RifRaf Octobre 2012

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the new album

Fo r the i r fo ur th al bum, E fterk lang t ravelled to P i rami da, a fo r me r Russian mining colony tur ne d g ho st tow n ne ar t he Nor t h Pole , to re co rd so unds and ambi ence . The result is o ff thi s p l ane t: A ge nui ne t our de force .

Li v e @ AB B r usse l s November 8 t h.

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© Siliconcarne

Dans la formidable mini-série anglaise Black Mirror, le journaliste, scénariste et animateur Charlie Brooker s’ingénie, trois épisodes durant, à imaginer ce qui attend l’humain de demain depuis son bunker de gadgets électroniques embarqués, ses palissades d’écrans interposés, par-delà les barricades de la sur-communication instantanée où il pense, à l’abri et en toute liberté surveillée, s’échapper; ce qui lui pend au nez, armée zombie désormais levée / larvée du post-humain. Brooker commente : «chaque épisode a un casting différent, un décor différent, même une réalité différente, mais ils traitent tous de la façon dont nous vivons maintenant - et de la façon dont nous pourrions vivre dans 10 minutes si nous sommes maladroits ». Saisissant, l’épisode d’ouverture donne le ton : pour libérer une princesse fictive retenue en otage, le Premier Ministre anglais doit avoir un rapport sexuel non-simulé en direct à la télévision... avec un porc. On prend soin de préserver la formidable surprise formelle des deux autres petits bijoux qui lui font suite : au travers d’un triptyque aux esthétiques dissociées, la série croque avec brio l’effroi heurté d’un radeau de la méduse cybernétique, l’hégémonie de la vie calculatrice sur la vie vivante, la fusion des humains et de la technologie. Ses coups de semonce résonnent durablement. La revanche des sites? Les rumeurs avaient vu juste : plus fin, doté d’un écran plus grand et d’un stabilisateur d’images, l’iPhone5 aura en charge (avec un port plus petit - non, plus la truie) d’asseoir la position de la firme de Cupertino sur le marché des smartphones. Pour sa vie, Lucas n’avait pas encore trouvé la fonction stabilisateur et ça tanguait un peu. D’ailleurs – Nom de Zeus! Nom d’un Bouygues Télécom! Nom d’un Proximus! - c’est à l’heure de l’apéro au jardin que notre preux héros commit l’erreur classique dite de la poche de poitrine : se penchant pour attraper son verre de blanc, il vit choir le précieux en les profondeurs d’un puits. Juste après la chute, qu’il contempla stupéfait, Lucas demeura plus de vingt minutes autour du trou, pestant en se roulant des cigarettes. Il avait ensuite capitulé durant quelques heures, à moins que ce fussent des minutes, se rendant à l’idée de la perte, lui trouvant même, en forçant un peu, des vertus curatives et thérapeutiques, une purge. Mais ça l’avait rapidement démangé, alors il allait gratter un petit peu. Pour retrouver les peintures rupestres sous Instagram, le flux de sa vie virtuelle, ses paraboles, les cataractes du brouhaha de la connectivité, son brouillage du temps de parole, son éboulis de correspondances fulgurantes, ses strates de silences résignés, il lui faudrait s’astreindre à vider le contenu du puits. La fille, Cassandra, lui avait peut-être envoyé, qui sait, un nouveau texto depuis le sixième continent virtuel où elle avait disparu. Dans une Samsung Galaxy très très proche, la guerre des dièses et des étoiles. Après quantité d’allers-retours, comptez 400 seaux d’eau saumâtre environ, Lucas approxima qu’il devait être parvenu aux deux-tiers de son labeur. Crotté, les mains noires, les doigts gourds, les ongles lourds, chaque soir après le travail notre Gollum s’astreignait, tandis qu’une adolescente le scrutait en fumant une clope ou sirotant une grenadine depuis une terrasse voisine. Puisatier

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au fond des âges, Lucas eût l’impression d’être dans un roman de Murakami, prêt à découvrir un passage secret une fois parvenu au fond de son excavation. Avec La Théorie de l’information paru chez Gallimard, Aurélien Bellanger s’est rangé au pragmatisme de son époque; éventant des premiers essais jugés trop baroques, sachant faire preuve d’adaptabilité en ces temps chaotiques, l’auteur s’est rendu avec à-propos : son héros Pascal Ertanger s’inspirera librement de la trajectoire du tycoon du Minitel rose, vice-président et directeur du groupe Iliad, maison mère du Fournisseur d’Accès à Internet Free, l’entrepreneur en communication Xavier Niel. Et le pavé de Bellanger (non-numérique, comptez 500 pages tout de même) de s’adouber les faveurs de la rentrée littéraire. Détaillant par le menu le fin fond des âges de la télématique, le boum du Minitel, le big-bang du web, Bellanger déclare avoir signé un roman «balzacien». Or, sous perfusion Wikipedia où il abreuve copieusement son horlogerie des bits, son ingénierie scripturale, le romanesque entrepreneurial débite telle un mantra la charte parfaite du Houellebecq 2.0. Soit une fascinante, sidérante et, convenons-en, un peu chiante réussite clinique. Bellanger, tout occupé à graver son monolithe USB3, aurait-il oublié d’y mettre du sien (ok, grand, t’a eu un ZX-81 et après)? This is the sound of C. C’est l’attaque des clones. Lucas a entendu qu’en laissant sécher l’appareil, il demeurait une chance de le voir revenir à la vie. Un fidèle croyant lui jura même avoir vu fonctionner un fer à souder et d’autres outils de bricolage ayant été immergés sous un mètre d’eau dans une cave - alors, tu penses bien, rien n’est perdu! Lucas avait envie d’y croire. Avachi devant une re-difusion des Enfants De La Télé où bruissent des images d’archive de France Télévisions, Jacques Martin, posté à l’avant-scène, ouvre les bras en croix pour acceuillir les vivas. Lucas s’endort devant les stucs et les ors, le théâtre de l’Empire contre-attaque. Dans ses rêveries stellaires, après une quête mystique conclue par une bataille de tweets homérique envoyés directement depuis la puce qu’il porte implantée dans le poignet (certains préfèrent la porter dans le cou tandis que quelques tribus d’hurluberlus s’en tiennent éloignés : les Déconnectés persistent à s’en débarraser, les Originaux, plus rares encore, n’en ont jamais porté), Lucas réalise soudain qu’il a reçu un sexto antidaté de la part de Cassandra; comme perdu dans les limbes cybernétiques ce dernier a ressurgi. Des ondes de plaisir l’envahissent, le submergent. Pendant une seconde, elle était là. Tout à coup, c’est l’orage, deux éclairs brefs lui vrillent le cerveau puis Lucas s’écroule sur le dallage, victime d’un AVC. Le dormeur doit se réveiller. Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire

Black Mirror, Charlie Brooker, Zeppotron/Endémol La Théorie de l’information, Aurélien Bellanger, Gallimard

année 18 • octobre 2012

Colofon www.rifraf.be Année 18 nr. 184 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf nov sort le 01 nov rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 20 oct Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 17 oct

collaborateurs nicolas alsteen, Antoine Bours, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, daniel franco, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... Dessins : Issara Chitdara

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse

“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”


Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte: Daniel Franco I Photo: www.siliconcarne.be

Un cou dans l’eau

Label exclusivement dédié au vinyl, Grautag Records et son fondateur Nicolas Moulin invitent trois musiciens à l’excellente réputation (Vincet Epplay, Pharaoh Chroùium et Arnaud Maguet) sur le projet Azurazia. En voyage dans un Maroc ni d’artifice exotique ni de pacotille touristique, ‘Lowering The Mediterranean’ s’inscrit dans les magnifiques pas de Chris Watson (on songe plus d’une fois à une vision arabisante de son ‘El Tren Fantasma’, tout en intégrant des sonorités acoustiques d’un très bel effet – à l’instar de la partie de saxophone sur le morceau inaugural. En d’autres étapes, on imaginerait même la présence d’un Blaine Reininger ou d’un Steven Brown au oud et aux percus, autant tout simplement souligner l’excellent niveau de cette collaboration qui promet de beaux lendemains. ★ ★ ★ Sous-titrée cinéma pour l’oreille, la musique concrète de Kiko C. Esseiva se veut tentative nonacadémique d’approche électroacoustique à la Luc Ferrari. Quelques écoutes plus tard, ses ‘Drôles d’Oiseaux’ (Hinterzimmer Records) donnent une envie furibarde de botter le cul aux volatiles et de les renvoyer dans une cage dont ils ne ressortiront plus jamais. Et la modestie dans tout ça, dites-moi ? ★ ★ ★ Habituel catalyseur d’énergies qui touchent parfois au sublime, Philippe Petit retrouve une large palette d’amis fidèles (Bela Emerson, Hervé Vincenti, Reinhold Friedl, on en passe) sur ‘Eugénie’ (Alrealon Musique). Sans doute moins accessibles que sa formidable confrontation avec l’artiste spoken work Eugene Robinson de 2011 (‘The Crying of Lot 69’), encore que les thuriféraires de son ‘Henry The Iron Man’ y trouveront leur compte, les quatre (courts) mouvements de l’œuvre – 25 minutes – évoluent entre abstraction industrielle, poésie sonore de haut niveau libertaire et néo-classicisme barré. On vous recommande tout particulièrement le second morceau ‘Clapoutique’, quatre minutes et demie de pur bonheur entre Max Richter, Einstürzende Neubauten et… Philippe Petit. ★ ★ ★ J’aimerais être enthousiaste à l’écoute de ‘Myriad’, enregistrement live de Magda Mayas et Christine Abdelnour (Unsounds), mais son abstraction minimale me laisse froid et sans voix. N’est pas z’ev ou Gilles Aubry qui veut, m’sieur dames. ★ ★ ★ Cap sur l’Australie (again) avec la paire Anthea Caddy et Thembi Soddell, ça se nomme ‘Host’ et c’est sur Room40 – comme une bonne partie de la production electronica de Down Under. Disons-le tout net, on se trouve davantage du côté obscur du label de Lawrence English, quelque part entre bruitisme électroacoustique et minimalisme digital. Pas inintéressant, voire carrément prenant dans ses moments les plus apaisés, vraie illusion et faux paradoxe, la production de la paire aussie aurait totalement mérité de figurer dans la catalogue de la nouvelle maison russe Alone At Last, aux frontières de la marge séparant Maurizio Bianchi de Francisco López. En un seul mot (ou deux) ? Très intéressant ! ★ ★ ★ Tel un phare émergeant des brumes numérisées, les Editions Mego nous reviennent périodiquement avec des productions d’un intérêt supérieur. Passée la découverte de ‘Sentielle Objectif Actualité’, ou comment Mark Fell revisite en sept remixes trois singles 12’’ sortis en 2012 sur Sensate Focus, on se dit d’abord que la maison viennoise a mal passé l’été, puis on se ravise. Dans un premier temps, l’intérêt de cette septuple relecture sonne dans le vague et l’inconstant, à tel point qu’on pense que son seul intérêt réside dans la consultation du matériel employé et des BPM utilisés. Puis, chemin faisant, on ne rapproche de plus en plus d’une techno de traviole ni bégueule ou assourdissante – elle rejoint dans ses meilleurs instants Fred Bigot et Soulpoint. La raison ? Une vision du genre où Arnaud Rebotini rejoindrait Marcus Schmickler sur le coin d’une table de mixage où Peter Rehberg règnerait en maître des consoles. Ca vous dit ? Moi oui (mot compte triple) ★ ★ ★ Toujours chez Mego, et dans un autre style (encore que…), l’ex-blogger Gutterbreakz retrouve sous son vrai blaze Nick Edwards des studios quittés depuis… 1994. Franchie l’étape où il se faisait nommer Ekoplekz, tout en demeurant fidèle à son esthétique (d’où son titre), ‘Plekzationz’ intègre les multiples influences de l’homme, notamment un BBC Radiophonic Workshop qui serait transporté du côté d’Astral Social Club, mais aussi de KTL. Rétrofuturiste hors du formol et avant-gardiste nostalgique, le producteur du West Country plante ses oxymores entre Curiosity et Soyouz, et on ne sait trop s’il faut s’en réjouir ou le déplorer. ★ ★ ★ Autre point d’ancrage de la présente rubrique, le label Touch nous a tellement peu déçus ces dernières années (en vrac, Jana Winderen, Hildur Gudnadottir, Chris Watson) qu’on se jette sur ses productions les yeux fermés (mais les écoutilles grandes ouvertes). Déjà habitués au Grand Nord grâce à des étapes précédentes du label – on songe notamment à l’excellentissime ‘Energy Field’ de Jana W. – nous reprenons la route de Septentrion en compagnie de Thomas Köner et mettons le cap sur l’archipel de Novaya Zemlya, quelque part dans l’Océan Arctique au nord de la Russie. Comme on pouvait s’y attendre, mais c’est un constat objectif et nullement une crainte, les atmosphères qui s’en dégagent nous plongent dans une sensation froide et désolée où la vie lutte contre toutes les formes d’abandon. Trois tracks durant, chacune d’une douzaine de minutes, on se plonge intensément dans un monde engourdi et, dans un sens premier, exotique, d’où émergent quelques rares échos assourdis, échappés d’un lointain campement dont les quelques habitants ne doivent s’extraire que par brefs instants épars. Fascinant et introspectif, à condition de ne pas oublier les peaux de phoque et les moufles triple épaisseur.

Nietzsche a un jour écrit que « sans musique, la vie serait une erreur ». Schopenhauer, auquel Nietzsche rendit - soit dit en passant - un des plus beaux hommages jamais consentis par un philosophe envers un autre philosophe, prétendait de son côté qu’on pouvait très bien imaginer la perpétuation de la musique, quand bien même le monde cesserait d’exister. En substance, pour Schopenhauer, la musique peut fort bien se passer du monde. La raison en est que pour Schopenhauer, la musique est une alternative au monde plutôt qu’une partie du monde. On songera à cet égard aux fameuses sirènes de l’Odyssée, dont le « chant clair » sommait les navigateurs de passage de choisir entre le monde et la musique. A en croire Homère, la marge de décision de celui qui tenait à choisir en connaissance de cause était aussitôt réduite à néant. Car tel était le chant des sirènes que le navigateur qui avait l’imprudence de lui prêter l’oreille se découvrait dans l’incapacité de lui résister et finissait invariablement par se fracasser contre les rochers d’où ce chant semblait provenir. Inversement, seuls ceux qui s’étaient préalablement bouché les oreilles avec de la cire se révélèrent chaque fois capables de préférer le monde à la musique. Homère semble suggérer qu’en cet étroit passage où se proposait un choix décisif, jamais personne ne fut en mesure de choisir au sens propre du terme. Dans les deux cas de figure, le choix était couru d’avance. Pour pouvoir conserver le pouvoir de choisir, il fallait renoncer à savoir sur quoi précisément le choix porterait. Celui en revanche qui prenait connaissance des deux branches de l’alternative, se voyait dépossédé de tout contrôle sur sa décision. Il est probable que Schopenhauer eût conféré à ce passage une portée métaphysique

des plus générales. En effet, Schopenhauer considérait que la vie ne conservait toute sa valeur qu’aussi longtemps qu’on s’accordait à en méconnaître la nature profonde. A l’inverse de ce qu’affirmait La Rochefoucauld, ce n’est donc pour Schopenhauer pas tant la mort que la vie que nous échouons ou nous refusons à « regarder en face ». En dépit de l’influence considérable que le système schopenhauerien a exercé sur Nietzsche, ce qu’il dit du rapport entre la musique et la vie s’oppose radicalement aux vues du maître. Loin de convoquer la musique pour l’opposer ou la préférer à la vie, Nietzsche s’emploie au contraire à consolider leur union. Nietzsche ne s’interroge pas sur la possibilité pour la musique de subsister en notre absence. C’est la vie humaine qui est au centre de son interrogation. L’hypothèse qu’il formule constitue à bien des égards l’exact contrepied de l’hypothèse que formulait Schopenhauer. Le premier imaginait le destin de la musique séparée du monde. Le second imagine au contraire la disparition de la musique. Il ne dit pas que la vie ou que le monde des hommes disparaîtraient alors à leur tour. Nietzsche recourt à une formule assez énigmatique. Il dit qu’en l’absence de musique, la vie serait « une erreur ». Nietzsche est un philosophe difficile. D’autant plus difficile qu’il ne s’exprime pas toujours en philosophe ou au registre de la philosophie. Si je m’en tiens au sens le plus courant du mot erreur, « Irrtum » en allemand, je crois qu’on peut qualifier d’erroné un choix auquel on souscrit pour de mauvaises raisons. En d’autres termes, je ne crois pas que Nietzsche veuille dire que si la musique n’existait pas ou cessait d’exister, nous aurions toutes les raisons de nous détourner de la vie et d’embrasser la mort. A la différence de Schopenhauer, qui regardait le désir de vivre comme une addiction humiliante que nous aurait infusée la Nature, c’est au contraire dans la réprobation de la vie que Nietzsche discernait le triomphe des forces réactives propres aux écoles philosophiques idéalistes et aux spiritualités ascétiques. En d’autres termes, si Nietzsche a pu parler de la vie comme d’une erreur, ce n’était certainement pas dans l’optique de célébrer la mort volontaire. Il me semble que ce que Nietzsche a voulu dire, c’est que la vie ne se justifie pleinement que lorsqu’elle est voulue et préférée en connaissance de cause, c’est-à-dire lorsque nous sommes capables d’écouter le chant des sirènes, d’endurer l’enchantement à l’état pur, sans désespérer de la vie qui nous est échue, cette vie souvent insatisfaite, parfois morose, que les moments de grâce, de joie et de victoire n’illuminent que par intermittence. Si mon interprétation est exacte, cela signifierait que Nietzsche ne s’est pas contenté de simplement récuser son maître. Il lui a véritablement répondu. Sans doute Schopenhauer a-t-il été pour un temps la sirène de Nietzsche, contre les enchantements de laquelle il a dû lutter de toutes ses forces. Quelques années plus tard, comme on sait, il devait se jeter au cou d’un cheval que son cocher battait sauvagement, dans une rue de Turin. Il me plaît de rapprocher ce cou vigoureux du mât auquel Ulysse pria ses compagnons de l’attacher. Pas un effondrement, donc, mais jusqu’au bout, jusque dans la folie, le refus d’une vie qui ne fût pas la première et la dernière vérité.


Texte : Le Dark Chips

Texte : Eric Therer

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif

exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Denmark

Oubliez vite la tentative loupée de Groove Armada dans la série des ‘Late Night Tales’ tant la version proposée par Metronomy est exquise. Le principe est simple, s’offrir aux soins de l’hôte et s’abandonner. Les choix sont précis et pointus, de Outkast à Autechre en passant par Chick Corea. Les enchaînements subtils, du velours qu’on vous dit. Petit péché de self-plaisir en queue de peloton lorsque Joseph Mount enchaîne ses petites pépites à lui. Comme charnière, ‘Eye In The Sky’ de The Alan Parsons Project qui semble tout à coup évident dans les influences du quatuor anglais. Encore… ★ ★ ★ ‘Noir’ n’est pas un album concept. Steve Bug s’en défend. Mais les 10 titres de ce pilier de la minimale trouvent dans l’obscurité leur dénominateur commun. Et quel plaisir, en sus de l’écoute, de lire de la bouche du boss de (Poker Flat Recordings) qu’il ne sert à rien de s’encombrer de musiciens si ces derniers n’ont aucune conscience de ce que représente la musique répétitive. Alone In The Dark ? ★ ★ ★ Au-delà du fait de proposer un style rebutant à mes yeux, la deep-house de Furcoat semble bien plus profonde dans son titre ‘Mind Over Matter’ que dans sa production. Des anciens Ep’s compilés, des invités à la pelle et de nouvelles créations pour agrémenter le tout : la parfaites recette du disque totalement incohérent. ★ ★ ★ Qui a dit que le mobilier suédois était impossible à démonter ? Pourtant laissez-moi vous dire que la maison March To Uniform Beat propose sur sa première compil’ des insanités dance plus inconsistantes les unes que les autres. Ah, il faut remonter maintenant ? ★ ★ ★ Miguel de Pedro fait aussi partie de ceux qui ont sauté sur le frein pour passer du breakcore à la musique de salon. Ce n’est pas moins le style de ‘Lost In The Game’ que l’on reprochera à Kid 606 que la pauvreté du spectre qu’il propose. Jeune mais aguerri, c’est davantage sa production qu’on pointera du doigt. Lente, certes, mais surtout d’un ennui profond vu la pauvreté de palette sonore offerte par le Vénézuélien. L’esprit ATR est bien loin maintenant, mais que la route qui mène vers Matmos sera encore longue. ★ ★ ★ Vous trouverez ‘Black Beauty’ du producteur allemand Metope chez « Nature & Découvertes » entre les rayon ‘Musiques d’arc-en-ciel’ et ‘Une libido de panda en fanfare’. ★ ★ ★ Le nouveau Boys Noize est baptisé ‘Out of The black’. Rendez-vous dans les pages Earteam pour la visite en détail. ★ ★ ★ Libéré de Modern Hads, Dino Sabatini s’émancipe dans une végétation ombragée comme il les aime, mais chargée de spiritualité africaine. Le roulis incessant de ‘Shaman s path’ devrait vous faire perdre la tête, la raison mais aussi peut-être la patience. ★ ★ ★ Sous le blason de Third Culture, Jori Hulkonnen présente de lui sa facette « fait-main », avec la contrainte d’éviter les facilités techniques de l’âge moderne. Un son résolument vintage s’impose alors dans ‘Negative Time’. Une remontée du temps sublimée d’une bande son rétro-futuriste sans faute de goût. Et pourtant, on en a ramassé des dents sur ce chemin de croix là. ★ ★ ★ Même quand il se cache sous le pseudo Wishmountain, Matthew Herbert reste proche de ses marottes. La symphonie de notre consommation, alimentaire et journalière, posée sur ‘Tesco’, et un label de qualité qu’on se doit de reconnaître à l’Anglais. Et si l’on en croit la teinte de l’ensemble, Matthew méprise votre cadi. ★ ★ ★ Inséparables depuis une décade, c’est logiquement (Traibstoff) qui édite le troisième album de Falko Brockspeiper, ‘Shortcake Strategy’. Sans se réinventer, le producteur allemand nous emballe pas mal à coup de funky electronic, de tech un tantinet organique et de house franchement bien balancée. Wunderbar ! ★ ★ ★ C’est surtout de vieilles recettes qu’on fait dans les plus vieux plats, et au niveau de la toque, il ne serait pas galvaudé de dire que Kosheen en est encore à l’âge de la marmite directement posée sur la braise. Cramé dans le fond, ‘Independance’ accuse simplement 15 ans de retard. ★ ★ ★ Si vous ignorez de ‘Motor : Nightime World 3’ qu’il est un album concept, peu d’importance. Si vous ignorez tout de l’histoire de Detroit, et donc de Robert Hood, inutile de vous morfondre. La surprise n’en sera que plus agréable. 12 titres qui respirent leur ville d’origine sans pour autant en prendre les vapeurs d’égout. La cité se réinvente et Robert en détient les plans, domine les tours et vous abandonne parfois dans les bas-fonds. ★ ★ ★ Attention danger ! Ça sent la fumisterie… Le duo composé de Simon James et Dan Hastie s’en remet aux voix pour nous passionner. Muet à la base, Woolfy Vs Projections donne de la corde vocale sur ‘The Return Of Love’. Ça bombe le torse, courbe l’échine, groove à crever et fout la gêne à tous ceux qui s’aventureraient à composer après eux de la musique pour baiser. Alors, heureuse ? ★ ★ ★ En parlant de plaisir, ‘Contrast’ de DJ Kentaro, ou quand (Ninja Tune) fait la catin. ★ ★ ★ ‘Mondrian’ ? Justin Berkovi aurait-il souhaité établir un parallèle entre la précision obsessionnelle des peintures abstraites de l’artiste néerlandais ? Essaie-t-il de distiller l’essence de la tech dans sa forme la plus pure d’une manière similaire à la façon de Mondrian ? 8 ans pour une œuvre monumentale, ça se vaut. ★ ★ ★ C’est tout de même de la triche de sortir de l’écurie (Ost Gun Ton), tant les répercussions directes des sons de l’écurie sur les danseurs faussent les règles. Le monde de l’électro scindé en deux clans : ceux qui ont une puissance sonore hors-norme, et les autres. Si Barker & Baumecker étaient du mauvais bord, ‘Transsektoral’ aurait-il été aussi passionnant ? On se pose la question mais surtout, on savoure. ★ ★ ★ Pourrait-on si possible recevoir la version instrumental de ‘Tracer’ svp ? Parce que le duo de Teengirl Fantasy a l’air plutôt doué, mais que de featurings vocaux inutiles. Dommage, j’en avais presque le Mouse on Mars qui frétillait ! ★ ★ ★ Une bonne pioche finalement…

Dans ‘La Musique et l’Ineffable’, Vladimir Jankélévitch s’interroge sur l’éthique, la métaphysique et les expressions de la musique aux détours de digressions parfois difficiles à suivre pour en arriver à glisser presque innocemment ce commentaire qui dit tout et rien à la fois : « La musique signifie donc quelque chose en général sans jamais rien vouloir dire en particulier. » Depuis le ‘4’33’’’ de John Cage, substituant la musique au silence, tout semble avoir été tenté, essayé, expérimenté. Tout aurait-il été dit pour autant ? Il est rapporté qu’à ses débuts, John Duncan aurait enregistré le son provenant de la copulation avec un corps mort sur une plage… Incommode, insensé, impossible d’aller plus loin. A peu près à la même époque, Coil avait conçu, sur un mode moins déliquescent, sa propre bande sonore rituelle destinée à l’accumulation de l’énergie sexuelle mâle. Francisco Lopez s’est lui ingénié à tirer parti des basses fréquences et des mixages presque (in)audibles, complétant en cela le travail de Bernhard Günter. Stephen Vitiello a entrepris de capter le son de New York à travers ses lumières depuis les tours du World Trade Center avant qu’elle ne soient démolies tandis que Robin Rimbaud interceptait les conversations de quidams sur leur téléphone portable à leur insu. Tout est potentiellement matériau sonore. Tout son est un alibi pour narrer quelque chose quelque part.

En contemplant l’œuvre de l’artiste plasticien Denmark, il est permis de se demander si elle pourrait être mise en musique ou si, plus modestement, il pourrait lui être adjoint des sons ? La question peut paraître saugrenue, inopportune même tant le travail de Denmark se suffit à lui-même. Initié à la fin des années 60, celui-ci n’a eu de cesse de s’interroger sur l’archive. L’archive en tant que support mais aussi en tant qu’obsession dans nos sociétés postmodernes. Tout au long de sa vie, Denmark a récupéré et amassé des journaux, des magazines, des codes de loi, des écrits divers. Il s’est employé à les réduire en tranches, en lambeaux, en poussières. Tantôt, il les a compressés à l’extrême, tantôt, il les a enserrés dans des morceaux de bois ou enchâssés sur des socles de fortune ou encore embouteillés tels des échantillons vénérés. Qu’est-ce qu’une archive et pourquoi l’archive se demande Denmark à la manière dont Fauré ou Jankélévitch se demandaient qu’est-ce que la musique et pourquoi la musique ? Si ces interrogations demeurent entières, elles ne nous empêchent pas de tenter un rapprochement. A la vue de ‘Dead stock’ (1980), une série de piles de journaux enliassés et ficelés par Denmark dont une photographie noir et blanc au gros grain est le seul souvenir visuel, je ne peux m’empêcher de penser à Throbbing Gristle. J’imagine une pièce fermée au milieu de laquelle trôneraient ces archives mortes et des coins de laquelle parviendrait, de manière diffuse et délayée, la musique de ‘Mission of Dead Souls’. Mais cela pourrait tout aussi bien être Antoine Chessex. Une tension. Une tension qui croît et s’accroît en fur et à mesure que les minutes s’écoulent. Les jeux de trois violons qui se déploient en paliers, se juxtaposent, se couvrent et se recouvrent pour au final s’annihiler dans une infernale décharge à vide. Tout comme les notes de Chessex finissent par échoir sur la surface carbone de la bande d’un Revox, les caractères imprimés du papier usé empaqueté par Denmark achèvent de se confondre dans leurs strates. L’accumulation sans fin de papier s’annihile dans le grand vide que laisse le trop plein du déchet. Peut-être que, oui, un jour faudrait-il tenter la rencontre entre Denmark et Chessex et pourquoi pas l’initier. Pour l’heure, c’est en écoutant encore une fois sans s’en lasser ‘Dust’ de Chessex que l’on lira avec attention et admiration le magnifique catalogue récapitulatif de l’œuvre de Denmark. Un livre ‘Denmark’, Pandora Publishers Un site : www.denmark-artist.com Un disque : Antoine Chessex, ‘Dust’, Cave12/Dense


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T e x t e : : nAi n cn oe l -aLsi sael s Rt ee meanc l©e t o m h i n e s

Les louanges qui ont accompagné les précédents efforts de Grizzly Bear étaient méritées. À chaque nouveau disque, les clameurs se sont intensifiées. Vu le vacarme provoqué, on pouvait penser que le quatuor new-yorkais avait atteint la limite, le comble du somptueux sur l’album ‘Veckatimest’. C’était mal connaître l’extrême perfectionnisme dont sont capables ces grands explorateurs de la pop moderne. Harmonies vocales vertigineuses, mélodies monumentales, crève-cœurs enchantés, chansons du bonheur : ‘Shields’ est une bâtisse aux structures complexes, une forteresse imprenable. Pour évoquer cet impressionnant édifice, on retrouve Daniel Rossen, aiguilleur majeur et fine plume de l’animal aux poils soyeux. Avec ‘Shields’, Grizzly Bear offre une nouvelle caresse à nos oreilles et colle un méchant coup de griffe à la concurrence.

L’ours qui a vu l’ours qui a vu l’homme L’incroyable succès de ‘Veckatimest’ a-t-il eu des conséquences sur la réalisation de ‘Shields’ ? Vous sentiez-vous sous pression avant l’enregistrement du nouvel album ? Daniel Rossen (chant, guitare, piano) : « Ces derniers temps, les gens se sont pas mal inquiétés de notre santé mentale et de notre état d’esprit. ‘Veckatimest’ a constitué une étape importante dans la carrière de Grizzly Bear. Les sessions d’enregistrement étaient intenses et la tournée qui a suivi la sortie du disque a rapidement pris des allures de marathon. En bout de course, on a ressenti le besoin de mettre le projet entre parenthèses et de revenir à la normale, à la vie réelle. Quand on s’est retrouvé pour travailler sur les nouvelles chansons, on était un peu perdu, complètement déboussolé. On ne savait pas dans quelle direction avancer. Inconsciemment, cela était peut-être lié à une certaine pression mais, au sein du groupe, on n’a jamais mis de mot sur notre comportement. On a sans doute évité de parler de ça. On a commencé à bosser sur les morceaux en essayant de faire pour un mieux. Et ça nous a pris pas mal de temps... » Un délai de trois ans d’attente si les calculs sont bons. C’est presque devenu une moyenne avec Grizzly Bear. Est-ce votre rythme de croisière ou le minimum nécessaire pour la conception d’un nouvel album ? Daniel Rossen : « Encore une fois, ce n’est pas prémédité. Mais force est de constater qu’on sort effectivement un disque tous les trois ans. On n’est pas pressé. Le truc, c’est qu’on ne publie rien d’officiel tant qu’on n’est pas satisfait à 100 % de notre travail. On ne voit pas Grizzly Bear comme une usine, plutôt comme un petit atelier. On prend le temps de remanier des trucs, de retoucher les arrangements. Au fond, je pense que notre approche est assez lente parce qu’elle reste artisanale. » En marge de Grizzly Bear, d’autres projets voient également le jour. Chris Taylor a sorti un disque sous le pseudonyme CANT. De ton côté, quand ce n’est pas avec Department of Eagles, tu enregistres de nouvelles chansons en solo. Ressentez-vous ce besoin de créer des choses par ailleurs ? Daniel Rossen : « Je pense que ce besoin est de plus en plus fort au sein du groupe. Pour enregistrer ‘Shields’, on s’est tous impliqué équitablement, en travaillant ensemble sur tous les morceaux. Ça n’a jamais été aussi démocratique. On a pris énormément de plaisir en composant ces chansons. Au final, c’est enrichissant de faire aboutir un projet commun, de dépasser ses limites et d’élargir ses visions artistiques à d’autres idées que les siennes. De mon côté, j’avais encore quelques chansons sous le coude, mais elles n’étaient pas très intéressantes pour Grizzly Bear. On pouvait difficilement les exploiter et les explorer ensemble. Enregistrer seul ou en groupe, c’est quelque chose de fondamentalement différent. Le défi n’est absolument pas le même. Instinctivement, on sent bien ce qui va tomber dans le domaine collectif et ce qui relève d’une inspiration personnelle. De toute façon, l’un n’empêche pas l’autre. Je continue d’écrire des morceaux en vue de les publier un jour ou l’autre. Et puis, l’envie de réactiver Departement of Eagles est là, mais cela reste fortement

conditionné par l’actualité de Grizzly Bear. Désormais, je pense qu’il y aura toujours des créations en marge du groupe. » Vous venez de jouer quelques concerts en prélude de la tournée à venir. On a donc eu l’occasion d’assister à l’éclosion des chansons de ‘Shields’. Sur scène, Grizzly Bear est passé de quatre à cinq musiciens. C’est le nouveau line-up officiel ? Daniel Rossen : « On a ajouté un pianiste sur cette tournée. En fait, plusieurs chansons de ‘Shields’ reposent sur des bases jouées au piano. Je commençais à en avoir marre de composer systématiquement des trucs à la guitare. J’ai pas mal travaillé sur des claviers pour façonner les fondations des morceaux. Par la suite, on est venu ajouter les autres instruments. Mais on s’est vite rendu compte du problème : impossible de jouer autant d’instruments en se limitant à nos huit mains. On a donc fait appel aux services d’un pianiste extérieur pour nous épauler sur la tournée. Pour ce qui est de l’enregistrement des disques, on va privilégier notre équilibre, notre façon de travailler à quatre. » Les premières étapes de l’album vous ont amené au Texas, en plein désert. Pourquoi êtes-vous partis là-bas ? Daniel Rossen : « Quand on s’est entendu sur des dates d’enregistrement, il faisait un temps de chien à New York. Ça nous tapait sur le système. On avait envie de soleil, de dépaysement, de nouvelles vibrations. On a donc décidé de décamper en direction de Marfa, au cœur du désert texan. C’est une petite ville de moins de 2.000 habitants. Elle est surtout connue pour avoir accueilli le plasticien Donald Judd, une figure phare du minimalisme. Les paysages de Marfa sont incroyables. Récemment, plusieurs réalisateurs ont planté leurs caméras là-bas. Je pense, notamment, à Paul Thomas Anderson (‘There Will Be Blood’) et aux frères Coen (‘No Country For Old Men’). La ville leur a offert des décors impayables. En arrivant sur place, on s’est installé dans un vieux bâtiment sans air conditionné. Il faisait étouffant. Dehors, la chaleur était écrasante. Il était impossible de bouger le petit doigt avant la tombée de la nuit. Par la force des choses, on commençait à travailler sur le coup de minuit. On jouait ensuite jusqu’au lever du jour. Pour moi qui suis plutôt un musicien du matin, c’était assez déstabilisant. Les bases du nouvel album sont donc nées dans cette ambiance nocturne, sauvage et totalement surréaliste. Après cette première session, on est parti s’installer dans la maison de la mère d’Edward Droste à Cape Cod, là où on avait enregistré la majeure partie de l’album ‘Yellow House’. » Retourner là-bas, c’était une façon de retrouver vos habitudes, de vous rassurer ? Daniel Rossen : « Il y a de ça. C’est comme un rituel de se retrouver enfermé à quatre dans ce coin du monde. L’atmosphère de la maison, les paysages, l’éloignement de la ville, tous ces éléments forment un environnement idéal. Cet endroit fait partie intégrante de l’histoire du groupe. » En cherchant, on n’a trouvé aucune trace de ‘Shields’ dans les nouvelles chansons. Vous le sortez d’où, le titre de l’album ? Daniel Rossen : « Par le passé, les titres de nos albums s’imprégnaient directement de


Texte: antoine b ours © shwan brackbill l’endroit où ils avaient été enregistrés. Dans notre discographie, ‘Shields’ est un cas particulier : c’est notre travail le plus collectif. On a tout fait et pensé à quatre. Mais aucun de nous n’est en mesure de donner une définition précise de ce titre... On a juste considéré que ce mot appelait tellement d’interprétations qu’il était forcément intéressant. On peut voir ça comme une façade, un mur derrière lequel on s’est caché pour s’abriter des influences du monde extérieur. C’est une interprétation comme une autre. Mais il doit en exister d’autres, bien meilleures. (Sourire) » La pochette de l’album est illustrée par un pique et un trèfle. Vous partagez une passion soudaine pour les cartes ? Daniel Rossen : « (Sourire) Non, en fait, ce dessin est une reproduction de l’œuvre du peintre américain Diebenkorn. C’était un spécialiste de l’expressionnisme et de l’art abstrait. Il n’y a pas de référence esthétique ou de jeu de miroir entre le titre de l’album et sa pochette. On appréciait l’aspect iconique de cette peinture. L’as de pique rencontre de nombreuses significations dans l’histoire. Dans les jeux, par exemple, il s’agit de la carte la plus forte. Ailleurs, la figure est un symbole associé à la mort ou à la malchance. Elle a souvent été utilisée par la scène hardcore aussi. À l’analyse, il existe une multitude d’interprétations associées à cette figure. C’est ce qui nous plaisait. Mais, au-delà de son sens prétendu, ça reste avant tout une belle peinture, une image qui nous plaisait. » Côté production, Grizzly Bear fonctionne toujours en vase clos. Chris Taylor est encore derrière les manettes. Vous ne vouliez pas changer de perspective ? Daniel Rossen : « J’ai finalisé l’album avec Chris Taylor. On se sent capable de gérer ça entre nous. Et, d’une certaine façon, ça nous arrange : on reste quand même de sacrés maniaques, de véritables « control freaks ». On a eu de longues discussions sur les dernières touches à apporter à ce disque. On voulait différencier le son des nouvelles chansons de nos précédentes productions. Avec les arrangements, on a essayé de donner une impression d’espace et de profondeur. On a également travaillé sur l’impact direct des mélodies, en proposant quelque chose d’assez immédiat. On voulait éviter de retomber dans le déjà-vu, le déjàentendu. On a tout fait pour se démarquer du passé. « Essayer autre chose », c’était notre leitmotiv. » Dernièrement, vous avez déclaré avoir passé « moins de temps à essayer d’enregistrer la prise parfaite. L’idée étant de laisser parler le feeling. » Vous avez eu peur d’enregistrer quelque chose de trop gentil, de trop poli ? Daniel Rossen : « C’était surtout une volonté d’éviter les frustrations. Placer sa musique dans un carcan, suivre des règles précises, ça peut vite devenir contraignant, même pendant une session d’enregistrement. On a ressenti ce sentiment par le passé. Avec ‘Shields’, on s’est laissé aller à davantage d’improvisations. Ça a amené des choses inattendues et ça nous a fait un bien fou. » En 2010, votre musique a habillé la bande originale du film ‘Blue Valentine’, un long métrage avec Ryan Gosling et Michelle Williams. C’était votre première expérience cinématographique ? Daniel Rossen : « Oui, on n’avait jamais rien fait avant de ce côté-là. Cela dit, on n’a pas fait grand-chose non plus sur ‘Blue Valentine’… Le producteur a simplement utilisé des chutes instrumentales des albums ‘Yellow House’ et ‘Veckatimest’. On n’a rien composé d’original pour ce film. Mais l’équipe en charge du son a fait du bon boulot avec le matos mis à disposition : la musique colle super bien au film. Un jour, on s’attaquera sans doute plus sérieusement à des compositions exclusivement destinées au cinéma. Cette envie existe chez Grizzly Bear mais, pour l’instant, on ne trouve pas le temps de s’investir à fond dans un tel projet… » Un disque : ‘Shields’ (Warp/V2) Suivez le guide : http://grizzly-bear.net

on stage 4/11, Ancienne Belgique, Bruxelles

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Comme bon nombre de ses contemporains, le talentueux bidouilleur électronique Dan Deacon est déchiré entre son amour immodéré pour la beauté de notre monde et les dérives de notre civilisation sur laquelle planent des lendemains lugubres : « Everything’s grey / nothing remains of place I love ». Sur ‘America’, le touche-à-tout de Baltimore traduit ce schisme en une vibrante symphonie porteuse d’espoir où ses beats épileptiques facétieux entrent en collision avec des harmonies orchestrales héritées de Philip Glass et Terry Riley. Une dualité qui s’immisce jusque dans notre entretien, baigné d’une amertume qui jamais n’entame la bonhomie joviale de l’artiste. Récit d’un combat intérieur entre un homme et sa nation.

Getting it Right Tomorrow Entre ‘Bromst’ et ‘America’, vous avez travaillé sur plusieurs compositions philharmoniques (avec So Percussion, the NOW Ensemble et le Calder String Quartet) et avez composé le score de ‘Twixt’ pour Coppola. Dans quelle mesure ces expériences ont-elle façonné le son de ‘America’ ? Dan Deacon : « Cela m’a permis de me tourner vers une musique qui ne soit pas écrite à destination du dancefloor, et qui confronte le public à une autre forme d’aboutissement, un autre état d’esprit. Auparavant, mon souci principal était une efficacité immédiate, le son le plus frontal possible. Ici, je n’ai plus ressenti cette nécessité. Comme si j’avais réveillé de l’hibernation une partie de mon cerveau qui trouve son plaisir dans une musique qui ne soit plus basée sur l’immédiateté, mais la nuance, la dynamique et le changement. » Quel fut le processus de création des pièces orchestrales ? Dan Deacon : « Tous les morceaux ont été écrits en amont du travail avec les musiciens. Mais je ne voulais pas me limiter dans mon approche de l’instrumentation. Nous avons privilégié les tentatives, la permutation, l’inattendu. Je n’ai pas tellement pensé ‘America’ en tant que formes et directions. On était plus proche de l’improvisation. Pour moi qui n’avais jamais travaillé en studio de cette façon, ce fut une expérience incroyablement excitante. » ‘America’ m’a rappelé par bien des aspects le film ‘Koyaanisqatsi’. Ces deux œuvres partagent des questionnements, une atmosphère et une imagerie similaires. Son titre signifie « une façon de vivre déséquilibrée, qui appelle à un nouveau mode de vie ». Cela pourrait-il être aussi la note d’intention d’America ? Dan Deacon : « Tout à fait. Je pense que beaucoup d’américains ressentent aujourd’hui que la vie, leur vie, dérape. Ils prennent conscience du déséquilibre de leur quotidien, qui repose sur le désir et le besoin du confort immédiat, cause de l’exploitation généralisée d’autres personnes. Il est fondamental de se rappeler que les sociétés internationales qui existent dans l’ombre de nos gouvernements devraient être la cible principale de cette insatisfaction. Ce sont des entités sans frontières dont l’unique objectif est de générer du profit et dont l’action et l’idéologie n’ont absolument aucun impact bénéfique sur la population. » A ce sujet, vous avez pris part, en mai passé, au rassemblement du mouvement Occupy Wall Street, aux côtés d’autres artistes (Tom Morello, Das Racist, etc.). Pouvez-vous me parler de cette expérience ? Dan Deacon : « Ca a été très encourageant d’être en présence d’autant de gens, aussi différents les uns des autres, mobilisés pour l’égalité et la lutte contre ces formes d’exploitations. L’énergie et l’optimisme qui nous habitaient m’étaient totalement nouveaux ; je n’avais jamais vu ça à cette échelle. Mais plus tard, alors que nous descendions au cœur de Wall Street, le déploiement policier frôlait l’indécence : un sentiment palpable de danger émanait de cet étalage de force aveugle, symbole parfait des dérives contre lesquelles nous protestions. Et, bien sûr, les violences ont commencé : ce qu’ils souhaitaient, c’était de transformer un événement pacifique en son contraire, par la provocation et l’agression. C’est dingue de voir à quel point ce système, qui

repose sur l’exploitation de la majorité pour le bénéfice d’une minorité, craint ce mouvement populaire ; ils ont compris que beaucoup de personnes, en dehors d’une gauche radicalisée minoritaire, commençaient à tendre l’oreille à ces discours qui ne trouvent pas leur place dans les médias traditionnels. D’ailleurs, Occupy ne se limite pas à des manifestants assis dans un parc ; ils proposent des pistes de changements à apporter à nos choix quotidiens, des solutions pour sortir notre argent des banques, des moyens d’amoindrir notre impact énergétique. Ces petits changements à la portée de tous et qui peuvent faire la différence. » Votre créativité musicale s’exprime à travers la participation, la collaboration, le do-it-yourself, ainsi qu’un certain sens de la communauté et de la gratuité. Est-ce votre façon de corriger le tir ? Dan Deacon : « Je pense qu’au cours de cet album, j’ai essayé de plus en plus d’être conscient de mon rôle au sein du système, sans pour autant m’en retirer : le vrai changement, il est en soi. Je suis constamment à la recherche de nouvelles alternatives. Et se pose bien sûr la question de mon propre confort. Je ne peux pas brocarder le fracking (fracturation hydraulique, ndr) et la minute d’après allumer mon air conditionné ! Ce n’est pas grand chose, mais en tournée, nous limitons au maximum notre impact : notre bus roule aux huiles végétales recyclées que nous récupérons de restaurants. Nous achetons notre nourriture dans des commerces locaux et biologiques. A nouveau, des petits changements, à notre échelle. Je considère ‘America’ comme un protest album, bien que je n’y crie pas « vous devez descendre dans la rue ! ». J’ai souhaité sensibiliser mon public à certains sujets, sans pour autant lui dicter une marche à suivre. » C’est ambitieux : l’électronique est un style musical qu’on associe peu à l’idée d’activisme. Dan Deacon : « Je suis d’accord : on limite généralement l’électronique à l’évasion et la fête. La vacuité généralisée de la culture populaire a creusé un fossé entre la jeunesse et l’engagement politique. Les médias colportent cette image fétichisée d’opulence et de popularité comme unique accomplissement. Mais nous allons tous, sans exception, mourir un jour. Cessons de désirer devenir l’homme le plus riche ou le plus célèbre au monde ; c’est absurde ! » Il y a quelques années, vous disiez en être arrivé à espérer la disparition de l’espèce humaine. Quels sont vos espoirs aujourd’hui ? Dan Deacon : « (il réflechit) J’aimerais voir ce système arriver à sa fin. Je crois qu’il ne fonctionne plus, qu’il est incapable de nous apporter l’équilibre et l’harmonie que nous sommes en droit d’espérer. Mais j’ai perdu ce nihilisme absurde qui m’habitait. ‘La Route’ de Corman McCarthy m’a rappelé que l’espèce humaine ne pouvait pas disparaître comme ça, d’un coup de baguette magique, mais que le processus serait long et horrible. Il est important que l’on ne persévère plus dans cette voie sans issue. » Un disque : ‘America’ (Domino/V2) Suivez le guide : www.dandeacon.com


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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © ra s m u s w e n g k arl s e n

Efterklang, (à présent) triumvirat espiègle d’elfes, nous avait fait transiter de ‘Caravan’ en ‘Mirador’ avec un sens quasi inné de l’envolée extatique, de l’enchantement: nous flottions, assurant nos prises sur les cordes fines, atterrissant sur quelque cumulus rebondi. À présent, la ligne de mire s’est brouillée : pour

intégrer l’expédition, il faudra perdre ses repères sur une lande à la surface glaciale mais fascinante. ‘Piramida’, de mirages,

n’en a pas fini de faire résonner ses échos, d’effilocher son pouls en lanières. Rencontre avec Rasmus Stolberg, bienheureux éclaireur sonore.

‘Piramida’ n’est pas seulement le titre de votre album, ça s’apparente plutôt à une quête héroïque, un rêve déstabilisant, une énigme. Comment vous est venu à l’esprit l’idée d’inscrire votre processus de création dans une mine russe abandonnée sur un archipel nordique? Rasmus : « Un de nos contacts nous avait suggéré d’y faire un clip : il avait prospecté làbas. Nous ne pouvions définitivement pas nous contenter d’une vidéo dans un environnement pareil! Nous étions comme aimantés. La première chose que j’ai lue c’est que le piano à queue considéré comme le plus au nord du monde se trouvait toujours en l’état à Piramida. Ça a été notre déclic : nous devions jouer sur cet instrument. Trois gamins partant à l’aventure… »

Défricheurs en D mineur C’était compliqué d’obtenir des autorisations pour aller enregistrer là-bas ? Rasmus : « Ça s’est révélé presqu’impossible. Un millier de personnes vivait à Piramida, toutes à cause de ce travail d’extraction, toutes engagées par la même société. Quand la mine a fermé, tout le monde a dû partir, mais le lieu est toujours en la possession de cette compagnie russe gérée par l’état. Nous avons tenté de les joindre par tous les moyens, nous avons même envoyé un ami de Moscou en personne leur donner notre formulaire de demande. Mais nous n’avons reçu aucune réponse, pas même un non, ou un peut-être. Après six mois, nous nous sentions vidés, mais nous ne parvenions pas à penser à une autre idée pour cet album. Tu mets ton doigt sur la carte à un endroit, tu veux juste te rendre Là et tu sais que ta vie sera incomplète jusqu’à ce que tu y sois allé. » Est-ce qu’il vous est arrivé de songer à y accéder par des moyens moins licites, comme les membres d’Urbex (réseau de photographes et d’explorateurs urbains)? Rasmus : « Après cette expérience, je connais beaucoup de choses à leur sujet, mais à l’origine, ça n’était pas inspiré par leur démarche. Nous avons juste eu le même genre de fascination qu’eux : aller dans des lieux où tu n’es pas supposé te rendre, et percevoir en un coup d’œil la détérioration mais aussi comment la vie était là-bas avant que le déclin n’ait lieu et comment il a pu se produire. Nous avons fini par obtenir cette fameuse autorisation. Nous étions sur le point d’abandonner, et j’ai reçu un email d’une chaîne allemande dont le producteur voulait faire un documentaire sur les ruines modernes, dont Piramida. Le directeur de la compagnie lui avait mentionné notre demande commune et il nous proposait de l’accompagner. Nous avions réussi !» Quelle a été ta sensation initiale quand tu as débarqué sur l’île ? Rasmus : « Je me suis senti transporté, super excité, courant partout, faisant du boucan avec tout ce qui me tombait sous la main. C’est une sensation qui a persisté pendant deux jours, puis je me suis senti déchargé de toute énergie. Pourquoi diable est-ce qu’on est venus là? Quelle idée stupide, c’était ! (rires). »

Ce n’était pourtant pas la première fois que vous expérimentiez avec le field-recording, c’était déjà le cas sur ‘An Island’ (la vidéo réalisée avec Vincent Moon), non ? Rasmus : « Oui, sur ‘An Island’ et sur nos albums aussi. Quand on construit des beats électroniquement, on va toujours chercher ailleurs ce qu’on souhaite utiliser, on ne se contente pas d’ouvrir une drum-machine et de sélectionner ce qui se rapproche de notre idée. Ici, c’était différent, on travaillait à bien plus grande échelle. » Et puis c’était peut-être bien plus déconcertant, à cause du lieu… Rasmus : « C’est un endroit où tu ressens une immense solitude, l’impression que le temps s’est figé. Ton téléphone portable ne fonctionne plus, le soleil ne se couche pas, et en déambulant ici et là, tu peux rapidement perdre de vue ce que tu comptais réellement faire. Nous étions allés voir le piano, avec l’envie pressante de l’enregistrer mais la fièvre était retombée. Il était très désaccordé. C’était amusant d’en jouer mais quand tu espères quelque chose avec tellement d’impatience, quand ça a lieu, tu n’es plus aussi heureux à cause de l’impression que ça aurait dû être une expérience plus singulière. Après cinq jours, nous avons découvert des sons inimaginables et c’est à ce moment-là que nous nous sommes vraiment mis à penser à la musique, à être inspirés. » Avez-vous fait vos recherches sonores de façon solitaire, à grappiller des échantillons chacun de votre côté ou bien soudés ? Rasmus : « Sur l’île, nous voulions avoir la même première journée tous les trois. Parfois, quand tu fais un disque, chacun fait ses esquisses de son côté, et ensuite, on rassemble le tout, et c’est une bonne façon de procéder. Mais nous voulions ressentir en même temps l’émergence de l’album, et grâce à ce voyage, nous étions en mesure d’y parvenir : « Même si ce n’est pas moi qui l’ai découvert, j’ai à l’esprit la manière dont ce son a été collecté, j’étais là quand il a été trouvé. J’aime le rendu de cet instrument aussi parce qu’il s’agit d’un souvenir.». C’était extrêmement rassurant pour nous de pouvoir compter sur des bases similaires. » Dans cet album, plus que dans les précédents, vous avez joué sur le contraste entre de petites sonorités et une certaine ampleur. ‘Piramida’ contient moins de couches que ‘Magic Chairs’. C’était intentionnel d’évoluer dans cette direction? Rasmus : « Oui, c’était voulu que ça soit plus aéré, c’était ce qu’on espérait comme rendu, et je pense que nous y sommes parvenus sur pas mal de sons. Lorsque trois personnes partent collecter de la matière et ensuite passent un temps certain à la manipuler puis l’intègrent à un morceau, si tu ajoutes couche sur couche, vu qu’il y a beaucoup d’information dans une seule, tu perds de l’impact, de la résonance. Dans ‘Magic Chairs’, il y avait une idée d’ensemble, ici on voulait pouvoir se concentrer sur chaque élément. »


Texte: antoine bours ‘Piramida’ est plus accablé et on ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre les bâtiments en décomposition et la détérioration des relations humaines véhiculée par les paroles. Il reste malgré tout certains morceaux de bravoure, comme ‘Black Summer’. Rasmus : « Oui, on s’est efforcé qu’il y ait de l’intimité mais aussi de l’épique, une certaine honnêteté. » Vous avez inauguré ‘The Piramida Concert’ en mai à Sydney et en tournée vous allez jouer l’album avec des orchestres différents suivant les pays. N’est-ce pas difficile d’obtenir une adaptation précise de vos sonorités avec ces variations ? Rasmus : « Faire ce concert en mai n’était pas évident, mais nous n’avons pas pu résister. C’était dingue ! On se donnait rendez-vous au studio à midi, on répétait avec le groupe, puis le soir venu nous travaillions sur le disque pour l’achever, puis vers deux heures du matin, nous jetions un coup d’œil aux arrangements, avec les changements transmis pour l’orchestre avec tout ce que ça implique comme communication complexe. C’est une des périodes les plus intenses de ma vie. En y repensant, je suis très heureux que nous l’ayons fait ! À Sydney, nous sommes parvenus à ce à quoi nous nous attendions. Pour la suite, chaque soir sera évidemment différent, mais c’est ce qui est formidable avec la performance musicale, c’est vivant. » Vous semblez tous les trois guidés par un goût constant du challenge…c’est votre façon de vous sentir bien au sein du groupe ? Rasmus : « Nous recevons tellement d’invitations pour réaliser des projets : nous pourrions écrire un ep, un nouvel album, un film. Nous n’avons qu’à choisir, et nous avons besoin du défi pour entamer quelque chose de neuf, oui. Si on se dit juste : « Faisons de la musique ! », ça ne fonctionne pas vraiment : on a besoin d’un cadre, un vrai point de départ. Par exemple : « Allons à Piramida ! Tentons de ne pas utiliser de guitares ou faisons sonner ça groovy ! », puis on observe. Parfois, il s’agit juste d’un test, parfois d’une réelle direction sur laquelle nous allons passer du temps. Nous avons besoin d’être audacieux pour être heureux. »

Efterklang ‘Piramida’ 4AD/Beggars

Il ne vous cloue pas au sol. Il ne vous fait pas faire de bonds. Il s’insinue à la façon de cendres volatiles disséminées par-delà le foyer. C’est une impression fantomatique, un craquèlement, plusieurs peut-être. Une machine à qui l’on demande de tourner à plein régime malgré l’usure (« Do it do it do it, do operate it »), un puzzle dont les pièces ne trouvent pas toutes leur place, le dissolvant de legs précieux. Les couples y passent la nuit recroquevillés de chaque côté de l’alcôve, la passion y ondoie mais en berne (« Can’t you see it / all your lovers down the shore / lonely waves »), et la voix de Casper Clausen, vers l’épure, y étale un tableau anthracite, vert-de-gris, rongé par le doute. C’est la quatrième tentative d’un groupe qui se remet en question dans la continuité, avec efficience, franchise, un goût du furetage qui ne les dévient pas de la mélodie. Prenez le temps d’en apprécier les strates, même désabusées. Au détour d’un pincement percussif vous y trouverez peut-être le carburant des jours nouveaux, un accès inédit au jardin (« All kind(s) of ways to your garden /Another way, another way, and till it stays /You gotta hold my hand »). ‘Piramida’ n’est pas l’Eden, pas l’Amérique : juste douze morceaux à la beauté sombre dont l’éclat refuse de ployer. (alr) Suivez le guide : http://efterklang.net/home/

on stage The Piramida Concert featuring Rotterdam Sinfonia 03/11, Ancienne Belgique, Bruxelles.

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Two Gallants

Sous la plume de James Joyce, ces deux vaillants ne sont rien moins que des

brigands, qui trompent une femme de leur duplicité. Étymologiquement, ‘duplicité’ ne signifie pas tant ‘duperie’ que la particularité naturelle de ce qui est double en soi.

Sur ‘The Bloom And The Blight’, sans doute leur meilleur album à ce jour, le duo originaire de San Francisco enfonce le clou de la gémellité et de l’union des contraires. Leur métissage d’americana et de précipitation rugueuse héritée du punk touche ici à la perfection, affiné par leur volonté farouche de ne plus tourner autour du pot. Rencontre avec Tyson Vogel, batteur un bref instant isolé de ce duo amoureux des contrastes.

La Fleur et le Mildiou Une question idiote pour commencer : entre Adam Stevens et vous-même, qui est la fleur (bloom) et qui est le mildiou (blight) ? Tyson Vogel : « (rires) Nous sommes probablement un peu des deux chacun. C’est une relation très symbiotique. » L’album donne à penser que la floraison fait partie du passé et que le mildiou est une situation présente qu’il faut accepter. Quel était votre sentiment général au cours de son écriture ? Tyson : « C’est une belle interprétation. Je n’y avais pas pensé de cette façon, mais c’est très juste. La relation à l’idée et au souvenir du bonheur est souvent complexe. Notre bagage, en tant qu’être humain, est souvent mis à mal sous des circonstances inconfortables. Si la fleur tient du passé, alors il nous faut nous en souvenir comme tel pour affronter le présent. Mais s’accrocher à la beauté qui n’est plus peut également nous consumer dans notre combat. Dans une certaine mesure, je dirais que ce disque symbolise le passage à l’âge adulte. » La dualité induite par le titre se retrouve également sur la pochette de l’album. Quelle est l’histoire derrière cette photographie ? Tyson : « Adam et moi nous connaissons depuis tout petits. Pendant l’enregistrement de cet album, je suis allé voir ma Maman pour la Fête des Mères. Elle avait ressorti de vieilles boîtes du grenier, dans lesquelles j’ai fureté et j’ai retrouvé cette photographie sur laquelle Adam et moi devons avoir 7-8 ans. J’ai été frappé par le sentiment que rien n’avait véritablement changé, vingt ans plus tard. J’aimais l’humour que cette photo dégageait. C’était nous, indéniablement, bien que différents. J’ai trouvé ce contraste particulièrement approprié pour ‘The Bloom And The Blight’. » Le contraste est un élément central des Two Gallants : passé et présent, légèreté et amertume, calme et bruit. Quelles étaient vos désirs derrière le son de ‘The Bloom And The Blight’ ? Tyson : « Notre souci principal était de s’exprimer le plus honnêtement possible. Je pense que le son de l’album est empreint également de notre parcours des années précédentes : nous avons pris du temps pour nous, profitant de la vie et d’autres explorations musicales. Mais notre intention consciente était d’accoucher de l’expression la plus directe de notre art, d’atteindre une forme musicale et émotionnelle immédiate. C’est pourquoi les chansons sont plus courtes et plus bruyantes qu’auparavant. Nous voulions aller droit au but. » A ce propos, ouvrir l’album avec ‘Halcyon Days’, dont les 30 secondes d’intro posées sont balayées par l’irruption de riffs furieux, était-ce un moyen de dire aux gens : « pigé, maintenant ? » ? Tyson : « (rires) C’est exactement ça ! Nous avons toujours été un groupe bruyant, mais il demeure un malentendu à notre sujet en raison de notre songwriting. Lorsqu’on utilise les mots folk ou country, on pense tout de suite à un son acoustique. Et quand on se pointe à certains concerts avec la batterie et la guitare électrique, cela continue de surprendre. » Pour cet album, vous avez signé chez ATO Records

(Alberta Cross, My Morning Jacket, Primus, etc.). Qu’est-ce qui vous a décidé à les rejoindre et qu’est-ce que l’expérience de John Congleton a apporté à l’album (producteur qui a travaillé avec Okkervil River, Modest Mouse, Xiu Xiu, St Vincent, etc. - ndr) ? Tyson : « Très franchement, tout ce que nous voulions, c’était une nouvelle approche. Saddle Creek fut notre foyer pendant de nombreuses années. Et nous restons en très bons termes. Mais après ce hiatus de cinq ans, nous avions le souhait d’un album différent et il nous a semblé que travailler avec un autre label pouvait nous y aider. Quant à John, c’est quelqu’un d’investi à 100 % dans ce qu’il entreprend. C’est un musicien et un artiste ; on se comprend, on aime les mêmes choses. Ce que l’on souhaitait, c’était une oreille et une perspective extérieure, ce qu’il a amené, en plus d’une grande créativité. A vrai dire, sans lui nous ne serions pas parvenus à atteindre ce son que nous recherchions depuis toujours et qui est celui de ‘The Bloom And The Blind’. » Vous déclarez chérir l’époque où vous jouiez votre musique dans la rue et dans des concerts improvisés. Quel plaisir trouvez-vous maintenant que vous jouez devant des publics qui parfois ne partagent même pas la proximité de la langue anglaise ? Tyson : « De façon générale, la musique est cette grande aventure, une sorte de pèlerinage : elle s’adapte à tous les environnements. Adam et moi apprécions cette exploration : on a commencé en jouant sur des trottoirs, puis devant des centaines de personnes, puis des milliers. L’environnement change constamment. En revanche, ce sont ces concerts de rue qui ont forgé notre expérience. Quand on joue dans une salle, tout est plus ou moins sous contrôle, mais dans la rue, tout peut changer en une fraction de seconde. Cela nous a appris à développer une sensibilité à l’instant présent, une versatilité. Il n’y a pas de conditions meilleures que d’autres, parce que quelque soit le lieu où tu joues, tu transportes ce sentiment. Néanmoins, ouais, ça me manque, ces concerts de rue ! (rires) » A quoi va ressembler votre futur proche, en dehors de la tournée ? Allez-vous retourner à des projets solos ? Tyson : « Actuellement, il m’est difficile de me concentrer sur autre chose que le moment présent. Ce mode de vie ne favorise pas l’anticipation. Tu dois te focaliser sur l’immédiat, parce qu’aujourd’hui tu es ici, demain tu es là-bas, dans quelques mois tu seras à Bruxelles. C’est le plus loin que je puisse imaginer ! (rires ; il marque une pause, puis reprend, sur le ton de la confidence) Tu sais, je pourrais m’y arrêter, à Bruxelles. C’est une ville où je pourrais vivre. Visuellement, elle charrie une histoire : belle et inélégante à la fois. J’ai été touché par cette dichotomie. » Un disque : ‘The Bloom And The Blight’ (ATO Records/PIAS) Suivez le guide : www.twogallants.com

on stage 27/11 Botanique, Bruxelles


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Texte : nicolas Alsteen © Christoph macPherson

Texte: Anne-Lise Remacle © al

Staff

Benda Bilili

La musique est souvent à l’origine de belles histoires, d’anecdotes farfelues et de destinées impromptues. La plus grande aventure humaine du 21ème

Gare du Midi, 10h. Un juif orthodoxe en transit, une famille anglaise en goguette, une firme hollandaise en team building, des navetteurs pressés, d’où qu’ils viennent. Le temps d’un café avec Cat.

de la musique traditionnelle, le Staff a trimballé une indomptable joie de vivre sur fauteuil roulant. Le nouvel album s’intitule ‘Bouger le monde!’ : une collection de chansons pour réveiller les consciences et prouver que chacun peut trouver sa place dans la société. Avec ou sans roue.

Pirata (mi-Rainbow Brite, mi-Tank Girl) et Jordi Collignon, son complice d’évasion, on s’est mis à imaginer une tour de Babel où les métissages (sonores, sociaux, secouants) iraient de soi, et où il serait moins urgent, juste facétieux, de jeter des brûlots de beats dans la marée noire.

siècle a sans doute vu le jour du côté de Kinshasa, en 2009, avec la sortie du disque ‘Très Très Fort’, une œuvre gorgée de soleil signée par le Staff Benda Bilili. Ce groupe improbable – des sans-abris atteints de la polio – a revitalisé les contre-allées de la « world music ». En collant du beat sous les semelles de la rumba congolaise, en tirant l’électricité sous le toit

Trop Trop Fort L’album ‘Très Très Fort’ a rencontré un énorme succès international. Avez-vous ressenti une certaine peur, une crainte de mal faire à l’heure de commencer l’enregistrement de ‘Bouger le monde!’ ? Léon « Ricky » Likabu (leader, chanteur) : « On s’est toujours senti en pleine confiance. Quand on a achevé l’enregistrement de ‘Très Très Fort’, nous avions déjà une trentaine de nouvelles chansons sous le coude en vue du second. On avait peur de rien ! On a bouclé ‘Bouger le monde !’ en quatre jours. En fait, nous étions plus sereins et mieux préparés aux réalités des sessions d’enregistrement. D’ailleurs, on a déjà du matériel pour les troisième et quatrième albums. Si on nous demande de les enregistrer, on peut le faire directement. (Sourire) » Dans le film ‘Benda Bilili’, on peut suivre votre parcours, votre histoire. Par le passé, vous viviez dans la rue avec quasiment rien. Qu’en est-il aujourd’hui ? Léon « Ricky » Likabu : « Avant le premier album, je vivais dans la rue avec ma famille, mes enfants, mes amis. Le succès de ‘Très Très Fort’ a considérablement changé nos vies. Aujourd’hui, on a tous une maison. On a le privilège de rouler en voiture, les enfants vont à l’école et certains ont même acheté des terrains. Avec le nouvel album, j’espère qu’on pourra encore faire mieux : construire des immeubles de dix étages pour mettre mes amis de la rue à l’abri ! Aujourd’hui, certains viennent me voir en me demandant de l’argent. Mais je refuse systématiquement. Car ce n’est pas une solution d’avenir. Il faut travailler, faire évoluer un projet commun pour gagner de l’argent ensemble. C’est pour cette raison que j’ai mis sur pied l’ONG « Benda Bilili ». Son but est d’encourager la participation citoyenne via de véritables projets communautaires. Récemment, on a acheté des terrains en vue d’organiser des activités. Mais on est encore nulle part. On a encore énormément de travail à fournir pour mettre quelque chose d’efficace en place. Si des gens sont intéressés et motivés par le projet et qu’ils souhaitent aider les démunis des rues de Kinshasa, ils peuvent nous contacter… » A Kinshasa, quand les gens vous voient dans la rue, vous reconnaissent-ils ? Léon « Ricky » Likabu : « On était déjà célèbre quand nous vivions dans la rue ! Mais ce n’était sans doute pas pour les bonnes raisons. Parce qu’à l’époque, les gens ne nous suivaient pas ! (Rires) Les gens nous appelaient « les sales handicapés, les mendiants… » Aujourd’hui, c’est différent : ils nous reconnaissent, mais pour les bonnes raisons. » Par le passé, vos logements de fortune étaient installés juste à côté de la bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. Là-bas, le personnel avait pris l’habitude de vous chasser. Quelle est sa réaction aujourd’hui en vous voyant arriver ? Léon « Ricky » Likabu : « Je passais mes nuits contre la clôture du Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. Je dormais souvent là-bas. Mais ce n’était pas confortable... Les gens du Centre voulaient tout le temps nous déloger. Par la suite, c’est devenu le monde à l’envers : quand on a rencontré du succès en Europe, les gens du Centre nous ont demandé de venir jouer chez eux ! Pour le coup, on n’a pas manqué de leur réclamer notre cachet ! (Rires) »

Sur le nouvel album, on trouve le morceau ‘Bilanga’ dans lequel vous évoquez l’histoire d’un fils qui quitte sa campagne pour la ville et ce, contre l’avis de sa famille. Quelle est la morale de cette chanson ? Léon « Ricky » Likabu : « Au Congo, de nombreuses personnes quittent la campagne pour aller chercher le bonheur en ville. Ils pensent trouver du boulot, de l’argent et l’amour. Mais ils doivent déchanter : ils ne trouvent rien de tout ça. Il n’y a pas de boulot. En plus, en ville, tu dois tout acheter. Même pour boire de l’eau, tu dois payer. Pourquoi vouloir quitter la campagne quand on voit la misère qui sévit dans les grandes villes ? ‘Bilanga’, c’est une critique de cette façon de penser. Les gens devraient rester chez eux et cultiver les champs. Ils gagneraient plus d’argent et ça leur permettrait de nourrir leur famille, de vivre dignement. » La musique du Staff Benda Bilili doit énormément au son d’un instrument appelé le satongué. C’est Roger Landu qui en joue au sein du groupe. Cet instrument, c’est son invention personnelle ? Léon « Ricky » Likabu : « A l’origine, il s’agit d’un instrument traditionnel congolais utilisé par les petits enfants. Normalement, il se compose de deux ou trois cordes bricolées avec du fil de pêche. Mais Roger possédait un instrument différent : un satongué composé d’une boîte de conserve agrémentée d’une corde de guitare électrique. Roger Landu n’est pas le seul Congolais à jouer du satongué, mais c’est le seul à jouer du satongué électrique. Ça, c’est son invention. Au début, je lui donnais 100 francs pour qu’il vienne jouer avec nous. Je lui ai donné 100 francs pendant plusieurs semaines, mais comme il revenait tous les jours, ça commençait à me coûter cher ! (Rires) Alors, je lui ai demandé de rester et de rejoindre définitivement le Staff. » Le son du nouvel album prend une orientation plus rock. Le groove est toujours là, mais les chansons sont plus courtes. Pourquoi évoluer en ce sens ? Léon « Ricky » Likabu : « Quand le premier album est sorti, on a été invité dans de nombreuses émissions radio et télé. A chaque fois, les gens voulaient diffuser nos chansons, mais les trouvaient trop longues. On nous a souvent répété que ce n’était pas le bon format. On a essayé de trouver un bon compromis sur ce nouvel album. Et puis, l’impression d’entendre un son plus rock découle sans doute de notre expérience sur les scènes internationales. Quand on a enregistré notre premier album, on n’imaginait pas qu’on jouerait un jour sur de grandes scènes amplifiées. Nos différentes tournées nous ont amenés à penser notre musique en fonction de la scène et de son rendu sur des systèmes haute-fidélité. Pour enregistrer ‘Bouger le monde!’, on a vraiment tenu compte de la réalité : l’énergie et les vibrations de la scène. » Un disque : ‘Bouger le monde!’ (Crammed Discs) Suivez le guide : www.staffbendabilili.com

on stage 02/10, KVS, Bruxelles

Rainbow Warriors Cat, tu as été élevée en Afrique du Sud, par des parents cinéastes documentaristes et activistes. En quoi ces racines ont-elles eu un impact sur ta vision du monde ? Cat.Pirata : « Je peux forcément mieux l’analyser maintenant. Chaque conversation avec eux a influé sur mon opinion: ils ont toujours été concernés par ce qui se passait non seulement chez nous mais ailleurs. Ballottée d’un pays à l’autre, j’étais toujours excitée de déménager, d’apprendre des coutumes différentes, même si ça impliquait d’avoir à se faire de nouveaux amis, se plonger dans de nouvelles langues, ne pas avoir trop d’attaches. Ça m’a vraiment construite en tant qu’individu de pouvoir me connecter avec des gens de toutes origines. » On pourrait qualifier votre musique de son « global », de mix des genres, et c’est assez fascinant de te voir passer d’une langue à l’autre (anglais, afrikaans, xhosa, zulu, espagnol et portugais)…comment s’est construite ton identité musicale ? Cat.Pirata : « On pourrait tous les deux répondre, en tant que bourlingueurs. C’est un mélange de ce qui nous est propre et de ce que nous avons capté en chemin d’autres cultures puis adapté. Adolescente, j’écoutais beaucoup de rap commercial comme Tupac, mais aussi de grunge. De mes parents, j’ai hérité de Bob Dylan, Leonard Cohen, de la bossa nova, du fado portugais. À mes dix-huit ans, mon père m’a légué une partie de sa collection de vinyls, un chouette moment. » Chaque invité de ‘Riots In The Jungle’ apporte vraiment une partie de son univers (hip hop, rock, vocal, etc.), ce qui crée un contraste enthousiasmant entre les morceaux. Comment avez-vous recruté vos accompagnateurs ? Cat.Pirata : « C’était un processus instinctif : nous étions inspirés et admiratifs de ce qu’ils faisaient et nous leur avons proposé de collaborer. Nous avions débarqué en Afrique du Sud avec simplement l’envie de créer, sans à priori, sans même l’idée d’un album comme finalité. » Jordi : « Nous voulions juste jouer avec autant de musiciens que nous pourrions en dénicher, sans une vision concrète du son du disque. Petit à petit, au-delà du côté amusant, nous avons commencé à voir se dessiner la direction que nous cherchions. Parfois, nous avons rencontré les artistes le jour même où nous avons fait leurs prises. Nous n’avions pas besoin de studio, nous déambulions dans Soweto ou dans d’autres townships et puis allions à l’arrière de leur maison pour jammer. » Vous n’avez pas peur d’une certaine provocation, de paroles saillantes. Est-ce que la musique se doit d’être engagée, à vos yeux? Cat.Pirata : « Je ne le vois pas vraiment comme de la provocation, en tout cas ce n’est pas intentionnel, j’exprime juste


exander dahms

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Texte : gery lefebvre

Françoiz ma vision du monde sur certains de mes problèmes ou des cas plus larges. Je ne m’assieds pas à mon bureau en disant : « Oh, comment provoquer ? ».» Jordi : «C’est un juste équilibre entre chargé de sens et poétique. Ce n’est pas directement politique. » Cat, quelle est l’importance du genre dans ta démarche activiste ? Trouves-tu d’autant plus essentiel de t’exprimer parce que tu es une femme ou juste en tant qu’être humain ? Cat.Pirata: « Nous avons tous droits aux besoins fondamentaux et aux moyens d’expression, qu’on soit gay, femme, noir ou blanc. J’y crois très fort, mais par-dessus ça, je suis une féministe dans l’âme : il y a encore tellement de choses que certaines sociétés n’accordent pas aux femmes, que la lutte continue à être d’actualité, comme pour les Pussy Riots. J’ai beaucoup d’amis gay, queer, drag-queens, transgenres et ils m’inspirent par leur force, parfois rien que parce qu’ils osent marcher en rue. Les gens chuchotent souvent sur mon passage, en bien ou en mal, parce que j’ai l’air différente. Et je me mets à la place de ceux qui sont homosexuels ou noirs dans une société qui ne les acceptent pas. » Cat a été rédacteur en chef du magazine Spunk, un magazine hollandais pour la jeunesse, avec une vraie liberté de ton. Permettre aux adolescents d’affûter leur sens critique, c’est quelque chose qui vous parle ? Cat.Pirata: « Oui, évidemment! Nous avons même fait des workshops en Angleterre destinés aux enfants avec comme orientation l’art, la musique et le changement social. Ça rencontrait bien leurs intérêts, leur permettait d’exprimer leur individualité en contexte avec le monde qui les entoure. C’est important d’avoir des modèles.» Jordi : «Pas nécessairement des modèles d’ailleurs, parfois simplement quelqu’un qui vous initie. Un participant du workshop m’envoie encore des emails avec des beats qu’il teste pour avoir mon opinion. C’est le meilleur compliment que tu puisses recevoir en tant que musicien, susciter la motivation chez d’autres. »

Skip & Die ‘Riots In The Jungle’ Crammed Discs Ce duo-là n’a guère besoin de se la jouer étrangeté mutante à la Die Antwoord pour nous convaincre, non sans quelques pieds de nez à la bienséance: souffle sur ‘Riots In The Jungle’ un courant prompt à culbuter nos réflexes auditifs. Rêvons large, tu veux bien. On hésiterait une seconde et puis on s’entasserait dans cette essoreuse mondiale, depuis la jungle sri lankaise où siffleraient les scuds scandés (« If you poison our mind say / Burn down the enemy »), en passant par une fête foraine où résonnerait à toute berzingue une insidieuse cumbia naturaliste (« Sol / LLuvia / Tierra / Sangre »), ou ‘Killing Aid’, morceaumonde à la fin très ouverte où s’infiltreraient le jazz, les chœurs traditionnels et le flow tsé tsé de Gazelle. ‘Delhi Dungeon’, cuticules sales et gorge tantôt sucre tantôt sauterelle n’aurait rien à envier au ‘Bad Girls’ de M.I.A. Variation sur le thème de l’über-riot grrrl, ‘Love Jihad’, ouragan pour charmeuses de serpents ondoyantes et cors klezmer, fracasserait à grands tremblements ce qu’il nous resterait de matière grise. ‘Lihlwempu Lomlungu’ avec les Driemanskap, en déconstruction majeure, chœurs languides, emballement de cuivres et flows tressés avec presque trop de mots en bouche impressionnerait avant la récréative ‘Anti-Capitalista’. Et on ferait quoi des trois derniers morceaux, mamita ? Je te les servirais avec de la sauce piquante dès que tu aurais fini de danser, ‘Tigresito’ ! (alr) Suivez le guide : http://skipndie.withtank.com/

on stage 14/11, Beurschouwburg, Bruxelles 29/11, Trix, Anvers

Breut

Parce qu’elle aime avant tout le Nord et qu’elle n’a pas Le Don d’Ubiquité, Françoiz Breut a fait de Bruxelles son paradis musical depuis près de quinze ans. Bien au-delà d’une déclaration d’amour à la

ville qui l’a accueillie, ‘La Chirurgie Des Sentiments’ est une collection de vignettes imprégnées d’une joyeuse nostalgie. Les comptines espiègles, les miniatures pop bricolées à la maison et les ritournelles fantomatiques au groove hypnotique et minimaliste révèlent une aversion pour l’emphase et la virtuosité. Leur tendresse s’avère en tout cas infinie et leur élégance, confondante. Les beaux jours finissent toujours par arriver.

Madame Bricolage Tu reprends sur ce nouveau disque la chanson ‘Werewolf’ du musicien américain Michael Hurley. Tu savais que Cat Power et les Violent Femmes, notamment, avaient déjà fait des reprises de ce titre ? Françoiz : « Ben non justement, je l’ignorais ! Pour moi c’est vraiment un coup de cœur qui remonte à quelques années. En fait, j’ai trouvé ce morceau un jour sur Myspace, à l’époque très lointaine où les gens allaient encore sur ce site ! Michael Hurley était l’ami d’Alela Diane, je suis allé écouter par curiosité. Il n’est pas spécialement connu en Europe par rapport aux Etats-Unis. A l’époque je tournais avec Marianne Dissard et je me souviens avoir discuté avec ses musiciens qui m’avaient confirmé que Michael Hurley était quelqu’un de très connu làbas. J’ai par la suite très souvent joué ce morceau sur scène, avec très peu d’arrangements, limite a capella. Cette chanson a un côté très mystérieux et, au-delà de ça, elle m’apparaît comme une métaphore sur l’étranger. En résumé, ça ne sert à rien de se méfier du loup-garou, il est comme nous tous. C’est comme ça que j’ai compris la chanson, mais si ça se trouve, ça n’a rien à voir ! Musicalement, elle tient le coup sur très peu d’arrangements. La mélodie est tellement simple. Et sur ce nouveau disque, on voulait que la chanson soit arrangée de façon très sobre, on voulait quelque chose de très nu. Je n’ai pas encore osé envoyer la version à Michael Hurley mais je compte bien le faire. J’espère qu’il me répondra ! (rires) » Tu as toujours beaucoup aimé les chansons sur les villes, les thématiques autour de la couleur du territoire et de l’identité. Il y a eu Portsmouth, Dunkerque, Tarifa et tu ouvres ‘La Chirurgie Des Sentiments’ avec une véritable déclaration d’amour à Bruxelles. Ce coming-out, c’est une façon de t’approprier cette ville ? Françoiz : « C’est la ville dans laquelle je vis et que je commence à bien connaître. Ca fait presque quinze ans que je suis ici et je me sens vraiment d’ici. Et à un moment, vu qu’effectivement j’ai toujours beaucoup aimé les chansons sur les villes, j’ai eu envie de dire quelque chose là-dessus. Ca n’a pas été calculé. Ca n’est donc pas une question de paradis fiscal !(rires) Ou peut-être après ce disque, qui sait ! Mais non, c’est une vraie déclaration d’amour même si j’ai évidemment plein de critiques à faire également ! Mais j’aime bien cette rudesse aussi qui émane de Bruxelles. Dans ce morceau, j’avais surtout envie de retrouver ce côté un peu « flonflons » de la ville. On a travaillé avec un petit sample pour aller retrouver ce côté du Bruxelles des Marolles, de tous ces cafés qui disparaissent parce qu’on est en train de tout cleaner de ce côtélà aussi malheureusement. Evidemment, contrairement aux autres villes que tu cites, il n’y a pas la mer à Bruxelles ! Mais quand j’ai besoin de sentir l’air marin qui passe par le Canal, je vais à Yser sur le pont pour regarder passer les péniches ! (rires) » Avec quelles idées derrière la tête et avec quelles ambitions as-tu abordé la préparation de ce nouvel album ? Françoiz : « Encore aujourd’hui, j’y vais vraiment à tâtons au niveau de l’écriture. Je prends du temps, je reviens dessus plusieurs fois. L’écriture, c’est vraiment un processus très lent

chez moi. Avant j’étais simplement interprète, je travaillais avec Dominique A, ensuite j’ai fait appel à d’autres auteurs. Puis sur le quatrième disque, j’ai eu envie d’écrire, j’ai eu envie de savoir comment on bricole, on écrit une chanson, on arrive à composer une musique autour de ça. Avec Boris (Gronemberger, ndr) et Luc (Rambo, ndr), mes anciens musiciens, on travaillait de manière plutôt classique, avec des instruments bien stables : guitare, piano, Rhodes. Et là, j’ai travaillé avec Stéphane Daubersy du groupe Mièle, puisqu’on avait fait beaucoup de concerts ensemble avant et qu’on s’entendait déjà très bien. Cet aspect humain est super important pour moi, je me suis dit que ça valait la peine d’essayer de réussir quelque chose ensemble. » Tu utilises beaucoup de samples très particuliers dans cet album, souvent pour introduire les chansons, ils sortent d’où ces sons ? Françoiz : «J’avais une petite collection de 45 tours qui ne sont pas que musicaux, des cours d’anglais, le code de la route, des pubs pour des voyages dans les années 60, parce qu’avant on utilisait beaucoup le 45 tours comme support publicitaire. On trouve vraiment de tout et des choses assez marrantes. Et je me suis donc dit que je pourrais en récupérer des petits bouts, sampler ces choses et les utiliser comme base et puis dans un deuxième temps développer avec les instruments. Je joue un tout petit peu de Casio et Stéphane de la guitare tout en bidouillant sur son ordinateur pour trouver des rythmes. C’est cet aspect bricolage que j’aimais bien. Parfois je chantais des mélodies et lui trouvait quelque chose à la guitare. C’était une sorte de ping-pong super amusant. Pour résumer, la base de travail, c’était du bricolage, du collage pour essayer de trouver des ambiances et des rythmes. Moi je n’ai aucune formation musicale, je suis tombé dedans par hasard parce que j’ai rencontré un musicien. J’y ai pris goût et j’ai eu envie de voir comment on pouvait construire des morceaux, c’est venu progressivement. Et j’assume donc vraiment très bien ce côté bricolage.» Qu’est-ce que tu écoutais au moment où ce disque était en préparation et qui aurait pu t’influencer consciemment ou inconsciemment ? Françoiz : «On a enregistré le disque l’année passée et à l’époque de tout ce travail de bidouillage et de bricolage, avec Stéphane, on écoutait surtout beaucoup The Whitest Boys Alive. Au niveau des rythmes, ça peut se ressentir. Ca n’a pas été possible mais on aurait bien aimé se faire produire par le gars qui avait produit le disque de The Whitest Boy Alive justement. » Un disque : ‘La Chirurgie Des Sentiments’ (Caramel Beurre Salé/PIAS) Suivez le guide : www.francoizbreut.be

on stage Botanique 23/10, Botanique, Bruxelles


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Texte : laurent grenier © julie calbert

Ces Brains-là ont la caboche pas nette. D’abord parce que la pochette de

ce très grand EP, de ce génial mini premier album, est signée Carl Roosens. Et que du coup, qui pose les yeux dessus sait qu’il s’engage dans un trip forcément un br(a)in à l’ouest. Ensuite, parce qu’effectivement les Ixellois ont l’outrecuidance de

ne pas s’aligner sur l’encéphalogramme plat du post-rock à papa mais au contraire, d’en proposer une relecture autrement barrée, à la fois pop et noisy, harmonieuse et tribale. Preuve supplémentaire de leur singularité, le clip de leur tube ‘Mexico’ : un type se réveille à poils dans les bois, chourave quelques fringues dans le premier village paumé venu et fini par se jeter dans le lac d’Eupen après avoir vu le loup. Définitivement différent.

Brain Damage Antoine Meersseman : « Au départ, on a joué trois ans ensemble dans un groupe de pop classique, rock belge à l’ancienne (Duplex, ndr). On a arrêté parce que ça ne nous plaisait plus et que parallèlement, on s’est ouverts à plein d’autres choses beaucoup moins mainstream que les Strokes ou Muse. Ça a coïncidé avec le moment où j’ai commencé à travailler à la Médiathèque. Par ce biais-là, on a choppé plein de trucs bien barrés, comme les premiers Why, les Do Make Say Think ou le math-rock bien noise des That Fucking Tank. A partir de là, l’idée de faire quelque chose de différent a germé en nous. On pensait carrément à un truc bien frontal avec deux batteries, des gros riffs assez bourrins, des cris dans le fond. On ne voulait pas faire comme avant, être une sorte de backing band derrière une voix lead. » Tim Philippe : « On voulait que tout soit mis en avant. Que chaque instrument ait sa place. » Antoine : « Pendant six mois, on a enregistré plein de pistes et d’arrangements sur un laptop mais l’optique restait de faire du studio, pas de jouer live, à cause des voix. Et puis, on a été bookés sur une date un peu par hasard et en un mois, il a fallu mettre le live en place. » Ce premier mini-album comporte sept titres dont les trois qu’on avait reçus il y a plus d’un an, à l’époque des premiers concerts. Vous les avez retravaillés ? Tim : « Le mastering est différent. Le son est plus rond ici. Là, on avait fait ça juste pour sortir les trois titres sur Internet, le son était très agressif. » Antoine : « Ce truc tapait plus fort que Madonna et Lady Gaga. Je crois qu’il y avait 6db de différence entre les instants les plus calmes et les moments bourrins. Un vrai truc de boucher. » Ces morceaux partent un peu dans tous les sens. Parfois, certains sont même « à tiroirs ». Tim : « Les tiroirs, c’est logique parce qu’on fonctionne par parties. Quelqu’un a une idée, propose quelques arrangements et on les enregistre. En général, ça va donner naissance à une deuxième partie, plus tard. Et comme on bosse en piste par piste sur Garageband, après, c’est une sorte de grand puzzle où on se dit, tiens, finalement cette ligne de basse se mettrait bien là, cette voix irait bien ici. C’est très amusant et, parfois, on arrive à des choses assez inattendues. » Antoine : « Chaque morceau contient cinq grandes idées qu’on va assembler bizarrement. En général, les titres avancent de vingt secondes en vingt secondes. Par exemple, un couplet, un refrain mais dans le couplet suivant, on va reprendre un truc du refrain. Il n’y a jamais deux fois le même refrain, le même couplet. » C’est assez intellectualisé comme écriture… Antoine : « Pas nécessairement, c’est assez intuitif aussi. On ne se casse pas la tête. C’est souvent sur le moment qu’on se dit, tiens on va mettre ça là ou là. Là, on bosse sur un nouveau morceau où la guitare est vraiment post-rock mais posée sur une rythmique clairement hiphop et une basse hyper froide. C’est ce qu’on essaye de faire, un melting-pot de choses qui ne vont pas forcément ensemble. » Tim : « Sur cet album, il y a aussi beaucoup de chansons sur lesquelles on est revenu trois mois après en se disant qu’il y avait beaucoup trop de trucs et qu’il fallait épurer. Je pense à ‘Thru The Graveyard’, au début c’était vraiment une chanson gorgée d’arrangements. Au final, on a juste laissé les lignes de basse et de synthé. » Comment faites-vous pour retranscrire ces titres sur scène ? Antoine : « On a envie de rendre les choses organiques, on n’est pas

des machines. On ne souhaite pas être le groupe supra en place, qui joue au kick. Il y a beaucoup de ressenti et on ne ressert jamais tout-à-fait les mêmes versions des morceaux à chaque concert. On est installés en arc de cercle, on se regarde pas mal. Ça donne un truc assez chouette et puissant en même temps, mais plus fin que le groupe belge bien carré avec un batteur bourrin qui joue au casque à l’arrière-plan. On n’emmène pas d’ordi sur scène. Toutes les boucles sont faites live et finissent par se décaler et donner ce côté organique. » Sur sept morceaux, trois font directement référence à la mort dans leur titre. Une obsession ? Tim : « Non. En fait, il y a pas mal de choses contrastées dans l’album. On aime bien mélanger des ambiances très lumineuses à des atmosphères beaucoup plus sombres, lugubres. Dans ‘Graveyard’, le début est peu naïf mais ouais, ça parle bien d’un type qui cherche un fantôme dans un cimetière. C’est venu un peu comme ça, on n’est pas spécialement torturés dans la vie. » Antoine : « On aime tout ce qui est SF, film d’horreur, les choses un peu glauques. Je trouve intéressant de faire se rencontrer les choses antinomiques et on va continuer à creuser dans ce sens. Parfois, tu regardes la pochette d’un disque, t’écoutes et tu te dis « mais non, c’est pas possible, c’est pas le bon groupe qui joue derrière cette illustration, ça n’a pas de sens », et puis, non, un moment, les connexions se font et ça peut t’ouvrir des perspectives plutôt intéressantes. Je trouve qu’il n’y a rien de plus désagréable que de prendre un disque en mains et de savoir ce que tu vas retrouver dedans. » Ce disque sort sur Louis Records, distribué par Pias, c’est quoi ce label ? Antoine : « C’est le nôtre, c’est parce que dans le RifRaf, Louis Records / Pias ça fait mieux qu’Autoproduction. Pour l’instant, on n’a pas l’intention de sortir d’autres groupes sur cette structure mais on ne l’exclut pas, parce qu’on est vachement intéressés par tout ce qui concerne le métier de la musique et ses stratégies. On est plutôt fiers de pouvoir dire que tous les aspects de la production du disque, on les a faits nous-mêmes, que jouer à Rock En Seine, on y est arrivé presque tout seuls, sans la grosse artillerie Bang/62Tv qui nous auraient propulsés comme les nouveaux talents. On ne s’est pas vendus pour que Libé ou Les Inrocks parlent de nous, on n’a même pas d’attaché de presse en France. » Et sinon, BRNS, ça se prononce toujours bien brains ? Antoine : « (sourire) C’est fait pour alimenter les discussions mondaines, c’est la grande question. Oui, sérieusement, ça reste brains. » Un disque : ‘Wounded’ (Louis Records/Pias)

on stage 06/10, 12/10, 20/10, 25/10, 15/11,

Play Festival, Hasselt Tune In, Turnhout Belvédère, Namur Ground Zero Festival, Lille Vooruit, Gand.

T e x t e : pat r i c k f o i s s a c

Le Montevideo nouveau est arrivé. Faisant table rase du passé,

le groupe nous revient avec une identité résolument pop, à la croisée des chemins entre le rock et l’électro. Doté d’une superbe pochette psychédélique aux accents magrittiens, ‘Personal space’ nous convie à une aventure dansante et mélancolique. Jean et Manu nous ont parlé sans détour de cet album et des pérégrinations qui ont accompagné sa gestation.

Derrière une bonne cache une jolie fille Six ans après la sortie de votre premier album, vous vous apprêtez à sortir son successeur. Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ? Jean Waterlot (chant, guitare, claviers) : « On est avant tout super impatients. On a quand même passé pas mal de temps à travailler à ce deuxième album, comme pas mal de gens ont pu le constater. (rires) On a traversé une période qui n’a pas été simple à gérer. Un des membres nous a quittés et on a dû trouver un nouveau bassiste. Le processus d’écriture a été tellement long qu’on ne sait plus vraiment si c’est l’excitation ou l’énervement que l’on ressent le plus. On est des vrais passionnés et c’est pour ça qu’on continue. Au final, on est surtout confiants et excités ! » J’ai cru comprendre que le travail avec Joakim, le producteur, s’était plutôt bien passé. Comment en êtes-vous arrivés à bosser avec lui ? Manu Simonis (guitare, chant) : « Au départ, on n’était pas censés travailler avec lui. On avait été enregistrer le morceau ‘Horses’ avec Gunnar Bjerk à New York, dans les studios de DFA. On a sorti ce titre il y a quelques mois en one shot single. On avait été super enchantés et on devait retourner là-bas retrouver Gunnar et puis, voilà qu’il a décidé sur un coup de tête de tout laisser tomber et de reprendre des études. On a reçu un email genre la veille de réserver les billets d’avion. On était complètement perdus. C’est alors que notre manager a eu l’idée d’opter pour un producteur dance et pas pop, un peu dans l’esprit de ce que Primal Scream a pu faire avec ‘Screamadelica’. A partir de là, le choix de Joakim était évident, car on connaît son travail de producteur chez Tiger Sushi et on adore ce qu’il a fait pour Poni Hoax. Un producteur travaillant aux confins du rock, de l’électro et de la pop, c’était exactement ce qu’il nous fallait et Joakim a accroché à la maquette qu’on lui a envoyée. On a filé à Paris et en deux semaines, c’était plié ! Cela s’est d’ailleurs tellement bien passé avec lui qu’on envisage de poursuivre la collaboration ! » Ce qui est frappant sur ‘Personal space’, c’est la forte coloration électro. Etait-ce un désir que vous nourrissiez depuis longtemps? Jean : « On a toujours cherché à mélanger différentes influences dont l’électro. Cela vient entre autres de mes racines house. Quand j’ai rencontré Manu, j’étais DJ et lui était plus branché rock guitare indie, genre Sonic Youth. Il y a donc toujours eu ce côté mixte, y compris sur le premier album qui était plus disco punk. On a toujours eu envie de mettre en avant un côté dance et en même temps de préserver un côté rock. C’est pour ça que ça a aussi bien marché avec Joakim car il a un côté très organique dans sa démarche. Il ne se limite pas à utiliser son ordi mais intègre des ‘vrais’ sons, de la batterie, par exemple. C’est ce qui nous plait. » L’album démarre avec deux titres downtempo qui ne sont pas électro avant de passer à des compos plus dancefloor. Cette démarche est-elle symbolique, signifiant une forme de transition ? Jean : « En fait, le début de l’album correspond à ce qu’on a écrit en dernier. A la fin du processus, on s’est retrouvé avec des titres dance et d’autres plus organiques. Il y avait donc une réelle variété et on s’est dit que ce serait logique de placer les morceaux plus


Texte: Johannes De Breuker i Trad: Fabrice Vanoverberg

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© Jan Missotten

calmes en tout début d’album. Ces deux titres annoncent aussi le thème mélancolique de l’album qui hante les 10 morceaux, soit 10 épisodes tragiques. C’est un petit peu le constat que fait un homme paumé qui rencontre une femme. » D’où votre fameuse déclaration selon laquelle derrière une bonne chanson se cache toujours une jolie fille ! Jean : « Cela fait un peu cliché, mais cela a du sens ! (rires) ‘Cave of kisses’, le premier titre de l’album, parle d’un homme malheureux en amour qui cache tout cela dans une caverne. Quand à ‘Castles’, c’est une image du passé, l’histoire d’amour qu’on a voulu construire avec une fille et qui s’est écroulée.... En même temps, tout cela reste de la pop ! On est un groupe pop. » Le côté mélancolique que tu évoques est également présent sur les titres plus dansants, ce qui est assez rare et c’est quelque chose que vous avez en commun avec un groupe comme New Order. Jean : « C’est génial que tu parles de New Order car c’est un groupe qu’on aime et qui provient de la scène de Manchester qui avait un son propre, avec un côté clubber sous ecsta et une dimension dépressive symbolisée par Joy Division. On pourrait faire un parallèle avec la déprime qu’on a eue après le départ du bassiste. » En même temps, on trouve sur l’album un titre ultra positif comme ‘Hello’ qui ferait penser aux Beatles ! Jean : « C’est vrai, mais ceci dit, c’est un titre qu’il ne faut pas prendre au premier degré. On s’est dit : « C’est quoi un single pop ? » En fait, c’est quatre accords. On a écrit le morceau et le label a beaucoup aimé, au point de vouloir faire un clip et de le mettre en avant. On n’était pas trop chauds, car ce morceau n’est pas à l’image de l’album, c’est un OVNI ! Je dirais que ce titre peut plaire à la ménagère, là où ‘Horses’ est plus orienté clubber. » Manu : « On trouve ça bien de pouvoir toucher un public assez large. Le but n’est pas de plaire à tout le monde, mais de varier les styles et on assume totalement un titre comme ‘Hello’ qui est totalement pop. » Les premiers retours par rapport au nouvel album sont positifs. Cela n’avait pas vraiment été le cas pour le premier... Manu : « Non et on n’a aucun souci avec le fait que les gens n’aient pas aimé le premier. Après sa sortie, on a voulu repartir à zéro, tourner la page, gommer les erreurs et en même temps, cet album existe, il est là. Mais l’essentiel, c’est qu’on soit fiers du nouvel album. Le nouveau Montevideo est là et c’est ça qui compte! »

chanson se

Montevideo ‘Personal Space’ EMI

Six ans après son premier album, Montevideo revient avec une ribambelle de titres pop et accrocheurs rompant de façon claire et nette avec le passé. Après une intro en douceur et en finesse – les cordes sublimes de ‘Cave of kisses’, le combo bruxellois explore des contrées électro qui lui conviennent parfaitement. Entre beats dance floor, ambiance néo 80s et spleen, l’album met en valeur tout le savoir faire d’un groupe parfaitement accompagné dans sa démarche par le producteur Joakim. On aime beaucoup le très new wave ‘Runaway’ qui évoque le mythique ‘Johnny and Mary’ de Robert Palmer, le côté cold wave chic de ‘Tribal dance’, le bel hommage qui est rendu à Factory avec ‘Madchester’, sans oublier le très catchy ‘Horses’ au son très kraftwerkien. Ajoutez à cela une belle mignonette pop en forme de tube avec ‘Hello’ et vous aurez toutes les bonnes raisons de (re)découvrir Montevideo ! (pf)

Après son opus initial ‘Come Watch Me Disappear’, Tommigun est

devenu un combo à suivre. Tournée européenne avec Daniel Johnston et passage bluffant aux Feeerien, il était grand temps de rencontrer Thomas Devos pour évoquer un album pour romantiques torturés, shooté à la soul déglinguée et minimale des

Tindersticks, suintant les toxines des ballades vénéneuses de Lanegan & Campbell, rappelant les échappées corrosives de Venus.

En Russie avec Street View Après ‘Come Watch Me Disappear’, Tommigun a franchi l’étape difficile du deuxième album… Thomas Devos : « Pour nous, l’étape ‘Pretenders’ n’a pas été délicate à franchir car nous avons changé. Le premier disque avait démarré comme un projet solo auquel un groupe s’était joint par la suite. En tournée, le groupe s’est de mieux en mieux entendu musicalement et ça nous a poussés à essayer de transférer ce son en live sur un album. Koen Gisen était dès lors l’homme idéal. » La dernière fois, tu étais allé à San Diego bosser avec Pall Jenkins de The Black Heart Procession. Pourquoi avoir préféré l’hiver belge au soleil californien ? TD : « La fois passée, je suis parti d’abord à San Diego et Joeri m’a suivi. C’est là que nous avons enregistré la base de l’album avec des musiciens locaux. De retour en Belgique, où nous avions un groupe stable, nous avons continué de bosser sur le disque parce que nous sentions une trop grande différence. Maintenant, le groupe est là. » En discutant avec Joeri Cnapelinckx sur le premier disque de son groupe Sunday Bell Ringers, il me disait que Tommigun était vraiment ton projet. Est-ce toujours le cas sur ce disque ? TD : « C’est toujours moi qui pose la base des chansons et ensuite, on voit ce qui se passe. Tout s’est passé de façon instinctive. Quand je sentais que tout le monde n’était pas enthousiaste à l’écoute d’une chanson, je la laissais tomber. Plus facilement qu’avant où j’aurais longuement hésité. Aujourd’hui, chacun met son grain de sel et ça me va très bien. C’est beaucoup plus agréable de pouvoir faire confiance à un groupe, ça permet d’avancer. » Quand on écoute le disque, des tas d’images et de sentiments viennent à l’esprit, comme si le disque était né par un triste dimanche matin, à moitié assoupi sur un siège branlant. L’album est très visuel, en somme. TD : « C’est juste. L’écriture du disque précédent est partie de moi. Comme c’est un album de groupe, on a eu droit à des scènes et des dialogues étonnants. (il réfléchit) C’est un peu comme ce titre de Tom Waits ‘What’s He Building In There?’ (sur l’album ‘Mule Variations’ (1999), ndr). Un type dans son studio en train de faire un truc et on commence à imaginer plein de trucs. J’ai le même contact avec Jeff Wall (Thomas prend un bouquin de ce photographe canadien). Pour moi, ses photos sont de véritables chansons. Regarde cette photo d’un homme qui dort sous une table de cuisine (Insomnia, 1994). Wall a apparemment mis des jours pour obtenir ce résultat. » De quelle manière cela se traduit-il chez Tommigun? TD : « Regarde ‘Ride With Me’. Ca ne vient pas directement de Wall mais je vois bien… (il réfléchit) Quand tu roules en voiture et que tu vois deux personnes attendre au rouge, tu vois l’une en train de rêvasser et l’autre regarde droit devant elle. Très vite, tu te demandes si elles se connaissent ou s’il y a un problème entre eux. Sans même parler de l’attente, ce sont des trucs chouettes pour faire travailler ton imagination. Une image suffit à raconter une histoire, c’est cool. » La pochette évoque une autre histoire. Laquelle ? TD : « C’est une photo du Google Street View russe. On le voit, parce que les gens n’ont pas été floutés. Ce n’est pas un hasard si la photo vient de là vu que j’ai une énorme préférence pour la Russie et l’Ukraine. Je trouve ça cool de pouvoir voyager d’ici grâce à Street View. D’un côté, c’est une perte de temps mais

ça m’apporte quelque chose. Un ami photographe, Jan Missotten, s’intéresse aussi à ça. Il a pris des images arrêtées de ce Street View russe et celle sur la pochette correspond bien au titre. Cette image est à la fois originale et mise en scène. Il y a bien un couple mais on sent que ça cloche quelque part. » Le titre ‘Pretenders’ y fait-il allusion ou bien a-t-il un autre sens ? TD : « La pochette est à prendre au premier degré. On peut en faire une histoire : que font ces deux là, un truc louche ? Mais le mot a un sens plus subtil. Quand j’ai écrit le texte de ‘Pretenders’ et que tout était enregistré, j’ai remarqué que tous les morceaux avaient une même thématique. Ca parle des réponses aux diverses attentes. Pour une part, tu peux t’en sortir jusqu’au jour où tu vois que tu perds la partie. La chanson ‘Pretenders’ parle de la fin d’une relation. Dans un couple, on peut tenir le coup ensemble longtemps, jusqu’au jour où un des deux en a marre. » En parlant de couple, c’était comment de vivre aux côtés de Daniel Johnston ? De groupe de première partie, vous êtes passés à backing band sur sa tournée européenne. TD : « C’était super ! Après avoir fait la première partie, on a bouclé la boucle en devenant ses musiciens. Quand on ouvrait pour lui, on trouvait dommage qu’il joue avec The Beam Orchestra, ce groupe ne lui convenait pas. Avec les autres de Tommigun, on regardait tout ça et on se disait qu’on pouvait faire beaucoup mieux (rires). Le plus étonnant chez lui, malgré ou grâce à son état de santé, c’est qu’il parvient à réinventer ses propres morceaux à l’instant. Il reste dans le même univers qu’au moment où il a écrit les chansons. En tant que songwriter, je trouve ça énorme. »

Tommigun ‘Pretenders’ Excelsior/V2 Il y a deux étés, on s’amusait à chercher le dénominateur commun entre les froufrous d’opérette de My Little Cheap Dictaphone et la pop distinguée du premier album de Tommigun. On ne trouvait que Pall Jenkins de Three Mile Pilot et, surtout, The Black Heart Procession. Featuring sur ‘In My Head’ des Wallons. Producteur de l’intégralité du disque des Flamands. C’est peu dire donc que depuis, on s’est foutu le patriotisme régional au cul pour réécouter souvent le ‘Come Watch Me Disappear’ des seconds et sa généreuse poignée de chansons rigoureusement parfaites. Aujourd’hui, la formule n’a pas fondamentalement changé. La rare pop sautillante qu’on pouvait entendre sur ‘What Happens Next’, par exemple, a quasiment disparue, les structures se sont complexifiées. Le résultat est un album pour romantiques torturés, shooté à la soul déglinguée et minimale des Tindersticks, suintant les toxines des ballades vénéneuses de Lanegan & Campbell (l’enchevêtrement des harmonies vocales, plus belles que jamais), rappelant les échappées corrosives de Venus (période ‘The Red Room’). Impressionnant. (lg)

on stage 2/10, Vooruit, Gand (w/ Float Fall) 6/10, Botanique, Bruxelles (w/ Float Fall) 11/10, Nijdrop, Opwijk (w/ Float Fall) 27/10, MOD, Hasselt (w/ Float Fall)


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Earteam

Animal Collective ‘Centipede Hz’

Tim Burgess

Domino/V2

Fan acharné du collectif animal depuis ses tout débuts en 2000 et leur fabuleux ‘Spirit They’re Gone, Spirit They’ve Vanished’, je n ai eu de cesse de défendre la pop foncièrement originale du quatuor de New York. Inutile d’énumérer les mille merveilles sculptées en vrac par Panda Bear & co, où chaque étape tournoyait en équilibre instable entre accessibilité beachboysienne et expérimentation brooklynienne, tant la discographie du groupe américain a forgé le son de la décennie précédente. Aussi estce avec une grande amertume, mais c’est le lot de toutes les grandes histoires d’amour, que je vais devoir dire du mal de ‘Centipede Hz’, où pour la première fois depuis cinq ans et leur ‘Straweberry Jam’, le quatuor est revenu à sa formation initiale – Deakin avait déserté les lieux sur le précédent Merriweather Post Pavillion . Au-delà des ingrédients établis, trop bien sans doute pour encore nous surprendre, le manque de titres barrés style ‘Banshee Beat’ (sur Feels en 2005) vient considérablement gâcher le paysage. Hormis le très poppy ‘Today’s Supernatural’, la plupart des morceaux évolue dans un consensus mou, vautrés dans un centrisme pseudo-avantgardiste qui n impressionne plus grand-monde. Où sont passés les rythmes tribaux à tomber, les enluminures mélodiques et les expériences novatrices ? Ben, pas sur ce disque. (fv)

Archive With Us Until You re Dead Danger Visit Records/Coop/V2 Records

Un dimanche matin. La sonnerie de la porte d’entrée retentit. Tire la chevillette, la bobinette cherra. Ils sont là, avec leur air grave, leur petite serviette plate et une brochure quadri à la main. Ils viennent vous parler d’Amour et de Fin du Monde. Darius Keeller et Danny Griffiths font le job, en grands gourous d un collectif dont les fans sont des disciples. Ils vont tenter de vous refourguer leur nouveau manifeste, parfait reflet d’une musique grandiloquente et incantatoire aux rythmiques anxiogènes et oppressantes. De l’électro-gothique qui aurait pu être enregistrée il y a trente ans et où les instruments sont des générateurs de sons noyés dans un chaos bidouillé. Sépulcral et tribal, ’Wiped Out’ démarre les hostilités, et c’est peu de le dire. Comme une tentative désespérée de donner un peu de soul au métal hurlant, Holly Martin, la nouvelle recrue féminine de la secte intervient ensuite sur le bien nommé ‘Violently’. Mais c’est à grands coups de « Who the fuck » et d’un chant asséné au phrasé impérieux soutenu par des rythmiques qui rappellent encore le trip-hop que le groupe jouait à ses débuts. On commence à comprendre, nos deux prédicateurs nous refont le coup de l’album concept qui doit s écouter comme une pièce unique plutôt que psaume par psaume. Tentant de garder un pied dans la porte, on nous propose alors le plus symphonique et léger ‘Silent’. Trop tard, on est déjà retourné devant Téléfoot. (gle)

Arno ‘Future Vintage’ Pias

Sa mère est la reine du suppositoire, putain, putain, et moi, j’ai jamais servi les moules à Marvin Gaye. Même si ça n’était plus l’époque ‘I Heard It Through The Grapevine’, ça devait quand même le faire de servir les moules à Marvin Gaye. Surtout à Ostende. Moi, chaque fois que je prends le train pour Bruxelles, il est met bestemming Oostend. Mais je m’arrête à Centrale et j’ai jamais vu Ostende. Ça doit être bien Ostende. Tellement bien même qu’‘Ostend Dub’, c’est le seul morceau du disque qui n’est pas produit par John Parish. Putain, putain, faut que je voie Ostende. Peut-être que je croiserai l’Hintjens dans un troquet près de l’estacade. Qu’on boira des coups. Qu’on refera le monde et la vie sexuelle des Belges, qu’il me dira, putain, putain, les nibards de Lolo Ferrari, tu sais, c’était quéquechose, j’ai touché. Et moi, je lui rétorquerai ses propres vers : « on s’endort dans nos conforts / et dans le gras de notre corps / et oui, tout le monde se touche les fesses / quand il est seul dans son lit ». Voir Ostende et être mort. Bourré. La vérité, tu la veux dans ton pète ? C’est que ‘Future Vintage’ est un putain, putain de bon disque, le meilleur d’Arno depuis des années. (lg)

Oh No I Love You O Genesis Records/News

Neuf ans après un premier opus solo (‘I Believe’) qui avait déjà marqué les esprits et pris tout le monde à revers, Tim Burgess, frontman des Charlatans et sorte de Peter Pan de l’indie-pop, est de retour avec un sachet rempli de friandises. Enregistré à Nashville en collaboration avec Kurt Wagner (oui, oui, le Kurt Wagner de Lambchop), ce deuxième album solo est une succession de pralines qui fondent dans la bouche et pas dans la main. Du Lambchop plus pop et beaucoup moins tordu. From Manchester to Nashville, ça n’est plus un grand écart, mais du contorsionnisme. Et le moins qu on puisse dire, c’est que les deux hommes ont porté l inspiration à très haute altitude sur ces dix titres, le format parfait pour cet exercice. Kurt Wagner pour sa capacité à ourler des mélodies et des arrangements somptueux (‘Hours , oh my God’!) que les lèvres ourlées de Burgess dégustent avidement. La voix de Tim, oscillant entre aigu et nasal, inflexions soul et americana, trouve un écrin idéal dans cet album en forme de terrain de jeux. Ici, la nostalgie est racontée par des guitares et des cuivres guillerets (‘White’) et le désordre amoureux (‘A Case For Vinyl’) est placé précieusement dans un ballotin aussi minimaliste que sensuel. Entre pop légère et attachante et country-soul, le reste de l’album reste tout aussi fin et se mange sans faim. Burgess un charlatan ? Plus maintenant ! (gle)

Aroma Di Amore

Beak>

‘Samizdat’

‘>>’

Onderstroom

Invada Records/Suburban

Formation culte formée voici trente ans mais qui n’avait plus sorti d’album depuis environ 25 ans, Aroma Di Amore nous livre ce ‘Samidzat’ que l’on n’espérait plus et qui se révèle totalement convaincant. Evoluant dans un registre dark, doom et gothique, le trio excelle dans la composition de titres downtempo, tendus et lugubres, sortes de ballades macabres inquiétantes et atmosphériques sur lesquelles Elvis Peeters murmure des textes - en néerlandais - à la fois poétiques et désolés. ‘Schoenen’, ‘Hunker’, ‘Nu we allemaal alleen zijn’ sont assez représentatifs du style du groupe, tout comme le plus indus ‘Het is mijn ik’ ou encore l’obsédant et flippant ‘Het land is moe’, sorte de drone qui pourrait provenir du catalogue de Current 93. Si ‘Samidzat’ est dans l’ensemble relativement calme et hanté, on retrouve l’un ou l’autre titre enlevé comme ‘Stront’, ‘Winst verlies’ ou ‘Hoor hoe weent mijn ziel’ qui font très Joy Division. Aroma Di Amore se sera fait attendre très longtemps, mais au vu du résultat, cela en valait la peine ! (pf)

Mélomane érudit, musicien aguerri, Geoff Barrow est de toutes les épopées musicales. A peine remis du trip ‘Quakers’, fantastique voyage sonique et onirique au pays d’un hip hop multiple, le cerveau de Portishead transplante ses neurones chez Beak>, projet imaginé en compagnie de Billy Fuller et Matt Williams au profit des amateurs de krautrock. Pour comprendre le trajet emprunté par le trio sur son second album, il suffit de suivre la direction indiquée dans l’intitulé ‘>>’ : Can, Neu!, Cluster et en avant la musique ! Pointilleux et protocolaire, Barrow suit les instructions germaniques à la lettre. Les cordes hérissées, la guitare tourne en rond comme un chat en pleine montée pourchasse sa queue, le synthé esquisse des paysages aux horizons infinis et la batterie imprime un beat métronomique. D’excellente facture, ce nouvel album se positionne sans surprise dans la lignée de son prédécesseur. L’histoire peut sembler répétitive, mais c’est la moindre des choses quand on révise sa leçon de krautrock. (na)

Bailterspace ‘Strobosphere’ Fire Records

Sensation pérenne et gentiment noise en NouvelleZélande, Bailterspace, vingt-cinq ans au compteur, a grandi dans l’ombre de ses aînés insulaires, j’ai nommé The Clean, avec qui il ne partagent pas le style musical, mais bien un batteur le temps d’un tour de chauffe. Deux décennies plus tard, passé un hiatus de huit ans, les kiwis reprennent du service. Et ce n’est pas avec cet album qu’ils rattraperont leur retard. Patient, on attend qu’une chanson y surgisse, tel le 4 à l’heure de pointe, avec cet agacement progressif devant de faux espoirs maintes fois renouvelés. On soupire, on lève un sourcil, non, raté, on piétine, ah ? Peut-être ? Hé non ! ‘Strobosphere’ tout entier est traversé de cette langueur inquiétante, et ce dès ‘Things That We Found’, punk-wave inaugural qui souvent promet sans jamais conclure. Preuve supplémentaire d’une absence flippante de personnalité musicale, cette habitude d’ouvrir et fermer leur shoegaze plan-plan par des fondus, noyant leur absence de mélodies dans un océan monocorde sans rien à l’horizon : ni orage, ni ciel bleu. (ab)

Basti Grub ‘Primavera’ Hoehenregler

Lorsqu’il est question de musique électro d’OutreRhin, le meilleur côtoie souvent le pire. Basti Grub semble heureusement faire partie de la première catégorie. Sorti sur le propre label du compositeur et DJ, ‘Primavera’ évolue dans un registre assez classique et assez classieux de tech-house introspectif et méditatif. Un mélange homogène de couleurs, de rythmes et de sonorités groovy africaines et sudaméricaines agrémentées de samples exotiques capturés in situ. Le fond sonore idéal pour lire l’autobiographie d’Ingrid Betancourt ou de Tarzan. (gle)

The Be Good Tanyas ‘A Collection’ Porch Music/V2

Qu’elle soit en solo, on se souvient de son excellent ‘Obadiah’ il y a deux ans, ou au sein de The Be Good Tanyas, l’univers de Frazey Ford est reconnaissable entre mille et il fait toujours bon s’y attarder. Voix chaleureuses qui conjuguent discrétion et élégance, sonorités acoustiques qui font la part belle au banjo – mais rien de pittoresque ou cliché dans son usage – le monde vu par le trio de Vancouver donne souvent des raisons d’espérer en des lendemains qui évoquent aussi hier. Même si les mélodies ne brillent pas toujours nécessairement par leur aisance, en tout cas moins que sur les efforts précédents des trois Canadiennes, leur univers pastoral a le mérite de conjuguer au présent des éléments intemporels dont la preuve n’est plus à faire. Sans jamais surjouer leur folk music, The Be Good Tanyas intègrent parcimonieusement une nostalgie rurale où les mots de tranquillité et d’apaisement explorent un sentier ombragé loin de tout bruit et toute fureur, fût-elle du lundi matin. (fv)

Believo! ‘Hard To Find’ Zeal Records/Konkurrent

De la genèse des dénominations contrôlées : à l’orée du nouveau millénaire, du côté de Philadelphie mais le cordon ombilical relié à la scène new-yorkaise, jaillissait Enon et son ‘Believo !’, indice augural de brillants spasmes, relâchements fiévreux, gargarismes pop. Une fois la chose rétablie, revenons à 2012, du côté d’Anvers : il sera ici aussi question d’urgence, de guitares à convulsions, mais il serait sans doute simpliste de

réduire ce deuxième album à dix pulsations les yeux rivés sur l’accélérateur et la nostalgie des années 90, malgré ‘It’s Now’ ouverture braillarde, carquois tendu ou ‘Good Friends’, véloce façon d’en découdre. Il y a aussi dans ‘Summertime Sometimes’ la délectation de chiots curieux de ronger l’os, dans ‘Make It’, un été indien saturé de nonchalance quand ‘Breeched’, pas si culotté mais insouciant fait tournoyer haut ses slogans et ses particules shoegaze. Perdue au sein de cette sonique jeunesse, ‘Backstage In The 60’s’ étonne un peu en déployant avec nettement plus de tempérance que de distorsion son anecdote instrumentale. On reste malgré ce léger bémol sur cette impression première: ‘Hard To Find’ nous rappelle combien il est bon parfois de juste lâcher les rênes, de miser sur l’énergie : shout and go ! (alr)

Bev Lee Harling ‘Barefoot In Your Kitchen’ Wah Wah

Un tout nouveau label sort son premier disque qui est aussi un premier album. L’écoute de la galette est clairement dans la fraicheur, l’enthousiasme candide et une certaine maladresse qui caractérisent les plus beaux commencements. La jeune Bev Lee Harling parle de son quotidien en faisant sonner tous les objets qui l’entourent (ustensiles des cuisine, gamelle du chien, machine à écrire des années 50). Sans tomber dans la performance façon musique concrète ou trip à la John Cage, une instrumentalisation plus classique et conventionnelle soutient tout ce bric-à-brac et lisse ces sons décalés qui, au final, ne sonnent plus comme des gimmicks arty mais comme de petites touches de couleurs qui construisent un univers musical délicat, subtil, moelleux et aérien. Bev Lee allonge petit à petit sa pop douce, sereine et bourrée de bonnes ondes. On ne criera pas à la révolution, ni au miracle musical, mais la bonne volonté est ici tellement rayonnante qu’on lui pardonne tout. (jbdc)

Bikinians ‘Hystericool’ WNA Records

Deuxième EP pour les Bruxellois qui confirment leur dextérité à jongler avec les sonorités originales et vintage aux confins de la power pop et du surf rock. Leur son garage tropical n’évoque jamais la concession Toyota de Drogenbos, même si les ficelles sont parfois un peu apparentes et dépassent du pantalon. Les cinq titres ont été mixés à Los Angeles par Greg Gordon (Supergrass, The Dandy Warhols, The Ting Tings, notamment). Et, même si on a parfois l’impression que l’ensemble gagnerait à remettre un peu les mains dans le cambouis, on ne peut qu’attendre avec impatience de les voir à l’épreuve sur la longueur d’un album. (gle)

Boys Noize ‘Out Of The Black’ Boysnoize Records/News

« Le petit train s’en va dans la campagne, poursuit son chemin… » ou BNR comme une locomotive, tout charbon dehors, de la musique de TchamTcham. Pas encore 10 ans sous les rails et les productions de Alexander Ridha resurgissent du tunnel. Boys Noize est ‘Out Of The Black’, après un disque au ticket non-valablement composté. Attendu ce troisième ? Plutôt attentiste et distillé, les premiers singles du douze titres ayant déjà été dévoilés sur la toile pour appâter le chaland. Premier débusqué, ‘What You Want’ et l’aveu de s’inspirer du passé pour faire prendre la sauce. Et c’est peut-être là un aveu de faiblesse de l’artiste que de devoir s’approprier ce qui a ému, de ce qui transcende ou de ce qui fera mouche. Skrillex est singé, Letfield est pillé et que dire du titre ‘XTC’ ? La production de Boys Noize, aussi énorme et efficace puisse-t-elle être, n’a jamais flirté avec la délicatesse, certes, mais gardait jusqu’ici son identité. On regrettera surtout des références de ‘Out Of The Black’ qu’elles soient si peu camouflées et puisées de machines à gagner. Mais Alexander refait ici ce qu’il sait faire de mieux et plaira à n’en point douter à ceux pour qui la sensibilité n’a pas sa place en musique électronique. Un Boys


COURT - CIRCUIT présente Concours Circuit Électronique 2012

Demi-finales - 27/10 : M AGASIN 4, Bruxelles > 19h30 — GRATUIT Tête d’affiche : MISS TETANOS (UND) SRI.FA FEAT STEPHEN O’MALTINE www.magasin4.be

- 01/11 : ROCKERILL, Charleroi > 20h — gratuit

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Informations : www.concourscircuit.be — 02/550.13.33 réalisé avec l’aide du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service des Musiques non classiques

COURT-CIRCUIT présente Concours Circuit Pop Rock 2012 Demi-finales - 02/11 : FERME DU BIÉREAU, Louvain-la-Neuve > 19h30 — 14€/13€/8€ Tête d’affiche : DAN SAN www.fermedubiereau.be

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Informations : www.concourscircuit.be — 02/550.13.33 réalisé avec l’aide du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service des Musiques non classiques


16

Earteam

Noize, en pleine opération séduction, qui cogne à tous les étages d’une auberge de jeunesse, en pleine effervescence, gavée de tout ce qu’elle réclame. Un dernier titre avec Snoop en guise de fermeture, CQFD. ‘I’ll House You’ est réjouissant à souhait puisque dessiné dans ce but. Et des titres comme ‘Conchord’ ou encore ‘Merlin’ de confirmer que le producteur allemand est capable du meilleur lorsqu’il arrête de vouloir être l’idole des jeunes. Il y a en même qui l’envient ? (dark)

David Byrne & St. Vincent ‘Love This Giant’ 4AD/Beggars

Cet infatigable activiste et tête chercheuse de David Byrne ne s’épanouit désormais plus guère qu’à travers des collaborations. Après le projet commun élaboré avec Fatboy Slim consacré à Imelda Marcos et sur lequel, déjà, Annie Clark (aka StVincent) était venue pousser une chansonnette, le sémillant sexagénaire remet le couvert avec la musicienne de trente ans sa cadette. En tenant cette fois la distance sur un album entier. Et en se déjouant des poses esthétiques et des excentricités arty, malgré une pochette qui laissait pourtant présager le pire à ce niveau. Car le fruit de leurs ébats musicaux est plutôt à envisager comme un Kamasutra artistique où les univers musicaux - pourtant très affirmés - des deux protagonistes s’enchevêtrent allègrement. Sans aller nécessairement jusqu’à la jouissance. Du tantrisme musical en quelque sorte. L’alchimie s’opère par des arrangements de cuivres farfelus qui constituent la véritable identité sonore du disque et auquel le tandem greffe des grooves funk, des segments pop ou des lignes classiques. Et qui donnent à l’exercice un côté ludique malgré les thématiques plutôt existentielles développées par les textes. La Belle et la Bête fanfaronnent à tour de rôle, partageant assez rarement le micro. ‘The Forest Awakes’ est ainsi tout le portrait de sa mère et ‘Dinner For Two’ porte la signature, pas uniquement vocale, de David Byrne. On regrettera peut-être, à quelques précieuses exceptions près, que ni Byrne ni Clark ne semblent vouloir pousser l’autre dans ses derniers retranchements musicaux. Une franche réussite. (gle)

Cat Power ‘Sun’ Matador/Beggars

Il y a tous ceux dont on attend, parfois en vain, qu’ils accomplissent leur ‘Tchao Pantin’, leur plongeon dans la grande profondeur, leur coming-out d’animaux tristes. De l’autre côté du spectre, il y a ces personnalités rares qui ont joué leurs jokers vitaux dès la première partie, abandonné des litres d’humeurs intimes, préféré se confier entièrement à l’émeri, qu’importe qu’il faille ensuite trouver le moyen de rester debout. Chan Marshall, quintessence du rêche, de la brèche fut longtemps de ces voltigeuses qui entraînent dans leur descente lo-fi les exaltés de la varappe, et ne comptent pas revenir indemnes. Position toujours border faisant partie de l’interprète autant que son organe singulier mais intenable à plus long terme, notamment sur scène. Que pensera la communauté de ‘Sun’, annoncé comme un phénix, une guérison? Elle a de quoi être désarçonnée (cette énergie synthétique brute et vocalises r’nb du morceau ‘Sun’, désorientent), même si ‘The Greatest’ admettait déjà l’arrondissement des angles, façon soul. Après tabula rasa de morceaux jugés trop familiers de son moi en dette, Cat Power, « sittin’on a ruin », explose seule les codes connus : la production décolle, le mix de Zdar compresse par endroits, l’ensemble sonne enlevé mais artificiel, la voix se fait flow sous l’auto-tune. Le propos, lui, reste saillant, et c’est ce qui maintient à flots notre bienveillance face à un tel virage de forme, nous fait considérer ce retour comme un sursis avant une conversion digne de ce nom. (alr)

Clock Opera ‘Ways To Forget’ V2/Island

A la boucherie de Warcoing, entre lard et cochon, on avait longtemps hésité. Passé à la moulinette de nos oreilles de garçon boucher de la critique musicale, ce premier opus du quatuor londonien n’en fi-

Sacri Cuori The Daredevil Christophe Wright ‘The Nature of Things’ Almost Music/V2

Harmonies masculines si chères à mes écoutes, je vous ai crues un moment surexploitées, mâchouillées par des lèvres indignes, recrachées à même le trottoir comme autant de grossiers gimmicks pour novices en fleetfoxism, et bam ! D’Eau Claire (patelin du Wisconsin au toponyme approprié qui vit aussi babiller Justin Vernon) émerge avec grâce un trio qui vous rend hommage avec une économie de moyens somptueuse, une singularité presqu’obsolète (Simon & Garfunkel ne sont pas loin), bancale à dessein : l’inclination qu’on ressent pour ‘Church’ tient autant à la clarté des voix qui s’égarent qu’à sa ligne de guitare qui bute, se rompt, s’obstine, ou à la flûte, ultime déséquilibre. Que dire du chétif ‘The Birds Of The Air And The Flowers Of The Field’, qui entrebâille le périmètre pour nous permettre de profiter de mystères infimes, « seen and unseen »? Il s’agit d’un de ces joyaux pour qui on dénichera une place élue à côté du ‘Fair Flower Of Northumberland’ d’Alasdair Roberts, celle qu’on réserve aux love at first listen impérissables. Le répertoire des frères Sunde et de leur comparse ne se loge pourtant pas que dans la contemplation : ‘BloodBrother’, introduction d’enfants de chœur, se mue une fête de Mai où on bouscule les jeunets en guise de rite de passage, là où ‘The Animal Of Choice’, un des plus manifestes promontoires de ‘The Nature of Things’, nous conduit à travers les sous-bois dans de fières variations mélodiques qui valent toutes les métamorphoses sauvages. Au pays des sobres mais signifiants, on vient de se faire de nouveaux amis, ils ne déménageront pas de sitôt. (alr)

nissait pas de défier notre bon goût. Alléché par les effluves des quelques singles ou remixes tournant sur la toile depuis des mois comme autant de poulets à la broche dégoulinants, on s’était pourtant juré de faire attention. Non par crainte d’un excès de mauvais cholestérol ou par prétention d’aller à l’encontre d’un buzz médiatique qui ne cesse de tresser des lauriers à ce séminal ‘Ways To Forget’. On ne s’était pas davantage méfié, lorsque dès l’ouverture, Clock Opera nous avait fait visiter sa chambre froide aux allures de discothèque. On y croisait notamment Neil Hannon et Win Butler perdus au milieu des boules à facettes (‘Once And For All’ et ‘Lesson N°7’). Généreux et emphatiques, ces deux titres tentaient déjà de nous prendre aux tripes. Les synthés tourbillonnants et fantasques, les lignes de basse hypnotiques et le falsetto lamenté de Guy Connelly appuyaient tant et plus sur le bouton de notre ascenseur émotionnel. Nous étions pris en otage. Même si la retenue ne semble pas faire partie des éléments de langage de Connelly. Avec ses couches de sons et de rythmes empilées comme dans une mauvaise terrine, Clock Opera s’enlisait ensuite dans les arrangements indigestes, déclinant ses crescendos sans plus guère de surprise. Un dernier coup d’œil au clip de ‘Once And For All’ allait achever de nous convaincre. Y’en a un peu plus, je vous le mets ? (gle)

Coubiac ‘Nosebreaker’ Autoproduit

Coubiac est un quatuor bruxellois existant depuis deux ans qui nous propose avec ‘Nosebreaker’ un EP de quatre titres démontrant qu’il a des tripes. Les compos sont tendues, brutes et empreintes d’agressivité bien sentie. Le rock brutal proposé ici mêle des influences punk, hardcore, métal et stoner dans un moule bruitiste. Riffs tranchants, ambiance crasse et tordue, chant tendant vers le hurlement, tout n’est ici que virulence. J’ai particulièrement aimé le hardcore ‘Psychic moments’ et le plus stoner ‘Black hole lightning’ qui nous laisseraient à penser qu’on tient là un groupe particulièrement prometteur. Affaire à suivre ! (pf)

Coheed & Cambria ‘The afterman : Ascension’ Coop/V2

‘The afterman’, sixième album de Coheed & Cambria, a la particularité de consister en deux albums qui vont sortir séparément. Voici donc la première fournée et je dois bien avouer que je ne suis que modérément séduit. Présenté comme étant l’une des figures de proue de la scène néo prog, ce groupe dispose effectivement d’un capital technique indéniable. Mais bien jouer est-il suffisant pour faire un bon album ? En dépit de passages prenants (notamment au piano) et d’une certaine inventivité, l’ensemble sonne faux : es ruptures semblent souvent artificielles, les arrangements ne lésinent pas sur les effets faciles et pompiers - pas mal de riffs sont plus que limites, tandis que les passages se

voulant prenants flirtent parfois méchamment avec la mièvrerie. Notons ceci dit la présence d’une perle, ‘The afterman’, ballade hypnotique en apesanteur que n’aurait pas renié Porcupine Tree. (pf)

‘Rosario’ Decor

On sent que l’Italien Cuori a des écoutes assez larges, passant d’un Tom Waits à Calexico, voire même aux soundtracks de westerns spaghetti signés Ennio Morricone. Mélange pas toujours digeste, mais on sent que l’intention première de cette petite cuisine expérimentale est plutôt louable. Ce deuxième album nous tend un hamac dans le désert, accablé par la chaleur, on se contente de regarder les rares pick-ups roulant sur une route dégommée par les vents de sable. Pas super réjouissante, souvent teintée d’une tristesse couleur sépia, on apprécie l’ambiance americana se développe ici. Hélas l’ensemble sonne souvent comme une musique de film: on l’entend mais sans vraiment l’écouter, sans qu’une grappe de notes ne se détache vraiment et pique notre attention. Une bande-son magnifique, mais qui reste coincée au plan du décor sonore. (jbdc)

The Cutler ‘The Best Things In Life Aren’t Things’ Steel Tiger Records/Rough Trade

Ingrédients : pour un bon post-rock il vous faut un nom de groupe de trois mots environ, si possible aux résonances historiques/mystiques/géopolitiques (biffer la mention inutile) ; un nom d’album calqué sur la même formule (choisir de préférence une autre thématique) ; une pincée de comparaisons flatteuses (préférer Mogwai, ça impressionne toujours les convives). Assurez-vous que l’ensemble dégage un léger fumet de déclin sociétal. Diluez ensuite un ou deux accords de guitares en forme de gyrophare dans un litre de synthétiseurs (attention de bien mélanger : le synthétiseur doit donner une coloration pâle, rien de plus). Remuez doucement, puis augmentez la cadence. A mi-parcours, rajoutez un bon coup de batteur (préférer un batteur manuel plutôt qu’un électrique, ça donne de l’authenticité). Du mélange clavier/guitare, presque homogène, devrait émerger l’un ou l’autre grumeaux, qui donneront tout son goût à la préparation. Quand il ne vous est plus possible de remuer, laissez reposer la mixture pendant une à deux minutes, jusqu’à obtention d’une surface où plus rien ne bouge. Voilà, vous pouvez passer à l’écoute ! (ab)

Après avoir sorti un premier album éponyme qui lui a valu des critiques dithyrambiques, ce duo composé de Steve Cobby et Porky nous revient avec un second opus qui devrait lui aussi être unanimement salué pour sa grande classe et son originalité. Sur le plan musical, l’album évolue dans un registre electronica downtempo mêlant infrabasses et beats très Warp à des textures allant du funk au dub en passant par des éléments soul et jazz. On est impressionné par la précision avec laquelle le duo tisse ses ambiances qui se révèlent au demeurant parfois franchement groovy (le très funky ‘Weltschmerz’). En outre, la présence du chanteur Russel Morgan ajoute un plus indéniable, lui dont le timbre de voix blues folk n’est pas sans rappeler celui de John Martyn. Il en résulte des compos vraiment superbes comme ‘Samizdat’ ou ‘Nightbirds’, deux titres particulièrement hypnotiques et obsédants. Quant aux plages purement instrumentales, elles sont terriblement variées et audacieuses, affichant un réel souci d’expérimentation sans pour autant verser dans l’abstraction extrême ou l’exercice prétentieux, comme le prouvent le subtil et superbe ‘200 pharaos-6 billion slaves’ ou encore l’étonnant ‘Burn the bankers’ qui associe éléments classiques er rythmique dub. Un album aux nombreuses qualités, dont la moindre n’est pas de démontrer à ceux qui en douteraient encore que l’electronica peut avoir une âme. (pf)

Crybaby

Deep Show

Collapse Under The Empire ‘Fragments Of A Prayer’ Finaltune

‘We’re Supposed To Be In Love Ep’ Cooperative Music/V2

1990. Dans une version white trash et camp de ‘Grease’, l’inimitable John Waters fait un plan fixe sur la spécificité sensitive de Wade ‘Cry Baby’ Walker (Johnny Depp), délinquant juvénile au mojo qui suinte comme de la graisse de Chevvy. Cette larme qui coule au ralenti sur commande tient autant du factice que de l’émotion juste, compte tenu du registre du film. Sur ‘We’re Supposed To Be In Love Ep’, tout le paradoxe de cette scène symbolique nous tient en éveil. Un poil copycat mais inspiré et respectueux de ses glorieux aînés à tuxedos rose pâle, Danny Coughlan expectore des ronds de fumée à la James Dean (« We’re chemistry and cigarettes »), change l’eau de nos projections lacrymales en vin et en crooner assumé, se joue couramment de la frontière ténue entre l’attachement vrai et le reste. Qu’il emprunte, non sans œillades équivoques et riffs maîtrisés, la pente de ‘True Love Will Find You In The End’ de Daniel Johnston en lui arrachant au passage pas mal de sa touchante ingénuité, ou qu’il s’essaie au monument déchirant ‘Gloomy Sunday’ immortalisé par Billie Holiday, on se retrouve pris entre deux feux : s’assoir pour une seconde séance en 16/9 ou juste se rejouer cette formidable intro de ‘Water To Wine’, morceau original, en attendant le long métrage. (alr)

‘Deep Show’ Reverbnation

Avec Deep Show, on salue la naissance d’un bel étalon dans la constellation du rock dur belge. Ce trio montois, formé en 2011, propose un EP 5 titres démontrant à loisir qu’il dégage une pêche incroyable dans un registre mêlant influences métal, stoner et heavy old school. Le groupe désigne son cocktail sous l’appellation de « hoovy music », soit la contraction de « heavy » et « groovy » et force est de reconnaitre que c’est plutôt bien vu ! J’ai particulièrement apprécié ‘Sad delusion’, et le monumental ‘Shredding teeth’, tout deux furieusement stoner, ainsi que le plus métal et assez mélodique ‘Seek some action’. Un groupe dont on devrait entendre parler! (pf)

Marc Dixon ‘JSNB’ Autoproduit

Artiste culte et figure bien connue de la scène belge, Marc Dixon est un homme aux talents multiples : chanteur, producteur, réalisateur et animateur radio et télé, il a multiplié les expériences. En tant que chanteur, il a sorti une poignée de singles new wave dans les années 80, parmi lesquels le mythique ‘Cocktail’, produit par Mirwais. Sur ce nouvel album, Dixon s’est acoquiné avec Jérôme Mardaga,


CITIZENS 03-11-2012

04.10. 06 .10. 09.10. 10.10. 11.10. 13.10. 14.10. 14.10. 15.10. 18.10. 21.10. 25.10. 26.10. 27.10. 28.10. 30.10. 31.10. 02.11. 03.11. 03.11. 07.11. 08.11. 09.11. 10.11. 11.11. 11.11. 13.11. 16.11.

NETSKY 16-11-2012

PSY 4 DE LA RIME 30-11-2012

CARAVAN PALACE ROCKTOOLS SHOWCASE NIGHT (FREE ENTRY) FILIAMOTSA (FREE ENTRY) REFUSED EUROPEAN OUTDOOR FILM TOUR 12/13 LES OGRES DE BARBACK GET WELL SOON INTERNATIONAL RECORD FAIR TEAM ME (FREE ENTRY) JOHNNY HALLYDAY JOHN CALE AUGUST BURNS RED FUCK ART, LET’S DANCE (FREE ENTRY) ROMAN LOB BRIT FLOYD THE WORLD’S GREATEST PINK FLOYD SHOW MONOGRENADE (FREE ENTRY) THE TALLEST MAN ON EARTH THE CRANBERRIES GOTYE CITIZENS! LIONEL RICHIE DEEP PURPLE VITALIC MATT CORBY KETTCAR ALANIS MORISSETTE GUARDIAN ANGEL TOUR JASON MRAZ THE FINAL STING SCORPIONS FAREWELL WORLD TOUR 2012

NETSK Y DEICHKIND 18.11. SAEZ (SOLD OUT) 22.11. ZAPPA PLAYS ZAPPA 23.+24.11. SONIC VISIONS FESTIVAL 2012 16.11. 17.11.

27.11. 28.11. 30.11. 01.12. 02.12. 04.12. 05.12. 06.12. 07.12. 07.12. 08.12. 11.12. 12.12. 13.12.

29.09 29.09 30.09 02.10 02.10 03.10 04.10 06.10

BOY Ch + SUNDAY SUN Nl THE MAGNETIC NORTH Gb COLD SPECKS Gb + LI-LO* Be AUGUST ALBERT Be VAN SHE Au FRIGHTENED RABBIT Gb SKIP THE USE Fr + THE POPOPOPOPS Fr • SOLD OUT KID KOALA «12 BIT BLUES REVUE» Ca + ADIRA AMRAM AND THE EXPERIENCE Us

06.10 TOMMIGUN Be + FLOAT FALL Be 07.10 ISLANDS Ca + THE MAGIC Ca A PLACE TO BURY STRANGERS Us 08.10 + RÄPE BLOSSOMS Be 08.10 HIDDEN ORCHESTRA Gb THE HUNDRED IN THE HANDS Us 10.10 + SWEARING AT MOTORISTS Us 11.10 11.10 11.10 12.10 12.10 13.10 15.10 18.10 19.10 20.10 21.10 23.10 24.10 25.10 26.10 26.10 29.10 31.10 01.11 02.11

BRETON Gb HUDSON Be THE CROOKES Gb ANGUS STONE Au • SOLD OUT LUCY ROSE Gb + C.A. SMITH Ca STEREO GRAND Be MICE PARADE Us TEENGIRL FANTASY Us TEITUR Fo OLIVIER DEPARDON Fr WE ARE AUGUSTINES Us FRANÇOIZ BREUT Fr GLEN HANSARD Ie + LISA HANNIGAN Ie• Cirque Royal ANTOINE HÉNAUT Be ROSCOE be/ROVER Fr UNISON Fr MAXÏMO PARK Gb MONOGRENADE Ca MUJERES Es + WHATEVER Be LIARS Us

02.11

MICACHU & THE SHAPES Gb

(THE XX, ROLO TOMASSI, CLOCK OPERA AND MANY MORE)

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FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS Fr

DRAGONFORCE FLORENCE & THE MACHINE PSY 4 DE LA RIME TWINS OF EVIL TOUR: MARYLIN MANSON & ROB ZOMBIE CRYSTAL CASTLES AMY MACDONALD LIFE IN A BEAUTIFULL LIGHT TOUR DAN SAN (FREE ENTRY) STUPEFLIP: NOUVEAU SPECTAC WAX TAILOR STAHLZEIT THE RAMMSTEIN TRIBUTE SHOW NO 1 IN EXTREMO MONO CHILLY GONZALES SOLO PIANO II SILBERMOND

03.11

SOAN Fr

03.11

HAIM Us + DEATH AT SEA Gb

05.11

TWIN SHADOW Us

06.11

SUSANNE SUNDFØR solo No

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KEN STRINGFELLOW Us GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR Ca •

www.rockhal.lu

07.11

Cirque Royal

08.11

LESCOP Fr

08.11

DAUGHTER Gb

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DESTROYER Ca

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THE SPINTO BAND Us

20.11

VADOINMESSICO Gb

21.11

BETH ORTON Gb

22.11

MYSTERY JETS Gb + OH OTHELLO Fr

24.11

YOUSSOUPHA Fr • coprod Skinfama

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Earteam

alias Jéronimo, pour dessiner les contours d’un univers bluesy assez sombre et empreint d’ambiances propres au film noir (‘Walking in the rain’). De sa voix grave, Dixon décrit des histoires douces amères oscillant entre noirceur et espoir. Musicalement parlant, l’ensemble est fort bien travaillé et génère des atmosphères aussi belles que prenantes pas très éloignées de certains travaux récents de Jacques Duvall. On pointera ‘Courts-circuit’ et ’Si tu joues ta vie’, particulièrement accrocheurs, ainsi que l’hypnotique ‘The others are not my refuge’, rappelant le meilleur de Barry Adamson. Si vous désirez en apprendre davantage sur cet album un rien mystérieux et on ne peut plus séduisant, n’hésitez pas à consulter le site de l’artiste : www.marcdixon.net (pf)

Echo Lake ‘Wild Peace’ No Pain In Pop

A mi-chemin entre les Raveonettes et My Bloody Valentine, le premier album d’Echo Lake veut clairement nous faire coucher sur un divan, avec un psy assis derrière nous et nous faire parler de nos rêves. Parfaite métaphore d’un rêve flou et encore émergeant, d’un moment où l’esprit nage entre deux consciences, la dream-pop des Londoniens est presque irréelle. Des couches d’instruments jouant des rythmes binaires se tricotent autour de la voix ronde, vibrante et parfois à peine audible de Linda Jarvis. A l’écoute, on pense souvent à la pop la plus classique des 60’s, mais floutée et ondulant dans notre mémoire en des volutes de vapeur. On se sent flotter au milieu de nulle part. A vivre comme une expérience intérieure, ce premier opus des Echo Lake en fera tripper plus d’un. (jbdc)

Debo Band

Decor/Ber tus

On ne compte plus vraiment les disques de Mark Eitzel, que cela soit ceux sortis sous son propre nom ou ceux sortis sous la bannière de l’American Music Club, le combo qu’il avait fondé dans les années 80. Songwriter au talent certain et avéré, Eitzel semble à chaque fois régénérer son inspiration tout en prenant soin de ne pas la dilapider. La parution de ce nouvel album fait suite à un temps d’absence de plusieurs années. Eitzel, victime d’une attaque cardiaque sérieuse, s’est retrouvé face à lui-même, forcé malgré lui de faire le point sur sa vie. Les démos qu’il avait initialement concoctées pour le nouvel album d’American Music Club ont été revues pour finalement être réalisées sous son seul nom. Le guitariste Vudi d’AMC, comparse de toujours, est présent ici, tout comme une section de cordes bienvenue. ‘Don’t Be A Stranger’ est un disque de rémission, un disque de thérapie, mené à bon terme. (et)

Evening Hymns ‘Spectral Dusk’ Strange Ways Records

Le regard perdu au loin, Jonas Bonnetta confesse ses chansons dans le recueillement et la solitude. Planqué sous le sobriquet Evening Hymns, le Canadien s’offre une randonnée initiatique sur les rives de la mélancolie. Chez lui, les arpèges de guitare se promènent dans les bois, les percussions flottent doucement dans l’air comme une bruine légère. Beau et triste à la fois, ‘Spectral Dusk’ est à ranger parmi ces disques bucoliques auprès desquels on aime revenir se blottir. Par besoin de réconfort. (na)

Freaky Age ‘From The Heart Of Glitter Lake’ Fuzz Records/PIAS

Lorsque ce groupe originaire de Ternat a atteint la finale du célèbre Rock Rally organisé par Humo en 2006, il affichait une moyenne d’âge d’à peine 14 ans. Depuis lors, le groupe a mûri et parcouru un beau bout de chemin, sortant deux albums à succès tout en se lançant dans des tournées marathon à travers l’Europe. Avec ‘From The Heart Of Glitter Lake’, on peut être certain que Freaky Age va à nouveau séduire les masses, vu qu’il s’agit d’un en-

‘Key To The Kuffs’

‘Debo Band’

Lex/Cooperative Music/V2

Nex t Ambiance/Sub Pop

Union sacrée de deux légendes urbaines du hip hop alternatif, JJ DOOM amarre le flow du héros masqué (DOOM) aux brumes psychédéliques du producteur Jneiro Jarel. L’homme qui officiait jadis sous les volutes hybrides du projet Shape Of Broad Minds façonne ici une trame instrumentale sombre et minimale pour accueillir les prouesses lexicales du MC au masque de fer. Si on ne trouve rien à redire aux dernières livraisons de DOOM, force est de reconnaître que la portée de ses mots s’amenuise inextricablement au fil du temps. L’album ‘Key To The Kuffs’ ne va pas changer la donne. Irréprochable sans se montrer intouchable, le duo prêche par vanité en s’appuyant sur de vieux trophées (‘Madvillainy’, ‘The Mouse and The Mask’, etc.). Invités fantômes de cette entreprise aux idées larges, Damon Albarn (Blur, Gorillaz) et Beth Gibbons (Portishead) posent des bribes vocales méconnaissables au casting de ‘Key To The Kuffs’. Des noms qui font vendre, des idées qui s’essoufflent, une association à retardement, autant d’éléments qui remettent en cause l’intérêt et l’honnêteté du projet. On peut aimer, mais on est en droit de douter. (na)

Shaolin Afronauts ‘Quest Under Capricorn’ Freest yle

Avec l’automne, c’est tout le décor miteux de la nostalgie qui s’installe. La foire d’octobre. Les marrons chauds. Les souvenirs acidulés. Le temps qui a fait de l’aventurier qui sommeillait en nous ce trentenaire parfois aigri qui a connu depuis son divan la mort du vinyle, l’avènement du cédé, le déclin de la cassette audio, le retour du vinyle etcetera, ce pleurnichard qui se rêvait trafiquant d’armes sur le Détroit Bab-el-Mandeb parce qu’il a lu tout Rimbaud, il y a longtemps, encore puceau, toujours ravagé par l’acné et les troubles obsessionnels compulsifs. Bal-el-Mandeb, donc. A la pointe de l’Afrique de l’Est. Une légende arabe affirme qu’il tirerait son nom des lamentations de ceux qui y furent noyés par le tremblement de terre qui sépara le continent noir de l’Asie. D’autres sources évoquent les dangers relatifs à la navigation. Et ça n’est pas faux d’affirmer que la lecture aléatoire de ces deux disques au format mp3 est un piège en eaux troubles. Un voyage dans les ‘Ethiopiques’ de Francis Falceto, une invitation à (re)découvrir Mulatu Astatqé. A tomber dans les vapes élégiaques de son groove hypnotique. À succomber au funk maladif de Mahmoud Ahmed, au James Brown éthiopien Alèmayèhu Estèté. Car les deux groupes qui nous concernent aujourd’hui ont plus ou moins digéré toutes ces influences. Proches des suiveurs à la petite semaine comme les Suisses de l’Imperial Tiger Orchestra ou les Londoniens de Skeletons, on pourrait se contenter de dénigrer ces deux combos qui renvoient quasiment traits pour traits aux génies susmentionnés. Mais parce qu’au fond on est comme eux, hypersensibles à ce mélange indicible de mélancolie et de transe, on ne pourra que les aimer plus que de raison. D’abord les Shaolin Afronauts, des couillons d’Australie, qui conjuguent le groove du Menahan Street Band avec l’éthio-jazz du maître Astatqé et les trompettes pas nettes du Miles Davis de ‘Bitches Brew’. Ensuite, et surtout, cette nouvelle signature de Sub Pop qui, après les fantastiques échappées hip-hop Shabazz Palaces et Theesatisfaction, poursuit sa mutation et secoue le cocotier avec la révélation world du moment, l’incroyable Debo Band. Né de la diaspora éthiopienne aux States, le groupe de Boston, emmené par Danny Mekonnen et Bruck Tesfaye, enquille les tueries cuivrées comme aucun des autres artistes repris sur l’excellente compilation ‘Noise & Chill Out, Ethiopian Groove Worlwide’ (de Falceto, encore) n’a pu le faire jusqu’à présent. Traditionnelle et moderne (en Cramned, on dirait tradi-mod), funky et hypnotique, festive et chamanique, la musique de Debo Band est tout à la fois une invitation à la débauche et au recueillement. Enorme. (lg)

Mark Eitzel ‘Don’t Be A Stranger’

JJ DOOM

semble solide et accrocheur, radiophonique à souhait. Les mélodies sont une fois de plus lumineuses, les structures soignées et les arrangements ultra travaillés mais en dépit de ces évidences, cet album ne parvient pas à retenir mon attention sur la durée. La faute, sans doute, à son côté un peu trop lisse et référencé. Beau mais un peu fade, avec quelques moments forts. (pf)

Gudrun Gut ‘Wildlife’ Monika Enterprise

Achtung, Achtung, figure cultissime en vue (répétez après moi, bitte). Oui, le terme est galvaudé, oui, il s’applique à 100 Prozent à la productrice berlinoise Gudrun Gut. Depuis le mythique groupe punk Malaria, voici plus de trente ans, jusqu’à son rôle de boss du passionnant label Monika, la quinqua allemande n’a eu de cesse de transfigurer les courants de traviole de la pop moderne, en version le plus souvent électronique, meine Liebe. Aussi est-ce avec toujours autant d’enthousiasme que j’ai reçu ce ‘Wildlife’, plus de cinq ans après un ‘I Put A Record On’ qui n’a eu de cesse de tourner sur ma platine, à intervalles plus ou moins réguliers, notamment le formidable single ‘Move Me’. Si je vous parle de ce titre, c’est que le nouvel opus de Frau Gut recèle une nouvelle pépite du genre, elle évoque aussi l’album ‘Baustelle’ que Gut a réalisé en 2010 avec AGF – ce n’est pas pour me déplaire et ça s’appelle ‘Garten’. Et tout en explorant des nuances cyniques et désabusées qui n’empêche ni un certain hédonisme cruel de traverser l’espace, l’approche défendue par Gudrun anno 2012 vaut tous les vols Easy Jet du monde à destination de Schönefeld. Pas convaincu ? Ecoutez son étonnante reprise du ‘Simply The Best’ de Tina Turner, vous m’en donnerez des nouvelles. (fv)

Maximilian Hecker ‘Mirage Of Bliss’ Rough Trade

On l’avait découvert en 2003 avec son second album ‘Rose’ sur lequel le dandy maigrichon traî-

nait une mélancolie raffinée. On lui trouvait du charme, un peu surfait, à ce petit crooner chassant le couguar sous la pluie. Entre-temps, une tripotée d’album et de chansons d’amour plus tard, le Casanova est allé taquiner la bridée de ce côté du pacifique où la pop empire autant que le soleil levant. Il y a troqué ses gammes et son folk émo contre une paire de cils et des grands yeux embrumés qu’il a expérimenté sur tout le territoire, de Beijing à Pékin, où, tantôt gaijin, tantôt gwai lou, il fait figure de sex-symbol au micro humide de larmes ça va de soi. Sans doute a-t-il épuisé le stock légal d’écolières puisqu’il a fait ses paquets, décidé de rapatrier son spleen au jasmin chez les Occidentales innocentes. Et du kawai, il en a ramené plein sa valise, dis donc. Colombes au ralentis et avalanche rose bonbon de guimauve fondue inclue. On s’y englue, c’est rose et mou, ça colle aux poils. Maximilian a du en avoir plein la guitare et le piano, je te dis pas les frais de nettoyage. ‘Mirage of Bliss’, c’est l’Amoko Cadiz version Mattel, un bukkake de glaçage à cupcakes droit dans les mirettes. (ab)

Hey Sholay ‘((o)) ‘ Fierce Panda/V2

On avait dit : « plus de fête d’anniversaire géante », quand bien même tu sortirais le ‘Wishbone (Wish Wish Wish)’ de ta poche secrète. Plus d’hélium à inhaler dans des éprouvettes ou des emballages de Mister Freeze, plus un seul jour passé à la campagne avec une bande de types tellement soufflés par la vague pop qui défrise et leurs onomatopées primales suraigües qu’ils te donnent l’impression, là en bas, d’être une vulgaire fourmi qui ne célébrera jamais rien dans une apesanteur digne des ours, des horloges, des abeilles, d’être dans un zoo de cerfs-volants fantoches. Tes complices, ils ne pourraient pas s’efforcer, avant de nous fausser compagnie, d’être plus rauques, plus introspectifs, planants mais avec les pieds lestés? Plus psyché peutêtre ? Oui, voilà, plus enchevêtrés dans des fourrés nébuleux à tenter de distinguer les nuances du ciel dans les longs interstices, à se persuader que si ‘Golden Is The Colour Of The Sun’, c’est qu’il est temps de partir à la chasse au lapin, sans une Alice, mais avec une assise. C’est loin d’être gagné. (alr)

Karma To Burn ‘Karma To Burn-Slight Reprise’ Essential Music/Maybe Records

Formé en 1994, ce combo stoner américain avait pour objectif de sortir un premier album entièrement instrumental, sans titre, et dont les différents morceaux seraient désignés par un numéro. Si le label Roadrunner était chaud à l’idée de sortir le disque, il n’était disposé à le faire qu’en ajoutant un chanteur et en donnant ‘un vrai titre’ aux différentes compos. De guerre lasse, le groupe céda et si le résultat fut adulé par la critique, ce fût un flop commercial monumental. Quinze ans après, le groupe réalise enfin son rêve et sort le disque tel qu’il l’avait conçu à l’origine. Ce qui est frappant, c’est que ce disque est 100% stoner, là où la version de 97 affichait un côté grunge/métal. Les titres sont en effet des monstres d’instrumentaux évoluant dans la veine de Kyuss et affichant une puissance incroyable. Si le clou du spectacle est sans doute ‘Two times’, seul titre chanté sur lequel intervient John Garcia (Kyuss), les huit autres compos impressionnent par leur côté direct et intense, en plus d’être inventifs et hypnotiques. (pf)

The KDV Deviators ‘Lost Contact!’ Drunkabilly Records

Vous aimez le rockabilly? Vous tentez de fonder une nouvelle religion basée sur les enseignements spirituels de Fonzy et de James Dean? Vous pensez que David Vincent a vraiment vu des extraterrestres? Si vous avez répondu par l’affirmative à toutes ces questions, vous allez adorer l’univers bien barré des KDV Deviators. Leur rockabilly jouissif, mélange d’univers 50’s et de science-fiction vintage sur des rythmes gentillement psychédéliques, ainsi que leur sens de la fête sont particulièrement communicatifs. Pour des adeptes d’un genre aussi typé et peu enclin au renouvellement, on sent que le groupe aime s’amuser avec les codes tout en respectant l’esprit de la tradition. (jbdc)

Carol Kleyn ‘Takin’ The Time’ Dragcit y/Pias

Je vous parle d’un espace-temps où vos frères en tshirts tie-dye et vestes de mouton retourné auraient pu s’appeler River, Daydream ou Sunshine. Ils auraient milité contre la guerre du Vietnam, parcouru la Côte Ouest avec des semelles de vent, adulé Angela Davis, et cultivé comme il se doit leur homegrown weed. Parmi eux, une reine discrète sans couronne, un brin de fille blonde à qui Bobby Brown, hippie sidéral et homme-orchestre, offrit une harpe le jour de ses 21 ans. Dispersée presque par hasard, délicat dent-de-lion, sur des scènes où l’avaient sans doute précédée Judy Collins ou


05.10 10.10 18.10 27.11

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DALLAS + KISS & DRIVE HONG KONG DONG + POLAROID FICTION FENCE + BED RUGS MAYA’S MOVING CASTLE + IAN CLEMENT

JAZZ IN AB 14.11 | COLIN STETSON + JOZEF VAN WISSEM 16.11 | MULATU ASTATKE - THE FATHER OF ETHIOPIAN JAZZ 28.11 | JEF NEVE ‘SONS OF THE NEW WORLD’ 05.12 | PORTICO QUARTET 07.03 | BRAD MEHLDAU / MARK GUILIANA DUO 03.10 | NOA WITH GIL DOR AND THE SOLIS STRING QUARTET

cultuurcentrum hasselt cultuurcentrum hasselt

AGNES OBEL © mALi LAzELL

di 23.10.12

Ambrose Akinmusire Zornik + mAry&me

do 25.10.12

LAmbchop

do 08.11.12

nordic night #7 met susAnne sundfør e.A.

di 20.11.12

the bony king of nowhere

vr 07.12.12

spAin pLAying the souL of spAin & more

do 20.12.12

nordic night deLuxe met Agnes obeL

di 16.10.12

tickets & info: www.ccha.be cuLtuurcentrum hAsseLt, kunstLAAn 5, b-3500 hAsseLt

04.10 07.10 08.10 09.10 11.10 12.10 12.10 13.10 13.10 17.10 19.10 19.10 20.10 22.10 23.10 25.10 26.10 28.10 29.10 30.10 31.10 31.10 02.11 04.11 05.11 05.11 06.11 06.11 07.11 07.11 08.11 09.11 10.11 11.11 13.11 14.11

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AND SPECIAL GUEST MIRA AWAD + SARINA SQUAREPUSHER + MACHINEDRUM PROFESSOR + JUPITER & MA SHI FAI

SCISSOR SISTERS CLOCK OPERA BLAUDZUN + ADRIAN CROWLEY RICHARD HAWLEY + SMOKE FAIRIES GET WELL SOON + DAVID LEMAITRE JOSHUA + THE FOUCK BROTHERS LA CHIVA GANTIVA SUSANNA THE VACCINES + ZULU WINTER HOW TO DRESS WELL + TITLE DIRTY PROJECTORS + CALLERS TRIVIUM + AS I LAY DYING + CALIBAN + UPON A BURNING BODY STEVE MILLER BAND DANKO JONES + BOMBUS PATRICK WATSON AUGUST BURNS RED + THE DEVIL WEARS PRADA + WHITECHAPEL JULIA STONE + PAUL THOMAS SAUNDERS THE TALLEST MAN ON EARTH + DAN HAYWOOD’S NEW HAWKS PATRICK WOLF (ACOUSTIC) + ABI WADE LUCAS SANTTANA SIMONE FELICE GRIZZLY BEAR + VILLAGERS OPOSSOM SAM SPARRO SOPHIE HUNGER ALT-J THE MACCABEES PURITY RING + DOLDRUMS EFTERKLANG: THE PIRAMIDA CONCERT FEATURING ROTTERDAM SINFONIA ALABAMA SHAKES THE VAN JETS HOOVERPHONIC ‘SIT DOWN AND LISTEN 2 HOOVERPHONIC’ THE CIVIL WARS + MATTHEW AND THE ATLAS SHANTEL


20

Earteam

Joan Baez, Carol Kleyn finit par façonner trois albums, épaulée mais jamais muselée par son mentor. ‘Takin’ The Time’ (1980), le deuxième réédité par Dragcity, pépinière d’élection du weird folk, sonne comme un témoignage attendrissant de ces années tardives d’itinérance. Dès le morceau-titre toute la place est faite à cette voix radiante, aux tremblements de temps à autre acides, exhortant à une patience appréciable. Plus que la harpe, pourtant rarement dérobée (‘Tides and Crazy Moons’ et sa sobriété aérienne, ‘Intermission’ instrumentale) c’est elle qui fait fuser l’arc-en-ciel, découvre des traces irisées sur le rivage, elle qui taquine l’éther. C’est l’heure de l’abandon, l’heure de la marée montante, de l’oubli duveté : « Let it fly freely, let it fly high ! ». (alr)

Komah ‘Between Vice And Virtue’ Spinal Records

Stefan Goldmann 17:50’ Macro

Résident du mythique Panorama Bar et patron de son label Macro, le DJ germano-bulgare Stefan Goldmann ne limite toutefois pas ses activités au seul clubbing. D’ailleurs, si pour faire simple, on peut qualifier sa musique de techno, ça serait lui faire un bien mauvais procès que de simplement le cataloguer dans ce genre particulièrement réducteur. Car on est – très – loin à l’écoute de ce ’17:50’ des éternelles boucles en 4/4 répétées à l’infini – parfois, ça vire carrément à une ambient folkisante qu’on croirait sortie de l’esprit tordu de Wolfgang Voigt (écoutez ce ‘The Outness Queen’, bizarrerie d’entre les étrangetés à haut pourcentage de fascination). D’ailleurs, plus l’album avance, plus je suis fasciné par les multiples idées totalement zinzin de ce disque, et c’est du 100% complément barré. Boucles électro-pop qui rendent total dingo (argh, ce ‘Manila Grind’ à perdre la tête !!!), tempos où la part belle de Ricardo Villalobos viendrait percuter un Ben Klock qui aurait muté dans la peau de Marc Hollander, les idées fusent de tous les côtés et on prend un méga-pied du tonnerre à les compiler dans notre putain de caboche. Qui en a pourtant entendu d’autres. (fv)

Lorsque ce groupe belge a sorti son premier album, il a unanimement été salué par la presse spécialisée. Grâce à Komah, l’espoir était revenu au sein de la fratrie métal belge qui désespérait de découvrir les héritiers belges de Machine Head. Depuis lors, le groupe a donné une multitude de concerts ultra puissants, confirmant totalement les attentes. Produit par deux membres de Pro-Pain, ‘Between Vice And Virtue’ est un monstre de métalcore brutal et agressif qui affiche en outre un côté groovy et accrocheur. On est particulièrement impressionné par la voix dantesque du chanteur Leny Andrieux, ainsi que par les riffs apocalyptiques et les breaks bien sentis. Ultra bien en place, Komah nous balance une foule de bombes d’une grande efficacité comme ‘The birth’, ‘ One after the other’, ‘Breaking horns’ ou encore ‘Destiny written in blood’. C’est du lourd ultra bien ficelé, un peu trop référencé, mais évitant les clichés. (pf)

MC américain d’origine irlandaise. Sur papier, c’est un peu la « dream team » du pauvre. Sur disque, les gredins s’entourent plutôt bien. On croise aussi DJ Premier (Gang Starr), Vinnie Paz ou Sean Price. Nineties à mort, ce second album fait honneur à son titre en creusant la tombe de thèmes moyennement funky. De la noyade de Dennis Wilson (The Beach Boys) à d’autres vies gâchées à coup de seringues, la sinistrose est aménagée sur des instrus irréprochables et une trame narrative exemplaire. Les rimes claquent en rythmes et le flow tombe toujours à pic. Violent sans être bien méchant, cet album s’adresse d’abord aux adeptes d’une formule old-school et éprouvée (de Cypress Hill à Eminem). Pas de quoi s’inventer un (Odd) future. (na)

Kong

‘An Introduction To... Laibach’

Laibach

‘Merchants Of Air’

Mute

Kongenial/Suburban

Connus dans la sphère de la musique indus pour leur créativité dégoulinante d’idées plutôt barrées, les Slovènes de Laibach se sont fait remarquer grâce à leur reprise de ‘Life Is Life’d’Opus. Histoire d’enfoncer le clou, le groupe y va maintenant d’un album complet où ils triturent et rendent hommage (à leur manière) aux Beatles, Bob Dylan et même au ‘Final Countdown’d’Europe (le groupe de chevelus peroxydés des bonnes vieilles 80’s). Ce qui, sur le papier, sonne comme une grosse farce assez lourdingue, se révèle à l’écoute franchement surprenant. Ambiance glauque à souhait, loops entêtants, hommage personnel plutôt que caricature: on en oublie même le concept de covers pour y entendre une oeuvre sensible, intime et qui prend aux tripes. (jbdc)

Ecouter cet album me renvoie une dizaine d’années en arrière lorsque, jeune chroniqueur à RifRaf, j’avais trouvé dans ma pile mensuelle un album de Kong, groupe que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam. La rencontre avec l’univers musical de ce quatuor hollandais allait être une véritable révélation et le plus beau dans cette histoire, c’est que l’écoute de ‘Merchants of air’ me procure autant de sensations fortes que lorsque j’ai découvert le groupe à la fin des années 90. Il faut dire que Kong est un groupe unique proposant un métal prog ultra puissant et groovy, intégrant des beats indus et des inflexions space rock pour un résultat intense, épique et trippant. Comment un groupe sonnant aussi lourd peut-il être aussi aérien ? Comment une musique aussi expérimentale peut-elle être aussi directe ? Comment peut-on associer autant de styles et d’influences sans que cela ne soit indigeste ou artificiel ? Comment peut-on être aussi épique et en même temps aussi sobre ? Mettons en avant le talent et le génie d’un groupe composé de grands musiciens qui ont un feeling incroyable. Comparé à la scène prog ou apparentée, Kong sort clairement du lot depuis plus de vingt ans tout en restant confiné à un succès limité auprès des cercles spécialisés. Injuste ? Totalement. Restent des albums remarquables qui font le bonheur des connaisseurs. (pf)

La Coka Nostra ‘Masters of the Dark Arts’ Fatbeat Records

Qu’il soit l’heure du thé ou du rhum coca, c’est toujours la même histoire : quand on évoque le nom d’Everlast, on retombe toujours sur le fameux refrain de ‘Jump Around’, tube interplanétaire signé par le coco en compagnie du groupe House of Pain. Là, on peut se poser une question (ou pas) : que sont devenus les autres mecs qui sautaient autrefois autour d’Everlast ? Et badaboum les voilà : DJ Lethal et Danny Boy président désormais à la destinée d’un « supergroupe » de hip hop aux côtés d’Ill Bill, rappeur juif de Brooklyn, et Slaine,

Land Observations ‘Roman Roads IV-XI’ Mute

Appliance fait partie de ces groupes brillants que l’histoire a injustement snobés. Entre la fin des années 90 et 2003, il a sorti des albums superbes de rock subtil, atmosphérique et accrocheur revisitant le post punk avec une sensibilité krautrock. Après la fin du groupe, James Brooks a repris des études en art et, en écoutant des guitaristes comme John Fahey, il a eu une révélation : il ne ferait plus jamais partie d’un groupe et sa carrière solo ferait la part belle à des paysages musicaux où dominerait la guitare. ‘Roman Roads IV-XI’ est le fruit de cette démarche et le résultat est aussi original que superbe. Composé en hommage au travail titanesque des romains ayant bâti des routes à travers l’Europe, ce disque en constitue une sorte de bande son, de soundscape évoquant l’idée de voyage, de cheminement et de progrès. Si le concept peut sembler ambitieux, le résultat est tout sauf pédant. Les huit compositions sont autant de superbes vignettes aux ambiances pastorales et éthérées qui renvoient tant à Brian Eno, Robert Fripp et Durutti Column qu’au kraut. Si l’ensemble affiche une jolie cohérence, on notera cependant que chaque composition a son cachet propre. ‘Before the Kingsland Road’ est un morceau aérien superbe de finesse, là où ‘Aurelian

why’ rappelle la musique cosmique allemande des années 70 et Harmonia en particulier. Notons aussi le plus rythmé ‘Appian way’ qui de par sa structure renvoie à Neu ! Un album d’une grande finesse, foncièrement beau et carrément magique par moments ! (pf)

Dylan Leblanc ‘Cast The Same Old Shadow’ Rough Trade/Konkurrent

J’aurais pu me montrer cynique, lecteur. Depuis Shreveport (Louisiane), poste restante, j’aurais pu te camper le tableau suivant: du haut de ses pas si chétifs 22 ans, Dylan Leblanc cultive physiquement cette appartenance anachronique aux mid-sixties rustiques, cet ancrage à la fois mélo et terrien, lèvres lourdes, front haut, rideau de cheveux longs jamais démêlés. J’aurais pu te dire qu’on a recueilli sous notre ciel lourd bien assez de songwriters à l’aura éraflée, que l’armoire de vestes en daim-etvelours de Neil Young garantie pur chêne pures franges a déjà été délestée en amont de ses plus belles pièces, qu’il est par trop commode de flâner sur les traces laissées en pleine orée par Nick Drake depuis qu’il est allé voir la lune rosir de près. Ça serait oublier qu’on peut être percuté au détour d’une langueur luxuriante (‘Innocent Sinner’, western fantomatique au lyrisme bien présent), et qu’il n’est plus possible dès lors de ne pas reconnaître un certain brio mélodique à l’auteur de la procession americana ‘Brother’ (de celles qu’on fredonnerait sur la contrescarpe). Si ‘Cast The Same Old Shadow’ nous fait frissonner par à-coups, geint tout de même trop souvent par-delà les saules pleureurs. (alr)

Daniel Lavoie ‘J’Ecoute La Radio’ Spectra Musique/AMG Records

Ami lecteur qui a eu la témérité de braver les oukases du bon goût pour arriver jusqu’à ces quelques lignes, grâce te soit rendue. Le chroniqueur en charge du dossier Daniel Lavoie ne peut parier que sur l’ouverture d’esprit, voire sur la fracture du crâne de lecteurs à la sensibilité en frigolite. Car le parcours de Daniel Lavoie ne se résume pas à ‘Ils S’Aiment’ et aux mièvreries en soutane de Notre-Dame de Paris. ‘J’Ecoute La Radio’ n’est pas un best-of mais plutôt un ravalement de façade réussi de titres qui ont été écrits il y 30 voire 40 ans pour certains. L’occasion de découvrir, tapis au fond des bois, des textes à la personnalité plus complexe et plus marquée qu’une certaine variété québécoise. En temps de crise, on n’ira pas jusqu’à vous conseiller de vous procurer l’intégralité de l’album. Mais des chansons comme ‘Où La Route Mène’, ‘Qui Sait’ ou ‘La Vérité Sur La Vérité’ méritent peut-être un petit détour par la Toile…(gle)

Mala ‘Mala In Cuba’ Brownswood/N.E.W.S.

Échappé de son duo drum’n’bass Digital Mystikz, Mala s’est envolé de Londres à Cuba sous la pression de Gilles Peterson du label Brownswood. Le tripoteur de potars le confirme : il lui a fallu quitter sa zone de confort synthétique et plonger dans

une aventure musicale et humaine. Dans les deux cas, une exploration loin, très loin, de ses séquenceurs. Rencontres, sessions d’enregistrements, jams ; autant d’heures de rushes sonores qu’il a pu dépiauter et bidouiller à loisir de retour à Norwood, modifiant à jamais son approche de la musique électronique auparavant dépouillée de tout instrument ‘live’. Son trip communiste s’avéra donc une vraie révélation. Pour ce qui est de l’auditeur, tout dépend de votre résistance au dubstep. ‘The Tourist’ et ‘Change’ soufflent suffisamment de chaleur cubaine entre les pulsations urbanistiques du Londonien pour capter l’attention, mais pour ce qui est du reste de l’album, Mala noie un rien trop son Mojito sous la glace pilée. Rafraîchissant, mais peu enivrant. (ab)

Mass Hysteria ‘L’armée Des Ombres’ Ver ycords/Suburban

Lors de ses débuts, à la fin des années 90, Mass Hysteria avait réussi à séduire pas mal de monde avec son métal électro bien lourd et bougeant pas mal à défaut d’être particulièrement inspiré. Les années 2000 devaient cependant voir le groupe sombrer corps et âme, sortant des albums de plus en plus dispensables. Il semblerait que Mass Hysteria ait relevé un peu la tête, comme le confirme ce nouvel album qui renoue avec l’esprit des débuts, revirement déjà amorcé avec ‘Failles’. Pour être tout à fait franc, ‘L’armée Des Ombres’ n’est pas parvenu à me brancher vraiment, mais il est clair que les riffs sont puissants et que les éléments électro et les samples sont fort bien intégrés dans l’ensemble. On ne trouve ceci dit pas de morceau réellement fédérateur, à l’exception peut-être de ‘Commedia dell’inferno’. (pf)

Micachu & The Shapes ‘Never’ Rough Trade/Konkurrent

Après le génial ‘Jewellery’, base mouvante d’une pop mutante, la frêle Mica Levi et ses deux compères pouvaient tout se permettre. Tout imaginer. L’an denier, une collaboration détraquée avec l’orchestre symphonique du London Sinfonietta (‘Chopped & d’) est venue appuyer une certitude : Micachu & The Shapes est un groupe à part, une équipée barrée capable de tirer le frein à main en pleine course poursuite sur l’autoroute du succès. Tête-à-queue, carambolage et vol plané : la musique dérape dans un crissement incontrôlé. Sur le récent ‘Never’, la formation anglaise attrape une nouvelle fois les convenances par les roubignoles. Consortium anti-pop, le trio démembre les mélodies pour mieux les recycler. Scandées d’une voix de zombie ou roucoulées avec grâce, les chansons brouillent les pistes. Ici, on chiffonne les surfaces planes, on rabote les refrains et on débite du chant martien. Véritable atelier de démantèlement, ‘Never’ étanche sa soif d’ailleurs et son envie d’autre chose en mettant les nerfs de l’auditeur à contribution. A fortes doses, ce disque rend hystérique. Ou complètement neurasthénique. (na)

Mono ‘For My Parents’ Temporar y Residence

La critique d’une galette de post-rock a ceci d’intéressant qu’elle vous pousse régulièrement dans vos retranchements créatifs. Car sinon comment disserter d’un tel objet sans verser dans les clichés traditionnellement associés à ce type de musique ? Atmosphérique. Ethéré. Lyrique. Contemplatif. Epique. Grandiloquent. Le champ lexical est aussi infini que certaines compositions du genre. ‘For My Parents’, sixième livraison du cultissime quatuor nippon n’échappe pas complètement à la caricature. Mais quand il s’en affranchit, la caricature devient estampe. Le genre de musique instrumentale qui, lorsque vous l’écoutez dans votre balladeur en faisant vos grosses courses chez Colruyt, vous envoie en excursion dans les tréfonds de la psyché humaine. Une capacité redoutable à transformer le banal en sublime. Le choix d’un paquet de pâtes se transformant soudain en un tsunami émotionnel par la grâce de cette shoegaze néo-classique mariant l’électrique et le symphonique. Du très grand art. (gle)


Lieu DE mUSiQUES acTUELLES DUNKERQUE O C T / N O V / D É C 2 0 1 2 J11/10

7 WEEKS

V19/10

MAÏA VİDAL

S20/10

HACRİDE

“DEAD OF NİGHT“

+MAİ LAN +REBECCA MAYES

CINÉ CONCERT

FOLK

MÉTAL

V26/10

S27/10

V 02/11

DR FEELGOOD +TWİN TWİSTERS ROCK/DIRTY BLUES

ABSYNTHE MİNDED

+JULİEN RİBOT POP/ROCK

S10/11

FRANZ PRÉSENTE

“BAS LES PATTES“ CONCERT KID4

V23/11

CHAPELİER FOU +TWO LEFT EARS

ELECTRO / EXPERIMENTAL

S01/12

ELİSA DO BRASİL +ORGASMİC +DJ'S ELECTRO LİBRE “LE CLUB DES 4“

S15/12

JİM MURPLE MEMORİAL REGGAE/SKA/SWING

V16/11

MANİACX +PSYKOKONDRİAK "URBAN PARTY"

+KLONE +TREPALİUM

THE POPOPOPOPS +Ô SUPERMAN +TRANSMİSSİON

ÉLECTRO/PERF. VIDEO

S17/11

SCRATCH BANDİTS CREW +UNNO+MC2 "URBAN PARTY"

S24/11

V30/11

LES İNOUÏS DU PRİNTEMPS DE BOURGES

SECRET CHİEFS 3

AUDITIONS RÉGIONALES

MÉTAL/ EXPÉ/ANTI-ELECTRO-POP

S08/12

HYPHEN HYPHEN

AVEC GOÛTER-CONCERT

+LİTTLE TROUBLE KİDS ELECTRO ROCK / NOISE POP

+A.P.A.T.T V14/12

JUSTİN(E)

+DİEGO PALLAVAS PUNK ROCK

S15/12

JİM MURPLE MEMORİAL REGGAE/SKA/SWING

w w w.4 e c l u s e s . c o m LES 4ECLUSES - Arts scéniques rocks - rue de la Cunette BP 93128 59377 Dunkerque cedex 1 (+33) 03 28 63 98 25

design graphique : www.maximesudol.com


22

Earteam

Alanis Morissette

Catherine Graindorge

‘Havoc And Bright Lights’ Sony

Si, si, rappelez-vous : une bonnet en laine, une tronche typiquement chevaline, des intonations à coller des baffes. C’était à l’époque où l’on parvenait encore à nous faire croire qu’Oasis et Joan Osborne étaient ‘alternatifs’. 15 ans plus tard, rien n’a véritablement changé pour l’indie queen Morissette, sinon en pire. Tant pour elle (chaque nouvel album est un four, rappelant avec à-propos qu’il est loin le temps de ‘Ironic’) que pour nous (il y a une raison à ces fours). Il y est toujours question de relations, de désillusions, de la condition ôh combien difficile de la vie en couple. Passionnant, donc. Epoque oblige, les arrangements de la diva louchent timidement du côté de la danse ; de la clit-pop à la glit-pop, il n’y a qu’un pas, forcément glissant. Peut-être est-ce de la nostalgie, ça doit lui rappeler ses débuts pré-’You Oughta Know’ où elle se dandinait sur de mauvais claviers du haut de ses 14 ans. Les oestrogènes en étendard, militant pour la cause du tétouillage ad vitam, la sucette Alanis nous rappelle sur son mièvre dernier album que femme rime d’abord avec FM. Ironique, don’t you think ?(ab)

‘The Secret Of Us All’ Dépot 214

Elle peut se cacher, la Petite Catherine, derrière ses arabesques de cordes. Le cœur dans la bouche et le rythme aux tempes, elle l’attend : l’Autre, la Grande, la Louve Catherine. Maîtresse de la Terre et des Bois dont la silhouette sombre pourfend les buissons. Elle est là, à deux pas, la créature. Armée de son archet où goutte-àgouttent la Mort et la Nuit. Elle jouit de ce cache-cache funeste. Car elle sait que proie et victime seront ce soir réconciliées, avec la lune pour témoin, quand sous ses babines perlera le cuivre amer du sang des jeunes filles. Et l’on assiste, impuissant, à cette battue inégale et sublime, les lèvres scellées par tant de beauté cruelle, le doigt sur la bouche de peur d’oublier. Car le lierre et la mousse portent en eux un secret : ici n’est pas la place de l’homme. Qu’ils jouent donc les matadors, Hugo Race et Marc Huyghens. Qu’ils traînent, l’un sa voix grave à la Cohen, l’autre son auréole vénusienne, sur l’album post-rock pour altos de la Petite Catherine. Qu’ils ramassent les cailloux de la fillette, pelotonnée quelque part entre une fusée d’ébène à corde frottées (le space rock aqueux de ‘Kayak’), des pièges anxiogènes à destination des adultes (‘Sinking’ et ‘Ashes & Soul’, à faire tripper Godspeed) et les fumerolles échappées du terreau sous l’aube pâle (‘Animal’, ‘Fragile’, caresses dignes d’un Michael Nyman). Qu’ils lui confèrent, ces messieurs, ce supplément de crédibilité auquel leur petite protégée, enfant sauvage perdue à jamais dans sa forêt d’arbres-violons, n’aurait sans doute pu prétendre. Du moins laissons-leur le plaisir vain de cette lubie patriarcale ; ni l’un ni l’autre ne parle la langue de l’hymen et l’humus. Nul doute qu’au détour d’un bosquet, la Grande Catherine ne fera d’eux qu’une bouchée. (ab)

Janka Nabay & The Bubu Gang

The New Shining

‘Silver Age’ Demon Music/V2

‘En Yah Sah’

Johnny Records/Rough Trade/Music Shock

Que ce soit au sein de Hüsker Dü ou de Sugar, ses deux groupes qui font figure de références incontournables de la scène alternative, Bob Mould a toujours mis en avant une évidence pop qu’il n’a cessé de réinventer au cours de ces 30 dernières années. Sur son nouvel album solo - le premier depuis 10 ans, les compositions sont une fois de plus terriblement accrocheuses en plus de dégager une attitude totalement rock avec des guitares abrasives et un jeu de batterie intense. Les spécialistes passeront sans doute des heures à se demander si ‘Silver age’ fait dans la power pop alternative ou le post hardcore poppy mais pour notre part, peu importe les catégories. Ce nouvel album est simplement une merveille de titres rock ultra accrocheurs. ‘Star machine’, ‘Silver age’, ‘The descent’ et ‘Fugue state’ sont autant de brûlots qui restent en tête, dégageant à la fois une intensité brute indéniable et une force émotionnelle intense. Bref, tout ce qu’on attendait de la part d’un homme qui, bien qu’ayant passé le cap de la cinquantaine, continue d’être habité par un sentiment d’urgence, comme il le dit si bien lui-même : « I’m never too old to contain my rage ». Imparable. (pf)

Luaka Bop

Peu connu dans nos contrées, ce groupe hollandais cartonne dans son pays où il est vu comme symbolisant l’avenir du heavy batave. Faut-il voir dans ce plébiscite la marque d’un chauvinisme déplacé ? Pas vraiment, non, car si The New Shining ne révolutionne rien et n’est pas vraiment heavy (80% des titres sont des ballades pur sucre!), il affiche une veine mélodique incroyable qu’il décline avec talent sur des titres affichant un indéniable savoir-faire. Sur ce double album, on trouve plusieurs morceaux imparables. Objectivement, c’est le volet électrique, ‘Full Circles’, qui convaint le plus et comporte les compos les plus marquantes. ‘Better off’ ferait par exemple un excellent single pour les Foo Fighters, ‘When we collide’ est accrocheur et radiophonique, tandis que ‘Burning down love’, ‘All bets are off’ et ‘Lay my head down’ sont des ballades parfaites. Quand au deuxième disque acoustique, il comporte pas mal de jolies choses mais l’approche privilégie favorise une certaine uniformité. L’ensemble est plus que méritant ! (pf)

Bob Mould

Murder By Death ‘Bitter Drink, Bitter Moon’ Bloodshot Records/V2

Le quotidien des tâcherons de la critique musicale est souvent comparable à celui des chercheurs d’or. Tamisant le torrent furieux de la production musicale à la recherche de pépites, il arrive parfois qu’un caillou mal dégrossi se révèle être un joyau inspiré. Comme ce sixième opus du groupe américain Murder By Death. Dès les premières notes, les images d’une ville fantôme ouverte aux quatre vents viennent à l’esprit. Un vent sec et chaud s’engouffre à travers les fenêtres cassées du saloon. Assis au comptoir, Adam Turla, frontman du groupe, noie ses regrets dans un verre de mezcal. Fils spirituel de Johnny Cash et de Nick Cave, le crooner boit les paroles de ses aïeux, il s’abreuve de leurs états d’âme. Un chant hanté, sincère dans ses incarnations et subtil dans ses variations et qui ne cesse de dialoguer avec les cordes d’un violoncelle hypnotisant. Une collection de vignettes poussiéreuses qui bénéfice également d’une inspiration absolue au niveau de ses lyrics aux références littéraires très marquées. Evitez l’amertume des regrets, foncez découvrir ce disque. (gle)

Enfin. Enfin une tuerie chez Luaka Bop. Dire qu’on l’attendait depuis le ‘World Psychedelic Classics Vol. 3’(2005) est exagéré. Mais tout de même ces derniers temps, pour les salamalecs, c’était plutôt bernique. Ici, on retire sa casquette, on s’incline, on se fout à plat-ventre devant ce nouvel alliage de tradition et de Samsung Galaxy SIII. Une nouvelle brèche taillée au cœur même de l’Afrique, plus que jamais au centre de la vraie modernité. Celle qui se bricole dans les quartiers populaires à partir de boîtes de concentré de tomates et qui finit par faire danser tout l’Occident. On pense bien sûr aux précurseurs, les Konono n°1 et leurs likembés électriques (magnifique concert aux Francos de Spa mais étonnamment programmés à 14h), aux Staff Benda Bilili et leur rumba congolaise transgénique, aux Jagwa Music et leurs Casios pouraves. La singularité du Sierra-Léonais Ahmed Janka Nabay est de s’être entouré du Bubu Gang. Un backing-band blanc avec carrément des mecs de Gang Gang Dance dedans et des Skeletons aussi, entre autres. Les bizarreries et la transe sont donc au programme de ces huit titres tous plus trippants les uns que les autres. Même si c’est surtout ‘Kill Me With Bongo’et ‘Somebody’qui achèveront les âmes et les corps sur le dancefloor. En temne, ‘En Yah Sah’signifie « j’ai peur ». Il faut trembler ! (lg)

Thenewno2 ‘TheFearOfMissingOut’ Cooking Vinyl

Encore un supergroupe, puzzle de talents divers rassemblés ici par Dhani « fils-de » Harrison et Oliver Hecks, qui nous avaient déjà fait le coup en 2009 avec ‘You Are Here’, 1er album de thenewno2 sous influence trip-hop. ‘TheFearOfMissingOut’ suit la même voie, mais les gaillards ont scellé dix chansons hypertrophiées sous emballage cellophane sans penser à y faire des trous et ont laissé mourir la bête. Impossible pour leur musique de respirer sous ce vernis néon nostalgia 80’s : les années 2010 en ont fait tellement le tour qu’il ne leur reste plus à gratter que les fonds de tiroir les moins reluisants de la décennie Bontempi. Thenewno2 se vautre avec complaisance dans la plume fluo, la boule à facette et la beat molle, mais sans aucun bonheur. Jamais on n’y ressent le moindre frisson ; y clignotent notes en toc et similicuir, zéro respiration, zéro dynamique, ces mecs sont des cyborgs mélodiques programmés. Ben Harper et RZA confirment le temps d’un morceau leur statut de croûtons musicaux venus se ramollir dans cette soupe populaire indigeste. Supergroupe ? Oui. Supermusique, non. (ab)

‘Full Circle/Stripped’

Omega Male ‘Omega Male’ Full Time Hobby/Konkurrent

David Best, leader à la voix ambiguë des joujouettes Fujiya Miyagi, est de retour et à l’inverse de ce que proclame le nom de son nouveau projet en compagnie de Sammy Rubin (Project Jan, Project Jenny), il a l’intention juteuse d’occuper du terrain en mâle conquérant mais non sans un sens inné de la pantalonnade à la Electric Six, le slip chargé de beats qui sentent la glue, la cire et les phéromones. Au centre de l’arène, s’illustrent un sens particulier du crooning de plus ou moins bon goût que n’aurait pas renié Daan post-’Profools’ et des sonorités taillées pour la space disco qui feraient tressauter Etienne Jaumet. ‘Testosterone’, halètements et alarmes, ne nécessite plus qu’un ou deux peignoirs pour que commence le match de boxe clandestin, et on n’en est pas au bout des gimmicks. Inventive par endroits mais le plus souvent proche d’une satisfaction mononeuronale (‘X’ nous ferait tracer des bâtonnets sur les murs), voilà une tentative glissante dans laquelle il faudra entrer avec parcimonie. (alr)

Ariel Pink’Haunted Graffiti ‘Mature Themes’ 4AD/Beggars

On a beaucoup parlé d’un disque cet été, la réédition sur Light In The Attic (le ‘Cold Fact’ de Rodriguez) d’un truc assez rare pondu par deux fils de fermier, vers 1979, dans un bled pourri de l’Amérique rurale. Le paternel croyait tellement en sa

progéniture qu’il a vendu des hectares et des hectares pour que ses rejetons puissent se payer du matos hi-tech et se construire le studio de leurs rêves. Le disque en question joue la girouette entre lo-fi luxuriant, power pop énervée, chaloupés funky et ballades stratosphériques. A l’époque, un flop et la ruine d’une famille. Aujourd’hui, un disque culte. Quand on connaît un peu le parcours d’Ariel Pink, ses débuts minimalistes, sa largeur d’esprit pour toute la musique indie, on ne s’étonne pas de retrouver sur ‘Mature Themes’ une reprise des géniaux frérots bouseux. ‘Baby’, hypnotique et cotonneuse clôture en beauté pour un album d’une rare élégance. Un album qui aura finalement emprunté, trente ans plus tard, les mêmes chemins de traverse que Donnie et Joe Emerson. A contre-courant mais terriblement accessible, explorant mille pistes qui reviennent toujours sur leurs pas, il est trop facile de se perdre dans ‘Mature Themes’, grand labyrinthe qui fait passer du sourire aux larmes entre les réminiscences eighties et les fragrances de pop moderne et sautillante (les batteries excitantes de ‘Driftwood’, la pop noisy de ‘Schnitzel Boogie’, les synthés désaxés de ‘Symphony of the Nymph’, carrément les lalala de ‘Pink Slime’, le psychédélisme sans fin de ‘Nostradamus and Me’). Un grand disque. A la maturité toute adolescente. (lg)

Purity Ring ‘Shrines’ 4AD/Beggars

Malgré un nom franchement crétin qui évoque plus la morale sexuelle de Sarah Palin que le libertinage woodstockien, le duo Purity Ring évite de nous refaire le coup des Petits Chanteurs à la Croix de Bois – ou alors, c’est pour mieux nous ensorceler à grands coups de comptines électro-pop mutines où règne l’ombre affriolante des Au Revoir Simone – à la première écoute seulement. A la différence de ses consœurs new-yorkaises, la paire Megan James & Corin Roddick évite en grande partie la case poppy primesautière qui donne envie de se rouler dans l’herbe. Non que ses effluves soient dépressives ou cafardeuses, juste qu’il évolue dans un monde où les demi-teintes plantent le décor avec, sans doute, davantage de subtilité que le trio américain. Quelque part, finalement, entre la dream pop de Beach House et l’étrangeté sonique d’une Grimes, mais où le chant tiendrait un rôle nettement plus prégnant, le duo canadien se risque à davantage de choses, quitte à ce qu’on lui reproche (à juste titre) de vouloir bouffer à tous les râteliers. Celui de, tiens, tiens, Drake, compris dans le packaging. (fv)

Rangda ‘Formerly Extinct’ Drag Cit y

A priori, Rangda partait gagnant. Songez plutôt : Chris Corsano (batteur pour Björk et Jim O’Rourke entre autres), Ben Chasny (Current 93, Six Organs of Admittance) et Sir Richard Bishop en personne, des Sun City Girls, dont on ne s’est toujours pas remis de l’album testament, ‘Funeral Mariachi’. Le trio au patronyme démoniaque développe un avantrock instrumental vénéneux au poison lent et irritant qui réjouira les uns, tandis que les dents des autres grinceront autant que ces guitares à l’agonie. Il faut bien dire que nos chicanos ne font rien pour faciliter l’expérience de l’auditeur : ca tourne en rond (‘Plugged Nickel’), ça prend son temps (plus de 8mn de ‘Silver Nile’ pour trouver une accroche), ça ne se cherche même pas ou se ça se satisfait de peu (‘Idol’s Eye’), puis tombe soudain du ciel un solo en forme de scorpion, le temps de vous vriller l’oreille avant de replonger sous le sable, vous laissant seul et malade face à cette no-wave de saloon. Sitôt qu’un sentiment apparaît, il s’évapore aussi sec ; C’est Calexico sous Peyotl, une pluie dans le désert quand vous vouliez du soleil, un cactus aride et stérile quand vous espériez de l’eau. C’est parfois démonstratif, c’est fréquemment vain, mais les plus coriaces d’entre vous pourraient y trouver leur compte. (ab)

Emanuele de Raymondi ‘Buyukberber Variations’ Zero Killed Music/Dense

Clarinettiste talentueux et chevronné, Oguz Büyükberber a bénéficié d’une éducation mu-


AGENDA CONCERTS TORI AmOS 02.10

“the gold dust orchestral tour”

palais des beaux-arts - bxl

month

tickets via le 02/507 82 00 ou bozar.be

featuring the metropole orchestra conducted by jules buckley

TAmE ImpAlA 16.10 ThE vACCINES 19.10

ancienne belgique - bxl ancienne belgique - bxl

support act : zulu winter

kATIE mEluA 20.10

forest national - bxl

“secret symphony tour” support act : boy

DIONYSOS 01.11

ancienne belgique - bxl

support act : team wild

GOTYE 01.11

sportpaleis - anvers

support act : jonti

hOT ChIp 03.11 GRIzzlY bEAR 04.11

ancienne belgique - bxl ancienne belgique - bxl

support act : villagers

ThE CRANbERRIES mElODY GARDOT OlDElAf I lOvE TEChNO

04.11 09.11 10.11 10.11

lotto arena - anvers cirque royal - bxl théâtre 140 - bxl flanders expo- gand

boys noize – netsky – nero - a-trak – dave clarke – major lazer – vitalic – chris liebing – dj fresh – dada life – jamie xx – gesaffelstein – and many more

wIThIN TEmpTATION 13.11 “elements”

ARChIvE 13.11

“with us until your dead tour 2012”

bAND Of hORSES DjANGO DjANGO mARk lANEGAN bAND lIANNE lA hAvAS The xx ThOmAS DuTRONC mIChAEl kIwANukA SkuNk ANANSIE

14.11 15.11 18.11 21.11 21.11 22.11 23.11 23.11

sportpaleis - anvers forest national ( club ) - bxl trix - anvers ancienne belgique - bxl cirque royal - bxl cirque royal - bxl lotto arena - anvers cirque royal - bxl cirque royal - bxl lotto arena - anvers

support act : the jezabels

kASAbIAN 24.11 ChRISTOphE wIllEm 26.11 RufuS wAINwRIGhT 27.11 AND hIS bAND

bAT fOR lAShES 29.11

forest national ( club ) - bxl ancienne belgique - bxl ancienne belgique - bxl cirque royal - bxl

support act : race horses

jASON mRAz 29.11

“tour is a four letter word”

GOSSIp 30.11 STEphAN EIChER 13.12 ARNO 20.12 blOC pARTY puGGY SIGuR RÒS Of mONSTER AND mEN TwO DOOR CINEmA Club SAEz

forest national ( club ) - bxl lotto arena - anvers

animée par Pacôme Thiellement

cirque royal - bxl

ancienne belgique - bxl 02.02.2013 trix - anvers 21.02.2013 vooruit - gand

19.02.2013 lotto arena - anvers 23.02.2013 ancienne belgique - bxl 26.02.2013 forest national - bxl 10.03.2013 ancienne belgique - bxl 14.03.2013 ancienne belgique - bxl 23.04.2013 ancienne belgique - bxl complet

24.04.2013 ancienne belgique - bxl

concert supplémentaire

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Earteam

sicale de haut niveau (un diplôme du fameux Berklee College of Music de Boston et un autre du Musicians Institute de Los Angeles). Plus important encore, il a su construire un langage propre et personnel en mêlant aux traditions classiques européennes la musique traditionnelle turque et même quelques éléments de jazz contemporain. Sur ce disque enregistré dans une chambre de réverbération, c’est à une interprétation délicate de la musique du compositeur avant-gardiste Emanuele de Raymondi qu’il se livre. Sur la dizaine de pièces présentées ici, certaines se fondent sur des modules répétitifs à la Steve Reich tandis que d’autres se focalisent sur des techniques originales de respiration et de doigté des touches. Avec ses seules clarinettes, basse et alto, Büyükberber a su construire un véritable univers à part entière. Un peu comme l’avait fait en son temps le Blindman Kwartet avec ses saxophones. (et)

Stealing Sheep How To Dress Well ‘Total Loss’ Weird World Records/V2

Apparu sur les écrans radars lors de l’émergence de la vaguelette chillwave (Toro Y Moi, Memory Tapes, Small Black, tout ça), How To Dress Well se démarque de la concurrence par l’entremise d’une approche hypersensible. Si la musique de Tom Krell repose, elle aussi, sur des textures synthétiques samplées et filtrées à l’extrême, elle entrevoit la lumière à l’aune d’une voix de fausset enveloppée d’une improbable jaquette à paillettes. A fleur de peau, R’n’B, totalement immergé dans son sujet (‘Total Loss’), ce second album laisse pisser sa tristesse contemporaine sur un lit de diamants étincelants. Trempée dans la codéine, la production – soignée et signée Rodaidh McDonald (The XX, King Krule) – dévoile des chansons précieuses : un trésor pour le cœur, un entracte pour le corps. Aussi se déplace-t-on lentement sur ‘Total Loss’. Ici, on assume ses défaites, on contemple ses brèches et on réfrène l’hémorragie dans une longue progression neurasthénique. Quelque part entre James Blake et Balam Acab, How To Dress Well se complaît dans un spleen électronique et mutant. Tout à fait dans l’air du temps. (na)

Reptile Youth ‘Reptile Youth’ HFN

Y a des sensations live qui aiment tendre le bâton pour se faire battre à l’heure du premier album. Prenez les merdeux danois de Reptile & Retard : affublés d’un nouveau patronyme wink-wink et pedobear approved, preuve s’il en est de leur tempérament faustien, ils diluent désormais leur post-punk abrasif de scène dans trois doses de synth-pop tout ce qui a de plus tendance. Question hype, ils recyclent à tour de bras, les fumiers : la nervosité dance des Raptures, le jeunisme complice de MGMT, l’opportunisme foncedé de Justice. Et, bordel, c’est dans cette attitude pleinement assumée, cette façon frontale et éhontée de bouffer à tous les râteliers, que ces petits cons de Reptile Youth puisent leur sincérité et s’installent durablement dans nos oreilles. Arrêtons de tortiller du fondement : la musique des Reptile parle direct au slip et aux semelles. Pas un morceau qui n’ai son gimmick catchy auquel il est scandaleusement impossible de résister (le « dudududu » de ‘Speeddance’), la touche repeat fonctionne à plein régime (‘Dead End’), il faut pas deux minutes pour reprendre en cœur leurs paroles débilo-post-modernes (« Be My Yoko Ono/For You I’ll Break Up My Band ») ou secouer la tête à s’en décoller la rétine (‘Heart Blood Beat’ et sa montée en puissance). Je pourrais vous sortir la parabole de la coke, du genre « ça fout la patate, ça donne envie d’y revenir, mais ça ne doit pas être bon pour les neurones ». Mais comme je suis un garçon sain et que ma maman lit mes chroniques, je vous ferai plutôt le coup de la phalène et du lampadaire. Vous savez, ce gros papillon de nuit qui passe la soirée entière à se fracasser les mandibules sur cette même putain d’ampoule, encore et encore et encore. Je vous laisse : j’y retourne. Dududududududu ! (ab)

Room E ‘Penguin Child’ Kudos Records

On ne sait pas grand-chose de Room E, hormis qu’il est l’œuvre d’un producteur de San Diego manifestement adepte invétéré des samplings. Totalement instrumentale, revigorante et optimiste, sa musique intègre des éléments de drum’n bass, mais sans vouloir en mettre plein les mirettes à tout prix – ce qui, quelque part, le rapprocherait de Third Eye Foundation, mais c’est bien leur seul point commun. On pense aussi, et beaucoup plus souvent, à des atmosphères de fête foraine comeladienne qui donnent un très grand charme juvénile à ses (nombreuses) tracks (quatorze au total). Bien que, ça et là, on flirte avec le sirop qui déborde de partout (‘Earl Grey’) et que les dynamiques demeurent pour l’essentiel dans un midtempo monotone sur la longueur, on a connu pire fréquentation que l’enfantpingouin californien. (fv)

The Sea and Cake ‘Runner’ Thrill Jockey Records/Konkurrent

Dixième album déjà pour le groupe de Sam Prekop et la danseuse de John McEntire hors Tortoise, dont on avoue qu’ils ne faisaient guère partie jusque

là de notre empreinte musicale génétique : plaisir confidentiel réservé surtout aux connoisseurs, mais n’avions-nous pas cette même impression tenace à propos de The Notwist, depuis lors adopté? Il nous faut dès lors aborder ‘Runner’ avec l’oreille candide et accepter de patiemment déconstruire des morceaux jamais vraiment charpentés pour la gloire, mais traversés par un grand savoir-faire. Nous voilà en partie récompensés de cette approche sans impétuosité. ‘On And On’, bel instantané, surgit sans verser dans la démonstration, ‘Harps’ est ce genre de morceau parfait de pop fondante mais recherchée qui en ne lâchant pas tous ses atouts (gimmicks, chœurs, nappes flottantes) dès les premières secondes vous rend d’autant plus réceptif à sa constitution fine, au clin d’œil distillé par son propos oxymorique : le ciel nous y paraît bien plus azuré qu’ailleurs et cet anticyclone promet bien de perdurer sur le reste de l’album. Nous vient alors à l’esprit l’image de geeks en tongues, en croisière placide mais bouillonnant néanmoins des synapses, quelque part sur le Pacifique. On embarquera donc naturellement avec eux pour quelques escales, pour voguer ensuite vers des atolls plus invraisemblables. (alr)

Sic Alps ‘Sic Alps’ Drag Cit y

Lo-fi déglinguée, rythmiques et mélodies qui partent en couille, noisy-pop qui donne la migraine: un seul mot colle parfaitement à la musique de ces Californiens: auto-sabotage. Y’a plein de bonnes idées ici, des pistes intéressantes que le groupe commence à explorer avec talent pour finalement exploser le tout en plein vol. Ça fait penser à un jeune écolier qui répond avec intelligence à une question de son institutrice, pour finalement se rendre compte qu’il n’a pas envie de passer pour un intello devant ses copains et finit par répondre une connerie sans nom – sans doute histoire de se la jouer cool. Sauf que le délire des Sic Alps n’est pas cool du tout, mais juste incroyablement frustrant. On sent ici des poignées de graines de bons tracks qu’ils laissent volontairement pourrir dans de la pose arty-noisy-indie-pop débile. A leur foutre des claques de gâcher autant de talent qui ne demande qu’un peu de travail pour éclore. (jbdc)

Valgeir Sigurdsson ‘Architecture Of Loss’ Bedroom Communit y/Pias

Homme central d’une scène islandaise qui a depuis longtemps franchi les limites étroites de son île pour se faire un nom sur les deux rives de l’Atlantique Nord – voilà qui change des chouchous wallons de Thierry C. – Valgeir Sigurdsson est dans les petits papiers de votre gazette, qu’il soit faiseur d’idées auprès de Sam Amidon ou Nico Muhly ou qu’il invite Bonnie ‘Prince’ Billy sur son label Bedroom Community. Autant ne pas tourner davantage autour du volcan, le présent ‘Architecture Of Loss’ ravira les fans du musicien nordique. D’une très délicate patte néo-classique qui n’oublie ni Max Richter ni Marsen Jules, tout en se promenant du côté de Ben Frost et Sylvain Chauveau, la troisième aventure en solitaire de Valgeir S. déploie son énergie apaisée, voire son grand calme, sur des oripeaux d’autant

plus séduisants qu’ils s’inscrivent dans un creux replié sur lui-même. Ne vous y trompez toutefois pas, la musique de Sigurdsson n’est ni autiste ni rebutante, elle demande simplement un chouia de supplément d’âme auprès de son auditoire, pour qui les notions de rythme, mélodie et harmonie veulent encore dire quelques chose. (fv)

Benjamin James Smith ‘The Movedrill Projects’ NuNor thern Soul/Rough Trade

On se demande ce qui, à part d’autres projets intermittents plus émoustillants (et on en vient à le souhaiter pour Benjamin James Smith) peut justifier dix ans de gestation pour un album de pop ultra-light certes pas effroyable mais pas non plus follement hors-champ. ‘Cortesol’, en lévitation déridée, nous laisse présumer quelques promesses, mais il nous faudra rapidement retrouver notre amarrage. ‘Waiting For The Love Part 1 (Original)’ s’immisce sur le parquet d’un gospel pour finir par se prendre les pieds dans le tapis d’une bluette pastel aussi insipide qu’un chewing-gum sans sucre, là où ‘Sing To Me’ s’avère carrément niais. ‘Even’ tente de lier une sauce catchy mais finit par goûter les grumeaux. Plus psyché et expérimentales, mais pratiquement hors sujet, les 12 minutes de ‘’Way I Feel’ s’avèrent finalement les plus convaincantes, sauvant presque le disque de la digestion instantanée par les limbes. (alr)

The Soft Pack ‘Strapped’ Mexican Summer/COOP/V2

Confession : c’est rien de dire que le précédent album révélation du paquet mou ne m’avait guère impressionné les portugaises. Je cherche encore à comprendre ce qui avait pu retenir l’attention dans ce psycho-billy laconique ; définition certes faite pour me plaire, mais dont l’exécution en demi-teinte ne parvenait jamais à électriser le moindre riff. Le groupe de San Diego continue ici de trimbaler son punk-rock lo-fi sous morphine, but now with a twist : sur ‘Strapped’, la bande à Matt Lamkin redessine les contours de leur style et s’autorise à déborder, invitant sur plusieurs morceaux un saxophone et autres surprises cuivrées. En résulte un éventail imprimé de miniatures exotiques et vintages, qui racontent sous forme de vignettes stéréoscopiques l’évolution de la musique populaire des fifties aux nineties, le tout sur fond de soleil couchant en technicolor délavé. Dans cette grande fête musicale désuète, où se bousculent rockeurs à bananes, hippies et mariachis, vous siroterez avec délice un cocktail aux multiples dégradés, piqué de fruits étranges tantôt amers, tantôt doucereux : du garage lancinant aux tonalités surf et indés (‘Saratoga’, le formidable ‘Tall Boy’) , une samba new-wave et boiteuse (‘Bobby Brown’, ayé marimba !), et même une jam prog-rock funkoïde de 2mn montre en main (‘Oxford Ave.’). Un album précieux, toujours légèrement à côté de la plaque, qui se mérite et s’apprivoise au point de ne plus vous quitter. Comme leur premier album me diront certains, sans doute à raison. (ab)

‘Into The Diamond Sun’ Heavenly Recordings

Les (jolies) filles de Stealing Sheep sont un peu fringuées comme les Brigitte. So hippie chic. Tout en paillettes. Rien en sobriété. Quand elles sont à Londres, ce qu’elles préfèrent faire, c’est du shopping vintage sur Brick Lane, fréquenter le National History Museum, traîner au Tate. Rien d’étonnant donc à ce qu’elles balancent un premier album de folktronica légèrement psychédélique, foutrement bancal et bien torché, essentiellement basé sur des claviers limpides et des harmonies vocales plutôt délicieuses. Un clip, d’ailleurs, résume l’affaire en 3’15, une bricole lo-fi pas assez déglinguée pour plaire aux intégristes de Daniel Johnston, trop barrée pour le mainstream de la ménagère de moins de cinquante balais. Bref, ces filles de Liverpool en rappellent d’autres, Américaines comme Japonaises, des Au Revoir Simone jetées à la vodka fraise, moins mélancoliques, plus lumineuses, des The Suzan qui auraient un peu moins forcé sur le ‘Poco Poco Beat’. C’est ce qu’on en pense. Elles, ce qu’elles en disent, c’est Broadcast, Can, Dutch Uncles, The Velvet Underground, Jefferson Airplane. Somme toute, des filles bien. (lg)

Shannon Stephens ‘Pull It Together’ Asthmatic Kit t y Records/Konkurrent

Marzuki fut un de ces college bands dont les membres ne jouirent pas de la même reconnaissance une fois le split effectif. À ma droite, Sufjan Stevens, avec la trajectoire d’ingénieuse étoile filante qu’on lui connaît; à ma gauche, Shannon Stephens, échappée à Seattle pour construire une carrière, avec moins de retentissement et un ressentiment avoué. Rangée des vocalises pour cause de real life, c’est sur le label de son condisciple qu’elle partit à nouveau à la conquête des pistes. ‘Wax And Feathers’, installation lente, accords grésillants, fait ressurgir un peu de l’esprit tendrement anesthésiant de Movietone, ce groupe discret mais essentiel du Bristol du mitan des 90’s. Ne croît pourtant pas ici que du songwriting doux-amer tissé main : la voix et les arrangements se révèlent souvent plus americana versant mainstream qu’astucieux et ce n’est pas ‘Faces Like Ours’, le duo avec Bonnie Prince Billy qui rectifiera la tendance. Abandonnons-donc l’épanouie mère de famille à ses bonheurs journaliers (« I’d like to pay the bills / and set out your vitamins pills – this is what love looks like, love looks like ») pour nous en trouver d’autres, dans des niches plus dérobées. (alr)

Susanne Sundfor ’The Silicone Veil’ Grönland/V2

Star en son pays, la Norvège pour ne pas le citer, Susanna Sondfor ne cesse de multiplier les distinctions nationales, où ses disques se vendent comme des steaks de renne. A l’écoute de ‘The Silicone Veil’, quatrième production studio de la blonde (oh surprise) scandinave, cinquième si l’on compte le live ‘A Night At Salle Playel’, sa gloire n’est pas prête de s’estomper. Toujours sous la coupe de Lars Horntveth, alias M. Jaga Jazzist, la demoiselle aux vingt-six printemps inscrit délibérément ses pas dans ceux d’une Lykke Li – dans un format plus variété électronique, toutefois, qui la rend nettement moins intéressante. Non que ça soit mal fait, encore que ça vire plus d’une fois dans un sentimentalisme de très mauvais aloi, juste que ça vise le haut des charts au-delà du 55è parallèle sans même se cacher. (fv)

Switchblade ‘2012’ Denovali Records/Sonic

Evoluant à l’origine en trio, Switchblade est désormais réduit à un duo composé de Johan Folkesson (guitare) et de Tim Bertilsson (batterie). Rejoint à l’occasion par des invités, Switchblade propose trois longues compositions d’une dizaine de minutes faisant dans le drone stoner/métal atmosphérique et hypnotique qui pourrait plaire aux fans de Black Sabbath, Celtic Frost ou Opeth. L’ensemble est très lent, très lourd et ultra répétitif. ‘Movement 1’ démarre de façon assez calme


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23/09/12: Charlatan – Gent

avant de s’énerver après 5 minutes pour intégrer un chant caverneux et des riffs monolithiques générant un mantra assez entêtant. ‘Movement 2’ débute comme du Sabbath sépulcral avec des riffs monstrueux avant de verser dans le doom métal. Un album fort à l’intensité atmosphérique indéniable, même si l’on peut regretter le côté répétitif des trois mouvements. (pf)

Roland Tchakounté ‘Ndoni’ Tupelo Production

La grosse voix gutturale de Roland Tchakounté, adoucie par son bamiléké natal, coule entre ses notes comme le Mississippi entre les rocailles. Car Tchakounté, Camerounais de naissance, s’approprie depuis quatre albums le blues, le vrai, celui de l’exil et de la Terre Nouvelle, celui de Chicago et de John Lee Hooker, avec les accents et questionnements de son pays d’origine. Et il faut avouer que le bonhomme est loin d’être un manchot. Les harmonies amples et rondes de la langue africaine font pleuvoir un sable bouillant sur les riffs impeccables de sa guitare électro-acoustique. Derrière chaque accord miroitent, gondolés par la chaleur, les jours meilleurs d’une Afrique en perdition (‘Kemen’, impérial). C’est beau, c’est triste, c’est chaud et froid à la fois, c’est le blues, les amis. Seul bémol, la tendance classique sur certains morceaux à une production par trop léchée (‘Farafina’, ce ‘Chuboula’ à l’orchestration peu finaude). Il n’est d’ailleurs pas interdit de préférer à ce ‘Ndoni’ les précédents albums du bluesman camerounais, plus sobres, à commencer par le magnifique ‘Abango’ où seules deux guitares dialoguent sous le Ponant. (ab)

Toddla T ‘Watch Me Dance : Agitated By Ross Orton & Pipes’ Ninja Tune

Le premier album du jeune chien fou anglais Toddla T ressort tripatouillé par les remixeurs DJ Pipes (issu de l’underground écossais) et Ross Orton (à qui l’on doit des revisites d’Artic Monkeys et des Kills). Du gros dub et dancehall gonflé aux rythmes hiphop (voire même house), on est ici dans l’ambiance enfumée et moite de sueur. Des loops binaires et lourds viennent se fracasser dans les oreilles, à tel point qu’une écoute prolongée en devient même inconfortable. Evidemment, on est dans de la qualité Ninja Tune avec une production hors-pair, mais le groove franchement oppressant qui se dégage rend le disque assez inaccessible aux coeurs sensibles et s’adresse plutôt aux esthètes aimant le dancehall le plus dark. (jbdc)

The Touré-Raichel Collective ‘The Tel Aviv Session’ Cumbancha/V2

Belle rencontre que celle survenue fortuitement entre Vieux Farka Touré, le fils du prodige malien Ali Farka Touré, et le musicien israélien Idan Raichel dans un aéroport allemand il y a quatre ans. Depuis, les liens se sont noués et il en est résulté une collaboration riche et fructueuse. Raichel, une star renommée dans son pays, a d’abord accepté d’accompagner Touré comme simple claviériste le temps d’un concert. Par la suite, bénéficiant d’un commissariat artistique voué aux musiques du monde à l’opéra de Tel Aviv, il l’a invité à y jouer. Le bassiste Yossi Fine (Meshell Ndegeocello, Lou Reed…) et le percussionniste sur calebasse Souleymane Kane les ont rejoint dans ce projet le temps de quelques jours en studio. Cet enregistrement est le résultat de ces sessions improvisées et intrinsèquement trans-culturelles. (et)

Toy ‘Toy’ Heavenly Recordings/V2

Pas besoin de nous mettre davantage en garde : on le sait dès leurs premiers riffs joufflus de ‘Colour’s Running Out’ (frondeuse et fantastique entrée en piste) que ces Joujoux-là sont de l’authentique graine de sales gosses gavés de sweet’n sournineties, qu’ils vont barbouiller les murs de confi-

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23/09/12: Charlatan – Gent

ESMERINE

ESMERINE

ture ou de cambouis, et qu’il nous faudra faire semblant de sévir, menacer de les priver de sortie avec The Horrors, confisquer les lipsticks et les breloques qu’ils ont fauché à nos copines. On n’ignore pas qu’ils feindront d’être affligés, qu’ils nous octroieront cet œil mi-cajoleur (‘TheReasons Why’ qui entraîne au pas-de-deux, le presque trop doux ‘My Heart Skips A Beat’) mi-charbonneux (‘Strange’, cold, cold-wave, chaînes et chauve-souris) et qu’on grésillera hors-limites, la chose est entendue : on s’est déjà fait surprendre, il y a longtemps déjà, en pleine défaillance face à Ride. Nous en deviendrions avides de cette pulsation-là, cette fierté fournie, cette tension sous-jacente (‘Drifting Deeper’, labyrinthique noirceur torsadée), cette façon romantique d’épouser la reverb’. Après ‘Kopter’, minutes de jaillissements ininterrompus viennent achever le marquage au rouge. De quoi s’avouer fourbus, fessés, fidélisés : c’est ce qui s’appelle avoir des faiblesses ou se jouer des avertissements. (alr)

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

BLACK DICE

BLACK DICE

WILL SAMSON

WILL SAMSON

ISLANDS

ISLANDS

RAPE BLOSSOMS

RAPE BLOSSOMS

LOVE LIKE BIRDS

LOVE LIKE BIRDS

Ultrasound

M I C E PA R A D E

M I C E PA R A D E

ÓLAFUR ARNALDS + NILS FRAHM + A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

ÓLAFUR ARNALDS + NILS FRAHM + A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN

DOPE BODY

DOPE BODY

MOON DUO + C A R LT O N M E LT O N

MOON DUO + C A R LT O N M E LT O N

THE AGGROLITES

THE AGGROLITES

D E AT H G R I P S

D E AT H G R I P S

PETER

PETER

28/09/12: Nijdrop – Opwijk

‘Play For Today’ Fierce Panda

Que peut-on bien attendre d’un groupe qui sort son deuxième album pas moins de treize ans après sa seule et unique production ? Probablement qu’il ne nous donne pas envie d’attendre au moins treize autres années. Un objectif pas complètement atteint avec ce ‘Play For Today’. Propulsés trop rapidement sur le devant de la scène en 1999 par le NME et le Melody Maker qui voyaient en eux la relève d’une génération dorée qui mourrait à petit feu, Ultrasound n’avait pu que décevoir en sortant un disque lourdaud et confus. Rentrés dans le rang des files d’attente devant le bureau de chômage local, le groupe avait complètement disparu de la circulation. Et ça n’est donc peut-être pas un hasard si l’album s’ouvre sur ‘Welfare State’, histoire de conjurer le sort. Globalement, le disque relève plutôt de la bonne surprise, toutes proportions gardées. Dix titres inégaux dans une veine glam rock psychédélique un peu éculée mais qui vibrent de toute l’énergie de la revanche ou de la rancœur. Rendez-vous en 2025 ? (gle)

The Vaccines ‘Come On Age’ Columbia/Sony

Un super disque qui étale sa pop à guitare sans retenue, comme un gosse de quatre ans, en débordant. Frais. Fun. Addictif. Allant jusqu’à revisiter la surf music (fantastique ‘Weirdo’). Certes, les Vaccines débarquent un milliard d’années après les Strokes, les Arctic Monkeys, les Franz Ferdinand et on ne doute pas que si la presse sérieuse continue à crier aux génies les concernant, c’est parce que les uns se sont foutus aux synthés, les autres à enregistrer dans le désert avec Josh Homme. Mais au fond, s’ils en étaient restés à leurs fondamentaux bestiaux, s’ils avaient un peu moins intellectualisé la suite de leurs discographies, ça n’aurait pas été pour déplaire à nos cerveaux reptiliens, ces cortex qui aiment aussi l’amour et la violence, la sueur, le sexe et l’alcool. Tout le talent des Vaccines est là : avoir oublié le superfétatoire du premier album pour torcher onze pop songs mélodiques aux refrains fulgurants qui donnent tout à la fois envie de se jeter dans la fosse, de hurler son premier amour et de le baiser toute la nuit. ‘No Hope’ ? Si. Et dix mille autres mauvaises raisons d’encore écouter ce disque cinq cent fois. (lg)

The Van Jets ‘Halo’ Belvédère Records/Pias

Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, ‘Halo’est à peu près ce pandémonium. Les Ostendais n’ont pas que des mauvaises idées et les appliquent consciencieusement à une pop qui batifole en technicolor entre giclées de synthés qui passent pour des trompettes, harmonies surgonflées et gros riffs de guitares. Très très dancefloor. D’ailleurs, ce bazar a été enregistré dans le studio de Zdar (tout de même le type qui a converti Cat Power à l’autotune).Trois ou quatre chansons font donc illusion (‘Bones Zone’, ‘If I Was Your Man’, ‘Short Notes’) mais l’ensemble finit par sonner comme un smack de bisounours. (lg)

29/09/12: L a Zone – Liège 13/10/12: Muziekodroom (BOX) – Hasselt 24/11/12: JC De Klinker - Aarschot 02/10/12: De Kreun – Kortrijk 06/10/12: Festival Comme à la Maison – Bxl 07/10/12: Botanique – Bruxelles 08/10/12: 27/10/12: 03/11/12: 17/11/12: 12/10/12: 15/11/12: 17/11/12: 22/12/12:

Botanique – Bruxelles Le Belvédère – Namen Rockglabbik – Opglabbeek Nijdrop - Opwijk Het Gevolg – Turnhout Moonbeat – Mechelen Vooruit – Gent CC De Steiger - Boom

15/10/12: Botanique – Bruxelles

16/10/12: Stuk – Leuven 17/10/12: Stuk – Leuven

19/10/12: Magasin 4 – Bruxelles 26/10/12: 4AD - Diksmuide

23/10/12: Trix – Antwerpen 07/11/12: De Kreun - Kortrijk 02/11/12: Trix – Antwerpen

02/11/12: Magasin 4 – Bruxelles

BRODERICK

08/11/12: AB – Bruxelles

28/09/12: Nijdrop – Opwijk 29/09/12: L a Zone – Liège 13/10/12: Muziekodroom (BOX) – Hasselt 24/11/12: JC De Klinker - Aarschot 02/10/12: De Kreun – Kortrijk 06/10/12: Festival Comme à la Maison – Bxl 07/10/12: Botanique – Brussel 08/10/12: 27/10/12: 03/11/12: 17/11/12: 12/10/12: 15/11/12: 17/11/12: 22/12/12:

Botanique – Brussel Le Belvédère – Namen Rockglabbik – Opglabbeek Nijdrop - Opwijk Het Gevolg – Turnhout Moonbeat – Mechelen Vooruit – Gent CC De Steiger - Boom

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23/10/12: Trix – Antwerpen 07/11/12: De Kreun - Kortrijk 02/11/12: Trix – Antwerpen

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BRODERICK

08/11/12: AB – Brussel

XIU XIU + STILL CORNERS

XIU XIU + STILL CORNERS

J O Z E F VA N W I S S E M

J O Z E F VA N W I S S E M

BEACH HOUSE

BEACH HOUSE

DIRTY THREE

DIRTY THREE

ANDREW BIRD

ANDREW BIRD

WILL JOHNSON + WILL SAMSON

WILL JOHNSON + WILL SAMSON

D O M A K E S AY T H I N K + SANDRO PERRI + ERIC CHENAUX

D O M A K E S AY T H I N K + SANDRO PERRI + ERIC CHENAUX

H U N D R E D WAT E R S

H U N D R E D WAT E R S

LOWER DENS

LOWER DENS

JENS LEKMAN

JENS LEKMAN

LUMERIANS

LUMERIANS

WHY? + DEERHOOF + DIIV

WHY? + DEERHOOF + DIIV

FAT H E R J O H N M I S T Y + S H E A R WAT E R + D A R K DARK DARK

FAT H E R J O H N M I S T Y + S H E A R WAT E R + D A R K DARK DARK

G R E AT L A K E S W I M M E R S + DUSTED + ZAMMUTO

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for more concerts : www.toutpartout.be

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14/11/12: Trix – Antwerpen 14/11/12: AB – Bruxelles 18/11/12: AB – Bruxelles 18/11/12: Vooruit – Gent

18/11/12: Crossing Border – A’pen 19/11/12: Café Video - Gent 20/11/12: Stuk – Leuven

26/11/12: Autumn Falls @ Atelier 210 - Bxl 28/11/12: Vooruit – Gent 29/11/12: Autumn Falls @ Mdm Moustache – Bxl 28/11/12: Autumn Falls @ AB – Bxl 05/12/12: De Kreun - Kortrijk 29/11/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl 29/11/12: Autumn Falls @ Magasin 4 – Bxl 01/12/12: Autumn Falls @ AB – Bxl

01/12/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl

02/12/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl

14/11/12: Trix – Antwerpen 14/11/12: AB – Brussel 18/11/12: AB – Brussel 18/11/12: Vooruit – Gent

18/11/12: Crossing Border – A’pen 19/11/12: Café Video - Gent 20/11/12: Stuk – Leuven

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01/12/12: Autumn Falls @ Botanique – Bxl

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Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman

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Lazarijstraat 87 3500 Hasselt - Belgium Phone: +32 (0) 11 25 60 36

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Earteam

Various

The Orb featuring Lee Scratch Perry

‘Spirit of Talk Talk’ Fierce Panda/V2

De la brève mais intense carrière de Talk Talk il restera à tout jamais des disques à succès ayant marqué les années 80 dont les éprouvés ‘Such A Shame’ et ‘It’s My Life’, mais aussi des enregistrements moins connus d’une beauté céleste. Commentant le dernier album que le groupe sortit avant de se disloquer, ‘Laughing Stock’, Eric Robert écrira qu’il incarnait, sans en avoir l’air, « une véritable révolution dans le rock, centré sur une redéfinition totale de la notion de son de groupe. » Talk Talk avait appris à désapprendre et à se dépouiller des trucs et tics qui firent sa réussite commerciale. Sans le dire, Mark Hollis annonçait alors sa retraite de la scène et des projecteurs. Quatorze ans après la parution de son unique disque solo au titre éponyme, il revient aujourd’hui avec de nouvelles compositions écrites pour une émission de télévision. Le hasard veut que ce (faux) retour intervient au moment où sort cette compilation en hommage à son ancien groupe. Ambitieux projet, celle-ci reprend pas moins de 30 titres de Talk Talk ré-interprétés, repensés, rejoués par différents musiciens et groupes provenant d’horizons très divers. On doit à Alan Wilder (Depeche Mode, Recoil) la tutelle officieuse du projet tandis que c’est Toby Benjamin (biographe de Talk Talk) qui l’a coordonné. Sans être exhaustif, on citera en vrac les apparitions de Turin Brakes, King Creasote, Goldheart Assembly, Do Make Say Think, White Lies, Joan As Police Woman, Zero 7 ou encore The Acorn… (et)

The View ‘Cheeky For A Reason’ Cooking Vinyl

Lorsque ce combo écossais a fait ses débuts en 2005, la presse britannique, en quête des nouveaux Libertines, a jeté son dévolu sur lui et vanté exagérément ses qualités pour ensuite le vouer aux gémonies de façon tout aussi injustifiée. Fort heureusement, The View n’en a eu cure et a poursuivi son bonhomme de chemin en essayant juste de s’éclater en écrivant des morceaux. Bien lui en a pris : ‘Cheeky for a reason’ est son meilleur album. Là où les disques précédents étaient parfois brouillons et contenaient quelques titres faiblards, ces défauts ont ici disparu. On parlerait volontiers d’album de la maturité si cette appellation n’impliquait pas implicitement l’idée d’un certain ramollissement. Car ce qui frappe en premier sur ‘Cheeky for a reason’, c’est son immense fraîcheur, son tonus, l’énergie contagieuse qu’il dégage. ‘How long’, ‘AB’, ‘Anfield row’ sont autant de perles pop punchy et catchy que l’on s’imagine aisément reprendre en chœur en concert. Et puis, on pourrait difficilement résister au charme pop celtique de ‘The clock’ et ‘Bunker’ qui pourrait faire penser au croisement entre les Waterboys et les Levellers. Une franche réussite. (pf)

The Waow ‘Kaleidoscopic’ Koko Records

The Waow sont liégeois et ils ne doivent qu’à l’excellence de l’enseignement des langues en Fédération Wallonie-Bruxelles de ne pas s’être baptisés les « Ouftis ». A en croire leur bio, ils sont le meilleur groupe de power pop wallon. Fort d’une dizaine de titres, leur back catalog leur a déjà permis d’écumer presque toutes les fêtes de Wallonie du monde entre Namur et Liège. Et si le Plan Marshall n’était en réalité qu’une vaste entreprise de distribution d’amplis pour pervertir une jeunesse qui ne demande qu’à faire du bruit ? La discographie du groupe s’enrichit aujourd’hui de six nouveaux titres avec cet EP mélodique et puissant qui ne révolutionne pas le genre mais ne verse pas outrageusement dans la caricature. Taillé pour la scène, il confortera la suprématie du groupe dans son segment power pop. Que veut le peuple ? (gle)

Wax Poetic ‘On A Ride’ Nublu/Modulor

Wax Poetic, écrin trip hop et acid jazz qui propulsa la soul Norah Jones, blue girl ikea à destination des hi-fis cliniques aux proprios ignares, est un véhicule

Woodpecker Wooliams ‘The Bird School of Being Human’

Present The observer in the star house’

Robot Elephant Records/Dense

Cooking Vinyl/V2

A ses heures, Gemma Williams est apicultrice et naturaliste. Elle a aussi travaillé comme auxiliaire soignante dans une maternité et comme serveuse dans un salon de thé. Petit à petit, elle s’est construit un univers musical qui avait été absent de sa jeunesse, sa mère souffrant d’une maladie rare ne tolérant pas l’écoute de sons répétés et aigus. Elle dépense et dispense ses notes en les égrenant, en les écossant avec délicatesse, privilégiant la harpe comme instrument et dieu sait s’il s’agit d’un instrument difficile à jouer. Sa musique hésite entre chansons post-folk et electronica délicate et luxuriante. Sa voix oscille entre tonalités convexes et errances obliques. La comparaison avec Björk n’est pas sans pertinence. Woodpecker Wooliams devra affiner son style et se faire sa personnalité si elle veut prendre ses marques. (et)

Rencontre aléatoire que celle entre The Orb et Lee Scratch Perry. D’un côté, un duo hi-tech ayant redonné à l’électronique un envol historique dans les années 90. De l’autre, un pionnier légendaire jamaïcain septuagénaire ayant laissé son empreinte sur l’histoire du reggae. Alex Paterson et Thomas Fehlmann ont préparé le terrain, posant les fondations de petites structures électro-dub à la fois solides et flexibles sur lesquelles est venue se poser la voix chaude et rocailleuse de Lee Scratch Perry. Enregistrés à Berlin, les morceaux ont bénéficié de soins attentifs et d’une production minutieuse mais aussi de la supervision avisée de Stefan Betke du label Scape, défricheur du genre. Mais là n’est pas l’essentiel. L’important tient dans le fait que cette collaboration ne s’explique et ne se comprend que par les antécédents des protagonistes respectifs. Il faut se souvenir qu’en son temps Perry collabora avec The Slits et The Clash (‘Police & Thieves’ repris ici en est un bon écho). Pour sa part, Fehlmann fut avec son groupe Palais Schaumburg un des fers de lance de la Neue Deutsche Welle du début des années 80. Quant à Paterson, dj créatif globe-trotter, il avait déjà rencontré Perry en 2004 au Mexique et sans doute avait-il alors ourdi l’idée d’une collaboration. Rendant hommage aux classiques du dub (‘Ball of Fire’, ‘H.O.O.’), saluant par un geste discret le canon funk (‘Hold me Upsetter’) ou repiquant Steve Reich (‘Golden Clouds’), ces pièces pour basse et voix inspirées ne laisseront personne indifférent tant elles plaisent autant à l’âme qu’aux jambes. (et)

Zenzile ‘Electric Soul’ Yotanka

musical fourre-tout redéfini au grès des rencontres par son leader Ilhan Ersahin, l’homme qui transforme ses références world et trad en loukoums Budabar pré-emballés à destination des Wall-Marts de la Populaire Culture, celle-là même qu’on labellise PQ. Quand il ne se cache pas derrière son saxophone, l’homme tire les ficelles de son label Nublu, qui est au jazz ce qu’Andrew Blake est au porno chic, lisse et chiant comme la pluie - et dont le nom déjà est tout un programme. Oui, oui, ‘Nublu’ comme ‘nouvelle note bleue’, car le bonhomme a le melon quasi aussi lourd que le potentiomètre. Sur ‘On A Ride’, le turco-suédois essaie de nous vendre l’idée d’un hommage aux racines musicales de l’Amérique. On doit pas avoir les mêmes références. Ou alors, le genre se limite à une ligne de guitare empruntée à Mark Knopfler et passée sous le papier émeri de la pop scintillante généralisée. Aucun poncif ne nous est épargné. (ab)

Wintersleep ‘Hello Hum’ Affairs of the Hear t/V2

On peut les compter sur un doigt, les groupes canadiens originaires de la Nouvelle-Ecosse.

En rotation sur le pouce depuis une décennie, Wintersleep a conquis les onze pointes de la feuille d’érable avec ces précédents albums. En 2007, le groupe s’est même vu auréolé d’un Juno, récompense suprême sur la scène canadienne. Arcade Fire en pause, Wolf Parade en berne, la voie est libre. Le moment semble bien choisi pour s’ouvrir les portes de la reconnaissance internationale. Pour mettre toutes les chances de son côté, Wintersleep soumet ses nouvelles chansons à un double traitement de faveur : Tony Doogan (Belle & Sebastian, Mogwai) et Dave Fridmann (Flaming Lips, MGMT) à la production, c’est l’assurance d’un disque béton. Pourtant, à l’écoute, ‘Hello Hum’ n’est pas le grand album annoncé. Rien à jeter sur ce cinquième essai et, paradoxalement, rien à porter en triomphe. Entre rock torturé et pop épique, la musique de Wintersleep est un sac à malices, une collection de mélodies en trompe-l’œil. Méchamment schizophrènes, les chansons s’avancent d’abord avec pudeur avant de tituber dans un impressionnant déballage mélancolique. Entre calmes et tempêtes, guitares acérées et synthés aériens, on peine à s’accrocher à ces hymnes redoutables, mais totalement instables. (na)

Le dub, c’est comme la tarte au riz, je n’y pense jamais. Jusqu’au moment où quelqu’un m’en fourre sous le nez et me rappelle à son existence. La plupart du temps, le responsable s’est arrêté à la première boulangerie venue et s’est enfui tel un voleur, son forfait moelleux sous le bras. D’autres, plus rares, commettent cet acte étrange que je ne m’explique pas : choisir une bonne tarte au riz, dans une maison de renom. Dans ces cas seulement, qui se comptent sur les doigt d’une main d’un guitariste manouche, je consens à terminer mon morceau, voire même à me resservir. La recette qui nous concerne ici est celle d’une pâtisserie d’Angers, dont les années d’expérience (presque vingt ans, tout de même) ont permis d’affiner les nuances : ni trop sèche, ni trop moussue ; aérée comme il faut, sans coller au palais. Un savoir-faire (prononcez à l’anglaise, s’il-vous-plaît) qui prouve que nos artisans ont été à bonne école (l’espace de quelques bouchées proustiennes, la madeleine Pressure Drop s’immisce dans nos papilles). Bien sûr, cela reste de la tarte au riz. (ab)


beursschouwburg Fr

October

Sa

5

OPENING WEEKEND I Fail Good: Manngold De Cobre (BE), Thunders Of Glamour (BE), Hush Hush (US) & Return Of The Amazons ft. Melissa Logan (Chicks On Speed) & Maral Salmassi (DE)

6

NUIT BLANCHE feat. RELEASE: Onda Sonora & On-point (BE)

10 Jarboe + Mongolito 15 We Shonen Knife (S.H.O.W.) 17 Sa Steve Gunn 20 We Kabul Golf Club (S.H.O.W.) 31 Tu Citizens! 6 We Low Leaf 7 We Skip&Die (S.H.O.W.) 14 Sa Jozef Dumoulin Trio ft. Trevor Dunn & Eric Thielemans 17 We Kenji Minogue (S.H.O.W.) 21 Th Anne Clark 22 We Led Er Est 28 concerts We

Su

intERSECtion Et LEuRS PARtEnAiRES PRéSEntEnt :

06/10/12

14WEEKS + Gaëtan Streel (solo)

Spirit of 66 www.spiritof66.be

Verviers

20/10/12

RISE OF THE NORTHSTAR (F) + Spitdown + Jack’s Songs Fight

L’Escalier www.escaliercafe.be

Liège

26/10/12

LOFOFORA (F) + Smash Hit Combo (F)

Magasin 4 www.magasin4.be

Bruxelles

02/11/12

THE WAOW + 14WEEKS

L’Escalier www.escaliercafe.be

Liège

03/11/12

LA GuERRE dES GAuLES IV : BLACK BOMB A (F) + KomaH + doyle (F) + Exuviated + Castles + Spitdown + God Left Paradise + Our Last dream

Centre Culturel www.cheneeculture.be

Chênée

23/11/12

14WEEKS + THE WAOW + Everplay

Atelier Rock www.atelierrock.be

Huy

08/12/12

RESISTANCE + Tremplin durbuy Rock Festival

L’Escalier www.escaliercafe.be

Liège

14/12/12

AS THEY BuRN (F) + Tremplin durbuy Rock Festival

Magasin 4 www.magasin4.be

Bruxelles

15/12/12

AS THEY BuRN (F) + Tremplin durbuy Rock Festival

Atelier Rock www.atelierrock.be

Huy

21/12/12

BIRdPEN (GB) + 14WEEKS

Centre Culturel www.cheneeculture.be

Chênée

22/12/12

KOMAH + Tremplin durbuy Rock Festival

L’Entrepôt www.entrepotarlon.be

Arlon

COEM (BE) (S.H.O.W.) (US)

(BE)

Rue A.Ortsstraat 20–28 1000 Brussel

(JP)

(US)

(BE)

(UK)

(US)

(NL)

November

«Les Fruits de la Passion» ConCERt PRoMotion ASBL,

(BE)

(UK)

(US)

(BE)


28

lundi 01 octobre

Festival Les Heures Ind 5-6-7 Octobre Caserne Fonck, Liège

Kotzreiz, The Vageenas, The Copy Cats @ L’Os à Moelle, Bxl Cave, Betunizer, Maria Goretti Quartet @ Magasin 4, Bruxelles

mardi 02 octobre August Albert @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Left Lane Cruiser, The Cyborgs @ La Chocolaterie, Bruxelles Françoiz Breut, Tony Melvil Trio @ Aéronef, Lille, Fr

gigs& parties oct 12

mercredi 03 octobre Noa @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Frightened Rabbit @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Gerry McAvoy Band Of Friends @ Spirit Of 66, Verviers Mina Tindle, Sharon Van Etten @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

jeudi 04 octobre

Cold Specks © Jim Anderson Sur son nouvel album, Biolay chante avec Orelsan. On vous en reparlera. En attendant, les organisateurs des Ardentes accueillent carrément le rappeur français du moment. Si on se souvient que cet été, ce sont précisément les grosses artilleries hip-hop qui incendièrent le Festival liégeois (50 Cent, Cypress Hill qui renvoyèrent Morrissey et Manson à leurs ‘L’Ambiance Pour Les Nuls’), on ne peut que se réjouir de leurs choix. Le même soir, vendredi, il y aura aussi le dubstep de Foreign Beggars. Mais, c’est le samedi que le lecteur de Rifraf y trouvera le plus son compte : Tindersticks, Dominique A, V.O., la belle pop synthétique de Lescop et le sens de la formule indie des Husky. Une affiche qui a du chien. Dimanche, la révélation Cold Specks et notre ancien chouchou dandy Burgalat. L’occasion de voir si ‘Toutes Directions’ tient mieux la route sur scène que sur disque. (lg)

Islands 7 Octobre Botanique, Bruxelles Un des disques de l’année s’appelle ‘A Sleep & A Forgetting’. Il est l’œuvre d’un des plus beaux cerveaux pop de ces dix dernières années. Celui, délaissé pour l’occasion, de Nicholas Thorburn (qu’on kiffe tout autant chez les Mister Heavenly). Le résultat de cette rupture sentimentale est une musique mélancolique mais jamais pathétique, un doo-wop frugal et extrêmement ralenti, un bazar qui tire des larmes. Il sera au Witloof Bar. Ça serait cool d’en être. (lg)

Get Well Soon

12 octobre AB Club, Bruxelles 14 octobre Rockhal (club), Lux 2 novembre Le Grand Mix, Tourcoing Projet pop et baroque mené par Konstantin Gropper, Get Well Soon ne joue pas dans la catégorie lo-fi. L’allemand a ouvert la boîte de Pandore et c’est la démesure qui guide ses pas. Un mur du son moderne avec violon, trompette et tout le saintfrusquin, une mégalomanie maniaque, tout est joué avec ce sens de l’emphase typiquement teuton, des montées folles, des descentes vertigineuses, une grandiloquence démentielle. ‘Vexations’ était surtout un putain de disque über-tout.’The Scarlet Beast O’ Seven Head’, son troisième opus, vient juste de nous parvenir (on y revient le mois prochain) mais on vous conseille dores et déjà de ne pas faire les chochottes et d’aller en prendre plein les oreilles . (lg & fd)

Mary Halvorson Trio, Bony Fish @ Recyclart, Bruxelles Skip The Use, The Popopopops @ Botanique, Bruxelles Squarepusher, Machinedrum @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ralph Storm, Ced & Jim, Globul, Spirit Catcher @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Bony King Of Nowhere, Les Géants @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Balimurphy, Too Much & The White Nots @ Atelier210, Bruxelles Halestorm, Heaven’s Basement, Zico Chain @ Trix, Borgerhout Foreign Beggars, Stig Of The Dump, ... @ VK*, Bruxelles Caravan Place @ Rockhal, Esch/Alzette, Luxembourg, rockhal.lu

vendredi 05 octobre Play: Baauer, Brookes Brothers, COEM, Coki, Conform Squad, Cursed P, DJ Cheeba, DJ Format, FCL, Grown So Ugly, Leesa, Machinedrum, Mophito, Mr.Critical, Nightlife Ninja’s, Portformat, Primate, Rene Lavice, Subzee-D, The Herbaliser, Tierkratz, Vuurwerk M-O-D, Hasselt, playfestival.be Les Heures Ind: Orelsan, Foreign Beggars, Joy Wellboy @ Manège de la Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.be Pepper Seed, The Sarah Connors, Dirty Dub @ Atelier210, Bxl Machiavel @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Year Of No Light, thisquietarmy, Hypno5e, Stories From The Lost @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be TMT, The Dead Shrimps @ Taverne du Théâtre, La Louvière Dallas, Kiss & Drive @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Julie & Marcel @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Dr Feelgood @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be I Fail Good: Manngold de Cobre ft Peter Vermeersch, Thunders Of Glamour @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be

samedi 06 octobre Play: Absynthe Minded, Balam Acab, Blaudzun, BRNS, Cashmere, Cleavers, de portables, Douglas Firs, Great Mountain Fire, Jimi Tenor & Kabu Kabu, Joy Wellboy, Kabul Golf Club, Liesa Van der Aa, Mad About Mountains, Nelson Can, New Bleeders, Palmbomen, Pioneers Of Love, Pomrad, Raketkanon, Renée, Soldout, The Computers, The Plumps, Wallace Vanborn @ M-O-D, Hasselt, playfestival.be Les Heures Ind: Dominique A, Tindersticks, Lescop, Husky, V.O; Bernard Haufman, Zorg, JYR @ Manège de la Caserne Fonck, Liège Hurlus Glide Rock 4: Vintage Dinosaur, Weskos, Hepburn, Soni Dsong, Label Rose, Tiruvannamalai, Chateau Brutal, Green Vaughan @ Parking Central de la rue du Christ, Mouscron Concours Circuit Pop Rock éliminatoires: Billions Of Comrades, For 24 Lives, Kenedy’s Bridge, Tervuren, Two Kids On Holiday @ l’Eden, Charleroi, concourscircuit.be Noa Moon, David Bartholomé @ Maison de la Culture, Namur Oathbreaker, These Mountains Are Ghosts @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/tavernedutheatre Will Samson @ Festival Comme à la Maison, Bruxelles Switchblade, Terraformer, Colaris, Grown Below @ Magasin 4, Bxl Rangda, Amen Dunes @ Les Ateliers Claus, Bruxelles Chilly Pom Pom Pee, Dalton Telegramme, The Sidekicks, Salad Bar, Pirato Ketchup, Horson, Inner Waves @ Centre Culturel, Amay Barricada @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Flying Fish Jump @ Forum, Liège Frustration, Komplikations, Tzii, Android 80, Hell Zo, Guerrero @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Kid Koala, Adira Amram And The Expercience; Tommigun, Float Fall @ Botanique, Bruxelles, botanique.be I Fail Good: Hush Hush, Return Of The Amazons ft Melissa Logan & Maral Salmassi, Onda Sonora & On-Point @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be 14Weeks, Gaëtan Streel @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

dimanche 07 octobre Les Heures Ind: Bertrand Burgalat, Cold Specks, Damo Suzuki’s Network & Benjamin Schoo’s Septet, 9 Mars @ Manège de la Caserne Fonck, Liège, lesardentesclub.be Hurlus Glide Rock 4: Karambolage, Eric In Te Kitchen, Horson, Castus, Philaretordre, Schkroot Lala, Jesus Is My Son, Markunkl, Les Club Des Chats, Appaloosa @ Parking Central de la rue du Christ, Mouscron, mj-music.be Professor @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Revenge Of The Rock & Roll Monsters: Peter Pan Speedrock, Karma To Burn, Honky @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Islands; The Magic @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Bullet, ‘77, Screamer @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Flying Fish Jump @ Belga, Bruxelles Killer Ethyl, Crise De Nerf, Shiko Shiko @ Aéronef, Lille, Fr

lundi 08 octobre Scissor Sisters @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Krissy Matthews @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Hidden Orchestra; A Place To Bury Strangers, Rape Blossoms @ Botanique, Bruxelles, botanique.be

mardi 09 octobre Lento, Guns Of Brixton, Utopia:banished @ Magasin 4, Bxl Albert Lee & Hogan’s Heroes @ Spirit Of 66, Verviers Clock Opera @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Filiamotsa @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu The Asteroids @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

mercredi 10 octobre Saxacorda @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Korekyojinn, Ruins Alone, Jooklo Duo @ Magasin 4, Bruxelles The Hundred In The Hands, Swearing At Motorists @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Camille, Simon Dalmais @ Maison Culture, Tournai COEM @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Hong Kong Dong, Polaroid Fiction @ AB, Bruxelles Between The Buried And Me, The Safety Fire, Periphery; Dragonforce, Kissin’ Dynamite @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Fu Manchu@ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Refused @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Mai Lan, June Bug & The Storytellers @ Aéronef, Lille, Fr

jeudi 11 octobre Kraak: Fushitsusha, The Tenses, Humus, Maan @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Ultravox; Monophonics @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Blaudzun, Adrian Crowley; Tyler Ward @ AB, Bruxelles Antilux, Lander, I The Phenix @ Rockerill, Marchienne-au-Pont Jerry Spider Gang, Abstract Artimus, White Fangs @ Water Moulin, Tournai, http://watermoulin.bandcamp.com Hundred Seventy Split @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Hudson; Breton; The Crookes @ Botanique, Bruxelles 7weeks, Dead Of Night @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Kanka, Weeding Dub @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

vendredi 12 octobre Angus Stone; Lucy Rose, C.A.Smith @ Botanique, Bruxelles Overweight, The Priceduifkes, The Octopussy’s @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/tavernedutheatre Hooligan, Subsonic @ On Air Studio, Mons Les Panties @ L’Annexe, La Louvière, centreindigo.org Talibam!, Lyenn & Shelley Hirsch @ Recyclart, Bruxelles Richard Hawley, Smoke Fairies; Get Well Soon, David Lemaitre @ AB, Bruxelles, livenation.be David Celia @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Big One @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dernière Volonté, Solstorm, Mongolito, Neon Noir @ Magasin 4, Bxl Blaudzun, Mad About Mountains @ 4AD, Diksmuide, 4ad.be Fu Manchu @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Flying Fish Jump @ L’ExCale, Liège Les Yeux D’la Téte, Silvo Electric Klub, DJ Pushit @ Caves aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com

samedi 13 octobre Metrydia, Anwynn, Ithilien @ Taverne du Théâtre, La Louvière La Villa Strangiato @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Quintron & Miss Pussucat @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be La Chiva Gantiva; Joshua, @ AB, Bruxelles The Writer’s Bench: Elyas Khan, Anthony Joseph, Enka, Vincent Tholomé et Xavier Dubois, Demosthéne, Armatt, Gea Russel @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Tricycle @ Kuturzentrum Jünglingshaus, Eupen, eupen.be Stereo Grand @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Scabies & James, Love Gang SS ft Laurence & Sandra Alk-aLine, DJ FaBxHell @ Salle Excelsior, Jette, metteko.com Au Palais, Deer Du Bois, JD Samson @ Recyclart, Bruxelles Hamadcha du Maroc @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve Flying Fish Jump @ Salle Columban, Liège Heroes Never Die, Wolves Scream, Essence, Do Or Die, Oathbreaker @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Klub des Loosers, Roger Molls @ Aéronef, Lille, Fr Les Ogres de Barback @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

dimanche 14 octobre Jarboe @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Yowie, Poino, Djevara @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Chris Isaak; araabMUZIK @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Festival Hamadcha: Hamadcha du Maroc @ Magic Mirrors, Bxl Arno @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Get Wel Soon; International Record Fair @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu

lundi 15 octobre Sabaton @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Pokey Lafarge & The South City Three @ Trix, Borgerhout Hamilton Looms @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Mice Parade @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Jarboe, Mongolito @ Beursschouwburg, Bruxelles Team Me @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mardi 16 octobre Tame Impala @ AB, Bruxelles, livenation.be Van She @ Botanique, Bruxelles, botanique.be


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30 Fence + Bed Rugs 18 octobre AB Club, Bruxelles Summer of 99, bourrés de mauvaise sangria, on aurait été mûrs pour beugler tout Pavement ou tout Weezer et les petits gars d’Hasselt faisaient office de chouchous. S’ils nous reviennent nantis d’arrangements plus ciselés qu’à l’époque et d’une justesse plus garantie dans la voix, on distingue encore chez Fence cet humour potache qui nous avait conquis. Fence nous prouve qu’évoluer ne vous fait pas nécessairement disparaître de la scène et que la Flandre a encore de belles heures pop retro à nous offrir. // du mythique Humo’s Rock Rally en 2008, affichant une fulgurance pop psychédélique se déclinant aussi bien sur des compos laidback que sur des titres indéniablement rock, on croise chez Bed Rugs les ombres des Flaming Lips, de Sparklehorse, des Beatles, voire même des Doors. (alr & pf)

Monogrenade 30 octobre Rockhalcafe, Luxembourg Belle surprise : Monogrenade, une des premières claques de l’année rayon francophile, a débarqué de Montréal avec un disque, ‘Tantale’, dont les méandres créent un labyrinthe sonore à la fois audacieux et terriblement accessible. Une folle envie de chatouiller les machines dissimulée dans un cheval de Troie prêt à en découdre sur la piste de danse. Une partition folktronica pour quatuor à cordes. Un Tunng qui taperait le bœuf avec Malajube. Cerise sur le gâteau : l’entrée est gratuite! (lg)

I Love Techno 10 novembre Flanders Expo, Gent

Boys Noize Tout ce qui brille et qui cogne a pour habitude de se retrouver chaque année dans l’ambiance chaleureuse du Flanders Expo de Gent. Mais à quoi bon décorer puisque même les banquises du Grand Nord cèderaient sous la pression populaire d’I Love Techno. De l’élitisme ? Certainement pas, mais de l’efficace à tous les étages, ou plutôt dans tous les espaces. Sachez que chaque millimètre carré y est rentabilisé par l’organisation, choisissez alors votre Room parmi les 5 proposées et restez-y ! Des inamovibles : Dave Clarke, Vitalic, Boys Noize. Etonnants mais incontournables : Jamie XX, Major Lazer. Les inévitables: Rudimental, Nero, Benga et ce genre de crasses. Et puis il y a Netsky qui, en plus d’être un local cumule pratiquement toutes ces catégories. La formule 2012, comme le veut l’époque, prévoyant des « flight and sleep package », attendez vous à vous lier d’amitié avec du Bataves, du Roastbeefs et bien plus exotique encore. Attention, en dessous de 16 ans, vous restez à la porte. 56 euros sans traitement de faveur, 96 pour être VIP et éviter les files à l’entrée. www.ilovetechno.be (dark)

Y& T @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Of Mice & Men, Memphis May Fire, Secrets @ Magasin 4, Bxl

mercredi 17 octobre Susanna Wallumrod @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Slash @ AB, Bruxelles, livenation.be Flying Fish Jump, @ Potemkine, Bruxelles Shonen Knife @ Beursschouwburg, Bruxelles Architects, While She Sleeps, Heights @ Trix, Borgerhout Peter Hammill @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Summer Rebellion, Fla$$h @ Caves aux Poètes, Roubaix, Fr

jeudi 18 octobre Overkill @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Radiohead @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Kickback, Rise And Fall, Blind To Faith @ Magasin 4, Bruxelles Tyga, Nicki Minaj @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Teengirl Fantasy @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Tomorrow We Sail, Shade Of The Sun @ Tipi, Liège Ethan Fawkes, K-Beiret, Tzii, Johnny Guerrero @ Rockerill, Marchienne-au-Pont, rockerill.com Fence, Bed Rugs @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Archive @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Hudson Mohawke, Doctor P, Tiga & Martyn, Kid Koala, Brown & Gammon, The Subs, Lone,... @ Aéronef & Tripostal, Lille, Fr

vendredi 19 octobre Supernaut, Crumble Pistoo’s @ Taverne du Théâtre, La Louvière Teitur @ Botanique, Bruxelles, botanique.be We Came As Romans, Blessthefall, For The Fallen Dreams, Obey The Brave, At The Skylines, The Browning, At Dawn We Rage; Young Guns, Your Demise @ Trix, Borgerhout, trixonline.be The Vaccines, Zulu Winter; How To Dress Well, Title @ AB, Bxl Pat McManus @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dope Body, Flipo Manchini, schoolbusdriver, Interesting Television Programs, DJ Toilet Desk, DJ Kool Strings @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Olivier Depardon, Hot Men Stuckie @ Le Palais, Arlon Leftorium: Robag Wruhme, Geoffroy Mugwump, Prince Off, T.Raumschmiere, DJ soFa @ Bazaar, Bruxelles, leftorium.be Daily Vacation @ Carré Rotondes, Luxembourg, Lu, rotondes.lu Boys Noize, Para One, Rustie, Spank Rock, MayaJane Coles, Maelstrom, Joris Delacroix, Logo @ Aéronef & Tripostal, Lille, Fr Julia Stone, Paul Thomas Saunders Le Grand Mix, Tourcoing, Fr Maïa Vidal, Mai Lan, Rebecca Mayes @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr

samedi 20 octobre Quasimorock: Champagne Champagne ft DJ Gajamagic, Sir Thomas Gray, Pearl Dragon; BRNS, DJ’s Quasimorock Dreamteam @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Popa Chubby @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Olivier Depardon @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Worship, Faal, Cruciamentum, Indesinence, Monads, eibon @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Surge Of Fury, Reborn To Conquer, Ablaze, Facewreck @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/tavernedutheatre Sabotage, DJ The Great Macarra @ Zebra Bar, Bruxelles Steve Gunn @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Rise Of The Northstar, Spitdown, Jack’s Song Fight @ L’Escalier, Liège, escaliercafe.be Animals As Leaders, Tesseract @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Crippled Black Phoenix @ Le Palais, Arlon, entrepotarlon.be Les Slugs @ L’Os à Moelle, Bruxelles, aredje.net David Krakauer & Klezmik Zirkus, Boris Viande @ Recyclart, Bxl Chuck Ragan, Jay Malinowski, Cory Branan, Rocky Votolato, Emily Barker @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Dirty Projectors, Callers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Katie Melua @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Gerpinnes Jack Flash @ Coliseum, Charleroi, coliseum.be Sebastien Tellier, Agoria presents Forms, Breakbot, Erol Alkan, Riton, Aeroplane, Daniel Avery, Get A Room @ Aéronef & Tripostal, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Hacride, Klone, Trepalium @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr BATpointG, Horla Patrie @ Caves aux Poètes, Roubaix, Fr

dimanche 21 octobre Popa Chubby @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be We Are Augustines @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Gaslight Anthem, Blood Red Shoes @ AB, Bruxelles Tuur Florizoone & Didier Laloy @ La Palace, La Louvière, ccrc.be Doomsday Student, Siamese Queens @ Les Ateliers Claus, Bxl ...And You Will Know Us By The Trail Of Dead @ Trix, Borgerhout Brain Police, Green Leaf, The Graviators @ Magasin4, Bruxelles Cannibales & Vahinés @ Water Moulin, Tournai Kris @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu John Cale @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

lundi 22 octobre The Souljazz Orchestra, The Dynamites ft Charles Walker @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Trivium, As I Lay Dying, Caliban, Upon A Burning Body @ AB, Bxl Scott H Biram, Goudrona Superstar, Gipsy Rufina @ Magasin4, Bxl Gianluca Grignani @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Allan Holdsworth, Virgil Donati, Anthony Crawford @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Crybaby @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Serj Tankian @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

mardi 22 octobre Steve Miller Band @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Zechs Marquise, Moon Duo, Carlton Melton, Mugstar; Down @ Trix, Borgerhout, trixonline.be

Mamiffer, Menace Ruine, Grime @ Magasin4, Bruxelles Carlton Melton, Moon Duo @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Françoiz Breut @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Blood Red Shoes @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

mercredi 24 octobre Pluto Festival: Mirrohead, Syndrome, Ynoji, Kangding Ray @ Nijdrop, Opwijk, pluto-festival.be Oxbow Orchestra @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Jefferson Starship @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Brit Floyd @ Koningin Elisabethzaal, Antwerpen, livenation.be Glen Hansard, Lisa Hannigan @ Cirque Royal, Bruxelles Demob, The U’lers, Chickfight @ On Air Studio, Mons La Grande Sophie @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Carmen Maria Vega, Buridane @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

jeudi 25 octobre Pluto Festival: Video Jack, Lichtraum, For Greater Good, Architect, Sonar @ Nijdrop, Opwijk, pluto-festival.be Duflan Duflan, Globul vs Barako Bahamas @ Rockerill, Marchienne-au-Pont Thomas Nolf, Habeas Corpus, Carlo Amen @ Recyclart, Bxl The Cesarians, Serious Kids @ Magasin4, Bruxelles Soledad @ Ferme du Biéreau, Louvain-La-Neuve Buddy Whittington @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Antoine Hénaut @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Danko Jones, Bombus @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Demob, The U’lers, Chickfight @ Péniche Inside Out, Liège Great Mountain Fire, Caandides @ Caves aux Poètes, Roubaix, Fr August Burns Red @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

vendredi 26 octobre Pluto Festival: Lait², Alo Allik, Pleq And Jago, Pomrad, DOSF, Radical G, Drums Of Death @ Nijdrop, Opwijk, pluto-festival.be Musikadonf: Scottland, Lafoufoura, In Utero, Les Deg’n’Roses @ le Pacbo, Orchies, le-pacboo.fr Saladbar, Ex-Toys, Teddy Beer, Isola, Sophie Galet, Chilly Pom Pom Pee, Mademoiselle 19, The Mash @ + 27/10 Atelier Rock, Huy Roscoe, Rover; Unison @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sgt Peppers Only Dart Board Band @ Spirit Of 66, Verviers Patrick Watson @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Michael Chapman, Dean McPhee @ Les Ateliers Claus, Bruxelles The Aggrolites, PO Box, Average Joe’s @ Le Palais, Arlon T.C.M.F.H., Stand For Truth @ Taverne du Théâtre, La Louvière Dr Feelgood, Twin Sisters @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr Lofofora, Smash Hit Combo @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Hint, Tuffist, Cherub, Catkin, VK @ Recyclart, Bruxelles Fuck Art, Let’s Dance @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Soap & Skin Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com

samedi 27 octobre Pluto Festival: π Is A Lie, Stuff, DAXX, Psy›Aviah, Walls, Incite, Hecq, Mason @ Nijdrop, Opwijk, pluto-festival.be Demi-Finale Concours Circuit Eleqtronique: Miss Tetanos, Sri.fa ft Stephen O’Maltine @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Musikadonf: The Aggrolites, Toybloïd, Sticky Boys, Chateau Brutal @ le Pacbo, Orchies, le-pacboo.fr Festival Surf-A-Gogo: Pirato Ketchup, Pozor Vlak, The Space Agency, Daikaiju @ La Zone, Liège, http://clepak.tumblr.com Purpendicular @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be N’Faly Kouyate @ Maison de la Culture, Namur Runderground, Rape Blossoms @ Belvédère, Namur Wedingoth, Azylya, The 1984 @ Taverne du Théâtre, La Louvière Pussy Riot Band Aid: Max Malone, An Orange Car, Crashed..., Noisy Decade, The Way Days, Summerslam, Waiting For Lilly, Ariane’s Euphoria @ Le Palais, Arlon, entrepotarlon.be Demob, Chickfight, Tortuga Boulevard @ Passage Oublié, Florennes Roman Lob @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Absynthe Minded, Julien Ribot @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr Down @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

dimanche 28 octobre Demob, The U’lers, Chickfight @ L’Os à Moëlle, Bruxelles Zeni Geva, Goudron @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be August Burns Red, The Devil Wears Prada, Whitechapel @ AB, Bxl Caravan @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Brit Floyd @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Bob Geldof @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

lundi 29 octobre Maxïmo Park @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Skoal Kodiak, My Disco @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Julia Stone, Paul Thomas Saunders @ AB, Bruxelles Aristocrats ft Guthrie Govan @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Jeff Loomis, Vildhjarta, Monuments, Stealing Axion @ Trix, Borgerhout Raul Midon, DJ Caroll @ Aéronef, Lille, Fr

mardi 30 octobre The Tallest Man On Earth, Dan Haywood’s New Hawks @ AB, Bxl Stacie Collins @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Juanes @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Monogrenade @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mercredi 31 octobre Neal Black, Janet Martin @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Monogrenade @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Six Organs Of Admittance @ Trix, Borgerhout, trixonline.be Kabul Golf Club @ Beursschouwburg, Bruxelles, stoemplive.be Patrick Wolf; Lucas Santtana @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hell-O-Tiki, Tequila Savate, The Tramps @ Le Palais, Arlon Fanfare du Belgistan, DJ Sofa @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be The Tallest Man On Earth @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu



BALTHAZAR ‘‘RATS’

RELEASE 15.10

LONG AWAITED AND BRILLIANT FOLLOW UP TO BALTHAZAR’S DEBUT ALBUM ‘APPLAUSE’. ‘RATS’ DIGS DEEPER, SOUNDS FUNKIER, GROOVES SEXIER AND HITS HARDER!

DINOSAUR JR ‘I BET ON SKY’

OUT NOW !

RECOGNIZABLE FROM THE FIRST NOTES, ‘I BET ON SKY’, THE THIRD ALBUM SINCE THE ORIGINAL TRIO – J. MASCIS, LOU BARLOW AND MURPH – REFORMED IN 2005, IS CLASSIC DINOSAUR JR. A HEAD-BOBBING RIFF-ROMANCE FUELED WITH DELICIOUS MELANCHOLIC MELODY!

ARNO ‘‘FUTURE VINTAGE’

OUT NOW !

LE NOUVEAU ARNO EST ARRIVÉ! TOGETHER WITH LONGTIME PARTNER SERGE FEYS AND LEGENDARY PRODUCER JOHN PARISH (PJ HARVEY, SPARKLEHORSE) ARNO DUG DEEP INTO HIS PAST TO COME UP WITH SOMETHING NEW. RAW, ANGRY AND AT TIMES MELANCHOLIC INDUSTRIAL BLUES, THE SOUND OF TC MATIC IN 2013, FUTURE VINTAGE !

BLACK BOX REVELATION ‘SWEET AS CINNAMON’

OUT NOW !

NEW 4 TRACK EP BY BLACK BOX REVELATION! INCL. THE NEW SINGLE ‘SWEET AS CINNAMON’, THE RAW ACOUSTIC ‘GOOD SWIMMER’, THE US ONLY SINGLE ‘SHIVER OF JOY’ AND THE LIVE FAVORITE ,PSYCHEDELIC ROCKER ‘MY GIRL’. ONLY AVAILABLE AS LIMITED COMBO PACK WITH ‘MY PERCEPTION’ DELUXE PACK AT REDUCED PRICE!

TWO GALLANTS ‘‘THE THE BLOOM AND THE BLIGHT’ BLIGHT

OUT NOW !

THIS ALBUM MOVES AWAY FROM TWO GALLANTS’ MORE FOLK AND BLUES-BASED PAST, REPRESENTING THE DUO’S FEROCIOUS LIVE SHOW AND THEIR PAST STEEPED IN PUNK AND GRUNGE. IT IS THE WORK OF A BAND THAT HAS MATURED AND REDEFINED ITSELF, AND THE ALBUM IS IMBUED WITH A PALPABLE SENSE OF PERSONAL CATHARSIS.

ZORNIK ‘LESS>MORE’

RELEASE 8.10

A FULL DECADE AFTER THEIR DEBUT RECORD, ZORNIK IS BACK WITH THEIR MOST SURPRISING ALBUM YET. THEIR WELL-KNOWN GUITAR-HEAVY ROCK SOUND HAS BEEN REPLACED BY A MORE INTROVERTED STYLE OF SONGWRITING AND PLAYING. TOUCHES OF AMERICANA SHARE THE STAGE WITH NEW INSTRUMENTS LIKE MELODICA, MANDOLIN, ACCORDION AND LOTS OF KEYS IN THE FORM OF THE PIANO, HAMMOND AND RHODES ORGANS. LESS IS MOST DEFINITELY GREATER THAN MORE!

TWO FINGERS (AMON TOBIN) ‘STUNT STUNT RHYTHMS’ RHYTHMS

OUT NOW !

IF YOU IMAGINE MANTRONIX AS A KENWORTH K100 TRUCK, TWO FINGERS IS WHAT HAPPENS WHEN THE TRUCK TURNS INTO OPTIMUS PRIME. UNCOMPROMISING, MUSCULAR AND POWERFUL, THE MUSIC OF TWO FINGERS IS ALSO FULL OF SUBTLE TOUCHES, HUMOUR AND A SUPPLE SENSE OF RHYTHM. WHICH, WHEN YOU THINK ABOUT IT, IS JUST SHOWING OFF. AMON TOBIN MARCHES TO NO ONE’S BEAT BUT HIS OWN.

FINK ‘WHEELS TURN BENEATH MY FEET’

OUT NOW !

FINK RELEASES THE BAND’S MUCH ANTICIPATED DEBUT LIVE ALBUM, DOCUMENTING THE MAMMOTH PERFECT DARKNESS TOUR. COMPOSED OF 13 PREVIOUSLY UNRELEASED LIVE RECORDINGS FROM EUROPEAN CITIES AS VARIED AS PARIS, AMSTERDAM, PRAGUE, VIENNA AND LONDON, IT FEATURES A HARDBOUND BOOK WITH A TREASURE-TROVE OF LIVE PHOTOGRAPHY BY ACCLAIMED DUTCH PHOTOGRAPHERS TOMMY N LANCE.

FREDDIE MERCURY ‘THE GREAT PRETENDER PRETENDER’

OUT NOW !

FREDDIE MERCURY WAS ONE OF THE MOST CHARISMATIC, COMPLEX AND FASCINATING CHARACTERS IN BRITISH ROCK MUSIC. THIS NEW FILM FOCUSES ON THE QUEEN FRONT MAN AND THE SOLO PROJECTS HE WORKED ON. USING EXTENSIVE ARCHIVE FOOTAGE OF INTERVIEWS WITH FREDDIE MERCURY, CONCERTS, VIDEO SHOOTS AND PERSONAL MATERIAL, MUCH OF IT PREVIOUSLY UNSEEN, ALONG WITH NEW INTERVIEWS WITH FRIENDS AND COLLEAGUES, A PORTRAIT EMERGES OF A MAN WHO WAS VERY DIFFERENT TO HIS FLAMBOYANT ONSTAGE PUBLIC PERSONA.

SOMETHING FROM NOTHING ‘THE ART OF RAP’ RAP

RELEASE 8.10

CREATED AND DIRECTED BY RAP LEGEND, ICE T, SOMETHING FROM NOTHING: THE ART OF RAP TAKES A UNIQUE LOOK AT THE INFLUENTIAL MUSIC FORM AND HOW IT HAS DEVELOPED OVER THE LAST 30 YEARS INTO THE EXPRESSIVE ART FORM AND POSITIVE SOCIAL AND CULTURAL FORCE IT NOW IS. VISUALLY LUSCIOUS AND DRENCHED WITH THE BIG BEATS OF CLASSIC CUTS AND FREESTYLE RHYMING, THIS FILM FEATURES AFRIKA BAMBAATAA, EMINEM, NAS, MOS DEF, KANYE WEST, CHUCK D, KRS-ONE, SNOOP DOGG, RUN-DMC AND ICE CUBE.

30 years of [PIAS] 1982-2012

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