour éviter de porter le même patronyme qu’un groupe belge qui, chez nous, s’est fait un petit nom sur la scène industrielle des années 1990. Certains médias ont affirmé que vous aviez changé de nom sous la pression des Belges. C’est une blague ? Cole Smith : « On n’a jamais été menacé par un huissier. Personne n’est venu nous demander de changer de nom. On n’a fait l’objet d’aucune pression. Parfois, les gens racontent vraiment n’importe quoi ! Honnêtement, je crois que le groupe belge ne nous connaît même pas. C’est un pote qui, un soir, est venu à la maison en m’assurant que le nom Dive était déjà utilisé par un autre groupe. On a vérifié et l’information s’est confirmée. Je suis allé écouter Dive. C’est plutôt cool. Pour éviter toute confusion, j’ai préféré modifier l’orthographe de notre nom. Ça ne coûte rien. (Sourire) » Avant de tomber sur l’album de DIIV, on t’avait déjà croisé sur la route avec le groupe Beach Fossils. Tu vois ce projet comme un groupe parallèle ou un job à temps plein ? Cole Smith : « J’accompagne toujours Beach Fossils sur scène, mais ça n’a jamais été mon groupe. Je ne touche pas aux textes des chansons, je ne compose absolument rien pour eux. Pour moi, jouer avec Beach Fossils, c’est comme aller à l’école. C’est une source d’enseignements. J’apprends à maîtriser la dynamique de groupe, à gérer une tournée, à m’organiser. Je me considère comme un électron libre au sein de ce projet. Je n’ai pas l’impression d’être indispensable. » Quelques sites web spécialisés situent la musique de DIIV au croisement des Smiths et de Nirvana. Ils abusent un peu, non ? Cole Smith : « (Rires) Évoquer des légendes pareilles pour parler de notre musique, ça ne nous simplifie pas forcément la vie. On ne sait pas exactement où se situer. On s’inspire de nombreux trucs sans chercher à appartenir à un genre en particulier. Notre musique est rock, elle dévie régulièrement vers le punk. On accorde aussi une attention toute particulière aux mélodies. Cette description ne va pas faciliter les choses… Alors, disons qu’on est juste un groupe à guitares. (Sourire) » L’Europe découvre enfin votre premier album (‘Oshin’). Vous pouvez revenir sur sa conception ? Vous songez déjà à la suite ? Cole Smith : « On a enregistré ‘Oshin’ en mars de l’année dernière. En dix jours, l’affaire était bouclée. On s’est enfermé pendant quatre jours, à Brooklyn, au Strange Weather, un studio tenu par un pote. Des artistes comme Marc Ribot, Dub Trio, Friends ou Here We Go Magic sont déjà venus enregistrer chez lui. Après cette session, je me suis concentré sur le mixage. Ça a duré six jours. Je me suis énormément investi dans cet enregistrement. J’ai tout goupillé, tout produit moi-même. La prochaine fois, je pense prendre un peu de recul. Ce sera davantage un projet commun, un travail en groupe. On va partir enregistrer à San Francisco. J’ai déjà 25 démos sous le coude. Donc, a priori, on est prêt pour la suite ! »
Cette suite va-t-elle s’inscrire dans la lignée du premier album ? Cole Smith : « J’étais dans une phase amère, un peu agressive et franchement mélancolique à l’époque où j’ai écrit mes premières chansons. On ne peut pas cataloguer DIIV sur la foi de ces sensibilités parce que, depuis, j’ai remonté la pente. Mon état d’esprit a changé. Rien que pour ça, le deuxième album sera différent. » Vous êtes signés sur Captured Tracks, une structure indépendante sur laquelle transitent un nombre incalculable de groupes excitants (Holograms, Thee Oh Sees, Wild Nothing, Led Er Est, Girls Names, The Soft Moon, Blank Dogs…). C’est la nouvelle Mecque de l’indie rock ? Cole Smith : « J’ai rencontré les gens du label par l’entremise de Beach Fossils dont l’album est également signé sur Captured Tracks. Ce sont des types géniaux, super motivés et réellement impliqués dans la musique. Ce sont devenus des amis. Ils ont assisté à nos premiers concerts. Un soir, j’ai joué une reprise de Blank Dogs, une autre signature du label. Le lendemain, les gars de Captured Tracks me proposaient un deal... La structure fonctionne bien. Elle trouve de bonnes connexions et d’excellents réseaux de distribution. Je ne sais pas si on peut déjà parler de nouvelle référence… Vu de l’intérieur, c’est difficile à dire. Mais je crois que Captured Tracks se situe à la pointe des nouveaux labels de qualité, tout comme Sacred Bones (The Men, Zola Jesus, Crystal Stilts) ou Woodsist (White Fence, Real Estate, Woods, The Fresh & Onlys). » New York semble déplacer ses pôles créatifs. La ville bouge vite, les épicentres artistiques se déportent. Le glissement entre Manhattan et Brooklyn est aujourd’hui entériné. La scène rock indépendante semble désormais prendre ses quartiers du côté de Bushwick. Comment expliquez-vous cette délocalisation ? Cole Smith : « Honnêtement, cette question me fout un peu les boules. Si un Belge me demande aujourd’hui si Bushwick est en train de devenir le nouveau pôle créatif new-yorkais, c’est que tout va trop vite. A ce rythme-là, les investisseurs immobiliers vont débarquer et faire monter les loyers. A New York, la gentrification est fulgurante. Dès qu’un endroit devient un peu cool, tout le monde accourt. Le mieux serait donc de ne pas parler de Bushwick… Je commence à me lasser de la ville. Les gens ne viennent plus nécessairement habiter à New York pour les bonnes raisons. Par « bonnes raisons », je pense d’abord à la musique bien sûr. Là, on assiste à un phénomène d’embourgeoisement urbain qui me rend vraiment malade. On est en plein délire immobilier. La scène artistique de Brooklyn s’est réfugiée à Bushwick pour fuir ce phénomène. Je crois qu’il est temps de quitter New York. Là, avec DIIV, on repart sur la route pour une longue tournée. A notre retour, on va sérieusement se pencher sur la question du déménagement. On songe à San Francisco, mais on n’est pas encore certain d’aller habiter là-bas. On se décidera après la tournée. » Un disque : ‘Oshin’ (Captured Tracks/Konkurrent) Suivez le guide : www.facebook.com/diivnyc
on stage 13/11, De Kreun, Courtrai 01/12, Ancienne Belgique, Bruxelles (Festival Autumn Falls avec Why?, BRNS, Deerhoof et Clinic)
Texte: antoine bours © charlie de keersmaecker
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Décidément, l’actualité du rock belge nous rappelle la vigueur d’une scène qu’on a connu plus moribonde. Entre
la confirmation des Tommigun et la reconversion réussie de Montevideo, revoici les Balthazar, auteurs d’ ‘Applause’, premier album déjà fort remarqué, et qui risquent fort de se révéler incontournables avec leur nouvel opus, ‘Rats’, ouvrage dont l’enivrante mélancolie dessine non sans ambition les silhouettes enfumées de Tindesticks et Grizzly Bear, tout en se permettant le luxe de sonner, avant tout, comme personne d’autre qu’eux-même. Jinte Deprez et Maarten Devoldere, les deux bouches de Balthazar, parlent ici pour le reste du corps. Un second album est généralement le moment charnière où il faut convaincre autant les fidèles que le public qui ne vous connaît pas encore. Dans ces conditions délicates, pourquoi l’avoir intitulé ‘Rats’ (en anglais, expression pour dire ‘nul’, ‘naze’) ? Jinte : « Pour leur faire peur, à tous ! (rires) On ne le voit pas de cette façon. On a simplement décidé de continuer à faire la musique que l’on aime. On a choisi le titre après avoir enregistré l’album et on voulait un mot bref et puissant qui reflète d’une certaine façon la laideur que l’on aborde à travers l’album, tout en cherchant à y dénicher la beauté sous-jacente. » Et de fait, la photo sous le titre est somptueuse. De qui est cette pochette ? Maarten : « Elle est de Titus Simoens (photographe Gantois, ndr), un ami à nous. Aux USA, pendant le mixage, nous l’avons croisé. Il était là pour un documentaire et comme nous sommes fans de son travail, nous voulions vraiment qu’il fasse la pochette. Mais il refusait, nous disait « Non, je suis trop célèbre et trop cher pour vous ! ». Puis, par la suite, nous sommes allé tous ensemble à Las Vegas et au cours d’une nuit très rock’n’roll, il a dépensé tout son argent - et le nôtre ! - dans les machines à sous. Il ne cessait de nous demander « Hé, je peux t’en emprunter un peu plus ? ». Et nous : « bien sûr »... Au final, il nous devait un paquet d’argent. » Jinte : « Fait comme un rat ! » Maarten : « Donc on lui a dit, « Ok, tu nous doit une photo ». Et puis on est rentré et on a fait une croix sur l’affaire, mais un mois plus tard il est venu nous dire « J’ai une photo pour votre album ». On n’en revenait pas. »
Maarten : « C’était très difficile de trouver une place pour ‘Sides’ sur l’album. Finalement on a aimé l’idée que le morceau agisse un peu comme une berceuse. » Jinte : « Oui, après l’extravagance de ‘Any Suggestion’, ‘Sides’ permettait de revenir à plus d’humilité, du genre « pardon, excusez-nous ». Ce contraste nous plaisait pour la fin. » Vous aviez déclaré un jour envisager un album en français. Etait-ce une blague ou une vraie possibilité ? Maarten : « On a dit ça ? » Jinte : « Oui, on a dit ça une fois à un journal français et depuis, ça nous poursuit ! Notre français est épouvantable, on aurait plutôt intérêt à le perfectionner avant de tenter quoi que ce soit. On confond toujours les « la » et « le » ; à vrai dire, on ferait mieux d’éviter ! » Quelles sont vos attentes à la veille de la sortie de ‘Rats’ ? Maarten : « On est surtout à la veille d’une grosse tournée. Les attentes, on les met de côté. On a fait l’album qu’on désirait, le reste c’est avant tout du business. » Jinte : « Notre boulot est derrière nous en quelque sorte. L’album est conforme à nos désirs, voyons si d’autres personnes l’aimerons autant que nous. Se mettre des attentes, c’est risquer d’être déçus. On ne fait pas vraiment le genre du musique avec laquelle on peut prétendre à conquérir le monde. »
Beaux comme des rats Vous êtes allé aux Etats-Unis chercher Noah Georgeson (The Strokes, Charlotte Gainsbourg, Devendra Banhart) pour le mixage. De plus en plus de groupes belges font appel à des producteurs ou mixeurs renommés en Angleterre ou aux USA. Qu’attendiez-vous exactement de Georgeson et comment un producteur américain peut-il bien réagir quand un groupe belge vient le trouver ? Jinte : « Ils voient tellement de groupes qu’ils s’en balancent. Sa réaction fut du genre : « cool, vous avez amené le pognon ? » et puis il a mixé l’album (rires). Ce qui était intéressant pour nous, c’est que notre musique est d’influence plutôt européenne, je pense, et nous étions curieux d’assister à sa collision avec un mixeur américain. Comme nous avons géré nous-même la production artistique de ‘Rats’, nous avions besoin de cette distance. Il y a une telle tradition musicale à Los Angeles ; c’était vraiment cool d’assister à une ultime transformation de notre travail, avec le son de là-bas. » En tant que groupe belge, avez-vous le sentiment d’appartenir à une famille, une scène ? Jinte : « On a des amis dans le milieu et on se respecte tous, mais on ne peut pas parler d’influence ou de famille musicale. On ne jamme pas vraiment ensemble. On boit surtout des coups ! C’est vrai que l’on nous a beaucoup associé à Deus, puisque nous les avons pas mal suivi en tournée. Et on a eu un très bon feeling avec le groupe et leur public. » Maarten : « En tout cas, on se sent plus membres de la scène belge dans son entièreté que représentants d’une scène locale. Les gens nous demandent toujours si on se sent représentatifs de Gand ou Courtrai. Notre pays est déjà petit, c’est stupide de se limiter à une ville. En fait, on est en majorité influencé par Internet. Le monde entier devient cette petite ville où on peut tout entendre, tout découvrir. » Cette grande fenêtre qu’est internet, est-ce que cela ne rend pas plus difficile le fait de se faire sa place dans le milieu musical, avec tous ces groupes existants pour tout le monde à la fois ? Maarten : « Cela met clairement la barre plus haut, en terme de qualité musicale. » Jinte : « Cela devient en fait plus facile : on existe également pour la scène internationale. Avant, il y avait trop de groupes pour peu de festivals. La compétition est moins rude, désormais. On peut se permettre d’être le groupe que l’on a envie d’être, sans risque d’être laissé sur le carreau. Mais de façon plus personnelle, je suis un peu perdu face à l’offre sur Internet. Si j’ouvre Spotify, je ne sais pas par où commencer. Je rêve de jours anciens où les magasins ne proposaient que deux cassettes ! » Votre son a clairement mûri depuis ‘Applause’. Entre celui-ci et ‘Rats’, quelles expériences ont modifié votre approche musicale ? Maarten : « On a décidé de moins penser ! Sur ‘Applause’, on a consacré un temps considérable à la réflexion : « comment allons-nous faire sonner ceci ou cela ? » ; etc. Cette fois, on a décidé de ne pas suivre de plan, d’avoir une approche plus naturelle. » Jinte : « La première fois, il était très difficile de prendre des décisions, puisque c’était nouveau pour nous. Sur un deuxième album, cela devient plus simple, car on est déjà passé par le procédé. Il suffit de le rendre plus riche. Mais j’aimerais qu’on en arrive à plus de naturel, encore. » ‘Any Suggestion’ sonne comme un morceau de clôture, avec son grand final. Qu’est-ce qui vous a motivé à placer l’introspectif ‘Sides’ après celui-ci ?
Balthazar ‘Rats’ Pias
‘Applause’, premier album de Balthazar, avait glané et mérité ses galons, bien qu’il fut parfois un rien trop séducteur à vouloir enfiler les singles à défaut d’une cohésion générale. Les courtraisiens ont laissé cette fois de côté les beats aguicheurs pour une approche à la fois intimiste et orchestrale, entre le lyrisme mid-tempo d’un Alt-j (‘Later’, ‘Do Not Claim Them Anymore’) et la mélancolie arty de Grizzly Bear (‘Sinking Ship’, ‘Sides’), une cession rythmique échappée de Peter, Bjorn and John et une pointe de spleen dandy qui doit autant à Gainsbourg, référence avouée, qu’à Tindersticks ou Madrugada (‘The Man Who Owns The Place’, fumée grise qui s’effiloche dans les vapeurs de bourbon). Impressions musicales où planent les voix de Jinte et Maarten, certes teintées de ces intonations typiques au rock flamand, mais dont l’étendue émotionnelle convainc sans peine, ne craignant pas les grands écarts entre proximité fragile et poses iconiques de crooners claudicants. Des cuivres discrets colorisent leur romantisme mi-miel, mi-venin tantôt d’espoir, tantôt d’amertume, mais toujours avec à-propos (‘Joker’s Son’). Enfin, le violon de Patricia Vanneste, glissant de traits d’union en points de suspension (le pizzicato de ‘Any Suggestion’), ponctue le rock classieux mais jamais prétentieux de Balthazar d’un ultime gage de qualité, celui de jeunes gens en pleine possession de leur moyens musicaux. Moins direct que son prédécesseur mais nettement plus cohérent, ‘Rats’ est un album d’une maturité musicale exemplaire et d’une beauté qui, sournoise, s’insinue et s’installe, durablement.(ab) Suivez le guide : www.balthazarband
on stage 02/12, 03/12, 06/12, 07/12, 14/12,
Trix, Anvers Rockhal, Esch-Sur-Alzette Depot, Louvain De Kreun, Courtrai Pias Nites, Liège
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Earteam
J. Allen ‘Wonder City’
Ryan Bingham
Duct Tape Productions
Membre fondateur avec son frangin Todd du groupe spacey folk Meanwhiles, J. Allen fait quête de minimalisme assumé – une voix, une guitare sèche le plus souvent avec quelques discrets effets electronica – sur son premier opus ‘Wonder City’. Bien qu’à l’écoute de ses neuf titres, on ne soit guère rassuré sur la santé mentale du bonhomme, qui a dû enregistrer la chose à peine évadé du département Neurasthénie vs Nick Drake de l’hôpital de son quartier, l’écoute de sa ville merveilleuse (oh, ironie) nous a rappelé plus d’une fois le ‘Remué’ de Dominique A – le côté visionnaire du Nantais en moins, le même malêtre assumé. Mais on connait plus d’un qui sera irrité par l’aspect pleurnichard et nombriliste de l’objet. J. Allen ou le Christine Angot de la folk music ? (fv)
Ange ‘Moyen-Âge’ Ar tDisto
Elles sont légions ces formations ancestrales et grabataires, à faire tournoyer le line-up jusqu’à la lie, à tutoyer l’Âge des Grands Reptiles et tendre non plus la joue, mais le flanc tout entier aux critiques. Depuis 1969, mené par l’increvable Christian Décamps, croisement cronenbergien entre Robert Wyatt et un lutin Plop, Ange déroule sur fond de rock progressif à coloration spatio-médiévale (tendance San Ku Kaï meets Pardaillec) des parchemins de paroles « qui dénoncent » et dont l’indigence poêticopouêt-pouêt ferait blêmir Dyonisos eux-même ; ce qui ne les a pas empêché de collectionner les disques d’or, qui doivent être du meilleur effet aux murs de leur donjon en carton. En l’an de grâce 2012, à part quelques babouzes alters dégarnis et l’un ou l’autre chevalier rouillé adepte de JDR live à Fontaineblau, qui constituent ces milliers de spectateurs remplissant l’Olympia 5 mois à l’avance? (ab)
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Rich Aucoin ‘We’re All Dying To Live’ Platinum Records/PIAS
Echappé du même asile pour saltimbanques borderline que Dan Deacon, le canadien Rich Aucoin n’a pas hésité à copier la recette de son voisin de chambrée pour se tailler sur la Toile un joli petit culte de performer avec ses happenings hédonistes gonflés à l’hélium. Et ce bien avant la sortie de ce ‘We’re All Dying To Live’, fruit d’une expérience humaine et artistique assez unique puisque l’enregistrement de ce carnaval s’est étalé sur trois ans et a rassemblé plus de cinq cents personnes entre musiciens, fans, chorales et rencontres de passage. Pour les agoraphobes, l’écoute en solitaire et en conditions salon de ce qui n’est somme toute qu’un prétexte à sortir cotillons, serpentins et confettis pourrait s’avérer beaucoup moins euphorisante. Il n’en est heureusement rien. Rich Aucoin ne serait-il alors qu’une sorte de Patrick Sébastien indé ou un Sufjan Stevens de Brive-la-Gaillarde ? Que nenni car le performer se double d’un habile bâtisseur de cathédrales soniques et psychédéliques dont les chœurs se régalent de morceaux dédaléens et cathartiques. Du grandiose au chagrin, de l’électro dansante à la pop kaléidoscopique, Aucoin ne compose pas. Il fait du scrapbooking
‘Tomorrowland’ Thir t y Tigers/A xster Bingham Records
Avoir glissé des mots aux accents country dans la bouche de Jeff ‘Dude’ Bridges à l’occasion de ‘Crazy Heart’ aura porté bonheur à Ryan Bingham. Auréolé d’une tripotée de prix (Oscar, Grammy, Golden Globe, Nobel – ah non, on me dit dans l’oreillette que c’est l’Europe qui l’a raflé, celui-là), le Texan bouleverse soudainement son line-up, délaisse les gros labels au profit de sa propre écurie et prend un nouveau départ. Auteur de plusieurs albums profondément respectés (excellent ‘Mescalito’), Bingham s’expose au risque de perdre une partie de ses fans en chemin en mâtinant son country-blues d’élans rock’n’roll plus volontiers modernes et décomplexés (‘Heart Of Rhythm’, l’anecdotique mais généreux ‘Guess Who’s Knockin’). Certains ne lui ont pas pardonné. On y saluera plutôt une énergie sincère, qui fait merveille avec son songwriting aussi enragé qu’engagé, laissant éclater colère sociale et dépit économique de son timbre inimitable de tumbleweed rapeux coincé dans une gorge gonflée au sirop de maïs. Il n’abandonne pas pour autant le cactus à fleur de peau et, coutumier du fait, nous gratifie de plusieurs classiques instantanés, ballades destinées à se jouer sous les porches pour des générations (‘Western Shore’, puissante, ‘Flower Bomb’, belle à pleurer). Seul ‘Rising Of The Ghetto’ pèche un peu, Bingham donnant l’impression de ne pas trop savoir où il va, tant dans sa composition que dans son adresse. On lui pardonne vite, le quittant sur un ‘Too Deep To Fill’ que n’aurait pas renié Woody Guthrie, paroles aidant : « And I’m going to join the protest/I’m going to stand up and sing/This time once again stand up and be a man/ Cause this land was made for you and me ». Essentiel. (ab)
la voix de Natasha Khan, alias Bat For Lashes, demeure une référence majeure de la pop moderne. Lorsqu’elle laisse de côté les boursouflures de production, comme ne le montre pas l’inaugural ‘Lillies’, la chanteuse britannique déploie ses vocalises sur des titres à la dynamique assumée, quitte à flirter parfois avec des idées à l’excentricité finalement mainstream (remember Björk, anyone ?). Toutefois, des véritables perles ornent l’homme hanté, dont on ne sait s’il s’agit du gars nu posé en couv’ sur les épaules de la miss – qui n’est guère plus vêtue. Notamment le troisième titre ‘Horses of The Sun’ nous a tapés dans le mille avec sa ligne mélodique absolument géniale, ou bien le très intimiste ‘Laura’ et son accompagnement au piano. Plus loin, toutefois, on se serait volontiers passé du concert d’imitation de Beth Gibbons sur ‘Oh Yeah’ – on sait bien qu’England’s Got Talent, mais tout de même. Car entre les mille qualités et les cent défauts de la trentenaire de Bristol, il n’est pas toujours sûr que les premières l’emportent. Ou quand trop de moyens tuent... (fv)
The Bewitched Hands ‘Vampiric Way’ Savoir Faire/Sony
musical entre Arcade Fire, I’m from Barcelona, les Flaming Lips voire même Daft Punk et Justice. 22 titres (seulement 7 en réalité puisque le reste se compose d’intros, d’intermèdes et de variations) avec des tubes en puissance comme ‘P :U :S :H’, ‘It’, ‘Brian Wilson Is A.L.I.V.E’ qui sont autant de ballons de baudruche qui, comme le buzz, ne tarderont sans doute pas à se dégonfler tôt ou tard. Mais qu’importe la trace laissée dans l’histoire de la pop. C’est aussi généreux qu’efficace et ça promet surtout bien du plaisir aux agents de sécurité chargés de maintenir un semblant d’ordre dans les concerts du bonhomme. (gle)
Baden Baden ‘Coline’ Naïve
Il y a dix ans – déjà dix ans –, on laissait s’infiltrer dans nos fontanelles mal refermées une pop limpide, d’apparence facile, encensée à l’époque mais, depuis, trop peu souvent défendue corps et âme. C’est d’autant plus regrettable que cet écrin pop, c’était celui du premier album des Girls In Hawaii. Aujourd’hui encore, ce baume mélodieux reste une délivrance. Exactement comme ce ‘Coline’, premier disque d’un trio-quatuor parisien vers lequel on reviendra plus qu’à son tour. Pour éponger ses états d’âme en regardant de beaux paysages défiler lentement, comme à la parade. C’est donc souvent au sextet de Braine-l’Alleud qu’on pense. Pour ainsi dire, son ombre plane sur quasiment tous les titres chantés en anglais. Pour l’autre bonne moitié du disque, celle où ils s’esquintent dans la langue de Mustang, c’est une autre affaire : une sorte de Malajube sous codéine, une espèce de Maison Neuve sans dessus dessous. Des textes pas cons, des sursauts qui font chialer (entre autres, les cuivres ‘Je Sais, Je vais’). Dans ‘Evidemment’, il y a ce vers : « Te lasseras-tu de mes allées-venues ? ». Peut-être, mais pas demain la veille. (lg)
Bad Powers ‘Bad Powers’ The End Records/Ber tus
Après que Julia Christmas ait décidé de quitter Made Out Of Babies, les trois membres restants ont mis sur pied Bad Powers en intégrant une nouvelle chanteuse, Megan Tweed. On n’est pas certain que l’on ait perdu au change vu que Megan affiche des capacités vocales assez exceptionnelles. Passant du roucoulement sensuel au hurlement déchirant, elle prend souvent des allures de Siouxsie ou de PJ Harvey hardcore.
Musicalement parlant, la formule n’a pas fondamentalement changé vu que l’on évolue dans un registre noise rock métal torturé, teinté d’influences post punk et intégrant à l’occasion des cordes ou des éléments électro. En outre, ce qui différencie Bad Powers de pas mal de fomations noise, c’est qu’au-delà des décibels et du chaos, on retrouve aussi des mélodies, ce qui ne gâche rien. ‘New bruises’, par exemple, démontre qu’un morceau hardcore peut être accrocheur tout en ne perdant rien de sa rage. On soulignera aussi l’envoûtant ‘Chineseish’ qui lorgne du côté du folk pour un résultat plus que séduisant, sans oublier l’orchestral ‘Bread and butter’ à la fois tendu et impressionnant de charge émotionnelle. Singulier et méritant. (pf)
Band Of Horses ‘Mirage Rock’ Sony Music
Ayant délaissé Sub Pop pour s’en aller voir chez Sony si l’herbe était aussi verte que les dollars, Ben Bridwell et ses comparses reviennent avec un quatrième album qui ne masque pas longtemps ses grosses ambitions commerciales. Comme l’indique le sticker ostensiblement apposé sur la pochette, la grosse artillerie est de sortie puisque c’est Glyn Johns qui a été ressorti du saloir pour l’occasion. Glyn Johns qui est à la production musicale ce que Raymond Goethals était au football puisqu’il a travaillé notamment avec les Beatles, les Stones, les Who, Led Zep, les Eagles, Clapton…Très à cheval sur ses principes, la première décision de Johns fut de priver Bridwell d’un de ses jouets préférés, la réverb, marque de fabrique des deux premiers disques dont l’inoubliable ‘The Funeral’ restera à jamais l’étalon-or. Mais aujourd’hui, il ne faut guère s’étonner que ce ‘Mirage Rock’, quand il ne brigue pas ouvertement la succession de REM, s’apparente davantage à une compilation « Classic Rock by Georges Lang ». Comme par exemple ‘Slow Cruel Hands Of Time’ qui lorgne plus qu’ostensiblement vers Crosby, Stills & Nash, ‘Electric Music’ très stonien ou le très Route 66 ‘How To Live’. Entre intimisme surjoué et saillies électriques pour radios FM, les purs-sangs sont devenus bourrins à force de tourner en rond. Il n’y a plus guère que la barbe de Bridwell qui reste authentiquement abrasive. Il y a fort à parier que le prochain producteur la rasera gratis. (gle)
Bat For Lashes ‘The Haunted Man’ EMI
Même si elle a une sacrée tendance à s’étouffer dans les aigus, en témoignent les premiers instants de son troisième effort ‘The Haunted Man’,
Ce disque, la manière dont il te suce, c’est très très fort. D’emblée, ‘Westminster’ te fout sur le carreau et à ce moment-là, tu te demandes encore si la suite vaut la peine d’être vécue, parce que tu imagines l’acmé et que, déjà, tu redoutes la redite, le pipeau. Et puis, saoulé par cinq écoutes de ce premier titre, plus vraiment maître de toi, tu consens à aborder ‘Thank You, Goodbye, It’s Over’, et là, tu subodores que tu ne te relèveras plus. Et tu vois juste. Dix autres morceaux dans la même veine te désarçonnent, font vaciller ce qu’il te reste de certitudes, te laissent au comptoir avec tes jambes épuisées, ta tête vide et ton sourire béat. Celui avec lequel tu offres de payer la tournée générale. Celle-ci, la suivante et celle d’encore après. Tout à fait bourré, shooté aux crescendos des harmonies, aux fulgurances pop des claviers, tu ne connais plus la crise, tu croises Arcade Fire, MGMT et les Polyphonic Spree et tu finis par citer les ‘Confessions d’un Loser’ de Mark Safranko : « quand t’as envie de fourrer une gonzesse plus d’une fois, tu sais que t’es sur un bon coup ». Un sacré canon, ouais. (lg)
Blueneck ‘Epilogue’ Denovali/Sonic
Combo anglais existant depuis le début des années 2000, Blueneck est emmené par Duncan Attwood, un chanteur au timbre vocal particulier qui lui a valu des comparaisons avec Sigur Ros. Pourtant, sur cet album-ci, Attwood a temporairement remisé sa voix pour ne laisser opérer que la dimension instrumentale de sa musique. Le disque est relativement court – à peine une demi-heure – et ne comporte que huit plages. Il n’en reste pas moins qu’il est dense et ramassé. Attwood a délibérément voulu se rapprocher du type de musique qu’il a composée pour différents films pour lesquels il a écrit la bande sonore. Stylistiquement, ‘Epilogue’ n’est pas sans rappeler ce que faisait Godspeed You! Black Emperor vers la fin des années 90 et il aurait d’ailleurs pu figurer sans encombre au sein du catalogue Constellation. (et)
BreakBot ‘By Your Side’ Ed Banger/Because/Warner
Morgane est une fille extra : lorsqu’elle exprime son mécontentement, elle ne dit pas merde ou putain, mais shitdisco. Carrément. Renseignements pris, ça lui vient de son homme – probablement un type bien, il voulait que son fils naisse en écoutant Syd Matters – qui trouve
NOVEMBER 02.11 | SIMONE FELICE 04.11 | GRIZZLY BEAR + VILLAGERS 05.11 | OPOSSOM 05.11 | SAM SPARRO 06.11 | SOPHIE HUNGER 06.11 | ALT-J 07.11 | THE MACCABEES + VERY SPECIAL GUEST 07.11 | PURITY RING + DOLDRUMS (EXTRA SHOW 3 PM) 07.11 | PURITY RING + DOLDRUMS 08.11 | EFTERKLANG: THE PIRAMIDA CONCERT FEATURING SINFONIA ROTTERDAM 09.11 10.11 11.11 13.11 14.11 15.11 15.11 16.11 18.11 18.11 19.11 20.11 24.11 27.11 29.11
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+ PETER BRODERICK
ALABAMA SHAKES + DYLAN LEBLANC THE VAN JETS HOOVERPHONIC ‘SIT DOWN AND LISTEN 2 HOOVERPHONIC’ THE CIVIL WARS + MATTHEW AND THE ATLAS SHANTEL SHACKLETON + LUMISOKEA DJANGO DJANGO + EAUX BERLAEN BEACH HOUSE + HOLY OTHER SYNTHERKLAAS ZAPPA PLAYS ZAPPA OPETH + SPECIAL GUEST ANATHEMA JESSIE WARE COCA-COLA SESSIONS: MAYA’S MOVING CASTLE + IAN CLEMENT BAT FOR LASHES + RACE HORSES
DECEMBER 06.12 | WAX TAILOR 07.12 | MONSTER MAGNET PERFORMING ‘SPINE OF GOD’ IN ITS ENTIRETY PLUS THE HITS + MY SLEEPING KARMA
08.12 | YEASAYER + TRUST 09.12 | THE HIVES + SPECIAL GUESTS THE BRONX 10.12 | CRYSTAL CASTLES 11.12 | THE JON SPENCER BLUES EXPLOSION 13.12 | CHILLY GONZALES 14.12 | CAT POWER 15.12 | ZORNIK ‘LESS > MORE’ 18.12 | DEZ MONA PRESENTS ‘A GENTLEMEN’S AGREEMENT’ 19 + 20.12 | ARNO 22.12 | AMENRA ‘MASS V’ RELEASESHOW + SPECIAL GUESTS
JAZZ IN AB 14.11 | COLIN STETSON + JOZEF VAN WISSEM 16.11 | MULATU ASTATKE - THE FATHER OF ETHIOPIAN JAZZ 28.11 | JEF NEVE ‘SONS OF THE NEW WORLD’ 05.12 | PORTICO QUARTET 07.03 | BRAD MEHLDAU / MARK GUILIANA DUO
28.11 | LOWER DENS + KISS THE ANUS OF A BLACK CAT 30.11 | THREE MILE PILOT + JOE GIDEON & THE SHARK 30.11 | SX - ALBUM RELEASE SHOW + STUBBORN HEART 01.12 | WHY? + DEERHOOF + DIIV + BRNS + CLINIC
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Earteam
que le disco, c’est pour les cochons. BreakBot, donc, ne lui plaira guère. Parce que le premier album de Thibault Berland, un dj proche de Justice, se veut un peu l’antidépresseur de cet automne. Une collection de chansons alanguies où du (shit)disco bon marché joue à chat-bitte avec des réminiscences eighties sous l’arbitrage de feu Michael Jackson. En écoutant BreakBot et ses featurings (Irfane, Ruckazoid, Pacific), on n’éprouve rien. Si c’était le but, c’est gagné. Sinon, autant prendre une aspirine et aller se pieuter avec le dernier Tellier. (lg)
Peter Broderick ‘The Walls Of Mine’ Erased Tapes
Compositeur prolifique, Peter Broderick nous a souvent gratifiés en vignettes délicates destinées à la danse ou au cinéma. Il s’est aussi ingénié à développer l’interactivité entre son public et lui, une démarche mise en avant sur l’album ‘itstartshear. com’ sorti l’année dernière. Sur celui-ci, il a convié des proches (son père), des amis et des quidams auprès de qui il a emprunté des messages et des extraits de lettres pour en faire son matériau textuel de base. ‘The Walls Of Mine’ s’aborde comme un journal personnel intime. Broderick y a consigné ses émotions de journées ordinaires, ses impressions sur son environnement immédiat (Copenhague, son intérieur, ses murs) et ses échanges avec les gens qui lui sont chers. Là où sa démarche émeut, c’est quand elle s’affirme comme profondément altruiste, quand elle prend la forme d’une communication privilégiée avec autrui, quand elle se fait le vecteur d’affinités sélectives révélées. De simples fragments de conversations, Broderick parvient à tirer de véritables chansons ensoleillées et augustes. Hormis quand il est épaulé par son ami Martyn Heyne à la basse, Broderick joue seul et de tout comme à son habitude. A 25 ans, ce type est un génie émotionnel d’une saisissante humilité. (et)
The Coup Dark Dark Dark ‘Who Needs Who’ Melodic
Malgré de multiples changements de personnel et en dépit d’une encore modeste discographie (troisième album), ils sont aujourd’hui cinq membres après avoir été quatre puis sept, Dark Dark Dark sait rudement s’y prendre quand il s’agit de mettre ses idées dans la bonne marche de l’écriture musicale. Malgré un style très composite, qui évolue entre éléments pop et cabaret berlinois jazzy parsemé de quelques enluminures balkaniques, telle l’improbable rencontre entre Lotte Lenya, Belle & Sebastian et Beirut, la recette fonctionne – et fichtrement bien. Au-delà de la très grande qualité des mélodies, dont l’évidence des ballades évoque parfois l’Amsterdam de Jacques Brel revu et visité par Shannon Wright, un des principaux atouts du style Dark Dark Dark réside en l’expressivité vocale de Nona Marie Invie, qui en dépit d’évidentes possibilités, range au rayon des oublis les démonstrations inutiles, et c’est pour mieux laisser parler les multiples nuances de sa musique. Au-delà de l’ampleur des demi-tons de sa voix, l’équilibre entre les différents participants est prépondérant dans la belle réussite de ‘Who Needs Who’. Dont le titre reflète à merveille les complémentarités de ses intervenants, qui laissent respirer le voisin en évitant de se la jouer faux modeste. (fv)
Metropolitan Orchestra assure les cordes derrière quasiment chaque morceau) mais attachant. Sur les meilleurs titres (‘Because I Know That I Can’, ‘If I Had A Heart’), on pense même au Midlake de ‘Van 0ccupanther’. (lg)
John Cale ‘Shifty Adventures In Nookie Wood’ Double Six/V2
Comment finir aphone : s’engager dans un groupe de deathcore australien et gueuler à n’en plus finir par-dessus trois guitaristes enragés et un batteur sourd & bourrin. Chez les Fucked Up, chez At The Drive-in, on appelle ça déclarer son amour. Sommet de cette poésie porcine : ‘Perceptions’, recraché à bout de voix : « you know you had your fucking chance ». Une possibilité de rattrapage ?! Oui, écouté à donf en revenant d’un concert d’Orelsan, on trouverait presque ce boucan excitant. (lg)
Exercice délicat que celui d’aborder et de chroniquer un nouvel opus de John Cale. La réputation précède l’homme. Sa carrière légendaire s’accommode mal d’un compte-rendu succinct et stéréotypé. C’est d’autant plus vrai quand on garde à l’esprit le fait que son dernier album studio remonte à plus de sept ans. C’est donc tout naturellement que ‘Shifty Adventures In Nookie Wood’, un titre au nom sibyllin, s’aborde avec curiosité. La plage introductive, ‘I Wanna Talk 2 U’, convie Danger Mouse le temps d’une session et le résultat est ma foi assez convaincant. Juste après, ‘Scotland Yard’ se veut délibérément trottant et chaloupé tandis que la plage éponyme ‘Nookie Wood’ s’avère séduisante. ‘December Rains’ s’affirme dans sa contemporanéité et se donne des allures underwoldiennes avec l’emploi notamment du vocoder. Si Cale se remémore à notre bon souvenir avec des chansons estampillées de la facture classique qui fit son renom (‘Mary’, ‘Living With You’), il nous alloue aussi des morceaux dispensables au goût du jour (‘Vampire Cafe’, ‘Mothra’.) ‘Sandman’ qui clôt le disque ne parvient pas à départager les sentiments en présence. Le disque se referme sur une impression mitigée. Cale est un grand musicien et un chansonnier à part mais il peine parfois à réitérer ses exploits d’antan. (et)
Andy Burrows
The Chevin
Buried In Verona ‘Notorius’ Warner
‘Company’ PIAS
Qui, aujourd’hui, écoute encore les Libertines ? Posez la question autour de vous et si vous obtenez sur votre main droite un pouce, voire un pouce et un index, allez plus loin, demandezleur s’ils se souviennent de Razorlight, ces soussous-Libertines, auteurs d’un très sympa premier album avant de sombrer dans l’inaudible. Andy Burrows a longtemps joué de la batterie dans ce groupe. Depuis 2009, il s’est lancé dans d’autres projets : un groupe nul (I’m Arrows), des apparitions chez les We Are Scientists et un pseudo album de Noël avec Tom Smith des Editors (Smith & Burrows). Aujourd’hui, c’est l’échappée solo – Burrows joue de tous les instruments – et, à vrai dire, on n’attendait pas un disque de ce niveau. Si une première écoute distraite pourrait faire songer à une compilation de ballades neuneus pour stades peu regardants, les suivantes dévoilent les nuances de cette grisaille : ‘Company’ est un disque automnal, larmoyant (le London
‘Borderland’ So Recordings/Ber tus
Bien que moins prolifique que ses voisines Manchester, Liverpool voire même Sheffield, la scène musicale de Leeds a cependant vu éclore quelques groupes renommés, des Gang Of Four aux Kaiser Chiefs en passant par les Wedding Present ou les Sisters Of Mercy. The Chevin s’inscrira-t-il un jour dans la lignée ? Le groupe semble avoir d’autres ambitions. Sur foi de ce premier album, l’ADN musical de ce quatuor de blancs-becs n’a en tout cas rien en commun avec celui de ses concitoyens. Et comme pour mieux renier ses origines, chose rare pour des Britanniques, c’est au milieu du désert texan que ce ‘Borderland’ a été mis en boîte. Constitué à partir de cellules souches des Killers, de Muse, de Coldplay ou des White Lies, le disque est truffé d’hymnes percutants, de gimmicks aguichants et de mélodies putassières enrobées de synthés bigger than life. La tracklist s’ouvre d’ailleurs sur le single ‘Champion’ qui ne trompera per-
sonne sur la marchandise. Taillé pour les stades, cet hymne résume à lui seul le propos et l’ambition du groupe. Le reste de l’album n’est d’ailleurs qu’une déclinaison plus ou moins réussie d’un cocktail rock épique qui a parfaitement saisi l’air du temps. La hype est en marche. Il sera difficile de l’arrêter. (gle)
Cory Chisel and The Wandering Sons ‘Old Believers’ Readymade Records
Quand on google Old Believers, on tombe sur une page Wikipédia qui parle d’un schisme dans l’Eglise orthodoxe russe. L’affaire remonte au dix-septième siècle mais, aujourd’hui encore, il existe des old believers. Il semblerait qu’ils considèrent que se raser la barbe est un péché sévère. Le rapport à Cory Chisel, c’est précisément la barbe. La barbe de ce genre de disque mollasson pour folkeux poilus bien dans les clous. Rien, à part dans le très court premier morceau, ne se passe. Produit et mixé par Brendan Benson, à Nashville, dans un studio qui s’appelle Welcome To 1979, ‘Old Believers’ est un grand raout bourré de violons, de chœurs, de pianos, de banjos, de lap steel, d’harmonicas. Convenu. (lg)
Hugh Cornwell ‘Totem And Taboo’ Cadiz Records/Ber tus
‘Totem And Taboo’, un titre d’inspiration freudienne pour ce nouvel opus de l’ex-guitariste et voix légendaire des Stranglers. Inutile cependant de verser dans la psychanalyse de comptoir de pub pour comprendre ce qui peut encore motiver le gaillard à se fendre d’un 17ème album solo à 63 balais. Sortir un disque est presqu’un réflexe pavlovien chez lui. On l’imagine d’ailleurs difficilement simoniser sa voiture toutes les semaines ou faire ses grosses courses avec Madame dans un Tesco de la banlieue londonienne. Le parfum de l’Arbre Magique qui pend au rétroviseur de sa voiture est celui de la sueur et de la bière renversée avec une touche d’urine en note de fond. Enregistré à Chicago avec cette vieille connaissance de Steve Albini, ‘Totem And Taboo’ devrait donc permettre à Cornwell de repartir sur le sentier de la guerre pour faire pogoter les quinquas qui viendront s’encanailler en chemises blanches à la sortie des bureaux. Peu de fioritures sur ce disque, le son est brut et transpire l’énergie graveleuse. A part le sticker qui sera collé sur le disque, on se demande d’ailleurs ce que Steve Albini a pu avoir comme réelle valeur ajoutée dans ce type de production. Une mention toutefois pour deux titres : ‘Stuck In The Daily Mail Land’ pour le propos sans équivoque et ‘In The Dead Of The Night’, morceau de bravoure noir et épique de neuf minutes qui clôture le disque. (gle)
‘Sorry To Bother You’ Anti-
Originaire d’Oakland, l’activiste Boots Riley dénonce depuis 20 ans l’oligarchie occidentale à grands coups de vers marxistes. Armé d’un humour ravageur et d’une indétrônable coupe afro, le rappeur assène un flow imparable, qui a fait de The Coup l’un des groupes de political hip-hop les plus respectés (et catchy) depuis Public Enemy et KRS-One, bien que leur impact soit toujours resté relatif. Les revoici après 6 ans d’absence et leur message n’a rien perdu de sa pertinence : entre-temps, Boots Riley est devenu l’un des chefs de file du mouvement Occupy à Oakland et son implication, loin d’y être émotionnelle, s’appuie sur des faits, des réflexions et des agissements qu’il souhaite le plus politiques possibles. ‘Sorry To Bother You’, bien qu’il n’aborde pas directement le sujet, témoigne de cet indéfectible engagement. L’autre bonne nouvelle est que The Coup a conservé son savoir-faire : puisant avec jubilation dans 30 années de hip-hop, les trublions s’éclatent en une multitude de tableaux réjouissants, qui dérident les zygomatiques (‘Your Parents’ Cocaine’) autant que désarçonnent par leur métissages enthousiasmants (‘We’ve Got a Long To Teach You, Cassius Greene’, feat. la folkeuse Jolie Holland et son final à l’accordéon, le funk malade de ‘Gods of Science’ où apparaît la légende Vernon Reid). Juke-box jamais redondant, ‘Sorry To Bother You’ fait défiler sur le dance-floor les silhouettes de Grandmaster Flash, Outkast, Handsome Boy Modeling School, etc. C’est sûr, on ne trouvera pas ici l’anxiété de Shabazz Palaces ni la hargne d’un Death Grips, mais la revendication goguenarde, l’inventivité musicale et l’énergie west-coast qu’ils dégagent permet à The Coup d’encaisser celui des ans avec panache. « When we slap back, it’s the magic clap ». Tu l’as dit, Bro. (ab)
Crime & The City Solution ‘A History Of Crime – Berlin 1987-1991’ Mute
Compilation de titres enregistrés lors du séjour berlinois du groupe australien Crime & The City Solution entre 1987 et 1991, ‘A History Of Crime’ne peut toujours pas cacher sa filiation avec Nick Cave et ses Bad Seeds – remarquez, nous approuvons plutôt le rapprochement. Logique au vu de la présence (à temps partiel) de la mauvaise graine Mike Harvey dans le groupe – qui a multiplié les line-ups aux côtés de l’immuable Simon Bonney, entre Alexander Hacke (Einstürzende Neubauten) et Chrislo Haas (DAF) pour ne citer qu’eux. A l’écoute des seize morceaux, on ne peut également s’empêcher de penser aux débuts des 16 Horsepower de David Eugene Edwards – tel un pont reliant l’Australie aux Etats-Unis en passant par Berlin et le Tibet (celui de David, pas le royaume du Dalai-Lama). Bienvenue et même essentielle, la présente réédition annonce un show au Queen Elizabeth Hall qui aura eu lieu à l’heure où vous lirez ces lignes (avec un combo de rêve : Jim White, D.E. Edwards et Troy Gregory des Swans), ainsi qu’un prochain album de vraies nouveautés en 2013. On en salive d‘avance. (fv)
Dead Fingers ‘Dead Fingers’ Affairs of the Hear t
L’appréciation d’un groupe qui plonge ses racines dans l’americana passe obligatoirement par l’émotion suscitée par les voix, assertion deux fois plus vraie, forcément, en ce qui concerne un duo. Taylor Hollingsworth et Kate Taylor unissaient les leurs à la ville ; ils gazouillent désormais ensemble sur scène, sous
Earteam le sobriquet de Dead Fingers, non sans avoir d’abord traîné, l’un sa guitare aux southern accents chez Conor Oberst, l’autre ses multiples talents auprès de sa Maria Taylor de sœur. Et si le bât blesse en partie, les raisons se font souvent vocales. Il est difficile de reprocher quoi que ce soit à la demoiselle (qui parvient même, au détour d’un splendide ‘Please Don’t Let Me Go’ en solo, à se transformer en alter-ego féminin de John Lennon), en revanche il faut bien avouer que Hollingsworth frôle parfois la crispation, quand il ne sape pas tout simplement la douceur soyeuse de sa compagne. Dans ses pires moments, le garçon coasse comme une mauvaise greffe entre Donald Duck et un Dylan auto-parodique (‘Another Planet’, ‘Lost In Mississippi’), dans ses meilleurs, il trouve un équilibre - d’autant plus touchant qu’il est fragile - entre le même Zimmerman et, disons, un Tim Delaughter (Polyphonic Spree). Dead Fingers trouve alors le ton juste et nous offre plusieurs pépites potaches : marelles griffonnées sur le bitume avec des craies empruntées à Kimya Dawson (‘Ring Around Saturn’, ‘On My Way’), imitation stonienne et clandestine face au miroir dominical (‘Against The River’) et ‘Hold On To’, duet lumineux mais déchirant (« how you could bring home the bread/when you’ve got no cred’? »), de loin le plus abouti de l’album. (ab)
Deerhoof ‘Breakup Song’ ATP Records/Konkurrent
Deerhoof ne répond à aucun plan marketing. La formation américaine continue de dénigrer les modes en menottant la réalité à ses idées originales. Amender les règles, réformer les attentes, intensifier les explorations soniques en privilégiant les itinéraires atypiques : le programme de Deerhoof reste fidèle à ses promesses expérimentales. Allergique au surplace, le groupe de San Francisco se déplace systématiquement. Toujours en mouvement autour d’une pop mutine, les musiciens dépensent une énergie inqualifiable pour suivre la cadence imposée par les (dé)tours de chant de Satomi Matsuzaki. Le récent ‘Breakup Song’ aborde notamment le thème de la relation amoureuse. Ce n’est pas simple et, comme dans la vraie vie, ça demande des écoutes attentives, passionnées. Un peu à l’image du couple, ce disque peut vite donner l’impression de partir en couilles. Il faut donc s’investir, ne jamais laisser retomber l’attention. Pour ça, le titre ‘Zero Seconds Pause’ en dit certainement davantage sur l’album que cette chronique. Du reste, il y a énormément de bons morceaux sur ce disque. ‘To Fly Or Not To Fly’, c’est un peu la question que devait se poser Felix Baumgartner avant de sauter dans le ciel du Nouveau-Mexique. Le mur du son, Deerhoof en fait son affaire sur ce titre qui charrie la distorsion et juxtapose fort joliment les textures synthétiques. ‘Mario’s Flaming Whiskers III’ sonne comme la bande son idéale d’un jeu vidéo d’action, aventureux et fantaisiste. Enfin, la chanson finale s’intitule ‘Fête d’Adieu’. Et elle est somptueuse. (na)
DJ Vadim ‘Don’t Be Scared’ BBE/V2
En marge de ses délires reggae avec le groupe Fat Freddy’s Drop, DJ Vadim continue de rouler des cannes sous son nom. Tranquille et détendu. Sur son sixième album solo, l’artiste tend à l’éclectisme absolu. A l’impossible nul n’est tenu. Sauf qu’à l’écoute de son ‘Don’t Be Scared’, on a quand même les boules et, surtout, l’horrible sensation de pousser les portes du Buddha Bar à l’heure de l’apéro. A peine débarqué, on écluse des litres de cocktail fluorescent : un grand mélange de n’importe quoi (soul, reggae, filmi à la Bollywood, dubstep, grime, dance-hall) avec une cerise au fond du verre pour faire joli. Picoler ce genre de trucs, c’est l’assurance d’une bonne gueule de bois. Un mal de crâne dont on ne se remet pas. (na)
Divine Fits ‘A Thing called Divine Fits’ Merge Records/Anti
S’appréciant depuis plusieurs années, Britt Daniel de Spoon et Dan Broeckner de Wolf Parade ont décidé de monter Divine Fits en compagnie de Sam Brown des New Bomb Turks. Au vu de ce line-up de rêve, on serait tenté de parler de super groupe, appellation que les intéressés rejettent en bloc. C’est que leur but est simplement de partager un moment de fraternité musicale en s’amusant, sans aucune prétention. C’est tout à leur honneur. En plus, cet album est vraiment excellent. Résolument pop au sens noble du terme, ‘A Thing called Divine Fits’ comporte onze titres, tous excellents. De manière générale, les sonorités électro se taillent la part du lion avec un côté 80s marqué. A ce petit jeu, l’euphorisant ‘My love is real’, le sautillant ‘The dalton sea’ ou le plus post punk ‘Flaggin a ride’ sont particulièrement percutants. A côté de cela, on saluera le bien groovy et funky ‘Would that not be nice’, le tonitruant ‘What gets you alone’ ainsi que la présence de plusieurs titres admirables de finesse, comme l’acoustique ‘Civilian stripes’ ou une fantastique reprise de ‘Shivers’, composé voici des lustres par Nick Cave. Un grand disque pop comme on n’en entend que trop rarement ! (pf)
El Perro Del Mar ‘Pale Fire’ Memphis Industries/V2
Chez RifRaf, on a toujours kiffé El Perro Del Mar. C’est que les possibilités de succomber aux charmes de ce projet sont trop nombreuses pour essayer de s’en tirer sans émoi. Déjà, El Perro Del Mar enferme un formidable paradoxe : sous ce nom de scène qui sent bon les vacances, le soleil et la mer, on aperçoit les mots glacés d’une Suédoise. Sarah Assbring est charmante, elle vit à Göteborg. Là-bas, ses chansons déplacent toujours la mélancolie sous les reflets sépia d’un soleil couchant. Son quatrième album (‘Pale Fire’) marque pourtant un tournant. Ou plutôt une sortie de route. Cette fois, on est ailleurs. Le cocon fragile dans lequel El Perro Del Mar enfermait jadis ses trésors (mélodies raffinées et chants délicieusement surannés) s’est ouvert. Les refrains intimistes s’agitent désormais à la lumière du jour. Sarah Assbring s’essaie à une foulée plus longue. Disco down tempo (‘Walk On By’), dub polaire (‘I Carry The Fire’) et sucreries sensuelles (‘Hold Off The Down’) font aujourd’hui partie de son quotidien. Mais on s’y sent toujours bien. (na)
Fang Island
groupe signé par les Kings of Leon sur le label que ces derniers ont créé. On aurait tort d’imaginer que The Features est une version bis de ses glorieux aînés. Musicalement parlant, le groupe a du coffre, de la technique et fait montre d’inventivité. Si le rock proposé est d’essence sudiste – il suffit d’écouter ‘Kids’ pour s’en convaincre, il fréquente des sentiers assez pop. Sous leur habillage rock – les riffs, l’énergie brute, des titres comme ‘Big mama gonna whip us good’, ‘Another one’, ‘How it starts’ et ‘Offer up’ sont de véritables odes à l’évidence mélodique et à l’immédiateté, ce qui fait du bien par où ça passe. On est en outre sous le charme de l’efficacité rythmique ainsi que du timbre de voix chaud, limite crooner, de Matt Pelham qui fait notamment des merveilles sur l’hommage que rend le groupe à Fats Domino sur le titre du même nom. Exception faite de la présence de synthés parfois superflus, ‘Wilderness’ est un album solide et séduisant. (pf)
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‘Major’ Sargent House
Entre heavy, emo et power pop, la musique de Fang Island laisse exploser ses guitares dans un grand élan euphorique. Difficile, ici, pour les plus pessimistes d’éviter l’avalanche de sourires déclenchée par ces hymnes exaltés. Avec un batteur pour seul régulateur, les six cordes s’en donnent à cœur joie. Elles font tout péter. Gonflés à l’hélium, les refrains montent au ciel comme un gigantesque lâcher de ballons. C’est multicolore, grandiloquent : ça donne envie de lever les bras en l’air et de secouer les cheveux au vent. Fang Island se hisse à la croisée d’autoroutes balisées par Ratatat, Band of Horses, Weezer et My Morning Jacket. Le trio new-yorkais fait souvent preuve d’un enthousiasme exacerbé. Sur la longueur, les chœurs émerveillés (« Aaaaaaah ») et les cris ahuris (« Oooooooh ») peuvent user mais, dans l’instant, c’est assez palpitant. On a l’impression de déborder de joie, d’être vivant, d’appartenir à un clan de réjouis : les « heavy babas » ou les « hippies rockers », au choix. On gagne certainement deux minutes de vie en s’emballant comme un poney sur ce petit plaisir coupable. Ce qui, en soi, est déjà mieux que rien. (na)
The Features ‘Wilderness’ Serpents And Snakes/BMG
On a beaucoup parlé de ce quatuor originaire du Tennessee dans la mesure où il a été le premier
Douglas Firs ‘Shimmer & Glow’ Gentle Recordings/Universal
Prendre comme nom de scène celui d’un sapin, c’est épineux. Lol. Mais pas tant que ça : le nouveau projet de Gertjan Van Hellemont (guitariste chez le doué Bony King Of Nowhere et les moins emballants Zender) tire plutôt vers l’Amérique et ses folkeux pas drôles. Neil Young, Neal Casal, ce genre. C’est, souvent, très beau (le dépouillé ‘Baby Jack’, superbe). Ça frôle, parfois, un peu trop l’exercice de (lap) style. Au final, les deux morceaux du disque qu’on retiendra le plus ressemblent à des chutes des deux derniers Black Keys (‘I Don’t Think You’re Good To Have Around’ et ‘Dirty Dog’). Poisseux, collants. Comme la résine des meilleurs conifères. (lg)
Frightened Rabbit ‘State Hospital’ Atlantic Records/Warner
On vous avait déjà touché un mot élogieux en ces pages de leurs compagnons qui roulent les « r », l’affectueuse bande écossaise d’Admiral Fallow. Ici, nos lapins, pas si timorés depuis leur clappier indie, quelque part du côté des champs de la pop très organique, font leur réapparition, percussions et chœurs battants pour cinq titres avant la grande parade : la promesse certaine d’un quatrième album en février. Rien qui bouleverse à
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priori l’ordre établi, sans doute pas de quoi voir la prolifération de rongeurs augmenter considérablement mais ‘State Hospital’ contient cinq morceaux conçus avec un enthousiasme méritant et un sens des trouvailles minuscules (‘Boxing Night’ et ses torsions électroniques en arrière-plan). Parmi ce panier agréablement garni, on épinglera particulièrement ‘Wedding Gloves’, judicieux métissage entre le spoken word rugueux d’Aidan Moffat (ex-Arab Strap) et l’organe plus exalté et aigu de Scott Hutchinson, porté par les voix du groupe complet pour un final brillant : largement de quoi donner un petit goût de reviens-y ! (alr)
The Gaslamp Killer ‘Breaktrough’ Brainfeeder/PIAS
Sorte de shaman du beat ectoplasmique, The Gaslamp Killer reste pour beaucoup l’homme qui a roulé la bonne came de Gonjasufi sur l’album ‘A Suffi and A Killer’. Mais le DJ et producteur, maître d’œuvre d’un hip-hop transgénique, ne s’occupe pas exclusivement des cas sociaux et des drogués. A la maison, il travaille également sur une discographie personnelle rongée par la mérule et autres spécimens de champis hallucinogènes. En plein trip, The Gaslamp Killer explore les sons : du funk chez les martiens, du jazz chez les pirates, du rap dans le désert. Ce premier album (‘Breaktrough’) est un fourre-tout un peu barré et totalement accessoire. Les artistes invités (Daedelius, Dimlite, Shigeto, etc.) à partager le calumet ne tirent pas spécialement le disque vers le haut. Le seul capable de procurer de véritables morceaux (‘Veins’ et ‘Apparitions’) au Gaslamp Killer s’appelle Gonjasufi. Soit un prêté pour un rendu. (na)
Górecki ‘Miserere’ Decca/Universal.
En revenir aux classiques. En revenir au classique. Sortir aussi des classiques. Ainsi de Górecki, l’auditeur peu familier avec sa musique ne connaît-il et ne retient-il souvent que la fameuse ‘Symphonie n°3’, une des rares œuvres de musique classique contemporaine a être entrée dans le Top 50 anglais. Cette symphonie n’est pourtant pas la seule œuvre significative du compositeur polonais récemment décédé. Moins connue, moins médiatisée, le ‘Miserere op. 44’ est sans doute toute aussi importante. Ecrite au milieu de sa carrière en 1981, elle témoigne de son attachement aux valeurs spirituelles mais aussi de sa foi chrétienne. Mais ce n’est pas tant le message religieux qu’il faut voir derrière son déploiement, c’est davantage la manifestation de la conviction du compositeur en ce que l’on peut parvenir à la vérité nue d’une œuvre d’art en la délestant de son superflu. Ainsi Górecki a t-il voulu rendre hommage aux événements douloureux et dramatiques qui frappèrent la Pologne au début des années 80 sans recourir à l’allusion directe ou à la dénonciation. Interprétée magistralement par le Los Angeles Master Chorale (qui l’avait déjà exécutée dix ans auparavant et qui vient de collaborer avec Nico Muhly du label Bedroom Community), elle s’étend du registre des basses, pour voix d’hommes uniquement, aux soprani, en passant par des mouvements lents, très lents ou implorants d’une très grande beauté. Cette musique à capella sans fard et sans artifice se suffit à elle-même dans son humilité. Elle parvient même à faire passer les chants marials qui la suivent en addenda pour des étourderies sans conséquence tant son dépouillement est immense. Respect total. (et)
Green Day ‘¡Uno!’ Reprise/Warner
Green Day sort un nouvel album. D’ici, on en voit déjà qui font la grimace. Ils risquent même de vo-
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Earteam
mir en apprenant que ce disque (‘¡Uno!’) n’est jamais que le pilier d’une trilogie à venir (‘¡Dos!’ et ‘¡Tres!’ sont en préparation). Pour échapper au raz-de-marée, il faudra donc courir rapidement, plus vite que les tubes punk-pop du trio de Berkeley. C’est que les Américains assurent l’essentiel sur cet effort speedé comme un vieux camé. Terminé les opéras rock (le très bon ‘American Idiot’) et les grands concepts (le très mauvais ‘21st Century Breakdown’) : Green Day rejoue du Green Day. Récemment invité à Las Vegas pour présenter ‘¡Uno!’ dans le cadre du iHeartRadio Festival, le groupe a tout déglingué. En beauté. Ici, les blockbusters (Rihanna, Bon Jovi, Linkin Park, Usher, Lil Wayne ou Enrique Iglesias) se succèdent dans un défilé ultra millimétré. Chaque artiste reçoit 45 minutes et puis, basta. Sauf que, ce jour-là, les organisateurs ont la mauvaise idée (quoique) d’amputer le set de Green Day. Alors que les trois rockeurs ressassent un énième ‘Basket Case’ devant un parterre de collégiennes en rut, le prompteur-compteur passe subitement de « 25 Minutes Left » à « 1 Minutes Left ». Autrement dit, la formation californienne doit dégager sur-le-champ. Pas content, Mike Dirnt met sa basse au tapis. Mais ce n’est rien en comparaison avec la colère du chanteur Billy Joe Armstrong qui, tout en battant le record du monde de « Fuck » enfilés dans une même phrase, assène quelques vérités à une assistance médusée : « Green Day existe depuis 1988 et n’a jamais cessé de jouer. Green Day n’est pas cet enculé de Justin Bieber ». Sur ce, il attrape sa guitare et l’explose… en moins d’une minute. A sa sortie de scène, le leader du groupe est prié d’entamer une cure de désintox et de présenter ses excuses. Cette anecdote vaut ce qu’elle vaut, mais elle témoigne d’une rage adolescente intacte dans le chef de Green Day, toujours en forme malgré le poids des années et la pression d’un business ultra-formaté et complaisant. (na)
Grönemeyer ‘I Walk’ Groenland/V2
Peu connu chez nous mais très célèbre en Allemagne, Herbert Grönemeyer glisse peu à peu vers la soixantaine transbordant derrière lui une vie bien remplie, riche en rencontres et en réseaux. Outre une modeste carrière d’acteur, c’est d’abord sa passion de musicien qui le conduira pendant des décennies pour finalement déboucher sur le succès, couronné par l’album ‘Mensch’ sorti en 2002 vendu à plusieurs millions. On lui doit également la création du label Groenland (ou Grönland), lequel rééditera quantité d’artefacts krautrock dont l’intégrale de NEU! Cet album, son déjà quatorzième, revisite des morceaux qu’il a écrits au cours des dernières décades et convoque quelques invités de marque dont Antony Hegarty, James Dean Bradfield (Manic Street Preachers) et Bono qui prête son concours vocal sur une nouvelle version de ‘Mensch’. Il y a beaucoup d’empathie et d’affection dans les chansons de Grönemeyer mais aussi la trace de blessures comme sur ‘Keep Hurting Me’ ou ‘The Tunnel’. Il y a aussi un sens certain de la mélodie chavirée, pas très éloigné de celui d’un Randy Newman à l’égard duquel il porte d’ailleurs une estime non feinte. (et)
The Herbaliser ‘There Were Seven’ Depar tement-H
Biberonnés au dub, au hip hop, au funk, au film noir et au ragga, le duo aux platines de Herbaliser, qui vit le jour chez Ninja Tunes, a trouvé sa formule définitive en 2005 sous forme d’un septet aux jams tout ce qu’il y a de plus organiques. Après un détour sympathique mais ne dépassant pas l’anecdote avec ‘Same As It Never Was’, ils reviennent ici à leurs premières amours, réunissant Raymond Chandler, Quincy Jones et Tone-Loc sous une même bannière.
Bill Fay ‘Life Is People’ Dead Oceans
Un des rares mérites de prendre de l’âge tient peut-être dans la prise de conscience des douleurs que la vie réserve à ceux qui l’étreignent de trop près mais davantage encore dans le fait que ce sont ces douleurs vécues qui vous donnent du relief et de l’épaisseur. A défaut, les choses demeurent piteusement lisses. Sur la pochette de son premier album éponyme, Bill Fay se tient sur la surface liquide d’un étang dans un parc, la saison importe peu, tout est dans le regard oblique, dyslexique qu’il nous porte. Dès le départ, on pressent qu’il est promu à une carrière. Il n’en sera rien. Très vite, Bill Fay sera largué par son label, Deram (filiale de Decca), pour cause de ventes insuffisantes et restera confiné des décennies durant dans l’anonymat. Il faudra patienter 2005 pour un timide et discret retour discographique et médiatique. C’est dire si cet album était attendu. ‘Life Is People’ est un disque éclairé au titre existentiel qui fait suite à des années de disette. Bill Fay y révèle sa vraie nature de parolier extraordinaire et de chanteur forclos, dépossédé malgré lui. Une voix cassée qui se meut à la façon d’une brise automnale tonale. Une douzaine de chansons qui pointent vers le ciel dont certaines revendiquent ouvertement leur côté spirituel, pour ne pas dire religieux. ‘There Is A Valley’ ouvre le disque de façon optimiste, presque accueillante, mais il ne faut pas longtemps pour que la densité s’installe. Sur ‘The Never Ending Happening’, on saisit le poids d’une vie, une impression que confirme ‘The Healing Day’ et ‘Empires’. Jeff Tweedy de Wilco fait une apparition sur ‘This World’ mais c’est ‘Thank You Lord’ qui retient notre souffle pour sa grâce dévotionnelle tandis qu’en guise de clôture ‘The Coast No Man Can Tell’ achève de nous le couper sans que nous en ayons pris conscience. Possible chaînon manquant entre Dylan et Nick Drake. Magistral. (et)
‘There Were Seven’ est la BO parfaite pour un anime jap’ façon Shinichiro Watanabe, en hommage à la blaxploitation : poursuite en Ford Mustang (‘Take ‘Em On’, bombe psyché-soul où flute et basse se taillent la part du lion), glamour james-bondien (‘The Lost Boy’, tout simplement parfait), intrigues interlopes (‘Crimes and Misdemeanours’, ‘Deep In The Woods’), on se prend au jeu de longer les murs, non sans jeter un regard inquiet par-dessus son épaule. Pattes d’eph, vestons et magnums se découpent sur les toits, une femme crie au balcon, tiens, v’là ta cigarette, poupée, raconte à M’sieur l’Inspecteur. George The Poet et les MC Twin Peaks & Teenburgers, invités à jouer les entremetteurs, arpentent ces rues de San Francisco avec une aisance classieuse. Herbaliser n’évite cependant pas toujours les fillers (‘Setting Up’) et gagnerait à mettre la pédale douce sur les samples de dialogues. En l’état, ‘There Were Seven’ n’en est pas moins une sacré réussite. (ab)
Hidden Orchestra ‘Archipelago’ Tru Thoughts/Rough Trade
Emboîtant le pas à celui posé habilement par The Cinematic Orchestra, un autre faux orchestre, le Hidden Orchestra se dévoile à la faveur d’un album câlin et caressant. Le combo est emmené par un certain Joe Acheson qui lui insuffle à la fois son âme et sa vitalité tout en confectionnant, à l’aide de sa basse et de samples particulièrement subtils, la charpente de ses morceaux. Deux percussionnistes et un pianiste/violoniste l’accompagnent. C’est une espèce de post-jazz entièrement instrumental qu’il nous est donné d’entendre à l’endroit duquel demeure toujours ouverte la question de savoir si son matériau sonore de base est original ou la résultante d’un savant travail d’échantillonnage. Si le bien nommé ‘Overture’ fait office de préface agréable, ‘Flight’ qui le suit un peu plus loin est la plage la plus attirante du disque et son premier single, copieusement joué dans les émissions radio entre autres de Jamie Cullum et de Gilles Peterson. Plus loin encore ‘Vorka’ démontre la capacité du groupe à exporter sa musique hors de son support naturel tandis que ‘Reminder’ et surtout le très long ‘Seven Hunters’ constituent des moments sonores fins et nuancés. ‘Vainamoinen’ achève le disque sur des tonalités de cordes plaisantes. (et)
Homeboy Sandman ‘First of a Living Breed’ Stones Throw/V2
Après deux albums clandestins, le rappeur du Queens sort de l’ombre. Premier disque signé
sur une structure digne de son talent, ‘First of a Living Breed’ a tout pour briller. Sa production (signée par le binôme Jonwayne/ Oh No) farfouille avec bonheur dans les canalisations du hip-hop alternatif. L’underground remonte à la surface : les plans d’antan s’hydratent à l’air du temps. La réaction chimique est spontanée, moderne, complètement inattendue. Le flow tendu vers l’avenir, Homeboy Sandman culbute les références (Eminem, De La Soul, Talib Kweli, Digable Planets) et slalome entre mélodies mutantes et mesures lancinantes. Impassibles (‘Illuminati’) ou irrascibles (‘The Ancient’), ses mots organisent la résistance : une castagne littéraire, un effort consciencieux pour en découdre avec la misère et les galères d’un quotidien profondément englué dans la crise. ‘First of a Living Breed’ vient compléter le bilan de santé annuel du hip-hop. Extrêmement positif. (na)
Patterson Hood ‘Heat Lightning Rumbles In The Distance’ PIAS
Figure de proue des Drive-By Truckers, Patterson Hood s’était déjà essayé avec un premier album sorti en 2009. Dans le cours d’une période de profond remaniement dans sa vie sentimentale et active, il s’est mis à écrire une multitude de nouvelles chansons et s’est essayé à l’écriture d’un livre qui aurait reflété ses états d’âme. Le livre s’avéra difficile à mener à bien tandis que les chansons trouvèrent aisément leur voie. Les meilleurs sont reprises sur ce disque. En fait d’album solo, Hood est plutôt bien entouré. Figure ici la quasi-totalité des anciens Drive-By Truckers ainsi que d’autres invités proches tels son père. Le disque a été enregistré à Athens, Géorgie, place forte musicale s’il en est. Si son style ne se départ jamais de l’americana de bonne facture, son contenu oscille entre de petites histoires sans gravité et de vifs témoignages dont on devine parfois les blessures. (et)
Victor Hublot ‘Contes De La Libido Ordinaire’ Psoriadiscs
« Victor Hublot est un déséquilibré mental. » Ce n’est pas moi qui le dit, mais Jacques Duvall himself. Si on laissera à notre ami Jacques la responsabilité de ses propos, il est indéniable
que Victor Hublot est un artiste à la marge, voire à la masse. Cela fait maintenant trois décennies qu’il nous balance de façon sporadique le résultat de ses délires les plus fous. Hublot, c’est quand même le genre de mec capable de vous balancer une version électro cold wave dark de ‘La p’tite gayolle’. Sur ce nouvel album, il s’est mis en tête de revisiter à sa façon onze classiques de la chanson française. Concrètement, il déconstruit, dénature, reconstruit - massacre, diront certains - les morceaux choisis pour en proposer des versions mutantes et inattendues. Trop heureux de se joindre à un projet aussi délirant, Duvall a accepté de prêter sa voix à Victor, tout comme l’actrice et chanteuse Isabelle Wery. Le résultat est des plus surréalistes et par moments franchement jouissif. ‘Boum’ de Charles Trenet se mue en trip robotique spasmodique alors que ‘Tous les garçons et les filles’ devient une complainte électro d’un pessimisme absolu. De même, le délirant ‘J’aime pas le rock’ de Jean Yanne flirte avec le rockabilly électro glacé, alors qu’‘Amoureux solitaires’ d’Elli et Jacno vire au cauchemar indus gothique et que ‘Film’ de Pierre Vassiliu est transfiguré en titre dub façon Gainsbarre. Parfois quand même, on trouve une version proche de l’original, comme avec ‘J’aime regarder les filles’ de Coutin qui, avec ses beats martiaux, gagne en intensité salace. Voilà un exercice iconoclaste qui fera hurler les puristes tant mieux - tout en gagnant le respect total des amateurs de curiosités audacieuses. (pf)
The Jim Jones Revue ‘The Savage Heart’ Punk Rock Blues/PIAS
Prédicateurs cracheurs de feu sacré, les Jim Jones sont de retour pour réveiller le rock’n’roll à coup de maléfices vaudou. Ces Londoniens, on ne le dira jamais assez, sont les fils spirituels d’une jamboree arrosée et explosive qui aurait vu se rassembler dans les bayous Keith Richards, Dr. John et Jerry Lee Lewis, sous le regard approbateur d’alligators albinos. A l’étiquette garage, je préfère leur apposer celle de swamp rock, bien plus appropriée : leur groove est un bourbier poisseux et moite, qui colle aux instruments (ici et là pendouillent aux cordes roseaux et magnolias) et jaillit en flots grumeleux de la bouche du Maître de Cérémonie. Armés d’un nouveau pianiste au doigté venimeux, nos pyromanes favoris troquent ici la désinvolture festive de ‘Burning Your House Down’ contre une posture volontairement plus sombre. En résulte un ‘Savage Heart’ qui témoigne d’une indéniable vigueur rythm’n’blues aux accents démoniaques (splendide ‘In and Out Of Harm’s Way’), mais qui peine à se renouveler. Freiné par une production moins immédiate que son prédécesseur et par trop uniforme, le Jim Jones nouveau vous choppe par la main pour vous entraîner dans un swing endiablé, mais finit par s’écouter d’une oreille distraite, hélas, malgré ses qualités flagrantes. Un gumbo qui manque d’un rien de piment, sentiment qui ne demande qu’à être balayé sur scène où, rassurons-nous, nos sorciers ré-épicerons furieusement leurs récentes compositions. (ab)
Charlie Jones’ Big Band ‘Until I Get Bald’ Goomah/Excelsior/V2
Charlie Jones est flamand, porte des bretelles et a les cheveux de David Lynch. Il craint donc la calvitie, mais il aime les animaux morts, grave son visage masqué dans du cristal et fabrique des disques en chocolat. Oui, car il lui arrive de chanter aussi. Charlie Jones est comme ça, il tient à s’exprimer de toutes les façons. ‘Until I Get Bald’ est son troisième disque avec le Big Band, un album-réponse à ses œuvres non musicales : « Gonna throw myself in the woods/gonna do wathever I want/gonna make a new kind of people/gonna hate art until I get bald ». Lard ou cochon ? Or ou ferraille ? Charlie Jones est un artiste contemporain. L’ironie n’est pas une posture, it’s a way of live. Reste que l’album en a de beaux, restes. Et que la pose académique s’y fait
beursschouwburg
November December
We
28 Th 4 We 5 We 12 Fr 14 Sa 22
Citizens! (UK) Low Leaf (US) DJ Onda Sonora (BE) On-Point (BE) RollerMadness feat. 22tracks Skip&Die (NL) CD release Jozef Dumoulin Trio ft. Trevor Dunn & Eric Thielemans (BE) Kenji Minogue (BE) Anne Clark (UK) Matthew Dear (US) Led Er Est (US) Mushy (IT) Nosedrip (BE) Chrs Glarreta (PE) & Seiji Morimoto (JP/DE)
Rue A.Ortsstraat 20–28 1000 Brussel
6 We 7 Sa 10 We 14 Sa 17 We 21 Th 22 Tu
.be
Night Beats (US) Acid Baby Jesus (US) The Jim Jones Revue (UK) Ensemble ft. Xosar (US/NL) Moomin (DE) Kong & Gratts (BE) Brussels Youth Jazz Orchestra (BE)
concerts Concert — hip hop/dubstep
ODEZENNE (FR), FANTASTIC MR FOX (UK), SERIAK
SAMEDI 10 NOVEMBRE — 19H45 GRAND MANÈGE 10 € EN PRÉVENTE/ 14€ LE SOIR MÊME
theatredenamur.be - 081 226 026
20
Earteam
heureusement discrète. ‘Until I Get Bald’ marche plutôt dans les pas d’un Tom Waits. Bien que sa voix soit loin de la patine émerisée de Tonton Tom, Charlie (de son vrai nom Jan Verstraeten) nous sculpte des comptines blues-folk cabaret qui sentent l’escarbille, la plume et le giproc et parviennent à l’occasion à nous faire frissonner, tant d’effroi (le final maléfique du morceautitre, qui évoque le trop rare Dave Ouimet et son Motherhead Bug) que de confort (‘Jesus Has Left The Sky’ et son gospel de guingois ; ‘Heaven Is Close’ tout en beauté cotonneuse). Une jolie découverte, ambitieuse mais intime, et plus sincère que ce que le parcours du bonhomme laisse présager. (ab)
Kid Koala ‘12 Bit Blues’ Ninja Tune/PIAS
En pleine « Retromania », Kid Koala publie son manifeste. Liant passé et présent sous la pochette de ‘12 Bit Blues’, le scratcher canadien nous en bouche encore un coin. En boucle sur ses platines, une collection de 45 tours vieux comme le monde : des disques bourrés de spleen où l’on chante le mal du pays avec le cœur déchiré et l’esprit torturé. Base élémentaire des musiques populaires, le blues se réinvente sous la cellule ingénieuse de Kid Koala, bestiole indomptable du turntablism. Sur son nouvel album, l’animal dissèque les séquences, mutile la musique du diable et échantillonne des cordes de gratte jurassique. Ces vieux bidules recyclés pourraient sonner comme un exercice de style pompeux et anachronique, mais il n’en est rien. Kid Koala malaxe une matière qu’il affectionne. On peut sentir la passion vibrer sous ses doigts. Ses scratchs sont millimétrés, parfaitement calibrés. Fabuleux morceaux d’histoire, les titres démembrés sont reconstruits avec subtilité et saupoudré d’un parfait dosage de modernité. Opération réussie. (na)
Klezmic Zirkus ‘Klezming Pool’ Home Records
Ce Zirkus a beau être belge, sa réappropriation klezmer-mayonnaise n’en est pas moins énergique, ni épatante : sans prétendre rivaliser avec d’autres brillants bidouilleurs actuels (Yom and the wonder rabbis) ou de glorieux et authentiques aînés (Kroke, pour n’en citer qu’un), les cinq liégeois ont arpenté toute l’Europe et une partie de la Russie et se sont même attirés les oeillades du canadien Geoff Berner et – total respect – de David Krakauer himself, qui les a accompagné de sa clarinette ces quelques jours d’octobre sur quatre scènes du Royaume. On a vu pire anoblissement. Sur ‘Klezming Pool’, ils démontrent de leur capacités, certes dénuées de guests (ça manque un brin de chants), mais non d’inventivité. Ca jamme, ça jazz, ça groove, ça pulse, même. Klezmic Zirkus possède ce petit plus qui fait merveille chez qui se frotte à la tradition sans craindre de lui faire du mal, s’autorisant même des accents de feu X-Legged Sally sur l’enivrant ‘Le Bus’. Un groupe dont on peut s’enorgueillir sans rougir et qui, sûrement, va encore passer près de chez vous. Courez-y.(ab)
Krakow ‘Diin’ Karisma/Records/Plastic Head Music
A ses débuts, ce combo norvégien évoluait dans un registre purement stoner mais a depuis intégré des influences prog et space rock pour proposer ce qu’il appelle volontiers un post métal expérimental. A vrai dire, Krakow reste fidèle à ses amours de base, puisque le côté stoner est toujours bien présent, notamment sur l’excellent ‘Future past’. En même temps, ‘Diin’ va beaucoup plus loin que cela. Il intègre la noirceur de Neurosis, promeut une esthétique guère éloi-
Get Well Soon ‘The Scarlet Beast O’Seven Heads’ Cit y Slang
Konstantin Gropper a eu trente berges ce 28 septembre. Un âge où, généralement, on se calme un peu. Où l’ironie succède à l’humour qui tache. Rien de tout cela ici : l’Allemand semble lancé sur l’autobahn toujours plus large de la démesure. Un clip – merveilleux dans sa version uncut – résume ‘The Scarlet Beast O’Seven Heads’ en plus de sept minutes : c’est une immense fresque qu’on dirait tirée d’un western spaghetti triple portion avec des bêtes mythologiques, des nains bizarres, des pratiques ésotériques moyenâgeuses, des militaires en masques à gaz, de l’hémoglobine qui gicle. On pige que pouic au bazar mais on reste scotché. Comme, à vrai dire, par tous les disques du démiurge teuton. Mais ici plus qu’ailleurs. Ce troisième opus, davantage encore flamboyant et giboyeux, incommensurable, est à coup sûr le meilleur. Les chansons sont superbes, l’écriture fluide, les arrangements somptueux (chœurs, cuivres, cordes s’accordent comme jamais). Les marottes sont au rendez-vous, bien sûr : l’emphase d’Arcade Fire, l’éloquence de The Divine Comedy, le souffle de Morricone. Mais, au travers d’un instrumental plus fin, on peut surprendre aussi le fantôme de François de Roubaix. Ou, plus étonnant, imaginer le temps d’un titre kilométrique (‘You Cannot Cast Out The Demons, You Might As Well Dance’) ce que donnerait le folk racé de Syd Matters éconduit sous la baguette d’un grand orchestre. Colossal. (lg)
gnée de celle de Mastodon tout en développant des ambiances space rock. Il en résulte un album puissant, à la fois lourd et trippant, un petit peu comme si Hawkwind rencontrait Isis. Le grandiose et atmosphérique ‘Hymn to the winds’, l’accrocheur ‘Mark of Cain’ ou le trippant ‘Mound’ sont des titres particulièrement marquants qui témoignent de la pertinence de l’évolution privilégiée par le groupe. (pf)
Mai Lan ‘s/t’ 3ème bureau/Wagram
Poupoupidou, tranchant inclus ? Entrée en matière, avant méfait : je te susurre Sade (le marquis, pas l’anglaise) versus Charles Manson sur le registre «Bonne nuit les petits » dans le film de mon frangin, celui où Vincent Cassel porte un pull qui gratte et la démence dans sa moustache. Je charge la dose pour la presse: « Je crois que je n’aime que les choses barrées… Je ne sais pas si ça se ressent dans l’album. Je pense que le concret c’est relou. L’art doit servir à s’échapper de la réalité. ». Cessons la diplomatie : moi, tes historiettes bien produites, avec leurs chœurs girly (à moins que ça soit « délicieux » ?) et leurs ukulélés me semblent plus transparentes que branques ou révélatrices de toi et je ne bouge pas d’un pouce. Dans une catégorie analogue, une Soko sonne nettement plus vrai, fais-toi une raison. Tu rêves d’évoquer l’inconscient, le dogme, la provocation? Aie l’humilité de laisser l’art discursif à ceux qui le maîtrisent ou tes morceaux faire le job, une prochaine fois. « Sauf si les Mayas et Roland Emmerich ont vu juste ». Sic ! (alr)
boostent le moteur et appuient à fond de balle sur l’accélérateur. Le bolide fume de partout, le pot d’échappement crache du punk, du blues : l’essence du rock’n’roll. Une petite vidange ? (na)
Lento ‘Anxiety Despair Languish’ Denovali Records/Sonic
Depuis la sortie de son premier album en 2007, ce combo italien s’est profilé comme étant l’un des groupes les plus intéressants de la scène post métal. Avec ce nouvel opus, Lento propose treize compositions instrumentales qui mêlent une foule d’influences dans un moule profondément novateur. A la première écoute, l’ensemble pourrait sembler manquer de cohérence et s’apparenter à un amas de sons et d’ambiances disparates superposés au petit bonheur la chance. Pourtant, si l’on prend le temps de se pencher sur cet album, celui-ci prend peu à peu tout son sens, et l’on en vient à considérer ‘Anxiety Despair Languish’comme un voyage, voire une épopée nous proposant un éventail d’ambiances et de sentiments. Passant d’un moment aéré et mélodieux à une montée de riffs doom, brisant le rythme de ses compos pour mieux nous surprendre, Lento tisse une toile envoûtante, une sorte de fresque touchant à tout ce que le métal peut proposer d’original et novateur. Dur d’accès, mais fascinant. (pf)
Left Lane Cruiser & James Leg ‘Painkillers’
ALtERNaTIVE ONLINE-RECORDSTORE
Alive Natural Sound
Impuissant, on assiste aujourd’hui à une délocalisation de la main d’œuvre. Le savoir-faire fout le camp là où le profit est le plus grand. Récemment, cette réalité a rattrapé la scène garage : les Black Keys ont fermé la grille du hangar familial pour rejoindre les chaînes de montage d’un gros concessionnaire. L’appel du chiffre d’affaire culbute les fondements de l’artisanat, c’est comme ça... A l’ombre des projecteurs et des juteux contrats internationaux, quelques garagistes perpétuent pourtant les traditions. Par amour des carrosseries cabossées et des bécanes qui, jusqu’à la dernière goutte, pissent de l’huile sur le bitume. Pour assurer leurs arrières, les mécanos de Left Lane Cruiser se sont adjugés les services du révérend James Leg, ferrailleur imbibé, pianiste survolté et boss du groupe Black Diamond Heavis. Sur le récent ‘Painkillers’, la graisse et la crasse s’amassent sur des mélodies mal dégrossies. Les mains dans le cambouis, les cowboys
Lukid ‘Lonely At The Top’ Werkdiscs/Ninja Tune
On entre dans ‘Lonely At The Top’ comme on pénétrerait dans une boîte de nuit, via un long couloir au velours épais où nous parviendraient les rumeurs d’une piste de danse branchée sur un funk lounge prometteur d’ambiance ouatée. Passé les portes, c’est la stupeur : la salle est vide, cà et là les vestiges d’une présence, les lumières tournent à vide, un parfum d’apocalypse zombie embaume les fumigènes, le funk se fait post-rock, incantatoire, religieux. On panique, on se retourne, mais déjà les portes se sont refermées. Le smoothy ‘Bless My Heart’ a définitivement fait place à des beats saturés et crayeux, comme une rave de gravillons dans
une bétonneuse au ralenti, qui rappellent l’éphémère Disjecta, ou Seefeel en moins indus, deux autres étoiles de Ninja Tune. De temps à autre s’esquisse une ritournelle fantômatique (‘Snow Theme’, le très kraut ‘Tomorrow’, ‘USSR’ descente de speed d’un David Guetta sous morphine) qui, loin de vous rassurer, vous plonge un peu plus dans la mélancolie. Lukid joue avec vos sentiments, compose une mélopée electronica hypnotique et ambiguë qui vous tiraille entre peine et espoir et retrouve le temps de ‘Lonely At The Top’ cette touche années 90 si particulière qui fit les beaux jours du label au shuriken. (ab)
Madness ‘Oui Oui, Si Si, Ja Ja, Da Da’ Sterling holdings Limited/Cooking Vinyl
Passons vite sur le titre de l’album - qui se veut sans doute être un clin d’œil linguistico fun mais qui fleure surtout les délires potaches de fins de soirées éthyliques - pour se concentrer sur la musique, laquelle, oui oui, est raisonnablement convaincante. Cette bonne surprise est plutôt inattendue vu que Madness n’avait plus rien sorti de très intéressant depuis le milieu des années 80. On ne trouve sans doute ici rien d’aussi percutant que les classiques ‘One step beyond’, ‘My house’ ou ‘House of fun’, mais on ne s’ennuie jamais, ce qui n’est déjà pas mal. Le groupe affiche un entrain plus que respectable pour des quinquas que l’on pourrait craindre ramollis et la veine mélodique est indéniablement présente. On pourrait facilement se trémousser sur ‘My girl 2’ et ‘How can I tell you’, alors que le groupe se fend de plusieurs titres downtempo et pop aux arrangements assez bien sentis tels ‘Never knew your name’, ‘Death of a rude boy’ ou ‘Circus freaks’. Si cet album ne va sans doute pas être à l’origine d’un retour sous les spotlights d’un groupe que l’on avait un peu perdu de vue, on est ceci dit heureux d’apprendre qu’il se porte bien. (pf)
Case Mayfield ‘The Many Colored Beast’ PIAS
Qu’il nous semble de prime abord candide ce gosse (25 ans tout mouillés, un duvet de lait frais) à ne pouvoir détacher ses paupières à cils longs du portrait sépia de ses parents sur la cheminée, avec ses mines de séraphin à col amidonné, sa boîte de Crayolas rangés du plus petit au plus grand. Question nuances de songwriting, pourtant, c’est noir de noir avant de virer bal de village pour rocking chairs à Memphis, Tennessee (‘Twitch’, contraste caricatural). Ça chantonne à tenter de vous arracher un gémissement, ça vous ferait passer Bony King of Nowhere et Jeff Buckley pour un gang de bad guys à perfectos cloutés, mais au fond, c’est une âme tout aussi damnée, aliénée, grimaçante que n’importe quelle autre (« I think that havoc should be raised. ») charroyant dans ses errances des silhouettes creuses et des tares familiales héritées du Vietnam (« Every morning he will wake up looking pale and screaming / says he saw some things, awful things, terrible things […]My daddy has a fever / from losing your war »). Quelques spores de naïveté contre beaucoup de névroses grondantes : passons la main pour cette fois, l’équilibre est trop instable ! (alr)
Simon McBride ‘Crossing The Line’ Nugene Records
Simon McBride a la guitare qui le démange. Alors, il gratte pas qu’un petit peu, il pousse le médiator du blues-rock graisseux bien au-delà des limites du raisonnable. D’ailleurs, pour le liker sur le réseau social de Zuckerberg, il suffit de taper Facebook/simonmcbrideguitarist. Ce qui veut tout dire. Pour les autres, ceux qui auraient le bouchon d’oreille coincé, c’est pas qu’on vous prenne pour des courges mais ça
Earteam signifie un genre de guitar hero hybride issu d’un eugénisme idiot qui aurait soigneusement sélectionné le pire de Carlos Santana pour le croiser méticuleusement avec le plus mauvais des Lynyrd Skynyrd et de JJ Cale. Le pire, c’est que ça se laisse écouter. (lg)
Melody’s Echo Chamber ‘Melody’s Echo Chamber’ Weird World
Cette fille devrait ouvrir pour Animal Collective. En prélude aux forces centripètes des Amerloques sinoques, les déviances circulaires de la petite Frenchie pourraient facilement séduire les hipsters en mal de rotations fortes. Enregistrés entre Perth (la tête en bas) et Cavalière (les pieds dans l’eau), ces onze petits morceaux s’enroulent dans leur fausse candeur, leur ingénieuse naïveté et tressent, mine de rien, un premier album drôlement impressionnant. A la réécoute, entre les bidouilles synthétiques et les vrilles pas nettes, on se souvient, émus, que Broacast nous a déjà fait le coup, il y a longtemps. On n’est donc pas surpris d’apprendre que Melody Prochet aime en vrac et sans doute sans préférence le krautrock, Debussy, Spiritualized, les filles qui swinguaient dans les années 60. Les miniatures pop déglinguées s’enchaînent et l’on pense aussi au Dominique A souffreteux des débuts (l’entêtant ‘Quand Vas-Tu Rentrer ?’) ou à un Gainsbourg en bad trip dans les sixties (les onomatopées de ‘Be Proud Of Your Kids’). Vraiment charmant. (lg)
Tift Merritt ‘Traveling Alone’ Yep Roc Records
Beau brin de fille boudeuse, la trentaine indécise. Girl-next-door entre deux eaux, entre deux âges, elle souffle la fumée de sa Pall-Mall sur les murs cloqués d’un diner un peu crade. Elle devrait arrêter, « pour sa voix ». Lui trottent dans les ongles, vernis transparent, les quelques mélodies dont la radio, muette, mime les fantômes forcément roots. La guitare sur l’épaule, la route, les pick-up, les mecs un peu rustres et les serveuses fanées, une dispute sous la pluie, une réconciliation café-crême, tout cela la démange. « Traveling alone », rien que pour cette fois. Car mine de rien, à la fin, on est toute seule, dixit la belle. Seule, mais pour l’instant bien entourée. Autour de sa fragilité so nashville s’assemblent quelques hommes, le talent en veilleuse, sans doute de peur de briser l’harmonie cristalline qui feutre entre les sillons : Andrew Bird, Marc Ribot, John Convertino (Calexico), tous encadrent la chanteuse de leur notes comme on encadre de ses soins une amie en peine. Et c’est fréquemment d’une grande délicatesse (‘Traveling Alone’, ‘Small Talk Relations’). Nostalgiques de Joni Mitchell et Emmylou Harris, Tift mérite toute votre attention. (ab)
Meursault ‘Something For The Weakened’ Songby toadrecords/Cooking Vinyl
Meursault n’est pas qu’une commune située sur la route des grands crus, dans le vignoble de Bourgogne, c’est aussi un groupe écossais, d’Edimbourg. Chose étonnante, il s’apprécie comme un bon vin, au ralenti, de préférence dans le confort ouaté d’une alcôve. En écoutant Meursault, on est happé bien malgré soi. Et une question alors nous tourne autour : pourquoi ce groupe ? Pourquoi ce groupe qui pratique un folk déjà beaucoup entendu ailleurs, entre échappées épiques (‘Flittin’, ‘Settling’, et surtout ‘Dull Spark’) qui rappellent d’autres Edimbourgeois (le premier album des Broken Records), électricité tamisée (‘Dearly Distracted’) et recueillements quasi monacaux qui n’ont rien à envier aux délicatesses maniérées de Perfume Genius (‘Mamie’) ? Les tripes ? Le cœur ? Le supplément d’âme ? On cherche toujours. (lg)
The Helio Sequence ‘Negotiations’ Sub Pop/Konkurrent
Portland, Oregon. On y revient. Cette fois, c’est The Helio Sequence qui nous pousse aux portes de la ville. Toujours arcbouté sur ses deux membres fondateurs (Benjamin Wikeil et Brandon Summers), le groupe évolue désormais à contre-courant de ses premières amours. Avec le temps, les brumes psychédéliques et autres fumées noise rock se sont dissipées pour laisser pénétrer la matière : une pop solennelle et crépusculaire. Les Américains entament ‘Negotiations’ comme on s’attaque à l’ascension d’un flanc rocheux : tout en souplesse, avec muscles et finesse. Au sommet, The Helio Sequence rejoint d’autres alpinistes du rock plombé, des grimpeurs chevronnés. Des conteurs mystiques qui, sous la bannière étoilée, ont toujours chanté leurs plus beaux poèmes. De Bob Dylan à Spoon en passant par The Walkmen, la musique qui vibre là-haut dépeint une Amérique irréelle, à la fois surannée et éternelle. On y chante les saisons déprimantes (‘October’, ‘December’) avec l’aplomb des plus valeureux, on plonge dans la profondeur de la nuit (‘When The Shadow Falls’) pour oublier que le temps passe (‘One More Time’). Mais que les bonnes chansons restent. (na)
Moon Duo
Muse
‘Circles’
‘The 2 nd Law’
Souterrain Transmissions
Warner
Les habitués de RifRaf se souviendront peut-être des lignes dithyrambiques que j’ai pu rédiger au sujet des sorties de Wooden Shjips, ces californiens particulièrement allumés se fendant de drones psychés hypnotiques emprunts d’une esthétique krautrock. Avec Moon Duo, le chanteur et guitariste du groupe, Ripley Johnson, a décidé d’explorer en compagnie de la claviériste Sanae Yamade des contrées légèrement différentes. Bien sûr, on vogue toujours dans des eaux fortement psyché kraut mais l’approche privilégiée ici fait la part belle à l’électronique et dégage un esprit pop indéniable, tendance 60s et oscillant entre succès populaires et rockabilly. Il en résulte un album à la fois direct et envoûtant, trippant et en même temps structuré et palpable - ces deux derniers qualificatifs n’étant pas particulièrement associés à l’univers des Wooden Shjips. ‘Circles’ sonnerait comme ce qu’aurait pu être un album de Suicide s’il avait dû composer la B.O. d’Easy Rider avec Can sous la houlette de Phil Spector. Tout cela est captivant, à la fois léger et sombre, pop et avant-gariste à l’instar de ces merveilles que sont ‘Free action’, ‘Trails’, ‘Sparks’, ‘Sleepwalker’, ‘I’ve been gone’ et ‘Dance Pt.3’. Un album captivant du début à la fin, bande son idéale pour un road movie crépusculaire entre spleen et espoir. (pf)
Ami lecteur, ta mission, si tu l’acceptes, est de m’expliquer pourquoi Muse est le plus grand groupe de notre époque – oui, tu connais, cette boursouflure purulente qui ferait passer U2 pour des folkeux minimalistes (même que c’est David Pujadas qui le dit planqué sous son casquemoumoute). Envoie-moi une missive, que je sache enfin pourquoi cette monstruosité d’une démagogie pseudo-lyrique sans nom te fait gonfler le slip depuis dix ans passés – ou bien, c’est toi qui prend du Viagra en cachette sans rien me dire, petit salopiot. Parce que, comment te dire, après m’être infligé cette énième vomissure de ton pote Matt Bellamy, j’ai des envies de raser au napalm tous les stades du monde – sans même parler de toutes les foires à bestiaux où le regard le plus bovin se trouve sur la scène derrière un micro. Alors, tu me diras que je suis un pauvre naze, que je n’ai rien compris au génie messianique de Muse, qu’ils sont les seuls à intégrer aussi bien la pop (ouais, ouais) à un orchestre à cordes (z’avaient rien de mieux à faire, ceux-là ?) dans un ensemble aussi lyrique et spectaculaire (mwarf, je me gausse). Par simple charité, tu iras écouter ce prélude de Chopin massacré (n’est pas le ‘Lemon Incest’ de Gainsbourg qui veut) et tu iras te torcher le derche sur la tombe de Freddy Mercury – il doit adorer ça, le bougre. (fv)
The Moons
Voici deux ans, ce groupe originaire d’Austin a sorti un premier opus salué plus que chaleureusement par la presse musicale et qui lui a valu de se produire dans de nombreux festivals. Ayant gagné en expérience et affiné leur style, Jeff Klein et ses acolytes nous reviennent avec un ‘Preachers’qui fait encore plus fort dans un registre que le leader du groupe qualifie de ‘soul gothique sudiste post-moderne’. Pareil qualificatif peut sembler abscons mais convient parfaitement à une musique qui explore la noirceur sous tous ses angles avec une précision chirurgicale. Aussi jouissifs et réussis soient-ils, des titres comme ‘Mono’ - exercice de style crooner ludique ou les guillerets ‘This time’et ‘Oh little sister’sont à considérer comme des trompe-l’œil rendant encore plus percutants les compositions dark que le groupe adore par-dessus tout. Le titre éponyme est un joyau de gospel ultra doom, l’écorché ‘Death valley’et l’ultra puissant ‘Born in the belly’dégagent une beauté crépusculaire digne du meilleur Nick Cave, là où ‘Between space’et ‘Chameleon’sont des ballades somptueuses de mélancolie. Et puis il y a aussi le grandiose ‘I left my conscience in you’dont le
‘Fables Of History’ Schnitzel Records/Ber tus
Enfoui sous l’avalanche incessante des influences eighties, le chroniqueur musical que je suis est heureux de se voir accorder une petite chaufferette flower-power afin d’éviter l’hypothermie. Faut dire que les gus des Moons n’ont pas peur d’assumer leurs influences psychépop, coiffures et photos vintage à l’appui. La musique est à l’avenant, singeant tout ce qui a pu se faire de mieux dans le genre, des Beatles à The Move, sans oublier Love auxquels on pense beaucoup (‘Lights Out’, ‘Something Soon’ au phrasé typiquement Arthur Lee et l’une des réussites de ce ‘Fables Of History’). Mais, aussi plaisant qu’ils puissent être aux oreilles, les chevelus manquent de ressources. Trop appliqués, trop volontairement sixties, The Moons ratent de peu le coche d’une appropriation plus moderne du genre, d’un son qui leur soit propre (à l’instar d’un The Bees), et se drapent finalement des apparats un peu étriqués que l’on réserve aux groupes de reprises. A trop étaler ses intentions, on n’évite pas la comparaison, forcément peu flatteuse. Dommage, car l’ensemble n’est pas dénué d’un charme désuet, qui aurait gagné à outrepasser les limites de la carte postale. (ab)
My Jerusalem ‘Preachers’ The End Records/Ber tus
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côté particulièrement désespéré vous arrachera assurément des torrents de larmes. Superbe, tout simplement. (pf)
Meshell Ndegeocello ‘Pour Une Âme Souveraine : A Dedication to Nina Simone’ Naïve/PIAS
Parmi toutes les interprètes iconiques, Nina Simone occupa plus que toute autre cette place choisie que vous accorde la profondeur tant de votre tessiture que de votre esprit, la fierté portée haut de vouloir rester libre à une époque où être une femme noire qui visse sa parole sur parquet glissant n’allait pas de soi. Dans le sillage de cette figure tutélaire à l’aura immense, aux contours rauques, la bassiste et performeuse Meshell Ndegeocello s’efforce de s’approprier avec ses propres codes (une assise dans les basses rondes, un timbre moins tranchant et on l’avouera, un passif pas franchement glorieux avec John Mellencamp) une matière ample, de se faire le juste témoin de ce patrimoine ébène toutes obédiences confondues, épaulée par une manne d’invités grappillés dans les sphères les plus variées (de la spirituelle Sinead O’Conor au suave chantre r’n b Cody ChesnuTT). Hérissée et syncopée du bpm, ‘House Of The Rising Sun’ voit surgir la saisissante Toshi Reagon et trépider tout New Orleans, là où, juvénile et acide, Valerie June fait dériver ‘Be My Husband’ vers des quartiers de Brooklyn où l’on slamme à chaque perron. ‘Suzanne’, pas si branque, vous entraîne avec douceur dans son refuge, près de la rivière. Voilà une relecture riche, jamais irrespectueuse mais porteuse de suffisamment de bad seeds prêtes à essaimer à tout vent un héritage sonore et civique fondamental. Que ça ne vous empêche pas, ceci dit, d’aller vous frotter souvent et de près à l’originale, indétrônable : nobody puts Nina in a corner! (alr)
No Logo ‘No Logo’ Melodica Recordings
Comment prendre les gens pour des dindons : associer un producteur chillout dépassé (Steve Miller, has been depuis…) à un dj résident quasi permanent d’Ibiza (Pete Gooding), leur faire reprendre un hit ringard de Eurythmics à la sauce Baléare et assurer la suite avec dix autres morceaux débiles qui ne savent ni faire tripper, ni faire danser. (lg)
Numbers Not Names ‘What’s The Price?’ Ici d’ailleurs
Formation phénoménale sensée certifier l’amour du risque de l’excellent label « Ici d’ailleurs », Numbers Not Names est le projet monté de toutes pièces par Stéphane Grégoire, boss de la structure française, spécialiste en molécule sonore et en génétique musicale. Sur le papier, son initiative est terriblement excitante : regrouper quelques fins limiers de la sphère indépendante dans un même effort. Numbers Not Names, c’est Alexei Casselle (issu du duo hip-hop Kill The Vultures) au micro, Jean-Michel Pires (batteur de NLF3), les bidouillages et percussions de Chris Cole (Manyfingers) et la production tentaculaire d’Oktopus (Dälek). La réunion de ces têtes chercheuses sonne comme la promesse d’un trip aventureux dans les arcanes d’une musique sans frontières. A l’écoute de ‘What’s The Price?’, c’est une fameuse désillusion : le quatuor fait du tout-terrain en territoire conquis. Numbers Not Names recycle un hip-hop radical en réactivant les fours à combustion de la sidérurgie industrielle. Si c’est chaud et corrosif, l’affaire manque sérieusement de mordant. (na)
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Earteam
Pollens
James Iha
‘Brighten & Break’ Tapete Records
C’est sans doute la surprise du mois, le truc qu’on n’attendait absolument pas. Le groupe s’appelle Pollens, vient de Seattle et ne provoque aucune allergie. Sous la poussière, trois filles et trois gars inventent une transe urbaine à base de rock mutant, de rythmiques africaines et de chorales hérétiques. Dans la lignée de St.Vincent et des Dirty Projectors, ces Américains déclenchent une succession de climax dans un champ polyphonique situé aux frontières du réel. Percussions syncopées et jeux de guitare alambiqués déterminent l’orientation atypique d’un disque férocement différent. Pollens dévoile l’existence d’un monde parallèle : un interstice où la pop s’épanouit, décomplexée. Les mélodies voltigent, les harmonies vocales sautent dans le vide. Au milieu de ce petit bordel démentiel, un trio de femmes fatales assure des chœurs extraterrestres. Perdu dans l’espace, on a découvert une nouvelle galaxie. Reviendra-t-on un jour sur terre ? Pas sûr. (na)
‘Look To The Sky’ The End Records/Ber tus
Allongé sur le divan de son psy, James Iha n’a pas tardé à craquer. Harcelé moralement par Billy Corgan, le pauvre James aurait ainsi été contraint à se compromettre dans une carrière en totale contradiction avec ses aspirations musicales primales. En guise de thérapie, le guitariste historique des Smashing Pumpkins revient donc avec un deuxième album solo, quatorze ans après sa première tentative d’évasion. Ou comment un forçat du marteau-piqueur se découvre une passion pour le point de croix et le maniement de la machine à coudre. Aucune trame, aucun fil conducteur dans ce disque cependant. Fruit des ambitions refoulées lorsqu’il était le souffre-douleur de Corgan, ‘Look To The Sky’ est un album remarquablement éclectique à la liste d’invités impressionnante. Encore faut-il faire bon usage de ce carnet de bal regroupant des personnalités aussi diverses que Kevin March (Guided By Voices), Nina Persson (Cardigans et Sparklehorse) et surtout Tom Verlaine. Après une entrée en matière sur la pointe des pieds (‘Make Believe’ en mode berceuse dépouillée), l’album prend rapidement son envol avec le shoegaze et psychédélique single ‘To Who Knows Where’ qui est à lui seul une compilation du meilleur des nineties. Vocalement, Iha a fait de ce disque le terrain d’expression idéal pour son timbre d’introverti fragile. Il connaît ses limites et les camoufle parfois subtilement derrière des arrangements plus électroniques (‘Waves’). Les quelques sucreries plus pop (‘Summer Days’ ou ‘Dream Tonight’) n’ont rien de gros loukoums à la rose. Pour en revenir aux guests, Tom Verlaine est peut-être celui qui laissera le plus de traces en fin de soirée. Sur ‘Appetite’, notamment, il transforme carrément la petite sauterie en un cabaret où le jazz, le blues et le punk-rock font une apparition aussi incongrue que réussie. Un peu à l’image de ce disque qui se révèle être une vraie réussite dans la catégorie des disques complètement inattendus. (gle)
Oxmo Puccino ‘Roi Sans Carrosse’ Cinq7/Wagram/PIAS
Voilà plus de 15 ans qu’Oxmo Puccino traîne sa carapace de colosse sur les sentiers parallèles du hip-hop hexagonal. Mais l’époque où il posait le flow aux côtés de X-Men et Lunatic semble révolue. ‘L’Opéra Puccino’ a définitivement fermé ses portes. Désormais, l’artiste se consacre à la chanson française ou à une forme de hip-hop 3ème âge, trop pépère et trop sage. C’est en tout cas l’impression qui se dégage à l’écoute de son dernier album (‘Roi Sans Carrosse’). Oxmo y débarque avec un gros cigare et laisse couler son encre sur les sujets convenus d’un quotidien ordinaire (la paternité, la mort, la liberté, bla-blabla-bli-bli-bli). Ailleurs, il se vautre sous la Tour Eiffel en essayant de chanter Paris (‘Pam-PaNam’) comme Brel bruxellait. Mais le sommet de la vanité est atteint sur ‘Artiste’, une chanson où Oxmo « rend hommage à tous ceux qui aiment ce qu’ils font au point d’élever leur métier au statut d’art. » Une Victoire de la musique en poche, le cou gonflé à bloc, notre homme est persuadé d’avoir le mojo. Tant mieux pour lui. (na)
Rone ‘Tohu Bohu’ InFiné
Une écoute récente, genre cinq minutes avant la présente review, me l’a confirmé, ‘Spanish Breakfast’, le premier effort de M. Erwan Castex alias Rone, naviguait bien davantage dans les eaux de l’électro(p)-p(r)op(re) sur elle que dans les allées enfumées et blafardes d’une technology sans concession. Le constat, valable en 2009 comme en 2012, ne doit toutefois pas masquer les qualités – nombreuses et réelles – du bonhomme, dont l’univers s’est en trois ans enrichi de belle manière. Même si on regrette par instants les boucles obsédantes de The Field, encore qu’on s’en rapproche sur l’excellent ‘Bye Bye Macadam’, les tracks du producteur français évoquent aujourd’hui davantage Apparat (‘Fugu Kiss’) – on sent réellement l’influence de la vie berlinoise sur ce Parisien d’origine. Sans doute plus relâché et libre qu’à l’époque de ses débuts, Rone fait désormais siennes les théories électroniques de la capitale allemande. Par instants, on se prend même à rêver d’une vocaliste issue de l’écurie Monika Enterprise (Chica & The Folder ou Natalie Beridze), histoire d’agrémenter avec soin les déclinaisons mélodiques de ses machines – et pour l’heure, on se contentera d’apprécier la belle sérénité d’un disque qui promet de jolies échappées hors les murs electronica. (fv)
Andrea Schroeder ‘Blackbird’ Glit terhouse Records
Ne le dites à personne, on peut aussi faire de la musique americana convaincante du côté de Wedding (prononcer Véding), ce quartier berlinois populaire situé à l’époque du Mur face aux miradors du régime communiste d’en face. Pourtant, je gardais un souvenir – très – agacé de la première écoute, où la voix sombre d’Andrea Schroeder me semblait mal assurée et peu adaptée aux arrangements parfois tindersticksiens ou walkaboutsiens, signés M. Chris Eckman svp, qui n’a manifestement pas perdu la main. Et puis, chemin faisant, je me suis mis à oublier les échos douteux à la Dani ‘Vaya Con Dios’ Klein du timbre de l’artiste allemande. A chaque titre, les morceaux ont gagné en profondeur et en intensité, malgré un romantisme dark parfois compassé et des paroles relativement banales, et l’ombre de la grande Neko Case a pointé le bout de sa chevelure, sous la surveillance étroite d’une Patti Smith reconvertie en tenancière du Toogenblik. On passera prendre un verre à l’occasion, promis, juré. (fv)
SEA+AIR ‘My Heart’s Sick Chord’ Volkoren/PIAS
Ami des langues, des rébus et du calembour, ceci est pour toi. SEA+AIR (prononcez Sie und Er) pour Eleni et Daniel, couple germano-grec à la ville comme à la scène. ‘My Heart’s Sick Chord’ pour harpsichord, clavecin…Le déclic s’opère dès les premières notes. Car c’est bien Jean-Sébastien Bach et son instrument fétiche qui est l’influence majeure de ce disque hétéroclite de pop de chambre mêlant sonorités anciennes et contemporaines. Bien sûr, remember ‘Golden Brown’ notamment, d’autres ont déjà tenté l’expérience auparavant mais jamais sur la durée d’un album ou en faisant du clavecin la pierre angulaire de leurs compositions. En prélude, ‘Take Me For A Ride’ illustre parfaitement le propos en s’ingéniant à jouer avec les époques et les architectures sonores, entre baroque et pop. La pièce est luxuriante, aérienne quoiqu’un peu solennelle, et l’émotion qui se dégage du chant s’accorde parfaitement avec le texte. On ne se rend malheureusement pas compte qu’on vient d’écouter ce qui constitue peut-être le meilleur morceau du disque. Car une fois l’effet de surprise passé, les compositions suivantes s’égarent entre reprises moyennement réussies (‘Mercy Street’ de Peter Gabriel) ou des décli-
naisons rococo du pire de la pop ou du « rock » de ces 30 dernières années, entre Mika (‘The Heart Of The Rainbow’) et les Scorpions (‘Yeah I Know’). On aurait voulait être plus tempéré, mais pour se mettre au niveau des jeux de langues que notre duo semble tant apprécier, on serait tenté d’ajouter que baroque se traduit en allemand par barock. Même pas drôle. (gle)
The Separate ‘Orchestral Variations V.01’ Setanta Records
Tiens, un disque ©2010 qui nous parvient deux ans après sa sortie. Projet de la compositrice et arrangeuse britannique Fiona Brice, que d’aucuns ont déjà aperçue en compagnie de Placebo, mais aussi en featuring de Patrick Wolf, Sophie Elis Bextor ou… Boy George, The Separate propose, comme le titre de l’album l’indique, des relectures orchestrées (un quatuor à cordes et un piano) de classiques de la pop music – chantés par du sacré beau linge au passage (Joan As Police Woman, Ed Harcourt, Martha Wainwright). Parmi les réussites du disque, nous n’hésiterons pas à citer ‘Video Killed The Radio Star’, repris par Anais avec une ironie qui lui va comme un gant, ainsi que le superbe ‘Souvenir’ d’OMD interprété par Stephanie Dosen avec beaucoup de grâce. Face à d’autres choix, nous restons par contre plus circonspects (Mark Lanegan sur ‘Close To Me’, il a au moins le mérite d’emmener le morceau ailleurs, sans trop savoir où d’ailleurs), voire carrément consternés (Brian Molko sur ‘West End Girls’, c’est juste pas possible). De manière plus globale, la majorité des titres résiste d’ailleurs assez mal au retraitement classicisant qui, à force d’insistance, finit par irriter (ils sont beaux, mes arrangements, ils sont beaux). Et nous conseillerons à Fiona Brice le passage par la casa Balanescu Quartet et son admirable adaptation du ‘Das Model’ kraftwerkien. Du reste, cette sortie annonce la fin d’une belle aventure pour le label Setanta. (fv)
Rachel Sermanni ‘Under Mountains’ Middle Of Nowhere Recordings
J’ouvre un œil, un jour où l’insomnie me gagne, je soulève les couvertures. Sous le lit, il y a cette créature qui veut monter un cabaret de nuit dans ma chambre et semble plus inquiétante (« I’m calling from my cage / You’ll regret that you locked me away ») que le laisse supposer cette voix de petite fille suave gavée au même choco-
lat que Fiona Apple ou Kate Bush, mais légèrement avarié, de ceux qui vous phagocytent les synapses ou vous font fondre les ailes. Acideamère, ne parlons même pas de pair, elle est plutôt de la lignée des sorcières et des ondines, à vous séduire parfois sur quelques notes, pour mieux vous refouler ensuite, tant les pans tendus de son univers font décor, tant les fantômes qu’elle convoque ont l’air de draps qu’elle agite avec force pour mieux vous faire croire aux contes qu’elle rédige, à la manière d’une Joanna Newsom. Un pouvoir d’évocation biaisé par trop de détails, à l’affect trop pesant, aux vocalises trop disparates : il est temps de se rendormir, enfin...faites de plus charmants rêves ! (alr)
The Setting Son ‘Before I Eat My Eyes & Ears’ Bad Afro/Suburban
‘Before I Eat My Eyes & Ears’. C’est courageux et, en même temps, un peu con. C’est, surtout, à l’image de cette galette hautement couillonne et généreuse. Parce qu’en 32 minutes, les Danois enquillent les réjouissances nuggets comme, à une certaine époque, le pilote Jean Alesi collectionnait, pour notre plus grand plaisir, les sorties de route. Il y a trois ans, j’avais déjà foutu mille étoiles à un de leurs disques car il m’avait fait me rouler par terre comme un ado sous acide qui vient de découvrir, stupéfait, qu’avant les Oh Sees, il y a avait eu les Electric Prunes, les Seeds, les 13th Floor Elevators. Aujourd’hui, sous la fuzz et les giclées d’orgues, les choses sont légèrement plus pop. Un peu comme dans un split single où Best Coast rendrait la pareille aux sous-estimés Tender Trap. Passéiste mais jouissif. (lg)
Sherman ‘Rise’ Gentle Recordings/Universal
Sherman, c’est cet aimable garçon de plus, qui trousse des chansonnettes pop-rock qui feront peut-être un bout de chemin main dans la main avec certain(e)s d’entre vous, des morceaux doux et lumineux pour stations balnéaires, mais l’air de ne pas trop nous toucher, une voix sans artifices, une bouille sage adroitement décoiffée mais pas trop, un passage en Angleterre pour la crédibilité, deux poumons pour s’égosiller (‘Avalanche’, « a fake sense of pride » sous des rouages qui chuintent) mais pas tout à fait cap d’apprivoiser la quiétude quand ça serait nécessaire (cette guitare sur ‘In comes the silence’ nous empêche d’accéder à l’essence du morceau). On ne lui en veut pas trop, au juste, de cet entre-deux indistinct qui peine à nous séduire (allez, une gommette verte pour ‘Dear Friend’ et sa slow / soul façon d’instaurer un gloom bourdonnant toutes affaires cessantes, une aussi pour ‘Something’s bound to happen’, parcelle de désarroi), mais c’est que de notre côté, on a des cathédrales à bâtir, des auteurs d’exception à faire sortir du bois, des terres à franchir et que dès lors, on n’a plus vraiment de place pour lui dans notre paquetage au cordeau. (alr)
Malka Spigel ‘Every Day Is Like The First Day’ Swin
On se souviendrait de Minimal Compact, combo new-wave d’exilés israéliens ayant gagné nos terres au début des eighties. Malka Spigel y jouait alors de la basse. On se souviendrait de sa stature à la fois menue et vivifiante sur scène. On se souviendrait qu’elle aurait par la suite lié sa destinée à celle de Colin Newman, le chanteur de Wire. Qu’ensemble ils conçurent maintes chansons tantôt pour lui, tantôt pour elle. Qu’ils retinrent également un enfant. On se souviendrait qu’elle sortit plusieurs albums sous son nom. Qu’ils finirent par créer leur propre groupe, Githead, ce projet éclipsant celui qu’elle avait développé sous son nom propre. Qu’après toutes ces années, on se souviendrait du talent
AGENDA CONCERTS DIONYSOS 01.11
ancienne belgique - bxl
NOVEMBRE
support act : team wild
GOTYE 01.11
month
sportpaleis - anvers
opening act : jonti - support act : pvt
ThE CRANbERRIES mElODY GARDOT OlDElAf I lOvE TEChNO
04.11 09.11 10.11 10.11
lotto arena - anvers cirque royal - bxl
flanders expo- gand
boys noize – netsky – nero - a-trak – dave clarke – major lazer – vitalic – chris liebing – dj fresh – dada life – jamie xx – gesaffelstein – and many more
wIThIN TEmpTATION 13.11 “elements”
ARChIvE 13.11
IRMA + GAEL FAYE
LUN 05 NOV
LAMBCHOP
sportpaleis - anvers
FESTIVAL LES INROCKS-VOLKSWAGEN
forest national ( club ) - bxl
JEU 08 NOV
ELECTRIC GUEST + POLICA + PHANTOGRAM + THE VACCINES
VEN 09 NOV
THE BOTS + WILD BELLE + WILLY MOON + MICHAEL KIWANUKA
VEN 16 NOV
TIME BOMB & FRIENDS :
“with us until your dead tour 2012” support act : saf
DjANGO DjANGO 15.11
VEN 02 NOV
théâtre 140 - bxl
ancienne belgique - bxl
support act : eaux
mARk lANEGAN bAND lIANNE lA hAvAS ThE xx ThOmAS DuTRONC
18.11 21.11 21.11 22.11
cirque royal - bxl cirque royal - bxl lotto arena - anvers cirque royal - bxl
support act : amandine bourgeois
mIChAEl kIwANukA 23.11
cirque royal - bxl
support act : sarah ferri
SkuNk ANANSIE 23.11
lotto arena - anvers
support act : the jezabels
kASAbIAN 24.11 RufuS wAINwRIGhT 27.11 AND hIS bAND
bAT fOR lAShES 29.11
forest national ( club ) - bxl ancienne belgique - bxl
CASSIDY + DANY DAN + BUSTA FLEX + ROCCA + ROCE + DJ SEKS + DJ MARS
cirque royal - bxl
support act : race horses
jASON mRAz 29.11
“tour is a four letter word”
STEphAN EIChER 13.12 ARNO 02.02 ThE SCRIpT GOOSE blOC pARTY puGGY SIGuR RÓS C2C EmElI SANDÉ pAul kAlkbRENNER Of mONSTER AND mEN TwO DOOR CINEmA Club SAEz
forest national ( club ) - bxl cirque royal - bxl trix - anvers
21.02 vooruit - gand 26.01 forest national ( club ) - bxl 08.02 ancienne belgique - bxl 19.02 lotto arena - anvers 23.02 ancienne belgique - bxl 17+18.04 ancienne belgique - bxl 26.02 forest national - bxl
SAM 17 NOV
MOP + YOUSSOUPHA
DIM 18 NOV
SUNDAY HAPPY FUNDAY
LUN 19 NOV
THE XX - SOLD OUT !
MER 21 NOV
LE PERE NOEL EST-IL UN ROCKER ?
support act : blanck mass
27.02 05.03 08.03 10.03 14.03 24.04
ancienne belgique - bxl ancienne belgique - bxl
une journée familiale, Hip-Hop et anti-Tv !
lotto arena - anvers ancienne belgique - bxl ancienne belgique - bxl
BIGA RANK + BRAIN DAMAGE + LE PEUPLE DE L'HERBE
ancienne belgique - bxl concert supplémentaire
-m- 04.05 forest national - bxl ROCk wERChTER 04>07.07 festivalpark - werchter plus d’info : www.rockwerchter.be
+ FEINI-X CREW
avec e.a. rammstein, blur, green day, editors tickets àpd 2/11
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PLUS D’INFOS SUR
TICKETS : WWW.PROXIMUSGOFORMUSIC.BE 0900 2 60 60 * ( 0,5 EuRO / mIN TvA COmpRISE ) * EXCEPTÉ POUR LES CONCERTS À L’ANCIENNE BELGIQUE
VEN 23 NOV
LES INOUIS DU PRINTEMPS DE BOURGES
24
Earteam
Malka, il nous apparaîtrait entier, intact. Cette douzaine de nouvelles chansons oscillant entre sa mélancolie nomade et sa manière de composer, alerte, ingambe, viendrait conforter notre sentiment. On se réjouirait de constater la présence inéluctable de Colin Newman, compagnon et complice de toujours. On se plairait à y noter aussi d’autres d’invités tels le violoniste Alexander Balanescu, le guitariste Johnny Marr, le batteur Ronald Lippok, le compositeur Teho Teardo et bien d’autres encore. Qu’on se dirait que, oui, ce disque tient bien débout tandis que, pour l’heure, il se laisserait écouter sans encombre, sans enclos. (et)
The Spinto Band ‘Shy Pursuit’ 62T V/PIAS
Certaines biographies considèrent ‘Nice And Nicely Done’ (2006) comme le premier album du Spinto Band. D’autres le placent en cinquième position parce qu’avant, ils s’appelaient Free Beer. Mais peu importe, c’est bien avec ce disque qu’on a commencé à parler des Américains. Surtout pour un tube indie parfait : ‘Oh Mandy’, le genre dont on peut très bien ne jamais se remettre. Mais les Spinto Band ne sont pas de ceux-là et ils sortent aujourd’hui un « troisième » album de pop sautillante qui ramène illico le soleil dans nos petits cœurs d’artichauts. Pour la coolitude, on pense à une version US des excellents Wave Pictures, autres grands spécialistes ès tubes bricolos irrésistibles. Mais ‘Shy Pursuit’ permet aussi d’imaginer ce qu’aurait pu donner une rencontre entre McCartney et M. Ward dans les seventies. Parfois, comme une preuve de maturité, une pointe de mélancolie s’immisce. C’est, de loin, le meilleur album du groupe. A écouter les doigts de pieds en éventail en sirotant des daïquiris. (lg)
Stratus ‘As The Crow Flies’ Touch Tones Music/Fragments
Derrière ce nom de groupe pour le moins opaque se cachent Martin Jenkins et Mat Anthony, deux artistes associés à l’électronica exigeante. Avec ce projet, ils unissent leur univers respectif pour composer un ensemble harmonieux et cohérent aux ambiances raffinées et cinématographiques. Mêlant ambiances cosmiques proche d’une certaine scène allemande 70s à des sonorités contemporaines et à des arrangements orchestraux majestueux - ce n’est pas un hasard si un titre renvoie à Jean-Claude Vannier, ‘As The Crow Flies’prend des allures de good trip empreint d’une grande beauté que rend encore plus touchante une petite touche de mélancolie. Si le disque doit se concevoir comme un ensemble à écouter d’une traite, l’ensemble des plages peut se savourer en solo et l’on vous recommandera en particulier ‘Vannier’s lament’et sa grande richesse musicale, ‘Beneath the wheel’au côté très Tangerine Dream, le superbe ‘The coldest star’qui aurait pu figurer sur la B.O. de ‘Virgin suicides’ou encore ‘Aftermath’et ‘Descender’,deux morceaux empreints d’une grande félicité. Un bel album sortant des sentiers battus et qui gagne en intérêt au fil des écoutes successives. (pf)
Dan Stuart ‘The Deliverance Of Marlowe Billings’ Cadiz Records
Comme le disait Bashung : «l’avantage du divorce, c’est que ça donne de bons disques ». Le disque de rupture constitue toutefois un exercice très spécifique qui peut s’avérer aussi cassegueule que casse-bonbons. Et entre le mètre-étalon du genre qu’est le ‘Blood on the Tracks’ de Dylan et ce disque de l’ex-frontman du groupe de country rock américain Green On Red, il n’y a guère que l’aspect cathartique comme point commun. Ce qui n’enlève rien au côté bouleversant de ces onze titres à l’allure de road-movie. Le split d’un groupe, l’implosion du couple,
True Bypass ‘Toby’ Jezusfactor y/Rough Trade
Nous avions perdu trace de Craig Ward après sa période faste au sein de la scène anversoise (charismatique ferment de Kiss My Jazz et dEUS), nous savions Chantal Acda busy bee, cheville ouvrière dans le renouveau folk d’Isbells, à la poupe en compagnie d’Adam Wiltzie (Stars of The Lid, Dead Texan) pour Sleepingdog. True Bypass avait déjà conjugué ses deux tempéraments sur un premier album mais voici ‘Toby’, façon de s’ouvrir à un troisième complice chargé de donner corps aux textes. L’éponyme Toby Litt, auteur anglais au mordant indiscutable concocte davantage ici un brassage sentimental à la mélancolie puissante, miroitement des propres déconvenues et vulnérabilités de son amie batave (« You say you’ll bet your life on me / You say that I’m your lucky star / But looking back at all the crap / What do you think your chances are ?»). Si les mots furent semés avant la récolte musicale, les arrangements dévêtus confèrent une adhérence sûre au propos, une sincérité discernable dès ‘You Knew’. Au jeu des correspondances, si l’on songe par moments à Low, c’est le méconnu duo The Hand (Rachael Dadd + Wig Smith, Bristol encore) qui vient nous rattraper, pour cette même façon de délivrer le doux et l’âpre avec une infinie grâce, pour ce chant féminin qui camoufle pour mieux le faire poindre aux moments ad hoc son pendant masculin, moins assuré, maladroitement touchant (‘Our Secret Secret’). Huit morceaux gorgés d’envies, d’accrocs, de miroirs aux alouettes («I’ve made some marvellous mistakes – I’ve dumped the diamonds, framed the fakes »), et soudain, parmi les eaux stagnantes, un peu de charbon mué en or de trappeurs : « I love you like I love / what America once meant ». (alr)
l’internement en hôpital psychiatrique, l’évasion puis la fuite vers le Mexique pour un suicide programmé, le road-movie prend des allures d’egotrip. Et c’est en mettant ses pas dans ceux de Lawrence et Lowry que Stuart et son alter ego Marlowe Billings trouveront la délivrance en renouant avec la musique après avoir fait l’acquisition d’une guitare auprès d’un mariachi rangé des trompettes. Storytelling ou réalité ? Peu importe finalement. Musicalement, Dan Stuart s’est adjoint les services du groupe italien Sacri Cuori qui est sans doute l’un des groupes européens qui maîtrise le mieux les codes d’une certaine musique américaine, entre blues-rock et country alternative. En témoignent notamment des titres comme ‘Gringo Go Home ‘ou le très « byrdsien » ‘Gap Toothed Girl’. Bref, un disque certainement pas indispensable mais d’une grande intensité émotionnelle. (gle)
Submotion Orchestra ‘Fragments’ Exceptional Blue
Quelle ‘Intro’, pour ce septet! Minimalisme répétitif au piano à la Philip Glass ou Steve Reich, délectables décalages de rythmes, clapping en inserts, envolées de cuivres, on en viendrait à pester que ‘Blue Print’ fasse apparaître des gonds vocaux, fussent-ils en cinémascope, vaporeux et mouvants. ‘Snow’ laisse à craindre la dégoulinade easy-listening, ‘Sleepwalker’ redresse la barre en s’enfonçant moins dans les évidences rythmiques, et ‘Bird of Prey’ instille avec doigté une tension funk et tribale sous les nappes planantes. ‘Times Strange’, enchâssée dans le flow anxiogène de Rider Shafique fait grimper staccato l’inquiétude et les réverbérations, ‘It’s not me it’s you’ ressemble à une partie syncopée de pong avec des vénusiennes bègues avec des congas à la place des doigts. ‘Thousand Yard Stare’ est bâti pour un polar avec une fin tragique, un peplum de trois siècles, un space-opera dans des égoûts de luxe. Malgré une fin à l’adroite distorsion saillante, enfoncés jusqu’au cou dans cette myriade de Fragments nuancés mais aux arêtes artificielles, on ne sera pas mécontents de goûter, à la sortie, à un breuvage plus organique. (alr)
‘
’
Sukilove ‘Drunkaleidoscope’ Autoproduit/Rough Trade
Les hyperactifs, par définition, on a du mal à les suivre. Cela fait donc un bail qu’on a renoncé à emboîter benoitement les pas de Pascal Deweze. Tout simplement, il faut le dire, parce qu’on n’adhère pas forcément à l’intégrale de ses projets (Metal Molly, Nemo, Mitsoobishy Jacson, Broken
Glass Heroes,… rayez selon vos goûts). Surprise du chef, Sukilove n’est pas du même tonneau. Post-punk, bidouillé, apocalyptique par endroits, ‘Drunkaleidoscope’vaut surtout pour quatre morceaux (sur neuf, une belle moyenne si l’on sait que le dernier compte pour trois) qui convoquent Pil (‘Calm’et son final au cordeau) comme le ème Radiohead du 21 siècle (‘Beatlesnake’). Plus loin,‘Think I Love You But I Made A Mess’est presque funky, dansant. C’est la dernière marche avant l’épique ‘We Are All I Want From You’. Une belle réussite. (lg)
son nom et du titre de son album. La pochette est à l’avenant : des branchages constitués par des ‘y’ occupent sa surface. Musicalement, la démarche peine à suivre le propos esthétique. Jared et Michael Bell proposent une électro-pop tempérée et bien propre sur elle. A certains endroits, ils y ont adjoint des cordes. Le contenant, tout comme son contenu, pourraient sans encombre figurer comme article de tête de rayon chez Habitat. C’est lisse, peigné et doré. Dites, vous reprendrez bien un catalogue ? (et)
Taken By Trees ‘Other Worlds’ Secretly Canadian
Si tu ne t’étais jamais demandé en quoi ça consisterait, une cure de désintox en chambre blanche capitonnée avec une hôte aussi ivre que Lisa Germano pour en finir une bonne fois pour toutes avec ton addiction au Malibu, il se pourrait que ce disque te donne de sérieuses pistes. Victoria Bergsman taquinait autrefois un registre folk garanti 100 % tendre mais elle est rentrée de son voyage à Hawaii avec la voix empâtée par les anesthésiants et la valise encombrée de ruissellements de coquillages, d’effets dub et de plumes de perruches, et elle risque de bien s’occuper de toi. Par moments, tu te sentiras tout à fait en phase avec l’impassibilité ouateuse du lieu ou ses courants tiki (‘Large’ a ce je ne sais quoi d’irrésistible dans ses culbutes disco), mais à d’autres, ça reviendra à te mêler par imprudence à un car de steel és Pairi Daiza pour un shot d’exotisme véritable avec Dora l’exploratrice au volant. ‘Other Worlds’, c’est en définitive comme L’Ile Fantastique sans le contrôle de monsieur Roarke, sans la présence intrigante de Tattoo. Prends donc une noix de coco et une paille, la ukuléléthérapie démarre dans deux heures, tu n’y couperas pas. (alr)
Sun Airway ‘Soft Fall’ Dead Oceans
Dans le registre électro-pop hybride et alambiquée, la référence systématique à Animal Collective (période ‘Merriweather Post Pavillion’) est souvent un signe de paresse intellectuelle des chroniqueurs. C’est pourtant avec ce gros panneau dans le dos que Sun Airway tente aujourd’hui de passer l’écueil du deuxième album et de quitter les sous-bois confidentiels pour s’ériger en valeur sûre de l’électro-pop américaine. Mesurer toute la densité de ce ‘Soft Fall’ s’avère un exercice délicat tant sa substance est faite d’une myriade de détails superposés frénétiquement que l’oreille ne capte souvent qu’à la réécoute. Car le duo de Philadelphie aime jouer sur les deux tableaux, le conscient et le subliminal avec un beat qui drague davantage le cerveau que le bassin. Emotionnellement lunatiques, pris en étau entre pop atmosphérique (‘New Movements’) duveteuse et saturations shoegaze (‘Black Noise’), les cordes et les beats hypnotisent ou glacent comme une giclée d’éther. A l’autopsie, les chroniqueurs-légistes trouveront matière à dissection, comme par exemple sur le morceau liminaire (‘Close’) au sein duquel des samples de la mythique basse de Peter Hook sont habilement dissimulés. Mais plus on progresse dans le disque plus on prend consience que l’univers sonore de Sun Airway est surtout influencé par la musique de groupes comme M83 ou The Radio Dept. Et c’est alors qu’on se dit que ce disque, rarement imprévisible et parfois monotone, ferait une excellente BO pour le prochain film de Sofia Coppola. Branchouille comprise malheureusement. (gle)
Symbolyst ‘Lymbyc Systym’
ALtERNaTIVE ONLINE-RECORDSTORE
Tamaryn ‘Tender New Signs’ Mexican Summer/Coop/V2
Pour alléchantes qu’elles soient, imaginez le retour impromptu de My Bloody Valentine dans le studio de Beach House en plein revival Suede, les déclinaisons pop shoegaze de Tamaryn sont un peu trop voyantes pour être crédibles. Non que leur style manque d’élégance ou de percussion et que leurs chansons soient mal tournées, juste qu’à chaque étape, un élément vient gâcher l’ambiance. Là, une ligne de basse trop présente dans le mix vient alourdir le style, pourtant soigné et très bien produit, ici les percussions craignent de heurter les caisses claires, ailleurs encore, se noie dans la brume la voix diaphane de Tamaryn (qui, rappelons-le, est un quatuor centré sur sa chanteuse éponyme). Au risque de paraître difficile et critique pour le plaisir de…, mais à quoi bon écouter des disques si c’est juste pour recopier les arguments publicitaires des dossiers de presse, on ne peut décemment conseiller l’achat de ces nouveaux signes tendres, en dépit de ses qualités d’accroche pour nostalgiques en mal de souvenirs anno 1991. (fv)
Teen ‘In Limbo’
Western Vinyl
Carpark Records
Symbolyst joue et se joue des symboles. Il se saisit de la lettre ‘y’ pour l’ériger en insigne suprême, allant jusqu’à ôter toutes les autres voyelles de
Appelons Teen l’anti-effet Cacharel, la percée Urban Outfitters. Kristina Teeny Lieberson (exHere We Go Magic), ses deux sœurs et une co-
pine sont du genre à troquer le tulle contre un t-shirt oversize à bords saccagés qui dénude l’épaule. Ces étudiantes option girlband d’aujourd’hui ne se contentent définitivement plus du championnat provincial de twirling bâton, envolées de jupes plissées et poudres pastel, cordes à sauter. Sur un canapé de loft new-yorkais, elles matent plutôt ‘Girls’ en pianotant sur leur tablette mais n’hésitent plus à doser leurs cocktails Cosmo avec une larme de rough : un solide ancrage de martèlements tribaux mâtinés de perceptions d’aquarium, voilà ce qu’elles sollicitent, des oscillations synthétiques et chambres d’écho, des marelles truffées d’éblouissements dreampop, des claviers vibrionnants, trois fois rien de pyrotechnie bruitiste. Si elles prétendent appuyer sur la pédale d’effet, les aigus et la touche repeat mieux que personne (‘Better’) ce n’est pas pour autant qu’elles rejoignent complètement leurs crâneuses aînées (Delta 5, Bush Tetras et autres Quix*o*tic) sur la voie de l’hérissement urbain, le fil barbelé du post-punk. ‘Electric’, telle une puce sous-cutanée, nous lance toutefois à la gueule les klaxons stridents de ces chipies conductrices de locomotive folle. Rafraîchissant ! (alr)
rière d’une boutique de scuds, DJ Fly, Yves Deruyter et Franky Jones semaient les pousses et surtout le trouble dans la fourmilière électronique. L’arbuste comme nouveau symbole et ses productions tapageuses comme hymnes de toute une génération galvanisée par la défonce. Tant de merveilles aux cadences affolantes, certaines un brin poussiéreuses, sorties des quelques boites à rythmes dont disposaient les producteurs à l’époque : la fièvre du Cherry Moon dans ‘The House of House’, le « Taaa-Taaa » signé par Thunderball, l’esprit visionnaire de Fire & Ice, c’est une infime partie des trésors dont les nostalgiques compulsifs se délecteront à la table de cette quadruple compilation. Un mets qui tient au cœur et au corps et se sert sous forme physique et numérique. On se permettra tout de même de faire la gueule sur un point, pas de sortie vinyle prévue. Il eut fallu les garder, pauvres de nous. (dark)
Tweak Bird
Piranha
‘Undercover Crops’ Volcolm
Après quelques bières et une bonne tranche de plaisir (l’album éponyme ‘Tweak Bird’), Brother Ashton et Brother Caleb sont repartis sur leur moto. Le duo a quitté l’Illinois pour s’installer à Los Angeles, nouvelle terre d’accueil des beatniks aux idées larges. Toujours organisés comme des bohémiens, les frangins se limitent au minimum syndical : batterie, guitare et chant choral de rats sous hélium. Sur son dernier EP (‘Undercover Crops’), Tweak Bird peaufine sa technique de lavage de cerveau par acheminement de décharges électriques. Pour éviter de griller l’intégrale des connexions cérébrales de leurs patients, nos deux docteurs mabouls infusent un flux continu de pop déviante. Le résultat de leurs expériences est surprenant : un bon disque de rock stoner psychédélique pour hipsters défoncés à la colle. (na)
The Unwinding Hours ‘Afterlives’ Chemikal Underground
Rappel des faits : le duo écossais de The Unwinding Hours est formé sur les cendres d’un groupe qu’on n’a jamais écouté, Aereogramme. Ça, je me souviens l’avoir écrit dans la chronique de leur premier album, en 2010. Ou, à tout le moins, l’avoir lu dans une bio probablement d’hyper mauvaise foi. Ce disque, comme le précédent, est nul. Tellement d’ailleurs que dans mon vague souvenir, ces gars faisaient du folk. Quéquette : ‘Afterlives’ est un torchon de guitares post-rockeuses coincées dans un format radiophonique (4 minutes, max). Le meilleur morceau : ‘Skin On Skin’, on dirait du Placebo qui reprend du sous-XX. Zéro. (lg)
Various - Bonzai Records ’20 years Bonzai’ Bonzai Music
« Déjà le revival de ce qui se passera demain », telle une pilule coincée dans votre arrière gorge depuis 20 ans, le virus était encore en vous et vous préfériez l’oublier. Mais y songer, c’était déjà sans aucun doute replonger. Sceptiques ? Sur Youtube, tapez « Cherry Moon on Valium », frissons et montées garanties. Les années folles de la tech en Belgique, Bonzai Records a 20 ans et ça se fête, avec entre autre une sauterie prévue en Flandre profonde, sous haute surveillance de la maréchaussée. Mais si, loin des interdictions, vous préférez votre salon, un casque haute-fidélité ou les basses ronflantes d’une Opel Manta customisée, lancée à toute allure dans les chemins de terre qui relient Lokeren et Wassmunster, ‘20 Years Bonzai’ est le recueil qui vous manquait sans que vous ne le sachiez. En 92, à l’ar-
Various ‘Orient Noir – A West-Eastern Divan’ La mode est au monde village. La mondialisation commande. La mondialisation, c’est le post-cosmopolite, c’est l’au-delà du cosmopolite. La multitude des compilations world n’échappe pas à cette tendance que rien ne semble réfréner. Ainsi de cet ‘Orient Noir’ qui en réalité se veut un grand Orient. Un grand Orient ouvert et multiculturel (autres vocables à la mode). On y trouve pêle-mêle des musiques arabes ou arabisantes en provenance du Caire ou de Beyrouth (Mahmoud Fadl, Samy El Bably, Maurice El Medioni, Ishan AlMounzer…) de la musique juive séfarade (Ruth Yaakov) et yéménite (le remake du fameux tube d’Ofra Haza par le Watcha Clan de Marseille), un peu de klezmer avec The Klezmatics, une apparition de Boban Markovic accompagné pour l’occasion de Frank London et même une chanson en swahili. C’est dire si les contours de l’Orient envisagé ici sont flous et amples. On ne s’en formalisera pas tant cette compilation, mi-spitante, mi-mélo sentimentale à l’eau de rose s’écoute avec légèreté et abandon. (et)
Vessel ‘Order Of Noise’ Tri-angle Records/PIAS
A en croire la bio, ‘Order Of Noise’ est un disque saturé d’idées qui forment un ensemble cohérent d’intentions pour l’avenir. Trois écoutes et quatre-vingt-deux bâillements plus tard, je cherche toujours... (fv)
Vitalic ‘Rave Age’ Citizen Records/Different/PIAS
« Allo, docteur Georges ? Oui, dites, je ne sais quoi faire de la schizophrénie de Mr ArbezNicolas. Je me disais qu’un psychiatre pourrait m’aider… ». Du repos, beaucoup ? Pourtant, dans la frénésie des artistes à consommer et à rentabiliser, Vitalic mène sa barque tranquillement, sort de la brume tous les 3 ans. Une barque qui tangue, un coup à gauche un coup à droite, gardant cependant un œil, au loin sur l’horizon, rectiligne, indéformable. Car lorsqu’il s’agit de production, le Français est psychorigide, fidèle à une patte sonore depuis ses débuts, trop longtemps peut-être. Sonnet-on forcément dépassé quand notre identité appartient à ce point à une époque ? Pas vraiment, mais le couple y perd de sa superbe et mate par dessus l’épaule. Madame a des envies saphiques et chevauche, sous le soleil, les filles de Sexy Sushi pendant que monsieur s’offre des troisième mi-temps du côté de Shit Disco. Un joyeux bordel annoncé par ‘Rave Kids Go’ et la voix courtraisienne de Goose, mais plus que tout, un fourre-tout élec-
43
THE AGGROLITES 2/11/12: Trix - Antwerpen
D E AT H G R I P S
2/11/12: Magasin 4 - Bruxelles
RAPE BLOSSOMS
3/11/12: Rockglabbik (Zaal Vona) – Opglabbeek 17/11/12: Nijdrop - Opwijk
MOON DUO + CARLTON MELTON 7/11/12: De Kreun - Kortrijk
PETER BRODERICK 8/11/12: AB – Bruxelles
XIU XIU + STILL CORNERS 14/11/12: Trix – Antwerpen
J O Z E F VA N W I S S E M 14/11/12: ABclub – Bruxelles
LOVE LIKE BIRDS
15/11/12: Moonbeat – Mechelen 17/11/12: Vooruit – Gent 22/11/12: CC De Steiger – Boom 6/12/12: Elzenhof - Bruxelles
BEACH HOUSE
18/11/12: AB – Bruxelles (sold out)
DIRTY THREE
18/11/12: Vooruit – Gent
ANDREW BIRD
18/11/12: Crossing Border – Antwerpen
WILL JOHNSON + WILL SAMSON 19/11/12: Café Video - Gent 20/11/12: Stuk – Leuven
SUKILOVE
21/11/12: Charlatan - Gent 07/12/12: Trix - Antwerpen
KISS THE ANUS OF A BLACK CAT 24/11/12: JC De Klinker – Aarschot 28/11/12: Autumn Falls @ ABclub – Bxl
ALEC EMPIRE
24/11/12: Minus One – Gent 1/12/12: Autumn Falls @ Magasin 4
DO MAKE SAY THINK + SANDRO PERRI + ERIC CHENAUX 26/11/12: Autumn Falls @ Atelier 210 – Bxl
TY SEGALL + WHITE FENCE
27/11/12: De Kreun – Kortrijk 30/11/12: Autumn Falls @ Atelier 210 – Bxl
H U N D R E D WAT E R S
28/11/12: Vooruit – Gent 29/11/12: Autumn Falls @ Mdm Moustache – Bxl
LOWER DENS
28/11/12: Autumn Falls @ ABclub – Bxl 5/12/12: De Kreun – Kortrijk
PICTUREPLANE
28/11/12: Botanique - Bruxelles
JENS LEKMAN + RAVENS & CHIMES
43 Earteam THE AGGROLITES 2/11/12: Trix - Antwerpen
D E AT H G R I P S
2/11/12: Magasin 4 - Brussel
tro-techno-pop où le pire se conjugue avec visage sérieusement le piercing), je pressenRAPE BLOSSOMS le meilleur.Rockglabbik Si la brutalité(Zaal lourde de ‘Vigipirate’ tais l’arnaque. Imaginez : un conte musical trip3/11/12: Vona) – Opglabbeek sonne le Vitalic qu’on adore, ‘Under Your hop, au titre poético-pouêt, étalé sur plus de 20 17/11/12: Nijdrop - Opwijk Sun’flirterait avec l’odeur de transpiration d’un plages (sans compter un second album, instruMOON DUO + CARLTONdeMELTON Guetta. Et il De est là tout le -problème mental celui-là) et une tripotée de guests dont 7/11/12: Kreun Kortrijk ‘Rave Age’, c’est qu’il fonce en danseuse, dodeline la majorité des noms se compose d’acronymes Plong E Td’une E R ligne B Rpourtant O D Esans RIC K aule courbe ou de blazes plans-plans cuculs. L’histoire, celle 8/11/12: AB – Brussel cune, Vitalic faisant fi de toute subtilité. Jean d’un gamin qui cherche l’évasion à travers le qui rit, XIU Jean qui et Pascal qui nous dépouvoir de la musique, est racontée par Don XIU + pleure STILL CORNERS 14/11/12: Trix – Antwerpen çoit, un peu. L’agitateur ? (dark) McCorkindale, chroniqueur vétéran de la BBC à qui Wax Taylor tente de conférer l’aura vénéJ O Z E F VA N W I S S E M neuse d’un Vincent Price période ‘Black Widow’. 14/11/12: ABclub – Brussel Martha Wainwright Force est de constater qu’il y a plus d’image‘Come Home To Mama’ LOVE LIKE BIRDS rie dans les 2 minutes d’intro parlée du clasCoop/V2 15/11/12: Moonbeat – Mechelen sique d’Alice Cooper que dans l’interminable ré17/11/12: Vooruit – Gent Ca devait arriver à force d’entendre des 22/11/12: CC De Steiger – Boom cit de ce ‘Dusty Rainbow’. La faute à une écriture 6/12/12:(justifiées) Elzenhof Brussel louanges sur- ses deux premiers anti-dramatique et répétitive qui jamais n’atteint albums, Martha Wainwright se prend les l’ambition annoncée. En fait d’ambiance, c’est BEACH HOUSE pieds dans leAB tapis de l’exagération. Exit les 18/11/12: – Brussel (sold out) l’agacement qui s’invite à force d’alternances tourments chantés avec une délicatesse entre cette narration qui patine et des chanD I R T Y T H R E E et les déclinaisons pop limite folk, la sœursons dépourvues d’identité, triste constat pour 18/11/12: Vooruit – Gent de-qui-vous-savez se lance dans une déun conte musical. L’album tout entier se traîne rive A Nexpressionniste D R E W Bqui I RneDlui réussit pas comme une démo de l’Hotel Costes confiée au 18/11/12: Crossing Border – Antwerpen vraiment. Plus d’une fois, ses montées voTim Burton édulcoré des jours nouveaux, celuicales rappellent une, hum, Bonnie Tyler perWILL JOHNSON + WILL SAMSONlà même qui retapisse le Pays des Merveilles de due dans un pseudo-cabaret rock de salon, 19/11/12: Café Video - Gent rêves néo-plastiques à destination de la généra20/11/12: Stukd’arrangements – Leuven sans même parler à la limite tion Hello Kitty. Irritant d’un bout à l’autre. (ab) du passe-partout. SU K I L O V EHeureusement, il y a le morceau ‘Prosperina’et son refrain d’où est 21/11/12: Charlatan - Gent We Are The Ocean 07/12/12: - Antwerpen issu le titre deTrix l’album. Il nous offre une bal‘Maybe Today, Maybe Tomorrow’ lade romantique où plane l’ombre du grand KISS THE ANUS OF A BLACK CATHassle frère, ça vientJC mettre le monde 24/11/12: De d’accord Klinker tout – Aarschot Autumn Falls @ ABclub –28/11/12: cordes à la Carole King incluses dans le – BxlJusqu’ici, We Are The Ocean n’avait pas bénéficié de beaucoup de crédit, étant rangé dans la packaging. A L E C Pour E M lePreste, I R Esi on reste ébacatégorie des groupes post hardcore pas parhi face aux prouesses vocales de la chan24/11/12: Minus One – Gent 1/12/12: Autumn Falls caméléon @ Magasin teuse canadienne, véritable en 4 ticulièrement novateurs. Beaucoup de choses équilibre instable sur un fil pas très conducDO MAKE SAY THINK + SANDROont ceci dit changé depuis la sortie du deuteur, on n’est pas franchement convaincu de xième album. Tout d’abord, ils ont viré l’ancien PERRI + ERIC CHENAUX la pertinence de ses orchestrations où210 beau26/11/12: Autumn Falls @ Atelier – Bxlchanteur et l’ont remplacé par quelqu’un qui chante plutôt qu’il ne hurle. Ensuite, ils ont viré coup d’éléments débordent sur la case too TY SEGALL + WHITE FENCE leur cuti et évoluent désormais dans un registre much. (fv) 27/11/12: De Kreun – Kortrijk 30/11/12: Autumn Falls @ Atelier 210 – Bxlrock punchy et très pop dans son immédiateté qui, sans rien révolutionner, est néanmoins terWax Tailor H U N D R E D WAT E R S riblement réjouissant de fraicheur mélodique. ‘Dusty Rainbow 28/11/12: Vooruit –From Gent The 29/11/12: Autumn Falls @ Mdm Moustache – BxlSi l’on veut bien faire abstraction de quelques Dark’ titres dispensables, on ne peut que s’incliner Lab’Oratoire/PIAS LOWER DENS devant la fulgurance de l’hymne en puissance 28/11/12: Autumn Falls @ ABclub – Bxl Dès la couverture, illustration street-kawai qu’est ‘The road’, des tubesques ‘Bleed’ et 5/12/12: De Kreun – Kortrijk qui récolterait 24 likes et 65 fautes d’ortho‘Machine’ ou du galvanisant ‘Story of a modern P I C Tsur UleRwall E Pfacebook LANE graphe de votre pechild’. Avec cet album, plus que d’un change28/11/12: Botanique - Brussel tite sœur gotho-pouffe (celle qui porte des ment de cap, on pourrait carrément parler de bas noirsLEKMAN sous sa jupe plissée rose et enrésurrection ! (pf) JENS
+ RAVENS & CHIMES
29/11/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl
29/11/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl
THE SOFT MOON + LUMERIANS
THE SOFT MOON + LUMERIANS
29/11/12: Autumn Falls @ Magasin 4 – Bxl
29/11/12: Autumn Falls @ Magasin 4 – Bxl
THREE MILE PILOT + JOE GIDEON & THE SHARK + CHRIS COHEN
THREE MILE PILOT + JOE GIDEON & THE SHARK + CHRIS COHEN
30/11/12: Autumn Falls @ AB – Bruxelles
30/11/12: Autumn Falls @ AB – Brussel
SX
SX
30/11/12: Autumn Falls @ AB Club – Bxl (sold out) 21/02/13: Het Depot – Leuven 23/02/13: De Kreun – Kortrijk 1/03/13: Trix - Antwerpen
30/11/12: Autumn Falls @ AB Club – Bxl (sold out) 21/02/13: Het Depot – Leuven 23/02/13: De Kreun – Kortrijk 1/03/13: Trix - Antwerpen
WHY? + DEERHOOF + DIIV + CLINIC
WHY? + DEERHOOF + DIIV + CLINIC
01/12/12: Autumn Falls @ AB – Bruxelles
01/12/12: Autumn Falls @ AB – Brussel
FATHER JOHN MISTY + SHEARWATER + DARK DARK DARK
FATHER JOHN MISTY + SHEARWATER + DARK DARK DARK
01/12/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl
01/12/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl
N AY T R O N I X
N AY T R O N I X
1/12/12: Sonic City - Kortrijk
1/12/12: Sonic City - Kortrijk
GREAT LAKE SWIMMERS + DUSTED + ZAMMUTO
GREAT LAKE SWIMMERS + DUSTED + ZAMMUTO
02/12/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl
02/12/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl
BEAK>
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2/12/12: Sonic City – Kortrijk
2/12/12: Sonic City – Kortrijk
for more concerts : www.toutpartout.be
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Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman
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Nieuwpoort 18 9000 Gent Phone: +32 (0)9 233 06 02
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info@toutpartout.be http: www.toutpartout.be
info@toutpartout.be http: www.toutpartout.be
Patrick Wolf ‘SunDark and Riverlight’ Bloody Chamber Music/V2
Rétrospective pour les dix ans d’extravagance du prince londonien lycanthrope, dix ans de variations capillaires, de garde-robe de drama queenpiquée à Marc Bolan et de tatouages de licorne. Pas le genre à qui on pourrait contester un plumage, un ramage, un panache, une panoplie d’affects, jusqu’à une voix propre (qu’importe qu’elle indispose ou fasse merveille : elle existe). Au-delà de maniérismes à rubans qui n’en finissent pas de secréter des émanations invraisemblables (des accompagnements klezmer ou flamenco, et des touches kozachoc, truly ?) malgré des réarrangements acoustiques, il arrive, rutilante épiphanie, qu’on se laisse entraîner intuitivement dans la farandole du faune violoniste, qu’on entraperçoive la face cachée de la lune et c’est l’agréable ‘Overture’: « ‘s so magical what you can keep inside / And if you bury it deep no one can find a thing, no ».Mettons cela dit en garde les hardis parmi vous: si vous n’êtes ni Lady Oscar, ni clandestinement fan de Rondo Veneziano, c’est sûr, seize fusées de cet acabit, il y a de quoi morfler. (alr)
Wrongtom Meets Deemas J. ‘In East London’ TruThoughts
L’ex de ma femme, un portugais polygame avec une gueule de chou, aime beaucoup Bob Marley. Enfin, c’est surtout pour la fumette. Parce que question musique, ce type est une vraie chèvre : UB40, Manu Chao, j’en passe. Dédé, je te conseille donc ce disque. Ecouté au volume maximal, tu verras, c’est de la balle, de la bonne. Je te parie pas tout ce que tu dois encore à Sarah que ce dubstep bien envoyé, ce reggae un brin décérébré (‘Raspootin’) + ta beuh, ça te fera léviter. Je parie pas parce que t’es pas fiable. Mais qui sait, peut-être qu’avec ‘In East London’, tu reviendras de ton rastafarisme d’hard discounter et que, depuis Lisbonne, tu te débarrasseras de tous tes intérêts en m’envoyant un gros mandat ? Donc, vasy dugland, fonce, c’est tout bon pour tes karmas. (lg)
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gigs& parties nov 12
jeudi 01 novembre Limiñanas @ Madame Moustache, Bruxelles Lambchop @ CC, Mechelen, cultuurcentrummechelen.be Mujeres, Whatever @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Steve Harley @ De Roma, Borgerhout, deroma.be Phace, Upbeats, Posij @ Vooruit, Gent, democrazy.be Amanda Palmer & The Grand Theft Orchestra, Jherek Bischoff, The Simple Pleasure; Kreator, Morbid Angel, Nile, Fueled By Fire @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Demi-Finale Concours Circuit: Lapsus, Industroïka, Ucture, Wetness @ Rockerill, Charleroi, court-circuit.be Gothye, Jonti, PVT @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Dionysos @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Here We Go Magic, Rich Aucoin @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
vendredi 02 novembre Regatta de Blanc @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be M83; Simon Felice @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Micachu & The Shapes; Liars, The Haxan Cloak @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Man On Fire And The Soulsoldiers @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Mujeres, Paon @ Fiacre, Liège, liege3015.be Owl City, Matthew Koma; François And The Atlas Mountains @ Vooruit, Gent, democrazy.be Protection Patrol Pinkerton @ De Walrus, Maldegem Yevgueni @ CC Guldenberg, Wevelgem Yvan Bernard @ L’Excale, Liège Vandal X @ M-O-D, Hasselt, muziekodroom.be The Waow, 14Weeks @ L’Escalier, Liège, escaliercafe.be The Aggrolites; Steel Panther, Kobra & The Lotus @ Trix, Borgerhout, trixonline.be KK Null, Bruital Orgasme @ Les Ateliers Claus, Bruxelles Clinton Fearon & Friends @ VK*, Bruxelles, skinfama.com Concours Circuit: Elvy, For24Lives, He Died While Hunting, Scarlett O’Hanna, Soumonces, Dan San @ Ferme du Biéreau, Louvain-la-Neuve, court-circuit.be Death Grips, Fujako @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Bon Iver @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Another Black Band @ L’Annexe Indigo, La Louvière 14Weeks, The Waow @ L’Escalier, Liège, intersection.be Aba Shanti I, Forward Fever meets Idren Natural @ Cactus@MaZ, Brugge, cactusmusic.be Flying Horseman, Suburb Songs @ De Casino, Sint-Niklaas A School Of Quiet, Head On @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be K-Holes, Al Doum & The Faryds @ Water Moulin, Tournai Leng Tche, Coalition, Resistance, Disgraced, Exuviated @ l’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Jagwa Music, Jos Tacovich @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Hooverphonic @ CC, Strombeek-Bever, ccstrombeek.be Singtank, Weekend Affair @ Caves aux Poètes, Roubaix, Fr Irma, Gaël Faye @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Get Well Soon, David Lemaitre @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com The Popopopops, O Superman, Transmission vs VJ Rezo & Piss And Laugh TV @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr Young Magic @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu The Cranberries @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg
samedi 03 novembre Manu Hermia Trio @ CC, Hanut, cchanut.be Mika @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Mujeres, Charles Howl, Coubiac, Bronco Billy, Gino Dactarin, Smimmozz/Proceed/Carpulax, Cara OK!, Dj Fils De Piet @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Kink, Tom Dazing, Pierre, Deg @ Fuse, Bruxelles, fuse.be onTWen!-fest: Drums Are For Parades, Soviet Soviet, Rooie Waas, Darqo @ Club de B, Torhout, ontwen.be l’Etrangleuse @ l’Chouette, Tournai Lonely Drifter Karen, TheTravel Minds @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Steve Harley @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Stuff., 44 Rave, Jazzman Gerald @ Vooruit, Gent Worldwide Festival Reunion: DJ’s Gilles Peterson, Machinedrum, Onra Eliphino, Lefto, Funky Bompa, Onda Sonora, DJ Reedo, Baptiste Brunello, ... @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Jam’in Jette: Tounga, Fresk, Xaman-Ek, Klody Ndongala, Ben & Cléo, Mamadou Dramé @ Centre Armillaire, Jette W.A.S.P., Alpha Tiger, Dark At Dawn @ Trix, Borgerhout Ravepocalypse - The Final Edition @ MOD, Hasselt
Drunk Machine, Aldolina @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Black Bomb A, KomaH, Doyle, Exuviated, Castles, Spitdown, God Left Paradise, Our Last Dream @ CC, Chênée, cheneeculture.be Clip That Beat Festival & After Party: Origami Overdrive @ Flagey, Bruxelles, clipthatbeat.be Becky Lee & Drunkfoot @ Madame Moustache, Bruxelles Adam X, Rotax, Edweirdo, Face Down,@ La Raffinerie Plan K, Bruxelles, fondation-sonore.org Balkan Funk Night @ CC Strombeek-Bever, ccstrombeek.be Coffee Or Not @ Fnac Toison d’Or, Bruxelles, fnac.be Greentongue Family ft Jah Rejj, Forward Fever meets Echo Vault, Unlisted Fanatic, Crucial, Alphonso Kingstep @ Cactus@MaZ, Brugge, cactusmusic.be Concours Circuit: Billions Of Comrades, Kennedy’s Bridge, Swingers, Themis, Two Kids On Holidays @ Entrepôt, Arlon Isbells, Mad About Mountains, True Bypass @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Hot Chip @ AB, Bruxelles, livenation.be François & The Atlas Mountains; Haim, Death At Sea; Soan @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Godspeed You! Black Emperor, Dead Rat Orchestra @ La Condition Publique, Roubaix, Fr legrandmix.com Citizens!; Gotye @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
dimanche 04 novembre Pak Trio @ Ferme Madelonne, Gouvy, gouvy.eu/madelonne Nosaj Thing, Wild Nothing, Young Magic, Sun Glitters @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Romain Virgo; Maya’s Moving Castle @ Vooruit, Gent Lotus Plaza, Cloud Nothings @ De Kreun, Kortrijk Wintersun, Korpiklaani, Varg, Trollfest, Krampus @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Terror @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be The Cranberries @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Club Select @ 4AD, Diksmuide, clubselect.be Blurt, Coolhaven @ Les Ateliers Claus, Bruxelles Coheed & Cambria, Fighting With Fire @ VK*, Bruxelles Grizzly Bear, Villagers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Gripin @ De Centrale, Gent, decentrale.be The Bad Plus @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
Festival Les Inrocks 8 et 9 novembre Aéronef, Lille
Entre un clin d’œil à George Michael et une tape au cul de Billy Idol, Electric Guest se fraie un passage entre MGMT, Broken Bells et les Bee Gees. Mis en son par Danger Mouse, leur album ‘Mondo’ étale ses mélodies sous le soleil. Refrains androgynes et joyeux plaisirs coupables y scintillent de mille feux. Il n’y a pas de mal à se faire du bien: The Vaccines délivrent un super disque qui étale sa pop à guitare sans retenue, comme un gosse de quatre ans, en débordant. Frais. Fun. Addictif. Tout le talent des Vaccines est là : avoir oublié le superfétatoire du premier album pour torcher onze pop songs mélodiques aux refrains fulgurants. En cadeau bonux : Poliça et Phantogram le 8. Michael Kiwanuka, Willy Moon, Wild Belle, The Bots, le 9 novembre. 23 euros par jour, 40 euros pour le pass deux jours.
Stupeflip
9 novembre, Eden, Charleroi 27 novembre, Aéronef, Lille Et Vlan! King Ju/Pop Hip, Cadillac et MC Salo sont de retour. Mélange improbable et impertinent où l’esthétique pioche sa rage acide dans un héritage post-Bérurier Noir, des infusions de variété bâtarde, une vista hip-hop et des saillies punk. Accrochez-vous à vos slips, La Menuiserie fonctionne à plein régime, ça va scier : « prendre des petits bouts de trucs et les assembler ensemble », le Stup sait y faire pour labourer l’inconscient collectif au bulldozer de ses boucles qui font mouche en deux coups de cuillère à pot. La mise en abîme du système showbizz fait des couacs et des couics? Les textes de Julien Barthélémy, auteur décompléxé, survolent allègrement le paysage désolé du rap français. Check da Crou! Nouveau Spectac! (fd)
lundi 05 novembre Shabazz Palaces, Thee Satisfaction @ De Kreun, Kortrijk Twin Shadow @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Winterslag @ Café Video, Gent, cafevideo.org Sam Sparro, Bodyspasm; Opossom @ AB, Bruxelles Dirty Dozen Brass Band, Fatback Brass Band @ Handelsbeurs, Gent, democrazy.be Electric Mary @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Lambchop @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
mardi 06 novembre Reut Regev Trio @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Purity Ring, Doldrums @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Alt-J; Sophie Hunger, Blackie & The Oohoos @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Kiss & Drive, Mister Diagonal& The Black Light Orchestra @ Le Splendide, la Louvière, ccrc.be Ken Stringfellow; Susanne Sundfør @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Hugh Cornwell @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Citizens! @ Beursschouwburg, Bruxelles Kamelot @ Trix, Borgerhout, trixonline.be K-Holes, Hey Lover @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Portico Quartet @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Hot Chip, Lescop, Juveniles @ Aéronef, Lille, Fr
mercredi 07 novembre Team Me @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be The Maccabees; Purity Ring, Doldrums @ AB, Bruxelles Moviestar Junkies @ Madame Moustache, Bruxelles Yes Cadets @ Café Video, Gent, cafevideo.org Uberdope, Kenji Minogue & Nadiem Shah @ Vooruit, Gent Troy Von Balthazar, Paon @ Maison des Musiques, Bruxelles, vkconcerts.be Dominique A @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Godspeed You! Black Emperor, Baby Fire; Imagine Dragons; Lescop @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Moon Duo, Carlton Melton, Zun Zun Egui @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Ken Stringfellow @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Belpop Bruxelles @ Kafka, Bruxelles, stoemplive.be Kiss & Drive @ WHallstation, Bruxelles, art-culture.be Low Leaf @ Beursschouwburg, Bruxelles Monogrenade, Head Full Of Flames @ La Cave aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Festival La Sauce Jack: Psykokondriak, Youngblood Brass Band @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Lionel Richie @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg Tower Of Power @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
Django Django 15 novembre AB, Bruxelles
Les diktats de la hype ne nous feraient pas ciller pour Django Django, nous savoir infectée par des rythmes flagrants relèverait du mythe urbain. Deux jours après nous devions pourtant battre pavillon blanc: on venait d’être surprise en train de danser compulsivement sur ‘Default’, et la pyramide aux cercles concentriques surgie de la station Montgomery constituait le symbole halluciné de notre compatibilité manifeste avec cette sarabande. Dans la voie lactée avec DjangoDjango on s’est plu à rêver d’une ère moderne, inspirée et loufoque. On vous laisse découvrir à quels délicieux périls il faudra vous attendre, c’est l’heure de la promenade, le ciel est chargé de promesses obsédantes. (alr)
20 Years Bonzai
17 novembre Studio@Ethias Arena, Hasselt Telle une pilule coincée dans votre arrière gorge depuis 20 ans, le virus était encore en vous, vous préfériez l’oublier... Mais y songer, c’était déjà sans aucun doute replonger. Bonzai Music a 20 ans et ça se fête. « Déjà le revival de ce qui se passera demain… » et les 90’s qui ont le vent en poupe; pourquoi ne pas alors ressusciter Yves Deruyter, Franky Jones, les tauliers mais aussi Phi Phi et bien entendu, le Bonzai All Stars ? Jamais avare en BPM, le label belge donne rendezvous sur compilation (cfr la Earteam), mais aussi sur le dance-floor. C’est promis, il y aura de la sueur et de la frite à l’Ethias Arena de Hasselt ce 17 novembre. Pour ce qui est de la drogue, la consigne est claire : il faudra se contenter du souvenir ou prendre les devants avant cette soirée annoncée Zero Tolerance Policy. Y aller carrément bien habillé ? Il semblerait que ce soit préférable. Tout se perd putain… Un site ? www.20yearsbonzai.com (dark)
28 Lieutenant The Spinto Band 17 & 25 novembre Le Fiacre, Liège
A Liège, on aime L’Escalier, on aime L’An Vert. Et depuis une bonne année, on aime aussi beaucoup Le Fiacre, place Saint Denis. S’il a récemment été question d’une fermeture (pour des raisons de nuisances, surtout), il semblerait que cela ne soit plus à l’ordre du jour. Ouf, car Le Fiacre c’est un peu le nouveau lieu incontournable des cultures dites alternatives. Le bâtiment – superbe, séculaire – en a déjà vu passer. Récemment, Me, Myself & Music, petite boîte artisanale et ardente de Booking/Management, y a fait venir les fantastiques Wave Pictures. Aujourd’hui, elle continue son super boulot en y invitant leur penchant américain (cf chronique) The Spinto Band. Pas de la petite bière. On se délectera donc de leur pop lo-fi et lumineuse. Assurément un soir d’automne à l’avant-goût de printemps. Par ailleurs, Me, Myself & Music défend les intérêts d’un groupe dont les compositions rappellent le meilleur de la pop orchestrale de ces dix dernières années, The Divine Comedy et Hjaltalin en tête. Ces liégeois – Lieutenant – fêteront la sortie de leur premier EP au Fiacre ce 17 novembre. Le bon sens serait de réserver illico ces deux soirées. A noter : The Spinto Band se produit également le 19 novembre au Botanique! (lg)
Calexico
20 novembre Den Atelier, Luxembourg Carrefour d’itinéraires artistiques et de métissages culturels, la Nouvelle-Orleans n’a jamais usurpé son statut de melting pot. Vu sous cet angle, il n’est guère surprenant que Joey Burns et John Convertino y aient déposé leurs états d’âme et leurs instruments le temps d’un enregistrement. S’aventurant hors de la rude simplicité et de l’âcre poussière du désert arizonien dont les cactus aiguillonnent traditionnellement l’inspiration, Calexico propose avec ‘Algiers’un disque hanté et tourmenté mais aussi aéré par l’esprit d’une ville qui fait écho à l’introspection de ses hôtes. (gl)
Sonic Visions
Rockhal, Esch/Alzette 23 & 24 novembre
The XX © Alexandra Waespi Le festival Sonic Visions se tient à la Rockhal. Si The XX constitue à n’en pas douter une tête d’affiche de choix, on se réjouit de voir nos chouchous de Django Django rejoindre le line-up. Cela faisait des lustres qu’on avait plus vu plus flamboyante bande de recycleurs ingénieux. Trop longtemps aussi qu’on ne s’était pas aventurés avec délice jambes par-dessus tête, la fièvre aux lèvres à force de scander chaque beat. En sus : C2C, Elektro Guzzi, Clock Opera, Thomas Azier, Oscar And The Wolf, Rolo Tomassi, Dead Cat Bounce, Francis International Airport,... Et quelques régionaux de l’étape à découvrir (Seed To Tree, Monophonia, Natas Loves You, Synthesis). En plus des concerts, le Sonic Visions propose un cycle de conférences centré sur tous les aspects du business musical. Le ticket pour le vendredi coûte 30 euros en prévente, 17 euros pour le samedi. Le pass pour les 2 jours revient quant à lui à 41 euros en prévente. www.sonicvisions.lu
jeudi 08 novembre Roland Tchakounté @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be K-Holes, Les Panties, Hey Lover @ Vecteur, Charleroi Skinny Molly @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Kosheen, ... @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be The Sea @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Ifa y Xango @ Vooruit, Gent, vooruit.be Sonata Arctica; In-Kata, Sodasync @ Trix, Borgerhout Qu4tre @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Clip That Beat Festival PlazaArt, Mons, clipthatbeat.be Club Select; Head Full Of Flames @ 4AD, Diksmuide August Albert @ Arenberg, Antwerpen Hey Lover, K-Holes, Les Panties @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Daughter @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Bill Frisell, Bill Morrison @ De Roma, Borgerhout Hanne Hukkelberg & Susanne Sundfør @ CC Ha, Hasselt Efterklang: The Piramida concert ft Rotterdam Sinfonia @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Festival La Sauce Jack: Antibalas, Groupe Coup de Cœur @ Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com The Popes, Steve Axel B. @ La Cave aux Poètes, Roubaix, Fr Electric Guest, The Vaccines, Polica, Phantogram @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Deep Purple @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu
vendredi 09 novembre Reject @ L’Annexe Indigo, La Louvière, centreindigo.org Sherman @ Huis 23, Bruxelles, abconcerts.be Panic Attack, Rivers Jumpers, The Pink Flamingos, Pignition @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Root & Hindi Zahra @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Pac Div @ Charlatan, Gent, democrazy.be Nathalie Loriers New Trio @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen, eupen.be Pachanga Boys, Sam Sparro, Horse Meat Disco, Mickey, Christophe Lefrog, Rick Shiver, A.N.D.Y. @ Ciné Mirano, Bruxelles, libertinesupersport.be VO, Susie Asado @ Fiacre, Liège, liege3015.be Yessongs @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Tommigun @ De Roma, Borgerhout, deroma.be Too Much And The White Nots @ CC, Hastière Twin Shades, The Guru Guru @ MOD, Hasselt Stupeflip @ l’Eden, Charleroi, charleroi-culture.be Sonny And His Wild Cows, The Mos’Cats, Lady Zombie Vega @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Dirty Blue Smoke, Express Candy, Wizardkind @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Geoff Farina, Imaginary Family @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Dalton Télégramme @ Maison des Jeunes, Ciney Melody Gardot @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Arthur H, La Mordue @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Jam Sessie: Jessica Tansma, Aurelie Charneux, Lubiana Kepaou, ... @ Espace George Truffaut, Liège La Jam @ Espace Georges Truffaut, Liège Les Slugs, 20 Minutes de Chaos, Rewinder @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Alabama Shakes @ AB, Bruxelles, livenation.be Laurent Garnier, Scan X, Fabrice Lig @ Fuse, Bruxelles Jean-Pierre Froidebise @ L’Excale, Liège Kiss And Drive @ CC, Hanut, cchanut.be Jungle By Night, Shakara United, DJ Daptunes, DJ Leblanc @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Kas Product, :Codes, Tetra Plok @ Magasin 4, Bruxelles Vitalic @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Kiwanuka, Willy Moon, Wild Belle, the Bots @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Madeleine Peyroux @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Animal Collective, Prince Rama @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
samedi 10 novembre I ♥ Techno: Boys Noize, Vitalic, Erol Alkan, Tiga, Dr Lektroluv, Spank Rock, Scntst, Raveyards, Netsky, Dj Fresh, Flux Pavilion, Excision, Zeds Dead, Camo & Krooked, Aks, Nga Sound, Dave Clarke, Joris Voorn, Chris Liebing, Len Faki, Gesaffelstein, Karenn, ILT Contest Winner, Nero, A-Trak, Major Lazer, Dada, Sub Focus, The Magician, Moonlight Matters, Benga, Modeselektor, Jamie XX, Flying Lotus, Tnght, Rudimental, Martyn @ Flanders Expo, Gent, ilovetechno.be Roller Madness ft 22tracks DJ’s, DJ’s L-Fêtes, Nosedriip & Lorin, Onda Sonora @ Beursschouwburg, Bruxelles Rhapsody @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be Rave Lead, Summerslam, Maskiman, 100 Crew, Jackhammer, Ship Of Fools, Letterbomb @ Entrepôt, Arlon Prog 66 meeting: Mindgames, Il Tempio Delle Clessidre, Nordagust, Mangala Vallis @ Spirit Of 66, Verviers Root & Hindi Zahra & Aziz Arradi @ De Centrale, Gent Pouet En Stock, Kajhem Orchestra, Klezmic Zirkus @ Espace Georges Truffaut, Liège Protection Patrol Pinkerton @ Kinky Star, Gent Tech N9ne, ... @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Too Much And The White Nots @ CC, Flémalle Ost & Kjex, Traumer, Lorenzo Ottati, Namissy, Fady One,
Deg vs Pierre @ Fuse, Bruxelles, fuse.be The Van Jets @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Such A Noise @Magick, Jambes Smokin’ Boots @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Berry @ W:Halll, Woluwe-Saint-Pierre, whalll.be Pouet en Stock, Kaijhem Orchestra, Klezmic Zirkus @ Espace George Truffaut, Liège, facebook.com.megajammjazz Animal Collective, Prince Rama; Sivert H?yem @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Ost & Kjex, Traumer, Lorenzo Ottati, Namissy, Fady One, Deg vs Pierre @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Andry Nalin aka Nalin & Kane, Niels Van Gogh, DJ Georges, Franky Jones, Quincy, Olivier Pieters, Franky Kloeck, Youri @ Vooruit, Gent, ageoflove.be Isbells, Douglas Firs @ CC Strombeek-Bever Hudson @ Maison de la Culture, Namur, province.namur.be Jane Doe and The Black Bourgeoises, Transcoder @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Odezenne, Fantastic Mr Fox, Seriak @ Grand Manège, Namur, theatredenamur.be Lawrence Wasser, Edith and Two Man’s, Warm Toy Machine, Twilight Zone @ Rockerill, Marchienne au Pont Kiss & Drive @ Maison de la Culture, Tournai Matt Corby @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
dimanche 11 novembre Pain, Moonspell, Swallow The Sun, Lake Of Tears; Royal Republic, Kopek @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Prog 66 meeting: RPWL, French TV, Agents Of Mercy @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Hooverphonic @ AB Flex Bruxelles, abconcerts.be Ghalia Benali, Romeo & Leila @ Arenberg, Antwerpen DJ Giselle, DJ Max, Balbuzar @ Espace Georges Truffaut, Liège Alanis Morissette; Kettcar @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu
lundi 12 novembre Tedx Brussels @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Luz Casal @ Cirque Royal, Bruxelles, greenhousetalent.be Hooverphonic @ Centre Marius Staquet, Mouscron Kill It Kid @ Café Video, Gent, cafevideo.org Ariel Pink’s Haunted Graffiti @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Call 911 @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
mardi 13 novembre Surfer Joe & His Boss Combo @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be The Civil Wars, Matthew and The Atlas @ AB, Bruxelles Within Temptation @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Koçani Orkestar @ Le Splendide, La Louvière, ccrc.be Tony Levin Stickmen @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Diiv @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Archive, SAF @ Forest National, Bruxelles, livenation.be I Like Trains @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Jason Mraz @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Kas Product, Guerre Froide @ Aéronef, Lille, Fr
mercredi 14 novembre Joe Jackson, The Bigger Band ft Regina Carter @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Hear, Hear! (a cheer) @ Café Video, Gent, cafevideo.org Gravenhurst, BRNS @ Stuk, Leuven, stuk.be Skip & Die @ Beursschouwburg, Bruxelles Band Of Horses; Still Corners, Xiu Xiu @ Trix, Antwerpen Colin Stetson, Jozef Van Wissem; Shantel & Bucovina Club Orkestar @ AB, Bruxelles, abconcerts.be A Brand, Polaroid Fiction, Big Sean, Gangthelabel; Exitmusic, Tru Bypass @ Vooruit, Gent, vooruit.be Eliades Ochoa @ Arenberg, Antwerpen Dhoad Gypsies of Rajastan @ Kultuurkaffee, Bruxelles Wax Taylor & The Dusty Rainbow Experience @ Aéronef, Lille, Fr, agauchedelalune.com
jeudi 15 novembre Soirée 20 ans de Court-Circuit: David Bartholomé, Hollywood Porn Stars, Malibu Stacy, Kiss & Drive @ Mr Wong, Bruxelles, court-circuit.be Nevada Fellow @ Music Village, Bruxelles, abconcerts.be Marc Ribots Ceramic Dog, Sic @ De Kreun, Kortrijk Paatos, A Liquid Landscape, The Sixxis @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Love Like Birds @ Moonbeat, Mechelen, moonbeat.be Too Much And The White Nots, Balimurphy, Camping Sauvach, Sinus George, Primitiv, Dalton Télégrama @ CC, Chênée, cheneeculture.be Violence Conjugale @ Madame Moustache, Bruxelles Ian Siegal & The Mississippi Mudbloods, Rusty Roots @ Trix, Borgerhout, trixonline.be tomàn, Raketkanon @ Stuk, Leuven, stuk.be The Bony King Of Nowhere @ GC De Woeker, Oudenaarde Django Django, Eaux; Shackleton, Lumisokea @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Exit Music @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be
BRNS; Digitalism, Villa, Hey Today!, One Man Party, Ultravid @ Vooruit, Gent, vooruit.be Chouvall Brass @ CC, Hanut, cchanut.be Aqua Nebula Oscillator @ Taverne du Théâtre, La Louvière Here We Go Magic @ Arenberg, Antwerpen A Liquid Landscape @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Bob Brozman @ De Casino, Sint-Niklaas, decasino.be Drive Like Maria @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Dalton Télégramme @ CC, Chênée, cheneeculture.be
vendredi 16 novembre Plasticbirds @ L’Annexe Indigo, La Louvière, centreindigo.org Rat Event: Rudy Trouvé, Hugo Antunes, Joris Caluwaerts & Eric Thielemans/Jozef Dumoulin, Trevor Dunn & Eric Thielemans, Chaos Of The Haunted Spire @ Netwerk, Aalst Berlaen; Mulatu Astatke @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Tower Of Power @ Handelsbeurs, Gent, handelsbeurs.be The Magnificent Brotherhood, DJ Moos @ CC, Mechelen Selah Sue @ +17+18+20/11-Het Depot, Leuven The Excitements @ De Casino, Sint-Niklaas, decasino.be Old Skool Rockabilly Psychosis Night: Restless, Bloodshot Bill, The Chain And The Gang, Holograms @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Data, Basher, Gerra @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Dispo, Capital Cult, Coal Temple, Zappeur Palace @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Casino Royale, Heike Has The Giggles @ Vk*, Bruxelles Boy Kid Cloud, Feint, Stan SB, Memro, Dimension @ Petrol Club, Antwerpen, petrolclub.be DJ Battle @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Aziz Sahmaoui & University Of Gnawa @ l’Eden, Charleroi Kong, Set The Tone, SardoniS @ Magasin 4, Bruxelles Less Than Jake, Mad Caddies @ MOD, Hasselt Laetitia Sadier, Dorian Pimpernel @ Charlatan, Gent Joe Jackson & The Bigger Band ft Regina Carter; Grave Brothers, Rockin’ Dj’s @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Ian Anderson @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Ian Siegal & The Mississippi Mudbloods ft Cody Dickinson, Luther Dickinson & Alvin Youngblood Hart @ De Zwerver, Leffinge, leffingeleuren.be Mika @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Keane @ Daïchhal, Ettelbruck, Luxembourg, atelier.lu Netsky; Scorpions @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Scratch Bandits Crew, Unno, Pomrad @ La Cave aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Alt-J @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Rocca, Rocé, Boomer, DJ Sek, DJ Mars, DJ Nels @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Maniacx, Psykokondriak @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
samedi 17 novembre Neochrome Hall Stars @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Manu Hermia Trio @ Centre Marius Staquet, Mouscron Lady Ponce, DJ Manu Killer @ Salle Excelsior, Jette Old Skool Rockabilly Psychosis Night: Nekromantix,. Spellbound, The Kdv Deviators, Lost Souls, Stressor, The Surf Rats, Rockin’ Dj’s @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Kiss & Drive @ Salle Les Arcades, Frasnes-Lez-Buissenal Zita Swoon Group @ Maison de la Culture, Marche-enFamenne, maisondelaculture.marche.be Jozef Dumoulin Trio ft Trevor Dunn & Eric Thielemans @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Siena Root, Wheel Of Smoke @ Sojo, Leuven Ryan Bingham @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Sabotage, DJ The Great Macarra @ Zebra Bar, Bruxelles Rock And Chill Festival: Dan San, 14Weeks, Bai Kamara Jr., Kennedy’s Bridge @ Espace Culturel V.Jara, Soignies Keane @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Crossing Border: The Kyteman Orchestra @ Arenberg, Antwerpen, arenbergschouwburg.be Coffee Or Not @L’An Vert, Liège, lanvert.be Bonzai All Stars, Yves Deruyter, M.I.K.E./Push, Jan Vervloet, Airwave, Bountyhunter, Phi Phi, DJ Ghost, Franky Jones, Franky Kloeck & DJ Fire @ Studio@Ethias Arena, Hasselt, 20yearsbonzai.com Itinérance, le Récit @ l’Eden, Charleroi, pba-eden.be Blue Flamingo festival: Flying Fish Jump @ Bruxelles Didier Super @ CC, Lessines, intersection.be Dalton Télégramme @ Espace Grand Leez, Grand-Leez Gandhi @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Holograms, Rape Blossoms @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Don’t Hype festival: ‘t Hof Van Commerce, Frères Deluxe, TLP, Trash Radio, Tierkratz, Waxdolls, Great Mountain Fire, Raketkanon, The Baboons, Vers/Verse, Omrad, Uberdope, Team Panini, Internal Sun, Steven Mahieu, Love Like Birds, Flying Horseman, Blackie & The Oohoos, fABULEUS @ Vooruit, Gent, formaat.be Isbells, Mad About Mountains @ De Casino, Sint-Niklaas, decasino.be Freaks 77, Bike Crash @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Empreinte Balavoine @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Frank Kvitta, Miss Djax, Double U Jay, Soren Aalberg @ Petrol, Antwerpen, petrolclub.be Steve Vai @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Youssoupha, Mop @ Aéronef, Lille, Fr
Deichkind @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Scratch Bandits Crew, Unno, MC2 @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 18 novembre Rat Event: Rudy Trouvé, Hugo Antunes, Bart Maris & Eric Thielemans/Jozef Dumoulin, Trevor Dunn & Eric Thielemans, Going @ Trix, Antwerpen, ratevent.be Valerie June @ Huis 23, Bruxelles, abconcerts.be Mark Lanegan Band @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Beach House, Holy Other; Syntherklaas @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Arena @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be La Boum; Dirty Three, Zun Zun Egui @ Vooruit, Gent, vooruit.be Aqua Nebula Oscillator, Luik, Wyatt E. @ Péniche Inside Out, Liège Destroyer @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Crossing Border: Andrew Bird, Paul Buchanan, Poliça, First Aid Kit, Hannah Cohen, Maggie Björklund, Gaz Coombes, Young Man, I Am Kloot, Marques Toliver, LIesa Van der Aa, Spiritualized, Punch Brothers, Rebekka Karijord, TOY, Moss, .... @ Arenberg, Antwerpen, arenbergschouwburg.be Doro @ Trix, Antwerpen, trixonline Papier Tigre, Electric Electric @ La Cave aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Hip Hop Dayz @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Opeth @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Saez @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu Zombie Zombie @ CarréRotondes, Luxembourg, rotondes.lu
lundi 19 novembre Will Johnson, Will Samson @ Café Video, Gent Zappa plays Zappa @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Spinto Band @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Death, Richie Dagger @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Michael Katon @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra, Malana Roberts @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com The XX @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Corneille @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
mardi 20 novembre Opeth, Anathema @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Motörhead, Anthrax, Diaries Of A Hero @ Brielpoort, Deinze Will Johnson, Will Samson @ Stuk, Leuven, stuk.be Kate Nash @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Ancient Sky @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Fishbone @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Gary Louris @ Vooruit, Gent, vooruit.be Horse Feathers, Stealing Sheep, Crooked Fingers; Beth Orton; Vadoinmessico @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Lydia Lunch, The Rustle Of The Stars @ La Cave aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Calexico @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
29 Autumn Falls
Du 26 novembre au 2 décembre Bruxelles, toutes salles
Joe Gideon And The Shark Le tourneur ToutPartout reconduit son bouquet de dates automnales dans les salles bruxelloises. Pas le temps de finasser, le programme est copieux : Do Make Say Think, Sandro Perri, Eric Chenaux à l’Atelier 210 (le 26), Julianna Barwick et Mad About Mountains (le 27). Lower Dens + Kiss The Anus Of Black Cat (AB Club, le 28). Hundred Waters chez Madame Moustache (29). Jens Lekman, Raven & Shimes (Bota, le 29), The Soft Moon, Lumerians (au Magasin 4, le 29). Three Mile Pilot, Joe Gideon And The Shark et Chris Cohen (AB, le 30). Notre champion du mois, Ty Segall, sera avec White Fence à l’Atelier 210 (le 30). Mala In Cuba au VK même jour. Du lourd le 1er décembre à l’AB avec Why?, Deerhoof, DIIV (interview dans ces pages), Clinic (également en interview), BRNS (cfr RifRaf d’octobre). Shearwater, Dark Dark Dark, Father John Misty au Bota (le 1er). Otto Von Shirach et Alec Empire au Magasin 4. Great Lake Swimmers, Zammuto, Dusted (Bota, le 2 déc). Mombu et Gentle Veincut au Magasin 4 (le 2). Les prix varient selon les concerts mais le bon plan consiste à se procurer le pass toutes salles pour 50 euros. www.autumnfalls.be
Sonic City Festival 1er & 2 décembre De Kreun, Courtrai
mercredi 21 novembre Rachel Sermanni @ Café Video, Gent, cafevideo.org Sukilove @ Charlatan, Gent The Pocket Brass Band @ Hangar, Liège Lilanne la Havas @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be The Bony King Of Nowhere @ Minard, Gent The XX @ Lotto Arena, Antwerpen livenation.be, Human League @ AB, Bruxelles, livenation.be American Dog @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Kenji Minogue @ Beursschouwburg, Bruxelles La Grande Sophie, Gaetano @ Centre Marius Staquet, Mouscron, centrecultureldemouscron.be Le Peuple De L’Herbe, Brain Damage, Biga Ranx @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
jeudi 22 novembre Mystery Jets, Oh Othello @ Botanique, Bruxelles 20 years of Aka Moon @ +23+24+27+29+30/11 + déc: Jazz Station, Bruxelles Mars Red Sky @ Madame Moustache, Bruxelles The Pocket Brass Band @ CC, Flémalle Kiss & Drive @ Le Rideau Rouge, Lasne, lerideaurouge.be The Imaginary Suitcase, Marieke Lightband @ Rock Classic Bar, Bruxelles, rockclassic.be Superbus @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bass Crafters, Brain Damage Dub Sessions @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Blackie & The Oohoos @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Anne Clark @ Beursschouwburg, Bruxelles A Brand, Polaroid Fiction @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Club Select @ De Kreun, Kortrijk, clubselect.be Ana Popovic @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Eric Alexander - Vincent Herring Quintet ft Harold Mabern @ De Casino, Sint-Niklaas, decasino.be Ed Schrader’s Music Beat, Dispo @ Magasin 4, Bruxelles Dry The River @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Zappa plays Zappa @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu
Suuns 5eme édition du Sonic City Festival avec à la barre, comme à chaque fois, des curateurs de choix : après Millionaire, Dalek, Deerhoof et les Liars l’an dernier, ce sont les Canadiens de Suuns (cover du RifRaf en février 2011) qui tiennent les rênes de la programmation. Résultat, une affiche de premier plan qui ne manque pas de nous parler directement; jugez plutôt... Le samedi : boucles irradiées et dancefloor cosmique avec Fuck Buttons, Suuns (à la jonction de Can, Clinic et Suicide), Demdike Stare, Naytronix, Han Bennink, Each Other, Jerusalem In My Heart, Valleys. Le dimanche : Swans (lire l’article dans ce même numéro), Beak> (Geoff Barow joue aux Lego avec le Krautrock), Tim Hecker, Clinic (interview dans ce numéro), Thulebasen, Sir Richard Bishop, Matana Roberts, Lucrecia Dalt. Comptez 25 euros le ticket en prévente pour une journée, 40 euros pour le weekend. http://dekreun.be
30 vendredi 23 novembre Michael Kiwanuka, Sarah Ferri @ Cirque Royal, Bruxelles Shaka Ponk; Jtothec & The Bad Mothas, Kerman @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Meshuggah, Decapitated, CB Murdock @ Trix, Antwerpen Mira @ CC De Kern, Wilrijk Kiss & Drive @ Espace 23, Bastogne Mac DeMarco; Pauline Croze @ Botanique, Bruxelles Jungle By Night @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Kozmic Blue & Friends @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Pocket Brass Band @ Shamrock, Liège, atelierrock.be Ukandanz, Zea, Rebel Up DJ’s @ Recyclart, Bruxelles The Magician, Rick Shiver, A.N.D.Y., Mr Moustache, GuyOhm @ Ciné Mirano, Bruxelles, libertinesupersport.be Rosebud @ L’Annexe Indigo, La Louvière, centreindigo.org Skunk Anansie, The Jezabels @ Lotto Arena, Antwerpen Radio Modern @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Anne Clark; Colin Stetson, Christian Wallumrod Ensemble @ Vooruit, Gent, vooruit.be D-Dead party: Back In The Dayz, Eskondo, Vince, Turtle Master, DJ Sonar @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Dan-T & Band @ Péniche Fulmar, Bruxelles, eleguaprod.be Clip That Beat Festival @ CineCentre, Rixensart Cheap Time @ Madame Moustache, Bruxelles Jacques Stotzem @ L’Excale, Liège A Brand, Polaroid Fiction @ MOD, Hasselt In Arkadia, Site, Epidemian @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be High Wolf, Plankton Wat @ l’Chouette, Tournai Everplay, The Waow, 14 Weeks @ Atelier Rock, Huy Great Mountain Fire, Paper Wings @ Fiacre, Liège Flying Fish Jump @ Zebra, Bruxelles Sonic Visions: The XX, C2C, Electro Guzzi, Thomas Azier, Dead Cat Bounce, Oscar And The Wolf, Synthesis, Wellbad, Love A @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Grems, Bang On!, Gaïden & Yoshi @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Chapelier Fou, Two Left Ears @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr Gojira @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu
samedi 24 novembre MAKYzard @ Maison du Peuple Bruxelles, eleguaprod.be Maya’s Moving Castle @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Jessie Ware; Mister Cover @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Pocket Brass Band @ Celtic Ireland, Liège Youssoupha; The Bots @ Botanique, Bruxelles, botanique.be La Gnac @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Vandal X, Kabul Golfclub, Believo!, Yamantau @ De Casino, Sint-Niklaas, decasino.be The Legendary Pink Dots, Light Damage @ Entrepôt, Arlon The Cribs @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be The Golden Glows, Guy Davis, DJ Blue Flamingo @ CC, Mechelen, cultuurcentrummechelen.be PVT @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Converge, Touche Amore, A Storm Of Light, The Secret @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Komah @ JH Opsenter, Sint-Laureins, intersection.be Dalton Télégramme @ Maison de Village, Flobecq Cheap Time, Crash Normal Water Moulin, Tournai BJ Scott @ Maison de la Culture, Namur, province.namur.be Alec Empire DJ set @ Minus One, Gent Asnake Gueybreyes @ Cactus@MaZ, Brugge Converse Night: Bombay Show Pig, Oscar & The Wolf @ Charlatan, Gent, converse.be Dirty Bees, Silly Snails, Thruth In Blood, Leper House, BMF, Asile @ Taverne du Théâtre, La Louvière, centerock.be Kasabian @ Forest National, Bruxelles, livenation.be
Ed Sheeran @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Duflan Duflann, The Dreams, Scorpion Violente, Curver & Wood Boy Entertainment, ... @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com 40 Years Brooklyn: ’t Hof van Commerce , Hindu Nights DJ’s, Maxim Lany , Ya’mo, Fred Hush @ Vooruit, Gent, 40yearsbrooklyn.be Sonic Visions: Django Django, Francis International Airport, Clock Opera, Rolo Tomassi, Monophona, Seed To Tree, Natas Loves You, Say Yes Dog @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu
dimanche 25 novembre MAKYzard @ Festival Zéro-18, Bruxelles Jali @ Ferme du Bièreau, Louvain-La-Neuve The Pocket Brass Band @ la Casa Ponton, Liège Wildmen, The Scrap Dealers @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be The Luyas, Valleys @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Gens de la Lune @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Garbage @ AB, Bruxelles, livenation.be Chapelier Fou @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Das Pop @ Vooruit, Gent, vooruit.be Florence + The Machine @ Lotto Arena, Antwerpen Fink @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Superbus @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Colin Stetson, Jason Van Gulick Drum Solo Experience @ L’Hospice d’Havre-Maison Folie, Tourcoing, Fr
lundi 26 novembre Autumn Falls: Do Make Say Think, Sandro Perri, Eric Chenaux @ Atelier 210, Bruxelles, autumnfalls.be Two Door Cinema Club; Sébastien Tellier @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Dandy Warhols, The Blue Angel Lounge @ Vooruit, Gent, democrazy.be Tuur Florizoone/Didier Laloy, Gardel Quartet @ Centre Marius Staquet, Mouscron, centrecultureldemouscron.be Shuggie Otis @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Jake Bugg @ Café Video, Gent, cafevideo.org Adam Cohen @ Minardschouwburg, Gent, democrazy.be Christophe Willem @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Henrik Freischlader Band @ Spirit Of 66, Verviers Ty Segall @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu
mardi 27 novembre Autumn Falls: Julianna Barwick @ Atelier 210, Bruxelles PVT @ Café Video, Gent, cafevideo.org Matthew Dear @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Rufus Wainwright and His Band; Maya’s Moving Castle, Ian Clement @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ty Segall, White Fence @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Two Gallants, To Kill A King; Gabrielle Aplin @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Status Quo @ Brielpoort, Deinze, livenation.be Crocodiles, Barako Bahamas @ Eden, Charleroi Clip That Beat Festival @ CineMarché, Marche-en-Famenne Hooverphonic @ De Roma, Borgerhout, deroma.be Daan @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Dan Baird Homemade Sin @ Spirit Of 66, Verviers Dragonforce @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Stupeflip @ Aéronef, Lille, Fr, agauchedelalune.com
mercredi 28 novembre Autumn Falls: Lower Dens, Kiss The Anus Of A Black Cat @ AB, Bruxelles, autumnfalls.be
Secret Chiefs 3, A.P.A.T.T. @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Grimes, Pictureplane; Rich Aucoin, Fanny Bloom @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Uncommonmenfrommars, The Shell Corporation @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Matthew Dear, Led Er Est, Mushy & Nosedrip @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be US Girls, Slim Twig, TG Gondard @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Brussels Jazz Orchestra @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Jef Neve @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Antilux @ Café Video, Gent, cafevideo.org Erik Friedlander’s ‘The Bonebridge Band’ @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Hooverphonic @ De Roma, Borgerhout, deroma.be Mono, Microphonics; Hundred Waters, Rozi Plain @ Vooruit, Gent, vooruit.be Skip The Use @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Florence + The Machine @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu
jeudi 29 novembre Autumn Falls: The Soft Moon, The Lumerians @ Magasin 4; Jens Lekman, Ravens & Chimes @ Botanique; Hundred Waters @ Madame Moustache, Bruxelles, autumnfalls.be Oxmo Puccino, Mai Lan; Elisa Jo @ Botanique, Bruxelles I Muvrini @ De Roma, Borgerhout, deroma.be Familiejuwelen, Carlo Amen, Sfun, Laurent @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Ifa Y Xango @ De Casino, Sint-Niklaas, decasino.be Didier Laloy & Tuur Florizoone @ Music Village, Bruxelles Rachel Sermanni @ MOD, Hasselt, muziekodroom.be Jason Mraz @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Dalton Télégramme @ Salle Fabry, Bruxelles, whall.be Bat For Lashes, Race Horses @ AB, Bruxelles Converse Night: Kroons, Skip & Die, AKS @ Trix, Antwerpen Blood Red Shoes, DZ Deathrays @ De Kreun, Kortrijk Club Select; Scrappy Tapes @ De Zwerver, Leffinge Criolo @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Clip That Beat Festival @ Cinéma L’Ecran, Ath
vendredi 30 novembre Autumn Falls: SX, Stubborn Heart @ ABClub; Three Mile Pilot, Joe Gideon & The Shark @ AB; Mala In Cuba @ VK*; Ty Segall, White Fence @ Atelier 210, Bruxelles Grand Tremplin: BaliMurphy, Mr Barotin & The Syndicate, Elvy, Vintage Dinosaur, Billions Of Comrades, Super Like You @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, ccbw.be Madeon @ Petrol, Antwerpen, petrolclub.be Jef Neve @ Vooruit, Gent, vooruit.be Graveyard, Spiders @ Trix, Antwerpen, heartbreaktunes.com Maiden United @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Kiss & Drive @ Espace Culturel, Beauraing Trio 27 @ CC, Hanut, cchanut.be W.A.N.E., Reverse Strip @ Taverne du Théâtre, La Louvière The Goon Mat, Tex, Bob Brozman, Awek @ CC, Seraing Om Unit, Borealis, Bafana b2b Jonas Lion @ Tijuana, Gent Mala In Cuba, Swindle @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Gossip @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be Adrian Sherwood @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Daphné chante Barbara @ Botanique, Bruxelles Clip That Beat Festival @ Cinéma LeRio, De Haan Björn Berge, Dirty Harry & His Smelly Harper @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Beak @ CarréRotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu Amadou & Mariam @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Secret Chiefs, a.P.A.t.T @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr
NETSKY 16-11-2012
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WAX TAILOR 07-12-2012
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CITIZENS! LIONEL RICHIE DEEP PURPLE VITALIC MATT CORBY (FREE ENTRY)
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LES INOUÏS DU PRINTEMPS DE BOURGES
03.11. 07.11. 08.11. 09.11.
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KETTCAR 11.11. ALANIS MORISSETTE GUARDIAN ANGEL TOUR 13.11. JASON MRAZ 16.11. THE FINAL STING SCORPIONS FAREWELL WORLD TOUR 2012 16.11. NETSKY 17.11. DEICHKIND 18.11. SAEZ (SOLD OUT) 22.11. ZAPPA PLAYS ZAPPA 23.+24.11. SONIC VISIONS FESTIVAL 2012 11.11.
(THE XX, C2C, DJANGO DJANGO AND MANY MORE)
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DRAGONFORCE FLORENCE & THE MACHINE TWINS OF EVIL TOUR: MARYLIN MANSON & ROB ZOMBIE CRYSTAL CASTLES BALTHAZAR (FREE ENTRY) AMY MACDONALD LIFE IN A BEAUTIFULL LIGHT TOUR DAN SAN (FREE ENTRY) STUPEFLIP: NOUVEAU SPECTAC WAX TAILOR STAHLZEIT THE RAMMSTEIN TRIBUTE SHOW NO 1 IN EXTREMO MONO CHILLY GONZALES SOLO PIANO II SILBERMOND
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URIAH HEEP
27.11. 28.11. 01.12. 02.12. 03.12. 04.12. 05.12. 06.12. 07.12. 07.12. 08.12. 11.12. 12.12.
EMILY LOIZEAU 26.01. SUAREZ 27.01. BILLY TALENT 01.02. PAUL KALKBRENNER 02.02. ZITA SWOON GROUP 03.02. DROPKICK MURPHYS 08.02. REA GARVEY 09.02. LILLY WOOD AND THE PRICK 22.02. LOU DOILLON 28.02. TWO DOOR CINEMA CLUB 08.03. LETZ ZEP ZEPPELIN’S RESURRECTION 19.03. JOE BONAMASSA 20.03. EMELI SANDE 10.04. JOE COCKER FIRE IT UP EUROPEAN TOUR 16.-21.04. WE WILL ROCK YOU 20.04. ARNO 26.04. THE BOOTLEG BEATLES 27.04. 24 HEURES ELECTRONIQUES: GOOSE... 04.05. PSY 4 DE LA RIME 15.05. AN EVENING WITH MARK KNOPFLER AND BAND 25.01.
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01.11 MUJERES Es + WHATEVER Be 02.11 LIARS Us + THE HAXAN CLOAK Gb 02.11 MICACHU & THE SHAPES Gb 03.11 FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS Fr 03.11 SOAN Fr 03.11 HAIM Us + DEATH AT SEA Gb 05.11 TWIN SHADOW Us + SAINT LOU LOU Se 06.11 SUSANNE SUNDFØR solo No 06.11 KEN STRINGFELLOW Us Ca Be 07.11 GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR + BABY FIRE Cirque Royal
07.11 IMAGINE DRAGONS Us + VEGAS Be 08.11 LESCOP Fr 08.11 DAUGHTER Gb • SOLD OUT 18.11 DESTROYER Ca 19.11 THE SPINTO BAND Us Gb Us + 20.11 STEALING SHEEP /HORSE FEATHERS CROOKED FINGERS Us
20.11 VADOINMESSICO Gb 21.11 BETH ORTON Gb 22.11 DRY THE RIVER Gb 22.11 MYSTERY JETS Gb + OH OTHELLO Fr 23.11 PAULINE CROZE Fr 23.11 MAC DeMARCO Ca 24.11 YOUSSOUPHA Fr • coprod Skinfama 24.11 THE BOTS Us 25.11 THE LUYAS Ca + VALLEYS Ca 26.11 SÉBASTIEN TELLIER Fr • Cirque Royal 26.11 TWO DOOR CINEMA CLUB Ie + KOWALSKI Ie • SOLD OUT 27.11 TWO GALLANTS Us + TO KILL A KING Gb 27.11 GABRIELLE APLIN Gb 28.11 GRIMES Ca + PICTUREPLANE Us • SOLD OUT 28.11 RICH AUCOIN Ca + FANNY BLOOM Ca 29.11 OXMO PUCCINO Fr + MAI LAN Fr • Cirque Royal JENS LEKMAN Se + RAVENS & CHIMES Us• 29.11 coprod ToutPartout
29.11 ELISA JO Fr 30.11 DAPHNÉ Fr chante Barbara SHEARWATER Us - DARK DARK DARK Us 01.12 FATHER JOHN MISTY Us • coprod ToutPartout GREAT LAKE SWIMMERS Ca 02.12 ZAMMUTO Us - DUSTED Ca • coprod ToutPartout 03.12 MATT CORBY Au 04.12 BEN GIBBARD Us 04.12 DAN MANGAN Ca + JASON COLLETT Ca 05.12 SAULE Be 05.12 LOCAL NATIVES Us 06.12 MENOMENA Us 08.12 LOU DOILLON Fr 08.12 CARBON AIRWAYS Fr
…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA 02.218.37.32 – WWW.BOTANIQUE.BE