Autosuffisance alimentaire, rêve ou réalité ? - Marina Garnier

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Mémoire de master II - Marina GARNIER Parcours Intelligence Architecture et Territoire Repenser la métropolisation Professeurs référents : Julie AMBAL - Delphine WILLIS - Xavier GUILLOT Soutenance 31 janvier 2018 École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux


Je tiens à remercier dans un premier temps mes professeurs, Xavier GUILLOT, Julie AMBAL et Delphine WILLIS, qui, au cours de mes trois semestres dans le séminaire « Repenser la métropolisation », m’ont guidée et m’ont permis de mener à bien ce mémoire. Ce séminaire m’a servi à découvrir une autre manière d’aborder le projet en architecture et l’exercice du mémoire a été bénéfique pour le développement des capacités à rechercher des informations et à les articuler afin d’argumenter une problématique. Je souhaiterais également remercier les membres des Incroyables Jardiniers d’Albi, les membres des associations en faveur de la transition pour m’avoir aidée dans l’élaboration de ce mémoire et avoir pris le temps de répondre à nombre de mes questions. De plus, je remercie Jean-Michel BOUAT, Jean-Gabriel Pellissou et Benoît SICART pour m’avoir accordé un moment d’interview essentiel pour la constitution de données. De plus, j’aimerais remercier également mes correcteurs Arnaud GRILLET, Claude RALAMBO, Anne RASTOLL et Méryl CORTES qui m’ont beaucoup appris au cours de l’écriture de ce mémoire. Enfin, ma famille a contribué indirectement à ce mémoire, grâce à l’éducation que j’ai reçue tout au long de ma jeunesse. Je souhaite aujourd’hui remercier mes parents, sans lesquels je n’aurais pas eu ces quelques connaissances sur l’agriculture et sans qui je n’aurais pas eu d’espoir sur les possibilités que l’agriculture raisonnée peut nous offrir.

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Remerciements


Image de Marina GARNIER, «Mon jardin d’enfance»

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boucle alimentaire était bouclée. Je me souviens que pour avoir toutes ces saveurs, il fallait se donner du mal ! Mais il y avait une belle récompense à la clé ! Lorsqu’il était temps de sacrifier les poulets qui étaient prêts, c’étaient mes frères et moi qui les plumions pour qu’on puisse les congeler. Le cochon était quasiment une fête de village. Les amis de mon père étaient présents pour préparer saucisses, pâtés et autres victuailles que tout le monde se partageait. C’était l’une des rares occasions durant laquelle je voyais les gens du village aussi proches. En dehors de cela, tout le monde faisait sa vie plus ou moins tranquillement. Et tout le monde se connaissait. Nous étions réputés pour nos animaux et nos tracteurs, et chacun avait sa petite originalité que les habitants du village pouvaient se raconter les uns aux autres. Tous ces efforts étaient tout de même gratifiants. Le prix des denrées alimentaires ayant fortement augmenté ces dernières années, le fait d’avoir nos aliments à portée de main nous a permis de faire des économies sur de nombreux produits. Les œufs, le lait, la viande et quelques légumes étaient directement fournis sur place. Mes parents avaient un travail en complément de revenus,. C’était plus une passion et un art de vivre qu’un travail pour mes parents. Nous avons vécu comme tous les autres enfants avec la capacité d’être autosuffisant en plus. Ce n’est donc pas un art de vivre qui est complètement déconnecté de la société. Nous sommes allés à l’école et avons eu une vie normale. Nous avons eu la chance d’acquérir des compétences pour produire de la nourriture, élément essentiel à notre vie. Il est certain que produire sa nourriture demande des efforts, du temps, des concessions, de la patience et surtout des connaissances et une expérience du terrain. Mais même avec un travail, une famille et des animaux à gérer, nous sommes capables de subvenir à nos besoins tout en maîtrisant des techniques agricoles saines.

Au final, nous n’étions pas très loin de

l’autosuffisance alimentaire ... Alors, pourquoi serait-elle vraiment irréalisable ?

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Avant-propos

Lorsque j’étais plus jeune, j’avais l’habitude de cultiver la terre en famille. Les carottes à désherber, les haricots à équeuter, les tomates à attacher. Toute une panoplie de verbes et d’actions, qui reliaient mes mains directement à la terre. Ce mode de vie était auparavant très conflictuel ... Il faisait chaud ou froid selon les saisons. Il fallait se baisser ... rang par rang ... et il n’y en avait pas qu’un peu ! Lorsque je revenais du jardin, les mains sales, les ongles remplis de terre, je me souvenais que ma mère criait pour que j’aille me laver les mains et pour que je ne salisse pas la maison avec mes chaussures pleine de boue. À l’époque je ne m’imaginais pas tous les bienfaits que pouvaient apporter une terre si riche. Nous faisions des conserves, des confitures et autres préparations pour l’hiver. Je m’occupais des moutons et les faisais paître de pré en pré ; l’herbe était toujours plus verte ailleurs. Les lapins étaient toujours plus adorables les uns que les autres. Il fallait nettoyer les clapiers pour qu’ils soient dans un environnement sain et éviter les maladies. Les poules, les dindes, les oies couraient ensemble dans la forêt lorsqu’elles entendaient le grain tomber dans les mangeoires. C’était très impressionnant quand on sait que les oies peuvent pincer, avec leur bec acéré. Je ne voyais pas l’intérêt de s’occuper d’un jardin. Tout un micro-système était en place à la maison. Les arbres fruitiers donnaient leur fruits, qu’il fallait s’empresser de ramasser avant qu’ils ne se décomposent en matière organique. Les cerises, les pommes, les prunes ... Chaque fruit avait son mois, et face à l’abondance nous étions obligés de faire des conserves pour en garder le plus longtemps possible. Ce n’est finalement que quand j’ai dû acheter pour la première fois ma nourriture en supermarché, que j’ai compris ... À table, la plupart des produits que nous mangions étaient issus soit du jardin, soit de notre ferme. Les produits étaient de très bonne qualité. Je me rappelle les saveurs de la salade ou des haricots qui n’avaient rien à envier aux produits que je peux trouver en grande surface. La viande était tendre et savoureuse, le poulet tenait à l’os avec une chair croustillante et douce à l’intérieur. Les déchets produits partaient pour la plupart aux animaux, au compost ou à la poubelle, pour les déchets non périssables. La


Introduction p. 9

Des villes moyennes actuelles au quotidien difficile, des espaces propices à une évolution vers la ville en transition écologique Comment certaines villes moyennes françaises se tournent-elles vers la transition écologique et le désir d’autosuffisance alimentaire ?

S O MMAIRE

L’évolution des villes moyennes en France de 1968 à aujourd’hui La ville moyenne : un espace propice à une évolution vers la ville en transition La ville en transition : un développement urbain concret vers la résilience

p. 13

I) L’autosuffisance alimentaire des ville moyennes, un rêve à réaliser ?

p. 21

p. 15 p. 16

L’autosuffisance alimentaire est-elle possible et sous quelles conditions ?

A) L’autosuffisance alimentaire est-elle vraiment envisageable ?

p. 22

1) Les motivations en faveur de l’autosuffisance alimentaire

p. 23

2) L’autonomie alimentaire et son réel impact sur le territoire et les habitants

p. 27

3) Un élan en faveur d’un changement global des mentalités B) L’autosuffisance alimentaire a-t-elle des lieux plus propices que d’autres ? 1) Le niveau d’autonomie des villes en France

p. 29

2) Des techniques fastidieuses pour l’autonomie des métropoles

p. 37

3) La ville moyenne se réinvente grâce à l’agriculture

p. 39

C) Par quels moyens une autonomie alimentaire peut-elle être mise en place ?

p. 40

1) La permaculture : une ressource pédagogique indispensable 2) La dynamique citoyenne au départ d’une transition mentale 3) Réflexions des politiciens sur un possible réaménagement territorial

p. 41

p. 34 p. 35

p. 45 p. 47

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Remerciements p. 5 Avant-propos p. 7


p. 48

Comment la ville d’Albi se met-elle en action vers l’autosuffisance alimentaire et qu’apporte-t-elle ainsi à la ville et aux habitants ? Contextualisation de la ville d’Albi p. 49

A) L’action citoyenne au départ de toutes volontés

p. 50

1) «Les Incroyables Jardiniers» et leur travail d’éducation alimentaire pour la population p. 51 2) Du bottom-up au top down : comment les élus se sont-ils accaparé le mouvement ? p. 55 3) De nouvelles formes de distribution participant à une consommation raisonnée p. 57

B) Albi : une ville moyenne à multiples potentiels pour l’autosuffisance

p. 60

1) Un patrimoine agricole intéressant promu par les services publics 2) Le secteur pédagogique se met en route vers l’autosuffisance alimentaire 3) Un lien centre-ville - espace agricole environnant facilité

p. 61

C) L’autosuffisance promue et la réalité du terrain ...

p. 70

1) D’ici 2020, impossible de devenir totalement autosuffisant 2) Beaucoup de négociations à mettre en place pour peu d’actions concrètes

p. 71

Schéma des acteurs (directs ou indirects) à l’autosuffisance alimentaire à Albi

p. 74

3) Un mouvement qui prend place dans un contexte politique particulier

p. 77

p. 65 p. 69

p. 73

Conclusion p. 76 Une autosuffisance partielle pour une gestion complète du territoire

Postface p. 83

Bibliographie p. 84

Annexes p. 91

Introduction

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II) L’impact d’une nouvelle politique urbaine sur le territoire albigeois


Relations entre métropole et villes moyennes Proximité de la métropole favorable

Annecy, Avignon, Albi, Chartres, Colmar, Compiègne, Chambéry, Nîmes, Valence, Vannes

Éloignement handicapante

Béziers, Bourges, Charleville-Mézières, Le Havre, Limoges, Nevers, Troyes

Proximité handicapant

Auch, Boulogne sur mer, Dunkerque, Forbach, Maubeuge, Roanne, St Quentin

Éloignement protecteur

Bayonne, Besançon, Pau, Perpignan, Poitiers, Quimper

Distance neutre

Amiens, Arras, Blois, Béthune, Bourg en Bresse, Beauvais, Calais, Cherbourg, Le Mans, Lorient , Mulhouse, St Brieuc, St Nazaire

Figure 1 : Relation et connexion des 26 systèmes urbains de proximité français

Source : Pierre-Yves Léo, Jean Philippe, Marie-Christine Monnoyer, « Quelle place pour les villes moyennes dans une économie tertiaire ? », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, 2012/2 (avril), p. 150-171. DOI : 10.3917/reru.122.0150 Site web : http://jeandumonteil.blog.lemonde.fr/2012/05/02/lire-la-france-en-26-systemes-urbains-de-proximite/

Depuis plusieurs dizaines d’années maintenant, les notions d’écologie, d’agriculture biologique et de respect de l’environnement sont de grands sujets d’actualité face auxquels la population se trouve lassée voire désabusée. Les solutions mises en place afin de respecter l’environnement sont parfois hors de prix, peu valorisées ou même reléguées à des populations dites marginales. De plus, les citoyens ne se rendent par forcément compte des dégâts qui adviennent à notre planète. Particulièrement en France où la plupart de la population n’est pas soumise aux catastrophes naturelles, aux régions arides, qui poussent la plupart des habitants des régions désertiques à migrer vers des terrains plus fertiles. Ce contexte, de plus en plus en plus alarmant exige que les méthodes de fabrication de la ville changent et aillent vers un respect de la nature et des ressources que la terre possède. De nombreuses actions ont lieu dans les métropoles en faveur de l’environnement (développement des transports en commun, mise en place de voies piétonnes et pistes cyclables, écoquartiers, réintroduction de la production locale dans les marchés avec les AMAP...). Mais qu’en est-t-il des villes moyennes1 où l’urbanisme Corbuséen, auto-centré sur la voiture, forme actuellement de réelles contraintes à un fonctionnement écologique ? Depuis une trentaine d’années, les villes moyennes ont tenté de restaurer leur image dans le but d’attirer les investisseurs et ainsi faire prospérer la vie urbaine de même que l’économie mise à mal par la crise industrielle du milieu des années 1970 et la crise économique de 2008. Ces tentatives se sont surtout matérialisées par l’arrivée des évènements urbains festifs dans les espaces publics. Dans les années 1980, seul le ministère de la culture obtient de larges subventions et son ministre Jack Lang réalise le nécessaire pour que la culture soit énormément diffusée dans les villes moyennes. Nous pouvons le voir avec les exemples d’Aurillac et de Châlons-sur-Saône où les festivals offrent des solutions compensatoires face à la crise industrielle et minière qu’ont connue la plupart des villes moyennes. Les événements proposés sont juste une « thérapie psychologique face aux réels problèmes des centres-villes » des villes moyennes2 . Ils ne s’inscrivent pas concrètement dans le temps, car éphémères et ne permettent pas aux villes moyennes de se développer

durablement. Face au délaissement des subventions de l’état pour une restructuration en profondeur des villes moyennes en France, la plupart d’entre elles ont particulièrement décliné d’années en années. Après la seconde guerre mondiale, les villes moyennes représentaient le bassin ouvrier de la France. De nombreuses usines de manufactures et industries se sont implantées, proposant des emplois pour les moins qualifiés et pour la population venant du monde rural et issue de l’immigration3. Ceci a contribué à créer une économie rurale. Mais qui, en réalité, était très instable à cause du fonctionnement de ces villes. Les villes moyennes, sous le principe du fordisme des Trente Glorieuses ont simplement été considérées comme des villes productives4 sans capacité d’aller au-delà de la production. Des villes de « moyens 5 » où c’était un bon « moyen d’exploiter des gisements de main d’œuvre6 » pour les plus grandes villes. La crise industrielle des années 1970 a provoqué la fermeture de la plupart des usines et industries, mettant au chômage ou en difficulté les populations de cette partie de la France. Durant cette crise, le délaissement et la décentralisation de l’état par rapport aux villes moyennes a encore plus creusé l’écart entre les grandes villes et les autres villes plus petites. Ce qui a provoqué la fermeture de nombreuses unités publiques (casernes, hôpitaux ...) formant les déserts médicaux et des pertes d’employés spécifiques. L’exode rural a provoqué le vieillissement de la population des villes moyennes7 (pour plus d’informations voir annexe 1 p. 92 ), car la plupart des emplois proposés étaient situés dans les grandes villes, provoquant le départ des professions intellectuelles et des cadres supérieurs vers les métropoles ou encore en périphérie des villes moyennes : parce que les conditions de vie sont plus agréables en périphérie (phénomène contraire aux métropoles françaises). Ces faits entraînent aussi la désertification commerciale des centres-villes au profit des grands centres commerciaux en périphérie. Toutes ces évolutions socio-démographiques8 traduisent une évolution négative des villes moyennes actuelles du point de vue économique et urbain (voir annexe 2p. 94). Cependant, les villes moyennes ont de nombreuses potentialités qui leurs donnent une valeur unique dans le

1. Les villes moyennes françaises sont les villes qui ont entre 20000 et 100000 habitants selon la FVM (Fédération des Villes Moyennes) regroupant plus d’un quart de la population française et 80% du territoire français, selon Christian Perret (président de la FVM) 2. Olivier BERLIOUX et Franck GINTRAND, « Pour les villes moyennes, demain, il sera trop tard », paru dans Slate le 11 juil. 2014, consulté le 05/03/2017, URL : http://www.slate.fr/story/88883/villes-moyennes-demain-il-sera-trop-tard 3. Frédéric Santamaria, « Les villes moyennes françaises et leur rôle en matière d’aménagement du territoire : vers de nouvelles perspectives ? », Norois [En ligne], 223 | 2012, mis en ligne le 28 février 2014, consulté le 08 mars 2017. URL : http://norois.revues.org/4180 ; DOI : 10.4000/norois.4180 4. Voir document annexe 1 p. 93: Figure 3 Récapitulatif des schémas de fonctionnement du modèle de Taylor 5. Tiré de Ph. AYDALOT, Dynamique spatiale et développement inégal, Paris, éd èconomica, 1979, p. 556-558 6. Tiré de Michel Michel. , Ville moyenne, ville-moyen, Annales de géographie, Paris, n° 478, 1977, p. 641-685 7. Jean-François LEGER, « L’évolution sociodémographique des villes moyennes de 1968 à 2006 », Espace populations sociétés [En ligne], 2011/3 | 2011, mis en ligne le 31 décembre 2013, consulté le 4 mars 2017. URL : http://eps.revues.org/4701 ; DOI : 10.4000/eps.4701 8. Voir document annexe 2 p.94-95 : Tableau 1 et figure 2 : Composition socio-démographique de la France de 1968 à 2006 : classification et cartographie

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Tableau 1 : Positionnement des villes moyennes selon leur dynamisme économique et la distance* de la métropole la plus proche (*N.B. : Proximité=moins de 110 km, éloignement=plus de 140 km,Ecart de dynamisme de +/- 5% sur la période 1982-1999 ).

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L e s v i l l e s m oy e n n e s : d e s e s pa c e s c e n t r a u x a u x m u lt i p l e s p o t e n t i a l i t é s

Grandes villes

Effet d’arrière-pays touristique Éloignement de la «concurrence» des grandes villes

Ressources rurales

Attraction touristique

Déconcentration, maintien d’emplois

Lieux centraux : villes moyennes

Services ruraux Diversification des revenus des ménages double-actifs

Espace résidentielle de la ruralité Actifs navetteurs

Accès aux services urbains

Dépendance à la voiture Figure 2 : Les inter-relations entre ville et campagne

Source : D’après l’article de Sylvie Dubuc, « Dynamisme rural : l’effet des petites villes », L’Espace géographique, 2004/1 (tome 33), p. 69-85. Revu par Marina GARNIER Site web : http://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2004-1-page-69.htm

paysage français. Aujourd’hui, il y a une véritable colère qui émane de ces villes moyennes et de la « France périphérique9 » . Cette colère se traduit notamment dans l’émergence des partis d’extrême droite au sein de ces villes. La baisse progressive du pouvoir d’achat, suite à la crise de 2008, et l’inégalité des factures énergétiques10 des foyers dans le milieu rural et les petites villes a commencé à impacter les mentalités de chacun, afin qu’ils réfléchissent à des alternatives. En effet, de plus en plus de personnes optent pour le covoiturage quotidien pour aller au travail, grâce à des plateformes internet adéquates11, ou revendiquent la disponibilité des transports en commun dans leur ville. Mais encore, la dépendance des petites entreprises à l’économie des plus grandes, a participé à l’envolée des monnaies locales et à la volonté d’indépendance de certaines économies locales. Finalement, l’inadéquation de la politique face aux problèmes des villes moyennes, notamment les problèmes de désertification commerciale ( « Laisse moi construire mon supermarché, je financerai ton club sportif 12 ... »), ou encore la fermeture progressive des services publics ont permis à ces populations de s’adapter et ainsi d’aller audelà des lois politiques. C’est la solidarité citoyenne qui a permis de créer des plateformes solidaires et sociales. La géographie et l’implantation des villes moyennes sur le territoire français leur donnent un rôle de transition13 entre les grandes villes et les communes rurales alentour (voir figure 2). Elles ont en effet un système de gouvernance à échelles multiples. Elles servent d’intermédiaires et d’espaces-relais pour des pôles administratifs, éducatifs et politiques. Ce rôle d’intermédiaire peut être bénéfique ou non selon son histoire, sa position géographique et sa relation avec le milieu alentour (métropole, territoire régional : voir tableau 1 et figure 1 p. 12). Cette position très proche des terres cultivables leur offre des possibilités non négligeables en faveur d’un marché local très populaire et d’une économie en circuit court. Tous ces différents facteurs positionnent la ville moyenne comme un bassin de vie très intéressant pour initier la transition écologique de la population française. En effet, « la ville en Transition14 » initié par Rob Hopkins, enseignant en permaculture en Angleterre, se définit

comme un mouvement social permettant de connecter la population et en même temps les savoirs de chacun afin d’assurer l’indépendance au pétrole et aux énergies polluantes. Selon les principes de dépendance à l’alcool ou au tabagisme, le mouvement en transition vise à détacher les individus de la dépendance aux hydrocarbures. Chacun de nous a un rôle pour la transition, et c’est dans cette dynamique citoyenne que le mouvement s’immisce. Il n’est pas dépendant d’un système, ni d’une gouvernance politique et c’est ce qui lui donne sa force. S’il ou elle peut arriver à devenir un « transitionneur », alors pourquoi pas moi ? L’association des citoyens permet, grâce au manuel de Transition, une réflexion commune autour d’axes comme la nourriture, l’eau, les transports, l’économie et les énergies disponibles. Ainsi la proximité du milieu rural est plutôt favorable pour le bien-être des villes moyennes et l’amorce de ce mouvement. La faible densité de ce type de ville favorise la création du lien social et donc la connexion des savoirs et expériences de chacun. L’apprentissage en prenant en compte les capacités de chacun, de manière horizontale, forme l’un des éléments incontournables des principes de transition. L’attachement de la population au patrimoine y est également très fort. Nous pouvons également nous apercevoir que les mentalités changent de plus en plus en faveur d’une consommation, d’une nourriture plus raisonnée et plus locale. La connexion des politiques urbaines des villes moyennes avec les producteurs locaux, et les bons produits présents dans leurs marchés15 n’est pas forcément évidente dans toutes les villes moyennes, mais il existe quand même des relations étroites entre ces deux acteurs de l’urbanisation de la ville. Les marchés de produits locaux sont une véritable force et une véritable fierté pour les producteurs du terroir. Les relations aux territoires ruraux sont donc très importantes pour assurer une dynamisation des territoires qui bordent les villes moyennes. La ville d’Albi qui aspire à une autosuffisance alimentaire d’ici 2020, l’a bien compris. Les collectivités territoriales tentent de travailler ensemble afin de pouvoir produire localement les produits de base de l’alimentation des Albigeois et ainsi redynamiser cette ville et ces bordures,

9. Christophe GUILLUY, La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires, France, éd Flammarion, Sept 2014, 192p 10. Débat sur la péréquation tarifaire par les maires de la FVM selon un article de Yannick Régnier, «Péréquation tarifaire de l’électricité : un mythe français à mettre en débat», dans Territoires à énergies positives, le 08/05/2014, URL : http://www.territoires-energie-positive.fr/opinions/perequation-tarifaire-de-l-electricite-un-mythe-francais-a-mettre-en-debat 11. Par exemple le site Transport 64,(s.d), Transport 64 Covoiturage, URL : http://www.transports64.fr/Covoiturage-21, consulté le 30 mars 2017 12. Xavier de JARCY et Vincent REMY, «Comment la France est devenu moche ?», Le monde bouge [En ligne]. Télérama publié le 13/02/2010, consulté le 19/03/2017, URL : http://www.telerama.fr/monde/comment-la-france-est-devenue-moche,52457.php 13. Nicole COmMERçons et Pierre GEORGES, Ville de transition, Paris, Édition Anthropos, 1999, 221p 14. Rob Hopkins, Manuel de la transition, de la dépendance du pétrole à la résilience locale, Québec, Collection Guide pratique, , Édition Ecosociété, 2010, 212p 15. Clément Arnal, « L’agriculture, élément de la qualité de vie des villes moyennes », Revue d’Économie Régionale & Urbaine, publié le 2 avril 2012, p. 245-264. DOI : 10.3917/reru.122.0245. URL : http://www.cairn.info/revue-d-economie-regionale-et-urbaine-2012-2-page-245.htm

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Activité agricole

La ville moyenne : un espace propice à une évolution vers la ville en transition


qui ont du mal à garder leurs commerces de bouche dans le cœur de la ville. Pour autant, Albi détient un patrimoine agraire assez imposant au sein du département du Tarn. Cependant il est important de se poser la question de la possibilité de l’autosuffisance alimentaire. Est-il vraiment possible d’aspirer à ce que toute une population consomme les produits locaux ? Il existe autant d’arguments favorables qu’opposés à l’autosuffisance alimentaire. Nous pouvons considérer la répartition des bassins de production locaux comme favorable à la consolidation de la production et de la distribution alimentaire, augmentant la résilience alimentaire d’un pays. D’autant plus que la conquête de l’autosuffisance alimentaire permet de reconnecter les habitants à leur terre nourricière. Qui dit autosuffisant, dit produire sa nourriture soi-même afin d’avoir les ressources nécessaires pour subvenir à ses besoins essentiels. La diversité agricole s’est petit à petit dissoute au profit des grosses exploitations en monoculture, disséquant les terres à l’aide de pesticides et d’engrais chimiques. L’autosuffisance alimentaire permet d’augmenter cette diversité en favorisant le développement des petits exploitants. Il est alors possible de produire des aliments d’une manière plus respectueuse de l’environnement sans dégrader la terre. L’accessibilité aux produits sains s’accroît. De plus, ne pas avoir recours à des dépenses pétrolières énormes permet une consommation alimentaire indépendante du cours du pétrole et des crises économiques que cela engendre. En revanche malgré tous ces arguments, certains chercheurs, notamment ceux de l’institut Molinari, restent sceptiques vis à vis de la reconcentration des bassins de production sur des territoires plus petits. Ces chercheurs prônent plutôt une libéralisation de la production à l’échelle mondiale. En effet, ils mettent en avant la fragilité des produits en cas d’épidémie ou de catastrophe naturelle, rendant la sécurité alimentaire impossible à assurer. De plus, même si la production raisonnée pollue beaucoup moins, les serres de production exigeraient plus d’énergie que de transporter les denrées produites dans d’autres pays, dont les conditions sont plus favorables16. Face à ces arguments mitigés sur la question de la possibilité d’autosuffisance, le débat est sans fin. Après tous les résultats montrant comment l’agriculture mondialisée tue nos producteurs, nos produits et les habitants, il serait peut-être temps de changer notre manière de produire notre alimentation... L’autosuffisance alimentaire appliquée concrètement à une ville, comme celle d’Albi, provoque de

véritables modifications pour la gestion territoriale. Elle permet de changer les mentalités et de renseigner la population sur de nouvelles méthodes de consommation raisonnée, en leur montrant qu’il existe des alternatives possibles. À Albi, c’est le monde associatif qui a tout d’abord fait bouger le décor planté depuis 60 ans. Sur la question de l’alimentation, les « Incroyables Comestibles » font un travail remarquable d’éducation à une consommation raisonnée. Ce mouvement est animé par la volonté de nourrir sainement l’être humain et de le reconnecter à la terre nourricière dans les villes, par l’implantation de jardins partout où il est possible de jardiner en ville17. Ils rappellent aux habitants que la terre est à tout le monde, en indiquant que les fruits et légumes sont en libre service. La terre est également nourricière en ville, une notion peu présente dans la conscience des citadins. Les Incroyables Comestibles, avec des actions surprenantes, mettent en place un processus de mise en réflexion de la population. Les jardins dans des zones tendues à Albi, forment d’excellents lieux de retrouvailles, d’échanges et d’évasions. Les habitants n’y partagent pas seulement des fruits et des légumes mais aussi « des connaissances et des astuces sur les dernières recettes possibles avec ces légumes ou encore des techniques de recyclage 18 » . Ces jardins ont eu un impact pour la ville d’Albi. Notamment sur deux secteurs intéressants qui sont la politique et la pédagogie. Ainsi, la permaculture est avant tout une manière de pensée, de vivre, une éthique donc. Cet art de vivre a été créé par David Holmgren et Bill Mollison. Ils proposent tous deux comme alternative pour l’homme, la création de « système[s] évolutif[s], intégré[s], d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme19 ». Au départ, les Incroyables Comestibles utilisent cette science dans le jardinage, parce que c’est un domaine où l’humain est très sensible. En effet, toutes espèces vivantes sont dépendantes de la nourriture et ne peuvent vivre sans se nourrir. Dans les jardins, la population apprend comment cultiver autrement et surtout le plus économique possible. Lorsque les habitants voient qu’il est possible de faire autrement, grâce notamment à la permaculture, ils vont être plus sujets à accepter un autre mode de vie, fondé sur la résilience. Les jardins des Incroyables Comestibles correspondent donc à des leviers pédagogiques, afin d’inculquer des savoirs plus complexes à la population. Comment mieux s’alimenter avec des techniques de compostage et de tri des déchets ? Une boucle alimentaire

16. Pierre Desrochers et Hiroko Shimizu, L’autosuffisance alimentaire n’est pas gage de développement durable, dans Cahier de recherche de l’Institut économique Molinari, Cahier 1010, Octobre 2010, consulté le 10 juin 2016, URL : http://www.institutmolinari.org/IMG/pdf/cahier1010_fr.pdf 17. Définition tirée du site des Incroyables comestibles, (2013), Qui sommes-nous ?, En ligne sur lesincroyablescomestibles.fr, URL: http://lesincroyablescomestibles.fr/qui-sommes-nous-2/, consulté le 10 juin 2017 18. Interview de Pascale des Incroyables Jardiniers d’Albi, disponible annexe p. 101 19. Propos disponible dans David Holmgren et Bill Mollison, Permaculture One : A Perennial Agriculture for Human Settlements, Melbourne , édition Transworld., 1978, p 15

se forme alors, dans laquelle les produits qui ne sont pas consommés repartent dans les jardins sous forme d’engrais naturel. La science de la permaculture, signifiant « permanent culture » soit la culture de la permanence, est à la base de leurs actions pédagogiques. La permaculture ne peut pas se définir seulement par des techniques agricoles qui changent la vision que nous pouvons avoir du jardinage. En réalité, pour l’agriculture, ce sont des techniques anciennes de polyculture ou d’associations de plusieurs espèces calquées sur ce que nous pouvons observer de la nature. Il existe des combinaisons d’espèces possibles, qui entre elles forment un cercle se complétant afin d’être le plus résilient possible. Ce sont donc des plantations qui n’ont pas besoin d’intrants chimiques et qui participent au réenrichissement organique des sols, devenus pauvres en matières organiques. Les politiciens d’Albi ont récupéré la dynamique implantée par les Incroyables Comestibles pour l’étendre jusqu’à l’autosuffisance alimentaire. Initialement, ce n’était pas du tout dans la volonté des associations d’amener la ville à être autosuffisante. Les jardins étaient seulement destinés à sensibiliser la population. Aujourd’hui il existe même un élu à l’autosuffisance alimentaire, Jean-Michel Bouat, chargé à la mairie du bon fonctionnement de cette volonté de la ville. D’ici 2020, la ville d’Albi devrait être autosuffisante. Toute cette émulsion d’idées a réussi à promouvoir la ville d’Albi au premier plan de certains médias nationaux comme France2. Alors, simple coup médiatique ou véritables politiques urbaines ? La conquête de l’autosuffisance alimentaire a finalement fait bouger les lignes autant dans le domaine pédagogique que politique. C’est donc un changement vers un respect plus généralisé des terres agricoles du Tarn qui voit le jour. Mais, toutes les parties interrogées jusqu’ici s’accordent à dire que l’autosuffisance alimentaire est impossible ! Néanmoins la médiatisation du sujet rend celui-ci populaire, plus acceptable et plus atteignable. Que ce soit les politiques, les lycées et les associations citoyennes, tous rendent le sujet plus abordable pour la population et donnent un nouvel élan à l’écologie et au respect du territoire. Il s’agit dans ce mémoire de requestionner une partie de notre société actuelle encore régie par un gouvernement minoritaire détenant le pouvoir sur une population majoritaire. Ces arguments peuvent nous permettre de nous interroger sur nos modes de vie occidentaux par le biais de l’alimentation. Par l’exemple de la ville moyenne, qui aujourd’hui doit faire face à de nombreux problèmes économiques, urbanistiques et d’attractivité, ce mémoire permet de formuler une interrogation sur ce que peut apporter la conquête vers l’autosuffisance alimentaire pour des territoires urbains.

Qu’est ce que cette conquête vers l’autosuffisance alimentaire peut apporter à une

ville moyenne comme celle d’Albi, et comment est-il possible de l’envisager pour une ville entière ? Étant donné la position privilégiée des villes moyennes entre campagne et métropole (voir figure 2), celles-ci disposent de multiples potentialités pour initier ce mouvement et ainsi permettre de se donner un certain rôle dans la géographie française. Enfin la question de l’agriculture en ville et les relations que peuvent avoir un centre urbain et sa campagne deviennent essentielles lorsque l’on parle de transition. Les grandes surfaces qui occupent du foncier aux entrées des villes, détiennent la plupart du marché en vendant des produits peu cher : faciles d’accès car les parkings sont situés à proximité et pratiques parce qu’on y trouve souvent tout ce que l’on recherche dans un hypermarché (nourriture, produits d’entretien, cosmétiques... ). Cependant, cela s’avère peut-être n’être qu’un gain de temps. En effet, la qualité est souvent médiocre et l’empreinte carbone de ces produits-là sont beaucoup plus élevées qu’un produit venant des environs. Devant les changements progressifs de mentalité de chacun, la tendance va de plus en plus vers une consommation raisonnée et respectueuse de l’environnement pour ce qui est de l’alimentation, en achetant à des producteurs locaux. Dans un premier temps, ce mémoire vous présente les grands principes de l’autosuffisance alimentaire ; comment il est possible d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et par quels moyens y parvenir ; quel est le sens à donner à cette idée ; quel est le rôle de la transition écologique dans la quête de l’autosuffisance. Ces notions seront étayées d’un exemple concret: le cas d’Albi dans le Tarn dont la politique de la ville est de revendiquer le fait d’atteindre l’autosuffisance alimentaire d’ici 2020 ; comment cette nouvelle politique urbaine change-t-elle la ville d’Albi autant physiquement que mentalement pour ces habitants ; et pour aller plus loin, comment les villes moyennes françaises peuvent-elles tirer leur épingle du jeu face à l’aspiration des ressources en faveur des métropoles. Si pendant une trentaine d’année, les villes moyennes changeaient leur image avec des événements éphémères, les projetant au devant de la scène, que pourraient-être aujourd’hui, les méthodes utilisées pour que les villes moyennes françaises se mettent en avant ? La monopolisation politique de ce mouvement n’est pas forcément une mauvaise chose pour Albi. Le fait de promouvoir une politique agricole innovante basée sur des techniques respectueuses de l’environnement est peut être dans les tendances actuelles mais ceci pourrait aussi inspirer d’autres villes moyennes avec des potentiels agricoles équivalents, et pourquoi pas changer la consommation alimentaire française et l’urbanisation des villes françaises ?

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La ville en transition : un développement urbain concret vers la résilience


Dès le départ, le sujet reposait sur des initiatives de transition en France, notamment sur trois cas en particulier : ceux d’Albi, de Villeneuve sur Lot et de Cahors. J’ai eu l’opportunité de m’entretenir avec des membres des « Incroyables Jardiniers d’Albi », des «transitionneurs» et un élu local à l’autosuffisance alimentaire. Ces entretiens m’ont semblé tellement intéressants et riches en informations, que la question de l’autosuffisance alimentaire et la possibilité de subvenir à nos besoins est devenue une problématique recentrée sur le thème de la transition et de l’alimentation. L’analyse s’est donc peu à peu resserrée sur la question de la possibilité pour une ville de subvenir à ses besoins alimentaires seulement par le biais d’une activité locale. Enfin, ces recherches se fondent aussi sur de nombreux articles de chercheurs, urbanistes, géographes, etc, afin de connaître plus exactement le territoire dans lequel mon mémoire prend exemple. Par ailleurs, l’approfondissement de cette investigation a permis d’établir des hypothèses sur la relation entre villes moyennes et leurs problématiques actuelles pour permettre de savoir, s’il est plus facile d’être autosuffisant pour une ville moyenne que pour une métropole. De plus, mon cas d’étude est basé sur des faits réels et ancrés dans le présent. En effet la ville d’Albi est aujourd’hui même dans cette politique urbaine de conquête vers l’autosuffisance alimentaire. Il se peut alors que certaines informations entre le temps de lecture et le temps d’écriture, aient changé. Veuillez m’excuser si quelques informations sont, à ce jour, erronées. Mon mémoire est « sourcé » d’informations qui datent de 2017 et de faits antérieurs. Nous n’avons donc qu’une moyenne certitude sur certaines informations rencontrées au cours de ce mémoire. Néanmoins, celui-ci traite la plupart des questions posées et essaie d’y apporter des réponses concrètes.

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Méthodologie


L’a u t osuff i s a n c e a l i m e n ta i r e Rêve ou réalité ?

I

I

L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e s , u n r ê v e à réaliser ?

?

Avec la montée en puissance, dans les débats publics, des alternatives citoyennes en faveur de la transition écologique et de la relocalisation des ressources pour une conservation du territoire locale, comment est-il possible d’envisager l’autosuffisance alimentaire pour une ville entière et quelles en sont les impacts ?

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Q u a n d A l b i V E U T c o n q u é r i r S O N A U T O S U F F I S AN C E ALIMENTAIRE


I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

1940

1 CALORIE

D’énergie fossile

2,3 CALORIES

De nourriture

2014

7 CALORIES

1 CALORIE

De nourriture

D’énergie fossile

Figure 3 : Besoins en énergie fossile de la production alimentaire

Source : Vidéo youtube #DATAGUEULE, «Agriculture industrielle : produire à mort», producteur IRL, réalisé par Henri Poulain, Site web : https://www.youtube.com/watch?v=3rtEMp8_7z4

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Quantité

Disponibilité - Production nationale / locale - Niveaux de stocks - Capacités d’importation - Aide alimentaire

Qualité

Accès - Pouvoir d’achat - Niveau de prix (stabilité des marchés) - Infrastructure - Stabilité politique

Stabilité

Salubrité

- Accès permanent et durable aux ressources alimentaires

- Qualité sanitaire et hygiénique -Innocuité des aliments -Equilibre nutritionnel

Figure 4 : Les différentes composantes de la sécurité alimentaire

Source : MONTFORT Paul-Florent, «La sécurité alimentaire : un enjeu politique d’actualité», in Momagri, date de publication inconnue, consulté le 17 juin 2017 Site web : http://www.momagri.org/FR/articles/La-securite-alimentaire-un-enjeu-politique-d-actualite-_471.html

NB : la majeure partie des définitions qui sont reprises dans ce document sont des formules issues sauf avis contraire des textes officiels des organisations internationales, afin de préserver du mieux possible leur vocation universelle. C’est pourquoi, si la plupart entendent la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, elles se déclinent facilement à l’échelle des pays.

A) L’autosuffisance alimentaire est-elle vraiment envisageable? 1) Les motivations en faveur de l’autosuffisance alimentaire : Finalement, pourquoi devenir autosuffisant alimentairement ? Tous les pays œuvrent depuis des années pour leur sécurité alimentaire. En France la sécurité alimentaire est assurée grâce aux exportations et importations de biens venant d’autres nations. Cependant, comme mentionné précédemment, d’après de nombreux chercheurs, le pic pétrolier va être atteint d’ici une dizaine d’année, incluant des difficultés supplémentaires pour les échanges. La sécurité alimentaire de certains pays serait donc compromise. Au vue du manque de ressource et de pétrole, combiné à l’augmentation progressive de la population, doit-on réinterroger notre manière de produire notre alimentation et tout simplement notre façon de s’alimenter ? L’agriculture est aujourd’hui, encore plus qu’hier, entièrement dépendante du pétrole 23 (Voir figure 3).Les machines, les pesticides et engrais, le chauffage des serres et le pompage de l’eau ... tous ces paramètres ne pourraient être réalisés sans pétrole. Ou alors à des coûts exorbitants. Ce qui provoquerait à long terme une augmentation du

prix des denrées et la diminution de la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, la plupart des agriculteurs français sont endettés à cause de la « pétrolisation » de l’agriculture. En 1940, il fallait une calorie d’énergie fossile pour produire 2,3 calories de nourriture. Aujourd’hui, environ 7 calories d’énergie fossiles sont nécessaires pour une de nourriture. Comme l’indique le diagramme (Voir figure 4) cicontre, la sécurité alimentaire est assurée grâce à une alimentation de bonne qualité et en quantité suffisante pour la nation. Les critères de quantité se basent sur un accès convenable et simplifié à la nourriture ainsi qu’une disponibilité à toute épreuve. C’est à dire avoir une production locale et nationale équilibré afin que chaque individu ait sa part alimentaire. Via Campesina (« La voie paysanne » en espagnole) est un mouvement qui se dit indépendant de tout organisation politique, économique ou religieuse. C’est « un mouvement international qui coordonne des organisations de petits et moyens paysans, de travailleurs agricoles, de femmes rurales, de communautés indigènes d’Asie, des Amériques, d’Europe et d’Afrique. Ce réseau a vu le jour en 1993 » 24 . La quête de la souveraineté alimentaire, définie pour la première fois en 1996 par Via Campesina, est un droit international qui laisse la possibilité aux pays de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations sans impact négatif sur les populations d’autres pays. Elle accorde une importance aux conditions sociales et environnementales de production des aliments et prône un accès plus équitable à la terre pour les paysans 25 . D’après Via Campesina, la souveraineté alimentaire s’acquiert en développant les bassins agricoles de proximité destinés en majorité à alimenter les marchés régionaux et nationaux. Et non de développer des exportations massives de denrées à une échelle mondiale en appauvrissant certains pays producteurs, en polluant la planète et en appauvrissant les producteurs sur leur territoire. En cause, les grandes chaînes de distribution qui monopolisent le marché mondiale, en spéculant sur la marchandise, au détriment des petits producteurs. L’autosuffisance alimentaire permettrait de recentrer les ressources alimentaires sur une zone plus restreinte et ainsi permettre aux petits exploitants de

20. Pour plus de détail sur le pic pétrolier, voir annexe 3 p. 108 21. Benoît Thévard, «Les leçons de la pénurie d’essence», dans Regard Critique, 25 mai 2016, URL : http://www.avenir-sans-petrole.org/article-lesle-ons-de-la-penurie-d-essence-62892606.html 22. Nicole FERRONI, «L’agriculture, belle et noble, de plus en plus laide en France», émission radio Le Billet de Nicole Ferroni sur France Inter, publié le 25/10/2017, consulté le 27/10/2017, URL : https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-nicole-ferroni/le-billet-de-nicole-ferroni-25-octobre-2017 23. Esther VIVAS, «Une alimentation accro au pétrole», dans Publico.es, le 04/05/2014, traduit par Ataulfo Riera, URL : https://esthervivas.com/ francais/une-alimentation-accro-au-petrole/ 24. Définition tiré du site internet Wikipédia,(2017), Via Campesina, URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Via_Campesina, consulté le 18 mai 2017 25. Définition tiré du site internet Aquitaine Décroissance, (2011), L’autonomie alimentaire en France, URL : https://aquitainedecroissance. org/2011/02/08/lautonomie-alimentaire-en-france/, consulté le 17 juin 2017.

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Sécurité alimentaire

Au vue de la dépendance croissante de nos sociétés au pétrole, la question de la relocalisation des ressources s’avère être un élément important face au pic pétrolier20 pouvant mettre en danger notre société. Être autonome énergétiquement et alimentairement dans les années à venir pourrait être une solution afin de faire face à la pénurie de pétrole. À l’heure actuelle, « si les camions cesseraient de rouler, en 4 jours les rayons des supermarchés seraient vides21 ... » . Ce qui pose un réel problème sur la capacité de la France à se nourrir en cas de crise. La France possède un patrimoine agricole exceptionnel comparé à d’autre pays. Pourtant l’état de l’agriculture française n’a jamais été aussi critique qu’aujourd’hui 22! Pendant que ces débats font rage dans les médias, certaines villes décident de s’affranchir du monopole des gros producteurs et du pétrole de plus en plus cher, en devenant autosuffisant.


Niveau d’endettement des petits producteurs

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

+ 175%

57 900 €

159 700 €

1980

2010

÷4 2 000 000

500 000

1955

2010

Figure 5 : Les grandes distribution au détriment des petits producteurs

Source : Vidéo youtube #DATAGUEULE, «Agriculture industrielle : produire à mort», producteur IRL, réalisé par Henri Poulain. Repris par Marina GARNIER Site web :: https://www.youtube.com/watch?v=3rtEMp8_7z4

population est de plus en plus sensible à ce qu’elle mange. Notamment à la qualité des produits achetés ainsi que leur prix. Il existe une progression de la présence des classes populaires dans les marchés locaux et bio car la population est de plus en plus sensible aux problèmes de malbouffe. Cependant, pour le moment, les produits dit « locaux, bio ... » sont encore plus cher que les fruits, légumes et viandes issus d’une agriculture industrialisée. C’est encore le gros problème qui décourage une grande partie de la société à consommer bio et local. La relocalisation de l’agriculture permettrait la création d’emploi stable, la protection des petits producteurs déjà implantés, mais aussi une nouvelle manière de créer de la richesse localement. Les petits producteurs locaux permettent un ancrage de l’agriculture dans un bassin plus restreint mais aussi de tous les dérivés de l’agriculture (restauration, composteurs, vendeurs, cuisiniers ...) 28 à contrario des grandes surfaces qui ne redistribuent pas les richesses sur le territoire et ne permettent pas, aux employés, de grandes opportunités pour gravir les échelons. Plus globalement, l’installation de culture maraîchère dans des zones urbaines permettrait de préserver les territoires arables et d’avoir des bassins de production au sein même des villes. Assembler urbanité et ruralité sur des territoires qui ont besoin d’être préservés contre l’aseptisation des sols et un urbanisme fonctionnelle colonisateur d’espace, autorise la démultiplication de possibilités et la richesse d’un territoire. La quête de l’autosuffisance vise à faire changer les mentalités et, peut être considérée comme un moyen de réfléchir sur de nouvelles manières de fabriquer la ville.

26. Interview de Nicolas Metzdorf, «Produire local, c’est produire de la richesse et de l’emploi», émission radio Océane FM, le 22 sept. 2016, URL : http://sound.caledonie-ensemble.com/index.php?a=track&id=73 27. Laurence de CHARETTE, «Les précédents scandales alimentaires», article Le figaro, publié le 11 Fèv. 2013, URL : http://www.lefigaro.fr/actualitefrance/2013/02/11/01016-20130211ARTFIG00432-les-precedents-scandales-alimentaires.php 28. Vidéo youtube #DATAGUEULE, «Agriculture industrielle : produire à mort», sur le site internet Youtube, producteur IRL, réalisé par Henri Poulain, publié le 6 Fèv. 2017, consulté le 20 Fèv. 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=3rtEMp8_7z4

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Nombre de petits producteurs en France

jouir de la demande locale 26. D’après une étude réalisée et retranscrite sur le web, le niveau d’endettement des agriculteurs en France aurait augmenter de 175% en 30 ans (voir figure 5) ; tout ceci au profit des grands producteurs, qui d’ailleurs prennent le pas sur les petits. Leur nombre en activité a été divisé par quatre depuis 1955 ! Depuis environ 25 ans, l’état de l’agriculture mondiale est en danger avec des exportations de plus en plus importantes et inégales, renforçant le creux entre des pays assurant de moins en moins leur sécurité alimentaire et d’autres souffrant d’obésité. Ces exportations de masses influent aussi sur la qualité des produits qui arrivent sur nos étals. Ayant parcourus des kilomètres dans des bateaux, camions ... passant à plusieurs températures différentes, ces conditions peuvent altérer la qualité de la nourriture. De plus, la plupart des fruits et légumes ne sont même pas récoltés mûrs et n’ont donc plus de goût lorsque nous les achetons au supermarché. Les exportations d’aliments diminuent la qualité des denrées mais aussi augmentent les dépenses pétrolières. Le but des techniques de l’agriculture dite industrielle ou intensive est un rendement des plus optimal. La mécanisation de l’agriculture a finalement pu accroître les rendements de la terre mais aussi le profit humain. C’est la machine qui fait le travail des autres agriculteurs, donc pas besoin de salaire supplémentaire. Tout ceci en abaissant la qualité des sols. Même dans les élevages de bovins, ovins, volailles... Le rendement et le profit sont les mots ultimes auxquels les agriculteurs obéissent. Des techniques souvent barbares et stressantes pour les animaux sont mises en place dans le but d’optimiser la production de nourriture. Par exemple la distribution de farine spéciale afin que les vaches produisent plus de lait. Mais aussi des élevage de poules en bataille sans même qu’elles puissent voir la lumière du jour. Les nombreux scandales alimentaires (E.Coli, la vache folle, la langue bleu ...) sont dus aux mauvais conditionnements des animaux. Pour la maladie de la vache folle, déclarée sur 10 cas en 1996, les farines animales à base de cadavre de viande ont été mises en cause, alors que les vaches sont herbivores. La folie agricole humaine a réussi avec plus de moyen, à abaisser la qualité de la nourriture 27 . La valorisation du travail des petits producteurs respectueux de l’environnement, des animaux, des plantes contribuent à une production d’aliments sains en plus grande quantité, entraînant une plus grande accessibilité. La


La pomme de la discorde

« Sophie Dubois est productrice de pommes à Dardilly, charmante petite ville à côté de Lyon. Elle vend ses pommes dans toute la France mais a un peu de mal à joindre les deux bouts. La mairie de Dardilly veut l’aider et décide de promouvoir les producteurs locaux, donc Sophie est contente : elle va vendre plus de pommes. Les écologistes et les amis de la nature sont également contents. Au lieu de faire venir des pommes d’Espagne en camion, la Mairie les fera venir du champ d’à côté, ce qui évidemment est excellent pour le bilan carbone. Autre bénéfice, cela renforce l’économie locale : Sophie gagne plus d’argent, paie donc plus d’impôts et, qui sait, songera peut-être à embaucher un apprenti l’année prochaine.

Fruit et légumes : 905 000 tonnes/an 58 000 tonnes 165 000 tonnes

44 000 tonnes

55 000 tonnes

42 000 tonnes 23 000 tonnes

45 000 tonnes

Et puis la mairie de Caen, dans le Calvados, découvre les bonnes pratiques des autres mairies, et décide elle aussi de favoriser les producteurs locaux de pommes pour ses cantines. D’autant que les pommes, à Caen, on en produit un paquet. Mise à jour des contrats. Or Sophie vendait 8% de sa production à la mairie de Caen. Elle perd donc ce contrat au profit des producteurs caennais. Du coup Sophie est beaucoup moins enthousiaste quant au « consommer local ». Et ce d’autant que la mairie de Sarreguemines vient à son tour de décider de favoriser les producteurs locaux, et c’est un nouveau contrat de perdu pour Sophie 26 ... »

C L F é V é R R I g U é A u I A N m T L D e s E E s s s 14% 17% 69%

Demain ?

17.4 % Légumes Figure 6 : Que mangent des villes comme Paris et Rennes ?

Site web : http://alternatives.blog.lemonde.fr/2012/10/05/la-regionparisienne-est-tout-juste-autosuffisante-en-salade/

Aujourd’hui

5.9 %

10.1 %

19.8 %

Cependant même si l’autosuffisance alimentaire peut paraître une solution radicale mais bénéfique à l’environnement et à l’économie agricole, elle peut être dévastatrice sur plusieurs points. La relocalisation des ressources permettrait d’éviter l’usage de transporteur pour acheminer les produits jusqu’au lieu de vente ; et donc de faire des économies énergétiques et d’éviter la pollution émanant des pots d’échappement. Seulement en voulant éviter de polluer, en produisant localement, certains territoires ne sont pas adéquats pour la culture de certains aliments. Il existe des inégalités climatologiques sur le territoire français. Si certaines villes décident d’être autosuffisant, il faut produire tous les aliments dont les français ont besoin. Donc avoir recours à des systèmes refabriquant les meilleures conditions de culture pour les aliments. La culture sous serre dans des endroits qui sont peu favorable à la culture, est beaucoup plus consommatrice d’énergie polluante que l’exportation ou l’importation.

De plus la concentration des produits sur un même territoire est dangereux pour la propagation des maladies. Les cultures ne sont pas invincibles aux aléas climatiques, ce qui affaiblirait la sécurité alimentaire des villes. La libéralisation de la production alimentaire et les divers échanges entre villes, pays et continents ont permis de contrebalancer les divers problèmes pouvant avoir lieu sur un territoire agricole. Produire sur une zone plus restreinte et surtout concentrer toute la consommation sur cette zone peut, à long terme, avoir des répercussions sur les approvisionnements. Ces dangers pathogènes et climatiques auraient comme conséquence des fluctuations incessantes sur les prix des denrées alimentaires. Et comme l’indique le schéma sur la sécurité alimentaire (page 18),

3.6 % Œufs 8 % Viandes et poissons 10.6 % Produits laitiers

Source : Terra Eco , «La région Parisienne est tout juste autosuffisante en ... salade», in Le Monde Blog, publié le 5 oct. 2012 consulté le 13 juin 2017

2) L’autonomie alimentaire et son réel impact sur le territoire et les habitants

«Toutes les études sérieuses démontrent que les segments liés à la production (ensemencement, récolte, entreposage, transformation, etc.) ont un impact beaucoup plus significatif à ce niveau que le transport. Par exemple, aux États-Unis, une étude suggère que 4 % des émissions totales de GES associées à la nourriture proviennent du transport sur de longues distances tandis que la production des aliments en représente 83 %.» 29

Comparaison d’une consommation locavore avec la consommation alimentaire actuelle à Rennes

Philippe Silberzahn

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

1.5 %

c’est l’un des critères prépondérants pour éviter une crise alimentaire. Chaque territoire étant spécifique (régions Viticoles, Arboricole ...), l’autarcie qu’impliquerait une totale autonomie alimentaire dans les villes ne permettrait pas un développement de ces diversités. De plus si tout le monde faisait la même chose, le marché se fermerait petit à petit. Si chacun est autosuffisant, personne ne voudrait produire et échanger avec un autre. Ainsi l’agriculture a été libéralisé pour faire marcher au mieux la terre en monoculture ou bi-culture afin de faire fonctionner les échanges et à priori de cultiver la denrée la plus propre à leur champ 30 . Comme disait Platon, « ce qui donne naissance à une cité [est] l’impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même ». De même que le développement du marché local peut tuer à petit feu les petits producteurs. En effet, si chaque ville décide de promouvoir les producteurs de leur département, le marché devient beaucoup plus restreint pour chaque producteurs 31. L’exemple de la pomme de la discorde illustre bien un des dangers de consommer local (voir encadré) La diversité de ces approvisionnements pourrait également être limité. L’autonomie alimentaire se définit par une production de produits dans une zone précise ; où il est difficile de faire pousser tous les aliments que nous consommons. Or la consommation journalière des français concerne aussi des denrées impossible à produire sur le sol français, par exemple le riz, le café, le chocolat... La diversité des produits connue à l’heure actuelle est impossible à retrouver si nous nous limitons à une production régionale. D’autant plus que le régime alimentaire des français est basé essentiellement sur des produits animaliers (environ 69% des repas en île de France), plus complexe et plus polluant à produire. Il faudrait que la population française accepte de changer d’habitude alimentaire en adoptant un régime beaucoup plus légumineux (voir figure 6). L’organisation des territoires serait également susceptible de changer. Les terrains arables, depuis des années de périphéralisation des villes, se sont fait grignoter au profit de la construction de logements, de zones industrielles ou commerciales. Il faudrait inscrire dans les Schémas de Cohérence Territoriale, dans le Plan Local d’Urbanisme de chaque ville, une logique de conservation des territoires agricoles. C’est, cependant, une opération complexe pour les villes car chaque élu n’est pas susceptible d’avoir les mêmes opinions que son voisin. De même, les

29. Op. Cit Pierre Desrochers et Hiroko Shimizu, p. 16 30. Tribune de Thomas BINET et Amélie COLLE, «Peut-on vraiment rendre une ville autosuffisante en matière de nourriture ?», dans We Demain, publié le 27 avril 2017, consulté le 11 juin 2016, URL : https://www.wedemain.fr/Peut-on-vraiment-rendre-une-ville-autosuffisante-en-matiere-denourriture_a2662.html 31. Philippe Silberzahn, «Le vrai danger du consommer local», dans Le blog de Philippe Silberzahn, le 5 sept. 2016, consulté le 18 juin 2016, URL : https://philippesilberzahn.com/2016/09/05/le-vrai-danger-du-consommer-local/

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Consommation alimentaire en île-de-France


I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

Optimiser les terres agricoles

Planter des arbres fruitiers dans 10 % des équipements sportifs Consacrer30 % des forêts à la production de fruits à coques (châtaigniers, noyers) Installation d’une ceinture agricole de 6.3km de large autour de la métropole

Figure 7 : Que faut-il changer dans l’espace urbain pour devenir locavore ? L’exemple de Rennes

Source : Terra Eco , «La région Parisienne est tout juste autosuffisante en ... salade», in Le Monde Blog, publié le 5 oct. 2012 consulté le 13 juin 2017 Site web : http://alternatives.blog.lemonde.fr/2012/10/05/la-region-parisienne-est-tout-juste-autosuffisante-en-salade/

3) Un élan en faveur d’un changement global des mentalités Même si « les hypermarché et supermarché constituent [encore] les circuits de distribution les plus fréquentés par les consommateurs », 32 il existe une augmentation de la consommation de produits issus de l’agriculture biologique. Il y a une prise de conscience croissante sur la qualité des produits. Une étude démontre que la consommation de produits issus de l’agriculture biologique est en expansion constante depuis les années 2000 : «65 % des français déclarent en consommer régulièrement en 2015 (au moins une fois par mois) contre 37 % en 2003. Les surfaces agricoles en agriculture biologique sont en pleine expansion et représentent quelques 4,9 % des surfaces agricoles en France contre 2 % en 2007.» 34 Petit à petit, les habitants se soucient de ce qu’ils mangent,. D’après une étude sur les modes de consommation des ménages dans la grande distribution, les Français commencent « à consommer mieux, et moins». Nous arrivons enfin dans «une ère de décroissance en volume» 33 . L’évolution de la consommation alimentaire d’une population est en étroite corrélation avec les modifications technologiques, culturelles, économiques et sociologiques du pays. Avec l’arrivée des machines, robots et autres technologies, nous permettant de faire moins d’efforts, les habitudes alimentaires sont allées vers des aliments moins riches. Les progrès socio-économiques des foyers impliquent une amélioration et une diversification des produits alimentaires achetés 34. Les tendances affichent que certains individus n’hésitent pas à venir chercher leurs aliments dans des enseignes différentes (supérette, hypermarché, marché ...). Ce qui démontre une volonté chez les consommateurs, d’acheter des produits de qualité, de saison et si possible locaux. De plus en plus de français désirent aller vers des marchés locaux, où ils peuvent discuter et échanger avec celui qui a produit ces aliments. Mais c’est davantage pour des questions sanitaires que pour la préservation de l’environnement, que la population se tourne vers des alternatives d’achat35. Donc plus la production de produits sains est importante, plus les consommateurs vont se

32.. AURAN (Agence Urbanisme Région Nantaise), Pratique et tendances de la consommation alimentaire des ménages, Dossier de recherche, Nantes, publié en juin 2017, consulté le 17/09/2017, URL : http://auran.org/dossiers/pratiques-et-tendances-de-la-consommation-alimentaire-desmenages 33. Philippe BERTRAND, «Les Français ont changés leur habitude de consommation alimentaire», dans Les échos, [En ligne], publié le 24/02/2016,consulté le 17/09/2017, URL : https://www.lesechos.fr/24/02/2016/LesEchos/22136-077-ECH_les-francais-ont-change-leurshabitudes-de-consommation-alimentaire.htm 34. Informations disponible sur l’étude en ligne Ministère de la santé, Consommation alimentaire et état nutritionnel de la population vivant en France, date (s.d), URL : http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/conso.pdf 35. Ibid. AURAN, p.29

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Descriptif de la métropole Rennaise

terrains sont achetés à petits prix par les grandes chaînes de distributions. Ces opérations s’avèrent être de l’argent rapide que ce soit pour les propriétaires ou pour la mairie qui les revend. La second sujet de réflexion concerne la possibilité qu’a la France d’alimenter tous ces habitants. Ainsi, existe t’il assez de terrains cultivables pour la population ? En prenant l’exemple de Rennes, qui souhaite devenir une ville locavore, c’est à dire de ne consommer seulement des produits locaux, il faudrait transformer en maraîchage 50% de parcs, 50% des jardins privés, 40% des jardins publics ... Une opération difficile à mettre en place d’un point de vue juridique et économique, car il faudrait revoir les lois en profondeur, créer des emplois et en supprimer d’autres. Au niveau spatial, les espaces verts seraient également très complexe à gérer de manière écologique sans faire appel à des techniques chimiques. Qui plus est, il faut que ces terres soient optimisées afin d’avoir un rendement suffisant sans l’épuiser (voir figure 7), ce qui n’est plus le cas, étant donné la teneur en matière organique des sols urbains. Donc la possibilité ou l’impossibilité d’être autosuffisant sur le plan alimentaire, nous l’avons évoquée précédemment est un débat sans fin. Même si les recherches évoquant l’impossibilité d’être autosuffisant ont été réalisé par l’institut Molinari, partisan de la libéralisation de l’agriculture en cherchant à promouvoir une économie libérale et étant en faveur à la croissance (donc des recherches qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre), il n’est pas possible à notre époque d’être autosuffisant à 100%. Cependant ce débat fait bouger les mentalités et peut, à long terme, faire émerger des décisions plus censées et respectueuses de l’environnement. La conquête de l’autosuffisance alimentaire vise à protéger notre patrimoine agricole et à faire repenser notre manière de consommer la nourriture.


tourner vers ce type de marchandises. Cela soulève une autre question sur la production d’aliments biologiques par les producteurs. Est-ce que les agriculteurs produisent assez de produits d’origine biologique ? Il est très compliqué pour un producteur de se lancer dans l’agriculture biologique et d’être labellisé bio. La production d’aliment bio est d’abord incertaine, car «les agriculteurs ne sont pas formés à ce type de production» 36 . De plus, cela prend un temps indéfini selon les terrains pour passer à une agriculture bio (environ deux ans) pendant lesquels la production n’est pas garantie et où l’agriculteur n’a pas vraiment d’aide financière. Il est donc difficile au départ de réussir à gagner sa vie en passant au bio, même si c’est un secteur prometteur. Par ailleurs les subventions Européennes données par la PAC (Politique Agricole Commune) ne sont versées qu’aux agriculteurs ayant un certain nombre d’hectares. Les petits producteurs au dessous de ce cota ne peuvent vivre que de leur profit (d’ailleurs 30 % des agriculteurs gagnent moins de 354€/Mois ...)37. Beaucoup de critères pour dissuader les producteurs agricoles à produire des aliments dans le respect de l’environnement. Cette politique les poussent à produire toujours plus et donc à utiliser des produits chimiques améliorant la productivité de manière éphémère seulement. Si les producteurs sont de plus en plus bloqués dans leur pratique, c’est alors dans la manière de consommer qu’il faudrait changer les choses. De plus en plus de français se soucient de la provenance des aliments qu’ils achètent. Pour la viande par exemple, « ils sont ainsi près de 80 % à vouloir retrouver sur les étiquettes toute la vie de l’animal (comme c’est le cas actuellement pour le bœuf) : son lieu de naissance, mais aussi d’élevage et d’abattage 38 ». En effet, les diverses crises sanitaires dues à la provenance d’aliments périmés ou ayant des maladies font réfléchir la population. Tous ces scandales provoquent quelques réactions parmi les consommateurs qui se tournent, petit à petit, vers de nouvelles méthodes de consommation plus saines. Il y a une prise de conscience collective de l’état de nos assiettes en France. L’autosuffisance aide à réaliser qu’il faut consommer des aliments plus sains, comme des légumes issus des fermes environnantes ou labellisées bio. Longtemps vu comme des pratiques marginales réservées aux hippies,

le bio revient parmi les consommateurs ainsi que les classes populaires. Cette idée reçue : « consommer bio est réservé aux classes aisées », commence à disparaitre. Et si nous regardons les consommateurs de bio en France, nous pouvons remarquer que « les employés représentent plus d’un tiers des consommateurs de bio (35 %). Alors que les cadres et cadres supérieurs ne dépassent pas les 13 % » 39. Cette recherche met aussi en évidence le peu d’étudiants consommateurs de bio. Ils sont sûrement mal informés, car cette étude démontre que consommer bio n’est pas forcément plus onéreux. « Moins de 20 % des consommateurs de produits bio ont des revenus annuels supérieurs à 40 000 euros. Et près des deux tiers des amateurs de bio (57 %) gagnent entre 15 et 40 000 euros par an. Les moins aisés (avec des revenus annuels de 15 000 euros et moins), ne sont pas en reste et représentent plus de 20 % des consommateurs de bio 40 » . Cette présence de la classe moyenne dans ce type de consommation est encore en progression. Consommer bio n’est donc plus réservé aux classes les plus aisées. Elle est maintenant popularisée grâce à sa forte médiatisation mais aussi par l’accès de plus en plus facilité aux produits bio. La conquête de l’autosuffisance alimentaire est aujourd’hui un sujet d’actualité, mais vue sous un autre angle. Parler de l’autosuffisance aujourd’hui est une étape encore plus lointaine dans les nouvelles méthodes de consommation. Rien que dans l’énonciation du mot « autosuffisance », ceci provoque de fortes réactions parmi la population. Entre ceux qui pensent que c’est possible, d’autres non, l’autosuffisance fait débat. De plus en plus d’exemple de personnes autosuffisantes apparaissent dans la presse et les médias, comme cet exemple de famille entièrement autosuffisante au Canada41. Ceci provoque une prise de conscience de la population, d’autant plus que cette famille organise aussi des rencontres avec les voisins ou les habitants le désirant sous forme d’atelier d’échange. Il sont aussi présents sur les réseaux sociaux, en partageant leurs recettes ou leurs techniques de jardinage. La possibilité de l’autosuffisance démontrée par une famille et notamment par des habitants dont la vie est similaire à d’autres, fabrique un sentiment d’attachement beaucoup plus important sur la population; Et donc un impact sur les mentalités qui est décuplé. Le storytelling est depuis très longtemps utilisé

36. Lorraine et Caroline, «Le bio est t’il un effet de mode ?» interview de d’un producteur de lentille à Nançois -Le-Grand en Meuse, dans Blogspot, publié le (s.d) consulté le 21/11/2017, URL : http://conso-bio.blogspot.fr/ 37. Op. cit. Nicole FERRONI, p.23 38. Alim’agri , « Origine des produits : quelle information du consommateur ?», site du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, publié le 18/02/2013, consulté le 27/10/2017, URL : http://agriculture.gouv.fr/origine-des-produits-quelle-information-du-consommateur 39. Manon LAPLACE, «Qui sont les consommateurs BIO en 2014 ?», dans BIO à la Une, publié le 03/12/2014, consulté le 20/11/2017, URL : http://www. bioalaune.com/fr/actualite-bio/16165/qui-consommateurs-bio-en-2014 40. Ibid. Manon LAPLACE 41. Radio CANADA, «L’autosuffisance alimentaire, le rêve devenu réalité pour cette famille canadienne», dans Mr Mondialisation, publié le 24 mars 2017, consulté le 21/06/2017, URL : https://mrmondialisation.org/lauto-suffisance-alimentaire-le-reve-devenu-realite-pour-cette-famille-canadienne/

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

Leur rêve devenu réalité « Robin, cela faisait longtemps qu’il rêvait de terre, d’acheter sa ferme et puis tout ça ... - Moi en voyage quand je voyais une ferme, il y avait une attraction. - On s’est quand même rencontré dans Katmanick qui est un total retour à la terre, des projets expérimentaux. On était les deux partants pour l’aventure. Pour Robin et Rebecca, c’est bien plus qu’une aventure agricole, c’est un désir profond de profiter de cette terre nouricière. -Moi quand j’ai commencé à faire ça , je le faisait par curiosité. Parce que je voulais manger et apprendre [...] Je dirais qu’il faut remonter à trois générations où l’agriculture s’est perdu à l’époque de mon grand père; Mes arrières grands parents faisaient un peu de tout et ces histoire là me sont restées dans la tête et j’ai voulu refaire l’expérience ... » . Après deux ans de planification et de réflexion, le couple trouve le terrain idéal pour réaliser son rêve, une vieille ferme de plusieurs hectares en campagne à Bathurst, dans la Baie des Chaleurs. Pour Rebecca, Il a fallu diversifier la production alimentaire. Ainsi, leurs potagers et leurs serres permettent la culture de différents légumes pendant toute l’année. Le couple prend également soin d’un verger d’une quarantaine d’arbres fruitiers, sous lesquels poussent des arbustes à petits fruits. Les récoltes de pommes et de poires permettent enfin la production de cidre. Leurs vaches laitières produisent 12 litres de lait permettant la production de produit laitiers transformés (beurre, fromage ...). Ainsi, après des années d’efforts, la famille de cinq personnes est aujourd’hui entièrement autonome sur le plan alimentaire et indépendante des supermarchés.. Tout produire soi-même requiert du temps : cultiver le potager, nourrir les animaux, transformer les aliments, affiner le fromage. Beaucoup de personnes aspirent à l’autosuffisance, mais pour en retirer la meilleure satisfaction, encore faut-il que ces tâches ne se changent pas en corvée quotidiennes. Ce n’est qu’au fil du temps que l’éxperience du terrain profite à ses usagers et que nous arrivons à être autosuffisant. Et même à s’accorder du temps libre ! 42

comme une méthode de communication très efficace pour faire passer un message assez facilement à la population. Les médias captent l’attention du spectateur en énonçant une histoire plaisante ou séduisante. D’ailleurs, si nous recherchons sur le moteur de recherche « Google », les images montrant l’autosuffisance alimentaire sont bien plus que séduisantes. De beaux légumes bien colorés, bien propres et qui ont l’air succulents, alors que la réalité est tout autre ... (voir Image 1 p.32). Il y a ensuite la phase de raisonnement, écrite ici par :

«L’autonomie n’est pas simple à atteindre, mais l’expérience de Robin et Rebecca montre qu’elle procure un enrichissement individuel et collectif d’une grande valeur. Bref, à vos graines de changement !». Cette phrase exclamative montre qu’il existe des alternatives qui fonctionnent face à une consommation basée sur des aliments présents en grandes surfaces.

L’exclamation accentue l’effet et rend le lecteur plus sensible et désireux de changement. Il serait alors possible de vivre totalement indépendamment de toutes les contraintes alimentaires ? Il faut bien évidemment faire attention à la réalité des choses ... Même si médiatiquement, l’autosuffisance alimentaire rencontre un véritable succès (environ 13700 résultats dans les actualités mondiales sur ce sujet 43), il n’en aurait pas autant si des actions concrètes n’étaient pas mises en place. Nous l’avons vu, le storytelling cherche à mettre en récit une information, mais sans actions visibles pour la société, le mouvement s’essoufflerait. Dans les villes et les zones urbaines, il existe des jardins partagés où les habitants peuvent avoir leur lopins de terre en pleine zone urbaine. Grâce à certains habitants, les jardins partagés offrent aux habitants des lieux où les savoirs-faire en jardinage peuvent être échangés. Ces jardins sensibilisent la population à ce que la terre peut produire mais aussi permettent de recréer un lien familial et social dans des

42. Propos tirés de la vidéo de Robin LEBLANC, «La semaine verte», dans VidéoFacebook, présenté par Franz BEAUDOUIN, publié le (s.d), consulté le 4 déc 2017, URL : https://mrmondialisation.org/lauto-suffisance-alimentaire-le-reve-devenu-realite-pour-cette-famille-canadienne/ 43. D’après la recherche Google : « Autosuffisance alimentaire »

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I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?


V a r i é t é e t a b o n d a n c e d e l’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e : Le storytelling des médias

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ? espaces qui ne s’y prêtent pas forcément (voir image 2). Ces jardins permettent une prise de conscience générale des habitants qui s’y en occupent. Une prise de conscience de la terre, de sa richesse éventuelle si nous en prenons soin. Mais aussi de notre incapacité à vivre sans. Alors que « les potagers se multiplient en ville et les microfermes en campagne44 », nous assistons aujourd’hui à un véritable mouvement en faveur d’une production alimentaire sur des territoires nouveaux, mais participant à une plus grande résilience de ceux-ci. Les villes sont de moins en moins des lieux de bitume et nous allons de plus en plus vers une agriculture urbaine et raisonnée. Les mentalités fondent notre société, c’est en y réfléchissant ensemble que les problèmes actuels planétaires pourront sûrement être résolus.

: architectes, juristes, médecins45 » sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la question de la nourriture. Les médias rendent cette conquête accessible et permettent aux lecteurs de se projeter mentalement dans l’autosuffisance alimentaire. C’est entre autre grâce à eux que de nouvelles mentalités peuvent émerger. Plus nous en parlons, plus le sujet devient envisageable et les actions possibles. Certaines de ses actions sont relayées par des associations qui travaillent sur la question afin de mieux atteindre les habitants. Pour être autosuffisant, il ne suffit pas seulement de produire soi-même des légumes, des fruits ... Il existe des techniques très précises de culture qui permettent de produire sur des terrains limités de manière responsable.

L’autosuffisance alimentaire prend donc de plus en plus d’ampleur dans les débats publics, « attirant aujourd’hui l’attention d’un public diversifié et diplômé

- 32 Images 1 : Variété et abondance de l’autosuffisance alimentaire : le storytelling des médias Source 1 : Pierre HARLAUT , «Accéder à l’autosuffisance, c’est possible !», dans Aquaponie, publié le 24 oct. 2014, consulté le 23 nov 2017 Site web : http://www.aquaponie.biz/acceder-a-lautosuffisance-cest-possible/ Source 2 : Radio CANADA , «L’autosuffisance alimentaire, le rêve devenu réalité pour cette famille canadienne», dans Mr Mondialisation, publié le 24 mars. 2017, consulté le 23 nov 2017 Site web : https://mrmondialisation.org/lauto-suffisance-alimentaire-le-reve-devenu-realite-pour-cette-famillecanadienne/ Source 3 : CAVIE, « L’afrique en 2030 : L’Afrique aura t’elle son autosuffisance alimentaire ?, dans le site officiel de CAVIE, publié le 21 juin 2013, consulté le 23 nov 2017. Site web : http://www.cavie.org/index.php/fr/actualites/24-l-afrique-en-2030-l-afrique-aura-t-elle-sonautosuffisance-alimentaire Source 4 : Ousmane DEMBA KANE , «Discours à la nation : L’autosuffisance alimentaire, vecteur de l’indépendance économique», dans Pressafrik, publié le 3 avril. 2015, consulté le 23 nov 2017 Site web : http://www.pressafrik.com/Discours-a-la-Nation-L-autosuffisance-alimentaire-vecteur-de-l-independanceeconomique_a134507.html Source Image 2 : F GUIBILATO , «Les jardins familiaux et d’insertion», dans Mairie d’Albi site officiel, publié le : s.d Site web : http://www.mairie-albi.fr/les-jardins-familiaux-et-dinsertion

Images 2 : Jardins partagés à Albi : un retour à la terre nourricière entre habitants

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44. Giuletta GAMBERINI, «Permaculture et agriculture urbaine : le rêve de l’autosuffisance alimetaire», dans La Tribune, [En ligne], publié le 26/09/2017, consulté le 10/11/2017, URL : http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/agroalimentaire-biens-de-consommation-luxe/ permaculture-et-agriculture-urbaine-le-reve-de-l-autosuffisance-alimentaire-751627.html 45. Ibid. Giuletta GAMBERINI


D e g r é d ’a u t o n o m i e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e s

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

Avignon

Valence

Nantes

Angers

Saint-Brieuc

Brest

Perpignan

Rennes

Cholet

Nîmes

1,7 %

2,1 %

0,5 %

1,9 %

1,0 %

0,7 %

0,1 %

2,5 %

0,7 %

0,5 %

Culture de légumes

26,6 %

24,9 %

17,2 %

17,8 %

3,6 %

18,1 %

17,8 %

6,5 %

2,1 %

16,2 %

Culture de fruits

22,6 %

6.3 %

3.3 %

10,9 %

0,3 %

0,4 %

13,1 %

0,7 %

0,9 %

7,9 %

Culture d’autres plantes

7,3 %

3,7 %

3,8 %

22,9 %

3,4 %

7,5 %

12,9 %

14,9 %

7,3 %

2,2 %

Élevage du bétail, y compris parcs d’engraissement

0,2 %

0,4 %

4,6 %

5,0 %

1,4 %

0,9 %

0,1 %

4,5 %

4,4 %

0,3 %

Élevage de bovins laitiers et production laitière

0,0 %

0,0 %

13,1 %

2,3 %

2,9 %

0,8 %

0,0 %

13,3 %

1,3 %

0,1 %

Élevage animaliers, à l’exception du bétail, de la volaille et des œufs

1,0 %

1,0 %

1,1 %

1,4 %

1,8 %

1,6 %

0,5 %

2,7 %

1,6 %

0,6 %

Élevage de volailles et production d’œufs

2,0 %

4,5 %

4,7 %

4,7 %

32,1 %

5,9 %

1,2 %

8,8 %

29,0 %

2,2 %

Activités de pêche, chasse et piégeage

0,0 %

0,0 %

0,5 %

0,1 %

6,3 %

5,9 %

0,7 %

0,1 %

0,1 %

0,2 %

Culture de céréales, de plantes légumineuses et oléagineuses

Surface consacrée à l’agriculture biologique (ha)

Moyenne France métropolitaine : 52,5 % France : 45,4 %

Moins de 40 40 à 55 55 à 65

Capacité d’autonomie alimentaire 8%

65 à 80

% De Surface Agricole Utile

0,5 %

Part de l’agriculture biologique dans la SAU (%)

Type de culture

Plus de 10

Fourrages

Entre 6 et 10

Grandes cultures

Entre 2.5 et 6

Vignes

Entre 1,5 et 2,5

Légumes et fruits

Moins de 1,5

Autres cultures

Figure 8 : Degré d’autonomie alimentaire par produits agricoles - Top 10 des villes des aires urbaines Source : Cabinet UTOPIES

Figure 9 : Cartographie des 100 aires urbaines en matière d’autonomie alimentaire et rapport des Surfaces Agricoles Utiles en France (2013) Source : Cabinet UTOPIES - AGRESTE, Statistique agricole annuelle - Refait par Marina GARNIER

Figure 10 : Surface en agriculture biologique par région en 2012 Source : Agence bio -SSP (Statistique agricole annuelle)

1) Le niveau d’autonomie des villes en France Selon une étude réalisée par le cabinet Utopies, les aires urbaines en France ne seraient autonomes sur le plan alimentaire qu’à environ 2,1%. Cette étude se base sur la part en pourcentage de la production agricole locale et biologique (exprimée en euro) sur la totalité des produits agricoles, en prenant en compte les produits transformés (soupe,sachets, conserves ...)46. Ce sont les aires urbaines d’Avignon et de Valence qui sont les plus autonomes pour le moment, avec 8.1% et 6.4% respectivement (annexe 3 p. 108) Avignon remporte ce prix grâce notamment à la surreprésentation de ses cultures sous serre, ses pépinières et ses cultures de fruits et légumes (environ six fois plus représentées que dans la moyenne française). Mais c’est aussi grâce à la réinjection de ses productions dans son économie locale. En effet, 98% des produits alimentaires consommés localement sont importés. Autrement dit c’est «plus de 90% de la production de ces villes qui est consommée ailleurs que dans le département47 ». L’autosuffisance alimentaire est aussi mesurée selon des critères de diversité d’aliment produits. Les aires urbaines de Nantes et Angers offrent une plus grande diversité de types de produits locaux (voir figure 8). Mais très peu d’aires urbaines atteignent un niveau d’autonomie supérieur à 5 % dans au moins deux catégories de produits. Même si de plus en plus de français optent pour une consommation locale, les chiffres démontrent qu’il y a encore énormément de travail à faire pour être autosuffisant. Pourtant, certains territoires disposent «d’actifs agricoles» suffisants pour être autonome théoriquement, a plus de 90%. D’après Arnaud Florentin, co-auteur de l’étude sur l’autonomie alimentaire des aires urbaines françaises, les villes comme Angers, Albi, Pau, ont un potentiel agricole en moyenne supérieur à 90%. C’est simplement l’orientation des productions locales qui pose problème. Car elles sont, pour la plupart, destinées à une consommation en dehors du territoire. « D’autres, en revanche, pour des raisons de densité urbaine et de foncier, présentent un potentiel inférieur à 25 % comme Paris, Bordeaux ou Marseille»44. Pour ces métropoles, l’enjeu est dans les nouvelles technologies d’agriculture urbaine ou semi-urbaine et, dans la réoccupation des sols en périphérie.

Nous pouvons remarquer, par ailleurs, que les villes à fort potentiel agricole sont pour la plupart des villes moyennes, mais que celles-ci n’apparaissent que très loin dans le classement des aires urbaines autosuffisantes (58e pour Albi avec 1,5% d’autonomie et 14e pour Pau avec 3.5%) sauf pour Angers qui réside dans le top trois. Les terres agricoles de ces villes là sont destinés à une production nationale et non locale. C’est pour cela que leur autosuffisance baisse. Mais cette production sert peut être à nourrir d’autres aires urbaines qui ne bénéficient pas de potentiels agricoles suffisants. Si nous regardons la situation des cents aires urbaines les plus autonomes alimentairement, elles sont concentrées en majorité en Bretagne et Pays-de-la-Loire ainsi que dans le Sud vers le Languedoc-Roussillon et région Midi-Pyrénées. Il existe donc des régions, voire même des territoires entiers qui sont plus propices à l’autosuffisance alimentaire, comparés aux régions Grand-Est et Hautde-France. Pourtant, les Surfaces Agricoles Utiles (SAU), qui concernent les terres arables, les surfaces en herbes, les cultures pérennes ainsi que les jardins familiaux, sont de 65 à 80% dans ces régions là (voir figure 9). La région Picardie est même structurée par ses surfaces agricoles. Nous pouvons constaté qu’il n’y a pas de forcément de lien entre la capacité d’autonomie et le pourcentage de surface agricole présente dans le département. Par exemple en région Languedoc-Roussillon, leur capacité d’autonomie sont égales à ceux du Nord-Ouest mais la surface agricole n’excède pas les 40 %. Si leur capacité à être autonome en produit locale est si faible, c’est parce que leur part de consommation locale l’est également ainsi que leur production en produits bios (voir figure 10). En effet, l’autosuffisance alimentaire concerne également la production de produits respectueux de l’environnement et sa consommation au niveau local. Tous ces critères classent les villes françaises de sorte à croire qu’il serait alors plus facile de mettre en place une autonomie alimentaire pour des villes avec un fort potentiel agricole comme les villes moyennes plutôt que dans les grandes métropoles. La capacité productive d’une région devrait être suivie de près par une consommation locale croissante. Mais il existe d’autres critères qui rentrent en ligne de compte, comme la production écologique et biologique. Ainsi que la proportionnalité de la population à consommer les produits locaux. Car si nous revenons sur les chiffres d’autonomie alimentaire en France, nous sommes très loin des 100%, annoncés par Albi ou Rennes, d’ici à 2020...

46. Cabinet UTOPIES, Autonomie alimentaire des villes : états des lieux et enjeux pour la filière agro-alimentaire français, Note de position n°12, [en ligne], publié en mai 2017, consulté le 30 nov 2017, URL : http://www.youscribe.com/BookReader/ IframeEmbed?productId=2897364&width=auto&height=auto&startPage=1&displayMode=scroll&documentId=3176542&fullscreen=1&token= 47. Julie JEUNEJEAN «Avignon, Valence et Nantes, championnes française de l’autonomie alimentaire», dans We Demain, Entretien avec Arnaud FLORENTIN, publié le 2 juin 2017, consulté le 1 déc 2017, URL : https://www.wedemain.fr/Avignon-Valence-et-Nantes-championnes-francaises-de-lautonomie-alimentaire_a2751.html

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2 319 799 1 039 875 22 950

B) L’autosuffisance alimentaire a-t-elle des lieux plus propice que d’autres ?


2) Des techniques fastidieuses pour l’autosuffisance des métropoles

Image 2 :Agriculture sur le toit d’Agro Paris Tech

Source : Agro Paris Tech Site web : http://www.partagerlaville.com/l-agriculture-urbaine-2016-01-05.html

LE s y s t è m e h i g h - t e c h

Image 3 :The vertical Farm : un projet faramineux pour l’agriculture de demain Source : Dickson DESPOMMIERS, fondateur de la ferme verticale Site web : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferme_verticale

Image 4 :La ferme Mirai (futur en Japonnais) : la plus grande ferme éclaire aux LEDs du monde Source : Géneral Electric Site web : http://balises.bpi.fr/sciences-et-techniques/des-fermes-verticales-pour-nourrir-les-villes-1

Les métropoles, en France, représentent la ville principale d’une région géographique ou d’un pays. Elles y concentrent la majeure partie de la population, des activités économiques et culturelles tout en exerçant un pouvoir sur sa région. L’urbanisation contemporain n’a que très peu pris en compte les espaces agricoles et de production alimentaire. Il existe une telle concentration que les surfaces se sont vue petit à petit mourir vers l’extérieur des grandes villes. La nourriture consommée dans la plupart des villes proviennent, pour la majeure partie, de produits de différentes villes, voire de différents pays. Par exemple pour Paris, « moins de 10% des fruits et légumes que nous mangeons proviennent du territoire francilien. Nous descendons à moins de 1,5% en ce qui concerne la viande et le lait » (source : IAU-idf). L’agriculture urbaine forme un véritable enjeu pour l’autosuffisance des métropoles et ainsi lui permettre d’augmenter à minima son autosuffisance. Au vu du manque d’espace pour implanter des terres agricoles productives48, de nombreux ingénieurs ont décidé de ramener l’agriculture dans la ville. Les systèmes low-tech «s’apparentent à des projets de potagers sur toit, des potagers dans des espaces publics avec des solutions techniques simples»49. C’est sur le toit d’Agro Paris Tech (voir image 2), que les expérimentations ont lieu, où le compost et le bois sont récupérés grâce aux déchets de la ville. Les ingénieurs plantent des espèces afin de tester la capacité de la terre à être productive. Ils recréaient également des écosystèmes en implantant des vers de terre et des champignons dans certains bacs. C’est pour savoir si les solutions en bac de terre et de culture sur toit sont viables. Cela fonctionne mais ne permet pas une production significative de nourriture, compte tenu des besoins des métropoles. Elles sont plutôt destinés a créer du lien social, car ces projets sont plutôt participatifs. Elles permettent de produire tout au plus une diversité de légumes consommée par ceux qui participent au projet. L’agriculture en ville a beaucoup évoluée, et nous pouvons constater que de nombreux potagers familiaux ou directement à destination des habitants ont vu le jour, comme les jardins partagés de Saint-Seurin à Bordeaux, qui accueillent l’association « Village Saint-Seurin ». Elle organise de nombreuses activités en rapport avec le jardinage et offre une dynamique au quartier, en rapport

avec l’agriculture urbaine. Là bas, chacun à son échelle peut végétaliser son environnement. Mais c’est loin d’être suffisant lorsqu’il s’agit de nourrir une ville entière, de façon régulière et organisée. Des chercheurs, comme Dickson DESPOMMIERS, ont créé des systèmes de fermes verticales, semblables à une technologie high-tech, dans le but de produire en plus grande quantité et de commercialiser cette production. Les fermes verticales utilisent des techniques comme l’aéroponie ou l’hydroponie. La première technique consiste à nourrir les plantes en vaporisant eau et nutriments sur les racines et les feuilles. Tandis que dans l’hydroponie, les nutriments sont directement présent dans l’eau. De nombreux projets de fermes urbaines ont vu le jour, comme le hangar Ironbound à Newark dans le New Jersey ou encore des fermes containers au Japon (voir image 3 et 4) chiffrées à plus de 150 aujourd’hui. De nombreuses techniques sont développées pour rendre opérant ces fermes verticales, mais le manque d’argent peut représenter un énorme frein à la création de ce type de projet. De plus :

«Le développement de l’agriculture urbaine et de la production locale prend une place différente en fonction des politiques publiques des villes et des pays. Outre l’espace et l’argent, il peut donc s’agir d’un manque de volonté de la part des [politiciens], qui préfèrent se pencher sur d’autres sujets. Quand on y pense, c’est peutêtre là l’obstacle majeur à une autosuffisance alimentaire réussie» 50 En résumé, l’agriculture urbaine aide à nourrir les métropoles mais n’est pas suffisante pour l’autosuffisance d’une ville. Mais elle sert à démontrer qu’il est possible de faire pousser des plantes en ville. Nous assistons à un changement des pratiques urbaines provoquant une modification des mentalités. Même si la grande ville, la métropole ou la smart city n’est pas le lieu le plus adéquat pour aspirer à l’autosuffisance alimentaire, il y a quand même de nombreuses pratiques qui vont vers cet objectif de taille.

48. Stanislas KRALAND, «Agriculture urbaine : ce dont elle est capable (et ce qu’elle ne pourra jamais faire)», dans Huffingtonpost, [En ligne], publié le 22 fev 2017, consulté le 3 dec 2017, URL : http://www.huffingtonpost.fr/2014/02/22/agriculture-urbaine_n_4831579.html 49. Hugo HALLUIN, «L’agriculture urbaine», dans Partager la Ville, publié le 5 Janv 2016, consulté le 6 dèc 2017, URL : http://www.partagerlaville. com/l-agriculture-urbaine-2016-01-05.html 50. HUB SMART CITY, « Smart city et autosuffisance alimentaire : rêve ou réalité», sur le site internet Hub Smart City, publié le 31 oct 2017, consulté le 30 nov 2017, URL: http://www.hub-smartcity.com/smart-city-et-autosuffisance-alimentaire-utopie-ou-realite-0

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LE s y s t è m e l o w - t e c h

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?


Le patrimoine agricole des villes moyennes

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ? 3) La ville moyenne se réinvente grâce à l’agriculture

Image 5 : Le paysage agricole du Tarn

Image 6 : Le marché couvert de Bourg en Bresse Source : C. ARNAL Site web : http://journals.openedition.org/cdg/959

Image 7 : Le lycée Fonlabour à Albi, Le technopôle Alimentec, INRA Bordeaux-Aquitaine à Villenave d’Ornon Source : Educagri, C. ARNAL, INRA L’INRA est composé d’autres pôle secondaires dans toute la Nouvelle-Aquitaine et dans d’autres villes moyennes. Site web : http://www.tarn.educagri.fr/legtpa/ Site web 2 : http://journals.openedition.org/cdg/959 Site web 3: https://colloque6.inra.fr/metabohub/MetaboHUB/Actualites/Lancement-de-l-Infrastrucuture-MetaboHUB

51. Ibid. Clément Arnal,p. 15 52. Emilie Zapalski , «Économie : les villes moyennes croient aux vertus de la proximité», dans Caisse des dépôts et Territoire, publié le 13 Dèc 2013, consulté le 18 juin 2017, URL : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ ArticleActualite&jid=1250266351506&cid=1250266338827 53. Op. Cit. Emilie ZAPALSKI 54. Clément Arnal, « La place et le rôle de l’agriculture a la périphérie des villes moyennes », Carnets de géographes [En ligne], 6 | 2013, publié le 1 sept 2013, consulté le 28 déc 2017. URL : http://journals.openedition.org/cdg/959 55. Op. Cit. Clément ARNAL, p. 39 56. Ibid. Émilie ZAPALSKI, p.37

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Source 1 : A renault, Le paysage Tarnais Site web : http://paysan-tarnais.reussir.fr/actualites/filiere-etat-des-lieux-de-l-agriculture-biologique-dans-le-tarn:WESATBP7.html Source 2 : V MONDIé, Site web : https://www.agriculture-nouvelle.fr/selection-photos-agriculture/

Les villes moyennes ont cet avantage d’être à proximité des espaces ruraux. « Elles demeurent en position charnière entre des espaces urbanisés, gouvernés par de grandes agglomérations et des espaces ruraux plus ou moins organisés autour de bourgs et de petites villes » (COMMERCON, GOUJON, 1999) 51. Plus petites et moins denses que les métropoles (entre 25000 et 100000 habitants), les villes moyennes pourraient avoir une plus grande gouvernance à l’égard des territoires ruraux, grâce à leur proximité. La Fédération des Villes Moyennes réclame d’ailleurs un changement en ce sens, afin de favoriser les décisions entre villes moyennes et campagne. Elle « estime que l’articulation entre échelles territoriales est peu compatible avec le principe de répartition par blocs de compétences. Le manifeste propose ainsi de modifier les modes de gouvernance avec la création d’instances de concertation et d’élaboration infra-régionales, prenant en compte la diversité des échelles territoriales de l’action économique 52 » . C’est-à-dire de permettre une réappropriation du territoire par les instances publiques régionales afin de participer aux transformations de celuici, dans le respect de l’environnement. Mais aussi et surtout pour développer le marché local et relancer l’économie de proximité. « Les circuits courts permettent d’insuffler de l’optimisme. Ils redonnent la capacité d’action 53 » explique Christian Perret, président de la FVM. C’est dans cette optique là que les villes moyennes aimeraient tendre. De plus, elles sont considérées comme des villes où il y fait «bon vivre». Notamment du fait de leur proximité à la nature, ou encore, en offrant la possibilité aux habitants de jouir de grands espaces naturels. Leur authenticité est aussi un facteur de leur qualité. Les grands paysages agricoles sont de plus en plus mis en valeur par l’art photographique. Ceci participe à la bonne image que nous pouvons nous faire des villes moyennes (voir image 5). Les marchés forment un patrimoine unique, qui donnent du caractère à la ville moyenne (voir image 6). Les marchés de producteurs renforcent le lien ville-campagne et aussi profitent autant aux producteurs, qu’aux consommateurs. Les marchés ont plusieurs rôles au sein de la ville (alimentaire, social, récréatif, patrimonial ...) et permettent de requalifier certains espaces urbains afin de leur donner une identité. Les marchés du terroir sont largement publicisés pour attirer les touristes en quête d’authenticité. De plus, les spécialités régionales renforcent ce sentiment

d’unicité que peuvent avoir les villes moyennes, où leur patrimoine culinaire peut parfois avoir un rayonnement internationale, comme par exemple la moutarde de Dijon. Nous sommes situés dans un tournant de la distribution alimentaire en France. Il existe une métamorphose de l’approvisionnement des villes moyennes par l’agriculture de proximité, oscillant entre héritage de leur ancienne fonction de ville-marché, par le maintien de marchés alimentaires, et renouvellement, avec l’apparition de nouvelles formes, diversifiées, de circuits courts. Les villes moyennes ont une plus grande capacité à fournir les habitants en produits frais du terroir issus des circuits courts, du fait de la proximité des agriculteurs 54. Il existe cependant des paradoxes entre deux arguments importants. L’un étant la volonté de promouvoir le patrimoine agricole, afin de satisfaire les habitants et les communes rurales alentours dans lesquelles un aménagement territorial les concerne. Et l’autre, la quête d’un « développement économique et [d’une] croissance démographique, [afin de] trouver leur place au sein de l’armature urbaine régionale 55 » . Mais d’un autre côté, certains pouvoirs publics désirent être les précurseurs de cette volonté de préserver véritablement le patrimoine agricole et de développer un système autonome et nourricier pour leur ville. Ils ont pris conscience de l’enjeu environnemental mais aussi attractif, car l’agriculture leur permet de se différencier des grandes métropoles alentours. Les villes moyennes ont d’ailleurs pour la plupart un maintien assez fort des institutions liées à l’agriculture, comme les écoles d’agronomie et d’agriculture (voir image 7). Ceci prouve un réel attachement autant physique que mental, à l’agriculture. Cependant tous les pôles liés à la recherche sont situés dans les métropoles, reléguant encore les villes moyennes comme des praticiennes de l’agriculture. Le contexte actuel des villes moyennes renforce l’idée que celles-ci soient le terrain le plus propice à l’autosuffisance alimentaire. Dans un contexte mitigé, comme je l’ai déjà expliqué en introduction, il est plus facile de « faire éclore l’esprit d’initiative et d’entrepreneuriat dans les différents territoires, notamment ceux qui sont affectés par les mutations économiques et sociales56 » . Par l’autosuffisance alimentaire, les mentalités sont susceptibles de changer. En prônant sa possibilité, et en démontrant que cela peut être possible, la population finit par réfléchir à ce qui pourrait être meilleur pour eux. C’est par l’expérimentation que les mentalités peuvent évoluer.


L e c o n c e p t d e p e r m a c u lt u r e

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ? C) Par quels moyens l’autonomie alimentaire peut être mis en place ?

Société

Économie

Un mouvement global Une multitude d’interconnexions sans barrière Favorise le champ lexical écologique L’autonomisation grâce à la reconnaissance des formes de l’environnement

Accentue les économies locales L’achat local développe des entreprises biorégionales résilientes

La diversité à l’honneur Culture qui englobe les différences pour renforcer la coopération par la concurrence des espèces

Potentiel de rendement élevé Primes sur les produits locaux et un minimum d’intrant Réduction de la pauvreté Répondre aux besoins de base au niveau personnel et communautaire Revenus multiples possibles Approche en couches de la sécurité financière

De meilleurs lendemains En abordant les questions clés de Une approche proactive de la notre temps à partir d’une multitude Atténuation du changement d’approches, la permaculture fournit durabilité climatique Diriger de l’énergie créative et des un cadre pour un développement Réduit la pression sur l’infrastructure et véritablement durable actions régénératrices pour un avenir les budgets des conditions climatiques meilleur externes Economie verte Renforcement du local Création d’emploi à partir d’une Techniques inclusives pour l’autosuffisance réparation ciblée des écosystèmes et communautaire et la réparation de l’écosystème d’un développement des ressources carbone plus faible Revitalisation des sols Restructuration du cycle carbone pour créer la complexité et la diversité des réseaux alimentaires du sol

Façonnage de la terre Sculpter la terre pour obtenir un capitale naturel à l’aide de terrassements régénératifs

Développement de la biodiversité Écosystèmes améliorés générant de l’abondance et de la stabilité

Cycle hydrologique complet Recharge les nappes phréatiques et création d’oasis

Environnement

La permaculture provient d’un terme anglais «permanent agriculture» signifiant «l’agriculture permanente», concept de design de l’espace, initié par l’australien Bill Mollison, chercheur scientifique et enseignant dans les années 1970. L’enseignant en écologie, écrivain et concepteur environnemental, David Holmgren, est lui aussi un créateur de la permaculture.1 Tous deux contre la monoculture destructrice des sols et consommatrice de pétrole, engendrant des irrégularités dans le développement des écosystèmes, ils proposent comme alternative la création de « système[s] évolutif[s], intégrés, d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’homme57 ». Ils voient la permaculture comme un vrai projet d’avenir basé sur le partage, l’observation, la conservation de l’énergie et l’utilisation de solutions simples et efficaces, développées ensemble sur la base d’une observation précise de la nature. Tous deux ont pris en compte « les problèmes posés par le chômage (…), les névroses urbaines, et les sentiments d’impuissance et d’absence de but ressentis par beaucoup dans le monde contemporain » et prétendent que la permaculture va apporter de la durabilité à la société et des solutions en adéquation avec les problèmes d’aujourd’hui. Il existe un glissement sémantique au terme de permaculture, qui aujourd’hui laisse place au mot «culture« (au lieu d’agriculture soutenable et durable), englobant la population, l’architecture et l’organisation de la société. La permaculture ne peut pas se définir seulement par des techniques agricoles qui changent la vision que nous pouvons avoir du jardinage. En réalité, pour l’agriculture, ce sont des techniques anciennes de polyculture ou d’associations de plusieurs espèces calquées sur ce que nous pouvons observer de la nature. Il existe des combinaisons d’espèces possibles, qui entre elles forment un cercle se complétant afin d’être le plus résilient possible. Ce sont donc des plantations qui n’ont pas besoin d’intrants et qui participent au réenrichissement organique des sols, devenus pauvres en matières organiques voire totalement stériles. Par exemple, en matière d’aménagement territorial concret, la polyculture est utilisée dans les jardins urbains afin que le sol se ré-enrichisse de matière organique et deviennent producteur d’aliment. Ce sont des pratiques

Figure 11 : Pourquoi le concept de permaculture ?

Source : TIPTON Angela, «What is permaculture ?», in Landcentral, 13 oct 2015 consulté le 22 mai 2017 Site web : http://blog.landcentral.com/land-university-blog/what-is-permaculture/#.WSMBXsakKUk Traduction et design de Marina GARNIER

57. Propos disponible dans D. Holmgren et B. MOLLISON. Permaculture One : A Perennial Agriculture for Human Settlements, Melbourne : Transworld, 1978, p 15 58. Op. cit. D. Holmgren et B. MOLLISON, p111 de l’ouvrage

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Un monde dynamique Développement réactif pour travailler en symbiose avec la nature et répondre aux besoins humains

Innovation écologique inspirante L’éco-entrepreunariat social répond aux besoins et capitalise sur les déchets et les marchés

Investissement stable et résilient Rendements cohérents reposant sur la diversité des cultures et la constitution de capitales naturels

1) La permaculture : une ressource pédagogique indispensable

agricoles ancestrales qui visent à séparer les lieux de culture et ainsi d’assurer, s’il y a des maladies ou autres, l’implantation sur un autre sol. Mais aussi à combiner plusieurs espèces entres elles afin de complémentariser les divers atouts de chacune des espèces. Ces techniques ont peu à peu disparu au profit de la monoculture et de l’utilisation des produits phytosanitaires. Pour cause principale, les délaissés de la Seconde Guerre Mondiale et la relance de la société après les destructions massives de villes ! Il fallait bien écouler les stocks de bombes en produits chimiques. Il faut donc distinguer les termes de permaculture et les diverses techniques agricoles associées à la préservation de l’environnement, qui contribuent également à la sauvegarde de notre société. La permaculture, comme nous pouvons l’apercevoir dans la figure 11, rassemble trois domaines qui forment la base de notre culture : la société, l’économie et l’environnement. C’est une manière de vivre qui refaçonne les principes de l’agriculture, élément de base de la survie de notre société. Ainsi, la permaculture améliore notre résistance aux chocs, aux catastrophes naturelles et augmente notre résilience. Elle doit aider à fabriquer « une production alimentaire à l’intérieur de la cité, une production de fibres, de carburant (…) et de protéines dans les zones rurales proches, et un échange de services, d’assistances et de compétences58». Toutes ces dispositions doivent s’accompagner d’un changement du modèle de vie communément connu. Ainsi les espèces végétales développées en polyculture, par leur incroyables résistances aux chocs (manque d’eau, soleil, ombre ...) par complémentarité des espèces entres elles, pourraient représenter un modèle de vie pour la société de demain. En se basant sur ce que la nature et l’environnement peuvent nous offrir, la permaculture vise à recréer des cycles de vie afin de développer la biodiversité entre les individus. Par rapport à la nourriture par exemple, tout serait réutilisable sans déchets, ce qui diffère de ce que nous pouvons consommer aujourd’hui. En diversifiant les bassins de vie (spatial, mental, énergétique...), l’humain arriverait à fabriquer des écosystèmes complets et durables. La permaculture a donc un aspect pédagogique car en utilisant les techniques associées, elle nous apprend à mieux se comporter dans notre société et dynamise l’humanité en permettant un travail en symbiose. Elle met à l’honneur la diversité des connaissances et renforce une économie locale et verte. Le concept de permaculture enseigne aux Humains les comportements à avoir pour la société de demain. Une étude réalisée dans une ferme démontre


L’a u t o n o m i e d e l a f e r m e d u b e c h e l l o u i n

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

- 42 Figures 12 : Chiffre d’affaire annuel et charge de travail hebdomadaire pour une culture en permaculture Source : Ferme du Bec Hellouin Site web : http://www.fermedubec.com/ecocentre/Etude%20mara%C3%AEchage%20permaculturel%20-%20Rapport%20 interm%C3%A9diaire%202013.pdf

Image 8 : Key Hole Garden ou jardin en trou de serrure

Source : site web : Mon Jardin en permaculture Site web : http://www.monjardinenpermaculture.fr/pages/le-keyhole-garden

cette éthique, un côté pédagogique très intéressant pour enseigner à la société des techniques responsables et écologiques. Encore faut-il qu’il y ait des praticiens de cette éthique en démontrant que ces techniques existent et qu’elles fonctionnent. Le jardin est arrosé grâce au trou central réservé au compost Mur préservant l’humidité

Eau et compost nutritif

Couche de pierres drainantes et débris

Image 9 : Key Hole Garden ou jardin en trou de serrure : Le fonctionnement Source : site web : Mon Jardin en permaculture Site web : http://www.monjardinenpermaculture.fr/pages/le-keyhole-garden

59. Sacha Guégan, François Léger, Gauthier Chapelle et Charles Hervé Gruyère, Maraîchage biologique permaculturel et performance économique, Rapport d’étape n°2, publié en juillet 2013, URL : http://www.fermedubec.com/ecocentre/Etude%20mara%C3%AEchage%20permaculturel%20-%20Rapport%20interm%C3%A9diaire%202013.pdf 60. Météo à la Carte Mag,, «La ferme du Bec Hellouin: un modèle au niveau mondiale», vidéo YouTube, publié le 15 mai 2017, consulté le 30 nov. 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=HfNYyNNlBfc

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que les techniques de polyculture et de symbiose des plantes entre elles peuvent à terme être rentable pour une seule personne. Cette étude a été effectuée afin de prouver que les nouvelles techniques d’agriculture raisonnée peuvent être productives et viables pour les agriculteurs. Afin de contrebalancer les monocultures destructrices, la ferme du Bec Helloin59 a fait prouver que ces techniques sont durables pour la terre et rentables pour l’humain. En regardant la courbe du chiffre d’affaire mensuel (voir figure 12), nous apercevons qu’il y a un temps de mise en route du sol et de la production, pouvant durer plusieurs mois, voire plusieurs années (l’étude démarre en 2011 mais la ferme a été créée en 2007). Au total la ferme rapporte environ 50000€ de chiffre d’affaire par an, ce qui représente deux fois plus qu’un producteur BIO60. Et ce sur un terrain très restreint (environ 1000m² pour l’étude mais sinon la ferme fait environ 3,5 Ha). La ferme du Bec Hellouin se base sur des techniques très anciennes comme le Key Hole ( voir images 8 et 9) ou la mise en place de culture circulaire sur butte. Les Key Holes sont utilisés pour améliorer la distribution des nutriments dans le sol. Le compost est placé au milieu du Key Hole et il est redistribué naturellement dans le sol. Ceci permet de gagner du temps et de composter des éléments. La charge de travail hebdomadaire n’est d’ailleurs pas si importante et dépend aussi des périodes et des récoltes, comme dans toutes les productions agricoles. Cependant, si nous observons le graphique 12, la charge de travail est très invariable, pour les raisons citées plus hauts, mais dépasse rarement les 35 heures. Les techniques de productions associés à la science de la permaculture sont donc vivables. On peut conclure de cette étude que les arguments contre l’autosuffisance alimentaire qui prennent les causes de temps et de coûts peuvent être réinterrogés. La permaculture, une «nouvelle» science qui se base sur des concepts ancestraux, permettent de créer une économie autour des rendements de productions qui peuvent être égales à la production en monoculture. De plus, le temps accordé à l’entretien des espaces de productions est certes énorme au départ, mais le bassin de permaculture devient vite autonome et résilient au fil du temps. La permaculture a donc, grâce à des activistes, des chercheurs et des personnes qui vont vivre selon


Puis-je y faire face ?

Finalement quelque chose va changer !

Quelles seront les répercussions ? De quelle façon cela me touchera-t-il ?

Ça peut fonctionner et être bénéfique

Déni Changement ? Quel changement ?

C’est plus gros que je ne le croyais !

Désillusion Je pars !... ce n’est pas pour moi !

Ai-je vraiment fait cela ? Anxiété

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?

Bonheur

Je peux me projeter dans le futur Aller de l’avant

Qui suis-je ? Acceptation progressive

Peur

Menace

Culpabilité

Dépression

© 2000/3 J.M. Fisher. Cette image peut être utilisée sans frais à des fins de développement personnel et organisationnel, à condition d’en indiquer la source. Ne peut être vendue ni copiée dans le cadre d’une publication destinée au public. Ressource gratuite offerte à l’adresse www.businessballs.com.

Hostilité

Traduit en français par l'Agence canadienne de développement international.

Figure 13 : Le modèle de John Fisher retranscrit en courbe émotionnelle : la courbe du changement Source : J-M Fischer Site web : http://www.zettago.com/fr/le-cote-humain-du-changement/

Image 10 : «Not made in China» : stimulation de l’économie locale à Totnes

Source : Ivar et Floris, «Transition Town Totnes», Sailor for Sustainability, publie le 4 mai 2017 Site web : http://sailorsforsustainability.nl/products/transition-town-totnes-gbr/

Ça va fonctionner, même si je dois y laisser ma peau !

2) La dynamique citoyenne au départ d’une transition61 mentale La science de la permaculture est à la base du mouvement en transition. Rob Hopkins dans son manuel pour la Transition restitue les relations entre l’Homme et la nature dans un but d’une harmonie de ses mondes sans surconsommation de l’une par rapport à l’autre. Le processus de Transition écologique se base premièrement sur la pénurie de pétrole que nous allons subir de plein fouet, si nous continuons à fermer les yeux sur notre consommation. Selon Hopkins, nous sommes dépendant au pétrole et si l’humanité vient à en manquer, ce sera la fin certaine de notre société. La Transition se base sur la permaculture comme éthique à suivre pour devenir indépendant au pétrole et résilient aux chocs économiques. C’est un mouvement positif, qu’il développe dans son Manuel de la Transition, en tentant de proposer des solutions concrètes à la population pour augmenter la résilience de chacun. C’est un voyage spirituel vers le positivisme. Le principe n’est pas d’accabler les habitants d’informations négatives, mais de renforcer leur volonté de se sortir de l’impasse environnemental dans lequel nous sommes en train de plonger. Cela va en contradiction avec les discours sur le développement durable émis depuis une trentaine d’année, selon lesquels, il n’y avait pas d’autres solutions que de surtaxer les pollueurs. C’est donc une nouvelle éthique positive basée sur des actions concrètes, qui va à l’encontre d’une pensée consumériste. Dans son manuel, Rob Hopkins amène les lecteurs à se projeter dans un avenir meilleur. Il compare la dépendance au pétrole à la dépendance à l’alcool (voir figure 13) et surtout propose des solutions alternatives aux citoyens. Il s’est basé sur des recherches psychologiques afin qu’à la fin de son manuel, les lecteurs soient motivés à devenir transitionneurs. Il est persuadé que c’est la population qui fait changer les choses et non pas les politiciens. C’est d’ailleurs un mouvement apolitique. Et si les citoyens changent de manière de faire, c’est la société tout entière qui change. La force du peuple est à la base de toutes les révolutions. Comme par exemple à Totnes où la transition écologique a recréée une nouvelle monnaie, relocalisant les ressources et évitant d’utiliser le pétrole à outrance. Ou encore d’un point de vue architectural. Rob Hopkins avance pour Totnes en Angleterre, d’ici 2030, que la plupart des maisons seront construite en matériaux naturels (pisé, bois, paille...). Il prône également le désir

de regroupement des habitations ainsi qu’une efficacité énergétique des logements. Mais c’est grâce aux citoyens que cette profusion d’idées écologiques a pu voir le jour. Le principe de Transition peut, par son côté novateur mais surtout réformateur, faire penser à des utopies urbaines62. Cependant, la ville en transition a un côté pragmatique, que les utopies n’ont pas expérimentés. Ce principe ne se base par sur un plan à respecter à la lettre mais plutôt à des étapes que chacun peut suivre à son rythme et sans ordre préalable. Chaque initiative amène un élan de plus vers la transition et chacun peut s’immiscer dans des phases de cette transition qui évolue constamment. Essentiellement basée sur des éléments naturels qui existent déjà autour de nous (voir image 10), le mouvement en transition devient alors une logique implacable d’un modèle à suivre. Il n’intervient pas dans l’anti-consommation , ni l’anti-urbanisation mais se penche sur des éléments positifs de relation avec la nature afin de rationaliser l’aménagement territorial porté sur le local. Ce n’est pas une lutte comparable aux mouvements écologiques comme locavore ou Buen Vivir 63. Enfin le terme de «transition» se définit comme le passage d’un environnement existant, à un autre plus supportable pour la survie de notre société. En ce sens, cette survie n’exige pas de changements radicaux qui seraient trop vastes et difficiles à mettre en place. La transition s’appuie donc sur des ressources existantes ou des éléments déjà en place pour les renforcer et les rendre opérants dans le respect de la nature (jardinage, pâturage des troupeaux, connexions, transport en commun ...). Ainsi, elle se bâtit à plusieurs et s’appuie sur les capacités d’actions réflexives de chacun, en mettant en place des connexions basées sur les connaissances d’autrui et leur capacité à échanger ces données.. Elle n’est donc pas un modèle clé en main car la transition se construit pas à pas. Finalement, le mouvement en Transition a un rayonnement pédagogique en proposant des actions concrètes à la population. Mais, ce mouvement se traduit surtout par des conférences et des événements proposant des ateliers pratiques et des échanges citoyens. En diffusant le savoir, les transitionneurs font valoir de plus en plus une bonne utilisation des denrées que la terre nous donne. Ce processus de transition requestionne aussi l’alimentation et la question de l’autosuffisance alimentaire. Les citoyens se sentent plus concernés à toutes ces questions alimentaires. La transition sensibilise les citoyens et les amène mentalement à réfléchir à leur consommation, voire leur vie. Elle permet de préparer le terrain sur les questions

61. Rob Hopkins, Manuel de la transition, de la dépendance du pétrole à la résilience locale, Québec, Collection Guide pratique, Edition Ecosociété, 2010, 212p 62. Françoise CHOAY, L’urbanisme, utopies et réalités, Paris 14 , Editions du Seuil, 23 oct 2014, 445p 63. Antoine Lagneau, Fabrice Flipo et Simon Cottin-Marx, « La transition, une utopie concrête ?», dans Mouvements, n.75, publié le 19 sept 2013, consulté le 20 mai 2017, URL : http://mouvements.info/edito/la-transition-une-utopie-concrete/

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Le processus de transition Le processus de transition


I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ? de l’autosuffisance alimentaire. Enfin, la permaculture a permis d’accroître la relation symbiotique entre ville et campagne64 . En occupant les espaces inoccupés de la ville, ces jardins produisent de l’énergie autant humaine que matérielle. Ces jardins réalisés et entretenus par des citoyens montrent la force mentale que peut émettre les habitants entre eux (voir image 11).

Image 11 : La puissance citoyenne au service d’une culture soutenable : un jardin sur un rond-point

Source : Ivar et Floris, «Transition Town Totnes», Sailor for Sustainability, publie le 4 mai 2017 Site web : http://sailorsforsustainability.nl/products/transition-town-totnes-gbr/

Image 12 :L’alimentation moderne, entre extra-temporalité et extra-spatialité Source : Caroline BRAND, 2010 Site web : https://vertigo.revues.org/11199

3) Réflexions des politiciens sur un possible réaménagement territorial Les nouvelles méthodes agricoles et le mouvement en transition qui prend en compte la permaculture comme modèle de vie, permettent de reconnecter la société à la terre. D’après Gilles Fumey, l’alimentation exprime le « moyen le plus fort d’être au monde 65 ». Or, depuis l’après Seconde Guerre Mondiale, l’industrialisation et la métropolisation, la distance entre le mangeur et les produits alimentaires est de plus en plus grande. « Ces deux processus et leurs corollaires (révolution des transports, progrès techniques en matière de conservation) changent le rapport à l’espace et au temps depuis le 19e siècle». Il y a une déterritorialisation de la nourriture de plus en plus forte par les citoyens. Nous faisons plus le rapprochement entre les produits présent sur les étals et leur lieu de production, mais surtout les saisons ne sont plus respectées (voir image 12). Les territoires agricoles ont, depuis un siècle, été périphéralisés vers des territoires en dehors de la ville. Les transports ont permis d’apporter la nourriture jusqu’aux grandes surfaces, présentes de plus en plus en périphérie, augmentant encore plus la distance entre consommateurs et producteurs. Cependant, à cause des scandales alimentaires qui sont apparus il y a peu, un sentiment de risque alimentaire s’est installé chez les citoyens. Les habitants sont d’autant plus sensible à l’envie de connaître l’origine des aliments66. Ce qui participe à une reterritorialisation de la nourriture dans l’esprit humain. Grâce à l’étiquetage des aliments, il y a une prise de conscience spatiale de la nourriture. Les circuits-courts et de proximité ont eu un énorme succès durant ces dix dernières années, grâce à la volonté des habitants de savoir où et comment, la nourriture est produite. Ils permettent de relocaliser la production et la distribution agricole. Même les grandes distributions proposent des rayons « produits locaux », ce qui ne fait pourtant pas gage de qualité ... Le mouvement en transition, la permaculture et les diverses pratiques en rapport avec une revalorisation de notre agriculture et de notre potentiel réflectif ont permis une facilitation des relations producteurs-consommateurs et une modification des pratiques urbaines et territoriales. Grâce à la dynamique citoyenne, les politiciens s’intéressent de plus en plus à ces questions. Ils s’interrogent sur la capacité des villes à produire de la

nourriture et non d’être seulement «des regroupements de population ne produisant pas elles-mêmes leurs moyens de subsistance alimentaire» (François ASCHER, 2001) 67. De plus en plus de lois sont écrites en faveur d’une revalorisation de la production agricole urbaine. Et certaine ville, en popularisant le mouvement en Transition et la permaculture, vont jusqu’à avoir une politique de conquête de l’autosuffisance alimentaire, comme c’est le cas de Rennes ou d’Albi. La conquête de l’autosuffisance alimentaire, organisée par les élus et les politiciens, nous mène à une réflexion sur le devenir des espaces agricoles alentours et sur les capacités productives d’une ville. Les zones agricoles, maraîchères et les fermes urbaines sont revalorisées. Les grandes zones commerciales, de plus en plus contestées. Des connexions peuvent se créer entre les territoires périurbains et ruraux, et les centres urbains de manière à relier consommation, production et distribution locale. De plus en plus de journaux, d’experts s’insurgent sur l’état de notre agriculture et de nos assiettes, comme le fait Arnaud Daguin sur France Inter ou lors de conférence à Agora 2017. Le sujet est largement médiatisé mais l’autosuffisance alimentaire permet de poser les problèmes de notre urbanisation et enfin de réagir. Les habitants sont en quête d’un sens logique par rapport à l’alimentation. Cependant ce n’est, pour le moment, qu’en stade de réflexions. Certaines villes comme Rennes ou Albi, désireuses d’être autosuffisantes, se heurtent à de nombreux problèmes (administratifs, financiers, environnementales ...). Mais l’intention est présente et les mentalités ne s’en voient que de plus en plus concernées.

65. Caroline Brand et Serge Bonnefoy, « L’alimentation des sociétés urbaines : une cure de jouvence pour l’agriculture des territoires métropolitains ? », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 11 Numéro 2 | septembre 2011, mis en ligne le 05 octobre 2011, consulté le 10 octobre 2017. URL : http://vertigo.revues.org/11199 ; DOI : 10.4000/vertigo.11199 66. Op. cit. Alim’agri, p. 30 67. Patrick MUNDLER et Juliette ROUCHER, Alimentation et proximités : Jeux d’acteurs et territoires, édition Educagri, publié en juin 2016, consulté le 30 nov 2017, propos de Agnès TERRIEUX, «Alimenter les villes; Un nouvel enjeu pour l’aménagement du territoire», p85

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64. Adrien Krauz, « Les villes en transition, l’ambition d’une alternative urbaine », Métropolitiques, 1er décembre 2014. URL : http://www.metropolitiques.eu/Les-villes-en-transition-l.html

I ) L’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e d e s v i l l e m o y e n n e s , u n r ê v e à r é a l i s e r ?


Toulouse

Ii

Ii L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e territoire albigeois

Albi

Population municipale Capacité d’autosuffisance alimentaire

49 531 habitants 1 119 hab/km² 98 240 habitants dans l’aire urbaine

- 1.56 % d’autosuffisance alimentaire - 58e ville dans le classement français des villes ou aires urbaines autosuffisantes.

Localisation Chef-lieu du département du Tarn Région Occitanie Troisième ville après Montauban et Toulouse Siège de l’archevêché

- 298 000 ha de SAU = 52 % du département - 8 % des exploitations en Agriculture Biologique

Fait partie du mouvement des villes en Transition avec un fourmillement d’élans citoyens en faveur de la transition écologique (voir annexe 4 p48) Histoire Albi est inscrite au patrimoine de l’UNESCO en 2010 grâce à sa cathédrale Sainte-Cécile, édifice fortifié en briques ocres apparentes construit entre 1282 et 1480. Le palais de la Berbie abrite le musée ToulouseLautrec, l’église Saint-Salvi et son cloître, les rives du Tarn et le pont Vieux ainsi que plusieurs édifices classés monuments historiques. Aire urbaine : communauté l’agglomération Albigeois - Albi - Arthès - Carlus - Terssac - Castelnau-de-Levis - Le Sequestre - Marssac sur Tarn - Rouffiac - Saliès - Puygouzon - Labastide-Denat - Dénat - Fréjairolles - Cambon - Cunac - Saint-Juéry - Lescure d’Albigeois

de

- 1 exploitant sur 5 en circuit court

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C a r t e d ’ i d e n t i t é d ’A l b i


Enquête terrain à albi : état des lieux

II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s Au début de l’année 2016, l’équipe municipale d’Albi a décidé de faire parvenir la ville à une autosuffisance alimentaire en 2020. Une ambition de taille pour une ville de 51 000 habitants, mais surtout, c’est la première fois qu’une ville souhaite atteindre un tel objectif. Comment la ville s’organise et se transforme-t-elle actuellement pour y parvenir ? Quelles sont les actions mises en place au sein de la ville et dans l’aire urbaine pour atteindre cette autosuffisance ? Avec un petit tour d’horizon des actions menées par les citoyens et les élus d’Albi, voici dans cette deuxième partie, ce que les acteurs, en lien plus ou moins rapproché avec l’autosuffisance, ont mis en place dans la ville.

Image 13 : Jardiner en ville : une nourriture publique

Image 14 : L’esprit pédagogique du cycle alimentaire

Source : Marina GARNIER et Pierre Jean ARNAUD URL : http://entretarnetdadou.fr/cinefeuille-le-keyhole-jardin-partage/

Image 15 : Un jardin en libre service dans l’enceinte de l’université Champollion Source : Marina GARNIER

1) Les « Incroyables Jardiniers » et leur travail d’éducation alimentaire pour la population Les « Incroyables Comestibles », ou pour Albi «Les Incroyables Jardiniers», est une association composée de citoyens qui transforment certains espaces publics, non utilisés de la ville, pour en faire des potagers. Le concept étant de laisser en libre-service les plants dans l’espace public, et que les habitants puissent s’en occuper, ou récupérer les fruits des récoltes (voir image 13). L’autre enjeu est pédagogique. Les Incroyables Comestibles organisent souvent des ateliers-jardins ou ateliers-cuisines afin de faire participer les citoyens. Mais aussi des forums publics ou tout simplement des conférences sur l’utilisation des jardins, des key-holes et des composteurs (voir image 14). Il y a un véritable projet pédagogique de la part des Incroyables Comestibles pour sensibiliser les habitants au recyclage et au compostage. L’alimentation est un cycle, car la plupart des déchets produits peuvent être récupérés pour nourrir les autres plants en croissance, grâce par exemple à l’utilisation des key-holes. « Parce que si les gens ne font pas d’effort pour recycler, c’est parce que les explications sont trop périlleuses à comprendre 68 ...» . Afin de responsabiliser les habitants, ils élisent un gestionnaire de jardin qui est responsable du potager du quartier. Dans différents quartiers un peu tendus d’Albi, comme le jardin Seralha Miam-Miam au quartier Lapanouse (voir la carte des jardins p. 52), les jardins ont un véritable enjeu de rétablissement des liens sociaux entre les habitants. Cela permet à certains individus de renouer avec la terre nourricière mais aussi de leur donner des objectifs de vie. Les jardins familiaux, collaboratifs et

68. Interview des Incroyables Jardiniers d’Albi., Annexe p. 101 69. Interview Jean-Gabriel PELLISSOU, maraîcher de Canavières, annexe p. 106

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Source : Marina GARNIER

A) L’action citoyenne au départ de toutes volontés

associatifs permettent aux habitants de certains quartiers sensibles de retrouver un confort et une stabilité qu’ils ne peuvent avoir dans des cités où aucune autre activité ne les occupe. Certains ont constaté une baisse progressive des incivilités. Mais il y a encore des problèmes liés aux vols de légumes ou aux destructions de quelques potagers. Cependant, il y a un début de prise de conscience des habitants vers une bonne alimentation. Si ces citoyens ont le choix d’avoir de bons produits à disposition, ils vont mettre du temps à en prendre conscience totalement mais surtout à investir les potagers à bon escient. L’association anime également depuis 2015, des ateliers périscolaires au sein de l’école Cantepau, situé sur un quartier sensible de la ville. Le milieu scolaire est très important pour pouvoir prendre conscience de ces questions là, dès le plus jeune âge. À Champollion, l’institut universitaire d’Albi, les jardins sont situés sur le pôle universitaire et sont surtout utilisés comme lieu de pique-nique et de rassemblement. Il y a un four à disposition (voir image 9) permettant aux étudiants d’investir l’endroit afin d’en faire un lieu de restauration extérieure. Certains étudiants viennent également après les cours pour y faire leurs devoirs, lorsqu’il fait beau. Le jardin, a donc ici, un rôle récréatif. Il est d’ailleurs considéré comme un symbole dans cette université. Notamment parce que les quelques fruits, herbes aromatiques et légumes produits, sont cuisinés au restaurant universitaire. Les jardins des Incroyables Comestibles ne touchent pas les mêmes publics, mais ils ont tous une portée symbolique et pédagogique. Les Incroyables Comestibles, par leurs interventions dans la rue, offrent des clés aux habitants afin qu’ils se rendent compte de la vraie valeur de la terre et de sa conservation. Certaines personnes décident même de faire pousser des légumes ou des plantes aromatiques dans leur pot, initialement prévu pour des fleurs (voir image 15). Pour le moment, on ne trouve que quelques citoyens qui s’intéressent à ce mouvement. Les Incroyables Jardiniers comptent environ 300 membres actifs et ils en accueillent de plus en plus chaque année. De nombreuses associations citoyennes sont présentes à Albi (voir tableau annexe 4 p. 109). Car en plus de sa volonté d’être autosuffisante, Albi fait partie des Villes en Transition en France. Un nombre incalculable de bénévoles s’active en faveur de la transition de la ville d’Albi 69. Il existe de nombreux partenariats qui participent plus ou moins à l’autosuffisance, comme « Zéro Déchet Albi », une association militante qui sensibilise les citoyens à la surproduction de déchets et les guide à devenir acteurs du recyclage au quotidien.


P o ta g e r s u r b a i n s e t a g r i c u lt u r e u r b a i n e à a l b i

II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s

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2) Du bottom-up au top down : comment les élus se sont-ils accaparé le mouvement ? Selon l’interview des membres des Incroyables Jardiniers, historiquement les jardins en pleine ville n’étaient pas tolérés à Albi. Les Incroyables Comestibles ont pendant longtemps créé des petits jardins clandestins

L’espace agricole géré par l’association Regain © Marc Barra Image 16 : Les jardins en insertion professionnelle de l’association Regain Source : Site Mairie d’Albi, Marc BARRA URL 1 : http://www.mairie-albi.fr/actu/regain-insertion-f%C3%AAte-son-20e-anniversaire URL 2 : http://www.capitale-biodiversite.fr/sites/default/files/rapport_de_visite_albi.pdf

et certains se virent être enlevés par la mairie. Fin 2013, les Incroyables Jardiniers ont décidé de faire bouger les choses en trouvant un accord avec la mairie. Le prince Charles d’Angleterre, au vu du succès des actions menées par Incredible Edible dans la ville de Todmorden en Angleterre, a décidé de rendre visite à la première ville de France qui serait engagée dans cette dynamique-là. Les Incroyables Jardiniers ont saisi cette occasion et ont décidé de rédiger un dossier préparatoire pour la visite du prince Charles. Ce dossier présente toutes les conditions nécessaires pour qu’Albi devienne «Albi, ville comestible, ville pionnière pour une agriculture urbaine participative». Ils avaient pour projet de réaliser une «green route», pour piétons ou cyclistes, qui engloberait toutes les initiatives agricoles des Incroyables Jardiniers. Comme dans la ville de Todmorden, la green route devait englober au moins 24 stations pédagogiques. C’était les critères minimum de la visite du prince Charles. Les stations auraient été disposées de sorte que le circuit ne soit pas trop dilué dans la ville, du fait que l’hyper-centre historique d’Albi est moins perméable aux plantations des Incroyables Comestibles. De plus, une aire d’accueil, pour les visiteurs, a été demandée, afin de pouvoir les accueillir, organiser des débats afin de commencer ou de clôturer le circuit. Les Incroyables Comestibles avaient demandé de vraies transformations spatiales au sein de la ville d’Albi afin de pouvoir recevoir le prince Charles. Un évènement d’importance car :

« La visite du prince Charles correspond en quelque sorte au passage de témoin entre le pays berceau de l’expérience et le pays par lequel cette expérience se dissémine à l’échelle planétaire, répandant l’espoir qu’une autre réalité alimentaire mondiale est possible » 71. Le dossier-guide (voir figure 15 p. 54) était très détaillé et présentait le projet des Incroyables Comestibles comme un projet d’aménagement public. À l’exception que ce sont des citoyens qui l’ont réalisé. Après concertation, les membres de l’association ont fait projet pour la ville. L’idée première était de rendre les jardins urbains possibles et légaux afin que les élus de la mairie ne les fassent pas détruire. Grâce à ce document, les élus de la mairie d’Albi ont pris connaissance de la possible venue du prince Charles, mais seulement si Albi devenait la ville pilote en matière de production alimentaire. C’est à partir de cela que les élus à la mairie, au vu de l’importance médiatique qu’une

Ces données ont été récoltées par interview. 70. Corinne ZERBIB, «Maîtres composteurs : un bio métier», dans OuestFrance Emploi, le 21 juil 2015, consulté le 9 dèc 2017, URL : https://www. ouestfrance-emploi.com/actualite-emploi/maitre-composteur-bio-metier 71. Incroyables Comestibles, Document préparatoire pour une visite du prince Charles à Albi, Dossier pour la mairie d’Albi, publié en dèc 2013, consulté en mai 2017, p.5

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Grâce à toutes ces actions, il y a même de nouveaux métiers qui voient le jour, en rapport avec ces implantations de jardins en villes. Comme le métier de Jardin de condiments maître composteur. « Le métier implique non seulement Allée de Mésenges une bonne connaissance des techniques de gestion des bio déchets, mais aussi une capacité à les transmettre, Arbres fruitiers tant aux collectivités territoriales, qu’aux particuliers70 ». Ce Fontanelleet tient une épicerie sociale. Le surplus est donné aux restos du paniers, fournit le restaurant nouveau métier ne compte que très peu de pratiquants cœur ou aux salariés. Cette plaine maraichère pratique des rotations culturales. A côté il y a Verger de noisetier et nefliers actuellement, mais va devenir tendance grâce à une 32 parcelles de jardins partagés : il n’y a pas de charte particulière incitantLaàViscose des pratiques loi sortie le 1er Janvier 2016. Cette loi vise à faire trier les écologiques même si beaucoup d’entre elles tendent vers le bio. producteurs de plus de 10 tonnes de bio déchets par an. Verger et Une expertise en ce domaine est nécessaire afin de bien Marre pédagogique recycler dès le début. Ce sont tous ces nouveaux experts de la Mouline Frutiers à coques de la production raisonnée qui feront qu’un territoire sera (future) place du Clavaire Allée des Amandiers INSTALLATION IC ALBIGEOIS plus résilient. JARDINOUS DANS LA COUR KEY HOLE EEAM JARDINIERES ET POTAGER LOSANGE MJC ALBI Au sein de la ville d’Albi, il existe plus d’une dizaine INSTALLATION MAIRIE D'ALBI MAISON DE QUARTIER DES ISSARDS SARRALHA MIAM MIAM de jardins implantés par les Incroyables Jardiniers. Ce sont KEY HOLE LAPANOUSE Cloître Saint Salvy JARDINIERES des actionnistes de l’espace public qui ont pour vocation PICADELLI CAFE de faire partager à tous l’idée que la terre est l’élément de JARDINIERES SUR LES FENETRES Jardin Edmond Canet base de notre vie (voir figure 14). Et, malgré le fait que les AVENUE COLONEL TEYSSIER villes et l’urbanisation de ces dernières années aient créé un fossé de plus en plus grand entre les humains et la PLATEBANDES AVENUE JARDIN ETUDIANT MANDALA FRANCHET D'ESPEREY terre, les Incroyables Jardiniers tentent de reconnecter les JARDIN RESIDENCE ETUDIANT ET JARDIN FRUITS ROUGES citoyens à cette terre nourricière. Le principe est d’impulser FONLABOUR CHAMPOLLION JARDIN ET SPIRALE D'AROMATIQUES et de lancer chez les citoyens cette envie de partager et de Jardin de condiments CHAMPOLLION Rayssac développer des initiatives en faveur d’un changement des Parc de quartier, arbres fruitiers BOSQUET COMESTIBLE Bassin de rétention du Marranel comportements alimentaires. L’association Regain anime RAYSSAC par exemple un restaurant s’approvisionnant uniquement de denrées issues de l’agriculture urbaine. Environ Une ancienne zone engazonnée transformée en espace comestible © Marc Barra 12000m² de maraîchage sont pratiqués sur ces terrains près de Cantepau. Elle emploie 16 personnes en insertion Figure 14 : Plan des jardins de ville à Albi Installations IC professionnelle (voir image 16). Source : Incroyables jardiniers d’Albi Installations Mairie Albi Tous ces élans citoyens participent à la transformation physique du territoire. Nous l’avons vu avec l’implantation de jardins dans la ville, mais ceci reste insuffisant pour aspirer à devenir autosuffisant. D’ailleurs devenir autosuffisant n’était ni la volonté des Incroyables Jardiniers, ni celle des membres des associations. Ce sont les élus de la ville qui se sont inspirés de ces initiatives.


II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s

INCREDIBLE EDIBLE FRANCE

# jeanmichelbouat

Les Incroyables Comestibles en France ---

L’abondance est le fruit du partage

Albi, ville comestible /Albi, edible city LA MARCHE VERS L’AUTO-SUFFISANCE ALIMENTAIRE :

UN GUIDE POUR L’ACTION COLLECTIVE

Photo : le Prince Charles en visite à Todmorden, berceau de l’initiative Incredible Edible

Document préparatoire à l’invitation pour une visite du Prince Charles à Albi

Figure 15: Document préparatoire à l’invitation Remis une à Jean-Michel BOUAT , adjoint au maire délégué au développement pour visite du Prince Charles à Albi durable et à l’agriculture urbaine de la ville d’Albi (Décembre 2014) Source : Incroyables jardiniers d’Albi

Incredible Edible France - Les Incroyables Comestibles en France Association de droit local Alsace-Moselle (loi 1908) inscrite au registre du TI de Colmar / Volume 68 - Folio 34 Siège social de l’association nationale : 2 impasse des griottes - 68240 FRELAND

SOMMAIRE

www.lesincroyablescomestibles.fr

- 54 Image 17 : L’impact de twitter et des médias sur l’image de la ville ou d’une personne Source : Twitter de @jeanmichelbouat Source 2 : Alain-Marc DELBOUYS, « Les bons plans de la ville pour l’agriculture urbaine», dans La Tribune, publié le 8 dèc 2014 URL : https://www.ladepeche.fr/article/2014/12/08/2006648-lesbons-plans-de-la-ville-pour-l-agriculture-urbaine.html

Image 18 : Le jardin aux herbes aromatiques municipal, du Cloître de St-Salvi Source : Marina Garnier

moyen de donner une information rapide et précise, avec l’aide d’une photo souvent, afin de toucher les lecteurs très facilement. Plutôt que de lire un long article, voire même un blog75, qui aujourd’hui n’est plus tellement à la mode, l’application Twitter permet de donner son opinion sur d’autres informations, afin de véhiculer cette information et la rendre plus virale sur la toile. Cette conquête est plus médiatique que pragmatique, mais il y a quand même des actions qui ont vu le jour. Comme par exemple la réhabilitation de la ZAC de Canavières en zone de maraîchage. Pour le moment, quatre maraîchers y résident et seulement deux d’entre eux produisent des légumes actuellement (voir interview p. 106). Cette nouvelle politique urbaine a aussi permis de transformer les parcs et jardins publics en espaces de production alimentaire. Maintenant, nous pouvons voir à Albi des espaces comme le Cloître de Saint-Salvi, dotés de plants de salades, de betteraves ou de carottes (voir image 18). Il est certain qu’il existe une immense médiatisation du concept, mais il y a quand même des actions concrètes qui sont menées. Provenant initialement de citoyens, le mouvement est maintenant devenu la politique de base de la ville d’Albi. Nous assistons à une inversion du système Top Down jusque-là connu. Le système Top Down , signifiant « de haut en bas », est le système communément connu qui veut que ce soit les élus, les députés ou les politiciens, qui rédigent les lois et les fassent appliquer. Ils ont donc le pouvoir et les citoyens doivent attendre que les changements viennent des politiciens. Ici nous sommes plutôt dans une démarche Bottom Up, signifiant « du bas vers le haut ». Ce sont avant tout les citoyens, membres d’associations, qui ont permis que la politique d’Albi change. Ils ne désiraient pas l’autosuffisance alimentaire, mais simplement que les jardins deviennent des lieux emblématiques de la ville d’Albi, sans avoir de soucis juridiques. La démarche Bottom up induit celle du Top Down. C’est plutôt rassurant car cette démarche nous donne un certain pouvoir. Aujourd’hui, les citoyens peuvent véritablement choisir de faire changer les choses. Cela demande du temps et des actions concrètes qui peuvent parfois en décourager plus d’un. Mais ces exemples démontrent que les démarches citoyennes sont possibles et efficaces.

72. Julie GACON, «Sur la route ... de l’autosuffisance alimentaire à Albi», émission radio France Culture, publié le 4 juillet 2017, consulté le 30 sept 2017, URL : https://www.goodplanet.info/actufondation/2017/07/04/a-ecouter-route-de-lautosuffisance-alimentaire-a-albi-france-culture/ 73. Article du Figaro sur Albi par Paul CARCENAC, «Comment la vile d’Abi veut conquérir son autousuffisance alimentaire ?», dans Le Figaro [En ligne], publié le 14 avril 2016, consulté le 12 janv 2017, URL : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/04/14/01016-20160414ARTFIG00180-comment-la-ville-d-albi-veut-conquerir-son-autosuffisance-alimentaire.php 74.Twitter, (2013), @JeanMichelBouat, URL : https://twitter.com/jeanmichelbouat, consulté le 15 Nov. 2017. 75. Blog de Jean-michel Bouat,(2017), Hater gonna hate, les haineux haïront, URL : https://jmbouat.wordpress.com/, consulté le 15 Nov. 2017.

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visite du prince d’Angleterre pouvait représenter pour Albi, se sont accaparé le dossier pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. La médiatisation était lancée, mais il fallait que les actions suivent. La mairie a alors accepté la plupart des jardins qui se sont vu grandir autant en taille qu’en nombre ; réalisant un impact plus important sur la ville et amplifiant le mouvement des Incroyables Comestibles. Être « autosuffisant » relève de la « folie » ou de la rêverie. Il a un réel impact dans les esprits et devient de plus en plus présent dans les débats sociaux et politiques. Dans les médias, la ville d’Abi « sur la route de l’autosuffisance alimentaire 72 » ou encore « à la conquête de l’autosuffisance 73 » fait très largement parler d’elle. Elle fait la une sur beaucoup de médias comme France Info, France 2, France Culture et sur Youtube également. Il existe même un élu à l’autosuffisance alimentaire à la mairie d’Albi. Jean Michel BOUAT représente la démarche autosuffisante à Albi ; il est chargé de renseigner les habitants sur les actions en cours et en faveur de cette nouvelle politique urbaine. Depuis sa prise de poste en 2014, Jean-Michel Bouat, délégué au développement durable, s’affaire à concevoir des actions en faveur de l’autonomie alimentaire d’Albi. Ce n’est qu’en 2016 que la conquête commence. Il médiatise surtout ce mouvement mais avec un discours assez redondant. Pour lui, l’autosuffisance à Albi est fondée sur trois axes, qui ont d’ailleurs été évoqués lors de l’interview. Premièrement, la base de cette politique urbaine est de réduire le bilan carbone avec un circuit de proximité de 60 km autour d’Albi. Deuxièmement, sécuriser les approvisionnements avec des aliments de qualité. Enfin, la ville d’Albi doit compter sur tous ses atouts pour réussir avec de remarquables associations et une réelle volonté politique, pour accroître la prise de conscience. Il enchaîne les conférences pour promouvoir ses actions et a même une page Twitter74 et un blog, relatant l’actualité d’Albi. Sa page compte environ 500 abonnés et plus de 1000 «Tweets». Ce qui est plutôt surprenant de la part d’un élu. La maire elle-même n’a pas de Twitter à son nom. Nous pouvons y voir des extraits des apparitions médiatiques de Jean-Michel Bouat. On y apprend aussi que la ville d’Albi a reçu un prix pour l’alimentation au forum des Smart City (voir image 17). Il « retweet » une quantité d’articles sur les circuits courts, la permaculture et l’agriculture urbaine, montrant qu’il maîtrise cette technique de médiatisation qui touche les plus jeunes, mais surtout ses valeurs politiques. Twitter est un excellent


La grande distribution contre les marchés de pleins vents

II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s 3) De nouvelles formes de distribution participant à une consommation raisonnée

Image 19 : La voie des supermarchés contre les marchés locaux

Sources : Centre Leclerc des portes d’Albi : http://blog.lesprades.centre-leclerc-des-portes-d-albi.charte-privilege.fr/ Le marché couvert d’Albi : http://www.mairie-albi.fr/le-march%C3%A9-couvert

Responsable de ruche Pour son travail d’organisation des ventes, de gestion et d’animation de la communauté

Producteurs

Figure 16 : Les frais de service à La Ruche qui dit Oui Sources : La Ruche qui dit Oui Site web : https://laruchequiditoui.fr/fr/p/cost

La ruche-mama Plus de 40 personnes travaillent au développement de la plateforme Internet, assurent un support technique et commercial et veillent au bon développement du réseau de Ruches. Membres

76. Simon Barthélémy, « Ruche qui dit Oui, Amap : ce qu’en pensent les paysans», dans Rue89Bordeaux, publié le 11 dèc 2014, Consulté le 19 dèc 2017, URL : https://rue89bordeaux.com/2014/12/ruche-dit-oui-amap-paysans-circuit-court/ 77. Atelier E&R, « La Ruche qui dit Oui : de la communication à la réalité», dans égalité et Réconciliation, publié le 17 oct 2014, consulté le 19 dèc 2017, URL : https://www.egaliteetreconciliation.fr/La-Ruche-qui-dit-Oui-de-la-communication-a-la-realite-28574.html 78. Op. Cit.. Simon BARTHélémy p.57 79. Pascale MOUGENOT, «7 circuits courts pour manger bio et local», dans l’Express, publié le 13/02/2015, consulté le 17/09/2017, URL : http:// votreargent.lexpress.fr/consommation/7-circuits-courts-pour-manger-bio-et-local-la-ruche-qui-dit-oui-bienvenu-a-la-ferme_1648847.html 80. Caroline Brand et Serge Bonnefoy, « L’alimentation des sociétés urbaines : une cure de jouvence pour l’agriculture des territoires métropolitains ? », dans VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 11 Numéro 2 | septembre 2011, mis en ligne le 05 octobre 2011, consulté le 10 octobre 2017. URL : http://vertigo.revues.org/11199 ; DOI : 10.4000/vertigo.11199

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La ruche qui dit Oui représente-elle vraiment un circuit court ?

Grâce aux intentions d’entrepreneurs citoyens, la distribution de produits locaux a explosé avec l’arrivée de nouveaux modes de distribution qui révolutionnent la consommation. Bien évidemment, encore la plupart des Albigeois vont encore faire leurs achats dans les supermarchés qui représentent 74 % de parts de marché dans le Tarn. Mais de plus en plus de plateformes physiques ou virtuelles de circuit court voient le jour (voir image 19). Ces produits ont, au maximum, un intervenant entre le producteur et le consommateur, évitant les longs transports et divers revendeurs. Ceci ne signifie pas que les denrées sont produites à proximité du lieu de distribution ni de manière biologique... « La ruche qui dit oui » est une plateforme en ligne qui vise à reconnecter le producteur directement avec le consommateur. La plateforme fonctionne grâce à des «ruches» ; points de relais entre le producteur, qui dépose directement ses marchandises, et le consommateur, qui vient les récupérer. Le chef de la ruche est le garant de la bonne distribution des denrées. C’est lui qui trouve le lieu de distribution et qui devient l’interlocuteur entre producteur et consommateur. Dans le région du Tarn, il y a déjà quatre ruches fonctionnelles. Celles d’Albi et de Graulhet, qui comptent chacune 400 membres environ, celle de Gaillac, avec environ 900 membres, celle de Castres comptant 1300 membres. Ce qui fait au maximum 3000 membres plus ou moins actifs, sachant qu’un compte peut être associé à trois ruches maximum. Cela représente moins de 1% de la population départementale. Un résultat encore faible mais en progression, puisque de 2011 à 2014 plus de 100 000 clients actifs ont adopté la Ruche. C’est aussi plus de 4000 producteurs qui alimentent les ruches de la France. Chaque Ruche a un rayon d’action de 250 km, dans lequel elle va chercher ses producteurs. Mais la plupart des marchandises sont produites dans le département, car il faut que les producteurs viennent alimenter les ruches des produits de saison, une fois par semaine. En plus des « ruches », il existe tout un réseau en expansion qui développe les commerces en circuit court. Les AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne), fonctionnent un peu comme La ruche qui dit Oui, mis à part que ce n’est pas une plateforme virtuelle

et que le panier est déjà composé de fruits et légumes de saison, sans que le consommateur puisse choisir. Et que visiblement les AMAP participent plus à cette démarche relationnelle entre producteur et consommateur. En effet, il existe des petites frictions entre les producteurs et le fonctionnement des Ruches, qui prendraient une marge de 20% sur les produits que les agriculteurs leurs délivrent76. Cette marge sert notamment à payer la société « Equanuum », dite la « Ruche à Mama » basée à Paris, le responsable de la ruche et la centrale d’achat en ligne «Tunz SA 77». Trois intermédiaires donc qui empochent l’argent et qui font alors augmenter le prix des denrées. Plusieurs petits producteurs ont d’ailleurs refusé de travailler avec la Ruche, car en fin de compte, leurs produits n’étaient plus rentables pour la survie de leur exploitation. Les AMAP n’ont aucun intermédiaire et fonctionnent à la bonne volonté de chacun. Cependant, même si les Ruches prennent une marge sur les produits, cela permet de proposer une alternative à la grande distribution, dont les marges sont environ de 30%, et de toucher un public plus large que les militants des AMAP. « La Ruche c’est du moyen terme, cela permet de sensibiliser les gens pas assez militants pour aller dans une AMAP, et qui le feront peut-être ensuite 78 ». Ce sont ces consommateurs qui s’engagent à acheter des produits d’une exploitations et qui fixent les prix d’un commun accord avec les producteurs, pour assurer leur subsistance. Autre réseau en expansion : la cueillette directe comme Bienvenue à la ferme ou encore Chapeau de Paille. Il en existe encore plein d’autres, comme Paysans. fr 79! De plus en plus de consommateurs s’intéressent à ces nouveaux réseaux de circuit court. Même les grandes surfaces comme Monoprix se sont mis aux circuits courts. En utilisant les labels Le petit producteur ou encore Saveurs du Coin, les grandes surfaces proposent des aliments issus des producteurs locaux. Nous participons à «l’irruption des acteurs de la société civile et aux préoccupations montantes en matière de ville durable, qui renouvellent le thème des circuits courts et contribuent à sa généralisation dans toutes les politiques agricoles d’agglomération 80 ». Ce sont, en effet, les citoyens qui désirent courtcircuiter les supermarchés et la grande distribution, en proposant des alternatives à la distribution. Au-delà des marchés traditionnels de producteurs locaux, ces nouvelles formes de distribution participent à l’élargissement du panel des consommateurs et à une prise de conscience,


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Le changement de la consommation alimentaire française l ub

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u Ro

* Hors boissons alcoolisĂŠes. ** Estimation 2009. *** DonnĂŠes 2008.

Consommation alimentaire par habitant : quelques boissons avec ou sans alcool

Consommation alimentaire par habitant : quelques aliments frais ou transformĂŠs

175

175

(En litre par habitant) Source : Agreste (vin), Insee (autres)

vers une consommation plus raisonnĂŠe. Elles facilitent le rapport entre les producteurs et les consommateurs mais aussi la distribution des aliments entre ces deux interlocuteurs ; favorisant ainsi la confiance entre ces deux entitĂŠs, piliers de l’alimentation. Une ĂŠtude dĂŠmontre que la consommation de viande et de charcuterie est en baisse en France. Du fait de la prise en compte grandissante par les consommateurs des ÂŤ questions de sĂŠcuritĂŠ sanitaire et de l’impact de leurs achats sur l’environnement 81 Âť, la consommation de viande sur le territoire français est en diminution (voir figure 17). La diminution de la prise des entrĂŠes et des desserts dans les repas principaux, souvent par manque de temps, est aussi Ă l’origine de la transformation des repas vers le snacking et les fast-foods. Ce type de consommation ne dĂŠcroĂŽt pas et est plutĂ´t populaire chez les ĂŠtudiants. Pour autant, avec l’arrivĂŠe des circuits courts dans la distribution, leur impact sur les comportements alimentaires est rĂŠel. Elle facilite les achats d’aliments directement issus des producteurs. Si certains français sont prĂŞts Ă acheter local et de manière raisonnĂŠe pour avoir une alimentation saine, le prix d’achat peut aussi en dĂŠcourager plus d’un. En effet les produits locaux restent encore un peu plus chers que les produits trouvĂŠs en grande surface82. Cela dit tout dĂŠpend de la structure et du produit demandĂŠ (voir tableau 1). En règle gĂŠnĂŠrale, les produits proposĂŠs par la nouvelle distribution sont de saison, donc parfois indisponible. De fait, nous n’y trouvons pas la mĂŞme offre que dans les drives des supermarchĂŠs, mais il y a le nĂŠcessaire, voire mĂŞme des produits mĂŠdicinaux ou esthĂŠtique. Les circuits courts ont pour objectif de rapprocher le consommateur et le producteur en utilisant au maximum un intermĂŠdiaire qui, pour les deux cas prĂŠsentĂŠs ici, sont des citoyens qui se sont professionnalisĂŠs dans le secteur de la distribution. La mise en place de ces circuits courts dans l’alimentation française remet en question les systèmes 0 de distribution alimentaire au sein du territoire français. Par exemple Ă Albi, la vacance commerciale touche ostensiblement le centre-ville. MalgrĂŠ les campagnes de publicitĂŠ de la mairie, pour cacher les dĂŠgâts causĂŠs par l’exurbanisation des villes, ce sont environ 15% des commerces du cĹ“ur de ville qui sont inoccupĂŠs, ÂŤ soit environ 80 boutiques sur 40083 Âť. Ces chiffres ont

(en kilogrammes par habitant) Source : Agreste - Bilan d'approvisionnement

150

150

125

125

100 100

75 1995

50 0

2005

Frais

75

2008

TransformĂŠ 50

25 0

25 VQPRD

Autres vins

Bière

Autres

Boissons alcoolisĂŠes

Eau

Sans sucre Avec sucre

Boissons non alcoolisĂŠes

0 1995 2008

1995 2008

Pomme de terre* Tomate**

VQPRD : AOC + VDQS. Autres vins : vin de pays, de table, pour Cognac. Autres boissons alcoolisĂŠes : champagne, vin doux naturels, spiritueux, cidre (2007). Eau : eau minĂŠrale et de source. Boissons non alcoolisĂŠes hors jus de fruits (2007).

1995 2008

1995 2008

1995 2008

1995 2008

Fruit***

Viande

Fromage

Produits lactĂŠs****

* TransformĂŠ : congelĂŠ, flocon, chips... ** TransformĂŠ : concentrĂŠ, pelĂŠ... *** Pomme, poire, orange, raisin, pèche — transformĂŠ : jus, compote, conserve en sirop... **** Yaourts aromatisĂŠs, desserts lactĂŠs frais, fromage frais, crème fraiche

Figure 17 : La consommation alimentaire

⇣ Plus de boissons moins sucrÊes et de qualitÊ

⇣ Plus de produits transformÊs et moins de viande

En 13 ans, la consommation par habitant de bière et de vin a diminuĂŠ de 24 litres. le vin de qualitĂŠ s’apprĂŠcie toujours au contraire des autres vins qui sont de plus en plus dĂŠlaissĂŠs. Cependant, la France, avec 46 litres, reste le deuxième gros buveur de vin de l’uE Ă 27 (après le luxembourg). En 2008, on boit en moyenne 151 litres d’eau commercialisĂŠe (minĂŠrale ou de source). la diminution pour la 3e annĂŠe consĂŠcutive conďŹ rme la baisse d’intĂŠrĂŞt pour ces produits lesquels avait connu une progression très rapide entre 1990 et 2005. Hormis les jus de fruits, on se rafraĂŽchit davantage avec des boissons ÂŤ light Âť sans pour autant vraiment restreindre les boissons sucrĂŠes. le jus de fruit, composant des produits transforProduits mĂŠs des fruits, est toujours très apprĂŠciĂŠ (environ 27 litres/habitant).

tandis que celle en produits transformĂŠs progresse. En particulier pour les fruits oĂš, entre 1995 et 2008, le frais baisse de 4 kg/habitant et le transformĂŠ (jus, compote, conserve au sirop) augmente de 74 kg/habitant pour atteindre 134 kg/habitant en 2008. En concentrĂŠe, pelĂŠe ou autre, la tomate progresse rĂŠgulièrement Commentaires dans nos assiettes ; la consommation de tomates fraĂŽches varie selon les annĂŠes. On mange en 2008, 12 kg de viande de moins qu’en les pour 1995. les desserts lactĂŠs sont plĂŠbiscitĂŠs : on en consomme 7 kg circuits de plus. l’attrait du fromage reste toujours vif (24 kg/habitant) pla-courts çant la France en deuxième consommateur des pays de l’uE Ă 27.

Sources : Alim’agri URL : agriculture.gouv.fr/file/la-consommation-alimentaire-10/download

L a g r a n d e d i s t r i b u t i o n c o nEnt pomme r e l ade terre n o uouvene fruits, l l e ladconsommation i s t r i b u teni frais o n diminue

Pomme/kg

3â‚Ź

2â‚Ź-3â‚Ź

1â‚Ź

1â‚Ź - 2,50â‚Ź

Vendu par lot

Kiwi/kg

0,45â‚Ź/pièce

0.35â‚Ź/pièce 3,50â‚Ź/ kg

3.20â‚Ź (BIO)

1,80â‚Ź

Produit de saison

Banane/kg

1,75â‚Ź

1,79â‚Ź

/

/

Pas de produits exotiques

Poireau/kg

1,89â‚Ź

1,50â‚Ź

3,70â‚Ź (BIO)

2,20â‚Ź

Vendu par botte

Pomme de terre/kg

0,50â‚Ź

1,20â‚Ź

2,20â‚Ź (BIO)

2â‚Ź

Salade

0,85â‚Ź

1â‚Ź

1,20â‚Ź (BIO)

0,85â‚Ź

Beurre

1,76â‚Ź/250g

1,50â‚Ź/250g

3â‚Ź/130g

3,90â‚Ź/155g

Poulet

8â‚Ź-9â‚Ź

6â‚Ź-12â‚Ź le BIO

Environ 14â‚Ź

15,40â‚Ź (BIO)

Pain

4â‚Ź/800g

3,80â‚Ź/800g

5,60â‚Ź/800g

4,25â‚Ź/850g

janvier 2011 chiffres

Pas de baguette disponible

Tableau 1 : Comparaison des prix des supermarchÊs et des nouveaux types de distributions Les prix ont ÊtÊ comparÊs sur les prix des centres situÊs sur Albi par Marina GARNIER Sources : Drive Leclerc : https://fd7-courses.leclercdrive.fr IntermarchÊ Drive : https://drive.intermarche.com La ruche qui dit Oui d’Albi : https://laruchequiditoui.fr/ Le Drive Fermier d’Albi : http://www.drive-fermier.fr/albi

4

rĂŠcemment ĂŠtĂŠ confirmĂŠs par l’Êtude PROCOS et celle de Florian Jourdain ainsi que toutes les ĂŠtudes (voir annexe 6 et 7 p. 115-119 pour en savoir plus) qui ont eu lieu rĂŠcemment. Ces chiffres vont augmenter pour Albi, au vu des diffĂŠrents projets qui visent Ă dĂŠtruire des ĂŠquipements publics participant Ă la vraie vie de quartier. Comme l’Êcole Camille-Claudel et le thÊâtre de la Croix Blanche dans le vieil Albi. Tout ceci sans concertation de la mairie auprès des citoyens. ÂŤ Ă€ aucun moment cette dĂŠcision n’a fait l’objet d’une consultation, ni d’un vote en conseil municipal. Elle a ĂŠtĂŠ prise par deux personnes dans un bureau, un bel exemple de dĂŠmocratie participative84 Âť. De plus en plus, l’exaspĂŠration des citoyens s’installe face Ă l’inintĂŠrĂŞt des ĂŠlus et des politiciens, qui les pousse Ă la manifestation et Ă l’acte. Ces actions contribuent-elles aux changements du système ? La mise en place de ces circuits-courts pourraient-elle permettre un ĂŠlan vers la relocalisation des commerces en cĹ“ur de ville ? Ou au moins en favoriser l’ancrage ? Le projet de la SCOPAlbi en serait un exemple visible, mais il n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements Ă Albi. MenĂŠ par les Amis de La Casa, le projet de SupermarchĂŠ CoopĂŠratif a pour but, grâce Ă l’entraide des citoyens entre eux, de donner la chance aux adhĂŠrents d’avoir des produits tarnais, payĂŠs 20 % moins cher, dans un lieu situĂŠ au sein de la ville pour ĂŞtre facile d’accès 85. Tout ceci pour la modique somme de 4 euros et un don de trois heures de son temps personnel par mois. Il manque encore des adhĂŠrents afin d’arriver Ă accĂŠder Ă un local adĂŠquat. En effet, 500 membres sont nĂŠcessaires Ă sa mise en place. Alors qu’à Toulouse, la Chouette Coop fonctionne très bien*. En effet, l’un des atouts que pouvaient avoir les villes moyennes qui est d’avoir une densitĂŠ assez faible peut s’avĂŠrer, pour certaines initiatives, ĂŞtre un inconvĂŠnient, comme c’est le cas ici. Les circuits courts sont des initiatives citoyennes qui visent Ă reconquĂŠrir une autoritĂŠ publique qui semble avoir disparu. Les citoyens devenus activistes, imaginent des concepts rĂŠvolutionnaires en se servant de la technologie prĂŠsente aujourd’hui, afin de prĂŠserver le patrimoine naturel. Un patrimoine dont Albi est gĂŠnĂŠreusement dotĂŠe, par rapport aux autres villes, pour la mise en place de l’autosuffisance.

81. Kantar WORDPANEL, ÂŤLes français et leurs habitudes alimentairesÂť, sur Kantarwordpanel, publiĂŠ le 22/05/2017, URL : https://www.kantarworldpanel.com/fr/A-la-une/nl52-foodusage 82. Nolwenn, ÂŤAcheter bio. Les alternatives Ă la grande distributionsÂť, dans ConsoGlobe, publiĂŠ le 23 fev 2009, URL : https://www.consoglobe.com/ acheter-bio-alternatives-grande-distribution-3026-cg 83. Florian JOURDAIN, ÂŤAlbi : la vie se vide en villeÂť, dans son blog Wordpress, publiĂŠ le 20 oct 2017, consultĂŠ le 17 dec 2017, URL : https://albicentreville.wordpress.com/2017/10/20/albi-la-vie-se-vide-en-ville/ 84. Propos des parents d’Êlèves d’Albi, Ibid. Florian JOURDAIN, p. 59 85. François ASTORG, ÂŤSupermarchĂŠs coopĂŠratifs Ă Albi : Une alternative aux grandes surfacesÂť, dans Le Tarn Libre, publiĂŠ le 19 sept 2017, consultĂŠ le 17 dèc 2017, URL : http://letarnlibre.com/2017/09/19/6422-supermarche-cooperatif-albi-une-alternative-aux-grandes-surfaces.html * Pour en savoir plus sur les supermarchĂŠs coopĂŠratifs, Valentin REMAUD, SupermarchĂŠs coopĂŠratifs, une innovation social pour un dĂŠveloppement mĂŠtropolitain durable , mĂŠmoire pour le master architecture, sous la direction de Xavier GUILLOT, Julie AMBAL et Delphine WILLIS, Bordeaux, publiĂŠ en janvier 2018

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get alimentaire est le plus bas, et c'est en lituanie (26 %) et en Roumanie (27,9 %) qu'il est le plus ĂŠlevĂŠ. En 2009, les mĂŠnages des 12 États entrĂŠs dans l’uE en 2004 et 2007 dĂŠpensent en moyenne 20 % de leur budget en produits alimentaires et boissons non alcoolisĂŠes. pour deux pays de l’uE Ă 15, le portugal et la grèce, la part du budget alimentation est plus bas que ceux des nouveaux États membres. les ĂŠcarts de budget alimentaire entre les deux groupes d’État membre s’amenuisent : en 15 ans cette part a diminuĂŠ de 7,6 points pour les 12 nouveaux contre 1,5 point pour l’uE Ă 15. pour la France, la diminution est de 1,4 point.


Cordes-sur-ciel

carmaux

polyélevage dominant

Céréales

Ovins, caprins

Viticulture

polyélevage d’herbivore

Fruits

Bovin lait Bovin viande

albi

Grand Albi

Bovin mixte

B) Albi : une ville moyenne à multiples potentiels pour l’autosuffisance

Polyculture dominante

gaillac

Les villes moyennes ont, grâce à leur morphologie, un fort potentiel pour l’autosuffisance. Mais la ville d’Albi et le département du Tarn sont, de nature, pourvus d’un patrimoine agricole très hétérogène. De plus, les autorités publiques et les associations s’activent afin de populariser le mouvement et de sensibiliser le secteur pédagogique aux pratiques en relation avec l’autosuffisance alimentaire. Ce qui permet de recréer du lien entre le centre urbain, les périphéries et les villages alentour.

rabastens

lavaur

graulhet

1) Un patrimoine agricole intéressant promu par les services publics

realmont lacaune

castres Autres grandes cultures

Puylaurens

Exploitations non classées mazamet 0

7.5

15km

Figure 18 : La diversité agricole dans le Tarn et relation entre les espaces agricoles et urbanisés Source : Agreste - Recensement agricole 2010, La Ruche qui dit Oui, Le Drive Fermier, Réalisée par Marina GARNIER Site web : http://agreste.agriculture.gouv.fr/en-region/midi-pyrenees/?debut_ss_article_pub=20

N

60000 50000 40000 30000 20000

(1) : y compris légumes, fruits et assaisonnements (2) : frais et surgelés

Po m

me

0

Pa in sd et Lé err gu e me sf rai s (1 ) Bœ uf Vo l a ille Co s qu illa La ge it f Œ s, ufs rai s (e Crus tac nm és illie (2) rs de litr es) Fro ma ge Ya ou Hu rts ile Vin alim sc ou e nta ran ire ts (en S mi Vin uc llie re AO rs C( de en litr mi es) Biè llie re rd (en e li tre mi s) llie Ea rd ux e li (en t res mi ) llie rd e li tre s)

10000

Figure 19 : La consommation annuelle Tarnaise en tonne Source : SCOP SAPIE

Le département du Tarn est doté d’un patrimoine agricole très hétérogène, permettant une diversité d’aliments produits sur le département. Comme l’indique la figure 18, nous constatons une présence importante de terrains agricoles spécialisés dans des domaines différents dont la ville d’Albi ne peut que profiter. En effet, la nouvelle politique urbaine se définit par une production locale qui s’étend sur 60 km autour d’Albi, s’étalant sur environ un peu plus que les frontières du département. Le Tarn mesure 5757 km² avec environ 298 000 hectares de Surface agricole utile (SAU) soit 52 % du département86. Ces surfaces sont diversifiées avec des spécialisations très affirmées comme l’ail rose ou la viticulture, spécialité du terroir. Ou encore de vastes zones agricoles et céréalières au Sud-Ouest et d’autres zones valorisées par l’élevage protéiformes (ovins, caprins, bovins), conférant une possible diversité alimentaire non négligeable. Cette diversité agricole, notamment grâce aux nouveaux centres de distribution, permet de reconnecter le territoire agricole avec les espaces urbanisés. Il serait alors possible, grâce à cette diversité et à une quantité de production intéressante, d’envisager une autosuffisance alimentaire pour la ville d’Albi. Si nous comparons la demande des tarnais et l’offre en matière de production alimentaire, nous constatons que l’affirmation est mitigée. En effet, si nous prenons l’exemple du pain, un aliment structurant nos repas ; pour produire les 17407 Tonnes de pain (voir figure 19), il faudrait produire l’équivalent en blé soit environ 4000 ha de blé tendre avec un rendement de 40 Q/ha (1Q = 100 kg) 87. Le Tarn en a ensemencé en 2010 près de 37 000 ha, ce qui est largement suffisant. Cependant, pour la consommation de pommes de terre, le résultat est

différent. La consommation évaluée à 23 056 T (voir figure 19) nécessiterait 922 ha de production, où le Tarn n’en compte que 60 à 70 88. Ce qui reste ici déficitaire. Pour les fruits, l’offre est majoritairement couverte par la production des vergers de pommiers. Or pour les légumes, les 687 ha alloués à la production d’ail rose de Lautrec pour la moitié, et de melons et de fraises pour l’autre moitié, ne permettent pas de pallier à la demande. Le recensement réalisé par Agreste n’est pas assez complet pour permettre une étude précise des chiffres. Nous pouvons nous apercevoir que malgré la diversité agricole du Tarn, les surfaces agricoles sont très spécifiques dans des cultures qui ne peuvent pas être distribuées tout au long de l’année. Et la production n’est pas suffisante sur certains produits indispensables à une consommation variée. Si nous prenons les zones de maraîchage, les 347 ha dédiés ne permettent pas de combler la demande dans son intégralité. Le manque d’équipement, de savoir-faire et de rendement89 accentue encore plus ce déficit. Pour cela, la mairie d’Albi a décidé de renforcer les cultures maraîchères en rachetant une partie des terrains situés en zones inondables, afin de les attribuer à des maraîchers en agriculture biologique. La ZAD (Zone d’aménagement différé) de Canavières est l’élément phare de cette nouvelle politique urbaine, mais Portrait de la « Ferme Tarn 90 » 6090 exploitations agricoles dont : 47.5 % Cultures fourragères et surfaces toujours en herbe 33 % de Céréales 12,5 % Oléagineux, protéagineux, plantes à fibre 3 % en jachère 2 % de vignes 1 % Légumes, maraîchages, horticultures, arboricultures 0.5% Autres cultures 490 exploitations engagées vers l’Agriculture Bio soit 8% Une exploitation sur trois en signe officiel de qualité 650 en Label Rouge 610 en AOC-AOP 540 en IGP Une exploitation sur cinq en circuit court 33

86. SCOP SAPIE, Quelle autonomie alimentaire pour le département du Tarn ?, éléments de réflexion pour Nature & Progrès, Limoux,, publié en avril 2013 87. Ibid, SCOP SAPIE, p. 61 88. Ibid, SCOP SAPIE, p. 61 89. Ibid, SCOP SAPIE, p. 61 90. Ibid, SCOP SAPIE, p. 61

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II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s

L’a g r i c u lt u r e e t l’a l i m e n t a t i o n t a r n a i s e


500m

Figure 20 : La zone de Canavières à Albi

Source : Google Map, Site Mairie d’Albi, Google Image Site web : http://www.mairie-albi.fr/photos/albi-vu-du-ciel

N

M é d i a t i s a t i o n d e l’a g r i c u l t u r e u r b a i n e

Image 20 : Les producteurs et les élus se mettent à la médiatisation de l’autosuffisance alimentaire Source 1 : Jean Michel Bouat pour La Ruche qui dit Oui Site web : https://magazine.laruchequiditoui.fr/la-bonne-albitude/ Source 2 : Jacques Morlat pour La Dépèche Site web : https://www.ladepeche.fr/article/2014/01/25/1803110-albi-le-jardin-d-andre-des-legumes-bio-a-canavieres.html Source 3 : Jean-Gabriel Pélissou pour le Télégramme Site web : http://www.letelegramme.fr/france/autosuffisance-alimentaire-albi-cherche-sa-route-23-07-2017-11605897.php

II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s aussi le plus discuté. Située vers l’ouest du centre-ville d’Albi, à environ 15 minutes à vélo de la cathédrale SainteCécile, cette zone abrite 73 hectares supplémentaires de terres cultivables91 dont 8 sont occupés par des maraîchers respectant des techniques de polyculture et de cultures associées. La zone comprend quatre maraîchers. La première étant une productrice en culture associée et en polyculture. Un autre est encore en phase de préparation de son sol, car la terre, trop pauvre, est encore peu encline à produire sans engrais. Jean-Gabriel, qui a commencé à produire il n’y pas si longtemps, mais qui semble bien ancré dans son exploitation en polyculture et agroforesterie. Il a ouvert une enseigne se nommant Le petit Bio. Enfin, un producteur du jardin d’André, qui fonctionne selon un maraîchage traditionnel mais biologique. Seulement deux d’entre eux produisent encore et arrivent à tirer profit de cette nouvelle politique urbaine. La mairie loue ces terrains pour 80 € l’année, selon des baux ruraux. Certains, pour expérimentation, comme c’est le cas de Jean-Gabriel, sont dans un système de bail précaire, où ils ne paient rien pendant les deux premières années de mise à disposition et de préparation du terrain. Jean-Gabriel est aujourd’hui sur un terrain de 1000m² avec des arbres qu’il essaye de mettre en valeur. En échange de terrains bon marché, les producteurs se doivent de produire en certifié BIO ou selon des techniques permacoles. La mairie fournit le minimum aux producteurs, c’est-àdire l’eau tirée d’un puits et l’électricité sur place. Ils n’ont accès à rien d’autre et la mise en place se fait de manière traditionnelle. Aucune machine mécanisée n’est disponible car la permaculture l’interdit 92.. Ceci peut expliquer pourquoi certains agriculteurs abandonnent en cours de route. Les techniques de polycultures et d’agriculture raisonnée nécessitent un temps de mise en place assez conséquent et difficile : environ deux ans pour Jean-Gabriel. La proximité de Canavières au centre-ville d’Albi facilite les échanges entre consommateurs et producteurs. D’après Jean-Gabriel, cette proximité est profitable pour les ventes et le bon fonctionnement des producteurs. Il vend la plupart de ses aliments sur le marché des producteurs d’Albi ou en vente directe à la ferme. Cette proximité permet aussi de rassurer les habitants sur l’utilité de cette zone et ces terrains pour lesquels ils payent des impôts. Ainsi, la présence de ces terrains en bordure de zone urbanisée est un bon moyen de faire passer un message important. Que ce soit les producteurs ou la mairie, ces deux entités ont la volonté de promouvoir la possibilité

de l’autosuffisance alimentaire mais pas seulement. En effet, l’objectif serait aussi de promouvoir la possibilité d’une production alimentaire urbaine raisonnée. Au même titre, la visite des terrains permacoles fait autant partie d’un processus de sensibilisation de la population, afin de montrer les possibles de ce type de culture. Il ne faut surtout pas que les habitants considèrent que ces terrains sont des bassins d’expérimentation sans résultat valable et qu’il y ait un revirement des mentalités à l’encontre d’une production censée et respectueuse. La ZAD de Canavières représente alors un espace de médiatisation de l’autosuffisance alimentaire (voir image 20). L’élu à l’autosuffisance n’en fait que son éloge et le cite comme exemple dans toutes ses interviews. Comme c’est le premier acte mise en place par la mairie, toutes les actions y sont médiatisées afin de rendre compte que la ville d’Albi est bien en marche vers l’autosuffisance alimentaire. Les élus ne sont pas alors les seuls à donner une image positive de cette politique urbaine. Les agriculteurs y contribuent ainsi que la chambre d’agriculture qui, peu à peu, associe des agriculteurs et des terrains en faveur de cette autosuffisance. Faisant office de conseiller, la chambre d’agriculture aide les élus à « relocaliser la consommation au bénéfice de tous les Albigeois et des producteurs 93 » . La ZAD de Canavière forme donc le projet pilote pour la ville d’Albi, malgré une production plus ou moins mitigée dans ce lieu qui retrouve sa fonction agricole. Ce projet participe à la médiatisation de la ville d’Albi qui est aussi une des intentions de cette nouvelle politique. Il existe d’autres terrains agricoles en permaculture à proximité de la ville. En effet, le potager d’Albi(voir figure 20), tenu par Jérôme Deleuze, produit également des fruits et légumes et profite de la proximité de la ville. En effet, l’agriculteur, avec sa famille, va pouvoir utiliser les services urbains à proximité, mais aussi accéder facilement au lieu de revente pour sa production94. Le potentiel agricole du Tarn et les divers producteurs installés, participent à la facilitation de l’autosuffisance d’Albi. La médiatisation influe sur les modes de consommation des Albigeois et renforce la relation avec le patrimoine culinaire de la région. Ceci participe à une bonne éducation alimentaire.

91. Anne-Claire Préfol, « L’autosuffisance alimentaire : une question d’Albitude «, dans le magazine La Ruche qui dit Oui, publié le 21 nov 2016, consulté le 28 dèc 2017, URL : https://magazine.laruchequiditoui.fr/la-bonne-albitude/ 92. Propos disponible dans l’interview de Jean-Gabriel PELISSOU, Maraîcher de Canavières, annexe p.106 93. Christophe Morineau-Cooks, «Albi vise l’autosuffisance alimentaire d’ici à 2020», dans Reportage Wikiagri, publiication (s.d), consulté le 28 dèc 2017, URL : http://www.wikiagri.fr/articles/albi-vise-lautosuffisance-alimentaire-dici-a-2020/11432 94. Le journal de 20h, « Albi fait le pari de l’autosuffisance alimentaire», sur le journal de 20h de TF1 présenté par Gilles BOULEAU, publié le 13 mars 2017, consulté le 1 janv 2018, URL : https://www.lci.fr/france/albi-fait-le-pari-de-l-autosuffisance-alimentaire-2029001.html

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Les zones de production Albigeoise


L e j a r d i n e t l e u r u s a g e d a n s l e s e c t e u r p é d a g o g i q u e d ’a l b i

II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s 2) Le secteur pédagogique se met en route vers l’autosuffisance alimentaire

Images 21 : La création et le résultat du jardin de Champollion, trois ans après

Images 22 : L’appropriation des jardins par les lycéens

Source : La Dépêche et Sud-Ouest Site web 1 : https://www.ladepeche.fr/article/2017/07/17/2613318-de-l-agriculture-durable-en-plein-coeur-du-lycee.html Site web 2 : http://www.sudouest.fr/2012/05/25/un-coin-jardin-amenage-dans-la-cour-du-lycee-724347-1531.php

Images 23 : La cuisine centrale d’Albi et ses menus 100% locaux

Source : La Dépêche Site web 1 : https://www.ladepeche.fr/article/2009/02/11/547024-albi-l-opposition-denonce-le-projet-de-salle-de-spectacles.html Site web 2 : https://www.ladepeche.fr/article/2017/09/19/2648239-repas-100-produits-locaux-eleves-aines-albigeois.html

95. Association ENVISAGES et Master GSE/VRT, «DD sur les ondes», dans Youtube, réalisé par France 3 Tarn, publié le 4 avril 2012, consulté le 30 dèc 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=lxOv-Mr-AxA 96. Alain Marc DELBOUYS, « Albi, Les Incroyables Comestibles vous attendent à la fac», dans La Dépêche, publié le 13 mai 2014, consulté le 30 dèc 2017, URL : https://www.ladepeche.fr/article/2014/05/13/1879678-albi-les-incroyables-comestibles-vous-attendent-a-la-fac.html 97. P. S , «Des paniers de produits fermiers pour les étudiants», dans La Dépêche, publié le 16 mars 2015, consulté le 30 dèc 2017, URL : https://www. ladepeche.fr/article/2015/03/16/2067689-des-paniers-de-produits-fermiers-pour-les-etudiants.html 98. Op. Cit. Julie GACON, p.55 99. Damien MESTRE, « De l’agriculture durable en plein cœur du lycée», dans La Dépèche, publié le 17 juil. 2017, consulté le 30 dèc 2017, URL : https:// www.ladepeche.fr/article/2017/07/17/2613318-de-l-agriculture-durable-en-plein-coeur-du-lycee.html

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Source : Marina GARNIER et La Dépêche Site web : https://www.ladepeche.fr/article/2014/01/23/1801325-albi-un-jardin-mandala-a-champollion.html

Les élus d’Albi et les directeurs d’écoles se mettent également à réfléchir à de nouvelles méthodes d’apprentissage d’une bonne alimentation. L’implantation d’environ 1000 m² de jardin dans les espaces extérieurs de l’Université Champollion par les Incroyables Comestibles a permis une sensibilisation aux valeurs du jardinage, plus forte en milieu étudiant. Outre son côté récréatif et ludique, ce jardin représente le point fort d’une réappropriation politique de l’œuvre des Incroyables Comestibles, car il est aujourd’hui cité en exemple dans plusieurs médias comme le projet initiateur de l’autosuffisance alimentaire dans les milieux scolaires. Outre cette réappropriation médiatique, les jardins Mandala de Champollion représentent un avantage considérable pour les étudiants, en matière d’éducation alimentaire. En effet, l’association Envisages, qui est implantée sur le site de Champollion, travaille tous les jours avec les étudiants afin de valoriser ces jardins, mais aussi de les familiariser avec des notions sur le développement durable, le recyclage et l’environnement. Les membres de l’association sont composés de professionnels mais aussi d’étudiants militants, qui d’ailleurs s’activent sur les radios, voire même sur les médias régionaux comme France 3. En effet, l’émission radio DD sur les ondes95, animée par des étudiant en Gestion de l’environnement et valorisation des ressources territoriales a permis de faire parler de cette formation, dispensée à l’université d’Albi, mais aussi de rendre compte d’une nouvelle pédagogie basée sur le respect de l’environnement et qui s’enseigne dans cette université. Même avant la mise en place de cette politique urbaine, la sensibilité à l’environnement et les actions en faveur de sa préservation, étaient présentes. Le jardin Mandala, bien que son appropriation par les étudiants soit mineure et que les vols de plants persistent encore96, montre ses premiers fruits et augmente en qualité chaque année (voir images 21). Des initiatives étudiantes voient d’ailleurs le jour, en lien, indirect peut être, avec l’implantation de ces jardins et la mise en place de cette politique urbaine. Par exemple, des étudiants en BTS gestion et maîtrise de l’eau ont mis en place des paniers de fruits et légumes locaux et BIO pour les étudiants de Champollion et le lycée Fonlabour. Le panier

est estimé à 12 €, ce prix et la composition du panier étant le fruit d’une enquête en collaboration avec Envisages, pour redonner envie aux étudiants de consommer des aliments sains. En collaboration avec la plateforme de distribution ô saveurs Paysannes rattachée au lycée Fonlabour, cette initiative permet de faire valoir le marché du bio, afin de prouver même aux étudiants que « l’on peut consommer local, bio, à un bon prix 97 » . Au lycée Bellevue, les Incroyables Comestibles ont également tenté cette expérience de fabrication d’un jardin en libre service. Cela fait partie d’une initiative d’un groupe de lycéens qui ont demandé aux Incroyables Comestibles de les aider. Soutenus par M. Mercat, enseignant au lycée, Louise Giraud et son groupe ont pu mettre en place ce jardin qui représente «le cheminement de toute une réflexion. Si chacun fait son jardin chez lui, ce serait peut être possible de se nourrir ensemble98 ». De plus, en partenariat avec le lycée horticole de Chalignac, les lycéens de Bellevue ont participé à la réalisation du mobilier de leur école, en lien avec les nouveaux espaces potagers présents dans leur cour de récréation : activités qui refondent les bases d’une relation avec la terre mais aussi entre eux, puisque «l’intention numéro un est de recréer du lien dans le lycée99» (voir images 22). Elles se sont avérées fructueuses puisque le projet a vu le jour en mars 2017. Les deux directeurs, Didier Malaval et JeanLouis Visseur, se sont mis d’accord et ont lancé ce projet qui a permis de sensibiliser les jeunes lycéens à des enjeux environnementaux. Ce projet n’est pas forcément en lien direct avec la politique urbaine de Jean-Michel Bouat, mais il accentue la dynamique et fait bouger les lignes de l’apprentissage. Ce ne sont plus les élèves qui se déplacent vers des lieux agricoles, comme les célèbres classes vertes, mais les potagers qui sont directement implantés dans les espaces scolaires. Ceci a permis d’élaborer toute une pédagogie et une réflexion chez les enfants, étudiants et enseignants en rapport avec le jardinage, le tri sélectif, le compost et l’alimentation, directement applicable au réel. Dans les cantines, la ville d’Albi commence à faire des efforts pour mettre en valeur la production agricole locale. Une fois par mois, la cuisine centrale de la ville d’Albi, qui approvisionne environ 3400 repas chaque jour dans les crèches, cantines scolaires et à domicile, propose un menu 100 % local (voir images 23). «En 2017 et cela pour trois ans, nous avons lancé un nouvel appel d’offres pour la cuisine


L e ly c é e a g r i c o l e d e f o n l a b o u r e t s e s a c t i v i t é s

Image 24 : Les expérimentations agricoles au lycée de Fonlabour

Images 25 : « ô saveurs paysannes » et leur atelier en faveur de l’autosuffisance alimentaire collective Source : Ô saveurs paysannes Site web : https://www.o-saveurs-paysannes.fr/

centrale. Grâce à ça, on a pu intégrer un plus grand nombre de locaux parmi les producteurs qui travaillent avec nous. Aujourd’hui, ils sont 15 100 » à être engagés. En partenariat avec la chambre d’agriculture, la cuisine centrale a aujourd’hui réussi à proposer des produits locaux à ses membres, dont 14 écoles font partie. Ceci permettant aux plus jeunes de mieux apprécier les aliments de la cantine, car ils sont sains et bios, mais aussi de se rendre compte de la provenance des aliments et de l’importance de leur qualité. La Mairie d’Albi travaille aussi avec les associations de parents d’élèves afin de compléter cette sensibilisation. Outre les écoles primaires, les Petites Mines d’Albi se positionnent aussi dans le cadre de l’autosuffisance. Cette école d’ingénieur a proposé un projet qui remplacerait les centrales d’achat des grandes distributions. L’idée est de proposer aux grandes, moyennes et petites distributions, des plateformes de produits locaux. Les agriculteurs locaux viendraient directement vers cette plateforme locale, déposer leurs légumes. Toute la plateforme serait gérée en fonction des demandes de la distribution 101. Ceci permettrait de proposer à la grande distribution des produits de qualité, car la plupart des ménages s’alimentent encore dans la grande distribution, mais aussi de faciliter le rapport entre les producteurs et la distribution. Ce n’est pour le moment qu’un projet, mais l’école des Mines d’Albi-Carmaux regorge de projets qui pourraient faciliter l’autosuffisance alimentaire. Notamment dans les déchets, où elle s’est mise en avant en 2016, lors du sommet international WasteEng, réunissant des scientifiques et industriels afin de donner des conférences sur l’ingénierie de la valorisation des déchets et de la biomasse 102. L’autosuffisance alimentaire, telle que la décrit Jean-Michel Bouat, ne serait rien sans la participation des producteurs et agriculteurs de la région. Le lycée Fonlabour et notamment son directeur Eric Gaillochon, s’est également mis en route vers cette idée d’autosuffisance. En signant une convention, la mairie et le lycée Fonlabour travaillent ensemble depuis le 22 janvier 2016, en faveur du «développement de la culture maraîchère et sa commercialisation sur le territoire, au travers d’une stratégie territoriale d’autosuffisance alimentaire 103 ». Lors de son interview à France Culture104, le directeur explique comment un lycée agricole peut s’inscrire sur un territoire

en favorisant l’autosuffisance. Le lycée Fonlabour est doté de plusieurs terrains agricoles où les futurs agriculteurs expérimentent des nouvelles méthodes de travail agricole, dont un en chantier d’insertion (voir image 24). Les essais se font en grandeur nature afin de prouver que l’agriculture raisonnée peut être vivable pour les agriculteurs. Comme la création de buttes de permaculture par les élèves mêmes mais aussi des nouvelles techniques de couverts végétaux pour diminuer les adventices, jeunes pousses de mauvaises herbes, sans herbicide. Pour M. Gaillochon, le but de l’autosuffisance n’est pas de séparer les différentes méthodes de production mais d’initier les producteurs locaux en cultures traditionnelles et polluantes à ces nouvelles techniques agricoles, sans pour autant les exclure. Des initiations aux techniques permacoles sont également dispensées par Henri Bureau, au sein du lycée agricole. En matière de formation, la plateforme ô saveurs Paysannes (voir images 25) est directement en relation avec les producteurs locaux mais aussi avec le lycée de Fonlabour. En effet, cette plateforme permet aux élèves en formation d’avoir un exemple de distribution locale. Cette structure les forment aux circuits courts et aux bénéfices qu’un producteur peut en retirer. Quant à la consommation, des efforts sont aussi fournis : grâce à l’adhésion de producteurs locaux supplémentaires, les deux restaurations scolaires du lycée sont presque prêtes pour proposer à leurs apprenants des produits locaux et de saison tous les jours. Toutes ces avancées en matière d’éducation permettent, dès le plus jeune âge, de sensibiliser les apprenants à de nouvelles manières de consommer. Les divers ateliers et enseignements dispensés à Albi augmentent la relation entre les étudiants. En effet, en revenant vers des principes plus naturels et en construisant ensemble, les enfants augmentent leur curiosité et ils s’approprient les espaces qu’ils côtoient. Tout en améliorant leur qualité de vie et d’enseignement, les différentes structures pédagogiques d’Albi permettent aux étudiants d’aller vers l’autosuffisance alimentaire. Cependant, ces changements restent limités à des ateliers éphémères et des coups de projecteur.

100. Vincent VIDAL, «Cuisine centrale : un repas 100% produits locaux pour les élèves et les aînés albigeois», dans La Dépêche, publié le 19 sept. 2017, consulté le 1 janv. 2018, URL : https://www.ladepeche.fr/article/2017/09/19/2648239-repas-100-produits-locaux-eleves-aines-albigeois.html 101. Julie GACON, «Sur la route ... de l’autosuffisance alimentaire à Albi», émission radio France Culture, publié le 4 juillet 2017, consulté le 30 sept 2017, URL : https://www.goodplanet.info/actufondation/2017/07/04/a-ecouter-route-de-lautosuffisance-alimentaire-a-albi-france-culture/ 102. Paul FABRIES-GUIL, «Ecole des Mines d’Albi : une vitrine mondiale de la valorisation des déchets avec WasteEng», dans Le Tarn Libre, publié le 15 juin 2016, consulté le 2 janv. 2018, URL : http://www.letarnlibre.com/2016/06/15/4401-ecole-mines-albi-vitrine-mondiale-valorisation-dechetsavec-wasteeng.html 103. François ASTORG, «Mairie et lycée Fonlabour : en route vers l’autosuffisance alimentaire avec les Incroyables comestibles à Albi», dans Le Tarn Libre, publié le 2 Fèv. 2016, consulté le 2 Janv 2018, URL : http://www.letarnlibre.com/2016/02/02/3692-mairie-lycee-fonlabour-route-vers-autosuffisance-alimentaire-avec-incroyables-comestibles-albi.html 104. Op. Cit. Julie GACON, p.67

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Source : Le paysan Tarnais et La Dépêche Site web 1 : http://paysan-tarnais.reussir.fr/actualites/des-essais-couverts-vegetaux-sur-l-exploitation-du-lycee-de-fonlabour:4IGRT9DO.html Site web 2 :https://www.ladepeche.fr/article/2017/04/28/2564607-les-jeunes-au-contact-de-la-biodiversite.html

II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s


Le lien centre-ville/espaces agricoles grâce aux nouvelles distributions 1

3) Un lien centre-ville - espace agricole environnant facilité

2 Albi

Albi Gaillac

Graulhet

0

7.5

0

15km

3

7.5

15km

4 Albi

St-Cirgues

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Albi

7.5

15km

0

7.5

15km

Figure 21 : La relation entre les espaces agricoles et urbanisés

Source : 1 - Le Drive Fermier 2 - La Ruche qui dit Oui !, 3 - ô saveurs Paysannes, 4- Crock’Papilles Réalisée par Marina GARNIER

Image 26 : Le cloître de St Salvi, patrimoine Albigeois cultivé par le service dédié aux espaces verts. Source : Marina GARNIER

La proximité des espaces agricoles, qu’ils soient expérimentaux comme certains à Canavières ou au lycée Fonlabour, renforce le lien entre les espaces agricoles et le centre ville d’Albi. Nous l’avons vu, les nouvelles formes de distribution en émergence participent grandement au rapprochement virtuel des espaces urbains et agricoles. Elles réduisent les distances entre les marchandises de manière réelle, en créant de nouvelles relations avec les producteurs locaux. Mais aussi mentalement, entre le consommateur et le producteur. Nous pouvons l’appréhender grâce aux documents annexe 8 p. 120, qui montrent la localisation de chaque producteur en rapport avec une plateforme de distribution. Tandis que la figure 21 nous indique l’impact que ces nouveaux réseaux ont sur le territoire. En effet, mon étude démontre la relation spatiale qu’il y a entre les producteurs et les lieux de distribution, ainsi que les consommateurs. Ce sont ces nouveaux points de distribution qui relient des portions du territoire entre elles. Le producteur, à 20 km par exemple, est directement mis en relation avec son point de distribution. Le consommateur, lui, peut tout à fait s’imaginer d’où proviennent ces aliments, comment et surtout qui les produit. « Se nourrir apparaît alors comme un moyen de s’inscrire dans un territoire et de l’habiter 105 ». L’attachement et l’appropriation d’un individu au territoire sont ainsi fortifiés grâce à la diversification des circuits de distribution au sein de la ville. Les consommateurs se rendent alors compte du potentiel de leur environnement et le sentiment d’appartenance à un quartier, une ville, un environnement se développe plus facilement. Nous pouvons remarquer que les centres de distribution comme le « Drive Fermier » et « la Ruche qui dit Oui » ont un périmètre plus large que les initiatives albigeoises comme « Crock’Papilles ». Soutenue par la mairie d’Albi, elle n’est pas seulement une plateforme, mais également un site web qui prône les valeurs d’une production locale et tarnaise. Cependant nous restons quand même dans un périmètre de taille départementale, qui regorge d’une multitude de produits. Le caractère de la ville d’Albi se développe également. En effet, grâce à cette nouvelle politique urbaine, l’intérêt médiatique s’est étendu et le patrimoine albigeois est aujourd’hui sous les feux des projecteurs. Mais en dehors de son patrimoine architectural et de son classement à l’UNESCO pour sa cathédrale, elle se réinvente par son agriculture et cette politique. Ce qui

n’est pas forcément le cas des villes ou villages inscrits au patrimoine de l’UNESCO, où leur centre urbain et leur vie de quartier se voient comme figés dans le temps. Albi essaie de se sortir d’une éventuelle muséification de son centre ville, en développant tout son potentiel vers l’extérieur de ses remparts et vers les consommateurs106. Le centre urbain est comme revitalisé grâce aux actions des Incroyables Jardiniers, relayées par le service des espaces verts de la ville d’Albi. Ce service est d’ailleurs très efficace au sein de la ville d’Albi. Il prend soin de tous les jardins potagers, exemptés par la mairie, pour en faire des terres de socialisation au même titre que les jardins des Incroyables Comestibles. Ce sont des professionnels sortant pour la plupart du lycée Fonlabour, qui sont payés pour prendre soin des fruits et légumes présents dans ces jardins. Ce, afin de montrer à la population que les jardins publics ne sont pas seulement de vastes terrains pelousés sans réel potentiel, mais bel et bien des espaces propices à la production (voir image 26). Voilà qui permet une interpénétration du rural dans la ville. Les jardins potagers municipaux transmettent le message : il est possible que des élus municipaux s’intéressent à ces questions agricoles, lesquelles ont longtemps été mises à l’écart par les politiciens. En cause, l’incompétence des élus locaux sur ces terrains agricoles, qu’ils lèguent pour la plupart aux grandes chaînes commerciales à des fins lucratives, sans saisir le potentiel que ces terrains auraient eu sur le long terme107. Nous pouvons en constater, aujourd’hui, les conséquences avec la déserte commerciale des centrevilles, et une population qui fréquente ces supermarchés pour des questions de praticité et de confort, raison de l’appauvrissement en qualité de vie des centres urbains. Cette nouvelle campagne politique, a permis de prendre conscience qu’une ville moyenne peut fonctionner avec son patrimoine agricole. Et ainsi de développer des connexions territoriales entre les villages alentour, le centre-ville d’Albi et la région, afin de maintenir des réseaux de proximité de qualité. Même si la pression des lobbies est encore présente (voir explication de JeanMichel Bouat pour Leroy Merlin dans son entretien annexe p. 100), et que certains projets, par manque d’argent, ont crée l’incompréhension des citoyens, la ville d’Albi tente des actions vers cette revitalisation des centres des quartiers. Elle est en marche vers un respect des terres agricoles et le maintien d’une agriculture raisonnée. L’autosuffisance alimentaire a permis à tous de se rendre compte du potentiel albigeois et de le valoriser pour en faire une ville vivante et durable.

105. Op. Cit. Caroline Brand et Serge Bonnefoy, p. 57 106. Marie RéNIé, Saint-Émilion, un village face au tourisme culturel international, mémoire pour le master architecture, sous la direction de Xavier GUILLOT et Julie AMBAL, Bordeaux, publié en juin 2017. 107. José Serrano et Gisèle Vianey, « Consommation d’espace agricole et relations entre acteurs privés et publics : un management en faveur de l’artificialisation », Norois [En ligne], 221 | 2011, publié le 30 déc 2013, consulté le 2 janv. 2018. URL : http://journals.openedition.org/norois/3799 ; DOI : 10.4000/norois.3799

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II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s


II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s Malgré toutes les actions réalisées par la mairie, les associations et les citoyens, l’autosuffisance alimentaire, promue par les médias, a longtemps été discutée et l’est encore aujourd’hui. De nombreux membres de l’opposition, ou en désaccord avec le parti politique mis en place à Albi, prétendent l’impossibilité d’une autosuffisance complète à Albi et dénoncent le coup médiatique plutôt que l’action concrète.

Lait Production annuelle (L/VL/an)

5000

Utilisation pour allaitement (L/VL/an)

1125

Production valorisable (L/VL/an)

3875

Production totale annuelle (L/an)

135 625

Rapport L/ha

1558.9

C) L’autosuffisance promue et la réalité du terrain...

Tableau 1 : Performance laitière Carcasse (kg/ animal)

Viande

Viande nette (kg/ animal)

Nombre / an

Viande totale (en kg)

Veaux gras

125

75

15

1125

Vache de réforme

360

216

7.5

1620

Génisses grasses

380

228

7.5

1710

TOTAL (kg/an)

4455

Rapport (kg/ha)

51,2

Tableau 2 : Les performances en viande Tableau 2 : Les performances d’un éleveur de vaches normandes en Bio

Sources : Terres de Liens Les données sont ainsi prises comme référence empirique pour le convertisseur. L’éleveur garde donc les génisses pour la production de lait et engraisse les veaux jusqu’à 4-5 mois pour la viande. Le taux de réussite à la première insémination est de 75%, mais seules 7-8 d’entre elles vont renouveler le troupeau. Il a dans sa totalité 35 vaches laitières sur 87 hectares.

1) D’ici 2020, impossible de devenir totalement autosuffisant L’année 2020, annoncée par M. Bouat, ne correspond surtout à la fin de son mandat. D’où la mention de cette date, qui, depuis le début des actions en faveur de l’autosuffisance, fait débat. D’ailleurs aujourd’hui, M. Bouat a revu à la baisse ses objectifs émis au départ. Dans ses discours, il prétend depuis décembre 2017 que son objectif «était d’arriver à avoir une dizaine de maraîchers installés d’ici la fin du mandat, par le biais de la municipalité 108 ». Un discours qui change au fil des actions plus ou moins réalisées par la municipalité, prouvant tout de même que la majeure partie de ses actions sont accomplies pour mettre en avant la ville d’Albi, par rapport aux autres villes françaises. Par ailleurs, selon certaines études, il n’y aurait pas assez de terres arables pour nourrir les 51 000 habitants d’Albi, et encore moins les 100 000 de l’agglomération :

«Selon le mouvement Terre de liens, une structure qui cherche à préserver le foncier agricole, une ville moyenne comme Albi aurait besoin, tous types de culture confondus, d’un peu plus de 18.000 hectares pour arriver à nourrir sa population 109 ». En effet, Terre de Liens a conçu un convertisseur basé sur deux outils. Le convertisseur alimentaire dit «basique» qui calcule notre consommation alimentaire actuelle, sans tenir compte du gaspillage. Et le convertisseur alimentaire « avancé » qui intègre la saisonnalité des productions et la diminution de la consommation de viande bovine. « Les deux outils permettent une estimation du nombre d’hectares que nous pouvons protéger en relocalisant notre consommation alimentaire, donc

Images 27 : À Canavières, un joli projet, mais qui ne produit encore rien ...

Sources : Vanessa VERTUS URL : https://reporterre.net/L-autosuffisance-alimentaire-a-Albi-Dommage-c-est-du-pipeau

en installant un nombre conséquent de paysans et paysannes110 ». Pour chacune des espèces végétales et animales, les valeurs nutritives et les apports en matière d’aliments transformés ont été décortiqués et calculés( voir tableau 2). Cependant, le site en lui-même dénonce le fait que l’outil est peut-être sous-évalué, car il ne prend en compte que les moyennes nationales de production alimentaire par producteur, et non pas la possible diversité de production des régions et du nombre d’agriculteurs présents dans une même ferme. De plus, nous avons vu que le Tarn comprenait environ 290 000 hectares de SAU. Tout en sachant que pour un rayon de 60 km autour de la ville d’Albi, le territoire va un peu plus loin que les frontières du Tarn. La ville d’Albi aurait alors largement assez de surface agricole pour nourrir sa population. Selon la chambre d’agriculture, la ville d’Albi est en situation d’autosuffisance alimentaire. «Le département est en mesure de couvrir la demande alimentaire de la ville d‘Albi sur la plupart des produits. On remarque que certains produits n’ont pas atteint le bon ratio. C’est surtout la viande porcine, le poulet et les fruits et légumes. Cependant c’est un ratio statistique qui n’analyse pas les flux sortants des produits111 ». C’est-à-dire que les marchandises sont consommées pour la plupart, hors du territoire. Donc pour la ville d’Albi, il n’y aurait pas de problème en matière de capacité agricole. Il faudrait faire en sorte que les agriculteurs qui ne vendent pas du tout sur le territoire albigeois, changent de clients et distribuent dans le Tarn. Cependant, ce serait les villes alentour, qui n’ont pas ce potentiel agricole d’exception, qui en souffriraient. En effet, si les différents flux alimentaires sont aujourd’hui excessifs et représentent 96,9 % des aliments produits qui sont consommés hors du territoire. Il ne faut pas malgré tout que cette autosuffisance soit excessive, jusqu’à créer des déserts humains, où la nourriture ne serait plus abondante. En d’autres termes, il faut essayer d’être plus judicieux sur notre manière d’approvisionner le territoire, afin de valoriser les territoires locaux. Il existe un deuxième problème à l’autosuffisance alimentaire, concerne la saisonnalité et impacte la productivité. Nous ne pouvons pas prévoir les écarts de production suivant les conditions météorologiques. De plus, comme souligné auparavant, les sols trop pauvres en matière organique, ont beaucoup de peine à être rentables dès les premières années de maraîchage. Nous pouvons le constater à Canavières (voir images 27), où certaines cultures ne produisent encore rien ou en moindre quantité.

108. Baptiste CLARKE, «Quel avenir pour une agriculture locale et biologique en France», dans Youtube, vidéo présentée par Actu-Environnement, publiée le 15 dèc 2017, consultée le 3 Janv 2018, URL : https://www.youtube.com/watch?time_continue=484&v=4asij9_xexQ 109. Vanessa VERTUS, «L’autosuffisance alimentaire à Albi ? Dommage, c’est du pipeau», dans Reporterre, le quotidien de l’écologie, publié le 6 mars 2017, consulté le 30 avril 2017, URL : https://reporterre.net/L-autosuffisance-alimentaire-a-Albi-Dommage-c-est-du-pipeau 110. Site internet Terre de Liens,(2013), Convertisseur Terre de Liens, propos tirés dans la méthodologie, URL : http://convertisseur.terredeliensnormandie.org/methodologie/, consulté le 28 Dèc. 2017. 111. Op. Cit. Baptiste CLARKE, p. 71

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Apports des aliments transformés


II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s

À l’heure actuelle, seulement trois maraîchers sur les quatre sont en place à Canavières. Seulement deux produisent des fruits et légumes ; les autres ne sont pas encore assez expérimentés et envisagent même d’abandonner. En effet, plusieurs d’entre eux n’ont pas bien estimé le temps de mise en place, d’environ trois ans, permettant à la production de devenir rentable112. Aujourd’hui, nous pouvons simplement dire que ces deux maraîchers produisent et s’en sortent financièrement selon des techniques biologiques. Il est certain qu’avec les seuls terrains exemptés par la mairie, l’autosuffisance est loin :

2) Beaucoup de négociations à mettre en place pour peu d’actions concrètes

« Ce n’est pas avec nos quelques pieds de tomates que l’on va nourrir Albi, nous sommes plutôt dans un objectif de sensibilisation. Pour arriver à l’autosuffisance alimentaire, il faut une vraie volonté politique en plusieurs volets. La mairie travaille un peu sur celui de l’éducation avec les cantines scolaires et les jardins. Le service espaces verts est preneur et dès qu’ils peuvent aider une école qui a un projet jardin, ils le font avec plaisir. Mais l’autosuffisance alimentaire du territoire comprend aussi tout le secteur économique, qui va de la production, à la transformation, à la distribution. Ça, aujourd’hui, ça n’existe pas ou peu, et très clairement, ce n’est pas la mairie qui est à la barre 113 ... » Des propos de Pascale Brûlet, membre des Incroyables Comestibles, qui a le mérite d’être claire du point de vue de l’agriculture intra-urbaine. Or, effectivement, en ne prenant en compte que les terrains de la mairie, les jardins municipaux transformés en potager, la production de fruits et légumes est moindre. Cependant, si M. Bouat cherche encore et toujours des terrains cultivables, les producteurs s’intéressent de plus en plus à cette politique et toutes les initiatives que nous avons vues jusque-là en témoignent ! Le foisonnement d’actions mises en place depuis le début de cette conquête est assez impressionnant. Ayant écouté Mme Brûlet sur ces questions d’autosuffisance, il existe une frustration pour l’association de ne pas être assez sollicitée pour des missions et des réunions de concertations importantes en faveur de l’agriculture urbaine dont elle aurait largement les compétences pour les mener à bien. Alors que la mairie ne considère leur compétence que pour la médiation à la population, grâce aux jardins mis en place dans la ville. Effectivement, la place actuelle donnée aux Incroyables Jardiniers d’Albi n’est pas forcément celle qu’elle devrait être, alors qu’ils sont à l’origine du projet. Ils pourraient

intervenir en tant que conseillers, car ils sont plus experts dans certains domaines, mais la mairie n’en tient pas compte. De plus, ils n’ont fait appel à l’expertise de la Chambre d’agriculture que très tard après l’annonce de l’autosuffisance alimentaire à Albi. Or, qui mieux que ces professionnels sur ces sujets-là ? Alors que Jean-Michel Bouat ne se prétend pas professionnel en la matière et qu’il a fallu faire des expérimentations avant de mettre en place des actions concrètes. Il est parti d’une page blanche et, par l’expérimentation, a abouti au résultat que l’on connaît aujourd’hui. Mais il apporte une valeur ajoutée à la ville d’Albi. Enfin, du point de vue de la plupart des personnes interviewées dans les médias, l’autosuffisance alimentaire est impossible d’ici 2020. C’est une opinion assumée et défendue d’ailleurs par Jean-Gabriel Pellissou114 et le directeur du lycée agricole de Fonlabour. M. Gaillochon était même gêné au départ par cette annonce de la mairie115, mais il a pris du recul avec un avis positif. Même si ce projet a une valeur utopique, «ce sont les utopies qui font avancer le monde 116 ». Et tout le monde aujourd’hui est d’accord pour dire que, si la médiatisation a été largement faite, cela a fait parler du sujet et a poussé la population, les professionnels autant que les citoyens, à en débattre. En d’autres termes, c’est grâce à cette forte médiatisation que certaines actions ont pu motiver d’autres acteurs, comme un effet boule de neige.

112. Propos disponible dans l’interview de Jean-Gabriel PELISSOU, Maraîcher de Canavières, annexe p.106 113. Op. Cit Vanessa VERTUS, p. 71 114. Propos disponible dans l’interview de Jean-Gabriel PELISSOU, Maraîcher de Canavières, annexe p.106 115. Op. Cit Julie GACON, p. 67 116. A. L, «à Albi, la longue route vers l’autosuffisance alimentaire», propos de Henri Bureau, dans France 3 Région, publié le 19 juil. 2017, consulté le 2 janv.. 2018, URL : https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/tarn/albi/albi-longue-route-autosuffisance-alimentaire-1299607.html

« La route est longue et parfois compliquée », explique M. Bouat dans son interview sur France Culture. Il est effectivement assez complexe de mettre en place une politique de ce genre sans avoir des exemples déjà explorés et maîtrisés auparavant. « Aujourd’hui, il faut réinventer car cela fait 50 ans que nous avons un autre modèle en tête117 » . Comme la ville d’Albi est précurseur en matière de conquête vers l’autosuffisance, les nouveaux projets passent par des phases d’observation et de réflexion avant de se mettre en action. C’est la conclusion à laquelle est parvenue le corps électoral. Mais avant de se mettre en action, la mairie a préparé un discours bien construit pour séduire et interpeller les médias. Ce qui a induit des critiques assez fortes venant d’autres parties. C’est aussi le point de vue de certains membres des Incroyables Comestibles, selon lesquels mairie ne bouge pas suffisamment pour permettre cette autosuffisance : « Si la question est de savoir si la mairie est vraiment impliquée, la réponse est négative. On aimerait que la mairie s’investisse et qu’elle arrête de communiquer sur ce qu’elle ne fait pas 118 », proclame Olatz Lekaroz, également membre des Incroyables Jardiniers d’Albi. Elle parle notamment du projet du nouveau Leroy Merlin qui va être mis en place sur les terres de l’hôpital, qui sont quand même des terrains cultivables. Nous trouvons l’explication par J-M Bouat, p. 100 mais aussi celle de l’éviction des membres des Incroyables Jardiniers d’Albi du comité de pilotage, nouvellement créé en janvier 2017. Ce comité de pilotage comprend énormément d’intervenants indispensables à la mise en place de réelles réformes en faveur de l’autosuffisance. Il est composé d’un représentant de la chambre d’agriculture du Tarn, Mme le Maire Stéphanie Guiraud-Chaumeil, le coordinateur national des Incroyables Comestibles, Henri Bureau, les directeurs des écoles de Champollion, des Mines d’Albi, de Fonlabour, la chambre de commerce d’Albi, la chambre d’artisanat et bien d’autres représentants et administratifs. Il a été très difficile de rassembler tous ces interlocuteurs pour M. Bouat, qui a mis «trois ans pour réunir les consulaires et les acteurs Institutionnels ». Selon lui, « on ne pouvait pas réunir tout le monde dès le départ autour de la table» 55.Cependant, si seulement les institutionnels sont présent, les informations communiquées à la population ne sont pas exprimées de la bonne façon, car trop distantes de la population qui ne fait parfois plus confiance aux

institutions. C’est donc par l’intermédiaire des Incroyables Comestibles que l’information peut être transmise de manière moins institutionnelle et donc plus communicante pour les citoyens. Outre ce problème de communication, les lois et les réformes qui peuvent être mises en place prennent du temps. Les concertations également. Tout est nouveau à mettre en place, comme pour un terrain agricole, où les réformes mettent elles aussi du temps à voir le jour. Si depuis 2014 ce projet a été annoncé haut et fort, ce n’est qu’aujourd’hui que les actions commencent à voir le jour. Temps nécessaire pour la mise en place d’un projet de cette envergure. Cela s’explique par le fait que les moyens mis en place n’ont pas été réalisés dès le départ. Mais la volonté politique est bel et bien présente. Si je devais faire l’analogie avec un projet que j’ai tenté de réaliser, avec quatre autres membres de l’association « Au même moment », je dirais qu’il faut un temps de mise en place conséquent, pour se former soimême et entreprendre des choses efficaces quand elles sont nouvelles. En effet, ce projet visait à mêler pédagogie et architecture, lors de la construction à l’échelle 1 d’une bergerie sur le terrain de Blanquefort. Ce projet n’a pas vu le jour, notamment parce que l’échéance sur un semestre n’a pas été suffisante pour faire accepter ce projet, pourtant novateur en matière de pédagogie expérimentale et immersive. Le point positif aujourd’hui est l’amélioration de l’organisation au fur et à mesure que l’autosuffisance progresse. En effet, elle a été rendue possible grâce au comité de pilotage. D’après l’interview de Jean-Gabriel Pelissou119, ce dernier a constaté un changement depuis la création du comité de pilotage. Auparavant, il trouvait l’organisation brouillonne et sans but précis. Tandis qu’aujourd’hui, les réunions aboutissent à de réels axes d’actions. «On est dans le brouillard, mais on va sortir du brouillard120 ». Les acteurs plus ou moins directs sont aujourd’hui en place et les relations sont plus ou moins construites pour que le projet d’autosuffisance avance (voir schémas p. 74-75).

117. Op. Cit Julie GACON, p .67 118. Op. Cit Julie GACON, p. 67 119. Propos disponible dans l’interview de Jean-Gabriel PELISSOU, Maraîcher de Canavières, annexe p.106 120. Op cit A. L, p. 72

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II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s


Production

Chambre de commerce du Tarn Chambre d’artisanat

Chambre agriculture

Le potager d’albi Jean-gabriel

JM Bouat

Jardin Edmond Canet

Comité pilotage Tamer duncable

Stéphanie GuiraudChaumeil

Jardin familiaux cantepau

Jardin d’André

albi

Groupe scolaire

albi

Initiatives citoyennes

albi

Institutions

Gèrent et créent

Jardins solidaire sève et terre

Actions

Jardins fonlabour

Interactions entre les différents pôles

Jardins bellevue

*

Lycée bellevue

V e n t E D I R E C T e

Les mains sur terre

A C T I O N s

Université champollion

Cuisine centrale

Propose V e n t E

P é D A G O G I Q U E s

Facilitent l’accès

Les petites mines d’albi

Ont conçu

crock’papilles

Marché de l’autosuffisance*

Produits bios

Distribution

Plateforme aidant à la distribution

Renforce le lien avec les producteurs Panier campus

Marché producteurs locaux

Jardin du rudel

Consommateurs

Produits de saison

Ô saveurs paysannes

Marchés de plein vent

Cantines et Restauration collectives en produits locaux

Actions pédagogiques

D I R E C T e

En projet

Consommation

Servent de lieux pédagogiques

Chargés du recyclage

noctambio albi

Verger et marre de la Mouline Cloître St salvy

Mairie d’Albi (initation, construction, gestion)

Jardins familiaux Lapanouse

A construit

R E L I É s

albi

Jardins Champollion

Ont construit

Lycée fonlabour

Jardins des Issards

Jardins partagés

Service espaces verts

Incroyables comestibles

Zéro dechet albi

Jardins de Rayssac

A construit

Maraîchers urbains

Directeur de Fonlabour

légende

Nouvelles distributions

Drive fermier La ruche qui dit oui

Biocoop Païs Supermarché Coopératif* Albiges

Fonctionnent en Amap du Segala Réseau des Amap du tarn

Circuits courts

Schéma des intervenants (directs ou indirects) à l’autosuffisance alimentaire à Albi Proposent des produits en

Réalisé par Marina GARNIER


II ) L’ i m p a c t d ’ u n e n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e s u r l e t e r r i t o i r e a l b i g e o i s 3) Un mouvement qui prend place dans un contexte politique particulier

Image 28 : Hater gonna Hate. Les haineux haïront ! Sources :Jean-Michel BOUAT URL : https://jmbouat.wordpress.com/

« Je n’ai pas ma carte à EE-LV et j’ose parler d’agriculture urbaine, d’écologie, de développement soutenable, d’autosuffisance alimentaire ? Dans cette France des appareils politiques, des opinions tranchées, des polémiques absurdes, je suis suspect. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa 126. » Dans cet article, il explique les quelques actions en faveur de l’autosuffisance alimentaire qu’il a réalisées à Albi mais aussi, il s’exprime sur les divers reproches qu’on a pu lui faire et les articles contre son mandat. L’image 28 parle d’elle-même, en dénonçant «ceux qui critiquent» et «ceux qui font» vraiment. Cependant, il reconnaît également qu’en 2020, la ville sera « en route vers » l’autosuffisance alimentaire. Il admet que le choix de cette date était plus «communicant» que réaliste, et pas seulement basé sur la date de fin de son manda127 . Les intentions de M. Bouat ont peut-être pour objectif d’améliorer sa cause et de lui réserver une place certaine pour son prochain mandat. Néanmoins l’intention est fort louable et, comme nous avons pu le voir, elle fait changer énormément de choses dans la ville d’Albi. Il est dommage, selon moi, que la politique vienne, finalement, polluer le débat de l’autosuffisance alimentaire. Tout le monde essaie de tirer son épingle du jeu, ce qui rend compte de notre besoin de faire nos preuves à chaque instant de notre vie. Nous sommes toujours dans cette intention de diffuser une image positive afin de se faire une notoriété, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Il semblerait que ce ne soient pas tant les actions qui comptent, mais bien le bénéfice que l’on peut en retirer quand on les communique.

121. Op cit . A. L, p. 72 122. Op cit. A. L, p. 72 123. Rémy GABALDA, «A Albi, la longue route vers l’autosuffisance alimentaire», dans FranceSoir, publié le 19 juil 2017, consulté le 3 janv 2018, URL : http://www.francesoir.fr/actualites-france/albi-la-longue-route-vers-lautosuffisance-alimentaire 124. Propos tiré du site internet Wikipédia, URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Reporterre 125. Définition du Larousse 126. Jean-Michel BOUAT, «Haters gonna hate. Les haineux haïront», dans Wordpress, publié le 8 mars 2017, consulté le 6 dèc 2017, URL : https:// jmbouat.wordpress.com/2017/03/08/haters-gonna-hate-les-haineux-hairont/ 127. Op cit. A. L, p. 72

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Le contexte politique à Albi est assez surprenant pour une ville qui organise de tels changements urbains. En effet, les nouveaux élus sont dits de droite, ce qui ne convient pas forcément aux membres de la gauche ni à la liste des écologistes. Ils prétendent que les élus de ce mandat ne réalisent que cette campagne pour attirer les regards et se faire réélire au prochain mandat. «Ils ont la volonté de faire de la com’ pour être réélus121 », prétend Fabien Lacoste, conseiller municipal socialiste. Il est vrai que conventionnellement, des élus dits de droite ne font pas d’actions en faveur de l’écologie. Ou alors ils ne centrent pas exceptionnellement tout un volet de leur politique sur des critères comme l’agriculture urbaine et l’autosuffisance alimentaire. « C’est de la peinture verte sur une mairie de droite122 », tranche Pascal Pragnère, conseiller municipal EELV (Europe Ecologie Les Verts). La politique de la mairie est simplement vue comme un coup de projecteur et une méthode politique de campagne à long terme. Il ajoute aussi que «Viser l’autonomie alimentaire» c’est «très bien» mais «c’est la façon dont on le fait qui est du pipeau123 », terme qui d’ailleurs a fait la une d’un article de Reporterre. Un quotidien de l’écologie qui « considère que la question écologique est la question historique et politique principale de ce début de XXIe siècle124 », d’après Hervé Kempf, chef d’équipe de lancement du journal. Ceci nous prouve donc que la politique et l’écologie sont, pour ce journal, des sujets intimement liés. Alors que la politique est par définition, d’abord créée par l’homme, afin de gouverner sur les autres hommes et ensuite pour organiser un pays selon une conception particulière, qui, en France, est démocratique. L’écologie est une «science ayant pour objet les relations des êtres vivants entre eux et avec leur environnemen125 » . Il n’y a donc, pas de lien étymologiquement concevable entre la politique et l’écologie. Mise à part la relation entre les êtres vivants qui devrait être égalitaire et ne pas inclure un gouverneur et des gouvernés, mais bel et bien un écosystème résilient. Toutes personnes se sentant concernées par l’écologie devraient pouvoir s’en charger, même si ses origines politiques ne sont pas « adéquates ». M. Bouat, pour en revenir à Albi, se dit «écolocentriste» dans une mairie de droite mitigée. La plupart des

articles qui prônent le côté médiatique, ou qui attaquent les actions qui ont été faites par la mairie, sont généralement l’œuvre des opposants. D’ailleurs, pour atténuer les débats, M. Bouat le dit : « Nous avons des opposants politiques ! » et à même publié sur son blog, un article expliquant ses convictions et son opinion en rapport avec les opposants et son projet..


Conclusion

L’autosuffisance alimentaire est un sujet d’actualité. Comme nous avons pu le voir au sein de ce mémoire, dans la pluralité des journaux cités, l’autosuffisance alimentaire est largement médiatisée et provoque des réactions assez vives de la population et des politiciens. Est-ce possible ou non ? Les débats font rage dans les médias, rendant compte de l’importance de ce sujet pour les nations. De fait, le contexte agricole est aussi vecteur de cette forte médiatisation. De plus en plus de médias tirent la sonnette d’alarme sur l’état de la planète et les crises écologiques, qui ont lieu dans le monde, impactent directement les cultures et notre nourriture. En France, c’est l’état de notre agriculture qui pose problème. En effet les pesticides utilisés depuis des années ont appauvri les sols, rendant les agriculteurs encore plus dépendants de la chimie pour pouvoir être rentables. De plus en plus de produits sont demandés aux petits producteurs, qui n’arrivent plus à vivre de leurs exploitations. Les gros exploitants grignotent les parcelles des plus petits, empêchant une diversification des cultures. Ce qui implique peu à peu, la destruction des écosystèmes résilients. L’autosuffisance alimentaire devient alors la chose à réaliser pour tenter de répondre aux problèmes sociétaux actuels. De nombreuses actions sont effectuées tous les jours, au sein de la ville d’Albi, pour la rendre envisageable, entraînant de ce fait, des modifications notoires sur cette ville. Albi a tout d’abord un contexte politique et citoyen assez particulier. Ainsi, Albi fait partie des Villes en Transition : les acteurs de cette même transition s’affairent à rendre leur territoire plus résilient et plus écologiquement sain face à un quelconque choc imminent. Les Incroyables Comestibles ont d’ailleurs élu domicile à Albi, sous le nom d’Incroyables Jardiniers. Ils effectuent de nombreuses actions en rapport avec l’autosuffisance, grâce à leurs jardins comestibles en ville. Ces potagers ne servent pas à la production alimentaire pour nourrir véritablement les citoyens, mais permettent d’avoir un espace de sociabilisation sur lequel nous pouvons faire passer des idées. Notamment sur des techniques agricoles, de recyclage, qui sont enseignées directement par la pratique. Ces jardins sont alors des lieux de médiation de la pratique agricole et sensibilisent sur l’adoption d’une alimentation saine. Par ailleurs, le contexte politique albigeois est, particulier, mais facilite cette autosuffisance. Grâce à la dynamique citoyenne, les élus locaux se sont mis à repenser

l’usage et la fabrication de la ville et de la campagne. Dorénavant, la mairie d’Albi se tourne vers l’agriculture et les campagnes pour renforcer le dynamisme de la ville. Même si les élus ne sont pas animés par les mêmes convictions que les écologistes, ou les divers autres partis en rapport avec l’écologie, sans eux, la ville d’Albi n’aurait pas évolué vers ces questions territoriales ; qui par ailleurs sont importantes, car elle permettrait de réunir sur un même plan l’urbain et le rural, longtemps séparés comme deux façons différentes d’appréhender un territoire. Enfin, grâce à son potentiel agricole non négligeable, Albi peut réussir à être la ville pionnière de l’autosuffisance. Cette aide naturelle offre un indéniable pouvoir, que les élus ont su prendre comme un atout pour améliorer leur image et faire parler de la ville. Tous ces arguments permettent de comprendre comment Albi aspire à devenir autosuffisante. En se basant sur des potentiels existants et en essayant de créer des relations avec d’autres actions mises en place par la mairie (comme les terrains de Canavières par exemple) ou par les citoyens, Albi a su s’imposer comme ville en «conquête vers l’autosuffisance». Cependant, la plupart des acteurs directs ou indirects à l’autosuffisance alimentaire la considèrent encore comme impossible. Dans ce cas, nous pouvons nous demander pourquoi une telle médiatisation de la part des élus albigeois, pour un projet qui, de fait, s’avère impossible ? Comme nous l’expliquent certains théoriciens, les villes moyennes ont depuis les années 1970, essayé de se réinventer128. Globalement, les villes moyennes ont tenté de relever leur image de villes désertées par la délocalisation des usines, la montée du chômage et la moindre attractivité culturelle. Auparavant, c’était grâce aux festivals ou à des événements que les élus se mettaient en avant sur un temps déterminé, et faisaient valoir la vie culturelle des villes moyennes dans toute la France. Ces instants ont depuis des années, marqué certaines villes comme Angoulême ou Aurillac, qui aujourd’hui sont renommées en « Capitale de la bande dessinée129 » ou « Capitale du théâtre de rue ». Au-delà de ces instants, se posent les questions de la durabilité de ces actions mais aussi de leurs véritables conséquences pour la ville. Mises à part les images renvoyées par ces villes, la qualité de vie* de ces villes ne s’est pas améliorée. Nous pouvons même constater que les problèmes des villes moyennes se sont accrus, rendant compte d’une politique urbaine

128. Chantal ANDRE, , « Changer l’image d’une ville », Politique et management public, publié en 1987 / 5, num.4 p: 51-64, URL : http://www.persee. fr/doc/pomap_0758-1726_1987_num_5_4_1977 129. Dénomination trouvée dans le site web Wikipédia *. Nous entendons par « qualité de vie » : « Elle est mesurée par de nombreux indicateurs socio-économiques (l’indice de développement humain (IDH) par exemple). Elle dépend dans une large partie de la capacité à acheter des biens et services (notion de pouvoir d’achat), mais aussi des situations dans les domaines de la liberté (libéralisme économique), de respect des droits de l’homme, de bonheur, de santé, etc. », définition de Wikipédia

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Une autosuffisance partielle pour une gestion complète du territoire


inefficace. Les centres urbains se désertifient apportant une paupérisation croissante dans les villes moyennes et ne permettant pas une mixité sociale indispensable au développement économique des villes. Albi au-delà de sa dénomination « Albi, la rouge», a su se réinventer autrement que par l’événementiel. Aujourd’hui qualifiée dans beaucoup de médias comme ville pionnière en matière d’autosuffisance alimentaire, Albi et tous les acteurs en lien avec cette nouvelle politique urbaine ont su s’associer pour réaliser des actions pertinentes en faveur du maintien d’une agriculture raisonnée (voir figure de conclusion p. 81). Elle a même inspiré la métropole rennaise qui désire elle aussi devenir autosuffisante et intrigue de nombreux élus d’autres villes. Aujourd’hui la ville d’Albi est célèbre pour cet élan symbolique vers un changement de la société. Elle a d’ailleurs remporté le prix de meilleure ville pour sa biodiversité en 2016 et le prix de l’alimentation lors du forum des Smart Cities à Paris130. Cette nouvelle politique urbaine a eu pour conséquence une réappropriation du territoire tarnais par la municipalité d’Albi. En effet, par la réappropriation de certains hectares de terrains alloués en zone maraîchère, la mairie d’Albi a pris conscience de l’importance de l’agriculture pour la ville. Par le lycée Fonlabour, notamment, et tous les nouveaux circuits de distribution à Albi, les agriculteurs et les consommateurs réussissent à retisser un lien important en rapport avec l’alimentation. Ce lien permet un réencrage mental des territoires agricoles alentour. Premièrement par les consommateurs et deuxièmement par les agriculteurs qui peuvent vendre leurs produits directement aux consommateurs, dont le nombre croît de jour en jour. L’intérêt de ces circuits courts pour les producteurs est l’absence de marges supplémentaire. Si la possibilité d’une autosuffisance alimentaire est longuement discutée, elle permet de gérer de manière responsable le territoire environnant. Les liens entre le centre urbain et les surfaces agricoles sont rétablis de manière à faciliter l’acheminement des produits alimentaires vers la ville. L’autosuffisance alimentaire complète n’est pas forcément envisageable, mais, partiellement, elle permet de gérer complètement le territoire. De nombreuses actions, comme le montre le schémas ci-après, ont permis de transformer notre manière de consommer ainsi que la gouvernance territoriale de la ville d’Albi. L’autosuffisance alimentaire peut donc être considéré comme une véritable innovation sociale et urbaine en faveur d’une urbanisation intelligente et réfléchie des territoires urbains, périurbains et ruraux.

A c t i o n s r é a l i s é e s g r â c e à l a n o u v e l l e p o l i t i q u e u r b a i n e d ’a l b i Installation de 12 jardins potagers publics par les Incroyables Comestibles

Pour le cas d’Albi, c’est une expérimentation dont les acteurs ont vu quelques réussites et échecs se produire. Mais c’est ce qui est intéressant dans les expérimentations de ce type. Et c’est en passant par ces phases que notre société peut changer afin de créer des liens plus complets et précis entre l’urbain et le rural dans le territoire français. Mon hypothèse de départ n’est pas encore tout à fait vérifiée. Pour arriver à y répondre véritablement, la ville d’Albi a encore beaucoup de projets à mettre en œuvre. Nous verrons d’ici 2020 quelles nouveautés auront été mises en place pour cette autosuffisance. Pour l’heure, se posent les limites d’une telle analyse. Le sujet étant d’actualité, certaines questions restent en suspens, car les actions n’ont toujours pas été réalisées, ou ne sont encore qu’en phase de projet. Depuis le début de mon travail, il y a eu des rebondissements très intéressants, qui me permettent d’établir un tableau plus ou moins complet des acteurs ou des personnes liées à l’autosuffisance alimentaire (comme l’indique le schéma p.74-75). Finalement, ce modèle de politique urbaine peut-il profiter aux autres villes moyennes françaises et être élever au rang de modèle pour une gestion territoriale durable ? Ce modèle peut-il permettre aux villes moyennes de se réinventer en villes où l’agriculture urbaine et l’autosuffisance partielle seraient envisageables ? Enfin, les villes moyennes sont-elles des terrains plus propices à une gestion des territoires agricoles, ce qui leur donnerait une importance dans le tissu urbain national ? Au même titre que les métropoles, qui elles, jouent un rôle de compétitivité mondiale. Le tissu serait alors complet et aucun territoire ne serait à l’abandon, car chaque espace urbain et rural serait un maillon de la chaîne urbaine, dans un lien d’interdépendance.

130. Brigitte Charbonière, «Albi, lauréat du concours Capitale française de la Biodiversité en 2016», Communiqué de presse publié le 23 sept 2016, URL : https://www.albi-tourisme.fr/sites/default/files/atoms/files/biodiversite_albi_meilleure_ville_moyenne_pour_la_biodiversite_2016_communique_de_presse.pdf

7 hectares de maraichâge urbain en plus Création d’environ 2 ha de jardins familiaux 80 arbres fruitiers Mouline et et d’insertion Fontanelle 12 installations de jardins par les 3 jardins publics transformés en jardins de Incroyables comestibles condiments 3 jardins publics transformé en jardin condiments Plantation desderonds-points, avenues et Environ 2 hectares de jardins parterres publics familiaux et d’insertion Végétalisation deaux rond, avenue 80 arbres fruitiers plantés vergers de et pied d’arbre Mouline et Fontanelle Mise en place d’enseignement de la permaculture au lycée Fonlabour Sensibilisation des agriculteurs du Création dizaine de nouvelles Tarnd’une vers une agriculture raisonné

7 ha de maraîchage urbain en plus

distributions en circuit court

Autosuffisance Alimentaire À AL B I

3400 repas en produits locaux distribués une fois mois par la cuisine centrale

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Une autosuffisance partielle pour une gestion complète du territoire

Création comité pilotage pour l’autosuffiasnce alimentaire

Création d’une ceinture vivrière de 60 km autour d’Albi

Implantation d’une dizaone de nouvelles distributions participant à la distribution de produits sains

3400 repas composés de produits locaux distribués une fois par mois par la cuisine centrale

Ceinture vivrière de 60km

Enseignement de la permaculture au lycée Fonlabour mais aussi par les IC Sensibilisation des agriculteurs vers une agriculture raisonnée

Création d’un comité de pilotage qui organise cette l’autosuffisance alimentaire


Postface

Marina Garnier Bordeaux, Janvier 2018

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J’ai trouvé ce travail de rédaction de mémoire à la fois intéressant et instructif. Je suis ravie d’avoir pu le mener à bien lui qui, initialement, n’était pas du tout orienté sur un sujet de ce type. En effet, mon attrait pour les évènements et l’architecture événementielle m’ont guidée vers un sujet sur lequel j’ai écrit un article l’année dernière. Le sujet traitait de l’attractivité possible des villes moyennes grâce aux évènements urbains festifs. Sur le conseil de mes professeurs de mémoire, le sujet a évolué vers la question de l’autosuffisance alimentaire et de développement territorial et économique durables des villes moyennes. Toujours en partant d’une ville dite moyenne et non d’une métropole, mon postulat de départ était le même, mais enrichi avec la dimension de durabilité et de protection de l’environnement. Les différents entretiens conduits au cours de mes recherches m’ont permis de comprendre ce que les personnes interrogées ressentaient à propos de cette nouvelle politique urbaine et d’appréhender les diverses positions de chacun . Les résultats de l’enquête ont été intéressants et m’ont permis de construire un argumentaire sur les différentes relations entre acteurs. Il m’a été difficile d’abandonner mon projet original qui s’appuyait sur les problèmes des villes moyennes dont on trouvera une partie en annexe. Mes professeurs de séminaire, ont néanmoins su me convaincre de la nécessité de donner une nouvelle direction à mes recherches en y incluant un côté positif et en considérant qu’il existe des alternatives qui, encore en phase d’expérimentation, sont intéressantes à étudier pour un avenir meilleur. J’ai beaucoup appris lors de cet exercice et bien que certaines de mes idées soient difficile à organiser, j’ai pu apprendre à constituer un panel d’informations autour d’un sujet et de les structurer afin de tenter de répondre à une problématique. Sans que cette affirmation puisse se vérifier aujourd’hui, la question alimentaire des villes moyennes pourrait bien être, en effet, le point crucial de l’urbanisation du futur...


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Ouvrages / chapitres d’ouvrage


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24. Wikipédia,(2017), Via Campesina, URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Via_Campesina, consulté le 18 mai 2017

107. José Serrano et Gisèle Vianey, « Consommation d’espace agricole et relations entre acteurs privés et publics : un management en faveur de l’artificialisation », Norois [En ligne], 221 | 2011, publié le 30 déc 2013, consulté le 2 janv. 2018. URL : http://journals. openedition.org/norois/3799 ; DOI : 10.4000/norois.3799 128. Chantal ANDRE, , « Changer l’image d’une ville », Politique et management public, publié en 1987 / 5, num.4 p: 51-64, URL : http:// www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1987_num_5_4_1977 133. Nicolas MEILHAN, «Le pic pétrolier aura bien lieu en 2015», dans éconocastes, publié le 9 Dèc. 2015, consulté le 5 mai 2017, propos de Jean-Marie BOURDAIRE, membre de l’ASPO France, disponible sur : http://leseconoclastes.fr/2015/12/le-pic-petrolieraura-bien-lieu-en-2015/

Rapports / études 16. Pierre Desrochers et Hiroko Shimizu, L’autosuffisance alimentaire n’est pas gage de développement durable, dans Cahier de recherche de l’Institut économique Molinari, Cahier 1010, Octobre 2010, consulté le 10 juin 2016, URL : http://www.institutmolinari.org/ IMG/pdf/cahier1010_fr.pdf 32. AURAN (Agence Urbanisme Région Nantaise), Pratique et tendances de la consommation alimentaire des ménages, Dossier de recherche, Nantes, publié en juin 2017, consulté le 17/09/2017, URL : http://auran.org/dossiers/pratiques-et-tendances-de-laconsommation-alimentaire-des-menages 34. Étude en ligne Ministère de la santé, Consommation alimentaire et état nutrionnel de la population vivant en France, date (s.d), URL : http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/conso.pdf 46. Cabinet UTOPIES, Autonomie alimentaire des villes : états des lieux et enjeux pour la filière agro-alimentaire français, Note de position n°12, [en ligne], publié en mai 2017, consulté le 30 nov 2017, URL : http://www.youscribe.com/BookReader/IframeEmbed?productId=2897364&width=auto&height=auto&startPage=1&displayMode=scroll&documentId=3176542&fullscreen=1&token= 59. Sacha Guégan, François Léger, Gauthier Chapelle et Charles Hervé Gruyère, Maraîchage biologique permaculturel et performance économique, Rapport d’étape n°2, publié en juillet 2013, URL : http://www.fermedubec.com/ecocentre/Etude%20 mara%C3%AEchage%20permaculturel%20-%20Rapport%20interm%C3%A9diaire%202013.pdf 67. Patrick MUNDLER et Juliette ROUCHER, Alimentation et proximités : Jeux d’acteurs et territoires, édition Educagri, publié en juin 2016, consulté le 30 nov 2017, propos de Agnès TERRIEUX, «Alimenter les villes; Un nouvel enjeu pour l’aménagement du territoire», p85 71. Incroyables Comestibles, Document préparatoire pour une visite du prince Charles à Albi, Dossier pour la mairie d’Albi, publié en dèc 2013, consulté en mai 2017, p.5 86. SCOP SAPIE, Quelle autonomie alimentaire pour le département du Tarn ?, éléments de réflexion pour Nature & Progrès, Limoux,, publié en avril 2013

25. Aquitaine Décroissance, (2011), L’autonomie alimentaire en France, URL : https://aquitainedecroissance.org/2011/02/08/lautonomie-alimentaire-en-france/, consulté le 17 juin 2017. 74. Twitter, (2013), @JeanMichelBouat, URL : https://twitter.com/jeanmichelbouat, consulté le 15 Nov. 2017. 75. Blog de Jean-michel Bouat,(2017), Hater gonna hate, les haineux haïront, URL : https://jmbouat.wordpress.com/, consulté le 15 Nov. 2017. 110. Terre de Liens,(2013), Convertisseur Terre de Liens, propos tirés dans la méthodologie, URL : http://convertisseur.terredeliensnormandie.org/methodologie/, consulté le 28 Dèc. 2017.

Émissions radios/télévisions 22. Nicole FERRONI, «L’agriculture, belle et noble, de plus en plus laide en France», émission radio Le Billet de Nicole Ferroni sur France Inter, publié le 25/10/2017, consulté le 27/10/2017, URL : https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-nicole-ferroni/le-billetde-nicole-ferroni-25-octobre-2017 26. Interview de Nicolas Metzdorf, «Produire local, c’est produire de la richesse et de l’emploi», émission radio Océane FM, le 22 sept. 2016, URL : http://sound.caledonie-ensemble.com/index.php?a=track&id=73 28. Vidéo youtube #DATAGUEULE, «Agriculture industrielle : produire à mort», sur le site internet Youtube, producteur IRL, réalisé par Henri Poulain, publié le 6 Fèv. 2017, consulté le 20 Fèv. 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=3rtEMp8_7z4 42. Robin LEBLANC, « La semaine verte », dans VidéoFacebook, présenté par Franz BEAUDOUIN, publié le (s.d), consulté le 4 déc 2017, URL : https://mrmondialisation.org/lauto-suffisance-alimentaire-le-reve-devenu-realite-pour-cette-famille-canadienne/ 60. Météo à la Carte Mag, «La ferme du Bec Hellouin: un modèle au niveau mondiale», vidéo YouTube, publié le 15 mai 2017, consulté le 30 nov. 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=HfNYyNNlBfc 94. Le journal de 20h, « Albi fait le pari de l’autosuffisance alimentaire», sur le journal de 20h de TF1 présenté par Gilles BOULEAU, publié le 13 mars 2017, consulté le 1 janv 2018, URL : https://www.lci.fr/france/albi-fait-le-pari-de-l-autosuffisance-alimentaire-2029001.html 95. Association ENVISAGES et Master GSE/VRT, «DD sur les ondes», dans Youtube, réalisé par France 3 Tarn, publié le 4 avril 2012, consulté le 30 dèc 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=lxOv-Mr-AxA 101. Julie GACON, «Sur la route ... de l’autosuffisance alimentaire à Albi», émission radio France Culture, publié le 4 juillet 2017, consulté le 30 sept 2017, URL : https://www.goodplanet.info/actufondation/2017/07/04/a-ecouter-route-de-lautosuffisance-alimentaire-a-albi-france-culture/ 108. Baptiste CLARKE, «Quel avenir pour une agriculture locale et biologique en France», dans Youtube, vidéo présentée par Actu-Environnement, publiée le 15 dèc 2017, consultée le 3 Janv 2018, URL : https://www.youtube.com/watch?time_continue=484&v=4asij9_xexQ

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38. Alim’agri , « Origine des produits : quelle information du consommateur ?», site du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, publié le 18/02/2013, consulté le 27/10/2017, URL : http://agriculture.gouv.fr/origine-des-produits-quelle-information-du-consommateur


145. Olivier RAZEMON et Daniel Béhar , «Fracture territoriale, autour des villes moyennes ... », Entrevue radiophonique présenté Olivia GESBERT, La Grande Table , Radio France Culture, le 03 Janv. 2017, durée 34:30, consulté le 13 Mars 2017, URL : https://www. goodplanet.info/actufondation/2017/01/03/a-ecouter-fracture-territoriale-au-tour-des-villes-moyennes-sur-france-culture/ 147. François Jourdain et Stéphanie Guiraud-Chaumeil , « Ambiance électrique entre F. Jourdain et la maire d’Albi ! » , entrevue radiophonique sur 100% radio, durée 35min, publié le 20 avril 2017, écoutée le 1 Janv. 2018, URL : https://www.centpourcent. com/les-infos-10/ambiance-electrique-entre-f-jourdain-et-la-maire-d-albi-7530

Travaux de mémoire ou thèse * Valentin REMAUD, Supermarchés coopératifs, une innovation social pour un développement métropolitain durable , mémoire pour le master architecture, sous la direction de Xavier GUILLOT, Julie AMBAL et Delphine WILLIS, Bordeaux, publié en janvier 2018 106. Marie RéNIé, Saint-Émilion, un village face au tourisme culturel international, mémoire pour le master architecture, sous la direction de Xavier GUILLOT et Julie AMBAL, Bordeaux, publié en juin 2017.

Conférences / expositions

Filmographie 135. Henry POULAIN, Data Gueule: 2°C avant la fin du monde, 2015, distribué par Youtube, producteur IRL, écrit en collaboration avec Julien GOETZ et Sylvain LAPOIX, 81min, vidéo disponible sur Youtube, publié le 16 nov. 2015, URL : https://www.youtube.com/ watch?v=Hs-M1vgI_4A&t=4217s, interview de passants à Paris 140. Matthieu KASSOVITZ, La Haine, 1995, 96 min

Interviews 36. Lorraine et Caroline, «Le bio est t’il un effet de mode ?», dans blogspot, interview d’un producteur de lentille à Nançois -Le-Grand en Meuse, dans Blogspot, publié le (s.d), consulté le 21/11/2017, URL : http://conso-bio.blogspot.fr/ 47. Julie JEUNEJEAN «Avignon, Valence et Nantes, championnes française de l’autonomie alimentaire», dans We Demain, Entretien avec Arnaud FLORENTIN, publié le 2 juin 2017, consulté le 1 déc 2017, URL : https://www.wedemain.fr/Avignon-Valence-et-Nanteschampionnes-francaises-de-l-autonomie-alimentaire_a2751.html 138. Isabelle TAUBES, «Résilience : comment il s’en sortent ?», dans Psychologies, interview de Boris Cyrulnik, publié en mars 2001, URL : http://www.psychologies.com/Therapies/Psychanalyse/Travail-psychanalytique/Interviews/Resilience-comment-ils-sen-sortent/Dans-cette-aptitude-a-surmonter-les-chocs-quelle-est-la-part-de-l-inne-et-celle-de-l-acquis

Annexes

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139. Benoît THévard, «Un avenir sans pétrole ?», Eco’lot toi-même; conférence en avril 2012, Limognes, Organisé par l’association Coqueli’Causse, disponible sur Youtube, publié le 19 Fèv. 2014, , URL : https://www.youtube.com/watch?v=RK01e7WqMoI


Ingénieurs Concepteurs

Définissent des méthodes de travail optimales dans l’entreprise

Contremaîtres

Annexe 1.1 : Part respective des 20-49 ans et des 50 ans ou plus dans la population des différents types de villes aux recensements de 1968 et 2006 Source : INSEE, recensement de la population, dans l’article de Jean-François LEGER, « L’évolution sociodémographique des villes moyennes de 1968 à 2006 », Espace populations sociétés, URL : https://eps.revues.org/4701

Autofinancement des investissements dus à la production incessante

Liés à l’organisation de l’entreprise, non à la qualification des ouvriers

L’entreprise n’a pas besoin de partager la valeur ajoutée supplémentaire avec les ouvriers

Ouvriers dépendant de leurs supérieurs et les uns des autres

Ouvriers éxécutants

Peu de redistribution aux ménages

Faible développement de la consommation

Annexe 1.2 : Composition socioprofessionnelle de la population active âgée de 25-54 ans, selon la taille des villes aux recensements de 1968 et 2006 Source : INSEE, recensement de la population, dans l’article de Jean-François LEGER, « L’évolution sociodémographique des villes moyennes de 1968 à 2006 », Espace populations sociétés, URL : https://eps.revues.org/4701

Essoufflement de la croissance économique Annexe 1.3 : Récapitulatif des schémas de fonctionnement du modèle de Taylor Source : Marina GARNIER, Inspiré de blogspot par Feneuille, publié le 1er dèc 2009, vu le 12 mars 2017, URL : http://feneuille-ses-taylorisme.blogspot.fr

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Annexe 1 : étude sur les villes moyennes


Groupe

Distance par rapport aux valeurs moyennes (en écart-type) Variation de Variation du % la pop. totale de cadres et de profs int.

G1A

G1B

G2

G3

G4

G5

-

+

+

++

---

++++

-

+

++

++++

--

+

Villes

Constat

Variation du % de 50 ans ou plus

-

++

Alès, Arras, Beauvais, Bergerac, Béziers, Boulogne-sur-Mer, Bourges, Castres, Chalonsur-Saône, Châteauroux, Cherbourg-Octeville, Colmar, Creil, Epinal, Evreux, Maubeuge, Montargis, Narbonne, Périgueux, SaintChamond, Saint-Omer, Vichy

Diminution globale de la population

Ajaccio, Bastia, Bayonne, Blois, Bourg-en-Bresse, Brive-la-Gaillarde, Chartres, Cholet, La Roche-sur-Yon, Laval, Quimper, Romanssur-Isère, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Sète, Vannes

Augmentation de la population avec une plus grande augmentation de la part des retraités et personnes âgées

Source : Marina Garnier selon le tableau de François Léger

Diagonale du vide

---

++

Augmentation de la population et attractivité des personnes âgées : villes moyennes de villégiature et touristique

---

Source : Jean-François LEGER avec le logicil Philcarto, « L’évolution sociodémographique des villes moyennes de 1968 à 2006 », Espace populations sociétés, URL : https://eps.revues.org/4701

Figure 2.2 : Représentation géographique des évolutions de la composition sociodémographique des villes moyennes (1968-2006)

Agen, Albi, Arles, Augmentation de Armentières, Belfort, la population : Ville Compiègne, Elbeuf, Menton, moyenne très attractive Montauban

+++

Tableau 2.1 : Typologie des profils d’évolution de l’effectif et de la composition sociodémographique des villes moyennes (1968-2006)

Arcachon, Fréjus, Lannion, Niort, Salon-de-Provence

Cambrai, Châlons-enChampagne, CharlevilleMézières, Forbach, Longwy, Montceau-les-Mines, Montluçon, Nevers, Roanne, Saint-Quentin, Tarbes

Diminution de la population globale et augmentation de la part des retraités et personnes âgées : Villes moyennes peu attractive, fuite des actifs

Cluses, Haguenau, Meaux, Thonon-les-Bains, Villefranche-sur-Saône

Augmentation de la population globale et des actifs : Ville moyenne attractive qui se rajeunit

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Annexe 2 : Différentes typologies de villes moyennes selon les connexions avec la métropole la plus proche.

Paris

Brest

Strasbourg

Nantes

Clermont-Fd Bordeaux

Lyon

Grenoble

Montpellier Toulouse

Marseille


Quelles sont vos actions concrètes sur la ville d’Albi ? Quel est votre rôle dans la mairie ? Mon poste au départ, il était posé comme une condition à Mme Le Maire pour que je vienne sur son projet municipal, donc je suis maire adjoint au développement durable à la régie municipale et à l’agriculture urbaine. Je tenais que ce soit un poste d’adjoint sur cette délégation, pour bien montrer l’importance du projet politique, dans le sens POLITIS qui me semblait important. Je pense qu’au début, j’ai dû être le premier élu à l’agriculture urbaine, pour bien situer le niveau. L’autosuffisance alimentaire, on est sur un rayon de 60 km d’ici à 2020. L’échéance 2020, c’est tout simplement mon échéance politique et le rayon de 60km, cela me semblait nécessaire et suffisant pour arriver à une certaine autosuffisance sur certains produits. L’objectif ce n’est pas de faire pousser des ananas ou des oranges à Albi. Des produits locaux et retravailler sur l’aspect des choses. On s’appuie sur trois objectifs : bilan carbone, la sécurisation des approvisionnements et la qualité des produits. Le bilan carbone, si on raccourcit les distances si on arrête de faire que nos salades elles aient parcouru 300km pour qu’on les mange, déjà on réussit notre truc. Sécuriser les approvisionnements reconfigure la ville parce que c’est justement aller contre ce qui s’est fait dans les villes depuis 60 ans. C’est-à-dire les villes on les a aseptisées, l’industrie agroalimentaire est arrivé, on nous a dit : « nous les stocks on a tout ce qui faut, vous allez voir on mettra tout dans les camions. Vous allez voir ce sera impeccable ! ». Donc les unités de transformation locale, il n’y en a plus tout comme les unités de stockage local et c’est l’industrie alimentaire qui a pris la main sur cela. Ce qui fait qu’aujourd’hui que toutes les villes modernes ou du moins en Europe ou peut-être plus en France, n’ont pas de stock. Nous avons seulement 5-6 jours de stocks. En temps de grèves cela va être la catastrophe. Et ensuite la qualité des produits. Cela veut dire que si je produis localement les marchands sont locaux, je les rencontre et que je les vois travailler. Bien évidemment si j’achète des produits d’un coté et de l’autre mais que je vois que celui là il n’arrête pas de mettre des produits avec un masque et un scaphandre je le vois bien que ce n’est pas très bon. Alors que si l’autre marche pied nu dans sa terre, je vais me dire que ses produits sont meilleurs. Et justement comment vous gérez les différentes communes aux alentours pour cette autosuffisance, étant donné que 60km à la ronde c’est un assez grand

territoire ? Alors pour l’instant je pense que cela commence à faire boule de neige. J’ai beaucoup d’élus qui reviennent vers moi parce que j’ai été le premier à avoir cette idée. L’idée c’est que celui qui est à 70 km je ne lui interdis pas d’aller à Albi. Mais l’idée c’est que autour de lui il y a peut-être des marchés de proximité où il peut vendre autour de chez lui. Il faut réfléchir là où on peut vendre à proximité. Et comment vous gérez les espaces agricoles, Comment cela se passe ? Ces trois objectifs s’appuient sur trois piliers : la ville et les citoyens, le foncier urbain (ici la ZAD de Canavières), et ensuite c’est le travail sur toute la ceinture verte autour de la ville. La ville fait 4400ha, c’est une petite ville, une petite surface. On est déjà relativement dense et c’est pour cela que l’on a été relativement raisonnable en matière d’espace urbain. Sur ces 4400ha nous avons 1200ha de surface agricole exploitable SAE, autour de la ville. Sur ces terres il y a 60 agriculteurs qui sont à la PAC. C’est de la plaine céréalières irrigables ; quelques éleveurs encore notamment laitiers. Le premier pilier dans la ville, c’est tout le travail que nous réalisons avec les citoyens. C’est tous les espaces potagers qui sont dans la cité. Notamment Champollion, la green route, le jardin de Saint-Salvi ... Nous avons prévu 24 sites à terme. Ce sont des espaces soit gérés par les jardiniers municipaux, soit par des associations notamment Les Incroyables Jardiniers ou alors c’est du mixte. Il y en a qui sont exclusivement municipaux, car il a fallu au début réapprendre à faire travailler ces personnes ensemble. Car l’espace public est à tout le monde mais à personne aussi. Je peux pas faire n’importe quoi dans l’espace public ou alors il faut une autorisation municipale. Donc ce travail-là, il a fallut le faire avec les uns et les autres afin qu’ils collaborent ensemble pour que les jardiniers municipaux acceptent que les citoyens viennent faire du jardin avec eux. Sans leur piquer leur travail, c’est ambivalent comme sentiment. Comment avez-vous facilité la collaboration entre ces habitants et la municipalité ? Cela s’est fait petit à petit ; nous avons la chance d’avoir un service parcs et jardins de qualité car Albi est une ville patrimoniale. Le patron actuel c’est quelqu’un qui a fait

*Les interviews suivantes ont été intégralement et fidèlement retranscrites afin d’en préserver l’authenticité et de ne détourner aucun propos.

l’école de Versailles. Le recrutement est très local dans le lycée agricole qui a une formation jardins et espaces verts. Il nous sert beaucoup de vivier de recrutement, donc c’est surtout des Albigeois qui rentrent dans cette équipe. Ce n’est pas vocationel mais il y a une grande ambition dans leur arrivée à Albi. La question à se poser, c’est tout ces espaces aseptisés dans la ville, minéralisés et toutes ces pelouses, comment les gèrent-on ? Le paradoxe de ces pelouses, c’est que c’est de l’herbe qui ne nourrit aucun animal, on paie des gens pour aller passer la tondeuse, on coupe l’herbe trop courte pour que les butineurs ne puissent pas y aller, et en plus parfois on arrose les plantations avec de l’eau potable (pas à Albi). C’est proprement scandaleux. A côté de cela on a les files des Restos du Cœurs qui s’allongent chaque année, on a vraiment coupé tous ces citoyens de la réalité (la terre nourricière). Quelque part les associations maraîchères reconnectent les citoyens à cette terre nourricière. Faire pousser des légumes (allez y servez vous c’est gratuit), c’est acquérir une nouvelle compétence et ce n’est pas si difficile que cela. Oui, mais la plupart des jardins en ville sont plus orientés vers l’éducation plutôt que vers la production ... Oui bien sûr... Quand on met un key hole à Lapanouse, on sait bien que ce n’est pas cela qui va nourrir l’immeuble. L’idée c’est qu’on met la production au centre des choses. On se rend compte que sur un petit espace comme cela on arrive à produire un certain nombre légumes. On fait descendre les gens pour arroser les légumes alors que ce quartier à la base est un quartier chaud. Et cela amène de l’interculturel au centre des jardins, et cela à provoqué un truc que nous n’avions pas prévu, c’est que à côté les habitants on fait poussé des aromatiques. Donc c’est une bénévole qui s’occupe de ce site, et le key hole a été construit par les compagnons du devoir. Il y aussi des associations de quartiers à Lapanouse, dont la Régie qui travaille en jardins solidaires. Et vous, justement, quelles sont vos relations avec toutes ces associations ? Facilitateur, car l’effet pyramide quand cela vient d’en haut ,cela ne marche pas. Tandis que quand c’est les citoyens qui font les choses, c’est différent. Il faut que cela soit réalisé par les citoyens. Nous allons organiser et faire des conventions pour planter des key holes par exemple. Avant on ne savait pas écrire les conventions. Côté formation, on a fait un côté très pédagogique avec des petites étiquettes rouges et vertes. C’est une compétence qu’il faut donner aux habitants pour savoir quand c’est prêt à être récolté. Dans les écoles, il y a aussi un travail avec les

associations de parents d’élèves. Nous avons placé des mini jardins, on fait pousser des laitues, des tomates (pas que des lentilles dans du coton ...).Ils ont toutes les notions des saisons, quand il faut semer, comment protéger pour récolter. L’idée c’est qu’ils transmettent les informations aux parents pour qu’ils consomment des bons produits. Ensuite sur le côté architecture, ce qui va vous intéresser c’est la ZAD de Canavières. L’idée c’est de permettre la production locale par le foncier. Il faut préserver un foncier de proximité dans les villes. 73 ha de foncier disponible et potentiel sur un bras du Tarn. À ce jour nous avons acheté 9 ha sur lesquels on a installé 4 producteurs. Le premier qui produit, il est là depuis le début ; c’était déjà un professionnel, il a un bâtiment ; cela fonctionne, il est déjà efficace. Il produit une quinzaine de tonnes de légumes par an. Il produit sur 2 hectares. Les 3 autres ont commencé il y a un an. Il faut un peu de temps avant qu’ils produisent, puisqu’ils sont en permaculture. Le premier est en bail agricole, les autres sont dans des baux précaires. C’est-à-dire qu’au début ils ne paient pas de loyer. Au début c’était une innovation car la chambre d’agriculture nous avait dit que personne n’allait venir pour le maraîchage. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de demande. Nous avons mis en place une filière de recrutement qui passe par le lycée agricole. Nous recevons les dossiers, puisqu’on a recruté quelqu’un qui fait une pré-sélection du dossier qui est transmis au lycée agricole. Et là nous sélectionnons les dossiers qui nous paraissent non pas intéressants mais avec une probabilité de réussite intéressante (et pour le candidat et pour nous) Le bassin de l’emploi se situe donc surtout sur Albi et dans le lycée agricole ? Pour le recrutement cela passe par ce filtre-là, par le lycée agricole. Ils vont juger le projet, ils ont eux un chantier d’insertion sur du maraîchage. Le truc aussi c’était qu’au début que je suis arrivé, le chantier d’insertion ne fonctionnait pas et là il y a beaucoup de demandes liées à toute cette nouvelle activité que l’on met en avant. Donc le lycée agricole enseigne sur les compétences techniques, sur le projet global. Et dès qu’on a avancé un petit peu, soit on propose des modules de formation complémentaire à la personne, on essaie d’étoffer le projet, de voir un petit peu ce qui a été prévu au départ et nous transmettons tout cela à la chambre d’agriculture, ce qui n’était pas prévu au début. Parce que pour elle, s’installer sur un hectare et demi ce n’était pas jouable. Alors qu’aujourd’hui avec des techniques agroécologiques, permacoles et transformations de produits, on arrive à dégager des revenus sur des petites parcelles. Les gens qui viennent s’installer là savent qu’ils ne seront pas au CAC-40, ce n’est pas l’objectif. Mais par contre l’idée c’est de bien vivre sur des petites surfaces, en transformant des produits et en

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E n t r e t i e n * a v e c J e a n - M i c h e l B o u a t : é l u p o u r l’a u t o s u f f i s a n c e a l i m e n t a i r e à l a m a i r i e d ’a l b i


Comment allez-vous faire pour acheter les autres terrains prévus pour le maraîchage ? On continue à acheter, alors le problème c’est qu’on achète des petits bouts. Pour le moment on a acheté que sur la ZAD. On est en train de travailler sur d’autres endroits, on récupère des terres pour installer à d’autres endroits. Il y en un peu partout disséminés dans la ville. Vous n’avez pas peur de ne pas être autosuffisant d’ici 2020 ? Ce n’était pas une promesse électorale. C’était surtout l’idée de se mettre en route vers ... Je me rends compte que la surmédiatisation qui a eu lieu m’a ouvert des portes qui m’étaient difficilement ouvrables par exemple la Chambre consulaire, la Chambre d’agriculture. Aujourd’hui avec cette chambre cela va beaucoup mieux depuis qu’elle s’est fait interpeller à Paris au ministère par des hauts cadres du ministère. On lui a posé la question : « Qu’est ce que vous faites à Albi, comment vous avez fait ... » mais elle n’était pas capable de répondre puisqu’ils n’étaient pas dans la boucle, et ne voulaient pas y être. Aujourd’hui ils y sont et cela m’a permis à moi depuis maintenant 3 mois de créer (ce que je voulais faire au début mais que je ne pouvais pas car personne ne venait) un comité de pilotage à l’échelle quasi départementale. Dans le comité de pilotage il y a : le lycée agricole, l’ARS, université Champollion, la Chambre des métiers, l’école des mines, la Chambre du commerce, « UFC Que choisir » pour les consommateurs et les Incroyables Comestibles (coordinateur nationale). On se réunit en gros tous les mois depuis 3 mois, pour avancer sur ce projet tellement global que c’est compliqué. Par exemple nous sommes en communication avec la filière des artisans bouchers. Cela fait partie des habitudes alimentaires de beaucoup de personnes. Et cela permet de faire passer des messages par des bouchers : « Arrêtez de bouffer de la viande tous les jours, mangez-la de meilleure qualité, achetez un peu plus cher comme ça l’éleveur gagnera mieux sa vie ... Tout cela passe par une marque de confiance et de qualité ; mais surtout de la confiance ». Au début je demandais aux gens aux gens : « De combien de carburant pour votre voiture vous avez besoin pour toute l’année ? En quelques clics vous allez pouvoir me le dire. Mais par contre si je vous demande de combien de kg de pommes de terre vous avez besoin pour toute l’année, personne n’est capable de me le dire... ». Même moi ! Normalement on achète au primeur du coin mais on ne sait pas. Donc il faut prendre conscience. Et donc l’idée de l’autosuffisance c’était que je voulais surtout qu’on commence tous à réfléchir à l’avenir. Comment on va faire

pour préparer la vie de demain , 1 milliard de plus d’ici 2030. C’est 80% en 2050 dans les villes. Si nos générations d’élus n’ont pas conscience de ça, si on ne prépare pas les villes de demain, au niveau de la protection du foncier agraire, on aura raté notre truc, c’est pas les autres qui le feront et après il sera trop tard. En même temps il faut continuer à développer les villes. Il faut se calmer, densifier, protéger... Aujourd’hui on est en train de renouveler les PLU pour 10 ans, il faut qu’on intègre la notion de protection de la ressource agraire évidemment ; qu’on introduise le souci par rapport à la qualité des sols ; il vaudra mieux construire sur des sols moins bons et garder les bons sols pour la production. Existe-t-il une réelle prise de conscience des élus pour la protection des territoires ? Quasiment ! Ils ne comprennent pas pourquoi les gens de partout viennent voir, mais les choses commencent à avancer. Il y a encore des gens qui ne comprennent pas et qui disent que ce n’est pas avec 4 jardiniers qu’on va nourrir la ville. D’une part ce n’est pas la ville qui va nourrir la ville, si on a fait l’échelle 60 km ce n’est pas pour rien. On est toujours dubitatif dans l’innovation. On change de paradigme, il y a plein de choses qui se modifient, on réfléchit autrement, en km et il y a aussi des prises de conscience. Au niveau du comité de pilotage, pour le nouveau PLU, comment cela va fonctionner ? Le PLU doit densifier et protéger les ressources agraires ; c’est le but de ce nouveau PLU. Mais ce que j’aimerais comprendre, c’est si vous avez du pouvoir au-delà de l’agglomération... Les 60km c’est pour les producteurs, s’ils ont le choix d’aller ailleurs, l’idée c’est qu’ils aient la possibilité de vendre ici. C’est surtout qu’il faut que les acheteurs commencent à réfléchir autrement. On sait aujourd’hui que les familles décident d’adhérer à une AMAP, ou se préoccupent d’aller à un certain endroits pour acheter des bons produits. Ce n’est pas toutes les familles, il faut un certain bagage culturels («bobos instruits »). L’idée c’est que d’autres types de familles s’y intéressent et qu’en faisant du local, je pense que l’on peut arriver à avoir des produits de qualité qui ne seront pas forcément labellisés bio, mais qui seront locaux et de qualité et qu’on arrivera à avoir des prix raisonnables. Parce qu’il y a aussi l’idée d’acheter moins mais d’acheter mieux. Cela passe aussi par le travail dans les écoles, sur les déchets par exemple. Là ce qu’on veut mettre en place, c’est des poubelles à bascule qui affichent le poids :

la performance ce serait de jeter moins. L’idée c’est que les enfants amènent ce message-là à la maison. Ce sont les enfants qui font évoluer les parents. La véritable injustice elle n’est pas financière, elle est culturelle. C’est là-dessus qu’il faut se battre. Est-ce que vous avez un pouvoir sur les grandes zones commerciales qui s’installent, étant donné que vous voulez promouvoir le local à Albi ? Il y a une commission départementale sur toutes les zones commerciales de plus de 1000m². Alors ça c’est le volet coercitif, la réglementation, la loi. On observe aux ÉtatsUnis que les surfaces des grandes zones commerciales diminuent. Et c’est là-dessus qu’il faut arriver à faire un mouvement inverse. Si on arrive à multiplier le nombre de petits producteurs partout dans la ville, je ne peux pas croire qu’au bout d’un moment les personnes ne vont pas aller serrer la main aux petits producteurs, avoir des bons produits. Je suis dans la démarche de proposer l’offre, et d’inoculer le virus, sans le dire. Si on va de front avec la grande distribution, on n’y arrivera pas. Le Leclerc d’Albi avait à l’époque la capacité financière d’acheter ces 20 hectares et il l’a fait. Comme dans toutes les villes de France, la force de la grande distribution c’est une catastrophe. Il faudrait que les Leclerc soient obligés d’acheter local. Quoique ... Maintenant à Leclerc ils ont enlevé tous les labels de qualité pour mettre des produits locaux. Rien ne dit que le producteur ne bourre pas ces machins d’antibiotiques ou de pesticides. Pour beaucoup de gens, la promotion que l’on a faite, montre que le local c’est bon. Attention, rien ne dit que c’est bon. C’est local, je connais le producteur, je vais directement chez lui, là ça peut être bon. Par contre je vais en grande surface, je ne connais pas le vendeur, ce n’est pas forcément bon. Et cela fait râler bon nombre de producteurs qui ont les labels. Si vous avez sur le territoire des producteurs qui ne jouent pas le jeu, quel est votre champ d’action ? C’est de les faire changer par intérêt. S’il se rendent compte qu’ils peuvent vendre directement en améliorant leurs conditions de vie, ils vont adhérer à notre mouvement. Il y a deux ans c’était la grosse crise de la PAC, et au mois de janvier tous les agriculteurs du Tarn ont passé le mois de janvier, à balancer leurs cochonneries sur la préfecture. Pendant ce temps mon maraîcher se repose et la terre avec lui. Il est parti en vacances et est revenu avec la banane prêt à repartir. Pendant que ses collègues étaient là avec leurs gros tracteurs ... Je pense que ces deux agricultures ont des choses à se dire. C’est par le positif qu’on pourra y arriver. Avec cette autosuffisance alimentaire, les conditions de vie et le développement économique d’Albi

ont-ils évolué dans le bon sens ? Les deux mondes ne s’affrontent pas mais communiquent ensemble. à Albi on est à 7% de vacance commerciale alors que la moyenne est à 12%. Derrière la vacance commerciale, il n’a pas que l’attractivité des villes, parce que beaucoup font l’amalgame, il y a la retraite des commerçants. Il se trouve que les commerçants cotisent comme des fous pendant qu’ils sont actifs mais ont des toutes petites retraites. Ils confortent leur retraite en augmentant leur loyer ou en revendant les murs. Sauf que même si on a des quartiers commerçants, il faut des repreneurs qui ont les moyens. Donc cela fait parfois des endroits qui sont super commerciaux mais pas repris. Donc il y a toutes ces questions de transmission du patrimoine et comment l’organiser. En plus à Albi, on est inscrit à l’UNESCO. Les 12 dimanches par an, les commerçants pourraient ouvrir leurs portes. On observe cependant, aussi beaucoup de commerçants qui n’ouvrent pas malgré qu’il aurait le droit d’ouvrir. Il y a peut-être aussi des commerçants qui se trouvent dépassés par cette attractivité commerciale. Il y a aussi une modification des rues, avec des nouveaux consommateurs. Il y a des rues qui ont passé 5-6 ans qui ont été un peu désertifiées car on a changé les sens de circulation, parce qu’il y a eu beaucoup de piétonnisation. On a beaucoup sorti les voitures de la ville. Donc cela à créé des modifications. Au précédent mandat je m’étais occupé du PLU et quand on avait fait le DVM (enquête Déplacement Ville Moyenne), on s’était aperçus que chez 70% des quadras (40 ans, 2 enfants, CSP+) Le rêve n’était pas d’avoir le bel appartement en ville, mais plutôt la belle maison un peu à la périphérie avec le gros garage, et la pelouse à tondre le week-end, etc. On est encore dans l’American Dream. Dans nos tailles de villes, on en est encore là. Bien qu’à Albi on ait essayé avec le culturel (le grand théâtre des Cordeliers) par le théâtre, le cinéma, l’opéra. Les cadres sont encore dans les plus beau villages (Puigouzon, Saliès) où les CSP+ vont vivre. Par contre on a les retraités qui viennent vivre ici. Mais pour les actifs c’est compliqué (les courses, garer la voiture...) ou alors il faut adopter le mode de vie urbain. Sans compter les Incroyables Comestibles, est-ce que vous avez des contacts avec d’autres associations issues de la ville en transition ? Par exemple la monnaie locale ? La monnaie locale pourrait être intéressante, mais il faudrait bien avancer sur l’autosuffisance pour que ce soit vraiment pertinent. Si la monnaie locale c’était d’acheter des produits en Chine en Kopeks (ou Yuans pour la Chine) au lieu de l’euro, cela n’a aucun intérêt. Hormis le fait qu’on ne peut pas spéculer dessus, d’accord. Et quelque part, cela

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vendant directement.


Vu qu’à Ergensheim, un petit village en Alsace, on n’arrivait pas à faire adhérer la population à la monnaie locale. Il n’y a vraiment qu’un cercle qui y adhère, la diffusion ne passait pas. Il me semble que c’est un peu compliqué pour certains esprits et qu’il vaut mieux relocaliser la production : la monnaie locale n’est-elle pas un gadget ? Ce n’est pas urgent. Comment en êtes-vous arrivé à cette volonté ? Dans ma formation initiale, j’ai fait un BTS agricole que je n’ai jamais pu utiliser puisque je n’ai jamais pu travailler dans l’agriculture. Je me souviens qu’à la fin du BTS, j’ai demandé à mon professeur de phytosanitaire : « C’est quand même bizarre qu’au bout de deux ans, on n’ait pas vu l’aspect du jardin familial ». à l’époque on me prenait déjà pour un hurluberlu et mon professeur m’avait répondu : «Tu n’auras pas le temps de faire ton jardin familial, tu iras comme tout le monde en grande surface acheter tes produits ...». J’ai été formé à l’époque dans un cadre comme Sanders. Les ingénieurs de Sanders venaient nous faire les cours sur le sol. On était déjà très formatés (avec les calculis ...). Toute une génération a été formée à ça. Une rencontre avec François Roulé (membre des Incroyables Comestibles en France) m’a permis de prendre conscience et d’agir autrement. Puis d’autres critères comme le foncier disponible qu’on n’utilise pas, les compétences perdues pour s’occuper des jardins. On se retrouve avec des minima sociaux, et on peut retrouver un peu de dignité plutôt que d’aller faire la queue au Restos du cœur. C’est un art de vivre de faire du jardin, mais c’est culturel. Cela demande des compétences, ouvrir des livres, etc. On est en train de faire un jardin solidaire dans les quartiers les plus sociaux d’Albi, à la cité des Amandiers. C’est l’endroit où on n’arrive pas à faire prendre la chose, pourtant il y a deux personnes super motivées pour faire prendre le truc. Mais on a des problèmes avec des gamins qui jouent avec les citrouilles, qui déterrent les légumes. C’est compliqué alors qu’on pourrait faire un travail extraordinaire. Cela demande du temps, mais il y a de l’espoir avec d’autres initiatives. Comme Champollion avec les 150m linéaires de potagers, on nous avait promis que tout le monde aller voler les plants. Sur une saison, seulement 3 pieds de tomates ont été volés donc ça donne de l’espoir. Mais on met des antivols aux plantes.

LEROY MERLIN, un projet contesté Julie GACON : Jean Michel Bouat, est-ce qu’il y a encore des terrains ailleurs qu’à Albi, à récupérer ? Et je pense notamment à un terrain qui fait débat, c’est la terre de la Renaudie en périphérie de la ville. Ce sont dix hectares cultivables qui vont finalement échoir à une grande surface de bricolage. Est-ce que vous à la municipalité, vous auriez votre mot à dire ? Est-ce que vous pouvez prétendre récupérer ces hectares ? Jean-Michel Bouat : Alors déjà c’est huit hectares, il faut être précis. Ce terrain appartient effectivement à un hôpital, on rentre dans un autre domaine! On a la chance d’avoir un hôpital de centre ville, il y a eu des choix de faits de ne pas installer cet hôpital sur ces terrains agricoles, obtenus grâce aux dons d’une bienfaitrice. Aujourd’hui, l’hôpital a besoin d’investissement pour se remettre aux normes, des cliniques privées sont aussi à Albi et la concurrence fait rage. L’ARS qui est l’Administration financière de la santé publique en France a annoncé à l’hôpital «il faut vous mettre aux normes, il y a des travaux à hauteur de 14 millions d’euros pour une remise aux normes, mais il vous faut autofinancer à hauteur de 30 % ». Or, il se trouve que l’hôpital fait des déficits, c’est un hôpital public. Et il a cette chance d’avoir ce terrain qui est vendu pour 3,6 millions pour huit hectares. Moi aujourd’hui, j’achète des terrains agricoles pour 10 000 € à 20 000 €, l’hectare. Bien évidemment cet argent il n’est pas à moi, il est aux Albigeois ! J’essaye de le dépenser du mieux possible donc j’achète des terres agricoles entre 10 000 et 20 000 €, Je n’achèterai jamais huit hectares à 3,6 millions d’euros.

Explication de Jean-Michel Bouat sur le projet de Leroy Merlin Source : France Culture Site Web : https://www.franceculture.fr/emissions/sur-la-route/sur-laroute-de-lautosuffisance-alimentaire-albi

E n t r e t i e n a v e c P a s c a l e B r û l e t, j e a n - l o u : M e m b r e d e s i n c r oya b l e s j a r d i n i e r s * Quelles sont vos relations avec la mairie ? Relation plutôt compliqué. Cela fonctionne bien au niveau technique mais moins en concertation. La mairie a un peu plus de mal à converser avec les habitants et laisse les Incroyables Jardiniers se débrouiller avec la population au sein de leur jardin public et ils organisent des ateliers et des conférences. Une anecdote a été racontée selon laquelle la mairie avait organisé une conférence et la veille pour le lendemain avait convié les Incroyables Jardiniers à faire cette conférence. Mais personne n’était au courant. La mairie est réputée pour dire beaucoup de choses par rapport à la volonté d’être autosuffisant mais ne fait pas forcément grand-chose pour l’être réellement. Comme par exemple l’implantation d’un Leroy Merlin sur des terrains agricoles. Cette action a été très controversée et est en totale incohérence avec la publicité faite par la mairie. Ils travaillent avec un but précis. Quelles sont les différentes actions réalisées par vous-même à Albi ?

Quelles sont les réactions à ces jardins pour le grand public ? Il y a vraiment un début de prise de conscience des habitants. De plus en plus de monde est présent aux réunions. Les membres dépassent les 300 membres actifs aux Incroyables Comestibles. Il est crucial durant les conférences, de prendre conscience de l’importance de la boucle alimentaire : production, vente, achats, déchets ... Cela concerne tout le monde. Le compost est un vrai nouveau lieu d’échange dans les résidences. Les personnes s’échangent les recettes, les astuces ... comme au bar. Le tri fait partie d’un nouveau thème dans l’éducation. Mais à Albi, le tri sélectif est mal organisé car le bac à tri coûte 15€ Et les conseils n’étaient pas bien dictés donc personne ne fait le tri. Il faut simplement avoir les bons réflexes mais pour cela, il faut apprendre les bons gestes. Les Incroyables Comestibles ont surtout fait preuve d’action pédagogique envers la population.

Les jardins de Champollion. Il y a eu un partenariat fait avec le directeur de l’école de Champollion et les Incroyables pour implanter des potagers dans l’enceinte de l’université. Le but était que des étudiants prennent le relais pour qu’ils viennent s’en occuper. Cela fonctionne et il existe une association d’étudiants qui s’en occupe, mais la réussite fluctue au fil des années selon la motivation des présidents. Au lycée Fonlabour, cela fonctionne très bien car les jardins ont été agrandis sans l’intervention des Incroyables Jardiniers. Par contre le jardin implanté aux Mines ne fonctionne pas encore. Personne n’a voulu prendre le relais. Donc l’implantation des jardins publics est un bon moyen d’inculquer diverses compétences, mais n’est vraiment efficace que si la population autour est réceptive. Il n’y a pas forcément d’aide venant «d’en haut» mais il ne faut pas que la mairie mette des bâtons dans les roues des élans. Afin de pouvoir avoir un jardin en ville, il faut un accord préalable en mairie d’occupation de l’espace public. Cet accord est valable un an et doit être renouvelé chaque année sinon on est obligé de tout détruire. Par exemple aux Issards un malentendu a fait que le jardin a failli être déconstruit. Il y a un problème de concertation, c’est pour cela que la relation avec la mairie est vraiment importante.

* En raison de problème techniques, la conversation n’ayant pas pu être enregistrer, une retranscription écrite est seulement disponible.

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ne va toucher que des publics avertis, mais la vulgarisation ne sera pas de mise. J’ai toujours le souci de l’efficacité, et je ne pense pas que cela soit efficace. Les monnaies locales permettent de relocaliser la production et la consommation car cela force la population à acheter ici.


D’où ce mouvement est-il parti ? On s’appuie de la phrase de Pierre Rhabi : « Chacun fait sa part, comme le colibri ». Après c’est parti, en ce qui concerne les villes et territoires en transition, de quelqu’un qui travaillait aux Petites Mines d’Albi. Nous nous étions rencontrés lors de la venue du maire de Marinaleda à L’Isle-sur-Tarn. On le surnomme le moitié Gandhi, moitié Che Guevara. C’est une ville en Andalousie, en Espagne, où les habitants qui étaient majoritairement des personnes sans emploi, qui étaient saisonniers pour les arbres, les oliviers qui appartenaient à des grands propriétaires terriens; Ils en ont eu marre un jour, et sont allés manifester leur mécontentement. Au bout du compte, ils ont récupéré les terres et de 80 % de chômage environ, ils sont passé à 0 %. Par exemple tu voulais une maison, tout le monde y allait et tout le monde faisait la maison. Ils tiraient au sort pour faire des maisons identiques et après ils ont construit tout le village. Donc ils font partie du collectif Marinaleda qui sont dans le Tarn, et ce maire a été invité. Ils sont plus politiques au sens «politicien» du terme, alors que nous ne sommes plus dans la politique : vie dans la cité, comment vivre ensemble ? On organise surtout des conférences sur des thèmes différents. Une fois par an on organise la fête de la transition citoyenne qui est axé plus sur l’écologie et l’économie, surtout ce qui est pratico-pratique mais alternatif. C’est-à-dire ? C’est-à-dire comme thème on peut choisir par exemple le terme des monnaies locales complémentaires. Tout ce qui est alternatif à la société actuelle. Cette année on a organisé les fêtes de la transition intérieure. C’est-à-dire qu’au lieu de s’intéresser à l’extérieur, il faut regarder à l’intérieur ce qui ne va pas et le régler. Puis ensuite on pourra s’intéresser à l’extérieur. Comment cette fête s’est-elle déroulée ? La mairie nous a prêté un lieu, où on avait deux salles dans lesquelles on alternait différents ateliers et témoignages. Le thème c’était le témoignage, qui incitait les personnes à témoigner sur le déclic, ou d’une transition intérieure à travers le regard, la méditation ... C’est pour ça qu’on n’a pas voulu organiser de conférence, on voulait que vraiment les gens parlent d’eux même.

Peut-on dire que c’était comme une table débat avec des gens qui étaient dans la transition ? Non c’était des gens qui venaient de partout. Les gens sont venus consommer du yoga, du Chi kong, de la méditation, de la danse, de la musique, de la nourriture. On a fait un repas avec un prix indicatif, mais c’était libre. La personne pouvait donner ce qu’elle voulait. L’idée c’était de changer de paradigme. C’est-àdire on a un fonctionnement général : on va dans un salon, on paie l’entrée, on consomme, on vient écouter des gens qui nous parlent de leur livre, des gens qui viennent nous proposer différentes choses, etc. Mais nous, on a voulu proposer un truc différent sans argent. Et au niveau des retombées médiatiques ? Pendant, on a eu des retombées positives : «Enfin un lieu sans marchandisation ...». Parce qu’il y a énormément de marchandisation, que ce soit sur l’intérieur ou l’extérieur... Nous avons voulu que ce soit des gens qui viennent apporter quelque chose et qu’ils ne demandent pas de cachet. On veut que ce soit des gens qui apportent quelque chose, comme le petit colibri. Qui ont envie de faire leur part. Que ce soit l’intérieur ou l’extérieur, c’est ce qu’on vit d’instant en instant, on est autant en soi qu’à l’extérieur. Donc dans cette fête, il y a la valeur psychologique qui entre en jeu ? Il y a une part de changement de mode de vie dans la transition ? Le thème général de la fête de la transition citoyenne c’est pour un mieux-vivre ensemble. Et la fête de la transition intérieure, c’est pour un mieux-être ensemble. C’est un peu ça l’idée. Après, sont attirés les personnes qui pensent que réellement elles peuvent faire un travail sur elles, pour faire changer quelque chose. S’agit-il donc seulement d’un public averti ? Pas forcément, en fonction de la communication que l’on va faire, certains vont se dire : « Ah tiens, ça ça m’intéresse ...». Mais forcément c’est une démarche personnelle. L’affluence augmente-t-elle lors de la projection des films ? Considérablement !

Les interviews suivantes ont été intégralement et fidèlement retranscrites afin d’en préserver l’authenticité et de ne détourner aucun propos.

Est-ce que ça touche vraiment la population albigeoise ? De plus en plus. Les réunions ici par exemple, c’est plein. Ce sont 30 personnes ici chaque semaine, alors qu’on ne communique pas vraiment. Avez-vous cette envie d’aller plus loin dans la médiatisation ? Je ne sais pas ce que ça veut dire « Aller plus loin ». Nous, ce dont on a envie, c’est proposer des choses, qui nous animent. Par exemple le prochain thème, je l’ai proposé mais il a déjà été proposé par d’autres personnes. On essaie d’avoir vraiment une gouvernance à l’horizontale. C’est différent du côté pyramidal que l’on connaît. Par exemple, ACTIF, l’association de la transition comprend 5 coprésidents. L’idée c’est qu’on tourne. Il faut que les postes tournent, pour que chacun s’essaie. Cela fait référence à mon projet de la bergerie qui part d’un principe de savoir horizontal. Et vous, comment considérez-vous vos relations avec la mairie ? Une très bonne relation. On profite d’eux, comme eux profitent de nous. Parce que tous les lieux que l’on a, comme on prône quelque chose de transitionnel, c’est-àdire de passer d’une société marchande à une société plus humaine, on est bien contents d’avoir des lieux qui nous sont proposés gratuitement. Comme ce week-end on avait une maison de quartier, un terrain de sport, plus un gymnase qui sont hors de prix. ACTIF est un outil comme les Incroyables Jardiniers parce qu’on n’a pas voulu reprendre les Incroyables Comestibles. L’idée de cet outil c’est de pouvoir se rassembler à la MJC par exemple, on a un abonnement etc. On a décidé de ne pas s’approprier Ville et territoire en transition. On a créé des outils en collégiale pour avoir un nom légal. Avec ces outils, on peut faire des conventions avec la mairie, d’avoir des assurances et porter les valeurs de la transition. Par rapport aux différentes initiatives, sur le volet économique et les monnaies locales, où en êtes-vous ? La projet de la monnaie locale complémentaire sur Albi a démarré il y a plusieurs années de ça, mais la problématique que l’on a rencontrée c’est qu’il fallait que l’on ait quelqu’un à plein temps. Moi ce n’est pas mon cas et les autres personnes au départ, ce n’était pas leur cas non plus. Donc on a mis cela en place. Dernièrement il y a eu un projet économique, qui aurait pu nous faire relancer tout cela qui était le projet Kopek, mais qui s’est cassé la gueule, par manque de financement. Mais il y a eu un autre projet

qui ne sort pas de notre groupe mais qui fait partie de la transition qui s’appelle le Cepe : il se trouve à Cordes-surCiel et est en place depuis plus d’un mois. Normalement on aurait dû mettre en place les deux monnaies avec le Pastel à Albi, mais qui est encore dans les cartons. Tout cela est tombé à l’eau par manque de financement, peut être à cause du changement de gouvernement. Mais celui qui voulait mettre ça en place, Gérard Poujade, on lui a coupé les vivres. Comment pourrait-on mettre en place, au sein même d’une ville seulement, un revenu de base pour tout les citoyens ? La monnaie complémentaire serait utilisée pour le revenu de base. C’est-à-dire qu’on crée une monnaie et une partie de la monnaie on la distribue à la population. C’est une idée à long terme. Toi tu parles localement. Mais normalement un revenu de base, ce n’est pas que localement, il faudrait qu’elle soit mondiale. On pars du principe qu’aujourd’hui, une machine, comme celle à café est pratique, mais elle enlève le travail potentiel de quelqu’un d’autre. Je ne dis pas que c’est gratifiant de vendre du café, quoique ... on peut discuter Comme pour les ordinateurs ... Aujourd’hui on va sur des véhicules autonomes et ils prévoient 17 millions de chômeurs pour tout ce qui est des taxis, chauffeurs de bus etc dans les premières années où les véhicules autonomes vont être commercialisés. Google, Uber est dessus et à l’issue 2030 cela devrait être commercialisé (80% des véhicules vendus à neuf seront autonomes). Donc ces robots qui prennent le marché du travail des êtres humains ne paient pas d’impôts, par contre ils enlèvent le potentiel de travail à des gens qui pourraient payer de l’impôt. Donc l’idée c’est de se dire que premièrement puisque ces machines ont été conçues par des personnes (parents, arrière-parents ...), tous ces fruits de connaissance, les multinationales les ont spoilés. Ils utilisent cette connaissance qui appartient à des êtres pour faire des robots qui nous volent le travail. Alors pourquoi ne pas taxer ces robots, pour en faire un revenu de base ? Si économiquement on donne de l’argent à chaque citoyen, ce qui risque de se passer c’est que les gens risquent de se ruer dans les grandes surfaces pour acheter des chinoiseries. Donc inflation etc ... Donc l’idée serait de donner ce revenu de base complémentaire là où on pourrait acheter seulement local afin d’éviter l’inflation. Et là ça tient la route ! C’est un mouvement autant socialiste que libéral mais on a pas la même définition. Soit on enlève toutes les prestations sociales que l’on a aujourd’hui et on met seulement un truc, que demain ils pourraient enlever et tout le monde est content. Mais nous on dit pas ça, on dit que c’est vraiment un revenu complémentaire mais qui soit

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Entretien avec Jean-pierre : Membre du mouvement en transition à Albi*


N’est-il pas un peu utopique de distribuer des salaires et de dire que tout le monde fait le métiers qu’il veut ? Eh bien, on les partage. Si personne ne veut faire les poubelles, toi tu es maire de la ville, toi tu es boulanger et ces gens là vont prendre 2h de leur temps pour faire les poubelles. Si personne veut faire des métiers qui sont dits dégradants, alors tout le monde peut les faire. Ou sinon on fait avec des robots. Il faudra trouver des solutions. C’est un petit peu le principe de la supercoop ? Oui. Donc là il y a le projet de la Coop à Albi qui est en train de se mettre en place. On démarre d’abord sur un achat groupé parce que c’est quand même lourd de créer un supermarché coopératif. Cela dit, la Chouette Coop de Toulouse commence à fonctionner, tout comme Nénuphar à Grenoble ... Cela fonctionne dans les métropoles, mais je m’intéresse plus précisément aux villes moyennes et au désengagement politique qui a eu lieu en faveur des métropoles. Et j’émets l’hypothèse dans mon mémoire que toutes les initiatives de transition peuvent apporter et relever l’image des villes moyennes. Nous je peux te dire que les projets de transition, cela foisonne à Albi. Par exemple, les dernières initiatives c’est Zéro Déchets et Zéro Phyto. Actif est comparable a une pépinière d’entreprise. Actif c’est la même chose pour les initiatives. Du coup votre rôle principal dans la transition, c’est de la médiatisation ou de la pédagogie ? C’est plutôt de la pédagogie, mais dans le but d’initier des projets. Tu prends les Incroyables Jardiniers, c’est le groupe de jardin d’Albi en Transition. Si demain il y a un habitat participatif sur Albi ce sera Actif. Dans tous les projets participatifs, il y a la réflexion ensuite il y a l’action qui amène à la réalisation etc. Et ensuite on peut se féliciter du résultat. Pour le moment, en tant qu’actions concrètes il n’y a que les Incroyables Comestibles qui ont vraiment réussi à s’ancrer ? Au départ, cela a démarré en même temps. Ensuite

il y a dans les groupes et dans les associations, des initiatives que les uns et autres ont envie de porter. Parce qu’on n’est pas salarié et tout le monde est libre. Nous sommes tous bénévoles. Puis, il y a les « Disco’soupe » qui est un outil très pratique, c’est de la pédagogie par contre : on récupère les invendus des légumes et on en fait des soupes, des salades de fruits et on les distribue aux gens. Mais l’idée c’est qu’ils participent. Enfin on fait des brocantes gratuites, des « gratiféria ». Je n’ai pas bien compris les JEU ? Une heure de temps d’un individus est égale à une heure de vie d’un autre, quelle que soit la compétence, pour que chacun puisse s’entraider. Pour les mettre en réseaux, on a un cahier d’échanges avec une liste de diffusion et chacun répond. Les SEL et les JEU ont pris la place d’une société où les gens vivaient en famille. Aujourd’hui la société est éclatée et de plus en plus, les familles ne vivent plus ensemble. Les SEL et les JEU pallient cet inconvénient. Mais avant c’était un système de fonctionnement qu’avaient les Amérindiens. Nous n’avons fait que calquer ce qui était déjà fait là bas. Là bas les gens t’offrent souvent des trucs mais ils s’attendent à un échange (que ce soit un sourire ou autre il faut qu’il y ait un échange). Par rapport à votre population, quel est la moyenne d’âge des personnes faisant partie de ce mouvement en transition. Cela dépend des groupes, par exemple le groupe « Zéro Déchet » est très jeune. « Disco Soop » aussi. Par contre le SEL et le JEU sont beaucoup plus âgés. Dans Actif la moyenne d’âge est entre 35 et 50 ans. Disons que c’est l’étape où on a pris conscience de certaines choses et on a envie de faire autre chose. Le mouvement d’Albi en Transition est issu d’une personne de l’école des Mines. Avant, nous étions rattachés administrativement à une association qui appartient à l’école des Mines qui s’appellent I2D. Et là bien entendu, ce sont des jeunes. Pour ma part, je n’ai pas vraiment les moyens d’aller acheter des produits sains et bio ... Comment faire ? Ça c’est parce que tu es toujours dans le système monétaire. J’ai des amis qui sont maraîchers et le samedi avec ma compagne on va les aider gratuitement. Mais sans rien attendre, je sais que l’on va repartir avec plein de produits. C’est à dire que c’est à toi de te positionner dans la société. Est-ce que tu veux toujours réfléchir toujours en argent ou alors est-ce que tu peux donner du temps pour recevoir la monnaie de ta pièce ? Tu peux te rapprocher des

producteurs pour avoir des produits. C’est une démarche qui rentre dans le sens d’un consom’acteur et non un consommateur. C’est un autre paradigme et une autre façon de voir les choses. On adhère ou on n’adhère pas. Question de pédagogie et d’élan personnel. La transition n’est pas un menu et à partir du moment où tu mets un menu en place, tu enlèves la créativité. Quelle est votre avis sur l’autosuffisance alimentaire à Albi ? M. Bouat est un homme très bien, mais il n’a pas tous les pouvoirs. Je pense que c’est super qu’Albi surfe sur cette vague mais concrètement il n’y a pas grand chose ; mais il y a la pédagogie, le démarrage c’est un bon point. Pour 2020, je n’y crois pas et on n’y arrivera pas. D’autant plus que la mairie veut nous imposer un Leroy-Merlin sur des terres agricoles. C’est complètement incohérent. Et c’est la où la gouvernance doit être changée, il faut quelqu’un qui régisse les citoyens.

sont réglés, c’est à dire Daesh et le conflit qu’on a avec Poutine, tant qu’il n’est pas régler, et bien on va lui couper les vivres. Comment peut-on faire ? Avec les prix du pétrole qui sont des prix internationaux, on arrive un peu à lui faire baisser le caquet. Mais les barils vont partir à la hausse. Il va falloir que les villes réagissent, et nous, en amont les territoires en transitions préparent cette transition pour tirer les sonnettes d’alarme et réagir à tout cela. Pour les territoires ruraux et isolés, cela va s’avérer compliqué de ne pas utiliser sa voiture ? Il va falloir trouver des solutions. A mon avis cela va passer par des transports en commun. Parce qu’on vit dans une planète finie, où ne peut pas puiser les ressources indéfiniment. Certains chercheurs prévoient la pénurie de pétrole d’ici 2030, mais on ne sait pas. Nous ce qu’on cherche à faire c’est baisser la dépendance au vu de ce pic pétrolier.

Si d’ici 2020 l’autosuffisance alimentaire n’est pas atteinte, les élans vont-ils être réduits à néant ? Non pour ma part, j’ai toujours été dans ce principe-là. Donc ce n’est pas parce que le résultat n’est pas là que je vais m’arrêter. Les territoires en transition partent sur un principe de résilience : face aux crises, on doit s’adapter. Si on met en place des choses maintenant, c’est pour pallier les crises de demain. Par rapport aux déplacements, y a-t-il des choses concrètes de faites à Albi ? Il y a énormément d’endroits que la mairie a refaits pour les vélos et le département pour les aires de covoiturage. Donc pour les déplacements, c’est davantage du ressort de la mairie et non des citoyens. A mon avis il va se passer deux choses. Déjà la prise de conscience y est. Il faut partir d’un principe que l’on est en transition, c’est à dire qu’on tend vers ... On n’est pas fanatique de quelque chose. La résilience c’est cela, c’est arriver à faire quelque chose sans se rebeller. L’idée n’est pas d’aller contre mais d’aller vers, en regardant le côté positif. Par rapport à la mairie, elle aussi va faire en fonction de l’économie mondiale. Le prix du baril de pétrole est très peu cher « grâce à » Daesh qui vend du pétrole pour 40 $ le baril. Cela nous arrange en tant qu’occidentaux, car cela coupe les vivres à Poutine. Nous, à Albi on n’y peut rien, c’est de la géopolitique. Cette stratégie géopolitique mondiale, on l’a subie. Donc si demain ces deux problèmes

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suffisant ; qui dit non à un emploi que l’on a pas envie de faire. Parce que je suis dans la formation professionnelle, et on voit de plus en plus de monde qui ne sont pas motivés à travailler.


vis de la production censée et respectueuse. ?

Comment en est-il arrivé à travailler à Canavières

Au départ, il était à la recherche d’un terrain mais il n’avait aucun moyen financier. Il a su que sur Canavières, il y avait des terrains en location pour peu cher (80€ l’année). Il est aujourd’hui sur un terrain de 1000m² avec des arbres présents depuis une dizaine d’années. La mairie met à disposition ces terrains qui se situent en zone inondable où pendant deux ans d’expérimentation, ces terrains sont gratuits. La seule condition, c’est la production d’aliments qui doit être certifiée bio. Quelles sont ses techniques de production ? Quelles sont ses rendements avec ces techniques de production ? Il est parti sur une technique d’agroforesterie sur la partie boisée de son terrain, et sur une production en permaculture sur l’autre partie. Les aliments sont produits sous couvert végétaux et Jean-Gabriel s’est adapté à l’implantation des arbres afin d’en tirer le meilleur parti pour ses légumes. Il a commencé à produire des légumes mais pour le moment il y a énormément de travail afin de créer les buttes de permaculture et de refabriquer un sol dense et rempli de matière organique. Sa production actuelle ne lui permet pas de gagner assez d’argent par mois. Mais il n’est pas à son maximum de production et il lui reste encore du travail de mise en place pour que son terrain soit le plus rentable possible. Il a décidé de ne pas investir dans quoi que ce soit d’autre que son jardin afin que les bénéfices de ses ventes lui soient directement reversés. Il n’a aucun prêt à rembourser ce qui est avantageux pour lui, mais cela lui prend beaucoup plus de temps qu’une personne qui décide de construire tout en même temps. L’idée est qu’il puisse vivre de sa production sans employer une autre personne. Comme c’est une expérimentation, s’il échoue, il ne perdra rien. A l’heure actuelle il arrive à vivre avec les primes du RSA, ainsi que les aides de la mairie, mais il compte finir toutes ces installations au printemps prochain et commencer la vente à ce moment-là. La mairie lui fournit le minimum sur son terrain. C’est à dire de l’eau tirée d’un puits et l’électricité sur place. Il n’a aucune machine mécanisée, interdite sous permaculture, donc il doit tout faire à la main. La permaculture exige un temps de travail plutôt conséquent au départ : des producteurs partent parce qu’ils n’imaginaient pas, au début, avoir autant de travail et si peu de rendement. Pour le moment ils sont quatre présents

sur le site de Canavières : une productrice qui va peut être partir, l’un qui fait du maraîchage traditionnel mais certifié bio et un autre qui est aussi en permaculture mais qui ne produit pas encore (en phase de préparation). Il y a déjà une personne qui est partie de Canavières car il n’avait pas de permis et n’avait pas encore produit d’aliments. Il était trop marginal pour Jean-Gabriel, il était assez compliqué pour lui de garder son terrain. Il n’existe pas vraiment d’entente entre les différents maraîchers. Jean-Gabriel trouve que certains maraîchers ne sont pas très réalistes par rapport à la permaculture et qu’il dégrade en quelque sorte cet art de la culture. C’est une technique de production qui ne se fait pas toute seule a contrario de ce que l’on pourrait croire. En règle générale dans les lycées agricoles les techniques sont souvent basées sur de la monoculture traditionnelle ; comment a-t-il appris ces techniques ? Il a fait des études traditionnelles en sortant d’un lycée agricole. Les techniques qu’il a apprises étaient très polluantes pour les sols et peu respectueuses de l’environnement. Il a vécu en plein Paris puis est revenu dans le Tarn et a décidé de monter son entreprise dans l’entretien d’espaces verts. C’est en se documentant qu’il a réussi à évoluer dans les techniques de jardinage et surtout dans la préservation du sol cultivable. Il existe aussi des formations gratuites de technique de permaculture au Lycée Fonlabour afin d’obtenir une certification. Le directeur du lycée est très sensible à ces sujets-là et permet à d’autres nouveaux agriculteurs de penser au territoire avant les rendements et l’épuisement des terres. A qui distribue-t-il ses produits ? à quel type de marché distribue-t-il sa nourriture ? A-t-il des contrats avec la grande distribution ? Il vend la plupart de ces productions sur le marché de producteurs d’Albi, qui d’ailleurs accueille aussi des producteurs de l’Aveyron. Il pratique aussi la vente directe le mercredi après-midi avec des visites de sa zone maraîchère pour les habitants qui seraient intéressés. Cela permet de voir les techniques de permaculture et peutêtre de donner des idées aux plus motivés. Il existe une certaine attente de la part des élus et de la mairie, mais aussi de la part des habitants d’Albi qui paient ces terrains avec leur impôts. La visite des champs de productions fait aussi partie d’un processus de sensibilisation de la population afin de montrer ce qui se fait sur ces terrains. Il ne faut pas qu’ils considèrent que ces terrains sont des bassins d’expérimentation sans résultat valable ni qu’il y ait un retournement des mentalités vis à

Que pense-t-il de l’autosuffisance alimentaire ?

Pour lui, c’est une bonne chose et même si cela n’est pas forcément possible, cette nouvelle politique sert de sensibilisation pour les habitants afin de consommer local et bio. C’est peut être un coup médiatique qui peut parfois être seulement perçu comme de la publicité pour les élus à la mairie, surtout pour Jean-Michel Bouat, mais il y a aussi des actions mises en place et cette conquête donne l’exemple pour d’autres villes. Il y a d’ailleurs de plus en plus de néoagriculteurs qui viennent faire du porte à porte vers les mairies pour avoir des terrains pour le maraîchage biologique. Alors qu’avant plus personne ne s’intéressait à l’agriculture. «Tout ce qui peut favoriser l’implantation de maraîchers en ville, c’est bien ! ». Les collectivités, les cantines, les usines ... la plupart des secteurs à Albi commencent à prendre conscience qu’il faut consommer mieux et sainement. Et même dans les petits villages alentour, comme celui de Castelnau-deLevis où un nouveau maraîchers bio s’est installé. Il existe d’ailleurs une formation de maraîcher en insertion au Lycée Fonlabour mais seulement quatre postes sont disponibles. Avant il n’y avait aucune demande mais aujourd’hui il existe environ quarante demandes d’inscription. Donc «c’est très bien pour tout le monde qu’il y ait de la publicité». Certains voient d’un œil plutôt noir toute cette publicité parce que, dans un premier temps la mairie en place est de droite. L’écologie, la permaculture et ces dynamiques sont plutôt des actions de gauche. Tous les membres des associations qui portent le projet de la transition écologique et les Incroyables Comestibles par exemple sont des gens qui votent plutôt à gauche. Certains pensent que les élus actuels veulent récupérer les votes du centre et de gauche pour les prochaines élections. Ce qui peut expliquer certaines tensions que j’ai pu sentir dans l’interview de Pascale Brûlet. Aujourd’hui le comité de pilotage est en place et redonne un souffle nouveau à l’autosuffisance alimentaire. Jean-Gabriel pense que c’est mieux organisé et ce projet est moins dépendant de la mairie car c’est maintenant confié à des professionnels (Chambre d’Agriculture, Incroyable Comestibles etc).

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Entretien avec Jean-gabriel péllissou : maraîcher à canavières


Annexe 4 : Tableau récapitulatif des initiatives de transition

// Mai 2017 // Note de position n°12 // Autonomie alimentaire des villes

Associations : Albi en transition Énergies

clAssement des Aires urbAines en mAtière d’Autonomie AlimentAire

Rang / 100

Aires urbaines

Autonomie alimentaire %

Rang / 100

1

Avignon

8,12%

51

Arras

1,81%

2

Valence

6,43%

52

Épinal

1,79%

3 5

Nantes

6,37%

Angers

6,36%

Saint-Brieuc

6,29%

55

53

Aires urbaines

Autonomie alimentaire %

Reims

1,76%

Bordeaux

1,76%

Saint-Étienne

1,70%

6

Brest

5,95%

56

Tarbes

1,66%

7

Perpignan

5,36%

57

Carcassonne

1,58%

8

Rennes

5,01%

Albi

1,56%

9

Cholet

4,49%

Alès

1,56%

10

Nîmes

4,43%

Poitiers

1,51%

11

Lorient

4,38%

12

Montauban

3,78%

13

Mâcon

3,57%

14

Pau

3,49%

15

Agen

3,44%

16

Bayonne

3,26%

17

Lille

3,16%

18

Strasbourg

3,12%

68

19

Lyon

2,93%

69

Paris

1,27%

20

Le Mans

2,89%

Vienne

1,19%

21

Saint-Omer

2,76%

Annemasse

1,19%

22

Quimper

2,71%

72

Auxerre

1,17%

23

Bastia

2,66%

73

Colmar

1,13%

Vannes

2,63%

Dijon

1,08%

Toulouse

2,63%

Troyes

1,08%

26

Périgueux

2,55%

27

Clermont-Ferrand

2,53%

28

Caen

2,47%

Saint-Nazaire

2,30%

Chambéry

2,29%

Toulon

2,27%

Brive-la-Gaillarde

2,27%

Laval

2,22%

Marseille

2,22%

24

29 31 33 35 36

Béthune

2,17%

Limoges

2,11%

Tours

2,10%

58 60 61 63 64 66

70

74

Blois

1,46%

Besançon

1,45%

Chalon-sur-Saône

1,42%

Rouen

1,40%

La Roche-sur-Yon

1,40%

Grenoble

1,37%

Bourges

1,37%

Angoulême

1,33%

Metz

1,07%

Fréjus

1,06%

78

Chartres

1,03%

79

Saint-Quentin

0,96%

Nancy

0,92%

Beauvais

0,92%

Valenciennes

0,88%

76

80 82

84 87

Le Havre

0,88%

Calais

0,86%

Châteauroux

0,85%

Nevers

0,84%

Annecy

0,76% 0,74%

Nice

2,10%

88

Évreux

Béziers

2,08%

89

Charleville-Mézières

0,71%

Roanne

2,06%

90

Montbéliard

0,66%

41

Montpellier

2,02%

91

Saint-Louis

0,61%

42

Bourg-en-Bresse

1,99%

92

Lens

0,59%

43

Amiens

1,96%

93

Cluses

0,41%

44

Boulogne-sur-Mer

1,95%

45

Orléans

1,92%

Niort

1,88%

Ajaccio

1,88%

Dunkerque

1,87%

La Rochelle

1,86%

99

Creil

0,14%

Cherbourg

1,86%

100

Forbach

0,12%

39

46

48

94 96 97

6

Belfort

0,39%

Mulhouse

0,38%

Maubeuge

0,36%

Compiègne

0,16%

Thionville

0,16%

I2D petite Mines Albi : éducation et étude énergie

Déchets

Nourriture

Économie

Social

Habitat

Brocante gratuite

Incroyable comestible Albi : jardin sociaux en pleine ville

Monnaie locale Mouvement Colibri Co-habitat ou Ténord : mouvement de habitat particiPierre Rhabi pour patif l’echange des connaissances

Zéro déchet Albi

Initiative Jardin : réappropriation d’espace public abandonné

Revenue de base Albi

SEL d’Albi : systèeme d’échange locale pour des services

Jardin Oasis d’Albi : potager d’approvisionnement pour l’autosuffisance alimentaire

JEU Albi : jardin d’échange universel ?

Supermarché coopératif Albi

La nouvelle Arcadie : café citoyen 3e mardi du mois à la MJC conseil citoyen Au fil de soi

Sève et Terres

Regain Action

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A n n e x e 3 : c l a s s e m e n t d e s a i r e s u r b a i n e s e n m a t i è r e s d ’a u t o n o m i e a l i m e n t a i r e


L’homme depuis toujours a réussi à s’adapter aux situations les plus difficiles afin de subvenir à ses besoins les plus essentiels à sa survie. Lorsque les conditions de vie ne sont pas propices à des conditions de vie saine, l’homme va faire en sorte de trouver des solutions pour améliorer ces conditions. La réponse que va donner l’individu face à un problème va augmenter son confort de vie ainsi que sa résilience. Bientôt l’Inde va devenir le pays le plus peuplé de la planète avec une concentration d’habitants dans des villes surpeuplées. Pourtant chaque personne même pauvre arrive à avoir, plus ou moins, un toit sur la tête. Grâce au systèmes D et au développement d’une philosophie sans prendre forcément en compte le pouvoir de l’état, chaque individu arrive à sortir plus ou moins de la misère en se fabriquant un rôle dans la société sous forme d’échange de service locaux. Grâce à l’ingéniosité paysanne de l’Inde, certaines personnes ont réussi à devenir de grands ingénieurs et à proposer des solutions pour avoir de l’eau potable, pour inscrire l’Inde dans la conquête spatiale ou permettre à des millions de personne de vivre avec peu. La « Jugaad 1 » vient de l’hindi et signifie « ingéniosité ». C’est un modèle de développement parallèle provenant d’une société qui s’appuie sur des ressources disponibles de manière à ne pas les exploiter jusqu’au bout, sinon leur ressource mentale. L’exploit d’offrir une qualité de vie à chaque individus dans des conditions de vie très pauvres prouve que la même chose est possible dans la société française, d’offrir aux personnes en difficulté la possibilité d’arriver à vivre mieux. Notre système de vie ne serait-il pas arrivé en bout de course ? La pollution intempestive des sols dans les pays développés, la consommation de masse, la compétitivité croissante des villes entres elles, délaissant une population qui n’y arrive tout simplement pas, ont construit des populations coincées dans les rouages de la société individualiste et polluante. Les villes moyennes et les communes actuelles souffrent de plus en plus de cette ultralibéralisme qui maintient le gouffre entre eux et les grandes villes. Tout comme en Inde, certaines initiatives ont vue le jour, dont le but est de changer de mode de vie, de politique (car le ras le bol est présent dans ces communes) et de mode de penser. 1) La dépendance au pétrole : l’or noir a façonné notre société

La société française est ultra-dépendante du pétrole pour pouvoir actuellement vivre sans. Si une pénurie est à envisager aujourd’hui, toute notre société se briserait en morceaux pour ne laisser qu’un monde dans le chaos. Par exemple « si les camions cessaient de rouler, en quatre jours les rayons des supermarchés seraient vides 131... » ou encore dans les villes moyennes, où le seul moyen de se nourrir, d’aller travailler n’est possible qu’en voiture, énormément d’éléments dérivés du pétrole ne seraient plus disponibles (ordinateurs, livres, avions... ). Nous consommons environ seize barils de pétrole par an et par personne (contre un en Inde), ce qui est énorme compte tenu du l’avenir qui se dessine à nos yeux. En effet la quantité de pétrole sur la planète n’est pas infinie et plusieurs pays ont déjà atteint leur pic pétrolier. C’est « le point où l’expansion de la production de pétrole devient impossible parce que les nouveaux débits de production sont entièrement compensés par les déclins de production132 » . Ce qui signifie que la production de pétrole va diminuer et que l’accès à celui-ci va être de plus en plus difficile, le prix du pétrole augmentant ainsi que les inégalités entre les riches et les pauvres. Le prix est totalement déconnecté des réserves disponibles sur la Terre, mais il tient compte de l’offre et de la demande. Si davantage de gens vendent un produit déjà abondant, l’objet perd de sa valeur. De plus le pic pétrolier ne dépend pas du stock présent sur Terre mais des flux. Et « ce n’est pas la taille du réservoir qui compte mais la taille du robinet133 » , ce qui signifie que même si aujourd’hui la production est plus importante que la consommation, elle n’est pas infinie et tend à diminuer, d’où l’urgence. Si aucune solution n’est apportée en amont de ce pic pétrolier, les sociétés occidentales vont chuter et mourir peu à peu (par pollution ou pour les raisons que j’ai citées au-dessus). L’approche du pic pétrolier mondial est imminente grâce à plusieurs indicateurs. Notamment à la vue de plusieurs petites compagnies pétrolières qui se font racheter par les plus grosses entreprises. Par ailleurs, les rachats d’actions forment un indice évident de l’absence de nouvelle découverte de puits de pétrole. Le prix de plus en plus élevé des forages qui sont de plus en plus profonds détruisent les fonds marins. Cependant nous ne pouvons pas savoir quand sera exactement le pic pétrolier parce que le secret règne dans les compagnies pétrolières du Koweït et de l’Arabie Saoudite, qui sont les premiers pays exportateurs de pétrole. Dans tout les cas le pétrole sera de moins en

131. Rob HOPKINS, Manuel de la transition, de la dépendance du pétrole à la résilience locale, Québec, Collection Guide pratique, Édition écosociété, , 2010, 212p 132. Ibid. Rob Hopkins 133. Propos de Jean-Marie BOURDAIRE, membre de l’ASPO France, disponible sur : http://leseconoclastes.fr/2015/12/le-pic-petrolier-aura-bienlieu-en-2015/

La ville moyenne résiliente : une réorganisation progressive de notre mode de vie Répartition de la consommation d’énergie en France Énergie

Pourcentage

Nucléaire

39.8%

Pétrole

33.6%

Gaz

14.6%

Charbon

4.75%

Énergies renouvelables

7.25%

Tableau 3 :Répartition de la consommation d’énergie en France en 2005

Source : observatoire de l’énergie données mars 2005 Site web : https://www.picbleu.fr/page/depletion-diminution-des-reserves-de-petrole-et-hydrocarbures

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Annexe 5 : La ville moyenne résiliente : une réorganisation progressive de notre mode de vie

Figure 10 :Le pic pétrolier

Source : observatoire de l’énergie données mars 2005 Site web : http://www.avenir-sans-petrole.org/2016/04/des-nouvelles-du-pic-petrolier.html


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La ville moyenne résiliente : une réorganisation progressive de notre mode de vie moins présent et donc de plus en plus cher pour une consommation personnelle comme la nôtre actuellement. La dernière crise pétrolière de juillet 2008 (où le prix du baril a augmenté de 147,40 $) n’a pas eu de gros impacts sur nos économies mais nous montre que la déplétion, c’est-à-dire, la diminution ou la réduction d’une réserve (de pétrole, de gaz, de charbon), ici du pétrole, est en marche134. Les variations des prix du pétrole ont démontré que cet or noir faisait le fruit des spéculations financières et que l’économie mondiale se basait sur une ressource tarissable, démontrant la faiblesse du système actuel. Aujourd’hui le pétrole constitue la première source d’énergie primaire dans le monde mais est aussi à l’origine de conflits armés très importants et devient le moteur principal de relations entre les pays occidentaux et les pays producteurs de pétrole. Il est d’ailleurs intéressant de voir que le livre « Tintin au pays de l’or noir » du dessinateur Hergé, démontre tout aussi bien la présence de tous les acteurs des conflits produits par le pétrole, dès les années 1950. Les conflits pour cet or noir y étaient déjà exposés au grand jour et cette bande dessinée, dont l’intrigue se situe au Moyen Orient, illustre tous les acteurs géopolitiques actuels (les émirs puissants car détenant l’or noir, les Occidentaux Anglais désireux de tout contrôler et la compétition mise en image sous forme de guerre locale entre deux émirs). Le pétrole a déjà causé des guerres dans ces pays-là, s’il vient à disparaître, quel sera leur futur ? Si le pétrole devient sans doute de moins en moins disponible, la consommation, elle, n’a pas changé ; elle a même augmenté depuis les dernières années. Les pays industrialisés consomment toujours de plus en plus (61% de la consommation mondiale) et les pays émergents en demandent de plus en plus. De plus, les dépenses de l’état pour sortir de la dépendance du pétrole ne vont pas du tout dans cette direction. La France a choisi de promouvoir les centrales nucléaires dans ses dépenses énergétiques sous le gouvernement de Chirac et non de se focaliser sur les énergies renouvelables ; alors qu’on était le premier pays d’Europe à s’y intéresser. À l’heure actuelle, si le pétrole en vient à être onéreux, la France est très mal positionnée pour échapper à une éventuelle future crise (voir tableau 3). L’empreinte que laisse notre consommation sur la nature et l’environnement ne diminuera pas tout de suite. Il est certain que l’environnement est menacé et les catastrophes naturelles de plus en plus puissantes et

fréquentes, témoin d’une sur-consommation excessive et polluante des ressources présentes sur terre. Cependant et nous le voyons actuellement dans notre société, la notion de développement durable est désuète pour les mentalités citoyennes. Et dans les consciences communes, les conséquences de la pollution sur l’environnement sont quasi invisibles. « Je n’ai pas plus chaud qu’avant personnellement ...» ou encore « c’est pas la première fois que je vois ce genre de truc, mais c’est juste que le temps passe et on ne voit pas plus de changement, en fait135 ...». Ces commentaires là prouvent bien que face aux changements climatiques, les personnes sont indifférentes bien qu’ils en soient conscients. Pourtant ils ne voient pas comment faire pour trouver une solution convenable. Face à la dépendance du pétrole, les possibilités sont plus faciles à trouver pour réussir à être autonome. Par exemple la ville de New-York a une empreinte carbone moindre comparée à sa densité car le réseau de transport en commun est très développé. Or en 2003, la ville a connu une panne d’électricité pendant une journée qui a généré des perturbations démesurées. Ceci explique que le changement climatique induit de changer de comportement, mais que la venue du pic pétrolier nous y oblige, sinon nous courons à la catastrophe. C’est ce changement de vision des choses qui est intéressant à souligner. Le changement climatique est une information que nous recevons mais qui est très difficile à modifier, alors que le pic pétrolier à cet aspect positif : partant de rien nous allons tout faire pour reconstruire une société protectrice de l’environnement et devenir résilients et autonomes. 2) Une «descente énergétique» inévitable : la résilience pétrolière La résilience se définit par « la capacité pour un corps, un organisme, une organisation ou un système à revenir à son état initial après un choc ou une altération136 » . Pour notre société, c’est en fait notre aptitude à ne pas s’effondrer si le pétrole venait à manquer. Ce terme est utilisé en psychologie et a été introduit en France par le psychiatre Boris Cyrulnik qui, dans son essai Un merveilleux malheur137, s’est intéressé aux traumatismes liés aux rescapés de la guerre et à leur faculté de réparation de soi. Cyrulnik part du principe que la résilience se bâti par la capacité des liens sociaux que peut créer un individu avec

134. PicBleu, «Déplétion : diminution des réserves de pétroles et d’hydrocarbure», sur PicBleu.fr, publié le 15 mai 2017, URL : https://www.picbleu.fr/ page/depletion-diminution-des-reserves-de-petrole-et-hydrocarbures 135. Henry POULAIN, Data Gueule: 2°C avant la fin du monde, 2015, distribué par Youtube, producteur IRL, écrit en collaboration avec Julien GOETZ et Sylvain LAPOIX, 81min, vidéo disponible sur Youtube, publié le 16 nov. 2015, URL : https://www.youtube.com/watch?v=Hs-M1vgI_4A&t=4217s, interview de passants à Paris 136. D’après : Wieland, A. & Wallenburg, C.M. (2013): «The Influence of Relational Competencies on Supply Chain Resilience: A Relational View.» In nternational Journal of Physical Distribution & Logistics Management, Vol. 43, No. 4, p. 300-320. 137. CYRULNIK Boris, Un merveilleux malheur, Odile Jacob collection «Poche Odile Jacob, numéro 78», Janvier 2002, 256p

Scénarios possibles

Description

Auteur

Transition éclairée

Le gouvernement développe des sources d’énergie nationales et réduit la quantité d’énergie nécessaire pour faire fonctionner l’économie

FEASTA

Descente énergétique

Coopération, partage et conservation : le gouvernement utilise toutes les ressources à sa disposition pour réduire la consommation et bâtir l’économie

HEINBERG

Bonnes intentions

Consommation de carburants fossiles rationnée pour une plus grande utilisation des transports en commun

FORESIGHT

Parts équitables

Rationnement plus important,réduction générale de la consommation d’énergie et relocalisation des activités quotidiennes

Grande transition

Profonds changements de valeurs et nouvelles dispositions socio-économique

GALLOPIN

Intendance de la Terre

Avec créativité, l’humanité descend du pic énergétique de façon symétrique à son ascension

HOLMGREN

Localisation forcée

Pic pétrolier pour 2007, l’économie chute, se contracte puis retrouve un certain niveau. La vie devient très locale et réduction de l’énergie disponible.

FEASTA

Constructions de canots de sauvetage

La civilisation industrielle ne peut être sauvegardée ; renforce la solidarité communautaire, infrastructure localisée et préserve l’essentiel de la vie en l’améliorant

HEINBERG

Échanges tribaux

Choc énergétique : récession globale, chômage globale, civilisation à communauté immédiate, déplacement à cheval ou vélo.

FOERESIGHT

Monde barbare

Les problèmes dépassent les capacités d’action des politiques et des marchés

GALLOPIN

Atlantide

Effondrement social soudain et catastrophique

HOLMGREN

Dernier survivant

Force militaire protège les dernières réserves de carburant disponible «la guerre qui ne se terminera pas de notre vivant» Dick Cheney

HEINBERG

Explosion technologique

Technologie résout tous les problèmes (fusion nucléaire à froid illimitée ...)

HOLMGREN

Mouvement perpétuel

Économie de pointe propre (basé sur l’hydrogène) présume que la globalisation existe toujours

FORESIGHT

Attente de l’élixir magique

Energie propre disponible et abondante : fusion à froid ou énergie libre

HEINBERG

Comme d’habitude

Le pic pétrolier est en 2030 et le gouvernement ne fait rien pour préparer son arrivée

Colonies urbaines

Civilisation composée de villes compactes et durables (transports en efficaces ...) et ruralités plus isolées

FORESIGHT

Industries vertes

Énergies renouvelables qui remplacent le pétrole tel qu’on le connaît et tout peut rester similaire

HOLMGREN

Figure 11 :Scénarios sur la vie après le pic pétrolier

Source : Rob Hopkins, Manuel de la Transition, image disponible p53

FEASTA

FEASTA


un autre, Chez l’enfant notamment, la relation parentale et l’environnement de celui-ci vont être déterminants dans leur capacité de résilience plus tard138. Lorsque l’enfant est capable de tisser des liens avec autrui (grâce à des facteurs qui vont l’aider dès son plus jeune âge), et s’il y a traumatisme, il va être plus à même de s’en sortir, grâce d’autres interlocuteurs, de la phase post-traumatique. La vue du pic pétrolier (voir figure 10) chez certains individus peut aider à susciter la phase pré-traumatique de la crise du pétrole. C’est un graphique que beaucoup de précurseurs et ingénieurs du mouvement en transition, comme M. Thévard139 dans la transition du Lot, utilisent pour expliquer ce qu’est le pic du pétrole et la fin à priori programmée dans les années à venir de l’abondance du pétrole. « Jusqu’ici tout va bien ... mais l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage140 » de la société qui sera compliqué, si nos modes de vie n’évoluent pas. Cependant à la vue de ce pic, et de la chute qui parait vertigineuse et périlleuse, Rob Hopkins s’est posé la question de savoir si ce n’était pas une vue trop négative. Si vous retournez ce schéma la tête en bas (voir image 12), nous pouvons nous imaginer dans un puits de pétrole dense et noir ; il faudrait gravir une très haute montagne pour pouvoir s’en extraire. L’image donnée est moins catastrophique et plus héroïque en ce sens : le fait de gravir la montagne, et d’y arriver surtout, résonne mieux qu’une chute fracassante au sol, à laquelle nous ne pouvons apporter aucune solution. Le mouvement en transition apporte une certaine importance à l‘image positive pouvant être traduite par la population. Face à ce pic et aux diverses explications, il existe plusieurs réactions possibles141. D’abord, l’adaptation qui se base sur notre capacité en tant qu’homme de se sortir du pétrin par de multiples évolutions et solutions techniques. D’après Pierre Wack, planificateur de scénarios, l’adaptation est une théorie qui ne fonctionne pas car elle tient compte de facteurs qui sont de l’ordre du miracle. Le miracle technologique avec la question de l’utilisation de l’hydrogène comme énergie est encore aujourd’hui peu probable à réaliser, ou encore la question politique qui aujourd’hui est basée sur un système capitaliste et compétitif, et qui devra éliminer les inégalités sociales. L’adaptation est un scénario probable mais nous sommes encore très loin de pouvoir répondre à tout les questions qui se posent à ce sujet-là. Un second scénario que j’ai cité précédemment

Annexe 6 : La vacance commerciale

Figure 12 :Le puits du pétrole, image inversé du pic pétrolier Source : Rob Hopkins, Manuel de la Transition, image disponible p99

serait l’effondrement de la société s’il n’y a pas d’actions commune. Le déclin de la production de pétrole ainsi que les dérèglements climatiques viendraient à briser brusquement ou progressivement notre société. Nous ne pouvons pas nous arrêter à cette vision trop sombre du pic pétrolier. Un autre scénario proposé est celui de l’évolution de l’être humain. Depuis toujours, des facteurs extérieurs font que les espèces évoluent en changeant d’attitude, afin de s’adapter à la situation. C’est une vision beaucoup plus positive mais qui demande énormément d’efforts de la part de chacun.

138. Isabelle TAUBES, «Résilience : comment il s’en sortent ?», dans Psychologies, interview de Boris Cyrulnik, publié en mars 2001, URL : http:// www.psychologies.com/Therapies/Psychanalyse/Travail-psychanalytique/Interviews/Resilience-comment-ils-s-en-sortent/Dans-cette-aptitudea-surmonter-les-chocs-quelle-est-la-part-de-l-inne-et-celle-de-l-acquis 139. Benoît THévard, «Un avenir sans pétrole ?», Eco’lot toi-même; conférence en avril 2012, Limognes, Organisé par l’association Coqueli’Causse, disponible sur Youtube, publié le 19 Fèv. 2014, , URL : https://www.youtube.com/watch?v=RK01e7WqMoI 140. Réplique du film de Matthieu KASSOVITZ, La Haine, 1995, 96 min 141. D’après les recherches de Op .cit.. Rob HOPKINS, p. 110, p50 de l’ouvrage

Figure 6 : Vacance commerciale en France, en % (échelle de gauche) et nombre d’ouvertures d’espaces commerciaux de périphérie (échelle de droite) Source : PROCOS CNCC, dans l’article de UL CGT Dieppe, « La désertification des centres-villes fait le buzz, mais pas celui de Dieppe », UL CGT région Dieppoise, paru le 03/02/2016, consulté le 20/03/2017, URL : http://www.cgt-dieppe.fr/2016/02/la-desertification-des-centres-villes-fait-le-buzz-mais-pas-celui-de-dieppe.html

Figure 7 : Vacance commerciale des centre-villes français selon la taille, en % et évolution du taux depuis 2001, en points. Source : PROCOS CNCC, dans l’article de UL CGT Dieppe, « La désertification des centres-villes fait le buzz, mais pas celui de Dieppe », UL CGT région Dieppoise, paru le 03/02/2016, consulté le 20/03/2017, URL : http://www.cgt-dieppe.fr/2016/02/la-desertification-des-centres-villes-fait-le-buzz-mais-pas-celui-de-dieppe.html

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La ville moyenne résiliente : une réorganisation progressive de notre mode de vie


Un phénomène est a constater dans les villes moyennes françaises, c’est celui de la création progressive d’une ville périphérique appelée ville-lisière ou «Edgecity142 ». Ce terme est surtout utilisé pour les grandes métropoles américaines et inventé par le journalisteethnologue-sociologue américain Joël Garreau. Il détaille dans les recherches qu’il a poursuivies pendant quatre ans, l’émergence de quartiers en périphérie des villes métropolitaines aux États-Unis transformant les villes en poly-villes ou villes à plusieurs noyaux. En effet, avec l’arrivée des centres commerciaux, de la construction de bureaux dans les périphéries qui sont normalement constituées de logements, les banlieues se voient attribuer une certaine autonomie vis à vis des centres urbains de la ville ancienne elle-même. « L’Edge-city, c’est une sorte de ville-satellite située en bordure de l’ancienne ville mais c’est également un territoire identifié comme la nouvelle frontière de l’urbain 143 ». Pourtant ces Edge-cities sont construites sans réflexion sur l’espace public que je pourrais définir comme étant un espace de partage et de frottement entre les individus. Tout est focalisé sur les infrastructures routières entre les entreprises et il est très difficile de s’y rendre autrement qu’en voiture. L’ancrage spatial n’est donc pas effectué, et ces centres commerciaux construits ainsi n’ouvrent que la voie vers la consommation massive de produits et non vers l’ancrage de la population à un espace public qui leur est dû. Depuis les années 1930, les villes se sont construites selon un modèle fonctionnaliste de zones urbaines (ZAC, ZUP, ...) grignotant petit à petit l’espace rural alentour des grandes villes au profit de la construction de grands centres commerciaux, de logements pavillonnaires, de petits ensembles et surtout au profit de la voiture qui a pris une place beaucoup plus importante que l’usager lui-même. Ce type d’urbanisme individualise l’espace public des villes en coupant tout contact possible entre les citoyens. Aujourd’hui beaucoup de villes moyennes souffrent grandement du problème du zonage fonctionnaliste, qui rend le centre urbain absolument désert. D’après les propos de Dominique Braye, le constat est plus que préoccupant :

« Notre incapacité collective, au cours des trente dernières années, à penser de manière cohérente l’insertion du commerce sur nos territoires a produit une véritable catastrophe en termes d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Il suffit d’observer les collectivités dont nous sommes les représentants pour constater la

commerciale dans le centre-ville des agglomérations de plus de 25.000 habitants en France, en 2016

Photo 1 : «Un centre ville sinistré», Le centre ville de Beziers. Source : Pierre SALIBAT, «Beziers, dans le tableau rouge des centres-villes en souffrance», Midi Libre, paru le 15/12/2014, URL : http://www.midilibre. fr/2013/10/28/le-centre-de-beziers-dans-le-rouge,775681.php

laideur des entrées de villes et l’organisation aberrante d’un tissu urbain morcelé en zones uni-fonctionnelles, qui gaspillent l’espace foncier et génèrent des transports coûteux et polluants 144 » . Cette évolution de vacance dans les centres-villes touche essentiellement les villes de moins de 100 000 habitants qui ont vu leur vacance commerciale dans les centre-villes croître d’environ 4 % (pour les villes de 50 000 à 100 000 habitants) (voir figure 7). Nous pouvons donc en déduire que la principale cause de la désertification des centresurbains145 des villes moyennes est due à l’implantation d’espaces commerciaux en périphérie des villes, posant de vrais problèmes sur l’usage de l’espace urbain. En effet, nous assistons à une dissolution de la ville vers sa périphérie, où le confort de vie est plus agréable qu’au centre-ville car les commerces se situent aux alentours et sont faciles d’accès. La mise en place de parkings payants en centreville a achevé le déclin commercial des centres. Comme l’explique Olivier Razemon146, les habitants s’en vont dans la petite périphérie où ils pourront accéder à des logements de « qualité ». Les habitations du centres perdent alors leur intérêt et leurs prix chutent. Les propriétaires de Desrefusent disparités infra-urbaines Quatre situations se distinguent dans la vacance commerciale : rénover les appartements car la vacance résidentielle ne leur permet pas de relouer, faisant émerger des logements Enfin, les rues à l’intérieur d’un même centre-ville apparaissent également diversement par le phéno- La vacance commerciale se concentre aux franges impactées du circuit marchand principal insalubres. Le niveau de vie des habitants qui vivent en (comme le centre-ville de Brest) mène. périphérie est plus élevé que ceux du centre (il y a d’ailleurs - La vacance commerciale se fixe sur un seul axe, généralement une rue marchande une inversion des richesses par rapport aux métropoles où historique du centre-ville, déclassée suite à un déplacement de l’épicentre marchand sur un le prix des logements des centres-villes estQuatre plus cher qu’en situations se distinguent : périphérie). Ce phénomène contribue à la paupérisation nouvel axe (comme la rue Maréchal Joffre à Vierzon) des centres et le cercle vicieux s’installe, rendant les villes - La vacance commerciale s’étend à l’ensemble du tissu commercial, à l’exception de la • Ceci la explique vacance commerciale se concentre aux franges du circuit marchand principal (à l’exemple du centre ville moyennes de moins en moins attractives. principale artère commerciale du centre-ville (comme celuide Nevers) aussi la décroissance de la population dans la de plupart des ; Brest) - La vacance commerciale s’élargit à l’ensemble du tissu commercial du centre-ville (voir villes moyennes. Cette fuite vers la périphérie crée une Béziers). véritable plaie béante pour les villes moyennes.

• la vacance commerciale se fixe sur un seul axe, généralement une rue marchande historique du centre-ville, déclassée suite à un déplacement de l’épicentre marchand sur un nouvel axe (à l’exemple de la rue du 142.Terme de Joël GARREAU, Edge City : Life on the new frontier, New York, Doubleday, Anchor Book, 1991, 550 p 143. Compte rendu de Cynthia GHORRA-GOBIN, sur Joël GARREAU, Edge City : Life on the New Frontier. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisa- Joffre à Vierzon, de la rue Gabriel Cortel à Joigny ou de la rue des Loges à Fontenay-le-Comte) ; Maréchal tions. 48e année, N. 4, 1993. pp. 971-973. URL : http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1993_num_48_4_279183_t1_0971_0000_002 144. Dominique Braye, sénateur. Introduction au rapport n° 180 relatif à l’urbanisme commercial (2010) 14 Février 145.Florian JOURDAIN, Recensement des commerces du centre-ville, épisode 2 (au 1er février 2017), sur son blog Wordpress,•publié lalevacance commerciale s’étend 2017, consulté le 1 Janv. 2018, URL : https://albicentreville.wordpress.com/2017/02/14/recensement-des-commerces-du-centre-ville-episode-2-auciale du centre-ville (à l’exemple 1er-fevrier-2017/ 146. Olivier RAZEMON, Comment la France a tué ses villes ?, Rue de l’échiquier, collection Diagonale le 20/10/2016, 192p

à l’ensemble dula vacance tissu commercial, à l’exception la25principale Figure 8 : Part de commerciale en 2016, pour les villes de de plus de 000 habitantsartère commerSource : PROCOS du URL centre-ville de Nevers) ; : http://www.institut-ville-commerce.fr/index.php/component/attachments/download/228

• la vacance commerciale s’élargit à l’ensemble du tissu commercial du centre-ville (à l’exemple du centre-ville de Béziers).

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Figure n° 5. Carte de la vacance


Annexe 7 : La vacance commerciale à Albi

Annexe 7 : La vacance commerciale à Albi

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« Sur les quelques 500 cellules que compte le centre-ville, près de 30% sont dédiées à l’habillement et au linge de maison alors qu’on trouve seulement 3% de commerces de bouche (hors marché couvert et marché du samedi), soit moins que les 6% de coiffeurs… On remarque, en outre, une part

non-négligeable de restaurants (17%), situés pour beaucoup à proximité de la cathédrale ». De plus, le centre ville d’Albi compte 105 grandes enseignes commerciales, ce qui correspond à environ un quart de l’offre commerciale actuelle. Présents sur les principaux axes, elles occupent des places charnières dans le centre ville et sont visibles par les touristes. La moitié de ces grandes enseignes sont des boutiques de vêtements (50,48 %), puis viennent les banques et agences immobilières (20 %) et enfin les magasins dédiés au loisir (11,43 %). Ces places de qualité sont beaucoup plus chères et donc promises à des enseignes qui, en principe, ont un réel budget de départ. Ceci favorise le cercle vicieux de la perte d’une offre commerciale variée et ne donne pas la chance aux petits commerçants de s’installer. D’ailleurs, trois enseignes de la grande distribution sont présentes dans le centre : Carrefour, Casino, Super U. Cette enquête a été relayée par un média international qui a causé beaucoup de dégâts pour la vitrine d’Albi. En effet, la maire d’Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil a depuis le début de son mandat prôné le fait que le centre-ville d’Albi était largement sous la moyenne de la vacance commerciale nationale et qu’elle s’efforçait de tout faire pour faire revivre les petits commerces et donc la vie de quartier. Par de larges campagnes publicitaires, la mairie a tenté de minimiser les vrais dégâts d’une urbanisation centrée sur la valorisation des périphéries et non du centre. Un échange électrique a d’ailleurs eu lieu sur l’antenne de 100 % Albi147, où les deux interlocuteurs tentaient de s’expliquer sur la réalité des faits.

Service à caractère commercial Santé Restauration Luxe Loisir-culture et équipement électronique Équipement de la maison et de la personne Banques - Assurances - Finance Alimentation Commerces vides

Répartition des commerces du centre-ville par catégorie (1 Fèv 2017)

Figure 9 : La vacance commerciale à Albi, des centre villes mortifères Source : Florian Jourdain URL : http://www.slate.fr/story/138758/americains-centres-villes-desertes-albi URL : https://www.centpourcent.com/les-infos-10/ambiance-electrique-entre-f-jourdain-et-la-maire-dalbi-7530

Chiffres d’après les recherches de Florian JOURDAIN, «Recensement des commerces du centre-ville, épisode 2 (au 1er février 2017)», sur son blog Wordpress, publié le 14 Février 2017, consulté le 1 Janv. 2018, URL : https://albicentreville.wordpress.com/2017/02/14/recensement-des-commercesdu-centre-ville-episode-2-au-1er-fevrier-2017/ 147. François Jourdain et Stéphanie Guiraud-Chaumeil , « Ambiance électrique entre F. Jourdain et la maire d’Albi ! » , entrevue radiophonique sur 100% radio, durée 35min, publié le 20 avril 2017, écoutée le 1 Janv. 2018, URL : https://www.centpourcent.com/les-infos-10/ambianceelectrique-entre-f-jourdain-et-la-maire-d-albi-7530

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Le cœur de la ville d’Albi, au 1er février 2017, ne compte pas moins de 502 entités commerciales, dont 47 se trouvent rue Croix Verte, 43 rue de l’Hôtel de Ville et 32 rue Mariès. Sur l’ensemble de ces cellules, 78 sont actuellement inoccupées ou en liquidation, soit 15,54 %. L’an passé, 71 d’entre-elles se trouvaient dans la même situation, soit 14,14 % au total. La vacance commerciale dans le centre-ville d’Albi a donc connu une hausse de 1,39 % en un an. Ces chiffres ne sont toutefois pas très parlants si on les regarde à l’échelle du centre-ville. Il faut, en effet, les observer à une échelle plus fine, pour constater que certaines rues sont durement touchées alors que d’autres sont épargnées. Il n’y pas que la vacance commerciale que M. Jourdain cherche à démontrer dans ses recherches. Il évoque aussi une grande disparité commerciale. En effet, si le centre historique d’Albi ne semble pas si vide en magasins que les chiffres le présentent, les commerces de bouche sont quasiment inexistants. La répartition de l’offre commerciale n’a pas évolué de 2016 à 2017 (seule la part de l’équipement de la personne et de la maison a baissé).


L a r e - t e r r i t o r i a l i s a t i o n d e l’a l i m e n t a t i o n à a l b i

13

22

18

cordes-sur-ciel

carmaux

3

17 14

24

25

8

7 28 21

albi

19

30

15

gaillac

11

23 rabastens

10

20

27

12

Viandes Légumes Pain Boisson Épicerie sucrée Fromages Fruits Autres (huiles,farine, légumineuse,tisanes ...)

21

1

rabastens

26

9

16

Puylaurens

lavaur

29

6 castres

8 graulhet 32 31

realmont

19 23

26

30

Grand Albigeois Département Tarn (81)

28

14 4

5

34 lacaune

lavaur

albi

33

gaillac

25

29 graulhet

3 24

6

4 realmont

carmaux

2

12

31

7

cordes-sur-ciel

Grand Albigeois Département Tarn (81)

2

16

10

lacaune

9 11

castres

7.5

27

Puylaurens

32 mazamet

0

Viandes Légumes Pain Boisson Épicerie sucrée Fromages Fruits Autres (huiles,farine, légumineuse,tisanes ...)

mazamet

15km

0

7.5

15

15km

17

5

1 Alain Nouvel : agneau

Safran et confitures

28 Pétrin des Saveurs : Pain

Ruche d’Albi

2 Alain Roustit : Pommes de terre

15 Jacques Morlat - Jardin d’André : Noix

1 Domaine La Rune (Aude) : vin (105km)

3 Benoit Fraysse : Pain

16 Jean François et Carine Bialade : Légumes et plants

29 Pierre-Louis Baillette – Jardin des délices : Asperges, fraises

4 Christophe Condat : Légumes 5 Claude Domin - Pisculture du Laudot : Poisson 6 Combelles Gérard et Christiane : Légumes 7 Cyril et Karine Rech : Légumes 8 Derrieux Pierre et Fils – Château Lacroux : Vin 9 EARL Vernheres : Canard gras 10 Fabienne et Jean-François Mallein : Produits de la ruche 11 Famille Marre et Alby – La Ferme de Vindrac : Fromages de vache 12 Ferme Cassar : Viandes 13 Fromagerie du Buisson Blanc : Fromages de vache 14 Guy Carme - Safran l’Oiseau Bleu :

16 Caprioli Moulin de Pepette : Huile d’olive

16 Caprioli Moulin de Pepette : Huile d’olive 17 SARL Maxara : Boissons

17 SARL Maxara : Boissons

23 Pain et Nature - Pain

3 Yann Pelissier: Pain

18 Les Savons de mon Coeur (Lot): Cosmétiques (79km)

24 EARL Hort de Rabinel : Légumes

31 Véronique et Bernard Barrieu – La Ferme des Bouviers : Légumineuses, huiles et farines

4 La Bonne énergie : Boissons

Ruche de Gaillac

5 Cueillette du Bosc : Pommes

8 Ferme bio Emelyne : Volailles

32 Yannick Régis : Légumes

6 Potager de Fontjalabert : Légumes

19 Bergerie Enlauze del Bosc : Viande ovine

20 Les Paulinetoises : Fromages de brebis

7 Ferme de Cadapeau : Charcuterie

21 Les Vergers du Bosquet : Fruits et jus de fruits

20 Collectif d’initiative Rurales et Solidaires (Lot) : Fromages (90km)

8 Ferme bio Emelyne : Volailles

17 La Vie Bio : Oeufs 18 Les CabreKes : Fromages de chèvre 19 Les paniers de Sylvain - Sainte-Rose Eirl : Légumes biologiques

30 Stéphane GUIBELIN – L’Escargot du château : Escargots

22 Les Volailles Des Marratières : Volailles 23 Martial Vandamme : Bière 24 Max Pigot : Fruits 25 Noëlle et Christophe Ricard – Les poulets du Campanier : Poulets 26 Pascale Gatumel : Tisanes 27 Paul Mas : Ail

Annexe 7.1 : Localisation de nos exploitations, le Drive fermier, site internet, URL : http://www.drive-fermier.fr/albi/qui-sommes-nous

2 Domaine René Rieux : Vin

9 GAEC de la Condarie : Canard gras

21 Les conserves de Garissou : Canard

25 Les Vergers de Notre-Dames : Fruits 26 EARL de Cazes Haut : Fromage 27 GAEC du Rodier : Fromage 28 La ferme Cassard : Viande bovine 29 Lapasse Jean Christophe : Légume sec et Farine 30 Les Oeufs du Plo : Oeufs/Légumes

10 GAEC de Rivet : Fromage

22 Château de Bellegarde SCEA (Gironde) : vin (201km)

11 Coeur de Biquette : Fromage de chèvres

Ruche de Graulhet

32 SCEA de la Bartelle : Légumes

12 Nattes Yoann (Aveyron): Beurre (39km)

5 Cueillette du Bosc : Pommes

33 Estounal : Confiture

13 Domaine d’Hélix (Aveyron) : Escargots (51km)

9 GAEC de la Condarie : Canard gras

34 GAEC Rucher du Tigou - Miel

11 Coeur de Biquette : Fromage de chèvres

35 Croquette Natur’LCook (Toulouse) Croquette (54km)

14 EP les Gourmands - Biscuiterie

14 EP les Gourmands - Biscuiterie

31 Gaia : Pâtisserie bio

15 La ferme d’en Servole : Apiculture Annexe 7.2 : Localisation de nos exploitations, la Ruche qui dit Oui, site internet, URL : https://laruchequiditoui.fr/fr/assemblies/10673

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- 1 20 -

A n n e x e 8 : L e s n o u v e l l e s p l a t e f o r m e d e d i s t r i b u t i o n s


Poissons Viandes Légumes Pain Boisson Épicerie sucrée Fromages Fruits Autres (huiles,farine, légumineuse,tisanes ...)

34 2

cordes-sur-ciel

carmaux

17

24 29

38

27 35

20

gaillac

5 30

4 39 albi 1 31 32

22

25 11

21

18

16 10

realmont

12

23

8 10 4

castres

14

13

2 lacaune

lavaur

7

mazamet

8

2 Ferme du Buisson : Crème fraîche

16 Au fil des saisons : Pains, pâtes

3 La Safranière des Galinières : Safran

17 Clapier du Couderc : Lapins

4 Irènes Bories : Miel

18 Maurel de Balsaillac : Boeufs, veaux

5 La ferme de Patrick : Vaches, veaux et cochon BIO

9 Gaec de Garrigaute : Agneau

14

Puylaurens

: Pruneaux (150km)

8 Pisciculture du Laudot : Truite et produits dérivés

18

castres

1 Suzanne Assie : Confiture, pâte de fruit

7 La ferme des Cabrials : Fromage de chèvre

7

Grand Albigeois Département Tarn (81)

mazamet

6 Vinaigrerie des 4 voleurs : vinaigre de vin

11

graulhet

19

15km

12

13

Puylaurens

7.5

3

gaillac

28

0

9

realmont lacaune

3

15 5

albi 6

33

9

26

lavaur

carmaux

1

rabastens

graulhet

Viandes Légumes Pain Boisson Épicerie sucrée Fromages Fruits Autres (huiles,farine, légumineuse,tisanes ...)

cordes-sur-ciel 16

Grand Albigeois Département Tarn (81)

6

rabastens

33

16

0

31 Les jardiniers du Prestil : chantier d’Insertion à Albi : Légumes

7.5

15km

1 Pierre Rigaud : Producteur d’Olives

33 Limonade Maxxara : Limonade

15 La Ferme Taurines – Les Saveurs du Puy St2 Benoît et Chantal Vernede : Producteurs de Georges – Viande et charcuterie légumineuse 16 L’Epi du Rouergue (Aveyron) : Boulangerie Pâtisserie (60km) 3 Le Jardin des Ondines – Maraîcher AB

19 Ferme du Verdanel : Canards

34 : L’escargot des Sarradelles (Aveyron) : Escargots (40 km)

4 La Petite Forêt Maraîchère : Maraîcher en 17 Guillaume Roche (Puy de Dôme) : Fromage (200 km) permaculture

20 La Saudronne : Légumes

35 : L’ami du Palais : Chocolaterie BIO

5 La Ferme de Burgairolles : Viande et charcuterie 18 Apis Vinaegra : Vinaigres, Moutarde

21 Les Paulinétoises : Fromage de brebis

36 : Domaine d’Astiès (Hérault) : Huile d’Olive (80km)

6 Belles à croquer – Sirops de plantes aromatiques

23 Lo Busquet : Canard

37 : Domaine de Lupia (Hérault) : Huile d’Olive (90km)

7 Belles de Trébas : Brasserie artisanale

24 Pois chiche de la Rauze : Pois chiches

38 : Le Fournil de la Monestarié : Pain

22 Les Vergers de la Borie : Fruits

32 La Fouace : Fouace

8 Maison Fraysse : Céréaliers et producteurs d’huiles

10 Verger de l’Oustalou : Fruit et jus de fruit

25 Mas de Bonnes : Vins AOC, Pommes de 39 : Marie-Noëlle Laguarrigue : Plante aromatique et médicinale terre, Fruits

11 Puech Meric : Ails, Oignons

26 Pain et Nature : Pains

12 Les vignes de Garbasses : vins

27 Les Saules : Poulets, Oeufs

11 From d’Aqui – Eleveurs de brebis et producteurs de laitages

13 GAEC de Goudou : lentille, huile de Colza

28 Brasserie Karland : Bière

12 La Framboiseraie de Volcan – Fruits rouges

14 Légume d’Antan : Légumes de saison

29 Jardin de la Vère : Pâtés de légumes BIO

15 Verger de Bertouneche (Lot et Garonne)

30 Apis Vinaegra : Vinaigres, Moutarde

13 BaPla – Fabrication artisanale de pâtes tarnaises 14 Charcuterie Millas – Viande et charcuterie

Annexe 7.3 : Localisation de nos exploitations, ô saveur paysannes, site internet, URL : https://www.o-saveurs-paysannes.fr/producteurs-cooperateurs/

9 Rucher des 4 chemins : Miel 10 Philippe Bleys – Horticulteur, Endives

Annexe 7.4 : Localisation de nos exploitations, Crock’ Papilles, site internet, URL : http://www.crokpapilles.fr/les-producteurs/

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- 1 22 -

15


r

ésu m é

L’autosuffisance alimentaire est un sujet qui, aujourd’hui, prend de plus en plus d’ampleur dans les médias. Elle pourrait permettre aux villes de se réapproprier le territoire dans lequel elles s’inscrivent afin d’apporter une gouvernance plus maîtrisée et respectueuse des terres arables. Ce mémoire tente d’apporter une analyse générale sur les conséquences que peut induire une autosuffisance alimentaire sur un territoire. Par l’exemple de la ville d’Albi, qui désire être autosuffisante d’ici 2020, nous abordons concrètement les actions, les débuts de résultats et les projets que peut engendrer une nouvelle politique urbaine dont certains élus à la mairie d’Albi sont l’origine. Les élans citoyens ne manquent pas à l’appel à Albi car ce sont eux qui ont mis en place cette nouvelle politique. Les actions menées notamment par les « Incroyables Comestibles » ont réussi à ce que les élus se sensibilisent à un sujet complexe comme celui de la recréation de lien entre territoire urbain et rural afin d’en tirer tous les profits sans mettre à mal les terres. Même si la première volonté des élus était de placer la ville d’Albi devant les projecteurs, ils se sont réappropriés certaines idées venants des citoyens pour créer cette politique urbaine novatrice. Une autosuffisance, donc, qui a été créée grâce au système bottom-up et à la puissance de la volonté citoyenne. L’autosuffisance alimentaire peut de ce fait être considérée comme une véritable innovation sociale et urbaine en faveur d’une urbanisation intelligente et réfléchie des territoires urbains, périurbains et ruraux.


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