RifRaf FR octobre 2015

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© Mothmeister @ Instagram

A en croire le journal télévisé de la RTBF, il ne se passa rien le samedi 12 septembre. Rien sur la scène internationale, rien en Europe, rien en Belgique. “La pensée à cette heure / Pas vue des radars satellitaires.” Au menu, pardon, au sommaire : un waterzooï de volaille bien de chez nous, une démonstration de la patrouille aérienne et « une belle surprise pour les voyageurs entre Stockel et Gare de l’ouest, (où) un piano a été installé dans le métro... » Les transports passagers, Camille en connaît un rayon. Pas ceux des supermarchés où elle avait longtemps caressé l’idée (elle aime bien ça, Camille, les caresses lentes) qu’en trouvant le bon sésame à la question récurrente - Vous avez la carte du magasin? - on lui confierait une map pour explorer l’envers du décor, que se dévoilerait enfin un dédale de galeries souterraines grouillant derrière le paravent des trompe-l’œil marchands. Mais il n’y avait rien derrière et rien devant, si ce n’est le mendiant accroupi à l’entrée, pas vraiment d’humeur à l’emmener dans une balade de l’impossible. “Et les caisses imitent le bruit de la mer” A se coltiner tous les jours, à la conserverie, la banqueroute en croûte du ressenti, chercher sa place dans l’univers et ses yeux des lasers contre le dégueulis de la publicité. “J’y pense tout le temps et pour que ça passe, ça passe, je m’automédique / Et je me dis que ça va.” « Mais la rentrée, c’est aussi le temps des foires aux vins, le moment de remplir sa cave à moindre frais, à condition de faire le bon choix. Gare aux invendus de cépages cultivés pour la grande distribution. Pour le consommateur, pas toujours facile de s’y retrouver... » Camille ne boit pas, enfin presque plus, se réservant pour les alcools forts : la photographie argentique pour faire friser son œil, quelques romans choisis et un retour vers la poésie qui, avec son Apollinaire de ne pas y toucher, sait vous bousculer, la faire tilter telle un flipper. Ça lui fait remonter par bouffées ses années de fac, les vestiges de spaghettis sur table, les cendriers Machu Picchu avec la beuh même pas coupée, un peignoir en éponge, Poncherello sur sa moto, un groupe de la faculté de médecine qui joue Vietnam en jetant des confettis, des gueules-en-terre rue du Tapir, le jeu video Popeye. “Tu étais mal dans tes godasses, dans tes baskets Converse” Tu me feras le plaisir de finir ton assiette d’Et puis c’est marre. “Du ciel tombent des cordes faut-il y grimper ou s’y pendre”

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Avec les garçons, c’est aussi la soupe à la grimace : “Quand les choses nous échappent / Pourquoi les retenir” - C’est la vie, ma chérie, les chics types, ça s’épuise, lui avait dit Bénédicte. Dans les ténèbres radicales des réseaux, il faut faire son marché, regarder les hommes tomber. T’auras rien d’autre tant que t’auras pas fini. Dans son deux pièces, Camille remet un crédit dans la machine. Dérivant au fil de ses pensées, elle atterrit sur la page Youtube d’un retro-gamer dépoussiérant le genre du vide-greniers. Mus par la force centripète d’un humour slow-burn, ses films labourent un sillon beau bizarre entre Alain Cavalier, Didier Super et Godard, ça la chamboule. Et Camille de flasher rapidement sur le geste un peu punk où ses tableaux excellent. Bercée par ses rêveries sémiologiques, elle dévore ses éclats de poésie rurale, les arrêts sur images assassins parsemés d’un humour tongue-in-cheeck, la mise en abîme de la grammaire. N’y tenant plus, Camille se fend - pardon pour l’armure - d’un message privé et lui propose de prendre un verre dans les Marolles, et pourquoi pas L’Eau Chaude - Vous connaissez ? Étrangers l’un à l’autre, promis, nous n’inventerons rien. Sitôt le message envoyé, tandis que le monde la tease de slogans aux promesses d’extase, il lui tarde, Camille brûle de ce rendezvous et c’est Feu! Chatterton qui l’attise, qu’elle écoute très fort! Coup au plexus solaire de la chanson française qui n’en peut mais, ça envoie du bas gros poing puis y a l’ultra qui rentre. Que vive la chanson de geste. Elle adore. “Elle a mordu dedans, elle a mordu dedans” D’un bout à l’autre incandescent, avec un panache inouï, le groupe rue, se cabre et tangue. Un grand millésime. “Puis les pilules s’administrent d’elles-mêmes / Et je fais de l’alpinisme sur des montagnes russes” Camille s’endort, à jamais amoureuse, une fiole a roulé à ses pieds. Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire Un disque : ‘Ici Le Jour (a tout enseveli)’ (Barclay/Universal)

année 21 • octobre ’15

Colofon www.rifraf.be Année 21 nr. 214 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf nov sort le 29 oct

rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

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Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht

collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Antoine Meersseman, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,...

photo cover: fanny latour lambert

dessins : Issara Chitdara

BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB

Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€


Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte : Eric Therer

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut

nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde. Trois trombones, trois contrebasses ou absence de musiciens, l’art du Néerlandais Martijn Tellinga explore les possibles et l’au-delà sonore sur ‘Positions’ (Crónica). Ardue et enthousiaste, l’expérience acoustique inscrit pourtant sa première écoute dans une âpreté repoussante, elle s’estompe dès la seconde entame pour ne plus lâcher. Tout démarre avec l’extraordinaire pièce ‘Three Modulators, for trombones’, où trois acteurs de l’instrument - on tire un énorme chapeau à Nathan Lane, Milton Rodriguez et Facundo Vacarezza - évoluent dans un espacetemps physique et musical où le lointain côtoie le proche, telle une expérience sensorielle troublante et enivrante. Plus loin, si ‘Truth, exercice for a listener’ donne surtout le sentiment perplexe de se promener au milieu du public d’un vernissage, les sensationnelles variations de dynamique de ‘Branching into Others, for a large instrumental field’ nous ramènent au cœur de l’exercice, vital et conquérant. On s’imagine quelque part sur une partition de Lene Grenager, voguant sur un océan déchaîné par Giacinto Scelsi. Vous redemandiez de l’énergie en basses fréquences? Rendez-vous sur ‘Three Modulators, for basses’ et ses variations de hauteur à couper le souffle, avant-dernier propos d’un disque exigeant et novateur, à manipuler avec soin. ★ ★ ★ La Rothko Chapel de Houston, Texas en 2013, un archet glisse vers le sombre, une guitare s’éclipse pour mieux réapparaître, des percussions triturent le beau pour tendre vers le grinçant, c’est l’œuvre mirifique et sensorielle du trio Mural sur le - et oui - triple CD ‘Tempo’ (Sofa Music). Auteurs de deux albums à la frontière (et même au-delà) de l’indispensable, pour tout qui rêve d’aventures sonores inoubliables, dont un déjà enregistré en ce même lieu dédié au célèbre peintre américain, Jim Denley, Kim Myhr et Ingar Zach dévoilent deux heures trente (une bravoure!) de lâcher-prise où le terme anglophone de challenging a été inventé pour (par?) eux. Non seulement l’esprit libéré, et le mot est faible, des trois comparses s’accompagne d’une cinglante baffe à la bienséance sous étiquette, et on se fiche totalement de savoir si on écoute de la musique contemporaine, du noise, de la folk ou du jazz, il ose étendre presque à l’infini une volubilité gourmande aussi bienvenue que déstructurée. ★ ★ ★ Collaborateur de l’ombre et de longue date du magnifique label Touch, il a notamment signé les visuels de Biosphere, BJ Nilsen ou Fennesz, Heitor Alvelos signe sur la même officine londonienne son premier opus sous son vrai blase (après moult essais sous les pseudos de Autodigest, Before Surgery et Antifluffy). On ne va pas se mentir très longtemps, si le gaillard a de la bouteille et une discographie bien garnie à force de côtoyer les professionnels de la profession noise ambient, son ‘Faith’ a bien du mal à imposer une quelconque ligne de force personnelle. On songe beaucoup à Jana Winderen, voire Biosphere, mais aussi au ‘Novaya Zemlya’ de Thomas Köner, et au-delà de l’intérêt marqué et légitime qu’impose toute sortie de la maison anglaise, extraordinaire back catalogue oblige, on collera l’étiquette par sympathie à son auteur. Did you say next? ★ ★ ★ Bon anniversaire à la Danish Composers’ Society, cent bougies sur le gâteau ça se fête. Pour l’occasion, deux pièces composées pour les enceintes à douze voies de la Bibliothèque Royale de Copenhague s’imposaient, elles sont de la plume de l’artiste local Krishve, alias Kristian Hverring, qui nous signe l’EP deux-titres ‘Sort Diamant’ (Clang Records), une très belle expérience en lévitation, où la Kosmische d’hier n’est que prétexte à une envolée suave en marge de la musique tonale, avant qu’un ultime coup d’accélérateur n’ajoute une dernière lueur finalement très rock sur l’événement, dont on regrette juste de ne pas en avoir été. Très en verve, l’artiste danois remet le couvert sur ‘Apollo’, autre EP (en cinq tracks) où il dévoile un penchant impressionniste tout autant recommandable. Si, vous l’aurez deviné au détour de son titre, la cosmologie tient un rôle central, elle ne se borne pas à paresseusement caresser les étoiles du bonheur. Plus proche de la vision d’un Ligeti quand il enfile son costume d’astronaute, Krishve ajoute maintes touches de modernité, entre rugosité et sensualité, et il le fait avec une telle évidence qu’on ne peut que s’incliner. Chapeau bas, monsieur. ★ ★ ★ La collaboration inattendue du mois nous vient de vétérans allemands et suédois. Sous l’étrange appellation de Troum & Raison d’Etre, le duo teuton Troum et l’électronicien dark ambient scandinave Peter Andersson nous livrent un premier effort commun au nom tout aussi improbable (‘De Aeris In Sublunaria Influxu’, Essence Music). Hélas, comme disait mon collègue colombophile, le ramage ne vaut guère le plumage. Voguant dans un maelstrom convenu de nappes aériennes et de contrepoints caverneux, agités ça et là de bruits typés musique concrète, leurs sept compos tombent à plat, tel un plongeur dans une piscine sans eau. Ça fait mal. ★ ★ ★ L’air de beaucoup, ‘The Golden Communion’ est - déjà - le septième chapitre discographique de Thighpaulsandra (Editions Mego). Outre une foule d’invités, dont les habituels collaborateurs Martin Schellard aux guitares et à la basse, ainsi que Sion Orgon aux percus et au chant, le nouvel essai du gaillard le montre extrêmement à son avantage. Suivant ses (bonnes) habitudes, les genres se bousculent, entre dark folk à la Marc Almond (le splendide ‘Salute’), échos kosmische à l’orée du pastiche (le très drôle ‘The Food Garden’), évasion vers Current 93 du côté de Coil et... Felix Kubin (‘A Devil In Every Hedgerow’), souvenir électronique de Kurt Weill et citation de, mais oui, Phil Collins sur ‘Misery’ (et ça marche à donf), la monotonie se tire une balle dans la tête et nous, un feu d’artifice jubilatoire.

Les Rotondes Si ce n’était pour les embouteillages matinaux qui congestionnent ses accès, Luxembourg ne donne pas au visiteur de passage l’impression d’une capitale mais davantage d’un chef-lieu de province. Quelque chose d’inerte et d’endormi enveloppe la ville, un sentiment qui prévaut à l’égard des réserves numéraires enfouies dans les coffres qu’abritent les innombrables banques de la ville. La gare – il n’y en a qu’une – est sise dans le centre et facilement repérable. Derrière la station se tiennent deux imposants bâtiments de forme ronde, anciennement dévolus à une fonction ferroviaire : les Rotondes. Naguère, elles servaient à entreposer des locomotives qui s’y rangeaient à l’aide d’un pont-tournant. Aujourd’hui, elles abritent un centre culturel qui crée des ponts et qui s’avère une véritable force de traction de la scène musicale alternative au sein de ce petit pays. Les Rotondes revendiquent leur appellation officielle de centre de diffusion et de création artistique pluridisciplinaire tandis qu’elles se targuent du caractère exceptionnel du site sur lequel elles se trouvent.

Durant le mois d’août, l’équipe organise ‘Congés Annulés’, un festival musical étalé sur l’entièreté du mois proposant à la fois des noms émergents issus de la scène locale mais aussi quelques coups de sonde. Beaucoup d’événements sont gratuits ou accessibles pour un droit d’entrée modeste. La place des Rotondes se dote d’une buvette estivale et d’un beer garden vers lequel peuvent converger les habitants du quartier mais aussi bon nombre d’employés à la sortie des bureaux. Le lieu devient alors un véritable espace de rencontre et d’animation au cœur de la cité. Ce 17 août, on s’y est rendu écouter Ought, un combo établi à Montréal. Sur le coup de 20 heures, on a rencontré Matt et Tim, respectivement claviériste et batteur, histoire de discuter un bout. L’autre Tim (Darcy) venait de quitter avec le bassiste, apparemment appelés par l’ingénieur son pour un problème à régler. Ils terminaient un hamburger et confessèrent avoir goûté avec plaisir à la bière luxembourgeoise. Nous étions assis sur des bancs, autour d’une table en bois repliable générique de laquelle nous percevions le bruit des trains entrant en gare. Le soleil avait commencé sa descente, il s’inclinait légèrement dans le ciel grand-ducal. La lumière n’était déjà plus la même qu’en juillet, un signe avant-coureur à l’automne qui bientôt s’installerait. Ought démarra son set sans grande présentation, tout de go. Il livra la quasi intégralité de son nouvel album ‘Sun Coming Down’ tout en revenant sur plusieurs morceaux du précédent, ‘More Than Any Other Day’. Grand efflanqué au visage angulaire mais doux, son chanteur Tim Darcy me rappela la gestuelle de David Byrne à ses débuts scéniques alors que son chant ressemblait bien malgré lui à celui de Mark E. Smith. Pour un instant j’ai ressenti ce sentiment étrange de me retrouver à un concert du début des années 80. Et puis j’ai regardé autour de moi, très vite cette impression s’est dissipée. Des types s’affairaient sur leur smartphone, les plus enthousiastes dodelinaient de la tête, personne n’aurait osé s’engager dans un pogo. Nous étions bel et bien en 2015 et beaucoup d’entre nous regagneraient leur bureau le lendemain, reprenant le cours de leurs activités, contribuant à faire croître les chiffres du secteur tertiaire. Pour l’heure demeurait la magie de l’endroit. L’harmonie de ses formes. La beauté de ses matériaux qui avaient survécus aux décades. L’écho lointain des motrices qui y furent remisées. Celui des conversations imaginées des cheminots qui le peuplèrent. “Condo. New development. Time again. People coming up. They been together now. And time again. I feel alright…” Un site: www.lesrotondes.lu Un disque: Ought, ‘Sun Coming Down’, (Constellation/Konkurrent).


Texte : Le Dark Chips

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relâche, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus. « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Pourtant héros du film Berlin Calling de Hannes Stöhr, Paul Kalkbrenner était jusqu’ici un rat de studio qui s’exprimait rarement autrement que par son art musical. Période révolue ! En signant un contrat (juteux) chez Columbia, Paul K est désormais entré dans le rang des producteurs “bankables” de la planète et, dans la foulée, (r)entré dans le rang tout court. Signer sur une major amène son lot de compromis que le Berlinois, désireux de conquérir l’Amérique, semble prêt à accepter : jouer le jeu de la presse, réguler son propos dans son format (12 titres, pas un de plus) et faire du “single”. En contre-partie des efforts consentis, la conception de ‘7’ a pu bénéficier de ce dont rêverait tout producteur lambda : obtenir l’accès à l’intégralité des archives de sa nouvelle écurie. S’il a préféré laisser inviolées des archives de Dylan et Cash, Kalkbrenner s’est permis de déterrer Luther Vandross (mort en 2005) et son tube ‘Never Too Much’, pour en faire ‘A Million Days’. Le “prince” du R’n’B méritait-il vraiment cela ? Si les plages instrumentales sont loin d’être toutes passionnantes, elles ne souffrent d’aucune grosse faute de goût. Les titres chantés, sculptés pour la radio, n’ont pas cette chance. La relecture estivale de D-Train en ‘Cloud Rider’, offert en guise d’apéritif, augurait de la plus belle arrière-saison. L’été définitivement passé, il nous reste l’ennui et le goût du gâchis. “L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai !” ★ ★ ★ Non, il n’y avait pas que Guetta et Paris Hilton dans les clubs d’Ibiza cet été! Pan-Pot, duo berlinois comme on les aime (trop rares), partageait l’affiche des soirées “Hyte!” (Marcel Dettman, Maceo Plex) entre les murs crevassés du mythique Amnesia. Sept ans après un premier séisme, le duo refait surface sans pour autant quitter les bas-fonds. ‘The Other’ est glacé comme les abysses, terrifiant comme la nuit noire. Orphelins de Krueger, faisons à présent confiance à l’Autre pour contaminer nos songes et les transformer “sur-le-nonchant” en cauchemar. Ne plus jamais dormir comme seul salut ? Danser jusqu’ à en périr ? A n’en point douter, goûter aux mixs furieux des compères reste la solution offrant la plus grande certitude de succomber. PanPot martèle la vérité inlassablement. “Le dormeur doit se réveiller !” ★ ★ ★ De 7 à 77 ans, la house moderne fait des émules. Parfois heureuses, souvent calamiteuses, ces productions (dansantes) ont tout de même un ennemi commun : la longueur. Autant dire que, pour le style, le format LP représente à lui seul toutes les pentes savonneuses (combinées) des Intervilles de feu Guy Lux. Et pourtant, Julio Bashmore, décomplexé du passé et des bonnes manières, dévoile l’atout vachette et ose tous les « shanana » sur ‘Knockin’ Boots’. Son secret ? Un approche prudente... Fort d’une tripotée de tubes depuis 2009, on aurait pu croire à une embardée à toute berzingue dans le vivier foisonnant de la house UK de la part du Dj de Bristol. Matt Walker a pourtant pris le temps d’analyser, canaliser et jauger les efforts pour surmonter la longueur. Loin des poncifs, en découle une proposition variée et enjouée, agrémentée de featuring vocaux malins (Sam Dew, Okmalumkoolkat,...). Comme le veut le style rétro : observer le pattern, prendre une grande respiration et traverser les 12 stages musicosludiques pour atteindre le boss. “Et tu chantes ce refrain qui te plaît…” ★ ★ ★ Sans avoir été palpitant de bout en bout, le label de Modeselektor (50 Weapons) a sensiblement fait avancer l’électro allemande à grands coups de pompes dans le derrière. Qu’elle soit meilleure ou pire, toute aventure a une fin, et prologue comme épilogue de cette épopée portent les stigmates d’un seul et même homme. Après avoir ouvert la boutique en 2006, 50 productions plus tard, c’est avec ‘Obsidian’ que Benjamin Damage fout tout le monde dehors. Le chant du cygne se devant d’être un recueil, l’Anglais annonce une collection de souvenirs fragmentés de toute la musique qu’il a aimé, agglutinés en un album résolument techno sans pour autant être abrasif. Cohérent jusqu’au dernier souffle, le label berlinois s’éteint comme il a vécu, avec ses qualités et ses défauts. “C’était sa dernière séance…” ★ ★ ★ La plage qui ouvre ‘Blue Leaves’ porte terriblement bien son nom : ‘Souvenirs’. Etherwood fait de la jungle à l’ancienne, de la drum and bass poussiéreuse. Si la mode est un éternel recommencement, l’époque musicale y apporte toujours sa touche. Ici, c’est comme si rien n’avait changé depuis 20 ans. Ni bon, ni mauvais. Ni beau, ni moche. Juste tellement entendu. “Je te survivrai, je te survivrai,…” ★ ★ ★ Effet d’annonce ou projet avorté, Mykki Blanco semble revenir sur sa décision de renier la musique pour le journalisme d’investigation. Quelques mois après ses adieux au music-hall, le rappeur transgenre s’acoquine avec (!K7) le temps de fonder (Dogfood Music Group) et de convier sa cour sur une compil nommée ‘C-ORE’. Jamais aussi bien servi que par lui-même, Blanco s’auto-édite au milieu des Violence, Psychoegyptian ou encore Yves Tumor. Tous pluridisciplinaires, le son de ces artistes puise dans le rap, le punk, le bruit, l’industrie, mais aussi la crasse. A travers cette démarche, l’envie de bousculer les genres et de porter au grand jour une tranche de culture insoupçonnée ; au delà de la guerre des “sexes”, s’annonce aussi la volonté d’assumer une culture noireaméricaine loin des normes. “Qu’est-ce qu’il fait, qu’est ce qu’il a, qui c’est celui-là ?” ★ ★ ★ Dans les années 90, au sein de (Warp), parmi les Aphex Twin et Autechre, The Black Dog passaient pour les rigolos de l’avantgarde de l’“intelligent dance music”. Une rupture, 10 ans et une reformation plus tard, Ken Downie remet le projet sur les rails. Mais comme il le serait dans un ‘Cimetière’ de Stephen King, une fois sorti de sa tombe, le clébard se réveille chafoin et plutôt austère. ‘Neither/Neither’ reflète un sens aigu de la paranoïa, plein d’anxiété et de pessimisme à propos du monde : en somme la bande son parfaite de l’incertitude et de l’inaction. “Change pas, t’es parfait !”. ★ ★ ★ ‘Everybody’s A Fukin Expert’ fait subversivement suite à ‘Find Out What Happens When People Start Being Polite For A Fucking Change’. Autant vous dire que les texans de Shite And Shine ne font pas de détour. Enfin, si. Ils ont justement fait de la déconstruction et du détournement une marque de fabrique. Mais c’est autant le rock que la musique électronique que l’on démonte en ces sillons. Tout en syncopes et stridence, les 12 plages de SandS relèvent davantage de l’expérimentation et de la mise à l’épreuve que du plaisir de l’écoute. Exigeant et intéressant, voilà tout de même un disque qui arrive à être à la fois rythmique et indansable. « Je crois que tu fais un amalgame entre la coquetterie et la classe. »

book maker Guy Clerbois ‘Vitor Hublot, Anartiste d’Avariété, abécédaire’ Lamiroy

Alternatif. Déjanté. Hors format. Iconoclaste. Voilà divers qualificatifs que l’on peut sans conteste associer à Vitor Hublot alias Guy Clerbois qui, parallèlement à une carrière de tailleur de pierres, est depuis plus de trente ans un franctireur musical aux sorties aussi ambitieuses que décalées. L’ouvrage que voici permet à celui que Gilles Verlant qualifiait de maître de l’underground de se raconter sous forme d’un auto-abécédaire où il évoque sa carrière, ses passions et rencontres, tout en se fendant de quelques coups de gueule bien sentis. Ayant toujours refusé de faire partie du système, au point de collectionner les hara-kiris marketing (pas de promo, pas de concert, un look de plouc - c’est lui qui le dit !), Vitor a suivi ses envies comme seule philosophie, balançant à la face du monde une musique zarbi influencée par Brassens, Zappa, l’indus et les Residents. Dans cet ouvrage passionnant et souvent délirant, Guy se penche avec franchise sur ses succès et ses déboires, dézinguant au passages médias et labels (frileux, sclérosés, formatés) ainsi que la société en général et le règne de l’individualisme en particulier. Mais là où ce livre touche le plus, c’est quand l’auteur parle de ceux qu’il aime, tels son grand complice Jacques Duvall ou encore les regrettés Gilles Verlant et Pierre Vassiliu. On se bidonne aussi franchement quand il partage ses projets les plus fous comme celui de vouloir faire chanter Rocco Siffredi ! Provocateur, profond, touchant, ‘ Anartiste d’Avariété’ est un régal à lire et à écouter, puisqu’accompagné d’un CD six titres permettant de découvrir quelques classiques de Vitor Hublot : ‘Aller simple’ ou sa version très personnelle de ‘La petite gayole’. (pf)

Ian Curtis, traduit par Isabelle Chelley ‘Joy Division, Paroles et Carnets de notes, So this is permanence’ Rober t Laffont

Alors que sort un nouvel album de New Order, et à contempler le pénible spectacle donné par ses anciens camarades de jeu depuis sa disparition, Ian Curtis doit probablement faire des triples salto arrière dans sa tombe du cimetière de Macclesfield. Soigneusement entretenu par tous les ayants droits, le mythe autour de Joy Division et de la personnalité de Ian Curtis ne faiblit pas. Que du contraire. Contribuant à ce processus de récupération et de valorisation du statut d’icône acquis bien malgré lui par Curtis, ‘Joy Division, Paroles et Carnets de notes’ est un livre unique, un témoignage posthume régulièrement poignant qui rassemble les écrits personnels inédits de Ian Curtis – manuscrits de chansons, carnets intimes, lettres de fans... En plus de 300 pages, ce livre-testament nous replonge dans l’histoire du groupe et tente de nous faire découvrir les arcanes de l’esprit créatif torturé de Ian Curtis. Nonobstant la qualité de l’objet, vrai beau livre, on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine gêne à jouer les voyeurs et à farfouiller ainsi dans l’intimité créatrice - et l’intimité tout court - d’un homme dont la vie privée et artistique se sont précisément confondues pour précipiter l’issue fatale. (gle)


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T e x t e : L e D a r kc h i p s © fa n n y l at o u r l a m b e r t

Feu!Chatterton Crépitant dans le foyer depuis des mois, Feu! Chatterton incendie notre cœur avec ‘Ici le jour (a tout enseveli)’. Sans peur et sans reproche, le chevaleresque quintet français survole le terrain miné de la chanson française, déjouant tous les pièges tendus par leurs ancêtres. Si leur présence scénique sidérait déjà

l’audience, à l’écoute de ce disque d’une beauté et d’une maturité époustouflantes, on ne peut que poser le genou à terre en attendant d’être adoubé par le roi lui-même : Arthur, au trône et à la voix, souverain au verbe châtié et à la mélancolie désuète. C’est pourtant par un long siège de doutes que débuta ce règne de poésie littéraire et musicale. Confessions de sa Majesté, manuscrites.

Dans la plaine ont poussé des flammes Feu! Chatterton est-il né d’un antagonisme ? Arthur : « C’est né d’une histoire d’amitié. Certes, il n’y a pas eu à l’origine une espèce de coup de silex qui aurait créé une première étincelle. Cela s’est fait comme la plupart des aventures humaines : dans la douleur. Au lycée, mes camarades guitaristes Clément et Sébastien avaient déjà un groupe ensemble et m’invitaient régulièrement à proposer des textes. En outre, nous partagions les choses que partagent les amis : les vacances, les voyages, la lecture, la musique. Après d’infructueuses jeunes tentatives et, plus tard, un projet où je scandais en français sur de longues plages instrumentales, nous avons décidé de faire quelque chose qui ressemblait davantage à la musique qu’on écoutait. On ne venait pas tant de la musique improvisée que de la pop ou de la chanson française ou du rock d’ailleurs : les 70’s, le progressif et en France les Bashung, Gainsbourg, Higelin ou même Christophe. Donc oui, il y eut des moments de rupture et de déchirure, mais par chance on les a vécus ensemble. Ce qui est miraculeux, ce n’est pas tant que les choses restent immobiles, mais que les personnes évoluent ensemble. » La hiérarchie entre textes et musique a-t-elle alors changé ? Arthur : « A la base, je ne suis pas musicien. Au sein de notre premier groupe, un déséquilibre semblait m’avantager, lorsque les longues plages musicales me permettaient de déclamer mes textes. Comme novice, chaque mélodie amenée par

mes copains était un cadeau. Et finalement, plus nous avancions dans la création, plus les mélodies fortes et de réels passages instrumentaux prenaient de la place. Mais à l’inverse, en m’aguerrissant, je me permettais aussi d’avoir mon mot à dire sur les arrangements, en devenant plus exigeant avec mes comparses. Il s’est passé une sorte de double inversion. » Quel âge aviez-vous lorsque vous avez découvert la toile de Henry Wallis qui illustre la mort de Chatterton ? Arthur : « J’avais 19 ans. Chatterton était un poète génial du 18e siècle. À 16 ans, un éditeur a refusé de publier ses poèmes et nouvelles. Déçu, il se fait alors passer pour un découvreur de textes du Moyen Âge et envoie des poèmes sous un faux nom. Un éditeur tombe sous le charme, ses textes sont publiés et la critique d’alors les encense. Mais au moment d’assumer son œuvre, il passe pour un usurpateur et se voit renié de tous. A 17 ans, sans le sou, au terme d’une carrière qui n’a même pas débuté, Chatterton décide se s’empoisonner plutôt que de mourir de faim. Ça parait morbide à première vue mais si nous avons choisi d’en emprunter le nom, c’est qu’un siècle plus tard, il y a ce peintre, Henri Wallis, qui décide de rendre à ce jeune Chatterton une forme de beauté et de volupté : il est paisiblement « endormi », radieux et gracieux, et seul un flacon vide au pied son lit nous dévoile l’affreuse vérité. On aime ce genre de frontière paradoxale. Ce n’est pas l’histoire tragique, mais la beauté du personnage


07 qui nous anime. Idem avec cette expression un peu vieillotte qu’on reprend dans notre nom, «feu», pour parler de quelqu’un de mort, à laquelle on ajoute un point d’exclamation qui voudrait dire qu’on est peut-être plus léger qu’on en a l’air. C’est un nouveau départ en fait, ça en serait presque comique. » En utilisant un vocabulaire désuet dans une époque où l’écriture est nivelée par le bas, chercheriez-vous, comme Chatterton, à « mentir » sur votre époque? Arthur : « Il y a bon nombre de glissades contemporaines dans mes textes, parfois imperceptibles (rires). Mais je n’écris pas ainsi pour m’en convaincre, je ne veux pas entretenir le goût de l’ancien. Mais le goût de la précision, oui! Et cette précision passe parfois par certains mots qu’on trouve précieux ou vieillots mais qui me paraissaient exacts. J’aime aussi ces tournures anciennes car elles permettent une certaine pudeur dans les grands élans de romantisme, d’amour, de haine ou de tristesse. Le dire avec un langage usuel est bien plus difficile. A cet égard, oui, c’est une astuce… » Feu! Chatterton est donc un groupe de son époque ? Arthur : « Oui, je pense. En ce moment, j’écoute beaucoup de hip-hop et je l’observe comme un laboratoire. C’est aujourd’hui la forme la plus audacieuse pour s’exprimer en français, loin de la peur d’être ridicule, grossier, sauvage ou violent. Je ne me sens pas la capacité d’être aussi instinctif mais j’aime ça car on y retrouve une référence permanente à l’actualité, ce qui est terriblement courageux. Imagine-toi écrire une chanson qui pourrait sembler périmée deux semaines plus tard. Moi, je suis lent, j’essaie d’écrire « durablement », ce qui est beaucoup plus rassurant. Le hip-hop est une forme de course et les rappeurs sont peut-être les troubadours modernes. Je ne peux m’empêcher de croire que c’est la forme d’écriture la plus proche de la poésie ancienne dans ses rythmiques, ses structures et ses jeux sur le son. » L’album ouvre sur un surf ravageur, passe par la contemplation, pour se clôturer en ballade aux relents 60’s. Comment canalisez-vous toutes vos envies ? Arthur : « Je l’ignore. On avait envie de faire un album varié, d’éviter la collection de chansons qui se ressemblent, quitte à prendre des directions auxquelles on ne s’attendait pas. Un des rares avantages de la chanson française sur la musique anglosaxonne est qu’une voix, une façon de lire un texte, peut servir d’identifiant. La musique peut alors se permettre tous les écarts. C’est ce qu’on a aimé chez Gainsbourg et Bashung qui ont visité le rock, la chanson, le reggae ou le jazz. Mais toujours avec cohérence parce qu’il y a cette voix, ce type-là qui te raconte quelque chose : c’est la force que nous offre le français. Et ce qui nous canalise finalement, c’est d’être tous les cinq et de ne pas tomber du côté où on penche. Quand, face à toi, il y a quatre autres types qui veillent à tes dérives, c’est plus simple. La moindre des choses, quand on ressent une émotion vive, c’est de parvenir à la transmettre à tous les membres de ton groupe. Et c’est ce mécanisme de séduction, de lutte et de combat à cinq qui fait que PIAS-rifraf augustus-hires.pdf 1 24/09/2015 11:26:18

parfois nous abandonnons certains choses ou qu’on tient le coup sur d’autres parce qu’elles nous semblent vraiment importantes. Mais c’est laborieux. » La présence d’un réalisateur a facilité cette cohérence… Arthur : « Isolés du monde, on a enregistré en Suède avec Samy Osta qui avait déjà réalisé notre premier EP et l’album de La Femme. On aime ses textures organiques et pleines d’aspérités. La présence de Samy fait ainsi écho à deux ans de complicité et de sensibilisation à la technique du son. Sa cohérence et notre discipline pendant l’enregistrement ont contribué à rendre cet album le plus homogène possible. D’ailleurs, on s’est approché d’une maison de disques pour cette raison. Contrairement à nos EP autoproduits, on voulait pour notre album avoir les moyens de nos ambitions. On l’assume pleinement et on espère sincèrement y être arrivé. » Les bateaux coulent, les dépucelages sont catastrophiques et les avions s’écrasent… Il y a des doubles, voire triples sens dans tes textes ou tout est vraiment grave ? Arthur : (rit à gorge déployée) « Ça dépend de l’oreille et aussi de l’heure à laquelle on les écoute. Je n’ai jamais dit que l’avion s’écrasait, j’ai dit qu’il disparaissait dans les nuages. C’est ton interprétation. Le feu dans les bois de ‘La mort dans la Pinède’ est peut-être un feu intérieur qui nous consume ? (Il rit encore). Je joue, c’est vrai… Mais j’aime les textes graves car cela me permet de les prendre avec beaucoup d’autodérision. C’est une petite manie, c’est un peu astucieux, je l’admets. Mis à part ‘Les Camélias’ qui est plutôt grave, les autres textes me font toujours rire à un moment ou un autre. Quitte à faire vivre des personnages, autant leur faire vivre des expériences extraordinaires, non ? » Tu avoues donc la faute ? Arthur : « J’espère être à moitié pardonné… » Un disque : ‘Ici Le Jour (a tout enseveli)’ (Barclay/Universal)

on stage 17/10, Le Botanique (Bruxelles) 19/10, Le Trianon (Paris) 28/10, Les Primeurs de Massy (Massy)

* Le titre de l'interview est extrait du poème Le Brasier de Guillaume Apollinaire


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Texte : A La nu nree- Lni t s eG R rem n iaecrl © e P H.lebruman

Bertrand Belin A la faveur de deux derniers disques grande classe, souvent sobres et graves, puissamment mélodiques, BB est devenu un des rares émules de Dominique A à avoir su s’imposer. Et, surtout,

se faire désirer. Pour beaucoup, aujourd’hui, il est le parangon du bon goût en français. Il écrirait même d’excellents livres. Là, il a la bonne idée de booster ses arrangements et de nous proposer, c’est lui qui le dit, un disque exotique. Tout bien réfléchi, ça n’est pas faux, il y a même un toucan sur la pochette de l’album. Que s’est-il réellement passé au contre-réservoir de Grosbois ? Bertrand Belin : « Et bien, ce qu’il s’est passé, j’en ai fait rapport dans le livre ‘Requin’. Il ne s’est pas passé autre chose. C’est absolument, exactement, les faits. » On n’en doute pas… Mais, tout de même, c’est de là qu’est parti ‘Cachalot ?’, une fiction musicale que vous avez écrite pour Arte Radio et c’est là aussi que se noie le héros de ‘Requin’. Bertrand Belin : « Oui, c’est vrai. J’avais commencé à écrire ce texte qui fixait le contre-réservoir de Grosbois comme un lieu de fiction et puis ce truc a grossi, il y a eu des excroissances, des protubérances et j’ai suivi l’errance du texte. » Et c’est comment de suivre l’errance d’un texte, rien n’est prévu au départ ? Bertrand Belin : « Ben si quand même. Si vous avez lu le livre, vous voyez bien qu’il y a une trame et que ça ne s’est pas fait comme ça, n’importe comment. Les axes étaient déterminés au départ, c’est surtout la chair que j’ai dû suivre, qui enfle ici, qui se boursoufle là. Mais ça reste une structure romanesque assez axiomatique : abscisses, ordonnées, un lieu, un événement. »

L’eau vive

Des découvertes dans ces boursouflures ? Bertrand Belin : « Pas des trucs insoupçonnables mais c’est vrai qu’un des grands plaisirs dans l’écriture au long cours est de voir le texte prendre en charge lui-même ses déploiements, de devenir un peu l’esclave des choses qu’on a posées sur la page. C’est assez agréable de se sentir légèrement dépassé par ce qu’on écrit, de devoir prendre position sur des sujets qu’on ne maîtrise pas, de devoir les traiter avec un certain humour : je ne suis spécialiste de rien et il n’y a pas vraiment de spécialistes de la mort, je veux dire personne n’est revenu d’entre les morts pour nous dire comment ça se passe réellement. Donc, pour un débutant en littérature comme moi, c’est un terreau assez fertile, cette spéculation. » Ce livre qu’on a découvert après la chanson ‘Peggy’ semble en être le prolongement, voire l’explication. Bertrand Belin : « Non. C’est simplement un clin d’œil. J’ai choisi de conserver le nom de ‘Peggy’ pour l’héroïne de ‘Requin’ essentiellement pour ses qualités plastiques et mémorielles. Après, le rapport entre la chanson et le livre, c’est que j’avais l’esprit occupé par cette affaire de noyade au début de l’écriture de ‘Requin’, une sorte d’obsession, ce mouvement de l’inconscient qui échappe aux explications. Je pourrais vous en chercher mais est-ce qu’elles seraient justes ? L’élément liquide est assez présent dans mes chansons, dans mes écritures, pour la raison simple que j’ai grandi au bord de la mer et que comme toute personne qui grandit dans un environnement de la sorte, marqué par un élément majeur – l’urbanité dense, la montagne, le désert ou la mer –, j’ai été un petit peu mangé par lui jusqu’à devenir moi-même un peu ce paysage-là. Se noyer, pour moi, c’est aussi se noyer dans l’enfance, dans les paysages de son enfance. Mais ça peut être aussi les voir disparaître. La noyade, c’est un mouvement de génération et de régénération. Pour revenir à la chanson, comme j’ignorais si le livre irait à sa fin, je ne me suis pas interdit d’en faire un morceau de trois minutes. C’est mon boulot de tisser quelques petites passerelles comme ça. Mais ça n’a pas été prémédité ou structuré. » Vous parlez de l’élément liquide, on passe donc de « la pluie fine, fine, fine » de ‘Ruines’ sur votre album précédent à « une pluine folle, folle, folle » sur ce disque. C’est aussi elle qui se met à tomber à la fin de ‘Requin’. Une fascination ? Bertrand Belin : « Bien sûr que je ne suis pas fasciné par la pluie. C’est simplement comme dans la poésie courtoise ou dans l’haïku japonais. Il y a des éléments météorologiques, climatiques, biologiques ou botaniques qui induisent une temporalité, une saison, un moment dans l’espace. Ce sont, encore une fois, des axes : abscisses, ordonnées. Quand il pleut, la pluie devient à elle seule le cadre, le décor de la scène. Ça suffit pour habiller une scène, il n’en faut pas davantage. Après, pourquoi ne ferait-on pas avec les mots ce que l’on fait avec la musique, c’est-à-dire

ressasser tout le temps le même matériel ? Vous ne m’avez pas dit qu’il y avait plein de La majeurs et de Ré 7 dans ce disque alors qu’il y en a, et autant que dans le disque précédent. Mais ces mots sont aussi des motifs qui ont une certaine plasticité et qui peuvent virer à l’obsessionnel pour les artistes. Céline Dion place amour dans chacune de ses chansons j’imagine. Moi jamais. Moi, c’est la pluine folle folle folle. Il ne serait pas gentil de l’abandonner comme ça dans un coin du monde, il faut en parler. » Pourquoi pas l’amour ? Bertrand Belin : « J’ai déjà, bien sûr, chanté ce mot-là. Dans mon premier disque certainement. Et dans celui-ci je chante, « j’ai aimé une femme qui passait par ici, qui portait une robe et qui portait un sac ». Mais, on voit bien de quelle manière est traité ce sujet de l’amour : il passe dans le paysage comme une chose parmi les autres et il ne s’établit pas en majesté de toute parole. Dans ma vie, ça se joue de manière tout à fait différente puisqu’au quotidien chacun lui accorde une place centrale, mais dans les chansons, qui sont des œuvres plastiques, en tout cas des œuvres qui passent par le prisme d’un geste artistique – Guy Béart est mort en emportant avec lui une haute idée de la chanson, ce que je pense aussi –, on peut l’explorer et l’exploiter sur un territoire assez vaste et différent de celui où il l’est habituellement. » Ça a été l’occasion de revoir son altercation avec Gainsbourg qui considérait la chanson comme un art mineur. Bertrand Belin : « Pour moi, cette altercation est non avenue, cela ne signifie rien du tout. Art mineur, art majeur, c’est un débat de mots, ça ne recouvre aucune réalité. Est-ce qu’un lied de Bach, est-ce qu’une chanson d’opéra, est-ce que Bizet, par exemple, est-ce qu’un chant lyrique qui est composé de chant, de mots et de musique, c’est-à-dire exactement comme une chanson, est un art majeur ou mineur, je vous le demande. La chanson est un art tout simplement, qui selon les individus peut être traité de manière plus ou moins légère. » Cette chanson que vous évoquiez plus haut, c’est ‘Je Parle En Fou’, qui derrière ses côtés abstraits, dresse une sorte de bilan. Vous en êtes là, aujourd’hui ? Bertrand Belin : « Elle n’est pas du tout abstraite, cette chanson. Elle est au contraire très limpide, il faut prendre les choses au premier degré, comme elles sont dites. Après, ça n’est pas du tout une chanson biographique, elle est simplement contaminée par ma biographie. Mais c’est vrai que c’est une chanson qui a l’ambition de, comment il s’appelait déjà ce gars, oh je me rappelle plus de son nom, ça me reviendra tout à l’heure (ça n’est jamais revenu, ndr), bref, c’est une chanson qui ambitionne de dresser le paysage d’une vie entière, de dresser un inventaire, un bilan, vous avez raison, mais pas au sens procès-verbal. Sinon, dans ma carrière, non, je ne suis pas nostalgique d’une époque, je continue avec la même passion, les mêmes interrogations et appétits que toujours. D’ailleurs, il ne me semble pas que ce disque appartienne à une période de ma vie qu’on puisse qualifiée de moins excitante. » Au contraire. D’ailleurs, c’était quoi l’idée de départ avec ce disque ? Les arrangements sont plus clinquants que sur les deux précédents, faire danser les gens ? Bertrand Belin : « Pas forcément les gens, mais moi, oui. C’était ça l’objectif. J’avais envie d’un peu plus de physicalité, si l’on peut dire, dans la réception de la musique. Quand on fait des disques, il faut essayer d’aller de l’avant, de ne pas trop se répéter puisque, comme on le disait, on puise toujours dans le même panier en ce qui concerne le fond, les thèmes des chansons. Disons que j’ai été davantage dans l’exotisme ici. ‘Cap Waller’ est mon disque tropical. » Un disque : ‘Cap Waller’ (Cinq7/Pias)

on stage 8/11, Théâtre Jardin Passion, Beautés Soniques (Namur) 27/11, Le Grand Mix (Tourcoing) 28/11, Botanique (Bruxelles)


T e x t e : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g © t o n j e th i l e s e n

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La simple mention de son nom se suffit à elle-même, Julia Holter est

depuis ‘Ekstatis’, son second album de 2012 (le troisième en comptant son premier CD-R ‘Eating The Stars’), un nom incontournable dont chaque apparition est attendue avec une énorme impatience. Une fois de plus, l’artiste de Los Angeles confirme nos folles espérances et, à l’instar d’une Marissa Nadler poptronica, son inspiration côtoie instantanément les étoiles et balaie à jamais l’oubliable.

Julia Holter Quand nous nous étions rencontrés en 2013 à la sortie de ‘Loud City Song’, tu venais de collaborer avec le producteur Cole Marsden Greif-Neill (l’ex-guitariste d’Ariel Pink), alors que tu avais enregistré tes disques précédents seule. Pour ‘Have You In My Wilderness’, Cole est de nouveau aux manettes. Qu’apporte-t-il de plus à ta musique? Julia Holter : « Tout d’abord, il est un producteur incroyablement talentueux. Même si j’enregistre les démos seule dans mon propre studio et qu’en fin de compte, leurs structures ne bougent pas vraiment, je suis toujours bluffée par ce qu’il apporte à mes chansons, notamment dans les arrangements et l’électronique. Il donne à ma musique une richesse et une profondeur que les démos n’ont pas encore, et je trouvais que les morceaux de ‘Have You In My Wilderness’ avaient besoin de son éclairage. »

La parabole du chasseur Comptes-tu dès lors ne plus jamais travailler seule ? Julia Holter : « Pas nécessairement. Je ne parviens pas à me projeter dans l’avenir, ce qui a été fait sur ce disque et le précédent ne préfigure pas ce que le prochain album sera. C’est juste le reflet d’un état d’esprit à un instant donné, sans plus. » Néanmoins, malgré l’apport de Cole, les chansons sont avant tout les tiennes ? Julia Holter : « Oui. Si je te faisais écouter les démos, tu reconnaîtrais instantanément les titres. La mélodie et la structure générale des morceaux restent identiques. Avant tout, c’est essentiel pour moi qu’une fois bouclées, mes chansons conservent l’énergie brute qu’elles avaient à leur conception. » ‘Loud City Song’ était un concept album basé sur la nouvelle ‘Gigi’ de Colette. Cette fois, j’ai l’impression que les différents titres de ‘Have You In My Wilderness’ sont davantage une collection de chansons individuelles, ce qui n’empêche pas l’album d’avoir une cohérence sonore incroyable. Julia Holter : (ravie) « Oh, je suis contente que tu me dises ça. Sinon, effectivement, je ne me suis pas basée sur un recueil comme je l’avais fait il y a deux ans. Les textes de plusieurs morceaux ont même été écrits voici longtemps, ils attendaient sans doute une musique qui puisse les servir. En fait, la manière de concevoir l’album est plus proche d’’Ekstasis’ que du disque précédent. Ça ne facilite toutefois pas les choses. Tu vois, je préfère partir d’une seule histoire qui sert de liant à l’ensemble et ce n’est pas le cas sur ‘Have You In My Wilderness’. » Autre différence, ta voix joue un rôle nettement plus important que sur tes opus précédents. Julia Holter : « Oui, c’est dû à Cole qui m’a définitivement convaincue de la mettre en avant, c’est lui qui m’a donné la confiance nécessaire en mon chant, ce qui est loin d’être évident pour moi. Souvent, je préfère que ma voix soit au même niveau que les instruments. » Le disque étant probablement ton œuvre la plus pop à ce jour, c’était nécessaire que la voix joue un plus grand rôle, non? Julia Holter : « Oui, je pense que Cole avait raison, ces nouvelles chansons ont besoin d’une voix qui prenne plus de place que sur les autres albums. Je joue certains titres depuis longtemps sur scène, comme ‘Sea Calls Me Home’, c’était assez peu évident pour moi de repenser ces morceaux. Après les avoir réenregistrés une quantité de fois, je n’étais toujours pas satisfaite, il manquait justement cette fameuse énergie brute que j’essaie d’avoir en concert. Enfin, même si ça n’a pas été simple, nous y sommes arrivés. » Le titre de l’album est assez énigmatique. Qu’évoque la wilderness (qu’on peut traduire par région sauvage mais aussi par traversée du désert)? Julia Holter : « Les paroles évoquent surtout les rapports humains, la manière dont les gens communiquent, ou oublient de communiquer. Quand deux personnes entrent en communication, qu’elles le veulent ou non, une dynamique entre en jeu, que la personne soit à la recherche de contacts, peu importe qu’ils soient amoureux ou non, ou qu’au contraire elle cherche à éviter les nouvelles rencontres. » La wilderness est-elle aussi une façon de s’éloigner de la ville, après un album (‘Loud City Song’) consacré à la vie urbaine et son agitation? Julia Holter : « On peut dire ça. Les titres de ‘Have You In My Wilderness’ sont davantage une collection de ballades, au sens large du terme. Sans doute cela colle plus avec l’idée d’une échappée hors de la ville. Dans la nature, parfois on est le chasseur, quelquefois on est le

chassé. Sur ‘Silhouette’, quelqu’un devient complètement obsédé par la personne qui vient de le larguer et ne cesse de penser à l’idée qu’un jour, cette personne reviendra. Le plus marrant, c’est que quand j’ai écrit ces paroles, j’ai commencé à lire parallèlement une histoire similaire, sur deux sœurs et leur obsession pour une seule et même personne. » Dans tes vidéos, on te voit souvent à l’écran jouer un rôle. As-tu un jour envisagé de devenir actrice? Julia Holter : (catégorique) « Oh non, pas du tout. Je déteste être filmée et jouer devant une caméra, c’est quelque chose de totalement contraire à ma nature. Je le fais parce qu’on me le demande pour illustrer mes chansons et si je le pouvais, je m’en passerais. » On retrouve dans les titres des noms de personnages comme Lucette, Betsy ou Velasquez. S’agit-il de personnages réels ou de fiction? Julia Holter : « Ce sont des noms que j’ai totalement inventés ou qui figurent dans des livres que j’ai lus. Par exemple, la Sally de ‘How Long?’ s’appelle Sally Bowles et vient du recueil ‘Berlin Stories’ de Christopher Isherwood. Betsy est un personnage que j’ai créé de toutes pièces et Velasquez provient d’une légende. » Tu n’as pas toujours été musicienne, j’ai même lu qu’à un moment, tu as été prof. Julia Holter : « Oui, c’est juste. Après être sortie de la fac, j’ai donné cours dans plusieurs écoles, c’était surtout du tutorat dans des établissements situés dans des quartiers de Los Angeles pas spécialement favorisés. Ce n’était pas très bien payé mais j’ai vraiment apprécié ces trois années, il y avait des gamins formidables très réceptifs à la musique. Je veux continuer à bosser avec des jeunes kids, ils t’amènent tellement d’idées nouvelles et de fraîcheur. » En Europe, tu es finalement plus populaire que dans ton propre pays. Comment gèrestu cette célébrité sur le vieux continent. As-tu déjà reçu des offres de collaboration d’artistes européens? Julia Holter : « Célèbre, c’est un bien grand mot. Je peux vivre une vie tout à fait normale sans avoir à me préoccuper des contraintes de la célébrité. Sinon, je ne reçois pas vraiment d’offres d’artistes connus, les choses se font plus spontanément comme quand j’étais à Berlin l’an dernier pour un mois. Un soir, on était en train de boire des coups, on discutait de tout et de rien et principalement de musique. C’est ainsi que je me suis retrouvée à participer à un projet (l’EP ‘Terepa’, ndr) en compagnie de Laurel Halo et Rashad Becker. » Des gens que tu connaissais déjà? Julia Holter : « J’avais déjà bossé avec Laurel mais je n’avais jamais rencontré Rashad. Ma copine Lucrecia Dalt était là également, ainsi que le musicien Kohei Matsunaga qui était l’instigateur du projet. Sans en discuter beaucoup en amont, nous nous sommes réunis et ça a donné un résultat qui m’a beaucoup plu. »

Julia Holter ‘Have You In My Wilderness’ Domino/V2

Un miracle d’équilibre. Immédiatement identifiable et original dans sa nouvelle démarche, où la pop joue un rôle majeur et où certaines chansons prennent un tour, osons l’écrire, catchy (le tubesque, au sens beachhousien, ‘Silhouette’), le monde de Julia Holter s’ouvre à de nouvelles perspectives. Si, d’évidence, il ne faudra jamais attendre de l’artiste californienne des hymnes pour le Sportpaleis - et faut-il réellement s’en plaindre - elle ose aujourd’hui plus qu’hier la mélodie ciselée, où chaque mot compte et chaque note joue au funambule, tout en donnant à sa voix un rôle prépondérant qu’on lui connaissait peu. Le tout modelé par les superbes arrangements de Cole Marsden Greif-Neill, entre cordes empathiques, percussions ajustées et électronique à sa juste place, pour un disque qui, suivant la bonne habitude, comptera dans un avenir proche et lointain. (fv)

on stage 17/11, AB (Bruxelles) 18/11, Cactus@Biekorf (Bruges)


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Texte : A Nn i cnoel- a L iss e A lRsetm ea ec nl e

Du côté de Dublin, quatre garçons s’excitent sous la mini-jupe de Girl Band. Dans un élan hormonal où le

taux de testostérone monte systématiquement dans le rouge, le groupe claque neuf morceaux du poing et confronte son cas (d’urgence) à celui de quelques grands cinglés de l’histoire du rock (The Birthday Party, The Fall, Liars). ‘Holding Hands With Jamie’ est une transe bruitiste, une torgnole électrique parcourue de râles nerveux et de spasmes épileptiques. La musique de Girl Band transpire la rage et libère les corps. Remède à l’ennui et à la frustration de ce début de siècle en mutation, le premier album des Irlandais vaut toutes les cures vitaminées de l’année. Dara Kiely (voix) : « On a commencé à jouer ensemble quand on avait seize ans. À l’époque, on proposait – pas sous le nom de Girl Band – une sorte de décalcomanie de The Strokes. On adorait le son de leur premier album. On a remis une pâle copie de l’original. Cela étant, cette expérience nous a été bénéfique. À partir de là, on a appris de nos erreurs et compris qu’il était nécessaire de se forger une personnalité, une identité artistique. Officiellement, Girl Band a vu le jour en 2011. »

L’art des bruits Avant la sortie de ce premier album, vous avez publié quelques singles et Ep’s sur un mode résolument artisanal : des pochettes ficelées, en carton ou en bois, des notes de livret tapées à la machine à écrire, des flexi disques, des cassettes, des vinyles colorés... Girl Band, c’est aussi un atelier de bricolage ? Alan Duggan (guitare) : « C’est vrai qu’on a déjà publié quelques curiosités. Je me souviens que pour la sortie du single ‘The Cha Cha Cha’, notre batteur Adam (Faulkner, ndr) a confectionné des centaines de boîtes en bois en vue d’emballer un simple flexi disc. On a perdu de la thune avec cette sortie... (Rires) Mais franchement, on ne regrette rien. On cherche d’abord à proposer quelque chose de différent, un peu atypique, voire unique. On aime les disques. Dans le groupe, on est tous des collectionneurs de vinyles. Du coup, ça nous semble naturel de présenter des pièces qu’on rechercherait nous-mêmes en tant qu’acheteurs potentiels. Cette perception artisanale fait partie de notre ADN. Pour ne rien arranger, Daniel (Fox, ndr) et Adam bossent tous les deux dans un magasin de disques à Dublin. L’échoppe s’appelle « The R.A.G.E. ». C’est là que nous avons joué notre tout premier concert. Avec Girl Band, on essaie d’offrir une plus-value aux collectionneurs. Pour ‘Holding Hands With Jamie’, on va envoyer un bel album photos à tous ceux qui ont acheté le disque en précommande sur notre site web. On a aussi publié quelques exemplaires jaunes du vinyle. Ce sont vraiment des trucs de nerds, mais on se reconnaît bien là-dedans. (Sourire) » Le nom de Girl Band a commencé à circuler en dehors de l’Irlande en 2013, suite à une reprise dévastatrice et fabuleusement sauvage de ‘Why They Hide Their Bodies Under My Garage ?’, single techno signé par le DJ londonien Blawan. Généralement, les groupes de noise rock ne sont pas trop branchés électro… Alan Duggan : « L’histoire de cette reprise est liée au Collectif Quarter Inch, une association irlandaise qui soutient les musiciens locaux en publiant des compilations sur cassettes. À chaque fois, les groupes sollicités doivent enregistrer une reprise d’un morceau de leur choix. En 2012, on a choisi de reprendre ‘Hanna’s Theme’, un titre des Chemical Brothers. L’année suivante, Quarter Inch nous a redemandé de participer. C’est comme ça qu’on s’est attaqué à Blawan. C’est un pote qui nous a suggéré ‘Why They Hide Their Bodies Under My Garage ?’ » Dara Kiely : « Pas mal de morceaux électroniques tapent vraiment violemment. Ce mode d’expression est finalement assez facile à transposer dans notre langage musical. La techno, c’est un style nerveux et répétitif : deux adjectifs qui peuvent aussi coller à l’univers de Girl Band. Quand on s’attaque à une reprise, on n’anticipe jamais le résultat. C’est juste une expérience. On adore jouer des morceaux qui n’ont absolument aucun rapport avec notre musique. Récemment, on a revisité du Beat Happening, par exemple. Le truc cool avec une reprise, c’est qu’elle te permet de disséquer ton processus créatif. Reprendre des artistes qui sont plus ou moins dans la même veine musicale que toi, ça n’a aucun intérêt. Ces reprises nous ont donné l’opportunité de découvrir qui nous étions réellement. » Dublin, pour un groupe de noise rock, c’est une bonne adresse ? Alan Duggan : « Dublin, c’est parfait pour monter un projet. Tu peux facilement trouver des relais : des médias et quelques infrastructures. Pas des trucs immenses, mais toujours accessibles. C’est suffisant pour se mettre à l’épreuve de la profession. Surtout, tu peux prendre le temps de te développer. Tu n’es pas continuellement soumis à la pression comme à Londres. En Irlande, tu as la possibilité de pratiquer la scène sans trop de stress. Les clubs et autres salles de concerts sont facilement identifiables. Tu ne dois pas te mettre à genoux et supplier les organisateurs pour obtenir une date. Si

on doit comparer avec l’Angleterre, l’Irlande est un excellent endroit pour se développer en tant que groupe. En plus, chez nous, les attentes ne sont jamais démesurées. C’est hyper familial. Ensuite, quand tu te sens suffisamment fort, tu peux aller dire bonjour aux Anglais. Ils habitent juste la porte à côté. (Sourire) » Vous souvenez-vous de la première date de Girl Band en Angleterre ? Dara Kiely : « Super bien. C’était à Manchester, un lundi soir, dans une toute petite salle. Un pote était venu spécialement de Leeds pour nous voir jouer. Le chauffeur de notre van était là aussi. Il y avait également le barman et deux filles. C’est tout. On a joué devant cinq personnes. Mais on a tout donné. À la fin du show, tout le monde a acheté notre disque. C’était un succès ! L’important, c’est de rencontrer les bonnes personnes, de vivre les bons moments. Le reste, c’est accessoire. Il faut rester humble. La suite de notre première tournée en Angleterre s’est super bien passée avec, à chaque fois, plus de monde en face de la scène. L’essentiel, de toute façon, c’est l’harmonie. Les gens qui viennent te voir doivent prendre du plaisir. Un concert, c’est d’abord un état d’esprit et, avec Girl Band, on fait tout pour qu’il soit positif. » Que signifie le titre de votre album, ‘Holding Hands With Jamie’ ? Alan Duggan : « Le titre n’a aucun rapport avec les chansons de l’album. Jamie est l’un de nos meilleurs amis. Il bosse dans une fabrique de disques vinyles, à Dublin. Ingénieur du son de formation, il a enregistré l’album avec nous. Il a une oreille en or. C’est le mec le plus gentil qu’on puisse imaginer. Il joue aussi dans un groupe : un projet techno baptisé Peaks. L’idée de reprendre Blawan, par exemple, c’était la sienne. On écoute systématiquement ses conseils. Ce n’est jamais intéressé, c’est toujours la passion qui parle. » Dara Kiely : « Il m’a aidé dans l’écriture des paroles aussi. Je lui ai soumis les textes. Il a tout relu, annoté et proposé des corrections. Jamie ne nous demande jamais rien en retour. C’est un gentleman. Un vrai de vrai. Le jour de son anniversaire, on lui a annoncé que notre album allait s’intituler ‘Holding Hands With Jamie’. Là où certains fanfaronneraient, Jamie a réagi hyper humblement. Comme toujours. Il a souri. Pendant ce temps-là, sa mère pleurait comme une folle. Elle sanglotait en disant qu’on ne pouvait pas imaginer plus beau cadeau d’anniversaire. Le tableau était parfait. (Rires) » Dans le morceau ‘Pears For Lunch’, on trouve cette phrase : « I Don’t Know What She Wants. I Wish I Was a Wife. » C’est votre façon de dire « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus » ? C’est une chanson d’amour, en fait ? Dara Kiely : (Sourire) « C’est la première chanson de l’album pour laquelle j’ai écrit les paroles. J’étais passé par une sale phase : une vilaine rupture sentimentale. Cette histoire m’a bien déprimé. À l’époque, ma mère m’a conseillé de coucher mes émotions par écrit, d’évacuer la frustration. Comme une catharsis. Maman est une méga fan de Leonard Cohen : elle croit dur comme fer à la transfiguration de la dépression dans les paroles de chansons. J’ai commencé à écrire. J’étais super nerveux. Sous ma plume, je sentais que je tirais un trait définitif sur mon histoire d’amour... Dans ce morceau, je me livre complètement. Je décris mon cafard, mon attitude face à l’abandon. Avec du recul, je suis content d’avoir écouté ma mère et d’avoir tout balancé dans un morceau. Aujourd’hui, je n’ai plus rien à cacher. J’ai l’impression d’être libéré. Peut-être que ça s’entend sur l’album. » Un disque : ‘Holding Hands With Jamie’ (Rough Trade/Konkurrent) Suivez le guide : www.girlband.ie

on stage 20/10, Botanique (Bruxelles) 21/10, De Kreun (Kortrijk) 14/11, La Péniche (Lille)


T e x t e : A n n e - L i s e R e m a c l e T e x t e : E r i c T h e r e r © c o l i n m e d l e y 11

C’est l’histoire simple et cent fois répétée de quatre types qui se retrouvent dans une ville étrangère qui n’est pas la leur – en l’occurrence Montréal – et qui s’engagent dans un acte de foi renouvelé au quotidien. Celui de tenter de vivre de leur musique. ‘More Than Any Other Day’, premier album d’Ought, conçu dans un

appartement communautaire baigné en permanence dans une musique électrique et paru l’année dernière, apparaissait comme un journalier bousculé consignant les faits les plus anodins de la vie courante en milieu urbain. ‘Sun Coming Down’ qui sort ces jours-ci aiguise plus encore le sens du quotidien. Son propos tombe sur la ville tel un coucher de soleil après une journée

de chicanes. Musicalement, il voit le groupe prendre ses marques et se détacher de ses influences early eighties pour adresser un rock adroit et adrénergique sur une structure classique chant-guitare/basse/claviers/batterie. C’est un plaisir de vous rencontrer à Luxembourg, juste derrière la gare, d’où nous sommes assis nous pouvons entendre les trains qui vont et viennent. Qui aurait cru, il y a deux ans, que vous vous retrouveriez ici, dans la capitale bancaire de l’Europe pour y donner un concert devant un public très propre sur lui ? Matt May : « Notre tournée a débuté le 1er août, on la terminera le 7 septembre. C’est la cinquième ou sixième fois que l’on tourne en Europe. Nous allons jouer une petite trentaine de dates. C’est la tournée la plus longue que nous ayons jamais entreprise et pour nous c’est une forme de reconnaissance. A chaque fois, il y a le plaisir de la découverte et à chaque date, l’expectative d’être confrontés à un nouveau public…»

Le devoir quotidien Quelle a été la genèse de ce nouvel album ? Matt May : « Nous avons commencé presque directement à notre retour de tournée, à la fin de l’année dernière. Le gros de nos répétitions s’est étalé de janvier à mars, en plein hiver. Nous jouions quasiment tous les jours, de manière à concentrer notre travail de composition. Nous voulions aller à l’essentiel, l’écriture des morceaux. L’enregistrement a débuté fin mars et s’est poursuivi en avril. Nous l’avons terminé juste avant de repartir en tournée. Je pense que cet album est plus ramassé, plus intense que le précédent. Cela tient au fait que pour le précédent, nous avions pris notre temps, il a été enregistré par périodes alternées, sur une durée de plus d’un an et demi. » Tout comme ‘More Than Any Other Day’, ‘Sun Coming Down’ a été produit et mixé par Radwan Ghazi Moumneh. Radwan est sans doute devenu le producteur attitré le plus sollicité au sein de Constellation. Quelle relation avez-vous pu développer avec lui ? Matt May : « Même si ce disque a pris moins de temps pour voir le jour, nous avons pu bénéficier de plus de temps en studio. Nous en avons profité pour travailler davantage certains sons. Ce travail s’est vraiment bonifié au contact de Radwan. Je ne pense pas que Radwan cherche absolument à laisser sa marque sur les disques qu’il produit. En fait, il agit comme n’importe quel producteur devrait le faire. Il traduit en sons la volonté des musiciens qui se présentent à lui. Il est très présent et possède un formidable savoir-faire qu’il met à votre service. C’est vraiment quelqu’un de dévoué. Si tu l’interrogeais, Radwan te dirait très certainement qu’il ne se voit pas comme producteur – et encore moins comme le producteur de chez Constellation – mais comme un simple ingénieur du son. » Tim Keen : « En fait, tu peux écouter tout le catalogue Constellation et tu ne trouveras pas deux disques qui sonnent identiquement. Il existe des similitudes et des ressemblances, mais il n’y a pas de produit stéréotypé. Écoute ce que Radwan a fait avec Matana Roberts et tu te rendras compte que cela ne ressemble à rien d’autre au sein du répertoire Constellation. Il en va de même pour son travail de production avec Eric Chenaux. Parallèlement, de nouveaux artistes ont fait leur apparition sur le label, comme Hiss Tracks qui ne ressemble à personne d’autre de la maison. Nous étions très conscients avant de retravailler avec Radwan que nous pouvions être facilement assimilés à une esthétique Constellation et nous avons été prudents mais je pense qu’il n’y avait même pas lieu de l’être, à aucun moment nous ne nous sommes sentis guidés ou forcés. » Le titre du disque est une phrase tellement simple, trop simple même. Contient-elle un sens caché ? Matt May : « Pas pour moi en tous cas ! C’est vrai que tu peux interpréter la phrase de diverses

manières. Tu peux la prendre comme tu veux. Même si nous passons parfois beaucoup de temps à échafauder des paroles et à les articuler autour de la musique que nous construisons, je ne pense pas que la volonté de Tim (Darcy, chanteur du groupe, ndr) ait été de sceller un secret dans ce titre. » De quelle façon le printemps québécois – le printemps érable – vous a-t-il affectés dès lors que vous vivez à Montréal ? Matt May : « C’était il y a trois ans déjà, une période qui a laissé des traces. Cela a été une prise de conscience très forte, un mouvement qu’il n’a pas été possible d’ignorer, pas seulement à Montréal mais à travers tout le Québec. Personnellement, j’ai des souvenirs très vifs de ces événements. A l’époque nous vivions tous en communauté et nous jouions beaucoup de musique, live ou chez nous. J’associe l’intensité des événements politiques qui se sont déroulés, presque jour après jour, avec cette urgence que nous avions à jouer. Le politique s’est télescopé avec l’affect. Récemment il y a eu à nouveau une grève importante en ville, quoique bien plus courte, et inévitablement j’ai repensé aux grèves étudiantes. J’ai eu l’impression de revenir en arrière même si la mémoire des faits est encore vive. » Tim Keen : « Il faut être prudent et je ne voudrais pas que l’on nous associe à un mouvement juste du fait que nous partageons une origine géographique commune. Nous n’avons pas été associés au printemps érable car nous n’en étions pas partie prenante, nous n’étions plus étudiants. Nous n’avons pas émergé de ce mouvement en temps que groupe pas plus que nous n’avons été à son service. Cela dit, nous avons beaucoup de respect pour ce pourquoi il s’est battu. » Aucun de vous n’est Québécois mais vous vivez tous à Montréal. Comment vous êtes vous retrouvés là ? Matt May : « Je proviens du New Jersey. A dix-neuf ans, je me suis rendu à Montréal pour effectuer mes études et j’y suis resté ! Chacun d’entre nous a depuis lors sollicité un titre de séjour pour lui permettre de résider de manière permanente sur le territoire canadien. Nous avons développé beaucoup de liens avec ce pays et nous nous sentons aujourd’hui parties intégrantes de la communauté dans laquelle nous vivons et évoluons. » Tim Keen : « Je suis originaire d’Australie, de Melbourne, et les deux autres musiciens du groupe proviennent d’endroits différents des États-Unis : Tim du New Hampshire et Ben, le bassiste, de Portland en Oregon. » Il y a incontestablement des similitudes entre votre musique et celle du début des années 80 comme The Fall, Television ou Talking Heads. Vous contestez cette affirmation ? Matt May : « Effectivement, ces comparaisons reviennent souvent. J’ai écouté ces groupes mais je ne suis pas certain que les autres membres du groupe l’aient fait ! » Tim Keen : « Je ne pense pas que Tim, notre chanteur, ait jamais écouté The Fall au moment où il a commencé à chanter pour Ought. C’est assez incroyable car il y a une telle similitude dans sa façon de chanter avec celle de Mark E Smith même si l’accent est différent ! Personnellement, j’apprécie beaucoup The Fall qui est un groupe fabuleux. Cependant, j’écoute avant tout des groupes actuels, beaucoup de groupes amis avec qui nous avons partagé la scène ou la route. Là, pour l’instant, je suis rivé sur The Dirty Three et The Magnetic Fields, un groupe de métal appelé ‘Caught’, Drake, mais, avant tout, j’écoute énormément de hip-hop mainstream. A vrai dire, tu serais surpris par le peu de punk rock que nous écoutons au sein de Ought ! » Un disque : ‘Sun Coming Down’, (Constellation/Konkurrent)


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Texte : Ann to e -i n L ies eM e Re r msascelma e n (et ses équipes)

!!! n’est pas punk. !!! reste et restera ce groupe insondable dans sa démarche, indéfinissable par son style, pour le meilleur et pour le pire. ‘As If’ est un ‘melting-pute’ maousse et jubilatoire qui, derrière une épaisse

couche de gloss, flatte nos bas instincts, prend des allures de cougar vile et sensuelle. Celles d’une ‘aguichieuse’ de jour qui cacherait derrière son imper à froufrous une jupe ras-du-cheese propice à la chasse à des heures aussi tardives qu’indécentes.

‘As If’ est un long mouvement de bassin, un grand écart obscène près d’une barre de pole dance. Car si !!! a bien compris une chose, c’est que la danse n’obéit à aucune contrainte esthétique, échappe à la dictature du goût et des mœurs : elle est juste une échappatoire salutaire, hors de l’espace et hors du temps. Est-ce que vos frustrations avec vos précédents producteurs vous ont poussés à travailler seuls ? Nic Offer : « On a effectivement travaillé avec pas mal de producteurs talentueux mais ça n’a jamais vraiment marché. C’était dur de trouver des connections et au bout du compte on finissait par assumer la plupart du travail de production. On ne travaille plus avec des producteurs comme il y a quarante ans. On n’a plus envie d’être pris pour des enfants, on ne leur fait plus vraiment confiance. Sur ce disque, on a travaillé avec de vieux amis. Ils savent capter le moment. Avec Jim (Eno, producteur de l’album précédent, ndr), on a été très justes. Sur ‘Freedom ‘15’, par exemple, on lui a donné les rennes de la production, c’est lui qui a pu rendre ce morceau possible. C’était un super moment, ça a hyper bien marché. »

Cheap cheap cheap

Comment expliques-tu le fait que vous exploriez plus de styles que sur vos albums précédents ? Vous arrivez à un point où vous sentez que vous pouvez tout essayer ? Nic Offer : « Oui, on en est définitivement là, après avoir joué ensemble pendant 19 ans. C’est un challenge intéressant. On se pose toujours la question du « peut-on y arriver ? » On ne peut pas vraiment savoir ce que nous pourrions faire dans l’absolu. Mais c’est excitant d’essayer des choses. Je crois que c’est plus simple pour nous de composer aujourd’hui. C’est toujours un peu une lutte, mais on arrive à un degré de maturité où se dispute moins. Pour ‘As If’, on a composé quarante chansons, on en a enregistré vingt. Pour le précédent disque, on en avait composé quinze, et pour les autres peut-être douze ! Ça a été un gros travail, donc. On a essayé de procéder dans la même approche que sur ‘THR!!!LER’. On essaye toujours, au début, de faire beaucoup de jams. On se voit et on joue pendant une semaine. On enregistre tout, on en fait des boucles et on expérimente. Au début, c’est très simple, mais les problèmes entre nous arrivent toujours sur des questions de production. Parfois tu sais qu’une chanson est bonne, tu sais comment elle devrait sonner, mais tu n’arrives pas à le faire correctement. Et paradoxalement des choses que tu ne pensaient pas bonnes le deviennent ! »

L’aspect électronique n’a pas changé votre manière de travailler ? Nic Offer : « On a commencé à apprendre à maîtriser Ableton Live sur le disque précédent. Ça a changé un petit peu notre approche. On peut prendre le matériel de nos jams qu’on manipule et trafique par la suite. On écoute beaucoup de musique aussi. On peut très bien commencer par un sample d’un morceau de disco. Les chansons peuvent vraiment prendre des directions très différentes. » Tu penses que le futur de la musique se trouve sur Ableton ? Les synthés modulaires, tout ça, ça ne vous intéresse pas ? Nic Offer : « Je pense que le futur de la musique aura lieu sur des ordinateurs, oui. Et c’est cool ! Ça fait partie de toutes les choses que tu peux utiliser. Tu peux utiliser n’importe quoi : un ordi, un piano... Il n’y a pas une chose qui soit meilleure à utiliser qu’une autre. Pour nous, Ableton libère notre créativité. Mais il faut mettre ça dans un cadre. Ça marche pour nous. Mais quand j’entends Jack White avoir un son énorme dans seulement deux petits amplis, je trouve ça génial. Tout dépend de la personne, du projet. Je ne peux pas vraiment juger la manière de travailler des autres ! Mais nous, on a été énormément influencés par des artistes contemporains qui travaillent sur des laptops. On a un pote qui a plein de synthés analogiques. Il est de ces gens qui ont cette philosophie assez nostalgique. On les a utilisés sur certaines chansons du disque, et ça sonnait super bien ! Mais quand il a écouté ce qu’on avait réussi à faire avec des laptops, il était impressionné ! » Est-ce que vous avez volontairement réalisé un album de pastiches ? Nic Offer : « Dans un sens, oui. On s’est vraiment libérés, on a écrit un tas de chansons, on a exploré, essayé tout ce qu’on pouvait. Quand on a mis ça en commun, on avait forcément beaucoup de choses disparates. Selon moi, c’est une matière de base intéressante pour un album. On n’avait pas envie d’avoir quatre chansons qui se ressemblent sur un même disque. Quand j’écoute un album, j’aime y trouver de tout. » Votre dernier titre, ‘I Feel So Free (Citation Needed)’, évoque la house 90’s mais aussi Outkast. On retrouve peu de hip-hop chez vous, en fin de compte. Pourquoi ? Nic Offer : « C’est intéressant justement en comparaison à ce que je viens de dire. Sur un album comme ‘Stankonia’, on retrouve beaucoup de producteurs et donc beaucoup de sons différents. On a parfois l’impression d’entendre un autre groupe. Dans ce sens, ça nous a pas mal influencés. Mais c’est dur de pointer sur un disque ce qui a été influencé par le hip-hop en général. On peut quand même trouver une sorte de rap sur ‘It Must Be The Moon’ ou ‘Hollow’. On est influencés par bien d’autres choses que des groupes indie rock normaux. Dans le hip-hop actuel, tu as pas mal de trap, avec de gros beats sourds. Ce matin, par exemple, je m’écoutais Young Thug, un nouveau mec d’Atlanta, en prenant ma douche. Sinon, sur le disque, quand on composait ‘Freedom ! ‘15’, on écoutait un morceau de Quincy Jones, et en même temps le dernier morceau de Kanye West où tu as une basse disto assez incroyable. On s’est dit : « Pourquoi ne pas mettre la même disto sur notre basse ? Faisons-le ! ». C’est le genre de processus par lequel on peut être influencés ! » Lorsque vous avez commencé à jouer ensemble il y a presque vingt ans, vous pensiez en arriver là ? Nic Offer : « Je ne pensais pas pouvoir venir un jour en Belgique, non ! On a toujours été surpris. L’intention originelle du groupe était de jouer du funk, et de se perdre. De le faire de manière différente. De faire quelque chose de neuf. Je sais que si j’écoute notre nouveau disque, je vais me dire « Vraiment, c’est nous ? ». Je veux être surpris encore et encore. Notre but sera toujours de faire quelque chose de frais et de nouveau. » Tu peux m’expliquer l’influence de la philosophie techno des nineties sur ce disque ? Nic Offer : « On nous disait toujours influencés par le punk. Comme si notre groupe était une manière d’être punk aujourd’hui. C’est un énorme raccourci ! On dit ça de toute personne qui fait quelque chose d’un peu brut, aujourd’hui. En fait, le punk ne nous a jamais vraiment intéressés. Par contre, dans les débuts de la house et de la techno 90’s, les mecs peuvent te prendre une boîte à rythmes, une table de mixage, et t’en faire quelque chose de superhot, de frais. C’est vraiment l’idée d’avoir une boîte à rythmes et de se dire que tu dois absolument faire un morceau avec ! On avait envie de faire quelque chose dans cette idée mais pas d’acheter ces vieux instruments. On a fait pareil dans Ableton avec les plugs de synthés qu’on a achetés. Pour moi, la bonne musique a toujours commencé avec des instruments pourris, et découlé de la manière dont les gens les utilisent pour créer de bonnes idées. » Vous n’aimez donc pas le punk, le hardcore ? Nic Offer : « J’aime ça, mais je n’en écoute pas. Pas vraiment du punk en fait. Je ne vais pas en voir en live. Je crois qu’il y a toujours une part de moi qui veut découvrir quelque chose de nouveau dans toute musique. Souvent le punk, ça joue très fort, c’est une question d’énergie. Et puis c’est une question d’état d’esprit. Si tu n’as pas l’âme punk, ça n’a aucun sens, ça ne marche pas. Pour moi, aujourd’hui, les Thee Oh Sees sont vraiment très punk : c’est mon groupe préféré en live ! Ils sont fantastiques ! » Un disque : ‘As If’ (Warp/V2) Suivez le guide : www.chkchkchk.net


TTeexxttee: :NAen l nEex-e Ll i smea R ne sm ; t ar cal d e u c t i o n e t a d a p tat i o n : Pat r i c k F o i s s a c © m a r i n a c h a v e z 13

Alors qu’à l’époque de ’Wakin’ On A Pretty Daze’, les chroniqueurs évoquaient la magie de l’univers Kurt Vile en recourant à des néologismes tels que progpop, c’est davantage au terme spaceblues qu’il faudrait aujourd’hui songer pour tenter de cerner l’horizon musical qu’explore le grand chevelu aux idées larges. ’B’lieve I’m Goin Down…’ compose un savoureux cocktail de blues, de folk et de rock psyché qui voit Vile afficher une grande confiance en lui. Tout en se montrant humble, il ne cache

pas le fait qu’il estime que cet opus est le meilleur qu’il ait jamais sorti. Souriant et sympathique, ça plane toujours pour lui!

Kurt Vile : « J’essaie d’évoluer en tant qu’artiste et en tant que personne, c’est pourquoi mes albums sonnent différemment des précédents. De façon consciente et appliquée, j’essaie d’affiner mon style, associant des genres tels que le folk, le blues et le rock psyché. J’ai désormais 35 ans et cela fait longtemps que je fais de la musique. C’est un petit peu comme si j’affinais une extension de moi-même. Je ne sais pas, disons que c’est vrai que ce disque est peut-être ce que j’ai fait de mieux. Selon moi, tous ceux qui ont participé au projet ressentent la même chose. I’m seriously into it. I make music, that’s what I do. Je fais cela pour évoluer et progresser et j’ai le sentiment que c’est ce qui se produit. »

Sur une autre planète

Tu as enregistré ‘B’lieve I’m Goin Down…’ un peu partout aux Etats-Unis, transitant entre autres par Brooklyn, Athens, Los Angeles ou encore le célèbre studio Rancho De La Luna à Joshua Tree. Quel rôle cela a-t-il joué dans ton travail ? Kurt Vile : « En fait, cela n’était pas quelque chose de nouveau. Pour ’Smoke Ring For My Halo’, j’avais déjà parcouru toute la côte est, du nord au sud. J’ai notamment été à Brooklyn, dans le Massachusetts ainsi qu’à Philadelphie qui ont été des étapes où je me suis arrêté en fonction de la disponibilité des studios. Pour ’Wakin On A Pretty Daze’, je me suis rendu en Californie afin d’y jouer avec deux amis, Farmer Dave et Stella Mozgawa de Warpaint. Pour le nouvel album, j’ai a nouveau opté pour cette idée d’un périple. Il faut aussi savoir que les membres du groupe habitent un peu partout dans le pays. Par exemple, notre nouveau batteur, Kyle, a un studio à Athens tandis que le guitariste, Rob Laakso, habite New York. Avec Stella et Farmer Dave, je me suis rendu à Joshua Tree vu que ce n’est pas loin de LA, où j’ai également enregistré des pistes. There’s a method to the madness. (rires) Cela a été très chouette. Et vu que je prenais l’avion pour voyager, cela n’a pas vraiment été un roadtrip avec tout ce que cela peu impliquer de rébarbatif. (rires) Voyager aide en outre à regarder les choses sous un angle différent. Cela te permet de ne pas être trop casanier et d’avoir d’autres sources d’inspiration. C’est ainsi que j’ai écrit ‘Pretty Pimpin’, le titre le plus direct, en privilégiant une approche pop qui découlait de l’excitation que je ressentais à l’idée d’enregistrer des titres à Los Angeles avec Rob Schnapf, le nouveau producteur. Voyager est de manière générale toujours très stimulant et cela nourrit ton écriture. » Tu a donc été confronté à des environnements très différents... Kurt Vile : « L’environnement a clairement un impact sur la musique, mais pas forcément au niveau des textes. Dans le désert, par exemple, tu ne vois absolument rien à des kilomètres à la ronde, que ce soit avec ton deuxième ou ton troisème oeil. Le résultat est que la musique est davantage ouverte, qu’elle respire. Par contre, un morceau comme ‘That’s Life’ exprime davantage l’atmosphère nerveuse de la côte est. C’est instrospectif, mais cela traduit en même temps et de façon paradoxale cette atmosphère propre aux villes de la côte est où les gens sortent beaucoup et prennent de l’extasy. Ce que je veux dire en parlant d’un troisième oeil ? Il s’agit tout simplement de ton oeil cosmique. Certains prétendent que cela a à voir avec la voyance. Je ne suis naturellement pas un voyant et d’ailleurs je suis prudent avec ce type de concept. Le fait d’avoir composé un morceau qui s’intitule ‘Bad Omens’ ne signifie pas que je suis obsédé par ce type de problématique et que je suis du genre à flipper en croyant voir des

mauvais présages partout et en me lançant dans des séances chamaniques! (rires) Le troisième oeil relève du domaine artistique, c’est un peu ton sixième sens. Cela signifie en réalité que faire de la musique te permet de te retrouver dans un état proche du rêve, un peu comme si tu étais sur une autre planète. » Tu as récemment déclaré que c’est entre minuit et trois heures du matin que tu es le plus créatif. Peut-on dire que cet album dégage une sorte de vibe nocturne ? Kurt Vile : « Je le pense, oui. J’ai toujours été un oiseau de nuit. Pendant que je travaillais à cet album, il m’est fréquemment arrivé de bosser jusque cinq, six ou même sept heures du matin. (rires) Plus on dispose de sève créative, plus on produit d’adrénaline et d’énergie, ce qui nous rend forcément plus énergique et éveillé. La vie nocturne est très présente sur cet album, ce qui s’entend assez clairement. Il y a par rapport à la vie la nuit quelque chose qui m’inspire. Ma théorie est que la nuit, tout est sombre et calme. Tout le monde dort, de sorte que l’énergie cosmique est disponible et qu’il suffit donc de la saisir. Tu peux capter cette énergie qui va regénerer ton cerveau. (rires) La nuit, on est donc hyper créatif. On se sent différent. Durant la journée, on se sent physiquement fatigué mais dès qu’il fait sombre, c’est là que l’on peut travailler de façon vraiment efficace. J’ai toujours ressenti cela, même quand j’étais gamin. » Je me demandais comment tu aller gérer sur scène la transition entre tes morceaux électriques et ceux qui sont plus acoustiques avec du fingerpicking. Kurt Vile : « Cela s’est toujours passé de façon assez harmonieuse mais j’aimerais bien gérer cela de façon plus professionnelle encore. Je suis occupé à travailler cet aspect. Je ne sais juste pas encore trop comment je vais gérer cela, comment assembler les différentes pièces du puzzle. It’s a big job. En réalité, chaque membre du groupe a sa petite idée de ce qu’il faut faire, mais le problème est que l’on attend de moi que je décide de tout, ce qui fait beaucoup de boulot. Si on a un petit rituel que l’on suit au moment de monter sur scène ? Pas pour le moment, non, mais lors de la tournée précédente, on écoutait ’Wrote For Luck’ des Happy Mondays. C’est le genre de morceau qui te donne la grinta. Avant, on se sifflait aussi des cocktails improbables associant Red Bull et téquila avant de jouer, mais j’essaie d’éviter, c’est plus prudent! (rires) » Lorsque je t’ai rencontré pour la sortie de ’Wakin On A Pretty Daze’, tu m’avais dit que tu avais dû inventer un nouveau terme pour définir ta musique. Tu parlais à l’époque de progpop. Kurt : « C’est vrai que ce terme de progpop était ce qui correspondait le mieux à mon style. Sur le nouvel album, je parlerais plutôt de spaceblues, à savoir que j’associe des éléments blues et folk en essayant de faire sonner ce mix comme s’il était joué dans l’espace. Un peu comme si quelqu’un était en train de jouer sur une autre planète ou au milieu des étoiles. Ce serait génial si je parvenais à transmettre cela en concert,... Vraiment génial! » Un disque : ‘B’lieve I’m Going Down…’ (Matador Records/Beggars)

on stage 31/10, Paradiso (Amsterdam) 1/11, AB (Bruxelles)


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Earteam

Admiral Fallow

Enablers

‘Tiny Rewards’ Net t werk/V2

Il y a trois ans, on avait conservé d’eux, chardons folk ingénus, un scarabée dans une boîte. Mais depuis il y eut – peut-être, sans doute – « a tiny bundle of tidal waves ». Des questions cruciales sur le fait d’être vraiment à sa place et sur ce qui vient ensuite. Des essors qui nous poussent, après la jachère, à être à la proue d’autres goélettes. L’équipage de Louis Abbott a pris conscience, lui aussi, qu’il y a toutes sortes de flots à fendre. Gagné la certitude qu’on peut s’essayer à modifier son cap sans se trahir. Tapis sous-jacent – quasi à la Jacno – d’’Happened In The Fall’, fluidité mélodique d’’Holding The Strings’, effet bouclé percussion/piano de ‘Sunday’, longue traîne disco de ‘Building as Foreign’ et d’astucieuses pirouettes de clarinettes: voici quelques-unes des petites récompenses qu’il est bon de recueillir dans ce nouvel essai des sincères écossais, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait d’autres. Comme une trace de plus inscrite sur le mur à mesure qu’on grandit, en attendant de troquer le verre de lait contre une flasque. (alr)

Alex G ‘Beach Music’ Domino Recordings/V2

Quel ne fût pas notre coup de cœur lorsque ‘DSU’ fût livré à nos mains innocentes il y a une poignée de mois. À peine avait-on misé toute notre épargne sur ce fantastique poulain qu’il se faisait la malle, grimpant les hautes marches du cursus honorum à vitesse grand V. Et pour cause, l’oisillon devint rapace en un an à peine, passant successivement du nid d’Orchid Tapes à Lucky Number pour finalement élire domicile chez Domino, le Zaventem de la pop bijou. Une ascension qui donnerait le tournis à n’importe qui. Et l’enfant de Philadelphie n’y a pas échappé, livrant des prestations live gênantes, ivre à la Triple Westmalle, comme si l’envie de parcourir le monde n’y était pas vraiment. C’est donc les mains un peu moites qu’on accueillait ‘Beach Music’. Qu’on se le dise, c’était clairement sous-estimer son talent, car du haut de sa chambre, Alex G pourrait nous pondre une bombe dépressive par jour s’il le voulait. Il semble transformer tout le malheur du monde - le sien - en petites doses de désespoir, à l’image du sublime ‘In Love’ qui te ferait chialer Bart De Wever un soir de victoire. Si sa première expérience de tournée ne semble pas l’avoir apaisé, elle lui aura au moins permis d’attiser sa créativité, d’accentuer son écriture misanthrope, mais aussi d’élargir sa palette, de s’essayer à des choses nouvelles (les cuivres, encore, d’In Love’). ‘DSU’ évoquait Linkous, mais aujourd’hui, plus que jamais, c’est le fantôme d’Elliott Smith qui plane sur ‘Beach Music’ (‘Thorns’). Car de jour en jour, Alex G s’envole aussi à sa manière, assurant la relève pour le plus grand plaisir des borderlines que nous sommes. (am)

Aline ‘La Vie Electrique’ Pias

En 2013, Aline regardait le ciel. Le sillage con-con des avions. La forme neuneu des nuages. Chantait ses deux petites hirondelles de gamines et ça tirait des larmes à Magic, Revue Pop Moderne, tandis qu’une

‘Blown Realms and Stalled Explosions’ ‘Tundra’ Exile on Mainstream Records/Creative Eclipse

En mai dernier, nous vous rapportions la chronique enthousiaste de ‘The Rightful Pivot’, le nouvel album d’Enablers, un projet né il y a plus d’une douzaine d’années de la rencontre entre la poésie déclamée de l’auteur Pete Simonelli et des guitares post-rock de Joe Goldring et de Kevin Thomson. Une sorte de ‘spoken word rock’ où les morceaux ont l’apparence de chansons sans couplet ni refrain. Jusqu’aujourd’hui, leurs anciens albums, pressés à faible tirage et mal distribués, demeuraient impossible à dénicher. La maison munichoise Exile On Mainstream Records vient de remédier à cette carence en ressortant les deux qu’elle avait précédemment coédités. Initialement paru en 2008 dans un coffret en bois, ‘Tundra’ est un album concis (une demi-heure à peine), assagi mais dérangeant. Il voit le groupe prendre ses marques après ses débuts un rien brouillons sur le label Neurot. Sur ‘Blown Realms and Stalled Explosions’ sorti en 2011, la voix de Simonelli vient cogner contre les incises de guitares finement tranchées et la rythmique ferme de Doug Scharin (Codeine, June Of 44, Him) qui intégra le groupe pendant deux ans. Comme sur ‘Tundra’, Simonelli raconte des micro histoires dramatiques et clame de petits manifestes existentiels d’une poésie coupée au couteau. Sa langue est claire, cinématographique, extraordinairement imagée. En quelques mots, il vous décrit l’ineptie d’un groupe de touristes déambulant dans Montmartre ou les derniers jours célestes d’un vieillard reclus dans sa maison. Un Fauve vraiment fauve. (et)

sorte de ‘Macarena’, une ‘Ketchup Song’ (assez rayée) de l’indie pop l’érigeait en The Smiths de la Cannebière, tête de file d’une nouvelle chanson française à ligne claire dont on n’a jamais réécouté les disques (Pendentif, Granville et compagnie : je bois et puis je danse et puis j’oublie). Mais, deux ans plus tard, ‘La Vie Electrique’ bluffe. Les titres frappent juste, s’incrustent et restent, consistants, moins légers qu’ils n’y paraissent. On pourrait discuter des heures sur le choix d’un producteur anglais non francophile quand on souhaite la ramener dans la langue de Biolay (nous-casse-les-burnes-avec-Trenet) mais c’est ici drôlement bien vu : Stephen Street a tiré Aline vers des sommets poppeux inespérés et les vers font pan-pan, mouche. L’apothéose arrive en bout de course avec la réjouissance punk qu’est ‘Promis Juré Craché’ où Aline remet en doute une demi-existence vouée aux accords basiques : « allez c’est bon j’arrête tout je dis stop / adieu plus de rock / c’est fini terminé plus de pop / j’en ai plein les bottes » ou, plus loin, « il est trop tard pour me pendre et j’ai cassé mes cordes ». Le disque est plein de cette résignation mélancolique (le très beau ‘Chaque Jour Qui Passe’, le virage dub de ‘Plus Noir Encore’) qui donne envie de se trémousser en souvenir de l’adolescent qu’on a été, celui qui avait alors devant lui ‘La Vie Electrique’. (lg)

Alma ‘Self-Titled’ Fierce Panda Records/V2

Ça te chatouille ou ça te gratouille? Comment tu le vis, d’être si haut suspendu, dans ton Éden céleste, avec les séraphins Jónsi et Patrick Watson comme seuls comparses ? Est-ce que tu lévites, est-ce que tu médites, est-ce que quelquefois tu songes à la grande échappée, à l’appel d’air qui te ramènerait parmi nous, les pieds ancrés au sol, éclaboussés de poussière ? De quels organismes astraux silencieux te fais-tu le jardinier ambient ? Crois-tu que seuls quelques êtres sont des îles, disséminés dans des nappes galactiques, à jamais hors d’atteinte ? Est-ce que la peur de l’immensité te fait tressauter, même un peu ? À quel ‘Lighthouse’, à quel rituel gorgé d’interférences raccroches-tu ta pupille

quand la nuit gagne en amplitude ? Est-ce Adam Wiltzie ou Jeff Bridges que tu supplies d’attendrir ton sommeil, quand tu n’y parviens plus seul ? (alr)

The Arcs ‘Yours dreamily’ Nonesuch Records/Warner

Si Dan Auerbach se donne corps et âme aux Black Keys, il aime aussi s’offrir des escapades musicales en dehors du groupe, ce qui lui permet d’explorer des voies parfois assez différentes. C’est assurément le cas avec The Arcs. Certes, le rock bluesy associé aux Black Keys n’est pas totalement absent de cet opus, mais ce qui prédomine ici, c’est sa passion pour la soul et le sens du groove. Admirablement entouré par des amis - le saxophoniste Leon Michiels ou encore Richard Swift des Shins, Dan nous offre un disque sexy et cool à souhait. Avec ‘Stay in my corner’, on songe à du Curtis Mayfield contemporain. ‘Outta my mind’ est une perle de soul psyché entêtante. ‘Put a flower in your pocket’ et son mellotron obsédant a ce sens du groove couplé à un côté western spaghetti qui devrait faire baver d’envie Quentin Tarantino. Enfin, ‘Searching the blue’ est spécialement hypnotique tandis que le single ‘Stay in my corner’ est le plus bel hommage au Motown dont on pouvait rêver. Du grand art. (pf)

Lou Barlow ‘Brace The Wave’ Domino/V2

Lo-fi, c’est fini ? Que nenni ! Certes, parmi les super-héros de l’indie rock US, Lou Barlow n’est pas celui qui a le mieux vieilli. La pochette de ce ‘Brace The Wave’ en témoigne à suffisance. Mais lorsqu’il est question d’introspection servie sur canapé famélique et avachi, ce maquisard du minimalisme post-grunge est toujours capable de tenir salon. Pour nous entretenir à nouveau de sa

peur de mourir et de sa vie sentimentale en neuf petits titres qui sont autant d’échardes se fichant droit dans le cœur. Le tout expédié en moins de 30 minutes chrono sans misérabilisme ni complaisance. Sans jamais tenter non plus de camoufler le côté brouillon de chansons griffonnées à la va-vite au dos de ses factures impayées. Ou enregistrées façon McGyver avec un vieux magnéto, deux mégots, un bout de fil de fer et un chewinggum séché. Musicalement, on est bien sûr toujours dans le hardcore joué au ukulélé ou à la râpe à fromage. Sans batterie mais avec un cœur qui pulse. « I’m at war with my body and mind » chante d’ailleurs Barlow sur le bien nommé ‘Pulse’. En ces temps d’hédonisme forcené, ça vaut de l’or. Les feuilles d’automne seront en tout cas ravies de tomber au son de ce disque. (gle)

Blue Daisy ‘Darker Than Blue’ R&S Records

Tombé en désuétude, peut-être en lassitude, le trip-hop s’offre ces dernières années une nouvelle parure. Genre né de la fusion de l’électro avec le jazz, le rap et la soul, son évolution actuelle est une réaction bienvenue à l’absorption progressive de ses sonorités premières par la pop et le r’n’b des ondes ; désormais, le trip-hop favorise un son plus analogique que synthétique et s’aventure vers des structures plus libres que le format chanson. Des pistes bien sûr déjà défrichées par toute la scène acid-jazz de la décennie passée. Avec Blue Daisy, nous entrons dans un territoire plus primitif, plus sombre tant de style que de peau. En deux albums, Kwesi Darko se place en digne héritier de Tricky. Tout ici est bleu nuit. Un bleu profond qui, comme les abysses, peut à tout moment accoucher d’un cauchemar. Un sens de la menace propre à Massive Attack, Pressure Drop et bien sûr Adrian Thaws, que Darko dilue d’un phrasé suave et timide, proche de Ghostpoet. On nage de courants chauds à courants froids, sans cesse frissonnant devant la richesse de la flore sous-marine de ‘Darker Than Blue’ : le morceau-titre oppose une ambiance-nuit enfumée à une ébullition de guitares pour un résultat brûlant comme la neige carbonique et l’aube spectrale qui ouvre ‘We’re All Gonna Die’ s’offre des allures de piano-club démoniaque où se fomente une apocalypse sexy en diable. L’album s’achève en valse intimiste sur fond d’orgue aquatique avec le tétanisant ‘You & Me’ où Darko vous rassure en tête-à-tête : sa fin du monde n’est qu’un début. (ab)

Bob Moses ‘Days Gone’ Domino/V2

Duo canadien comme son nom ne l’indique pas, Bob Moses rassemble Jimmy Vallance et Tom Howie, anciens potes de lycée qui se sont recroisés par hasard sur le quai d’une gare de Brooklyn. L’un, chanteur et guitariste, était déjà une petite gloire locale lors de ses années collège ; l’autre se cherchait encore dans une transe devenue stérile. Fusionnant les machines de l’un et le blues tendance Chris Isaak de l’autre, baptisés du nom d’un urbaniste new-yorkais, Bob Moses était né. Une poignée de EPs plus tard, un soundcloud saturé d’annotations dithyrambiques, Bob Moses est devenu la sensation house


SEKUOIA

03.10 Play Festival - Hasselt

BRUTUS

downtempo du moment, au carrefour de Nicolas Jaar, Ghost Culture et Chet Faker. ‘Days Gone’ perpétue la veine bluesy de ‘I Ain’t Gonna Be The First To Cry’ et délivre douze chansons indolentes, envoûtant travail de charme reptilien dont les effets se diluent sous la peau avec le craquement des glaçons attaqués par le gin. L’album s’ouvre sur le souvenir indéfectible de ‘Kid A’, nous rappelant que nous devons toujours allégeance à la perle mutagène de Radiohead, pour glisser vers un air éthéré échappé de Girls in Hawaii et se transformer en une version moderne de pop intouchable façon Depeche Mode, le tout mixé par David Wrench (Caribou, Twigs) et Spike Tent (Haim, The Weeknd). Classieux sans prendre la pose, traversé d’une irrésistible vibration americana, ‘Days Gone’ délivre d’une house pour cowboys solitaires. Lente remontée ou longue descente selon vos fins de soirée, Bob Moses est le compagnon idéal pour observer l’aube repousser la nuit. (ab)

The Bohicas ‘The Making Of’ Domino/V2

Se méfier des groupes qui disent privilégier l’impact avant la substance. Attention, je suis pas contre du son gras qui tache ou du gros beat qui fait bouger. Mais brandir la chose en guise d’unique note d’intention me met sur mes gardes : après, s’agit de tenir la route, d’autant plus si tout le reste est volontairement laissé au vestiaire. The Bohicas joue dans la catégorie power indie rock, avec un son lourd et dans-ta-face, comme si Royal Blood reprenait Arctic Monkeys ou Dandy Warhols. Enfin, c’est ce qui pourrait être le résultat si la bande parvenait à écrire autre chose que de la musique de minets, génération The Voice. En l’état, ‘The Making Of’ pue l’artificialité jusque dans son titre. The Bohicas, oui, mais pas des briques. (ab)

Boy ‘We Were Here’ Groenland Records/V2

Boy, c’est le duo formé par la Suissesse Valeska Steiner au chant et l’Allemande Sonja Glass à la guitare. On craint souvent pour l’avenir de ces tandems qui, passés les émois et les fulgurances des premiers morceaux, peinent à se réinventer avec pour seuls matériaux une guitare, une batterie et de jolies voix. Et l’ajout d’un synthé comme fausse bonne idée pour élaborer de nouvelles textures sonores. On ne se résoudra pourtant pas à dire du mal de ce second album qui prolonge l’aventure entamée en 2011 avec le très candide ‘Mutal Friends’. Soit une poignée de chansonnettes pop au teint frais, spontanées, vitaminées, touchantes et aérées. Une vraie-fausse légèreté travaillée avec une minutie perceptible qui s’inspire autant de l’élégance arty de Phoenix que des mélodies dynamiques de Feist. Après la belle mise sur orbite effectuée avec le single éponyme, impulsif morceau introductif à la mélancolie sautillante, l’album plane gentiment pendant les sept morceaux suivants avant un dernier looping (‘Into The Wild’) précédent l’atterrissage. C’est indéniablement joli et souvent efficace. Mais ce disque risque de laisser dans nos souvenirs une trace aussi furtive que de la buée sur une vitre. (gle)

The Chills ‘Silver Bullets’ Fire Records

En 2015, on ne peut qu’être aussi ravis que surpris de les savoir toujours là. Héros et

icônes absolus d’une kiwi-pop adulée à la fin des 80’s, The Chills ont donc décidé de donner une suite à leurs humbles aventures. Besoin de cash ou volonté tardive de prétendre à la reconnaissance ? Pas sûr que ça soit l’ambition tant la formation néo-zélandaise n’a jamais affiché la moindre prétention d’être vouée à la sanctification publique. Et ça n’est probablement pas avec ce ‘Silver Bullets’, qui est loin de tutoyer les hauteurs affolantes de ‘Submarine Bells’ ou ‘Kaleidoscope World’, que les Chills décrocheront la timbale. Car même si on retrouve les claviers aigrelets, les carillons de guitares cristallines et un Martin Philips dont les cordes vocales lunatiques parviennent encore à ligoter toute la mélancolie du monde, la magie n’opère plus vraiment. Jamais un mot plus haut que l’autre, pas l’ombre d’une once de nervosité, simplement la même morne morsure de petites ritournelles accrocheuses. Ce qui était magique il y a 20 ans nous semble aujourd’hui trop fade (à l’exception peut-être du très planant ‘America Says Hello’). La comparaison avec les fulgurances passées, par essence inégalables, suscitera inévitablement la nostalgie et tempérera la joie de ces retrouvailles. (gle)

Controlled Bleeding & Sparkle in Grey ‘Perversions of the Aging Savant’ Off

Pour bien saisir la portée de ce disque partagé, il faut avoir égard aux entités dont il procède. Combo à géométrie contingente, Controlled Bleeding doit sa survivance depuis le début des années 80 au travail obstiné de Paul Lemos, sa seule figure permanente. Sa musique s’est orientée dans des voies diverses, parfois opposées : de l’industriel bruyant pur et dur à la musique méditative tintée d’influences médiévale ou lyrique en passant par le rock progressif mâtiné d’électronique. Sparkle in Grey est un groupe milanais pivotant autour de la personne de Matteo Uggeri. Une amitié s’est liée entre les deux protagonistes. De leurs échanges multiples et de leurs affinités sonores sélectives est né ce disque insolite. Si Controlled Bleeding livre un panaché stylistique de ce qui constitue sa musique (du pastoral ‘Springtime in Brooklyn’ au tonitruant ‘Perks, Pt. 1’), Sparkle in Grey propose pour sa part une suite déclinée en quatre parties qui forment un tout, ‘Idiot Savant’, coulé en une sorte de fausse musique de chambre avant-gardiste, dépouillée. Les deux dernières plages poussent la collaboration plus loin encore au point de la sceller dans une forme de mimétisme entre les deux groupes. Pour une fois, un split album qui fait sens. (et)

Cristobal And The Sea ‘Sugar Now’ Cit y Slang

Nom de dieu, voilà un disque à reprendre en chœur du Pierre Perret avec le sourire qui balafre jusque-là : le matin après le chocolat, on chique, on crache – bienheureux – à six pas comme au Mexique. A midi, c’est à peu près pareil. Et le soir, avec de la marijuana, c’est mieux qu’une poupée qui fait pipi qui se mouche : Tonton Cristobal And The Sea est apparu. A vrai dire, ses traits sont quasi géniaux, et l’estafilade derrière sa barbe, c’est des Grizzly Bear en tongs acoquinés avec une pop solaire qui lui ont taillée. ‘Sugar Now’, ce sont les cicatrices des jours heureux, harmonisées jusque dans le tiroir à saucisses,

les souvenirs de castagnes-rhum avec des Born Ruffians de la Grande Caraïbe qui refusaient de reprendre El Guicho à la flûte, l’euphorie d’une bossa nova hardcore avec plein de petits crabes qui te vampirisent le weekend. Il semblerait que tout ce ramdam vienne de Londres mais qu’il y ait là-dedans un bassiste espagnol, un guitariste portugais, une flûtiste corse. Forcément, une excellente raison d’aller au bordel. (lg)

Dark Buddah Rising ‘Inversum’ Neurot Recordings

Ce groupe norvégien fait du métal. Oui, je sais, cela fait cliché, mais contrairement à ce qu’on pourrait supputer, ce combo ne fait pas dans le speed ou le doom en hurlant sa haine de la chrétienté et en s’adonnant à des rites primitifs, peinturluré en noir et blanc au sommet de falaises. Ici, le métal se fait atmosphérique et hypnotique et s’il se nourrit de références à l’occulte et à la magie, on évite les délires satanistes bon marché. Le groupe a beaucoup de profondeur, une culture musicale riche et surtout, énormément de talent, ce qui nous vaut deux titres aussi longs qu’excitants. ‘Eso’ démarre tel un drone ambient flirtant par moments avec le free jazz pour ensuite dessiner des contours stoner bien trippés avant de se jeter tête baissée dans une orgie psychédélique on ne peut plus jouissive. Vient ensuite ‘Exo’ qui commence de façon minimaliste avec des percussions tribales répétitives créant un sentiment de transe. Ensuite, la compo s’énerve, dégageant une impression de saturation due à l’intrusion de guitares noise/goth flirtant avec le psyché pour ensuite se muer en délire sludge chaotique. Un disque fascinant ! (pf)

Darkstar ‘Foam Island’ Warp/V2

Apparue à Londres lors de l’explosion dubstep qui a secoué le début du 21ème siècle, la musique de Darkstar s’est émancipée du mouvement électronique en vue d’aller secouer ses beats sous d’autres constellations (‘North’). Regroupé en trio, le groupe s’est alors retranché dans les décors bucoliques de la campagne anglaise pour donner naissance à ‘News From Nowhere’, un condensé de pop sunshine et d’envolées synthétiques. À l’heure du troisième album, la formation s’enracine dans son époque avec un gros paquet de questions et un nouveau balluchon de bons sons. Darkstar a d’abord décidé de sauter la case studio pour tenter le micro-trottoir : un field recording de trois mois dans les rues de l’Angleterre « d’en bas ». Parti au contact de la jeunesse britannique, Darkstar a capté les aspirations d’une génération et pris le pouls de la vie citoyenne : espoirs, fierté, refroidissements sociaux et dérèglements politiques balisent la réflexion des adultes de demain. Plantés tout au long du disque, ces commentaires citadins déferlent à travers les morceaux

03.10 10.10 14.11 21.11

aMAZe Festival - Bruges Funtime Fest - Aarschot Het Depot - Leuven JH XL - Herk-de-Stad

HEALTH

09.10 Bozar Electronic Arts Festival - Bxl

DOPE BODY

10.10 Live Club - Liège

STADT

16.10 01.11 06.11 07.11 25.11 17.12

Club Kamikaze - Mechelen Autumn Falls @ AB - Bruxelles Autumn Falls @ De Roma - Anvers Autumn Falls @ N9 - Eeklo Autumn Falls @ MOD - Hasselt Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand

TEHO TEARDO & BLIXA BARGELD

16.10 CCHA - Hasselt

JR THOMAS & THE VOLCANOS

17.10 N9 - Eeklo 18.10 De Kleine Hedonist - Anvers

GIRL BAND + FIST CITY

20.10 Autumn Falls @ Botanique - Bruxelles 21.10 Autumn Falls @ De Kreun - Kortrijk

RAVEYARDS

22.10 Cirque Mystic - Aalst

OAKTREE

22.10 AB - Bruxelles 29.10 Mood Studio - Anvers

AVONDLICHT

22.10 AB - Bruxelles 24.10 Park Spoor Noord - Anvers

MARCO Z

24.10 25.11 27.11 05.03

CC De Meent - Alsemberg OC De Stekke - Moorsele tbc - Hamont-Achel CC De Ploter - Ternat

TERAKAFT

27.10 Centre Culturel d’Ottignies - Ottignies 31.10 Vk* - Bruxelles

RADIAL SEQUENCE

30.10 Cactus Club - Bruges 06.11 Autumn Falls @ De Roma - Anvers 17.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand

CHANTAL ACDA

01.11 02.11 04.11 05.11 08.11 14.11

Autumn Falls @ AB - Bruxelles Autumn Falls @ Minard - Gand Autumn Falls @ STUK - Leuven Autumn Falls @ CC Hasselt - Hasselt Autumn Falls @ De Studio - Anvers Autumn Falls @ 4AD - Diksmuide

KURT VILE & THE VIOLATORS + WAXAHATCHEE + LOWER DENS

01.11 Autumn Falls @ AB - Bruxelles

DEADMAN ORCHESTRA

02.11 Autumn Falls @ Minard - Gand 04.11 Autumn Falls @ STUK - Leuven

BEACH HOUSE

03.11 Autumn Falls @ AB - Bruxelles

FATHER JOHN MISTY + ANNA B SAVAGE

10.11 Autumn Falls @ AB - Bruxelles

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

10.11 Autumn Falls @ AB Club - Bruxelles 25.11 Autumn Falls @ Nijdrop - Opwijk 17.12 Autumn Falls @ Handelsbeurs - Gand

SAMANTHA CRAIN

11.11 Autumn Falls @ Trefpunt - Gand 17.11 Autumn Falls @ Trix - Anvers

BRAIDS

13.11 Autumn Falls @ Botanique - Bruxelles

SHILPA RAY

14.11 Autumn Falls @ 4AD - Diksmuide

THUS OWLS + LAST EX

17.11 Autumn Falls @ Trix - Anvers more concer ts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be


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Earteam

comme des vagues (à l’âme) nées au large des sentiments. Aventure humaine dopée à la came électronique (‘Javan’s Call’), au R&B (‘Pin Secure’), à la pop synthétique (‘Stoke The Fire’) et autres dérivés soul et solaires (l’excellent ‘Inherent In The Fibre’), cette nouvelle livraison de Darkstar canalise les inquiétudes de ce début de siècle par le prisme de jeunes gens modernes. Un document historique. (na)

Dez Mona ‘Origin’ Caroline/Universal

Survolant un large territoire musical, entre le jazz, l’opéra baroque, le rock alternatif et plus récemment la pop, Dez Mona n’a eu de cesse depuis ses débuts en 2005 d’étoffer sa palette musicale et de développer un univers aussi inclassable que sophistiqué. Hermétique diront beaucoup. Trois ans après ‘A Gentlemen’s Agreement’, ‘Origin’ voit la formation emmenée par les charismatiques Gregory Frateur et Nicolas Rombouts creuser avec persévérance le sillon de cette musique astiquée jusqu’au dernier bouton de guêtre. A la nuance près que ce nouvel album semble davantage s’adresser à l’épiderme qu’au bulbe rachidien. Car si la voix et la contrebasse forment toujours le socle des dix morceaux, les apports du maître accordéoniste Roel Van Camp et du batteur Steven Cassiers contribuent ici à vulgariser (dans le sens positif du terme) des compositions qui s’éloignent des frontières de l’emphase. Pas de jazz, pas de gospel, mais du groove (‘Dirty Language’), de la mélancolie mélodique (‘All I Ever Wanted’) et parfois de vraies chansons pop. Est-ce pour autant que cette hydre à deux têtes qu’est Dez Mona se laisse complètement apprivoiser ? Disons qu’elle consent tout juste à donner la patte. (gle)

Dornik ‘Dornik’ PMR Records/Caroline

Déjà six ans que le célèbre croisement entre Slash et Amanda Lear - qu’on a étrangement surnommé le King Of Pop - mange les pissenlits par la racine. Suite à des obsèques aussi longs et chiants qu’une cérémonie d’ouverture des JO, plus trop de nouvelles de l’ami (des enfants le plus souvent) Michael Jackson, si ce n’est cet été au Ptit Faystival, où l’illustre DJ New Sensation commit le crime de passer consécutivement sept titres de la diva grise. Même le Guinness Book ne s’attendait pas à tel record. Six ans donc, que l’on a plus entendu de nouvelles productions du fils de Jacques qui, il faut l’admettre, était plus passionnant dans la presse à scandale que sur disque durant les dernières années de son « règne ». Dès lors, posons-nous la question : que ferait Michel s’il était encore en vie ? Prêtre ? Boucher ? Roulements de tambour : il ferait du Dornik. Difficile d’en dire davantage sur un disque qui ne fait qu’afficher une seule et unique référence, susurrant tant et si bien qu’il pourrait arriver à te froufrouter du Kierkegaard comme un truc hyper sexy. Toujours à la manière de. Michael, on pense à toi ! (am)

Dr Voy ‘Crazy’ Vice Prod

S’envoyer un disque de Dr Voy, c’est s’offrir à coup sûr une bonne tranche de rock’n roll. Ce quatuor originaire de La Louvière en est à son quatrième album et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a plus que jamais la grinta. Compos percutantes, riffs rageurs, so-

Get Your Gun ‘The Worrying Kind’ Empt y Tape/Phonofile/Rough Trade

Depuis quelque temps, il y a un réel buzz autour de ce groupe danois et pour une fois, on peut dire que c’est tout à fait justifié : ‘The Worrying Kind’ est l’un des disques de rock les plus excitants sortis cette année. Get Your Gun, c’est le projet de deux frères, Andreas (chanteur, leader et guitariste) et Simon (batteur) et ce qui est magique, c’est de sentir que les deux frangins composent leurs titres de façon hyper spontanée et intuitive, sans trop se poser de questions concernant la façon dont cela devrait sonner. Cela nous donne un disque ultra frais dans son absence totale de calcul. On sent que tout vient des tripes et si l’ensemble part un peu dans tous les sens, entre dark folk, country gothique et stoner, il est toujours cohérent et prenant, flanquant très souvent la chair de poule avec ses compos qui expriment le blues au sens premier du terme (‘Black sorrow’, ‘The worrying kind’). Lorsque Get Your Gun se fait tendu et menaçant, il rappelle aussi un peu Nick Cave période Birthday Party ou encore le Gun Club (‘Call me rage’). Il y a fort à parier que ce groupe va devenir énorme. (pf)

los inspirés, lignes de basse tendues comme il faut, tout ce qu’on associe au groupe est ici présent. Puisant son inspiration dans le classique rock - Marc Ysaye est un fan absolu et ce n’est pas surprenant !, Dr Voy jongle avec les styles, se la jouant tantôt plus hard, tantôt blues sudiste, souvent aussi avec une bonne dose de psyché, mais toujours dans un esprit roots. On adore les riffs de l’obsédant et tendu ‘The black shadow’, le très sudiste ‘On the highway’, l’efficacité ultime de ‘Crazy’ et ‘Foxy’, sans oublier ‘Dreamin’ qui ravira les fans de Lynyrd Skynyrd. Long live rock’n roll ! (pf)

The Eagle Rock Gospel Singers ‘Heavenly Fire’ Ba Da Bing Records

« Let me be bold, let me sing mighty /All from this little light of mine » : que voici un credo limpide pour les génuflecteurs généreux en vocalises. De fameux coffres et un soupçon de grâce divine, et vous voilà à vous époumoner par les chemins. Si Brittany Howard se donne pour mission de secouer tout l’Alabama, il n’y a pas de raison que – si Matthew, Mark, Luke and John (‘Mmlj’, buddies sacrés) et l’Esprit Saint le veulent bien – vous, mes bourdons zélés, ne puissiez mettre un coup de pied corsé dans la fourmilière bluegrass et la ruche gospel, même gardées par un type patibulaire nommé ‘Stephen’. Vu le souverain patronage de Mahalia Jackson et celui, non moins féroce, de Sister Rosetta Tharpe, vu vos mines cajoleuses de scouts vendeurs de cookies quêtant une obole, il me fut impossible, par instants, d’extirper ‘Outta My Head’ vos rugissantes prédications. Mais jour du Seigneur ou pas, ‘No apologies’ : c’est dimanche et j’ai beau me délecter à doses judicieuses de votre énergie, j’aspire désormais à un peu plus de calme. Amen! (alr)

Editors ‘In Dream’ Pias

Pour avoir beaucoup aimé les Editors à leurs débuts (‘The back room’ reste l’un de mes albums de chevet), j’ai été un peu interpellé par le virage pris par le groupe avec ‘In this night and on this evening’. Oubliées, les compos nerveuses et stylées exprimant un sentiment d’urgence. Finies, les relectures contemporaines de l’héritage post punk. A la place, Tom Smith et ses amis ont pris l’option rock de stade, donnant naissance à des titres outrageusement immédiats et séduisants,

mais en même temps pompiers et finalement vulgaires (‘Papillon’ et ses claviers putassiers). Sur ‘In dream’ , le groupe fait le pari d’explorer son obsession pour la pop électro 80s, les claviers cold wave et la new beat, tout en privilégiant une certaine pudeur, une veine davantage atmosphérique. Grosse satisfaction, les boursouflures ont disparu et Tom Smith laisse parler sa sensibilité de façon évidente sur plusieurs titres, tels les sublimes ‘At all cost’ et ‘No harm’ affichant une grande retenue. Parmi les autres belles réussites, on retiendra le spectral ‘Salvation’ sublimé par des cordes somptueuses, le dream pop ‘The law’ (avec Rachel Goswell de Slowdive en guest). Au rayon des plaisirs coupables, soulignons aussi la présence du l’uber tubesque ‘Our love’ sur lequel Tom Smith s’essaie à un exercice de falsetto digne de Jimmy Sommerville. ‘In dream’, ou l’album de la réconciliation. (pf)

Esmerine ‘Lost Voices’ Constellation/Konkurrent

Avec ‘Dalmak’, paru en 2013, Esmerine avait franchi le Bosphore, partant à la rencontre de musiciens stambouliotes pour créer une musique à teneur folk à la fois saturnienne et orientalisante. Ce dernier album voit le groupe accueillir en son sein un nouveau membre, le bassiste/contrebassiste Jérémi Roy tandis que la violoniste Sarah Neufeld a laissé sa place à Sophie Trudeau (Godspeed, Silver Mt. Zion). Mais c’est davantage la nouvelle direction stylistique qui se remarque et se démarque. D’une part, les percussions sont mieux mises en avant et la rythmique s’affranchit avec une batterie réellement présente. D’autre part, le groupe revendique dorénavant sa filiation post-rock, renforçant la présence de guitares, se faisant parfois passer pour un cousin exotique mais pleinement allié de Godspeed You! Black Emperor. ‘The Neighbourhoods Rise’, la plage introductive, et l’excellent ‘Funambule’ sont dans cette veine. Ailleurs, à la fin de chaque face, deux menuets nous rappellent qu’Esmerine ne renie pas pour autant sa fibre éthérée mélancolique. C’est à nouveau Jace Lasek (Wolf Parade, Suuns) qui réalise un mixage équilibré et tout en nuances. (et)

Dmitry Evgrafov ’Collage’ 130701/FatCat Records

Musicien russe autodidacte, Dmitry Evgrafov n’a nulle intention d’un jour conquérir les planches du Concours Reine Elisabeth de piano. Sur ce premier disque, dont on espère qu’il en appellera d’autres la maturité acquise,

ses traces sur l’instrument aux touches noires et blanches l’emmènent bien davantage du côté de Nils Frahm ou de Ludovico Einaudi que de Prokofiev ou Chostakovitch. D’un joli minimalisme, qui s’accompagne parfois d’autres instruments, sa démarche reflète aussi, par instants, le jeune âge de son interprète. Tapies dans l’ombre proéminente de ses illustres prédécesseurs, ses compositions ont quelquefois du mal à marquer leur identité. A l’inverse d’un Francesco Tristano, à qui l’on pense sur ‘Cries and Whispers’, et qui était parvenu d’entrée de jeu à imprimer sa dimension idiosyncrasique, Dmitry Evgrafov songe trop à faire dans le joli décoratif pour devenir un incontournable du genre. Pour l’instant. (fv)

The Ex ‘At Bimhuis (1991-2015)’ Ex Records/Dense

Regardant dans le rétroviseur du temps qui passe, The Ex ne rechigne pas à célébrer les anniversaires. En 2009, le groupe réalisait ‘30 Years of The Ex’ comme pour boucler la boucle des trois décades écoulées depuis son émergence dans un squat amstellodamois en 79, l’année phare du post-punk. Il commémora par ailleurs son tiers de siècle en organisant, après 33 années et 1/3 très exactement, une série d’événements publics. Ce nouvel album voit The Ex célébrer vingt-cinq années de collaboration avec le Bimhuis d’Amsterdam, un des clubs de jazz les plus actifs et aventureux des Pays-Bas. The Ex y a joué près d’une quinzaine de fois avec des invités provenant d’horizons très divers. Ce double cd compile des extraits live allant de 1991 à aujourd’hui, du premier concert avec le batteur Han Bennink, le saxophoniste Ab Baars et le comédien Herr Seele à celui réalisé récemment avec un orchestre de jeunes en atelier. Si les enregistrements des débuts laissent parfois (à) désirer en termes de qualité sonore ceux opérés plus tard donnent entière satisfaction. Les moments les plus intenses tiennent sans doute à ceux partagés avec le géant éthiopien Getatchew Mekuria captés à l’été 2012. C’est le Bimhuis tout entier qui retentit dans une déflagration des sons menant malgré eux à un inouï unisson. (et)

Fever The Ghost ‘Zirconium Meconium’ Heavenly Recordings/Pias

Dans la pochette très Jeff Koons sous acides, on trouve une longue citation de Wayne Coyne. Ça raconte des trucs incompréhensibles, ça évoque des images cosmiques – genre une piscine de boules Ikea dans Brazil de Terry Gilliam. La filiation entre Fever The Ghost et le gourou des Flaming Lips semble irréfutable. ‘Zirconium Meconium’ s’apparente à une véritable fête sous influence. Ça fuse dans tous les sens dans un truc que le journaliste diplômé appellerait une vision kaléidoscopique du monde : ‘Rounder II’ cristallise l’apparition divine d’un Maurice Béjart en pleine danse démembrée (toujours en tutu), pendant que, juste à côté, le groupe-blague O-Zone s’essaye à la poésie sur ‘1518’ avec les cocos d’Animal Collective période ‘Feels’, armés de Poudre Miraculeuse de Bolivie et deux-trois pilules bien destinées à foutre un gros bordel de je-sais-pas-quoi sur ‘Fathoms’,


31 OCT. NOV. 2015 NAMUR

› 10 ODESZA 11-10-2015

THE SOFT MOON 18-10-2015

STARSAILOR 27-10-2015

OSCAR AND THE WOLF 29-10-2015

BATTLES 01-11-2015

ARCHIVE 03-11-2015

CITY’S ALIVE

ZEDD 18-11-2015

BELLE & SEBASTIAN 20-11-2015

THE PRODIGY 17-11-2015

ALICE ON THE ROOF 21-11-2015

Black Strobe FR, Veronique

JAIN 25-11-2015

K’S CHOICE 04-12-2015

STEFANIE HEINZMANN 28-01-2016

Vincent & Aksak Maboul BE, Bertrand Belin FR, Algiers US, Mugwump BE, Alpha Wann & Hologram Lo FR, Jerusalem In My Heart CA, ALB FR, Paon BE, Nicola Testa BE, Pharaon de Winter FR, Poirier CA, Rozi Plain UK, Blondy Brownie BE, Black Bones FR, Faon Faon BE, Ropoporose FR, Wuman BE, Patton BE,...

LILLY WOOD & THE PRICK 04-02-2016

WWW.BEAUTESSONIQUES.BE facebook.com/beautessoniques, #BoSo2015

ARNO 02-03-2016

ZAZ 15-03-2016

www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu


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Earteam

bordel que l’on retrouve beaucoup et qui demande d’avoir les tripes bien accrochées pour éviter le dégueulis multicolore. Mais la fête n’est qu’une échappatoire. Parfois, elle se termine sur une note bleue comme dans le ‘Cocktail Chez Mademoiselle’ de Voulzy. Sur les coups de 5h, quand Bruxelles s’éveille, la triste réalité du monde peut te revenir en pleine face, à toi l’âme perdue errant seule sur le piétonnier. Car finalement des couleurs, la nuit, ressortent surtout le noir et le blanc. Le très beau ‘Peace Crimes’ serait là pour te le rappeler. (am)

Foals ‘What Went Down’ Transgressive/Warner

Si ‘Holy fire’ était déjà brillant, son successeur fait encore plus fort au niveau de la démonstration d’élégance dans l’efficacité. A l’instar du magnifique titre éponyme offert aux fans en guise de teaser, ce disque dégage une puissance incroyable. Riche et varié sur le plan des ambiances, parfaitement maîtrisé sur le plan musical, il voit Foals s’exprimer pleinement. L’album de la maturité? On pourrait le dire si cette expression n’impliquait pas de façon implicite l’idée d’un assagissement allant de pair avec un ramollissement. Car n’en déplaise à ceux qui veulent penser que le succès commercial va forcément de pair avec une baisse de qualité due à une forme d’opportunisme, le fait est que Foals n’a rien perdu de sa flamme, de sa verve, de son intégrité. ‘What Went Down’ opère la synthèse parfaite entre accessibilité et exigence artistique, prouvant que l’on peut accéder au statut de groupe populaire remplissant les stades sans pour autant se vautrer dans la facilité. Respect. (pf)

Robert Forster ‘Songs To Play’ Tapete Records

Au pays des kangourous, quand un vieux bougon croise deux jeunes champions, on se met à croire aux pouvoirs de la résurrection. Plus ou moins oublié depuis la double implosion de The Go-Betweens (1989 et 2006), Robert Forster avait tendance à ruminer le passé dans son coin. Lumière dans la nuit de la pop alternative, son groupe a éclairé les années 1980 en puisant dans le romantisme post-punk et un certain raffinement new-wave. Aujourd’hui grisonnant et proche de la soixantaine, le chanteur Robert Forster s’est construit un monde à part : une discographie élégante et un peu désabusée où l’on ressasse volontiers ses idées noires entre les cordes d’une guitare et les touches d’un Casio. L’année dernière, l’homme est tombé sur deux jeunes gars : Scott Bromiley et Luke McDonald, musiciens du plus beau trésor caché de Brisbane : The John Steel Singers. Bien décidés à épauler leur vieux héros, les mecs se sont portés au chevet des nouveaux morceaux d’oncle Forster. Le résultat de cette rencontre s’apprécie sur l’album ‘Songs To Play’ : dix titres savoureux, millésimés et cultivés. Une seconde jeunesse sur laquelle plane le fantôme de Lou Reed et les fantasmes de Jonathan Richman. (na)

Masayoshi Fujita ‘Apologues’ Erased Tapes

A première écoute, rien n’indique la provenance de cette musique. A la deuxième non

John Grant

Ha Det Bra ‘Societa For Two’

‘Grey Tickles, Black Pressure’

Geenger Records

Bella Union/Pias

En suédois, Ha Det Bra signifierait « passer un bon moment ». Dans de vieilles racines scandinaves, Ha Det Bra voudrait dire « Au revoir » ou carrément « Adieu ». Scénario bien plus plausible, vu que ces croates ne semblent pas être là pour s’adonner à des parties de chat-bite. Les types ont une drôle d’histoire : le groupe se forme en 91’, valse au frigo en 98’ et nous revient en... 2015. Mais ‘Societa For Two’ est loin d’être du matériel flambant neuf - onze titres sur quatorze ont été enregistrées précédemment sur cassettes. Eh ouais les mecs, dans les nineties on enregistrait sur cassette par nécessité, pas pour faire le hipstouille! Question musique, c’est du noise oppressant aux refrains parfois mélodiques. Rien de foufou : la basse ronfle, les tambours tapent, les guitares hurlent. Vu et revu, mais peut servir à se crédibiliser dans une discussion avec un programmateur du Magasin 4. « J’connais un groupe de noise croate, c’est trop chiadé ! » . (am)

Parce qu’il n’est pas tombé dans la marmite de potion magique quand il était petit, John Grant a dû laisser son génie s’épanouir et se muscler au fil de sa vie cabossée. Entre pics abrupts, campagnes reposantes, sous-bois épineux et dancefloors en velours, la balade dans la discographie du colosse est d’ailleurs tout sauf une flânerie du dimanche. Depuis longtemps sur la tangente, titubant sur le fil de sa folie créatrice, ce funambule sonore ne semble s’imposer comme limites que celles de son génie et de ses excès. Dans la lignée de ‘Pale Green Ghosts’, sur lequel les beats électroniques tordus explosaient les structures classiques jouées au piano ou à la guitare, l’ex-Czars continue à triturer les cartes-mères pour élargir une palette sonore au service de ses émotions ou hallucinations. Car loin d’une simple redite, on tient avec ce ‘Grey Tickles, Black Pressure’ une nouvelle pièce maîtresse dans une production qui ne cesse de devenir décisive pour peu qu’on en force les cadenas. Maîtrisant à la perfection une certaine forme de thermodynamique musicale où l’on passe sans transition du bouillonnement (le single ‘Disappointing’) à la réfrigération, Grant jongle avec les cinquante nuances de ses scénarios doux-amers. Des titres comme ‘Geraldine’ ou ‘Global Warning’ résistent longtemps mais attirent irrémédiablement. Le magnétisme noir des compositions les plus erratiques désorientent complètement mais jamais la vulgarité d’arrangements incongrus n’ébrèche les textes en porcelaine. John Grant s’est jadis autoproclamé « the Greatest Mother Fucker ». C’est faire preuve de beaucoup trop d’humilité. (gle)

Health plus d’ailleurs. Aucun indice pour la localiser. Aucun facteur de rattachement géographique. Le disque s’ouvre par quelques notes de vibraphone qui très vite prennent l’ascendant et se détachent d’une trame de cordes et d’instruments à vent qui jouent en retenue. Au fur et à mesure que sa lecture progresse, on se rend compte que rien ne va fondamentalement changer à cet assemblage. Par moments, la cadence s’avive, le violon s’égaie. A d’autres, une caisse claire tinte, un accordéon s’évente. Mais pour l’essentiel cette musique instrumentale demeure figée dans sa pose naturaliste, presque pastorale. Masayoshi Fujita, vibraphoniste japonais établi à Berlin, possède de toute évidence une maîtrise poussée de son instrument, qu’il n’hésite pas à modifier à la manière d’un piano préparé. Il a collaboré avec Jan Jelinek à plusieurs reprises. Cet album – son premier pour Erased Tapes – le voit agencer et arranger huit petites pièces sur lesquelles figurent des musiciens nippons dont aucun ne nous est connu si ce n’est la violoniste Hoshiko Yamane, créditée pour avoir joué avec Tangerine Dream. (et)

Georgia ‘Georgia’ Domino/V2

Tel père telle fille. C’est un peu ce qui vient en tête à l’écoute du premier album de Georgia, la progéniture de Neil Barnes, cerveau de Leftfield et pilote d’une fièvre électronique sans frontière. Catapulté dans l’arène aux côtés d’Underworld, The Chemical Brothers ou The Prodigy, Leftfield a – en son temps – redéfini le monde de la nuit avec une recette unique : un concentré de techno tribale, de dub et de house progressive. Vingt ans plus tard, Georgia suit les préceptes de papa avec l’insolence de sa génération (Micachu & The Shapes, Kwes, Kate Tempest). En gros, l’artiste ouvre une grande sacoche et fourre tout ce qui lui plaît dedans (Aaliyah, M.I.A, The Knife, Missy Elliot, Caribou, Kate Bush ou Hudson Mohawke). Pot-pourri corrosif et ultra synthétique, ‘Georgia’ est une petite centrifugeuse de sons génétiquement modifiés. Dans son laboratoire, la jeune femme brasse un peu tout et n’importe quoi (grime, pop, dancehall, hiphop) avec une assurance assez renversante. Pas que tout soit bon – loin de là –, mais en l’absence d’un single majeur, on peut souli-

gner la cohérence d’ensemble de cet album produit de A à Z par une multi-instrumentiste aux goûts mutants. (na)

Girls Names ‘Arms Around A Vision’ Tough Love Records/Konkurrent

Le perfecto ajusté, les lunettes de soleil vissées sur le bout du nez, les quatre Irlandais de Girls Names affrontent la grisaille de Belfast en revisitant les fondamentaux postpunk. Pastiche éculé des traditions expédiées par Joy Division et largement éprouvées par Echo & The Bunnymen, l’album ‘Arms Around A Vision’ sert du stéréotype de la cave au grenier : rythmiques martiales, voix sépulcrale, nappes de synthé congelées, lignes de basse ultra tendues et riffs de guitare aiguisés à la pierre tombale. Rien de neuf sous la lune. (na)

Larry Gus ‘I Need New Eyes’ DFA/Pias

Selon ses dires, Larry Gus serait bourré de complexes, d’anxiétés, de doutes. Nageant en plein complexe d’infériorité, le gusse se paluchait précédemment sur une œuvre inspirée du frondeur Georges Perec - une adaptation musicale de ‘La vie mode d’emploi’. Malgré son talent, l’ensemble menait à une overdose de sampling, un imbroglio de rythmiques épileptiques, comme si The Go ! Team avait pris des cours de breakbeat chez Venetian Snares. Aujourd’hui, Larry Gus se concentre sur un songwriting plus classique - même que certains refrains te collent au corps - sur ‘I Need New Eyes’ qui ne souffre réellement d’aucune comparaison. On y trouve une mine d’or de synthés à la mélancolie autiste, de zouk triste à la Metronomy dans un style assez personnel, sur de grands espaces qui lui permettent d’étaler de vastes fresques pop - six minutes de moyenne qui s’invitent à l’envi sur d’autres continents. Ainsi, en bons Vasco de Gama, les morceaux de Larry Gus croisent, sur des rythmiques mi-tribales mi-funk blanc, des samples de chants traditionnels, des basses sixties, des voix de souris en nuisette (‘Belong To Love’) et, toujours, des Avalanches de collages utilisés ici à bon escient. C’est varié, ultra maîtrisé, intelligent. C’est chez DFA qui a toujours le flair pour dénicher l’atypique. (am)

‘Death Magic’ Loma Vista Recordings/Fiction Records/ Caroline

Mis en avant par Trent Reznor, ce combo californien partage avec son maître à penser le goût pour les ambiances glauques, les beats synthétiques déstructurés, les nappes de claviers malsaines et les riffs de guitares trafiqués. En même temps, comme chez Nine Inch Nails, la musique de Health met en avant une approche finalement très pop, particulièrement évidente sur cet opus. Le groupe a en effet toujours avoué qu’outre sa passion pour l’indus, il chérissait des artistes comme Depeche Mode (logique) et... Rihanna (plus surprenant). Sans doute les fans de la première heure seront-ils circonspects à l’écoute des très accessibles ‘Life’, ‘Dark enough’ et ‘New coke’. Mais aussi directs ces titres soient-ils sur le plan mélodique, ils exhalent une grande noirceur au niveau des textes tout en regorgeant de beats et des sons menaçants. Ceci dit, ce sont quand même les morceaux les plus radicaux qui me branchent le plus, que ce soit le très indus ‘Courtship II’, le tribal ‘Men today’ ou encore l’étrange ‘Flesh world’, disco industrielle mutante et dansante. (pf)

Here We Go Magic ‘Be Small’ Secretly Canadian/Konkurrent

On a beau avoir toute la discographie du groupe américain à la maison, c’est un fait, on n’y est pas revenu souvent. Au moment d’écrire cette chronique, on se demande bien pourquoi, d’ailleurs. Quels disques y avaitil de vraiment plus urgents, de moins imparfaits ? Le plus étonnant là-dedans, c’est qu’on a exactement le même sentiment à l’écoute de ‘Be Small’, celui d’être face à un album de grande classe, indémodable, classique – en gros, les Fab Four dans des vapeurs toxiques psyché-folk – qu’on ne réécoutera, c’est sûr, que trop rarement. Il est pourtant le compagnon idéal d’à peu près chaque moment de l’existence. Le tube potentiel ‘Stella’ est sidérant. Ce disque est aussi la bande-son idéale en voiture où l’on peut s’imaginer dévalant de sombres forêts nordiques au volant d’un 4x4 forcément confortable, économique et écolo. ‘Ordinary Feeling’ comme ils disent piste neuf, ballade stratosphérique dans le coton, retour au calme après le jet lag de ‘Tokyo London Us Korea’, juste avant le dernier slow, ‘Dancing


KAGOULE GB NO JOY CA LUCY ROSE GB MICACHU & THE SHAPES GB MOBB DEEP US PALMA VIOLETS GB ATMOSPHERE US - deM atlaS / DJ ADATRAK US FLAVIEN BERGER FR - MUSIQUE CHIENNE BE B. DOLAN US BORN RUFFIANS CA GRANT LEE PHILLIPS US BROTHER & BONES GB - IN LAKESH BE BEAUTIFUL BADNESS BE album release HIPPOCAMPE FOU FR - S-HASCH BE LITTLE MAY AU FEU! CHATTERTON FR ALEX G US U.S.GIRLS US BOY DE - JOSIN DE GIRL BAND IE - FIST CITY CA • Autumn Falls YELLOWSTRAPS X LE MOTEL BE album release GIRLS NAMES IE - AUTOBAHN GB - ULRIKA SPACEK GB

22.10 23.10 23.10 23.10 24.10 25.10 26.10 27.10 27.10 28.10 29.10 29.10 30.10 31.10 01.11 01.11 03.11 04.11 04.11 05.11 05.11 05.11

THE BOHICAS GB YOUNG FATHERS GB TALISCO FR HOLY HOLY AU GENGAHR GB- OSCAR GB VESSELS GB SPEEDY ORTIZ US - TRUST FUND GB RHYE US • SOLD OUT DORNIK GB SWIM DEEP GB HE DIED WHILE HUNTING BE BULLY US LOW ROAR IS DMA’S AU LES INNOCENTS FR • coprod. UBU • SOLD OUT DERADOORIAN US BATTLES US JOSEF SALVAT GB DESTROYER CA - JENNIFER CASTLE CA GAZ COOMBES GB HALF MOON RUN CA - THE FRANKLIN ELECTRIC CA THE PHOENIX FOUNDATION NZ

CONCERTS

AGENDA

01.10 02.10 03.10 04.10 06.10 07.10 08.10 08.10 10.10 11.10 13.10 14.10 15.10 16.10 16.10 17.10 17.10 18.10 19.10 20.10 21.10 22.10

SOOn AT

SOOn AT

Wed 07.10

Pat Thomas & Kwashibu Area Band The golden voice of Africa

SAT 24.10

radkey + The Sha-La-Lee’s Sun 25.10

The Tallest Man On earth + Phil Cook

Fri 09.10

ibeyi

Fri 09.10

Maribou State + Avondlicht SAT 10.10

Bear’s den Wed 28.10

Get The Blessing CD presentation Thu 29.10

LA Priest Fri 30.10

The hickey underworld

Sun 11.10

Vetiver + Little X Monkeys

SAT 31.10

Low + Chelsea Wolfe + Mike Noga

Tue 13.10

nathaniel rateliff & The night Sweats

Tough Love label Night

Sun 01.11 Autumn Falls

Kurt Vile & The Violators

Wed 14.10

+ Lower Dens + Waxahatchee + Stadt

Snarky Puppy Fri 16.10

Gramatik + The Geek x VRV MOn 19.10

Son Lux Tue 20.10

Sleaford Mods + Sissy Spacek + Vortex Campain

Autumn Falls

Wed 21.10

Chantal Acda

Daptone Records present

©

Sun 01.11

Saun & Starr

Presents ‘The Sparkle In Our Flaws’

Thu 22.10

unknown Mortal Orchestra

MOn 02.11

Squarepusher + darkstar Oaktree + Avondlicht

MOn 02.11 Kraak presents:

Olimpia Splendid + Shetar Wed 04.11

Algiers SAT 07.11

Coca-Cola Sessions

Chrome Brulée + Go March MOn 09.11

Thu 22.10 Coca-Cola Sessions

i Will, i Swear + ulysse • SOLD OUT

…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA @ WWW.BOTANIQUE.BE | 02 218 37 32

Fri 23.10

The Arcs feat. dan Auerbach Tue 10.11 Autumn Falls

Father John Misty

Vuurwerk

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BruSSeLS CenTrAL > ABCOnCerTS.Be/MOBiLiTy

A COnCerT AT AB BeGinS WiTh MiVB


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Earteam

World’, ce genre de truc qui ne se guinche qu’en lévitation. (lg)

Micachu & The Shapes ‘Good Sad Happy Bad’

The Icarus Line ‘All things Under Heaven’ Agitated Records

Au début, on pouvait suspecter la frime et prétexter la filouterie. Quand on a repéré The Icarus Line avec l’excellent ‘Penance Soiree’ (2004), le groupe de Los Angeles arpentait la scène avec une cravate autour du cou et de la gouache sur la gueule. Fantasque, sauvage, The Icarus Line a vendu son âme à Iggy Pop et son corps au MC5. En 2013, on a pigé que Joe Cardamone et sa bande n’étaient pas là pour rire, mais pour vivre le mythe, la frénésie, la rage d’un monde où les guitares règnent en maîtres. Leur cinquième album, ‘Slave Vows’, nous a vrillé le cervelet. Rien que d’en parler, l’envie de tout jeter par les fenêtres en hurlant comme un dément nous reprend. À l’heure du huitième album, The Icarus Line tient toujours le diable par les cornes. La musique demeure fiévreuse, agressive, terrifiante. Excitée et excitante. Plus cramé, plus sombre, toujours moins enclin aux concessions, le rock’n’roll déboule ici dans un flux continu de distorsion et de rugissements assourdissants. En fin de parcours, ce vieux Bad Seed de Warren Ellis (Dirty Three, Grinderman) agrippe ‘Bedlam Blue’ avec les cordes de son violon : une accalmie dans la tempête. Et puis, l’orage reprend, toujours plus violent (‘Solar Plexus’). Le ciel se déchire, la terre tremble. (na)

Jessie Jones ‘Jessie Jones’ Burger Records

Jessie Jones se promène en jupe sous le soleil californien. Elle vient de fêter ses 23 ans et habite toujours dans le garage de sa mère, à Orange, un bled asphalté, parsemé de McDonald’s et de cocotiers. Elle croit aux licornes, mange des céréales du matin au soir, vit d’amour et d’eau fraîche. Hippie stoïque, harpie sensuelle, Jessie Jones sort aujourd’hui du bois avec un premier album sous le bras. D’une voix d’enfant qui évoque Grace Slick (Jefferson Airplane), voire Michelle Phillips (The Mamas & Papas), en représentation dans un cabaret déglingué, la chanteuse ressuscite l’esthétique sixties du Girl group sur un mode alternatif, solitaire, bricolo et résolument fauché. En dix morceaux parcourus d’effluves d’encens, de shit et de patchouli, ‘Jessie Jones’ transporte ses mélodies au carrefour des genres : folk millésimé (‘Nightingale’ transperce les cœurs comme une flèche décochée par Marissa Nadler), pop garage espiègle (‘Sugar Coated’) ou néo-psyché coupée au violon (‘Butterfly Knives’). Charmante, chamanique, totalement fantaisiste, Jessie Jones ravive une époque révolue, déguste un Mexicano bio sur des airs gypsy (‘La Loba’) et entame des incantations mystico-spirituelles (‘Lady La De Da’) chères aux fans de CocoRosie et aux collectionneurs de sitars. Cette fille est un peu barrée. Mais avec elle, au moins, on ne s’ennuie jamais. (na)

King Dalton ‘Thilda’ Waste My Records

Au saloon de ‘Seagull City’, on ne te demandera pas de serrer la pince de Joe, pas celle de William, de Jack, encore moins celle d’Averell. Face à toi, brin au bec, les piedstendres auront pour blase Jonas (AedO)

Rough Trade/Konkurrent

Que ceux qui pensent toujours que Micachu est un Pokémon musical se ravisent définitivement. Micachu c’est Mica Levi - une meuf - et c’est déjà son quatrième disque. Y serait temps de prendre le train en marche, les gars. Vous l’avez même peut-être déjà entendue l’année passée, à votre insu, flatter Scarlett Johanson dans le bel ovni que fut ‘Under The Skin’. Le peut-être meilleur score du peut-être meilleur film de 2014. C’est pas rien. ‘Good Sad Happy Bad’, visiblement enregistré dans une boîte à conserve, pourrait être le chaînon manquant entre Chopin, Suicide et les Ramones. Bric à brac visionnaire, squat cinq étoiles, ce rejeton à l’allure pourtant familière remplit toutes ses promesses, étonne par sa singularité pour une artiste qui creuse un seul et même sillon depuis déjà sept ans. Peut-être parce que Micachu sait successivement se métamorphoser en héroïne soul le temps d’une idylle (‘Oh Baby’), balancer d’hypnotisants cris de gorets (‘Unity’) quand elle ne cherche pas la note le temps d’un refrain (‘Sea Air’), voler la vedette à Mac DeMarco sur son propre terrain de jeu (‘Suffering’) pour se foutre en bout de course complètement à nu sur un ‘L.A. Poison’ à la gorge particulièrement serrée. C’est très clair : si Micachu devait être un Pokémon, elle serait un monstre ridicule à l’instar de Salamèche, qui cacherait sa sensibilité à fleur de peau derrière une couche épaisse de carapace orangée. (am)

et Pieter De Meester, Tomas De Smet (Zita Swoon, The Broken Circle Bluegrass Band), Frederick Heuvinck (A Band) et la donzelle pour petit nom Jorunn Bauweraert (Laïs). Un de ces all-stars band qui illustre bien cette nouvelle tendance de la Flandre à – succès d’’Alabama Monroe’ aidant – envisager qu’Anvers est à un jet de pierres du Kentucky. De ses aînés (SKC aurait pu faire germer ses herbes folles dans la ‘Revolution’ et d’autres talus), de ses expériences préalables, cette bande-ci a retenu à bon escient qu’il faut parfois faire dérailler son Amérique d’antan sur de voies de traverse, tantôt free jazz, tantôt en ‘Silver Spoon’ rugissante, tantôt malienne. Baignée de la lune des chasseurs, ‘Thilda’ ne ramène pas dans ses filets que de purs joyaux mais ne manque pas de débrouillardise. (alr)

King Midas Sound/ Fennesz ’Edition 1’ Ninja Tune/Pias

On ne va pas se cacher derrière son laptop, à chaque collaboration de l’immense Fennesz nous attend au mieux un bon disque, et parfois une épopée indispensable. Dévoilons de suite l’intrigue, et adieu suspense, pour une première, les travaux communs de l’électronicien viennois et du trio King Midas Sound est de la plus haute volée imaginable. Non seulement les deux vocalistes (le poète/chanteur Roger Robinson et sa comparse Kiki Hitomi) impriment de leur timbre élégant et mélancolique un monde entre nuits élégiaques et échos brumeux, les déclinaisons ambient de Fennesz répandent elles aussi un influx contagieux qui, c’est une de ses grandes qualités, ne se contente pas d’étirer la même nappe au long de ses neuf tracks. Disséminant des beats à la discrète et indispensable élégance, les quatre complices (et on s’en voudrait de ne pas citer Kevin ‘The Bug’ Martin) déploient leurs ailes sur les neuf étapes du disque, impeccable de bout en bout. Qu’il s’agisse de spoken word, et surtout de déclinaisons un pont plus loin des incontournables Portishead (c’est dire le très haut niveau, d’autant que le trip hop anno 1997 est balancé par la fenêtre), cette ‘Edition 1’ n’attend qu’une chose, un nid bien douillet dans les tops de l’année. (fv)

James Leg ‘Below The Belt’ Alive Natural Sound

Le cheveu gras, la peau tatouée au chalumeau, le révérend James Leg claque de nouveau ses bagouzes sur son Fender Rhodes en roucoulant des incantations diaboliques. Héritier de Screamin’ Jay Hawkins, fauxfrère dépravé de Tom Waits, l’homme a de la bouteille et célèbre d’ailleurs le whisky comme personne (‘Drink It Away’). En état de (dis)grâce, James Leg sert dix nouvelles lampées de son breuvage préféré : un rock’n’roll souillon, barré et toujours suspect. Enregistré dans une ferme du Kentucky entre les courses de tracteurs tunés, mixé par Jim Diamond (The White Stripes, Electric Six) à Detroit, ‘Below The Belt’ prône les mauvaises manières et culbute quelques bonnes reprises (‘A Forest’ ou ‘Can’t Stop Thinkin’ About It’). Si vous n’avez jamais vu un prédicateur suer ses toxines sur un piano sorti des entrailles de l’enfer, on vous conseille vivement de foncer au Magasin 4 à la mi-octobre. L’énergumène y promène son nouvel album sur scène et, conformément aux écrits de l’ancien testament, la prestation vaut le déplacement. (na)

Cheikh Lô ‘Balbalou’ Wagram

Attendait-on quelque chose du vieux dreadlocké Cheikh Lô en 2015 ? Honnêtement, pas vraiment. Mais comme toujours, c’est dans ces cas-là que la magie opère. Putain de ‘Balbalou’ ! Le truc est sorti depuis une plombe – le premier juin – mais les meilleurs disques étant inoxydables, ça serait bien con de ne pas s’attarder là-dessus. A priori, pourtant, rien de franchement neuf et on pourrait trop vite ranger cette galette aux côtés des ratés récents de Youssou Ndour. Or, l’accumulation de petits détails mis bout à bout fait de ce disque, aux nombreuses réécoutes, un machin d’une richesse assez impressionnante. Par moments, on frôle même des merveilles de la world music comme ‘Pirates Choice’, pierre angulaire de la musique sénégalaise, où, en 1982, Orchestra Baobab atteignait l’acmé de son mélange spleenesque traditions/influences cubaines. Ici, Cheikh Lô, avec une mélancolie aérienne, en appelle à la paix (‘Baissons Les Armes’, le sublime ‘Doyal Naniou’), loue le fondateur du Mouridisme pour l’excellence du tiebu dieun

(le riz au poisson) et regrette l’infidélité de ‘Suzanah’. Impeccable. (lg)

Lusts ‘Illuminations’ 1965 Records

Malgré eux, car ils ne sont ni les seuls en faute, ni les pires du lot, Lusts est le signe d’un trop-plein. Trop-plein de nostalgie, de répétition, de formules. Trop-plein de groupes, tout simplement. C’est le signe d’une génération figée dans l’ambre et qui ne trouve pas son rock autrement que dans la redite, parfois inspirée, menée par des producteurs sans vision, du genre à se dire qu’il suffit de puiser dans le savoir-faire d’autrefois pour délivrer d’un son. C’est le signe d’une industrie moribonde. Lusts propulse sa new-wave avec application, copie mignonne d’Echo & The Bunnymen, R.E.M. et des débuts d’Inspiral Carpets, mais elle ne rebondit sur rien. Elle est morte-née, à peine les cordes effleurées des doigts que leur shoegaze exhale déjà ses relents cadavériques. ‘Don’t Kiss Me’ s’extirpe du formol grâce à un soupçon de mutation pop, entre golden sixties, new wave et rock 90’s à la Weezer. C’est peu. Et c’est déjà pas mal, car avouons-le, Lusts déguste ici pour tous les autres fossoyeurs en activité. Donnezleur une chance, moi je passe. (ab)

The Maccabees ‘Marks To Prove It’ Fiction Records/Universal

Début 2000, The Maccabees fût à la brit pop ce que Raymond Poulidor était au cyclisme à une époque où le dopage se limitait au Dextro et au café. Un éternel second. Faut dire qu’entre Arctic Monkeys, Maximo Park et Kaiser Chiefs, fallait avoir du chien pour pouvoir rester dans la roue. S’ils n’ont jamais brillé, ils en tirent néanmoins le maillot de la combativité de par leur niaque qui n’a jamais faibli jusqu’à ce jour. Alors oui, ‘Marks To Prove It’ pourrait sembler un peu suranné. Mais son épique plage d’ouverture, qui emprunte tant à The Walkmen qu’aux Futureheads, aurait foutu la concurrence par terre il y a une dizaine d’années. Du reste, on ne trouvera pas un truc si entraînant, mais quelques bons titres (‘Spit It Out’, par exemple) qui feront le boulot en festival et nous rappelleront notre jeunesse avec un petit pincement de cœur. On en arrive à croire qu’avec une petite piquouze d’EPO, The Maccabees pourrait tenir la distance à un Jens Voigt sur le prochain Tour. (am)

Madisen Ward and The Mama Bear ‘Skeleton Crew’ Glassnote/Caroline International

« Tell me what’s the point in life ». Madisen, mon petit ourson americana, fais bien attention de ne pas trop t’éloigner du chemin du juke joint. Tu as beau hâbler comme un storyteller plus rugueux qu’un washboard, ta Mama Bear – celle qui aurait pu regarder passer les trains de marchandise avec Elizabeth Cotten, celle qui te connaît le mieux – t’a préparé un verre de cherry coke et de la tarte aux pommes, ses hanches ceintes d’un grand tablier de toile enfarinée. Un (presque trop) feed/feel-good record mitonné aux sifflotements qui effacent la lassitude du labeur, une ode au plancher fiable de chaque maisonnette, à une vie bien plus élémentaire que le ‘Modern Day Mystery’. Des jonquilles, un genévrier où chouraver baies et histoires, le clapotis d’un affluent du Mississipi et l’envie – «The only thing she said was «Fight on, fight on» » – d’en découdre avec sagesse, même lorsque l’existence ne vous fournit


que d’amers agrumes et le siège arrière d’un ‘Yellow Taxi’ pour pioncer en paix. (alr)

Briana Marela ‘All Around Us’ Jagjaguwar/Konkurrent

Imaginez un instant une cour d’école maternelle, où toutes les créatures alignées, frange mutine et nez froncé, auraient les traits de l’early -Björk. Sa tessiture. Combien ça piaillerait. Combien il faudrait, de temps à autre, effacer quelques arcs-en-ciel naïfs griffonnés avec enthousiasme. La synthpop est sans doute ce rêve bleu qui n’aime guère voir les femmes-enfants muer. En camarade de rang de Lauren Mayberry (Chvrches) ou Megan James (Purity Ring), mais avec plus de retenue dans les arrangements, Briana Marela cultive à l’envi le sentiment d’innocence, faisant de chaque morceau une translucide enveloppe de savon prête à éclater, rêvant d’un prince charmant platonique (« Don’t come back to my bed tonight, I just need a friend ») capable de lui prodiguer toute l’attention qu’elle, en juvénile autorité, réclame sans contrepartie. Devrait-on lui révéler, non sans ménagement, que désormais le Pays Imaginaire se nomme Dismaland et qu’à force de s’instaurer le plus perdu de ses Enfants, elle a bien peu d’espoir de voir surgir Peter Pan ? (alr)

Bachar Mar-Khalifé ‘Ya Balad’ Infiné

Enfant, Bachar accompagnait son père, Marcel Khalifé, chanteur palestino-libanais qui eut jadis son heure de gloire au point de devenir artiste estampillé Unesco, avec son frère aîné Rami (membre d’Aufgang) en tournée. Aujourd’hui, installé en France et diplômé des conservatoires de Boulogne et de Paris, il a pris ses marques sans renier le moins du monde son héritage familial et culturel. ‘Ya Balad’ est son troisième album. Il reflète une maturité chèrement acquise à force de travail et de curiosité. Plus encore, il démontre qu’une musique croisée, métissée n’est pas forcément réductible à l’adjonction de ses composantes et peut devenir, en soi, une expression propre. Ainsi, s’il emprunte à la tradition lyrique et rythmique proche-orientale, Mar-Khalifé développe un langage et un son qui lui sont propres. Aussi bien à l’aise en arabe, en français qu’en anglais, son chant transpire l’insoumission et le refus du cloisonnement. Son kyrie qui ouvre le disque est d’une beauté bachienne absolue tandis que ‘Balcoon’ qui lui succède incarne une sorte de dub libanais finement tressé. Un peu plus loin, avec ‘Lemon’ et ‘Laya Yabnaya’, il remet Omar Souleyman à sa place. Mais, c’est sans conteste la plage éponyme, co-écrite avec son frère, qui vous fera balader les sens avec cette douceur un rien surannée que l’on ne perçoit qu’au Proche-Orient. (et)

Maserati ‘Rehumanizer’ Ihaveadagger Music

Un renouveau est-il possible ou bien sommesnous condamné à revivre un passé remixé sous d’infimes variations ? A la flemmardise des opportunistes, je préfère l’obsession des fétichistes. A l’instar de Chrome Brûlée, Maserati prend un plaisir onaniste à inventorier ses instruments dans la pochette, plus eighties qu’un Rubick’s Cube à paillettes. Inutile de préciser que cela s’entend : si ‘Rehumanizer’ poursuit la veine post-rock headbanger des six albums précédents, il est le premier de leur discographie à s’afficher en

col en v, chaîne en or, Ray-Ban et permanente. Outre ‘Living Cell’ qui sombre dans le pastiche peu inspiré (dommage pour la seule chanson de l’album), Maserati souffle un doux frisson magnétique dans la stéréo avec de longues plages aux halos gaussiens sans véritable originalité, mais assez grandiloquentes pour faire le taf et, à l’occasion, faire frémir les nostalgiques de la gourmette. J’avoue, les riffs gras de ‘End Of Man’, le slowburning de ‘No Cave’ et les ruptures de ton coquinement house du dyptique-titre m’ont fait pousser le mullet. Promis : demain, je coupe. (ab)

RIKS T K E L EL A R E DROP S GEN ’ Y D FRED IM T A F NA YAEL OLF W E & TH R A C Y OS IART MOR RSON PETE S E L GIL DDED A E N JEAN TZ ME AVAS H A NE L LIAN ISIZ D S THER A F G YOUN ICA EP M M NA A N Y D BIRD ALLE E C O S IENC XPER

Menace Beach ‘Super Transporterreum EP’ Memphis Industries

‘Ratworld’, premier album du groupe de Leeds, leur a valu quelques fans de la première heure. Sa déférence béate et timorée aux années nonante ne m’avait arraché qu’un poli haussement de sourcils. A nouveau produit par MJ des Hookworms, ‘Super Transporterreum EP’ propose un son plus mature : la pop-rock de Menace Beach s’ose à poser un pied devant l’autre au mépris des gamelles. En cinq morceaux, plus de promesses que n’en contenait tout ‘Ratworld’ et dont la plus excitante est peut-être ‘Hey Toupe’, mélange psychépunk-grunge aux dérapages stridents et bruitistes revigorants. Ces petites incartades criardes émaillent chacune des cinq plages sans nuire à la limpidité de leurs compositions (toutes des tubes potentiels, le Pixiesien ‘The Line’ en tête de peloton) et font du prochain album une attente inespérée. (ab)

OLOR HE C

John Milk ‘Treat Me Right’ Underdog/Pias

John Milk est originaire de la région parisienne. Dans une France surannée, il aurait pu s’appeler Jean Lait et prendre la relève des yéyés. Mais les goûts du garçon se sont toujours affirmés à bonne distance de la Tour Eiffel. Tombé dans le rap dès le plus jeune âge, John Milk se passionne d’abord pour les productions du Wu-Tang Clan avant de goûter aux joies de la ganja et de la culture rasta. Son personnage se crée alors un son aux confins des légendes jamaïcaines, quelque part entre les vapeurs chaloupées de The Congos et les gémissements intoxiqués d’Horace Andy. On le retrouve aujourd’hui à la barre d’un album soul-funk. Avec sa voix de fausset à la Pharrell Williams et quelques mimiques chipées dans les livres d’histoire (Curtis Mayfield, Sam Cooke), John Milk emballe un disque de feel good music dans lequel on peut aussi chanter comme Anthony Kiedis (‘Never Give It Up’) ou dégainer le pistolet laser de Capitaine Flam (‘Dirty Funky’). À moins que ça ne soit celui de George Clinton. À vous de voir. (na)

Barbara Morgenstern ’Doppelstern’ Monika Enterprise

Inutile de faire semblant, ‘Broken Silence’, le précédent disque de Barbara Morgenstern (en anglais) était un

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fameux ratage. Excellente nouvelle, en 2015, la douce Berlinoise a retrouvé les studios, et surtout l’énergie de ses premières années. Aujourd’hui entourée, le titre ‘Doppelstern’ (double étoile) l’indique, par une multitude de camarades (un par titre) dont nombre font partie de notre short list de chouchous, l’artiste originaire de Hagen revient à ses premières amours, celles qui nous l’ont fait tant aimer sur ‘Vermona ET 6-1’ ou ‘Fjorden’. D’une formidable délicatesse sur certains titres, qu’elle soit aux côtés de T. Raumschmiere (‘Was du nicht siehst’), Hauschka (l’excellentissime ‘Meins sollte meins sein’) ou Gudrun Gut (‘Too Much’), notre Barbara préférée depuis celle de Göttingen montre que son sens de la mélodie, conjugué à des habillages électropop d’une délicate réplique, est toujours aussi pertinent. Et comme le niveau des participants est carrément erste Sahne, entre Justus Köhncke, Lucrecia Dalt ou Julia Kent, ça nous donne un disque à la fois hyper-cohérent, diversifié ET inventif. (fv)

Morgen Wurde ‘Letzten Endes’ Off/Broken Silence

Sous la dénomination Morgen Wurde, Wolfgang Röttger a entrepris de convoquer la trompette en la plaçant au centre de sa démarche musicale. Il la veut libre et mouvante mais aussi spirituelle, majestueuse, prenant volontairement l’ascendant sur les trames de piano et électroniques qui meublent le fond des compositions. Évaluant la tâche dans l’ampleur qu’il voulait lui donner, il a convié divers trompettistes à venir l’épauler. Ainsi le Japonais Tetsuroh Konishi, le soliste jazz australien Toby Mak, et son compatriote allemand Frank Wilke jouant d’habitude avec des ensembles classiques. Il a aussi demandé à d’autres musiciens et dj de remixer quelques morceaux placés en fin de disque. Au final, celui-ci s’étend sur plus de 75 minutes et pèche par sa longueur. Les références avouées et assumées à Arve Henriksen, à Nils Petter Molvaer et à Bohren & Der Club of Gore n’autorisent pas pour autant qu’il faille jouer la rallonge et la redite. La trompette peut parfois s’avérer trompeuse ou trompée! (et)

Elliott Moss ‘Highspeeds’ Grand Jur y/Pias

« It’s always hard to say goodbye / But even great things die sometimes ». Tes cils frémissent, et tu me dis que tu comptais m’attendre, mais que je suis trop véloce pour être suivie. Et quelquefois tu me touches, mais je ne sais pas si sur la pointe des pieds, je pourrai continuer à te regarder danser, la tête prise dans la fumée, ta voix à l’étroit contre les parois du vocoder de ‘Slip’, à chercher à rembourrer tes poumons d’assurance cynique, toi qui craint tellement de disparaître, qui en rêve ne croise que des êtres plastifiés, des fantômes transis dans leur ‘Faraday Cage’. « Please wake me up where I won’t see the patterns », dans un lieu où je n’aurai pas à t’observer en ‘Big Bad Wolf’ suppliant, contraint de feindre quelque tressaillement à la Thom Yorke. En tout jeune homme qui rêverait de faire ondoyer sa barbe d’or à la Chet Faker, sous sa ‘Best Light’ dans des eaux luisantes quand il lui faut encore apprendre à nager. Un lieu, un moment où tes nappes d’indietronica seront affranchies de leurs attaches dénaturées, de leurs beats flippés, de leurs ondes les plus toxiques. (alr)

Peaches ‘Rub’

Patton ’C’

I U She Music/Ber tus

Prohibited Records

Six ans après ses dernières prises de position, Merrill Beth Nisker enfile de nouveau sa tenue d’icône dévergondée : Peaches est de retour avec ‘Rub’. Terreur qui corrige les erreurs, révolutionnaire sexuelle, architecte de slogans inaltérables (‘Fuck The Pain Away’), la Canadienne revient comme si rien n’avait changé – ce qui est un peu vrai. Les mâles squattent toujours les premiers rôles du business et imposent à tout-va leur perception masculine du système (du clip en string, sylphides publicitaires, etc.). Du coup, Peaches ressort l’artillerie electroclash et agite le fessier sur une brigade de beats sans ceinturon. À défaut d’être originale, la formule n’a rien perdu de son efficacité. Accompagnée de Kim Gordon (‘Close Up’) ou de Feist (‘I Mean Someting’), la chanteuse tend un majeur en direction des misogynes (‘Dick In The Air’), tout en proposant une autre image de la femme (‘Vaginoplasty’) et des plaisirs de la chair (‘Dumb Fuck’). Avis aux phallocrates et aux machistes de tous poils : Peaches vous la met toujours bien profond. (na)

Il est de ces membres de la scène belge francophone dont le secret est gardé depuis tellement longtemps qu’on se prend à toucher leurs parcimonieuses sorties avec le plus grand soin. Actifs depuis 1997, les frangins Max et Sam Bodson, alias Patton, sont de ce genre, tant chacune de leurs rares apparitions discographiques tient du miracle avant rock. Six ans ont beau s’être écoulés depuis leur génial ‘Hellénique Chevaleresque Récital’, sorti à l’époque conjointement sur Matamore et Prohibited Records, le flux des inspirations rares a continué d’irriguer les veines de la fratrie wallonne. Toujours en équilibre autour de deux langues, le français et l’anglais, leurs morceaux (au nombre de huit) font en l’an 2015 la part plus que belle à la rock music, en son versant déstructuré (ah, les percussions, dantesques) et surréaliste (la ligne droite, connaît heureusement pas). En résulte un chapelet de morceaux des plus inventifs, où un reste de math rock passé à la moulinette côtoie, c’est vraiment génial, le fantôme de Mendelson et Kat Onoma, pour ne citer que plusieurs échos majeurs d’un disque absolument essentiel. (fv)

Naytronix ‘Mister Divine’ Cit y Slang/Pias

Sous le blaze de Naytronix se cache en réalité Nate Brenner, davantage reconnu comme l’autre tête pensante de tUnE-yArDs aux côtés de Merrill Garbus. Pour cette échappée en solitaire, le bassiste s’improvise multi-instrumentiste et délivre un album qui fait se rencontrer pop, soul blanche, musique africaine et jazz. Un mix (presque) parfait qui trahit rapidement une certaine affection pour la pop ambitieuse d’Arthur Russell et le groove psychédélique d’un William Onyeabor. Cette drôle de chose qu’est Naytronix est en réalité plus facile à définir par défaut (ni expérimental, ni purement pop ou soul, ni surproduit) qu’à qualifier positivement (funk, new-wave, hiphop ?). Car, à l’image de titres comme ‘Mr Divine’ ou ‘Back In Time’, ces mixtapes inclassables se jouent des époques, des styles et des continents pour accoucher de morceaux à géométrie variable. Mais surtout d’une musique détachée de la moindre contrainte de format et d’esthétique, recherchant moins l’efficacité immédiate que les bonheurs musicaux fugaces qui se nichent dans les répétitions tronquées ou les mosaïques abîmées. Et même s’il gagnerait parfois à canaliser sa créativité, Brenner réussit ici un coup de maître aussi intrigant qu’hypnotique et inclassable. (gle)

New Order ‘Music Complete’ Mute/Pias

Après 10 ans de sevrage, ce come-back de New Order laissait craindre le pire. Jamais à court d’idées fumeuses ou lucratives, Barney Sumner avait-il besoin de rassurer son banquier en signant chez Mute ? Ou de nous rejouer un énième sketch des Frères Ennemis avec le renégat Peter Hook ? Entre prudence et circonspection, une seule et confidentielle écoute de ce ‘Music Complete’ ne lève pas complètement les doutes. Pas plus que l’empilage d’egos et de fumistes qui figurent au casting (Iggy Pop, Brandon Flowers, La Roux, Stuart Price, Richard X). Mais si on essaye d’avaler rapidement les couleuvres (l’hyper-ventilé ‘People On The High Line’ fait de la gonflette façon « techno pour les nuls » et l’italo-discoïde ‘Tutti Frutti’ est tout juste bon à faire danser les auto-scooters), on trouve sur ce disque un excellent kaléidoscope de la palette sonore élaborée par New Order depuis 35 ans. Et quelques morceaux qui figureront sans problème sur la

réédition augmentée de ‘Substance’ en 2025. A l’image du très martial et kraftwerkien ‘Singularity’ ou d’un ‘Plastic’ protéiforme et rocambolesque à souhait. Bien sûr Barney chante toujours aussi mal des textes d’une indigence rare. Mais avec l’ébouriffant ‘Academic’ ou le tubesque ‘Restless’, il prouve que New Order est encore capable d’aller chercher la modernité dans le passé et d’avoir une vraie influence sur la musique d’aujourd’hui. Sans nécessairement caresser son public dans le sens de la pilosité nostalgique ni sombrer dans la facilité d’hymnes hédonistes pour dancefloors. (gle)

Oneirogen ‘Plenitude’ Denovali Records

Les ricains d’Oneirogen doivent avoir un putain de sens de l’humour pour avoir baptisé leur disque ‘Plenitude’. Étouffant au possible, ‘Plenitude’ atteint des sommets de claustrophobie que l’on a pas l’habitude d’entendre dans nos oreilles de fidèles popeux. Quand ce ne sont pas les basses répétitives qui foutent la nausée, ce sont des synthés du Malin qui nous transpercent le(s) tympan(s), ou parfois la caisse claire, toujours méchante, égarée dans un hangar au milieu de la Toundra. Idéaliste, tu penses être au climax de l’oppression, lorsqu’un mec te gueule de la poésie sordide dans une disto qu’on croirait sortie d’un urinoir public. Tout ça est hilarant comme un film de Tarkovski. Le sens de l’humour, j’vous disais. (am)

Oh Wonder ‘OW’ Caroline/Universal

« Count one two three » : un duo, un modèle et un paradoxe. Attablés douze mois et plus à la console pour délivrer à heure fixe leur Kinder surprise sur soundcloud, Oh Wonder a peut-être occulté ce qu’il en est des calendriers de l’Avent (fussent-ils géants) une fois Noël survenu : remisé le décor aux minuscules fenêtres découpées avec minutie, bien vite fondue la bouchée journalière, pas toujours d’exception. « And I feel life for the very first time » tente de nous convaincre Josephine mais ce qui émane de ses lèvres a désormais le goût frappé du chocolat zéro. D’une excursion à Bruges avec The XX, où entre un ixième barbotage sur le canal et le musée Memling, on irait observer leur silver r’n’b sous le chapiteau des sculptures de glace. Givré à force de raffinement mais sans sursaut viscéral. Un peu kitsch aussi, sans doute. (alr)

The Phoenix Foundation ‘Give Up Your Dreams’ Memphis Industries

Sorti dans l’indifférence totale pendant la haute saison des merguez, ‘Give Up Your Dreams’ mérite tout de même qu’on y revienne. Cela fait quelques années maintenant que l’on suit avec intérêt ces maboules de Nouvelle-Zélande et qu’au rayon psychédélisme, on les préfère de loin au petit génie consensuel de Kevin Parker. Au fil du temps, on a fait de ‘Buffalo’, surtout, et de ‘Fandango’, mais moins, des disques de chevet, des albums-expédients pour oublier tout le reste, la merde, les crises conjugales, les jambes de bois, les cadavres de gosses faces dans le sable. Revenus de ‘Fandango’ on se demande comment – le double barnum est inépuisable –, les kiwis de Wellington sortent l’artillerie lourde et balancent d’emblée trois morceaux-bazookas, fondus entre guitares démentes et synthétisme de premier ordre (respectivement ‘Mountain’, groove mammouth, guitares télévisées et ‘Playing Dead’, claviers fous). L’affaire se calme dans la foulée et retrouve quelques couleurs pop barrée (‘Jason’ et le guilleret, tout en chœurs,‘Celestial Bodies’). Certes, ce disque est convenu. Mais à l’heure du psychédélisme tout venant, il y a pire pour abandonner ses rêves. (lg)

Peter Prautzsch ’Fever Drawings’ Palacmusic

Une grosse louche d’ambient, du genre un peu plus près des étoiles, pas mal de nuances techno dévoyées, une belle pincée de jazz dans les percussions, l’univers de Peter Prautzsch (que d’aucuns connaissent sous le pseudo de Palac) ne manque pas d’atours aériens. Pour son quatrième album, l’artiste allemand invite à sa table, garnie et aventureuse, bien que déjà fréquentée avant l’heure, des sons qu’on imagine plutôt du côté des tropiques - et d’ailleurs, bien plus au nord. On songe aux influences balinaises de Steve Reich sur ‘Knife Dance’, pour le côté moite et humide, on imagine aussi (voire surtout) l’influence technoïde d’un Vladislav Delay (sur le très berlinois ‘Victorian Dove’) et de Svarte Greiner vs.... Swans (la noirceur de ‘The Barbarians’!). Prise individuellement, chaque étape du parcours vaut son pesant


d’anecdotes, reste à se poser la question de la cohésion d’ensemble. (fv)

Publicist UK ‘Forgive Yourself’ Relapse

Mêlant métal et post punk, deux genres qui ont suivi des chemins séparés en dépit d’un goût commun pour la noirceur, Publicist UK parvient à synthétiser à la perfection l’agressivité brute propre au métal et l’intensité mélancolique associée au post punk, chose réussie par peu de groupes avant lui, à part peut-être Killing Joke. Si le nom du groupe renvoie à la Grande Bretagne, il est cependant américain et ce clin d’œil est une référence à la terre qui a donné naissance aux artistes qu’il aime, Joy Division ou Sisters of Mercy en tête. Le cocktail proposé est inspiré et invariablement accrocheur. Les titres réussis sont légions, depuis le métal dark de ‘Cowards’ jusqu’au gothique énervé de ‘Telegraphing’, en passant par l’épique ‘Levitate the Pentagon’ ou l’étonnant ‘Blood relative’ qui démarre comme du Joy Division pour s’énerver ensuite et virer métal. Très bon ! (pf)

Nathaniel Rateliff & The Night Sweats ‘Nathaniel Rateliff & The Night Sweats’ Sta x

Qu’est-ce qui fait qu’une musique estampillée « à l’ancienne » puisse être actuelle ? A mesure des chroniques, la question se pose encore et encore, à l’heure où chaque sortie semble être une citation d’un style avant d’être une relecture. Le rythm’n’blues bénéficie peut-être d’un traitement de faveur : c’est un genre qui a peu évolué, mais qui reste vivant, dans le sens vibrant du terme. Le bassin du Mississippi pulse encore aujourd’hui d’une scène large et sans cesse renouvelée, acquise à la tradition. Élevé dans le Missouri, biberonné aux sermons, Nathaniel Rateliff eût beau vivre sa crise de foi une fois émigré au Colorado, le gospel coule dans ses veines avec l’intensité des crues du Grand Fleuve qui le vît naître. Après une poignée d’albums solo sensibles qui l’ont conforté dans la voie musicale, Rateliff laisse exploser son pedigree en bonne compagnie : grand-messe jubilatoire, ‘Nathaniel Rateliff & The Night Sweats’ a l’énergie d’un live et la force d’un prêche. Rateliff a pour saints The Band, Van Morrisson et Eric Clapton. L’interprétation, forte d’une voix sur laquelle il faudra compter et d’un groupe habité, invite à une communion on ne peut plus claire : être en vie, là, maintenant, bouger ses pieds et claquer dans ses mains. Alléluia ! (ab)

Rats On Raft ‘Tape Hiss’ Fire Records

Le 10 avril dernier, j’étais au Ekko à Utrecht. J’y ai vu un groupe incroyable de petits jeunes, ils s’appelaient The Homesick et balançaient une sorte de post-punk au parfum de bile froide et de mouchoirs craquelés. De la musique qui ne collait pas vraiment avec leur âge et leurs têtes d’enfants. En voyant arriver le main act, à savoir Rats On Raft, j’étais déjà pas dans mon assiette et j’avais besoin de silence. Là, les mecs se pointent avec des vestes en cuir et commencent à s’agiter comme des marionnettes en surjouant à une assemblée vieille et snob un mix naze

entre Gang Of Four et Interpol. Je sors et je commande une bière. Le 3 septembre, je me rends à la réunion de rédac’ et on me file ‘Tape Hiss’ sous le manteau. Et j’ai du mal à resituer le bazar, car en cinq mois j’ai tout simplement oublié l’existence de ce groupe. Le premier morceau se lance, sa basse me plaît, elle fait trois notes, une de plus serait une de trop. Ça sonne grave, comme tout ce disque qui peine de manière plaisante à choisir entre le postpunk d’Echo & The Bunnymen et celui de Bauhaus. Et tous les autres. La bio ne parle que de leur générosité en live : moi je vous conseille de vous épargner cet affront, écoutez-le à balle dans votre salon, car sans leurs têtes, ça claque. (am)

T. Raumschmiere ’T. Raumschmiere’ Albumlabel

Après une discographie riche en electronica bombastique qui envoie/yait du bois et fai(sai)t passer les beats de Modeselektor pour de la folk neurasthénique, T.Raumschmiere change de cap à 180 degrés. Finies les secousses mastoques qui déchirent les tympans, le producteur berlinois lance son gouvernail du côté de Brian Eno, période ‘Music for Airports’, et des Boards of Canada, époque ‘Music Has the Right to Children’. Si d’évidence, le changement est spectaculaire, et ce n’est pour rien que Marco Haas a délaissé son propre vaisseau Shitkatapult pour une autre officine berlinoise, certains titres confirment à merveille la justesse de sa nouvelle orientation. Prenons le second morceau ‘Dampfer’, splendide aventure midtempo qui rendrait fiers d’élégance nos deux Ecossais au nom canadien (tout comme le plus rigolo ‘Lenka’), mais aussi l’étrangement nommé ‘007’ où James Bond aurait les traits d’un monstre souterrain prêt à surgir du magma refroidi, nombre d’éléments inscrits au patrimoine mondial des musiques électroniques / ambient contribuent à faire de ce disque une aventure sonore passionnante et mouvementée. La renaissance définitive ? (fv)

Hans Joachim Roedelius & Leon Muraglia

The debut album by Nicolas Godin of AIR Out now!

Felix Jaehn 17/10

Bernhoft 18/10

Jamie xx 20/10

Boy

20/10

Squarepusher 21/10

Jeanne Added 24/10

UB40

26/10

Kid Ink 28/10

Best Coast 28/10

06/07 The Strypes 15/10

‘Ubi Bene’ Passus Records/Dense

Il serait trop facile et réducteur d’invoquer la carte kraut rock pour revenir sur le long travail d’Hans Joachim Roedelius en œuvre depuis le milieu des années 60. Son groupe Kluster qu’il fonda avec Dieter Moebius et Conrad Schnitzler – rebaptisé en Cluster suite au départ de ce dernier – fut une des figures de la scène berlinoise underground tandis qu’Harmonia qu’il créa avec Moebius et Michael Rother (batteur de Neu!) dans les années septante lui valut le patronage de Brian Eno. Par la suite, la liste de se albums solo alla croissante. Aujourd’hui, à plus de quatre-vingts, il continue imperturbablement son bonhomme de chemin. Ce nouveau disque le voit s’associer à un jeune dj/musicien issue de la scène électronique d’Oslo, fondateur du Kosmische Club de Londres, dédié au kraut rock et aux musiques expérimentales ambiantes. Sur près d’une heure, la paire propose une douzaine de compositions dont quelques unes parviennent a réellement capter l’attention et à se démarquer du genre pour se placer dans un hors-lieu, quelque part entre la métronomie du rock

Rhye

26/10

The Godfather Live 29/10


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Earteam

allemand et son ambiantalisme parfois trop étreignant. (et)

Sages Comme Des Sauvages ‘Largue La Peau’ Lookatmekid/A Brûle Pourpoint

C’est un disque de voyage, léger, épiphanique. Un disque de jungle. On y danse dans toutes les langues. On s’y soûle à tous les rhums. On s’y travesti à toutes les sauces piquantes. On largue la peau à tous les frôlements érotiques. Et sur quelques titres, on a réellement envie de remettre ça. C’est gagné. Les deux barges à l’origine du truc ont des origines diverses – franco-américano-grecocorso-bruxelloises – qui expliquent le zouk. On y entend de tout mais beaucoup de cavaquinho brésilien, de bouzouki, d’accordéon. On peut penser à des artistes aussi variés que le sous-estimé Féloche (‘Lailakomo’, idoine en ouverture), Mano Solo (‘Asie Belleville’, « c’est le mouvement perpétuel des folies dans la ruelle ») ou même Dr. John sur l’excellentissime ‘Wayo Manman’, repris au chansonnier réunionnais Alain Péters, mais au final, Ava Carrère et Ismaël Colombani signent ici un disque drôlement singulier, un putain de folklore pas à papy. Pochette sublime. (lg)

Saybia ‘No Sound from the Outside’ V2 Records

Au début du siècle, quand MTV passait encore un peu de musique, les radios s’en remettaient aux mélodies mélancoliques de quelques Anglais aux charmes cafardeux (Coldplay, Doves, Travis) : des mecs qui aimaient braver le crachin pour chanter leurs chagrins. Dans la foulée, on a découvert que cette manie romantico-dépressive touchait aussi la Scandinavie. Qui se souvient de Kent ? Qui se rappelle de Saybia ? Ah ben tiens, après une pause de huit ans, ces derniers marquent leur retour. Enregistré entre Los Angeles et Copenhague, ce quatrième album voit le groupe danois plonger dans une faille spatio-temporelle où l’on célèbre la bonne humeur avec une larme à l’œil (‘Down’) et un Xanax à la main (‘Black Hole’). Comme au bon vieux temps (‘It’s Been Way Too Long’). Un drôle de trip. Vraiment anachronique. (na)

Jill Scott ‘Golden Moments’ Hidden Beach/V2

Dans le flux incessant des sorties de disques, on assiste aujourd’hui à une drôle de coïncidence : Jill Scott publie simultanément un nouvel album (‘Woman’) et une compilation (‘Golden Moments’) censée célébrer ses quinze ans de carrière. Si ‘Woman’ n’est pas super, l’anthologie a des allures de trésor : perles R&B et petites pépites soul s’agitent au fond du coffre-fort. Par contre, l’excuse des quinze années d’activité pour ressortir l’argenterie du placard, c’est de la couillonnade. Tous les morceaux sélectionnés sont en réalité antérieurs à 2008. Le détail peut sembler anodin mais, en coulisses, la période correspond à un changement de crémerie. Comme la diva a décidé de se faire la malle sur un nouveau label, son ancienne maison solde les comptes en publiant une compile. C’est de bonne guerre. Si ce genre d’entreprise déboule souvent sur des résultats insatisfaisants, ‘Golden Moments’ se démarque du lot en

Petite Noir ‘La Vie est Belle’ Domino/V2

Et si le noirwave n’était pas un genre nouveau, mais une seconde peau ? Un super pouvoir ondoyant capté dans la jungle urbaine (ou du côté des Marquises) ? Une clinquante cape de visibilité ? Trempé au même acier épique confiant qu’un Woodkid, Yannick Ilunga nous a déjà tous dépassés de trois bonnes longueurs – « The King’s above me /And there’s nobody else » – dans sa quête brute d’hédonisme et ses morceaux, agates moirées à mille éclats, sont autant de sagaces esquives pour rester en transe au sommet. Pas bégueule, il accepte bien de nous délivrer quelques leçons de désaliénation (« L’homme qui connaît ses racines est celui qui décide toujours où et comment il doit vivre »), des mantras duveteux pour la soif (« Cause you’re the one that I want / You’re the one that I need») et sa carrure, toute saillante qu’elle soit parfois avec ses épaulettes, n’empêche jamais l’esprit du village de rejoindre le dancefloor. À l’heure où le minot Shamir s’amuse de la pop comme d’une garde-robe illimitée, Petite Noir s’est choisi une lignée, qui de Baloji (en bro qui pratique l’échange de featuring) à Mos Def, assure sa position de griot, de ceux qui essaiment leur propos irradiant bien plus vastement que l’arbre à palabres. De ceux qui ne renonceront pas à lever le poing mais souhaitent qu’hanches et moelle épinière soient constellées par la saccade des beats. (alr)

procurant du plaisir à tous les étages (le building est haut de seize niveaux). La voix cramponnée dans son temps (la production ramène parfois l’oreille aux travaux d’Erykah Badu), Jill Scott explore les mythes du passé (Minnie Riperton, Ann Peebles) sans jamais sombrer dans la mauvaise nostalgie. Entre singles (‘Gettin In The Way’, ‘Hate On Me’), chouchous des fans (‘Golden’, ‘Long Walk’) et inédit (‘Adore You’), cette compilation retrace le parcours du phénomène depuis ses débuts, à Philadelphie. Pour accéder au monde merveilleux de Jill Scott, ‘Golden Moments’ fait office de porte d’entrée idéale : un arc de triomphe. (na)

Shining ‘International Blackjazz Society’ Spinefarm Records

Ce groupe norvégien a connu une trajectoire pour le moins singulière. Après avoir débuté en tant que quartet de jazz classique s’inscrivant dans la lignée de John Coltrane, il a opté pour l’art rock incluant des influences free jazz, prog, métal, indus et expérimental. Cela nous vaut un cocktail (d)étonnant évoquant la rencontre entre Archie Shepp, Frank Zappa, Aphex Twin et Faith No More. Vous l’aurez compris, l’ensemble n’est pas à franchement parler facile d’accès. Par contre, il est extrêmement original et connaît un succès commercial énorme dans son pays. Pour ma part, tout en trouvant plusieurs titres assez captivants (le catchy ‘The last stand’ et le free jazz rentre-dedans ‘House of warship’), je dois reconnaître que l’ensemble est parfois un peu trop touffu et dissonant à mes oreilles. (pf)

Shopping ‘Why Choose’ FatCat Records

Des lignes de basse coupantes comme des rasoirs. Une guitare qui hache ses accords et détache les syllabes tel un bègue en quête de rédemption. Des voix – un homme, deux femmes – plus ânonnées que chantées, autant de cinglants slogans qui tombent à plat, déjà marqués du sceau de l’abandon avant même d’être prononcés. La conviction dans l’impuissance. Dans le revival post-punk, Shopping professe un horizon musical no-future proche de Girlpool : aride, sec, squelettique. Sans The Slits, The Au Pairs et Gang Of Four, rien de tout ça n’aurait été

possible. Déshabillez les B52’s jusqu’à l’os, virez leurs falbalas, leurs défroques fifties, mettez-les à la diète, virez quelques cordes à leurs instruments, interdisez-leur la moindre fioriture et vous aurez une idée du son de Shopping, dont le précédent album ‘Consumer Complaints’ était un prototype intriguant mais redondant. Sur ‘Why Choose’, leur musique s’ébat, s’étire les guibolles et se dandine avec une timide candeur, assumant de biais l’influence funk d’ESG. Dans sa description d’un présent morne et d’un futur qui sent la charogne, Shopping fait la moue et hausse les épaules, mais ne nous y trompons pas : derrière ces regards fuyants se cache un vrai, un bon, un grand groupe punk. (ab)

Silicon ‘Personal Computer’ Domino/V2

Années 80, la peur de l’ordinateur est à la fois nucléaire et intime, conjugaison de la naissance du personal computer et d’une guerre froide qui s’éternise. Trente ans plus tard, cette peur s’est commutée en paranoïa globale et sociale : l’ordinateur est partout. Sujet de fiction indémodable, la relation amour-haine qui nous lie à nos amis les ordis connaît une approche assez limitée et néanmoins systématique en musique. Volonté de fusion androïde héritée de Kraftwerk, la thématique à puces est généralement abordée sous l’angle d’une électro froide et volontiers rétro où l’on ne sait plus très bien qui de l’homme ou la machine s’adresse à nous. Avec Silicon, le frère de Ruban Nielson (Unknown Mortal Orchestra) ne bouscule pas les circuits intégrés : on reste à moitié séduit par sa cyber-pop pourtant prometteuse (acid-jazz sur ‘God Emoji’, Marvin Gaye en Replicant dans ‘Burning Sugar’, trippop godzillienne avec ‘Cellphone’). Prisonnier de son sujet, Kody Nielson livre une excellente face A avant de voir son processeur tourner à vide pour la suite. Passé le trop court interlude disco ‘Little Dancing Baby’, les ventilos se font poussifs et on attend avec impatience que les commandes répondent. Sans succès : Silicon bugge en jams stériles, tentant sans doute d’écrire le soundtrack de nos vies inféodées au binaire. Ne nous reste plus qu’à rebooter la machine. (ab)

Slime ‘Company’ Weird World/V2

Sur son passeport, Slime prétend exercer la profession de producteur multi-instrumen-

tiste. Une étiquette fourre-tout masquant la véritable ambition de ce jeune britannique, plutôt décidé à prendre possession de notre dancefloor mental avec son électro cérébrale qui fait valser les certitudes autant que les synapses. Car les dix titres de ce ‘Company’ possèdent un cachet unique, une façon originale de malaxer les beats sans jamais s’empêtrer dans la froideur pointilliste. Bénéficiant très ponctuellement de l’apport vocal de Jeremiah Jae (‘Patricia’s Stories’) et de Selah Sue (‘At Sea Again’), Slime agglomère subtilement ses influences inconscientes pour créer ses compositions mutantes. Et accoucher de mixes pointilleux faisant la jonction entre du R&B déstructuré et hypnotique, des climats chill out et des sonorités trip-hop. Flottant dans un océan d’ambiguïté, Slime navigue alors au large des paysages oniriques, vaporeux et interlopes de nos états d’âme qu’il fait danser au ralenti. Soundtrack de nos fins de soirées au milieu d’un dancefloor déserté, nos rêves étaient stroboscopiques et les raves finiront à coup sûr désenchantées. (gle)

Stereophonics ‘Keep The Village Alive’ St ylus Records

Dans le rayon raclure des nineties, lorsqu’un Lenny Kravitz a su gagner en sex-appeal et préserver son image d’icône, de star sensuelle mystérieuse pleine de coke et de bif, les Stereophonics se sont enfourgués vulgairement dans le club des loosers sous viagra pas loin de l’abominable jean-foutre dix fois relifté de Bon Jovi. Aussi élégant qu’un flic à cheval, aussi raffiné qu’un t-shirt Desigual, ‘Keep The Village Alive’ schlingue la cocotte bon marché, la cyprine de groupies froides et difformes. Un disque à passer au mieux à un dinosaure sous prozac à la Nuit du Soir. ‘C’est la vie’ nous chantent-ils en ouverture des hostilités, et la vie n’est pas toujours un cadeau quand on s’appelle Stereophonics. (am)

Superhumanoids ‘Do You Feel Ok ?’ Innovative Leisure

Encore un disque qui s’essouffle rapidement derrière une jolie pochette invitant au saphisme : Sarah Chernoff et Cameron Parker – enfin, on ne sait pas vraiment si ce sont elles – vont se rouler une pelle grandiose, poitrines dénudées, dans un brouillard rose sur fond de nappes synthético-chic total eighties. Tout cela est très smart, dansant, chouchou. Mais à part quelques stratifications un poil plus intéressantes ou une rythmique motorik en fin de morceau, cette chronique est surtout l’occasion de détourner ce proverbe indien : appelle le chat pour mettre d’accord deux oiseaux qui se chatouillent. Et qu’on n’en parle plus. (lg)

Synkro ’Changes’ Apollo

Ça paraîtra dingue aux surfeurs de la hype, en notre moitié de décennie, des producteurs se laissent encore aller à des aléas dubstep. Heureusement, et après une quarantaine de sorties où le genre issu de la banlieue sud de Londres a fait une tonne de petits pas toujours assumés, Joe McBride aka Synkro se charge de remettre les pendules à l’heure de Glasgow. Si d’aventure quelques sons penchés vers les infra basses de Burial & co impriment une face dark évidente, l’homme de Manchester invite les sons parallèles des Boards of Canada en de nombreux endroits plaisants, sinon plus (à commencer par l’inaugural ‘Overture’). Les fans éclairés se délecteront par ailleurs du chant très particulier


LE GRAND MIX

OCT. 20

15 NOV.

beursschouwburg music

scène de musiques actuelles TOURCOING

+33(0)3 20 70 10 00 WWW.LEGRANDMIX.COM

Fr 02.10

Dengue Fever US

Sa 03.10

Nuit Blanche: Decap Beat Machine - LeMondeDumas BE

We 07.10 Oyster Node BE+ Le Motel BE + Fatoosan BE Fr 09.10

Pauline Oliveros US ism Q-O2 & Kraak

Fr 09.10

Leftorium: Andrew Weatherall UK, Empty Taxi FR, Mugwump BE & Prince Off BE

Sa 10.10

Lust for Youth SW/DK + Melatonini GR/BE iism Buzz on Your Lips

Th 15.10

The Progerians BE + Supergenius BE ism Stoemp!

Sa 17.10

Dernière Volonté (FR) + Luminance (BE) ism Mad About Music & Elektrocution Record Shop

01.11 UNKNOWN MORTAL ORCHESTRA + GUEST

Sa 24.10

Motorama RU+ Thousand FR

04.11 PETER KERNEL + PUTS MARIE

Tu 27.10

Black Box III: Void Vision US

Sa 31.10

BRAUBLFF 4: Adam Bohman UK & Clive Graham UK, ARF ARF AU, Marcel Türkowsky DE & Elise Florenty FR+ Antoine

29.10 BATTLES + GUEST 30.10 LOW + GUEST 31.10 SAUN & STARR + BODYBEAT

+ DJ JOE TEX & BROTHER JAM (SOULTIME)

09.11 DEERHUNTER + ATLAS SOUND 12.11 FESTIVAL LES INROCKS :

Boute BE ism Kraak & De Player

FAT WHITE FAMILY + THE DISTRICTS + WOLF ALICE + BO NINGEN

13.11 FESTIVAL LES INROCKS :

Tu 3.11

Mykki Blanco US ism AB concerts

15.11 KADAVAR + THE SHRINE + HORISONT

5-8.11

Schiev Festival: Aïsha Devi + Milan W. + Low Jack + RSS Boys + Orphan Swords + N1L + Autrenoir + 6SISS + more

SON LUX + GHOST CULTURE + FORMATION + LAPSLEY

19.11 AFTERWORK AVEC PEREZ 21.11 ODEZENNE + GUEST

We 11.11 ARBEID ADELT!

26.11 OUGHT + GUEST 27.11 BERTRAND BELIN + H-BURNS 28.11 ALBERT HAMMOND JR. + GUEST

beursschouwburg

.be


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Earteam

du bonhomme, qui rappelle sans le moindre doute (mais moins de pertinence) celui de Sylvain Chauveau. En prime, le gaillard s’essaie à une électronica parsemée de néo-classique à la Marsen Jules (c’est moyen, sans plus), tout en essayant d’imprimer à chaque track une personnalité propre, à défaut d’être originale. (fv)

Tangled Thoughts Of Leaving ‘Yield To Despair’ Pelagic Records/Cargo Records

‘The Albanian Sleepover –Part One’ ouvrant l’album de ce groupe australien dévoile on ne peut plus clairement l’approche musicale qui va prévaloir par la suite. Démarrant avec une rythmique spartiate, le morceau laisse poindre une bribe de mélodie qui se dessine ensuite plus clairement, tandis que des passages apaisés au piano et des envolées telluriques se succéderont tour à tour. Vous avez dit post rock ? Mais réduire ‘Yield To Despair’ à ce style musical serait injuste tant le groupe puise son inspiration dans des chapelles différentes. Tour à tour heavy rock, limite métal, prog, free jazz, hardcore, math rock ou simplement noisy, l’ensemble échappe aux définitions. Ce disque doit se concevoir comme un tout, une odyssée à savourer en une traite. On vous prévient ceci dit que le voyage ne sera pas des plus reposants vu que ‘Yield To Despair’ fait dans le doom et le gloom (notamment sur l’effrayant ‘Downbeat’). (pf)

Jr Thomas & The Volcanos ‘Beware’ Truth & Soul

M’être accoutumé au reggae n’est pas le moindre des effets secondaire du RifRaf. Je connais désormais l’histoire du genre, ses pierres angulaires, ses différents styles et – pire – il m’arrive d’en écouter volontairement. ‘Beware’ n’en fera pas partie. Malgré le plaisir évident des musiciens intervenants et la qualité de l’ensemble, Jr. Thomas accouche d’un reggae easy-listening léger et gazouillant qui souligne les poncifs du genre plutôt qu’en révéler les mystères. Yep, le mec a une voix taillée pour le job, mais son rub-a-dub a des relents de Jack Johnson : trop propre, trop blanc, trop wasp. (ab)

Tijuana Panthers ‘Poster’ Innovative Leisure

Les Tijuana Panthers font penser à ces élèves qui redoublent d’efforts sans jamais jouir de la récompense de leur labeur. Ni cancres ni brillants, assis au milieu des Fidlar, Parquets Courts, Black Lips et autre Allah-Las, personne ne leur prête attention. La faute à une voie de garage-rock un rien trop engorgée et, surtout, à l’existence d’un excellent album disséminé dans une discographie lard-ou-cochon. On ne saurait leur en vouloir : exister en tant que groupe aujourd’hui demande une production élevée. Prenant exemple sur les autres adeptes du rétro-garage, de Ty Segall aux Thee Oh Sees, nos panthères privilégient donc la visibilité. A défaut d’une focalisation (à l’image de la pochette, foutraque), leur quatrième album s’éloigne du son sixties d’origine à la recherche de maturité. Bilan mitigé, mention bien : si ‘Poster’ contient parmi les morceaux les plus réussis du groupe (‘Gated Patio’, ‘Power Plant’, ‘Right And Wrong’, la ballade de clôture ‘Trujillo’), il passe encore une fois à côté de la postérité, la majorité du tracklist étant soluble dans la production garage actuelle. Il n’empêche, à petits pas, Tijuana s’endurcit mé-

Jock Scot ‘My personal Culloden’ Heavenly Recordings

Jock Scot Heron ? Réédition d’un album intemporel de 1997, ‘My Personal Culloden’ tient du trésor enfoui dans les landes; sous un claquement de langue, c’est toute l’âme musicale qui s’éveille au lendemain d’une cuite perpétuelle au Islay ; c’est la voix rocailleuse d’un Bukowski abonné aux back-stages, un damné volontaire qui ne s’apitoie jamais sur un sort qu’il a choisi ; c’est la lente collision verbale d’un bouillon tourbeux rock, folk et punk qui palpite dans une bouche lourde aux relents d’héroïne. Fidèle compagnon de route de Ronnie Wood, des Clash, de Ian Dury, de Shane McGowan et des B-52’s, Jock Scot est un survivant, une mascotte et un pourvoyeur de joie, parfois poudrée, souvent en intraveineuse. « There’s A Hole In Daddy’s Arm/ Where All The Money Goes » chantent ses filles avec lui dans une ballade de fièvre grise à pousser Cohen et les Velvet au suicide collectif. Une incartade chantée, indolente et brutale, au milieu d’un album tressé d’arabesques de rimes sur libertés sonores : marimba à la Tom Waits (‘Someone’s Yearning’, ‘A Certain Beauty’), guitares garage (‘Tape Your Head On‘), tambours sur sentier de guerre (‘Thunder Over Kilburn’), nappes free et bruitistes. La spoken poetry de Joe Scot vibre d’une palpitation crue, comme les soubresauts flasques d’un foie vivant qui clapoterait sur le carrelage. Et c’est d’une beauté punk à couper le souffle. Bruits de langue, reniflements, inspirations, mouches, bagarres de rue, sur ‘My personal Culloden’, tout est sensible et guttural comme l’accent scottish, tout fait écho aux cicatrices physiques et morales de Jock Scot. Chacun de ses poèmes est une plongée sublime au cœur d’un trou noir de son bras. (ab)

lodiquement sans rien perdre de son énergie surf, grâce à la session rythmique redoutable de Phil Shaheen (la fin de ‘I Hate Saturday Night’ file des frissons). D’ici quelques albums, ils s’assiéront au premier rang. (ab)

Toys’R’Noise ‘Toys’R’Noise’ At ypeek Music/BeCoq Records

La bio du projet Toys’R’Noise le prétend, et pour une fois ce n’est pas un (Kiss The Anus of a Black) Cat dans un sac, le son du groupe explore une veine similaire aux géniaux Master Musicians of Bukkake. Basés essentiellement sur des instruments où les jouets et les machins bricolés tiennent le haut du pavé, les morceaux du groupe français balancent un sacré bordel dont n’est heureusement pas absent un certain second degré, voire un cynisme franc du collier. Quelque part entre une esthétique industrielle à l’ombre évidente des Einstürzende Neubauten (mais avec une force de persuasion moindre, tel le second morceau) et une menace spectrale expiatoire sans retour de grâce, les six étapes de ce premier opus éponyme tentent les pistes et multiplient les tentatives. Ce n’est pas toujours passionnant, mais le potentiel est là. (fv)

The Twilight Sad ‘Oran Mor Session’ FatCat Records/Konkurrent

Tu quémandais à cris d’orfraie un city-trip, et te voilà dans une cave antédiluvienne à quelques encablures de Glasgow où – tu parles d’une ‘Parenthèse inattendue’ – les Frédéric Lopez indigènes qui se prenaient il y a peu pour les Dave Gahan de Kirkintilloch ont décidé de réinterpréter quelques titres façon nature, tradition et guitares sèches. Adieu la reverb létale à la 4AD, adieu l’eye-liner, voici venu le temps des « r » de gorge. Tout ce qu’ils consentiront à te fourguer dans leur hérésie austère, c’est une Knacki Herta sur braises, pour l’authenticité. Et tu n’as guère intérêt à bouger d’un cil, parce qu’ils resteront agrippés à tes mollets, en sangsues geignardes: « can you stay tomorrow /you won’t leave tomorrow ». « Won’t you let me vanish now » ? Si tu parviens néanmoins à déguerpir, n’oublie pas d’emmener la perle d’Arthur Russell, qui n’a vraiment pas mérité ce vernis de chauve-souris. « I couldn’t say it to your face, but I won’t be around anymore ». (alr)

Guy Van Nueten ‘Music For A Small Orchestra’ Bolli Records

Si pas le format, le titre annonce les dimensions d’une orchestration réduite mais suffisamment étoffée pour mener à bien la tâche que son auteur s’est assignée. Celle d’échafauder la bande son d’un film fragile et sensitif. ‘Milo’, écrit par les frères hollandais Roel et Berend Boorsma, conte l’histoire d’un enfant de dix ans atteint d’une maladie de la peau dégénérative qui se retrouve en cavale de son domicile. La musique restitue sans trop d’effort les nuances et les carnations des images. Le disque s’ouvre sur le thème éponyme qui reviendra à plusieurs endroits. Une suite debussienne pour piano adroitement calibrée. Lui succèdent des échappées légères à la Satie et, plus loin encore, des pièces sombres parfois tragiques dans leur résonance. En fait d’orchestre réduit, il s’agit d’un véritable ensemble de chambre avec cordes, instruments à vent, percussions, harpe et bien sûr le piano de Guy Van Nueten qui domine tout au long de cette b.o. Van Nueten, un des fondateurs du groupe de Turnhout The Sands, avait collaboré par le passé avec Tom Barman et a écrit de nombreux morceaux instrumentaux sous son nom. Il s’affirme ici comme compositeur crédible de musique de film. (et)

Various ‘Underground Wave 7’’s’ Walhalla Records

Énorme compilation que ce cinquième volet des ‘Underground Wave’, une série lancée en 2010 à la création du label Walhalla Records, à Anvers, par un certain Lieven De Ridder. L’idée de départ était d’exhumer des vieilleries belges (et, plus tard, hollandaises) seulement sorties sur cassettes à l’époque : plein de trucs bizarres entre electro fluo, minimalisme synthétique, punk new wave de l’ère glaciale, souvent enregistrés à l’arrache et oubliés dans la foulée. Le concept évolue légèrement aujourd’hui puisque l’écurie anversoise collecte quatorze morceaux à l’origine publiés en vinyle 7 pouces. Mais le fond reste le même : dérangé et ultra jouissif. Fatras de claviers tarés d’avant le déluge, d’avant la fin du monde libre, c’est une explosion de bleeps

frappés, de nappes couillonnes entre des restes de krautrock, des réminiscences discos et des voyages interstellaires. Quelques noms connus tout de même, comme Kloot Per W et son mythique ‘L’Europe’, flanqué de boîtes à rythmes bancales et d’un texte francophone dément. Mais l’affaire réserve son lot de (re) découvertes maousses : les zinzins de Karman et quasiment l’unique morceau de leur carrière (‘Poker’, sorte de Buggles pour attardés mentaux) ; BeNe GeSSeRit dont la place nous manque pour raconter sa paranoïaque histoire suisse ; Rive Gauche et son ‘Friends Are Friends’ ringard de mélancolie toc ; et puis, surtout, l’incroyable Ton Lebbink et son méga tube paillettes-choucroute-rock-clown ‘Voetbalknieën’. La version de 1982 est dingue. Celle que donnent sur scène les noise rockers de Mugwump en 2015 en est le plus bel hommage. Indispensable. (lg)

Maïa Vidal ’You’re The Waves’ Crammed Discs

Nous sommes en 2015. Passés les effets de surprise de ses premier et, surtout, second essais (l’impeccable ‘Spaces’ d’il y a deux ans), Maïa Vidal poursuit le cap au rythme de son éléctro pop décalée et rêveuse. Toutefois, et c’est probablement la faute aux très voyants échos à la Coco Rosie (hélas, ce sont ceux d’après ‘La Maison de Mon Rêve’), la troisième levée de la chanteuse américaine aux multiples origines n’a plus les armes pour prétendre au podium. Tout y est certes charmant et délicat, à commencer par la voix superbement angélique de la demoiselle, qui n’est jamais autant à son avantage que quand les arrangements se font discrets (‘The Tide’, croisement idéal entre Stina Nordenstam et Karin Dreijer). Par contre, la production, boursouflée en de nombreux instants qui se veulent conquérants dans leur course à l’oignon, ne se distingue pas exactement par sa modestie en décibels. Et si elle apporte son lot de débordements sautillants, la conjugaison entre éléments vocaux et dégaine électronique laissera plus d’un fan perplexe. (fv)

Roger Waters ‘Amused To Death’ Columbia

Perpétuel angoissé, Waters ressort un album prophétique de 1992 afin de prouver qu’il ne jouait pas à l’oiseau de mauvaise augure pour le plaisir. ‘Amused To Death’ reste effroyablement d’actualité. On y retrouve toutes les obsessions de Waters : éducation, media, politique, tous ces outils d’une doxa honnie et dévouée à la guerre que se mènent les hommes. L’album nous rappelle surtout que les obsessions de Waters sont aussi acoustiques : précision de sons capturés (coups de haches, explosions, respirations, etc.), enregistrement léché (au point de ne pas reconnaître Jeff Beck à la guitare), limpidité cristalline du mixage ici présenté en version remasterisée pour cd et bluray audio. ‘Amuse To Death’ est typique du Waters post-’Wall’, dont les goûts plus douteux s’étaient déjà développés sur le testamentaire ‘The Final Cut’ et une poignée de disques solos dispensables. A grand renfort d’effets sonores et de chœurs féminins soul dans l’air du temps (souvenez-vous de ‘The Future’ de Léonard Cohen, sorti deux mois plus tard), ‘Amused To Death’ reste le plus fréquentable des albums de Waters grâce à une première face convaincante et des paroles coups de poing qui n’ont rien perdu de leur saveur… quand bien même le tout ressemble furieusement à une compilation de chutes de son célèbre opéra-rock pour maçons. (ab)


Earteam Watertank ‘Destination Unknown’

Wilco

Solar Flare Records/Broken Silence

Dans la foulée du très réussi ‘Sleepwalk’, les nantais de Watertank continuent de creuser le sillon d’un post hardcore puissant et accrocheur. Si le son global n’a pas vraiment évolué et l’énergie toujours aussi présente, le style et le caractère s’affirment davantage. ‘DCVR’, le premier simple, ou encore ‘Surrender’ (qui sonne très Foo Fighters) sont de véritables tubes en puissance, ce qui fait la différence par rapport au disque précédent. Si Watertank affiche une sensibilité pop sur certains titres, il se la joue aussi assez dur, tendance hardcore/ stoner avec des titres plus agressifs comme ‘Automatic reset’ ou ‘Contrails’. Parfois, aussi, le groupe lorgne vers le grunge, notamment sur la très belle ballade nerveuse qu’est ‘Scheme’. Un bel exercice de post hardcore/ grunge/stoner qui démontre que bon rock et Français ne sont pas incompatibles ! (pf)

Windhand ‘Grief’s Infernal Flower’ Relapse

Deux ans après avoir sorti ‘Soma’, album célébré tant par la presse que par les fans, Windhand revient avec un nouvel opus produit par Jack Endino qui a bossé avec Nirvana et Soundgarden, excusez du peu! Le résultat est à la hauteur des attentes et ravira ceux qui raffolent de stoner métal doom psychédélique. Comme toujours, la chanteuse Dorthia Cottrell assure un maximum, parvenant à injecter de la beauté dans la puissance et donnant une sensibilité quasi pop à des compos à la fois sombres et brutales tout en étant très accrocheuses. Un autre atout du groupe est de générer des ambience doom ultra hypnotiques avec des riffs stoner énormes dignes du Sabbath de la grande époque. Et puis on aime également beaucoup le côté grunge de l’ensemble – on

‘Star Wars’ dBpm

Depuis le temps que ça dure – ‘A.M.’ fête ses 20 ans cette année –, on a plus ou moins tous eu maille à partir avec le groupe de Jeff Tweedy. On a tous un peu aimé ses disques, puis un peu moins, puis plus du tout, puis on s’y est remis, dans un ordre qui n’était pas forcément le même que celui des potes et pour des raisons que la raison etc. Un jour, il a même été question d’appeler son fils Wilco et on s’est rallié de justesse à la préférence de sa femme rien que pour une chanson de ‘The Whole Love’, l’incommensurable ‘One Sunday Morning’. Parce que Wilco, on n’en avait plus rien à se tripoter depuis au moins ‘Sky Blue Sky’, voire même ‘Hotel Foxtrot machin’, toujours trouvé chiant et incompréhensiblement étoilé partout. Alors appeler son rejeton de la sorte, bon... Aujourd’hui, Wilco – le petiot – va sur ses quatre ans et Wilco – le groupe – balance un disque absolument sidérant que tout le monde a pu télécharger à l’œil dès la mi-juillet sans pourtant s’y précipiter. Ce qui est compréhensible mais con : ‘Star Wars’ est un disque de vieux (Tweedy a 48 balais) qui jouent avec la fée électricité comme si leurs vies en dépendaient encore, sans pathos. Il y a plus d’urgence, d’amour, de loose, de foutre dans cet album que dans, au hasard, le premier manifeste (nonobstant très bon) de Slaves, sensé sauver le punk GB et le rock en général. Il suffit d’entendre ‘Pickled Ginger’, par exemple, pour s’en persuader. Rien à redire, Wilco signe ici une œuvre impériale, enfin condensée (11 titres sub 34’), où deux ballades magistrales tempèrent à peine une volée de belles guitares dégueulasses, cet oxymore éculé mais jamais aussi vrai. Splendide. (lg) pense parfois à Alice in Chains. C’est du tout bon du début à la fin avec, comme points d’orgue, le monumental ‘Two urns’ qui ouvre l’album, ‘Hyperion’ dont les riffs fuzz sont très jouissifs, sans oublier la très belle ballade qu’est ‘Saprrow’. C’est puissant, épique et en même temps, l’ensemble a une âme, ce qui n’a pas de prix ! (pf)

Yo La Tengo ‘Stuff Like That There’ Matador Records/Beggars

A bien des égards, Yo La Tengo est le groupe parfait, celui qui surprend toujours sans jamais décevoir. Jamais complètement post/avant-gardiste ou néo-quelque chose, le

trio d’Hoboken a su se rendre indispensable en traversant les époques, les modes et les inévitables questionnements artistiques. Et parce qu’il n’a aujourd’hui plus rien à prouver, il peut s’offrir le luxe d’un disque ignorant les grandes causes et les grands enjeux. Album double célébration, celle des trente ans de la formation et des vingt-cinq bougies de l’éternel ‘Fakebook’, ce ‘Stuff Like That There’ reprend en effet le concept original de ce dernier. Soit un mélange fluide, subtil et érudit de reprises, d’auto-reprises et de compositions inédites. Avec, en guise de bonus, le retour pour l’occasion de l’ancien guitariste Dave Schramm. Au complet, l’éternel grand petit groupe taille un costard tout neuf à une série de morceaux issus de toutes les filiations. Atmosphère duveteuse, intimiste voire carrément folk-pépère, tout se joue ici du bout des doigts et se chante du bout des

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lèvres. A l’image de cette version du ‘Friday I’m In Love’ de Cure sur laquelle Georgia Hubley fait plus que jamais penser à une Moe Tucker qui aurait rencontré Ira Kaplan plutôt qu’Andy Warhol. Mention spéciale également pour l’indolent et accrocheur ‘Automatic Doom’ et le malicieux ‘I Can Feel The Ice Melting’ des Parliaments. Une galette à écouter entre amis au coin du feu, alors que ‘Fakebook’ restera à jamais un de nos disques de chevet. (gle)

Youth Lagoon ‘Savage Hills Ballroom’ Fat Possum

Dans la vraie vie, rien ne vaut une soupe de poisson bretonne et quelques croûtons de pain. Dans la vraie vie, on n’a pas besoin de Youth Lagoon, de ses ballades geignardes piétinant les plates-bandes d’Alt-J, de ses comment je te tarabiscote des morceaux qui dépouillés de leurs oripeaux d’intellectuels binoclards dévoileraient leur vacuité dès la deuxième note. On a écouté le machin cinq fois en une semaine, et à chaque fois rien n’y fait : les trucs ralentis n’émeuvent pas et les bazars un poil plus énervés laissent de marbre. Aucun intérêt. (lg)

Zeus ! ‘Motomonotono’ Three.One .G/Season Of Mist

Les italiens de Zeus! nous livrent l’un des disques les plus bruitistes et agressifs sortis cette année. Associant basse, batterie et hurlements, Luca Cavina et Paolo Mongardi violentent les tympans avec des assauts sonores post hardcore noisy démentiels de brutalité. Ça castagne, ça défonce tout ce qui passe et 99,9% des gens trouveront cela inaudible. Ceux qui résisteront salueront la folie du concept, prendront peut-être un certain plaisir à l’écoute de ce fracas nihiliste tout en se voyant gratifier de quelques moments musicaux. Il y a tout d’abord ‘Panta Reich’, pièce atmosphérique et prenante rendant hommage à Steve Reich, tandis que pour clore l’expérience, ‘Phase terminale’ associe drone ambient et folie furieuse. Oreilles sensibles s’abstenir. (pf)

Zita Swoon Group ‘Nothing That is Everything’ Starman Records

Stef Kamil Carlens dégage une effervescence malaisément cantonnable à un seul projet, à l’objet-disque figé, détaché de toute expérimentation. Un ‘Sleep – Dance – Sleep’ où l’étape du sommeil serait d’office zappée. Après son ‘Music inspired by Sunrise’, son ‘Plage Tattoo - Circumstances’ avec le Ballet C. de la B. d’Alain Platel ou le plus récent ‘New Old World’, celui qu’on aurait pu imaginer à l’aise comme une frétillante sardine au Living Theater à New York circa 1959 se frotte aujourd’hui à un autre groupuscule agitateur, Dada, et en particulier à leur représentation mythique au Cabaret Voltaire en 1916. Si la déflagration a forcément un impact moins révolutionnaire qu’à l’époque (sans compter que le moment d’écoute est inévitablement orphelin des interventions visuelles et de la Need Company), l’ADN irrévérencieux, ludique, du Zita Swoon Group est lui plus vivace que jamais: basses épicuriennes funkoïdes de ‘Dada for Spring Radio’, jeux de langues volontairement taquins et confus, glissades en nappes à qui mieux mieux et charmants chœurs cuckoo. Next step : une jam colossale avec David Byrne et projections flexi-cool de Keith Haring ? Chiche ! (alr)


28 Micachu & The Shapes 4 octobre, Botanique, Bruxelles

Pur produit de son époque, Micachu & The Shapes est de ces artistes qui sucent le passé avec avidité, vite toujours plus vite. De la musique classique à l’électronique, tout est à portée de clic. Consortium anti-pop, le trio démembre les mélodies pour mieux les recycler. Bric à brac visionnaire, squat cinq étoiles, ‘Good Sad Happy Bad’ pourrait être le chaînon manquant entre Chopin, Suicide et les Ramones.

Bozar Electronic Arts Festival

8 - 10 octobre, Bozar, Bruxelles Amatorski

Quatrième édition du BEAF, rendez-vous annuel qui a pris ses marques pour devenir événement de référence où se mêlent concerts, installations, performances et projections en collaboration avec notamment la cellule arts numériques de la Fédération Wallonie-Bruxelles (‘Quinzaine numérique’) et des opérateurs comme l’AB ou le Werktank de Leuven. Le Hall Horta accueille la « pièce maîtresse » de l’artiste suisse Zimoun qui investira les lieux avec une pièce monumentale pour 64 ventilateurs ! De son côté, Point Culture présentera sa nouvelle application « Belgium Underground ». Côté musique, on notera le passage des Norvégiens Biosphere & Deathprod, Oren Ambarchi, Atom TM & Robin Fox, Stephen O’Malley, Samuel Kerridge, Onrust, Aymeric de Tapol, Amatorski et d’autres encore. A épingler également la soirée Planet Mu avec Mike Paradinas, Vex’d et Ital Tek. www.bozar.be

Ibeyi

9 octobre, AB, Bruxelles 8 décembre, Melkweg, Amsterdam

jeudi 01 octobre ‘Weird Al’ Yankovic @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Sysmo, DJ Grazzhoppa @ Atelier 210, Bruxelles, atelier210.be Fernant Zeste @ Belvédère, Namur, clubplasma.be Kagoule @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Denovali label night: Oneirogen, Moon Zero, Second Moon Of Winter @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Who Dem Sound, J.Robinson ft Sun Of Selah, Quantum Soul, Channel One Soundsystem @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be John Mayall, Renaud RL Lesire @ Reflektor, Liège, reflektor.be Shadow’s Memory, JR De Montrèal, Annie Frost, Pelacha, Globul @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Kouzy Larsen @ Salon, Silly, clubplasma.be Asking Alexandria, August Burns Red, In Hearts Wake @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Magnus @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Swing Fest: Thomas Köner, Kaitlyn Aurelia Smith @ Weststadthalle, Essen, D, denovali.com/swingfest

vendredi 02 octobre Franco Faune: Keith Kouna, +tbc @ Bravo, Bruxelles, francofaune.be Dez Mona; Tom McRay @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dengue Fever @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be No Joy @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Schwefelgelb, Ucture, Phil Back D, Jeremie Grr @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be O Gares, Freaks Up Front, Bigmouth, Whyes @ Trix, Antwerpen Reggae Workers Of The World, Lady F @ Entrepôt, Arlon Gigan, SYK, The Zygoma Disposal, Deadalus @ Magasin4, Bxl Major Lazer @ Palais12, Bruxelles, livenation.be Savage, Beauhause @ Reflektor, Liège, reflektor.be Bleeding Eyes, Magnetic Sun, Missiles Of October @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Lou Barlow, Rudy Trouvé @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Christine and The Queens @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Shiko Shiko, My Disco Jacket, Cheyenne 40, Regis Turner, Headwar, Blondin @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Genetikk @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Kacem Wapalek, Ben l’Oncle Rap @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr Sascha Grammel @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Wooderson Slater, Leaf House, Dillendub, Napoleon Gold, Exit:LX Sessions screenings + DJ sets @ Rotondes, Luxembourg, Lux, rotondes.lu Swing Fest: Holly Herndon, Ah!Kosmos, Moindkopf, Multicast Dynamics, Oneirogen, Moon Zero @ Weststadthalle, Essen, D, denovali.com/swingfest

samedi 03 octobre Franco Faune: Karim Gharbi, Nach @ La Venerie/Espace Delvaux; Cassandre @ Bravo; Jukebox Francofaune @ Atelier210, Bxl Baz’Art Festival: AbsinQ, Vina Lisa, Maboul Kies, Les Débranchés, El Manos, Mystraw, Whylanders et Psykokondria @ MJ La Frégate, Mouscron, mjlafregate.be Venusian, Baune, SixseveN @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be 11.11.11/CNCD presents : Fiesta Social Chicos y Mendez & Starflam; Sunwoo JungA, Sioen @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Vanilla Ace @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Laura Crowe @ Belvédère, Namur, clubplasma.be Decap Thé dansant; Decap Beat Machine, Le Monde Dumas @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Lucy Rose @ Botanique, Bruxelles, botanique.be SBCR DJ Set @ Le Cadran, Liège, lecadran.be Nathan French, Chris Ferreira & Kafim @ Club La Vilaine, Bxl Olivier Juprelle @ CC, Dinant Kollektive Turmstrasse and Adriatique @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Acid Mothers Temple, ?Alos, Jesus is my Son @ Magasin4, Bxl Gnucci, Hyetal, Stfn, Krtchv, Bruce @ Recyclart, Bruxelles High Hi, Reject @ Salon, Silly, clubplasma.be Glenn Hughes Trio @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Northlane, Volumes, The Acacia Train, Hellions; Equal Idiots, Psychonaut, Sky Harvester, Sunbourne @ Trix, Antwerpen Regarde Les Hommes Tomber, Oddism @ L’Aéronef, Lille, Fr Demi Portion, Kacem Wapalek @ 4Ecluses, Dunkerque, Fr Swing Fest: Blanck Mass, Emptyset, Orson Hentschel, Stephen O’Malley, Noveller, Second Moon Of Winter, Witxes @ Weststadthalle, Essen, D, denovali.com/swingfest

dimanche 04 octobre

© Flavien Prioreau L’impact visuel de l’année : le disque des jumelles Diaz. Elles crèvent les yeux comme pas permis, les filles d’Anga, ancien percussionniste cubain au Buena Vista Social Club. Elles attirent et intimident à la fois, les filles de Maya, chanteuse francovénézuélienne. Une légère ivresse world – celle de papa/maman, et des chœurs enchanteurs devant ou derrière des beats minimalistes – genre ceux de James Blake – pour, tout de même, des putain de morceaux. Il paraît que sur scène, les filles déchirent.

Heal The World Benefiet: The Hickey Underworld, School Is Cool, Admiral Freebee, Flying Horseman, The Germans, Nomobs, Bed Rugs, Fence, Internal Sun @ Trix, Antwerpen Franco Faune: Bertier, Dalton Telegramme @ Atelier210, Bxl Baz’Art Festival: Moooreÿ, Snow, Dirty Martini, Merta, Little Bitch and the alcoholics, Les Compagnons du Temps et les Caricoles @ MJ La Frégate, Mouscron, mjlafregate.be The Me In You, Nightman; Steve Hackett @ AB, Bruxelles Micachu & The Shapes @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Bang ! An Pierlé @ Bozar, Bruxelles, kultuurkaffee.be Sons of Tonatiuh, Grey Widow, Charnia @ Magasin4, Bruxelles Bed Rugs @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Swing Fest: William Basinksi, Elekto Guzzi, Carlos Cipa, Hidden Orchestra, Subheim, Poppy Ackroyd, Sankt Otten @ Weststadthalle, Essen, D, denovali.com/swingfest

lundi 05 octobre The Vaccines @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Hogjaw @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

mardi 06 octobre Franco Faune: Blackout session @ Atelier210, Bruxelles

gigs& parties oct 15

The Waterboys, Freddie Stevenson @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Mobb Deep @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Peter Brötzmann / Steve Noble, Stahlmus Delegatio @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Lez Zeppelin @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Paradise Lost @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Family Of The Year @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

mercredi 07 octobre Benefiet voor Vluchtelingen: Welkom!: Flip Kowlier, Gabriel Rios, Isolde Lasoen, Tourist LeMC, Daan, Brihang, Coely, Raymond Van Het Groenewoud @ Ha’, Gent, vluchtelingewerk.be Franco Faune: Bruxelles Sauvages/Sage Comme Des Sauvages @ Musesum des Sciences Naturelles, Bruxelles, francofaune.be Richard Thompson, Tiny Legs Tim; Pat Thomas & Kwashibu Area Band: The Golden Voice Of Africa @ AB, Bruxelles Vinyl Market-17u; Oyster Node, Le Motel, Fatoosan @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Palma Violets @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Photo Romance, Max Le Daron @ Club La Vilaine, Bruxelles Helsinki, Milpool @ Kafka, Bruxelles, stoemplive.be Arno & European Peace Collectif @ MC, Tournai, maisonculturetournai.com Uli Jon Roth @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Hoffmaestro; Jacob Whitesides, Jackson Harris @ Trix, A’pen Oddisee & Good Company, Lefto, JuJu Rogers @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Minuit, A-Vox @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Mobb Deep & QB Friends @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux

jeudi 08 octobre BEAF: Biosphere + Deathprod, Oren Ambarchi, Otto Lindholm, Julien Maire ‘Digit’, … @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Franco Faune: Les Secrètes Sessions ft Témé Tan, Dinomé, Jali, Joy As Toy, … @ Vk ; Matthieu Thonon @ Jardin de ma Sœur, Bxl Jackobond ; Dee Dee Bridgewater, Irvin Mayfield, Jr. And The New Orleans 7 @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Orb @ Arenberg, Antwerpen, arenbergschouwburg.be Atmosphere, deM atlaS, DJ Adatrak; Flavien Berger @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Fazil Say @ Ferme du Bièreau, Louvain-la-Neuve, clubplasma.be Carlton Melton, Alpha Whale @ Magasin4, Bxl, magasin4.be DJ Dan, Bassness, Volantis crew, The Wands, Boogie Beasts, Turtle Boogie @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Pat McManus Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Dez Mona, Sherman @ Stuk, Leuven, stuk.be Stereophonics @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Moriarty, Jenny Lysander @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

vendredi 09 octobre BEAF: Health, Atom TM & Robin Fox, Factory Floor, Gast Bouschet & Nadine Hilbert & Stephen O’Malley, Samuel Kerridge, Shaddah Tuum, Icon Template, Onrust, Aymeric de Tapol, … @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Desertfest : Dozer, Moon Duo, Monolord, The Machine, Stoned Jesus, Psychonaut, Carlton Melton, The Heavy Crown, Planet Of Zeus, Wucan @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Franco Faune: Zita Swoon Group, L.King El Patrone @ Maisons des Cultures; Barbarie Boxon, Tout Finira Bien, Les Filles de Hirotho @ Bravo; La Cecite des Amoureux, Charlou Nada @ Jardin de ma Sœur, Bruxelles, francofaune.be Ibeyi; Maribou State, Avondlicht @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Ivan Smagghe, Péo Watson, APM001, Alex Palmer @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Pauline Oliveros; Leftorium: Empty Taxi, DJ’s Andrew Weatherall, Mugwump & Prince Off @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Acid Arab, Don Rimini & Surfing Leons @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Contingent, Jenkinses, Attila, Fab Bxhell @ Magasin4, Bruxelles Trio Affanou, Evens, Prawerman @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Almaniax @ Salon, Silly, clubplasma.be Miasmah labelnight : Kreng with Gareth Davis, James Welburn, Simon Scott, Svarte Greiner @ Stuk, Leuven, stuk.be Vandal X, Taïfun @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook. com/latavernedutheatre Odesza, Poldoore, Mazde @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be The Wands, Pierre & Bastien @ Water Moulin, Tournai, watermoulin/bandcamp.com Jr.Thomas& The Volcanos, Preciousoldies Sound System @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Apparat; T The Boss @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu

samedi 10 octobre BEAF: Apparat, Hiroaki Umeda, Amatorski, Subtext Recordings Night: Eric Holm, Paul Jebanasam, Blueprint, Tariq Barri, Yair Glotman, … , Planet Mu 20: Mike Paradinas, Vex’d, Ital Tek, Mr Mitch @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Desertfest : Earth, Orange Goblin, Green Leaf, Monomyth, Belzebong, Causa Sui, Mars Red Sky, Vandal X, Banda De La Muerte, Progerians, Hars Toke, USA Out Of Vietnam, Sunder, Deville, Pendejo, Bathsheba @ Trix, Antwerpen, trixonline.be


Franco Faune: Kouzy Larsen, Balimurphy @ CC J.Franck; Joey Robin Hache, Celena-Sophia ; Laid Comme Vous, Sages Comme des Sauvages, Teme Tan, Le Bonhour est dans l’Après @ Bravo; Dimone, Vincent Liben @ Petit Théâtre Mercelis, Bxl Planet Mu 20 @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Dario Mars & The Guillotines, Oma, Black Mirrors @ Alhambra, Mons Lust For Youth, Melatonini @ Beursschouwburg, Bruxelles B. Dolan @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Jules X & Kid Strike @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Los Callejeros, Xamanek @ L’Escalier, Liège, facebook.com/ events/156809927991242/ Ricardo Villalobos, Sonja Moonear, Binh, Deadbeat @ Fuse, Bxl Pneu, Don Vito, Flash Bang Band, La Jungle, Alek Et Les Japonaises, Seal Of Quality, Rince-doigt @ Magasin4, Bruxelles L’Or Du Commun, Hesytap Squad, Les Anonymes, Le De @ Reflektor, Liège, reflektor.be Deetron, Globule, Fabrice Lig, The Babel Orchestra @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Black City @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Hypochristmutreefuzz, It It Anita @ Tattoo-convention, Liège, ampersandmusic.be Seun Kuti & Egypt 80 @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr The Bloody Beetroots @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Irie Revoltes @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux, kulturfabrik.lu

dimanche 11 octobre Desertfest: Goatsnake, Bongzilla, UFOMammut, Valient Thorr, Glowsun, Fatso Jetson, Siena Root, Papir, Tangled Horns, Crystal Head, Wheel Of Smoke, Child, 3rd Ear Experience, Maudlin, Fever Dog, Black Bone @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Franco Faune: Lia, Fantøme, Des Fourmis dans les Mains, Ivan Tirtiaux @ Bravo, Bruxelles, francofaune.be The Cat Empire, Pierce Brothers; Vetiver, Little X Monkeys @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Born Ruffians @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Diana Krall @ Bozar, Bruxelles, bozar.be Germanotta Youth, Deux Boules Vanille, Solar Skeletons @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Akira Sakata, Giovanni Di Domenico, Laurens Smet, Louis Evrard, Axelle Red @ Théâtre de Namur, greenhousetalent.be Odesza @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Foire aux Disques @ 10h-Rotondes, Luxembourg, Lux, rotondes.lu

lundi 12 octobre Jali @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Brian Auger Oblivion Express @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

mardi 13 octobre Tomatito; Nathaniel Rateliff & The Night Sweats @ AB, Bruxelles Grant-Lee Phillips @ Botanique, Bruxelles, botanique.be U2 @ +14/10- Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Howling @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Hoffmaestro @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu

mercredi 14 octobre Snarky Puppy @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Brothers &u Bones, In Lakesh @ Botanique, Bruxelles Photo Romance, Maya Level @ Club La Vilaine, Bruxelles The Grandmothers Of Invention @ Spirit Of 66, Verviers Frazey Ford; Millencolin, Apologies, I Have None, The Sigourney Weavers @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Zagar, DJ Bootsie @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Fall Out Boy @ Forest National Club, Bruxelles, livenation.be Great Mountain Fire, Lu Duc Factory @ L’Aéronef, Lille, Fr

jeudi 15 octobre Opeth; Ivan Paduart Trio @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Supergenius, The Progerians @ Beursschouwburg, Bruxelles, stoemplive.be Beautiful Badness @ Botanique, Bruxelles, botanique.be James Leg, The Freeborn Brothers @ Magasin4, Bruxelles Joke Leloux, ¨Private Joke @ Salon, Silly, clubplasma.be Labasheeda, Sheetar, DJ Evil Dick, Mathieu Van Mechelen, C-Zar, Murvin Jay @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com The Mary Hart Attack @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Strypes @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Is Tropical, Say Yes Dog @ L’Aéronef, Lille, Fr

vendredi 16 octobre Kovacs; Gramatik, The Geek x VRV @ AB, Bruxelles, abconcerts.be HyDra, Bathemay, Goldorak, Swingers @ Alhambra, Mons Little May; Hippocampe Fou, S-Hasch @ Botanique, Bruxelles King Doudou aka Douster, Dave Luxe aka Young Luxenberg, Jay La Teigne @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Jaune Toujours & Bravo Big Band @ Le Royal, Bruxelles, stoemplive.be Mystery @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Alasdair Roberts, Lyenn @ Stuk, Leuven, stuk.be The Spunyboys, DJ Boule @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Bigflo & Oli @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com DJ Mazurbate, Young Bros., I Love Dance Crew @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com The Phantom Band @ Rotondes, Luxembourg, Lux, rotondes.lu

samedi 17 octobre Echoes Of The Sun VII – Pink Floyd 50th Anniversary: Layla Zoe, Moaning Cities, Terminal Frost, Cover Age @ Expo, Ciney, echoesofthesun.be Ryan Bingham, Sons Of Bill; Randy Newman @ AB, Bruxelles Sven Van Hees, Smos, The Pacemakr, Cindy Freaks @

Alhambra, Mons, alhambramons.com Eagles Road Birthday Party, Moonchild, Bursting @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Dernière Volonté, Luminance @ Beursschouwburg, Bruxelles Feu! Chatterton; Alex G @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Magician @ Le Cadran Liège, lecadran.be Cinthie, Marvy & Lee Roy @ Club La Vilaine, Bruxelles Jali, Céléna, Sophia, Casanoé, The Map Trio, Alex Djet Ka @ Eden, Charleroi, eden-charleroi.be Dance Laury Dance, Sons Of Distaster, Ignitions @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Gaiser, Julian Jeweil, Joran Van Pol @ Fuse, Bruxelles, fuse.be Peach Kelli Pop, The Future Dead @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Ulysse, Beffroi, Haring @ Reflektor, Liège, reflektor.be Big Moustache Bandits, The Rackers @ Salon, Silly, clubplasma.be Stealth Bombers: Maztek, June Miller, Prolix, Bass Brothers, Blackley, One87, Tito & Echo Virus, Dominator, Dub Berzerka, Voltage, Premium, Fraksure, Flexxa Freek, Gunman & The Gun Audio Show, Skantank & Dimitar @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Supersubmarina @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Felix Jaehn @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Rustie, Feadz, Plastician, Nightwave @ L’Aéronef, Lille, Fr

dimanche 18 octobre Vinicio Capossela & La Banda Della Posta @ AB, Bruxelles U.S.Girls @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Nisia & Bai Kamara Jr. @ Ferme du Bièreau, Louvain-la-Neuve, clubplasma.be Doghouse Sam & His Magnatones @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen, eupen.be Jacco Gardner, Michael Rault @ Reflektor, Liège, reflektor.be Alasdair Roberts @ Stuk, Leuven, stuk.be Public Image Ltd (PIL); Kyle Gass Band @ Trix, Antwerpen Bernhoft @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Get The Blessing, Chamberlain @ L’Aéronef, Lille, Fr The Soft Moon @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu

29 Vandal X

9 octobre, La Taverne du théâtre, La Louvière / 10 octobre, Desertfest, Trix, Anvers / 15 octobre, Café Café, Hassselt / 16 octobre, Gouvernement, Gand / 22 octobre, Nijdrop Opwijk / 23 octobre, 4AD, Dixmuide / 31 octobre, Velinx, Tongeren Vénéré par les amateurs de musique extrême, Vandal X sévit depuis près de vingt ans en tant que terroriste sonore particulièrement brutal. Non seulement le groupe ne s’assagit pas avec le temps mais il aurait même tendance à se radicaliser, conviant à un déluge hardcore apocalyptique. Viscéral et sauvage, un must pour les amateurs de sensations fortes !

Autumn Falls

20 octobre - 27 décembre Toutpartout, un peu partout (toutes salles)

lundi 19 octobre Son Lux @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Boy, Josin @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Popa Chubby @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Sisters Of Mercy, Black Moth @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Archive, BRNS @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

mardi 20 octobre Autumn Falls: Girl Band, Fist City @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sleaford Mods, Vortex Campaign, Sissy Spacek @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Bear Run, Whiz @ Roskam, Bruxelles, stoemplive.be Tony Levin Stick Men @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Jamie XX @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Boy, Josin @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Meta And the Cornerstones @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux, kulturfabrik.lu

mercredi 21 octobre Autumn Falls: Girl Band, Fist City @ De Kreun, Kortrijk, dekreun. be Saun & Starr; The Strypes, The Mighty Stef @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Yellow Straps x Le Motel @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Photo Romance, DJ KayJ @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be ‘Heaven Adores You’ film Elliott Smith @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be Girl Band @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Pipolass, Keizomachine, Netik, … @ Vk, Bruxelles, vkconcerts. be Squarepusher, Luxuriant DJ Crew @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

jeudi 22 octobre Festival des Libertes: Chico Y Mendez @ Théâtre National, Bruxelles, festivaldeslibertes.be Squarepusher, Darkstar; I Will, I Swear, Ulysse ; Oaktree, Avondlicht @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Lizz Wright @ Flagey, Bruxelles, abconcerts.be Axelle Red @ Aula Magna, Louvain-La-Neuve, greenhousetalent. be The Bohicas; Girl Names, Autobahn, Ulrika Spacek @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Liz Wright @ Flagey, Bruxelles, flagey.be Washington Dead Cats, The Zombie Crows @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Vald @ Reflektor, Liège, reflektor.be Max J & Cookies, DJ Franck, The Ghost Wolves, Saladin, DJ Mighty Dan @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Olivier Terwagne @ Salon, Silly, clubplasma.be Stacie Collins Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Skip & Die @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Ghinzu @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

vendredi 23 octobre Bam: Cao Yuxi, Alex Guevara, Mysquare, Alex Augier, ATK!, Moritz Simon Geist, Squeaky Lobster @ Manège Fonck, Liège, bamfestival.be Festival des Libertes: Ghinzu, Alimentation Générale @ Théâtre National, Bruxelles, festivaldeslibertes.be Jamie XX; Vuurwerk @ AB, Bruxelles, abconcerts.be

Beach House © Shawn Brackbill Depuis quelques années, l’agence de booking Toutpartout emballe la tournée d’automne de ses poulains d’un joli ruban signé Autumn Falls. Et en feuilletant ce beau catalogue, c’est peu dire qu’on y retrouve nombre de nos chouchous, jugez plutôt : Beach House, Kurt Vile & The Violators, Father John Misty, José Gonzales, The Mountain Goats, Lower Dens, Ducktails, Girl Band, Schneider Kacirek & John McEntire, Chantal Acda, Kiss The Anus Of A Black Cat, Jaakko Eino Kalevi, A Winged Victory For The Sullen, Marissa Nadler,... Mon tout passera par une vingtaine de salles du royaume. Si tous les pass sont déjà partis (60 euros pour avoir accès à l’ensemble des concerts, tu m’étonnes), il reste des places disponibles pour de nombreux concerts. Bonne pioche ! www.autumnfalls.be

Jay-Jay Johanson

27 octobre, Alhambra, Mons En 1996, Jay-Jay Johanson nous servait son premier ‘Whiskey’. L’addiction était fulgurante. Si le Suédois fait toujours partie de nos meubles, c’est parce qu’il reste un de ces fournisseurs, rares et fidèles, de chansons à la mélancolie élégante. De celles qu’on glisse discrètement dans les compilations destinées à ceux qu’on aime. Avec son dixième album à la fois mélodiquement orfévré et farouchement imparfait, le dandy fragile retrouve la recette miracle pour remplir d’idéal nos moments de spleen.

Nosaj Thing

28 octobre, VK, Bruxelles Producteur éclairé, Jason Chung promène ses angoisses sous le soleil de Los Angeles. Planqué derrière le paravent Nosaj Thing, le garçon se protège du monde extérieur et de l’agitation quotidienne pour esquisser une musique ombragée et intimiste. Virtuose solitaire spécialisé dans les matières synthétiques, l’artiste concasse ses graines électroniques sur les terres du hip-hop contemporain pour donner vie à une trame instrumentale résolument moderne.


30 Ratatat

30 octobre, Aéronef, Lille 31 octobre, Pitchfork Music Festival, Paris Cinq ans qu’on était sans nouvelles de Ratatat et moins d’une minute pour qu’on se remette dans le bain. L’esthétique Ratatat - compression as fuck, grooves épiques et bien sûr ces fameuses guitares que même le Van Halen de ‘Beat It’ n’aurait pas tentées - n’a pas changé d’un iota : ‘Magnifique’ réveille nos bas instincts mainstream et prend d’emblée la forme longue et belle d’une autoroute du soleil. Pour prolonger l’été, on n’a qu’une envie : sortir le Ricard et enfiler un singlet : où est le swimming pool ?

Beautés Soniques

31 octobre - 10 novembre, Namur, toutes salles

Bertand Belin © Ph. Lebruman Loin d’usurper son nom, le festival namurois use de son flair pour signer un programme aventureux où il fait bon flâner. Aussi les découvertes de choix y seront, cette année encore, nombreuses. Avec la voix puissante d’Arnaud Rebotini, Black Strobe évoque tant Iggy Pop que Nick Cave, file la chair de poule entre électro contemporaine et esprit country blues, un peu comme si Depeche Mode rencontrait Johnny Cash (31/10, Théâtre de Namur). Algiers, c’est l’urgence post-punk transmutée en énergie soul. Régulièrement fascinant de maîtrise et de puissance (3/11, Abattoirs de Bomel). Il faut s’immiscer dans la parenthèse folk gracieuse de Rozi Plain, se hisser sur la pointe des pieds, se délester du superflu, inspirer profondément (5/11, Piano Bar). Non, vraiment, carton plein pour cette affiche qui assume ses choix et le goût des belles choses : Bertand Belin, Veronique Vincent & Aksak Maboul, Mugwump, Jerusalem In My Heart,... Le pass du festival vous coûtera 42 euros. Programme complet : beautessoniques.be

Unknown Mortal Orchestra

1er novembre, Le Grand Mix, Tourcoing / 2 novembre, AB Box, Bruxelles / 3 novembre Kulturfabrik, Esch-Sur-Alzette / 4 novembre, Paradiso, Amsterdam « Did your doctor prescribe me for what ails you, dear? ». Nageur en eaux très troubles, Unknown Mortal Orchestra nous avait tous drapés avec ‘II’ dans une nuit exsangue, dans l’ouate déchirée d’un psychédélisme touchant, incapable de planquer ses plaies sous l’oreiller. C’est en diablotin à ludiques ressorts, en maître loyal irisé que Ruban Nielson ressurgit: pas débarrassé de toutes ses afflictions, mais désormais sur le rebond, à califourchon sur une luxurieuse basse funk.

David Mayer @ Alhambra, Mons, alhambramons.com René Binamé, The Ivan Drago’s, Hamok @ Bar Les Anges, Charleroi Holy Holy; Young Fathers; Talisco @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Horrorist, The Acid Mercenaries, DJ Putacier, Elzo & Lovepills @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Motorama, Thousand, Cyclorama @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Mud Flow, Sonnfjörd @ Ferme du Bièreau, Louvain-la-Neuve, clubplasma.be Axelle Red @ MC, Tournai, greenhousetalent.be La Luz, Alpha Whale @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be Double Veterans @ Reflektor, Liège, reflektor.be Steve N Seagulls @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Mick Jenkins, The Mind @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be La Secte du Futur, Nasty Bartender @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Mansfield.TYA, Flavien Berger @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Jambinai, Prohibition @ L’Aéronef, Lille, Fr

samedi 24 octobre Diablo fest II: Diablo Blvd, 50 Foot Combo, John Coffey, Born From Pain, Bark @ Trix, Antwerpen, trixonline.be La Guerre des Gaules VII: The Black Tartan Clan, Caliban, Tagada Jones, Punish Yourself, Komah, Arkangel, The Arrs, Smash Hit Combo, Lifers, Radio 911 @ CC, Chênée, facebook. com/laguerredesgaules Festival des Libertes: Ghinzu, Mec Yek @ Théâtre National, Bruxelles, festivaldeslibertes.be Apocalyptica ft Franky Perez; Radkey, The Sha-La-Lee’s @ AB, Bruxelles, abconcerts.be La Vonvox Connection @ Belvédère, Namur, clubplasma.be Motorama, Thousand @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Gengahr, Oscar @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Carl Craig @ Le Cadran Liège, lecadran.be The Jon Spencer Blues Explosion @ Eden, Charleroi, edencharleroi.be Pigs, Sofy Major, Gerda, Mont-Doré @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Sun Sun, DJ Luuuk @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be The Arrs, Smash Hit Combo, 15 Reasons, The Butcher’s Rodeo, Rivans, Liquid Ston’z @ Salon, Silly, clubplasma.be Smooth & The Bully Boys @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be High Tone, Wonky Clock, Nö-Mad @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Nah, Pizza Noise Mafia, Buchkan @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Imagine Dragons @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Heanne Added @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Soprano @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Bang Your Head: Infact, The Majestic Unicorns From Hell, Sublind, An Apple A Day, Everwaiting Serenade, Abstract Rapture @ Kulturfabrik, Esch/Alzette, Lux, kulturfabrik.lu Young Fathers @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

dimanche 25 octobre The Tallest Man On Earth, Phil Cook @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Vessels @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Sean Wheeler & Zander Schloss, The Freeborn Brothers @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Zeni Geva, USA Nails, Angakok @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Big Flo & Oli @ Reflektor, Liège, reflektor.be Hey Lover, Worlds Dirtiest Sport, Bastardgeist @ Water Moulin, Tournai, watermoulin/bandcamp.com Apocaliptyca, Tracer @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu !!!, Eric Dune @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

lundi 26 octobre The Colorist ft Emiliana Torrini; Katarina Vemeulen & Mimile @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Speedy Ortiz, Trust Fund @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Feel @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Pokey Lafarge, Walter Broes & The Mercenaries, Jake La Botz @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Rhye @ Kulturfabrik, Luxembourg, atelier.lu UB40 @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu

mardi 27 octobre Patti Smith & Band: ‘Horses’ @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jay-Jay Johanson @ Alhambra, Mons, alhambramons.com Void Vision @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be Dornik; Rhye @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Terakaft @ CC, Ottignies, toutpartout.be Calvin Johnson, Arlt, Loïc Joseph @ Maison des Musiques, Bruxelles, vkconcerts.be Sinkane @ Stuk, Leuven, stuk.be Left Lane Cruier, Desert Pocket Mouse @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Starsailor @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu

mercredi 28 octobre Festival des Libertes: Les Partisans Du Chant, Arsenal @ Théâtre National; Danakil @ KVS, Bruxelles, festivaldeslibertes.be Get The Blessing @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Swim Deep @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Photo Romance, Luvgang @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Pavlov’s Dog @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Ryley Walker, Mild High Club @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

Nosaj Thing @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be A$ap Rocky x Wiz Khalifa @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Kid Inc @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Best Coast @ Kulturfabrik, Luxembourg, atelier.lu Metz, Crows @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

jeudi 29 octobre Bang! closing night @ Bozar, Bruxelles, kultuurkaffee.be Festival des Libertes: Arsenal @ KVS; Skye & Ross from Morcheeba, S.W.A.N. @ Théâtre National, Bruxelles, festivaldeslibertes.be LA Priest; Heather Nova @ AB, Bruxelles, abconcerts.be He Died While Hunting; Bully @ Botanique, Bruxelles, botanique.be J.Fernandez @ Maison des Musiques, Bruxelles, vkconcerts.be Ouistiti Glace, The Poneymen @ Recyclart, Bruxelles, recyclart.be Ryley Walker, Michael Chapman, Guillaume Vierset Harvest Group @ Reflektor, Liège, reflektor.be Ralph Storm vs Globul, Ken Ishii, Ulysse, Bijou, The Doctors @ Rockerill, Charleroi, rockerill.com Cradle Of Filth; Metz, The Garden, Crows @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Battles @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Oscar & The Wolf; ‘The Godfather’ live @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu Vianney @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

vendredi 30 octobre Festival des Libertes: Calexico, Gaby Moreno; Yokai @ Théâtre National. Hindi Zahra @ KVS, Bruxelles, festivaldeslibertes.be Tourist LeMC, Brihang; The Hickey Underworld @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Low Roar @ Botanique, Bruxelles, botanique.be We Stood Like Kings @ Cellule 133a, Bruxelles Geoff Wichmann, Ben Lemaire @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Axelle Red @ CC, Huy, greenhousetalent.com James Chance, Mydnodz, Kernel Panic @ Entrepôt, Arlon, entrepotarlon.be Janne Schra @ Huis23, Bruxelles, abconcerts.be The Garden, Burnt Ones vs Creeping Pink @ Madame Moustache, Bruxelles, madamemoustache.be The Godfather live @ Palais12, Bruxelles, greenhousetalent.com Coverplay, Why Not? @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Oscar & The Wolf, Tourist LeMC @ Sportpaleis, Antwerpen, livenation.be Lost Pagan, Death By Nature @ La Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/latavernedutheatre Godspeed You! Black Emperor, Tashi Dori; Tout Va Bien @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Stephen O’Malley, Julia Kent @ Vecteur, Charleroi, vecteur.be Low, Mike Noga @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Kitty, Daisy & Lewis @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Ratatat @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com Emji @ Splendid, Lille Fr Brit Floyd @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu

samedi 30 octobre Beautés Soniques: Black Strobe, Alb, Nicola Testa @ Théâtre de Namur, beautessoniques.be Festival des Libertes: Tiken Jah Fakoly, Twinkle Brothers @ Théâtre National, Bruxelles, festivaldeslibertes.be Low, Chelsea Wolfe, Mike Noga @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Poppitch avec Daniel Offermann @ Atelier Rock, Huy, atelierrock.be Adam Bohman & Clive Graham, Arf Arf, Marcel Türkowsky & Elise Florenty, Antoine Boute @ Beursschouwburg, Bruxelles, beursschouwburg.be DMA’s @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Eric Powa , Olivier Abbeloos @ Club La Vilaine, Bruxelles, clublavilaine.be Jenjass & Band, Blondin, Eskondo @ Eden, Charleroi, edencharleroi.be The Editors @ Palais12, Bruxelles, livenation.be TaxiWars, Silverrat Band, Psoman @ Reflektor, Liège, reflektor.be Chris Watson @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Carcass, Napalm Death, Obituary, Voivod, Herod; Rome Fortune @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Terakaft @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Shaun & Starr, Bodybeat, DJ Joe Tex & Brother Jam, (SoulTime) @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Deluxe, Proleter @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com BC Camplight @ Lieu sécret, Lille, Fr: dominobommerang@ yahoo.fr Skalloween: Juggernout, Toxkäpp!, Captain Accident and The Disasters, Dr Gonzo @ The International Bar, Luxembourg ville, Lux

dimanche 01 novembre Autumn Falls: Kurt Vile & The Violators, Lower Dens, Waxahatchee, Stadt; Chantal Acda @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Les Innocents; Deradoorian @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Michael Schenker’s Temple Of Rock @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Powerwolf, Orden Ogan, Civil War; Purity Ring, Empress Of @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Cunninlynguists, Ypsos @ Vk, Bruxelles, vkconcerts.be Unknown Mortal Orchestra @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr, legrandmix.com Editors, The Twilight Sad @ den Atelier, Luxembourg, atelier.lu Battles @ Rockhal, Esch sur Alzette, Lux, rockhal.lu



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