MGMT © Danny Clinch
Ses lèvres se sont mises à bouger mais pas un son n’est sorti, les mots étaient comme empêchés... J’ai oublié de vous dire combien il m’a semblé judicieux d’introduire au sein du RifRaf la rubrique Cosy Corner (il convient de tourner la page avec ses petits bras musclés, gare à la luxation de l’épaule); dont la barre fut respectivement tenue par un théoricien du droit adepte des belles lettres et des anges du porno, envisagée ensuite depuis la caverne d’un philosophe, aujourd’hui auscultée par un binôme de psychiatres. Il est question, dans ce geste, d’introduire un peu de transversalité. Et dans les balancements de ce rockingchair, depuis la salle d’attente, ce sont toutes les autres pages du RifRaf qui tanguent de concert, s’engouffrant dans la brèche, la fracture, comme si nous étions sommés de dire combien l’écriture du geste artistique, cette pratique de l’écoute, du regard, autant qu’elle tend à circonscrire ce qui touche, peut, dans le meilleur des cas traverser. Et ces femmes et ces hommes écrivant se livrent beaucoup... aussi convient-il de leur donner en retour les coudées franches, d’encourager à, oser l’esquisse, osez les Joséphines. Il y a là bien des langues qui se donnent à lire. C’est s’engager pour sa propre vérité, une résistance à l’effacement, c’est donner à entendre plusieurs rêves à la fois. Cela revient à traquer les masques de la figure humaine solitaire, en proie à l’insatiable appétit de minutes pleines, en tête à tête avec son lecteur, autant dire elle-même, dans un temps suspendu d’immobilité, où elle serait alors susceptible d’étirer son bras vers l’autre. Pour qu’exulte et transpire cette langue du passeur, nous tendons - du moins nos hisse et ho nous y exhortent avec opiniâtreté - à chaque colonne, dans ces espaces gagnés sur la précarité ambiante du verbe et de la liberté de (se) dire, des embuscades où se livrent en petits caractères d’épiques combats intimes à coups de minuscules. C’est écrit en grand avant le concert de My Bloody Valentine à l’Ancienne Belgique : “The promoters have enforced Belgian law because they are afraid of the Belgian authorites. mbv would like to tell you this is the only country to date wich has enforced such an unintelligent law.” De fait, la loi flamande limite désormais le volume à 100 décibels, c’est pour votre santé braves gens, mangez-en! Finis les bouchons d’oreille, adieu les acouphènes durant trois jours. Du reste, en sourdine, le concert en devient pour partie inintelligible: tandis que le groupe, concentré, ne peut se battre à fer émoulu, il mouline un déca dont les arômes nimbent l’étouffante chaleur de la salle et c’est tout le ban et l’arrière-ban qui docilement communie comme à confesse, la messe est basse, you made me realize... Sur l’écran géant fresques tachistes, zébrures alla Rothko, crobards façon Tàpies rappellent que lorsqu’il se diffuse dense, le brouillard de My Bloody Valentine, gorgé de sa toute puissance sonore, est épris d’espace et de vélocité. Ce soir, ça coince et la Belgique est ce pays minuscule. J’aime autant de t’ouvrir les yeux: “ - C’est normal, une fois qu’on est arrivé au stade où on est arrivé, au sommet de la pyramide sociale disons, qu’est-ce que tu veux qui nous impressionne encore? - Rien à part un beau chapeau! » ^^
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Beaucoup plus criardes sont les couleurs flashy où dégorge le ‘Spring Breakers’ d’Harmony Korine: quatre poupées braqueuses y dévalisent un fast-food pour se payer leurs vacances de rêve en Floride avant de tomber sous la coupe d’un gangsta lova. Dans le coltard, épouser l’écoeurement d’MTV, y plonger tête la première entre les culs, ne plus jamais en sortir. Se noyer dans l’apparat du falbala, des minishorts, des balades en scooter dont on ne sait plus après coup si elles ont surgi de publicités pour un smartphone ou d’un panégyrique pour un soda. Sur la piste d’auto-tamponneuses, la sono à fond, la pulsion cocaïnomane reviendrait à faire un décalcomanie outrancier de l’hystérie de l’époque pour s’y noyer un sourire aux lèvres. Pour les collectionneurs de petites culottes, la tentation sera grande d’y voir une célébration post-moderne à la Jefff Koons; une ode à la Christo, avec un emballage cadeau même si c’est pour manger tout de suite! On peut aussi y voir un tout petit théâtre de toons, un shot de Big Brother avant de s’achever le temps de cerveau devant les late shows de Jacques Essebag. Si le malaise pubard qui enrobe le film doit renvoyer à la gêne des premiers bouquins de Bret Easton Ellis alors l’avenir dira si sous la chrysalide fluo et ses airs goguenards de chantre du no future cherche à éclore un formaliste anxiogène. Viens ma chérie, prends une dernière bouffée puis fuyons en Vespa direction l’Italique. Appuie où ça fait mal, mon coeur, abandonne-toi, appuie sur la détente. Rayon déboîtement (on vous avait dit d’y aller mollo en tournant les pages!), la mue d’MGMT est favorisée par une grande élasticité des ligaments. A moins que ce ne soit une instabilité auriculaire chronique? « La chanson ‘Mystery Disease’ parle d’un changement soudain. Lorsque le corps est atteint par un microbe ou une force extérieure qui modifie son fonctionnement. Le morceau évoque surtout l’incompréhension qui accompagne la maladie : on sait que quelque chose ne va pas, mais sans parvenir à comprendre pourquoi. » Pour décrire les douleurs localisées, la clavicule remonte en touche de piano - ce sera nettement moins audible à la radio. La déformation? Une asymétrie des articulations et du langage, fourmillement, perte de sensibilité, sensation de décharge électrique. Loin des explosions de couleurs et de l’euphorie adolescente de son premier essai, MGMT ouvre les yeux sur un monde en mutation. L’écoute d’’MGMT’, l’album, se fera sous prescription médicale pour tous les grands malades qui ont toujours un tube d’Of Montréal et une boîte de Flaming Lips sur la table de nuit. Si on vous souhaite bonne chance pour déchiffrer le paraphe du mage BonRêve, vous ne pourrez pas vous tromper sur l’emballage, le nom du produit est écrit dessus EN MAJUSCULES. Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire Un disque: ‘MGMT’, MGMT (Columbia, Sony) Un film: ‘Spring Breakers’, Harmony Korine Un fantôme : mbv Un canard : JAADTOLY, ‘Les Chapeaux’, Jannin & Liberski
année 19 • octobre 2013
Colofon www.rifraf.be Année 19 nr. 194 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf nov sort le 24 oct rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be
insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 09 oct Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 15 oct
collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... Dessins : Issara Chitdara
Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse
“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”
Texte : Fabrice Vanoverberg
Texte : Eric Therer
Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une
cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.
Inquiet de voir Blankenberge englouti par la montée des eaux ? Bruce Gilbert and BAW également, mais eux ont l’extrême chic de traduire leurs angoisses en des soundscapes qui, plus que de la gueule, ont une véritable identité sonore. Qu’il soit flippant, telle une menace imminente, ou faussement calme, et c’est pour mieux appréhender l’orage qui gronde, leur ‘Diluvial’ (Touch) navigue en eaux agitées, tout en mêlant adroitement aux compositions électroniques des field recordings d’une pureté tellement absolue qu’elle ne peut se retrouver que sur le label anglais. Ca tombe bien, c’est là qu’on les déguste, ciré jaune luisant et bottes en caoutchouc de sept lieues. ★ ★ ★ Quand on se promène au bord de l’eau, comme tout est beau, dixit Jean Gabin, qui avait omis d’y mentionner les chants des oiseaux et les embruns iodés. Qu’à cela ne tienne, plus d’un demi-siècle plus tard, le magnifique Chris Watson démontre une nouvelle fois qu’il est le maître des field recordings, ici captés sur l’île de Lindisfarne (alias Holy Island), tout au nord de l’Angleterre. Lieu de vie au 7ème siècle d’un moine anglo-saxon qui donne à ce ‘In St Cuthbert’s Time’ (Touch) son titre, l’endroit se prête magnifiquement aux explorations naturalistes de Watson, tant sa biodiversité est rendue avec une précision sonore des plus stupéfiantes. Le résultat est d’autant plus magique qu’on imagine aisément le nombre d’heures passées à capter la sauvagerie marine des lieux, quatre saisons durant svp, c’était pour mieux en retirer une moelle des plus substantielles, échelonnée sur quatre titres (un par saison) d’une quinzaine de minutes chacun. Hip hip hip Watson. ★ ★ ★ Pour la petite histoire, et toujours chez Touch, Geir Janssen, alias Mr Biosphere, a bien du mal à captiver avec les sons du ‘Stromboli’. Captés à proximité du volcan sicilien, les grondements du magma sont à l’opposé de la vision fascinante qu’une lave en fusion peut susciter et, passé le cap des trois minutes, on tourne désespérément en rond. ★ ★ ★ Militant passionné de la scène électronica, Yannick Franck trouve en Craig Hilton un partenaire au niveau de ses habituelles et variées collaborations. Premier effort de la paire belgoaméricaine, ‘Flowers For L.P.’ (Idiosyncratics) débute sur des atmosphères menaçantes, elles se rapprochent d’un Marsen Jules métamorphosant Svarte Greiner, avant de glisser lentement vers une esplanade post-métallique où règnent les fantômes de Jefre Cantu-Ledesma ou Gilles Aubry. Chemin faisant, le ton s’évapore, on rêve du fantôme de Geneviève ‘Menace Ruine’ Beaulieu qui viendrait poser sa voix d’outre-tombe, avant qu’un tourbillon post-industriel n’emporte un fantôme de Stephan Mathieu. Corsée, l’affaire. ★ ★ ★ Légende des percussions dont les fréquentations vont de John Zorn à Stephen O’Malley, Z’EV trouve en le duo polonais Hati des subtils complices en hauteur de vue – même si tout n’est pas essentiel sur leur ‘Collusion’ (Idiosyncratics). Habitués des instruments récoltés aux quatre coins du monde, Rafal Iwanski et Dariusz Wojtas peinent même parfois à se démarquer de l’ombre castratrice du Californien, chez qui on préfèrera le formidable ‘Rubhitbangklanghear Rubhitbangklangear’ aux côtés de Charlemagne Palestine. ★ ★ ★ Les clichés ont la vie dure et dans la série, les ‘Interstices’ (12K) du duo Illuha occupent une place de choix. Non que Tomoyoshi Date et Corey Fuller soient des artisans du nimportenawak qui endort, juste que leur approche tranquillou d’une certaine plénitude zen finit par tellement convaincre de son innocuité qu’on a une fichue envie de se mettre au taekwondo, voire au doom métal, d’autant que les trois tracks sont du style la vingtaine de minutes. * ★ ★ ★ Disciple de Robert Normandeau, et ça veut dire beaucoup au fan d’électroacoustique, Martin Bédard et ses ‘Topographies’ (empreintesDIGITALes) explorent un sentier certes couru depuis Iannis Xenakis, mais qui a la bonne idée de s’éloigner de l’objectif initial. Hormis un début qui évoque d’un peu trop près le souvenir du compositeur franco-grec, l’artiste québécois rend sur ses cinq pièces honneur au titre de l’album. Oubliant toute forme de monotonie assommante, Bédard multiplie les contrastes et les contre-champs, quitte à donner le vertige au milieu de la tempête. Et si parfois, on ne sait plus trop si l’on préfère la pluie eu beau temps, on y trouve toujours de quoi satisfaire une curiosité sonore de tous les instants. ★ ★ ★ A lire le nom du label Oka, hébergeur du récent et fabuleux ‘Présence Acousmatique’ du Marsen Jules Trio, on se prend à rêver d’une seconde merveille, en (demi-)vain. Prises hors de tout contexte de la musique ambient, les ‘Rollin Ballads’ de Gastón Arévalo explorent à elles seules toutes les rêveries brumeuses du genre, d’autant plus que le travail sonore du musicien uruguayen est d’une remarquable limpidité, empreinte d’une clarté électronique digne des meilleurs. Dont Christian Fennesz qui, s’il n’avait pas existé, aurait valu à Arévalo un statut mythique, impossible à atteindre une bonne décennie après ‘Hotel Paral.lel’ ou ‘Endless Summer’. ★ ★ ★ Bien sûr, la notion même d’artiste conceptuelle peut effrayer, tant le risque d’hermétisme est grand. Heureusement, dans le cas de Marina Rosenfeld et de son ‘P.A. / Hard Love’ (Room40), la case accessibilité n’a pas oubliée d’être cochée, notamment grâce à la présence de la vocaliste Annette Henry, alias Warrior Queen. Posé sur les field recordings de l’électroacousticienne new-yorkaise, dont les éléments urbains captés au lointain font un très bienvenu écho, l’organe vocal de la reine guerrière forme un contrepoint aussi bienvenu que retentissant. Sans jamais pousser le bouchon dans la vulgarité, elle déploie des tentations spoken word – qui, parfois, versent dans un dancehall arty – qu’on aimerait retrouver au plus vite, seule ou accompagnée.
Rockerill, Charleroi
La route de Mons traverse Marchienne comme une dorsale parfaitement rectiligne. Cette longue chaussée borgne comporte en son sein un tronçon curieusement dénommé rue de la Providence au pied de laquelle se dressent les bâtiments industriels d’une ancienne forge. Ses murs sont encrassés de scories et ses vues demeurent figées dans une opacité dépolie par les âges et les fumées chargées en particules lourdes. Le chemin de fer se déroule en face et barre toute tentative de regarder au loin. On pourrait se croire à Pittsburgh ou à Seraing, on se trouve juste dans la périphérie immédiate de Charleroi. Il est rapporté que Les Forges de la Providence furent fondées peu après l’indépendance de la Belgique par un industriel belge au nom prédestiné, Ferdinand Puissant d’Agimont, et par un ingénieur britannique tandis qu’elles demeurèrent des décennies durant le complexe métallurgique le plus important du bassin de Charleroi. Aujourd’hui en partie réhabilités grâce à la vision et au travail acharné d’une petite équipe de passionnés constituée en ASBL, les lieux tentent de revivre et de se trouver une autre vocation, culturelle et artistique. En quelques années à peine, Rockerill est devenu une des places fortes de la cité hennuyère. L’emplacement tient sur près de 4000 mètres carrés et comporte quatre salles dont une destinée à la programmation récurrente de concerts et de dj sets. Ce soir, on est venu voir et entendre le duo new-yorkais Talibam!, tête d’affiche d’une soirée de fin d’été peu avant la rentrée, insérée dans le cadre des fameux ‘apéros industriels’ du jeudi. C’est un vendeur de hot dogs réputés authentiquement américains qui accueille le public sur le trottoir. Pour 2,50 euros€, vous pourriez presque prétendre à casser la croûte sur Broadway tant le goût des oignons frits collant à la Frankfort le fait. Les dj’s Fractional et l’équipe du MNOAD ont ouvert le bal, on apprécie chez ces derniers leur approche historique, comme si cela faisait sens d’écouter dans les murs de cette ancienne usine un vieux Cabaret Voltaire extrudé de l’époque dite industrielle du rock anglais. Talibam! monte sur scène sans façon et sans crier gare. Il n’y a ni salutation, ni présentation. L’assaut est rapide, l’accroche immédiate. Kevin Shea et Matt Mottel trépident et trépignent, jouant des trépans à la façon de tripodes. Ca tonne. Ca détone. Ca détonne. On voudrait rester accoudé au bar, voir venir de loin en large, avec retenue, mais quelque chose d’irrésistible nous pousse vers le devant, l’envie de battre le pied, hocher la tête, dessiller, décocher. La scène fait corps avec le parterre, les musiciens avec leur audience. Après le concert, on se décide à faire l’acquisition d’un vinyle 45 tours posé à même une table bancale de bar qui fait office de stand de merchandising. Sa pochette est maculée de bière et de sueur. On ressent le sentiment humble de mettre la main sur un artéfact précieux, une sorte de témoignage immédiat de ce qu’on vient de vivre. Sur le mur, un écriteau rappelle les consignes de sécurité aux machinistes. Leurs fantômes habitent les lieux. Leur sueur s’est depuis longtemps disséminée dans les entrailles du sol battu que recouvre à présent un lit de cailloux. Un peu de celle des Talibam! s’y est désormais mêlée. Au Rockerill, il n’existe ni caméra de surveillance, ni chauffage central et les sanitaires, élémentaires, se trouvent au fond d’un sas noir. Au Rockerill, il y règne une atmosphère qui tient à la fois du labeur et de la nécessaire révolte qu’il engendre. Si le rock a encore un sens, c’est peut-être bien dans un lieu comme celui-ci qu’il faut le fouiller. Un lien : www.rockerill.com
Texte : Le Dark Chips
Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, leDark Chips. Sans relache, il avait tapé sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Libéré, il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.
‘Borderland’ , c’est comme une piscine de jardin, au bout de dix minutes, on s’y fait chier à mort. En d’autres termes, Juan Atkins & Moritz Von Oswald, pourtant des pontes, tiennent le rythme 10 minutes : exactement le temps d’une seule plage. C’est moche. ★ ★ ★ L’Acid House avait cela de magique que, dans les 90’s, elle s’inscrivait dans son temps, son époque. Produire de nos jours ce son si cher à l’âge d’or de Chicago pourrait alors relever du défi suicidaire (ou d’une sexualité déviante) autant que de l’acharnement thérapeutique. Et c’est pourtant à grands coups de respirateurs artificiels que Snuff Crew sévit stérilement, tapi dans l’ombre de l’anonymat. ‘Behind The Masks’, c’est un peu facile… Va t’cacher ! ★ ★ ★ De première confession, Axel Willner confiait sa peur à la page blanche...Et d’admettre que The Field n’était pas de ceux qui accouchent sur demande. Et pourtant, ‘Cupid’s Head’ fait image de fruit de l’amour entre le trou d’inspiration et l’orgueil. Car si pour le Suédois la paternité d’un titre magistral comme ‘No. No…’ fera la fierté de la famille, les quelques autres titres qui remplissent (le terme est choisi) cet EP dénoncent les craintes de l’auteur : on ne voit pas trop comment le bébé s’en sortira dans la vie vue la mollesse de ses gênes. Pas une catastrophe, mais rien qui nous retienne après le vin d’honneur. Bien du courage. ★ ★ ★ La house variéto-soulo-dégueulasse que rassemble Telonius sur ‘Inter Face’ ferait encore plus mal au bide si le pseudonyme choisi par l’artiste se révélait être un hommage au pianiste de génie qu’était Monk. Plus un mot ! ★ ★ ★ Le projet de Peter Kersten, sans nous laisser de grands souvenirs, aura le mérite de proposer une nuée de cartes postales venues de Germanie. Car (Dial Records) le label de Lawrence n’est pas d’Arabie mais bien d’Hambourg, et cela nous changera du sempiternel et stéréotypé modèle berlinois, bien que dans un registre minimal assez proche. Une destination de rêve pour ceux qui préfèrent le Netrogena au Monoï. Hambourg : son port, ses putes, la chaleur… ★ ★ ★ Malgré les belles intentions montrées par My Favorite Robot pour nous irradier, ‘Atomic Damage’ peine à suffisamment monter le niveau de ses titres « tout synthé devant » pour que l’on soit bluffé. Cependant, Jared Simms and Voytek Korab ne sont pas totalement à blâmer, car la situation eut été si simple si Depeche Mode n’avait pas illustré et éventé le propos en quelques décennies d’existence. Un rythme relevé en plus mais la force des mélodies en moins, on serait tenté de dire du duo qu’il ne lui manque pas grand chose, un poil de recadrage, pour vraiment s’imposer. Mais gominé n’est pas coiffé ! ★ ★ ★ Deuxième volet du triptyque « Song for William » par Ulrich Troyer. Au-delà d’un recueil de pièces dub aux accents expérimentaux, pas toujours passionnants, l’Autrichien propose dans le livret la suite des aventures de ses machines analogiques préférées en BD, home made. Bravo, c’est mignon, mais au vu du talent et du passif du dessinateur en herbe, on ne se gênerait pas d’en réclamer davantage sur la partition. Si les planches à dessin regorgent d’imagination, leur bande sonore peine à se renouveler au fil de 8 plages, pour seulement 50 minutes. Dessine-moi un bouton ! ★ ★ ★ Lorsqu’on parle d’étage, il vient toujours un moment où l’on monte et on descend. Et c’est exactement de quoi est composé ‘Factory Floor’, de lentes ascensions et de descentes. Nouvelle signature de (DFA), ce trio repéré sur les scènes fait l’économie d’une entrée léchée et agresse d’entrée de jeu. Percussif, abrasif et pourtant inévitablement dansant, Factory Floor prouve dès les premières secondes que peu lui suffit pour nous rendre extatiques. On envisagerait pratiquement la déception lorsque le spectre se densifie et que les rythmes se voient recouverts de nappes et de voix venues pratiquement brouiller le propos. Et c’est certainement ce qui leur a valu d’être signés sur l’écurie new-yorkaise. Figures imposées. ★ ★ ★ Dans quelques régions on nommera « ratier » un chien à poil ras, souvent bâtard, qui perd évidemment sa toison et bouffe les pieds de meubles. Sur ‘Black Belt’, Renato Ratier a plus ou moins la même allure que le clébard, c’est à-dire aucune. Panier ! ★ ★ ★ Méthode Antoine : partir en vacances tout l’hiver et revenir dès l’été vendre ses photos de vacances. Sans pour autant passer par la case « pub pour opticiens », Alex Barck s’en inspire et distille dans ‘Reunion’ ce que lui a inspiré de meilleur l’Océan Indien. Dans la plus pure tradition du style Jazzanova, celui qui en fut le co-fondateur a su aussi s’entourer de renforts vocaux de choix (Jonatan Bäckelie, Pete Josif,…). En même temps, ce n’est pas compliqué de persuader les potes d’une visite lorsqu’on vit au soleil. Ajoutez-y un apport local et les doigts de pieds s’écartent sans crier garde. Le soleil donne la même couleur aux gens ? ★ ★ ★ Chez Rae & Christian, on invite également le voisin à contribuer, et en nombre ! A l’image d’un disque fourre-tout, d’une incohérence rare, le duo mythique empile des participations diverses et variées pour des titres qui se suivent et ne se ressemblent pas. Un fil rouge tout de même, la perfide Albion ! Tout y sonne briton, de la pop cotonneuse (Ed Harcourt) au Hip-hop à l’ancienne (Diagrams), ‘Merucry Rising’ drague tous les styles urbains en y insufflant ce qu’il faut pour en faire un pur produit de la nation du pire et du meilleur au niveau musique. Il en résulte un constat assez logique : des perles tranchantes urbaines perdues au milieu des niaiseries inécoutables. Darwin fera le tri. ★ ★ ★ On monte dans une Delorean le temps d’un voyage en 85 où quelques gamins de Chicago mélangeaient Indus, New Wave et Disco. Et cette patte avait un nom : (Sunsert Records Inc.). Notez que ce ‘Kill Yourself Dancing’ n’est que le premier volet du travail de Matt Warren et Miguel Garcia, et même si les témoignages/hommages à un Chicago vintage sont devenus coutume, cette sélection de Jerome Derradji sonne comme un document plus essentiel qu’anodin. Mais laisse-moi kiffer la Vibe !
Texte: Anys Amire et François Georges Photo: www.siliconcarne.be
Le dernier soupir à Paris. Hommage pour un si peu âgé.
Un homme meurt, secondé. Cela n’a pas suffit, le respirateur fonctionne maintenant tout seul. Un homme meurt…Toute sa vie, il a souffert du collapsus de la transcendance (Tosquelles) mais mourut d’un collapsus vasculaire. Il a été enterré sans public, un de ces mozarts du 21ème siècle. Déjà seul dans la vie, vivant dans l’esseulement, cette dégradation de la solitude (Minkoski). Les schizophrènes souffrent de cela. Il avait un corps, il était même obèse. Soupir. Eros et Thanatos ont fini leurs travaux. Il racontait souvent des histoires d’anges et de ténèbres. ‘Les anges meurent de nos souffrances’, un joli titre signé de Yasmina Khadra. Çà n’a rien à voir, je sais, mais j’te l’dis quand même, j’aime ce titre. On dit des enfants que de leurs bouches sort la vérité. On dit des schizophrènes qu’ils convoquent la vérité. Ils ont un défaut de dérivation, c’est un droit au brut. Me revient une phrase de Sophocle « Ce que tu dois préférer à tout, c’est de ne pas être né ». C’est du Cioran haut de gamme. Pas un pleurnichard. Oui, il faut bien se rendre à l’évidence, cet homme aurait saisi cette phrase, elle parle de lui. Alors, tel ce gugusse dans ‘Blast’ (la BD de Larcenet), se dissociant régulièrement pour faire face…On ne sait pas ce qu’il va devenir ce Blast-là. Le marketing, tome 4, attend. Bien vu. Le problème n’est pas qu’un schizophrène meurt (vingt pour cent se suicident, cent pour cent meurent à la fin) mais le problème, c’est que la schizophrénie ne meure jamais. Elle est là, de structure. La dissociation psychotique associe souffrance et être, jusqu’à la fin. Pour ornementer ce triste propos, j’en suis revenu au troisième Nocturne de Chopin : il faut y entendre cette main gauche, celle qui porte la lourde responsabilité de tenir une succession de triolet qui pourrait s’apparenter à une danse, certes, romantique, on vit avec son époque Cher Monsieur, mais ténébreuse. Saint-Saëns en avait déjà trop dit dans son titre ‘La Danse Macabre’. Donc, une main gauche qui (en)traine, qui para-valse. Pendant ce temps, la droite s’épanouit. La névrose, c’est le troisième Nocturne de Chopin : mort et légèreté, profondeur et errance, contrainte et liberté, défenseurs et attaquants, (promis, on parlera une prochaine fois des soutiens d’attaque), do-si. Ces couples névrosiens sont soi-disant de la mono-culture humaine. Ondine. On dit de la névrose qu’elle se soigne par et dans le conflit. La névrose grave se confit. La Société Facebook , par contre, ne confit pas, ne fabrique pas de la gélatine…ça dégouline souvent, désespérément. Souvenons-nous d’avoir fait un jour de la confiture avec nos mères. En face, une autre Société : « Les membres de la Sociétés des Amis se réunissaient dans des lieux très simples, où, assis en silence, ils attendaient la Lumière » (Jeffrey Eugenides, Le roman du mariage, p.525). Michel, tu me laisses parler ? Le psychanalyste laisse parler, il or-donne. Il maintient un écart entre le Symbolique et l’Imaginaire. L’homme d’en haut de la page aura manqué d’adresse, d’enveloppe, de psychanalytique. L’Autre ne l’a pas suffisamment contenu. C’est pour cela qu’il faut défendre le packing, cette méthode thérapeutique qui consiste à envelopper un psychotique tout en étant près de lui afin de recueillir et noter ce qui se dit durant ce moment de soins. On n’en fait plus, par manque de temps et de moyens; les soignants désertent les asiles, aussi. Et puis, quand on s’y risque encore, on peut se voir coller un procès. Soupir. Demi-soupir. Petits, au cours de solfège, nous ne savions plus si la barre horizontale se mettait à gauche ou à droite de la verticale. Architecture du silence. Quelques soirs au Fablain, un quasisilence; juste le bruit du frigo. La chambre froide. Qu’il y repose en paix.
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T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e © l u z g allar d o
À quelques semaines de la sortie de ‘Seasons Of Your Days’, la possibilité d’utiliser le filtre de Skype afin d’esquisser les silhouettes Dave Roback et Hope Sandoval, maîtres de la disparition en présence, collectionneurs de pointillés, transcendés par le brouillard, nous est donnée. Trente minutes de flottements ni intolérables ni tout à fait détendus, entrecoupés d’un silence qui goutte et virevolte: de quoi garder en tête cette fausse fatalité révélée par Dave, celle qui finit toujours par les rattraper, dès qu’il est question d’un contact avec la gent journalistique: « La timidité peut être interprétée à tort comme de l’arrogance. » Tout a débuté comme une cascade de groupes aux membres mouvants dans le propice terreau d’une Californie sujette aux déchéances et aux renaissances. Éclos au début des années 80 en contraste à la scène punk hardcore locale (Dead Kennedys, Black Flag, Social Distortion e.a.), le Paisley Underground, ce revival psychédélique, ce bain de jouvence dans les 60’s des Byrds et des Mamas and Papas voyait s’aligner dans ses rangs tout ce que Los Angeles comptait comme amateurs d’harmonies vocales, nostalgiques du folk rock à la Creedence Clearwater, férus des Doors, du Velvet et de Love. Preuve s’il en est qu’au-delà des étiquettes parfois hâtivement collées il s’agissait d’une véritable scène, on garde trace d’un all-star band, Rainy Day, composé de membres des formations les plus marquantes de cette ère-là : Three O’Clock, The Bangles (avant leur tournant dégoulinant), Rain Parade et Dream Syndicate. L’album éponyme de 1984 paiera son tribut aux grands aînés influents sous forme de reprises: Bob Dylan, Lou Reed, Jimmy Hendrix, Syd Barrett, Neil Young ou encore Alex Chilton (Big Star) sont du lot.
Solstice nébuleux Issus de cette clique vivace de néo-psychés, Kendra Smith (bassiste des Dream Syndicate) et Dave Roback (guitariste de The Rain Parade) forment Clay Allison, ensuite renommé Opal. Gravite alors autour du groupe deux jeunes fleurs en folk, Hope Sandoval et Sylvia Gomez, qui saisiront l’occasion pour faire enregistrer les morceaux de Going Home par le guitariste mais l’album ne verra jamais le jour. 1987 signe l’année de transition décisive : pendant la tournée d’’Happy Nightmare Baby’, premier album du groupe sur Rough Trade, Kendra Smith prend littéralement la tangente, ne laissant d’autre choix à son partenaire que de la remplacer par cette jeune acolyte américano-mexicaine à la voix suave. C’est de cette opportunité accidentelle et déjà placée sous le signe de l’évaporation que naîtra alors Mazzy Star, frêle astre noir mais caressant d’une époque qui sera salie par le grunge, griffée par le heavy metal, ou chahutée par le flow du hip hop. Trois albums (‘She Hangs Brightly’ en 1990, ‘So Tonight That I Might See’ en 1993, ‘Among My Swan’ en 1996), tous finalement signés chez Capitole, contribueront à asseoir la réputation de supernova mi-brillante mi-épineuse de deux entités jumelles toujours viscéralement attachées au secret pour qui, leitmotiv très récurrent, « la musique ne doit pas être expliquée, elle a son propre langage. ». « I took that train into the city, you know the one that goes under that bridge? I thought I was listening/to a band play the song that changed me. » scande Hope à voix feutrée, sur une très velvétienne voie libre dès l’entame de ‘Seasons Of Your Day’, dix-sept ans après avoir disparu de la même barque que Roback, du moins pour les radars publics. Métamorphoser leurs auditeurs, insuffler un inspiré zéphyr à des aspirants musiciens, voilà ce dont s’est rendu joliment fautif le groupe depuis ses débuts. ‘In The Kingdom’, cette cour musicale parfois féerique mais où il est ardu de se faire une place tant la hiérarchie peut être contraignante (« c’est tout à fait ça » approuvera Hope, face à notre interprétation incertaine), le duo pourrait en effet faire figure de souverains, ou plutôt de vizirs. Presque par inadvertance ? Car, soumise à la question du probable impact de leurs errances bleutées sur la nouvelle génération dreampop et associés (Dum Dum Girls, Widowspeak ou même la bande à Victoria Legrand, notamment), la gazouillante interprète ne s’auto-couronnera pas reine d’un bal où elle ne met guère les pieds : « Je ne sais pas vraiment, je n’en ai aucune idée. À vrai dire, nous ne rencontrons pas beaucoup d’autres musiciens, nous ne sortons pas beaucoup, nous restons entre nous. Mais nous avons tous les deux écouté Beach House et nous aimons beaucoup leur musique. ». Cet enthousiasme au mot près, mesuré aux miettes, c’est également celui qui transparaît chez Dave Roback lorsqu’on évoque la récente reprise, lumineuse et dénudée, de leur succès ‘Fade Into You’ par un de leurs contemporains, leader de Dinosaur Jr : « Oui, nous la trouvons fantastique, Jay Mascis est un grand musicien. ». Ou celui des deux consorts dès qu’on fait mention de la complicité avérée avec Bert Jansch, guitariste folk de génie, déjà présent sur ‘Bavarian Fruit Bread’ (premier album d’Hope Sandoval and The Warm Inventions) et dont la participation à ce quatrième album du groupe fut une des dernières apparitions enregistrées : « Nous avons joué quelques concerts avec lui il y a des années et nous avons toujours été d’énormes
fans de sa musique. C’est une inspiration pour nous. Et nous avons eu l’opportunité de travailler ensemble. Essentiellement, ça se résume à ça. ». Dans leurs collaborations, ils voient surtout le fait du hasard et des rencontres (parfois glanées dans la vie sentimentale en dents de scie de Hope comme aujourd’hui Colm O’Ciosoig, chaînon de My Bloody Valentine, ou jadis William Reid, guitariste de Jesus and The Mary Chain) et estiment que c’est « fantastique quand les groupes parviennent à rester ensemble et continuent à faire des morceaux. » quand on leur fait part de la retromania ambiante et du retour des noms qui ont métamorphosé nos oreilles d’adolescents. Qui dit nouvel album d’un groupe culte, dit également passage obligé par la scène, à plus forte raison quand celui-ci n’a envoyé des cartes postales de son lieu de réclusion que de loin en loin. La tournée des californiens débutera en novembre sur la Côté Ouest puis s’étendra en Amérique du Nord, avec vraisemblablement une poignée de dates en Europe, sans plus de précisions à l’heure de l’interview. Car dans cette monstration au public, il y a également possible tension, comme le confirmera Dave : « Jouer notre musique en live est toujours un challenge pour nous, en particulier quand nous jouons dans de grandes salles : c’est nettement plus confortable dans des endroits intimistes. C’est donc un défi de projeter notre musique dans différents environnements. Nous sommes très sensibles à l’atmosphère. ». Le groupe restera donc fidèle à sa réputation, celle d’animaux nocturnes vulnérables aux spotlights : « Si nous en avons l’occasion, nous aimerions jouer totalement dans l’obscurité, on va donc aller dans cette direction. ». Se sentent-ils pour autant heurtés par une partie du public qui veut absolument approcher les musiciens de près (en particulier les chanteurs) et se juge floué si ça n’est pas le cas (à l’heure où la notionmême de performance est pourtant questionnée par Gorillaz ou The Knife) ? Hope, mutine ou inconsciente de son aura de vestale absolue pour la frange enamourée de ses fans, minimise une certaine radicalité de leur choix : « Nous pouvons comprendre, d’ailleurs il n’y a qu’une petite partie des gens qui pense ça. On n’est pas non plus un groupe comme, je ne sais pas, les Doors où tout le monde voulait absolument voir Jim Morrison. La plupart de nos auditeurs apprécient d’être dans la pénombre et de juste ressentir la musique. ». Les adorateurs des vibrations infimes et des déchirures internes peuvent d’ores et déjà exulter en dedans, il s’agit d’un vrai retour : le groupe serait déjà en train d’élaborer de nouvelles façons de vous étreindre l’âme.
Mazzy Star ‘Seasons Of Your Day’ Rhymes Of An Hour/News
« Nous n’avons jamais cherché à être différents, nous sommes les mêmes, utilisant les mêmes guitares qu’auparavant. J’ai la même voix. Je ne sais pas comment nous pourrions l’être, différents. ». Dix-sept ans après ‘Among My Swan’, le vénéneux duo ne s’échine incontestablement pas à nous faire sortir du continuum narcotique, du vortex à la lenteur sublime dans lequel ils nous avaient plongés naguère. Mais vous en auriez-voulu, vous les yeux cernés des 90’s, d’un virage plein soleil, aveuglant de joie feinte ? En ‘California’, terre distante, l’été s’est depuis longtemps fait la malle, emportant toutes ses plumes, nous laissant rentrer au foyer plombés d’échos cendrés. ‘I’ve Gotta Stop’, blues languissant et coupable, est perforé de radiations ; ‘Common Burn’, à la pureté impressionnante, tressaute somptueusement sous l’harmonica, et révèle son incandescence maladive : « just don’t come home and say/you’re gonna sleep/when you know you’re burning someone. ». ‘Seasons Of Your Day’ garde la chambre, le front encore blême, la voix chevrotante et se voit arrachée à sa supplique en manque par un ‘Flying Low’ de sept minutes pour amazones peu farouches de dessus de bar, slide sans muselière. ‘Sparrow’ est un piaf désabusé, le bec enfoui dans les souvenirs, qui tournicote par alternance sur une ritournelle de film tchèque. ‘Spoon’ étire ses membres pour les soumettre au ragga arythmique et enveloppant et ‘Lay Myself Down’, dernier coup d’œil charbonneux dans le rétro, ne nous fera pas nous résoudre aux adieux, pas cette fois. Je t’aime (parfois trop), mélancolie. (alr)
Texte : Gery Lefebvre © roger deckker
07
Entre baroque romantique et gothique flamboyant, les cathédrales sonores du premier album d’Anna Calvi n’avaient pas manqué de diviser la critique, subjuguée, irritée ou désarçonnée par les méthodes cavalières d’une conquérante venue de la Perfide Albion pour, selon ses messagers, sauver le rock.
Adoubée par Brian Eno et Nick Cave, elle avait remporté haut la main cette première bataille avec son condensé vénéneux d’électricité, de tensions et de voix de velours possédée. A l’heure de la deuxième manche, on était donc curieux d’aller à la rencontre de celle qui se cache sous l’armure et qui a fait de sa guitare la plus tranchante des épées. Et, surprise, on s’est en fait retrouvé face à une poupée glacée par la timidité inhérente à cet exercice de speed-dating qu’est devenu l’interview musicale. Le choix de John Congleton pour produire ce deuxième disque n’est évidemment pas le fruit du hasard. Etait-ce pour toi une façon d’enlever cette malheureuse étiquette de petite sœur de PJ Harvey qui t’avait été apposée suite à ce premier album co-produit justement par Rob Ellis (producteur et batteur de PJ Harvey)? Anna Calvi : « Je ne prendrais jamais une décision aussi importante que le choix d’un producteur en tenant compte de l’avis de personnes qui ont fait des rapprochements ou des raccourcis avec PJ Harvey. La raison principale derrière ce choix tient au fait qu’on a été présentés par des amis communs et que John m’a directement fait part d’un enthousiasme certain pour ma musique. On a travaillé sur une chanson en guise d’essai et ça s’est très bien passé. C’est aussi simple que ça. J’aimais aussi beaucoup l’idée que les disques qu’il produit sont très différents les uns des autres parce que je ne voulais absolument pas de quelqu’un qui appose son sceau sur ma musique. » Quels sont les artistes avec lesquels il a travaillé récemment qui t’ont incitée à lui faire confiance sur ce point précis ? Anna Calvi : « Je pense principalement à Bill Calahan, Amanda Palmer et St Vincent. Ce sont des bonnes références, je pense. Il a travaillé avec eux dans des registres très différents et c’est ça qui m’a directement intéressée. »
Poupée de son Entre Rob Ellis et John Congleton, à quel niveau se situe la différence principale dans leurs méthodes de travail respectives et quel impact cela a-t-il eu sur ta musique ? Anna Calvi : « Rob est seulement producteur. Au-delà de la production, John est aussi intervenu sur le mixage et était le seul interlocuteur que j’avais sur ce disque, ce qui était beaucoup plus facile pour transmettre mes idées et garder la cohérence dans mes intentions. John a parfaitement compris que je voulais élargir ma palette tant au niveau des émotions que du son et que je souhaitais également une plus grande variété dans les textures de cet album. » On ressent effectivement une grande volonté de jouer sur les contrastes, tant au niveau des ambiances ou des rythmiques, qu’au niveau de ta personnalité et de cette dualité façon « Beauty and the Beast »… Anna Calvi : « Oui ce côté plus viscéral de ma musique et de ma personnalité, c’est effectivement une facette que je voulais explorer et mettre en avant. Sur le plan vocal aussi, j’ai voulu avoir la possibilité de jouer sur un spectre plus large. Pas seulement sur l’album, mais parfois à l’intérieur même d’une chanson. Auparavant, certaines de mes compositions étaient peut-être trop linéaires. » On sait que l’influence, plus médiatique que concrète, de Brian Eno avait contribué à la notoriété de ton premier disque. As-tu à nouveau été en contact avec lui à l’heure d’opérer des choix pour ce nouvel album ? Anna Calvi : « Non, je ne l’ai pas consulté et je ne lui ai pas encore envoyé le disque…J’ai juste été en contact avec lui parce que je voulais avoir une short-list de claviéristes susceptibles de m’aider à accentuer l’aspect atmosphérique de certains morceaux. C’est sa seule contribution ! » Et le claviériste que tu as retenu n’est pas n’importe qui puisque John Baggott a déjà été aperçu aux côtés de Massive Attack et de Portishead... Anna Calvi :« Oui en effet. Je voulais davantage utiliser la guitare comme un élément du dispositif dramatique qui ne surgirait qu’aux moments charnières de chaque composition plutôt que comme accompagnement systématique. J’avais donc besoin d’occuper l’espace différemment, avec les percussions, le vibraphone, le clavier ou l’orgue. Et John Baggott m’a aidée à trouver des harmonies et des textures très particulières. » Quelle est selon toi la chanson la plus aboutie sur ce disque, celle qui résume le mieux ton projet et ton ambition ? Anna Calvi : «’Piece By Piece’. C’est une chanson sur la mémoire et le souvenir très précis que j’ai de quelqu’un. J’essaie de traduire dans cette chanson cette sensation bizarre lorsque l’image qu’on garde d’un évènement ou d’une personne est en train de se dissiper et de disparaître aussi progressivement qu’inexorablement. Même si tu fais des efforts monstrueux pour ne pas l’oublier. Et ici plus l’image à tendance à devenir floue, plus la chanson se désagrège en quelque sorte, plus elle se déconstruit en différents morceaux. C’est typique de ce que j’ai cherché à faire sur ce
disque, faire en sorte que la musique raconte autant l’histoire que mes mots. » La chanson ‘One Breath’, c’était une façon de te faire plaisir et de réconcilier ton goût pour la musique classique avec quelque chose de plus pop ? Anna Calvi : « Oui j’aime des compositeurs comme Ligeti, John Adams, Rachmaninov, Rossini et Steve Reich par exemple. Et effectivement, même si c’est surtout un processus très instinctif, j’aime réfléchir à des arrangements pour adapter dans ma musique les textures plus élaborées que je découvre dans ces pièces plus obscures. Et cet exercice d’adaptation en quelque chose de plus léger est un aspect que j’apprécie beaucoup dans la composition musicale. Mais ça n’est pas si compliqué que ça en a l’air ! » L’album se termine avec deux chansons très éthérées, presque mystiques. Pourquoi as-tu choisi de conclure de cette façon-là ? Anna Calvi : « J’aime cette idée de voir le disque devenir de plus en plus halluciné pour aboutir à cette conclusion un peu étrange et surréaliste. C’est une fin mais elle comporte aussi en elle une notion d’espoir par rapport au fait que quelque chose d’autre se prépare à commencer, que la voie s’ouvre pour repartir sur de nouvelles bases… » On se trouve à quelques pas du Théâtre de la Monnaie, est-ce que l’opéra est un endroit où tu as déjà rêvé de te produire avec un orchestre classique et dans un contexte qui mettrait particulièrement en valeur ta voix et ce lyrisme romantique ou mélodramatique qui te caractérise ? Anna Calvi : « Oui je n’ai encore jamais essayé de chanter dans un tel endroit. J’aimerais essayer, en effet, je suis certaine que ça serait une expérience incroyable. Mais je vais attendre encore un peu (sourire gêné). »
Anne Calvi ‘One Breath’ Domino Records/V2
D’entrée de jeu, dès les premières notes de ‘Suddenly’, le décor est planté : préliminaire palpitant et hanté au bord d’une falaise ou de la rupture, tous les éléments d’une dramaturgie dont Anna Calvi entend distribuer les cartes à sa guise se posent progressivement. «Suddenly I will leave it all behind » proclame-telle alors, aussi résolue que déjà libérée du poids de son premier album. Nous voilà rassurés, Anna ne va pas se contenter de capitaliser sur ses capacités pulmonaires. Pas plus qu’elle ne restera confinée dans les grands espaces chers à Ennio Morricone comme l’illustre ‘Eliza’ et sa cavalcade épique lorgnant plutôt vers les westerns métaphysiques de Jodorowsky. Plus question de reprocher à ses compositions de manquer de chair. Sortie des jupons de Rob Ellis et de PJ Harvey, la femme-enfant a pris de l’épaisseur. John Congleton la rhabille pour l’hiver et son tapis de cordes est un catwalk. Mais plutôt que de lui tailler des costards, le producteur new-yorkais fait de la haute couture pour mettre en valeur la palette élargie de sentiments et de sonorités qu’Anna Calvi entend présenter, amplifiant subtilement la dramatique ou le romantisme des émotions ou la parant de cette électronique soyeuse propre à chiffonner les rythmiques trop fluides. A l’image des déconcertants ‘Piece By Piece’ ou de ‘Cry’ qui ne froisseront pas les amateurs des premiers St Vincent ou du ‘Felt Mountain’ de Goldfrapp, le glamour en plus peut-être. Jouant sur les contrastes, la Belle devient Bête sur ‘Love Of My Life’ ou ‘Tristan’ , déluges de cordes sur lesquels le son se fait plus viscéral que pictural. Quant au titre qui donne son nom à l’album, on ne vous en dira rien ici pour ne pas en dévoiler une chute qui ne fera pas l’unanimité. Au contraire probablement d’un disque qui s’est donné les moyens de ses ambitions pour séduire un public plus large encore que son prédécesseur. Sans pourtant renoncer à la prise de risques. (gle)
on stage 26/11 Grand Mix, Tourcoing
08
Texte : A Nn i cnoel- a L iss e A lRsetm ea ec nl© e d a nn y c l i n c h
Quand MGMT a débarqué sur Terre, la pop a tremblé. Quelque part entre une rencontre du troisième type et un wheeling avec E.T., on découvrait deux pacifistes-botanistes, moitié hippies, moitié hipsters. En 2008, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser gobaient des pilules psychédéliques et recrachaient la
musique des Flaming Lips et Of Montreal sous une forme fluorescente, méchamment dansante. Depuis la sortie de l’album ‘Oracular Spectacular’, ces mecs sont adulés du star system et du grand public. Mais, avec le temps, nos deux extra-terrestres ont pigé qu’ils ne rentreraient jamais chez eux : la soucoupe volante les a planté et ne reviendra pas. Coincé à New York, le duo pète un câble et déroule du tube. Après un ‘Congratulations’ déjà bien toxique, MGMT replonge dans les vapeurs psychédéliques et accouche d’un disque éponyme beau comme un trip au pays des merveilles. Avec l’album ‘MGMT’, on se situe assez loin des refrains euphoriques de vos débuts. Votre musique prend un tournant plus expérimental. Vous semblez totalement libéré. C’est le mot d’ordre de ce nouvel album ? Andrew VanWyngarden : « Complètement. Avec ‘MGMT’, on a fait ce qu’on voulait. A nos débuts, notre label nous avait demandé de construire un disque autour de nos deux premiers morceaux : ‘Time To Pretend’ et ‘Kids’. Pour nous, c’était déjà de vielles chansons. Mais comme elles faisaient parties du deal pour enregistrer un disque, on a accepté de composer d’autres titres dans un registre plus ou moins similaire. Au deuxième album, on est entré en studio avec une certaine appréhension : on était obsédé par les détails techniques. Cette fois, on s’est simplement écouté. Sans aucune retenue. »
Androïdes paranoïdes Une des nouvelles chansons s’intitule ‘Mystery Disease’ (« Maladie mystérieuse »). Avec l’âge, avez-vous l’impression d’être plus concernés par la maladie et les contrariétés physiques ? Andrew VanWyngarden : « Je ne suis pas vraiment inquiet, mais certainement beaucoup plus concerné. J’y pense de plus en plus. La chanson ‘Mystery Disease’ parle d’un changement soudain. Lorsque le corps est atteint par un microbe ou une force extérieure qui modifie son fonctionnement. Le morceau évoque surtout l’incompréhension qui accompagne la maladie : on sait que quelque chose ne va pas, mais sans parvenir à comprendre pourquoi. » Ces derniers temps, on a l’impression que la pop psychédélique a pris du plomb dans l’aile. Les Flaming Lips ont laissé tomber les confettis et les mélodies fluos pour embrasser des ambiances plus sombres. Chez MGMT, aussi, l’euphorie a disparu pour laisser place à des atmosphères plus planantes, presque mystiques. Comment expliquez-vous cette transition ? Andrew VanWyngarden : « D’abord, j’adore le dernier album des Flaming Lips. C’est peut-être bien mon préféré. Après, je pense que cette métamorphose est indissociable de l’expérience psychédélique. Quand on prend des drogues, on s’amuse pendant un temps, on est fou de joie, on idéalise tout. Et puis, c’est la descente. On passe par une phase totalement angoissante. C’est le moment où il faut gérer, jongler entre la réalité et les hallucinations. A l’époque du premier album, on était insouciant. On planait, tout était cool. Par la suite, on s’est fait rattraper par les impératifs de la profession. Les tournées étaient longues, épuisantes. On était paumé. C’est là qu’on a enregistré ‘Congratulations’. C’est l’album du désenchantement et des désillusions. Avec le nouvel album, c’est différent. On a appris à gérer nos émotions. On est maintenant capable de confronter nos impulsions psychédéliques à la réalité. » Il paraît que vous venez de découvrir tout un pan de l’histoire des musiques électroniques : les premiers artistes house et techno. C’est vrai ? Andrew VanWyngarden : « Oui, même si cela ne s’entend pas nécessairement sur l’album. En deux ans, j’ai déniché de véritables trésors. J’ai longtemps perçu l’electro comme une musique sans âme, quelque chose de très froid et mécanique. Et puis, j’ai approfondi et découvert qu’elle véhiculait des émotions uniques. J’ai commencé par me plonger dans la techno de Detroit et la house de Chicago. C’était un monde oublié qui s’ouvrait à moi. Partant de là, j’ai exploré le genre. J’ai adoré Deepchord, The Orb ou Robert Hood. J’ai même appris que la Belgique était le pays de la new beat. (Sourire) » Vous avez de nouveau bossé avec le producteur Dave Fridmann (Mercury Rev, The Flaming Lips, Tame Impala). Il était déjà derrière les mannettes d’‘Oracular Spectacular’. Pourquoi retravailler avec lui ? Andrew VanWyngarden : « Parce qu’on lui fait entièrement confiance. En studio, il s’est fait plaisir
et nous aussi. On jouait sans s’arrêter et Dave enregistrait tout ce qui passait. Il a accumulé des dizaines d’heures de musique sur bandes. Il prenait des notes, s’occupait des détails techniques et laissait libre cours à notre imagination. Il nous conseillait sur la direction à prendre, mais sans nous imposer son point de vue. Il nous encourageait simplement à faire ce que nous avions envie d’entendre. C’est exactement ce que nous avons fait. » Vous avez enregistré vos trois albums au même endroit : le Tarbox Road Studio, dans l’Etat de New York. C’est une zone de confort? Andrew VanWyngarden : « C’est l’endroit où on se sent le plus relax pour enregistrer. Généralement, quand on pose les pieds en studio, on ressent une certaine pression. C’est un lieu qui implique d’apporter de la matière et de fournir des résultats. Souvent, c’est un espace un peu clinique. Au Tarbox Road, on se sent comme chez nous, vraiment à l’aise. C’est une vieille cabane bourrée de matériel d’enregistrement. On dort là-bas comme si on était en vacances au ski. » Sur l’album, le morceau ‘Introspection’ est une reprise de Fain Jade, un artiste oublié de l’épopée hippie. Où avez-vous déniché ce truc ? Andrew VanWyngarden : « Je ne connaissais pas grand-chose de la vie de ce mec. J’avais demandé à un pote de me faire une compilation avec les raretés de sa collection. C’est un nerd, un vrai collectionneur de trésors cachés. Il y avait quatre morceaux de Fain Jade sur la compile, mais ‘Introspection’ m’a vraiment soufflé. Le gars est toujours vivant. Il vit à Long Island. Il a composé ce titre en 1968 sous l’influence de Syd Barrett et des premières salves du rock psychédélique britannique. J’ai essayé de le contacter pour lui demander quelques précisions sur le texte de sa chanson. Il n’a pas répondu directement. Du coup, j’ai chanté ça comme je pouvais, à ma façon. Quand il s’est manifesté, il était trop tard : on avait enregistré la reprise avec des paroles sensiblement différentes de l’originale. (Sourire) » Suivez le guide : www.whoismgmt.com
MGMT ‘MGMT’ Columbia/Sony
Après deux longues années de silence, MGMT sort de sa tanière avec un disque complexe, simplement estampillé de ses quatre majuscules. Pour confectionner ce troisième album, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser ont retrouvé Dave Fridmann, metteur en son du best-seller ‘Oracular Spectacular’ et producteur émérite d’une scène néo-psyché jamais fermée aux expériences biochimiques. Loin des explosions de couleurs et de l’euphorie adolescente de son premier essai, MGMT ouvre les yeux sur un monde en mutation : un microcosme cosmique où la pop fluctue à l’ombre des ondes radiophoniques. L’affaire (Roswell) déboule comme un OVNI dans le ciel du Nouveau-Mexique avec ‘Alien Days’, un morceau d’ouverture en forme d’hommage aquatique aux Beach Boys, les plus grands surfeurs de la pop psychédélique. Sans se prendre la tête (‘Cool Song N°2’) le duo new-yorkais s’en va soigner ses délires paranoïaques par absorption de matières hallucinogènes (‘Mystery Disease’). En pleine montée, MGMT s’offre une reprise (‘Introspection’) chevauchant à travers les grands mystères de la pop sixties. Dans la foulée, on remue la tête sur le beat métronomique de ‘Your Life is a Lie’, single existentialiste à la mélodie légère. En fin de parcours, les mecs décollent sous les étoiles (‘Astro-Mancy’) avant de plonger dans les eaux troubles de la pop psychotrope (‘Plenty of Girls in the Sea’). Intriguant et totalement décomplexé, ‘MGMT’ est le disque que personne n’attendait. (na)
Texte: Antoine Bours
07 09
Une pensée qui suit ses propres connexions neuronales, constamment à l’affût de la prochaine intersection, de la prochaine étincelle. A l’instar des compositions du dernier Oneohtrix Point Never, véhicule idéal à ses
expérimentations adeptes de la furtivité où sonorités désuètes et complexité rythmique vont de pair, se télescopent, s’écartent pour mieux se répondre et dressent les plans d’une électronique exigeante et neuve comme une aube cybernétique sur l’Amazone, Daniel Lopatin concentre et projette alentours influences et éléments fondateurs de sa pensée musicale. Une pluie dense et spaci-
euse à la fois où l’auditeur – de sa musique comme de ses propos – se plait à lever le nez et fermer les yeux. Bienvenue au cœur du labyrinthe. ‘R Plus Seven’ est votre premier album signé chez Warp. Cela a-t-il modifié votre son? Daniel Lopatin: « J’ai enregistré l’album sans label, cela n’a donc eu aucune influence. Comme pour certain de mes travaux précédents, j’ai cherché un label qui corresponde à l’album une fois terminé. Je l’ai approché de façon différente; j’aime m’empêcher de prendre certaines habitudes. A l’opposé de ‘Replica’, par exemple, dont la structure suggère une thématique générale, j’ai abordé ‘R Plus Seven’ en m’asseyant simplement face à mon clavier. Un procédé un peu démodé, plus dénudé en tout cas. » ‘Replica’ était très atmosphérique, traversé par une certaine physicalité, mais les morceaux demeuraient figés, comme capturés dans des vignettes pour l’éternité. ‘R Plus Seven’ vagabonde plus volontiers. Comment avez-vous envisagé l’album comme successeur à ‘Replica’? Daniel Lopatin: « Disons que je désirais peindre des images très simples, peuplées d’objets assez complexes. Plutôt que composer quelque chose de dense, de vertical, comme un mur de brique, je voulais travailler sur l’axe horizontal et le rendre le plus nu possible, afin que les objets qui s’y trouvent puissent respirer et révéler toute leur spécificité et leur arythmie dans cet espace, ainsi que souligner l’incongruité de leurs rapports. » Ce qui nous amène à la couverture de l’album, son sens de l’espace et son influence surréaliste. Vous disiez de ‘Returnal’ qu’il était votre album à la Douanier Rousseau. Dans ce cas, ‘R Plus Seven’ serait-il sous l’égide d’un De Chirico ou Magritte? Daniel Lopatin: « Pas spécialement. Quelque chose d’aussi obsolète que la peinture figurative dans sa version la plus classique est déjà empreinte à mes yeux d’une puissance psychédélique: si, dans un musée, tu te plantes devant un tel tableau, sans rien en connaître, sans aucune référence historique, aussi évocateurs que soient ses personnages, quels que soient leurs tourments, l’œuvre conserve un insondable mystère et c’est à toi de tracer ces étranges connexions entre chacun des protagonistes. J’aime l’idée d’une approche similaire, toujours soumise aux conventions dramatiques, mais peuplée d’abstractions en lieu et place de personnages, comme un chœur de matériaux auquel je pourrais donner vie par le son et combler cet espace entre l’inanimé et le vivant. Des formes qui entrent en communication, mais autrement que via le langage. Ce sont des tendances qui ont été, à mon sens,
la seconde personne était fondamentale: « Vous entrez dans la caverne », ce genre de truc. Chaque permutation textuelle, chaque réponse du joueur, y possède sa propre arborescence. J’ai mis la main sur plusieurs de ces scripts, puis me suis plongé dans l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle, ndr) et la poésie procédurale, d’autres démarches littéraires qui m’ont aidé à générer à mon tour mes propres scripts que j’ai ensuite enregistré via une application constituée de samples vocaux un peu désuets, à la façon de publicités british. Ces enregistrements ont rejoint ma partition midi, chaque itération vocale obéissant à l’organisation chromatique de mes mélodies. Ce que tu entends au final n’est donc que très parcellaire, des syllabes, parfois quelques mots. Pareil pour les chœurs féminins et d’enfants qui parcourent l’album; j’aime pousser ces voix synthétiques à l’orée du message, juste avant que cela ne se transforme en phrase. C’est presque réel, mais il y a un truc qui cloche; on entre dans la vallée dérangeante. C’est pour moi plus intéressant que l’usage de voix réelles. » ‘Inside World’ convoque une influence new age que l’on retrouve souvent dans vos travaux, ici sans cesse parasitée par divers éléments. Cela m’évoque la méditation, ce travail sur la conscience pure assaillie de pensées parasites et d’influences extérieures. Daniel Lopatin: «C’est ça! C’est le travail de la musique auquel je souscris totalement. C’est d’ailleurs le morceau que je préfère sur l’album. Une description honnête de la méditation se
Les choses entre les espaces bien plus développées historiquement dans l’Art pictural qu’en musique. Je me suis dit, fuck, j’ai de la chance en tant que musicien: j’ai toute la latitude nécessaire pour m’y essayer. » Est-ce un désir nouveau pour vous, ou bien un concept qui sous-tend votre travail depuis toujours mais sur lequel vous mettez seulement les mots? Daniel Lopatin: « Non, cela m’est apparu après le premier jet de ‘R Plus Seven’, qui était vraiment merdique, une piètre collection de chansons. Je sentais que je partais dans une très mauvaise direction. J’ai repris ces mélodies et je les ai tondues, pelées; j’avais une grande flexibilité à ce niveau parce qu’elles étaient en MIDI, représentées sous forme de bande perforée, comme un piano mécanique. C’était un vrai travail plastique: décaler, dupliquer, interchanger, en gros recréer de la communication entre les sonorités, les samples et les extraits vocaux. Une procédure émergente qui m’a permis de m’extraire de l’approche dans laquelle j’étais coincé. Il fallait simplement que je me dise ‘’fais-toi confiance: au final, cela finira par te ressembler’’. » Tant que l’on parle de vous, que gardez-vous de votre enfance, en tant que fils d’immigrés russe et polonais dans une Amérique en proie au spectre de la Guerre Froide? Daniel Lopatin: « À la maison, je me sentais plus américain que le reste de ma famille, presque comme un enfant adopté. Par contre, à l’école, je me sentais beaucoup trop russe pour m’intégrer facilement. Je n’avais pas de certitude quant à ma nationalité. Ma personnalité repose sur cette ambivalence. Quand je pense à mon attitude évasive dès qu’il est question de genre ou de style de vie, je me vois comme une forme de vie plutôt liquide, qui coule d’un côté à l’autre sans se fixer. C’est également comme ça que je vois la musique: instable, et en friction constante avec les éléments qui l’entourent – la musique, ce n’est pas seulement le cd, ce sont aussi les sons propres au lecteur, ce qui se passe dans la cuisine à côté, dehors, etc. » Avez-vous, dans votre éducation musicale, reçu une influence de votre héritage slave? Daniel Lopatin: « Difficile à dire. Je sais ne pas être assez malin, musicalement parlant, pour la déceler. Mais sans doute ma mère m’a-t-elle légué cela, au travers de ses goûts. Elle jouait beaucoup de Chopin, de Rachmaninov. Une question de sensibilité ambiante, plutôt que de transmission. En revanche, ce qui m’a assurément formé, c’est la collection de cassettes de mon père. » Quelle est aujourd’hui votre relation à ces influences, que je sais être jazz, fusion et kraut? Daniel Lopatin: « Je ne les écoute plus forcément, comme ‘Sextant’ d’Herbie Hancock, qui a pourtant changé ma vie, mais c’est une présence qui reste. Je me suis fatigué de certaines, parce que ce que j’aimais vraiment dans ces musiques reposait sur le mystère de leur fabrication. Malheureusement, tu vieillis et tu comprends comment c’est fait, mais tu te rends compte aussi que ces musiques, en particulier le jazz des années 70, était leur idée d’une musique commerciale, une façon comme une autre de toucher sa paie. C’est un peu triste. En grandissant, le monde devient plus petit. » ‘Replica’ s’est développé autour de samples de vieilles publicités. Avez-vous eu une approche similaire sur celui-ci? Daniel Lopatin: « Je me suis pris de passion pour les scripts de fictions interactives, ou jeux d’aventure textuels, des jeux simples du début de l’informatique façon livre dont vous êtes le héros où l’adresse à
doit d’inclure ces incidents: érection, pensées embarrassantes ou envahissantes, etc., tout ce que l’on est sensé affronter pour mieux les évacuer. Pour moi, la partie la plus intéressante de la méditation n’est pas la plénitude, mais celle à évacuer (rires). La façon dont ces problèmes, ces arêtes, se frottent les uns contre les autres, c’est la vérité de notre quotidien et c’est ce que je veux aborder de façon consciente sous forme musicale. Tu connais la Dream House de La Monte Young (compositeur minimaliste, ndr)? C’est une enfilade de pièces capitonnées, dans lesquelles des enceintes diffusent des drones continus; c’est magnifique bien qu’assez flippant. Le son n’est jamais pareil selon la position que tu adoptes. J’y ai emmené une conquête, ce qui était plutôt étrange comme idée... On était là, à s’abandonner à l’ambiance, quand elle a ouvert la bouche pour me dire quelque chose et j’ai littéralement bondi: What the fuck!? Ces brusques ruptures sonores possèdent en elles un potentiel anti-social et anticommercial très puissant, qui va à l’encontre de la qualité généralement apaisante de la musique. Il y a là-dedans un je ne sais quoi de scabreux qui me séduit. » J’ai lu que vous aimiez envisager vos albums comme des bandes originales. Cette année, vous avez justement participé au soundtrack de ‘Bling Ring’ de Sofia Coppola. Qu’en avez-vous retiré? Daniel Lopatin: « C’était une heureuse expérience et un vrai challenge: comment créer une bande sonore dédiée à l’idée même du « sexy »? J’y ai pris conscience de ma propre naïveté et ai appris que je suis bien meilleur pour caractériser des choses qui n’existent pas. J’ai également compris que 70% d’une bande originale doit être en sous-teinte, pour mieux souligner les thèmes principaux lorsqu’ils ressurgissent sous l’une ou l’autre forme, comme un mur blanc qui mettrait en valeur une autre teinte plus vive. ‘R Plus Seven’ est trop spécifique; il possède bien trop d’intentions différentes pour être une bande sonore idéale. Si je devais prendre en charge l’entièreté d’une bande originale, j’aimerais que ce soit très psychologique, l’histoire d’une femme qui pète les plombs, idéalement. Mieux: qui doive se cacher dans sa maison. Ça, ce serait le sujet rêvé (rires). »
Oneohtrix Point Never Un disque : ‘R Plus Seven’ (Warp/V2)
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Texte : A Fa nbnrei-cL e i sV eaRneomvaecrlbee r g © frank eidel
Enorme surprise de l’année 2010, Agnès Obel a pris le temps de la réflexion avant de donner un petit frère à son dé-
sormais célèbre ‘Philarmonics’, et son demi-million de copies vendues. Toujours adepte d’un style tout en douceur et voluptés,
elle dévoile quelques secrets, entre passion du piano, bulle de travail et douceur berlinoise.
Ta voix et ton piano sont toujours au centre de ta musique. Il me semble toutefois que les cordes jouent un rôle différent, presque expérimental, sur ton nouvel album. Qu’en penses-tu? Agnes Obel : « Pendant la tournée qui a suivi la sortie de ‘Philarmonics’, nous avons progressivement joué dans des églises et des salles de plus en plus grandes. Ca m’a donné de nouvelles idées pour mes chansons. Au départ, elles étaient plutôt construites comme des moments intimes, puis je me suis rendu compte qu’elles fonctionnaient aussi dans des espaces plus vastes. Parallèlement, je me suis de plus en plus intéressé au potentiel du violoncelle, que j’ai fini par intégrer comme une seconde voix humaine, tellement ses sonorités sont intenses. C’est pour cette raison que j’ai davantage expérimenté cet instrument. »
Amoureuse du piano Tu demeures toutefois une passionnée du piano. Qu’est-ce qui rend l’instrument si précieux à tes yeux ? Agnes Obel : « J’aime ses sonorités, il produit un tout autre son que les autres instruments et en fin de compte, c’est encore l’instrument que je maîtrise le mieux. Bon, je sais aussi jouer de la guitare, mais pas aussi bien, en fait (ironique) quand je suis à la gratte, je ne sais jamais quoi faire de mon corps. C’est notamment pour ça que je continue de mettre le piano en avant, car je sais que je peux compter sur lui. » Ecoutes-tu beaucoup de piano, je pense notamment à des gens comme Nils Frahm ou Yann Tiersen ? Agnes Obel : « J’en ai toujours beaucoup écouté et mon histoire d’amour avec l’instrument est loin d’être terminée. Ca m’est déjà arrivé d’acheter des bandes originales de films uniquement parce qu’il y a du piano dessus. Quand tu observes la musique des années 80 ou 90, il y a toujours eu des artistes qui ont intégré le piano à leurs titres, je pense à Talk Talk notamment. Même si les sonorités de l’époque étaient très différentes, elles continuent de m’intéresser. » Dans quelle mesure ton éducation musicale a-t-elle influencé ton jeu pianistique ? Agnes Obel : « En fait, je dois beaucoup à ma mère. Elle était elle-même pianiste classique, elle jouait beaucoup de pièces de Béla Bartok, tout simplement parce qu’elle avait un prof de piano hongrois quand elle était enfant, et ce prof était lui-même directement issu de l’école Bartok. Mon père, lui, collectionnait tout un tas d’objets, notamment des instruments de musique, mais il ne s’est jamais vraiment intéressé au classique, il était plutôt jazz. Ma passion pour le piano me vient aussi de mon grand-père, qui était lui aussi pianiste. » Vers quel âge as-tu découvert l’instrument ? Agnes Obel : « Je devais avoir six ou sept ans, un âge où on ne prend pas au sérieux ce genre de choses. Je ne m’en souviens pas mais on m’a raconté que je n’aimais pas jouer les chansons qui ne me plaisaient pas. Et tu sais quoi ? Ca n’a pas changé (rires). » Ton premier album ‘Philarmonics’ a été une des grandes surprises de 2010 et s’est vendu à plus de 500.000 exemplaires. Tu devais être la première surprise… Agnes Obel: « Oh que oui, ça m’a même fait bizarre. En fait, le disque ne devait sortir que sur un petit label au Danemark, puis le titre ‘Just So’ a été choisi comme support musical d’une pub en Allemagne (pour l’opérateur T-Mobile, ndr) et ça m’a valu une offre d’une plus grande maison de disques. Hélas ou heureusement, je ne le saurais jamais, ce label a pris peur et c’est finalement Pias qui a sorti mon album partout en Europe. Le moins que je puisse dire, c’est que ça m’a réussi et je leur en serai éternellement reconnaissante, même si les raisons de ce succès demeurent aujourd’hui encore un mystère à mes yeux. » On dit que le deuxième album est toujours plus délicat. As-tu ressenti cette pression ? Agnes Obel : « Au début de ma carrière, j’étais très nerveuse, puis c’est passé. Pour le premier
album ‘Philarmonics’, j’ai été tellement longtemps en tournée qu’il y a eu une longue période où je n’ai rien écrit et enregistré. Après tout ce temps, j’étais vraiment excitée de savoir où j’en étais artistiquement et personnellement. Le plus dur pour moi est de parvenir à terminer ce que je fais. J’aime avoir l’impression que j’ai tout le temps pour moi. » Ce nouvel album s’intitule ‘Aventine’. Pourquoi ce titre ? Agnes Obel : « Quand on démarre une nouvelle aventure, on ne sait jamais où elle va se terminer, c’est le thème d’une de mes chansons. Je suis donc partie à la recherche d’un lieu mythique et je suis tombée sur l’Aventin, une des sept collines entrées dans l’histoire lors de la fondation de la ville de Rome. Des oiseaux volent autour de son sommet, ça lui donne un air étrange et mystérieux, ça correspond parfaitement à l’ambiance de l’album. Quand on ne sait pas où nous mène la route, le voyage est toujours compliqué mais une fois l’album terminé, je me suis rendu compte que c’était la bonne approche. Tout cela alors que j’avais toujours cru que l’Aventin n’existait pas pour de vrai. La prochaine fois, je vérifierai sur le web avant (rires). » Ton compagnon dit de toi que tu vis dans une bulle. Vrai ? Agnes Obel : « Oui, quand tout va bien, la bulle est pour moi le meilleur endroit pour travailler, je ne dois penser à rien d’autres. Mon compagnon aime moins, il dit que je ne sers à rien. Ceci dit, il a également son studio à lui, ça me permet d’avoir des gens autour de moi. Mais si j’aime écouter les sons des autres, j’ai besoin de solitude pour arriver à ce que je veux musicalement. Et bizarrement, c’est à l’époque où je jouais dans des groupes que je suis arrivée à cette conclusion. » Depuis 2006, tu vis à Berlin. Qu’y trouves-tu qui n’existe pas ailleurs ? Agnes Obel : « L’atmosphère à Berlin est très spéciale, tout y semble très relax, comme si rien n’était fixé. Ca ne sert à rien d’être raisonnable à Berlin, les gens n’y sont pas très conformistes, contrairement au Danemark, où tout le monde vit dans le même style de maison décorée pareille que le voisin. A Berlin, j’ai rencontré des gens qui voulaient juste prendre du bon temps, alors qu’au Danemark, tous mes amis ont aujourd’hui une vie rangée. C’est pour ça que la vie berlinoise est une forme de libération, on peut tout essayer, comme un enfant. »
Agnes Obel ‘Aventine’ Pias
Vous aussi, la simple évocation du nom d’Agnes Obel vous fait directement fredonner ‘Riverside’, l’énorme tube qui l’a révélée chez nous grâce un spot de la RTBF ? Et bien, oyez bonnes gens, la suave Danoise est de retour et elle n’a rien perdu de sa grâce angélique, même si - fait nouveau un violoncelle à la belle chaleur accompagne le mouvement, ample sans être grandiloquent. En prime, si les eaux sereines et apaisées où les couples trentenaires emmènent leur jeune progéniture sans risque de noyade demeurent sa trame de fond - sûr que les Philippe Lambillon d’entre vous resteront sur leur faim de tigre du Bengale - ses onze nouveaux morceaux déploient un geste mélodique de belle facture, en témoigne le nouveau single ‘The Curse’. Et même si aucun de ses onze chapitres romantiques ne risque de nous refaire le coup du hit planétaire, la discrète Agnès évite - ô bonheur - tout épanchement de guimauve écœurante et maladive. C’est déjà beaucoup. (fv)
on stage 01/11 Cirque Royal, Bruxelles 02/11 Rockhal
T e x t e : la u r e n t g r e n i e r
07 11
Certes, elle nous avouera avoir toujours trouvé qu’elle ressemblait physiquement à Elvis, ce qui aurait pu laisser craindre le pire mais la belle, qui sur ce disque joue les crooners comme personne, sait aussi s’entourer des meilleurs – Jonathan Morali (Syd Matters), Ibrahim Maalouf, son ex Philippe Katerine, Frederico
Pellegrini – pour mettre en musique Sylvia Plath et les (nombreux) hommes de sa vie. ‘Année Zéro’, derrière ses apparences de mœurs légères, est un grand disque qui nous fait nous poser la question : et si la demi-sœur de l’autre ne comptait pas pour des prunes ? Ce sixième album commence par ‘The End Of The Story’, espèce de faux duo, une performance d’actrice où tu te renvoies la balle des graves aux aigus ; une manière de rappeler que tu es précisément un personnage protéiforme ? Helena Noguerra : « Non, il n’y a aucune volonté de démonstration. C’est comme ça parce que c’est comme ça, parce que cette chanson a été écrite pour être un duo entre un garçon et une fille et que ça me plaisait de jouer avec les contrastes de ma voix. Ce ne sont que des choix musicaux qui n’ont pas du tout vocation à démontrer quoi que ce soit d’autre.» Je ne pensais pas vraiment à une démonstration, j’imaginais plutôt que toutes ces casquettes (actrice, réalisatrice, animatrice) devaient influencer ta manière de créer. Helena Noguerra : « Sans doute que oui. Après, c’est difficile à analyser. On est constitués de toutes les expériences qu’on a faites. La scène, le théâtre, les années qui ont passé m’ont probablement donné plus de confiance. Tout participe au fait que cet album ait cette gueule-là, certainement, oui, mais te dire dans quelles proportions, c’est impossible. Je ne me dis jamais tiens là je mets mon costume de chanteuse et c’est parti. Quand je travaille, je travaille. » Comment est-ce que tu te mets à écrire des chansons, alors ? Helena Noguerra : « Il n’y a pas de moments définis. Je suis à la maison, je m’ennuie, je ne sais pas quoi faire et je prends ma guitare. Ou bien je suis dans un train, j’ai des idées de paroles et je les note. Ou bien je viens de vivre un épisode de ma vie et une porte se ferme – je parle d’une vraie porte, quelqu’un sort de la pièce – et j’ai quelque chose à écrire. Il n’y a jamais de préméditation. Je ne me dis jamais, tiens là, je vais écrire un album en deux mois et le troisième, j’irai en studio. Les premières chansons de ce disque remontent à six ans. C’est comme un journal intime, au fur et à mesure que la vie passe, j’écris mes chansons ou j’en reçois d’autres et celles qui restent sont celles qui survivent au tri fait au bout d’un temps.» Qu’est-ce qui fait qu’une chanson survit au tri ? Helena Noguerra : « Je ne sais pas, c’est difficile à dire, c’est viscéral. Parfois c’est un bout de texte ou de mélodie. Il y en a que je ne laisserais tomber pour rien au monde. Puis, j’ai des équipes artistiques autour de moi qui dressent des listes et donnent leurs avis.»
Sur ‘We Have No Choice’, tu te bagarres avec Lio. C’était quoi l’idée derrière ? Helena Noguerra : « C’est une chanson des Minuscule Hey. Quand j’ai lu le texte, j’ai trouvé ça drôle et j’ai appelé la frangine, c’est un duel où une des deux doit disparaître. C’était juste pour le plaisir de chanter avec elle, et le morceau lui va super bien. Je trouvais ça marrant parce qu’on me questionne souvent sur la difficulté d’être la sœur de, mais il n’y a jamais eu plus de rivalité que dans n’importe quelle fratrie. C’est le propre de l’humain de s’inventer des angoisses, des problèmes et des douleurs qui ne servent à rien.» Tu mets aussi en musique un poème de Sylvia Plath. Helena Noguerra : « J’adore cette femme, son destin tragique. Je lisais sa poésie puis j’ai pris ma guitare et j’ai essayé de mettre ça en musique et c’est venu tout seul. Ça permet de reparler aujourd’hui de ces femmes qui étaient des créatrices comme Zelda Fitzgerald, Camille Claudel, qu’on a empêchées de créer, qui sont devenues folles, qui se sont suicidées. Oui, pour les femmes ça a été difficile, ça reste difficile et la route est encore longue. Ça permet de continuer à dire, les filles levez-vous, bougez-vous, occupez l’espace mais ne vous plaignez pas.»
Fuck Me Music C’est important de se confronter à l’avis des autres ? Helena Noguerra : « Je pense, mais peut-être que je me trompe, qu’on est tous confrontés à ça : quand on demande l’avis de quelqu’un, même si celui-ci va à l’encontre du nôtre, ça ne fait que renforcer notre idée de départ. C’est toujours une manière de se convaincre qu’on a raison. J’aime bien ça pour ça. Pour argumenter. Je suis un animal à cornes, têtu. Après, il peut y avoir des choses bizarres. Au départ, le morceau ‘Ceux que j’ai embrassés’ devait être juste piano-voix et puis, au studio, un petit stagiaire de vingt ans s’est mis au piano, a fait une pompe un peu sixties et j’ai trouvé ça super. Du coup, tous les musiciens se sont accordés sur cette version-là.» Tu évoques les musiciens. Tu ne joues aucun instrument sur ce disque. Pourquoi ? Helena Noguerra : « Parce que je suis très mauvaise. Je compose à la guitare mais je rends très vite les armes. Je n’ai jamais vraiment appris à en jouer. J’ai pris quelques cours il y a longtemps mais je n’ai pas la patience. Je veux que les choses aillent vite. Je comprends à peu près ce que j’ai sur mon manche mais c’est tout. Quand je compose et que je bloque sur un accord ou que c’est trop technique comme les barrés, je ne joue plus mais je continue à chanter et c’est plus tard, quand je montre ce que j’ai fait à un guitariste, qu’on débloque la situation parce que lui pige tout de suite.» Ce disque ne parle quasiment que de garçons et d’amours plus ou moins finis. Rien d’autres ne t’inspire ? Helena Noguerra : « Tous mes albums parlent d’amour. Il y a zéro message. Enfin, c’est un message en soi, l’amour c’est quand même une grande question.» Il est parfois question de baise, aussi. L’aspect charnel semble essentiel dans tes disques ? Helena Noguerra : « Oui, c’est de la fuck me music. On aime bien mettre un petit disque quand on est avec quelqu’un. C’est pas mal de mettre de la musique quand les peaux commencent à se rapprocher. La musique est pour tous liée à un premier baiser, à un premier émoi, à une histoire d’amour. Il est vachement question de corps avec la musique. Même le musicien qui joue, qui transpire fait corps avec son instrument. D’ailleurs, mes guitaristes jouent comme ils sont dans la vie. Olivier Libaux a un jeu très propre, très raide alors que Eveno, qui vient du jazz, est plus souple, ce qui correspond à son caractère plus fantaisiste.» L’album, s’il est textuellement thématique, est musicalement éclaté entre chansons pop, ballades aguicheuses, refrains anglophones, escapades jazzy. Pourquoi ? Helena Noguerra : « Peut-être parce que chacun de mes anciens albums était différent du précédent mais se concentrait à chaque fois sur un seul style. Maintenant, je veux être libre de faire ce que je veux et puis, comme chaque chanson est un petit costume taillé pour un gars bien précis et que tous ces hommes que j’ai aimés étaient différents, c’était finalement assez logique de pondre chaque titre dans une veine différente.» Ça correspond à tes goûts musicaux, j’imagine. Dans ‘Michèle et Michèle’, tu dis « elles écoutent Bob Dylan et MGMT ». C’est un grand écart. C’est un peu toi ? Helena Noguerra : « C’est pas forcément ce que j’écoute mais c’est ce qu’elles écoutaient ce weekend-là, oui. Je peux écouter du jazz, du classique, de l’ethnique. (Elle met ses lunettes, prend son téléphone pour vérifier sa playlist). Le dernier Alela Diane, pas mal. Angus & Julia Stone, j’écoute souvent. Rover. En fait, le truc avec Deezer, c’est qu’il y a tellement de musique tout le temps qu’à force de ne plus acheter le support physique, j’oublie le nom des artistes, tu vois ce que je veux dire ? Adam Green. Dirty Beaches. Nick Drake.» La dématérialisation de la musique te concerne peu, donc. Helena Noguerra : « Je m’en fiche assez. J’aime bien avoir mes propres albums mais en réalité, c’est juste une question de culture et de codes qui fait que nous on trouve que c’était mieux avant. Dans les faits, on devrait avoir de moins en moins d’objets, je pense. Les gamins qui vivent sans posséder physiquement la musique ne s’en portent pas plus mal.»
Helena Noguerra ‘Année Zéro’ Naïve/Pias
Si l’on prend en considération le fait que les meilleurs albums de l’année rayon francophonie resteront des petites affaires d’initiés (Mendelson, Holden, Bertrand Belin, Alexandre Varlet n’affoleront pas les compteurs), on tient ici le disque de pop intègre et potentiellement mainstream de 2013. Intègre car débordant d’arrangements hyper classes sur des musiques écrites par la demi-sœur de l’autre elle-même, parfois aidée par une crème parfum indie (Jonathan Morali de Syd Matters sur ‘Monsieur Paul’, Philippe Katerine sur l’éblouissant ‘Appelle-Moi’ ou comment chanter/susurrer les mots « Je t’aime » sans jamais sonner gnangnan, Frederico Pellegrini des The Little Rabbits et maintenant The French Cowboy, déjà acoquiné avec la jeune femme (44 ans, apparence 35) sur le projet Dillinger Girl & Baby Face Nelson, en 2006). Potentiellement mainstream parce que cette chanson française (une petite moitié des titres est en anglais) est foutrement entêtante : l’évidence de ‘Ceux Que J’Ai Embrassés’ ou de ‘The End Of The Story’ – pour n’en citer que deux – est telle qu’on a l’impression d’avoir toujours vécu avec ces morceaux, de les avoir toujours chéris. Et puis, les trucs qui passeront moins en radio, mais alors là, on touche carrément au sublime :‘If’, ballade jazzy intemporelle ; ‘The Horizon’, long travelling sous les cordes jusqu’à la mélancolie, ‘The Letter U’ épelée par la trompette d’Ibrahim Maalouf, ‘Michèle et Michèle’, énorme duo presque dansant, quasiment inhumain, à tomber, avec Anna Mouglatis. Dingue, faramineux ! Chaque écoute renforce la précédente. A la cinquième, même la rencontre simili punk avec la sœurette Lio devient de la balle. La pochette est fantastique (Frank Loriou, évidemment). ‘Année Zéro’ ou le début d’une très longue histoire d’amour. (lg)
Helena Noguerra
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Texte : Laurent Grenier © gilles dewalque
The Feather
La plume comme symbole ultime de poésie. Marqué à vie par celle tournoyante de Forrest Gump comme par celle
d’un homme qui en tenait une dans sa bouche, dans un nid d’oiseau, sur une illustration chez ses parents, Thomas Medard – vingt-cinq ans, tête pensante chez Dan San – nous livre aujourd’hui un premier disque drôlement juste, sensible, inspiré et inspirant. Une invitation au voyage – la pop islandaise rencontre le folk nord-américain – par un jeune homme qui préfère pourtant rester
ici, dans la sobriété de son home studio : « le plus loin que je suis allé, c’était au Canada, deux semaines, à douze ans. Je ne ressens pas cette envie de voyager, de fuir une réalité, de découvrir de nouveaux pays ». C’est vrai, glisser ‘Invisible’ dans le lecteur cd suffit. En soi, c’est déjà une sacrément belle aventure. Dan San a cartonné l’été 2012, joué dans quasiment tous les festivals. Tu en es un des deux cerveaux principaux. C’est quoi l’idée de ce projet solo ? Thomas Medard : « Dan San est vraiment un projet de groupe. Avec Jérôme Magnée, on apporte tous les deux beaucoup d’idées qu’on fait évoluer ensemble, à six, et on arrive souvent à des chansons qui sont assez éloignées de l’ébauche de départ. On accepte cette idée-là. C’est aussi parfois des chansons qu’on n’est pas capable de terminer seuls, pour lesquelles il y a une limite, un blocage. Pour ce projet, c’est tout à fait différent. Ça fait des années que je mets de côté des chansons que j’ai faites de A à Z et pour lesquelles je n’avais vraiment pas envie que quelqu’un vienne me dire de retoucher telle ou telle partie, pour lesquelles je n’avais pas besoin d’aide. Dès que je tenais un morceau dans cette veine, je le faisais écouter au groupe en lui présentant comme une chanson de l’album que je sortirais un jour. Je n’ai pas bossé en secret, j’avais besoin de demander aux autres ce qu’ils en pensaient. Ils étaient souvent d’accord pour me dire qu’elles avaient une coloration différente de celles que je proposais pour Dan San. Je trouve que toutes les chansons que j’ai gardées pour moi ont un petit côté cinématographique que n’ont pas forcément les titres du groupe. »
Cours Thomas, Cours! En même temps, ce projet solo est loin d’être un truc hyper dépouillé. C’est même plutôt foisonnant et très arrangé. Tu as tout fait tout seul ? Thomas Medard : « Totalement, c’est un projet solo mais pas du tout dans le genre trip de songwriter guitare-voix. Ce sont des chansons pop avec de la rythmique, des pianos, des guitares électriques. Il y a un côté très féérique dans le disque qui est apporté par tout ce qui est glockenspiel, vibraphone. Tout est enregistré chez moi, j’ai investi dans du matos d’enregistrement il y a trois ans : un bon ordinateur, une bonne carte son, un bon micro. J’ai tout fait tout seul sauf dans les quelques moments où j’ai atteint mes limites. Sur ‘Rays’ et ‘Sighs’, j’avais écrit des patterns de batterie que je n’ai pas été capable de rejouer. J’aurais pu me contenter de boîtes à rythmes mais j’étais persuadé que ces chansons y gagneraient à avoir un vrai batteur. Il y a aussi des violons mais comme je ne sais pas en jouer et que j’en entendais quand même sur certains titres, j’ai fait venir Damien de Dan San à la maison pour les enregistrer. Sinon, il y avait aussi l’aspect production qui m’importait. Parvenir à produire correctement un disque, tout seul, était vraiment une volonté, un défi, une question de fierté. » Une forme de perfectionnisme aussi, peut-être ? Thomas Medard : « Oui, sans doute. Chaque chanson du disque a connu en moyenne cinq versions différentes avant d’être arrêtée. Ce disque, j’aurais presque déjà pu le sortir il y a cinq ans, avant Dan San, j’avais déjà douze chansons, pas les mêmes mais j’avais déjà suffisamment de son. Mais je me disais toujours que ça n’était pas assez bon et je continuais à les retravailler. Aujourd’hui, il doit peut-être rester trois des douze chansons que j’avais il y a cinq ans. » Le côté cinématographique dont tu parles, il vient d’où ? Thomas Medard : « J’écoute énormément de musique de films. J’adore Philip Glass, Alexandre Desplat, même John Williams. Eric Satie aussi, même si ce n’est pas exactement de la musique de film, je trouve que ça peut s’en rapprocher. Quand j’y pense, j’écoute autant de pop que de musique classique ou de film. J’espère un jour pouvoir faire une bande originale. J’ai déjà écrit pour des courts métrages, des films d’animation d’une boîte qui s’appelle Camera Etc. C’est une manière de faire de la musique qui est totalement différente. Décliner un thème, c’est vraiment très amusant. Certains morceaux de ce disque reposent un peu sur la même démarche. » Est-ce que c’est lié à un rapport particulier à l’image ? Thomas Medard : « Non, je n’ai jamais écrit en fonction d’une image. Je fonctionne toujours de la même manière. Je me retrouve chez moi face à un instrument et je me laisse aller. C’est de l’essai-erreur. Un moment, je trouve un accord que j’aime bien et j’essaye de trouver le suivant. La musique, ce n’est que de la chance. Je ne pars jamais de mots, d’un texte ou d’une image. » Tu l’évoquais tout à l’heure, le côté carillonnant, féérique de ta musique. Il me fait penser à certains groupes islandais ou assimilés comme Sin Fang (Bous) ou, plus récemment, Cheek Mountain Thief. Tu le revendiques ? Thomas Medard : « Totalement. J’adore Sin Fang – j’ai écouté le dernier en boucle – et la musique islandaise.
Je suis un vrai boulimique de musique. Tous les jours, je fouille les blogs spécialisés. Je fais de la musique extrêmement influencée, je ne le cache pas. Tout le monde le fait. Il ne faut pas se leurrer. J’ai lu pas mal d’interviews de Daniel Rossen de Grizzly Bear, qui est une des personnes que je respecte le plus au point de vue de la création artistique. Ce qu’il dit clairement, c’est qu’au début de sa carrière, il avait vraiment l’impression de ne faire qu’une resucée d’Elliott Smith et Nick Drake, alors que moi, je trouvais qu’il avait déjà une vraie singularité. Le truc, c’est que pour créer, il faut essayer de se détacher de cette idée qu’on est tous influencés. La musique, c’est toute ma vie. » Tu entends quoi par là ? Thomas Medard : « Quand j’y pense, tout tourne autour d’elle. Quand je ne joue pas, je bosse dans un label de musique (JauneOrange, ndr), dans l’envers du décor, à défendre des projets, à m’occuper de com et de graphisme, à organiser des concerts, à me rendre dans des festivals. Pour moi, sans en être vraiment, ça reste de la musique. Et puis, quand j’écoute de la musique, je la vis véritablement. Ce n’est pas une respiration dans ma journée comme quand je regarde un film. Je dois être concentré, je ne peux pas me contenter d’une écoute passive. Je dois pouvoir en parler après avec des amis, argumenter sur un refrain, sur les trouvailles d’un couplet, etc., ça me booste, ça me permet de me dire que je ne suis nulle part, que je dois encore bosser. » Le graphisme justement. Est-ce qu’il y a une signification derrière cette pochette, ce paysage maritime vu au travers d’une vieille carcasse de voiture ? Thomas Medard : « C’est une photo que visuellement j’aime beaucoup. Celle-là et toutes les autres du disque ont été prises pendant les mêmes deux semaines de vacances en France, avec mes parents et mon frère. On se retrouvait en famille, dans un gîte. On s’est beaucoup baladé avec mon frère, on a partagé plein de choses et ça a été, je pense, les plus belles vacances de ma vie. Je suis très famille, c’était important de se retrouver. C’est aussi une forme d’hommage que je leur rends. Ce sont les premières personnes que je remercie dans le livret. A quatorze ans, quand j’ai dit à mes parents que je voulais faire de la musique, ils ont été les premiers à m’encourager à fond, à ne pas me dire que je devais me chercher une vraie profession. Mieux, ils m’ont donné les outils pour que je puisse aller au bout des choses. » Ce disque, en même temps qu’il est pop et féérique, dégage pourtant une mélancolie certaine. En quoi te reflète-t-il ? Thomas Medard : « C’est difficile de se définir. Je suis quelqu’un de très émotif, qui peut être très vite envahi par les émotions. En même temps, je vois le côté positif dans chaque chose, je suis très souvent de bonne humeur mais, paradoxalement, je suis très angoissé par rapport à ma santé, à celle de mes proches, à plein de choses difficilement dicibles. Les moments où je suis le plus productif, pour Dan San comme pour mes chansons, sont toujours ceux où je me sens le moins bien, où il se passe des choses tristes ou graves dans ma vie. Quand je vais super bien, je n’écris pas, je vois mes amis, on fait la fête, je ne reste pas chez moi. Artistiquement, si elle veut que ce soit productif pour moi, la meilleure chose qu’une fille pourrait me faire, c’est me briser le cœur. Je ne le souhaite pas, bien sûr, mais si ça arrive, je sais que je finirai par en sortir quelque chose de positif. » Un disque : ‘Invisible’ (JauneOrange/Pias)
on stage 04/10 CC Les Chiroux, Liège 05/10 Comme à la maison, Maisons des Musiques
Earteam Alek et Les Japonaises ‘Kokekokko’
Bill Callahan
aleketlesjaponaises.com
‘Dream River’
En japonais ‘Kokekokko’ signifierait cocorico. Loin d’être futile, le titre apparaît comme un clin d’œil à la démarche de ce duo un rien excentrique. Il est aussi un cri du cœur faussement suave à poursuivre plus avant les divagations qui l’animent. Plus prosaïquement, c’est peut-être le cri de joie de voir enfin réaliser ce premier album entièrement autoproduit. Si Alek est un echte Brusseleir, les Japonaises se résument en réalité à la seule personne de sa compagne Maï. A eux deux, ils bricolent d’insensées comptines en s’aidant d’instruments de fortune, essentiellement des synthés bas de gamme, et en n’hésitant pas à recourir à l’emploi de langues étrangères (italien, japonais, portugais…) dont on ne sait si elles sont singées ou baragouinées. Leurs chansons s’avèrent souvent brèves dans leur durée et pauvres dans leur développement. Elles sont entrecoupées d’interludes anecdotiques et de publicités factices. Parfois, elles se plaisent à taquiner la bossa nova ou Marguerite Duras (‘Johannesburg mon amour’). Il est également question de crottes de nez, les fameuses ‘Snottebel’ en patois bruxellois, dont la représentation pseudo-arty s’invite sur la pochette. Ce couple un rien coquin, un rien frondeur l’affirme lui-même : nous sommes de grands bébés. (et)
Drag Cit y/V2
The Antler King ‘Patterns’ Sel/Sync Records
On avait abandonné The Antler King sur le souvenir d’un premier album un peu trop lisse et maquillé. Blindé de fond de teint, ce disque planquait maladroitement ses (vilains) défauts... Au deuxième essai, le duo composé par Esther Lybeert et Marteen Flamand fait beaucoup mieux. ‘Patterns’ déploie ses charmes sur des coussinets de folk et une pop joliment troussée. Avec un énorme single (‘Gold Red Circles’) sous le bras, The Antler King a de la matière pour charmer les ondes du monde entier. Esther et Marteen ramènent parfois nos oreilles du côté d’Angus & Julia Stone. Ailleurs, le couple marche sur la pointe des pieds, de peur d’écraser les ravissantes mélodies qui fleurissent sur leur deuxième album. (na)
AlunaGeorge ‘Body Music’ Island/Universal
Duo composé du producteur George Reid et de la chanteuse Aluna Francis, AlunaGeorge (fallait le trouver, ce nom !) promène son premier album sur les berges du R’n’B et des musiques électroniques. Déjà, une chose est acquise : Aluna possède la plus jolie paire de guiboles du circuit. Info bien exploitée : les jambes de la chanteuse sont avantageusement mises en avant sur la pochette de ‘Body Music’. Voix sexy, chant aguicheur, la belle joue de ses charmes derrière le micro. Accoudé aux machines, George Reid assure le boulot. La production est solide et suffisamment atypique pour se démarquer de la concurrence. Malheureusement, AlunaGeorge s’égare sur la longueur de son disque. Là où le duo aurait dû recentrer le propos, il s’égare dans des étirements assez épuisants. Sur les quatorze titres proposés, on retient trois bons moments (‘Outlines’, ‘Your Drums, Your Love’, ‘You Know You Like It’) quelques parties de plaisir et beaucoup de bouche-trous. (na)
Babi ‘Botanical’ Noble
Malgré un timbre à l’amplitude relative, c’est que ça s’étouffe vite dans les aigus, ma bonne dame, il se dégage un je-ne-sais-quoi des plus charmants chez la demoiselle Babi. C’est que derrière son innocence ingénue, l’artiste japonaise parvient à subtilement fusionner des éléments dis-
Qu’on se mette bien d’accord. Prétendre que l’homme le plus classe du monde c’est George (Clooney /Abitbol /whoever) est une aberration. Définitivement, et sans contestation possible, le plus classe, c’est Bill. Qui d’autre parviendrait à assurer cette signature vocale intense, ce phrasé élastique fécond autant dans l’âpreté bouleversante d’un ‘Baby’s Breath’ (fleur fanée d’anthologie d’’Apocalypse’) que dans ‘The Sing’, récit de bar faussement décontracté à la DeWitt où ne s’échangent que les « Beer...Thank you » ? Qui d’autre assumerait avec panache cette flûte easy listening et ces beats congas tout en fredonnant « You look like worldwide Armageddon », reléguant les autres crooners, de John Cale à Stuart Staples en passant par Kurt Wagner à des flagorneurs rime-petit? Sous couvert d’un album bien plus moelleux (la rondeur de ‘Seagull’ sous les chatouillements de la guitare, l’intimité de ‘Small Plane’) que l’épidermique précédent, Callahan, augure narquois et passe-montagne, continue à faire de ses lignes de front des panoramas abrupts et immenses, de montrer les dents ou de séduire en terrain miné (« And all I wanna do/ Is make love to you/ In the fertile dirt/ With a careless mind. »). Et nous de vouloir saisir chaque allusion occulte, revenant cent fois sur chaque arrangement, conscients que c’est dans l’infusion longue que se déploie toute la force du songwriter. Mais, « When things are beautiful, you just keep on. ». On ne peut que te donner raison, dear Bill, « lucky man » ! (alr)
parates, ils vont de mùm à Cornelius en passant par Midori Hirano – tel un ensemble islando-nippon qui se serait donné rendez-vous chez Max Richter, bien qu’il y ait aussi du Pascal Comelade là-dessous. Non seulement l’ensemble des dix pistes de son second album dégage un charme fou, entre toy pop, electronica et folk mutant, sans même parler d’une coquinerie kawai hors de tout cliché – ou alors ce sont ceux que revendiquent une Gutevolk – juste que ce ‘Botanical’ transforme ses quelques scories mineures en atours féconds, gage d’un esprit indépendant à qui on ne fera pas le coup de la photocopieuse en noir et blanc. (fv)
Babyshambles ‘Sequel To The Prequel’ Parlophone
«Je sais où se trouve le bouton de l’autodestruction, il ne me reste plus qu’à résister à l’envie de pousser dessus». A défaut d’avoir le sens de la mesure, cette tête à claques de Pete Doherty a parfois des sursauts de lucidité pour résumer un parcours qui l’a davantage vu défrayer les chroniques des magazines pour salons de coiffure que celles de la presse musicale. Après six ans d’abstinence, certes relative, c’est avec ses camarades de jeu des Babyshambles qu’il entend aujourd’hui démontrer que les excès n’ont rien altéré de sa capacité à revisiter la glam pop anglaise ou à enfumer son monde avec son romantisme de débauché repenti. Ce ‘Sequel To The Prequel’ illustre parfaitement cette ambivalence. Jolie collection de poncifs rocks typiquement britanniques, l’album voit tout d’abord le groupe se lancer dans une blietzkrieg punk sur trois accords de guitare salaces (‘Fireman’) puis ciseler une ballade roublarde que n’auraient pas reniée Marr et Morrissey (‘Nothing comes to nothing’). Rien de vraiment étonnant à cela puisque c’est un certain Stephen Street que l’on retrouve à la production. Férus d’avant-garde, passez votre chemin. On est ici en territoire balisé et référencé, comme le prouve également le très « kinksien » ‘Seven Shades Of Nothing’ ou le reggae enfumé de ‘Dr. No’ qui lorgne peut-être du côté des Specials. L’album s’autorise toutefois quelques faux-pas à l’image de ‘Fall From Grace’ et sa country pour les nuls ou de ‘What A Master’ faiblard et que la voix chargée d’excès et de désillusions de Doherty ne suffit pas à transcender. Au moment de faire le bilan de cette visite du musée de la pop anglaise, on savourera donc davantage l’esprit de l’ensemble qu’une pièce en particulier…(gle)
Barbarossa ‘Bloodlines’ Memphis Industries
Sur ‘Bloodlines’, James Mathé remplace la guitare acoustique de son essai précédent chapeau-
té par King Kreosote (‘Chemical Campfires’) par une armada de claviers tous enregistrés dans des conditions analogiques, et promène ainsi sa voix de tête sur des détours plus soul. Solitaire, il se recroqueville dans une bulle électro derrière des parois chétives dont les reflets nous renvoient la reverb nacrée de Stubborn Heart. D’aucun ont également comparé Barbarossa à Junip, dont Mathé a assuré la première partie au cours de plusieurs tournées : de fait, il demeure des inflexions parallèles à José Gonzalez dans la tessiture de son chant (sur ‘Pagliaccio’ et ‘The Load’ entre autres). Bien que Mathé s’adonne aux octaves avec plus de technique que son confrère, Barbarossa n’a pas la subtilité trans-genre du groupe suédois et atteint rapidement les limites d’une pop au romantisme figé. Maniérées, parfois à la lisière d’une superficialité camouflée en repli, ses blessures de l’âme peuvent fatiguer et ne plus convaincre à moins d’avoir conservé l’âme et la mémoire d’une midinette. Dommage, car sa fragilité vocale ne demande qu’à s’étendre au-delà des clichés, preuve à l’appui sur ‘Turbine’, bref funk nerveux et frivole qui illumine ‘Bloodlines’ d’une aura sexy que l’on aurait souhaité voir perdurer. (ab)
Bettens ‘Waving At The Sun’ Bet tens Music
Je ne vais pas te mentir : adolescente, je n’ai jamais été accro à la petite pilule dentelée d’Alanis Morissette. En 1995, c’est à peine si je savais que les morts-vivants aiment le jus de canneberge, et qu’une panthère noire au crâne rasé pouvait être paranoïaque. Pour la mort de Kurt, il aurait fallu être inuit pour ne pas être au courant. Ça n’allait pas davantage visser K’s Choice dans mon clan, tout autochtones qu’ils soient. Il est probable que dans une comédie romantique de l’époque avec Meg Ryan, cet actuel ‘Surrender’ en alternance avec un titre de Six Pence None The Richer aurait fait l’affaire. Aujourd’hui, pour Sarah et Geert Bettens, la fraternité reste le ciment d’une musique qui s’exprime plus dans les interstices et les silences, qui vient piocher dans les reliefs chers à Sigur Rós (‘Dark Day’, le néo-classique ‘White Out’ ou plus encore ‘We are Glaciers’). Bande-son d’une expédition en Antarctique, ‘Waving At The Sun’ s’avère subtil dès que la sobriété prend le pas (‘Letting Go’, entre autres) mais ne brise pas tout à fait la glace. (alr)
Boogarins ‘As Plantas Que Curam’ Other Music Recordings/Pias
Et bam, un bon disque de psychédélisme brésilien pour la rentrée ! Chant en portugais, chœurs crétins, références au tropicalisme et fuzz à tous les étages, mama mia, ‘Infinu’, il faut l’arrêter un moment... Les deux cocos qui nous pondent ça
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viennent d’un bled, Goiânia, où probablement, on troque des acides pour presque rien. Peut-être même qu’on y déniche encore des 45 tours de Fabio, un Paraguayen d’origine introduit à la soul music et aux expédients par l’excellent Tim Maia. En 1968, sur RCA Brazil, ce Fabio en question a sorti ce truc dément qu’on peut facilement trouver sur le net, ‘Lindo Sonho Delirante’, inutile de faire un dessin. Le (very good) trip des Boogarins est celui-là. ‘As Plantas Que Curam’. Les plantes qui guérissent, et le reste ouais. (lg)
Black Joe Lewis ‘Electric Slave’ Vagrant/Ber tus
Avec un titre d’album en guise de profession de foi, Black Joe Lewis et ses comparses ne s’érigent nullement en porte-paroles de quelque groupuscule réactionnaire bavant sa haine sur le société actuelle mais ils attirent plutôt notre attention sur l’importance démentielle qu’a pris la technologie dans notre société et sur son côté méchamment aliénant. Sur le plan musical, on ne sera nullement surpris que le groupe mette en avant un style puisant ses sources dans le blues rock, la soul roots, le funk 60s et le rock garage plutôt que dans le dubstep. Cela nous donne un album extrêmement excitant, débordant de titres puissants mêlant les genres avec beaucoup de talent. ‘Skulldiggin’ est une merveille de blues rock tendance stoner, un titre génial de concision et de rage crasse. Souvent, l’album flirte avec le rock garage bien brut avec notamment l’excellent ‘Young girls’ qui rappelle les Stooges, comparaison d’autant plus flagrante que l’ami Lewis peut adopter un timbre de voix guère éloigné de celui d’Iggy Pop. Tout en nous gratifiant de riffs tranchants et en exhalant une atmosphère générale on ne peut plus abrasive, ‘Electric Slave’ affiche aussi un sens du groove incomparable sur des compos bien funky et imprégnées de soul comme ‘Come to my party’ et le sublime ‘Dar el Salaam’ illuminé par la présence de cuivres démentiels. Très, très bon ! (pf)
Boardwalk ‘Boardwalk’ Stones Throw Records
A l’heure du grand retour des papes(sses) de la pop romantique fleur bleue, oui il s’agit bien des Camera Obscura, le duo californien Boardwalk emboîte le pas, la touche néo-sixties en moins, les arrangements sagement post-Broadcast en plus. Qu’on ne s’y trompe pas toutefois, si les ustensiles sont communs au groupe de la très regrettée Trish Keenan, le résultat est lui d’un acabit nettement moins inventif - encore que parfaitement écoutable un soir de félicité, entre deux chandelles et trois verres de Champomy. D’une mélancolie à l’adolescence qui confine parfois à la naïveté, Mike Edge et Amber Q. ne sont toutefois pas que des suceurs de roue pour âmes en peine sur Meetic. A certains moments, peut-être minoritaires, ce qui n’entache en rien leur délectation, ses déclinaisons mentholées deviennent même carrément irrésistibles, tels des plaisirs coupables – et l’ambition éternelle de rencontrer le grand amour. C’est d’autant plus vain que le thème est éternel. (fv)
Braids ‘Flourish // Perish’ Braids/Full Time Hobby
Remarqué, voire acclamé en 2011 pour son premier album ‘Native Speaker’, Braids ne voulait pas décevoir pour son successeur – séduire est toutefois une autre histoire, comme le prouve à ses dépens le présent ‘Flourish // Perish’. Si les historiettes du désormais trio montréalais hantent toujours de leur dream poptronica les aléas de la vie d’artiste, ses dix chapitres manquent également
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Earteam
d’une force structurante. Certes, la chanteuse n’a pas lésiné sur les moyens, ni sur la réverb’, mais les échos pseudo-rêveurs de sa création nous rapprochent hélas plus d’un ésotérisme de paille, alors qu’une meilleure idée aurait été de tenter un rapprochement entre Portishead et Beach House. Car quitte à être légère et angélique comme du Stina Nordenstam en quête d’un bonheur illusoire, le groupe canadien oublie de manipuler les aspérités et, à trop lisser son propos, il finit par manquer totalement de relief. A peine fleurie, déjà périe, c’est triste. (fv)
Basia Bulat ‘Tall Tall Shadow’ Secret Cit y Records/V2
Sympathique artisane d’une folk music plutôt mainstream, Basia Bulat déploie une énergie un chouia plus électrique sur son troisième album. Non que ses dix nouvelles compos risquent de bouleverser les classements de fin d’année, mais dans un genre proche de Martha Wainwright, son ombre grande grande fait le boulot. Bien produit et enregistré, on sent le savoir-faire de Mark Lawson, déjà aux manettes d’Arcade Fire, dont Tim Kingsbury est également de la partie (le monde est petit), les comptines de la chanteuse de Toronto manquent toutefois de naturel. Visant en effet à ne pas heurter le public dans ses habitudes, le trio pousse parfois les boutons de la console dans une surenchère radio-friendly, qui endommage les chansons plus qu’elle ne les sert. En témoigne le superbe ‘Promise Not to Think About Love’, où la voix et l’instrument (une harpe électrique ?) produisent un effet totalement bluffant. (fv)
Burns ‘Life In The Midwater’ Western Vinyl
On pensait qu’on en avait fait le tour, qu’il était temps de passer à autre chose. Que ces pythies qui déballent leurs scarifications, leurs deuils sentimentaux et expulsent le son du plus profond de leur ventre comme si elles engendraient un enfant-dieu, on ne savait plus les distinguer. On ne voulait plus d’attaches, plus d’identification à ces créatures de l’entre-deux, celles que le poids de leur féminité fait entrer en trans(c)e(ndance). On avait bien fait une exception pour le cold blues à la gravité macabre de Mirella Wagner, une encore pour la luxuriance de rocailles précieuses de Cold Specks, mais pourquoi aurait-on déposé la cuirasse pour une obscure violoniste devenue interprète en arrière-cour de Balmorhea? Ça, c’était ce qu’on pensait avant. Avant de se laisser contaminer par la variété de strates organiques dont peut faire montre cette coureuse à travers champs, sans tomber dans l’esbroufe. Avant d’être transis par la grâce immédiate de ‘Sold’, happés par la façon dont ‘Shelly’, bifurcation intime (« it’s time to cut it out / it’s time to cure my doubt »), nous fait léviter sans se départir de sa prise de terre : étourdissant moment. Avec son archet pour seul fouet, Aisha Burns, gardienne profane zébrée d’élans sacrés (‘Discerpo’, en acmé, ‘Nothing’ mantra marmonné), dompte sereinement les tigres en écoutant battre son propre pouls. Tu m’entends ? Les ti-gres. Et vraiment, on aimerait pouvoir en dire autant. (alr)
Cavern Of Anti-Matter ‘Blood-Drums’
Kirin J Callinan ‘Embracism’ Terrible Records
Picture it. Un Christopher Eccleston exhibi, visage crispé sur des tics punk affectés, éructant un cabaret rock erratique aux rythmes technoïdes. Cible d’incessantes injures personnelles sur youtube. Man, you suck ! A poil sous sa douche, il scande un hymne burné à l’homo-érotisme. ‘Embracism’, single vilain et velu comme un poing dans la gueule, comme des mains sur ta queue. Push / Rip / Taste / Touch / Work Your Body. Fuck la cadence, twisted mélodie, Scott Walker dans le collimateur. Kirin crispe, Kirin irrite. Croûtes à gratter, goût de sang coagulé. Man, you suck ! Timbre ample et grave, fais la nique à frère Cave, à frère E. Smith. Balade ta gouaille sur ‘Landslide’ et fais pleurer les chaumières, comme toi-même sur Springsteen. ‘Come On USA’, fais durer tes drones, fais durcir tes beats. Man, you suck ! Ian Curtis goes techno sur the ‘Way II War’ ? Love it/Hate it. Cyber-ballade sous rohypnol en Forêt Noire ? Love it/Hate it. Solide Dé-pêche en Mode electro-pop, Victoria ? Love it/Hate it. Performance égotique ou Viril-Rock ? Narcisse meets Jackass ? Fumis-tuerie ? Love it or hate it, Kiri s’en bat les couilles, et sous ton nez encore bien, tout destiné qu’il est à foutre son pied, forcément nu, dans la fourmilière et tant pis si ça pique, il recommencera rien que pour faire chier les haters, le tout parrainé par Grizzly Bear, si messieurs. « L’homme peut rencontrer un autre homme. Dans un bar. Au terrain de sport. Au travail. Ou dans son appartement. Ou sur Internet. Tout de suite ! » Man, you suck whenever you want ! (ab)
adoubé par la presse dans les années 90. On ne saurait toutefois qualifier ce nouveau projet de pop, vu son caractère hautement expérimental. Influencé par la scène krautrock, le Bowie de la période berlinoise ou encore Mahogany Brain, cet album instrumental fait dans l’électronica mutante, répétitive et hypnotique. Etonnamment, aussi pointu le concept puisse-t-il sembler, l’ensemble s’écoute facilement et accroche même l’oreille grâce à la présence de micro séquences mélodiques et du pouvoir magnétique des compositions qui évoluent tantôt dans un registre planant et éthéré, tantôt dans la mouvance cosmique psychédélique tout en lorgnant du côté de la BO de film d’horreur ou encore de l’électro déjantée façon Add n to (X). Un album excitant à plus d’un titre qui devrait combler les fanas de musique électronique audacieuse. (pf)
Sylvain Chauveau ‘Kogetsudai’ Brocoli
Second volet d’une trilogie démarrée en 2010 avec l’exigeant ‘Singular Forms (Sometimes Repeated)’, ‘Kogetsudai’permet à Sylvain Chauveau de poursuivre une œuvre en solitaire, tranchée dans le vif de l’austérité. Exposée en six paysages dénudés et impressionnistes, la vision de l’artiste français contourne les vieilles habitudes radiophoniques, c’est pour mieux ouvrir nos oreilles à une nouvelle façon d’inscrire la pop music dans son siècle. Rejoignant David Sylvian (ah, ce chant…) sur l’autel des armateurs de l’aventure en friche électronique, un monde étrange et poétique s’ouvre à nous. Tel son camarade Stephan Mathieu – avec qui il a commis le fabuleux ‘Palimpsest’, un des plus grands disques de 2012 – Chauveau démonte une à une les mauvaises habitudes du show biz, laissant à l’auditeur toute latitude d’imprimer sa propre poésie dans le cadre d’un dépouillement volontaire, où les souvenirs d’un phonographe lointain remontent à la surface d’un avenir entre envie et renoncement. (fv)
The Civil Wars ‘The Civil Wars’ Sony
Grautag Records
Cavern Of Anti-Matter est un trio formé l’an passé par l’allemand Holger Zapf ainsi que Tim Gane et Joe Dilworth, deux anciens membres de Stereolab, groupe pop avant-gardiste
Les grammyawardés Joy Williams et John Paul White reviennent aux affaires avec un deuxième album de country folk alternative qui pourrait refiler une trique pas possible à ceux qui trouvent méga bandant le dernier Alela Diane. Au menu donc, de l’électricité poussiéreuse qui rappelle les débuts d’un autre White, Jim et les épanchements contemplatifs habituels de ceux qui se re-
vendiquent des plaines sans fin : lap steel à gogo, dobro et mandoline. Dans le fond, c’est pas mal mais trop propre et trop maniéré pour convaincre sur la longueur. On préférait de loin le premier album dans sa version de luxe avec ses reprises décalées de Michael Jackson (‘Billie Jean’, méconnaissable) et Leonard Cohen (‘Dance Me To The End Of Love’, superbe). Là, il faut se contenter d’une cover larmoyante d’un truc écrit par l’horripilant chauve des Smashing Pumpkins en 1992, ‘Disarm’. Le duo devra redresser la barre, sans quoi on risque de lâcher l’affaire assez vite. (lg)
Clark ‘Feast/Beast’ Warp/V2
‘Feast/Beast’. Le jeu de mots est presque parfait dans son agencement sémantique. La photographie portrait de Christopher Clark ornant la pochette devrait nous avertir : ses mains protubérantes, excroissances démesurées et démultipliées de son corps, incarnent l’appendice vital et nécessaire au façonnement de son art. Des mains promptes à tripoter d’impromptus boutons et à tripatouiller de complexes prompteurs. Chris Clark tour à tour magicien, prestidigitateur, diseur digital. Chris Clark manipulateur, jouant et se jouant des tours. ‘Feast’, premier volet/cd du diptyque, le voit remixer Amon Tobin, Nathan Fake, Nils Frahm, Barker and Baumecker, The Beige Lasers, Rone et d’autres encore. ‘Beast’, le second cd, le voit se frotter à des plus grands noms tels ceux de Maximo Park, Battles, Massive Attack ou encore Depeche Mode dont il remanie avec brio le récent ‘Freestate’. Parfois le jeu s’inverse, recourant au procédé bien connu du « à moi, à toi ». Clark est alors à son tour remixé, revisité par d’autres. Ainsi le très convaincant remix de ‘Growls Garden’ par Nathan Fake ou celui de Bibio pour ‘Absence’ qui l’est nettement moins. Ce double album ravira les rompus à l’homme. (et)
Compay Segundo ‘Guantanamera’ Rhino/Warner
Ce n’est plus vraiment l’été, ce n’est pas encore Noël, mais qu’importe. Pour se préparer à enfiler des mojitos au coin du sapin, on peut déjà se procurer cette nouvelle compilation dédiée à l’œuvre du chanteur et compositeur cubain Compay Segundo. Intitulé ‘Guantanamera’, l’objet fait le tour du cigare pour la centième fois. On redécouvre l’œuvre du guitariste. Sa voix. Sa mélancolie. Sa douceur de vivre. En vingt chansons, on célèbre comme il se doit les dix ans de sa disparition. Star du Buena Vista Social Club, Compay Segundo est sans doute l’artiste cubain le plus compilé de tous les temps. Ce nouveau
disque ne révèle aucune zone d’ombre : rien de bien neuf sous le soleil de Cuba. Mais puisqu’un ‘Chan Chan’ n’a jamais fait de mal à personne, on ne se plaindra pas. (na)
Crocodiles ‘Crimes Of Passion’ Zoo Music
Sur route mouillée, comptez trois crocodiles pour être sûr de garder vos distances de sécurité. A moins que vous n’en ayez rien à kicker et que vous préfériez écouter le quatrième Crocodiles (en 5 ans) pied au plancher, volume au max. Auquel cas, on ne pourra vous donner tort tant, une fois de plus, les branleurs sourdingues de San Diego frappent fort. Déjà, avec ‘Endless Flower’, on tenait le grand disque exterminateur d’hippies, mais à peine un an après, nous refaire le coup, c’est vachement fortiche. Les thèmes ne changent pas et les allusions à une certaine littérature de genre continuent à fuser (‘Marquis De Sade’ ici, mais il faut se souvenir de l’incroyable ‘My Surfing Lucifer’ avec Les Fleurs Du Mal Girl’s Choir derrière ; ce nom, mince, il fallait l’inventer). La musique est à l’avenant, produite par Sune Rose Wagner des Raveonettes, un génie du genre : crade, noise et pop à la fois, rotant parfois un reste de glam rock mal digéré (‘Marquis De Sade’, ‘Cockroach’) avec une morve toute britpop (‘Heavy Metal Clouds’, une sorte d’anticyclone qu’on renverrait, pour peu, à Lennon/McCartney). Et puis, il y a tous ces tubes qui n’en seront jamais : ‘She Splits Me Up’, ‘Gimme Some Annihilation’ et même, c’est navrant mais on s’en accommode, une ballade neuneu en clôture (‘Un Chant D’Amour’). Oubliez le polo Lacoste, un t-shirt élimé suffira. (lg)
Diana ‘Perpetual Surrender’ Jagjaguwar
Si derrière le nom de Diana se cache un mystérieux quatuor de Toronto, c’est plutôt du côté de l’Ecosse des Cocteau Twins qu’il faut rechercher les similitudes stylistiques. Adeptes d’une pop eighties aux effets synthétiques, ils sont soulignés jusqu’à plus-soif, le combo canadien imprime à ses chansons un cachet vintage qui sied bien au chant mi-expressif mi-coquin de la vocaliste Carmen Elle. Même si, vous l’avez déjà compris, on nage en plein revival, quitte à ressortir à plein la boîte à clichés, le premier opus de Joseph Shabason & co s’écoute d’une traite, tant le savoir-faire de ses intervenants est manifeste. De là à en faire une référence incontournable, il y a un gouffre. (fv)
Donato Dozzy ‘Donato Dozzy Plays Bee Mask’ Spectrum Spools
Producteur et DJ, Donato Dozzy s’attaque à un monument récent (2012) de la Kosmische Musik et l’exercice lui réussit particulièrement bien. Incontournable du genre depuis sa sortie sur Room40, je l’avais mis dans mon Top perso de l’année, le ‘Vaporware’ de Bee Mask retrouve sous les doigts de l’artiste italien toute la féérie éthérée de ses origines, mais il parvient également à transfigurer ses volutes stratosphériques en rebuffades ambient des plus inventives, quelque part dans les interstices séparant Brian Eno de Fennesz. Toutefois, il serait sot de simplement citer ces deux références, tant la gamme chromatique développée par Dozzy multiplie les entrelacs, bannissant toute tentation monotone de son répertoire. Par ci, on sent poindre le regard de Steve Reich, par là l’influence de Four Tet, partout la folle créativité electronica du Transalpin débouche sur des
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Earteam
morceaux impeccablement reconstruits – ils doivent rendre Chris Madak fier comme un paon. Et il en a bien le droit. (fv)
Bob Dylan ‘Another Self Portrait – The Bootleg Series Vol.10’ Columbia/Sony
De Dylan, notre ex-collègue Didier Smal aurait pu vous entretenir avec brio, à longueur de colonnes, forçant les repères chronologies et les détails biographiques. La place manquant, nous nous contenterons lâchement de signaler cette sortie dont le titre énonce à suffisance qu’il s’agit d’une anthologie de plus. Circonscrite sur les années 1969 à 1971, période charnière dans la carrière de Bob Dylan, elle compile, sur deux cd distincts, des versions inédites, des enregistrements rares et deux extraits du concert à l’Ile de Wight avec The Band, le tout remis en selle et en son par l’équipe de Columbia Legacy. Beaucoup de spécialistes de Dylan attestent que c’est au cours de ce concert de Wight en 1969 qu’il aurait amorcé un virage, reléguant sa vielle image folk et mystique amplifiée par l’album ‘John Wesley Harding’ sorti l’année avant pour revenir vers la chanson pop, ce que confirmera la parution de ‘New Morning’ l’année d’après en 1970. Un livret bien documenté et généreusement illustré complète le package. Pour les complétistes et les curieux. (et)
Elephant Stone ‘Elephant Stone’ V2 Records
Obnubilés par les sixties et la pop psychédélique, quatre musiciens de Montréal montent à bord de la machine à remonter le temps. Rassemblés sous le nom de code Elephant Stone, les mecs trippent sur la même musique que The Warlocks ou The Brian Jonestown Massacre. Folk, pop ou rock, leurs morceaux s’étirent sur les cordes d’une guitare électrique ou d’un sitar bien toxique. En dix chansons résolument vintage, Elephant Stone trompe l’ennui et nous sert un premier album bourré de refrains vénéneux et de mantras cosmiques. (na)
Esmerine
J. Cole ‘Born Sinner’ Roc Nation/Columbia/Sony
On avait déjà un peu craqué notre slip en compagnie de mister Cole. En 2011, son précédent ‘Cole World : The Sideline Story’ constituait indéniablement la meilleure recrue de l’histoire du label Roc Nation, propriété privée du big boss Jay-Z. Avec le récent ‘Born Sinner’, c’est carrément le putsch : l’élève prend le maître de vitesse. Plus prompt à signer de bonnes chansons, J. Cole gomme toutes les imperfections de son premier essai pour transformer le second. Cette fois, tout y est. Des samples (Notorious B.I.G, Arrested Development, Sly) aux invités conviés au banquet, cet album brille de tout son long. Le flow en suspension entre ceux de Nas et Jay-Z, Cole certifie son sens de la mélodie et appuie, un peu plus encore, ses penchants romantiques à la production. Entrepreneur aux sensibilités artistiques acérées, J. Cole est en phase avec l’époque, ses héros et légendes. En cela, il nous fait aussi penser à Kanye West – jamais le dernier à sentir le vent venir. ‘Born Sinner’ semble étudié pour coller à l’air du temps. Une collaboration avec Kendrick Lamar (‘Forbidden Fruit’), une sucrerie R’n’B aux côtés du prince Miguel (‘Power Trip’) ou la résurrection miraculeuse des filles de TLC pour un ‘Crooked Smile’ finement ciselé, le MC de Fayetteville ne manque aucune occasion de faire fructifier ses idées. La présence d’Amber Coffman au casting du disque accrédite un peu plus encore cette impression. Depuis qu’elle a prêté sa voix au ‘Get Free’ de Major Lazer, la chanteuse de Dirty Projectors est une héroïne désirable. Et J. Cole ne se prive pas d’une sortie sensuelle dans ses bras (‘She Knows’). Avec ses chorales, son goût pour la narration et la mise en scène, ‘Born Sinner’ est un des bonnes pioches hip-hop de l’année. Et peu importe si le J. de Cole est pour Jermaine. Il a quand même la classe. (na)
un navire dans le détroit du Bosphore en septembre, dans la lumière finissante de l’été. (et)
Exsonvaldes ‘Lights’ Inter ference
‘Lights’ est sorti depuis plus de six mois en France et il faut bien avouer qu’il a très peu clignoté dans le blizzard imposé par quelques jeunes bêtes féroces moyennement inspirées. Or, pour les amateurs de beats un peu cochons et de pop guillerette, tu nous entends, tu nous entends, c’est un joli phare de pacotille qui mérite qu’on s’y arrête un (court) instant, histoire d’y picorer des refrains catchy comme des cacahuètes sucrées et de les oublier aussitôt comme les mignonettes de Lilly Wood & The Prick. C’est que, dans le genre, on préfère retenir ceux de The Bewitched Hands et Phoenix. Sinon, nouveauté : il y a trois chansons en Français. Une veine à creuser. Du Lescop en mieux. (lg)
‘Dalmak’
Thomas Fersen
Constellation
‘Thomas Fersen & The Ginger Accident’
D’Esmerine, nous avions gardé en mémoire quelques disques éthérés emplis de cordes et de mélancolie. Ce nouvel album voit le groupe quelque peu remanié revenir au-devant de sa scène locale, celle en l’occurrence de Montréal, avec force et ferveur. La genèse de ‘Dalmak’ débute en Turquie et plus précisément à Istanbul où le groupe a pris ses repères après y avoir tourné en concert. Des rencontres avec des musiciens stambouliotes se sont nouées, des liens durables se sont forgés. Le disque y a été en grande partie conçu et enregistré tandis que l’enregistrement s’est poursuivi au Québec. La composition de l’équipe mérite l’énumération. Outre le travail remarquable de la violoncelliste Beckie Foon dont on soulignait le talent le mois dernier pour son projet Saltland, cheville du groupe, on soulignera la présence du batteur Jamie Thompson (Godspeed) et du percussionniste Bruce Cawdron. L’excellente violoniste Sarah Neufeld et le contrebassiste Aaron Lumley sont également de la partie. Des musiciens turcs apportent leur soutien et leurs instruments traditionnels tels le bendir (tambour oriental), le darbouka, l’erbane ou encore le saz (un luth à manche long). C’est Jace Lasek (Wolf Parade, Suuns) qui réalise le mixage. Au final, c’est une musique à teneur folk essentiellement instrumentale à la fois saturnienne et orientalisante qui se donne à entendre. Elle s’écoute simultanément avec détachement et immersion, un peu comme on regarderait passer
Tôt ou Tard/Pias
Voilà mine de rien vingt-cinq balais que Thomas Fersen balance ses petites chansons drôles et que, sans trouver ça extraordinaire, on y voit finalement peu à redire. Dans le genre, c’est même un des rares à savoir nous arracher un sourire. On n’y peut rien, il sort tout seul. A part Albin de la Simone avec son ‘Catastrophe’ ou dans une moindre mesure les prestations live de Vincent Delerm, l’humour dans la chanson française est trop souvent une… catastrophe. Ou alors, on ne parle plus de musique (Tryo, La Rue Kétanou, l’autre guitare manouche fils de). ‘Thomas Fersen & The Ginger Accident’ commence en grandes pompes (il en sera d’ailleurs question plus tard, de ses shoes) avec – il n’y a pas d’autres mots – un grand morceau de soul, rutilant sous les cuivres et les chœurs : ‘Donne-moi Un Petit Baiser’ envoie la purée et donne le t(h)on. La suite est moins impressionnante mais musicalement, c’est classe : de beaux arrangements néosixties et des chœurs de Bollywood enregistrés à Calcutta. Bien, bien. (lg)
Fists ‘Phantasm’ Gringo Records
On ne sait pas trop comment le premier essai de ces Anglais est tombé sur notre pile de disques mensuelle. Une chose est certaine : on va mettre plusieurs mois à s’en remettre. Fists, c’est trois mecs, deux filles et un énorme ‘Phantasm’ à
écouter du matin au soir, à jeun ou chargé comme un mulet. ‘Go’ donne le top départ d’un album qui colle d’emblée Thee Oh Sees à la culotte. Rock garage sous haute tension, les bricolages de Fists dérivent ensuite vers une formule pop truffée de féminité. L’instant d’après, l’affaire repart en couille et débouche sur une impossible collision entre Sloy et Sleater-Kinney. Loin de se résumer à une énième éclosion de pop noisy avec des testicules gros comme des renoncules en fleur, la musique de Fists prend le temps de respirer (‘New Clothes’, ‘Yr Glove’) pour mieux s’essouffler. Un grand disque de rock indépendant. (na)
Forest Swords ‘Engravings’ Triangle/Pias
Perso, je m’en fous comme de mon premier 45 tours des Martin Circus, mais il parait que l’EP ‘Dagger Pieces’ a valu à Forest Swords les honneurs de Pitchfork. C’était en 2010 et trois longues années plus tard, Matt Barnes à l’état civil déboule avec son premier effort en longue durée. La notion de longueur convient particulièrement bien – ou mal – à cet ‘Engravings’, tant on a l’impression à son écoute que le temps met des plombes à s’écouler. Ce n’est pas faute d’essayer, pourtant, le musicien anglais déploie une riche panoplie d’effets sonores mais il ne parvient que trop rarement à rendre le tout digeste. Sans doute adversaire acharné de la doctrine du less is more, Forest Swords laisse la débroussailleuse au vestiaire et on n’a guère envie de l’accompagner dans le sous-bois. (fv)
Generation Of Vipers ‘Howl And Filth’ Translation Loss Records/Golden Antenna Records/Broken Silence
Peu connu jusqu’ici, ce trio originaire du Tennessee avait pourtant sorti deux très bons albums de post métal en 2005 et 2007. On peut espérer que ‘Howl and filth’va lui permettre de faire le grand saut, tant il regorge de titres forts et inspirés. Entouré de techniciens de renom ayant bossé avec des artistes comme Converge ou Torche, Generation of Vipers nous propose un métal doom sludge hardcore à la fois apocalyptique et créatif, ne reculant pas devant la prise de risque qui lui fait donner des détours inattendus à certaines de ses compos. Si ‘Ritual’,‘Eternal’ou le bien nommé ‘Slow Burn’sont représentatifs du métal doom sludge dans lequel le groupe excelle, le groupe surprend à l’occasion en nous propo-
sant un interlude apaisé sur lequel intervient un piano, tout en terminant l’album avec l’hypnotique ‘The misery coil’. Une franche réussite qui saura séduire les fans de Converge, Isis, Neurosis ou Godflesh. (pf)
Daughn Gibson ‘Me Moan’ Sub Pop
Tiens, un disque qui aurait pu être le dernier The National si les frères Dessner avaient consenti à torcher autre chose qu’une pâle copie de ‘High Violet’, à savoir une collection de chansons bien plombées, graves ; du rock dérouillé jusqu’à l’os par un songwriter amerloque ancien batteur d’un groupe de stoner qu’on n’a jamais écouté (Pearls and Brass, pour les amoureux du genre). Les idées fusent – souvent excellentes – et font assez vite de ces onze titres des structures pérennes : la terrifiante entrée en matière balancée par une sorte de crooner animal (le premier vers de ‘The Sound Of Law’ annonce les ciels bouchés à venir : « My daddy was a beast », l’ADN, souvent, ne trompe pas), le trombone estropié de ‘Kissin On The Backtop’, les rêves de paumés (« Dreamin with the TV lit / that i woke up with a starlet » dans ‘All My Days Off’), la plongée finale en abysse (‘Into The Sea’). Intéressant. (lg)
Glasvegas ‘Later… When The TV Turns To Static’ BMG
Ce combo écossais existe depuis un peu plus d’une dizaine d’années et a pu se hisser plusieurs fois dans les premières colonnes des charts, surtout en Suède où il jouit d’une popularité certaine. Ce disque est son troisième album et le premier pour BMG suite à la rupture avec Sony. Il confirme la bonne santé du groupe et son aisance à écrire des morceaux simples et mélodiques, avant tout destiné à un public adolescent. Une pop lyrique et émotive jouant parfois les trémolos jusqu’à satiété et puisant à certains moments (in)volontairement dans l’héritage de U2. C’est le leader et chanteur James Allan qui mène la barque. C’est lui aussi qui assure et supervise la production de cet album dont les deux singles parus à ce jour, ‘If’ et ‘I’d Rather Be Dead (Than Be With You)’, confèrent à Glasvegas de bien prolifiques entrées radiophoniques. En concert au Depot à Leuven le 6 décembre prochain. (et)
Gogol Bordello ‘Para Vida Conspiracy’ Ato Records/Pias
Qu’on aime ou pas Gogol Bordello, force est de constater que ce combo est non seulement très original, mais aussi carrément unique. Vous pourriez me citer d’autres groupes faisant du punk gitan latino inspiré par la philosophie orientale ? Moi pas. Pareille singularité tient sans doute au pédigree singulier du chanteur Eugene Hütz, un Ukrainien ayant vécu au Brésil et aux Etats-Unis. Nul ne peut non plus nier le charisme incroyable de notre homme, lequel porte littéralement les titres par sa grinta inimitable. C’est encore une fois le cas sur cet album qui est sans doute le plus convaincant de la carrière du groupe, vu qu’il est nettement plus varié que ses prédécesseurs. Là où la formule punk gitan finissait par lasser à force d’être recyclée à l’infini, la palette musicale s’élargit considérablement sur ‘Para Vida Conspiracy’qui intègre des éléments ska, jazz blues ou encore heavy métal. Avec des titres forts comme ‘We rise again’, ‘Malandrino’, ‘The other side of rainbow’,Gogol Bordello passe du statut de chouette groupe à écouter en festival à celui qui tient la route sur album, ce qui constitue un joli saut en avant. (pf)
Goldfrapp ‘Tales Of Us’ Mute/Pias
D’Alison Goldfrapp, on avait gardé, perdue dans nos limbes, cette image d’arlequin trans-
3I OCT > IO NOV 2OI3 NAMUR
(BE)
28.11 | MADENSUYU - CD RELEASE 01.12 | TEHO TEARDO & BLIXA BARGELD + ESMERINE
AB & BEURSSCHOUWBURG DOEN HET SAMEN
12.10 | SHANGAAN ELECTRO 29.11 |
@ BEURSSCHOUWBURG CUT COPY @ BEURSSCHOUWBURG
28.09 |
DUB BE GOOD TO ME: BILL KOULIGAS (LIVE SET) +
03.10 05.10 07.10 08.10 09.10 09.10 10.10 11.10
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‘CLASH OF THE TITANS’ + DEADBEAT @ BOZAR DUB BE GOOD TO ME: ANDY STOTT + DEMDIKE STARE + MILES + G.H. AMATORSKI ‘DELETING BORDERS’ @ FLAGEY SILENCE IS SEXY: CARLOS CIPA + SAFFRONKEIRA JOSEPH ARTHUR + RENE LOPEZ FACTORY FLOOR + EAST INDIA YOUTH DARKSIDE FEAT. NICOLAS JAAR & DAVE HARRINGTON DEPEDRO + PEZ MAGO COCA-COLA SESSIONS: STATUEextended FEATURING : STEF KAMIL CARLENS,
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BURNT FRIEDMAN & JAKI LIEBEZEIT + TERROR DANJAH vs. CHAMPION:
LUC VAN ACKER, PASCAL DEWEZE, JOHANNES VERSCHAEVE, … NORTH MISSISSIPPI ALLSTARS + LIGHTNIN’ MALCOLM BENT VAN LOOY FLYING HORSEMAN CD PRESENTATIE ‘CITY SAME CITY’ DUB BE GOOD TO ME: NOISIA & FOREIGN BEGGARS PRESENT ‘I AM LEGION’
+ SAMIYAM + DJ NONAMES CHVRCHES + THUMPERS GOLDFRAPP ‘TALES OF US’ DEAFHEAVEN + PHARMAKON DUB BE GOOD TO ME: PUBLIC IMAGE LTD (PiL) PARQUET COURTS + MAZES THE CAT EMPIRE + FLAP!
WARPAINT PALMA VIOLETS DAUGHTER + BROKEN TWIN MØ THE NAKED AND FAMOUS UNKNOWN MORTAL ORCHESTRA + MOZES AND THE FIRST BORN POKEY LAFARGE JIMMY EAT WORLD + RIVAL SCHOOLS J. COLE HURTS + PEGASUS NIGHT BEDS DEAN BLUNT + JOHN T. GAST UNCLE ACID AND THE DEADBEATS LONNIE HOLLEY + THE SCREENING OF ‘THE SANDMAN’S GARDEN’ (ARTHUR CRENSHAW) GOGOL BORDELLO KAVINSKY OUTRUN LIVE MELANIE DE BIASIO
2014 29.01 | POLIÇA 11.02 | BILL CALLAHAN 12.02 | MONSTER MAGNET
A N P I E R L É (BE) F L A KO (UK) P E T I T E N O I R (SA) G R E M S (FR) J A C K S O N S C O T T (US) B O N Y K I N G O F N OW H E R E (B E ) D AV I D L E M A I T R E (DE) A RC H WO O D M A N ( FR) - C A M I L L A S PA R KS S S (C H )
L E C O L I S É E ( B E ) - F O L LY A N D T H E H U N T E R ( C A ) SPONGE MAGNET (BE) ...
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Earteam
formiste, entre la poétique Beauharnais à tricorne de ‘Seventh Tree’ et l’überfemme de ‘Supernature’, too much gloss et en beats, ‘une vision grandeur nature 100% satin cheap de « Let’s all chant ». Autant dire qu’on ne savait plus trop qui est qui et qui n’est qu’une au milieu de toutes ces incarnations. Au galop le naturel : la changeante interprète joue également la carte de l’identité schizophrène ou génériquement troublée (« When you dream you only dream your Annabel. / All the secrets there inside you Annabel. » ou ‘Stranger’, « Born a mystery / You’re the in between / Boy or girl »), mais le fait avec nettement plus de distinction. Collection fantasmagorique de vies autres, épures de femmes (et hommes) meurtries à la dizaine, ‘Tales Of Us’ tisse avec la fiction des relations d’encre dense, ouvre grand la porte aux contes quasi gothiques. Rarement on aura entendu une sobriété aussi enveloppante s’emparer de la toujours pétulante Boucle d’Or (ici jamais trop acide à la Kate Bush ou trop secouée de tics à la Tori Amos). Rien que ‘Drew’, gracieuse meurtrissure, fait éclore avec gravité les dahlias noirs sous une couche glacée (« Falling little more / You bumped and crashed in dirty snow »). Parfois un peu linéaire à force de chercher l’harmonie funeste, ‘Tales Of Us’ reste un virage gagnant en noir et blanc qu’on se devra de célébrer au bitter. « Ooh La La », c’est magni-fique ! « Ooh La La », comme c’est filmique! (alr)
Forest Fire ‘Screens’ FatCat Records/Konkurrent
Dans un monde parfait, Forest Fire ne vivoterait pas dans une notoriété toute relative. Discret, trop discret, le quatuor newyorkais emmené par son chanteur-guitariste Mark Thresher n’a plus guère fait parler de lui depuis ‘Starring At The X’, deuxième opus davantage acclamé par la critique que par le banquier de leur label. A mille lieues de ces considérations, le combo signe aujourd’hui avec ‘Screens’ un troisième essai époustouflant qui n’adopte qu’une pose, celle de la simplicité nonchalante. Pour être complet, on devrait citer chacun des dix morceaux de ce disque parfait qui possède le charme puissant du talent négligent. On devrait insister sur ces compositions d’apparence légère qui s’étoffent insensiblement au fil des écoutes. On devrait souligner chacune des bizarreries, des petites dissonances ou distorsions saupoudrées astucieusement, bref le foisonnement de détails et de trouvailles qui rend chaque écoute différente de la précédente. Au rang des constantes, on retrouvera, outre la voix traînante de Mark Thresher, une production faussement bricolée qui fait la part belle à des guitares dégingandées et insouciantes. Mais surtout des arpèges de synthés binaires, lumineux ou pulsionnels qui sonnent comme la musique d’un jeu vidéo des nineties. Véritable épine dorsale de l’album, l’incroyable ‘Annie’ et son psychédélisme bubble-gum concentre tout ce génie en onze trop brèves minutes qui sonnent comme un bœuf improbable entre Suicide, Television et Kraftwerk sous le regard concupiscent de Yoko Ono. Ni plus, ni moins. Et puisqu’on est à New-York, difficile de passer sous silence les inflexions d’un Velvet sous Valium d’un titre comme ‘Yellow Roses’. Bref, un disque aussi vintage que contemporain qui a tout pour résister aux outrages du temps et que la postérité portera aux nues en temps voulu. Ni plus, ni moins. (gle)
Ayant bénéficié de chroniques flatteuses en 2004, Hawthorne Heights a depuis lors quasi totalement disparu des radars, ne parvenant pas à reproduire le succès des débuts et devant faire face à la disparition d’un de ses membres. On doute que ce nouvel album ramène le groupe sur le devant de la scène, vu que ‘Zero’est un album de punk pop aux inclinaisons emo on ne peut plus convenu et passe-partout, en dépit d’une réelle veine mélodique. Sitôt écouté, sitôt oublié. (pf)
se consacre corps et âme depuis 2006 à le faire avancer hors des chemins tracés et balisés du métal. Doom, death, black…, il est à la fois tout et rien de cela. Il est proto, anté et post. Il éviscère les genres et vivisecte leurs artefacts. Il s’accommode de drones, de claviers synthétiques et de fingerpicking. Ce triple cd, dont la durée dépasse largement les trois heures, compile des morceaux originellement sortis en éditions confidentielles ou sur split singles, des démos oubliées, des raretés et des inédits mais également quelques enregistrements live parmi lesquels le titre éponyme ‘A Plague of Knowing’ qui a lui seul s’avère une épopée. Il faut tenter d’écouter ce morceau jusqu’à son terme sans défaillir. L’épreuve est âpre tant la répétition sur laquelle il s’échafaude finit par anéantir les oreilles les plus amènes. Si vous avez apprécié les premiers disques de Earth, ceux de OM ou de Neurosis, ceci devrait vous plaire. (et)
His Electro Blue Voice
Hôtel de Passe
Hawthorne Heights ‘Zero’ Red River/Ber tus
Soiree’nous avait pris par surprise, par derrière : un gros coup de pied au cul. La marque de la semelle imprimée sur les fesses, on a continué notre chemin, espérant revivre pareille expérience aux côtés du groupe californien. Mais plus rien d’excitant n’était venu titiller nos tympans. Jusqu’à ce jour béni des dieux du rock où, dans une ultime reformation plus ou moins originelle, Joe Cardamone a rassemblé ses troupes sous le fanion incandescent de ‘Slave Vows’. Ce cinquième album de The Icarus Line est le bon. Celui qu’il faut choper avant de crever. En toute grande forme, le quatuor enfonce ses pédales d’effets et déclenche un orage de distorsion : le ciel se déchire, la basse tremble et les guitares grondent dans une ambiance de fin du monde. Au micro, les incantations du grand gourou mettent tout le monde à genou. Le temps d’un disque, Joe Cardamone se prend pour Nick Cave chez les Stooges. Il ne chante plus, il braille, il crie, il brame. En huit titres, The Icarus Line nous colle une gifle qu’on n’attendait plus. (na)
‘Ruthless Sperm’
‘The Lost Room’
Sub Pop
Ce petit disque emballé dans une pochette carton sérigraphiée en caractères roses est arrivé sans crier gare dans ma boîte aux lettres. Orphelin de label et entièrement produit, il n’a pas été mastérisé en Californie mais fomenté dans une chambre perdue du quartier du Laveu sur les hauteurs de Liège. Il est le fait de deux charmantes jeunes filles : Aurélie Ehx et Laurence Mons. Les deux fausses faces du cd permettent en réalité de décliner les morceaux en deux versions complémentaires. C’est avant tout de chansons dont il s’agit. Des chansons sans fard et sans fart. Des chansons sans prétention et sans revendication. Délicatement articulées et sciemment indigentes dans leur instrumentation, elles s’énoncent tantôt en langue française, tantôt en anglais. Elles narrent en vrac l’appel de la mousson, les steppes, l’humus, l’œil censeur des nomenclatures ou encore les amours déliquescentes d’une jeune fille insatiable. On songe à certains moments aux débuts de Dominique A, à la low-fi de Lou Barlow et de son Folk Implosion voire parfois aux premières pages du label Cherry Red circa ‘Pillows & Prayers’. Début engageant. Une suite ? (et)
Loïc Joseph
The Icarus Line
Lente, sombre et magnétique, l’ambient néo-classique de Kaboom Karavan oscille entre étrangeté et familiarité. Collaborateur, et ça s’entend plus qu’un peu, de Kreng, son auteur Bram Bosteels dessine en quelques esquisses un monde parallèle à l’orée de Marsen Jules et de Svarte Greiner. Toutefois, le compositeur belge ne se laisse pas enfermer dans le cadre de ses glorieux confrères et parvient rapidement, dès le second titre ‘Omsk’à personnaliser son propos. Nullement ou-
Radical, ce trio italien l’est clairement, ce qui n’échappera à personne à l’écoute de ‘Death climb’, titre aussi bref que bruitiste qui ouvre l’album. Entre punk et indus noisy, ce brûlot bien granuleux annonce la couleur d’un album concis (à peine plus d’une demi heure) qui brutalise l’auditeur. Associant riffs dissonants, chant limite hardcore et expérimentations électroniques en tous genres, His Electro Blue Voice dessine un univers tortueux et volontiers déconcertant mais qui en même temps fascine par son inventivité et son côté hypnotique, notamment sur le monumental ‘Spit dirt’ dessinant des courbes sidérantes allant du fracas sonore pur et dur à un groove psyché space rock. Flirtant allègrement avec le punk sur le relativement mélodique ‘Sea bug’ et lorgnant à l’occasion du côté du grunge (‘Tumor’), ‘Ruthless Sperm’ s’offre en prime quelques délires aussi improbables que jouissifs, comme sur ‘The path’ qui démarre tel un uppercut punk pour ensuite flirter avec le B52s des débuts avant de replonger dans un tourbillon de riffs et de hurlements. A la fois revêche et aguicheur, cet album est l’un de nos coups de cœur de la rentrée. (pf)
Horseback ‘A Plague Of Knowing’ Relapse
Horseback est le véhicule conduit par Jenks Miller, un musicien établi en Caroline du Nord qui
‘Slave Vows’ Agitated Records
La dernière fois qu’on s’est sérieusement entiché des fanfarons de The Icarus Line, on affichait dix ans de moins au compteur. A l’époque, l’album ‘Penance
‘Hellos and Goodbyes’’ Loicjoseph.com
De Grez-Doiceau, en bordure de Hesbaye brabançonne, Loïc Joseph nous adresse ce premier album carte de visite en nous remerciant d’avance pour son écoute. Conçu en chambre et en solitaire, il aligne une neuvaine de chansons dont on sent bien qu’elles constituent, chacune, l’épilogue d’heures intenses d’essais et d’esquisses. Loïc est seul avec sa voix et sa guitare, parfois un batteur l’accompagne. Ses chansons sont à la fois épurées dans leur structure et abondantes par leur côté lyrique. Elles se plaisent à narrer des ambiances intimistes et des tranches de vie sans réelle gravité. Puisant leur inspiration, volontairement ou non, dans les tiroirs sans fond de l’americana, elles se suffisent à elles-mêmes dans la simplicité de leur expression. Bon début. (et)
Kaboom Karavan ‘Hokus Fokus’ Miasmah
trancier ou tapageur, il inclut des éléments épars de jazz, ils sont aussi surprenants que bienvenus, tout en empruntant une tangente dingo qui mène par instants à un Matt Elliott qui aurait viré sa cuti électronica. Ca frise parfois le trop-plein d’ambition mais dans la très grande majorité des minutes passées en sa compagnie, on est séduit par l’intensité harmonique du projet, d’autant plus qu’il est couplé à des instants mélodiques éthérés et convaincants. (fv)
King Dalton ‘King Dalton’ WasteMyRecords
Fraîchement enregistré cet été, cet album s’annonce comme la carte de visite éponyme du nouveau combo flamand King Dalton, fondé par les frères De Meester, Pieter et Jonas, Tomas De Smet et Jorunn Bauweraerts. Les deux premiers ont gagné leur galons en se vouant à la scène folk du nord du pays et en écumant les bals sous la bannière Asheh, le troisième a fait ses armes avec Zita Swoon et Think Of One tandis que la quatrième officiait dans Prima Donkey et Laïs. Musicalement, le poids du bagage folk se fait sentir sans s’appesantir. Le travail vocal est important, fouillé, contrasté, les chœurs omniprésents, chacun des musiciens y contribuant. La rythmique est discrète, parfois un rien trop légère que pour soutenir le flux des cordes, qu’elles soient celles des guitares, du bouzouki, du banjo, de la mandoline ou de la harpe. Un sax baryton colore à certains endroits quelques-uns uns des morceaux, sonnant un peu comme celui de Dana Colley de Morphine. C’est cependant davantage sur scène que cette musique commande d’être écoutée pour être jaugée à sa juste valeur. King Dalton sera sur celle du Play Festival d’Hasselt ce 5 octobre. (et)
Korn ‘The Paradigm Shift’ Caroline/Prospect Park
En 2013, le nu-métal n’est clairement plus synonyme d’innovation et je dois bien dire que me coller au nouvel opus de Korn ne s’apparentait pas réellement à une perspective des plus réjouissantes, surtout depuis que le groupe s’était associé à Skrillex pour un résultat franchement dispensable. Bien sûr, Brian ‘Head’ Welch avait annoncé son retour après dix ans d’absence, mais quand même. Après écoute, force est de constater que ‘The Paradigm Shift’ n’est pas le désastre que l’on craignait. Certes, ce n’est pas vraiment l’album du retour en grâce, du type ‘Life is peachy’ bis, mais, au moins, n’y a-t-il ici rien d’embarrassant. S’il est indéniable que le groupe a perdu de sa radicalité originelle pour flirter assez franchement avec des sonorités ultra pop (‘Prey for me’, ‘Never never’), il a en même temps retrouvé un certain esprit métal comme sur les très catchy ‘What we do’, ‘Mass hysteria’ ou ‘Paranoid and aroused’ et nous propose un album plus cohérent et solide que les précédents, ne se sentant pas obligé de faire n’importe quoi pour donner l’impression d’être branché. ‘The Paradigm Shift’, ou l’album qui prouve que Korn n’est pas mort. (pf)
Lanterns On The Lake ‘Until The Colours Run’ Bella Union/Pias
« We don’t wanna fight, we want the quiet life »: pour la bande d’Hazel Wilde, la transition entre ‘Gracious Tide, Take Me Home’ et cette nouvelle pop symphonie s’est pourtant apparentée à une période de vaches noires mangeant leur pain maigre mais aussi à une perte d’effectifs, les frères Sykes ayant pris la clé d’autres champs. Quoi de mieux alors qu’un disque pour témoigner de cette disette pragmatique et affective ? ‘Elodie’, dont les secousses sismiques augurales laisseraient croire à un featuring de Jónsi et ses amis, gratifie d’une touche un rien adipeuse un album qui compte pourtant dans ses flancs quelques belles silhouettes élancées : ‘Green And
AGNES OBEL 02-11-2013
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NOISIA & FOREIGN BEGGARS PRESENT I AM LEGION 01-10-2013
BETTENS (FORMERLY K’S CHOICE) 08-11-2013
OZARK HENRY 05-10-2013
MAJOR LAZER 15-11-2013
CHARLES BRADLEY 21-10-2013
NAUGHTY BOY 20-11-2013
ANE BRUN – SONGS TOUR 2013 16-10-2013
J. COLE 21-11-2013
02.10 02.10 03.10 04.10 04.10 05.10 06.10 08.10 08.10 09.10 10.10 10.10 11.10 11.10 12.10 13.10 13.10 15.10 16.10 17.10 17.10 18.10 19.10 20.10 20.10 21.10 22.10 24.10 25.10 25.10 29.10 30.10 31.10 31.10 01.11 01.11 01.11
EDITORS 22-10-2013
IN EXTREMO 24-10-2013
GESAFFELSTEIN DJ SET 25-10-2013
SEASICK STEVE 27-10-2013
SONIC VISIONS: HURTS, SIGUR ROS, GIRLS IN HAWAII… 22+23-11-2013
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ROBERT DELONG us CSS br + HONG KONG DONG be CROCODILES us BORN RUFFIANS ca + MOON KING ca CLOUD CONTROL au + NEW DESERT BLUES gb + TOUT VA BIEN be
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Earteam
Gold’, piano-voix à l’alanguissement extrême et ‘Picture Show’, libellule placide aux ailes mouchetées de reflets d’argent marquent un instant les lobes. Rien à redire sur un sens certain de la délicatesse, assurément. Quand à l’exaltation, celle qui vous fait troquer des denrées contre une poignée de morceaux essentiels, c’est une recette qu’on ne trouve pas toujours à la soupe populaire. (alr)
The Letter Yellow ‘Walking Down The Streets’ Autoproduction
Issu de Brooklyn, NYC, The Letter Yellow n’est pas un groupe de plus en provenance de la Grosse Pomme, ce premier opus autoproduit est là pour en témoigner. Hors de toute tentative révolutionnaire, je vous l’accorde, mais aussi en marge des cohortes de suiveurs Grizzly Bear / Animal Collective / Beach House, le collectif de Randy Bergida expose en douze temps une pop hors du temps, ni totalement ancienne, ni foncièrement moderne, elle est toujours bien en place, souvent inspirée, parfois enthousiasmante. Plus d’une fois, on songe à The American Analog Set, pour le côté maîtrisé et intelligent du propos, tout en exprimant un côté groovy bienvenu et optimiste. Ailleurs s’expriment – en moins âpre – les échos des groupes défendus vers 2007 par le label Own Records (Trouble Books, ce genre) avec, pour arme principale, un enthousiasme et une bonhomie qui n’excluent ni la recherche musicale, ni l’expressivité du propos. Fort bien, donc. (fv)
The Lonesome Southern Comfort Company ‘The Big Hunt’ On The Camper Records
Démarré en 2006 comme projet solo, The Lonesome Southern Comfort Company (ouf) a progressivement muté en quatuor, tendance rock folk americana. Si le rapprochement avec les multiples vies de David Eugene Edwards est inévitable, quelque part entre 16 Horsepower et Wovenhand, les points de divergence sont également nombreux. De ci, de là, on s’étonne d’une intervention d’un clavier analogique, voire de percussions en mode boléro (si, si), et si la volonté de se forger une identité propre est méritoire, les compositions de John Robbiani manquent singulièrement de force, en dépit d’un environnement qui sent bon le canyon et les grandes plaines. (fv)
Myele Manzanza ‘One’ BBE
Adéquatement titré ‘One’, ce premier album de Myele Manzanza révèle la facette studio d’un musicien qui avait déjà fait ses marques sur les scènes de grands festivals dont celui de Dour. D’origine congolaise mais de nationalité néo-zélandaise, Manzanza a été très tôt éduqué par son père aux techniques rythmiques africaines traditionnelles. Il a tenu la batterie du groupe Electric Wire Hustle mais a aussi officié au sein d’autres combos de son pays tels Olmecha Supreme ou The Recloose Live Band. Diplômé de la New Zeeland School Of Music, option jazz, il a pu s’initier à la composition tandis qu’il a par la suite approfondi les procédés d’enregistrement et l’usage des machines digitales. Ce disque est à la fois bien construit et joliment articulé dans ses rouages. Rythmes intelligents et implacables, ambiances luxuriantes, vocalises pas trop envahissantes courtesy de vocalistes invités de choix, production boostée : la recette prend et tient. ‘One’ est, malgré lui, un disque de rnb alternatif et puise ses racines soul dans le grand aujourd’hui global. (et)
John Mayer ‘Paradise Valley’ Columbia
Véritable star outre-Atlantique où il vend des disques par palettes tout en alignant les Grammy Awards, John Mayer reste pourtant peu connu
Pet Shop Boys ‘Electric’ x2 Recordings/Kobalt
Lorsqu’est sorti ‘Elysium’ à la rentrée 2012, d’aucuns ont voulu y voir un album adressé par Neil Tennant et Chris Lowe à leurs fans en guise d’adieu après une carrière longue de près de trente ans. Il est vrai que cette collection de titres apaisés et mélancoliques s’épanchant sur le temps qui passe et la crise de la cinquantaine avait tout d’une épitaphe. On avait tort, puisque les Pet Shop Boys nous reviennent avec un album orienté dancefloor particulièrement percutant et euphorique. Ayant créé leur propre label et fait appel au magicien Stuart Price à la production, les boys semblent être totalement libérés, délivrant une ribambelle de titres particulièrement inspirés. Le quota de perles dansantes est ici nettement plus élevé que d’habitude avec, pour commencer, l’excellent instrumental ‘Axis’ qui se situe quelque part entre Moroder et Daft Punk, à mi chemin entre Kraftwerk et... les Pet Shop Boys. Plus loin, ‘Inside a dream’ évolue dans un registre électro dance vaporeux et hypnotique, le plus dark ‘Fluorescent’ opère une jolie synthèse entre la new wave 80s et l’électro minimaliste actuelle, alors que le tubesque ‘Vocal’ rappelle la grande époque rave du début des 90s. Si l’album est très dansant, il est aussi fondamentalement pop et nous vaut quelques surprises, comme le très accrocheur ‘Thursday’ intègrant des éléments hip hop ou encore une reprise de ‘The last to die’ de Springsteen livrée par le duo de façon aussi personnelle que pertinente. Quant à la pièce de résistance, il s’agit du délirant ‘Love is a bourgeois construct’, titre d’électro pop baroque intégrant des éléments du musicien classique Henry Purcell et dont le texte, érudit au possible, évoque le cas d’un homme qui décide de renier le confort bourgeois et de relire Marx suite au départ de sa femme ! Un album fort, direct et fun qui prouve que les Pet Shop Boys n’ont rien perdu de leur verve! (pf)
dans nos contrées où il squatte surtout les pages des magazines people où s’étalent ses déboires sentimentaux. Si on reconnaîtra rapidement au gaillard une dextérité certaine au maniement de la six cordes, il reste avant tout une création de l’industrie musicale missionné pour donner un coup de jeune à l’americana et faire vibrer la desperate housewife en manque de chevauchées fantastiques. Plus roots que son prédécesseur, ‘Paradise Valley’ aligne une bonne moitié de morceaux surprenants et agréables à défaut d’être réellement accrocheurs. On pointera notamment ce duo assez improbable avec Frank Ocean (‘Wildfire’) ou cet hommage involontairement posthume à JJ Cale que constitue le pastiche de ‘Call Me the Breeze’. Le reste des compositions épouse les clichés traditionnels de l’easy-listening folk/blues/country à tendance romantique sans jamais donner l’impression de vouloir s’en séparer. A l’image de ‘Who you love’, guimauve chantée en duo avec Katy Perry qui ne ravira que les cow-girls qui lisent Voici. Tout cela glisse donc un peu trop sans jamais nous atteindre vraiment. Façon polie de dire que ça nous en touche une sans faire bouger l’autre (d’oreille). (gle)
Mintzkov ‘Sky Hits Ground’ Gentle Recordings
En plus de dix ans de carrière, les membres de ce groupe flamand ont appris à se connaître et à jouer à l’unisson, ce qui se ressent parfaitement sur cet album, par ailleurs le premier dont ils ont géré tous les aspects, depuis la production jusqu’à l’artwork. Le résultat est très réussi puisque ‘Sky hits ground’ est un bel album pop rock dont les mélodies restent en tête sans jouer la carte de la facilité et dont les arrangements sont bien foutus et subtils. ‘Slow motion, full ahead’, particulièrement beau et bien construit, ouvre l’album en force et a fort logiquement été choisi en single avant-coureur. Si Mintzkov excelle dans la composition de ballades belles et un peu tristes (‘Ages and days’, ‘Arial black’, ‘All names have been changed’), il séduit aussi par le biais de ses morceaux plus enlevés, comme le sautillant ‘Arena’ et le plus rock ‘Weapons’. Avec ce disque, Mintzkov affirme sa maturité et son talent, ce qui n’a échappé à personne et certainement pas aux programmateurs du Pukkelpop qui se sont empressés de leur offrir un contrat. (pf)
Mixhell ‘Spaces’ Boysnoize/Sunday Best
Après avoir cogné sur les caisses de Sepultura pendant vingt ans, Igor Cavalera s’est éloigné
du groupe qui l’a fait connaître, a fait la paix avec son frère (via les Cavalera Conspiracy) et se concentre sur sa vie de famille. Un projet naît rapidement entre lui et son épouse Laima Leyton, DJ de son état, à savoir Mixhell, formation club qui bénéficie du talent de batteur de son initiateur. Le temps de se faire la main en live et de gagner le respect de la scène électro, Mixhell s’est ouvert à un troisième membre, Max Blum les rejoignant à la basse. Spécialistes d’un groove épais sous évidente perfusion 90s, le trio brésilien enfile des titres dance bodybuildés à la testostérone et destinés à couvrir la piste d’un maximum de sueur. On pense fréquemment aux piliers de l’époque, tels que les Chemical, Soulwax, Fatboy Slim et tant d’autre, au point d’empêcher d’adhérer totalement à ce premier essai : efficaces, les morceaux de ‘Spaces’ n’en sont pas moins handicapés par certaines filiation parfois évidentes. ‘The Edge’ fonde toute son excellence sur le ‘Hands Around My Throat’ de Death In Vegas ; ‘Once Again’ sonne comme une reprise du ‘Satisfaction’ de Benassi par Primal Scream et ‘Internal’ se voit interrompu par un passage calqué sur ‘Praise You’. Mixhell se doit encore de trouver un son qui lui soit propre et ne pas hésiter à profiter de son double anoblissement – metal et electro – pour y puiser cette force que l’on devine derrière les cris étouffés de Greg Puciato sur ‘Exit Wound’, l’avalanche de percussions de ‘White Ropes’ et la disco-spaghetti aux gros bras de ‘Daria’. Si l’album donne bien une envie, c’est de les découvrir en live. Allez, un rien de confiance en plus et le suivant sera le bon. Go Cavalera Go! (ab)
Guido Möbius ‘Though The Darkness Gathers - Spirituals By Guido Möbius Remixed’ Karaoke Kalk
Paru voici un an, le quatrième album de Guido Möbius ‘Spirituals’ connait aujourd’hui une seconde vie – et la liste des remixeurs est de la plus haute volée, entre Senking (dont le nouvel effort est encensé ailleurs en ces pages) et Daniel ‘Volcano The Bear’ Padden. A défaut de jouer au vain jeu des sept différences, d’autant que seuls six des neuf titres sont réinventés, chaque intervenant incruste son individualité à l’univers dadaïste du Colonais de Berlin. Si les habituelles traces alla Felix Kubin ne subsistent plus qu’à doses réduites, les tendances rétrofuturistes de l’artiste allemand continuent de hanter en filigrane les versions de ses camarades de jeu. Parfois, l’ombre décadente assumée de Möbius demeure prééminente (le ‘Judgement’ de Jason Forrest ou le ‘Reign of Sweet Sin’ de Candie Hawk), quel-
quefois on s’éloigne de son ombre (le très katebushien ‘Godhead & Mix’ de Gangpol & Mit), toujours on reste bluffé par le sens inné de la dérision des intervenants, en total et réjouissant lâcher-prise. (fv)
Money ‘The Shadow Of Heaven’ Bella Union
L’écoute initiale de ce premier essai des britanniques de Money donne irrésistiblement envie de ressortir la théorie du complot. Imaginez en effet un groupe originaire de Manchester et biberonné à la poésie mélancolique, un piano aqueux et crépusculaire, un falsetto d’angelot qui aurait reçu une armoire IKEA sur le pied et des guitares aquatiques ou délavées. Le tout parcouru d’un souffle épique et ensorcelant. Tiendraiton là la Créature Ultime, l’Hybride Parfait entre Joy Division, Sigùr Ros, les Cocteau Twins et Arcade Fire ? Même si le Surmoi du critique blasé se réveille illico pour dire qu’il connait la chanson : encore des petites frappes anglaises érudites aux gueules d’anges qui vont faire la couv’ du prochain NME et dont on ne parlera plus dans six mois. Rien n’est moins sûr ici. Car si le quatuor mancunien est gorgé de toutes ces influences, il n’a aucunement l’intention de dresser un autel voué au culte des anciens ou des modernes. Même si, cryptique et christique (à l’image de la pochette), leur musique est indéniablement empreinte d’une spiritualité voire d’une solennité religieuse qui n’est pas sans rappeler leurs concitoyens de WU LYF. ‘The Shadow Of Heaven’ prend alors la forme d’une cérémonie liturgique, d’une messe qu’il ne faut surtout pas interrompre. Si les premières vocalises de ‘So Long (God Is Dead)’ laisseront perplexes les plus païens, il leur sera ensuite difficile de résister au requiem œcuménique façon Win Butler et sa bande sur ‘Who’s Going To Love You Now’. Suivent alors des chansons polymorphes, ballades lysergiques pianotées ou torch songs (‘Goodbye London’ ou ‘Black’) qui défient l’apesanteur sans renoncer aux mélodies. Et c’est là que réside la vraie réussite du disque, dans cet éther où s’épanouit la voix de Jamie Lee, maître de cérémonie qui parvient sans trop d’efforts à tenir l’emphase à distance respectable. Ite missa est. (gle)
R. Steevie Moore ‘Personnal Appeal’ Care In The Communit y Recordings
C’est, pour certains, une sorte de demi-dieu vivant, le pape d’un minimalisme à qui Ariel Pink doit tout, pour ne citer que lui. C’est vraiment flagrant à l’écoute de cette compilation d’obscurités griffonnées par le binoclard barbu et chevelu entre 1973 et 2001. Quinze titres foutraques tirés de ses quatre cents albums (ce nombre est avancé par les bios) qui invitent autant à valser chez Monsieur l’Ambassadeur (‘Make Up Shake Up’, dégluti sur le ‘Divertimento n° 17’ et ‘La Marche Turque’ de Mozart), à alpaguer les putes au sortir d’un saloon poussiéreux (‘Quarter Peep Show’) qu’à groover sur un rock’n’roll fifties crêté comme un punk 77 (‘Forecast’). On en passe, parce qu’il y a aussi de l’électro chétive, malade, bruitiste, des incartades beachboys-esques, de la pop comme Ray Davies pouvait la torcher dans les seventies. Il n’y a, finalement, rien à jeter. Pour les puceaux, c’est même l’entrée en matière idéale. Il n’y a pas que Daniel Johnston dans la vie. (lg)
Nightmares On Wax ‘Feelin Good’ Warp/V2
L’écurie Warp retrouve son fidèle canasson George Evelyn, qui se réunit avec l’ancien comparse Robin Taylor-Firth pour ce premier Nightmares On Wax depuis cinq ans. Nostalgia à l’horizon, ‘Feelin Good’ retrouve l’éclectisme des premiers albums, auquel l’enracinement hip-hop propre au groupe confère la juste co-
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Earteam
hérence, évitant de justesse l’éparpillement. La galette, pour autant, n’est pas parfaite. À commencer par son single, ‘Now Is the Time’, dont l’amorce accrocheuse disparaît vite au profit d’un dub jamaïcain monomaniaque et un peu casse-couilles. Cette tendance à la redondance traverse le disque, surgissant au gré de ses morceaux les plus étirés ou de refrains répétés à trop forte dose. La chose n’est pas fondamentalement rédhibitoire, tout dépend de l’humeur et de votre volonté à vous laisser balader. ‘Feelin Good’ convient d’être écouté à l’appel du canapé, lorsque corps et coussins entrent en symbiose : ‘Tapestry’ rappelle la house down-tempo de leur classique ‘Aftermath’ ; ‘Luna 2’ et ‘There 4u’ déploient un moelleux jazzy voisin de St Germain sur fond de beats qui s’entrechoquent comme des glaçons et contrebalancent la sexitude ambiante à la façon du premier Matmos ; ‘Om Sweet H(Om)e’ joue les élongations paresseuses et intimistes autour de la syllabe sanskrite et conclut l’album de bien reposante manière. Le dernier Nightmares On Wax est tout entier pénétré de cette envie confortable de vous bercer, à l’image du très Portishead ‘Master Plan’ et de ‘Give Thx’, délicieuse évocation de Curtis Mayfield, portée par la voix suave de Mozez. Un plaid bienvenu pour l’hiver en vue. (ab)
Of Montreal ‘Lousy With Sylvianbriar’
Tamikrest ‘Chatma’ Glit terbeat
Dire que certains pondent des nécrologies de JJ Cale et le pleurent vraiment quand ils pourraient torcher des dithyrambes à Tamikrest, c’est triste. Parce que les vrais trucs audibles aujourd’hui question guitares, ils viennent souvent de là, du Sahara. Derrière les figures de proue Tinariwen, c’est toute une armée de virtuoses qui a troqué le dromadaire pour la Telecaster et appris l’histoire du blues via des connexions internet aléatoires. Repérés par les excellents blancs-becs de Dirtmusic de Chris Eckman (à la production sur ce disque et, rappel, auteurs d’un terrible album sorti au printemps avec Samba Touré à la six-cordes), les Tamikrest, déjà à leur troisième galette, sont tout simplement en passe d’écœurer la concurrence (les Tinariwen susmentionnés, le surfait Bombino). Déjà, c’était eux qui faisaient une bonne partie du boulot sur le fantastique ‘BKO’ de Dirtmusic en 2010, mais là, avec ‘Chatma’, puissant hommage aux femmes Touaregs, avec présence d’une vocaliste fantastique, on en perd carrément notre Berbère. Le blues est olympique – ‘Tisnant An Chatma’ écouté à fond fait tout trembler – et les expérimentations foutrement sensées : l’accalmie acoustique de ‘Adounia Tabarat’, le quasi pinkfloydien ‘Assikal’, la tristesse qui se dégage de ‘Timtar’. « Je me rappelle des traces que tu as laissées / Elles me brulaient lorsque j’essayais de les effacer ». Inutile de lutter, elles sont indélébiles. (lg)
qui en assure le délicat mastering, tel un saufconduit dûment estampillé. (et)
The Poets of Rhythm ‘Anthology 1992-2003’ Daptone Records
Embourbée dans les arcanes du système cérébral, la musique d’of Montreal a perdu quelques couleurs lors de ses dernières sorties. En fait, depuis 2008, les refrains euphoriques de la troupe carnavalesque bouffent bien trop de confettis pour afficher une forme olympique... Dopées aux champignons magiques, leurs chansons essayaient de se réinventer en charmante compagnie (de Monáe à Solange Knowles) mais en oubliant trop souvent les mélodies. Maître d’œuvre d’une pop ème psychédélique scotchée au 21 siècle, of Montreal s’était ainsi laissé devancer par ses meilleurs suiveurs (Tame Impala, MGMT, etc.). Heureusement, ‘Lousy With Sylvianbriar’ vient remettre les pendules à l’heure. La pochette du disque, déjà, marque la différence. En rupture avec ses visuels crayonnés de mille couleurs, la formation démarre au quart de tour sur une bécane clinquante. Au chant, Kevin Barnes ne chipote plus. Il pousse à fond sur l’accélérateur et fonce sur des mélopées euphoriques : des trucs à siffler sous la douche ou à fredonner sous les étoiles. Of Montreal abandonne ici tout son amour pour les Beatles (‘She Ain’t Speakin’ Now’) et David Bowie (‘Obsidian Currents’) : deux mythes pour effleurer la légende. (na)
Fin du siècle dernier, la planète secouait ses cheveux gras sur des riffs bien crades. Le grunge avait envahi les ondes avant de s’écrouler dans une cuisine de Seattle. Alors que le monde pleurait la disparition du Kurt Cobain en s’accrochant aux derniers remparts d’un genre mort-né, des Allemands totalement indépendants exploraient les origines du funk et de la soul. Depuis Munich, The Poets of Rythm brillait à l’ombre des projecteurs. En apnée dans une Amérique fantasmée, le groupe revisitait les classiques sixties et publiait sa vision des faits : des singles acides, des tubes trempés de cuivres, de guitares agitées et de flûtes enchantées. Sous l’aile protectrice du label Daptone (Sharon Jones, Charles Bradley, Menahan Street Band), le collectif teuton revient aujourd’hui sur ses dix premières années d’activité. Sorte de best-of hallucinogène, ‘Anthology 1992-2003’ déplace l’actualité sur la ligne du temps et souligne une vérité : la « Rétromania » n’est pas le mal du siècle. C’est un bien nécessaire. Au début des années 1990, la musique de The Poets of Rythm dansait entre Parliament et The Meters. Revivalistes sans œillères, ces gars-là auraient pu assurer le backing band de James Brown. Ils ont dû se contenter de regarder son enterrement à la télé. Aujourd’hui, ils dansent sur sa tombe. Et c’est une fameuse bamboula. (na)
Sebastian Plano
Pop. 1280
Poly vinyl
‘Impetus’
‘Imps Of Perversion’
Denovali
Sacred Bones Records
Le garçon est argentin. Sa notice biographique le décrit comme un être précoce. A l’âge de douze ans, il aurait esquissé ses premières ébauches, s’enivrant de tango et de folk. Après un premier album passé inaperçu, cet ‘Impetus’ aligne une dizaine de ses compositions qui reflètent l’aisance de quelqu’un qui a travaillé et qui sait dorénavant y faire. Préludes, interludes, fugues…, elles se jouent des formes et des formats pour mieux se fondre les unes dans les autres sans chercher à se démarquer. Plano recourt aux instruments classiques tels le piano et les cordes mais aussi à l’accordéon, l’électronique, les percussions et plus accessoirement aux voix. A l’écoute de cette musique, on songe presque inévitablement à Max Richter ou à Ólafur Arnalds. Même délicatesse non feinte, même écriture privilégiant la simplicité de mélodies embuées et chavirantes. Si Plano assure lui-même l’enregistrement et la production de cet album, c’est l’incontournable Nils Frahm
Le titre du nouvel album de ce compositeur newyorkais est une référence à une nouvelle d’Edgar Allan Poe dans laquelle il se penche sur le désir pour l’attrait du mal. C’est plutôt glauque et cela colle parfaitement à l’ambiance générale de ce disque tordu et allumé qui passe son temps à explorer les abîmes de la rage, de la folie et de la dépravation. Pop. 1280 est un groupe foncièrement gothique au niveau de l’esthétique privilégiée, mais sans la moindre once de romantisme, fût-il morbide. L’ensemble est totalement torturé et malsain, dissonant et inquiétant, que ce soit au niveau du chant strident ou de l’instrumentation noisy. On se situe ici du côté du Birthday Party, de la scène no wave new-yorkaise du débuts des années 80 ou encore du hardcore arty. Tout cela est évidemment assez aride et volontiers crispant, mais les amateurs d’effroi musical devraient trouver leur bonheur à l’écoute de titres aussi dérangeants que ‘Lights out’ ou ‘Nailhouse’. (pf)
Porcelain Raft ‘Permanent Signal’ Secretly Canadian
Si, si, parfois, la musique d’hipster a de la gueule. De là à ce qu’elle tienne la distance, c’est autre chose. Il faudra en reparler. Pour l’instant, le deuxième album de l’Italien Mauro Remiddi sous l’avatar Porcelain Raft tourne beaucoup sur la platine. Tant mieux pour lui. Sur la pochette, il est de dos en train de chipoter à un clavier. On l’imagine volontiers avec des mocassins et une moustache. Chez lui, à New-York, il doit posséder tous les vinyles de cette nouvelle scène qui revendique les eighties en héritage. On parie aussi qu’il cite Eno en interview. ‘Permanent Signal’, donc, enquille onze titres chagrins sur des nappes de synthés souvent poussés dans la saturation, parfois rehaussés de cuivres étouffés (‘I Lost Connection’, moment-phare). Exception tenace à cette mélancolie souffreteuse, les beats presque honteux de ‘Minor Pleasure’. Très, très chic dans une déco soignée. (lg)
Postiljonen ‘Skyer’ Best Fit Recordings/Ber tus
Enième avatar d’un genre qui ne demandait sans doute pas tant (la dreampop), Postiljonen insiste tellement lourdement sur les envolées pseudooniriques qu’on se croirait dans un sketch. Hélas pour nos pavillons, le premier album du trio scandinave est une réalité on ne peut plus sérieuse. Adepte de la maxime je voudrais bien je peux point, il essaie de nous faire le coup de la nouveauté synthétique, c’est le plus souvent pour s’essayer à du sous-Pet Shop Boys en pleine descente de M83. Autant dire qu’on ne s’y attardera plus beaucoup. (fv)
The Proper Ornements ‘Waiting For The Summer’ Lo Recordings
Attention à toi, petite robe trapèze, on nous annonce pour bientôt une cargaison de nostalgiques spécimens aux boucles désordonnées. On m’a dit qu’ils erraient parfois paresseusement du côté du Pier de Brighton Beach, farfouillant pour dénicher des fossiles, de préférence au petit matin, quand la brume épaissit encore la ligne d’horizon. Ils espèrent recréer l’essence anglaise des congés payés, cette fragrance délétère, dans des bouteilles opalescentes qu’ils offriront à des filles à peau pâle, taches de rousseur et cils immenses. James Hoare (Veronica Falls), mignon minet désabusé, n’en peut plus de cette sensation bizarre d’attente, au bout de sa langue (« I thought this would never happen ») et trompe son ennui adolescent en faisant des bulles de savon (‘Nervous Breakdown’, nougat d’août), comme autant d’infimes promesses. De temps
à autre, derrière la morgue, le bel élan ressurgit : ‘Recalling’, agile du popotin, ‘Shining Bright’ partie de jokari avec Django Django, le nez tourné vers Los Angeles. « Why don’t you take a break ? ». J’peux pas, l’automne revient, il va falloir compter les feuilles mortes avec les jolis coeurs. (alr)
Pure Bathing Cultures ‘Moon Tides’ Memphis Industries/V2
Pas encore désespéré par une pop midtempo à la Everything But The Girl sans beaucoup de relief ? ‘Moon Tides’, premier avatar discographique de Pure Bathing Cultures, est prêt à vous rhabiller pour l’hiver. Sorte de conversion même pas moderne d’un monde passé(iste), par instants on se croirait même revenu au temps des arrangements neuneu de Spandau Ballet, le groupe de Sarah Vesprille ravive un monde qu’on espérait disparu à jamais. Pourtant, le chant de la New Yorkaise de Portland est des plus charmants, il dépasse même en qualité vocale nombre de ses consœurs mieux cotées, mais bon sang de bonsoir, quelle idée saugrenue de ressortir du formol des idées qui, déjà en leur temps, ne valaient pas le déplacement au disquaire du coin. (fv)
Rose Windows ‘The Sun Dogs’ Sub Pop
« Oh these feel like heavenly days », laisse-toi guider par cette flûte hypnotique, celle qui suscite des ‘Native Dreams’ aux pourtours kaléidoscopiques (cette intro, mais cette intro! Ces riffs, mais ces riffs ! Play it loud !) et allons courser le lapin blanc, arrimés au cou(cou) de Jefferson ! Allons badiner avec les esprits des bois, laissons laissons entrer le soleil, le même pour les chevelus, les chiens et les gueux : c’est enfin l’’Age of The Aquarius’. Moi Druidesse, toi Chamane pendant cet ‘Indian Summer’, circonvolutions d’apache : « just hide your thoughts in the shadow of the moon ». Rabia Shaheen Qazi (Rachel Fannan du Moyen-Orient, juchée sur un aigle rose) et Chris Cheveyo, sherpas assermentés d’un sextet tout sauf perdu sur la route soyeuse vers les Portes et la Montagne Noire, conjuguent les chœurs déments d’une grand messe païenne où l’on croise même le diable à des haltes berçantes pour voyants dévoyés (‘Season of Serpents’). De l’ambroisie de psyche-folk exécutée au milieu d’un désert où surgissent du sable coloré des chimères de palais et de minarets, où les vitraux n’en finissent plus de tournoyer, ya qu’ça de vrai ! (alr)
Royal Canoe ‘Today We Are Believers’ Net t werk Music Group
The Stepkids ‘Troubadour’ Stones Throw
Après avoir ostensiblement couru derrière les années 80, les années 2010 les ont définitivement rattrapées, au point d’en avoir fait non pas un simple tour d’horizon, mais une véritable cartographie digérée et reliftée, un son omniprésent que l’on se doit de vénérer comme la bande sonore d’aujourd’hui, quand bien même les plus vieux d’entre nous ne sont pas dupes. Sous ces cieux lycra, il était inévitable que Steely Dan, formation emblématique et paragon d’une pop plastique et exigeante, deviennent sur le tard la référence incontournable de jeunes groupes en mal de figure tutélaire. Mais sommes-nous réellement demandeurs d’un retour à l’easy-listening, aussi teinté soit-il de ruptures jazzy et d’accents soul ? A l’écoute de ces deux groupes sous influence, la réponse est mitigée : tous deux à la poursuite d’une pop maniérée et synthétique, l’un s’essouffle rapidement après quelques promesses non tenues, quand l’autre s’envole après des débuts laborieux. Hybride
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Earteam
gourmand fusionnant ces sons d’hier et ceux d’aujourd’hui (Animal Collective, !!!, Foster The People, tout y passe), Royal Canoe grille toutes ses cartouches dès les quatre premiers morceaux, d’une efficace luminosité, répétant à l’envi les mêmes tics et effets sonores sur pas moins de huit autres tracks : leur boulimique moulinette dissémine sans parcimonie aucune carillons asiatiques, rythmes afrobeats et voix pitchées, comblant mal une écriture redondante, et suscite au final l’indigestion en lieu d’admiration. A l’inverse, le ‘Troubadour’ des Stepkids inquiète de prime abord avec son obsession rétro et son falsetto fébrile (voire sa volonté de flirter avec la musak sur ‘The Lottery’), pour progressivement remporter l’adhésion à force d’audace et de surprises. Leurs chants font swinguer soul, hiphop, harmonies vocales classiques façon Queen ou Gentle Giant ; à mi-chemin, leurs mélodies se tordent, dévient et rebroussent le poil ; surgissent flûtes et saxophones facétieux, contrebasses aguicheuses ou interludes délirants (8bit sur ‘Desert In The Dark’, le glockenspiel de ‘Moving Pictures’). Chaque ingrédient ajouté révèle une exigence dopée à l’enthousiasme, qui ne cesse d’élargir leur champ musical et de perturber nos certitudes d’auditeur. Constamment déroutante, c’est au final la mayonnaise improbable des Stepkids qui prend le mieux, là où celle des Royal Canoe tourne au vinaigre. (ab)
San Cisco
Various Artists ‘Dangerhouse. Complete Singles Collected’ Munster Records
Emballée sous une pochette ensanglantée, cette double compilation dédiée au label Dangerhouse constitue un des plus beaux miracles de l’année. En deux disques, bourrés d’échardes électriques et de majeurs tendus, on plonge dans les archives du punk californien, dans la fièvre de L.A. Ici comme en Angleterre, tout s’est joué entre 1977 et 1979. La grande différence se situe au niveau de l’engagement. Là où les Anglais fricotaient déjà avec les médias et autres manageurs sans scrupule, les punks de Los Angeles croupissaient sous un soleil de plomb en envoyant bouler les fondations du système capitaliste. C’est dans cette ambiance délétère que Dangerhouse a ouvert ses portes et accueilli une flopée de nihilistes aux guitares bien pendues. Rage au ventre, poing levé, les groupes du coin trouvaient ici une structure susceptible d’appuyer leurs messages et de diffuser leur musique. ‘Dangerhouse. Complete Singles Collected’ rassemble tous les 45 tours publiés par le label entre 1977 et 1979. C’est une mine d’or. L’affaire s’ouvre avec deux titres des Randoms, trois gamins remontés contre la société, la vie et la Terre entière. C’est ensuite Black Randy qui pointe ses dents pourries et claque un ‘Trouble At The Cup’ d’anthologie. Remonté à bloc, The Avengers fustige le petit Jésus et rue dans les brancards. Politiquement engagés (The Dils) ou complètement déglingués (les Weirdos), les punks californiens brillent invariablement par un jusqu’au-boutisme effréné. Même quand ils coursent les pantalons en lin et les illusions pacifistes (le super ‘Kill The Hippies’ de The Deadbeats), ces mecs sont touchants. Le cœur en alerte rouge, on frôle l’infar’ en découvrant Howard Werth et, surtout, X dont le tube ‘Adult Books’ nous obsède depuis la première écoute. Au moment même où The Clash vient de se faire coffrer, on vient de rencontrer les derniers punks en liberté. (na)
Scud Mountain Boys ‘Do You Love The Sun’
‘San Cisco’
Ashmont Records/One Lit tle Indian
Fat Possum/RCA/Sony
Après avoir laissé à la postérité l’excellent ‘Massachussetts’ sorti chez Sub Pop en 1996, l’orfèvre Joe Pernice avait mis en sommeil ses Scud Mountain Boys pour continuer sous l’étiquette des Pernice Brothers à enquiller les mélodies accroche-cœur dans une veine plus pop que country. Il les ranime aujourd’hui pour délivrer une nouvelle collection de titres remarquablement écrits et arrangés, certes dénués de réelle surprise, mais que les amateurs d’une americana en clair obscur ne manqueront pas de goûter. En guise de retrouvailles, le programmatique ‘Do You Love The Sun’ donne le ton, les influences et le niveau de songwriting auxquels on a affaire, forcément très classique dans la forme, mais surtout très pépère. Car le quatuor appuie plus volontiers sur la pedal-steel que sur l’accélérateur. Une façon pour Joe Pernice d’éviter la sortie de route alors qu’il est plus occupé à regarder dans son rétroviseur s’il n’est pas poursuivi par le fantôme de Johnny Cash (‘Drew Got Shot’, ‘You’re mine’). Fort heureusement, Pernice possède l’arme absolue contre la monotonie : sa voix. « Une voix d’or cabossée », comme la saluait le New Musical Express, « dont chaque mot suinte le regret devant l’échec forcément inévitable ». Entre états d’âme(rique) et petites chroniques de la vie ordinaire (‘Double Bed’ qui évoque l’image d’un lit double enveloppé de plastique sur le toit d’une voiture), l’heure n’est pourtant pas à la morosité tant l’instrumentation reste au plus près des mélodies pour les envelopper d’une chaleur et d’une humanité réconfortantes. Et c’est précisément parce qu’il est capable de prendre en otage toutes les humeurs du moment avec bonhomie et bienveillance que cet album s’avère rapidement aussi pernicieux qu’indispensable. (gle)
Dans ce numéro d’octobre, on souffle décidemment un gros coup sur les braises du label Fat Possum (cfr. Jackson Scott). La structure américaine a longtemps repêché des épaves dans les eaux du Mississippi : des vestiges bluegrass, rock ou blues (R.L. Burnside, T-Model Ford) qui rallumaient la flamme du diable et enflammaient les passions de jeunes baroudeurs poilus (The Black Keys) ou gominés (The Jon Spencer Blues Explosion). Aujourd’hui, les effets de l’érosion se font sentir : l’embouchure du delta s’est déplacée vers d’autres rives. Désormais, Fat Possum défend les couleurs de la pop. Toutes les nuances y sont représentées. Dans la catégorie juvénile et insouciante, la pop défendue par les Australiens de San Cisco a suscité tellement d’enthousiasme qu’elle est finalement tombée dans les filets d’une Major. C’est que la musique de San Cisco affiche un sourire permanent. Heureuses 24h/24, les chansons de leur premier album se promènent systématiquement avec la banane. Peu importe le sujet, ici, on rigole. D’une naïveté inquiétante, les textes dansent sur des refrains joyeux et tombent dans les bras de chœurs féminins alanguis. San Cisco fait souffler de petits airs frais qui, selon toute probabilité, devraient s’évanouir dès les premières rafales hivernales. (na)
Jackson Scott ‘Melbourne’ Fat Possum/Pias
Nouveau fer de lance d’un label autrefois dédié aux derniers soupirs du blues, Jackson Scott est un électron libre de la constellation Fat Possum. Fan de rock indé et de sucreries psyché, le garçon enregistre ses lubies hallucinées dans sa chambre à coucher. Composé entre la couette et la table de chevet, ‘Melbourne’ est un album rêveur, étoilé de folk psychédélique et de rock dégingandé. Ce disque distille ses charmes vaporeux comme la rosée assiège la nature au petit matin : on ne comprend pas comment toutes ces gouttelettes sont arrivées là, mais elles recouvrent l’espace et chatouillent les orteils qui dépassent. En lévitation, on croise quelques grandes chansons (‘Sandy’, ‘In The Sun’) et de purs instants de contemplation (‘Sweet Nothing’, ‘Evie’). Habité par l’esprit de Syd Barrett, Jackson Scott marche tel un gamin sur les traces de Deerhunter : les mains dans les poches. Sans se prendre la tête. (na)
Segal ‘The Fens’ Luau Records
Alias d’un jeune Londonien de 27 ans nommé Matt Simpson, Segal n’a rien à voir avec son quasi-homonyme Ty Segall et pourtant, son tout premier bébé ‘The Fens’ est digne du plus intense intérêt. Entièrement écrit et réalisé sur un laptop, on sent le geek qui a passé des heures dans sa piaule entre paquets de chips et bouteilles de
Coke, le disque du producteur londonien mêle diverses tentations électroniques, sans qu’on puisse – et c’est heureux – suspecter son auteur de bouffer à tous les râteliers. Tout en parvenant à maintenir un cap artistique des plus prometteurs, Segal vogue entre dubstep, electro-pop, house et breakbeat sans jamais faiblir. D’un dynamisme contagieux, ses seize (excusez du peu) tracks ravivent la flamme de l’espoir en milieu de la nuit, bien que le ton soit globalement plutôt sombre. En multiplicateur de (très) bonnes idées, il intègre une telle diversité d’éléments digitalisés qu’on serait bien en peine de lui adresser le moindre reproche, si ce n’est celui de ne pas se fondre dans l’avant-garde du genre. Qu’à cela ne tienne, on lance les paris sur l’avenir du garçon, qui s’annonce prometteur et intrigant. (fv)
Senking
Gulli proposent à leur manière singulière de faire revivre les grandes heures de la bande à Q-Tip. Les deux Mozambicains resapent le hip hop old school de A Tribe Called Quest avec une fièvre tropicale qui le fait désormais tanguer entre les Caraïbes, un funk africain revisité par des joueurs de bossa brésiliens malappris et le ‘Jazzmatazz’ enfumé des premiers Guru. C’est une franche réussite : les tubes sont là (‘Excursions’, ‘Can I Kick It (Chuta)’ où on ne reconnaît plus le sample de ‘Walk On The Wild Side’, ‘Bonita Applebum’, ‘We’ve Got The Jazz’), prêts à être enfilés comme des shots de rhum brun jusqu’à l’ivresse. Un chouette dépaysement et, pour qui – comme moi – a peu écouté les originaux, l’occasion aussi d’aller s’y replonger. (lg)
Stadt ‘Kind Of Diversion’ Rough Trade/V2
« We can always feel better / we can always feel fresher ». On n’était pas au fait pour en juger en 2009, mais les Marvelas Something, ça devait effectivement être quelque chose de pimpant. De ces formations flamandes surdouées solidement éduquées à la discipline noble mais exigeante du jazz, mais la mâtinant de hip hop : hybridation éclectique, expérimentateurs pas farouches en râteliers. Exit d’un groupe qu’on aurait donc pris plaisir à connaître pour faire place à un autre, avec le même line-up mais qui s’emploie cette fois à apprivoiser en cercles concentriques ces fulgurances chères à la fin des 60’s et des 70’s : prog rock, lysergie psyché, nappage d’orgues, un zeste de barbarie dans les riffs, des basses gourmandes. ‘Healing Night’, western aux soubresauts fiévreux en attente de pic d’atmosphère, convoque Manzarek et glace le sang, là où ‘Castle Girl’ s’emploie à la rêverie, Fulco Ottervanger, funambule, se faisant échelle vocale de sortie d’une « Sweet Little Lady » cloîtrée dans son isolement. Finement exécuté et fidèle à une certaine époque, mais pas toujours dénué de minauderies et de gaps longs, ‘Kind Of Diversion’ reste une fort bonne pioche pour peu qu’il vous reste un patte d’eph’ convenable dans la garde-robe. (alr)
‘Capsize Recovery’
Stigmati
Raster-Noton
‘Broken Arm’
Bien que son nom ne vienne pas directement à l’esprit lorsqu’on songe à la galaxie Raster-Noton, où son étoile n’atteint pas toujours la brillance médiatique d’un Alva Noto, Senking trace depuis ses débuts en 1998 un chemin que nombre de confrères doivent lui envier. Auteur voici trois ans d’un ‘Pong’ aussi recommandable que son ‘Pink Thaw’ de 2001 (à l’époque sur Karaoke Kalk), Jens Massel n’a nullement perdu le fil de l’inspiration en 2013. As de la déconstruction sombre, le producteur allemand démontre, sans avoir l’air d’y toucher, que la dubstep a encore un avenir plus subversif que chez le dorénavant pénible Benga. Ultraprofondes et lentes, ses basses percutent le fond du cervelet, qui hésite entre frousse tenace et hochement utopiste, ses micro-éléments mélodiques offrent un contrepoint inventif et tout en échelonnant ses bpm entre cinq et sept minutes la track, il parvient à maintenir une tension et une densité dignes d’un DJ Distance. Autant dire que ça vole très haut. (fv)
Simba & Milton Gulli ‘The Heroes – Tribute To A Tribe…’ BBE
Il a suffi de vider quelques bières tièdes dans les festivals cet été pour s’en rendre compte : les nineties occupent bel et bien le haut de l’affiche. Derniers en date à rembobiner la cassette dans l’époque dorée du boombox, Simba & Milton
Autoproduction
Stigmati, alias François Bergmans, est un artiste namurois dont voici le premier album. Féru de littérature, de cinéma – on retrouve d’ailleurs des samples de films de Tarkovsky et Bergman sur deux titres - et bien évidemment de musique, il parvient à créer un univers très personnel et touchant, empreint de beaucoup de sensibilité et d’une bonne dose de mélancolie. Entre rock lo-fi 90s et dream pop avec, aussi, un petit côté 80s, ‘Broken Arm’séduit par ses compos oscillants entre évidence pop (le très catchy ‘Play with you’ou encore ‘Blind’), impressionnisme apaisé (‘Kids’,‘Secrets’) et expérimentation maîtrisée (l’instrumental ‘Monika’,assez envoûtant). Un début plus que convaincant et d’autant plus impressionnant que Stigmati l’a réalisé tout seul, que ce soit au niveau des textes, du chant ou de la musique. On ne peut que vous encourager à découvrir cet album ! http://stigman.bandcamp.com/ (pf)
Strumpets ‘Rubies & Ruffians’ Jezus Factor y Records
Les groupes anversois emmenés par des Argentins méritent toute notre considération même si, à vrai dire, à la troisième écoute, on n’en peut plus vraiment de ces ballades rock taillées pour pécho de la meuf le samedi soir à la fête au village. ‘Tamara’ ouvre le bal comme un inédit de ‘Rome’, le projet morriconien de Jack White et Danger Mouse et impressionne, trompe même, à l’image du joueur de flûte (pipeau ?) de la pochette. La suite – des milliers de chœurs fé-
Dec
fr 4
Creature With The Atom Brain
we 9
Mintzkov
fr 11
Phèdre + Brain Rain
sa 12
Shangaan Electro Beursschouwburg en AB doen het samen
we 16
No Age + Beach
fr 25
The Bollock Brothers + Holograms
fr 1
Condor Gruppe & Tine Guns + Public Service Broadcasting
we 20
Polaroid Fiction
fr 29
Cut Copy
Rue A. Ortsstraat 20-28, Bruxelles 1000 Brussel
November
October
beursschouwburg .be
Beursschouwburg en AB doen het samen
sa 30
Terakaft
fr 6
Wooden Shjips + The Cosmic Death
sa 21
Liesa Van der Aa
concerts
“Wild Light” is where the music leads. All that matters is to listen. “No-one knows what is happening. There is a lot of danger out there, ok?” Co-produced by longtime conspirator Dave Sanderson, mixed at the Castle of Doom by Tony Doogan (BELLE AND SEBASTIEN/ MOGWAI) in Glasgow, mastered at Abbey Road Studios Also available as LIMITED EDITION DIGIPAK (incl. bonus tracks), 180g VINYL EDITION (incl. album on CD) & EXCLUSIVE VERSION LIVE: 27.09. (B) GENT Handelsbeurs · 02.10. (NL) AMSTERDAM Melkweg 03.10. (NL) GRONINGEN Vera 01.11. (B) LEUVEN Het Depot
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Earteam
minins genre garçons de plage, un riff bien senti, parfois – permet de conclure les affinités derrière le vieux stand des auto-tamponneuses, celui-là même qui s’échange de père en fils depuis 1966. (lg)
Tal National ‘Kaani’ FatCat Records
Fat Cat ne nous avait pas spécialement habitués à signer ce genre de groupes. D’ailleurs, ils ne devraient peut-être pas s’aventurer là-dedans, laisser ça à ceux qui s’en sont fait une spécialité : Crammed, Glitterbeat… Comme de coutume avec les super bands africains, l’histoire est belle et la musique répétitive. Formé en 2000 autour du guitariste Almeida, le combo se démerde pour enregistrer avec les moyens du bord, la poussière et les moustiques, un premier disque à Niamey en 2006. N’ayant pas la thune pour aller en studio accoucher les suivants, ils font venir au Niger Jamie Carter, un ingé son de Chicago rencontré là-bas lors d’un festival, et gravent dans des conditions roots deux autres disques, respectivement en 2008 et 2011. Ce troisième album qui sort donc aujourd’hui sur Fat Cat est une belle plaque mais il ne faudrait pas non plus se la raconter : ça n’est pas le trip définitif. Un bel hommage aux anciens, aux guitares de l’Afrique de l’Ouest, hypnotique et suranné, mais déjà trop entendu. (lg)
Tired Pony ‘The Ghost Of The Mountain’ Fiction/Polydor
« America, America », gémissait un Gary Lightbody au sommet de la gloire de Snow Patrol. C’est qu’une âme de cowboy sommeille dans le cœur de l’Irlandais. Sur le premier album de Tired Pony, ‘The Place We Ran From’, il avait chaussé ses plus beaux éperons et était parti chasser la racine et le thumbleweed aux States pour une chevauchée en bonne compagnie, puisqu’à ses côtés trottaient une ribambelle de comparses : Jacknife Lee, Peter Buck de REM, Iain Archer, Richard Colburn de Belle & Sebastian, etc. La plupart rempile pour ce second album à l’écoute duquel on se demande toujours ce qu’il est advenu du désir de Lightbody de se frotter à l’americana. Comme son prédécesseur, ‘The Ghost Of The Mountain’ se teint de certains atours d’une tradition (pedal steel, envolées pastorales, etc.), mais les noie à nouveau sous une écriture et une exécution indissociable de la scène stadium façon british, incapable de la retenue essentielle au genre. La production léchée dont il ne parvient à se détacher transforme son second retour aux sources en petit frère de Snow Patrol, dont les fans trouveront ici une alternative un rien plus modeste et, sans doute, plus personnelle. Pour ma part, à l’exception de l’intimité touchante d’un ‘I’m Begging You Not To Go’ et des sympathiques boucles accompagnant une guitare sèche sur ‘Wreckage And Bone’, je ne peux tout simplement supporter le recours systématique aux gimmicks de l’anthem rock, à commencer par ce lyrisme exacerbé d’ondes FM, quand la fragilité de la mélodie suffirait à susciter l’émotion. On est encore loin de l’album de country que Lightbody prétend avoir en lui et, à vrai dire, je ne suis pas certain de vouloir l’entendre un jour. (ab)
Travis ‘Where You Stand’ Red Telephone Box/Pias
Punaise, c’était l’été avant les Tours Jumelles. Une pop song barbouillée de banjo éclaboussait (écœurait ?) l’Ecosse, l’Angleterre et le reste du monde. « For the love you bring won’t mean a thing / unless you sing sing sing sing » faisait s’évanouir les filles et engrangeait une armée de suiveur à la petite semaine (Keane, ce genre radiophonique pleurnichard…). ‘Where You Stand’ ne changera plus rien à l’histoire de la pop mais les grands dadais nostalgiques de
ce début de siècle pourraient, tout de même, y verser une larme. Dans le genre, c’est correct. D’ailleurs, le morceau ‘The Big Screen’, c’est presque du Perfume Genius pour les nuls. Et en plus, sur ‘Reminder’, l’intro est sifflée, ça le fait toujours. (lg)
Trentemøller ‘Lost’ In My Room/News
Les albums précédents du producteur Danois peinaient à séparer le bon grain de l’ivraie. Sur ‘Lost’, son écriture s’est affûtée et, outre le plaisir de retrouver son sens de la menace cinématographique (‘Still On Fire’, le très Orbital-esque ‘Trails’), l’album s’offre le luxe de véritables chansons triphop, plutôt down tempo, interprétées par un casting trois étoiles, dont Low, Jonny Pierce (The Drums), Kazu Makino (Blonde Redhead) et Sune Rose Wagner (The Raveonettes). Bonne ou mauvaise idée, les cœurs balanceront. Gageons que ce n’est pas avec ‘Lost’ qu’Anders Trentemøller trouvera le Graal : l’album vagabonde au gré de ses recherches et parvient rarement à harmoniser la cohabitation entre les collaborations artistiques sus-citées, jolies mais redondantes, et ses tracks purement instrumentaux. Ceux-ci, entre house habitée et ambient malveillant, explorent leur humeur en profondeur, tandis que les interventions de guests, aussi réussies soient-elles, amenuisent l’impact primal de morceaux au potentiel pourtant prégnant (‘’Deceive’ parvient néanmoins à arracher quelques frissons). Au final, les grandes réussites de l’album restent donc instrumentales, à commencer par ‘Morphine’, 6 minutes en apnée où une musique exotique façon Bali se retrouve infectée par un noir goudron venu de l’Occident. A écouter avec des images de Ron Fricke plein les yeux. (ab)
Troumaca ‘The Grace’ News
À une lettre près, Troumaca est une petite localité située dans les Caraïbes. L’ont-ils tirée à la fléchette sur un globe en rotation ? C’est en tout cas leur façon de nous signaler – ouvrez les guillemets – leur « exotisme ». Ces jeunots de Birmingham tentent de recolorer les cieux gris des Midlands à l’aide d’une pop très très chill, teintée de rythmiques ambient dub en mode peinard avec ici où là l’une ou l’autre sonorité asiatique ou ragga héritée de Dreadzone en guise de couronne de fleurs. Apparemment, ça fout des étoiles plein les mirettes de la Planète musique, qui s’extasie sur la « fraîcheur » et l’ « évasion » que procure ce premier album sobrement intitulé ‘The Grace’ (on n’est jamais si bien servi que par soi-même). En l’état, on s’emmerde vite dans son hamac, espérant une bonne mousson de passage, tant les paysages proposés se limitent à la piscine où surnage l’huile solaire bon marché, au bar à cocktails-parasol hors de prix et à Chico, le mainate apprivoisé qui sait siffler les filles. Troumaca, c’est le Neckerman de l’exotisme. Vous pouvez faire une croix sur le horspiste, nos explorateurs préférant les chemins balisés, ponctués d’harmonies vocales redondantes qui tentent en vain de singer les airs en vogue de la neo-psyché tendance, mais ne quittent jamais la vilaine étiquette lounge qui leur colle à la peau sans doute par crainte de pleinement assumer le genre. Seul le morceau-titre parvient à laisser un semblant d’impression. Pour le renouveau de la dance underground UK avec des plumes, on attendra plutôt l’imminent premier album de The Other Tribe, dont le single ‘Skirts’ parvient à cibler en quatre minutes ce après quoi Troumaca court pendant un disque entier. (ab)
Various ’70 Years of Sunshine’ Monot ype
Habitué des sorties et compilations improbables, notamment le coffret en 6 CD + DVD des res-
suscités P16.D4, le label Monotype joue une nouvelle fois les défricheurs d’histoire. Intitulée ’70 Years of Sunshine’, la nouvelle sortie de l’officine polonaise joue des coudes pour célébrer les 70 ans du premier trip sous LSD – et les grands noms font bien de se bousculer au portillon. Dans la phase ascendante, Kawabata Makoto (Acid Mother’s Temple) met la branlée, forcément psyché, à l’Animal Collective et ça fait un voyage de ‘ouf, Chihei Hatakeyama emmène ses nuances ambient vers une lumière blanche (ne pas oublier les Ray Ban), les 9’30 de Rafael Anton Irisarri donnent envie de demander pardon à une maîtresse SM, tandis que les Legendary Pink Dots réécrivent le soundtrack néo-tarkovskien d’une kermesse flamande perdue au fond de l’Oural. Le sommet atteint, on se prend la descente et elle est méchante. Andrew ‘Nurse With Wound’ Liles montre directement le chemin, il mène directos vers Six Organs Of Admittance – en encore plus inquiétant, sinon mortifère. Plus loin, Komora A rend totalement dingue avec ses pulsations technoïdes fondues en un sous-bois maléfique grouillant d’insectes parasites, Mirt déglingue encore un peu plus ce qui nous reste de neurones sains, avant qu’Andy Rantzen ne conclue l’affaire de son chant monocorde, bazardé au milieu d’une rythmique berlino-pop ? Lucy in the Sky with Devils, you said ? (fv)
Various ‘Trevor Jackson Presents : Metal Dance 2 : Industrial New Wave EBM Classics & rarities 79-88’ Strut
Vu l’énorme succès critique rencontré par le premier volume de cette série sorti l’an passé, Trevor Jackson s’est fort logiquement mis en tête de nous faire découvrir d’autres trésors oubliés ou carrément inconnus de la scène électro alternative des années 80. Passant en revue une collection gigantesque de titres, il a réussi à exhumer la crème de la scène cold wave, indus, post punk et EBM dans ce qu’elle a de plus inventif, expérimental et excitant. Au total, pas moins de 27 titres, tous excellents et pour la plupart introuvables. Bien sûr, les fans du genre reconnaîtront ci et là ce qu’ils considèrent comme des classiques (‘Body 2 body’de Front 242 ou ‘59 to 1’de Tuxedomoon), mais nul doute qu’ils feront des découvertes incroyables, comme le robotique ‘Riot squad’de Vice Versa qui rappelle Suicide, le glaçant ‘The saint became a lush’de Psyche qui associe une rythmique disco à des synthés torturés qui ne dépareraient pas dans un film de Carpenter ou encore l’entêtant ‘Der amboss’,un instrumental peu connu de Visage que l’on connaissait sous un jour plus pop. Il y a aussi quelques curiosités comme l’improbable rencontre entre Craig Leon (producteur de Suicide) et Arthur Brown (artiste psyché culte dans les 60s qui a commis le mythique ‘Fire’) sur un titre aliénant ou encore l’hypnotique ‘Babies’commis par Godley & Creme (groupe composé d’anciens membres de 10 cc). ‘Metal Dance 2’ aussi capital que son prédécesseur, non seulement pour la qualité intrinsèque des titres choisis, mais aussi de par leur côté visionnaire, vu qu’à l’écoute de ces deux CDs, vous ne pourrez vous empêcher de voir se profiler des pans entiers de la musique électronique à venir, Aphex Twin, Nine Inch Nails ou le label DFA en tête. (pf)
Laura Veirs ‘Warp and Weft’ Bella Union/Pias
En 2004, Laura Veirs, sage et folkorifiée sur son ‘Carbon Glacier’, déjà quatrième album, avait sur le papier tout pour partager nos jeux de ma-
relle. Une fille, une voix, une guitare : on n’en demandait guère plus. Mais une prestation qu’on avait jugée dénuée d’ envoûtement avait eu raison de ces prémices prometteurs : on avait désormais d’autres instruments à accorder et une harpiste elfique avait colonisé notre cour de récréation. Presque dix ans (et quatre disques) plus tard, la songwriter de Colorado Spring continue à remuer les tisons de son foyer avec opiniâtreté et cette fois, n’ayons pas peur de l’admettre, avec un son d’une fécondité admirable. ‘Warp and Weft’, sculpté dans l’acajou, tissé dans l’angora, séduit par l’apport réel de ses collaborations (le contrepoint choral acide et canaille de Neko Case sur ‘Sun Song’, le lac de jazz frémissant ciselé par Brian Blade pour ‘White Cherry’, méditation finale) par la maturité de ses arrangements (‘Sadako Folding’, très newsomien dans les glissements), les arcanes étonnants de son inspiration. Qu’elle retrace avec verve le destin d’Alice Coltrane (‘That Alice’, powerpop aux guitares espiègles) ou qu’elle s’attache à la figure d’Howard Finster (‘Finster Saw The Angel’ notoirement americana), Laura Veirs narre désormais ses histoires personnelles ou fictives avec la générosité d’une femme gagnée par une assurance nouvelle, par la certitude d’être bien entourée. « Abundant life, that’s this life. ». On n’aurait pas mieux dit. (alr)
Volcano Choir ‘Repave’ Jagjaguwar
Il faut faire l’expérience à l’aveugle pour se rendre compte à quel point cette voix est entrée dans l’inconscient collectif. Faire écouter ce disque à sa belle sans rien lui dire et constater : tiens, on dirait Bon Iver. C’est lui, chérie ! Carrément. Cette deuxième excursion avec Volcano Choir, en vrai groupe, le voit s’essayer à une espèce de pop qui prendrait des cours avec Sigur Ros pour moins l’être (les chœurs quasi enjoués de ‘Acetate’ sur des mornes plaines, la fin tirée par les cheveux de ‘Comrade’, une sorte de saloperie qu’aurait pu sortir récemment Sufjan Stevens). C’est étiré, contemplatif et, souvent, fort beau mais on a tout de même, à l’exception du morceau de bravoure final, l’impression que les titres de quatre minutes en durent quinze. Ce qui est – il faut l’admettre – moins excitant que ceux de quinze qui paraissent en faire deux. (lg)
Tony Joe White ‘Hoodoo’ Yep Roc Records/V2
Dans la catégorie des chanteurs pour qui le mot « laidback » a été inventé, ceux qui ont su prendre le temps de vivre, bref des rois de la pêche et de la sieste, Tony Joe White a toujours revendiqué sa volonté de composer à son rythme, en fonction des fluctuations de son inspiration. Une méthode largement éprouvée ne privilégiant que la sincérité de l’expression, le labeur et l’intégrité. Et même si ce nouvel album (le 33ème !) pourrait être celui des adieux, il est donc peu probable que ça soit l’urgence qui ait, à 70 balais, commandé la sortie de ce disque toujours aussi économe de ses effets que généreux dans sa qualité. Peu importe la solennité de l’évènement ou l’envie d’encore prouver quoi que ce soit. Enregistré live en une seule prise dans le salon de Tony Joe, peutêtre même dans son rocking chair, ce disque se sirote lentement en faisant durer le plaisir et en tapotant du pied avec ses bottes en croco. Même si chaque lampée de ce swamp rock brut et à maturation lente brûle autant la gorge qu’elle désinfecte les plaies de l’âme. Autobiographique, voire intimiste, l’album égrène tout au long de ses neufs titres les évènements qui ont émaillé la vie de l’artiste, que
Earteam ça soit les éléments qui se déchainent dans son bayou natal avec ‘The Flood’ et ’Storm Comin’, les souvenirs personnels avec ‘9 Foot Sack’ ou les contes du Sud rural de son enfance avec ‘Alligator, Mississippi’. Sans artifices et en résistant à toutes les tentations qu’offre la technique aujourd’hui, Tony Joe White laisse donc simplement à sa guitare le soin de soutenir une voix au grain toujours aussi exceptionnel dans un disque qu’il serait prématuré de considérer comme un testament musical. (gle)
Barrence Whitefield & The Savages ‘Dig Thy Savage Soul’ Bloodshot Records
Actifs depuis le milieu des années 80, Barrence Whitefield & The Savages se sont spécialisés dans la reprise énergique des plus bouillants standards rock et soul, devenant le groupe live le plus chaud de Boston. Sur album, leur succès fut moindre (à l’exception de l’Angleterre), en cause un répertoire limité aux covers et un passage à vide la décennie suivante. Réunis depuis deux ans, les Savages déferlent sur le rythm’n’blues comme un naufragé sur un buffet et accouchent avec ‘Dig Thy Savage Soul’ de leur plus féroce album, vieille marmite cabossée aux inimitables épices, corsé comme un gumbo, brûlant comme le roux brun. Barrence gronde, swingue et hurle sans reprendre son souffle entre ces douze morceaux, enregistrés sur une seule journée d’octobre 2012, que l’on imagine sous l’égide du Malin lui-même. Il y a ici une énergie punk-rock à l’œuvre, une précipitation vaudou à la Howlin’ Wolf, une transe boogie et ancestrale qui propulse Buddy Guy et Eddy Cochrane sur un même bateau enfumé, tandis qu’un alligator goguenard frétille au piano. Screaming Jay Hawkins sous laxatifs, Barrence Withfield ricane et hulule sous les projecteurs, infatigable. Il peut bien : ‘Dig Thy Savage Soul’ est le classique dont ont toujours rêvé les Dirtbombs et lui assurera le respect infini de la génération des White, Auerbach et consorts. On parie ? (ab)
Willard Grant Conspiracy ‘Ghost Republic’ Loose Music
Ils n’ont laissé que la coque, ils n’ont gardé que les os. Le filon d’or jadis jaillissant entre les baraquements s’est tari, et depuis, l’herbe n’a repoussé que de façon éparse, parmi ce qui subsistait de planches et de clous rouillés. L’aridité est ici bien plus flagrante qu’à Tucson, Arizona, mais deux étrangers audacieux sont venus relever les rares traces de vie restantes. Aucun d’entre eux ne craint de se confronter aux orages (‘New Year’s Eve’, assourdissante ellipse, ‘The Early Hour’, en contrastes dynamités), ni au ‘Rattle And Hiss’, le sifflement sournois des crotales, lignes alto mouvantes, qui sont désormais maîtres des lieux, ni même aux ululements des mineurs damnés, ceux dont la journée, jadis pleine d’espoir, débutait toujours par une ‘Piece Of Pie’ et un café fristouillé sur une cuisinière de la dernière chance. « Oh we wait / and the tears won’t come », plus personne n’est sur ses deux pieds pour témoigner avec dévotion de ce que fut le hameau de Bodie, mais ses jointures, elles, grincent toujours sous les cordes de David Curry, ses vestiges dépoussiérés reprennent voix sous l’americanad’ambre de Robert Fisher. Il semblerait que depuis ‘Paper Covers Stone’, l’homme de Boston n’ait rien perdu de son pouvoir d’évocation : il a beau être dans le désert depuis très longtemps, les morceaux y bourgeonnent toujours, rugueux mais inspirés. (alr)
Zeitgeber ‘Zeitgeber’ Stroboscopic Ar tefacts
Après les gratteurs de temps (Zeitkratzer), voici les donneurs de temps (Zeitgeber). Seul point commun entre l’ensemble à cordes de Reinhold Friedl et le duo vétéran de la techno expérimentale Jochem Paap (aka Speedy J) – Luca Mortellaro (alias Lucy), le sens de l’avantgarde n’atteint pas le même degré d’aboutissement chez les seconds nommés. A vrai dire, si les Zeitgeber mettent de côté la moindre tentation dansante sur leur première collaboration, leur vision abstraite n’est ni suffisamment aboutie ni pleinement assumée. Pire, on se demande
vraiment si les deux gaillards n’ont pas égaré la boussole sur l’autel de l’expérimentation, tant leurs pérégrinations nébuleuses aboutissent en un no man’s land aride et repoussant. (fv)
Zola Jesus ‘Versions’ Sacred Bones Records
Personnage controversé, artistiquement s’entend, Zola Jesus ne réconciliera pas ses partisans et détracteurs en cet automne 2013, et c’est un euphémisme. Comme son titre l’indique, ‘Versions’ propose une relecture de morceaux précédemment enregistrés par la musicienne russo-américaine. Cette fois accompagnée d’un quatuor à cordes qui ose sans complexes les dissonances, tout en n’oubliant pas un aspect néo-romantique loin du clinquant, Nika Roza Danilova pose un geste certes osé, mais à l’usage discutable. Sans doute son timbre de voix, finalement peu coloré, y est pour quelque chose, mais il s’accorde assez mal à l’acidité des cordes qui sous-tendent son chant. Soit cela manque de l’intensité dramatique d’une Diamanda Galas, soit on reste sur notre faim du charme colérique d’une Shannon Wright, il manque en tout cas définitivement un ingrédient à ces neuf réinterprétations pour qu’elles dépassent le stade de l’anecdotique. (fv)
Zorch ‘Zzoorrcchh’ Sargent House
Début du siècle, Animal Collective a ouvert la porte de l’arche de Noé : des milliers de bestioles se sont alors engouffrées à bord du navire. Chant chorale sous hélium, guitares hyperkinétiques et mélodies électromagnétiques devenaient les standards d’une pop stylée et méchamment décomplexée. Le premier album de Zorch s’inscrit dans cette lignée, déjà bien usée. Le duo d’Austin malaxe les matières, s’inspire de l’electronica, du punk, du jazz et du math-rock pour glisser sur des les pentes d’une glitch-pop en perdition. ‘Zzoorrcchh’ crie son nom comme le dernier rescapé d’une épopée. Les fans de Battles, Hella ou Don Caballero entendront peut-être l’écho du brame. Les autres resteront sourds à l’appel de Zorch. (na)
SOLDIER’S HEART
26.09 28.09 05.10 19.10 28.10
Brussel Brost - Bruxelles JH Centraal - Mortsel Play Festival - Hasselt Stageblind - De Pinte Het Depot - Louvain
SX
28.09 Pacrock - Pont-A-Celles 26.10 Kuub - Turnhout 30.11 C-Mine - Genk
CSS + HONG KONG DONG
29.09 Botanique - Bruxelles
RADIO MOSCOW
03.10 Magasin 4 - Bruxelles
DAAU
04.10 Atelier 210 - Bruxelles 05.10 Handelsbeurs - Gand 24.10 De Casino - Sint-Niklaas
DEAD MEADOW
05.10 Comme à la Maison - Bruxelles
JOZEF VAN WISSEM
05.10 Comme à la Maison - Bruxelles
MARCO Z
05.10 12.10 18.10 13.12
CC Strombeek - Strombeek C-Mine - Genk CC De Brouckere - Torhout CC Beringen - Beringen
FACTORY FLOOR + EAST INDIA YOUTH
09.10 AB - Bruxelles
THE MOUNTAIN GOATS + ALESSI’S ARK
12.10 Handelsbeurs - Gand
KING KRULE
12.10 Botanique - Bruxelles
BALMORHEA + JBM
17.10 STUK - Louvain
EF
18.10 4AD - Diksmuide 19.10 L’Escalier - Liège
JAPANTHER
18.10 Madame Moustache - Bruxelles 19.10 Café Video - Gand
STADT
24.10 Charlatan - Gand 05.12 De Casino - Sint-Niklaas
MIREL WAGNER
25.10 Les Voix Des Femmes - Liège
PARQUET COURTS + MAZES
20.10 Charlatan - Gand 27.10 AB - Bruxelles
KIMYA DAWSON + YOUR HEART BREAKS
04.11 Arenberg - Anvers
AUSTRA
06.11 Botanique - Bruxelles
LISA GERMANO
09.11 Muze - Heusden-Zolder
NILS FRAHM + CHANTAL ACDA
13.11 14.11 15.11 16.11
De Roma - Anvers 30CC - Louvain CCHA - Hasselt CC De Spil - Roeselare
ÓLAFUR ARNALDS
15.11 Het Depot - Louvain 16.11 Cactus Club @ MaZ - Bruges
FAI BABA
16.11 4AD - Diksmuide
PHOSPHORESCENT
17.11 Crossing Border - Anvers more concerts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be
28 Fuck Buttons 4 octobre AB, Bruxelles
Revoici les cumulonimbus de Fuck Buttons, flotte orageuse parée à nous manger le ciel de leurs beats électrostatiques. Champions des litanies tribales et obsessionnelles, le duo de Bristol s’en revient souffler ses drones avec ‘Slow Focus’, troisième album où gronde une noise toujours aussi méchante, mais non dénuée de nouvelles subtilités bienvenues. La première partie sera assurée, sur les conseils de Fuck Buttons, par le violoniste et artiste laptop anglais Zan Lyons.
Play 2013 Club Festival 4 et 5 octobre Muziekodroom, Hasselt
L’affiche ‘Forty Five’ du 4 octobre annonce un déferlement de beats House/Garage/D&B/Trap/ Bass. Quelques noms : Truss Aka Mpia3, Stooki Sound, Arches, Innershades, Way Back, Solco, Sheridan, et bien d’autres! Le 5, le MOD se parera d’une couleur Indie/Rock/Funk/Slacker/Future. Là aussi, l’affiche sera copieuse. Citons : The Ex, Mean, Traumahelikopter, The Sha-La-Lees, Polaroid Fiction X Tim Vanhamel, Oscar & The Wolf, Soldiers Heart, Spookhuisje, Pinkunoizu, Horses, Echo Beatty, Mountain Bike, Coely, Delv!s,... Le prix d’entrée pour la fiesta est contenu : 9/12 euros par soirée. De quoi signer un démarage de saison en fanfare. www.playfestival.be
Festival Comme à la Maison
5 octobre Maison des Musiques, Rue Lebeau 39, Bruxelles
Gablé La Maison des Musiques tient bon le cap de son festival intimiste : une affiche, un lieu et un prix (10 euros) à hauteur d’homme, autant dire intime. Pour la septième édition de son festival d automne, les mélodies indépendantes ont toujours la part belle.The Feather (lire notre interview page 12), Benoit Lizen, Bed Rugs (les Anversois affichent une fulgurance pop psychédélique se déclinant aussi bien sur des compos laidback que sur des titres indéniablement rock), Castus (dont les instrumentaux défilent entre Gastr Del Sol et The Sea And Cake), Dead Meadow, Joseph Van Wissen, Gablé (deux gars, une fille, mille idées foldingues à la seconde pour un des meilleurs groupes scéniques en activité, pas moins). Attention, le festival débute tôt : ouverture des portes 16h30. www.festivalcommealamaison.be
Peter Von Poehl 8 octobre Botanique, Bruxelles
C’est peu dire que son troisième album a patiemment attendu son heure. Après avoir composé chacun des morceaux, le suédois les a
mardi 01 octobre Talk Talk, Spirit Of Eden @ Atelier210, Bruxelles, atelier210.be Peter Gabriel @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Thundercat, fLAKO, Lefto @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Y&T @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Oranitza @ Tentation, Bruxelles, latentation.be Olly Murs @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Cloud Control, New Desert Blues, Tout va Bien @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Indian Jewelry @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Noisia & Foreign Beggars @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Born Ruffians, Moon King @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
mercredi 02 octobre Pixies @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Yawns @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Deer Tick; Lily Wood And The Prick @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Bob Log III, Andrew Collberg, The Pork Torta, Otherly Love, Acorn Ganashake @ Roskam, Bruxelles, stoemplive.be C2C @ Club Forest National, Bruxelles, livenation.be Bcorn @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Baroness @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
jeudi 03 octobre United Colors Of Ghent: Gunther D, Merdan Taplak, Laston & Geo, The Mixfitz, Michael Midnight, TLP Soul Shakers, Halve Neuro, Rauw en Onbesproken, ... @ Vooruit, Gent, ucog.be Pomrad @ Rockerill, Charleroi, busker.be Radio Moscow, Carousel @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be No Bones, The Dyson’s @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/486215048136418 The Bony King Of Nowhere @ Candelaershuys, Uccle, busker.be Pixies; Andy Scott, Demdike Stare, Miles, G.H. @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Pomrad, DJ Ralph Storm @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Motorama @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Indian Jewelry, NED @ Water Moulin, Tournai, watermoulin. bandcamp.com/ Alex Carpani Band & Davide Jackson @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Merdan Taplak & Sabena @ Kultuurkaffee, Bruxelles, stoemplive.be No Ceremony @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
vendredi 04 octobre Play 2013: Moodprint, Dark Sky, Addison Groove, Maverick, Mophito, Gewelt, Way Back, Metrobox, Kong & Gratts, Sheridan, Solco, Arches, Detroit Swindle, Innershades, Truss aka MPIA3, Titans, Trappist, Stooki Sound, Hucci, Nachos For The Early Riser, M&T @ MOD, Hasselt, playfestival.be Raketkanon, Mondkopff, Somaticae, Deuil, Jag Hatar @ L’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Sons of Disaster, DJ sets: DOP Massacre, Elzo, Silio, Fils de Piet, FaBxHell @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/161777080678674 Radio Modern: Cherry Casino & The Gamblers @ Le Cadran, Liège, lecadran.be Vive La Fête; Thomas Dybdahl, Geva Alon @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Ex, Going @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com The Noise: Romano Nervoso, Morning Dead, Black Sheep @ La Zone, Liège, thenoisebelgique.be Children Of Bodom, Insomnium, Medeia @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Creature With The Atom Brain @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Ceili Moss, Rey Cabrera & su Amigos, Alexis & La Xclusiva @ Cultuurfabriek, Sijsele, hoorndol.be Caoutchou Records Labelnight: Herrmut Lobby, Chrome Brulée, Ninjato, Digi G’Alessio, Drafter @ Vooruit, Gent, democrazy.be Nehl Aëlin @ Rock Classic, Bruxelles, lefantastique.net DAAU @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Mick Ralphs Blues Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be La Rose Noire, Subshell, Padawin, Le Clan D’Estinnes, Enkephalin @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Fuck Buttons, Zan Lyons @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Rock Tools Showcase Night: Blondstone, Everyday Circus, Full Of Suédoises, Lawyers Guns’n’Money, Mr Yaz, Portland @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Raftside, Sun Glitters And Klein ‘N’ @ Exit07/Rotonde, Luxembourg, Lux, rotondes.lu Raggasonic, El Maestro & Backing Band @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr Les Trois Accords @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Frustration, Vertigo @ St André Lez Lille, Fr, aeronef-spectacles.com James Taylor Quartet, J Funk, DJ Goldy @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
samedi 05 octobre Play 2013: Sgrow, Yellowstraps x Le Motel, Maask, Billie Kawende, Delv!s, Polaroid Fiction x Tim Vanhamel, Traumahelikopter, The Sha-La-Lees, Mean, The Ex, Soldier’s Heart, Oscar & The Wolf, Coely, Spookhuisje, Mountain Bike, King Dalton, Tubelight, Protection Patrol Pinkerton, DJ Cru, Ice Cream Cathedral, Echo Beatty, Pinkunoizu, Horses @ MOD,
gigs& parties oct 13
Hasselt, playfestival.be Comme à La Maison festival: Gablé, Black Yaya, Dead Meadow, Castus, Bed Rugs, Benoit Lizen, The Feather, Jozef Van Wissem @ Maison des Musiques, Bruxelles, festivalcommealamaison.be Rudimental @ AB, Bruxelles, livenation.be SawF, Sagaan, Suka Off, Stefan ZMK, Edweirdo, The Gliese Mantra, Face Down @ La Raffinerie, Bruxelles, fondation-sonore.be Sublime Cadaveric Decomposition, Black Bleeding, Massive Charge, Ignitions,Tears Afterglow, Lenght Of Time @ L’Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Roy Ellis ft 65 Mines Street, The Erin Bardwell Collectiver @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Planetary Assault Systems, Psyk, Pierre, Deg, Marcus Kraushaar, Thys vs Twist @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Substitute, Such A Noise, Abbey Road, Alain Pire Exp., ... @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Youth Avoiders, Short Days, Sects Tape @ DNA, Bruxelles, facebook.com/events/668255423204440 Yuko Kono, Le Ton Mité @ Les Bulles, Louvain la Neuve Oneohtrix Point Never, Barn Owl @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Vive La Fête @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Trio Est-Ouest @ Ferme Du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be The Noise: Romano Nervoso, Sons of Disaster, Pignition, Eleven, Boads @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Audrey Horne, Ken Mode, Karma To Burn, Gold, Unkind @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Amen Dunes @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Amatorski, Astronaute @ Flagey, Bruxelles, abconcerts.be Abbey Road, Such A Noise, Substitute @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Alec Mansion @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Necros Christos, Grave Miasma, Emptiness @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Marco Z, Spookhuisje @ CC Strombeek, Grimbergen, ccstrombeek.be LesTrois Accords @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Ozark Henry @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Booster Goes P-Funk, DJ Ango, Vintage Music Market @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com
dimanche 06 octobre Made In Belgium: Onda Sonora DJ set, Seiren, Brihang, Loscobeats, LTGL, Yellowstraps & Le Motel, Onda Sonora, Fris @ Vooruit, Gent, democrazy.be Tunng, Pinkunoizu @ Botanique, Bruxelles, botanique.be David Bartholomé @ Le Coliseum, Charleroi, coliseum.be 14Weeks, Gaëtan Streel @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Condor Gruppe, DJ Musketflickan @ Trix, Antwerpen, trixonline.be
lundi 07 octobre Fat Freddy’s Drop; Carlos Cipa, Saffron Keira @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Bluesbones @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be
mardi 08 octobre Willis Earl Beal & Band; Joseph Arthur, Rene Lopez @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Reena Riot, Lola & Roland van Campenhout @ Rits Café, Bruxelles, stoemplive.be Revere; Peter Von Poehl, Piers Faccini @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Juan Luis Guerra @ Cirque Royal, Bruxelles, cirque-royal.org Madd Vibes Brass Band @ Emmerin, Fr, aeronef-spectacles.com
mercredi 09 octobre Maïa Vidal, Samowar @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Fleetwood Mac @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Mintzkov @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be David Lemaitre; Mark Eitzel, Sacri Cuori @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Aynsley Lister Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Darkside ft Dave Harrington & Nicolas Jaar; Factory Floor, East India Youth @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Winston Mc Anuff & Fixi, DJ Ango @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com
jeudi 10 octobre Pias Crew, Unik Ubik, The Poneymen @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Truckfighters, The New Keepers Of The Water Towers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Préselections Championnat de Bruxelles @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be
Kissaway Trail, It It Anita; Cloé du Trèfle, Lylac @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Aka Moon @ Ferme Du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Black Puss, Animale Grr, Movoco @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Depedro, Pez Mago @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hydrogen Sea @ Het Goudblommeke In Papier, Bruxelles, stoemplive.be Derek en Rony Verbiest @ Music Village, Bruxelles, abconcerts.be Kakkmaddafakka @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Silent Disco @ Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Turnsteak, Fakear @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com
vendredi 11 octobre Rock Ternat: Halve Neuro, Coely, Arno, Daan, The Opposites @ Festivalterrein, Ternat, rockternat.be Rone; Small Black @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Phèdre & Brain Rain @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be STATUEextended @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Subs @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Nazi Dogs, Menace, Toxic Waste, Bongo Kidz, Conmecontent, Les Nenfants Perdu @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be The Old Dead Tree @ Relais du Vieux Comte, Tournai The Noise: Romano Nervoso, Petula Clarck, Pignition @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Tankscapda @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Captain Pogo, La Règle De Trois, Note G @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Moker, Antrophagus @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/290480777740973 Big One @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Klub des Loosers, La Douane @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Fulltone @ L’Ex-Cale, Liège June & Jim, Aurélien Merle @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Deluxe @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Seun Kuti, Bukatribe @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
samedi 12 octobre Rock Ternat: De Fanfaar, Psycho 44, Dope D.O.D., CJ Ramone, Biohazard, A Brand, Axelle Red, Black Box Revelation, TLP @ Festivalterrein, Ternat, rockternat.be Opus meets Lessizmore, dOP, Mathias Kaden, Pierre, Deg, Horror Inc, Maayan Nidam, Issa Maïga, Antivition, Gen, Leonas Somovas @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Monkey’s To Hollywood, So Mary, Gravity Free @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Metal Milita, Kingstone, Repression @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Mongolito, Avgrunden, Ashtoreth @ DNA, Bruxelles, facebook. com/events/301358200009201 Asaf Avidan; Shangaan Electro @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Steak Number Eight @ Live Scene, Eupen, busker.be Io Earth, Sunchild, Il Tempio Delle Clessidre, The Enid @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be King Krule, Filty Boy @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Gentle Veincut, Jean Jean, Heartbeat Parade, Zucchini Drive, Adolina, Siamese Queens, Totorro, Calva, Petula Clarck, Perils Of Penelope @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Fred & The Healers, Lazy Louis & Little Richard @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Gad’80, Awissa & Box Of Dogs @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Desdemonia, Cosmogon, Lost In Pain 3, The Thin And The Fat Guy’s @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Scrappy Tapes, The Lamourettes @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Grindi Manberg, Numerobe @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr
dimanche 13 octobre Mariana Tootsie and Friends @ Ferme Du Bièreau, Louvain-LaNeuve, fermedubiereau.be Joy Wellboy @ Botanique, Bruxelles, botanique.be James Blake @ AB, Bruxelles, livenation.be Ane Brun, Tonbruket @ Cirque Royal, Bruxelles, botanique.be Elora, Galahad, Le Orme @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Chut(es)! @ Condition Publique, Roubaix, Fr Anakronic Electric Orkestra, Ottilie B. @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com The Wedding Present, Fools Ferguson @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Volbeat @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
lundi 14 octobre Shaggy, Sly & Robbie @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hacride, Exuviated @ L’Escalier, Liège, escaliercafe.be Piers Faccini @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mardi 15 octobre Icona Pop; Jonny Lang @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Noa Moon @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Brian Auger Oblivion Express ft Alex Ligertwood @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Pascal Pinon @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
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mercredi 16 octobre Sukilove @ Les Ateliers Claus/Salle Rogier, Bruxelles, lesateliersclaus.com No Age, Beach @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be The Prospects, The Spectors & Thee Marvin Gays @ Rits Café, Bruxelles, stoemplive.be White Hills, Mean @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be TV Colours, Tits, Immigrants @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Automelodi, Analogic Cold afterparty @ Café Central, Bruxelles, lefantastique.net Majical Cloudz @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Brit Floyd @ Kursaal, Oostende, livenation.be KK Null & The Noiser, Ripit, Belle Du Parvis @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Eric Gales @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Ane Brun @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Maïa Vidal, Haddo @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com
jeudi 17 octobre Pigs, Sofy Major, Deer @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Neon Electronics, Wan’s @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com North Mississippi Allstars; Bent Van Looy @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Mister H and Co, Eaux Mortes @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/628062697227250 Babate Orchestra @ Ferme Du Bièreau, Louvain-La-Neuve, fermedubiereau.be Alex Beaupain; The Stepkids @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Martin Barre Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be An Pierlé @ Eglise St-Antoine de Padoue, La Louvière, ccrc.be Bruno Mars @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Getagrip, Alien Satellites @ The Corner, Bruxelles, pclprod.be The Bosshoss @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, atelier.lu Sebadoh, Bed Rugs @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
intégralement joués en live pendant deux ans en testant de nouvelles configurations orchestrales; histoire de définir les arrangements idéaux avant de rassembler une vingtaine de musiciens au fin fond de la campagne suédoise pour enregistrer en une journée ce ‘Big Issues Printed Small’, joyau de popfolk symphonique lo-fi. Chaque arrangement y est pesé, ciselé et affiné. Chaque silence y est respecté.
Les Nuits Electriques 17-19 octobre Splendid & Aéronef, Lille
Pour leur deuxième édition, FLP et The Talent Boutique rallument le dancefloor lillois les 17, 18 et 19 Octobre dès 21h et jusqu’au petit matin. Les Nuits Electriques seront surtout... électroniques et alignent quelques noms qui claquent sur vos fessiers tendus : Kavinsky, Rone, Jackson and His Computer Band, Miss Kittin, Busy P, Chateau Marmont, Twinsmatic, Gramatik, Zombie Zombie, Audion, Matthew Dear viendront éclairer la pénombre de ces nuits d’automne. www.lesnuitselectriques.com
Orval Carlos Sibelius
19 octobre, Botanique, Bruxelles 14 décembre, L’Hospice d’Havré / Maison Folie de Tourcoing
vendredi 18 octobre Pat McMannus Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Sarah Ferri @ CC Strombeek, Grimbergen, ccstrombeek.be Sebadoh, JoyCut @ Botanique, Bruxelles, botanique.be My Cheap Little Dictaphone, Dez Mona @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be White Hills, Barako Bahamas, Duke @ Eden, Charleroi, rockerill.com The Rebel Assholes, Flying Donuts @ DNA, Bruxelles Smegma, Ludo Mich & Dennis Tyfus, el-g @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Sexmob, Othin Spake @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Flying Horseman; Noisia & Foreign Beggars @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Digital & Spirit, Gremlinz, 187, M –zine & Scepticz JBs & Mental Forces @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Bombino, Pretbederf 8 @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Amenra, Augures @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Japanther @ Madame Moustache, Bruxelles, toutpartout.be Gondoliers @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Flying Donuts, Rebel Assholes @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/688989497795149/ Bruno Mars @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Holograms @ Exit07/Rotonde, Luxembourg, Lux, rotondes.lu Baroness, Royal Thunder @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
samedi 19 octobre Shiko Shiko, Billions Of Comrades, Dj’s Quasimorock Dreamteam @ Belvédère, Namur, belvedere-namur.be Stealth Bombers XL @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Snarky Puppy @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sean Nicholas Savage @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Orval Carlos Sibelius @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Superlux, Recorders, DJ Jean Montevideo @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Savor @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Saint Gillibilies @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/432038566913568/ Vibronics, U-Stone, Mayd Hubb @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Mykki Blanco, Slava, Deer du Bois, The Stress @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be The Rebel Assholes, Flying Donuts @ Maison de la Jeunesse, Ecaussines The Oscillation, Gondoliers, You and Me and the Coffin @ Water Moulin, Tournai, http://watermoulin.bandcamp.com/ The Black Tartan Clan, Getagrip @ Ercineo, Herchies, pclprod.be Chouval Brass @ L’Ex-Cale, Liège EF @ L’Escalier, Liège, escaliercafe.be ft Tre Allegri Ragazzi Morti, Cosmo, Perturbazione @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be 65daysofstatic, Evoke @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be MilkFest @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Mathilde Renault @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Sebadoh @ Den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Meta Dia & The Cornerstones, Aedo Time @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses.com Ben L’oncle Soul & Monophonics @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr
© Ph Lebruman Quinze ans que ce type abat ses cartes dans l’ombre et fait la joie des initiés. Axel Monneau se voit comme un artisan, un défenseur des traditions pop. Il est très loin du chercheur fou, du poète maudit, de l’intégriste de la cause indie. Il est nourri des autres, de ses idoles de jeunesse (Pink Floyd, Who, surf music, psychédélisme sixties) aux Super Bands d’Afrique de l’Ouest, en passant par la musique brésilienne. Il est en super forme et le prouve avec un disque énorme qui résonne à l’infini depuis le fond enchanté d’une faille spatio-temporelle. Le genre de cosmic trip dont on ne revient pas. Tu planes, grave.
Charles Bradley And His Extraordinaries 21 octobre Rockhal
Le rock a eu son Rodriguez, la soul a son Charles Bradley. Si ces deux artistes frôlent aujourd’hui le mythe, ils ont longtemps touché le fond. Né en Floride en 1948, l’homme a suivi père et mère pour New York. Les rues du Bronx pour plaine de jeu, l’enfant assiste en 1962 à une performance fulgurante de James Brown. L’instant bouleverse sa vie. Bradley s’imagine chanteur, héros du peuple, sauveur de la soul. Mais le succès lui tourne le dos... La cinquantaine entamée, il revient à New York et rencontre Thomas Brenneck, metteur en son chez Daptone (Sharon Jones & The Dap-Kings). Le producteur tombe sous le charme de sa voix. L’heure du disque a (enfin) sonné. Aujourd’hui l’homme revient chanter son amour de la musique soul.
30 Goldfrapp
22 octobre AB, Bruxelles D’Alison Goldfrapp, on avait gardé cette image d’arlequin transformiste, entre la poétique Beauharnais à tricorne de ‘Seventh Tree’ et l’überfemme de ‘Supernature’, too much en gloss et en beats. Autant dire qu’on ne savait plus trop qui est qui et qui n’est qu’une au milieu de toutes ces incarnations. Collection fantasmagorique de vies autres, épures de femmes (et hommes) meurtries à la dizaine, ‘Tales Of Us’ tisse avec la fiction des relations d’encre dense, ouvre grand la porte aux contes quasi gothiques. Rien que ‘Drew’, gracieuse meurtrissure, fait éclore avec gravité les dahlias noirs sous une couche glacée. ‘Tales Of Us’ reste un virage gagnant en noir et blanc qu’on se devra de célébrer au bitter.
dimanche 20 octobre Washed Out, Amateur Best; The View, The Velveteen Saints @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Rise Of The Northstar, Spitdown, Jack’s Songs Fight @ L’Escalier, Liège, escaliercafe.be Chvrches, Thumpers @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Miles Kane @ Den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Mac Miller @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
lundi 21 octobre San Cisco, The Magnets @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Trixie Whitley, Echo Beatty @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Mike Stern Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Jay-Z, Timbaland @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Deerhunter @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Reverie, Ykee DJ set @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Loud by Court-Circuit @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Charles Bradley and His Extraordinaires @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mardi 22 octobre
Tamikrest 29 octobre Botanique
Les vrais trucs audibles aujourd’hui question guitares, ils viennent souvent de là, du Sahara. Derrière les figures de proue Tinariwen, c’est toute une armée de virtuoses qui a troqué le dromadaire pour la Telecaster et appris l’histoire du blues via des connexions internet aléatoires. Repérés par les excellents blancs-becs de Dirtmusic de Chris Eckman, les Tamikrest, déjà à leur troisième galette, sont tout simplement en passe d’écœurer la concurrence (les Tinariwen susmentionnés, le surfait Bombino). Le blues est olympique et les expérimentations foutrement sensées : On en perd carrément notre Berbère!
Beautés Soniques 31/10 au 10/11 Namur
Tindersticks @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Tiny Legs Tim @ Merlo, Bruxelles, stoemplive.be No Guts no Glory, Rotyes @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/1381262088772421 Goldfrapp @ AB, Bruxelles, livenation.be Editors @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Zatokrev, Galvano @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com
mercredi 23 octobre Noa Moon @ Le Manège, Mons, lemanege.com Spaïcy @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Emmure, Carnifex, I Killed The Prom Queen, Betraying The Martyrs, Hundreth, Northlane, Hand Of Mercy @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Karnivool; Charles Bradley & His Extraordinaires @ AB, Bruxelles, livenation.be Band Of Friends @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be De Beren Gieren @ CC Strombeek, Grimbergen, ccstrombeek.be Flying Horseman @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Guerilla Poubelle, Justine, Diego Pallavas, Nichiels, Intenable @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Alex Hepburn @ Den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Savages @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com
jeudi 24 octobre Public Image Ltd (PiL); Deafheaven, Pharmakon @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sal La Rocca Band @ Maison Culturelle, d’Ath, maisonculturelledath.be Paolo Conte @ Bozar, Bruxelles, livenation.be The Troublemakers, Dj Kwak, Colonel Sweetback @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Camel @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Bearskin @ Le Coq, Bruxelles, stoemplive.be Uberdope @ Music Village, Bruxelles, abconcerts.be In Extremo @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Nanna.B @ La Cave Aux Poètes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com Chassol, Limousine @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
vendredi 25 octobre
An Pierlé © Athos Burez C’est toute la ville de Namur qui se plie en quatre pour proposer une assiette anglaise: exposition « Wal’style, Hip Hop en Wallonie » au Foyer du théâtre, projection du film ‘The Sound Of Belgium’, de clips belges lors d’une soirée chapeautée par Pale Grey, un young designer market, une foire aux vinyles, un marché vintage et plus encore. Rayon concerts, ce sont tous les lieux d’écoute de la cité qui font cause commune pour une entame à célébrer avec An Pierlé et Bony King of Nowhere en l’Eglise St Loup (le 31/10). Le lendemain (01/11), passage de témoin au Belvédère avec Arch Woodman, Camilla Sparkss et Jackson Scott. A ne pas manquer! Le Jardin Passion verra éclore Le Colysée (un type à suivre) et Folly and The Hunter (02/11). Le Grand Manège acceuillera respectivement Flako, Sponge Magnet (le 07/11), ainsi que Grems, Furio et Battle Beatmaking (08/11). Le 8 novembre le Belvédère ouvre ses portes à David Lemaitre, Alaska Gold Rush, Azerty. Puis retour au Grand Manège pour tirer une révérence en compagnie de Alaska Alaska, Bored Nothing et Petite Noire (le 09/11). Tournez manèges! www.beautessoniques.be
Ozric Tentacles @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Mirel Wagner @ Liège, toutpartout.be Noa Moon @ Le Manège, Mons, lemanege.com Préselections Championnat de Bruxelles @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be The Bollock Brothers, Holograms @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Soldout, Compact Disk Dummies @ Eden, Charleroi, edencharleroi.be Charlemagne Palestine, Eric Thielemans, Mika Vianio @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Dalton Télégram @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Driving Dead Girl; Alter Bridge, Hale Storm @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dødheimsgard, Troll, Hertroertzen, Cult Of Erinyes @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be BJ Scott @ CC René Magritte, Lessines, ccrenemagritte.be Karnivool, Heartbeat Parade @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Josephine @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Korange @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Helium Horse Fly @ l’An Vert, Liège, lanvert.be Heartbeat Parade @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Passenger @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Gesaffelstein DJ set @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Casper @ den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Musikadonf: Time Machine, The Rhinogrades @ Pacbo, Orchies, Fr, le-pacbo.fr
samedi 26 octobre Rocktober Fest: 14Weeks, The Waow, Alpha 2.1, Garage Door Trauma, Les R’tardataires @Salle Polyvalente, Herbesthal, electrock.be
Tetine, Ricadro Domeneck & Cunt Cunt Chanel @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Spirit Catcher, Fabrice Lig, Globul, The Babel Orchestra, Fabrice G., Dorian @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Venus In Flames, Yew @ Theater Mercelis, Ixelles, stoemplive.be Witchburner, Evil Shepherd @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/181397745357847 Dasha Pearl & The O Roonies @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Venus In Flames, Yew @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be U2 Tribe @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Happy @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dark fest @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Bear Bones, Lay Low, TG, Gondard, Aventur; Famous Eno ft Serocee, Don Fiasko, Max Le Daron, Mr Orange, DJ Mellow, Excyta @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Black & White Night @ Le Coliseum, Charleroi, coliseum.be Funeral For A Frind, The Tidal Sleep, Gnarwolves @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Fauve, Carl Et Les Hommes Boîtes @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Bear Bones, Lay Low, TG Gondard, Avventur, DJ Bonzaï Tarzan @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Miles Kane @ AB, Bruxelles, livenation.be Lofofora, Smash Hit Combo @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Stahlzeit @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Morcheeba @ Den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu Musikadonf: Mike Sanchez & The Portions, Ghost Highway, The Spunnyboys, Radikal Suckers @ Pacbo, Orchies, Fr, le-pacbo.fr Mesparrow, Lena Deluxe @ 4 Ecluses, Dunkerque, Fr, 4ecluses. com
dimanche 27 octobre Parquet Courts, Mazes @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Acid Mothers Temple, Umungus @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be John Parish, Sleepers’ Reign @ MOD, Hasselt www. muziekodroom.be, muziekodroom.be Seasick Steve @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Oudaden @ Le Grand Sud, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
lundi 28 octobre Texas @ AB, Bruxelles, livenation.be Yasmine Hamdan @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Pat Travers Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dvkes @ Roskam, Bruxelles, stoemplive.be Miles Kane, Eugene McGuinness, Spunyboys @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com
mardi 29 octobre Mac Demarco @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Tamikrest @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Flying Over, Departure Kids @ DNA, Bruxelles, facebook.com/ events/231947126959263/ BRNS, Obsolete Radio, Hoffender @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com The Knife @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu
mercredi 30 octobre The Cat Empire, Flap! @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Témé Tan @ Bonnefoooi, Bruxelles, stoemplive.be Rien, Swingers @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be The Dillinger Escape Plan, Maybeshewill, Steak Number Eight @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Mark Lanegan & Duke Garwood @ Flagey, Bruxelles, abconcerts.be Randy Hansen @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Alex Hepburn @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Blasting Box @ DNA, Bruxelles Marble Sounds @ CC Strombeek, Grimbergen, ccstrombeek.be My Bloody Valentine @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu Kadavar @ Den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu
jeudi 31 octobre Beautés Soniques: An Pierlé, Bony King of Nowhere @ Elgise St Loup, Namur, beautessoniques.be Midlake; Half Moon Run @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Pomrad, Vuurwerk @ Kultuurkaffee, Bruxelles, kultuurkaffee.be Paon @ Le Manège, Mons, lemanege.com Raymonde Howard, Mr.K & Mr.N @ l’An Vert, Liège, lanvert.be The Answer, Tracer @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Who Killed Marilyn, DJ Set FaBxHell @ DNA, Bruxelles Mark Lanegan & Duke Garwood, Lyenn @ Flagey, Bruxelles, abconcerts.be Teun Verbruggen &Friends, Urs Küenzi, Caroline @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Madlib aka Beat Konducta in India @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Ghedalia Tazartes, Homnimal, Pennequin, Pauvros @ Les Ateliers Claus, Bruxelles, lesateliersclaus.com Dr.Feelgood, Lightnin Bug @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Local Natives, Cloud Control, Breton @ AB, Bruxelles, livenation.be Globul, Sacco & Van Zeti, Spaguetta Orghammond, Lefto @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com
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