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3.3. Vers une gentrification de Casablanca ?

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CONCLUSION

CONCLUSION

3.3. Vers une gentrification de Casablanca ?

Afin de trouver l’approche appliquée au site, il est aussi important de sortir du site et de parcourir les nouveaux projets structurants à l’échelle de la ville.

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Le gr an d thé âtr e de Ca s ab la nc a

Ce projet fini a pour but de renforcer l’image de la ville comme métropole africaine de la culture et de l’art et d’ouvrir Casablanca à l’international en adoptant une architecture contemporaine signée par le starchitecte Christian De Portzamparc.

« […] ce haut lieu de culture pourra accueillir tout au long de l'année, des manifestations et spectacles culturels et artistiques de dimension internationale. » (Aménagement s.d.)

Bien que ce projet ait comme but de mettre en avant le potentiel culturel de la ville, il est traité avec une approche économique se basant sur le marketing de l’image.

Figure 203 : Grand théâtre de Casablanca, (Aménagement s.d.)

Le p r o je t d ’A nf a

Figure 204 : Maquette 3D du projet d'Anfa, (Robert s.d.)

Il s’agit de la réhabilitation en cours de l’ancien aéroport au cœur de la ville en créant un nouveau centre contemporain. « Le quartier « centre » de Prost a été le générateur du développement de la ville. ANFA, second centre de Casablanca, va être la clef de voûte d'un dispositif de transformation de la ville existante. C'est le statut de cette modernité qu'il faut définir. » (Robert s.d.) C’est une approche qui suggère la création d’une multi centralité dans la

ville. Cette approche s’inscrit dans le même registre que la dernière, le but est d’attirer l’attention au-delà des frontières.

W e cas ab la nca

Une marque de ville a été créé par la société Events & Animations afin de vendre la ville aux touristes et aux investisseurs internationaux. « WECASABLANCA est donc devenue la bannière qui accompagne la stratégie 20152020 de la métropole axée sur les conditions de vie des citadins, la mobilité, l'attractivité économique et le climat des affaires. La réhabilitation et la mise à niveau des infrastructures de divertissement et de loisirs, l’aménagement du littoral touristique, la mise à niveau et l’équipement de zones sous-équipées, l’amélioration de la mobilité et des moyens de transports publics et la construction de nouveaux équipements publics. » (Wecasablanca, Démarche s.d.) A l’image du grand théâtre, ce projet vise de mettre en valeur le potentiel culturel de la métropole pour créer une relance économique.

R é hab ili tat io n de l ’hô t e l Li nc ol n

Figure 205 : Hôtel Lincoln en ruine, www.lerepoter.ma, consulté le 21/05/2022 Situé à 500m du site au niveau du boulevard Mohammed v, l’hôtel Lincoln qui date de la période de protectorat est en ruine depuis plus d’une décennie. Ce projet aura alors pour but de le réhabiliter en y intégrant 7500 m² d’hôtel haut standing avec un aménagement de rooftop en restaurent et piscine et 2000 m² de surface de bureaux. (Invest s.d.)

Ce projet est un échantillon de ce à quoi s’attendre pour le reste du centre-ville et il est toujours dans la même logique : attirer les touristes et les entreprises.

Figure 206 : Maquette 3D de la réhabilitation de l'hôtel Lincoln (Invest s.d.)

Les projets cités ont tous le même but : requalifier le patrimoine de la ville blanche. Certes, ils utilisent des outils différents, mais la plus grande partie de ces projets mise sur le même secteur qui est le tourisme alors que des projets qui sont censés avoir une approche sociale comme ville sans bidonvilles est bloqué par sa démarche qui n’a pas beaucoup évoluée malgré ses nombreux « échecs ».

La patrimonialisation du centre-ville, dans sa logique actuelle, ne semble pas être qu’un résultat naturel de l’appropriation symbolique de l’espace, elle est aussi une stratégie qui vise d’augmenter l’attractivité internationale de la métropole d’où la volonté de le classer comme patrimoine mondial. Pour ce faire, les projets misent sur le tourisme et l’investissement étranger comme outil de développement urbain et de sauvegarde de patrimoine.

Pour finir, la ville de Casablanca ne semble pas avoir une approche unifiée, elle manque encore d’une coordination suffisante espérée par l’association Casamémoire. Si certains projets comme le grand théâtre ou l’hôtel Lincoln semblent vouloir déclencher un processus de gentrification, d’autres sont plutôt dans une logique sociale comme le projet de piétonnisation et de réhabilitation de la place qui est accessible à tout le monde et dont les commerces programmés ne semblent pas être des grandes enseignes. Un autre exemple est aussi le tramway qui a ouvert le centre-ville aux quartiers défavorisés laissant ainsi une grande ambiguïté autour de la logique de gestion actuelle.

« A Casablanca, l’origine coloniale du patrimoine a entraîné un travail sur la mémoire des lieux et ce qui fait des lieux de mémoire et non pas sur sa capacité à être gentrifié ou investi. » Abderrahim Kassou, membre de Casamémoire. (Kurzac-Souali 2013)

Figure 207 : Peinture du centre-ville réalisée par Mohamed Assalmi

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