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2.2.2. Les activités du centre-ville
from TFE Le centre-ville colonial de Casablanca : Enjeux, appropriation et prospective
by Salma Chikri
2.2.2. Les activités du centre-ville
Le s f lu x
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Figure 164 : Schéma sensible des flux
Les flux découlent de chaque recoin passant par les boulevards et les rues piétonnes et se concentrent au niveau de la place. Selon les observations sur le terrain, les usagers à l’origine de cette concentration ne considèrent pas la place comme destination principale, mais sont surtout des passagers qui font la file devant les stations de transport en commun. Ils proviennent des zones attractives entourant le site comme la médina ou de leurs lieux de travail. En outre, les boulevards et les rues piétonnes sont aussi animées par une autre catégorie sociale visitant le site afin de bénéficier des différents commerces et services.
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Figure 165 : File devant la station de Bus
Figure 166 : File devant la station de Tramway
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Le s ac ti vité s é co n om iq ue s f or m e lle s
Avec le centre-ville de la capitale économique du Maroc comme terrain d’étude, il n’est pas surprenant que les pratiques lucratives soient très répondues et diversifiées. Afin de ne pas se perdre et de bien cadrer l’étude, cellesci seront classées selon leur nature qui est soit formelle ; caractérisée par le payement des impôts, soit informelle. Elles se trouvent dans tout le site et appartiennent toutes au secteur tertiaire.
Plusieurs tendances peuvent être relevées dans ce plan :
o Les façades donnant sur la place abritent la grande majorité des services bancaires en plus de l’Horeca sous forme de cafés ou de restaurants alors que le reste de l’îlot est consacré au commerce (vente de vêtements, d’antiquités, librairies…etc.). o Les épiceries ou les commerces de proximité sont beaucoup plus présents au niveau des îlots de l’ouest alors que le commerce général y est presque absent. o L’hôtellerie est mise à distance en se situant sur les coins nord et ouest de la place (en plus de l’hôtel Hayat Regency qui se trouve au nord) et les bureaux de service (médecins, avocats, architectes, écoles de formation…etc.) sont présents dans tous les immeubles d’habitation.
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Figure 167 : Schéma des activités économiques formelles
B u r ea u x s er v ic e Ho reca E pi ce ri es C o m me r ce Hô te ller i e B a n que s
Le s ac ti vité s é co n om iq ue s i nf or m e l le s
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Figure 168 : Schéma des activités économiques informelles
S er vic es C o mmer ce Men di an ts
Le site, comme le reste de la ville, n’échappe pas aux pratiques illégales qui sont devenues un vrai fléau à l’échelle nationale. A Casablanca, le poids du secteur informel était à 19,2% en 2014 (Haut-commissariat du plan s.d.). Dans le site, ces activités ont trois formes : la mendicité, les services (cireur et location de jouets) et le commerce. Les personnes pratiquant ce type de délinquance semblent préférer les endroits qui connaissent un grand flux.
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Figure 169 : Cireur en bas de l'immeuble 1
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Figure 171 : Des vendeurs informels sous l'hôtel Exelsior Figure 170 : Location de jouets pour enfants
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Les activités économiques pratiquées dans le centre-ville ne sont pas les mêmes pour toutes les catégories sociales ; il est évident que les activités informelles sont intrinsèquement liées à la classe pauvre alors que les activités formelles sont réservées à la classe moyenne. En effet, la plupart des « délinquants » sont pauvres et proviennent en majorité des bidonvilles environnants.
Concernant les tranches d’âges, la mendicité semble être dominée par les enfants, ils s’approchent des passants et demandent de la monnaie ou se rassemblent devant les billetteries de tramway.
Durant la visite de site, une conversation a eu lieu avec un de ces enfants :
- « Où habites-tu ? » - L’enfant, en indiquant l’est avec son index : « De là-bas » - « Qu’est-ce qu’il y a là-bas ? » - « Le bidonville. »
En effet, l’enfant a probablement été en train d’indiquer le quartier de Sidi Moumen, l’un des quartiers les plus pauvres de la ville avec une grande présence de bidonvilles ; un long trajet rendu plus cours grâce au tramway. Selon les déclarations de quelques habitants de classe moyenne, le phénomène s’est multiplié depuis l’inauguration du tramway. Une remarque qui exprime une forme de regret pour un passé où cette personne n’avait pas accès au centreville.
La tranche d’âge jeune est présente dans toutes les activités formelles, mais aussi dans le secteur informel en offrant des services comme gardiens de voitures, cireurs, intermédiaires…etc., ou en faisant du commerce.
Les adultes pratiquent des services formels en plus du commerce dans ses deux formes tandis que quelques ainés le font de manière informelle.
Figure 172 : Un ainé pratiquant du commerce informel, près du passage Tazi
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Le s ac ti vité s de l ois ir s
Dans le cas de notre site, les activités culturelles ne sont pas très présentes dans leurs formes classiques, contrairement au reste du centre-ville. Cependant, l’absence d’un équipement culturel n’est pas un frein pour la place qui accueille des talents à ciel ouvert. En effet, à partir de 18h, la place s’anime alors que les gens viennent de quitter leurs bureaux ; c’est l’heure où plusieurs regroupements se forment autour des artistes ; que ce soit des musiciens, des improvisateurs ou autre. En plus de ces activités spontanées, la place a aussi été le lieu de quelques festivals comme Jazzablanca de 2018 à 2020.
Le premier type d’activités culturelles est ouvert à tout le monde sans ségrégation alors que les festivals excluent la classe pauvre qui assiste de loin. En plus, le sexe féminin est, comme le témoigne la photo, minoritaire dans ce genre d’évènement, mais ce n’est pas inhabituel, c’est le cas dans l’espace public en général, faisant de ce phénomène un sujet d’étude à part entière.
En plus de l’offre d’emploi, le centre-ville est attractif grâce au commerce puisqu’il propose un grand nombre de magasins, en plus de pôles commerciaux adjacents qui ne sont autres que la Médina et le boulevard Mohammed V. Les casablancais s’y rendent pour faire du shopping et pour profiter, éventuellement, des cafés et des espaces publics.
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Figure 173 : La place des nations unies durant le festival Jazzablanca en 2019. www.jazzablanca.com, consulté le 13/05/2022
Figure 174 : Ambiance de la place, une après-midi de la semaine
Certes, la place est un espace public ouvert à toutes les catégories sociales peu importe leur provenance. Cependant, en visitant le site, on se rend compte que l’espace est dominé par la classe moyenne, inférieure et la classe pauvre tandis que les classes moyenne supérieure et aisée y sont absentes. Un fait qui peut être expliqué par leur volonté de se distinguer en fréquentant des sites plus huppés comme le quartier côtier Ain Diab, mais aussi par le sentiment d’intrusion dans un espace que la classe populaire s’est approprié.
Pourtant, cette tendance ne se traduit pas en un espace homogène, la mixité sociale a toujours eu lieu dans la place des nations-unies. En effet, même si la classe aisée ne ressort pas du décor elle n’y est pas totalement absente. En plus, dans un tel espace urbain, il n’est pas étonnant de tomber sur une scène qui représente des tensions entre les différents groupes sociaux. Par exemple : un enfant mendiant qui vise de ses mains une femme d’origine subsaharienne en imitant un revolver ; la preuve que des conflits d’appropriation peuvent aussi avoir lieu entre des groupes marginalisés appartenant à la classe inférieure.
Figure 175 : Ambiance de la place, une après-midi de la semaine
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