RifRaf septembre 2012 FR

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14-15-16 SEPTEMBRE 2012

tente chapiteau / salle ‘de zwerver’ / leffinge (centre village) VEN

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COntinU “sOUnD On sCreen” rOCKUMentaries aVeC ‘aMazinG GraCe’ (Jeff BUCKleY), ‘stOnes in eXile’, ‘stOP MaKinG sense’ (talKinG HeaDs), ‘it MiGHt Get lOUD’ (JiMMY PaGe, tHe eDGe, JaCK WHite), ‘festiVal eXPress’, ‘Jazz On a sUMMer’s DaY’, ‘tHe BriDGe sCHOOl COnCerts’, ‘BUena Vista sOCial ClUB’,... i.s.M. CinéMOBiel.

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© Siliconcarne

Dans le métro, à son passage, les guichets automatiques rendent l’âme en grésillant, puis se faufilant dans le vaisseau, le vide se fait autour d’elle dans la rame bondée. Un pantalon clair évanescent prolonge ses jambes indéfiniment. Sa tenue perturbe et laisse tus des groupes d’adolescents d’ordinaire plus turbulents. D’ailleurs c’est poliment qu’ils s’aventurent à quémander une cigarette. A son poignet, un épais bracelet où se pose la virgule de son sac à main. Les œuvres complètes de Sally Mara, sous la plume mouillée d’érotisme de Queneau, ont précocement fait la fortune de son éducation. Longtemps pourtant elle se tiendrait éloignée des mâts et des mains courantes pour leur préférer Dumas. Aujourd’hui encore elle dit : j’ai connu d’autres jeunes garçons. Or on croit souvent à tort que les jeunes filles se préoccupent de l’âge de ces messieurs. A dire le vrai elle s’en contrefoutent et, agitées au tohu-bohu des transports passagers du Métropolitain, eût égard à la «spiritualité» de ces tuteurs telle que dépeinte en l’espèce par la gourmandise espiègle de Sally Mara (grande sœur de Zazie en pucelle délurée), elles tiennent bon la rampe. Ne faut-il d’ailleurs pas craindre que sur ces paratonnerres fièrement dressés, les épines de cette multitude d’antennes, ne vienne s’abattre le couperet définitif d’une foudre hertzienne? Dans mon slip j’ai mis des cactus... Fernand Reuni est expert-consultant en mass-media. Notamment en charge de redéfinir la grille des programmes, ses enjeux, les couleurs d’antenne, le nuancier, il est mandaté par la direction pour segmenter la cohérence des thématiques en adéquation avec les cibles structurelles attendues. Le crédo de Fernand Reuni, son high concept, se résume et tient en quelques mots (sûr de son effet, il s’esclaffe toujours sincèrement, il s’est longtemps entraîné devant sa glace) : il faut faire des jeux rigolos! L’un de ses exemples favoris, c’est « le jeu Ikea » : Vous donnez un nom rigolo à l’antenne et l’auditeur (représenté par un smiley sur le paperboard) doit deviner si c’est oui ou non un produit de la marque ou juste un suffixe d’origine grecque ou latine. Bon, le suffixe grec ou latin c’est pour que vous compreniez bien l’idée, hein! Le truc c’est de lui faire gagner un cadeau. Myriam l’écoute religieusement en se pinçant les lèvres. Elle écrit déjà mentalement un papier d’humeur sur le cuistre : Myriam Duprince n’aime pas les expertconsultants d’antenne; juste au cas où elle parviendrait à quitter ce poste dont elle n’a finalement déjà plus tout à fait besoin. En même temps, sa notoriété belgo-belge, certes croissante, estelle désormais suffisamment étendue pour lui permettre de snober les jeux rigolos? Ok, elle a bien été approchée par un gars de Be.tv mais quand même, ça brûle déjà intérieurement chez Myriam : les couvs de Ciné-Télé-Revue et du Soir Illustré, elle est très pour, mais si c’est pour finir comme Armelle derrière Vincent Perrot dans l’émission des records, aspergée par un orque qui fait un salto dans le grand bassin, merci bien! Si la réussite est à ce prix, peut-être préférer une golden shower. Dans leur sourir’ il y a des cactus... Dans la préface à La Difficulté d’être de Cocteau, en tapinois, on peut lire: Je me reproche d’avoir dit trop de choses à dire et pas assez de choses à ne pas dire et qui nous reviennent, tellement prises dans le vide fait autour, qu’on ne sait plus si c’était un train, et lequel, qui transportait les bicyclettes dans le fourgon... A l’occasion de l’entretien qu’il nous accorde pour la sortie d’’Algiers’, album de retour pour nos camarades de route Calexico, John Convertino semble évoquer en pointillés, par la bande, une sorte de mid-life crisis, comme aux prises avec ses questions existentielles : « Je vais enfoncer une porte ouverte et être un peu rabat-joie, mais plus

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on prend de l’âge, plus la vie devient compliquée. On perd son insouciance, il y a de plus en plus de choses dont il faut s’occuper. (...) Le rapport au temps aussi devient fondamentalement différent. Tout va plus vite quand on avance dans la vie. Je n’oublierai jamais ce matin-là, quand on a décidé de commencer ce disque, on est rentré dans le studio, on doit avoir joué deux notes et Joey s’est tourné vers moi et a dit : « Et si on allait plutôt manger un bout ? ». (...) Le consommateur perd toute notion de l’investissement humain qui a été nécessaire en amont pour produire ce son ! Je me suis souvent fait la réflexion durant le mixage de savoir si quelqu’un allait réellement entendre certaines des subtilités sur lesquelles on se cassait la tête pendant des heures ! Oui, certaines personnes les découvriront certainement, mais pour la majorité, ça leur passera au-dessus de la tête…C’est pourquoi je vois le retour du vinyl d’un très bon œil. Il y a le retour à un vrai cérémonial d’écoute qui met l’auditeur dans les meilleures conditions pour apprécier un disque. Il y a un vrai engagement. Comme avec les livres. » J’en pleurerais. Pas de ma maison ni de l’avoir attendue. D’avoir trop dit de choses à dire et pas assez de celles à ne pas dire. En fin de compte, tout s’arrange, sauf la difficulté d’être, qui ne s’arrange pas. (in De la conversation:) Ce désordre organique m’est une sauvegarde parce qu’il éloigne de moi les inattentifs.(...) Certes, il rend mon dogme obscur, ma cause difficile à défendre. Mais puisque nul ne vient à mon aide, j’y courrai moi-même et tâcherai de me suivre de près. (Pour me défendre de leur cactus...) - Mon lit n’est pas grand, vous savez. (Moi j’m’pique de le savoir...Mademoiselle m’entraîne au vingt-sixième étage après avoir sifflé son ouisqui) Vous avez de la chance il n’y a des rideaux que depuis hier. Demain matin, par les tissus entrebâillés, le soleil baignera la mezzanine comme si un chef op trop scrupuleux nous noyait d’une blondeur surnaturelle. - Tu n’aurais pas du prendre de douche, tu as perdu ton odeur... (un temps) J’étais avec un jeune garçon, je m’ennuyais déjà; puis nous avons commencé à correspondre et j’ai réalisé que je préférais vos messages aux siens, qu’il était irrémédiablement dépourvu d’ironie. Et j’ai commencé à guetter les vôtres, non sans excitation. Vous avez envie de dormir? Remontez-moi un livre parmi ceux qui trônent sur la table basse. - La table basse noire? Quelle pile? Borges... Cocteau? - Non, pas celui-là, ramenezmoi Les enfants terribles. Ô mon corps te réclame et déjà crie famine. Accro(stiche), je reprendrais bien quelques lignes. « Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle / Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » Au lecteur distrait on soufflera que la formule de style n’est pas un meuble Ikea mais bien un exemple fameux de kakemphaton tiré du Polyeucte de Corneille. Et je baille, Ô. Pardon pour le dérangement et ses tonalités assassines. Au soleil, si j’ai fris? T’as tout compris. Tenir bon la rampe : Beam me up, Scotty! Texte : Fabrice Delmeire -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Raymond Queneau, Les oeuvres complètes de Sally Mara, L’Imaginaire, Gallimard Jean Cocteau, La Difficulté d’être, Editions du Rocher, Le Livre de Poche Calexico, ‘Algiers’, (City Slang/Konkurrent) Dutronc/Lanzmann, ‘Les cactus’ (Editions musicales Alpha/Vogue) Un paperboard. Un ticket de métro. Des épingles à cheveux. Un paquet de Lucky Strike bleu. Aïe! Aïe! Aïe! Ouille!

année 18 • septembre 2012

Colofon www.rifraf.be Année 18 nr. 183 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf oct sort le 27 sept rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 12 sept Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 15 sept

collaborateurs nicolas alsteen, Antoine Bours, le dark chips, Jean-Baptiste de Clerfayt, patrick foissac, daniel franco, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... Dessins : Issara Chitdara

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 13 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse

“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”


Texte : Fabrice Vanoverberg

Various ‘A Search For CMS’ Excelsior Recordings

Après la maison polonaise Monotype (et l’extraordinaire ‘M’ de Mia Zabelka), nous mettons le cap un peu plus à l’Est pour cette rentrée – direction Moscou et la toute nouvelle structure Alone At Last. Le nom l’indique, les productions du label russe porteront dans un segment solitaire, apprécié loin des furies du monde, plongé chez soi dans un roman crépusculaire ou isolé des conversations en terrasse sous un casque Dr Dre. Cerise sur le gâteau, un soin tout particulier est apporté au design des albums, moult photos incluses. ★ ★ ★ Pour sa sortie initiale, l’officine de Dmitri Vasilyev fait dans le très connu (en cette rubrique du moins), oui l’incontournable Francisco López est de la partie, pour un double CD, m’sieur dame (‘untitled (2010)’). Claustrophobe tout en conservant ce formidable aspect racé, l’œuvre de l’artiste espagnol intrigue toujours autant qu’elle fascine, des centaines de tracks plus tard. Tout en demeurant dans une oscillation entre calme précaire, voire planant et déclinaisons postindustrielles, les imbrications sonores de López continuent de porter une marque de fabrique unique, où le sens du détail et de l’enluminure embaume à jamais vers l’interstellaire (Eliane Radigue, anyone ?). ★ ★ ★ Après l’Espagne vient l’Italie, somme toute logique après l’Euro de foot – et pas n’importe lequel Transalpin puisque c’est la légende Maurizio Bianchi (alias MB, 57 ans cette année) qui est conviée à la pendaison de crémaillère. Encore plus que López, le Milanais trempe sa plume électronique dans un faux calme des plus angoissants – seul dans l’obscurité, ça fout une sacrée pétoche. Dédiées à Isidore Lucien Ducasse, poète du 19è plus connu sous le pseudo de Comte de Lautréamont (et admiré par Noir Désir, Thiéfaine ou Current 93), les soixante minutes de ‘Celtichants’ s’inscrivent dans une ligne proche d’un mysticisme entre échappée cosmique et traitement taoïste post-crise de nerfs. Etoile, ma jolie étoile, dis-moi que je suis le plus léger. ★ ★ ★ La troisième et dernière production Alone At Last est une collaboration entre le néo-zélandais Bruce Russell (guitariste de The Dead C, et ce n’est pas rien) et son compatriote électronicien Richard Francis. Résultat d’échange de fichiers (les trois morceaux ‘Garage’), captation de concert (‘Live’) ou juxtaposition de deux sets solo (‘Undead’), ‘Garage Music’ fait totalement honneur à l’excellente réputation de la scène noise improv du pays des All Blacks. Finalement assez éloignée d’une abstraction sonore qui pourrait effrayer, notamment sur le second titre, la manière de Russell et Francis expose un faux calme – une des caractéristiques de ces trois sorties AAL – où les grincements et grésillements font jaillir des profondeurs un entrelacs abrupt et brinquebalant. Very nice indeed. ★ ★ ★ Autre label, autre style (encore que…) avec la maison PNL Records. Perspicace comme vous l’êtes, vous aurez compris que là-dessous se cache l’hyperactif Paal Nilssen-Love, homme incontournable de la scène (totally) free jazz scandinave et collaborateur régulier de Terry Ex, Mats Gustafsson ou John Butcher. On retrouve cette fois le batteur norvégien aux côtés de deux autres grands noms – et je n’exagère nullement – de la scène expérimentale, Lasse Marhaug et Maja Ratkje. Regroupés sous le nom de Slugfield, les trois comparses nous rappellent à chaque instant qu’ils ne partagent pas qu’un passeport national avec les très aventureux Supersilent – et que le label Rune Grammofon n’aurait pu voir le jour sous d’autres cieux qu’Oslo. Pas sûr que les plus réticents seront davantage réceptifs aux tripatouillages électroniques de Marhaug, mais les pérégrinations vocales de Ratkje combinées au jeu percussif toujours admirable de Nilssen Love méritent un grand détour. ★ ★ ★ Vingt minutes pour dix titres, voilà l’essence de la série ’10 Songs in 20 Minutes’ du label australien Someone Good, subdivision électro-pop de Room40. Œuvre du Japonais Keiichi Sugimoto sous son pseudo de Filfla, ‘Fliptap’ est une étonnante mignardise folktronica à la croisée de l’IDM, du Casio et de Midori Hirano. Frais et sans prétention, le disque se laisse écouter tel le ruisseau s’écoulant à son rythme de la colline. Beau et innocent comme un haiku (mais pas d’Herman Van Rompuy, svp). ★ ★ ★ Elle a beau avoir bossé avec Helena Espvall (Espers), c’est la toute première fois de ma vie que j’entends un disque de Marielle V Jakobsons (‘Glass Canyon’ – Students of Decay) – et comme on dit en anglais, I’m glad I did. Auteure de sculptures sonores qui évoquent à la fois Mia Zebelka (et on vous renvoie aux premières lignes de ce papier) et Aaron Copeland, le tout mariant le violon, instrument de base de la musicienne américaine, aux synthétiseurs. Tout en optant pour un stylé répétitif totalement représentatif de la scène musicale d’outre-Atlantique – qui n’a jamais entendu les boucles infinies de Philip Glass, même si dans le cas présent, nous en sommes loin – l’artiste d’Oakland ne donne toutefois pas toujours sa pleine mesure. Par instants, on se croirait même en plein revival faux synthkraut, voire même Vangelis (gloups), alors qu’en d’autres lieux, plus avantageux, des échos kosmische à la Tangerine Dream vs Leyland Kirby viennent heureusement compléter le tableau. Incomplet, hélas.

Ziya Ertekin, Hollandais d’origine turque passionné de musiques africaines, a effectué l’année dernière un périple de plusieurs mois en Afrique qui l’a mené entre autres sur les traces du label CMS à Nairobi. Actif dans les années cinquante et soixante, CMS (Capitol Music Store) joua un rôle capital dans la diffusion et la promotion de la musique kenyane mais aussi congolaise en popularisant des styles aujourd’hui disparus comme le benga. A l’époque, le label vendit des centaines de milliers de 45 et 78 tours. Tout comme ses concurrents AGS (African Gramophone Store) et Vedis, il contribua à la renommée de musiciens kenyans tels John Ndolo, John Mwale, Ben Blastus et surtout le guitariste surdoué George Mukabi, décédé prématurément au cours d’une rixe familiale. Dans les années 70, l’avènement de la cassette et des facilités de duplication que son procédé engendrait réduira à néant l’industrie locale du disque. Ertekin, collectionneur patenté, a effectué un véritable travail de recherche et d’enquête en retrouvant certains des héritiers de ces noms qui ne disent rien à nos oreilles européennes. Cette compilation d’une quinzaine de titres est le résultat de son travail. Elle est accompagnée d’un livret bien documenté. Elle s’adresse à ceux par exemple qui avaient apprécié l’anthologie ‘Roots of Ok Jazz’ parue chez Crammed tant la démarche historique qui la sous-tend est identique. (et)

Various Fac. Dance 02 ‘Factory Records 12” Mixes And rarities 1980-1987’ Strut/!K7

L’espace d’une bonne décennie, le label Factory aura fait figure d’exception en terme de vision artistique et sur le plan de la gestion. Son patron, Tony Wilson, a en effet toujours privilégié la philosophie de l’art pour l’art, signant uniquement des artistes qu’il aimait en se fiant exclusivement à son intuition souvent bonne puisqu’il a lancé Joy Division, mais pas toujours, puisqu’il a envoyé paître les Smiths !, ne refusant aucun caprice aux artistes et trouvant déplacé de faire signer des contrats à ceux-ci, estimant qu’une parole donnée valait plus que tout ! Inutile de dire que pareil management s’est révélé fort peu rentable et que le label a fait faillite. En même temps, le résultat de la vision idéaliste de Wilson est que le catalogue du label frôle la perfection, comme en témoigne cette compilation de 24 titres, deuxième du nom. Laissant volontairement de côté les deux grosses stars du label que sont Joy Division et New Order, cette sortie met en avant des titres rares d’artistes avec lesquels les connaisseurs sont familiers, ainsi que des morceaux de groupes vraiment obscurs (Royal Family And The poor, Ad Infinitum, Swamp Children). Le caractère dansant des titres se décline ici de multiples façons, puisqu’à côté du post punk de Section 25 (les magnifiques ‘Knew noise’ et ‘Sakura’) et de The Wake (‘Host’), on retrouve des titres infusés de funk comme ‘Moody’ de ESG, ‘Go exciting’ de Quando Quango et ‘The fox’ des remarquables Minny Pops, mais aussi de l’électro disco post downtempo (l’excellent ‘Fate’ de Nyam Nyam) sans oublier le dub pur et dur de Sir Horatio et de X-O-Dus. On est même carrément surpris en découvrant que Factory a produit du rai avec Fadela ou des artistes aux inflexions bossa comme Kalima. Et puis, on retrouve également

des morceaux de Durutti Column et de Surprize...Une sortie essentielle. (pf)

Various ‘Subway Salsa : The Montuno Records Story’ Vampisoul

Cette compilation est un hommage. A New York. A la curiosité. Au monde et à la passion musicale. En 1970, Jesse Moskowitz décide d’ouvrir un magasin de disques. Il cherche un endroit adéquat, un lieu de passage où les gens se croisent, se pressent et s’empressent d’acheter un album. Le garçon prend le pari d’inaugurer la devanture de Record Mart dans le dédale des couloirs du métro new-yorkais : 14ème rue, six pieds sous l’agitation populaire de Times Square. Les rythmes latinos ont alors la cote chez les ados. Le label Fania cartonne. Moskowitz prend le train en marche et brocante des tonnes de disques. Chez lui, on carbure au mambo, au cha-cha-cha, au funk, au doo-wop, au tango et à la salsa. Entre deux rames, les clients poussent les portes de l’échoppe et moissonnent du son cubain, brésilien, mexicain, péruvien ou argentin. C’est l’Amérique latine qui palpite sous le bitume new-yorkais. En pleine ascension, Moskowitz lance son propre label : The Montuno Records. Établie à l’arrièreboutique, l’entreprise suit les goûts et la voix de son maître. ‘Subway Salsa’ raconte cette histoire à l’aune des plus belles trouvailles du label : des projets ensoleillés, cuivrés, enivrants et authentiques. Ces archives valent vraiment le déplacement. Aujourd’hui, Jesse Moskowitz a passé les clefs du magasin à son fils. Record Mart agite toujours les sous-sols de Big Apple. Vous prendrez bien un ticket de métro ? (na)

Various ‘Sensacional Soul Vol. 3’ ‘Skanish Sound’ Vampisoul

Deux objets explorent les importations musicales de l’Espagne dans la seconde moitié des sixties. On s’attaque d’abord au troisième volume de la compilation ‘Sensacional Soul’ où l’on suit les circonvolutions afroaméricaines en terre ibérique. En 28 titres, enregistrés entre 1966 et 1976, l’oreille appréhende l’influence des grands modèles de l’épopée soulfunk (Motown, Stax, Chess Records) sur la culture populaire espagnole. La fascination est telle que certains morceaux sonnent comme des facsimilés des originaux (la relecture du ‘Papa’s Got A Brand New Bag’ du Latin Combo est un exemple criant). Si on peut se réjouir de cette nouvelle salve de soul hispanique, on sent poindre une certaine redondance dans l’approche de cette série qui, dès le premier volume, avait fait le tour de la question. La fiesta, la vraie, est à chercher sous le soleil de Jamaïque. À la même période, l’Espagne découvre en effet les mélodies chaleureuses du ska, du mento et du rocksteady. Les chansons de Desmond Dekker, Bruce Ruffin et des Pioneers traversent les continents pour échouer sur les côtes européennes. La compile ‘Skanish Sound’ retrace cette période ensoleillée et caresse la perfection sur plusieurs plages (‘Qué Familia Mas Original’ de Los Telstars ou ‘Un Dia De Invierno’ de l’excellent Palito Ortega). Magnifiée par une approche naïve et totalement décomplexée, la musique jamaïcaine se voit ici dépouillée de certains clichés qui lui pendent parfois dans le cou comme de vieilles rastas desséchées. (na)


Texte : Le Dark Chips

Texte : Eric Therer

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait decidé de soigner l’infâme, le Dark Chips. Sans relache, il avait tapé, tapé et tapé encore sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Aimer à croire qu’une bonne âme un jour lui rendrait sa liberté. L’impression d’une éternité et enfin le sauveur. Le Dark le remercia comme il se devait, se débarrassa de son corps et sourit. Il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif

exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

Micro Festival

Classe de rétho, 15h10, l’heure est grave et vous le savez. Lorsque M. Belpaire rentre dans la classe de ce pas vif et tendu, c’est mauvais signe. Vous vous rappelez alors que le latin lui tient à cœur, que vous, vous n’en avez rien à foutre, qu’il fallait bien choisir quelque chose. Belpaire, lui, il se disait que c’était beau d’apprendre, d’éduquer. Il préférait oublier que tout ce qui intéressait un ado, aussi doué soit-il, c’était de torturer le sexe odorant de sa conquête du moment, et puis sentir. Dans ta gueule Belpaire, c’est la veille du mois du juillet et tu te rends compte que tes efforts furent vains ! A la merde ton exam ‘sympa’ et tes méthodes accrocheuses, tes élèves n’en ont rien à foutre. Il y a bien la première de classe, gentille au demeurant, qui surplombera toujours la mêlée. A croire que rien ne la passionne vraiment cette gosse là…Puis t’as ceux qui bûchent, mais qui y arrivent à peine et tu les détestes secrètement d’être aussi cons. Pire encore, ceux à qui il faudra rendre hommage pour « cette belle remontée » en fin d’année. Je te connais mon Belpaire, si t’avais pas des cotas de réussites à respecter…Mais ces petits cons sont sauvés par les cancres, les branleurs et les connasses. Ceux pour qui tu t’es arraché comme jamais, Belpaire, passionné que tu es. Mais tu ne t’attarderas pas sur leur sort, tu n’en as plus envie, tu n’en as plus la force, tu abdiques. Car c’est bien à cause d’eux que tu seras forcé de dire des autres qu’ils ne s’en sortent pas si mal finalement. Ca t’arrachera la gueule mais force est de constater que tu ne pourras que les féliciter, les moyens et les limites, pour ne pas plonger ta moyenne dans les eaux du Styx. Niveler par le bas pour ne pas sombrer totalement… Et je dois bien l’avouer, ce jour, je me sens un peu M. Belpaire moi aussi, fatigué de devoir chercher la lumière, m’offrir un peu d’espoir, y croire encore. Mesdames, Messieurs, nous coulons, c’est officiel. Nous coulons car le fond est devenu trop lourd et nous emmène, nous aspire. Quand l’eau atteignait nos chevilles, cela nous amusait, ça chatouillait. Aux genoux, c’était un peu froid mais on avait chaud au cœur. Arrivée à la taille, l’eau posait sur nos visages un faciès inquiet et aujourd’hui plus moyen de voir l’effroi sur nos lèvres puisque les flots ont atteint nos narines. La culture crève Mesdames, Messieurs, par un système rapide de désertification de l’effort. L’effort de découvrir, d’écouter, d’apprendre ou simplement de goûter. Paraîtrait que les gens réclament du ‘LOL’, réduits à l’état d’adolescent. Tro mar 2 sprendr la tèt koi! A la cave les esthètes, et que les élitistes les suivent si ça leur chante, on ne remarquera même pas leur absence tant la plèbe est dense. On aimerait se tromper et pourtant le constat nous accable, à l’instar des affiches électro-frileuses de nos festivals d’été, tous sublimés de superlatifs des plus ronflants. Des moutons à l’abattoir ! Et tu te disais alors que, même si tu aimais les détester, les grands médias avaient leur fierté et que jamais ils ne plieraient sous la pression populaire. Encore une fois tu t’étais trompé Belpaire. C’est l’heure de la soupe mon grand, finement mixée et servie, à discrétion, par les maisons de disques qui ne défendront à présent que les projets auxquels « elles $$$ croient $$$ »! Au final, en septembre, tu feras bien échouer deux de tes élèves sur ta classe de 25, mais ça sera plus pour le geste. Et du haut de leur médiocrité, ils te snoberont d’un regard plein de satisfaction. Et même s’ils s’en sortent, toi Belpaire, à 15h12, tu avais levé les yeux vers la classe et leur avait dit ceci ★ ★ ★ A ceux pour qui tu as définitivement perdu ton temps : Howse, si j’avais la bite à l’air dans un sauna à 70°, ton E.P. ‘Lay Hollow’ me serait certainement imposé. Mais jamais je ne considérerai que foutre des rythmes sur des chants d’oiseaux soit une richesse. ★ ★ ★ Chers The Night Terrors, votre ‘Monster/Lasers for Eyes’ est aussi passionnant qu’un album des Vismets. Mais eux sont à côté, alors pensez empreinte carbone ! ★ ★ ★ Si l’on en croit Darwin, la seule échappatoire pour System Of Survival serait musique d’attente de leur label (BPitch Control). ‘Needle and Thread’ comme « Les 4 saisons » ? ★ ★ ★ Small People, ‘Salty days’. Foutus oiseaux ! ★ ★ ★ ‘Summer Camp’ de Always. De l’électro pop, avec applicateur, comme les tampons. ★ ★ ★ Deepchild, si tu virais toutes ces voix dégueulasses de ton ‘Neukölnn Burning’, hein ? ★ ★ ★ A ceux qui ne s’en seraient jamais sorti si les autres n’étaient pas aussi mauvais : entre House, Garage et Minimal, le ‘Bring a Friend’ de Gary Beck a le mérite de ne pas faire de faute de goût flagrante. C’est déjà ça ★ ★ ★ Comme Tiga, il y en aura toujours pour trouver Herveé génial. ‘Pick Me Up, Sort Me Out, Calm Me Down’ excitera les jeunistes qui savent déjà que son album suivant sera So Has Been ! ★ ★ ★ David Kennett et Jack Stevens diffusent au détour de leur projet Spectrasoul une drum&bass gorgée de basses profondes. Par souci de perfection ou par loi d’un dictatorial (Shogun Audio), ‘Delay No More’ fait dans le léché, ne dépasse jamais. Perfection, souvent je te hais! ★ ★ ★ Mais pas autant que la secte Kitsuneé qu’il me faudra bien cette fois-ci, meurtri dans ma chair, sauver des flammes de l’enfer. ‘Kitsuné Soleil Mix’ surnage par la grâce de son casting plus que par sa couleur sonore tout soleil dehors ! Citizens, Metronomy, The Rapture, tous remixés pour l’été ! ★ ★ ★ A ceux à qui tu te jureras de ne plus jamais filer la moyenne désormais : et encore une compilation de Classic Deep-House servie par Johnny D sur (BBE), une ! Cette fois, ‘You Know How We Dewse’ se mixe avec Nicky P, et ca intéressera uniquement les puristes du genre. ★ ★ ★ Oui, Skrillex cartonne. Non, Skrillex ne change rien à sa recette sur ’Scary Monsters & Nice Sprites’. Ca plane pour lui, s’bataar ! ★ ★ ★ On ne reprochera pas à Diplo un manque de goût, bien au contraire. Mais, à cette star de la production (Major Lazer, M.I.A., Usher), on aimerait signaler que son nouveau statut ne lui permet plus de pécher par paresse ? ‘Express Yourself’ rend certes plus digeste la Dub Step tapageuse (cfr. Skrillex) mais se mord la queue dès le deuxième morceau. En restera alors 5. ★ ★ ★ A ceux dont tu salueras l’effort : lorsque le label d’Hambourg (Diynamic) fête ses ‘5 years’ d’existence avec une double compilation caritative. Du local avec Solomun, H.O.S.H. ou encore Stimming et du remix avec entre autres GusGus, Hot Chip et WhoMadeWho. A vot’ bon cœur ! ★ ★ ★ Bienvenue dans l’univers de Christian Loöffler, entièrement synthétique, parfaitement cotonneux, tout à fait lavable à la main. ‘A Forest’ est un encourageant premier album dans ce monde minimal de brut. ★ ★ ★ A ceux dont tu serreras la main chaleureusement, la larme à l’oeil : Otto Von Schirach bouffe à tous les râteliers sans peine et sans rougir. La musique électronique revisitée en 12 plages tout au long de ‘Supermeng’. Amusant, excitant, attachant. Merci (MonkeytownRecords) ! ★ ★ ★ Beat Connection, en toute sincérité ! De la pop électronique qui ne triche jamais, l’essence de ‘The Palace Garden’, et si à Seattle, la pluie est reine, je serais tenté de lancer dès à présent l’avis de sécheresse. Du soleil ! Et là, Belpaire, tu le sens redescendre le niveau de l’eau ?

Le tracé de la rue Vivegnis n’est pas rectiligne tandis que la chaussée elle-même est mal pavée, flanquée de part et d’autre de petites maisons modestes aux façades sales, peuplées par plusieurs générations d’immigrés venus des quatre coins du monde. Malgré les apparences, cette route fut l’une des voies historiques de Liège, une des plus anciennes. La chronique proverbiale rapporte qu’elle fut notamment celle que prit Charlemagne pour rejoindre Aix-La-Chapelle et inversement. Pas plus que vous ne connaissez Vivegnis, petit bourg suburbain dorénavant englobé dans la grande périphérie liégeoise au pied de la colline d’Oupeye, vous ne connaissez la rue Vivegnis. Et pourtant, ce premier week-end d’août, vous l’empruntez sans vous en apercevoir, avec un air débonnaire qui est celui qu’affichent des dizaines d’autres festivaliers qui se rendent eux aussi à pied ou à vélo au n° 251. L’entrée est pourvue d’un large portail massif en acier. Il gardait autrefois l’accès d’un charbonnage dont les bureaux étaient sis dans une large demeure aux allures sévères néo-gothiques, aujourd’hui transformée en espace dévolu à

l’art contemporain. Mais pour l’occasion, c’est une petite caravane bancale qui fait office de guichet. Le chapiteau est sis dans la vaste cour en pavés. Un bar occupe tout le flanc gauche tandis qu’un salon garni de tapis accueille les plus indolents. Les frites sont servies dans un camion bleu ciel et le stand de merchandising tient plus de l’étal de marché dominical que d’un comptoir mercantile. Vous êtes sur les lieux du Micro Festival. Vous aviez perdu le goût des festivals, ces grands messes racoleuses, véritables entreprises carnassières commerciales dotées d’appareils sécuritaires sophistiqués, foires bariolées imbéciles et putassières. Grands ou petits, ils ne vous disent plus rien. Que dire alors d’un micro festival ? Là où vous vous tenez, au centre de la cour pavée, vous considérez les choses, vous parcourez du regard la gauche, la droite, la file au camion à frites, les hipsters, les branleurs, les personnages incontournables, tout le village liégeois, vous guignez, vous matez. La musique de The Chap assaille vos oreilles. Ca s’agite ferme sur la scène. Ca remue un peu dans le public. Ca dodeline de la tête et ça se déhanche nonchalamment du popotin, partout sous la tente. L’atmosphère vous apparaît tout d’un coup bienveillante, bienfaisante même. C’est alors que soudainement une sorte d’enchantement se produit. Tout alentour, vous percevez l’ondulation des vibrations. C’est palpable. C’est tangible. Ca vous entoure. Ca vous englobe. Ca vous tient l’oreille et les jambes. De putains de bonnes vibrations. Le lendemain, c’est le souffle du Colin Stetson qui vous tiendra coi. Son sax basse XXL règne. La respiration qui l’alimente échappe aux lois de la gravité. Stetson pourrait tout aussi bien se tenir sur la scène de Musique Action à Vandœuvre-lès-Nancy ou sur celle de Musique Actuelle à Victoriaville. On est pourtant au cœur du quartier Saint-Léonard et ce n’est pas un parterre d’initiés qui palpite mais une foule bigarrée estivante. Plus tard, sur le terre-plein, un dj diffuse ‘Hong Kong Garden’ de Siouxie & The Banshees. Il vous semble être revenu en arrière dans le temps, au début des eighties, une époque où les festivals rock étaient alors encore empreints d’une sorte de candeur et de fraîcheur. Plus tard dans la nuit, les troupes sont redirigées outre Meuse, Outremeuse, vers la Caserne Fonck où se tient une after-party. Dj BonGoût et Geister ont mis les jambes en train avec un bel entrain. Derrière eux déjà trépigne Jason Forrest. Et quand il se saisit des commandes de la console, c’est une nouvelle baffe dans la gueule que l’on se prend. La performance est à l’image de son personnage : jouissive, truculente, jubilatoire. Pour l’heure, on voudrait rester encore un peu. Prolonger. S’éterniser. Là, près du pont Maghin. Vivegnis. Au quartier nord. Au nord des choses. Goûter encore un peu à la nuit d’été qui s’étire. Celle de ces premières journées d’août où déjà la durée diurne s’amenuise imperceptiblement.


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T e x t e : : GAenrnye L - Lei f seebRverm eacle

Carrefour d’itinéraires artistiques et de métissages culturels, la Nouvelle-Orleans n’a jamais usurpé son statut de melting pot. Vu sous cet angle, il n’est guère surprenant que Joey Burns et John Convertino y aient

déposé leurs états d’âme et leurs instruments le temps d’un enregistrement. Mais pour un groupe aussi prolifique que Calexico, les quatre ans de gestation nécessaires à ce nouvel opus sont loin d’être anecdotiques. Faut-il y voir une sorte de mid-life crisis d’un groupe de quarantenaires aux prises avec des questions existentielles ? S’aventurant hors de la rude simplicité

et de l’âcre poussière du désert arizonien dont les cactus aiguillonnent traditionnellement l’inspiration, Calexico propose avec ‘Algiers’ un disque hanté et tourmenté mais aussi aéré par l’esprit d’une ville qui fait écho à l’introspection de ses hôtes. Rencontre avec un John Convertino aussi philosophe qu’introverti.

Quatre ans se sont écoulés depuis ‘Carried To Dust’. C’est la première fois que vous mettez aussi longtemps à sortir un nouvel album. Était-ce un choix délibéré de prendre un peu de recul et de consacrer davantage de temps à vos side-projects ou bien était-ce tout simplement lié à un blocage d’ordre créatif ? John Convertino : « Je vais enfoncer une porte ouverte et être un peu rabat-joie, mais plus on prend de l’âge, plus la vie devient compliquée. On perd son insouciance, il y a de plus en plus de choses dont il faut s’occuper. Les responsabilités familiales, principalement, prennent une place sans cesse plus importante. Le rapport au temps aussi devient fondamentalement différent. Tout va plus vite quand on avance dans la vie. Pour cet album, c’est la remise en route qui a été le moment le plus pénible dans le processus de création. Aussi bien Joey que moi avions collaboré à différents projets depuis ‘Carried To Dust’ mais là il fallait qu’on se remette à bosser ensemble, faire redémarrer la machine en quelque sorte. Je n’oublierai jamais ce matin-là, quand on a décidé de commencer ce disque, on est rentré dans le studio, on doit avoir joué deux notes et Joey s’est tourné vers moi et a dit : « Et si on allait plutôt manger un bout ? ». C’était douloureux, on se rendait compte tous les deux qu’on n’était pas prêt. Après ça, on a accumulé des idées pendant des mois sans rien sortir de vraiment concret. Ca n’est que quand la maquette de ‘Sinner In The Sea’ a été prête que tout s’est débloqué. Cette chanson avait une structure, on commençait à se l’approprier. Alors seulement à ce moment-là, je me suis dit : « OK, on tient ce nouveau disque, on va y arriver. » » Dans le même temps, l’industrie musicale ne vous a pas attendus pour continuer à évoluer. Comment percevez-vous cette évolution ? John : « C’est aussi une autre raison qui fait qu’on a pris autant de temps pour sortir ce nouveau disque. Notre label aux States ne se portait pas bien. On était entre deux labels, en transition. Je ne me suis jamais beaucoup intéressé aux aspects business liés à notre musique. Mais je sais que la question de mettre un prix sur notre musique et notre travail s’est très clairement posée. Tu peux avoir de la musique gratuitement maintenant, ce qui n’était pas le cas au début de notre carrière. C’est une évolution majeure pour tous les musiciens. C’est évidemment une bonne chose pour les fans mais pour les musiciens qui veulent essayer de vivre de leur production, le raisonnement est très différent ! Si je veux être plus direct, it really sucks ! (rires). Comme d’autres, on va donc encore miser davantage sur la scène, les tournées…et heureusement, on aime ça ! Car c’est clairement cette facette du job qui nous maintiendra en vie. » La façon de consommer la musique a également beaucoup évolué. N’est-ce pas à de nombreux égards frustrant pour des musiciens comme vous qui mettez tellement d’énergie et de soin à fignoler les moindres détails de votre musique et de votre production ? John : « J’ai en effet beaucoup de mal avec ça. A l’heure actuelle, les gens décident d’acheter de la musique d’un simple click après avoir écouté des extraits parfois très courts sur un matériel qui, le plus souvent, massacre les subtilités d’une production. Et effectivement, le consommateur perd toute notion de l’investissement humain qui a été nécessaire en amont pour produire ce son ! Je me suis souvent fait la réflexion durant le mixage de savoir si quelqu’un allait réellement entendre certaines des subtilités sur lesquelles on se cassait la tête pendant des heures ! Oui, certaines personnes les découvriront certainement, mais pour la majorité, ça leur passera au-dessus de la tête…C’est pourquoi je vois le retour du vinyl d’un très bon œil. Il y a le retour à un vrai cérémonial d’écoute qui met l’auditeur dans les meilleures conditions pour apprécier un disque. Il y a un vrai engagement. Comme avec les livres. » Venons-en à ce nouveau disque. ‘Algiers’ a été enregistré à la Nouvelle-Orléans. Est-ce que cette ville peut être considérée comme le troisième membre du groupe dans

cet album ? Et pourquoi avoir choisi cette ville ? John : « Je pense effectivement que New-Orleans est un membre du groupe à part entière dans cet album. On avait toujours enregistré nos disques à Tucson. Avec ‘Feast Of Wire’, on avait déjà un peu dérogé à la règle en allant faire le mixage ailleurs. En venant en Europe si régulièrement, on a découvert des studios fantastiques à Rome, Berlin et ici à Bruxelles. Ca nous a donné l’envie de voir ce que ça pouvait donner de sortir de notre studio habituel. ‘Algiers’ a en réalité été entamé à Tucson et on l’a emmené à New-Orleans pour le faire évoluer, lui donner d’autres couleurs. Aller là-bas après l’épisode Katrina, c’était une volonté d’aller capturer un feeling, des vibrations plutôt que des influences musicales ou un style et un son particulier traditionnellement associés à New-Orleans. Il y a une telle histoire musicale dans cette ville et, au-delà de la musique, un tel historique d’évènements positifs ou tragiques que ça ne pouvait que générer des émotions ou des vibrations intéressantes à capturer pour enrichir notre musique. » ‘ Algiers’ n’est-il pas quelque part votre disque le plus « européen » ? Et la Nouvelle-Orleans un compromis par rapport à un rêve ou un fantasme de venir un jour enregistrer en Europe ? John : « Inconsciemment oui, ‘Algiers’ est sans aucun doute notre disque le plus « européen », musicalement s’entend. Même si nos fondamentaux sont toujours là évidemment. Pour ce qui est d’enregistrer en Europe, je te répondrais sans hésitation par l’affirmative ! Mais vu les contraintes de temps et de budget, je pense que c’est plutôt du domaine de l’utopie. On en revient aux considérations sur les responsabilités familiales et les contraintes liées au business…» L’enregistrement s’est déroulé dans une vieille église. Quelle influence ce lieu particulier a-t-il eu sur votre son ? John : « Enormément d’influence. Notre studio à Tucson est une pièce fermée, très brute, sans fenêtres, avec des parois et un sol en béton. Je dois même parfois installer ma batterie sur une sorte de plateforme pour avoir davantage de résonnance. Dans cette église, avec ses hauts plafonds, ses pièces en bois, tout résonnait naturellement ! Les fûts de ma batterie donnaient un son beaucoup plus massif. Il y avait aussi plein de fenêtres qui ne nous coupaient pas de l’extérieur, on ressentait la ville qui vibrait au-dehors. Le Mississippi était tout proche. De la lumière et de la profondeur, voilà comment on peut résumer ce que nous a apporté ce spot. Et puis il y avait l’esprit du lieu. C’est troublant, mais par exemple, sur une chanson comme ‘Para’, j’ai eu l’impression en réécoutant l’enregistrement que ça n’est pas moi qui joue ! » Puisqu’on en parle, ‘Para’ est une chanson très personnelle qui détonne un peu dans votre répertoire où ce sont plutôt les histoires des autres qui sont mises en musique. John : « Oui c’est certain. Joey a toujours dit qu’il préférait être plutôt abstrait dans son écriture, être plus narratif que d’utiliser la première personne. Et je pense que c’est pour ça qu’il m’a laissé écrire cette chanson en particulier (rires) ! Au départ, je n’avais pas l’intention d’écrire quelque chose de si personnel. C’est sorti comme ça, très progressivement. A ce moment-là, j’étais complètement sous l’influence du film de Terrence Malick ‘The Tree Of Life’ et je voulais marquer le coup quelque part dans l’album. Laisser une trace. A priori pas nécessairement dans une chanson en particulier. Puis Joey m’a suggéré d’écrire le texte de cette chanson et j’y ai vu tout de suite la bonne occasion ! Et j’ai essayé de transposer ce qui m’avait touché dans le film à travers mon propre regard de père et de mari. Voilà comment la chanson est née. » La vidéo qui accompagne ce titre est encore plus personnelle. On dirait que vous avez été piocher dans vos archives familiales personnelles. C’est une forme d’hommage à vos parents ou un clin d’œil à la même époque que celle à laquelle se déroule ‘The Tree Of Life’ ?

The Cactus Of Life


Texte: anne-lise remacle John : « Oui clairement. On y voit mon père, ses enfants, l’ambiance typique des 50’s, comme dans ‘The Tree Of Life’. J’adore le 50’s style, ses nuances, ses tensions… » Chacun de vos albums décline généralement une thématique bien particulière. On retrouve ici à nouveau des mots comme « walls » ou « bridge » qui reviennent régulièrement dans vos chansons. Quelle nouvelle thématique avez-voulu aborder dans ce disque ? John : « L’obsession des frontières ou des murs restera toujours, sans aucun doute. Je n’oublierai jamais la première fois que nous avons joué à Calexico. Ca a été un vrai choc. La frontière là-bas n’est pas une frontière comme les autres, c’est un véritable mur. Un mur qui brise la ville. Un peu comme à Berlin. On a aussi été à Cuba il y a quelques années. C’était un rêve pour nous d’aller là-bas. Mais vu le contexte politique, on a dû y aller à la dérobée. L’embargo est une forme de mur invisible, on n’en avait pas conscience à ce point, ça nous a sauté à la figure. Pour ce nouvel opus, on aborde surtout des thèmes liés à la persévérance, la résilience, la guérison, le fait de survivre à une épreuve. La Nouvelle-Orleans, qui a gardé son caractère festif à de nombreux égards, était l’endroit idéal pour s’inspirer de ça. Et je peux aussi mettre ces thèmes très facilement en perspective avec nos vies personnelles et les conséquences que ça a au quotidien sur notre vie de musicien…» On ressent en effet pas mal de questionnements, d’introspection dans tes propos. Comment envisages-tu l’avenir de Calexico dans ce contexte ? John : « Lorsque j’étais avec Howe Gelb au sein de Giant Sand, je ne me suis jamais dit : «Ca va être mon dernier show avec Howe ». Il faut prendre les choses comme elles viennent. Un jour ça se terminera sûrement avec Calexico aussi et on ne l’aura pas vu venir. Ca sera tout aussi surprenant pour moi que le jour où tout a commencé. C’est vraiment ma philosophie, prendre jour après jour. Musicalement, j’aimerais peut-être explorer d’autres territoires musicaux. Quelque chose qu’on a toujours eu envie de faire et qu’on n’a jamais fait. Des orchestrations beaucoup plus épurées par exemple, comme sur la chanson ‘Better And Better’ qui est une de nos chansons les plus dépouillées. Ou faire un disque ou la production serait beaucoup plus monochrome, plus cohérente. Plutôt qu’avoir un titre avec du delay et le suivant pas, par exemple. Mais on pourrait tout aussi bien aller dans une direction diamétralement opposée. Beaucoup de nos titres sont des instrumentaux. On en a d’ailleurs joué quelques-uns avec des orchestres symphoniques aux Etats-Unis ou plus récemment à Berlin et à Vienne. Pour moi qui suis un musicien plus intuitif, c’est beaucoup plus construit et structuré, comme approche, mais pourquoi pas…» Pour rester dans le « classique », Howe Gelb justement et Giant Sand ont sorti récemment un disque présenté comme un country-rockopéra. Est-ce que Calexico pourrait un jour s’inscrire dans ce genre de démarche thématique ou bien avez-vous le sentiment d’avoir déjà réalisé un projet similaire sans lui attribuer cette qualification ? John : « Je pense qu’on l’a déjà fait sans pour autant le baptiser formellement de la sorte. Tu l’as évoqué, tous nos disques sont très thématiques. Même à l’époque du CD, on a continué à travailler pour avoir une face A et une face B dans nos albums. Il y a toujours une colonne vertébrale et un point de rupture ou le disque bascule, change d’humeur. J’ai toujours été assez fier de ça. Mais je suis effectivement curieux de découvrir ce nouveau projet de Howe. Il en parlait depuis tellement longtemps de son country-rock-opéra ! Il le portait depuis des années. Et je suis surtout curieux de voir s’il va le transposer sur scène avec des comédiens (rires) ! » Un disque : ‘Algiers’ (City Slang/Konkurrent) Suivez le guide : www.casadecalexico.com

on stage 19/09 Ancienne Belgique, Bruxelles

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Il est des toits où l’on se sent illico chez soi, où les fauteuils épousent confortablement nos carcasses en relâchement, où notre présence à table va de soi même sans rond-de-serviette, où évoluent des silhouettes complices qui accepteront notre mutisme prolongé ou amplifieront nos élucubrations grâce aux leurs. Des foyers-repères où l’on drainera, à une fréquence dictée par l’envie vraie, toute la substance requise pour oser crapahuter pardelà les zones explorées, faire le grand saut. Dans un de ces lieux transitoires éclairants, un disque à la familiarité apaisante, on a déniché Rozi Plain. Elle était là, et elle nous a souri. Tout simplement.

Plain(e) inondable En écoutant ‘Joined Sometimes Unjoined’, j’ai eu la sensation qu’au-delà du nombre impressionnant d’invités de talent, il s’agissait moins de prouver ses capacités techniques ou une certaine virtuosité qu’une façon d’amener les gens à jouer ensemble…on sent bien la présence humaine sur ton album ! Rozi Plain : « Oui, il s’agit bien de profiter de l’instant, je ne suis pas une musicienne incroyable techniquement, si tu vois ce que je veux dire… » Oh, ce n’est pas ce que je sous-entendais…j’adore les incidents, les rires des musiciens et les bruits extérieurs sur un disque ! Rozi Plain : « Oh ! Je ne me défendais pas vraiment ! Tu as raison : c’est tout à fait une question de s’amuser avec des gens que tu connais bien. » Autour de toi, il y a une curieuse circulation entre des gens de Bordeaux comme François & The Atlas Mountains ou même Sean Bouchard de ton nouveau label Talitres, Kate et Jesse de This is The Kit qui sont anglais…une sacrée bande ! Rozi Plain : « Kate vient de Winchester, nous avons grandi dans la même ville, je la connais depuis des années. Elle vit à Paris maintenant et nous avons beaucoup tourné ensemble, mais les parties que nous avons enregistrées ont été faites à Bristol. J’ai rencontré François Marry à Bristol il y a sept ans, je le connais très bien (rires), et j’ai joué dans François & The Atlas Mountains et il joue dans mon groupe quand il en a l’occasion. Quand j’étais en France il y a quelques mois, j’ai rencontré Mathieu (ndlr : Hauquier, de Botibol), de Bordeaux, on en a profité pour qu’il apparaisse aussi sur l’album. » Est-ce qu’on peut parler de « new Bristol scene » ? Tout le monde a à l’esprit l’émergence fondamentale dans votre ville d’une scène urbaine, notamment trip hop dans les années 90 (Portishead, Tricky, Massive Attack, Roni Size, etc.). La vôtre, si elle est plus discrète, n’en est pas moins bien présente. Rozi Plain : « C’est drôle, quand on parle de la scène de Bristol, pas mal de monde pense qu’il s’agit toujours de trip hop et ce n’est vraiment plus le cas. Mais oui, c’est très vivace, il y a énormément de musique en gestation dans cette ville. Tu finis toujours par être ami avec ceux qui font évoluer la scène. Mais c’est important qu’il y ait des ouvertures extérieures parce que c’est difficile quand tu es sur place de te rendre compte de ce qui s’y trame, alors que quand tu t’en éloignes, il y a toujours bien quelqu’un pour te dire : « Oh oui, là d’où tu viens, il se passe tant de choses, c’est formidable ! » et tu réalises alors ce que tu es en train d’accomplir. Bristol c’est un endroit très sain pour les musiciens!» Tu penses que le facteur aquatique de votre ville peut avoir un impact appréciable, pour cette vivacité créative? Ca semble un thème très présent dans vos albums (‘See my boat’ dans le tien, mais aussi ‘Je suis de l’eau’ chez François) et j’ai lu que tu travaillais sur un ferry… Rozi Plain : « Maintenant, j’habite à Londres. Auparavant, oui, c’était mon job. C’était incroyable d’être en ville mais d’avoir une baie à l’intérieur et c’est toujours bon de pouvoir quitter la ville facilement, ce qui est possible à Bristol alors que c’est compliqué à Londres. Mais je suis dans un très chouette pub, donc ça va (rires). C’est important d’avoir de l’espace pour respirer. Bristol était suffisamment petite pour tomber nez à nez avec les gens mais suffisamment vaste pour qu’il s’y passe toujours quelque chose. » Et le fait de déménager, est-ce une façon justement de « penser plus grand » pour ton projet?

Rozi Plain : « En partie, j’imagine. J’habitais à Bristol depuis seize ans, et j’aurais pu y rester pour toujours, et ça aurait été chouette d’y rester mais je voulais que ça soit plus facile pour moi de me déplacer, me sentir moins chevillée à un lieu, et c’est excitant d’être au cœur d’une ville avec autant d’énergie que Londres. » Vous semblez tous apprécier un certain côté handmade : François fait des aquarelles, Rachael Dadd brode, ta pochette présente un échantillon de dentelle, et tu as décoré un bateau à balancelle pour une exposition. Est-ce que c’est essentiel pour toi d’exercer ta créativité ailleurs qu’en musique ? Rozi Plain : « Oh, ma pochette, c’est un collier qu’une amie m’a donné. Mais oui, définitivement, c’est réellement important parce que l’inspiration musicale vient aussi du fait que tu vis ta vie, pas juste du fait d’écrire. C’est fantastique d’avoir le temps de composer des morceaux, c’est un vrai privilège, mais tu as aussi besoin de temps pour faire des expériences, j’adore exercer différentes parties de mon esprit. C’est aussi essentiel d’être simplement avec des gens et te sentir une partie du monde plutôt que de rester dans ton coin. » Est-ce que tu penses que la musique doit refléter une part d’intimité, même déguisée ? Rozi Plain : « Oui, je pense que les chansons sont très personnelles, mais elles sortent de ma sphère et j’adore voir comment d’autres les interprètent, comment leur sens évolue au cours des mois. Beaucoup de mes morceaux sont des messages à des gens précis et j’espère qu’ils comprendront ou qu’ils ne comprendront pas (rires). » Ce que je trouve intéressant dans tes paroles, c’est cet aspect répétitif, presque des mantras personnels, non ? Rozi Plain : « J’aime vraiment les choses élémentaires, les phrases pas trop élaborées. Enfin pas rien que ça, mais quand il s’agit de moi, c’est comme ça que les choses sortent : des paroles courtes et sobres, et des mélodies relativement simples, c’est ce que je trouve confortable. »

Rozi Plain ‘Joined Sometimes Unjoined’ Talitres/V2

Le « Stop, stop, stop stop, stop » du très paisible ‘Take it’ nous y exhorte : il faut s’immiscer dans la parenthèse folk gracieuse de Rozi Plain en acceptant de marquer des points de suspension, de se hisser sur la pointe des pieds, de se délester du superflu. Permettre au diaphragme de retrouver sa juste place, au marimba de faire tintinnabuler les secondes initiales de ‘Cold Tap’, comme une invitation dérobée à rejoindre un chœur de colibris derrière un rideau de cascade. Adhérer à cette technique subtile d’affût vous conduira, avec un peu de chance, à frôler par mégarde d’autres spécimens siffleurs nichés en haut d’’Eating in your house’, à retrouver un cycle plus organique sous les cuivres de ‘Catch Up’, et vous assurera un siège à bord du ferry de ‘See my boat’ jusqu’à une transe zazoue avec un équipage de choix. Il n’est pas exclu, alors, que vous capturiez des bribes d’échos choisis, que ‘Joined Sometimes Unjoined’, assemblage fin de bulles vocales légères et de loops au pouvoir adoucissant, vous escorte durablement en expédition avec autant d’escales que possible. Inspirez profondément. (alr) Suivez le guide : http://roziplain.co.uk/


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Texte : n An i cnoel- a L iss e a lRsetm ea ec nl e

On pensait avoir perdu le dandy suédois. On imaginait Jens Lekman ailleurs, le regard tourné vers d’autres horizons, à des années lumières de ses chansons lumineuses, à des kilomètres de ses arrangements luxuriants. On le voyait bien dans un autre pays, sous d’autres cieux. On ne s’est pas totalement

trompé. Quand on le retrouve autour d’un verre, le crooner a traversé les continents et essuyé une méchante rupture sentimentale. De New York à Melbourne, son cœur a voyagé. Sa musique aussi. De retour, l’homme en sait plus de l’amour.

‘I Know What Love Isn’t’ sonne comme une confession. C’est surtout le titre de son nouvel album. Élégant, raffiné, toujours romantique.

Amour, honnêteté et autres contrariétés On a attendu près de cinq ans avant d’entrevoir la silhouette de ce nouvel album. Où étais-tu passé pendant tout ce temps ? Jens Lekman : « Après l’enregistrement de l’album précédent (‘Night Falls Over Kortedala’), j’ai tourné sans discontinuer pendant plus d’un an. Sans pause, sans répit. C’était certainement une de mes plus mauvaises idées. Au terme de la tournée, j’étais complètement lessivé. J’avais tout laissé derrière moi. De retour au pays, je n’avais même plus de logement. Voilà ce qui arrive quand on oublie de payer son loyer pendant plusieurs mois... J’ai alors décidé de repartir d’une page blanche. J’avais besoin de me ressourcer. J’ai quitté la Suède pour aller vivre une histoire d’amour à New York. L’histoire a duré un temps. Puis, on s’est séparé. Là, j’ai décidé de prendre un avion pour l’Australie. La majeure partie du nouvel album a été composée là-bas. » Tes chansons entretiennent une certaine nostalgie. Doit-on chercher sa source en Suède ? Est-ce que le pays t’a manqué quand tu étais à l’étranger ? Jens Lekman : « C’est surtout ma famille qui m’a manqué, pas vraiment le pays. La nostalgie, elle, est une constante dans mon univers musical. Pour moi, c’est un concept abstrait. Je ne regrette rien de mon passé, je ne cherche pas à revivre des épisodes de ma vie ou à retourner à tel ou tel endroit. Mais, quand on s’inspire de faits réels pour écrire des chansons, je pense qu’on verse quasi systématiquement dans une forme de nostalgie. » Plusieurs titres du nouvel album racontent Melbourne. Peux-tu évoquer la vie sur place et la scène locale ? Jens Lekman : « Melbourne est une métropole assez européenne. On n’est pas perdu quand on débarque là-bas. On trouve facilement ses repères. C’est une ville accueillante. Les gens sont hyper cool. La scène musicale évolue autour de cercles restreints. Les musiciens se regroupent par style et aiment à partager leurs chansons. Ils jouent souvent les uns chez les autres. Un jour, on se retrouve dans le salon d’un tel et, le lendemain, tout le monde bouge dans le jardin de quelqu’un d’autre. La scène rock garage, par exemple, se rassemble généralement sur la plage ou dans les parcs. Ce sont des rassemblements spontanés. Les musiciens se sentent libres de jouer où ils veulent. Il y a une véritable émulation au niveau de la créativité. C’est très inspirant. Les Australiens prennent le temps de cultiver leur art. Là-bas, on trouve encore de nombreux fanzines, vendus avec des compilations éditées sur cassettes. Ça peut sembler complètement has-been. Mais, dans les faits, ça crée une communauté musicale avec une forte identité. »

Aujourd’hui, tu as quitté Melbourne pour Göteborg. Tu avais fait le tour de la question en Australie ? Jens Lekman : « Non, pas du tout… Melbourne me manque terriblement, chaque jour un peu plus. Le truc, c’est que j’étais confronté à de gros problèmes de visa. Je ne pouvais travailler légalement et m’installer là-bas définitivement. J’étais obligé de faire des allers-retours pour justifier ma présence sur le territoire. Bosser, louer un appart, souscrire un abonnement de téléphone, tout était compliqué. J’avais nécessairement besoin d’un visa pour rester sur place sans me prendre la tête pour un oui ou pour un non. Une amie m’a alors proposé une solution : le mariage. Elle voulait m’épouser ! (Sourire) Cela me permettait d’obtenir la nationalité et de résoudre ce souci de visa. C’était une belle idée… Au départ, j’étais super emballé, véritablement excité par cette proposition. Pour moi, c’était la fin des problèmes… Mais, à la réflexion, j’ai réalisé que je ne pouvais décemment porter le poids de cette décision. Je sentais monter un sentiment de culpabilité. Je m’imaginais marié, par intérêt, incapable de raconter à quiconque les véritables raisons de mon union « sacrée ». Passer à l’acte, ça impliquait forcément de garder ce secret pour l’éternité. En parler, c’était prendre le risque de se confronter aux agents du ministère de l’immigration. Et, là-bas, quand on fraude avec ça, on ne rigole pas. Les risques sont divers : amendes, avalanche de problèmes administratifs et expulsion à vie du territoire. C’est pour cette raison que j’ai quitté Melbourne et dédié le titre de mon album à cette mésaventure. » Tracey Thorn, la chanteuse d’Everything But The Girl, est à l’origine d’une chanson du nouvel album (‘Become someone Else’s’ ?). Elle a écrit le morceau ? Jens Lekman : « Non. En fait, Tracy et moi, on se connaît un peu. On ne se voit pas souvent, mais on s’échange régulièrement des e-mails. En 2010, sur son album solo, elle m’a dédié une chanson où elle parle de l’amour. D’abord vu par les yeux d’une personne âgée. Ensuite, sous une perspective adolescente. D’une certaine façon, elle mettait là le doigt sur des traits seyants de ma personnalité. Elle touchait à mes propres sensibilités. Cette chanson est arrivée dans ma vie à un moment où je remettais beaucoup de choses en question. Ça m’a énormément touché. Quand j’ai commencé à composer mes nouvelles chansons, j’ai décidé de lui adresser une réponse. ‘Become Someone Else’s’ est une lettre ouverte à Tracey Thorn. »


Texte: anne-lise remacle © lionel deluy

Quand on parle de ta musique, il paraît difficile d’éviter la figure sacrée de Morrissey (The Smiths). Que t’évoque ce personnage ? Jens Lekman : « Le truc, c’est qu’en Suède, Morrissey est vraiment mainstream. Sa musique, c’est de la variété. Quand j’étais au collège, il valait mieux dire que tu écoutais ABBA que Morrissey ! Je trouve que ce qu’il fait, c’est vraiment hideux. De la merde. C’est de la musique bodybuildé avec son lot de mélodies athlétiques et de refrains conquérants. Tout ça ne m’excite absolument pas. Bref, je déteste Morrissey ! (Sourire) » Par le passé, en Suède, tu as déniché quelques jolies voix féminines pour assurer les chœurs de tes chansons. Par la suite, ces voix se sont révélées sur la scène internationale. Tu as notamment travaillé avec Sarah Assbring (El Perro del Mar), Victoria Bergsman (Taken by Trees) ou Frida Hyvönen. As-tu découvert de nouvelles chanteuses au cours de ton périple australien ? Jens Lekman : « Oui. Sur le nouvel album, j’ai parié sur la voix de Sophie Brous, une jeune femme inconnue du grand public. Actuellement, elle enregistre ses premières chansons. Elle est originaire de Melbourne et a commencé à chanter dans le circuit des petits clubs de jazz. Elle est vraiment très douée. De façon générale, j’aime bosser avec des inconnues. C’est mieux. Ça les amène à se distinguer, à livrer le meilleur d’elles-mêmes. Quand tu travailles avec des personnalités connues, tu dois composer avec un background et, parfois, avec la notoriété. Cela implique la notion de « featuring ». Et ça, c’est vraiment un truc que je n’aime pas. J’apprécie quand une voix crée le mystère et suscite la curiosité. Quand les gens écoutent mes chansons, j’ai envie qu’ils tombent sous le charme des chœurs féminins. Et qu’ils découvrent les talents qui se cachent derrière certains refrains. » En comparaison avec ton album précédent (‘Night Falls Over Kortedala’), les arrangements - toujours bien présents - se font plus discrets, moins carillonnants. ‘I Know What Love Isn’t’ se joue davantage dans la subtilité. Pourquoi évoluer en ce sens ? Jens Lekman : « C’est amusant de parler d’évolution. Car, en terme d’arrangements, il s’agit presque d’une régression. (Sourire) Pour l’album précédent, j’avais pris le pari de rassembler toutes les couleurs musicales que j’appréciais sur une même palette. C’était une grande fresque baroque. Cette fois, j’ai accentué mon sens de l’épure, en éliminant les motifs qui me semblaient moins pertinents. Je voulais qu’‘I Know What Love Isn’t’ soit moins consistant, moins écœurant. Un album, en particulier, a guidé ma décision. Ces dernières années, j’ai beaucoup écouté ‘Simple Pleasure’ des Tindersticks. Ce disque enferme à lui-seul d’innombrables styles musicaux. En un laps de temps très court, on passe du swing au ballet, de la soul au rock, du jazz à la musique pop. Le tout brille d’une riche sobriété. Cette approche musicale m’a beaucoup inspiré à l’heure d’enregistrer ‘I Know What Love Isn’t’. » Avant de publier ‘I Know What Love Isn’t’, tu as sorti un excellent EP intitulé ‘An Argument With Myself’. Tous tes EP’s se caractérisent par une esthétique singulière. A chaque fois, on y trouve un logo (une feuille d’érable, une bague, un palmier), une couleur (jaune, rose, vert) et une citation. Peux-tu nous éclairer sur cette approche visuelle ? Jens Lekman : « Tout ça a commencé sur base d’une observation personnelle. J’ai toujours pensé qu’on pouvait résumer les textes de mes chansons sur foi d’une seule phrase. Qu’on le veuille ou non, tout s’articule toujours autour d’une idée centrale. Quand j’enregistre un E.P., je passe donc des heures à extirper « la phrase » explicite pour l’apposer sur la pochette du disque. Visuellement, je trouve ça joli. C’est à la fois mystérieux et minimaliste. Les logos utilisés entretiennent toujours un lien avec le sujet des chansons. Sur le dernier E.P., par exemple, on trouve un cocotier. Simplement parce que les morceaux évoquent Melbourne. Où on croise de nombreux palmiers au bord des routes… Pour moi, le E.P est un objet important. C’est un enregistrement à part entière, pas le faire-valoir d’un single supposé. Je continue d’accorder un soin tout particulier à la publication de mes E.P’s. J’envisage d’ailleurs d’en sortir un nouveau d’ici peu. » Un disque : ‘I Know What Love Isn’t’ (Secretly Canadian/Konkurrent) Suivez le guide : www.jenslekman.com

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Qu’est-ce qui ancre véritablement un artiste dans la conscience collective commune, au-delà de son œuvre ? Dans le cas de Fiona Apple, l’épisode alpha qui aura aiguillonné les esprits et imposé la jeune femme publiquement a été perçu à la fois comme un acte d’aplomb et une provocation démagogique. « Go with yourself ».

Ces mots d’exhortation à l’individualité de la poétesse militante afro-américaine Maya Angelou, la musicienne américaine les a donc hissés comme sa devise dès 1997, devant le parterre médusé des MTV Awards à qui elle venait d’asséner tout son mépris face à l’industrie musicale malgré la récompense reçue pour son premier album ‘Tidal’. On a connu plus accorte formule de politesse à l’heure d’une esquisse de consécration. Il faut voir dans ce coup d’éclat l’émergence d’une artiste qui a eu l’audace très précoce de démuseler sa part sauvage, son daredevil, qui a refusé catégoriquement de l’enfouir aussi vivement que les convenances l’auraient dicté pour un bal des débutantes.

Femme qui court avec les loups Hérissée, caressante ou hurlante, la Fiona qui écrit ou scande n’a donc de cesse de transcrire ce paradoxe : s’accepter en tant qu’être humain et à plus forte raison en tant que femme passe non seulement par revendiquer qu’on se veut plurielle (« I just want to feel everything » dans la presque ludique comptine pour insomniaques ‘Every single night’), maman et putain, amazone mais gracile, dévastée ou solide, mais aussi par une conscience qu’on n’a pas à s’excuser de cette inclinaison (virulence et exaltation dans ce « Look at, Look at, Look at me / I’m all the fishes in the sea » de ‘Daredevil’), qu’il faut accueillir ces altérités comme une forme d’ossature propre, faillible mais effective. On s’étonnera à peine qu’il ait fallu sept ans pour mettre en gestation un quatrième manifeste si intime, pour accepter d’exposer une fois encore la douleur sourde de vouloir rester soi-même envers et contre tous, amants et maison de disque inclus. D’autres auraient renoncé depuis belle lurette à jouer les Saint Sébastien de l’industrie musicale, se seraient sentis échaudés par ces choix consensuels imposés à l’arrachée par Epic pour ‘Extraordinary Machine’, ou fini par opter pour la joliesse molle au mépris de la vérité viscérale : l’ultramoderne solitude si difficile à avouer. Notre Lilith obstinée a préféré attendre, tapie dans son antre, qu’à nouveau tournent en sa faveur quelques méchantes bourrasques, dissimulant longuement le fait qu’elle assemblait, brindille après brindille, un nouveau foyer d’incendie afin de ne pas sentir la pression l’enserrer. En passant au tamis ces dix titres, on lui sait gré d’avoir pris, à l’image d’une PJ Harvey pour son controversé mais sublime ‘White Chalk’, le temps séculaire d’une mue, d’avoir cherché le repos de l’âme dans des chambres mansardées plus dépouillées sans renoncer à une certaine radicalité: on profite mieux de toutes les parois de cette voix acrobate (du tonitruant « Don’t let me ruin me » au caressant et désabusé « I’m amorous but out of reach ») qui aurait pu être noyée sous des arrangements dosés plus grossièrement. Ce changement est peut-être dû à un noyau resserré à deux protagonistes trouble makers, auto-surnommés « Feedy » et « Seedy », à savoir la chanteuse et son batteur de tournée,

Charley Drayton, en lieu et place de l’habituel producteur complice Jon Brion. Certaines pièces d’imagerie visuelle qu’elle charrie à sa suite comme des chaînes discordantes ont de quoi tapisser fermement la rétine, au-delà même des poulpes capillaires et autres gastéropodes qui peuplent le clip d’’Every Single Night’ ou des monstres protéiformes dans ses carnets. Insectes virevoltant dans les synapses, femmetulipe au réceptacle trop exigu pour s’épanouir autrement que par procuration (‘Valentine’ et sa fausse douceur de piano-bar qui cahote), larmes d’assaisonnement qui se calcifient dans l’estomac (‘Left Alone’ et son constat jazzy amer) sont autant de taches maculaires indélébiles dans le décor brinquebalant de ce si fourmillant cerveau en lutte. Il faut donc parfois s’arrimer vigoureusement aux rares notes claires de ‘The Idler Wheel […]’ pour ne pas dégringoler totalement dans la spirale de cette interprète entière et singulière, désirante et repoussante à la fois : se laisser caresser par les mélodies grelottantes, utiliser des craies de couleurs, jouer naïvement à faire semblant avant que la passion s’en mêle (« let’s pretend we’re 8 years old playing hooky […] / then we’ll grow up and take our clothes off»); rire, même amèrement, de la voir admettre « Nothing wrong when / A song ends / In a Minor key » dans le poignant ‘Werewolf’, canalisateur des peurs enfouies et des amours impossibles; songer à ‘Sea Lion Woman’, un de nos morceaux traditionnels préférés popularisé par Nina Simone et Feist, quand s’entremêlent les voix en canon de ‘Hot Knife’, comme autant d’oiseaux moqueurs dans une cour de récréation. Souffler, enfin, de se sentir en résonance mais à juste distance d’un disque qui ne peut pas laisser tout à fait indifférent. Un disque : ‘The Idler Wheel Is Wiser Than The Driver Of The Screw And Whipping Cords Will Serve You More Than Ropes Will Ever Do’ (Clean Slate/Epic) Prolongement livresque : Pinkola Estès (Clarissa), ‘Femmes qui courent avec les loups : Histoires et mythes de l’archétype de la Femme Sauvage’, Livre de Poche, 2001.


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T e x t e : pat r i c k f o i s s a c

Donner un digne successeur à l’excellent ‘Broken side of time’ ne semblait pas être chose aisée :

cet album de blues rock direct et trippant avait tellement épaté à sa sortie que l’on se demandait si Petter Ericson Stakee et Terry Wolfers pourraient se sublimer une nouvelle fois. Or voici ‘Songs of patience’, un bijou de rock ciselé brassant un double héritage musical - anglais et américain - sur des titres certes empreints d’une certaine mélancolie, mais qui refusent l’autoflagellation et affichent une belle dose d’énergie positive. Du grand art.

Alberta

Cross

Non, nous ne sommes pas Joy Division Vu qu’il vous a fallu trois ans pour composer ‘Songs of patience’, on peut dire que le titre est plutôt bien choisi, non? Petter Ercson Stakee (chant, guitare) : « Plutôt, oui! J’imagine que certains journalistes vont fantasmer sur la fameuse théorie du difficile deuxième album. (rires) Le fait est que l’on a simplement voulu prendre notre temps afin que l’ensemble sonne bien et que l’on soit satisfait du résultat. En même temps, trois ans, c’est très relatif, aussi. Si tu tiens compte du fait que la tournée qui a suivi la sortie de ‘Broken side of time’ a duré deux ans, cela veut dire que l’on a travaillé full time sur le nouvel album pendant un an, ce qui n’est pas non plus exagéré. Quoi qu’il en soit, on est heureux du résultat et c’est l’essentiel, je pense. » J’ai l’impression que sur le plan des sonorités, vous avez voulu vous distancier de ‘Broken side of time’ et renouer avec le son de vos toutes premières sorties en 2007. Petter : « C’est juste. Le son sur l’album précédent était très spacey et on avait envie de retrouver le côté plus intense de notre premier mini album (‘The thief & the heartbreaker’, ndr) sur lequel les chansons étaient très organiques, spontanées. Ce sont des morceaux qu’on n’avait pas beaucoup travaillés car on voulait qu’ils soient livrés tels quels, comme ils nous apparaissaient. Sur le nouvel album, nous avons privilégié cette approche qui est couplée à un aspect très mélodique, autre aspect essentiel à nos yeux. » Au cours de ces trois dernières années, vous avez beaucoup voyagé. Outre les tournées, vous avez passé du temps à New York, à Los Angeles, tout en retournant souvent en Europe. Or, sur l’album, il y a des morceaux comme ‘Lay down’ et ‘Wasteland’ qui sonnent terriblement british et d’autres comme ‘Crate of gold’ qui sont clairement marqués U.S. sur le plan musical. Petter : « C’est assez frappant, oui, et en même temps, cela se fait de façon incroyablement naturelle. Quand je compose ‘Crate of gold’, je ne me dis pas que je vais faire un titre à la Neil Young. C’est juste que la mélodie, les sonorités me viennent comme ça. C’est spontané et cela reflète la double culture que nous avons, à savoir que nous sommes des Européens et fiers de l’être - qui voyageons beaucoup et qui sommes d’une façon ou d’une autre marqués par ce que nous vivons.» Justement, en parlant d’être inspiré par ce que l’on vit, j’imagine que le fait de bosser sur cet album à Woodstock a dû être plutôt stimulant! Petter : « Assurément, encore que cela n’a pas forcément été comme tu l’imagines! On a en effet séjourné dans un hôtel qui se situait au milieu de nulle part. Visualise un peu un vieux manoir plutôt austère, type ‘Shining’ (film d’horreur de Stanley Kubrick, ndr) et situé au bord de la montagne. Pas vraiment le mode de vie d’une rock star...Bien que cela soit propice à la picole! (rires). On y a peut-être passé un peu trop de temps. Ceci dit, cela a été une belle expérience, le genre de chose qui grandit en toi. » Un morceau qui m’a particulièrement touché, c’est ‘Magnolia’, un titre mélancolique et en même temps, très beau, positif. C’est autobiographique? Petter : « Absolument, oui. C’est un des premiers titres que j’ai écrits à Los Angeles et qui parle de New York. Cela évoque une période un peu dingue où je sortais tous les soirs et buvais pas mal. Le point de vue de la chanson, c’est celui que tu as quand tu te retrouves

en rue à 6 heure du matin après une nuit de folie. Il y a un côté dark, un peu triste sans doute, mais l’heure n’est pas pour autant à la déprime et à l’apitoiement. » C’est d’ailleurs un élément récurrent sur l’album : même les titres mélancoliques ne se départissent pas d’une côté optimiste. Petter : « C’est typique de notre style, en effet. Des morceaux comme ‘Magnolia’ ou ‘Lay down’ qui ont un côté plus sombre restent malgré tout positifs. Une expérience dark peut aller de pair avec un sentiment agréable qui peut être constructif et à la limite t’élever. C’est quelque chose qu’on a en commun avec des groupes comme Depeche Mode, les Smashing Pumpkins ou The Verve. On n’est pas du genre à se lamenter quand ça va moins bien. Non, on n’est pas Joy Division. (rires) » Dès ton plus jeune âge, tu as été confronté à la vie d’artiste, puisque ton père était musicien. Penses-tu que cela a joué un rôle dans ton choix de vie? Petter : « En fait, au niveau des références, il y avait non seulement mon père, mais également mon grand frère qui a 9 ans de plus que moi et qui est lui aussi musicien. J’ai donc eu deux modèles et je dirais que cela m’a permis de voir ce que c’est vraiment, la vie d’un musicien. J’ai vécu des choses fantastiques comme voir mon père bosser en studio et cela m’a donné envie de faire la même chose. Ceci dit, j’ai fait ce choix en connaissance de cause car mon père m’a toujours bien fait comprendre que ce n’était pas un choix facile, qu’on pouvait galérer. En même temps, il ne cessait de me répéter que si je le sentais, je devais foncer. ‘It might not be easy but if you feel like it, go for it’. J’ai suivi son conseil et je dois dire que je pense avoir fait le bon choix. »

Alberta Cross ‘Songs Of Patience’ Ark recordings/Ruby works/PIAS

Trois ans après la sortie d’un premier album magistral, Petter Ericson Stakee et Terry Wolfers nous reviennent avec un nouvel opus qui valait bien l’attente. ‘Songs of patience’ est en effet un très bel album de rock mélodique direct, puissant et varié. En tant qu’anglais adorant la culture musicale américaine, nos deux hommes créent un ensemble où la tension entre ces deux univers est constante. L’héritage britannique est particulièrement tangible sur ‘Lay down’ et ‘Come on maker’, qui affichent des élans brit pop, surtout sur le deuxième cité rappelant Oasis. De même, le psychédélisme de ‘Ophelia on my mind’ s’inscrit dans une grande tradition anglaise où grandeur et lyrisme sont de mise. D’un autre côté, l’album lorgne vers l’americana à plusieurs reprises avec un taux de réussite élevé. Il y a le superbe ‘Life without warning’ aux motifs country, mais aussi ‘Crate of gold’, une petite merveille qui n’est pas sans rappeler le Neil Young des années 70. Enfin, on ne peut que craquer à l’écoute du splendide ‘Magnolia’, évoquant la mélancolie des lendemains de cuite avec beaucoup de classe. Impérial. (pf)


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Texte : nicolas alsteen

Peaking

Lights

Pour une raison étrange, le nouvel album de Peaking Lights nous renvoie des images de Matt Damon et Casey Affleck paumés dans le désert. L’esprit dissipé dans une fournaise imaginaire, on a envie de crier « Gerry ».

Mais, de retour dans la réalité, on se contente de susurrer les hymnes bronzés de ‘Lucifer’. Sur ce troisième essai, le couple Aaron Doyes et Indra Dunis invoque Venus et le système solaire : un monde de lumières où scintillent des mélodies hypnotiques, psychédéliques et totalement narcotiques. Entre dub, disco minimale et pop éthérée, ce disque pétille dans l’espace. Et croustille dans l’oreille. Est-il plus facile de jouer de la musique dans un groupe quand on forme un couple dans la vie de tous les jours ? Aaron Doyes : « (Hésitations) La communication est forcément meilleure. On ne se situe pas au même niveau qu’un groupe de potes. On partage déjà tellement de choses en couple au quotidien que notre façon de composer tient davantage à la justesse des émotions. Nos chansons abordent, notamment, le thème de la relation. On ne ressent jamais le besoin d’inventer des fictions à ce sujet. On essaie simplement de coller à nos sentiments et d’être le plus juste possible. »

Votre second album (‘936’) a constitué une étape importante dans la carrière de Peaking Lights. Il a révélé un son et une esthétique. ‘Lucifer’ marque-t-il un nouveau tournant dans votre discographie ? Aaron Doyes : « On peut pointer de nombreuses différences entre ces deux albums. Pour ‘936’, toutes les chansons étaient écrites avant l’enregistrement. Alors que pour ‘Lucifer’, on a composé certains morceaux en studio. Notre évolution musicale est aussi étroitement liée aux progrès technologiques. On aime tirer profit du matériel mis à notre disposition et des dernières trouvailles techniques. Cette fois, on a vraiment pris le temps de bien faire les choses. C’est sans doute le principal changement dans notre processus créatif. » Votre musique est chaude, engourdie, presque vaporeuse. Vous vivez en Californie et les chansons de Peaking Lights semblent s’étirer sous le soleil. Par contre, vous êtes partis enregistrer ‘Lucifer’ à New York... Vous vouliez changer d’air ? Aaron Doyes : « C’est surtout qu’on pouvait bénéficier gratuitement du Gary’s Electric Studio de Brooklyn. Cela nous permettait de nous installer tranquillement et de travailler sur les morceaux sans se presser. En plus, on pouvait compter sur le soutien de l’ingé son Al Carson. Il est tout jeune, mais a déjà une expérience avec St. Vincent, Oneohtrix Point Never ou Light Asylum. Ses conseils étaient judicieux. On est resté là-bas pendant un mois. Pour nous, c’était une opportunité de travailler aussi longtemps sur du matériel haute-fidélité. » Quand vous viviez dans le Wisconsin, vous avez ouvert une boutique vintage où on trouvait des bouquins, vinyles, fringues, chaussures et autres objets décoratifs. Aujourd’hui, vos activités se concentrent exclusivement autour de la musique. Le magasin vous manque-t-il parfois ? Aaron Doyes : « On adorait notre échoppe, son ambiance. On a rencontré beaucoup de monde grâce à ce magasin. On l’a laissé derrière nous quand on a décidé de déménager. Mais nous y étions très heureux. Un jour, j’aimerai bien ouvrir un magasin de disques… » Un magasin de disques ? C’est quand même une drôle d’idée. Ça se vend assez moyennement ces temps-ci. Tu vois ça comment ? Aaron Doyes : « C’est vrai que ça peut sembler complètement fou. Mais je suis certain que ça peut le faire. Je suis un véritable mordu de musique. En moyenne, j’achète quasiment un disque par jour. Je ne suis pas le seul dans ce cas, d’autres le font aussi. C’est vers eux qu’il faut se tourner. Du coup, j’ai envie d’ouvrir une boutique qui vendrait uniquement des cassettes et du vinyle ! Ce serait cool, non ? » Il ne faudra pas oublier de nous envoyer l’adresse ! Un autre trip chez vous, c’est de publier des mixtapes. Certaines sont disponibles sur votre site internet, d’autres s’échangent à la sortie des concerts… Aaron Doyes : « Cela rejoint ma passion pour les vinyles. Je possède une importante collection de disques. Publier des mixtapes, ça correspond d’abord à l’envie de partager des émotions musicales. Quand tu aimes un truc, tu as envie de le faire connaître à tes potes. C’est un peu l’idée de ces mixtapes. Pour l’instant, je possède quelque chose comme 5.000 ou 6.000 albums. Ça peut paraître énorme, mais quand on a rencontré des problèmes d’argent et qu’on a décidé de bouger dans le Wisconsin, je me suis séparé d’une partie de ma collection. À l’époque j’avais plus de 15.000 disques… »

Lucifer in the Sky with Diamonds Depuis peu, vous êtes également les heureux parents d’un petit Mikko. Sur YouTube, une vidéo vous montre en répétition avec votre fils en bandoulière. Comment gérez-vous le bébé en tournée ? Aaron Doyes : « (Rires) Dès le départ, on voulait éviter de choisir entre le bébé et les concerts. La solution, c’était donc de l’emmener avec nous en tournée. La plupart du temps, une copine nous accompagne sur la route. Elle s’occupe de lui comme une sorte de baby-sitter. Quand on a enregistré le nouvel album, Mikko était avec nous en studio. Ce n’est pas tant qu’on ne peut se séparer de lui mais, d’un point de vue pratique, c’était mieux. Si on avait dû le laisser à gauche ou à droite, un de nous deux devait nécessairement aller le chercher. L’avoir à nos côtés, c’était une façon de se focaliser pleinement sur l’enregistrement des morceaux. Sans prise de tête. » La bio qui accompagne la sortie du nouvel album présente Mikko comme votre muse. Cela étant, le disque s’intitule ‘Lucifer’. Vous avez un problème avec le fiston ? Aaron Doyes : « D’un point de vue historique, Lucifer n’entretient aucun lien avec le diable. C’est le temps qui en a déformé son usage. A l’origine, « Lucifer » est un mot latin qui signifie « porteur de lumière ». Dans la mythologie grecque, Lucifer est d’ailleurs une divinité associée à la lumière et aux connaissances. C’est aussi le nom que les Romains donnaient à la planète Venus quand ils la voyaient briller dans le ciel juste avant l’arrivée du soleil. Initialement, ce terme est donc lié aux prémices de la lumière et de l’activité sur Terre. La connotation originelle se situe au niveau de la régénérescence cyclique. C’est une forme de renaissance quotidienne. A chaque jour correspond un nouveau départ, une nouvelle lumière. On n’avait pas l’intention d’associer notre bébé aux forces du mal ! (Sourire) » Récemment, vous avez déclaré que certains événements astrologiques et astronomiques impliquant Venus avaient influencé le nouvel album. C’est-à-dire ? Aaron Doyes : « Il y a quelques semaines, la planète Venus est passée devant le soleil. Ce passage a engendré une forme d’éclipse rarissime. Cela survient une fois tous les 200 ans. ‘Lucifer’ parle aussi de ça, de l’influence supposée de tous ces mouvements cosmiques sur notre microcosme. Les retombées potentielles de ce remue-ménage astral nous fascinent. Cela implique nécessairement la vie sur Terre. C’est vraiment passionnant. » Vous pensez que tout cela influence notre existence ? Aaron Doyes : « Évidemment ! Le mouvement de la Terre autour du soleil a un impact direct sur les saisons. Sur le jour. Sur la nuit. Les températures et les marées aussi sont intimement liées à tout ça. Dans le même ordre d’idée, le corps humain contient un peu plus de 60% d’eau. Il faut bien s’imaginer le truc : c’est plus de 40 litres ! Quand on sait que les océans réagissent à ces mouvements, les probabilités sont fortes de voir les fluctuations interplanétaires interagir avec la vie sur Terre. »

Un disque : ‘Lucifer’ (Domino Recording/V2) Suivez le guide : www.peakinglights.com


P r o p o s r e c u e i l l i s pa r E r i c T h e r e r e t Fa b r i c e V a n o v e r b e r g

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En mai dernier, Six Organs Of Admittance figurait à l’affiche des Nuits Botanique. En réalité, c’est un set sensuel et intimiste en solo de Ben Chasny dans le musée du Botanique qu’il nous fut donné d’écouter, à l’image de son personnage. Chasny venait alors de boucler la finition de son nouvel album ‘Ascent’ qui sort ces jours-ci. A l’issue de sa prestation, nous en avons profité pour tailler une bavette a l’abri du bruit, trouvant refuge dans la cave voûtée.

Six Organs

of Admittance

As-tu apprécié de jouer dans cet endroit (le musée du Botanique) qui est d’habitude réservé aux expositions ? Ben Chasny : « C’est un chouette endroit, un bel endroit. Le fait de jouer entouré de gens et de ne pas me trouver frontalement face à eux surélevé sur une scène est plutôt stimulant. J’ai perçu cette proximité comme engageante. » Es-tu autant à l’aise sur la scène des festivals ? Ben : « J’ai joué dans un tas de festivals. C’est ok pour moi. J’aime jouer des sets courts et cette durée convient bien aux festivals. Quand j’ai ouvert pour Joanna (Joanna Newsom, à l’AB, en 2006, ndr), je n’avais pas à me tracasser, je n’avais pas à tenir le show en haleine car le lieu était plus anonyme. Les lieux ont une importance relative. »

L’ascension des sens Si l’on fait le décompte de ta discographie, je pense que l’on arrive à une douzaine d’albums en y incluant le nouvel album… Ben : « Je pense que cela doit être effectivement le nombre. Je viens d’enregistrer ce nouvel album. Je l’ai conçu avec un groupe complet de musiciens qui s’appelle Comets on Fire, un groupe avec qui j’avais déjà joué dans le passé. On ne s’était plus vu depuis quatre ans environ, précisément depuis le festival pour le 20ème anniversaire de Sub Pop. En fait, certains d’entre nous continuaient à se voir, mais jamais tous ensemble. Il faut savoir que j’ai déménagé sur la côte Est tandis que le bassiste a déménagé à Los Angeles, ce qui a rendu les répétitions beaucoup plus compliquées à tenir. » Combien de temps la confection de cet album a t-elle pris ? Ben : « J’ai réalisé plusieurs démos que j’ai envoyées au reste du groupe. On a alors répété pendant quelques jours à peine et puis on est rentré en studio pour une semaine. Le processus s’est donc engagé assez vite. C’est de cette manière que j’aime travailler. » Peux-tu nous parler de l’orientation prise sur ce disque ? Ben : « Je chante mais de façon plus brute, plus orientée rock. Il y a trois guitares électriques, une basse et une batterie. C’est une structure assez rock. En fait, ces types ont été mon backing band à l’origine, nous étions potes avant que je ne les rejoigne en tant que musiciens. Quand j’ai décidé de me joindre à Comets on Fire, je me suis tourné vers la musique acoustique. On avait réalisé des démos en 2002 qui devaient servir de base à un disque qu’on a jamais terminé. Cet album est en quelque sorte le disque qu’on voulait faire depuis longtemps mais qu’on avait jamais eu le temps de mener à bien. On a utilisé une chanson de ces démos originelles ainsi que deux morceaux de Six Organs of Admittance mais en version électriques alors qu’elles sont acoustiques à la base. J’ai par ailleurs écrit des nouveaux morceaux. L’album sort chez Drag City. » N’est-il pas devenu hasardeux de réaliser des disques à un rythme soutenu alors que ceux-ci se vendent de moins en moins ? Ben : « Il y a incontestablement une crise de la vente du cd. Mais l’issue est plus compliquée que cela. On ne peut la réduire à la simple question du téléchargement. Il faudrait une analyse en profondeur. Je pense qu’il y a davantage un déclin dans l’intérêt que l’on porte à la musique voire dans l’envie de la musique elle-même. On en est arrivé à mesurer l’impact d’un groupe ou d’une chanson par rapport au nombre de clics qu’il génère sur Youtube, pas sur la vente des disques elle-même. On est passé d’un aspect qualitatif à un aspect quantitatif dans la musique mais aussi dans la culture en général. C’est un signe des temps. Il faut tâcher de vivre avec… »

Concrètement, ce nouvel album est-il tiré à moins d’exemplaires que le précédent !? Ben : « J’en sais rien au fond. Il est certain que le label fait tirer à un nombre d’exemplaires inférieur à ce qu’il commandait auparavant. Cette diminution ne m’affecte pas comme tel. Je vis de ma musique mais cela implique de tourner beaucoup. Quand tu es seul, ça va car tu ne dois pas partager tes gains. Avec Comets, on est cinq, il faut partager le cachet ! Cela n’est pas aisé car nous ne pratiquons pas une musique commerciale. C‘est la raison pour laquelle la future tournée se fera à personnel réduit, à trois avec le bassiste et le batteur. Matériellement l’avenir demeure toujours incertain pour moi, je dois prévoir. Vous savez, j’ai eu un job alimentaire que j’ai exercé longtemps mais il est devenu impossible de continuer à mener les deux vies de front. » D’où es-tu originaire ? Ben : « Je suis originaire du nord de la Californie, près de l’Oregon. J’ai vécu longtemps dans la Bay Area de San Francisco quand j’étais dans Comets. Maintenant j’habite au Massachusetts. L’endroit est meilleur marché que la Californie. J’y ai beaucoup d’amis. Les gens sont un peu plus durs de caractère, là-bas on ne se donne pas de hug ! Je n’ai pas d’enfant… » De tous les pays que tu traverses en tournée quels sont ceux qui t’ont marqué le plus ? Ben : « Certains pays sont plus enthousiastes et plus réceptifs à ma musique que d’autres, ce sont les pays où la guitare est présente dans la culture. Les pays du sud comme le Portugal et l’Italie. Contrairement aux pays où la basse est présente qui sont les pays du nord… si cela veut dire encore quelque chose ! » Quelle est la véritable signification de Six Organs of Admittance ? Ben : « C’est un terme bouddhiste. Dans la religion bouddhiste les six organes de l’accès (admittance) correspondent à ce que nous nommons dans notre culture occidentale nos cinq sens. Je ne suis pas bouddhiste mais j’avais lu cette phrase ‘Six Organs of Admittance’ dans une revue religieuse. Je l’ai insérée sur la pochette de mon premier disque. Par la suite, je l’ai gardée. Si j’avais su, j’aurais pris un nom plus court ! » Un disque : ‘Ascent’ (Drag City/V2)

YEASAYER Fragrant World In stores 20.08 Yeasayer is back with the follow up to the brilliant ‘ODD BLOOD’ album! Features the singles ‘Henrietta’ and ‘Reagan’s Skeleton’ 24.09 – Live @ AB, Brussels


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T e x t e : E l m o L ê v a n i T r a d u c t i o n : Fa b r i c e V a n o v e r b e r g © a l e x a n d r a w a e s p i

“Fiction, when we’re not together. Mistaken for a vision, something out of my own creation.”, ou comment The xx met notre intimité sens dessus dessous, tel un goût amer de désespoir se nichant dans notre cortex, en une mélancolie pure et sans fard. Des histoires d’amour déchirantes, flanquées de beats obsédants et de jeux de rôles intimidants. Avec ‘Coexist’, The xx dévoile ses démons et surpasse en beauté son premier opus ‘XX’. « Ce que nous vivons est surréaliste. Qui peut me dire combien de temps cela va-t-il encore durer?» Oliver Sim est d’humeur grave, aux côtés d’un Romy Madley Croft triste. Ils chuchotent, parlent à peine et évitent tout contact visuel. Jamie Smith, troisième larron de la bande et maître des beats, se retire dans sa chambre d’hôtel. Malgré sa célébrité, le trio demeure la timidité incarnée. Pourtant, il règne sur la planète… Vous étiez attendus au tournant. Craignez-vous qu’un jour, la pression ne devienne trop forte ? Romy Madley Croft (chant/guitare) : « Franchement, je pensais que le stress aurait influé sur notre écriture. J’avais peur que notre approche de la musique change, qu’on fasse ce que notre public veut. Je suis soulagé que nous ne nous sommes pas laissés aller. Cet album, nous l’avons écrit rien que pour nous. Au début, j’avais du mal à assumer notre succès, longtemps j’ai douté de notre musique. Avec l’habitude, j’oserais même dire que ce stress est devenu confortable. »

Croire en sa musique A propos d’incertitudes, quand avez-vous commencé à croire en votre groupe ? Romy : « La confiance est venue progressivement avec les concerts. Nous avons créé le groupe en premier lieu pour trouver une soupape de soulagement. Je me souviens de la première fois où j’ai chanté avec Oliver. Je ne m’étais jamais aussi senti mal à l’aise mais grâce à Internet, cette timidité a disparu en quelques mois. Quand j’écrivais un texte, je lui envoyais un mail pour avoir sa réaction. C’est surtout sur scène que nous nous sentions peu à l’aise. Tout semblait forcé, nous ne croyions pas en notre musique. » Oses-tu maintenant montrer tes textes directement à Oliver sans passer par le mail ? Romy : « Presque toujours. ‘Coexist’ aura toujours une place spéciale dans mon cœur. Je suis plus épanoui, la timidité disparait peu à peu. Oliver et moi pouvons enfin être dans une même pièce et faire de la musique. Après toutes ces années, je peux dire que j’ai confiance et c’est de cette assurance que parle l’album. » Les doutes se sont-ils tous dissipés ? Romy : « Non, mais nous pouvons mieux gérer notre situation. Ca nous rassure de savoir que l’album sera écouté. Je craignais en outre que les tournées pèseraient sur notre créativité et finalement, je me suis retrouvé dans ma chambre à deux heures du matin à écrire des textes. C’était aussi un énorme soulagement. »

Envie de solitude Quand l’idée d’un second disque est-elle venue ? Oliver Sim (chant/basse) : « Juste après notre dernière tournée, quand nous sommes rentrés à Londres. Au départ, je voulais prendre quelques mois de repos pour récupérer de l’intensité des concerts, mais c’est juste à cet instant que ma vie s’est arrêtée. Je ne sais toujours pas ce qui m’arrive mais je sais une chose : c’est ma vie à moi. Peu après, les idées ont commencé à venir. » Romy : « Ces quelques semaines de repos sont bien tombées. Je voulais passer du temps avec mes amis et échapper à la pression environnante. » Quelle évolution constatez-vous au niveau du songwriting ? Romy : « En vieillissant, on multiplie les expériences, c’est la grande différence. En parcourant le monde, nous avons découvert ce que vivre signifie vraiment. Quand nous avions seize ans, nous faisions de la musique pour nous soulager du mal. Aujourd’hui, je vois la musique comme une thérapie. » A la première écoute, vous employez moins de métaphores qu’avant. Oliver : « Notre écriture est plus directe mais pas spécialement plus personnelle. Je savais parfaitement quelles histoires j’allais raconter, le processus a été plus fluide. En fait, je me présente de manière plus fragile. Je suis devenu plus honnête et ouvert, bien que des milliers de personnes vont écouter et décrypter mes textes. Je me suis surpris moi-même. » Romy : « On garde toutefois une part de mystère. Si Stevie Nicks devait m’expliquer ce qu’elle

écrit, elle me décevrait. C’est pour ça que je n’aime pas parler du contenu de nos chansons. La musique est plus belle quand son auteur lui transmet un sens qui lui est propre. » Musicalement, je trouve que ‘Coexist’ sonne plus chaleureusement que ‘XX’ Oliver : « La dynamique a changé quand Jamie (Smith, beats, ndr.) est devenu membre du groupe à part entière. Pour la première fois, nous avons écris à trois et ça s’entend. Jamie était le magicien des sons dont nous avions besoin. Avant, nos capacités étaient limitées, le groupe est devenu plus aventurier. Plus chouette, même. » Romy : « Nous avons renoncé aux solos de guitare. Je voulais surtout expérimenter avec les ambiances de l’album, en introduisant de l’ambient dans le son. Souvent, je me dirige plus vers un synthé que vers ma guitare. » J’ai lu que vous écriviez vos chansons dans une pièce sombre sans lumière naturelle. Cet isolement est-il nécessaire ? Oliver : « J’ai besoin de solitude, de calme dans la vie. Tu n’as pas ces instants en tournée. » Romy : « Nous sommes trois solitaires (rires). Quand le groupe n’existait pas encore, nous passions notre temps dans notre chambre à la maison. Je n’ai jamais été un type extraverti. Ces dernières années, j’ai eu régulièrement du mal à adapter mon style de vie. Il y a toujours quelqu’un dans les parages quand nous tournons, je déteste ça. »

Goûter la liberté On avait annoncé que ‘Coexist’ croulerait sous les influences dance. Or, j’y ai entendu plus de morceaux intimes que dansants. Romy : « Les gens attendent-ils vraiment un album dance ? Jamie tire son inspiration de l’electronica et pose son empreinte sur le son. Il y a bien des références à la dance et la house. Tout comme à la pop et au r&b, d’ailleurs. » Oliver : « Notre amour pour l’electronica s’est accru. Contrairement à avant, nous avons participé à la vie nocturne. Jamie et Romy font le DJ après nos concerts, je les suis en tant que fan. » Romy : « C’est ainsi, les gens de notre âge étudient à la fac, ils profitent de la vie universitaire. Nous ne sommes jamais entrés dans ce monde mais nous aussi, nous voulons goûter cette liberté tant que nous le pouvons. » La vie normale vous manque-t-elle ? Oliver : « Oui, nous avons connu une adolescente différente d’un jeune normal. Ca me manque mais c’est impossible autrement : nous recevons des ordres d’un tour manager et on nous amène dans toutes sortes d’endroits. Ca a été un choc de revenir vivre à Londres. Indépendant ? Moi ? Non, j’ai dû tout apprendre de zéro. Tous les trois, nous sommes partis habiter seul. Ainsi, nous apprenons à devenir autonome. » Beaucoup de groupes s’inspirent de The xx. En êtes-vous conscients ? Oliver : « Je ne crois pas que nous inspirons d’autres musiciens. Franchement, j’ai entendu peu de morceaux où j’ai reconnu des traits de The xx. Mais je remarque que de nombreux musiciens changent d’attitude, leur musique devient plus introspective. C’est fascinant qu’un rappeur comme Drake écrive des textes émouvants et profonds. Usher produit aussi des morceaux sombres et tristes. Les avons-nous influencés ? Je le crains, mais j’aime ce vent nouveau. » C’est fascinant que de nombreux artistes refusent d’écrire des choses positives. Oliver : « J’ai ce sentiment quand j’écoute les albums d’Amy Winehouse. Elle écrivait des morceaux déchirants, à mon avis elle a dû puiser profondément dans ses émotions pour transmettre le message qu’elle souhaitait. Triste quand on y repense. Nous ne sommes pas autant dans l’autodestruction, je ne pourrais jamais me faire du mal. » Romy : « Je préfère écrire sur des choses tristes. Que les choses soient claires, j’essaie de mettre une note positive dans mes textes mais ça reste compliqué. En ce moment, mon écriture est assez sombre mais de temps en temps, j’y trouve des notes plus légères. Par exemple, ‘Angels’ et ‘Swept Away’ ne sont pas aussi sombres. Tant que le message positif ne tombe pas dans la guimauve. » (rires) Un disque : ‘Coexist’ (XL/Beggars)


T e x t e : D u a n G att o i T r a d u c t i o n e t a d a p tat i o n : Pat r i c k F o i s s a c i p h o t o : J i m m y h u b b a r d

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Comme le regretté Bill Hicks le répétait sans cesse, la musique doit venir du coeur. Elle doit être sincère et ce n’est pas plus mal si de temps en temps, cela fait mal. Cette philosophie de l’intégrité, il y a heureusement des artistes qui la mettent en application. Et s’il y a bien un groupe qui incarne cette posture, c’est Baroness, formation qui nous vient du sud-est des Etats-Unis. Après avoir démarré dans un registre sludge métal progressif guère éloigné de celui de Mastodon, Black Tusk et Kylesa, Baroness a évolué pour se muer en groupe rock expérimental qui nous revient avec ‘Yellow & Green’, un double album exceptionnel. Concrètement, Baroness propose désormais un hard varié décliné sous forme de morceaux super immédiats. Et si le groupe est connu pour se lancer dans des tournées dantesques, il a décidé de consacrer une année entière à la réalisation de son nouveau projet.

Ce qui n’est pas sincère ne vaut rien Dans quelle mesure l’image que l’on a de Baroness comme étant un groupe fanatique est-elle justifiée ? John Baizley : « Depuis que nous avons démarré en 2003, nous n’avons pas cessé de faire des tournées. Vu que nous avons également sorti plusieurs albums pour lesquels nous nous sommes beaucoup donnés, il est vrai que nous n’avons passé que très peu de temps chez nous, à la maison. Et encore, il faut préciser que même dans ces moments-là, nous vivions tous ensemble dans une maison située dans les environs de Savannah. Trois d’entre nous ont grandi ensemble dans le petit village de Lexington en Virginie, en bordure d’une chaîne de montagnes appelée Blue Ridge. Après avoir terminé l’école secondaire, on s’est tous rendu en Géorgie où j’ai étudié l’art. Les autres avaient décidé de s’installer là-bas pour d’autres raisons, mais le gros avantage, c’est qu’on a pu jammer sérieusement. On a ensuite sorti nos premiers EPs et c’est ainsi que nous nous sommes lancés dans une épopée qui dure depuis huit ans déjà. » Voulais-tu échapper au climat oppressant du sud des Etats-Unis? John : « Pas vraiment. Après avoir voyagé un peu partout dans le monde, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il n’y a pas de meilleur endroit que chez soi. Bien que j’apprécie beaucoup le temps qu’il fait en Europe, il y a quand même des moments en été où il y fait plutôt frisquet. Vous vous en plaignez souvent tandis que chez nous, cette réalité n’existe pas. Ici, il fait tout le temps chaud et humide. (rires) Les Européens aiment penser qu’ils connaissent mieux l’Amérique que nous ne connaissons l’Europe, mais je dirais que dans l’absolu, l’ignorance réciproque est énorme, de sorte que l’on tombe vite dans les stéréotypes. Aux Etats-Unis, il n’y a pas que de rednecks, tandis que chez vous, on ne trouve pas uniquement des individus instruits et sophistiqués. Selon moi, les gens et les sociétés sont partout les mêmes. On trouve partout de la violence et de la colère, de même que l’on trouve partout de l’amitié, de l’amour et de l’art. Et on fait partout des bébés, aussi! » Puisque nous en sommes à parler d’enfants et d’art, j’aimerais aborder un aspect de ta personnalité que l’on connaît moins bien. En plus d’être musicien, tu es également papa et artiste graphique, ce qui t’a amené à réaliser les pochettes de vos albums ainsi que de celles d’artistes amis. Comment jongler avec tous ces rôles? John : « Je suis tout simplement incapable de rester en place. Je suis sujet à des crises d’angoisse assez fréquentes et j’ai du mal à fonctionner au sein d’un groupe. Tout ce qui touche à l’interaction sociale me pose problème. Donner des concerts me fait beaucoup de bien, cela m’aide à m’ouvrir. Par contre, tout ce qui précède et suit un concert est difficile pour moi. Ceci dit, cela va mieux depuis deux ans et demi grâce à ma petite fille. La vie de famille me convient bien. Avant que je ne devienne papa, dessiner était une forme d’échappatoire. Cela me permettait de me trouver dans un état d’isolement qui était propice à la lucidité. M’atteler au travail s’apparente à une forme de lutte dans le cadre de laquelle je suis en proie à une multitude d’idées, d’impressions et de techniques. A la fin de ce processus, tout devient clair et le travail est prêt. L’année passée, le dessin a été mon activité principale et une source d’épanouissement. Mais la musique est continuellement présente. Me focaliser dessus et développer une idée, ça c’est quelque chose qui me va bien. En plus, je peux compter sur des amis talentueux qui veulent faire des chansons à partir de ces idées. Ils me soutiennent non seulement dans les choix que je fais et les voies que je veux emprunter, mais en plus, ils me stimulent et m’incitent à aller encore plus loin. » On a parfois l’impression que l’oeuvre de Baroness est imprégnée d’un grand concept, à la fois vague et mystérieux. Est-ce le cas? John : « Non, pas vraiment. On aborde pas mal de choses et on développe beaucoup d’idées

mais il n’y a pas de thèmes récurrents, de ligne de conduite spécifique ou de message traversant nos albums. En ce sens, on ne peut pas dire que notre travail soit conceptuel. Nous essayons avant tout de préserver notre intégrité, notre honnêteté, ce qui nous amène à parler de nos vies et c’est à ce niveau-là que l’on pourrait parler d’une forme de concept. Tout ce que nous faisons déborde tellement d’idées et de sentiments sur le plan des textes et de la musique que nos albums peuvent sans doute passer pour pédants. La raison pour laquelle nous ne donnons pas de titres à nos albums mais que nous les désignons par des couleurs, c’est que cela nous permet de faire en sorte qu’il y ait au moins un aspect qui soit simple. L’album rouge était violent, intense et reflétait la langue que nous parlions à l’époque. Sur l’album bleu, nous sommes sortis de ce cocon et sur notre nouveau double album, nous ouvrons nos ailes. Quant à savoir dans quel sens nous allons nous envoler à l’avenir, je n’en sais encore rien et nous verrons bien. Le fait que notre musique sonne différemment que par le passé s’explique également par la volonté d’être honnête. Je suis totalement opposé à l’idée selon laquelle l’art devrait se soumettre au commerce, à la mode ou aux attentes, car ce qui n’est pas sincère ne vaut rien ! C’est pourquoi nous refusons tout compromis. »

Baroness ‘Yellow And Green’ Relapse

Baroness affiche un souci constant d’évoluer et n’envisagerait jamais de faire deux fois le même album. A sa place, tout le monde n’aurait pas fait pareil, surtout après l’immense succès de son premier album, ‘Red album’, qui avait conquis des hordes de fans de rock dur avec son sludge grungy appelant des comparaisons avec les Melvins ou Mastodon. A l’écoute de ‘Yellow and green’, certains fans de la première heure vont peut-être faire la fine bouche et décréter que Baroness se ramollit avec le temps. Il est vrai que l’ensemble est moins brutal que ce que le groupe a pu produire par le passé, mais ce n’est pas forcément une tare, surtout que l’approche plus rock voire même pop que métal va de pair avec une grande richesse musicale et la mise en avant d’une subtilité indéniable. Tout en gardant ses racines métal/sludge, le groupe développe des penchants prog, psyché, voire folk qui lui vont à merveille. Conçu comme deux albums distincts de 9 titres chacun, ce projet commence par ‘Yellow’, qui est le plus catchy et le plus puissant des deux volets. Démarrant par une excellente plage instrumentale tout en atmosphère, ‘Yellow’ comporte de nombreux titres qui accrochent directement l’oreille. ‘Take my bones away’ est un véritable hymne combinant puissance métal et sensibilité pop. ‘March to the sea’ est lui aussi très captivant, tout comme l’étonnant ‘Cocainium’ aux accents quasi floydiens ! De même, le groupe laisse parler toute sa sensibilité sur ‘Twinkler’, une superbe ballade acoustique, ainsi que sur ‘Eula’, titre épique et poignant qui clôt ‘Yellow’ en beauté. Quant à ‘Green’, le deuxième pan du projet, il est clairement le plus expérimental des deux et met en avant le côté introspectif que le groupe a voulu développer. Moins facile d’accès, les compos sont néanmoins fascinantes au niveau des structures et des ambiances générées. ‘Green theme’ est un instrumental particulièrement hypnotique, ‘Board up the house’ est des plus intenses alors que ‘I forget thee, lowcountry’ est un instru acoustique paisible et particulièrement beau. Avec ‘Yellow and green’, Baroness confirme son statut de groupe fondamental de la scène actuelle en prenant des risques lui permettant de révéler le meilleur de lui-même. Impressionnant. (pf)


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Earteam

Arcane Roots ‘Left Fire’

A Dead Forest Index

PIAS

Attendu avec beaucoup d’impatience par la presse anglaise, le premier album de ce trio anglais a de quoi impressionner. Particulièrement concis (une demi heure à peine si l’on ne comptabilise pas les trois versions alternatives proposées à la fin), ‘Left fire’ démontre que la palette sonore et la technique du groupe sont on ne peut plus impressionnantes. A la fois indie rock, métal, (néo) prog et math rock tout en affichant une belle touche groovy et une veine mélodique indéniable, cet ensemble est extrêmement cohérent et excitant de bout en bout. Après une intro sous la forme d’un instru épique incroyablement prenant (‘Aus bladeren verederen, dus moet ik’, quelle titre !), Arcane Roots nous balance un ‘In this town of such weather’ on ne peut plus explosif, rappelant le meilleur de At the drive-in. Dans un registre dur, ‘Million dollar question’ et ‘Habibty’ tapent également dans le mille. En même temps, le groupe montre également à l’occasion sa face plus tendre avec une compo comme ‘You are’, une ballade superbe à la fois poignante et puissante, évitant tout sentimentalisme cheap. Indéniablement un groupe à suivre ! (pf)

Antibalas ‘Antibalas’ Daptone Records

Daptone Records est un super label. Le Menahan Street Band, c’est juste démentiel. El Rego Et Ses Commandos, c’est trop cool. Il faut entendre cette légende de la soul à l’africaine chanter ‘Cholera’ au début des seventies, les paroles sont au top : « j’ai la diarrhée et je vomis », oh yeah. C’était les grandes heures de l’afrobeat et à Lagos, les groupes les plus fantastiques rivalisaient de folie dans le sillage de Tony Allen et Fela Kuti (un autre exemple : ‘Mr. Bull Dog’ par The Mebusas). Ça fait donc un bail qu’on a arrêté de compter les compiles highlife. Mais, c’est un fait, ça n’est jamais vers un groupe d’imitateurs modernes qu’on se tourne lorsque l’envie de rythmiques explosives nous gratouille. Or, ce premier album des déjà vieux Antibalas (douze ans de présence discographique) pour Daptone, c’est un peu ça. Bien sûr que ça pète, que la section de cuivres est faramineuse, que le groove est titanesque, que c’est vachement bon. Sérieux, c’est vachement bon. Mais c’est très, très loin de transfigurer l’afrobeat originel. (lg)

Beat Assailant ‘B’ Discograph/Pias

Pour son quatrième essai, Beat Assailant délaisse les cuivres, les émanations jazz et les chœurs épiques pour revenir aux fondamentaux : le beat et le flow. Classique dans l’approche, le plan ‘B’ se montre d’une redoutable efficacité au moment de monter au filet. Le MC américain Adam Turner pose la voix à plat et trouve souvent le bon tempo. Installé à Paris, l’artiste défend avec brio la bannière tricolore de nos voisins français. Si les instrus ne brillent pas d’une folle originalité (le sample de ‘Rain or Shine’, par exemple, ressemble curieusement au ‘D.A.N.C.E’ de Justice), Beat Assailant tire son épingle du jeu grâce à un flow hybride. Petit caméléon, l’homme change de couleur au gré des ambiances. Toutes proportions gardées, on peut songer à Jay-Z (‘Kill Them With A Smile’) ou à Kanye West (‘Made Man’) à l’écoute de son disque. Après avoir effleuré le r’n’b (‘Always Down’), c’est la langue française qui surgit au détour d’une collaboration avec Oxmo Puccino (‘Justified’). Sur le papier, c’est une belle association. Dans les faits, ça ne rime à rien. Les deux voix se croisent sans se voir. Ailleurs, Beat Assailant singe aussi Outkast (‘Shotgun’) et on se dit que ça commence à faire beaucoup d’ersatz pour un seul homme. A trop vouloir briller, l’artiste souffle grossièrement sur les braises du cliché. Et quand le feu reprend, on s’éloigne vite fait. (na)

Bright Light Bright Light ‘Make Me Believe In Hope’ The Blue Team/A ztec Records/AWAL

Rod Thomas s’était forgé une image d’adorable folk-singer au regard doux dont l’«acous-

‘Antique EP’ OSCL

Australie 2013. Les vestiges de l’Opera de Sydney miroitent avec peine sous la pluie de plumes. Ici et là, les corps d’Anges meurtris chutent sans bruit sur un tarmac vomissant son goudron. Le gris mange le ciel et, quelque part, un garçonnet sale à la chaussure unique crie son nom dans un tourbillon de cendres. Les chiens se disputent avec des êtres invisibles. Des voitures sans roues attendent la mort. Dans le gravier, de l’huile et des dents. Loin, là où la terre devient rouge et les cheveux blonds, blottis dans des terriers, des hommes chantent le Grand Bouleversement. L’inquiétante étrangeté, chère au cinéma des Antipodes, trouve ici sa pleine expression musicale. On pense à Peter Weir, George Miller, John Hillcoat. Les frères Sherry dessinent au fusain des mélodies fragiles sur des miroirs usés par le temps. A tout instant, l’éclatement guette. Harmonies vocales à la réverbération discrète, guitares perdues dans le bush, percussions à l’héritage traditionnel plus européen qu’aborigène, une voix et des mélodies parfois new wave qui rappellent tour à tour Luke Haines ou Scott Walker; mine de rien, ces Abel et Caïn tissent en seulement cinq morceaux un univers d’une cohérence crépusculaire, qui se conclut sur ‘Turning’, summum d’émotion brute où un harmonium issu des gravats caresse la voix blessée d’Adam Sherry. Splendide. (ab)

tic disco indie pop» (sic) charmait les spectateurs de live naïfs et décalés. Il laisse désormais tomber la guitare pour traîner sa belle voix sensible et voilée (un Badly Drawn Boy en plus feutré) sur des compositions pop au feeling nostalgique évident, baignant dans une électro 90’s chatoyantemais-pas-trop. La presse musicale à l’unisson y voit le renouveau de la pop et Elton John himself a tiré son chapeau à l’intéressé. On sent, il est vrai, le désir timide d’une pop personnelle et intimiste (on est ici en présence de véritables chansons) percer sous les paillettes. Single imparable, ‘Disco Moment’ raconte ce sentiment étrange de tristesse qui nous envahit lorsque nous sommes témoin d’un ami qui prend le pied de sa vie sur la piste, sans que nous puissions le partager. N’en déplaise aux défenseurs de BLBL, c’est là une parfaite allégorie de ‘Make Me Believe In Hope’, sucrerie qui m’a laissé de marbre. Si vous êtes nostalgiques de Pet Shop Boys, Yazoo et autres electro-poperies, un conseil : entrez dans la danse. Pour ma part, je préférais quand Rod Thomas jouait du banjo devant des marionnettes extatiques. (ab)

The Cast Of Cheers ‘Family’ School Boy Error/Coop

La mauvaise langue la tourne rarement sept fois avant d’affirmer ceci : tous les groupes wallons de power pop pour festival (d’étés pourris) se ressemblent. Avec un peu de culot, on aurait pu tenter de lui faire déglutir que The Cast Of Cheers était le prochain sur la liste. On n’y serait pas allé de main morte. Les Cast Of Cheers sont le renouveau de la pop carolo. Les Cast Of Cheers sont les Bloc Party verviétois, les Vampire Weekend de Braine-l’Alleud, les Two Doors Cinema Club de Bastogne. Elio Di Rupo n’écoute plus que ça. Il y a même une collaboration avec un type d’Hollywood Porn Stars. Ça lui échaufferait bien la bile et elle pourrait déverser son fiel avec moult fautes d’orthographe sur ses réseaux sociaux favoris. La réalité est moins fun. Les Cast Of Cheers viennent d’Irlande. C’est leur « debut Lp » comme on dit, même s’ils ont déjà enregistré un premier album en trois jours, ‘Chariot’, qui, apparemment, aurait été téléchargé plus de 150.000 fois. Buzz (comme le bruit de cette mouche qui m’emmerde pendant que je tape cette chronique). La suite des références ? Une bio qui fantasme Battles jammant avec Gang Of Four. C’est une fort belle image pour décrire un trip de seconde classe Isola vs Piano Club. Un bon coup d’un soir, rien de plus. (lg)

Cellar Door ‘Idjut Boys’ Smalltown Supersound

Le dicton prétend que la valeur attend le nombre des années, dans le cas de Cellar Door, il se révèle pleinement d’actualité. Duo de DJ londoniens actifs depuis plus de… 20 ans, Daniel Tyler et Conrad McConnell auront mis le temps de peaufiner leur son, il sera nettement plus familier aux collectionneurs d’une certaine ha-

mac pop baléarique qu’aux bourrins fans de tuning et de Tiesto. Very chill indeed, leurs déclinaisons électro-pop évoquent parfois le son du label Monika Enterprise, notamment Chica & The Folder. Combinés à des effets delay qu’on préfèrerait toutefois oublier, les morceaux de la paire britannique se complaisent aussi dans une certaine coolitude tropicale de fin de journée qui vire ça et là à la fainéantise - surtout qu’elle s’étire de manière uniforme sur les huit titres. Non que ça soit déplaisant à l’oreille, juste qu’on trouve l’objectif assez accessoire. (fv)

leur cohérence secouée et leur sauvagerie contrôlée – mais aussi par un flow jazzy étonnant. Intégrés totalement à l’univers très reconnaissable de ses quatre protagonistes, qui font leur la diversité du monde, ils nous transportent en une autre galaxie détonante. (fv)

Cocks Arquette ‘Cocks Arquette’ OSCL Records/FTU Industries

Né dans les entrailles de Melbourne, le premier album de Cocks Arquette est de nature trompeuse. De prime abord, on pense apercevoir un énième petit nuage alternatif, un truc inoffensif. Le disque présente quatre titres. L’intro tient en quelques secondes : des mots beuglés du fin fond d’une baignoire en guise de préambule. Il reste alors trois morceaux. C’est là que les éléments se déchainent. Sans prévenir, de puissantes bourrasques, interminables et terriblement menaçantes, nous lessivent les tympans. Cocks Arquette organise une grande débauche épileptique. L’ouragan électrique ravage tout sur son passage. Il tourbillonne pendant près de quarante minutes. Les corps sont projetés en arrière. Le chant peine à se faire entendre, mais surnage avec rage. Le bruit blanc souffle sans discontinuer. Au loin, on entend l’écho des cymbales. De près, on sent le sol se dérober. Dans un ultime déluge noise rock, cinq guitares portent la tempête aux portes du free-jazz. La distorsion retombe, le chaos s’estompe. C’est terminé. On a aimé se faire peur. (na)

Robert Cray ‘Nothin But Love’ Mascot Music

Licia Chery ‘Blue Your Mind’ My Major Company/Warner Music

Elles constituent une cohorte rangée mais papillonnante, ces fleurs de filles jaillies de leur berceau avec la musique en héritage à la faveur du métissage, de l’exil forcé ou des deux. Dans cette catégorie, nous avions déjà Ayo, Corinne Bailey Rae, et quelques autres dont le nom s’est évaporé fissa mais qui ont bénéficié qui d’un duo avec Marc Lavoine, qui d’une guidance personnalisée de Dédé Manoukian. Voici revenu le temps du fruit de saison, un peu reggae, un peu jazzy et issu des vergers certifiés My Major Company : Licia Chery a la carte d’identité suisse, le palpitant en Haïti, et le pouce suffisamment long pour faire du stop sur les routes de la Bohêmeeeu car elle voit « la vie en rose when you see it in black because / Impossible is possible if I want it ! ». On serait à deux doigts de se réjouir qu’elle puisse en retirer de « good vibrations ». Mais après avoir goûté sa pulpe douceâtre et inoffensive comme une virgin colada, on se permettra de la débarquer à la prochaine sortie d’autoroute. (alr)

Neneh Cherry & The Thing ‘The Cherry Thing’ Smalltown Supersound

Qu’une icône de la world pop telle Neneh Cherry tente des reprises alla jazz aussi osées a un côté réconfortant – même si la dame (48 ans en 2012, et oui) s’était déjà illustré en 1991 dans des covers de Cole Porter. Rappelons-nous ses hits planétaires ‘Buffalo Stance’, ‘Manchild’ ou le très guimauve duo avec Youssou N’Dour ‘Seven Seconds’, ils nous ramènent vers un pan nettement plus commercial de la métisse suédoise – nationalité qu’on oublie souvent – à cent lieues de son versant 2012, qui est mille fois plus intéressant. Un des immenses atouts de ‘The Cherry Thing’ est l’apport du trio free jazz The Thing dont les membres sont tout sauf de l’aquavit frelaté (Mats Gustafsson, Ingebrigt Håker Flaten et Paal Nilssen-Love). Bien que provenant de multiples sources (Suicide, The Stooges, Martina Topley-Bird ou MF Doom), en plus de l’excellentissime ‘Cashback’ écrite par Cherry herself et du très smooth ‘Sudden Moment’ de Mats Gustafsson, les huit morceaux brillent par

Quand on tombe sur des disques pareils, on est tenté d’allumer la radio. De dégoter la fréquence de Nostalgie. Ou de tout autre station qui cultive la légende ad nauseam. Robert Cray est dans le métier depuis des plombes. Il chante comme Joe Cocker et ses musiciens jouent comme des bêtes. Ce sont de véritables rats de studio. Le récent ‘Nothin But Love’ est produit par Kevin Shirley (Mr. Big, Aerosmith, Joe Bonamassa, The Black Crowes). Autant dire que rien ne dépasse. Tout sonne parfaitement. Comme avant. Comme au bon vieux temps. Cet album sent l’Amérique d’antan, celle de JR et Bobby, des ranchs et des Cadillac clinquantes. Depuis, la crise est passée par là. Et le monde a (un peu) changé. (na)

Martin Creed ‘Love To You’ Moshi Moshi/V2

Martin Creed est de taille moyenne, avec des yeux et des cheveux, une moustache. Il a sans doute appris très jeune à tirer à l’arbalète, c’est un gaucher contrarié. Il a gagné le Turner Prize grâce à une chambre munie d’un interrupteur: ça vaut ce que ça vaut. Martin Creed est artiste. Si tu penses que ce que j’affirme sur lui est vrai/faux, libre à toi d’ajouter des mots ou plutôt d’en retirer. ‘What’s The Point Of It ?’ Je vois bien que tu as pour mission d’aller au cœur du concept, de dépiauter les riffs et les phrases jusqu’à la moelle : sur ‘Love To You’, Martin Creed est tout disposé à te montrer la voie. 18 morceaux en 40 minutes de mélodies d’allumette, où Martin Creed assène compulsivement des litanies lo-fi pour les gamins aux yeux en boule de loto, les adeptes de l’ironie minimaliste à la David Shrigley, peut-être ceux que Deerhoof met en transe. Ça fonctionne parfois / parfois ça ne fonctionne pas. Si tu prétends que Martin Creed est fou, tu te feras sans doute sonner les cloches comme partout en Angleterre le 27 juillet. On appelle ça la ferveur olympique. Ou l’amour éternel professé par Martin Creed, avec un zeste corsé de british humor. « Fuck Off! » (alr)

Cypress Hill & Rusko ‘Cypress & Rusko’ Cooperative Music/V2

Aussi attendu que la médaille olympique de Lionel Cox en finale du tir à la carabine, le E.P. réunissant Cypress Hill et Rusko se loupe dès les premiers tours de piste. B-Real et Sen Dog en ont visiblement ras-la-casquette de rabâcher ‘Insane In The Brain’ aux quatre coins du monde. Après


03.09 FAMILY OF THE YEAR Us 04.09 KIMBRA Nz 10.09.

PERFUME GENIUS

12.09.

SABATON

(FREE ENTRY)

SWEDISH EMPIRE TOUR WITH ELUVEITIE AND WISDOM

05.09 HANNAH COHEN Us 06.09 CROCODILES Us Be 08.09 CATHERINE GRAINDORGE feat. Hugo Race & Marc Huyghens 10.09 THE VIEW Gb

21.09.

RISE LAUNCH EVENT

22.09.

ANSELMO RALPH

25.09.

SPRING OFFENSIVE

04.10.

CARAVAN PALACE

09.10.

FILIAMOTSA

13.10.

LES OGRES DE BARBACK

14.10.

GET WELL SOON

14.10.

INTERNATIONAL RECORD FAIR

15.10.

TEAM ME

18.10.

JOHNNY HALLYDAY

21.10.

JOHN CALE

26.10.

FUCK ART, LET’S DANCE

27.10.

ROMAN LOB

22.09 WE HAVE BAND Gb

28.10.

BRIT FLOYD THE WORLD’S GREATEST PINK FLOYD SHOW

22.09 BEST COAST Us

30.10.

MONOGRENADE

(FREE ENTRY)

(FREE ENTRY)

(FREE ENTRY)

(FREE ENTRY)

11.09

CREATURE WITH THE ATOM BRAIN Be

13.09 GEMMA RAY Gb Gb 16.09 MALCOLM MIDDLETON presents Human Don’t Be Angry 18.09 JONATHAN BOULET Au LES NUITS DU SOIR 2012 : Soldout Be - Labiur Be Arbor Be - Gaëtan Streel Be - Noa Moon Be 19.09 Ann Hélène & Les Garçons Be • une production du journal Le Soir en coproduction avec le Botanique

21.09 GRAHAM COXON Gb (FREE ENTRY)

(FREE ENTRY)

21.09

! DENT MAY Us

23.09 GAGGLE Gb 23.09 LEMONADE Us

31.10. 02.11.

THE CRANBERRIES

24.09 ELECTRIC GUEST Gb + LAST DINOSAURE Au

03.11.

GOTYE

24.09 DAN DEACON Us

07.11.

LIONEL RICHIE

25.09 HUSKY Au + RENÉE Be

08.11.

DEEP PURPLE

29.09 BOY Ch

09.11.

VITALIC

29.09 THE MAGNETIC NORTH Gb

11.11.

KETTCAR

30.09 COLD SPECKS Gb

13.11.

JASON MRAZ

02.10

16.11.

THE FINAL STING

16.11.

NETSKY

17.11.

DEICHKIND

18.11.

SAEZ

22.11.

ZAPPA PLAYS ZAPPA

23.+24.11.

SONIC VISIONS FESTIVAL 2012

28.11.

FLORENCE & THE MACHINE

30.11.

PSY 4 DE LA RIME

02.12.

CRYSTAL CASTLES

04.12.

AMY MACDONALD

05.12.

DAN SAN

06.12.

STUPEFLIP: NOUVEAU SPECTAC

07.12.

SCORPIONS FAREWELL WORLD TOUR 2012

(SOLD OUT)

+ DEEP TIME Us

! VAN SHE Au

03.10 FRIGHTENED RABBIT Gb 04.10 SKIP THE USE Fr KID KOALA «12 BIT BLUES REVUE» Ca + 06.10 ADIRA AMRAM AND THE EXPERIENCE Us 06.10 TOMMIGUN Be 07.10

ISLANDS

+ FLOAT FALL Be

Ca

08.10 A PLACE TO BURY STRANGERS Us 08.10 HIDDEN ORCHESTRA Gb 10.10

THE HUNDRED IN THE HANDS Us

11.10

THE CROOKES Gb

12.10

LUCY ROSE Gb

13.10

STEREO GRAND Be

WAX TAILOR

19.10

TEITUR Fo

07.12.

STAHLZEIT THE RAMMSTEIN TRIBUTE SHOW NO 1

20.10 OLIVIER DEPARDON Fr

08.12.

IN EXTREMO

21.10

12.12.

CHILLY GONZALES SOLO PIANO II

22.10

13.12.

SILBERMOND

23.10 FRANÇOIZ BREUT Fr

25.01.

EMILY LOIZEAU

24.10 GLEN HANSARD Ie • Cirque Royal

19.03.

JOE BONAMASSA

25.10 ANTOINE HÉNAUT Be

20.04.

ARNO

26.10 ROSCOE be/ROVER Fr

26.04.

THE BOOTLEG BEATLES

26.10 UNISON Fr

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WE ARE AUGUSTINES Us

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18

Earteam

vingt ans à fumer les mêmes morceaux, les gars veulent changer d’air. On peut les comprendre. Par contre, on se dit qu’ils ont trop chargé le calumet le jour où ils ont décidé de se tourner vers Rusko pour retapisser le fumoir. Tête de gondole du dubstep de masse, le DJ et producteur anglais sert une trame électronique bourrue au flow chicano de Cypress. ‘Cypress & Rusko’ s’effrite comme du vieux shit. Les cinq titres cognent avec la subtilité d’une auto-tamponneuse. Dans cette grande kermesse dépourvue de jeux d’adresse, le climax survient quand Damian Marley roule un cinq feuilles sous le dance-hall (‘Can’t Keep Me Down’). Là, on touche carrément le fond de la pipe à eau. C’est sale et ça pue. (na)

The Darkness ‘Hot Cakes’ Canar y Dwar f Ltd/PIAS

The Darkness est le genre de groupe pour lequel on ne peut s’empêcher d’éprouver énormément de sympathie en dépit de toutes les réserves que l’on pourrait mettre en avant. Bien sûr, le post glam qu’il propose est incroyablement rétro et nullement original. Il est vrai aussi que la voix haut perchée de Justin Hawkin est constamment too much et ferait passer Freddie Mercury pour Leonard Cohen. On ne peut nier, non plus, que l’ensemble a un côté un rien bourrin (la reprise de ‘Street spirit’ de Radiohead vaut le détour) et que le groupe se vautre avec délectation dans les clichés les plus éculés - à l’image de la pochette qui voit trois bimbos arrosées de caramel se pavaner langoureusement sur des pancakes géants. Voilà pour les motifs d’accusation. En même temps, peu de groupes peuvent se targuer de proposer un album comprenant 11 titres super accrocheurs. En plus, les riffs sont imparables et l’ensemble dégage une bonne humeur irrésistible. Ecoutez donc ‘Every inch of you’, ‘Everybody have a good time’ ou ‘With a woman’ si vous n’êtes pas contre l’idée d’un plaisir coupable. (pf)

Matthew Dear ‘Beams’ Ghostly International

Impossible d’évoquer la collection automne-hiver de Matthew Dear sans penser, instantanément et sans fards, aux récents travaux de Gui Boratto et Mathias Aguayo. Dansante tout en gardant sous le pied une jolie dose d’autodérision, la musique du producteur américain lorgne aussi, parfois, du côté gothique à la Sisters of Mercy (‘Earthforms’), that’s new baby love mais pas top crédible. Bizarrement inclassable, ni totalement electropop, ni pleinement dance (hormis le formidablement hipster-friendly ‘Fighting Is Futile’, ou la rencontre entre Animal Collective et Kraftwerk), l’univers du Texan de Detroit vire parfois, carrément, à la new italo disco (‘Up & Out’) et, à la longue, tous ses changements de cap donnent un sacré tournis. Allez les enfants, on attrape la floche et on reprend un tour gratuit... (fv)

Delicate Steve ‘Positive Force’ Luaka Bop/Ber tus

C’est un gag ou quoi ? Franchement, viens là que je te pince et qu’on se marre un peu. Histoire d’oublier que Luaka Bop ces derniers temps, c’est la misère. Après Bright Moments et son folk pour cover band de Beirut, on pensait que la qualité artistique ne pourrait que remonter. C’était sans compter sur le deuxième album d’electropop gironde de Delicate Steve, navrant en tout point. Ou presque. Soupe de guitares tourbillonnantes et de claviers graisseux, ces onze morceaux (pour la plupart instrumentaux) chipent ça et là une bonne idée à Battles et la rafistolent aux édulcorants de synthèse. Comme la phénylalanine, ‘Positive Force’ laisse un arrière-goût pâteux en bouche, lourdingue. (lg).

Deus ‘Following Sea’ Pias

Il existe autant de type d’auditeurs de dEUS que d’albums du supergroupe belge : 1. Les fans de la première heure, qui pogotaient déjà comme des branques sur ‘Suds & Soda’ dans des boites

Antony and The Johnsons

Cotton Mather, un autre groupe US vite disparu et jamais regretté. (lg)

‘Cut The World – Live with the Danish National Chamber Orchestra’

Easy Star All-Stars

Rough Trade/Konkurrent

Album live, hybride à l’image de l’être humain, ‘Cut The World’ passe au crible quinze ans de carrière aux lisières mouvantes, tant œuvre que vie. Assez grand(iloquent) pour accueillir le monde tout en étant conscient de sa position marginale, assez intime pour ne pas se muer en un apparatchik récupérable de sa cause, assez insolite pour attirer l’attention de personnalités à la réceptivité hors-normes, depuis David Tibet (mystique leader de Current 93) qui le prit sous son aile sur Durtro jusqu’à Marina Abramovic, pour qui il assura la direction musicale de l’opéra ‘The Life and Death of Marina Abramovi ’, tel est Antony Hegarty dans son unicité sincère, qu’on se laisse envoûter ou qu’il y ait rejet. ‘Cut The World’, inédit, dit bien la cohésion d’esprit entre lui et la performeuse serbe iconique, un sens du drame théâtralisé, un désir instinctif d’eroset thanatos : d’abord sobre réservoir pour voix exceptionnelle, la plage prend une ampleur renversante à mesure que les notes envahissent le champ. Un raz-de-marée auquel succède ‘Future Feminism’, discours qui mêle volonté de matriarcat, questions spirituelles et écologiques, influence lunaire : un creuset très personnel qui va au-delà des gender studies. Il est temps pour le Danish National Chamber Orchestra et l’interprète de revisiter, souvent avec moins d’emphase mais pas moins d’intensité, une galaxie de morceaux déjà chéris (l’hymne soul ‘You Are my sister’, le métaphorique ‘Cripple And The Starfish’) ou plus méconnus (‘I fell In Love With A Dead Boy’, formidable terre bifide au silence éloquent). Mélancolie, trouble, tolérance : quelle éblouissante substance à redécouvrir que celle-là… (alr)

ć

anversoises puant la Duvel et la clope. 2. Ceux dont l’adolescence fut marquée par la sortie de ce qui reste à ce jour les deux meilleurs albums de rock belge jamais sortis. Pour eux, dEUS ne sera plus jamais le même sans Trouvé et Kamil Carlens et leur chagrin est tel qu’ils continuent de collecter tout Kiss My Jazz et Zita Swoon. 3. Les fans indéfectibles, le public européen et les allergiques à l’expérimentation, qui virent dans le dEUS épuré de ‘Ideal Crash’ l’expression la plus aboutie de l’œuvre de Tom Barman, seul rescapé du line-up original. 4. Les fans éplorés qui attendaient un album depuis sept ans et la cohorte de nouveaux auditeurs qui ont grandi dans l’intervalle et se jettent avec avidité sur le rock brut et direct de ‘Pocket Revolution’, nouvel opus de ce groupe so nineties que leur vantent leurs aînés, des sanglots plein la voix : « j’te jure, petit con, je les ai vu à Werther et ils portaient tous des jupes ». 5. Les sorteurs cokés et autres oiseaux de nuit qui peuvent désormais danser sur dEUS sans s’abaisser à écouter du Art-Rock, grâce aux claviers de ‘Vantage Point’. 6. Les amnésiques, les libérés sur parole, les anciens comateux, les Robinson Crusoé, les Nelson Mandela (ah non, plus lui) pour qui ‘Keep You Close’ est la révélation d’un talent certain. Les anciens apprécieront aussi. 7. Enfin, aujourd’hui, nous pouvons compter sur les Burgalat-Lovers et autres wannaBeigbeder qui se pignolent sur le style Gainsbarre et les arrangements trendy-lounge. Pardonnonsleur, car ‘Following Sea’ comporte plusieurs pépites, tel ce ‘Sirens’, tout en finesse et tension retenue. (ab)

Dexys ‘One Day I’m Going To Soar’ BMG

Pour quelqu’un qui aurait été cryogénisé pendant 27 ans et qui serait décongelé aux microondes de l’été 2012, la sortie d’un nouvel album des Dexys Midnight Runners n’aurait absolument rien d’incongru. Car même s’il s’est écoulé plus d’un quart de siècle depuis ‘Don’t Stand Me Down’, ce nouvel opus reprend exactement les choses où elles en étaient restées, à l’identique ou presque. Certes, le fantasque Kevin Rowlands a égaré ses Midnight Runners et revendu ses salopettes. Certes, la soul celtique pétaradante des débuts a fait place à davantage de maîtrise et de sagesse. Mais de harangues désespérées en ballades confessionnelles, la nerveuse énergie des grands classiques du groupe n’est jamais très loin. Co-produit par Mick Talbot (Style Council…), ce nouvel opus manque parfois de finesse dans sa production mais il ne sent jamais la naphtaline. Pas de tubes style ‘Come On Eileen’ou ‘Geno’à se mettre sous le dentier, mais des compositions sensibles ou le spleen est tantôt magnifié (‘Lost’, ‘She Got A Wiggle’) et l’exaltation toujours assumée (‘It’s O.K. John Joe’). Se racontant sur le ton de la confession, Rowlands affiche une sensibilité dont l’authenticité n’est jamais prise en défaut. Un album qui marque surtout le retour en grâce d’un artiste total qui se permet même le luxe d’une po-

chette et d’un artwork photographique hautement rédhibitoires qu’on ne trahira pas ici... (gle)

Dirty Projectors ‘Swing Lo Magellan’ Domino/V2

Après avoir enregistré quelques chansons en compagnie de Björk pour sauver les poissons, bigorneaux et autres citoyens des fonds marins, les Dirty Projectors retrouvent la terre ferme et s’isolent à la campagne. Fruit de cet exode rural, ‘Swing Lo Magellan’ vient ajouter un sixième chapitre à la discographie déjà bien fournie des Américains. Moins barré que par le passé, le groupe s’abandonne ici aux volontés de son leader, David Longstreth. Cette fois, le garçon semble chercher le repos du guerrier. Les structures complexes d’autrefois s’affaissent à la faveur d’une approche plus linéaire, les délires harmoniques se recentrent autour de la voix de Longstreth et des chœurs féminins d’Amber Coffman. Du côté de la guitare, on assiste à une interruption temporaire du glissement continental qui voyait le monde occidental percuter de plein fouet les techniques africaines. ‘Swing Lo Magellan’ valse lentement. Différemment. Il marque une pause dans la (r)évolution permanente du groupe. Cela dit, il ne faut pas deux minutes pour reconnaître ses principales marques de fabrique. Jeu de guitare atypique, dérives symphoniques, ruptures rythmiques, harmonies polyphoniques : les Dirty Projectors demeurent d’indomptables éclaireurs, toujours à l’avant-garde de la pop moderne. (na)

Dispatch ‘Circles Around The Sun’ Bomber Records

Merde, un groupe avec une page Wikipédia longue comme le bras et dont personne ne se réclame. D’ailleurs, le batteur est explicite : « we’ve been called the biggest band nobody’s ever heard of ». Le reste de la biographie – de l’hagiographie – est à l’avenant et tisse le portrait d’un groupe dont la démesure et le génie auraient déjà dû faire passer les Rolling Stones pour de gentils bénabars. Ces trois messies auraient donc rangé leurs égos au placard et seraient de nouveau prêts à en découdre devant des audiences colossales, douze ans après leur dernier opus. Sauf qu’on n’est plus en 2000. Que les Strokes sont passés par là. Qu’Arcade Fire a incendié la décennie. Et que proposer un pop-rock fadasse à la Das Pop, même américain, même super produit, ne fait plus exploser le falzar à personne. Harmonica lénifiant, banjo mou du genou, harmonies à la croix de bois, ballades authentiquement neuneus et un morceau bien torché – saturation aigre-douce – qui fait vaguement sursauter (on s’était assoupi). Quelque part, Dispatch rappelle

‘Easy Star’s Thrillah’ Easy Star Records/Ber tus

Voilà plus de dix ans déjà que ce collectif reggae new-yorkais s’est spécialisé avec un succès certain dans la revisite des albums qui ont marqué l’histoire de la musique avec ‘Dub Side Of The Moon’, ‘Radiodread’ et ‘Easy Star’s Lonely Hearts Dub Band’ en 2009. Pour ce nouvel exercice, qu’on préférera appréhender comme un pur défi musical plutôt que comme de l’opportunisme, c’est à l’album le plus vendu de tous les temps qu’ils ont choisi de s’attaquer. Le résultat donne un disque qui ne sombre jamais dans le pastiche ou le potache loufoque et qui s’avère être bien davantage qu’un simple objet de curiosité. L’adaptation est régulièrement surprenante mais tout le talent des musiciens réside justement dans leur capacité à ne pas dénaturer l’œuvre originale tout en y apportant une authentique coloration reggae. L’alchimie funk/R&B/reggae est donc une franche réussite malgré quelques séquences plus faiblardes, les prouesses vocales du King Of Pop se révélant parfois difficiles à adapter aux exigences rythmiques du genre. Seuls les fans inconditionnels ou conditionnés de Jackson hurleront peut-être au sacrilège ou au blasphème. (gle)

Eiffel ‘Foule Monstre’ Pias

Mettons les points sur les i. Noir Désir, sans Bertrand Cantat, on n’en aurait pas fait un tel ramdam. Au passage, on aurait évité toute cette progéniture un peu tarte qui va de Saez à Eiffel, de Luke à Matmatah. Eiffel, justement, qu’on aurait abandonné avec notre jeunesse quelque part au milieu des années deux mille s’il n’y avait pas eu en 2009 ‘A Tout Moment La Rue’, single déjà bien putassier qui ramenait sur le trottoir l’idole de nos quinze ans, le ‘Pyromane’ de ‘Tostaki’. Depuis prostitué à toutes les sauces, Brigitte Fontaine, L’Enfance Rouge, Shaka Ponk, Amadou et Mariam (liste non exhaustive), Cantat vient encore donner de la voix sur un morceau inintelligible qui singe, précisément, les macaques débiles de Shaka Ponk, ces ploucs qui tentent de croiser Gorillaz avec les Red Hot. Eiffel déraille, grave. N’en déplaise à sa grosse tête, Romain Humeau, n’est pas Damon Albarn qui veut. ‘Foule Monstre’, gorgé de chœurs à l’outrance, noyé sous les cuivres altermondialistes, inondé de vers cucul la praline, gominé derrière une pochette hideuse, n’excitera donc que les jeunes gens qui percent encore leurs pustules d’acné entre deux branlettes trop vite giclées. (lg)

Elvis Black Star ‘Elvis Black Star’ Anorak Superspor t

En 2011, Elvis Black Star met le feu aux Franco à coup de riffs et de rock’n’roll attitude, avec la promesse d’un disque à la clé. Un an plus tard, l’album sort enfin. Entre-temps, le trio andennais a ouvert le concert des Scorpions à Forest National et confirmé son entrée dans la cour des grands. Et il faut avouer que les gaillards ne manquent pas de savoir-faire ; les mélodies sont carrées, efficaces, entre rock huileux et power pop. Reste qu’il manque la petite étincelle pour embraser tout ça. On comptait sur la gouaille brailleuse d’Augustin Dujeux pour propulser ces chansons vers plus de folie, mais trop poussée et rapidement monotone, sa voix donne à croire que leurs paroles ne se composent que de voyelles. On espérait des cris, on en vient à souhaiter plus de retenue. Heureusement, EBS nous offre ‘I Feel So Dirty’, nouveau single qui reste en tête et de loin meilleur track de l’album, où le temps d’un refrain moins criard Augustin repose sa voix et laisse transparaître un autre potentiel. Nous sommes partagés entre l’envie de soutenir un groupe local à la production léchée, tant visuellement (une esthétique qui cite Black Rebel Motorcycle Club) que musicalement (François Vincent et Pierre Constant sont aux manettes), et notre déception toute relative face à un album dont l’emballage clean dévoile finalement plus les limites actuelles


BO ZAR 21/8

19/8

29/9

S 10/10

18/10

20 > 22 • 09 • 2012

24/10

CONCERTS, PERFORMANCES, INSTALLATIONS, DANCEFLOOR & MORE

27/10

Bob Geldof 28/10

30/10

1/11

4/11

Portico Quartet 6/11

PALEIS VOOR SCHONE KUNSTEN, BRUSSEL PALAIS DES BEAUX-ARTS, BRUXELLES CENTER FOR FINE ARTS, BRUSSELS WWW. BOZAR.BE | +32 (0)2 507 82 00 Beeld | Image: Anne Fontenelle

In de context of :

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07/08/12 11:43


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Earteam

d’EBS qu’il ne les cache. Ceci dit, il y a fort à parier que nos trois andennois ne feront que se bonifier avec le temps. (ab)

Mary Epworth ‘Dream Life’ Hands of Glor y/N.E.W.S.

‘Black Doe’ s’ouvre comme un folk païen noyé sous les bombes larguées par des drones aveugles et éclate en un blues craspec, tendance Black Keys. A partir de là, deux solutions : soit regretter que Mary Epworth ne réitère pas l’exploit de ce single impérial, soit digérer le talent indéniable de la dame et, partant, se laisser aller à sa proposition délicieuse de psychédélisme vaporeux, smooth & gospel, soutenu par une langue cristalline qu’on jurerait échappée du label 4AD. C’est bien simple, le fantôme d’Elizabeth Frazer plâne en permanence au-dessus des landes embrumées de ‘Dream Life’, particulièrement sur ‘Trimmed Wing’, qui convoque également Kate Bush à sa chevauchée sauvage à travers le Norfolk. Des débuts plus que prometteurs, qui n’évitent pas toujours la surenchère de l’orchestration, rappelant certains aspects un peu indigestes du ‘Neptune City’ de Nicole Atkins. L’honnêteté farouche de l’ensemble permet d’oublier ces petits défauts et de s’enfoncer main dans la main en compagnie de la belle Mary dans un étang voisin, avec le fol espoir d’y glaner quelque épée ancestrale. (ab)

Terrie Ex/ Paal Nilssen-Love ‘Hurgu !’ PNL Records/Dense

Il y a chez le guitariste Terrie Ex - figure du proue du combo hollandais The Ex - et chez le batteur norvégien Paal Nilssen-Love un même attrait pour la cacophonie et le désordre revendiqué. Enfermez les dans une pièce capitonnée ou laissez les divaguer sur une scène de fortune, il en ressortira toujours bien quelque chose. Quelque chose de brut et de puissant. Aux salves incendiaires des cordes électriques de Terrie Ex, Paal Nilssen-Love répond avec un martèlement acharné sur des peaux ou sur du bois. Ces deux là forment un binôme parfait que rien ne semble pouvoir perturber. Minimale dans sa composition, la formule s’avère maximale dans ses effets. Issu de la scène free jazz, Nilssen-Love a créé avec Ex le combo Lean Left aux côtés de Ken Vandermark tandis qu’ils officient également avec Massimo Pupillo au sein du trio OFFONOFF mais aussi au sein d’Original Silence avec Thurston Moore et Mats Gustafsson. La présente association ne se résume donc pas à un simple projet en dilettante mais constitue au contraire le prolongement naturel d’affinités sélectives. (et)

Christian Fennesz ‘AUN – the beginning and the end of all things’

Crocodiles ‘Endless Flowers’ Souterrain Transmissions/Konkurrent

A l’image de la pochette du disque, les Crocodiles californiens emmenés par Brandon Walchez et Charles Rowell n’ont pas besoin de cache-sexe quand il s’agit de dévoiler leurs influences. Et on se gardera bien de jouer les vierges effarouchées en évoquant à leur endroit une possible résurrection de Jesus And The Mary Chain. C’est du moins ce que laissaient présager leurs deux premiers opus dont avait dégusté jusqu’à la lie le cocktail noise, psyché et shoegaze pétillant d’insouciance adolescente. On ne s’est donc pas fait prier pour découvrir cet ‘Endless Flowers’au titre baudelairien et au romantisme électrisant qui convoque l’Amour, la Religion et la Mort, soit la Sainte Trinité du genre. L’écoute s’avère vertigineuse, l’album évoluant sur un fil, vacillant entre ombre et lumière, spleen et ecstasy, l’avant-garde et le rétro, le garage-punk de gouttière et la pop catchy limite sensuelle. La plage titre qui engage la conversation semble d’emblée moins naïve, plus maîtrisée et dépouillée que par le passé tout en gardant l’incandescence et le souffle mélodique d’un tube potentiel. Et entre ‘Sunday’ qui sonne comme du Cure sans surcharge pondérale et ‘My Surfing Lucifer’au glam-rock graveleux, on mesure combien le travail de nos deux compères a gagné en densité et en variété. La basse s’est arrondie et la réverb n’est plus utilisée à tort et à travers comme artifice stylistique. Et quand l’audace pointe le bout de son nez sur ‘You Are Forgiven’, on entrevoit tout le potentiel d’un groupe qui pourrait explorer des territoires musicaux encore bien plus vastes. Pour résumer, ce ‘Endless Flowers’fait peut-être partie de ces disques qu’on a déjà l’impression d’avoir écouté 1000 fois dans sa vie. Mais il possède aussi ce petit quelque chose en plus qui pourrait en faire un des disques essentiels de 2012. (gle)

lèges sans queue ni tête estampillés Warner, et la question de résider en une complication génétique de la même trempe. Car à force de courir le succès, de la bande de Wayne Coyne, on ne pouvait plus différencier le pied du nez. Paradoxal destin que celui de ces protégés d’une Major qui ne leur avait, jusqu’ici, refusé aucun caprice. Et si la victoire sur la schizophrénie n’a jamais été si belle, bien malin serait celui qui pourrait affirmer à quelle scène, obscure ou illuminée, les ‘Lèvres’ se sont vouées tant la violence et la rage des projets dantesques dans lesquels le groupe s’est lancé nous ont explosées à la face. De par leur nom, on aurait prêté à ces figures culturelles d’Oklahoma City un sang chaud, mais ne vous y trompez pas, la créature a muté et vous abattra froidement dès la première baisse de garde car, de son éphémère succès, elle n’a retenu que l’appât. De la Méduse, qui frappe finalement : la queue qui vous empoisonne ou le regard qui vous terrifie ? The Flaming Lips comme monstre féroce laissé en liberté par son nouveau tuteur légal Bella Union, pour le meilleur et pour le pire. ‘The Flaming Lips and Heady Fwends’ comme signe de ce mariage excitant. Irrémédiablement une histoire de couple, inévitablement un album de collaboration où l’on découvre à l’autre des névroses étonnantes (Kesha), où l’on se fait des promesses (Bon Iver), où l’on se rappelle de si bons moments (Yoko Ono, Lightning Bolt) et surtout quand, à trop s’aimer, on en arrive à se déchirer (Erykah Badu). Des hauts, des bas, la vie quoi… (dark)

The Fresh & Onlys ‘Long Slow Dance’

Ash International

Souterrain Transmissions/Konkurrent

Bande originale du film d’Edgar Honteschläger, il y est question de bâtir le futur de l’humanité sous la crainte de l’apocalypse, ‘AUN’ est une œuvre totalement représentative des travaux de Christian Fennesz, depuis ses débuts à aujourd’hui. Comprenant trois tracks réalisées avec le fidèle Ryuichi Sakamoto déjà sorties en 2007 sur l’album ‘Cendre’ (elles sont facilement identifiables, ce sont les seules avec du piano), le disque s’écoute facilement et n’a pas besoin des images du long métrage austro-japonais pour être pleinement apprécié – à condition d’avoir goûté aux chefs-d’œuvre du maître viennois que sont ‘Hotel Paral.lel’ ou ‘Venice’. Les autres candidats à l’écoute risquent d’y laisser leur chemise et leur enclume. (fv)

Après trois cahots, le Cable Car venait de tomber en rade, à l’angle de Hyde Street et Broadway. Un dimanche, au mois de juillet : il y avait peu de chance que la situation puisse se débloquer avant une bonne heure mais nous n’étions pas anxieux. Ça faisait partie de l’esprit de la baie, cette nonchalance des friscains qui vous collait agréablement aux basques. Là où d’autres garagistes, Thee Oh Sees en tête, seraient pressés d’en finir et trépidants dans leur bleu de travail, là où le fécond Tim Cohen et ses seconds période ‘Play It Strange’ auraient fait gicler des sons étouffés du moteur et n’auraient pas manqué de gueuler à travers le châssis ou d’accumuler les couches distordues, les Fresh & Onlys nouveaux ont sorti le peigne, repassent leur chemise à jabot de pied-plus-tendres, et amorcent des parades de pompiers justiciers (« one day I wanna do something right / but I want to save your life tonight »), aiguillonnés par des ‘Dream Girls’ altières qui les font valser d’un berge à l’autre (‘Yes Or No’, volte-face échaudé et nerveux, ‘Long Slow Dance’ langoureux pas-de-deux), et contracter une migraine plus qu’une assurance-vie à force de jouer les bourreaux pyromanes. Ils ont beau crâner que plus jamais ils ne leur jetteront un regard, n’agiront en ‘Foolish Person’ ou se planquer

The Flaming Lips ‘The Flaming Lips and Heady Fwends’ Lovely Sor ts Of Death/Bella Union

He’s alive ! Aliiive… Tel fût le cri d’effroi de la grande manufacture lorsque, respirateur artificiel pourtant coupé, elle se rendit compte que la bête soufflait encore. Révolu le temps où The Flaming Lips squattaient les compil’s, les B.O., les flori-

derrière un ou deux murs stoner, on se réjouit nettement de les entendre surmonter les affres de quelque aubade plutôt que d’accumuler exclusivement les particules crades, toutes affolantes soient-elles. (alr)

Gatherer ‘So Be It’ Red tape Records/Elevenfif t yseven

Ce quatuor néo zélandais qui a émigré vers l’Australie propose une musique indéniablement originale et singulière. Mêlant des sonorités électro indus à des constructions dissonantes prog, le tout avec un côté épique et des inflexions math core, ‘So be it’ sort des sentiers battus. En même temps, le résultat est quelque peu déconcertant. ‘Elvis/horizon’, par exemple, sonne comme Queen jammant avec les Mars Volta et Converge, ce qui est plutôt indigeste. De manière générale et bien que le groupe affiche d’indéniables qualités mélodiques et techniques, la fusion des genres est un peu maladroite, un peu comme si Gatherer voulait à tout prix combiner toutes ses passions musicales sur un seul et même titre. En outre, le côté épique rime trop souvent avec un pompiérisme assommant. Finalement, c’est quand les morceaux se limitent à un genre plus précis qu’ils convainquent le plus. L’éthéré ‘International getaway’ qui ouvre l’album ou l’industrialisant et en même temps très pop ‘Mr.’ sont par exemple excellents. Mais cela ne suffit pas pour sauver le reste. (pf)

Go-Kart Mozart ‘On The Hot Dog Streets’ West Midlands Records/Cherr y Red Records/ Suburban

La pochette de cet album est moche. Vraiment laide. À l’autopsie, cette horreur visuelle prend tout son sens. Car ‘On The Hot Dog Streets’ s’immerge, ici, au cœur de son sujet : les rues et les ruelles anglaises, leurs ordures, odeurs, gras promeneurs et gros mangeurs de fish and chips. Pour planter ce décor peu reluisant, il faut nécessairement détester l’Angleterre, ses habitudes, ses habitants. Asocial émérite et éclaireur avisé de la pop moderne, Lawrence Hayward est celui-là. Pour le culte, l’homme a érigé Felt en référence. Par la suite, il s’est élevé en leader fantasque du groupe Denim. Mais, à trop flinguer les concessions, il a effrayé les majors et abandonné sa maison aux huissiers. À la rue, complètement fauché, le génie déchu s’est remis en selle à la faveur d’un autre projet, Go-Kart Mozart. Troisième livraison de cette formation, ‘On The Hot Dog Streets’ synthétise les moindres mimiques de l’épopée pop britannique. Du passé (Ian Dury, The Auteurs, Pulp) au présent (The Streets, Belle & Sebastian, Baxter Dury), le groupe fait valoir ses connaissances encyclopédiques. Fanfaronnes, les chansons s’appuient sur des claviers guillerets et des guitares joyeuses. Mais sous l’euphorie extérieure, c’est une véritable

débâcle. Bling-blong, rien ne va plus. Les histoires d’amour finissent mal, les gens perdent leur boulot et déambulent, hagards, dans des rues qui sentent le mauvais hot-dog. Mixé par John Rivers (producteur attitré de Felt), ‘On The Hot Dog Streets’ pose un regard critique sur notre époque et ses dérives. Toujours ironiques, les chansons de Go-Kart Mozart roulent parfois sur des autoroutes synthétiques vétustes. Mais ces chemins de traverse ont aussi le mérite de déboucher sur quelques refrains radieux (‘Mickie Made The Most’, ‘Blowin’ In A Secular Breeze’, ‘Retro-Glancing’), des hits contagieux. A siffler sur le trottoir des grandes villes. (na)

Gonzales ‘Solo Piano II’ Gentle Threat/Pias

Amuseur public, loufoque excentrique, Chilly Gonzales reste, avant tout, un excellent pianiste. Comme pour valider l’observation, le compositeur canadien dévoile le second volet de sa leçon de piano. Accessibles, cinématographiques et élégantes, les petites pièces de ce ‘Solo Piano II’ s’inscrivent dans la continuité du premier volet. C’est de la musique classique pour les rockeurs, une prise de contact anticipée avec les réalités symphoniques. Ici, tout est beau, relaxant et méditatif. Ni vu ni connu, Gonzales empile les références : Jean-Sébastien Bach, Debussy, Mozart, Keith Jarrett, George Gershwin ou Erik Satie alimentent son réservoir instrumental. Incitation à la détente et aux songes mélancoliques, ‘Solo Piano II’ glisse sur le cœur comme une proute sur un K-Way. Les harmonies s’appuient sur quelques poncifs : des motifs répétitifs et autres volutes polyphoniques qui, comme toujours, permettent à l’artiste de partir sur une bonne note. (na)

Grasscut ‘Unearth’ Ninja Tune

La pochette est de toute beauté, aurorale, brumeuse, bleutée, urbaine. Autant d’épithètes qui peuvent jouer à frotti-frotta avec la musique de Grasscut. Les deux silhouettes voilées sont probablement celles des deux cerveaux de ce projet pas comme les autres, mélange parfait d’electronica et de fulgurances quasi baroques. La réelle singularité du duo est d’accoucher de vraies bizarreries là où d’autres n’enfantent que des sousTunng. ‘Blink In The Night’, ‘We Fold Ourselves’ sont ce genre de pépites mélancoliques qu’on ressort les fins d’après-midi de novembre, après avoir fleuri quelques tombes. Là, il est bon d’imaginer des forêts giboyeuses, des femmes en quantité, des fanfares, du vin à boire. ‘Unearth’, cette rencontre entre Thom Yorke et Jono McCleery, permet ça ; ce minimalisme bidouillé autorise à croire à l’opulence, aux jours meilleurs, à l’optimisme. Sur scène, d’ailleurs, ils sont accompagnés d’un batteur et de vraies cordes. Et puis, un des deux gars est en train d’écrire la biographie officielle de Robert Wyatt. Ça n’est peutêtre qu’un détail. Mais ça veut dire beaucoup. (lg)

Laurel Halo ‘Quarantine’ Hyperdub

Grosse hype en 2011 avec son très réussi EP ‘Hour Logic’, Laurel Halo signe un an plus tard un très joli opus en format étendu, son apparente inoffensivité au premier abord est extrêmement trompeuse. D’une longueur en bouche subtile et harmonieuse, l’œuvre de la New-Yorkaise évolue dans des eaux pop expérimentales où s’est baignée la grande Laurie Anderson, ainsi que, mais ça va de soi vu qu’ils forment un couple à la ville, Oneohtrix Point Never alias Daniel Lopatin. Pour multiplier le name dropping, on citera aussi une Julia Holter, en mode un chouia moins accessible, mais l’énorme force de ‘Quarantine’ est de multiplier les tentatives électroniques, couplées à un chant angélique, voire diaphane. Alors oui, par moments, on reste tellement longtemps sous l’eau qu’on en perd la respiration, mais quand on retrouve la surface, un monde en technicolor digital exprime toutes ses nuances, elles sont riches


AGENDA CONCERTS JACk WhiTE 06.09 NORAh JONES 12.09 FuN. 30.09

Lotto ArenA - Anvers Forest nAtionAL - BruxeLLes Ancienne BeLgique - BruxeLLes

support Act : WALk the Moon

TORi AmOS 02.10

pBA - BruxeLLes

the goLd dust orchestrAL tour tickets via pBA: 02 507 82 00 ou bozar.be FeAturing the MetropoLe orchestrA conducted By JuLes BuckLey

TAmE impAlA SlASh ThE VACCiNES ART mENGO DiONySOS GOTyE

16.10

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

17.10

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

19.10

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

20.10

théâtre 140 - BruxeLLes

01.11

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

01.11

sportpALeis - Anvers

support Act : Jonti

m83 02.11 BON iVER 02.11

Ancienne BeLgique - BruxeLLes Lotto ArenA - Anvers

support Act : the stAves

hOT Chip GRizzly BEAR ThE CRANBERRiES mElODy GARDOT OlDElAF ARChiVE

LOWER DENS

SX

SX

43

18/08/12: Pukkelpop – Hasselt 18/08/12: Pukkelpop – Hasselt

43

18/08/12: Pukkelpop – Hasselt 18/08/12: Pukkelpop – Hasselt

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

KISS THE ANUS OF A BLACK CAT

DOPE DOD

DOPE DOD

BEACH HOUSE

BEACH HOUSE

LOVE LIKE BIRDS

LOVE LIKE BIRDS

WOODS

WOODS

NILS FRAHM

NILS FRAHM

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN 12/09/12: DOK Arena - Gent * 13/09/12: Incubate Festival - Tilburg * 15/10/12: Paradiso - Amsterdam ** 16+17/10/12: Stuk – Leuven ** * NILS FRAHM ** NILS FRAHM + ÓL AFUR ARNALDS

A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN 12/09/12: DOK Arena - Gent * 13/09/12: Incubate Festival - Tilburg * 15/10/12: Paradiso - Amsterdam ** 16+17/10/12: Stuk – Leuven ** * NILS FRAHM ** NILS FRAHM + ÓL AFUR ARNALDS

18/08/12: Pukkelpop - Hasselt 26/08/12: Krachtstroom Festival - Arnhem 08/09/12: Deep In The Woods - Heer 21/09/12: Patronaat - Haarlem 29/09/12: L a Zone - Liège 24/11/12: Porta Nigra Festival - Aarschot 24/08/12 Feest In Het Park - Oudenaarde 27/08/12: Vera - Groningen 18/11/12: AB – Bruxelles * 19/11/12: Paradiso – Amsterdam * * + HOLY OTHER (UK) 30/08/12: 09/09/12: 15/11/12: 22/11/12:

Feeërieën - Bruxelles Mezz - Breda Moonbeat - Mechelen CC De Steiger - Boom

30/08/12: Madame Moustache - Bxl 31/08/12: OCCII - Amsterdam 12/09/12: DOK Arena – Gent * 13/09/12: Incubate Festival - Tilburg * 15/10/12: Paradiso - Amsterdam ** 16+17/10/12: Stuk - Leuven ** * A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN ** ÓL AFUR ARNALDS + AWVFTS

18/08/12: Pukkelpop - Hasselt 26/08/12: Krachtstroom Festival - Arnhem 08/09/12: Deep In The Woods - Heer 21/09/12: Patronaat - Haarlem 29/09/12: L a Zone - Liège 24/11/12: Porta Nigra Festival - Aarschot 24/08/12 Feest In Het Park - Oudenaarde 27/08/12: Vera - Groningen 18/11/12: AB – Brussel * 19/11/12: Paradiso – Amsterdam * * + HOLY OTHER (UK) 30/08/12: 09/09/12: 15/11/12: 22/11/12:

Feeërieën - Brussel Mezz - Breda Moonbeat - Mechelen CC De Steiger - Boom

30/08/12: Madame Moustache - Bxl 31/08/12: OCCII - Amsterdam 12/09/12: DOK Arena – Gent * 13/09/12: Incubate Festival - Tilburg * 15/10/12: Paradiso - Amsterdam ** 16+17/10/12: Stuk - Leuven ** * A WINGED VICTORY FOR THE SULLEN ** ÓL AFUR ARNALDS + AWVFTS

03.11

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

04.11

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

CARLA BOZULICH’S

04.11

EVANGELISTA 14/09/12: Les Ateliers Claus - Bruxelles

CARLA BOZULICH’S EVANGELISTA 14/09/12: Les Ateliers Claus - Brussel

Lotto ArenA - Anvers

HOWLIN RAIN

HOWLIN RAIN

09.11

cirque royAL - BruxeLLes

10.11

BLACK DICE

15/09/12: AB - Brussel 02/10/12: De Kreun - Kortrijk

BLACK DICE

théâtre 140 - BruxeLLes

13.11

Forest nAtionAL (cLuB) - BruxeLLes

P I N G P O N G TA C T I C S

P I N G P O N G TA C T I C S

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

JESCA HOOP

JESCA HOOP

cirque royAL - BruxeLLes

06/09/12: Night o/t Unexpected – Utrecht 07/09/12: Night o/t Unexpected – Amsterdam 08/09/12: Night o/t Unexpected – Eindhoven 16/09/12: Vooruit - Gent

Ancienne BeLgique - BruxeLLes

TORCHE

TORCHE

HAUSCHK A

HAUSCHK A

DUSTIN O’HALLORAN

DUSTIN O’HALLORAN

‘With us untiL your deAd tour 2012’

DJANGO DJANGO 15.11 mARk lANEGAN BAND 18.11 ThE humAN lEAGuE 21.11 xxxv

liANNE lA hAVAS ThOmAS DuTRONC miChAEl kiWANukA SkuNk ANANSiE

LOWER DENS

14/09/12: De Zwerver - Leffinge

15/09/12: Cirque Constance - Kaprijke 19/09/12: Le Grand Mix - Tourcoing

21/09/12 Magasin 4 - Bruxelles

21.11

cirque royAL - BruxeLLes

22.11

cirque royAL - BruxeLLes

23.11

cirque royAL - BruxeLLes

23.11

Lotto ArenA - Anvers

support Act: the JezABeLs

ChRiSTOphER WillEm 26.11 RuFuS WAiNWRiGhT 27.11

05/10/12: 12/12/12: 13/12/12: 14/12/12:

Stuk - Leuven CC Mechelen - Mechelen De Warande - Turnhout De Spil - Roeselare

15/09/12: AB - Brussel 02/10/12: De Kreun - Kortrijk 15/09/12: Cirque Constance - Kaprijke 19/09/12: Le Grand Mix - Tourcoing 06/09/12: Night o/t Unexpected – Utrecht 07/09/12: Night o/t Unexpected – Amsterdam 08/09/12: Night o/t Unexpected – Eindhoven 16/09/12: Vooruit - Gent 21/09/12 Magasin 4 - Brussel 04/10/12: Gaslab - Eindhoven 08/12/12: State X @ Paard Van Troje - Den Haag * * SAMULI KOSMINEN 05/10/12: 12/12/12: 13/12/12: 14/12/12:

Stuk - Leuven CC Mechelen - Mechelen De Warande - Turnhout De Spil - Roeselare

ISLANDS

06/10/12: Bitterzoet – Amsterdam 07/10/12: Botanique – Bruxelles

ISLANDS

Ancienne BeLgique - BruxeLLes Ancienne BeLgique - BruxeLLes

ÓLAFUR ARNALDS

ÓLAFUR ARNALDS

Forest nAtionAL (cLuB) - BruxeLLes

DOPE BODY

DOPE BODY

MOON DUO + CARLTON MELTON

MOON DUO + CARLTON MELTON

RAPE BLOSSOMS

RAPE BLOSSOMS

DIRTY THREE

DIRTY THREE

ANDREW BIRD

ANDREW BIRD

for more concerts : www.toutpartout.be

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And his BAnd

JASON mRAz 29.11

04/10/12: Gaslab - Eindhoven 08/12/12: State X @ Paard Van Troje - Den Haag * * SAMULI KOSMINEN

14/09/12: De Zwerver - Leffinge

tour is A Four Letter Word

BAT FOR lAShES 29.11 cirque royAL - BruxeLLes GOSSip 30.11 Lotto ArenA - Anvers SAEz 23.04.13 Ancienne BeLgique - BruxeLLes Vous désirez être au courant des dernières infos sur nos concerts ? Inscrivez-vous au plus vite à la Live NatioN WeekLy et recevez une mise à jour hebdomadaire des nouveaux concerts et des extras sympas !

PLUS D’INFOS SUR

TICKETS : WWW.PROXIMUSGOFORMUSIC.BE 0900 2 60 60 * ( 0,5 EuRO / miN TVA COmpRiSE ) * EXCEPTÉ POUR LES CONCERTS À L’ANCIENNE BELGIQUE

15/10/12: Paradiso - Amsterdam * 16+17/10/12: Stuk – Leuven * * NILS FRAHM + AWVFTS 19/10/12: Magasin 4 - Bruxelles 26/10/12: 4AD - Diksmuide 23/10/12: Trix - Antwerpen 07/11/12: De Kreun - Kortrijk

27/10/12: Le Belvédère - Namur 03/11/12: Rock Glabbik - Opglabbeek 18/11/12: Vooruit – Gent 18/11/12: Crossing Border – Antwerpen

06/10/12: Bitterzoet – Amsterdam 07/10/12: Botanique – Brussel 15/10/12: Paradiso - Amsterdam * 16+17/10/12: Stuk – Leuven * * NILS FRAHM + AWVFTS 19/10/12: Magasin 4 - Brussel 26/10/12: 4AD - Diksmuide 23/10/12: Trix - Antwerpen 07/11/12: De Kreun - Kortrijk

27/10/12: Le Belvédère - Namur 03/11/12: Rock Glabbik - Opglabbeek 18/11/12: Vooruit – Gent 18/11/12: Crossing Border – Antwerpen

Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman

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Lazarijstraat 87 3500 Hasselt - Belgium Phone: +32 (0) 11 25 60 36

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info@toutpartout.be http: www.toutpartout.be

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22

Earteam

et multiples. Nombreuses écoutes conseillées avant d’atteindre la plénitude, got it ? (fv)

Dinosaur Jr.

Happy Mondays ‘Call The Cops/Live In New York 1990’ Floating World/Ber tus

‘A Huge Dose of Fun’ dit le communiqué, ‘Call The Cops’ aurait le mérite de ne vouloir tromper personne… ; si seulement le Rosbief ne maîtrisait pas tant l’art du contre-pied. Car lorsqu’il s’agissait de faire bouger la graisse, les Happy Mondays avaient dans les 90’s ce coup de reins qui vous mettait les défenses naturelles et cérébrales dans le vent. 1990, les rois de Madchester, au sommet de leur art, s’en prennent à New York et s’empoignent avec sa faune nocturne. Et à croire la faune, en Cartésie de l’Ouest, un gars payé à danser défoncé sur une scène, cela régale. Big up à toi Bez ! On ne peut cependant que présumer et fantasmer tant le disque est peu bavard, pire on se permettrait de dire que Floating World sort ce disque n’importe comment. Une pochette dégueulasse vaguement inspirée de l’artwork de l’époque, un son franchement cra-cra qui pue la sortie de console, un éditing au marteau et l’absence totale d’infos précises (pour un vestige, c’est moche). On file le track-listing, pour le reste, démerdez-vous. Shaun Ryder ne l’aurait pas mieux exprimé ! Et quelque part, vous envoyer chier après vous avoir tapé du fric, c’était un peu ça la spécialité des Ryder, « un disque pour se marrer » qu’on vous disait. Sauf que les Happy Mondays n’ont certainement pas grand chose à voir avec cette sortie et qu’avec eux, sur scène, ca rigole peu ! Mais qu’est-ce que ca joue bordel ! La rythmique est sans faille, la basse ronflante, les chœurs atomiques et Shaun précis comme une lame. ‘Call The Cops’ pue l’arnaque, certes, mais dévoile à ceux qui étaient encore sceptiques pourquoi ces Mancuniens là ont été les rois d’un mouvement majeur de la musique britonne. Au delà de 10 titres incontournables livrés à la perfection (‘Step On’, ‘Kinky Afro’, … ), en voilà un bel objet de collection ! Tiens, 80 % des cadeaux Bongos filent à la poubelle, vous le saviez ça vous ? (dark)

The Heavy ‘The Glorious Dead’ P&C Counter Records/Ninja Tune

Avec The Heavy, c’est la soul dans ce qu’elle a de plus noble qu’on ressuscite. La soul, la vraie, avec ses mélodies qui vous feraient vous trémousser sous votre douche, son sens du groove et ses arrangements somptueux. En même temps, la musique du quatuor n’est pas que soul, elle est également pop et rock à différents niveaux.‘The glorious dead’ prend en réalité des allures de classique du genre déclinant en dix titres tout le talent d’un groupe qui connaît l’œuvre de ses illustres ainés tout en injectant une touche de modernité au niveau des arrangements et de la production. ‘Can’t play dead’, qui ouvre l’album, est un monstre de puissance magistralement arrangé, type BO de James Bond. ‘What makes a good man ?’ est lui aussi impérial, alliant une mélodie imparable à des arrangements pour cordes subtils, le tout sur fond de chœurs féminins puissants. Clairement un des moments forts de l’album, tout comme le chaloupé et langoureux ‘Be mine’ et le très bon ‘Just my luck’ qui alterne envolées électriques et passages tout en douceur. Et puis on s’en voudrait de passer sous silence le downtempo et bien roots ‘The lonesome road’ que l’on verrait bien repris par Tom Waits, sans oublier le très pop ‘Curse me good’. Tout simplement excellent ! (pf)

Kelly Hogan ‘I Like To Keep Myself In Pain’ Anti

On s’en doute, ‘I Like To Keep Myself In Pain’ n’annonce pas la fête du chou à Jalhay (qui n’a d’ailleurs rien d’un rassemblement de krautrockeurs patentés). Et c’est un fait qu’on se bidonne assez peu avec Kelly Hogan. Une fille qu’on a entendue un peu partout ces quinze dernières années sans le savoir vraiment : notamment

Leatherman ‘Romania’

‘I Bet On Sky’

Mar t yrs Of Pop/Chntage Records

Play It Again Sam/Pias

Derrière Leatherman se cachent en réalité Jacques Duvall et Jean-Marc Lederman. Inutile de s’attarder exagérément sur le parcours du premier cité. Parolier à succès de Lio, Chamfort ou les Sparks, il connaît également depuis peu une seconde jeunesse en sortant des albums chez Freaksville - label auquel il fait ici une petite infidélité, mais on est sûr que Benjamin Schoos lui pardonnera ! Pour ce qui est de Jean-Marc Lederman, il a un CV qui a de quoi en faire baver plus d’un, puisqu’il a joué avec Fad Gadget, The The, travaillé avec Alain Bashung et écrit des morceaux pour la série… ‘Alerte à Malibu’, rien que ça ! Avec ce projet, Jacques et Jean-Marc optent pour un concept original aux confins du surréalisme - normal, ils sont belges; puisqu’ils se sont mis en tête de reprendre 10 titres on ne peut plus éclectiques et de les proposer dans des versions downtempo crépusculaires, du type ballade blues langoureuse et dark à souhait, avec une petite touche cinématographique. Bien évidemment, la voix de crooner rauque de Duvall fait des merveilles dans ce type d’exercice, tandis que la guitare et les claviers majestueux, glacés et fantomatiques de Lederman font le reste. L’ensemble est très réussi, avec une mention spéciale pour la poignante reprise de ‘A horse with no name’, l’étonnante lecture de ‘Can’t seem to make you mine’ des Seeds ou encore une touchante version de ‘Dream lover’ de Bobby Darin. Au rayon des étrangetés sublimes, on relèvera des versions de ‘I will survive’ de Gloria Gaynor et de la scie ‘Il est mort le soleil’ de Nicoletta , rebaptisée ici ‘The sun died’, soit deux titres auxquels un traitement ralenti et ascétique confère un côté touchant insoupçonné. A noter que chacun des 10 titres est proposé dans une version instrumentale ou remixée, ce qui donne une contrepoint intéressant à la version originale. Démarche intéressante, résultat séduisant : ‘Romania’ est une réussite. (pf)

Né au milieu des eighties, le trio formé par Joseph Mascis, Lou Barlow et Patrick Murphy s’est très vite imposé à l’époque comme un nom à part entière véhiculant dans son sillage un idiome qui allait peu à peu s’imposer sur les scènes musicales en mutation. On est alors avant l’avènement du grunge et Dinosaur Jr réussit la combinaison inédite entre un rock aux accents pop empruntant à l’héritage punk et une attitude désinvolte et ostensiblement faussement flegmatique que l’on retrouvera dans le grunge mais aussi dans le courant shoe-gaze du tournant eighties/nineties. Mascis, qui n’est pourtant ni un bon guitariste, ni un bon chanteur fait mouche et parvient à imposer un style. De son côté, Barlow ira se consacrer temps plein à Sebadoh avec le succès que l’on connaît. Quelques singles mémorables (dont l’inoubliable ‘Whatever’s Cool With Me’ qui résume à lui seul le credo dinosaurien) resteront dans les annales tandis que le groupe finira par se disloquer. Reformé en 2005, le trio original sort aujourd’hui son dixième album studio. L’important ne tient pas dans ce chiffre symbolique anniversaire, il réside dans la capacité, demeurée intacte, d’une alliance géniale à fomenter des coups visionnaires et passionnément poétiques, à l’image du titre de cet opus. ‘Don’t Pretend You Didn’t Know’ qui l’ouvre vous replongera inévitablement dès les premières secondes dans son univers. Les quelques notes de clavier ne devraient pas vous distraire outre mesure. Les chansons qui suivent, quoiqu’un peu moins fortes, sont à l’avenant et quelques-unes sortent du lot dont ‘Almost Fare’, ‘I Know It Oh So Well’ et ‘See It On You Side’ qui clôt magnifiquement le disque. (et)

chez Steve Albini, chez Neko Case, chez Mavis Staples, chez Andrew Bird (ce dernier ne tarit pas d’éloges à son propos). Pour ce nouvel album – son cinquième, le premier depuis onze ans –, elle n’a pas écrit un morceau. Plutôt peu inspiré le retour. Sauf que les titres sont tous originaux. Ecrits pour elle par des potes. Lesquels ? Pas vraiment des bras cassés de première, on s’accroche : The Magnetic Fields, Vic Chesnutt, Gabriel Roth, M. Ward, Andrew Bird. Entre autres. Le hic ? Kelly Hogan n’est pas Dusty Springfield et son mélange de blue-eyed soul, de retro-pop et de torch songs émeut rarement. Disque idoine, toutefois, pour regarder tomber la pluie. (lg)

Hot Chip ‘In Our Heads’ Domino

Le groupe électro-pop qu’on ne présente plus rempile pour un 5e album avec une approche plus dark et tortueuse. Moins fade que leur précédente galette, on sent que les Britanniques construisent leurs tracks de manière plus réfléchie et plus profonde. C’est évidemment toujours très dancefloor et la saveur si typique des Hot Chip reste intacte, mais les gars semblent ici moins minauder et s’expriment sans complexe, assumant en toute simplicité leur rythmique rétro-futuriste, éthérée, dépouillée et colorée comme une peinture naïve sans chercher à séduire ou à plaire. On notera aussi qu’ils explorent des voies assez inédites pour eux (comme ‘Look At Where We Are’, une ballade aussi touchante et funky que surprenante). On sent qu’Hot Chip sait se remettre en question et ne pas se reposer sur ses acquis. Ça fait bien plaisir. (jbdc)

The Jon Spencer Blues Explosion ‘Meat + Bone’ Bronze Rat Records/V2

Premier album studio depuis huit ans, ‘Meat + Bones’ s’inscrit sans rupture aucune dans la lignée classique de la discographie du Blues Explosion. Jon Spencer fait figure aujourd’hui de pilier inébranlable, de patriarche vénérable. D’une expérience et d’un âge certain, le bougre n’a plus rien à prouver et n’a plus de leçon à prendre. Pendant plusieurs décennies, il s’est occupé à déconstruire une grande partie de l’héritage du blues et du rock US, c’est-à-dire les racines, le fondamental, pour mieux le revisiter à sa façon, rauque, tapageuse, tonitruante, je m’en branliste. « Nous possédons de cette colle psychique qui nous permet de continuer à faire de la musique ensemble » affirmait-il récemment. J’en connais certains qui le démentiront et qui le trouvèrent quelque peu amorti, fat pour tout dire, lors de son passage sur la scène des festivals cet été. Quoiqu’il en soit, cet album ne déroutera nullement les fans. Une douzaine de morceaux du pur cru Spencer avec une mention particulière pour le déjanté ‘Black Mold’ qui ouvre le disque et pour le

très chaloupé rhythm n’funk ‘Get Your Pants Off’ qui le suit peu après. (et)

The K ‘My Flesh Reveals Millions Of Souls’ JauneOrange/PIAS

A l’écoute de ‘My Flesh Reveals Millions Of Souls’, on ne doute pas un seul instant que ce trio wallon écoute réellement Jesus Lizard, Shellac ou Pissed Jeans. The K propose en effet du punk hardcore expérimental noisy qui envoie le bois. Né des cendres de The Kerbcrawlers, il s’est récemment distingué en remportant la catégorie Rock Dur du Concours Circuit. Avec ce premier album, il confirme tout son talent en balançant 11 titres de rock brutal et bruitiste qui affiche une puissance incroyable tout en étant superbement bien maîtrisé et varié au niveau des sonorités. Dès l’écoute de ‘Bald woman’, qui ouvre l’album tel une éruption de riffs et d’énergie brute, on sent qu’on va passer un bon moment et la suite ne fera que le confirmer. ‘Fragrance’ est un concentré de brutalité hardcore tordue, ‘Worthy of the name’ séduit avec son côté grunge, ‘Essential chippendale’ est particulièrement abrasif et malsain avec ses ruptures de tempo inattendues, alors que ‘Dawn riser’ démarre tel un hommage sludge à Black Sabbath pour ensuite prendre des détours inattendus. L’un de points forts du groupe - en plus de jouer très fort ! - est de mettre en avant des structures très subtiles qui jouent avec les breaks et les changements de rythme qui renforcent bien évidemment l’intérêt de l’ensemble. Vachement excitant, tout ça ! (pf)

Kimbra ‘Vows’ Warner

Tu rêvais d’une Camille néo-zélandaise et tu n’osais te l’avouer ? La réponse est toute trouvée, elle se nomme Kimbra et nul doute qu’elle doit être la réincarnation de la petite souris cachée au fond du studio où s’est enregsitré ‘Le Fil’ – et, pour l’anecdote, elle était en featuring sur le single ‘Someone I Used To Know’ de l’insupportable Gotye. Mêmes effets vocaux d’un cri qui peut agacer, même sens du spectacle vocal, Kimbra Johnson n’a guère de choses à envier à sa consoeur française. Heureusement, elle ne se contente pas d’en être une copie conforme. Tantôt, elle va chercher du côté de Robyn un entraînement sautillant qui fait plaisir, même si on aurait préféré que les quelques effets à la Mount Kimbie soient moins timides en fond sonore derrière l’artillerie lourde surproduite – Trevor Horn, sors de ce corps. Là est le principal défaut de ces ‘Vows’, manifestement enregistrés avec de grands moyens pas toujours bien utilisés. Faut bien en jeter un max pour impressionner Rudy Léonet, ma bonne dame. (fv)

Linkin Park ‘Living Things’ Warner

En imaginant qu’un fan du groupe ait hiberné depuis la sortie de ‘Hybrid theory’ en 2000, il risquerait d’être fort surpris à l’écoute de ce ‘Living things’ qui n’a plus rien de nu métal ou de métal tout court. C’est d’autant plus surprenant que l’album a été produit par Rick Rubin, producteur qui a présidé à la naissance de moult classiques de rock dur. Mike Shinoda, le leader du groupe, a déclaré que Linkin Park avait évolué et qu’il s’était ouvert à de nouveaux genres, notamment l’électro. A l’écoute de l’album, c’est assez clair, mais cela n’est pas pour autant convaincant. On peut imaginer que Linkin Park a beaucoup écouté Skrillex ces derniers temps, de sorte que cet album prend des allures de pop électro dance dubstep. Ce ne serait pas un problème si l’ensemble était inspiré et/ou accrocheur. Or, ce n’est pas le cas et le tout donne souvent l’impression d’être franchement opportuniste, du genre ‘ouais, tu vois, on évolue avec notre temps et on sonne vachement branché, limite dubstep. C’est cool, non ?’ Franchement, non. (pf)

Jean-François Maljean ‘Apormidjusofir’ September

Après avoir fait le tour de la question en Communauté Wallonie-Bruxelles, cet ancien compagnon de route de Rapsat s’est lancé à la conquête de l’Asie où ses talents de pianiste semblent avoir trouvé leur public. Mais avec ce nouvel opus, le Mandarin du Piano - comme il aime désormais se faire appeler - troque le riz cantonais contre la tarte au riz. Car derrière un titre (‘Apormidjusofir’) que n’aurait pas renié Sigur Ros, se cache en fait une ode à ses origines verviétoises. Et il faut en réalité lire “Ah por mi djus sos fîr” qui sont les premiers mots d’une barcarolle verviétoise qui signifie “ Moi, je suis fier ”, la


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FACTORY AU ROCKERILL SAM 06.10 ›› COLD BE / TZII HELL-ZO BE / ANDROID 80 BE-UK / KOMPLIKATIONS BE / FRUSTRATION FR

SAM 13.10 ›› QUINTRON & MISS PUSSYCAT US JEU 8.11 ›› K-HOLES US / BE LES PANTIES

MER 5.12 ›› CINÉ & CONCERT DESSERT IRON SKY FIN /

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CHARLEROI


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Earteam

suite des paroles se traduisant par “ d’avoir habité ici dans un trou comme à Verviers ”. Voilà pour le concept…Musicalement, les treize titres de qualité inégale évoluent dans un registre jazzy assez classique et sont interprétés notamment par des guests de qualité dont la région regorge (Jacques Stotzem, Jean-François Hustin, Rhonny Ventat, Didier Laloy). (gle)

ManAcoustic ‘Harmony Street’ Sunny Weeks Production/Green L.F.ant.

Jack Johnson, ce prophète chill-out, nous a, dans sa mansuétude, gratifié d’une descendance de pères tranquilles qui, se laissant porter par la wave, s’interrogent sur la liberté, le Destin avec un grand D et la direction de route à prendre (« And so I go with the flow / Every step makes me grow / And I know my destiny / Is walking on harmony street »), tout en optant en dernier recours deux fois sur trois pour celle à température ambiante. Pour son deuxième album, ManAcoustic ne fait pas réellement exception à la règle : il tente de cultiver son brassage de soul-folk-reggae avec tout le soin possible, on n’en doute guère, mais ne laisse pas dépasser suffisamment de feuilles non calibrées, de pousses sauvages, d’espèces non répertoriées pour qu’on ait envie de plonger dans l’hummus à pleines oreilles, s’y sentant en terreau favorable à une frénésie nouvelle. (alr)

Eugene McGuinness ‘The Invitation To The Voyage’ Domino Records/Pias

His name is McGuinness, Eugene McGuinness. Contrairement à ce que cet intitulé ‘Invitation To The Voyage’ charpenté pour les wannabe-Baudelaire laisserait présager, notre agent tient moins du poète maudit que du cabotin pop transformiste, attitude sciemment débridée qui ne manquera pas de nous rappeler combien les sujets de sa Majesté aiment couver leurs extravagances plutôt que les étouffer, Jarvis Cocker en tête. On avait déjà pu entendre notre zig précoce assurer les rythmiques mods aux côtés de Miles Kane et reprendre avec une aura moins affectée mais non moins assurée le ‘Blue Jeans’ de la Del Rey, il s’essaie désormais à un troisième round solo, catégorie petite frappe incisive. Heureux toutefois les culottés, ils emporteront quelquefois la mise. On verrait bien ‘Harlequinade’ ou le fierà-bras ‘Sugarplum’ servir de tapis sonore pour un catwalk où RuPaul surgirait d’un cake queer, et ‘Shotgun’, tout tributaire qu’il soit du ‘Peter Gunn’ d’Harry Mancini (popularisé par les Blues Brothers) n’en reste pas moins bien sapé et fourmillant d’une poignée d’images en cinémascope. Des encoches cheek-in-tongue (‘Thunderbolt’ et ses accents symphoniques), un faciès de faussaire mais qui laisse place à l’esprit, voilà de quoi accepter au moins quelques bouchées du pudding. Gaffe cependant à l’indigestion. (alr)

Marina & The Diamonds ‘Electra Heart’ Atlantic Records/679

Baissons les masques : sous ma virilité de granit se cache une pétasse à bubble-gum. ‘Murder On The Dancefloor’ m’arrache des cris de primadonna, ‘Toxic’ me moite, ‘Barbie Girl’ me pousse au flashmob. Pas de mensonges entre nous : Marina & The Diamonds m’avait titillé le pavillon avec sa meringue givrée ‘I’m not a Robot’, mais j’en étais resté là. Sur ce second album, la diva greco-british se transforme en Electra Heart, alter-ego americana plus Lilly-pute que Lolita, briseuse de foyer et carriériste, et censément regard acerbe sur sa génération et son milieu musical. Manque de bol, Marina lui file le premier rôle et s’efface dans le processus. Happening, concession marketing ou rêverie passagère? Le pouvoir et le contrôle d’Electra noient l’album dans des choix douteux qu’il serait difficile de qualifier d’esthétiques et annihilent son potentiel prétendument récursif. Difficile de discerner qui des deux belles - la vraie ou la fausse - est responsable de tant de mauvais goût mainstream : l’auditeur abâtardi traverse cette guimauve glit & danse comme un mort-vivant et ne se réveille que le temps d’un ‘Teen Idle’, où le spleen ado de la demoiselle fait enfin mouche. « I wanna be a real fake », y avoue-

Jeremiah Jae ‘Raw Money Raps’ Brainfeeder/Pias

Décidément, Flying Lotus a le nez fin. Le DJ au sourire carnassier vient de signer Jeremiah Jae sur son label Brainfeeder. Autant le dire tout de suite : il a misé sur le bon cheval. Avec ‘Raw Money Raps’, le MC de Chicago ravive tranquillement la flamme du hip hop alternatif. Quelque part entre Mos Def, Flying Lotus et Tyler The Creator, Jeremiah Jae s’impose comme une figure moderne. Psychédélique et complexe – sans être prise de tête –, son univers brille à la croisée des constellations. Le MC a glandé dans les couloirs d’une cinémathèque, ramassé les mégots du jazz, rapiécé les paillettes d’un vieux costume funky et vendu son âme à la soul. Les samples grésillent de toutes parts. Spécialiste des courtes distances, Jae parle de la vie extra-terrestre, du tourisme, de la bouffe bio(nique), de l’argent sale et des bagarres de rue entre chats. Il prêche la paix, prône une vie saine et écologique. Bidouillés au bistouri, ses beats s’engouffrent dans les pages d’un vieil herbier : une collection de collages façonnée de longues feuilles et de belles tiges. Et puis, chez lui, tout est cool. Alors là, deux possibilités : soit Jeremiah Jae aime prendre son temps, soit il déjeune au sirop de codéine. Toujours est-il que son flow est lent, nonchalant, ultra-détendu du slip. On peut donc décompresser : le hip hop indépendant tient toujours la (protéi)forme. (na)

t-elle. Bingo. A trop vouloir creuser son trou dans la Vallée des Poupées où se bousculent Shakira, Katy Perry et consœurs, Marina concède au serment d’Hippocrate de la Blonde-Pop décérébrée, oubliant qu’on n’assassine pas le rêve américain avec ses propres symptômes. Si le genre ne vous fait pas même dandiner du cul, il ne vous reste que la peur et le dégoût. (ab)

Milk Maid ‘Mostly No’ Fatcat

Autant le dire tout de suite: votre maman n’aimera pas les Milk Maid. Faut dire qu’ils font tout pour ça: larsens et son dégueu en tous genres, des solos joués volontairement faux et des guitares lourdes qui crient comme des chats qu’on égorgent, le tout posé sur une voix molle et lymphatique qui marmonne des mélodies pop déstructurées. Bref, ce second album des mecs de Manchester qui sonnent comme des Ricains demande pas mal d’ouverture d’esprit, tant l’abord est radical et à rebrousse-poil. Même après quelques écoutes, j’ai hélas bien du mal à accrocher. Le groupe part dans tous les sens et leur musicalité hors-piste ressemble plus à un cache-misère et à de la pose qu’à une vraie démarche artistique. (jbdc)

Mojo Filters ‘Mojo Filters EP’ Lipstick Notes Records

Jeune sensation rock flamande, ces Mojo Filters furent la révélation du concours FrappantPop en 2009. Débarque leur premier EP, auréolé de 4 morceaux, dont le single ‘Kalifornia’. Las, ce rock de minets minaudant transpire la formule, le produit calibré, lisse et propret, idéal pour passer le temps entre deux publicités à la radio. Ainsi, le single susnommé ainsi que le premier titre, ‘Love In Vain’, semblent le décalque l’un de l’autre, tant leur construction est identique avec leur routine couplet-refrain interrompue au ¾ par un semblant de pont musical emprunté dans les deux cas au carillon du voisin. Ne parlons même pas de ‘Come On Come On’, à peine entendu, déjà oublié. On se surprend néanmoins à dodeliner de la tête sur ‘Crossing the Rubicon’ où les jeunots lorgnent du côté de Franz Ferdinand et s’osent même à pousser un cri : « I don’t want to be controlled by the voices that tell me so ». Considérant que la production artistique, chromée mais impersonnelle, est imputable aux deux têtes pensantes anversoises du tendance A Brand, on se demande si nos bambins ne feraient pas mieux de rester sourds à ces voix, d’ôter leur filtre prestigieux et de laisser s’exprimer leur mojo de façon plus authentique sur leur prochain essai. (ab)

Mörglbl ‘Brutal Romance’ Free Electronic Sound

En découvrant ce groupe et ce disque, on n’avait pas pris garde. A part peut-être le titre, tout semblait relativement inoffensif. Une bio présentant un trio en configuration classique guitare - basse - batterie originaire d’Annecy, voilà qui n’augurait rien

de bien diabolique. Mais en réalité, cette galette est une sorte de monstre à plusieurs têtes où tout ce qu’il est possible de faire forniquer musicalement s’entrechoque de façon vicieusement délirante et harmonieuse. S’enchaînant avec vélocité, les compositions, toutes instrumentales, ratissent large, très large dans la palette du jazz-metal-fusion-freerock progressif. Riffs oppressifs et mélodies légères ou plus sophistiquées cohabitant comme si de rien n’était dans une alchimie et un feu d’artifice technique plutôt réjouissants. Et avec une déconcertante facilité qui pourrait en écœurer certains… Mais là n’est pas la but recherché. A l’image de l’artwork et avec des titres comme ‘Fidel Gastro’, ‘Gnocchis On The Block’, ‘Cantal Goyave’on est en effet bien au-delà du second degré…Bref, un disque déjanté mais parfaitement maîtrisé et surtout bourré de personnalité. (gle)

The Mynabirds ‘Generals’ Saddle Creek

Déjà remarqués pour leur premier album ‘What We Lose In The Fire We Gain In The Flood’, les Mynabirds continuent sur leur lancée pour explorer des univers folk-rock caverneux. Monté autour de la voix inquiétante de Laura Burhenn, le groupe n’y va pas dans la dentelle: l’humeur est aussi maussade qu’épique. Comme s’ils avaient passé une super mauvaise journée mais qu’ils voulaient montrer au monde leur frustration avec classe et lyrisme. Des murs de sons électros et de guitares frappées comme des enclumes; des mélodies binaires; une voix décidée, volontaire et franche: on sent que le groupe n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Les influences d’une PJ Harvey et d’un Bowie période ‘Heroes’ et surtout ‘Low’ sont manifestes, celles d’une Fiona Apple plus subtiles mais bien présentes. Il y a une sorte d’héroïsme ici, un aspect martial et dur qui forme un parfait contraste avec la voix sévère, mais finalement assez sensuelle et ronde de Laura Burhenn. Du grandiose. (jbdc)

Nazoranai Mego/Dense Il y a deux mois nous évoquions avec bonheur le nouvel album de KTL, duo formé par Peter Rehberg et Stephen O’Malley de Sunn O))). Revoici à nouveau O’Malley, cette fois aux côtés de Keiji Haino et du batteur Oren Ambarchi. Notre homme multiplie les alliances et les coalitions. O’Malley tisse ici une trame de basse intense, grasse et tendue qui s’imbrique dans le jeu rythmique décloisonné d’Ambarchi tandis que par-dessus Haino éructe ou marmonne ses apostrophes existentialistes et cisaille les cordes de sa guitare. L’assemblage tient à la fois de la construction et de la déconstruction. L’appareillage est d’aplomb et sans faille. Pas le temps de le contempler, on le prend de front, dans la gueule. Le disque a été enregistré sans fioriture et sans accessoires superfétatoires. Il paraît à travers la collection Ideologic Organ dont O’Malley est le pro-

moteur au sein de la maison Mego. Cette musique constitue le trait d’union manquant entre Fushitsusha (l’ancien combo de Haino qui prétendait alors faire du rock) et Sunn O))). On est ici audelà du rock. On est au-delà de la pose. On est dans le jus, la tête bien dedans. (et)

The Nest ‘Music For Drivers’ Denovali Records

Quand à la lecture de quelques infos sur The Nest, on apprend qu’un des membres fait partie des remarquables Bohren & der Club of Gore (le saxophoniste Christoph Clöser), il n’en faut guère plus pour éveiller notre curiosité. Mise à mal après quelques secondes, mais c’est faute d’une impatience trempée dans un monde toujours plus rapide, cette dernière est toutefois bien vite récompensée. Tout en étirant sur quelques soixantes minutes ses quatre morceaux, le quatuor allemand – également composé de Tycho Schottelius, Thomas Mahmoud et Gerald Mandl – présente des déclinaisons étonnamment subtiles d’un free jazztronica trempées du côté de Supersilent, version transat chill qui serait bercée aux field recordings de Chris Watson sur fond de Giuseppe Ielasi. N’y voyez cependant nulle paresse mal déguisée, tant les imbrications entre les éléments acoustiques et électroniques sonnent d’une évidente clarté improvisée. Eprise de liberté tout en conservant un canevas bien défini où chacun joue à la perfection le rôle qui lui revient, la galaxie The Nest n’a pas fini de nous enchanter. (fv)

Netsky ‘2’ Hospital/La Musique Fait La Force/NEWS

Je dois dire que j’ai été un peu déconcerté par notre compatriote Netsky. Le tout jeune DJ en est déjà à son deuxième album, on sent qu’il a déjà bien forgé son savoir-faire question faire bouger les boules sur le dancefloor (pas de doute là-dessus), mais sa musicalité pas toujours accessible et évidente m’empêche de me faire une opinion juste de cet album. Mélange hétéroclite de house glamour qui brille et de dub bien gras, de rythmes qui alignent du BPM à faire des arrêts cardiaques et de moments d’une douceur sensuelle, ces contrastes brutaux me semblent gêner le côté évident, direct et tout en simplicité qui caractérise un bon track dancefloor. Néanmoins, on sent que le jeune homme ne cherche certainement pas la facilité, ni à utiliser les ficelles classiques. Même si cet aspect franchement expérimental doit encore à mon goût se fixer et trouver ses marques, j’attends avec impatience la publication des résultats finaux de cette recherche fondamentale en électro. Si vous voulez soutenir des essais de révolution dans la house, ce sera via Netsky qu’il faudra passer. (jbdc)

The Offspring ‘Days Go By’ Columbia Records/Sony Music Enter tainment

Elle est enfouie profond, l’ère de la révolte brûlante, des mutations cutanées et des insultes éructées à nos géniteurs du fond d’une piaule jamais rangée. Avoir la curiosité de réécouter ‘Smash’ dix-huit ans après (essayez aussi avec ‘Dookie’), c’est se souvenir qu’on a eu un appareil dentaire: quelque chose d’avéré, mais qu’on préfère reléguer aux Cathy cabines avec les photos de classe douteuses et les journaux intimes à la graphie ronde (« All your yesterdays/ are pictures / lost in time »). ‘Days Go By’, c’est inéluctable… sortis de ce contexte sans concession distillé par nos quatorze ans et notre mauvaise humeur érigée en évidence, il nous est plus ardu de donner un avis minutieux sur cette éruption, la neuvième en date. On peut sans contrainte imaginer que les jeunots 2.0 soient suffisamment sous le charme de ‘Turning Into You’ ou ‘Hurting As One’ et leurs gueules d’écorchées pour effectuer cet immuable rituel de rébellion, oblitérer leur Eastpak neuf du nom du punk band au tippex. Attendons trois ans : quand le pot de Biactol sera vide, on se permettra de leur suggérer des pistes ô combien plus audacieuses. (alr)


Earteam Oscar And The Wolf ‘Summer Skin’

Sinner DC

PIAS Recordings

Tout s’enchaîne rapidement pour Oscar And The Wolf. Après un premier EP (‘Imagine Mountains’) sorti en 2011 qui les avaient propulsés sur le devant d’une scène indie-folk belge déjà fort encombrée, ils battent le fer tant qu’il est chaud avec ‘Summer Skin’. Enregistré dans une église sous la houlette de Robin Proper-Shepard (Sophia, The God Machine), ce nouvel EP de cinq titres devrait à coup sûr leur permettre de franchir un nouveau palier. Les comparaisons avec Isbells ou Bon Iver seront toujours aussi pertinentes que prématurées mais s’avèreront vite réductrices. Transition douce entre ces deux EP’s, ‘All We Want’ illustre parfaitement l’évolution qui est en marche. La lo-fi hésitante des débuts a fait place à une palette sonore plus riche et à une atmosphère musicale empreinte de davantage de gravité. Autre illustration avec ‘Crossroads’ ou ‘Wash Your Face’ sur lesquels les percussions ne font plus profil bas. Le premier album sera donc attendu avec autant d’impatience que de confiance. (gle)

Amanda Palmer And The Grand Theft Orchestra ‘Theatre Is Evil’ Cooking Vinyl

Amanda Palmer doit manquer d’œstrogènes. A tout le moins, s’être piquée à la testostérone. Bref, l’américaine sort un troisième opus solo fichtrement burné. Jusqu’à la onzième piste, c’est l’avalanche des trucs et astuces de l’electro-pop, des farces et attrapes de l’alternative-rock. Crottes en plastoc, coussin péteur, tout est bon pour envoyer le chaland remuer du cul dans la fosse. Sceptique ? Allez tenter de résister à ‘Do It With A Rockstar’, ‘Grown Man Cry’ ou le très virulent single ‘Want It Back’ (un clip avec une fille qui a des poils en-dessous des bras, testostérone, quand tu nous tiens) : c’est MGMT qui couche avec Mika. Comme des gros cochons mais ça marche, on est pris. Le onzième titre fait retomber les érections. Ou affluer le sang dans les verges des moins téméraires, c’est selon. Là, ‘The Bed Song’ invite les fans de Regina Spektor à buller un peu. La suite repart dans le crac, le boum, le hue. Après, s’enquiller ces septante minutes d’affilée est inhumain. A moins, bien sûr, d’être monté comme un acteur porno. (lg)

Passion Pit ‘Gossamer’ French Kiss/Sony Music

Nous bâtissons cette chronique et l’annulation de dates de tournée pour ce second album du groupe du Massachussets est effective. Propulsé de façon flamboyante dans la fosse aux fervents en 2008 avec ‘Manners’, Michael Angelakos, leader aux cordes vocales sous hélium, doit se réconcilier avec son identité en miettes. Il nous paraîtrait dès lors frauduleux d’aborder ce disque sans gratter la couche protectrice de ces tubes electropop aux miroitements (faussement) hédonistes, en omettant cette clé de lecture qui leur donne un revers grimaçant, fracturé. Plus désarmant et moins innocent. ‘Take A Walk’, appel enjoué à la tangente, fait crépiter des beats bâtis pour les foules et le spectre du surendettement (« but then my partner called to say the pension funds were gone »), ‘I’ll Be Alright’, morceau Méthode Coué, convoque le désordre en fracassements de phalènes sur des parois incandescentes (« My brain is racing and I feel like I’ll explode ») sans jamais se départir de l’exaltation obligatoire. Sous les chœurs extra-glucosés du trio Erato fondent les illusions et la fête finit par être vraiment folle ensachée dans des chiffons r’n’b : James Blake, passablement ivre entretient des ‘Constant Conversations’ avec Sylvia, une évaporée « caught up in somebody else’s mess ». Dans le deuxième couloir de ‘Gossamer’, on atteindrait presque le point Wham! à force d’ingurgiter des mignardises: dégrisés mais attendris, on gardera sous la langue une pilule garante de contrastes, au cas où. (alr)

Phantom Ghost ‘Pardon My English’ Dial/Kompak t/News

Attention : disque sérieux. Mais poilant tout de même. Bizarre quoi. Qui parle de putes comme

‘Future That Never Happened’ Mental Groove Records/Modulor t v

Certains prétendent qu’il est devenu impossible en 2012 de faire quelque chose de foncièrement novateur sur le plan musical. En substance, tout ayant déjà été imaginé et concrétisé, nul ne serait plus en mesure de proposer quelque chose de réellement original et tout au plus pourrait-on au mieux recycler des genres établis en les présentant dans un moule inédit. Sinner DC tendrait à démontrer que pareil postulat pessimiste est faux car cet album ne ressemble à rien d’existant ou presque. Album concept tournant autour d’une adolescente fuyant la ville oppressante pour trouver refuge dans la nature et tout ce qu’elle peut avoir de rassurant, ‘Future That Never Happened’ est un joyau de musique électronique inspirée. L’ensemble est foncièrement beau, recherché sur le plan des textures sans être élitiste ou prétentieux et dessine des paysages sonores emprunts d’élans cinématographiques et de sentiments allant de la mélancolie à une douce euphorie. On est convié à un voyage en apesanteur, à la fois éthéré, féérique et en même temps emprunt d’un certain psychédélisme cosmique. ‘Hey girl’, ‘Endless valley’, le superbement pop ‘Day/Night’ ainsi que le très cosmique ‘Dreem’, en particulier, reflètent parfaitement l’atmosphère générale de l’album. Tout bonnement superbe ! (pf)

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fourre-tout destiné à récolter les pépites bricolos-folk de l’infatigable Wargo. Rejoints par les frangins Ian et Peter Murray, les gaillards retravaillent les compositions du Jesus de Seattle, une collection de chansons courtes au charme naïf, entre ballade folk, ritournelles enfantines et orchestration barococo à la Van Dyke Parks : un joli clavecin apparaît juste le temps de nous filer la banane sur ‘Phantom Light’, un piano sautillant ouvre ‘Same Way’, des criquets de cartoon accompagnent les choeurs de ‘Cloud Below’. Même lorsque la tonalité se fait plus grave, une guitare surf surgit soudain en plein milieu d’une complainte quasi-pastorale (‘Come Home’). Plaisirs spontanés, idées désarmantes, il y a chez Poor Moon un sens de la pop plus décomplexé (l’air entêtant de ‘Waiting For’) que chez leur prestigieux aîné; Poor Moon, c’est Fleet Foxes en short et lunettes de soleil, les pieds en éventail, une paille plantée dans une noix de coco et du sable plein la guitare. On aurait tort de se priver d’une telle récréation. (ab)

Joshua Radin de Schopenhauer. « T’as lu Schopenhauer pour éviter Ruquier et puis Libé », dixit Bichon sur son dernier album, et en fait, c’est un peu ça. Les différents degrés de lecture de la pop Doré versus l’impénétrabilité de ‘The Drift’ de Scott Walker. C’est très pince sans rire. C’est très The Divine Comedy. C’est fou ce qu’on pense à Neil Hannon en écoutant ce duo teuton manipuler les pianos préparés, les violoncelles, les vibraphones. Chassé-croisé mondain, défilé d’instants baroques et d’instrumentaux opaques, et puis ‘Phantom Of The Operette’ comme chanson du mois. Trop drôle. Indie-pop théâtrale qui réveille le landerneau des bardes disparus avec Reiner Maria Rilke : « There’s nothing to be proud of and nothing to regret when you are with the Phantom of the Operette… enough Wagnerian tristesse ». C’est vrai, assez, revenons à Rilke, à ces ‘Lettres A Un Jeune Poète’ : « Qu’une chose soit difficile doit nous être une raison de plus pour l’entreprendre ». Il faut entreprendre ce disque. (lg)

P.O.D. ‘Murdered Love’ Razor And Tie Recordings

Un ami fan de rock dur m’expliquait récemment qu’à ses yeux, la tragédie de P.O.D. résidait en ceci que ce groupe de métal chrétien était trop hard pour plaire aux dévots qu’effrayent les riffs rugueux tandis que ses textes flirtant avec la bondieuserie avaient de quoi faire rire les métalleux purs et durs. Pareille opinion est pertinente, encore que le groupe n’a pas trop à se plaindre du

sort qu’il a connu depuis sa création en 92, vu qu’il a quand même vendu plus de dix millions d’albums. Pour moi, ce n’est pas là que réside le véritable problème de Payable on Death (le vrai nom du groupe). Ce qui m’a en réalité toujours chipoté, c’est son incapacité à choisir entre un métal bien rentre dedans - fût-il mélodique - et de la soupe radiophonique. Ce n’est pas ‘Murdered love’ qui va changer quoi que ce soit à la donne. On retrouve ici des horreurs de mièvrerie pseudo métal destinée à plaire aux ados qui n’aiment en fait pas le métal (‘Lost in forever’, ‘Higher’ ou encore l’indigeste ballade ‘Beautiful’) et en même temps, P.O.D. nous balance d’excellents morceaux comme ‘Eyez’ ou ‘Murdered love’, soit du rap métal couillu, ainsi que l’imparable ‘West Coast rock steady’ sur lequel chante Sen Dog de Cypress Hill ou encore le punk reggae de ‘Panic & run’. Assez schizo, tout ça ! (pf)

Poor Moon ‘Poor Moon’ Subpop Records/Bella Union

Respectivement bassiste et claviériste chez les chevelus de Fleet Foxes, Christian Wargo et Casey Wescott sont d’inséparables comparses dont la créativité bouillonnante nécessite un exutoire loin de leur populaire et contraignante vitrine. A peine se sont-ils réapproprié la formation Crystal Skulls qu’ils créent Poor Moon, écrin

‘Underwater’ So Recordings/Ber tus

Plan-séquence sous l’averse : Joshua Radin, average good-looking guy mal rasé, s’avance dégoulinant vers l’hôpital Seattle Grace-Mercy-Ouest en susurrant, penaud: « Tomorrow it’s gonna be better ». Nous voilà fixés sur la météo sentimentale des quarante minutes à venir. À travers la porte automatique et les gouttes, on distingue une interne rousse dotée de pupilles de spitz nain et d’un organe ventriculaire fondu sous sa blouse, à moins que ça soit le bruit du monitoring du grand brûlé à qui elle espérait passer la bague au doigt (le seul restant) à l’épisode précédent. On a même cru voir gambader des poneys sauvages, à la plage 8, au milieu des économies vocales. Ce serait tel-le-ment dommage que Joshua perde son aura si harmonieuse qu’elle surgit par contrat pile à l’instant où le ciel va s’obscurcir, où le défibrillateur va tomber en panne, où le chef des résidents va avouer à l’infirmière qu’il est son père, où la coupure pub va avoir lieu. On préconise donc d’urgence l’assistance respiratoire et la greffe d’âme. Risque de rejet avéré. (alr)

Sean Rowe ‘The Salesman And The Shark’ Anti

Sean Rowe a un physique de radio : des cheveux gras, une barbe non débroussaillée depuis des semaines, un chapeau de clodo, une voix de baryton dézingué au whiskey. Sean Rowe est foutrement moche. Mais sa musique, elle, est


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Earteam

d’une beauté vénéneuse. Tortueuse aussi. Elle saisit et ne lâche plus. Elle mord, elle caresse. Elle renvoie aux plus grands songwriters de ces vingt dernières années, au-delà même. C’est Isobel Campbell qui le dit et il faudra la croire : « Leonard Cohen meets Smog, a dash of The Boss, a shake of Tom Waits ». Il y a du Bill Callahan, c’est vrai. Du Damien Jurado itou. Du Josh T Pearson pareil. Du M. Ward carrément (la pop, le sucre). Rurale et urbaine à la fois, il y a en fait toute l’Amérique qu’on aime chez Sean Rowe. Il y a des avalanches de chœurs féminins (‘Bring Back The Night’, ‘The Lonely Maze’) et du dépouillement acoustique (‘Signs’). Il y a des immenses chevauchées soniques pleines de cordes (‘Horses’, mazette !), des réminiscences sixties parfaitement sifflées (‘Downwind’) et des chansons au piano belles à pleurer (‘Long Way Home’). Du reste, on ne sait pas grand-chose. Sean Rowe aime la forêt, la nature. Il a sorti un album sous l’avatar de Mudfunk et deux autres sous son propre nom. Le dernier d’entre eux s’appelle ‘Magic’ et on est prêt à parier. Superbe. (lg)

Saffronkeira ‘A New Life’ Denovali

La maison Denovali étoffe son catalogue tout en ancrant son trademark qui s’axe essentiellement sur des musiques instrumentales de type cinématographique ou post-jazz. Cette nouvelle sortie s’inscrit dans cette voie. Saffronkeira est l’étiquette que se sont choisis Francesca Sanna et Eugenio Caria pour éditer leur musique. La première l’écrit et la compose tandis que le second l’exécute et la produit. Essentiellement électronique, elle recèle çà et là quelques éléments acoustiques provenant de sources diverses. Ce double cd à la durée plus que généreuse aligne de longues plages avoisinant chacune la dizaine de minutes. A vrai dire, la musique de Saffronkeira innove peu par rapport à une multitudes de réalisations similaires. Si elle évoque incontestablement à certains endroits le travail de Murcof ou d’un Max Richter, elle pourrait tout aussi bien servir de bande sonore pour un documentaire sur la vie animale des grands fonds marins ou sur les institutions psychiatrique en Roumanie, c’est selon. (et)

Savage Republic ‘Varvakios’ LTM

Formé au début des années 80 à Los Angeles par Bruce Licher, plasticien et designer, Savage Republic apparaît davantage comme un collectif artistique que comme un simple groupe rock. Savage Republic réalise et imprime alors lui-même ses pochettes, tracts et même timbres postes sur ses propres presses. Le groupe se dissoudra à la fin des eighties mais se reformera au début des années 2000. Ce nouvel album a été enregistré au début de cette année en Grèce sur une durée restreinte de trois jours. Les enregistrements de terrain, (marchés, rue..) restituent assez bien l’ambiance locale. Mais c’est davantage encore la présence du violoniste Blaine L. Reininger de Tuxedomoon, actif sur plusieurs morceaux, qui donne au disque son véritable cachet. Dorénavant résident d’Athènes, Reininger a su habilement insuffler au post-punk rêche du groupe une dimension délicate et émotionnelle. ‘Varvakios’ est un disque somme toute assez succinct mais attirant. Il apparaît d’ores et déjà comme une sorte de préface avant l’heure de son successeur ‘Aegean’ qui devrait, lui, sortir l’année prochaine. (et)

Schyphozoa ‘Neptunian8’ Formik

Je me doutais un peu, en héritant de la plaquette de Schyphozoa, que j’aurais affaire à une bouffée d’éther anxiogène ventrue, ce genre de labyrinthe sonore desquamé dont on sort au mieux claustrophobe au pire aveugle, en ayant croisé au passage quelques chimères livides ou son propre

Will Stratton

Spitzer ‘The Call’

‘Post-Empire’

InFiné

Talitres

Les frères Spitzer ont fait leurs premières armes dans un registre indie rock teinté de punk avant de se tourner vers l’électronique. Cette mutation leur a d’ailleurs valu pas mal de reconnaissance, puisque quelques titres balancés sur la toile et la sortie d’un premier maxi leur auront permis de se lancer dans une tournée et de signer des remixes pour Kylie Minogue et Sally Shapiro. De leurs premières amours rock, Damien et Matthieu ont gardé le goût de l’énergie et de la puissance, ce qui se traduit par un son direct et plutôt métallique, notamment sur des titres comme ‘Marsch’ ou encore ‘Sergen’ et ‘Clunker’, soit deux morceaux électro dark qui affichent un petit coté EBM. De manière générale, Spitzer tisse un univers recherché et plutôt hypnotique, dessinant des contours cinématographiques (‘Madigan’ et son esthétique néo western) ou donnant à ses compos un côté trippant et envoûtant, notamment sur ‘Breaking the waves’ et sur l’hypnotique ‘Too hard to breathe’ qui rappelle Björk avant qu’elle ne sombre dans ses délires abstraits. On notera aussi l’excellent ‘Sir Chester’, soit un titre au potentiel dansant indéniable. Un album riche et intriguant dont la subtilité devient de plus en plus apparente au fil des écoutes successives. (pf)

Sans doute qu’un jour, Talitres n’aura plus la licence pour Will Stratton. Comme pour The National ou The Walkmen, de plus grosses structures s’en bâtiront des burnes dorées et Sean Bouchard, fidèle à ses principes, continuera à débroussailler dans l’ombre. Will Stratton, donc. Petit prodige américain d’un folk singulier dont les âmes tutélaires sont Bill Callahan, Sufjan Stevens, Drake (Nick, pas ta mère le rappeur). On pense beaucoup à l’auteur de l’immense ‘Five Leaves Left’ (1969) tout au long de ‘Post-Empire’, particulièrement sur des titres comme ‘Colt New Marine’ ou ‘The Relatively Fair’, vaporeuses chansons acoustiques blindées comme des tanks, dévastatrices et dévastées. Quasiment partout, les morceaux sont inondés par des cordes qui viennent tout faire trembler. ‘You Divers’ est l’exemple même de ce qu’aucun groupe de post-rock n’arrivera jamais à faire, atteindre le climax avec la grâce d’une Cat Power et la finesse d’un Bell Orchestre. Sur sept minutes insensées, un nappage de cordes laisse s’immiscer une dérive électrisée et sa redescente, l’arrivée d’une deuxième voix en forme de c(h)œur et les larmes, comme ça, au débotté. Comme pour tout grand disque, la pochette est superbe. Gaëtan Vandewoude d’Isbells doit en être dingue. La suite ? La gloire jeune homme, la gloire. (lg)

reflet macabre dans une glace sans tain. Là où dans les jeux vidéos ou sur grand écran, ces climats presque vénéneux peuvent m’intriguer un temps, voire devenir de fascinantes sources où puiser, je me gardais bien jusque là de confronter mes seules écoutilles au propos noirâtre du dark ambient : les images mentales qu’on se crée sans adjuvant visuel sont toujours plus périlleuses, et on finirait par voir surgir des crocs de boucher au détour d’une plage. Épinglons tout de même le morceau ‘Red Room’, qui ponctué par un piano aquatique, permet presque de se souvenir qu’on a des poumons dans ces lugubres trouées à l’air vicié et fuyons. (alr)

Adrian Sherwood ‘Survival And Resistance’ On-U Sound

L’Anglais Adrian Sherwoord, 54 printemps et plus de 30 ans de carrière musicale derrière lui, est définitivement un mec qui aime à rester dans l’ombre. Son nom ne dira peut-être rien à certains, mais il a produit des brouettes de groupes. Pour ne citer que les noms qui claquent, ça va de Nine Inch Nails à Blur, en passant par Ministry, Cabaret Voltaire, Depeche Mode, Coldcut, Sinéad O’Connor ou Pop Will Eat Itself. Pionnier de la fusion des sons dub et roots avec l’électro et l’indus, on sent tout le métier du producteur sur cette présente galette. Univers oppressant, rythmes lourds et tortueux, groove glacial: avec peu de moyens et en assemblant quelques briques sonores minimalistes, l’artiste construit des ambiances délicieusement sordides et froides comme l’acier. Aucune surenchère ici dans la glauque, aucun effet gratuit: tout est millimétré et utilisé à bon escient, ce qui rend l’atmosphère encore plus inconfortable. Bref, un morceau de bravoure électro à écouter le cœur bien accroché. (jbdc)

The Skies ‘Egyptology’ Clapping Music

Olivier Lamm et Stéphane Laporte se sont fait remarquer en sortant des productions électros plu-

tôt expérimentales et aventureuses aux confins de l’électronica et de l’avant-pop. Avec ce nouveau projet tournant autour de l’Egypte ancienne, nos deux hommes ont voulu composer la bande son d’un récit de science fiction qui aurait pu se dérouler il y a des milliers d’années. Si le concept peut sembler singulier, voire prétentieux, la musique, elle, est des plus séduisantes. Ayant recours à des instruments vintage allant des années 60 aux eighties, ils créent un univers fascinant où chaque titre a son ambiance propre, toujours très cinématographique. Souvent léger et en proie à l’euphorie, le duo peut se révéler plus dark et générer des paysages sonores mystérieux, voire inquiétants. Entre BO façon John Carpenter ou Blade Runner, vignette popcorn, obscur titre de library music et bande son de jeu vidéo, The Skies crée un univers ludique et original évitant autant le kitsch que l’hommage trop appuyé façon plagiat stérile. (pf)

The Smashing Pumpkins ‘Oceania’ Mar tha’s Music

Je vais être franc: c’est un peu avec la boule au ventre que j’ai entamé l’écoute de ce disque. Locomotive absolue dans les 90’s, le groupe s’est usé la décennie suivante, a accumulé les tâtonnements jusqu’à l’échec de leur dernier album ‘Zeitgeist’ sorti en 2007. Aujourd’hui, si ‘Oceania’ s’en sort un peu mieux que son prédécesseur, force est de constater que la magie n’est plus là. On reconnait certes la patte de Billy Corgan au premier coup d’oreille, son mélange si particulier de ballades torturés et de gros riffs de guitares. Je sens aussi que cette musique me titille dans le sens du poil mais hélas uniquement par pure nostalgie. Plus de 15 ans ont passé depuis leur gloire, et le temps se fait pesant sur l’écoute. Cet album me fait juste penser à leurs opus précédents, comme une mauvaise copie. Comme si ‘Oceania’ n’était là que pour me pousser à réécouter ‘Mellon Collie’ et ‘Siamese Dreams’. Bref, les Smashing Pumpkins auraient dû s’arrêter depuis longtemps et laisser vivre nos souvenirs. (jbdc)

Angus Stone ‘Broken Brights’ Deser t Har vest Records/EMI

Le monde est décidément très Stone en 2012. Car la fratrie australienne, qui semblait a priori indissociable, a pris le parti de se ressourcer en empruntant des chemins de traverse en solo. Pendant que sa sister Julia batifole notamment avec Benjamin Biolay, Angus s’offre de son côté un petit plaisir solitaire. Dans ce ‘Broken Brights’à la nonchalance contagieuse, le frangin Stone démontre surtout qu’il n’a rien à prouver, tout au plus quelques chansons et un univers musical à partager à travers lesquels il peut asseoir sa légitimité de songwriter. Entre americana, indie-folk et un soupçon de country, chacune des compositions témoigne de l’habileté de Stone à ajouter des couleurs et du contraste à ses contes plutôt pessimistes. Et il en profite au passage pour nous dévoiler des influences plus rugueuses que l’univers un peu cotonneux du duo familial ne laissait a priori pas soupçonner. Des Stones (‘Only A Woman’) à Neil Young (‘Bird On A Buffalo’) en passant par le Velvet (‘Apprentice Of A Rocket Man’). Et surtout il y a cette voix, naturellement mélancolique et douce mais qui évolue tout au long de l’album, se faisant tantôt caressante, tantôt éraillée ou plus torturée comme sur le très sombre ‘It Was Blue’où elle amplifie le propos d’une guitare saturée pour décrire un univers angoissant qui tranche singulièrement avec le reste de l’album. ‘Broken Brights’comblera donc pleinement les envies d’easy-listening estivales à la beauté éphémère. Mais une oreille plus exigeante trouvera également son bonheur dans la richesse des arrangements ou du songwriting. (gle)

Studnitzky ‘KY: Do Mar’ Sonar Kollek tiv

La musique de l’allemand Sebastian Studnitzky, c’est pas le genre de truc à écouter quand on


Earteam est en pleine montée de coke. Clairement pas. Le trompettiste jazz se met en quatre pour nous pondre une ambiance moelleuse et cosy. Par petites touches subtiles, il construit un univers capitonné où tous les muscles du corps semblent se détendre, voire même fondre. On est loin ici de la musique ‘d’atmosphère’, ce genre de musique qui s’entend mais sans s’écouter attentivement. Ici, la recherche du calme et de la paix intérieure est tellement travaillée qu’on a envie de porter tout son esprit sur cette sérénité qui s’installe peu à peu, comme une méditation en pleine conscience de soi. Ouaip, j’crois bien qu’il y du mystique ici, du truc limite religieux. (jbdc)

Serj Tankian ‘Harakiri’ Serjical Strike/Reprise

Pour le leader de System of a Down, 2012 restera gravée dans les annales comme étant une année particulièrement prolifique puisqu’il a annoncé la sortie de pas moins de quatre albums solo évoluant tous dans des genres différents ! En attendant ses incursions dans le jazz (‘Jazziz-Christ’), l’électro western (‘Fuktronic’) et la musique orchestrale (‘Orca’), Serj nous propose un album de rock de combat. N’ayant jamais caché son engagement à gauche, il a décidé sur ‘Harakiri’ d’aborder des problématiques lui tenant à cœur, allant de la cause écologique à la trivialité des médias en passant par les excès du grand capital. N’y allant pas quatre chemins tout en proposant un discours réfléchi, Tankian fait mouche à chaque fois. Sur le plan musical, l’ensemble est très accrocheur et enlevé, bien que moins métal que ce qui a fait le succès de System of a Down (à l’exception de ‘Uneducated democracy’, par ailleurs assez peu convaincant). On pourrait parler de rock alternatif dans un registre évoquant parfois celui des Smashing Pumpkins (notamment sur ‘Cornucopia’). Homme ouvert aux styles les plus variés, Tankian lorgne également du côté de la musique orientale avec ‘Ching chime’ tout en intégrant des sonorités électroniques sur ‘Deafening silence’ qui sonne quasi comme du Depeche Mode. Avec ses textes concernés sans être démagogiques et sa ribambelle de titres ultra catchy (‘Figure it out’, ‘Butterfly’, ‘Harakiri’), ce troisième album solo de Serj Tankian impose le respect même s’il est vrai que la présence de deux ou trois titres un peu quelconques déforce un peu l’ensemble. (pf)

Thee Attacks ‘Dirty Sheets’ Crunchy Frog

Ce quatuor danois propose un rock enlevé, direct et incroyablement accrocheur dans un style résolument old school. On sent clairement que le groupe est friand de rock 60s et 70s, ce qui se ressent tant au niveau de la composition que sur le plan des sonorités. Bien évidemment, ‘Dirty sheets’ n’est pas des plus novateurs et n’a rien

d’essentiel, mais s’offrir une tranche de rock rétro n’est pas pour me déplaire, d’autant que plusieurs morceaux sont franchement bons. ‘Rock bottom’ et ses riffs que n’auraient pas renié Cream, le très catchy ‘Take take take’, le tendu ‘Stop saying no’ ainsi que l’endiablé ‘Watch your game’ sont autant de petits plaisirs que l’on aurait bien tort de se refuser. (pf)

The Souljazz Orchestra ‘Solidarity’ Strut

Ça s’annonçait bof ce nouvel album de The Souljazz Orchestra. Qu’est-ce qu’on allait pouvoir en dire ? Du mal ? Non, il est cool. Du bien ? Mouais. Le bien, le mal, digresser ? Guru featuring MC Solaar, putain c’était quand déjà ? 1993, par là, non ? Faut que j’arrête avec ses points d’interrogation et ce manichéisme à la manque. Que je prenne de l’avance en prenant du recul, car prendre du recul c’est prendre de l’élan, hey Guru, j’me lance, le poids des mots, le choc de l’artwork. Il est magnifique, on dirait une affiche pour les jeux panafricains de 1965. Sensas. Même si ça fait l’élastique avec l’Amérique Latine (‘Ya Basta’, ce bon groove) et la Jamaïque (‘Kingpin’, ce mauvais reggae). Trop de cuivres, l’élastique pète, ça fait mal. Mais y’a bon. Y’a ‘Nijaay’ surtout. Ce classique sénégalais écrit par Laye Mboup en 1972 et encore repris en 2007 par l’Orchestra Baobab sur ‘Made In Dakar’. Là, Youssou Ndour était invité à répondre aux saxophones et aux guitares wahwah de ses compatriotes. Il ne s’était pas encore lancé dans la politique. Cette version-ci donne du réconfort. Mais c’est qui déjà qui disait : « non merci, c’est très gentil, mais je n’mange pas de porc » ? (lg)

Wild Nothing ‘Nocturne’ Bella Union/Cooperative Music/V2

Révélé deux ans plus tôt à la faveur d’un single (‘Summer Holiday’) et d’une passion inavouable pour les mélodies romantiques de la pop eighties, Wild Nothing a vu son nom se promener sur la toile. Plébiscité par quelques stimulateurs d’envol et autres chauffeurs de buzz, le groupe américain a abandonné les vertes campagnes de sa Virginie natale pour s’élancer sur le bitume du succès. Ouvertement nostalgiques, les titres du premier album (‘Gemini’) s’envolaient sur des notes éthérées, des mélodies vaporeuses imaginées à la croisée d’une guitare et d’un synthé. Wild Nothing poursuit aujourd’hui son rêve éveillé avec ‘Nocturne’, un disque qui se dandine doucement sous la lune. Quelque part entre Radio Dept., Phoenix et The Pains of Being Pure At Heart, ce nouvel essai se joue sur la corde sensible. Gorgé de claviers, arrangé pour briller dans la nuit (‘Shadow’, ‘Midnight Song’), ‘Nocturne’ prend l’auditeur par les sentiments. Les chansons chatouillent les glandes lacrymales avec un sourire en coin. Elles s’amusent à malaxer la mé-

lancolie. La tête dans les étoiles, mal réveillé, on trouve ici un certain réconfort. (na)

Willits + Sakamoto ‘Ancient Future’ Ghostly International

Deuxième collaboration entre la légende vivante du piano Ryuichi Sakamoto et le soundscaper américain Christopher Willits, ‘Ancient Future’ vaut très largement d’autres duos du maître japonais – je songe à ses apparitions aux côtés d’Alva Noto notamment. Toutefois, et contrairement à un autre et célèbre duo avec David Sylvian, la totalité de l’album est instrumentale, tout en demeurant bien loin d’une ambient standard et aseptisée. Bien que d’un calme serein et décomplexé, ses six étapes empruntent un chemin des écoliers où chacun prend le temps, ici d’admirer la beauté simple d’un peuplier balayé d’une légère brise, là de cueillir un pissenlit resplendissant. Cela nous change de ces dizaines de disques noyés dans le brouillard numérisé (et dont, perso, je suis plus que lassé) et, preuve ultime de sa nature apaisante, je n’ai jamais autant apprécié la galette qu’à la sortie d’une séance de massage aux huiles chaudes, en apesanteur à trois mètres du sol. (fv)

Wovenhand ‘The Laughing Stalk’ Glit terhouse Records

Ca nous fait un peu mal au cœur de le dire, ‘The Laughing Stalk’ est probablement l’album le moins abouti de David Eugene Edwards, que ce soit à la tête des défunts 16 Horsepower ou de Wovenhand. Alors que le précédent ‘The Threshingfloor’ continue de hanter notre platine, deux ans après sa sortie et un superbe concert très habité à l’AB - et les shows prenants de DEE, on en a la magnifique habitude - le neuvième numéro de Wovenhand manque cruellement de surprise, voire de tranchant. Un peu comme ces dîners de famille où l’on connait le menu des semaines à l’avance, on laisse les minutes défiler en mode automatique, on regarde la montre de temps en temps, merde il n’y a qu’une demiheure de passée. Pas grave, on ira rejeter une oreille du côté de ‘Woven Hand’ ou ‘Consider The Birds’. (fv)

Yeasayer ‘Fragrant World’ Mute/Pias

La mue de Yeasayer était prévisible. Inutile de disposer d’un microscope ultra-performant pour guetter la mutation génétique du trio de Brooklyn. Tout ça pouvait s’observer à l’œil nu. La transition qui a conduit les Américains du trip tribal initial (‘All Hour Cymbals’) aux mouvements robotiques de l’album ‘Odd Blood’ enfermait tous les indices de la métamorphose à venir. La transformation brutale du groupe se cristallise désor-

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mais à l’aune d’un monde nouveau, clinique, totalement vidé de ses refrains extatiques et de ses substances psychédéliques. La pop mutante de Yeasayer s’est envolée vers d’autres galaxies, le r’n’b hétérogène a été sacrifié sur l’autel d’une approche expérimentale douteuse. Le décor est planté : le microprocesseur ‘Fragrant World’ se met en marche. Sur ce troisième effort, les nappes synthétiques parasitent le moindre organisme. La vie des mélodies tient exclusivement à la fonctionnalité des électrodes. Yeasayer cherche à innover, à se réinventer. Cette envie transpire sous une armada de samples et de voix détournées au vocoder. Malheureusement, rien, absolument rien, ne vient sauver l’album. C’est un disque totalement hermétique, froid, déshumanisé. Au chant, Chris Keating multiplie les poses maniérées et jappe comme une crevette angoissée. Pour l’heure, on sort la boîte d’antidépresseurs et on fait une croix sur Yeasayer. (na)

Young Moon ‘Navigated Like The Swan’ D’abord il y a cette pochette. Dans le genre de celles qui donnent envie d’acheter un disque sans chercher à en savoir davantage sur son auteur. Curieux, on découvre vite que sous ce banal pseudo se cache un type tout aussi ordinaire. In real life, Trevor Montgomery est carreleur à San Francisco. Mais la nuit, c’est de la musique qu’il pose sur des mots. Artisan plutôt qu’artiste. Et dès les premières notes de l’album, on imagine sans peine notre homme à genoux, les yeux rivés sur le sol, le quotidien nourrissant sa créativité et les nuits passées à esquisser ses propres mosaïques intimes ou à enregistrer ses compositions aussi solennelles que déchirantes. Car les guitares moelleuses, sans distorsion, qui tissent une mélodie optimiste sur l’intro instrumentale ‘The Crystal Text ‘ ne sont qu’un piège qui ne va pas tarder à se refermer. Très vite, dans un subtil équilibre entre la magie de l’électro et l’expression humaine, les guitares et des lignes de synthé chaleureusement mélancoliques vont créer un son panoramique propice à sublimer les échos douloureux de la voix de Montgomery dont la reverb déshumanise à dessein le lyrisme. Sur ce disque atmosphérique, d’une sobriété déconcertante, Trevor Montgomery est toutes proportions gardées à équidistance entre Nick Cave et le Springsteen de ‘Nebraska’. Comme sur le magnifique et solitaire ‘Mars’ qui laisse à penser que les treize plages de l’album s’apprécient peut-être encore davantage lorsqu’elles sont écoutées à la pièce que lorsqu’elles sont avalées en enfilade. C’est que notre homme a pris l’habitude de ne pas relever la tête avant de finir son travail. Et 42 minutes d’errance dans des paysages glauquissimes à la seule lueur d’une lune très pâle peuvent légitimement s’avérer plombantes. (gle)


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24 et 25 août Château de Ville-My, Ferrières

Housecat, Trixie Whitley, Shy Fx ft. Stamina mc, Friction, Barrington Levy, Customs, Danger, Bare Noize, ...

Baron de la scène musicale liégeoise, Gaëtan Streel n’est jamais à bout de souffle malgré les chevauchées fantastiques. Aussi lumineux qu’attachant, son premier album prouve que c’est dans les mers calmes qu’on fait les plus belles tempêtes. Les Dan San transforment également l’essai avec le très beau et pictural ‘Domino’. Le trio andennais Elvis Black Star ne manque pas de savoir-faire; les mélodies sont carrées, efficaces, entre rock huileux et power pop. Il faut également désormais compter sur BRNS, comborock de la capitale. A l’écart des faiseurs de beats kilométriques, la productrice autrichienne Clara Moto déclame à qui veut suivre ses embellies mélodiques un (poly)amour des contrastes totalement réjouissant. Y en a un peu plus, j’vous le mets? Stereo Grand, Compuphonic, Great Mountain Fire, Montevideo, Joshua, Alex Gopher,... www.bucolique.be

Feeërieën 27-31 août Parc de Bruxelles, Bruxelles

Donkvijver, Oudenaarde

Arsenal, Cassius, Erol Alkan, De Jeugd Van Tegenwoordig, Kavinsky, The Magician, Jah Mason, Dope D.O.D, Hazard, Kraantje Pappie, Cutline, Dillinja,...

25 août:

The Dandy Warhols, Groove Armada (djset), Sizzla, Aeroplane, Mr. Scruff, Vive La Fête, ‘t Hof Van Commerce, David Rodigan, Drumsound & Bassline Smith,...

26 août: Absynthe Minded, Beenie Man, Merdan

Taplak, The Inspector Cluzo & The FB Horns, Internationals, Sentinel, Warrior Sound, Silverbullet, Waxfiend...

feestinhetpark.be

Les Sentiers de Sart-Risbart 24 - 26 août

Les Jardins des 70 & 71 rue Alphonse Robert, Sart-Risbart

24 août: Spermafrost, Muziek de Singe 25 août: Les Vaches Aztèques, Oak Tree/A Dos D’âmes,

Susanna Dill, Gilbert Paeffgen, Tangram, Pierre Rochus

26 août:

Brass Band

Alix Léone, Daniel Adam, Stéréonauts, Pocket

23 -26 août

Square Bayard, Charleville-Mézières,

France

24 août: Public Enemy, Joeystarr, The Dandy Warhols, Birdy Nam Nam, La Femme, Toots And The Maytals, Enter Shikari, Temple, Most Agadn’t, The Bots

31 août et 1er septembre Wardin L’adage populaire est connu : tous les goûts sont dans la nature! Y a même des jeunes gens qui kiffent La Rue Kétanou. Pas nous! Quitte à rigoler un coup, les amateurs de grande poésie seraient bien avisés de jeter une oreille sur le ska-pop festif du sextet liégeois Orfeo. Rimes riches (grasses quoi) et gros cuivres rutilants. Idéal pour faire boire en festival? C’est en tout cas l’endroit où on peut recommander les poupées déjantées de Puppetmastaz. Si sur disque il faut fuir, le hip-hop rigolard des bestioles fonctionne parfaitement en public. A la recherche de mets plus burnés? Le blues poisseux de Black Box Revelation est trituré et brassé avec des invectives psychés. Les Gantois de the Subs dévoileront leur gros grain de folie dans une complexité agitée aux sons triturés à l’acid et aux samples brutalisés à coup de barre à mine. Prestation scénique ravageuse à prévoir. Vous n’en avez pas marre de lire tout le bien qu’on pense de l’Experimental Tropic Blues Band? Son ‘Liquid Love’ sous le bras (plus bas?), le groupe le plus barré de Belgique n’en finit pas de tourner avec un putain de disque enfin à la hauteur de ses strip-teases scéniques. En sus : Skip The Use, Naive New Beaters, Percubaba, Hudson, Noa Moon,... www.wardinrock.be

Feeërieën 27 - 31 août 27 28 29 30 31

Parc de Warande, Bruxelles

août: Dez Mona ft BOX: Sàga, Black To Comm août: Cold Specks, Spookhuisje août: Touch.30 ft Biosphere, Philip Jeck, BJ Nilsen août: Tommigun, Love Like Birds août: Holy Other, Gang Colours, G.H.

abconcerts.be

Boterhammen In Het Park 27 - 31 août 27 28 29 30 31

août: août: août: août: août:

Parc de Warande, Bruxelles

Spinvis, Tourist Het Zesde Metaal, Roosbeef Polk, Soetkin Collier Lieven Tavernier & White Velvet, De Held Guido Belcanto, Mira

abconcerts.be

23 août: Manu Chao, Eagles Of Death Metal, Kap Bambino,The Big Guns, Cancer Bats

Ward’in Rock

sept 12

24 août:

Le Cabaret Vert

9e édition des Feeërieën autour du magnifique kiosque restauré en plein cœur du Parc de Bruxelles. Deux jours seront consacrés à l’électronica. Le mercredi 29 août sera dédié à la célébration des 30 ans du label électronica Touch. avec, en tête d’affiche, Biosphere, pionnier norvégien de l’ambient. En clôture du festival (le 31), Gang Colours (à classer entre James Blake et Nicolas Jaar) et minimalisme sombre de G.H. qui ne manquera pas d’interpeller les fans d’Andy Stott et de Demdike Stare. La musique classique sera au cœur de la soirée d’ouverture avec l’opéra baroque de Dez Mona & Sága et l’Allemand Black To Comm qui mélange classique contemporain et électronique. Le jeudi 30 août, Love Like Birds vous séduira avec ses chansons épurées et les Bruxellois de Tommigun présenteront en avant-première leur nouvel album ‘Pretenders’. Le jeudi 28 août, chapeau bas pour la doom soul de la révélation Cold Specks et les haunted instrumentals de Spookhuisje.

festivals

23 août: Goose, Fat Freddy’s Drop, Jah Cure, Felix da

lessentiersdesartrisbart.be

Cold Specks © Jim Anderson

gigs parties

Feest in het Park

Bucolique Ferrières Festival

25 août: Franz Ferdinand, Dionysos, Orelsan, Noisia,

Electric Summer Night 9 31 août + 1 septembre

31 août: Shiny Darkness, DJ’s Steph DM, G55, Seb MCK, Dave P.

Digitalism, C2c, Agnostic Front, The Love Me Nots, About The Girl, N’cest, Yuksek

1 sep:

26 août: Charlie Winston, Caravan Palace, Barcella, Daniel Darc, The Weasel And The Wasters, La Villa Ginette, Charlie Fabert

uconline.be

cabaretvert.com

31 août + 1 septembre

24 août: 25 août:

Tavigny, Houffalize

Driving Dead Girl

Def Americans, Peter Pan Speedrock, The Orphans, Nitrovolt, Denvis And The Real Deal, Casa de la Muerte, Pretty Lightning, Mr. Gerrymanders, Bearwolf

beaverfest.be

Bucolique Ferrières Fest 24 + 25 août

Château de Ville-My

24 août: Alex Gopher, Clara Moto, Compuphonic, Kolombo, Attar!, Disco Maffia

25 août:

Montevideo, Joshua, Great Mountain Fire, Dan San, Elvis Black Stars, BRNS, Stereo Grand, Gaëtan Streel, Recorders, KermesZ à l’Est, Human Sound System, DJ Grounchoo bucolique.be

Fiesta City 24 - 26 août

centre, Verviers Place du Martyr, Cour Fisher, Pont St Laurent, Place Verte, Pont Aux Lions, Spirit Of 66, Rue Du Marteau, Verviers

24 août: Solaris, Jali, Quentin Mosimann; Cherry’s, Noa Moon, Elvis Black Stars, Disco Fever; Jones, Lena Mariel, Manacoustic, Vassias; DJ’s Nanophonyk, Chris Hinger, ... 25 août: Logical School, Layla Zoe, The Brew, Machiavel, Pavlov’s Dog, The Original Blues Brothers Band; Korange, Reggatta de Blanc, Depache Made, Sladest, The ZZ Tops, U2 The Tribute; Bouldou, Bertrand Delaude, Colline Hill, Matt Woosey, The Frontals;... 26 août: Perry Rose, Sirius Plan, Beverly Jo Scott, De

Palmas; Waterfront, Mademoiselle Nineteen, Prowpuskovic, Jacques Stotzem, The New Fools, Alex Bianchi, Les Vaches Azteques, Mick Wilson; The Magic Jazz Band, The Feetwarmers, Basin Street Jazzmen; Sidekicks, Sapalpa, Red Room, RMS, Cedric Gervy; Speaker & l’Equipe, C’d’la Soul, Evening Call, Texan Sunrise fiestacity.be

Parade Ground, Void Kampf, Combat Voice, Vuduvox, X.M.S., DJ’s Del Boy, Franky D., De Thannberg

Scène Sur Sambre L’Abbaye d’Aulne-Thuin

31 août: Vegas, Rover, Inna Modja, Joshua, Gerald

Beaverfest 24 + 25 août

Le Coquin, Gaurain/

Ramecroix

de Palmas, Axelle Red, Suentin Mostmann

1 sep: Pleadge, Everplay, La Famille Botwin, Casanoe,

Over Me, Les Lu 7, El Cadzi, Inner Waves, Les Males Propres, Superclub, Les Anges Gardiens, Orelsan, Texas,...

ideefixe.be/scenesursambre

Ward’in Rock 31 août + 1 septembre

Wardin

31 août: Skip The Use, Puppetmastaz, The Subs, Naïve New Beaters, An orange Car Crashed, The Way Days, Sexteen Chapel, Dr.Gonzo 1 sep: Black Box Revelation, La Rue Ketanou, The

Experimental Tropic Blues Band, Orfeo, Percubaba, Raving George, Cédric Gervy, Hudson, Inimikall, Noa Moon, Noisy Decade, DJ Zeil, Sarah Tue Moi

wardinrock.be

Un Soir Autour du Monde 7 + 8 septembre Abbaye de Villers-la-Ville 7 sep: Noa Moon, Gaetan Streel, The Peas Project,

Cédric Gervy, Kalaban Couira, Soutien Georges, Les Tambours du Bronx, Lesmalespropres, Jali, The Moon Invaders, Zebda, Les Fils de Teuhpu

8 sep: Sarah Carlier, Le Yeti, La Chiva Gantiva,

Mochelan, Suarez, Brunoise, Le Peuple de L’Herbe, Dalton Telegram, Balimurphy, Namogodine, La Rue Ketanou, Primitiv

unsoirautourdumonde.be

Harby Farm Festival 7 + 8 septembre Ferme du Harby 7 sep: Les Taupes Qui Boivent du Lait, Tant Pis Pour Les Voisin, Label’Zik

8 sep: Hill Billies, Les Enfants du Harby, Stro, The

Green Violonist, Jeannine Part en Voyage, Casanoé, Alquest, Narnarchie, The Hot Lick Serenaders, Abuzka, Skabone 14, Les Fils de Theupu, Benito Band

myspace.com/lafermeduharby


Let There Be Rock Festival

Hop n’Roll/Festival Génération 80

7 + 8 septembre Vielsalm 7 sep: Waxdolls, Mass Hysteria, Leaf House, Elvis

21 + 22 septembre

8 sep: Machiavel, Beverly Jo Scott, Novotones, We Are

Hot Men Stuckie, The Tramps, Citizen Jack, 2 Many Donkeys, NKVD, OB-1, Jeremy Battle

ltbr.be

22 sep: Chantal Goya, Culture Beat, Benny B, Boris, Paradiso, Gad’80, De Frigobox Toeristen, La Compagnie Picole, Beverly Pils, Awissa, DJ Inzemix, DJ Grums

Black Stars

Minutes, Perry Rose, Great Mountain Fire

Autumn Rock 7 + 8 septembre

Parc du Champ de la Lune,

Braine-Le-Comte

7 sep: Mister Cover, Curiosity, Coverplay, Hollywood Bowl 8 sep: Louis Bertignac, Joshua, Geike, David Bartho-

lomé, Mass Hysteria, Eths, Kiss & Drive, The Experimental Tropic Blues Band, Hudson, Mademoiselle Nineteen, Romano Nervoso, Vegas, Nolia, Casteles, The K., Inc.Ognito

autumnrock.be

Deep In The Woods 7 - 9 septembre

Massembre, Heer

Liesa Van der Aa, Kiss The Anus Of A Black Cat, Gaëtan Streel, Soumonces!, Spookhuisje, Joy Wellboy deepinthewoods.be

Terres Rouges Festival 7 septembre

Gaalgebierg, Luxembourg

Therapy?, Tricky, Eiffel, Revolver, Joshua, Porn Queen, Angel At My Table, The Gambling Badgers, Lost In Pain, Progress festival-terresrouges.lu

Uckelrock Festival 8 septembre

Wolvendael Parc, Uccle

Parking du Bois des Isles,

Marbehan

21 sep: Mass Hysteria, Punish Yourself, Sidilarsen,

festivalgeneration80.be

Massif Festival 22 septembre

Centre Culturel, Braine-l’Alleud

Alpha 2.1, Scylla, Chunk! No Captain Cunk!, Crazy Lady Mary, Half Moon Run, No Brain, Blacknese, Autorecall Supervizors, Foagylate, Grizzly Garden, Un Petit Chien Nommé Milou, Kacem Wapalek, Yellow Trouwers, Kwistax, Dave Lux massif-festival.be

Sober Slaughter Metal Fest 22 septembre

Zaal Volksontwikkeling, Tongeren

Nightqueen, Max Pie, Keyrah, Zardens, Rebel Yell, Necrosis, Viggen, White Knuckles, Wake The Dead, Polar Pears http://mijnevent.be/nl/event/32798/sober-slaughtermetal-fest-2/info

Caf Festival 22 septembre

Jyva’zik 23 + 24 septembre

myspace.com/suj_uccle

23 sep: Zita Swoon Group Wait For Me, King Charles, Dan

8 + 9 septembre

Vieux Château, Walhain

San, David Bartholomé, Pale Grey, DJ Grounchoo, SeeUSoon

Sportterrein Tapijnkazerne,

Maastricht, Nl

8 sep: Goose, Chef’s Special, Puggy, Drive Like Maria,

24 sep: Cali, Soan, Orchestre International du Vetex, Pablo Andres, FonoGraf, Buenas Ondas, Gaëtan Streel, Antoine Hénaut, Elvy jyvazik.be

Major Tom, Half Moon Run, Isbells, Oscar & The Wolf, Lili Grace, Hef, Yila & Davor, Amalgamatie, BMB & Pieke

bruismaastricht.nl

Incubate Mogwai, Yann Tiersen, Buzzcocks, Fields Of The Nephilim, Laibach, Nurse With Wound, British Sea Power, Johannes Heil, Anthony Rother, Damo Suzuki, Japandroids, Nathan Fake, Moodymann, Reigning Sound, Sleepy Sun, King Midas Sound, Massaker, The Haxan Cloak, Ramesses, …

Uckelrock 8 septembre Parc de Wolvendael, Uccle 5ème édition de ce petit festival gratuit. Au menu : My Little Cheap Dictaphone rempile. Leur musique n’a plus rien à voir avec celle que leur nom suggère. Que nenni. C’est même plutôt l’inverse, une avalanche de mélodies pop version grand orchestre, une orgie de pistes à mixer en même temps, un bordel symphonique terriblement accessible. Mais aussi les douceurs de Dan San, Whylanders et une after party avec October (Plays U2). Bref, reconduction d’une formule simple, conviviale et sans chichi.

Perfume Genius 10 septembre, Rockhalcafe 11 septembre AB, Bruxelles Délicate et effroyablement personnelle, la musique de Mike Hadreas se dresse par-delà les notes vulnérables de son piano. Beau à chialer, triste à pleurer, le second album (‘Put Your Back N 2 It’) de celui qui se cache sous les effluves nostalgiques de Perfume Genius batifole encore dans les zones obscures de la nature humaine. Quelque part entre la fragilité d’Antony Hegarty et la déprime paradisiaque d’Elliott Smith, le garçon creuse son sillon. (na)

jeudi 23 août Globul, Pierre Make Some Noise, Fuckin Chick, Miss Tetanos, Sri.Fa ft Stephen O’Maltine @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com

14-15-16 septembre Leffinge (Middelkerke)

The Narcotic Daffodils @ Madame Moustache, Bruxelles

samedi 25 août Diiv, La Femme @ CarréRotondes, Luxemburg, rotondes.lu

dimanche 26 août Last Train @ ABC Rock’nRoll, Liège, abc-rocknroll.be

mercredi 29 août

incubate.org

Leffingeleuren 14 - 16 septembre Concerttent & De Zwerver, Leffinge 14 sep: Triggerfinger, The Subways, The Van Jets,

Klaxons Dj-Set, Compact Disk Dummies; Sleepy Sun, Tu Fawning, Telepathe, Hong Kong Dong; Howlin Rain

15 sep:

Joss Stone, Black Box Revelation, Nneka, The Temper Trap, Isbells, Creature With The Atom Brain, The Whatevers, Movoco; Japandroids, Future Of The Left, Wolf People, Speech Debelle, Oscar & The Wolf, Skip The Use, Ms Mr; King Tuff

16 sep: Beirut, Absynthe Minded, Kitty, Daisy & Lewis, Staff Benda Bilili, Spinvis; 4T4; Big Harp; ‘t Schoon Vertier leffingeleurenfestival.be

Ed Sheeran @ den Atelier, Lux, atelier.lu

jeudi 30 août Globule, Fabrice Lig, Juke Box Babes Djettes @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Omar Rodriguez Lopez Group @ Trix, Antwerpen Woods @ Madame Moustache, Bruxelles BRNS @ CarréRotondes, Luxemburg, rotondes.lu

vendredi 31 août Lezt Zeppelin @ Spirit of 66, Verviers, spiritof66.be Compuphonic @ Mr.Wong, Bruxelles Dialo Blvd, Icarus, DJ Battle @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/tavernedutheatre Russ Jones, Max Le Daron, Dr Kwest & Kleo, Asky, Don Cabron @ Tour & Taxis, Bruxelles, myspace.com/takatakainfo

samedi 01 septembre

Ben Frost, Daniel Bjarnason & Sinfonietta Cracovia, Silver Apples, The Haxan Cloak, Forest Swords, Robin Fox, Olivia Block, Luis Recoder, Sandra Gibson, …

Efdemin, Prince Off @ Bazaar, Bruxelles, leftorium.be Mongolito, I, The Phoenix @ Le Prisme, Braine-l’Alleud Loveless Age, Stone Cold Blue @ Spirit Of 66, Verviers DJ’s Captain Crunch, My Brother @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/tavernedutheatre Mothership Connection #2: Become A Berliner !, Laurent Rieppi, I/O, Léonard Brothers, Pierre Bartholomé Project, The German Mother Battle @ Le Vecteur, Charleroi

21 sep: Gold Panda, Hype Williams, Nguzunguzu, Howse, Time Wharp, Slant Azymuth, Yannick Franck, Ms30, …

Lesbian @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be

Bozar Electronic Art Festival PSK, Bruxelles

20 sep:

22 sep: Raime, Geoffroy Mugwump, Prince Off, Peter Van Hoesen, Cedric Stevens, Vlek Records & Herrmutt Lobby Present Beatsurfing, The Organic Midi Controller Builder, ... bozar.be

Les Crocodiles évoluent sur un fil, vacillant entre ombre et lumière, spleen et ecstasy, l’avant-garde et le rétro, le garage-punk de gouttière et la pop catchy limite sensuelle. Entre Sunday qui sonne comme du Cure sans surcharge pondérale et My Surfing Lucifer au glam-rock graveleux, on mesure combien le travail de nos deux compères a gagné en densité et en variété. La basse s’est arrondie et la réverb n’est plus utilisée à tort et à travers comme artifice stylistique. Quand l’audace pointe le bout de son nez sur You Are Forgiven , on entrevoit tout le potentiel d’un groupe qui pourrait explorer des territoires musicaux encore bien plus vastes. (gle)

vendredi 24 août

10 - 16 septembre 20 locaties, Tilburg, Nl

20 - 22 septembre

6 septembre Botanique, Rotonde, Bruxelles

Leffingeleuren

9 sep: Will And The People, Infadels, Ozark Henry,

School Is Cool, Sparrow Falls, The Hickey Underworld, The Mary Shade Experience, Noizboiz, Het Verzet, ...

Crocodiles

Kursaal, Dolhain

The Exp, C-Rhum, Ré-Solution, Cafard Rose, Manacoustic, Silly Snails, Lieutenant, Les R’Tardataires, Twisted Trees, Ilydaen

My Cheap Little Dictaphone, Dan San, Whylanders, October

Bruis

29

dimanche 02 septembre lundi 03 septembre Family Of The Year @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Ben Poole @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

Isbells © Koen Bauters Zach Condon, leader de Beirut, caracole en tête des grands festivals avec son cocktail de folk indie, de chanson et de musique balkanique, le tout avec une douce mélancolie. Autre grosse tête d’affiche qui ne pique pas les yeux, la locomotive soul britannique Joss Stone. Les Australiens de The Temper Trap et leurs synthés gonflés à bloc, tout comme Triggerfinger, ne manqueront pas de faire du bruit. Perso, on vous conseillerait de tendre l’oreille du côté du Staff Benda Bilili, de la troupe Isbells d’une délicatesse et d’une authenticité rares, d’aller applaudir les furibards Japandroids mais aussi Tu Fawning dont les harmonies vertigineuses et les architectures pop constituent le chaînon manquant entre les envolées éthérées de Beach House et les orchestrations fantasmagoriques de St.Vincent. Ne pas manquer non plus le stoner subtil à la fois nerveux, tendu, et en même temps bien laidback de Creature With Atom Brain. Remarquez, il y a de quoi choisir (ou pas) : Black Box Revelation, Nneka, Klaxon, Absynthe Minded, The Subways, The Van Jets, Kitty, Daisy & Lewis, Spinvis, Future Of The Left, Sleepy Sun, Wolf People, Speech Debelle, Skip The Use, Howlin Rain,... En route pour la côte belge! www.leffingeleurenfestival.be


30 Bozar Electronics Arts Festival 20 au 22 septembre Palais des Beaux Arts, Bruxelles Ce qui a commencé il y a quatre ans comme une fête de la musique électronique est devenu un forum de tous les arts électroniques. Les arts visuels, le cinéma, la photographie et les nouvelles formes d’expression, au croisement de l’art et de l’innovation technologique, y ont désormais aussi leur place. Au programme : le concert de Ben Frost et Daníel Bjarnason avec le Sinfonietta Cracovia qui unissent leur talent devant les images du film Sólaris, celui de l’artiste avant-gardiste Maja Ratkje donné avec une installation lumineuse et celui du duo Hype Williams, sans oublier des films et musique nés de la collaboration de Demdike Stare, Andy Votel et Bruno Spoerri, pionnier de la musique électronique, et le travail innovant réalisé pour les pistes de danse par des producteurs comme Gold Panda, Andy Stott, Peter Van Hoesen et Nguzunguzu. Bref, de la musique électronique pour tous ! www.bozar.be

Graham Coxon 21 septembre Botanique, Orangerie, Bruxelles

mardi 04 septembre Kimbra @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Flower Kings @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

mercredi 05 septembre Hannah Cohen @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Headspace, Haken @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Eliane Radigue L’écoute Virtuose, Nate Wooley @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be

jeudi 06 septembre Nickelback @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Crocodiles; Poor Moon @ Botanique, Bruxelles Birdy @ KVS, Bruxelles, livenation.be Bronco Billy, Barako Bahamas, Clarence, Gameboy Physical Destruction, Combomatix, Bikini Gorge @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Jack White @ Lotto Arena, Antwerpen, livenation.be The Obsessed @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Big Pete Blues Band @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Imaginary Suitcase @ Via Via Reiscafé, Bruxelles

vendredi 07 septembre DMC Blegium 2012 turntablism @ Magasin 4, Bruxelles Stan Webb Chicken Shack @ Spirit Of 66, Verviers Inside Project @ Taverne du Théâtre, La Louvière

samedi 08 septembre Catherine Graindorge ft Hugo Race & Marc Huyghens @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Drums Are For Parades, Abrahma, Naughty Mouse, Maria Isn’t A Virgin Anymore, Supernaut, Sloane, DJ Vernon Sullilvan @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be DJ Omix, Mr Hulot, Zerko, Melfiano, Fakir, K.L.M., La Selecta, Ali F, Gash MC, MessBass Prolix, Saldin, Abou Mehdi @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com S.K.O.R. @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Maladroit, Burning Lady, Cheap And Expensive @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/tavernedutheatre

dimanche 09 septembre Dirty Beaches, Mongolito @ Ateliers Claus, Bruxelles Buildings, The K. @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be

lundi 10 septembre The View @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Fat32, Monsieur Le Directeur, Hassan K @ Magasin 4, Bxl Black Market III @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Perfume Genius @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Après avoir coupé le son sur un album folk épuré en hommage aux maîtres du finger-picking Bert Jansch ou Nick Drake, le binoclard remet le son sur un disque qu’il cochonne aussi sciemment que brillamment. Le guitar-hero ne brasse pas de l’air-guitare sur cet ‘A+E’ rempli de fougue punk garage et qui fleure bon les vinyls rayés. Porté par une lo-fi qui paradoxalement amplifie le son, la musique griffe autant l’épiderme que les oreilles. NeuNeu! de première, il s’aventure même sur la pente savonneuse du krautrock armé de drones sortis de nulle part. (gle)

City Sonic 23 août au 16 octobre Mons, Bruxelles, Huy

mardi 11 septembre Perfume Genius @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Creature With The Atom Brain @ Botanique, Bruxelles George Michael @ Forest National, Bruxelles, livenation.be

mercredi 12 septembre Norah Jones @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Fu Manchu @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Sabaton, Eluveitie, Wisdom @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu

jeudi 13 septembre Gemma Ray @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Socrade, King Kool @ Centre M.Staquet, Mouscron Globul, Ludwig Bluez, Osiris, Nico Depasse @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Kid Ink @ Trix, Antwerpen, trixonline.be 24 Pesos @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Mustang, The Scales @ Caves aux Poètes, Roubaix, Fr

vendredi 14 septembre Carla Bozulich’s Evangelista @ Les Ateliers Claus, Bruxelles Bruce Bherman & Band, Roadhouse Libra @ Botanique, Bxl The Present Moment, Hatecraft, Muffin, X-Pulsiv @ DNA, Bxl Mostly Autumn @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Rock En Stock @ Taverne du Théâtre, La Louvière Japandroids @ La Chocolaterie, Bruxelles, vkconcerts.be David Bartholomé & La Fabrique, Body Beat @ +15/09-L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

samedi 15 septembre

Rodophe Burger © Guy Bouchet Pensé comme « un parcours sonore en ville », City Sonic n’est ni une exposition, ni un festival mais plutôt un itinéraire interdisciplinaire mettant en scène des sons dans l’univers particulier de l’espace urbain. City Sonic fête ses 10 ans cette année. L’affiche propose à la fois des parcours, des salons d’écoute et des installations dans la ville mais aussi des performances et des concerts selon un programme revu à la hausse pour l’occasion. Ainsi, on soulignera la participation live de Charlemagne Palestine, Rodolphe Burger, Laptop Orchestra, Christophe Bailleau mais aussi de nos compatriotes Gauthier Keyaerts (The Akivist) et de l’énigmatique Baudouin Oosterlynck, auteur de très belles installations. City Sonic s’étendra du 23 août au 16 octobre à Mons, sa ville d’ancrage, mais également à Bruxelles (en partenariat avec Galeries, L’Iselp et Flagey) et à Huy, pour le parcours des Arts contemporains. Le tout est, sauf exception, gratuit ! www.citysonic.be/2012 (et)

Black Dice @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Caspar Brötzmann Massaker, Eugene Chadbourne, Fully Blown, Xavier Dubois, DJ Frans Claus, DJ Alain Bolle @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Ensiferum, Amoral, Profane Omen @ Trix, Antwerpen

dimanche 16 septembre BaBa ZuLa @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Malcolm Middleton @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Lean Left @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

lundi 17 septembre Benjamin Francis Leftwich @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Men, King Tuff @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

mardi 18 septembre Jonathan Boulet @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Walls Of Jericho, Death Before Dishonor, Hundredth, Betrayal @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Hawklords @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be The Men @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Bertrand Burgalat @ L’Aéronef, Lille, Fr

mercredi 19 septembre Calexico @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Les Nuits du Soir: Soldout, Labiur, Ann Arbor, Gaëtan Streel, Noa Moon, Hélène & Les Garçons @ Botanique, Bxl

Toe @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Virgil & The Accelerators @ Spirit Of 66, Verviers Wintersleep @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Body/Head, Ping Pong Tactics @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

jeudi 20 septembre Aurelia, Mélanie Isaac, Mochélan, Philippe Tasquin, Les R’tardataires @ Botanique, Bruxelles, labienale.be Venetian Snares, Kid606, Ritualz, Enduser, DJ Skull Vomit, FFF, Geste, Ozwald, Mers, VJ About Blank @ Fuse Event Space, Bruxelles, buzzonyourlips.be Heirs, Soror Dolorosa, A Dead Forest Index @ Magasin 4, Bxl Tommy Gun, Los Cripis, Chaos E.T Sexual, The Plastic’s Family @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com Toine Thys Trio @ Salon, Silly Moon Safari @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be TrixTrax Fest: BRNS, Reiziger @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

vendredi 21 septembre Machine Gun Kelly @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Graham Coxon; Dent May @ Botanique, Bruxelles The Bony King Of Nowhere @ CC, Nivelles, ccnivelles.be Jacques Stotzem @ Kulturzentrum Jünglingshaus, Eupen Torche @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Greg Koch @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Title Fight, La Dispute, Make Do And Men, Into It Over It @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Dumbjaw, Newtown @ Taverne du Théâtre, La Louvière EL-P @ VK*, Bruxelles, vkconcerts.be Heirs, A Dead Forest Index, Soror Dolorosa @ La Zone, Liège Rise launch event @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Klavan Gadje, Arnaud Van Lancker Quartet @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

samedi 22 septembre We Have Band; Best Coast @ Botanique, Bruxelles Monkey3, Glowsun, Grandloom @ Magasin4, Bruxelles Léonie Wasukulu, Wendy Nazaré, Disiz, DJ Joss Mendosah, Ayneed @ Place Jules Destrée, Gilly, enerj.be Cannon Ball @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Ike Yard, HNN, True Zebra, DJ Skullscraper vs DJ Wattie Muffin @ T.A.G., Bruxelles, lefantastique.net Les 3 Fromages, The Buxom Cannibals, The David Carradine Apocalypse, La Smala Et moi, Sheldon Cooper’s Spot, One Thousand Directions, Den Stygge, Conmecontent, Asile @ Taverne du Théâtre, La Louvière Anselmo Ralph @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu Taraf Dekale, Esma Redzepova & L’Ensemble Teodosievski @ L’Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

dimanche 23 septembre Gaggle; Lemonade @ Botanique, Bruxelles, botanique.be

lundi 24 septembre Yeasayer @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Electric Guest, Last Dinosaure; Dan Deacon, Deep Time @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Ides Of Gemini, Seven That Spells, Jastreb @ Magasin 4, Bxl Breton, Little Trouble Kids @ Le Grand Mix, Tourcoing, Fr

mardi 25 septembre Husky, Renée @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Stinking Lizaveta, Tarentatec, Darsombra @ Magasin 4, Bxl Lights @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Pat Travers @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Spring Offensive @ Rockhal, Esch/Alzette, Lu, rockhal.lu

mercredi 26 septembre NZCA/Lines, Im Takt @ Caves aux Poètes, Roubaix, Fr

jeudi 27 septembre Amadou & Mariam @ Coeur Parcouche, La Louvière, ccrc.be The Hard-Ons, Accelerators @ Trix, Antwerpen, trixonline.be The Rippers, The Loved Drones, Belle de Luxe, Mon Colonel & Papyharder, Globule vs Barako Bahamas @ Rockerill, Marchienne au Pont, rockerill.com The Valentines @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be

vendredi 28 septembre De Heideroosjes; Simon Felice @ AB, Bruxelles sant Crew, Kali Ganja Mafia, Tonino Trafiquantq D’art, DJ Olsem @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Midnight Groove @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Missmyvenus, Spanked, Helium Horse Fly @ Taverne du Théâtre, La Louvière, facebook.com/tavernedutheatre Highbloo & Friends @ Tente Blache, La Louvière, ccrc.be White Hills, Cave @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

samedi 29 septembre De Heideroosjes @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Boy, The Magnetic North @ Botanique, Bruxelles Blazer, Betunizer, Cave @ Le Vecteur, Charleroi, vecteur.be Romano Nervoso, Taïfun, The Mighty Progerians, Pignition @ Magasin 4, Bruxelles, magasin4.be Dead Can Dance @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be High Voltage @ Spirit Of 66, Verviers, spiritof66.be Lady Gaga @ +30/09-Sportpaleis, Antwerpen, sportpaleis.org DJ’s Doc Cld, Baz-A @ Taverne du Théâtre, La Louvière Kiss The Anus Of A Black Cat, Sylvester Anfang II, Spooky Dolls Surgery @ La Zone, Liège Fun. @ den Atelier, Lux, atelier.lu Odelaf, Dam Barnum @ CC G.Philipe, Calais, ccgp.calais.fr

dimanche 30 septembre Fun. @ AB, Bruxelles, livenation.be Cold Specks @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Hank Haint, Mother & Son @ Magasin 4, Bruxelles Colour Haze; Therion, Elyose, Antalgia @ Trix, Antwerpen Nico Duportal & His Rhythm Dudes @ L’Aéronef, Lille, Fr


CAT POWER

ARIEL PINK’S HAUNTED GRAFFITI MATURE THEMES

Six years after her last album of original material, Chan has moved on again and wrote, played recorded and produced the entirety of Sun herself. Sonically, with credit to mixer Philippe Zdar (Cassius), she sounds incredibly fresh and very now. A welcome tour de force.

Pitchfork favorites APHG return with a new album, no longer lo-fi, Mature Themes feels like the definitive Ariel Pink album, a patchwork of modern America, a twilight excursion through backwater LA and late-night TV channel hopping.

DAVID BYRNE & ST VINCENT

PURITY RING / SHRINES

LOVE THIS GIANT

David Byrne and Annie Clark spin their intriguingly enigmatic tales, by turns whimsical and dark, backed by a large brass band in lieu of a traditional rock lineup.

Live @ Trix Antwerpen 12 nov

Future pop from Halifax/Montreal, drawing equally from airy 90s R&B, complex Warp rhythms, lush dream pop and the powerful, bone-rafting immediacy of modern hip hop. Purity Ring was the discovery of this year’s South By Southwest festival.

Live @ De Kreun Kortrijk 6 nov // AB Club Brussels 7 nov



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