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Établir des limites 16–17 Exposer ses œuvres 18–20 Interagir avec les visiteurs 21–22 Gérer les conversations difficiles
SECTION S’ADRESSANT AUX ARTISTES AUTOCHTONES
ÉTABLIR SES LIMITES
Comme vous le feriez dans tout autre milieu de travail, il est essentiel que vous établissiez des limites à respecter durant votre participation au programme. Il peut arriver que l’organisation qui vous embauche vous en demande plus que ce qui avait été convenu au départ ; par moment, vous pourriez même vous sentir « tokénisé ». Bien que de nombreux programmateurs soient conscients des problèmes liés au tokénisme, et que des recherches sur cette pratique sont en cours, il peut arriver que vous y soyez tout de même confronté.
Établir ses limites
Les limites établies par chaque artiste du programme découlent d’un choix personnel. Le niveau de confort de chacun est différent : si vous voyez un artiste participer au programme d’une façon qui vous rendrait mal à l’aise, cela ne veut pas dire que vous ayez à le faire.
D’entrée de jeu, précisez ce que vous êtes à l’aise de faire, afin d’établir clairement les attentes et les résultats escomptés. Par ailleurs, sachez que vous pouvez modifier vos limites en tout temps, à mesure que vous comprendrez et que vous vous familiariserez avec le programme.
Conseils des artistes :
« Fixer des limites est beaucoup plus facile quand vous connaissez l’histoire de la culture dont notre forme d’art émane, c’est le fondement ou l’ancrage à mon avis... Tout ça vous apprend à valoriser votre travail, qui est une discipline de pointe qui doit être reconnue comme telle. Lorsque vous travaillez au sein d’autres organisations, vous fixez des limites en fonction de l’appréciation que vous avez de vous-même et de vos créations. » —Kevin Cranmer « Souvenez-vous que vous pouvez dire “non, c’est trop de travail” ou “je ne suis pas intéressé”. Ce n’est pas toujours facile, car vous ne voulez offenser personne, mais vos limites sont importantes. » —Joslyn Williams
« Si vous sentez que quelque chose cloche, prenez du recul et réfléchissez à ce que le problème pourrait être. » —Joslyn WIlliams
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EXPOSER SES ŒUVRES
Vous voulez créer une exposition accrocheuse et pertinente qui attirera le public vers votre espace de travail.
Conseils pour la conception de votre espace d’exposition :
Incluez une plaque où figure votre nom ou celui de votre entreprise. Ayez des cartes de visite à portée de la main. Si vous publiez vos œuvres en ligne, installez un panneau où figure le pseudonyme que vous utilisez sur les médias sociaux ou l’adresse de votre site web. Affichez des panneaux précisant s’il est permis ou non de prendre des photos. Exposez des pièces complètes. Vous voudrez exposer des pièces plus volumineuses qui sauront attirer l’attention des visiteurs. Pensez à exposer des pièces que le public pourra toucher. Remarque : si certaines pièces ne doivent pas être touchées, accompagnez-les d’un panneau « Veuillez ne pas toucher. » Donnez du relief à votre espace en superposant vos œuvres. Placez certaines pièces plus en hauteur sur des boîtes, de façon à ce que les objets ne soient pas tous posés à plat sur la table. Évitez de placer des objets au bord de la table, puisque les gens qui passent devant votre table risquent de les heurter.
Conseils des artistes :
« Si vous exposez des estampes, rendez-les plus visibles en les plaçant sur des supports. » —Virgil Sampson « Préparez un album photo de vos œuvres que les visiteurs pourront feuilleter. Cela vous permettra de retenir les visiteurs à votre table et d’entamer plus facilement une conversation avec eux. » —Sarah Jim « Faites de votre mieux pour apporter des touches soignées à votre espace d’exposition, mais assurez-vous de ne pas le surcharger ni l’encombrer. » —Sarah Jim
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EXPOSER SES ŒUVRES
(suite)
(à droite) Les œuvres de Sarah Jim (W̱SÁNEĆ) s’inspirent des plantes indigènes. Pour mieux l’expliquer aux visiteurs, elle intègre à son espace d’exposition des fiches sur les plantes indigènes.
(en dessous) Naomi White (Tsimshian) agrémente son espace d’exposition de mannequins, de vases et de panneaux.
Leslie McGarry (Kwagiulth) suspend une couverture à boutons achevée, pour mieux partager son travail avec le public.
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INTERAGIR AVEC LE PUBLIC
Travailler avec le public implique que la majeure partie de votre temps sera consacrée à interagir avec les habitants et les touristes. Plusieurs d’entre eux seront ravis d’admirer vos œuvres et d’en apprendre davantage à propos de vous et de votre art.
Conseils pour vos interactions avec le public :
Apportez des pièces complètes dont vous pourrez discuter et utiliser comme exemples de votre travail. Plusieurs visiteurs vous interrogeront sur votre processus créatif, vous pourriez avoir à répondre aux mêmes questions plusieurs fois par jour. Si vos créations sont destinées à être commercialisées, certains visiteurs pourraient vous demander s’ils ont le droit de les porter. Expliquez-leur que vos oeuvres sont destinées aux marchés commerciaux et que tout un chacun a le droit de les porter. Les visiteurs, tout particulièrement les enfants, aiment toucher ce qu’ils voient.
Prévoyez d’exposer une ou deux pièces qu’ils pourront toucher. Les visiteurs adorent se faire raconter des histoires. Préparez quelques anecdotes à propos de vous ou du projet sur lequel vous travaillez. Le cas échéant, essayez de parler de votre histoire et de votre culture.
Conseils des artistes :
« Raconter des histoires à propos de vos œuvres incite le public à s’y attacher émotionnellement. Raconter des histoires mène à d’autres discussions et favorise l’établissement de liens avec les visiteurs. » —Sarah Jim « Durant ma participation à l’atelier estival des arts autochtones du Musée royal de la C.-B., j’ai animé un atelier de fabrication de tambours. Cette activité m’a permis de partager avec le public et les touristes des informations sur nos traditions et nos philosophies — ce qui constituait une part importante du programme. C’était vraiment bien de voir que le fait d’apprendre directement des artistes suscitait un réel intérêt chez les gens. » —Virgil Sampson
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INTERAGIR AVEC LE PUBLIC
(suite)
Conseils des artistes :
« J’aime partager des histoires à propos de mes mentors et de la façon dont les enseignements se sont transmis de génération en génération. Cela permet au public de constater à quel point ces enseignements remontent à loin dans le temps. » —Virgil Sampson
« Bien souvent, les artistes se concentrent uniquement sur leur travail ; veillez à amorcer des conversations avec les visiteurs. » —Doug LaFortune « J’aurais aimé apprendre à parler plus ouvertement et à ne pas être aussi nerveux à propos des sujets que j’abordais plus tôt dans ma carrière. Il suffit d’être soi-même et les gens seront intéressés. » —Doug LaFortune « Lorsque vous êtes en contact avec les gens, ces derniers se chargeront de votre publicité par le bouche-àoreille — commentant la façon dont vous les faites se sentir, si vous leur avez parlé de vous-même, de votre culture et de la signification de vos œuvres. Beaucoup de gens reviennent me voir parce que j’aime instruire. » —Virgil Sampson
« Apprenez tout ce qui a trait à votre lignée et à votre histoire. Une grande partie de mes œuvres est directement liée à qui je suis. Un travail puissant est un travail auquel vous êtes intimement lié. » —Kevin Cranmer « Certains visiteurs peuvent parcourir un musée et ne voir que des exemples d’objets archaïques ; ils ne verront pas la personne qui les a créés. Vous êtes en mesure de leur montrer que ce qu’ils voient est un art qui vit et qui respire. » —Kevin Cranmer
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INTERAGIR AVEC LE PUBLIC
(suite)
Virgil Sampson (Tsarlip et Nez Percé) anime un atelier de fabrication de tambours et discute avec de jeunes spectateurs.
Doug LaFortune (Tsawout) explique comment il utilise ses outils de sculpture.
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GÉRER LES CONVERSATIONS DIFFICILES
« Nous sommes tous descendants de peuples prospères et exceptionnels. Ne laissez personne affirmer le contraire. » —Kevin Cranmer
Travailler avec le public est gratifiant, mais peut aussi mener à des discussions portant sur des sujets difficiles. Vous rencontrerez des gens du monde entier, issus de cultures différentes et dotés de niveaux de compréhension variés.
Conseils pour gérer les conversations difficiles :
Invitez vos interlocuteurs à en apprendre davantage en visitant le site culturel où vous vous trouvez (p. ex., les galeries du musée ou les salles d’exposition). Vous pourriez leur dire : « C’est peut-être ainsi que vous l’avez compris, mais cela ne correspond en rien à mon expérience », ce qui pourrait vous amener à partager votre point de vue. Beaucoup chercheront à provoquer une réaction ; faites de votre mieux pour ne pas tomber dans le panneau et déclencher la polémique escomptée. Si la situation dégénère, contactez le coordinateur de programme, un employé ou la sécurité.
Conseils des artistes :
« Soyez le mieux informé possible — sachez qui vous êtes et d’où vous venez. » —Sarah Jim
« Si vous vous sentez en danger, prévenez les artistes autour de vous. Sachez que vous êtes entouré d’alliés. » —Sarah Jim « Très souvent, pour moi, cela se résume à des expériences de vie. J’ai vécu le racisme depuis l’âge de 5 ans. Dès que nous avons appris à distinguer le bien du mal, nous avons dû faire face au racisme. On le rencontre suffisamment souvent pour savoir le reconnaître presque immédiatement. Par exemple, lorsque les gens adoptent une attitude passive agressive, ou font semblant d’être ignorants. Vous pouvez alors amorcer une conversation, ou, si vous sentez qu’elle risque de prendre une tournure négative, vous pouvez les ignorer ou simplement vous éloigner. Retirez-vous de la situation afin d’éviter de dire des choses que vous pourriez regretter. » —Virgil Sampson
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GÉRER LES CONVERSATIONS DIFFICILES
(suite)
Conseils des artistes :
« Côtoyez les aînés et apprenez qui vous êtes. Se connaître soi-même, connaître son histoire et d’où l’on vient est toujours d’un énorme secours. » —Kevin Cranmer « J’étais à un marché aux puces un jour et cet homme plus âgé était grossier avec un vendeur à qui il proposait un prix dérisoire pour sa marchandise. Cela m’a énervé, mais je me contentais de regarder. Le vendeur, lui, ne s’est pas énervé, il a simplement dit : “Non merci, mais merci pour la proposition”. Cela m’a vraiment fait comprendre que, quoi qu’il arrive, il est toujours préférable de demeurer poli que de réagir avec colère. » —Doug LaFortune
« Il n’est pas rare de voir ressurgir les vieilles idées reçues. Les gens vous regardent de haut et pensent qu’intellectuellement vous serez incapables de leur répondre. Si vous vous connaissez et connaissez l’histoire de ce pays, vous n’avez rien à craindre, car tout ce que vous avez appris est vrai. » —Kevin Cranmer « En tant qu’artiste et en tant qu’autochtone, vous avez le droit de ne pas répondre aux visiteurs qui vous posent des questions trop personnelles. » —Teresa Vander Meer-Chassé