Les ambiances sensibles et le milieu existentiel par Fabio La Rocca Exposé au séminaire « Mésologiques » du 13 février 2015 (texte condensé)
Résumé : Le quotidien urbain s’invente et se réinvente. Il en résulte que la relation singulière que nous établissons avec les lieux des métropoles est le produit des effets du milieu territorial d’un point de vue symbolique et affectif. L’espace vécu en commun favorise ainsi une identification collective avec le développement d’une diversité de pratiques sensibles qui constitue la variété des ambiances et une forme de narration de la scène urbaine et sociale. Ecouter, sentir, toucher les espaces : une expression sensorielle et sensible qui affecte nos parcours et nos relations au milieu et à sa diversité symbolique. Les ambiances de la vie quotidienne urbaine créent dans leur ensemble une unité significative de construction de lieux de socialité, d’espaces d’émotions, ou bien d’espaces sensibles.
Il est question ici de présenter quelques lignes de réflexion sur « Comment penser la ville contemporaine et ses espaces » ? « Quels sont ces fragments significatifs » ?. C’est à partir de ces interrogations, et sur le « comment » la ville « est » et « se présente » à nos yeux qu’il faut positionner notre regard dans une stratégie d’ontologie de l’actualité. Le « comment » ici accompagne la pensée et donc le regard, l’observation en profondeur, une sorte de situationnisme méthodologique qui s’oppose à la pensée apriori. Si l’on se place dans la sensibilité théorique de Thomas Kuhn, dans une perspective paradigmatique il faut toujours réviser les attentes et la théorie. Dans ce parcours paradigmatique alors il faut, à notre sens, toujours remettre à jour les catégories de la pensée afin de pouvoir dire le monde que l’on vit et donc de se « situationner » par rapport à l’époque que nous vivons pour pouvoir observer et raconter la ville et ses espaces. Nous proposons ainsi une pensée « climatologique » qui se plonge dans le Zeitgeist contemporain pour saisir l’air que l’on respire, l’atmosphère dans laquelle on baigne : donc une observation et perception en permanence de la mutation. Mutation de l’environnement urbain qui est toujours accompagnée par la mutation de l’expérience et qui met en perspective l’idée de base de la relation indissociable entre espaces et individus et de leur réciprocité d’influence symbolique. Dans cette optique, la méthode la plus apte à scruter et percevoir en profondeur cette mutation en permanence est une méthode sensible, celle d’un flâneur avec un regard photographique. Ici l’œil qui scrute devient un espacement entre la conscience et le monde et où percevoir rime avec compréhension. Si nous nous référons par exemple à la pensée de Siegfried Kracauer on peut voir comment un regard photographique va donner forme à la construction d’un tableau pour « faire penser ». Il y a ainsi une intention du regard sur l’espace qui nous amène à explorer le quotidien urbain par la flânerie expérientielle. Si comme le montrait à son temps Walter Benjamin la ville doit être pensée comme un texte, le flâneur sera