Place 2.5 09/2014 franz

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Le magazine du bien-être source de productivité No 9 / 14

Portraits

EUR 9,80 | CHF 12,00 | GBP 8,50 | USD 13,00

Terunobu ujimori, architecte visionnaire

Innovations

Aller plus haut Les bâtiments Vodafone

Expertise

Les bureaux partagés : un phénomène à suivre de près

La vision Le terrain de jeu d’aujourd’hui pour la réalité de demain



ÉDITORIAL No 9/14

Sedus

Bienvenue sur Sedus Place 2.5 « L’utopie est la réalité de demain », disait Victor Hugo. Même si les termes « utopie » et « vision » sont aujourd’hui rebattus et font l'objet de nombreux abus de langage, il faut garder les pieds sur terre. Pour autant, il est nécessaire d’être visionnaire, d’anticiper les évolutions, de prendre les devants. Pour les entrepreneurs, l’enjeu consiste à ouvrir la voie vers le monde de demain. Les expériences de l’architecte japonais Terunubu Fujimori nous montrent les nouveaux chemins que peut emprunter l’architecture, et nous enseignent par la même occasion qu’il ne faut laisser de côté ni l’esthétique des bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves, ni la tradition. Avec ses deux nouveaux sièges européens de Düsseldorf et Milan, le groupe mondial Vodafone a posé les jalons du « bâtiment écologique » et de la conception du bureau moderne pour des milliers de collaborateurs avec un agencement du lieu de travail pensé dans le respect des critères d’une Place 2.5. Par ailleurs, l’article sur l'avenir du monde du travail nous fait prendre conscience des exigences en matière de direction et de responsabilité, et nous montre où les nouveaux modes de travail sont susceptibles de nous mener. La communication virtuelle, la tendance au partage ainsi que le phénomène des « bureaux partagés » ou encore les environnements de travail à l’aménagement flexible sont au cœur de ce numéro. Enfin, nous conservons notre orientation internationale et vous proposons cette fois une histoire à succès issue du pays du soleil levant. « Le moment Suntory » vient expliciter la maxime « Yatte Minahare » de Shinjiro Torii, génie visionnaire du whisky japonais et fondateur de la société Suntory, spécialisée dans la fabrication et la distribution de boissons. Bonne lecture !

Holger Jahnke Membre du directoire et responsable marketing/vente, Sedus Stoll AG

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PLACE 2.5 No 9/14

Sedus

Sedus Place 2.5 Selon les sociologues, notre vie se déroule en trois lieux : Place 1 LE FOYER La Place 1, notre foyer, est de plus en plus menacée par les exigences croissantes de flexibilité et de mobilité.

Place 2 LE BUREAU La Place 2, le bureau, néglige généralement les besoins émotionnels des individus qui y travaillent.

Place 2.5 LE BUREAU DU BIEN-ÊTRE SOURCE DE PRODUCTIVITÉ En transposant la stimulation sensorielle des Places 3 dans les bureaux, nous transformons des Places 2 fonctionnelles en bureaux paysagers inspirants, où les collaborateurs trouvent du sens et expérimentent le plaisir, la réussite et l'accomplissement au travail. C'est ce que nous appelons une « Place 2.5 ».

Place 3 LE TEMPS LIBRE Le troisième lieu, la Place 3, est celui qui nous permet de recharger nos batteries. C'est lors de cette phase de divertissement que naissent nos meilleures idées.

Sedus s'engage à faire du travail de bureau une expérience bénéfique de chaque instant. Pour le bien des entreprises et le bien-être de leurs collaborateurs. Sedus donne sans cesse de nouvelles formes à l'esthétique du mobilier de bureau à l'échelle mondiale et apporte à ce « lieu de vie » des contenus innovants et modernes..

Découvrez dans ce film à quoi ressemble une Place 2.5.

Si votre environnement de travail a besoin d'un coup de pouce, nous sommes là pour vous aider à l'optimiser en vous donnant des idées

w w w.p l a c e2 p o i n t5. c o m

pour mettre en place une nouvelle culture de bureau !

w w w.y o u t u b e. c o m / u s e r/S e d u s S t o l l AG

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SOMMAIRE No 9/14

Sedus

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Aller plus haut Sur la corde raide entre vision et utopie

Entretien avec l'architecte japonais Terunobu Fujimori, l'un des plus originaux de notre époque.

Sommaire 03 Éditorial

Les deux nouveaux sièges sociaux de Vodafone, le Campus de Düsseldorf et le Village de Milan, sont l'expression d'une exigence architecturale certaine. Dans les deux cas, les bureaux ont été conçus selon les critères d'une Place 2.5.

TENDANCES

52 Mobilier lounge sweetspot

Un style élégant au bureau 04 Sedus Place 2.5 26 News, conseils & tendances 61 Regard historique 68 Table des matières 70 Mentions légales, copyrights et coordonnées

55 Point de friction entre communication et concentration

Le système de rangement modulaire terri tory 58 Structure mobile au bureau

La cloison de séparation légère et flexible

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INNOVATIONS

16 Aller plus haut

Les deux nouveaux sièges sociaux de Vodafone, le Campus de Düsseldorf et le Village de Milan, sont l'expression d'une exigence architecturale certaine. Dans les deux cas, les bureaux ont été conçus selon les critères d'une Place 2.5.


SOMMAIRE No 9/14

Sedus

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Les bureaux partagés

Cet article propose une vue d'ensemble internationale sur le phénomène omniprésent d'une nouvelle forme d'utilisation commune des bureaux.

Le moment Suntory

L'histoire du whisky japonais repose sur la vision et la volonté inconditionnelle de son fondateur Shinjiro Torii.

EXPERTISE

38 Avoir ou partager

Qu'est-ce que le partage ? 44 Les bureaux partagés

Cet article propose une vue d'ensemble internationale sur le phénomène omniprésent d'une nouvelle forme d'utilisation commune des bureaux.

PORTRAITS

08 Sur la corde raide entre vision et utopie

Entretien avec l'architecte japonais Terunobu Fujimori, l'un des plus originaux de notre époque.

MODES DE VIE

28 À quoi ressemblera le travail demain ?

Plus de liberté, complexité croissante... Mais qui portera la responsabilité ? 34 La communication virtuelle

Les systèmes de téléprésence et leurs répercussions sur le monde du travail de demain 62 Le moment Suntory

L'histoire du whisky japonais repose sur la vision et la volonté inconditionnelle de son fondateur Shinjiro Torii.

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PORTRAITS  Sur la corde raide entre vision et utopie No 9/14

Sedus

Sur la corde raide entre vision et utopie

« Ça ne me dit rien de construire une cabane dans la couronne d’un arbre. Je veux créer des cabanes qui soient artificielles de haut en bas. » Cette vision de l‘architecte Terunobu Fujimori ressort particulièrement à la vue du salon de thé « Takasugian », qu’il a bâti sur son propre terrain en 2004.

Entretien avec l’architecte japonais  Terunobu Fujimori E n t re t i e n ré a l i s é p a r J u l i a n T rö n d l e

Terunobu Fujimori est l‘un des architectes les plus originaux de notre époque. Il remet en question l’architecture contemporaine de manière critique et exprime sa propre contre-image esthétique. Il a recours à des matériaux de construction modernes pour les parements, créant ainsi une esthétique émotionnelle qui s’oppose de manière antithétique aux formes froides des Modernes. Il est connu en Europe depuis que son œuvre a été exposée au Pavillon japonais de la Biennale d’architecture de Venise en 2006. Une exposition à Munich et les premiers contrats en Europe ont suivi. Nous avons rencontré cet artiste de 67 ans et avons pu discuter de son travail et de sa vision de l’architecture, un exercice sur la corde raide oscillant entre ce qui est réalisable et ce qui relève de l’utopie.

Monsieur Fujimori, avant de devenir architecte (relativement tard), vous vous êtes longtemps consacré exclusivement à la théorie. A-t-on besoin de connaissances architecturales étendues pour éviter d’être vu comme un architecte visionnaire par erreur ? Après avoir obtenu mon diplôme d’histoire de l’architecture, j’ai commencé à examiner les bâtiments historiques et contemporains qui ne répondaient pas aux critères de goût communément admis, d’abord au Japon, puis peu après dans toute l’Asie, en Europe et en Amérique. En substance, il était possible de les classer en deux groupes : ceux

dont la vue était juste difficile à supporter, et ceux qui, bien qu’inhabituels, présentaient une architecture solide et de qualité. Dans le premier groupe, on trouve les constructions de F. Hundertwasser, et dans le second, le « Palais idéal du facteur Cheval » ou encore les « Watts Tower » de Simon Rodia. En ma qualité d’historien de l’architecture, j’ai cherché les raisons de ces différences, ce qui m'a permis de ne pas prendre le même chemin qu’un Hundertwasser. Y a-t-il une expérience particulière qui vous a décidé à passer de la théorie à la pratique ?

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Parmi les lieux de culte où l’on ressent très clairement et intensément la croyance ancestrale du Japon en la nature, on peut citer le grand reliquaire de Suwa, dont s’occupe la famille Moriya. Au moment de construire un musée pour les documents et témoignages attestant de cette religion, le prêtre principal m’a demandé conseil. Je suis familier des croyances du lieu où se trouve le reliquaire. J’y suis né , j’y ai grandi, et je me suis pris d’amitié pour le chef du reliquaire. Comme j’ai vite constaté que l’architecture contemporaine n’était pas compatible avec cette croyance, j’ai décidé de prendre les choses en main personnellement. Le premier point de votre manifeste stipule que vos projets ne doivent en aucun cas ressembler à une œuvre produite par un architecte moderne. Avez-vous tout de même des modèles qui ont influencé votre œuvre ? Quand j’étais étudiant, j’ai lu en français Vers une architecture de Le Corbusier et ça m’a beaucoup impressionné. Il en va de même des écrits de l’architecte japonais Arata Isozaki. Néanmoins, dans les deux cas, leurs constructions ne m’ont pas enthousiasmé. En revanche, je suis tombé sous le charme des constructions de Claude Nicolas Ledoux et de Sei’ichi Shirai. Vous êtes surtout connu à l'international pour vos salons de thé. Vous jouez le rôle de contremodèle face au gigantisme qui ▸▸



PORTRAITS  Sur la corde raide entre vision et utopie No 9/14

Sedus

prévaut dans l'architecture des XXe et XXIe siècles. Pour vous, où se situent les insuffisances de l'architecture contemporaine ?

TERUNOBU FUJIMORI Terunobu Fujimori est né le 21 novembre 1946 à Chino (province de Nagano, Japon). Pendant ses études, il s’est penché par le menu sur l’architecture des Modernes et sur les différentes visions de l’urbanisme de demain, avant de passer de la théorie à la pratique en 1991.

L’architecture du XXe siècle a suivi un seul grand thème dans le monde entier. L’historicisme était mal vu, les bâtiments protéiformes correspondaient à tous points de vue aux croyances de l’époque en la science et la technique. Pour ce qui est du XXIe siècle, on n’a pas encore relevé de thème générique à ce jour. Chaque architecte suit son propre style. C’est ce que j’ai ressenti de manière particulièrement douloureuse à la vue du musée Guggenheim de Bilbao. Au fond, mon intention n’est pas de créer un contre-modèle au gigantisme moderne. Cependant, une telle architecture se contente le plus souvent de procurer une certaine satisfaction à l’architecte luimême, tandis qu’elle ne parvient pas à émouvoir celui qui l’observe. Ce que je souhaite, c’est qu’au moins mes congénères continuent à prendre plaisir à regarder et à utiliser mes constructions.

En sa qualité d'architecte, il enseigne aujourd’hui à l’Institut de sciences industrielles de l’université de Tokyo, où il a élu domicile.

Un jour, vous avez décrit la qualité de vie de la manière suivante : « Ce dont les gens ont besoin, c’est d’un petit parc, d’une surface commune pour se rencontrer et être au grand air. Ils

veulent pouvoir discuter avec leurs voisins ou encore laisser leurs enfants jouer dehors. » Comment situez-vous vos salons de thé et leur étroitesse dans ce contexte visionnaire ? Lorsque l’on se rencontre dans un espace étroit, que l’on discute et que l’on passe ainsi un certain temps ensemble, on peut apprendre à connaître quelqu’un. Les amitiés naissent pendant qu’on fait bouillir de l’eau et que l’on boit le thé ensemble. C’est une situation qui fait penser à la joie qu’éprouvent les enfants qui ont découvert une cachette exiguë et s’empressent d’aller y jouer ensemble, à l’abri des regards des parents. Comme on se sent souvent à l’étroit dans des espaces aussi réduits, on a besoin de fenêtres relativement grandes qui ouvrent visuellement sur l’horizon. Vous avez surtout créé des salons de thé, des habitations et des musées. Comment imaginez-vous votre avenir professionnel au juste ? Comment se fait-il que vous ne vous soyez encore jamais exprimé sur la question ? Je relèverais volontiers le défi de concevoir des bâtiments administratifs plus grands si on m’en faisait la demande, mais je préférerais laisser mes collègues du

Terunobu Fujimori exprime constamment sa vision architecturale à travers des constructions qui décollent du sol. Lors d’une exposition dans son village natal de Chino, il a construit avec l’aide des habitants, notamment des enfants, le « bateau volant en terre glaise », qu’il a suspendu avec des fils aux piliers latéraux pour les faire flotter dans l’air.

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PORTRAITS  Sur la corde raide entre vision et utopie No 9/14

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Ses œuvres sont caractérisées par des méthodes de travail traditionnelles, bien qu’elles soient aujourd’hui considérées comme peu conventionnelles. Pour la « maison Yakisugi » (2007), il a par exemple utilisé du bois de cèdre, qu’il avait auparavant fait carboniser par un procédé de longue haleine.

bureau d’études décider de certains détails. Je crois toutefois que mon langage architectural est tout à fait adapté à des projets de construction plus ambitieux, car il laisse une forte empreinte. Tout comme d’autres architectes contemporains, vous utilisez du béton armé et de l’acier inoxydable pour vos constructions, mais vous recouvrez ensuite ces matériaux avec des matériaux naturels. Vous appelez ce procédé « l’enveloppement de la science dans la nature ». Cette forme de revêtement n’est-elle pas un compromis profondément insatisfaisant si l’on part de la vision d’une architecture naturelle « pure » ? J’aime l’architecture naturelle pure, telle que celle des maisons de certains peuples

africains ou celle des constructions japonaises faites de bois, de papier, de terre et d’herbe. On peut incontestablement apprendre beaucoup de ces modes de construction. Mais je ne veux en aucun cas créer une architecture naturelle pure dont la durée de vie serait fortement limitée à cause de matériaux se détériorant facilement. La qualité des matériaux de construction industriels, auxquels la science et la technique du XXe siècle ont donné naissance, est en revanche excellente. Pour moi, ces matériaux sont optiques et haptiques tout en étant froids et pénétrants. J’ai donc cherché une méthode pour « envelopper » la science et la technique avec des matériaux naturels chaleureux et souples. Je pense que c’est la seule façon de réconcilier la modernité et la nature en architecture. Une croyance aveugle en la nature, qui

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rejetterait la science et la technique de l'époque moderne, ne m’intéresse pas le moins du monde. Dans vos constructions, vous essayez toujours d’utiliser les ressources du lieu où vous vous trouvez et de vous former aux méthodes artisanales locales. Ne serait-il pas plus facile de vous contenter de méthodes de construction et de matériaux qui ont fait leurs preuves et que vous maîtrisez déjà ? Pourquoi cherchez-vous toujours à vous adapter aux particularités locales des endroits où vous construisez ? Un bâtiment n’est pas une voiture. Il s’agit d’une pièce unique construite dans un lieu particulier. Cela me plaît énormément de sélectionner les matériaux de construction qui seront utilisés parmi les matériaux ▸▸


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« Seul un bâtiment qui pousserait hors du sol tout en donnant l’impression de flotter au-dessus de la terre pourrait correspondre à mon idéal en matière d’architecture. » Comme il le souligne, il a très vraisemblablement réussi à atteindre cette vision utopique avec son salon de thé Irisentei (2010) à Taïwan.

Le musée historique de la famille des prêtres Moriya est la première œuvre de Terunobu Fujimori comme architecte. À l’époque déjà, il a utilisé le procédé de « l’enveloppement de la science dans la nature », comme il l’a lui-même baptisé. Il a en outre eu recours à des matériaux modernes tels que le béton armé, qu’il a ensuite recouvert de matériaux de construction traditionnels.

et techniques disponibles sur place en concertation avec les artisans, puis de décider de la construction et de la forme. Cette méthode qui ressemble un peu à une chasse au trésor me plaît beaucoup. Je ne conçois pas de travailler autrement. On vous considère comme le seul architecte surréaliste au monde. Un jour, Salvador Dalí a répondu à son contemporain Le Corbusier que l’architecture de demain serait « molle et duveteuse ». Cette vision se retrouve-telle dans votre architecture ? Je ne suis pas à même de juger si mon architecture est surréaliste ou pas. J’apprécie le travail surréaliste de De Chirico (principal représentant de la peinture métaphysique et plus grand précurseur du surréalisme, note de la rédaction) et d’Yves

Tanguy, mais pas trop celui de Dalí. Toutefois, j’éprouve de la sympathie pour son idée d’une architecture molle et duveteuse. D’ailleurs, mon peintre européen préféré est Pieter Bruegel, dit l’Ancien. Le mois dernier, je suis allé à Anvers pour voir son tableau « Meg la Folle maraudant devant les portes de l’enfer », qui m’a ému au plus haut point. J’ai donc maintenant vu presque tous les tableaux de Bruegel dans le monde. Votre collègue Toyō Itō a qualifié vos œuvres d’architecture trouvant ses racines non dans la terre, mais dans un autre monde, pour atterrir en douceur précisément à cette place. Nombre de vos constructions ont l'air de se détacher du sol. Pour vous, qu'est-ce qui fait le charme d’une architecture qui décolle du sol ?

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Quand ma première œuvre, le musée historique de la famille des prêtres Moriya, a été achevée, au milieu d’un environnement sans végétaux, il m’a semblé qu’elle n’était pas reliée au sol. On aurait dit un modèle aux dimensions de l’original et j’ai été effaré. À ce moment précis, je me suis aperçu que mon bâtiment était lui aussi un objet artificiel, coupé du sol. Quand Tōyō Itō a ensuite émis cette remarque sur mon Akino-Fuko-Museum (Musée de peinture classique japonaise, construit en 1997 à Tenryu-ku, note de la rédaction), j’ai eu le sentiment d’être devenu transparent. J’étais plein d’admiration pour sa perspicacité. Depuis, j’apporte un soin particulier à la relation entre mes constructions et le sol pour donner l’impression qu’elles sortent de terre et poussent vers le haut. ▸▸



PORTRAITS  Sur la corde raide entre vision et utopie No 9/14

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La dénomination de ses œuvres repose souvent sur un clin d’œil, par exemple dans le cas du salon de thé flottant « Bōchabune », dont voici l’explication : en français, le nom du bateau signifierait « bateau où l’on oublie le thé » ; il tire son origine du fait qu’il faut ramer en permanence pour ne pas être emporté vers la berge quand il y a du vent. On n’a donc plus le temps de boire le thé.

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PORTRAITS  Sur la corde raide entre vision et utopie No 9/14

Sedus

PUBLICATION Terunobu Fujimori À l’occasion d’une exposition à la Museum Villa Stuck de Munich, la présente documentation est parue en anglais et en allemand. Ce livre donne une vue d’ensemble de l’œuvre de l’architecte japonais.

Par ailleurs, j’ai toujours été fasciné par les bâtiments qui se détachent du sol pour flotter dans l’espace. Je veux donc me tourner simultanément vers le ciel et la terre. Je ne sais pas vraiment moimême pourquoi je suis cette approche bipolaire. En fin de compte, vous n’avez pas encore réussi à mener à bien votre projet de détacher l’architecture du sol. On pourrait presque croire que vous êtes toujours en quête d’idées utopiques nécessairement vouées à l’échec. Par exemple, vous avez dit que vous ne pourrez jamais mettre à exécution de manière satisfaisante l’idée d’une « architecture verte » associant les plantes et l’architecture pour en faire un seul et même objet. Seul un bâtiment qui pousserait hors du sol tout en donnant l’impression de flotter au-dessus de la terre pourrait correspondre à mon idéal en matière d’architecture, même si, sur le principe, c’est une contradiction en soi. Mais on peut y parvenir pour un court instant. Un vieil ami me disait que mon salon de thé Irisentei à Taïwan, qui est construit sur cinq tiges de bambou, avait produit exactement cet effet lors d’un jour d’hiver pluvieux. C’était comme si le décor sortait tout droit d’un rêve et il avait passé deux heures à regarder fixement le bâtiment.

Éditions Hatje Cantz ISBN-10 : 3775733221 ISBN-13 : 978-3775733229

Sur les photos de la phase de construction, on a parfois le sentiment que vous misez sur l’échange avec les parties prenantes au projet lors des happenings en commun. Les stimulations de l’environnement pénètrent-t-elles dans vos constructions ? Dans mes projets, je prévois tout très longtemps à l’avance jusque dans le moindre détail. Il n'est pas possible de tenir compte des idées des participants au projet pour cette partie du travail. Les collaborateurs du chantier veulent être associés au processus de construction, pas à la conception. Vous vous intéressez depuis toujours à l’urbanisme de demain. C’est ainsi qu’en 2007 vous avez imaginé le plan de la ville de Tokyo en 2107. Dans ce scénario du futur, la ville est complètement inondée à cause de l’élévation du niveau de la mer.

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Rétrospectivement, que pensez-vous de cette vision qui avait presque un caractère prophétique étant donné la catastrophe du tsunami de 2011 ? J’ai trouvé très inquiétant qu’un scénario utopique lié au futur soit devenu réalité. En ce qui concerne les projets d’avenir en matière d’urbanisme, selon moi, il n’existe encore rien qui surpasse les idées du mouvement d’architectes Archigram dans les années 1960. Leur approche m’a énormément influencé pendant mes études. Mais un jour je souhaite la dépasser et enchérir. ◆


Aller plus haut   Vodafone Campus à Düsseldorf Vodafone Village à Milan


INNOVATIONS  Aller plus haut No 9/14

Sedus

P a r Jo a c h im G o e t z

À première vue, l’architecture des nouveaux bureaux de Vodafone en Allemagne et en Italie laisse penser que l’opérateur a surtout voulu s’élancer vers le ciel pour surplomber largement toutes les antennes-relais de téléphonie mobile. Pourtant, sa vision était tout autre et a débouché sur la réalisation de projets architecturaux ambitieux, de bâtiments écologiques certifiés LEED et de bureaux modernes, autant d’éléments qui remplissent les critères d’une vraie Place 2.5.

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Le bench en hauteur du système invitation constitue une solution exceptionnelle. Il permet aux collaborateurs de travailler dans différentes postures : assis sur un siège open mind ou debout. Un repose-pieds permet également de changer de position.

R

ien que la hauteur des deux complexes de Düsseldorf et de Milan en met plein la vue. Le plan de la large tour du Vodafone Campus à Düsseldorf est elliptique, et du haut de ses 75 mètres, elle se voit de loin, ce qui en fait un point de repère sur la rive gauche du Rhin. L’architecture du Vodafone Village de Milan est extravertie, notamment pour des raisons de construction, mais aussi monumentale dans son ensemble. Dans les deux villes, le groupe de télécommunication a fait construire par un promoteur un complexe immobilier sur mesure pour en devenir locataire. Les lieux ont été loués pour plusieurs décennies et érigés grâce au travail d’un développeur exceptionnel.

Une ville dans la ville En matière d’urbanisme, les bases sont les mêmes. Les deux complexes ont vu le jour sur d’anciens terrains industriels à bâtir situés à la périphérie du centre-ville et sont très bien desservis. À Düsseldorf, on a construit sur l’ancien site de la brasserie Gatzweiler, et à Milan, un terrain a été trouvé sur la via Lorenteggio. Dans les deux cas, les architectes ont créé une place verte encadrée par des corps de bâtiments. Les différentes hauteurs de construction du complexe en font également une conception architecturale vivante. À Düsseldorf, une place triangulaire met le Campus en relief. Il est entouré par des corps de bâtiments de 7 à 9 étages ainsi que

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par la tour de 19 étages. Les façades sont divisées horizontalement par un système d'ombrage extérieur constitué de tôles perforées en aluminium et donnent à l’ensemble une apparence homogène, dans laquelle les enseignes bandeaux sont disposées en quinconce pour parvenir à ce que le tout s’« emboîte » bien avec les bâtiments voisins. Pour la conception du Village en Lombardie, les architectes avaient sous les yeux l’image d’une petite ville d'où se dégageait l’atmosphère de lieux historiques, mais ont eu recours à des matériaux modernes pour la construction. Ici encore, une place centrale s’ouvre au cœur du complexe, semblant inviter le voisinage vers le Bas-Rhin.


INNOVATIONS  Aller plus haut No 9/14

Sedus

VODAFONE CAMPUS DÜSSELDORF Étage standard de la tour

❶ Bureau paysager ❷ Zone de desserte ❸ Cœur du bâtiment et ascenseurs, bureaux contigus

❹ Zone centrale et bureaux contigus ❺ Salle de repos ❻ Réunion ❼ Suite des bureaux

FAITS ET CHIFFRES SUR LE PROJET

au 4e étage

Architectes :

HPP Architekten, Düsseldorf 0m

20 m

Livraison :

décembre 2012 Surface du terrain :

26 000 m2 environ Surface de plancher :

86 000 m2 environ Coût de la construction :

Plan d’ensemble

❶ Tour ❷ Surfaces de bureau ❸ Jardin central ❹ Structure d’accueil N

de la petite enfance

❺ Voie rapide

300 millions d'euros environ Collaborateurs :

5 000 environ Certification :

objectif LEED « Or » Mobilier Sedus utilisé :

• bureaux temptation c et temptation twin avec réglage en

0m

20 m

hauteur électrique • temptation high desk • système bench invitation réglable en hauteur • armoires à rideaux grand slam • caissons sur roulettes

Des structures d’accueil de la petite enfance pour un meilleur équilibre entre travail et vie privée

pressing, un centre de santé et des offres gastronomiques viennent parfaire ce concept de ville dans la ville.

Une offre complète de services assure l’équilibre entre vie privée et professionnelle sur les deux sites. À Milan, une structure d’accueil de la petite enfance et divers équipements destinés à couvrir les besoins quotidiens facilitent la vie des 2 800 collaborateurs. À Düsseldorf, les collaborateurs de Vodafone peuvent utiliser gratuitement la salle de sport du Campus. Une structure d'accueil de jour de la petite enfance permet aux parents de mieux concilier travail et vie de famille. Plusieurs magasins, un coiffeur, un

Le projet écologique doit lui aussi accroître le bien-être sur les deux sites grâce aux surfaces végétalisées, aux puits et aux systèmes d’arrosage intelligents. Les toitures-terrasses végétalisées veillent à l’amélioration du microclimat, car l’air est purifié et l’écoulement des eaux pluviales ralenti. Toute la surface joue le rôle d’isolant thermique, ce qui crée une atmosphère plus agréable à l’étage du dessous. L’eau de pluie recueillie est dépolluée avant d’être utilisée pour arroser les jardins. ▸▸

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• panneaux acoustiques mooia • sièges de travail black dot • sièges open mind


Le rouge du mobilier crée un contraste harmonieux. Les caissons capitonnés permettent de s'asseoir pour un entretien improvisé.

Qu’est-ce qui a motivé la construction du siège de Vodafone ? Nous voulions créer un effet de synergie en réunissant toutes les entités de

LE MAÎTRE D’OUVRAGE SE CONFIE

Vodafone implantées à Düsseldorf sous un même toit.

VODAFONE CAMPUS, DÜSSELDORF

Hendrik Grempe, Head of Property Management chez Vodafone Allemagne

Comment pourrait-on qualifier la philosophie de Vodafone en matière de conception architecturale, son identité visuelle ? L’architecture est un élément constitutif représentatif de notre identité d’entreprise. Le Vodafone Campus, l’un des immeubles de bureaux les plus modernes d’Europe, doit servir d’exemple à l’échelle internationale. C’est un lieu où les collaborateurs vivent notre culture d’entreprise au quotidien, où ils expérimentent la « Vodafone way of life ».

Quelles ont été vos exigences par rapport aux postes de travail ? Quelles idées ont été discutées avant d’être mises en place ? Sur le Vodafone Campus, nous expérimentons le « poste de travail de demain » comme une authentique expression de notre culture d’entreprise. Les postes de travail sont lumineux, ouverts et doivent naturellement répondre à tous les besoins fonctionnels. Nous accordons une grande importance à la communication entre les collaborateurs. C’est de cette conviction qu’est née notre approche du bureau paysager. Sachant que chaque collaborateur change de poste de travail

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INNOVATIONS  Aller plus haut No 9/14

Sedus

Les panneaux acoustiques mooia sont disponibles avec différents motifs imprimés. Ils ont été installés dans tous les bureaux de Düsseldorf pour l'absorption du bruit.

tous les jours, il existe un certain nombre de conditions à remplir

qui peut être soit plate, soit gazeuse. Cela épargne non seulement des

pour que notre politique de « bureau partagé » fonctionne. Cela va

maux de dos puisqu’il n'y a plus à transporter de packs d’eau, mais en

de l’équipement informatique aux bureaux réglables en hauteur, en

plus on fait un geste pour l’environnement.

passant par les ordinateurs portables et les téléphones mobiles mis à

Qu’est-ce qui vous a amené à opter pour le mobilier de bureau de Sedus ?

la disposition de nos collaborateurs.

Quelles sont les idées et technologies d’avenir qui ont été déployées ?

Sedus est une très bonne marque, qui fait des produits haut de gamme répondant parfaitement à nos attentes. Dans ce contexte,

Il n’est pas possible d’énumérer toutes les idées ici, mais les aspects

nous avons examiné leur offre d‘ensemble en détail et l’avons

environnementaux revêtent une importance particulière. Par ailleurs,

comparée avec d’autres. Il y a une multitude de bons fournisseurs,

les grands murs numériques ne passent pas inaperçus lorsqu’on

mais en définitive, ce sont la qualité du mobilier, en particulier des

pénètre dans la tour Vodafone. On peut y faire défiler en permanence

sièges, ainsi que le bon rapport qualité-prix qui ont été déterminants

des thèmes, des images et des vidéos. Tous les collaborateurs

pour le choix de Sedus.

ont également la possibilité de réserver des bureaux en passant ceux occupés en rouge. À part cela, il n’y a plus de touches dans

Avez-vous pu tirer un bénéfice personnel de cette aventure ?

les ascenseurs de la tour pour choisir son étage. Cette opération

Avoir la possibilité de diriger et de coordonner un tel projet, qui ne se

de commande s’effectue avant d'entrer. Citons aussi l’éclairage

présente qu’une fois dans une vie, représente certes beaucoup de

« intelligent », qui voit s’il y a quelqu’un dans la pièce et si la luminosité

travail, mais j’y ai également pris beaucoup de plaisir.

par Outlook : ceux qui sont disponibles apparaissent en vert et

est adéquate. Il y a encore un autre élément fascinant : dans la tisanerie, nous avons des robinets où arrive de l’eau filtrée, fraîche et

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INNOVATIONS  Aller plus haut No 9/14

Sedus

VODAFONE VILLAGE MILAN Étage standard de la tour

FAITS ET CHIFFRES SUR LE PROJET

❶ Bureau paysager ❷ Zone de desserte ❸ Zone de pause ❹ Travail temporaire ❺ Réunion ❻ Cœur du bâtiment et ascenseurs, bureaux contigus

Architectes :

Gantes et Morisi (PRP architettura), Milan Architecture d’intérieur :

Studio Dante, cabinet d‘architecture O. Benini & Partners, Milan Livraison :

printemps 2012 Surface du terrain :

63 000 m² environ Surface de plancher :

67 000 m² environ Surface des bureaux :

31 000 m2

Modèle de plan d'étage. Les ailes effilées et légèrement courbées du bâtiment se rejoignent telle la proue d'un navire.

Coût de la construction :

300 millions d'euros environ Collaborateurs :

2 800 environ

Le concept du bâtiment écologique de Milan

Certification :

objectif LEED « Or » Diverses surfaces à usage spécial : jardin photovoltaïque :

800 m2 amphithéâtre Vodafone :

380 places centre de formation :

9 salles Mobilier Sedus utilisé :

• temptation c • temptation four • caissons sur roulettes • armoires à rideaux grand slam • système bench relations • sièges de travail netwin • sièges de conférence open up, silent rush, netwin • tables de conférence no limits

Pour le concept de bâtiment écologique de Milan, visant le niveau « Or » de la certification LEED, une double façade ingénieuse caractéristique de l’extérieur extraverti a été mise au point. L’enveloppe du bâtiment en verre transparent permet de voir au-dehors tout en protégeant du soleil grâce à ses stores vénitiens électriques et à sa double ventilation. On bénéficie ainsi des conditions de la lumière naturelle. En hiver, le soleil étant plus bas, son rayonnement est plus fort, ce qui entraîne une réduction des frais de chauffage, et en été, on a moins besoin de refroidir.Pour les parties fermées des murs extérieurs, un béton photocatalytique autonettoyant a été utilisé. Ce matériau absorbe les polluants atmosphériques se déposant sur les surfaces et les fixe de manière temporaire. Ils sont ensuite balayés lorsqu’il pleut. Encore un élément qui évoque les vieilles villes italiennes, si ce n’est que la poussière corrosive qui se

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dépose sur les pierres naturelles historiques partiellement poreuses les détruit également au fil du temps. La climatisation à eau, qui envoie de l’eau chaude ou froide dans l‘installation en fonction de la météo, fait également partie intégrante du développement durable dans son ensemble sur le site de Milan. L’électricité qui alimente le bâtiment et les pompes destinées à l’arrosage des espaces verts sont produites par un jardin photovoltaïque. Techniquement parlant, le complexe est régulé par plus de 60 000 capteurs, qui assurent le contrôle du bâtiment et de ses environs.

Le concept énergétique de Düsseldorf À Düsseldorf, au nord des Alpes, on a recours au chauffage urbain et à une centrale de cogénération au biogaz. En été, on se sert de la chaleur résiduelle pour rafraîchir par absorption et les plafonds refroidissants veillent à la régulation de la température des pièces, tandis qu’en hiver, la chaleur ▸▸


La cantine à l'aménagement architectural exigeant propose une cuisine internationale faisant appel aux mets les plus raffinés.

LE MAÎTRE D’OUVRAGE SE CONFIE VODAFONE VILLAGE, MILAN

Qu’est-ce qui a motivé la construction du Vodafone Village ? En créant ce campus central, notre volonté était d’accroître la productivité et de réduire les coûts en optimisant les surfaces. Par ailleurs, nous gagnons en flexibilité, travaillons mieux et générons moins d’émissions.

Gianbattista Pezzoni, Head of Property Management chez Vodafone Italie

Existe-t-il une identité visuelle de Vodafone à l’international ? Comment se manifeste-t-elle à Milan ? Le groupe Vodafone est présent dans près de 50 pays. Il existe des lignes directrices concernant l’organisation de l‘espace et l’interface graphique (Look & Feel). Elles tiennent compte des normes sur les postes de travail en vigueur à l’échelle régionale. Notre cadre, qui constitue une composante clé de l’interface graphique et de ce qui fait l’ADN de Vodafone, mêle clarté des formes, du contraste et de l’équilibre ainsi que des couleurs complémentaires. Il est notamment essentiel de bien gérer la couleur rouge. Le mobilier se distingue par la clarté de ses formes, par sa flexibilité et par ses caractéristiques ergonomiques. Ils favorisent le contact et le travail en équipe. Les directives internationales de Vodafone en matière d’architecture intérieure et extérieure ont été élaborées au moment où quelques entités nationales comme l’Italie ou l’Allemagne mettaient au point leur projet de siège social. Nous nous sommes inspirés du livre de Vodafone sur sa stratégie de marque,

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INNOVATIONS  Aller plus haut No 9/14

Sedus

Salle de conférences cloisonnable à Milan, aménagée avec les tables de conférence no limits et les sièges de conférence open up.

auquel nous avons eu recours pour les campagnes publicitaires et la

valeurs culturelles. Cela commence par la situation géographique

conception de l’emballage des appareils.

et le choix du bien immobilier, et englobe le mobilier et le choix des matériaux. Notre identité visuelle, telle que nos clients la perçoivent,

Quelles sont les exigences de Vodafone en matière d’architecture et par rapport aux postes de travail ?

est chaleureuse, personnelle et optimiste.

précises en matière de configuration de l’espace et de définition des

Qu’est-ce qui vous a amené à opter pour le mobilier de bureau de Sedus ?

typologies des postes de travail. Les normes relatives à l’organisation

Nous avons choisi Sedus comme partenaire à l’échelle mondiale

de l’espace sont variables. Elles dépendent des sites où se trouvent

à l’issue d’une phase d’appel d’offres de 10 mois. Nous étions à la

les bureaux et de l’utilisation prévue pour les postes de travail. Dans les

recherche de produits de qualité, esthétiques, à un prix compétitif

immeubles de bureaux, on prévoit 10 m² par poste de travail, 12 m²

et d’un fournisseur qui puisse nous garantir un service adapté à

pour les zones d’utilisation flexible pour une utilisation à 120 %, ou

nos besoins, qu’il s’agisse de l’échéancier, de l’efficacité ou encore

encore 8 m² pour les espaces destinés à recevoir des clients. On a

de la qualité, aussi bien au plan régional que mondial. Les solutions

équipé les bureaux paysagers de meubles bas pour faciliter le contact

proposées devaient donner un coup de jeune à l’entreprise et nous

visuel et la communication.

aider à améliorer la performance de nos collaborateurs en concevant

Il n’y a presque aucun bureau individuel. Les normes spatiales ne

des postes de travail adaptés.

marquent ainsi aucune hiérarchie entre le personnel général et les

Les produits de Sedus conviennent à chaque entité nationale de

cadres supérieurs ou dirigeants.

Vodafone et contribuent à créer la même interface graphique et une

Vodafone dispose d’une forte identité visuelle et donc de directives

unité dans l’apparence de chaque filiale de Vodafone.

Comment pourrait-on qualifier la philosophie de Vodafone en matière de conception architecturale ?

La phase d’ameublement du Vodafone Village s’est vraiment déroulée

Notre langage esthétique est l’expression de notre marque et de nos

difficultés potentielles avant qu’elles ne surviennent.

sans aucun problème. L’équipe de Sedus Italie avait déjà repéré les

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La faible profondeur du bâtiment permet d'avoir des bureaux idéalement baignés par la lumière du jour. Ici, les postes de travail sont aménagés en associant trois bureaux temptation c aux sièges de travail netwin.

passe par les convecteurs de sol. Là encore, on a recours à un détecteur de présence intelligent, pour réguler le refroidissement, le chauffage et la ventilation selon les besoins. Parallèlement, les fenêtres s’ouvrent aussi manuellement.

Un défi pour tous les collaborateurs Pour la plupart des collaborateurs, ce nouveau concept de bureau paysager était inhabituel. Auparavant, ils étaient répartis sur de nombreux sites très éloignés les uns des autres, aussi bien à Milan qu’à Düsseldorf, et possédaient pour la plupart des bureaux individuels. On a donc cherché à impliquer activement les utilisateurs dès l’élaboration des projets, que ce soit en Allemagne ou en Italie. Pour qu’ils soient dans des dispositions favorables, on a eu recours à des réunions d’information régulières, des enquêtes menées auprès des collaborateurs ou encore des ateliers. À Milan, parmi les

réalisations directement issues des souhaits exprimés par les collaborateurs, citons les cabines téléphoniques, les espaces de travail silencieux, le jardin de toit auquel on a donné le nom d’« Oasis » et le restaurant d’entreprise en forme d’îlot, qui propose chaque jour des plats d’inspiration internationale. À Düsseldorf, au cours d’une phase précoce du projet, on a pu tester les nouvelles structures une par une auprès de près de 50 collaborateurs en aménageant des surfaces pilotes. En effet, outre le concept de bureau paysager et donc partagé, il fallait aussi par exemple tester l’archivage exclusivement numérique et les différents systèmes d’archivage, ainsi qu’un grand nombre d’autres offres de services Un concept aussi novateur modifie notamment les comportements de l’ensemble du personnel. Les structures ouvertes, qui augmentent la communication et la transparence, nécessitent également

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plus de considération vis-à-vis des collègues et un plus grand respect de l’individu. Pour éviter toute surprise désagréable, les 5 000 collaborateurs de Düsseldorf ont bénéficié d’une préparation particulièrement intensive à la vie dans ce nouveau bâtiment. Ils ont eu droit à un film spécialement réalisé sur le sujet, à des ateliers sur l’attitude à adopter dans un bureau paysager et à un guide du déménagement. Les responsables ont donc été irréprochables, aussi bien pour ce qui est de la préparation que du suivi. Le prochain questionnaire destiné aux collaborateurs est en effet déjà prévu. Il doit servir à mettre en lumière les points faibles du concept qui n’avaient pas été anticipés afin de les éliminer. ◆ w w w.v o d a fo n e. c o m w w w. h p p. c o m w w w. d a n t e b e n i n i a r c h i t e c t s. c o m w w w.p r p.i t


RUBRIQUE  News, conseils & tendances No 9/14

Sedus

News, conseils & tendances Mélange bigarré d'idées inspirantes sur le thème du magazine

Le stylo numérique Le stylo intelligent de Livescribe transcrit directement et sans fil dans le cloud ce que l’on écrit ou dessine sur une feuille. Tableaux, diagrammes et croquis peuvent ainsi être sauvegardés facilement et rapidement pour être à nouveau consultés ultérieurement sur une tablette tactile ou un smartphone : une innovation qui ne s’adresse pas qu’aux nostalgiques du papier et du crayon. Cet appareil multifonctionnel possède également un microphone intégré permettant, par exemple, d’enregistrer une conférence tout en bénéficiant d’une très bonne qualité audio. w w w. l i v e s c r i b e. c o m

Le casque pliable De nombreux cyclistes de loisirs ne portent toujours pas de casque. Outre leur manque d’esthétique supposé, les casques de cyclistes sont peu pratiques, surtout lorsqu’on n'en a pas besoin. Le remède à ce dernier point pourrait bien avoir été trouvé et nous parvenir prochainement. Le designer Michael Rose a en effet conçu un casque pliable, ce qui permet de gagner de la place au moment de le ranger. Une fois plié, il n’est pas plus épais qu’un livre. On peut donc le caser même dans un petit sac. La date précise de lancement du modèle n’était pas encore connue au moment du bouclage. w w w.corof lot.com/Michael_Rose/Collapsible-Helmet

Le vélo électrique de luxe Rien d’étonnant à ce qu’un designer italien ne puisse se satisfaire d’une réalisation purement pragmatique quand on lui demande de concevoir un vélo électrique. Le projet de Cykno est né de l’initiative de Bruno Greppi, ingénieur spécialiste des motos, et c’est le designer Luca Scopel qui s’est occupé de la partie créative. L’engin pèse 26 kg et, selon le modèle choisi, la puissance de son moteur

atteint entre 250 et 500 watts. Il possède une autonomie de 60 kilomètres environ. Ses caractéristiques techniques ne jouent toutefois qu’un rôle secondaire par rapport à son esthétique rétro et son élégance. En effet, on a rarement vu conscience écologique et extravagance associées de manière aussi convaincante dans le même produit. w w w. c y k n o. c o m

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RUBRIQUE  News, conseils & tendances No 9/14

Sedus

Le smartphone équitable Sources lumineuses végétales Depuis toujours, la végétalisation de l’espace constitue le meilleur moyen de faire entrer la nature au bureau. Mais aujourd’hui, les possibilités ne se limitent plus aux plantes en pot, aux paniers suspendus ou aux murs végétaux. Le secteur des luminaires se transforme également de plus en plus en un lieu d’expérimentation où l’on tente de créer une symbiose entre la source lumineuse et la flore. L’objectif est de créer un foisonnement visuel dans la perception de l’espace pour parvenir à une ambiance de travail plus dynamique et plus créative. De plus, les plantes favorisent un climat intérieur énergisant, ce qui répond parfaitement aux exigences d’une Place 2.5. w w w. g r e e n w o r k s. e u w w w. o n i p r o j e c t s. c o m

Le plan de ville froissable Faire retrouver à un plan de ville son état initial après l’avoir consulté confine parfois à l’impossible. C’est pourquoi le bureau d’études Palomar a mis au point des plans de ville très fins, solides et imperméables que l’on peut tout simplement chiffonner après utilisation. Cette idée simple permet au voyageur de gagner du temps et d’économiser de l’énergie pour lui permettre de se concentrer sur les véritables raisons de sa visite. La carte est fournie dans un petit sac. On a ainsi l’assurance de ne pas la confondre avec un mouchoir en papier par mégarde et de la voir finir dans une poubelle. Les cartes « Crumpled City » sont disponible pour presque toutes les grandes villes : Moscou, Oslo, Berlin, Rome, New York, Sydney, Tokyo, etc.

w w w.palom ar web.com

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Le « projet Fairphone » se présente comme un contre-projet aux modes de production bien connus des géants de la téléphonie mobile. Il s’agit de lancer un smartphone fabriqué dans des conditions durables et équitables, sans pour autant être à la traîne des concurrents en matière de normes techniques. Doté du système d’exploitation Android 4.2 et d’un appareil photo de 8 mégapixels, le Fairphone associe progrès technique et défense des valeurs éthiques. De plus, il est possible d’insérer deux cartes SIM simultanément dans l’appareil, ce qui le rend particulièrement intéressant pour un double usage, professionnel et privé. La communication moderne n’est donc pas nécessairement incompatible avec les principes écologiques et humanistes. w w w.fa i r p h o n e. c o m


MODES DE VIE  À quoi ressemblera le travail demain ? No 9/14

Sedus

À quoi ressemblera le travail demain ?

Yongsan International Business District : dans cet exemple, la vision architecturale de l'étalement urbain de Séoul prévoit une imbrication étroite entre monde des affaires, habitations et zones de loisirs.

Plus de liberté, complexité croissante...   Mais qui portera la responsabilité ? P a r Mi c h a e l Ma y e r

À l’ère de l’information, nous constatons presque tous les jours que le travail est en train de changer. Ce sont surtout les grands groupes et les jeunes entreprises de l’Internet qui expérimentent de nouveaux modèles de travail, d’ailleurs parfois singulièrement étranges. Mais vers quoi allons-nous ?

O

n ne peut pas séparer le travail du reste de notre vie, donc commençons par regarder ce que l’avenir nous réserve de manière générale. Eric Schmidt, président du conseil d’administration de Google, et son co-auteur Jared Cohen, ancien conseiller d’Hillary Clinton, fondateur et directeur de l’usine à concepts Google Ideas, pensent savoir comment nous vivrons et travaillerons dans l’avenir, si l’on en croit leur livre Die Vernetzung der Welt (« Le monde en réseau »). Bien entendu, selon leur conception, nous évoluerons dans un monde presque complètement dominé par le numérique : voitures sans conducteur, penderies automatisées, robots guidés par la pensée, versions virtuelles de nous-mêmes (que nous pourrons envoyer où nous le souhaitons), sans oublier les médicaments intelligents et microrobots à l’intérieur de notre

organisme pour nous prévenir en permanence des risques de maladies. Demain, même les guerres se mèneront de manière numérique avec des drones et des robots. Le terrorisme passera de plus en plus par le virtuel, avec par exemple des attaques informatiques sur les systèmes de commandes de vol. Dans son récent ouvrage Physics of the Future (« La physique de demain »), le célèbre physicien américain Michio Kaku, principalement connu du grand public pour ses articles de vulgarisation sur la physique théorique, a demandé à 300 chercheurs de premier plan dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la navigation spatiale, de la médecine, de la biologie et des nanotechnologies comment nous vivrons dans 100 ans. C’est ainsi que l’informaticien Gerald Sussman pense appartenir à la dernière génération mortelle. Les scientifiques

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prévoient en effet qu’il sera possible de contrôler le processus de vieillissement dès 2050. On pourra réparer les gènes défectueux et prolonger ainsi la vie des cellules. Les organes malades seront remplacés par des organes sains, cultivés à partir des cellules des patients euxmêmes. Anthony Atala, spécialiste des tissus à l’université de Wake Forest, est déjà parvenu à cultiver des oreilles, des doigts, des urètres et des valvules d'humains en laboratoire. La génétique pourrait également permettre de résoudre des problèmes alimentaires, par exemple grâce aux fermes verticales sous forme de gratte-ciel. Si l’on en croit les estimations de l’université de Columbia à New York, 150 d’entre elles suffiraient à nourrir toute la métropole. Fusion nucléaire, énergie solaire, magnétisme, nanotechnologies, holographie en 3D, ordinateurs se reproduisant eux-mêmes, matières programmables, prospérité pour tous dans la perspective d’une mondialisation englobante : la science s’aventure loin des sentiers battus lorsqu’il en va de l’avenir de l’humanité. Quoi qu’il en soit, elle le fait la plupart du temps dans une optique positive, du moins dans la mouvance de Michio Kaku. Principalement en matière d’avenir du travail en tout cas. ▸▸


* Les illustrations de cet article ont été aimablement mises à notre disposition par le cabinet d’architecture danois BIG.

MODES DE VIE  À quoi ressemblera le travail demain ? Sedus No 9/14


Comment la vie se forme-t-elle entre les bâtiments ? Transparence, échappées, ouverture et une stratégie d'utilisation aux multiples facettes. Exemple de conception pour l'université technique du Danemark (DTU).

Travail et prospérité pour tous ? Comment parvenir à la prospérité pour tous ? C’est ce à quoi Jim Clifton, PDG de l’institut Gallup, s’est intéressé dans son livre The Coming Jobs War (qu’on pourrait traduire en français par « La guerre des emplois aura bien lieu »). Conclusion : par le travail évidemment. D’après une étude internationale de Gallup qui a servi de base pour la rédaction du livre, il s’agit précisément de ce à quoi nous aspirons : un bon travail. Dans ce contexte, Jim Clifton considère que les entreprises sont justement prises dans la course mondiale pour ces emplois convoités. Selon lui, les pays qui n’arrivent pas à suivre verront leur système sociétal se disloquer. Il part du principe que sur les 7 milliards de

personnes qui peuplent la planète actuellement, 5 milliards sont en âge de travailler. Or, ils sont loin de tous avoir un emploi, sans compter que le travail n’est pas toujours synonyme de prospérité. Pour atteindre cet objectif, il faudrait que près de 2 milliards d’actifs aient un emploi fixe et régulier, du moins en théorie. Pour d’autres auteurs, comme le futurologue Ayad Al-Ani de la Hertie School of Governance à Berlin, l’avenir du travail réside dans une société numérique compétitive, où la « foule » (« crowd »), c’està-dire la masse des créatifs, mettra des produits et services à la disposition de la collectivité ou des entreprises sur des plateformes virtuelles. Le nombre de salariés en CDI va donc continuer à diminuer. Une étude de Citrix Systems,

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spécialiste international de la mise en réseau et de l’informatique en nuage, va dans le même sens. Elle révèle que la majorité des cols blancs de demain sera mobile. Ils travailleront aussi bien de chez eux que dans des lieux tels que les cafés ou les aéroports. Une idée plaisante pour une entreprise comme Citrix. Cependant, nombreux sont aussi ceux qui ont rêvé du « zéro papier » dans le passé, ce qui apparaît aujourd’hui comme une illusion.

Sociologie et économie Lorsqu’on évoque l’avenir du travail, on trouve deux conceptions du monde, celle des sociologues et celle des économistes. Les chercheurs du Zukunftsinstitut de Francfort-sur-le-Main pensent que le


MODES DE VIE  À quoi ressemblera le travail demain ? No 9/14

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LOOP City : dans la banlieue de Copenhague, l'aménagement d'un nœud ferroviaire, ressemblant à un aqueduc romain, a été réalisé à grands frais. Ici, on a concilié de manière pratique infrastructures de transport, bureaux, espaces verts, commerces et restaurants. Un environnement idéal pour les étudiants et salariés dans un cadre qui, sans cela, serait déstructuré.

travail de demain n’est pas du tout prédéfini, mais qu’il s’agit d’un espace de flexibilité. Dans l’étude « work:design. Die Zukunft der Arbeit gestalten » (« work:design. Organiser le travail de demain »), on peut lire : « L’évolution du monde du travail conduit à la dissolution des structures traditionnelles sur de nombreux plans. Les contraires du passé fusionnent (…), des sphères autrefois séparées se rejoignent et favorisent une tendance dominante dans la société : l’individualisation. En effet, la complexité qui naît de cette fusion est rendue encore plus flexible par un degré très élevé d’individualisation. » Le Zukunftsinstitut considère le travail dans les Places 3, ces lieux où nous cherchons précisément à recharger nos batteries, comme la tendance par excellence

à l’individualisation et comme le mode de travail d’avenir pour les travailleurs intellectuels. Un élément qui étaye aussi les prévisions de Citrix Systems, notre spécialiste de l’informatique en nuage. On peut se demander si ces hypothèses sont réalistes et si elles conviennent à la majorité, ou si les travailleurs évoluant dans des Places 3 ne constituent pas l’exception (élitiste ou précaire?) plutôt que la règle dans le secteur tertiaire des sociétés industrielles occidentales. Les auteurs du Zukunftsinstitut décrivent en outre une évolution bien éloignée des rapports durables traditionnels entre employeurs et salariés , ce qui mènera selon eux à des emplois temporaires et à des « carrières portefeuille ». On trouve déjà de moins en moins de « salariés typiques moyens »

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aujourd’hui, et les attentes et représentations de carrière sont de plus en plus complexes : « Pour ceux qui aspirent à une carrière ascendante dans l’entreprise, le fait par exemple de pouvoir mettre en avant un titre clinquant sur leur carte de visite est synonyme de réussite. Cela est lié aux insignes du pouvoir, au même titre qu’une voiture de service luxueuse ou qu’un bureau représentatif. En parallèle, les cols blancs font de plus en plus souvent passer d’autres valeurs au premier plan, par exemple le fait de se voir confier des missions intéressantes, de travailler sur des projets en collaboration avec des personnalités intéressantes, d’avoir du temps pour leur famille et leurs amis, ou encore de pouvoir consacrer du temps à la formation continue à l’apogée de leur carrière. » ▸▸


MODES DE VIE  À quoi ressemblera le travail demain ? No 9/14

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CONSEIL DE LECTURE Jim Clifton The Coming Jobs War (disponible en anglais et en allemand) ISBN-10 : 3868813403 ISBN-10: 1595620559 Dans ce livre, Jim Clifton, PDG du célèbre institut Gallup, synthétise les résultats de plus de 75 ans d'expérience dans le conseil et les sondages. Il incite à ne pas perdre de vue l'essentiel pour la réussite économique, à savoir de bons emplois, qualifiés et attrayants, et ce afin de garantir la sécurité et la viabilité à long terme des sites économiques.

Au cœur de la nature : des idées pour le projet ESS (European Spallation Source), du centre européen interdisciplinaire de recherche sur les neutrons. Des scientifiques de la ville suédoise de Lund ont imaginé l'intégration de postes de travail sur des terres agricoles, en association avec un centre d'information pour les visiteurs et des possibilités de se détendre devant la porte. Pour séduire les forces vives du monde entier, ce lieu de travail doit constituer un véritable pôle d'attraction.

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Le projet de la bibliothèque nationale d'Astana : un point de rencontre culturel qui offre une vue imprenable et stimulante sur les paysages du Kazakhstan. Les espaces ouverts de la bibliothèque sont accessibles à tous ceux qui souhaitent effectuer des recherches, travailler, ou simplement trouver l'inspiration par la communication.

De nouveaux modes de management Quels que soient le mode de travail et le type de carrière dont on parle, quand la hiérarchie s’effrite et que les réseaux ouverts deviennent des modèles relationnels usuels, on est face à un équilibre évident entre la direction et sa propre responsabilité, entre pouvoir décisionnel et sens du devoir, dans des scénarios professionnels qui ne sont pas d’emblée prévisibles ou prédéfinis. C’est ce que révèlent les auteurs du Zukunftsinstitut. Ils considèrent de plus en plus la direction comme un moyen d'organiser les relations et de concevoir de nouveaux modèles relationnels sous forme de systèmes résilients, et donc aptes à perdurer, une association de structures hiérarchiques et de structures en réseau. Le thème de la conduite d’entreprise est en soi encore beaucoup plus sensible dans les structures susceptibles de se déliter, même si l’on regarde les choses sous un autre angle. Pour un point de vue actuel sur le sujet, on pourra consulter l’étude de tendances intitulée Die Zukunft der Führung (« L’avenir de la direction ») du Schweizerisches Institut für Betriebsökonomie (SIB) (« Institut suisse de microéconomie »). Là encore, les auteurs constatent que des définitions autrefois claires comme celles du temps ou du lieu de travail deviennent plus floues. Pourtant, ils ne considèrent pas qu’il s’agit là d’un

problème de management, mais plutôt d’une partie de la solution. En définitive, ils en arrivent à la conclusion que « la direction de l’entreprise ne peut être déléguée et cela ne changera pas. Une mauvaise direction aura des conséquences dévastatrices sur la culture d’entreprise dans son ensemble au XXIe siècle comme c'était le cas dans le passé. » Les représentants du mouvement du capital humain (la formulation « capital humain » a été désignée non-mot de l’année 2004 en Allemagne) partent du principe que les collaborateurs sont un facteur clé de réussite pour l’entreprise. Martina Dürndorfer et Peter Friedrichs, qui ont publié l’ouvrage Human Capital Leadership (« La gestion du capital humain »), font état d’un processus de transformation de l’entreprise au seuil de la société de la connaissance et des services, où ce ne sont plus les facteurs de production matériels, mais immatériels, qui permettent de déterminer un avantage concurrentiel ou d’atteindre les objectifs de plus-value à venir. La gestion du capital humain devient par conséquent une mission essentielle qui garantit le succès de l’entreprise dans son activité : « Celui qui veut qu’on suive son exemple doit être prêt à prendre la tête de l’entreprise. Si les entreprises et leurs cadres dirigeants attendent que leurs collaborateurs s’engagent et s’investissent de manière responsable pour la chose commune, il faut

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qu’ils assument leurs tâches de direction, qu’ils deviennent responsables du capital humain au sens littéral, (…) et qu’ils dirigent en établissant des comparaisons avec la concurrence. » Peut-être peut-on mettre en relation la renaissance de cette idée, celle de la théorie du capital humain développée dans les années 60 par les économistes américains Schultz et Becker, avec le combat pour les bons postes de travail, qui sévit actuellement dans les entreprises du monde entier selon Jim Clifton. Au fond, le mouvement du capital humain consiste à motiver les collaborateurs en permanence tout en leur permettant de continuer à se former afin d’augmenter leur productivité et donc leur valeur pour l’entreprise. Alors, à quoi ressemblera le travail demain ? Il sera probablement différent de ce que l’on peut imaginer aujourd’hui. En outre, nous avons appris récemment que, pour la majorité des gens, les impondérables de l’actualité mondiale peuvent soudainement modifier le cours des choses, alors que personne ne s’y attendait. Alors, soyons vigilants ! ◆

w w w. g a l l u p. c o m w w w.m k a k u .o rg w w w. c i t r i x . c o m w w w. z u k u n f t s i n s t i t u t. d e w w w. s i b. c h w w w. h u m a n c a p i t a l c l u b. d e


MODES DE VIE  La communication virtuelle No 9/14

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La communication virtuelle Les systèmes de téléprésence et leurs répercussions sur l'avenir du travail moderne

Pour les collaborateurs des entreprises du monde entier, le téléphone, Skype et les vidéoconférences ne constituent souvent que des outils insuffisants pour interagir avec leurs collègues à l’autre bout de la planète. La plupart du temps, le contact personnel et la gestion commune des ressources professionnelles sont indispensables. À l’instar d’un récent projet de téléprésence mené par l’université Bauhaus à Weimar, de nouvelles solutions pourraient bien se profiler à l’horizon. Nous avons rencontré le professeur Bernd Fröhlich et son équipe pour les interroger sur ce nouveau système de communication visionnaire. Nous l’avons testé pour vous et il semblerait qu’il transforme des scénarios de pure science-fiction en une réalité épatante.

E n t re t i e n ré a l i s é p a r J u l i a n T rö n d l e

Même si la téléphonie vidéo ne joue encore qu’un rôle secondaire dans le secteur privé, les vidéoconférences font depuis longtemps partie intégrante du monde du travail. Mais on observe déjà les premières tentatives pour remplacer cette forme d’échange par une forme encore plus directe de communication. Les systèmes de téléprésence doivent permettre à l'utilisateur d’être présent en un autre lieu. Tandis que certains chercheurs continuent d’essayer de mettre sur le marché des robots humanoïdes téléguidés, la chaire des « systèmes de réalité virtuelle » de l’université Bauhaus de Weimar a une vision unique et tout autre de la communication de demain. Au moyen de plusieurs caméras couleur et à temps de vol, leur système de téléprésence en 3D saisit les participants dans leur ensemble et en temps réel. Il est donc capable de projeter leurs avatars vidéo en 3D et en grandeur nature à l’autre bout du monde. Des groupes d’utilisateurs peuvent ainsi se rencontrer dans une réalité virtuelle,

communiquer ensemble et se déplacer dans cet espace virtuel. Le groupe peut observer et discuter aussi bien des modèles en 3D générés par ordinateur que des objets réels. À Weimar, nous avons rencontré le professeur Bernd Fröhlich et son équipe de recherche, composée des doctorants Stephan Beck, Alexander Kulik et André Kunert. Nous avons évoqué ensemble les possibilités offertes par ce système de communication visionnaire et ses répercussions potentielles sur l’avenir du quotidien de travail moderne. Professeur Fröhlich, ces dernières années, de nombreuses tentatives ont été effectuées pour mettre en place des téléopérateurs afin de remplacer les humains. Qu’est-ce qu’il y a de visionnaire et d’unique dans votre nouveau système de téléprésence en 3D ? Bernd Fröhlich : Avec ce système de téléprésence, nous essayons de reproduire

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l’utilisateur le plus fidèlement possible en 3D dans un autre lieu. Nous souhaitons mettre en contact dans l’espace virtuel des individus qui travaillent ensemble au niveau local avec un autre groupe qui se trouve sur un autre site. Il est par exemple possible de concevoir un projet architectural virtuellement et d'en discuter ensemble. Pour nous, ce qui compte le plus, c’est la communication et le travail collaboratif. La télérobotique met l’accent sur une tout autre utilisation, car dans ce domaine, ce n’est pas la communication qui prime, mais plutôt par exemple le fait d’accomplir une action donnée sur un site dangereux. En principe, un téléopérateur est une sorte de système commandé à distance, dans lequel un robot est piloté par les ordres de mouvements donnés par des humains. Pour vous, quels sont les principaux avantages d’une telle forme d’interaction par rapport aux méthodes de communication plus traditionnelles telles que le téléphone ou Skype ? Bernd Fröhlich : Notre système de téléprésence permet une véritable saisie tridimensionnelle de la personne. Il est donc possible de la rendre visible sous forme d’un avatar en 3D dans un autre lieu. Les utilisateurs qui se trouvent de l’autre côté du système peuvent distinguer tous les gestes de leurs interlocuteurs, ce qui donne aussi la possibilité de tester des gestes comme celui qui consiste à pointer


MODES DE VIE  La communication virtuelle No 9/14

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Les membres de la rédaction de Place 2.5 communiquent au moyen d’avatars virtuels en 3D avec deux collaborateurs du professeur travaillant sur les systèmes de réalité virtuelle au laboratoire expérimental de l’université Bauhaus de Weimar.

du doigt des objets virtuels. Ce qui est révolutionnaire dans notre système de téléprésence en 3D, c’est que l’on se trouve ensemble dans un monde virtuel, que l’on se reconnaît et que l’ont peut discuter en temps réel d’objets virtuels ou réels numérisés. Quels sont les secteurs les plus susceptibles de profiter de cette nouvelle technologie ? Bernd Fröhlich : Ce n’est pas une question facile. Qui a besoin de la téléprésence ? Dans le secteur de l’architecture, les équipes sont dispersées dans le monde entier. ▸▸

Les lunettes 3D sont dotées de capteurs optiques, ce qui permet de déterminer avec exactitude la position d'un utilisateur par rapport à l’écran et à chaque utilisateur du système d’avoir sa propre représentation en perspective.

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MODES DE VIE  La communication virtuelle No 9/14

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BERND FRÖHLICH PROFESSEUR Bernd Fröhlich est professeur de systèmes de réalité virtuelle à l’université Bauhaus de Weimar. Il commence ses études d‘informatique théorique à l’université technique de Braunschweig en 1982. Son parcours universitaire le mène ensuite à Kaiserslautern, au Venezuela, à Sankt Augustin, Waterloo ou encore Standford, avant de le conduire à Weimar, où il travaille depuis 2001. Lui

avec un scanner en 3D. Les deux modèles (l’état de l’existant et du projet) peuvent ainsi être comparés en permanence. Ce qui est vraiment bien dans cette saisie en continu du chantier, c’est qu’elle permet de faire des sauts chronologiques dans l’observation. Si on veut par exemple savoir ce qui a été fait la veille, il suffit de regarder le modèle correspondant et de le comparer avec l’état actuel de la construction. On peut aussi citer l’industrie automobile, où les designers se trouvent en règle générale en Californie, alors que les décideurs travaillent au siège du constructeur et les ouvriers sur les sites de production. Cette technologie peut donc servir pour toutes les branches dans lesquelles les spécialistes ne se trouvent pas au même endroit. Mais même lorsque c'est le cas pour toutes les parties prenantes, la capacité du système multiutilisateurs peut toujours être utile pour permettre à un groupe de personnes d’avoir une bonne perspective des objets représentés en 3D de manière stéréoscopique afin d’en parler. On peut ainsi discuter concrètement des échelles

Quelles ont été les réactions des personnes qui testent ce système de téléprésence en 3D ? Bernd Fröhlich : Dans l’ensemble, il y a toujours eu beaucoup d’enthousiasme, surtout par rapport à la représentation en perspective personnalisée du système multiutilisateurs, car les déformations spatiales sont soudain supprimées. Mais comme nous l’avons également appris à la conférence sur la réalité virtuelle qui s’est tenue en Floride, l’intérêt porté à la téléprésence est immense. Nous savons aussi qu’il existe encore un potentiel d’amélioration non négligeable, notamment pour ce qui est de la représentation spatiale des parties du corps humain. À votre avis, combien de temps faudrat-il encore avant qu’un tel système soit commercialisé ? Existe-t-il déjà des demandes concrètes émanant d’entreprises qui souhaitent réaliser le projet ?

et son équipe ont déjà été primés plusieurs fois pour leur travail dans le domaine de la réalité virtuelle. Ils ont entre autres reçu le « Best Paper Award » pour leur système de téléprésence lors de la conférence « IEEE Virtual Reality » d’Orlando (Floride) en 2013.

Je sais aussi que le système peut être très utile pour l’industrie pétrolière et gazière, car là encore les spécialistes ne se trouvent généralement pas tous au même endroit. La téléprésence leur permet d’explorer ensemble et de discuter des modèles de gisements pétroliers souterrains sans tenir compte de la distance réelle entre chacune des parties prenantes. Nous pensons aussi aux chantiers virtuels. Avant de commencer le travail, on réalise un modèle de CAO du bâtiment prévu, auquel tous les intéressés qui prennent part à la construction peuvent apporter leur contribution. Ensuite, un drone va voler plusieurs fois par jour au-dessus du bâtiment naissant pour saisir des données

Les périphériques d’entrée du système permettent

Bernd Fröhlich : Pour ce qui est de la fonction multiutilisateurs, il y a déjà des projets concrets visant à mettre le système sur le marché. Dans le domaine de la téléprésence, il faudra sûrement encore 6 à 10 ans avant que ce système puisse remplacer la traditionnelle vidéoconférence dans les faits, car il faut encore peaufiner la qualité de la reconstitution des individus.

de réduire à volonté des modèles de CAO de villes entières pour pouvoir

Une technologie aussi futuriste risque de susciter la méfiance et la critique chez beaucoup de monde au départ, car, en dépit du réalisme accru des avatars, l‘utilisateur a toujours

en discuter plus facilement. Le système de téléprésence rend également

possible la pratique de l’architecture virtuelle. On peut ainsi défier les lois de la physique à quelques détails près.

et des angles, deux éléments dont on ne pouvait même pas fournir la moindre estimation auparavant.

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MODES DE VIE  La communication virtuelle No 9/14

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représentation est abstraite, moins il est possible de transmettre les informations subtiles qui sont justement éminemment importantes pour la communication d’un groupe. Si ces technologies font leur entrée dans notre quotidien de travail, il faudra se demander comment composer avec les représentations virtuelles en 3D des collègues.

Les caméras couleur et à temps de vol permettent de saisir les participants dans leur ensemble et donc de les reconstituer en temps réel sous forme d’avatars vidéo grandeur nature en 3D pour les utilisateurs qui se trouvent de l’autre côté du système.

affaire à une simple représentation de l’humain et non à la personne réelle avec son aura. Va-t-on pouvoir se passer totalement du contact physique ? Pensez-vous que cette technologie va dépasser la perception sensorielle de l’homme à long terme ? Bernd Fröhlich : L’image et le son pourront sûrement bientôt être restitués de manière relativement réaliste, mais des facteurs comme le toucher et l’odorat sont encore très difficiles à intégrer dans un tel système. André Kunert : Une représentation de l’homme réaliste à 100 % est-elle vraiment souhaitable ? Sans ces caractéristiques subtiles, on aura toujours le sentiment que quelque chose ne va pas en face. On saura toujours si l’on a affaire à une vraie personne ou à une image de son interlocuteur générée par un ordinateur. Personnellement, je trouverais cela épouvantable si ce n’était plus le cas un jour. Bernd Fröhlich : Mais c’est déjà en partie ce qui se passe dans les films ! Dans de nombreuses productions, le spectateur n’arrive déjà plus vraiment à savoir s’il est face à une personne réelle ou animée. À long terme, on retrouvera cette qualité dans la réalité virtuelle. On pourra

simuler des personnes qui auront l’air bien réelles et se déplaceront dans l’espace de façon réaliste, mais ne seront pas de vrais individus. Il faudra de plus en plus remettre en question la perception visuelle. Alexander Kulik : D’une certaine manière, on réclame évidemment des avatars les plus réalistes possibles. Mais que voulons-nous vraiment atteindre avec ces technologies ? Ce qui est bien plus important que d’obtenir une reconstitution hyperréaliste des individus, c’est de trouver le moyen de remplir une mission déterminée afin de créer une valeur ajoutée. Bernd Fröhlich : Il faut également se demander ce que les utilisateurs attendent d’un tel système. Comment veulent-ils que les individus en face d’eux soient représentés ? Pour certaines tâches, par exemple l’architecture virtuelle, peutêtre suffirait-il de représenter la tête comme une sphère et le doigt comme un cylindre flottant dans l’air, qui permettrait de montrer un parcours par des gestes. Alexander Kulik : Cela compliquerait toutefois la communication, car des informations aussi subtiles que la direction du regard ou toute autre forme de langage corporel seraient perdues. Plus la

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André Kunert : C’est vrai ! Au cours de nos essais, il est arrivé plusieurs fois que le bras d’une personne dépasse ou passe accidentellement sous la représentation 3D d’une autre. Ce genre d’expérience est désagréable au plus haut point. La sphère privée dont nous avons besoin autour de nous pourrait donc être considérablement perturbée par ces technologies. Dès lors, nous allons sûrement devoir continuer à chercher des solutions en la matière. Si l’on réfléchit plus concrètement à la question de la réalité virtuelle, ce système ne rend-il pas véritablement les lieux de travail traditionnels obsolètes pour les cols blancs ? Alexander Kulik : Je pense que la représentation de ce qu’est un lieu de travail traditionnel va fondamentalement évoluer. L’écran occupera une grande partie de l’environnement dans l’avenir, ce qui permettra les scénarios de communication dont nous avons parlé. Cela ne change rien au fait qu’il y aura toujours des sièges de bureau, des tables, des armoires, etc. dans cet espace. Nous aurons toujours besoin et nous voudrons continuer à utiliser de véritables objets tangibles. Bernd Fröhlich : Les gens ne vont pas non plus travailler seuls chez eux, mais dans un lieu où ils pourront échanger avec d’autres. Peut-être qu’on intégrera tout simplement de plus en plus au quotidien de travail des situations dans lesquelles deux groupes d’individus seront assis à une table et communiqueront ensemble depuis leur continent respectif. ◆


EXPERTISE  Avoir ou partager No 9/14

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Avoir ou partager Qu'est-ce que le partage ?

P a r Jo a c h im G o e t z

On redécouvre aujourd’hui l’art du partage, par exemple via le concept d’« économie du partage », un facteur économique qui prend de plus en plus d’importance. Au cœur de cet article, nous aborderons la façon dont il s’utilise déjà, les distinctions indispensables et les conséquences possibles de cette nouvelle mode.

A

vec trois millions de nuitées réservées en 2012 à travers le monde, Airbnb, qui est implantée dans la Silicon Valley (Californie), est la plus grande société privée de réservation de chambres en ligne. Au cours de la même période, près de 500 000 personnes ont opté pour l’autopartage en Allemagne. Et quand on doit percer un trou à la maison dans l’urgence, on préfère désormais demander une perceuse à prêter à son voisin ou via un portail Internet plutôt que d’aller en acheter une au magasin de bricolage. Cela nous éclaire sur plusieurs points. Le marché du partage présente un potentiel de croissance élevé. En effet, la création

d’Airbnb ne remonte qu’à 2009 et l’entreprise double annuellement le chiffre de ses nuitées depuis lors. Il y a quelques années, l’autopartage prêtait à sourire, car on considérait cette pratique comme le terrain de jeux des doux rêveurs en quête d’un monde meilleur. Pourtant, aujourd’hui, on ne trouve pratiquement plus aucun constructeur automobile qui ne propose pas d’autopartage. Le marché du partage nécessite des produits à longue durée de vie et faciles à utiliser. En effet, si on loue une perceuse qui commence déjà à rendre l’âme sur le trajet, on ne va pas se faire que des amis et on verra sa rétribution réduite.

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Comme les chiffres le soulignent, le marché du partage modifie notre vie. Une étude TNS-Emnid révèle, par exemple, que 12 % des Allemands ont déjà fait appel à une bourse d’échange au moins une fois, et 97 % des 14-29 ans trouvent normal d’utiliser Internet pour échanger des connaissances, des ressources et des expériences.

Avec l’aide des réseaux sociaux Internet et les multiples possibilités offertes par cette technologie font partie des raisons principales de ce développement. Tandis qu’auparavant il fallait s’organiser de main de maître ▸▸


EXPERTISE  Avoir ou partager No 9/14

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S E RV I C ES D E PA R TAG E E T L E U R P O T E N T I E L

CAT ÉG O R I E

EXEMPLE

POTENTIEL

a i r b n b. c o m LIEU

L O G E M E N T, LIT

c o u c h s u r f i n g. c o m e a s y r o o m m a t e. c o m s p a r e r o o m . c o.u k

BURE AU, AT E L I E R

l i q u i d s p a c e. c o m e p i c o f f i c e s h a r e. c o m . a u s h a r e y o u r o f f i c e. c o m s h a r e m y o f f i c e. c o.u k

E N T R E P Ô T, PA R K I N G

p a r k a t m y h o u s e. c o m parkcirca.com parkingpanda. com

Fort potentiel commercial dans la mesure où l'offre est limitée dans l'espace, onéreuse et immobile, et que de nombreux lieux ne sont que partiellement exploités. Possibilité de monétiser les espaces inutilisés. Dans le domaine privé, le partage des espaces offre une opportunité d'interconnexion sociale. Dans le cas des jardins et ateliers, la valeur ajoutée peut notamment se traduire par des moments de temps libre passés ensemble, des prestations créatives et un plaisir partagé.

s h a r e m y s t o ra g e. c o m

JARDIN

g a r d e n- s h a r e. c o m h y p e r l o c a v o r e.n i n g. c o m sharedear th.com y a rd s h a r e. c o m

c a r2 g o. c o m VÉHICULES

AUTO

getaround.com m o b i l i t y. c h

c a l l a b i k e- i n t e ra k t i v. d e VÉLO

citybike w ien.at m e t r o p o l ra d r u h r. d e s t a d t ra d . h a m b u rg. d e

B AT E AU

cr uzin.com sailbox.ch s m a r t b o a t i n g. c o m . a u

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Professionnalisation relativement avancée, mais le potentiel reste important, par exemple dans le cadre de la mobilité intelligente. Le partage des véhicules et l'organisation de covoiturage existent déjà dans les structures familiales et le voisinage.


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L'économie du partage : sujet majeur demain ?

À QUOI RESSEMBLERAIT UN MONDE AVEC PLUS D E PA R TAG E ?

1 Le monde serait plus humain et plus convivial. 2 Les individus seraient davantage là les uns pour les autres et interagiraient davantage. 3 Il y aurait plus de sécurité et de proximité humaine. 4 On ne prendrait que ce dont on a vraiment besoin. 5 Il y aurait moins d'abondance et d'opulence. L'homme serait plus libre. 6 L'homme se sentirait moins coupable.

pour louer une voiture (souvent beaucoup trop grande) à un moment précis dans un lieu précis, il suffit aujourd’hui d’un accès à Internet et d’un smartphone. On peut ainsi savoir très facilement où est garée la voiture disponible la plus proche, de quel modèle il s’agit et quel code permet de la faire démarrer. Les portails des réseaux sociaux ont pour ainsi dire également contribué à élever le partage au rang de programme. Beaucoup de choses que nous faisons, comme lire, écouter, acheter, regarder ou encore évaluer, peuvent presque être partagées en série avec votre cercle de connaissances via l’informatique en nuage ou les boutons de partage. Ces nouvelles habitudes des utilisateurs permettent désormais une diffusion, pour ainsi dire sans perte, qui va des produits informatifs (photos, textes, musique, vidéo, etc.) aux multiples produits physiques. On crée la confiance, un élément indispensable pour le partage de choses matérielles (et un sujet sensible en raison de la perte possible de l’objet), via le remplissage et la visualisation des profils sur les portails. Au fil du temps, cela nous mènera aussi vers une autre culture du partage, qui n’est pas nouvelle pour l’homme et rappelle le début du XXe siècle avec la dynamique de l’économie sociale et du mouvement coopératif. Autrefois, on avait une approche coopérative pour presque chaque segment de produits et de services, même si peu d’entre elles se sont finalement imposées.

Le partage est humain L’homme est un être social. C’est dans ce cadre qu’entre le partage, que l’on considère comme la forme la plus

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primitive et la plus universelle d’échange social. Le partage obligatoire de la nourriture est à la base de la morale quotidienne dans toutes les sociétés. L’hospitalité, qui est à la base d’une forme archaïque de l’échange d’informations, est presque aussi importante. Nos ancêtres nomades n’invitaient-ils pas déjà ceux qui passaient près du feu de camp à se joindre à eux pour écouter leurs histoires, et ne partageaient-ils pas leurs connaissances sur les sources d’eau et les gras pâturages ? Or, ce n’est pas l’altruisme qui nous motive. L’homme a besoin d’échanger avec les autres pour survivre. Le partage est d’ailleurs un concept qu’il a dû intégrer dès le berceau. La famille est en effet depuis toujours un lieu de partage : pour le logement, la nourriture, le chauffage ou même les vêtements. La question à laquelle les chercheurs continuent de réfléchir, c’est celle de savoir si c’est l’égoïsme ou la pensée de groupe qui assure le plus grand succès. À long terme (tout le monde s’accorde à le dire), ceux qui réussissent le mieux sont ceux qui veillent sur les autres et partagent avec eux.

Être pragmatique sans vouloir « sauver le monde » Le GDI suisse a analysé ce phénomène dans une étude intitulée « Sharity », qui commence par constater que nous utilisons des termes imprécis et qu’il faut les réajuster. Outre le partage, il ne faut pas oublier tout ce qui s’y apparente, à savoir le don et l’échange. Par ailleurs, on associe souvent le partage à certaines attentes. Aujourd’hui, on est bien loin de l’avantgarde idéaliste des années 70, où l'on


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D U PA R TAG E S U S C I T É PA R L E B ES O I N AU PA R TAG E PA R C O N V I C T I O N

ACHETER PA R TAG E R

HIER

voulait sauver le monde. Le pragmatisme, c’est ce qui motive l’économie du partage contemporaine, soi-disant révolutionnaire. La plupart des « partageurs » sont jeunes, le plus souvent célibataires, et habitent dans les grandes villes. Ils ont donc des appartements petits et chers, autrement dit peu d’argent et de place pour stocker du bric-à-brac. On n’a pratiquement jamais de place pour se garer devant chez soi. Avoir sa propre voiture apparaît donc plutôt comme handicapant, sans compter qu’il n’est pas vraiment nécessaire d’en posséder une. Les transports en commun se sont en effet remarquablement développés au cours des dernières décennies, et le vélo c’est sympa. Même quand on sort en

PA R TAG E R

AUJOURD'HUI

voiture le soir, les contrôles d’alcoolémie vous attendent ensuite pour troubler le plaisir de la fête. On se prête la voiture dans la famille ou entre amis pour certaines occasions, mais depuis peu, on peut aussi faire appel aux services d’autopartage. La propriété immobilière est également de plus en plus ressentie comme un poids, car les jeunes générations ne connaissent plus la même sécurité que celle dont ont profité leurs parents. Il faut s’attendre à tout moment à devoir changer de travail et/ou déménager. Les relations à distance se multiplient également parmi les jeunes, beaucoup plus mobiles et parfois surnommés les « nomades modernes ». Par

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DEMAIN

ailleurs, ceux que l’on qualifie de « superopportunistes » sont réticents à s’engager, mais souhaitent s’essayer à différentes façons de vivre et à d’autres formes de travail. Cela demande un nouveau mode de vie, apparenté à un renoncement intelligent. Cette « simplicité intelligente »rassemble d’ailleurs de plus en plus d’adeptes, y compris parmi les plus âgés. On prête ce que l’on prêter, sans aucun renoncement ascétique. C’est même plutôt le contraire. Les possibilités sont en outre beaucoup plus nombreuses qu’il y a 50 ans. Et nombreux sont ceux qui ne veulent plus laisser l’accession à la propriété, qui est aujourd’hui souvent un luxe, être un ▸▸


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MARCHÉS HYBRIDES : L E PA R TAG E A S S O C I E L E P R I V É E T L E S O C I A L

SHWOPPING*

CENTRALE IMMOBILIÈRE

PA R TAG E D E S

CENTRALE DE

COMPÉTENCES

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COVOITURAGE

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Source : « Sharity », l'avenir du partage, GDI

MARCHÉS HYBRIDES

MARCHÉS CLASSIQUES

* Shwopping : mot-valise composé de shop/acheter et swap/échanger, inventé par l'organisation d'aide au développement Oxfam et Marks & Spencer pour qualifier cette pratique hybride. Les clients des magasins de prêt-à-porter qui achètent de nouveaux vêtements doivent déposer d'anciens vêtements déjà portés dans une boîte de collecte des magasins M&S. Oxfam les revend ensuite d'occasion ou les utilise comme matériaux de recyclage. Le bénéfice est partagé au niveau mondial et va à des projets d'aide au développement.

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frein à leurs activités et à leurs entreprises diverses. On privilégie ce qui est facilement accessible et bon marché, ainsi que ce qui permet d’échapper au caractère insidieux des produits dont le cycle de vie est susceptible d’évoluer très vite.

Services et utilisations ingénieuses Il va de soi que pas mal de choses vont également changer pour l’économie traditionnelle. Dans l’autopartage classique, on privilégiait les véhicules fiables, mais surtout petits, pratiques et faciles à prendre en main. À moins que la voiture ne serve d’objet de prestige. Mais tout ce qui demande certains efforts lors de l’utilisation ne devrait pas se solder par un échec au premier abord. Les fabricants proposant des produits de qualité, à longue durée de vie et particulièrement faciles à entretenir pourront alors en profiter pleinement. Pour certaines choses, le taux de renouvellement augmentera peut-être aussi en raison d’une utilisation plus intensive. Il se peut également que les modèles de partage entraînent un déplacement de l’attention jusqu’alors portée aux propriétés et à la fabrication d’un produit, et qu’on se concentre davantage sur les services. Le mode d’accès est important pour les clients, il doit donc être le plus simple et flexible possible. Les entreprises réussiront d’autant mieux qu’elles comprendront comment organiser habilement les possibilités d’utilisation, le cas échéant en collaboration avec leurs partenaires et clients. Toutes les idées sont bonnes à prendre. Si l’on s’intéresse au domaine le plus développé, l’autopartage, on voit bien comment cela peut fonctionner. Ceux qui dégagent les profits les plus importants sont aussi les plus inventifs. Ainsi, General Motors coopère par exemple avec le service de prêts entre particuliers Relay Ride. De même, à l’aéroport de San Francisco,

Flightcar tire parti d’une idée toute simple, mais géniale, et qui crée une situation gagnant-gagnant : il permet aux uns de garer gratuitement leur véhicule à l’aéroport pendant leur voyage et aux autres de les louer à moindre coût. Un business très lucratif pour Flightcar.

Le partage ménage-t-il l’environnement ?

Ce sont surtout les fabricants d’articles de marque cultes qui doivent faire preuve d’imagination. Après tout, leur chiffre d’affaires dépend de l’enthousiasme des clients pour leur marque, du fait qu’ils achètent leurs produits et veulent les posséder. Si l’on partage les produits, le nombre d’acheteurs diminue. Ainsi, pour vendre, on ne peut plus se contenter de transmettre l’idée que son produit est le meilleur, mais le posséder doit devenir indispensable. Dans le classement des produits qui s’en sortent bien dans l’économie du partage, on trouve des objets relativement onéreux, dont l’entretien coûte cher et qui prennent de la place, alors qu’on ne s'en sert qu’occasionnellement. Les bibliothèques publiques délaissées pourraient ainsi dans l’avenir se voir confier un rôle nouveau ou complémentaire, celui de prêter et mettre à la disposition des usagers des appareils et autres objets du quotidien. Même ce que l’on n’a pas les moyens (ou l’envie) de s’offrir se loue assez bien. Outre les articles des designers de mode et les cours particuliers, on peut citer les instruments professionnels, les machines et les véhicules spéciaux. Même les entreprises peuvent aujourd’hui s’adonner aux échanges mutuels. Après tout, une grande partie du parc de machines se retrouve fréquemment inutilisée. Nombreux sont pourtant ceux qui doutent que l’échange de produits

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marque une transition vers un monde plus durable, même si les objets produits ont une longue durée de vie et sont réutilisés plusieurs fois. En effet, renoncer à la voiture pour la remplacer par des vols long-courriers à forte émission de CO2 n’épargne en aucun cas l’environnement. Par ailleurs, le partage n’est pas forcément synonyme de renoncement. D’ailleurs, on trouve plus de choses qui se louent que de choses qui s’achètent. Ce qui est sûr, c’est que l’économie du partage aura certaines conséquences : le terme « propriété » va connaître une transformation. Les juristes auront de ce fait un nouveau domaine d’activité. Mais les futurologues voient plus loin. Peter Wippermann (Trendbüro, Hambourg) voit germer une « économie d’en bas» à côté de l’économie traditionnelle. Pour Shoshanna Zuboff, professeur émérite à la Harvard Business School, l’économie du partage n’est d’ailleurs qu’un petit pas vers un nouveau système économique. Selon elle, dans la troisième phase du capitalisme, ce ne sont plus les entreprises mais les clients qui feront la pluie et le beau temps. ◆

w w w.f l i g h t c a r. c o m w w w.r e l a y r i d e s. c o m w w w. a i r b n b. c o m


HUB Zurich / Suisse L'un des objectifs du HUB de Zurich consiste à promouvoir l'échange de savoirs entre les cotravailleurs, une situation facilitée par ces bureaux flexibles situés sous les deux arches du viaduc ferroviaire. La cabine téléphonique permet de passer des appels avec son mobile sans être dérangé.


Les espaces de cotravail ou bureaux partagés préfigurent-ils la vision du travail de bureau de demain ? Ou l'utilisation commune et le partage convivial des espaces de travail n’est-il qu’un phénomène éphémère ? Le fait est que, dans les grandes villes, ce type d'offre croît de manière exponentielle, et les jeunes pousses ou encore les TPE en sont friandes.

Les bureaux partagés Un phénomène à suivre de près

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EXPERTISE  Les bureaux partagés No 9/14

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P

our les indépendants, mais aussi pour les salariés, notamment ceux qui sont souvent en déplacement, travailler dans un bureau partagé constitue aujourd’hui une solution intéressante par rapport au bureau à domicile, à l’aménagement d’un espace de travail dans le salon ou encore au travail sur ordinateur portable dans une chambre d’hôtel.

Les espaces de cotravail se différencient en effet clairement des traditionnels bureaux à louer ou autres services de bureau. La plupart du temps, il est possible de louer un bureau au pied levé et/ou pour une courte durée. La société qui gère les lieux met à la disposition des utilisateurs un accès haut débit à Internet, des chaises, des bureaux, des collègues et du café. Le cotravailleur n’a donc plus qu’à apporter ses dossiers, un ordinateur portable et son smartphone (qu’il utilise dans des « cabines téléphoniques » gratuites prévues pour

pouvoir téléphoner tranquillement). Le travail collaboratif flexible n’est cependant pas encore très répandu. Début 2013, on dénombrait 2 500 bureaux partagés environ à l’échelle mondiale, pour un peu plus de 100 000 cotravailleurs au total. Leur développement se concentre dans quelques grandes villes, à savoir New York, Londres et Berlin. On y trouve des espaces et concepts d’aménagement adaptés à des groupes cibles représentant une clientèle extrêmement disparate. Il existe une grande différence avec le bureau d’entreprise, qui se manifeste notamment visuellement à travers la diversité du design des espaces de travail. Les sociétés qui gèrent ces bureaux agissent en fonction des besoins, du budget et des goûts des clients potentiels, étant donné que ceux-ci payent pour avoir un bureau, contrairement à ce qui se passe dans les bureaux d’une entreprise, qui sont mis à la disposition des collaborateurs par l’employeur.

Le refus d’une routine monotone Les bureaux partagés ne servent pas qu’à enrichir provisoirement l’offre de bureaux. En effet, l’un des fondements de ce développement repose sur l’évolution de la société et du monde du travail. Déréglementation des contrats de travail, externalisation et groupes de travail par projet prennent de l’ampleur, obligeant les collaborateurs à la flexibilité. Par ailleurs, selon certains faiseurs de tendances comme Matthias Horx, de plus en plus de jeunes bien formés issus de la génération Y ne veulent plus subir la routine monotone d’une entreprise et cherchent à s’amuser dans leur travail et à y trouver un sens. Le statut et l’argent ne jouent plus qu’un rôle secondaire, en tout cas pour les plus jeunes. La retraite ne fait pas encore partie de leurs préoccupations : ils sont jeunes et ne la préparent pas. C’est ainsi que se développe le mode de vie des

THE ENTREPRENEURS CHURCH Stockholm / Suède Depuis 2012, des postes de travail multifonctionnels pour les jeunes pousses suédoises ont été installés dans une ancienne église située à proximité du parc Bellevue. Outre les 300 m² de bureaux paysagers, on y trouve deux salles de conférence, une salle téléphonique et une petite cuisine. L'atmosphère exceptionnelle qui se dégage du lieu permet en outre de l'utiliser pour des présentations/ lancements, et même pour des soirées.

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AGORA COLLECTIVE Berlin / Allemagne Agora Collective regroupe des bureaux, des studios d'art, un restaurant, ainsi que divers cours et manifestations, sous le toit d'un bâtiment ancien de Berlin-Neukölln. L'idée est de promouvoir le plus possible l'échange entre les cotravailleurs créatifs.

petits entrepreneurs gérant des « microentreprises », tandis que, parallèlement, le CDI et les horaires de travail fixes perdent en attractivité. Journalistes, webdesigners, graphistes ou encore développeurs décident bien souvent de se mettre à leur compte. On peut même dire que, dans le secteur créatif, l’ordinateur portable, le téléphone mobile et l’Internet à haut débit sur le lieu de travail, associés au propre potentiel créatif, représentent déjà une petite entreprise à part entière, que l’on désigne parfois par des concepts comme le « solopreneuriat » ou encore la « Meconomy » (autrement dit l’« économie du moi »). Sans compter que

les obstacles à surmonter pour s’installer comme travailleur indépendant sont aujourd’hui beaucoup moins nombreux qu’auparavant. Pour ces nouveaux entrepreneurs, un bureau partagé constitue un environnement de travail idéal. En effet, ce qui vaut pour le partage de voitures ou de perceuses (cf. notre article sur le partage, pages 38-43) s’applique aussi aux bureaux partagés : quelqu’un d’autre supporte les charges liées à l’espace et aux appareils, au nettoyage et à l’entretien, aux réparations, etc. Les frais occasionnés sont temporaires, on peut les calculer et au besoin supprimer immédiatement la dépense.

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Le travail « solidaire » Un espace de cotravail présente d'autres avantages. Outre la flexibilité de la réservation, qui correspond à la dynamique moderne du travail, il donne aux utilisateurs la possibilité d’échanger et de travailler ensemble. Dans la plupart de ces locaux, on attache une importance particulière au fait de se soutenir mutuellement et de s’aider sur les missions entre cotravailleurs, ou encore de concevoir les projets et de s’y atteler ensemble. En définitive, ce qui compte le plus dans la société de la connaissance, c’est le réseau. C’est également pour cela que, presque partout, des évènements ▸▸


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offrant l’occasion de réseauter sont proposés en soirée. Ainsi, même les anciens francs-tireurs, qui ont vu le plafond leur tomber sur la tête quand ils travaillaient chez eux, se sentent ici en de bonnes mains. Contrairement à ce qui se passe dans le travail à domicile, les scientifiques voient même dans ce phénomène une « tendance plus faible à s’autoexploiter ». En effet, les horaires d’ouverture sont garants d’horaires de travail réguliers. On est moins isolé, on reçoit plus de soutien de la part des autres et on se sent plus productif, plus motivé. L’amélioration de la gestion de soi est due

aux règles qui s’appliquent dans les bureaux partagés. Par exemple, pratiquement personne ne pense à emmener des dossiers à la maison le soir une fois la journée de travail terminée. Dans ce contexte, le résultat d’un sondage d’envergure mondiale mené par Portal Deskmag.com auprès de près de 650 cotravailleurs dans 24 pays est intéressant : 70 % aiment leur lieu de travail, 85 % se sentent plus motivés, 88 % parviennent à mieux communiquer avec les autres et une bonne moitié travaille aussi plus fréquemment en équipe ; 60 % organisent beaucoup mieux leur journée

de travail et parviennent désormais à se détendre complètement quand ils sont chez eux ; enfin, ce qui est certainement plus surprenant, plus de 40 % gagnent un revenu plus élevé depuis qu’ils ont opté pour le bureau partagé, alors que 5 % seulement ont essuyé des pertes.

Un concept utile même pour les grandes entreprises Les grandes entreprises aussi apprécient les espaces de travail collaboratifs, et ce pour plusieurs raisons. Elles peuvent par exemple y transférer des groupes de projet lorsqu’il est nécessaire de faire appel à un très grand

AGORA TOKYO Tokyo / Japon L'Agora Coworking Space du World Udagawa Building à proximité de la salle de concert Bunkamura affiche une esthétique typiquement japonaise. Seul(e) ou en équipe, on peut y profiter des sièges ergonomiques et du mobilier système auxquels s'ajoutent divers services de bureau.

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BIZDOJO CO.SPACE Auckland / Nouvelle-Zélande L'intuition ne trompe pas. Ce loft peu conventionnel aide les créatifs à trouver des idées. Ici travaillent designers industriels et de produits, créateurs de mode, photographes, vidéographes et artistes. Ce lieu de réunion peut également être utilisé et loué pour des expositions, des formations et des présentations.

nombre d’indépendants et de collaborateurs externes pour des projets d’envergure. De plus, les utilisateurs qui composent « l’équipe » du bureau peuvent créer un terrain favorable à la créativité et à l’émergence de nouvelles idées, dans l’esprit d’un incubateur. Il est également fréquent d’avoir recours à ces bureaux pour l’innovation ouverte, dans la mesure où on y envoie différents collaborateurs de manière ciblée pour une période déterminée. On y délocalise même partiellement des services de recherche-développement dans leur ensemble ou pour des projets spécifiques. Daimler a par exemple installé son projet

d’autopartage car2go à la betahaus de Berlin, l’une des adresses les plus convoitées de cette nouvelle branche. Immobilienscout24 y a également loué quelques bureaux pour son incubateur « YIN Lab » destiné à favoriser la croissance des jeunes pousses. Otto Group a participé à un projet pilote à la betahaus d’Hambourg. En effet, en matière de gestion stratégique des ressources humaines, les entreprises doivent sortir de leurs murs pour suivre la nouvelle tendance impulsée par le développement d’Internet. Elles auraient des problèmes si les personnes qu’elles souhaitaient recruter préféraient le travail indépendant à une embauche en CDI. Dans

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de telles conditions, la « guerre des talents » ne sert pas à grand-chose. Le voyagiste TUI a décidé d’essayer la betahaus d’Hambourg. Après un test de trois mois avec une équipe de 24 personnes, le groupe s’est s’appuyé sur les conseils de la structure pour ouvrir l’espace de cotravail Modul 57 dans le quartier universitaire d’Hanovre et non sur le site de l’entreprise. Ces bureaux sont ouverts aux réseaux d’indépendants, aux jeunes pousses ou encore aux divisions projets des grands groupes. ▸▸


EXPERTISE  Les bureaux partagés No 9/14

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Pour les mères, les poètes et les grands voyageurs L’offre ciblée des différents prestataires permet de constater facilement à quel point le travail de bureau et le recrutement ont déjà évolué. Ainsi, à New York par exemple, on trouve un espace de cotravail réservé aux femmes. À Cologne ou à Leipzig, les structures d’accueil de la petite enfance sont collées aux bureaux afin de permettre aux mères de travailler tout en pouvant se rendre auprès de leur enfant en quelques minutes. Le Paragraph à New York est exclusivement réservé aux écrivains en quête de silence absolu. Comme dans les bibliothèques, il est rigoureusement interdit de parler dans la grande salle de travail et les cloisons empêchent tout contact visuel. Cependant, on veille à ce qui est le plus important : les tables rondes organisées

avec les éditeurs, qui viennent bien volontiers au Paragraph, ont déjà permis à de nombreux poètes qui travaillent dans les lieux de décrocher de nouveaux contrats. La chaîne Cluboffice, présente dans le monde entier, séduit elle aussi grâce à une offre particulière. En optant pour un forfait mensuel un peu plus élevé, on gagne le droit d’accéder à un bureau dans toutes les succursales en cas de besoin. Une aubaine pour toux ceux qui passent leur temps en avion à parcourir le monde. Edelstall à Hanovre mise (comme beaucoup d’autres espaces de cotravail) sur la symbiose entre le locataire et la société qui gère les locaux. Les utilisateurs des bureaux, dont un atelier de couture, bénéficient d’une présentation de leur activité sur la page d’accueil du site web du lieu. Avec sa bibliothèque qui s’étoffe continuellement

et ses abonnements à certaines revues, Die Zentrale (« La centrale ») à Francfort séduit les libres penseurs avec ses 230 m² équipés d’une salle de séminaire et de conférence, ainsi que d’une salle de pause et d’une cuisine, auxquelles viennent s’associer l’atmosphère agréable du café et le calme des bureaux. Le HUB à Zurich s’adresse en revanche exclusivement aux créateurs de jeunes pousses axées sur le développement durable, parmi lesquels près d’un tiers sont d’ailleurs refusés, soit parce que les personnalités ne conviennent pas, soit parce qu’ils n’apportent pas de valeur ajoutée au réseau ou encore parce que leurs projets ne présentent pas le potentiel nécessaire pour créer des solutions durables. Le projet phare du lieu est un concours de plans d’affaires, qui permet au créateur gagnant de devenir membre à part entière et de remporter une certaine

BOVEN DE BALIE Amsterdam / Pays-Bas Le Coworking Space Boven de Balie, situé comme son nom l'indique au-dessus du café De Balie, offre 34 postes de travail sur la place de Leyde en plein centre d'Amsterdam. Sa marque de fabrique réside dans sa construction en bois restaurée, qui laisse son empreinte dans les combles baignés de lumière.

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EXPERTISE  Les bureaux partagés No 9/14

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TECHSPACE Londres / Grande-Bretagne Pour créer Techspace, on a tiré parti d'un vieil entrepôt. Les espaces aux dimensions généreuses lui confèrent une touche avant-gardiste. Le site brille par de vastes lieux de réunion et une très bonne lumière naturelle.

somme d’argent pour financer la réalisation de son projet en un an.

Un concept d’aménagement perfectible La conception des différents espaces est très diversifiée. Pour les sociétés qui les gèrent, cela n'est toutefois pas très rentable, même si la contribution des membres ne représente le plus souvent qu’une partie des rentrées d’argent. Pour l’utilisation des salles de conférence, l’organisation d’évènements, les ateliers et les services, il faut s’acquitter d’une obole supplémentaire. Ce que l’on remarque la plupart du temps,

c’est une architecture très travaillée, voire partiellement spectaculaire. À Stockholm, on a transformé une vieille église ; le HUB de Zurich se trouve sous les arches du viaduc ferroviaire ; quant au St. Oberholz de Berlin, il a été aménagé dans un noble bâtiment ancien avec de très hauts plafonds en stuc. Cependant, le mobilier laisse souvent à désirer. Son aspect grossier fait parfois l’effet d’un « bricolage maison ». On cherche souvent en vain les mesures prises en matière d’acoustique, et le mobilier ergonomique destiné à préserver la santé des collaborateurs n’est généralement pas la règle. Nombre de ces espaces parviennent

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ainsi à séduire par leur aura sympathique et leur atmosphère atypique, que l’on retrouve notamment dans les clubs anglais distingués réservés aux hommes, au niveau du design bien sûr. Mais une vraie Place 2.5 est un tout petit peu différente. ◆

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TENDANCES Mobilier lounge sweetspot No 9/14

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Mobilier lounge sweetspot  Un style élégant au bureau

P a r J u l i a n T rö n d l e

Avec sweetspot, Sedus comble de nouveau un manque, à la croisée entre fonctionnalité et confort dans l’espace détente. Outre les fauteuils lounge, cette gamme de produits comporte deux modèles de tables. En la concevant, la designer Judith Daur avait pour objectif de créer une ambiance adaptée aussi bien au travail soutenu qu’à la communication informelle.

ses avant-bras sur les accoudoirs. Il est donc possible de pivoter presque complètement pour mieux se tourner vers son interlocuteur. Selon Judith Daur, cela crée un climat beaucoup plus ouvert et propice au dialogue, dans la mesure où la liberté de mouvement est à la base de la liberté de pensée.

La richesse des variantes Une zone de stimulation pour les échanges intellectuels Il est possible d’intégrer sweetspot dans de nombreux secteurs de l’entreprise pour faire de chaque lieu un point de rencontre destiné aux interactions créatives et informelles entre les collaborateurs. Outre son utilisation universelle, ce fauteuil lounge procure un confort d’assise largement supérieur à celui du mobilier de conférence classique. « On doit voir au premier coup d’œil que l’assise est souple et absorbe en douceur les mouvements du corps », confie la designer Judith Daur. Grâce à la cartouche à gaz intégrée et au capitonnage en mousse, l’assise de sweetspot est particulièrement souple et confortable, ce qui donne presque un sentiment d’apesanteur. La ligne élancée

du piètement vient renforcer cet effet. C’est son assise particulièrement ergonomique qui différencie clairement sweetspot des autres fauteuils lounge destinés aux bureaux. Les accoudoirs en forme de col invitent à changer de position et viennent appuyer le caractère de légèreté et de détente du fauteuil. La zone centrale située entre les bureaux se transforme ainsi instantanément en un lieu stimulant pour les échanges intellectuels (ce qui permet d’éviter les réunions monotones). En dépit de son côté fondamentalement confortable, sweetspot ne doit en aucun cas être pris pour un fauteuil uniquement destiné à se relaxer, car son assise légèrement rehaussée et incurvée incite à adopter une attitude éveillée et concentrée en toutes circonstances. L'utilisateur trouve une posture naturelle en positionnant

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Le mobilier lounge sweetspot appartient à une gamme de produits qui se décline de manière personnalisée en fonction des besoins de l’entreprise puisque le capitonnage des sièges et les couleurs se configurent séparément. On peut par exemple choisir une couleur différente pour l’intérieur et pour l’extérieur de la coque d’assise, ce qui crée une infinité de variantes. Outre leur aspect pratique, les deux éléments capitonnés ont également une fonction esthétique. Ils structurent la vue d’ensemble de la coque et le choix de leur couleur peut permettre d’accentuer un contraste évocateur, notamment en association avec une couleur complémentaire pour le tracé des surpiqûres. Par ailleurs, l’adjonction des tables de la gamme prolonge l’esthétique du piètement. On peut y poser boissons et accessoires divers pour les avoir à portée de main. Mais on peut aussi s’en servir ▸▸


Le fauteuil lounge sweetspot au design élégant invite à la détente avec ses accoudoirs en forme de col.


TENDANCES Mobilier lounge sweetspot No 9/14

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JUDITH DAUR Portrait de designer Judith Daur est designer chez Sedus Stoll AG depuis avril 2012. Elle a fait ses études de design à l’université de sciences appliquées de Darmstadt. Parmi les temps forts de sa carrière, on peut citer un séjour au Japon ainsi qu’un passage au studio Hannes Wettstein et chez Formart Industrial Design.

Espace détente, zone d’attente ou environnement de travail détendu : en tous lieux, sweetspot crée une atmosphère agréable propice aux échanges.

pour un ordinateur portable ou une tablette, ce qui permet de quitter momentanément son poste de travail habituel.

Fonctionnalité et élégance Le vaste éventail de choix dans l’association des couleurs et matières permet une offre sur mesure. Que l’on s’en serve pour la zone d’attente de l’accueil, comme lounge chair à la cafétéria, pour aménager un coin destiné aux réunions dans la zone centrale entre les bureaux ou encore pour un espace isolé permettant de se concentrer sur une tâche loin de l’environnement de travail habituel, le

mobilier lounge sweetspot associe de manière attractive l’assise ergonomique et le confort d’un siège de bureau à l’élégance d’un produit qui reflète un certain style de vie.

Le nouvel art de vivre Avec sweetspot, une atmosphère chaleureuse fait son entrée dans l’univers des bureaux, ce qui explique que la frontière prononcée entre travail et loisirs, générée par la tradition et l’habitude, commence à s’estomper. Cela conduit inévitablement à s’interroger sur la raison d’être de cette frontière, voire à se demander si une symbiose parfaite

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entre ces deux mondes apparemment incompatibles ne serait pas envisageable. Les principes de l’ergonomie que l’on retrouve dans le concept Place 2.5 vont une fois de plus au-delà des clichés qui circulent sur la relaxation. ◆

Pour en savoir plus sur Sedus sweetspot.

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TENDANCES  Système de rangement modulaire terri tory Sedus

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Point de friction entre communication et concentration  Le système de rangement modulaire terri tory P a r J u l i a n T rö n d l e

Alors que les zones d’interaction semblent prendre de plus en plus d‘ampleur dans le quotidien de bureau moderne, d’autres lieux se font de plus en plus rare : les espaces séparés permettant de s’isoler pour se concentrer sur une tâche. Avec le système modulaire terri tory, Sedus a conçu une gamme de rangement destinée à cette zone de tension, afin de satisfaire à la fois le désir de communication et le besoin d’une sphère privée isolée.

Grâce à sweetspot et terri tory, vous pouvez modifier votre environnement de travail de manière simple et rapide pour vous adapter à l’évolution constante de vos besoins au bureau.


TENDANCES  Système de rangement modulaire terri tory No 9/14

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Le système de rangement modulaire terri tory permet une grande variété de configurations et de scénarios.

Ouverture ou isolement ? La communication entre les collaborateurs débouche souvent sur des impulsions créatives, qui sont susceptibles d’augmenter significativement la performance d’une entreprise. Mais que faire quand il n’y a plus de lieu pour réfléchir tranquillement à ces idées et impulsions ? Une ambiance de travail propice à la communication ne peut être utile que si l’on offre également aux collaborateurs la possibilité de s’isoler pour se concentrer sur leur travail. L’enjeu pour Sedus et pour l’équipe de Formwelt Industriedesign consistait à concevoir un mobilier de bureau qui soit non seulement communicant, mais délimite aussi l’espace, afin de pouvoir isoler le poste de

travail sans nécessairement exclure son ouverture ultérieure.

Communication et concentration La structure modulaire du système terri tory offre une liberté d’organisation individuelle et, outre sa fonction de rangement, peut aussi servir de décor à des réunions improvisées. Par ailleurs, terri tory peut également servir de cloison entre les espaces isolés, ce qui garantit la possibilité de se concentrer sur son travail sans craindre d’être dérangé. La séparation de l’espace a une influence concrète de chaque instant sur la façon de travailler. Elle permet une imbrication harmonieuse de la concentration et de la communication, favorisant ainsi une ambiance de travail à

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la fois productive et détendue.

La mise en scène des espaces Les modules de 400 mm ou 800 mm de longueur s’assemblent de manière linéaire et presque ludique, ce qui évite à l’utilisateur de se retrouver dès le départ dans une configuration figée. À ce sujet, Henriette Deking, designer chez Formwelt Industriedesign, déclare : « Nous avions souvent des pièces de Lego® devant les yeux, ou des éléments posés sur des meubles horizontaux. » Une clé permet de fixer les modules au rail fonctionnel des plateformes en utilisant la ferrure centrale située sur le top de l’élément et spécialement conçue à cet effet. De la même manière, on peut intégrer au


TENDANCES  Système de rangement modulaire terri tory No 9/14

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Montage et transformation s’effectuent en un tour de main en raccordant tout simplement les boîtes avec la ferrure de chaque élément.

bureau paysager les éléments de décoration, les écrans en plexiglas, les panneaux arrière aimantés ou encore les bacs pour plantes modulaires. Les espaces vides se trouvant dans le panneau du module créent par ailleurs une certaine transparence qui accentue la légèreté visuelle. Les utilisateurs ont ainsi la possibilité de faire de leur poste de travail un territoire sur mesure, leur propre « terri tory », où les seules limites sont celles de leur imagination, en raison du large choix de couleurs et des multiples associations possibles entre les modules. La nouvelle mise en scène flexible des espaces, autrement dit de la pièce et des rangements, permet une fonctionnalité personnalisée qui répond parfaitement

aux exigences du quotidien de bureau moderne, dans lequel il faut pouvoir réagir spontanément à l’évolution des besoins dans un même espace.

La légèreté, clé du bien-être source de productivité Comme l’explique Henriette Deking de Formwelt Industriedesign, un élément important du processus de design de terri tory a consisté à laisser « beaucoup d’air pour pouvoir respirer ». Le bureau est un espace que l’on perçoit le plus souvent comme plutôt figé et rigide. Or, l’association du design rectiligne des éléments de rangement mobiles terri tory et d’une légèreté inhabituelle mais

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agréable rejaillit sur l’ambiance générale de travail. Ce système de rangement modulaire a d’ailleurs décroché le prix Red Dot Design 2013. Qu’il soit utilisé seul ou intégré dans une solution d’aménagement des espaces de rangement d’un bureau individuel, terri tory réunit toutes les caractéristiques nécessaires au bien-être source de productivité et fait ainsi du quotidien de bureau une expérience positive de chaque instant. ◆ Pour en savoir plus sur Sedus terri tory.

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TENDANCES  Structure mobile au bureau No 9/14

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Structure mobile au bureau La cloison de séparation légère et flexible

P a r D o ro th e a S c h e i d l-Ne n n e m a n n

La tendance à la concentration spatiale due à l’augmentation des prix de l‘immobilier persiste, mais des thèmes comme la configuration mobile des espaces, la création de zones fonctionnelles et d’environnements différents, ou encore l’isolation visuelle et phonique sont plus sensibles que jamais.

B

ien avant l’apparition des bureaux paysagers, aussi parfois appelés plateaux ou espaces ouverts, les plans de bâtiments aux dimensions généreuses étaient les garants d’une utilisation polyvalente et donc durable de l’espace. Les constructions massives ont quelque chose d’immuable. Les cheminées individuelles qui les chauffaient autrefois servaient de barrière et on pouvait modifier plus facilement l’utilisation des lieux. C’est bien pour cela qu’on trouvait de grandes salles communes, à l’image des ateliers d’écriture monastiques, des luxueux ateliers de copistes hanséatiques ou encore des scriptoria. On pouvait par exemple se concentrer correctement sur son travail dans le calme des bibliothèques tout en utilisant l’espace de manière collective pour préserver un maximum de flexibilité. La nécessité de séparer davantage les espaces est apparue avec l’augmentation des bruits de fond dus au cliquetis des machines à écrire, puis plus tard au

bruit des touches du clavier d’ordinateur et à l’utilisation du téléphone. Les collaborateurs sont passés du rôle de simples exécutants à celui d’acteurs responsables, qui se retrouvent donc dans une discussion et un échange permanents au sein d’équipes en perpétuelle recomposition selon les projets. On pourrait même dire que nos gènes nomades, refoulés depuis longtemps par des comportements qui nous ont entraînés à rester statiques, sont en train de se raviver, notamment avec l’aide des moyens de communication modernes. Le paravent d’antan en provenance de Chine est aujourd’hui souvent réduit dans les bureaux à une cloison ou à un système de panneaux peu poétique. Sedus propose des solutions multifonctionnelles et très flexibles, qui offrent une bonne protection visuelle à installer de manière ludique, pour séparer les espaces à l’intérieur des bureaux.

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viswall

Une délimitation linéaire de l’espace, voilà ce que permet viswall, un système opaque avec ajout de non-tissé en polyester en option pour une efficacité acoustique garantie. Chacune des lamelles pouvant pivoter à 360°, il est possible de s’isoler complètement des regards ou de conserver un contact visuel. Dans les espaces de travail ouverts, l’utilisateur peut en effet avoir besoin de concilier différents besoins, notamment celui de la confidentialité ou de se préserver des distractions. Les éléments fixés au socle se déplacent en deux temps trois mouvements pour délimiter librement une zone déterminée et alterner entre vue partielle et isolation complète. Pour en savoir plus sur Sedus viswall.

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TENDANCES  Structure mobile au bureau No 9/14

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viswing

Ces éléments transparents et légers permettent de délimiter l’espace facilement et se repositionnent rapidement. Un effet tridimensionnel des voilages crée la dynamique visuelle. La résille tendue des deux côtés donne une forme malléable au cadre incurvé fixé au socle. Cela crée un bel aspect moiré. De plus, viswing est translucide : il protège des contacts visuels directs tout en laissant passer la lumière. En fonction des besoins individuels, on peut choisir de positionner les voilages à la verticale ou à l’horizontale. Pour en savoir plus sur Sedus viswing.

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TENDANCES  Structure mobile au bureau No 9/14

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acoustic wall

Cloison amovible

Le système acoustic wall est un bon moyen de créer des espaces dans l’espace ou des écrans visuels. Il estompe la réflexion acoustique de manière durable sans que la fonction d’insonorisation ne soit visible. Ses éléments peuvent par ailleurs être utilisés comme œuvre d’art, dans la mesure où il est possible d’imprimer des motifs au choix et d’une qualité excellente sur le revêtement textile de la surface. Une fois de plus, la construction est ingénieuse : les bordures techniques permettent en effet de monter et de remplacer rapidement les revêtements textiles. Le cœur absorbant le son s’intègre parfaitement dans le cadre profilé, dont la rainure continue sert à loger des profils de jonction qui permettent de lier différents éléments entre eux. On parvient ainsi à atténuer fortement sonneries, claquements, brouhaha, bruits de téléphone, bruits de pas, et même les bruits extérieurs.

Les cloisons amovibles de Sedus associent design indémodable, construction robuste et flexibilité fonctionnelle. Qu’on s’en serve comme cloison de séparation indépendante, cloison angulaire ou encore pour obtenir une configuration complexe afin de raccorder les espaces, ce système, disponible en différentes largeurs et hauteurs, est conçu pour s’adapter facilement à tout changement. Les modules peuvent également se fixer aux bureaux pour servir de séparation visuelle et accueillir divers éléments fonctionnels au troisième niveau grâce à un rail intégré. Le grand choix de pieds permet de sélectionner le plus adapté à un lieu donné. Chaque cloison peut également être équipée de roulettes. Enfin, il est possible d’avoir un habillage en tissu ou en verre factice. Pour en savoir plus sur la cloison amovible Sedus.

Pour en savoir plus sur Sedus acoustic wall.

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RUBRIQUE  Regard historique Sedus

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Regard historique  Le bureau centré sur l’humain et son « système de contact »

A

lors que le bureau paysager devenait tendance dans les années 70, les créatifs de Gesika (racheté par le groupe Sedus Stoll en 2002) se préoccupaient déjà d’en faire des lieux plus « humains ». Conçu comme un espace dans l’espace « tourné vers l’homme », le « système de contact » a alors vu le jour. Cela a rendu l’agencement et la division des surfaces étendues plus flexible. D’un point de vue formel, la fluidité était parfaite : pas d’angles aigus, de chants ou de coins ; tout était léger et arrondi. On pouvait ainsi non seulement se servir du concept pour

agencer les étages des nouvelles constructions de manière représentative, mais surtout pour transformer les bâtiments existants grâce à ce système. Il y a 40 ans régnait déjà le même état d’urgence qu’aujourd’hui dans les constructions anciennes, car la moitié au moins de toutes les surfaces de bureaux existantes étaient complètement dépassées en matière d’aménagement et de compatibilité avec les nouvelles solutions techniques. Aujourd’hui comme hier, un mode de construction modulaire simple constitue

une solution facile pour intégrer avec légèreté dans un plan d'utilisation des surfaces les différentes fonctions et les espaces de réunion. Seuls les sujets de préoccupation étaient quelque peu différents par le passé. Autrefois, on a sorti les dactylos et leur machine à écrire du scriptorium pour les intégrer dans des unités spécialisées. Aujourd’hui, ce sont les espaces lounge et les zones de réunion qui rendent les espaces de travail fonctionnels plus vivants. Mais le bureau paysager et l’exigence de flexibilité demeurent. ◆


MODES DE VIE  Le moment Suntory No 9/14

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Le moment Suntory

Yatte Minahare (« Essaie donc ! ») est la devise qui se cache derrière la motivation de Shinjiro Tori et qui a régi toute sa vie.

L’art japonais du whisky

P a r Á l va ro R u i z d e l R e a l

Une légende écossaise rapporte qu’un jour des guerriers celtes à la recherche d’un abri pour se protéger des intempéries se seraient réfugiés dans une grotte et auraient préparé de la ale. Les vapeurs émanant de la cuisson de l’orge se sont apparemment envolées vers le plafond voûté avant de retomber dans la marmite. Après en avoir bu, nos guerriers celtes se sont sentis plus forts et se sont mis à pousser des cris sonores : Uisge-beatha! Eau de vie ! Comment auraient-ils pu imaginer que, des siècles plus tard, un jeune visionnaire d’une île orientale lointaine produirait ce que de nombreux spécialistes considèrent aujourd’hui comme le meilleur whisky au monde ?

A

u cours du dernier tiers du XIXe siècle, le Japon s’est retrouvé tiraillé entre deux forces opposées : une faction, dirigée par l’empereur, plaidait en faveur de la modernisation du pays par le capitalisme et l’ouverture au mode de vie occidental, tandis que l’autre, d’influence féodale, souhaitait maintenir le statu quo traditionnel. Shinjiro Torii, né à Osaka en 1879, grandit dans une famille relativement modeste. À l’âge de 13 ans, il devient apprenti dans une boutique où il apprend à mélanger différentes variétés de saké. Grâce à

l’ouverture du marché japonais au commerce extérieur, il se familiarise avec les vins et spiritueux étrangers et développe un sens du goût et un nez hors du commun, ce qui lui vaudra plus tard le surnom de « nez d’Osaka ». Ce n’est pas sans raison que Shinjiro est devenu un symbole des temps modernes, celui d’un jeune vivant avec son temps et désireux de faire connaître aux Japonais les merveilles du monde extérieur. En 1899, alors qu’il est à peine âgé de 20 ans, il tient déjà un magasin d’importation de vins et spiritueux. C’est

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à cette époque qu’il commence à être obsédé par l’idée d’adapter les boissons étrangères au palais japonais. Huit ans plus tard, en 1907, il lance son propre porto, qui connaîtra un succès phénoménal. Mais cela ne lui suffit pas, car il a déjà une idée révolutionnaire en tête depuis quelque temps. Avant la première guerre mondiale, Shinjiro a stocké une certaine quantité d’alcool pour le mélange de spiritueux, qu’il a oubliée dans de vieux barils de vin. Quelques années plus tard, en redécouvrant les tonneaux, il goûte leur contenu et c’est la révélation. Il découvre à quel point le processus de maturation influence la boisson et se fascine pour ses mystères et ses secrets. À partir de là, il se fixe pour mission de réussir le mélange parfait, à tout prix et contre vents et marées, à savoir créer un whisky japonais pour les Japonais. ▸▸


MODES DE VIE  Le moment Suntory Sedus

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MODES DE VIE  Le moment Suntory No 9/14

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INFORMATIONS Les pionniers de la RSE Shinjiro Torii (1879-1962) pensait qu’il fallait réinvestir une partie des bénéfices de l’entreprise dans la société et donna donc dès le début des sommes considérables à des projets sociaux. Dans ce sens, à partir des années 60, Suntory entame un travail de pionnier en initiant divers programmes culturels et sociaux. C’est ainsi qu’ont vu le jour le musée Suntory, où l’on trouve une collection d’art japonais riche et variée, l’auditorium Suntory Hall et sa programmation de concerts, le musée du whisky ainsi qu’un grand nombre d’auberges de jeunesse et de maisons de retraite, parmi d’autres initiatives.

L‘engagement en faveur de l'eau Dans le cadre de son engagement en faveur du développement durable, Suntory se fixe pour objectif la protection de l’eau. Il ne s’agit en aucun

Le jeune Shinjiro Tori a toujours été fasciné par les secrets de l’assemblage du whisky.

cas d’un objectif altruiste, dans la mesure où l’eau est la matière première de l’entreprise, mais il donne une grande crédibilité à sa politique de RSE. Cela va de la sensibilisation des nouvelles générations à des projets plus concrets, comme la conservation des forêts ou la préservation des ressources en eau.

Suntory Limited Aujourd’hui, Suntory est une multinationale qui possède des participations dans des secteurs très variés : des sodas aux vins et spiritueux en passant par les fleurs ou encore la recherche biomédicale. L’entreprise possède des vignobles en France, des distilleries en Écosse, une chaîne de distribution mondiale de boissons rafraîchissantes, etc. La liste est trop longue pour tout énumérer.

Les premiers pas pour faire d’un rêve une réalité Les membres du conseil d’administration de Kotobukiya, l’entreprise qu’il a fondée en 1921, refusent néanmoins catégoriquement de mettre en péril la réussite de la société et lui conseillent à l’unanimité d’abandonner le projet. Mais Shinjiro est fermement convaincu et rien ne pourra se mettre en travers de son chemin. Suivant le principe Yatte Minahare (Essaie donc !), il décide de se mettre au travail, au grand dam de ses conseillers, et investit l’intégralité des actifs de l’entreprise dans la construction d’une

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distillerie. Le choix du site ne se fait pas à la légère, car Shinjiro Torii sait bien que la qualité de son whisky dépend essentiellement de l’eau. C’est ainsi qu’après une longue recherche, il opte pour la vallée de Yamazaki, située au confluent de trois fleuves à proximité de la ville impériale de Kyoto, qui convient parfaitement en raison de ses conditions climatiques et de l’abondance d’une eau de qualité supérieure. L’eau jaillissant des forêts de bambous au pied du mont Tenno constitue le facteur décisif pour produire un breuvage qui sera à la hauteur du palais exigeant de Shinjiro Torii.


MODES DE VIE  Le moment Suntory No 9/14

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Quand le rêve tourne au cauchemar... En 1924, la construction de la distillerie est achevée et la production de whisky peut commencer en décembre de la même année. Après des débuts peu encourageants et quelques échecs, qui ne font que renforcer la motivation de Shinjiro Torii, il décide d’engager un assembleur (blender) de whisky écossais pour l’aider dans le processus de production. Malgré ses efforts, il ne trouve personne correspondant à ses attentes, mais fait la connaissance de Masataka Taketsuru, un jeune homme ayant travaillé dans une distillerie en Écosse et qui en connaît donc un rayon sur les secrets du Scotch®. Ensemble, ils parviennent enfin à donner naissance au Suntory Shirofuda (étiquette blanche) en 1929, le premier whisky de malt authentiquement japonais. Shinjiro a réussi ce que beaucoup tenaient pour impossible. Pourtant, le marché boude sa trouvaille. Il a tout misé sur une seule carte et a visiblement perdu. Un détail qui, bien sûr, ne va pas l’arrêter. S’il n’y a pas de marché pour le whisky japonais, il faut le créer. Pendant dix ans, la distillerie de Yamazaki développe ses réserves et son fondateur se dévoue corps et âme, tel un alchimiste moderne, pour mettre au point le mélange parfait. Celui-ci voit le jour en 1937 sous le nom de Suntory Kakubin (le whisky en bouteille carrée). Désormais, plus rien ne pourra arrêter Suntory dans toutes ses entreprises à venir. Yatte Minahare.

d’entreprise et d’ouverture, et l'emporte ainsi sur l’autre, représentée par les élites conservatrices. Même si cela semble paradoxal, la guerre donne une impulsion déterminante pour les partisans de la modernisation et de l’ouverture du Japon. Les forces d’occupation américaines apportent avec elles une constitution démocratique, l’empereur perd son statut de dieu vivant et le capitalisme à l’américaine entre définitivement par la grande porte. Le bouillon de culture parfait pour un fonceur comme Shinjiro Torii. Différentes nouveautés qui mettent la barre toujours plus haut sont introduites sur le marché par vagues successives. En 1950, c’est le lancement du Suntory Old Whisky, que boit James Bond lui-même dans On ne vit que deux fois. En 1955 ouvrent les premiers Suntory Bars, un concept qui révolutionne le mode de vie des Japonais, particulièrement à Tokyo et Osaka. Dans les années 60, après le passage de flambeau de Shinjiro à son fils,

l’entreprise décide de renforcer son activité dans la bière .

La relève donne une nouvelle impulsion En 1973, pour célébrer le 50e anniversaire de l’entreprise en suivant l’inspiration de son père, Keizo Saji décide de faire construire une seconde distillerie destinée à la production de whisky single malt, c’est-à-dire de whisky pur malt provenant d’une seule distillerie. C’est donc au cœur des forêts des Alpes japonaises que l’on trouve la distillerie la plus élevée au monde Par ailleurs, il s’agit de la première entreprise japonaise à faire appel à du personnel étranger pour vendre ses ▸▸

POUR PRÉPARER UN BON « MIZUWARI » (« WHISKY À L’EAU ») Le whisky Suntory se boit sous la forme d’un Mizuwari, car ses arômes se révèlent pleinement lorsqu’il est mélangé avec de l’eau. 1. Remplir un verre de glaçons. 2. Verser la bonne dose de whisky et remuer 13,5 fois.

Le grand saut

3. Ajouter les glaçons.

C’est alors qu’éclate la seconde guerre mondiale. En l’absence d’approvisionnement, la distillerie est obligée de cesser la production. La défaite donne définitivement l’avantage à une partie de la société qui fait preuve d’esprit

4. Ajouter de l'eau minérale de qualité (deux fois la quantité de whisky) et remuer doucement 2,5 fois.

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MODES DE VIE  Le moment Suntory No 9/14

Sedus

Le secret du succès du whisky Suntory réside dans la qualité exceptionnelle de son eau, qui fait partie intégrante de la philosophie de l’entreprise.

À l’intérieur de la distillerie de Suntory Hakushu.

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MODES DE VIE  Le moment Suntory No 9/14

Sedus

La distillerie de Yamazaki a été construite dans les Alpes japonaises, dont les eaux avaient déjà séduit Senno Rikyu, célèbre maître de la cérémonie du thé, au XVI e siècle.

produits. La politique publicitaire de Suntory mériterait un article entier, mais on peut au moins souligner trois évènements marquants : sa campagne « Let's drink Torys and go to Hawaii », qui a séduit les Japonais et énormément contribué au succès des Suntory Bars ; la campagne avec Sammy Davis Jr., l’une des plus osées de l’histoire de la télé nipponne (et facile à trouver sur Internet) ; et enfin, les campagnes mettant en scène des stars hollywoodiennes comme Sean Connery ou Francis Ford Coppola, qui allaient inspirer plus tard le célèbre film de la

fille de Coppola, Lost in translation. Il ne restait plus qu’à conquérir le monde. C’est le cas depuis 2003, moment où les whiskies de Suntory ont commencé à faire fureur dans toutes les catégories des concours les plus renommés au monde. Suntory est désormais une marque de prestige reconnue parmi les amateurs de whisky. Aucun doute là-dessus. Le rêve d’un visionnaire que l’on traitait de fou semble être devenu réalité au fil de trois générations. Il y a 90 ans, Shinjiro Torii ne parvenait pas à trouvait un assembleur de whisky écossais, ce qui a failli faire échouer son

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projet. Il a dû se battre toute sa vie pour mener à bien son projet. Aujourd’hui, ce sont les Écossais qui se rendent au Japon pour enquêter sur les clés du succès de Suntory. Shinjiro serait très fier, au moins l’espace d’un instant, même s’il trouverait sûrement de nouveaux objectifs à atteindre avant de se remettre au travail. Yatte Minahare. ◆

w w w.s untor y.com/ whi sk y


TABLE DES MATIÈRES No 9/14

Sedus

Table des matières

TENDANCES

Structure mobile au bureau

La cloison de séparation légère et flexible Page 58

La tendance à la concentration spatiale persiste, mais des thèmes comme la configuration mobile des espaces, la création de zones

Mobilier lounge sweetspot

fonctionnelles et d’environnements différents, ou

Un style élégant au bureau

encore l’isolation visuelle et phonique sont plus

Page 52

sensibles que jamais.

La designer Judith Daur a conçu cette gamme de produits qui, outre les sièges lounge, comporte aussi deux modèles de tables : sweetspot

News, conseils & tendances

crée une ambiance qui permet d'allier travail

Mélange bigarré d'idées inspirantes sur le thème du magazine

concentré et communication informelle.

INNOVATIONS

Page 26

Dans la continuité du thème de ce numéro, retrouvez suggestions et informations pour rendre le monde plus beau, plus équitable et plus pratique. Des visions transposées dans la réalité pour faciliter le quotidien.

Regard historique

Le bureau centré sur l'humain et son « système de contact »

Point de friction entre communication et concentration

Aller plus haut

Le système de rangement modulaire terri tory

Vodafone Campus à Düsseldorf et Vodafone Village à Milan

Page 61

Page 55

Page 16

Alors que le bureau paysager devenait tendance

Un vaste éventail de choix en matière d'éléments,

Deux nouveaux immeubles de bureaux en

dans les années 70, les créatifs de Gesika

de matériaux et de couleurs pour votre mobilier

Allemagne et en Italie témoignent d'une exigence

se préoccupaient déjà d’en faire des lieux

destiné à tout type d'utilisation : salle d'attente,

architecturale ambitieuse. Ils ont tous deux

plus « humains ». Le « système de contact »

mobilier lounge, espace de réunion dans la zone

été conçus comme des bâtiments écologiques

représente un type de construction modulaire

centrale des bureaux ou encore lieu en retrait pour

et l'aménagement moderne de leurs bureaux

simple pour un aménagement flexible du bureau.

le travail concentré.

répond aux critères d'une Place 2.5.

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TABLE DES MATIÈRES No 9/14

Sedus

EXPERTISE

PORTRAITS

La communication virtuelle

Sur la corde raide entre vision et utopie

Les systèmes de téléprésence et leurs répercussions sur le monde du travail de demain Page 34

Le professeur Fröhlich et son équipe de l'université

Qu'est-ce que le partage ?

Entretien avec l'architecte japonais Terunobu Fujimori

Page 38

Page 08

de téléprésence optiques. Nous avons testé pour

Nous redécouvrons en ce moment l'art du partage,

Terunobu Fujimori est l’un des architectes les plus

vous comment il est possible de se rencontrer

mais on ne se contente plus d'échanger des

originaux de notre époque. Il remet en question

dans l'espace virtuel afin de discuter d'objets

connaissances, des objets et des expériences.

l’architecture contemporaine de manière critique

numériques ou de projets architecturaux.

Le partage concerne désormais aussi les

et exprime sa propre contre-image esthétique.

compétences pratiques. Idéalement, ce qui est

Il est connu en Europe depuis que son œuvre a

bon pour l'environnement et le porte-monnaie

été exposée au Pavillon japonais de la Biennale

génère au passage une valeur ajoutée sociale. Pour

d’architecture de Venise en 2006. Nous avons

les exploitants des plateformes commerciales de

discuté avec lui de son travail et de sa vision de

partage se profile une nouvelle source de profit

l’architecture, un exercice sur la corde raide oscillant

dont on ne perçoit pas encore tous les détails.

entre ce qui est réalisable et ce qui relève de l’utopie.

Avoir ou partager

Bauhaus de Weimar travaillent sur des systèmes

MODES DE VIE

Les bureaux partagés

À quoi ressemblera le travail demain ?

Le moment Suntory

Un phénomène à suivre de près

L'art japonais du whisky

Page 44

Plus de liberté, complexité croissante... Mais qui portera la responsabilité ?

Ils poussent comme des champignons dans

Page 28

Retour sur l'ouverture de l'empire japonais

toutes les grandes villes : grâce aux bureaux

À l’ère de l’information, nous constatons

du XIXe siècle, qui s'est accompagnée de

partagés, les indépendants, les petites

presque tous les jours que le travail est en

l'inspiration d'une influence exotique, et a

entreprises et les jeunes pousses peuvent

train de changer. Les structures traditionnelles

marqué la naissance du whisky Suntory. Cet

exercer leur activité en maintenant leurs coûts

sont en déliquescence et les contraires

article nous raconte comment la vision du

fixes à un niveau peu élevé tout en bénéficiant

du passé fusionnent. Vers quoi allons-nous

fondateur Shinjiro Torii a abouti à la réussite

d'un échange d'expériences et de réseaux de

et comment gérer les individus et les

qui se poursuit encore aujourd'hui grâce à une

pairs. Aperçu international du phénomène.

entreprises ?

détermination sans faille.

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Page 62


MENTIONS LÉGALES ET COORDONNÉES No 9/14

Sedus

No 9/14 La vision

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France

Auteurs de ce numéro :

Joachim Goetz, Michael Mayer, Álvaro Ruiz del Real, Dorothea Scheidl-Nennemann, Julian Tröndle

F-75009 Paris, tél. : +33 1 53 77 20 50 commercial@sedus.fr, www.sedus.fr

Traducteurs :

Allemagne

Corinne Détrès (FR), Mark Eltringham (EN), Hans Fuchs (NL), Álvaro Ruiz del Real (ES),  Zeroquattro srl (IT)

Relecture :

D-79761 Waldshut, tél. : +49 77 51 84-0 sedus@sedus.de, www.sedus.de

Autriche

Lektorat Bonnet, Munich

A-1060 Wien, Tel. +43 1 982 94 17 sedus.at@sedus.at, www.sedus.at

Photographies :

couverture : fpm factor product münchen, p. 02 : fpm factor product münchen, p. 03 : Andreas Teichmann, p. 04/05 : Sedus, p. 06/07 : Akihisa Masuda, Reinhard Schwederski, Louis Rafael Rosenthal, fpm factor product münchen (v. l. n. r.), p. 09-15 : Akihisa Masuda, p. 16 : Ralph Richter, p. 17/20/21/24/25 : Beppe Raso, p. 18/19/22 : Reinhard Schwederski, p. 20 (portrait) : Vodafone Düsseldorf, p. 23 : Dorothea Scheidl-Nennemann, p . 23 (portrait) : Vodafone Italia, p. 26/27 (photos des fabricants) : Michael Rose, Livescribe, Cykno, Greenworks, Crumpled City/Metamorphosen, Fairphone, p. 29-33 : big.dk, p. 35-37 : chaire du professeur Bernd Fröhlich/université Bauhaus Weimar, p. 35 (en bas) : Dorothea Scheidl-Nennemann, p. 36 (portrait) : Jens Hauspurg, p. 44/45 : Louis Rafael Rosenthal, p. 46 : Jezzica Sunmo, p. 47 : Agora Collective Berlin, p. 48 : Mastermind KK, p. 49 : Jellyfish Cartel, p. 50 : Launchdesk, p. 51 : Techspace, p. 53-60 : Sebastian Bullinger, p. 61 : Sedus, p. 63 : Gabriel Holzner, p. 64-67 : Suntory Holdings Ltd., p. 68/69 : comme les articles, S. 71: fpm factor product münchen, S.72: Sedus

Graphiques et illustrations :

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Espagne

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L'édition imprimée du magazine Place 2.5 paraît dans les langues suivantes : allemand, anglais, espagnol, français, italien et néerlandais. Il est tiré à 50 000 exemplaires. Druckhaus Waiblingen Remstal-Bote GmbH

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