PFE - les malades imaginaires | étude commune

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les malades imaginaires étude commune

ÉTUD. DANTCIKIAN R. / DUDAY J. / MANZINI-FAHNDRICH V. UNIT UE101B - PROJET 10 PFE

PROJ

DE.PFE DE.MEM

CATTANT J. D’EMILIO L.

MARCH ARCH

DEM AMTH S10 20-21 15-16

© ENSAL



les malades imaginaires

étude commune

projet de fin d’études sous la direction de Julie CATTANT

Romane DANTCIKIAN Juliette DUDAY Vincent MANZINI-FAHNDRICH

École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon 2020-2021



remerciements

Nous souhaitons remercier notre directrice d’étude, Julie CATTANT pour son esprit de synthèse et les axes de travail sur lesquels elle nous a guidé tout en nous laissant une grande liberté. Par la même nous remercions à nouveau Luna D’EMILIO et Christian MARCOT qui ont répondu présents lorsque nous avons eu besoin de remobiliser nos travaux de mémoire. Nous remercions les autres enseignants de l’atelier AMTh1, William HAYET, Benoît CREPET, Stéphane BARRIQUAND, Rovy PESSOA et Alain PARIS pour leur encadrement ponctuel et leurs regards neufs sur notre travail. De loin, nous remercions les habitants, Viennois, Dracénois et Aixois qui ont fait don de leur temps et de leur témoignage pour contribuer à notre étude. Enfin, du plus près possible, nous remercions les étudiants de l’atelier pour cette longue odyssée traversée à nos côtés, où nous nous sommes efforcés de garder contact et bonne humeur malgré un contexte dégradé. Bon vent !


résumé

Dans l’ombre des métropoles et leur image d’Épinal, quelque chose nous dit qu’une assemblée de villes commence à hausser le ton face au mépris qu’elles ont du affronter ces 40 dernières années. Ces villes que l’on qualifient de ''moyennes'' ont pourtant tout pour plaire à l’heure où la qualité de vie redevient (enfin) une priorité, où l’urbain-généralisé n’est qu’une fuite en avant vers le grand malheur anthropocénique du XXIe siècle et où le besoin de convivialité se fait sentir de toute part. Mais notre imaginaire a si longtemps été colonisé par le modèle métropolitain, son essence néo-libérale et ses promesses de liberté, de mouvement et de culture en tous genres, que nous avions fini par croire qu’elles n’avaient pas d’avenir. Tâchons désormais de démontrer le contraire : elles ne sont pas intrinsèquement malades et le projet spatial peut servir de placebo. Pour cela, il nous faut apprendre à ré-habiter leurs territoires et leurs centres anciens dits en déclin. Dans cette étude commune, les villes de Vienne, Draguignan et Aix-les-Bains se sont placées comme trois cas d’étude privilégiés. Projets architecturaux, urbains et territoriaux s’y sont mêlés pour donner le la à de nouvelles dynamiques, pour changer les regards portés à leur égard et inverser les approches nostalgiques de projet qui ne garantissent rien d'innovant.


abstract

In the shadow of the metropolises, something tells us that a group of towns is beginning to raise its voice to face the contempt it has had to face over the past 40 years. These towns which we call ''medium-sized towns'' (villes moyennes), have everything to please at a time when quality of life is (finally) becoming a priority again, when the generalized urbanization is nothing but a headlong rush towards the great anthropocenic misfortune of the 21st century, and when the need for conviviality is being felt everywhere. But our imagination has been so long colonized by the metropolitan model, its neo-liberal essence and its promises of freedom, movement and culture of all kinds, that we had come to believe that they had no future. Let us now try to demonstrate the opposite : they are not intrinsically sick and the spatial project may take place as a placebo. To do this, we must learn to re-inhabit their territories and their declining downtown. In this study, the cities of Vienne, Draguignan and Aix-les-Bians have been placed as a privileged case studies. Architectural, urban and territorial projects have been conceived to give a boost to new dynamics, to change the nostalgic views we've all constructed about them and reverse the nostalgic mode of operation.


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préface

À l’attention du lecteur ou de la lectrice, ce document est le premier d’une étude menée à six mains. Nous sommes Vincent MANZINI-FAHNDRICH, Romane DANTCIKIAN et Juliette DUDAY, trois étudiant·e·s en Master 2 de l’atelier de projet Architecture, Métropoles, Territoires Habités 1 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon. Nous avons travaillé collectivement et individuellement à l’élaboration de ce Projet de Fin d’Études, pensé comme une étude hybride entre recherche et projet, défendant l’idée qu’un projet peut - ou doit - être à l’origine de recherches et que la recherche peut se faire par le projet. Nous avons été regroupé·e·s et porté·e·s par la question des villes moyennes alors que nos intérêts individuels nous avaient amené·e·s à travailler sur les cas disctincts de Vienne (Isère), Draguignan (Var) et Aix-les-Bains (Savoie).

1. Vous trouverez à la suite de cette étude commune (1) nos travaux individuels dont nous vous proposons un ordre de lecture privilégié. 2. Vincent a développé un propos sur le commerce en l’objet de son mémoire d’initiation à la recherche (2.1) qui apporte un éclairage particulier à cette thématique de projet. Il introduit son travail individuel énoncé dans sa Chronique viennoise (2.2). 3. Romane a développé un propos sur l'habitat et le logement vacant comme ressource en latence dans nos centres-villes dans son mémoire d’initiation à la recherche (3.1). Elle développe cette thématique en particulier dans son PFE (Chronique dracénoise) (3.2). Elle prétend à la mention recherche par la mise en résonance des dix étapes constitutives de son parcours (Construction d’un parcours de recherche) (3.3). 4. Juliette a développé tout au long de l’année son mémoire d’initiation à la recherche, qu’elle soutiendra à l’occasion de son PFE, traitant de la ville thermale d’Aix-les-bains du XIXe siècle devenue ville moyenne d’aujourd’hui (4.1). Son mémoire fera donc l’objet d’un temps et d’une évaluation particulière lors de la soutenance du 29 juin 2021. Son propos introduira son PFE (Chronique aixoise) (4.2) et s’achèvera avec la présentation de son parcours pour prétendre à la Mention Recherche (Construction d’un parcours) (4.3). Maintenant, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture, en espérant vous transporter dans ces ''malades imaginaires''…


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2.1 (déjà évalué)

2.2

3.1 (déjà évalué)

3.2

3.3

4.1

4.2

4.3


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SOMMAIRE

introduction | 12 chapitre 01 l contexte | 14 chapitre 02 l problématiques et méthodes communes | 20

partie 01 | cadrer | 28 chapitre 01 l définitions | 30 chapitre 02 l historique | 40

partie 02 l comprendre | 48 chapitre 01 l constats et tendances structurelles | 50 chapitre 02 l dynamiques et influences territoriales | 76


11 /

partie 03 l ré-orienter | 104 chapitre 01 l une nouvelle approche du territoire | 106 chapitre 02 l une nouvelle approche du centre-ville | 122

partie 04 l atlas | 148 répertoire d'actions | 85

conclusions | 158

bibliographie | 168


INTRODUCTION

L’idée de métamorphose est plus riche que l’idée de révolution. Edgar M orin


chapitre 01 l contexte chapitre 02 l problématiques et méthodes communes


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introduction

chapitre 01 l contexte

Placer l'étude dans un contexte global | Notre travail s'articule autour d'une volonté de forger un corpus d’étude commun sur les villes moyennes. C’est autour de cet objet non-identifié que s’est formé notre groupe. Nous voulions comprendre les aspects théoriques de ces ''villes moyennes'', qui nous ont vu, tous trois, grandir. Le contexte de l’atelier AMTh1 nous a poussé à développer un travail que nous n’avions pas imaginé en tant qu’étudiant·e·s en architecture visant diplômation. En résulte une étude hybride, entre recherche et projet, qui a exacerbé notre esprit critique. Le projet quant à lui arrive en application et en expérimentation servant le propos. Centrer l'étude sur Vienne, puis Aix-les-Bains et Draguignan |

Après avoir exploré Vienne, nous nous sommes tournés vers nos deux autres villes. Malades imaginaires ou belles endormies ? C’est probablement la tendresse et l’attachement que l’on apporte à nos villes qui nous orienteraient vers la seconde option. Tâchons néanmoins de rester objectifs et de montrer, dans cette étude commune, qu'il existe une réalité qui fait d'elles des malades imaginaires, pleines de potentiels.


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introduction

Contexte de l'étude

1. Crises sociale, environnementale, démocratique, sanitaire, économique... 2. Paquot Thierry. Mesure et démesure des villes. Paris : CNRS Éditions. 2020, 320 p. 3. Haëntjens Jean. La Ville frugale. Paris : FYP Éditions. 2011, 142 p. 4. Choay Françoise. Pour une anthropologie de l’espace. Coll. La couleur des idées. Paris : Seuil. 2006, 418 p.

Dans un tel contexte de crises systémiques (1), qui est celui dans lequel nous évoluons aujourd'hui, nous prenons le parti de dire que le lieu de vie peut être, à la fois, une cause ou une solution à tout cela, au niveau des populations. Certain·e·s diront que c'est une question d'échelle (2), d'autres que c'est une question d'organisation structurelle de la transition (3) ou bien une compétence spatiale qui relève de l'anthropologie (4). En tant qu'étudiant·e·s en architecture, il nous advient de questionner ce lieu de vie, les modes de vie qui y sont exercés et nos rapports à ces territoires. Mais à l'heure où les métropoles – qui ont, quatre années durant, été au centre de notre attention – montrent des signes de faiblesse, n'est-il pas temps d'explorer les nombreuses autres échelles qui composent et décomposent le(s) territoire(s) ? Nous choisissons ici d'explorer celle des villes dites ''moyennes''. Il semble important, avant toute chose, de placer notre étude dans un contexte plus large. Longtemps niées, ces villes reviennent, depuis quelques années, sur le devant de

la scène des politiques publiques. Le cadre de vie plus qualitatif que celui des grandes villes, les prix exorbitants qui s'exercent dans ces dernières ou encore les ressources patrimoniales attractives encouragent ces prises de position ; même si ces changements ne se lisent pas clairement en termes démographiques. Néanmoins, durant leur longue période de déclin, un certain nombre de ces villes ont subit les conséquences de cette désertion démographique, économique et politique. On peut en lire, aujourd'hui, les conséquences socio-spatiales : les rideaux baissés des locaux commerciaux, les volets fermés des logements en centre-ville, le taux de chômage qui ne cesse d'augmenter, les périphéries qui ne cessent de se bétonner, etc. Dans une vision prospective, ce sont donc des villes qui ne peuvent pas faire l’économie d’une réflexion profonde. Notre étude s'inscrit dans ce contexte et tente de contribuer modestement à la capitalisation des connaissances et des solutions en faveur de ce que l'on appelle communément leur ''revitalisation''.


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introduction

Mise en œuvre de l'étude Un semestre-clé Ce travail est avant tout un parcours collectif, entre Juliette DUDAY, Vincent MANZINI-FAHNDRICH et Romane DANTCIKIAN, entamé en octobre 2020, lors du semestre 09 de master 2 en atelier de projet AMTh1à l'ENSA de Lyon. Le cadre de cet atelier qui se veut volontairement hybride entre recherche et projet, nous a permis de mener une étude plus importante que si nous avions été dans un autre atelier. Sa spécificité nous a conduit à developper une forme de projet autre, que nous n'avions pas imaginé en tant que prétendants au diplôme. Il ne nous a peut être pas permis de nous avancer sur un projet architectural défini et détaillé mais a résolument ouvert nos regards et fait prendre position à des échelles variées et avec un périmètre de travail ne se limitant pas à un site précis.

Le semestre de cet atelier a été ponctué par un certain nombre de livrables. Il nous fallait alors trouver des terrains d'entente croisant à la fois des questions propres à chacun·e de nous et les approches répondant aux attentes de l'atelier. Avant d'être frontalement lié à la question des villes moyennes, notre travail s'est d'abord porté sur la question des centres anciens dévitalisés, dévalorisés et de leurs potentiels en latence. Cadre géographique de l'étude La première question fût alors inévitablement : « on choisit quoi comme site ? ». Nous avons d'abord fait le pari de tirer profit de l'exercice pour entamer une démarche expérimentale. Celle-ci consisterait à imaginer quelles transformations seraient possibles sur un site qui partage des thématiques com-

Vue aérienne du centre de Saint-Fons © DR / source : GrandLyon

1. C'est, par exemple, ce que fait la plateforme francophone des agglomérations avec ses colloques annuels sur les villes moyennes.


2. Pour déconstruire cette catégorie unique des ''villes moyennes'', nous avons listé une certain nombre de profils de villes qui partagent les mêmes enjeux et problématiques (voir page 32-34)

munes à notre sujet, mais qui bénéficie des moyens humains, techniques et financiers des territoires métropolisés. La question serait alors : qu’est-t-il possible de faire avec des moyens ? Cette démarche fait écho aux recommandations des spécialistes (1) qui préconisent les mises en réseau entre les villes qui partagent les mêmes problématiques ; l’objectif étant de tirer parti des expériences de chacune. Nous avons donc choisi la ville de Saint-Fons, en périphérie de Lyon car elle semblait concernée par ces questions. De plus, elle s’inscrit dans le territoire métropolitain de Lyon et peut ainsi bénéficier des moyens de la Métropole pour y répondre. L'objectif était donc de faire du centre-ancien de Saint-Fons un territoire-ressource pour notre étude. Après quelques expérimentations, nous avons néanmoins constaté que les enjeux étaient bien trop différents de ceux des villes moyennes pour en faire un véritable ''territoire-ressource''. Certains projets moteurs

Vue aérienne du centre de Vienne © Actuadrone / source : Facebook

impulsant de nouvelles dynamiques sont d'une ampleur telle qu'ils ne peuvent être appliqués hors des métropoles (ligne de transport lourd comme le tramway, le train ou le périphérique, réseaux de grand parcs urbains, etc.). Notre hypothèse s'est donc vue réfutée. Le choix de Vienne Rapidement s'est effectué un décentrement vers une ville plus en cohérence avec nos ambitions – et pourquoi pas une ville que l'on connaît bien ? Étant tous·tes trois attaché·e·s à nos villes d’origine (Vienne, Aix-les-Bains et Draguignan), la question s’est alors posée de choisir quelle serait celle qui ferait l’objet du projet. Ayant précédemment relevé que certaines dynamiques territoriales, comme la métropolisation, faisant partie des causes du déclin des villes moyennes et de leur centre, nous trouvions intéressant de nous rapprocher d'un profil de ville qui se retrouve progressivement intégrée aux systèmes métropolitains (2).

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introduction


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introduction Le choix s’est ainsi porté sur la ville de Vienne (Isère) qui illustre les influences qu’elle subit parfois de la part de la Métropole de Lyon, et qu’elle cherche, dans le même temps, à conforter. Nous avons cherché à comprendre comment le phénomène de métropolisation est à la fois un facteur aggravant de la situation préoccupante de certaines villes moyennes et un élément de développement pour ces villes parfois en déprise. De plus, en tant que commune-centre elle entretient des relations avec les autres communes de son agglomération et apporte de la matière au propos qui questionne le rôle de ''centralité''. Élargir le périmètre Pour finir, nous avons finalement souhaité ouvrir l'étude à d'autres profils de villes pour complexifier le propos. Ce fût également une opportunité pour satisfaire, dans le même temps, le besoin que nous ressentions à travailler sur nos territoires propres : Vincent étant resté sur Vienne, Juliette et Romane étant parties sur Aix-lesBains (Savoie) et Draguignan (Var) (1). Ce document sert de base théorique à notre étude commune et compile toutes les connaissances accumulées ces huit derniers mois.

En parallèle, chacun·e de nous s'est attaché·e à appliquer, par le projet, ce socle théorique à son territoire, sous la forme de chroniques élaborées parallèlement. C'est donc dans le contexte du Projet de Fin d'Études que ce parcours collectif trouve logiquement sa suite. Le triptyque de Paul Virilio Sans le savoir, nous avons mis en œuvre le triptyque défendu par Paul Virilio, urbaniste, essayiste et ancien professeur et directeur de l'École Spéciale d'Architecture. Selon lui (2), lors de l'élaboration du projet par l'étudiant·e, il est bon de retrouver les trois phases suivantes : - un mauvais projet - un second que l'étudiant·e qualifie de bon projet - un dernier qui reprend et complexifie les deux autres. En effet : - le premier est pour nous celui entamé sur la ville de Saint-Fons - le second celui développé sur la ville de Vienne - le dernier celui que le lecteur ou la lectrice tient entre ses mains, qui regroupe des méthodes et connaissances développées dans le premier et le second.

Avis au lecteur ou à la lectrice : Ce document, qui constitue notre étude commune, ne comporte pas d'éléments relatifs aux projets individuels constituant nos Projet de Fin d'Études. Néanmoins, nous nous avons ré-exploité les connaissances appliquées au territoire viennois lors du semestre 09. Ces éléments, présents dans des encarts aux côtés des énoncés théoriques, sont visuellement différents et symbolisés par ce sigle :

1. Des propos détaillés sur les spécifiques et les profils de chacune d'elles se trouvent en aval de ces pages. 2. Paquot Thierry. « Paul Virilio (1932-2018). Lanceur d’alertes ». Revue Hermès, n°84, 2019/2, pp. 239-247.


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introduction

Vienne

Aix-les-Bains

Draguignan

Carte indiquant la situation d'Aix-les-Bains, Draguignan et Vienne parmi les 222 villes moyennes choisies par le programme Action Cœur Ville © production personnelle


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introduction

chapitre 02 l problématiques et méthodes communes

Des enjeux communs | Le déclin des coeurs de ville est une

généralité qui se traduit de manière la plus évidente par les vacances résidentielle et commerciale. Nous avons alors cherché à savoir si ce constat plus complexe que cela, était bien identifié dans les villes étudiées, s’il pouvait être nuancé, dans quelle mesure, et être réellement généralisé. À grande échelle, notre travail compte participer au bouleversement de l'imaginaire de la ville moyenne dépréciée et contribuer à la ré-appréciation des centres anciens par un dialogue avec le territoire, car nous le verrons, une ville ne se comprend pas uniquement par son centre mais dans la complexité de ses échelles de territoire.

Développer des outils communs | Cette étude commune vise à comparer nos territoires, a développer des outils communs pour les comprendre et les analyser, pour les appliquer à nos cas d’étude. Notre volonté est aussi de s’affranchir des définitions habituelles des territoires et des données brutes qui ont tendance à gommer des réalités de terrain. Des enjeux spécifiques | Nos études dégagerons des spécifi-

cités propres aux sites qui viendront alimenter une classification des villes moyennes. Ces enjeux spécifiques seront entre autres, le support de développement de nos projets individuels.


Problématisation itérative

1. Les thématiques d'approfondissement (dont nous nous sommes faits spécialistes dans nos mémoires) et complémentaires sont détaillées en page 24.

Le centre comme point d'entrée Comme évoqué en amont, le constat de la dévitalisation des cœurs de ville, et plus précisément des centres anciens, a été la base de nos questionnements. · Théoriquement, cela se traduisait de la façon suivante : - quelle en est précisément la cause ? - la situation est-elle homogène dans tous les centres des villes moyennes ? - les projets déjà mis en œuvre dans certaines villes apportent-ils des réponses suffisantes ? · En termes de projet, cela se traduisait avec les questions suivantes : - quels programmes peuvent ou ne peuvent plus apporter une réponse adaptée à la situation de chaque centre ? - comment démontrer que la réponse spatiale peut être une réponse efficace pour participer au bouleversement de l'imaginaire collectif et impulser de nouvelles

dynamiques ? - quelles spécificités de chaque centre-ville doivent-être réinterprétées ? L'approche thématisée Pour y répondre, nous avons identifié des thématiques d'approfondissement (1) et des thématiques complémentaires qui apparaissaient comme stratégiques pour les villes moyennes. Celles-ci sont devenues l'articulation de nos problématiques. Remise en question Néanmoins, bien qu'enrichie par l'approche thématisée, cette problématisation cantonnée au cœur de ville a montré ses limites au semestre 09, durant lequel nous avions expérimenté le décentrement de nos actions. Et si, pour répondre à la problématique des centres-villes, il s'agissait, en réalité, d'élargir la focale et de montrer que la question se résout finalement à d'autres échelles ?

Hypothèses L'hypothèse du décentrement Cette nouvelle hypothèse, celle du décentrement, se traduit de façon différente sur chaque territoire. Mais comment se décentre-t-on ? Quels sont donc ces élargissements de focale nécessaires ? Quels sont donc ces changements de regard à opérer ? Comment adapter les hypothèses à chaque territoire ? À Aix-les-Bains, il s'agira d'articuler le cœur de ville et les bords du lac autour d'un imaginaire commun retrouvé. À Draguignan, il s'agira de cibler la fuite de certains programmes

vers les périphéries pour contrer le phénomène et accompagner le retour des populations dans le centre ancien de façon innovante. À Vienne, il s'agira de construire une nouvelle notion de proximité et un nouveau lien entre le centre et les communes périphériques. À terme, la comparaison de ces trois modes de décentrement démontre l'importance de se baser sur les spécificités de chaque territoire et exprime l'intérêt de travailler simultanément sur différentes villes pour faire émerger des solutions à la fois communes et spécifiques.

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introduction


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introduction

Les villes moyennes, leur territoire et leur centre-ville

Les centres des villes moyennes sont en déclin ... Comment réhabiter les centres anciens ? Odyssée 01 | St Fons, territoire ressource ? Imaginer les interventions possibles d’un territoire métropolisé (moyens humains, techniques et financiers).

Odyssée 02 | Penser Vienne par les influences territoriales

semestre 09

Imaginer les conséquences de la métropolisation sur un territoire connu (scénari d’hyperpolisation et de dépolisation).

Odyssée 03 | Penser Vienne par son coeur de ville

Trouver des réponses au mal-être du centre ancien de Vienne.

Odyssée 04 | Atlas de Vienne Développer des outils d’analyse du terrain.

Odyssée 05 | Habiter Vienne et son territoire Agir à trois échelles : centre ancien, centre commune, entre-deux rural.

semestre 10

Hypothèse 1

Des projets de trop grosse ampleur pour les appliquer à de plus petites échelles d’organisation territoriales.

Faire de Vienne une centralité au sein de son territoire : ne pas tendre à son absorption par la métropole de Lyon et ne pas la diluer dans son territoire.

Se préoccuper du centre ne suffit pas à retrouver un équilibre fonctionnel du territoire.

Croiser les approches et les échelles pour arriver à un équilibre du territoire.

Amener à 3 hypothèses de décentrement possibles pour les 3 sites d’étude suivants.

Hypothèse 2

Hypothèse 3

Vienne |

Draguignan |

Aix-les-Bains |

Projet de Fin d’Études de Vincent Manzini-Fahndrich

Projet de Fin d’Études de Romane Dantcikian

Projet de Fin d’Études de Juliette Duday

Notice PFE + MemIR annexé

Notice PFE + MemVEU + Mention Recherche + MemIR annexé

Notice PFE + MemIR + Mention Recherche

Étude commune | Introduction

Étude commune | Conclusion

Socle théorique, données d’analyse, répertoire d’actions.

Conclusions à l’issue des PFE individuels, retours critiques et ouvertures.


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introduction

Hypothèse 1 Vienne | construire une nouvelle notion de proximité et un nouveau lien entre le centre et les communes périphériques

Hypothèse 2 Draguignan | contrer la fuite vers les périphéries et accompagner le retour des populations dans le centreville de façon plus innovante

Hypothèse 3 Aix-les-Bains | articuler le cœur de ville et les bords du lac autour d'un imaginaire commun retrouvé


24 /

introduction

Déployer une approche thématisée THÉMATIQUES D'APPROFONDISSEMENT

THÉMATIQUES COMPLÉMENTAIRES

HABITAT

MOBILITÉS

constats

vacance des logements en centre-ville dégradation de l'habitat fuite vers les périphéries et périurbanisation objectif

réinventer l’habitat dans l'existant

COMMERCE constats

perte d'activités vacance des cellules commerciales dévitalisation des rues objectif

réinventer l’usage des rez-de-chaussée

PATRIMOINES constats

déqualification des patrimoines urbains déconnexion aux patrimoines naturels objectif

considérer le patrimoine bâti et naturel comme un levier de projet et d’action

constats

nuisance automobile dans le centre-ville faible efficacité des transports publics rapport indéfectible avec la voiture individuelle objectif

ré-équilibrer les modes de déplacement

ESPACES PUBLICS constats

déqualification des espaces publics omniprésence de la voiture dans l'espace public objectif

faire de l’espace public de qualité un levier d’urbanité

ACTIVITÉS constats

délocalisation des activités en périphérie taux de chômage élevé en centre-ville objectif

repenser la forme des activités et la vocation des espaces communs


qu n ie id

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Habitat

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Mobilité

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Pa ysa g

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25 /

introduction

b ât i

RDC Espace Public

Espace Public

Espace Public

RDC RDC RDC


Développer une démarche commune

une situation commune pour les centres-villes

villes moyennes

thématiques abordées :

rez-de-ville habitat patrimoines espaces publics mobilités travail

diversité de typologies

villes sous forte influence métropolitaine

villes de villégiature ancienne

ville en arrière-pays d’un littoral attractif

VIENNE

AIX-LES-BAINS

DRAGUIGNAN

construire une nouvelle notion de proximité et un nouveau lien entre le centre et les communes périphériques

articuler le cœur de ville avec les bords du lac pour rassembler autour de l’image de ville du bien-être

contrer la fuite vers les périphéries et accompagner le retour des populations dans le centre

commerce

patrimoines

habitat

des situations spécifiques

des thématiques approfondies

des solutions spécifiques

mise en réseau

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introduction

VIENNE

DRAGUIGNAN

des solutions communes

AIX-LES-BAINS


Construire un calendrier commun

2020 2021

MARS CADRER

DÉVELOPPER

des thématiques de recherche

la méthode

S09

explorer des outils

déterminer la thématique dominante de chacun·e

S10

les mettre en application sur nos territoires

déterminer le projet moteur de chacun·e cibler les enjeux théoriques et les échelles de projet croiser les thématiques

AVRIL RECUEILLIR les éléments

MAI DÉVELOPPER les projets

collecter les données quantitatives et qualitatives

déterminer les besoins programmatiques

croiser les tendances structurelles et les réalités locales

tester les réseaux de projets

comparer les situations

créer des espaces et des formes architecturales

déterminer les lieux de projets

mobiliser le répertoire d’actions

esquisser les projets

mobiliser ressources et singularités de chaque ville

JUIN AFFINER

les projets

amender les espaces architecturaux travailler leurs inscriptions dans l’espace urbain faire émerger des résultats de recherche par le projet

27 /

introduction


01 CADRER

La ville moyenne est un « objet réel non identifié ».

Roger B runet


chapitre 01 l définitions chapitre 02 l historique


30 /

première partie

chapitre 01 l définitions

État de l'art des définitions théoriques | Les définitions existantes de la ville moyenne se basent sur des critères principalement démographiques. Quelques travaux, peu nombreux néanmoins, ont participé à constituer une base scientifique solide. En revanche, tous ne s'accordent pas. Montrer la diversité de ces définitions c’est approcher la diversité des villes que cette catégorie veut regrouper. Il convient de sous catégoriser ces villes et de tenter de diversifier les approches de définition. De l'importance des définitions sensibles | La multiplicité des dé-

finitions illustre l'impasse dans laquelle se trouve justement cette quête de définition unique. Par la suite, nous aborderons ainsi nos territoires de manière sensible pour tenter de colorer les définitions officielles trop sèches par nos ressentis personnels ou des témoignages d’habitant·e·s. La vie qui s'y mène est bien souvent différente de celle qui structure les imaginaires sociaux. Il est donc indispensable d'aborder la question sous un angle sensible.

chapitre 01


31 /

cadrer

Carte des villes moyennes françaises, 1999 © F. Santamaria / source : Norois

définitions


32 /

première partie

Tentative de définition Selon les organismes institutionnels, une ville dite ''moyenne'' est généralement désignée comme une ville qui concentre entre 20 000 et 100 000 habitants (1). L’Insee définit également ces territoires comme des aires urbaines centrées autour d’agglomérations de 20 000 à 100 000 habitants. Selon les auteur·e·s, il y aurait ainsi entre 200 et 400 villes moyennes sur le territoire de la France métropolitaine. Leurs maires se regroupent au sein de la Fédération des villes moyennes (FVM) devenue, le 19 juin 2014, la Fédération des villes de France. Celle-ci a pour objectif de faire valoir les spécificités des villes et de leurs intercommunalités (hors des territoires métropolisés), en se préoccupant collectivement de leurs enjeux. Par ailleurs, toujours sur un critère démographique, la Fédération des Villes de France a choisi de prendre la fenêtre la plus large de toutes celles proposées en définis-

sant les villes moyennes comme des villes qui accueillent entre 15 000 et 200 000 habitants. Toutefois, certaines études (2) reprochent à ces définitions statistiques d’occulter une certaine réalité et d’effacer les nuances entre les territoires. Contrairement à ce que peut laisser penser cette vaste appellation de ''villes moyennes'', elles ne constituent pas un ensemble homogène de territoires qui se ressemblent, mais elles s'étendent sur un panel de profils relativement diversifiés. Certaines se rapprochent des grandes aires, d’autres se caractérisent par leur caractère plus ''administratif'' ou plus ''industriel'', etc. Il n'est donc pas évidement de dresser un portrait précis de la « ville moyenne », Nos recherches nous ont conduit à questionner cette forme de catégorie unique, d’affiner la définition commune et d’aller au-delà du seul critère démographique.

Nous pouvons ainsi retenir que, parmi la diversité de villes que renferme cette appellation, on retrouve des typologies de villes qui peuvent être définies selon des critères liées aux systèmes territoriaux. On retrouve des villes : - sous forte influence métropolitaine ou progressivement intégrées aux systèmes métropolitains - de polarisation pour leurs départements ruraux - qui évoluent au sein d'un réseau de villes - exerçant des relations transfrontalières Elles peuvent se croiser avec des typologies liées à des spécificités socio-culturelles ou géographiques. On retrouve des villes : - à forte dominante industrielle - touchées par la désindustrialisation et/ou en décroissance - à forte dimension administrative et/ou universitaire - de villégiature ancienne - en arrière-pays d'un littoral attractif

chapitre 01

1. Demazière Christophe. « Pourquoi et comment analyser les villes moyennes ? Un potentiel pour la recherche urbaine ». Métropolitiques, 29 janvier 2014.

2. Santamaria Frédéric. « La notion de «ville moyenne» en France, en Espagne et au Royaume-Uni ». Annales de géographie, n°109. Armand Colin. 2000. pp.227-239

Vienne Aix-les-Bains

Aix-les-Bains Draguignan


3. ANCT (sous l’ex-CGET). Consultation nationale du Programme Action Coeur de Ville. 29 août 2019.

Toutefois, un constat global permet d’affirmer que ces villes souffrent majoritairement de leur image. Cela met à mal leur(s) potentiel(s) et accompagne une dévitalisation des centres qui ne cesse de croître. Elles sont également synonymes de plus de chômage, de pauvreté, de vacance résidentelle et commerciale (3). Ces problématiques qui touchent les villes dites « moyennes », leurs centres anciens et leurs territoires sont manifestement la thématique commune qui relie nos questionnements et centres d’intérêt. Et si

ce constat est de plus en plus partagé, le manque de représentation de ces territoires invisibilise les projets et idées qui, eux, sont peu diffusés. Il nous faut apprendre à regarder ces villes autrement, pour ce qu’elles nous offrent dans l'ombre des métropoles et à l’abri des clichés et de la dichotomie ville/campagne. Le travail que nous avons chercher à produire ces quatre derniers mois est voué à ré-écrire le récit qui les compose, mais en leur faveur, cette fois-ci.

Au-delà de la ville

4. Draguignan est la sous-préfecture du Var (et a longtemps été la préfecture avant Toulon en 1974). Vienne est la sous-préfecture de l'Isère. Ce n'est pas le cas pour Aix-les-Bains, située à proximité de Chambéry, chef-lieu de la Savoie.

5. La périurbanisation a son rôle à jouer dans ce constat. Nous tiendrons un propos à ce sujet dans la partie suivante.

Même si nous allons tâcher de démontrer qu'il ne s'agit pas d'une seule et même catégorie, ces villes remplissent souvent le rôle de sous-préfecture de leur département (4) (voire de préfecture, pour certains départements exempts de métropoles). Certaines avaient même une vocation de capitale régionale, avant la fusion des régions en 2015, mais toutes ont tenu un rôle de centralité au moins pendant un temps. Nombre d'entre elles le sont d'ailleurs toujours, et restent les communes-centres de leur agglomération. Par ailleurs, ce sont elles qui ont maillé le territoire, aux côtés des grandes agglomérations. Pour le programme Action Cœur de ville, il s’agit d’une partie du territoire français représentée par 23% de la population (soit 15 500 000 français·e·s) et 26% de l’emploi. Cette part est attribuée aux villes ainsi qu'à leurs aires urbaines qui sont ici indissociées, étant donné leur rôle de centralité au sein de définitions

ces aires. Il y a, en effet, de véritables dynamiques qui se jouent à l'échelon, non pas des villes, mais de leurs territoires. Elles structurent la plupart des communautés d'agglomération et chaperonnent leurs communes périphériques, plus ou moins rurales selon les cas. Néanmoins, pour certaines, cette étiquette de ''centralité'' devient plus administrative qu'autre chose (5) et les cartes sont en train d'être rebattues quant à l'influence qu'elles exercent sur ces communes périphériques. Elles ont donc besoin de se réinventer, de faire le deuil de cette vocation et apprendre à échanger de façon plus équitable avec leur territoire. Selon nos hypothèses, le centreville doit apporter à sa périphérie autant que la périphérie doit apporter au centre-ville. De la même façon, nous soutenons que la commune-centre doit désormais apporter aux communes ''périphériques'', autant que celles-ci apportent à la commune-centre.

33 /

cadrer


Comparaisons typologiques

Villes sous influence métropolitaine Bourg-en-Bresse Bourgoin-Jallieu

Lyon Lyon

Grande-Synthe

Dunkerque*

Lunel

Montpellier

Salon-de-Provence Vienne

Marseille Lyon

Villes de villégiature ancienne Aix-les-Bains Biarritz Dax Menton Royan Vichy

Villes en arrière-pays d’un littoral attractif Arles Béziers Carcasonne Draguignan Grasse Saintes

*Dunkerque n'est pas une métropole, elle rentre d'ailleurs dans la fourchette démographique des villes moyennes. Néanmoins, elle Villes polarisation se situe unde cran au-dessus dans la hiérarchie urbaine et revendique par ailleurs le statut de ''communauté urbaine'', différent des pour leur département ''communautés d'agglomération'' associées aux villes moyennes et propres aux 14 intercommunalités les plus peuplées et les plus influentes, après lesGueret Métropoles. Le Puy-en-Velay

Villes à forte dimension et/ou Nousadministrative retenons que, universitaire

si les villes sous forte influence métropolitaine sont moins fragiles, Chambéry cette influence n’est pas toujours une garantie Roanne face à la déprise commerciale et résidentielle Villes en décroissance des villes moyennes. Elle assure toutefois une Charleville-Mézières certaine attractivité, mais nous pouvons nous demander si ce n'est pas un facteur parfois palliatif qui n’a de conséquences qu’en termes de représentativité. Par exemple, Grande-Synthe, en marge de Dunkerque qui n'est pas représentée comme une métropole, est la seule

présentant un score de fragilité défavorable. À l'inverse, toutes les villes se trouvant dans l’aire d’influence lyonnaise présentent un score de fragilité favorable, indépendamment des taux de vacance qui restent inégaux mais majoritairement élevés. Pour dépasser le critère des influences territoriales, nous remarquons que la valeur patrimoniale, souvent associée au cœur de ville, peut être corrélé à une valeur de logements plus élevée, mais ne l'est pas nécessairement. Par

chapitre 01

+/-8,2

Taux de vacanc logements

-8,2

+11,9%

+/-11,9%

ville-centre

en marge

-11,9%

Taux de vacance commerciale

Centralité

ville

région

moindre

Attractivité

en réseau

Métropole d’influence

50 000 100 000

20 000 50 000

Nombre d’habitants

10 000 20 000

34 /

première partie


35 /

cadrer

Point de méthode :

défavorable

moyen

Score de fragilité CGET

favorable

non

Action Coeur de Ville

oui

SPR et label

Démarches patrimoniales

aucune

+8,2

+/-8,2

Taux de vacance des logements

-8,2

+11,9%

+/-11,9%

x de vacance ommerciale

Ces critères ont été établis à l'aide des bases de données suivantes : - recensement de la population de l'Insee - les structures des intercommunalités pour le rôle des centralités - les études Procos pour le vacance commerciale - le comparateur de territoires de l'Insee pour la vacance résidentielle - la carte interactive de l'Atlas des Patrimoines du Ministère de la Culture pour les Sites Patrimoniaux Remarquables - la cartographie d'Action Cœur de Ville - l'étude « Regards croisées sur les villes moyennes » du CGET pour les scores de fragilité

+ Les villes ont été choisies selon les typologies, mais de façon relativement aléatoire pour obtenir des comparaisons les plus objectives possibles (incluant néanmoins nos trois villes).

Tableau de comparaisons typologiques et multi-critères. Sources : Insee, Action Cœur de Ville, Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, Ministère de la Cohésion de la Cohésion des Territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Sites et Cités remarquables, CGEDD, Procos, Atlas des Patrimoines © production personnelle

exemple, Grande-Synthe ou Royan – nées de la Reconstruction – ou Bourgoin-Jallieu – qui a effacé ses origines médiévales – cumulent toutes trois des situations favorables et des taux de vacance relativement faibles. À l’inverse, Arles, Grasse ou encore Vienne, trois Sites Patrimoniaux Remarquables labellisés, réputés pour leur histoire et dont le tissu médiéval est le point de départ, subissent des taux de vacance importants et un score de fragilité défavo-

rable. Est-il question d’un type de bâti qui n’a su s’adapter aux besoins contemporains ? de cultures sociales qui n’apportent plus d’intérêt à ce type de territoire ? d’une relative autonomie liée à leur fonction de ''ville-centre'' ? Enfin, la vacance commerciale semble épargner principalement les villes littorales, ainsi qu'Arles (il sera intéressant d'étudier quelques actions ont été mises en place à Arles, en ce sens). définitions


36 /

première partie

Définitions cartographiques Pour illustrer ce maillage territorial à l'échelle de la France, l'Insee distingue 5 classes d’aires urbaines intégrant des villes moyennes. Celles-ci pouvant faire partie des :

aires urbaines des villes moyennes

aire urbaine du bassin parisien

aires métropolitaines

autres aires urbaines

grandes aires urbaines

Contribution des villes moyennes au maillage des territoires © production personnelle / source : Insee

chapitre 01


Pour affiner le propos, l'Insee choisit de différencier ces aires selon trois profils de villes (1) : - les aires moyennes proches des grandes aires - les aires moyennes à dominante industrielle - les aires moyennes à forte dimension administrative (2) 1. Floch Jean-Michel et Morel Bernard. Panorama des villes moyennes. [rapport] Insee, Direction de la Diffusion et de l'Action régionale, août 2011 2. Nous relevons que ces trois profils se croisent, dans une certaine mesure, avec les typologies listées précédemment.

Nous retrouvons Vienne et Aix-les-Bains dans le groupe des ''aires moyennes proches des grandes aires''. Elles bénéficient des dynamiques démographiques et économiques des métropoles régionales, avec des taux de croissance de la population et de l’emploi supérieurs à ceux des autres groupes. Elles se spécialisent dans les fonctions dites ''métropolitaines'' (3) (prestations intellectuelles, culture-loisirs, conception-recherche...). 3. Ce terme, bien qu'utilisé par l'Insee, est critiqué par certain·e·s auteur·e·s (Faburel G., Les métropoles barbares)

Aix-les-Bains

Vienne

Carte des les aires moyennes à dominante industrielle

Carte des les aires moyennes proches des grandes aires

Draguignan, quant à elle, est représentée dans le groupe des ''aires moyennes à forte dimension administrative''. Les taux de croissance de la population et de l'emploi de ce groupe sont inférieurs à ceux du groupe ''proche des grandes aires'', mais toutefois bien supérieurs à ceux du groupe '' à dominante industrielle''. Elles relatent donc d'une situation moins fragile. Elles se spécialisent, sans surprise, dans l'administration publique (4), mais aussi les services publics (santé, social, etc.), les services de proximité et le BTP. L'étude relève néanmoins des disparités très importantes au sein du groupe. 4. Ce qui peut se traduire, à Draguignan, par la présence de la sous-préfecture du Var.

Draguignan

Carte des les aires moyennes à forte dimension administrative

définitions

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cadrer


38 /

première partie

Zoom régional : Auvergne-Rhône-Alpes

Prenons maintenant le temps de nous rapprocher de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour comprendre comment le territoire peut s'articuler autour de ses villes moyennes. Le maillage urbain de la région est très hiérarchisé. Les trois métropoles régionales sont très polarisantes : - le bi-pôle Lyon/Saint-Étienne autour de l'axe Rhône/Saône fait converger différents axes de communication majeurs de l’Europe occidentale - la métropole grenobloise est au cœur du système alpin - au cœur du Massif Central, Clermont-Ferrand s'affirme au sommet de la hiérarchie urbaine auvergnate Parallèlement, les aires urbaines de Chambéry, Annecy et Annemasse font réseau au nord de la métropole grenobloise. Ces grandes aires urbaines concentrent 60% de la population et des emplois de la région et sont au cœur des systèmes d’échanges présentiels (1).

Par ailleurs, les 35 villes moyennes de la région jouent un rôle secondaire : elles prolongent les réseaux de connexions entre les métropoles. Avec leurs aires urbaines d’influence, elles abritent près de 25% de la population régionale et restent néanmoins essentielles à l’apport de services et d’emplois pour leurs habitant·e·s. De plus, elles illustrent, à elles seules, la variété des typologies de villes moyennes : spécialisation économique, le développement d’un secteur industriel, un attrait touristique, etc. Les plus grandes des villes moyennes ont une trajectoire plutôt favorable de l’emploi et une relative autonomie vis-à-vis des métropoles grâce à la diversité de leur

1. Insee. « Des villes moyennes marquées par leur diversité fonctionnelle et leur insertion dans un réseau métropolitain ». Insee Analyses - Auvergne-Rhône-Alpes, n°39, mai 2017 2. Les activités présentielles regroupe la production de biens et services adressés aux personnes, résidentes ou touristes, présentes dans la zone.

tissu économique et leurs fonctions supérieures. Les villes moyennes de tradition industrielle, dont certaines sont très spécialisées, sont en revanche fragilisées par une situation économique défavorable. Pour certaines d’entre elles, la contiguïté à une grande aire urbaine leur donne une attractivité résidentielle qui compense les pertes de la sphère productive. D’autres sont plus isolées et leur population est parfois éloignée d’équipements spécifiques des grandes agglomérations. Les autres villes moyennes se caractérisent par une dominante de la sphère présentielle, avec une grande variété de profils : insérées dans un réseau ou plus isolées, avec une fonction plutôt administrative, résidentielle ou bien touristique.

chapitre 01


Zoom régional : Auvergne-Rhône-Alpes

aires métropolitaines aire des grandes villes

aire à dominante d'économie présentielle

aires proches des grandes villes

aire à dominante industeielle aire à dominante administrative

L'aire viennoise, aux côtés de Valence, Valence, Bourg-en-Bresse, Mâcon, Montélimar et Montluçon, fait partie des aires qui ressemblent le plus aux très grandes aires urbaines. La population dépasse les 75 000 habitants et elle s’est constituée sur l’axe Saône/Rhône. Elle a compensé sa perte d’emplois dans le secteur industriel par les gains réalisés dans la sphère présentielle.

définitions

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cadrer


40 /

première partie

chapitre 02 l historique

Évolution historique | Si la perception et la situation de ces villes ont évolué avec le temps, c'est aussi parce-que les choix d'aménagements territoriaux sont, avant tout, impulsés par des politiques publiques qui, elles aussi, évoluent. De chaque choix résulte une conséquence territoriale ou socio-spatiale. Un rapide retour chronologique permet de constater des hauts et des bas dans l'intérêt politique apporté à ces villes, tantôt choyées, tantôt délaissés. Un mode d'action pertinent ? | À l'heure où les métropoles

perdent peu à peu la côte (certain·e·s parlent même d'exode urbain), les villes moyennes apparaissent comme des cibles privilégiées. Mais sont-elles préparées pour accueillir ces nouveaux flux ? Il y a nécessité de les accompagner structurellement ; c'est ce que font certains programmes institutionnels. Quelles critiques peut-on apporter pour enrichir ces actions qui défendent parfois une vision nostalgique souhaitant rétablir l'image d'antan de la ville de province, en balayant parfois certains enjeux contemporains ?

« Enfants chéries de l’État impérial, monarchique et républicain, les villes moyennes ont connu une place privilégiée dans l’Hexagone. Elles ont prospéré grâce au quadrillage étatique avec son cortège de préfets, de magistrats, d’enseignants et d’administrateurs. Leur relatif isolement, lié à la faible densité du pays, leur a conféré une forme de monopole administratif et commercial, voire industriel. », Daniel Béhar et Philippe Estèbe, mars 2014

chapitre 02


Les villes moyennes dans les politiques publiques

1973 1982

une « politique des villes moyennes »

1973

mise en place des ''contrats de villes'' : première politique des villes moyennes dans l'aménagement du territoire face aux conséquences impensées de l'exode rural

1974

mise en sommeil de la politique des métropoles d'équilibre qui agissait comme un frein au développement des villes moyennes

1979

abandon de la politique à l'arrivée de la crise économique des années 80

1982

Acte I de la décentralisation : renforcement des compétences des communes

1983 1990 80' 1986 1989 1990 2000 1992

une fragilisation du rôle des villes moyennes post-fordisme et reconcentration industrielle : bouleversement des villes moyennes rapport Guichard : favorisation du rôle des grandes villes dans l'aménagement du territoire politique d'inscription des grandes villes dans un système européen

une politique des réseaux de villes LOADT : politiques de coopération fonctionnelles entre villes moyennes de proximité

1995

Plan Université 2000 : politique de coopération universitaire entre les villes moyennes

1999

Acte I de la décentralisation : mise en place des communautés d'agglomération

2000 2010 2000

sortie progressive des villes moyennes du champ des politiques publiques abandon des politiques réseaux de villes

2004

incorporation de quelques villes moyennes aux grands projets métropolitains (réservées aux villes à proximité des métropoles)

2007

loi LRU et politiques de rationalisation : reconcentration des universités et des services

2015

Acte III de la décentralisation avec la loi NOTRe : fusion des régions et marginalisation des villes moyennes par rapport aux nouvelles capitales régionales

2010 2020 2016

une nouvelle considération des villes moyennes première étude du CGET depuis une dizaine d'années (« Regards croisés sur les villes moyennes »)

2018

lancement du programme Action Cœur de Ville dans 222 villes moyennes de France

2020

réelles difficultés au sein d'un certain nombre de villes, qui sont le fruit des politiques publiques des années passées

historique

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cadrer


42 /

première partie

La décentralisation : alibi du discours Il semble important de revenir rapidement sur une des étapesclés, qui est celle de la ''décentralisation''. Organisées en trois actes, les politiques publiques de décentralisation ont longtemps eu le monopole du discours politique au sujet de l'intérêt donné aux villes moyennes. Encore aujourd'hui, notre travail a dû faire face à certaines critiques, selon lesquelles ''les villes moyennes seraient, sans conteste, dans le collimateur des politiques publiques depuis la décentralisation''. Néanmoins, nous prenons le parti de dire que ces actes de décentralisation n'ont pas toujours eu les effets escomptés, et notre propos s'appuie sur diverses études qui en attestent.

Par exemple, selon certains auteurs, l'Acte I de la décentralisation a finalement été favorable aux régions et aux départements, mais surtout « les grandes villes ont été parmi les principales bénéficiaires » (1). De même, la fusion des régions liée à l'Acte III a largement participé à la marginalisation des villes moyennes par rapport aux nouvelles capitales régionales (2) : la loi MAPTAM étant prévue pour ''affirmer'' le pouvoir des Métropoles. Ou encore, on note que cette période s'accompagne, en filigrane, d'un désengagement de l'État, avec les politiques de rationalisation des services publics et la baisse des dotations envers les collectivités qui annulent les effets promis de la décentralisation

1. Borraz Olivier. « Les territoires oubliés de la décentralisation ». In Annuaire des collectivités locales, Réforme de la décentralisation, réforme de l'État. Régions et villes en Europe, tome 24. 2004. pp. 193-202. 2. Santamaria Frédéric. In PUCA. Villes moyennes : coopérer pour renouveller les centralités [colloque]. Learning center Villes Durables, Dunkerque. 25, 26 et 27 juin 2019.

Un regain d'intérêt récent Attachons-nous désormais au présent et revenons sur la dernière étape de cette chronologie. Depuis 5 ans, la dynamique autour de la question des villes moyennes est désormais palpable. Elle s’est concrétisée, en 2018, avec le programme Action Cœur de Ville (1). Depuis, les rencontres, les colloques, les articles font florès, encouragés par le contexte actuel (2). Dans les ENSA Nous tenons également à soulever qu'un changement de cap est aussi en train de s'opérer dans les ENSA. Tout d'abord, la mise en place récente d'un espace numérique inter-écoles (3) dédié à ce

sujet est un indicateur important. Lancée par le service de l’architecture de la direction générale des patrimoines du ministère de la Culture et pilotée par l'ENSA de Clermont-Ferrand, cette plateforme collaborative a pour but de « recenser et présenter les travaux d’enseignement et de recherche sur la revitalisation des centres des villes petites et moyennes, portés par les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, placés sous sa tutelle ». Il témoigne d'un nombre croissant d'ateliers hors les murs et de travaux de recherche réalisés par des étudiant·e·s, sur ces questions. À l'ENSA de Marseille, par exemple, un atelier de projet tradichapitre 02

1. Nous reviendrons sur le programme un peu plus loin, pour offrir une critique du programme (page 45). 2. Nous avons évoqué des raisons économiques et de modes de vie, évoquons également la crise sanitaire qui a appelé les populations hors les métropoles. 3. Plateforme accessible à cette adresse : https:// www.clermont-fd.archi.fr/ larchitecture-lurbanismeet-le-paysage-pour-la-revitalisation-des-centres-desvilles-petites-et-moyennes/


4. Studio anciennement dirigé par les enseignants référents Harold Klinger et Nicolas Salmon Legagneur 5. Transmission des formes, mutation des usages, dirigé par les enseignants Frédéric Breysse et Jean-Baptiste Hemery 6. Un essai de revue de projet est détaillée dans le troisième fascicule, contenant la chronique dracénoise de notre travail collectif.

7.

tionnellement axé sur la construction du projet dans l'espace patrimonial existant s'est attaché à lier sa thématique de référence à celui du contexte des villes moyennes. Le nom du studio devient alors

Construire dans le construit, villes intermédiaires. (4) Aujourd'hui, la

thématique du studio a été reprise sous une autre forme (5) avec un approfondissement de la dimension technique et constructive (relevés, diagnostics, etc.) sur le patrimoine des centres anciens, qui dépasse l'approche théorique du phénomène. Par ailleurs, il semble important de spécifier que ce studio s'est consacré, cette année, à travailler dans le centre ancien de Draguignan (6). Nous espérons que cette convention signée entre la ville de Draguignan et l'ENSA·M ouvre les portes d'une nouvelle dynamique de projet qui sera à l’œuvre au sein de la ville, ces prochaines années. Ces approches permettent ainsi d'enrichir les imaginaires du projet d'architecture souvent cantonné au périmètre de la métropole dans laquelle les ENSA sont implantées. Dans la culture populaire La démocratisation du sujet, bien qu'elle ait été entamée par les institutions, s'ouvre désormais au grand public. En décembre 2020, par exemple, Le Magazine Littéraire et la Fabrique de la Cité s'associent pour lancer un concours de

historique

nouvelles : « La France des villes moyennes » (7) mettant en scène les visages de ces villes. Dans cette même veine littéraire, le prix Goncourt 2018 a été attribué à l'auteur Nicolas Mathieu, pour son livre « Leurs enfants après eux », un roman qui décrit la vie des habitant·e·s d'Heillange, une ville moyenne du nord de la France, touchée par la désindustrialisation ; un succès littéraire qui témoigne que nous nous sentons toutes et tous un peu concerné·e·s. Le sujet se retrouve aussi sur le petit écran, à l'instar de l'émission Zone Interdite, diffusée en mai dernier sur M6 : « Plus vertes, moins chères, la grande revanche des villes de province ». On retrouve aussi, très facilement, des vidéos et autres contenus à ce sujet sur les réseaux sociaux. Par exemple, la chaîne Youtube ''Demain la ville'' propose régulièrement du contenu sur différents sujets concernant la ville. Porté par Philippe Gargov, géographe, elle s’appuie sur l’actualité et cherche à vulgariser certaines notions. Si elle n’évite ni les clichés ni les arguments faciles, cette chaîne a le mérite d’ouvrir des portes et d’appréhender des notions que l’on peut parfois considérer réservées aux experts. Elle permet au quidam, au citoyen, de s’informer et s’interroger sur ses pratiques et sur le rôle qu’il pourrait jouer dans l’aménagement de son cadre

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cadrer


44 /

première partie de vie. Dans l'épisode ''Peut-on (encore) sauver les villes moyennes ?'' (8), on apprend que la “crise des villes moyennes” est un sujet de société depuis 2016. Dans l'imaginaire collectif Même si ''ville moyenne'' rime encore pour beaucoup avec rideau de fer baissé, elles comptent aujourd'hui en de plus en plus de prétendant·e·s. Comme l'illustre le sondage réalisé par la Fabrique de la Cité en collaboration avec Kantar (9), tous les chiffres mènent à penser que la perception des villes moyennes est en pleine mutation, car elles bénéficient d'une représentation de plus en plus positive. Elles sont, par exemple, les lieux de vie les plus adaptés pour y élever ses enfants pour 35% des français·e·s. Un peu plus anecdotique, la place qu'occupe les villes moyennes dans le « classement des Villes et Villages où il fait bon vivre » regroupant les 34 837 communes de France métropolitaine exprime ce phénomène. De la même manière, dans les agences immobilières – y compris dans les grandes villes–, les annonces pour des biens situés dans des villes petites ou moyennes remplissent les vitrines. Il faut dire que la crise sanitaire a révélé de nouveaux besoins, de nouvelles envies chez les citadin·e·s qui commencent à se sentir à l'étroit. Néanmoins, soulignons que le passage à l'acte est loin d'être systématique. Si 40% des français·e·s se disent intéressé·e·s pour y vivre, des études montrent que les dynamiques démographiques ne suivent pas (10). C'est bien à cela que les politiques réactives comme Action Cœur de Ville essayent de répondre : accompagner ce passage à l'acte par le projet statial. À l'étranger Récemment, en Afrique du Nord et en Asie, les chercheur·e·s mul-

tiplient les travaux sur les villes moyennes, soulignant que « depuis plusieurs années les chercheurs et les acteurs publics se sont focalisés sur les métropoles en mettant de côté les autres échelons urbains » (11). En Algérie, par exemple, les villes constituées de 3000 à 50 000 habitant·e·s sont celles qui ont connu la plus importante croissance urbaine ces dernières années. Ces villes seraient en train de réorganiser le territoire algérien en impulsant la création de nouveaux wilayas (équivalent du département), dont elles deviennent les chefs-lieux. De la même façon, au Vietnam, 45 villes moyennes (entre 50 et 250 000 habitant·e·s pour le Vietnam) ont été créées par l'État pour rééquilibrer le système urbain entre les petites villes et les grandes métropoles du pays. (12) Ce sont des dynamiques qui sont donc toutes autres à la notre, voire foncièrement opposée, puisque l'implantation de nos villes moyennes est souvent primitive et qu'elles ont longtemps joué un rôle historique à l'échelle du territoire. Cela n'en reste pas moins intéressant à étudier, car la ville moyenne semble être un outil international de ré-équilibrage territorial. Dans le discours politique Pour mieux se faire entendre, un certain nombre d'experts, entrepreneurs et élus des villes moyennes se sont regroupés pour lancer, en juillet 2020, le Collectif villesmoyennes.org. Ensemble, ils visent à « faire des ''villes préférées des français'' le fer de lance d'une nouvelle géographie ». Récemment encore, en novembre 2020, a eu lieu la première édition des Rencontres des Villes moyennes organisée par la Fabrique de la Cité sur différentes thématiques comme le déclin commerciale et sa réinvention.

chapitre 02

8. Gargov Philippe. « Peut-on (encore) sauver les villes moyennes ?''. Demain la Ville, 23 mai 2019.

9. KANTAR et La Fabrique de la Cité. Les Français et les villes moyennes [rapport]. 26 novembre 2020

10. Desjardins Xavier et Estèbe Philippe. Villes petites et moyennes et aménagement territorial. Collection Réflexions en partage. PUCA. 2019, 126 p.

11. CGET. Regards croisés sur les villes moyennes. Des trajectoires diversifiées au sein des systèmes territoriaux. La Documentation Française. 2018. p. 23

12. Ibid.


Action Cœur de Ville : avatar de l'action passéiste ?

1. CGET. Consultation nationale du Programme Action Coeur de Ville. 29 août 2019.

Un projet politique en apparence plein d'ambitions Ce regain d'intérêt dans les discours politiques est illustré de façon presque caricaturale par le programme Action Cœur de Ville, lancé en mars 2018 à Châtellerault (86) et coordonné par l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT, ex-CGET). Auprès de 220 autres villes sélectionnées, Vienne et Draguignan ont vu 5 milliards d'euros de subventions tomber pour accompagner des projets en centre-ville. Lancé par un gouvernement « soucieux de ne pas apparaître comme le gouvernement des Métropoles », le programme semble agir très précisément pour la « revitalisation des centres des villes moyennes afin qu’elles retrouvent une attractivité » (1) avec le retour des emplois, des habitant·e·s et des services dans le centre. Néanmoins, le programme ne fait-il pas que poursuivre, avec un peu plus d'ambitions et de moyens, une politique qui n'a su porter ses fruits pendant des années : celle qui ne fait que promettre le retour des services en centre-ville et de la convivialité d'antan ?

2. Rio Nicolas. « Villes moyennes (2/3) : les limites du ''c’était mieux avant'' ». Partie Prenante, 23 mai 2018

La politique du discours nostalgique Dans des dizaines d'articles où l’Action Cœur de Ville y est décryptée, la critique se poursuit souvent de quelques axes permettant d’ouvrir le débat et la réflexion des acteurs de la ville. Toutes semblent convenir que la solution pour sauver les cœur de villes n’est certainement pas unique et ne historique

réside assurément pas dans l’opposition centre ville / périphérie. Parmi toutes les critiques qui ont été émise, prenons celle de Nicolas Rio, chercheur en science politique et consultant en stratégies territoriales pour Partie Prenante, agence de conseil en stratégies territoriales qui « accompagne les collectivités et les opérateurs urbains dans leurs réflexions prospectives » sur les nouvelles formes de panification territoriale. En 2018, il publie en ligne une série de trois articles qui réagit au programme Action Cœur de Ville. À travers la critique de cette politique nationale, il propose des actions publiques locales – qui vont au-delà des actions publiques nationales –, pour répondre précisément à la demande réelle plutôt qu’à conforter l’offre existante qui ne semble pas répondre aux enjeux existants. Dans le second article de cette série (2), il fait l’état des lieux des politiques actuelles. Le programme Action Cœur de Ville travaille sur 5 axes : - une offre attractive d’habitat en centre-ville - un développement économique et commercial équilibré - une accessibilité et des connexions développées - un patrimoine et des espaces publics mis en valeur - un accès renforcé aux équipements et espaces publics Selon l'auteur, l'application actuelle de ces axes exprime une forme d'obsolescence et aucune de ces pistes n’apporte de réponse à la question transversale

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cadrer


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première partie de la vocation des centres et de la fonction des villes moyennes. Les politiques actuelles entretiennent un discours nostalgique à ce sujet, avec une volonté de ré-instaurer l’image d’antan, qui s’illustre même à travers le terme ''revitalisation''. Il n'y a donc rien de nouveau et suffisamment novateur, car « la volonté de faire revivre (ou subsister) un passé (quasi) révolu apparaît en effet comme le point commun des politiques dédiées aux villes moyennes. ».

Ainsi, « l’entrée patrimoniale n’est pas problématique en soi. Mais le risque serait de croire que tous les problèmes des villes moyennes pourront être réglés par des politiques d’aménagement. » (3) Pour l’auteur, le risque de ce discours aux allures nostalgiques serait qu'il « renforce le sentiment de déclassement de ces territoires et de leurs occupants », qu'il « accentue le déclin qu’il est censé résoudre » et qu'il « maintienne sous perfusion une offre en voie d’obsolescence » qui ne peut être envisagée comme une solution efficace et durable.

C'est donc un faux-pas à ne plus commettre que certains maires empruntent encore beaucoup pour impulser de nouveaux projets. Ces choix sont une porte ouverte à certains discours conservateurs et réactionnaires prônant un retour à une situation sociale passée, qu'elle soit réelle ou fantasmée. Par exemple, il a été question, à Béziers, de restaurer les traditions (blouses surmontées d'un blason, fêtes médiévales…) ou encore de rebaptiser Vitrolles en ''Vitrolles-en-Provence''. Il s'agirait de défendre une appartenance identitaire suffisamment forte dont certains groupes sociaux, notamment les populations immigrées, se sentiraient exclus. Ce fantasme du retour heureux à la tradition implique que peu nombreuses sont les critiques qui dénoncent « cette obsession passéiste, victorienne, voire moyenâgeuse » (4) La conclusion à tirer est qu’il serait davantage efficace de prendre en compte les besoins contemporains et réels des habitant·e·s (nouveaux usages, logements, accessibilité…) et d’adapter le centre-ville à ces besoins, plutôt que persister à faire l’inverse.

chapitre 02

3. Ibid.

4. Razemon Olivier. Comment la France a tué ses villes. Collection l’écopoche. Paris : Éditions Rue de l’Échiquier. 2019. p. 118


47 /

cadrer

Carte des 222 villes bénéficiaires d’Action Cœur de Ville © production personnelle / source : ANCT

historique


02 COMPRENDRE

Associé à l’enfance, aux vacances ou aux photos de Depardon, on a tous en nous un peu de villes moyennes… Nicolas R io


chapitre 01 l constats et tendances structurelles chapitre 02 l dynamiques et influences territoriales


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deuxième partie

chapitre 01 l constats et tendances structurelles

Crise | Alors que l'on parle de crise des villes moyennes,

que ce cache-t-il derrière cette adjonction ? Qui délivre ce constat ? De quel point vue sont observées les villes moyennes ? Il s'agit de faire un état des lieux des discours pour en comprendre les enjeux. Si la ville moyenne est en crise, il faut avoir conscience de ce avec quoi elle est comparée et si cette étiquette à l’imaginaire fort ne devrait pas avoir un astérisque plein de nuances. Nous établirons au moyen de données, des constats dans nos villes respectives qui se traduiront par la suite en des hypothèses d’enjeux communs.

Des hypothèses aux enjeux communs | Certains constats dé-

passent les typologies et cherchent à conforter les généralités qui s'exercent dans les villes moyennes et dans leurs centres. Nous avions évoqué la vacance résidentielle et commerciale ou encore le taux de chômage comme quelques exemples. On en dénombre bien d'autres ; certains relèvent finalement de l'idée reçue et d'autres de véritables fléaux pour les villes. Ce chapitre est structuré autour de ces hypothèses, que nous allons tenter de valider, de réfuter ou de nuancer, en tachant d'éviter les poncifs.

chapitre 01


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comprendre

illustration pour le Ministère de la Cohésion des Territoires de la désertion des centre-bourgs © Martin Etienne

constats et tendances structurelles


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deuxième partie

Une crise des villes moyennes ? Peut-on parler de ''crise des villes moyennes'' ? Certain·e·s ne feront aucun doute de cette affirmation, d'autres assurent que s'en est une autre – la crise sanitaire du Covid-19 – qui a mis fin à la ''crise des villes moyennes'' (1). Néamoins, tout le monde ne s'accorde pas sur le fond, car c'est justement ces confusions qui rendent leur situation complexe et durable. Une crise commerciale Pour certain·e·s, elle est avant tout commerciale et les villes moyennes seraient en crise dès lors que de nombreuses devantures de magasins restent closes, donnant le sentiment de ville fantôme (2). La faute aux politiques territoriales ! L’installation des centres commerciaux en périphérie des villes a en effet nuit aux commerces des centres villes et les grandes métropoles ont le monopole des grands équipements. Mais si le constat du rideau baissé est le plus évident, car le plus visible, n'est-il pas qu'un symptôme ? Ne devrions-nous pas aller chercher plus loin ? Une crise de vocation Pour Nicolas Rio, auteur de la série d'article publiés par Partie Prenante, il s'agit davantage d'une crise de vocation (3). Il dépeint cette crise que subissent les villes moyennes. Pour cela, il s'appuie sur l’obsolescence de la catégorie unique des ''villes moyennes'' et reprend trois des typologies que nous avions citées : - les villes progressivement intégrées aux systèmes métropolitains, comme Albi, Sète, Creil ou encore Bourg-en-Bresse - les villes influentes sur des départements ruraux, comme Aurillac,

Quimper ou Cahors - les territoires touchés par la désindustrialisation, comme Forbach, Chateauroux, Fécamp, Nevers Il propose ensuite une analyse méthodologique de la ''crise'' des villes moyennes, qui est donc plutôt la convergence de : - la crise des chefs-lieux : les plans gouvernementaux de « rationalisation » du territoire participent largement à faire perdre le titre de « capitale d’un territoire » que tenait chacune de ville, en centralisant les entités administratives, judiciaires ou hospitalières ou en fusionnant les sous-préfectures. De plus, depuis le développement du réseau routier, la ville moyenne n’est plus un lieu de passage obligé pour se rendre dans la métropole. C’est bien la fin de la fonction traditionnelle qu’entretenait la ville moyenne entre rural et métropole. - la crise de la fonction commerciale : la production de nouvelles surfaces commerciales, la stagnation de la consommation des ménages et la croissance des achats en ligne sont les causes de l’effacement de la fonction traditionnelle des rues piétonnes en cœur de ville. Les conséquences sont la hausse de la vacance commerciale, la diffusion des franchises et la disparition du commerce indépendant et des artisans de qualité. - la crise des centres : le schéma de la fracture territoriale – illustré dans les métropoles par le centreville attractif et gentrifié, face aux périphéries plus pauvres et délaissées – s’inverse dans les villes moyennes. Les centres-villes se paupérisent et les classes supéchapitre 01

1. Voisin-Bormuth Chloë. « Refaire partie de la carte : des villes moyennes entre rebond et stabilisation ». La Fabrique de la Cité, 17 décembre 2021

2. Gargov Philippe. op. cit.

3. Rio Nicolas. « Les villes moyennes (1/3) : une crise de vocation ! ». Partie Prenante, 3 mai 2018


rieures habitent les périphéries. « Ceux qui restent dans les centres sont les jeunes, les retraités et, de façon plus générale, les pauvres » constate le spécialiste du logement Jean-Claude Driant, dans Alternatives économiques. » De fait les équipements se délocalisent vers les entrées de ville et créent de nouvelles polarités autour des zones économiques en périphérie.

4. Razemon Olivier. Comment la France a tué ses villes. Collection l’écopoche. Paris : Éditions Rue de l’Échiquier. 2019

5. Razemon Olivier. Ibid. p. 16

En outre, la question qui est soulevée est : quelle vocation pour les cœurs de villes face au déclin de leur fonction traditionnelle ? Une crise politique Olivier Razemon, journaliste indépendant sur les transports, l’urbanisme et les modes de vie, publie en 2016 « Comment la France a tué ses villes » (4), un livre-enquête ré-édité en 2019. Il y compare des dizaines de villes moyennes, dont les centres-villes s’essoufflent et tente d’expliquer comment ces villes, qui maillaient autrefois le territoire, ont progressivement été délaissées. Il diagnostique les causes et identifie les coupables de ce phénomène. Les politiques d’aménagement territorial sont évidemment les premières en jeu ; mais on y apprend que tout cela n’est finalement pas plus la faute des maires – que l’on a accusé·e·s de laisser-faire – que celle les politiques nationales déconnectées des enjeux territoriaux en faveur des métropoles françaises désormais mondialisées.

constats et tendances structurelles

« La France est en train de tuer ses villes, même si tout le monde n’en n’a pas encore pris conscience. Les métropoles, certes, se portent relativement bien. En revanche, toutes les autres, de la ville moyenne hameau en passant par la simple bourgade, sont touchées. La mort du petit commerce, constatée dans de nombreuses localités, n’est que l’élément le plus visible d’un phénomène plus marqué. Dans les villes moyennes, la population stagne, de plus en plus de logements sont vacants, le niveau de vie baisse. » (4)

Mais le propre d'une crise étant d'être un état passager, lorsqu'elle est durable et stabilisée, ne pourrait-on pas dire qu'il s'agit finalement de changer de regard, de critères d'analyse et de modes d'action pour réfuter l'hypothèse d'une ''crise des villes moyennes'' ?

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comprendre


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deuxième partie

La construction d'un imaginaire Un imaginaire quelque peu péjoratif s’est construit, au fil des années, autour des villes moyennes. Il tient un rôle important dans la perception que l'on en a et il agit comme un énième responsable de la déprise des villes moyennes, renforcé par la dichotomie désuète ville/campagne (qui se traduit par l'opposition territoires métropolitains/territoires ruraux dans l'imaginaire collectif) qui exclut, par définition, les petits centres urbains du paysage français. Par ailleurs, l’usage même du mot ''moyenne'' accolé à celui de ''ville'' apparait comme un frein à l’image méliorative de ces territoires. Habiter un territoire qualifié de « moyen » n’a étonnement rien d’attirant. Dans nos expressions ville moyenne rime souvent avec ''ville-dortoir'', ''ville morte'', ''ennui'' ou encore ''rideaux de fer baissés''. Cet imaginaire est représenté à travers différents médium, comme au cinéma par exemple. Peu de villes moyennes sont filmées pour ce qu’elles sont, identifiées et reconnaissables contrairement aux grandes villes dont on met toujours les monuments emblématiques en avant ou le mode de vie par exemple. La ville moyenne est anonyme dès qu’elle est provinciale, non-métropolisée. À cet égard, des acteurs, chanteurs, écrivains, en tant que représentant·e·s de la culture populaire, ne lésinent pourtant pas leurs propos lorsqu'il s'agit de parler de ces ''villes de province''. Mais pourquoi donc les médias centralisés ont-ils besoin de participer activement à construire ces images mentales ? à les manipuler pour les rendre indésirables ?

Pour l'actrice Catherine Deneuve, « à Dunkerque, je ne peux pas me vanter d’avoir écumé les boites de nuit. Ça m’a semblé d’une tristesse, cette ville ! C’est un port, certes, mais ce qui marche vraiment, ce sont les cigarettes et l’alcool. » Pour la journaliste Florence Aubenas, dans ces villes loin de Paris, « le 20 du mois, les voitures cessent de rouler parce-qu’on n’a plus d’argent pour y mettre une seule goute d’essence. » La littérature n'est pas non plus toujours très tendre à l'égard de ces villes.

Partant du principe que « La France ne manque pas d'endroits où pour rien au monde on irait passer le week-end », Vincent Noyoux dépeint le portrait de « douze villes pas gatées par la vie, peu flattées par les apparences, oubliées, voire méprisées de tous. » Dans son livre (1), Vincent Noyoux, journaliste et écrivain de guides touristiques, dépeint le portrait de ces villes « réputées laides ou sinistrées, moquées dans les chansons populaires » (2). Il a choisit douze d'entre elles, dont Draguignan à l'honneur de faire partie, pour relater de son « Tour de France des villes incomprises ». C'est dans ce livre donc, que l'auteur s'est attaché à enrichir l'imaginaire calamiteux de ces territoires qu'il qualifie de « méconnus ». La plume humoristique empruntée pour décrire ces portraits en apparence peu flateurs rend néanmoins ces villes presque attachantes. chapitre 01

1. Noyoux Vincent. Tour de France des villes incomprises. Paris : Éditions du Trésor. 2016, 224 p.

2. Doustaly Thomas. «Maubeuge, Vesoul, Cergy… Ces villes qui souffrent d’un désamour chronique ». Le Monde, 28 juillet 2016

3. Gargov Philippe. « Peut-on (encore) sauver les villes moyennes ?''. Demain la Ville, 23 mai 2019.


Dans une vidéo (3) consacrée aux villes moyennes et adressée au grand public, l'orateur, peut être un peu trop citadin - pour ne pas dire parisien - dit naturellement qu’une ville de 10, 15 ou 20 000 habitants est une ''petite bourgade''. Sont-ce nos âmes de petits villageois élevés à Vienne, Aix-lesbains ou Draguignan, ou bien nos consciences d’étudiants en architecture qui nous font grincer des dents dès la 40ème seconde de cette vidéo ?

3. L'appellation des « emplois métropolitains », employée par l’Insee depuis 2002 correspond aux fonctions de : conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce interentreprises, gestion,︎ culture et loisirs

4. Razemon Olivier. op. cit., p. 48

5. Razemon Olivier. op. cit., p. 171

6. Ces tensions sont explicitées en page suivante.

7. Élie Guérault in PUCA. Villes moyennes : coopérer pour renouveller les centralités [colloque]. Learning center Villes Durables, Dunkerque. 25, 26 et 27 juin 2019.

Dans le monde du travail, la recherche d’emplois se concentre dans les métropoles par défaut, parce qu’elles y accueillent les formations universitaires et la plupart des études supérieures menant à des fonctions identifiées comme ''métropolitaines'' par l’Insee (3). Dans les discours portés par les politiques gouvernementaux, Olivier Razemon dénonce une prise de conscience lente et difficile, car l'intérêt a été trop longtemps inexistant et l'amalgame avec les enjeux des territoires ruraux est encore bel et bien présent.

« Dans aucun grand parti politique, PS, LR ou FN, le sort des villes moyennes ne fait l’objet de commentaires ou de propositions. Le sujet est généralement confondu avec la désertification des territoires ruraux ou la montée en puissance des métropoles. » (4) Il y aurait donc une méconnaissance du sujet par ces « irréductibles citadins » qui considèrent que le problème reste la gentrification des centres-villes dans toutes les villes de France. La méconnaissance du sujet se ressent également dans les propos des habitants. Ils sont nombreux à penser que c’est leur ville le problème. Selon le journaliste, « leur sort serait unique, singulier. ''C’est constats et tendances structurelles

comme ça chez nous, c’est la mentalité.'' nous dit-on. ».

On a besoin de moins de rumeurs et d’impressions. On a besoin de davantage de connaissances et de faits. Pour comprendre ce système vivant qu’est une ville, il faut l’examiner sous toutes ses coutures, pas seulement de manière théorique. Bien sûr, on épluchera les rapports, on effectuera des voyages d’études dans les capitales d’Europe les plus dynamiques et on copiera les « bonnes pratiques » des villes voisines. Mais cela ne suffit pas. Même si les causes du dépérissement sont similaires partout, et que les solutions, certes imparfaites, se ressemblent, il se trouvera forcément quelqu’un pour objecter : ''Ah, mais chez nous, c’est différent.'' » (5) Pour le sociologue, Élie Guéce sont également à cause des rumeurs et des commérages – qui vont bon train dans ces villes ''où tout le monde se connait''– que la fracture territoriale se voit confortée, non plus entre les villes moyennes et les grandes villes, mais entre leurs centres et leurs périphéries et entre les groupes qui les habitent (6). Selon les classes moyennes supérieures peuplant les périphéries, les populations qui habitent désormais le centre-ville incarnent le déclin de ces quartiers centraux. Bien que construite, cette image structure désormais ces rapports conflictuels. Il y a donc une vraie dimension sociale du déclin urbain avec une tendance à la spatialisation des problèmes sociaux, entre groupes sociaux. (7) rault,

N'est-il pas temps de mettre fin à cette dévalorisation constante de ces villes qui semblent apparaitre soudainement comme un jardin d'Éden à l’aune d’une crise sanitaire bien trop longue ?

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deuxième partie

Les maux des villes moyennes Parmi les maux dont souffrent ces villes, concentrons-nous sur quatre d'entre eux. Le déclin des commerces de proximité La plus criante est celle qui se traduit par la fermeture des commerces en centre-ville.

« C'est le symptôme le plus flagrant de la crise urbaine : les vitrines vides et sombres, les façades aveugles, les stores métalliques baissés. » (1) Les commerces de proximité subiraient une concurrence déloyale de la part des grandes surfaces installées en périphérie. Selon l'institut Procos, qui se présente comme la fédération représentative du commerce spécialisé, 62% du chiffre d’affaires s'y fait en périphérie, contre seulement 25% en centre-ville et 3% dans les quartiers. À titre de comparaison, en Allemagne, cette répartition est bien plus égalitaire (1/3 pour chaque) (2). De plus, 90% des dépenses des ménages seraient monopolisés par les grandes surfaces périphériques. Selon un rapport Sénat, la France détenait, en 2005, la plus grande densité de surfaces commerciales d’Europe.

« La ville est morte, le centre commercial a gagné. La ville s’est décentrée. Et puis chacun repart, seul, avec sa voiture. » (3) Les villes, anciennement structurées autour de leur centre, se sont ainsi ré-organisées autour des nouveaux pôles situés en périphérie, qui uniformisent tous les paysages des villes de France et s'y concentrent les commerces

essentiels, alors que les commerces de proximité se sont transformés en services peu qualitatifs où on ne trouve plus que le superflu. Le manque de substance dans les nouveaux services et le caractère éphémère (tatoo, vapotage, etc.) des commerces qui s'installent en centre-ville ne suffisent plus à le rendre attractif. De fait, on constate l’émergence des « déserts alimentaires » au cœur de ces territoires. Par exemple, selon un habitant de la ville d'Avignon, « il n’y a plus une seule poissonnerie, ni une fromagerie dans tout Avignon » (4). La dégradation et la vacance du bâti en centre-ville S'accompagne à cela la déqualification de l’habitat qui se dégrade et un taux de vacance qui explose dans les centres-villes. Ce taux de vacance particulièrement élevé dans les villes moyennes (5) s'expliquent par une diversité de raisons : fuite vers les périphéries, excès des constructions dans les années 2000, inadéquation entre l’offre et la demande (6). Il atteint, dans certaines villes moyennes précisément, jusqu'à 20% du parc de logement, alors qu'il dépasse tout juste les 8% à l'échelle de la France métropolitaine. La fracture socio-spatiale Ce phénomène ne fait que renforcer les ruptures entre les groupes sociaux. Alors que les centres-villes se paupérisent à grande vitesse, les périphéries ne cessent de s’enrichir. Il y a une inversion très claire du schéma de modèle classique de ségrégation centre-ville gentrifié / périphéries paupérisées qui structure les grandes villes. chapitre 01

1. Razemon Olivier. Comment la France a tué ses villes. Collection l’écopoche. Paris : Éditions Rue de l’Échiquier. 2019. p. 67

2. Selon un rapport de la CCI Rhône-Alpes daté de 2008

3. Razemon Olivier. op. cit., p. 108 4. Razemon Olivier. op. cit., p. 60 5. Quelques données, en page 62, confirment cette affirmation.

6. La question de la vacance commerciale est développée, de façon plus approfondie, dans le fascicule 3 de notre étude.

7. PUCA. Villes moyennes : coopérer pour renouveller les centralités [colloque]. Learning center Villes Durables, Dunkerque. 25, 26 et 27 juin 2019.


Selon le sociologue Élie Guéraut, il s'agirait d' un « phénomène tout a fait inédit dans la France contemporaine ». (7)

8. Pierre Heumel (adjoint au maire de Saint Omer) in PUCA. Ibid.

9. Razemon Olivier. op. cit., p. 128

10. Héran Frédéric. Commerces de centre-ville et de proximité et modes non motorisés [rapport final] ADEME et FUBicy, 2003

11. Selon les derniers recensements de population de l'Insee, datant de 2017.

La situation socio-économique des centres-villes est parfois inquiétante. À Saint-Omer, par exemple, 31% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2014. Les taux de chômage sont, par ailleurs, bien plus plus importants en centre-ville qu'en périphérie. Toujours à Saint-Omer, 150 emplois ont été supprimés en centre-ville entre 2009 et 2014 et 300 emplois ont été créés les grandes surfaces de périphérie (néanmoins, cette situation n'est pas stable car ces emplois ont été supprimés dans les 2 ans qui ont suivi) (8). En bref, la ségrégation spatiale entre les différents groupes sociaux et l’entre-soi structure le territoire et participent à la construire de ces imaginaires particulièrement négatifs décrits un peu plus tôt. C'est une mise en scène de la fracture territoriale à l'échelle intra-territoriale. Le rapport à la voiture et aux autres mobilités À cela s'ajoute un rapport aux mobilités particulièrement structurants, autant pour l'organisation des territoires de villes moyennes que pour le déclin des centres-villes. On y constate un réel manque d’efficacité (voire un manque tout court) de transports publics. Les transports en commun sont trop peu fréquentés pour être considérés comme rentables, et les collectivités ne misent donc pas sur leur développement. Selon l'Union des Transports Publics et Ferroviaires, la fréquentation est quatre fois plus faible sur les réseaux de moins de 100 000 habitants que dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants. Le rapport que les habitant·e·s entretiennent avec leurs véhicules constats et tendances structurelles

motorisées en est-il la cause ou la conséquence ? Probablement les deux, et c'est ce qui rend le problème plus complexe à résoudre. Olivier Razemon relève six nuisances associées à l'usage de la voiture dont les habitant·e·s se plaignent (mais dont ils sont aussi à l'origine) : la pollution sonore, les coupures urbaines, la vitesse et l'insécurité routière, l'éloignement et l'étalement urbain, le stationnement sur les espaces publics et la charge mentale qu'est devenue le besoin de trouver une place en centre-ville. Ces six faits établis sont des nuisances certes, mais elles le sont principalement d'un point de vue porté depuis le centre-ville : elles confortent les habitant·e·s dans leurs trajets quotidiens de périphéries à périphéries et les éloignent des centresvilles. Malgré le caractère nuisible qu'elle constitue, cette dépendance à la voiture est considérée comme immuable. Posséder une voiture dans une ville moyenne, au-delà du caractère de réussite sociale que cela constitue, est considéré comme un acquis qui n’est pas à débattre et dont on ne se passera jamais, à tel point que :

« Dans les villes moyennes, les déplacement font rarement l’objet d’un débat politique » (9) Pourtant, selon certaines études (10), les piétons et les cyclistes consommeraient davantage que les automobilistes, car ils représenteraient des « clients fidèles » face aux « acheteurs volages » au volant de leur voiture. De plus, quelques données montrent que la démotorisation ne serait pas l'apanage des métropoles et qu'il est temps de ne plus sous-estimer les besoins en transport en commun : à Chambéry et Dunkerque, 25% des foyers ne possédent pas de voiture, 28% à Périgueux ou encore 30% à Vitry-le-François ou Béthune (11).

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comprendre


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deuxième partie

Les données au service des hypothèses du déclin Nous avons recensé ici quelques données confirmant ou infirmant les hypothèses du déclin des villes moyennes, et justifiant, en filigrane, les raisons de ces maux tout juste dévoilés. Elles esquissent des tendances démographiques, socio-économiques, résidentielles, commerciales et de mobilité qui peindront un certain tableau des villes moyennes. Ces résultats sont à nuancer pour différentes raisons. En effet, sauf mention contraire, les données sont tirées du recensement de la population de l'Insee. Or, les études les plus récentes datent de 2017. Déjà plus de trois ans nous séparent de cette temporalité alors que le foisonnement d'études autour de la question des villes moyennes est plus récent. Peut être pourrons-nous lire dans les futures données éditées, les prétendus bouleversements structurels que l’on semble scander partout. Il est a savoir qu’au cours des dernières années, les intercommunalités ont changé, incluant de nouvelles communes. Cependant les données proposées par l’Insee sont relatées dans un périmètre géographique toujours identique, le dernier en date.

chapitre 01


La question démographique

70 000 000

52 000 000

Moyenne nationale

« Les villes moyennes subissent un déclin démographique. »

110 000 EPCI DPVA

100 000

90 000

EPCI Vienne-Condrieu

80 000 EPCI Grand Lac 70 000

60 000

50 000

40 000

Draguignan

30 000

Aix-les-Bains Vienne

20 000

10 000 1968

1975

1982

1990

1999

2007

constats et tendances structurelles

2012

2017

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comprendre


60 /

deuxième partie EPCI Vienne-Condrieu

« Les villes moyennes subissent un vieillissement de la population. »

0 / 14 ans 15 / 29 ans 30 / 44 ans 45 / 59 ans 60 / 74 ans 74 ans / + Vienne

35,5%

-29 ans

+60 ans

25,1%

EPCI DPVA

37%

+60 25,6%

-29

0 / 14 ans 15 / 29 ans 30 / 44 ans 45 / 59 ans 60 / 74 ans 74 ans / + Draguignan

32,1%

-29 ans

+60 ans

30,2%

EPCI Grand Lac

34,7%

+60 26,9%

-29

0 / 14 ans 15 / 29 ans 30 / 44 ans 45 / 59 ans 60 / 74 ans 74 ans / + Aix-les-Bains

32,9%

-29 ans

+60 ans

28,2%

29,8% -29

chapitre 01

+60

34,2%


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comprendre

Évolution démographique

Globalement, ces courbes illustrent bel et bien le phénomène de périphérisation : les courbes des EPCI sont bien plus croissantes que celles de leurs communes-centres. Il est également intéressant de souligner que, pour Draguignan, en tant que commune-centre de son agglomération, on observe une évolution de la démographie qui correspond aux grandes dates des politiques publiques en faveur ou en défaveur des villes moyennes. Il est toutefois à considérer que ces courbes dépendent en partie de la superficie de chaque territoire et de leur densité. Il serait intéressant de remplacer le nombre d’habitant pas la densité d’habitants/m2 pour la comparer à l’échelle nationale et s’affranchir des différences numériques de population.

Vieillissement de la population

On peut observer ici que la ville de Vienne réfute l’hypothèse d’un vieillissement de la population, tandis qu’Aix-lesBains la confirme, s’inscrivant toujours dans son image de tradition thermale et de villégiature attirant une population de retraités. Le vieillissement de la population se lit surtout à l’échelle des territoires, les communes-centre accueillant plus de jeunes populations.

constats et tendances structurelles


La question résidentielle

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ine

deuxième partie

Résidences principales Résidences secondaires Logements vacants

Vienne

Résidences principales Résidences secondaires Logements vacants

« Le taux de vacance résidentielle explose dans les villes moyennes. »

Propriétaires

EPCI Vienne-Condrieu

60,6%

41%

Propriétaires

Draguignan

25,6% Propriétaires

Résidences principales Résidences secondaires Logements vacants

EPCI DPVA

59,8%

49,5%

Propriétaires

Propriétaires

Aix-les-Bains

Résidences principales Résidences secondaires Logements vacants

EPCI Grand Lac

62,9%

52,5%

Propriétaires

chapitre 01

Propriétaires


France métropolitaine

Résidences principales Résidences secondaires Logements vacants

63 /

comprendre Vienne

Ré pr Ré se Lo va

EPCI V

57,5%

41%

Propriétaires

60,6%

Propriétaires

Draguignan

Ré pr Ré se Lo va

EPCI D

49,5%

59,8%

Propriétaires

Aix-les-Bains

Ré pr Ré se Lo va

EPCI G

série de logements vacants à Draguignan © Romane Dantcikian 52,5%

constats et tendances structurelles

62,9%

Propriétaires


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deuxième partie EPCI Vienne-Condrieu

Habitants travaillant dans une autre commune que leur commune de résidence

76%

Vienne

60%

EPCI DPVA Habitants travaillant dans une autre commune que leur commune de résidence

Draguignan 47%

35%

EPCI Grand Lac Habitants travaillant dans une autre commune que leur commune de résidence

71% Aix-les-Bains

53%

chapitre 01

« Ce sont des villes-dortoirs ! »


65 /

comprendre

Vacance des logements

Une tendance se confirme dans les villes de Vienne et à Draguignan où la vacance résidentielle est presque deux fois plus élevées que la moyenne nationale, tandis qu’elle se fait moins flagrante à Aix-les-Bains traduisant un marché immobilier relativement tendu et un foncier rare. Les intercommunalités de Vienne et Draguignan sont également touchés par la vacance résidentielle, mais dans une moindre mesure, illustrant cette fois-ci une forme d’habitat plus plébiscitée, celle la maison individuelle. Les résidences secondaires se font aussi nombreuses dans l'intercommunalité de Draguignan que dans la commune d'Aix-les-Bains, et s'absentent presque entièrement du paysage viennois. C'est un exemple qui atteste de la diversité des situations et des typologies des villes moyennes.

Résidence-travail

Pour Aix-les-Bains et Vienne, il est évident que leur insertion dans un système territorial plus large - Sillon Alpin pour Aixles-Bains et l’axe rhodanien pour Vienne ainsi que sa proximité avec la métropole lyonnaise - favorise le phénomène de ''ville dortoir'', les actifs ayant une mobilité aisée vers des zones d’emplois extérieure à la commune ou au territoire rapproché. Le phénomène semble plus mesuré pour la commune de Draguignan dont la majorité des habitants de l’emprise communale travaillent dans la même emprise. À l’échelle territoriale, on ressent une captation des actifs par d’autres communes, certainement en direction du littoral.

constats et tendances structurelles


66 /

deuxième partie

La question commerciale 90 80 70 60

« Le commerces en centre-ville ferment les uns après les autres. »

50 40 30 20 10 1960

1967

1970

1982

1960

Évolution de la superficie totale de vente du parc de magasins en France métropolitaine, selon leur format de vente, entre 1966 et 2015 / source CNCC, INSEE

12,1%

10,3 8,7

8,6

Moyennes surfaces Ensemble

de vacance commerciale dans les villes de plus de 500 000 habitants

9,2

9,3 6,6

<50.000

50.000 à 100.000

2009

Boutiques

11,3

11,1

8

2002

5,9%

de vacance commerciale dans les villes de moins de 100 000 habitants

9,3

1995

6,9

7,5

5,6

100.000 à 250.000

250.000 à 500.000

Évolution du taux moyen de vacance commerciale en centre-ville, selon la taille des agglomérations (unités urbaines) / source données Codata 2015 retraitées par Procos

chapitre 01

6,4 6,3 6,3

>500.000 2013 2014 2015


67 /

comprendre

16 14 12

Centres villes

10

Centres commercieaux

8 6 4 2 2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

Évolution du taux de vacance commerciale par type de pôles marchands entre 2012 et 2017 / source IVC, données Codata 2016

Seulement

« Tout le monde se rend dans les grandes surfaces en périphérie qui se portent mieux. »

21%

des aires urbaines françaises comptent un commerce de periphérie en meilleur santé que celui du centre source Traits Urbain juin-juillet 2020

Zonnes Commerciales

70%

Centre Ville

17%

Commerce diffus

13%

Répartition des lieux de consommations selon le type en 2020 source Traits Urbain juin-juillet 2020

Vacance commerciale et habitudes de consommation

La majorité des consommateurs se rendent dans les zones commerciales, cependant on remarque que les grandes surfaces installées en périphérie des communes enregistre une déclin presque aussi important que les commerces de proximités en centre-ville. On assiste donc à une modification des comportement de consommation des habitants. Le commerce de centre-ville semble faire résistance bien que les rideaux baissés des vitrines soient un symptôme criant de leur malaise.

constats et tendances structurelles


68 /

deuxième partie

chapitre 01


69 /

comprendre

série de photographies J’habite une ville fantôme © Thibaut Derien

constats et tendances structurelles


70 /

deuxième partie

La question des mobilités

« Je ne peux pas me passer de ma voiture ; et prendre les transports en commun ou le vélo pour aller travailler ne fait pas partie de mes options. »

EPCI Vienne-Condrieu

Voiture

s

Deux roues

en commun

Transports en commun Vélo Marche

placement

Pas de déplacement Vienne

EPCI DPVA

Voiture Deux roues Transports en commun Vélo Marche Pas de déplacement Draguignan

chapitre 01 EPCI Grand Lac


71 /

comprendre

EPCI Grand Lac

Voiture Deux roues Transports en commun Vélo Marche Pas de déplacement Aix-les-Bains

France métropolitaine

Voiture

EPCI Vie

Deux roues Transports en commun Vélo Marche Pas de déplacement

constats et tendances structurelles

EPCI DP


72 /

deuxième partie

stationnement en surface et usagers à vélo dans les rues de Vienne © Vincent Manzini-Fahndrich

stationnement en surface et pistes cyclables dans les rues d'Aix-les-Bains © Juliette Duday

Usage de la voiture individuelle et autres mobilités Ces photographies dressent le constat de conflits d’usage liés aux mobilités. L’omniprésence de la voiture perturbe le paysage urbain et qualité de certains espaces publics majeurs. Les transports en commun sont bien souvent inadaptés aux besoins des habitants et/ou n’encouragent pas à une modification des pratiques. Les municipalités semblent cependant prendre conscience de l’importance du développement de circuit modes doux sécurisés et continus.

chapitre 01


La question socio-économique « Le taux de chômage est plus important dans les villes moyennes. »

Taux de chômage 17% Draguignan 16%

15% Vienne

14%

France métropolitaine Aix-les-Bains

13%

« Les villes moyennes se paupérisent et la situation socioéconomique se fragilise. »

12%

11%

10% 2007

2012

2017

Taux de chômage Le taux de chômage est le principal indicateur de la santé socio-économique d'un territoire. Les taux ci-dessous attestent que la situation est plus préoccupante à Draguignan, mais les situations viennoise et aixoise affinent, complexifient et réfutent en partie cette généralité. Une analyse plus poussée incluant les apports financiers et les niveaux de diplôme de chaque population par quartiers centraux/périphériques seraient intéressante à mener.

constats et tendances structurelles

73 /

comprendre


74 /

deuxième partie

Traduction spatiale des tendances

Ces symptômes ont aussi leur lot de conséquences en termes d'espaces et de modification de l'organisation du territoire. Différentes études et analyses comparatives nous ont permis de dresser un certain nombre de généralités qui sont venues se confirmer à Vienne.

Organisation spatiale des services 1 2

5

commerces et services non-essentiels et souvent non-pérennes (vapotage, tatoueur, fast food...)

4 3

franchises sur la rue piétonne (vêtements, chausseurs...)

3

services occasionnels et quelques commerces traditionnels (banques, agences immobilières...)

4

services publics et équipements (piscines, cinémas, sous-préfecture...)

5

grandes surfaces en périphérie (alimentaire, magasins de bricolage...)

1 2

Organisation socio-spatiale et résidentielle 1

cœur de ville paupérisé (logement locatif privé)

2

quartiers péri-centraux mixtes (logement locatif social et logement en accession)

3

3 2 1

périphérie et communes périphériques plus aisées (maison en accession)

chapitre 01


Mise en application 5

3 4 4

application viennoise

1 2

3 3

4

5

3

2

application viennoise

2

3

2

constats et tendances structurelles

3

1

3

75 /

comprendre


76 /

deuxième partie

chapitre 02 l dynamiques et influences territoriales

Entre métropolisation et périphérisation | Notre ambition, outre

notre tentative de déconstruire des imaginaires tenaces, est de comprendre le rôle des influences qu’entretiennent ces villes moyennes avec leurs territoires, métropolisés ou non. Ces influences sont-elles plutôt un levier ou un frein ? Le phénomène de métropolisation peut-il être à la fois la cause et la réponse à la déprise de ces villes et de leurs centres ? Leurs périphéries, parfois rurales, sont-elles un soutien ou un poids à porter pour les communes-centres ? Leur émancipation est-elle envisageable ? En bref, comment ces influences territoriales peuvent participer ou non aux réponses à apporter pour la revitalisation des villes moyennes et de leurs centres.

Des systèmes territoriaux en mutabilité | Les systèmes territo-

riaux dans lesquels s'inscrivent les villes moyennes sont amenés à muter, comme c'est le cas depuis les premières politiques d'aménagement du territoire, avec, par exemple, l'exode rural ou encore la fusion des régions. Sur la base de quels scénarios peuvent s'opérer ces changements ?

chapitre 02


Vienne, en tant que première ville d'étude, s’inscrit dans le territoire métropolitain lyonnais. Nous en venons alors à questionner le phénomène de métropolisation, encouragé par certains, vivement critiqué par d’autres, et souvent accusé de causer du tort au reste du territoire.

1. Vermeren Pierre. L’impasse de la métropolisation. Paris : Gallimard, Collection Le Débat. 2021, 108 p. (p.17)

2. Ce document est tiré du site du Réseau des Pôles Métropolitains. URL : http:// www.poles-metropolitains.fr

Les politiques territoriales, en France, semblent se tourner davantage vers la métropolisation du territoire que vers l’équité territoriale et la décentralisation promise par le gouvernement depuis les années 70/80.

« La France est particulièrement en pointe dans la structuration métropolitaine de son espace national. Les autres pays européens n’ont pas subi de mutations aussi radicales ni aussi rapides que l’espace français depuis les années 1970 » (1) Le document ci-dessus est décrit comme un « état d’avancement » (2), comme si le phénomène n’en

Vers une métropolisation du territoire français ?

était qu’à ses prémices et que l’objectif était, à terme, de recouvrir l’entièreté du territoire de ''Pôles Métropolitains''. Le projet n’est-il qu’un regroupement théorique favorisant les échanges ou un regroupement spatial et territorialisé favorisant l’urbanisation généralisée et la montée en puissance des métropoles ? Cela questionne face aux conséquences délétères aujourd’hui connues et partagées sur la question de l’urbain-métropolisé (faible résilience, impossible autonomie, pollution environnementale, consommation de masse, ségrégation sociale, stress et mauvaise qualité de vie, etc.).

dynamiques et influences territoriales

77 /

comprendre


78 /

deuxième partie

Zoom régional : Auvergne-Rhône-Alpes 2015

Lyon

BourgoinJal. Vienne SaintÉtienne

Pôle Métropolitain lyonnais en 2015 / source : Pôle Métropolitain

2020 Villefranche /Sâone

Lyon Genas

BourgoinJal. Vienne SaintÉtienne

Pôle Métropolitain lyonnais en 2020 / source : Pôle Métropolitain

chapitre 02


Zoom régional : Auvergne-Rhône-Alpes N'étant pas une entité territoriale à proprement, ce pôle questionne surtout pour le projet qu'il défend et d'un point de vue politique. En effet, la gouvernance du Pôle Métropolitain, tel qu’elle existait en 2020 se base, comme beaucoup d'objets politiques et économiques, sur le poids de chaque partie. Ici, c'est le poids démographique qui donnera le nombre de sièges au conseil du Pôle Métropolitain. Quelle place reste-il aux autres collectivités aux côtés de la Métropole de Lyon ?

49% pour la Métropole de Lyon (43 sièges)

10% pour Vienne-Condrieu Agglomération (9 sièges)

17% pour la Saint-Étienne Métropole (15 sièges)

3,5% pour la CC de l'Est Lyonnais (3 sièges)

Gouvernance du Pôle Métropolitain lyonnais en 2020 : quelques exemples

L'étendue du Pôle Métropolitain en 2020 n'étant qu'un ''état d'avancement'', qu'en sera-t-il dans 30 ans ? Dans une logique prospective, nous imaginons une cartographie potentielle de ce à quoi il pourrait ressembler en 2050, les espaces intersticiels étant désormais rentrés en jeu.

2050 ?

Villefranchesur-Sâone

Lyon Genas

BourgoinJallieu Vienne SaintÉtienne

projection 2050 du Pôle Métropolitain lyonnais © production personnelle

dynamiques et influences territoriales

79 /

comprendre


80 /

deuxième partie

La métropolisation : quelles conséquences ? La métropolisation est un phénomène mondualisé né aux EtatsUnis, qui a gagné la France depuis les années 1970/80, marquant le début de la fabrique des métropoles. Il est devenu une idéologie dominante, mais qui commence toutefois à être à bout de souffle. Certain·e·s auteur·e·s déplore une critique très tardive et difficile du modèle métropolitain, longtemps restée silencieuse par les géographes. (1) De plus en plus de voix se haussent néanmoins, – que ce soit dans la littérature comme sur le petit écran, à la radio et tout autre médium plus ou moins grand public – allant à l'encontre de ce modèle dominant qu'est devenu la dynamique de métropolisation. De la même façon, de plus en plus de rencontres sont organisées à ce sujet. Lors d’une conférence tenue le 22 janvier 2020 à la Maison de l’Écologie de Lyon, le média Floraisons (2) accueille Isabelle Attard (ancienne députée écologiste), Guillaume Faburel (enseignant et chercheur) et Floréal M. Roméro (agriculteur et écrivain) (3). Tous·tes dénoncent l'urbain métropolisé comme instrument d'assujettissement politique et surtout comme une fuite en avant vers l'impasse écologique et environnementale sous couvert d'un discours politique séduisant emprunt aux logiques néo-libérales.

« Les grandes villes auraient, nous dit-on, les solutions face à l’effondrement du vivant. Un emploi dans un fab lab ? Un post-it bleu ou rose pour faire démocratie ? Des fermes en aquaponie pour notre autonomie ? Des Jeux olympiques face au mur climatique ? »

Guillaume Faburel, en sa qualité de professeur à l’Université Lyon 2 et Sciences Po Lyon et de chercheur à l’UMR Triangle, est un des portes-voix de ce mouvement. Il travaille sur les conséquences écologiques et sociales de la métropolisation et questionne les communs territoriaux. Au cours de ces dernières années, ses différentes publications ont participé à ouvrir le débat à plus grande échelle. En 2018, il publie « Les métropoles barbares - Démondialiser la ville, désurbaniser la terre » (4), qui se positionne radicalement contre la métropolisation mondialisée des territoires et la folle expansion de ces « villes gloutonnes ». L’ouvrage démontre les effets délétères (souvent irréversibles) qu’entretiennent les grandes villes sur l’environnement et les populations. Les pouvoirs économiques et politiques y manipulent des idées faussement écologiques, sous un marketing toujours plus vendeur et compétitif, en opposition avec les principes d’une écologie radicale et d’une politique sociale. L’auteur s’attache également à montrer que des luttes, internes et externes aux métropoles, s’enclenchent pour lutter contre ce phénomène. Il y dresse un tour d’horizon des initiatives « alter-urbaines » sur le territoire français (p. 265) : des coopératives d’habitat iséroises aux luttes contre les projets de développement dans le Var, en passant par la chute des grands projets urbains, comme EuropaCity à Gonesse. C’est un discours qui conforte les logiques de décroissance de certains territoires, à l’abri de ''l’urbain-métropolitain''. Il y met en avant sont triptyque habiter / coopérer / autogérer sans lequel

chapitre 02

1. Vermeren Pierre. op. cit. p. 17

2. Floraisons est un média lyonnais autogéré qui, par le biais de son blog et de son podcast, participe à la déconstruction des modèles dominants.

3. Floraisons. Contre la métropolisation capitaliste [conférence]. La Maison de l’Écologie, Lyon. 22 janvier 2020.

4. Faburel Guillaume. Les métropoles barbares  : démondialiser la ville, désurbaniser la terre. Paris : Le Passager clandestin. 2018, 430 p.


5. Faburel Guillaume. Pour en finir avec les grandes villes : manifeste pour une société écologique post-urbaine. Paris : Le Passager clandestin. 2020

6. Vermeren Pierre. L’impasse de la métropolisation. Paris : Gallimard, Collection Le Débat. 2021, 108 p.

l'émancipation des métropoles ne sera possible. Après avoir démontré que le territoire métropolitain participe vraisemblablement aux crises écologiques et sociales, l’auteur publie, en 2020, « Pour en finir avec les grandes villes - Manifeste pour une société écologique post-urbaine. » (5). Il tente d'y concrétiser et spatialiser ses propos et « dresse un plaidoyer en faveur de la construction d’une société écologique hors des grandes villes, seul futur viable pour l’humanité et la planète ». La description de cette société post-urbaine s’illustre de témoignages et d’expériences concrètes. Elle donne des orientations pour éviter de reproduire le phénomène sur le reste du territoire, « éviter la contamination métropolitaine de la terre » (p. 135) et « habiter sans bétonner » (p. 160). Habiter avec le vivant, autonomie et coopération sont toujours les maîtres-mots. De façon plus générale, la majorité des auteur·e·s critiques à l’encontre du phénomène semblent être d’accord sur un point : les métropoles sont les outils les plus efficaces d’application du capitalisme néo-libéral aux territoires.

Pour Pierre Vermeren, « la métropolisation est une modalité du capitalisme néolibéral, présentée en idéal politique et de civilisation. »

Le phénomène de métropolisation semble donc être très explicitement à l’origine de la reconfiguration des rapports villes-campagnes, des rapports villes centres-banlieues, des oppositions entre les classes sociales, de la nature du tissu économique et ses performances et donc globalement des organisations du territoire. Les métropoles regroupent très distinctement les élites et populations aisées (« principal vivier de nos écologistes »), ainsi des populations immigrées récemment, et structurent des forces économiques et sociales du territoire. Spatialement, dans cette nouvelle géographie du capitalisme, il s'agit donc de concentrer les populations, de concentrer les fonctions et les lieux de commandement politique, de concenter les réseaux de communication et de polariser les flux économiques pour construire un modèle de ''ville-monde'' exportable (8), où la nature tient une place superficielle et où le mot ville pourrait être remplacé par celui d'urbain. Ainsi, la « mort de la ville » (8) prédite par Françoise Choay dans les années 90 et accompagné du « règne de l'urbain », célèbre également l’avènement des métropoles et de l'urbain généralisé/mondialisé.

(p. 9) 7. Faburel Guillaume. Les métropoles barbares. op. cit.  8. Choay Françoise (1994) « Le règne de l’urbain et la mort de la ville». In Pour une anthropologie de l’espace. Coll. La couleur des idées. Paris : Seuil. 2006. pp. 165198

Pour Guillaume Faburel, c'est « c'est un fait social total organisant les fondements économiques (dynamique de compétition globalisée), géographiques (processus d’attractivité différenciée) et politiques (repolarisation des pouvoirs) de la surmodernité néolibérale. », (p. 18)

dynamiques et influences territoriales

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deuxième partie

Zoom régional : Auvergne-Rhône-Alpes Mais concrètement, quels impacts sur les villes moyennes de la région ? Depuis les années 2000, leur poids économique s’est affaibli du fait de politiques territoriales nationales favorisant le développement des métropoles régionales. Dans la région, six villes moyennes se distinguent cependant par le poids plus important des emplois s’apparentant à des fonctions dites ''métropolitaines'' ou supérieures et par la diversité des fonctions occupés par les actifs. Elles comportent aussi plus de services administratifs et de santé. Les plus grandes

villes moyennes possèdent une relative autonomie face aux métropoles les plus proches lorsqu’elles possèdent un tissu économique varié et des fonctions supérieures. Pour d’autres, la proximité directe avec une grande aire urbaine leur confère une attractivité résidentielle forte qui compense la moindre attractivité économique. Elles font alors systèmes avec les plus grandes aires. Enfin, d’autres sont plus isolées et leur population rencontrent notamment des difficultés d’accès aux services essentiels, équipements et formations, présents dans les grandes agglomérations.

polarisation lyonnaise

polarisation grenobloise

polarisation valentinoise

polarisation clermontoise

polarisation genevoise

polarisation autour d'une ville moyenne

chapitre 02


Mise en application

Lyon

Vienne

30%

Sous-préfecture du département de l’Isère, Vienne n'en reste pas moins à la frontière avec celui du Rhône, séparés par le fleuve éponyme. En bordure de ce dernier, elle est en aval de Lyon et y est facilement connectée par les réseaux routiers, auto-routiers et ferroviaires. L’intercommunalité dont elle est la commune-centre, Vienne-Condrieu Agglomération, est frontalière la Métropole de Lyon.

des actifs occupés résidant à Vienne travaillent à Lyon La ville connaît une très forte influence de la métropole lyonnaise. Nombreux·ses sont les viennois·e·s qui partent chaque matin travailler dans le cœur métropolitain (1 actif sur 3). Cette influence est désormais subie par Vienne qui se vide de ses activités, et pourrait être absorbée par l'aire lyonnaise.

dynamiques et influences territoriales

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deuxième partie

Vers la fin du règne métropolitain ? « Fragmentée et disséminée, la ville est désormais partout et nulle part. » (1) Et si la ville n’était devenue qu’un simple terme pour panser les maux d’une forme de territoire bientôt obsolète ? Autrefois considéré comme un ensemble urbain cohérent et continu, comme le « lieu traditionnel de l’usage et de l’échange sous toutes leurs formes », le territoire de la ville est finalement devenu « l’objet d’échange » (2). Il ne définit plus la ville bâtie : la ville traditionnelle s’est effacée au profit de « territoires désincarnés et interconnectés » (3). Tout mène à penser que la notion de ville est bel et bien devenue un « archaïsme lexical » (4), ou bien le couvercle d’une marmite qui rassemble, en réalité, une variété de territoires. Parmi ceux-ci, prenons celui qui monopolise l’attention : la ville métropolitaine, qui n’a donc de « ville » plus que le nom. Certain·e·s la définissent comme un projet social et politique, d’autres comme un lieu de capitalisation des biens et services. Pour le chercheur en études urbaines, Guillaume Faburel, la métropole est le « stade néolibéral du capitalisme mondialisé » (5). Quoi qu’il en soit, ses limites sont désormais atteintes puisque des formes d’exodes urbains se multiplient. Ce texte s’inscrit dans un contexte où certains enjeux contemporains –qu’ils soient environnementaux, sociaux, économiques, sanitaires– mettent en exergue les incohérences de la ville métropolitaine face au projet d’avenir qu’elle promet. Nos imaginaires, colonisés par cette échelle de

vie, par la culture de la « grande ville » et des modes de vie citadins, peinent à sortir des sentiers battus pour envisager d’autres cadres de vie plus viables. « Et si les habitants de ces mégapoles s’en allaient, peupler d’autres territoires lors d’exodes urbains massifs, volontaires, militants ? » (6). En tant qu’habitant·e·s, ne s’agirait-il pas aujourd’hui d’élargir nos imaginaires restreints pour produire de nouveaux modes de vie et apprendre à habiter les territoires loin d’un système métropolitain non-soutenable, pour une vraie résilience individuelle et collective ? En tant que concepteur·trice·s, ne devrions-nous pas nous réconcilier avec les cultures constructives locales et apprendre à concevoir pour des échelles de territoires variées et singulières ? Tentons de mettre en lumière les failles du système métropolitain pour ouvrir la voie vers d’autres échelles, qui permettent de construire un réel projet d’avenir. La fin d’un modèle Sur un fond de mondialisation, les 40 dernières années ont formé un cadre idéal à la croissance exponentielle des villes métropolitaines. Elles sont devenues l’habitacle de formes de vie urbaines qui posent un certain nombre de questions vis-à-vis des enjeux contemporains. Pour Guillaume Faburel, la métropolisation mondialisée présente des effets positifs pour un petit nombre d’acteurs du capitalisme urbain, mais surtout de nombreux effets délétères pour le reste du vivant, humain et non-humain. C’est en cela que la ville, sous cette forme, devient « barbare » pour ses habitant·e·s.

chapitre 02

1. Choay Françoise (1990) « ‘‘Ville’’ : un archaïsme lexical ». In Pour une anthropologie de l’espace. Coll. La couleur des idées. Paris : Seuil. 2006. pp. 148-153 2. Ibid. 3. Paquot Thierry. Désastres urbains, les villes meurent aussi. Paris : La Découverte. 2019, 262 p. 4. Choay Françoise (1990) op. cit. 5. Faburel Guillaume. Les métropoles barbares. Paris : Le Passager clandestin. 2018, 430 p. 6. Paquot Thierry (2019) op. cit..

vue aérienne de Santiago, capitale du Chili, une urbanisation en pleine expansion © Landsat/Copernicus, Google Earth, 2020.


6. Les phénomènes de ségrégation ou de gentrification, par exemple, sont inhérents au processus de production de la métropole. Malgré les luttes, les inégalités spatiales se creusent. 7. Faburel Guillaume (2018) op. cit. 8. Selon les organisations internationales telles que l’ONU et l’OCDE. 9. Meadows Donella, Meadows Dennis, Randers Jørgen et W. Behrens William. The Limits to Growth. Vermont : Chelsea Green Publishing. 1972

10. Haëntjens Jean. La Ville frugale. Paris : FYP Éditions. 2011, 142 p.

11. Choay Françoise (1994) « Le règne de l’urbain et la mort de la ville». In Pour une anthropologie de l’espace. Coll. La couleur des idées. Paris : Seuil. 2006. pp. 165198

12. Paquot Thierry (2019) op. cit.. 13. Ibid.

Des effets sociologiques. Elle conditionne les comportements et génère des modes de vie qui effacent les individualités. Des effets socio-spatiaux. Les phénomènes d’exclusion sociale deviennent systématiques (6). Alors que certaines classes sociales –préalablement choisies– sont appelées à peupler les centres-ville, la classe ouvrière, par exemple, est souvent exclue du grand projet métropolitain. Des effets écologiques. Le territoire devient un ennemi de l’environnement et la métropolisation le « facteur premier de l’écocide engagé » (7). Des effets politiques. Les regroupements territoriaux en faveur des métropoles créent une distance démocratique entre les habitant·e·s et les institutions, et entraînent un déclin des actions individuelles et du pouvoir citoyen. Or, un système aussi défaillant ne peut perdurer dans le temps. La seule rentabilité économique, aussi efficace soit-elle, ne peut suffire à contenir toutes ces failles. Dans tout programme, la viabilité est un facteur clé pour assurer sa pérennité, mais il manque de nombreux éléments pour rendre le programme métropolitain viable. Les simples limites écologiques du programme suffisent à le démontrer. Nous avons développé les villes métropolitaines au nom du progrès, mais surtout de la société productiviste, bien loin des idéaux écologiques soutenables du XXIe siècle. Dans le monde, elles consommeraient aujourd’hui 78% de l’énergie et produiraient à elles seules 68% des émissions de gaz à effet de serre (8). Selon les principes traditionnels de la ville durable, la métropole écologique ne peut exister, puisque le moteur principal de la métropolisation est la croissance. Or, la croissance a des limites (9) et la durabilité ne

peut s’ancrer sur une base instable. D’autres modèles tentent alors d’émerger en tant que modèles alternatifs véritablement soutenables, dont les fondements ont été repensés. À titre d’exemple, le modèle de la ville frugale, développé par Jean Haëntjens (10) ne peut être ni trop dense, ni trop vaste. Il s’éloigne définitivement des modèles métropolitains de ces dernières décennies. De façon sémantique, la ville est déjà morte au profit de l’urbain (11). De façon urbanistique, les grands projets inhérents à la métropolisation –les « désastres urbains », comme les centres commerciaux ou les gratte-ciel (12)– se révèlent être des impasses qui tuent la vi(ll)e au profit d’éléments dématérialisés, comme l’économie ou le pouvoir. De façon sociologique, les métropoles ont si mauvaise presse, aujourd’hui en France, que le désir d’en sortir est particulièrement présent chez les citadin·e·s. Ainsi, comme tout organisme, « les villes meurent aussi » (13). L’hybridation comme tentative de sauvetage Pour tenter de sauver du naufrage ces machines urbaines qui s’épuisent, le processus d’hybridation est mis en oeuvre par les instigateurs de la métropolisation. Il entre en jeu pour tenter de répondre aux besoins des citadin·e·s, qui souhaitent autre chose qu’un territoire bétonnisé et désincarné. L’hybridité devient alors une qualité et l’hybridation un outil de marketing territorial. Les frontières entre le monde urbain et le monde rural s’effacent et dépassent celles du périurbain –ce territoire à mi-chemin, mais sous perfusion, qui n’a pas fait ses preuves. C’est, aujourd’hui, dans le centre des villes qu’on implante des morceaux de campagnes –réintégrer la nature en ville, pratiquer l’agri-

dynamiques et influences territoriales

85 /

comprendre


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deuxième partie culture urbaine ou encore se ressourcer dans les poumons verts sont désormais les nouveaux mots d’ordre. Le processus d’hybridation prend alors forme dans des zones bien définies, par acupuncture urbaine, à l’image de l’organisme biologique dont on choisit les gênes à transformer. Est-ce suffisant ? Le débat s’ouvre et pendant ce temps, 12 000 habitants quittent la capitale française chaque année (14). L’exode urbain trouve sa place dans les débats. Ce phénomène récent pourrait être symptomatique d’un changement de modes de vie qui conquiert des citadin·e·s toujours plus nombreux·ses à vouloir se réconcilier avec leur environnement, car les territoires hyperconnectés sont finalement déconnectés du vivant. Le début d’une nouvelle ère, pour ouvrir nos imaginaires à d’autres échelles de vie Des luttes internes s’organisent pour limiter les effets délétères de la métropolisation. Des groupes d’habitant·e·s tentent de lutter contre la touristification, la gentrification ou encore la hausse des prix des logements. D’autres groupes issus des jeunes générations haussent la voix en faveur de l’urgence écologique et pointent du doigt les modes de vie métropolitains (15). En parallèle, des résistances externes fleurissent et c’est précisément cela qu’il est intéressant d’observer. Ces citadin·e·s qui quittent la métropole –qui « débranchent »– tendent à inventer de nouvelles manières de vivre dans des territoires intermédiaires, avec une dimension écologique déterminante qui vise à habiter la terre différemment et à retrouver une certaine autonomie (16). Le territoire est alors une ressource, pour la production de nouveaux modes de vie hybrides, qui montre que l’opposition ville/campagne longtemps acceptée est,

elle aussi, une dualité archaïque et ne reflète pas une réalité bien plus complexe. Le panel des typologies territoriales s’élargit et offre un champ libre pour apprendre à habiter et concevoir, libéré·e·s de l’influence des conditionnements sociologiques métropolitains, en aillant toutefois le bagage nécessaire permettant de faire les bons choix. Certains territoires intermédiaires sont déjà structurés, mais manquent de visibilité. C’est le cas, par exemple, des villes dites « moyennes ». Ces « entre-deux » pourvoient à la fois les commodités de la ville et le cadre de vie agréable. Ni aussi denses et intrinsèquement néo-libérales que les métropoles, ni exemptes d'urbanité comme dans nos campagnes agricoles, elles bénéficient d’un statut particulier. Pour autant, ces territoires de l’ombre sont rarement au centre de l’attention. Pour cause, ils sont, dans l’imaginaire collectif, moins commodes que la ville et moins rêvés que la campagne. Néanmoins, certains programmes institutionnels (17) tendent à inverser la tendance et redonner de la valeur à ces territoires souvent chargés de vie, d’histoire et de potentiel en attente. Apprendre à (ré)habiter Le territoire fait ressource à lui seul, mais ses ressources latentes (18) sont, par définition, en attente d’exploitation. Il ne s’agit pas d’aller coloniser les espaces naturels, mais bien d’apprendre à réhabiter des espaces en déshérence si nombreux dans l’Hexagone. Ainsi, le processus d’hybridation n’a plus lieu d’être en tant que processus de production de territoires, mais en tant que processus de production de modes de vie, souvent immobilisé par nos imaginaires. C’est peut-être l’outil manquant pour apprendre à habiter chapitre 02

14. Selon les études de recensement de la population de l'Insee, menées entre 2011 et 2017. 15. Des groupes d’activistes comme Extinction Rebellion mènent des actions de désobéissance civile dans de nombreuses métropoles, tout autour du globe. 16. Faburel Guillaume (2018) op. cit. 17. Le programme Action Coeur de Ville, par exemple, lancé en 2017 par le Ministère de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, vise à la « redynamisation des centres-villes de 222 villes moyennes ».

18. D'Arienza Roberto, Lapenna Annarita, Younès Chris, et al. Ressources urbaines latentes. Genève : MétisPresses. 2016


6. Ici, sont considéré·e·s comme citadin·e·s les habitant·e·s des 22 Métropoles françaises.

ces espaces en mutation, dans une société post-urbaine. Une question pragmatique subsiste cependant : alors que plus de la moitié des français·e·s sont citadin·e·s (19), comment penser et organiser de tels changements sociologiques et spatiaux sans imaginer de réels mouvements

de masse et prendre le risque de compromettre certaines idées fondamentales ?

dynamiques et influences territoriales

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comprendre


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deuxième partie

La périphérisation : seconde coupable Les dynamiques métropolisantes ont une part de culpabilité dans le déclin des villes moyennes, à l'échelle régionale et nationale. À une échelle territoriale plus ciblée, la périphérisation, et la périurbanisation qui l'accompagne, a aussi son lot de conséquences sur le déclin des centres-villes cette fois-ci. En effet depuis les années 1970, on observe un développement continu du périurbain. L’accession au pavillonnaire par l’acquisition de nouveaux et nombreux terrains bon marché sur le rural a eu raison de la vie de citadin. L’installation de zones commerciales aux centres commerciaux de plus en plus importants dans les années 1990 a accompagné cette ruée en dehors des centres. Ces deux phénomènes ont activement participé à la dévitalisation des centres anciens, dont les logements ne correspondent pas au canon de la maison individuelle (ou mitoyenne)

avec jardin et garage et dont les petits commerces indépendants ne sont pas armés contre le gigantisme des centres commerciaux. De plus, les centres anciens, par leur commune densité sont difficilement accessibles en voiture et parvenir à stationner son véhicule relève de la stratégie. L’essentiel de la vie urbaine et fonctionnelle s’est tournée vers les zones périphériques, où l’ont est séduit par les grands espaces et le «vide» apparent de la ruralité. Le terme ''périphérisation'' est préféré à celui de ''périurbanisation''. En effet, certains chercheurs comme Michel Lussault choisissent de parler de périphérisation en tant que phénomène pour insister sur le caractère générique et structurel des différentes formes de l’étalement urbain (bidonvilles, lotissements pavillonnaires, ensembles d’immeubles collectifs….)

170

160

150

140

130

120

centre 110

périurbain banlieue

100 1960

1970

1980

1990

Évolution territoriale des villes moyennes entre 1962 et 2007 / source : Insee

chapitre 02

2000

2010


Mise en application

90 000

A Vienne, on observe ces phénomènes de périphérisation à partir du centre-ville vers les communes rurales environnantes. En effet la ville s’est étalée au Nord et au Sud où on trouve d’importantes zones commerciales. Les villages ruraux alentour ont vu leur tâche urbanisée s’étaler à mesure de la construction d’ensembles collectifs ou de zones pavillonnaires. Sur le territoire

habitant·e·s dans Vienne-Condrieu Agglomération viennois, l’urbanisé se répartit autours des centres villages au milieu d’un paysage encore fortement agricole.

dynamiques et influences territoriales

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comprendre


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deuxième partie

Scénarios prospectifs

métro polisation

péri phérisation

déclin des villes moyennes

déclin des centres

La dynamique de polarisation des métropoles a donc accompagné, voire soutenu, le déclin des villes moyennes et de leurs centres. Mais n'y a-t-il pas un aspect redondant à mener un combat idéologique contre l'urbain-métropolisé au profit d'une totale dépolarisation ? Cette seconde option ne nous mène-t-elle pas vers une périphérisation globale qui promet aussi une forme d'urbain généralisé ? Michel Lussault, géographe et professeur à l’université de Lyon, travaille sur des questions qui convergent vers la thématique de la mondialisation et sa spatialisation. Entre 2010 et 2012, la DATAR (1) publie Territoires 2040, une revue scientifique qui vise à ouvrir le discours sur les prospectives ter-

ritoriales en France à l’horizon 2040. À l’occasion du quatrième numéro – « Des systèmes spatiaux en prospective » –, Michel Lussault y publie un article sur l’avenir de l’urbain-métropolisé français dans la mondialisation. Cet article fait suite à des propos tenus dans le premier numéro, à travers lesquels il démontre que la mondialisation se développe par et pour l’urbanisation. Pour se projeter, il appuie ses propos sur 4 scénarios. Chacun d'eux apporte des réponses en termes de conséquences spatiales sur le territoire français : - scénario 1 : hyper-polisation - scénario 2 : régio-polisation - scénario 3 : post-polisation - scénario 4 : dé-polisation chapitre 02

1. Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale, devenue le CGET, puis l’ANCT en 2020 (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires)


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comprendre

SCÉNARIO 1 : HYPERPOLISATION mots-clés : réseaux mondiaux · coopétition · ségrégation sociale · État · concentration · nœuds métropolitains · efficacité urbaine Le phénomène de métropolisation aura eu raison des territoires : les 14 métropoles françaises deviennent des « nœuds métropolitains » et sont de véritables entités autonomes. On ne parle plus d’échanges nationaux, mais d’échanges européens, voire d’échanges internationaux. L’échelle territoriale a disparu au profit de l’échelle métropoli-

taine. La densification devient un outil incontournable pour tenter de stopper l’étalement urbain, mais ne résout pas les questions sociales, il les entretient. La construction y est hyper-performante et l’efficacité urbaine est un invariant du processus, tout comme le développement intensif des réseaux. Les métropoles sont hyper-connectées entre elles et le reste du territoire français n’est plus d’une réserve de biodiversité et de terres agricoles productives.

dynamiques et influences territoriales


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deuxième partie

SCÉNARIO 2 : RÉGIO-POLISATION

SCÉNARIO 3 : POST-POLISATION

mots-clés : autonomie fiscale · méga-régions · Europe · réseau urbain · mobilités durables · stratégies spatiales régionales · gouvernement métropolitain

mots-clés : décroissance · périurbanisation généralisée · individualisation · séparation spatiale · circuits courts · territoires infra-locaux · auto-organisation

La métropolisation du territoire français est toujours présente, mais elle polarise davantage des régions que des villes à proprement parler. Il s’agit alors de « méga-régions polarisées par l’urbanisation métropolisante, appelées régio-poles ». L’échelle nationale est affaiblie, tandis que ces méga-régions prennent du pouvoir sur une diversité d’aspects (transports, enseignement supérieur, santé, économie...) s’autonomisent en termes de gouvernance, c’est ce qui s’appelle le « gouvernement métropolitain ». L’État et l’Europe restent les garants de l’équité interrégionale. Au cœur des méga-régions, les métropoles restent toutefois le centre névralgique de tous les échanges intra- et extra-régionaux.

La mondialisation des années passées, sa métropolisation et l’urbanisation qui en découle ont généré une « péri urbanisation généralisée » du territoire. Les logiques d’étalement et de périphérisation auront eu raison des centres plus denses, même si des centralités existent toujours. Le modèle pavillonnaire est devenu une norme, mais, par le biais des exigences environnementales, il devient le « néo-pavillonnaire environnementalisé ». La gouvernance se fait à toutes les échelles, mais l’échelle territoriale reprend la place qu’elle avait perdue quelques décennies auparavant. Une forme de décroissance relative émerge, mais elle est non-régulée et non-assumée. Les questions environnementales sont sur tous les tableaux. Néanmoins, dû au manque de moyens des territoires, le poids repose essentiellement sur les ménages.

chapitre 02


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comprendre

SCÉNARIO 4 : dé-POLISATION mots-clés : autosuffisance domestique · réseaux sociaux · décroissance assumée · faible densité · déprises des centralités · régulations infra-locales Le territoire français est radicalement sorti du modèle urbain métropolisé et entre dans une ère d’influence des modèles de développement alternatifs. Les polarités métropolitaines sont largement affaiblies, elles sont même en déprise. Le principe de la décroissance assumée et la faible densité

sont devenus les nouveaux mots d’ordre pour garantir la soutenabilité environnementale. La cellule domestique tend vers l’auto-suffisance, l’habitat est résilient et les gouvernances se font au niveau infra-locales. Néanmoins, Michel LUSSAULT décrit dans ce scénario une forte dépendance aux réseaux dématérialisés et déterritorialisés. Le « triomphe de la numérisation des sociétés » est la cause de la diminution des mobilités et de « la constitution de micro-marchés à la fois locaux et en réseaux ».

dynamiques et influences territoriales


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deuxième partie

Mise en application Nous avons tenté d'appliquer et d'illustrer deux scénarios sur le territoire viennois : - hyper-polisation : Vienne est englobée dans la Métropole de Lyon et elle en devient entièrement dépendante.

- dé-polisation : le pays viennois prend une posture isolationniste, ses communes s’autonomisent, la notion de centralité et les liens territoriaux se perdent.

SCÉNARIO 1 : HYPER-POLISATION

hyper-connexion - subordination - quartier de Lyon

Vue sur la gare de Vienne en 2050

Schéma des échanges métropolitains

EFFETS VERTUEUX

EFFETS DÉLÉTÈRES

· efficacité urbaine : mise en réseau de toutes

· individualisme et déprise des liens sociaux : fonctionnalisme et ville-dortoir après

les centralités de la Nouvelle Méga-Métropole /extension du réseau TCL qui relie efficacement toutes petites centralités périphériques entre elles/multiplication des possibilités d’échanges domicile-travail

· mobilités durables : développement des transports collectifs et déprise de la voiture individuelle/développement des mobilités partagées dans les petites centralités périphériques, comme le réseau Vélov’ « on voit se développer des ingénieries spécifiques qui permettent d’organiser et rendre fonctionnelle une urbanisation moins dépendante des énergies carbonées, plus soutenable et plus robuste » (Lussault, 2011) · ingénierie : centralisation des moyens humains, techniques et financiers

une journée de travail à Lyon « La facilité contemporaine de communication et de déplacement permet de plus en plus d’être socialement et économiquement proche tout en étant physiquement éloigné. », (Webber, 1963)

· étalement urbain : urbanisation des terres

entre Lyon et ses petites centralités périphériques / anthropisation des zones naturelles et transformation en terres agricoles identité/perte d’identité pour les petites centralités périphériques dont Vienne fait partie / inscription dans un processus de mondialisation inhérent à l’urbain-métropolisé

· centralisation : gouvernance métropolitaine et décisions centralisées à Lyon/peu d’ancrage et d’adaptation territoriale

chapitre 02


Mise en application Ce fut une opportunité pour nuancer le propos que nous tenions sur les méfaits de la polarisation métropolitaine au profit d'une indispensable dépolarisation. Ce

travail nous a permis de nous projeter à l’horizon 2050 et de se positionner plus précisément parmi les différentes dynamiques territoriales.

SCÉNARIO 2 : DÉ-POLISATION

indépendance - centralités multiples - isolationisme

Vue sur la gare de Vienne en 2050

Schéma du réseau intercommunal équitable

EFFETS VERTUEUX

EFFETS DÉLÉTÈRES

· identité : création d’un imaginaire positif sur

· mobilités : pas d’efficacité dans les réseaux de transports/recours à la voiture et aux véhicules individuels/effet rebond de la pollution environnementale/congestion des rues dans les zones les plus denses

la représentation des localités

· cadre de vie : proximité aux territoires naturels/pollution environnementale relativement restreinte/espaces plus grands et espace extérieur privatif envisageable pour tous · autonomie alimentaire : relance des circuits courts/relocalisation des productions agricoles · gouvernance : compétences renforcées des communes/auto-gestion, implication citoyenne et démocratie participative/tissu associatif soudé · résilience : minimisation des risques naturels

et technologiques / « garantir l’accès minimum garanti à des ressources énergétiques et à des biens communs de base » (Lussault, 2011)

· étalement urbain : extension des zones

pavillonnaires « le pavillonnaire restant le modèle dominant, bien que modifié dans ses formes par les exigences environnementales. » (Lussault, 2011) / (extension relative aux PLU locaux et aux zones d’extension autorisées)

· ségrégation spatiale : paupérisation des quartiers les plus denses/moins d’altérité, risque de l’individualisme et de l’entre-soi · moyens humains : manque de mise en réseau pour l’ingénierie territoriale toujours centralisée dans les pôles urbains

· commerce : création de coopératives locales favorisant les circuits courts et produits locaux dynamiques et influences territoriales

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comprendre


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deuxième partie

À cœur de ville

Les scénarios que nous avons développé nous ont permis de comprendre qu’il fallait bel et bien agir sur le centre ville, bouleverser l’image qu’il tend à avoir aujourd’hui, mêlant vieillissement

et désamour. Pour lutter contre le risque d'hyper-polisation tout en évitant celui de la dé-polisation, il nous faut ré-inventer leur vocation de centralité.

Mise en application

Le projet que nous avons proposé agissait sur plusieurs axes et thématiques. Nous proposions à la fois des actions ciblées mais qui s’inscrivait dans une logique urbaine globale. Vienne fait inévitablement partie de l’aire d’attraction de la métropole lyonnaise mais doit exercer sa propre centralité fédératrice pour le

territoire viennois. Les viennois doivent retrouver de l’intérêt pour leur coeur de ville et ne plus le contourner en vivant, travaillant et consommant en périphérie. Une partie des flux doivent pouvoir converger vers Vienne et des échanges se renforcer entre communes environnantes et le centre ancien.

chapitre 02


Mise en application

À ce stade de nos réflexions pour le projet, nous estimions que la première étape à construire était de faire face au phénomène de métropolisation impulsé par la métropole lyonnaise et de rééquilibrer les échanges en relocalisant certaines activités dans le centre de Vienne et ainsi limiter la fuite vers les périphéries.

dynamiques et influences territoriales

objectif redonner une véritable posture de centralité au centre-ville de Vienne

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comprendre


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deuxième partie

Une analyse cantonnée au centre-ville ensembles pavillonaires grands ensembles

zone d’activités

zone d’activités

Vallée de la Gère

équipements publics

centre ancien

anciennes industries

résidentiel

équipements culturels équipements administratifs

résidentiel

équipements sportifs grandes surfaces

SainteColombe 170m

Rhône 150m

centre ancien 170m

chapitre 02

colline Sainte-Blandine 276m

Mont Pipet 245m


Une analyse cantonnée au centre-ville espaces publics urbains et naturels

stationnements

vacance commerciale et résidentielle

réseau viaire

socle bâti

dynamiques et influences territoriales

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comprendre


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deuxième partie

Un projet urbain à l'essai

''Refaire de Vienne une véritable centralité''

Il nous semblait alors que cet objectif ne pouvait s'atteindre qu'en résolvant d'une façon directe, les six problématiques identifiées en centre-ville : - mobilités - espaces publics - commerce - habitat - activités - patrimoine(s)

chapitre 02


Un projet urbain à l'essai

Masterplan du projet urbain dans le centre-ville de Vienne

dynamiques et influences territoriales

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comprendre


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deuxième partie

Un projet urbain à l'essai ESPACES PUBLICS · réduire la présence de voitures en centre-ville pour rendre lisible et revaloriser les parcours urbains piétons délaissais · repenser la vocation des espaces publics en retirant notamment le stationnement automobile des grandes places de la ville · déminéraliser, végétaliser les espaces publics et ouvrir les vues vers les éléments remarquables du paysage et du patrimoine bâti · réhabiliter les transverses Nord-Sud et et Est-Ouest

HABITAT · lutter contre la vacance des logements en agissant directement sur le logement ancien peu qualitatif · redonner envie d’habiter le centre ancien en proposant une offre de logements diversifiées par la valorisation de l'existant · repenser l'îlot pour offrir des espaces extérieurs privatifs ou semi-privatifs

COMMERCE · repenser les rez-de-chaussée en amenant des activités commerciales et autres activités professionnelles au coeur de la ville · élargir les possibilités d'installation en proposant des locaux adaptés dans l’existant pour ralentir le développement de zones économiques et commerciales en périphérie · renforcer les axes commerçants historiques Nord-Sud · diversifier l’offre pour s’adapter à de nouveaux profils d’habitants

MOBILITÉS · favoriser les mobilités inter-modales alternatives à la voiture individuelle · développer le réseau de bus entre les communes et le centre · anticiper des poches de stationnement aux entrées du centre-ville pour réduire la forte présence des voitures en centre historique · identifier et travailler les noeuds d'entrées du centre historique pour ménager l'accueil des habitants de l’agglomération et les visiteurs

PATRIMOINE NATUREL · renouer les liens entre le centre, le Rhône et la Gère · valoriser le rapport à l’eau en faveur d’un cadre de vie mélioratif · gommer l’infrastructure routière et rendre poreux les accès à la Gère

ACTIVITÉS · considérer le quartier de la Gère comme une réserve de renouvellement favorisant l'implantation de nouvelles entreprises · repenser le logement avec les nouvelles pratiques de télé-travail

chapitre 02


Remise en question Nous soutenons finalement, suite aux expérimentations viennoises, que la simple volonté de relocaliser l’habitat et les activités pour lutter contre le phénomène de périphérisation (''faire de Vienne une véritable centralité'', pour reprendre nos termes) est non seulement insuffisante, mais également obsolète. Le centre-ville n’est pas une entité autonome et il dialogue avec le reste du territoire. Les cœurs sont souvent contraints

et se sont repliés sur eux-mêmes, contrairement aux communes environnantes qui s’étendent (parfois trop) librement. Cette proposition de projet revient à regarder le centre, analyser le centre, intervenir sur le centre, de façon centro-centrée, toujours avec oeillères sur les périphéries. On oublierait presque que le centre s'incrit dans un réseau territorial. Il y a donc une nécessité d'élargir la focale, de se décentrer.

De nouvelles orientations Mettre en lumière le centre-ville seul conclut à un manque de prise en compte du territoire et de la périphérie, ainsi que leurs enjeux. Il faut non seulement conserver, mais aussi accompagner le dialogue entre centres-villes et périphéries (les deux étant depuis longtemps fermement opposés). Notre travaux respectifs se présentent comme une opportunité pour élargir le projet à l’échelle territoriale, tout en conservant les allers-retours entre centres, villes et territoires.

Ré-exploiter les outils et la démarche

L’investigation menée jusqu’ici nous permet à présent d’avoir le recul nécessaire pour dégager des pistes de réflexions mais surtout de projet pour les villes moyennes. L’entrée thématique a été une clé de lecture importante tout au long de notre travail. C’est donc naturellement que ces axes de projets sont teintés de thématiques dominantes qui n’empêchent pas le croisement de ces dernières. Il s’agira de proposer des solutions, ici illustrées par des exemples d’interventions à Vienne.

dynamiques et influences territoriales

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comprendre


03 RÉ-ORIENTER

Chaque lieu a sa personnalité vraie, faite d’éléments uniques, une personnalité qui peut être dormante pendant quelques temps, mais c’est la tâche de l’urbaniste, du planificateur, en leur qualité d’artiste, de l’éveiller. Patrick G ueddes


chapitre 01 l une nouvelle approche du territoire chapitre 02 l une nouvelle approche du centre-ville


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troisième partie

chapitre 01 l une nouvelle approche du territoire

Une remise en question | Nos premières expérimentations

nous ont menés à nous positionner contre le modèle métropolitain que nous connaissons tout en étant placé dans une dynamique de dépendance de ces métropoles. Les projets qui en ont résulté étaient d’une part inexploitables pour d’autres territoires qui n’auraient pas les moyens de les mettre en œuvre et d’autre part, ne prenaient pas suffisamment en compte la spécificité des territoires propres. Ici, faire de Vienne une centralité n'a pas suffit à obtenir un équilibre viable pour le territoire. Il s’agit alors d'élargir la focale en considérant finalement « un pays viennois ».

Un nouveau rapport, un changement de regard | Après avoir

expérimenté les définitions conventionnelles permettant d'identifier les territoires, il est aussi possible – il est même temps – de s’affranchir de ces approches. Il s'agit d'opérer un changement de regard pour accompagner la volonté de « ré-habiter le territoire », recomposer avec lui et l'apprécier pour ce qu'il nous offre.

chapitre 01


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ré-orienter

Maquette augmentée du pays viennois © production personnelle

une nouvelle approche du territoire


108 /

troisième partie

Vers une échelle de vie biorégionale ? Alors que la métropolisation – comme outil d’aménagement du territoire et comme phénomène aux conséquences non-soutenables– et les métropoles – comme lieux de vies accélérateurs de la normalisation des modes de vie toxiques– sont remises en cause, se pose la question de l’échelle de vie, de représentation et de gestion soutenables des territoires. À cela, les biorégionalistes états-uniens apportaient déjà une réponse dans les années 1970 : celle de la biorégion (1). Pour les auteurs, la biorégion est un territoire qui fait sens, du point de vue écologique, par ses formes de vie, ses bassins versants, sa géomorphologie, sa topographie..., mais aussi par les relations humaines qui s’y jouent. En France, l’introduction des concepts biorégionaux s’est faite tardivement, par la traduction de l’ouvrage d’Alberto Magnaghi, architecte, urbaniste et fondateur de l’école territorialiste italienne, dans lequel il décrit la biorégion comme « urbaine » (2). L’ouvrage est critiqué pour sa vision culturaliste qui s’éloigne des concepts originels portés par Berg et Dassmann quarante ans plus tôt (3). C’est donc par ce biais que l’appropriation française du concept s’est réalisée, voire institutionnalisée au travers de schémas de planification territorial (4) et d’études menées par les organisations institutionnelles (5). Néanmoins, ces institutions ne remettent pas en cause le fait urbain. Ils défendent une vision non plus ''écocentrée'', mais bien plus ''anthropocentrée''. (6)

L’expression « biorégion urbaine » n’est-elle pas, à ce sujet, un contresens complet ? Si le terme de « biorégion » désignait originellement à la fois un contexte naturel et les idées humaines à son propos, s’il caractérisait bien un ensemble fait d’humains et de non-humains, de bassins versants et d’établissements humains, de populations animales et d’histoires culturelles, d’ensembles végétaux et de pratiques artistiques, de types de sols et d’imaginaires communs, de climats et de symboliques signifiantes, que peut bien vouloir dire l’expression «biorégion urbaine » ? (7) Pour en revenir aux préceptes originaux, Berg et Dassmann défendaient l’idée que la biorégion impliquait de vivre in situ, c’est-à-dire d’entretenir «des échanges équilibrés avec sa région d’accueil». Ils appellent ce phénomène la ré-habitation et l’illustre avec le cas de la Californie. Les réhabitant·e·s seraient les seuls responsables de leur territoire et apprendraient à vivre en fonction de celui-ci. Les modes de vie se seraient donc plus normalisés, mondialisés, globalisés, mais bien localisés, cohérents et adaptés au territoire. L’auto-détermination serait par ailleurs le maître-mot. En ce sens, même si l’approche purement écocentrée du biorégionalisme ne semble pas faire l’unanimité, l’idée de réhabiter le territoire semble être transposable, sous divers points de vue, pour la fabrique d’une alternative possible au phénomène de métropolisation. Il y a donc ici l’idée que les territoires ''déshabités'' puissent être ''réhabités''.

chapitre 01

1. Berg Peter et Dasmann Raymond. « Reinhabiting California », 1977. Traduit de l’anglais par Rollot Matthias. « Réhabiter la Californie ». EcoRev’, n°47. 2019. p. 73-84. 2. Magnaghi Alberto. La

Biorégion urbaine. Petit traité sur le territoire bien commun. Paris : Eterotopia France. 2014

3. Rollot Matthias. « Aux

origines de la ''biorégion''. Des biorégionalistes américains aux territorialistes italiens ». Métropolitiques, 22 octobre 2018.

4. interSCoT de Gironde en 2015 5. Rapport de l’institut Momentum financé par la SNCF et réalisé par l’ancien ministre Yves COCHET, sur une biorégion francilienne 6. Réseau des Territoria-

listes. « La biorégion et sa radicalité d’écologie politique ». 21 août 2020.

7. Rollot Matthias. « Aux

origines de la ''biorégion''. op. cit.


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ré-orienter

Cascadia est un territoire du nord de l’Amérique, reconnu comme répondant aux critères de la biorégion. Les limites de Cascadia ignorent radicalement les limites administratives, arbitraires et géométriques des états de l’Oregon, de Washington, de l’Idaho, de la Colombie Britannique et de l’Alaska, pour créer une biorégion cohérente.

une nouvelle approche du territoire

Carte de Cascadia, 2014 © Cascadia Institute


110 /

troisième partie À cela, le cas des villes moyennes françaises est manifestement un cas d’école. Ces villes, autrefois prospères et aujourd’hui en déshérence, méritent non plus seule-

ment de l’attention, mais aussi une implication des habitant·e·s et des modes de vie adaptés à chacune d’entre elles, pour apprendre à les réhabiter.

Cultiver une nouvelle vision du territoire Portons un regard sur ce que défend Alberto Magnaghi. Bien que critiquée, cette vision n'en reste pas moins intéressante, car elle assume son inscription dans le contexte contemporain d’urbanisation globalisée, qualifié d'éco-catastrophique, qui implique une diversité de contraintes socio-économiques. Les oblitérer relèverait du déni et tout projet relèverait de l'utopie. L'auteur défend la mise en place d’un réseau de biorégions urbaines fondées sur différents critères (écologiques et humains) et s’oppose à la vision contemporaine de l’urbanisation généralisée, mondialisée.

Retenons, pour le projet, un autre élément : des centralités urbaines polycentriques et l'« abandon du modèle opposant centre et périphérie ». C'est ce que nous cherchons à faire, à travers nos hypothèses individuelles, en travaillant le dialogue entre ces deux entités de façon spécifique à chaque territoire. Il y a également un réel enjeu de retour à l'urbanité au sein de ces centrlités qui consiste à « restituer aux habitants l’équilibre entre un niveau de connexions globales, des relations conviviales de proximité et une qualité de vie urbaine perdus » (2)

Le contre-exode est à la fois matériel et culturel. Il est un « retour au territoire en tant que bien commun », pour ré-animer des lieux, retrouver la mesure des villes et des établissements humains. Cela demande de faire grandir la « conscience des lieux ». (1)

L'auteur défend également la démocratie participative et l'autogestion des biens communs territoriaux comme élément fondateur de l'auto-soutenabilité des territoires. C'est donc un projet également politique appuyant les théories de Murray Bookchin (1921-2006), pionnier sur les questions d’écologie sociale, sur le municipalisme libertaire : une façon d’habiter et de gouverner un territoire qui s’affranchit, par définition, du phénomène de métropolisation et des pouvoirs extérieurs (3). Cela ouvre des perspectives pour le projet d'écologie sociale appliquées aux expériences décentralisées de ménagement des villes moyennes et de leur territoires, et ouvre des pistes dans le travail programmatique des projets urbains et architecturaux.

La biorégion est présentée comme un outil de retour au territoire construite à partir des éléments suivants : - réactivation de l’art d'édifier avec les cultures et savoirs faire locaux - équilibres hydrogéomorphologiques et qualité des réseaux écologiques - systèmes économiques locaux - ressources énergétiques locales - espaces agro-forestiers multifonctionnels pour qualifier les relations ville-campagne

chapitre 01

1. Magnaghi Alberto. op.

cit.

2. Ibid., p. 56

3. Floraisons. Contre la

métropolisation capitaliste [conférence]. La Maison de l’Écologie, Lyon. 22 janvier 2020


Intentions de projet

1.

Garder un équilibre et une communication entre le coeur de ville et son territoire pour que l’un apporte à l’autre de façon équitable.

2.

Décloisonner la ville tout en conservant une hiérarchie dans le pays viennois, aixois ou dracénois. Organiser le territoire en fonction de la notion de temps et de besoin.

3.

Rééquilibrer les modes de déplacement. Réaffirmer les connexions territoriales. Assurer les connexions entre centre-ville et périphéries.

4.

Donner de l’espace aux modes doux : cycles et piétons. Trouver des solutions de stationnement et accompagner ces changements pour ne pas les rendre contraignants

5.

Répondre aux besoins de surfaces commerciales et des nouvelles formes d’économie de façon innovante.

6.

Assumer une identité territoriale aussi importante en cœur de ville que dans les campagnes, par la présence de patrimoines, de savoir-faire, de traditions et de pratiques singulières.

une nouvelle approche du territoire

111 /

ré-orienter


112 /

troisième partie

Lire les paysages viennois

centre ancien

grands ensembles

vallée industrielle

infrastructures routières

chapitre 01

ville récente

centre-village


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ré-orienter

zone commerciale

balme

zone pavillonaire

cultures céréalières et pâturages

cotêaux viticoles

espaces forestiers

une nouvelle approche du territoire


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troisième partie

Recomposer avec les modes de vie territoriaux

chapitre 01


115 /

ré-orienter

une nouvelle approche du territoire


116 /

troisième partie

Une nouvelle définition du territoire

Saint-Quentin-Fallavier

Givors

Bourgoin - Jallieu

La Côte Saint André Roussillon

1. 15 min en voiture depuis les centres-villes des polycentralités périphériques

2. 15 min en voiture depuis le centre-ville de Vienne

3. 10 min en voiture depuis les centres des communes voisines

chapitre 01


117 /

ré-orienter

4. Tentative de délimitation du pays viennois

Nous avons cherché à constituer le territoire viennois, le pays viennois en nous affranchissant des limites administratives connues. Pour se faire, nous avons choisi d’utiliser l’isochronie comme premier outil de définition, car le temps inclu une notion d’usage et de rapport au quotidien essentiel pour le sentiment d’appartenance à un territoire. Les trois cartes ci-contre illustrent les trois étapes de cette méthode.

1. Déterminer la limite du territoire ''en négatif'' de

la zone d’influence des autres villes de l’agglomération. 2. Déterminer une aire d’influence de Vienne. 3. Déterminer une aire de vie des habitants des petites communes incluses dans l’aire d’influence de Vienne 4. Conguger les tracés pour obtenir une limite éminement floue du pays viennois.

Cette définition est nécessairement imprésise car c’est une notion multifactorielle. Elle réunit activités, usages, sentiment d’appartenance, paysages reconnaissables... Le territoire viennois, en dehors de son centre urbain, est composé de paysages ruraux et de surfaces agricoles.

une nouvelle approche du territoire


118 /

troisième partie

Accompagner le projet territorial Suite aux confinements et à la restriction des déplacements, il est un constat qui a largement été partagé : la (re)découverte de notre environnement proche. Nous ne ne connaissons pas toujours ce qui nous entoure, surtout dans les territoires proches de nos villes moyennes très souvent organisées et arpentées par la voiture. C’est pourquoi nous nous interrogeons aussi sur le lien que

les habitant·e·s entretiennent avec leur environnement. Une fois de plus, l’enjeu de revitalisation des villes moyennes ne se caractérise pas seulement en cœur de ville, mais aussi par les riches caractéristiques territoriales qui l'entourent, qu'ils s'agisse des zones pavillonnaires, d'espaces forestiers ou encore de surfaces agricoles.

Nous avons ainsi développer un réseau de projets diffusé sur tout le territoire et différencié sur trois échelles de déclinaison.

déclinaison 1. Notre première échelle d’intervention est l’action en centre ancien. L’actuelle salle des fêtes - musée de la place Miremont est un lieu stratégique. Rénover ce bâtiment caractéristique, c’est affirmer une nouvelle image pour le centre ville historique. Les citadins, comme les périurbains y trouveront leur place avec des usages à la fois quotidiens (halle alimentaire, restauration) et évènementiels (marché, forum, salons)... Le projet s’accompagne d’une modification de l’espace public pour que les usages puissent s’étendre. chapitre 01

déclinaison 2. Notre deuxième échelle

d’intervention est l’action en centre village. Souvent pauvres, en services, les coeurs de village peuvent être support d’une vraie sociabilité et d’une qualité de vie au profit du local et de la proximité. Rénover le centre village c’est aussi rénover un patrimoine ordinaire tout en renouvelant l’offre de logement et de commerces.

déclinaison 3. La troisième échelle d’intervention est celle en milieu peu urbanisé, ces sorties de villages, ces entre-deux qui donnent à voir le paysage. On y va à pied, on y passe en voiture, on s’y arrête à vélo. A la fois proches et éloignés, ces points de relais se feront le support d’usages variés.


119 /

ré-orienter salle polyvalente (évènements, forums...)

1. échelle centre-ville : transformation de la Halle Miremont

habitat place de marché et terrasse communicante

marché couvert permanent

2. échelle centre-village : création d'un point d’équilibre des services à Reventin-Vaugris

vente de producteurs

aménagement urbain

commerce multi-services de proximité

3. échelle arrière-pays : trouver un point relais dans le paysage viennois

halte paysagère événementiel

une nouvelle approche du territoire


120 /

troisième partie

Accompagner le projet territorial

1 2 3

4 5

Coupe du projet

6

1

toiture en tôle

2

structure en métal

3

mur en pisé

4

plancher en bois

5

plots en bois

6

fondation en béton de site

développement de la déclinaison 3. L'objet architectural prend une forme volontairement sobre et peu invasive dans le site et dans le paysage. S’il se veut relais et repère dans les usages, il n’a pas pour volonté de s’exprimer manifestement comme un signal dans le paysage. La ligne du toit évoque l’horizon montagneux, la structure métallique des arbres, et le mur épais en pisé, support des usages et protecteur. L’ensemble est léger et démontable, simplement posé sur le terrain. La toiture fixe

chapitre 01

possède un déploiement en toile qui permet d’élargir la capacité d’accueil abrité et ainsi corrober aux usages évènementiels et associatif. La fenêtre donne à voir le paysage qui se trouve au loin et invite à l’espace de contemplation au dos du mur. Les matériaux utilisés évoquent un savoir-faire local vivant, du vocabulaire agricole avec le métal et la tôle, au patrimoine ordinaire bati en bois et pisé.


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ré-orienter

Insertion de la maquette dans le site et le paysage

une nouvelle approche du territoire


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troisième partie

chapitre 02 l une nouvelle approche du centre-ville

Une remise en question | Nous avons finalement le sentiment

d’avoir tenté d’agir de la même façon que le proposait des démarches comme Action Cœur de Ville avec, comme projet type, le simple retour d’un programme ou le remplacement d’un autre pour répondre à des enjeux construits plus qu'à des besoins, à l’échelle seule du centre-ville, au risque de ne pas rencontrer son public et surtout son public d’habitants et d'usagers. Comment contourner cette impasse ?

Pour de nouvelles façons de faire | La nouvelle approche du territoire étant explicitée, il est temps de se recentrer et de puiser dans les connaissances, démarches, problématiques évoquées jusque là pour proposer un nouveau modèle d'action dans les coeurs de ville. Nous évoquions la dimension passéiste et nostalgique des politiques actuelles de revitalisation des coeurs de ville. Nous cherchons ici à surmonter cette façon de (re)faire la ville et apporter de nouvelles réponses pour une nouvelle approche du centreville, une nouvelle vision de l'action en cœur de ville. Voici quelques axes, quelques pistes pour anticiper le ménagement des villes moyennes.

chapitre 02


Pistes de développement

Pistes de réponses aux besoins réels Puisque nous nous opposons donc à la remise en place d'une offre obsolète qui ne trouve plus preneur en centre-ville, cherchons à proposer de nouvelles pistes de projets.

1. Rio Nicolas. « Quatre pistes pour redonner du souffle aux coeurs des villes moyennes (3/3) ». Partie Prenante, 14 juin 2018

Pour clore sa série d'articles sur les villes moyennes (1), Nicolas Rio offre quelques pistes répondant à des besoins réels. Le constat était que les politiques actuelles qui se servent de l’offre bâtie et les « modes de vie contemporains et la fonction des villes moyennes » sont en décalage avec les besoins réels. L’auteur offre trois pistes d’action alternatives qui répondent plutôt de la demande réelle et aux besoins des habitants, en misant sur la fonction contemporaine des villes moyennes. L’enjeu des services à la personne : les territoires du care. « Et si on faisait des services à la personne un facteur clé pour attirer de nouveaux ménages dans les centres ? » Les villes moyennes semblent les premières touchées par le vieillissement de la population, il y a donc plus de soins à apporter. En termes d’actions concrètes, cela peut se traduire par : - faciliter l’installation des personnels du care dans les centres (loyers modérés, création de réseaux…) - créer du lien entre les différents acteurs locaux et nationaux - orienter les commerces dans le sens des services à la personne (les pharmaciens pour la santé,

les magasins de jouets en espaces d’accompagnement à la parentalité, les libraires pour la culture, les boucheries et primeurs pour reprendre le contrôle de son alimentation, etc.) L’enjeu des services urbains : un levier d’urbanité. L’urbanité des centres contraste avec leurs territoires péri-urbains. À l’heure du e-commerce, la fonction des commerces de proximité comme levier d’urbanité est remise en cause. Ces fonctions traditionnelles sont aussi à renouveler par plusieurs biais pour élargir le spectre des services urbains traditionnels : - une économie circulaire avec une gestion des déchets plus aisée à cette échelle - des espaces publics à ré-activer pour remplacer la fonction obsolète de la seule rue piétonne animée (à ce titre, ce qu’il se passe dans les métropoles, comme «Ré-inventons nos places» à Paris, peut servir d’exemple) - le levier de la performance énergétique - les mobilités partagées pour faciliter l’accès à la nature (pour l’auteur, «le déploiement des flottes de vélos en libre-service est sans doute plus adapté dans les villes moyennes que dans les métropoles ») L’enjeu des équipements collectifs : la création de tiers-lieux du commun. L’importance historique des équipements collectifs est︎ caractéristique des cœurs des villes moyennes (services publics, culture, lycée, hôpital…). Or, aujourd’hui, les politiques natio-

une nouvelle approche du centre-ville

123 /

ré-orienter


124 /

troisième partie

nales actuelles visent la rationalisation des équipements, avec une centralisation des administrations et la fermeture des équipements locaux (tribunaux, hôpitaux…). À cela, les tiers-lieux apportent une réponse alternative qui propose, à l’échelle d’un territoire, d’une ville, d’un centre, une diversité de programmes et de services. Ce sont des locaux disponibles pour y installer les

équipements qui partent et des maisons communes accessibles à chacun. Pour l’auteur, ce sont des «lieux de brassage des populations» et «entre les salles polyvalentes des petits bourgs et les ''grands équipements'' des métropoles, les villes moyennes peuvent initier de nouveaux équipements collectifs adaptés à leurs besoins. » (2)

2. Ibid.

Intégrer les aspirations des habitants De la nécessité de s'intéresser aux besoins réels Alors que les actions observées dans les centres-villes ne rencontrent que peu de succès dans leur ''redynamisation''. Ainsi, plutôt que de conforter une offre obsolète dont nous faisions état, nous cherchons à proposer des interventions correspondant aux besoins réels des habitants tout en anticipant les aspirations de futurs nouveaux arrivants. Sonder la population au cours d’entretiens formels ou de simples témoignages et observations permet de dresser un tableau varié des usagers. La ville de Saint-Omer dans la nord de la France, par exemple, a axé sa stratégie sur les aspirations des habitant·e·s. Selon Christophe Molin, directeur général de l'Agence d'Urbanisme de SaintOmer affirme que des échanges avec les habitant·e·s ont permis de comprendre que les néo-arrivants ne sont pas à la recherche d'un nouvel emploi : ils cherchent principalement un meilleur cadre

de vie : « c’est sur cette logique là qu’on va aller les chercher » (1). Des parcours et des profils Au fil de nos travaux, nous avons saisit cette opportunité pour entamer une démarche expérimentale. Nous comprenons que ces parcours d’usagers rencontrent facilement les thématiques d’interventions que nous avons établi au cours de notre travail. Mettre en valeur des parcours d’usagers, c’est donner à comprendre une organisation spatiale et territoriale au prisme des mobilités, des activités, des modes d’habiter, etc. C’est aussi mettre en valeur les manques, les défaillances des territoires, les lacunes auxquelles il faudrait pallier pour le projet : le manque de transport, des difficultés à se garer, se loger, accéder à un service, etc. Dès lors c’est une démarche que nous avons retrouvé en filigrane au cours du semestre 10 et qui s’illustrera dans nos PFE.

chapitre 02

1. PUCA. Villes moyennes : coopérer pour renouveller les centralités [colloque]. Learning center Villes Durables, Dunkerque. 25, 26 et 27 juin 2019.


Mise en application Lors de notre escale à Saint-Fins, nous avions alors établi différents profils d’individus habitant la métropole et imaginer des scénarios de parcours adaptés

à leurs profils, entre plusieurs centres d’intérêts, pour illustrer les attentes des habitants entre quotidien et loisirs aux échelles territoriale et urbaine.

En voici un extrait : Alice et Bastien - jeunes actifs - 26 ans :

Après cette semaine de travail bien stressante, Alice est fatiguée mais a surCamille et Marine T3 en Charpennes Debourg Festival tout envie20 de En plus, semaines> qu’elle s’entraîne ans se défouler.collocation à ça fait des > au parc de pour Étudiantes Charpennes 4 chemins La Fabrique le marathon de l’événement Be Fit qui Debourg a lieu au parc des Balmes. Son compagnon n’est pas un mordu de running mais c’est un très bon supporter alors il l’attendra à l’arrivée et pourra bronzer sur l’herbe ou lire en attendant, ou les deux ! Peu lui importe, elle, elle court et c’est pour gagner. La ligne de départ est à Gerland alors il suffira à Bastien de Famille Marani Pavillon avec Feyzin Voie Verte Jeux au prendre 2leadultes bus pour rejoindre jardinla à gare de St > Fons. depuis la gare parc 3 enfants

Feyzin

St Fons

de St Fons

des Balmes

Alice et Bastien 26 ans Jeunes actifs

T3 en couple à Gerland

Gerland > Mairie

Marathon > parc des Balmes

Évènement sportif au parc des Balmes

Lya et Samy 24 ans Jeunes actifs

T2 en centre ville de Vénissieux

Vénissieux > Gare de St Fons

Supermarché centre ville St Fons

Pique-nique entre amis au parc des Balmes

une nouvelle approche du centre-ville

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troisième partie

Développer une connaissance fine du terrain Un autre outil semble essentiel à mettre en place avant d'élaborer une étude programmatique de projets : l'analyse urbaine détaillée, des tissus et des espaces publics, incluant des critères aussi bien objectifs que sensibles. Une telle analyse permet de faire un état des lieux en amont des projets pour cibler certains enjeux

propres à tel ou tel tissu ou bien de trouver des enjeux communs à tous les espaces publics. À Vienne, par exemple, l'analyse des espaces publics a fait positionné la question des places de stationnements au centre de nos projets d'espaces publics.

Analyse des tissus urbains exemple : le tissu du centre historique

Le cœur historique de Vienne se distingue par son caractère médiéval. Les rues sont étroites, les îlots compacts et les parcelles étroites. Les cœurs d’îlots construits empêchent les passages et venelles intérieures notamment sur la direction Est-Ouest. La végétalisation

est très faible. Le centre ville possède tout de même deux parcs : le Jardin de Ville à proximité du Rhône et le jardin de Cybèle qui abrite des ruines romaines. Des espaces publics majeurs opèrent des respirations dans le tissu dense mais sont utilisés comme stationnements.

Bâti Non-bâti Circulation automobile Stationnement Piétons / vélo Végétal Eau

chapitre 02


Analyse des tissus urbains Datation

M-A - XIXe siècle

Forme Nombre d’étages

Ilots fermés denses R+4

Fonction

Logements + com.

Distance / centre

0,1 km

Proportion de :

une nouvelle approche du centre-ville

Circulation (automobile / non automobile) Végétal / Minéral

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troisième partie

Analyse des espaces publics Programmes en limite

0

50m

fréqu. min

Programmes

Types de surface

logements

piste cyclable

végétation basse

commerces

route

arbres

bureaux

stationnement

perméable

culturel

terrasses

imperméable

institutionnel

marché

3900 m2

administratif

monument ou art

20 m

espace libre

fréqu. max

hab. centre historique hab. quartiers péricentraux

visiteurs hab. quartiers périurbains/communes

place St-Maurice chapitre 02


Analyse des espaces publics Programmes en limite

0

50m

Programmes

Types de surface

logements

piste cyclable

végétation basse

commerces

route

arbres

bureaux

stationnement

perméable

culturel

terrasses

imperméable

institutionnel

marché

3750 m2

administratif

monument ou art

150 m

espace libre

fréqu. min

fréqu. max

hab. centre historique hab. quartiers péricentraux

visiteurs hab. quartiers périurbains/communes

place F. Mitterrand (dite de l’Hôtel de Ville) une nouvelle approche du centre-ville

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troisième partie

Caractériser un cadre de vie

chapitre 02


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ré-orienter

une nouvelle approche du centre-ville


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troisième partie

Prendre soin de l’habitat ancien Propos introductif à l’échelle des villes dites « moyennes ». Nous parlions d’un regain d’intérêt – néanmoins tout juste palpable – pour les territoires non-métropolisés, et principalement les villes moyennes, qui est le signe d’un épuisement modéré des métropoles. Cependant, ce phénomène a mangé 20% des terres agricoles en cinquante ans. « L’exode urbain participe à la diminution de 20 % de l’espace agricole sur les cinq dernières décennies (1). Les aménagements des bourgs, villages, petites et moyennes villes qui grandissent par leur périphérie à coup de lotissement y concourent, alors que l’habitat en leur centre reste vacant. » (Madec, 2015) C’est donc aussi le signe que nous n’avons fait que transposer le modèle de l’urbain généralisé des villes métropolitaines à l’échelle des villes moyennes et petites (Madec, 2015), en préférant l’étalement urbain à l’existant. Ce pourcentage – et l’artificialisation des sols qui l’accompagne – est manifestement la preuve que c’est un modèle qui échoue – ou qui n’est, du moins, pas soutenable. Il est effectivement peu souhaitable d’imaginer ré-habiter un territoire sans imaginer ré-habiter ce qui le constitue déjà. Pourtant, même un phénomène tel qu’un « exode urbain » (Merlin, 2010) ne semble pas suffire pour rendre attractif l’habitat dans les centres anciens. Par voie de conséquence, une grande partie d’entre eux subit une importante vacance structu-

relle (2) depuis plusieurs années. Le taux augmente bien plus qu’ailleurs et le patrimoine se dégrade. À ce titre – ne serait-ce que pour des questions de responsabilité environnementale –, nous avons tout à gagner à porter notre attention sur les centres anciens existants de ces villes en quête de reconnaissance, qui maillent pourtant l’ensemble du territoire français (Razemon, 2019). Leur potentiel est autant sous-estimé qu’il est à révéler (FNAU, 2017), mais l’ingénierie territoriale manque. Elles sont peu étudiées, voire mal étudiées, car elles font leur chemin à l’ombre des métropoles régionales et « le risque est grand de voir les villes secondaires considérées comme sans intérêt scientifique, car pas encore concernées par des tendances déjà à l’œuvre dans certaines métropoles » (Demazière, 2014). Pour y remédier, nous devons trouver les biais les plus appropriés. En ce sens, s’intéresser à l’habitat en centre ancien semble être un levier d’action vertueux. Le programme gouvernemental Action Coeur de Ville soutient 222 villes moyennes qui souhaitent aller dans ce sens. La FNAU suggère de « conjuguer logement, patrimoine et créativité pour reconquérir les centres-villes ». Mais comment s’y prendre face à ce manque de connaissances, d’expériences et d’expérimentations ? Des associations, collectivités, agences gouvernementales et acteur·trice·s de la recherche préconisent une mise en réseau et un partage des connaissances (Anah et Réseau des Collectivités mobilités contre le Logement Vacant, 2018).

chapitre 02

2. La vacance structurelle (ou de longue durée) s’oppose à la vacance conjoncturelle (ou de courte durée) qui est le signe d’un marché de l’immobilier dynamique.


Ainsi, quelles leçons tirer des villes qui bénéficient d’ingénierie, d’influence et d’autres ressources, mais qui souffrent aussi d’un centre ancien à l’image dévalorisée ? Comment l’habitat participe-t-il à leur requalification ?

4. Entretien réalisé en juillet 2020.

La faute à l’image Nous avons montré le rôle majeur que jouent les imaginaires dans l'appréciation/dépréciation des villes moyennes et démontré que le rêve de l'accession pavillonaire est un fait établi culturellement dont il est difficile de se détacher en France. Ainsi, pour les mêmes raisons que les néo-ruraux viennent vivre à la campagne, il y a peu de chances que les citadin·e·s qui quittent une métropole pour habiter la sous-préfecture du département se réjouissent d'habiter un appartement au coeur de son centre ancien. C’est la maison individuelle et son jardin qui dominent. « Ce désir d’habiter dans un logement bénéficiant de tout le confort moderne et l’attrait pour la maison individuelle expliquent qu’une partie des habitants quittent les centres pour aller vivre en périphérie où les constructions neuves sont les plus nombreuses » (Escudié, 2018). Mais ces questions ne se résument pas qu’aux centres anciens des villes moyennes. Elles se posent aussi dans un certain nombre d’autres territoires subissant un déficit d’image, touchant même des villes en première ceinture et anciens faubourgs des « métropoles attractives ». Il semblerait qu’habiter un immeuble centenaire en centre ancien ne soit valorisé qu’au sein des coeurs métropolitains, où les quartiers populaires se gentrifient. Il suffit d’en sortir pour comprendre qu’ailleurs le schéma s’inverse, et que « dans les agglomérations de moindre importance, ce sont les plus pauvres qui continuent de vivre en ville » (Razemon,

2019). Des pistes pour réinventer les récits L’enjeu est de prendre conscience du patrimoine ordinaire, de redonner vie au parc existant et le prioriser face à la construction de lotissements en périphérique. Pour cela, il est essentiel de déconstruire l’imaginaire existant et d’écrire un nouveau récit pour démontrer que ces centres chargés d’histoires et de patrimoine(s) rassemblent une diversité de critères garantissant la qualité de vie. Néanmoins, le sujet reste de savoir comment tout cela se spatialise. Il s’agit alors d’être méthodique : quels points sont à prioriser ? Pour Jean-Louis Coutarel, architecte et enseignant-chercheur spécialiste des quartiers anciens, il y a trois pistes d’adaptation prioritaires sur lesquelles les architectes peuvent se pencher pour améliorer l’habitabilité des logements en centre ancien et garantir leur attractivité. Ces problématiques spatiales sont l’absence d’espace extérieur privatif, l’usage des rez-de-chaussée et la place prédominante de la voiture. · espace extérieur privatif Pour le chercheur, cet espace est « si important pour l’habitation contemporaine et si difficile à générer dans les tissus anciens » (Coutarel, 2020). Ces derniers sont denses et minéralisés, et les jardins à l’extérieur de la ville, que possédaient autrefois les habitant·e·s, sont aujourd’hui occupés par une maison individuelle ou un lotissement. Cela devient une vraie problématique pour la qualité de vie. Certain·e·s urbanistes préconisent la « dédensification des cœurs d’îlots pour en faire des espaces paysagers privatifs ou collectifs » (FNAU, 2017). Aussi, lorsque le tissu dans lequel s’inscrit le loge-

une nouvelle approche du centre-ville

133 /

ré-orienter


134 /

troisième partie ment offre des opportunités, il faut savoir en tirer parti. C’est le cas, par exemple, de nombreux anciens faubourgs. Leurs parcelles en lanière offrent un potentiel végétal important en fond de parcelle. · rez-de-chaussée Avoir des rez-de-chaussée vivants est une condition sine qua non pour avoir un centre-ville vivant. C’est le grand enjeu des centres au sein desquels les rideaux de fer des commerces et artisans se baissent les uns à la suite des autres. Lorsque nous savons qu’ils ne se lèveront plus, nous pouvons alors commencer par réinventer l’usage de ces cellules vides, avec de nouveaux usages contemporains, qui créent du lien social là où les commerces ne peuvent plus s’installer. Lors d’un entretien, Jean-Louis Coutarel reconnaît que « les nouveaux usages liés à votre génération [les jeunes générations] peuvent être une piste. On peut imaginer des tiers- lieux, des ateliers de fabrication. On peut même imaginer des ateliers d’architecture, c’est quelque chose qui trouve sa place. » · place de la voiture L’enjeu de gestion de la mobilité et des voitures en centre-ville est également un invariant pour garantir l’habitabilité des centresvilles. Des exemples ont montré que les habitudes mutent et que les véhicules personnels peuvent être délocalisés et stockés ailleurs que sur l’espace public, dans des espaces bien pensés qui ne portent pas atteinte à l’environnement proche de la ville. Néanmoins, à court terme, la place de parking reste un critère pour l’habitant·e en quête d’un logement. À cela, nous pouvons ajouter les besoins en travaux que nécessite d’habiter un logement en centre ancien. Souvent dégradé, car délaissé, le bâti ancien doit, en

plus d’être rénové pour héberger décemment, s’adapter pour répondre aux conditions de vie du XXIe siècle (confort énergétique, confort lumineux, accessibilité, espaces plus grands, etc.). Ces logements sont, de façon assez générale, issus du parc privé (Razemon, 2019) et cela représente un frein opérationnel aux démarches. Pour y répondre, les municipalités tentent de mettre en place des actions et d’encourager les propriétaires privés. Soutenues par l’Anah (Agence nationale de l’amélioration de l’habitat), elles lancent des OPAH (Opération Programme d’Amélioration de l’Habitat), sur cinq ans, pour rendre ces logements attractifs. Dans le centre de la ville de Cahors, une OPAH-RU prévoit, depuis 2014, la diminution de la vacance, de l’insalubrité et de la précarité énergétique (FNAU, 2017). Entre 2018 et 2023, la municipalité de la ville de Draguignan compte sur son OPAH-RU pour améliorer la qualité des logements et favoriser la création de nouvelles typologies en groupant les petits logements ; le but étant d’attirer de nouveaux·lles habitant·e·s et de diversifier la population. La Ville de Saint-Fons prévoit la mise en place prochaine d’une OPAH-RU pour lutter contre l’habitat vacant et encourager la réhabilitation du parc privé existant, dans le cadre de la requalification de son centre ancien (GrandLyon, 2019). Par ailleurs, Saint-Fons offre un terrain d’observation intéressant. Les classes les moins aisées habitent dans les grands ensembles de logements sociaux. Les classes moyennes choisissent le pavillon. Quant aux classes les plus aisées, elles sont peu à habiter SaintFons, qui subit un important déficit d’image. Ainsi, le taux de vacance dans le centre atteint les 11% (449 logements, soit 84% des logements vacants de la ville). Il chapitre 02

5. Une OPAH est souvent accompagnée d’une opération de Renouvellement Urbain (RU).

6.  À titre de comparaison, la ville de Lyon est à 7,2% et la moyenne française à 8,2% (Insee)


est alors intéressant d’observer quelle influence la métropole lyonnaise est en train de jouer sur les démarches et opérations en cours, pour définir ce qu’il est techniquement possible de faire avec les ressources humaines et financières dont elle dispose. Néanmoins, une question se pose en filigrane. Revaloriser l’habitat en centre ancien, c’est, littérale-

2008

2015

2017

2020

ment, lui redonner une valeur. En l’état actuel, bien qu’il s’agisse d’un droit avant tout, le logement est largement considéré comme un produit. Le valoriser, c’est donc aussi lui donner une valeur marchande. En ce sens, comment éviter la gentrification des centres anciens et, cette fois-ci, éviter de transposer le modèle métropolitain ?

évolution des immeubles rue de l’Observance à Draguignan entre 2008 et 2020, avant et après les effondrements © Google Maps et crédit personnel

une nouvelle approche du centre-ville

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troisième partie

Mise en application

îlot Saint-Maurice logements collectifs

Nous avons ici travaillé à l’échelle d’un ilot existant comprenant une dent creuse. Nous proposons un nouvel ensemble de logements collectifs, présentants des espaces extérieurs donnant sur le coeur d’ilot. Cet ajout est l’opportunité de créer de nouveaux espaces extérieurs pour les deux autres bâtiments existants auquel il se raccroche. De nouvelles circulations verticales extérieures facilitent l’accès aux logements anciens qui ne possèdent pas toujours d’ascenseurs par exemple.

îlot Saint-Maurice cœur d'îlot

Les ilots existants sont denses et peu poreux. Nous proposons ici de dégager une traversée en coeur d’ilot, permettant la création d’un espace végétalisé privatif et commun à l’immeuble.

chapitre 02


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ré-orienter

îlot Saint-Maurice

principe de modularité des logements Le plan schématique proposé ici permet une modularité et une adaptabilité des logements en fonction de l’évolution de la cellule familiale, s’adaptant au plus juste des besoins des habitants à partir d’une circulation verticale centrale.

une nouvelle approche du centre-ville


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troisième partie

Éveiller une conscience patrimoniale Débuter une étude sur la “ville moyenne” et plus particulièrement sur son centre c'est avoir un tas d’idées reçues, d’images et imaginaires contradictoires ou non, résultant de nos vécus, nos histoires et surtout reliés aux villes que nous souhaitons étudier ou étudions individuellement à travers nos mémoires et volontés de PFE. Difficile alors de démonter ces clichés - entendez à la fois “idées reçues” et “images figées ou idéalisées” - dont nous sommes imprégnés. Il est surement difficile d’éviter les raccourcis réducteurs alors que notre temps imparti limité nous oblige à un travail sélectif le plus efficace possible. Ainsi, nous devons nous arracher à nos villes chéries - Vienne, Dranguigan et Aix-les-Bains - qui nous hantent depuis quelques temps à travers nos travaux , tout en les gardant en arrière-plan de comparaison puisqu’elles s’inscrivent dans la liste des “villes moyennes”. Préoccupés par la question du patrimoine de nos villes d'origine, nous nous indignons de l'ignorance et du non-respect de ce dernier par la popuplation et le politique local. Mais la rédaction de cet article (en novembre 2020) et les recherches préalables associées nous ont rapidement confronté aux écueils dans lesquels nous pouvions nous prélasser. Nous nous interrogeons alors : Que faisons-nous du patrimoine ? C’est d’abord un mot qui prend de plus en plus de place dans notre société et dont découlent des notions et aspirations parfois contradictoires. Aujourd’hui, bonne nouvelle ou non, le patrimoine est vendeur. Il mêle culture, économie, écologie

et est présenté comme une solution idéale, un compromis pour tous si bien qu’un projet qui parlerait de patrimoine serait incontestable. Dans ses dossiers communiqués, l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires à travers l’Action Coeur de Ville met en lumière des leviers de revitalisation des centres anciens des villes moyennes. D’ailleurs, le Conseil National de l’Ordre des Architectes, dans un article publié dans la rubrique “Transition écologique” de son site internet, fait état du rapport constitué par l’ANCT : “Outre le lien avec le développement économique, ce rapport permet surtout de révéler le caractère « transversal » du patrimoine, qui fait « partie intégrante de ce qui constitue un quartier : immeubles et maisons, espaces et équipements publics, trames viaires et parcelles, parcs et jardins, patrimoine naturel. »”. Le patrimoine semble être une clé de voûte, si ce n’est une base des projets menés sous la bannière de l’ACV. Ainsi on remarque une dynamique de prise en compte du patrimoine dans sa globalité et dans ses illustrations les plus simples ou banales alors que les imaginaires étaient peut être encore bloqués sur le nécessaire caractère monumental du patrimoine. Dès lors, un petit parc, un tissu urbain ou un front bâti peut s’identifier comme patrimoine et donc comme support de projet de revitalisation d’un centre ville. Dans l’idée de patrimoine, il y a souvent la notion de protection. Mais si “tout” peut être patrimoine, cela induit-il que “tout” peut ou doit être protégé ? Et si

chapitre 02


oui, qu’on ne peut agir qu’en mettant “tout” sous cloche ? Je crois que valoriser et protéger le patrimoine même le plus simple, c’est avant tout remarquer sa qualité et en faire un vecteur de projet ; donc opérer un mouvement, un changement à l’opposé du “figé”. Selon Christophe Démazière, les villes moyennes n’ont pas été impactées par de grands projets urbains contemporains qui sont l’apanage des métropoles. Dans « Pourquoi et comment analyser les villes moyennes ? Un potentiel pour la recherche urbaine », Métropolitiques (2014), il affirme que “les villes moyennes nous rappellent que les espaces urbanisés possèdent une matérialité fortement inscrite dans l’histoire et la culture locales (Guay et Hamel 2004)” et qu’elles sont “plus fortement enracinées dans un patrimoine bâti, culturel, social, industriel...”. Ainsi on peut considérer leurs centres comme peu évolutifs car déterminés par leur tissu et leur image (positive ou négative) d’origine mais aussi choisir d’exploiter positivement ces ressources (richesses ?) locales. Selon le SCET, les centres-villes doivent voir la diversification de leurs fonctions pour générer des flux essentiels à leur survie dans des aires urbaines qui voient leur développement en périphéries. Les centres-villes semblent donc devoir jouer sur le plan de leur attractivité pour séduire leurs multiples et divers usagers, du mélancolique des matinées de courses alimentaires loin des hyper-marchés au désabusé conducteur ne trouvant pas de place de station-

nement pour son véhicule. Le patrimoine serait la carte à jouer de ces “belles endormies” que sont les villes qui ont peutêtre trop longtemps oublié ou nié leur histoire. Les édifices témoins d’un passé industriel comme à St Fons ou d’un thermalisme désuet à Aix-les-bains doivent réussir leur conversion sans oublier ce qui les rend remarquables. Dans le document “Répondre à l’objectif “Valoriser le patrimoine bâti”” produit par le Cerema pour le programme national de revitalisation des centres bourgs, “la revalorisation du patrimoine bâti passe également par une mise en valeur de celui-ci dans son environnement immédiat.(...) La requalification conjointe du bâti ancien et patrimonial et des espaces publics permet d’améliorer efficacement le cadre de vie de la population et de favoriser un retour vers le centre”. De plus, le patrimoine est vecteur de tourisme et donc d’activité pour la ville. Il convient donc de prendre en compte tous les usagers de la ville dans la conception de projet de revitalisation urbaine. Mais s’il y a bien une question omise jusque là, c’est celle du caractère économique du patrimoine et de la fabrication de la ville. Des politiques comme l’ACV visent à donner des moyens financiers, des outils économiques, mais gare à l’utilisation de ces fonds. Les projets peuvent être beaux, bien présentés, bien communiqués, il convient de toujours s’informer du jeu d’acteurs qui s’opère. En somme, du patrimoine oui, mais qui ? comment ? et pour qui ?

une nouvelle approche du centre-ville

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troisième partie

Mise en application

bords de Gère et de Rhône aménagement urbain

Nous considérons ici la Gère et le Rhône comme des éléments du patrimoine naturel et paysager à mettre en valeur et à remettre au contact des viennois. Au sein du quartier de la Gère, on aménage une «place de l’eau» et les quais de la Gère. Des jeux sont installés pour les enfants et les rez-de-chaussée des immeubles se tournent vers l’eau. Au bord du Rhône, les quais sont rendus aux habitants, la circulation automobile mise à distance, une halte fluviale est aménagée pour encourager le tourisme fluvial.

chapitre 02


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bords de Gère

gestion des flux et des accès par la Gère La traversée de la gère est facilitée par la restauration ou la création de nouvelles passerelles engageant les usagers à se déplacer à pied ou à vélo le long de cet axe pour rejoindre le coeur historique.

ancienne usine de filature réhabilitation du bâti

Le patrimoine industriel du quartier de la Gère est réhabilité. Une ancienne usine devant un pôle entreprise où de larges espaces peuvent accueillir différentes formes de travail. une nouvelle approche du centre-ville


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troisième partie

Au-delà de l’économie : le commerce comme levier pour le territoire Un modèle à bout de souffle Suite à l’héritage des Trente Glorieuses et des grandes enseignes de périphérie, à l’heure où la société de consommation est contestée et suite à la crise du Covid-19, la question de l’avenir du commerce dans les villes moyennes est centrale pour les commerçants, les collectivités, les consommateurs ou encore les habitants. L’Institut de la Ville et du Commerce est une association qui a pour but de constituer des bases de données, puis de réfléchir avec des professionnels de différents secteurs sur les enjeux du commerce, notamment sur le lien entre centre-ville et périphérie. D’après leur analyse, la vacance commerciale augmente dans l’ensemble des aires urbaines d’un demi-point par an. Mais pour seulement 21% des aires urbaines observées, le commerce de périphérie est en meilleur santé. Ainsi, l’emprise des zones commerciales sur le marché n’est pas si nette que ce que l'on pourrait penser. De plus, en 2019 ces grandes enseignes avaient un taux de vacance de 9%, alors que la limite acceptable permettant un turn-over est de 5%. La question n’est finalement pas de connaitre et d'opposer les parts de marché entre les centres-villes et les périphéries, mais plutôt de comprendre la situation actuelle du secteur commercial dans sa globalité Malgré un marketing qui ne cesse de polluer notre environnement visuel et avec une préoccupation

croissante des consommateurs sur leur manière de consommer, cette étude met en avant une fragilisation du secteur, mais aussi une saturation du marché. En effet, il y a trente ans, le chiffre d’affaire moyen d’un hypermarché était de 12 000€/m²/an, alors qu’aujourd’hui il est de 8 000€/m²/an d’après l’IVC. Pourtant, depuis les années 1990, le nombre de zones commerciales a doublé. « La révolution de la grande distribution est derrière nous », explique Pascal Madry, directeur de l’IVC, « Il n’y a plus pour ce secteur de capacité de croissance. C’est pourquoi les zones commerciales sont entrées en concurrence avec elles-mêmes, pour piquer des parts de marché aux copains. Les promoteurs, parce qu’ils arrivent avec leurs enseignes, parviennent encore à séduire les collectivités, naïves ou complaisantes qui se laissent appâter par la promesse d’emplois incertains. » (Guillon, 2020) Cela remet alors en cause l’existence de ces nombreux espaces de commerces et le développement de ce secteur encore en marche. Un commerce ne devrait-il pas exister seulement si nous en avons réellement besoin ? Dans un contexte de crise économique, écologique et sociale, les dépenses de temps, d’argent et d’énergie ne sont plus concevables pour développer des commerces qui ne sont pas viables. « […] cela revient à confondre la fin et les moyens, car l’équipement ne fait pas l’attractivité. » (Guillon, 2020) explique Pascal Madry.

chapitre 02


Composer avec le commerce aujourd'hui Le commerce n’est pas un simple échange, ce n’est pas qu’une question de troc matérielle. Au-delà du point de vue économique, il faut voire dans le commerce l’importance sociale autours de cet échange et ce qu’il peut apporter au territoire et inversement. Depuis la fin des années 1990, on observe une modification nette de l’immatériel du consommateur causé par l’inquiétude générale des Français due notamment à la crise du Golf et le retournement de la conjoncture macroéconomique (Rapport du Credoc n°19412, 2002). En reprenant la théorie du psychologue Abraham Maslow, « au fil du progrès du niveau de vie l’immatériel prend l’ascendant sur la valeur d’usage et cela entraine une saturation des besoins primaires au profit de la symbolique ». Ainsi, la valeur économique du produit est bien évidement importante, mais désormais l’acheteur utilise le commerce pour assoir son identité. De plus, le commerce a un impact plus large que l’identité individuel. Comme l’exprime l’anthropologue Michèle de La Pradelle (1996) avec l’exemple du marché, un lieu d’approvisionnement répond à un besoin de structurer une identité collective. C’est le théâtre d’une vie en société où se créent des échanges et des intérêts autres que matériels. L’importance du commerce n’est alors pas seulement son produit, mais aussi ce qui gravite autour : le lieu et l’instant d’échange.

De ce fait, les lieux d’échanges peuvent être porteurs d’une redéfinition d’un territoire, en faisant d’eux de véritable point de rencontre. Ils permettraient « un réseau d’interconnaissance et une identification collective ponctuelle » pour reprendre les mots d’Erving Goffman (1956) parlant du rôle du marché. Ce serait le théâtre d’une vie locale organisée selon les spécificités du territoire. Ainsi, le consommateur ne sera plus un simple acheteur pour faire partie d’un tout pour que chacun puisse trouver sa place et que le commerce s’inscrive dans sa logique territoriale propre. Le commerce pourrait devenir un nouveau levier pour les communes et les habitants, loin du model de l’hypermarché déshumanisé, loin de cette boite opaque qui fait abstraction de son environnement et de ce qui le fait vivre. A l’avenir, il faut alors se demander : quels seront les lieux de commerce les plus résilients ? Autrement dit, « Quels formats pourraient être le plus mis à mal et sur le principe des vases communicants, quels sont ceux qui tireraient leur épingle du jeu ? » (Guillon, 2020) L’Architecte-urbaniste, David Mangin, projetait en 2014 sa vision en imaginant une ville qui va au-delà de l’argent et des « querelles de clocher » avec des visions mixtes pour « promouvoir une ville recomposée » définissant ainsi ces territoires comme « la mère de toutes les batailles à mener » (Guillon, 2020).

une nouvelle approche du centre-ville

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troisième partie

Mise en application

CAFÉ RESTAURANT

PASSAGE

ESPACE LIBRE

TERRASSE + ESPACE LIBRE

PASSAGE

COMMERCE

extension des commerces aménagement urbain

L’espace public est repensé pour permettre l’extension des activités sur le domaine public, occasionnellement pour augmenter la visibilité d’un commerce ou périodiquement pour les terrasses de restaurant. On parie donc en partie au manque de surface intérieure des locaux commerciaux.

Coworking

Cordonier

Prêt à porter

Boucherie

Café / Restaurant

Fleuriste

Cooperative Pharmacie

rez-de-ville

mixité des usages La mixité des usages des rez-de-chaussée peu contribuer à l’animation des petites places qui créent du rythme et des respirations dans le tissu urbain dense. Les programmes au pied des immeuble doivent répondre aux besoins du quotidien des citadins : se nourrir, travailler, se divertir.

chapitre 02


ré-orienter

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THÉMATIQUES COMPLÉMENTAIRES

Espaces publics Mise en application

place Saint-Maurice et place de l'Hôtel de Ville aménagement urbain

Nous avons repéré des espaces publics majeurs à rénover. Toujours encombrés par le stationnement, ces places normalement porteuses des valeurs urbaines sont sous utilisées. Revoir leur aménagement c’est les proposer à nouveau aux usagers, en permettant par exemple l’extension des terrasses de restaurant ou en dégageant un espace suffisant pour des manifestations ou encore, pour mettre en valeur le patrimoine bâti et les façades sur place. une nouvelle approche du centre-ville


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troisième partie

Mobilités

Mise en application

parvis de la gare

aménagement urbain Le parvis de la gare est revu pour faciliter l’intermodalité des mobilités. Les arrêts de bus et le dépôt des voyageurs sont sécurisés tandis qu’un parking silo est repensé pour le stationnement journalier ou longue durée.

parking de la Gère aménagement urbain

Le manque de solution de stationnement est un problème récurant: nous proposons la construction d’un nouveau parking silo, pensé pour à terme, être transformé en surface de bureaux.

BUS

nationale 7

BUS

gestion des flux La hiérarchie des grands axes de circulation est revue. La vitesse des véhicules motorisés est réduite, une voie réservée au bus est créée pour accroitre leur efficacité. Enfin des voies modes doux sont développées et séparées du flux routier par des bandes végétales pour plus de sécurité.

chapitre 02


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ré-orienter

Activités

Mise en application

ancienne usine de filature réhabilitation du bâti

Le patrimoine industriel du quartier de la Gère est réhabilité en espaces tertiaires. Une ancienne usine devant un pôle entreprise où de larges espaces peuvent accueillir différentes formes de travail.

îlot Saint-Maurice

aménagement du cœur d'îlot Ici, le coeur d’ilot est pensé pour accueillir des activités qui ont progressivement disparu des centre-ville tel qu’un garage automobile. La transverse créée se fait au profit de l’installation d’un nouveau commerce qui n’a pas besoin de pignon sur rue. De faible hauteur cet ajout dans le coeur d’ilot ne détériore pas Kitchenette Salle commune la condition des logements alentour. wc

rez-de-chaussée gestion des flux

Salle de reunion / présentation

Espace imprimante

Les rez-de-chaussée vacants en centre ancien sont aménagés en espace de travail partagé (co-working) modulables et adaptés à la venue de plusieurs types de travailleurs : indépendants comme salariés en télétravail. Le travail n’empiète ainsi pas sur la surface du logement personnel (habitudes de télé-travail) et les rez-de-ville sont animés de nouvelles activités. une nouvelle approche du centre-ville


04ATLAS


construction d'un répoertoire d'actions

De l'intérêt de mettre en réseau | La diversité - la richesse - ob-

servée oblige à retenir les interventions spécifiques qui sont faites pour en tirer des inspirations pour d’autres villes alors qu’elles cherchent à se fédérer sans pour autant vouloir se forcer à correspondre d’un modèle commun, contraite au modèle métropolisant lancé dans le jeu de la compétition. La mise en réseau des actions permet de partager les moyens humains et techniques pour ces territoires qui ne sont pas dotés équitablement.

Un atlas thématisé | Nous avons souhaité mettre en place un

répertoire d’actions – pensé comme un atlas de références – pour centraliser les projets remarquables réalisés au sein des villes moyennes françaises et répondant à la diversité de problématiques que nous posons. Ce répertoire est pensé comme un outil qui nourrira nos projets. Tel qu’il est présenté aujourd’hui, il n’est évidemment pas complet, et de demande qu'à être complété. Il est orienté à partir de nos six thématiques communes (commerce, mobilités, patrimoine(s), espaces publics, activités et habitat).


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quatrième partie

Index des thématiques

habitat

mobilités

commerce de proximité

espaces publics

échanges sociaux

patrimoine paysager

activités professionnelles

patrimoine urbain


Saintes

îlot de l'Arc de Triomphe programme l 69 logements (38 logements

collectifs en locatif social / 26 collectifs en accession / 5 individuels en accession) + commerces et/ou locaux d’activités + espaces publics

atout l ré-investissement du tissu ancien et

des parcelles en lanière +interprétation de la venelle + petites maisons individuelles en cœur d'îlot avec espaces extérieurs privatifs

Moulins

opération rue Diderot programme l réhabilitation de 12 logements vacants dans un bâtiment classé

atout l requalification de l'existant + remise sur la marché pour le prix du neuf + articulation avec les enjeux patrimoniaux

Aubenas

Champ de Mars programme l transformation d’un parking

de stationnement de surface en « agora » publique

atout l dégagement des voitures pour la

qualité de l’espace public + abandon stricte de la fonction de parking accrodé à l'espace public

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atlas de références


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quatrième partie

Trévoux

place du Port 12/11/2020

18 Rue du Port - Google Maps

programme l aménagement urbain

+ mise en valeur de l’accès à la Saône + rééquilibrage des mobilités + réaménagement de la rue adjacente

atout l espace public qualitatif

+ réelle place accordée au piéton + fonction automobile passée en second plan + lien retrouvé avec le patrimoine naturel

https://www.google.com/maps/@45.9404025,4.7726265,3a,75y,156.51h,87.66t/data=!3m6!1e1!3m4!1sUldHJ7lPXlqWLJ685GijAQ!2e0!7i16384!8i8192

2/3

Sedan

place d'Armes 30/10/2020

Place d'Armes - Google Maps 30/10/2020

Place d'Armes - Google Maps

programme l piétonnisation de la place

principale anciennement réservée au stationnement en surface + piétonnisation ponctuelle des axes majeurs + aménagement urbain + extension des terrasses sur la place

atout l voie ouverte à la piétonnisation du

centre-ville + bénéfices relevés par les commerçants de la place

https://www.google.com/maps/@49.7007386,4.947451,3a,75y,283.23h,100.24t/data=!3m6!1e1!3m4!1sbW6HsaNnEczJRWq_-CZDyA!2e0!7i13312!8i6656 https://www.google.com/maps/@49.7007247,4.9474278,3a,90y,292.51h,98.05t/data=!3m7!1e1!3m5!1sP0YCS3BLRrf7voMUDsRc2A!2e0!5s20190501T000000!7i16384!8i8192 2/3

Périgueux

plan de mobilités programme l mise en place d'une navette ferroviaire + intensification du réseau cyclable + intensification du réseau de bus électriques + diminution du nombre de voitures en ville + sensibilisation des écoliers à leur mobilité atout l plan de mobilités ambitieux

+ priorité donnée aux déplacements les moins consommateurs d’espace et les plus efficaces en termes de relations sociales

2/3


Allègre

label Cité de Caractère

programme l labellisation du centre pour

engager la réhabilitation d'un immeuble inoccupé en gîte d'étape et café associatif + embellissement des espaces publics + sécurisation des accès + restauration des façades et des vitrines

atout l tirer partie des potentiels patrimoniaux

du centre-bourg pour lancer des projets innovants

Montbéliard action échoppe

programme l mise en place d'un programme

pour tester une activité en rez-de-chaussée avant de mettre en bail en place + expérimentation de nouveaux usages en rez-de-chaussée + mise en place d'un service de designer pour les choix de couleurs, de matériaux et de lettrage des vitrines

atout l pour encourager les projets + garantir leur pérennité

Colombelles

le WIP

programme l réhabilitation d'un ancien site industriel en tiers-lieu + permanence architecturale et lieu de résidences des futurs usagers

atout l exercice de l’activité professionnelle

repensé + réponse à tous les besoins locaux en coopération avec les habitants·e·s + haut lieu de convialité

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atlas de références


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quatrième partie

Arras

place des Héros programme l piétonnisation de la place

principale de l'hyper-centre + sécurisation de l'espace public + extension des terrasses sur la place + amélioration des axes commerçants adjacents

atout l effervescence quotidienne de la place suite à sa piétonnisation + bénéfices relevés par les commerçants de la place

Arras

logements étudiants programme l réhabilitation d'un immeuble vacant en résidence étudiante + studios étudiants en étages + espaces communs en rez-de-chaussée (cuisine, salon, garage à vélos, etc.) atout l tirer partie des logements de

petite surface du centre-ville en ciblant la population étudiante + utilisation stratégique du rez-de-chaussée en tant qu'espace commun

Arras expérimentation des rez-de-chaussée programme l expérimentation de nouveaux usages en rez-de-chaussée + mise en accès indépendant en façade + soin apporté au choix des couleurs de façade en échange avec le propriétaire tout en évitant leur banalisation atout l participation active dans le lutte contre la vacance en acceptant de changer les programmes des espaces en rez-de-chaussée (hébergement touristique, espaces communs pour des immeubles partagés, logement...)


Grenay

l'Estaminet

programme l médiathèque/tiers-lieu à

proximité directe du cœur de ville + forte fonction sociale avec un bar + projet co-construit avec les habitant·e·s

atout l espace devenu le plus fréquenté de la

ville et par les jeunes + accès gratuit et ouverture 58h par semaine + fort enjeu socio-culturel réussi en intégrant à des jeunes des quartiers populaires au projet

Château-Thierry

îlot Grande Rue

programme l réhabilitation d’immeubles

vacants + constructions neuves dans le tissu ancien atout l pour encourager les projets + garantir leur pérennité

Niort

place de la Brèche programme l transformation d'un ancien parking de 2000 places (1000 en surface + 1000 en ouvrage) en espace public paysager atout l diversification des usages

+ conservation du cinéma en ville évitant le multiplexe en entrée de ville + véritable îlot paysager en cœur de ville

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atlas de références


156 /

quatrième partie

Ambert

résidence d'architectes programme l installation du collectif

d'architectes le Pari des Mutations Urbaines dans un rez-de chaussée vacant pendant 2 ans + permanence à disposition des habitant·e·s + rédaction d'une étude fine sur l'habitat ancien et les espaces publics du cœur de ville

atout l faire émerger les besoins des habitants + occuper le rez-de-chaussée de façon démonstrative

Ambert

recycleries programme l installation de recycleries dans les rez-de-chaussée vacants atout l changement de vocation des espaces en rez-de-chaussée + expérimentation de nouveaux usages + sensibiliation des habitant·e·s sur leur manière de gérer les déchets en centre-ville

Vitré

MEEF du Pays de Vitré programme l projet moteur de réhabilitation d'un bâtiment en Maison de l'Emploi, de l'Entreprise et de la Formation atout l concentration de tous les services

dédiées aux entreprises en un seul endroit identifiable pour faciliter les échanges commerciaux et l'installation de nouvelles entreprises


Saint-Marcellin

résidence d'architectes - îlot Gambetta programme l résidence d'architectes de 6

semaines dans un immeuble vacant + actions culturels de communication et de pédagogie avec les habitants

atout l montrer de nouvelles façons d'habiter

dans l'ancien dans le centre-ville + impulser l'envie d'y habiter avec des actions démonstratives + accompagner le projet de revitalisation en faire émerger des scènes de vie désirables

Troyes

actions paysagères programme l 5000m2 d’espaces verts en

centre-ville + réhabilitation des anciens canaux et réapparition de l'eau en cœur de ville

atout l requalification des espaces publics par l'intégration d'un volet paysager présent sur 50% de l'espace public du centre-ville

157 /

atlas de références


CONCLUSIONS

Le siècle n’est plus à l’extension des villes mais à l’approfondissement des territoires. Sébastien M arot


159 /

conclusions

Conclusion commune Nous nous sommes prêtés à l’exercice de fortune critique individuellement, pour illustrer la spécificité de nos approches et nos sensibilités variées aussi. Travailler en groupe a été une odyssée parfois mouvementée dont résulte des études et projets individuels que nous avions peut être imaginés plus avancés mais il est temps de s’approprier l’épaisseur de notre travail commun - avec la modestie qu’il lui sied - et pour cela, nous vous proposons de revenir sur le choix de titre de ce travail « Les malades imaginaires ». Vous l’aurez compris, nos malades, ce sont ces villes moyennes que l’on étiquette, que l’ont dit en déclin, en déshérence, que l’ont dit en manque de moyens humain, techniques et financiers. Mais notre travail a montré que l’ampleur des actions à mener dans ces territoires était à la hauteur de leur ambition et de leurs possibles. Point de projet métropolitain pour

les villes moyennes, mais des projets adaptés, s’inscrivant dans des échelles de territoire variées, de la ponctuation au signal fort, et toujours à l’écoute des besoins d’une population établie et à venir pour laquelle des aménagements doivent être anticipés sans renier l’identité propre et la qualité du cadre de vie que ces villes promettent. Les villes moyennes sont des malades imaginaires car les politiques actuelles le leur font penser. Elles présentent, certes, des symptômes révélateurs de changement à opérer mais le changement le plus important est celui d’une inversion des regards. Regardez comme ces territoires sont en latence ! Regardez comme ils sont déjà riches d’une urbanité autre, plus proche de la nature, plus ancrée dans un quotidien viable et sain pour ses habitants. À la lumière de notre étude, bien vite, un tout autre imaginaire se dessine.


160 /

conclusions

Comprendre par le projet Au regard de notre travail, nous pouvons finalement dire que celui-ci a été une tentative de réponse au constat de la (des) fracture(s) territoriale(s). Nous défendions l’idée que la fracture existe à différentes échelles et que le projet peut contribuer à sa résorption. Elle existe à l’échelle nationale, et cela ne surprendra aucun·e lecteur·trice. Elle se matérialise, dans les échanges, par une centralisation parisienne persistante, et dans l’imaginaire collectif, par une dichotomie erronée ville/ campagne - urbain/rural, que nos simples territoires d'étude permettent de complexifier. Elle existe à l’échelle régionale. Les métropoles d’équilibre, qui devaient contribuer originellement à l’équité territoriale, sont désormais des métropoles régionales centralisantes, que l’on pourrait presque qualifier d’envahissantes. Par exemple, à mesure que la métropole lyonnaise s’étend, elle annexe les territoires voisins. Ceux qui se trouvaient être des centralités auparavant, deviennent connectés, voire subordonnés au système métropolitain, comme peut l’être Vienne sous certains aspects. Cette dynamique – même si elle apporte à nos villes moyennes ce qu’elles ne peuvent plus fournir – creuse les inégalités entre ces deux territoires et accélère certains phénomènes propres aux villes moyennes.

Elle existe à l’échelle intercommunale. Les phénomènes de périurbanisation et de périphérisation en attestent. Le cœur de ville se vide et se paupérise à mesure que la périphérie se construit en grandes surfaces et en pavillons. Elle existe à l’échelle locale (1). Il existe donc des périphéries à la périphérie et des espaces péricentraux au centre, et ils n’en sont pas moins stratégiques. Les petites communes périphériques à la commune-centre d'une agglomération peuvent devenir de véritables centralités, selon l’endroit où l’on place notre curseur d’analyse. Néanmoins, toujours pour complexifier la dichotomie qui oppose les territoires entre eux, nous partons du postulat que, sur l’ensemble d’un territoire, ce qui se trouve entre ces polycentralités et la ville-centre constitue également une entité pour accueillir le projet. De la même façon, les seuils de centre ancien sont des espaces à prendre en considératipon dans l'action pour les coeurs de ville. Nous défendons finalement la mise en dialogue entre ces différentes formes de périphéries et le centre-ville pour construire une politique de projet réactive en faveur d'un ménagement du territoire des villes moyennes et de leurs coeurs de ville.

1. Nous n’emploierons pas le terme de « communal », car le territoire naturel qui s’étend dans les périphéries en question s’affranchit, lui aussi, des limites administratives.


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conclusions

pour un équilibre du territoire

Échelle nationale

Échelle régionale

Échelle intercommunale

Échelle locale


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conclusions

Énoncé critique Tout ce travail a un point de départ : un intérêt partagé autour des villes moyennes. Étant originaires tous les trois respectivement de Aix les Bains, Draguignan et Vienne, nous avons pu observer et même vivre durant notre enfance et jusqu’à notre arrivée à Lyon le quotidien de leurs habitants. Suite à un apprentissage et une expérimentation de l’architecture souvent effectués dans un cadre métropolitain, nous voulions porter notre regard sur les territoires qui concernent la majorité des Français. C’est avec un attachement particulier et un échange de points de vue sur nos différentes villes que nous avons commencé à cerner davantage leur territoire en se focalisant sur Vienne. A l’origine, chacun voulait s’intéresser à la ville moyenne selon des thématiques différentes : le patrimoine pour Juliette, le logement pour Romane et le commerce pour moi. Mais il s’est avéré que pour étudier la ville moyenne, de son centre historique jusqu’à son arrière-pays, chaque thématique vient en croiser une autre. Ainsi, dans ce foisonnement de réflexion plusieurs options se sont offertes à nous et tout au long de ce travail nous avons choisi de nous décentrer toujours plus loin du centre historique pour mieux le comprendre. Mon intérêt pour le commerce est parti de l’observation de leurs fermetures progressives en centreville, et notamment dans la Rue Marchande de Vienne. Cette partie de la ville a longtemps connu un faste et un grouillement

d’activités qui ont construit la ville et son territoire. Mais désormais la tendance s’inverse et c’est le commerce qui déconstruit la ville. On remarque que dans le centreville de Vienne il existe une fracture entre la partie sud « dynamique » et la partie nord « en difficulté », que le commerce met clairement en avant. Mais cette fracture n’est pas simplement liée au centre, elle est le symptôme d’un problème plus large. Ainsi, une certaine obsolescence se fait sentir et le système commercial actuel est à remettre en cause pour Vienne comme d’autres villes moyennes. Depuis les années 1990, de nombreuses revendications naissent causées notamment par une perte de confiance envers les distributeurs, par la crise écologique à prendre en compte, une volonté de consommer « local » et de repérer la traçabilité des produits. Ces nouvelles prises de consciences appellent à revoir le rapport entre producteur et consommateur, entre commerce et habitant, entre «ville» et «campagne». De ce fait, quelle vision peut être mise en place pour répondre aux problèmes commerciaux du centre historique de Vienne ? Quelle forme pourrait prendre le commerce de demain et en quoi celui-ci peut être porteur pour la ville mais aussi pour son territoire et ses habitants ? Et que pourraient devenir les lieux de commerce passés ? Comment pourraient-ils répondre à de nouveaux besoins ? Ce travail tente donc de répondre

Vincent Manzini-Fahndrich ville d'étude : Vienne


à ces questions, pour projeter un nouvel avenir pour Vienne comme pour d'autres villes par le projet. La mise en place d’une stratégie à l’échelle territoriale, puis de différents points de projet articulant un lien entre zone habitée et ravitaillement, « ville » et « campagne » ou encore habitant et commerce. Ce travail se concentre surtout sur

(gauche) fragment de façade de la rue Marchande et cour intérieure délaissée à Vienne © crédit personnel

(droite) partie basse de la rue Marchande à Vienne © crédit personnel

le lien de l’habitant avec le commerce. De ce fait, il n’a donc pas envisagé par exemple la place des producteurs ou les enjeux plus précis sur les types de cultures et leur gestion. Ici, le commerce est perçu comme un projet social pour une redéfinition de la ville, du territoire et de ses habitants, pour un nouvel imaginaire.

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Énoncé critique Suite à cette étude, je souhaite revenir sur un sujet que nous questionnions au départ et qui me tient à cœur, à savoir la question de l’habiter dans les centres anciens des villes moyennes. Pour exposer le contexte, le mémoire d’initiation à la recherche a été une véritable opportunité pour emprunter une voie thématique qui semble se conformer aux questions qui m’animent et pour laquelle je souhaite m’engager à l'avenir. Ce travail au long cours m’a amenée, au fil des mois et de sa rédaction, à recentrer mes préoccupations sur un territoire auquel je suis intimement liée, mais dont je me suis également détachée ces cinq dernières années : Draguignan, sous-préfecture du Var, une ville dite ''moyenne'' aux 40 000 habitant·e·s. Après ces cinq années de réflexions et de projets développés en terres inconnues – qu'il s'agisse d'une métropole lyonnaise millionnaire en habitant·e·s, d'un pays viennois dont j’ignorais les enjeux il y a tout juste 8 mois ou bien d'une mégapole paulistana face à laquelle je me suis sentie si étrangère –, je me sens désormais plus légitime à travailler sur un territoire que j’arpente depuis maintenant 25 ans. Draguignan s’est placée comme un cas d’étude privilégié, auprès de Vienne et d’Aixles-Bains. Dracénoise dans l’âme, il faut dire que je me devais bien de lui rendre un peu ce qu’elle m’a apportée. J'aspire désormais à mettre en application les connaissances théoriques que j’ai acquises au fil des douze derniers mois, ainsi que les méthodes et outils de projet esquissés.

De façon plus concrète, il me faut en dire un peu plus sur le fond. Ma problématique était la suivante : à l’échelle des villes moyennes françaises non-métropolisées, il semble intéressant de se demander sous quelles conditions la régénération des logements vacants –en tant que patrimoine et ressources en latence– peut participer à la construction d’une réponse soutenable à certains enjeux contemporains –environnementaux, architecturaux et territoriaux–, par les concepteur·trice·s et pour les habitant·e·s. Si la question des villes moyennes n’est désormais plus un sujet de niche – nous parlons désormais sans tabou de « revanche des sous-préfectures » –, il n’en reste pas moins qu’il faut l’accompagner si l’on refuse de se soumettre aux effets délétères qu’elle peut engendrer. L’habitat, qui constitue le fondement de nos vi(ll)es, doit être repensé, à partir des cœurs de ville certes, mais sans oublier de répondre à des besoins existants qui structurent les choix résidentiels. Pour tenter une esquisse rapide de mes préoccupations, j’ai trouvé, dans la question du logement vacant, un fait sur lequel il y a consensus, mais qui reste pourtant un terrain à défricher. Draguignan, nous l'avons montré, n’y échappe pas. Les logements de son centre ancien se vident de jour en jour, sa périphérie se construit sur le même rythme. C’est un modèle qui, pour des raisons évidentes (environnementales, sociales, patrimoniales, économiques...), ne peut plus être encouragé. J’ai donc cherché, au travers mon Projet de Fin d'Études, à construire un réseau de projets

Romane Dantcikian ville d'étude : Draguignan


architectural, urbain et territorial pour proposer une alternative à l’habitat en centre ancien et à l'habiter des les villes moyennes, tel qu’il existe aujourd’hui. Parmi ces projets, l'îlot Courtiou, au 40-48, rue de l’Observance illustre, en trois scénarios, plusieurs manières d’habiter le centre. En filigrane, cette lourde mission consiste à renverser les constructions sociales qui l’accompagnent. Il s’agit, dans la globalité, de poursuivre la mise en place d’un nouveau récit et d’un nouveau vocabulaire pour les villes moyennes, appauvris par le riche imaginaire de l’urbain métropolisé. Pour ce faire, l'hypothèse défendue est celle qui consiste à cibler les usages qui encouragent la fuite vers les périphéries pour contrer le phénomène et accompagner, de façon appropriée et

vue sur la Tour de l’Horloge de Draguignan © crédit personnel

vue aérienne du centre ancien de Draguignan © Hôtel du Parc

contemporaine, le retour des populations dans le centre ancien. La construction de cette idée fût un chemin sinueux. Il m'a fallu me détacher de l'approche centro-centrée la plus souvent défendue. J’ai parfois ressenti les orientations pédagogiques comme une injonction au décentrement, un éloignement répété du sujet qui me portait, m’empêchant de creuser plus et mieux la question de l'habiter en centre ancien. Néanmoins, je réalise aujourd’hui que je n’aurai pu aborder mon PFE sans me décentrer parfois, ni sans prendre en compte le territoire dracénois dans son entièreté pour intervenir au sein de son cœur urbain. Un mal pour un bien, pourrait-on dire, qui affine les propositions de projets, leur offre plus de pertinence et se positionne en posture critique des approches conventionnelles.

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Énoncé critique Positionnés sur des thématiques de travail différentes et plutôt larges - patrimoine / logements / commerce - nous nous sommes regroupés sous un même drapeau, celui de la défense de la ville moyenne. Association de mots qui m’était personnellement inconnue, elle s’est avérée correspondre à l’image que je me faisais de la ville dans laquelle j’ai grandi et à laquelle je souhaitais dédier mon Projet de Fin d’Étude, après l’avoir examinée sous le prisme de mon rapport d’étude et de mon mémoire de recherche. Aix-lesBains, Draguignan, Vienne. Trois “villes moyennes”, trois villes aux histoires, aux influences, à la topographie et à l’environnement, à l’activité et à l’économie différents et pourtant classées dans cette catégorie partiellement indéfinissable. Les villes moyennes c’est le vaste ensemble des urbanités coincé entre l’image écrasante des métropoles, toujours plus grosses, efficaces, rapides, rayonnantes et polluées ; et le rural, où l’on pense qu’il ne se passe rien et où il ferait bon vivre loin du tumulte. Étudier les villes moyennes - et y croire c’est développer l’idée des points d’équilibre du territoire, ces entredeux alternatifs, trop longtemps oubliés et délaissés. Étions-nous fortement influencés par notre vécu personnel dans ces “petites villes” (comparées aux métropoles) ? Surement, mais cet atelier nous a permis d’acquérir un regard critique, de confirmer ou d’infirmer nos aprioris. Arrivée quelque peu à bout de souffle pour le site qui nous a occupés au semestre 09, Vienne, j’avais hâte de changer de décor.

Même si les thématiques et outils explorés ont été partagés, je pressentais que les constats seraient quelque peu différents à Aix-les-Bains, illustrant la diversité des villes moyennes. Aix-les-Bains, en tant que ville de villégiature ancienne a connu un aménagement spécifique de son territoire à plusieurs temps de son histoire. Une méconnaissance du contexte historique de la ville occulte une grande partie de ses potentiels. J’ai pu au cours de mes travaux de recherches mettre en lumière l’urbanisme particulier et la recherche d’idéal qui a porté son développement au cours du XIX et XXe siècles. Ville-jardin, machine à guérir, antagonisme de la cité industrielle polluée et malade, la ville thermale apparaît comme un refuge où se mêlent désir de nature et d’urbanité, grand paysage et nature domestiquée, grand air et modernité. Le thermalisme a longtemps fait prospérer la ville avant de connaître des crises successives qui ont profondément affecté la fréquentation des curistes et touristes, et donc poussé à la diversification des activités. A partir des années 80, une autre ville se construit délaissant un patrimoine architectural majeur aujourd’hui encore en danger malgré le timide éveil des consciences. Depuis, la ville est perçue en deux entités par les aixois et les touristes. Si la distance physique entre le centre ancien et les bords du lac ne peut pas être résolue, il est cependant possible d’opérer un changement de regard quant à l’image commune que ces deux «parties de ville» devraient partager. Et cette image, comme l’histoire l’a montré, c’est

Juliette Duday ville d'étude : Aix-les-Bains


la recherche de bien-être. Un site, pourtant centro-centré, où convergeait auparavant toute l’activité est à ce jour totalement ignoré de la population qui n’a plus de raison d’en franchir l’imposante façade : les anciens thermes. Les quelques 50 000 m2, ont été vidés de leur fonction thermale par la construction d’un établissement plus moderne en 2000 entrainant le contournement de cet espace à forte valeur patrimoniale. L’enjeu de mon PFE a été de redonner un sens, une visibilité à ce site, constitué du bâtiment des anciens thermes et du large espace public qui le relie à l’Hôtel de Ville. Ce projet identifié comme moteur dans ma démarche s’est accompagné d’intervention plus modestes, enclenchant une réversibilité de l’image du centre-ville aixois. Il faut retrouver dans ce périmètre, les qualités passées et l’ambiance qui s’est déportée

vue depuis les hauteurs d’Aix-les-Bains © crédit personnel

vue partielle des anciens thermes d'Aix-les-Bains © crédit personnel

vers les bords de lac pour réunifier la ville et fédérer les aixois autour de leur cadre de vie, un environnement naturel particulier et remarquable. La densité et le temps accordé à l’étude commune, à la recherche, ne m’a pas permis d’aller plus en avant dans mon développement de projet, et cela restera certainement un regret. Néanmoins, je pense avoir apporté une autre lecture du territoire aixois, qui je l’espère permettra le développement de projets plus conscients, plus adaptés et plus respectueux du patrimoine bâti et naturel. Enfin, j’espère qu’Aix-les-Bains saura adapter ses axes de développement et ses politiques aux bouleversements que les villes moyennes semblent avoir au devant, en étant pleinement consciente - et non honteuse des principes et activités qui l’ont forgée.

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