les malades imaginaires
chronique dracénoise
ÉTUD. DANTCIKIAN Romane UNIT UE101B - PROJET 10 PFE
PROJ
DE.PFE DE.MEM
CATTANT J. D’EMILIO L.
MARCH ARCH
DEM AMTH S10 20-21 15-16
© ENSAL
les malades imaginaires chronique dracénoise
projet de fin d’études sous la direction de Julie CATTANT
Romane DANTCIKIAN
École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon 2020-2021
4/
SOMMAIRE
introduction | 07 chapitre 01 l contexte introductif | 08 chapitre 02 l problématique | 10 chapitre 03 l méthodologie | 14
partie 01 l explorations | 22 chapitre 01 l la région | 24 chapitre 02 l le territoire | 28 chapitre 03 l la ville | 42 chapitre 04 l le centre | 50
5/
partie 02 l projections | 70 chapitre 01 l le centre | 72 chapitre 02 l la ville | 86 chapitre 03 l le territoire | 96
conclusion | 102
6/
INTRODUCTION
Nous ne sommes pas seulement tenus d’exploiter tout ce qui est exploitable, mais aussi de découvrir l’exploitabilité cachée dans toute chose. Günther A nders
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introduction
Un récit personnel | Tout a commencé il y a une quinzaine
d'années, lorsque, enfant, je passais chaque jour devant les immeubles des remparts de Draguignan, pensant alors que, « quand je serai grande », je pourrai me rendre utile en sauvant ces bâtiments de la ruine et en leur rendant leur capacité d’héberger décemment des dracénois·e·s. On m’a alors dit que celui qui détenait ce rôle s’appelait l’Architecte ; un mot resté ancré toutes ces années, jusqu’à ce que je prenne le titre d’étudiante en architecture, en passe d’intégrer la profession. Dans mon inconscient, cette pensée du quotidien est devenue l'orientation que je donne aujourd'hui à ce PFE et que je souhaite donner à l'avenir à mon parcours professionnel. C’est à travers l’héritage de ce qui est déjà présent que j’imagine ma ville de demain et le territoire dracénois qui la compose.
Thématique d'approfondissement l habitat Site l Draguignan, Var (83)
chapitre 01 l contexte introductif chapitre 02 l problématique chapitre 03 l méthodologie
8/
introduction
chapitre 01 l contexte introductif
Un besoin d'ancrage | Née un jour d’avril 96, à l’hôpital de
Draguignan. Primaire, collège, lycée. Puis une folle envie de quitter la ville, de partir loin. Ce sont ces longs passages à Londres, Lyon et São Paulo qui m’ont donné envie de mieux revenir. Sont-ce ces expériences personnelles ou une tendance à se soucier un peu plus de notre cadre de vie qui m’amènent à me recentrer et retrouver les liens qui s’étaient délités ? Probablement la convergence des deux.
Une suite logique | Cette chronique dracénoise n'est qu'une
étape d'un travail plus global, mené au long cours. Elle vient prendre le relais du mémoire d'initiation à la recherche réalisé l'an dernier sur la question de l'habitat vacant dans les centres anciens des villes moyennes, que je défends comme une ressource en latence dont le potentiel est à révéler. Si le lecteur ou la lectrice souhaite en savoir plus sur le contenu de ce dernier, il est accessible ici. Il a déjà été évalué et ne donnera pas lieu à une soutenance spécifique conjointe au Projet de Fin d'Études, mais il fait néanmoins partie intégrante de notre étude.
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introduction
Carte topographique du Var et situation de Draguignan © production personnelle
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introduction
chapitre 02 l problématique et hypothèse
Un centre ancien en déclin ? | Entre ses logements vacants que l'on compte par centaines, ses anciennes rues commerçantes qui peinent à attirer les chalands face aux grandes surfaces de périphérie et son stationnement automobile difficile, le centre ancien de Draguignan n'échappe pas à la caricature de la ville moyenne. Comment inverser ce déclin ? Comment changer nos regards ? Échanger avec les périphéries | Les ambitions de revitalisation
vont bon train, mais si la situation est telle, c'est que les modes de vie ont évolué pour diverses raisons. Nous défendons l'idée qu'une simple ''re-vitalisation du centre'' n'est pas suffisante pour changer les regards portés. Il ne suffira de rénover les logements en centre ancien pour faire revenir des habitant·e·s, il ne suffira pas de réhabiliter les rues commerçantes d'antan et de rendre le parking gratuit le samedi pour contrer l'attractivité des grandes surfaces. Il faut être innovant et apporter dans le centre ce que les habitant·e·s trouvent en périphérie.
Hypothèse : nous tenterons alors de cibler la fuite de nombreux éléments (programmes, paysages, qualité de vie, activités, etc.) vers les périphéries pour contrer le phénomène et accompagner le retour des populations dans le centre ancien et son seuil, d'une façon suffisamment innovante pour être effective.
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introduction
Vue satellite du centre ancien de Draguignan © Apple Inc.
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introduction
Porte de la Place aux Herbes et ses habitant·e·s / date inconnue © DR
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introduction
46, rue de l'Observance / 2020 © crédit personnel
Site de projet | Pour mettre en application les apports théoriques et pratiques de
notre étude commune, ce Projet de Fin d'Études se devait de s'étendre à diverses échelles. Il en découle un réseau de projets, dont le projet moteur est le renouvellement de l'îlot Courtiou, à l'arrière de la rue de l'Observance.
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introduction
chapitre 03 l méthodologie
Croiser les méthodes | Ce travail est avant le fruit d'une approche croisée entre différentes méthodes et outils méthodologiques, individuels ou communs à nous trois. Le fascicule consacré à la validation de ma Mention Recherche les relate de façon la plus exhaustive possible. J'invite le lecteur ou la lectrice à s'y référer, s'il souhaite avoir une vision d'ensemble. Je tiens toutefois à en développer quelquesuns de façon plus détaillée, dans ce chapitre. Méthode personnelle | Cette chronique dracénoise, en particulier, a été construite sur une méthode de projet et de recherche personnelle, adaptée au territoire et aux enjeux de ma thématique d'approfondissement (pour rappel : celle de l'habitat). J'ai ressenti le besoin de développer une approche sensible en me rapprochant le plus des habitant·e·s, des dracénois et dracénoises qui font la ville, ainsi que des dracéniens et dracéniennes qui font le territoire. Ces récits ont été enrichis par d'autres méthodes, qui m'ont permis, au fur et à mesure, de construire une analyse orientée, située pour engager des axes de projet.
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introduction
Échanges avec un habitant de l'îlot de l'Horloge © crédit personnel
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introduction
Entretiens avec les habitant·e·s pour comprendre les besoins des habitant·e·s les images mentales construits les habitudes par profil d'habitant·e
J'ai tenu à mener une série d'entretiens avec les habitant·e·s. Chacun de ces entretiens semi-directifs s'est déroulé en deux parties. La première est une série de questions élaborées pour comprendre les habitudes et les comportements de chaque profil, en fonction de notre grille de thématiques. La seconde consistait à expérimenter la géographie subjective.
Point de méthode : Les interviewé·e·s ont été contacté·e·s sur les réseaux sociaux, par profil (chacun d'entre eux représentant une sous-échelle de chaque échelle de projet), en fonction de leur lieu de résidence mener une analyse comparative sur la perception du centre ancien. Il est intéressant de relever que, même si celui-ci accueille 11% de la population dracénoise (3200 habitant·e·s), aucune réponse ne m'est parvenue de la part d'habitant·e·s du centre ancien. Cela reflète, d'une certaine manière, cet entre-soi socio-spatial dénoncé dans l'étude commune.
habitat C-V c e n t r e
s e u i l
a n c i e n Laura BELLOC-BAT
x
Bertrand DUHAMEL
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p é r i c e n t r a u x
travail C-V
A-P
V p é r i u r b a i n s
c e n t r e v i l l a g e
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n o n u r b a n i s é
a u t r e s
c e n t r e
s e u i l
a n c i e n
p é r i c e n t r a u x
loisirs C-V
A-P
V p é r i u r b a i n s
c e n t r e v i l l a g e
u r b a n i s é
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c e n t r e
s e u i l
a n c i e n
p é r i c e n t r a u x
consommation alimentaire C-V
A-P
V p é r i u r b a i n s
c e n t r e v i l l a g e
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c e n t r e
s e u i l
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p é r i c e n t r a u x
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consommation autres C-V
A-P
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c e n t r e v i l l a g e
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a u t r e s
c e n t r e
mobilités
A-P
V
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v o i t u r e
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s e u i l
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c e n t r e v i l l a g e
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t r a n s p o r t s
v é l o
p i é t o n
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Richard STRAMBIO
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Candice ORTHO
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x x
Thierry GONZALES Odile PACA
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Gérard BEROUD
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Bruno DANI
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Véronique BAUCHE
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Amandine BEAUCORAL
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Valérie FERNANDES
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Mr. BEAUCORAL
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Laurence DANI
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Marine JOLIN
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Nicolas PASCUZZI
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Jean-Claude OBRIOT
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Katya LEMAITRE
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Martine MEUNIER
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Vincent
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Nathalie LESEURRE
Adriane
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Grille d'analyse des entretiens
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Maëlle ORTHO
Clémentine DANI
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Jean-Marc DANTCIKIAN
Nathalie COURREAU
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x
Entretiens avec les acteurs professionnels L'approche des entretiens a été double puisque des rencontres avec quelques acteurs professionnel·e·s (dracénois·e·s ou non) ont été organisées, pour croiser ces deux visions qui sont parfois contradictoires et qui communiquent rarement entre elles (même si ce constat est à nuancer aujourd'hui avec la place que commence à prendre la participation des habitant·e·s dans les décisions qui ont attrait à la ville de Draguignan (consultations, conseils de quartier, etc.).
pour s'informer sur les politiques et projets en cours sur les contraintes réelles
L'objectif était donc de donner la parole à ceux qui vivent et pratiquent le territoire tout en ayant conscience des contraintes réelles.
ACTEURS NON-LOCAUX Jean-Louis COUTAREL
(architecte et enseignant-chercheur) pour sa vision sur les centres anciens et pour ses conseils sur les points d’entrée du projet (espaces extérieurs privatifs, rapport à la voiture et rez-de-chaussée)
Manu
(habitant de la coopérative d’habitat La Convention à Auch) pour un retour habitant d’une coopérative d’habitat qui fonctionne
Ré-architecture
(agence d’architecture engagée dans la réhabilitation de logements) pour les méthodes de réhabilitation, les contraintes structurelles et économiques de tels projets
ACTEURS LOCAUX Sylvie FRANCIN
(adjointe à l’urbanisme) pour les politiques locales en place, les outils disponibles et les contraintes juridiques
Nina LESTRADE
(référente de Citémétrie) pour les méthodes d’analyse du bureau d’études et les préconisations
Frédéric MARCEL
(ex-président de la SAIEM et délégué municipal au PUG) pour les méthodes de la SAIEM, pour sa vision en matière d’habitat et de construction et pour l’obtention de données
Franck GARABEDIAN
(propriétaire d’un immeuble réhabilité en logements) pour les méthodes de réhabilitation, les qualités spatiales du projet et les contraintes réelles
17 /
introduction
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introduction
Géographie subjective pour visualiser les pratiques du territoire les perceptions par profil d'habitant·e
Jean-Marc : ancien habitant du centre ancien / habitant périurbain
La seconde partie des entretiens est donc un travail de géographie subjective inspiré de la méthode de Catherine Jourdan, psychanalyste et artiste documentaire. Concrètement, il s'agissait, pour les habitant·e·s de dessiner, sur des fonds de carte, les limites qu'ils ou elles donnent au centre ancien, au centre-ville et au territoire ; l'objectif étant de comprendre la perception géographique qu'ils et elles ont de la ville et du territoire au quotidien. Aucune réponse ne s'est avérée semblable à une autre. Cet outil méthodologique avait pour objectif de m'aider à dessiner les contours de ces échelles de projet en m'affranchissant des limites connues, qui freinaient parfois ma démarche.
Laura : ancienne habitante d'une commune périphérique / habitante du centre ancien
territoire
territoire
ville
ville
Extraits des documents produits illustrant les conflits existants entre les visions des différents profils
Travaux d'étudiant·e·s en architecture Il me semblait également intéressant de croiser les regards et les points de vue avec une troisième vision : celle des étudiant·e·s en architecture. En effet, un atelier de projet porté par Frédéric Breysse et Jean-Baptiste Hemery (des détails sur cet atelier ont été apportés dans l'étude commune) de l'ENSA de Marseille a eu l'opportunité de travailler sur Draguignan, comme site de projet. L'objectif était alors de dresser un tableau thématique et comparatif des projets, qui ne pourront qu’enrichir le mien. Cette méthodologie s'est basée sur un travail similaire mené par des étudiant·e·s de l'ENSA de Grenoble sur la commune d'Ambert (1). Néanmoins, ce travail était trop ambitieux dans un temps imparti et la coopération des étudiant·e·s de l'ENSA·M ne fut pas suffisante pour menée à bien cette étude comparative. Quelques projets ont néanmoins attiré mon attention, car ils s'inscrivaient dans des sites que j'avais préalablement repérés. De plus, quelques échanges avec les étudiant·e·s ont néanmoins pu faire émerger quelques éléments d'analyse : une volonté de ré-investir l'existant pour offrir de l'habitat de qualité, un programme de tiers-lieu au cœur d'un lieu fédérateur comme le cinéma (page 80), une intention de parcours entre différents projets constituant un réseau, etc.
pour s’ouvrir à d’autres points de vue sur les images perçues par l’extérieur sur les propositions de réponses par le projet
ANALYSER LES TRAVAUX sur des critères thématiques
sur le modèle de l’analyse menée par des chercheur·e·s de l’ENSAG avec des étudiant·e·s ayant travaillé sur la commune d’Ambert
sur des critères spatiaux
lieux et caractéristiques spatiales des projets
sur des critères programmatiques
quels programmes leur ont semblé pertinents ?
sur des critères sensibles
qu’ont-ils vu que je ne vois plus ?
1. Coste Anne, Guillot Xavier, Dubus Nicolas, et al. Spatialiser la transition énergétique [rapport de recherche]. ENSAG, septembre 2015.
Réhabilitation du cinéma Eldorado en tiers-lieu © Coline Wongso / ENSA·M
Transformation d'une école vétuste en logements à double-orientation et espaces extérieurs privatifs et communs © Maxence Renard / ENSA·M
19 /
introduction
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introduction
Arpentage du terrain pour faire du repérage des îlots stratégiques et besoins localisés des formes urbaines et architecturales des patrimoines existants
1. établir un atlas architectural
2. comprendre l'habitat ancien
des espaces extérieurs des façades des portes urbaines
pénétrer dans les circulations avoir un aperçu des différents types de désordres
voir partie 01, chapitre 04 (page 66)
voir partie 01, chapitre 04 (page 58)
3. établir un atlas des espaces publics
4. cartographier la vacance
des places des parcs des parkings
des rez-de-chaussée des logements des immeubles
voir partie 02, chapitre 04
voir partie 01, chapitre 04 (page 56)
Arpentage du terrain pour s'immiscer comprendre les modes de vie glaner des propos dans la rue saisir des scènes de vie
12, rue Georges Cisson
devant l’enseigne Z, mode pour enfants, qui a fermé ses portes récemment
« Ah ben oui, c’est définitivement fermé... C’est dommage, on aimait bien y aller. » « J’y crois pas que ça a fermé ! On va aller où maintenant pour Jules ? »
Résidence de l’Horloge
depuis la terrasse d’un logement
« Je vis seul. Mon logement est petit, mais c’est du logement social. » « C’est le même propriétaire que les nouveaux immeubles plus loin. Ils sont bien ces immeubles, hein ? »
50, rue de Trans
devant un immeuble supposé vacant
« Moi, j’habite là. Mon logement, il est insalubre. Ouais, il est insalubre. » « L’OPAH-RU, c’est quoi ça ? »
11bis, rue des Endronnes
devant un immeuble vacant en travaux
« On fait des travaux dans une ancienne maison de famille. Elle était vide ouais, et le propriétaire va les transformer en logements conventionnés. »
6, rue des Potiers
par la fenêtre d’un immeuble de logements
« Le logement au-dessus de chez moi, il est vide depuis 2 ans. La personne qui l’habitait est partie en EPHAD, depuis plus rien. » Appropriation de l'espace par l'habitant de la Résidence de l'Horloge © crédit personnel
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introduction
01 EXPLORATIONS Dans ce Midi béni des dieux, il faut chercher longtemps avant de trouver le vilain petit canard. J'ai fini par le débusquer : il a des ailes, une queue et il crache du feu. Le dragon est l'emblème de Draguignan. V. N oyoux
23 /
explorations
Un besoin d'ancrage | Au-delà de l'étape d'analyse indispensable à l'élaboration du projet, j'ai ressenti un besoin viscéral de comprendre ; comprendre le territoire et la ville au sein desquels j’ai grandi aveuglément. Je pensais les connaître suffisamment pour ne pas m’y intéresser plus que ça et partir découvrir d’autres contrées lointaines. Pourtant, cette année, les heures passées à survoler la ville à travers mon écran, à zoomer sur des terrains qui questionnent et à dézoomer sur les quartiers qui s’assemblent ne m'ont pas suffi pour décrypter la complexité du territoire, dans sa globalité. Une analyse interscalaire | Ce chapitre est là pour faire un
état des lieux de ce décryptage. Il ne prétend pas être exhaustif, mais tend à décrire, avec des points de vue et des approches croisées, le territoire dracénois, la région dans laquelle il s'inscrit, ainsi que la ville de Draguignan, capitale dracénoise, et son centre-ville.
chapitre 01 l la région chapitre 02 l le territoire chapitre 03 l la ville chapitre 04 l le centre
24 /
première partie
chapitre 01 l la région
De l'importance de situer | Les villes moyennes ont en com-
mun cette tendance à s'inscrire dans des systèmes régionaux. C'est du moins le cas de nos trois villes. Pour une diversité de raisons, il apparaît essentiel de commencer l'analyse à cette échelle.
La région PACA | Bien qu'ayant opté pour un nouveau nom de communication (la région ''Sud''), elle fait partie des rares régions ayant survécu à la réforme territoriale de 2015. La région s'étend sur trois grands territoires (la Provence, une partie des Alpes et la Côte d'Azur) et regroupe six départements (les Bouches-du-Rhône, le Var, le Vaucluse, les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes). Inscription régionale | La ville de Draguignan est la sous-pré-
fecture du Var, département situé sur le littoral méditerranéen, entre les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes. Cette situation privilégiée lui sert pourtant autant qu'elle ne lui dessert.
chapitre 01
25 /
explorations
Métropole Nice Côte d’Azur
Dracénie Provence Verdon Agglomération
Métropole Aix-Marseille Provence
Comm. d'Agglo. Var Estérel Méditerranée
Métropole Toulon Provence Méditerranée
Échanges régionaux et migratoires déficitaires © production personnelle. Source : bureau d'études Citémétrie
0
Un déficit d'attractivité. Draguignan est la villecentre de son intercommunalité, récemment renommée en Dracénie Provence Verdon Agglomération (DPVA). À une vingtaine de kilomètres du littoral, elle structure l'arrière-pays varois. Elle échange significativement avec les villes et zones d’activités littorales proches (Fréjus, Saint-Raphaël, Puget-sur-Argens). Néanmoins, elle connaît une forme relative d'influence et de dépendance des métropoles régionales (Toulon, Nice et Aix-Marseille). Les échanges migratoires restent majoritairement déficitaires pour la Dracénie et bénéficiaires pour les métropoles régionales. la région
25
50km
Dracénie Provence Verdon Agglomération intercommunalités du réseau d'échanges échanges bénéficiaires échanges déficitaires
26 /
première partie
Gap
Digne
Castellane
Nice 1h
A7 Grasse
Draguignan
Aix-en-Pce 1h
Aix TGV
Les Arcs Le Muy A8
Brignoles
Marseille 1h30
Cannes Fréjus
Vidauban
Toulon 1h
Grands axes de communication © production personnelle. Source : DPVA
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Un isolement relatif. Le territoire se situe idéalement au carrefour des grands axes de communication régionaux, voire internationaux (grands ports et aéroports). En revanche, la ville de Draguignan n'est pas en connexion directe avec ces axes, car légèrement excentrée des points d'accès aux infrastructures autoroutières et ferroviaires. De fait, elle connaît une forme d'isolement, mais celuici reste relatif. Néanmoins, la proximité avec les connexions maritimes et aériennes chapitre 01
25
50km
accès aux grandes infrastructures autoroutières et ferroviaires villes structurantes métropoles régionales infrastructures autoroutières infrastructures ferroviaires infrastructures maritimes infrastructures aéroportuaires
explorations Parc National des Écrins
27 /
PNR Queyras
PNR Barronies Provençales Parc National du Mercantour
PNR Mont-Ventoux
PNR Luberon
PNR Verdon PNR Préalpes d’Azur
PNR Alpilles
vers l'Italie
Antibes Draguignan
Montagne Sainte-Victoire
Massif des Maures Parc National des Calanques
Cannes vers la Corse
Fréjus Saint-Raphaël
PNR Sainte-Baume
vers le PNR Camargue
Massif de l’Estérel
Hyères
Grands sites naturels régionaux et nationaux © production personnelle. Source : DPVA
Parc National de Port-Cros 0
Un territoire naturel attractif. Le territoire dracénois est idéalement situé entre mer et montagne, au cœur d'une région particulièrement riche en espaces naturels et pôles touristiques (Côté d'Azur, Golfe de Saint-Tropez, Gorges du Verdon...). Elle compte quatre Parcs Nationaux, neuf Parcs Naturels Régionaux et une dizaine de réserves naturelles hautement protégées. Les massifs des Maures et de l'Estérel structurent le territoire au sud et à l'est, les Pré-alpes et les Gorges du Verdon au nord et le massif de la Sainte-Baume à l'ouest. La ville, quant à elle, se situe à 25 km du littoral méditerranéen et 60 km des premières stations de sports d’hiver. la région
Saint-Tropez
25
50km
Dracénie Provence Verdon Agglomération cœurs des parcs nationaux et régionaux aires d'adhésion des parcs nationaux et régionaux villes et pôles touristiques massifs non-classés
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première partie
chapitre 02 l le territoire
Les tentatives de définition | Nous défendions, dans l'étude commune, une nouvelle approche du territoire, par une nouvelle définition. Il nous faut nous affranchir – ou tout du moins tenter de nous affranchir – des définitions conventionnelles, la plupart du temps promues par des institutions plus ou moins territorialisées. Nous explorons ici trois approches : celle portée par les administrations et autres institutions, celle expérimentée à travers les outils d'isodistance et d'isochronie et celle représentée par les caractéristiques écologiques du territoire. Ces approches croisées permettent donc de l'appréhender différemment selon les enjeux.
chapitre 02
29 /
explorations
tentative n°1 : les définitions administratives Lorsqu’il s’agit de définir un territoire, les limites administratives ont pour habitude de gommer les complexités qui se jouent entre deux entités. Leur rigidité masque les porosités existantes qui font l’identité même d’un territoire, car elles se basent sur des critères purement objectifs, bien souvent économiques et politiques, quitte à manquer de cohérence. Néanmoins, l’Insee propose plusieurs définitions, variant les différents critères, ce qui permet de nuancer le seul EPCI, qui offre la forme la plus administrativement aboutie d’un territoire intercommunal. Une comparaison cartographique de ces différentes définitions permet de décloisonner les limites de l'EPCI et offre la possibilité de mieux comprendre ce qui s'y joue, à l'intérieur et vers l'extérieur.
pages 30 à 34
tentative n°2 : le temps et les distances comme éléments de définition Le temps de trajet en voiture est indéniablement le repère temporel par défaut à partir duquel les habitant·e·s des villes moyennes déterminent leurs déplacements. Selon la méthodologie développée au semestre précédent sur le territoire viennois, il s'agit ici de proposer une définition similaire du territoire dracénois en s'affranchissant des limites administratives connues. Pour ce faire, nous avons choisi d’utiliser l’isochronie comme premier outil de définition, car le temps inclut une notion d’usage et de rapport au quotidien essentiel pour la définition et le sentiment d’appartenance à un territoire.
pages 36 à 37
tentative n°3 : la région naturelle L'influence biorégionaliste de l'approche du territoire a ouvert le champ des possibles en termes de définition. Si les théories biorégionalistes veulent s'affranchir des limites trop concrètes, immuables et arbitraires, celles-ci se basent cependant sur des critères naturels, écologiques et culturels (1) qui donnent plus de cohérence à un territoire donné. La carte est une tentative basée sur des connaissances personnelles, des ambiances paysagères et des critères géo-morphologiques connus.
le territoire
1. BERG Peter et DASMANN Raymond. « Reinhabiting California ». The Ecologist, vol. 7, n° 10. 1977. p. 399-401.
pages 38 à 41
30 /
tentative n°1 : les définitions administratives
première partie
01
L'EPCI EPCI Dracénie Provence Verdon Agglomération © production personnelle. Source : Insee
0
Selon l’Insee, un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) regroupe plusieurs communes à proximité les unes des autres pour élaborer des « projets communs de développement au sein de périmètres de solidarité ». Pour ce faire, un certain nombre de règles y sont communes et homogènes. Les formes d’EPCI les plus courantes sont : les communautés urbaines, les communautés d’agglomération et les communautés de communes. Les villes moyennes sont souvent les villes-centres des communautés d’agglomération.
12,5
25km
Draguignan est la ville-centre de l’EPCI récemment renommé en ''Dracénie Provence Verdon Agglomération'' (DPVA). Le changement toponymique de l'ancienne ''Communauté d'Agglomération Dracénoise'' témoigne d'une volonté de coopérer avec le territoire naturel et touristique des Gorges du Verdon. La DPVA regroupe 23 communes, dont certaines font partie de la région naturelle du Haut-Var. Ainsi, sous certains points de vue, ce territoire peut manquer de cohérence. Les cultures, les pratiques, les paysages des communes du Haut-Var diffèrent significativement du reste de la DPVA.
chapitre 02
31 /
explorations
02
Le bassin de vie Bassin de vie de Draguignan © production personnelle. Source : Insee
0
L’Insee propose également un découpage territorial en bassins de vie « pour faciliter la compréhension de la structuration du territoire de la France métropolitaine ». Il est défini selon l'accès des habitant·e·s aux équipements et services de la vie courante : services aux particuliers / commerce / enseignement / santé / sports, loisirs et culture / transports.
12,5
25km
Draguignan s'inscrit dans un bassin de vie de 20 communes. Il s'étend sur le territoire du Haut-Var, où les communes, isolées, dépendent de Draguignan en termes de services et équipements. Cette définition du territoire illustre la façon dont Draguignan structure l'arrière-pays varois.
le territoire
32 /
première partie
03
L'unité urbaine Unité urbaine de Draguignan © production personnelle. Source : Insee
0
Sur un périmètre plus rapproché, l'Insee développe la notion d'unité urbaine en fonction de la continuité du bâti et du nombre d’habitant·e·s. C'est une agglomération qui peut être définie comme urbaine, multicommunale (c'est le cas ici) ou isolée. Il s'agit, dans tous les cas, d'« une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants ». En raison de sa faible densité, une commune peut ne pas être affectée à une unité urbaine.
12,5
25km
L'unité urbaine se restreint ici aux 6 communes du cœur de l'intercommunalité, celui-ci étant particulièrement urbanisé. En revanche, la place qu'occupent les espaces naturels et la couverture végétale dans les communes du Haut-Var témoigne d'une forte discontinuité qui explique la rupture avec l'unité urbaine. C'est en cela particulièrement qu'ils diffèrent et affirment l'identité propre du Haut-Var.
chapitre 02
33 /
explorations
04
L'aire d'attraction Aire d'attraction de Draguignan © production personnelle. Source : Insee
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Sur un autre modèle, l'Insee considère l'aire d'attraction comme l’étendue de l'influence d'une commune-centre sur les communes environnantes. Une aire d'attraction « est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle ». Certaines aires d'attraction peuvent avoir comme commune-centre une ville localisée à l'étranger. Les aires d'attraction sont venues remplacer l'ancien zonage en aires urbaines.
12,5
25km
Même si des actifs du Haut-Var dépendent fortement de la commune-centre de Draguignan, sa couronne se restreint à 10 communes limitrophes qui se structurent entre elles autour du pôle de Draguignan.
le territoire
34 /
première partie
05
La zone d'emploi Zone d'emploi de Draguignan © production personnelle. Source : Insee
0
Enfin, l'Insee considère une dernière catégorie territoriale : celle de la zone d’emploi. C'est « un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent ». Sont pris en compte les flux de déplacement domicile-travail des actifs (recensement de 2016).
12,5
25km
Cette carte témoigne de l'attractivité locale et du rôle de ville-centre que détient la ville de Draguignan auprès des 39 communes de sa zone d'emploi. L'extension de ce territoire vers le nord illustre la situation de la ville qui doit faire face au dynamisme et à la forte attractivité des zones d'emploi du littoral, structurées autour de Fréjus, Saint-Raphaël, Puget/Argens, Cannes..., mais qui structure une grande partie de l'arrière-pays.
chapitre 02
35 /
explorations
06
Les trois dracénies Les trois dracénies de l'intercommunalité © production personnelle. Source : Insee
1. Communauté d'Agglomération Dracénoise. Chiffres-clés, 2017.
0
Pour mieux s'organiser, l'intercommunalité se définit elle-même, de façon plus précise et plus adaptée aux réalités géo-morphologiques et culturelles, en trois dracénies.
12,5
25km
On distingue (1) : la Dracénie collinaire 63% de la population 56% des logements la Dracénie de l'Argens 28% de la population 28% des logements les Hauts de la Dracénie 9% de la population 11% des logements
le territoire
36 /
tentative n°2 : le temps et les distances comme éléments de définition
première partie
01
vers Castellane
Territoire en négatif
vers Manosque
Fayence
Déterminer la limite du territoire ''en négatif'' à partir des zones d’influence des cœurs des autres agglomérations.
Puget/Argens Fréjus Brignoles
isochrones de 15’ en voiture depuis les cœurs d'agglomération
Le Luc SainteMaxime
centre-ville de Draguignan villes-centres des territoires voisins
isochronie : 15 min en voiture depuis les centres des villes moyennes
02
Aire d'influence de Draguignan Déterminer une aire d'influence du cœur de l'agglomération dracénoise.
isochrones de 15’ en voiture depuis le centre-ville de Draguignan centre-ville de Draguignan centres des communes de l'aire d'influence
isochronie : 15 min en voiture depuis le centre-ville de Draguignan
03
Aire de vie des habitant·e·s Déterminer une aire de vie des habitants des petites communes incluses dans l’aire d’influence de la ville.
isochrones de 10’ en voiture depuis les centres des communes de l'aire d'influence centre-ville de Draguignan isochronie : 10 min en voiture depuis les centres des communes voisines
chapitre 02
centres des communes de l'aire d'influence
37 /
explorations
Territoire dracénois selon la méthode © production personnelle
0
Les trois cartes ci-contre illustrent les trois étapes de cette méthode, tandis que la carte ci-dessus conjugue les tracés pour obtenir une limite éminemment floue du pays dracénois. isochrones de 15’ en voiture depuis le centre-ville de Draguignan centre-ville de Draguignan centres des communes de l'aire d'influence zones urbanisées
12,5
25km
Si la méthode s'est avérée efficace à Vienne, elle se montre particulièrement biaisée ici, car une grande partie du territoire est recouverte de forêts non accessibles. Accepter cette définition revient donc à oublier les zones naturelles qui font pourtant le territoire. De plus, l'accès est fortement contraint par le relief (peu de routes maillent le territoire). Les communes du Haut-Var (Hauts de la Dracénie) sont rapidement exclues de cette définition, ce qui amène à questionner leur présence dans les territoires administratifs (EPCI, notamment).
le territoire
38 /
tentative n°3 : la région naturelle
première partie
le territoire dracénois
Régions naturelles du grand territoire © production personnelle
0
Elle est nécessairement imprécise, car c’est une notion multifactorielle. Elle réunit activités, usages, sentiment d’appartenance, paysages reconnaissables...
méthode :
des critères géo-morphologiques/écologiques · bassin versant de la Nartuby · plateau calcaire triasique des critères socioculturels · types de productions agricoles · modes de vie et types d'activités · traditions culinaires
12,5
25km
limites :
· les pré-Alpes au nord · le massif des Maures au sud-est · la plaine des Maures au sud-ouest · le massif de l'Esterel à l'est
expérimentation :
Nous défendions, dans l'étude commune, une vision biorégionale du territoire et une connaissance territoriale plus fine à acquérir pour les habitant·e·s. La série de représentations ci-contre est une expérimentation de l'application de cette vision à l'échelle de mon territoire d'étude.
chapitre 02
39 /
explorations
1.
éco-région
géo-région
morpho-région
plateau calcaire triasique
conifères
villages perchés
territoire des vignes
territoire des châtaigniers
territoire de la truffe noire
2.
3.
4. Définition d'une biorégion dracénoise 1. selon Kirkpatrick Sale 2. selon des critères écologiques 3. selon des critères agricoles et saisonniers 4. selon des critères culturels le printemps
la transhumance le territoire
40 /
première partie
01
La couverture végétale Carte de la couverture végétale © production personnelle. Source : BDTOPO IGN
0
Une couverture végétale importante
69% de l'agglomération sont des espaces naturels.
5
10km
Seulement 14% de la superficie est destinée à l'agriculture, et elle est majoritairement destinée à la culture des vignes.
58,3% du Var est boisé (deuxième département le plus boisé après les Landes). La superficie baisse 39,4% en région PACA et à 25,4% en France.
forêts vignes Draguignan
chapitre 02
des espaces urbains
02
Les espaces urbanisés Carte des espaces urbanisés © production personnelle. Source : BDTOPO IGN
0
5
17% d'habitat diffus 10% d'habitat dense
zones urbanisées Draguignan
le territoire
10km
41 /
explorations
42 /
première partie
chapitre 03 l la ville
Des spécificités singulières | Le travail comparatif avec Vienne et Aix-les-Bains a permis de faire émerger des différences fondamentales sur les caractéristiques de la ville. Elle est particulièrement grande en superficie : - 53,8km2 pour Draguignan - 22,7km2 pour Vienne - 12,6km2 pour Aix-les-Bains) De fait, elle se trouve être particulièrement diffuse sur une grande partie de sa superficie et ne s'étend de façon ponctuelle en hameaux (comme à Vienne). Profil-type | En revanche, cela ne l'a pas empêchée de reproduire le schéma classique de l'organisation urbaine développée dans notre étude commune : - un centre ancien très dense mais dévitalisé - des périphéries gangrenées par les zones d'activités commerciales et industrielles - de l'habitat individuel qui s'étend et artifialise chaque année toujours plus de sols
chapitre 03
43 /
explorations
parc propriétaire occupant dominant
parc locatif privé dominant
parc locatif social dominant
(70% de T1-T2)
(majorité de T3)
logements vacants
logements vacants
logements vacants
centre ancien
quartiers péricentraux
quartiers périurbains
25,6%
13,3%
Diagnostic de l’habitat à Draguignan © production personnelle. Source : bureau d’études Citémétrie
la ville
(majorité T4-T5)
7%
44 /
première partie
Vue aérienne de Draguignan © production personnelle. Source : Géoportail
chapitre 03
45 /
explorations
la ville
46 /
première partie
Lire le paysage dracénois
centre ancien
grands ensembles et pavillonaire
ville récente
zone d’activités
relief habité
habitat individuel
chapitre 03
paysages urbains centraux/péricentraux
paysages urbanisés périphériques
paysages naturels
paysages agricoles
village
infrastructures ferroviaires
vignobles
champs d'oliviers
forêts
terrains militaires
la ville
47 /
explorations
48 /
première partie
Les murmures de la cité comtale Les réseaux sociaux sont ce qu'ils sont, mais ils ont le mérite de rendre publics des propos qui sont le reflet d'une pensée commune. Voici une sélection de commentaires extraits du groupe Facebook réunissant les habitant·e·s de Draguignan. Je trouve une certaine pertinence à exposer ces bouts de phrases anecdotiques, car, nous le disions dans l'étude commune, les imaginaires se construisent aussi par la diffusion de propos qui se propagent facilement dans ces villes où ''tout le monde se connaît''.
« Mal desservie ça c'est le problème. Sinon, ville paisible entre une bourgeoisie coincée, des militaires charmants et une classe prolétaire plutôt sympathique ! »
« Pour ma part, je regrette totalement d'avoir quitté mon ancienne ville pour venir ici, à Draguignan...! » « Je suis dracénoise d'adoption et pour rien au monde je ne vivrais ailleurs. »
« Plus jeune, je râlais qu'il n'y avait rien à faire, mais je ne m'imagine pas élever ma fille ailleurs qu'ici. J'ai testé ''l'ailleurs'' et en ai apprécié certains côtés, mais je suis dracénoise et j'aime ma ville et sa région, avec ses défauts et ses grandes qualités.. »
« Draguignan, c’est le désert. Moi j’aime bien, car tu as tout à côté, plage, montagne, forêt, lac. Mais la ville en elle-même, nulle.»
« À 20 ans, j avais l impression que Draguignan était une ville morte, mais croyez moi, il y a bien pire. Je l'ai découvert en la quittant. Oui, notre Dracénie est belle.»
chapitre 03
49 /
explorations
« Draguignan ? C’est le trou du cul du monde... »
« Comme tout jeune qui naît ''dans ce trou perdu'' vivre ici c’était la loose. Alors je suis parti vivre ailleurs. Dans plein de villes où finalement je n’ai pas trouvé mieux !! »
« Si vous avez l’habitude des grandes villes, ne venez pas ici. Si vous aimez les gens qui ne roulent qu’a 40 km et une ville où il n’y a pas grand chose mais suffisamment pour vivre, vous êtes les bienvenus !! »
« Désastre ! Très mal desservie et sale. Nous venons d'être mutés de cet été 2020. Vraiment déçu .»
« Suivant ce qu'on y fait à Draguignan, on n'a pas la même vision, et pourtant il y a tellement de choses à voir et à mettre en valeur ! » « Beaucoup de magasins dans beaucoup de villes qui ressemblent démographiquement à Draguignan ferment... La faute au capitalisme. Et aussi aux achats sur le net... Il faut repenser le commerce. Ouvrir des boutiques pour lesquelles on se déplace... »
« C'est une ville de 40 000 habitants qui renaît enfin de ses cendres. »
la ville
50 /
première partie
chapitre 04 l le centre
Des spécificités singulières | Le centre-ville coche un bon
nombre de cases correspondant aux généralités émises sur les centres-villes dits ''en déclin'' des villes moyennes. Quelques données viendront le confirmer. Mais bien qu'il n'échappe pas, lui non plus, à la caricature, le centre-ville de Draguignan, et particulièrement son centre ancien, a tout de même des spécificités fortes qui lui sont propres. Il y a donc une nécessité à les cibler pour les valoriser et émettre des axes de projet en ce sens.
Analyse thématisée | Une analyse exhaustive du centre-ville n'aurait pu être possible dans les délais impartis. Ce chapitre constitue donc une analyse orientée sur des thématiques que nous portons depuis septembre : à savoir, ici, l'habitat, le commerce, les patrimoine(s) et les mobilités. Une cartographie et un inventaire des espaces publics auraient pu également être souhaitables pour compléter l'analyse et servir pour le volet aménagement urbain du projet.
chapitre 04
51 /
explorations
4059 habitants
population jeune 47% a moins de 30 ans
population seule 60% vivent seul·e·s
2e centre le + pauvre du Var 7e centre le + pauvre de PACA
niveaux de revenus inférieurs aux quartiers d’habitat social
27% de chômeurs contre 13% sur la commune
21% de non-diplômés contre 6% sur la commune
3500 logements
zone paupérisée
Diagnostic de la population dans le centre ancien © production personnelle. Source : bureau d’études Citémétrie
le centre
52 /
première partie
-90 hab/an
-130 hab/an
-90 hab/an
locatif privé 75%
locatif social 3%
déficit d'attractivité concentré sur le centre
Déficit d’attractivité sur la période 2007-2012 et diagnostic de l’habitat dans le centre © production personnelle. Source : bureau d'études Citémétrie
chapitre 04
propriétaire occupant 22%
53 /
explorations
le centre
54 /
première partie
Analyse historique
XII-XIVe siècle
XVI-XVIIe siècle
XVIIIe siècle
XIXe siècle
Cartes historiques évolutives du centre ancien © Atelier Skala / rapport de diagnostic pour l'AVAP de Draguignan
Le centre ancien s'est développé autour la butte de l'Horloge, un rocher surplombant tout le centre-ville et au sommet duquel se trouve la Tour de l'Horloge datant du XIe siècle et reconstruire maintes fois depuis. La forme urbaine circulaire qui découle de cette urbanisation médiévale a formé un tissu très dense. L'étroitesse des
ruelles s'explique en partie par la volonté originelle de préserver les rues et les façades du soleil du sud. Ces deux formes urbaines laissent très peu de places aux percées. L'usager n'est pas invité à pénétrer le centre, à rentrer à l'intérieur de la forme circulaire qui renferme pourtant le symbole historique et culturel de la ville.
chapitre 04
55 /
explorations
Vue aérienne de l’îlot de l’Horloge, 2016 © Hôtel du Parc
Vue aérienne du centre-ville de Draguignan, 2016 © Apple Inc.
le centre
56 /
première partie
Analyse thématique : habitat
Cette cartographie n'est pas exhaustive. Elle recense les immeubles entièrement vacants, mais la méthodologie de repérage étant nécessairement imprécise, il m'a été impossible de recenser les logements vacants seuls.. Un dialogue avec la collectivité pour obtenir les données nécessaires est en cours.
logements insalubres immeuble vacant Analyse cartographique de l'habitat © crédit personnel
chapitre 04
57 /
explorations
0
le centre
20
40m
58 /
première partie
Analyse thématique : habitat
À l'échelle du bâti, nous relevons : - manque d'espaces communs - façades dégradées - cages d'escaliers non-entretenues - logements mono-orientés - promiscuité importante entre les immeubles - peu de parkings privés - pas ou peu d'espaces extérieurs privatifs (les espaces extérieurs existants sont recensés dans l'atlas architectural un peu plus loin)
cage d'escalier non-entretenue
promiscuité entre immeubles
promiscuité entre immeubles
immeuble vacant
immeuble vacant
immeuble vacant
chapitre 04
59 /
explorations
accès dégradé
accès dégradé
accès dégradé
problème structurel
problème structurel
problème structurel
le centre
60 /
première partie
Analyse thématique : commerce
C'est avec une pointe de regret que je présente ce document en son état d'avancement. L'ambition de départ était de recenser, comme a pu le faire Fabrien Jourdain à Pau sur un blog accessible ici, la totalité des rez-de-chaussée vacants, déchus de leur valeur commerçante. Plusieurs sessions d'arpentage auraient été nécessaires. Je n'ai été en capacité d'en réaliser qu'une seule, autour de la partie sud du centre ancien. La méthode était la suivante : repérer chaque local vide ou rezde-chaussée sous-occupé, indiquer son enseigne, sa typologie et sa catégorie commerciale pour cibler au mieux les enjeux. Cette méthode, très chronophage, n'était donc pas adaptée au temps du PFE, mais sera poursuivie, à l'avenir, dans les mois qui viennent.
rez-de-chaussée principalement acifs anciennes rues commerçantes local commercial vacant Analyse cartographique des rez-de-chaussée © crédit personnel
chapitre 04
61 /
explorations
0
le centre
20
40m
62 /
première partie
Analyse thématique : patrimoines
AVAP secteur centre ancien AVAP secteur paysager AVAP secteur seuil MH classés ou inscrits Analyse cartographique patrimonial © crédit personnel
chapitre 04
63 /
explorations
0
le centre
20
40m
64 /
première partie
Analyse thématique : mobilités
arrêts de bus stationnement en surface parking en ouvrage ou en surface Analyse cartographique des mobilités © crédit personnel
chapitre 04
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explorations
0
le centre
20
40m
66 /
première partie
Atlas urbain et architectural 01
les espaces extérieurs privatifs
loggias contemporaines
jardin collectif
séchoir
séchoir
terrasse tropézienne
terrasse tropézienne
terrasse tropézienne
terrasse marseillaise
terrasse marseillaise
terrasse marseillaise
séchoir
chapitre 04
67 /
explorations
02
les façades
murs porteurs en moellons
ancres métalliques
rez-de-chaussée différenciés
rez-de-chaussée différenciés
alignement rigoureux des façades
façades étroites et colorées
façades étroites et colorées
façades étroites et colorées
persiennes à lames colorées
persiennes à lames colorées
persiennes à lames colorées
le centre
68 /
première partie
03
les portes
chapitre 04
explorations
69 /
04
axes de projet
espaces extérieurs privatifs
façades
portes
Trois formes d'espaces extérieurs sont dominantes (séchoir, terrasses tropéziennes et terrasses marseillaises). Le séchoir est un ancien dispositif de terrasse couverte autrefois utilisé pour sécher le linge ou les fruits, par exemple. Aujourd'hui, il peut être utilisé comme de véritables espaces à vivre qu'il faut conserver, restaurer ou ré-interpréter dans le cas de nouvelles constructions. La terrasse marseillaise permet de rajouter un étage, en retrait par rapport à la façade patrimoniale, ce qui a l'avantage d'être imperceptible depuis la rue. La terrasse tropézienne, quant à elle, permet de rajouter une terrasse en toiture lorsque celle-ci n'a pas été pensée à la construction.
L'étroitesse des façades atteste de la trame étroite et verticale des bâtiments. Sous un certain point de vue, c'est une perte d'espace, car les circulations verticales se multiplient et les logements sont par ailleurs trop exigus. Lorsqu'une construction est neuve, cette trame peut être conservée en façade et non en intérieur. Parfois, les fenêtres entre bâtiments sont alignées, ce qui laisse penser que les dalles le sont aussi. Cela facilite la connexion entre les bâtiments pour agrandir les logements ou créer des plateaux de logements entre bâtiments.
Les portes urbaines, souvent médiévales mais pas toujours, sont un élément patrimonial très présent dans le paysage du centre ancien. Ce vocabulaire architectural et urbain peut être ré-interprété à l'échelle d'un îlot de manière à insérer des percées dans les tissus denses et circulaires, tout en conservant la continuité du bâti et l'harmonisation des formes et des matières.
le centre
70 /
02 PROJECTIONS
L’architecture ne se dessine pas, elle se raconte. Paul V irilio
71 /
projections
Mise en récit des réseaux de projets | La démarche était, depuis le semestre 09, d'élaborer des projets par réseaux et non par individualité. La mise en place d'une telle démarche s'inscrit nécessairement dans un réseau existant de projets réalisés, en cours ou à venir. Cette partie a donc pour vocation de décrire chaque site déterminé pour le projet, et également de mettre en récit des projets qui ne sont pas les miens, mais qui dialoguent avec les premiers. Pour simplifier la compréhension, chaque site est indiqué par une symbole :
+
pour les projets défendus par moi-même dans le cadre de mon PFE pour les projets existants ou à venir, portés par la collectivité ou des propriétaires privés, qui servent, soit de référence, soit de contexte à la conception des nôtres
chapitre 01 l le centre chapitre 02 l la ville chapitre 03 l le territoire
72 /
deuxième partie
chapitre 01 l le centre
Vue aérienne du centre ancien © CMOIRENC
chapitre 01
73 /
projections
Plan du centre-ville de Draguignan © production personnelle
0
le centre
20
40m
74 /
deuxième partie
Diagnostic
1. fragilité socio-résidentielle
2. tissu dense et espaces publics restreints
chômeurs : 27% - 30 ans : 47% non-diplômés : 21% logements vacants : 25,6%
chômeurs : 13% - 30 ans : 32% non-diplômés : 6% logements vacants : 12%
3. rupture physique et mentale entre nord et sud
4. fuite des services et loisirs vers les périphéries
chapitre 01
Stratégie
1. requalifier les logements pour accompagner la mixité
2. créer des percées et réinvestir les espaces publics
3. reconnecter le nord et le sud par un parcours urbain
4. ré-importer les programmes de périphéries sous une forme contemporaine
le centre
75 /
projections
76 /
deuxième partie
+
îlot Courtiou L'historique : Situé entre la rue d'Observance et la rue du Courtiou, au pied de la butte de l'Horloge, l'îlot se trouve aujourd'hui dans un état particulièrement dégradé. On compte aujourd'hui 43 logements répartis dans 9 immeubles (+ 2 à l'état de ruines). Au vu de la superficie des niveaux (60/50 m2), au nombre de trois en moyenne, cela laisse à penser que certains d'entre eux ont été subdivisés et sont aujourd'hui très petits. L'îlot fait partie des îlots stratégiques de l'OPAH-RU pour le volet Renouvellement Urbain. Deux d'entre eux (mitoyens) sont considérés en péril imminent, quatre en péril ordinaire (ce qui permet la réhabilitation) et un dernier en suspicion d'insalubrité. Le projet : L'enjeu est ici de se servir de l'espace généré par la démolition des deux immeubles mitoyens en péril imminent pour apporter de la qualité spatiale aux autres mitoyens. Le projet s'accompagne d'un espace collectif créé dans les ruines et d'une percée créée en rez-de-chaussée qui mène sur un nouvel espace public.
superficie l 2500 m2 fonction originelle l habitat fonction actuelle l habitat programme du projet l habitat et aménagement urbain
chapitre 01
77 /
projections
références · Lichtstrasse de HHF Architects, à Bâlee · Karus de ADVVT, à Gand · Réhabi(li)ter, O. Namias · Habiter les ruines, O. Darmon le centre
78 /
deuxième partie
22-29, rue de l'Observance L'historique : L'ensemble des bâtiments se situent rue
de l'Observance, en plein cœur de du centre ancien, le long d'un de ces axes structurants. Ce secteur est particulièrement fragile (à proximité de l'îlot Courtiou) en ce qui concerne l'habitat insalubre. Cet ensemble d'immeubles s'est, par ailleurs, partiellement effondré en 2011. Suite à cet événement, la municipalité s'est doté de l'outil RHI (Résorption de l'Habitat Insalubre), qui a mené à la démolition complète des bâtiments en 2016, puis à leur reconstruction en 2020 par la SAIEM de construction.
Le projet : L'ensemble comporte aujourd'hui 13 logements
sociaux. Le logement social ne représentant que 3% du parc en centre ancien, cette opération contribue à l'équilibrage de l'offre de logements et participe de façon harmonieuse à la cohérence architecturale tout en apportant un confort supplémentaire (loggias en façade arrière, terrasses privatives en toiture, parkings en rez-de-chaussée). Le projet sert ici de référence pour l'îlot Courtiou.
superficie l 900 m2 fonction originelle l habitat fonction actuelle l habitat social état du projet l livré
chapitre 01
79 /
projections
évolution des immeubles rue de l’Observance à Draguignan entre 2008 et 2020, avant et après les effondrements © Google Maps et crédit personnel
Éléments à retenir pour l'îlot Courtiou : · les pierres portant les arches des entrées sur la façade patrimoniale sont issues de la déconstruction des anciens bâtiments · les toitures offrent des terrasses en retrait aux logements des derniers étages · l'accès peut se faire par l'avant et par l'arrière des immeubles · les loggias en façade arrière ont été acceptées par l'ABF dans le secteur des abords de MH · la trame urbaine étroite et verticale a été respectée en façade, mais les bâtiments sont en réalité reliés entre eux, avec des plateaux sur les mêmes niveaux, pour offrir des logements plus grands le centre
80 /
deuxième partie
+
cinéma L'historique : D'inspiration Art Nouveau, le bâtiment a longtemps accueilli le cinéma principal de la ville. L'Eldorado offrait 442 fauteuils aux spectateurs et, même s'il était doublé par son annexe à quelques rues d'ici, sa capacité s'est montrée insuffisante ces dernières années. L'exploitant (CGR) a ainsi déclaré sa fermeture le 31 mars 2015, suite à la construction d'un multiplexe de 1253 places à la sortie de la ville. La tentative de sauvetage d'un collectif voulant y diffuser des films d'auteur aura échoué... Le projet : Bénéficiant d'un emplacement privilégié en
centre-ville, place René Cassin, à quelques pas du parking principal et des bars les plus fréquentés, le lieu se prête à un programme ouvert au public, alliant activités et convivialité. Il se prêtait, par ailleurs, très bien à sa fonction de cinéma de centre-ville. La superficie laisse la porte ouverte aux expérimentations. Nous pourrons y voir espaces de travail et espaces de rencontre, représentations artistiques le matin et conseils de quartier l'après-midi, etc.
superficie l 800 m2 fonction originelle l cinéma fonction actuelle l vacant programme du projet l tiers-lieu et relais bibliothèque
chapitre 01
81 /
projections
Façade de l'ancien cinéma Eldorado © production personnelle
Axonométrie de l'ancien cinéma Eldorado © production personnelle
le centre
82 /
deuxième partie
aux pieds du rocher + superficie l 200 m2 fonction originelle l parking ''sauvage'' type de projet l aménagement urbain programme du projet l espace de rencontre
hameau Saint-François superficie l ? m2 fonction originelle l terrain privé fonction actuelle l habitat état du projet l livré
Couvent des Capucins superficie l ? m2 fonction originelle l couvent fonction actuelle l habitat état du projet l livré
chapitre 01
83 /
projections
Boulevard Clémenceau superficie l ? m2 fonction l boulevard structurant type de projet l aménagement urbain état du projet l livré
Rue de Trans superficie l ? m2 fonction l rue historique type de projet l aménagement urbain et revitalisation commerciale
état du projet l en cours
ravalement des façades superficie l ? m2 fonction l façades historiques type de projet l ravalement des linéaires de façades et carte blanche artistique sur certaines d'entre elles
état du projet l en cours
le centre
84 /
deuxième partie
place du Marché superficie l 1400 m2 fonction l espace public type de projet l aménagement urbain état du projet l livré
Musée des Beaux-Arts superficie l 3500 m2 fonction originelle l bibliothèque municipale fonction actuelle l musée état du projet l en cours
place du Musée des Beaux-Arts superficie l 500 m2 fonction originelle l espace public type de projet l aménagement urbain état du projet l en cours
chapitre 01
85 /
projections
le centre
86 /
deuxième partie
chapitre 02 l la ville
Vue sur la ville de Draguignan en 1955 © DR
chapitre 02
87 /
projections
centre-ville
3 ZAC Chabran
4
2 1 ZA SaintHermentaire
5
Carte de la ville et des sites stratégiques © production personnelle
0
la ville
200
400m
88 /
deuxième partie
+
1. la ferme Valentini L'historique : Juste derrière la chapelle Saint-Hermentaire se dresse ce que certain·e·s appellent la Ferme Valentini, qui était pourtant une magnanerie (lieu d'exploitation sériciculture et l'élevage de vers à soie) avant toute autre chose. Elle a ensuite été propriété de la famille Valentini qui l'a utilisé comme corps de ferme. Elle appartient aujourd'hui aux enfants de la famille localisés à Nice, qui n'y envisage aucun projet. Le lieu est aujourd'hui vacant et la structure en train de se dégrader. Le terrain sur lequel se trouve la bâtisse est un cadre privilégié, à deux pas de la friche de l'ancienne prison (voir projet suivant), entre une prairie et un champ d'olivier et au sommet d'un relief qui offre une vue sur le paysage dracénois. Le projet : Inspiré de La Convention à Auch (voir entretien avec
Manu) – qui partage un certain nombre de similitudes avec le lieu–, le projet proposé ici s'ouvre sur un programme de coopérative d'habitat dans le bâti et de lieu de maraîchage pour la coopérative agricole locale.
superficie l 800 m2 fonction originelle l magnanerie fonction actuelle l vacant programme du projet l coopérative d'habitat et projet agricole
chapitre 02
89 /
projections
références · La Convention, à Auch · le pôle pédagogique agricole de Mouans-Sartoux
Axonométrie habitée de l'ancienne Ferme Valentini © production personnelle
la ville
90 /
deuxième partie
+
2. friche de l'ancienne prison L'historique : 15 juin 2010. Cette date résonne comme une
tragédie qui a marqué profondément les habitant·e·s. Des inondations meurtrières ont détruit une partie du territoire et les paysages dracéniens en portent d'ailleurs encore quelques stigmates. À quelques minutes du centre-ville se situait l'ancienne maison d'arrêt de Draguignan. Celle-ci, située sur un terrain aujourd'hui qualifié d'inondable, s'est retrouvée submergée, puis a rapidement été mise hors d'usage et entièrement démolie suite aux évènements. Depuis, le terrain reste en friche. Seuls les quelques moutons en transhumance y passent du bon temps quelques jours par an.
Le projet : Un tel site, à quelques pas du centre, offre tout de même des perspectives. Il y a, malgré toutes les contraintes, quelques possibilités de valorisation d'une telle zone inondable. De la création d'une véritable zone humide à l'aménagement d'un parc urbain paysager, les propositions répondent, en filigrane, à un besoin des habitant·e·s.
superficie l 52 000 m2 fonction originelle l prison fonction actuelle l friche programme du projet l parc et espace public
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projections
Vue aérienne de l'ancienne prison, 2001 © Roland Gal. Source : Corse-Matin
Moutons en transhumance sur le site © crédit personnel
Terrain actuel en friche © crédit personnel
Terrain actuel en friche © crédit personnel
Projet d'aménagement du site © production personnelle
la ville
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3. ancienne école normale d'institutrices L'historique : D'abord connue comme l'École Normale d'Institutrices, cette bâtisse datant des années 1860 a ensuite servi de Maison de la Santé dans les années 50/60. « C'est là où on allait se faire vacciner », disent-ils. Longtemps propriété du département, le bâtiment a été racheté par le groupe Pizzorno en 2011 pour y implanter son siège ; un projet qui n'aura jamais vu le jour et qui a pourtant supplanté la municipalité qui souhaitait y installer la mairie, dans des locaux plus grands. Mars 2020 : hôtel, logements de haut standing, pôle universitaire... Les propositions vont bon train à quelques jours des élections municipales. Depuis, l'endroit fait parler les dracénois qui s'exaspèrent de voir le bâtiment se dégrader... Le projet : Endroit stratégique, entre le centre-ville et le nouveau quartier Chabran, adossé à un groupe scolaire et à deux pas du lycée, nous retiendrons le pôle universitaire comme programme privilégié.
superficie l 2500 m2 fonction originelle l École Normale d'Institutrices fonction actuelle l vacant programme du projet l pôle universitaire
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projections
Photo d'archive de l'École Normale d'Institutrices © DR
Lors de notre entretien avec Bruno, membre de l'équipe d'opposition ayant proposé le programme du pôle universitaire, nous apprendrons que le projet contenait une part de formations en oenologie et une part de formations dans le domaine du développement durable, en hommage au défunt propriétaire et fondateur du groupe éponyme Pizzorno Environnement.
Sur un site argileux, le projet s'accompagne d'un aménagement du jardin en parc ouvert au public. C'est un endroit stratégique, car les espaces verts manquent dans le quartier, le site est voisin d'un groupe scolaire et se trouve à deux pas du lycée Jean Moulin. Dans notre parcours de projets, il constitue un maillon du réseau de parcs (Chabran, jardin Anglès et Saint-Hermentaire)
Axonométrie de l'ancien ENI © production personnelle
la ville
programmes proposés lors des entretiens Laura : hôtel et restaurant Odile : logements Jean-Marc : mairie Bruno : pôle universitaire Marine : pôle universitaire Véronique : équipement public (étudiant ou mairie)
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4. La Trouée Verte superficie l ? m2 fonction originelle l ancienne voie ferrée type de projet l piste cyclable intercommunale état du projet l en cours
5. projet Kaïros superficie l 450 m2 fonction originelle l mas fonction actuelle l coopérative d'habitat état du projet l en cours
chapitre 02
projections
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Diagnostic 1. pas d’échanges entre la Z.A. Saint-Hermentaire et la ZAC Chabran
2. étalement urbain exponentiel
Stratégie 1. articuler les quartiers autour d’un réseau de parc
2. ré-investir les lieux avec des programmes expérimentaux
la ville
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chapitre 03 l le territoire
Le paysage comme axe de projet | L'ambition territoriale
que je souhaitais à mon projet a difficilement trouvé sa place. J'ai d'abord tenté d'exporter des typologies d'actions développées sur le territoire viennois : un réseau de petites interventions s'inscrivant à la fois dans le paysage et la culture locale (voir les suggestions de cabanons en page suivante). Néanmoins, je me suis rapidement retrouvée face à un propos en forte contradiction avec l'hypothèse que je soutenais, défendant l'idée qu'il me fallait intervenir sur le centre, en tirant les qualités des périphéries. À quoi bon développer des petits projets paysagers en périphérie, si le projet se situe littéralement dans le centre urbain ?
Une revue d'éléments paysagers à importer | La valeur territoriale de mon PFE ne tient donc plus dans un projet architectural à proprement dit, mais plutôt dans la compréhension de la qualité paysagère dont disposent les périphéries et qu'adulent les habitant·e·s qui fuient le centre. Il nous faut cibler les qualités de ces éléments pour importer, d'une certaine manière, une nature convoitée dans le cœur urbain et en faire un levier d'action au service du projet.
chapitre 03
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projections
Cartographie du territoire et localisation des sites paysagers © production personnelle
0
le territoire
1
2km
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bords de Nartuby commune l Rebouillon
Bargemon, Provence-Alpes-Côte d'Azur
aire de retenue d'eau commune l Bargemon
hauts du Malmont
Date de l'image : juin 2013
Google Street View
commune l Draguignan
La Vigne à Vélo communes l multiples
chapitre 03
© 2021 Google
plaine de Rebouillon commune l Châteaudouble
vue sur les collines commune l Draguignan
Butte aux Herbes commune l Draguignan paysage urbain
traverse de l'Observance communes l Draguignan paysage urbain
le territoire
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projections
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cabanons communes l multiples
cabanon de la Nartuby
cabanon des vignes
cabanon en bord de route chapitre 03
projections
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Diagnostic 1. relations déséquilibrées entre
2. rééquilibrer les relations
les micro-régions
entre les micro-régions
Stratégie 1. absence de lien territorial
2. valoriser et mettre en réseau les
identitaire
communs territoriaux
le territoire
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conclusion
CONCLUSION
Draguignan et moi nous quittons bons amis. [...] Ce n'est pas la Provence que j'attendais. Mais désormais, c'est celle que je connais le mieux. Vincent N oyoux
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conclusion
Ouvertures sur le projet
Une amorce du projet | Le contexte étant posé, ce document
se présente comme une amorce pour faciliter la compréhension de nos projets qui seront présentés lors de notre soutenance. J'espère sincèrement qu'il aura suffisamment permis au lecteur ou la lectrice de comprendre les enjeux de cette ville qui me tient tant à cœur, et de se construire une image qui se rapproche le plus de celle que je défends : un territoire chargé de ressources en latence qui ne demandent qu'à être révélées et appréciées de ses habitants. Il y a donc bien une valeur imaginaire à cette maladie que l'on nomme peut-être trop facilement ''déclin''.
Suites prévisionnelles | Je considère ce travail comme un barreau de plus à l'échelle que je tente de construire, et non comme un objet fini. Le travail conséquent qu'a nécessité l'élaboration de notre étude commune a empiété sur le temps que nous aurions dû consacrer à l'application par le projet et à la conception de ce dernier. S'il y a bien une part de frustration, ce n'est que partie remise, car la suite professionnelle que j'envisage à travers un parcours doctoral construira le barreau suivant de cette échelle.
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conclusion
Méthode de projet
Thématique d’entrée du projet ->
LOGEMENT VACANT
HABITAT mise en projet du mémoire
RÉHABI(LI)TATION DE L’HABITAT ANCIEN
Objectif du projet mise en valeur de l’habitat ancien pour lutter contre le phénomène des logements vacants dans les centres de villes moyennes
Des lieux de projets et des enjeux à différentes échelles - développer la connaissance du territoire et les entretiens en proposant des parcours diversifiés en répondant aux attentes des différents profils d’usagers en fonction de leur lieu de vie · centre-ville : centre ancien et seuil · ville : quartiers péri-centraux et quartiers péri-urbains · territoire : centre-village et arrière-pays - répérer des lieux vides et stratégiques
Le patrimoine ordinaire comme levier d’actions - favoriser l’exstant et s’inscrire dans une démarche respectueuse du patrimoine ordinaire - lister les formes architecturales existantes
Outils de projet - réinterpréter le patrimoine en offrant une réponse aux exigences de confort contemporain - exploiter l’opportunité d’un projet pour le faire rayonner de façon forte et faire communiquer les bâtiments entre eux de façon à aggrandir les logements existants et regrouper les circulations intérieures offrir des espaces extérieurs à un maximum de logements tout en respectant les contraintes patrimoniales - rendre le déplacement piéton convivial et lutter contre les distances mentales et le rapport à la voiture en mettant en valeur des distances réelles (signalétiques, cartes mentales, etc.à
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement Julie Cattant pour son suivi et ses précieux conseils qui ont su parfois nous bousculer. Je souhaite également remercier les autres enseignants de l'atelier AMTh1, William Hayet, Rovy Pessoa, Alain Paris, Stéphane Barriquand et Benoît Crepet pour leurs regards croisés. Merci au lecteur ou à la lectrice d'avoir pris le temps d'écumer ces nombreuses pages qui sont le récit d'une longue odyssée qui, je l'espère, vous aura intéressé autant que nous. Je tiens également à adresser un mot à Juliette Duday et Vincent Manzini-Fahndrich, chers partenaires de travail, sans qui tout cela n'aurait probablement jamais vu le jour. Cette rencontre fût riche, bien qu'impromptue, et nous avons su surmonter cette belle épreuve que représente le Projet de Fin d'Études, au travers quelques détours et déconvenues. Et surtout, merci aux dracénoises et dracénois, dracéniennes et dracéniens, qui font la ville et le territoire. Je n'ai pas dit mon dernier mot, je serai bientôt de retour pour poursuivre les échanges déjà engagés avec vous, comprendre ce qui ne va pas, valoriser ce qui va bien et participer à la construction d'une image qui soit le reflet de ce que la Dracénie peut nous offrir.